Avant-propos et remerciements
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Avant-propos et remerciements
University of Pennsylvania, Philadelphia Ministère de la Culture, Rabat Programme de cooperation GROTTE DES CONTREBANDIERS, TÉMARA RAPPORT D’OPERATIONS POUR L’ANNÉE 2006 Presenté par Utsav Schurmans et Harold Dibble University of Pennsylvania, Philadelphia Mohamed Abdeljellil El Hajraoui Patrimoine Culturel, Rabat Avec la cooperation de: Vera Aldeias, Kaye Reed Table des matières I. Avant-propos et remerciements : 1 II. Equipe scientifique pour 2006 : 3 III. Historique : Campagnes de fouilles et recherches : Bibliographie de la grotte des Contrebandiers : 4 4 17 IV. Durée de l’étude et objectifs de recherche : 19 V. Convention de coopération scientifique entre l’INSAP et Penn 20 VI. Etude de la collection J. Roche. 24 A. Etude préliminaire de l’industrie lithique : Méthodologie : Numérotation des pièces : Variétés de matières premières : Description générale de la collection : Niveau III : Niveau IV : Examen des pièces pédonculées : Description générale de l’assemblage lithique : 24 24 25 25 29 29 32 34 34 B. Etude préliminaire de la faune : 38 VII. Topographie et planimétrie VIII. Bibliographie : 44 46 I. Avant-propos et remerciements La région de Témara, sur la côte atlantique du Maroc est une des régions clés pour l’étude de notre passé préhistorique. Dans les nombreuses grottes creusées par l’océan voici quelques 125 000 ans, nous trouvons les traces successives de nombreuses cultures anciennes. Ceci inclus à la base des dépôts moustériens surmontés par des niveaux renfermant des assemblages lithiques atériens. Suivant ces deux assemblages, appelés Paléolithique moyen nous trouvons des dépôts renfermant de l’Ibéromaurusien qui appartient au Paléolithique supérieur. Finalement, de nombreuses grottes ont également été occupées par les premiers agriculteurs. Les importants dépôts de coquilles (kjoekkenmoeddings) associés au Néolithique montre les relations étroites des premiers agriculteurs avec les ressources marines. L’Atérien est certainement l’une des industries les mieux connues du Paléolithique moyen, mais en même temps l’une des plus mal comprises. L’extension géographique de l’Atérien est exceptionnellement large et recouvre la majeure partie du nord de l’Afrique, s’étendant de la côte atlantique du Maroc aux oasis du désert de l’est égyptien et des côtes méditerranéennes à la Mauritanie et au Niger et à la limite sud du Sahara. Cependant, la grande majorité des sites associés à de l’Atérien sont des sites de plein air, qui présentent une lacune sur le plan de la stratigraphie et ne conservent aucun matériel organique. Ceci signifie que les seuls endroits où ont été trouvés des restes humains atériens sont les grottes marocaines en général et celles de la région de Témara en particulier. Parmi ces sites, la grotte des Contrebandiers offre l’opportunité unique d’étudier les comportements de nos cousins atériens en combinant les résultats des études de leurs industries lithiques, des restes fauniques et de leur propre matériel squelettique. De plus, cette grotte offre l’opportunité de dater les occupations du site en utilisant différentes techniques de datations. Plus important encore, la grotte des Contrebandiers offre des vestiges archéologiques des Ibéromaurusiens, directement superposés aux dépôts atériens, ce qui nous donne la chance de pouvoir examiner la question tant débattue de la transition du Paléolithique moyen et du Paléolithique supérieur dans cette région. Les Ibéromaurusiens renvoient à la fois à leur industrie et à leur population. Il s’agit d’individus caractérisés par leur forte robustesse et leurs ressemblances avec les populations atériennes qui les ont précédées. En fait, il a été suggéré une évolution in situ depuis le Moustérien et l’Atérien vers l’Ibéromaurusien. Cependant, il semble que sur le plan archéologique, il existe une nette cassure entre les traditions technologiques atériennes et ibéromaurusiennes. Première de toutes, et contrairement à l’Atérien, la distribution de ces industries semble confinée à une large partie côtière du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie. De plus, le matériel archéologique a un aspect microlithique significatif, avec de nombreuses lamelles à dos. Comme à Témara, de nettes séquences comprenant des niveaux ibéromaurusiens et atériens ne sont présents que dans la grotte des Contrebandiers, ce site 1 nous permet donc de comparer directement les deux industries et d’examiner attentivement la transition dans un même cadre. * * * Remerciements Nous tenons à remercier les nombreuses personnes qui ont facilité nos recherches et ont contribué à les rendre plus agréables : Prof. A. El Hajraoui, directeur du Patrimoine Dr. Samir Raoui, Conservateur du musée archéologique de Rabat Dr. Aomar Akkeraz, Directeur Adjoint, Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP) Dr. Roland Nespoulet Prof. André Debénath Dr. Abdelwahed Ben-Ncer Prof. Aïcha Oujaa Dr. Patrick Michel Dr. Christophe Pottier Dr. Jean-Paul Lacombe Emmanuelle Stoetzel Mohammed Lahcen Les personnels de la Direction du Patrimoine Culturel Les personnels du musée archéologique de Rabat Les fouilleurs de l’équipe El Hajraoui-Nespoulet 2 II. Equipe scientifique pour 2006 • ALDEIAS, Vera, archéologue, Université de Lisbonne • BEN-NCER, Abdelwahed, chercheur à l’Institut Nationale des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine, Rabat. • DIBBLE, Harold Lewis, professeur à l’Université de Pennsylvanie, conservateur de la section européenne du muse de l’Université de Pennsylvanie à Philadelphie. • EL HAJRAOUI, Mohamed Abdeljelil, professeur, Directeur du Patrimoine Culturel, Ministère de la culture, Rabat. • HUBLIN, Jean-Jaques, professeur, directeur du Département d’Evolution humaine, Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, Leipzig. • REED, Kaye, professeur associé, Université d’Etat de l’Arizona , Directeur associé, School of Human Evolution and Social Change; chercheur à l’Institut pour les Origines de l’Homme. • RICHTER, Daniel chercheur au Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, Leipzig. • SCHURMANS, Utsav Arnout, doctorant, Université de Pennsylvanie. 