Cannes sans dormir Notre film du jour Trois souvenirs de
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Cannes sans dormir Notre film du jour Trois souvenirs de
DAILY 17 CANNES DIM mai Cannes sans dormir JOUR 4 Par Philippe AZOURY PHOTOS : JULIEN MIGNOT; DR O n en était à compter les variations lumineuses, le passage franc d’un gris crépusculaire à une teinte pistache un rien brûlée, là sur la ter rasse de l’appartement qui donne sur la plage, le vent maboul enchâssant les nuages – c’est vous dire si à oublier trop fréquemment de se coucher, on en vient à commencer par ressentir quelque chose. Qui n’est pas exactement la fatigue mais davantage une sorte de maxi concentration. Bloquer sur un nageur, à moins que ça ne soit un poulpe géant, on ne sait pas. Bugger sur un voilier. C’est comment qu’on dit « jonque », en mandarin ? En allumer une première, puis une secon de, regarder depuis le balcon les flics en civils surgir des palmiers pour tenter de stopper net un début de bagarre – la scène se reproduit toutes les deux heures en moyenne, l’année tient son premier record. C’est quand tout se confond que les premiers cris se font entendre. Au début, c’est très simple : ça ne ressemble à rien mais ça monte vite en puissance, pour finir par ne plus ressembler qu’à la plainte velue d’une mouette qu’on égorge, ou le genre de son qu’une huître ma lade peut pousser en vous vomissant dessus. C’est que nous sommes à deux pas du Martinez. Les cris, c’est ça, les huîtres-mouettes, ce sont eux : les fans. Personne ne sait ce qu’ils attendent. Eux savent à peine qui ils attendent. Leur son non plus, on ne sait pas trop. Le chat miaule. Le chien aboie. La mouette crie. Mais le festivalier ? Il crie des prénoms. Y a pas de nom pour un truc comme ça. Ça n’existe que là, devant le Martinez. Et c’est vite recouvert, ce matin, par le vrombissement de trente Jeep kakis de l’armée américaine qui paradent, devant des accrédités stres sés qui courent d’une projo à une interview et qui s’en foutent complètement, de la Libération, des alliés, des forces de l’Axe et de toute la smala. Ils rejouent le D-Day on the beach pour personne, avec des filles en jupon so 40’s qui saluent la Croisette dans le vide. « Tu crois que c’est pour un film, Gérard ? » « Mais chouchou, tu débarques (ou quoi) ? » Notre film du jour Trois souvenirs de ma jeunesse Avec ce long-métrage lentement mûri, Desplechin se rappelle à son adolescence et se souvient de nous. Par Philippe AZOURY Au fur et à mesure que le Festival prend ses marques, l’absence au sein de la compétition du film d’Arnaud Desplechin apparaît de plus en plus comme un mystère. Du style épais. Du genre que l’on ne s’explique pas. La chambre jaune, puissance alpha. Impossible de le dire autrement : on ne voit pas. On ne voit pas com Rencontre 15 minutes d’effet domino avec Sienna Miller page 3 ment un festival comme Cannes peut encore passer à côté de ça. Les mul tiples raisons supposées – Desplechin venu bien trop souvent, une sélec tion française désireuse de montrer un visage plus concerné, social – tombent d’elles-mêmes. Car rien jusqu’ici n’arrive à la cheville de Trois souvenirs de ma jeunesse. Il faudrait presque ironiser sur cette mise à l’écart de la compétition : effectivement, ce film est infréquen table, puisqu’il ne peut pas faire autrement que de condenser à dose dangereuse tout le romanesque français, toute une histoire du tour ment amoureux, et de la fierté bles sée. Ce film est malade d’une vieille maladie qui se