Tout le plaisir d`une escapade

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Tout le plaisir d`une escapade
MAGAZINE
MAGAZINE
Ne peut être vendu séparément
Cahier spécial du Quotidien Jurassien
N°2 Mai 2015
Tout le plaisir
d’une escapade
Gastronomie
Balade
Sonceboz– L’enseigne
de Jean-Marc Soldati 04
Randonnée
en Haute-Sorne 06
Piano
à Saint-Ursanne
Treize concerts et un CD 12-13
ZÉRO
ÉMISSION
CO2
U N E E N TR E PR I SE D E D ÉM O C R AT E M ED IA H O L D IN G
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génération, installée au printemps 2014, Pressor
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03
Sommaire
Gastronomie
04Sonceboz – Quand la nourriture rime
avec passion et bonheur
Balade
06 Les Forges par monts et par vaux
22
Dossier
10 Se laisser gagner par «Emotions»
12 Piano à Saint-Ursanne
04
Danièle Ludwig
06
14 L’été est synonyme de vacances pour tous
16 Retrouver le plaisir nomade
18 Une formation qui se dégonfle
20Gardien de cabane ou de chalet, une expérience
S’évader quelques jours
du quotidien
humaine très riche
22 On joue à saut-frontière en résolvant des énigmes!
On a tous besoin de s’octroyer des moments d’évasion après une ou des
semaines d’intense labeur. A chacun ses préférences. A la force des
mollets, en s’envoyant dans les airs, ou en se laissant guider sur les
routes au volant d’un camping-car bien pratique. Ces virées sont d’ailleurs souvent mémorables, aussi bien pour le visiteur que l’hôte qui
l’accueille, comme le confie ce gardien de cabane jurassien. Des joies
simples qui permettent de court-circuiter l’addiction aux smartphones,
tablettes et autres ordinateurs. Jura-Rando emmène une fois de plus le
lecteur à la découverte des beautés de la région, dans la Haute-Sorne.
Une sortie digne de ce nom ne saurait se terminer sans un bon repas.
C’est à la table de Jean-Marc Soldati que Le Quotidien Magazine s’est
invité ce printemps.
Bonne lecture, Mireille Chèvre
IMPRESSUM Editions D+P SA, 6, route de Courroux, 2800 Delémont. Editeur: Michel Voisard. Rédacteur en chef : Rémy Chételat. Coordination : Pascale Stocker,
Mireille Chèvre. Ont collaboré à ce numéro : Jura Rando, Alan Monnat, Anne-Rey Mermey, Paul Simon, Pascale Stocker. Photos : Agence Bist. Mise en page :
Josiane Grangier. Correction et relecture : Julie Robert-Charrue. Publicité : Publicitas SA, Delémont. MEM SA, Moutier. Impression : Pressor SA, 2800 Delémont. Tirage : 22 000 exemplaires. Le Quotidien Magazine: ISSN 1662-3193
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Locations, réservations : Gare CJ de Saignelégier.
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04 Gastronomie
Jean-Marc Soldati: «Tous
les produits arrivent
bruts, que ce soit en
brasserie ou en restaurant
gastronomique. L’arrivage
frais est quotidien, ce qui
fait notre réputation.»
Quand nourriture rime
avec passion et bonheur
Jean-Marc Soldati, grand chef cuistot de son réputé
Hôtel Restaurant du Cerf, à Sonceboz,
nous a reçus très volontiers et a poilé
devant nous de fondantes escalopes de foie gras
accompagnées de leurs lentilles de Genève.
Texte: Pascale Stocker
Photos: Danièle Ludwig
L’Objet
L’imposant
trophée qui
trône dans une
salle de l’Hôtel
Restaurant du
Cerf ne
pouvait être
que… des bois
de cerf! L’animal en question, de quelque
189 kilos, a été prélevé dans la belle nature
française des Causses. Les bois ont été
offerts à Jean-Marc Soldati, à l’occasion d’un
anniversaire, par deux amis, Martial Engel,
le chasseur émérite, et Pascal Tschann,
le sculpteur.
modernité grâce à l’exigence et l’amour de l’art
culinaire.
Des vraies lentilles genevoises
D’entrée de jeu, pas de temps à perdre, celui que
nous avons parfois vu à la RTS en compagnie
de l’espiègle Annick Jeanmairet (dans sa gourmande émission Pique-assiette invite les chefs) et
dont la gestuelle impeccable et efficace – coulante comme de l’huile, si facile à l’œil et si difficile à reproduire – nous entraîne dans sa cuisine
et ordonne tout en moins de deux. En artisans
tours de main, le foie est coupé et fariné, la vinaigrette réduite, les lentilles de Genève – pas
des auvergnates du Puy, des vraies genevoises,
«un produit magnifique», explique le chef qui
les a découvertes au Salon des goûts et du terroir – donc, les lentilles ont pompé l’eau, se sont
embaumées des saveurs du bouquet garni, de
la brunoise et de l’huile de noisette, le foie a été
saisi dans la poêle fumante, et l’assiette dressée
avec les fraîches couleurs vertes de la ciboulette
et des pousses d’épinard. Gourmande adepte du
reportage gastronomique, la photographe a tout
mis dans sa boîte à images avec un plaisir de cuisinière. Une fois goûté le plat, délice des délices,
on a qu’une envie, essayer à la maison pour voir
si ça marche!
A l’Hôtel Restaurant du Cerf, à Sonceboz, nous
voilà dans un lieu d’excellence: deux toques et 16
points au GaultMillau, une étoile Michelin. Nous
n’aurons pas la chance d’avoir ensemble les deux
grands maîtres associés de la place, Christian Albrecht et Jean-Marc Soldati, qui mènent la barque
depuis quinze ans déjà, mais c’est le deuxième,
enfant du pays, qui nous a reçus volontiers et
conduits devant ses fourneaux.
A peine avions-nous franchi les murs de la lourde
bâtisse du XVIIIe siècle que nous tâtions déjà
d’une ambiance de brigade aux petits soins de
ses hôtes, mais sans ostentation précieuse. Ici,
l’hospitalité n’est pas snob, la brasserie sympathise avec l’espace gastronomie, le bon et grand
savoir-faire s’est ancré dans un environnement Frédy Girardet, le grand maître
rustique, le temps cossu des gentilshommes et Selon le très british philosophe Theodore Zeldin,
des gentilhommières semble s’être marié à la «la gastronomie est l’art d’utiliser la nourriture
Gastronomie 05
A déguster
Escalopes de foie gras
de canard poilées,
vinaigrette à l’huile de noisette
et lentilles de Genève
Les plus anciens
documents
connus évoquant
la vénérable
bâtisse de l’Hôtel
du Cerf de
Sonceboz datent
de 1870.
