Dossier spécial - Choisir la cause des femmes

Transcription

Dossier spécial - Choisir la cause des femmes
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Fondé par Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi
N°113 – Mai 2011
3 euros
ÉDITO SPÉCIAL
Les femmes dans
la révolution
ACTUALITÉS
ENTRETIEN
MURIEL
MAYETTE
La Clause
Élections
cantonales
PROSTITUTION ET HANDICAP
La pitié dangereuse
édito
*
Les femmes, avant­garde des Révolutions ?
Par le bureau de
Choisir la cause des femmes
C
omme les Parisiennes de 1789 avaient mar­
ché sur Versailles, les femmes tunisiennes sont descendues dans la rue. Or, si les femmes ont toujours joué un rôle détermi­
nant dans les révoltes, les révolutions ont rarement été suivies, pour elles, de grandes avancées.
(+30$+"#&"#%9$-)"$4.9%-'(-)"#+09/*'(-"#&"*8+:'*$-+"&(-%&"
hommes et femmes : divorce judiciaire rendu possible, répudiation orale interdite, consentement indispensable de la femme au mariage, abolition de la polygamie, auto­
risation de la contraception puis, plus tard, dépénalisa­
tion de l’avortement… La Constitution française adoptée en 1793 n’accorda pas le droit de vote aux femmes. Elles n’avaient pas leur mot !"#$%&"#'()"*&"#+,'-"./,*$01"&-"2/%&(-"3('*&4&(-"&50*/&)"
de la vie politique et interdites d’exercer des droits poli­
tiques. L’idéal des Lumières proclamait l’universalité des droits de l’être humain mais la moitié de la popula­
tion se trouva privée de la citoyenneté… L’ACTION DE BOURGUIBA
Parmi les soulèvements du « printemps arabe », celui qu’a connu la Tunisie est le plus spectaculaire, et pas uni­
quement pour être le premier. La présidente de Choisir, tunisienne et française d’origine, livre une analyse fémi­
niste de la révolution. Elle a récemment été écoutée avec la plus grande attention en Tunisie où elle a été invitée à s’exprimer sur le thème « Les femmes et la politique » par le Mouvement Ettajdid . Ce dernier exige que le principe d’égalité entre homme et femmes soit clairement précisé et inscrit dans la Constitution. Son premier secrétaire, Ahmed Brahim, demande la mise en place d’un front « Femmes et citoyenneté », une initiative soutenue par Choisir, qui place la femme, libre et égale de l’homme, au cœur de la construction démocratique en Tunisie. 6&)" 7/($)$&((&)" ,+(+30$&(-" #8/(" )-'-/-" 09()$#+%+"
comme le meilleur pour les femmes dans les pays arabes. Grâce à l’action réformiste et progressiste mise en œuvre par Bourguiba dès 1956, elles ont très tôt bé­
02 _ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
Ces acquis ne doivent pas être remis en question, et le statut de la femme tunisienne doit impérativement être préservé. Mais les Tunisiennes et les Tunisiens ont rai­
son de continuer à lutter pour instaurer, par exemple, la parité en politique. Aujourd’hui, et après la fuite de Ben Ali, seules deux femmes participent au gouvernement de transition… Il faut éviter à tout prix que des femmes qui ont grossi les rangs des manifestants et ont exigé de toutes leurs forces et avec courage le changement pour *&/%" .';)1" )&" %&-%9/<&(-1" $(" 3(&1" #+.9))+#+&)" #&" *&/%"
part du pouvoir. Comme leurs sœurs de révolution par le passé. « La femme est une citoyenne à part entière. La vraie démocratie est celle où chaque individu, femme ou homme, doit avoir le privilège de s’exprimer mais sur­
tout de décider et de partager » rappelle Gisèle Halimi. Il faut donner à la femme tunisienne un rôle déterminant dans le processus de constitution démocratique. sommaire
n°113
Mai 2011
DOSSIER SPÉCIAL
« Femmes et culture »
04 Entretien
Muriel Mayette
08 Événement
Festival International des Films
de Femmes
09 Association
Réseau art et culture H/F
11 Enquête
« Prostitution et handicap »
14 Femmes et lois
16 Politique
Badge du Mouvement de Gauche Citoyens Solidaires.
Elections Cantonales
19 Actualités
Les avancées de la Clause
M
ais la révolution du jasmin ne s’est pas ar­
rêtée là et l’esprit révolutionnaire a déferlé sur l’Egypte, la Libye et plusieurs autres pays dans lesquels la femme est reléguée à un rôle supplétif, accessoire, sans jamais avoir les droits d’une citoyenne à part entière. Les Tunisiennes sont devenues un modèle et une source d’inspiration pour le Moyen­Orient, et la question des femmes est très souvent invoquée à propos de ces révolutions. Non seulement pour évoquer le nombre et la place des mani­
festantes, mais aussi en raison des droits qu’elles exigent.
Choisir formule le vœu que la révolution par les femmes et pour les femmes gagne l’Europe, que l’égalité et la pa­
rité s’inscrivent dans toutes les Constitutions, et que ces #%9$-)"#&<$&((&(-1"&(3(1"%+&*)=">/&"*&)"2&44&)":':(&(-"
&(3("0&"?/$"*&/%"%&<$&(-"#&"#%9$-="
Comment pouvons­nous accepter que les droits des femmes ne soient qu’un mot d’ordre ou un slogan emblé­
matique, balayé lors des prises de décision politiques. Il est tout aussi inacceptable que ces femmes descendues avec force et courage manifester dans la rue, ne soient ensuite plus représentées lorsque s’organise le gouver­
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Pour conclure, nous remercions ces femmes qui nous donnent une formidable leçon de courage et de démo­
cratie et qui, avec force, illustre le leitmotiv de Choisir dont la présidente a fait le titre de l’un de ses ouvrages : « Ne vous résignez jamais ». Amie lectrice et lecteur, ne nous résignons jamais.
20 Rencontre
Choisir intervient auprès de lycéens
24 Échos / France
26 Échos / International
29 Culture
www.choisirlacausedesfemmes.org
Ce numéro a été réalisé par Catherine Albertini, Lol Caudan Vila, Gaëlle Dupré-Legros , Séverine
Dupagny, Sandrine Denos, Claude Faux, Gisèle Halimi, Martine Houyvet, Adeline Lavault, Élisabeth
Riboud, Élodie Massé, Laure Heinich-Luijer, Valérie Maillot-Durand, Agathe Solins.
Choisir la Cause des Femmes : 102, rue Saint-Dominique, 75007 Paris.
Directrices de la publication : Martine Houyvet, Agathe Solins.
Conception graphique : Isabelle Bléhaut.
Impression : Abélia Imprimerie – 6, rue de la Claie, BP 20053, 49071 Beaucouzé Cedex.
Dépôt légal : Octobre 2009 – ISSN : 0294-0949. Trimestriel. Prix : 3 euros.
Photo de couverture : Tous droits réservés.
COTISATION 2011
Il n’est jamais trop tard pour régler
sa cotisation ou adhérer.
Choisir a besoin des femmes comme les
femmes ont besoin de Choisir.
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 03
*
entretien
”
Muriel Mayette
Le théâtre comme
passeur de mémoire,
comme une fenêtre
de survie...
”
_ Entretien avec Muriel Mayette, Administrateur
général de la Comédie française, en passe d’en
devenir l’Administratrice générale ?
Choisir : Parlez-nous de votre parcours….
Muriel Mayette : J’ai commencé très jeune, j’ai toujours été très passionnée. J’ai compris très vite que les auteurs étaient peut­être la seule possibilité que j’avais d’ouvrir mon esprit et mon cœur, de chercher l’équilibre dans le déséquilibre, d’ouvrir des portes.
Après j’ai suivi la voie royale et classique. Je suis entrée à seize ans à la Rue Blanche avec une dérogation, puis à dix­huit ans au Conservatoire. J’avais promis à ma mère que j’aurais mon bac en même temps, ce que j’ai fais. Puis on m’a proposé de rentrer aux Français. Je jouais un tout petit rôle, Basque dans le Misanthrope. Jean­Pierre Vincent, l’Adminis­
trateur de l’époque, et Bruno Bayen, metteur en scène qui montait Un cha­
peau de paille d’Italie m’ont engagée en sortant du Conservatoire. C’est un vrai acte de poser ses valises à la Co­
médie française, et surtout dans cette troupe, parce que la vraie star ici c’est la troupe.
04 _ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
J’ai eu la chance incroyable d’exer­
cer ce métier depuis que j’ai commen­
cé à avoir cette passion. J’ai toujours eu du travail, ce qui est fondamental, parce qu’une des grandes nécessi­
tés pour les acteurs c’est de résister. J’avais créé ma compagnie quand j’étais au Conservatoire, la Compagnie Jeux pour créer, jouer, vivre la vie de troupe de théâtre.
Je suis donc entrée aux Français @&/(&="A&<&(/&")90$+-'$%&"B".'%"/(");)­
tème de cooptation des camarades, j’ai très vite été dans la responsabilité des sociétaires au Comité, dans une sorte d’autogestion du budget et de la troupe elle­même. C’est un système qui n’est pas vraiment comparable avec d’autres $()-$-/-$9()1"(9)")-'-/-)"9(-"+-+"%'-$3+)"
par Napoléon en 1812 dans le fameux Traité de Moscou. Ils ont été complé­
tés depuis mais c’est tout de même une très ancienne institution, qui s’articule toujours autour des mêmes trois pi­
liers: la troupe, l’alternance et le réper­
toire, avec un système de partage des recettes.
!C’est un poste
convoité, et certains
continuent à penser
que ce n’est pas bien
d’être dirigé par une
femme.”
PREMIÈRE FEMME !
Il y a cinq ans maintenant on m’a demandé si je voulais être l’Adminis­
trateur de cette Maison. À l’époque, j’étais aussi Professeure au Conser­
vatoire. C’est ce qui m’a posé le plus problème, j’adorais travailler avec ces jeunes acteurs, j’étais donc un peu triste de les quitter, mais cela m’a paru extrêmement simple de dire oui parce qu’il s’agissait d’une grande chance et que c’est bien à un moment de ré­
pondre présente, d’être dans l’action, de faire une proposition et de donner un nouveau visage à ce théâtre.
Ch. : Est-ce que vous avez ressenti des
discriminations au sein de la Comédie
française ?
