LE POUVOIR DES IDÉES

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LE POUVOIR DES IDÉES
Le pouvoir des idées
Tu dois chercher la vérité, écouter la vérité,
apprendre la vérité, aimer la vérité, parler la vérité, maintenir la vérité,
défendre la vérité jusqu’à la mort, parce que la vérité te rend libre…
Jan Hus, 1417
On ne peut comprendre l’Europe de nos jours sans considérer la portée des bouleversements du 16e siècle, c.-à-d. de la Réformation et de son avènement. Depuis la division de
l’Empire Romain – et de la chrétienté – en un Empire d’Orient grec et un Empire d’Occident latin, plus de mille ans d’avant, ces bouleversements marquent la plus grande
faille de la culture chrétienne. Ils ont laissé une Europe morcelée et, depuis, agissent sur
la répartition des pouvoirs dans le monde entier.
La carte politique de l’année 1477 présente le Saint Empire romain germanique dans sa plus grande prospérité à la veille de la Réformation. Il
s’étendait de la mer Baltique au nord jusqu’à l’Italie au sud; à l’ouest il
touchait le Royaume Français et à l’est la zone d’influence des Jagellons
originaires de Lituanie et de la Pologne. L’étendu énorme des territoires possédés et
gouvernés par l’Eglise chrétienne est illustré par les régions teintées en mauve. En plus,
la religiosité chrétienne avait pénétré tous les domaines de la vie dans les grands empires européens de l’époque.
La scission définitive de la chrétienté en une Eglise d’Orient grecque centrée
à Byzance et une Eglise d’Occident latine centrée à Rome s’accomplit par le
Grand schisme de 1056 après une longue période de détachement croissant.
Depuis, l’Eglise d’Occident était toujours hantée par des mouvements déviants et luttait pendant des siècles pour maintenir sa prétention au pouvoir universel.
Cette prétention fut établie, en 1402, par le pape Boniface VIII avec la bulle Unam Sanctam et la doctrine des deux glaives, le spirituel et le temporel: Les paroles de l’Evangile nous
l’enseignent: cette puissance comporte deux glaives […]. Tous deux sont au pouvoir de l’Eglise,
le glaive spirituel et le glaive temporel. Mais celui-ci doit être manié pour l’Eglise, celui-là par
l’Eglise. […] Le glaive doit donc être subordonné au glaive, et l’autorité temporelle à l’autorité
spirituelle. […] Dès lors, nous déclarons, nous proclamons, nous définissons qu’il est absolument
nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d’être soumise au Pontife Romain.
La bulle Unam Sanctam n’a pas pu empêcher le Grand Schisme occidental des trois papes (1378-1418). Mais à la fin du Moyen-Âge, elle marquait le début d’une lutte entre les
pouvoirs politiques et les pouvoirs ecclésiastiques avec, maintes fois, des conséquences
terrifiantes. Mais en même temps, des débats sur le primat du pouvoir spirituel commençaient à l’intérieur de l’Eglise dont les règlements ont structuré les débats ecclésiastique et politiques jusqu’à nos jours.
Le concile de Constance (1414-1418) était le premier grand congrès
européen, convoqué par le roi Sigismond et le pape Jean XXIII afin de
terminer le Schisme occidental (causa unionis), d’éliminer des mouvements hérétiques (causa fidei) et de réformer l’Eglise (causa reformationis).
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A peu près, tous les chefs politiques et ecclésiastiques suivirent la convocation: quelques
centaines d’évêques, 29 cardinaux, des érudits et délégués des universités et les représentants de toutes les dynasties, grandes ou petites, de l’occident. Pour servir aux débats, les
monastère avaient ressorti, copié et distribué des documents anciens correspondants.
En outre, des artisans, marchants et curieux s’y ajoutaient. Durant les quatre années du
concile, la petite ville de Constance, avec ses 6000 habitants, hébergeait 72 000 visiteurs.
Le concile de Constance (1414-1418) était la plus grande assemblée du
Moyen-Âge et fut un événement marquant dans l’histoire de tels débats.
Chaque jour, des autorités parmi les philosophes et théologiens faisaient
des discours en public, et dans les sessions, chaque mot était pris en considération et discuté longuement. Au centre du fond du tableau, on reconnaît le pape entouré aux deux côtés par quelques évêques et abbés, des orateurs érudits sur les chaires
des deux côtés, au premier plan les têtes des auditeurs et, au centre, la Vierge avec l’enfant comme sainte patronne.
Le Schisme des trois papes fut terminé: Jean XXIII était obligé de fuir, les deux autres
furent destitués par défaut. Un nouveau pape fut élu par un conclave: Martin V.
La persécution des idées hérétiques était menée avec dureté. Le réformateur John Wycliff (ca. 1330-1384), mort depuis longtemps, fut jugé hérétique à titre posthume et ses
os furent brûlés. Jan Hus de la Bohême, influencé par Wycliff et un critique du clergé,
fut jugé hérétique et brûlé ensemble avec Hieronymos de Prague, l’érudit fondateur
du mouvement hussite. Leur exécution fit déchlencher les guerres hussites qui duraient
quinze ans (1419-1434).
Les gravures colorées de la chronique d’Ulrich Richental, témoin de l’époque, décrit l’exécution de Jan Hus avec un réalisme pénible:
à gauche: Jan Hus est arrêté par les évêques de Besançon et de Milan (en
haut) et remis aux autorités juridiques (en bas);
à droite: Jan Hus est brûlé sur le bûcher (en haut), ensuite, les cendres sont transportées
au bord du Rhin et jetées dans l’eau (en bas).
A la fin du 15e siècle, après avoir terminé le Grand Schisme et mené la lutte impitoyable contre les mouvements hérétiques par l’Inquisition, l’Eglise garantissait de
nouveau l’unité de l’Europe occidentale. La grande réforme n’avait pas eu lieu. La
papauté monarchiste avec sa prétention du pouvoir universel avait prévalu contre
les tentatives d’établir des structures de collèges. Il a fallu la force explosive d’une
idée théologique et fondamentale pour faire vaciller cette grande puissance: Au
Dieu tout-puissant de l’Eglise, Martin Luther opposait la grâce du Dieu miséricordieux révélé en Jésus Christ.
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Le fondement spirituel
Nous posons les fondements à l’avenir;
la vérité se lèvera au monde,
l’obscurité va disparaître, et la lumière brillera.
Johannes Reuchlin, 1522
Au Moyen-Âge, on était conscient du fait que l’unité d’un Etat comme l’Europe avec une multitude d’ethnies et de groupements politiques ne peut être basé sur l’économie et le pouvoir
politique uniquement. A cette époque, le lien commun était donné par la chrétienté qui conservait la langue latine, un héritage de l’Empire Romain disparu en 476, mais toujours présent
par sa culture développée. Au 15e siècle, la piété chrétienne s’étendait de l’empire des Jagelons au nord-est jusqu’à la péninsule ibérique au sud-ouest. Elle était portée par une confiance
dans l’Eglise et motivée par l’espérance et les craintes de l’au-delà et du Jugement Dernier.
Du 14e au 16e siècle, le culte des saints et des reliques florissait en Europe. Dans les églises, et dans les endroits publics, les saints occupaient une
place privilégiée. Ils s’adressaient à la population toute entière, du plus humble au plus
riche. Dans toutes les régions de l’Europe, les légendes des saints inspiraient des chefd’oeuvres aux artistes soit en peinture, sculpture, orfèvrerie ou tissus. Les saints accompagnaient les humains leur vie durant. Ils étaient les „avocats“ des croyants et pouvaient
intercéder en leur faveur. Et maintes fois, ils remplaçaient le Dieu trop éloigné.
Les églises offraient la messe sacrée et des sacrements pour atteindre le salut, mais aussi
des pèlerinages, des saints protecteurs miraculeux et des indulgences favorables. Autour
de 1500, les croyants acceptaient ces offres avidement pour échapper à l’enfer ou au
purgatoire. Maintes fois, il s’agissait des actions calculées en espèces: on pouvait acheter des indulgences de plusieurs centaines d’années soit en payant directement soit en
soutenant de bonnes oeuvres. On vivait pour «une mort clémente» qui puisse conduire
au bonheur éternel. A la fin du 15e siècle, la doctrine des indulgences était améliorée en
ce sens que l’on pouvait faire parvenir de l’aide ou une diminution des peines aux âmes
des morts au purgatoire. Quelqu’un qui, avec des indulgences directement avant son
décès, acquérait une attestation de confession (confessionale) était présumé d’être libéré
de ses péchés et d’accéder à la félicité céleste.
Le prince électeur Frédéric le Sage de la Saxe (1463-1525) faisait voir des reliques qui
présentaientundesplusgrandstrésorsdesonépoqueetsetrouvaientdansl’Eglisede
tous Saints à la résidence de Wittenberg: 5 000 particules appartenant au Christ et aux
saints, serties avec des joailleries précieuses. Les reliques du Christ, par exemple des
fragments de la croix ou du tombeau du Rédempteur, étaient d’une valeur particulièrement précieuse. Chaque fragment valait une indulgence de 100 jours pour un pieux visiteur.
Le monopole du clergé aux interprétations correctes de la Bible était de plus en plus mis
en critique. Les laïques alphabétisés demandaient de lire la bible eux-mêmes. Des traductions surgissaient autour de 1400, comme par exemple une bible anglaise remontant
à l’hérétique John Wycliff. Depuis l’invention de l’impression des livres avec des caractères métalliques mobiles par Johannes Gutenberg, de nombreuses éditions de bibles en
langue allemandes parurent au marché malgré l’interdiction des églises.
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La Bible de Gutenberg (1394/99-1468) était la première d’une série de 127 éditions imprimées dans toute l’Europe au 15e siècle (dont 94 en langue latine). Son invention de
reproduire rapidement un texte par des caractères métalliques mobiles initia une soidisant révolution médiatique. La possibilité de reproduire de nouvelles idées fidèlement
et en forme identiques, de les diffuser et discuter à n’importe quel endroit, était la condition essentielle pour la divulgation rapide des thèses et de la théologie de Martin Luther.
La première parmi les 18 bibles en langue allemande connues avant Martin Luther était
imprimée par Johannes Mentelin (en 1460). Elle était basée sur un manuscrit du 14e
siècle apparu dans la région de Nuremberg. Son texte remontait largement à la traduction latine du texte hébreu par Hieronymus, nommé Vulgata. Cette bible servait comme
base pour toutes les bibles allemandes avant d‘être remplacée par la traduction de Martin Luther.