3 III. Historique de la recherche Campagnes de fouilles et recherches Le site des Contrebandiers est localisé sur la côte atlantique du Maroc (figure 1), le long de la route côtière reliant Rabat à Casablanca. La grotte se situe à 17 km de Rabat, à environ 270 m de la mer et à 14 m au dessus de son niveau. La grotte est ouverte dans une ancienne falaise côtière de grés (figure 2). Cette ancienne ligne de falaise correspond probablement à l’Ouljien (stade isotopique 5e (environ – 125 000 ans BP). La grotte a été découverte en 1955 par l’abbé J. Roche qui en a effectué les premiers sondages de 1955 à 1957, avec l’aide d M. Henrion (Roche 1976, 1963, 1973). L'abbé roche y poursuivit ses fouilles de 1967 à 1975, en collaboration avec les autorités marocaines, avec la participation de J.-P. Texier en 1975 (Roche and Texier 1976). Figure 1: carte du nord de l’Afrique avec la localization de quelques sites du Paléolithique Moyen. En 1994, A. Bouzouggar rouvrit le site pour enrichir l’échantillon de matériel lithique et réexaminer la stratigraphie dans le cadre de la préparation de sa thèse (Bouzouggar 1997a, 1997b). Le site a livré d’importants restes humains. La seconde année des fouilles de l’abbé Roche, une mandibule a été mise au jour dans un niveau atérien. Initialement, cette mandibule a été attribuée à l’Acheuléen Vallois et Roche 1958; Roche 1976), mais il est maintenant clair qu’elle doit être attribuée à l’Atérien (Debénath et al. 1986, Hublin 4 1993, Debénath 2000, Ferembach 1998). Puis, en 1975, un occipital humain et un fragment de frontal ont été découverts. Ces restes sont également attribués à l’Atérien (Roche and Texier 1976; Ferembach 1976a; 1998; Ménard 1998; Saban 1998). Le site renferme des dépôts des périodes néolithique, ibéromaurusienne, atérienne et moustérienne et est l’un des rares sites du nord de l’Afrique a présenter une aussi longue séquence. Figure 2: Vue panoramique de la grotte des Contrebandiers. La fleche indique l’entrée de la grotte. La stratigraphie de ce site est notoirement complexe. De ce fait, de nombreuses stratigraphies ont été proposées qu fil des années, ans être jamais corrélées les unes aux autres. La description originale de la stratigraphie des Contrebandiers (Roche 1958-1959, 1963, 1976) reconnaît sept niveaux du sommet (I) à la base (VII). Le premier niveau (I) correspond au Néolithique, le second (II) à l’Epipaléolithique et le troisième (III) renfermait de l’industrie atérienne. Il faut remarquer qu’à cette époque, l’existence de niveaux moustériens n’était pas encore reconnue. Enfin, les deux derniers niveaux sont stériles, le niveau VII représentant l’ancienne plage ouljienne. Avec les nouvelles fouilles de Roche et Texier, une stratigraphie totalement nouvelle a été établie pour ce site (Roche et Texier 1976; Roche 1976; Debénath et al. 1986; Bouzouggar 1997a). Cette nouvelle stratigraphie montre 16 niveaux et n’est pas corrélée directement avec les stratigraphies antérieures (figure 3). Il était ainsi clair que les corrélations entre les niveaux étaient loin de rendre compte des variations latérales de faciès de ces niveaux (Roche 1976). De plus, il était établi que les Ibéromaurusiens avaient creusé des fosses qui s’étendaient aux niveaux atériens sous-jacents, compliquant ainsi la stratigraphie (Delibrias et Roche 1976). Dans la nouvelle stratigraphie, les niveaux 1 à 5 sont associés au Néolithique, le niveau 6 est stérile, l’Ibéromaurusien se trouve dans le niveau 7 et l’Atérien dans les niveaux 8 à 14 (figure 4). Les niveaux 15 et 16 sont stériles (Roche et Texier 1976; Niftah 2003). Dans une autre clarification, Roche précise qu’à partir du niveau 11b il n’il y a pas d’objets pédonculés et que ces niveaux devraient être attribués au Moustérien (Debénath et al. 1986). 5 Avec les nouvelles fouilles conduites par Bouzouggar (1997a) une nouvelle 8 stratigraphie du site a été proposée qui, de nouveau reste non corrélée avec les 9 autres. La stratigraphie de Bouzouggar consiste en 15 niveaux et, en raison de 10 l’endroit où il a travaillé, débute immédiatement avec les niveaux atériens 11 supérieurs dans le niveau I. Finalement, S. Niftah dans sa thèse (2003) propose une 12 nouvelle stratigraphie basée sur son étude. Elle reconnaît 13 11 niveaux sédimentaires et corrèle sa stratigraphie avec les niveaux archéologique de 14 Bouzouggar. Certains de ses niveaux regroupent des niveaux précédemment individualisés (par exemple Figure 3: Dessin de la coupe – section H.J – 21.22 les niveaux 2, 3 et 4 de Grotte des Contrebandiers (Delibrias et Bouzouggar deviennent le Roche 1976, fig 2). niveau 2 de Niftah), tandis que d’autres sont séparés (par exemple le niveau 8 devient les niveaux 5 et 6) (Niftah 2003). Les anciennes fouilles ont enlevé tous les niveaux néolithiques, à l’exception d’un lambeau non significatif sous l’aplomb près de la paroi nord (Bouzouggar 1997a, Niftha 2003 et Debénath, communication personnelle) (voir figure 5). Il en est de même pour les niveaux ibéromaurusiens, mais il semble que certains d’entre eux soient préservés vers le fond de la grotte. Le site a été daté par de nombreuses analyses 14C, de même que par quelques dates U/Th. Les dates obtenues par U/Th ont été comparées à celles obtenues par le radiocarbone. Le tableau ci-dessous montre que les dates obtenues par ces différentes méthodes donnent des résultats largement différents. Les dates U/Th sont considérées comme représentant la formation des parois de la grotte, juste avant le stade 5e. Cependant on ne s’explique pas pourquoi les dates 14C sont si jeunes (Delibrias et al. 1982). Ainsi, si l’on ne considère que les dates obtenues à partir d’os, les résultats pour 6 Figure 4: La stratigraphie de la grotte des Contrebandiers par Roche and Texier (Debénath et al 1979-1980, fig. 8). les Contrebandiers sont incompatibles. Il est clair que ce site doit être daté de nouveau en utilisant des méthodes complémentaires (tableau 1). Tableau 1 : datations absolues pour la grotte des Contrebandiers (Delibria et al. 1982, Daugas 2002). Niveau ? 