Numéro vingt-neuf / Bones Brigade

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Numéro vingt-neuf / Bones Brigade
Numéro vingt-neuf / Bones Brigade
skate.vans.com/halfcab20
5-0 VARIAL HEEL . BLABAC PHOTO
DCSHOES.COM/SKATEBOARDING
+ MULTIFUNCTIONAL TREAD PATTERN FOR DURABILITY AND GRIP
THEDCEMBASSY.COM
ERIC KOSTON
WEARING SKULLCANDY AVIATOR
NUMERO 29
Directeur de la publication Fred Demard [[email protected]]
Rédaction en chef David Turakiewicz [[email protected]] & Fred Demard Publicité
David Turakiewicz [[email protected]] assisté de Thomas « Zeb » Busuttil [thomas@
somaskate.com] Mise en page Tura Secrétaire de rédaction et traductions Valéry Blin
Photographes Pierre Dutilleux / Clément Le Gall / Roger Ferrero / Loïc Benoît / Timothée
Touzé / Romain Bonne / Valery Blin / Yoann ‘Donger’ Kim / Vincent Coupeau / Alan Maag /
Rémy Pires / Marcel Veldman / Jo Dezecot / Davy Van Laere / Maxime Gandon / Jean Dolhats
/ Manu Sanz / Cédric ‘Patate’ Crouzy / Benoît David / Jelle Keppens / Bertrand Carrot
Rédacteurs Vincent Coupeau / Valery Blin / Marcel Veldman
Soma est édité par Les éditions du garage SARL
13, rue de l’Isère 38000 Grenoble
[email protected]
ISSN : 1959-2450
Imprimé en France. Toute reproduction, même partielle, publication,
édition, ou sous n’importe quelle autre forme est interdite. La lecture,
quand à elle, doit se faire à voix basse et les pages doivent être
tournées avec précaution. Pour une meilleure conservation, le stockage
est conseillé verticalement à l’abri de l’humidité.
Liste de diffusion, informations, anciens numéros, vidéos,
commentaires désabusés, publicités et autres blogueries... Tout est sur
www.somaskate.com
Steve Malet, kickflip, Paris
Photo : Tura
LE SOMMAIRE
Baptiste Costes
smith grind
Photo : Bertrand Carrot
PAGE 14 - L’intro
Vive la France, vive le béton,
à mort les trottinettes.
PAGE 18 - Le jeune
Réponses envoyées entre deux exams.
Bravo.
PAGE 20 - Le vieux
La mini rampe dans l’jardin qui fait rêver
tout le monde.
PAGE 28 - SUAS
Deux vieux contre trois jeunes, c’est pas très réglo ça.
PAGE 34 - LE TOUR SANS FIN 2
Parfois, la crise financière a du bon.
(Special guest : Thibault Fradin !)
PAGE 46 - Arenys de Munt
Fouilles archéologiques au marteau piqueur
et à l’huile de coude.
PAGE 52 - tricard à Taïwan
Comment bannir définitivement le skate à Taïwan,
avec Nike SB.
PAGE 46 - TOM PENNY
AND FRIENDS
Tom Penny aime toujours autant se déguiser,
et faire du skate avec ses copains à Paris.
PAGE 74 - ‘NO FEET ON
THE GROUND’
All hail Ray Barbee !
PAGE 80 - SPRING CLASSIC
On avait droit à un voyage en Italie gratos, mais on a préféré
envoyer notre poulain Vincent Coupeau.
PAGE 82 - La Coupe au Bowl
Au lieu de faire des photos, Vincent a préféré skater et il a
bien fait.
PAGE 86 - Le Vrac
Des vidéos, what else ?
(Sauf qu’il est tard et qu’on a oublié les numéros de page... Le
mieux, donc, serait peut-être de le faire vous-même, à l’aide
d’un stylo noir à encre indélébile, si, entre deux consultations
de votre profil Facebook, vous parvenez à trouver le temps.
Merci de votre compréhension.)
©Metallier
JAVI MENDIZABAL
Pro Skater
2011/06
Seville,
SPAIN
moskova.com
varial heel
neen wIllIams
i s p r o u d t o s k at e i n t h e
skytop III
white suede / gum
c h a d m u s k a s i g n a t u r e mo d e l
suprafootwear.com
L’intro
Vous avez peut-être la chance de vous en être rendu compte près de chez vous, nous
sommes est en train d’assister en France, à une véritable vague de construction de skateparks en béton. De vrais bons skateparks en béton qui poussent à peu près de partout,
même à Paris. Alors bien sûr, c’est pas encore l’Oregon, loin de là, mais ça commence à
avoir de la gueule quand même et à vrai dire, on n’y croyait plus… Je vous rappelle qu’on
sort à peine de l’enfer des « skateparks modulaires ». Des pistes en fibre de verre puis en
métal, toutes plus mal conçues les unes que les autres, réalisées par des fabricants de murs
d’escalades ou de jeux d’enfants dans l’unique but de s’en mettre plein les fouilles. Vous
savez qui ils sont, ils nous ont pourri la vie bien assez longtemps. Mais oublions, puisque
cette ère semble bien révolue, grâce à des boîtes comme Constructo, Hall04 et Recréation
Urbaine qui font aujourd’hui couler le béton dans nos villes et nos campagnes.
Il y avait déjà eu une vague similaire à la fin des années 70 en France, suivie de peu d’une
vague de destruction massive parce que les jeunes de l’époque avaient fini par se lasser de
leur skateboard pour se remettre à courir après un ballon en s’insultant. Aujourd’hui, il en
reste quand même quelques-uns qui n’ont pas eu affaire aux bulldozers, comme le snake
de Saintes, le park de La Roche-sur-Yon et deux ou trois autres curiosités çà et là. En
Espagne, des skateurs un peu plus motivés que la moyenne ont retrouvé, puis déterré à la
main, un bowl en béton qui avait été recouvert trente ans plus tôt (voir l’article page 46).
Pas sûr que les pistes à la con dont vous avez un aperçu sous les yeux suscitent le même
intérêt dans ne serait-ce que 5 ans. Les skateparks en béton par contre, on peut se risquer
à croire qu’ils seront toujours là dans trente ans et qu’ils nous feront toujours rêver.
Quoique dans trente ans, il se peut qu’on passe plus de temps devant la télé à insulter des
mecs qui courent après un ballon qu’au skatepark, mais bon, il paraît que l’espoir fait vivre.
Maintenant je vous laisse, j’ai rendez-vous au skatepark de Fontaine
(merci Steph et Sam chez Constructo)… - Fredd
Oui, c’est bien cette photo
qui avait été postée sur not’
blog, mais ce coup-ci, pas
de politique, pas question de
vexer à nouveau notre lectorat
frontiste et/ou trottinetiste.
Photo : Fredd
SEBO
WALKER
SWITCH FRONTSIDE FLIP
INTRODUCING
PICO
XLK
MORE INFO AT LAKAI.COM
CARLO
MORE INFO AT LAKAI.COM
L A K A I L I M I T E D F OOT WE A R
T H E S H O E S WE S K ATE
BIEBEL / JOHNSON / MARIANO / CARROLL / HOWARD
WELSH / ALVAREZ / GILLET / BRADY / JENSEN / FERNANDEZ
TERSHY / ESPINOZA / HAWK / WALKER / PEREZ
photo by Colen / ad #155 / lakai.com / crailtap.com / [email protected]
–
erik ellington
Spencer hamilton
/
lizard king
/
/
boo JohnSon
terry kennedy
/
kevin romar
–
/
tom penny
/
/
dane vaUghn
WindSor JameS
/
cheWy cannon
–
kill me premiUm tee
k Skinny denim
–
lizard king
kr3wdenim.com
–
Smith grind
Photos : Benoît David
LE JEUNE
SYLVAIN GEOFFROY
Date et lieu de naissance
1er juillet 1991 à La-Roche-sur-Yon
Lieu de résidence actuel
Nantes
Années de skate
11, je crois.
Vidéos de référence
La DVS Skate More, The Strongest Of The Strange de
Pontus Alv, et les vidéos des vieux Sugar, notamment la
Pandore et la Aspartame.
Skateurs de référence
Olly Todd (sa part dans la Landscape), Darrell Stanton (Dans
la Roll Forever)
Première board
Une board old school que je partageais avec mon frère, équipée d’un gros frein à l’arrière, d’une
baquette de protection à l’avant, des rails sur les côtés et de belles roues fluo en plastique dur !
Où seras-tu et que feras-tu dans 15 ans ?
Place de camping à l’année, caravane, 3 enfants.
Sponsor
Aucun
REMY TAVEIRA
STAR PLAYER LS
Nose blunt
à la maison
Photo : Manu Sanz
LE VIEUX
Jean-Thomas Tschirret
Date et lieu de naissance
7 juin 1972 à Mulhouse
Lieu de résidence actuel
Massillargues-Attuech, au pied des
Cévennes
Années de skate
25
Vidéos de référence
Video days, Dedication (Think), Kicked
out of everywhere (Real), The Strongest
of the Strange, la Déca-Danse, Jim’s ramp
jam et les vidéos Thrasher et Anti-Hero.
Skateurs de référence
Des tonnes ! Mes Potes et Gonz, Pontus,
Drehobl, Barley, Daclin, Trujillo, Grant
Taylor, Raven Tershy, Dylan Rieder,
Colin Provost, Phil Shao, Busenitz,
Mendizabal... Chez moi, sur la mini :
Sammy Idri, Jérome Chevalier, Aaron
Sweeney et Brandon Westgate.