En 1516, Erasme de Rotterdam (1466/69-1536) sortit la première impression du Nouveau Testament en langue grecque sous le titre Novum Instrumentum. Il accompagnait sa traduction d’une nouvelle traduction latine afin de remplacer par une traduction fidèle le texte de la Vulgata jugé faussé par le philologue italien Lorenzo Valla.
Dans la dédicace au pape Léo X., Erasme compare son oeuvre à l’édifice impressionnant de
la basilique St. Pierre. C’était cette édition que Martin Luther utilisait pour sa traduction allemande qui apparut en 1512 sous le nom Septembertestament.
Le cardinal espagnol Jimenez (1436-1517), promoteur du progrès scientifique et fondateur de l’université d’Alcalà avec son Collegium trilinguale (comprenant les langues grecque, latine et hébraïque) avait lancé le projet ambitieux d’éditer une bible dans les langues d’origine. En trois colonnes, on y trouve le texte hébreu à côté
de la Vulgata, puis la traduction grecque accompagnée d’une traduction latine interlinéaire. En
bas de chaque page se trouve le texte araméen accompagné, encore, par une traduction latine.
Les bibles de Gutenberg étaient toujours des pièces individuels précieuses malgré la
nouvelle technique de reproduction. Toutes les décorations étaient peintes à la main. On
avait des livres avec des modèles pour les incunables et illuminations et des instructions
techniques comment mélanger les couleurs, comment les superposer, où appliquer les
dorures. La première lettre de chaque livre était décorée de l’or.
Erasme était chrétien croyant. Il est reconnu comme figure dominante dans l’Europe de la fin du 15e au début du 16e siècle. Avec sa perspicacité et ses jugements
prononcés sans gêne mais avec élégance, il était le porte-paroles de la critique croissante contre les puissances régnantes. Parmi eux, il était appréhendé et pourtant
courtisé au même temps. Erasme grandit dans un monastère néerlandais, fait ses études à
Paris, séjourne en Angleterre et Italie et s’établit à Bâle. Il s’exprimait mieux en latin que dans
sa langue maternelle, était d’une érudition sans égal et a laissé une oeuvre riche et variée.
Les érudits de l’Europe cherchaient l’échange en passant les frontières. Ils se trouvaient
tous dédiés à la raison, formés par les sciences et se confiant davantage en la puissance
des paroles qu’en celle des images. A part de la théologie, ils s’intéressaient surtout aux
anciennes langues (grecque et hébraïque) et cultures. Leurs études de la poésie et rhétorique des anciens les rendaient attentifs à l’enseignement insuffisant des Ecritures saintes.
En espérant de s’approcher davantage de la vérité et du salut divin, ils développaient la
nouvelle méthode d’une lecture critique des textes.
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Dieu – la raison suprême
Tant que la raison ne domine pas l’homme
l’homme n’est pas capable de se gouverner soi-même.
Aegidius Romanus, archevêque de Bourges (1247-1316)
L’éducation religieuse appliquée surtout dans les monastères apportait en grande partie
à l’unité de l’Europe médiévale. L’éducation visait la voie vers Dieu et le salut éternel.
Dans la tradition d’Aristote, on regardait Dieu non seulement comme la vérité absolue
mais aussi comme la raison suprême. L’homme créé à l’image de Dieu participe à la
raison universelle divine, c’est pourquoi il n’existe qu’une seule voie vers le salut: Celui
qui veut l’acquérir doit suivre les directives de la raison et de sa conscience parce que la
conscience n’est rien d’autre que l’étincelle de la raison suprême.
Pendant que l’éducation des monastères conservaient la doctrine chrétienne,
un mouvement réformateur se répandait dans les universités libres à partir
d’un nouvel intérêt aux sources de la langue latine et sa culture. A côté de la
théologie et des langues anciennes, l’enseignement des sept arts libéraux – dialectique, rhétorique, grammaire, arithmétique, musique, géométrie et astronomie – regagnait de l’importance. Au tableau, la philosophie est représentée comme un être ailé à
trois têtes embrassant le monde des humains (humani rerum): une tête orientée à la nature, l’autre à la raison (ratio) et la troisième aux valeurs éthiques (mores). Elle est étendue
entre la sphère terrestre des connaissances naturelles et des valeurs (avec Aristote et Sénèque comme représentants) et la sphère céleste avec l’enseignement de la sagesse divine.
Johannes Reuchlin (1455-1522) compte, comme Erasme de Rotterdam, parmi
les plus importants érudits de l’époque. Il était juriste, humaniste et passionné
de la Kabbale en cherchant une vérité qui englobe la vérité terrestre ainsi que
la vérité éternelle. Son intérêt concernait surtout les langues anciennes, sources indispensables pour accéder à la vérité des Ecritures bibliques:
Avec toute la discrétion nécessaire je me permets de remarquer que l’on trouve de nombreux savants qui n’arrivent pas à expliquer l’Ecriture Sainte correctement et se font bafouer parce qu’ils ne
connaissent pas les deux langues [grecque et hébraïque]. Reuchlin était un des premiers non
juifs à étudier la langue hébraïque et la Kabbale en insistant que celui qui ne connaît pas la
signification des mots et de la langue se trompe facilement. Plus tard, son oeuvre De rudimentis
hebraicis servait comme base pour la traduction de l’Ancien Testament de Martin Luther.
Dans une querelle avec les Dominicains concernant l’interdiction des écritures judaïques, Reuchlin publia, en 1511, son appel à la tolérance sous le titre Augenspiegel: Et si, de
notre avis, les écritures judaïques sont fausses elles ne le sont pas de leur avis et de leur croyance.
En ce qui concerne l’enseignement dans la deuxième moitié du 15e siècle, l’invention de l’imprimerie avec des caractères mobiles par Johannes Gutenberg
(1394/99-1468) était l’évènement le pus important. De son vivant, il était vanté
homme du siècle. Depuis son atelier à Mayence la nouvelle technique se répandait rapidement dans toute l’Europe.
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Déjà dix ans après la mort de Johannes Gutenberg, des imprimeries étaient
installées dans la plupart des pays européens: à Bâle (1465), Rome (1465),
Paris (1470), Buda, Krakow, Utrecht (1473), Valence (1474), Breslau (1475),
Bruxelles, Londres, Pilsen (1476). Tandis qu’en 1470, on ne comptait que 17
endroits d’imprimerie, jusqu’en 1500, le nombre était monté à 252, dont 62 imprimeries
se trouvaient sur le terrain de l’Empire romain germanique.
Pour commencer, on imprimait surtout des indulgences, des calendriers et des donations. A la fin du 15e siècle, c’étaient surtout les érudits et humanistes critiques qui profitaient de la nouvelle technique en diffusant largement les écritures anciennes dans des
éditions critiques et commentées.
La satire anticléricale Eloge de la Folie est une des oeuvres les plus connues de
l’humaniste néerlandais Erasme de Rotterdam. Il écrivit son oeuvre pendant un
séjour en Angleterre auprès de son ami Thomas Morus à qui l’oeuvre est dédiée. Déjà de son vivant, elle fut traduite en plusieurs langues européennes. La
première édition était faite en 1511 par Jehan Petit et Gilles de Gourmont à Paris
et, dans la même année, par Matthias Schürer à Strasbourg. L’image d’à côté reproduit
une nouvelle édition de l’année 1515 par Johann Froben à Bâle complétée par une série
de 83 dessins du peintre Hans Holbein le jeune. Même aujourd’hui, l’Eloge de la Folie
compte parmi les livres les mieux reçus du monde:
Il fait si bien de n’avoir pas d’esprit que les mortels préfèrent de prier pour la délivrance de toutes
sortes de chagrin au lieu d’être libéré de leur folie.
A l’époque, les critiques publiques s’apprêtaient au mieux aux satires tranchantes. L’esprit et l’élégance d’Erasme y étaient sans égal.
Avec l’invention de l’imprimerie, l’enseignement prenait un essor en général. La carte de l’Europe illustre les nombreuses universités fondées
entre 1450 et 1500, la plupart d’entre elles dans l’Empire romain germanique et en Espagne.
Selon leur constitution, ces universités étaient des organisme indépendants dotés de privilèges. Les pouvoirs politique et ecclésiastique leur accordaient les
droits suivants: 1° le droit d’enseigner, d’examiner et d’attribuer les grades universitaires; 2° le droit d’établir des statuts et des règlements; 3° le droit de juridiction.
Malgré de telles libertés, les universités restaient sous l’influence de l’Eglise: l’enseignement se conformait aux traditions religieuses en ce qui concerne les matières et la pédagogie. La doctrine était mesurée à la doctrine ecclésiastique. Les professeurs faisaient
parti du clergé ou, au moins, leur salaire venait des bénéfices de l’Eglise.
A côté des nouvelles universités, nombre d’écoles citadines étaient crées. Contrairement
aux écoles monastiques, elles étaient gérées et surveillées par les cités. Mais pareil aux
écoles religieuses, leur programme se contentait à l’enseignement de la lecture, de l’écriture, du calcul et de la langue latine. A la fin du 15e siècle, la plupart des citadins étaient
capables de lire et d’écrire.
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Le monde interrogé
Toi, que ne limite aucune borne,
par ton propre arbitre entre les mains duquel je t’ai placé, tu te définis toi-même.
Je t’ai placé au milieu du monde, afin que tu puisses mieux contempler ce que contient le monde.
Pico della Mirandola, 1486
Malgré les tensions politiques dans l’Europe occidentale, il existait une culture commune basée sur la langue latine et la cosmographie chrétienne. L’univers était la
création de Dieu et l’homme le couronnement de la création, fait à l’image de Dieu.
C’est pourquoi il était créateur lui-même et appelé à former le monde selon la volonté de Dieu. Sur ce fondement bien établi, un désir croissant de liberté et d’autonomie
se répandait à la fin du 15e siècle.
Une atmosphère de départ empreignait la veille de la Réformation appelée
aujourd’hui, selon les points de vue, l’âge des découvertes ou l’humanisme. Paradoxalement, le regard religieux vers la délivrance et l’au-delà emmenait un
intérêt croissant aux conditions de vivre dans ce monde limité. Un esprit d’exploration se répandait ensemble avec une curiosité scientifique qui ne se contentait plus
de l’interprétation des écritures autorisées par l’Eglise mais regardait le monde lui-même.
Avec une énergie croissante, on commençait à franchir les limites établies des
connaissances et à s’aventurer dans des régions inconnues. La planète entière
était à explorer, le cosmos autant que l’homme lui-même dans sa complexion
et dans ses possibilités. On entrait dans une période de l’interrogation critique de toutes les connaissances du monde.
