horton horton - The Megatons
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Revue de Musiques Américaines LE DU COYOTE Octobre Novembre 2011 125 5 Johnny HORTON Bernard BOYAT Johnny HORTON Lʼ’Histoire en chansons On peut dire de lui qu’il a toujours été tiraillé entre deux amours, l’halieutique et la musique. Sa carrière dura moins de 10 ans et il a, musicalement, été assez éclectique, du honky tonk aux morceaux historiques, en passant par le rockabilly. Les années de formation Fils de John Lolly Horton Sr et Ella Claudia Robinson, John LaGale Horton, leur dernier rejeton, est né le 30 avril 1925 à Los Angeles Est. Sa famille fera souvent la navette, jusqu’à 4 fois par an, entre Texas Est et Californie du Sud, généralement comme ramasseurs saisonniers de fruits, John étant même shérif adjoint à Blythe, Californie et Yuma, Arizona. Le début des 30's est plus stable, les Horton s’installant à Rusk, près de Gallatin, Texas, où il est scolarisé. En 1941, les Horton retournent en Californie, mais reviennent vite au Texas. Bon basketteur, les études au lycée de Gallatin terminées en 1944, Johnny obtient une bourse pour la faculté méthodiste Lon Morris de Jacksonville, Tx, puis part à l’université de Kilgore, Tx, et à celle de Baylor à Waco, Tx. Avant d’avoir fini sa licence, il s’en va en Californie, travaille au courrier au studio Selznick, où il rencontre une secrétaire, Donna Cook, qu’il épousera. Johnny et son frère aîné Frank, décident alors d’étudier la géologie à l’université de Seattle, en 1948, mais leur lubie ne dure que quelques semaines. Johnny part en Floride, revient en Californie, puis va chercher de l’or en Alaska (il a vraiment la bougeotte !). Il commence à composer pour passer le temps, retrouve Frank à Seattle, descend à Los Angeles puis, après le mariage de Frank, revient au Texas. Il s’inscrit à un concours au Reo Palm Isle de Longview, organisé par KGRI d’Henderson et présenté par l’animateur de la station, et future vedette de la chanson, Jim Reeves. Johnny gagne : son prix est un cendrier sur un piédestal ! Encouragé, il retourne en Californie, achète des vêtements western et participe à différents concours, dont un à l’Harmony Park Corral d’Anaheim. Les débuts difficiles Horton est alors pris sous son aile par Fabor Robison, futur propriétaire des marques Fabor, Abbott et Radio, qui devient son impresario. Son premier travail est de lui trouver une place dans l’émission de Cliffie Stone, le Hometown Jamboree, sur la station TV KXLA, de Pasadena. Après des passages comme invité, on lui confie une émission de 30‘ le samedi soir, sous le nom de Singing Fisherman. Il chante et fait des démonstrations avec sa canne à pêche. Il présente aussi l’Hacienda Party Time sur la télé KLAC de Los Angeles. En Tillman Franks, Johnny, Tommy Tomlinson 1950, il aurait tourné dans deux des films de Gary Cooper, The story of Will Rogers et Distant drums. Grâce à ses passages TV et aux contacts de Robison, il enregistre deux simples pour Cormac (1193 Plaid and calico/ Done rovin’ et 1197 Coal smoke, valve oil and steam/ Birds and butterflies) début 1951, à Santa Ana, accompagné par les Westernaires de Bill Thompson et les chœurs du trio Judd DeNaut. La marque disparaît peu après et Robison rachète les matrices, qu’il édite sur Abbott (certaines ressortiront aussi sur Dot) qu’il vient de lancer avec le soutien financier de Sid Abbott, patron d’Abbott Drugs. Il continue de croire en Johnny, qu’il continue à faire enregistrer (les dix premiers simples de la marque, n° 100 à 109, sont tous par lui). Ces disques, dans un style western, n’ont cependant aucun succès. Après son mariage avec Donna et une lune de miel à Palm Springs, Johnny s’installe près de Shreveport, base du Louisiana Hayride, où il passe de façon régulière. Robison, déçu par la distribution erratique de ses disques par 4 Star, réussit à caser Horton auprès de Walter Kilpatrick, qui l’engage chez Mercury mi-1952. Le premier simple, sans doute enregistré à Nashville peu après, First train headed South/ The devil sent me you (Mercury 6412), est prometteur, mais ne se vend guère. En juillet, Johnny embauche le trio familial Rowley, de Nederland, Tx : Jerry (viol) sa femme Evelyn (pno) et sa sœur Vera (Dido) (cbss ou gtr) pour l’accompagner. Au début, ils partent tous ensemble aux concerts mais, après avoir constaté que Johnny s’arrête sans arrêt pour pêcher ou chasser, on lui achète une Pontiac et ils se retrouvent à l’entrée de la salle de spectacle ! Ils recrutent le steel guitariste Bob Stegall (parfois remplacé par Jimmy Evans) et continuent à s’appeler le Singing Fisherman and the Rowley Trio, avant de devenir Johnny Horton et les Roadrunners. Avec eux et Jim Reeves à la guitare d’accompagnement, au studio de Clifford Herring de Fort Worth, ils enregistrent Child‘s side of life et I won‘t forget, édités sur le Mercury 70014. Le mariage de Johnny part en lambeaux au fil des absences répétées pour les concerts et Donna repart à Los Angeles. En août 1952, le Hayride voit le retour du fils prodigue et prodige, Hank Williams, viré du Grand Ole Opry. Johnny est souvent avec le couple Hank/ Billie Jean (fraîchement épousée) lors des troisièmes mi-temps. Elvis & Johnny Les deux Johnny à la pêche Le Cri du Coyote n°125 page 07 Lors d’une de celles-ci, Hank aurait prédit à Billie Jean qu’elle épouserait un jour Johnny… Peu après, Hank meurt dans la nuit de la St Sylvestre, au retour d’un engagement au Skyline Club d’Austin, et Horton et les Rowley apprennent la nouvelle à Milano, Tx, double coïncidence, comme on le verra plus loin... première session prévue à Nashville. En chemin, Horton et Franks s’arrêtent chez Elvis à Memphis. Ils en repartent avec 10 $ pour acheter de l’essence (on allait plus loin que de nos jours avec cette somme !) et le "prêt" de Bill Black à la contrebasse. Le 11 janvier 1956, Johnny Horton entre Le succès se fait attendre Peu après, en janvier 1953, Johnny et les Rowley sont au studio de Jim Beck à Dallas, pour 4 titres, dont Tennessee jive (Mercury 70100). Deux autres sessions suivent, sans doute à Nashville, en mai, avec une première version de All for the love of a girl (Mercury 70227) et en août. Le 26 septembre 1953, après un divorce avec Donna Cook, il épouse la veuve de Hank Williams, Billy Jean, ex-petite amie de Faron Young. Ils auront deux filles, Yanina (Nina) et Melody, en plus de Jerry (celle de Billie Jean). Ils vivent des contrats de Johnny pour les concerts et comme compositeur chez American Music de Los Angeles, et de la pension de veuve de Billie Jean. Horton et Robison se sont séparés, Stegall a été remplacé par Dick et Betty Lou Spears, mais les Rowley le quittent à leur tour et Johnny utilise des groupes montés à la hâte par les frères de Billie Jean, Alton et Sonny Jones. Sa carrière marque tellement le pas qu’il prend un emploi à plein temps dans un magasin d’articles de pêche, ne jouant que le week-end au Hayride. En novembre 1954, il cesse même d’y apparaître ! Sa meilleure vente chez Mercury aura été All for the love of a girl, avec environ 40.000 exemplaires. Trois sessions ont lieu cette annéelà, en janvier, dont The train with the Billie Jean & Johnny rhumba beat (Mercury 70325) et en mai, les deux probablement à Nashville, dans le célèbre Bradley Barn au 804, puis le 23 septembre au studio KWKH à 16ème avenue sud, avec Bill Black (ctrbs) Shreveport, avec Jack Ford (gtr sol) Joe Grady Martin (gtr sol) Harold Bradley (gtr Hunt (gtr ac) Jimmy Day (stl gtr) Charles ac) le frère d’Owen. Don Law produit la Winginton (cbss) Floyd Cramer (pno). session. Le premier titre est le rockabilly Les trois titres de septembre ne sont pas medium I‘m a one-woman man, signé édités. Horton et Franks. Puis ils en gravent un titre que Howard Crockett a présenté au duo, Les prémices de la gloire Honky tonk man, réarrangé en partageant La scène musicale est en train de changer le crédit en trois parts. Le vocal de Johnny et Johnny a vu l’arrivée d’Elvis au Hayride, ce est à la hauteur de l’accompagnement de qui lui a mis la puce à l’oreille. Les finances Grady Martin. Deux autres titres du même du ménage sont au plus bas, lorsque acabit sont enregistrés, I‘m ready if you‘re Johnny renoue avec un pilier du Hayride, willing et I got a hole in my pirogue. Tillman Franks, alors au chômage technique Horton et Franks croient en Honky tonk et fauché. Il va le voir chez lui rue Summer man, pas Don Law, et il faut l’intervention et lui demande de devenir son impresario. de Jim Denny pour que Law le mette en Franks lui répond : "Je n’aime pas ta façon face A du simple à venir, avec I‘m ready if de chanter". Réponse de Johnny du tac au you‘re willing sur l’autre. Pour promouvoir tac et très sérieux : "Pas de problème. Je le disque, des concerts sont prévus, avec chanterai comme tu voudras !". Franks (cbss) et un adolescent de Minden, Tillman devient ainsi son impresario et, Louisiane, Tommy Tomlinson à la guitare. mi-1955, à la fin du contrat Mercury, lui Le simple est critiqué favorablement dans cherche une nouvelle marque. Il contacte le Billboard du 10 mars. En mai le simple est Webb Pierce qui, à son tour contacte Jim n°9 du hit parade Country & Western des Denny de Cedarwood et Troy Martin de animateurs radio et n°14 des ventes. Golden West Melodies, et un contrat d’un Johnny a alors une émission sur KLIV, an chez Columbia est concocté, Cedarwood Tyler, le lundi soir, ce qui l’empêche de se et Golden West Melodies obtenant dans le produire trop loin de sa base le week-end. Il marché les droits d’édition sur deux titres par faut donc qu’il puisse se défaire du contrat session. Sur la promesse qu’ils essaieront avec la station. Et un lundi, à l’heure de la de dénicher un contrat pour le fiston, les publicité pour le pain Hol-Sum, il annonce : deux compères empruntent la voiture du "Les amis, nous sommes fiers d’être ici et père de David Houston pour se rendre à la fiers d’être parrainés par le pain Hol-Sum. Le Cri du Coyote n°125 page 08 Tillman Franks, mon impresario, mange du pain Hol-Sum, et j’en mange aussi. Ce que j’apprécie dans ce pain, c’est qu’il n’est jamais touché par une main. C’est vrai, ils le pétrissent avec les pieds !" Inutile d’ajouter qu’à peine l'émission terminée, le propriétaire de KLIV lui demande de quitter sa station. Horton est libre de voyager loin, ce qui lui permet d’engranger jusqu’à 500$ par concert. Le succès est volage Le 23 mai 1956, retour à Nashville pour leur deuxième session. Grady Martin est toujours là, Ray Edenton remplace Harold Bradley et Floyd Lightnin‘ Chance est à la contrebasse. Ils démarrent à 19h, avec Take me like I am, passent à la compo Horton/ Hausey (vrai nom d’Howard Crockett) Sugar-coated baby, un de ces mediums sur lesquels Horton excellera, continuent dans la même veine avec I don‘t like I did de Claude King et concluent avec Hooray for that little difference d’Autry Inman. Le deuxième simple (Columbia 21538) sort, avec I don‘t like I did en face B, la vedette revenant, à juste titre, à I‘m a one-woman man de la session de janvier. La critique du Billboard est enthousiaste. Le 4 août, Columbia et Franks publient une pub dans le Billboard sur leur "Sensationnel nouvel artiste". Mais la photo ne donne pas l’image d’un fringant rockeur : Johnny ressemble à un homme mûr au chapeau de cowboy destiné à cacher sa calvitie. Il part alors en tournée avec Johnny Cash, Faron Young et Roy Orbison, au Texas puis dans l’Ontario. En septembre, I‘m a one-woman man est n°7 du hit-parade des animateurs radio et n°9 des meilleures ventes. Le dimanche 14 octobre, après des concerts en Floride, Horton passe à Memphis avec Johnny Cash, Faron Young, Sonny James, Roy Orbison et les Teen Kings et Charlene Arthur. La tournée poursuit sa route dans le Tennessee, le Nouveau Mexique et au Texas Ouest. La troisième session est programmée le 12 novembre, toujours au studio Bradley. Sont enregistrés Over loving you et le Rockabilly I‘m coming home, signé Horton et Franks, avec Bill Black de retour à la contrebasse, Harold Bradley et un brillant Grady Martin. Le simple de I‘m coming home (Columbia 40813) sort avec I got a hole in my pirogue en face B. Le Billboard prédit qu’il pourrait être le plus gros succès de Johnny, mais, en février 1957, il n’est que n°11 du hit-parade des animateurs radio et n°15 des ventes. Le 11 avril 1957, nouvelle session, avec Tommy Tomlinson et Lightnin‘ Chance. Johnny grave She knows why de Claude King, puis Honky tonk mind. Ce titre a été donné à Horton par son auteur, Tommy Blake, qui l’enregistre deux jours après pour RCA. Blake annonce à Horton qu’il ne peut plus sortir le morceau. Alors, Franks et Don Law inscrivent Lee Emerson comme compositeur et changent le titre (The woman I need). Blake, furieux, menace de tuer Horton et Franks, et dépose une plainte. Mais Columbia a édité le morceau, ce qui oblige RCA à garder celui de Blake dans les tiroirs. Les deux derniers titres de la session sont Tell my baby I love her et une vraie (!) composition de Lee Emerson, Goodbye lonesome, hello baby doll. The woman I need (Columbia 40919) sort en avril mais la polémique avec RCA et Tommy Blake le plombe et il ne passe qu’une semaine au hit-parade Country des jukeboxes, en n°9. Le 9 juillet, la session, avec Grady Martin (gtr sol) Johnny Mathis (gtr ac) Tommy Tomlinson (gtr) Lighnin‘ Chance (bss) et, pour la première fois, un batteur, Buddy Harman, inclut un rythme de calypso sur Lover‘s rock. Let‘s take the long way home et I‘ll do it everytime sont choisis pour le simple suivant (Columbia 40986), sans succès, pas plus que pour le 41043, Lover‘s rock/ You‘re my baby. Il est donc temps de réagir : le 13 décembre, Johnny retourne en studio, avec Tomlinson (gtr), Jesse Sparks (ctrbs) Allen Harris (pno) et Grady Martin (gtr, bs él). Le choix est plus éclectique : Honky tonk hardwood floor, un vieux hillbilly bop du violoniste Tex Atchison, enregistré par Jess Willard sur Capitol en 1951, est repris en rockabilly, The wild one, de Merle Kilgore et Tillman Franks, est un rock medium et Everytime I‘m kissing est un titre plus lent et plus variété. Le simple Columbia 41110, un des meilleurs, sinon le meilleur de Johnny, Honky tonk hardwood floor/ The wild one, sort en février 1958. Malheureusement, c’est le 3ème bide de suite et les finances de Johnny et Billie Jean replongent dans le rouge. Johnny se met à jouer au billard électrique (aux USA on pouvait gagner de l’argent au lieu de parties gratuites !). Kilgore se rappelle l’avoir vu empocher 200 dollars un jour. Un soir, à minuit Kilgore reçoit un appel de Horton, lui demandant de le rejoindre à un relais routier. Il s’y rend dans sa vieille Buick et le retrouve, dans sa Cadillac. "As-tu de l’argent pour faire démonter des roues ?" lui demande Horton. "Oui" répond Kilgore. Horton demande alors au garagiste d’échanger les roues neuves de la Cadillac et les vieilles de la Buick et dit à Kilgore : "On vient saisir ma Cadillac demain matin". Le besoin d’argent est si pressant que, le 27 janvier 1958, Johnny se rend au studio de KWKH à Shreveport pour enregistrer 10 titres pour la SESAC, maison d’édition musicale. Avec Tomlinson, Franks et Sonny Harville (pno) et les choeurs des Four B‘s (Brad Ingles, Buddy Sepaug, Ben Nordine, Bob McGee), ils enregistrent des morceaux qui verront le jour bien plus tard, comme Hot in the sugarcane field, Wise to the ways of a woman, bien plus variété que son style habituel, et Out in New Mexico (Sesac AD 82) une histoire dans le style Johnny Cash, annonciatrice de ses tubes à venir. En juin, il revient au studio Bradley, avec le futur A-Team : Grady Martin, Lightnin’ Chance, Buddy Harman, et Reggie Young. Sont mis en boîte : Counterfeit love, Mister Moonlight, All grown up, Got the bull by the horns, certainement le plus alléchant du lot. Columbia choisit pourtant All grown up/ Counterfeit love (41210). Choix justifié : en septembre, All grown up est n°8 Country. Les finances ne s’améliorent pas. Devant 4 000$ à une compagnie d’assurances, Tillman vend sa maison pour 2.000$. Lorsqu’ils sont en tournée au Canada, Tillman vérifie les recettes au guichet pour s’assurer qu’il récupèrent l’argent. Discographie sélective Abbott 109 Bawlin' baby/ Rhythm in my bany's walk (52) & Billy Barton/ J Horton seul Mercury 6412 First train headin' South/ Devil sent me you (52) 70100 Tennessee jive/ The mansion you stole (53) 70325 The train with a rhumba beat/ Move on down the line (54) 70399 Haha and moonface/ I cried in the door of your mansion (54) 70707 Big wheels rollin'/ Hey sweet, sweet thing (55) Columbia 21504 Honky tonk man/ I'm ready if you're willing (56) 21538 I'm a one-woman man/ I don't like I did (56) 40813 I'm coming