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le journal du social club tous les 2 mois – gratuit mars + avril 14 – num. 03 Anita, 33 mois numéro 03 bimestriel gratuit – mars + avril 14 © HLenie, le 21 02 2014 F*A*L*D – RL Grime, Darq E Freaker, Twinsmatics, Supa! sommaire 1 – L’instantané du club | 2 – Les Brèves : Anthony Ferrat | 3 – The Carmine Vault : Fafi | 8 – Best Of Both Worlds : Berg & Brodinski 9 – Focus : Reas | 18 – En Travers : David Blot | 21 – Night Business : B. Marra | 26 – Isaac Freeman, The Third : Sam Tiba & Myd 28 – So Far So Me | 30 – Mars au Social Club | 31 – Avril au Social Club | 32 – Coloring : Éclair Fifi | 33 – Krazy Kat : G. Herriman Directeur de publication : Arnaud Frisch | Rédacteur en chef : Manuel Morin Directeurs artistiques associés : So Me, Manu Barron, Fakepaper | Secrétaire de rédaction : Élise Sauvinet Rédacteurs : Guillaume Berg, David Blot, Brodinski, Anthony Ferrat, Myd, Sam Tiba | Ont participé à ce numéro : Anita Morin, Éclair Fifi, Fafi, Hélène Hadjiyianni, Horfée, Todd James, Mathieu Laroussinie (pff), Benjamin Marra, Apollo Thomas, Marc Voline. Le journal est édité par La Sociale, SAS au capital de 100 000 euros, 142 rue Montmartre - 75002 Paris, immatriculée au RCS de Paris, n°501 682 082, imprimé par IPPAC (52 000 Chaumont) sur papier recyclé. © La Sociale. Tous droits de reproduction réservés. Date de dépôt légal : à parution. Ne pas jeter sur la voie publique. 3 Brèves En temps normal, Samir Alikhanizadeh ne pourrait passer la porte du 142 rue Montmartre. Non pas que son look laisse à desirer ou que celui-ci figure sur la blacklist clubbing d’Interpol – si tant est qu’elle existe. Non, la carte d’identité de l’intéressé, plus connu sous le sobriquet d’« Happa », indique que le natif de Leeds est né en l’an 1996. Il sera donc mineur lorsqu’il prendra les platines de la Stereotype pour distiller sa future techno, forte en bass, tout aussi brutale que raffinée. Quand certains réfléchissent à quelle option prendre au Bac, Happa lui, squatte les charts de ses illustres ainés : Four Tet, Ben Ufo, Skream ou Annie Mac jusqu’à sortir un maxi sur le label belge électro culte R&S. Le conte de fée continue car le voilà qui fêtera sa majorité au Sonar. Samir n’Happa dit son dernier mot. Jeudi 20 Février, Stereotype avec Happa, Clement Meyer, Azf & Parfait. OUR HOUSE IN THE MIDDLE OF THE FLOOR Waze & Odyssey Vous connaissez le refrain. One day, Jack déclara « Let The Be House » et hop, la house music était née. « Everybody can Jack son Body ». Merci qui ? Merci Larry Heard. Si la musique de Chicago avait au grand dam de beaucoup, quelque peu disparue des radars dans les 2000’s, depuis une paire d’années, la voici qui fait son grand retour sur le devant de la piste. Qu’elle soit deep, garage, acid, funky ou disco, c’est House Nation à tous les étages. Si vous cherchez les coupables de ce revival 90’s, regardez donc du côté de cette doublette british. Natural born diggers, ils ne jurent qu'avec leurs compagnons de jeu Bicep ou Ejeca que par la première dame de Chicago. Adoubés par le master Kerri Chandler himself, leurs productions tout en groove et leurs sélections, mix d’house millésimée et de nouvelles pépites euphorisantes sont des must have. Ready to jack ? Samedi 1er Mars, Cracki avec Waze & Odyssey. SLOW IS THE NEW FAST DJ Slow Ils sont peu nombreux les platinistes new-generation à pouvoir