Vie des villes
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Vie des villes
Vie des villes À la Maison carrée, aux jardins de la Fontaine ou aux arènes répond l’architecture contemporaine des allées Jean-Jaurès de JeanMichel Wilmotte et l’Abribus de Philippe Starck. Nîmes,la romanité De son histoire, elle tire sa modernité, son esprit festif, son art de vivre... Parcours en ville. de demain! Reportage et texte DOMINIQUE HOMS-VAILHÉ. Photos PIERRICK VERNY. 2 3 Nîme s Le Nemausus de Nouvel, les jardins de la Fontaine, le crocodile, symbole de la ville, redessiné par Starck, la Maison carré et le Carré d’art… l’histoire et le futur en face à face. Q uellevillefascinante,Nîmes,avecplusde 2 000 ansd’âge,n’afficheaucuneride !L’histoire luidonnesaraisond’être,l’avenirsonénergie.Une sourcelongtempsmystérieuse(aujourd’huiau cœurdesjardinsdelaFontaine)etinstigatricede nombreuseslégendesluiinsufflelavie.Cetteeau seraàtraverslessiècleslefilconducteurdu développementdeNîmes.Silabelleromainene cachepassescharmes,Nemausus,ledieucréateur, veille.DelaMaisoncarréeauxarènes,delatour MagneautempledeDianeetàlaporteAuguste, lessiècless’égrènent,tantôtflorissants,tantôtdécadents.Lesprotestants, chasséspendantlesguerresdeReligion,innoventpoursurvivreetimaginentlecélèbretissuappelé« lesindiennesdeNîmes »parcequeexportédéjà auxIndesespagnoles.Lavilles’étendetseconstruit,leshôtelsparticuliers trouventleurplacelelongducanal.Unebourgeoisievoitlejour,latrèsclassiquedesrichescommerçantsdusuddelaFrance.LesjardinsdelaFontaine deviennent,dèsleuraménagementauxvIIIe,lepoumonvertet« chic ».Une histoire« d’eau »aveclaquellelesurbanistesdenotretempsjouentencore commerécemmentJean-MichelWilmottesurdesalléesJean-Jaurès.Laville bougeetl’architecturecontemporainesigneaujourd’huiundéveloppement urbaindu xxIe siècle.SiJeanNouveladonnéletopdépartd’unecitédu futuravecsonNemaususvisionnaire,d’autresgrandsnomsinvestissentles muraillesdelabelleromaine.NormanFosteretsonCarréd’art,Élizabethet ChristiandePortzamparcpourlefuturmuséedelaRomanité,Philippe Starckquiaréinventéleblasondelaville,uncrocodileattachéàunpalmier symbolisantlasoumissiondel’ÉgypteàRome.Nîmess’affichecommela citéouverteàtouteslesculturesoùlesplusgrandspeintrescontemporains telClaudeviallats’exprimentenseservantd’ellecommemuse... FrédéricMistral,AlphonseDaudet,plusrécemmentChristianLigier sontautantdeplumesquiontsucomprendreetaimercettevilleduSud… unSudcréatif,unSudfestif,celuiquenousaimons,nousaussi,découvrir. 4 La culture, les artistes Le Carré d’art Patrimoine du XXe siècle Voilà vingt ans que l’architecte Norman Foster imaginait pour la ville le forum du nouveau millénaire symboliquement lié à la Maison carrée construite, il y a deux mille ans, par les Romains. Centre d’art contemporain, lieu d’échanges et de culture, le Carré d’art, avec son architecture de béton, de métal et de verre, reste étonnement contemporain. Norman Foster considère cette réalisation comme une de ses œuvres maîtresses. C’est certainement pour cela qu’il a accepté d’être le commissaire de l’exposition anniversaire avec des œuvres emblématiques représentant son « musée imaginaire » comme le définissait André Malraux. Grand collectionneur, l’architecte britannique a toujours travaillé avec des artistes. Classé au Patrimoine mondial du xxe siècle, le Carré d’art signe de sa modernité une étape importante sur l’axe romain allant de la tour Magne à la Maison carrée et jusqu’aux arènes et au futur musée de la Romanité. Jusqu’au 27 avril, exposition Chorégraphies suspendues. Carré d’art, 16, place de la Maison-Carrée, tél. 04 66 76 35 70. 