home/ Hole in my pirogue (57) 40919 The woman I need/ She knows why (57) 41083 You're my baby/ Lover's rock (57) 41110 On a honkytonk hardwood floor/ The wild one (58) 41210 All grown up/ Counterfeit love (58) 41437 Johnny Reb/ Sal's got a sugar lip (59) 41502 I'm ready if you're willing/ Take me like I am (59) 41522 They shined up Rudolph's nose/ Electrified donkey (59) 42063 Ole slewfoot/ Miss Marcy (61) 42302 Honky tonk man/ Words (62) 42653 All grown up/ I'm a one-woman man (62) 42774 Sugar coated love/ When it's springtime in Alaska (63) 43228 I just don't like this kind of living/ Rock Island line (65) CL 1362 THE SPECTACULAR (59) CL 1721 HONKY TONK MAN (62) CL 3566 ON STAGE (66) Mercury MG 20478 THE FANTASTIC JOHNNY HORTON (59) Scena 2719091 LOUISIANA HAYRIDE LIVE Sony COL 9559 THE LEGEND Bear Family BFX 15289 THE EARLY YEARS Enfin le gros lot ! A cette période, les chansons narratives commencent à avoir la cote dans la Country. Cela tombe bien : pour dissiper l’ennui lors longs trajets, Johnny et Tillman se lancent dans une compétition de compositions. Ils s’échangent des titres de chansons et chacun doit développer le titre fourni par l’autre. Pour se départager, Horton les interprète sur scène et c’est la réaction du public qui donne le résultat ! C’est ainsi, qu’un jour, Franks donne à Johnny le titre improbable When it‘s springtime in Alaska (It‘s forty below). Et, non seulement ce dernier arrive à pondre une chanson, mais le public lui réserve un accueil chaleureux. Aussi, lors de la séance studio suivante, le 10 novembre 1958, ils décident de l’essayer. Grady Martin suggère un changement de rythme et l’utilisation d’Harold Bradley au banjo. Martin et Tomlinson sont aux guitares, Joseph Zinkan à la basse, Buddy Harman à la batterie. Ce sera un coup de génie. Ils enregistrent aussi la ballade plus pop de Hauser, Whispering pines. Les deux font l’objet du Columbia 41308, sorti en décembre. Le Billboard juge que ce sont les deux meilleurs titres récents d’Horton. Il ne se trompe pas : When it‘s springtime in Alaska grimpe tout droit au n°1 Country début 1959 et reste 23 semaines dans le hit-parade. Johnny a néanmoins besoin d’enchaîner avec un autre tube. Or, il n’a plus rien dans ses tiroirs. La chance lui sourit avec un professeur d’histoire d’Alaska, Jimmie Driftwood, qui a enregistré, en octobre 1957, un album, Newly Discovered American Folk Songs, qui comporte Battle of New Orleans, chanson historique narrative basée sur la mélodie de la vieille ballade, The eighth of Le Cri du Coyote n°125 page 09 Johnny Horton Johnny Cash et Faron Young sur la promotion du film Daniel Boone January. Don Warden, qui l’a affiliée à sa maison d’édition Warden Music, la propose à Horton et Franks. Franks, d’abord réticent, change d’avis. Bien lui en prend ! Ils invitent Driftwood à Shreveport, où, après un passage au Hayride le 24 janvier, il passe plusieurs jours avec Horton, raccourcissant le morceau (la version de Driftwood fait 4') pour qu’il puisse passer en radio. Le duo Horton/ Franks se rend trois jours plus tard à Nashville, enregistrer le résultat. C’est Grady Martin qui produit la session, avec la même équipe que pour When it‘s springtime in Alaska et suggère le battement de tambour pour lui donner un ton plus martial. L’autre titre est la ballade All for the love of a girl. Peu après la session, ils jouent dans un club de San Antonio et, au milieu du morceau, la foule s’arrête de danser pour s’approcher de la scène et boire les paroles. Lorsque la chanson est finie, Franks glisse à l’oreille de Horton : "Johnny, c’est LE morceau après lequel on court depuis le début". Mi-avril Columbia l’édite (Columbia 41339), avec la prédiction du Billboard qu’il devrait entrer dans le hit-parade Pop. Effectivement, non seulement il est n°1 Country durant 10 semaines et reste dans ce classement la moitié de l’année, mais il entre bel et bien au hit-parade Pop, y grimpant au n°1 pour 6 semaines. Un tel succès lui ouvre les portes de l’émission TV de Dick Clark le 8 mai, aux côtés de Ronnie Hawkins, Jesse Belvin, les Skyliners et Paul Anka. Il a droit à un passage chez Ed Sullivan le 7 juin, en costume de Davy Crockett (Ed a dû confondre l’Alamo et la Nouvelle Orléans !). Battle of New Orleans recevra le Grammy du meilleur enregistrement Country & Western 1960, des récompenses BMI et NARAS, le disque s’étant vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires. Columbia veut sortir un album. Or à l’époque un album se mérite : il faut avoir fait ses preuves en vendant assez de simples (c'est pourquoi nombre d’inconnus du rockabilly n’en ont pas eu un au cours des 50's, mais un ou plusieurs après les 80's). Deux sessions sont donc programmées mimai. Horton en profite pour enregistrer une version canadienne et une britannique du morceau, la BBC refusant de programmer la vraie, conforme à la réalité historique, une déculottée des mercenaires hanovriens, vétérans des guerres napoléoniennes, sur la plaine de Chalmette, devant la Nouvelle- Orléans le 8 janvier 1815 face à un ramassis hétéroclite de milices, Indiens, Cajuns, Créoles et pirates de Jean Lafitte. Que dire de celle de l’Ecossais Lonnie Donegan, (n°2 GB) qui proclame, dans l’intro, qu’il s’agit "d’une bataille au cours de laquelle les Britanniques s’enfuirent plutôt lâchement" ? Dans la 2ème version de Horton, pour le marché anglais, l’Histoire est bafouée, les Anglais sont vainqueurs (quelle honte !). Sortie sur le simple Philips PB 932, elle est n°16, restant 4 semaines au hit-parade. Tout ça pour ça... Parmi les autres titres, les reprises de Lost highway (Leon Payne) Golden Rocket (Hank Snow) Sam Magee, Cherokee boogie, rockabilly sur lequel brillent Martin et Harman, Joe‘s been a-gittin‘, The first train headed south, et une nouvelle version, moins agressive, de Got the bull by the horns. Profitons du succès tant quʼ’il est temps Le contrat Columbia expirant en juin et les autres marques étant à l’affût, pour leur couper l’herbe sous le pied, Don Law le prolonge de deux ans et accorde à Horton 5% des droits. Franks quitte son poste au Hayride et ils n’y passent plus qu’une fois par mois. Début juillet 1959, ils sont de retour chez Bradley, pour travailler Johnny Reb, autre saga historique, de Merle Kilgore, pour laquelle on remet du tambour, Words, et Sal‘s got a sugarlip de Drifttwood, avec un léger rythme à la Bo Diddley, qui est repris le 6. Johnny Reb et la deuxième version de ce titre sortent avant la fin du mois. En guise de publicité, Horton rend visite au dernier survivant de la guerre de Sécession, le général Walter Williams, 116 ans. Sa fille monte trop le niveau de son sonotone et, lorsque Horton commence à chanter, Williams met les mains sur ses oreilles, en grimaçant, ce qui conduit Horton à penser qu’il n’aime pas le morceau ! Mais, une fois le sonotone bien réglé, le vétéran tape du pied en mesure et est ému aux larmes. Néanmoins, ce n’est pas le méga succès attendu, seulement n°54 Pop, n°9 Country. Sal‘s got a sugarlip est quand même n°19 Country. Le 29 septembre, l’équipe habituelle, avec le pianiste Floyd Cramer, est de retour pour I‘m ready if you‘re willing, version inférieure à celle de 1956, et Take me like I am de Claude King. C’est un échec. Avec des cachets de 2 000$ par concert et une confortable avance versée par CBS, Horton achète une maison sur l’île Shreve de Shreveport. Il investit aussi dans la société d’appâts de pêche Cane River à Natchitoches, Louisiane, qui marchera si mal qu’elle le mettra presque sur la paille ! Début octobre, il prépare les festivités de fin d’année avec They shined up Rudolph‘s nose, The electrified donkey et The same old story the crow told me, de Bill Carlisle, sans aucun succès. Le 7 janvier 1960, un nouveau morceau historique, signé Horton/ Franks, sur une bataille navale de la 2ème guerre, Sink the Bismark (sic, le nom s’écrivant Bismarck), déjà essayé le 30 décembre, et une nouvelle mouture de The same old story the crow told me sont enregistrés, pour le Columbia 41568, mis en vente aussitôt. Un film de Kenneth Moore du même titre et sur le même thème a un gros succès à la même période. Bien aidé par des passages chez Dick Clark, le 2 avril, et Ed Sullivan, le 1 mai, il est n°3 Pop et n°6 Country. Amitié : Johnny Horton et Johnny Cash en conjectures sur les auteurs réels du morceau : Horton en solo ou Horton et Franks ou Horton et Claude King ou Charlie Feathers ? En tout cas, il est essayé deux fois en juillet, le 5, avec Grady Martin, Billy Byrd, Harold Bradley aux guitares, Joseph Zinkan (bss) et Buddy Harman (bat) sous le titre Go north ! puis le 14, avec Martin, Byrd, Bradley, Bob Moore (bss) Douglas Kirkham (bat) mais ce n’est que 9 août 1960 que le résultat espéré est obtenu. C'est l’ultime session de Johnny, avec Martin, Jack Shook, Bradley et Tomlinson (gtr) Zinkan (bss) Harman (bat) et les choeurs des Plainsmen. Franks et lui reçoivent 10 000$ pour le droit d’utiliser le morceau. Franks investit la somme pour une pub coïncidant avec la sortie du film en septembre. Elle montre John Wayne bottant les fesses d’un quidam avec le commentaire : "Ca t’apprendra à m’avoir fauché mon exemplaire du dernier Johnny Horton - North to Alaska !". Wayne apprécie modérément l’humour et son avocat menace de les poursuivre... Ce sera un énorme tube, n°1 Country 5 semaines, n°4 Pop. Il sera repris par Johnnie Allan sous le titre South to Louisiana. Pourtant ce titre a connu des problèmes avant sa sortie : Horton doit écrire le thème musical du film, mais sa version est si éloignée de la vérité historique que la Fox Prémonitions et succès posthume n’en veut plus et leur offre même 5 000$ de Tout roule pour Horton. Pourtant, comme compensation s’ils renoncent à sa présence dans le film. Franks, offensé, insiste pour Eddie Cochran, il a la prémonition de son que le morceau soit utilisé d’une manière ou décès dû à un pochetron. Il demande à sa d’une autre avec le film et on s’accorde pour sœur de prier pour lui et de prendre soin de qu’il soit joué, en guise de publicité, avant Billie Jean et de leurs filles, à sa mère de les projections. La polémique contribue venir passer la semaine chez eux. Il annule sa venue à la première du film et essaie de se certainement au succès des deux. La deuxième semaine de mars est désengager du concert au Skyline d’Austin, studieuse : cinq sessions, générant assez de prévu le 4 novembre 1960, d’autant qu’il ne matériel pour des simples et un album. Ole lui rapportera que 800$. Mais on pense qu’il Slew Foot, composé par Hausey/ Crockett, était, de nouveau, fauché et, avec la facture sur lequel Horton s’est cassé les dents dans de la récente opération d’une hernie pour une version plus rock 'n' roll six mois plus Franks, tout argent était le bienvenu. Le jour fatidique arrive. Tommy Tomlinson tôt, Miss Marcy et They‘ll never take her love from me de Leon Payne, Sleepy-eyed arrive en avion de Nashville où il enregistre John de Tex Atchinson, The mansion you un album en duo avec Jerry Kennedy stole, The sinking of the Reuben James (Tom & Jerry). Johnny passe la matinée (autre bataille navale) sont enregistrés les 8 à s’arranger avec Claude King pour aller et 9, avec des violons, première concession chasser le canard à son retour et appelle à la country pop. Le 10, c’est au tour de Johnny Cash. Cash est défoncé et ne prend deux autres titres de Payne, Jim Bridger pas l’appel, ce qu’il regrettera toute sa vie. et The battle of Bull Run, autres tranches d’histoire, auxquelles s’ajoutent Snowshoe Thompson et John Paul Jones de Driftwood. On reste dans la veine patriotique le lendemain, avec Comanche (nom du cheval de Custer) Young Abe Lincoln, O‘Leary‘s cow et Johnny Freedom, sur l’insistance du président de CBS, Goddard Lieberson, pour aider à la promotion de l’exposition Freedomland USA dans le Bronx, qui débute le 19 juin. La 20th Century Fox les contacte pour enregistrer la chanson-titre du nouveau film de John Wayne, North to Alaska. On négocie âprement pour ne pas renouveler la mauvaise expérience de Sink the Bismark, et il est assuré à Horton que la chanson sera dans le film, quoiqu’il advienne. On se perd Tillman Franks, Johnny, Tommy Tomlinson Le Cri du Coyote n°125 page 10 L’après-midi, en allant chercher Franks, il dit au revoir à Billie Jean au même endroit qu’Hank Williams l’avait fait 7 ans auparavant, et ils partent pour Austin. Au Skyline, pour éviter tout soûlard près du bar, Horton reste dans sa loge. Après le spectacle, ils s’entassent dans la Cadillac (même véhicule que Hank !) pour rentrer à Shreveport. Tomlinson, à l’arrière, constate que Horton conduit trop vite. Vers 2h, le 5 novembre, sur la nationale 79, près de Milano, Tx, ils traversent un pont lorsqu’un camion arrive en face, touche les deux côtés du pont et percute la voiture de Horton de plein fouet. Ce dernier est encore en vie lorsqu’on le retire des débris, mais il décède sur le chemin de l’hôpital. James Davis, le conducteur de 19 ans du camion, était ivre… Franks souffre de blessures à la tête et Tomlinson a de multiples fractures aux jambes, qui amèneront une amputation de la gauche neuf mois plus tard. Davis, lui, s’en sort quasiment indemne ! C’est Billy Franks, prédicateur et frère de Tillman, qui conduit les funérailles le 8 novembre, Billie Jean devenant veuve pour la 2ème fois, à 28 ans. Johnny Cash lit le chapitre 20 du livre de Jean. Johnny Horton est inhumé au cimetière Hillcrest à Haughton, près de Bossier, Louisiane. Columbia sort divers simples posthumes, ainsi qu’un album Greatest Hits. Des maquettes, sans doute enregistrées dans l’appartement de Bob Vittur à l’hôtel Prescott de New York, début octobre 1960, sont utilisées pour sortir ces disques. Le 5 octobre 1964, Johnny Cash, ses Tennessee Three (Luther Perkins-gtr, Marshall Grant-bss, WS Fluke Holland-bat) et les chœurs de la New Carter Family, se superposent sur Rock Island line et I just don‘t like this kind of livin‘. D’autres sessions de ce type seront organisées, les 16, 17 et 18 juillet 1969, avec Grady Martin (gtr) Ray Edenton (gtr) Harold Bradley (gtr) Bob Moore (bss) Buddy Harman (bat) Mel Pig Robbins (pno) pour l’album On The Road. Sleepy-eyed John est n°9 Country en 1961, Honky tonk man, ressorti, est n°11 en 1962. En février 1963, Horton entre pour la dernière fois dans un hit-parade, All grown up étant n° 26... © LONE RiDERS Eric SUPPARO Crise boursière, crise bancaire, faillite des Etats, inepties journalistiques ? Rêvé-je ? Cauchemardé-je ? On connait tous les remèdes de mère-grand : une bonne tisane à l‘ancienne, un bon feu et au lit... Eteignez-moi cette télé, adoucissez-vous les mœurs. Musique, vous dis-je ! JENNiE STEARNS : Blurry Edges On avait, en temps utile, chanté les louanges de Sing Desire et Birds Fall, magnifiques albums signés par Jennie. L‘attente fut longue pour ce nouveau, mais Blurry Edges fait plus que nous rassurer. C‘est une splendeur. Quelque part entre Joni Mitchell et Neko Case, s‘il faut absolument donner des directions, mais avant tout en plein territoire émotionnel. Enregistrées aux légendaires studios Pyramid, NY, avec son propre groupe (impeccable), ces onze chansons atteignent un niveau de sensibilité assez incroyable, autant pour les textes, toujours lumineux, que pour les voix (on n‘oublie pas la voix de Jennie) ou les instruments. Une majorité de ballades acoustiques, valses lentes, avec des touches délicates de lap steel, et puis ce piano, qui donne la couleur à Blurry Edges, signé Michael Stark, totalement maîtrisé et mis au service de la dame et de ses chansons. Un modèle d‘efficacité, de pudeur et de modestie. Ce musicien est un grand. La composition des morceaux joue avec le temps, développe, contourne et enveloppe, comme sur les deux fabuleux Shadows On The Lake et Blurry Edges. C‘est beau, magique et naturel à la fois. Howe Gelb dit d‘elle que ses chansons restent suspendues dans l‘air plusieurs jours après la première écoute. C‘est exactement ça. Plusieurs semaines, mois, années. Cette artiste est un trésor caché. Un vrai. Dans les grandes profondeurs. Dont on ne revient pas, ou alors les bras chargés de joyaux. Blurry Edges est la clé de ce monde. Elle est pour vous. S‘il existe une seule bonne façon de dépenser votre argent aujourd‘hui... (ES) http://jennielowestearns.com Autant ne pas y aller par quatre chemins, le nouvel album de Maurice MATTEi et ses TEMPERS, titré Strum & Drag est tout bonnement un joyau. L‘album que tout le monde attend de Bob Dylan sans oser avouer que l‘attente est interminable... Le King de Cincinnati est un maître songwriter, chaque titre est une merveille d‘écriture, équilibrée, fine et puissante, sans jamais tâter de l‘intello à trois sous ou appuyer