Recherche sur les enfants dans les mines artisanales à Kambove
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Recherche sur les enfants dans les mines artisanales à Kambove
Recherche sur les enfants dans les mines artisanales à Kambove, en RDC Principaux constats || mai 2013 World Vision est une organisation de solidarité internationale qui lutte contre toutes les formes de pauvreté et d’injustice à travers ses programmes d’aide humanitaire d’urgence, de développement et ses actions de plaidoyer. Inspirés par nos valeurs chrétiennes, nous apportons une aide aux enfants et aux familles les plus démunis, sans aucune forme de discrimination sociale, ethnique ou religieuse. Copyright © 2013 World Vision RDC 192, avenue des Étoiles, Kinshasa – Gombe République démocratique du Congo Vue d’ensemble, limites et remerciements Le présent rapport dévoile les principaux constats issues de la recherche menée en juin 2012 à Kambove, dans la province du Katanga, en République démocratique du Congo (RDC). Les enfants ont eux-mêmes décrit, dans le cadre d’entrevues, les circonstances, les conséquences et les motivations de leur travail dans les mines, et ils ont proposé diverses solutions. Leurs descriptions ont ensuite été comparées et complétées par les adultes, notamment leurs parents et des intervenants au sein de la communauté et de l’industrie minière. Ce rapport présente un résumé de ce que nous avons entendu de la part des enfants et de la communauté dans son ensemble. Un document interne complet et détaillé, comprenant toutes les données issues de la recherche, a été préparé à l’intention du personnel de World Vision. Intitulé La parole est aux enfants qui travaillent dans les mines, le présent rapport offre une version sommaire des principaux constats permettant de mieux comprendre la situation des enfants travaillant dans les mines à Kambove en RDC. Les constats du rapport reflètent le contexte dans lequel s’est inscrite la recherche, soit les mines artisanales de Kambove, dans le sud de la RDC. Il importe toutefois de souligner que ce rapport ne prétend nullement pouvoir appliquer ses constats, ses analyses et recommendations à d’autres contextes d’exploitation minière artisanale, y compris en RD Congo. Il fait d’ailleurs préciser que la recherche ménée à cet endroit a fait ressortir des enjeux qui different de la situation beaucoup plus médiatisée et conflictuelle existant dans les mines artisanales de l’est de la RDC. Cela étant dit, 2 cette recherche permet d’élargir nos connaissances sur les enfants qui travaillent dans les mines artisanales en RDC. Elle vient par ailleurs confirmer la réalité de la communauté de Kambove, où œuvre World Vision RDC (WVRDC), et contribuera à orienter ses activités de développement dans cette communauté et dans d’autres communautés du même genre dans la province du Katanga. Il est à espérer que le présent rapport se révélera utile également aux autres intervenants qui s’intéressent aux problèmes posés par le travail des enfants dans les mines. Les résultats de cette recherche sont le fruit du travail consciencieux des membres de l’équipe de direction de WVRDC et de World Vision Canada (WVC), soit Symphorien Mande, Patricia Kashala, Jean Dewey Mushitu, Patrick Shimba, Abigael Kabemba, Suzanne Cherry, Daniel Lavan, ainsi que du personnel et des partenaires communautaires de WVRDC Kambove, encadrés et supervisés par Jerry Kazadi,Vianney Dong, Harry Kits, Cheryl Hotchkiss et Tanis McKnight. Nous remercions sincèrement les participants qui ont accepté de collaborer avec les chercheurs et les responsables de cette recherche. Pour plus d’information, véuillez communiquer avec World Vision RDC. Les chercheurs qui souhaitent se renseigner sur la méthodologie ou sur des résultats précis sont invités à communiquer avec World Vision RDC. Photographie par World Vision RDC, avec permission des autorités world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment Jean, travailleur minier, prend la parole... Bien qu’il ne soit âgé que de 8 ans, Jean* fait des journées de travail d’adulte, et ce avant de partir à l’école. Sa journée commence dès 6 h 30 lorsqu’il va rejoindre sa maman dans les mines. Il y accomplit diverses tâches : s’occuper de son petit frère, ramasser des fragments de roche poussiéreux sur le sol, aider au transport de ces fragments jusqu’à des bassins artificiels où d’autres employés, particulièrement des filles et des femmes, les nettoient et les passent au crible pour isoler le précieux minerai. Certaines semaines, il travaille seulement pendant quelques jours, , d’autres , presque tous les jours , et ce pendant toute l’année. Lorsqu’on lui demande s’il prend des pauses pour aller manger, il répond « rarement, parfois à la fin, avant de partir. » Les parents de Jean travaillent , mais leurs salaires sont insuffisants pour subvenir aux besoins de la famille. La maman de Jean lui a donc demandé de travailler avec elle dans les mines. Jean a compris qu’il devait travailler pour aider sa famille. Il remet son maigre salaire à ses parents, mais il peut en utiliser une partie pour s’acheter des vêtements. Ses parents lui conseillent d’utiliser aussi son argent pour payer ses frais scolaires. Même si elle lui a demandé de travailler, la maman de Jean s’inquiète pour son fils, et pour bonne cause. Nous avons demandé à Jean si son état de santé avait changé depuis qu’il travaillait dans les mines. « Depuis que je travaille ici, j’ai des problèmes de peau et des douleurs * Le nom de Jean et certains détails personnels ont été changés pour protéger son anonymat. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 3 musculaires, et j’ai mal aux yeux », raconte-t-il. Il souffre également d’une toux persistante. « Ces problèmes surgissent lorsque je viens de dans les mines; quand je ne travaille pas, je me sens bien. » Lorsque nous lui avons demandé pourquoi il croyait que ces problèmes étaient causés par son travail, il a répondu : « Les produits ici sont piquants ; il y a beaucoup de poussière, et je demeure longtemps dans la même position. » Il a même subi des blessures légères. Jean termine son travail à 14 h et il se dirige ensuite vers l’école. Il est en retard pour son âge; il a même dû doubler une année. Il doit s’absenter de l’école chaque semaine, souvent parce qu’il est malade. Mais dans 4 l’entre temps, son travail aide sa famille à payer ses frais scolaires. Jean ne souhaite absolument pas travailler comme mineur plus tard. Il est catégorique : « Je ne voudrais pas faire ce travail. » Le seul aspect positif qu’il trouve à cet emploi est que ça lui permet de gagner de l’argent et d’aider sa famille. , il signale cependant que ce travail est dangereux et qu’il nuit à ses études. Il veut faire des études universitaires et devenir chauffeur. Lorsque nous lui avons demandé s’il pourra abandonner son travail dans les mines pour poursuivre ses rêves, il a répondu : « Oui… mais j’aurai besoin de l’aide de quelqu’un, car mes parents ne pourront pas m’aider. » world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment Recherche sur les enfants dans les mines artisanales à Kambove, en rdc Principaux constats Résumé exécutif Contexte Le travail des enfants est un problème fort complexe, lié à la pauvreté, au manque de services sociaux et d’emplois alternatifs à l’exploitation artisanales. Il nous incombe d’abord de comprendre les conditions de vie et les besoins particuliers de ces enfants et de leurs familles. Partant de là nous pourrons ensuite développer des solutions efficaces en fonction des circonstances et des besoins, solutions susceptibles de permettre aux enfants d’échapper aux pires conditions de travail. Les appels solennels à l’éradication de toutes les formes de travail des enfants ignorent souvent la complexité du problème, l’incidence de la pauvreté et les choix difficiles auxquels les enfants sont confrontés. Des enfants qui travaillent dans les mines d’une communauté dans le sud de la province du Katanga RDC décrivent cette réalité dans le présent rapport. La participation directe des enfants constituait un objectif essentiel de la recherche. Dans le cadre d’entrevues, ils brossent un tableau des circonstances, des conséquences et des motivations de leur travail à la mine, et ils proposent diverses solutions. Leurs descriptions sont ensuite comparées et complétées par des adultes, notamment leurs parents et divers intervenants au sein de la communauté et de l’industrie minière. Une écoute attentive nous a permis de recueillir l’information suivante : `` Les garçons et les filles sont très présents dans les mines artisanales non officielles de la cité de Kambove. Ils participent dès leur jeune âge à toutes les activités de la mine, soit le creusage, le nettoyage et le triage. `` Les enfants ne sont pas contraints de travailler dans les mines; ils le font de leur plein gré. Ils apprennent le travail de leurs parents et, dans les cas de pauvreté extrême, ils comprennent qu’ils aident ainsi leur famille à joindre les deux bouts. Nous reconnaissons, bien sûr, que les choix des enfants découlent souvent de fortes pressions sociales, donc qu’ils ne sont pas vraiment « libres ». Cela étant dit, la recherche montre clairement que pour de nombreux enfants, la décision de travailler représente un choix dans le contexte familial, et que ce choix n’est pas influencé de façon indue. Il y a toutefois lieu de croire que les enfants sont exploités dans les mines, notamment en ce qui a trait à la rémunération et à aux conditions de travail. `` Il existe un lien très étroit entre le travail à la mine et la fréquentation scolaire. Plus de la moitié des enfants interviewés avaient abandonné l’école, et ceux qui allaient à l’école travaillaient au moins une partie du temps à la mine. L’incapacité de payer les frais scolaires constitue un obstacle à la scolarisation. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 5 La recherche n’a pu déterminer avec certitude le rapport de cause à effet existant entre le travail à la mine, la fréquentation de l’école et l’incapacité de payer les frais scolaires. `` Le travail à la mine entraîne de graves conséquences pour la santé des enfants, qu’il s’agisse du danger immédiat de subir des blessures ou des effets à long terme d’une exposition prolongée au cuivre ou au cobalt. Des recherches plus poussées et une prise de conscience accrue par les enfants et la communauté sont nécessaires. `` Les conflits et les problèmes d’agressions sexuelles sont beaucoup moins présents à Kambove qu’ailleurs en RDC. `` Les adultes aussi bien que les enfants ont invariablement laissé entendre qu’ils préféreraient ne pas travailler à la mine. Dans leur immense majorité, les enfants ont dit qu’ils aimeraient mieux aller à l’école et qu’ils nourrissaient de grandes ambitions pour leur carrière future et leur contribution à la communauté. `` Les organismes gouvernementaux, les ONG et les autres intervenants ont toujours eu une capacité limitée à améliorer de façon durable la situation sociale et économique, à faire respecter les règlements et à développer des solutions de rechange afin de créer des conditions qui permettraient aux enfants d’abandonner leur travail à la mine. `` La disponibilité d’emplois convenables pour les adultes constitue l’un des moyens essentiels proposés pour permettre aux enfants de sortir des mines. Diverses propositions allant de la formation des travailleurs à la création de coopératives, en passant par le renforcement des compétences financières, ont été faites. Conclusions La conclusion de ce rapport qui s’impose est que tous les enfants devraient cesser de travailler dans les mines artisanales de Kambove. Parvenir à l’étape du retrait des enfants des mines artisanales de Kambove représente un problème épineux. Dans le présent contexte, le qualificatif « épineux » laisse entendre que le travail des enfants dans les mines artisanales représente un 6 problème complexe et délicat, qu’aucune solution linéaire ne pourrait résoudre. Le problème des enfants dans les mines est intégré trop profondément au contexte général pour être considéré séparément. Il faut se placer dans une perspective plus large, sinon les mesures visant à atténuer le problème sont presque certainement vouées à l’échec. Des programmes et des campagnes de sensibilisation visant directement les victimes de la pire forme d’exploitation par le travail sont évidemment nécessaires, mais de telles interventions doivent s’inscrire dans l’optique globale du développement du pays. Toutefois, en faisant entendre leur voix, les enfants et les autres membres de la communauté de Kambove ont permis de faire connaître les questions nécessitant une attention accrue. 1 Dans chaque région et dans chaque communauté de la RDC, donner la parole aux enfants dans les mines et mener des recherches en vue de comprendre les circonstances, les conséquences et les motivations de leur travail, et de dégager des solutions éventuelles. 2 Sensibiliser les enfants et le reste de la communauté aux conséquences à long terme de ce travail sur la santé, aux dangers inhérents et aux possibilités perdues par les enfants qui ne vont pas à l’école. Cette démarche pourrait aussi viser à mieux faire comprendre le code minier et les lois de la RDC sur les droits des femmes et des enfants. 3 Mieux comprendre les divers services gouvernementaux et les possibilités d’améliorer les lois et les politiques afin de réglementer le travail dans les mines artisanales de façon qu’il soit plus sûr et plus durable et qu’il contribue à la croissance de l’économie Congolaise. 4 Améliorer le développement socio-économique des communautés. La fourniture de services et de programmes de réduction de la pauvreté et de développement durable (moyens de subsistance, santé, eau, salubrité, éducation, etc.) incombe d’abord aux différents paliers de gouvernement et aux fournisseurs de services locaux. Les ONG internationales et les sociétés minières peuvent jouer un rôle en aidant le gouvernement et les communautés à offrir ces services. world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment 5 Créer les conditions permettant d’assurer la prospérité, la diversification et la résilience de l’économie locale, notamment en offrant des emplois pour remplacer le travail à la mine, mais aussi, dans la mesure du possible, en officialisant les mines artisanales afin de les rendre viables et rentables économiquement pour les ménages, les entités locales et le pays. 6 Définir le rôle que les opérateurs miniers nationaux et internationaux, et autres acteurs de développement, peuvent jouer dans la résolution du problème du travail des enfants dans les mines en RDC. 7 Intégrer à toute intervention des mesures d’apprentissage et d’évaluation continus. Les problèmes épineux ne se prêtent pas à des solutions simples. Ils nécessitent une évaluation continue, l’essai de nouvelles mesures et l’établissement de nouveaux liens entre les interventions. L’engagement à long terme d’un large éventail d’intervenants sera nécessaire pour remédier au problème du travail des enfants dans les mines. Les solutions ne résident pas dans des projets à court terme portant sur une ou deux questions pendant la durée du financement du projet. Elles passent par la pleine participation des différents paliers de gouvernement, des organisations et des dirigeants communautaires, des organismes confessionnels, des ONG et d’ autres parténaires intéressées. Et, surtout, par l’engagement ferme des personnes les plus touchées : les enfants et les familles. Glossaire de terminologie 1 Négociants Intermédiaires qui achètent le minerai directement dans les mines et le vendent à des transformateurs (fondeurs ou maisons d’achat). adp Projet de développement régionale (Area Development Program)1 AR Aucune réponse (sigle utilisé dans les tableaux) CMKK Coopérative minière Maadini KwaKilimo (coopérative de mines artisanales) ONG Organisation non gouvernementale RDC République Démocratique du Congo Creuseurs Principalement des hommes âgés entre 20 et 60 ans. GCM Gécamines (La Générale des Carrières et des Mines). Grande société minière appartenant à l’État; important employeur, producteur de cuivre et de cobalt dans la province du Katanga au cours des décennies précédentes. SAESSCAM Service d’Assistance et d’Encadrement du Small ScaleMining (service d’assistance technique offert par le gouvernement de la RDC aux petites exploitations minières) WVC World Vision Canada WVRDC World Vision RDC Un ADP ( Area Development Program ) est un programme de World Vision à long terme axé sur les enfants et conçu pour aider entre 15 000 et 100 000 personnes. Modèles de développement communautaire, les ADP relient des villages pour les amener à collaborer au sein de regroupements régionaux en vue de s’attaquer aux causes fondamentales de la pauvreté. En règle générale, World Vision exécute les ADP dans les communautés pendant une période de 10 à 15 ans. Des moniteurs, qui proviennent habituellement de la région, sont formés afin qu’ils apprennent à établir des relations, à aider les communautés à déterminer leurs besoins et les solutions éventuelles, à assister les dirigeants locaux et à favoriser le réseautage au sein de la société et des services de l’État (se reporter à http://www.visionmondiale.ca/wWVondiale/Programmes-et-projets/Pages/Acceuil.aspx). Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 7 Table des matieres 1Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 1.1 Donner la parole aux enfants qui travaillent dans les mines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 1.2 Enfants qui travaillent dans les mines en RDC . . 10 3.3.1 Les enfants parlent des conséquences de leur travail dans les mines sur leurs études . . 29 1.3 World Vision et le travail des enfants dans les mines en RDC . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 3.3.2 Les enfants parlent des conséquences de leur travail dans les mines pour leur santé . . 31 2 Vue d’ensemble de la recherche . . . . . . . 12 4 Solutions proposées aux problèmes des enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 2.1 Objectifs de la recherche . . . . . . . . . . . . . 12 2.2 Thèmes et questions de la recherche . . . . . . . 13 2.3 Méthodologie et participation . . . . . . . . . . 13 2.3.1 Entrevues réalisées avec les enfants . . . . . 14 4.1 Projets d’avenir des enfants qui travaillent dans les mines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 4.2 Solutions proposées par les adultes . . . . . . . . 36 2.3.2 Groupes de discussion des adultes . . . . . . 14 4.2.1 Coûts liés à l’éducation et à la garde des enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 2.3.3 Entrevues réalisées avec des informateurs clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 4.2.2 Agriculture et autres moyens de subsistance 37 2.3.4 Visites des sites d’exploitation minière . . . . 15 4.2.3 Réformer et améliorer les activités minières artisanales . . . . . . . . . . . . . 39 2.3.5 Analyse des données . . . . . . . . . . . . . 16 4.2.4 Application de la loi . . . . . . . . . . . . . 39 2.4 Cadre géographique et limites du rapport . . . . 16 4.2.5 Autres rôles du gouvernement, des coopératives et des sociétés minières . . . . 40 3 La parole est aux enfants qui travaillent dans les mines . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 3.1 Nature du travail des enfants dans les mines artisanales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 4.2.6 Rôles des ONG et stratégies de subsistance . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 4.2.7 Installations récréatives pour les jeunes . . . 42 3.1.1 Proportion d’enfants dans les mines à Kambove . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 4.2.8 Atténuation des conséquences pour la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 3.1.2 Tâches confiées aux enfants : Principaux constats issus des entrevues avec les enfants et des visites des sites d’exploitation . . . . . 19 4.2.9 Rôle éventuel de World Vision . . . . . . . . 42 3.1.3 Renseignements fournis par les adultes concernant le travail des enfants dans les mines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 3.1.4 Autres observations sur la présence d’enfants sur les sites . . . . . . . . . . . . . 