Première
board
En 87, une
Holy sport
«hands off»
toute fluo.
Première
«américaine» en 88, une John Lucero
(Schmitt Stix), ridée sans grip pendant
quelques mois !
Où étais-tu et que faisais-tu
il y a 15 ans ?
Entre Nîmes et Briançon où je finissais
mon service militaire.
Sponsor
Aucun. Faites vivre les assos, les marques
et les skateshops locaux : La planche à
roulettes nîmoise, Trauma et Unlimited
par exemple !
Photo : Patate
2012
WeA c t i vi s t C HR I S PASTRAS
S HO T B Y
A N T O N R E N B O RG
www. wes c . c om
quarters lx/ black wax/ brown wax/ blue wax/ gravisskateboarding.com
L’MATOS
1 un pull over d’été de chez DC / 2 une chaussure Lakai ‘Carlo’ tout ce qu’il y a de
skatable / 3 un t-shirt Supra pour leur faire de la pub / 4 un bonnet Cheelax / 5 une
chaussure Gravis ‘Quarters’ pour faire des slappies / 6 le jean Reese Forbes de chez
Quiksilver Skateboarding / 7 un sac-photo Dakine déguisé en simple sac-à-dos /
8 une chaussure Vans ‘Grosso’ / 9 une planche 5Boro pour jouer à la guerre / 10
une chaussure Osiris ‘45’ toute en toile pour les vegan / 11 un planchon Anagram
fabriqué au Canada / 12 une chaussure DC ‘Landau mid S’ / 13 un calebar Moskova
imprimé usé / 14 un film périmé qui traînait au studio.
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1
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L’MATOS
1 une chaussure Adidas Busenitz saveur moutarde / 2 un bonnet Crime / 3 un
t-shirt Palace ton sur ton / 4 un jean WESC slim mais pas trop / 5 une montre Nixon
‘Monopoly’ (si vous avez besoin d’une loupe, allez sur le site Nixonow.com) /
6 un sac-à-dos Gravis avec des tas de poches de partout / 7 une chaussure Lakai
‘Belmont XLK’ avec le nom de Danny Brady dessus / 8 un t-shirt WESC avec une
poche sur le coeur / 9 le nouveau pro-model Nick Trapasso de chez Converse /
10 une guest board pour Jake Rupp de chez Magenta / 11 un t-shirt Cheelax /
12 la fameuse Stevie Williams de chez Supra / 13 une casquette de camionneur DC.
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1
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5
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3
4
Gregory Poissonnier, pivot to fakie
Photo : Jean Dolhats
NUMERO XXIX
Antoine Ravel, feeble grind
Photo : Maxime Gandon
Florian Boutin, BS flip
Photo : Jo Dezecot
Daan Van Der Linden, FS wallride
Photo : Davy Van Laere
Jérôme Chevallier, BS nose blunt revert
Photo : Clément Le Gall
Episode 2 Nantes - Niort - La Rochelle - Bordeaux
La relève nantaise #1 : Melvil Lopes.
BS noseblunt, Nantes
BUDGET ZÉRO
La première fois, en octobre, on avait mis un
budget de côté, monté une grosse équipe et on
était parti sur la route. On avait improvisé les
déplacements et malgré la pluie et les blessures,
on avait réussi à faire une dizaine de pages dans
le #27, ainsi qu’un petit montage sur le site.
Forts de tout ça, on avait espéré que des sponsors
se bousculeraient ensuite pour être de la partie.
Sauf que malgré tous nos efforts, en ces périodes
économiques douteuses, personne n’est venu
frapper à notre porte pour nous payer nos petites
escapades improvisées à travers la France.
Alors pour ce second épisode, il a fallu tout réduire au minimum.
Ce qui avait pesé le plus lourd lors du premier
épisode, c’était la location du van. Alors cette
fois, on ferait sans. Il a ensuite fallu réduire
l’équipe à 4 personnes, afin de pouvoir éventuellement caser tout le monde dans une voiture si
on était amenés à faire du stop. Ces quatre personnes étant : Sylvain Tognelli, Alex Richard,
Paul Labadie (pour la vidéo) et moi. Cette fois,
sans pouvoir s’isoler dans un van, il allait falloir
se déplacer avec les locaux qui, dans chaque ville,
viendraient grossir les rangs de notre équipe.
Lors de notre première aventure, nous étions
partis de Paris, et après avoir zigzagué vers le
sud-ouest, nous avions terminé notre route à
Nantes. Le concept du Tour Sans Fin étant de
repartir de l’endroit où nous nous arrêtons la
fois précédente, nous nous sommes retrouvés à
Nantes le lundi 20 février à midi.
En y réfléchissant un peu, partir en tournée sans
van en février est une idée curieuse… voire un
peu folle… Mais bon, c’est le genre de challenge
qu’on aime bien relever avec Paul, et puis avec
Poulain et Alex, on ne se faisait pas trop de
souci. Les journées étant courtes, par contre, il
allait falloir réduire les trajets au maximum afin
de profiter du soleil le plus possible.
Messieurs-Dames, voici le deuxième épisode du
Tour Sans Fin, de Nantes à Bordeaux.
par Tura
Lundi 20 février
Le rendez-vous est fixé à midi chez Click, sauf qu’à cette heure-là,
le shop est fermé. Alors on se déplace à 50 mètres de là, au fameux
Streetpark. Le ciel est bleu, la température monte très vite. Sylvain
et Alex nous rejoignent. On traîne un peu au park et puis on décide
d’aller ‘streeter’. On croise Armand Vaucher et sa bande, et puis
quelques autres skateurs au passage. On finit par être une grosse
équipe, et le soleil aidant, tout le monde est super motivé.
Thibaud Fradin après une
une journée de boulot.
Switch ollie, Nantes
La ville vient de se doter d’un nouveau pont qui offre un petit plan
incliné de chaque côté et quelques petits spots alentours. On s’attarde un peu et Arthur Bourdaud nous parle du petit spot DIY qui
a été construit sous une bretelle d’autoroute, un peu en dehors de
la ville. On décide d’aller y jeter un oeil, mais la nuit tombante et
l’humidité mettent un terme à cette première journée...
Question hébergement, en février, on a moins envie d’improviser
alors on a pris les devants. Pablo et Tristan, qui nous avaient accueilli dans leur salon en octobre, nous accueillent à nouveau à bras
ouverts. Pour fêter ça, on se fait une bonne crêperie et à minuit,
tout le monde est couché. La météo s’annonce bonne pour demain,
l’idée est d’aller tôt skater ce spot sous l’autoroute…
Alex Richard, ollie in, juste après boneless,
en évitant le hang up, de justesse...
Nantes
Alex Richard
Switch FS blunt sous
l’autoroute. Nantes
Mardi 21 février
Arthur nous a donné rendez-vous à 11h au Streetpark pour
nous emmener sous le pont. Personne n’est en retard, et le
soleil nous accompagne. Balayer le spot soulève des nuages de
poussière et prend un petit moment. Certaines courbes se sont
à moitié écroulées, mais d’autres parties offrent de bonnes
possibilités. Poulain et Alex s’acharnent sur le plan incliné surmonté d’un petit quarter, et les tricks finissent par rentrer.
On retourne alors en ville. Les jeunes nous rejoignent et une
grosse session s’improvise sur un petit spot au bout du quai des
50 Otages. Armand Vaucher rentre un big spin sur un gap, et
puis on décide de retourner au spot des grands plans inclinés
rugueux, près de l’hôpital, qu’on avait déjà skatés en octobre.
Alex fait ollie en FS là où Thibaud Fradin l’avait fait en BS,
Poulain se balargue au-dessus d’un rail et on décide de rentrer
se faire un gros plat de pâtes à la maison.
Sylvain Tognelli
FS ollie par dessus le tout, avec un aller
simple dans les choux. Nantes
Sauf que Thibaud, qui a bossé au shop toute la journée, est super
motivé d’aller skater ce soir… On hésite tous un peu, et malgré
la grosse bouffe qu’on vient de se faire, vers 21h, on reprend les
boards… Pablo a repéré un minuscule bump devant un banc qu’il
aimerait bien passer en BS 180. Le ollie passe sans problème, mais
il se fait piquer la vedette par Thibaud qui survole le truc en flip et
en switch ollie…
La relève nantaise #2 : Armand
Vaucher, BS big spin au bout des
50 Otages
Une photo typique Tour Sans
Fin, typique Soma !
Alex Richard
FS wallride tirette, Niort
Mercredi 22 février
Ce soir, à Bordeaux, il y a l’avant-première 5boro « Join or die » et on se dit
que ça pourrait être marrant d’aller y
faire un tour. Et hier, on a reçu un coup
de fil de Jo Dezecot qui s’est proposé de
nous y emmener avec sa vieille Nevada
7 places. Alors pour lui éviter un gros
détour (il vient de Tours), on s’est donné
rendez-vous à Cholet à 10h30. A défaut
de train, on prend un bus SNCF et un
peu plus tard, Jo, accompagné d’Arthur
Chiron, nous attrape à la gare.
On prend la direction du sud et on décide
de faire une escale à Niort. On débarque
au shop Rock Slide où Fred nous confie
son stagiaire Léo pour nous montrer
les spots du centre-ville. La ville est en
travaux et promet d’offrir quelques nouveaux spots d’ici peu. On déplace un tout
nouveau banc sur une place rutilante
et une petite session s’improvise. Léo
évoque une courbe en béton construite
dans un vieux hangar pas loin de la gare.