nourrit d’elle-même. Et qui, à force, a fini par dessiner une ligne. Qui commence avec Flaubert et court jusqu’à Jean Eus tache. Ou Truffaut. De quoi se souvient-on quand on voudrait tout oublier ? De moments ténus. L’effondrement du mur de Berlin et le sentiment pour une génération que l’adolescence s’est terminée contre ce maudit mur, écrasée et libre à la fois. Du soleil trop blanc qu’il faisait lorsque, bacheliers de province, nous nous sommes exilés vers une capitale qui Tapis Rouge Coucou ! Vous me reconnaissez ? C’est Rossy ! page 7 proposait tant et offrait si peu. On se souvient des crâneries pour lui plaire. Cette histoire éternelle, le cinéma la raconte depuis longtemps et il la raconte de moins en moins bien. On ne sait pas, il faut se l’avouer, comment Desplechin s’y prend, lui, pour restituer les choses en retrouvant le pouvoir intact de la première fois. On dira : en filmant des visages qui n’ont jamais été fil més avant ceux, solaires et inquiets, de Quentin Dolmaire et de l’in croyable Lou Roy-Lecollinet ? Si seulement c’était si simple… Non, ce film sur des moins de 20 ans que Desplechin a mis vingt ans à faire, porte en lui toutes les strates du temps. Les larmes qui nous viennent devant lui ont 20 ans elles aussi. On était trois. On marchait dans la rue, en manteau de laine gris, elle devant, et nous deux der rière. Plus vraiment new wave, Jules et Jim retardataires. On aurait dit Freddy, Sweep et Dina. On croyait vivre dans un dessin d’Yves Chaland. On croyait vivre dans un film. Des plechin s’est souvenu de nous. TROIS SOUVENIRS DE MA JEUNESSE, d’Arnaud Desplechin. Avec Quentin Dolmaire, Lou Roy-Lecollinet (Quinzaine). GRAZIA DAILY CANNES # 4. Gratuit Retrouvez tous les numéros du GRAZIA DAILY CANNES en PDF sur Notre coverstar #4 : Léa Seydoux, très Callas en Miu Miu et bijoux Chopard, direction la montée des marches pour The Lobster. DIMANCHE 17.05.2015 - 1 Critique RECHERCHE GUS DÉSESPÉRÉMENT Devant le désastre de The Sea of Trees, le fan club de Gus Van Sant n’a plus que les yeux pour pleurer. Par Olivier SÉGURET Le bataillon critique de la rédaction de Grazia Daily Cannes a connu le premier mini-débat de fond de son histoire hier, à la sortie du Gus Van Sant. Les termes du désaccord pourraient se résumer ainsi : doit-on classer The Sea of Trees au rayon des échecs complets ou dans la catégorie des plantages tragiques ? On voit que, sur le fond, tout le monde est d’accord pour dire que le film est raté et même nul. C’est plutôt du côté des conséquences que chacun en tire que les interprétations divergent : le grand Gus Van Sant a-t-il simplement raté une marche comme il arrive parfois aux meilleurs cinéastes, ou alors, ayant administré la preuve d’un gâtisme incurable avec The Sea of Trees, doit-on le tenir pour cramé, foutu, irrécupérable ? Le sujet, pourtant, semblait lui aller comme un gant : une immersion macabre dans la « forêt des suicidés », vaste massif boisé tapissant les pieds du mont Fuji, où les désespérés viennent mettre fin à leurs jours. Pas seulement les Japonais : comme de nombreux Occidentaux, l’Américain moyen Arthur Brennan (Matthew Mc Conaughey) fait lui aussi le voya ge, ayant décidé d’en finir après la mort de son aimée (Naomi Watts). 