Contribution à l`étude des Chiroptères de la Guadeloupe
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Contribution à l`étude des Chiroptères de la Guadeloupe
-1- Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe Artibeus jamaicensis B. Ibéné, F. Leblanc et C. Pentier. Rapport final - Etude 2006 DIREN L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. -2- SOMMAIRE Remerciements ………………………………………………………………………………… 4 Introduction……………………………………………………………………………………… 5 I. Réalisation de l’Etude 2006 : équipe, matériel, stratégies d’études………………… 6 I.1. Missions d’étude et recherches chiroptérologiques locales…………………………... 6 I.2 Captures au filet……………………………………………………………………………. 7 I.3 Premières recherches bioacoustiques…………………………………………………. 12 II. Analyse des résultats des captures au filet ……………………………………………..13 II. 1 II. 2 II. 3 II. 4 II. 5 Effort de capture………………………………………………………………………….13 Succès de capture selon les sites……………………………………………………...14 Biais de la capture au filet………………………………………………………………15 Fréquence, densité relative et distribution des espèces capturées………………...16 Richesse spécifique et qualitative des sites…………………………………………..21 III. Commentaires par milieux trophiques …………………………………………………... 23 III. 1 III. 2 III. 3 III. 4 III. 5 Forêt hygrophile et lisières………………………………………………………………23 Forêt mésophile et lisières………………………………………………………………26 Forêt xéro-mésophile de la région des Grands Fonds……………………………...27 Forêts inondées (mangroves, forêt marécageuse) et lisières……………………….30 Interface forêt xéro-mésophile/forêt marécageuse……………………………………33 IV. Gîtes……………………………………………………………………………………………..36 IV. 1 Gîtes confirmés………………………………………………………………………….. 36 IV. 2 Gîtes découverts………………………………………………………………………….37 V. Commentaires spécifiques ………………………………………………………………… 39 V. 1 Ardops nichollsi annectens ……………………………………………………………..39 V. 2 Artibeus jamaicensis jamaicensis ......................................................................…. 44 V. 3 Brachyphylla cavernarum cavernarum…………………………………………………54 V. 4 Chiroderma improvisum………………………………………………………………… 60 V. 5 Eptesicus guadeloupensis……………………………………………………………… 64 V. 6 Molossus molossus molossus……. …………………………………………………… 68 V. 7 Monophyllus plethodon luciae …………………………………………………………. 73 V. 8 Myotis dominicensis……………………………………………………………………. . 78 V. 9 Natalus stramineus stramineus………………………………………………………… 83 V. 10 Noctilio leporinus mastivus...…………………………………………………………... 88 V. 11 Pteronotus davyi davyi…………………………………………………………………. ..94 V. 12 Sturnira thomasi thomasi……………………………………………………………… …97 V. 13 Tadarida brasiliensis antillularum……………………………………………………….104 VI. Recommandations et perspectives…………………………………………………………110 V. 1 Préservation des milieux trophiques……………………………………………………..110 V. 2 Protection des gîtes……………………………………………………………………….111 V. 3 Protection des espèces ……………………………………………………………..........112 V. 4 Perspectives ……………………………………………………………………………….113 Conclusion……………………………………………………………………………………….. 115 Références bibliographiques ………………………………………………………………… 116 Annexes…………………………………………………………………………………………… 120 Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. -3Liste des annexes : I. II. III. IV. V. VI. Légende et abréviations …………………………………………………………..121 Liste des espèces présentes en Guadeloupe……………………………......... 122 Répartition des espèces présentes en Guadeloupe et richesse spécifique des îles des Petites Antilles………………………………. ………….. ………... 123 Tableau récapitulatif des captures au filet réalisées en milieu trophique en 2006…………………………………………………………………………… 127 Espèces enregistrées par Frédéric Leblanc au détecteur D980………….. ... 128 Liste des essences consommées ou consommables par les Phyllostomidés en Guadeloupe…………………………………………………………………… 130 Crédits photos : Anne et Michel Breuil : Eptesicus guadeloupensis p 64 ; Myotis dominicensis p 79. Julien Barataud : brachyphylles au gîte p38, Molossus molossus p 69, p105 Myotis dominicensis p 81. Caroline Tarlier : Chiroderma improvisum p 61, Sturnira thomasi p 98, Tadarida brasiliensis p107. Béatrice Ibéné : toutes les autres photos. La prise de photos d’Artibeus jamaicensis sur un Fromager en fleur a été possible grâce à l’aide de Jacques Céleste. Intitulé du présent rapport : Ibéné B., Leblanc F. et Pentier C., 2007. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe. Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.134 pp. Adresse : L’ASFA Morne Burat 97180 Sainte-Anne Email : [email protected] www.faune-guadeloupe.com Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. -4- REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier les personnes qui ont contribué à la réalisation de cette étude : - Dominique Deviers, Mylène Valentin, Louis Redaud et Luc Legendre de la DIREN Guadeloupe qui nous ont fait confiance, soutenu financièrement et appuyé dans notre démarche de création d’un groupe local d’étude des chauves-souris (Groupe Chiroptères Guadeloupe). - Mylène Valentin de l’ONF Guadeloupe pour le logement accordé aux formateurs de la SFEPM. - Evelyne Picard, Florence Cliquet, Jacques Barrat et Nathalie Stroucken de L’AFSSA Nancy - Nadia Roseau (Préfecture Guadeloupe) et Hervé Magnin (Parc National de la Guadeloupe) pour les autorisations délivrées. - Michel et Anne Breuil qui nous ont initiés, voila 15 ans, à l’étude sur le terrain de ces fabuleuses créatures. - Hugh Genoways et Scott Pedersen, spécialistes américains des chauvessouris des Petites Antilles, qui nous ont fourni de précieuses données. - Ronan Kirsch, Stéphane Vincent, Michel et Julien Barataud, Pascal et Sylvie Giosa de la SEFPM qui ont participé à certaines soirées de capture et ont contribué à la formation du groupe local. - Michel Barataud qui nous a permis de découvrir l’univers acoustique des chauves-souris. - les autres membres du Groupe Chiroptères Guadeloupe : Caroline Tarlier, Isabelle Houllemare, Antoine Felder de L’ASFA ; Fortuné Guiougou, Josseline Lepigeon et Thierry Malgouyres de l’association le GAIAC ainsi que Gilles Leblond, qui ont grandement facilité le travail de terrain. Nous les remercions chaleureusement pour leur engagement et leur disponibilité. Nous remercions également Emmanuel Ibéné, Jacques Celeste, Jolt Eva, Catherine Lanthelme, Laura Dieupart, Jean-Pierre Huveteau et Jean-Luc Felder qui nous ont aidé lors de certaines sorties de terrain, ainsi que toutes les personnes qui nous ont fait part de leurs observations relatives aux Chauves-souris de la Guadeloupe et à leurs gîtes. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. -5- INTRODUCTION Les chauves-souris sont les seuls mammifères terrestre indigènes encore présents en Guadeloupe. La faune chiroptérologique de la Guadeloupe se caractérise par : - - une grande diversité : 13 espèces réparties en 6 familles (cf. annexe II), représentant pas moins de 5 types de régimes alimentaires différents (insectivore, frugivore, omnivore, nectarivore/pollinivore, piscivore). un endémisme marqué : 8 espèces sont endémiques des Antilles, 7 des Petites Antilles et 1 espèce est endémique stricte. son mauvais état de conservation : 7 espèces sont présentes sur la liste rouge mondiale des espèces menacées de l’UICN. Les populations de chauves-souris de la Guadeloupe ont été peu étudiées. Aussi, l’ASFA a souhaité contribuer à améliorer leur connaissance en réalisant des captures au filet. Fin 2005, L’ASFA a été chargée par la DIREN de réaliser un complément d’inventaire des Chauves-souris de la Guadeloupe par convention d’étude PNSPN / 2005-010 du 09 septembre 2005. Le rapport intermédiaire (Ibéné et al., 2006) présentait les premiers résultats du complément d’inventaire des populations de chauves-souris effectué principalement par des captures au filet entre février et octobre 2006, par station prospectée et par gîte. Ce rapport final est une contribution à l’étude des Chauves-souris de la Guadeloupe. Il analyse les résultats obtenus et les commente suivant les milieux trophiques et les gîtes. Les commentaires spécifiques pour chacune des 13 espèces sont une synthèse de la littérature, de nos observations réalisées depuis une dizaine d’années et des résultats de nos travaux de 2006. Enfin, il préconise les premières mesures de sauvegarde des Chiroptères de la Guadeloupe et aborde les perspectives d’étude pour 2007-2008. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. -6- I. Réalisation de l’Etude 2006 : équipe, matériel, stratégies d’études I.1. Missions d’étude et recherches chiroptérologiques locales ¾ Historique des missions d’étude précédentes Les principaux inventaires (captures au filet, recherche de gîtes) des Chiroptères de la Guadeloupe ont été réalisées par les missions de : G.Beuneux, R. Kirsch, T. Stoeckle, B. Ibéné, F. Albalat, D. Rist en Avril 2000 D. Masson, M. Breuil A. Breuil, F. Leboulenger, F Leuge, C. Masson en Eté 1992 et Eté 1993 Cette mission a également étudié la dissémination par endophytosporie des graines des forêts de la Guadeloupe par les Phyllostomidés. D. Masson, M. Breuil A. Breuil C. Masson en Eté 1989 Les missions antérieures sont plutôt américaines : De la Torre & Schwartz en 1964 ; Baker & Genoways en 1974 et 1978. Par ailleurs, on retrouve quelques mentions relatives aux chauves-souris dans les écrits des premiers chroniqueurs et naturalistes antillais : RP du Tertre (16671671), Julles Ballet (1894), Pinchon (1967). Les collections chiroptérologiques du Musée Père Pinchon inventoriées par Michel Breuil en 1997 complètent d’anciennes données. ¾ Recherches réalisées entre 1998 et 2006 Depuis 1998, nous réalisons la collecte de différentes données relatives aux chauves-souris de l’Archipel guadeloupéen (recherches bibliographiques, gîtes, observations de terrain, recueil de témoignages,…). Ce travail a d’abord été effectué dans le cadre de la réalisation d’une thèse de doctorat vétérinaire (Ibéné, 2000) puis dans le cadre des activités d’étude de l’ASFA. Il s’est accompagné de diverses actions de sensibilisation autour des chauves-souris de la Guadeloupe (animations pour scolaires, articles de presse, émissions télévisées, ….). ¾ Constitution d’un groupe local : Groupe Chiroptères Guadeloupe. Début 2006, sous l’impulsion de L’ASFA, s’est créé le Groupe d’Etude des Chiroptères de la Guadeloupe dénommé Groupe Chiroptères Guadeloupe. Le groupe est composé de membres de l’ASFA mais aussi d’autres associations comme le GAIAC ou de naturalistes indépendants. La constitution d’un groupe local d’étude constitue une première en Guadeloupe. Plusieurs membres du groupe ont été spécifiquement formés à la capture au filet par des membres du Groupe Chiroptères d’Outre Mer de la SFEPM (Ronan Kirsch, Frédéric Leblanc et Stéphane Vincent) lors d’un stage en février 2006 organisé par l’ASFA. Béatrice Ibéné, Fortuné Guiougou et Gilles Leblond avaient déjà participé activement à des missions d’étude précédentes avec Masson et Breuil (1992 ; 1994) puis Beuneux et al. (2000). D’autres sensibles à cette action participent également aux recherches de gîtes et de sites de captures, à la pose et à la surveillance des filets,… mais aussi aux actions de sensibilisation autour des Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. -7chauves-souris. Le Groupe Chiroptères Guadeloupe compte aujourd’hui une douzaine de membres. ¾ Autorisations Des autorisations de capture pour les 13 espèces de chauves-souris nous ont été accordées pour réaliser l’étude en 2006 : - Autorisation préfectorale N 2006-405 de capture et de relâché à des fins scientifiques de spécimens d’espèces animales protégées pour l’archipel Guadeloupe, les Réserves Naturelles et les zones couvertes par arrêté de protection de biotope. - Autorisation du Parc National de la Guadeloupe N 2006-03 pour capture, transport, relâché au sein de la zone centrale. I.2 Captures au filet ¾ Matériel Le groupe local a fait l’acquisition de matériel de capture, de prise de données biométriques et de divers équipements pour mener à bien des captures en différents milieux. Matériel de capture. Les filets sont des filets pour chauves-souris (AVINET) en Nylon de maille 38 mm d’une hauteur de 2m60 et de différentes largeurs : 2 de 2m60, 4 de 6m, 4 de 9m et 2 de 12 mètres. Les mats choisis sont des cannes à pêche télescopiques (5 paires) et une paire de mats alu (pour piscine). Cette année n’ont n’avons pu faire l’acquisition que de mats de moyenne hauteur (4 à 6m). Piquets, sardines, ficelles, sécateurs, …complètent ce matériel. Les sacs de captures sont des pochons en tissus. Matériel de biométrie : pesons PESOLA : 1 de 10g ; 2 de 30 gr ; 2 de 60 gr ; 1 de 100g ; pieds à coulisse en plastique 150 mm, réglets à butée. Equipements divers: Gants, lampes frontales, lampes torches MAGLIGHT, bottes, piles, chargeurs de piles, masques de protection classe 3 (pour visites en grottes)…. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. -8- Mesure de l’avant-bras d’un Ardops nichollsi ¾ Déroulement des captures Les filets sont placés sur des chemins de passage supposé des chauves-souris (routes forestières, sentiers, layons,…), autour de points d’eau, ou devant des essences connues pour être consommées par les Phyllostomidés. Des prospections diurnes préalables sont nécessaires afin de trouver un site de capture stratégique. Plusieurs recherches de sites de capture se sont avérées infructueuses notamment dans les forêts inondées, faute d’emplacements favorables pour la pose des filets. Sentier caillebotis traversant la mangrove utilisé pour poser les filets lors de l’inventaire à Morne Rouge Sainte-Rose. Pour chaque séance de captures sont notés plusieurs éléments caractérisant la séance de capture : nom de la station (géoréférencée par la suite suivant les cartes IGN et le logiciel de BAYO Cartoexplorer3), composition végétale, conditions climatiques (météo, température, hygrométrie,…) emplacement et numérotation des filets (schémas), nombre et longueur de filets, heure de mise en place et de démontage, nom des personnes présentes… Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. -9Les chauves-souris prises au filet sont démaillées et placées en pochon individuel la plupart du temps ou par 2 ou 3 individus de la même espèce. Chaque animal est ensuite examiné minutieusement et sont notés : - l’espèce (clé de détermination de Masson et Breuil), le sexe, le stade : adulte ou jeune (cartilages de conjugaison), l’état reproducteur : femelle gestante, allaitante, post allaitante, gonades apparentes chez le mâle,…, l’heure de capture ; le filet et étage de filet où il a été capturé ; la longueur de l’avant-bras poids éventuellement longueur des 3ième et 5ième doigts et du tibia (en particulier chez les espèces endémiques des Petites Antilles) ; présence de parasites externes ; autres remarques : blessures de patagium, usure des dents, lésions, dépigmentations, présence de pollen sur le pelage, graines, comportements (cris),… Les Phyllostomidés (frugivores et nectarivores) sont abreuvés avec du sirop de sucre avant le relâcher. Un Ardops nichollsi remonté avec du sirop avant d’être relâché. ¾ Sites de capture Pour cette première phase d’étude, les efforts de captures ont porté en priorité sur la recherche des espèces endémiques à une ou deux îles : la Sérotine de la Guadeloupe (Eptesicus guadeloupensis), le Sturnire de la Guadeloupe (Sturnira thomasi), le Myotis ou Murin de la Dominique (Myotis dominicensis) et le Chiroderme de la Guadeloupe (Chiroderma improvisum). Ainsi, plus d’un tiers des sites retenus (6 sur 17) ont concerné les forêts inondées (mangrove, forêt marécageuse, lisières forêt inondée/forêt xéro-mésophile), habitats où sont connus la Sérotine et le Chiroderme de la Guadeloupe Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 10 D’autre part nous avons choisi des sites représentant des milieux relativement peu prospectés par les missions précédentes et en voie de dégradation accélérée (agriculture, charbonnage, urbanisation, …) : formations marécageuses, ravines des Grands Fonds, …Les séances de captures dans ces milieux représentent plus de la moitié des captures (8/17). Les captures n’ont concerné cette année que la Grande-Terre et la Basse-Terre. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 11 - Géo référencement* des 17 sites de capture prospectés par captures au filet du 25/02 au 21/10/06 Site Commune Date ALT (m) Abymes 03/03/06 1 -61,3225 16,1624 Sainte-Rose 1,1 -61,3826 16,1814 Abymes 27/02/06 08/04/06 26/02/06 1,64 -61,3134 16,1728 Gressier Pierrefite Morne à l’Eau 29/07/06 2,12 -61,3136 16,1924 Rousseau Papin Morne à l’eau 29/04/06 3,6 -61,2818 16,1959 Grande Ravine Gosier 30/04/06 5,04 -61,2839 16,1305 Port Blanc Gosier 21/10/06 31,8 -61,2705 16,1343 Lamentin 27/05/06 57,3 -61,4115 16,1425 Sainte-Anne 01/03/06 74,67 -61,2548 16,1445 Goyave 24/06/06 77,8 -61,3609 16,0641 Capesterre-Belle-Eau 26/08/06 254,5 -61,3613 16,0528 Vernou Merwart Petit-Bourg 07/05/06 301,4 -61,3950 16,0944 Petit Bras David Petit-Bourg 25/02/06 310,28 -61,4236 16,1028 Sofaïa Sainte-Rose 02/03/06 314,44 -61,4336 16,1727 Capesterre–Belle-Eau 28/02/06 402,02 -61,3741 16,0142 Deshaies 23/09/06 458,83 -61,4553 16,1836 Mangrove alliance Jacquot Morne Rouge Jeannette Belle Plaine Boubers Guyonneau Deshauteurs Ermitage Frédy Grand Etang Caféière X Y * D’après cartes IGN 1 :25 000 et logiciel Carto Explorer 3 UTM20/WGS84 Sortie de gîte : Grotte de Courcelles Saint-François 18/11/06 25 m -61,1432 Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. 16,1432 - 12 - 1.3 Premières recherches bioacoustiques Les espèces ont été enregistrées par Frédéric Leblanc du 24/02 au 5/03/06 (résultats présentés en annexe) et par Michel Barataud, Sylvie et Pascal Giosa durant 2 soirées de terrain (28/02 et 01/03/06). La réception et la transformation des ultrasons en fréquences audibles ont été réalisées grâce à 3 détecteurs munis des systèmes hétérodyne et expansion de temps : 1 Pettersson D240 à 1,7 s de mémoire, et 2 D980 à 3 s de mémoire. Les analyses ont été réalisées par Michel Barataud et Frédéric Leblanc à l’aide du logiciel BatSound (Pettersson Elektronic ABTM). Les espèces ayant fourni des séquences sonores d’émissions sonar avaient été capturées au filet sur leur terrain de recherche alimentaire. Plusieurs individus ont été équipés de capsules luminescentes (marquage temporaire se détachant au bout de quelques heures) afin de tenter de suivre leur parcours de recherche alimentaire et d’enregistrer leurs émissions ultrasonores dans différentes circonstances de vol tout en notant leur comportement et leurs microhabitats trophiques. D’autres, non marqués, étaient simplement enregistrés dans les secondes qui suivaient leur relâcher dans différents milieux (de la prairie au sousbois dense). Résultat : 7 espèces sur les 13 espèces de l’archipel guadeloupéen ont fourni des séquences significatives correspondant à un comportement de vol dans des conditions naturelles ou comparables à ces dernières. A notre connaissance, il s’agit des premiers enregistrements du sonar des chauves-souris guadeloupéennes. Noctilion pêcheur équipé d’une capsule luminescente Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 13 - II. Résultats des captures au filet II. 1.Effort de capture Entre le 25 /02 et le 21/10/06 nous avons réalisé 18 séances de captures nocturnes sur 17 sites différents situés en Basse-Terre et Grande-Terre du niveau de la mer jusqu’à 458 mètres d’altitude. Ces sites correspondent généralement pour une chauve-souris, à son milieu trophique où elle recherche ses ressources alimentaires : proies si elle est insectivore ou fruits, fleurs pour les frugivores et nectarivores ; poissons pour les piscivores. Il peut s’agir également d’un lieu de passage (ou transit) entre son gîte diurne et son milieu de recherche alimentaire ou de son gîte d’alimentation (temporaire). Une capture supplémentaire a été réalisée en sortie de gîte hypogé : la grotte de Courcelles à Saint-François située en forêt sèche du littoral. Les efforts de capture présentés dans le tableau ne concernent que les captures réalisées en milieu trophique (gîtes diurnes exclus). Lors de ces 18 séances nous avons déployé près de 600 m de filets soit 1 542,2 m² de filets (90,71 m² en moyenne par séance) ce qui représente une pression de capture totale de 5 713 h.m². II. 2 Succès des captures selon les sites Nous avons capturé selon les séances entre 0 (une séance) et 43 individus. La moyenne est de 15,2 individus capturés /séance de capture. Le succès de capture (nombre d’individus capturés par 100 hm²) varie selon les séances de 0 à 12,47 /100 h.m². La moyenne de succès de capture pour 2006 est de 4,94 individus par 100hm² ce qui est supérieur à la dernière mission de capture de la SFEPM menée par Beuneux et al. en 2000 (3,64 individus /100 h.m²). D’une façon générale les plus forts succès de capture au filet sont obtenus sur les points d’eau et concernent tant les frugivores omnivores que certains insectivores (Molossidés). Toutefois certaines stations apparaissent d’emblée plus riches en nombre individus capturés que d’autres. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 14 - Nombre d'individus capturés suivant les sites (du 25/02 au 21/10/06) 29 Port Blanc Gosier 18 17 5 16 5 Caféière Deshaies Forêt de Frédy CapesterreBE 15 Gressier Pierrefitte Morne AE 23 34 14 25 13 12 4 L'Ermitage Goyave Boubers-Guyonneau Lamentin Vernou Merwart Pt 11 9 Grande ravine Gosier 10 Rousseau MorneAE 43 9 0 Morne rougejeannette Ste Rose mangrove l'alliance Jacquot Abymes 18 8 7 10 Sofaia Ste -Rose 6 34 2 5 Deshauteurs Ste- Anne Grand Etang CapesterreBE 4 21 3 Belle Plaine Abymes 7 5 2 Morne rouge Jeannette Ste- Rose Petit bras David 1 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 succes des captures au filet (du 25/02 au 21/10/06) Port Blanc Gosier Caféière Dehaies Forêt de Frédy CBE Gressier Pierrefite MAE L'Ermitage Goyave Boubeers Guyonneau Lamentin Vernou Pt Bourg site capture Grande ravine Gosier Rousseau MAE Morne Rouge Ste Rose* Mangrove de l'alliance Abymes Sofaïa Ste Rose Deshauteurs Ste Anne Grand Etang CBE Morne rouge Ste Rose Belle Plaine Abymes Petit bras David 0 2 4 6 8 10 12 14 succes ind./100 hm² Légende couleur : forêt hygrophile et lisières forêt mésophile et lisières forêt xéro-mésophile des grands-fonds et lisières forêts inondées (mangroves, forêt marécageuse) et lisières lisière forêt xéro-mésophile / forêt marécageuse Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 15 II.3 Biais de la capture au filet ¾ Biais liés aux espèces : C’est sans doute le biais le plus important des résultats de notre étude par capture au filet. Certaines espèces se prennent en effet plus facilement au filet que d’autres. C’est le cas de la plupart des Phyllostomidés. Brachyphylla cavernarum recherche probablement sa nourriture en canopée et fréquente peu le sous-bois. De ce fait elle se prend peu au filet. C’est ce que montre l’inventaire acoustique concomitant qu’a réalisé Fréderic Leblanc pendant 7 de nos soirées de capture. Il a décelé la présence de l’espèce (détection acoustique) dans 3 stations où nous ne l’avons pas capturé ces mêmes soirs. Ces stations sont situées en forêt humide, inondée et xéro-mésophile. Parmi les insectivores les Molossidés (Molossus molossus et Tadarida brasiliensis) sont plutôt des chasseurs de plein ciel et sont peu capturés au filet par rapport à leur abondance sur un site. Natalus stramineus insectivore de milieu forestier encombré au vol lent est réputée pour détecter aisément les filets (Masson et al, 1990). De plus, certains individus pris au filet émettent des cris (audibles) qui peuvent rameuter leurs congénères. Nous l’avons constaté pour de jeunes Artibeus jamaicensis, des Brachyphylla cavernarum et des Noctilio leporinus. ¾ Biais liés au site de capture : La présence de point d’eau augmente sensiblement le succès de capture. Le succès d’une capture en un lieu donné, un jour donné est également fonction des ressources alimentaires disponibles à ce moment, particulièrement pour les Phyllostomidés : fruits mûrs dont ils se nourrissent ou fleurs chargées en nectar. ¾ Autres biais : Enfin les conditions météorologiques et lunaires peuvent représenter un biais de cette méthode d’étude par capture au filet. Par nuit éclairée les chauves-souris repèrent facilement les filets. Ainsi, sur un même site à Morne rouge Sainte-Rose et avec une surface de filet comparable, nous avons capturé 21 chauves-souris de 3 espèces différentes par ¼ de lune et aucun individu 5 semaines plus tard quand la nuit était très éclairée (proche de la pleine lune). Plusieurs chauves-souris évitant les filets ont été observées. Pour éviter ce biais nous avons par la suite choisi de réaliser les captures uniquement les nuits noires (peu ou pas de lune). Deux soirées ont été relativement pluvieuses sans que nous ayons constaté un faible effectif de capture. Des Molossus molossus, Artibeus jamaicensis et Ardops nichollsi ont même été capturés dans des filets ceinturant une mare alors que le temps était pluvieux. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 16 II. 4 Fréquence, densité relative et distribution des espèces capturées Lors de cette étude, 274 chauves-souris représentant 9 des 13 espèces présentes en Guadeloupe, ont été capturées au filet en milieu trophique. De plus, une espèce (Natalus stramineus) n’a été capturée qu’en sortie de gîte. Les 5 chauves-souris capturées en sortie de gîte hypogé (grotte de Courcelles à Saint-François) n’ont pas été pris en compte dans les tableaux et graphiques. Fréquence des espèces capturées au filet du 25/02 au 21/10/06 (4 espèces non contactées : Chi imp ; Ept gua ; Nat str ; Pte dav) Noc lep 3% Tad bra 3% Mol mol 21% Myo dom 1% Art jam 52% Stu tho 4% Mon ple 2% Bra cav 8% Ard nic 7% Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 17 - Nombre d'individus par espèce (captures au filet entre le 25/02/06 et le 21/10/06) 7 Noc lep Tad bra 9 0 Pte dav 0 Nat str 58 Mol mol 2 1 Myo dom 0 Ept gua Stu tho 10 5 Mon ple 0 Chi imp 21 Bra cav 19 Ard nich 143 Art jam 0 20 40 60 80 100 120 140 160 Densités relatives des espèces capturées en milieu trophique en 2006 (nombre d'individus capturés pour une pression de capture de 1000hm²) Noc lep Tad bra Mol mol Myotis dominicensis Stu tho Mon ple Bra cav Ard nic Art jam 0 5 10 15 20 25 Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. 30 - 18 Les deux espèces les plus fréquemment capturées sont Artibeus jamaicensis (52 % des captures ; 25 individus capturés pour une pression de 1000 h.m²) et Molossus molossus (21% des captures ; 10,15 individus capturés pour 1000 h.m²). Distibution des espèces capturées au filet en milieu trophique en 2006 16 nombre de stations 14 Art jam 12 10 8 Ard nic Mol mol 6 Stu tho 4 Mon ple 2 Bra cav 0 Noc lep Myo dom Chi imp Ept gua Nat str Tad bra Pte dav L’espèce la plus ubiquiste est Artibeus jamaicensis. Elle est présente dans 14 des 17 stations prospectées. Ardops nichollsi et Molossus molossus ont été capturées dans 8 stations différentes. La répartition du Molossidé est toutefois beaucoup plus large que ce que le suggère ses captures au filet. Il en est de même pour Brachyphylla cavernarum comme l’atteste l’inventaire acoustique de Frédéric Leblanc. Les frugivores Phyllostomidés : Ch imp 0 Stu tho (5%) Mon ple (3%) Bra cav (11%) Ard nic (10%) Art jam (71 %) Fréquence des Phyllostomidés capturés du 25/02/06 au 21/10/06 Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 19 Les Phyllostomidés guadeloupéens représentent le grand groupe des Frugivores au sens large (fruits, nectar, pollen). Toutefois, Brachyphylla cavernarum consommant aussi beaucoup d’insectes il est qualifié d’omnivore. Quant à Monophyllus plethodon elle est principalement nectarivore/pollinivore bien qu’elle se nourrisse également de petits fruits (Pedersen et al., 2003) et d’insectes (Masson et al., 1990) Les Phyllostomidés représentent 73 % des captures au filet alors qu’ils comptent 6 espèces parmi les 13 présentes en Guadeloupe. Au sein de cette famille, Artibeus jamaicensis est majoritaire avec 71 % des captures et 25 individus capturés pour 1000 h.m² de pression de capture. Brachyphylla cavernarum et Ardops nichollsi représentent 11 et 10 % des captures des Phyllostomidés effectuées en 2006. Leur densité relative est de 3,6 et 3,2 individus capturés pour une pression de 1000 h.m². Brachyphylla cavernarum a été capturé peu souvent (2 stations) mais une fois en grand nombre (20). Sturnira thomasi et Monophyllus plethodon représentent respectivement 5 et 3 % des captures avec une densité relative de 1,7 et 0,8 individus capturés/ 1000 h.m². Sturnira thomasi est présente dans 5 des 17 stations prospectées au filet. Le rarissime Chiroderma improvisum (seuls 5 spécimens connus : 2 en Guadeloupe, 3 à Montserrat) n’a pas été capturé en 2006, en dépit d’un effort de recherche accru dans le type de milieu où il avait été capturé en Guadeloupe : 2 045, 60 h.m² de pression de capture en forêt marécageuse ou lisières soit près de 36 % de l’effort de capture en 2006. Les insectivores : Fréquence des espèces insectivores capturées du 25/02 au 21/10/06 Ept gua; Pte dav ; Nat str 0% Tad bra 13% Myo dom 3% Mol mol 84% Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 20 Il faut différencier plusieurs guildes au sein des insectivores présents en Guadeloupe. Les Molossidés représentés par deux espèces Molossus molossus et Tadarida brasiliensis, sont plutôt des insectivores de plein ciel et de milieux ouverts. Eptesicus guadeloupensis est une espèce insectivore de canopée et d’espaces forestiers ouverts. Myotis dominicensis semble quant à lui être plutôt un insectivore de canopée (Barataud et al., 2006). Natalus stramineus est un insectivore de sous-bois chassant en milieu forestier encombré. Molossus molossus est sans doute l’espèce la plus commune et répandue en Guadeloupe. Elle représente 84 % de nos captures d’insectivores avec une densité de 10,1 individus capturés pour une pression de capture de 1000 h.m². Tadarida brasiliensis semble beaucoup moins fréquente (13% des captures d’insectivores ; densité relative de 1,5 individus / 1000 h.m²). Elle n’a été capturée que dans une seule station mais en grand nombre. Myotis dominicensis endémique de la Dominique et de la Basse-Terre a une densité relative faible : 0,3 individu capturé / 1000 h.m². Natalus stramineus est sans doute plus fréquente que ne le laisse supposer sa capture au filet (nulle en milieu trophique ; capturée uniquement en sortie de gîte). Nous n’avons pas capturé d’Eptesicus guadeloupensis dont nous aurons probablement une meilleure idée de la répartition avec l’aide de la bioacoustique. Les carnivores En Guadeloupe (comme dans les reste des Antilles) la seule espèce carnivore est Noctilio leporinus, une piscivore qui peut également se nourrir d’insectes aquatiques. Elle représente 3 % de l’ensemble de nos captures au filet. Noctilio leporinus Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 21 - II.5 Richesse spécifique et qualitative des sites : Suivant les sites nous avons capturé entre 0 et 6 espèces différentes. Les résultats affichés dans le graphique ne prennent pas en compte les espèces observées non capturées (Noctilio leporinus, Molossidés, Phyllostomidés). Diversité spécifique suivant les sites Port Blanc Gosier Caféière Deshaies Forêt fredy Capesterre BE Gressier pierrefite MAE L'Ermitage Goyave Boubers Guyonneau Lamentin sites de captures Vernou Merwart Petit- Bourg Grande ravine Gosier Rousseau Papin MAE mangrove alliance Jacquot Abymes Sofaïa Ste Rose Deshauteurs Ste- Anne Grand Etang Morne rouge Ste- Rose Belle plaine Abymes Petit bras David 0 1 2 3 4 5 6 nombre d'espèces capturées du 25/02 au 21/10/06 Légende : forêt hygrophile et lisières forêt mésophile et lisières forêt xéro-mésophile des grands-fonds et lisières forêts inondées (mangroves, forêt marécageuse) et lisières lisière forêt xéro-mésophile / forêt marécageuse Il apparaît que le succès de captures n’est pas lié à la richesse qualitative d’un site donné. Nous entendons par richesse qualitative : la richesse spécifique du site (nombre d’espèces différentes) et la proportion d’espèces endémiques des Petites Antilles qu’il héberge. Les stations de grande richesse qualitative sont situées dans le massif forestier de la Basse-Terre (en forêt hygrophile ou mésophile) mais aussi en écotone forêt marécageuse/ forêt mixte en Grande-Terre. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. 7 - 22 - Pourcentage d'espèces endémiques des petites Antilles capturées du 25/02 au 21/10/06 Port Blanc Gosier ; 33,33 % Caféière Deshaies ; 50% forêt Fredy CBE; 50% Gressier ; 0 l'Ermitage Goyave ; 25% Guyonneau Lamentin ; 50% Vernou Pt Brg ; 66,67% sites Grande ravine Gosier; 0 Rousseau MAE ; 50 % % esp en PA Morne Rouge Ste Rose; 0 Mangrove alliance Jacquot ; 0 Sofaia Ste Rose; 66,67% Deshauteurs Ste Anne ; 33% Grand Etang CBE ; 50 % Morne rouge Jeannettte Ste Rose ; 33 % Belle plaine Abymes ; 0 Petit bras david ; 50 % 0 10 20 30 40 50 60 70 % end PA forêt hygrophile et lisières forêt mésophile et lisières forêt xéro-mésophile des grands-fonds et lisières forêts inondées (mangroves, forêt marécageuse) et lisières lisière forêt xéro-mésophile / forêt marécageuse Parmi les espèces remarquables, Noctilio leporinus inféodée aux zones humides serait également à prendre en compte dans l’évaluation de la richesse qualitative d’un site. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. 80 - 23 - III. Commentaires par milieux trophiques Parmi les différents types forestiers de la Guadeloupe (Grande-Terre et Basse-Terre) seuls les bois et forêts sèches n’ont pas été prospectés cette année. Il convient de noter que le terme « forêt » utilisé dans ce rapport peut désigner la forêt ou ses stades de dégradation (forêt secondaire, bois) III.1 Forêt hygrophile et lisières Ces habitats représentent moins d’un quart (4/17) de nos prospections en milieu de recherche alimentaire cette année. Le succès de capture est relativement faible (de 0,67 à 2, 22 ind /100 h.m² avec une moyenne de 1,425) ainsi que la densité relative moyenne (1,16 ind capturé/1000 h.m²). Ce qui peut s‘expliquer par la faible hauteur de nos filets par rapport à la hauteur de canopée de ces forêts et par le fait que nous n’ayons pas posé de filets ceinturant un point d’eau. En revanche c’est dans ce type de milieux qu’on note la plus grande diversité spécifique : 7 espèces toutes stations confondues. Fréquence des espèces capturées au filet en forêt hygrophile en 2006 Mol mol ; 9% Art jam ; 18% Myo dom ; 9% Stu tho; 23% Ard nic ; 32% Bra cav 5% Mon ple; 5% Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 24 - Densité relative des espèces capturées en forêt hygrophile et lisières en 2006 Noc lep; 0 Tad bra; 0 Pte dav ;0 Nat str; 0 espèces Mol mol; 1,3 Myo dom; 1,3 Ept gua ; 0 Stu tho; 3,4 Mon ple ; 0,7 Chi imp ; 0 Bra cav ; 0,6 Ard nic ; 4,7 Art jam; 2,7 0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 2,50 3,00 3,50 4,00 4,50 n individus capturés/1000 hm² Il est à noter que Tadarida brasiliensis, Natalus stramineus et Eptesicus guadeloupensis ont également été capturées en forêt humide par les missions précédentes et que Noctilio leporinus a été observée par Masson et Breuil pêchant sur le Grand Etang (lac d’altitude situé en forêt humide). Tadarida brasiliensis a d’ailleurs été enregistrée en forêt hygrophile par Frédéric Leblanc. La forêt hygrophile abrite donc au moins 11 espèces de chauves-souris. C’est également dans ce type d’habitat que l’on compte la plus forte proportion d’endémiques des Petites Antilles (entre 1/2 et 2/3 des espèces capturées en 2006). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. 5,00 - 25 - Fréquence des Phyllostomidés capturés en forêt hygrophile en 2006 Stu tho ; 28% Art jam ; 22% Mon ple ; 6% Ard nic ; 38% Bra cav ; 6% Parmi les Phyllostomidés, Ardops nichollsi endémique des Petites Antilles est l’espèce la plus fréquemment capturée en forêt humide suivie de Sturnira thomasi endémique de Basse-Terre et Montserrat. Cette dernière représente même près de 1/3 des captures de Phyllostomidés capturés. Nous constatons qu’Artibeus jamaicensis n’est que la 3ième espèce de Phyllostomidés avec une densité relative de 2,7 individus /1000 h.m². Certains auteurs pourraient interpréter la moins forte abondance d’Artibeus jamaicensis comme la conséquence de la recherche de nourriture en canopée par cette espèce (Masson et al., 1990), soit une trentaine de mètres en forêt hygrophile. Sur l’ensemble de nos captures nous constatons cependant que même dans ces circonstances, l’espèce fréquente volontiers les layons forestiers ou le sousbois et y fait des passages à très faible hauteur et de ce fait, s’y capture facilement ; ce qui ne semble pas être le cas de Brachyphylla cavernarum. Les espèces insectivores sont probablement sous-représentées en raison de la hauteur de canopée dans ce type de milieu qu’il s’agisse de celles chassant en plein ciel (Molossidés) ou en canopée (Myotis dominicensis, Eptesicus guadeloupensis). Myotis dominicensis endémique de Basse-Terre et Dominique représente la moitié des espèces insectivores que nous avons capturées en forêt humide. Il faut souligner la remarquable diversité spécifique de la station de Sofaia (Sainte-Rose) : 6 espèces différentes (sur 10 individus capturés) dont 2/3 d’endémiques des Petites Antilles et près de 85 % d’espèces endémiques des Antilles. Si nous tenons compte de la présence d’Eptesicus guadeloupensis capturée par les missions précédentes (Beuneux et al., 2000 ; Masson et al., 1992), on peut considérer que ce massif forestier abrite au moins 7 espèces différentes. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 26 - III.2 Forêt mésophile et lisières Les plus grands succès de captures concernent les captures effectuées autour de point d’eau (rivière, bassin à ouassous). Fréquence des espèces capturées au filet en forêt mésophile et lisières en 2006 Mol mol; 28% Tad bra ; 13% Stu tho; 7% Mon ple; 3% Ard nic ; 6% Art jam 43% Densité relative des espèces capturées en forêt mésophile et lisières en 2006 Noc lep ; 0 Tad bra ; 8,9 Pte dav; 0 Nat str ; 0 espèces Mol mol ; 18,8 Myo dom ; 0 Ept gua ; 0 Stu tho ; 4,9 Mon ple ; 1,9 Chi imp; 0 Bra cav ; 0 Ard nic; 3,9 Art jam ; 28,7 0 5 10 15 20 N individus /1000 hm² 25 30 Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. 35 - 27 - La diversité spécifique au sein de ce type forestier est importante : 6 espèces capturées. Artibeus jamaicensis est la plus fréquemment capturée (près de ¾ captures ; une densité relative de 28, 7 individus pour 1000 h.m²). Sturnira thomasi est bien représenté puisqu’elle constitue 13 % des captures de frugivores et sa densité relative est proche de 5 individus pour 1000 h.m². Fréquence des Phyllostomidés capturés en forêt mésophile et lisières en 2006 Stu tho ; 13% Mon ple; 5% Ard nic ; 10% Art jam ; 72% Il faudrait sans doute rajouter Brachyphylla cavernarum également capturée en forêt mésophile par les missions précédentes. Nous avons de plus observé des noctilions pêcheurs à proximité des anciens bassins à ouassous en lisière de forêt mésophile. Les stations choisies en forêt mésophile n’ont pas concerné les plantations de Mahogany grandes feuilles (Swietenia macrophylla) mais elles sont riches en Clusiacées, Pipéracées et Moracées (Ficus), exploités par les Phyllostomidés. III.3 Forêt xéro-mésophile et lisières de la région des Grands Fonds Deux séances de captures ont concerné la forêt xéro-mésophile des ravines de la région des Grands Fonds (Gosier et Sainte-Anne), d’autres captures ont été réalisées à l’interface forêt xéro-mésophile/ forêt inondée (III.5). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 28 - Fréquence des espèces capturées au filet dans les Grands-Fonds (forêt xéro-mésophile) en 2006 Art jam ; 65% Mol mol ; 25% Ard nic; 10 % Le grand succès de capture (6,59 ind/100 h.m²) indique que ces ravines boisées offrent d’importantes ressources à certains Phyllostomidés en particulier Artibeus jamaicensis et Ardops nichollsi. Densité relative des espèces capturéées dans les Grands Fonds en 2006 espèces Mol mol; 16,8 Art jam ; 43,1 Ard nic ; 6,3 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 n individus capturés/ 1000 hm² Parmi les deux espèces frugivores capturées Artibeus jamaicensis est très majoritaire (87%) et en forte densité relative (43,3 individus capturés pour une pression de 1000 h.m²). Toutefois, Ardops nichollsi endémique des Petites Antilles est bien présent : 10% des captures ; 13 % des Phyllostomidés ; 6,3 individus capturés pour une pression de capture de 1000 h.m². Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 29 - Fréquence des Phyllostomidés capturés en forêt xéro-mésophile des Grands-Fonds en 2006 Ard nic ; 13% Art jam ; 87% Brachyphylla cavernarum est sans doute également présente au vu des captures des missions antérieures. Tadarida brasiliensis a été identifiée acoustiquement dans une de stations (Deshauteurs, Sainte-Anne) par Fréderic Leblanc. Les stations ont été choisies en raison de leur relatif bon état de conservation en dépit de quelques défrichements pour les cultures vivrières et le charbon de bois. Elles abritent nombre d’espèces indigènes dont les fruits ou fleurs sont appréciées des Phyllostomidés : Piper spp ; Solanum torvum, Ficus spp, fromagers (Ceiba pentandra), bois carré (Citharexylum spinosum), galbas (Calophyllum calaba), sapotilliers (Manilkara zapota), gommiers rouges (Bursera simaruba)... Sont également présentes des essences importées ou cultivées exploitées volontiers par Artibeus jamaicensis telles les manguiers (Mangifera indica) et papayers (Carica papaya). Cet habitat apparait aussi comme lieu de prédilection pour les molosses qui y trouvent des gîtes (fissures et cavités d’arbres, abris sous roches), des proies et des points d’eau pour s’abreuver. Fréquence guildes dans les Grands Fonds Insectivores ; 25% Frugivores ; 75% Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 30 III.4 Forêts inondées (mangroves, forêt marécageuse) et lisières Les captures dans ces milieux ne sont pas aisées : difficultés d’accès, très peu de sentiers, inondés pour certains, peu de sites favorables à la pose de filets en lisières…. Aussi, malgré un intense effort de prospection de sites favorables, nous n’avons pu échantillonner que 3 sites en forêts inondées (4 séances de captures) ; ce qui représente tout de même près de 18 % des stations inventoriées, sans compter celles situées en habitat « écotone forêt marécageuse / forêt xéro-mésophile» traité à part (III.5). Sentier caillebotis en forêt marécageuse à mangles médailles (Pterocarpus officinalis) Belle Plaine, Abymes Lisière forêt marécageuse /prairie (Morne-à-L’Eau) difficile à échantillonner L’utilisation de la détection acoustique nous permettra sans doute de compléter l’inventaire dans ces milieux. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 31 - Fréquence des espèces capturées au filet en forêt inondée (mangrove et/ou forêt marécageuse) en 2006 Noc lep; 9% Art jam; 43% Mol mol ; 46% Ard nic; 2% Densité relative des espèces capturées en forêts inondées en 2006 Noc lep ; 3,4 espèces Mol mol; 17,9 Ard nic ; 0,8 0 2 Art jam; 17,0 4 6 8 10 12 14 16 n individus capturés par pression de capture de 1000 hm² 18 20 Il convient de rajouter Brachyphylla cavernarum et Tadarida brasiliensis. Ces 2 espèces ont en effet été identifiées acoustiquement (Frédéric Leblanc) dans deux stations de ce type d’habitat (Morne Rouge, Sainte-Rose et Belle plaine Abymes). Rappelons qu’en Guadeloupe, le rarissime Chiroderma improvisum n’est connu qu’en forêt marécageuse (Baker et al., 1978 ; Beuneux et al., 2000) et que la sérotine endémique de la Guadeloupe Eptesicus guadeloupensis a été découverte en 1974 en lisière de forêt marécageuse (Baker et al.,1978). Ces forêts inondées abriteraient donc au moins 8 espèces différentes. Nous pensons que Monophyllus plethodon pourrait également être présente en forêt marécageuse. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 32 - Fréquence des Phyllostomidés capturés en forêts inondées (mangrove et forêt marécageuse) en 2006 Ard nic ; 5% Art jam ; 95% Fréquence guildes en forêts inondées et lisières Piscivores ; 9% insectivores ; 46% Frugivores , nectarivores; 46% Molossus molossus et Artibeus jamaicensis sont les espèces les plus fréquemment capturées (46 et 43 % des captures) et en densité relative similaire (17,9 et 17 individus/1 000 hm²). Nous constatons que ces formations inondées constituent l’habitat de prédilection Noctilio leporinus qui représente 9 % des captures. Sa densité relative y est de 3,4 individus/1000 hm². Non seulement cette espèce piscivore y trouve de bonnes conditions de chasse (poissons, insectes aquatiques, eaux calmes) mais il est en plus probable qu’elle y gîte dans la journée. Parmi les Phyllostomidés, Artibeus jamaicensis apparaît très majoritaire dans ce type forestier (86 %). Si les fruits de palétuviers rouges (Rhizophora mangle) peuvent être consommés par des Phyllostomidés (Gannon et al., 2005) c’est surtout la forêt marécageuse qui semble offrir le plus de ressources aux espèces frugivores. Ce type forestier est principalement constitué pour sa strate arborescente de mangles médaille (Pterocarpus officinalis), mais il abrite également des Ficus Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 33 spp et Clusia major dont les fruits sont très appréciés de certains Phyllostomidés, de même que des fromagers (Ceiba pentandra) dont les fleurs nectarifères sont visitées par Artibeus jamaicensis et Brachyphylla cavernarum. La forêt marécageuse abrite aussi des Pipéracées et Aracées à infrutescences chiroptérophiles et des lianes dont les fleurs pourraient être visitées par les espèces nectarivores (Monophyllus plethodon et Brachyphylla cavernarum). Cet habitat revêt également une grande importance pour les espèces insectivores en particulier les molosses et peut-être pour la Sérotine de la Guadeloupe. Les mangles médaille (Pterocarpus officinalis) de belle taille (branchages, cavités, fissures) pourraient servir de gîtes diurnes à plusieurs espèces (Phyllostomidés, Molossidés, Noctilio leporinus, Eptesicus guadeloupensis …). Le radiopistage d’espèces présentes dans ce type forestier permettrait sans doute de préciser ces rôles pressentis de la forêt marécageuse dans l’écologie des chauves-souris de la Guadeloupe. III .5 Interface forêt marécageuse / forêt mixte Ce type de milieu nous a offert individus/100 h.m² en moyenne). le plus fort succès de captures (9, 7 Les prospections en ce milieu d’interface entre la forêt marécageuse et la forêt xéro-mésophile révèlent une forte fréquentation par les chauves-souris en particulier les deux gros Phyllostomidés : Artibeus jamaicensis et Brachyphylla cavernarum. La diversité spécifique est intéressante : 5 espèces. Elle est même sans doute plus importante si on rajoute les deux espèces de Molossidés. En effet, nous avons observé des molosses chassant en plein ciel et les données d’identification acoustique de Frédéric Leblanc indiquent que Molossus molossus et Tadarida brasiliensis chassent au dessus des forêts inondées et des forêts xéro-mésophiles. Ces types forestiers abriteraient donc pas moins de 7 espèces différentes. Ils semblent offrir une diversité de ressources alimentaires telle que les chauves-souris frugivores, omnivores, nectarivores, insectivores (au moins de plein ciel) et piscivores y trouvent leur place. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 34 - Fréquence des espèces capturées au filet en lisière de forêt mixte et marécageuse en 2006 Noc lep; 4% Mon ple; 3% Bra cav ; 27% Art jam ; 65% Ard nic; 1% Densité relative des espèces capturées en écotone forêt marécageuse/forêt xéro-mésophile en 2006 espèces Noc lep; 3,4 Mon ple; 2,2 Bra cav ;22,9 Ard nic ; 1,1 0 10 20 30 Art jam ; 56,3 40 50 n individus capturés/ 1000 hm² Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. 60 - 35 - Fréquence des Phyllostomidés capturés en lisière forêt xéro-mésophile / forêt marécageuse en 2006 Ard nic ; 3% Bra cav ; 28% Art jam ; 68% Mon ple; 1% Cet habitat apparaît donc très intéressant pour les peuplements de chauvessouris de la Guadeloupe : grand nombre d’individus et richesse spécifique dont deux espèces endémiques des Petites Antilles (Ardops nichollsi et Monophyllus plethodon) et une espèce remarquable, Noctilio leporinus, qui semble y utiliser la lisière et les sentiers pour se rendre sur ses lieux de pêche. Sa densité relative est égale à celle calculée en forêts inondées ; signe de l’importance de cette interface pour l’espèce. Fréquence guildes en interface forêt marécageuse/ forêt xéro-mésophile piscivore ; 4% frugivores; 96% NB : Cette fréqunce de guildes ne concerne que les espèces capturées au filet. Il faudrait y rajouter les insectivores Molossus molossus et Tadarida brasiliensis. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 36 - IV. Gîtes IV. 1 Gîtes confirmés - Grotte de « la Falaise », Sainte-Anne : Ce gîte est contrôlé depuis plusieurs années. Nous constatons le maintien de la petite colonie d’Artibeus jamaicensis (70 à 90 individus). Ce gîte mérite d’être protégé par Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope. Il pourrait être menacé par le projet de démolition de l’ancienne caserne des pompiers. Un porté à connaissance de la municipalité devrait être rappelé (espèce protégée). Une restauration de la grotte est également souhaitable (divers détritus à enlever). Plusieurs témoignages relatent l’existence d’une autre cavité au niveau de l’église du bourg qui était en relation par « un tunnel » karstique de quelques centaines de mètres avec la grotte de falaise. Il semble que ce tunnel abritait plusieurs centaines de chauves-souris « plus petites que les guimbos ». L’entrée de la cavité a été fermée. Une réouverture serait judicieuse pour offrir un gîte potentiel à d’autres espèces de chauves-souris cavernicoles (Molossidés, Natalus stramineus …). Entrée de la grotte de la Falaise Ste Anne - Groupe de Fers de lance communs Grotte de Courcelles, Saint-François Une capture en sortie de grotte a été réalisée grâce à un filet mobile de 2m60 durant 1heure. 4 Natalus stramineus (4 mâles adultes) et 1 Artibeus jamaicensis (mâle adulte) ont été capturés. La grotte a subi un effondrement partiel suite au passage de bulldozers en 2003. Entrée de la grotte de Courcelles Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 37 - Le dernier comptage effectué par Breuil et Masson avant la mise sous Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope en 1992 indique une colonie d’un millier de Natalus stramineus et d’une centaine d’Artibeus jamaicensis (Reygrobellet & Redaud, 1993). Un nouveau comptage de la colonie est nécessaire. Une vigilance particulière doit être portée au respect de l’intégrité de cette grotte. Ce n’est pas seulement l’entrée mais tout le périmètre de la grotte qui devrait être matérialisé. Il serait judicieux que soit posé un panneau indiquant l’APPB, le risque d’histoplasmose et l’interdiction d’y pénétrer. IV. 2 Gîtes découverts - Grotte de Rousseau ou Papin Morne-à- l’Eau : Découverte d’un gîte à chiroptères abritant des Monophylles des Petites Antilles (Monophyllus plethodon) ; ce qui constitue la première mention de l’espèce en Grande-Terre. Un témoignage assure que la grotte abritait plusieurs centaines de chauvesouris il y a quelques années. Ce qui est attesté par la présence de guano ancien au sol. Ce gîte potentiel pour d’autres espèces de Chiroptères mérite une protection sous forme d’Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB), éventuellement renforcée par une mise en sécurité (ouverture grillagée), compte tenu la fréquentation qu’il semble subir. Quelques détritus sont à enlever. Entrée de la grotte de Papin Rousseau Morne-à- l’Eau Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 38 - Ancienne Usine Grosse Montagne Lamentin : Découvert Caroline Tarlier et visité à plusieurs reprises (Béatrice Ibéné) ce gîte abrite des milliers de Brachyphylles des Antilles (Brachyphylla cavernarum). L’effectif de la colonie est à déterminer plus précisément. La colonie doit être préservée et prise en compte dans les projets de réhabilitation de l’ancienne usine. Un porté à connaissance de la municipalité s’impose. Salle ouverte de l’usine jouxtant le bâtiment en dur où se trouve la colonie de Brachyphylles des Antilles. - 1er pont de la route de la traversée Petit-Bourg Gîte découvert par Michel et Julien Barataud, Sylvie et Pascal Giosa. Il abrite une petite colonie de Brachyphylla cavernarum estimée à 100 -120 individus (Fréderic Leblanc). Nous voyons peu de risques d’atteinte de la colonie. Une surveillance régulière est tout de même souhaitable. Petite colonie de brachyphylles sous un pont de la rivière Bras David Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 39 - V. Commentaires spécifiques Pour chaque espèce, nous synthétisons et commentons les données disponibles dans la littérature et celles issues de nos travaux de 2006. Les ratios présentés sont ceux obtenus lors des captures au filet en milieu trophique en 2006. V.1 Ardops nichollsi annectens ¾ Synonymie : L’Ardops des Petites Antilles ; chauve-souris arboricole des Petites Antilles ; Antillean Tree Bat ¾ Systématique : Famille: Phyllostomidae Cette famille compte près de 150 espèces d’Amérique tropicale. Sous-famille : Stenodermatinae Genre : Ardops. Ce genre endémique des Petites Antilles ne compte qu’une seule espèce. Espèce : Ardops nichollsi (Thomas, 1891) On distingue 5 sous-espèces dont Ardops nichollsi annectens présente en Guadeloupe (Jones & Schwartz, 1967). Ardops nichollsi. Remarquez la feuille nasale développée. ¾ Description : C’est un Phyllostomidé caractérisé par : une taille moyenne (35cm d’envergure) ; un pelage marron clair avec deux hauteurs de poils sur la tête et le corps ; une touffe de poils blancs au niveau des épaules (moins marquée chez certains individus) ; une feuille nasale assez développée (> 5mm ; autour de 10 mm) ; l’absence de queue ; un uropatagium étroit ; Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 40 un poids de 20 à 31 grammes ; une longueur d’avant bras comprise entre 45,1 et 52,1 mm ; des iris souvent de couleur vert olive. Les femelles sont généralement plus grandes que les mâles. Ardops nichollsi. Remarquez la touffe de poils blancs sur l’épaule. Certains individus présentent une coloration jaune de la peau, bien visible à l’intérieur du pavillon auriculaire et sur la peau recouvrant les bras. ¾ Répartition géographique L’espèce est endémique des Petites Antilles où elle est assez bien répandue de St Eustache à St Vincent mais elle est inconnue à Barbade, Antigua, Barbuda et à Saint-Barthélemy. La sous-espèce Ardops nichollsi annectens est endémique de la Guadeloupe. Elle est présente en Basse-Terre et Grande-Terre ainsi qu’à Marie-Galante et à Terre-de-Bas (les Saintes). ¾ Ecologie Milieux trophiques. L’Ardops des Petites Antilles est présent dans tous les types forestiers de la Guadeloupe : bois et forêts humides, mésophiles, xéromésophiles, marécageuses, formations forestières sèches. Il a été capturé du niveau de la mer jusqu’à 960 mètres d’altitude (Masson et al., 1992). Il fréquente également les milieux forestiers dégradés et les jardins botaniques (Masson et al., 1990 ; Pedersen & Morton, 2006). La densité relative de l’espèce obtenue par les captures au filet est comparable en forêt hygrophile, mésophile et xéro-mésophile mais plus faible dans les forêts inondées et en écotone forêt mixte/ marécageuse. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 41 Il est important de noter qu’en forêt hygrophile cette densité est 5 fois plus importante que celle de la moyenne de toutes les espèces capturées. D’ailleurs, dans cet habitat, Ardops nichollsi est le frugivore majoritaire (38 %), alors qu’il ne représente que 10 % des Phyllostomidés capturés en forêt mésophile et lisières. Ardops nichollsi a donc une nette préférence pour les forêts denses humides. Gîtes. L’espèce est strictement arboricole. Elle n’a jamais été observée en gîte en Guadeloupe mais d‘après la littérature elle ne gîte que dans les arbres : dans les branchages et feuillages, mais pas dans les cavités. L’espèce a donc besoin pour gîter d’un habitat constitué de bois ou forêt relativement dense et d’arbres d’une certaine taille (meilleure dissimulation dans le feuillage). Le radiopistage d’individus de cette espèce devrait nous permettre de préciser ces exigences et la corrélation entre le choix du gîte et les sites de recherche alimentaire. ¾ Alimentation L’Ardops des Petites Antilles est une espèce frugivore. Dans l’étude menée par Masson et al. (1992 ;1994) sur la place des Chiroptères dans la dissémination par endophytosporie des plantes forestières de la Guadeloupe, Ardops nichollsi a très rarement fourni des graines. Les auteurs supposent qu’il recrache les graines après avoir ingéré le suc et la pulpe du fruit. Néanmoins plusieurs individus que nous avons capturés ont fourni des graines dont certaines reconnues comme étant des graines de Ficus et nous avons capturé un individu dans un filet placé devant un buisson de Piper spp. (Grands Fonds, Sainte-Anne). Infrutescences de Piper Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 42 A Nevis, Pedersen et al. (2006) ont vu des Ardops se nourrir de fruits de Ficus spp (petites et grosses figues), de Clusia major et de prunes mombins (Spondias mombin). Il semblerait que l’espèce puisse être occasionnellement insectivore. Pedersen et al. (1996) ont en effet observé plusieurs individus chassant autour de lampadaires en pleine ville à Montserrat. Reste que la connaissance du régime alimentaire de cette espèce endémique des Petites Antilles est fragmentaire et demande un important effort de recherche (bioacoustique, analyse des fèces, radiopistage). ¾ Vie sociale et reproduction Ardops nichollsi gîterait en couple ou par très petits groupes. Peu de données sont disponibles sur la reproduction de l’espèce en Guadeloupe. Une femelle gestante a été capturée en avril par Beuneux et al. (2000). Nous avons capturé une femelle allaitante fin octobre dans les Grands Fonds (Gosier). Ardops nichollsi ne ferait qu’un petit par an (Carstens et al., 2004). Les ratios : Ratio Ardops nichollsi (individus capturés au filet entre le 25/02/06 et le 21/10/06) 4,5 4 3,5 nombre 3 2,5 Ard nic femelle Ard nic mâle 2 1,5 1 0,5 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 séances Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 43 - Ratio global Ard nic 14 mâles 12 10 8 femelles 6 4 2 0 ¾ Conservation Statut UICN : L’UICN classe Ardops nichollsi dans la catégorie des espèces « quasi menacées » (NT) au niveau mondial. Bien qu’il ait déjà été capturé dans les forêts secondaires et les bois dégradés Ardops nichollsi est une espèce très vulnérable à la déforestation puisqu’il gîte dans les feuillages. Une réduction sensible de la densité d’arbres et particulièrement d’arbres de grande taille dans une localité aura un impact négatif sur la disponibilité en gîtes favorables à l’espèce. Ce type de gîte arboricole rend l’espèce également très vulnérable aux cyclones : faible protection contre les vents et fortes pluies pendant le passage du cyclone, défoliation persistante après le passage du cyclone (Ibéné, 2000 ; Pedersen, 2003). D’autant plus que les Phyllostomidés frugivores sont très sensibles au manque de ressources alimentaires et voient leur effectif lourdement chuter même plusieurs années après le passage de telles intempéries (Pedersen et al., 1996). On imagine que les jeunes individus sont les plus touchés. Pour les même raisons, il est probable qu’Ardops nichollsi soit également vulnérable aux fortes sécheresses (carêmes prolongés). Compte tenu de sa présence dans tous les types forestiers et de ses fréquences et densités relatives suivant les types forestiers, l’espèce nous apparaît être le meilleur bio indicateur de l’état des bois et forêts en Guadeloupe parmi les Phyllostomidés. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 44 - V.2 Artibeus jamaicensis jamaicensis ¾ Synonymie : Fer de lance commun, Artibée de la Jamaïque ; Jamaican fruit-eating Bat ; jamaican fruit bat ¾ Systématique : Famille : Phyllostomidae Sous-famille : Stenodermatinae Le genre Artibeus est complexe il comprend selon les auteurs entre 10 et 20 espèces différentes (Gannon et al., 2005). Espèce : Artibeus jamaicensis (Leach, 1821). On reconnaît jusqu’à 12 sous-espèces dont Artibeus jamaicensis jamaicensis (Leach, 1821) présente dans les Petites Antilles et la plupart des Grandes Antilles. Fer de lance commun (Artibeus jamaicensis) ¾ Description : Le fer de lance commun est un Phyllostomidé caractérisé par : une grande taille (45 cm d’envergure) ; une couleur de pelage allant du gris (chez les jeunes) au marron Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 45 2 lignes faciales claires plus ou moins marquées. C’est la seule espèce guadeloupéenne qui présente ce critère. une feuille nasale de grande taille (>5 mm ; 12 mm) ; l’absence de queue ; la présence d’un uropatagium ; un poids compris entre 27 et 63 grammes (jeune -femelle gestante) ; une longueur d’avant-bras compris entre 55,1 et 65,3 mm ; des incisives supérieures médianes bilobées. Artibeus jamaicensis en gîte (grotte de la Falaise, Sainte-Anne) ¾ Répartition géographique Le Fer de lance commun est une espèce à large répartition. Il est présent au nord de l’Amérique du Sud, en Amérique Centrale, sur toutes les îles de la Caraïbe et sur les îles Keys de Floride. En Guadeloupe sa répartition est tout aussi large : Basse-Terre, GrandeTerre et toutes les dépendances (Masson et al.,1990 ; 1992 ; Beuneux et al., 2000). Il a été capturé du niveau de la mer jusqu’aux pieds de la Soufrière à 960 mètres d’altitude. Il est présent dans toutes les stations prospectées par les deux précédentes missions (hormis celles ou aucune chauve-souris n’a été capturée). Notre inventaire confirme cette omniprésence : Artibeus jamaicensis n’est absent que dans 2 des 17 stations échantillonnées cette année. Il avait d’ailleurs été capturé dans ces 2 stations (Petit-bras David, Petit-Bourg et Morne Rouge, Sainte-Rose) par les missions précédentes (Masson et al.,1992 ; Beuneux et al., 2000). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 46 - ¾ Ecologie : Milieux trophiques. Le fer de lance commun est une espèce ubiquiste. Il est présent dans tous les milieux forestiers mais aussi dans les jardins et zones anthropiques. D’après les résultats de nos captures au filet c’est la chauve-souris frugivore la plus commune en Guadeloupe (71 % des Phyllostomidés capturés au filet en milieu trophique). C’est celle qui est présente en plus forte densité dans tous les milieux forestiers prospectés cette année, excepté en forêt hygrophile. Nous l’avons capturé en forte densité dans les ravines des Grands-fonds (43 ind /1000 h.m²), en écotone forêts mixte/marécageuse (56 ind /1000 h.m²) et en forêt mésophile et lisières (28,7 ind. /1000 h.m²). En revanche, en forêt hygrophile il ne représente que 22 % des Phyllostomidés capturés et sa densité relative n’est que de 2,7 /1000 h.m² soit près de deux fois plus faible de celle d’Ardops nichollsi. En habitat forestier, Artibeus jamaicensis fréquente la canopée, le sousbois, les chablis et les lisières. En forêt humide, bien qu’il exploite plutôt la canopée il fréquente le sous-bois pour ses gîtes d’alimentation comme en Guyane (Charles-Dominique et al., 2001). De nombreuses observations montrent que le fer de lance commun fréquente volontiers les zones cultivées (bananeraies, jardins créoles,…) les jardins et même les bourgs ou villes, dès qu’il peut exploiter des essences qu’il apprécie. Il ne craint pas de s’approcher très près des maisons et même d’en traverser les terrasses. Gîtes. Les gîtes diurnes utilisés par Artibeus jamaicensis sont très variés : grottes, abris sous roche, arbres (cavités, feuillage) et occasionnellement les constructions humaines. Masson et al. (1990) en ont vus, gîtant dans un puits de l’habitation Néron à Morne-à -l’Eau. Plusieurs gîtes cavernicoles sont connus en Guadeloupe : le Grand Trou à Diable à Capesterre de Marie-Galante, le Petit Trou à Diable à Saint-Louis, la cavité du Galion entre Bassin Bleu et la cascade Parabole à Gourbeyre, la Grotte Mastong de l’Anse Pistolet à Anse-Bertrand, … Nous confirmons la présence de l’espèce cette année dans la Grotte de la Falaise (ou des pompiers) à Sainte-Anne et dans celle de Courcelles à Saint-François. Nous avons observé à plusieurs reprises des fers de lance communs gîtant de jour en très petit groupe dans les branchages de gros manguiers (Mangifera indica). Ailleurs, l’espèce confectionne des tentes pour y gîter de jour temporairement (Ortega & Castro-Arellano, 2001). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 47 - ¾ Alimentation Le radiopistage d’individus dans des îles des Petites Antilles (Antigua, Montserrat) a montré que des individus peuvent s’éloigner jusqu’à 10-12 km de leur gîte diurne pour rechercher leur nourriture (Pedersen et al., 2006 ; Carstens, 2004). Nous constatons une émergence précoce pour cette espèce, les premiers individus sortent au crépuscule. Par exemple, en avril les premiers fers de lance sont sur leur arbre nourricier dès 18H20. Nous avons listé en annexe V la liste des essences dont les fruits ou fleurs (nectar) sont consommées ou consommables par nos Phyllostomidés. Sont jugés « consommables », les espèces végétales présentes en Guadeloupe (d’après la Flore de Fournet) et connues pour être consommées ailleurs (Antilles, Amérique du Sud, Amérique Centrale, Mexique) par des Artibeus jamaicensis ou d’autres Phyllostomidés. Le régime alimentaire du Fer de lance commun est à dominante frugivore mais éclectique. Comme dans d’autres régions de son aire de répartition, Artibeus jamaicensis consomme une grande variété de fruits en Guadeloupe : indigènes, introduits anciennement par les Amérindiens ou introduits plus récemment voire cultivés. Il s’agit de fruits de petite ou grande taille ; à très petites, petites ou grosses graines. Ils peuvent être insipides, sucrés ou amers. Même les fruits ornithophiles (colorés) sont appréciés. Nous avons également observé la consommation de fruits de Bois carré (Citharexylum spinosum). Alors que l’infrutescence orange attire le jour des oiseaux (Sporophile rouge-gorge Loxigilla noctis, Elénie siffleuse Elaenia martinica, Moqueur grivotte Margarops fuscus), le soir seuls les fruits arrivés à forte maturité (couleur brune) étaient prélevés par des Fers de lance communs. Infrutescence de Bois carré (Citharexylum spinosum) Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 48 Les fruits chiroptérochores ou « fruits à chauves-souris » sont plutôt cryptiques, de couleur terne (verdâtres, brunâtres, ou beige) ne changeant pas de couleur lors de leur maturation et en position dégagée du feuillage plus accessible aux Chiroptères (Charles-Dominique et al., 2001 ; Blanc, 2002). Toutefois, c’est essentiellement grâce à l’odorat que les fruits sont repérés (forte odeur). A l’approche finale, il est possible que la chauvesouris s’aide de son sonar pour repérer le fruit ou l’infrutescence parmi le feuillage (Nill & Siemers, 2003). Dans leur étude sur la place des Chiroptères dans la dissémination par endophytosporie des plantes forestières de la Guadeloupe, Masson et al. (1992 ; 1994) ont démontré la dissémination par Artibeus jamaicensis de plusieurs essences guadeloupéennes. En forêt humide : Bélangère batarde (Solanum torvum) et Ficus (F. insipida et 2 Ficus spp indéterminés) ; en bois et forêts xérophiles ou xéro-mésophiles : Ficus spp, Piper sp, Solanum torvum, et Cecropia schreberiana. Fruit de Figuier grandes feuilles Fruits de Bois canon ou bois trompette Charles-Dominique a calculé qu’un Artibeus en Guyane pouvait disséminer entre 5 et 25 000 graines de Bois canon (Cecropia) chaque nuit (CharlesDominique et al., 2001). Les quelles pourront germer après plusieurs années de dormance à la faveur d’une ouverture dans la forêt (chablis, déforestation). Il apparaît donc qu’Artibeus jamaicensis participe activement à la première étape de la régénération forestière en disséminant les graines d’espèces héliophiles pionnières. Généralement, les fruits sont cueillis en vol et transportés en bouche jusqu’au gîte diurne ou plus souvent au gîte nocturne d’alimentation. Il s’agit d’un arbre (branchage/feuillage) voisin ou situé à plusieurs mètres voire centaines de mètres de l’arbre porteur. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 49 - Fers de lance dégustant une figue (Ficus nymphaeifolia) sur un Poirier pays situé à quelques mètres de l’arbre porteur (Gosier). Ce mode de cueillette est régulièrement observé pour les grosses figues (Ficus nymphaeifolia), les fruits de galba (Calophyllum calaba) et les pommes framboisier (Syzygium samarangens). Nous avons également observé des fers de lance consommant leur figue cueillie, en restant suspendus sur l’arbre porteur même. 2 fers de lance consommant leur figue sur l’arbre porteur (Ficus nymphaeifolia) Les fruits à petites ou très petites graines (Piper, Cecropia, Ficus) sont avalés en entier (pulpe avec les graines rejetées intactes dans les fientes). Les fruits à grosse(s) graine(s) ou noyaux comme les pommes cannelle (Annona squamosa) sont décortiqués et la pulpe est extraite sans les noyaux. Ceux-ci peuvent être retrouvés sous le gîte d’alimentation ou dans le gîte diurne. C’est le cas des amandes d’Amandiers pays (Terminalia catappa) par exemple dont les noyaux recouvrent le sol d’un gîte connu d’Artibeus jamaicensis (Masson et al., 1992 ; obs. pers) et des fruits de palmiers (Jacques Celeste comm. pers). Nous avons capturé deux Fers de lance communs transportant des sapotilles (Manilkara zapota) dans la région des Grands Fonds (SainteAnne). Une femelle adulte de 47,5 grammes tenait en bouche (mâchoires puissantes) une sapotille entière de 34 grammes soit 71,5 % de son poids Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 50 corporel ; ce qui est nettement supérieur à ce que notent CharlesDominique et al. (2001) en Guyane : 30 à 50 %. D’autres observations nous montrent que les gros fruits peuvent être consommés directement sur l’arbre porteur, ce qui nécessite des temps de pose plus longs sur le fruit. La consommation de fruit de Clusia (Clusia major), de pomme cannelle (Annona squamosa), de sapotilles (Manilkara zapota), de papayes (Carica papaya) ou de mangues (Mangifera indica) s’effectue ainsi. Les chauves-souris alternent le vol quasi-stationnaire et le temps de pose sur le fruit même pour en extraire la pulpe. Les parties non digestes (fibres) des fruits consommés sont recrachées après mastication. Le régime alimentaire d’Artibeus jamaicensis exclusivement frugivore mais aussi nectarivore. n’est toutefois pas En Guadeloupe c’est sur les grand spécimens de Figuiers grande feuilles (Ficus nymphaeifolia) en fructification et sur les Fromagers (Ceiba pentandra) en floraison que nous avons observé les plus gros effectifs de fer de lance communs (centaine d’individus). Des séquences filmées montrent que les individus exploitent les fleurs de Fromager en vol stationnaire ou se posent sur l’inflorescence pour prélever le nectar mais aussi les étamines. Ce faisant, les chauves-souris se couvrent de pollen. Fers de lance communs sur un Fromager en fleurs, couverts de pollen. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 51 - Nous avons capturé des femelles gestantes couvertes de pollen de même type que celui des fromagers (Ceiba pentandra) en février 06 en lisière de foret marécageuse aux Abymes. Un fer de lance a été observé visitant une fleur de bananier à Gosier (Béatrice Ibéné). Ailleurs, l’exploitation de fleurs par Artibeus jamaicensis est rapportée pour plusieurs autres essences présentes en Guadeloupe : Courbaril (Hymenea courbaril), Sablier (Hura crepitans), Bois canon (Cecropia spp.) et Bombax spp (Ortega & Castro-Arellano, 2001). Il semble qu’Artibeus jamaicensis se nourrisse également de feuilles de Galba (Calophyllum calaba), d’Immortelle (Erythrina poepigiana) et de Ficus spp, afin de compléter ses apports protidiques. En revanche, malgré plusieurs observations nocturnes de baobabs (Adansonia spp.) en fleurs (Gosier), nous n’avons pas surpris de Phyllostomidés venant les exploiter. Ces arbres arrivent pourtant régulièrement à fructification. En Afrique et à Madagascar les fleurs de baobabs ne sont pollinisées que par les Ptéropodidés (Puig, 2001). Ce caractère généraliste du régime alimentaire d’Artibeus jamaicensis est sans doute un facteur de réussite de l’espèce qui trouve ses ressources alimentaires en milieu naturel ou anthropique (jardins, cultures, ..). ¾ Vie sociale et reproduction Artibeus jamaicensis vit en colonie de taille moyenne (quelques individus à une centaine). Au sein de la colonie on observe des petits groupes dont certains constituent des harems composés d’un mâle avec quelques femelles. Groupe de Fers de lance communs au sein de la colonie de la grotte de la falaise (Sainte-Anne) Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 52 - Les données disponibles dans la littérature (Ortega et Castro-Arellano, 2001 ; Pedersen et al., 2003 ; Carstens, 2004 ; Gannon et al., 2005) indiquent pour l’espèce : o une durée de gestation est de 3 mois ½ à 4 mois qui pourrait s’étendre à 6 mois (possibilité d’une « pause » de 2 mois dans le développement embryonnaire). o La possibilité de deux œstrus post-partum par an donc deux gestations par an ; mais une seule les années de sécheresse. o Une mise-bas d’un seul petit (rarement des jumeaux) à chaque gestation. o Une durée de lactation de 2 mois. Les jeunes sont volants un peu avant l’âge de 2 mois (taille définitive des avant-bras à 50j) ; la fusion des épiphyses se produit vers l’âge de 4 mois. La maturité sexuelle serait atteinte à 8 mois pour les femelles contre 12 pour les mâles. L’espérance de vie en milieu naturel serait de 9 ans. Jeune Artibeus volant capturé au filet. Remarquez son pelage gris-souris. En Guadeloupe, nous avons capturé des femelles gestantes dès le 01 mars (et en avons observé se nourrissant de nectar de Fromager le 20 février) et des post-allaitantes jusqu’à la fin octobre. Les premiers jeunes volants ont été capturés fin mai. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 53 - Les ratios obtenus en 2006: Ratio Artibeus jamaicensis (individus capturés au filet entre 25/02 et 21/10/06) 25 20 séances 15 Art jam femelle Art jam mâle 10 5 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 nombre Ratio global Art jam 90 Mâles ; 83 80 70 Femelles ; 60 60 50 40 30 20 10 0 ¾ Conservation Artibeus jamaicensis est une espèce commune et bien répandue en Guadeloupe qui ne nous semble pas menacée. Son régime alimentaire généraliste ce qui lui permet de supporter une certaine fragmentation de son territoire forestier. Soulignons cependant sa grande vulnérabilité aux cyclones (Pedersen et al., 1996). Artibeus jamaicensis est victime de destruction directe par quelques « mangeurs de guimbos » qui sévissent encore mais surtout en raison des Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 54 dégâts qu’il est censé causer dans les jardins fruitiers (sapotilles, papayes,…) et des salissures de ses fientes sur les murs des maisons ou sur les voitures, ou encore du bruit des fruits tombés sur les toitures en tôle. Traces de déjections d’Artibeus jamaicensis. Elles sont émises obliquement lors des virages. V.3 Brachyphylla cavernarum cavernarum ¾ Synonymie Brachyphylle des Antilles, Brachyphylle des cavernes, Chauve-souris à tête de cochon, Antillean Fruit-eating Bat. ¾ Systématique Famille : Phyllostomidae Sous-famille : Brachyphyllinae Genre : Brachyphylla est endémique des Antilles. Il compte 2 espèces : Brachyphylla cavernarum et Brachyphylla nana. On reconnaît 3 sous-espèces au sein de l’espèce Brachyphylla cavernarum : - B.c. cavernarum (Gray, 1834) : Petites Antilles de St Croix (Iles Vierges) à St Vincent (inconnu à Barbade) - B.c. intermedia : Puerto Rico (Genoways & Swanepoel, 1978) et les îles Vierges (sauf St. Croix) - B.c. minor : Barbade (Miller, 1913) Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 55 - ¾ Description Ce robuste Phyllostomidé se reconnaît facilement suivant ces critères : grande taille : 45-50 cm d’envergure ; feuille nasale très réduite donnant au museau un aspect de groin ; absence de queue ; uropatagium développé ; poids entre 40 et 69 gr ; longueur d’avant-bras comprise entre 63 et 69 mm. Brachyphylle des Antilles ou chauve-souris à tête de cochon ¾ Répartition géographique Brachyphylla cavernarum est une espèce endémique des Antilles. Elle n’est présente qu’à Puerto Rico et aux Iles Vierges dans les Grandes Antilles ; mais elle est bien répandue dans les Petites Antilles (Montserrat, Nevis, Antigua, Barbade, Guadeloupe, Dominique, Martinique, …). En Guadeloupe elle est connue en Basse- Terre, Grande-Terre, à MarieGalante, à la Désirade et aux Saintes. ¾ Ecologie Milieux trophiques. Le Brachyphylle des Antilles fréquente tous les types forestiers de la Guadeloupe : bois et taillis xérophiles, forêts mixtes et humides, mangroves, forêts marécageuses et les lisères. Il a été capturé du niveau de la mer jusqu’à 960 m d’altitude (Masson et al. 1992 ; Beuneux et al., 2000 ; Ibéné et al., 2006). Il nous semble qu’il est plus commun et répandu que ne le suggère les résultats de nos captures au filet : 21 captures sur 2 stations différentes ; 8% des captures totales, 11 % des captures de Phyllostomidés, densité relative de 3,6 individus /1000 h.m². D’ailleurs, Frédéric Leblanc l’a identifié au détecteur d’ultrasons à Belle Plaine Abymes et à Morne Rouge Sainte-Rose alors qu’il était absent de nos captures les mêmes soirs. Le Brachyphylle des Antilles se nourrit plutôt en canopée et la faible hauteur des filets peut expliquer les taux de capture relativement faibles. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 56 Notons toutefois la capture de 20 individus lors d’une seule soirée en écotone forêt xéro-mésophile/ forêt marécageuse dans un filet posé devant un point d’eau ; soit 28 % des Phyllostomidés capturés sur ce site. Les missions précédentes l’ont capturé d’ailleurs plus facilement en taillis et bois xérophiles dans des filets situés également autour de points d’eau (Masson et al.,1990 ; 1992 ; Beuneux et al., 2000). L’identification acoustique de Brachyphylla cavernarum étant aisée, l’utilisation d’un détecteur d’ultrasons nous permettra sans doute d’apprécier plus précisément la répartition de l’espèce en Guadeloupe. Gîtes. L’espèce gîte uniquement dans les cavités souterraines ou les constructions humaines (anciens bâtiments, ponts). Les gîtes connus de l’espèce en Guadeloupe sont la Grotte de Terre-deBas (les Saintes) où il cohabite avec des Tadarida brasiliensis et le Grand Trou à Diable à Marie-Galante. Des grottes des îles du Nord (Saint-Martin et Saint-Barthélemy) abriteraient aussi des populations de Brachyphylles des Antilles (Pedersen & Genoways, com. pers.). Nous avons découvert une colonie de milliers d’individus dans un bâtiment abandonné de l’ancienne usine de Grosse Montagne (Lamentin). Une « petite » colonie d’une centaine d’individus a également été découverte sous un pont de la rivière Bras David en février 2006 par des chiroptérologues de la SFEPM (M. et J. Barataud ; S. et P. Giosa). ¾ Alimentation Le Brachyphylle des Antilles est une espèce omnivore qui se nourrit de nectar, pollen, d’insectes mais surtout de fruits. Le radiopistage d’un mâle à Antigua a montré que le Brachyphylle des Antilles est capable d’effectuer une quarantaine de kilomètres une seule nuit pour rechercher sa nourriture (Pedersen et al., 2006). Les brachyphylles ont tendance à rechercher les fruits en groupe et dans les parties supérieures des arbres. Ils sortent à la tombée de la nuit plus tard que les fers de lance communs. Son régime alimentaire semble recouvrir en partie celui d’Artibeus jamaicensis concernant les fruits : papayes (Carica papaya), galba (Calophyllum calaba), mangues (Mangifera indica), sapotilles (Manilkara sapota), Figues (Ficus sp), fruit d’Angelin (Andira inermis) (Masson et al., 1992 ; Gannon et al., 2005 ; obs. pers). Les fleurs exploitées sont notamment celles de Catalpa (Thespesia populnea) et de Fromager (Ceiba pentandra) (Gannon et al., 2005). D’ailleurs, nous avons capturé une femelle Brachyphylle couverte de Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 57 pollen type Fromager à Sofaia (Sainte-Rose) le 02 mars 2006. Un de nous (Frédéric Leblanc) a observé l’exploitation de fleurs de galba (Calophyllum calaba) par des brachyphylles en Martinique en novembre 2006. Pedersen et al. (2003) notent aussi la consommation de fleurs, feuilles et jeunes pieds de tamarin bâtard (Leucaena leucocefala) et même d’oranges amères (Citrus orantitum) pendant un carême très sec à Nevis. Brachyphylle des Antilles couvert de pollen ¾ Vie sociale et reproduction Brachyphylla cavernarum est une espèce très grégaire. Les colonies rassemblent souvent des milliers d’individus. Issartel et Leblanc (2004) ont estimé la colonie de Balata à Fort de France - Martinique à 50 000 individus. Plusieurs visites du gîte de Grosse Montagne (Lamentin) montrent que la colonie est très active de jour. Ce qui est également noté dans le reste des Antilles. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 58 Différents auteurs (Pedersen, Gannon, Nowak) indiquent comme caractéristiques de la reproduction pour l’espèce : o Une reproduction probablement synchronisée avec une naissance autour de juin. o Une gestation de 4 mois. o La naissance d’un seul petit par an avec une éventuelle seconde gestation « les bonnes années » dans les Petite Antilles, alors que l’œstrus post-partum semble fréquent à Puerto Rico (femelles capturées gestantes et allaitantes à la fois) o Des jeunes volants dès l’âge de 2 mois. En Guadeloupe peu de données sont disponibles. Le 29 Avril 2006 nous avons capturé 15 femelles dont 13 étaient gestantes (non allaitantes). Les ratios obtenus : Ratio Brachyphylla cavernarum (individus capturés au filet entre le 25/02 et le 21/10/06) 25 20 nombre 15 Bra cav femelle Bra cav mâle 10 5 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 séances Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 59 Ratio global Bra cav 18 Femelles 16 14 12 10 8 6 Mâles 4 2 0 ¾ Conservation Brachyphylla cavernarum ne nous apparaît pas aujourd’hui menacée en Guadeloupe. Cette espèce omnivore et généraliste semble tolérer une certaine dégradation des habitats forestiers. Elle constituait d’ailleurs 4% des Phyllostomidés capturés avant Hugo à Montserrat mais 45 % après le passage dévastateur de ce cyclone (Pedersen et al., 1996). Toutefois, son caractère cavernicole et grégaire particulièrement vulnérable à la destruction des gîtes. rend l’espèce La vie en colonie de milliers d’individus prédispose également les brachyphylles aux infestations massives par les parasites externes ; ce qui peut conduire une colonie à changer de gîtes. La recherche et la protection des gîtes nous apparaissent prioritaires pour assurer la conservation de cette espèce endémique des Antilles en Guadeloupe. Les brachyphylles subissent sans doute comme les fers de lance des destructions directes (salissures et bruits lors de l’exploitation d’arbres fruitiers à proximité des maisons) et sont encore victimes de quelques « mangeurs de guimbos ». Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 60 V. 4 Chiroderma improvisum ¾ Synonymie Le Chiroderme de la Guadeloupe; Guadeloupe Big-eyed Bat; Guadeloupe White-lined Bat ; Antillean White-lined Bat, Antillean big-eyed bat. ¾ Systématique Famille : Phyllostomidae Sous-famille : Stenodermatinae Genre : Chiroderma . Le genre comprend 5 espèces. Espèce : Chiroderma improvisum (Baker & Genoways, 1976) Chiroderma improvisum est le seul Chiroderme des Antilles ; il est endémique de Guadeloupe et Montserrat (Jones & Baker, 1980). Chiroderme de la Guadeloupe ¾ Description Le Chiroderme de la Guadeloupe est une chauve-souris qui se reconnaît suivant les caractéristiques suivantes : une grande taille (40 cm d’envergure) ; pelage gris-brun ; de gros yeux ; une feuille nasale de grande taille (plus de 4 mm) ; une ligne blanche médiodorsale de 4 cm ; l’absence de queue la présence d’un uropatagium développé un poids entre 35 et 50 gr ; une longueur d’avant-bras entre 57 et 59 mm ; des incisives supérieures médianes à une pointe. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 61 - Chiroderma improvisum. Remarquez la ligne blanche médiodorsale. Incisives supérieures en pointe (critère distinctif d’Artibeus jamaicensis) ¾ Répartition géographique Chiroderma improvisum est endémique de la Guadeloupe (connu qu’en Basse-Terre) et de Montserrat. L’espèce est extrêmement rare. Seuls 5 individus ont été capturés (sur sans doute plus de 4 000 captures) : 3 à Montserrat, 2 en Guadeloupe. En Guadeloupe elle n’est connue qu‘en Nord Basse-Terre : la Jaille BaieMahault où elle a été découverte en 1974 (Baker & Genoways, 1976) et à Morne Rouge Sainte-Rose où une femelle a été capturée dans les filets ceinturant « l’Etang jeannette » (Beuneux et al., 2000). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 62 - Historique des captures de l’espèce : Date 1974 1978 1984 (14/01/84) 2000 (07/04/00) 2005 (12/07/05) Lieu de capture La Jaille Bon Goût Baie-Mahault Guadeloupe Belham Valley River Montserrat Paradise Estate Montserrat Morne Rouge « étang Jeannette » Sainte-Rose Guadeloupe Corbett spring Montserrat habitat individu Forêt marécageuse mâle Ravine forêt mixte Femelle jeune Forêt sèche Mâle non reproducteur Femelle gestante Forêt marécageuse/ mangrove/champs Bois forêt sèche/mixte Femelle allaitante ¾ Ecologie Milieux trophiques. Les deux fois où l’espèce a été capturée en Guadeloupe elle était en lisière de forêt marécageuse à Mangles médaille (Pterocarpus officinalis). Elle semble donc avoir un lien avec ce type forestier. A Montserrat, elle à été capturée en bois ou forêt xéro-mésophile et en lisière de bois xérophile. Nous n’avons pas capturé de Chiroderme cette année en dépit de recherches accrues dans les sites ou habitats similaires des stations où il avait été capturé en Guadeloupe : 2 séances de capture à l’étang jeannette ; 4 en nord Basse-Terre ; 5 captures en forêt marécageuse et lisières (Sainte-Rose, Abymes, Morne à l’eau). Gîtes. Inconnus. Aucun Chiroderme n’a été identifié dans les gîtes cavernicoles connus en Guadeloupe ou à Montserrat. La ligne blanche dorsale (cryptique), la toison épaisse et les gros yeux de cette espèce peuvent nous laisser penser que le Chiroderme de la Guadeloupe gîte dans les feuillages comme on le présume pour les Chirodermes guyanais Chiroderma villosum et Chiroderma trinitatum (Charles-Dominique et al, 2001). ¾ Alimentation Présumé frugivore. Le Chiroderme de la Guadeloupe pourrait être inféodé à la canopée comme les autres espèces de Chiroderme. Il est possible que sont régime alimentaire soit hyperspécialisé comme celui de Chiroderma doriae (Nogueira & Peracchi ; 2002), espèce qui serait la plus proche de C. improvisum d’après Baker (1978). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 63 Le radiopistage de Chirodermes en Guyane a été infructueux ce qui fait dire à Charles-Dominique et al. (2001) que les Chirodermes guyanais sont « erratiques ». ¾ Vie sociale et reproduction La seule donnée disponible en Guadeloupe est la capture d’une femelle gestante le 07 avril 2000 (Beuneux et al., 2000). Notons également la capture d’une femelle allaitante à Montserrat le 12 juillet 2005. A chaque fois un seul individu de l’espèce a été capturé ce qui peut suggérer que le chiroderme ne rechercherait pas sa nourriture en groupe important comme les autres grands Phyllostomidés (Artibeus jamaicensis, Brachyphylla cavernarum). Il se pourrait qu’il vive en très petites colonies arboricoles. ¾ Conservation L’espèce ferait partie des 10 espèces de Chiroptères les plus rares au Monde (5 individus connus au Monde). Statut UICN : L’UICN classe le Chiroderme de la Guadeloupe dans la catégorie « En danger » c'est-à-dire qu’il encourt un haut risque d’extinction dans un futur proche d’après les critères EN A2c et B1+2c qui prennent en compte son extrême rareté, sa distribution très limitée (Montserrat et Nord BasseTerre) et les menaces qui pèsent sur son habitat. En réalité, en l’état actuel des connaissances et en tenant compte de la destruction des habitats forestiers de Montserrat suite aux éruptions volcaniques Chiroderma improvisum a les critères de la catégorie UICN « CR » : En danger critique d’extinction. La Guadeloupe a donc une responsabilité primordiale dans la sauvegarde de cette espèce qui subsiste à Montserrat mais dont l’habitat forestier est fort menacé par les éruptions volcaniques passées et probablement futures. L’espèce semble avoir un lien avec les forêts littorales inondées (milieu trophique ? gîte ?). Ces milieux ont connu une très forte dégradation, par l’extension de l’agriculture puis, ces 20 dernières années, par l’urbanisation croissante du littoral de Baie-Mahault, Lamentin et Sainte-Rose. Seules les parties situées au sein de la réserve du Grand Cul-de-Sac Marin bénéficient d’une protection durable. Aussi, il apparaît crucial et urgent pour la conservation du chiroderme de la Guadeloupe de mettre en œuvre une protection forte de tous les reliquats de forêts inondées de cette région ainsi que des connections qui les relient au massif forestier de la Basse-Terre, en particulier le long des rivières. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 64 - Empiètement des zones agricoles et urbanisées sur les forêts inondées du Grand cul de sac marin (partie ouest) Compte tenu de son statut, le Chiroderme de la Guadeloupe doit bénéficier d’un programme de recherche approfondi comprenant l’identification acoustique et radiopistage afin d’obtenir une meilleure connaissance des habitats trophiques (surface, composition, attractivité,…) et des gîtes (nocturnes et temporaires) exploités par l’espèce en vue de leur protection intégrale. V.5 Eptesicus guadeloupensis ¾ Synonymie La Sérotine de la Guadeloupe ; Guadeloupe big brown Bat ¾ Systématique Famille : Vespertilionidae C’est une grande famille qui comprend plus de 300 espèces. Genre : Eptesicus Le genre Eptesicus compte 23 espèces dont E. fuscus largement répandu (Amérique du Nord Centrale et nord de l’Amérique du Sud) qui est présente dans les Grandes Antilles, à la Dominique et peut-être à Barbade (Genoways et al., 2001) Espèce: Eptesicus guadeloupensis (Genoways & Baker, 1975). Elle est endémique de la Guadeloupe. ¾ Description La Sérotine de la Guadeloupe se reconnaît à : sa taille moyenne ; un pelage brun dessus, clair dessous ; un nez renflé ; sa queue dépasse légèrement de l’uropatagium ; son poids : 19-22 gr ; sa longueur d’avant-bras comprise entre 49,6 - 53,6 mm. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 65 - Sérotine de la Guadeloupe ¾ Répartition géographique La Sérotine de la Guadeloupe est endémique de la Guadeloupe. Elle n’est connue qu’en Basse-Terre. Découverte en lisière de forêt marécageuse à Baie-Mahault en 1974 (Genoways & Baker, 1975 ; Baker et al ; 1978). Elle est également connue dans les stations de Sofaia Sainte-Rose, Sarcelles Goyaves, et Neuf Château Capesterre Belle Eau (Masson et al., 1990 ;1992 ; Beuneux et al. 2000). Historique des captures : Auteurs, date publication 1989 Baker & Genoways, 1975 Masson et al., 1990 1992 Masson et al., 1992 2000 Beuneux et al., 2000 2000 Beuneux et al., 2000 1974 Habitat Forêt marécageuse Forêt humide Lisière forêt mésophile/ bananeraie Forêt humide Lisière forêt mésophile/bananeraie Localité commune La Jaille Baie-Mahault Sofaia Sainte-Rose Sarcelles Goyave Sofaia Sainte-Rose Neuf châteaux Capesterre BE n 3 3 1 2 1 10 n : nombre d’individus capturés Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 66 ¾ Ecologie Milieux trophiques. La Sérotine de la Guadeloupe apparaît comme une espèce forestière. Il faut noter qu’elle n’a pas été capturée à nouveau en forêt marécageuse depuis sa découverte en 1974. Elle a depuis été capturée en forêt humide et en forêt mésophile, ainsi qu’en lisière de ces types forestiers avec les bananeraies. Site de Sofaia où Eptesicus guadeloupensis a été systématiquement capturée lors des misions précédentes mais pas en 2006 En 2006, elle est absente de nos captures même dans les stations et habitats où elle avait été préalablement capturée (au moins 4 séances de captures). L’identification acoustique de cette espèce endémique de la Guadeloupe permettrait de mieux appréhender sa répartition réelle et les milieux qu’elle fréquente. Gîtes. Inconnus. ¾ Alimentation La sérotine de la Guadeloupe semble chasser en canopée et dans les espaces forestiers ouverts. Masson et al. (1990) ont trouvé dans les fèces de 2 individus des restes de termites imagos et coléoptères. ¾ Reproduction Compte tenu du faible nombre de spécimens connus (10) très peu de données sont disponibles. Masson et al. ont capturé en février 1989 une femelle post-allaitante et une femelle subadulte. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 67 Les 2 mâles capturés par Beuneux et al en avril 2000 semblaient en activité sexuelle (gonades apparentes). ¾ Conservation La Sérotine de la Guadeloupe est une espèce rare d’après les inventaires par captures aux filets en Guadeloupe continentale : 3/331 captures en 1989 ; 1/ 329 en 1992 ; 3/243 en 2000 ; 0/274 en 2006. Du fait de sa très faible répartition mondiale (Basse-Terre), de sa faible fréquence de capture et de son écologie (milieux forestiers dont certains non protégés), L’UICN place cette espèce parmi les espèces En Danger EN B1+2C. La Sérotine de la Guadeloupe est menacée par la déforestation et la fragmentation des habitats forestiers (bois et forêt mésophiles et inondées). Cette grosse insectivore est sans doute aussi menacée par l’usage excessif des pesticides notamment des organochlorés (dieldrin, chlordécone) en milieux forestiers et lisières qui peuvent non seulement diminuer la quantité des proies mais également contaminer la chaine alimentaire et se concentrer à chaque niveau trophique (bioamplification). Il est probable que la sérotine concentre ainsi les insecticides contenus dans ses proies. Phénomène de bioaccumulation démontré chez d’autres espèces de la famille, en particulier chez une espèce proche et de même poids qu’Eptesicus guadeloupensis : E. fuscus. O’Sheat et al. (2000) ont trouvé dans certains organes de cette sérotine dont le cerveau des taux élevés de métaux lourds et d’organochlorés (DDT, Dieldrin). Or, certains de ces produits ont été largement employés en Guadeloupe (DDT, HCH, Lindane, …) et se retrouvent en grande quantité dans les eaux de source (Bonan & Prime., 2001) et dans certains organismes (Bouchon & Lemoine, 2003). Des pesticides organochlorés et pyréthrinoïdes, rémanents et bioaccumulables sont encore trop volontiers utilisés notamment par la l’agriculture, la spéculation bananière et l’élevage. L’accumulation de tels polluants chimiques dans l’organisme des mammifères (cerveau, gonades, foie, pancréas,…) peut entraîner une mortalité directe ou d’importantes perturbations des fonctions endocriniennes avec des répercussions entre autres, sur la reproduction, et l’immunité. L’absence de capture d’Eptesicus guadeloupensis en 2006 dans les milieux où elle avait été capturée des années auparavant à la même période nous apparaît très préoccupante d’autant qu’elle est présente dans le sud Basse-Terre région fortement touchée par la pollution aux organochlorés comme en témoigne le rapport de Bonan et Prime (2001). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 68 Cette espèce prioritaire doit bénéficier dans les années à venir d’études spécifiques : • • • • • • • identification acoustique prospection acoustique dans les stations où elle avait été capturée afin d’objectiver son apparente raréfaction prospection acoustique dans les forêts littorales inondées. prospection acoustique générale à la Basse-Terre puis plus largement effort de capture ciblé suivant les résultats de la prospection acoustique radiopistage (milieux trophiques et gîtes diurnes) recherche de polluants (pesticides en particulier) dans les fèces d’individus capturés en lisière de bananeraies. V.6 Molossus molossus ¾ Synonymie Molosse commun; Velvety free-tailed Bat, Pallas’s mastiff bat ¾ Systématique Famille : Molossidae. C’est une grande famille composée de 16 genres et plus de 100 espèces différentes dont 2 sont présentes dans les Antilles : Molossus molossus et Tadarida brasiliensis appelées sont la dénomination commune molosse. Genre : le genre Molossus comprend au moins 5 espèces, peut-être 8 (Gannon et al., 2005). Espèce : au sein de l’espèce on reconnaît jusqu’à 9 sous-espèces dont Molossus molossus molossus (Pallas, 1766) présente dans les Petites Antilles. Molossus molossus ¾ Description Le Molosse commun est caractérisé par : une petite taille (25 cm d’envergure) ; un pelage allant du brun foncé presque noir au rouille ; un museau court à évoquant celui des chiens molosses ; des oreilles soudées sur le front donnant l’impression qu’il porte une visière ; une lèvre supérieure lisse ; une queue mobile dépassant nettement de l’uropatagium ; Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 69 un poids entre 11 et 19 gr. une longueur d’avant bras entre 35,3 et 40,7 mm Molosse commun pelage rouille (Sainte-Anne) Certains mâles ont une glande gulaire développée. Des individus capturés dans la région de Baie-Mahault/Sainte-Rose présentaient des zones cutanées dépigmentées type vitiligo (Masson et al. 1990 ; Ibéné et al, 2006). Molosse commun avec lésions de dépigmentation cutanée (Sainte-Rose) Les longs poils présents sur les pieds auraient pour rôle d’informer l’animal sur les turbulences pendant le vol (Pedersen & Morton, 2006). Pied de Molossus molossus munis de longs poils Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 70 - ¾ Répartition géographique Le Molosse commun a une large répartition. Il est présent en Amérique du Sud et Centrale ainsi que sur toutes les îles de la Caraïbe. En Guadeloupe cette espèce très commune est connue sur toutes les îles de l’Archipel. ¾ Ecologie Milieux trophiques. C’est un insectivore de plein ciel et d’espaces ouverts. Les observations montrent que les molosses chassent en plein ciel tant au dessus d’espaces naturels (forêts, bois, zones humides,…) qu’en milieux anthropiques (champs, zones pâturées, villes) et même sur la côte au dessus de la mer. Nous avons capturé Molossus molossus dans 8 stations sur les 17 prospectées mais elle était sans doute présente dans toutes les autres comme le suggèrent l’inventaire acoustique de Frédéric Leblanc et nos observations de molosses chassant en plein ciel. La prospection acoustique devrait confirmer cette omniprésence et la diversité des habitats exploités par cette espèce. Gîtes. Molossus molossus est une espèce de fissures. Elle utilise sa queue mobile pour tâter son environnement à reculons. Elle gîte en milieu naturel dans les arbres - écorces soulevées, fissures, creux, cavités, loges de Pic de la Guadeloupe (Melanerpes lherminieri) – mais aussi dans les fissures, anfractuosités des falaises et des cavités souterraines. Le Molosse commun affectionne particulièrement les constructions humaines gîtant volontiers sous les toitures de tôle ondulée. Molossus molossus Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 71 - ¾ Alimentation et activité de chasse Les Molosses communs sortent généralement au crépuscule, une demiheure avant le coucher du soleil et chassent durant les 2 premières heures après. Une seconde période de chasse plus brève se produit juste avant le lever du soleil. Entre les deux séances de chasse ils rentrent dans une sorte de torpeur. Des molosses ont été observés (Christian Pentier) rentrant à leur gîte sous toiture vers 23H00 au mois de mai. Le Molosse commun est plutôt un insectivore de plein ciel chassant au dessus de la canopée ou d’espaces ouverts. Il a les caractéristiques des chauves-souris agiles et rapides capables d’effectuer des brusques piqués et crochets : ailes longues, étroites, charge alaire élevée autour de 4 kg/m². Il peut également adopter le comportement des insectivores de canopée poursuivant ses proies entre les couronnes d’arbres jusque dans les layons forestiers. Nous avons d’ailleurs capturé des molosses communs en sentier forestier bien après l’heure supposée de sortie de gîte, probablement en chasse. Ce qui laisse à penser qu’ils alternent chasse en canopée et en sous-bois le long des layons forestiers. Plusieurs observations de molosses, montrent des individus chassant au dessus des routes traversant des massifs forestiers avec des piqués à plus basse altitude. En milieu ouvert et par temps couvert, les molosses semblent chasser plus près du sol, même en milieu ouvert. Nous en avons ainsi observé chassant à moins de d’un mètre du sol au dessus de champs pâturés. La littérature indique que Molossus molossus chasse une très grande diversité de petits insectes volants : moustiques, papillons, punaises, fourmis volantes, coléoptères, guêpes, …- (Gannon et al., 2005) Pedersen et Morton estiment qu’un molosse consomme chaque nuit entre 100 et 600 insectes de la taille de moustiques. ¾ Vie sociale et reproduction Le Molosse commun vit en colonie de quelques individus à une trentaine. On peut entendre des cris sociaux (sons basse fréquence audibles à l’oreille humaine) au crépuscule pendant les séances de chasse crépusculaires ou nocturnes (en particulier quand 2 individus se croisent) ou encore, au gîte durant la nuit voire la journée en période de reproduction. En Guadeloupe, nous avons capturé des femelles gestantes de fin février à fin mai. Les femelles donnent naissance à deux petits par an. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 72 - Les ratios obtenus en 2006 : Ratio Molossus molossus (individus capturés entre le 25/02 et le 21/10/06) 20 18 16 14 nombre 12 Mol mol femelle Mol mol mâle 10 8 6 4 2 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 séances ratio global Mol mol 50 Femelles 45 40 35 30 25 20 15 Mâles 10 5 0 ¾ Conservation Molossus molossus est sans doute l’espèce la plus répandue et la plus commune de la Guadeloupe. Elle a pu s’adapter aux modifications des habitats naturels opérés par l’Homme. On peut considérer que l’espèce est même favorisée par l’homme bâtisseur qui lui offre nombre de gîtes potentiels sous les toitures. Cette proximité peut engendrer des dérangements aux habitants (odeur, crottes, bruits,…). Nous avons eu connaissance de multiples destructions Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 73 volontaires : aspersions toxiques, à base par exemple d’endosulfan –un organochloré -, empoisonnement d’individus ou de colonies entières par les occupants ou par des sociétés. Nous avons d’ailleurs saisi les autorités à plusieurs reprises à ce sujet. Plusieurs cas de prédation par des chats et même par des chiens nous été rapportés et nous en avons reçus ainsi blessées (Béatrice Ibéné). Nous avons observé plusieurs attaques de Crécerelles d’Amérique (Falco sparverius) et de Faucons pèlerins (Falco peregrinus) sur des molosses (Molossus molossus ou Tadarida brasiliensis) au crépuscule ; notamment à la sortie de gîtes (falaises de la Pointe des Châteaux). V.7 Monophyllus plethodon luciae ¾ Synonymie Monophylle des Petites Antilles, Fer de lance de la Barbade, Antillean long-tongued Bat ; Insular single leaf bat ¾ Systématique Famille : Phyllostomidae Sous-famille : Glossophaginae (13 genres) Genre Monophyllus endémique des Antilles (Baker & Genoways, 1978). Il comprend 2 espèces : Monophyllus redmani (Leach, 1821) présente dans les Grandes Antilles et Monophyllus plethodon (Miller, 1900) présente dans les Petites Antilles Espèce : Monophyllus plethodon. On reconnaît 3 sous-espèces (Schwartz & Jones, 1967 ; Homan & Knox, 1975) : M. p. plethodon (Miller, 1900) restreinte à la Barbade M. p. luciae (Miller, 1902) présente en Guadeloupe et dans les autres Petites Antilles M. p. frater (Anthony, 1917) connue que sous forme de fossile à Puerto Rico Monophyllus plethodon – Remarquez le museau allongé adapté au régime alimentaire (nectarivore/pollinivore) ¾ Description Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 74 Ce petit Phyllostomidé se reconnaît facilement à différents critères : une taille moyenne, environ 30 cm d’envergure ; un pelage brun dessus, clair dessous ; un museau allongé ; une feuille nasale de petite taille (< 5 mm) ; une langue longue et extensible ; la présence d’un uropatagium peu développé ; une queue de petite taille (moins de 20 mm) ; une longueur d’avant-bras de 40 à 44,9 mm ; un poids entre 12 et 21 grammes ¾ Répartition géographique L’espèce est endémique des Petites Antilles au sein desquelles sa distribution est large. Elle est connue au Nord, à Saba, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Antigua, Barbuda, Nevis, St Kitts, Montserrat ; et au Sud, en Guadeloupe, Dominique, Martinique, Sainte Lucie, Saint Vincent et à la Barbade. Elle n’est connue à Puerto Rico que sous forme de fossile. En Guadeloupe, elle n’était connue jusqu’alors qu’en Basse-Terre et à Marie-Galante. En 2006, nous l’avons découverte en Grande-Terre où sa présence était soupçonnée puisque l’espèce fréquente d’autres îles sèches des Petites Antilles. ¾ Ecologie Milieux trophiques. En Guadeloupe, Monophyllus plethodon a été capturé du niveau de la mer (Rousseau, Morne à l’eau) jusqu’à 960 m d’altitude (Bains jaunes, Saint-Claude). Nous avons capturé des monophylles en forêt humide, mésophile et lisières ainsi qu’en interface de forêt mixte et marécageuse où elle représente respectivement 6%, 5% et 3 % des Phyllostomidés capturés avec une densité relative respectivement de 0,7 ; 1,9 et 2,2 individus /1000 h.m². Il faut remarquer que les captures au filet de Monophyllus plethodon semblent aléatoires. Ainsi, elle figurait parmi les espèces les plus rarement capturées par Baker et al. (1970) puis par Masson et al en 1989 et en 1992 (3% des Phyllostomidés) ; alors qu’elle représente 12,8 % des Phyllostomidés capturés par Beuneux et al. en 2000. En 2006, elle ne constitue que 3 % de nos captures de Phyllostomidés. Dans certaines stations elle peut représenter prés de 31 % des Phyllostomidés capturés (Neuf château Capesterre, lisière de forêt mésophile/bananeraies - Beuneux et al., 2000) et même 50 % en forêt hygrophile (Bains jaunes – Beuneux et al., 2000). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 75 Monophyllus plethodon fréquente également forêt, bois et taillis xérophiles des régions calcaires puisqu’elle est bien présente sur des îles sèches comme Marie-Galante, Antigua et même St Barthélémy. Ces résultats nous laissent à penser que pour obtenir une meilleure idée de la répartition de l’espèce en Guadeloupe et rechercher sa présence dans les forêts sèches, xéro-mésophiles et marécageuses, il vaudrait mieux cibler les prospections (captures et détection acoustique) sur les arbres en floraison susceptibles d’êtres exploités. Gîtes. L’espèce gîte dans les cavités d’arbres et dans les cavités souterraines. Les seuls gîtes connus en Guadeloupe sont le Grand Trou à Diable à Marie-Galante et la grotte de Papin à Morne-A-L’eau. Monophylle des Petites Antilles, pelage recouvert de pollen fin (Sofaia) Le radiopistage d’individus permettrait peut-être de déterminer qu’elle type d’arbre est recherché par Monophyllus plethodon comme gîte. ¾ Alimentation Le Monophylle des Petites Antilles est typiquement une espèce nectarivore/pollinivore. Elle possède les caractéristiques des Glossophaginés dont l’anatomie est adaptée à ce régime alimentaire (Charles-Dominique et al., 2003) : allongement du museau, allongement de la langue qui est extensible dont les papilles à l’extrémité forment une « brosse » facilitant la récolte du pollen et du nectar, raccourcissement de la feuille nasale, réduction de la taille des dents par rapport aux autres Phyllostomidés, lèvre inférieure fendue formant une gouttière pour le passage de la langue… Toutefois, le Monophylle consomme également des petits fruits et chasse des insectes (Pedersen & Morton, 2006). Masson et al. (1992) n’ont eu aucune graine dans les fèces de 8 individus capturés mais y ont trouvé des grains de pollen et des écailles de Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 76 lépidoptères (Masson et al., 1990). Pedersen et al. (2003) en ont observé mangeant des Piper spp. Parmi les 5 individus capturés cette année une femelle (non reproductrice) avait la tête couverte de pollen. La plupart des essences exploitées par cette espèce en Guadeloupe est pour l’instant inconnue. La recherche devrait s’effectuer en premier lieu sur les essences de lianes, arbustes et arbres de sous-bois et de canopée dont les fleurs ont le « syndrome de chiroptérophilie » (Puig, 2001 ; Charles-Dominique et al, 2001), ou sont connues ailleurs pour attirer les Phyllostomidés nectarivores (cf. liste en Annexe). C’est par exemple le cas des fleurs du Palétuvier jaune (Symphonia globulifera) et des lianes Marcgravia umbellata et Mucuna spp . Les fleurs ou inflorescences chiroptérophiles sont généralement pendantes, notamment à l’extrémité de longs pédicelles. D’autres sont dressées ou se trouvent sur les troncs ou rameaux en dehors du feuillage (cauliflorie), toujours facilement accessibles par les chauves-souris comme celles du calebassier (Crescentia cujete). Les fleurs chiroptérogames sont odorantes, souvent de couleur claire. Elles possèdent de longues étamines et produisent un nectar abondant. Leur anthèse est plutôt nocturne. La fréquence de capture de Monophyllus plethodon à proximité des bananeraies suggère qu’elle visite les fleurs de bananiers (Musa spp). Un groupe de Monophylles a été observé se nourrissant sur des fleurs de Poix doux blanc (Inga laurina) (Isabelle Houllemare & Michel Barataud). Des Phyllostomidés de petite taille ont été observés (Isabelle Houllemare) exploitant des fleurs de Courbaril (Hymenea courbaril) sans diagnose d’espèce. Cette essence est par ailleurs connue pour sa chiroptérophilie (Cf. Annexe IV). Sur les îles sèches, le Monophylle pourrait se nourrir également de nectar et pollen des fleurs de Bois couleuvre (Capparis spp), Cactus (Hylocereus spp) et d’Agaves (Agave spp). A Puerto Rico, une espèce proche, Monophyllus redmani visite les fleurs de Bananiers (Musa spp), Goyaviers (Psidium guajava), langues de vieilles femmes (Albizia lebbek), Tamarins bâtards (leucaena leucocephala), Cactus cierge (Pilocereus) et palmiers (Gannon et al., 2005). Fleur de Cactus cierge Fleur d’Agave sp Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 77 - ¾ Vie sociale et reproduction Il semble que les Monophylles des Petites Antilles vivent en petites colonies. Nous avons capturé des femelles gestantes fin avril et fin juin ; et une allaitante fin juin. Dans les îles du Nord des Petites Antilles, des femelles gestantes ont été capturées de janvier à juillet et des allaitantes de mai à août (Pedersen & Morton, 2006). Ratios : Curieusement nous n’avons capturé que des femelles en 2006. Ratio Monophyllus plethodon (individus capturés au filet entre le 25/02 et le 21/10/06) 2,5 2 nombre 1,5 Mon ple femelle Mon ple mâle 1 0,5 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 séances Ratio global Mon ple 6 Femelles 5 4 3 2 1 0 Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 78 ¾ Conservation Statut UICN : L’UICN classe Monophyllus plethodon menacées » au niveau mondial (NT). Déboisements et l’espèce. parmi les espèces « Quasi déforestation sont néfastes au maintien de Cette petite espèce nectarivore/pollinivore semble très vulnérable aux cyclones (Pedersen et al., 1996) et aux carêmes sévères qui la privent de ses principales ressources alimentaires à l’instar des autres espèces nectarivores comme les colibris (Ibéné, 2000). Le seul gîte connu en Guadeloupe continentale est celui que nous avons découvert en 2006. L’espèce apparaît donc particulièrement vulnérable aux extractions de matériaux (carrières), constructions ou aménagements susceptibles de détruire des gîtes inconnus (littoral, Grands Fonds, ….). L’effort de recherche sur les gîtes doit être poursuivi (recherche de cavités souterraines et radiopistage). La chiroptérogamie des essences guadeloupéennes en particulier indigènes est méconnue. Des recherches complémentaires sont donc nécessaires. Elles passent par une focalisation des observations et de la détection acoustique sur les essences susceptibles d’êtres exploitées dans les différents milieux forestiers (forêts humide, mixte, sèche, forêts inondées). Ces prospections permettront de préciser les préférences alimentaires de l’espèce, de déterminer les essences à préserver et à favoriser lors de restauration de milieux, pour le maintien de l’espèce dans un habitat donné. Elles pourraient également permettre de déterminer le rôle écologique de cette espèce pollinisatrice dans l’écologie forestière des milieux, en particulier de savoir dans quelle mesure des essences indigènes voire endémiques, dépendent elles du Monophylle des Petites Antilles pour leur reproduction sexuée. V.8 Myotis dominicensis ¾ Synonymie Myotis de la Dominique ou Murin de la Dominique ; Dominican myotis ¾ Systématique Famille : Vespertilionidae Genre : Myotis Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 79 Espèce : Myotis dominicensis (Miller, 1902). Elle est endémique de la Dominique et de la Guadeloupe (Basse-Terre). L’espèce proche, Myotis martiniquensis est endémique de la Martinique et de la Barbade. ¾ Description Le Myotis de la Dominique est un des plus petits mammifères au Monde reconnaissable à différents critères: sa très petite taille ; sa couleur brune ; son uropatagium développé ; sa queue incluse dans l’uropatagium ; ses pattes postérieures courtes ; son poids : de 3,8 à 5,5 grammes ; une longueur d’avant bras comprise entre 34,4 et 36,4 mm. Myotis de la Dominique ¾ Répartition géographique Myotis dominicensis est présent en Dominique et en Guadeloupe où il n’est connu qu’en Basse-Terre. Découvert par Masson et Breuil en 1989 dans le sud de la Basse-Terre (Grand Etang Capesterre Belle Eau), il a depuis été capturé également à Petit-Bourg. Nous l’avons découvert en 2006 dans le nord de la BasseTerre (Sofaia, Sainte-Rose). Des prospections au détecteur à ultrasons permettraient d’avoir une meilleure idée de la distribution cette espèce facile à identifier acoustiquement (Barataud et al., 2006 ; Issartel & Leblanc, 2004). ¾ Ecologie Milieux trophiques. Le Myotis de la Guadeloupe fréquente la forêt humide. Il est connu dans les stations de Grand Etang, Petit Bras David et Sofaia (Masson et al. 1990, 1992 ; Ibéné et al. 2006). En 2006, il représente 9 % des espèces capturées en forêt humide avec une densité relative de 1,30 individu /1000hm². Comme Masson et Breuil (1992), nous l’avons capturé à Grand Etang et à Sofaia, dans des filets situés en sous-bois à travers une piste forestière. Les deux individus ont été capturés à environ 1 m 50 du sol, mais d’après Michel Barataud, le Myotis de la Dominique chasse plutôt en canopée (voir plus loin). Le Myotis de la Dominique fréquente également les bananeraies en lisière des formations mésophiles. Il a même représenté jusqu’à 13,6 Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 80 % des captures réalisées par Beuneux et al. dans la station de Neuf château Capesterre Belle Eau, en 2000. A la Dominique, le Myotis semble plus abondant et est plus largement répandu, il est considéré comme commun sur cette île (Genoways et al., 2001). Il est connu non seulement en forêt humide, le long de rivières mais aussi aux abords des bananeraies et au dessus de champs pâturés… Gîtes. Inconnus en Guadeloupe. Masson et Breuil soupçonnent qu’il gîte dans les anfractuosités des rochers. A la Dominique, ses gîtes sont cavernicoles mais une colonie d’une centaine d’individus a également été découverte dans le clocher d’une église (Genoways et al., 2001). ¾ Alimentation et comportement de chasse Le Murin de la Dominique est un insectivore forestier de canopée d’après Michel Barataud qui chasserait ses proies entre les couronnes d’arbres et dans les espaces où elles circulent comme les layons, d’où sa capture possible dans les filets traversant les sentiers forestiers. Masson et al. (1992) ont trouvé des restes de Coléoptères, Diptères Nématocères et écailles de Lépidoptères dans les fèces des 2 Myotis dominicensis découverts à Grand Etang en 1989. Sa présence aux abords des bananeraies laisse à penser qu’il pourrait se nourrir aussi d’insectes attirés par les bananeraies. Michel Barataud a pu suivre à vue et acoustiquement, pendant 50 minutes, un Myotis capturé à Grand Etang le 28 février 2006 et équipé d’une gélule luminescente. Il a constaté que l’individu a chassé en permanence dans le feuillage de la canopée le plus souvent entre 15 et 20 m de hauteur. Son vol est rapide et plutôt linéaire, avec quelques crochets correspondant à des tentatives de capture de proies. Ce comportement est typique des insectivores pratiquant la chasse en poursuite de petits insectes actifs (autrement dit dont l’activité est nocturne et implique des déplacements en vol au sein du feuillage) : diptères nématocères, lépidoptères, hyménoptères. Barataud a noté que durant le suivi l’individu s’est cantonné sur un territoire forestier restreint, d’environ 2 ha ce qui peut laisser à penser qu’il exploite de petits territoires de chasse avec peut-être une bonne fidélité intra saisonnière et inter annuelle. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 81 - Un Myotis capturé le 28 février au bord de Grand Etang, et relâché avec une capsule luminescente qui a permis son suivi continu pendant 50 min. ¾ Vie sociale et reproduction A la Dominique, des colonies de plusieurs centaines d’individus ont été observées en gîte. Elles sont organisées en groupe comprenant chacun une centaine d’individus. Sur cette île des mâles reproducteurs ont été capturés en avril et des femelles allaitantes en juillet (Genoways et al., 2001). En Guadeloupe peu de données sont disponibles. Masson et al. ont capturé 2 mâles en 1989 et 1 mâle/4 femelles en 1992. Les 3 mâles sur les 4 capturés par Beuneux et al. en avril 2000 semblaient en activité sexuelle (gonades apparentes). Les 2 mâles que nous avons capturés en 2006 (28 février et 02 mars) ne présentaient aucun signe d’activité sexuelle. Ratios obtenus en 2006 : Ratio Myotis dominicensis individus capturés au filet les 28/02 et 03/03/06 1,2 1 nombre 0,8 Myo dom femelle Myo dom mâle 0,6 0,4 0,2 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 séances Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 82 Ratio global Myo dom 2,5 Mâles 2 1,5 1 0,5 0 ¾ Conservation La fragmentation des habitats forestiers et la pollution par les pesticides (baisse du nombre de proies, bioamplification) nous apparaissent comme les principaux facteurs de déclin de l’espèce. Statut UICN : L’UICN classe Myotis dominicensis parmi les espèces Vulnérables (VU A2c, D2) c'est-à-dire confronté à un haut risque d’extinction à moyen terme en raison de sa distribution restreinte et des menaces pesant sur ses habitats. Murin de la Dominique Cette espèce mérite de bénéficier de recherche complémentaire (identification et prospection acoustique, radiopistage) afin de préciser ses habitats et de tenter de trouver ses gîtes. Le Myotis de la Dominique est à rechercher en Grande-Terre et à MarieGalante (ravines xéro-mésophiles ??) Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 83 - V.9 Natalus stramineus stramineus ¾ Synonymie Natalide isabelle, Natalide paillé ; Funnel-eared bat ; chauve-souris à oreille entonnoir du Mexique ¾ Systématique Famille : Natalidae La famille comprend un seul genre : Natalus Espèce : Natalus stramineus (Gray, 1834) Les derniers travaux d’Adrian Tejedor (Tejedor et al., 2005 ; Tejedor, 2006) tendent à reconnaître 8 espèces de Natalus dont N. tumidirostris au nord de l’Amérique du Sud, N.espiritosantensis en Amérique du Sud (Brésil, Bolivie, Paraguay), N. mexicanus en Amérique Centrale, N. major dans les Grandes Antilles et N. stramineus qui occupe les Petites Antilles. Ce taxon est donc une nouvelle espèce endémique des Petites Antilles. Tejedor sépare les populations de la Dominique - N. s. dominicensis - de celles du nord des Petites Antilles - N.s. stramineus - mais il semble qu’il n’ait pas examiné de spécimens de la Guadeloupe ni de Marie-Galante (Genoways comm. pers.). Sous-espèce : a priori Natalus stramineus stramineus Natalus stramineus ¾ Description Natalus stramineus est une petite et légère chauve-souris qui se reconnaît à plusieurs critères : Une très petite taille ; un pelage beige pâle à roux ; son museau dénudé ; oreilles aux pavillons pointus et bien développés en entonnoir (« funnel ») ; de très petits yeux ; des jambes très longues, environ égales à la longueur tête-corps un uropatagium très développé englobant la queue ; une longueur d’avant-bras comprise entre 35 et 48 mm ; un poids de 4 à 7 grammes. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 84 - Cette délicate chauve-souris possède un patagium et uropatagium très développés. La surface alaire est donc importante autour de 4700 mm² et la charge alaire très faible autour de 1 kg/m². Caractéristiques qui lui permettent un vol lent papillonnant et une grande manœuvrabilité. Ce qui fait dire à Pedersen & Morton (2006) qu’on peut la confondre avec un gros papillon de nuit ! Natalide paillé ¾ Répartition géographique Jusqu’aux récents travaux de Tejedor, il était admis que Natalus stramineus était présent essentiellement au nord de l’Amérique du Sud, sur la côte atlantique d’Amérique Centrale (jusqu’au Mexique) ainsi que dans les Petites Antilles. Mais, Tejedor restreint l’espèce désormais aux Petites Antilles, de la Dominique à Anguilla. Dans les Petites Antilles le Natalide paillé est connu à la Dominique, en Guadeloupe, à Antigua et Barbuda, à Montserrat, Nevis, Saint-Martin, à Saba et Anguilla (Pedersen & Morton, 2006 ; Tejedor, 2006). Issartel et Leblanc (2004) le citent également en Martinique. En Guadeloupe, le Natalide paillé est connu en Grande-Terre (Moule, Sainte-Anne), à Marie-Galante et à Terre-de-Bas aux Saintes (Masson et al., 1990 ;1992). Il a été découvert en Basse-Terre en 2000 par Beuneux et al. Il faut souligner que l’espèce se prend rarement au filet probablement grâce à son vol lent et papillonnant. Aussi, la plupart des données relèvent d’individus vus ou capturés en gîte ou non loin du gîte. (Masson et al., 1990 ; 1992 ; Breuil, 1997). Il en est d’ailleurs de même dans les îles avoisinantes (Pedersen et al, 2003 ; 2006). Il n’est pas évident que la bioacoustique permettra de mieux connaître la répartition de l’espèce en Guadeloupe. En effet, les signaux émis étant faibles et de très haute fréquence (Issartel & Leblanc, 2004 ; Barataud comm. pers.), ils risquent d’être difficiles à percevoir sur le terrain, ou alors ils le seront si l’animal est très proche du détecteur (moins d’1 m). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 85 - ¾ Ecologie Milieux trophiques. Natalus stramineus est un insectivore forestier de sous-bois. En Guadeloupe, comme dans le reste des Petites Antilles il a été capturé principalement dans les forêts, bois ou taillis xérophiles. Sa capture en forêt humide à Morne Mazeau Deshaies (Beuneux et al., 2000) montre qu’il fréquente également d’autres types forestiers mais il est probable qu’il n’y soit pas capturé par les filets de sentier. Reste que les milieux forestiers xérophiles notamment à proximité des gîtes, apparaissent comme les habitats de chasse de prédilection de Natalus stramineus. Gîtes. Natalus stramineus est une espèce strictement cavernicole. Pedersen et al. (2003) soulignent l’exigence pour l’espèce de grotte humide, sans doute en relation avec le risque de déshydratation de cette petite espèce à grande surface alaire. Issartel et Leblanc (2004) ont découvert une toute petite colonie dans un tunnel du canal de Beauséjour en Martinique. Seuls deux gîtes d’importance sont connus en Guadeloupe : le Grand Trou à Diable à Marie-Galante (plusieurs centaines d’individus d’après Masson et Breuil, 1990) et la « grotte de Courcelles » ou de l’Anse à la Barque à Saint-François. Masson et al. ont estimé la colonie présente dans ce dernier gîte entre 700 et 1000 individus en 1992. Nous avons confirmé la présence de Natalus stramineus dans cette grotte fin 2006, mais l’effectif de la colonie est à réévaluer depuis le passage de bulldozers sur la grotte et le défrichement de la forêt littorale alentour (voir plus loin). Les autres gîtes signalés sont la « Petite Voûte Valras » à Sainte-Anne par Pinchon en 1964 (Breuil, 1997) et une grotte du Moule utilisée comme décharge sauvage et désertée depuis (Masson et al, 1992). Il existe sans doute d’autres cavités notamment dans les îles calcaires (Grande-Terre, Marie-Galante,…) et aux Saintes abritant des colonies de Natalides paillés à découvrir ; d’ailleurs 4 Natalus stramineus ont été capturés en forêt xérophile de Terre-de-Bas sans que l’on connaisse leur gîte (Masson et al., 1992). Pedersen et al (2003 ; 2006) notent que l’occupation des gîtes peut être intermittente dans l’année et d’une année à l’autre. ¾ Alimentation Son régime alimentaire est peu connu. Pour Pedersen & Morton le Natalide paillé chasse de très petits insectes volants mais il possède surtout les caractéristiques d’un glaneur qui prospecte les feuillages en quête d’insectes posés. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 86 Son vol lent et sa grande manœuvrabilité conférés par sa très faible charge alaire, lui permettent de circuler dans le sous-bois. ¾ Vie sociale et reproduction Très peu données sont disponibles. A l’intérieur de leur gîte les natalides paillés se tiennent plutôt à distance les uns des autres. Une femelle gestante a été capturée en août 64 (Baker, 1978) et des femelles en activité sexuelle ont été capturées à la Dominique en avril (Pedersen et al., 2001). Nous avons capturé 4 mâles adultes le 18 novembre 2006 sans activité sexuelle apparente. La dynamique de reproduction est faible, les femelles ne faisant qu’un petit par an (Nowak, 1997). ¾ Conservation Statut UICN : Le statut actuel de Natalus stramineus LC (Least Concern) concerne l’espèce que l’on considérait à large répartition. La prise en compte des nouvelles données restreignant la distribution de l’espèce à quelques îles de Petites Antilles, le faible nombre de colonies connues, la fragmentation de ses habitats forestiers (déboisements, urbanisation..) et l’exigence comme gîtes pour l’espèce de cavités souterraines humides, font que Natalus stramineus a tous les critères pour faire partie de la catégorie Vulnérable de L’UICN (Tejedor, 2006). En Guadeloupe, nous considérons que Natalus stramineus est menacée. La principale menace qui pèse sur la survie de cette espèce strictement forestière est la déforestation qui touche singulièrement ses habitats de prédilection à savoir les forêts et bois xérophiles du littoral. Ces milieux peu protégés ont subi une très forte dégradation par l’extension galopante des structures hôtelières, résidences et aménagements côtiers, mais aussi par l’agriculture. Actuellement c’est surtout la culture melonnière qui fait reculer les bois xérophiles du nord Grande-Terre. Les natalides ne semblent pas capables d’effectuer de longs trajets pour chercher leur nourriture (Tejedo et al., 2005). Aussi, les individus vont plutôt chasser dans les milieux boisés situés autour de leur gîte. Le cas du défrichement de la forêt de Daube à Courcelles Saint-François est symptomatique du danger qui pèse sur l’espèce en Guadeloupe. En 2003, une bonne partie des 18 hectares d’une forêt littorale - au sein de la quelle se trouve la grotte de Courcelles - a été rasée par un promoteur pour un projet de construction d’un haras. Cette parcelle (propriété du Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 87 Conseil Général) était pourtant reconnue comme site remarquable du littoral au titre de la loi « littoral » (Loi N°86-2 du 03/01/1986) et repris à ce titre dans le Schéma d’Aménagement Régional de la Guadeloupe comme « espace naturel à protection forte ». Depuis ce défrichement illégal mais autorisé en un premier temps par le Préfet, aucune mesure de restauration n’a été prise et le terrain est aujourd’hui colonisé par des taillis d’acacias. Les bulldozers en action de défrichement sont même passés sur la grotte pourtant protégée par Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope depuis 1994 (N°94-1162) alors qu’elle était menacée par des projets de constructions touristiques (Reygrobellet & Redaud, 1993). La grotte a subi un effondrement partiel. Les conséquences sur les populations de chauves-souris n’ont pas été expertisés mais les natalides sont connus pour être très sensibles aux vibrations (chute mortelle au sol alors que les individus sont en torpeur). Un procès verbal a été dressé pour infraction à l’APPB. Entrée de la « grotte de Courcelles » Défrichement de la forêt littorale sèche de Daube Saint-François : disparition de l’habitat trophique de Natalus stramineus et atteinte de la grotte de Courcelles, seul gîte connu de l’espèce en « Guadeloupe continentale ». Dans ces habitats xérophiles les gîtes humides sont absolument cruciaux pour cette espèce sujette à la déshydratation (Pedersen et al., 2006). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 88 Il apparaît primordial pour la sauvegarde de cette espèce en Guadeloupe d’instaurer une protection légale forte des bois et forêts xérophiles du littoral encore préservés. Les ravines boisées du littoral abritent potentiellement des gîtes qu’il conviendrait de rechercher. Il faudrait également envisager une restauration de ces habitats fragmentés et dégradés (reboisement, corridors, …). Les études ou notices d’impact préalables aux défrichements, constructions ou aménagements dans ces milieux doivent donc rechercher et prendre en compte la présence de Natalus stramineus et de gîtes cavernicoles potentiels. Une meilleure connaissance éco-éthologique de l’espèce passe par le radiopistage d’individus (structure du territoire, surface, …) et la recherche de gîtes. Le Natalide paillé pourrait également bénéficier d’une étude sur la recherche de pesticides dans les fèces. V.10 Noctilio leporinus mastivus ¾ systématique Famille : Noctilionidae Un genre Noctilio inféodé à l’Amérique tropicale qui ne comprend que 2 espèces : Noctilio leporinus et Noctilio albiventris Espèce type : Noctilio leporinus (Linnaeus, 1758) Noctilio leporinus vue de face On reconnaît 3 sous-espèces : - Noctilio leporinus leporinus, - Noctilio leporinus rufescens - Noctilio leporinus mastivus (Vahl, 1977) présente dans les Antilles, en Amérique Centrale et au nord de l’Amérique du Sud (Hood & Jones, 1984). ¾ Synonymie Noctilion pêcheur, Noctilion bec de lièvre, chauvesouris bouledogue, Greater Bulldog bat, Greater Fishing bat, Big fishing bat, Fisherman bat. ¾ Description C’est la plus grande chauve-souris des Antilles facilement reconnaissable à différents critères : Noctilion pêcheur Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 89 - une grande taille : envergure spectaculaire de 60- 70 cm ; longueur totale du corps de 112-130 mm ; un museau tronqué de chien « bouledogue » conféré par ses lèvres pendantes ; des lèvres supérieures fendues en « bec de lièvre » de longues oreilles ; une coloration du pelage variable du chamois au brun souvent rousse, en Guadeloupe ; une ligne médiodorsale claire ; le patagium des ailes part du dessus du dos lui donnant un aspect nu sur ses 1/3 latéraux ; de longues pattes et de grands pieds griffus ; un uropatagium très développé ; une queue dont l’extrémité dépasse d’1 cm au milieu de la partie dorsale de l’uropatagium ; un poids de 40 à 80 grammes ; de très longs avant-bras : 81-88 mm. Notons aussi la dépigmentation plus ou moins importante du patagium au niveau de son raccord à la peau du dos. Profil du Noctilion pêcheur Vue dessus du Noctilion pêcheur. Remarquez l’uropatagium très développé Une autre particularité de cette espèce est son odeur rance conférée par la sécrétion d’une substance huileuse jaunâtre qui enduit son pelage et sa peau, principalement au niveau du patagium (protection contre la salinité ?). ¾ Répartition géographique Le Noctilion pêcheur est présent en Amérique tropicale, du Mexique au nord de l’Argentine et dans plusieurs îles des Grandes et des Petites Antilles (Hood & Jones, 1984). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 90 - En Guadeloupe, elle est connue en Basse-Terre, Grande-Terre ainsi qu’à Marie-Galante. ¾ Ecologie Milieux trophiques. Les milieux de prédilection de cette chauve-souris pêcheuse sont les forêts inondées et les autres zones humides : rivières, estuaires, lagunes, marais, étangs, rivages… Noctilio leporinus est absente de l’inventaire réalisé en 2000 par Beuneux et al, sans doute en raison de l‘absence de capture en forêt inondée. En 2006, elle représente 9 % de nos captures en mangrove ou forêt marécageuse et leurs lisières et 4 % de celles réalisées en interface forêt inondée/forêt mixte. Dans ces deux types forestiers sa densité relative est identique : 3,4 individus / 1000 hm². Nous ne l’avons pas capturé dans d’autres habitats. Les captures (7 individus) ont concerné des individus venus pêcher (étang jeannette) ou empruntant les sentiers. En effet, Noctilio leporinus semble volontiers utiliser les sentiers forestiers traversant les forêts de palétuviers ou de mangles médailles ainsi que ceux séparant les massifs de forêt marécageuse de la forêt xéro-mésophile. Dans ces sentiers, elle vole à très faible hauteur (captures à moins d’1 m). Nous avons même observé des individus rasant le sol et passant sous les filets ! D’après Frédéric Leblanc, elle doit également utiliser les lisières pour se repérer. Plusieurs observations directes complètent ces données de capture. Des noctilions pêcheurs ont ainsi été observés en action de chasse dans plusieurs stations de formations inondées : la Grande Rivière à Goyaves, le canal de Belle Plaine (Abymes), le Grand Cul-de-Sac Marin, les lagunes de Grande Anse à Deshaies, des Salines et de l‘Anse Dumont à Gosier et celles d’un des îlets du Petit Cul-de-Sac Marin (Masson et al., 1990 ;1992 ; Béatrice Ibéné obs. pers. ; J. Celeste, comm. pers. ; F. Leblanc, détection acoustique). Noctilio leporinus a également été observé au dessus de mares de Grande-Terre situées en lisière de forêt sèche du littoral (Sainte-Anne, Saint-François, Anse-Bertrand), d’anciens bassins à ouassous en lisière de forêt mésophile (Lamentin) et sur le lac d’altitude Grand Etang en forêt hygrophile (obs. pers ; Masson et al., 1990 ; 1992) Les observations en bord de mer sont plus rares. Johan Chevalier en aurait observé au dessus de la mer sur la plage de Folle Anse à SaintLouis, Marie-Galante (comm. pers.). Des prospections acoustiques compléteront sans doute les données relatives aux habitats utilisés par Noctilio leporinus en Guadeloupe. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 91 - Gîtes. Les gîtes diurnes du Noctilion pêcheur demeurent inconnus en Guadeloupe. Ailleurs dans les Petites Antilles, il gîte dans les grottes, crevasses et dans les grands arbres creux (cavités), par exemple les Fromagers Ceiba pentandra (Hood & Jones, 1984 ; Pedersen et al., 2006). Les gîtes cavernicoles peuvent être partagés avec d’autres espèces de Chiroptères (Hood & Knox, 1984). Un de nous (Frédéric Leblanc) a découvert une colonie de 80 individus dans un ancien four à chaux en Martinique en novembre 2006. Il est possible que le Noctilion pêcheur utilise les arbres des formations inondées comme gîte nocturne d’alimentation ou comme gîte diurne (notamment les cavités de Pterocarpus officinalis). Des prospections du littoral (côte nord orientale, côte sous le vent), permettront peut-être de trouver ses gîtes cavernicoles diurnes en Guadeloupe, à l’instar des recherches d’Issartel et Leblanc en Martinique (2004). ¾ Alimentation et comportement de chasse Noctilio leporinus est une espèce essentiellement piscivore mais elle chasse également de gros insectes aquatiques. Elle chasse dans les eaux calmes. Des études menées à Puerto Rico ont montré qu’un noctilion pêcheur consomme chaque nuit 30 à 40 poissons de 25 à 76 mm long. Les tilapias (Oreochromis mossambicus) figurent parmi ses proies préférées (Gannon et al., 2005). La technique de chasse de cette chauve-souris est maintenant bien connue (Wenstrup & Suthers, 1984). Seuls les poissons de surface sont repérés par le sonar du Noctilion grâce aux remous crées par leur nageoire dorsale. Comme dans la technique de pêche du Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus), le poisson (ou l’insecte aquatique) est capturé par les longs pieds munis de longues griffes acérées. Au contact de l’eau, l’uropatagium de la chauve-souris se rétracte alors par le repli de la queue et des calcars. La proie est ensuite ramenée à la bouche avant d’être dégustée le plus souvent au gîte d’alimentation (un arbre, une cavité ou un abri sous roche). Dans les eaux très poissonneuses les Noctilions patrouillent « en aveugle » à la surface de l’eau, les pattes postérieures tendues (CharlesDominique et al., 2005). Cette technique de chasse à été observée en Guadeloupe dans les eaux calmes du Grand Cul-de-Sac Marin (J. Céleste, comm. pers.). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 92 - Noctilion pêcheur ailes déployées de face et de dos. Remarquez la rétraction des calcars le longs des cuisses et la longueur des pattes postérieures (pieds en particulier) D’après Gannon et al (2005) les noctilions sont actifs tout au long de la nuit chassant durant plusieurs heures. Les auteurs ont constaté une grande fidélité des individus à leurs sites de chasse et leurs gîtes nocturnes qui peuvent rassembler des individus de colonies différentes (de gîtes diurnes différents). Les femelles chasseraient en groupe. Nous avons effectivement capturé des individus qui semblaient se déplacer en petit groupe et une femelle adulte capturée (Abymes) a émis des cris sociaux. Le radiopistage d’individus pourrait nous amener des informations complémentaires sur les habitats de chasse de l’espèce, les gîtes nocturnes d’alimentation et les gîtes diurnes (sélection des gîtes et territoires, fidélité, comportement de chasse, …). ¾ Vie sociale et reproduction En gîte cavernicole les colonies seraient constituées de moins d’une centaine d’individus (souvent une trentaine) formant des petits groupes. D’après Gannon et al. (2005), les harems comprennent un mâle avec de 2 à 9 femelles. Généralement les femelles ne font qu’un seul petit par an (Hood & Jones, 1984). Il existe très peu de données disponibles concernant la reproduction de cette espèce dans les Petites Antilles. Pedersen et Morton (2006) indiquent que les naissances se situent entre avril et mai (accouplement probablement en décembre). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 93 - Nous avons capturé un mâle reproducteur (testicules apparents) fin juillet 2006. Ratio Noctilio leporinus (individus capturés au filet entre 25/02 et 21/10/06) 3,5 3 2,5 nombre 2 Noc lep femelle Noc lep mâle 1,5 1 0,5 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 séances Ratio global Noc lep 4,5 Mâles 4 3,5 Femelles 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 ¾ Conservation L’espèce n’a pas de statut UICN, toutefois les populations mondiales sont considérées en déclin (Hutson et al., 2001).. La dégradation des zones humides est sans doute un des principaux facteurs de déclin. Rappelons que la dynamique de reproduction de l’espèce est faible (un seul petit par an). Noctilio leporinus est quasi-inféodée aux zones humides qui sont des habitats menacés en Guadeloupe par les remblais, l’urbanisation, les aménagements côtiers et les pollutions. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 94 Noctilio leporinus est connue pour être sensible à la bioamplification des pesticides et autres polluants (métaux lourds, hydrocarbures, …). Dans les réseaux trophiques complexes comme c’est le cas dans l’écosystème des mangroves, l’espèce peut donc concentrer ces substances jusqu’à une dose toxique. La sauvegarde de cette espèce en Guadeloupe passe par la préservation de ses habitats de chasse : les zones humides ; particulièrement les plans d’eau calme (lagunes, embouchures de rivières, étangs,…). L’urbanisation croissante du littoral risque de détruire des gîtes cavernicoles. L’étude prioritaire pour cette espèce nous apparaît être la recherche de ses gîtes diurnes et sites de reproduction (recherche de grottes littorales, radiopistage) en vue de leur protection et de leur suivi à long terme, comme le préconise l’UICN (Hutson et al., 2001). Elle devrait également être l’objet d’une étude visant à préciser son régime alimentaire en Guadeloupe et à rechercher la présence de polluants, par exemple dans les fèces. V.11 Pteronotus davyi davyi ¾ Synonymie Ptéronote de Davy, Chauve-souris à dos nu, Lesser Naked-backed Bat ¾ Systématique Famille : Mormoopidae. Genre : Pteronotus compte 6 espèces. Espèce : Pteronotus davyi (Gray, 1838) au sein de laquelle on reconnaît 3 sous-espèces : - P. d. davyi présente dans les Petites Antilles - P. d. fulvus - P. d. incae ¾ Description Le Ptéronote de Davy se reconnaît facilement à différents critères : Pteronotus davyi sa petite taille (autour de 80 mm de long) ; son pelage sombre ; son aspect caractéristique « à dos nu » conféré par le patagium qui se prolonge jusque sur le dos au niveau de la ligne médiodorsale ; Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 95 son uropatagium développé, relié aux tibias par de longs calcars qui replient complètement l’uropatagium en face ventrale ; sa queue développée (22mm) est incluse dans l’uropatagium dans 2/3 de sa longueur puis passe au travers de celui-ci (10-15 mm de queue « libre ») ; son poids entre 7 et 10,3 grammes (d’après la clé de Masson & Breuil - individus de Marie-Galante) ; sa longueur d’avant-bras : entre 44,9 et 46,8 mm. Nous pouvons également noter plusieurs critères caractéristiques de la tête du Ptéronote de Davy : - oreilles lancéolées narines incorporées à la lèvre supérieure moustache sur le museau Lèvre inférieure munie d’un « menton en plateau extensible » Les lèvres donnent ainsi à la bouche un aspect en entonnoir (rôle dans la focalisation des émissions sonar) Ptéronote de Davy – profil de la tête ¾ Répartition géographique La distribution de Pteronotus davyi est discontinue de l’Amérique du Sud jusqu’au nord de l’Amérique Centrale (Mexique). Elle est absente en Guyane et dans les Grandes Antilles (Adams, 1989). La sous-espèce Pteronotus davyi davyi est présente en Amérique Centrale (Nicaragua, Costa Rica), dans le nord de l’Amérique du Sud (Colombie, Venezuela, Trinidad) et au sud des Petites Antilles (Grenade, Saint Vincent, Martinique, Dominique et Marie-Galante). En l’état actuel des connaissances, Marie-Galante est l’île la plus au nord de sa répartition antillaise et la seule de l’Archipel guadeloupéen où l’espèce est présente. Faute de séance de capture à Marie Galante nous n’avons pas examiné de Ptéronote de Davy en 2006. Fréderic Leblanc n’a d’ailleurs eu aucun contact de cette espèce durant ses prospections au détecteur à ultrasons en diverses localités de Grande-Terre et de Basse-Terre. Le sonar de cette espèce est pourtant très caractéristique et facile à reconnaître (Issartel & Leblanc, 2004). ¾ Ecologie Milieux trophiques. L’espèce semble préférer les habitats mésophiles et xérophiles (Adams, 1989). A la Dominique, Pteronotus davyi est connu du niveau de la mer jusqu’à 400 m d’altitude (Genoways et al., 2001). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 96 A Marie-Galante, Masson et al. (1992) l’ont capturé dans les filets bordant un étang situé en lisière de champs de canne à sucre et de bois de manguiers. Des prospections acoustiques permettraient sans doute de mieux connaître les habitats et stratégies de chasse de l’espèce à Marie-Galante. Gîtes. L’espèce est cavernicole. Elle semble préférer les grottes sombres, chaudes et humides. Elle gîte également dans les mines. Les colonies sont généralement très importantes et peuvent compter jusqu’à des centaines de milliers d’individus (Adams, 1989). Issartel et Leblanc (2004) estiment à au moins 10 000 individus la colonie de Pteronotus davyi de la Grotte de Bellefontaine en Martinique (1 des 2 seuls gîtes connus sur cette île). Le seul gîte connu pour cette espèce en Guadeloupe est le Grand Trou à Diable à Marie-Galante qu’elle partage avec 4 autres espèces. Masson et al. (1990) estiment que la colonie de Pteronotus davyi comporte plusieurs centaines d’individus. La dernière capture réalisée au Grand Trou à Diable (2000) a montré que les Ptéronotes sont les premiers à sortir du gîte au crépuscule. Des observations réalisées en sortie de gîte nous laissent à penser que la colonie est plus nombreuse. Une estimation plus précise est donc à réaliser. ¾ Alimentation Le régime alimentaire de cette espèce insectivore principalement des Lépidoptères et des Diptères. comprendrait ¾ Reproduction Les femelles n’ont qu’un œstrus annuel. Très peu de données disponibles pour les populations des Petites Antilles. A la Dominique, des femelles gestantes ont été capturées en mars et une allaitante fin juillet (Genoways et al., 2001). ¾ Conservation L’espèce n’est pas considérée comme menacée au niveau mondial. La connaissance plus précise des habitats et comportements de chasse de l’espèce (milieux boisés ? milieux ouverts ? zones humides ? chasse en lisière forestière ? diversité des habitats trophiques, …) permettra de mieux évaluer les risques qui pèsent sur l’espèce à Marie-Galante. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 97 - V.12 Sturnira thomasi thomasi ¾ Synonymie Sturnire de la Guadeloupe; Guadeloupe yellow-shouldered Bat; Thoma’s yellow-shouldered bat; Guadeloupe epauleted bat ¾ Systématique Famille : Phyllostomidae Sous-famille Stenoderminae Genre : Sturnira comprend 13 espèces dont Sturnira lilium présente à Trinidad et dans 4 îles des Petites Antilles. Espèce : Sturnira thomasi (de la Torre et Schwartz, 1966) Sturnira thomasi thomasi Genoways (1998) différencie nettement deux sous-espèces : - Sturnira thomasi thomasi endémique de la Guadeloupe Sturnira thomasi vulcanensis endémique de Montserrat. ¾ Description Sturnira thomasi est un Phyllostomidé caractérisé par : une taille moyenne (35cm d’envergure) ; un pelage brun foncé, brun roux ou brun grisâtre dessus, plus clair dessous une feuille nasale assez développée (> 5mm ; autour de 10 mm) ; des yeux grands l’absence de queue ; un uropatagium atrophié ; un poids entre 24,5 et 38 grammes (chez une femelle gestante); une longueur d’avant bras comprise entre 45,9 et 49,2 mm ; une zone de pelage jaunâtre au niveau des épaules (toutefois absent chez certains individus capturés en Guadeloupe comme chez les spécimens connus à Montserrat) ; Le Sturnire de la Guadeloupe Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 98 - Portrait de 3 Sturnira thomasi capturés en 2006 en 3 localités différentes. ¾ Répartition géographique Sturnira thomasi a été découverte en Guadeloupe (Sofaia, Sainte-Rose) par de la Torre et Schwartz en 1966 et à Montserrat par Pedersen et al. en 1994 (1996). Sur cette île, elle est extrêmement rare puisque seuls 3 spécimens sont connus : 1 individu capturé en 2005 et 1 en 2006 depuis sa découverte en 1994. En Guadeloupe, elle n’est connue qu’en Basse-Terre. Elle a été capturée dans plusieurs localités du Nord au Sud du massif forestier de la Basse-Terre. Sa fréquence de capture est cependant globalement faible : 1,2 % des captures (4/331) en 1989, 7,3 % (26/352) en 1992, 2% en 2000 (5/ 243) et 3,65 % (10/274) en 2006 (Masson et al.1990, 1992 ; Beuneux et al., 2000 ; Ibéné et al., 2006). En 2006, nous l’avons capturé en 5 localités différentes de 60 à 460 mètres d’altitude. Nos captures ont confirmé sa présence à Sofaia, SainteRose et Vernou, Petit-Bourg. Nous l’avons de plus trouvé dans 3 nouvelles localités : Caféière Deshaies, Boubers Lamentin et Forêt de Frédy à Capesterre-Belle-Eau. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 100 avons capturés en forêt hygrophile et 13 % de ceux capturés en forêt mésophile. Tous les Sturnires de la Guadeloupe capturés en 2006 l’ont été entre 0 et 4 mètres de hauteur de filet, comme ceux capturés par Masson et al. (1992). En forêt mésophile nous en avons capturé uniquement dans les filets situés sur les sentiers forestiers ; alors que dans les mêmes stations des fers de lance communs ont également été capturés dans les filets placés en lisière de bananeraie ou d’un autre milieu ouvert ou dans les filets situés devant un point d’eau. Sturnira thomasi préfère donc exploiter le sous-bois comme Sturnira lilium et Sturnira tildae en Guyane (Charles-Dominique et al., 2001). A Montserrat, l’écologie de l’espèce semble différente puisqu’elle n’a été capturée qu’en forêt humide au fond des ravines (Pedersen, comm. pers.) Gîtes. Inconnus en Guadeloupe comme à Montserrat ¾ Alimentation Des observations réalisées le soir de capture nous font penser que les Sturnires de la Guadeloupe recherchent leur nourriture en petits groupes. Grâce à la remarquable étude réalisée par Masson et al. (1992 ;1994) sur la dissémination par endophytosporie des plantes forestières de la Guadeloupe par les Phyllostomidés, nous avons une bonne connaissance de son régime alimentaire. Ces travaux ont montré que Sturnira thomasi dissémine activement les graines d’au moins 10 espèces des forêts hygro-mésophiles. Elle consomme les infrutescences d’épiphytes telles les Ailes à mouche (Asplundia rigida) et les siguines (Philodendron scandens, P. lingatulum). Infrutescences d’Asplundia rigida, épiphyte endémique des Petites Antilles. La position érigée des infrutescences facilite leur repérage par les chauvessouris. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 101 Le rôle essentiel que jouent les Chauve-souris dans la dissémination des lianes et épiphytes du sous-bois est bien connu en Amérique tropicale. Comme le fait remarquer Blanc (2002), les graines germées des épiphytes n’ont que très peu de chance au sol alors que dans les fientes liquides des chauves-souris émises obliquement lors des virages de l’animal, elles ont toutes les chances d’atterrir sur un support vertical (tronc) et de pouvoir ainsi s’y installer. Sturnira thomasi consomme également les fruits d’arbustes de sous-bois de la famille des Piperacae, « bois cierge » ou « queue à rat « (Piper dilatum ; Piper aequale, Piper spp) et d’arbres « bois canon » ou « bois trompette » (Cecropia schreberiana), espèces pionnières. Elle participe donc activement à la régénération forestière. L’étude de Masson et al. (1992) révèle que Sturnira thomasi est un agent disséminateur par endophytosporie particulièrement efficace puisque 88 % des individus capturés ont fourni des graines. Soulignons que cette espèce endémique des Petites Antilles dissémine au moins une espèce végétale elle aussi endémique des Petites Antilles (Asplundia rigida). Le régime alimentaire de Sturnira thomasi semble recouvrir en partie celui d’Ardops nichollsi (consommateur de fruits de Piper spp) et celui d’Artibeus jamaicensis qui recherche également les fruits de Bois canon (Cecropia schreberiana). ¾ Reproduction Nous avons capturé des femelles gestantes au mois de mai, des postallaitantes fin septembre et des mâles reproducteurs (testicules apparents) fin août ; ce qui suggère que la période de reproduction s’étendrait d’avril à septembre, coïncidant avec un envol des jeunes en période ou les ressources alimentaires sont les plus importantes (juillet-novembre). Stade reproducteur des 10 Sturnira thomasi capturés en 2006 : Stade reproducteur MNR FNR FG FG FNR MR MR FPL FPL FPL date 02/03/2006 02/03/2006 07/05/2006 07/05/2006 27/05/2006 26/08/2006 26/08/2006 23/09/2006 23/09/2006 23/09/2006 Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 102 - Les ratios obtenus en 2006 : Ratio Sturnira thomasi (individus capturés au filet entre le 25/02 et le 21/10/06) 3,5 3 2,5 nombre 2 Stu tho femelle Stu tho mâle 1,5 1 0,5 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 séances Ratio global Stu tho 8 Femelles 7 6 5 4 Mâles 3 2 1 0 Nos données de 2006 sont en accord avec celles publiées. En juillet 1974, Jones et Genoways ont capturé en Guadeloupe 2 femelles allaitantes, une subadulte et une juvénile (Jones & Genoways, 1975). A Montserrat en 1994, Pedersen et al. (1996) ont découvert une femelle gestante en mai. ¾ Conservation Statut UICN : L’UICN classe Sturnira thomasi dans la catégorie des espèces mondialement En Danger suivant les critères B1+2c (faible répartition, habitats menacés,…). Sturnira thomasi est menacée par la disparition et la fragmentation de ses habitats forestiers hygrophiles et mésophiles. Espèce de sous-bois, elle Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 103 apparaît très sensible à la coupe forestière. La menace est d’autant plus importante dans les formations forestières mésophiles non protégées et où s’opèrent des coupes à blanc. Sturnira thomasi est très rare à Montserrat et les éruptions volcaniques ont détruit son habitat forestier (Pedersen, 2001). La présence de cette espèce est à prendre en compte lors d’interventions en forêt mésophile et hygrophile. Le maintien de corridors boisés entre les massifs forestiers est très important pour cette espèce qui ne semble pas aimer voler « à découvert ». Défrichement étendu en forêt mésophile à Ziotte Deshaies (station qui abritait Sturnira thomasi d’après Masson et al., 1990) Sturnira thomasi est à rechercher en Côte sous le vent (du nord au sud) et dans les formations forestières de basse altitude. L’obtention de données éco-éthologiques (gîtes, surface du territoire trophique, fidélité spatio-temporelle, …) par du radiopistage est nécessaire pour établir un plan de restauration de cette espèce menacée. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 104 - V.13 Tadarida brasiliensis antillularum ¾ Synonymie : Tadaride du Brésil, Brazilian free-tailed Bat ¾ Systématique Famille : Molossidae. Genre : Tadarida compte 10 espèces. Espèce : Tadarida brasiliensis (Miller, 1902). On reconnaît 9 sous-espèces dont Tadarida brasiliensis antillularum présente dans les Petites Antilles et à Puerto Rico (Wilkins, 1989). ¾ Description Le Tadaride du Brésil est un Molossidé reconnaissable à plusieurs critères : une petite taille : 28 cm d’envergure ; des oreilles arrondies très larges et courtes (qui ne se rejoignent pas complètement sur le front comme chez Molossus molossus) ; la lèvre supérieure plissée (critère qui le distingue de Molossus molossus, chez lequel la lèvre supérieure est lisse) ; le pelage est brun à roux dense et court dessus, plus clair et plus long Tadaride du Brésil dessous ; l’uropatagium est développé ; sa queue dépasse de moitié de l’uropatagium ; un poids de 8,8 à 12 grammes ; une longueur d’avant-bras comprise entre 37 et 39,7 mm. Comme chez Molossus molossus les pieds possèdent de longs poils et il existe une glande gulaire chez les femelles et les mâles (plus développée chez les mâles reproducteurs). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 105 - Lèvre supérieure lisse Molossus molossus Lèvre supérieure plissée de Tadarida brasiliensis Uropatagium arrondi au niveau de la queue chez Molossus molossus Uropatagium remonte plus haut sur le dos et est rectiligne au niveau de la queue chez Tadarida brasiliensis Critères distinctifs des 2 espèces de molosses présentes en Guadeloupe au niveau de la tête et de l’uropatagium ¾ Répartition géographique Tadarida brasiliensis a une très large distribution. Elle est connue de l’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Chili) jusqu'aux Etats Unis (au sud d’une ligne Oregon - Caroline du Nord) ainsi que dans les Petites et Grandes Antilles (Wilkins, 1989). La sous-espèce T.b. antillularum est présente de St Vincent à Puerto Rico (Gannon et al., 2005). En Guadeloupe Tadarida brasiliensis, est présente en Grande-Terre, à Basse-Terre et aux Saintes (Terre-de-Bas). ¾ Ecologie Milieux trophiques. Insectivore de plein ciel, elle chasse dans les milieux ouverts et au dessus de la canopée. Elle a été capturée par les différentes missions en forêt humide (Grand Etang, Petit Bras David…), mésophile, marécageuse (La Jaille), xéromésophile (Grands Fonds) et en forêt sèche. Masson et al. (1990) l’ont même capturé dans un filet situé au bord d’une falaise à Terre-de-Bas. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 106 Nous l’avons capturé cette année dans une seule localité en lisière de forêt mésophile (L’Ermitage Goyave). Les 9 individus ont tous été capturés dans un filet installé devant un point d’eau. La densité relative apparaît faible (1,57 individu/ 1000hm²) mais rappelons que les molosses se prennent difficilement au filet. Les captures antérieures ont d’ailleurs concerné pour la plupart, des individus en sortie de gîtes (carbet) ou venus s’abreuver. L’identification acoustique de Tadarida brasiliensis - si elle diffère de Molossus molossus - permettra sans doute d’avoir une meilleure connaissance de la répartition de l’espèce en Guadeloupe. Le Tadaride du Brésil apparaît toutefois moins fréquent et répandu que l’autre Molossidé, le Molosse commun. Gîtes. Le Tadaride du Brésil est typiquement une espèce de fissure mais elle peut également exploiter les façades. Elle utilise une grande diversité de gîtes : cavités souterraines, arbres (fissures et cavités), constructions humaines (ponts, toitures d’habitation, ….). Le plus seul gîte cavernicole connu pour cette espèce en Guadeloupe, sont les grottes de Terre-de-Bas aux Saintes qui abriterait de milliers d’individus (Reygrobelellet & Redaud, 1993). Nous ne connaissons cependant pas l’état de la colonie depuis les tremblements de terre qui ont touché l’île en 2005. Nous avons trouvé des Tadarida brasiliensis gîtant sous les toitures d’habitation, mais aussi de différents carbets en forêt humide au sein du Parc National (aires de pique-nique de Corossol, Bras David, …). D’ailleurs, le carbet de Grand Etang qui abritait une colonie, signalée dans les rapports de Masson et al. (1990) et de Beuneux et al. (2000), a pourtant été détruit ! Beuneux et al. (2000) ont découvert une colonie dans une des grottes Caraïbes des falaises de la Grande Vigie à Anse-Bertrand. Ils ont également découvert une colonie d’au moins 600 individus dans l’ancien logement du personnel du CIRAD à Neuf Château Capesterre Belle Eau (sous les tôles ondulées et sur les façades béton). Une petite colonie loge au niveau du phare de Petite Terre. Nous avons identifié l’espèce d’après les diapositives transmises par un agent de la Réserve Naturelle (Anthony Levesque). Un Tadaride du Brésil sous la toiture d’un carbet (Parc National) Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 107 - ¾ Alimentation A l’instar du Molosse commun, le Tadaride du Brésil a les caractéristiques d’une espèce agile et rapide, taillée pour chasser les insectes en vol : ailes longues et étroites ; charge alaire élevée autour de 4 kg/m². Elle chasse plutôt en plein ciel, en milieux ouverts ou à plusieurs mètres au-dessus de la canopée. Son régime alimentaire serait essentiellement constitué de petits papillons et de Coléoptères (Wilkins, 1989 ; Pedersen & Morton, 2006). ¾ Vie sociale et reproduction Tadarida brasiliensis est une des espèces de chauves-souris les plus grégaires au Monde. Des colonies d’Amérique du Nord peuvent rassembler des millions d’individus comme celle d’une célèbre grotte du Texas. Dans les Petites Antilles, les colonies sont plus petites, elles rassemblent une dizaine à un millier d’individus (Pedersen & Morton, 2006). Les femelles gestantes forment des nurseries (sans mâles). Nous avons capturé des femelles gestantes fin février. Pedersen et al., (2006) ont capturé une femelle gestante et une allaitante début juin à Antigua. Les femelles ne font qu’un seul petit par an. La gestation dure 3 mois et le petit qui naît nu est semaines d’âge (Wilkins, 1989). volant dès 5 à 6 Tadaride du Brésil Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 108 - Les ratios obtenus en 2006 : Ratio Tadarida brasiliensis (individus capturés au filet le 24/06/06) 10 9 8 7 nombre 6 Tad bra femelle Tad bra mâle 5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 séances Ratio global Tad bra 6 Femelles 5 Mâles 4 3 2 1 0 ¾ Conservation Statut UICN : Malgré la très large distribution du Tadaride du Brésil, L’UICN la classe parmi les espèces « Quasi menacées » NT. Les populations d’Amérique du Nord sont en fort déclin depuis 100 ans. Déclin également constaté à Puerto Rico (Gannon et al., 2005). La raison principale de ce déclin est le dérangement et de la destruction des gîtes en particulier des colonies de mise bas. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 109 Les pesticides sont également fortement incriminés. En effet, des organochlorés ont été retrouvés dans les tissus de tadarides (muscles, tissus adipeux, cerveau), de même que des métaux lourds comme le plomb ou le mercure (Wilkins, 1989). En Guadeloupe, les principales menaces que nous voyons peser sur l’espèce sont la destruction des gîtes cavernicoles (la plupart étant inconnus) et la pollution par les pesticides. Bien qu’elle préfère les bâtiments abandonnés cette espèce peut également être victime de destruction volontaire quand elle gîte sous les toits d’habitation. La prospection acoustique semble la technique la plus appropriée pour connaître la répartition géographique et les habitats de chasse de Tadarida brasiliensis en Guadeloupe. Le radiopistage pourrait également fournir de précieuses données sur les caractéristiques éco-éthologiques de l’espèce (gîtes cavernicoles, choix des essences d’arbres comme gîtes, distance entre terrains de chasse et gîtes, utilisation de l’espace aérien, …). Une analyse des fèces afin de préciser le régime alimentaire et de rechercher d’éventuels polluants serait souhaitable. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 110 - VI. Recommandations et perspectives VI.1. Protection des milieux trophiques La richesse spécifique en peuplement chiroptérologique des îles est fonction de leur taille mais aussi de la diversité des habitats qu’elles abritent (Pedersen et al. 2003). Avec ses 13 espèces, la Guadeloupe – avec Grenade -, abrite la plus grande richesse spécifique des Petites Antilles. Elle possède même autant d’espèces que l’île de Puerto Rico. Le maintien de cette richesse passe par le maintien de la diversité et de la bonne santé des habitats de recherche alimentaire (tous les types forestiers, zones humides). Certains milieux importants pour les communautés de chauves-souris méritent une attention particulière. Ils devraient bénéficier d’une protection forte qui les préserve des déboisements étendus et de la pollution : o o o o o o les mangroves et forêts marécageuses les bois et forêts xéro-mésophiles (Grands Fonds) les forêts sèches littorales les forêts rivulaires les forêts mésophiles et humides non protégées le massif forestier du Nord Basse-Terre Quand les coupes forestières sont inévitables elles doivent ménager des corridors bien boisés. Par exemple, entre formations forestières inondées et mésophiles en Basse-Terre ou formations inondées et xéro-mésophiles en Grande-Terre. Les espèces les plus sensibles à la déforestation sont : Sturnira thomasi (sous-bois), Natalus stramineus (forêt sèche littorale), Monophyllus plethodon, Ardops nichollsi (bon bio indicateur de la santé des forêts), Noctilio leporinus et sans doute Chiroderma improvisum. Toutefois les espèces forestières de lisières Myotis dominicensis et Eptesicus guadeloupensis sont également très dépendantes du couvert forestier. Rappelons la sensibilité particulière de Noctilio leporinus et Tadarida brasiliensis à la pollution. Il en est probablement de même pour Eptesicus guadeloupensis, Natalus stramineus et Myotis dominicensis. La réduction drastique de l’usage des pesticides en milieu naturel apparaît donc nécessaire à la préservation durable de ces espèces. La restauration des milieux boisés dégradés et la gestion forestière devraient prendre en compte le régime alimentaire de nos espèces frugivores, omnivores et pollinivores (essences indigènes disséminées et/ou pollinisées par les Phyllostomidés). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 111 - Tableau récapitulatif des milieux trophiques utilisés par les 13 espèces de Chauves-souris de la Guadeloupe : Molossus molossus Artibeus jamaicensis Brachyphylla cavernarum Noctilio leporinus Monophyllus plethodon Tadarida brasiliensis Ardops nichollsi Natalus stramineus Pteronotus davyi Chiroderma improvisum Myotis dominicensis Sturnira thomasi Eptesicus guadeloupensis NB : Forêt hygrophile Forêt mésophile Forêt xéromésophile Forêt sèche Forêts inondées Autres Zones humides Milieux anthropiques + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +++ + + + (+) ? + + + + + + + + + + + + + +/- + + (+) + + + + + + (+) + (+) (+) + + + + Forêt : hors point d’eau Autres zones humides =individus capturés sur plans d’eau : étangs, mares, lagunes, rivières… (Abreuvoirs ou zones de chasse) Milieux anthropiques : jardins, zones urbanisées. ( ) : Donnée non vérifiée en Guadeloupe mais connue ailleurs dans les Antilles. VI.2 Protection des gîtes Nous préconisons de faire protéger les gîtes confirmés et découverts par des Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope et pour certains leur mise en sécurité. Il importe que des panneaux informatifs accompagnent cette protection. Ces arrêtés devraient stipuler clairement l’interdiction du passage d’engins sur les cavités. Il nous apparaît crucial pour le maintien des chauves-souris cavernicoles de la Guadeloupe, que toute intervention sur les falaises et littoral rocheux ou dans Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 112 les mornes et ravines des Grands Fonds soit précédée d’une recherche de gîte karstique potentiel. La gestion forestière doit préserver les arbres creux de belle taille et âgés (cavités, fissures) ainsi que les arbres morts de grande taille ne présentant pas de dangers pour les visiteurs (hors sentiers et aires aménagée). Récapitulatif des types de gîtes utilisés par les espèces Chauves-souris présentes en Guadeloupe : Cavités souterraines Arbres Habitations Molossus molossus + + + Artibeus jamaicensis + + (+) Brachyphylla cavernarum Noctilio leporinus Monophyllus plethodon Tadarida brasiliensis + (+) + + Ardops nichollsi Natalus stramineus Pteronotus davyi Chiroderma improvisum Myotis dominicensis Sturnira thomasi Eptesicus guadeloupensis NB : ( + (+) (+) (+) (+) (+) Ponts + + + + ? ? ? ? ? ? ? ? ) : Donnée non encore vérifiée en Guadeloupe ? : Inconnu VI.3 Protection des espèces Toutes les chauves-souris présentes sur le territoire national bénéficient d’une protection légale intégrale. Toutefois, c’est l’arrêté ministériel du 17 février 1989 qui fixe les mesures de protection des mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens de la Guadeloupe. Or, 4 espèces de Chiroptères manquent à la liste : Sturnira thomasi, Natalus stramineus, Monophyllus plethodon et Myotis dominicensis. Il apparaît urgent que cet arrêté soit corrigé. Il pourrait stipuler que « toutes les espèces de Chauves-souris indigènes » présentes en Guadeloupe sont protégées. Nos préconisations pour chaque espèce ont été mentionnées dans les commentaires spécifiques (Chap. V). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 113 VII. 4 Perspectives Complément d’inventaire par captures au filet : Durant la seconde phase d’étude, des stations de la Côte sous le vent, du Nord Grande-Terre et des dépendances seront échantillonnées par capture au filet. Bien que nous ayons progressé dans la connaissance de l’écologie, la biologie de la plupart des espèces de la Guadeloupe, la technique d’étude par capture au filet nous a montré ses limites. Aussi, nous projetons de poursuivre l’étude des populations de chauves-souris guadeloupéennes en complétant les captures au filet par la bioacoustique et le radiopistage. Bioacoustique : Une première phase de recherche visera à établir une clé d’identification acoustique des 13 espèces présentes en Guadeloupe. Ce qui signifie qu’il faudra recueillir et comparer, pour chaque espèce, un nombre important de séquences sonores dans toutes les circonstances de vol pour évaluer les variations intraspécifiques et les risques de recouvrement interspécifiques. Si l’on se réfère aux premiers résultats présentés par Barataud et al. (2006) suite aux 5 soirées de terrain réalisés durant la formation de février 2006, nous devrions avoir de bonnes chances de diagnose, y compris au sein de la famille la mieux représentée des Phyllostomidés puisqu’aucune des 7 espèces étudiées ne semble présenter de recouvrement acoustique lorsqu’on considère l’ensemble des paramètres d’analyse auditive et informatique. L’identification acoustique des 2 espèces de Molossidés (Molossus molossus et Tadarida brasiliensis), difficiles à capturer au filet nous permettra de préciser leur réelle répartition. Il en est de même pour toutes les espèces dont le sonar s’avérera facile à détecter et à identifier sur terrain. Par la suite, les prospections acoustiques constitueront une aide précieuse à leur inventaire et à la connaissance de leurs exigences écologiques en matière d’habitat de recherche alimentaire. Ainsi, s’il s’avérait possible d’identifier au détecteur d’ultrasons le Chiroderme de la Guadeloupe et la Sérotine de la Guadeloupe, il deviendrait plus aisé et rapide (par rapport à la capture au filet) d’obtenir une bonne idée de leur répartition et de prévoir rapidement des mesures de conservation en conséquence. Les recherches acoustiques permettront également de connaître la richesse spécifique d’un lieu sans nécessairement réaliser de capture. Ce qui peut s’avérer très utile dans certains milieux comme les forêts et formations inondées où la pose des filets posent bien des difficultés. Radiopistage Cette technique devrait nous permettre de mieux appréhender les habitats fréquentés par les espèces en particulier les espèces endémiques des Petites Antilles. Grâce au radiopistage nous pourrons tenter de trouver les gîtes diurnes Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 114 d’Ardops nichollsi, de Sturnira thomasi, de Myotis dominicensis, d’Eptesicus guadeloupensis, de Noctilio leporinus, voire de Chiroderma improvisum. L’obtention de toutes ces données éco-éthologiques complémentaires (gîtes, choix des essences utilisées comme ressources alimentaires ou comme gîtes, structure et exploitation de territoires,….) sont nécessaires pour mettre en œuvre un plan de restauration des espèces les plus menacées. . Prospection de gîtes cavernicoles : Un effort de recherche conséquent concernant les gîtes cavernicoles pourrait être mené en 2008. Il devrait comprendre des prospections par la mer le long des côtes. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 115 - CONCLUSION Nous avons capturé et examiné 279 individus entre le 25/02 et le 18/11/06 représentant 10 des 13 espèces de chauves-souris de la Guadeloupe. Les individus capturés sont apparus en bonne santé (bon état d’embonpoint, peu de parasites externes, …). Nos prospections confirment cependant la fragilité du statut de conservation de la plupart des espèces dont 4 sont considérées menacées par L’UICN et 3 autres quasi-menacées. Malgré des efforts de capture ciblés, deux espèces classées en danger par l’UICN Eptesicus guadeloupensis et Chiroderma improvisum n’ont pas été contactées. Les résultats de ce travail qui comprend l’étude par captures au filet mais aussi la synthèse de plusieurs années d’observations et de recueil de données, attestent de la grande dépendance de la majorité des espèces au maintien des milieux forestiers. Il apparaît clair que la sauvegarde de la diversité des peuplements de chauves-souris de la Guadeloupe dépend de la préservation des différents milieux forestiers de l’Archipel et des sites abritant des gîtes cavernicoles. La responsabilité de la Guadeloupe est grande dans la conservation des espèces antillaises puisque qu’elle abrite 7 espèces endémiques des Petites Antilles dont 4 sont endémiques à une ou deux îles. Nos prospections ont permis d’améliorer la connaissance de la répartition, de l’écologie et de la biologie de plusieurs espèces notamment des espèces remarquables : Sturnira thomasi, Ardops nichollsi, Monophyllus plethodon, Myotis dominicensis, et Noctilio leporinus. La technique de capture aux filets a néanmoins montré ses limites. Pour la seconde phase du projet d’étude (2007-2008), les résultats très prometteurs des premières tentatives d’identification acoustique de nos espèces, nous incitent à prévoir de compléter les captures au filet avec cette technique d‘inventaire. De même, un radiopistage ciblé pourrait nous aider à préciser les caractéristiques écoéthologiques des espèces remarquables, en particulier leurs gîtes (les gîtes de 6 espèces demeurent totalement inconnus à ce jour en Guadeloupe). Par la suite, il faudra également tenter de caractériser les besoins des colonies en terme de territoires (surface, structure, composition, attractivité, nombre de sites favorables et connections entre sites, …) afin d’établir un plan de restauration des espèces menacées. L’avenir des Chiroptères de la Guadeloupe dépend également de l’adhésion de la société guadeloupéenne (scolaires, grand public, politiques, gestionnaires, …) à leur sauvegarde. C’est pourquoi il importe de valoriser le travail de recherche accompli, par des actions de sensibilisation qui insistent sur les enjeux de la conservation de ces animaux extraordinaires et tout à fait dignes de sympathie (valeur patrimoniale, rôles écologiques cruciaux, …). Une prochaine note récapitulera les diverses actions de sensibilisation menées autour des chauves-souris de la Guadeloupe depuis 2003 et celles qu’il convient de réaliser. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 116 - REFERENCES BIBILOGRAPHIQUES Adams J. K., 1989. Pteronotus davyi. Mammalian species 346 : 1-5. Adams R. & Pedersen S.C., 1999. The effects of natural disasters on bat populations on Montserrat,BWI: A 20 year history. Amer. Zool. 38(5):52. Baker R. J., and Genoways H.H., 1976. A new species of Chiroderma from Guadeloupe, West Indies (Chiroptera: Phyllostomatidae). Occas. Pap. Mus., Texas Tech Univ. 39:1-9. Baker R. J., Genoways H. H. and Patton. J. C., 1978. Bats of Guadeloupe. Occas. Pap. Mus., Texas Tech Univ. 50:1-16. Barataud M., Leblanc F., Giosa S. et Giosa P., 2006 : Caractéristiques acoustiques des chiroptères de Guadeloupe, premiers éléments. 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DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 119 Pedersen S.C., Genoways H.H., Morton M.N., Swier V.J., Larsen P.A., Lindsay K.C., Adams R.A. & Appino J.D. ,2006. Bats of Antigua, northern Lesser Antilles. Occasional Papers, Museum of Texas Tech University 249:1-18. Pinchon RP., 1967 Quelques aspects de la nature aux Antilles. Forte de France, Compte d’auteur, 254pp. Puig, 2001. La forêt tropicale humide. Belin, France. 447pp. Reygrobellet J.P. & Redaud L., 1993.- Protection des grottes et de leur faune associée (Chauves-souris) : Proposition d’arrêté de protection de biotope de 3 sites.Rapport PNG, Saint Claude, Guadeloupe, 22p. Rodriguez-Duran A. & Vazquez R., 2001. The bat Artibeus jamaicensis in Puerto Rico (West Indies): Seasonality of diet, activity, and effect of a hurricane. Acta Chiropterologica 3(1):53-61. O’Sheat T.J., Everette A.L., Ellison L. 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Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 120 - ANNEXES I. Légende et abréviations …………………………………………………… 121 II. Liste des espèces présentes en Guadeloupe………………………….. 122 III. Répartition des espèces présentes en Guadeloupe et richesse spécifique des îles des Petites Antilles…………………………………. 123 IV. Tableau récapitulatif des captures au filet réalisées en milieu trophique en 2006…………………………………………………………… 126 V. Espèces enregistrées par Frédéric Leblanc au détecteur D 980…… 127 VI. Liste des essences consommées ou consommables par les Phyllostomidés……………………………………………………………… 129 Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 121 - ANNEXE I. Légende et abréviations L’ASFA : l’Association pour la Sauvegarde et la réhabilitation de la faune des Antilles DIREN : Direction Régionale de l’Environnement UICN : Union Mondiale pour la Nature SFEPM : Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères Art jam : Artibeus jamaicensis Ard nic : Ardops nichollsi Bra cav : Brachyphylla cavernarum Chi imp : Chiroderma improvisum Mon ple : Monophyllus plethodon Stu tho : Sturnira thomasi Noc lep : Noctilio leporinus Mol mol : Molossus molossus Tad bra : Tadarida brasiliensis Pte dav : Pteronotus davyi Ept gua : Eptesicus guadeloupensis Nat str : Natalus stramineus Myo dom : Myotis dominicensis DS : diversité spécifique n : nombre d’individu N : nombre total d’individus par séance M : mâle F : femelle FG : femelle gestante FL : femelle allaitante FPL : femelle post-allaitante FNR : femelle non reproductrice MNR : mâle non reproducteur Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 122 - ANNEXE II. Liste des espèces présentes en Guadeloupe Les 13 espèces de Chauves-souris présentes en Guadeloupe famille sous-famille espèce sous-espèce abrév Nom vernaculaire Sturnira thomasi thomasi Brachyphylla cavernarum cavernarum Monophyllus plethodon luciae Ard nic Art jam Chi imp Stu tho Bra cav Mon ple Ardops des Petites Antilles Fer de lance commun Chiroderme de la Guadeloupe Sturnire de la Guadeloupe Brachyphylle des Antilles Monophylle des Petites Antilles Molossus molossus Tadarida brasiliensis Molossus molossus molossus Tadarida brasiliensis antillularum Mol mol Tad bra Molosse commun Tadaride du Brésil Natalus stramineus Natalus stramineus stramineus Nat str Natalide paillée ou Natalide isabelle Noctilionidae bulldog bats Noctilio leporinus Noctilio leporinus mastivus Noc lep Noctilion pêcheur Mormoopidae mustached bats Pteronotus davyi Pteronotus davyi davyi Pte dav Ptéronote de Davy Myo dom Ept gua Myotis ou Murin de la Dominique Sérotine de la Guadeloupe Phyllostomidae leaf-nosed bats Molossidae free-tailed bats Natalidae Funnel-eared bat Vespertilionidae plain-nose bats Ardops nichollsi Artibeus jamaicensis Stenoderminae Chiroderma improvisum Sturnira thomasi Brachyphyllinae Brachyphylla cavernarum Glossophaginae Monophyllus plethodon Myotis dominicensis Eptesicus guadeloupensis Ardops nichollsi annectens Artibeus jamaicensis jamaicensis Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 123 - ANNEXE III. Nombre d’espèces de Chiroptères présentes dans les îles de l’Archipel guadeloupéen Source Carte : IGN / DIREN (Espaces naturels protégés de la Guadeloupe- DIREN 2001) Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 124 - Répartition des espèces présentes dans l’archipel Guadeloupéen Espèces B. T G. T M.G S. St M. St B. P. A + D. (PT) + Molossus molossus + + + + + 15 Artibeus jamaicensis + + + + + + + 15 Brachyphylla cavernarum + + + + + + + 14 Noctilio leporinus + + + + * Monophyllus plethodon + + + Tadarida brasiliensis + + ? * Ardops nichollsi + + Natalus stramineus + + + 13 + + 11 + + + 10 + + + 8 + + + 6 + (+) + Pteronotus davyi 4 * Chiroderma improvisum + 2 * Myotis dominicensis + 2 * Sturnira thomasi + 2 * Eptesicus guadeloupensis + 1 e. Total 13 12 8 8 5 6 8 5 17 Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 125 Légende : B. T : Basse-Terre ; G. T : Grande-Terre ; D. : Désirade ; PT : Petite Terre ; M.G : Marie-Galante ; S : Les Saintes (Terre-de-Bas) ; St M. : Saint-Martin ; St. B. : Saint-Barthélemy ; P. A : Petites Antilles : nombre d’îles des Petites Antilles où l’espèce est présente (sur 17 îles). e. : espèce endémique stricte de la Guadeloupe. * espèces endémiques des Petites Antilles. Remarques : La sous-espèce A.nichollsi annectens est endémique de la Guadeloupe. La sous-espèce Sturnira thomasi thomasi est endémique de la Guadeloupe. S. thomasi vulcannensis a été redécouverte en 2006 à Montserrat où elle est extrêmement rare (Pedersen, comm. pers.). Un Chiroderma improvisum a été capturé à Montserrat en 2005 (depuis 1989) Natalus stramineus est maintenant considérée comme une espèce endémique des Petites Antilles d‘après les travaux de Tejedor, 2006. Brachyphylla cavernarum est endémique des Antilles (présente dans les Petites Antilles et à Puerto Rico). Monophyllus plethodon a disparu de Puerto Rico (traces fossiles). Les 3 genres : Ardops, Brachyphylla et Monophyllus sont endémiques des Antilles. La donnée d’un Myotis nigricans à Saint-Martin n’est plus validée (Pedersen & Morton, 2006). Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 126 - Richesse spécifique en Chiroptères des îles des Petites Antilles 14 Grenade 12 Guadeloupe St Vincent & Grenadines Dominique Martinique nombre d'espèces 10 8 Montserrat Nevis Ste Lucie Antigua St Kitts St Martin Saba Barbuda 6 Barbade St Barthélemy 4 Anguilla St Eustache 2 0 Sources : Bibliographie, http://biomicro.sdstate.edu/pederses/guide.html et données ASFA. Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 130 - ANNEXE IV. Liste des essences consommées ou consommables par les Phyllostomidés en Guadeloupe Essences consommées* ou consommables** par les Phyllostomidés en Guadeloupe essence Nom scientifique statut partie consommée espèce sources nom vernaculaire Acacia farnesiana acacia odorant ind ind end PA int Am int As fruit Agave spp agaves Albizia lebbek tcha-tcha, lang a vyé fanm Anacardium occidental pomme cajou Andira inermis angelin ind fruit Annona muricata corossol ind fruit Annona squamosa Anthurium spp Asplundia rigida Bauhinia guianensis Bellucia grossularioides Bombax sp pomme canelle anthurium aile à mouche liane, lyann bouden todi néflier du Mexique ind ind ind ind int int As fruit fruit fruit fleurs,nectar pollen fruits fleurs, pollen, nectar Brachyphylla cavernarum Artibeus jamaicensis Artibeus jamaicensis Artibeus jamaicensis Phyll Artibeus jamaicensis Sturnira thomasi Phyll Phll Artibeus jamaicensis Bursera simaruba gommier rouge ind fruit Phyll fruits, feuilles fruit, feuilles fruit fleurs nectar pollen Brachyphylla cavernarum Artibeus jamaicensis Phyll Brachyphylla cavernarum Phyll galba ind Capparis spp bois couleuvre, bois puant ind 1 nectar nectar, pollen nectar, pollen int Am Am fruit Calophyllum calaba Phyll Phyll Phyll Artibeus jamaicensis Phyll Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe. 1 4;7 3 1 4 4;10 3;4 1 4;10 2 7 10 4 3 1;3 1 11 7 - 131 - Artibeus jamaicensis Brachyphylla cavernarum Phyll Phyll 3;4 ;11 1 1 7 Carica papaya papaye int fruit Cayaponia spp lianes ind fleurs nectar Cecropia schreberiana bois canon, bois trompette ind fruit Ceiba pentandra fromager ind nectar, pollen, étamines Cereus hexagonus Citrus aurantitum cactus cierge orange amère int int Citharexylum spinosum bois carré ind fruits Artibeus jamaicensis 3 Chrysalidocarpus lutescens multipliant int fruit Phyll 1 fruit (pulpe) fleur Artibeus jamaicensis Sturnira thomasi Phyll Artibeus jamaicensis Brachyphylla cavernarum Phyll Artibeus jamaicensis Phyll Brachyphylla cavernarum 3 2 1 3 1 1;4 4 5 Chrisobalanus icaco icaque, zikak ind fruit Phyll Artibeus jamaicensis 1 3 Chrisophyllum cainito Caïmite int GA fruit Artibeus jamaicensis Phyll 1; 4 Clusia major figyé modi ind end PA fruit Coccoloba uvifera Colubrina arborescens Cordia sp raisinier bord de mer mabi "maho, mapou" ind ind Crescentia cujete Cyathula prostata Cydista aequinoctialis calebassier int Am Am nectar, pollen ind fruit ind nectar, pollen Ardops nichollsi Phyll Artibeus jamaicenis Phyll Phyll phyll Phyll Artibeus jamaicensis Phyll Phyll 5 3 1; 3 1.4 1 10 6 4 10 7 liane à crabes fruit fruit fruit Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe. - 132 Erythrina poeppigiana Epiphyllum phyllantus Epiphyllum oxypetalum immortelle rouge et noire berceau de moise, belle de nuit berceau de moise, belle de nuit int Am feuilles Artibeus jamaicensis 1;4 int nectar, pollen Phyll 6 int nectar Phyll 6 fruit Ficus spp figuiers Ardops nichollsi (5) Artibeus jamaicensis Brachyphylla cavernarum ind 1; 5 2;3 2;3 feuilles Artibeus jamaicensis 1 1;2 3 3;1 4 1 7 4 Ficus citrifolia figuier maudit, figyé modi ind fruit Ficus nymphaeifolia Ficus trigonata Genipa americana Hibiscus elatus Hillia Hura crepitens figyé grand fèy figyé Génipa mahot bois bleu "jasmen bwa" sablier ind ind ind int ind fruit fruit fruit fruit nectar feuilles Artibeus jamaicensis Artibeus jamaicensis Phyll Artibeus jamaicensis Phyll Phyll Artibeus jamaicensis Hylocereus trigonus cactus cierge-lézard ind nectar Phyll Hylocereus undatus Hymenea courbaril Inga laurina Inga sp Licania sp cactus courbaril pois doux blanc int ind ind ind ind Phyll Artibeus jamaicensis Phyll Monophyllus plethodon Phyll Phyll Artibeus jamaicensis Leucaena leucocephala monval, tamarin bâtard, zagadi ind? Marcgravia umbellata liane jozé, bois couilles ind nectar fruit (nectar) nectar pollen fleurs nectar fleurs nectar fruit feuilles,fleurs, jeunes pieds nectar fruit Mammea americana abricot pays ind fruit Brachyphylla cavernarum Phyll Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe. 1 6 4 7,10, 3 3 7 4;10 5 7 10 4 - 133 nectar fleurs nectar, fruits fruits Phyll Artibeus jamaincensis Phyll 7 1;4 1 Manilkara bidentata balata ind Manilkara zapota sapotillier ind fruits fruits fleurs, nectar Artibeus jamaicensis, Brachyphylla cavernarum Phyll 2;3 ;4 3 1; 7 Mangifera indica manguier int As fruit Artibeus jamaicensis Brachyphylla cavernarum 3 3 Melicoccus bijugatus quenettier ind? fruit Phyll 1 ind fruit fleurs nectar Phyll Phyll 8 6;7 Monstera spp Mucuca urens liane, kanikroc Mucuna sp lianes Musa sp pripri, fromager mapou Pachira aquatica Pachira insignis chataigne ou cacao marron chataigne ou cacao sauvage Passiflora spp Passiflora edulis Passiflora laurifolia Passiflora quadrangularis maracudja pomme liane grosse siguine, siguine blanche siguine rouge siguine liane brulante cactus cierge ké a rat 9 int As ind fruit nectar, pollen Artibeus jamaicensis Phyll Artibeus jamaicensis Phyll int Am int Am ind int Am int Am ind nectar, pollen nectar, pollen Phyll Phyll 7 6;7 nectar, pollen nectar, pollen nectar, pollen fruit (pulpe) Phyll Phyll Phyll Artibeus jamaicensis 1;7 fruit fruit fruit fruit fleur fruit Phyll Sturnira thomasi bananier Ochroma pyramidale Philidendron giganteum Philodendron lingulatum Philodendron sp Philodendron scandens Pilocereus royeni Piper aequale nectar nectar, pollen ind ind ind ind ind ind Sturnira thomasi Phyll Sturnira thomasi Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe. 1; 3 3 6 4 8 2 9;10 2 1 2 - 134 Monophyllus plethodon Ardops nichollsi Sturnira thomasi Artibeus jamaicensis Ardops nichollsi Artibeus jamaicensis Artibeus jamaicensis 5 5 2 2;4 3 1 1;4 Piper dilatum ké a rat ind fruit Piper sp Persea americana bois cièrge , ké a rat avocatier fruit fruit Protium sp Pouteria campechiana Pouteria multiflora Pouteria sapota "bwa lansan" canistel pendépis, pom pen sapote ind int Am ind end PA int Am ind int Am Psidium guajava Rollinia sp Roystonea sp Schlegelia axillaris Senna sp Solandra maxima (nitida) Solanum americanum goyavier cachiman morveux palmier royal zyé a crab soumaké, dartrier liane trompette jaune zèb a kalalou fuit fruit fruit fruit fruit int Am Am nectar, pollen ind fruit int nectar, pollen ind fruit ind fruit ind nectar ind fruit Solanum torvum Spondias cytherea (dulcis) bélangère batarde prune cythère ind int As fruit fruit Spondias mombin Spondias purpurea Symphonia globulifera prunes mombins int Am prunes d'Espagne, prune chili int Am palétuvier jaune ind fruit fruit nectar, pollen Terminalia catappa amandier pays int As fruit Phyll Artibeus jamaicensis Artibeus jamaicensis Phyll Artibeus jamaicensis Phyll Phyll Phyll Phyll Phyll Phyll Phyll Artibeus jamaicensis Phyll Artibeus jamaicensis Ardops nichollsi Artibeus jamaicensis Phyll Phyll Artibeus jamaicensis Phyll Thespesia populnea Syzygium jambos Syzygium malaccense Syzygium samarangense catalpa pomme rose pomme malacca ind int As int As fleur fruit fruit Brachyphylla cavernarum Phyll Phyll 1 1 3 pomme framboisier int As fruit Phyll 3 Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe. 10 4 4 1 3 1 10 1 8 ; 10 10 6 10 1;2 1;4 1 5 1;4;10 1;10 7;10 2;3 - 135 - Phyll : Phyllostomidé ind : indigène int : introduit Am : Amérique Centrale ou du Sud Abréviations As: Asie end PA : endémique Petites Antilles int Am Am : introduction ancienne par les Amérindiens GA : Grandes Antilles * essences connues pour être consommées par des Phyllostomidés en Guadeloupe ** essences présentes en Guadeloupe et connues pour être consommées dans d'autres îles des Petites Antilles, de la Caraibe ou pays d'Amérique Centrale ou du Sud ou Genre quand l'espèce n'existe pas en Guadeloupe mais le genre existe. Sources 1- Gannon et al. 2005 2- Masson, Breuil et al 1992,1994 Guadeloupe 3- Obervations et données collectées par l'ASFA en Guadeloupe observateurs ASFA : I. Houllemare, B. Ibéné, E Ibéné, C .Pentier 4-Ortega & Castro-Arellano, 2001 5-Pedersen et al., 2003 6 -Puig, 2001 7- Hequet, V ,2007 8- Blanc, 2002 9 -Siemers & Nill, 2003 10- Lobova & Mori, 2005 11- Observations Frédéric Leblanc en Martinique Flore : présence des espèces en Guadeloupe d'après : Fournet J., 2002 : Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique 2002 Tome 1 et 2 Le Bellec V. & F., 2004 - Fruits des Antilles - PLB éditions 2004 Contribution à l’étude des Chiroptères de la Guadeloupe – B. Ibéné et al., 2007 - Rapport final 2006. DIREN - L’ASFA - Groupe Chiroptères Guadeloupe.