L’image du monde selon les chrétiens comportait l’idée théologique que Dieu avait crée
le monde selon des principes d’ordre de sorte qu’il soit possible de déchiffrer les lois
de la nature à l’aide des méthodes fondées sur la raison. On espérait que le déchiffrage
ouvrît la voie vers Dieu. Percer la réalité à l’aide de la raison, calculer les harmonies, déchiffrer les lois de la beauté, mesurer le mouvement des planètes – tels étaient les buts et
les principes des nouvelles explorations.
Adam Riese, appelé de son vivant le maître allemand du calcul, est regardé
comme fondateur du calcul moderne en remplaçant la représentation romaine des nombres par des chiffres arabes dont la structure s’adapte mieux au
système décimal. Le mot coss désignait la variable. Nombre de mathématiciens, appelés cossistes, travaillaient à simplifier le procédé des équations. Les équations
étaient prévues à déchiffrer les messages secrets dans des écritures de la bible comme
p.e. La Révélation de Saint Jean. Mais l’évolution rapide de l’art du calcul permettait surtout d’arpenter le monde d’une façon précise.
Les nouvelles possibilités du calcul enrichissaient surtout l’astronomie. Les astronomes
étaient censés de calculer les positions précises des planètes en préparation d’un calendrier réformé afin de pouvoir fixer les dates des grandes fêtes religieuses avec plus de
précision. Le géographe et mathématicien Paolo Toscanelli (1397-1482) qui travaillait
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dans la cathédrale de Florence pour perfectionner ses calculs du système planétaire et
des points équinoxiaux, avait propagé l’idée d’une route maritime directe aux Indes.
C’est à lui que se référa Christophe Colomb. Il est vrai que ses calculs étaient faux et
que la commission d’experts avait raison de rejeter son projet. Mais sa témérité et une
hardiesse à rompre toutes les barrières ont pu convaincre les autorités. C’est ainsi que
Colomb a changé le monde.
AmerigoVespucci(ca.1451-1512)étaitlepremieràcomprendrequelecontinentexploréparl’expéditiondeColombétaitunnouveaumonde.SeslettresàSoderiniavec
des descriptions vivaces en langue latine étaient connues à travers toute l’Europe.
Sur le premier planisphère à peu près correct paru en 1507, le mathématicien et géographe Martin Waldseemüller inscrivait, en son honneur, le nom America au nouveau continent.
L’élargissement énorme de la conscience par la découverte du nouveau continent se reconnaît au développement rapide de la cartographie. Il est vrai qu’à la fin du 16e siècle, le
théologien et géographe Heinrich Bünting faisait encore imprimer un planisphère conforme à la tradition chrétienne, c.-à-d. centré autour de la ville de Jérusalem et sans intérêt à la
forme réelle des continents. Mais depuis longtemps déjà, l’image du monde arpenté par
les navigateurs et les géographes scientifiques s’était établie en concurrence. En Espagne et en Portugal, les explorations faisaient augmenter
l’activité vitale dans tous les domaines. Bientôt, leurs compagnies maritimes et leur puissance commerciale dépassaient celles de Venise et de
Gênes. En conséquence, l’attention politique virait du centre de Rome et de la Méditerranée vers l’Atlantique avec de nouvelles possibilités. A côté de Càdiz, Lisbonne et Séville,
les villes de Londres et d’Antwerpen devenaient des centres d’importance mondiale.
Dans la deuxième moitié du 16e siècle, Jan van der Straet (latinisé: Johannes Stradanus) de Bruges domicilié en Italie, décrit la vie de son
époque par une série de 24 gravures. Le premier des tableaux est appelé Nova Reperta (nouvelles découvertes). Deux disques solaires sautent aux yeux, marqués, à droite, d’un compas inventé par l’Italien Flavius Amalfitano,
à gauche, du Nouveau Monde trouvé par le Génois Christophe Colomb et le Florentin
Amerigo Vespucci. Au premier plan, on voit les nouvelles inventions techniques d’importance: à droite les outils d’une alchimie scientifique, à gauche une horloge précieuse,
entre les deux l’arme nouvelle, un canon de grande portée. Mais surplombant le tout,
c’est la presse d’imprimerie qui seul rend possible la diffusion de toutes ces découvertes
et inventions.
L’intérêt des artistes s’était déplacé des sujets religieux à lobservation du monde réel. Ils
travaillent moins pour les églises et reçoivent davantage des mandats par des princes
qui investissent dans la présentation et favorisent les nouvelles inventions techniques.
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L’homme autonome à l’image de Dieu
Si jamais l’Ecriture ne peut se tromper,
il y a pourtant quelques explicateurs et interprétateurs
qui peuvent se tromper de diverses façons.
Galileo Galilei à Benedetto Castelli, 1613
La description du monde comme la création d’un Dieu personnifié qui a formé l’homme
à son image met l’accent sur la condition humaine et l’importance de chaque individu,
ses capacités, sa dignité, sa responsabilité. A la fin du 15e siècle, les gens commencent à
prendre pour modèle des personnes qui suivent leurs idées et explorations sans se faire
guider par l’Eglise. Depuis, ce sont les érudits, explorateurs et scientifiques qui changent
le monde et sont vénérés.
Le dessinateur Jan van der Straet (lat. Johannes Stradanus) présente
un astronome dans son atelier travaillant avec un compas et un vieux
livre, devant lui deux sphère, la terre et la sphère planétaire, un sablier
et d’autres outils à mesurer des angles et des courbes. On ne voit pas
encore de télescope ou d’autre instrument à observer les astres.
Ainsi, Nicolas Copernic, contemporain de Martin Luther, travaillait surtout
avec les anciennes écritures en calculant avec précision. Il était juriste, chanoine et médecin au service de l’évêché prussien Ermland et s’occupait des
mathématiques et astronomie comme amateur.
L’image de l’univers centré autour du globe terrestre était établie depuis
1400 ans. En remontant à l’idée divergente d’Aristarch et à partir de ses
calculs exacts, Copernic arrivait à prouver correct la théorie de l’univers héliocentrique. Il conservait l’idée des orbites planétaires concentriques mais
remplaça le globe terrestre au centre du système harmonieux par le soleil. Déjà
en 1509, Copernic avait diffusé le premier récit de son travail chez quelques
experts sous le titre Commentariolus. Mais l’oeuvre approfondie De Revolutionibus Orbium Coelestium fut publiée seulement en 1543 par Georg Joachim Rheticus, un jeune collègue de Martin Luther à l’université de Wittenberg.
De son vivant, Copernic était honoré dans toute l’Europe. Même à la fin du 16e siècle,
l’évêque Cromer dit de lui qu’il était l’honneur non seulement de l’Eglise, mais de la Prusse
entière. C’était seulement en 1616 que son oeuvre fut mise à l’index suite aux travaux
de Kepler et Galilée qui révélèrent la grande portée des renversements impliqués dans
l’hypothèse du système héliocentrique. La décision de la curie fut mise au point par la
formule du cardinal italien Caesar Baronius (1538-1607):
Le Saint-Esprit voulait nous montrer la voie vers le ciel mais non les apparences du ciel.
On pourrait penser que Leonardo da Vinci parlait de Copernic en écrivant dans son
Traité de la peinture: Si quelqu’un parmi vous s’avère vertueux et de bonne nature, ne l’écartez
pas mais l’adorez parce qu’eux sont les dieux d’ici bas.
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Leonardo da Vinci (1452-1519), de son vivant, était vanté comme un artiste
qui sait représenter l’âme divin. Lui-même se voyait plutôt comme un scientifique doté de la mission d’explorer les secrets de la création divine. Selon ses
études, il supposait le système planétaire héliocentrique très vraisemblable.
Il était un des personnages clé à se libérer de la tradition scolastique figée en
ouvrant la voie vers l’exploration scientifique de la nature. Il étudiait tout ce qui fait partie de la création: les mouvements des planètes et des astres, la flore et la faune et l’anatomie de l’homme. Il dessinait des cartes géographiques, calculait des constructions de
ponts, inventait de nouvelles machines. Afin de trouver des régularités dans la nature,
il développait une nouvelle méthode scientifique en partant des expériences systématiques dont il analysait les résultats.
Les cartes célestes d’Albrecht Dürer (1471-1528) sont les première cartes célestes imprimées. Elles servaient comme modèle pour toutes les cartes célestes jusqu’au 18e siècle.
La preuve du système planétaire héliocentrique provoqua un changement profond de la
conscience dont la portée se manifestait seulement plus tard. On voyait la terre en mouvement, elle avait perdu sa stabilité et n’était plus au centre de la création divine, mais un satellite du soleil parmi d’autres. Depuis, les scientifiques se sont mis à la recherche des lois
naturelles en s’écartant de plus en plus de l’idée d’un Dieu créateur et d’un ordre harmonieux.
Martin Luther ne s’intéressait pas beaucoup aux explorations des astronomes. Par contre,
Philipp Melanchthon, jeune ami de Luther, défenseur de sa théologie contre le clergé traditionaliste et son collègue à Wittenberg, lui était d’autant un scientifique et prenait part
à ces bouleversements.
Philipp Melanchthon (1497-1560) fit connaissance de Martin Luther
à l’occasion de la Disputatio de Heidelberg en 1518. Peu après, il était
nommé professeur des langues anciennes à Wittenberg. Il enseignait
aux deux facultés philosophique et théologique. Les sujets étaient
multiples: de la poésie et écritures anciennes, la grammaire, rhétorique, logique et l’exégèse
biblique aux sujets des sciences naturelles comme l’astronomie, la physique et la théorie de
l’âme. Il était un collaborateur étroit et indispensable pour la théologie de Martin Luther. Ses
Loci communes rerum theologicarum dont la première édition parut en 1521, présentent une
première dogmatique de la nouvelle théologie évangélique avec les sujets clé de la doctrine,
en premier lieu la question du libre arbitre (De hominibus viribus adeoque de libero arbitrio).
En reconnaissant leurs propre faillibilité, les érudits scientifiques de l’époque ne consultaient pas seulement les sources des traditions mais développaient aussi la méthodes
des expériences répétées pour pouvoir vérifier les résultats. C’est par leur précision et la
possibilité d’une vérification que leurs résultats s’avéraient plus fiables que les interprétations souvent contradictoires des théologiens. C’est dans ce contexte que la théologie
de Martin Luther renvoyant au texte biblique comme source de la voie vers Dieu, sans
clergé ni saints, offrait une nouvelle croyance à l’homme autonome.