La construction
du bâtiment
remonte au début
du XVIIIe siècle.
pour créer le bonheur». Cette citation, on peut la
lire en exergue du site internet du restaurant,
où l’on aura confirmation des quêtes d’excellence auxquelles Jean-Marc Soldati et Christian
Albrecht s’adonnent avec passion. Leur philosophie, ils l’ont notamment acquise tous deux à
Crissier, chez le grand Fredy Girardet. Au Restaurant du Cerf, «les fioritures sont bannies,
peut-on lire, une à deux garnitures, pas plus,
accompagnent par exemple la ballottine de pintadeau, la sauce qui relève le rouget est toujours
préparée avec un fond de rouget, pas un fond
de poisson. La quête est toujours la même, on
cherche l’authenticité du produit, c’est ce dernier
qui crée le plaisir, et non ses garnitures.»
INGRÉDIENTS 
Vinaigrette à l’huile de noisette
1 dl de vin rouge
1 dl de porto rouge
1 dl de vinaigre rouge
Faire une réduction  jusqu’à obtenir 1 dl,
puis ajouter les échalotes hachées.
Réserver, saler et poivrer. Au dernier moment,
mettre l’huile de noisette



PROGRESSION
Mouiller les lentilles avec de l’eau, saler et
poivrer. Laisser mitonner (mais ça ne doit pas
bouillir). Rajouter de l’eau si nécessaire car les
lentilles pompent beaucoup.
Pendant la cuisson, couper la brunoise (céleri,
carotte, poireau en très petits dés: 1 cuillerée à
soupe de chaque) . Faire suer la brunoise
avec 1 noisette de beurre, mouiller, mettre les
lentilles, retirer le bouquet garni.
Foie gras de canard: saler, poivrer les tranches,
tourner 1 fois dans la farine . Chauffer la
poêle (ne pas mettre d’huile). Lorsqu’elle est
fumante, poêler les tranches de chaque côté 30
à 40 s. 
Avec les producteurs
de la région
Jean-Marc Soldati explique par ailleurs qu’ici,
tous les produits arrivent bruts, que ce soit en
brasserie ou en restaurant gastronomique. «L’arrivage frais est quotidien, dit-il, ce qui fait notre
réputation. On travaille énormément avec les
producteurs de la région, les bouchers, les maraîchers du Seeland, par exemple(…)» Pour les
produits de la mer, les fournisseurs livrent quotidiennement, soit de Zurich, soit de Lausanne.
Dans les caves, il y a pas moins de 500 appellations, principalement suisses. «On essaie de favoriser les artisans-vignerons suisses, une priorité
est donnée aux vins du lac de Bienne, ensuite
bien entendu, il est clair qu’on est obligé d’avoir
les grandes appellations classiques, comme certains vins de Bourgogne et de Bordeaux… Je visite les caves, le vin est aussi une passion. On a
également quelques vins portugais, italiens et
espagnols.» Et de citer encore «l’attrait du bon et
du beau», en tant qu’inépuisable source et passionnant travail.
Lentilles de Genève 
100 g de lentilles
1 morceau de céleri
1 morceau de carotte
1 gousse d’ail
1 morceau de poireau
1 feuille de laurier
1 clou de girofle
1 branche de thym.


PRÉSENTATION DE L’ASSIETTE
Garnir l’assiette avec quelques pousses
d’épinard, déposer les lentilles au centre et le
foie gras sur les lentilles. Napper de vinaigrette
et déposer quelques ciboulettes.
HÔTEL RESTAURANT DU CERF,
À SONCEBOZ
Soldati Gastronomie SA,
rue du Collège 4, 2605, Sonceboz,
Tél. 032 488 33 22.
A 5 minutes à pied de la gare.

Fermeture hebdomadaire:
mardi dès 14 h, mercredi toute la journée.
www.cerf-sonceboz.ch
06 Balade
Les Forges par monts et par vaux
Confortablement installé dans son écrin d’eau, de roches
et de prés, Undervelier accueille les adeptes de la marche
à pied pour une nouvelle escapade de Jura Rando.
Le présent itinéraire propose de rejoindre Berlincourt par
la montagne à l’aller et par les bords de la Sorne au retour.
Au centre de ce magnifique circuit se situe les Forges,
ancien site de production du fer, sous les Princes-Evêques.
Texte et images: Etienne Stehly
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1 ER JURA RANDO
FESTIVAL
du 4 au 6 juin 2015
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chaque jour 13 randonnées accompagnées
St-Ursanne
Maison du Tourisme
Informations et inscriptions:
www.jurarando.ch
Le village
d’Undervelier,
point de
départ et
d’arrivée
de la
randonnée.
Quittons le carrefour de l’église pour traverser le
village par le sud. Nous débouchons très vite sur
une petite route campagnarde, conduisant vers
l’ouest. A la hauteur du Montois, la route s’enfonce dans une petite gorge où coule le Miery. Un
peu plus loin, le chemin retrouve sa lumière au
milieu des champs, là où se cachent un minuscule
étang et une place de pique-nique.
Pour éviter la montée du pâturage très pentu,
nous ferons le détour par Pré de Joux. Ensuite,
nous attaquerons la partie forestière, direction
Jolimont. Par un chemin blanc, nous parvenons
gentiment au point haut de ce grand pâturage.
Ici commence la partie sportive de l’excursion:
une véritable ascension, sur un sentier étroit et
rocailleux. Quelque deux cents mètres plus haut,
nous rejoignons un chemin forestier, qui, par la
droite, conduit à l’arête rocheuse de Montépoirgeat. C’est le point culminant de la randonnée
(885 m)... Pour les amateurs de nature intacte, ou
de profonde solitude, l’endroit est idéal. Aucune
circulation ne perturbe ce lieu, à l’exception des
services forestiers.
De là, le chemin redescend tranquillement, décrivant un énorme zig zag dans la forêt des Forges.