5 Nîme s Restos Le ciel de Nîmes Vue imprenable Installée sur les terrasses du Carré d’art, une brasserie idéale pour une halte déjeuner entre deux expos. Côte de taureau de Camargue, tartare de bœuf… Comptez 32 B. 16, place de la Maison-Carrée, tél. 04 66 36 71 70. Le Lisita Ambiance « romaine » Dans une belle demeure du centre, face aux arènes, le Lisita reste une institution. Le restaurant gastronomique s’est transformé en brasserie tendance, où le chef Olivier Douet s’applique à offrir des bons produits frais comme le filet de taureau sauté, purée aillée et pousses d’épinard, jus de rôti tranché... ou la pluma de pata negra, polenta crémeuse, jus aux cinq épices... Magnifique terrasse sous le platane. Formule déjeuner, à partir de 26,60 B. Le soir, à partir de 30,90 B. 2, boulevard des Arènes, tél. 04 84 31 21 29. Le Skab Contemporain et Sud Restaurant Alexandre Le terroir chic À quelques tours de roues des arènes, au cœur d’une exubérante végétation méditerranéenne, Michel et Monique Kayser ont su imposer leur table comme l’une des meilleures de la région (2 étoiles au Guide rouge). Michel aux pianos joue à la perfection une partition gourmande aux tonalités du Sud. Les produits, il les aime « d’ici » et déniche les meilleurs. « On ferme les yeux et l’on doit savoir tout de suite ce que l’on mange… » Rouget de Méditerranée cuit à la salamandre, jus barigoule et basilic, bouille de poissons de roche, coquillages sur légumes acidulés et léger mousseux au safran des Cévennes ou tartare de taureau de Camargue en tournedos serti au raifort, sorbet à la betterave et condiments… une véritable poésie gourmande ! Déjeuner autour d’un plat, 48 B, menu-carte, 76 B, menu dégustation 148 B. 2, rue XavierTronc, 30128 Garons, tél. 04 66 70 08 99. 2 En cuisine Sébastien Kieffer, en salle Alban Barbette… un duo d’amis pour une adresse qui monte ! Leurs armes, ils les ont faites chez Pourcel et chez Gagnaire… et cela se sent ! Du soleil, de la couleur, de la modernité, mais toujours des saveurs vraies pour une table méditerranéenne. Le grenadin de veau est poêlé à l’ail confit, servi avec un cannelloni de champignons au parmesan, oignons et carottes fanes glacés, le pavé de maigre, quant à lui, est cuit dans un beurre mousseux, accompagné de riz rouge de Camargue et d’une soubise d’oignons et, pour finir en douceur, le biscuit de pain de Gênes mousseux à l’orange, gelée sanguine et sorbet assorti infusion Grand Marnier. Formule midi, 2 plats, 24 B, menu Plaisir, 42 B, menu Dégustation, 70 B. 7, rue de la République, tél. 04 66 21 94 30. Aux Plaisirs des halles Bistronomie Sébastien Granier connaît tout le monde et pour cause… tout le monde va aux Plaisirs des halles déguster les produits frais du marché qu’il travaille avec passion et générosité. Brandade de morue, évidemment, mais aussi filet de bœuf à la Saint-Gilloise avec des anchois… Pour la feria, sur la terrasse la plancha grille les poissons du jour ! Menu du jour, à midi, 22 B, le soir, 24 B. 4, rue Littré, tél. 04 66 36 01 02. Le 9 La cantine du « Tout-Nîmes » Ouvert de mai à septembre (d’une feria à l’autre) Le 9, orchestré avec brio par son fondateur Jean-Paul Boyle, est la table de Nîmes où il faut « être vu », le QG gourmand des aficionados. Si l’assiette est gourmande et bien de chez nous (tout vient des halles), calamars frits, épaule d’agneau des Alpilles, padrones (petits piments verts) et aubergines grillées, moules à la tomate et au basilic, le décor l’est tout autant. Dehors, chaises et tables de jardin nappées de blanc, dans une débauche de lumignons ; dedans, mobilier stylé des années 1930 qui confèrent à ce lieu une atmosphère unique. « Ni bar, ni restaurant, ni bodega », aux dires du maître des lieux… juste un rendez-vous à ne pas manquer ! À partir de 40 B avec les vins. 9, rue de l’Étoile, tél. 04 66 21 80 77. Chez Raoul L’esprit brasserie Un lieu de rendez-vous très prisé des Nîmois. Après avoir créé L’Aile ou la Cuisse, à Saint-Rémy, et un passage par Marrakech et Avignon, Yvan Gilly et Jean-Pierre Voisin reviennent au pays. Yvan, aux pianos, sait jouer des produits des halles. « Je ne veux pas tomber dans le côté revisité branché, je cuisine comme à la maison le petit salé de saintjacques aux lentilles, chou vert farci aux pieds de porc, jus réduit ou encore la marmite du chalut. » Reste que l’inventivité est quand même au rendez-vous avec une touche de modernité que ce Camarguais sait offrir aux gourmands de passage. Serveurs souriants en marinière, accueil des plus chaleureux… Formule, 19 B, plat du jour, 15 B, menu du mardi au jeudi, 27 B. 29, rue de la Madeleine, tél. 04 66 21 75 72. 