Les spots DIY dans les endroits poussiéreux, ça nous connait, alors on décide
d’aller s’y enfermer malgré le soleil. Le
spot est modeste, mais parfait pour Jo
qui s’acharne sur un flip wallride pendant qu’Alex grimpe sur le mur en FS.
En fin d’après-midi, il est temps de
reprendre la route pour Bordeaux. On
passe un coup de fil à Seb Daurel qui
nous accueille chaleureusement à 5 chez
lui (Alex rentrera dormir chez lui), après
sa longue journée à monter une vert’
à Darwin (le hangar eco où est recyclé
tout un tas de trucs en skatepark, entre
autres). On arrive à temps pour la vidéo
5boro et on termine la journée à manger
des burgers au Molly’s (à côté de RIOT,
en face du park, sur les quais).
Jeudi 23 février
A notre réveil, la météo n’annonce rien de bon. Seb est déjà parti bosser et nous a invités à jeter un oeil à tout ce qu’il a construit à Darwin.
Forcément, on est tous à bloc, et à midi on est déjà en train de skater le
bowl en bois (celui en béton n’est pas encore fini, et la vert’ pas encore
plaquée). Oscar Candon, qui traine ses guêtres dans le coin, nous rejoint
et décide d’intégrer à nouveau l’équipe. Forcément, on accepte !
Jo Dezecot, lui, doit rentrer à Tours ce soir, alors on se dit que ça pourrait être une bonne idée de remonter avec lui vers La Rochelle et tenter
d’éviter la pluie qui se profile à Bordeaux… On hésite un moment et puis
on se décide. En route pour La Rochelle. Saintes est sur le chemin, ce
serait dommage d’être si proche du bowl légendaire sans s’y arrêter. Mais
le spot est trop humide pour être skatable. Alors on continue notre route,
non sans amertume…
La pluie et le brouillard nous accueillent à La Rochelle à la nuit tombée.
On a entendu parler d’une mini-rampe couverte en centre-ville, qu’on
finit par trouver. L’endroit est en fait une salle prêtée par la mairie
où une chouette petite mini occupe la moitié de l’espace, l’autre moitié servant de mini-skatepark. Olivier s’occupe de gérer l’endroit, nous
accueille sympathiquement, et nous laisse skater toute la soirée. Le ratio
superficie/amusement est poussé à son maximum, et on n’arrive plus à
s’arrêter… Enfin, si, on y arrive, forcément, au moment où tout le monde
commence à avoir faim et quand Jo décide de reprendre le volant pour
rentrer chez lui. On le remercie bien d’avoir joué les taxis pour nous et
Olivier nous oriente vers un petit resto et un bar dans lequel trône un baby-foot. Et puis la question de l’hébergement surgit (en vérité, elle a déjà
surgi un peu avant…). Nos contacts locaux étant indisponibles, Oscar
et Alex se proposent de dormir au skatepark pendant que Paul, Sylvain
et moi, non sans nous sentir coupables, prenons une chambre d’hôtel…
On a bien essayé de ne pas mettre de
photo d’Oscar Candon dans ce numéro,
mais on n’a pas réussi.
Alley oop wallride revert,
La Rochelle
Vendredi 24 février
Temps pluvieux. On apporte les croissants
à Oscar et Alex histoire de déculpabiliser
un peu, et puis on va faire un tour chez
Crime skateshop, où François (le patron)
nous parle d’un spot sur le port qui pourrait sécher rapidement si la pluie finit par
s’arrêter… On passe le début d’après-midi
à repérer les spots et puis on fait un peu de
tourisme en attendant que ça sèche. Le vent
s’y met et vers 16h c’est skatable. Oscar et
Sylvain filment quelques lignes et en fin de
journée, on est tous d’accord pour redescendre à Bordeaux.
La gare est à 5 minutes, on trouve facilement un train. On fait fuir l’unique occupante d’un compartiment qu’on transforme
en salle de projection vidéo avec l’ordinateur d’Alex, et on s’endort à moitié devant
la vidéo Slave, qui pourtant n’a rien de
soporifique… Déjà cinq jours qu’on est sur
la route, les premiers signes de fatigue se
font sentir.
On retourne dormir chez Seb, qui vient
gentiment nous chercher à la gare. On refait le monde et ses conspirations dans son
salon, et on se couche en espérant le retour
du soleil.
Samedi 25 février
Nos incantations ont porté leurs fruits : le ciel est bleu et le soleil rayonne. A midi
il fait déjà chaud et on part à l’assaut des rues bordelaises, après un petit échauffement au park. Je dois me rendre à l’évidence : après avoir été en travaux pendant des années, Bordeaux est devenue la capitale du skate français. Pour preuve,
les bons Parisiens Sugar et Magenta viennent de s’y installer ! Enfin bref (c’est
dingue comme j’aime bien cette expression «enfin bref», ça doit être la plus courante chez Soma, avec «le skate c’est dans la rue !», «non aux JO !» et «on est des
dingues !»…) : Bordeaux + soleil = skate. C’est aussi simple que ça. Ce dernier jour
de Tour Sans Fin se passe entre le conservatoire, Meriadeck, un bump devant une
poubelle en centre-ville et l’hôtel de Région en compagnie de Bastien Nicolet et de
Grégoire Grange. A un moment, on espère tomber sur Tom Penny dont la rumeur
affirme qu’il est en ville, on croise David Manaud sur son tricycle, on choppe un
sandwich, on prend un petit coup de soleil sur le nez et on termine notre épopée une
nouvelle fois au Molly’s, un burger dans une main et une bière dans l’autre… On se
félicite pour cette petite semaine en se disant, avec Paul, que c’est une bonne idée
de s’arrêter là. Ça nous obligera, dans 4 mois, à revenir pour le départ du troisième
Tour Sans Fin, avec ou sans budget !
Sylvain Tognelli,
‘Juste’ un ollie, avec les quatre
roues posées dans le plan
incliné... Bordeaux
Sylvain Tognelli tente de remettre
le tail grab à la mode.
Bordeaux
Merci à Pablo Barral, Tristan, Thibaud Fradin, David Couliau,
Arthur Bourdaud et tous les Nantais, à Fred et Léo chez Rock
Slide à Niort, à Olivier et François à La Rochelle, à Jo Dezecot, à Seb Daurel et Seb de chez Riot à Bordeaux.
Archéologie
et Barbecues
Une histoire d’amitié et d’amour du skateboard
Photos par Roger Ferrero
Texte par José Noro
JM Roura
BS flip
D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours
entendu parler de cette légende d’un vieux skatepark,
à Arenys de Munt, une petite ville à 40 km au nord de
Barcelone. C’était, apparemment, le premier et
le plus grand skatepark Espagnol. Les gens
venaient de toute l’Europe pour le skater, mais il avait
rapidement fermé ses portes et avait donc été détruit, ou
enterré, dans la foulée. Mais tout cela datait de bien avant
que je sache ce qu’était un skateboard et de ce qu’on pouvait en faire. Je me souviens être allé voir sur place il y
a bien longtemps, il y avait en effet un bassin qui pouvait
être un vestige d’un skatepark des années 70, mais pas
de quoi faire déplacer des gens du fin fond de l’Europe…
Il n’y avait rien en tout cas qui ressemblait aux deux
bowls, au half pipe, ou à la piste de slalom dont parlaient
« les anciens ». Tout ceci restait assez mystérieux finalement. Jamais je n’avais osé imaginer que juste à côté de
ce pauvre bassin, sous des mètres de terre, reposaient
les vestiges de ce gigantesque skatepark, construit sur le
modèle des parks californiens de l’époque.
Plus tard, j’avais appris que ce bassin faisait
bien partie de ce fameux skatepark. Il avait été épargné
lors de la destruction parce que le paysan d’à côté avait
demandé la permission de le conserver pour en faire un
bassin de rétention d’eau pour irriguer ses champs.
Voilà quelle était l’étendue de mes connaissances à propos de ce park quand, il y a cinq ans, des
skateurs locaux ont décidé de vider le bassin de son eau,
et de tout son écosystème, pour le skater à nouveau.
C’est là qu’on a commencé à y aller régulièrement avec mes potes. Le spot était finalement assez
sympa et à chaque fois, nous contemplions cette
masse de terre juste à côté en nous demandant comment était le reste du skatepark,
est-ce qu’ils l’avaient totalement détruit puis recouvert de
terre, ou simplement recouvert de terre ? Cette question
nous taraudait avec mon ami Dani Sopas, et le sujet revenait fréquemment dans nos discussions. On en parlait notamment avec nos potes des groupes de punk rock « L’Odi
Social » et « Subterranean Kids », qui eux, skataient dans
les années 70 et à chaque fois qu’on les croisait au « Puerto Hurrako » (fameux bar punk à Barcelone), ils avaient
une bonne histoire à nous raconter à propos du skatepark
d’Arenys de Munt.