Il débouche soudainement sur la prairie des Melnats, une pâture perdue au milieu de nulle part,
digne des alpages les plus reculés de Suisse. Quittons ce rectangle de verdure pour rejoindre une
des curiosités du jour: la roche percée de la Côte
aux Pucins. Ce petit tunnel, creusé dans la roche,
sans autre artifice, est une merveille. C’est aussi
Balade 07
La Côte aux Pucins.
Pont à Berlincourt.
un témoin très fort de la volonté des hommes
à passer partout. Traversons-le, en évitant de
prendre un caillou... La vallée juste en-dessous
mérite aussi un petit coup d’œil. Le panorama
est superbe...
Sur la pente descendante, le pas s’accélère. Nous
passons la Rochette, pour rejoindre Berlincourt.
Quoi de plus beau comme accueil que les vergers fleuris du mois de mai. Tout ici respire le
printemps. Dès lors, une halte s’impose pour un
repas bien mérité.
Sorne. Le chemin s’enfonce sous les arbres. Rapidement, la nature rattrape le randonneur. Au
murmure de l’eau s’ajoute la lumière du soleil.
Elle transperce les feuillages comme dans un tableau de Renoir. Puis le sentier se faufile, tantôt
humide, tantôt sec, passant le sous-bois, surmontant les rochers, traversant même la falaise s’il le
faut. Ce jeu d’ombres se poursuit jusqu’aux prés
cultivés des Grandschamps.
L’espace s’élargit alors sur un paysage campagnard et paisible. En bordure du champ, les clairières et les haies se succèdent jusqu’à la route de
Retour par les bords de la Sorne
la Jacoterie. Nous arrivons aux Forges où de vieux
A Berlincourt, traversons le pont et partons de bâtiments rappellent encore la glorieuse époque
suite sur la droite pour atteindre les rives de la du Fer. Ici, la Sorne est tout autre: l’homme l’a
Undervelier et ses Forges
De tout temps, l’homme s’est intéressé au fer. Il a compris très vite tout
l’intérêt qu’il pouvait en tirer: aussi bien pour les armes, que pour la
construction.
A Undervelier, en 1598, le Prince-Evêque ordonne et finance la
construction du site des Forges. Le projet est grandiose: il regroupe
plusieurs bâtiments autour d’un haut-fourneau à charbon. Par un canal,
les eaux de la Sorne sont dirigées vers un atelier principal, dans lequel
huit roues à aubes alignées actionnent des soufflets et des martinets.
Chaque appareil est muni d’un foyer de forge pour affiner le métal. Les
deux soufflets du fourneau sont également reliés à l’installation.
Un plan de 1748, retrouvé à Vermes, atteste de cette construction. Le minerai, lui, provient du
voisinage (Séprais) et du sous-sol de la vallée de Delémont. On le transportait ailleurs pour y
être dégrossi en éponges de fer, et, au retour, on apportait du charbon de bois, si nécessaire,
au haut-fourneau. Pas de courses inutiles. D’autres bâtiments ont été construits pour loger les
fondeurs et les forgerons. De nombreux chemins et des ponts ont été créés ou réparés par les
soins de l’Evêché, pour atteindre le site.
Pour le Prince-Evêque, la production va bon train, c’est du «fer» en barres. Pour stopper toute
concurrence avec l’étranger, il instaure la «régale du fer»: une loi impitoyable qui interdisait à
quiconque de se fournir ou de revendre ailleurs. Ce monopole prend fin à la Révolution,
qui aura raison du Prince-Evêque. En 1794, les forges sont vendues comme bien national,
mais la production continue.
Plus tard, d’autres propriétaires privés tenteront l’aventure industrielle: lames de faux,
bicyclettes, pièces métalliques en tous genres. En 1880, le décor va changer. Louis von Roll
rachète les Forges, les démolit et reconstruit par-dessus une usine de crosses à fusils.
Quelques années après, elle deviendra une succursale de l’usine de Choindez et même un
centre de vacances et de formation pour les apprentis. Aujourd’hui, elle abrite une menuiserie
et différents dépôts. Seuls les appartements des forgerons ont survécu. Quant à l’écluse, elle
régule et envoie de l’eau à l’usine électrique de Bassecourt par un souterrain.
Sources: Le Fer dans le Jura, Groupement historique du Fer du Musée de Mont Repais
Internet: Chronologie jurassienne – commune d’Undervelier
La passerelle de l’écluse.
maîtrisée et transformée pour sa force hydraulique.
Pour continuer la promenade, empruntons la
passerelle de l’écluse. Sur la rive opposée, nous
retrouvons la forêt, puis la végétation luxuriante
des milieux aquatiques. Roseaux, populages, pétasites poussent ici à foison. Au plus fort de l’été, les
rhubarbes sauvages envahissent le sentier. Côté
faune, c’est le paradis des oiseaux, des grenouilles
et des libellules. Par endroits, les herbes sont couchées, des pêcheurs ont passé par là... Il faut bien
partager les plaisirs.
A travers les arbres, de l’autre côté du cours
d’eau, on aperçoit la route, et juste derrière, le
fragile scintillement des bougies de la grotte.
Le village n’est pas loin, voici d’ailleurs les premières maisons. Sous une voûte d’arbustes, taillés
et courbés, le chemin suit son cours. Il diffuse à
loisir l’ombre et la fraîcheur qui font le bonheur
du promeneur.
Et brusquement, la balade s’arrête au milieu d’un
jardin. Un fermier généreux a prêté son verger
pour la jonction du sentier. Encore un petit pont,
et nous voilà revenus au village.
0
200
Infos pratiques
La randonnée décrite ci-dessus aura lieu
le dimanche 24 mai 2015.
Départ d’Undervelier à 9 h 30 , place de l’église.
400
600m
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DOSSIER
Le dépaysement
au bout du chemin
Que les routes nous mènent dans l’Arc jurassien, en Suisse
ou à l’autre bout du monde, les petits bonheurs se nichent
souvent là où on ne les soupçonne pas. Par la magie d’une
rencontre, d’une excursion ou d’une virée en camping-car.
A nous de savoir les saisir.
10 Dossier
Joie, peur, colère, tristesse… Nous ressentons des émotions chaque jour de notre vie.
L’exposition se veut interactive. Se laisser gagner par «Emotions»
Les émotions sont au cœur de l’exposition du Musée
d’histoire naturelle de Neuchâtel, une invitation à mieux
comprendre nos réactions affectives et celles de nos
cousins, les animaux.