faire le tour des clubs sans passer par la case production. Les plus émérites se comptent même sur les doigts d’une seule main. On pense à Ben Ufo, Jackmaster, Loefah ou Oneman… Ces DJ’s ont tous la particularité d’être patrons de leurs propres labels ou plus précisément d’officier en tant que directeurs artistiques de, respectivement, Hessle, Numbers ou Swamp81 soit les plus avant-gardistes des labels du marché anglo-saxon. De l’autre côté de la Manche mais du côté de la frontière Wallone, Thomas Duval aka DJ Slow partage le même pedigree. À la tête de Pelican Fly, il découvre les talents de demain (Cashmere Cat, Lucid ou Sinjin Hawke notamment) des artistes qui redessinent les contours d’une bass music samplant autant du côté du rap dirty south que de la ghetto music de Baltimore ou des sonoritiés ravey 90’s. Pas d’étiquettes mais des vibes plein la tête et son bac à disques pour ce disc jockey dont les blend mix sont le dada d’autres patrons d’écuries comme Diplo ou Brodinski. World turns slow. Jeudi 06 Mars, Pelican Fly avec DJ Slow, Trippy Turtle, Sam Tiba & Nadus. épisode 3 Happa Fafi – The Carmine Vault TECHNO EN MODE MINEUR Anthony Ferrat 5 6 7 8 9 à suivre TODD JAMES À faire le tri dans l'art contemporain on s'en retrouve vite à aimer des artistes issus du Graffiti. À mon sens cette pratique génère une discipline dont la finalité est la maîtrise du geste sur une large surface, comme une fresque. Dans des allers-retours entre, d'un côté, la feuille et son espace confiné qu'on appréhende généralement assis et, de l'autre, le mur à la verticale, la bombe ayant remplacé le crayon, le stress s'étant substitué au confort. L'un nourrissant l'autre et en définitive cela devient souvent intéressant quand la spontanéïté prend le pas. Quelque part entre la Figuration Libre, le cartoon, l'Art Brut et la bande dessinée. Il est amusant aussi d'en voir de nombreux croire que ceci est facile, qu'il s'agit d'avoir de bonnes phases plus qu'un bon trait. On reconnait aisément chez Todd James une culture large faisant la part belle à ses aspects les plus populaires bien sûr, mais surtout l'inscription dans une tradition forte de la peinture américaine qu'est l'expressionisme. La subjectivité est sa force, elle est rare. À la manière d'un inconscient offert à l'analyse, celui qui graffait REAS nous offre à voir une fenêtre non négligeable sur l'absurde qui nous entoure. À ceux que ceci oppresse est parfois offert la chance de le partager, ici en un miroir fantasmagorique de notre cauchemard éveillé. Manuel Morin 11 EN TRAVERS David Blot Le 15 février au Social Club, la soirée du label Zone recevait Dopplereffekt, l'une des formations et pseudonymes de l'américain Gerald Donald entre autres Drexciya, Arpanet ou encore Der Zyklus. Technologie. Paranoïa. Rétro-Futurisme. Pas de doute, vous êtes à Détroit. mythiques de l'underground : le Loft de David Mancuso, le Paradise Garage, les premiers DJ, et les pionniers les plus importants de Tom Moulton à Arthur Russell. Chicago arrive au milieu des années 80, en deuxième étape, avec Frankie Knuckles en lien inter-cité, un protégé de Mancuso et de Larry Levan filant à la Windy City pour ouvrir un club qui allait devenir le Warehouse, et involontairement, le nom de la house music. Et pendant ce temps, Detroit… Quand on parle des fondations de la musique électronique de danse aux Etats-Unis – et donc de la création