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Guide sur le multiculturalisme au Québec VOUS AVEZ LE KALIMERA DE LA COMMUNAUTÉ GRECQUE ! LE PAYSAGE QUÉBÉCOIS EST PLUS COLORÉ, SES TABLES PLUS SAVOUREUSES ET SA CULTURE ENRICHIE GRÂCE EN GRANDE PARTIE AUX GRECS QUI ONT CHOISI LE QUÉBEC COMME TERRE D’ACCUEIL. Aujourd’hui on dénombre plus de 85000 membres de la «koinotita», nom grec désignant la communauté hellénique au Québec. La dernière vague d’immigration ayant eu lieu dans les années 70, la majorité d’entre eux est maintenant constituée de la première et de la deuxième génération des enfants de la Grèce. Descendants de la Macédoine, du Péloponnèse, de l’île de Crète et de nombreuses autres régions de ce pays que l’on considère comme le berceau de la civilisation, ils font partie de la grande famille humaine du Québec depuis de nombreuses années. HOMMAGE À LA COMMUNAUTÉ GRECQUE CAHIER PUBLICITAIRE DIMANCHE 4 AVRIL 2010 Tout comme les Québécois d’origine, les Grecs d’ici sont farouchement attachés à leur langue et leur culture. Ils les maintiennent d’ailleurs par le biais de leur implication sociale, politique et artistique ainsi qu’à travers le commerce et les affaires, autant de domaines dans lesquels ils sont très actifs. Découvrons maintenant cette grande richesse culturelle que nous lègue la communauté héllénique. Bonne lecture! *Kalimera signifie Bonjour! HEUREUX QUI COMME ULYSSE… A CHOISI LE QUÉBEC ! Certains voulaient fuir la guerre et la pauvreté. D'autres croyaient en l'existence d'un paradis à l'étranger, où «l'argent poussait dans les arbres », selon des publicités véhiculées à l'époque. Dès le 19e siècle, des milliers de Grecs ont choisi de quitter leur pays. Beaucoup d'entre eux se sont installés au Québec. Ils sont aujourd'hui plus de 85000 à vivre ici. débarquent à Montréal en 1843. «À ce moment, ils n'étaient que quelques-uns, dit Fotis Komborozos, directeur des communications à la Communauté hellénique de Montréal. Le Canada était plus ou moins fermé à l'immigration jusqu'en 1960.» LA COMMUNAUTÉ PREND RACINE Le premier Grec à poser le pied au Canada arrive en Colombie-Britannique à la fin du 16e siècle. Apostolos Valerianos est un navigateur. Il fait partie de la marine espagnole qui explore la côte Ouest du pays. Toutefois, le nom du premier Grec à visiter le Québec reste inconnu. Il était interprète pour Samuel de Champlain lors de l'exploration intérieure de la Nouvelle-France. On le surnommait « le Grec », mais le personnage reste très mystérieux. À Montréal, la communauté grecque commence à s'organiser à partir de 1906, en fondant la première congrégation de l'Église grecque orthodoxe au Canada. Même si la communauté ne compte que 1000 personnes, la première école hellénique d'Amérique du Nord, l'École Platon, est inaugurée en 1909. Environ 17 ans plus tard, l'École Socrate est fondée. Les premiers Grecs à immigrer au Canada arrivent plus d'un siècle plus tard, pour fuir leur pays en pleine Guerre d'indépendance contre l'Empire Ottoman, de 1821 à 1830. Certains d'entre eux La grande vague d'immigration en provenance de la Grèce se produit à partir des années 50. Les Grecs fuient un pays ravagé, d’abord par la Deuxième Guerre mondiale, puis par la 2 – LE JOURNAL DE MONTRÉAL | VARIA | Dimanche 4 avril 2010 UNE VIE MEILLEURE guerre civile. Les habitants des régions agricoles, les plus durement touchés par l'économie en ruine, n'hésitent pas à monter à bord de bateaux pour trouver une vie meilleure. Le Québec accueille des immigrants de différentes îles grecques et surtout de la presqu’île du Péloponnèse. Selon Fotis Komborozos, de nombreux Grecs ont choisi le Québec à cause des liens forts entre la France et la Grèce. «Pendant des siècles, la Grèce s'est associée à la France, bien plus qu'à