Texte: Alan Monnat
Joie, peur, colère, tristesse, surprise,
dégoût, honte… Nous ressentons
des émotions chaque jour de notre
vie. Pourtant, de ces épisodes affectifs si déterminants dans la définition de nos goûts et de nos envies,
si cruciaux dans la prise de décision
ou dans les rapports sociaux, nous
ne savons presque rien. Pourquoi
la nature nous a-t-elle dotés, nous
autres êtres rationnels, d’une telle
disposition affective? Sommes-nous
les seuls du règne animal à avoir le
cœur gros ou la gorge nouée?
«Emotions», l’exposition temporaire du Musée d’histoire naturelle
de Neuchâtel soutenue par le Pôle
de recherche national en sciences
affectives, se propose, jusqu’au 19
novembre, d’enrichir un peu notre
connaissance des émotions et donc,
a fortiori de nous-mêmes.
Emotion et comportement
Face à un danger, le rythme de mon
cœur et de ma respiration s’accélère
et mes muscles se contractent. Une
substance chimique, produite par le
cerveau, prépare mon corps à l’action adéquate: fuir. Cette réaction
face à la menace n’est pas l’apanage des hommes, les souris, pour
ne citer qu’elles, font de même.
D’autres animaux au contraire s’immobilisent ou «font le mort», comme
l’opossum. Dans tous les cas, une
stimulation sensorielle particulière
(la vue d’un serpent, par exemple)
déclenche une émotion qui provoque à son tour des changements
physiologiques et des comportements caractéristiques.
Dans la première salle de l’exposition, les visiteurs pourront s’isoler
dans des petites cabines, dans un
décor de plage, et expérimenter des
émotions primaires: la colère provoquée par des paroles blessantes, le
dégoût face à une odeur de toilette
public, la peur quand… ne gâchons
pas la surprise. Tout ce dispositif
pour nous rappeler que les émotions vivent dans notre corps.
Les émotions primaires sont vécues
par nombre d’espèces du règne animal. La raison vient du fait que ressentir des émotions est un plus
pour l’évolution: les émotions ne
naissent pas n’importe quand. La
peur indique une menace, le dégoût
un met qu’il ne faut pas consommer, etc. Dans les deux cas, l’intégrité corporelle est en danger et
il s’agit de réagir: fuir ou ne pas
Evasion 11
PHOTOS MUSÉE D’HISTOIRE NATURELLE NEUCHÂTEL
La peur indique une menace, le dégoût un met qu’il ne faut pas consommer.
manger. Les émotions augmentent
donc les chances de survie de celui
qui les ressent.
Emotion et société
Si certaines des émotions ont trait
à la survie, d’autres relèvent de
la sphère sociale et des échanges
entre congénères… et là non plus
l’humain n’est pas seul. Des éléphants qui se consolent mutuellement à la mort d’un des leurs, des
dauphins qui nagent ensemble pour
détendre l’atmosphère, un cheval
qui court à la rescousse d’un autre
injustement agressé, de nombreux
extraits vidéos viennent complexifier notre vision des rapports sociaux animaliers.
Les émotions jouent un rôle fondamental dans notre rapport à autrui
et, dans l’évolution des espèces,
elles se sont transformées pour
répondre aux exigences de la vie
en groupe. La honte, la culpabilité,
la compassion ou la jalousie sont
déterminantes dans la façon dont
nous menons nos vies et dont la société se régule.
Emotion et communication
L’humain est capable, outre de ressentir des émotions, de les percevoir chez ses congénères. Pour ce
faire, il trouve des indices dans le
langage, mais également dans le
ton de la voix, les postures ou les
Les émotions primaires sont vécues par nombre d’espèces du règne animal.
expressions faciales. L’homme a
même, au cours de l’évolution, perdu les poils qui lui recouvraient le
visage pour augmenter la visibilité
de ses expressions faciales. L’exposition du musée neuchâtelois nous
propose diverses activités pour tester notre sagacité.
Encore une fois, l’homme n’est pas
le seul dans ce cas. Des oiseaux qui
appellent à l’aide, des primates qui
adoptent une expression faciale particulière pour inviter leurs congénères à jouer, les cochons qui, se
sentant isolés, crient leur anxiété,
oui, nombres d’animaux ressentent scénographie. Un moment agréable
des émotions «sociales» et les par- et instructif non seulement pour les
tagent.
adultes mais aussi pour les enfants,
qui plébiscitent cette exposition ô
Emotion et esthétique
combien ludique et interactive.
Il est d’autres types d’émotions
encore, les émotions esthétiques,
celles que l’on ressent lorsqu’on
écoute une jolie musique ou que
Info
l’on évolue dans un bel endroit.
«Emotions», Musée d’histoire
Une telle émotion, on la ressent
naturelle de Neuchâtel, jusqu’au
aussi en arpentant le dédale de
19 novembre.
l’exposition du Musée d’histoire
naturelle de Neuchâtel qui, encore
Ouvert du mardi au dimanche
une fois, réjouit par la beauté de sa
de 10 h à 18 h
Piano à Saint-Ursanne 2015
12e édition
Voyage au cœur
du piano
P
our sa douzième édition, Piano à SaintUrsanne se déploiera du 2 au 12 août
avec treize concerts à l’affiche. Le fil rouge
de cette édition se décline « Autour de la
Variation » permettant ainsi de proposer
un éventail d’œuvres d’époques et d’esthétiques différentes.
Une déferlante de pianistes de haut niveau
Point fort du festival et reconnaissance du
travail fourni par toute une équipe depuis
douze ans : Simonetta Sommaruga, Présidente
de la Confédération, a accepté avec l’élégance
qui la caractérise de participer au festival au
travers d’une « Carte blanche » dont le programme sera communiqué ultérieurement
(vendredi 7 à 20h30). Samedi 8 août à 16h, le
festival propose un programme riche, mêlant
piano à quatre mains avec Christiane BaumeSanglard et Dana Ciocarlie ainsi que musique
de chambre avec le jeune quatuor à cordes
Van Kuijk, accompagné alternativement par
les deux pianistes : l’occasion d’entendre
une création du compositeur Roger Meier.
En soirée, l’intimité du cloître conviendra
à merveille au spectacle « Une femme en
guerre », dans lequel Marie-Christine Barrault
et Hugues Leclère alterneront textes et piano
pour rendre hommage à l’engagement admirable des femmes, notamment les artistes,
durant la Première guerre mondiale (samedi 8
à 20h30).