des deux genres majeurs, la house et la techno – on pose juste trois points sur la carte. Rien sur la côte ouest, ni San Francisco, pourtant centrale musicalement dans les années 70, ni Los Angeles, qui ne bénéficiait pas encore de son revival XXIème. Trois villes seulement, trois ville toutes situées à l'est : New York, Chicago et enfin Detroit. À NYC, on sublime la disco triomphante 70's d'avant la house, Travolta pour le grand public, et les premiers clubs 20 Là aussi, il y a Frankie Knuckles en passeur : Chicago et Detroit n'étant pas si distantes, Derrick May prenait le volant pour entendre Knuckles mixer ce son nouveau et improbable à Chicago. Et c'est le même Derrick May, le futur auteur du classique Strings of Life (que Knuckles fut le premier DJ à jouer au monde d'ailleurs) ; Derrick May, qui va offrir à Knuckles la TR 909 qui fit le tempo des premières productions house de Chicago. Et pourtant malgré les liens… Plus au nord, près du Canada, dès les premiers Cybotron au début des 80's, le son de Detroit est différent de ses deux voisins, nettement moins vocal, plus froid, moins funk, et plus machine, industriel, les influences plus directement européennes, Moroder en axe italo-allemand, Depeche Mode, New Order, Human League en Angleterre mais surtout Kraftwerk à Dusseldörf. Entendons-nous bien : David Mancuso et Larry Levan jouaient aussi du Kraftwerk dans les années 70 (Nicky Siano fut même viré du Studio 54 pour avoir mit l'intégrale de Trans Europe Express), mais ils jouaient Kraftwerk à la marge, en contre-poids, le corps essentiel restait disco, soul, funk. À Detroit, non. Kraftwerk est tout là-haut. Oh, bien sûr, vous connaissez peut -être la célèbre phrase de Derrick May : « Techno music is just like Detroit – a complete mistake. It's like Kraftwerk and George Clinton stuck in an elevator. » Kraftwerk et Clinton donc coincés dans le même ascenseur, c'est classe, ça fait sens, d'autant plus que George Clinton (et ses Parliament et ses Funkadelik) est un enfant du pays, mais soyons réalistes : pour un Moodymann ou un Théo Parrish qui, peut-être, parfois, perpétuent vraiment la pop soul futuriste et sex à la Clinton – combien de groupes de Detroit sont directement des bébés Kraftwerk ? dix ? cinquante ? cent ? Tous ou presque. Comme si Ralf et Florian (le duo central de Kraftwerk) avaient saisi l'âme de Detroit dix ans avant et à des milliers de kilomètres de là. Iggy Pop aussi est un enfant de Detroit. En 1978, il est à Paris en tournée avec David Bowie, pour le sublime dyptique salvateur The Idiot / Lust for Life produit par Bowie et Visconti. Les deux se rendent sur les Champs-Élysées pour une soirée en l'honneur de la sortie du Man Machine de Kraftwerk. Iggy & Bowie traînent sur une banquette quand arrivent enfin, tard, le quatuor allemand, en rouge et noir, la raie bien raide sur le côté à l'allemande, douteux, angoissants et transparents, exactement comme sur la pochette, les mêmes. David se tourne alors vers Pop : « Regarde les, ils sont fantastiques, ils sont le futur ». En 1978, Iggy Pop from Detroit est bouche bée devant les Kraftwerk. Dix ans après, d'autres enfants du coin seront tout aussi traumatisés par les mêmes Allemands. Quel est le lien ? La réponse est terriblement simple – et elle explique aussi d'autres fascinations européennes des « techno innovators », la Manchester de New Order, ou le Sheffield de Human