10
Naissance d’une croyance autonome
Le chrétien croyant est maître de toutes les choses.
Martin Luther, 1520
Tant que l’on ne peut me convaincre par l’Ecriture ou par d’autres arguments
sincères et raisonnables, je me sentirai vaincu par les textes bibliques que j’ai cités,
et ma conscience restera prisonnière de la parole de Dieu.
Martin Luther, 1521
Au 16e siècle, l’unité de l’Europe occidentale sous le règne symbolique du pape et de la
culture latine était détruite en raison de controverses fondamentales concernant le pouvoir donné par Dieu mais à exercer par l’homme ici-bas et encore, plus généralement, la
signification de l’homme. La division en régions catholiques et protestantes a marqué des
mentalités et habitudes différente Cette critique était provoquée pars jusqu’à nos jours.
A la fin du 15e siècle, l’unité de l’Europe était même visible même au
panorama urbain. Depuis la province de Brabant jusqu’à la Toscane,
depui la mer Baltique jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle, on voyait
de loin les clochers saillants de leur environnement. Le panorama urbain était symbole
pour l’importance de l’Eglise, et il était l’expression d’une communauté des valeurs à
laquelle appartenaient les peuples en Irlande autant qu’en Pologne, en Finlande autant
qu’en Sicilie. Les deux reproductions de panorama urbain de l’époque servent d’exemples pour le monde qui entourait la vie de Martin Luther: C’est un rempart que notre Dieu…
Pendant que le mouvement des humanistes revendiquait l’autonomie, un
mouvement laïc de dévotion chrétienne, se répandait rapidement dans toutes
les régions de langue allemande les Frères de la Vie Commune. Conformément au
livre de Thomas von Kempen, les adhérents s’engageaient à vivre dans l’imitation de Jesus Christ. On dit qu’à la fin du Moyen Age, le livre l’Imitation de Jesus-Christ
était presque aussi bien connu que la bible. Il a vu trois mille éditions jusqu’aujourd’hui.
Les narrations du jugement dernier, du purgatoire et de la délivrance
exitaient l’imagination des artistes. Nombre de représentations fantasmagoriques témoignent des craintes et terreurs de l’époque. Les tableaux appartenaient au monde qui entourait la vie de Martin Luther.
La culture chrétienne garant de l’unité de l’Europe était, pourtant, marquée par divers mouvements de dévotion extrémistes et séparatistes.
L’inquisition les poursuivait avec dureté et avec plus ou moins de succès. Le mouvement défendu des flagellants, p.e., perdurait en Thuringe
jusqu’à la fin du 16e siècle.
En Italie à Florence, le dominicain Girolamo Savonarola (1442-1498), un prédicateur et critique intransigeant contre le luxe et les excès de l’Eglise, incita les
masses aux iconoclastes et au bûcher des vanités où disparurent de nombreux
livres et de nombreuses œuvres d’art. Il mourut au bûcher à Rome en 1498.
11
C’était la vente des indulgences en faveur d’une nouvelle
construction de la basilique St. Pierre à Rome nécessitant
une rénovation, qui incita Martin Luther à une critique fondamentale de l’institution des indulgences. Cette critique
était provoquée par la campagne illégale menée par Johann Tetzel au nom d’Albrecht de
Brandenbourg (1490-1545), archevêque de Mayence et Magdebourg et administrateur de
la diocèse de Halberstadt ainsi que prince électeur et chancelier de l’Empire. Au cumul
des fonctions et à l’accumulation du pouvoir, Martin Luther oppose la doctrine des deux
royaumes temporel et spirituel: C’est pourquoi il ne faut pas mêler et mélanger les deux règnes,
le spirituel et le temporel. Il rejette la doctrine des deux glaives de la bulle Unam Sanctam
en insistant que le royaume spirituel n’est gouverné que par la parole et le sacrement.
Le portrait de Martin Luther, issu de l‘atelier de Lukas Cranach, a su capturer, en entier, la légende de Luther: C‘est le jeune Luther en habit de moine, le
regard fixé vers l‘intérieur, la main droite sur le coeur en pose de serment, la
main gauche, celle qui vient du coeur, posée sur la Bible indiquant, ainsi, le
fondement de son être. Sola fide, sola gratia, sola scriptura – est la formule latine
par laquelle la confession et l‘enseignement de la Réforme sont résumés:
Nous enseignons aussi que nous ne pouvons pas obtenir la rémission des péchés et la justice devant Dieu par notre propre mérite, par nos oeuvres ou par nos satisfactions, mais que nous obtenons la rémission des péchés et que nous sommes justifiés devant Dieu par pure grâce, à cause de
Jésus-Christ et par la foi […] (Confession d‘Augsbourg, Article 4: De la justification)
C’était la critique du principe des indulgences de Luther qui déclencha la grande controverse décisive du 16e siècle à l’intérieur de l’Eglise aboutissant bientôt au schisme définitif de
la chrétienté occidentale et au développement appelé, aujourd’hui, les Lumières de l’Europe.
Le 31 octobre 1517, Martin Luther adressa une plainte et pétition écrite à
l’archevêque Albrecht de Brandenbourg en désignant les conséquence catastrophiques de la campagne des indulgences de Tetzel et faisant appel à
la responsabilité du prince de l’Eglise. Il avait ajouté 95 thèses prévues à
servir comme base d’une disputatio académique concernant
la question des indulgences. Au même temps, il avait distribué des copies
à ses amis ce qui garantissait une prompte diffusion. Il appuyait cette démarche au droit et au devoir d’un professeur de théologie de disputer en
public des problèmes reconnus mais pas encore décidés par le Magistère
de l’Eglise. Néanmoins, des mesures contre Martin Luther étaient prises
d’office par les autorités ecclésiastiques..
Les 95 thèses de Martin Luther abordent déjà tous les thèmes importants de la théologie de Luther développée au cours des disputes avec l’Eglise. L’homme pécheur y est
au centre avec ses luttes contre le péché et son espoir de la délivrance qui ne peut être
accordée par aucune pénitence mais seulement par la grâce de Dieu. La querelle des indulgences s’avère très vite une mise en question fondamentale concernant la légitimité
de l’autorité ecclésiastique.
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Aufklärung als Erbe und Auftrag
für die Zukunft Europas
Das nächste Jahrhundert wird von Tag zu Tag mehr erleuchtet sein;
im Vergleich dazu werden alle vergangenen Jahrhunderte als eine Zeit der Finsternis gelten.
Pierre Bayle, 1697
Aufklärung in Deutschland,
Illuminismo in Italie,
Enlightenment in England:
Seit der ersten Hälfte des 18. Jahrhunderts tauchen überall in Europa neue Ideen auf, die
sich der Metapher vom Licht bedienen und eine Bewegung für Gedanken- und Handlungsfreiheit auslösen, fort von allem Obskurantismus und statt dessen von der Vernunft geleitet, die allen Menschen auf Erden gleichermaßen zur Verfügung steht.
Pierre Bayle (1647 – 1716), Literat von unvergleichlicher Gelehrsamkeit, großer Skeptiker und Kämpfer für Gedankenfreiheit, ist einer der Vorläufer des
Rationalismus. Als Verbannter in Rotterdam, dem Refugium der Hugenotten,
übernahm er sehr wirksam die Rolle eines Vermittlers von Texten und Ideen
in ganz Europa. Er war der Überzeugung, dass niemand für sich allein die
Wahrheit beanspruchen und anderen gewaltsam aufzwingen könne, und wurde damit
zu einem Apostel der Toleranz.
Seine Werke, vor allem sein Dictionnaire Historique et critique, inspirierten die Philosophen des 18. Jahrhunderts und kündigten bereits die Aufklärung an.
Im europäischen Bewusstsein spielt die Zeit der Aufklärung eine grundlegende Rolle. Sie ist der wichtigste Beitrag Europas zur Geschichte der Kulturen. Denn zum ersten Mal wurde Europa nicht als einheitlicher Block –
religiöser oder machtpolitischer Art – gedacht, sondern in seiner Vielfalt.
Es war diese Vielfalt, die das unabhängige und konstruktive kritische Denken der Aufklärung erst ermöglichte: Ihre wichtigsten Akteure profitierten davon, dass sie fremde
Sitten kennenlernten und dadurch ihre eigenen Institutionen und Bräuche besser durchschauten; sie suchten die Unterstützung anderer Europäer, um sich die Richtigkeit ihrer
eigenen Sicht bestätigen zu lassen.
Das Europa der Aufklärung ist ein gleichzeitig geeinter und vielgestaltiger Raum, in dem die Ideen frei zirkulieren – ebenso wie einige mutige
Individualisten, entfernte Vorfahren der Europäer von heute.
Die Philosophen der Aufklärung sind Nachkommen von Galileo, Pascal und Leibniz.
Sie unterscheiden sich von Descartes darin, dass sie, in Nachfolge von Locke, davon
ausgehen, dass Erkenntnis nicht angeboren ist, sondern aus Erfahrung gewonnen wird.
Sie vertiefen sich in die Ideen, die im Laufe der Jahrhunderte seit der Antike entstanden
sind, prüfen sie erneut, stellen sie in Frage und setzen sie neu zusammen.
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Zu ihrer Erkenntnissuche gehört zunächst einmal der Zweifel an den überkommenen Lehren, weiterhin die Öffnung für alle möglichen Wissensgebiete mit einer Vorliebe für die exakten Wissenschaften und schließlich ein
unerschütterlicher Glaube an die Macht der Vernunft. In ihren Augen ist die
exakte Naturwissenschaft das Mittel, die Menschen von Aberglauben und
Fortschrittsfeindlichkeit zu befreien. So unterwerfen sie ihr Denken nicht mehr dem alleinigen Maßstab und Gedankengebäude einer christlichen Sicht auf das Universum.
Wahlspruch der Aufklärung ist der Satz von Kant in seinem Werk Was ist Aufklärung?:
Wage zu wissen! Habe den Mut, dich deines eigenen Verstandes zu bedienen!
Die Frage Was ist Aufklärung wurde von Pfarrer Zöllner, Mitglied in einem
Berliner Freundeskreis von Aufklärern, der sog. Mittwochsgesellschaft, in
deren Zeitschrift Berlinische Monatsschrift im Dezember 1783 gestellt.
Moses Mendelssohn antwortete im September 1784, indem er die wichtigen
Begriffe Kultur und Bildung definierte, sich aber gleichzeitig gegen Missbrauch wendet und betont, dass der aufgeklärte Verstand des Menschen mit dem des
Bürgers in Konflikt geraten kann.