trop fort sur les clichés. Un artiste au sens le plus noble du terme, qui utilise la musique comme un vecteur d‘histoires (au même titre que ses photographies -fabuleuses- ou ses dessins), et lui apporte un soin extrême, entre racines folk, tentations country, blues ou rock. Et même si vous pensez avoir lu ça des centaines de fois, ne vous y trompez pas, cet homme a un talent unique. Les quatorze morceaux de ce nouvel album sont autant de raisons de reconnaître enfin Maurice Mattei comme un grand chez les grands. Profond respect. www.mmattei.com Réjouissante nouvelle que cette ressortie du Native Sons des LONG RYDERS en version Deluxe. Celà peut sembler étrange aujourd‘hui, mais les groupes œuvrant dans le genre folk-rockpunky au milieu des 80's n‘étaient pas légion. Sid Griffin et ses potes avaient pourtant un potentiel fabuleux, mélodies racées, guitares qui carillonnent, voix irréprochables. Cette réédition permet de se rafraîchir les idées, et comme Sid est un homme généreux, il accompagne les 11 titres originaux de 13 autres morceaux, EP, sessions/ radios, B-sides. Ce son, cette énergie, quel plaisir...They put the "alt" in "alt-country". Vrai. La preuve par 24. www.sidgriffin.com/long-ryders On se souvient encore de l‘excellent Rosetta Please sorti par Dan MONTGOMERY il y a quelques années, et son nouveau, You‘ll Never Be A Bird ne fait que confirmer tout le bien que l‘on pensait de lui à l‘époque. Voilà un artiste americana qui ne se sent pas coupable de l‘être (c‘est lui qui le dit !). Appuyé solidement sur ses chansons, histoires simples et dures, belles ou vécues, Dan déroule sur ce troisième album un répertoire qui n‘a effectivement pas à rougir de ses racines. L‘excellent Robert Maché est omniprésent aux guitares et mandolines, un violon ou un violoncelle viennent éclairer la scène par intermittence. Le tout se tient debout sans effort apparent. On imagine le travail en coulisses, et on ne peut qu‘applaudir le résultat. Entre Philadelphie et Memphis, un singer-songwriter à la John Prine à suivre sans aucun doute. www.danmontgomerymusic.com Dans un genre nettement plus Southern-Rock, Jesse BREWSTER sort Wrecking Ball At The Concert Hall. Le premier titre me laisse un peu froid, comme une sensation de vouloir épater la galerie, un solo trop "regardez-comme-je-me-promène-sur-lemanche", une mise en scène un peu appuyée. All She Deserves vient nous rassurer, pas si loin de Lucinda Williams...et ce My Great Escape bien troussé aussi. L‘électricité est partout, le rythme assurément construit pour tenir les piliers de bars du Sud en respect, et Jesse Brewster a une belle voix. Un travail de pro, qui sait ce qu‘il veut. www.jessbrew.com suite au verso Le Cri du Coyote n°125 page 11 LONE RiDERS On ne sait rien de Brian WRiGHT avant d‘écouter religieusement ce House On Fire. Immédiatement emportés par l‘étendue de son talent, son ambition musicale, qui marie instrumentation traditionnelle (banjo, violon et accordéon) et éclairs électrisés ou soul (comme sur ce Still Got You), on veut en savoir plus. Basé à L.A., natif d‘Austin, il se définit lui-même entre "Woody Guthrie et Velvet Underground". En voilà de la formule. Peut-on ajouter Richard Thompson ? Que dire de plus ? De l‘énergie, de l‘invention, un son ample et efficace, bref une vraie découverte. Un nom à retenir, et un album à acheter. http://brianwrightmusic.com Yellow Moon de Dave MURPHY se situe dans les mêmes eaux, avec une option folk-americana adulte à la Sheryl Crow plus marquée. Cinquième album pour lui, entouré de musiciens de studio impeccables (David Henry, Marc Muller), Dave Murphy sait écrire des chansons et les délivrer avec délicatesse ou force quand il faut. Il ne manque que quelques étincelles ici et là pour vraiment emporter le morceau, mais son côté naturel fait passer le tout. Joli moment. www.davemurphy.net Tokyo ROSENTHAL est un troubadour au sens le plus strict du terme, voyageur et conteur. A ce titre, Who Was That Man ? nous propose en dix chansons une belle ballade dans son monde, bercé de mariachis, de violons, de pedal-steel, d‘histoires sombres ou de déjà-vu (excellent Maybe I‘ve Been Where I‘m Goin), de nouveau départ, de faux départs aussi. On pense autant à Kris Kristofferson qu‘à Steve Earle, et c‘est bon signe. www.tokyorosenthal.com Etrangement, c‘est plutôt à Michael Stipe et REM que l‘on pense à l‘écoute de l‘album de Darryl Lee RUSH, pour la voix surtout. Troisième effort, comme une country appuyée par des riffs juste un rien graisseux (Letter From A Soldier), des refrains que l‘on peut chanter en choeur, deux-trois ballades pour calmer le jeu, avec un dobro pour faire bonne mesure. Comme ça, sans savoir pourquoi ou comment, certaines choses ne vibrent pas autant qu‘elles le devraient. Ce texan a du talent, il a mis toute son énergie dans cet album, pas de doute là-dessus. Simplement pas touché, c‘est tout... www.darrylleerush.com Plus sombre, l'album Nowhere, de Josh HARTY offre en sept titres ce que beaucoup mettent une carrière entière à réunir, c'est-à-dire de la classe dans la composition, de la maîtrise instrumentale, une voix forte et ample (bien nourrie au gospel du Dakota et à l‘ambiance riante de Fargo !). Entièrement acoustique, ce disque est une perle de justesse, comme pourrait être un mélange réussi de David Rawlings et Kelly Joe Phelps. La reprise de 1952 Vincent Black Lightning est un vrai bonbon. Bravo Josh. www.joshharty.com Très bel auteur-compositeur, issu du Connemara, Peadar KiNG prouve avec cet album The Shadowlands qu‘il a tout ce qu‘il faut pour faire une carrière au-delà de son île d‘Inishbofin : un goût pour les belles choses, écrites ou musicales, une voix profonde que l‘on écoute sans bayer aux corneilles, bref, une sorte d‘autorité naturelle qui est rare. Maniant les racines folk (et d'autres flûtes locales !) avec des rythmes plus rock, il donne surtout envie de visiter son pays et partager une bière au pub du coin avec lui. http://peadarking.com Tori SPARKS s‘annonce d‘emblée comme performer, avec une présence, de la tenue et des choses à dire. Partageant sa vie entre les Etats-Unis et l'Espagne, elle nous envoie deux cartes postales : l'une titrée Until Morning, avec sept titres plus produits, au potentiel commercial évident et l'autre sur Come Out Of The Dark, avec des morceaux plus intimistes et folky. Entre Ani Di Franco et Bonnie Raitt, si ça vous dit... www.torisparks.com Terminons avec la compilation-hommage à Buddy Holly, Rave On. On s‘y presse (de Lou Reed à Patti Smith, Mc Cartney aux Black Keys, Justin Townes Earle à Modest Mouse) et on célèbre le génie (et le 75° anniversaire de la naissance) du grand Buddy. C'est un prétexte à la noix de cajou (projet signé Randall Poster) certes, mais comme ses chansons sont inusables (même si Kid Rock abîme un peu l‘héritage au passage !), on ne boude pas le plaisir. Mes petits préférés sont Morning Jacket, The Black Keys et Paul Mc Cartney (oui !). Faites vos jeux... http://raveonbuddyholly.com Radio Country Club 24h sur 24 et 7 jours sur 7 www.radiocountryclub.com JEU : Le 1er concert de Seldom Scene, en novembre 1971, programmé au Rabbit's Foot, un bar de Washington, DC, a tourné court : pourquoi ? Répondez sur carte postale avant le 20 novembre et participez au tirage au sort pour gagner un des trois albums. Le Cri du Coyote n°125 page 12 COYOTHÈQUE GENE ViNCENT : Gloire et tribulations d’un rocker en France et dans les pays francophones de Garrett McLean L’ami Michel M o r l e y (souvenezvous du f a n z i n e marseillais Crazy Bear durant les années 80) a usé d’un pseudonyme rappelant ses ascendances pour commettre un copieux (280 pages, plus de 600 documents, photos et illustrations) et magistral ouvrage, au format d’un 33 tours 30 cm, sur celui que SLC qualifiait, dans une rubrique actualités de "voix d’or et tête de lard" (une définition un peu minimaliste, certes, mais qui résume globalement le personnage). Mais pourquoi un tel livre ? Les pays anglo-saxons ont divers livres fort bien documentés sur les carrières américaine et anglaise de Gene. Oui, mais on en compte très peu qui racontent ses multiples visites et son impact dans l’Hexagone, hormis quelques ouvrages datant des années 1970 et 1980 ou des articles, comme celui que j’avais écrit dans Jukebox Magazine sur les tournées françaises de Gene. Outre l’abondante documentation évoquée plus haut (qui m’a permis de voir une photo, sur laquelle je figure dans la loge de la salle Rameau en 1967, et que je ne connaissais pas), Michel a conçu son ouvrage de manière scrupuleusement chronologique, des débuts de Gene à son décès en 1971 (40 ans déjà, que le temps est fugace !), ce qui permet de s’y retrouver facilement si l’on cherche une période précise. Pour terminer, on trouve des annexes très détaillées sur les dates et lieux de concerts et tournées, une discographie française, une bibliographie très complète. En sus, vous un 33t, They All Wanna Sound Like Gene !!! (Thunder LP 003) avec 16 versions de titres de Gene par… des artistes non francophones, issus des USA, GB, Nouvelle-Zélande, Suède. Un travail de fourmi, dans lequel on sent la passion de Michel pour cette musique, qui aura ravivé des souvenirs personnels du passage de Gene à Lyon en septembre 1967, la présentation du spectacle ou nos déboires avec Jean-Charles Smaine, à Marseille, en 1970, moi en uniforme (j’étais alors sous les drapeaux dans cette ville) lors de nos tentatives pour trouver un lieu où Gene puisse se produire. Bien sûr, tout n’est pas parfait, ce serait trop beau. La qualité de certains documents laisse à désirer, mais c’est un beau témoignage et un cri d’amour et il faut le déguster comme tel. Merci Michel. (Bernard BOYAT) M. Morley, 1 Impasse Gilly 13007 Marseille thundersoundrecords.pagesperso-orange.fr/label.htm BLUEGRASS & C° talent de Le Chat Mort va donc bien au-delà des qualités de chanteuse de Camilla, même si c‘est sa voix qui focalise immanquablement l‘intérêt de l‘auditeur. Taters 'n' Chops est le deui CD de LAZY TATER, qui a été classé troisième du concours de groupes de La Roche Bluegrass Festival cette année. Le studio me semble mieux leur convenir que la scène à cause du style coulé, avec relativement peu d‘attaque, de Jan Pals (mdo) et Ronnie Snippe (gtr). Leur musique ne manque cependant pas de dynamisme car la rythmique est impeccable et, au banjo, Geer van Schoenderwoerd den Bezemer part en boogie à chaque fois que la mélodie le permet. La réussite de l‘album doit beaucoup à Ronnie Snippe. C‘est un très bon chanteur. On pourra trouver ses versions de Blue Train et Homeless Waltz trop proches de l‘interprétation d‘Alan O‘Bryant mais comment faire autrement quand on s‘attaque à deux des plus beaux joyaux du répertoire de Nashville Bluegrass Band ? Il est excellent sur des classiques (Orphan Annie, Don‘t Let Nobody Tie You Down) et en swing (Stop Your Bawling). Il a composé trois très bonnes chansons pour cet album. We‘re All Glad She‘s Gone est le uptempo qui ouvre l‘album. Liedtie est un swing en hollandais. The One You Are Looking For a une jolie mélodie, très originale et d‘excellents chœurs dans le style des groupes vocaux des fifties (comme plusieurs autres chansons d‘ailleurs). La poignée de titres chantés par ses partenaires est en comparaison moins emballante. Beppie Gasman (cbss) s‘en sort bien sur Walk The Way The Wind Blows (Tim O‘Brien) mais son interprétation de Foolish You est trop folky dans ce contexte bluegrass. Jan Pals est plus que moyen sur Crazy Blues mais il offre un bon duo avec Ronnie Snippe sur I Dreamed Of An Old Love Affair. Avec Taters 'n' Chops, Lazy Tater a réussi un des meilleurs CD bluegrass européens de ces dernières années. © COUP DE PROJECTEUR ROCK PARADiSE NOiX DE CAJUN Bernard BOYAT BRAD ViCKERS & His VESTAPOLiTANS : Traveling Fool Ce chanteur/ guitariste que je découvre en dépit de 2 précédents CD, a accompagné Pinetop Perkins, Bo Diddley, Chuck Berry, Sleepy LaBeef ou Rosco Gordon. C’est dire s’il a été à bonne école. D’ailleurs l’écoute m’avait fait trouver des titres comme Traveling fool ou Leave me be très "berryesques". Accompagné par les Vestapolitans, Margey Peters (bs, viol), Jim Davis (clar, sax), Arne Englund (pno, gtr), Bill Rankin (bat), il propose un mélange roboratif et souvent très rock’n’roll (Skeeter song), un peu ragtime parfois, plus blues à d’autres moments, de son néo-orléanais (Because I love you that way, Don‘t take my Cadillac, Low down dirty shame, Fourteen women, à la Bonie Moronie, Without Moolah), jump (No baby, no), instrumental à la Champs (Uh Oh! ) ou un peu Link Wray (Rockabilly rumble). Une vraie réussite, à découvrir d’urgence. (BB) www.myspace.com/vestapolitans, F. Roszak, 15446 Sherman Way 120, Van Nuys CA 91406 BETH KOHNEN & RUSTY ZiNN : Ease My Worried Mind Pour ce 2ème CD, après celui de 2006, Beth, qui semble avoir quitté le Maine pour l’Ouest, s’est adjointe les services du guitariste californien Rusty Zinn, très efficace pour soutenir son vocal et son jeu d’harmonica. La formule en duo donne un album très intimiste, d’autant que Beth privilégie les ballades, vocales ou instrumentales, sur la majorité des 18 titres, des reprises de spécialistes de l’harmonica, parmi lesquels Walter Horton se taille la part du lion. Les seuls morceaux qui remuent un peu et rockent gentiment sont les instrumentaux In the mood et Walter’s jump. Les titres lents qui ressortent du lot sont nantis d’un rythme louisianais, genre que Beth pratique avec bonheur, le blues instrumental Ain’t easy, Evil ways, Bright lights, big city, Honest I do en swamp pop bluesy et, bien sûr, Raining in my heart. (BB) Autoprod. www.myspace/bethkohnen, 5923 Harbor View Ave, San Pablo CA 94806-4239 JESSE LEGE & JOEL SAVOY : The Right Combination Voici un producteur/ patron de maison de disques qui met la main à la pâte, puisque Joel, qui gère les disques Valcour et joue aussi du viplon, est associé à l’accordéoniste Jesse Lége, qui a enregistré pour Circle D, Swallow, Acadiana et Arhoolie. Ils jettent une sorte de pont avec le swing cadien des années 1930, comme le montre l’utilisation de la steel guitare ou leur reprise du Wondering de Joe Werner. Tout est bien fait là-dessus, particulièrement la superbe Valse d’Evangéline, Tippy Toeing, le honky tonk de Porter Wagoner cajunisé The right combination ou Corina. Je n’ai qu’un seul regret : puisque Wondering est chanté en français, pourquoi ne pas avoir mis des paroles cadiennes sur Tippy Toeing, The right combination et Corina ? Dommage. (BB) www.valcourrecords.com,Valcour, 872 Highway 758, Eunice LA 70535 Bernard BOYAT Maison de disques hexagonale, tenue par Patrick Renassia, qui a déjà sorti une quinzaine d’albums (CD ou LP). En voici trois : BLAZERS : Rockinʼ’ Boppinʼ’ & Strolling Ce groupe, qui n’exista qu’en studio pour une session (qui donna ces 20 titres) fut ainsi baptisé par François Postif, responsable du catalogue US chez Fontana France, parce qu’il portait un blazer. Ces musiciens venaient de participer à une session de Screamin’ Jay Hawkins. Il restait du temps de studio, on leur proposa d’en profiter pour mettre en boîte des reprises de tubes du moment. On retrouve Mickey Baker, dont le jeu de guitare est reconnaissable sur Tequila, et des membres de l’orchestre de l’organiste Doc Bagby, bien présent sur des titres comme Slow walk. Le vocaliste est probablement Frankie Tucker. Nous avons donc droit à un mélange d’instrumentaux R'n'R, dont Walkin’ with Mr Lee, Rumble, plus policé que l’original de Link Wray, et de vocaux, comme The stroll, qu’on danse encore (vérifié à Attignat, en groupe mais à ne pas confondre avec la danse en ligne), Witch doctor, le slow For your love ou des choses plus enlevées et doo-wop, Get a job, Short shorts, Don’t let go ou I wonder why. Saluons donc cette initiative qui réjouira qui ne posséde pas les rares vinyles français ou permettra de les ménager. (CD 12 et LP 102) MEGATONS : Hydrogen Bomb Les Ghost Highway sont quatre, les Megatons un de plus, puisque leurs rangs comptent Charlie (vo, r-gtr) ancien des Real Gone Daddies, Loud Mufflers et Craignos Monsters, qui se produit aussi au sein des Four Slicks un groupe garage, Didac (l-gtr) ex Rhythm Roots et Bad Hangover, Steph (bss) Jerry (sax), tous deux ex Alley Cats et Jokers, et Dom (bat), ancien des Boppin’ Teds, Rock Paradise, 42, rue Duranton, 75015 Paris (métro Boucicaut) Tel : 01.45.58.40.30, www.rockparadise.fr Dixie Canonball et Froggy Land Boys, qui officie aussi avec les Hoochie Coochies. On le voit, certains sont dans le milieu musical depuis les 80's, ce qui leur donne de la bouteille. Cette formule en quintette, avec saxo, signifie qu’il est, de leur côté, question de rock ’n’ roll plus que de rockabilly, quoique