Dimanche 2 août à 17h, Piano à Saint-Ursanne
confie son concert d’ouverture à une étoile
montante de 22 ans, Lorenzo Soulès. Le
lendemain, Mikhaïl Sporov rend hommage
à Scriabine à l’occasion du centenaire de la
disparition du compositeur (lundi 3 à 20h30).
On retrouve ensuite le prodige russe Alexei
Volodin (enregistrement du concert par
Espace 2) qui nous fera entendre notamment
des pages de Medtner peu souvent interprétées
(mardi 4 à 20h30). La pianiste croate Martina
Filjak revient à Piano à Saint-Ursanne et l’on
se réjouit d’entendre son jeu fin, puissant et
sensuel (mercredi 5 à 20h30). On attend avec
impatience Philippe Cassard et particulière- Nelson Goerner, l’art du piano à son apogée
ment son interprétation de pages de Schubert On retrouve le quatuor à cordes Van Kuijk
(jeudi 6 à 20h30).
avec Christiane Baume-Sanglard et Dana
Ciocarlie le dimanche 9 août à 14h, avec une
Artistes jurassiens
deuxième création de Roger Meier. Puis le
Duo jurassien avec Jessica Marquis et festival accueille pour une première venue
Dominique Schwimmer pour des pièces à une figure majeure du piano international,
quatre mains et en solo (vendredi 7 à 17h). Nelson Goerner, invité spécial (dimanche
Nelson Goerner, la simplicité des grands
Marie-Christine Barrault
9 août à 17h30). Michel Dalberto se produira le mardi 11 août à 20h30 dans un
programme original de pièces françaises et
brahmsiennes. En clôture du festival, mercredi 12 août, la Nuit du concerto déploiera
ses fastes avec l’Orchestre international de
Genève sous la baguette du jeune chef russe
Alexei Ogrintchouk et plusieurs solistes (20h
à la Collégiale). Le festival propose également
en activés connexes une masterclasse avec
Hugues Leclère (du 7 au 11 à la FARB à
Delémont), une Tribune jeunes artistes avec
entrée libre (mardi 11 août de 11h à 17h) ainsi
que plusieurs visites guidées de la ville de
Saint-Ursanne. Piano à volonté !
Renseignements sur
www.crescendo-jura.ch
01:08
21 IV. Langsam, nicht schleppend
01:16
05:54
22 V. Ziemlich schnell
2
II. Allegretto tranquillo e grazioso
02:19
23 VI. Langsam, mit Ausdruck
02:03
3
III. Allegretto moderato alla marcia
02:44
24 VII. Lebhaft
00:55
4 IV. Allegretto molto
05:18
HANS HUBER (1852-1921)
Du Lac de Lucerne, Dix Danses, Op. 47 (1879)
I. Moderato
02:22
00:48
III. Anmutig bewegt
8 IV. Rasch
01:17
02:26
9 V. Flott
01:12
10 VI. Sehr zart
01:22
11 VII. Nicht zu schnell
00:47
12 VIII. Anmutig
00:48
13 IX. Nicht zu schnell
01:53
14 X. Feurig
00:52
01:28
00:55
27 X. Frisch, nicht zu schnell
00:55
28 XI. Sehr mässig
01:31
29 XII. Langsam, nicht schleppend
01:56
30 XIII. Sehr mässig
00:35
31 XIV. Gehend, ruhig bewegt
01:48
32 XV. Sehr mässig
00:47
EDVARD GRIEG (1843-1907)
Valses-Caprices, Op. 37 (1883)
33 I. Valse-Caprice No. 1 en do dièse mineur
04:55
34 II. Valse-Caprice No. 2 en mi mineur
03:28
HELENA WINKELMAN (NÉE EN 1974)
Trois danses suisses (2013)
V
15 I. Marche des maraudeurs
03:05
16 II. Valse hypnotique
05:41
17 III. Polka psychédélique
02:42
oici un CD qui couronne une belle
complicité ! Depuis leur rencontre
il y a quelques années lors du festival
Piano à Saint-Ursanne, Christiane BaumeSanglard et Dana Ciocarlie ont engagé un
travail et une collaboration pianistique
régulière en duo de piano à quatre mains.
Elles franchissent aujourd’hui une nouvelle étape avec la sortie du CD « Invitation
à la Danse » enregistré sous le prestigieux
label Claves Records. Ce dernier n’avait
plus édité de CD piano à quatre mains
depuis les enregistrements du légendaire
Duo Crommelinck.
Danses suédoises, Op. 63 (1892)
01:52
19 II. Ruhig bewegt
01:06
Multiplication des mains et partage de l’espace devant un seul clavier : l’art du piano à
quatre mains est exigeant. Ce mode de jeu
pianistique demande une écoute extrême
entre les partenaires ainsi qu’un même élan
gestuel et musical. Clarté des voix, recherche
des timbres, souci de complémentarité et
maîtrise de l’ensemble sont autant de difficultés techniques à dépasser. Au-delà, il
s’agit de fusionner deux cœurs et deux pensées dans la même visée musicale pour que
l’œuvre interprétée trouve tout son sens.
Invitation à la Danse !
« Christiane Baume-Sanglard et Dana Ciocarlie,
pianistes aux tempéraments pourtant bien
contrastés, s’expriment dans un mouvement
Invitation à la Danse
Grieg, Huber, Bruch, Winkelman
Christiane Baume-Sanglard
Dana Ciocarlie
parfaitement maîtrisé : un double jeu ou un
jeu dédoublé, dans lequel les rôles se croisent
et s’échangent, se cherchent et s’attrapent, se
poursuivent et s’enlacent. Une symbiose réussie où le choix des œuvres invite à se mouvoir
avec vitalité : les Danses norvégiennes op. 35
d’Edvard Grieg ouvrent le programme et les
Deux Valses-Caprices op. 37 l’achèvent en
point d’orgue. Les Danses du lac de Lucerne
op. 47 d’Hans Huber, un compositeur suisse
contemporain de Grieg, sont pleines d’entrain
et de grâce. Les Danses suisses d’Helena
Winkelman, créées en 2013 lors de Piano à
Saint-Ursanne par les deux interprètes, reproduiront les étonnantes sensations de vertige
de notre époque éprise d’immédiateté ».