21 3.2 Facteurs incitant les enfants à travailler dans une mine artisanale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 3.2.1 Principaux resultats constats concernant les facteurs incitant les enfants à travailler dans une mine artisanale . . . . . . . . . . . . . . 22 3.2.2 Renseignements fournis par les adultes concernant les facteurs incitant les enfants à travailler dans les mines . . . . . . . . . . 24 8 3.3 Conséquences du travail des enfants dans les mines pour leur bien-être . . . . . . . . . . . . . 29 5 Travail des enfants dans les mines : Un problème épineux, un obstacle au développement . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 5.1 La parole est aux enfants qui travaillent dans les mines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 5.2 Travail dangereux . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 5.3 Un problème épineux . . . . . . . . . . . . . . . 45 5.4 Le canaris dans la mine : Un obstacle au développement . . . . . . . . . . 45 5.5 Recherche de solutions . . . . . . . . . . . . . . 45 5.6 Engagement de World Vision envers le problème du travail des enfants dans les mines . . . . . . . 46 world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment 1 || Introduction « Poursuivre notre travail de développement sans nous soucier de ce phénomène équivaudrait à construire une maison sur le sable. » – Jerry Kazadi, Directeur National Adjoint, World Vision RDC 1.1 Donner la parole aux enfants qui travaillent dans les mines Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), les emplois dangereux représentent l’une des pires formes d’exploitation des enfants par le travail. L’OIT estime que « 53 % des 215 millions de travailleurs juvéniles occupent des emplois dangereux2. Pour l’OIT, ces statistiques constituent des estimations, car les pays qui comptent une main-d’œuvre enfantine importante et visible omettent souvent de produire des statistiques détaillées. On en sait encore moins sur les circonstances de la vie de ces enfants. Nous manquons 2 tout simplement d’information sur le travail des enfants dans les pays en développement. « Les enfants effectuant des travaux dangereux ne sont pas souvent porter à connaissance parmi les cas de travail des enfants. Même si des photos les montrent, lorsqu’il est question d’agir, ils sont souvent éclipsés par des formes de travail des enfants qui ont retenu l’attention du public, par exemple les enfants soldats ou ceux victimes de la traite. Ils sont aussi parfois dilués dans l’ensemble des initiatives portant sur le travail des enfants en général. Aujourdhui encore, très peu de politiques OIT, 2011, p. xi. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 9 “Les rues de la ville seront remplies de jeunes garçons et de jeunes filles, jouant dans les rues.” – Zacharie 8:5 ou programmes sont axés sur les besoins spécifiques des enfants qui effectuent des travaux dangereux3. » En outre, comme on peut le constater dans le présent rapport, le travail des enfants est un problème fort complexe, lié à la pauvreté, au manque de services sociaux et d’emplois de remplacement, avec effets sur le l’éducation et la santé, et à l’exploitation humaine. Il nous incombe d’abord de comprendre les conditions de vie et les besoins particuliers de ces enfants et de leurs familles. Nous pourrons ensuite développer des solutions efficaces en fonction des circonstances et des besoins, solutions susceptibles de permettre aux enfants d’échapper aux pires conditions de travail. Les appels solennels à l’éradication de toutes les formes de travail des enfants ignorent souvent la complexité du problème, l’incidence de la pauvreté et les choix difficiles auxquels les enfants sont confrontés. Des enfants qui travaillent dans les mines d’une communauté dans le sud de la province du Katanga décrivent cette réalité dans le présent rapport. La participation directe des enfants constituait un objectif essentiel de la recherche. Dans le cadre d’entrevues, ils brossent un tableau des circonstances, des conséquences et des motivations de leur travail dans les mines, et ils proposent diverses solutions. Leurs descriptions sont ensuite comparées et complétées par celles des adultes, notamment leurs parents et divers intervenants au sein de la communauté et de l’industrie minière. Ce rapport présente un résumé de ce que nous avons entendu de la part des enfants et de la communauté. 1.2 Enfants qui travaillent dans les mines en RDC La République démocratique du Congo (RDC), avec une population estimée à 72M millions d’habitants, est le deuxième pays le plus peuplé en Afrique subsaharienne et l’un des plus vastes pays africains. La RDC possède des ressources minières dont la valeur estimée atteint le chiffre astronomique de 24 billions $. En revanche, seulement 46 % de la population a accès à des sources f d’eau potable et le taux de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans est de 168/1 000. La RDC est classée en dernière position sur l’indice du développement humain 2012. L’exploitation minière industrielle a constitué historiquement la base de la croissance économique et de la création d’emplois en RDC. Cependant, le déclin de l’économie du pays au début des années 1970, combiné aux changements apportés au code et aux règlements régissant l’industrie minière, a entraîné un ralentissement dans cette industrie. On estime qu’à l’heure actuelle, entre 60 et 90 % de la production minière provient de mines artisanales et de petites exploitations minières4. Dans les mines artisanales, les opérations de creusage, de nettoyage et de triage se font à la main. Ces mines représentent une source d’emploi (directs et indirects) pour plus de 14 % de la population. On estime par ailleurs que jusqu’à 40 % des employés dans les nombreuses mines artisanales du pays sont des enfants5. L’exploitation minière en RDC a fait l’objet de nombreuses études, de reportages alarmants dans les médias et d’importantes campagnes de sensibilisation. Cet intérêt reflète la terrible réalité de certaines exploitations minières en RDC, particulièrement dans l’est du pays, où la mort, la violence, le vol et les luttes de pouvoir sont omniprésents. Toutefois, ces exposés peuvent aisément fausser la réalité en masquant la complexité de la situation. Certaines régions font face à des conflits, d’autres en sont épargnées; certaines 3 Ibid. 4 Feeney, P. , 2010, p. 7. 5 La documentation sur la ceinture cuprifère du Katanga et de la RDC/Zambie reflète le consensus selon lequel les enfants (âgés de moins de 18 ans) représentent en gros 40 % des effectifs dans les mines artisanales. (Tsurukawa, 2011, p. 32) 10 world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment régions ont des mines industrielles, d’autres non; certaines régions extraient du minerai soi-disant conflictuel, d’autres non. La réalité varie selon la région ou la communauté. Ainsi, la situation des enfants dans les mines est différente dans le sud du Katanga par rapport au nord de cette province ou à l’est du pays. World Vision reconnaît que d’importantes études analytiques portant sur les mines artisanales, particulièrement en RDC et plus généralement en Afrique, sont déjà en cours. Et nous sommes conscients que d’autres organisations ont commencé à examiner cet épineux problème en RDC. Il est difficile de s’attaquer au problème du travail des enfants dans les mines en RDC en raison d’un manque de recherches continues et méthodiques. Ainsi, l’insuffisance des recherches conduit trop souvent à une généralisation de la situation d’une communauté et à son application à l’ensemble d’une région ou du pays. World Vision dispose de très peu de recherches systématiques sur les enfants qui travaillent dans les mines dans la province du Katanga et sur les effets de ce travail sur eux à court et à long terme. En ce qui concerne Kambove plus particulièrement, nous connaissons l’existence d’une seule autre étude, menée en 2008 par l’Université de Lubumbashi (Université de Lubumbashi/OCU, 2008). 1.3 World Vision et le travail des enfants dans les mines en RDC World Vision est présente en RDC depuis 1960, et y œuvre officiellement depuis 1984. WVRDC compte plus de 550 employés sur place et des bureaux régionaux à Kinshasa, Lubumbashi, Gemena et Goma; le bureau national est établi à Kinshasa. World Vision RDC cherche depuis quelques années à élargir ses connaissances et à s’attaquer aux causes et aux problèmes (notamment des politiques) qui soustendent les difficultés inhérentes à la pauvreté, en rapport n avec la protection et la santé des enfants. Cela s’est traduit par un intérêt renouvelé du partenariat pour World Vision RDC et par un engagement à déterminer comment World Vision (en collaboration avec d’autres organisations) pourrait accroître l’efficacité de son action en RDC en s’attaquant aux effets néfastes de l’extraction minière sur la santé et la protection des enfants. Afin de découvrir la réalité qui est celle des enfants dans les mines artisanales du Katanga, WVRDC a décidé de donner la parolaux enfants dans la cité de , où elle œuvre depuis 2007. Le Programme de World Vision à Kambove travaille à améliorer l’éducation des enfants de la communauté, à réduire la morbidité et la mortalité infantile, ainsi que maternelle, et à contribuer à la sécurité alimentaire. En ce qui concerne l’exploitation artisanale World Vision à Kambove a établi un partenariat avec les services du Ministère de l’Éducation afin d’entreprendre une campagne de sensibilisation auprès des enfants, des parents, des églises et des autorités locales. Cette campagne de sensibilisation vise à encourager les enfants à fréquenter l’école et à être conscients des risques de l’exploitation artisanale sur leur la santé. World Vision a également soutenu la prise en charge médicale de certains enfants affectés par leur travail dans les mines artisanales. La présente recherche constitue la première étape de l’engagement à long terme de WVRDC à résoudre le problème épineux du travail des enfants dans les mines dans les communautés du Katanga. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 11 2 || Vue d’ensemble de la recherche Sont énoncés dans la présente section : `` les objectifs de la recherche; `` les principaux thèmes et questions de la recherche; `` la méthodologie, le nombre et le sexe des participants pour chaque méthode; `` le cadre géographique et les limites de la recherche. 2.1 Objectifs de la recherche `` Ce projet a constitué la première initiative de WVRDC en vue d’étudier directement, au niveau communautaire, les problèmes liés aux mines artisanales en RDC. Soulignons que le financement de cette recherche n’était disponible que pendant une partie de l’année 2012, et qu’un délai limité était imparti pour la conception et la planification. `` adapter les programmes et les mesures de sensibilisation appliqués par WV à la situation des enfants qui travaillent dans une mine artisanale en RDC; Pour les raisons indiquées ci-dessus, nous avons décidé de limiter la portée de cette recherche, dont voici l’énoncé des objectifs : 12 wrecueillir l’information auprès des enfants concernant leur expérience comme travailleurs dans une mine artisanale et les effets de ce travail sur leur bien-être; `` aider WV à développer des méthodes d’apprentissage et d’intervention auprès des enfants et des communautés concernant le travail des world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment enfants dans les mines artisanales, étant donné qu’on trouve ce genre de mines à divers endroits où WV est à l’œuvre; `` définir des mesures efficaces pouvant être prises par d’autres intervenants (p. ex., les gouvernements de la RDC et d’autres pays, les entreprises de la RDC, les organisations de la société civile, les donateurs) pour lutter contre le travail des enfants dans les mines artisanales. Cette recherche ne se voulait pas une étude « scientifique » approfondie, avec échantillonnage aléatoire des enfants et des familles touchés par l’exploitation minière artisanale. Les résultats de cette première initiative étaient plutôt destinés à constituer le fondement d’interventions-pilotes visant à répondre aux besoins des enfants qui travaillent dans les mines artisanales. Ils permettront de définir et d’orienter des recherches plus poussées par World Vision et d’autres intervenants dans la province du Katanga en RDC. 2.2 Thèmes et questions de la recherche Thèmes de la recherche Le présent rapport décrit sommairement la recherche menée sur les enfants travaillant dans des mines artisanales dans le contexte de Kambove (voir la section 2.4). La recherche avait pour objet d’examiner : `` la nature du travail des enfants dans ces mines; `` les facteurs motivant le travail des enfants dans ces mines; `` l’incidence de ce travail sur la santé et l’éducation des enfants; `` les champs éventuels d’intervention pour aider les enfants à quitter ce travail. ce travail avec leurs autres activités, notamment l’école ? `` Quel lien y a-t-il entre le travail de l’enfant dans les mines et sa capacité à fréquenter l’école ? `` Quelles sont les conséquences immédiates les plus évidentes de ce travail et de ce milieu de travail sur la santé des enfants ? `` Quel lien y a-t-il entre le travail d’un enfant dans une mine artisanale et la subsistance immédiate de sa famille immédiate ? Comment les enfants et les parents conçoivent-ils le rôle des enfants pour assurer la subsistance de la famille ? `` Quels facteurs additionnels ont incité l’enfant à travailler dans une mine artisanale ? Quelle influence a été exercée par des personnes autres que les parents (p. ex., les camarades) sur la décision de l’enfant de travailler dans une mine artisanale ? `` Parmi les initiatives visant à résoudre les problèmes liés au travail des enfants dans les mines, lesquelles ont connu du succès ? Lesquelles n’ont pas eu de succès ? Indiquez pourquoi. 2.3 Méthodologie et participation La participation des enfants était l’un des principaux objectifs de la recherche. Ils ont décrit, dans le cadre d’entrevues, les circonstances entourant leur travail et les facteurs qui les ont amenés à travailler dans une mine. Leurs descriptions ont été ensuite comparées et complétées par les adultes, notamment leurs parents et divers intervenants au sein de la communauté. Ce rapport présente un résumé de ce que nous avons entendu de la part des enfants et de la communauté dans son ensemble. Voir ci-dessous un aperçu de la méthodologie employée pour la recherche. Questions associées à la recherche Des questions générales associées aux grands thèmes de la recherche ont été examinées : `` Quelles sont la nature et l’intensité du travail accompli par les enfants dans les mines artisanales ? Quelles sont leurs tâches ? Combien de temps consacrent-ils à ce travail dans une journée, une semaine, une année ? Comment concilient-ils 2.3.1 Entrevues réalisées avec les enfants Nous avons sélectionné 53 enfants travaillant dans une mine artisanale pour répondre au questionnaire. Les entrevues ont duré entre 45 et 60 minutes. Elles se sont déroulées sur les lieux mêmes de travail ç-à-d la mine, généralement dans un endroit tranquille, plutôt privé, par exemple sous un arbre. Toutefois, certains enfants ont Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 13 préféré passer l’entrevue en travaillant. Tableau 1 || Participants selon l’âge et le sexe Âge 9 10 Afin d’obtenir le véritable F 1 1 point de vue des enfants travaillant dans les G 2 mines, nous avons évité Total 3 1 les questions à choix multiples. Nos catégories de réponses, indiquées ci-dessous, correspondent aux catégories créées par les réponses des enfants. Les intervieweurs locaux avaient reçu pour consigne de ne fournir des options de réponses aux enfants que lorsqu’ils auraient de la difficulté à comprendre la question, et ce uniquement après avoir tenté de la reformuler. Les enfants ont été sélectionnés pour la recherche en fonction des critères suivants : `` Ils devaient avoir entre 8 et 17 ans.Voir la répartition selon l’âge et le sexe au tableau 1. Le pourcentage des enfants appartenant à chacune des trois tranches d’âge sélectionnées est indiqué au tableau 26. Même si des enfants de moins de 8 ans sont présents dans les mines artisanales, nous avons estimé que pour pouvoir répondre avec assurance à un questionnaire portant sur une variété de sujets, l’enfant devait avoir au moins 8 ans. Il se trouve que le plus jeune participant était âgé de 9 ans. `` Les enfants habitaient à l’intérieur de la zone d’intervention du Programme de développement régional (ADP) de World Vision. Ce critère avait une Tableau 2 || Pourcentage d’enfants par tranche d’âge Tranches d’âge 9-11 13,2 % 12-14 41,5 % 15-17 45,3 % Total 100 % 6 14 Pourcentages 11 12 13 14 15 16 17 Total 1 1 5 4 6 4 1 24 2 3 5 4 6 3 4 29 3 4 10 8 12 7 5 53 motivation éthique : les enfants qui participaient à la recherche pourraient profiter (directement ou indirectement) des mesures prises par WV pour donner suite aux résultats de la recherche. La méthode de sélection des enfants qui travaillent dans les mines correspond à un échantillonnage de commodité plutôt qu’à un échantillonnage aléatoire. Cette méthode a été jugée appropriée, étant donné que cette recherche se voulait un premier survol de ces questions et qu’elle avait une portée limitée. Il importe de souligner que le nombre d’enfants employés dans des mines artisanales peut fluctuer grandement d’une journée à une autre ou d’une saison à l’autre, et même en raison de facteurs comme le prix du minerai pratiqué par les négociants localement et le prix sur le marché mondial. Ces variations rendent plus difficile la généralisation des résultats. Ce genre de recherche ne peut fournir qu’un aperçu de la situation à un moment donné. 2.3.2 Groupes de discussion des adultes La recherche par groupe de discussion comprenait : `` 2 groupes de discussion avec les mères des enfants employés dans les mines artisanales `` 2 groupes de discussion avec les pères des enfants employés dans les mines artisanales `` 1 groupe de discussion avec les creuseurs ◊ Ces « creuseurs » étaient des hommes dont l’âge allait de la vingtaine à la cinquantaine. Certains étaient affectés à cette tâche depuis 2002. Leur niveau de scolarité variait du primaire au diplôme universitaire. La plupart avaient des enfants qui Par rapport aux pourcentages pour un échantillon de 75 enfants de Kambove travaillant dans une mine artisanale : 6 à 8 ans (5,3 %); 9 à 11 ans (26,7 %); 12 à 14 ans (30,7 %); 15 à 17 ans (37,3 %) (Université de Lubumbashi/OCU, 2008). Ni notre recherche ni celle de l’Université de Lubumbashi n’ont constitué un recensement exhaustif des enfants travaillant dans une mine artisanale, et n’ont permis de confirmer si ces tranches d’âge étaient représentatives de l’ensemble de la population. world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment les assistaient ou travaillaient dans les mines, mais ce n’était pas un critère de participation. `` 1 groupe de discussion avec l es négociants Tableau 3 || Nombre de participants Nombre de filles / femmes Nombre de garçons / d’hommes Total Entrevues avec des enfants 24 29 53 Groupe de discussion - Mères 16 Méthode Groupe de discussion - Pères 16 30 30 Groupe de discussion - Creuseurs 15 15 ◊ Les négociants Groupe de discussion - Négociants 7 7 sont des intermédiaires Entrevues – Informateurs clés 1 10 11 qui achètent Totals 41 91 132 le minerai directement dans Les informateurs choisis travaillaient dans le secteur les mines et le géographique où a eu lieu la recherche. Les entrevues vendent à des transformateurs (fondeurs ou ont duré entre une heure et deux heures et demie. maisons d’achat). Ce groupe comprenait quatre négociants ainsi que des membres de syndicats 2.3.4 Visites des sites d’exploitation minière et de coopératives de mines artisanales. Les séances des groupes de discussion duraient entre une heure et demie et deux heures. Comme pour les enfants, ces personnes ont été choisies parmi les adultes habitant à l’intérieur de la zone d’intervention de l’ de l’ADP. Ainsi, ces participants pourraient profiter des interventions futures de World Vision. Cela assurait en outre que tous les participants (enfants et adultes) se référeraient à la même population d’enfants. Ce critère est important, car la situation des enfants employés dans les mines artisanales peut varier grandement selon l’emplacement géographique de la mine. Il était important que les membres de l’équipe de recherche, qui provenaient de l’extérieur de la zone visée, puissent visiter des sites d’exploitation où travaillaient des enfants. Ils ont obtenu la permission de visiter quatre mines artisanales où ils étaient accompagnés par des agents des services du gouvernement. Ils ont pu observer diverses tâches exécutées par des adultes et des enfants. 