un ou deux titres bénéficient d’une petite touche de ce style. Encore un très bon guitariste et des reprises qui sortent des sentiers battus. C’est bien que le créneau white rock soit occupé de si belle manière. Ecoutez leurs versions de Long ponytail, Flying fish, You’re late Miss Kate, Spark plug et, surtout, Blue swingin’ mama avec saxo, vous m’en direz des nouvelles. Quant aux deux instrumentaux, Sabotage et Thunder wagon, c’est du rockin’ surf comme on l’aime. Des débuts vraiment réussis, souhaitons que les uns et les autres se fendent aussi de compos. Ils en sont très capables. (CD 14) GHOST HiGHWAY : Ghost Highway Quatuor composé de rescapés de différents groupes : Zio (cbss) ex-Teenkats, Jull (vo, l-gtr), Phil (bat) ex-Jim & the Beams, Arno (vo, gtr, hca), exAustin Continental. Sur ce CD 17 titres, on retrouve leurs influences : une 1ère partie plus rockabilly/ R'n'R, une sorte d’intermède avec Hello Mary Lou, qu’il fallait oser, Ricky Nelson n’étant pas trop en odeur de sainteté dans le milieu rockab’, une 2ème plus hillbilly bop/ hillbilly boogie, mais le tout s’entremêlant souvent. Très bon choix de reprises, plus une compo instrumentale, le tout agrémenté du brillant jeu de guitare de Jull. Difficile de ressortir des titres du lot, tout étant excellent. J’avoue cependant un faible pour Snatch it and grab it, My babe, cool avec harmonica, Hypnotized, plus rond que les autres morceaux, Tennessee rock and roll tout en nuances, ou Home of the blues et All by myself, très cashien et burnettien, tout en y apportant un cachet personnel. De superbes débuts sur disque ! © Le Cri du Coyote n°125 page 28 CROCK & ROLL BLUE SUEDE CREW : Live At Arcada Nous avions présenté ce groupe pour la sortie de son 1er CD, Sun Sessions. Le revoici, enregistré en public (il faut le savoir, car si on entend bien les chanteurs s’adresser à lui, on n’entend guère ses réactions) dans leur tour de chant qui présente toujours un volet Elvis (tenu par Scott Wattles) et un Johnny Cash (tenu par Keith Furry), avec le soutien de Jan Daily (June Carter Cash, piano), Bobby Reynolds (gtr sol), George Miller (bss), Dave Stephens (bat), Glen Lip Lewis (tpt), Michael Pond Jones (tbne), Charlie Cox (sax), Sandy, Candy & Dawn (chœurs). Le menu est copieux (23 titres) faisant logiquement la part un peu plus belle au King qu’à l’Homme en Noir. C’est par ce dernier que débute le CD, avec un Keith Furry qui l’imite très bien, copiant ses tics de scène, et une Jan Daily très convaincante vocalement. Outre des titres très connus, dont Ghost riders, qui me fait penser, chaque fois que je l’entends au passage de Cash au Muppets Show, on a droit à Long legged guitar man et No need to worry. Pour Elvis, bien tenu par Scott, je trouve trop belle la part faite à la période Las Vegas mais, depuis un passage à la boutique de Graceland, je sais que le public US en est bien plus friand que de sa période RCA pré1958 et que celle chez Sun et, comme le client est roi… Le son et la balance sont bons et les musiciens à la hauteur, surtout Jan au piano et Bobby qui passe sans problème de Luther Perkins à Scotty Moore. Un hommage sympa. www.bluesuedecrew.com 705 De Wit Avenue East, Mattoon IL 61938 SNAKE-BiTE : It Drives Me Wild De leurs quatre albums antérieurs, je ne connaissais que Weekend, déjà sur TCY, paru en 2006 et chroniqué dans le Cri, très éclectique, car englobant Americana, pop rock à la Chris Isaak, rock ’n’ roll un peu garage et, déjà un peu de teen rock et de doo-wop, titres les mieux réussis. Ce dernier opus en date est plus homogène, mais son étiquette est trompeuse : la mention File under Rockabilly figurant sur la pochette ne reflète pas vraiment le style musical de ce, dorénavant, quintette allemand. Car, de vraiment rockabilly parmi les 12 titres de l’album, il n’y a que le Rock around with Ollie Vee de Buddy Holly. Deux autres reprises sont honnêtes mais pas transcendantes, celles de Shout, dont la version de la rouquine écossaise Lulu reste pour moi la meilleure et de Lonely teardrops de Jackie Wilson. En revanche, Angelina, morceau inconnu de moi, sonne très doo-wop caribéen, ce qu’une recherche a confirmé (il a été créé par Harry Belafonte). Les compos de Denis Bobic, le chanteur/ guitariste, sont bien meilleures, dans un registre plus rock’n’roll moelleux, grâce aux deux saxos, avec une dose de doo-wop et une pointe de teen rock, juste pour le rendre plus commercial. Ils sont donc en progrès et c’est très bien ainsi. www.tcy-records.com TCY, Im Haufland 23, 8627 Grüningen (Suisse) CHRiS ALMOADA : Come To New Orleans Nouveau venu sur la scène française, Chris, chanteur/ guitariste soliste, accompagné de Max Almoada (son frère ?) à la rythmique, Pascal Freyche à la contrebasse, Gaël Pététin à la batterie et de Jean-Pierre Cardot, le Jerry Bernard BOYAT Lee Lewis hexagonal au piano, a enregistré cet album pour une nouvelle marque, elle aussi, Rydell. Travail très bien fait, sauf sur Cruisin‘ où le vocal est un peu confus. Chris et son producteur ont bien compris l’essence du rockabilly, avec un peu d’écho sur certains morceaux (Come to New Orleans, Cool cat), de rythme caribéen (Broken heart) ou de hillbilly bop à la Jimmy & Johnny (Show me the way to go home). Les titres qui émergent le plus nettement sont les mediums, ceux au son Cash ou de facture rockabilly classique. On attend la suite avec impatience. Rydell, Distr. exclusif : Rock Paradise, 42 rue Duranton 75015 Paris BRiAN & EDUARDO : Latin Shadows Les lecteurs attentifs du Cri savent déjà que le groupe espagnol instrumental des Jets a souvent enregistré avec l’ancien bassiste des Shadows, leurs idoles, Brian Licorice Locking, qui est donc le Brian du duo. L’Eduardo qui le complète est le batteur et l’âme des Jets, Eduardo Bartrina. Les dix titres sont des reprises, dans le style Shadows, certaines un peu plus variété ou latino avec une version guillerette de This ole house. Pour amateurs de Shadows et Jets, qui y trouveront leur content. www.losjets.com CHRiSTOPHE DUPiN : Rockʼ’nʼ’Roll Tonight Chanteur/ guitariste français né le 30 septembre 1970 à Berck-sur-mer, puis parti en Suisse à 3 ans. Il baigne dans un milieu musical, son père, Roland, étant un joueur de hautbois mondialement connu, et intègre, en 1978, le conservatoire de Zürich où il apprend, bien sûr, le hautbois. Il a déjà découvert le rock ’n’ roll en 1977, lors de la mort d’Elvis, les radios et télés diffusant ses enregistrements à tout va. En 1982, il forme les Billys, qui tournent en Suisse et Allemagne pendant 4 ans. Il enregistre alors un simple avec Dis-le moi. Durant les années 1990, il joue avec plusieurs formations françaises, puis, en 2003, il crée et développe les "Soirées musicales de Berdorf" (Luxembourg), dont il assure la direction artistique. Lors d‘un concert en hommage à Mozart, il fait un retour improvisé sur scène, entouré de musiciens classiques qui délaissent leurs instruments pour une batterie et un piano boogie. Suite au succès remporté, il se remet à PROFESSOR HARP : They Call Me The Professor Si vous ne savez pas ce qu’est un vrai rockin’ blues shouter tel que je le conçois (vocal clair et puissant) voici une séance de rattrapage avec le professeur Harmonica. De plus, pour ne rien gâter, le Bostonien Hugh Holmes manie l’instrument en question avec dextérité, bien aidé par le guitariste Toni Ferraro, qui lui fournit trois titres, et joue parfois en slide, sans en faire trop. Pour ce premier album, le Prof nous offre un mélange détonnant (seul le dernier titre, un instrumental, est quelconque) de rockin’ blues lent ou enlevé, avec des teintes néo-orléanaises sur They call me the Professor, de rock ’n’ roll (It just comes natural, entre Shake, rattle and roll et Flip, flop and fly, reprise du Sugaree de Marty Robbins et, très inattendue, de l’instrumental des Rockin’ Rebels, Wild weekend, très rarement refait) ou de rockin’ rhythm’n’blues (un What you do to me très néo-orléanais). J’en redemande sans modération. www.professorharp.com P.O. Box 823, Brockton, MA 02303 Le Cri du Coyote n°125 page 31 SHAWN PiTTMAN : Edge Of The World Dire qu’ils ne sont que deux, Shawn (vo, gtr, pno, bss, bat) et Jonathan Doyle (saxos) ! Pourtant, ils sonnent souvent comme s’ils étaient un orchestre complet. Shawn a tout compris au rockin’ blues bien carré et, si on excepte un titre qui relève plus du R‘n‘B/ soul des années soixante, le reste est de haute volée, en particulier Leanin’ load, que l’ajout d’un harmonica transformerait en superbe swamp blues, le rockin’ R’n’B néoorléanais Almost good, la ballade That’s the thing, très swamp pop, ou Mailman, au rythme Bo Diddley avec la batterie très en avant. Une belle découverte. Delta Groove, 4823 Atoll, Sherman Oaks, Ca 91423 www.deltagrooveproductions.com la composition, remonte pour de bon sur scène en 2007 et enregistre ce CD 6 titres qui mêle bon rock ’n’ roll avec sax (Be bop rock‘n’roll, Rock‘n’roll tonight, Play rock‘n roll & rockabilly on the radio), rock ’n’ roll medium (Sweetie Cindy), superbe slow des 50‘s qui me rappelle mon adolescence et les boums (Oh Caroline), teen medium un peu plus 60‘s (Dis-le moi). Vocalion, 54 rue d’Echternach 6550 Berdorf (Luxembourg), www.myspace.com/christophedupin MARS ATTACKS : Recaptured ! Voilà un menu copieux : 26 titres ! Cela permet aussi de grandement diversifier les styles, comme ils l’ont fait sur la scène du festival d’Attignat où ils ont proposé une partie du contenu de leur nouvel enfant, en gestation depuis 3 ans, avec une très grosse majorité de compos, dues à la plume fertile du guitariste soliste Martin Telfser, du contrebassiste Oliver Pfanner ou du chanteur/ guitariste/ trompettiste Roland Riedberger. Les styles couvrent rockabilly plus néo, classique, hillbilly boogie, ballade à la Elvis début RCA (Please can you say), country bop au rythme caribéen (That‘s the way I feel), rock ’n’ roll à la Sonny Burgess (You‘ll never break me) et une constatation s’impose : ce sont les titres medium ou classiques et bien carrés qui leur conviennent le mieux, comme ceux qui les connaissent déjà pouvaient s’en douter. Une belle réussite. Part 696.001 www.rockabilly.de et www.rockabilly.ch/marsattacks HiPS QUAKERS : Hips Quakers C’est un membre messin de Blue Monday qui m’a fait connaître le CD 5 titres du groupe lorrain du batteur Hervé Gilquin, lors du dernier GRT. Il comporte des reprises de titres très connus, Thirty days, carré avec écho, You’re my baby et Tear it up, tirant plus sur le néo rockabilly sauvage, Folsom prison blues, dans une version correcte et mon préféré pour conclure, Oochie coochie, auquel ils donnent un rythme caribéen. Sympathique affaire à suivre… autoproduit, www.myspace.com/hipsquakers ROCKHOUSE TRiO : This Road Jean-Louis Puccinelli (vo, r-gtr) Ugo Frogoni (cbss) Richard Chan-Wai-Hong (l-gtr) m’ont laissé une excellente impression lors du GRT, d’abord lors de l’Aprèsmidi des grenouilles, dont ils ont remporté le concours, puis en ouverture de l’après-midi dominical. Pas étonnant que l’ami Pierre Maman les ait fait enregistrer sur sa marque. Leur premier CD comporte 3 compos et 11 reprises, fort variées, tout en restant dans un créneau bien acoustique et authentique (la pub Authentic rockabilly trio ne ment donc pas), sans verser dans le psycho ou la vitesse CROCK & ROLL retombe ensuite dans le train-train vocal. Dommage. www.deltagrooveproductions.com à tout prix comme d’autres. De plus ils ne font pas de copie servile, adaptant les morceaux à leur style, et ce, de belle manière, les exemples les plus frappants étant My advice, nantie d’un soupçon d’écho, un superbe Act naturally de Buck Owens bien rockabillysé et, transformé en hillbilly bop, I feel fine des Beatles, qu’il fallait avoir les couilles de reprendre, dans un milieu qui les exècre. Parmi les trois compos, ma préférence va à This road, de Richard Chan-Wai-Hong. Comme d’autres avant eux, on les attend au virage du deuxième album, après ces débuts réussis. SHOTGUN : Sons Of Rockabilly Après des simples et super 45t sur Billy Goat, Dynamite, Cat Machine, Part, une quinzaine d’albums pour Magnum Force, Rockhouse, Rarity, King Ed, Raucous, Chanti, Tomb Disc, Castle, Pink & Black, voici Shotgun sur une marque suisse. Le groupe a débuté dans l’est londonien en 1979, formé par le batteur Bob Burgos et le guitariste soliste/ chanteur Ray Neale, qui étaient toujours là en 1996, aux côtés de David Briggs (gtr) et Rob Murly (vo, cbss et bss). Ces quatre sont toujours fidèles au poste, rejoints maintenant par Craig Collins (vo, gtr) ce qui fait 3 chanteurs pour le groupe, dont l’affectation à chaque morceau n’est pas précisée et dont un a un timbre qui passe moins bien. Les 18 titres, enregistrés entre 1991 et 2011, dont une douzaine de compos, montrent qu’ils sont restés fidèles au rockabilly à la Ted, avec une batterie en évidence mais, heureusement, Bob Burgos n’a pas le style bûcheron de certains de ses confrères du genre. Pour ma part, je les aurais placés dans l’ordre chronologique ou mis les reprises ensemble, pour plus de cohérence. Les titres qui ressortent du lot sont la reprise, plus légère que le reste du CD, de Shotgun boogie, et les compos Rockabilly dad, Hey Mr DJ, Shot in the dark (plus instrumental que vocal), Rumble in the jungle et son rythme à la Willie and the handjive, Son of rockabilly et In for a penny in for a pound, assez boomchicka-boom cashien. www.tcy-records.com Crazy Times, BP 1070, Moulin à Vent 66103 Perpignan Cédex, Tél. 04.68.55.37.17, www.crazytimesmusic.com THREE ON A MATCH : Please Mʼ’am Ce trio, formé par Nicolas Poulolo (vo, l-gtr), Eric Pinget (bat) et Laurent Dapp (cbss) est le seul que je n’ai pu entendre lors de l’après-midi des grenouilles à la GRT d’Attignat et seul leur premier CD autoproduit m’a permis de me faire une idée de ce que j’avais manqué. Et j’ai bien manqué quelque chose. S’ils font dans un rockabilly léger et aérien, ce qui est, somme toute, banal, ils composent avec talent (huit titres sur les 13), alors que beaucoup s’en tiennent aux reprises et, ces dernières, ils ne vont pas les pêcher chez d’obscurs rockabillistes, mais chez Brownie McGee, Elmore James ou Jimmy Reed et les adaptent à leur style, ce qui les rend sacrément originaux. Essayez leur Ain’t that loving you baby, vous m’en direz des nouvelles. Nicolas chante tout en nuances, avec un peu trop de retenue sur le CD, mais il doit avoir plus de fougue sur scène. Pour la suite, je leur suggère de mettre un peu d’écho, le résultat serait encore meilleur. autoproduit, Nico 06-25-66-79-20 GARNET HEARTS : Cupid Nous n’avions plus entendu parler d’eux depuis leur premier CD, Life Behind Bars, sur Wild Hare, il y a quatre ans. Depuis, leur composition a changé, incluant dorénavant Eddie Mac Intosh (vo, r-gtr), Mark Pettijohn (bat), John Bozarth (cbss) et Andrew Ladson (l-gtr), patron de leur nouvelle maison de disques. Deux titres ont une balance vocal/ instruments moyenne. Le style est essentiellement basé sur des compositions rockabilly musclées et rapides. Mais, comme pour les excellents vins rouges des régions produisant du blanc et inversement pour celles produisant du rouge, c’est sur leurs titres plus medium que je les préfère : Cupid, qui permet d’apprécier le très bon travail à la guitare d’Andrew, Right here with you, un peu plus hillbilly, Can‘t be loved et un Bonfire en rockabilly léger. www.anothermilerecords.com Another Mile, PO Box 25235 Washington DC 20027 ELViN BiSHOP : Raisinʼ’ Hell Revue Elvin a réuni un bel aréopage d’accompagnateurs, dont l’harmoniciste John Németh, le saxophoniste Terry Hanks, ou le pianiste/ accordéoniste Steve Willis. Tout démarre pour le mieux avec un Callin’ all cows entre Willie and the handjive et My toot toot, puis un Whole lotta lovin’ plus blues. Ensuite si l’accompagnement reste d’excellent niveau, les vocalistes ne semblent pas vraiment faits pour les morceaux qu’ils interprètent, en particulier Németh, au timbre trop léger pour les rockin’ blues qui doivent arracher. On a un nouvel espoir avec Cryin’ fool, qui démarre avec un superbe saxo à la louisianaise et un piano léger, assez swamp pop, mais on Delta Groove, 4823 Atoll, Sherman Oaks, CA 91423 TCY, Im Haufland 23, 8627 Grüningen (Suisse) J.P. SOARS : More Bees With Honey Ce guitariste très doué en est à son 2ème album, où il varie à la fois les genres et la qualité, du quelconque à l’excellent, en passant par les intermédiaires. Les genres ? On trouve du R‘n‘B des années soixante à la Blues Brothers, du rockin’ blues, de la ballade soul, du rockin’ rhythm ’n’ blues, du rock ’n’ roll, de l’Americana, du blues lent, soit diverses variations sur fond de musique noire, sans le funk et le jazz du premier. Les grands moments sont les