4 La forêt d’Aokigahara, qui existe réellement, est en passe de devenir un mythe moderne et a déjà suscité à ce titre quantité d’analyses sous l’angle « phénomène de société ». Le film, lui, ne cherche pas à en dire quoi que ce soit. Elle n’est que le décor exotique au fantasme morbide du héros et elle permet un certain confort de scénario au cinéaste, qui en fait au fond un usage utilitaire quand ça l’arrange. Ce qui est surtout raconté au spectateur, c’est le désespoir d’un veuf. Cela aurait pu se défendre : Van Sant est un champion de la concentration intime. Mais pour nourrir les motivations suicidaires d’Arthur, le film organise un récit en flash-back d’une platitude effarante, qui semble là pour nous rappeler à chaque instant à l’ordre d’une banalité mélo. La conjugalité médiocre unissant Arthur et Joan avant le cancer de celle-ci, puis la rédemption inachevée de leur couple avant un second coup fatal jeté par le destin (comme s’il fallait que le héros soit accablé de façon vraiment trop injuste) finis sent de pousser The Sea of Trees dans une impasse que l’on pres sent avec crainte dès la première demi-heure. Arthur aurait pu aussi bien tenter de se pendre dans un bois près de chez lui, cela n’aurait pas changé grandchose… Par indulgence, on pourra garder le souvenir bienveillant d’une seule scène, qui cite Dreyer et « l’homme qui pleure » de Gertrud. Pour le reste, on effacera au plus vite ce Van Sant de nos mémoires, comme on efface un vieux fichier USB buggé. THE SEA OF TREES de Gus Van Sant. Avec Matthew McConaughey, Naomi Watts (Compétition). Qui êtes-vous ? Ariane Labed L’actrice française expérimente les amours chiennes dans le très animal et surprenant The Lobster, de son compagnon Yorgos Lanthimos. Par Julien WELTER Photo Julien MIGNOT D’où vient-elle ? D’Athènes, où elle est née il y a trente ans de parents français tombés amoureux de la Grèce. Elle est l’un des visages du nouveau cinéma grec : « Crise oblige, on est plus soudés et rock’n’roll qu’en France. » Où est-elle ? Dans The Lobster, qui imagine une dictature obligeant chacun à vivre en couple. « La première fois que je suis venue à Cannes, j’animais des soirées Meetic. Le parallèle est réjouissant… » Où va-t-elle ? Tourner un film sur les filles à l’armée, et un autre où elle joue un garçon : « Très physique tout ça, mais ça me correspond : je gère aussi une compagnie de danse et théâtre. Du coup, je peux squatter tous les types de festivals ! » 2 - DIMANCHE 17.05.2015 THE LOBSTER de Yorgos Lanthimos. Avec Colin Farrell, Rachel Weisz, Critique Comme un ouragan Une fois encore, l’Acid a repêché une petite merveille : Pauline s’arrache, d’Emilie Brisavoine. Documentaire punk sur une famille pas comme les autres. Par Luc CHESSEL « On ne voit plus les grandes histoires d’amour du début de notre vie, ces drames, ces drames, ces tragédies, ces ouragans qui passaient sur les vies et allez ! qui rasaient, balayaient, maintenant tu regardes, plus rien de ça, la gentillesse partout, c’est bien, ça, la compréhension, partout… » A sa façon, c’est-à-dire sans façon, Pauline s’arrache propose un démenti à ces regrets de Marguerite Duras. Et un démenti documentaire, ce qui ajoute à son irrévérence. C’est le film d’une famille : il y a le père, la mère, la sœur, le frère, et Pauline. C’est aussi un film de famille, vu par la demi-sœur, Emilie Brisavoine. Un prologue nous présente les uns et les autres sous les atours niais d’un conte de fées. Et puis ça commence, ça gueule, ça pleure, ça s’aime, ça vit. Ça balaye grave. Le film tente un équilibre instable entre la gentillesse (celle, compréhensive, des histoires de princesse) et une sorte de vérité des rapports (celle, tragique, de la vie des adolescentes). La demi-sœur, cachée derrière son caméscope, est une