Cette magnifique pièce a tout pour devenir
un classique du répertoire du piano à quatre
mains. « Les Danses suédoises de Max Bruch
rappelleront que les cordes du piano peuvent
aussi chanter comme les cordes d’un violon.
Ce programme relie, par la danse, le romantisme finissant à notre époque contemporaine.
Il invite à changer de posture, à quitter l’espace du fauteuil pour se mouvoir dans l’espace
des gestes, emportés par le souffle d’œuvres
profondes ». On notera le magnifique livret
signé François Joliat d’où sont tirés les commentaires ci-dessus. On trouvera le CD chez
les disquaires tout prochainement et également sur internet, par téléchargement. Un
opus qui en appellera d’autres…
MAX BRUCH (1838-1920)
18 I. Einleitung. Langsam. Sehr mässig
L’art du piano à quatre mains
Mise en page : www.nusbaumer.ch
2015 Claves Records
© 2015 Claves Records
www.claves.ch
Total time: 70:08
Piano à quatre mains
7 619931 150123
RARITIES
7
25 VIII. Sehr mässig
26 IX. Lebhaft
PIANO À QUATRE MAINS: Grieg, Huber, Bruch, Winkelman • Invitation à la Danse
Christiane Baume-Sanglard, Dana Ciocarlie
5
6 II. Kräftig
01:14
• 50-1501
Danse avec
Christiane Baume-Sanglard
et Dana Ciocarlie
I. Allegro marcato
. c h
20 III. Frisch, nicht zu schnell
Danses norvégiennes, Op. 35 (1881)
w w w.
EDVARD GRIEG (1843-1907)
1
CD à écouter, bientôt chez les disquaires
Projets à venir
Le duo féminin s’est produit ces dernières
années sur de nombreuses scènes européennes lors de concerts et festivals. On
l’entendra cet été à Pontlevoy, Nancy, et bien
sûr à Saint-Ursanne… Belfort sera une de
leurs étapes cet automne. Les deux artistes
ont également entamé un travail lié au répertoire à deux pianos.
Texte Pierre Boillat
Photos Jacques Bélat
14 Dossier
Parfois, partir seul est impossible. C’est le cas pour les personnes souffrant de handicaps physiques qui requièrent des soins particuliers ou de handicaps mentaux qui nécessitent
une surveillance permanente.
L’été est synonyme
de vacances pour tous
Les personnes souffrant d’un handicap «Jusqu’ici, les personnes avec han- tout un chacun, la préparation d’un
ne sont pas contraintes de passer
l’été à la maison: en voyage individuel
ou en groupe, tout un chacun
peut enfin voyager
Texte: Alan Monnat
dicap se sont souvent vu refuser le
droit au voyage sous prétexte d’un
manque d’accessibilité des infrastructures touristiques et des transports.» Loin de prendre ce constat
pour une fatalité, Mobility International Schweiz (MIS), un office spécialisé en voyages sans obstacles,
s’est donné pour mission de collecter des informations de voyage dans
le monde entier pour les personnes
handicapées. Quelles destinations,
quels hôtels sont adaptés? Si, pour
voyage peut se limiter à quelques
clics sur Internet, pour d’autres la
démarche est un brin plus complexe…
Du moins l’était-elle avant l’apparition d’agences de voyages spécialisées, tel Serei ou Procap Voyage.
«Avant, je voyageais déjà. Le problème avec les réservations sur Internet, c’est qu’on ne savait jamais
vraiment sur quoi on allait tomber.» Daniel Schwab, Biennois de
58 ans, souffre d’une sclérose en
Evasion 15
Destinations urbaines, montagnardes ou balnéaires, le choix est vaste.
plaque, une condition qui l’oblige à
certaines précautions dans le choix
de la destination de vacances. «Certains hôtels se prétendent adaptés
alors qu’ils ne le sont pas du tout,
dans les aménagements de la salle
de bain par exemple.»
Voyages individuels
Pour éviter les possibles déconvenues, cet ancien journaliste
fait appel désormais à une agence
spécialisée dans les voyages pour
personnes avec handicap: «Il suffit d’appeler, de décrire ses souhaits et sa condition, et l’agence
se charge du reste.» Sur le site de
Serei, comme sur celui de Procap
Voyage, un catalogue de vacances
similaire à celui d’une agence
traditionnelle, avec des destinations urbaines, montagnardes ou
balnéaires, pour s’accorder aux
goûts de chacun.
«Vous pouvez nous demander n’importe quelle destination, ce n’est
pas certain qu’on trouvera une solution, mais on cherchera», note Sarah Berney, responsable de l’agence
de voyage de la fondation Serei, basée à La Chaux-de-Fonds.
Parfois, partir seul est impossible.
C’est le cas pour les handicaps
physiques qui requièrent des soins
particuliers ou les handicaps mentaux qui nécessitent une surveillance permanente. Daniel Schwab
a parfois recouru à une assistance
pour certain de ses voyages, et pas
pour des soins ou de la surveillance,
mais parce que «c’est très utile pour
partir faire les repérages, pour les
visites ou le choix des restaurants.»
Voyages en groupe
Parfois, partir seul c’est ennuyeux.
A côté des offres de voyages individuels, les agences spécialisées proposent des voyages en groupe, en
Suisse ou à l’étranger. Des camps
actifs ou de détente, de quelques
jours ou quelques semaines, ici aussi le mot d’ordre est diversité, pour
coller au désir de chacun.
Albert Siess, 72 ans, souffre d’un
léger déficit intellectuel, ce qui
ne l’empêche pas de partir en vacances chaque année, en groupe.
Sa destination de prédilection est
Pesaro, sur la mer Adriatique: «Le
matin on va à la piscine de l’hôtel,
l’après-midi on fait des balades et le
soir on va se promener sur la plage,
c’est magnifique», raconte cet habitant de Vendlincourt. Pour rien au
monde il ne raterait son escapade
annuelle en Italie. «Il vit seul le
reste de l’année, bien qu’il voie
souvent sa famille. Ça lui fait du
changement même s’il insiste pour
partir toujours au même endroit»,
raconte sa belle-sœur qui se réjouit
de l’existence de ces voyages. «Tout
s’est toujours bien passé, on le sait
heureux et en sécurité.»
Une des nécessités pour les
agences spécialisées est de former
des groupes homogènes, suivant
les degrés d’autonomie, pour que
tout un chacun se sente à sa place.