superbes rock ’n’ rolls néo-orléanais Back of my mind, dont la ligne mélodique rappelle celle de The hucklebuck, et The hustle, Twitchin’, un rock’n’roll musclé avec le superbe piano de Travis Colby, ou Where’d you stay last night, rockin’ rhythm ’n’ blues avec une guitare en slide. Mais la pépite du lot est Hot little woman : PROFESSOR HARP : HiLLBiLLY HUXTERS : The Hillbilly Rockʼ’nʼ’roll Show Le label Lièvre Sauvage de Virginie Occidentale s’était fait discret depuis quelques temps. Le voici de retour avec le premier CD d’un trio formé de Dave Moore (gtr sol, vo), Matt Todd (cbss) vocal sur Tear it up et Todd Hocherl (bat), qui a tout compris au rockabilly : d’abord, la formule en trio, celle classique du genre, ensuite une fidélité totale au son des années cinquante, avec un vocal clair, bien mis en avant et non noyé sous les instruments. Ne cherchez pas là-dessus du psycho ou du survitaminé, ce n’est d’ailleurs pas le genre de la maison chez Wild Hare, où on privilégie l’authenticité. C’est du pur rockabilly non stop (sauf l’instrumental Huxtercize, qui relève plus du rock ’n’ roll) du début à la fin, basé sur les titres les plus populaires du répertoire public du groupe, et il n’y a rien, absolument rien à jeter dans le lot. Les reprises, avec deux titres de l’ami Al Ferrier, Hillbilly blues d’Eddie Clearwater ou I’m comin’ home de Johnny Horton, sont excellentes, voire brillantes. Après de tels débuts, il va falloir assurer pour l’album suivant, les gars ! Wild Hare, 908 New Hope Rd, Berkeley Springs WV 25411, www.wildharerecords.com un rockin’ rhythm ’n’ blues aux changements de rythme incessants, tantôt sautillant, tantôt plus lent, un superbe exercice de style. Si le prochain CD ne contient que des titres similaires à ceux précités, on ne sera pas loin du chef d’œuvre ! (Soars High Prod.) Frank Roszak, 15446 Sherman way N°120, Van Nuys CA 91406 MOON ViOLET : Rock ʼ’nʼ’ roll Party With Ce groupe canadien, qui me semble informel, hormis son meneur Lee McCormack (vo, gtr, bat, hca), assisté d’Anthony Amodeo (cbss), bénéficie du concours de musiciens comme l’Ecossais Kyle Esplin (pno) sur ce premier CD longue durée, après un autre de 4 titres. Beaucoup de compos là-dessus, prouvant que Lee a des aptitudes certaines dans ce domaine. Elles sont d’ailleurs meilleures que les reprises, dont celle d’un titre des Runaways, rock et non rock and roll, détonne au milieu du reste, qui relève majoritairement plus du rock and roll que du rockabilly, avec deux excellentes ballades teen medium bien années cinquante, Afterglow et Worth the pain, qui vous feront peut-être craquer. Une très plaisante découverte. 964 Timmings Gardens, Pickering ONT. L1W 2L2 (Canada), www.moonviolet.com MAGAZiNES & FANZiNES BLUEGRASS EUROPE P.O. Box 367, CH-4102 Binningen, Suisse BLUEGRASS ! (FBMA) Châtenay, 71290 Simandre SUR LA ROUTE DE MEMPHiS 658 Av. J. Amouroux, 47000 Agen NO FENCES Friedrichsstrasse 16, 34117 Kassel (Allemagne) BCR LA REVUE 4 rue Baillergeau, 79100 St Jacques de Thouars BANDS OF DiXiE Route du Vigan, 30120 Montdardier BLUES MAGAZiNE, Rés. Mermoz 1 Allée Bastié, 95150 Taverny TRAD MAGAZiNE 1 Bis, Imp. du Vivier, 91150 Etampes BLUES AGAiN 19 Avenue du Maréchal Foch, 77508 Chelles MADE iN USA 21bis rue Dammartin, Montbrieux, 77580 Guérard GOLDENSEAL 1900 Kanawha Blvd East, Charleston, WV 25305 USA (en Anglais) Gérard HERZHAFT Concert & Conférences Country Music - Blues - Cajun - Folk Song 04-72-33-45-89 Nouveau : son blog sur le Blues : www.jukegh.blogspot.com Le Cri du Coyote n°125 page 32 Marc Alésina Gilles Vignal Bernard BOYAT Dean REED L'Elvis rouge ou quand un Américain passait à l'Est La guerre froide vit nombre de transfuges aller d’Est en Ouest (le musée du Mur à Berlin est très édifiant à ce sujet), des anonymes, des "politiques", comme la fille de Joseph Staline ou Levchenko, mais aussi des sportifs, tel le joueur d’échecs Korchnoi, et des artistes, surtout des danseurs étoiles, à l’instar des Nureyev, Makarova ou Baryshnikov, plus exceptionnellement dans le sens Ouest-Est, comme les taupes britanniques du KGB Burgess (rien à voir avec Sonny !) MacLean et Philby, ou la sorte "d’exception culturelle" constituée par le cas de Dean Reed, artiste à la carrière et à la destinée étonnantes et pleines de paradoxes. Dean Cyril Reed naît le 22 septembre 1938 à Wheat Ridge, non loin de Denver, Colorado, entre deux frères, l’aîné Dale R et Vernon. Le père, Cyril Dale, est professeur de maths et d’histoire à Wheat Ridge et la mère, Ruth Anna, est femme au foyer. Il se met à la guitare à 12 ans et commence à composer. Il passe le bac au lycée local, dont il a été un athlète et nageur vedette, en 1956, puis s’inscrit en météorologie à l’université du Colorado à Boulder. Durant deux vacances d’été, il joue de la guitare pour les clients du ranch de vacances Harmony, près d’Estes Park, dans les Rocheuses. Il se produira même à l’auditorium Phipps de Denver. A l’université, il fait partie de l’équipe de gymnastique et du groupe Sock and Buskin, chantant du folk, des ballades, et de la country. Le recruteur de talents Roy Eberhart l’entend et le persuade de tenter sa chance à Hollywood. Reed quitte donc l’université en 1958, et part pour la Californie, au volant de sa Chevrolet blanche décapotable, avec sa guitare, des maquettes de chansons et la lettre de recommandation d’Eberhart. En Arizona, il prend un auto-stoppeur qui propose, en contrepartie d’une chambre à l’hôtel, que Reed lui paiera le soir, de lui donner l’adresse d’un agent artistique. Arrivé à destination, Dean enregistre, à titre d’essai, Once again pour Imperial. La marque ne l’engage pas, mais Voyle Gilmour, de Capitol, l’auditionne et lui fait signer un contrat de sept ans. (NB : c’est sans doute suite à son succès en Amérique du Sud qu’Imperial se décidera à éditer Once again sur le simple 5733, en 1961). Il passe aussi un test d’acteur pour Warner Bros., qui décide de l’envoyer à son cours d’art dramatique. Celui-ci est dispensé par Paton Price, qui le persuade que les artistes doivent avoir une influence politique, leçon qu’il retiendra. C’est dans ce cours qu’il côtoie Jean Seberg et Phil Everly, qui devient son ami et n’hésitera pas à aller assister à ses concerts à Karl-Marx-Stadt (redevenu Chemnitz) en 1979, y participant même (deux vidéos sur You Tube les montrent en train de chanter All I have to do is dream et Bye bye love), ainsi qu’à Berlin-Est en 1981. Capitol veut en faire une idole des jeunes (c’est la période Ricky Nelson, Jimmy Clanton, Fabian etc.) et lui fait enregistrer quelques simples modérément populaires, comme Annabelle*, un peu teen rock, valant surtout par la partie de guitare de Joe Maphis / The search, teen rock correct (Capitol 4121) critiqué ainsi dans le Billboard du 12 janvier 1959 : “Reed, a new artist, turns in a pair of fine readings on this debut. Top side is a sharp rocker wich a cajun rhythm backing, while the flip also catches a good performance in the Tex-Mex tradition. Watch the boy and the sides”**. Ce simple, enregistré le 28 novembre 1958 au studio Capitol d’Hollywood, 1750 rue Vine nord, comporte Otis William Joe Maphis et Leon M. Silby (guitares) William Edward Billy Liebert (piano) Dale H. Warren (basse) et Marion Z. Pee Wee Adams (batterie). The search sera sa seule entrée dans le Top 100, n°96 (mars 1959). Les trois autres titres ayant laissé une petite trace nous intéressant dans l’histoire musicale sont I kissed a queen (Capitol 4198), enregistré le 2 avril 1959 au studio Capitol, avec John C. Johnny Bond et Joe Maphis (guitares) et Enos Skeets McDonald (basse), Our summer romance (Capitol 4273) variété twist avec des violons, et Female Hercules (Capitol 4608) variété teen, de 1961. Reed passe à American Bandstand, l’émission TV de Dick Clark cette année-là. On le voit aussi dans des programmes grand public comme Bachelor Father. Il décrira ultérieurement cette période hollywoodienne, dont il profite à plein alors, comme "un camp de prostitution où les apprentis chanteurs ne sont pas maîtres de leur destinée". Our summer romance est un succès régional mais, surtout, remporte un surprenant et énorme succès en Amérique du Sud (n°1 au Chili). L’été 1961, Dean donne une paire de concerts dans son ancienne université et a un fan club de 6 000 membres dans la région des Rocheuses ! Début 1962, Capitol l’envoie effectuer une tournée de 42 jours au Brésil, Chili et Pérou, pour promouvoir son dernier simple. La police doit le protéger de ses fans exubérants. Il est classé devant Elvis dans les hit-parades sud-américains, Le Cri du Coyote n°125 page 33 alors qu’il est inconnu du grand public US ! En mars, sans avertir quiconque, il plie bagages et s’envole pour Santiago, où il est surnommé The Magnificent Gringo. A peine débarqué, il commence à se répandre dans la presse contre les essais nucléaires américains. Le 26 avril, il écrit une lettre ouverte au peuple chilien pour lui demander de réclamer à Kennedy de les stopper. L’ambassade US l’avertit de mesurer ses propos et le FBI le gardera dans le collimateur... Durant la première moitié des 60‘s, il vit sur sa popularité, effectuant de nombreuses tournées en Amérique du Sud, en particulier au Chili et Pérou, remplissant les stades de foot, avec des passages sur les télés nationales. Il apprend l’espagnol et enregistre pour Philips, Musart, Astral, Odeon (versions de La bamba et Hippy hippy shake en 1965). Il se marie une première fois en 1964 et a une fille, en 1968, qu’il prénomme Ramona Chimene Guevara. Il a une émission TV à Buenos Aires en 1965, où il vit dans une villa cossue, en banlieue. C’est au Chili, sous l’influence de Salvador Allende et du chanteur folk Victor Jara (qui sera assassiné et dont Reed joue le rôle dans le film est-allemand El Cantor) qu’il commence à parler politique dans ses concerts, critiquant l’armement nucléaire américain et la politique extérieure US, sans que cela émeuve trop, dans un premier temps, les autorités locales qui, bien que très (et même plus) à droite, n’aiment guère les Yankis. Il gagne 1 500 dollars par jour au Chili, les convictions politiques n’empêchant pas les profits capitalistes. Puis il tourne un film au Mexique. Un concert type de Reed à l’époque comporte ses titres connus, plus quelques rocks comme Tutti frutti ou Blue suede shoes, suivis d’une harangue politique en espagnol. Tout cela ne l’empêchera pas de rester toujours une idole variété américaine, même s’il suit les modes musicales (folk, country variété, Beatles). Accueil en Argentine Le 15 juillet 1965, il chante devant le congrès mondial pour la paix à Helsinki, représentant l’Argentine. Il interprète Marianna et des morceaux country et rock and roll. Les délégués restant impassibles, Dean saute de la scène au milieu des spectateurs et les fait se tenir par la main, ce qui les fait pouffer. Il remonte sur scène et leur fait chanter We shall overcome. Nikolai Pastoukhov, président du Komosol, l’organisation de la jeunesse soviétique, impressionné, l’invite à monter avec lui dans le train de Moscou. Reed retourne en Argentine, effectuant de fréquents voyages en Espagne et Italie, pour tourner dans des films, dont divers westerns spaghetti. Il entreprend sa première tournée en URSS en 1966 et fait un tabac dans les 28 villes où il passe. Pastoukhov lui arrange alors un contrat d’enregistrement avec la maison de disques d’état, Melodiya. La propagande soviétique présente la chose comme le résultat de son impossibilité d’enregistrer aux USA en raison de son idéologie, ce qui est faux. En 1967 il s’installe à Rome et enregistre pour Ariston et Edibi. En 1969, il participe à une manifestation contre la guerre du Vietnam devant l’ambassade US, et, sous le nez de l’ambassadeur, en tête de cortège, il lève le poing en hurlant "Viva Ho Chi Minh!“. Il envoie une lettre ouverte au magazine Ogonyok, louant le système soviétique et déclarant : "les citoyens américains seraient heureux de vivre dans un régime socialiste, parce que la moitié des enfants aux USA meurent à la naissance, leurs parents ne pouvant s’offrir un docteur !" En 1970, il repart au Chili, participer à la campagne électorale de son ami Salvador Allende, chantant son hymne de campagne Venceremos (Nous vaincrons). Une semaine avant l’élection, il est arrêté pour avoir lessivé un drapeau US (sali par le sang vietnamien) devant le consulat américain. Puis, lors d’une des célébrations de victoire d’Allende, il a droit aux huées du public qui trouve qu’il chante mal ! En 1971, alors qu’il doit revenir en Argentine, il en critique la dictature militaire. Pour échapper aux ennuis prévisibles, il s’y introduit clandestinement depuis l’Uruguay. Il est arrêté et passe 20 jours en prison, avant d’être expulsé du pays. Sa première femme le quitte alors et rentre aux USA avec leur fille. En 1972, il quitte le Chili pour de bon, après avoir écrit une lettre d’adieu au peuple chilien, et s’installe en RDA, devenant une énorme vedette de l’autre côté du Rideau de Fer, en particulier avec My Yiddishe mama. Les billets de ses concerts soviétiques se vendent 40 roubles (48 dollars de l’époque, somme énorme pour l’URSS). La Ligue des jeunesses communistes tchèques lui décerne une médaille, la Hongrie lui octroie un prix de la paix. Il tourne son premier film est-allemand en 1972. Il se remarie, en 1973, avec une interprète allemande, dont il aura une fille, en 1975. Il participe à la conférence asiatique pour la paix de 1973, à Dacca, Bangladesh, comme… délégué des USA! Il y chante sa composition We shall say yes et dîne avec des chefs d’états du Moyen-Orient, chantant Ghost riders in the sky et Yiddishe momma (Ma maman juive !!!) pour Yasser Arafat et ses gardes du corps. C’est surtout en URSS qu’il atteint des sommets de popularité, alors que le rock’n’roll y a toujours été considéré nekulturny : il y effectue au moins une tournée annuelle, y vendant des millions d’albums (sur Melodija, Krugozor ou Sovjetskije Gramplastinki) étant programmé à tout va à la TV et ayant ses entrées directes chez les maîtres du Kremlin : il sera le seul Américain à recevoir le prix Lénine des Arts et Littérature, en janvier 1978. Durant les années 70 et 80, le studio d’état de RDA, DEFA, sort une série de films indianistes où, systématiquement, les bons sont les Indiens et les Américains les mauvais, sauf Dean Reed, qui sera le cow-boy sympathique dans les quelques westerns qu’il tourne alors. Dans ces films, réalisés en Bulgarie et Yougoslavie, les Indiens étaient joués par des Roms… Reed s’installe alors dans une maison confortable à Schmockwitz, près d’un lac, dans les environs de Berlin-Est. Il est adulé au point que ses fans viennent l’y voir quotidiennement, lui apportant des fleurs. Il n’est pas riche selon les critères occidentaux, mais il a tout ce dont il a besoin, dont une Wartburg, voiture de luxe là-bas, alors que la majorité des Allemands de l’Est, du moins ceux qui le peuvent, roulent en Trabant. Il divorce encore en 1978, et épouse sa troisième femme, l’actrice Renate Blume. Fin octobre 1978, Reed revient brièvement au pays, pour se joindre à un groupe de Le Cri du Coyote n°125 page 34 fermiers du Minnesota qui manifestent contre l’installation de lignes à haute tension sur leurs terres. Ils sont arrêtés, refusent de payer l’amende de 300 dollars, préférant aller en prison (la 4ème fois pour lui, mais la première dans son pays). Reed se met en grève de la faim, perd 7 kg et réveille ses codétenus en leur chantant Oh, what a beautiful morning et des hymnes pacifistes, ce qui les exaspère. Ils préfèrent dormir ! Des pétitions sont lancées en RDA et d’autres pays communistes, des télégrammes expédiés par des artistes soviétiques, demandant à Jimmy Carter de le libérer, ce qui est le cas au bout de 11 jours et ils sont acquittés lors du procès. La presse soviétique fait ses choux gras de l’incident, qualifié de violation des Droits de l’Homme (on aura tout vu !). Ce bref retour au pays lui permet de se réconcilier avec son père, pourtant fervent supporteur de Barry Goldwater. En 1983, Reed retourne au Chili pour soutenir les opposants à Pinochet. Il est aussitôt arrêté, libéré rapidement mais se voit refuser un permis de travail. Il chante quand même pour rien lors de réunions syndicales ou sur les campus, jusqu’à ce que le régime chilien, lassé, le fasse arrêter et expulser. En 1980 son surnom passe d’Elvis Rouge à Sinatra Rouge, mais il commence à avoir le mal du pays. En 1981, il décide de produire un film sur l’affaire de 1973 à Wounded Knee, Dakota du Sud, au cours de laquelle 200 militants Amérindiens ont occupé le site du massacre des Sioux de Big Foot en 1890. Le film, Wounded Knee doit être une coproduction germano-soviétique. En