League – le décor, la géographie, le quotidien, plus fort finalement que toutes différences, Américains ou Européens, blanches ou noires. D'ici ou là bas, le contexte est le même : double crise, post-révolution industrielle et post Trente Glorieuses. Le décor est le même : des usines abandonnées, de la rouille, un peu plus steam-punk début XXème en Europe, un peu plus Chrysler 50's abandonnée à Detroit certes, mais c'est la même zone. La violence aussi y est terrible, les gangs de Manchester sont les plus éprouvants d'Angleterre, et Detroit est la capitale du crime des USA. C'est à Detroit que Paul Verhoeven décida de poser le décor de son Robocop en 1986 : seul un robot peut venir à bout de cette ville. Un robot, ou une TR 909. L'influence des machines sur la musique, mais plus précisément les machines et la mort en fait, l'odeur de mort… puisque tout y est à l'abandon, tout résonne de puissance passée, de déchéance et de nostalgie. Essayez, ça fonctionne autant pour Joy Division que pour Drexciya, l'axe des usines : Dusseldorf, Manchester, Detroit (rien du côté du Creusot malheureusement). Le décor y est plus important que les personnages, passifs au premier plan, le décor écrase ses habitants, touts petits à côté de tours immenses, noyés de fumée noirâtre. Estce pour cela que de Detroit à Dusseldorf, le culte de l'anonymat règne ? Quitte à ne pas être vu dans le décor, autant s'effacer de l'image encore plus et se fondre dans le « fog » de l'anonymat. Kraftwerk, tellement invisibles derrières leurs (pourtant) vrais visages, mais tellement robots qu'on finit par les mettre dans la même liste des masqués célèbres (Residents, Kiss, Daft Punk)… Et New Order qui refusait un peu près tout, apparaître sur leurs pochettes, faire des télés en playback, se montrer dans leurs clips – ou alors uniquement si filmés par des Jonathan Demme ou Henri Alekan. Pour l'amour de l'art. Et du secret. À la rigueur. À Detroit, c'est la jungle des pseudos et des identités d'un instant. DrexArpaEffekt aka Gerald Donald a poussé le vice très loin dans le brouillage de piste, savons-nous exactement qui il est ? Et, sommes nous vraiment sûrs que les Underground Resistance cagoulés qui se montraient (rarement) sur scène étaient les vrais ? Durant tout le temps d'existence du duo Drexciya, distillé au compte gouttes de vinyles limités, on ne savait pas qui en étaient les membres, on ne savait même pas que Gerald en faisait partie. Chut… Même décor, mêmes machines, même anonymat. Il reste un ultime lien essentiel : la technologie. le discours sur la technologie, l'imagerie de la technologie mise en scène et repensée. C'est l'obsession ouvertement paranoïaque de Gerald Donald à l'époque 2.0. Trente, que dis-je, quarante ans avant, Kraftwerk en faisait alors la matrice de leurs concerts, des images, tout le temps vintage, des débuts de quelque chose : les familles allemandes pique-niquant sur les autoroutes encore fraîches de bitume fumant, le Tour de France en noir et blanc, des opératrices glamour perdues entre les fils téléphoniques des standards 60's, l'amour des computers, à l'ancienne (tous sauf portables), des « Models » de chez Chanel ou YSL, les trains rutilants d'un « Trans Europe Express » ou les centrales nucléaires funestes de « Radio Activity » – mais toujours vu du point de départ, noir et blanc, quand tout est encore incongru, insouciant, le rétro-futur en