Puis, à force de recherches, on a retrouvé la
trace de José Antonio Munoz qui tient le plus vieux skateshop d’Espagne, à Madrid : « Caribbean Sportshop » ouvert en 1975 et toujours à votre service... Nous sommes
donc allés le rencontrer et il a été plutôt surpris de nous
voir débarquer dans son shop pour lui demander des
renseignements sur un skatepark vieux de trente ans…
Il nous a demandé d’attendre un moment, qu’il avait
quelque chose à nous montrer. Il a disparu dans l’arrièreboutique, puis il est revenu avec quatre albums remplis de
photos d’Arenys de Munt prises entre 1977 et 1979. Des
photos de la construction, des championnats d’Espagne,
des sessions épiques… La quantité d’infos dépassait de
loin toutes nos attentes. Il y avait surtout un plan du park
ainsi que des bâtiments adjacents, comme l’accueil, les
sanitaires, le bar… José Antonio nous a expliqué que le
park avait été construit sur une zone non-constructible et
qu’il avait dû fermer pour des raisons financières, mais il
nous a surtout
donné l’info que nous attendions : si le half pipe, la piste
de slalom et le snake run avaient été entièrement détruits,
le plus gros bowl lui, était intact ! En sortant de « Caribbean Sportshop » tout était très clair pour Dani et moi,
nous allions déterrer ce bowl coûte que coûte.
Nous avons alors contacté notre pote Julian
Chamizo, qui avait connu le skatepark. Avec son aide précieuse et le plan de José Antonio, on a réussi à définir
une zone où commencer à creuser. On s’est pas mal foutu
de notre gueule au début, on nous a même caché et cassé
nos outils, mais ça ne nous a pas arrêté. On a creusé
pendant des jours et des jours sans tomber
sur le moindre morceau de béton. On commen-
çait à désespérer, à se dire qu’il n’y avait rien là-dessous,
jusqu’au jour où on est tombé sur ce qu’on pensait être
une grosse pierre. On venait de trouver la plateforme du
bowl ! La motivation est revenue d’un seul coup… Il restait maintenant à trouver le coping et le suivre. Quand on
a réussi à mettre à nu tout le tour du bowl nous étions
surexcités, ça commençait à prendre forme, mais cela
coïncidait au moment où je suis parti sur Hossegor, puis
j’ai enchaîné sur divers skate trips et le chantier s’est
arrêté pendant deux ans. Jusqu’à ce que mon pote Guille
m’envoie un message pour me dire que José Roura (légende espagnol) et une grosse vingtaine d’autres gars
avaient repris les choses en main. Le boulot qu’ils ont
abattu est tout simplement incroyable. En fait, à la ferme-
JM Roura
FS ollie
ture du park, tous les gravats issus
de la destruction du half pipe et des
bâtiments ont été jetés dans le gros
bowl puis recouverts de terre… Il
a donc fallu à Roura et sa bande,
en plus d’enlever la terre, extraire
ces énormes blocs de béton, à la
main. Ça leur a pris plus d’un an
de travail. Chacun à son rythme,
certains jusqu’à l’épuisement total,
d’autres de façon plus raisonnée,
mais toujours avec la même passion
et le même esprit de camaraderie.
Certains creusaient frénétiquement, pendant que d’autres étaient
plus préoccupés par le barbecue
ou de l’acheminement des bières,
mais tous avaient leur rôle. C’était
important que le groupe soit aussi
solidaire et uni parce qu’on n’arrive
pas au bout de ce type d’entreprise
sans une bonne ambiance de travail. Mais parfois toute la bonne volonté du monde ne suffit pas,
et José Roura a dû demander de l’aide à l’un de ses sponsors, Nike
SB, pour acheter un peu de matériel et pour la location de marteaux piqueurs, de groupes électrogènes, etc. Ça leur a rendu un
vrai service et finalement, le bowl est ressorti de plus de trente ans
d’hibernation. Il y avait quelques trous à boucher ça et là et une
partie du coping à refaire, mais considérant le temps qu’il
avait passé sous terre, il était en très bon état.
Ce chantier, en plus de faire revivre un spot mythique
aura permis de réunir plusieurs générations de skateurs, des années
70 à aujourd’hui, venant d’horizons totalement différents, mais
tous réunis par une même passion. C’est certainement ce qui aura
été le plus fédérateur dans l’histoire du skate Espagnol, et pour
ma part, c’est l’aventure la plus gratifiante dans laquelle je me sois
lancé.
Merci au Skateboard pour tout ce qu’il nous apporte.
José Noro
pivot fakie
TRICARD
À TAIWAN
Un voyage Nike SB débridé
Qui aime encore lire ces éternelles histoires de vols,
d’escales, d’arrivée complêtement crevé suivies de l’inévitable
décalage horaire ? Personne. Donc, faisons simple et passons directement aux choses sérieuses. Dernièrement, une
partie du team Nike SB est allé skater à Taiwan.
Et voici en quelques lignes deux anecdotes qui auraient pu
bien mal finir. Ou comment se faire bannir d’une ville à
l’autre bout du monde, Taichung.
par Marcel Veldman
« impossible de déchiffrer le moindre
panneau, presque personne ne parle
anglais... Enfin, la vraie sensation de
voyager. »
Marek Zaprazny
big spin flip
Youness Amrani
FS blunt slide
Lors de ce voyage à Taïwan, j’ai eu le plaisir
de célébrer mon anniversaire à Taipei. Pour cela, nous
nous sommes rendus dans un bar situé au coeur de l’une
des rues les plus touristiques de la ville. Justin Brock,
Wieger Van Wageningen, Youness Amrani et moi étions
des habitués du lieu depuis quelques jours. Alors que je
m’installais au comptoir, cogitant sur la vie comme cela
peut arriver le jour de son anniversaire, j’ai réalisé à quel
point nous avions été chanceux dernièrement. Quelques
jours plus tôt, Kenji, notre guide local, avait décidé de
nous emmener 200 km plus au sud dans la ville de Taichung. Le temps était mauvais depuis deux jours à Taipei
et les prévisions météo étaient plus qu’encourageantes au
sud. Dani Lebron, outre ses aptitudes à vous faire mourir
de rire grâce à ses incessantes citations de films cultes,
est un spécialiste des prévisions météorologiques. En bon
monsieur météo, il nous a confirmé que Taichung était un
trés bon choix. Ainsi, avec l’accord du “spécialiste”, nous
avons embarqué dans un train à grande vitesse, direction
le sud. 45 minutes plus tard, nous découvrions une ville
totalement différente.
Ja-Way ( désolé si j’écorche ton nom. J’aurais
pu utiliser ton pseudo Facebook: Got Weed), un skater
local de Taichung, nous a offert l’hospitalité dans quelques
chambres de l’hôtel de ses parents. A côté de cela, il gère
également le skateshop Rollin et nous a guidés durant
Dani Lebron
switch crooked grind
notre séjour sur place. L’atmosphère était très différente
de Taipei. Ils est quasiment impossible de déchiffrer le
moindre panneau, presque personne ne parle anglais, et
bien que je ne comprenne pas un mot de chinois j’ai adoré
ça. Enfin, la vraie sensation de voyager. De nos jours, on
peut parcourir des milliers de kilomètres et se retrouver
dans les mêmes centre-villes remplis des mêmes commerces que partout ailleurs. Mondialisation de merde !
Taichung semble avoir encore été épargnée, à l’exception
de magasins 7 eleven à chaque coin de rue.
Le premier vrai spot était incroyable, des
courbes naturelles qui entourent un parc. Très cool à skater, le spot n’était en revanche pas photogénique. J’en
ai profité pour laisser mon boîtier dans le sac et skater.
Tout le monde s’éclatait bien lorsqu’a surgi tout à coup un
vigile visiblement hors de lui. J’étais vraiment étonné car
nous ne gênions personne et aucune dégradation n’était
faite. Le garde pointait du doigt Anthony Claravall, l’un
des deux filmeurs, et hurlait : « Toi, tu as menti à moi ! »
Personne ne semblait comprendre. Il a ajouté qu’il appelait la police. En fait, Ant était venu sur le spot un an
auparavant et ce même vigile avait déjà voulu le virer. Anthony lui avait promis que s’il le laissait skater cette foislà, il ne reviendrait jamais puisqu’il vit aux Etats-Unis. Le
garde avait accepté le marché et Anthony et les autres
skateurs présents avaient pu rester toute l’après-midi. En
le reconnaissant le pauvre agent de sécurité avait dû se
sentir trahi et semblait avoir perdu toute foi en l’humanité. Résultat : fin de session.
Le spot suivant, un rail de 7 marches avec élan
parfait, allait nous plonger dans une embrouille beaucoup plus sérieuse. Nous avions rapidement testé ce rail
la nuit précédente lorsque nous cherchions des spots.
« Le spot suivant allait nous plonger dans une embrouille beaucoup
plus sérieuse »
Youness Amrani
tail slide shove it
Maintenant, il fallait shooter. Lors de notre précédente
session, nous avions été poliment invités à partir. Nous
étions donc plutôt confiants pour ce retour. A tort. A
peine 5 minutes après notre arrivée, un type énorme est
apparu et s’est assis sur le rail sans dire un mot. Kenji
et les autres locaux ont bien tenté de discuter avec lui,
mais sans succès. Il a appelé les vigiles afin qu’ils nous
chassent. Alors que nous tentions de skater malgré tout,
le type, les agents de sécurité et une fille qui passait par
là nous filmaient avec leur iPhones. Finalement, vu la situation tendue, nous sommes partis de nous-mêmes pour
tenter à nouveau notre chance le lendemain. Le même
gros type nous a virés direct. Cette fois, c’en était trop.