demi-présence. Plus ils sont terribles, plus elle est douce, et comme débordée par la situation. Quand l’ouragan passe, le point de vue tangue, qui se cherche une place introuvable – dans le film ou dans la famille. Elle traque quelque chose qui lui échappe, et qui nous atteint, indirectement mais en plein dans la gueule. C’est ce qui est bien dans les films de famille, ils filment toujours à côté, ne servent qu’à compléter, quand un jour par hasard on se les repasse, l’intensité du vrai souvenir. Pauline s’arrache, par le truchement du cinéma amateur, nous balance en creux cette intensité-là, qui nous est refusée et offerte. Comme ces images de l’enfance de Pauline, où elle danse avec son père travesti sur Double Je de Christophe Willem : flashback et playback unis dans une même dinguerie, l’intimité qui reste secrète et le spectacle absolu, exhib, jouissif. C’est vrai que tous les costumes lui vont bien. Celui du père sévère, sur le mode irrationnel des « allo Papa, ça va ? Arrête de te foutre de ma gueule ! », nous donne une des grandes histoires d’amour qui composent le film, la tendresse trash qui unit la fille et le père. Lui aime les hommes et une femme, Maud, la mère, et c’est le deuxième ouragan. Enfin, l’histoire de Pauline et Abel, qui finit mal, dans un torrent de larmes indifférentes à la demi-caméra qui les recueille. Ces drames, ces drames, se succèdent dans un désordre apparent, monté comme une imitation de la vie. Se dessine pourtant une sorte de chemin dans le film, la recherche par Pauline d’une vérité sur soi-même, quête adolescente ou universelle. Toute jeunesse est en elle-même un journal filmé. Il y a ce grand moment de révélation, un monologue de Pauline qui comprend sa place dans la famille, avec la sagesse la plus expressive : « Comme si mon crâne venait de chier une merde constipée depuis des années. » Une épiphanie ordinaire, parmi toutes celles que le film ménage et provoque. La grande claque d’un début dans la vie. Léa Seydoux et Ariane PAULINE S’ARRACHE Labed d’Emilie Brisavoine. Long-métrage documentaire. (Compétition). (Acid). PHOTO : DR GR A Z IA DAI LY C A N N E S 15 MINUTES AVEC… SIENNA MILLER Membre le plus glam du jury, l’actrice anglaise nous parle de sa passion pour les frères Coen et du nouveau tournant dans sa carrière. Par Perrine SABBAT Photo Julien MIGNOT Amie de la maison, Sienna Miller porte un collier Atelier Swarovski. BITCHY MARIE Photos : DR « Un petit slim blanc couvert d’ananas » Le Festival de Cannes a ses syndromes, genre Stendhal tu vois, mais dans une version moins éthérée. Cette calamiteuse pathologie qui s’abat sur le festivalier lambda à mi-parcours a un nom : l’achat coup de cœur. Une pulsion probablement due à l’effet combiné d’un fading des neurones, et d’une messmerisation générale sous l’effet des strass et des paillettes. Le diagnostic est sans appel : vous êtes idiote. Et si par malheur, vos déambulations somnambuliques entre deux importants meetings vous amenaient rue d’Antibes, le pire est à craindre. Définition du pire : n’importe quels robes, vestes, sandales, pantalons audessus de 500 €, immettables sinon à Cannes. Un petit slim blanc couvert d’ananas turquoise géants à 630 € peut subitement se révéler irrésistible. Ce qui se passe dans la tête de la malade à cet instant est consternant de mauvaise foi : « Mais bien sûr que tu le remettras à Paris. » En tant qu’ex-victime qui se soigne, je témoigne ici de la culpabilité lors du retour à Paris. Et que dire du moment où le jean blanc