marche, déjà, au temps présent des années 50 – la crise ? Quelle crise ? Dopplereffekt, Drexciya, Arpanet, Gerald Donald vivent la crise. Et Gerald Donald plane au dessus de ça. Parce que telle est la force de la techno, la finalité inverse des rythmiques trépidantes à 140 bpm directement issues des machines à vapeur et des moteurs d'usines : une envolée vers l'abstraction et la plénitude, comme si votre Chrysler s'élevait enfin dans les airs, tel Nick Fury dessiné par Steranko, tel le final de Blade Runner via Hollywood. S'évader enfin. Mais… méfiez-vous… On vous surveille. Illustration – Mathieu Laroussinie 21 22 épisode 3 Illustration – Éclair Fifi B. Marra – Night Business Valentine Coloring 23 24 25 26 27 à suivre ISAAC FREEMAN THE THIRD Pourtant, ses cris ont été le signe de lancement des soirées pendant une bonne partie de la fin des nineties. Qui n'a jamais entendu « Be Faithful » sans savoir s'il s'agissait d'un bootleg, d'un montage, ou même d'un jingle radio ? 28 Tout le monde connait sa voix mais personne ne sait vraiment qui il est. ET TOUT CELA BIEN SÛR, EN CRIANT « Yeah, Yeah Bass Drop ! Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! Yeah, Yeah, Yeah, Big Shot ! Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! You gotta rock ! Oh ! Oh ! Oh ! »* C'est pourtant bien un hymne. La carrière d'Isaac Freeman III prend une nouvelle dimension en 2003, à la sortie de ce morceau, sorte de megamix de samples de Jay-Z, Queen Pen, Black Sheep etc. Sur lequel il développe son style de cri si particulier. Il fallut deux ans au management de Fatman Scoop pour clearer le morceau (racheter les droits de chaque sample) et ainsi profiter au maximum des revenus de la Sacem de tous les pays du monde. En 2005, Isaac signe une apparition sur « Lose Control » de Missy Elliot. C'est la consécration, l'espace d'une cérémonie des Grammy Awards. Depuis ? Plus grand chose… Quoique. Nombreux sont ceux à avoir tenté d'imiter Fatman Scoop, au premier rang desquels Big Ali. Difficile de se sentir menacé par un mec qui appelle son dernier album Urban Electro, mais rares sont les personnes capables de distinguer les deux artistes crieurs. Pourtant, c'est possible. Sam Tiba & Quentin Lepoutre Au programme, Fatman Scoop et sa femme Shanda, dans le lit conjugal, qui répondent aux questions des internautes. Un « Doc et Difool » moderne, rap, et très drôle. On conseille à tous les lecteurs le visionnage de l'épisode sur le 69, au cours duquel Fatman Scoop exécute le schéma au feutre Velleda le plus complexe de l'histoire de la sexologie, pour inculquer à son public les règles d'un cunnilingus parfait. Bien que ces paroles puissent paraître légères à beaucoup, force est de constater que ces quelques gimmicks ont permis à Fatman Scoop de devenir l'équivalent d'une sirène qui indiquerait le début d'une soirée, le moment où, non, il ne faut plus penser aux autres, mais danser, boire, danser. Il a aussi fait son entrée dans presque tous les samplers des djs de rap. Quoi de mieux qu'un « OH ! » de Fatman Scoop pour motiver un dancefloor timide ? Aucune idée. COMMENT RECONNAÎTRE FATMAN SCOOP LES YEUX BANDÉS ? Première chose, Fatman Scoop saura toujours « chuchocrier » dans les oreilles les plus récalcitrantes et y glisser ses phrases préférées : Ensuite, Isaac Freeman sera disponible pour répondre, n'importe quand, aux questions de cœur, de sexe, de couple. Depuis