M.M. : Oui énormément. Je n’avais pas imaginé que l’on était dans une société aussi machiste. Le fait est qu’en tant qu’actrice, c’était tout à fait normal d’être une femme, mais à un poste comme le mien, c’était énorme ! Et puis je cumulais : j’étais la pre­
mière femme, j’étais la plus jeune et en plus j’étais actrice ! Et je n’étais pas une femme de réseau, je suis arrivée par passion, par conscience profes­
sionnelle, par éthique. Je ne pense pas que l’on m’ait proposé ce poste impu­
nément, j’avais créé une compagnie, j’ai toujours fait de la mise en scène, j’ai toujours été au Comité et j’ai tou­
jours aimé cette responsabilité­là. Je #$)" )9/<&(-" ?/8$*" &)-" .*/)" #$230$*&" #&"
monter un spectacle que de diriger une maison, ceci dit celle­ci elle est très compliquée à gérer, parce qu’on est à la fois chef d’entreprise et directeur artistique, et qu’on a en même temps une responsabilité politique énorme. C’est un poste qui est nommé par le Chef de l’État, le 39ème personnage de l’État, avec une valeur symbolique sur la grande culture française extrême­
ment forte. DES DISCRIMINATIONS BIEN RÉELLES
C’est un poste convoité, et certains continuent à penser que ce n’est pas bien d’être dirigé par une femme. On me reproche par exemple d’être trop maternelle, ce à quoi je réponds que l’on peut aussi reprocher à un homme d’être trop paternel, que c’est idiot, que je suis comme je suis. " " >/'(#" @8'$" +-+" (944+&1" @8'$" &/"
droit un article dans Libération où on me disait que je n’étais même pas une vraie rousse. C’est d’une violence inouïe ! Le dit­on d’un homme ? Un metteur en scène, dont je ne dirais pas le nom, m’a envoyé au visage, devant tout le monde, un bristol où je lui avais écrit un mot ! A quel homme fait­on ça ?
Parfois on retrouve cette misogynie également chez les acteurs. Certains m’ont dit qu’ils n’avaient pas du tout envie d’être dirigés par une femme, une maîtresse d’école, avec le fan­
tasme génial derrière le mot maîtresse. Ça a donc été une vraie découverte. Je Suite page 06
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 05
*
entretien
Muriel Mayette
!Le fait est qu’en tant
qu’actrice, c’était tout
à fait normal d’être une
femme, mais à un poste
comme le mien, c’était
énorme !”
Suite de la page 05
n’en éprouve aucune aigreur, mais ça me met à un endroit de responsabilités que je n’avais pas quand je suis arri­
vée.
Ch. : Pour en revenir à la Comédie française et au statut de femme, pourquoi
garder le titre Administrateur plutôt
qu’Administratrice ?
M.M. : >/'(#" @&" )/$)" '%%$<+&1" $*" (8;"
avait pas très longtemps qu’il y avait des femmes Doyens et on disait « Ma­
dame Le Doyen ». Le moment de ma nomination a été violent. Et donc dans cette violence, Catherine Sami, Doyen à ce moment­là a contribué à ce que je sois élue à ce poste. J’ai donc appelé l’Académie fran­
çaise qui m’a répondu que dans la langue française on distingue la per­
sonne de la fonction, j’ai donc fait comme Madame le Doyen, j’ai dit Madame l’Administrateur. Mais je vous avoue que le temps passant, je le regrette. Je me suis dit que si je continuais je mettrai Admi­
nistratrice. Parce que maintenant j’ai compris, ça ne sert à rien de s’en vou­
loir, ce qui est important c’est de cor­
riger. Le jour où étudiante a été mis au féminin, c’est devenu possible !
DES QUOTAS NÉCESSAIRES
Ch. : Pour revenir à l’égalité professionnelle en ce qui concerne la création et
la diffusion artistique – nous sommes
à 10 % de représentation féminine
dans les programmations nationales,
quelles sont, d’après vous, les initiatives à mettre en place que ce soit au
niveau de la création mais aussi au
niveau de la parité dans les postes de
direction, notamment par le biais d’ini-
tiatives mises en place par le Ministère
de la Culture ? Qu’est-ce qui pourrait
permettre de débloquer cette situation ? Est-ce qu’il faudrait des quotas ?
M.M. : 6&)"#$%&0-%$0&)"#&"4&)"#&/5"3­
lières, par exemple, sont des femmes. J’ai engagé Anne Pollock alors qu’elle était enceinte de son troisième enfant. Elle m’a dit à l’époque qu’elle ne pou­
vait pas parce qu’elle était enceinte, ce à quoi j’ai répondu ce n’était pas une maladie. Je pense que la maternité est considérée comme un handicap ter­
rible dans notre société et c’est catas­
trophique. Une autre caricature dans notre pays est de considérer que les femmes ensemble ne s’entendent pas, je trouve ça spectaculaire ! Parce que ce n’est pas vrai, moi je m’entends très bien avec les femmes, et je n’ai pas *8$4.%&))$9(" ?/&" 0&" )9$-" .*/)" #$230$*&"
avec les femmes qu’avec les hommes, '/"09(-%'$%&=">/&"2'$%&"C"D&".&()&"?/8$*"
faut un quota, oui. Ch. : Et est-ce que vous avez envie de
mener ce combat, de faire part de
votre expérience au Ministre de la
Culture pour faire avancer les choses
pour les femmes ? M.M. : Je me rends compte que je suis tellement tombée de haut, je n’ai ja­
4'$)" .&()+" ?/8/(&" #&)" #$230/*-+)" ?/&"
j’allais rencontrer serait la misogy­
06 _ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
nie, la différence de traitement entre les hommes et les femmes. J’ai pensé mille choses, j’en ai rencontré d’autres #&)"#$230/*-+)1"4'$)"@&"(&"48'--&(#'$)"
pas à celle­là. Et maintenant que je l’ai compris, que je m’en suis protégée, je me dis qu’il faudrait effectivement réa­
gir, mais je n’ai pas encore l’idée de comment.
UNE PROGRAMMATION AUTOUR
DE LA CLAUSE
Ch. : Nous avons une idée à vous proposer : le projet de Choisir la cause des
femmes, la Clause de l’Européenne la
plus favorisée, est un projet juridique
qui concerne les lois les plus favorables aux femmes dans les 27 pays européens, la loi la plus favorable choisie
dans un des pays étant appliquée dans
les 26 autres pays. Ce projet concerne
5 domaines, le choix de donner la vie,
les violences faites aux femmes, la vie
de famille, la parité en politique et la
vie professionnelle et l’idée nous est
venue de vous demander quelle serait
la programmation idéale pour illustrer
ces cinq domaines ?
M.M. : Cela me fait penser que j’ai fait rentrer au répertoire il y a trois ans maintenant La Mégère Apprivoisée de Shakespeare. On imagine toujours que La Mégère Apprivoisée est une 3**&" #&" 4'/<'$)&" <$&" '*9%)" ?/&" 08&)-"
exactement le contraire : au bout d’un moment elle n’a comme solution pour conserver sa liberté que de renvoyer ce que les hommes lui envoient. Mais pour en revenir à cette pro­
grammation autour de ces cinq thèmes, je dirais…
LES VIOLENCES FAITES
AUX FEMMES.
Othello de William Shake­
speare, car Othello tue Desdé­
mone car il se dit qu’elle a dû le tromper ! LA VIE DE FAMILLE.
Médée d’Euripide. On dit quelle horreur elle a tué ses enfants… ! LA VIE PROFESSIONNELLE,
LA FEMME AU TRAVAIL.
Penthésilée de Heinrich von Kleist. Ce sont quand même des amazones qui ont décidé de vivre toutes seules, elles vont chercher des hommes, font des enfants avec, puis s’en débarrassent. C’est un chef d’œuvre. Ch. : Pour terminer une phrase sur le
théâtre et ce qu’il peut apporter justement pour que les gens comprennent
les stéréotypes, les préjugés…
M.M. : Le plus beau texte que vous puis­
siez trouver là­dessus c’est un texte de Charlotte Delbo, l’assistante de Louis CHOIX DE DONNER LA VIE.
Mère courage et ses enfants de Bertolt Brecht avec la petite qui est violée. LA FEMME AU TRAVAIL…
La Mouette d’Anton Tchekhov avec l’actrice, Nina, bien que ce soit un tra­
vail particulier. Ch. : Une programmation illustrant
au plus près les cinq domaines de la
vie d’une femme lancée comme une
bulle pendant l’interview. Elle est
aujourd’hui au stade de « pourquoi
pas », elle verra le jour peut-être grâce
à l’enthousiasme d’une femme, pour
jouer sur scène la tragédie des femmes
et leur volonté de faire progresser
leurs droits.
Et le dernier thème,
LA PARITÉ,LA FEMME
ET LA POLITIQUE.
Lady Macbeth de William Shakespeare, parce que si c’est lui qui sera Roi, c’est elle qui lui permet d’y arriver. Ou Lucrèce Borgia de Victor Hugo.
Le théâtre comme passeur de mémoire, comme une fenêtre sur la vie…
A suivre Jouvet, qui est un chef d’œuvre absolu et qui raconte une représentation du Malade Imaginaire à Auschwitz mon­
tées avec les femmes détenues dans les camps ; Le théâtre comme moyen de survie…
Propos recueillis par
Elisabeth Riboud
et Agathe Solins.
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 07
*
femmes et culture
Coup de projecteur sur
le Festival International
de Films de Femmes !
_ C’est l’occasion pour Choisir de revenir sur ce festival
unique qui a incontestablement participé à l’évolution
de la visibilité des femmes dans le cinéma.
L
e festival International de Films de Femmes se déroule chaque année à la Maison des Arts et de la Culture de Créteil et pro­
pose pendant une dizaine de jours un ensemble de 3*4)"E".%F)"#&"GHI"3*4)"!"*8'230J&"E1"
d’expositions, de débats, mais aussi de rencontres avec des réalisatrices et des actrices, ainsi que l’organisation de forums pour échanger des idées. Il constitue bien sûr un lieu incontour­
nable de rencontres professionnelles, #&" %+K&5$9(1" #8+*',9%'-$9(" &-" #&" .%9­
duction de projets. C’est grâce au Fes­
tival International de Films de Femmes que par exemple Philippe Barron a pu %+'*$)&%"&("LIIM"/("#90/4&(-'$%&"$(-$­
tulé « Neuf récits d’avortements clan­
destins » sur l’avortement clandestin #'()" *&)" '((+&)" NI1" '.%F)" '<9$%" %&(­
contré lors d’une édition précédente du festival des femmes acceptant de témoigner sur leur propre histoire. UN FESTIVAL MILITANT
Créé en 1979 par Jackie Buet et Elisabeth Tréhard, le festival Inter­
national de Films de Femmes est un évènement cinématographique visant à soutenir les femmes réalisatrices #&" 3*4)1" !" '../;&%" *&/%)" %&0J&%0J&)"
&-" .%9@&-)" '%-$)-$?/&)1" '$()$" ?/8!" '23%­
mer leurs engagement, montrant ainsi que le cinéma n’est pas réservé aux hommes. Grâce à la détermination de ses fondatrices, le Festival perdure trente plus tard et permet aujourd’hui de promouvoir les femmes dans un milieu encore très masculin. On dé­
nombre en effet en France seulement 12 % de femmes dans la profession, ce qui est déjà un progrès par rapport '/"I1L"O"?/&"*89("09()-'-'$-"&("GPNP="
Mais du chemin reste toutefois à par­
courir. En effet, si les femmes sont moins nombreuses, elles rencontrent +:'*&4&(-".*/)"#&"#$230/*-+)"!"-%9/<&%"
#&)" 3('(0&4&(-)1" &-" !" ,+(+30$&%" #&"
subventions. Une véritable disparité entre hommes et femmes existe dans l’octroi des subventions. Le festival est donc une opportunité pour les réalisa­
trices de ce monde.