«Différents types de vacances pour
différents types de handicaps», résume Caroline Marti, collaboratrice
de Procap Voyage & Sport. Séjour
détente ou sportif, farniente ou initiation à la grimpe, selon les désirs
et les possibilités de chacun.
Le groupe compte des voyageurs,
certes, mais aussi des accompagnants: «Des étudiants, des retraités, des actifs, il n’y a pas de profil
sociologique particulier», détaille
Sarah Berney, dont l’agence, Serei, tout comme Procap Voyages et
Sport est toujours à la recherche
de bénévoles pour ses prochains
voyages. «Tous reviennent ravis,
c’est vraiment une expérience enrichissante.»
Pour plus d’infos
visiter www.mis-ch.ch/fr/home,
www.procap.voyages.ch et
www.serei.ch/accueil/
16 Dossier
Retrouver
le plaisir nomade
De nombreux voyageurs choisissent de passer
leurs vacances en camping-car. Petit tour d’un hobby,
entre découverte et confort, luxe et liberté
Textes: Alan Monnat
Pour certains, les vacances riment
avec hôtel «all inclusive» en bord de
mer et immobilité délicieuse, coups
de soleil régénérants, matin, midi et
soir. Pour d’autres, elles évoquent
un pastis et l’odeur de barbecue,
une partie de pétanque avec, au
loin, les cris d’enfants qui se chamaillent à la piscine du camping.
Aussi caricaturales que puissent
être ces descriptions, il n’en demeure pas moins que le voyage révèle le voyageur. Ainsi, on prête à
l’adepte du camping-car un caractère curieux, libre et aventureux…
Avec le camping-car, «on est plus
proche d’un style de vie que d’un
loisir», annonce fièrement le site
internet du club suisse romand.
La liberté a un prix
location, il faut compter entre 1000
et 1600 fr. par semaine», témoigne
David Corbi, propriétaire du garage
Mécasport, à Bassecourt.
A la location comme à l’achat, la
variation de prix est considérable
entre les petits bus deux places à
la carrosserie effilée et les monstres
de confort de la taille d’un camion.
«Certains véhicules nécessitent
même un permis de conduire catégorie C! La majorité des clients
préfèrent les modèles plus petits…
mais tout dépend de la taille de la
famille», détaille le concessionnaire.
Le camping-car a fait son apparition
dans les années 1970, on se souvient des fameux bus VW dont les
fleurs chatoyantes hantent encore
l’imaginaire collectif; mais depuis
il a fait sa mue. Rares sont les bus
aménagés par des étudiants en mal
de découverte, la majorité des campings-cars qui arpentent les routes A la rencontre de la différence
estivales sont des joujoux méca- Ces considérations matérielles
niques d’un certain standing. «A la n’enlèvent en rien au fameux «style
Evasion 17
Le camping-car est propice aux moments de partage et aux joies simples.
Le camping-car a fait son apparition dans les années
septante, mais depuis il a fait sa mue.
de vie» dont on parlait plus haut.
Roland Pelletier, horloger-bijoutier à Tramelan et propriétaire d’un
camping-car depuis de nombreuses
années, détaille les avantages de ce
mode de voyage, comparé à l’hôtel
ou au camping: «Partir comme ça,
c’est privilégier les rencontres et la
découverte, tout en étant parfaitement libre. Je vais où je veux et dès
que j’ai envie de partir, je pars.»
Une liberté de déterminer ses horaires qui contraste avec son quotidien dans sa boutique de Tramelan.
Martine Pelletier, son épouse, se
souviendra toute sa vie de leur
voyage au Maroc. «C’était un rêve
et on l’a fait! On a vraiment pu parler avec les gens, les rencontrer.
On a campé dans le désert!» Elle se
félicite également d’avoir évité les
sentiers touristiques et les hôtels
de bord de mer, «d’avoir vraiment
vu le pays». «Les gens voyagent au
Maroc en allant dans des hôtels
pour Occidentaux, ce n’est pas le
Maroc ça, c’est du blabla», complète
son mari.
Cette possibilité de rencontre avec
les gens et la culture des pays traversés tient au côté pratique du
camping-car, qui le différencie de
la caravane, pourtant itinérante
elle aussi. Michel Monnat, ancien
président du groupe des campeurs
jurassiens du TCS et propriétaire
d’une caravane, loue parfois un
camping-car pour l’été: «Installer
une caravane, ça prend du temps.
Avec un camping-car, tu te poses et
tu dors. Ajouté à cela qu’il est bien
plus agréable de rouler un campingcar que de tirer une caravane.» Son
voyage de trois semaines jusqu’au
Cap Nord n’aurait pu être réalisé
sans ce moyen de transport.
Choisir son escale
Le Maroc ou le Cap Nord, des destinations exotiques qui ne sont
pas la norme. Le voyage le plus
prisé est la Bretagne, raconte David Corbi. «Les gens aiment bien
se rendre jusqu’au Mont SaintMichel. La destination est prisée
parce que l’endroit regorge de
places de repos, contrairement à la
Suisse.» Le concessionnaire évoque
alors à regret celle de Delémont, rasée depuis peu.
La plupart des camping-caristes
évitent les escales sauvages, préférant faire halte dans des endroits
prévus par les villes ou dans un
camping, où ils peuvent vidanger
les toilettes de leur véhicule et remplir le réservoir d’eau. Une question
de confort, mais aussi de sécurité.
«Certains camping-caristes se font
gazer tandis qu’ils dorment», raconte Martine Pelletier. C’est en effet un risque connu: des voleurs injectent un gaz à la vertu somnifère
dans l’habitacle du véhicule et profitent du sommeil forcé des voyageurs pour commettre leur larcin…
La liberté oui, mais pas à n’importe
quel prix.
Conseils pratiques
Le site du club des camping-caristes suisse romand (www.cccsr.ch) est
une véritable mine d’informations pour celui qui souhaite partir en
vacances sa maison sur le dos. Une brochure gratuite «l’ABC du camping
cariste», disponible en ligne, détaille les règlements en vigueur dans les
différents pays et donne des conseils techniques.