8 8 8 9 9 9 10 11 11 12 12 12 Naturede l’échantillon ceramic bone shell shell bone shell shell bone bone shell soil shell bone Carré Méthode Date ? J K 20 J K 20 J K 20 J H 20 J K 20 J K 20 J H 20 J 20 J 20 E 18 G 20 G 20 TL C14 C14 U-Th C14 C14 U-Th C14 C14 C14 C14 C14 C14 6600 12500 22630 137000* 14460 35200 138000* 12320** 24500 > 40000 23700 > 35 000 12170 Marge d’erreur 600 170 500 17000 200 2100 17000 400 600 1000 160 Référence Culture Cle TL 136 Cardial Neolithic GIF 2577 Aterian GIF 2576 Aterian Aterian GIF 2579 Aterian GIF 2578 Aterian Aterian GIF 2580 Aterian GIF 2582 Aterian GIF 2581 Aterian GIF 2585 Aterian GIF 2584 Aterian GIF 2583 Aterian *datation de la même coquille que celle ayant donnée la date 14C ; ** échantillon insuffisant, date probablement mauvaise. 7 Figure 5: endroit des depots Neolithiques ouest de l’entrée de la grotte. Certaines des dates très récentes peuvent provenir d’un mélange d’ossements entre les niveaux ibéromaurusiens et les niveaux atériens sous-jacents (Delibrias et Roche 1976). Il a été observé que la plupart des ossements des niveaux atériens sont encroûtés de carbonates. Cet encroûtement manquait sur certains des os utilisés pour les datations. Ce sont précisément ces os qui semblent provenir des niveaux sus-jacents (Delibrias et Roche 1976). Figure 6: gravure localisée au nord de l’entrée de la grotte. (Roche et Jodin 1966). Sur le plan archéologique, le site et riche et a livré des assemblages lithiques de périodes variées. A environ 20 m au nord de l’entrée de la grotte, il existait une gravure d’âge non connu (Roche et Jodin 1966). Cette gravure (figure 6) qui mesure environ 60 cm montre une personne avec les bras et les doigts tendus. Des figures similaires sont connues depuis l’Atlas jusque dans le sud. La date de ces figures est incertaine, mais 8 Figure 7: ceramiques Campaniformes de la grotte des Contrebandiers (Jodin 1965) ne semble pas être plus ancienne que 2 à 3 siècles BC (Roche et Jodin 1966). Dans la grotte elle-même, le premier niveau contient du matériel remanié incluant des sépultures « récentes » et de la poterie berbère (Souville 1973, Roche 1963). Près de l’entrée, sous de nombreux blocs d’effondrement il existe du Chacolithique/Néolithique ancien avec des vases campaniformes de type Camora (Daugas 2002, Jodin 1965, Souville 1973, Nehren 1992, Roche 1976) (figures 7 et 8). Sous ce niveau, se trouve - en place – un dépôt néolithique avec un foyer et des trous de poteaux bien conservés. Les industries associées sont également campaniformes (Roche 1976, Jodin 1965). Il est fait mention dans la littérature que ce matériel peut être associé avec un Néolithique moyen ou un Néolithique récent (Daugas 2002), mais son origine précise dans la grotte est incertaine. Ce matériel comprend des objets et des céramiques appartenant au Cardial qui sont comparés au matériel trouvé à El Kiffen et à Skhirat. Le fait que des céramiques cardiales soient présentes est une découverte récente. Au paravent, on pensait que le Cardial 9 n’existait que dans la région de Tanger, dans le nord du Maroc. Les depots du Neolitiques de la grotte des Contrebandiers sont entièrement fouilles sauf une petite portion restante ouest de l’entrée de la grotte (figure 9) Figure 8: ceramiques Campaniformes de (a) Alapraia, Portugal, (b) grotte des Contrebandiers, et (c) Mehdia, Maroc (Jodin 1965). 10 Figure 9: pierre polis (3), pendule en schist (4), et hache polis (5) grotte des Contrebandiers (Jodin 1965). Maintenant, la présence de ce type de céramique a été attestée et date dans la grotte des Contrebandiers et à El Harhoura 2 (cf. tableau 1). Du lithique et d’autre matériel du Néolithique, comprenant des lamelles à dos, des pièces géométriques, des grattoirs, une hache polie, un polissoir, des fragments de coquilles d’œufs d’autruches et une pendeloque en schiste y ont été mis au jour (figures 9 et 10). Figure 10: lamelles à dos (1-8, 10), rectangle (9), et grattoir (11-12) de la grotte des Contrebandiers (Jodin 1965). 11 Stratigraphiquement, un mince niveau stérile (6) suit le Néolithique. Il sépare le Néolithique de l’Epipaléolithique (Ibéromaurusien) qui est sous-jacent. Dans la stratigraphie d’origine, l’Ibéromaurusien se trouve dans le niveau 2. Dans la stratigraphie révisée, il se situe dans le niveau 7 (Roche et Texier 1976). Le matériel de ce niveau consiste en 543 outils et 7635 éclats (Roche 1963). Cet assemblage ne contient aucun outil en os, ce qui est du à la faible conservation des restes osseux dans les niveaux supérieurs (Roche 1958-1959). L’industrie typique de l’Ibéromaurusien consiste en lamelles à dos, grattoirs, une grande variété d’outils et des denticulés (figures 11 et 12). Les burins sont rares et les microlithes géométriques totalement absents. La technique du microburin est présente. Plus surprenant pour de l’Ibéromaurusien est l’absence totale d’outils en os qui semble due aux conditions de préservation et les fait que les pièces esquillées sont très rares (Roche 1963). Les nucleus sont le plus souvent à un plan de frappeavec plan de frappe opposé. De plus, il faut mentionner un fragment d’hématite présentant une face polie. Cette industrie peut être comparée avec du matériel trouvé à quelques centaines de kilomètres dans le site de Taforalt, près d’Oujda (Roche 1963). Seul le matériel Ibéromaurusien a été totalement publié, le reste l’étant été de façon rapide. Sous cet Ibéromaurusien, se trouvent de nombreux niveaux rapportés à des industries moustériennes et atériennes. La description la plus complète se trouve dans la thèse de Bouzouggar (1997a). Cependant, la majeure partie de ces industries reste non publiée. Dans une brève note publiée dans le Bulletin d’Archéologie Marocaine, volume XIV, J. Roche mentionne que le matériel lithique des niveaux 14 et 16 a été étudié. Ce matériel est peu important et fabriqué à partir de matières premières grossières telles les quartz et quartzites. L’année suivante, une note similaire indique le nombre d’artefacts appartenant