réapparaît l’année d’après, toujours avec ses ananas géants turquoise hélas, exhumé des affaires d’été. Si vous riez, vous êtes en voie de guérison. Le truc qui remonte le moral, c’est que les milliardai res ne sont pas épargnés. La preuve encore avec cette dernière info : Jay-Z aurait dépensé une fortune pour offrir à Beyoncé un œuf de dragon de Game of Thrones d’environ 30 kilos. Quelqu’un peut m’expliquer? Idiote, je vous dis. Par Marie COLMANT C’est votre premier Festival de Cannes, vous qui n’aviez pas pu venir l’an dernier pour Foxcatcher… Oui, car je tournais American Sniper. Pourtant, c’était la première fois que j’avais un film en compétition ici ! Mais grâce à Mark Ruffalo qui m’a envoyé un e-mail tout de suite, j’ai eu l’impression de vivre avec l’équipe la récompense de Bennett Miller. Je suis donc d’autant plus heureuse d’être là cette année, membre du jury. Comment avez-vous réagi quand ils vous ont appelée pour vous en faire la proposition ? J’étais émue, et honorée. Savoir que les frères Coen, qui sont deux des plus grands réalisateurs au monde, présideraient le jury, et avoir l’opportunité de voir tous ces films, puis d’en discuter avec les plus grands noms du cinéma, allait être l’expérience d’une vie. Saviez-vous déjà qui seraient vos confrères ? Non, je crois que j’étais parmi les premiers membres choisis. Mais c’était un cadeau de Noël à chaque fois que j’apprenais qui serait là ! Quel genre de membre du jury allez-vous être ? Je pense sincèrement qu’il y a des gens dans cette pièce dont l’opinion sera plus légitime que la mienne ! Donc je serai très respectueuse. Je ne prévois pas d’être belligérante, ou d’avoir l’esprit de contradiction par principe. Je ne suis pas critique de cinéma. On parle de ce qu’on aime. Et j’ai le sentiment qu’on est déjà sur la même longueur d’onde. Vous avez le temps de faire la fête ? Ce n’est pas vraiment la priorité pour moi cette année ! Il y a évidemment des événements auxquels je dois assister le soir, au même titre que les projections à 8 h 30. Tout est une question d’équilibre. Mais je risque d’être un peu fatiguée à la fin. Vous enchaînez sur un tournage ? Pas tout de suite. En août, je pars sur le prochain James Gray, The Lost City of Z, avec Charlie Hunnam et Robert Pattinson. Je suis très excitée : James est un immense réalisateur, ses films ont été présentés en compétition ici, il a été membre du jury… Puis en novembre, je tourne celui de Ben Affleck, Live by Night, un film de gangsters à Boston pendant la Prohibition. Sentez-vous une différence à votre égard depuis American Sniper ? Non, pas vraiment. Travailler avec Clint Eastwood dans le plus gros film de l’année n’a définitivement pas aidé ma carrière. (Elle rit.) C’est un effet domino, dans ce business, vous savez. Mais je pense surtout que j’ai été meilleure en audition, j’ai enfin appris mes textes comme il faut. J’étais éparpillée avant. Avec le temps, je suis devenue plus sérieuse. ENTENDU « Que Dieu me pardonne, j’ai mangé un morceau d’un vrai cœur dans Tale of Tales. Un médecin La critique pourra vous dire qu’il manque vrai en grec ment une artère. » SALMA HAYEK, actrice petit chinois sans concession, lors de la conférence de presse. ET AUSSI… de The Lobster Par Poly GLOTTE NATALIE PORTMAN, dont le 1er film était présenté hier en séance spéciale hors compétition, va incarner Jackie Kennedy dans le film de Pablo Larrain, Jackie, sur les quatre premiers jours qui ont suivi l’assassinat de John F. Kennedy. A la production, l’homme qui lui