3 Nîme s Restos et terroir gourmand Restaurant Vincent Croizard L’accueil à la maison Ici, l’on sonne pour accéder au restaurant. Une jolie table inventive qui a trouvé son cadre entre les murs de pierre de la vieille ville. Aux beaux jours, dans le jardin, les tables nappées de blanc apportent une ambiance raffinée et sereine. Dans l’assiette, Vincent joue avec finesse des produits de saison sélectionnés. Daurade rôtie, beurre salin aux cinq parfums, juste cuit d’épinards, nori et soja, émulsion d’huîtres de Bouzigues, petites compositions saisonnières comme celle autour de la sardine. Formule déjeuner, 23 B, menus, à partir de 48 B. 17, rue des Chassaintes, tél. 04 66 67 04 99. Brasserie de la Grande Bourse Le rendez-vous des aficionados Pendant la feria, elle se transforme en quartier général pour le « gratin » de la corrida. Au premier étage, dans les salons Art déco, on se retrouve pour l’apéro et l’on débat du dernier paseo. Une jolie adresse pour boire un thé ou dîner entre amis. 2, boulevard des Arènes, tél. 04 66 67 68 69. 4 La Terna Chez Manu... …dit « Le Blond », ambiance taurine garantie ! C’est un peu normal, le maître des lieux est mozo de espadas valet d’épées, tout dévoué à son matador. Des photos, des toiles, des sculptures, des tables griffonnées, autant d’éléments du décor qui donnent le ton. Côté assiette, bonne cuisine familiale comme les célèbres tripes à la madrilène qui attirent les foules. Menu déjeuner 12 B, plats entre 15 B et 20 B. 47, rue de la République, tél. 04 66 21 84 74. Les halles Le ventre nîmois Aucun Nîmois ne manque son rendez-vous matinal et quotidien aux halles. Le week-end, c’est l’affluence des épicuriens en quête de la meilleure huile d’olive ou encore de la meilleure friture de rougets ! Tous les bons produits de saison et de région s’y exposent sur les étals qui rivalisent de gourmandise. Après avoir bu le café ou réservé un petit coin sur le comptoir des Halles Auberge pour grignoter à l’apéro une gratinée de brandade à la tapenade, les paniers se remplissent… À ne pas manquer… Chez Boulet-Marée, où l’on vient, depuis 1936, choisir ses poissons qui arrivent en direct de Sète et de Port-Vendres. Aux Olives Daniel, pour la picholine et les olives de Nyons, sans oublier les tapenades maison et la fameuse brandade nîmoise ! La fromagerie Vincent Vergne, classée parmi les dix meilleures du pays avec un choix exceptionnel comme les brebis de Mme Brinchard en Aveyron et les fromages de chèvre de Didier Pascal des Cévennes. La Crèmerie des Greffes, pour ses fromages frais et coulis maison, ses crèmes brûlées et surtout la fameuse chantilly à laquelle personne ne résiste... 5 Nîme s Terroir gourmand Costières de Nîmes De bons crus Épicerie l’Oustaù Nadal Gourmande et traditionnelle Corinne Ortega a racheté il y a huit ans cette vieille boutique à la famille Nadal. Un lieu des années 1950 qu’elle n’a pas voulu transformer et qui reste aujourd’hui dans son « jus ». L’huile d’olive de chez Benoît à Alès est toujours vendue au détail comme à l’origine. Beaucoup de spécialités méditerranéennes, comme le caviar d’aubergines, la sardinade, l’anchoïade, le pistou rouge et des boîtes de bonbons croc’odile à l’effigie de la belle romaine. 