à quelques niveaux. Le niveau 9 des premières fouilles contient 720 objets, le niveau 11a des fouilles Roche-Texier, 720 objets et le niveau 11c des premières fouilles 4900 objets. La technologie dans ces niveaux est rudimentaire et les matières premières le plus souvent grossières. L’usage du quartz augmente l’aspect « archaïque » de cette industrie. Dans le niveau 9, 18 % de l’assemblage consiste en quartz et 42 % dans le niveau 11c. En général, une grande partie des matières premières a été utilisée sur le site. Les indices laminaire et Levallois sont faibles, alors que celui des encoches et denticulés est élevé. Dans le niveau 9, 20 % du matériel est pédonculé. Ce pourcentage diminue dans les niveaux plus anciens (6 % en 11a, 4,75 % ou 0 en 11b (selon les sources). Ceci conduit Roche à conclure que les industries de ces niveaux 11b et 11c appartiennent au Moustérien même si elles ne diffèrent pas technologiquement de l’Atérien. Finalement, la présence de bifaces dans les niveaux 11b et 11c doit être notée (Debénath et al.19811982, Debénath et al. 1983-1984, Debénath et al. 1986). Dans sa thèse, Bouzouggar (1997a, 1997b) analyse du matériel provenant de trois niveaux atériens (niveaux III, V et VII). Ce matériel provient e partie de ses fouilles et en partie de celles de Roche et Texier. Au total, il a examiné 2814 artefacts provenant de ces niveaux. Une grande partie de la thèse de Bouzouggar concerne l’identification des matières premières et l’analyse des industries par types de matières premières afin de reconstituer l’usage technologique et typologique de chacune d’entre elles. 12 Figure 11: Outils du niveau Ibéromaurusien de la grotte des Contrebandiers (Roche 1963, fig. 68). 1, 2 piquants trièdres. 3 à 5, 10, 15, 16, 19: lamelles à dos. 6, 8: lamelles à dos et extrémité distale à deux dos. 11, 21: lamelles à does et base retouchée. 12: lamelle scalene. 13, 14, 17: lamelles à dos partiel. 18: lamelle à dos et dédonculation. 20: lamelle à dos et trenchant denticulé. 22 à 24: lamelles à dos sur éclats d’avivage. 25 à 29: nucleus. 13 Figure 12: Outils du niveau Ibéromaurusien de la grotte des Contrebandiers (Roche 1963). 1: racloir. 2: pièce esquillée. 3, 5: pointes. 4, 13: denticulés. 6: pièce pédonculée. 7: perçoir. 8, 9: pièces à coche. 10: pièce à troncature. 11, 12: microburin. 14: burin. 15, 21 à 23: grattoirs sur calotte de galet. 16 à 20 grattoirs. 14 Les matières premières utilisées aux Contrebandiers comprennent du quartz, des quartzites, des silex, et des calcaires gris. En se basant sur cet échantillon, on ne remarque pas de changement de matières premières au cours du temps. Toutefois, il y a des indices indiquant un traitement différent des matières premières. Par exemple, le silex veiné de bonne qualité est utilisé plus intensivement que les silex de mauvaise qualité (Bouzouggar 1997a, 1997b). De plus, l’usage du silex devient plus complexe au fil des temps. Bouzouggar argue que le silex a été débité localement, tandis que les calcaires gris ont été importés comme produits finis. En termes de techno-typologie classique de ces niveaux, on peut dire que les pièces pédonculées diminuent en nombre avec le temps, observation également faite par J. Roche. Les pièces foliacées et les objets sur galets sont rares. Le Levallois est abondant dans le niveau III, décline dans le niveau V et est le plus abondant dans le niveau VII. Les encoches et denticulés sont fréquents dans les trois niveaux et augmentent avec le temps. Les racloirs sont abondants dans tous les niveaux, mais das le niveau VII, les encoches et denticulés constituent la classe d’outils la plus importante. L’utilisation du silex est importante (Bouzouggar 1997a, 1997b). Bien que nous sachions par la littérature qu’il y avait des restes fauniques, nous ne savons rien sur les espèces présentes, leur état de conservation ou l’abondance de ces restes. Tout ce que nous savons est que la conservation des os au sommet de la stratigraphie est plus mauvaise qu’à la base. Ceci a été noté en particulier pour expliquer l’absence d’objets en os dans les niveaux ibéromaurusiens (Roche 1963). Un des éléments obscurs est la présence de mollusques trouvés sur le site. Alors que dans les niveaux néolithiques, les mollusques forment de véritables kjoekkemoeddings, l’interprétation des coquilles dans les niveaux inférieurs est loin d’être claire. Quelques éléments semblent indiquer que ces coquilles pourraient provenir de l’érosion des parois de la grotte (Delibrias et al. 1982), tandis que d’autres suggèrent que les coquilles ont été apportées pour être consommées (Bouzouggar 1997b). Le site des contrebandiers est certainement mieux connu pour ses importantes séries de restes humains. Ces restes proviennent des niveaux atériens et ibéromaurusiens. Les plus importants sont ceux de l’Atérien car les restes de cette période sont extrêmement rares. Il n’y a que trois sites dans le nord de l’Afrique qui ont livré de façon sûre des restes humains fossiles associés à de l’Atérien. Ce sont Dar-es-Soltane 2, El Harhoura 1 (grotte Zouhra) et les Contrebandiers (Debénath 1976, 1980, 1982, 1992, 2000, Debénath et al 1986, Ferembach 1976a, 1976b, Roche 1976, Roche et Texier 1976, Senyürek 1940). Toutes ces sites sont au Maroc et sont tous dans des grottes proches de la côte atlantique dans la région de Rabat. Les restes supposés ibéromaurusiens des Contrebandiers comprennent six dents : une M1 et une M3 inférieures gauches, une M1 et une M2 supérieures gauches en place dans un fragment de maxillaire du niveau 3, une P1 supérieure droit et une M3 inférieure droite du niveau 2 (Ménard 1998). Compte tenu de leur grande taille on pense que quelques unes de ces dents pourraient appartenir à l’Atérien (Ménard 1998). 