quelques années, « The Oh! Man » a son propre show sur MTV ; Man & Wife, qu'il anime avec sa femme Shanda. Fatman Scoop aime à raconter l'histoire de leur rencontre en club. Fatigué des ratchets, Isaac fut rassuré quand Shanda lui présenta un test HIV négatif, DANS LE CLUB (sic). L'épisode « In Bed With Snoop Dogg » vaut également la peine d'entrer dans le monde merveilleux de la page Youtube de Fatman Scoop. Car oui, Fatman Scoop vit avec son temps. Sa page Youtube est un véritable vortex vers une dimension parallèle, où Isaac Freeman se filme, en train de marcher la plupart du temps. Un selfie d'une minute au mall, puis au resto, puis dans la rue puis au mall, puis au resto, puis au lit. Le plus fou dans tout ça reste que le nombre de viewers dépasse rarement les 500, et que contrairement à beaucoup de découragés, Fatman Scoop s'accroche, voire s'en contrefout, et continue à nous abreuver de vidéos inintéressantes mais révélatrices d'une confiance en soi à l'image de sa voix. Une minute interminable faite de « Sup y'all I'm chillin », « Sup y'all I'm eatin », le tout bien entendu hurlé. Rares sont les commentaires, et cette absence de vie sur sa page Youtube donne l'agréable impression d'avoir découvert seul une civilisation oubliée de tous. MERCI JAMEL Vous connaissez probablement Fatman Scoop grâce à Jamel Debbouze. Difficile à résumer, mais essayons. Quand Pierre Lescure et Alain de Greef font appel à Dj Abdel pour mixer sur Canal Plus, personne ne sait vraiment que le morceau choisi pour commencer l'émission du jeune Jamel Debbouze n'est autre que « Be Faithful » du dénommé Isaac Freeman III. Cette anecdote est loin d'être un détail. Toute une génération a été marquée par l'introduction de ce morceau, sans vraiment savoir qui était derrière. Il s'agit aussi de se souvenir de l'aspect prescripteur de Canal Plus, qui légitimait ainsi cette party-music difficilement déclinable dans la grise France. Merci Jamel. Autre détail, Fatman Scoop a probablement, sans le savoir, bénéficié d'un des clips les plus angoissants du début des années 2000, période phare des clips réalisés en animation. Sorte de mix entre un Supermen Lovers et une mauvaise après-midi dans un mauvais jeu d'une mauvaise console, le clip de « Be Faithful » est entré au panthéon des clips ineffaçables. Malgré la concurrence, Fatman Scoop ne s'affole pas. Il vend n'importe quelle phrase dite avec sa voix inimitable pour une cinquantaine de dollars seulement. Il suffit de passer commande sur son site, www.fatmanscoop.com, et vous recevrez votre nom crié par Isaac. Pourquoi cet article ? Fatman Scoop est un bon exemple, et peut-être le seul à être encore là dix ans après avoir été à la mode quelques mois. Personne ne regarde ses vidéos, l'agenda de ses prochaines dates sur son site renvoie à une page blanche, et il monnaye ses drops pour 50 dollars sur un site fait en 2004. Les carrières musicales ne sont pas forcément plus courtes qu'il y a trente ans. Mais aujourd'hui, il est de plus en plus facile d'être noyé dans une masse informe de producteurs de tous genres, pour le meilleur et pour le pire. La grande force de Fatman Scoop réside dans sa compréhension de cet état de fait, et d'avoir accepté son destin, celui de surnager dans un monde musical qui va sûrement trop vite pour lui. En attendant, Fatman Scoop se couche tous les soirs, un Grammy Award sous l'oreiller, et il