4, rue des Marchands, tél. 04 66 67 80 18. Château de la Tuilerie La Nîmoise Une célèbre brandade La Maison Villaret Le croquant de Nîmes Incontournable… Né vers la fin du xVIIIe, ce petit gâteau sec très dur aux amandes, miel et citron devient célèbre un siècle plus tard. Trempé dans une tasse d’Earl Grey, c’est un vrai délice. Boulangerie-pâtisserie, 13, rue de la Madeleine, tél. 04 66 67 41 79. Qu’on la tartine froide sur des tranches de pain grillé à l’apéritif ou qu’on la déguste chaude comme plat principal associée à des lamelles de truffe de l’Uzège, la brandade de Nîmes est une spécialité à base de morue, de lait et d’huile d’olive. Même si l’origine reste un mystère, il semble probable que la recette soit née au xVIe siècle à l’époque où les marins bretons de retour de Terre-Neuve cherchaient du sel pour conserver leurs pêches. Ils échangèrent ainsi des poissons contre « l’or blanc » d’Aigues-Mortes. Au xVIIIe siècle, le cuisinier Durand mit au jour cette technique consistant à pocher la chair de morue dessalée dans du lait puis à l’émulsionner avec de l’huile d’olive. La brandade de Nîmes était née. Aujourd’hui, Christophe Mouton, brandadier, restitue dans ses ateliers « La Nîmoise » la recette de ses ancêtres dont la brandade aurait été servie à l’époque à la table de l’Élysée ! 18, rue Émile-Jamais, tél. 04 34 28 67 43. Connaissez-vous le petit pâté de Nîmes ? Le Sud aime bien ces tourelles de pâte brisée qui prennent selon la région des saveurs variées. À Pézenas, le petit pâté se garnit d’une farce sucrée-salée inventée au xVIIIe par un certain Lord Clyde… À Nîmes, il est exclusivement à la viande et régalait déjà les amis d’Alphonse Daudet ! Tombé dans l’oubli, il renaît de ses cendres grâce à l’esprit « tradition » de certains artisans de bouche comme Thierry Bosc (charcutier traiteur, 46, rue Nationale). De veau et de porc assaisonnés, il devient gourmandise apéritive sur les tablées estivales. Il est aussi quelquefois garni de brandade mais à Nîmes, quoi de plus naturel ! 6 Depuis trente ans, Chantal Comte mène de main de maître cette propriété familiale créée par son père dans les années 1950. Aujourd’hui, elle impose ses vins dans la liste des meilleurs crus de l’appellation. En agriculture raisonnée, la récolte de ses 62 hectares de vignobles suit un parcours « maison » entièrement opéré sur le domaine. À retenir, les cuvée Éole et Alma Soror, l’exceptionnel millésime 2011 sans oublier l’huile d’olive du domaine. 571, chemin de la Tuilerie, tél. 04 66 70 07 52. Château St-Elisabeth Ce domaine élabore des vins de qualité travaillés dans la cave du domaine. Les rouges et rosés collectionnent les médailles et le Château Saint-Elisabeth 2010 est référencé au guide Hachette des vins, comme un produit harmonieux à moins de 5 B. 30128 Garons, tél. 04 66 01 11 22. Et encore… Château de Campuget, Campuget, 30129 Manduel, tél. 04 66 20 20 15. Château d’Or et de Gueules, chemin des Cassagnes, route de Générac, 30800 Saint-Gilles, tél. 04 66 87 32 86. Château L’Ermitage, Castillon & fils, 1301, chemin dit de la Saou, 30800 SaintGilles, tél. 04 66 87 04 49. 7 Nîme s Déco Franck Argentin Tout RBC… C’est de Nîmes que tout est parti lorsque, il y a quelque vingt-sept ans, Franck Argentin demande à Philippe Starck de lui tracer les contours de son premier showroom. Un lieu d’exception indémodable qui, en plein centre historique de la belle romaine, met en scène les plus grands designers : Kartell, Cappellini, Vitra, Cassina... Homme d’affaires de haut vol et passionné de création, son histoire continue de s’écrire sur les pages du design, bien au-delà de la région Languedoc-Roussillon, avec des espaces à Montpellier, Avignon, Gallargues (devenu depuis l’été 2013 le showroom Unopiù) et Lyon. Mais Franck affirme haut et fort qu’il est avant tout nîmois même si c’est à Montpellier qu’il a choisi de poser son Design Center signé par son ami architecte Jean Nouvel, celui qui a croisé son chemin il y a plus de trente ans alors qu’il créait le Nemausus. Voyageur infatigable, il aime se retrouver dans son mazet au cœur des pinèdes de la tour Magne et y recevoir ses amis pour déjeuner puis partager une partie de pétanque. C’est cela, l’art de vivre à la nîmoise ! 