15 Les restes atériens consistent en une M2 supérieure gauche du niveau 8, une mandibule avec 12 dents, un occipital avec des fragments des pariétaux et un fragment de frontal du niveau 9 (Ferembach 1976a, 1998, Ménard 1998, Saban 1998, Vallois et Roche 1958). Il n’est pas sur que ces dernières pièces appartiennent au même individu. En se basant sur l’aspect non usé des dents de la mandibule ainsi que le souligne Ferembach (1988) et Ménard (1998), cela ne semble pas possible. Toutefois, Hublin (1993) pense que ces ossements appartiennent au même individu. Ceci concorde avec l’opinion de Saban (1998) qui attribue un âge plus jeune à l’occipital et au fait que les fragments ont été trouvés près les uns des autres (Roche 1976, Roche et Texier 1976) Au moment où la mandibule a été découverte on pensait qu’elle appartenait à une période plus ancienne, ceci à cause des caractères très robustes de la mandibule. Depuis, elle a été réinterprétée comme appartenant à un Atérien supérieur et la robustesse des dents correspond à celle des provenant des sites atériens proches, tel Dar-es-Soltane 2 (Ménard 2002). 16 Bibliographie de la grotte des Contrebandiers Bouzouggar, A. 1997. Matières premières et processus de fabrication et de gestion des supports d'outils dans la séquence atérienne de la grotte des Contrebandiers à Témara. ———. 1997. Économie des matières premières et du débitage dans la séquence atérienne de la grotte d'El Mnasra I (Ancienne grotte des Contrebandiers Maroc). Préhistoire anthropologie méditerranéennes 6:35-52. 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Nos principaux objectifs étaient les suivants : a) Etablir une convention de coopération scientifique entre l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine et l’Université de Pennsylvanie pour les fouilles dans la grottes des contrebandiers. b) Etudier une partie de la collection des fouilles Roche dans les années 50. c) Effectuer un relevé topographique et établir plusieurs point de référence dans la grotte des contrebandiers. Ces différents objectifs ont été atteints et nous les présenterons chacun à leur tour : a) Convention de coopération scientifique entre l’INSAP et Penn Pour formaliser les coopération entre l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP) d’une part et l’Université de Pennsylvanie (Penn) d’autre part, dans le but de fouiller et d’étudier la grotte des Contrebandiers, nous avons discuté et rédigé un avant-projet d’un commun accord. Ce document a été soumis pour approbation aux deux institutions. a) Etude de la collection J. Roche. Une part importante de notre activité de la campagne 2006 a été consacrée à l’étude des industries lithiques et des faunes atériennes provenant des fouilles J. Roche dans les années 50. Cette étude a été réalisée dans le Musée archéologique national de Rabat, dans une salle d’étude aimablement mise à notre disposition par le Conservateur, Monsieur Samir Raoui. b) Topographie et planimétrie La grotte des Contrebandiers ayant été fouillée à plusieurs reprises dans le passé, il est primordial de localiser précisément les nouvelles fouilles par rapport aux fouilles précédentes. Dans ce but, nous avons réalisé le plan intérieur détaillé de la cavité et repéré précisément chacune des zones des fouilles antérieures. De plus, nous avons également localisé précisément, chacun des (possibles) points de référence des fouilles antérieures. Enfin, nous avons positionnés plusieurs points de référence que nous avons scellé dans le rocher. Ce seront ces points de références qui seront utilisés pour aligner le carroyage des fouilles à venir avec celui des fouilles anciennes. 19 V. Convention de coopération scientifique entre l’INSAP et Penn Ci-dessous une copie du texte préliminaire soumis pour approbation aux deux institutions (INSAP et Penn). 20 21 22 23 VI. Etude de la collection J. Roche. A. Etude préliminaire de l’industrie lithique Méthodologie : L’étude du matériel a été réalisée en utilisant des ordinateurs portables pour la saisie des données, une balance électronique « Ohaus scale » pour la mesure du poids des objets au gramme près, et des pieds à coulisses digitaux « Mitutoyo » pour la prise des différentes mesures (au centième de millimètre) sur les objets archéologiques. En fonction des types d’objets étudiés, nous avons relevé les variables suivantes. Pour toutes les pièces >2,5cm et les outils <2,5cm Nom du site Niveau Carré Numéro de boîte Numéro d’objet Type (catégorie) d’objet Matière première Technologie du débitage Morphologie Type (d’après la liste typologie François Bordes) Sous-type (d’après la liste typologie François Bordes) Type de nucléus Intensité de retouche Type de talon Proportion de cortex Usure des bords Traces de feu Présence d’un pédoncule Type (d’après la liste typologie François Bordes) des objets pédonculés (indépendamment du pédoncule) Morphologie du bord opposé au pédoncule Type de retouche du pédoncule Dimensions du pédoncule : longueur, largeur, épaisseur (0,01 mm) Dimensions de l’objet : longueur, largeur, épaisseur (0,01 mm) Angle de l’outil par rapport au pédoncule Pour toutes les pièces <2,5cm Nom du site Niveau Carré Numéro de boîte Numéro d’objet 24 Type (catégorie) d’objet Décomptes des pièces <2.5cm Poids des pièces <2.5cm Pour toutes les pièces non taillées (toutes dimensions) Décompte Numérotation des pièces : La numération n’ayant pas été homogène pour l’ensemble de la série, nous avons décidé de numéroter les pièces non marquées avec notre propre système. Chaque boîte a été numérotée et les pièces contenues dans cette boîte sont numérotées de 1 à n. Par exemple, le numéro « 176-34 » correspond à la 34ème pièce de la boîte 176. La numération des pièces nous permet de faire correspondre chaque pièce avec les données de l’étude le concernant, sa photographie et toutes les informations pouvant être collectées dans le futur. Ce système de numérotation a été utilisé aussi bien pour la faune que pour l’industrie lithique. Variétés de matières premières : La grande diversité des matières premières représentées est un des aspects intéressants concernant l’industrie lithique de la grotte des Contrebandiers. Ces matières premières pouvant être rattachées à de nombreuses sources potentielles de collecte dans l’environnement, leur étude représente une part complexe de l’analyse des pièces lithiques. Nous présentons ici quelques variétés de matières premières sous la forme de photographies couleur (voir figures 13, 14, et 15). Les catégories de matières premières sont les quartz, quartzites et différentes variétés de silex. Le tableau 2 présente la distribution des outils et éclats selon les matières premières. Celui-ci indique clairement qu’il y a une différence importante entre les deux. Beaucoup plus d’outils que d’éclats ont été fabriqués sur des matières premières à grain fin. Tableau 2: distribution des outils et éclats selon les matières premières Outils Grain grossier Grain fin Calcédoine Quartz Autres Total Eclats n % n % 27 59 5 7 2 100 27 59 5 7 2 100 385 250 47 112 76 870 44 29 5 13 9 100 25 Figure 13: Exemples de silex de grain fin de la grotte des Contrebandiers. 