Mieux valait aller skater ailleurs. Youness a alors shooté
un gros ollie mais Wieger m’a avoué qu’il voulait vraiment
faire son trick sur le fameux rail. L’idée de retourner sur
le “spot au gros type” ne semblait pas très bonne, mais
quand le skateur est chaud pour un trick, je suis chaud
aussi. Cette fois, nous n’avons emporté que le strict néces-
« Il n’y avait plus qu’une
solution : fuir »
saire. Ant, Wieger, Kenji et moi avons pris un taxi et lui
avons demandé de nous attendre au coin de la rue. Nous
savions bien que nous allions nous faire virer et qu’il nous
faudrait nous sauver au plus vite. Après avoir très rapidement installé les flashes, Wieger a commencé à se jeter.
A peine deux minutes plus tard, les mêmes personnes
ont surgi accompagnées de quelques autres. Cette fois, il
était clair que cela pouvait vite dégénérer. Plus question
de réfléchir, nous avons attrapé comme nous pouvions
nos affaires et couru vers notre taxi… qui avait hélas
disparu. Nous avons donc poursuivi notre course jusqu’au
coin de la rue où nous sommes tombés par chance sur
un autre taxi. Nous lui avons donné la carte de notre
hôtel et il a démarré. On était sauvés et morts de rire,
bien qu’un peu déçus de ne pas avoir pu shooter le trick.
Tout à coup, un agent de sécurité a surgi devant le taxi
l’ordonnant de stopper car nous avions commis quelque
chose de grave selon lui. Malgré nos tentatives d’explications, le chauffeur n’a rien voulu entendre et s’est mis
Justin Brock
ollie up to FS nose grind
« ils étaient cachés dans un restaurant
après être restés DIX minutes planqués sous
une voiture. »
Justin Brock
ollie up to ollie
à nous hurler dessus. Il n’y avait plus qu’une solution :
fuir. D’autres vigiles arrivaient et il était désormais évident que le police allait suivre. Wieger et Kenji ont pris
la fuite d’un côté tandis qu’Ant et moi avons disparu à
travers des buissons. Apparemment hors d’affaire, on
rigolait comme des gosses mais il y avait bizarrement
de nombreux motards de la police dans le quartier, et ils
semblaient à la recherche de quelqu’un. Nous avons alors
appelé Wieger pour prendre des nouvelles, ils étaient
cachés dans un restaurant après être restés 10 minutes
planqués sous une voiture. L’affaire avait pris de l’importance, aussi incompréhensible que cela puisse paraître.
La police était maintenant partout. Par chance, Ant et moi n’avions pas nos boards
avec nous. Nous avons alors appelé Colin Kennedy, le
team manager, pour lui dire de rassembler toutes nos
affaires à l’hôtel et de nous rejoindre à la gare au plus
Wieger Van Wageningen
switch crooked grind
vite. Le chauffeur de taxi savait où nous trouver puisque
nous lui avions donné la carte de l’hôtel. Il l’avait probablement déjà dit aux vigiles et même à la police. A la gare,
il y avait de nombreux policiers, mais heureusement ils
n’étaient pas là pour nous. Nous y avons retrouvé Wieger
et Kenji, sans leur board, et apparemment assez apeurés.
Par chance, personne n’a finalement été arrêté. Le reste
du team nous a rejoints avec nos affaires. Ils savaient juste
que nous étions recherchés par la police et que tout le
monde devait fuir pour Taipei. Pauvre Colin, il a vraiment
stressé pendant quelques heures à cause de nous.
Assis au bar, le jour de mon anniversaire, j’ai
donc repensé à cette folle aventure. Je regardais Wieger
jouer au billard avec la mafia chinoise, le sourire aux
lèvres. Tout le monde s’amusait, nous n’étions pas en
prison. Youness pariait des shots aux dés avec des types
louches. 45 minutes plus tard, il était cuit et comatait dans
un canapé. Justin, Dani and Colin l’ont raccompagné à sa
chambre tandis que j’ai continué la soirée de plus belle
dans un autre club en compagnie de Marek Zaprazny et
Wieger. Je ne marchais plus droit, j’étais complètement
bourré quand j’ai entendu Marek annoncer fièrement qu’il
venait d’acheter 16 shots de tequila. Pourquoi ? Et pourquoi 16 surtout ?
Il y a quelques jours, j’ai reçu un email de Kenji
avec des liens vers un nouveau site web, une sorte de CNN
taïwanais. Incroyable ! On y découvrait un reportage de
cinq minutes sur notre aventure du handrail. Il y avait
même des images d’un reporter sur place, etc. La totale.
Désolé les gars, mais je crois que le spot est mort…
Le jour où on est allé à Chelles,
Tom avait tellement mal aux
jambes de la veille qu’il avait
mis ces chaussures pour éviter
de skater... Mais il n’a pas pu
résister au bowl...
Ci-contre :
nose blunt à La Vague,
ou ce qu’il en reste...
TOM PENNY
AND FRIENDS
Une petite tournée Supra à Paris
Si vous faisiez du skate dans les années 90, alors vous savez.
Vous savez les années d’avance qu’il avait. Vous savez les tonnes
de style qu’il avait à revendre.
Quinze ans plus tard, la légende a pris un bon coup de vieux, mais
Tom est resté fidèle à lui-même, quand d’autres se sont un peu
perdus en route (je pense à Muska, là...). Humble et francophile,
Tom reprend du poil de la bête en tentant d’echapper à ses
démons. Si vous l’avez croisé un jour, alors vous savez...
par Tura
Tom Penny
Où tu vis, en ce moment ?
Un peu partout…
Tu as déjà vécu aux Etats-Unis ?
Oui, quand j’étais plus jeune. J’avais quitté Oxford pour
aller lancer Flip avec Rune (Glifberg), Geoff (Rowley),
Andy Scott, Ian (Deacon) et Jeremy (Fox). Je suis resté
environ deux ans, de seize à dix-huit ans, et depuis, je
fais des petits séjours de trois mois régulièrement, pour
skater et voir tout le monde.
Quand as-tu vécu en France ?
Je viens en France depuis toujours, tous les ans. Ma
famille possède une maison en Dordogne depuis des
années, dans un petit village…
C’est comme ça que tu as appris le français ?
Oui, à force de passer des vacances ici, à l’école. Et en
habitant en Dordogne un moment…
Quels souvenirs tu gardes de cette période ?
Premier jour, premier spot. Si
ça vous intéresse, sachez que
Tom a aussi fait switch BS flip
et sauté les énormes marches
à la suite en FS 180 (du
premier coup, le 180).
Switch pop shove-it revert
à Gare de Lyon.
J’ai de très bons souvenirs, j’ai rencontré plein de gens
cool. J’habitais dans cette maison en Dordogne et j’ai
passé un an à Bordeaux. J’avais un appartement à la
Victoire, en plein centre. C’était un bel appartement,
même Ali Boulala est venu habiter un petit moment,
quand on filmait pour la vidéo “Sorry”. On s’amusait,
on skatait tous les jours… C’était une bonne période,
c’était bien.
Tu as vécu et voyagé un peu partout à travers le
monde, on dirait… Est-ce qu’il y a un endroit où tu
n’es jamais allé et où tu rêverais d’aller ?
C’est vrai que j’ai visité le monde entier, mais je pense
que s’il y avait un endroit où j’aimerais vraiment aller,
je crois que ce serait les Bahamas. Juste pour des vacances, à me reposer sur une île paradisiaque… Ou
peut-être la Jamaïque.
Ou les Îles Caiman, avec ce gros skatepark en
béton…
Oui, mon pote Mark Appleyard m’a parlé de ce spot,
ça a l’air incroyable. J’aimerais bien aller skater ça un
jour, ça a l’air marrant.
Il y a aussi ce skatepark géant en Chine, tu y es
déjà allé ?
Non, mais Rune m’en a parlé. On le voit skater le grand
bowl sans pads, dans la vidéo Extremely Sorry…
« Je viens en France depuis toujours, tous les
ans. Ma famille possède une maison dans un
petit village en Dordogne… »
Si vous regardez
attentivement cette
séquence, vous pourrez
peut-être apercevoir
un type passer
subliminalement devant
l’objectif de mon appareil
photo. Cherchez bien.
Thierry Gormit, lipslide
to switch crooked grind à
Mairie d’Ivry.
« Pierre-André lui avait donné des stickers
pour moi, ceux où on le voit faire un handstand devant la Tour Eiffel. »
Je t’ai déjà croisé pas mal de fois à Paris, tu aimes cette ville ?
J’adore Paris. J’ai toujours aimé Paris. J’y viens depuis que je suis
tout petit et je passe souvent rendre visite à mes amis, skater, manger
dans des bons restaurants, profiter de la vie nocturne… Quand j’étais
petit, vraiment jeune, je devais avoir 10 ans, juste quand je venais de
commencer le skate, je suis venu à Paris avec ma mère. Je ne connaissais pas grand-chose au skate mais on avait rencontré Pierre-André
(Sénizergues) et sa copine, au Trocadéro. Ma mère avait discuté avec
sa copine pendant que je skatais, et Pierre-André lui avait donné des
stickers pour moi, ceux où on le voit faire un handstand devant la
Tour Eiffel. J’étais trop content !
A quand remonte ta dernière session de vert’ ?
La dernière fois que j’ai skaté une vert’, c’était en Suisse, il y a longtemps, quand on filmait pour la vidéo Sorry. Je voulais avoir quelques
tricks de vert’ dans ma part’. Je crois que j’avais essayé un flip indy to
fakie pendant un long moment, mais que je ne l’avais jamais vraiment
rentré.