In der berühmt gewordenen Antwort, die er im Dezember 1784 in Berlin veröffentlichte, bezeichnet Immanuel Kant seinerseits die Aufklärung als Emanzipation des Menschen durch Erkenntnis, da für ihn die Menschenwürde
durch intellektuelle Selbstbestimmung gekennzeichnet ist.
Aufklärung ist der Ausgang des Menschen aus seiner selbst verschuldeten Unmündigkeit. Unmündigkeit ist das Unvermögen, sich seines Verstandes ohne Leitung eines andern zu bedienen. Selbst verschuldet ist diese Unmündigkeit, wenn
die Ursache derselben nicht am Mangel des Verstandes, sondern der Entschließung und des Muthes liegt, sich seiner ohne Leitung eines andern zu bedienen.
Sapere aude! Habe den Muth, dich deines eigenen Verstandes zu bedienen! […]
Faulheit und Feigheit sind die Ursachen, warum ein so großer Teil der Menschen,
nachdem sie die Natur längst von fremder Leitung frei gesprochen hat, dennoch gerne Zeitlebens
unmündig bleiben; und warum es andern so leicht wird, sich zu deren Vormündern aufzuwerfen.
Es ist so bequem, unmündig zu sein. […]
Wie steht es heute, angesichts der Globalisierung, mit dem Geist der Aufklärung, nachdem
die Länder Europas nicht mehr durch Grenzen voneinander getrennt sind und demokratisch regiert werden? Was ist von diesem reichen Erbe übrig geblieben in den öffentlichen
Debatten über Laizität, über Entartungen der Wissenschaft, Sitten, Solidarität … ?
Die Ausstellung Aufklärung will mit ihrem eigenen Blick auf die Vergangenheit unsere
heutige Gegenwart befragen.
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Der Geist der Aufklärung
Wer die Feder hat, hat auch den Krieg.
Diese Welt ist ein gewaltiger Tempel der Zwietracht.
Voltaire, Brief an Marie-Louise Denis, 1752
Das aufklärerische Denken ist von vielen einzelnen Menschen
getragen worden. Weit davon entfernt, sich untereinander einig zu fühlen, verbrachten sie ihre Zeit mit hitzigen Diskussionen von einem Land zum anderen, aber auch im Inneren der
Länder. Europa ist der am meisten zerstückelte Kontinent, sagte David Hume, einer der
größten Skeptiker unter den Philosophen. Die Aufklärung ist aus diesen Auseinandersetzungen entstanden.
Die neue Einheit Europas besteht gerade aus diesen Auseinandersetzungen, und nur so hat die Aufklärung entstehen können. Ohne die Existenz
des europäischen Raumes, der gleichzeitig ein Ganzes bildet und vielfältig
ist, hätte die Aufklärung nicht stattfinden können. Vorher bezog der Kontinent seine Identität aus einer erzwungenen Einheit, als Römisches Reich, als
christliches Abendland. Das Besondere im Europa der Aufklärung besteht
darin, dass zu dieser Zeit die Unterschiede der verschiedenen Teile, aus denen es besteht, anerkannt und wertgeschätzt wurden.
Mit seiner Abhandlung Über den Ursprung und die Grundlagen der Ungleichheit unter den Menschen liefert Rousseau einen entscheidenden Beitrag zum
Geist der Aufklärung und verändert die gesamte Landschaft der staatstheoretischen Philosophie in seinem Jahrhunderts. Seiner Ansicht nach sei
der Mensch ebenso wie das Tier dem Naturrecht unterworfen, aber anders
als dem Tier stehe es ihm frei, dem nachzugeben oder zu widerstehen. Ursprung der Ungleichheit und Korruptheit unter den Menschen käme dagegen durch eine Gesellschaftsordnung, die auf dem Eigentumsrecht basiere.
Die Zeit der Aufklärung lebt von öffentlich ausgetragenen Debatten und nicht so sehr
von einem Konsens. Es entspricht den damaligen Sitten der Intellektuellen, dass der
Text von Rousseau verbissene Kontroversen auslöste, vor allem von seiten Voltaires, der
Meister literarischer Gefechte war. Gefährliche Vielfalt. Und dennoch gibt es einen gemeinsamen Geist der Aufklärung.
Auf dem Bild malt Menzel eine typische Tischrunde am Hof des Königs
von Preussen. Der König, gar nicht besonders herausgestellt, hat Wissenschaftler, Künstler und Philosophen zum Essen eingeladen. Voltaire,
links, spricht auf ihn ein, man hört ihm zu mit Interesse und Amüsement,
andere diskutieren untereinander. Die Stimmung ist zwanglos, freundschaftlich, lebhaft.
15
Der deutsche Maler Adolph von Menzel (1815-1905) hat das Leben des Preussenkönigs
Friedrich II. mit der Genauigkeit eines Historikers aufgemalt. Friedrich II., der sich selbst
der erste Diener seines Staates nannte, hat die Ideen der Aufklärung mitgetragen. Als
Philosoph und Liebhaber französischer Literatur lud er Voltaire an seinen Hof. Trotz
mancher Differenzen zeugt ihre umfangreiche Korrespondenz vom gegenseitigen Respekt bis zum Tode von Voltaire.
Die Grafik von Jean Huber (1721-1786) gibt eine Vorstellung davon, wie
Voltaire Hof hielt. Nachdem ihm ein Aufenthalt in Versailles untersagt
war und er sich dauerhaft bedroht fühlte, hatte er einen Landsitz erworben, zwar noch in Frankreich, aber vor den Toren von Genf, wo er sich
zum Gastgeber Europas entwickelte.
Die von Huber vorgestellte Szene ist erfunden: Diderot kam niemals nach Ferney, und
die anderen Gäste weilten dort zu verschiedenen Zeiten. Dargestellt in der Runde um
Voltaire sind: Vater Adam, der Abt Maury, d’Alembert, Condorcet, Diderot, La Harpe.
Drei Grundideen stehen im Zentrum der Aufklärung und ihrer zahlreichen Fortentwicklungen:
die Autonomie des Individuums,
der Mensch als Zweck und Ziel unseres Handelns,
und schließlich der Gedanke der Universalität.
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Ideale und Prinzipien
Der Austritt des Menschen aus dem Paradies […] ist nichts anderes als die Entwicklung der
primitiven Kreatur aus dem rein Animalischen in einen Zustand der Menschlichkeit.
Immanuel Kant, 1786
Der Anspruch auf Autonomie verändert die politische Gesellschaft grundlegend; er vollzieht und besiegelt die Trennung von zeitgebundenem Leben und zeitüberdauernder Spiritualität, die Trennung
des Religiösen vom Politischen. Um selber denken zu können, braucht der Mensch vollständige Freiheit, um zu prüfen, zu hinterfragen, zu kritisieren, in Zweifel zu ziehen. Für die Philosophen der Aufklärung waren keine Dogmen, keine Institution mehr unantastbar.
Die Bevormundung der Menschen vor der Aufklärung war vor allem religiöser Art. Daher wandte
sich die Kritik der meisten Menschen vor allem gegen die Religion, mit dem Ziel, dass jeder Mensch
sein Schicksal selber in die Hand nehmen könne. Es solle nicht länger die Vergangenheit sein, die das
Leben der Menschen bestimmt, sondern die Gestaltung der Zukunft.
In seinem Timaios beschreibt Plato die Erschaffung des Kosmos wie die Herstellung einer harmonischen Ordnung aus einem ursprünglich undifferenzierten Zustand, mit der
Vorstellung, dass die Schöpfung den höheren Prinzipien der Geometrie gehorche. Entsprechend dieser Annahme wurde im Mittelalter Gott als Geometer mit einem Zirkel
dargestellt, der die Schöpfung ordnet. In dem Maße, in dem sich das wissenschaftliche Denken formt,
gewinnt im 18. Jahrhundert die Vorstellung einer auf mathematischer Grundlage beruhenden Schöpfung an Genauigkeit: Mit den kosmologischen Modellen, die Pierre-Simon de Laplace (1749-1827) in
seiner Abhandlung über die Himmelsmechanik entwickelt, spart er den Schöpfer aus.
Die Aufhebung des Edikts von Nantes durch Ludwig XIV. entfachte erneut die Religionskämpfe, und
ein Großteil der Protestanten musste ins Exil gehen. Diejenigen, die blieben, versammelten sich heimlich, um ihre Gottesdienste zu feiern. 1724 verschärfte Ludwig XV. die Unterdrückung der geheimen
Versammlungen in besonders krasser Weise: Die Frauen wurden in Klöster eingesperrt, die Männer
auf Galeeren geschickt und die Pastoren hingerichtet. Die religiöse Intoleranz wütete unter dem Vorwand, die verirrten Seelen retten zu wollen. Die Philosophen prangerten die Heuchelei an, hinter der
nichts anderes als kurzfristige Interessen und eine übermäßige Macht der Kirche stecke. Ihre Kritik
sparte auch gewisse Repräsentanten christlicher Kirchen nicht aus, seien es Jansenisten oder Jesuiten,
Anglikaner oder Protestanten.
In Toulouse wurde am 15. Oktober 1761 Marc-Antoine Calas erhängt in seinem Haus
aufgefunden. Sein Vater, Jean Calas, Protestant und Tuchhändler, wird angeklagt, ihn ermordet zu haben, um zu verhindern, dass er katholisch wird. Er wird vom Parlament von
Toulouse verurteilt und im März 1762 bei lebendigem Leib gerädert. Voltaire, der von der
Unschuld des Vaters überzeugt ist, trägt den Fall an die Öffentlichkeit, um eine Revision des Prozesses
zu bewirken. Tatsächlich erreicht er eine erste Entscheidung zugunsten von Calas und nutzt die Gelegenheit, um mit seiner Abhandlung über die Toleranz den Fanatismus anzuprangern (1763). Damit
der Fall neu verhandelt werden kann, muss die Familie Calas in Paris ins Gefängnis gehen. Der Maler
Carmontelle (1717-1806) engagiert sich rückhaltlos in dieser Affäre und erklärt sich bereit, eine Grafik anzufertigen, sie mit Hilfe von Diderot und dem Deutschen Friedrich Melchior von Grimm (17231807) zu verkaufen und den Erlös der Familie zu spenden. Calas wurde im März 1765 rehabilitiert.
Die Kritiker greifen die Kirche an, nicht den Glauben. Sie richten sich genau so gut gegen Frömmler
wie gegen reine Materialisten.