l'Angleterre! Les Grecs qui sont venus ici se sentaient beaucoup plus proches de la culture française que de celle des anglophones.» Pourtant, les Grecs, tout comme plusieurs autres minorités non catholiques, ont dû fréquenter les écoles protestantes anglaises, car les Catholiques n'acceptaient pas les Grecs orthodoxes. «Ce n'est pas la faute des immigrants s'ils n'ont pas appris le français, c'est celle du gouvernement, jusqu'à ce que René Lévesque arrive au pouvoir et adopte la Loi 101», soutient Fotis Komborozos. Depuis 1977, les écoles grecques de Montréal sont officiellement trilingues. Le français est la langue prédominante dans l'enseignement. ILS ONT FAIT LEUR MARQUE AU QUÉBEC TRAVAILLANTS, DÉTERMINÉS ET DÉTENANT UN SENS AIGUISÉ DES AFFAIRES, LES GRECS D’ICI ONT FAIT LEUR MARQUE TANT À MONTRÉAL QUE DANS LE RESTE DU QUÉBEC. ET CES TALENTS, ILS LES ONT ÉGALEMENT LÉGUÉ À LA GÉNÉRATION SUIVANTE. ACTEURS MAJEURS DU VIEUX-MONTRÉAL Antonopoulos, c’est le nom incontournable de la scène touristique montréalaise. Installés depuis près de quarante ans dans le centre historique, les deux frères et fondateurs du Groupe Antonopoulos, Tony et Costa, ont mené leur barque de façon avisée depuis leur premier restaurant, Le Coin, établi en 1973. Le concept des hôtels-boutiques à Montréal, c’est eux. Le succès commercial apporté par le Place d'Armes, le Nelligan et l'Auberge du Vieux-Port a permis au Groupe de développer l'entreprise dans un cadre familial. Chez eux, l’implication dans la communauté est de rigueur: Dimitri Antonopoulos est actuellement le président de la Chambre de commerce hellénique de Montréal. Dimitri Antonopoulos L’ÉPICURIEN EN FÊTE Trente ans déjà que Costas Spiliadis a ouvert son restaurant Milos sur l’avenue du Parc. À l’époque, il l’avait installé au dessus du Filoxenia, sa boîte à chansons. Depuis Milos est devenu un des restaurants les plus réputés au Canada et Filoxenia nous a quitté. Si vous passez par New York, Athènes, Las Vegas et prochainement Miami, vous pourriez être tenté par une expérience culinaire hors du commun dans l’un de ses restaurants. Entre temps, Milos s’est agrandi avec Cava Spiliadis spécialisé dans l’importation de vins grecs haut de gamme et dirigé par le fils du propriétaire, George. Appuyant les Arts depuis longtemps, M. Spiliadis commandite le Festival du film grec qui se tiendra au mois de septembre sous l’égide de Théo Angelopoulos. George Spiliadis, fils de Costa UN VIOLONISTE AUX HAUTES RESPONSABILITÉS Arrivé en 1969 à Montréal, Paul T. Kefalas n’a jamais perdu le goût de jouer du violon. Diplômé de l’université Concordia en électronique, il débute sa carrière en ingénierie chez Bell Canada et General Electric avant de se joindre à ABB, un géant mondial des technologies de l'automation et de l'énergie. En 1994, il devient le président-directeur général d’ABB Canada. Dès 2004, il assume la tête de la division des technologies de l’énergie électrique à l’échelle nord-américaine. Depuis novembre 2007, il est également président du Conseil d’administration de la Société Les Ponts Jacques Cartier et Champlain. De manière plus personnelle, il s'implique chaque année au niveau de la fondation Rêves d'enfants et il joue toujours du violon. Paul Kefalas UN BÉNÉVOLE AU GRAND COEUR Architecte de formation et vice-président construction de l’entreprise Construction eSpace, John Theodosopolous n’hésite jamais à s’impliquer dans sa communauté. De 2004 à 2008, cet homme de contact a été le président de la Communauté hellénique de Montréal et en est l’actuel vice-président exécutif. Du temps, il en donne aussi au travers des associations de parents d’élèves du collège Brébeuf et SainteMarcelline. Et, histoire de se délasser, il entraîne plusieurs équipes de l’Association de soccer