26 Figure 14: Exemples de silex grain grossier de la grotte des Contrebandiers. 27 Figure 15: Exemples de quartz de la grotte des Contrebandiers. 28 Description générale de la collection : Nous avons étudié toutes les pièces de la séries J. Roche, à l’exception des pièces récoltées par Henrion, et qui ont été soigneusement étiquetées séparément sous la mention « apport Henrion ». Au moment de l’étude, nous ignorions si les informations indiquant le niveau d’où provenaient les pièces étaient fiables. Nous avons par la suite appris que Henrion avait été le chef de chantier de J. Roche et qu’à ce titre, les infirmations pouvaient être considérées comme fiables. Nous projetons d’étudier cette série « Henrion » lors d’une prochaine campagne de terrain aux Contrebandiers. En plus de la totalité des pièces provenant des fouilles J. Roche dans les années 50, nous avons également étudié une partie des outils provenant des fouilles J. Roche J.-P. Texier. Nous avons souhaité obtenir un échantillon suffisamment grand afin que notre analyse des pièces pédonculées de cette collection puisse être plus significative. Ces données seront présentées brièvement dans une discussion plus spécifique concernant les pièces pédonculées. Ce qui suit est une description des pièces pour chaque niveau. Niveau III 1263 pièces lithiques ont été étudiées. Il faut y ajouter de nombreux objets présents dans la collection, et qui posent la question de leur origine anthropique (pièces taillées). Les décomptes ci-après n’incluent pas ces pièces, qui sont majoritairement des fragments de quartz (voir tableaux 3, 4, 5 et 6). 29 Tableau 3: Répartition des différentes catégories technologiques du niveau III. Catégorie technologique Outils entiers Fragments proximaux d’outils Fragments distaux d’outils Fragments mésiaux d’outils Eclats entiers Fragments d’éclats Nucléus et fragments de nucleus Débris Total Décompte 31 5 10 15 411 390 53 348 1263 Tableau 4: Indices typologiques du niveau III. Indices Typologique ILty IR IAU Groupe I Groupe II Groupe III Groupe IV Réel 21.4 10.7 0.0 21.4 12.6 11.7 9.7 Essentiel 18.6 0.0 22 20.3 17 30 Tableau 5: Décomptes typologiques du niveau III selon la liste-type de F. Bordes. Type Bordes 1 éclat Levallois typique 2 éclat Levallois atypique 4 pointe Levallois retouchée 5 pointe pseudo-Levallois 6 pointe moustérienne 9 racloir simple droit 10 racloir simple convexe 11 racloir simple concave 19 racloir convergent convexe 22 racloir transverse droit 25 racloir sur face plane 30 grattoir typique 31 grattoir atypique 33 burin atypique 34 perçoir typique 38 couteau à dos naturel 40 éclat tronqué 42 encoche 43 denticulé 44 bec burinant alterne 45 retouche face plane 48 éclats avec retouche alterne ou abrupte 50 retouche bifaciale 54 encoche en bout 57 pointe pédonculée 58 outil pédonculée 59 chopper 61 chopping-tool 64 pièce tronquée-facettée 65 grattoir sur talon décompte réel décompte essentiel Décompte 11 10 1 1 1 2 4 1 1 1 1 2 1 2 5 7 2 10 10 1 2 11 2 3 2 5 1 1 1 1 103 59 31 Tableau 6 : longueur, largeur, épaisseur et poids des éclats, des outils et des nucléus du niveau IV. Eclats Moyenne SD N Outils Moyenne SD N Nuclei Moyenne SD N longueur largeur épaisseur poids 32.4 9.2 411 24.1 8.1 411 7.6 3.4 411 9.9 11 411 36.6 15.3 31 26.4 8.8 31 8.3 3.3 31 11.5 13.2 31 43.7 20.1 39 33.9 16.3 39 19.9 11.8 39 69.2 121.2 39 Niveau IV Seuls 83 pièces ont été identifiées comme provenant du niveau basal des fouilles J. Roche à la grotte des Contrebandiers. Etant donné la faiblesse de l’écantillon, il est difficile d’analyser ce niveau. Les decomptes présentés ici concernent les catégories typologiques et les indices typo-technologiques (voir tableaux 7, 8, 9 et 10). Table 7 : Décomptes typologiques du niveau IV selon la liste-type de F. Bordes. Type Bordes 2 éclat Levalois atypique 9 racloir simple droit 34 perçoir typique 42 encoche 43 denticulé 45 retouche face plane 50 retouche bifaciale 65 grattoir sur talon décompte réel décompte essentiel Décompte 3 2 1 2 1 1 1 1 12 7 32 Tableau 8: Répartition des différentes catégories technologiques du niveau IV. Catégorie technologique Outils entiers Fragments proximaux d’outils Fragments distaux d’outils Fragments mésiaux d’outils Eclats entiers Fragments d’éclats Nucléus et fragments de nucléus Débris Total Décompte 2 0 1 2 31 22 6 22 86 Tableau 9: indices typologiques du niveau IV. Indices Typologique ILty IR IAU Groupe I Groupe II Groupe III Groupe IV Réel 25 16.7 0.0 25 16.7 8.3 8.3 Essentiel 28.6 0.0 28.57 14.3 14.3 Tableau 10: longeur, largeur et épaisseur d’éclats et nucleus de niveau IV. Eclats Moyenne SD N Nucléus Moyenne SD N longueur largeur épaisseur poids 35.4 12.6 31 26.6 8.6 31 7.3 5.2 31 12.7 23.4 31 48.6 12.9 20 39.2 10.5 19 28.6 46.1 20 42.0 23.2 20 33 Examen des pièces pédonculées : Les pièces pédonculées sont (tout compte fait) rares aux Contreandiers (voir figure 16). Au total, elles représentent moins de 0,6% de la totalité de l’assemblage. Si l’on ne prend en compte que l’outillage, cette proportion augmente à 11,9%. Les outils pédonculés sont en moyenne plus longs que les autres outils, mais ils sont moins larges. En d’autres termes, aux Contrebandiers, les outils pédonculés semblent être plus élancés que les autres outils. Les outils sont en gnéral plus grands que les éclats non retouchés. Bien qu’il y ait une grande variété de types d’outils pédonculés, il semble cependant