1, place de la Salamandre, tél. 04 66 67 62 22. Presque un rituel, les déjeuners d’avant-feria de Franck Argentin où il réunit ses amis pour une journée au mazet. 2 3 Nîme s Déco Copirates... « DeNim » et de papiers 3 univers pour la déco Marlies Fleurs Douceurs parfumées 23, rue de l’Horloge, tél. 04 66 67 97 61. Ici, ça sent bon la fleur fraîche avec des bouquets contemporains ou romantiques toujours de bon goût. Droguerie des Halles Haute en couleur… 4, rue des Halles, tél. 04 66 67 33 90. Chez Georges Ménard, il y a tout ce que l’on peut imaginer trouver dans une droguerie d’antan ! Avec, dans les tiroirs de métiers ou les bocaux de verre, des poudres multicolores et plus de 200 teintes pour créer ses propres gammes. Né d’une rencontre entre deux créatrices, Myriam Balaÿ Devidal qui vient du Design Objet et Lydia Rump du stylisme de mode, le « collectif Copirates » voit le jour en 2009. C’est dans un appartement à deux pas des quais de la Fontaine que nos créatrices associent leurs élucubrations pour donner naissance à des objets et des scénographies où la récup’ est fil conducteur. Vieux vêtements et papiers, le bleu Denim « DeNimes » est à l’honneur dans des collections éphémères… petit clin d’œil pour la ville qui reste le berceau du sergé (tissu jean) tissé en ses murs au xVIIIe, teint à Gènes avec l’indigo et expédié vers la Californie où il sera transformé en vêtement de travail... le jean ! Myriam et Lydia jouent avec les textiles, les déchirent, les décolorent, les teintent et les réinventent en cartes du monde ou baluchons « DeNimes ». Dans l’atelier-maison, la déco se décline en bleu et blanc, en abat-jour de papier, en sacs, plateaux, mais aussi coussins, courtepointes et porcelaine… autant d’objets poétiques à retrouver sur leur site http://lescopirates.fr/ Les Papillons Pour la maison 13, rue des Greffes, tél. 04 66 67 15 96. Mireille Bois est tapissière en ameublement. Chez elle, il y a des tissus d’éditeur : Lelièvre, Nobilis, Frey…, les enduits Mercadier, les peintures Farrow & Ball et Little Greene comme les passementeries Houlès. 4 5 Nîme s Déco La fondation. Domus Le design et une fondation Le showroom. On ne présente plus Alain Recolin et Alain Dussaud qui s’emploient, depuis presque quarante ans, à donner au design une vitrine. Déjà, dans leur showroom installé au centre-ville dans les locaux d’une ancienne usine électrique du xIxe, les belles marques s’affichent, Zanotta, Artemide, Cassina, Driade, Knoll, Flos, Baccarat... mais l’histoire ne s’arrête pas là. Alain Recolin achète l’autre partie du bâtiment xVIIIe à l’arrière du showroom et métamorphose cette demeure en une fondation entièrement vouée au design et à l’art contemporain. Pari réussi ! Pour la première exposition, c’est la maison Zanotta qui vient y fêter ses 60 ans et investir jusqu’en septembre les quatre étages avec ses collections de meubles au grand complet. 11, rue de l’Horloge, tél. 04 66 76 13 56. Fondation ouverte sur rendez-vous. Et du design encore dans l’univers privé d’Alain Recolin... 