Lakeshore. John Theodosopoulos UN CONCEPTEUR HORS PAIR Difficile de passer à coté de Peter Morentzos quand on évoque la restauration montréalaise. Avec son entreprise Morentzos Restaurant Group, il conçoit, développe et commercialise des restaurants et concepts de restauration thématiques. Inspiré, curieux et talentueux, on lui doit notamment les réalisations de La Queue de Cheval, Trinity Estiatorio et Le Pois Penché. Pas mal pour un homme qui a commencé à gagner sa vie comme livreur de pizzas et vendeur de vêtements. Peter Morentzos LE JOURNAL DE MONTRÉAL | VARIA | Dimanche 4 avril 2010 – 3 ICI, ON MANGE À LA GRECQUE ! AVANT LES ANNÉES 60-70, QUI AU QUÉBEC AVAIT DÉJÀ ENTENDU PARLER DE SOUVLAKIS, D’OLIVES KALAMATA ET DE TSAZIKI, ENTRE AUTRES METS MÉDITÉRRANNÉENS? AUJOURD’HUI, LES PLATS ET DENRÉES D’ORIGINE GRECQUE SONT SUR TOUTES LES TABLES QUÉBÉCOISES. ET C’EST TANT MIEUX! VOICI PARMI LES GENS QUI ONT CONTRIBUÉ À CHANGER NOS HABITUDES ALIMENTAIRES. L’HUILE D’OLIVE COMME POINT DE DÉPART Solon et Irini : des noms qui sonnent comme une promesse dans le cœur de tout amateur huile d’olive extra-vierge. Si on peut retrouver ces marques sur nos tables, c’est grâce à la famille Antypas. Débarqués de Grèce en 1967, Miltiadis et son frère Sotiris démarrent leurs affaires dès 1973 en vendant des olives et de l’huile d’olive aux restaurateurs. Une manière de promouvoir les produits de leur terre natale et les bénéfices santé du «régime méditerranéen» par le biais de leur société de distribution, Defedis. Pilaros, leur seconde société, leur permet de devenir le plus gros importateur de produits alimentaires méditerranéens en Amérique du Nord. Avec le fils et les filles de Miltiadis Antypas impliqués dans les opérations, leur devise «nos clients font partie de notre famille » a de beaux jours devant elle. Miltiadis Antypas DU CANADA À LA CHINE Quand il s’agit d’importer ou de fabriquer des mets grecs et méditerranéens au pays, les Aliments Krinos connaît la musique. Avec trois usines au Canada et 80 employés, l’entreprise est en forte expansion depuis sa fondation en 1960. Pourtant, Krinos ne pensait certainement pas qu’un jour elle ouvrirait une usine de fabrication et un pôle de distribution en Chine. C’est chose faite depuis 2008, les produits Krinos y circulant sous la marque Athina Foods. De quoi élargir ses horizons commerciaux et regarder un peu plus vers l’Est. L’équipe de Krinos dans l’arrondissement de Saint-Laurent CÉLINE, UNE CLIENTE RÉGULIÈRE Arahova, c’est d’abord nom d’un petit village en Grèce où plage et montagne se rejoignent. Christos Kalogrias, le fondateur d’Arahova Souvlaki, y est né. En 1971, il lance un petit café de spécialités grecques sur la rue St-Viateur, l’un des premiers du genre à Montréal. Des recettes authentiques qui ont fait la réputation de la chaîne de restaurants à un point tel que Céline Dion y commande souvent un pita poulet. À la demande des clients, le fils et les filles de Christos ont transposé dans le commerce de détail les grands succès de la restauration et ont obtenu la certification Aliments du Québec. 4 – LE JOURNAL DE MONTRÉAL | VARIA | Dimanche 4 avril 2010 ENTREPRENEUR ET HOMME DE COEUR L’homme derrière Dagwoods, C’est Spiro Krallis. Sa renommée, il l’a acquise depuis 1989 grâce à son sandwich: un mélange de sauce, de pain frais et de viande froide tranchée directement devant le client. La générosité, c’est ce qui caractérise ce Montréalais né d’un père grec émigré en 1952. Sa chaîne de restaurants distribue chaque jour ses surplus de nourriture à des banques alimentaires. Une belle manière de s’impliquer dans la communauté. Spiro Krallis LA FORMULE GAGNANTE C’est en 1982, sur la rue Duluth à Montréal, que le premier restaurant Au Vieux Duluth a vu le jour. Particularité du