Depuis l`Antarctique, les mystères de l`origine de l`Univers1…
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Depuis l`Antarctique, les mystères de l`origine de l`Univers1…
Projets CNRS Dépasser les frontières Bureau du CNRS en Chine No20 Automne 2015 Depuis l’Antarctique, les mystères de l’origine de l’Univers1… Le photomètre PAIX a subi une série d’améliorations avec des capteurs plus performants, un passage à trois couleurs, une automatisation qui nécessitait toutefois la présence d’un hivernant et maintenant une robotisation qui ne nécessite que de courtes interventions ponctuelles (voir illustrations 1, 2, 3 et 4). Avec nos collègues chercheurs et ingénieurs chinois, nous avons un autre prototype de ce photomètre que nous avons installé sur le site Ali, au Tibet (voir illustration 2). Une étude est en cours pour implanter cet instrument au Dôme A et participer activement aux améliorations à lui apporter, aussi bien à Dôme C qu’au Dôme A, qui sont deux sites antarctiques aux propriétés climatiques similaires. par Merieme Chadid2 Depuis déjà 2004, une collaboration dans la recherche en astronomie entre notre équipe et l’Académie des Sciences de Chine3 (CAS) s’est consolidée autour de la qualification des sites astronomiques et la physique des atmosphères et la pulsation stellaire. De nombreux échanges de chercheurs ont eu lieu entre nos instituts ainsi que des observations astronomiques faites aussi bien en France qu’en Chine (Tibet). De nombreuses publications conjointes ont vu le jour dans des revues internationales de rang A. Nos premières études ont concerné l’instrumentation pour la qualification des sites avec la conception d’un « Differential Image Motion Monitor » (DIMM) et d’un « Single Star Scidar « (SSS) qui ont été mis au point à Nice en France puis testés dans de nombreux sites à travers le monde et notamment au Dôme C. Ils ont ensuite été prototypés et mis en opération dans les observatoires chinois de XingLong (là où réside le grand spectromètre multi-fibre LAMOST) et maintenant à Ali, dans l’extrême Nord-Ouest du Tibet, qui promet de devenir le site Chinois de référence. Une étude a aussi été entreprise pour la faisabilité d’une implantation de ces deux instruments au Dôme A, le site du plus haut plateau antarctique, sous responsabilité Chinoise. Plus récemment, une importante collaboration a débuté sur le thème de la physique stellaire, et plus particulièrement l’évolution et la pulsation stellaires avec l’Académie des Sciences de Chine (CAS) et son département « National Astronomical Observatories of China - NAOC », dans le cadre du premier programme de recherche polaire international en Astronomie, et plus particulièrement sur la physique stellaire en Antarctique, en utilisant la continuité des observations qui n’est possible sur terre que dans les zones polaires de l’Antarctique. Ce programme, en cours à la station franco-italienne au Dôme C depuis 20 2014 et qui regroupe de nombreux ingénieurs et chercheurs internationaux, est soutenu en partie par l’Institut polaire Paul Emile Victor (IPEV). Il s’agit du programme 1096, dont l’acronyme est «PAIX & EXPLORER», intitulé «Photometer AntarctIc eXtinction & EXoplanets, PuLsatiOn & high REsolution spectRoscopy». Ce programme utilise au maximum les potentialités du Dôme C, en suivant, en continu sur 150 “jours”, la courbe de lumière d’étoiles pulsantes, permettant d’atteindre une résolution en fréquence que seuls deux satellites sont capables d’atteindre : CoRoT et Kepler. Ce programme polaire nous a déjà permis de réaliser plusieurs publications internationales de rang A avec nos collègues chinois4. Nous continuerons ainsi à explorer, depuis le cœur de l’Antarctique en compagnie de nos collègues chinois, les mystères de l’origine de l’Univers. Ces avancées scientifiques importantes sont la résultante d’un site d’une extrêmement bonne qualité optique joint à l’observation en continu des cibles circumpolaires et d’une collaboration franco-chinoise de grande importance. Cette collaboration a pu être menée grâce au soutien de plusieurs institutions5. Illustration 2 : version chinoise du photomètre PAIX, telle qu’elle est installée sur le site de Ali, au Tibet. Ce site est situé à une altitude de 5 100 m et possède des conditions climatiques et d’isolement très similaires à celles rencontrées au Dôme C ou au Dôme A. Crédits : Eoin MACDONALD / IPEV 1 Illustration 1 : Le photomètre PAIX dans sa première version installée au Dôme C, en Antarctique, en 2006. Projets Illustration 3: Le photomètre PAIX dans sa version automatisée. En arrière plan, on distingue le haut plateau glacé. Au foyer du télescope on voit la boîte thermostatée contenant la caméra CCD. L’autre boîte blanche contient une autre caméra de reconnaissance du champ stellaire. Toutes les pièces électroniques sont à température régulée et les engrenages mécaniques sont lubrifiés avec des graisses qui gardent leurs performances pour des températures allant jusqu’à -80°. Collaboration franco-chinoise au Dôme C, Programme IPEV 1096, Station Concordia « PAIX -Photometer AntarctIc eXtinction ». 