clair que les pédoncules eux-mêmes sont très standardisés (voir tableau 11). Les types d’outils observés sur le bord opposé au pédoncule sont des grattoirs, des encoches, des racloirs convergents et des racloirs doubles. Toutefois, la plupart des pièces sont caractérisées par l’absence de retouches. Tableau 11: Mesures des pièces pédonculées et des pédoncules. Longueur Largeur épaisseur Pédoncule Moyenne 10.3 11.3 6.3 SD 2.7 3 1.9 N 21 21 21 Pièces pédonculées Moyenne 40 24.3 7.2 SD 10.6 6.2 3.2 N 17 17 17 poids n/a n/a n/a 8 5.9 17 Description générale de l’assemblage lithique de la grotte des Contrebandiers assemblage: Nous traiterons ici tous l’assemblage lithique provenant des différents niveaux Paléolithique moyen des Contrebandiers comme une seule et même industrie. Aux contrebandiers, près de 10% des séries du Paléolithique moyen présente des traces de combustion (voir tableau 12). Tableau 12 : Pièces présentant des traces de combustion. Nb de pièces Traces de combustion Non brûlé n/a 120 1271 45 Les préparations de talons différents entre les éclats et les outils ? Les outils présentent un talon plus préparé que les éclats. En outre, les talons d’éclats sont plus souvent corticaux que ceux des outils (voir tableau 13). 34 Figure 16: Examples de pièces pedonculées de la grotte des Contrebandiers. 35 Tableau 13: Distribution des types de talons pour les éclats et les outils. n 10 19 2 12 Cortical Plat Dièdre Facetté En chapeau de gendarme Punctiforme Autre Total Outils % 22 42 4 27 0 0 2 45 Eclats n 238 271 31 27 0 0 4 % 40 46 5 5 1 9 14 591 0 2 2 Les matières premières indiquent clairement une sélections des éclats et matériau à grain fin pour le façonnage des outils (voir tableau 14). Ceci indique une nette différence entre les caractéristiques respectives des outils et des éclats, ces différences devront être plus particulièrement examinées dans le futur. Tableau 14: Distribution des matières premières pour les outils et les éclats. Outils Grain grossier Grain fin Calcédoine Quartz Autres Total Eclats n % n % 27 59 5 7 2 100 27 59 5 7 2 100 385 250 47 112 76 870 44 29 5 13 9 100 Si l’on prend en compte toute la série, il y a 4,4% des nucléus et de fragments de nucléus. Le Tableau 15 présente la répartition des différents types de nucléus. La majorité d’entre eux suivent une technique de réduction sur une seule face, parmi lesquels les nucléus Levallois peuvent être considérés comme une variété particulière. Les autres nucléus ont tendance à être très variables et sont probablement « opportunistes » si l’on considère les nombreux nucléus « informes » et les « autres » types de nucléus. Ces deux types réunis forment pratiquement la moitié de l’ensemble considéré. 36 Tableau 15 : Types de nucléus présents à la grotte des Contrebandiers. Type Levallois Simple face Kombewa globuleux Bloc testé informe autre Total N 5 18 2 1 3 11 13 53 % 9 34 4 2 6 21 25 Le tableau 16 montre que les supports non corticaux ont été préférentiellement sélectionnés pour le façonnage des outils. Comme cela est souvent le cas dans la plupart des séries, la majorité des supports des outils sont non corticaux et seulement quelquesuns présentent beaucoup de cortex. Tableau 16: Surface corticale résiduelle sur les éclats et les outils. Outils surface corticale 0% 1-10% 10-40% 40-60% 60-90% 90-99% 100% Total N 30 5 8 7 5 0 1 56 Eclats % 54 9 14 13 9 0 2 N 147 83 98 44 38 18 16 444 % 33 19 22 10 9 4 4 37 B. Etude préliminaire de la faune L’Atérien et peut-être la tradition culturelle (au sens des outils) la plus répandue dans toute l’Afrique, et les sites atériens ont été attribués auparavant à des environnements désertiques (Clark 1967), bien que Wengler (1997) détaille une phase de tradition et de sélection de matières premières coïncidant avec une phase humide en Afrique du nord. Récemment, Marean et Assefa (2004) ont proposé que les types de végétation à travers l’Afrique, soumis à des conditions climatiques glaciaires et interglaciaires, étaient tout à fait différents durant le Pléistocène. Plutôt que de considérer les industries bifaciales du Middle Stone Age comme une tradition adaptée aux climats arides, ces auteurs soutiennent qu’elles sont en fait toutes des adaptations à une végétation de prairie. Les sites atériens, s’ils sont considérés comme contemporains de périodes interglaciaires devraient être préservés dans des environnements plus humides (Macklin et al. 2002) qui pourraient être assimilés à des paysages des prairies arborées. Beaucoup de sites atériens sont situés sur la côte méditerranéenne du Maroc, qui semble avoir fluctué entre la végétation arbustive et la forêt méditerranéenne, en fonction des épisodes glaciaires et interglaciaires (Adams & Faure 1997) Bien qu’il existe de nombreuses fouilles et publications de listes d’espèces provenant de sites atériens au Maroc et ailleurs (par exemple Michel 1992; Michel et Wengler 1993;Ould Sabar et Michel 1996 ), il n’y a pas d’étude publiée sur les faunes des Contrebandiers. En l’absence de liste d’espèces, et sans identifications d’espèces, il ne peut pas y avoir non plus d’études archéozoologiques et paléoécologiques de la faune. En outre, bien qu’il soit probable que les hommes soient responsables des tous les assemblages atériens, des sites comme les Contrebandiers n’ont jamais été étudiés d’un pont de vue taphonomique (Hawkins et Kleindienst 2001). L’étude des faunes des niveaux atériens des Contrebandiers va apporter des informations sur le type exact d’habitat exploité par les hommes anatomiquement modernes dans cette région, sur la signification de cette exploitation à travers l’analyse des parties anatomiques conservées et les modifications des assemblages osseux, et contribuer à une datation plus précise des niveaux atériens grâce aux datations ESR sur de l’émail dentaire, ainsi que d’autres méthodes de datations sur des os et des coquillages. Selon les premières informations rassemblées en Mai 2006 au Musée archéologique national à Rabat sur les matériel collecté par J. Roche en 1957, nous avons décompté 3 108 ossements (Tableau 17). Les carrés E20 et