commerce: la célèbre formule « Apportez votre vin » que le fondateur Andreas Kragaris lance à l’époque avec d’autres restaurateurs. Une formule qui fera le succès de l’entreprise. La chaîne de restaurants regroupe 44 points de vente au Québec et en Ontario. LE SERVICE COMME DEVISE Conan, c’est l’acronyme des prénoms des fils du fondateur: Constantinos et Andrew. Établie en 1989 par Jim Christopoulos, la compagnie démarre modestement «Au départ, notre père menait son affaire depuis son garage résidentiel de Brossard. Les chauffeurs des compagnies de livraison étaient stupéfaits de voir notre mère ouvrir la porte du garage et recevoir les commandes», raconte Andrew Christopoulos. Depuis, l’entreprise familiale est devenue un acteur incontournable de la distribution alimentaire. QUELQUES GRANDS NOMS DE LA COMMUNAUTÉ HELLÉNIQUE UN HOMME DE LETTRES PAN BOUYOUCAS, AUTEUR Pan Bouyoucas a été élevé au Liban par des parents d'origine grecque. Il arrive à Montréal à 16 ans. Il veut devenir peintre, mais ses parents s'y objectent. Il étudie donc l'architecture et les Lettres. Il publie son premier roman à 26 ans. Son œuvre reflète son attachement à ses origines et son amour pour sa terre d'accueil. « J'ai des racines grecques, mais ma ville, c'est Montréal ! » Depuis plus de 30 ans, Pan Boyoucas se consacre à l’écriture. Ses textes ont été traduits en plusieurs langues. D’AMOUR ET D’OPÉRA MARIA DIAMANTIS, SOPRANO ET DIMITRIS ILIAS, TÉNOR « Maria et moi faisons tout ensemble », affirme Dimitris Ilias. Les deux chanteurs d'opéra sont mariés, font des tournées de concerts et enregistrent des disques ensemble. « Nous parlons quatre langues chacun et nous chantons dans plusieurs autres langues. » D'origine grecque, Maria Diamantis et Dimitris Ilias sont nés à Montréal. Leur passion pour la musique classique hellénique les a amené à fonder la compagnie Chroma Musika. La compagnie produit des concerts, organise des séminaires au Canada et en Grèce, réalise des enregistrements de musique grecque ancienne et contemporaine, en plus de produire des opéras et des livres pour les enfants grecs. Chroma Musika a également sa propre chorale, composée de jeunes chanteurs grecs de Montréal. «Nous faisons la promotion de la musique classique hellénique au Québec et nous donnons l'opportunité aux enfants de chanter avec de grands orchestres.» Les deux chanteurs d'opéra, à travers leur passion pour la musique, contribuent à transmettre la culture grecque aux générations futures. SURMONTER LA BARRIÈRE LINGUISTIQUE NE JAMAIS OUBLIER SES RACINES ! MARY DEROS: CONSEILLÈRE DE LA VILLE- PARC- EXTENSION GERRY SKLAVOUNOS — DÉPUTÉ DE LAURIER-DORION Arrivée à Montréal à sept ans, Mary Deros a dû travailler fort pour s'intégrer. « En revenant de l'école, j'étais souvent triste et frustrée parce que je n'étais pas capable de m'exprimer en français ou en anglais. » Mais Mary Deros a vite appris et consacre maintenant sa vie à la communauté de Parc-Extension, où elle a élevé ses trois enfants. Gerry Sklavounos a grandi dans le quartier Parc-Extension, à Montréal. Après avoir étudié le droit à l’Université McGill, il est devenu avocat criminaliste. Le politicien n’a jamais oublié ses racines grecques. Il a siégé au conseil exécutif du Congrès hellénique du Québec, co-animé une clinique juridique télévisée en langue grecque et il a porté le flambeau dans le relais olympique de 2004 pour les Jeux d'été d’Athènes. Depuis 2007, il est député libéral à l’Assemblée nationale pour la circonscription de LaurierDorion, où se trouve son quartier enfance. Mary Deros s'est lancée en politique en 1998. Sa plus grande réalisation selon elle, c'est d'avoir inauguré une nouvelle bibliothèque dans son quartier, qui offre des livres en 14 langues. LE JOURNAL DE MONTRÉAL | VARIA | Dimanche 4 avril 2010 – 5 L'ÉGLISE ORTHODOXE AU CŒUR DE LA COMMUNAUTÉ Au début du 20e siècle, l'Église était le pilier de la communauté grecque à Montréal. Elle rassemblait les gens, aidait à conserver la langue et gérait l'éducation des enfants. «La plupart des écoles étaient dans le sous-sol des églises. Ainsi, les enfants étaient élevés selon les traditions et les coutumes grecques», affirme le père Panagiotis Pavlakos de l'église orthodoxe grecque de l'Annonciation de Théotokos (Koimisis Tis Theotokou), dans Parc-Extension. 