2.3.3 Entrevues réalisées avec des informateurs clés Ces visites ont été brèves (environ deux heures). L’équipe n’a pas recueilli de données à cette occasion, mais les visites ont contribué grandement à mieux faire comprendre le fonctionnement de ces mines ainsi que les difficultés et les dangers auxquels font face les enfants qui y travaillent. Nous avons réalisé des entrevues avec 11 informateurs clés : 2.3.5 Analyse des données `` responsables gouvernementaux élus; `` fonctionnaires; `` chefs religieux; `` représentants d’ONG locales et internationales; `` représentants du secteur privé (mines). Au terme de la recherche, l’équipe, qui se trouvait toujours en RDC, a examiné les données brutes et présenté des observations préliminaires à un groupe restreint comprenant du personnel de WV et quelques membres de la communauté de Kambove, qui sont des partenaires clés de WV. Cet exercice a permis de clarifier, corriger et confirmer certains thèmes émanant des données brutes. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 15 Les données brutes tirées des questionnaires des enfants ont par la suite été consignées sur une feuille de calcul Excel (à l’exception de celles produites par les questions ouvertes, pour lesquelles on s’attendait à des réponses plus longues). Principalement à l’aide de la fonction « tableau croisé dynamique » d’Excel, les résultats obtenus pour chaque question ont été examinés et classés selon le sexe ou l’âge (selon le cas). De plus, des liens entre les réponses aux différentes questions dans le questionnaire de l’enfant ont été explorés (par exemple, avec qui l’enfant résidait, et si l’enfant allait à l’école). Les principaux constats issues de la recherche sont présentées dans le rapport. Cependant, en raison de la taille limitée de l’échantillon et de notre connaissance imprécise de la mesure dans laquelle cet échantillon représentait le nombre total d’enfants travaillant dans une mine artisanale, nous avons décidé de ne pas évaluer le caractère statistiquement significatif de ces liens. Par ailleurs, pour les résultats numériques, comme les moyennes, nous n’avons pas calculé les intervalles de confiance parce que l’échantillon d’enfants n’avait pas été sélectionné de façon aléatoire. Les réponses ouvertes, donc plus longues, se prêtaient moins bien à la manipulation quantitative sur Excel. Elles ont donc été consignées et codées séparément et, dans certains cas, des catégories de réponses ont été quantifiées manuellement pour présentation dans le rapport. Les données qualitatives tirées des groupes de discussion et des entrevues des informateurs clés ont été colligées et analysées en fonction des questions générales de l’étude. Un document interne complet et détaillé, comprenant toutes les données issues de la recherche, a été préparé à l’intention du personnel de World Vision. Intitulé La parole est aux enfants qui travaillent dans les mines, le présent rapport offre une version sommaire des principaux constats visant à mieux comprendre la situation des enfants travaillant dans les mines artisanales de Kambove en RDC. 7 16 2.4 Cadre géographique et limites du rapport Les resultats condensés dans ce rapport reflètent le contexte dans lequel s’est inscrite la recherche, soit l’exploitation artisanale, à Kambove, précisement dans des zones de résidus de la Gécamines (GCM) (résidus accumulés pendant près de 40 à 50 ans) et des écoulements d’eau provenant des installations de traitement de la GCM. De nombreux resultats obtenus à l’issue de cette recherche viennent confirmer certains aspects d’analyses précédentes sur le travail des enfants dans les mines dans divers contextes africains. Ils confirment également de nouveau les descriptions des facteurs historiques, sociaux et économiques liés à la prévalence des activités minières artisanales en RDC ainsi que leurs conséquences sociales et environnementales (Banchirigah et Hilson, 2010; Hilson, 2010; PACT, 2010; Tsurukawa et coll., 2011). Il importe toutefois de souligner que ce rapport ne prétend nullement pouvoir appliquer ses resultats , ses analyses et ses recommandations à d’autres contextes d’exploitation minière artisanale, y compris en RDC. Nous tenons plus particulièrement à souligner que la recherche menée à cet endroit a fait ressortir des enjeux qui diffèrent de la situation beaucoup plus médiatisée et conflictuelle existant dans les mines artisanales dans l’est de la RDC. Par ailleurs, il est essentiel de souligner d’emblée la distinction officielle existant entre les sites où les activités minières artisanales sont approuvées par le gouvernement et les sites de Kambove, où la recherche a été effectuée, où ce type d’activité n’est pas officiellement approuvé. En 2009, il y avait 17 zones approuvées au Katanga (PACT, 2010). Comme l’ont expliqué des informateurs, ces zones ont été établies afin de diriger les mineurs vers des sites plus sûrs, mieux réglementés et mieux organisés7. Les activités minières artisanales sur les sites non officiels, comme ceux de Kambove, sont tolérées en raison de l’incapacité du gouvernement à faire respecter les lois, d’une part, et pour éviter les troubles sociaux et les difficultés économiques que leur fermeture entraînerait vraisemblablement en l’absence d’autres possibilités Le processus de désignation officiel des zones minières artisanales est décrit à la section 4.5 du PACT (2010). world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment d’emplois8. La majorité des personnes qui travaillent dans les mines du Katanga le font sur des sites non officiels. (Des renseignements plus détaillés figurent à la section 3.2.2.3). Cela étant dit, cette recherche permet d’élargir nos connaissances sur les enfants qui travaillent dans les mines artisanales en RDC. Elle vient par ailleurs 8 confirmer la réalité de la communauté de Kambove, où œuvre WVRDC, et contribuera à orienter ses activités dans la province du Katanga. Il est à espérer que le présent rapport se révélera utile également aux autres intervenants qui s’intéressent aux problèmes posés par le travail des enfants dans les mines. L’extraction artisanale du cuivre et du cobalt au Katanga a été officiellement autorisée pour la première fois en 1998 par le président de l’époque, L.D. Kabila, après l’effondrement de la GCM, afin de venir en aide aux nouveaux chômeurs, dont certains n’avaient pas été payés depuis 30 mois (Tsurukawa et coll., 2011, p. 16 Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 17 3 || La parole est aux enfants qui travaillent dans les mines Le présent rapport dévoile principaux constats issus de la recherche menée en juin 2012 à Kambove, dans la province du Katanga. Les enfants et d’autres intervenants de la communauté ont décrit les circonstances, les conséquences et les motivations de leur travail dans les mines, et ont proposé diverses solutions. 3.1.1 Proportion d’enfants dans les mines à Kambove 3.1 Nature du travail des enfants dans les mines artisanales La recherche n’a pas permis de recenser le nombre total de travailleurs ou, plus particulièrement, d’enfants qui travaillent dans les mines de Kambove, où ont été sélectionnés les répondants aux questionnaires. Un seul informateur clé, qui estimait que le tiers des enfants de Kambove travaillaient dans les mines, a mentionné un pourcentage. Cet informateur a précisé que ce pourcentage comprenait à la fois les enfants dont les familles immédiates sont originaires de la région et les enfants des nouveaux arrivants. Les questions suivantes sont examinées dans la présente section : `` Quelles sont la nature et l’intensité du travail accompli par les enfants dans les mines artisanales ? Quelles sont leurs tâches ? Combien de temps consacrent-ils à ce travail dans une journée, une semaine, une année ? Selon les données sur le Katanga et celles de Copperbelt, on estime généralement à 40 % la proportion d’enfants (moins de 18 ans) qui travaillent dans les mines de la région (Tsurukawa, 2011, p. 32). `` Comment concilient-ils ce travail avec leurs autres activités, notamment l’école ? 18 world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment 3.1.2 Tâches confiées aux enfants : Principaux constats issus des entrevues avec les enfants et des visites des sites d’exploitation `` Les enfants, âgés de 9 à 17 ans, que nous avons interviewés ont dit effectuer diverses tâches. Parmi cellesci, mentionnons le creusage, le ramassage, le transport, le nettoyage et le triage du minerai (voir les définitions dans l’encadré I) ainsi que la vente de nourriture et de boissons aux autres travailleurs dans les mines. `` Les membres de l’équipe ont observé directement les enfants au travail sur divers sites miniers. Ils ont constaté la présence de très jeunes enfants (des bébés et des enfants de moins de cinq ans), mais ces derniers ne travaillaient pas. Des informateurs adultes ont confirmé la présence d’enfants et expliqué qu’elle était attribuable à l’absence de services de garde. `` Nous avons constaté que les tâches étaient dévolues aux enfants selon le sexe. Les garçons adolescents étaient en majorité affectés au creusage; un plus grand nombre de garçons que de filles étaient affectés au ramassage et au triage, tandis que les filles étaient plus nombreuses à être affectées au nettoyage et au tamissage du minerai ainsi qu’à la vente. `` Le creusage est la tâche qui présente les dangers les plus immédiats et les plus évidents, en raison des risques d’effondrement des puits et des tunnels et autres accidents du même genre. Même si ce travail est généralement accompli par des enfants de 12 ans et plus, deux garçons (sur 29) de 9 et 11 ans ont mentionné être actuellement affectés au creusage et à une autre tâche. Deux autres garçons ont dit avoir commencé à faire ce travail à l’âge de 9 et 10 ans. `` Au moment où la recherche a été effectuée (en juin, alors que les vacances scolaires avaient commencé), les enfants, filles et garçons, ont dit travailler en moyenne 34 heures par semaine; 40 % des enfants (21 sur 53) ont précisé que l’intensité du travail variait selon les saisons. Ainsi, certains enfants travaillent davantage durant les vacances scolaires, tandis que d’autres travaillent plus souvent durant la saison sèche ou la saison des pluies. `` L’âge moyen pour commencer à travailler dans les mines est de 11 ans pour les garçons et de 12 ans pour les filles. Sept filles sur 24 ont indiqué avoir commencé à travailler avant l’âge de 12 ans; deux d’entre elles ont dit avoir commencé à l’âge de 7 ans. Seize garçons sur 29 ont indiqué avoir commencé à travailler avant l’âge de 11 ans; deux d’entre eux ont dit avoir commencé à l’âge de 6 ans. `` Nous avons demandé aux enfants à quelles activités ils se livraient lorsqu’ils ne travaillaient pas dans les mines. Toutes les filles (24) ont dit ne pas avoir de temps à consacrer aux loisirs ou aux sports, comparativement à 9 garçons (sur 29) qui ont dit avoir le temps de le faire. Encadré 1 || Tâches des enfants dans les mines Les enfants interviewés ont mentionné les tâches suivantes : adultes ont indiqué faire du transport à bicyclette et ont été observés en train de le faire. Creusage : creuser avec des pioches et des pelles pour créer des puits et des tunnels horizontaux et en extraire le minerai « brut ». Nettoyage : rincer le minerai extrait ou ramassé. Cette activité, effectuée dans l’eau jusqu’à la taille, nécessite souvent l’utilisation de tamis, auquel cas elle est appelée tamisage. Ramassage : ramasser le minerai (la pierre, p. ex.) visible à la surface du sol. Transport : transport effectué par des enfants, par exemple amener le minerai à la surface, apporter les bacs de minerai (sur la tête) aux sites de nettoyage. Des Triage : séparer les matières non minérales des matières minérales nettoyées. Vente : vendre de la nourriture, des boissons et d’autres articles à d’autres travailleurs. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 19 Tableau 4 || Nombre de fois où une tâche a été mentionnée, selon le sexe F G Total nettoyage 17 8 25 creusage 1 12 13 ramassage 2 11 13 transport 2 3 5 triage 1 2 3 vente 3 1 4 autre 1 0 1 Total 27 37 64 `` Nous avons demandé aux enfants quelles tâches domestiques ils accomplissaient. Les filles ont dit accomplir, en moyenne, presque deux fois plus de tâches domestiques que les garçons. Elles ont notamment mentionné la garde d’enfants, la cuisine, la lessive, le balayage et la collecte de l’eau. (À noter que nous n’avons pas posé de question sur les tâches effectuées à l’extérieur de la maison, par exemple l’aide aux parents sur le petit élevage ou les activités autres que le travail dans les mines permettant de gagner de l’argent). 3.1.3 Renseignements fournis par les adultes concernant le travail des enfants dans les mines `` Des participants aux groupes de discussion ont admis que de nombreux enfants travaillaient dans les mines à Kambove, dont des enfants de 10 à 15 ans, avec leurs parents ou des groupes de travailleurs. `` Les déclarations des adultes corroborent l’ensemble des constats établis à partir des questionnaire des enfants : a) l’âge des enfants qui travaillent dans les mines; b) les tâches des enfants, y compris les tâches dévolues selon le sexe (les garçons sont affectés au creusage; les filles, au nettoyage). que cette tâche était confiée à des enfants. Ces affirmations viennent contredire les constats établis à partir des questionnaires des enfants. En effet, 12 garçons sur 29 ont déclaré être affectés au creusage (et à une autre tâche pour certains d’entre eux – voir le tableau 4). Les réponses de certains informateurs clés donnent aussi l’impression qu’un pourcentage moins élevé de garçons de moins de 15 ans sont affectés au creusage, comparativement au pourcentage établi à partir des données issues des questionnaires des enfants. `` Des participants aux groupes de discussion ont corroboré les affirmations des informateurs clés selon lesquelles, dans les galeries souterraines de Kambove, le creusage est généralement effectué par des garçons de 15 ans ou plus. Quand on insiste, certains participants admettent toutefois qu’on demande parfois à des enfants plus petits (âgés de 11 et 12 ans) d’entrer dans des galeries plus étroites. Ces données ont été confirmées par plusieurs garçons ayant répondu au questionnaire, qui ont déclaré être affectés au creusage et avoir moins de 15 ans ou y avoir été affectés alors qu’ils étaient beaucoup plus jeunes. `` Même si les informateurs clés conviennent qu’aucun enfant ne devrait travailler dans les mines, certains laissent entendre que le creusage constitue une tâche plus pénible que les autres. Aucune donnée tirée des questionnaires des enfants n’indique que les enfants font cette distinction. Comme nous le verrons, même si le creusage est une tâche beaucoup plus dangereuse à l’instant, le ramassage et le nettoyage ont plus de conséquences à long terme sur la santé. `` Les informateurs ont tous confirmé que des enfants qui allaient à l’école travaillaient dans les mines, surtout lorsqu’il n’y a pas de cours, de sorte que le nombre d’enfants observés sur les sites est plus élevé durant les vacances et les fins de semaine. L’un d’eux a laissé entendre que des filles se livrent à la prostitution sur les sites ou à proximité de ceuxci, mais il ne faisait pas expressément allusion à Kambove. `` Cependant, quelques informateurs (autres que les parents des enfants travaillant dans les mines) ont dit que les enfants étaient rarement affectés au creusage : l’un d’eux a même carrément nié 20 world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment 3.1.4 Autres observations sur la présence d’enfants sur les sites `` Lors d’une visite sur place, à 16 h, un jour de semaine, nous avons constaté que la plupart des enfants se trouvaient sur les sites de nettoyage (qui, selon certains informateurs clés, ne sont pas situés sur les sites d’extraction)9. Cependant, nous avons aussi vu de nombreux enfants sur des sites comportant des fosses d’extraction et nous avons observé des enfants transportant du minerai à partir de ces zones. C’est aussi dans les zones des fosses d’extraction que les enfants affectés au ramassage ramassent le minerai. `` Durant leur brève visite de certains sites, les membres de l’équipe de recherche n’ont pas vu de tentes ni d’autres abris improvisés dans lesquels les gens semblaient habiter à la périphérie des mines de Kambove. Ils ont toutefois constaté la présence de tables, où des enfants vendaient de l’eau, du pain, des beignets, des cartes de téléphone, des cigarettes, etc. `` Dans certaines parties du Katanga, les femmes et les filles n’ont pas le droit de se trouver à proximité des zones de creusage. Nous avons toutefois constaté que les femmes n’étaient pas exclusivement affectées au nettoyage sur les sites de Kambove10. Des femmes accompagnées de jeunes enfants (filles et garçons), y compris des nourrissons suspendus dans leur dos ou étendus dans des paniers de plastique, ont été vues près des hommes sur des sites de creusage et de ramassage. Cependant, la durée de la période d’observation ne nous a pas permis de déterminer avec exactitude les tâches accomplies par ces femmes11. Nous avons observé plusieurs familles en train de travailler près des fosses peu profondes, situées très près de fosses beaucoup plus profondes où travaillaient des adolescents et des hommes ou qui étaient, dans certains cas, abandonnées. Nous n’avons pu 9 déterminer si la présence de femmes sur ces sites était exceptionnelle ou pas. Des informateurs ont indiqué que les fosses profondes présentaient des dangers importants pour les jeunes enfants qui accompagnent leur mère. 3.2 Facteurs incitant les enfants à travailler dans une mine artisanale Les questions suivantes sont examinées dans la présente section : `` Quel lien y a-t-il entre le travail d’un enfant dans une mine artisanale et la subsistance de sa famille immédiate ? Comment les enfants et les parents conçoivent-ils le rôle des enfants pour assurer la subsistance de la famille ? `` Quelles sont les aspirations des enfants et des parents concernant l’avenir des enfants ? Comment perçoivent-ils les emplois ailleurs que dans les mines artisanales ? `` Dans quelle mesure les enfants et les parents peuvent-ils déterminer les conditions de leur emploi dans les mines (p. ex., la rémunération, le type de travail disponible et la façon dont ils sont traités par les autres employés) ? `` Quels facteurs additionnels ont incité l’enfant à travailler dans une mine artisanale ? `` Quelle influence a été exercée par des personnes autres que les parents (p. ex., les camarades) sur la décision de l’enfant de travailler dans une mine artisanale ? Cette constatation est peut-être attribuable au travail accompli selon le moment de la journée, le creusage et le ramassage se faisant le jour et le nettoyage et le triage, à la fin de la journée. 10 Cette observation vient contredire en partie l’affirmation d’un informateur adulte selon laquelle la présence des femmes sur les sites de creusage était interdite parce qu’elle provoquerait, selon la croyance, la disparition des filons.Voir la note 12 pour en apprendre davantage sur l’accès des femmes aux zones de creusage sur les sites du Katanga. 11 Un membre du personnel de WVRDC a mentionné plus tard qu’en pareil cas, les femmes pouvaient être affectées au transport du minerai (transporter le minerai sur leur tête, par exemple). Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 21 `` Nous avons demandé aux enfants qui leur avait proposé ou imposé de travailler dans les mines : 62 % (33 sur 53) ont répondu qu’il s’agissait d’un proche (les deux parents, le père, la mère, un frère, une sœur, un autre parent). 13 % des enfants ont dit avoir commencé à travailler de leur propre initiative (7 sur 53), tandis que 21 % ont déclaré que c’était l’idée d’un ami (11 sur 53). 3.2.1 Principaux resultats constats concernant les facteurs incitant les enfants à travailler dans une mine artisanale Les chiffres suivants montrent clairement l’influence exercée par la famille pour amener les enfants à travailler dans les mines. • • 83 % des enfants interviewés ont indiqué que leurs deux parents étaient vivants et 6 % (3 sur 53) ont mentionné qu’ils étaient décédés tous les deux. Le fait d’être orphelin ne constitue donc pas un motif important pour commencer à travailler dans les mines. `` 15 des 18 enfants ayant répondu que l’idée de travailler dans les mines était la leur ou celle d’un ami, étaient âgés de 14 ans ou plus. Ce nombre semble indiquer que les enfants plus âgés (adolescents) sont plus susceptibles d’être influencés par des amis ou de commencer à travailler de leur propre initiative. Nous avons demandé aux enfants quelle était l’occupation de leur père et de leur mère : 36 % ont répondu que leur père travaillait dans les mines et 47 % que leur mère y travaillait également. En outre, 26 % des enfants ont mentionné que leurs deux parents y travaillaient (voir les tableaux 5 et 6). Un pourcentage plus élevé de garçons que de filles ont indiqué qu’au moins un de leurs parents travaillait dans les mines. `` L’encadré 2 montre quelques-unes des raisons que les parents et les frères et sœurs évoquent pour demander aux enfants de travailler dans les mines. En général, ils disent avoir besoin de l’aide des enfants pour assurer la subsistance de la famille. `` L’encadré 3 montre quelques-unes des raisons pour lesquelles les enfants acceptent de leur plein gré de commencer à travailler lorsqu’on leur propose. Les raisons invoquées sont semblables à celles qui figurent dans l’encadré 2 : les enfants disent vouloir aider leur famille à subvenir à leurs besoins. `` Nous avons demandé aux enfants la personne qui leur tâche dans les mines : 62 % (33 sur 53) ont répondu qu’il s’agissait d’un proche (mère, père, frère, sœur, autre parent). Parmi ces 33 enfants, 18 ont dit avoir été formés par leur mère (34 % des 53 enfants interviewés). `` Nous avons demandé aux enfants quelle était l’attitude de leurs parents envers leur travail : 58 % d’entre eux (31 sur 53) ont répondu que leurs parents les approuvaient ou les encourageaient (50 % des filles et 66 % des garçons ont donné `` 19 % des enfants ont appris leur tâche d’un ami (10 sur 53). Tableau 5 || Occupation du père Mines Services Agr. F 6 5 5 G 13 3 4 2 1 Total 19 8 9 2 1 * TM = Travailleur minier ** AR Comm. Chaffeur TM* Autre Décédé AR** Total 1 6 1 24 2 1 3 0 29 2 2 9 1 53 = Aucune réponse Tableau 6 || Occupation de la mère F G Total 22 Mines 8 17 25 Agri. 5 2 7 Comm. 7 6 13 Maçon 1 1 Autre 1 1 2 Aucune 1 1 2 Décédé 2 1 3 Total 24 29 53 world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment Encadré 2 || Raisons invoquées par les parents ou les frères et sœurs pour inciter les enfants à travailler dans les mines Maman m’a dit que, comme elle n’avait pas d’argent pour payer mes études, je devais travailler dans les mines pour gagner de l’argent. (Garçon, creuseur, 15 ans) Ma mère m’a encouragé en disant que je pourrais garder l’argent pour m’acheter des chaussures. (Fille, ramasseuse, 11 ans) Ils nous ont expulsés de l’école, alors mes parents et mes frères nous ont proposé de travailler pour aider notre père. (Fille, nettoyeuse, 14 ans) Ma grande sœur m’a proposé de l’accompagner pour que nous puissions nous aider mutuellement. (Fille, 15 ans) Maman m’a dit que les vendeurs gagnaient beaucoup d’argent. (Fille, vendeuse, 13 ans) [Je devais] aider ma grande sœur à gagner de l’argent pour acheter de la nourriture et des vêtements. (Fille, vendeuse, 13 ans) Nous avons commencé à manquer de nourriture. C’est en ce moment là que j’ai commencé à travailler ici. (Garçon, nettoyeur, 13 ans) ces réponses). En revanche, 25 % des filles, comparativement à 7 % des garçons, ont dit que leurs parents désapprouvaient leur travail. `` Parmi les 42 enfants ayant déclaré être rémunérés pour leur travail, la moitié des filles (9 sur 18) ont dit garder leur salaire contre seulement 17 % des garçons (4 sur 24). En outre, 62 % de ces garçons (15 sur 24) ont répondu que leurs parents gardaient leur salaire. Ce constat a corroboré avec les les réponses fournies aux questions sus mentionnées Mon grand frère m’a montré l’argent qu’il gagnait dans les mines, et c’est ce qui m’a motivé. (Garçon, creur, 13 ans) et montre que les familles comptent davantage sur la contribution des garçons pour assurer leur subsistance. `` Par ailleurs, 54 % des filles vivaient seules avec leur mère ou un autre proche comparativement à 21 % des garçons. Cette situation peut expliquer le constat précedent. `` Parmi les 34 enfants ayant indiqué leur choix en matière de dépenses, 24 (13 filles et 11 garçons), Encadré 3 || Raisons invoquées par les enfants pour travailler dans les mines (après y avoir été incités par une autre personne) Parce que mes parents me l’ont dit. (Fille, nettoyeuse , 15 ans) Pour aider ma sœur. (Garçon, nettoyeur, 14 ans) Pour aider mon père à acheter de la nourriture. Pour avoir quelque chose à manger. (Garçon, ramasseur, 14 ans) (Garçon, nettoyeur, 13 ans) Parce que ma mère n’était pas capable de le faire seule. Pour me payer ce dont j’ai besoin. (Garçon, transporteur, (Fille, nettoyeuse, 15 ans) 17 ans) Pour gagner de l’argent afin de payer les études de mes frères Pour acheter des vêtements et être bien habillée. (Fille, et d’aider ma famille. (Fille, nettoyeusee, 14 ans) nettoyeuse, 15 ans) Pour payer mes études. (Fille, transporteuse, 10 ans; fille, nettoyeuse, 15 ans) Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 23 soit 71 % du groupe, ont mentionné que l’achat de vêtements était leur principale priorité. `` Nous avons demandé aux enfants de partager les aspects positifs du travail dans les mines : 89 % des réponses concernaient l’argent gagné ou le salaire régulier (40 réponses sur 53) ou ce qui pouvait être fait avec l’argent, comme payer les frais scolaires (7 réponses sur 53). `` Nous avons demandé aux enfants de partager les aspects négatifs du travail dans les mines : les 57 réponses fournies étaient très variées. Les enfants ont mentionné que le travail était dangereux (18 fois), épuisant (15 fois), difficile (8 fois) ou ennuyant (8 fois). D’autres ont indiqué que le travail les empêchait d’aller à l’école (7 fois) et un enfant a mentionné la façon dont les enfants étaient traités par les adultes comme un des aspects negatifs. 3.2.2 Renseignements fournis par les adultes concernant les facteurs incitant les enfants à travailler dans les mines `` Des mères et des pères ont admis avoir incité leurs enfants à travailler dans dans les mines, en soulignant toutefois l’avoir fait parce qu’eux-mêmes n’avaient pas d’autre travail. Le niveau de scolarité des mineurs adultes auxquels nous avons parlé variait beaucoup : certains n’avaient pas terminé leurs études primaires, tandis que d’autres avaient un diplôme universitaire. La diversité des emplois antérieurs des négociants allait de chauffeur de taxi à enseignant. `` Tous les mineurs adultes ont exprimé le désir de faire un autre type de travail (mécanicien, chauffeur, administrateur, agronome, couturier, etc.). `` Lorsque les parents n’ont pas les moyens de payer les frais scolaires de leurs enfants, ils les emènent travailler dans les mines pour subvenir aux besoins de la famille. Ils ont toutefois précisé que le travail des enfants, combiné auleur , permettait à peine de gagner assez pour nourrir leur famille. 3.2.2.1 Le travail dans les mines constitue l’unique gagne-pain et les enfants doivent y contribuer Les participants aux groupes de discussion ont exprimé des sentiments mitigés concernant la qualité de vie à Kambove, et leurs commentaires reflétaient une ambivalence envers le travail dans les mines. Nous leur avons demandé si, en général, Kambove était un endroit où il faisait bon vivre. La plupart d’entre eux ont d’abord répondu par l’affirmative. Les participants ont mentionné que les mines de Kambove leur permettaient au moins de gagner leur vie et que c’était la raison pour laquelle, elle attire aussi des gens incapables de trouver un gagnepain dans d’autres ville telle que Lubumbashi. Des participants ont aussi mentionné que des familles viennent s’installer dans la ville parce que les femmes sont autorisées à travailler dans les mines de Kambove alors que leur présence est interdite dans d’autres.12 Des personnes en provenance de grandes villes ont aussi mentionné que le coût de la vie est moins élevé à Kambove. Néanmoins, nombreux sont ceux qui ont dit considérer le travail dans les mines comme une solution de dernier recours et l’unique gagne-pain offert à Kambove. Des mères ont mentionné que les conditions de vie à Kambove rendaient l’éducation des enfants difficile, voire même impossible, en l’absence de mines. Parmi les mineurs adultes que nous avons interviewés, certains n’avaient pas terminé leurs études primaires, d’autres avaient fait des études secondaires, tandis que d’autres possédaient un diplôme universitaire. Ils ont tous exprimé le désir de faire un autre travail (mécanicien, chauffeur, administrateur, agronome). Les groupes de discussion des mères comportaient aussi des personnes ayant reçu une formation en couture, mais 12 Une mère d’un groupe de discussion a mentionné que les femmes n’étaient pas autorisées à travailler dans les mines dans d’autres régions du Katanga. En vertu des lois de la RDC, les femmes ont, comme les hommes, le droit de travailler dans les mines. Cependant, au Katanga, l’accès à certaines mines est interdit aux femmes par une loi locale et par la coutume. En effet, sur de nombreux sites du Katanga, les mineurs croient que la présence des femmes provoque la disparition des filons (PACT, 2010, p. 93). (Un informateur clé a mentionné cette croyance locale, qui a aussi été signalée par un membre du personnel de WV avant le début du projet de recherche.) Les femmes qui travaillent sur ces sites sont donc plus susceptibles d’être vues en train de creuser dans les zones de résidus, les zones de rebuts de faible valeur ou les carrières. Même sur ces sites, les femmes sont principalement affectées au traitement du minerai (surtout le nettoyage) et à la fourniture de biens et services à d’autres mineurs (PACT, 2010, p. 93). 24 world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment qui devaient travaillent dans les mines parce qu’elles n’avaient pas de machine à coudre. Une des mères était enseignante qualifiée. Nous avons aussi appris que même des négociants ont commencé à travailler dans les mines (situation plutôt précaire) après avoir été incapables de gagner leur vie en exerçant la profession pour laquelle ils avaient été formés. Tant d’ enseignants que de chauffeurs de taxi faisaient partie de ce groupe. Des pères et des mères ont affirmé avoir incité leurs enfants à travailler dans les mines, mais ont précisé l’avoir fait principalement parce qu’eux-mêmes ne trouvaient pas d’autre travail. Les parents qui n’ont pas les moyens de payer les frais scolaires de leurs enfants les emmènent avec eux dans les mines pour qu’ils contribuent à la survie de la famille. Dans de nombreux cas, la décision est prise par les deux parents, mais il arrive aussi que l’insistance vienne d’un seul parent. Ainsi, une mère a expliqué avoir surmonté ou défié la résistance initiale de son mari pour amener ses enfants avec elle dans les mines. (À noter que les données tirées des questionnaires des enfants révèlent que les mères jouent un rôle plus déterminant dans la décision des enfants de travailler dans les mines de Kambove). Des mères ont mentionné que certains enfants offraient euxmêmes leur aide parce qu’ils comprenaient la situation de la famille. Même si les parents affirment parfois que l’aide des enfants rend leur travail « plus facile », il faut remettre cette affirmation dans son contexte : le travail des enfants, combiné à celui des adultes, permet à la famille de gagner à peine assez d’argent pour se nourrir. Des mères ont mentionné qu’au prix actuel des aliments, elles avaient besoin de 10 000 FC13 par jour (somme jugée raisonnable par un employé local de WV) pour nourrir convenablement leur famille. Des femmes des groupes de discussion ont toutefois affirmé que trois bacs pleins de minerai permettaient à une famille de gagner d’ordinaire seulement de 7 000 à 7 500 FC par jour. Des pères des groupes de discussion ont mentionné qu’une bonne journée de travail leur rapportait seulement 5 000 FC. Il convient toutefois de noter que certaines autres affirmations des parents et des enfants viennent compliquer le tableau général de la mise en commun des revenus familiaux quotidiens. Des mères ont dit que même un jeune enfant (8 ans) pouvait gagner entre 300 et 1 000 FC par jour en vendant lui-même le minerai de surface ramassé, pour ensuite dépenser cet argent immédiatement en achetant des biscuits, sans que la mère puisse intervenir. Les réponses aux questionnaires des enfants révèlent également qu’un nombre important d’enfants qui travaillent avec leur famille dépensent leur argent pour acheter des vêtements, une tendance qui n’a pas été mentionnée par les parents. En revanche, des pères ont indiqué avoir d’autres enfants qui ne travaillaient pas avec eux dans les mines (dont certains n’ont pas encore atteint l’âge de 18 ans). 3.2.2.2 Capacité limitée de réglementation des activités minières artisanales Comment nous l’avons déjà mentionné (à la section 2.4), les activités minières artisanales sont techniquement illégales à Kambove. Cependant, la majorité des personnes qui travaillent dans les mines du Katanga le font sur des sites non officiels. Le Service d’assistance et d’encadrement du Small Scale Mining (SAESSCAM)14, créé officiellement en 2003, est l’organisme gouvernemental chargé de superviser et d’organiser les activités minières artisanales en RDC (PACT, 2010, p. 37). Des informateurs bien renseignés ayant participé à la recherche ont affirmé que le SAESSCAM exerçait ses fonctions (appuyer les coopératives minières, par exemple) uniquement sur les sites officiels du Katanga. Ces informateurs ont mentionné plusieurs activités (nettoyage des sites, construction d’abris, soins de santé, amélioration des techniques et de la sécurité) mises en œuvre par les coopératives sur les sites officiels du Katanga, avec le soutien du SAESSCAM et la collaboration de la GCM, dans certains cas. Un informateur nous a aussi parlé des accords que des coopératives auraient conclus avec des sociétés minières pour excaver des puits à ciel ouvert à l’aide d’engins lourds excavateurs en vue d’exposer des filons et permettre ainsi une exploitation artisanale 13 1 USD équivalent à 900 FC 14 Service gouvernemental Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 25 sécurisante, et ce en échange d’un monopole sur l’achat des produits. Nous n’avons relevé aucun signe de ce genre d’activités (amélioration des conditions de travail ou utilisation de technologie plus avancée) sur les sites non officiels que nous avons visités à Kambove. la réglementation des mineurs artisanaux (PACT, 2010; Tsurukawa, 2011; Global Witness, 2006). En ce qui concerne l’organisation, la réglementation et la surveillance des sites que nous avons visités à Kambove, un informateur a précisé que le SAESSCAM n’essayait pas d’exercer la totalité de ses fonctions sur ces sites et sur les autres sites non officiels, mais qu’il se contentait de contribuer à assurer la paix sociale. Des parents et des mineurs adultes étaient au courant de la nature non officielle, de la réglementation laxiste et de la désorganisation relative des activités minières artisanales à Kambove; ils ont mentionné que dans ce contexte, ils n’avaient pas « besoin » d’une carte de mineur officiel pour travailler. La rareté des recherches effectuées sur le travail des enfants dans les mines en RDC ne permet pas d’établir si le SAESSCAM ou tout autre organisme parvient à faire appliquer efficacement les lois interdisant le travail des enfants. Deux participants à la recherche ont toutefois affirmé clairement qu’aucun enfant ne travaillait sur les sites (officiels) supervisés par le SAESSCAM au Katanga et que les enfants travaillaient uniquement dans les campements érigés en périphérie de ces sites. La recherche n’a pas permis de confirmer ces allégations. Les chercheurs ont toutefois constaté que des enfants participaient non seulement au nettoyage et au triage dans les zones considérées comme étant en périphérie des sites, mais aussi au creusage, au ramassage et au transport du minerai dans les zones des puits à ciel ouvert. Les allégations de corruption et d’exploitation sont courantes dans les mines artisanales dans toute la RDC. Des participants à la recherche ont affirmé que souvent et surtout sur les sites non officiels (où le SAESSCAM n’offre pas de soutien aux mineurs), il arrive que les fondeurs (usines d’affinage), ceux des entreprises minières, sous-estiment la teneur en minerai des produits qu’ils achètent. Les fondeurs agissent ainsi pour pouvoir verser des pots-de-vin aux pouvoirs politiques afin de conserver leur travail et leur marge bénéficiaire. En conséquence, pour récupérer ces « coûts d’exploitation » supplémentaires et maximiser leurs profits, les fondeurs et les compagnies paient le minerai à un prix relativement bas. La recherche n’a pas permis de vérifier ces allégations. Ces constats semblent indiquer que les conditions de travail sont systématiquement plus difficiles sur les sites non officiels que sur les sites officiels et que ces conditions sont plus difficiles à améliorer. Cependant, le manque de ressources et de capacité qui limite grandement le pouvoir d’action du SAESSCAM à s’acquitter de son rôle à la grandeur du pays a été bien documenté (PACT, 2010) et confirmé par plusieurs participants à l’étude. En fait, la documentation sur les activités minières artisanales en RDC montre que les difficultés auxquelles font face les organismes de réglementation ne permettent pas d’établir des différences importantes entre les sites officiels et non officiels en ce qui concerne le soutien, la surveillance et 26 3.2.2.3 Capacité limitée de réglementation du travail des enfants dans les mines Nous avons demandé aux parents si l’exploitation physique et sexuelle des enfants était fréquente sur les sites que nous avons visités. Les parents ont répondu que les cas de violence physique ou sexuelle étaient rares, mais que le travail des enfants était parfois exploité par les négociants. Il existe un système où les négociants donnent aux enfants une somme d’argent à leur arrivée sur le site, ce qui les oblige à travailler extrêmement fort pour être en mesure de fournir le minerai correspondant à cette somme à la fin de la journée. En raison de ces arrangements, les enfants gagnent moins que les adultes et sont parfois même payés en nourriture (biscuits ou friandises) plutôt qu’en espèces. Quand un négociant achète des produits non finis directement à des enfants, il doit embaucher d’autres enfants pour effectuer le nettoyage, le tamisage et le triage des produits. Certains négociants minimisent ce type d’exploitation et prétendent que les activités minières seraient aussi rentables sans le travail des enfants. Cependant, plusieurs informateurs ont affirmé que les enfants contribuaient en fait à réduire les coûts de la main-d’œuvre dans les mines et que les négociants profitaient d’eux à cette fin, étant donné que les enfants sont relativement faciles à manipuler. Des participants ont expliqué que world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment la situation financière des négociants était très fragile, car ils risquent de subir des pertes en raison des coûts de transport élevés et ce qu’ils décrivent comme étant les pratiques abusives de leurs acheteurs (les fondeurs susmentionnés). Ces conditions exercent sur eux des pressions additionnelles qui les incitent à acheter le minerai au plus bas prix possible. Un informateur a raconté qu’une petite quantité de minerai valant 2 000 FC (vendu par un négociant à un fondeur) pouvait être payée entre 500 et 1 000 FC à un enfant. Il a ajouté que des coopératives plus dynamiques, sur des sites autres que ceux que nous avons visités, recevaient des plaintes concernant l’exploitation des enfants15. Un autre informateur a mentionné que les femmes et les enfants étaient systématiquement sous-payés pour effectuer la tâche fastidieuse du triage. 