D20 présentent la plus grande quantité d’ossements, suivis par les carrés D19 et C20. La plupart des os sont fragmentés en très petits éléments (Tableaux 17 et 18). Environ 6% des spécimens inventoriés présentent des traces de combustion, alors que seulement 3% des ossements présentent des traces de découpe ou de percussion. Toutefois, l’identification de la plupart des traces de découpes nécessite une observation au microscope, et il probable qu’une analyse plus poussée des ossements provenant des fouilles de J. Roche révélera probablement plus d’actions 38 anthropiques. Figure 17 présente quelques exemples de faune de la grotte des Contrebandiers. Les espèces qui ont pu être identifiées (Tableau 19) jusqu’à présent aux Contrebandiers, indiquent un environnement de prairie arborée. Les grands animaux (par exemple le rhinocéros et l’aurochs ont tendance a être des individus juvéniles, ce qui indique peutêtre que les atériens ont préféré des animaux d’une taille particulière. Les tests d’œufs d’autruche sont présents, mais seul une pièce présente des traces de combustion. Ainsi, les atériens semblent avoir exploités diverses ressources animales, dont des reptiles, des œufs d’autruches et de la viande de mammifère. 39 1. Bos primigenius molaire supérieur 4. Dicerorhinus molaire inférieur 2. Dicerorhinus fragment de molaire 5. Trace d’outil sûr une côte 6. Trace d’outil et marques de percussion sûr un humerus 3. Hippopotamus incisive inférieur Figure 17 : Quelques exemples de faune de la grotte des Contrebandiers. 40 Tableau 17 : Synthèse du matériel selon les boîtes et les carrés de J. Roche Boîte F1 F2 F3 F4 F5 F6 F7 F8 F9 F10 F11 F12 F13 F14 F15 F16 F17 F18 F19 F20 F21 F22 F23 F24 F25 F26 F27 F28 F29 F30 F31 Carré E20 B20 F20 DH19 B19 F20 A19-20 C20 E20 B20 B20 D20 C19 A19-20 D20 D19 GH19 GH20 C20 E19 F20 D19 F19 D20 C20 GH19 FGH1920 B20 No prov No prov Os < 2 Os OS Niveau cm Microfaune Coquillages concrétionnés numérotés III 10 5 10 232 III 7 III 50 1 7 19 120 III 28 5 19 56 III 16 8 5 24 III 48 12 5 133 III 32 7 52 60 III 2 12 III 3 III 1 III 5 III 12 III 14 3 2 68 III 3 1 31 III 71 41 35 83 III 74 22 101 III 1 III 45 2 36 54 III 33 1 19 23 66 III 11 III 9 III 49 17 13 174 III 29 7 55 44 III 109 38 35 211 III 246 17 44 163 III III 2 III III III III 857 Total des ossements: 2 213 353 1683 3108 41 Tableau 18 : Distribution des parties anatomiques parties anatomiques Calcanéus Carpe/Tarse Fémur Cheville osseuse Humérus Pelvis Mandibule Maxillaire Metacarpe Metatarse Metapode Phalanx Radius côte Scapula Fragments de crâne Tibia Ulna Vertebrae Dents: Canine Incisives Molaires Prémolaires Fragments Number 9 16 76 7 100 25 63 1 9 10 47 50 58 76 19 60 38 26 100 Test d’oeuf (Autruche) Carapace (Tortue) 3 17 Esquilles d’os Eclats (?) d’os Fragments d’os 296 144 320 4 11 38 15 8 Note: Les esquilles sont celles qui ont pu être indentifiées comme tel, les éclats d’os sont des fragments d’os fins, les framgents sont les pièces non identifiables, qu’elles proviennent d’esquilles ou pas. 42 Tableau 19 : Liste préliminaires des espèces des niveaux atériens de la grotte des Contrebandiers Mammalia Artiodactyla Bovidae Alcelaphus buselaphus Connochaetes taurinus Gazella dorcas Gazella cuvieri Hippotragini gen et. sp. indet. Bos primigenius Suidae Phacochoerus aethiopicus Hippopotamidae Hippopotamus amphibious Perissodactyla Rhinocerotidae Dicerorhinus hemitoechus Ceratotherium simum Equidae Equus sp. Carnivora Felidae ?Panthera sp. Primates Cercopithecidae ?Macaca sp. Lagomorpha Oryctolagus cuniculus Rodentia Hystricidae Hystrix cristata Aves Struthionidae Struthio camelus Reptilia Anapsidae Testuda graeca Varanidae Varanus sp. 43 VII. Topographie et planimétrie La topographie de la grotte des Contrebandiers a été réalise pendant la campagne de préparation de 2006. Nous avons réalise le plan intérieur détaillé de la cavité et repéré précisément chacune des zones de fouilles antérieures. Le plan et présenté en figure 18 et inclus les trois points de références que nous avons scellés dans le rocher. Pendant la campagne de 2007 nous voulons finir le plan topographique a l’extérieur de la grotte. Tableau 20 présente tous les points de référence que nous avons coordonnés à l’intérieur et l’extérieur de la cavité. Tableau 20 : Points de référence de la grotte des Contrebandiers. Name datum1 datum2 datum3 datum4 datum5 datum6 datum7 datum8 datum9 datum10 Day 13-May-06 13-May-06 13-May-06 13-May-06 13-May-06 13-May-06 13-May-06 13-May-06 13-May-06 14-May-06 Time 10:22:40 AM 10:23:43 AM 10:25:05 AM 10:25:41 AM 10:28:40 AM 10:29:18 AM 12:07:29 PM 3:17:24 PM 3:20:13 PM 10:11:38 AM x 1008.073 1006.593 1004.734 995.537 998.751 999.03 996.168 1001.847 1001.064 1000.826 y 1002.221 1001.107 988.262 1004.461 1022.769 1020.002 1003.09 1003.701 1009.883 993.001 z 30.345 28.615 30.441 30.518 29.562 30.703 28.876 27.534 27.449 28.785 44 Figure 18 : Plan de la grotte des Contrebandiers avec les zones fouillées et les points de référence nouveaux permanents. 45 VIII. Bibliographie Adams, J. M., et H. Faure. 1997. Review and Atlas of Palaeovegetation: Preliminary Land Ecosystem Maps of the World Since the Last Glacial Maximum. Oak Ridge National Laboratory. Bouzouggar, A. 1997. Matières premières et processus de fabrication et de gestion des supports d'outils dans la séquence atérienne de la grotte des Contrebandiers à Témara. Thèse de doctorat, Université de Bordeaux. ———. 1997. Économie des matières premières et du débitage dans la séquence atérienne de la grotte d'El Mnasra I (Ancienne grotte des Contrebandiers Maroc). Préhistoire anthropologie méditerranéennes 6:35-52. Clark, J. D. 1967. Atlas of African Prehistory. Chicago: University of Chicago Press. Daugas, J. P. 2002. Le néolithique du Maroc: pour un modèle d'évolution chronologique et culturelle. Bulletin d'archéologie marocaine 19:135-171. Debénath, A. 1976. Le site de Dar-es-Soltane 2, à Rabat (Maroc). Bulletin Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris XIII:181-182. Debénath, A., J.-P. Raynal, J. Roche, et T. J. P. 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