dépit de son émigration en RDA, il n’a jamais été inscrit au SED, le parti socialiste unifié, nom politiquement correct du PC est-allemand (il se définira d’ailleurs toujours comme marxiste et non comme communiste), ni abandonné la nationalité américaine, renouvelant régulièrement son passeport, ce qui lui permet de voyager sans problème à l’Ouest, et remplissant annuellement ses déclarations de revenus (toujours 0 dollar !) pour l’IRS, les impôts américains et il proclamera toujours son amour des USA, toujours les paradoxes. Son père se suicide en 1984, ce qui l’affecte plus qu’il ne veut le dire. En octobre 1985, il revient à Denver, pour la première fois en 25 ans, à l’occasion du festival du film de la ville, qui inclut le documentaire sur sa vie, American Rebel, réalisé par Will Roberts, qui l’avait rencontré à Moscou en 1977. Il retrouve de vieilles connaissances et part en tournée promotionnelle avec le film, à travers le pays. A Denver, il est invité sur radio KNUS par Peter Boyles et il le traite de néo-nazi. Le passage tourne court… Au milieu des années 1980, sa musique, déjà obsolète à l’Ouest, le devient aussi à l’Est. Sa cote baisse et il ne veut pas finir ses jours en RDA, souhaitant reprendre une carrière aux USA. En février 1986, il est interviewé par Mike Wallace de CBS, pour l’émission 60 Minutes. Elle est diffusée le 1er avril, et Reed pense que ce sera un bon moyen de promouvoir une tournée aux USA, qu’il envisage à l’automne 1987. Mais il y défend la construction du Mur de Berlin (pour lui, de l’autodéfense) et l’invasion de l’Afghanistan, comparant Reagan à Staline, ce qui vaut à la chaîne une avalanche de courrier de protestations et d’insultes. Dean REED De retour à Berlin, il travaille pour finir Wounded Knee, se rendant fréquemment au studio cinématographique à Moscou, le tournage devant débuter le 24 juin. Mais son couple bat de l’aile et il a un ulcère à l’estomac. Le soir du 12 juin 1986, il se dispute avec sa femme au souper, puis il prend son somnifère habituel et se prépare à aller au lit. Vers 22h, il parle au téléphone avec le producteur du film, Gerrit List et il décide de se rendre au domicile de ce dernier, proche du studio, pour travailler tôt le lendemain. Le 13, Renate se rend au studio et s’enquiert de lui, mais nul ne l’a vu. List hésite à prévenir la police, de crainte d’une contre-publicité. Le 14, un journaliste britannique appelle au sujet d’une interview pré-arrangée au téléphone. List et Renate lui racontent que Reed est à l’hôpital et qu’il doit rappeler dans quelques jours. Le dimanche 15, des employés de la station de secours du lac Zeuthner, à moins de 5 km de chez lui, informent la police qu’une voiture est stationnée sur la rive depuis au moins le vendredi. C’est la sienne. Renate appelle enfin la police pour signaler la disparition de son mari. Le mardi 17, on retrouve son corps dans le lac. La voiture contient des magazines envoyés par sa mère, la dernière lettre de son père et son passeport. Etrangement, il est vêtu d’une veste donnée par un ami du Colorado, et d’un pardessus, alors qu’il fait chaud. L’enquête conclut d’abord à un suicide puis, lorsque sa première femme et sa mère arrivent pour l’enterrement, c’est devenu une noyade accidentelle. Le rapport d’autopsie mentionne un foie très gros, comme celui d’un alcoolique. Or, en raison de son ulcère, Reed buvait rarement. Il avait juste pris un verre de vin au souper le soir du 12. Les sédatifs trouvés dans son sang sont jugés toxiques et, bien qu’il soit supposé avoir passé quatre jours dans l’eau, son visage n’a pas gonflé et, ni son portefeuille, ni ses poumons ne contiennent d’eau. Des hématomes sont trouvés sur son front et son visage. Le juge dit à sa mère que les sédatifs incriminés sont en très faible quantité et accepte que la famille puisse voir le corps. Mais, lorsqu’il l’envoie chercher, il n’est plus là ! Il a déjà été emporté au crématorium sans permis. La mère peut enfin le voir, 11 jours après. La police refuse de parler à la famille et aux amis, qui se demandent pourquoi il y a eu deux versions du décès et si le corps flottait ou était au fond de l’eau. Cette mort surprend, vu que Dean était un excellent nageur et en pleine forme à 47 ans. Phil Everly dira même qu’il était encore capable de marcher sur les mains. Diverses hypothèses ont été avancées : - suicide dû à un état dépressif, engendré par ses problèmes et les tranquillisants, ce qui serait corroboré par les archives de la Stasi (police politique de RDA), où se trouverait, au dos du scénario d’un film, un mot d’excuse de Reed à Erich Honecker, secrétaire général du SED et chef d’état. - élimination par la Stasi ou le KGB. Bien que ne vivant pas le quotidien lugubre des Allemands de la RDA, Reed avait ouvert les yeux sur certaines réalités. Il se plaignait de l’absence de progrès qu’il mettait sur le compte de la bureaucratie, ce qui ne plaisait Filmographie : L‘amour à plusieurs visages, Guadalajara en verano (1964), Ritmo nuevo y vieja ola, Mi primera novia (1965), Buckaroo (1967), Dio li crea... Io li ammazzo !, Mitra baby face, I nipoti di Zorro, Il diario proibito di Fanny, plus olé olé (1968), La morte bussa due volte avec Anita Ekberg, Tre per uccidere (1969), Saranda, Adiós Sabata, avec Yul Brynner (1970), I pirati dell‘isola verde, La stirpe di caino, II pistolero cieco (Le justicier aveugle) avec Ringo Starr (1971), Vier fröhliche Rabauken (1972), Aus dem Leben eines Taugenichts, Fäuste, Bohnen und... Karate (1973), film de karate, Kit & company (1974), Blutsbrüder (1975), film de l’année en DRA, Soviel Lieder, soviel Worte (1976), El cantor (1977), Sing, cowboy, sing (1981), Der erste Sieg (84), Gefährliche Nähe (1986). * Rien à voir avec ma composition du même nom, bien sûr. ** "Reed, nouvel artiste, débute par une paire de bons enregistrements. Une face de rocker affûté avec un accompagnement rythmique cajun, l'autre avec un agréable parfum Tex-Mex. Un gars et des titres à suivre". IBMA Awards 2011 Hall of Fame : Del McCoury, George Shuffler Entertainer : Steve Martin & The Steep Canyon Rangers Groupe vocal : The Gibson Brothers Groupe Instrumental : The Boxcars Chanteur : Russell Moore, Chanteuse : Dale Ann Bradley Nouvel artiste : The Boxcars Album : Help My Brother, The Gibson Brothers (Compass) Instrumental : Goin‘ Up Dry Branch Michael Cleveland & Flamekeeper Gospel & Evénement enregistré : Prayer Bells of Heave J.D. Crowe, Doyle Lawson, & Paul Williams Chanson : Trains I Missed, Balsam Range (signée Walt Wilkins, Gilles Godard & Nicole Witt) Banjoïste : Kristin Scott Benson & Ron Stewart Guitariste : Bryan Sutton, Fiddler : Michael Cleveland Bassiste : Marshall Wilborn, Mandoliniste : Adam Steffey Dobroïste : Rob Ickes Reconnaissance : Greg Cahill, Bill Knowlton, Lilly Pavlak, Geoff Stelling, Roland White guère en haut lieu, comme son désir de retourner au Colorado. Il est possible qu’on ait alors jugé utile de le faire disparaître. - élimination par des Américains d’extrême droite ou la CIA, en tant que traître. - élimination par les services secrets tchèques, suite à des divergences avec le gouvernement de Prague. - le corps n'était pas le sien, il aurait simulé sa mort pour vivre sous une autre identité. - une noyade accidentelle, hypothèse la moins plausible. En 2004, la chaîne de télé russe Rossiya programma un documentaire sur Dean (Qui êtes-vous, Monsieur Reed ?), spéculant sur la possibilité qu’il ait été un agent de la CIA, du KGB ou de la Stasi, mais sans présenter de preuves. Il est pourtant avéré qu’il fut membre du département international de la Stasi entre 1976 et 1978. Sa biographie, Rock 'n' Roll Radical: The Life & Mysterious Death of Dean Reed, a été écrite par Chuck Laszewski. Qu’en penser musicalement ? Le surnom d’Elvis Rouge est usurpé à ce titre, les seuls simples studio (?) méritant l’appellation rock ’n’ roll étant le soviétique Krugosor El cantor/ Blue suede shoes (1979) et l’Amiga (RDA) 4-56-442 Sweet little sixteen/ Du bringst mir keine Blumen (1980) avec Kati Kovacs. Sur l’album tchèque Supraphon 1-13-1906 ZA Dean Reed a jeho svet (1976) on trouve Blue suede shoes, et sur l’Amiga 8-55796 Dean Reed Singt Rock’n’Roll, Country & Romantik (1980) figurent Kansas City, Sweet little sixteen, et le pot-pourri assez convaincant Be-bop-a-Lula/ Heartbreak hotel/ Rock around the clock/ Blue suede shoes/ Let‘s twist again/ Tutti frutti, extrait du film soviétique de 1979 (I wish you well), qu’on peut le voir interpréter (en play-back, semble-t-il) sur YouTube, avec orchestre et choristes en rouge, bien sûr ! Toujours sur YouTube, figurent une émission télé, avec le pot-pourri Rock around the clock/ Blue suede shoes/ Let’s twist again/ Tutti frutti, plus rock’n’roll grand orchestre, avec choeurs plus envahissants que le précité, ainsi qu’une autre, où il arrive sur le plateau en cow-boy vêtu de noir, avec guitare, sur un cheval (!) pour chanter un Kansas City correct. Le reste de sa production relève de la variété et le surnom de Sinatra Rouge est plus approprié. Bear Family a consacré l'album BCD 16829AH The Red Elvis à ses titres Capitol et Imperial. On peut donc conclure que c’est son statut de supervedette à l’Est qui lui valut le premier surnom et non sa musique. © FAN FAiR CMA Festival 2012 du 3 au 12 juin Voyage organisé de Paris à Memphis et Nashville, visites (voir détails sur le site) et de nombreux artistes de country music sur scène durant 5 jours de concerts intensifs Contact : Country Music Memorial, BP31; 77580 Crécy la Chapelle Gérard Meffre : 01.30.53.04.93, Gilbert Rouit : 01.64.63.69.53 (après 20h) www.countrymusicmemorial.com Le Cri du Coyote n°125 page 35 DiSQU'AiRS BRENT AMAKER : Please Stand By Chaque fois que j’entends Brent, son vocal m’évoque celui de Johnny Cash. D’autre part, les membres de son Rodeo, Tiny Dancer (gtr sol), Ben Strehle (r-gtr), Sugar McGuinn (bs) et Bryan Crawford (bat), ont souvent un son très boom-chicka-boom (Saddle up, Garden of love, Good to be on top of the world, Blood dripping blood), ce qui renforce la comparaison. Ils utilisent même, comme Cash le fit, des trompettes mariachis sur U.S.A. Pour couronner le tout, les deux instrumentaux qui ouvrent et clôturent l’album sont dans la lignée de Ghost riders in the sky. L’ensemble est vraiment très bon et cohérent. (BB) www.brentamaker.com Spark & Shine, 3814 SW Admiral way, Seattle WA 98126 FOSTER & LLOYD : Itʼ’s Already Tomorrow Depuis combien de temps n’avaient-ils pas enregistré ensemble ? 21 ans, rien que ça pour ce duo, pilier du mouvement Americana, séparé en 1990, après seulement 5 ans d’existence commune (Cf Le Cri n°14). Ils n’ont rien perdu de leurs facultés créatrices ni de leur capacité à chanter en duo. Quant aux tendances musicales, elles restent les mêmes et confirment que l’Americana recouvre bien d’autres choses que la vraie country : variété "Beatles" (If it hadn’t been for you, Don’t throw it away), country folk rock à la Byrds (Lucky number, Just this once, Somethin ‘bout forever, Watch your movie), country rock moderne, auxquels ils ajoutent un Hiding out au rythme un peu Bo Diddley et un When I finally let you go très Everlys. Les fans seront heureux de les retrouver après cette longue absence. (BB) Effin’ El, En digital sur www.Fosterandlloyd.com, www.ellis-creative.com ARTiSTES DiVERS : 35 Years Stony Plain Pour fêter ses 35 ans d’existence, la marque canadienne Stony Plain propose une triple anthologie de ses artistes les plus marquants, comportant 2 CD et un DVD. Le 1er CD est consacré aux compositeurs/ interprètes, plutôt dans un registre folk/ country. On en retiend surtout Ben Mc Culloch, ballade Americana de Steve Earle, Country music lament, ballade folk de Tim Hus, à la Tom Russell, et la reprise de That’s your red wagon d’Asleep At the Wheel. Le 2nd, consacré au blues et R‘n‘B (surtout des années 60), est plus consistant à mon goût, avec du bon rockin’ rhythm ’n’ blues par Duke Robillard, au parfum Nouvelle Orléans par Doug James & Sugar Ray Norcia et Rosco Gordon, du rockin’ blues par Billy Boy Arnold et Robert Nighthawk, un titre swamp blues de King Biscuit Boy, et la belle ballade soul Teardrops on your letter par le trio Doug Sahm/ Amos Garett/ Gene Taylor. Le DVD vaut surtout par de belles images, la ballade western folk Springtime in Alberta de Ian Tyson et le rockin’ R‘n‘B de Downchild. J’ai connu des 35èmes anniversaires plus ternes… (BB) www.stonyplainrecords.com, Distribution : Mark Pucci, 5000 Oak Bluff Ct Atlanta GA 30008, www.markpuccimedia.com FOLSOM PRiSON GANG : Cash Only Ce groupe, comme son nom l’indique, rend hommage à Johnny Cash et, surtout à la période Sun/ débuts Columbia, ce qui tombe bien puisque c’est ma préférée. Eric Phillips (vo), Charlie Hopper (gtr), Ryan Watts (gtr), Roger Caban (bs) et Erik Jensen (bat) reprennent donc plusieurs (il n’y a que dix titres sur le CD) classiques cashiens, à leur manière, généralement un peu plus rapide que celle du maestro. On notera une excellente version de Ghost riders in the sky et une plus rockabilly de Get rhythm. L’idéal serait maintenant qu’ils reprennent des morceaux hors répertoire Cash à la manière de l’Homme en Noir ou proposent des originaux dans ce style. (BB) Ryan Watts, PO Box 533 Bostic NC 28018, www.thefolsomprisongang.com Coyauteurs Disqu‘Airs : Bernard BOYAT (BB) Jacques BREMOND (JB) Jean-Jacques CORRiO (JJC) Dominique FOSSE (DF) Christian LABONNE (CL) ANNiTA & THE STARBOMBERS : Itʼ’d Surprise You J’ai retrouvé le même plaisir à écouter Annita et les Starbombers/ Barnstompers sur ce CD que sur la scène d’Attignat. Une profusion de hillbilly/ hillbilly bop de haut vol, avec un ou deux titres plus Patsy Cline et une superbe ballade teen (Strange). En écoutant de tels titres, dont aucun n’est médiocre, très loin de là, on saisit de suite le cheminement qui a mené du hillbilly au rockabilly. Ecoutez, par exemple, la reprise du Burn that candle de Bill Haley en hillbilly bop et vous saurez de suite quelles étaient les racines country de Bill. Dire que ces artistes sont néerlandais ! Combien d’artistes US étiquetés country leur arrivent-ils à la cheville ? Fan je suis devenu, fan je resterai…(BB) Barnrecords BARNSTOMPERS : Move On In ! Ils furent la révélation majeure de la GRT n°9 en avril, aussi bien par eux-mêmes que derrière les frères King (on comprend vite pourquoi ces derniers, qui ont l’oreille musicale fine les ont choisis pour leurs tournées européennes) ou avec Annita (voir plus haut). Je n’aurai jamais imaginé entendre un jour un groupe européen nous sortir du son Starday, du style Johnnie & Jack ou Jimmy & Johnny, du style Johnny Horton ou, encore, de Dane Stinit de cette manière, au 21e siècle qui plus est. Leurs reprises de Carl Smith, Faron Young, James O’Gwynn, Bob Gallion, Roy Drusky, George Jones sont de très haut niveau, de même que leurs compos. Plus qu’un long discours, une seule chose importe : les écouter ! (BB) www.barnstompers.com JOSH W JONES & BLUES CRACKERS : Livinʼ’ The Dream C’est un peu l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein qu’évoque le contenu de ce CD. Il dérape parfois dans la variété ou le pop rock, mais a aussi de bons moments, avec un Big road blues au rythme néoorléanais, un Shake it fast très swamp blues, deux titres (Why oh why et Toy) qui rockent gentiment, ou des ballades entre gospel et bluegrass (Livin‘ the dream, That time mine) ou plus country folk (Headed down, Sad or true). (BB) King Hudd, PO Box 2274 Hemet CA 92546 R.B. STONE : Lonesome Travelerʼ’s Blues Mine de rien, Robert Bennett Stone a déjà bien bourlingué : originaire d’Indiana, il se retrouve en Ohio où sa famille s’est établie. A sa sortie du lycée, il se devient cheminot, à travailler sur les voies dans tout le Midwest, puis travaille pour une entreprise de plomberie/ chauffage. Il a alors 23 ans et décide de partir au Colorado, muni de sa guitare et d’un répertoire de chansons, pour être cow-boy. Pas un cow-boy d’opérette comme moult chanteurs pseudo-country actuels, mais un vrai, au cul des vaches et à dos de cheval. Ce n’est qu’à 29 ans qu’il se lance dans la chanson, formant Highway Robbery, puis volant de ses propres ailes depuis le milieu des années 1980. Il a une demi-douzaine d’albums à son actif depuis. Sur le dernier en date, sa country est fortement teintée de rock et, surtout, de blues, versant même parfois dans le R‘n‘B funky. Ce sont les titres les plus dépouillés, à l’ambiance blues du Delta, qui ressortent du lot, Fairweather friends, The devil’s satisfied ou Man with a minivan. Un personnage pour le moins atypique. (BB) Middle Mountain distr. Blind Raccoon, PO Box 40045, Memphis TN 38174 HADDEN SAYERS : Hard Dollar Voici ce qu’on peut qualifier de