1910, la communauté achète sa première église sur le boulevard St-Laurent, au coût de 5500$. ÉGLISES PLEINES Encore aujourd'hui, la religion occupe une place importante dans la communauté grecque de Montréal. Les églises sont souvent bondées lors des services religieux. «Le dimanche, les églises sont toujours pleines. Et encore samedi dernier, j'ai Les premiers immigrants venus de Grèce n'avaient aucune intention de rester à Montréal. Mais comme leur retour tardait à se faire, les quelque 1000 Grecs de la métropole décidèrent de se doter d'une église orthodoxe. En 1905, ils se regroupent en congrégation. Deux ans plus tard, ils fondent la Communauté grecque orthodoxe de Montréal, baptisée Koinotita. En donné six messes et l'église a été remplie toute la journée», se réjouit le père Panagiotis Pavlakos. Les mariages, les baptêmes, les fêtes de Pâques et de Noël sont toujours des événements très courus dans les églises grecques orthodoxes de Montréal. Mais la piété des Grecs québécois n'est plus ce qu'elle était. Environ le quart des enfants baptisés proviennent d'unions libres, affirme le père Panagiotis Pavlakos. «Notre communauté est beaucoup plus laïque qu'avant», se désole-t-il. Toutefois, les membres de l'Église se consolent en se disant que la nouvelle génération continue de tenir à cœur son identité grecque orthodoxe. En plus de l’église de l’Annonciation de Théotokos, on retrouve à Montréal trois autres lieux de culte grecs orthodoxes, soit la cathédrale Saint-Georges, l’église Évangelismos Tis Theotokou et l’église Saint-Jean-Baptiste. S’ajoutent à celles-ci une dizaine d’autres églises orthodoxes grecques ailleurs au Québec. La communauté grecque c’est… Ne parlez pas de ghetto au président du Congrès hellénique du Québec. Même si elle est bien attachée à sa langue et culture, la communauté grecque d’ici a évolué, et est québécoise à part entière affirme-t-il. «Nous sommes ici depuis longtemps et nous nous sommes intégrés au Québec, affirme fièrement Theodore Halatsis, président de la section québécoise du Congrès hellénique du Canada. Tout comme les Québécois, nous tenons à préserver notre langue, notre culture et nos traditions.» Créé en 1986, le Congrès hellénique représente une foule d’associations grecques de la grande région de Montréal et d’ailleurs en province. L’organisme se fait aussi le porte-parole et le défenseur des droits des Québécois d’origine grecque auprès des gouvernements fédéral et provincial. Le Congrès chapeaute également la Communauté hellénique de Montréal, qui inclue désormais celle de Laval, soit au total plus de 85000 personnes. LA COMMUNAUTÉ HELLÉNIQUE DE MONTRÉAL Fondé en 1909, cet organisme sans but lucratif a pour la mission de préserver et promouvoir la langue et la culture helléniques. Le CHM administre un budget annuel de plus de 13M$, détient des biens immobiliers d’une valeur de quelque 55M$ et emploie environ 300 personnes. L’organisme compte quatre église à Montréal (il y en a au total une quinzaine au Québec); une école trilingue sur cinq campus, cinq centres de la petite enfance, deux foyers pour personnes âgées, une bibliothèque, un centre d’études grecques, deux centres communautaires et trois centres sportifs. On y organise une pléiade