UN LABORATOIRE D’IDÉES
Aujourd’hui, le Festival Interna­
tional de Films de Femmes constitue également et surtout un laboratoire des idées. Ses préoccupations sont toujours tournées vers la place des femmes dans la société et à travers le monde entier. Il est l’occasion à chaque fois de dénon­
cer et de souligner les inégalités et les problèmes rencontrés par les femmes. Q*" -%'#/$-" &(3(" *&" %&:'%#" #&)" 2&44&)"
08 _ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
sur l’actualité, Jackie Buet étant conti­
nuellement à la recherche de nouvelles réalisatrices susceptibles d’apporter un regard nouveau sur notre monde.
Le Festival International de Films de Femmes est aussi l’occasion de sen­
sibiliser le public et surtout les jeunes à une cinématographie différente, loin des clichés qui s’étalent sur les écrans des salles de cinéma.
Adeline Lavault
*
femmes et culture
Égalité hommes/femmes
dans les arts et la culture :
où en sommes nous ?
_ Coup de projecteur sur H/F1, réseau d’associations et de collectifs, qui lutte contre les
discriminations hommes/ femmes dans les domaines de l’art et de la culture. Choisir a
rencontré Blandine Pélissier et Véronique Ataly de l’association H/F IDF2 pour faire le point sur
leurs actions et évoquer les combats à venir.
« Qu’allons nous voir et entendre quand nous allons assister à un spec­
tacle dans le secteur subventionné ? 97 % des compositeurs dont on entend la musique sont des hommes, soit 3 % de femmes ; 94 % des orchestres pro­
grammés dans ces établissements sont dirigés par des hommes (…) 85 % des textes que nous entendons quand nous allons au théâtre sont écrits par des hommes (…) »3 déclament avec tristesse ou colère Anne Alvaro, Cé­
cile Brune, Catherine Ferran, Sabine Haudepin, Agnès Sourdillon et Coline Serreau. En un peu plus de 3 minutes, ces femmes des arts et de la culture tirent la sonnette d’alarme: inégalités des droits et des pratiques entre les hommes et les femmes (tant au niveau des postes de direction que des moyens de production) et en particulier dans le secteur du spectacle vivant.
EN FRANCE ?
Cette bande sonore est un des nom­
breux outils créés par H/F IDF pour rendre publiques les statistiques sur la situation inégalitaire entre les femmes et les hommes. Dans la continuité des rapports de mission de Reine Prat de LIIRM"./$)"#&"LIIP5, qui soulignent ces disparités, H/F IDF repère et analyse les discriminations observées dans les domaines de l’art et de la culture comme par exemple l’inégalité dans la %+.'%-$-$9("#&)"3('(0&4&(-)"&-"#&)"9/­
tils de travail entre hommes et femmes.
Des actions de lobbying auprès de différentes institutions publiques ou privées, aux actions médiatiques de sensibilisation du grand public dans des lieux clefs du monde du spectacle vivant comme le Festival d’Avignon, en passant par des actions concrètes locales (l’anonymat des candidatures dès que cela est possible comme cela a déjà été mis en place pour le recrute­
ment des musiciens d’orchestres clas­
siques, parité des votes aux Molières, etc.), H/F agit pour faire changer le secteur et le rendre plus égalitaire.
Une des initiatives phares de la démarche de H/F est la création de la « saison 1 de l’égalité Hommes/ Femmes"S"LIGGTLIGL"&("%+:$9("UJV(&T
W*.&)=" XYZ" UJV(&TW*.&)" ,+(+30$&" #/"
soutien de la DRAC, de la région, de la ville de Lyon et d’une quinzaine d’établissements de la région, dont le Théâtre des Célestins et le Théâtre Nouvelle Génération de Lyon. H/F IDF travaille sur un projet similaire en île de France. Mais les obstacles sont nombreux : souhaitons que ce projet ambitieux voit rapidement le jour. QU’EN EST IL EN EUROPE ? Une résolution sur l’égalité de trai­
tement et d’accès entre les hommes et les femmes dans les arts du spectacle6 a été votée au parlement européen *&" GI" 4'%)" LIIP=" [/$-&" !" )9(" %'..9%-"
#890-9,%&" LII\" )/%" *8]:&1" *&" :&(%&" &-"
l’emploi des artistes interprètes7, la FIA (Fédération Internationale des W0-&/%)^"'"./,*$+"&("@/$**&-"LIGI"/("_"
manuel des bonnes pratiques pour lut­
ter contre les stéréotypes liés au genre et promouvoir l’égalité des chances dans les secteurs du cinéma, de la télé­
vision et du théâtre en Europe »8. Les constats sont là, des propositions d’ac­
tion ont été faites ; il faut maintenant une volonté politique forte pour que les paroles et les écrits fassent place aux actes.
« Soyons impatientEs ! » concluait U&$(&" `%'-" #'()" )9(" %'..9%-" #&" LIIP="
Oui nous le sommes ! Gaëlle Dupré-Legros
aG^"6'(0+"&("LII\"&("%+:$9("UJV(&TW*.&)1"2+#+­
%+"&("(9<&4,%&"LIIP"&("Q*&"#&"Z%'(0&"./$)"#'()"
d’autres régions.
(2) (3) http://h.f.idf.free.fr/ aM^"aH^"J--.bYYccc=0/*-/%&=:9/<=2%Y0/*-/%&Y'0-/'­
lites/rapports/
(6) http://www.europarl.europa.eu
aN^"a\^"J--.bYYccc=3'T'0-9%)=094Y/.*9'#)Y
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 09
*
enquête
Services sexuels
pour les handicapés
La Pitié
© FrankieP / stock.xchng
“
“
Étant donné les films pornos que
visionnent les personnes handicapées
dans les établissements, le sexe qui
s’étale partout, comment leur refuser
ce qui est promis à tous ?
Marcel Nuss
cité par Claudine Legardinier,
Prostitution & Société, décembre 2008.
10 _ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
dangereuse.
Mais que l’on ne s’y trompe pas, cette revendication de droit aux ser­
vices sexuels n’est rien moins que la revendication d’égalité sexuelle entre hommes, handicapés comme valides, les handicapés voulant accéder aux mêmes droits sexuels que les hommes valides ce qui comprend entre autre le droit d’accéder au sexe des femmes dans la prostitution. Il s’agit davantage de revendiquer un droit naturel sur le corps des femmes que de revendiquer un droit au plaisir puisque celui­ci ne )'/%'$-" @'4'$)" d-%&" :'%'(-$=" >/'(#" /("
homme se pose en victime il réclame des droits sur les femmes. Ce qui est en jeu ici, c’est donc la reconnaissance de la prostitution comme service so­
0$'*" '/" ,+(+30&" &50*/)$2" #&)" J944&)"
./$)?/&"*'"#&4'(#&"&)-").+0$3?/&4&(-"
masculine (une seule demande fémi­
”
E
n France la question d’un accompagnement sexuel pour les personnes handica­
pées est posée depuis qu’un député UMP, Jean­François Chossy, prépare une pro­
position de loi visant à créer un statut « d’aidant­e sexuel­le » à leur béné­
30&="[$"*8'))90$'-$9("#&"2&44&)"J'(#$­
capées « Femmes pour le dire, femmes pour agir » y est fermement opposée, Marcel Nuss fondateur de « Handicap et autonomie » est le lobbyiste acharné du droit des handicapés aux services sexuels. Droit que la société devrait prendre en charge en relevant le mon­
tant des allocations dont ils sont béné­
30$'$%&)="Q*")&%'$-".9/%"*&"49$()"+-%'(:&"
?/&" 0&--&" %&<&(#$0'-$9(" 3('(0$F%&"
aboutisse, à l’heure, où, pour des rai­
sons de restrictions budgétaires, tous les enfants handicapés ne peuvent être scolarisés en milieu ouvert ­condition de leur intégration sociale et de leur autonomie future­ faute de postes suf­
3)'(-)"#8'/5$*$'$%&)"#&"<$&")09*'$%&=
($(&"'"+-+"&(%&:$)-%+&"&("GI"'()"e^="(1)
UN DROIT ?
Le désir ­intransitif­ construit comme besoin, se mue en droit, rétré­
cissant la sexualité en génitalité et par l’alchimie de la transsubstantiation, la prostitution devient un mode privilé­
gié d’accès à la sexualité du masculin métamorphosant le proxénétisme en principe organisateur de la compas­
sion sociale chargé d’acheminer les denrées féminines disponibles à leurs utilisateurs­clients. La société com­
Il s’agit davantage de revendiquer
un droit naturel sur le corps des
femmes que de revendiquer un
droit au plaisir puisque celui-ci ne
saurait jamais être garanti.
”
Suite page 12
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 11
*
enquête
Suite de la page 11
passionnelle du « tout marché capi­
taliste (…) tend ainsi aveuglément à réduire les êtres humains à du bétail qu’on mène de la crèche à la pâture, de la pâture à la saillie et de la saillie à l’abattoir ». (2)
Le système prostitutionnel qui crée pour une part les besoins, désirs mi­
métiques, fantasmes formatés par la pornographie, et leur satisfaction en mettant des femmes réelles à la dis­
position de clients qu’il a contribué à conditionner à la consommation, n’osait rêver d’une telle reconnais­
sance de son utilité sociale. Jusque là, le système se contentait de mettre en avant le droit des femmes prostituées à disposer librement de leur corps ren­
versant la situation effective de ces femmes dont le corps est mis à la libre disposition de clients solvables. Cette légitimation compassionnelle du sys­
tème prostitutionnel rendrait de facto impossible toute forme de lutte contre les industries du sexe dont les femmes et les adolescentes sont les princi­
pales victimes à cause d’un accident chromosomique. Le principe de non discrimination serait aussitôt mis en avant par les valides car tout le monde peut, dans le domaine de la sexualité, se proclamer peu ou prou handicapé, trop timide, trop petit, trop laid, trop complexé etc...
ÇA SE FAIT AILLEURS ?
Dans une société qui prône
les valeurs de liberté d’égalité
et de fraternité entre tous
les citoyens hommes et femmes,
la sexualité ne
s’achète pas,
tout simplement.