méli-mélo car Hadden fait preuve d’un bel éclectisme, passant du country rock moderne à la variété cabaret via le blues lent, le pop rock, le rockin’ blues, le rockin’ rhythm’n’blues, la country, l’Americana et le swamp pop. Le résultat est très inégal, comme on pouvait s’y attendre. A côté de titres fort intéressants, comme le swamp pop bluesy All I want is you, le rockin’ r’n’b medium Inside out boogie ou la ballade Americana Sweet Texas girls, on a droit à des titres bien quelconques. Hadden devrait insister sur ses points forts et laisser tomber le reste. (BB) Blue Corn distr. Blind Raccoon, PO Box 40045, Memphis TN 38174 Le Cri du Coyote n°125 page 36 DiSQU'AiRS BUXTER HOOTʼ’N : Buxter Hootʼ’n Ce quintette nous vient de l’état des Mormons et a déjà deux albums à son actif. Ce troisième opus est bâti en trois parties, d’intérêt inégal pour les lecteurs du Cri : les deuxièmes, très teintée de jazz / ragtime et troisièmes, plus bluesy pour un morceau et pop rock pour l’autre, sont dans des créneaux autres que ceux qui nous concernent, ce qui nous laisse avec la première, incluant 4 titres très ballades medium Americana influencées par Dylan, que ne renieraient pas nos Wise Guys. Du lot, c’est la superbe Mariel, avec le vocal un peu éraillé de Jory White, qui décroche le pompon. Dommage que le reste du CD ne soit pas du même acabit. (BB) 238 W Broadway Apt 4B, Salt Lake City UT 84101 MAHALiA JACKSON : Intégrale Vol 9 (1958-1959) Nous en sommes déjà au neuvième épisode des aventures gospelaires de Mahalia, avec 17 titres, dont certains repris par d’autres (He’s got the whole world in His hands, How great Thou art) et un livret signé Jean Buzelin, fort intéressant comme d’habitude. La période couverte ici est celle de l’âge d’or du rock’n’roll et peut-être celle où Mahalia fut la plus populaire chez nous, le public français ne faisant pas de différence entre chant sacré et danse à la mode (The Lord has been a shelter fait, d’ailleurs, très madison). Le contenu musical du CD est plus varié qu’il n’y paraîtrait au premier abord : des ballades jazzy, dont celle du film Le mirage de la vie, les moins intéressantes du lot, une au parfum doo-wop (Tell the world about this), d’autres plus soul (Have you any rivers), qui balancent (Elijah rock, To me it’s wonderful, God put a rainbow in the sky) ou, encore, à la Elvis (Great getting’ up morning, His, I found the answer) et, enfin, du gospel guilleret (For my good fortune) (BB) Frémeaux FA 1319 BRAiN CLOUD : Brain Cloud Ce sextette est né en 2010, lorsque le multiinstrumentiste Dennis Lichtman, spécialiste de la clarinette jazz trad, s’est associé avec la chanteuse Tamar Korn, très à l’aise sur les ballades bluesy, qu’il avait côtoyée au sein des Cangelosi Cards, Skip Krevens (guitare, vocal), Raphael McGregor (steel guitare), Kevin Dorn (batterie) et Andrew Hall (contrebasse). Sur leur premier CD, ils reprennent des titres plus ou moins connus, réarrangés par les soins de Dennis. Comptetenu des antécédents musicaux des membres principaux, c’est évidemment le côté jazz cool du western swing qui est privilégié, avec de belles réussites comme l’instrumental Mission to Moscow ou My window faces the South. Ils ne négligent pas l’aspect western pour autant, comme le prouve l’enlevé He fiddled while I burned. Deux regrets cependant : qu’il n’y ait que 10 titres et qu’ils n’aient pas osé des compositions. 11-15 46th Rd 3D, Long Island City NY 11101, www.dennislichtman.com GHOST TRAiNS : Unwrap The Dark En février 2011, Andy Hughes, un journaliste anglais, s‘est amusé à dresser sa liste des 10 meilleurs titres acoustiques de tous les temps. On y trouve aussi bien Angie (RS) que Helpless (CSNY) And I Love Her (Beatles) et After The Gold Rush (NY). Pourquoi pas ? La surprise, c‘est le n° 1 de la liste : il s‘agit de Miss Emily d‘un groupe anglais plutôt confidentiel : Ghost Trains. Un groupe né il y a 2 ans dans un studio de Stoke-On-Trent et qui réunit le songwriter, chanteur et guitariste Tim Ellis, le guitariste et pianiste Elijah Wolfenheart et le percussionniste Greg Wood. Unwrap The Dark est une compilation comprenant 19 morceaux issus de leurs 2 albums : Where Lovers die et Sniffing Around L.A. Bon, d‘accord, Andy Hughes adore, mais toi, JJC, qu‘en penses-tu ? j‘en pense que Miss Emily n‘est pas la meilleure chanson de l‘album. Liar, Unwrap The Dark et, surtout,Where Lovers Die me semblent largement supérieures. En fait, Miss Emily n‘est pas loin d‘être la chanson que j‘aime le moins. Mais l‘album lui-même est absolument superbe : la voix de Tim Ellis rappelle à la fois John Lennon et Nick Drake, les chansons ART & LiSA : Healin Time Tout Coyote normalement constitué se doit d‘avoir dans sa discothèque un minimum de galettes en provenance d‘Austin, Texas : la scène musicale y est si riche, si talentueuse. On sait moins que d‘autres cités texanes abritent également des scènes musicales fort intéressantes. C‘est le cas de Bandera, par ailleurs capitale mondiale des cow-boys. Art & Lisa, dont voici le deuxième album, font partie de cette scène. Lisa Beck est née à Lubbock (une de plus !) et est revenue se poser dans son état natal, à Bandera, après un séjour prolongé à Atlanta. Art Crawford est également né au Texas et s‘est établi à Bandera après avoir été élevé dans l‘Oklahoma. Healin Time comprend 10 chansons : 6 chantées par Lisa, 4 par Art. En fait, ce duo n‘est pas un duo au sens vocal du terme, chacun interprétant ses chansons pratiquement seul. Tout cela ne nuit pas à l‘homogénéité de l‘ensemble et n‘empêche pas cet album d‘être une complète réussite dans le genre "country du 21ème siècle mais proche des racines". Vocalement, Art est au juste milieu entre Townes Van Zandt et Kris Kristofferson ; pour Lisa, c‘est moins évident, même si il n‘est pas interdit de la rapprocher de Kimmie Rhodes. Les chansons, écrites par leur interprète (à l‘exception de la dernière, Healing Waters, chantée par Art mais écrite par Walt Wilkins) sont le plus souvent pleines d‘émotion et de nostalgie. Un bien bel album ! (JJC) pop-folk sont au niveau des meilleures chansons des Beatles, les arrangements sont simples mais très efficaces. Du bonheur, rien que du bonheur ! (JJC) NB : les 2 albums sont téléchargeables gratuitement sur www.ghosttrains.net DAN iSRAEL : Crosstown Traveler Cela fait un bon moment que Dan pratique la scène musicale des Etats-Unis. Son trajet dans le passé : Chicago, Austin, Minneapolis. Des enregistrements, plus de dix en tout, certains avec The Cultivators, d‘autres sans. Cette fois, c‘est sans. Mais avec ou sans, c‘est toujours du folk rock, quelque part entre Tom Petty et Paul Westerberg. Enfin, ce coup ci, pas vraiment toujours : il y a une chanson, I‘ll get along qui fait plutôt penser à Randy Newman. Sinon, il y a toujours ce problème récurrent chez Dan : une voix qu‘il a du mal à poser et qui présente de temps à autre des divergences avec la justesse. Quant aux chansons, elles ne sont pas franchement mémorables. Vous l‘avez compris : cet album n‘est pas une priorité ! (JJC) THE WiLDERS : The Wilders Quinze ans que ce groupe existe, quinze ans avec les quatre mêmes membres, dix albums à leur palmarès. Ike Sheldon (guitare et chant), Betse Ellis (violon et chant), Phil Wade (mandoline, dobro, banjo) et Nate Gawron (basse) sont basés à Kansas-City et ils pratiquent une country entre musique celtique, hillbilly et bluegrass, fécondée par une attitude proche du punk. Autant dire que dans cet album de 13 chansons, il y a à boire et à manger. Personnellement, je préfère quand ils arrivent à se calmer, ce qui est le cas dans la chanson que je préfère, Pat‘s 25, la seule qu‘ils n‘aient pas écrite. En fait, la voix de Ike Sheldon est très agréable dans la douceur, beaucoup moins dans l‘excès (L.A. par exemple !)! Cette voix, on ne l‘entend pas dans 4 morceaux : 3 instrumentaux mettant particulièrement en valeur le violon de Betse Ellis, et la chanson Things They Say About Home chantée par la même Betse Ellis. (JJC) Free Dirt 0064, http://thewilders.us/store/ THE WOODSHEDDERS : O Dig Toujours plus loin dans le mélange des genres ! Dans O Dig, leur deuxième album, The Woodshedders, un groupe du sud des Appalaches mélange allègrement old-time music, bluegrass et... jazz manouche. Il y a même un morceau, Slipping through, dont la rythmique est franchement reggae et le dernier, Chicken To Change, commence et se termine en "country rap" (c‘est nouveau, ça vient de sortir !) après une courte excursion tsigane et une bonne minute carrément jazzrock. Le résultat est inégal et cet album, qui comprend 9 titres et qui ne dépasse guère la demi-heure, doit avant tout être considéré comme une curiosité : il peut donc tout aussi bien casser la baraque que ne trouver qu‘un nombre très réduit d‘aficionados. (JJC) Le Cri du Coyote n°125 page 37 Shepherds Ford Records (SFR 007) DiSQU'AiRS FAiRPORT CONVENTiON with SANDY DENNY : Ebbets Fields 1974 Aussi édité par le label It‘s about music, ce CD provient d‘une bande DAT d‘un concert enregistré en 1974 à Denver lors d‘une tournée du groupe aux USA. On y retrouve Sandy Denny, Dave Mattacks, Jerry Donahue, Dave Pegg, Trevor Lucas et Dave Swarbrick, toute l‘équipe qui a écrit une bonne partie de la légende. Leurs grands morceaux sont là dans des versions live avec leur lot d‘improvisations qui montrent que ce groupe avait une sacrée longueur d‘avance sur beaucoup. D‘un seul coup, on comprend mieux son rôle de précurseur dans cette mouvance qui allait attirer toute une génération de musiciens et de formations folkrock, celtic-rock et autres appellations idoines. Ok, il y a quelques approximations mais elles font également partie de l‘histoire. Vous n‘aviez pas pu venir à cette soirée ? vous pouvez vous rattraper, avec seulement 37 ans de retard ! (CL) www.itsaboutmusic.com Dʼ’nʼ’A : Heading Home Ashley Glover et Donnie Herrera sont mariés et vivent à Marlow près d‘Austin. Enregistré en 2010, ce premier CD est d‘une instrumentation spartiate et reposante pour le chroniqueur : elle chante et il joue de la guitare, le comble de l‘excentricité sera une guitare doublée, une harmonie vocale en écho ou une batterie sur 1 titre. Gonflés, les jeunes, car il est difficile de surprendre l‘auditeur une fois passées les 10 premières minutes. Ashley chante bien, les rythmiques de Donnie à la guitare sont convaincantes et les compositions prises une à une sont intéressantes, dans une approche suggérant les influences de songwriter comme Lynn Miles, Natalie Imbruglia ou Eliza Gilkyson mais l‘ensemble souffre d‘une trop grande uniformité. Même s‘ils ne referont sans doute pas le coup du holdup d‘Alanis Morissette qui avait décroché la timbale avec 33 millions de son premier CD Jagged little pill, on a envie d‘encourager cette réalisation personnelle et sincère. (CL) www.dnamuzic.com JANE GiLLMAN : Piscean Dreams Que penser d'un CD 6 titres ? Qu‘il permet aux artistes de se faire connaître à moindre frais, comme on lance une bouteille à la mer. On découvre cette chanteuse instrumentiste avec Taxicabs at night et le son du dulcimer qui, propulsé par une rythmique souple, porte la jolie voix claire de Jane. Petite soeur spirituelle d‘Aimée Mann ou héritière de Sandy Denny, cette jeune américaine curieuse montre par ses compositions qu‘en plus d‘avoir écrit pour Nanci Griffith, Gene Parsons et Meridien Green, elle s‘intéresse au monde qui l‘entoure. A la Chine avec les gammes orientales de violon (Year of the dog) et au Japon (Haïku lines) et ses notes de piano à la Satie. Enfin, elle est du signe des poissons (comme moi !). Bravo pour ce coup d‘essai. A quand un 12 titres ? (CL) www.janegillman.com MYROL : Blue Moon Away Quand un musicien qui vient de sortir un CD en rencontre un autre qui vient de sortir un CD, à part se raconter des histoires, il y a échange : c‘est ainsi que ce CD m'est arrivé. Dans la famille Myrol, il y a la mère (Joanne) la fille (Haley) et les musiciens accompagnateurs qui jouent à la perfection la carte de l‘efficacité discrète. Elles chantent, jouent guitare et mandoline et ont tout composé. La voix de Joanne est poignante et les harmonies sont parfaites. La tonalité générale est introspective et mélancolique. Les thèmes sont très personnels et traités avec pudeur et retenue et c‘est sûr que l‘on ne va pas danser sur les tables. Elles parlent de la mort (Dad) du blues dans les villes (Sorryless city) et de l‘amour qui vole en morceaux (Those eyes again) mais aussi 2 chansons avec des titres de filles (je rigole) comme Sorry flowers et Mascara dawn. Pari audacieux que de privilégier l‘émotion aux airs entraînants à tout prix dont le vide intérieur pourrait remplir une piscine olympique. Belle production pour les âmes sensibles qui ont pleuré en écoutant Our mother the mountain ou On the beach. C‘était bien de vous rencontrer et de vous écouter à Visagino. See you girls ! (CL) www.myrolmusic.com NASHViLLE CATS : From Long Island To Nashville Comme l'ont fait Shawn Camp et Billy Burnette et leurs Bluegrass Elvises avec le répertoire du King joué en bluegrass (un Cri du Cœur) ces chats d'un autre grand Sud (plus près de la Méditerranée que de Music City, malgré leur nom d'emprunt) reprennent huit titres de Brian Setzer et quelques-uns du même tonneau avec un quatuor où dominent le banjo (c'est écrit sur la boîte : "sizzling' hot banjo tunes inside !") et la guitare, tantôt acoustique, tantôt électrique (et même en slide au besoin). Manière de rappeler que rockabilly, bluegrass et rock 'n' roll ont plus de racines communes que de cousins éloignés. La démonstration en est claire et virtuose, et apportent une originalité à un répertoire souvent connu et pas toujours bien répété par nombre de groupes qui veulent imiter les maîtres. Le chant lead se tient, et les quelques harmonies vocales sont agréables et bien senties (Nine Lives). L'énergie et le rythme pulsé dominent presque partout (seule Gentle On My Mind de John Hartford s'approchant un peu de la ballade). Laurent Béteille (bjo, dob) et Marc Raynaud (gtr, vo) font preuve d'une belle maîtrise de leurs instruments avec à la fois ce qu'il faut de solos et de citations en clins d'œil vers les spécialistes et une liberté de bon aloi. Ils sont d'ailleurs fort bien soutenus par Vincent Pinsseau (bss) et Pascal Gobron (drm) qui structurent efficacement l'ensemble. On finit sur Rock This Town avec un départ classique (à la Scruggs) et de quoi convertir les derniers éventuels indécis. Un bon album et une formule musicale originale et fédératrice qui devrait séduire les organisateurs de concerts et festivals. (JB) Raynaud Marc (06-61-97-62-55) http://nashvillecats.chez.com JOEL : Tribute To Bob Dylan Vol.3 (2009-2011) Je ne connais pas Joël Petitjean, un ami de Michel Rose, pas plus que les volumes 1 et 2 de ce qui semble un engagement complet, corps et âme, dans la veine de Dylan en version originale, et non traduite. Joël a tout maîtrisé (guitare, clavier, harmonica) sauf un solo de guitare et une batterie (sur deux titres) pour cette compilation de grands standards du Zim et des titres moins connus du grand public. Il chante, soutenu de sa guitare acoustique, d’une voix très proche de celle de Bob, entre imitation et caricature, selon qu’on apprécie ou pas les reprises (mais même les fans devront reconnaître que peu de Français font aussi bien dans ce genre nasal et voix "cassée" à la Bob). Il propose treize titres, dont deux prises de Girl From The North Country (une avec écho) avec quelques adaptations rythmiques (comme sur Tambourine Man) et une évidente conviction dans la force de ces chansons qui restent vivantes et actuelles. Un sympathique témoignage de fan. (JB) WESTERN SKiES J.C. NEEDHAM : Lookinʼ’ Back Retour du Buckaroo Balladeer avec encore un excellent album, à la très belle photo de pochette, constitué de reprises et trois compositions. Que des ballades, folk, cow-boy avec ambiance, et trois belles valses, dont les deux meilleures sont de sa composition Lookin’ back et Ol’ Double Diamond. Les ballades les mieux abouties sont Doney Gal (pas celtique comme le jeu de mots du titre pourrait le laisser croire) John Ed sang Cowpoke de Chris LeDoux et You just can’t see him from the road d’Ed Bruce, avec l’aide de Sonia Needham (vo). Il est réconfortant de voir de nouveaux artistes dans un genre un peu délaissé de nos jours. PO Box 108, South Rim UT 84071 TRAiLS & RAiLS : Western Tales Copieux (20 titres) CD, avec souvent une ambiance bluegrass, en particulier sur les instrumentaux, de la part de Walt Richards, Paula Strong, Ken Wilcox, Pete Warhole. On la retrouve aussi sur certaines des nombreuses ballades western/ western folk qui l’émaillent, dont les meilleures sont Down the California trail, Fifty years