a offert son oscar sur pointes : Darren Aronofsky. On l’avait adorée dans Love Coach et Les Producteurs : UMA THURMAN renoue avec le genre comique. Annoncée à Cannes, elle va jouer dans The BRITs Are Coming, une comédie excentrique de J.C. Chandor (All Is Lost, A Most Violent Year) sur un couple anglais qui part pour Los Angeles et prévoit un vol de bijoux. Il l’avait déjà choisie pour être sa Marilyn. MICHELLE WILLIAMS rejoint le casting de la nouvelle production sur les mines d’or d’Harvey Weinstein, Gold, réalisée par Stephen Gaghan. Elle jouera l’épouse de Matthew McConaughey, qui présentait hier le film de Gus Van Sant, The Sea of Trees, en compétition. Les fans de Twin Peaks étaient en deuil depuis un mois. Dernier rebondissement : c’est bien DAVID LYNCH qui dirigera le remake de la série culte. C’est le maître qui l’a annoncé lui-même vendredi sur Twitter. Showtime produira même plus que les neuf épisodes commandés à l’origine. Résultat en 2016. O Kotsos (The Lobster), philmos ellènos de Yorgos Lanthimos, diégomme istoria erotika de andropos kai phamas. En phutura, oi protagonistos, alla gar (mais pas trop), deviennaï Dzoos. Gar moira s’en melétis, kai logos infinitos (bla-blathènes). E beautiffoula alla poèma antikita de Illiada de Homère, gendra aurora os dactylos pinkos. Nè Colin Farrell, ô bandanto !, è néo Aquile, kai Rachel Weisz, è proto Ellena troya niké. THE LOBSTER, de Yorgos Lanthimos (Compétition). DIMANCHE 17.05.2015 - 3 GR A Z I A DAI LY C A N N E S Illustration Iris HATZFELD 4 GR A Z IA DAI LY C A N N E S Trop pas La chronique de Gérard LEFORT PRÊTES À TOUT Il y a des notions dont on n’a pas conscience le reste de l’année et qui, à Cannes, prennent une consistance certaine. Par exemple le concept de « personal assistant ». Qu’est-ce à dire ? Pas sim ple, car il ne faut pas confondre le personal assistant avec plein d’au tres choses qui assistent aussi : par exemple, le coach sportif dont la mission impossible, que, hélas, il a acceptée, sera de vous tordre la jambe derrière le cou tout en faisant travailler des muscles que vous saviez même pas qu’ils existaient. Et en plus, il sourit, ce con ! Ne pas confondre non plus le personal assistant avec une simple secrétaire (même la jolie rousse qui ébouriffe son chignon pour révéler à son boss que depuis plus de dix ans il côtoie la queen des bombasses), ni avec l’assistant shopper, chargé de tout acheter à votre place (et je dit bien tout, à plus ou moins 70 € le gramme), ni enfin avec le personal blow job (en français, boy ou girl, une pute). Cela dit, et c’est ça le must, le personal assistant, telle une salade folle, tambouille toutes ces fonctions. A prix big bisou (comptez quand même un grand cabas de pétrodollars), le personal assistant (pas moins de vingt agences sur la Frencq Riviera), est là pour vous accompagner dans toutes les tâches ridicules et épuisantes qui, dès potron-minet, vous pour rissent le planning : se lever, boire un café, regarder Bitchy Marie sur i-Télé, prendre une douche, avaler un grand verre de ce jus de pruneaux qui fait aller, retourner se coucher. Autrement dit : le personal assistant se réveille à votre place, regarde la télé à votre place, boit à votre place (surtout ce putain de jus de pruneaux !) et se rendort à votre place (include le détour par les woua-woua). STRING PANTHÈRE Pendant ce temps-là, vous voilà enfin concentré sur les questions importantes : string panthère pour la soirée des Cocks d’or ? Troi- 4 sième étage de lunettes de soleil