2 Astronome et « Young Leader » de la « France China Foundation » Université Côte d’Azur, Observatoire de la Côte d’Azur, UMR-CNRS 7293 Lagrange). En liaison avec Pascal Morin, Directeur Scientifique des Programmes IPEV. 3 Le « National Astronomical Observatories of China - NAOC » 4 Par exemple Chadid et al. 2010 A&A 516, 15 et Chadid et al. 2014 AJ 148, 88 5 L’Institut polaire Paul-Emile Victor, l’Agence Nationale de Recherche (ANR CASDOA), l’INSU/CNRS, l’agence de recherche de forces aériennes américaines (« US Air Force ») ainsi que divers programmes d’échanges franco-chinois dont le LIA « Origins ». 21 Projets CNRS Dépasser les frontières D’autre part, ayant été sélectionnée comme « Young Leader » de la « France China Foundation », Merieme Chadid participe activement au développement de la recherche scientifique en astronomie et aux liens scientifiques entre la France et la Chine. En Septembre 2014, à Pékin, elle s’est entretenue, dans le cadre de la « France China Foundation » avec le Vice-Président de la République populaire de Chine, M. LI Yuanchao, M. Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre et M. Maurice Gourdault-Montagne, Ambassadeur de France en Chine pour la promotion de projets scientifiques entre la France et la Chine. Les missions de l’IPEV L’institut polaire Paul Emile Victor (IPEV) offre les moyens humains, logistiques, techniques et financiers ainsi que le cadre juridique nécessaires au développement de la recherche scientifique française dans les régions polaires et subpolaires. L’isolement et les climats extrêmes de ces régions imposent aux opérateurs une technicité et un savoir-faire particuliers. Regroupant des professionnels de la logistique polaire, l’institut met à profit sa connaissance des milieux extrêmes et ses compétences spécifiques pour coordonner, soutenir et mettre en œuvre entre soixante et quatre-vingts programmes scientifiques et technologiques chaque année dans les régions de hautes latitudes, au nord comme au sud. Depuis son siège à Brest, les équipes permanentes de l’IPEV, une cinquantaine de Bureau du CNRS en Chine No20 Automne 2015 personnes dont les deux tiers sont mis à disposition par le CNRS, gèrent les moyens nécessaires à l’organisation des expéditions scientifiques. Lors de la saison 2015-2016, 87 programmes seront mis en œuvre dont 35 en Antarctique, 27 en Arctique et 25 dans les îles subantarctiques. Illustration 4: Le photomètre PAIX dans sa dernière version robotisée. PAIX est maintenant utilisé automatiquement sans aucune intervention humaine grâce à des logiciels de contrôle PACS. Les séquences d’observation à distance sont scriptées et les données sont automatiquement transférées, via un tunnel VPN, à un serveur géré en Italie par l’ENEA. Ici, on voit une des rares interventions humaines au cours de l’hiver 2015. Traversée terrestre entre la base Dumont d’Urville et le Dôme C Crédits : Katell Pierre / IPEV En Antarctique et dans les îles subantarctiques, ce sont environ 200 saisonniers ou hivernants répartis sur les bases qui permettent à plus de 200 chercheurs de travailler sur le terrain. En Arctique, une centaine de scientifiques partent chaque année avec le soutien de l’IPEV. Une trentaine de corps de métiers, mécaniciens, logisticiens, opérateurs ou encore responsables d’instrumentations et d’opérations scientifiques, développent sur le terrain des techniques de pointe adaptées à des environnements et des climats très rigoureux et parfois extrêmes. Pour faire vivre les bases, l’IPEV achemine plus de 300 tonnes par an de biens dont 30 tonnes de nourritures. Grâce à son savoir-faire et aux plateformes scientifiques déployées, l’IPEV contribue à mettre en valeur les pôles et favorise la sensibilisation du public aux problématiques propres à ces régions. A l’échelle internationale, l’institut participe à la concertation scientifique, logistique et environnementale sur les régions polaires à travers des structures telles que l’ « European Polar Board (EPB) », le « Council Of Managers of National Antarctic Programs (COMNAP) » ou encore la Réunion consultative du traité sur l’Antarctique. Par ailleurs, l’IPEV a la responsabilité de la mise en œuvre du plus grand navire océanographique européen, le Marion Dufresne, qui embarque chaque année plus de 300 chercheurs à son bord sur toutes les mers du monde. Historique En janvier 1992, l’Institut Français pour la Recherche et la Technologie Polaires (IFRTP) est né de la fusion de la mission de recherche des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) et des Expéditions Polaires Françaises (EPF). Implanté à Brest en 1993, il a été prorogé en janvier 2014 pour une durée de 12 ans sous le nom d’Institut polaire français PaulEmile Victor (IPEV). L’IPEV est un groupement d’intérêt public (GIP) dont les membres sont : • Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) • Ministère des Affaires Etrangères et du Développement International (MAEDI) • Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) • Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (Ifremer) • Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) • Centre National d’Etudes Spatiales (CNES) • Météo-France • Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) 22 Projets Base franco-italienne Concordia (Dôme C) Crédits : Eoin Mac Donald / IPEV 23