d’activités éducatives, sociales, culturelles et philantropiques ainsi que des programmes d’assistance sociale qui soutiennent la population québécoise d’origine grecque. DIVERSITÉ «Les Grecs d’ici sont très fiers de leurs racines. En fait, il existe au Québec une cinquantaine d’associations des régions d’origine. Que ce soit les Crétois, les Pontiens, les Macédoniens, les Thessaloniques, les gens du Péloponnèse et j’en passe. Chacune compte une centaine de membres qui préservent leurs langue et culture avec leurs troupes de danse et leur musique, par exemple », informe M. Halatsis. On retrouve également l’Association des travailleurs grecs, des associations étudiantes universitaires d’origine grecque, des associations de femmes, parmi les nombreux regroupements qui représentent la diversité de cette communauté. 6 – LE JOURNAL DE MONTRÉAL | VARIA | Dimanche 4 avril 2010 QUE VIVENT LES TRADITIONS ! Pour les Grecs d’ici, le maintien de leur langue et de leur culture passe par l’observance des traditions provenant de leur mère-patrie. Or, si certaines d’entre elles demeurent inchangées, d’autres ont été adaptées pour réfléter leur réalité québécoise. Les arts occupent une grande place dans la communauté. Les troupes de danse, des poètes et écrivains, les musiciens et des peintres sont les porte-étendards de la culture hellénique, qui est aussi variée que les régions de la Grèce. FÊTE DE L’INDÉPENDANCE Parmi les diverses fêtes célébrées par la communauté grecque, l’une des plus importantes est la Fête nationale grecque, soulignant la libération du peuple du joug de l’Empire ottoman, le 25 mars 1821. «C’est une grande fête à laquelle tous les Grecs participent. La veille, une grande réception réunit les dignitaires grecs et québécois, et des messes spéciales et des activités à caractère patriotique ont lieu chaque année», indique George Sinoyannis, directeur exécutif de la Communauté hellénique de Montréal. Habituellement, le 25 mars, un imposant défilé auquel participent quelque 3000 personnes transforment la rue Jean-Talon en une mer de drapeaux bleus et blancs, alors que se succèdent de nombreuses troupes de danse, des gens arborant leur costumes régionaux et des fanfares. Exceptionnellement cette année, le défilé ainsi que le dépôt d’une couronne commémorative auront lieu à Laval, le 25 avril, la date ayant été différée en raison de la fête de Pâques. Pour ce qui est de Pâques, c’est LA grande fête de l’année, un peu à l’instar de Noël pour les Québécois. FESTIVAL FLAMME HELLÉNIQUE Autre moyen d’affirmer sa fierté, la communauté tiendra pour la 8e année consécutive le festival la Flamme hellénique, qui aura lieu au Parc Jean-Drapeau en août. « Pour nous, ce festival est non seulement une excellente façon de mettre en valeur nos traditions, notre musique et notre art culinaire, mais c’est aussi une très belle vitrine pour montrer aux autres qui nous sommes », dit M. Sinoyannis. Très axé sur la famille et le partage entre diverses communautés, le festival offrira la chance de découvrir les troupes de danse folklorique comme Orphéas et Terpsihori, les bons mets méditérannéens ainsi que de danser lors du party Bouzouki où musique grecque traditionnelle côtoie les airs modernes de la jeunesse hellénique. Pour ceux qui se demandent ce qu’est un bouzouki, il s’agit en fait d’un instrument à corde grec, et par extension, la soirée musicale où on le joue. À chaque édition du festival, une association grecque est mise en vedette. Cette année c’est au tour de l’Association pontienne de Montréal de faire valoir la culture pontique, dont la langue et les traditions sont très distinctes des autres régions de la Grèce. LE JOURNAL DE MONTRÉAL | VARIA | Dimanche 4 avril 2010 – 7 8 – LE JOURNAL DE MONTRÉAL | VARIA | Dimanche 4 avril 2010