greffées à même le brushing ? C’est quoi déjà, le nom de ce cocktail que tu en bois une gorgée et tu remontes la Croisette par les palmiers ? Pour les demandes particulières, ne soyez pas timide, le personal assistant est prêt à tout pour vous satisfaire. Jean-Rictus, votre aîné, veut reconstituer Pirates des Caraïbes dans la baie de Cannes ? Donald-Velib’, votre cadet, veut faire du ski nautique derrière le porte-avions Charles-de-Gaulle ? Et tous les deux veulent finir la nuit à la table de Miss Coca ? No problem at all (le personal assistant, même s’il est natif de La Napoule, ne parle qu’anglais, enfin… qu’il croit). Et voilà, über damned !, que vous avez oublié d’emmener promener le quatuor de lévriers barzoï qui vous précède dans les soirées lancées. No problem (etc.), le personal assistant, équipé d’un sac à caca canin (siglé au nom d’un fleuron de prêt-à-porter international), pour voira à cet affreux souci, il faut le dire, un rien mouisant. Et le soir venu, quand il vous monte des envies, moyennant un misérable supplément (attention on accepte plus les chèques !), le personal assistant se penchera avec enthousiasme sur le problème (as cyber turlutte or virtual minette). DEMANDEZ LE PROGRAMME Dimanche 17 UP HARO SUR LA COCA Compétition Mon roi de Maïwenn (8 h 30 + 22 h 15. Grand Théâtre Lumière). Carol de Todd Haynes (12 h 00 + 19 h 00. Grand Théâtre Lumière). Hors compétition Asphalte de Samuel Benchetrit (19 h 15. Salle du Soixantième). Un certain regard Zvizdan (Soleil de plomb) de Dalibor Matanic (11 h 00+16 h 30. Salle Debussy). Kishibe no tabi (Vers l’autre rive) de Kiyoshi Kurosawa (14 h 00+21 h 45. Salle Debussy). Quinzaine Allende, mi abuelo Allende de Marcia Tambutti Allende (9 h 00+17 h 00. JW Marriot). Le Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael (11 h 30+19 h 30 JW Marriot). Green Room de Jeremy Saulnier (14 h 30+22 h 15. JW Marriot). Semaine de la critique Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore (8 h 30. Miramar). Dégradé de Tarzan et Arab Nasser (11 h 30+17 h 15+22 h 00. Miramar). Coin Locker Girl de Han Jun-hee (14 h 30. Miramar). Programme courts métrages 1 (20 h 00. Miramar). Acid Gaz de France de Benoît Forgeard (11 h 00 : Studio 13 + 20 h : Arcades). La fête Pauline s’arrache au Vertigo, cabaret transformiste bien connu des aficionados cannois sous le nom du « 7 », ou encore « Chez Miss Coca ». Et la Coca, qui a renouvelé la quasi-totalité de son show, est plus dingue que jamais. Ça nous a rappelé d’autres fêtes à Séoul CHERCHEZ LA PALME Le sentiment pour l’instant que la compétition cherche encore son choc, sa surprise. Certains l’ont déjà eue avec Le Fils de Saul, mais le film divise trop pour créer l’élan nécessaire. Allez, vite un film qui renverse tout le monde. POST-APOCALYPSE Les interviews sur des plages traumatisées par un vent de dingue : on n’entend plus rien sur la bande, et si jamais on se lève pour aller chercher une orangeade, il faut éviter les parasols volants. Cannes, vendredi et samedi, c’était Twister. DOWN Duel sur red carpet RACHEL WEISZ VS ANNE BEREST Par Perrine SABBAT Par Olivier SÉGURET Robe, Louis Vuitton. 