3.2.2.4 Capacité d’organisation et de négociation des travailleurs adultes Des parents et d’autres travailleurs adultes ont expliqué n’avoir pratiquement aucun pouvoir de négociation quant au prix de vente de leurs produits. La principale préoccupation des mineurs artisanaux de Kambove est de gagner assez d’argent pour se nourrir ou nourrir leur famille au quotidien; ils ont donc tendance à travailler de façon autonome, sans chercher à se regrouper pour négocier. Il existerait une coopérative de mineurs sur les sites non officiels que nous avons visités à Kambove. Cet organisme n’exercerait toutefois aucune des fonctions dont, selon les informateurs, s’acquittent les coopératives comme COMIPAD, SEMAK et CMKK16 sur les sites officiels. Par ailleurs, les mineurs de Kambove doivent vendre leurs produits à la fin de la journée, car ils n’ont pas d’endroit où les entreposer durant la nuit. Par conséquent, même si un bac de minerai lavé se vend au prix standard non négociable de 2 500 FC, des mères ont mentionné subir parfois des pressions en fin de journée pour vendre leurs produits à moindre prix. Des mères nous ont dit que les négociants arrivaient et repartaient rapidement et qu’ils profitaient du fait que les travailleurs ne pouvaient pas interrompre leurs activités pour s’organiser. 3.2.2.5 Le travail des enfants dans les mines n’est pas considéré socialement acceptable, ni comme une étape normale de l’enfance Des parents ont affirmé clairement qu’ils ne considéraient pas le travail de leurs enfants dans les mines comme une étape normale de l’enfance. Même si la plupart des informateurs reconnaissaient que, traditionnellement, les enfants participaient aux tâches domestiques ou au travail agricole de la famille, des pères ont cependant mentionné que les enfants de leur génération ne commençaient généralement pas à faire un travail rémunéré avant l’âge de 17 ans. En fait, les activités minières artisanales ont commencé seulement en 2002 à Kambove, et vers la fin des années 1990 dans d’autres régions du Katanga (Tsurukawa, 2011). Une mère a précisé avoir eu une enfance agréable avec ses parents qui travaillaient pour le compte de la Gécamines. Ils étaient bien payés et la famille mangeait à sa faim. Les pères et les mères ayant affirmé ne pas considérer le travail des enfants dans les mines comme une activité normale ont également dit souhaiter que leurs enfants poursuivent leurs études en fonction de leurs aptitudes, jusqu’à l’université si possible, et fassent même des études de 2e ou 3e cycle. Le principal obstacle à ce souhait est l’incapacité des familles à payer les frais scolaires. De l’avis général des membres des groupes de discussion, des informateurs et des enfants, les enseignants et les directeurs d’école obligent les enfants à abandonner leurs études lorsque leur famille ne peut pas payer les frais scolaires. Cette affirmation concorde avec la documentation sur l’éducation en RDC (Mrsic-Garac, 2009, p. ex.). Les enfants exclus de l’école vont travailler dans les mines pour aider leur famille ou pour gagner eux-mêmes de l’argent. Comme nous le verrons dans la prochaine section sur les conséquences, la grande majorité des enfants qui travaillent dans les mines et qui ne vont pas à l’école souhaitent reprendre leurs études et s’accrochent à l’espoir qu’ils pourront le faire un jour. Des parents ont confirmé les données venant des questionnaires des enfants ou fournies par plusieurs informateurs, à savoir que les enfants qui vont à l’école travaillent régulièrement dans les dans les mines. Cependant, aucun des parents avec qui nous avons parlé 15 Plusieurs informateurs ont admis (aucun d’eux n’a nié) que les enfants participaient au traitement du minerai à la périphérie des sites officiels et ont même précisé que des négociants achetaient des matières premières et embauchaient des enfants pour les traiter. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 27 n’a mentionné que ses propres enfants (de moins de 18 ans) allaient encore à l’école. Les parents ont reconnu que les enfants qui vont encore à l’école peuvent s’influencer mutuellement et accorder plus d’importance au travail qu’aux études; certains enfants commencent même à travailler dans les dans les mines à l’insu de leurs parents. Comme nous le verrons dans la sous-section suivante, la plupart des informateurs clés ont confirmé que, même chez les enfants qui vont encore à l’école, la possibilité de gagner régulièrement de l’argent de poche constitue un attrait supplémentaire pour travailler dans les mines, surtout pour les enfants plus âgés. Selon un informateur, la majorité des enfants qui travaillent dans les mines de Kambove vont à l’école. Celui-ci a mentionné que les élèves de niveau secondaire étaient plus susceptibles de travailler pour payer leurs études, tandis que les enfants plus jeunes utilisaient souvent l’argent pour acheter des biscuits ou des vêtements. Les réponses fournies par les enfants de notre échantillon contredisent ces affirmations : il est fort improbable que la majorité des enfants qui travaillent dans les mines fréquentent l’école, compte tenu d’un taux d’achèvement des études primaires de 54 % et d’un taux d’inscription à l’école secondaire de 35 % (25 % pour les filles) pour l’ensemble de la RDC (UNESCO, 2011). 3.2.2.6 Scepticisme concernant les motifs des parents et des enfants plus âgés De l’avis général des informateurs clés et des participants aux groupes de discussion, les parents commencent à travailler dans les mines par nécessité, parce qu’ils vivent dans la pauvreté ou la « misère ». Même l’informateur clé qui a exprimé le moins de sympathie à l’égard des personnes qui travaillent sur les sites non officiels a mentionné que la pauvreté constituait un obstacle important à l’application des lois interdisant le travail des enfants. Plusieurs informateurs clés ont toutefois affirmé, de manière plus ou moins nuancée, ne pas être d’accord avec l’idée générale selon laquelle les parents n’ont d’autre choix que d’emmener leurs enfants avec eux dans les mines ou ils ne peuvent les empêcher d’y travailler parce qu’ils ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins. Un informateur clé a donné un aperçu historique du contexte des activités minières en RDC; il a décrit la ruée vers l’exploitation artisanale des mines de diamant dans la province du Kasai dans les années 1980 et il a précisé que de nombreux enfants, alléchés par la promesse de gagner rapidement de l’argent, ont simplement abandonné leurs études. Selon un autre informateur clé, des enfants et des familles de Kambove (celles qui sont venues s’installer dans la ville ) ont été aussi attirés par l’argent au moment de choisir entre l’école et le travail; il a précisé que ces familles estiment que les études coûtent trop cher, car elles empêchent les enfants de travailler à temps plein dans les dans les mines. Trois informateurs ont mentionné l’irresponsabilité des parents et leur incapacité à contrôler leurs enfants comme causes du travail de ces derniers dans les mines. Les enfants dont les parents jouent « normalement » leur rôle n’iraient jamais travailler dans les mines, a déclaré un autre informateur. Ces enfants auraient plutôt honte de faire ce travail. Des informateurs ont aussi affirmé que la seule raison pour laquelle les enfants se laissent influencer et vont travailler dans les dans les miness est qu’ils n’ont pas été élevés correctement. Fait intéressant, ces informateurs ont comparé leurs propres enfants (bien élevés, selon eux) aux enfants des parents qui travaillent pour la GCM. Un informateur a déclaré que les parents utilisaient leurs enfants comme « main-d’œuvre bon marché » dans les mines, tandis qu’un autre a mentionné que certains parents traitaient leurs enfants comme des « moyens » de parvenir à leurs fins plutôt que comme des personnes. Durant les entrevues, ces informateurs n’ont pas vraiment exprimé leurs idées sur ce que pourraient faire 16 COMIPAD = Coopérative minière du peuple en action pour le développement; SEMAK = Syndicat des exploitants artisanaux; CMKK = Coopérative minière Madinikwakilimo. 17 En raison du temps limité consacré aux entrevues, nous n’avons pu approfondir les hypothèses et les concepts inhérents aux points de vue exprimés par ces informateurs à l’endroit des parents des enfants qui travaillent dans les mines. Les données ne permettent donc pas de déterminer clairement à qui ces informateurs faisaient allusion ou les causes auxquelles serait attribuable, selon eux, la conduite répréhensible des parents. 28 world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment les parents, qui seraient sans emploi s’ils ne travaillaient pas dans les mines, pour subvenir aux besoins de leurs enfants, payer leurs études ou les empêcher de recourir à l’unique source locale de revenus17. Nous avons demandé aux informateurs les raisons qui, selon eux, incitaient les enfants à travailler dans les mines. Ils estimaient en général que la possibilité de gagner rapidement de l’argent de poche attirait certains adolescents, qui ne pouvaient plus s’en passer par la suite. (Les enfants ont confirmé qu’un grand nombre d’enfants plus âgés décidaient, de leur plein gré ou sous l’influence de camarades, de travailler dans les mines.) Un informateur a mentionné qu’après avoir pris goût à l’argent, les enfants avaient du mal à reprendre leur vie d’avant, où ils en étaient régulièrement privés. Certains informateurs ont dit clairement que l’absence d’autres activités accessibles (loisirs, travail, formation) aux jeunes, ainsi que le goût de l’aventure, jouait aussi un rôle dans les décisions des adolescents. Les informateurs qui connaissaient bien la population locale et qui ont exprimé de la sympathie à l’égard des parents qui travaillent dans les mines ont formulé des points de vue qu’il sera utile d’examiner plus tard. Les informateurs de la société civile ont soulevé plus particulièrement des questions concernant la « mentalité » et l’état d’esprit des parents, en tenant compte de leur pauvreté et en critiquant subtilement leurs choix, plutôt qu’en les décrivant comme des parents irresponsables et exploiteurs. Ces informateurs s’inquiètent de la façon dont les parents gèrent le peu d’argent qu’ils gagnent et ils croient que leurs mauvaises pratiques de gestion contribuent à les maintenir dans la pauvreté. Les points de vue et les arguments judicieux formulés par les informateurs sur cette question ne ressortent pas clairement des données recueillies, mais il faudrait mener une étude plus approfondie pour mieux les comprendre. 3.3 Conséquences du travail des enfants dans les mines pour leur bien-être Les questions suivantes sont examinées dans la présente section : `` Quel lien y a-t-il entre le travail de l’enfant dans la mine et sa capacité à fréquenter l’école ? `` Comment les enfants et les parents conçoivent-ils l’éducation, notamment les possibilités qu’elle offre aux enfants pour leur avenir ? `` Quelles sont les conséquences immédiates les plus évidentes de ce travail et de ce milieu de travail sur la santé des enfants ? `` Quels risques moins évidents, à plus long terme, ce travail et ce milieu de travail comportent-ils pour leur santé ? `` Comment les enfants et les parents perçoivent-ils les effets à court et à long terme sur la santé ? 3.3.1 Les enfants parlent des conséquences de leur travail dans les mines sur leurs études `` Parmi les 53 enfants que nous avons interviewés, 23 allaient à l’école et 30 avaient abandonné leurs études. `` Nous avons constaté que, parmi les enfants qui travaillaient dans les mines de Kambove, les filles étaient moins nombreuses que les garçons à fréquenter l’école; seulement 33 % des filles (8 sur 24) allaient à l’école par rapport à 52 % des garçons (15 sur 29). Dans le groupe des enfants de 9 à 14 ans, la disparité entre les sexes était encore plus marquée : seulement 38 % des filles allaient à l’école (5 sur 13) comparativement à 69 % des garçons (11 sur 16). `` Les enfants qui ne vivaient pas avec l’un ou l’autre de leurs parents étaient aussi plus susceptibles de ne pas aller à l’école, et les filles étaient plus nombreuses que les garçons à vivre sans leurs parents. Parmi les 13 enfants qui vivaient avec un proche (autre que leurs deux parents ou leur mère), 9 n’allaient pas à l’école18. 18 Cette constatation concerne uniquement le lien entre les conditions de vie des enfants et la fréquentation scolaire; elle n’illustre pas les liens entre ces variables et le travail des enfants dans les mines. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 29 `` Nous avons constaté, en analysant le lien entre l’occupation des parents et la fréquentation scolaire, que les enfants étaient légèrement plus susceptibles d’aller à l’école lorsque leurs deux parents ne travaillaient pas dans les mines, comparativement aux enfants dont au moins un des parents y travaillait. `` Treize des 23 enfants qui allaient à l’école s’absentaient au moins une fois par semaine; 38 % d’entre eux (5 sur 13) attribuaient leur absence au travail et/ou à la maladie. `` Nous avons demandé aux enfants quelles activités ils avaient dû interrompre ou réduire lorsqu’ils ont commencé à travailler dans les dans les mines : 55 % d’entre eux (29 sur 53) ont mentionné l’école. `` Nous avons demandé aux enfants qui n’allaient pas à l’école pourquoi ils avaient abandonné : 97 % d’entre eux (29 sur 30) ont répondu que c’était parce que leur famille ne pouvait pas payer les frais scolaires. `` Le lien entre le travail des enfants dans les mines et l’abandon (ou la poursuite) des études n’a pu être établi clairement. Quinze des 23 enfants qui allaient à l’école ont mentionné que leur travail dans les mines les aidait à payer leurs frais scolaires; 28 des 30 enfants qui n’allaient pas à l’école ont exprimé le désir d’y retourner. Nous n’avons pu déterminer clairement pourquoi le travail dans les mines n’aidait pas ces enfants à retourner à l’école, étant donné que ce travail aidait les enfants qui fréquentaient déjà l’école à payer leur frais scolaires. `` Cinq des enfants qui allaient à l’école ont dit que le travail dans les mines rendait leurs études plus difficiles, qu’il les empêchait de bien étudier et d’apprendre leurs leçons, qu’il les obligeait à manquer des cours parce qu’ils devaient attendre leur salaire ou continuer à travailler afin de gagner assez d’argent pour payer leurs frais scolaires. Les données sur le lien existant entre le travail dans les mines et la fréquentation scolaire doivent être interprétées avec prudence en raison de leur complexité. Elles montrent qu’il serait utile d’examiner de façon plus approfondie le lien entre le travail dans les mines et l’abandon des études ainsi que la mesure dans laquelle le travail dans les mines contribue à payer les frais scolaires. Des renseignements sur les projets d’avenir des enfants 30 et la valeur qu’ils accordent aux études sont présentés à la section 4.1. Renseignements fournis par les adultes concernant l’éducation des enfants `` Dans les groupes de discussion, de nombreux parents ont dit croire que les enfants qui essayaient de combiner le travail dans les mines et les études avaient de la difficulté à bien étudier. Les mères, plus particulièrement, estimaient que le travail dans les mines empêchait les enfants d’aller à l’école et de terminer leurs études; en revanche, certains pères considéraient que les enfants doués pour les études pouvaient combiner les études et le travail. `` De façon générale, ces opinions (parfois contradictoires) viennent confirmer les réponses des enfants. Certains des enfants qui allaient à l’école ont dit que le travail dans les mines les empêchait de suivre régulièrement les cours et de bien étudier. Cependant, d’autres ont mentionné qu’il facilitait leurs études, précisant que c’était parce qu’il leur permettait de gagner de l’argent pour payer leurs frais scolaires. `` De nombreux parents ont mentionné qu’ils n’envoyaient pas leurs enfants à l’école parce qu’ils ne pouvaient payer les frais scolaires, ce qui confirme les affirmations des enfants. `` Des pères ont affirmé que, comme leur seule possibilité d’emploi était le travail dans les mines, ils ne pouvaient se permettre de laisser inoccupés les enfants qui n’allaient pas à l’école; ils leur demandaient donc de travailler dans les mines pour aider la famille à subvenir à ses besoins. `` Les informateurs clés ont aussi commenté certains des points de vue (parfois contradictoires) que nous venons d’aborder. Certains ont mentionné que l’abandon des études était principalement attribuable aux frais scolaires élevés, et que le travail dans les mines permettait à certains enfants de payer ces frais. D’autres estimaient que l’attrait d’un salaire régulier détournait les enfants des études et constituait ainsi un facteur expliquant les mauvais résultats scolaires, la fréquentation scolaire irrégulière et l’abandon éventuel des études par les enfants plus âgés. world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment Malgré l’excellente participation des enfants et des adultes, nous n’avons pu établir clairement les liens entre le travail des enfants dans les mines et la fréquentation scolaire (en particulier l’abandon des études); cette question nécessite une étude plus approfondie. 3.3.2 Les enfants parlent des conséquences de leur travail dans les mines pour leur santé `` Nous avons demandé aux enfants s’ils éprouvaient des problèmes de santé depuis qu’ils travaillaient dans les mines : 81 % d’entre eux (43 sur 53) ont répondu par l’affirmative. Les problèmes les plus souvent cités étaient les douleurs corporelles (au dos, aux hanches, aux bras et aux jambes), la toux, le paludisme, les maux de tête, les rhumes et les irritations cutanées. `` Nous avons demandé aux enfants si leur état de santé avait changé depuis qu’ils travaillaient dans les mines : 47 % d’entre eux (25 sur 53) ont répondu par l’affirmative. Parmi ces 25 enfants, 59 % étaient des garçons (17 sur 19) et 33 % étaient des filles (8 sur 24). `` Nous avons ensuite demandé aux enfants s’ils présentaient l’un ou l’autre des sept symptômes à court et à long terme qui, selon l’équipe de recherche, sont associés à une exposition prolongée au cuivre ou au cobalt19.Voici les résultats. ◊ 34 % des enfants (18 sur 53) ont dit avoir eu des problèmes de peau ou avoir été malades. Ces problèmes étaient plus fréquents chez les enfants affectés au ramassage (67 % ou 8 sur 12) et au transport (67 % ou 2 sur 3). ◊ 67 % des enfants (35 sur 53) ont dit avoir eu une toux fréquente ou persistante. Ces problèmes étaient plus fréquents chez les enfants affectés au ramassage (92 % ou 11 sur 12). ◊ 25 % des enfants (13 sur 53) ont dit avoir eu des douleurs aux yeux ou des troubles de la vue. Encore une fois, ces problèmes étaient plus fréquents chez les enfants affectés au ramassage : 42 % des enfants (5 sur 12) ont dit présenter ce symptôme. ◊ 87 % des enfants (46 sur 53) ont mentionné avoir des douleurs corporelles (dos, bras, etc.) dont ils ne souffraient pas avant de travailler dans les mines. Au moins 75 % des enfants de chaque catégorie de tâches (creusage, ramassage, nettoyage, etc.) ont dit présenter ce symptôme. ◊ 30 % des enfants (16 sur 53) ont dit avoir des nausées (sans vomissement); 38 % des enfants (8 sur 21) affectés au nettoyage, en majorité des filles, ont mentionné ce symptôme, soit un pourcentage plus élevé que les enfants affectés à d’autres tâches. À noter que tous les enfants ont mentionné avoir des nausées ainsi qu’une toux fréquente ou persistante. Les informateurs adultes ont toutefois reconnu que la toux persistante était fréquente parmi la population de Kambove en général, en raison de l’irritation causée par la quantité considérable de poussière dans l’air. Il faudrait toutefois examiner plus en profondeur le lien existant entre la toux et la nausée20. Nous avons demandé aux enfants s’ils croyaient que ces symptômes étaient liés à leur travail dans les mines : 75 % d’entre eux (40 sur 53) ont répondu par l’affirmative. De ce nombre, 86 % (25 sur 29) étaient des garçons et 62 % (15 sur 24) étaient des filles. `` Nous avons demandé aux enfants pourquoi ils croyaient que leurs symptômes étaient liés à leur travail dans les mines : 12 enfants ont mentionné la nature ardue du travail ou les lourdes charges à transporter, tandis que 7 enfants ont mentionné le maintien d’une posture inclinée. Seulement trois enfants ont parlé de l’exposition à des matières toxiques, ce qui montre que les enfants connaissent mal ce risque. Les mines artisanales comportent de très grands dangers. Elles présentent des risques d’accidents mortels en raison : ◊ de la présence de trous profonds dans lesquels les enfants peuvent tomber (surtout les très jeunes enfants qui accompagnent leurs parents); 19 Elenge-Molayi et DeBrouwer, 2011; Banza et coll., 2009; Stern et coll., 2007; ATSDRC 2004. 