Prenez un ditch chellois bien
‘rough’, un poteau tordu, des
grosses gouttes de pluie et une
bonne gamelle. Mélangez le tout
et recommencez tant que la
sauce ne prend pas.
Juan Saavedra, pole jam
tucknee. Même pas mal.
La rampe, c’est une autre discipline pour toi ou c’est juste une
mini-rampe un peu plus haute ?
Je me souviens quand les vidéos Plan B sont sorties (les deux premieres - NDLR). Colin McKay et Danny Way faisaient des tricks de
street, mais sur une vert’. Ils skataient le coping presque comme un
ledge posé en haut de la courbe. Ça m’a beaucoup inspiré. Ça m’a
donné envie de faire un peu pareil. Ça reste un autre aspect du skate,
mais j’aime tous les aspects du skate.
Quel est le dernier trick que tu as appris ?
Le dernier trick que j’ai appris, c’est un fakie tré late frontside half
cab. En gros, tu fais un fakie 360 flip avec un revert en front de
manière à repartir en normal. Mon pote a appelé ça un «Ice tré» ! J’ai
aussi appris un autre trick, le «wrong way tré» où, au lieu de tourner
avec la board, tu fais un 360 dans l’autre sens. Javier Sarmiento a
appelé ça le «trézy» ! Mais c’est moi qui l’ai inventé, donc ça s’appelle
le «wrong way tré» ! Ah ah ah !
Et le dernier trick que tu as perdu ?
Le dernier trick perdu… Ça doit être le flip indy to fakie. Je voulais
vraiment l’avoir dans la Really Sorry…
Comment se porte ton FS flip ?!
Ah ah ! Bien ! J’aime ce trick parce qu’il y a plein de façons de le
faire, tu peux le faire en tournant au dernier moment, ou faire 90
degrés et attendre un peu, ou bien l’envoyer direct en 180…Tu peux
le faire sur un quarter, sur un hip, sur des marches, il y a des millions
de façons de le faire…
Les doublettes, c’est un vrai travail d’équipe,
quand il y en a un qui foire, c’est tout le monde
qui repart au turbin !
Juan Saavedra, stale fish et Ben Grove, blunt
flip fakie à Chelles.
« Colin McKay et Danny Way, skataient le
coping presque comme un ledge posé en haut
de la courbe. Ça m’a beaucoup inspiré. »
Juste un crooked grind ? Une
fois sur le spot, on verra si vous
faites encore les malins...
Juan Saavedra, crooked grind
to fakie à Chevaleret.
« Wu-Tang ! »
Thierry Gormit,
hardflip revert plaqué 10 fois,
rentré une fois ! à Créteil.
Ça te fait quel âge, aujourd’hui ?
34 ans. J’aurais 35 ans le 13 avril, presque dans la 36th chamber !
À quel âge tu es passé pro ?
Vers l’âge de 13 ou 14 ans, quand Deathbox s’est arrêté et que c’est devenu
Flip aux Etat-Unis. C’est là que j’ai eu ma première board. Rune, Geoff et moi
avons eu une board en même temps. Ou peut-être que Rune l’a eu un peu avant
Geoff et moi. Je crois qu’il avait eu un écureuil comme graphique et moi une
feuille de cannabis.
Un mot pour décrire les années 90…
Wu-Tang !
Ah ah ah ! Comment tu te sens
en ce moment ?
Je me sens toujours jeune, je suis
heureux des choses que j’ai accomplies dans ma vie, je suis heureux
des amis que j’ai choisi, heureux
des rêves que j’ai réalisé, et heureux d’être heureux. Appréciez
la vie, et n’oubliez jamais de vous
amuser en skate. Peace.
‘no feet on
the ground’
Une histoire de no-comply
Faire du flat pendant des heures sur un parking désert est un
passe-temps dont certains s’accommodent très bien, et d’autres
moins. Il y a quelques années (au moins 20), quand le short pouvait également servir à jouer au ping-pong et qu’on se mettait du
scotch sur les doigts pour ne pas s’abîmer la peau avec le grip,
on appelait ça faire du Freestyle et c’était une discipline à part
entière. Aujourd’hui, c’est un peu différent, mais pas forcément
moins ridicule si vous voulez mon avis. Aujourd’hui donc, la chose
se pratique en groupe, ou au moins à deux et on appelle ça une
O.U.T. (ou Chifoumi skate). Les championnats du monde ont lieu
tous les ans dans une salle de sport de Los Angeles qui a pour
humble but de sauver le monde avec son site internet. Dans cette
compétition sportive au règlement strict et où tous les participants font mine de s’en branler, mais en fait pas du tout, il y a une
règle qui ne fait pas l’unanimité. Enfin… C’est surtout, ici, dans
mon bureau que ça ne fait pas l’unanimité… Cette règle c’est :
« No feet on the ground », pas de pied par terre en français, « and
may god have mercy on your souls… blah blah blah » et autres
foutaises… Et merde ! Depuis quand il est interdit de poser le pied
par terre ? Les cons, même Vallely est d’accord avec moi…
par Fredd
Bref, vous l’aurez compris, et n’en déplaise à l’élite du skate mondial, on ne va parler ici que d’un trick où l’on pose un pied « on
the ground, » : le No Comply (le Boneless ce sera pour une aut’
fois) (peut-être).
Commençons donc, par le début : il semblerait que le premier
No Comply à avoir vu le jour est celui qui permet de monter les
trottoirs en faisant claquer le tail sur le curb. En même temps,
ça semble assez logique. Il se pourrait bien que John Lucero
ait été le premier à les faire, et que ce soit Neil Blender qui l’ai
baptisé (le trick, pas Lucero)… Mais celui à qui tout le monde
pense, ou devrait penser, quand il s’agit de No Comply, c’est Ray
Barbee. Même si, de son côté, il appelait ça des « step hop ». Il
prétend toujours les appeler comme ça d’ailleurs. Malgré tout
le respect qu’on doit à « l’incredible rubber boy », ça fait un peu
trop BMX comme nom, alors on va continuer de faire confiance
à Neil Blender.
Rémy Taveira, NC 540° sur un
petit hip basque.
Séquence : Tura
Sa prestation dans Public Domain a choqué toute une génération de
skateboarders, il était tellement en avance que ç’en était gênant pour les
trois autres gars qui partageaient sa part (Steve Saiz, Eric Sanderson et
Chet Thomas) (surtout le deuxième) et pour tous les pros de l’époque…
Pendant les quatre ou cinq ans qui ont suivi la sortie de la vidéo, tout
le monde faisait des no complies, c’était plus ou moins devenu le trick
de base en street.
Avant de me lancer dans l’écriture de cette ode au No Comply, je suis
justement allé chouffer religieusement Ray Barbee dans Public Domain… Et j’ai encore failli pleurer. Puis je suis allé faire un tour du
côté de sa part’ dans Propaganda, puis dans Ban This, et puis je me suis
fait son « pro-file » de la 411 #11, puis j’ai regardé à peu près tout ce
qui traîne sur Ray Barbee dans You Tube, et je me suis rendu compte
qu’on ferait bien de lui lâcher un peu les baskets avec ce trick parce
que le pauvre gars en a quand même un paquet d’autres dans son sac…
Timmey, NC pole jam.
Photo : Alan Maag
« c’est comme ça,
qu’il le veuille ou non,
Ray Barbee = no complies »
Mais c’est comme ça,
qu’il le veuille ou non,
Ray Barbee = no complies. Vers le milieu
des années 90, lorsque
le Wu Tang régnait en
maître suprême sur
le skateboard, il était
soudainement devenu
plutôt incongru de
s’adonner à ce genre
de pratique. Pour le coup, le « no feet on the ground » était le seul
moyen d’éviter les railleries de ses camarades de jeux. Puis c’est revenu, tout doucement, Mike Rusczyk dans la Art Bars (vidéo Foundation)
montant six marches en no comply flip, Pontus Alv plus récemment
avec toutes les variations possibles du trick (notamment le fs no comply
to fakie five-O revert à deux mille à l’heure à TBS) et voilà que c’est
reparti, il est de nouveau tout à fait cool de faire des No Complies, en
street, en mini, en plan incliné, to nose blunt slide, en pole-jam, de
partout, sauf peut-être sur le mega jump parce que hé, j’voudrais vous
y voir vous... En même temps, c’est vrai que j’aimerais bien voir ça, on
mettrait un petit bout de trottoir au bout du tremplin et hop, on passe
le trou en No Comply… Danny Way, si tu m’entends, tu sais ce qu’il te
reste à faire pour nous en mettre plein la vue.
Bon, je crois qu’on a fait le tour du sujet, ça m’a fait envie cet article,
je me demande si je ne vais pas me laisser tenter par une petite session
no comply, là tout seul, sur un parking désert… Mais bordel, où c’est
qu’j’ai mis mon short de ping-pong ?
Idris Jani, NC to fakie manual.
Séquence : Rémy Tav’, avec le
boîtier d’Alex Pires !
SPRING
CLASSIC
Une compète de mini sur la plage
par Vincent Coupeau
Kevin Kowalski
FS air tailbone
Varazze,
5-6 mai 2012
Un jour quelqu’un vous dit : « ça t’intéresse de partir en Italie, 3 jours, aux
frais de la princesse, faire des photos d’un contest de mini rampe complètement fou, sur la plage, au soleil, avec des soirées, et des concerts à gogo ? » ...