ago, Train back to Texas, Mountains of the heart et Rambler, gambler. On trouve aussi la superbe valse Waltz for Marie, ainsi que deux titres qui sortent du cadre général, Hawaiian rough rider, marrant avec ses paroles en hawaïen, et le celtique Hills of Aberdeen. Une nouvelle réussite de ce groupe attachant, dont les sonorités et inspirations évoquent Tom Russell, les Sons of the Pioneers, Marty Robbins. (BB) Le Cri du Coyote n°125 page 40 5750 Amaipa Drive 9, La Mesa CA 91942 DiSQU'AiRS LES CHiCS TYPES Hey ! Ma B.O. La bande originale des Chics Types. Le sous-titre explique le concept qui relie ces 14 titres (si l'on inclut l'introduction parlée de Kent). Après Une Belle Journée en 2008, le trio expose donc ses reprises en "rock acoustique" de chansons qui ont marqué leur univers. Le résultat est, à mes oreilles, très en rapport avec l'intérêt que j'ai porté à l'original. Pas fan du tout de Téléphone (Hygiaphone) Coutin (J'aime regarder les filles) ou Noir Désir (Le vent nous portera) j'avoue ne pas être plus sensible à ces versions. Peut-être seraient-elles plus appréciées sur scène ou est-ce une question de génération (il y a de plus en plus de plus jeunes que moi !). Pour le reste, la diversité, de Dylan (Knockin' On Heaven's Door) au Velvet Underground (Walk On The Wild Side) de U2 (One) à Otis Redding (Sittin On The Dock Of The Bay) et des Stones (Miss You capté en live avec Alexandre Placet-gtr) au traditionnel (Bella Ciao) je me sens plus en adéquation avec le projet et sa réalisation. Christian Biral (gtr, vo) Jean-Yves Demure (bat) et Cédric Vernet (bss, hrm, vo) reprennent leur composition Ma B.O., avant de finir sur un aveu sympathique (Dans ma compil' y aura Cabrel) qui fait le lien avec le fond de musiques américaines qui nous a tous nourris, comme la pochette qui s'inspire de Edward Hopper. (JB) www.chicstypes.fr GLEN CAMPBELL : Ghost On The Canvas Soyons directs, autant que l’est encore Glen : il est malade, il sait qu'il va peu à peu perdre et oublier sa personnalité, et que c’est son dernier album. L’allusion au fantôme perdu dans les souvenirs et la nostalgie n’est donc pas une simple figure de style. C’est l'allusion d’un homme qui rappelle sa vie (agitée pour le moins, entre aventures féminines, alcool et autres "excitants") et A Thousand Times (écrit avec Julian Raymond qui co-produit avec Howard Willing) dit bien cette richesse d’expériences en tous genres. Du coup Glen est conscient : "chaque inspiration que je prends est un cadeau que je ne considérerai jamais comme allant de soi" (Each breath I take is a gift that I will never take for granted) et, content de vivre et d'apprécier ce moment, il rend logiquement grâce à Dieu après ce constat. La chanson titre de Paul Westerberg est plus cadrée et SURFiNʻ‘ HANG-TEN HANGMEN : Live At The Shameful Tiki Album 4 titres de nos Canadiens cagoulés, déjà présentés ici. Aussi bien sur Zombie stomp, Jungle sunrise, Attack of the Trophy wives que sur Cactus alley, on retrouve leur style et influences habituels (Dick Dale, Link Wray, les groupes surf instrumental du début des années 60). Bien que je m’interroge toujours sur l’intérêt de la chose pour un groupe instrumental, ce disque a été réalisé en public, avec une bonne balance, ce qui n’est pas toujours le cas pour ce type de réalisation. (BB) HANG-TEN HANGMEN : Surfing ! Cars ! Girls ! and Zombies ! Autre album 4 titres, qui confirme les impressions des parutions précédentes : les deux titres vocaux, Night of the surfing dead et She’s my zombie baby, sont quelconques. Mais Shut’em down in zombie town est bien d'inspiration Ventures/ Shadows et Zombie sleepwalk plus dans un registre Dick Dale/ Link Wray. Comme le précité, n'est disponible qu’en mp3. (BB) www.cdbaby.com MERLE HAGGARD : Working In Tennessee Reconnaissons que Le Cri ne s'est pas assez intéressé à Merle Haggard ces dernières années. Il est vrai qu'entre un ou deux albums moyens et sa convalescence (opéré d'un cancer en 2008) on attendait la bonne envie, celle qui permette de retrouver le grand bonhomme qui fait partie de nos talentueux aînés de la country. Et voilà que c'est le cas avec ce disque réussi qui débute sur un rythme entraînant qui rappelle combien Merle est amateur de Western Swing (qu'on songe aux hommages à Bob Wills). Si parfois la voix fait un peu "plus vieille", mais sans déraper, si Cocaine Blues est plus banal comme thème (ces anciens sont tous des repentis de leurs excès en boissons et autres drogues, sauf Willie qui carbure chaque jour à sa Marie-Jeanne ! et il faut qu'ils donnent leur leçon sans oublier Dieu qui les attend), il n'empêche que l'album est un bon exemple de country music dans la grande et belle tradition qu'on aime. Les chansons sont parfois co-signées avec ses enfants et sa femme Teresa, cette dernière partagent en duo la reprise de Jackson en final (pas la reprise la plus indispensable, mais un écho amical à June et Johnny Cash). Merle reste l'œil vif et l'oreille attentive, comme en témoigne Too Much Boogie Woogie qui évoque les artistes d'aujourd'hui jugés plus proches d'un rock 'n' roll excité que de la musique des country boys. On ne le contredira pas, d'autant que sa démonstration est exemplaire : Merle a toujours des rêves (Sometime I Dream) et il est resté proche des gens de peu (Truck Driver's Blues, ou Workin' Man Blues justement avec Willie Nelson et Ben Haggard). Cette vérité fait partie de son talent et de son métier, il suffit de l'écouter pour l'apprécier. A mettre sur l'étagère à la référence country music, simplement. (JB) Vanguard/ Universal produite pour les radios FM, avec son coulis de violons, et le reste encore est plus intéressant. On a droit à In My Arms, qui sonne comme une réussite à la Tom Petty ou Hold On Hope, qui devrait consoler les plus inquiets, d’autant que Glen insiste sur la force de l’amour (There’s no me without you, je ne suis rien sans toi). Signalons aussi l’excellente composition de Jakob Dylan Nothing But The Whole Wide World, avec un feeling très country et un beau picking de mandoline en final. Quelques invités (Brian Setzer, Steve Hunter, Dick Dale, Chris Isaak) apportent leur savoir-faire, le long final musical est plein de bons solos, comme pour repousser la fin réelle. Au total un bon album de chansons, dont on peut détacher les moments banals (des petites parties instrumentales insérées) pour ne garder que ce qui a fait le succès de ce talentueux profiteur de la vie, sa voix, son talent et son univers. (JB) Surfdog/ Universal RECKLESS REEFERS : Last Wave Of The Day On n'avait plus entendu parler de ce groupe surf instrumental de Californie du sud depuis leur premier album, paru en 2007. Eric Cutshall (gtr, bss, pno, org), Mike Torrence (bat) et Ray Zeigler Jr (perc) ont, cette fois-ci, l’humeur balladeuse, et toujours un son à la Shadows/ Ventures (Pier pressure, Last wave of the day, Sneaker set, Sideslip) alors que Aye carumba rhumba évoque plus Ennio Morricone que la rumba. Delayed waves est le seul morceau enlevé. Ce deuxième album intéressera surtout les fans des Shadows/ Ventures. (BB) Autoprod. PO Box 321 Angelus Oaks CA 92305 JON & NiGHTRiDERS : Surf Beat 80 Attention voici un rendezvous avec la légende : il s’agit de la réédition du 33t de 1980, lesté de six titres supplémentaires. Et pourquoi ce Surf Beat 80 est-il légendaire ? Bonne question, à laquelle il est facile de répondre. En 1979, en pleine période garage/ punk, le guitariste soliste John Blair (que tous les amateurs de surf instrumental connaissent pour sa Bible discographique sur le sujet) réunit quelques potes pour monter un Le Cri du Coyote n°125 page 41 Young Man With the Big Beat : Coffret 5 CD Sony Legacy. Enregistrements RCA 1956 du King + alternatives + un concert live inédit. Livret 100 p. Existe en version 2CD groupe dans un genre qui n’a plus été joué ou enregistré depuis l’intrusion des Beatles sur le marché US au milieu des 60's. Baptisés Jon & the Nightriders, ils enregistrent un simple autoproduit, qui arrive aux oreilles de Greg Shaw, patron de Bomp à Los Angeles. Emballé par ce qu’il a découvert, il envoie John, Dusty Watson (bat) Jeff Niki Syxx Nicholson (bss) et Ed Eddy B‘Gianni Black (r-gtr) en studio pour un album 14 titres, sorti en 1980. A la surprise générale, c’est un succès, qui déclenche un surf revival, quelques années avant le rockabilly revival. Si vous aimez le rockin’ surf instrumental, vous pouvez acheter ce CD les yeux fermés, c’est de haute volée et du pur bonheur, avec des titres connus comme Banzai washout, Bombora, Riptide, Rumble at Waikiki, Mr Moto, Baja (signé Lee Hazlewwod) un Over the rainbow qui rocke, mais oui, ou des compos du même tonneau. Greg Russo, le patron de Crossfire, qui avait déjà sorti Stampede ! en 2007, a vraiment eu une idée de génie lorsqu’il a lancé et mené à bien ce projet ! (BB) Crossfire, PO Box 20406 Floral Park NY 11002 HONKY TONK LiAM FiTZGERALD & RAiNiEROS : Bad Decisions, Big Mistakes Nous les avions laissés, il y a 2 ans, sous le nom de Rainieros, avec un CD au titre identique. Alors quoi de neuf ? Ils sont devenus Liam Fitzgerald (vo, gtr) & The Rainieros et leur composition a pas mal changé, seul le bassiste/ contrebassiste Tyler Johnson restant du groupe originel. Le premier CD étant sorti en édition limitée et le groupe étant différent, ils ont décidé de revisiter les titres déjà enregistrés, sauf Too little, too much, absent de cette deuxième mouture. En revanche, on a droit à cinq des titres dans des versions faites avec une composition de groupe différente des dix premiers. Mais que ceux qui penseraient avoir deux ou trois copies carbone des mêmes morceaux se rassurent : les versions sont reprises de manière différente et vous pourrez choisir celle que vous préférez. Qui plus est, le style est resté aussi superbe, toujours nettement influencé par le son Bakersfield, avec un chouia de boom chicka boom ou de hillbilly bop. Il n’y a que des pépites là-dessus, dont la plus étincelante reste Emilie, superbe ballade country folk à la Gentle on my mind. On espère un prochain CD plein de titres nouveaux. Au boulot, les gars ! (BB) Autoprod, www.cdbaby.com LiTTLE LiSA DiXiE : Little Lisa Dixie L’habit ne fait pas le moine ou plutôt la nonne et voici une nouvelle chanteuse, bien tatouée, un peu à la manière de Dale Watson. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle chante comme un rossignol, mais son vocal colle bien à sa musique et c’est l’essentiel : un mélange de bluegrass folk (Bonnie and Clyde), de country folk, d’Americana medium, de boom-chicka-boom un peu à la Cash/ Carter (I‘ll go with you avec Eddie Macintosh des Garnet Hearts) et surtout de honky tonk rapide, medium ou lent (la ballade à pleurer dans sa boisson Living to survive). Intéressante découverte, une artiste à suivre. (BB) PO Box 25235 Washington, DC, 20027 www.anothermilerecords.com Nous regrettons de ne pas avoir la place de publier une notice nécrologique détaillée pour chacun de ces musiciens. Nous reviendrons sur certains d'entre eux plus tard. James Benton FLiPPEN (90 ans) 28 juin (Banjoïste & Fiddler) Charlie CRAiG (73 ans) 1er juillet (Musicien & Songwriter country music) Manuel GALBAN (80 ans) 7 juillet (Guitariste cubain) Kenny BAKER (85 ans) 8 juillet (Fiddler bluegrass) George McANTHONY Né Georg Spitaler (45 ans) 8 juillet (Chanteur country music) Clifford Travis BEAN (63 ans) 10 juillet (Luthier, guitare/ Aluminium) Trudy STAMPER Née Gertrude McClanahan (94 ans) 10 juillet (Radio WSM) Alex STEiNWEiSS (94 ans) 18 juillet (Graphiste, a créé la pochette de LP illustrée) DiSQU'AiRS En prolongement de Cash Bootleg Vol. II (Le Cri 122) quelques précisions sur cette remarquable édition : * CD1. Paragraphe A “On The Air” : Séquence à la radio KWEM de West Memphis, Arkansas, le 21 mai 1955 avec Luther Perkins (elec-gtr) et Marshall Grant (cbss). - Thème intro, instrumental cashien de 33". - Wide Open Road, en up-tempo, déjà gravé chez Sun (cf en mars, avec steel-guitar). - One More Ride. Une prise incomplète sera faite chez Sun en octobre 1956. - Luther’s Boogie. Bref instrumental de 44". - Belshazzar. Ce beau gospel ne sera enregistré pour Sun que deux ans plus tard. - Closing theme. Instrumental de 28". Cet inestimable document sonore n’a été édité que sur l’US ColumbiaLegacy The Legend en 2005. * CD1. Paragraphe B “Early Demos” : J. Cash : vocal et guitare acoustique. Sont inédits : - I Walk The Line, Get Rhythm, Train Of Love. Ces morceaux seront gravés chez Sun, avec les Tennessee Two, en avril 1956. - My Treasure. A rapprocher de la prise Sun de fin 1954. - Belshazzar. La version Sun date de l’été 1957 - He’ll Be A Friend, When I Think Of You, I Just Don’t Care Enough, I’ll Cry For You. Ces quatre titres ne seront pas repris dans son œuvre discographique. - You’re My Baby. Deux faux départs et une prise inédite. Dans la lignée de la célèbre et magistrale interprétation de fin 1954. - Country Boy et Rock ‘n’ Roll Ruby, KWEM avec le second vocal de Marshall Grant, sont les versions déjà publiées. (Country Boy : Sun studio août 1957. Rock’n’ Roll Ruby, KWGM Radio, West Memphis fin 1955/ début 1956). * CD1. Paragraphe C “Sun Rarities” : Les 7 titres présentés sous leur forme undubbed se trouvent sur diverses éditions, dont le coffret Bear Family BCD 15517. * CD1. paragraphe D “More Demos” J. Cash : vocal et guitare-acoustique. Deux inédits : - Restless Kid. Composé par Cash pour Ricky Nelson et non retenu pour le film Rio Bravo d’Howard Hawks. Nelson l’enregistrera à nouveau pour Imperial en novembre 1958. Waylon Jennings le chantait sur la scène du JD’s (Scottsdale, Arizona) en septembre 1964 (Cf Le Cri du Coyote n°61 et 99). - It’s All Over. Début de la période Columbia. Pour les inconditionnels de Cash, le CD2 est moins attractif : The 1960’s inclut 23 titres Columbia issus de singles non édités aux USA. Tout cela se trouve sur moult publications, notamment les coffrets Bear Family BCD 15517 et BCD 15562. Sont présents le foudroyant Locomotive Man du single US, ainsi que One Too Many Mornings, de Dylan, non publié aux USA. Ce CD se conclut par deux limpides inédits de juillet 1969, de vibrantes démos (vo et gtracoustique) de Six White Horses et Come Along And Ride This Train. Marc Alésina HARRY MANX & KEViN BRETT : Strictly Whatever Ce duo de guitaristes, fort doués, propose un CD qui n’est pas trop dans un genre apte à déclencher une ruée des lecteurs du Cri. La majorité des titres est constituée de variété, agréable comme la reprise du Sunny de Bobby Hebb/ Richard Anthony, d’un peu de pop rock ou folk rock. Seuls les deux derniers titres, Looking for a plan et Carry my tears away, relèvent d’une Americana agréable. (BB) www.stonyplainrecords.com BETH M. JiMENEZ : Honesty Voilà un CD de musique que les anglophones appellent easy listening, sorte de variété un peu à la Chris Isaak. Ceux qui aiment les ballades medium de ce type seront servis, car les huit titres de l’album en relèvent tous. (BB) King Hudd, PO Box 2274 Hemet CA 92546 DAViNA & VAGABONDS : Black Cloud Ce quintette de St-Paul, Minnesota, offre un CD situés musicalement entre variété et jazz trad néo-orléanais (l’instrumental Vagabond stomp, qui l’ouvre et le conclut), avec plusieurs titres qui font penser à Cab Calloway. D’intérêt pour les Coyotes, on notera un rockin’ r’n’b à la Louis Prima (Lipstick and chrome), la belle ballade soul River et un Carry him with you, entre ballade soul et gospel. (BB) Roustabout, Distr. Mark Pucci M, 5000 Oak Bluff Ct Atlanta GA 30008 PLATiNE PLUS KNOCKiN' ON HEAVEN'S DOOR Bill MORRiSSEY (59 ans) 23 juillet (Chanteur, Songwriter) Tony PASS (65 ans) 26 juillet (Ingénieur/ résonateur banjo Stelling) Jack (Harold) BARLOW (BUTCHER) (87 ans) 29 juillet (Chanteur country music) Jimmy EVANS (75 ans) 3 août (Bassiste de Conway Twitty, Chanteur Sun) Fred iMUS (69 ans) 6 août (Songwriter et homme de radio) Marshall GRANT (83 ans) 6 août (Bassiste de Johnny Cash) Billy Grammer (85 ans) 10 août (Chanteur & Songwriter) Gerald Owen DAViS (64 ans) 19 août (Songwriter country music) Jerry LEiBER (78 ans) 22 août (Songwriter) Le Cri du Coyote n°125 page 42 Liz MEYER (59 ans) 26 août (Chanteuse, Songwriter, Productrice) Don WAYNE né Donald Choate (78 ans) 12 septembre (Songwriter) Wayne MAiNER (101 ans) 12 septembre (Banjoïste) Wilma Lee COOPER née W.L. Leary 90 ans (Chanteuse country music) Johnny MATHiS (81 ans) 28 septembre (Chanteur country music) Johnny WRiGHT (97 ans) 29 septembre (Chanteur country music) Bert JANSCH (67 ans) 5 octobre (Chanteur, Songwriter, Guitariste) Bill MACK (78 ans) 5 octobre (Bassiste de Gene Vincent) Joel "Taz" DiGREGORiO (67 ans) 12 octobre (Charlie Daniels Band)
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