20 Consulter la section intitulée « D’autres recherches devront être menées sur les conséquences pour la santé ». Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 31 ◊ de l’effondrement des puits ou des galeries souterraines pendant que les enfants creusent; ◊ des pentes raides sur lesquelles les enfants peuvent glisser pendant qu’ils transportent de lourdes charges; ◊ des masses d’eau dans lesquelless les enfants peuvent se noyer. `` Nous avons demandé aux enfants s’ils avaient déjà été blessés au travail : 53 % d’entre eux (28 sur 53) ont dit avoir été blessés au moins une fois pendant qu’ils travaillaient dans les mines. Les blessures étaient plus fréquentes chez les enfants affectés au ramassage (75 % ou 9 sur 12), au transport (75 % ou 3 sur 4) et au creusage (67 % ou 6 sur 9). Les blessures avec plaies mineures par le plus grand nombre d’enfants (20 enfants). Trois enfants ont dit avoir subi des blessures graves, avec plaies béantes, et deux ont mentionné des fractures. `` 42 % des enfants (22 sur 53) ont dit avoir vu*21 d’autres enfants subir des blessures : 20 ont été témoins de blessures avec plaies ouvertes. `` 19 % des enfants (10 sur 53) ont dit avoir été témoins* du décès accidentel d’un autre enfant sur le site. `` 47 % des enfants (25 sur 53) ont dit avoir vu* des adultes être blessés au travail. Nous avons demandé aux enfants de quels types de blessures il s’agissait : 21 ont mentionné des fractures, 8 des saignements et 3 ont dit avoir vu mourir un adulte. Deux enfants ont précisé avoir vu des adultes être blessés lors de l’effondrement d’un puits. Renseignements fournis par les adultes concernant la santé des enfants `` Les parents s’inquiètent beaucoup des conséquences du travail dans les mines pour la santé de leurs enfants. Ils ont mentionné plusieurs symptômes que les enfants avaient aussi relevés et ils en ont ajouté quelquesuns. Des mères ont affirmé être parfaitement conscientes que le corps en développement de leurs enfants était plus vulnérable. `` Les parents ont mentionné les problèmes suivants : ◊ poussière causant des maladies respiratoires, la diarrhée et des vomissements; ◊ exposition aux radiations (uranium présent dans le cuivre et le cobalt)22; ◊ fièvres attribuables à la consommation d’eau insalubre et au manque d’hygiène (lavage des mains). `` Ils ont aussi mentionné avoir remarqué les symptômes suivants chez leurs enfants : ◊ anémie; ◊ toux fréquente; ◊ ballonnement; ◊ douleur et irritation oculaires; ◊ irritation cutanée. `` Les mères, en particulier, ont dit être préoccupées par les conséquences à long terme du contact de leurs enfants avec l’eau « acide » dans laquelle le minerai est lavé. Des filles et des femmes de tous âges qui travaillent dans l’eau jusqu’à la taille ont des infections vaginales, que les mères traitent souvent elles-mêmes avec des antibiotiques. `` Les parents étaient aussi parfaitement conscients que leurs enfants s’exposaient à des risques élevés de blessures liés à l’utilisation de pelles et de pioches, au terrain très accidenté et, par-dessous tout, à la profondeur des puits. Des mères ont mentionné que tout ce qu’elles pouvaient faire pendant qu’elles travaillaient était de dire aux 21 *Certains des enfants ayant mentionné ces événements (blessures, accidents et décès) ont peut-être été témoins du même événement. Par exemple, même si cinq enfants ont dit avoir été témoins d’un décès, cela ne signifie pas que cinq personnes sont décédées. Cela signifie cependant que cinq enfants ont subi le traumatisme associé à cet événement. 22 Les informateurs clés étaient plus réticents à reconnaître que les enfants pouvaient être exposés aux radiations de l’uranium et donc à des risques pouvant avoir des conséquences à long terme pour leur santé. Même si certains ont admis cette possibilité, l’un d’eux a précisé que des études scientifiques devaient être menées pour confirmer ce risque. Des représentants du gouvernement ont indiqué à WVRDC que l’exposition aux radiations suscitait des préoccupations. 32 world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment Encadré 4 || Les enfants ne sont pas des adultes en mignature `` Les enfants ont la peau plus fine, qui absorbe plus facilement les toxines. `` Les enfants respirent plus vite et plus profondément; ils peuvent donc inhaler plus d’agents pathogènes et de poussières en suspension dans l’air. `` Les enfants sont plus facilement déshydratés du fait de leur surface cutanée plus grande et de leur respiration plus rapide. `` Le cerveau des enfants absorbe et retient plus facilement les métaux lourds (plomb, mercure). `` Le système endocrinien des enfants (qui joue un rôle essentiel dans leur croissance et leur développement) peut être perturbé par des produits chimiques. `` Le système enzymatique des enfants, encore en plein développement, est moins à même d’éliminer les substances dangereuses. `` Les enfants, qui utilisent plus d’énergie pour leur croissance, courent donc un risque plus élevé de métaboliser des toxines. `` Les enfants ont besoin de plus de sommeil pour se développer. `` Le système de régulation thermique moins développé des enfants les rend plus sensibles à la chaleur et au froid. Source : OIT, 2011, p. 13. enfants de rester loin des trous profonds et de prier pour leur sécurité. `` Plusieurs adultes dans les groupes de discussion ont mentionné des accidents impliquant un proche ou un collègue, ce qui confirme les propos des enfants. Un adulte a dit souffrir des séquelles permanentes à la suite d’un accident. `` Les mères, plus particulièrement, ont dit désapprouver la consommation d’alcool sur le site; elles ont affirmé que certains mineurs (des hommes et des garçons) buvaient pour avoir la force de travailler. Un informateur clé a soulevé des préoccupations semblables concernant la consommation d’alcool chez les adolescents, en précisant qu’ils donnaient le mauvais exemple aux plus jeunes23. `` Les parents ont dit en outre, ne pas craindre que leurs filles soient victimes d’exploitation sexuelle ou se livrent à la prostitution dans les mines artisanales de Kambove. Des mères ont mentionné avoir entendu parler, à de très rares occasions, de tentatives de viol. Les autres formes de mauvais traitements infligés à des enfants par des adultes étaient aussi considérées comme peu fréquentes. `` Un informateur clé a souligné les risques pour la santé inhérents aux conditions de vie dans les camps, plus particulièrement la typhoïde et les infections sexuellement transmissibles (suite à l’utilisation facultative des condoms). Un autre a mentionné les problèmes répandus de prostitution (dans les « hôtels » sur certains sites) ainsi que les abandons d’enfants. Les participants aux groupes de discussion n’ont pas mentionné ces problèmes. `` Selon les informateurs clés, les parents connaissent suffisament bien la plupart des conséquences du travail dans les mines pour la santé, mais ce travail constitue une solution de dernier recours pour les familles. `` Les informateurs clés conviennent que les conséquences négatives du travail dans les mines pour la santé des enfants surpassent les avantages 23 Le personnel de WVRDC a aussi été informé du lien entre la consommation d’alcool et les dangers du travail dans les mines. Un informateur a mentionné que les risques d’effondrement sont beaucoup plus élevés dans les zones de décharge de GCM (dont certaines ont été visitées durant la recherche) que sur les sites où le creusage est effectué sur des formations rocheuses naturelles plus stables. World Vision a appris que des adolescents et des adultes buvaient avant de travailler pour surmonter leur crainte des effondrements. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 33 qu’ils en retirent et que des mesures devraient être prises pour les retirer de ce milieu. D’autres recherches devront être menées sur les conséquences pour la santé L’expérience des enfants et des adultes qui travaillent dans les mines de Kambove révèle qu’il s’agit d’un travail très dangereux, en raison non seulement des conséquences et des risques physiques immédiats, mais aussi des séquelles à long terme sur la santé. Comme le souligne l’Organisation Internationale du Travail, « [L]e travail dangereux des enfants ne peut être accepté compte tenu de l’essence même de leur biologie. Les enfants ne sont pas juste des adultes en mignature, ils sont physiquement et mentalement différents. » (OIT, 2011, p. 13) (Voir l’encadré 4.) Le minerai extrait dans le sud du Katanga est dangereux pour la santé des enfants et de la communauté. Le cobalt, par exemple, peut endommager le cœur, la glande thyroïde et les poumons. (Organisation mondiale de la Santé, 1999) Lors d’une étude menée dans une mine artisanale au Katanga, des traces de cobalt ont été décelées chez 87 % des enfants vivant à proximité de la mine. Cette étude visait à mesurer les concentrations de 17 métaux et non-métaux chez 47 enfants de moins de 14 ans travaillant dans les mines ou vivant à proximité. L’étude a révélé des concentrations beaucoup plus élevées de métaux toxiques chez les enfants que chez les adultes, même si les enfants avaient été moins directement exposés aux métaux. (Banza et coll., 2009) Le personnel local de WV et les assistants de recherche nous ont dit que la toux persistante était un symptôme très fréquent dans la population de Kambove durant la saison sèche, en raison de la grande quantité de poussière dans l’air, principalement attribuable aux routes non pavées. La poussière de cuivre est reconnue pour être un irritant respiratoire (toux causée par l’inhalation et lésions pulmonaires causés par l’exposition à long terme). Le simple fait d’inhaler cette poussière peut causer des troubles gastro-intestinaux, comme des nausées ou la diarrhée, étant donné que la poussière présente dans le nez et la gorge finit par être ingérée (ATSDRC, 2004). Pendant qu’ils mangent et boivent, les mineurs de Kambove ingèrent vraisemblablement la poussière de cuivre qui s’est déposée sur leurs mains et leur nourriture ainsi que dans l’eau potable. 34 Une étude menée par Elenge et coll. (2011) a révélé que les concentrations de cuivre étaient beaucoup plus élevées dans les cheveux des travailleurs miniers que dans ceux de groupes témoins des populations environnantes. À la lumière de ces resultats, le lien étroit existant entre la toux et les nausées des enfants et leur travail dans les mines, mentionné précédemment, devra faire l’objet d’une analyse plus approfondie. Au cours de la recherche, nous n’avons pas analysé l’eau utilisée pour nettoyer et trier le minerai, afin de vérifier si elle était acide ou alcaline ou, encore, si elle contenait des toxines ou des bactéries. Cette eau devrait toutefois être analysée sans tarder. Le lien entre l’immersion régulière dans cette eau et les infections vaginales semble plausible. Le fait que les femmes se traitent elles-mêmes aux antibiotiques pose problème, car on sait fort bien que ce comportement dans de nombreux pays en développement entraîne une résistance aux antibiotiques. Nous avons appris qu’il est facile de se procurer des antibiotiques dans certains dispensaires, de sorte que les femmes peuvent souvent en acheter sans avoir eu de diagnostic officiel. En outre, les médicaments sont sans doute vendus sans les instructions appropriées concernant la posologie, avec tous les risques qui s’y rattachent. Même si très peu d’études établissent un lien entre l’uranium présent dans le minerai extrait par les enfants dans le sud du Katanga et leurs problèmes de santé, des adultes et divers intervenants sont convaincus de l’existence de ce lien. Le personnel de World Vision à Kambove a observé que des rapports faisaient état d’une augmentation du nombre d’enfants mort-nés et d’enfants nés avec de graves difformités. Les commentaires des enfants et des adultes qui travaillent dans les mines et des études connexes permettent, à tout le moins, de comprendre que des recherches plus approfondies doivent absolument être menées pour trouver des réponses. A la lumière d’études sur l’absorption de métaux par l’organisme (Banza et coll., 2009; Elenge et coll., 2011), les resultats de notre recherche indiquent que dans les mines artisanales de Kambove, les risques et les dangers que posent la santé des travaux même légers et limités (par exemple le ramassage) dépassent les avantages que peuvent en retirer l’enfant, même dans une situation où il contribue à la subsistance de sa famille. world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment 4 || Solutions proposées aux problèmes des enfants Les questions suivantes sont examinées dans la présente section : `` Parmi les initiatives visant à résoudre les problèmes liés au travail des enfants dans les mines, lesquelles ont connu du succès? Lesquelles n’ont pas eu de succès ? Indiquez pourquoi. `` Quelles mesures faudrait-il prendre (à court, à moyen et à long terme) pour faire du travail dans les mines un moyen de subsistance sûr et durable pour les familles ? Quel rôle pourrait jouer World Vision et qui pourrait faire équipe avec WV (autres ONG, gouvernement local) ? `` Quelles possibilités de développement et quels défis Kambove représente-t-il selon les adultes ? Comment les mines artisanales contribuent-elles ou nuisent-elles au développement de Kambove? Quels types de développement (non liés directement aux mines artisanales) ayant lieu à Kambove contribuent ou pourraient contribuer à résoudre les problèmes découlant du travail des enfants dans les mines artisanales ? `` Quel rôle peuvent jouer les entreprises (particulièrement les sociétés minières) dans le développement de Kambove ? 4.1 Projets d’avenir des enfants qui travaillent dans les mines La présente section fait principalement état des solutions au travail des enfants dans les mines. Nous avons cependant jugé utile de mentionner certains constats importants concernant les projets d’avenir des enfants, le désir de la plupart d’entre eux de cesser de travailler dans les mines et la valeur qu’ils accordent à l’éducation. Il est très important de garder ces constats à l’esprit au moment où l’ on envisage des solutions. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 35 Encadré 5 || Raisons pour lesquelles les enfants qui travaillent dans les mines et ne vont pas à l’école aimeraient reprendre leurs études `` Pour être instruit, comme les autres enfants qui vont à l’école. `` Pour être une personne de valeur dans la société. `` L’éducation est très importante dans la vie. `` Je veux apprendre un métier pour aider ma famille. `` Parce que je veux devenir mécanicien. `` Parce que je préfère travailler pour une compagnie pour aider ma mère. `` Parce que c’est mieux d’étudier que de faire ce travail. `` La valeur que les enfants accordent aux études est ressortie dans toutes les entrevues : 28 des 30 enfants qui n’allaient pas à l’école ont dit vouloir reprendre leurs études (93 %); les 23 enfants qui allaient à l’école, sauf un, voulaient obtenir leur diplôme d’études secondaires, et plus de la moitié des enfants (12 sur 23, surtout des garçons) voulaient obtenir au moins un diplôme de premier cycle universitaire. `` L’encadré 5 montre les raisons pour lesquelles les enfants qui n’allaient pas à l’école aimeraient y retourner, tandis que l’encadré 6 montre les raisons pour lesquelles les enfants qui vont à l’école aimeraient poursuivre leurs études. `` Nous avons demandé aux enfants qui n’allaient pas à l’école s’ils pensaient pouvoir y retourner un jour : 87 % d’entre eux (26 sur 30) ont répondu par l’affirmative et ont dit espérer que leurs parents, leurs frères et sœurs ou d’autres personnes auraient les moyens de payer leurs frais scolaires. 36 `` Nous avons demandé aux enfants qui allaient à l’école s’ils pensaient pouvoir obtenir le diplôme souhaité : 87 % d’entre eux (20 sur 23) ont répondu par l’affirmative. L’encadré 7 montre les conditions qui, selon eux, pourraient leur permettre d’atteindre leur objectif. De nombreuses réponses montrent bien que les enfants ont besoin que quelqu’un paie leurs frais scolaires et qu’ils doivent s’appliquer à l’école. `` Nous avons demandé aux enfants s’ils voulaient arrêter de travailler dans les mines et faire autre chose : 77 % d’entre eux (41 sur 53) ont répondu par l’affirmative. `` Nous avons demandé aux enfants s’ils avaient la possibilité de quitter leur emploi : 79 % d’entre eux (42 sur 53) ont répondu par l’affirmative. Nous leur avons ensuite demandé comment ils pourraient y arriver, et la plupart ont dit espérer que leurs parents, leurs frères et sœurs ou d’autres personnes les aident financièrement. `` Les 7 enfants ayant dit croire qu’il leur serait impossible de quitter leur travail ont mentionné que les principaux obstacles étaient le manque d’argent et l’absence d’autres possibilités d’emploi. `` L’encadré 8 montre les objectifs de carrière des enfants, qui vont de commerçant à médecin, en passant par couturier, ingénieur, mécanicien, infirmière, enseignant, etc. 4.2 Solutions proposées par les adultes Nous avons demandé aux informateurs clés et aux participants aux groupes de discussion de proposer des mesures qui aideraient les enfants à quitter leur travail dans les mines, les protégeraient des dangers et leur permettraient de poursuivre leurs études ou leur formation. 4.2.1 Coûts liés à l’éducation et à la garde des enfants Dans la logique des affirmations des parents et des enfants selon lesquelles les frais scolaires élevés obligent les enfants à abandonner l’école (ce qui leur permet de travailler à temps plein dans les mines), des parents ont proposé que quelqu’un (gouvernement ou ONG) paie world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment tous les frais scolaires et de santé des enfants. Certains parents estimaient en effet que l’intervention précédente de Groupe One24 avait permis d’aider des enfants et leurs familles, car les frais scolaires étaient payés pour au moins un an (certains parents ont dit pour deux ans). Les mères à qui nous avons demandé si l’accès à des garderies aiderait les familles à garder les jeunes enfants loin des mines ont répondu que, dans les circonstances actuelles, leurs revenus quotidiens ne leur permettaient pas de s’offrir ce type de service. Pour que cette stratégie soit efficace, les services de garde devraient être gratuits. Compte tenu des affirmations des enfants et des parents concernant les coûts excessifs de l’éducation, il est étonnant qu’un seul informateur clé ait souligné l’urgence de supprimer tous les frais scolaires et d’assurer la gratuité de l’éducation. Selon un autre informateur, les ONG devraient assumer la totalité des frais scolaires des enfants.25 Ensuite, quand nous lui avons demandé ce que WV devrait faire pour aider les enfants à quitter leur emploi dans les mines et à terminer leurs études, cet informateur a répondu que WV devrait construire une école où les enfants pourraient étudier gratuitement pendant un certain temps. 