sera toujours là, dans les têtes de millions de personnes, dans les dossiers de samples de millions de producteurs, et dans son lit, avec Shanda. *Extrait de « Be Faithful », Fatman Scoop, 2003 Illustrations – So Me 29 Agenda Toute la programmation sur parissocialclub.com/agenda mars 2014 avril 2014 semaine 10 11 12 13 semaine 14 15 16 17 Mardi 04 Mars LOVE MUSIC MYMY & JAMES & FRIENDS 23h — Free Mardi 11 Mars FAIRFAX B.A.G.A.R.R.E. VS BRVP 23h — Free Mardi 18 Mars HOOPCAST PARTY PONE MANARÉ DVNO 23h — Free Mardi 25 Mars CLASSICO VICTOR AIME FERNAND DU CHALET RIPH RAFF & FELIX ANJA 23h — Free Mercredi 02 Avril PARADOXE ANIMALIER BIROL MELJA 8TM NEANA GEORGIA GIRLS 23h — Free Jeudi 10 Avril ROCHE MUSIQUE OLIVER ZIMMER KARTELL CEZAIRE 23h — 08 E prévente - 10 E Mardi 15 Avril DSL & FRIENDS DJ MATEO DJ PIERRE DSL & GUESTS 23h — Free Jeudi 24 Avril MONSTART NT89 TWR72 HDN 23h — Free Vendredi 11 Avril EXPLOITED x PACIFIC ADANA TWINS KYODAI LIVE SHIR KHAN THE MEKANISM DACTYLO 23h — 15 E prévente - 18 E Mercredi 16 Avril LE PANIER SYZER FELIX DE GRANDI VUE SUR LA MER S-CAP MANAST 23h — Free Mercredi 05 Mars LOVE ON THE BEAT DJ PONE DJ FAB DJ WILLY WIZZ LOVE ON THE BEAT DJS 23h — Free Jeudi 06 Mars PELICAN FLY TRIPPY TURTLE NADUS DJ SLOW 23h — Free Vendredi 07 Mars PHENOMENA ANDHIM SYNAPSON VIKEN ARMAN 23h — 15 E prévente - 18 E Samedi 08 Mars YOURS! DJ TENNIS JOZIF ORIGNAL UNIT 23h — 13 E prévente - 15 E 32 Mercredi 12 Mars SOCIAL THUG MARZATTACK KORGBRAIN RAFAËL MURILLO LA PAUSE CREW 23h — Free Jeudi 13 Mars GIRLS GIRLS GIRLS SAMPHA ÉCLAIR FIFI CH CH CHEN PIÙ PIÙ BETTY 23h — Free Mercredi 19 Mars CRYSTAL TEKI LATEX AZF PARFAIT 23h — Free Jeudi 20 Mars (RE)SOURCES MUMDANCE CDBL TOMMY KID MAD:AM CALCIUM B2B DJ KODH 23h — Free Vendredi 14 Mars VULTURE CRYSTAL FIGHTERS DJ SET DJ FALCON ALAN BRAXE XANDER MILNE 23h — 13 E prévente - 15 E Vendredi 21 Mars CROSSWALK KLANGTHERAPEUTEN DIMMI Möwe 23h — 13 E prévente - 15 E Samedi 15 Mars PACIFIC RODRIGUEZ JR. LIVE LEFTWING & KODY THE MEKANISM DACTYLO 23h — 13 E prévente - 15 E Samedi 22 Mars LA KLEPTO CHLOÉ CLARA 3000 NICOL MARION 23h — 13 E prévente - 15 E Mercredi 26 Mars Social Kush ARAABMUZIK LIVE / 20h / 10 E prév - 15 E TEALER CREW & GUESTS 23h — Free Jeudi 27 Mars Parade Strip Steve Ateph Elidja 23h — Free Vendredi 28 Mars WALKING MACHINE BODHI 123 MRK Just Kiddin Butchers Crew 23h — tbc Samedi 29 Mars Prog. en cours Jeudi 03 Avril PYRAMID & FRIENDS KYGO PYRAMID CHEROKEE PHEN 23h — 08 E prévente - 10 E Vendredi 04 Avril MIND BUTCH SIMINA GRIGORIU JEFF COOK YOAN STEVE MARIE 23h — 13 E prévente - 15 E Samedi 05 Avril ODYSSEY MOVE D KONSTANTIN SIBOLD Jacques Bon Cracki Djs 23h — 13 E prévente - 15 E Samedi 12 Avril ZEDS DEAD & GUESTS 23h — 18 E prévente - 22 E Vendredi 18 Avril HOT CHIP CURATES HOT CHIP DJ SET PAUL WOOLFORD 23h — 15 E prévente - 18 E Samedi 19 Avril MINIMAL TRIP RAMPA & RE.YOU VIKEN ARMAN & GUESTS 23h — 13 E prévente - 15 E Dimanche 20 Avril STEREOTYPE LAURA JONES BODDIKA AZF PARFAIT 23h — 13 E prévente - 15 E Samedi 26 Avril CONTACT BREACH CONI ORIGNAL UNIT NUMERO6 23h — 13 E prévente - 15 E Mardi 30 Avril LA BESTRAFUNG HOT SINCE 82 BRENN & CESAR ANDRES KOMATSU NICOL MARION 23h — 13 E prévente - 15 E Vendredi 02 Mai SODASOUND Brandt Bauer Frick 23h — 13 E prévente - 15 E Samedi 03 Mai HIVERN DISCS John Talabot Pional Marc Pinol 23h — tbc 33 Édité par Les Rêveurs, traduction de Marc Voline