6 - DIMANCHE 17.05.2015 Robe, Chanel Haute Couture. Dans Sans soleil (1982), Chris Marker annonçait le programme : « Le plan d’assistance des machines à l’espèce humaine est le seul qui offre un avenir à l’intelligence. » Et dans ce diabolique projet, Cannes a encore, toujours, été pionnier. Le code-barres identifiant chaque accrédité, scanné à l’entrée des projections du Palais, a par exem ple été introduit ici il y a belle lurette, scellant dès les années 90 le devenir-paquet de lessive du journaliste festivalier. Mais aujour d’hui, alors que nous sommes désormais tous conscients de travailler nuit et jour pour la NSA, alors que nos mails et nos smartphones sont profanés à chaque minute, alors que la moindre de nos activités est susceptible de finir dans le rapport déposé chaque matin sur le bureau de Barack Obama (lequel ne doit pas être déçu), à quoi rime exactement le flicage archaïque auquel se livrent les escouades de vigiles cannois ? Le Festival est respectueux du Droit et toutes ses procédures informatiques sont conformes au règlement de la Cnil. Impossible, en théorie, de tracer nominalement un journaliste. LA CROISETTE PARANO Interdit, en principe, de refiler à un attaché de presse la liste des critiques ayant montré patte blan che à l’entrée, ou la sortie d’une projo… Mais il n’est nul besoin de développer une paranoïa pour songer qu’à Cannes, on est probablement bien plus surveillé qu’on ne l’imagine. La traçabilité du critique est un fantasme en voie de concrétisation. Son Apple Watch signalera bientôt en temps réel les moments où son cœur s’emballe, ceux où il s’émeut, ceux où il s’échauffe, puis ceux où il s’endort et rêve enfin d’un monde où les drones, les IMSI-catchers et les lois sur la surveillance et le renseignement n’existaient pas… PHOTOS : GETTY/VUITTON ; CHANEL ; JULIEN MIGNOT Cannes Labo ET PENDANT CE TEMPS-LÀ... Par Perrine SABBAT Photos Julien MIGNOT PHOTOS : MAXIME BRUNO/CANAL+ ; VISUAL Xavier Dolan, un membre du jury qui prend son rôle très au sérieux. Rédaction : 8, rue François-Ory, 92 543 Montrouge Cedex Pour nous contacter par e-mail : prénom. 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L’extravagante Rossy de Palma contient son tempérament de feu chez Chopard. Juste le temps d’une photo. LE VENT SE LÈVE Adorable Rachel Weisz, en pleine conversation avec un ami, qu’elle est elle-même allée chercher à l’entrée. Un courant d’air. Puis une rafale qui balaye la Croisette, rendant impossible une photo sur un rooftop, une interview sur une terrasse, l’atterrissage d’un avion à Nice. Mais la vie cannoise continue : Naomi Watts inaugure une boutique, Julianne Moore remet le Trophée Chopard, Rachel Weisz s’extirpe du carré VIP, laissant l’air s’engouffrer. Et Cannes respirer. Emma Stone s’inquiète : avec son smoking, Woody Allen fait de l’ombre à sa traîne Dior. Cette nuit à cannes … Meanwhile au Grand Journal Antoine de Caunes jouait les princes charmants hier, devant Diane Kruger, venue présenter Maryland, et Salma Hayek, à l’affiche du film Tale of Tales. Yelle de 19 h à 21 h 30 à la Chambre Noire by Belvedere, au premier étage du JW Marriott. 1 Soirée Le Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael (avec Catherine Deneuve, Benoît Poelvoorde, Yolande Moreau et François Damiens), à la plage Magnum. 2 3 After party du dîner Kering au A Club by Albane, sur le rooftop du JW Marriott. Soirée du film Mon roi de Maïwenn (avec Vincent Cassel, Louis Garrel et Emmanuelle Bercot) au A Club by Albane sur le rooftop du JW Marriott, à partir de 0 h30. 4 Bain de fans mûres pour Colin Farrell, et selfies obligatoires. 5 Soirée du Film Carol de Todd Haynes, avec Cate Blanchett et Rooney Mara à partir de 21 h. Lieu tenu secret. 6 Jennifer Cardini à la Villa Schweppes, aux Marches. DIMANCHE 17.05.2015 - 7 1 PHOTOS : XXXXXX XXXXXXXXX GR A Z IA DAI LY C A N N E S 8 - VENDREDI 15.05.2015