Qu’est-ce que vous allez répondre ? - « Ben euh... je sais pas trop, j’ai piscine
quand même ! » Ou bien - « Bof moi tu sais le soleil tout ça, c’est pas mon truc,
et puis j’ai même pas de crème solaire... » Bref, vous vous en doutez, je me suis retrouvé là bas, sur la plage de Varazze
(petite ville proche de Genova/Gênes) en un rien de temps. Et même si le soleil
n’a pas été au rendez-vous cette année, les gars de chez Vans ont fait les choses
en grand ! Ce Spring Classic à été un contest incroyable comme j’en ai rarement vu, avec : des Anglais très remontés (Rob Smith la tête à l’envers), des
Ricains (et ouais !) affolants de style, un Alain Goikoetxea toujours au top (c’est
d’ailleurs lui qui l’a emporté), un Daniel Cardone à la maison, et j’en passe. Puisqu’il m’est demandé de donner mon avis : mon coup de coeur va premièrement aux deux roadies français des contests de mini, j’ai nommé Guillaume
Mocquin et Julien Bénoliel, qui ont littéralement explosé les yeux des milliards
de spectateurs avec des enchaînements vraiment tirés par les cheveux, et qui
n’ont pourtant rien gagné... Mais
aussi et surtout à ce sacré gamin
de 20 ans tout droit venu d’Oregon nommé Kevin Kowalski. Si
vous n’avez pas encore vu sa part
dans la vidéo LifeBlood « We Must
Bleed », vous avez raté quelque
chose, tout comme ce week-end à
Varazze ! Il y avait même Turbonegro en live et Tony Trujillo !
Pas de doute, l’année prochaine j’y
retourne !
Andy Scott
egg plant to disaster
Best line/combo of the finals : “Il piatto completo” JOSH YOUNG
Best technical rider of the finals : “L’ingegnere” DANNIE CARLSEN
Best Double ride of the finals : “La Famiglia” KEVIN KOWALSKI / ANDY SCOTT
Hottest single trick of the finals : “Il Vesuvio” ANDY SCOTT (EGG PLANT TO DISASTER)
1st rider not qualified for the finals : “Il Fantozzi” ADRIEN MARCO
Most Original trick of the finals : “Mamma mia !” DAAN VAN DER LINDEN (ROPE STALL FAKIE)
Best Switch trick/ride of the finals : “L’uomo Vitruviano” MICKY IGLESIAS
Longest Rock n’roll or lipslide of the finals : “Il Sifredi” IVAN RIVADO
Best style of the finals : “Il Dongiovanni” ROSS MCGOURAN
Worst slam of the weekend : “The Spaghetti Western” MASON MERLINO
Best oldskool tricks/ride of the finals : “Il Padrino” ROB SMITH
Luckiest move of the finals : “La botta di culo” KRIS VILE
Best attitude of the weekend : “La Dolce Vita” FERIT BATIR
Fastest rider of the finals : “Il Beep-Beep” JAKE COLLINS
Best use of all the mini ramp’s options : “Il Tutto Fare” ROSS MCGOURAN
Most resistant rider of weekend : “Il Gladiatore” ALESSANDRO SORGENTE
Overall best rider of the finals : “L’Imperatore” ALAIN GOIKOTXEA
www.spring-classic.com
James Demarcus, sweeper
Photo : Donger
Vincent Coupeau,
tucknee transfer
Photo : Valéry Blin
(VINCENT)
COUPE AU BOWL
Une journée full HD à Amiens
Alcoolisme, chômage, consanguinité, météo désastreuse,
voitures tunées… Vous connaissez tous les clichés que les mauvaises
langues se plaisent à colporter sur les villes du Nord.
Tout ceci est faux bien-sûr, archi-faux même. Tenez, par exemple,
pour la Coupe au Bowl à Amiens le 8 mai dernier, il n’a plu que trois
fois dans la journée et ça n’a en rien gêné le bon déroulement des
opérations. Le bowl était toujours aussi difficile à skater mais à part
moi-même ici présent, personne ne s’en est plaint et tout s’est passé à
merveille. Les groupes de « punk rock » locaux ont pu exprimer leur
révolte sur la plateforme en toute quiétude, et les Picards, bien qu’en
flagrante infériorité numérique face aux Parigots venus en force
(et en voiture), sont restés très actifs, notamment derrière leur buvette,
leur stand de merguez, et le mégaphone.
Texte par Fredd
Fred Vander, crail air
Photo : Tura
Cette année, la bataille fratricide
opposant Oscar Candon et Remy
Taveira n’a pas impressionné les
juges qui ont porté leur dévolu
sur un jeune homme au nom prédestiné à la victoire et qui faisait
plaisir à voir tant il avait l’air de
s’amuser en slalomant à fond
la caisse entre des graffitis toujours de très bon goût.
Voilà, merci aux Amiénois et à
notre petit Zeb pour cet excellent week-end de lundi & mardi,
merci à Valéry pour l’accueil,
merci à Luidgi de Converse pour
son soutien à l’événement et
pour la démo de no comply sous
le préau !
Classement skateboard :
Roi du Bowl 2012 : Vincent Coupeau (Paris)
Cousins du Roi : Ex-aequo Rémi Taveira (Paris) / Oscar Candon
(Paris) / James Demarcus (USA)
Bouffons du roi : Ex-aequo Léo (Le Havre) et Alexandre (Paris)
Catégorie Master : Ludo Mesnil (Calais)
Catégorie Jeune : Ducobu (Amiens !)
Catégorie Spéciale : JP (Paris), Louis (Paris), les deux Vosgiens.
Classement graffitis :
Roi du Bowl : « Ton ovule est une roue de camion »
Cousins du roi : « Des Kebabs, c’est ça qu’ils veulent les riders » &
« Herpès, V.I.H., Trotinette »
Bouffon du roi : « Vive la P.A.C. » (politique agricole commune)
Prix « MDV » : « Full HD »
thomas renaux – boneless one
alex hermann – benoît renaux – francky eyoum
jonathan jean-philippe – paul denau – vincent touzery
joseph biais – ben delaboulaye
64 RUE ST HONORÉ – 01 40 41 98 69 – métro louvre rivoli/ les halles
www.starcowskate.com
EN VRAC
L’ÉVÈNEMENT DE L’ANNÉE, À NÎMES
Sk(h)ate me
Cédric Crouzy, as known as “Patate”, est un grand costaud
aux airs patibulaires mais presque, mais qui, on nous la fait
pas à nous, n’est qu’un gros nounours inoffensif. Il a récemment organisé une sorte de journée de festivités à Nîmes
pour dire tout son amour pour le skateboard. Ça a commencé par une session en plein centre-ville de Nîmes avec
notamment une voiture à skater, du fun à prendre et des
concerts. Le soir, il y avait une expo de boards trafiquées
par ses soins et ceux de Gérald Deloye, ainsi qu’une projection de son court-métrage sur le skate à Nîmes (“Sk(h)
ate me”, qu’on retrouvera un jour sur Youtube à n’en pas
douter). On a ensuite entendu parler de gens titubants sur
un dance floor, puis dans la rue, mais cela ne nous regarde
pas. Maintenant, si vous le voulez bien, voici un message à
caractère informatif de Patate en personne. - FD
Sammy Idri, nose blunt slide
Photo : Romain Bonne
LES TRIPLETTES
DU MOIS
Brothers from different mothers
Raven Tershay & Taylor Bingaman
Pedro Barros & Alex Perelson
David Gravette & Grant Taylor
Frères de mères différentes
Alex Richard & Kévin Rodrigues
Hugo Liard & Ludo Azemar
Rémy Taveira & Oscar Candon
Frères des deux côtés de la caméra
Vivien & Jean Feil
Eliot & Boris Proust
Jo & Greg Dezecot
“Le skateboard est bien plus qu’une simple performance technique. Pourtant aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il n’est question
que de surenchère. Que le skate est en train de rentrer dans le
moule... D’ailleurs c’est quoi toutes ces marques de merde qui
essayent de s’approprier l’image du skate ? Et celles qui ne sont
même pas gérées par des skateurs ? D’ailleurs, il y a bien des
choses qui ne sont plus gérées par les skateurs. Alors que cela
a toujours été la base de notre culture. Les vrais sont ceux qui
saignent, transpirent, se font mal et traînent dans la rue ! C’est
nous qui apportons une légitimité à la culture du skateboard !
J’ai commencé le skate parce que c’était à part. Cela me semblait être un mode de vie alternatif. Aujourd’hui, certains s’y
mettent pour faire comme les autres et être à la mode... Beaucoup d’argent est actuellement injecté par des grosses enseignes
dans le milieu du skate. Et je ne vous apprendrai rien en vous
disant que l’argent pourrit tout. Ce n’est que mon avis, mais j’ai
l’impression que c’est ce qui se passe...
Si j’ai créé cet événement c’est pour essayer de remettre un peu
les pendules à l’heure dans ma ville et dans mon entourage proche.
J’aime le skateboard, il m’a tout appris, et je ne peux tout simplement pas rester là à le voir se brûler les ailes sans rien faire.
Redonnons de vraies
valeurs à ce style de vie
qui est le nôtre. Et n’espérons pas gagner notre
vie avec. On pourrait
même dire ironiquement
qu’il y a tout à perdre et
rien à gagner.
L’évènement était très
cool, merci à Unlimited skateshop et
vive l’asso “La Planche
à Roulettes Nîmoise”.