Marcel Nuss ne se pose pas la ques­
tion de l’égalité entre les sexes dans la sexualité, il invoque la souffrance de 12 _ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
© Wiuff / stock.xchng
l’homme dont les « besoins ne sont pas entendus », il prend comme argument que « ça se fait ailleurs ». Effective­
ment, ces services sont prodigués dans les pays où la prostitution est regardée comme un droit de l’homme pour les hommes : les Pays­Bas, l’Allemagne ou la Suisse. Dans un entretien au quo­
tidien Libération toujours à l’avant­
garde en ce qui concerne la défense des droits des minorités et à la traîne pour ce qui est de l’égalité sexuelle réelle entre les deux sexes, il compare « les blocages actuels à ce qui s’est passé en 1975 au moment où a été voté la loi qui a légalisé l’avortement sous certaines conditions ». (3)
Dans cette logique la légalisation de l’avortement ­c’est à dire le droit des femmes à refuser une grossesse non désirée­ équivaudrait au droit des hommes à la prostitution. Cet argu­
ment, déjà utilisé lors du débat sur la gestation pour autrui, ressemble à s’y méprendre à un retour de balan­
cier en faveur du droit ancestral des hommes à disposer librement du corps #&)"2&44&)"!"#&)"3()")&5/&**&)"&-Y9/"
reproductives. Les féministes qui lut­
-'$&(-"#'()"*&)"'((+&)"NI".9/%"*8'00F)"
à la contraception et le droit à l’avorte­
ment ne demandaient qu’une chose : le droit de pouvoir, comme les hommes, investir leur propre existence, d’être à elles­mêmes leur propre projet plutôt ?/&"#&")&%<$%"0&/5"#8/("-$&%)"E/("2f­
tus non désiré par exemple­ avec tout ce que cela implique matériellement et temporellement comme de vivre une grossesse, un accouchement, pro­
diguer des soins, avoir à assumer la responsabilité d’une éducation. Or ce droit, on l’oublie systématiquement, tous les hommes qu’ils soient valides ou handicapés, l’ont en naissant.
Dans une société qui prône les valeurs de liberté d’égalité et de frater­
nité entre tous les citoyens hommes et femmes, la sexualité ne s’achète pas, tout simplement. Le handicap n’est pas en soi une impossibilité absolue à en­
trer dans une relation de partage et de réciprocité. Paul Feyerabend, un des principaux philosophes des sciences du XXe siècle, rendu handicapé à vie et impuissant à 19 ans lors de la seconde guerre mondiale, marié à plusieurs re­
prises au cours de sa vie apporte, dans son autobiographie, ce témoignage : « Quand je me retrouvais au lit (…) je devenais très attentif à tous les gestes que j’observais, à tous les sons que j’entendais et essayais de donner sa­
tisfaction avec des moyens différents de la procédure standard (en suppo­
sant qu’il existe une procédure stan­
dard). Il semble que j’y réussissais, en tout cas à certaines occasions. (…) Alors que j’aimais les étapes initiales d’une rencontre et que j’étais plus qu’heureux de suivre les indices et les instructions explicites qui m’étaient donnés, je n’ai jamais eu d’orgasme moi­même ». aM^"
Catherine Albertini
(1) Claudine Legardinier « Handicap : accompagnement sexuel ou prosti­
tution ? » Prostitution & Société, dé­
0&4,%&"LII\
(2) Alain Accardo « De notre servi­
tude involontaire contre­feux » Agone LIIG
(3) Marcel Nuss « Handicap et sexua­
lité : que ceux qui en ont envie puisse !"#$%"%&'(!)*#» Libération, 25 février LIGG
(4) Paul Feyerabend « Tuer le temps » Seuil 1996.
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 13
*
femmes et lois
Une Ordonnance
pour protéger les femm
_ Dans le domaine des violences faites aux femmes,
des progrès restent à faire même si la loi a nettement évolué
en 2010. Le point sur ce qui a été fait et ce qui reste à faire.
au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants parti­
cipe de cette politique préventive. Elle a créé notamment une ordonnance dite de « protection » pouvant être prononcée par le juge aux affaires familiales (JAF). Désormais placé au centre du dispositif de protection des victimes de violences au sein du couple, la nouvelle compé­
tence du JAF permet aux femmes, qui souvent hésitent à déposer plainte contre « le père de leurs enfants », de requérir la protection du juge civil sans avoir à passer devant le juge répressif.
© CathyK / stock.xchng
Les femmes vivent plus longtemps que les hommes mais elles meurent plus souvent sous leurs coups. Le Gouverne­
ment peut bien tordre les statistiques de la délinquance pour faire croire à son &230'0$-+1"9(")'$-"?/&"*&)"<$9*&(0&)"2'$-&)"
aux personnes augmentent. Et même si les femmes sont des objets sous les coups, elles restent des personnes dans les statistiques. L’orientation de la loi pé­
nale dépend de la politique pénale vou­
lue par les gouvernants. Elle est tantôt une arme répressive de communication à visée électorale, tantôt un encadrement préventif idéalement destiné à limiter les drames du quotidien. Fait assez rare pour d-%&")9/*$:(+1"*'"*9$"(g"LIGITNRP"#/"P"@/$*­
*&-"LIGI"%&*'-$<&"'/5"<$9*&(0&)"2'$-&)").+­
0$3?/&4&(-"'/5"2&44&)1"'/5"<$9*&(0&)"
Concrètement, une personne qui s’estime, elle­même ou ses enfants, vic­
time de violences la mettant en danger (physiques ou psychiques) de la part de son conjoint, actuel ou ancien, pourra saisir le JAF. Cette protection est éga­
lement offerte aux personnes majeures menacées de mariage forcé. La saisine du JAF peut aussi se faire par le biais du Ministère Public quand la victime en est empêchée, notamment en cas d’hospitalisation. Lors de l’audience, le juge détermine s’ « il existe des raisons sérieuses de considérer comme vrai­
semblables la commission des faits de violence allégués et le danger auquel la victime est exposée ». Le cas échéant, il pourra prendre diverses mesures, au (94,%&"#&)?/&**&)"3:/%&(-"*&)"$(-&%#$0­
tions d’entrer en relation avec la victime, de porter une arme, ou l’attribution de la jouissance du domicile au conjoint vic­
14_ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
Choisir participe
au débat
Choisir a été invité le 8 mars
2011 à participer à une conférence/débat sur le thème
« Violences faites aux femmes,
ce que dit la loi en France et
en Europe » organisée par
l’association « Le Relais de
Sénart » et qui faisait suite
au vernissage à l’hôtel de la
Communauté, à Lieusaint, de
l’installation Dolores de Séverine Bourguignon, plasticienne.
Ce fut l’occasion de connaître
le point de vue des personnes
qui travaillent sur le terrain,
mieux à même d’apprécier
l’impact réel des textes de loi,
au-delà des simples mots du
Législateur.
time, se prononcer sur la résidence des enfants, ou encore autoriser la victime à dissimuler son adresse. L’ordonnance ainsi rendue est immédiatement exécu­
toire mais a une durée de vie limitée à quatre mois prorogeable si au cours de ce délai une requête en divorce ou en séparation de corps a été déposée. Cette décision, quoique rendue par un juge ci­
La loi féminisant les conseils
d’administration est publiée
mes
La loi du 27 janvier
2011 relative à la
représentation équilibrée des femmes et
des hommes au sein
des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité
professionnelle a été
publiée au Journal
officiel du 28 Janvier
2011. Aux termes de
vil, a des effets sur le plan pénal puisque les mesures imposées doivent être res­
pectées sous peine de sanctions. Cepen­
#'(-1"*'"*9$"#/"P"@/$**&-"LIGI".&$(&"&(09%&"
à s’appliquer. Il n’est ainsi pas rare, à Paris, que le greffe du tribunal impose aux personnes seules de se faire assister d’un avocat quand bien même la loi pré­
cise expressément le contraire. A ces obstacles s’ajoute aussi sou­
vent la lenteur de l’administration judi­
ciaire. Là où le tribunal de Bobigny met en moyenne 72 heures à convoquer les victimes, à Paris, le délai dépasse sou­
vent un mois faisant perdre à la nouvelle *9$"-9/-")9(")&()"&-"-9/-&")9("&230'0$-+=
S’INSPIRER DE BOBIGNY A l’heure où l’Europe, à l’initiative de Choisir la cause des femmes et de sa présidente Gisèle Halimi, étudie la ques­
tion de la Clause de l’Européenne la plus favorisée tendant à faire un bouquet des lois les plus avancées dans les pays de l’Union, il serait peut­être judicieux que les Tribunaux recensent les pratiques ju­
diciaires les plus adaptées et s’inspirent du Tribunal de Grande instance de Bobi­
gny, précurseur en la matière.
Tout un programme… Présidentiel ? Adeline Lavault
et Laure Heinich-Luijer
ce texte, qui ajoute
une pierre à l’édifice
de la parité femmeshommes au travail,
les conseils d’administration et conseils de
surveillance devront,
d’ici le 1er janvier
2017, comporter
au moins 40 %
d’administrateurs du
même sexe (v. Bref
social n°15775 du 18
janvier 2011). Une
nomination faite en
violation de ce quota
sera sanctionnée par
sa nullité. Mais cette
nullité n’entraînera
pas, comme envisagé
initialement, la nullité
des délibérations du
conseil : la loi prévoit
en effet seulement
une suspension du
versement des jetons
de présence aux
membres du conseil.
L. n° 2011-103 du 27
janvier 2011, JO 28
janvier 2011, p. 1680
Source : Liaisons
sociales – Quotidien
ARRÊTS CJUE
Les Directives de l’Union
européenne et le principe
d’égalité de traitement…
La Cour de Justice de
l’Union européenne
a rendu deux arrêts
intéressants concernant les Directives
prises par le Conseil
relatives à l’égalité entre hommes
et femmes. Le 1er
mars dernier, elle a
restreint l’effet d’une
Directive mettant en
œuvre l’égalité de
traitement mais qui
autorisait les Etats à
déroger au traitement
égal entre hommes
et femmes, sans
limite de temps. La
Cour estime « qu’une
telle disposition, qui
permet aux États
membres concernés
de maintenir sans
limitation dans le
temps une dérogation
à la règle des primes
et des prestations
unisexes, est contraire
à la réalisation de
l’objectif d’égalité de traitement
entre les femmes
et les hommes ».
Le 18 novembre
2010, la Cour avait
rendu un arrêt allant
dans le même sens.
Une loi nationale,
transposant une
Directive du Parlement européen et du
Conseil , prévoyait
que la pension de
retraite s’ouvre à un
âge différent pour
les femmes et les
hommes. La Cour
a jugé l’article de la
Directive, permettant
une telle différence de
traitement, contraire
au droit de l’Union .
Les institutions européennes ont donc pris
des Directives mettant
en œuvre le principe
d’égalité de traitement, ensuite censurées par la Cour de
l’Union européenne
car contraires à l’égalité entre homme et
femme … Ou quand
le serpent se mord la
queue.
Lol Caudan Vila
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 15
*
politique
La parité,
le fantôme du débat politique
_ Les dernières élections cantonales illustrent à nou-
veau l’inadéquation de la législation française qui officiellement entend garantir une représentation paritaire
femmes/hommes dans les assemblées politiques représentatives.