William Hogarth (1697-1764) ist einer der ersten Maler, die auf realistische Weise den Alltag
in London dargestellt haben, der damals größten Stadt Europas mit seinen 600 000 Einwohnern. Mit beißendem Humor kritisiert er heftig die Sitten seiner Zeitgenossen, angefangen
von religiöser Heuchelei bis hin zu politischer Korruption. 1732 geht Hogarth zusammen
mit Freunden auf Große Fahrt in Kent. Nach seiner Rückkehr verfertigt er die Grafik, mit der
er einen anglikanischen Pastor, der vor den eingeschlafenen Bauern predigt, lächerlich macht.
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Am 1. November 1755 am Morgen um 9:30 Uhr wird die Stadt Lissabon von einem
großen Erdbeben heimgesucht, dessen Erschütterungen bis nach Venedig reichen.
Dabei wird eine Feuersbrunst ausgelöst, die beinahe sechs Tage lang dauert. Kurz
nach den ersten Erdstößen bricht eine gewaltige Woge über dem Hafen ein, trägt
Menschen und Häuser fort und zerstört schließlich die gesamte Unterstadt. Man zählt ungefähr 15 000
Tote. Die Stadt ist zu drei Vierteln zerstört. Das Erdbeben erschüttert Gelehrte und Philosophen in ganz
Europa und eröffnet eine grundlegende Debatte über Unglück und Prädestination, die den Optimismus der Philosophen in Frage stellt. Voltaire schreibt sein Poème sur le désastre de Lisbonne ou Examen de
cet axiome: Tout est bien (1756), in dem er über Vorsehung und die Existenz des Bösen raisonniert. In der
Tat, wenn es das Böse gibt, dann kann es keine Vorsehung geben. Also, was soll man nun glauben?
Es ist nicht Absicht der Aufklärer, die Religion abzulehnen, sondern statt dessen wollen sie vielmehr
zu Toleranz hinführen und die Gewissensfreiheit verteidigen, so wie es Voltaire im Fall Calas vorführt
oder Lessing mit seinem Nathan der Weise.
Lessing (1729-1781), Verkörperung eines kritischen Geistes, war der erste große Theaterdichter Deutschlands. Als Folge einer polemischen Auseinandersetzung mit einem intoleranten
Hamburger Pfarrer beschließt er, ein Manifest für Toleranz und gute Werke zu schreiben. In
seinem Stück Nathan der Weise stellt er Juden, Christen und Moslems im Jerusalem zur Zeit
der Kreuzzüge einander gegenüber. Es ist der Jude Nathan, inspiriert durch seinen Freund
Moses Mendelssohn, der die Weisheit verkörpert. Zentrum des Stücks ist die Ringparabel, mit der Nathan Antwort gibt auf die Frage Saladins, welche der drei Religionen denn die wahre sei: Es komme
nicht so sehr auf die Richtigkeit der Grundüberzeugungen an, sonderndie höchste Glaubenswahrheit
zeige sich in den guten Taten, die ein Leben in Harmonie mit Gott und den Menschen möglich machen.
Seither ist das Stück eines der großen klassischen Werke des deutschen Theaters.
Die Philosophischen Schriften von Moses Mendelssohn, deren erste Ausgabe von 1761
stammt, sind eine Sammlung seiner seit 1755 veröffentlichten Untersuchungen über die
Empfindungen. Es sind seine ersten Schriften über Ästhetik, kritische Abhandlungen oder
Schriften zur Metaphysik, Betrachtungen über das Erhabene, die objektiven und die subjektiven Komponenten der Schönheit und ihrer Nachahmung. 1763, noch vor Kant, bekommt der jüdische Philosoph den ersten Preis der Akademie von Berlin für Erkenntnisphilosophie.
Mit seinem Phaidon – Dialoge über die Unsterblichkeit der Seele – in dem er seine Wertschätzung für die
Philosophie der Aufklärung mit treuem jüdischen Glauben verbindet, wird er international bekannt.
1783 veröffentlicht er seine Übersetzung des Pentateuch ins Deutsche, aber in hebräischer Schrift, um
den Juden das Erlernen des Deutschen zu ermöglichen und damit die gesellschaftliche Integration zu
erleichtern. Ein grundlegendes Werk und ein schönes Lehrstück von Toleranz, indem es Gewissensfreiheit und religiöse Neutralität des Staats proklamiert.
Bernard Picart (1673-1733), Grafiker und Maler, katholischer Konvertit zum Protestantismus und seit
1710 in Amsterdam ansässig, veröffentlichte die Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du
monde. Darin stellt er die verschiedenen Kulte und Religionen der Menschen als vollkommen gleichwertig nebeneinander. Dieses monumentale Werk hatte großen Erfolg, vor allem wegen der Qualität
der beinahe 600 Radierungen und Grafiken. Es sind originelle Kompositionen, in denen echte Volkskunde mit reiner Phantasie vermischt wird, wobei eine Unterscheidung nicht immer möglich ist.
Das Titelbild von 1772 zeigt eine friedliche Versammlung verschiedener Religionen: im
Vordergrund erklärt der Islam den Koran; dahinter beschneidet die reformierte Religion
mit einem Buschmesser die überflüssigen Zweige von Calvin und Luther an dem nahe
stehenden Baum; Aufrecht, mit der Tiara gekleidet, erhebt sich die katholische Kirche
über den Rabbi und über das Römische Reich, während ein griechischer Patriarch sich
vor ihm verbeugt; im Hintergrund sieht man verschiedene Kulte der Welt.
Alle Glaubensformen werden in der Aufklärung wahrgenommen und beschrieben: die verwandten
Religionen wie das Judentum und der Islam oder die entfernteren Religionen in Indien und China,
aber auch die der heidnischen Naturvölker in Ozeanien, Schwarzafrika oder Amerika.
18
Emanzipation und Autonomie
Die Menschen sind von Natur aus gleich, weil sie unter den gleichen naturgegebenen
Bedingungen geboren werden. Diese Gleichheit ist Prinzip und Grundlage aller Freiheit.
John Locke, 1690
Damit ein Einzelner seine Freiheit ergreifen kann, muss er selbständig sein. An erster
Stelle wird Selbständigkeit durch Erkenntnis erworben. Dabei gilt das Prinzip, dass
keinerlei Autorität, sei sie noch so anerkannt und ausgezeichnet, vor Kritik sicher ist.
Es ist die Vernunft, die als Werkzeug der Erkenntnisgewinnung herausgestellt wird.
Nachdem das alte Joch abgeworfen ist, werden die Menschen ihre neuen Gesetze und
Normen nur noch nach auf den Menschen orientierten Gesichtspunkten festsetzen – Magie und
Erleuchtung haben keinen Platz mehr. Die Erkundung des Diesseits soll jedem einzelnen erlauben, Herr seiner selbst und seines Lebens zu werden.
Der interessefreie Blick von außen kann zu einem hellsichtigeren Urteil führen als der auf
die eigenen Landsleute. Reisen und Aufenthalte in fremden Ländern sehen die aufgeklärten
Menschen im 18. Jahrhundert als ausgezeichnete Geistesbildung: sie überwinden ihre eigenen Grenzen durch Anschauung. Es gibt zahlreiche und verschiedenartige Religionen auf der
Welt, bestätigen die Reiseberichte der Zeit; systematische Darstellungen werden geschrieben:
Muselmanen und Juden, Inder und Chinesen, Naturvölker Afrikas und Amerikas sind Ziel der
der Neugier. Man muss jedem Land die Wahl seiner Glaubensrichtung und jedem Einzelnen
seine Gewissensfreiheit selbst überlassen. Das Bedürfnis, die anderen zu bekehren, muss der
Toleranz weichen, nicht nur zwischen Katholiken und Protestanten, sondern auch zwischen
Christen und Nicht-Christen oder Gläubigen und Ungläubigen.
Im 18. Jahrhundert wird Toleranz neu definiert. Ihre passive Haltung, oft genug mit Geduld oder
Gleichgültigkeit gepaart, wird mit der Zeit als ein positiver Wert wahrgenommen. Diese Veränderung findet zur Zeit der Aufklärung in einem Umfeld statt, das von der Religionsfrage beherrscht
wird. Ganz Europa erholt sich von den lang andauernden Religionskriegen, vor allem in Frankreich aber werden die Debatten durch die Entscheidung des Königs Ludwig XIV., das Edikt von
Nantes aufzuheben, angeheizt. Ein neues Glaubenskonzept rechtfertigt die Pflicht zur Toleranz: Gott
hat dem Menschen die Vernunft gegeben, um ihm, ohne Vermittlung der Kirche, Zugang zu seinem Gewissen zu eröffnen, zur Botschaft des Evangeliums und zum Seelenheil. Jedem Gewissen
steht ein Recht auf Irrtum zu, und das Recht des Herrschers endet dort, wo das Gewissen regiert.
Die Gesellschaft Jesu vereinigt bei sich alles, was die Philosophen der Aufklärung
bekämpfen: sie wird als ein religiöser Orden mit undurchsichtigen Regeln gesehen,
heuchlerisch, intrigant, Anstifter zum Königsmord, dessen Mitglieder sich streng einer Hierarchie unterwerfen, die nicht im eigenen Land, sondern von außerhalb gesteuert wird, sie spielen
eine wichtige Rolle in der Erziehung, und ihre Funktion als Beichtvater der Könige macht alles
nur noch schlimmer. Der Hass auf die Jesuiten ist in Europa weit verbreitet. Dies ist der Kontext, in dem diese Grafik gesehen werden muss. Sie zeigt die Jesuiten, mit Dolchen bewaffnet
und gierig nach Geldgewinn, wie sie schließlich von einem Ungeheuer fortgetragen werden.
Seit das Edikt von Nantes aufgehoben wurde, ist der protestantische Gottesdienst
verboten, und die Kirchen wurden zerstört. Viele Gläubige werden verfolgt und
fliehen ins Exil. Trotzdem finden immer noch heimliche Versammlungen statt, vor allem in
den Cevennen, wo die Repression einen regelrechten Bürgerkrieg hervorgeruft, der sich dauerhaft ins Gedächtnis eingeschrieben hat. Diese Versammlungen werden „Wüste“ genannt in
Anspielung an die Wüstenzeit der Hebräer (Exodus), die vierzig Jahre umher irrten, ehe sie das
19
Gelobte Land fanden. Damals entstand die Kampagne für Toleranz, die dann im November
1787 zu dem Edikt führte, das den Nicht-Katholiken die Staatsbürgerschaft zuerkannte und
damit eine legale Existenz ermöglichte.