4.2.2 Agriculture et autres moyens de subsistance La plupart des parents à qui nous avons demandé ce qu’il faudrait faire pour que leurs enfants ne travaillent plus dans les mines ont mentionné la création d’emplois décents pour les adultes, et notamment la responsabilité du gouvernement à cet égard. Les parents ont affirmé qu’ils enverraient leurs enfants à l’école s’ils avaient un gagne-pain leur permettant de payer les frais scolaires; ils pourraient ainsi les empêcher de travailler dans les mines durant les heures de classe. Encadré 6 || Raisons pour lesquelles les enfants qui vont à l’école veulent faire des études secondaires ou postsecondaires `` Pour être intellectuel `` Pour être respecté `` Pour être plus intelligent `` Pour être patron `` Pour apprendre à lire et à écrire `` Pour devenir professeur `` Pour travailler dans une société minière `` Parce que j’aime beaucoup étudier `` Pour avoir un bon emploi Des mères ont dit être prêtes à occuper divers autres emplois. Même si certaines ont d’abord mentionné l’agriculture comme moyen de subsistance intéressant, elles ont admis que cette activité exigeait un investissement à long terme risqué, avant que les cultures ne génèrent des revenus, et qu’elles préféreraient donc avoir un petit gagne-pain, comme la confection de robes ou le commerce des vêtements ou de produits alimentaires. Dans ce dernier cas, les mères faisaient allusion aux pratiques commerciales traditionnelles (troc), qui consistent à acheter des articles comme du maïs, des vêtements, etc., puis à les vendre ou à les échanger au village; les articles achetés au village sont ensuite revendus en zone urbaine ou péri-urbaine. Des mères ont dit que l’idéal serait que les hommes travaillent dans des compagnies et que les femmes pratiquent cette forme de commerce.26 24 Cette intervention visait à payer les frais scolaires des enfants et à aider les parents et les enfants plus âgés (17 ans ou plus) à suivre une formation leur permettant d’avoir un autre moyen de subsistance. 25 Il tient lieu d’indiquer que le Gouvernement de la RDC a amorcé une politique de la gratuité de l’enseignement primaire, dont la mise en oeuvre est progressive, et l’effectivité suscite encore beaucoup de discussion. 26 La question de la sécurité a aussi été soulevée dans les discussions sur les stratégies à mettre en place pour aider les mineurs artisanaux à trouver d’autres moyens de subsistance. Selon Perks (2011), les travailleurs ont aussi tendance à travailler dans les mines parce que les sites offrent une sécurité relative dans les régions aux prises avec des conflits. Cependant, comme il n’y a pas de conflit à Kambove à l’heure actuelle, la présence de la police ou d’un autre service de sécurité sur les sites n’a pas été mentionnée comme un avantage par les participants aux groupes de discussion. En fait, certaines mères, conscientes des risques pour leur santé et leur sécurité et celles de leurs enfants, ont affirmé qu’il est généralement plus sécuritaire de travailler à la maison quedans les mines, ce qui constitue une autre raison de préférer d’autres options que le travail dans les mines. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 37 Encadré 7 || Conditions qui permettraient aux enfants de poursuivre leurs études jusqu’au niveau désiré `` Si ma famille et moi avions beaucoup d’argent, je pourrais continuer à étudier. (Garçon, 17 ans, `` `` `` 1 `` Commerçant10 `` Médecin7 Si mes parents veulent payer. (Garçon, 15 ans, Nous allons trouver l’argent. (Garçon, 13 ans, `` Couturier4 `` Chauffeur2 `` Chauffeur/mécanicien2 ramasseur, but : diplôme d’études secondaires) `` Électricien1 Si quelqu’un paie pour moi. (Fille, 14 ans, laveuse, `` Ingénieur4 Parce que ma sœur s’occupe de moi. (Fille, 16 ans, laveuse , but : diplôme d’études secondaires) `` `` « Patron » Il faut avoir de l’argent. (Garçon, 15 ans, ramasseur, but : diplôme d’études secondaires) `` 1 `` Ouvrier1 creuseur, but : diplôme universitaire) `` `` « N’importe quoi » transporteur, but : diplôme d’études secondaires) but : diplôme universitaire) `` Encadré 8 || Objectifs de carrière des enfants Étudier beaucoup. (Filles, 13 et 16 ans, venduese et `` Femme au foyer 1 `` Avocat1 `` Mécanicien4 laveuse, buts : diplôme d’études secondaires) `` Mines et agriculture Travailler fort. (Garçon, 14 ans, ramasseur, but : `` Religieuse1 diplôme d’études secondaires) `` Infirmière 1 4 `` Pasteur1 Les pères ont mentionné comme emplois possibles l’agriculture, l’aquaculture, la production d’œufs, l’élevage de bétail, l’industrie de la conserve (ils ont signalé qu’il y avait déjà eu une conserverie dans laville ) et le commerce en général. Des pères ont aussi proposé de créer des écoles de métier à faible coût. Contrairement à l’affirmation d’un informateur clé, les parents n’ont pas exprimé d’attentes concernant les emplois offerts par la GCM. Des informateurs clés ont dit que l’agriculture avait déjà constitué un moyen de subsistance important dans les zones péri-urbaines de Kambove et que cette activité pourrait être rétablie, conformément à la vision (selon eux) du gouverneur en matière d’agriculture pour l’ensemble de la province. Selon un informateur, même si WV ou d’autres organismes encouragent la culture du maïs, les chances de succès des mesures axées sur l’agriculture sont plutôt minces en raison du succès 38 `` Politicien1 `` Professeur1 `` Enseignant3 `` Aucune réponse 3 limité des interventions précédentes et du fait que les gens se sont habitués à la vie de mineur. D’autres informateurs ont convenu que les gens auraient besoin de beaucoup de soutien et de conseils pour faire la transition vers l’agriculture et qu’ils devraient se défaire de leur habitude de gagner de l’argent instantanément et surmonter leur réticence au « travail rural ». Les informateurs ont aussi mentionné que les pratiques agricoles devaient absolument être modernisées et world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment intégrer l’utilisation de tracteurs. Un informateur a parlé d’un programme du gouvernement (provincial) qui tente de promouvoir l’agriculture dans la ville de Kambove en donnant des tracteurs, mais il a déploré la gestion locale inadéquate du programme et l’absence de suivi. Il a critiqué les programmes mis en œuvre par le gouvernement, qu’il considérait moins apte que le secteur privé à assurer une gestion efficace. Un informateur a proposé la culture d’oranges et de citrons, d’autres l’aquaculture et l’élevage de volailles comme moyens de subsistance. Selon un autre informateur, l’ouverture d’un cyber café à Kambove serait une option commerciale possible. Les pères aussi bien que les mères ont dit qu’ils auraient besoin d’une aide sous forme de matériel et de capitaux pour commencer un petit commerce. Des mères ont dit apprécier la contribution de Groupe One, qui fournit aux parents des biens qu’ils peuvent vendre. Selon certains parents, l’incapacité de certaines personnes à faire fructifier les revenus tirés de ces ventes est en partie attribuable à leurs mauvaises pratiques de gestion. 4.2.3 Réformer et améliorer les activités minières artisanales Même si les réponses aux questionnaires des enfants montrent que ce sont plus souvent les mères que les pères qui enseignent aux enfants leurs tâches dans les mines, les mères n’ont pas exprimé d’attachement particulier à ce travail et n’ont pas proposé de mesures, comme l’ont fait les pères, pour améliorer l’organisation du travail ou pour l’amener au niveau des petites exploitations minières, conformément à ce qui se ferait sur les sites officiels. La création des coopératives plus efficaces et l’accès à des excavateurs pour exposer les filons figurent au nombre des améliorations mentionnées. Des pères ont aussi recommandé l’installation de comptoirs de vente sur les sites afin d’obtenir des prix plus élevés en éliminant les négociants comme intermédiaires. Les négociants, quant à eux, ont affirmé que les coopératives étaient actuellement inefficaces. Ils ont mentionné qu’on pourrait améliorer le travail dans les mines : `` en créant une coopérative efficace sur chaque site; `` en utilisant de la machinerie lourde afin d’exposer des filons pour les mineurs artisanaux; `` en rendant plus efficaces les divers services et structures (gouvernementaux) qui existeraient sur les sites officiels et en appliquant plus rigoureusement tous les règlements. 4.2.4 Application de la loi Les informateurs clés ont déclaré unanimement que le travail des enfants dans les mines est totalement interdit par la loi et qu’aucune tâche n’est acceptable pour ces derniers. En ce qui concerne le travail des enfants dans les mines et le travail dans les mines en général, les répondants ont reconnu que les ministères et les organismes de réglementation, malgré leur présence, manquaient de moyens pour exercer leurs fonctions. Un informateur a précisé que les superviseurs du travail des enfants dans les mines pouvaient être poursuivis officiellement et même emprisonnés en cas d’accident, mais qu’en pratique cela arrivait rarement, voire jamais. Un répondant a donc recommandé de prendre des mesures plus efficaces pour faire appliquer les lois en vigueur. Cependant, aucune recommandation particulière n’a été formulée concernant les ressources et les mesures de renforcement des capacités qui pourraient être prises à cette fin. Le renforcement de l’application de la loi comme moyen d’empêcher les enfants de travailler dans les mines ou d’accéder aux sites non officiels semble être une solution peu pertinente à la lumière de l’affirmation d’informateurs selon laquelle les lois sont difficiles à appliquer lorsque les gens n’ont pas d’autre possibilité d’emploi. Les participants au groupe de discussion des négociants ont aussi parlé d’une initiative de l’Organisation Internationale du Travail qui ne semble pas avoir été mise en œuvre à Kambove. Ils nous ont dit qu’un « code de conduite » était imposé aux membres d’une communauté, dans une région non précisée, et que des responsables avaient essayé d’empêcher par la force des enfants d’accéder aux sites. Ils ont ajouté que les fonds prévus n’avaient pas tous été alloués à cette initiative et que les activités prévues pour retirer les enfants des mines n’avaient pas été mises en œuvre, faute de budget. Certains des participants ont aussi mentionné que les Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 39 efforts déployés pour empêcher les enfants de travailler rendaient le travail dans les mines moins rentable. Les participants au groupe de discussion des négociants ont aussi mentionné un autre aspect négatif des initiatives incomplètes et inefficaces visant à empêcher les enfants de travailler dans les mines, à savoir le scepticisme de la population à cet égard. 4.2.5 Autres rôles du gouvernement, des coopératives et des sociétés minières Un informateur a mentionné une autre mesure importante prise par le gouvernement, à savoir les accords conclus avec des entreprises privées pour autoriser l’exploitation artisanale sur certains sites et aider les mineurs en exposant les filons avec des machines appropriées . Cependant, en vertu de ces dits accords, les mineurs sont obligés de vendre le minerai à ces entreprises privées, ce qui a créé un monopole privant les mineurs de leur pouvoir de négociation. En outre, des négociants ont exercé des pressions en vue de maintenir le statu quo, qui leur est profitable. Un informateur clé a affirmé que les négociants peuvent même résister au retrait des enfants de crainte de voir leur rentabilité diminuer. Un informateur a présenté des comptes rendus vagues sur les contributions positives de la coopérative CMKK sur des sites officiels ailleurs au Katanga, notamment le nettoyage des sites, la prestation de soins de santé et la construction d’abris, affirmant qu’en général, l’exploitation minière se faisait conformément aux normes techniques et de sécurité. Il n’a pas précisé si cela consistait à fournir des gants, des masques ou d’autre matériel. Aucune des innovations ou améliorations mentionnées n’a évidemment été observée sur les sites dépourvus de coopératives efficaces, comme c’est le cas de la plupart des sites non officiels. Un autre rôle essentiel du gouvernement, a souligné un informateur, est la négociation et l’exécution des contrats avec des sociétés minières étrangères pour assurer la création d’emplois. Celui-ci a précisé que, conformément au décret du gouverneur de la province, les sociétés minières sont censées cultiver des champs de 500 hectares, mais que bon nombre d’entre elles ne le font pas parce que cette disposition n’a pas été ajoutée à leur contrat lorsqu’il a été négocié avec le 40 gouvernement national. Cet informateur a formulé le commentaire suivant : « … elles viennent ici pour extraire le minerai, mais qu’est-ce que leurs contrats prévoient ? [Le gouvernement de la RDC] leur impose habituellement certaines conditions à cette fin, mais on ne peut pas leur imposer ces conditions rétroactivement, après la signature du contrat. » Un informateur a mentionné que le gouvernement pouvait aussi rendre l’éducation plus « attrayante » en améliorant la qualité des écoles. Un autre a affirmé que les enseignants avaient contribué aux efforts déployés pour retirer les enfants des mines et les aider à reprendre leurs études, sans préciser comment. Deux informateurs ont souligné que la question du travail des enfants dans les mines relevait carrément du gouvernement. L’un d’eux a dit croire que la décentralisation pourrait permettre aux administrations provinciales et locales d’examiner la situation de façon exhaustive et de trouver des solutions. Cependant, d’autres informateurs, à qui nous avons demandé de proposer des solutions aux problèmes du travail des enfants dans les mines, ont surtout parlé des contributions que pouvaient faire les ONG dans le cadre de diverses stratégies; l’un d’eux a dit explicitement que le rôle du gouvernement était d’apporter une aide logistique aux ONG, notamment en fournissant des terrains afin de créer des installations récréatives pour les jeunes. 4.2.6 Rôles des ONG et stratégies de subsistance De nombreux informateurs ont affirmé que les ONG pouvaient grandement contribuer à garder les enfants à l’école et à faciliter la transition des parents entre le travail dans les mines et un autre mode de subsistance. Ils ont mentionné que les précédentes interventions des ONG allaient de l’indifférence à une analyse minutieuse permettant d’orienter les efforts. Deux informateurs ont affirmé que les mesures précédentes avaient donné très peu de résultats. L’un d’eux a déclaré : « Les interventions des ONG n’ont pas fonctionné parce qu’elles ne s’attaquaient pas aux causes de la présence des enfants dans les mines, mais uniquement aux conséquences. » On explique aussi l’absence de résultats tout simplement par le manque de fonds pour financer les interventions directes des ONG sur le terrain. world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment En ce qui concerne les leçons tirées de l’intervention de Groupe One,27 trois informateurs et des participants aux groupes de discussion ont mentionné la nécessité de renforcer le suivi, la surveillance et les vérifications pour s’assurer que les initiatives mises en œuvre par les ONG sont sur la bonne voie. Un informateur a fourni des renseignements plus détaillés à ce sujet et a souligné la nécessité : `` de continuer à sensibiliser les parents (par exemple sur l’importance de l’éducation et des lois relatives au travail des enfants); d’aider les parents à tirer le meilleur parti de leurs revenus; `` d’offrir une autre formation aux parents des enfants qui travaillent dans les mines afin de leur donner d’autres possibilités d’emploi; `` de ne pas se limiter aux interventions axées sur les familles, par exemple en créant des associations dotées de règlements officiels. Toutes ces suggestions visent à réorienter de façon permanente les moyens de subsistance et les priorités des parents. En fait, cet informateur a aussi souligné que les interventions devaient être axées sur les parents pour réussir à sortir les enfants des mines et leur permettre de retourner à l’école. Selon lui, même si les parents disent accorder beaucoup d’importance à l’éducation de leurs enfants et affirment ne pas travailler dans les mines par choix, il faut continuer à essayer de changer les mentalités des parents et à améliorer leur gestion financière. On ne devrait pas fournir une assistance directe aux parents sans les sensibiliser à ces questions, a-t-il affirmé, car la bonne gestion est un principe à acquérir. Un informateur a mentionné qu’en ce qui concerne l’intervention de Groupe One, certains parents ont été incités à entreprendre des activités ou à exercer des métiers pour lesquels ils n’avaient pas d’expérience, de sorte qu’ils ont échoué. Un deuxième informateur a souligné qu’il fallait jumeler les moyens de subsistance aux compétences et connaissances de chaque personne. Cependant, nous avons aussi appris que des parents qui avaient choisi un métier qu’ils connaissaient bien avaient obtenu de bons résultats et réussi à payer les frais scolaires de leurs enfants. (Le pourcentage de réussite n’a pas été mentionné.) Nous avons demandé aux participants si les interventions des ONG devraient être axées sur une catégorie particulière d’enfants (étant donné les ressources limitées).Un informateur a répondu que la priorité devrait être accordée aux orphelins et aux enfants des familles vulnérables vivant dans des conditions difficiles plutôt qu’aux enfants qui effectuent des tâches qui sont ou semblent être plus dangereuses, comme le creusage. Les données issues des questionnaires des enfants viennent appuyer cette approche (en effet, les enfants affectés à des tâches autres que le creusage étaient plus nombreux à se plaindre de problèmes de santé et les enfants qui ne vivaient pas avec leurs parents étaient plus susceptibles d’avoir abandonné l’école). Nous avons aussi entendu parler des programmes de formation professionnelle offerts par des ONG, qui visent à aider les enfants et les adultes à délaisser le travail dans les mines. Il existe une demande locale pour ces programmes, ce qui prouve, selon un informateur, l’engagement de la communauté envers l’éducation et la formation et son insatisfaction envers le travail dans les mines. Ces programmes de formation permettent d’acquérir des compétences en couture ou en conduite automobile (on a signalé que des personnes ayant suivi la formation ont été embauchées comme chauffeur). Cependant, le taux d’abandon pose problème lorsque la formation se déroule sur plusieurs mois. Le coût de la formation pose également problème; des mineurs adolescents auraient dit être intéressés à suivre la formation de chauffeur, mais n’avaient pas l’argent nécessaire. Ces renseignements ont été fournis durant une discussion sur les problèmes liés à l’habitude (ou au besoin) des gens d’être payés quotidiennement pour leur travail dans les mines; l’implication étant que les personnes ayant abandonné la formation étaient retournées travailler dans les mines. Selon un informateur, les efforts de sensibilisation des enfants plus âgés et des adultes doivent viser à modifier cette mentalité (l’habitude d’être payé tous les jours). 27 Nous aimerions souligner que les commentaires concernant les interventions de Groupe One ont été formulés par les informateurs et que WV ne peut en déterminer l’exactitude. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 41 Un informateur a aussi mentionné qu’une ONG avait créé une école en 2004 près d’un ancien site minier; il pourrait être utile d’en apprendre davantage sur cette expérience. 