QUELQUES REPÈRES
*
* * *
23,2 % de femmes
candidates
13,8 % de femmes
élues, 13,1 % en
2008
La benjamine des
élus est une femme,
Marine Pustorino, 23
ans (UMP, Bouchesdu-Rhône).
2.026 cantons en
jeu lors des deux
tours, 1.746 ont été
remportés par des
hommes et 280 par
des femmes
*
Sur une moitié des
électeurs qui étaient
appelés à voter,
seulement la moitié
a voté (environ 10
millions).
Source : Copyright © 2011 AFP.
16 _ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
L
es chiffres parlent d’eux­
4d4&)"b")/%"*&)"L=ILR"0'(­
-9()1" G=NMR" 9(-" +-+" %&4­
portés par des hommes et L\I" .'%" #&)" 2&44&)" h" *&)"
femmes représentent seu­
lement 13,8 % des élus. Les femmes étaient 519 dans les conseils généraux )9%-'(-)1" 09(-%&" i=HIR" J944&)1" )9$-"
GM1\"O="[$5"2&44&)"+-'$&(-".%+)$#&(-&)"
#&" 09()&$*" :+(+%'*" )/%" GIG=" W/0/(&"
nouvelle femme n’a été élue ou ré­élue Présidente de conseil général. Depuis le précédent renouvelle­
4&(-"#&"LII\1"*&)"0'(#$#'-a&^)"'<'$&(-"
pourtant obligatoirement un suppléant du sexe opposé. Cette disposition, ten­
dant à mettre en place la parité, s’est !" (9/<&'/" %+<+*+&" -%F)" $()/23)'(-&"
pour satisfaire l’objectif d’une repré­
sentation paritaire des femmes et des hommes. DES SANCTIONS EN PLUS ?
La députée Chantal Brunel, rap­
porteure de l’Observatoire de la parité, prenant connaissance des résultats a déclaré que « l’élection au scrutin uni­
nominal majoritaire à deux tours des futurs conseillers territoriaux ne place pas la parité sur la voie d’une amélio­
ration » et qu’il « est important que les Les femmes
représentent
seulement
13,8%
des élus.
partis politiques soient aussi taxés en fonction du nombre de femmes élues et non plus seulement de candidates. »
L’AVIS DE CHOISIR
Une telle suggestion, qui ne peut que recueillir l’assentiment de Choisir, obligerait certes à mettre davantage de femmes en position éligible, mais elle %&)-&" 4'*J&/%&/)&4&(-" $()/23)'(-&"
car il restera aisé pour les partis dotés #8$4.9%-'(-)" 49;&()" 3('(0$&%)1" &("
règle générale les partis majoritaires, de contourner la règle moyennant monnaie sonnante et trébuchante. Elle risquerait aussi de pénaliser injuste­
ment les petites formations politiques dont la survie pourrait être mise en pé­
ril par une nouvelle sanction purement pécuniaire. Par ailleurs, Choisir sou­
haiterait connaitre les contours pré­
cis de cette mesure, qui mérite d’être #+3($&1" &-" !" *'?/&**&" &**&" &(-&(#" d-%&"
associée, et se demande dans quelle mesure, elle permettrait de concilier la répartition par siège et département, propre à l’élection cantonale, le scrutin direct et le libre choix des électeurs.
Pour conclure, au­delà de la cui­
sine électorale, une certitude, le fémi­
nisme n’a pas été un thème de débat dans les campagnes menées par les représentant(e)s des partis politiques. Les droits des femmes restent pourtant un thème fortement mobilisateur, tout )$4.*&4&(-"0'%"HI"O"#&"*'".9./*'-$9("
sont des femmes, mais aussi parce que les femmes restent les premières en période de crise à voir leurs droits sta­
gner voire régresser comme l’illustre les enquêtes publiées lors de la journée internationale des femmes, le 8 mars dernier. Ce thème ignoré, méprisé, reste le fantôme du débat politique #&./$)" *'" 3(" #&)" '((+&)" GPPI1" &-" $*"
:':(&%'$-"!"(9/<&'/"!"3:/%&%"#'()"*&)"
débats politiques. les partis à se reprendre et surtout à se mobiliser, pour faire de la condi­
tion des femmes un thème majeur de *8+0J+'(0&"#&"LIGL="
Séverine Dupagny
(1) Anne d’Ornano, UMP, ne s’est pas repré­
sentée à la présidence du Calvados, ni la DVD, Nassimah Dindar à La Réunion. Les autres sont quatre présidentes de conseils PS : Claude Roiron pour l’Indre­et­Loire, Josette Durrieu, Hautes­Pyrénées, Hermeline Malherbe­Laurent, Pyrénées­orientales et Françoise Pérol­Dumont, Haute­Vienne.
LIENS UTILES :
http://www.observatoire-parite.gouv.
fr/espace_presse/list_presse.htm
http://www.assemblee-nationale.fr/
commissions/delf-index.asp
http://www.senat.fr/commission/
femmes/index.html
Choisir la cause des femmes constate avec tristesse le faible nombre de femmes candidates, surtout en position éligibles, regrette le faible nombre de femmes élues et invite n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 17
*
politique
Suite de la page 21
TÉMOIGNAGE
d’Élodie Massé, qui a soutenu
la candidature de Nadia Brahimi à Choisy-le-Roi
Elles sont peu nombreuses a avoir eu
le courage de se présenter sur la ville.
En effet, l’anecdote qui veut que le
féminin de candidat soit remplaçante
a été très bien respecté sur notre
canton : sur 11 candidats titulaires, 9
sont des hommes. Cherchez l’erreur !
Je suis donc fière d’avoir participé à
la campagne d’une femme qui de
surcroit a été confronté aux quolibets
et aux rumeurs les plus basses et qui
démocratique. Sur plus de 100 départements seuls 5 sont présidés par des
femmes. Dans le Val-de-Marne sur
49 élus, 13 sont des femmes. Sur 14
vice-Présidences seulement 3 sont
confiées à des femmes. La parité a
encore du chemin à parcourir même
dans les départements à forte majorité de gauche.
Élodie Massé
“
La parité a
encore du
chemin à
parcourir.
“
Nadia Brahimi, jeune femme de
46 ans d’origine algérienne, se
présente pour la seconde fois au
mandat de conseillère générale
sur le canton de Choisy-le-Roi
dans le Val-de-Marne.
a su garder la tête haute sans jamais
s’abaisser au niveau de ses adversaires. Ces cantonales sont à l’image
de notre démocratie actuelle : les
femmes et les hommes de notre pays
se sont détournés de la politique et
ne font plus confiance aux partis et au
gouvernement. Ces élections doivent
nous faire réfléchir, il est temps de
prendre en compte les véritables
aspirations des citoyens et notamment des citoyennes qui souhaitent
plus de parité dans la vie quotidienne.
Lors des portes à portes que nous
avons effectués sur le terrain durant la
campagne les questions les plus récurrentes touchent les familles mono-parentales. Ces femmes qui nous disent
qu’elles ont dû mal à joindre les deux
bouts. Ces femmes qui me remercient
pour le 8 mars et qui viennent un
après-midi partager avec quelques
autres des contes venus d’ailleurs. Ou
bien encore cette femme qui nous
interpelle parce que son mari la harcèle alors qu’ils sont séparés. Oui les
femmes ont encore été mises de côté
durant cette campagne tant sur le
plan programmatique que sur le plan
PS
820
145
PRG
51
3
UMP
369
43
Divers
34
2
DVD
264
26
Régionalistes
5
0
DVG
194
16
Parti de gauche
5
1
PCF
116
14
Modem
16
2
Majorité présidentielle
62
9
Ecologistes
NC
58
12
FN
élus
femmes élues
18 _ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
27 EELV et 2 divers
6
402 candidats, 2
0
*
actualités
_ La journée internationale des femmes le 8 mars
dernier a été l’occasion pour l’association Choisir la
cause des femmes d’animer de nombreux forums
comme elle le fait traditionnellement.
Les avancées de la Clause
*
Le Parlement européen était sous le charme de Choisir lors de son audition par la Commission du droit des Femmes et de l’égalité des genres du groupe S&D. Choi­
sir a été accueillie par Britta Thomsen, coordinatrice de la Commission et Véronique de Keyser, Députée européenne qui a présenté le com­
bat historique de Gisèle Halimi pour les droits des femmes. A la question posée, sur l’application concrète de la Clause de l’Européenne la plus favori­
sée. Pervenche Bérès, Députée euro­
péenne présidente de la Commission Emploi et affaires sociales a rappelé son soutien à la Clause et du rapport d’initiative sur la Clause de l’Euro­
péenne la plus favorisée qu’elle entend soumettre à la Commission des droits des femmes. Elle considère qu’avec la Clause, « l’avancée des droits des +!,,!-# .!/0# +1()!# 2+&'!# 34%'51()!/)#
pour l’ensemble des droits, et servir d’orientation pour les droits euro­
péens et les droits nationaux ».. céder au pouvoir et d’être de tous les combats.
Françoise Castex, Députée euro­
péenne membre de la Commission des affaires juridiques, rapporteure S&D sur le rapport concernant la coopéra­
tion renforcée en matière de loi appli­
cable au divorce pense que la Clause peut constituer un espoir renforcé pour la sauvegarde de l’Union européenne. Elle a souligné que la procédure de coopération renforcée peut être un moyen de faire avancer la Clause.
En conclusion Marc Tarabella, député belge européen, a souligné les résistances peut­être budgétaires et demandé que l’Union européenne s’inspire des législations des pays membres. A l’issue de cette audition, Choisir a rappelé qu’elle souhaitait collaborer avec la Commission des af­
faires sociales du Parlement européen lorsqu’elle entamera son travail sur la Clause.
*
Carmen Romero Lopez, Députée européenne membre de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, rapporteure S&D sur le rapport concernant la décision de protection européenne, a souligné le nombre de résistances pour l’avan­
cée des droits des femmes et appelé au développement de nouveaux instru­
ments permettant aux femmes d’ac­
L’association Choisir est inter­
venue sous la houlette de Lol et d’Adeline sur le thème des « Vio­
lences faites aux femmes, ce que dit la loi en France et en Europe » à Lieu­
saint, lors d’une conférence organisée par le San de Sénart et « Le Relais de Sénart » (association très active dans l’aide aux femmes battues, avec du .&%)9((&*" ?/'*$3+1" #&)" 0&(-%&)" #8J+­
bergement etc.). La conférence suivait le vernissage de l’installation Dolores
de Séverine Bourguignon, plasti­
cienne, ayant pour thème les violences faites aux femmes. Etaient présents les députés de Seine­et­Marne Guy Geoffroy (rédacteur de la loi française de LIGI^1"*&"4'$%&"#&"j&*/(" Gérard Millet et du sénateur Yannick Bodin. Les mois d’Avril et de Mai seront mar­
qués par de nombreuses rencontres entre Choisir et les représentants du gouvernement ainsi qu’une journée de rencontres bilatérales à Bruxelles avec le cabinet Redding et Ashton. Par ail­
leurs, Choisir poursuit ses démarches pour sensibiliser le Sénat à la Clause de l’Européenne le plus favorisée dans le but d’aboutir au vote d’une résolu­
tion similaire à celle adoptée par l’As­
semblée nationale il y a bientôt plus d’un an. Séverine Dupagny
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 19
*
rencontre
Choisir
rencontre
des lycéen(ne)s
_ Les membres du bureau de l’association Choisir
la cause des femmes sont intervenues auprès d’une
cinquantaine de lycéens lors d’une rencontre organisée le 27 janvier 2011 à la Maison des Associations
du 7ème arrondissement de Paris.