Die jüdischen Gemeinschaften, die man im 18. Jahrhundert in Europa antrifft, leben
unter sehr verschiedenartigen Bedingungen: einige reiche und gebildete Familien
gibt es in Berlin, dem gegenüber gibt es zum Beispiel die Masse der Völker aus Osteuropa, die
nur Jiddisch sprechen. Die Zeit der Aufklärung ist dadurch gekennzeichnet, dass die Gemeinden aus der Isolierung innerhalb der Gesellschaft heraustreten. Die Emanzipationsbewegung,
oder genauer die soziale und politische Integration kommt mit Moses Mendelssohn zunächst
in Preussen in den Jahren 1780 in Gang und findet sofort ein Echo in Frankreich, wo die Revolution den Juden gleiches politisches Recht zugesteht.
Für die Denker der Aufklärung sind alle Menschen Teil ein und derselben Natur:
Alles, was innig mit der menschlichen Natur verbunden ist, gleicht sich auf Erden von einem Ende bis zum anderen.
(Voltaire)
Geschichte und Geographie reichen aus, um die Unterschiede zwischen den Menschen zu erklären:
An erster Stelle bin ich Mensch, Franzose nur durch Zufall. (Montesquieu)
Der Kampf um die Gewissensfreiheit, die jedem die Wahl seiner Religion überlässt, setzt sich
fort in einer Forderung nach freier Meinungsäußerung in der Rede und in Veröffentlichungen.
Man fängt an, die Freiheit des Individuums gegenüber jeder staatlichen Macht, legitim oder
illegitim, in den Grenzen seiner eigenen Sphäre zu kultivieren.
Den Menschen mit seiner eigenen Gesetzlichkeit zu sehen, bedeutet auch, ihn in seiner
Ganzheit zu akzeptieren, so wie er ist, und nicht so, wie er sein sollte. Nämlich bestehend
aus Körper und Geist, Gefühl und Vernunft, sinnlich und nachdenklich. Die Menschheit ist
unendlich vielgestaltig – was man auf Reisen von einem Land zum anderen sehen kann,
aber auch von einer Person zur anderen. Die Eigenständigkeit des Individuums zeigt sich
sowohl in seinem Lebensrahmen als auch in seinen Werken.
Joshua Reynolds (1723-1792) ist einer der Mitbegründer der Royal Academy und
ihr erster Präsident. 1784 wird er offizieller Maler am königlichen Hof. Er gilt als das
Oberhaupt der englischen Schule. Im 18. Jahrhundert zeigt die steigende Nachfrage
nach Porträts, vor allem in England, eine Ausbreitung kulturellen Interesses. Mit den
Porträts versteht es Reynold, Bilder für die Öffentlichkeit von seinen Modellen herzustellen.
Alle Verwaltungsbereiche der Gesellschaft haben die Tendenz zu verweltlichen, auch wenn die
einzelnen Menschen gläubig bleiben. Diese Entwicklung betrifft nicht nur die politische Macht,
sondern auch die Rechtsprechung: einzig die Straftat, die der Gesellschaft Schaden zufügt,
muss unterbunden werden, im Unterschied zur Sünde, einem lediglich moralischen Vergehen
im Hinblick auf eine Tradition. Gerade in den großen Städten wird die Freiheit des Einzelnen
begünstigt und gibt es gleichzeitig Gelegenheit für Versammlungen und gemeinsame Debatten.
Außerdem gibt es die regelmäßig erscheinende Presse, die öffentlichen Debatten Platz bietet.
Linguet, ein angesehener Publizist, stürzt sich in den Journalismus, nachdem er von
der Anwaltskammer in Paris ausgeschlossen worden war. Seine Zeitung wird sowohl
von der königlichen Familie als auch vom einfachen Pariser Volk gelesen. Die Grafik
nimmt den Sturm auf die Bastille vorweg. Auf der zerstörten Mauer steht ein Satz aus
der königlichen Deklaration von 1780, der gemäß neue, etwas menschenwürdigere
Gefängnisse eingerichtet werden sollen.
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Die Welt verstehen
Durch die sichtbaren Übel der Welt, diese Flecken auf einer Sonne, von der wir nur einen Strahl
erblicken, wird ihre Schönheit nicht im entferntesten vermindert, sondern gerade hervorgehoben.
Gottfried Wilhelm Leibniz, 1710
Die Vorstellung von der Natur im 18. Jahrhundert umfasst zahlreiche Bedeutungsfelder. Philosophie, Religion, Wissenschaft – mit der Frage nach der Rolle der Natur wird vieles aufs Spiel
gesetzt, sowohl die Bedeutung Gottes in der Natur als auch die Rolle des Menschen. Das vernunftorientierte Vorgehen der Menschen zur Zeit der Aufklärung ist darauf aus, die die materielle Welt beherrschenden Gesetze durch empirische Untersuchungen herauszufinden. An die
Stelle der einen göttlichen Gewissheit tritt eine Vielzahl von Welterklärungen.
Die bestimmende Figur des Jahrhunderts ist Newton, der gelehrte Wissenschaftler,
dem es gelang, die Bewegung der Himmelskörper und die der Gegenstände auf Erden auf ein einheitliches Prinzip zurückzuführen. Er ist Initiator der Experimentalphysik und formuliert das Gravitationsgesetz. Seine Bedeutung für das Jahrhundert
der Aufklärung ist vergleichbar mit der Bedeutung Darwins für die nachfolgenden
Jahrhunderte. In den Principia Mathematica erklärt er die Himmelserscheinungen
und die des Meeres durch Einführung der Anziehungskraft, der Gravitation, allerdings behauptet er an keiner Stelle, er könne den Ursprung dieser Kraft erklären.
Diese gewollte Beschränkung auf Beobachtungen und erforschte Fakten führt zu
Kontroversen mit dem herausragenden Philosophen Leibniz, der die Überzeugung
vertritt, die Physik ließe sich nicht von der Metaphysik trennen.
Leonhard Euler mit seinen Arbeiten über das gesamte Gebiet der Mathematik, der
Himmelsmechanik und der Physik beherrschte die Wissenschaft des 18. Jahrhunderts. In Basel geboren und Schüler von Bernoulli, kommt er 1727 an die Akademie
der Wissenschaften von Sankt-Petersburg. 1741 dann beruft ihn Friedrich II an die
Akademie von Berlin, wo er die mathematische und physikalische Abteilung leitet. Dort veröffentlicht er 1744 seine grundlegende Arbeit zur Berechnung der Planetenbahnen und legt die
Basis für eine analytische Mechanik, die Joseph Louis Lagrange im Jahre 1788 vollendet. Voltaire
gehörte ebenfalls zu dem Gelehrtenkreis am Hofe Friedrichs II. Euler, ein einfacher, religiöser
Mann und verbissener Arbeiter, war in vielerlei Hinsicht das Gegenteil von Voltaire, der ihn oft
genug zum Ziel seines geistreichen Spotts machte. Emanuel Handmann, ein schweizer Porträtist mit sehr gutem Ruf, in Basel geboren wie Euler, ist ein unerbittlicher Realist, wie man an dieser Darstellung erkennen kann: Euler war tatsächlich auf seinem rechten Auge beinahe blind.
Die Gravitationstheorie von Newton wird in Frankreich nur langsam angenommen. Maupertuis, Mathematiker, Astronom und Physiker hat als erster eine Abhandlung über Newton geschrieben. In seiner anderen Arbeit Diskurs über die Sternbilder stellt er sich der Methode von
Descartes entgegen, die auf Annahmen der Metaphysik beruhe. Induktive Logik und Experiment seien die alleinigen Grundlagen der neuen analytischen Methode.
Maupertuis hat als erster eine Abhandlung über Newton in der Akademie der Wissenschaften von Paris vorgestellt. Nach einem Englandaufenthalt schreibt er 1732
die Arbeit über die Gesetze der Anziehungskraft, in der er die Thesen von Newton vorstellt und vorführt, inwiefern die allgemeine Gravitation ein physikalisches
Prinzip ist, das keine Ausnahme zulässt.
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1738 unternimmt Maupertuis eine Expedition nach Lappland, um den Cartesianern zu beweisen, dass die Erde an ihren Polen abgeflacht ist. 1741 bittet er den Maler Daullé, von ihm eine
Grafik anzufertigen, auf der er in der Tracht der Lappländer zu sehen ist und die Hand auf den
Pol legt.
Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, verheiratet mit Florent Claude, Marquis Du
Châtelet, ist eine wahrhaft passionierte Wissenschaftlerin der Physik. Sie erhielt Unterricht in Mathematik bei dem großen Gelehrten Moreau de Maupertuis und dann
bei dem Mathematiker und Physiker Alexis Claude Clairaut (1713-1765), der in ganz
Europa durch seine Theorie der Erdgestalt bekannt wurde, in der er die Gesetze der Himmelsmechanik, die Newton noch mit Hilfe der Geometrie dargestellt hatte, mathematisch umsetzte.
Voltaire, der sich bei seinem Englandaufenthalt von den neuen Ideen Bacons, Newtons und
Lockes überwältigen ließ, hatte gerade seine Philosophischen Briefe veröffentlicht, die den Triumph des Newton’schen Systems gegenüber der Physik von Descartes ankündigen. Diese fünfundzwanzig Briefe stellen eine regelrechte Reportage über England und seine politischen und
ökonomischen Institutionen und das intellektuelle und religiöse Leben dar und eine indirekte Verurteilung der französischen Monarchie mit allen ihren veralteten Regeln und Verboten.
1735 wird Voltaire polizeilich so unter Druck gesetzt, dass er Paris überstürzt verlassen muss.
Madame Du Châtelet bietet ihm Zuflucht auf ihrem Schloss de Cirey, in der Lorraine, wo sie ein physikalisches Labor eingerichtet hatte. Dorthin lädt sie Anhänger Newtons ein, Maupertuis, Clairaut,
Bernoulli, und nimmt, angetrieben von dem vordringlichen Wunsch, die Welt zu verstehen, an den
großen Debatten teil. Nie gab es eine Frau von größerer Gelehrsamkeit als sie, und keine Frau hätte weniger
verdient, eine gelehrte Frau genannt zu werden. Sie sprach nur mit denen über Wissenschaft,
von denen sie etwas zu lernen hoffte, und sie sprach niemals, um sich hervorzutun. (Voltaire)
Ende 1744 beschloss Émilie Du Châtelet, die Principia von Newton zu übersetzen: sie
verbrachte damit vier Jahre, ehe sie dann einen Kommentar zu dem dritten Absatz
The system of the world in Angriff nahm.