6 7 Nîme s La culture, les artistes Claude Viallat Créateur libre Le cofondateur du groupe Supports/ Surfaces vit et travaille à Nîmes où il est né. L’homme est timide, secret, renfermé même, plongé sans doute dans ses rêveries créatives qu’il revendique purement instinctives. Cet automatisme qui caractérise son œuvre, ces motifs neutres appliqués au pochoir, répétés à l’infini, prennent vie dans la couleur et la matière. « Quand je peins une toile, j’accepte le résultat qui s’impose à moi car tout se joue dans les accords de couleurs qui me sont donnés. » L’artiste travaille sur des matériaux de récupération, qu’ils soient unis ou bariolés. Son œuvre n’est autre que le résultat d’une alchimie entre les éléments. Aficionado de courses camarguaises comme de corridas, l’influence de l’art tauromachique est grande sur ce passionné qui collectionne le moindre objet en rapport avec le taureau. Nombre de ses œuvres sont exposées au musée des Cultures taurines de Nîmes, ville où il fut longtemps directeur de l’école des Beaux-Arts. 2 3 Nîme s La culture, les artistes Michel Tombereau Un peintre heureux Michel n’est pas « tombé dans l’art quand il était petit », pas plus qu’en grandissant puisqu’il s’oriente vers le professorat de sciences. Mais, un jour, il couche sur la toile ses premières impressions tauromachiques. « J’aime la couleur, le monde, la feria et cela m’inspire… », il découpe, colle, colorie, donnant à son travail une dimension instinctive profondément enracinée dans les traditions locales. En 2006, il est choisi pour faire l’affiche de la feria tout comme l’ont été en leur temps Claude Viallat ou Sylvain Fraysse. Plein d’humour et de fantaisie, Michel reste avant tout nîmois et prend régulièrement avec ses amis son petit déjeuner aux halles… pas un crème, non, mais de la bonne « cochonnaille » avec du costières... rouge ! Depuis peu, il revient à ses premières amours, la botanique. Sur ses carnets de croquis, il réinterprète la fleur tranchée sous l’œil du microscope électronique. Il en compose des mosaïques abstraites, nouvel élan dans une créativité débordante. Librairie Teissier Le temple de la littérature Ce sont aujourd’hui Pierre-Jean et Vincent Teissier qui naviguent à bord du vaisseau de la rue Régale. Dans cette librairie familiale, rien n’a bougé depuis les années 1950, seules les générations de lecteurs passent et repassent, réconfortant constat que la lecture attire encore ! L’oncle HenrI y est pour quelque chose… Ce passionné de littérature a toujours su faire des sélections rigoureuses et éclectiques, secret d’échanges avec sa clientèle amie, et se plaît à raconter sa passion pour Rimbaud, Proust et Céline. « La librairie, c’est un sacerdoce qu’aujourd’hui mes neveux ont accepté de poursuivre, et ils le font bien, cette librairie est une institution qui se doit de toujours exister ! » 11, rue Régale, tél. 04 66 67 44 06. 4 5 Nîme s 3 architectes dans la ville Nathalie d’Artigues Nîmoise plus que tout ! Architecte talentueuse, elle n’a pas eu envie de quitter sa ville natale même si ses nombreux chantiers la conduisent ici et là. Sa passion ? La réhabilitation de bâtiments anciens ou des monuments historiques comme la restauration du fronton du palais de justice de Nîmes ou de la galerie Jules Salles. Architecte conseil de la ville, elle intervient souvent dans le secteur sauvegardé. « La ville s’est développée doucement et petit à petit, ce qui a permis d’éviter des constructions et des aménagements anarchiques et de la préserver en gardant ce caractère urbanistique acquis depuis la période romaine... » Mais Nathalie d’Artigues aime aussi travailler la modernité dans des projets plus libres comme elle l’a fait pour le mazet de Franck Argentin ou la maison de Simon Casas. Si elle vit à cent à l’heure, elle n’en rate pas pour autant les ferias ou les retrouvailles entre amis au restaurant Le 9. NDA Architecture, 16, rue Cardinal-de-Cabrières, tél. 04 66 04 15 13. Jean Nouvel Nîmois d’adoption C’est parce qu’il est venu réaliser dans les années 1980 le Nemausus à Nîmes, un monumental vaisseau destiné à l’habitat social, et qu’originaire du Sud-Ouest il fréquentait déjà les corridas de Dax et de Bayonne que Jean Nouvel a tissé avec la ville les liens les plus profonds. « J’ai