J’espère venir vous présenter le documentaire
“Sk(h)ate me” bientôt
près de chez vous.”
www.patatoes.net
CRIME
-LR-
r
www.crimelarochelle.com
EN VRAC
La vidéo pontusesque
J’ai rencontré Arthur Bourdaud pendant le premier
Tour Sans Fin. Il nous proposait de venir skater
le petit spot que ses potes et lui avaient construit
pas très loin de Nantes. Et puis j’ai découvert qu’il
préparait une vidéo, et qu’il était aussi à l’origine
du spot sous le pont qu’on a skaté lors du second
épisode. Bref, la vingtaine à peine dépassée, Arthur
a déjà apporté sa pierre à l’édifice, et ne semble pas
prêt de s’arrêter. - DT
Est-ce que tu as grandi avec les vidéos produites par
David Couliau sur la scène nantaise, il y a quelques
années ?
Nan pas vraiment, en fait j’ai commencé le skate 1 an
après la sortie de la vidéo « Pandore » en 2004. J’habitais
encore à la campagne et je n’étais pas vraiment intéressé
par les vidéos et les magazines... Ça fait presque 8 ans
qu’il n’y a pas eu de vidéo sur la scène nantaise, il était
vraiment temps d’en sortir une pour actualiser tout ça !
Il y a des images de Pontus, dans la vidéo. Tu l’as
rencontré ?
Malheureusement, non ! En fait, je lui ai envoyé le trailer
par mail avec les photos des spots DIY de la vidéo. Et à ma
grande surprise il m’a demandé s’il pouvait avoir des tricks
dans la vidéo. Evidemment j’ai accepté !
On ressent largement son influence sur ta vidéo...
C’est sûr que ses vidéos m’ont beaucoup influencé, sur tous
les points : montage, super 8, DIY, musique, etc… Mais
j’espère vraiment que les gens ne vont pas réduire la vidéo
à ça. Ça serait vraiment dommage. Il y a plein d’autres
vidéos qui m’ont influencé, la vidéo Slave (« Radio-television ») ou la dernière Alien Workshop (« Mind Field ») par
exemple. J’adore le travail de Greg Hunt.
Je suis venu à la vidéo bien
avant le skate. Dès la sixième
on passait nos après-midi
entre potes avec le camescope
HI8 familial à faire des petits
films… Ensuite on a commencé le skate plus ou moins
en même temps, en parallèle
j’ai eu ma première caméra
numérique donc la transition
s’est faite assez naturellement.
Quelle est la dernière vidéo
que tu as achetée ?
Maintenant que tout sort sur
le web gratuitement ou presque il n’y a plus grand chose
à acheter… Ça devait être « In search of the miraculous »… J’ai pas mal été pris par la vidéo et mes études
depuis donc je suis très en retard là-dessus. Il faut que je
m’achète les 2 vidéos de Yohan Taillandier (« Minuit » et
« Meanwhile ») et le documentaire de Phil Evans « Format
Perspective »...
Sous quel format sortira Breathless ?
J’ai la chance de pouvoir sortir la vidéo sur DVD, elle
devrait être disponible à la vente début juin si tout se
passe bien. Il devrait y avoir une série d’avant-premières
en France (le 02 juin à Nantes, 08 juin à Tours, 16 juin à
Paris, 23 juin à Bordeaux et le 29 juin à La Rochelle) où
le DVD sera vendu 5 euros. Il sera également disponible
sur le net via le site de la vidéo. Au passage je remercie tout
les sponsors qui m’ont soutenu dans ce projet : Converse,
Soma, Click, À La Bonne Planchette, Mania, Playart,
Rideall, EYE et la ville de Nantes.
C’est ta première vidéo de skate ?
Oui. Ça fait 3-4 ans que je fais des petits montages sur le net, mais là c’est ma première grosse
vidéo. D’ailleurs je suis un peu gêné, j’ai l’impression d’avoir brulé quelques étapes…
Comment est née l’idée ?
En fait, au début je trouvais qu’il y avait un
énorme potentiel de jeunes skateurs à Nantes
sous-médiatisés et qui méritaient d’être plus
connus. À cette époque personne ne documentait vraiment ce qui se passait donc j’ai essayé de
faire de mon mieux pour atteindre cet objectif.
Au départ ça devait être des montages pour le
web mais au fur et à mesure, j’ai rencontré de
plus en plus de jeunes skateurs super motivés et
j’ai commencé à avoir beaucoup d’images. De là
est née l’idée d’une grosse vidéo.
Combien de temps ça aura pris, entre l’idée
et la sortie de la vidéo ?
Environ 3 ans et demi.
Quelle aura été la principale difficulté ?
Le montage de la vidéo a duré très longtemps
parce que j’avais pas mal de boulot en parallèle,
du coup j’étais obligé de faire le montage seulement les week-ends et pendant les vacances…
D’ailleurs, comment en es-tu venu à la vidéo ?
Edouard Fontaine
FS rock au Low Holly DIY
Photo :
Timothée
Touzé
48 minutes, 5 euros, disponible sur
www.breathless-skatevideo.com
EN VRAC
Photo : Pierre Dutilleux
LA VIDÉO DES MO’FO’, LE RETOUR
À l’heure où nous bouclons ce magazine, la vidéo sur
laquelle bosse Boris Proust n’a pas encore de nom,
et le montage n’est pas fini, mais tout devrait rentrer
dans l’ordre très prochainement. Et d’après ce qu’on
en a vu, ça vaut l’détour… À suivre donc.
Est-ce que tu as quelques regrets ou es tu pleinement satisfait de la vidéo ?
Salut Boris, il paraît que c’est le retour des vidéos
Mo’Fo’. Qu’est-ce qu’il en est exactement ?
Qu’est-ce que tu fais quand tu ne bosses pas sur
cette vidéo ?
Eh bien oui, on a filmé pas mal de trucs depuis deux
ans donc on s’est dit qu’on allait refaire une vidéo, du
coup. Ça sort fin juin et j’ai filmé une bonne partie, Luc
[Angles] m’a aidé et mes potes aussi, on « s’entre-filme »
tous un peu.
Qui sont les principaux skateurs ?
Il y a pas mal de monde, William Monerris, Kim Conti,
moi, Luc, Bambou, Maxime Garlenc, Joakim Froment,
Alexis Greusard et Sven Bazé.
Comment as-tu financé le projet ?
Avec nos sous. On filme à Montpellier ou quand on a
tous quelques jours de libre en même temps on part en
voiture, avec la tente, skater à droite à gauche comme
des bons gitans. Il faut juste bien choisir son compagnon
de tente par contre parce qu’il y en a qui ne se lavent pas
de tout le trip…
Pour l’instant on manque de temps donc on verra. Mais
dans tous les cas on est contents de faire une vidéo avec
les potes. J’espère qu’on aura le temps de ne pas finir ça
à la va-vite.
Je taffe à coté dans la vidéo, un peu de tout, évènementiel et compagnie… Luc a fait un site où on peut voir
ce qu’on fait. Il y a le blog aussi où ça reste basé sur le
skate.
Qu’est-ce que tu vas faire après cette vidéo ?
Continuer à taffer, peut-être calmer le filming avec les
potes parce que faire une vidéo comme ça prend quand
même pas mal de temps et ça devient de plus en plus dur
de mêler ça au travail. Et sinon filmer quelques tours
sûrement avec Cliché, pour leur prochaine vidéo.
Tu as prévu une série d’avant-premières ?
Oui, si tout va bien le 22 juin au Rockstore à Montpellier, le 24 à Lyon à la Space Junk, et le 29 à Paris chez
Nozbone. En espérant qu’on aura tout fini avant…
www.mofoprod.com
www.themofo.fr
EN VRAC
LA GUERRE DES SHOPS, FINALES FRANÇAISES
Cette année encore, le Vans Shop Riot
s’est déroulé au skatepark Cosanostra de
Chelles. Dernier rappel pour les distraits,
il s’agit d’un contest par équipe auquel
tous les skateshops français peuvent
participer en inscrivant 3 ou 4 skateurs
(les sponsos, le vendeur ou même le
patron…). Le team vainqueur repart avec
1000 euros dans la poche, le titre plus ou
moins officiel de meilleur shop français
et la qualification pour la grande finale
européenne qui aura lieu cette année à
Amsterdam en septembre.
Alors, pourquoi était-ce une bonne idée
d’aller s’enfermer un dimanche dans un
skatepark alors qu’il faisait un temps
superbe un peu partout. Parce qu’il y
avait un barbeuc gratos pour tous, que
l’on pouvait skater le bowl à l’extérieur,
parce qu’une fille de chez Disney Channel était venu filmer (en short…), que Loïc
Benoît était en grande forme au micro (et notamment au sujet de la jeune fille
précitée) ? Oui bien sûr, mais aussi parce qu’il y a eu de la méchante cascade
durant toute la journée. Comme à L’Ecole Des Fans tout le monde a été trés bon
et notamment les teams Vega, Nozbone, ABS Annecy et surtout Click, le shop
vainqueur. Les Nantais ont vraiment fait plaisir avec l’un des boss Thibaud Fradin
(l’autre c’est David Couliau hein !) et trois p’tits jeunes qui ont tout cassé. On
leur souhaite bonne chance pour septembre ! - Valéry Blin
Mihiel, Alexandre, Thibaud & Armand
Photo : Loïc Benoît
Résultats
1- Click (Nantes)
2- ABS (Annecy)
3- Nozbone (Paris)
« À notre époque, les vieux cons sont de plus en plus jeunes. »
- Frédéric Dard
Nicky Guerrero - sad plant - copenhague
Photo : JELLE KEPPENS