Francesco Algarotti wurde für einige Monate nach Cirey eingeladen, wo er seine erfolgreiche Arbeit Newton für die Dame entwarf. Die Unterhaltungen mit Voltaire und
Madame Du Châtelet dienten als Modell für die Dialoge seines Buchs, mit deren Hilfe er Newtons Erklärungen zum Licht und den Farben in Form galanter Unterhaltungen darlegt.
Newtons Ideen auch den Nicht-Spezialisten zugänglich zu machen, war ein Kraftakt, den
Voltaire vollführte, obwohl er weder Mathematiker noch Physiker war. Fünfzig Jahre nach den
Principia veröffentlicht er seine Elemente und führt den überwiegend cartesianisch denkenden
Franzosen das grundlegende Gesetz der Gravitation vor. Seit dem allgemeinen Exposé zur
Physik Newtons in den Philosophischen Briefen von 1734 hat Voltaire an der Seite von Madame
Du Châtelet und Algarotti in Cirey viel dazugelernt. Aber, weit entfernt von all jenen, die Newton rein materialistisch interpretieren, findet Voltaire bei ihm gerade die Begründung für seinen Gottesglauben (Deismus): An der Uhr erkennt man den Uhrmacher.
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Beherrschung der Natur
Ein erfinderischer Geist ist immer unzufrieden mit seinen Fortschritten, denn er sieht über sie hinaus.
Jean Baptiste le Rond d’Alembert, 1751
Die Natur ist nicht mehr eine okkulte Macht, der man mit Vernunft nicht beikommen kann; sie
ist vielmehr durch Gesetze zusammengefügt, die die Welt auf geordnete und erkennbare Weise
regieren. Außer dass einige wissenschaftliche Fortschritte zu verzeichnen sind, besteht der größte Ertrag in einer allgemeinen Verbreitung des wissenschaftlichen Denkens, in der Befreiung
der Forschung und im Nachdenken über Behinderungen durch Religion und der Metaphysik.
Buffon (1707-1788) ist ein Denker, der sich allen Gebieten der Naturgeschichte zugewandt hat unter Vermeidung von religiösen Sehweisen oder metaphysischen
Überlegungen. Er ist ein Beispiel für jemanden, der die Vorstellung, die Natur sei
der Spiegel einer transzendenten Ordnung, in Frage stellt und statt dessen die wissenschaftliche Bestimmung der erkennbaren, quantifizierbaren physikalischen Naturgesetze fördert. Als Intendant des Königlichen Gartens, seit 1739, verwandelt er ihn in ein
Forschungszentrum und ein Museum, die ihm als Basis für sein monumentales Projekts einer
Allgemeinen Naturgeschichte dienten, die noch zu seinen Lebzeiten in 36 Bänden erschien. In
seinem Werk setzt er den Menschen neben den Affen, und indem er eine mögliche Verwandtschaft zwischen beiden aufzeigt, bereitet er die Idee der Evolution schon vor. Einer seiner großen Verdienste ist, das Interesse an wissenschaftlichen Studien weithin verbreitet zu haben.
Die Illustrationen waren ihm wichtig. Für die Vierbeiner wurden sie von Jacques de
Sève (1742-1788) verantwortet. Tatsächlich sind beinahe 2000 Grafiken in dem Gesamtwerk zu finden, sie stellen die Tiere mit sehr viel Kunstverstand und anatomischen
Kenntnissen dar in zauberhaften und mythologischen Dekors, was viel zu dem enormen Erfolg der Ausgaben beigetragen hat.
In seiner Abhandlung De la manière d’étudier et de traiter l’histoire naturelle schreibt Georges-Louis Leclerc de Buffon, der berühmte Naturforscher, Universalgelehrte und Schriftsteller: Wenn
es einem gelungen ist, Proben von allem, was die Erde bevölkert, zusammen zu tragen, wenn man all
das, was sich im Überfluss auf Erden befindet, unter vielen Mühen in einem Raum versammelt hat und
dann zum ersten Mal auf dieses Lagerhaus voller neuartiger und seltsamer Dinge blickt, dann ist die erste
Empfindung, die einen ergreift, ein Erstaunen gemischt mit Bewunderung, und die erste Überlegung, die
daraus folgt, führt uns voller Demut zu uns selbst zurück. Aus der Königlichen Naturkundesammlung macht er die größte Sammlung Europas, eine wissenschaftliche Fundgrube, aus der später die Galerien des heutigen Museums entstehen. Aber er hält nichts von Klassifikation und
stellt sich damit in Gegensatz zu Carl von Linné, der mit seinem Systema naturæ Ordnung in die
verwirrenden Erscheinungen der Natur bringt, indem er die Mineralien, Pflanzen und Tiere in
Klassen, Ordnungen, Gattungen, Arten und Varietäten unterteilt.
1735 veröffentlicht der Schwede Carl von Linné den ersten Versuch einer systematischen
Klassifizierung der drei Naturbereiche Mineralien, Pflanzen und Tiere. In seinem Systema naturæ unterteilt er die Tierwelt in sechs Gruppen (Vierfüßler, Vögel, Amphibien, Fische, Insekten und Würmer), die durch spezifische Organe gekennzeichnet sind: Zähne,
Schnäbel, Flossen oder Flügel. Für die zehnte Ausgabe von 1758 verwendet er in einer
verallgemeinerten Form das System der binären Nomenklatur (eine zweiteilige lateinische Bezeichnung für jede Spezies, bestehend aus dem Namen der Gattung und einem Kennzeichen der Art).
Illustrationen zu seinem System waren Linné nicht wichtig. Der unbekannte Besitzer des hier abgebildeten Exemplars hat die Insekten, die er identifizieren konnte,
selber gezeichnet und dazu sorgfältig seine Quellen angegeben.
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Die Systematische Nomenklatur hat sich bald allgemein in den Naturwissenschaften durchgesetzt.
Im Laufe des Jahrhunderts wurde Linné zum Vorbild für andere Wissenschaftler, die ihrerseits
Klassifikationen entwickelten, die dann grundlegend für die Fortentwicklung auf ihren Gebieten wurden. Lavoisier (1743-1794) entwickelt mit dem modernen System die heute gebräuchliche
chemische Nomenklatur, die er in seiner Méthode de nomenclature chimique (1787) beschreibt, außerdem ein Traité élémentaire de chimie (1789), das als das erste Handbuch der modernen Chemie gilt.
Die Abbildung gehört zu einer Serie von fünfzehn Illustrationen zu dem Cours complet
d’anatomie, gezeichnet und gemalt in Naturfarben von A.-E. Gautier d’Agoty und erklärt
von M. Jadelot, Professor der Anatomie in Nancy. Arnaud-Eloi, zweiter Sohn des berühmten Jacques-Fabien Gautier-d’Agoty (1711-1785), fertigte seine Farbstiche nach einem von
seinem Vater perfektionierten Verfahren an, das sich mit seinen feinen Nuancen besonders für den
Druck von Abbildungen in Naturgeschichte, Anatomie, Zoologie und Botanik eignete.
Die Encyclopédie räumt den Bildern besonders viel Platz ein: mit 2885 Abbildungen
wird dem von Diderot aufgestellten Prinzip entsprochen, nach dem ein Blick auf das
Objekt oder auf seine Darstellung mehr mitteilt als eine ganze Seite Text. Alle Abbildungen
der Encyclopédie sind nach dem gleichen Schema aufgebaut: oben rechts die Nummer der Abbildung, unten in der Mitte der Titel der Abbildung, links der Name des
Künstlers, rechts der des Grafikers. Die Abbildungen können einzeln sein, zwei- oder dreifach
geteilt; eine einzige ist vierfach geteilt.
Mit den Errungenschaften der Wissenschaft gehen technische Fortschritte einher, sei es in der
Geographie oder Kartographie, der Medizin oder der Chirurgie, der Elektrizität oder dem
Blitzableiter, Beobachtungen mit dem Teleskop oder dem Mikroskop und dann die modernen
Erfindungen wie die Dampfmaschine oder die Montgolfiere.
Joseph Wright aus Derby, malte Porträts, Sittengemälde, Historiengemälde, Landschaften in England und Italien. Gleichzeitig interessierte er sich für die Fortschritte
in den Wissenschaften und nahm häufig an Experimenten teil. Davon zeugen zwei
Gemälde: Ein Philosoph hält einen Vortrag über das Planetarium (1766) im Museum von Derby und
Ein Philosoph zeigt das Experiment mit der Luftpumpe (1768), das in der Tate Gallery von London
aufbewahrt ist. Letzteres erinnert an den Schotten James Watt (1736-1819), der die Antriebskraft
vom Wasserdampf nutzbar machte, indem der die Idee von Denis Papin (1647-1712) weiter
verfolgte, der 1690 seine Erfindung des dampfgetriebenen Druckzylinders vorgestellt hatte.
Am Ende des Jahrhunderts der Aufklärung ist der Himmel Europas von Ballons
übersät. Die Aufstiege sind eindrucksvolle Schauspiele. Sie geben Anlass für Volksvergnügungen, geraten zu Siegeszeichen für die Beherrschung der Natur durch
Willen und Kenntnis, und sie leiten die Eroberung einer neuen Freiheit für die Menschen ein.
1783 ist das Jahr, in dem die Brüder Montgolfier ihre Experimente vervielfachen und in dem
die ersten Flüge von Menschen stattfinden. Die Abbildung hat den Titel: Ansicht und Perspektive
vom Garten des Papierfabrikanten Mr. Reveillon, fauxbourg St. Antoine, beim alten Hotel von Thou, wo
im Sommer 1783 von den Brüdern Montgolfier Versuche mit der Aérostatik-Maschine gemacht wurden,
zur Zufriedenheit einer gewaltigen Ansammlung von Bewunderern. Sie zeigt damit auch noch einen
anderen Aufstieg, nämlich diesmal den sozialen Aufstieg von Jean-Baptiste Réveillon, der als
Lehrling im Papiergeschäft begonnen hatte und zu einem bedeutenden Tapetenfabrikant wurde.
Wenn man alles wissen kann, könnte man dann nicht auch die Welt nach seinem eigenen
Willen umgestalten? Einige systematisch denkende Köpfe begeistern sich für Utopien und
erfinden eine ideale Gesellschaft, perfekte Städte, einen neuen Menschen. Diese Wissenschaftsgläubigkeit aber führt fort vom Geist der Aufklärung.
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