découvert dans cet amphithéâtre romain des corridas de très haut niveau et je n’en rate plus aucune ! » Et c’est vrai, il ne se passe pas une feria sans que l’on voie inévitablement l’architecte en compagnie de son confrère et néanmoins ami François Fontès dans les premiers rangs des arènes. Pour lui la corrida est un des spectacles les plus métaphysiques qui soient, rempli de symboliques qui créent des sensations aussi imprévisibles que la vie. Aux détracteurs virulents, il affirme que la cruauté est ailleurs… Passion, émotion, autant de mots que s’applique à utiliser Jean Nouvel, des sentiments qui font vibrer ses talents d’architecte tout en guidant son trait de crayon. Pour lui, l’architecte est un peu un cleptomane, voleur de couleurs, d’odeurs, de sensations. Nîmes, il l’aime à toutes les saisons, il se plaît, lui aussi, au 9 qui est depuis longtemps sa cantine mais aussi à L’Imperator, hôtel mythique du monde de la tauromachie auquel… il appartient un peu ! Ateliers Jean Nouvel, 10, cité d’Angoulême, 75011 Paris, tél. 01 49 23 83 83. Philippe Bonon Nîmois pour l’Histoire Au sein de son agence de Montpellier A+Architecture, il développe de nombreux projets et est associé avec Élizabeth et Christian de Portzamparc sur le futur musée de la Romanité. C’est face aux arènes que prendra place ce bâtiment spectaculaire voué à l’histoire de la cité. Certes les premiers coups de pelles viennent juste d’être donnés pour une ouverture au public prévue en 2017, mais le projet est d’envergure, prêt à mettre enfin en avant ce richissime patrimoine historique, beaucoup de vestiges étant aujourd’hui invisibles au public. Les Nîmois attendent donc avec impatience cet espace de culture lié à leur histoire et qui, à l’image du Carré d’art jouxtant la Maison carrée, offrira dans les drapés de sa façade le reflet des arènes. Symbole s’il en est de l’osmose entre l’histoire et la contemporanéité. Arche Jacques-Cœur, 266, place Ernest-Granier, 34000 Montpellier, tél. 04 99 74 27 42. 6 7 Nîme s à l’heure de la feria Torera à cheval, Léa Vicens est une pure Nîmoise même si elle vit aujourd’hui à Séville ! à 28 ans, elle vient de recevoir son alternative des mains d’Ángel Peralta, icône de la tauromachie équestre. Une jolie ambassadrice pour la ville. D eux fois par an, pour la feria de la Pentecôte et celle des vendanges, Nîmes vit au rythme des paseos et des sévillanes. Si la corrida se pratique dans les arènes depuis 1813 sous une forme totalement différente de celle de nos jours, c’est réellement en 1952 que naît la tradition de ces fiestas qui nous arrivent droit d’Espagne. Le mythe du taureau et l’attachement du Nîmois à celui de Camargue donnent un sens à cette fête qui métamorphose la cité romaine. L’euphorie est à son comble et, malgré quelques débordements portés par quelques verres de costières en trop, l’ambiance prend des couleurs d’aficionado (amateur de corrida), de cartel (programme d’une corrida), de muleta (tissu rouge utilisé par le torero) et de costume de lumière... La tension monte autour des arènes et lorsque les portes s’ouvrent, la foule s’engouffre dans ces gradins millénaires, les peñas donnent le ton et commencent à jouer les notes du célèbre « toréador prends garde à toi » de Carmen. Là, s’y retrouvent des célébrités, l’architecte Jean Nouvel ou encore Rudy Ricciotti qui ne manque aucune corrida. Dans les années 1950, lorsque la feria commence déjà à hypnotiser la ville, ils sont nombreux à descendre de la capitale pour venir s’afficher dans les jardins de l’Imperator… on attribue ce succès à la venue de Régine attirant autour d’elle des Brigitte Bardot, Clouzot, Cocteau, Bernard Buffet, Jean-Claude Pascal... Mais la feria c’est aussi la fête dans la ville. Très attendue par certains, haïe par d’autres, elle appartient à jamais à son patrimoine culturel. Feria