4.2.7 Installations récréatives pour les jeunes Plusieurs informateurs ont souligné qu’un autre facteur lié au travail des enfants dans les mines était l’absence d’aires de loisirs ou d’activités organisées leur permettant d’occuper leur temps. Durant une brève visite d’un site, nous avons observé que les installations récréatives fournies par la GCM (réservées aux enfants de ses employés) étaient abandonnées depuis des années. Les informateurs ont donc recommandé que des installations et des activités récréatives, allant des terrains de football aux colonies des des vacances, soient mises à la disposition des jeunes. Selon un informateur, ces initiatives devraient se faire en collaboration avec le ministère de l’éducation et la division des affaires sociales. 4.2.8 Atténuation des conséquences pour la santé Même si tous les informateurs ont dit être préoccupés par les conséquences du travail dans les mines pour la santé, surtout celle des enfants, ils ont été peu nombreux à proposer des solutions pour régler le problème (exception faite de sortir rapidement les enfants des mines). Ils n’ont pas discuté des moyens que pourraient prendre les ONG pour atténuer les risques pour la santé et la sécurité des enfants à court terme (avant l’adoption de solutions permettant de retirer définitivement les enfants des mines). Un informateur a toutefois recommandé la tenue d’un plus grand nombre de séances de sensibilisation sur les risques pour la santé, surtout à l’intention des enfants, et la création de centres de soins à proximité des sites. Nous estimons toutefois qu’il serait difficile d’établir des postes sanitaires publics (gouvernementaux) à proximité des sites non officiels. Il serait tout aussi difficile de faire passer un examen médical annuel aux travailleurs affectés au creusage, comme l’a suggéré un autre informateur. Un tel système pourrait-il être fonctionnel pour la majorité des mineurs qui n’ont pas de carte officielle, sans compter tous les enfants affectés à d’autres tâches dans les mines ? 4.2.9 Rôle éventuel de World Vision Les informateurs ont offert plusieurs suggestions concernant le rôle que pourrait jouer WV dans la résolution du problème des enfants dans les mines. Ainsi, comme il a été mentionné précédemment, l’un d’eux a proposé que WV construise une école et paie les salaires des enseignants et les autres frais d’exploitation (section 4.2.1). Le même informateur a suggéré, sans trop y croire, que WV encourage la culture du maïs. Un autre a recommandé que WV vienne en aide aux écoles existantes situées près des mines artisanales. Un informateur s’est dit d’avis que WV devrait donner un coup de main aux ONG locales en leur fournissant du matériel (p. ex., des machines à coudre) et en accordant son soutien à leurs programmes de formation sur les emplois alternatifs au travail dans les mines. Un autre informateur, qui semblait croire que de nombreux enfants travaillent dans les mines en raison des conflits les opposant à leur famille, a proposé que WV appuie les structures et les activités destinées à faciliter la réintégration des enfants après leur retrait de la mine. (Il estimait que ces enfants auraient besoin de préparation et d’aide en vue de réintégrer leur famille.) Une autre suggestion, offerte par deux informateurs, préconisait une collaboration entre WV et des organismes gouvernementaux dans la conduite de recherches sur des situations d’exploitation d’enfants dans les mines, situations similaires à celles faisant l’objet du présent rapport. D’autres ont proposé que WV appuie les instances administratives locales dans leurs activités de sensibilisation des parents et dans leurs revendications auprès des pouvoirs publics pour l’obtention de structures efficaces d’aide et de protection des enfants. Plusieurs informateurs ont reportés que les efforts de sensibilisation28 avaient une efficacité limitée auprès de parents qui n’ont pas d’autres possibilités d’emploi et qui ont réellement besoin du travail de leurs enfants dans les mines pour payer le pain et la margarine. Pourtant, divers répondants ont dit croire que la sensibilisation constituait un élément important de toute stratégie de retrait des enfants de la mine. 28 Des activités régulières de sensibilisation seraient menées par la division des affaires sociales et la division de genre, famille et enfants l, 42 world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment 5 || Travail des enfants dans les mines : Un problème épineux, un obstacle au développement 5.1 La parole est aux enfants qui travaillent dans les mines Le présent rapport dévoile les principaux résultats issus de la recherche menée en juin 2012 à Kambove, dans la province du Katanga, en République Démocratique du Congo (RDC). Les enfants ont eux-mêmes décrit, dans le cadre d’entrevues, les circonstances, les conséquences et les motivations de leur travail dans les mines, et ils ont proposé diverses solutions. Leurs descriptions ont ensuite été comparées et complétées par les adultes, notamment leurs parents et des intervenants au sein de la communauté et de l’industrie minière. Ce rapport présente un résumé de ce que nous avons entendu de la part des enfants et de la communauté dans son ensemble. Une écoute attentive nous a permis de recueillir l’information suivante : `` Les garçons et les filles sont très présents dans les mines artisanales non officielles de la cité de Kambove. Ils participent dès leur jeune âge à toutes les activités de la mine, soit le creusage, le nettoyage et le triage. `` Les enfants ne sont pas contraints de travailler dans les mines; ils le font de leur plein gré. Ils Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 43 apprennent le travail de leurs parents et, dans les cas de pauvreté extrême, ils comprennent qu’ils aident ainsi leur famille à joindre les deux bouts deux bouts. Nous reconnaissons, bien sûr, que les choix des enfants découlent souvent de fortes pressions sociales, donc qu’ils ne sont pas vraiment « libres ». Cela étant dit, la recherche montre clairement que pour de nombreux enfants, la décision de travailler représente un choix dans le contexte familial, et que ce choix n’est pas influencé de façon indue. Il y a toutefois lieu de croire que les enfants sont exploités dans les mines, notamment en ce qui a trait à la rémunération et à aux conditions de travail. `` Il existe un lien très étroit entre le travail dans les mines et la fréquentation scolaire. Plus de la moitié des enfants interviewés avaient abandonné l’école, et ceux qui allaient à l’école travaillaient au moins une partie du temps dans les mines. L’incapacité de payer les frais scolaires constitue un obstacle à la scolarisation. La recherche n’a pu déterminer avec certitude le rapport de cause à effet existant entre le travail dans les mines, la fréquentation de l’école et l’incapacité de payer les frais scolaires. `` Le travail dans les mines entraîne de graves conséquences pour la santé des enfants, qu’il s’agisse du danger immédiat de subir des blessures ou des effets à long terme d’une exposition prolongée au cuivre ou au cobalt. Des recherches plus poussées et une prise de conscience accrue par les enfants et la communauté sont nécessaires. `` Les conflits et les problèmes d’agressions sexuelles sont beaucoup moins présents à Kambove qu’ailleurs en RDC. `` Les adultes aussi bien que les enfants ont invariablement laissé entendre qu’ils préféreraient ne pas travailler dans les mines. Dans leur immense majorité, les enfants ont dit qu’ils aimeraient mieux aller à l’école et qu’ils nourrissaient de grandes ambitions pour leur carrière future et leur contribution à la communauté. `` Les organismes gouvernementaux, les ONG et les autres intervenants ont toujours eu une capacité limitée à améliorer de façon durable la situation sociale et économique, à faire respecter les règlements et à développer des solutions 44 de rechange afin de créer des conditions qui permettraient aux enfants d’abandonner leur travail dans les mines. `` La disponibilité d’emplois convenables pour les adultes constitue l’un des moyens essentiels proposés pour permettre aux enfants de sortir des mines. Diverses propositions allant de la formation des travailleurs à la création de coopératives, en passant par le renforcement des compétences financières, ont été faites. Il est inspirant d’observer le courage et la résilience des enfants et des familles confrontés aux choix difficiles que leur laisse la pauvreté. Les enfants qui travaillent dans les mines sont remplis d’espoir. Ils aspirent à découvrir de nouveaux horizons, mais ils ne peuvent espérer les atteindre que s’ils terminent leur études. 5.2 Travail dangereux Les constats observés dans le présent rapport montrent de façon convaincante que le travail dans les mines artisanales a une forte incidence sur le bien-être des enfants de même que sur celui de leurs parents et des autres employés. Certains auteurs, notamment Hilson (2010), soutiennent que le travail dans les mines artisanales en Afrique constitue un travail léger, adapté aux enfants, et « qu’aller dans les mines » pour aider sa famille est aussi inoffensif « qu’aller aux champs ». Hilson affirme que les observateurs devraient donc s’abstenir de qualifier automatiquement le travail dans les mines comme l’une des pires forme d’exploitation des enfants selon la convention no 82 de l’OIT. A la la lumière d’études sur l’absorption de métaux par l’organisme, notamment Banza et coll. (2009) et Elenge et coll. (2011) les constats issus de notre recherche, indiquent que dans les mines artisanales de Kambove, les risques et les dangers que posent pour la santé des travaux même légers et limités (le ramassage, p. ex.) dépassent les avantages que peut en retirer l’enfant, même dans une situation où il contribue à la subsistance de sa famille. Comme le souligne l’Organisation internationale du Travail, « Le travail dangereux est inacceptable pour les enfants pour des raisons essentiellement biologiques : les enfants ne sont pas des adultes en mignature , ils sont physiquement et mentalement différents d’eux. » (OIT, 2011, p. 13) world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment La conclusion qui s’impose est que tous les enfants devraient cesser de travailler dans les mines artisanales de Kambove. 5.3 Un problème épineux Parvenir à l’étape du retrait des enfants des mines artisanales de Kambove représente un problème épineux. Dans le présent contexte, le qualificatif « épineux » laisse entendre que le travail des enfants dans les mines artisanales représente un problème complexe et délicat, qu’aucune solution linéaire ne pourrait résoudre. Un problème épineux est difficile à définir; il comporte habituellement des interdépendances et des causes multiples, et tenter de le résoudre peut entraîner des conséquences imprévues. Ces problèmes ne se prêtent donc pas à des solutions faciles. Ils sont socialement complexes car ils englobent de multiples intervenants. Leur résolution nécessite le changement de comportements et, souvent, des influences extérieures (règlements, etc.) sont aussi nécessaires.29 Comme l’ont souligné les enfants et la communauté de Kambove, le travail des enfants dans les mines artisanales représente un problème fort complexe, lié à la pauvreté, au manque de services sociaux et d’emplois de remplacement, aux effets du travail sur l’éducation et la santé, et à l’exploitation. Et, comme l’attestent les propositions de la communauté, les solutions sont nombreuses et complexes; les personnes qui les ont formulées avaient d’ailleurs des doutes quant à leur pertinence. Les précédentes interventions avaient tendance à être étroitement définies et à s’inscrire dans une perspective à court terme. multidimensionnels, et ils nécessitent une variété d’interventions et de solutions. Ainsi, les enfants qui travaillent dans les mines à Kambove, en RDC, sont comparés aux canaris que l’on emmenaient dans les mines de charbon; d’où l’expression « canari dans la mine de charbon »30 : ils symbolisent les obstacles au développement dans l’ensemble du pays. Les conditions malsaines et dangereuses qui leur sont imposées doivent être comprises et examinées dans le contexte global du développement en RDC.31 Le problème des enfants dans les mines est lié profondément au contexte général pour être considéré séparément. Il faut se placer dans une perspective plus large, sinon les mesures visant à atténuer le problème sont presque certainement vouées à l’échec. Desprogrammes et des campagnes de sensibilisation visant directement les victimes de la pire forme d’exploitation par le travail sont évidemment nécessaires, mais de telles interventions doivent s’inscrire dans l’optique globale du développement du pays. Comme l’a déclaré un des informateurs clés, les solutions offertes précédemment « n’ont pas fonctionné parce qu’elles ne s’attaquaient pas aux causes de la présence des enfants dans les mines, mais uniquement à ses conséquences ». 5.5 Recherche de solutions 5.4 Le canaris dans la mine : Un obstacle au développement En s’appuyant sur les principaux constats tirés du présent rapport et sur les conclusions d’autres recherches, WVRDC et ses partenaires ont commencé à énoncer des recommandations visant le problème du travail des enfants dans les mines, et ce dans le contexte global du développement en RDC. Ces recommandations seront présentées plus en détail dans une prochaine publication. Les problèmes épineux sont fréquents dans le domaine de l’aide et du développement. Les obstacles au développement, particulièrement dans des pays fragiles comme la RDC, sont souvent complexes et Comme nous le disions précédemment, notre recherche ne donne qu’un aperçu de la situation à un moment donné. Toutefois, en faisant entendre leur voix, les enfants et les autres membres de la communauté de Kambove 29 Cette liste contient certaines des caractéristiques des problèmes dits épineux. « Tackling Wicked Problems : A Public Policy Perspective » Australian Public Service Commission, 2007. http://www.apsc.gov.au/__data/assets/pdf_file/0005/6386/wickedproblems.pdf 30 Au Royaume-Uni et aux États-Unis, des canaris en cage étaient emmenés dans les mines de charbon. Ces oiseaux constituaient un système d’alerte : la présence de monoxyde de carbone, de méthane ou de dioxyde de carbone les faisait mourir avant d’affecter les mineurs. Tout signe de détresse de l’oiseau indiquait aux mineurs qu’il y avait danger. 31 La RDC est classée en dernière position sur l’indice du développement humain 2012. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 45 ont permis de faire connaître les questions nécessitant une attention accrue. 1 Dans chaque province et dans chaque communauté de la RDC, donner la parole aux enfants dans les mines et mener des recherches en vue de comprendre les circonstances, les conséquences et les motivations de leur travail, et de dégager des solutions éventuelles. 2 Sensibiliser les enfants et le reste de la communauté aux conséquences à long terme de ce travail sur la santé, aux dangers inhérents et aux possibilités perdues par les enfants qui ne vont pas à l’école. Cette démarche pourrait aussi viser à mieux faire comprendre le code minier et les lois de la RDC sur les droits des femmes et des enfants. 3 Mieux comprendre les divers services gouvernementaux et les possibilités d’améliorer les lois et les politiques afin de réglementer le travail dans les mines artisanales de façon qu’il soit plus sûr et plus durable et qu’il contribue à la croissance de l’économie Congolaise. 7 Intégrer à toute intervention des mesures d’apprentissage et d’évaluation continues. Les problèmes épineux ne se prêtent pas à des solutions simples. Ils nécessitent une évaluation continue, l’essai de nouvelles mesures et l’établissement de nouveaux liens entre les interventions. L’engagement à long terme d’un large éventail d’intervenants sera nécessaire pour remédier au problème du travail des enfants dans les mines. Les solutions ne résident pas dans des projets à court terme portant sur une ou deux questions pendant la durée du financement du projet. Elles passent par la pleine participation des différents paliers de gouvernement, des organisations et des dirigeants communautaires, des organismes confessionnels, des ONG et des autres parties intéressées. Et, surtout, par l’engagement ferme des personnes les plus touchées : les enfants et les familles. 5.6 Engagement de World Vision envers le problème du travail des enfants dans les mines 4 Améliorer le développement socio-économique des communautés. La fourniture de services et de programmes de réduction de la pauvreté et de développement durable (moyens de subsistance, santé, eau, salubrité, éducation, etc.) incombe d’abord aux différents paliers de gouvernement et aux fournisseurs de services locaux. Les ONG internationales et les sociétés minières peuvent jouer un rôle en aidant le gouvernement et les communautés à offrir ces services. Jerry Kazadi, directeur national adjoint, World Vision RDC, a résumé la situation en ces termes : « Poursuivre notre travail de développement sans nous soucier de ce phénomène équivaudrait à construire une maison sur le sable. » La démarche de World Vision se fonde sur la conviction que l’amélioration progressive du bien-être des enfants nécessite une transformation des systèmes et des structures à tous les niveaux, afin d’éliminer les injustices et d’offrir des solutions permettant d’assurer une paix et un développement durables. 5 Créer les conditions permettant d’assurer la prospérité, la diversification et la résilience de l’économie locale, notamment en offrant des emplois pour remplacer le travail dans les mines, mais aussi, dans la mesure du possible, en officialisant les mines artisanales afin de les rendre viables et rentables économiquement pour les ménages, les entités locales et le pays. Afin de réduire davantage les conséquences néfastes du travail minier sur la santé et le bien-être des enfants, WVRDC s’engage à prendre les mesures suivantes à court terme : 6 Définir le rôle que les opérateurs miniers nationaux et internationaux, et autres acteurs de développement, jouer dans la résolution du problème du travail des enfants dans les mines en RDC. 46 `` effectuer des recherches et des évaluations dans les communautés où nous sommes opérationnels ; `` collaborer avec le gouvernement et ses organismes en vue de déterminer la meilleure façon de s’attaquer au problème du travail des enfants dans les mines; `` lancer des initiatives dans diverses communautés du Katanga, en partenariat avec les communautés, les world vision rdc || Les enfants travaillant dans les mines s’expriment organisations de la société civile et les assocaitions à base de foi et les confessions religieuses , afin de permettre aux communautés de se renseigner, de défendre les droits des enfants et de trouver des solutions au problème du travail des enfants dans les mines; `` examiner plus en profondeur le rôle que pourrait jouer WVRDC, en collaboration avec ses partenaires, pour créer les conditions permettant d’assurer la prospérité, la diversification et la résilience de l’économie locale, notamment en offrant des emplois pour remplacer le travail dans les mines, mais aussi, dans la mesure du possible, en officialisant les mines artisanales afin de les rendre plus sûres et plus durables, de façon qu’elles contribuent à la croissance de l’économie congolaise. Nous croyons qu’en raison de notre présence dans les communautés de la RDC (habituellement pendant au moins 15 ans), de l’importance que nous accordons aux enfants, de notre expérience dans le développement durable et de notre influence grandissante, nous sommes en mesure de contribuer de façon significative à la résolution de ce problème en RDC. WVRDC se réjouit de pouvoir collaborer avec le gouvernement et avec tous les intervenants mentionnés précédemment afin de permettre aux enfants qui travaillent dans les mines de faire entendre leur voix. Les enfants travaillant dans les mines s’expriment || world vision rdc 47 Bibliographie ATSDR (2004). Toxicological Profile for Copper. Agency for Toxic Substances and Disease Registry, US Department of Health and Human Services. http://www. atsdr.cdc.gov/toxprofiles/tp132-c2.pdf BANCHIRIGAH, S., et HILSON, G. 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