© Choisir
L
ors de cette matinée deux classes du Lycée profes­
sionnel et technique Châ­
teau­Blanc de Châlette­
sur­Loing accompagnés de leur enseignante Céline Martin­Cadic et de leur documenta­
liste Mme Devis ainsi que des élèves du Lycée des Batignolles sont venus à la rencontre de notre association. Cet échange, riche en émotion, a permis aux élèves d’en apprendre un peu plus sur la nature des combats que nous menons au sein de l’association et de faire un point nécessaire sur les iné­
galités persistantes entre hommes et femmes. Les élèves ont été touchés 20 _ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
par le récit de Gisèle Halimi et les interventions des membres du bureau, comme le montrent les courriers reçus à la suite de cette rencontre. Heureuses de la richesse de cet échange, nous souhaitions vous faire partager quelques uns de leurs témoi­
gnages, qui à l’image de leur intérêt pour les questions féministes, nous poussent à croire que la relève existe bel et bien, et ne demande qu’à en ap­
prendre plus pour poursuivre, enrichir et renouveler notre combat ! Agathe Solins
En effet, en plus du film, nous avons
pu voir à travers votre association l’importance des femmes dans la société.
Nous sommes, en tant que jeunes,
l’avenir d’un long combat féministe
lancé il y a environ 40 ans. Nous vous
remercions encore une fois de votre
gentillesse et également d’avoir donné
de votre temps.
Alice D, Marion A et Audrey B
“
Bien à vous,
“
J’ai trouvé cette réunion très positive
et instructive parce que j’ai appris
beaucoup de choses. Gisèle Halimi
est une personne qui m’a impressionné car elle s’est battue pour faire
passer cette loi sur l’avortement et a
mené un combat très difficile.
Elle nous a dit de
continuer à nous
battre car nous
sommes la nouvelle génération et
cela m’a touché !
“
© Choisir
Je ne trouve pas logique que des
femmes doivent fournir plus de
travail qu’un homme pour être bien
considérées, ni qu’ils ne les écoutent
pas et se moquent d’elles ! Bien
qu’étant un garçon, je suis d’accord
avec son conseil demandant aux
filles de ne pas faire d’enfant trop
tôt car il est difficile de les élever et
de poursuivre des études, mais de
finir d’abord ces études ! car moimême je me considère comme trop
jeune pour faire un enfant et surtout
je veux terminer ma formation et
profiter un peu avant !
Aurélien B.
Merci pour cette rencontre, et ces échanges très riches en informations.
Même si les élèves sont restés très calmes, ils et elles sont revenus de
cette journée avec de nouvelles idées et surtout les ont partagées dès le
lendemain avec d’autres élèves du lycée ! Nous avons semé de petites
graines qui j’espère grandiront et surtout ils ont pris conscience qu’il
s’agissait de leur combat ! Et que ce n’était pas seulement une leçon
dans un livre d’histoire ! Pour tout cela merci encore !
Céline Martin-Cadic, professeur de Lettres-Histoire
“
Mais vous pouvez
compter sur nous,
pour nous battre
jusqu’au bout afin
de garder ces droits,
qui nous permettent
d’être « ÉGALES »
aux hommes.
PAROLES DE LYCÉENS
“
“
Merci pour cette rencontre, qui nous
a apporté beaucoup de connaissances
sur le féminisme et sur la cause des
femmes, grâce à votre franchise, qui
nous a poussé à suivre votre chemin
pour le droit des femmes. Cette matinée du jeudi 27 janvier 2011, fut un réel
échange puisque vous nous avez fait
réfléchir sur nos propres questions, de
même que les membres de l’association
Choisir. Après avoir visualisé le film sur
le procès de Bobigny, nous avons enfin
pu mettre un « visage » sur l’une des
femmes qui nous a permis d’avoir tant
de libertés aujourd’hui, même si certaines de ces libertés sont remises en
question ces temps-ci.
Suite page 18
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 21
*
rencontre
Suite de la page 17
V
9$*!"*'"#+3($-$9("#/"2+4$­
nisme que donne Léon Abensour en 1921. A l’aube du XXIe siècle, peu de personnes s’oppo­
serait à un tel idéal. Alors .9/%?/9$"&)-T$*")$"#$230$*&"'0-/&**&4&(-"
#&")8'23%4&%"2+4$($)-&"C"k944&(-")&"
fait­il que ce concept exprimé ici de façon quasi utopique, soit à ce point victime de sa connotation historique et sociale ? Et donc, comment imagi­
ner la défense d’une cause que beau­
coup n’osent nommer ? Arrivés à l’âge adulte, le contexte historique, politique et social dans lequel nous avons grandi est profondément ancré en nous. C’est donc vers un public plus jeune que je me suis tournée. Nous, les « ados » nés dans le courant des années quatre­
vingt­dix, n’avons vécu aucune de ces grandes polémiques qui ont boulever­
sé l’Histoire. Dès lors, comment pou­
vons­nous envisager le féminisme ? J’ ai donc interrogé une cinquantaine d’élèves issus de mon établissement scolaire (de la sixième jusqu’à la pre­
mière), sur base d’un questionnaire anonyme.
La première question, à choix multiple, demandait à chaque parti­
cipants ce que représente pour lui le féminisme. La moitié des élèves ayant répondu à cette question estiment qu’il s’agit de: « Tout ce qui caractérise ou #+3($-" /(&" 2&44&b" )9(" J',$**&4&(-1"
ses occupations,... (si l’on considère bien sûr qu’une femme peut être dé­
3($&" .'%" )&)" '0-$<$-+)" 9/" )'" 2'l9(" #&"
Cas d’aspiration
collective vers l’égalité
s’habiller...). L’autre moitié y recon­
naissent la lutte pour les droits de la Femme, tandis que deux personnes parlent de sexisme féminin. Pour la question suivante, je de­
mandais à quel degré ils se sentent concernés par la lutte pour les droits de la Femme. Une grande majorité s’est dit moyennement concernée, quelques élèves ne le sont absolument .')"&-")&/*"-%9$)"#8&(-%&"&/5"a-%9$)"3**&)^"
se sont dit l’être totalement.
" " m(3(1" !" *'" ?/&)-$9(" 09(0&%('(-"
l’utilité actuelle du féminisme, bien que très peu d’élèves se soient dit réel­
lement concernés, les trois quarts des étudiants, la reconnaisse pour des rai­
sons bien précises : égalité salariale, égalité professionnelle, violences faites aux femmes, stéréotypes...
Les résultats de cette enquête sont pour le moins surprenants. Même si peu d’entre nous maîtrisent le voca­
bulaire, le concept en lui­même est maîtrisé: presque chacun des élèves interrogés avaient en tête des inégali­
tés qu’ils considèrent pour la plupart 0944&" K':%'(-&)=" W*9%)" .9/%?/9$" (&"
pas se sentir concerné ? Malgré le fait qu’une majorité ait en tête des sujets aussi sensibles que les violences faites aux femmes, comment se fait­il que cette enquête ait au préalable fait sou­
rire ?
Je pense que ces résultats té­
moignent tout d’abord un certain dan­
ger, qui ne touche pas seulement les adolescents, le danger d’un individua­
lisme fort (si je n’ai pour ma part ja­
22_ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
mais eu mettre en doute l’égalité entre mes camarades masculins et moi, pourquoi une quelconque lutte pour l’égalité ?) et d’un désintérêt alarmant, non seulement par rapport à l’actualité et la politique, mais aussi à la littéra­
ture (ou une certaine littérature), ce qui ferme la porte à toute une culture de lutte pour l’égalité et la liberté.
Mais ces résultats montrent aussi très certainement que, bien qu’il reste des combats à mener et que les acquis soient toujours fragiles, de grandes victoires ont été remportées. Camille Pierre
© Choisir
Contribution d’une des
plus jeunes adhérentes à
l’association qui avait fait
le déplacement depuis
Bruxelles pour assister à
cette rencontre.
Au passé :
*
AGENDA
”
© moscerina.com
_ 8 mars 2011 : Gisèle Halimi et Elisabeth Riboud se sont rendues au
Parlement européen à Strasbourg
dans le cadre d’un hearing dédié à
la Clause de l’Européenne la plus
favorisée..
_ 8 mars 2011 : Adeline Lavault et
Lol Caudan Vila sont intervenues
sur le thème « Violences faites aux
femmes, ce que dit la loi en France
et en Europe » à Lieusaint, lors d’une
conférence organisée par le San de
Sénart et « Le Relais de Sénart ».
Flash Italie
Donna
in piazza
_ 11 mars 2011 : Lol Caudan Vila est
intervenue sur le thème de la Clause
de l’Européenne la plus favorisée lors
d’une conférence à la Maison de la
Parentalité de Sens.
_ 13 mars 2011 : Adeline Lavault est
intervenue auprès de l’association
CIDFF de Blois.
”
« L’opération les femmes sur les places »
confirment le réveil et la colère des
femmes italiennes qui luttent contre le
nommé « baroud d’honneur du patriarcat » et qui ne veulent pas seulement
être cantonnées au rôle de maman ou
de putain. Plus d’un million d’italiens et
d’italiennes se sont rassemblés dans 200
villes, le 13 février dernier, ils protestaient contre les soirées « bounga bounga », le machinisme et l’avilissement de
la femme, au cœur du système, notamment télévisuel.
de culture télé, télévision regardée principalement par les femmes qui reprennent
pourtant à leur compte la vision stéréotypée masculine des femmes.
Ce rassemblement organisé suite à
l’appel de nombreuses intellectuelles
italiennes fait suite à des démarches
artistiques initiées dès 2007 avec le film
en 2007 d’Alina Marazzi « Vogliamo
anche le rose », qui retrace le statut de
la femme du milieu des années 60 au
début des années 80 en Italie ; avec la
pièce de Cristina Comencini « Libere »
ou encore le documentaire de Lorella Zanardo intitulé « Le corps des femmes ».