de Pentecôte, du 4 au 9 juin. Information et réservations : http://www.arenesdenimes.com 101 Simon Casas... « Une corrida, c’est un spectacle d’art » Adoré par certains, détesté par d’autres… le directeur des arènes de Nîmes vit dans un tourbillon entre son histoire, sa brève vie de torero et les arènes qu’il dirige, Castellón, Nîmes, Valencia… Fasciné dès son jeune âge par la corrida, il revêtira l’habit de lumière une fois. Une carrière dont il rêve par-dessus tout mais à laquelle il va mettre un terme dès le lendemain. Se pensant incapable de devenir un grand torero, il choisit de devenir impresario. Il fera de Marie Sara la torera à cheval que l’on connaît et qui sera sa compagne de nombreuses années. L’homme est difficile à approcher. Malgré cette carapace qu’il s’est appliqué à assembler, la brèche sensible est décelable… Cultivé, écrivain, amoureux fou de littérature, de Rimbaud et de Céline, créateur du Prix Hemingway récompensant des nouvelles autour de la tauromachie, il sait ouvrir son cœur et son esprit en offrant aux aficionados de grands moments d’émotion. Il est aujourd’hui une figure emblématique de l’organisation des corridas en Europe. 102 Nîme s à l’heure de la feria L’Imperator Un hôtel culte Il y a trois ans lorsque l’Imperator est mis en vente, le Nîmois Serge Sanchez décide de l’acheter. Aficionado, il a toujours aimé ce lieu qui a vu défiler les plus grands noms. Hemingway et Ava Gardner, Picasso et Cocteau venaient aux corridas et « l’Impe » était leur havre de paix. Le style Art déco est resté intact. L’ascenseur historique a « transporté » les toreros les plus réputés qui dorment traditionnellement ici, comme le Nîmois Nimeño II et la nouvelle vedette des arènes, José Tomás. Pendant les ferias, les jardins se transforment en bodega où le Tout-Nîmes se retrouve en quittant la « Pablo Romero » (l’association des amis de Pablo Romero fondée par Serge Sanchez). Les chambres (à partir de 99 B), refaites dans des styles différents, jouent entre grand classicisme et modernité. Quai de la Fontaine, 15, rue Gaston-Boissier, tél. 04 66 21 90 30. Fiesta et souvenirs Bodega les amis de Pablo Romero Depuis 1996, cette ancienne synagogue s’est métamorphosée en un lieu festif voué à la tauromachie. Son histoire est belle. Pour sauver les taureaux d’un éleveur espagnol en faillite, l’association des amis de Pablo Romero est créée. C’est peine perdue mais pour remercier ce bel élan de générosité, il offre ses 110 ans de souvenirs qui vont trouver place dans cet espace au cœur du Vieux-Nîmes. Pour la feria, les Nîmois s’y retrouvent pour boire un verre et chanter aux sons de la messe sévillane projetée sur écran géant. Il faut y être ! 12, rue Émile-Jamais, tél. 04 66 67 68 25. 103 104 Nîme s à l’heure de la feria Le moment symbolique de l’habillage du torero Morenito de Nîmes. Un art qui requiert plus d’une heure de gestuelle. Le musée des Cultures taurines Ligne de Bohème L’Esprit nîmois Une boutique bien dans l’esprit de la feria... Costumes de lumière anciens des années 1950, capes de paseo, anciennes affiches, sans oublier les collections de foulards de Christian Lacroix, Plaza de toro et sa nouvelle ligne de vaisselle Sol y Sombra. Un bel hommage. Il ne pouvait qu’être à Nîmes tant la ville est riche en souvenirs tauromachiques. Un espace situé à deux pas des arènes. La culture de la feria, qui fait vibrer la cité depuis 1952, y est présentée avec pertinence. Costumes de lumière d’autrefois, hommage au maestro José Tomás, célèbre matador qui, de ses talents, a « mis le feu » aux arènes lors d’une corrida mémorable, le 16 septembre 2012, et enfin magnifique collection d’œuvres de Claude Viallat. 6, rue Alexandre-Ducros, tél. 04 66 36 83 77. Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h. 38, rue de la Madeleine, tél. 04 66 21 83 80. 105 106