Il dresse un constat accablant sur 30 ans
Séverine Dupagny
Les participant(e)s se sont donné rendez-vous au printemps pour des états
généraux de la condition féminine. Pour
mémoire l’Italie connaît un taux d’emploi
des femmes, un nombre de crèches et
un taux de présence féminine dans les
postes à responsabilités qui la place en
queue des classements européens.
LIENS UTILES :
http://www.observatoire-parite.gouv.
fr/espace_presse/list_presse.htm
http://www.assemblee-nationale.fr/
commissions/delf-index.asp
http://www.senat.fr/commission/
femmes/index.html
_ 16 avril 2011 : Le bureau de Choisir rencontrait des élèves du Lycée La
Fontaine de Niamey (Niger).
Au futur :
_ 24 Mai 2011 : Adeline Lavault
et Lol Caudan Vila se rendront à la
Médiathèque de Chatillon pour une
conférence-débat sur le thème de la
condition féminine.
_ 24 Mai 2011 : Elisabeth Riboud
se rendra à Orléans pour intervenir
sur le thème de la Clause de l’Européenne la plus favorisée dans le
cadre d’un colloque organisé par le
CESER.
_ Dernier weekend de mai 2011 :
Valérie Maillot-Durand et Ségolène
Neuville interviendront sur le thème
de la Clause de l’Européenne la plus
favorisée dans le cadre d’une conférence organisée par l’association
Femmes 3000 Hérault.
_ 16 septembre 2011 : Gisèle Halimi
et Valérie Maillot-Durand se rendront
à la Faculté de Droit de Montpellier
pour inaugurer l’Observatoire de la
Clause de l’Européenne la plus favorisée.
_ 14 octobre 2011 : Le bureau de
Choisir se rendra à l’Université populaire d’Évreux pour intervenir dans le
cadre d’une conférence sur l’Émancipation des femmes durant le 20ème
siècle, à 18h30.
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 23
*
échos
FRANCE
CHANTAL BRUNEL ÉPINGLÉE
Quatorze
membres de
l’Observatoire
de la Parité entre
les femmes et les
hommes (OPFH)
suspendent leur
participation aux
travaux pour
protester contre
les propos « inadmissibles » tenus
par la rapporteure générale de
l’Observatoire,
Chantal Brunel.
« La poursuite des
activités de l’OPFH
suppose un accord
sur un socle commun de valeurs »
(Service des droits
des femmes et
de l’égalité entre
les femmes et les
hommes ) Choisir
avait été outrée de
ses déclarations et
l’avait savoir sur son
site.
PARTIS ET PARITÉ
L’Observatoire Régional
de la parité de Languedoc-Roussillon vient de
publier un rapport qui
propose aux partis politiques un système destiné
à respecter le mieux possible, pour les prochaines
législatives (2012), le
principe de parité inscrit dans la Constitution
depuis 1999. Les circonscriptions pourraient être
classées en plusieurs caté-
gories qui moduleraient,
au vu des élections précédentes, la difficulté, pour
les femmes, d’y être élues.
Ainsi, les nouveaux sièges à
pourvoir, les sièges détenus
par des sortants qui ne se
représentent pas, les sièges
régulièrement gagnés par
le même parti seraient
disputés par des candidates
alors qu’actuellement, les
femmes se voient plutôt
attribué des circonscriptions
« difficiles ». Le rapport
estime qu’un tel dispositif
proche de celui que les
Travaillistes anglais ont
institué en 1993, seraient
de nature à augmenter
significativement, le nombre
de femmes élues (actuellement 18,5 % à l’Assemblée
nationale, douze ans après
l’entrée de la parité dans la
Constitution).
PROSTITUTION / Roselyne Bachelot propose
enfin l’étude d’une loi qui ferait du client de la
prostitution un délinquant. (30 mars 2011)
À Paris ? Seules 9 % des rues portent
des noms de femmes. A Marseille, Lyon
et Nantes, c’est pire : 0,6 % à 1,3 %, Montreuil affiche 13 % de rues « féministes ».
Rappelons qu’ à Mont-de-Marsen, depuis
quelques années, un pont porte le nom de
la Présidente de Choisir.
24 _ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
© aconant / MorgueFfile
RUES MYSOGYNES
CONGÉS DE PATERNITÉ
EN VUE ?
« Le congé de
paternité pourrait devenir obligatoire et plus
long ». Cette décision soutenue par
Roselyne Bachelot
Narquin « permettrait de casser la
discrimination qui
sévit dans l’entreprise et les stéréotypes. » L’idée
fait son chemin au
Medef, à la CFDT
et chez certains
responsables politiques.
UNE ÉTUDE UN PEU TRISTE
Notre amie, Alice
Mainguené,
membre de
Choisir vient de
publier, dans la
collection : « INSEE
PREMIERE » une
étude menée par
la Division des
Etudes Sociales de
l’INSEE, et intitulée :
« Couple, famille,
parentalité, travail
des femmes : les
modèles évoluent
avec les générations ». On relèvera
notamment, dans
cette étude, que
25 % des personnes interrogées
estiment qu’en
période de crise
économique les
hommes devraient
être prioritaires
pour obtenir un
emploi et 50 %
qu’un enfant d’âge
préscolaire risque
de souffrir du fait
que sa mère travaille…
Choisir a encore du
pain sur la planche.
ACADÉMIE / Danièle Sallenave (notre photo) a été
élue au siège de Maurice Druon, décédé en 2009.
Libération : 14
mars 2011
Choisir se bat pour
cette option depuis
longtemps déjà.
IVG VIGILANCE
On compte
actuellement,
en France, environ 227.000 IVG
chaque année.
Dans ce nombre
la part des jeunes
filles (souvent mineures) augmente
régulièrement.
Les médecins
regrettent que
l’éducation sexuelle
à l’école soit, en
général, négligée,
bien qu’elle soit
obligatoire depuis
2001.
BANQUES, FEMMES ET PROFIT
Un professeur à l’Université de Genève,
Michel Ferrary, a conduit une étude
internationale sur « la féminisation des
banques et leurs performances économiques et financières ». Selon cette étude
plus une banque est féminisée, plus elle est
rentable. On pourrait s’en réjouir et mettre
en avant le professionnalisme des femmes
La réalité est moins chantante : si les
banques féminisées font plus de profits c’est
que leur personnel féminin est sous-payé…
UNE FEMME À PÉKIN
Sylvie Bermann a été nommée Ambassadrice de France à Pekin. C’est la première fois qu’une femme est nommée à
ce poste.La nomination de Sylvie Bermann
semble avoir suscité bien des grincements
de dents, au Quai d’Orsay et dans le microcosme politique parisien.
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 25
*
échos
INTERNATIONAL
GUATEMALA
UNE DEMANDE
DE DIVORCE
La Constitution
guatémaltèque
interdit aux parents
proches du Président de la République de se présenter à la succession
de celui-ci…La Présidence de Alvaro
Colom devant
prochainement
prendre fin et la loi
ne lui permettant
pas de se représenter, un montage
assez audacieux a
été imaginé pour
que la dite Présidence ne sorte pas
de la famille. Sandra
Torres de Colom et
son illustre époux
ont déposé, début
mars, une demande
en divorce. Jugement rendu,
Sandra pourra
se présenter à la
succession de son
ex…Encore bravo !
AFRIQUE
EXIT L’EXCISION
Les chefs de 80 villages sénégalais et
de 19 villages maliens se sont engagés,
à la mi-mars, à abandonner l’excision.
Cette décision est intervenue lors d’une
cérémonie entourée d’une grande solennité.
Chaque année près de trois millions
de fillettes et de femmes sont encore,
dans le monde, mutilées sexuellement.
26_ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
SOUDAN
MANIF
CONTRE
LE VIOL
HONGRIE
Le 8 mars dernier,
quarante femmes
ont été arrêtées
pour avoir participé à une manifestation contre
le viol. Cette
manifestation avait
été organisée pour
protester contre les
violences sexuelles
commises par les
agents des services
de sécurité sur une
jeune opposante au
régime soudanais
actuel.
CARTON
t1SÏTJEFOUFEV
Conseil de l’Union
Européenne
jusqu’en juin 2011,
la Hongrie remet
en cause le droit à
l’avortement.
La présentation
du projet de
Constitution en
décembre dernier
a suscité une vive
inquiétude quand
à l’éventualité d’un
durcissement de
la législation sur
l’avortement.
Le texte final est
attendu pour le
mois d’avril.
t-FQBSUJBVQPVvoir, le FIDEZ a fait
passer une loi très
critiquée visant
à contrôler les
médias hongrois.
Celle-ci prévoit des
sanctions très importantes pour les
médias ne diffusant
pas une information
« équilibrée »,
condition contrôlée
par un comité composé uniquement
de membres du
parti au pouvoir.
POLOGNE
MARIE
CURIE À
L’HONNEUR
Le Musée de l’Histoire de la Pologne et
la revue historique « Mowia Wieki » ont
désigné comme « la plus grande polonaise de tous les temps » Marie Curie,
née à Varsovie en 1867 et Prix Nobel de
physique en 1903.
De son côté, le Sénat polonais a décidé de
dédié l’année 2011 à l’illustre chercheuse
franco-polonaise.
ITALIE
LES CAVALCADES
DU CAVALIERE
D’après « Il Corriere de la Sierra »,
Silvio Berlusconi
aurait dépensé, en
2010, 34 millions
d’Euros pour payer
les services sexuels
des jeunes femmes
(souvent mineures)
dont il est friand.
Question : combien
a-t-il dépensé en
viagra ?
Autre question :
qu’en dit le Vatican
si sourcilleux sur le
préservatif, l’IVG,
l’homosexualité ?…
Est-il possible et
tolérable qu’un Président du Conseil
Italien vive
« en état de pêché
mortel ? ! ! »
PALESTINIENNES ET ISRAËLIENNES
BRAVENT LES INTERDITS
Le 12 mars dernier, dans un petit bourg palestinien de Cisjordanie, 250 femmes Israéliennes et Palestiniennes se sont rassemblées malgré les interdits de Tel-Aviv. Cette rencontre (assez
peu rapportée par les médias) marque une étape importante pour
une solution intelligente au conflit Israélo-Palestinien. Côté israélien,
les femmes dénoncent l’occupation juive de la partie orientale de
Jérusalem. Côté palestinien, la lutte contre l’occupation israélienne
ouvre les esprits au combat pour l ‘émancipation de la femme en
Palestine. D’autres rencontres de ce type devraient avoir lieu régulièrement.
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n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 27
*
échos
INTERNATIONAL
ONU / BONNE NOUVELLE
En février 2010,
Margot Wallström, suédoise,
commissaire européenne à la communication devient
la « représentante
spéciale de l’ONU »
sur les questions
de « violences
sexuelles touchant
les femmes et
les filles dans les
conflits armés ».
Son objectif est
de faire adopter
certaines mesures
afin de combattre
NATIONS UNIES
En mars, 83
pays ont signé
une déclaration
incitant les Etats à
combattre les violences sexuelles
dont les femmes
sont principalement les victimes.
Six pays africains
ont approuvé ce
texte : l’Afrique
du Sud, les Seychelles, le Rwanda,
la Guinée Bissau, la
Sierra Léone et la
République Centre
Africaine.
l’impunité dont
jouissent les agresseurs en cas de
violences sexuelles.
« La priorité, à mon
sens, est de refuser
toute amnistie pour
ce type de crime. »
Les violences
sexuelles ne sont
pas encore complètement reconnues en Bosnie et
quinze ans après,
ces femmes vivent
ce traumatisme
comme s’il s’était
produit hier.
LES GARCONS
D’ABORD
L’Unicef a enquêté, pendant 5 ans sur
les habitudes alimentaires de plus de
2000 adolescents de 13 à 17 ans dans le
Sud de l’Ethiopie. Cette enquête, publiée
en janvier, montre que 25 % des filles
(contre 16 % des garçons) sont mal nourries
(en quantité et en qualité). Ces carences
entraînent, chez ces filles, des états de faiblesse et de nombreuses pathologies que ne
connaissent pas les garçons. La situation est
sensiblement la même dans toute l’Afrique
Sub Saharienne et en Asie du Sud et de
l’Ouest. Les garçons sont considérés comme
le soutien des familles aux plans économique et religieux. Ayant un rôle plus important à jouer, il paraît normal de leur réserver
la meilleure et la plus abondante nourriture. « Les femmes mangent ce qui reste »
constate Roland Kupka, nutritionniste pour
l’Unicef. Outre ces différences de traitement
alimentaire, les filles sont d’autre part, plus
fragilisées par les violences des garçons, les
grossesses prématurées (avant 16 ans) et les
avortements non médicalisés.
28 _ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
11 mars 2011 : les
premières condamnations tombent
en RDC. Un tribunal militaire
de la République
Démocratique du
Congo condamne
11 membres des
forces armées,
poursuivis pour
crime contre l’humanité et crimes
de guerre, reconnus coupables de
viols, destructions
d’écoles, d’enlèvement d’enfants.
Cinq militaires sont
condamnés à 15
ans de prison, les
six autres, en fuite,
sont condamnés
par contumace à la
réclusion à perpétuité.
« C’est un signal
fort à tous les auteurs de violences
sexuelles en RDC :
Aucun commandant militaire n’est
au dessus de la loi,
même ceux d’une
armée nationale. »
EUROPE
Rapport 2010 de la
Commission Européenne
sur l’égalité entre les
femmes et les hommes.
La Commission
Européenne s’inquiète de
« la lenteur de
la résorption des
inégalités entre
les hommes et les
femmes ». Dans
l’UE les rémunérations des femmes
sont inférieures
à 17,5 % en
moyenne de celles
des hommes.
L’écart dépasse
20 % en Grande
Bretagne et en
Allemagne, l’Italie
est en 1ère position
de l’égalité salariale
avec un écart de
5 % devant la Slovénie, la Belgique,
la Roumanie, Malte,
le Portugal et la
Pologne, tous sous
la barre des 10 %.
La France se situe
juste au dessus de
la moyenne.
(Service des droits
des femmes et
de l’égalité entre
les femmes et les
hommes)
*
BIBLIOGRAPHIE
culture
Choisir
*
_ Avortement, une loi en procès,
Gallimard, coll. “Idées”, 1973, 2006.
_ Viol, Le procès d’Aix-en-Provence,
Gallimard, coll. “Idées”, 1978.
_ Le Programme commun des femmes,
Grasset, 1978.
_ Choisir de donner la vie,
Gallimard, coll. “Idées”, 1979.
_ Quel Président pour les femmes ?,
Gallimard, coll. “Idées”, 1981.
_ Fini le féminisme ?,
Gallimard, coll. “Idées”, 1984.
_ Femmes : moitié de la terre, moitié
du pouvoir, Gallimard, coll. “Idées”, 1994.
_ la Clause de l’Européenne la plus
favorisée, Éditions des Femmes, 2008.
Gisèle Halimi
Mourir d’aimer Annie Girardot est morte après plusieurs années d’errance dans la maladie
d’Alzheimer. Elle avait tourné avec les plus
grands réalisateurs français et étrangers. Le
film d’André Cayatte « Mourir d’aimer »
(1971) avait provoqué, à l’époque, un certain scandale : elle y jouait une professeure
amoureuse d’un de ses élèves mineur et
que la désapprobation publique menait à la
mort.
_ Djamila Boupacha,
Gallimard, 1962, 1978, 2003.
_ Le procès de Burgos,
Gallimard, coll. “Témoins”, 1971.
_ La Cause des femmes, Grasset 1974 ;
Gallimard, coll. “Folio”, 1992.
_ Le lait de l’oranger,
Gallimard, coll. “Blanche” 1988 ;
“Folio”, 1990 ; “Pocket”, 2003.
_ Une embellie perdue, Gallimard, 1995.
_ La nouvelle cause des femmes,
Seuil, 1997.
_ Fritna, Plon, 1999 ; coll. “Pocket”, 2001.
_ Avocate irrespectueuse, Plon, 2002, ;
coll. “Pocket”, 2003.
_ L’étrange Monsieur K, Plon, 2004.
_ La Kahina, Plon, 2006.
_ Ne vous résignez jamais, Plon, 2009.
Histoire d’une passion, Plon, 2011.
Archives nationales
Un évènement
exceptionnel :
Le Ministre de la
Culture vient de
nommer Agnès
Magnien, Directrice
des Archives Nationales, en remplacement d’Isabelle
Neuschwander,
brutalement révo-
quée le 18 février.
Bien que la compétence d’Agnès
Magnien – qui fut
conservatrice en
chef du patrimoine
et chef du bureau
des missions aux
Archives Nationales
de France – soit
reconnue par tous,
À LIRE
sa nomination
est contestée par
l’Intersyndicale qui
reproche au Ministre une décision
prise « en dehors
de toute procédure
réglementaire ».
« Les discriminations entre
les femmes et
les hommes »
de Françoise
Milewski et
Hélène Périvier
Vient de sortir
dans la collection
« Académique »
de Sciences Po.
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 29
À VOIR
culture
*
A voir, le documentaire de Régis
Sauder sorti mercredi 30 mars :
« Nous, princesses de Clèves »
Les élèves du lycée Diderot de Marseille s’emparent de « La princesse de
Clèves » pour parler d’eux.
Bollywood et les femmes La récente filmographie indienne offre
de nombreux films qui illustrent le courage et la solidarité entre les femmes.
Avec « No one killed Jessica ? » de
Rajkumar Gupta, on est transporté, à la
fin des années 1990, au cœur du système
politico judiciaire indien de New Delhi. On
assiste à une magnifique histoire de solidarité entre femmes qui redonne du sens et
confiance en la justice. Lafangey Parindey
de Pradeep Sarkar se situe dans les bas
quartiers de Bombay. C’est l’histoire « banale » d’une femme qui réussit à force de
caractère à réaliser son rêve malgré un lourd
handicap. Une fois passée quelques images
« dures », on admire la combat acharnée de
Pinky Palkar’s pour conserver son indépendance.
Ces films mettent parfaitement en lumière
le paradigme « Ne vous résignez jamais ».
« La disparue
de San Juan »
de Philippe
Broussard, Stock,
02/2011.
Touchante enquête
sur Marie-Anne
Erize, née dans une
30 _ CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES n°113 – Mai 2011
famille de « pionniers » français
établis en Argentine. Mannequin,
catholique, elle a
côtoyé des artistes à
Paris avant de devenir une militante
péroniste, active
comme aide sociale
dans les bidonvilles
et d’entrer dans la
clandestinité au sein
des « Montoneros », une guerilla
d’extrême gauche.
Disparue en octobre
1976, enlevée par
des militaires en
civil, elle fait partie
des 30 000 disparus
de l’époque de la
dictature (19761983). Des procédures judiciaires
sont en cours en
France et en Argentine pour connaître
la vérité sur son
sort.
We want sex equality
_ We want sex equality
est l’histoire vraie, peu
connue en Grande Bretagne, de presque 200
femmes qui ont, un jour
de juin 1968, décidé de
se mettre en grève.
A
près avoir été reclassées elles
se rendent compte qu’elles
sont moins payées que leurs
collègues hommes non qualifiés,
alors qu’elles sont véritablement
qualifiées…
Ces ouvrières travaillaient dans
l’usine Ford de Dagenham, près de
Londres. Alors qu’elles occupent
la place traditionnelle de mère et
d’épouse au sein de leurs foyers,
et qu’elles n’apportent qu’un
« salaire d’appoint », elles vont
s’armer de courage - et de culot,
pour l’époque ! - et revendiquer
le droit d’être payées comme des
ouvrières qualifiées. Elles vont
surtout réclamer le droit d’être
payées autant que les hommes. «
Le développement d’une société
se mesure aux progrès accomplis
dans l’émancipation des femmes
» dit un jour un syndicaliste à Rita,
personnage principal du film. Elle
fait l’accablant constat que l’émancipation des femmes dans cette
société est réduite à peu de chose.
Et cela dans toutes les couches de la
société puisque l’épouse du patron
de l’usine, diplômée d’histoire, n’est
pas mieux lotie que l’ouvrière. Elle
est cantonnée au rôle domestique
et lorsqu’elle livre son analyse fine
de la grève en cours, son mari lui
rappelle qu’il est temps d’apporter
le dessert…
Après trois semaines de grève, le
combat de ces femmes est couronné de succès. Les ouvrières
obtiennent gain de cause. La grève
de l’usine de Dagenham permet
en outre à la Ministre de l’emploi,
Barbara Castle, de proposer une loi
établissant l’égalité de salaire entre
homme et femme. La loi est adoptée deux ans plus tard.
Ce film est l’histoire d’un combat
et du courage de ces femmes pour
lutter contre une discrimination
flagrante entre hommes et femmes :
l’inégalité salariale.
Le réalisateur dit que son film
« n’est pas une simple histoire sur
les femmes, mais sur des hommes
et des femmes qui tentent de vivre
ensemble ». Il brosse d’ailleurs
plusieurs portraits d’hommes qui
soutiennent, comme ils le peuvent,
la cause des femmes.
Sur fond de musique des « swinging seexties » et de mini-jupes, We
want sex equality est une franche
réussite, et si le film fait écho à la
triste réalité de l’égalité des salaires
entre hommes et femmes aujourd’hui en 2011, il a le mérite de
renforcer l’espoir et la détermination
de celles et ceux qui continuent de
se battre.
Le film a déjà remporté trois prix
au festival du film Britannique
de Dinard : le Hitchcock d’Or, le
prix du meilleur scénario ainsi
que le prix du public.
WE WANT SEX EQUALITY,
de N. Cole, avec Sally Hawkins,
Bob Hoskins, Rosamund Pike,
n°113 – Mai 2011 CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES _ 31