La brochure souligne par ailleurs le comportement que devrait adopter
tout camping-cariste digne de ce nom. «Nos détracteurs ont de nous
l’image de gens profiteurs, culottés, égoïstes, pollueurs, irrespectueux,
envahisseurs...» Un préjugé que cherche à combattre le club suisse
romand; et Roland Pelletier se joint à l’injonction: «Il est impératif de
respecter les gens chez qui on va, on n’est pas chez nous… et c’est de cette
façon qu’on fait les plus belles rencontres.»
18 Dossier
Chaque nouvelle volée compte idéalement six à huit novices.
ARCHIVES
Une formation qui se dégonfle
Seule structure en Suisse romande pour obtenir
une licence de pilote de ballon, l’Ecole d’aérostation
de Fribourg a vu le nombre de débutants baisser.
Les cours de base ne sont plus dispensés chaque année.
de pilotes licenciés qui souhaitent
suivre des cours pour rafraîchir
leurs connaissances ou se perfectionner, mais très peu de candidats
débutants», relève Nicolas Tièche,
l’un des quatre instructeurs de
l’école fribourgeoise.
Textes: Anne Rey-Mermet
Formation bisannuelle
Pour beaucoup, les vols en montgolfière évoquent plutôt des aventures
extraordinaires à la Jules Verne
qu’un hobby auquel on s’adonne
le dimanche. Ils sont pourtant une
huitantaine de pilotes licenciés en
Suisse romande, dont la grande majorité qui s’y adonne pour le plaisir, mais leur nombre pourrait diminuer.
Seule école du pays pour les francophones, l’Ecole d’aérostation de
Fribourg peine depuis plusieurs années à remplir ses nacelles. «Nous
recevons de nombreuses demandes
Depuis cinq-six ans, les formateurs
ne dispensent plus de cours de
base chaque année, mais alternent
une année sur deux avec la «formation continue». Chaque nouvelle volée compte idéalement six
à huit novices. La dernière session
prévue pour les débutants n’avait
finalement pas eu lieu, faute de
participants. «Nous sommes dans
le domaine des loisirs, une baisse
du nombre d’aérostiers ne va pas
changer la face du monde, tempère
l’aérostier. Notre école n’a pas d’exigence de rentabilité. Les quatre
formateurs transmettent leurs
connaissances par passion, ils ont
tous un emploi à côté.
Pour une formation complète d’aérostier, il faut compter en moyenne
une année et environ 8000 à 9000
francs. Les pilotes louent ensuite
le matériel des clubs, peu d’entre
eux possèdent leur propre ballon. A
titre de comparaison, le coût d’une
licence de pilote privé d’avion, qui
comprend en partie les mêmes
modules théoriques, dépasse les
12 000 francs.
Causes possibles
Pilote licencié depuis le milieu des
années 1980, Nicolas Tièche avance
quelques pistes pour expliquer ce
manque d’intérêt. «Avant 1980,
on ne voyait pas de montgolfières
dans le ciel de Suisse romande. La
nouveauté a engendré un certain
élan. Les sponsors étaient intéressés par cette nouvelle visibilité, il était bien plus simple d’être
Evasion 19
Deux montgolfières du
Festival des Vents de
Reconvilier. Clubs et
formateurs réfléchissent de
concert à des pistes pour
enrayer cette tendance à la
baisse, par exemple en
s’adressant aux 30-40 ans
qui ont davantage de
moyens et sont plus posés
que les jeunes.
soutenu financièrement par une
entreprise.» «L’effet de mode s’est
forcément tassé avec le temps»,
confirme Jean-Laurent Freudiger,
président du Groupement aérostatique de Fribourg (GAF).
Pour Nicolas Tièche, la concurrence
du parapente a pu également jouer
un rôle. Pour les amateurs motivés
à tutoyer les nuages, cette discipline paraît plus facile d’accès, tant
au niveau financier qu’en termes
de matériel. «Pourtant, quand on
fait les calculs, la différence n’est
pas si flagrante. Un aérostier possède rarement son ballon, tandis
qu’un parapentiste doit acquérir sa
propre voile: le coût de la formation
est peut-être moins élevé, mais au
final ça se rapproche.»
Contrairement à l’imposante montgolfière, le parapente peut se pratiquer en solitaire et demande moins
d’organisation. On ne vole pas seul
en ballon, car il faut du lest dans
la nacelle. Un chauffeur doit également être disponible pour récupérer le pilote et son aéronef à
l’issue du vol. «Les clubs de vol à
voile observent aussi une baisse du
nombre de candidats à la licence de
pilote de planeurs pour les mêmes
raisons», ajoute Nicolas Tièche. De
même, les instructeurs suisses observent une certaine concurrence
des pays limitrophes, où la formation coûte moins cher.
Ce manque de relève n’est pas dramatique en soi, mais pourrait à
terme avoir des conséquences sur
les effectifs des clubs, au nombre
de trois en Suisse romande (Fribourg, Château-d’Œx et Genève).
«Jusqu’ici le nombre de pilotes inscrits au GAF reste stable, mais les
deux derniers élèves ont reçu leur
licence l’an dernier et nous n’avons
pas de nouvelle inscription pour
la prochaine formation», indique
le président du club fribourgeois,
qui compte une quarantaine de
membres et une vingtaine de pilotes.
Harmonisation européenne
Depuis quelques années, une
procédure d’harmonisation des
différentes législations européennes est en cours. Ce qui simplifiera les choses au final avec une licence identique pour toute l’Europe,
mais qui implique une période de
transition. «Une fois que la nouvelle
législation sera entrée en vigueur,
nous pourrons enfin aller de l’avant,
se réjouit Jean-Laurent Freudiger.
Actuellement les choses sont un
peu floues, ce qui peut freiner des
novices.»
Clubs et formateurs réfléchissent de
concert à des pistes pour enrayer
cette tendance à la baisse. «Ce n’est
pas uniquement le rôle de l’école,
la réflexion est également menée
au sein des clubs: l’idée c’est plutôt
de faire la promotion de l’aérostation au sens large», conclut Nicolas
Tièche. (La Liberté)
Quel profil pour les pilotes?
D’après ce qu’ont pu observer les clubs, les débutants
explique Nicolas Tièche. «Il serait peut-être plus
qui s’intéressent à l’aérostation connaissent souvent
porteur de s’adresser à des gens de 30 à 40 ans qui ont
un pilote. «Le profil type est un jeune adolescent qui
davantage de moyens et sont plus posés.»
gravite déjà dans ce milieu, par sa famille ou ses amis
et qui attend ses seize ans, âge
minimal requis, pour se lancer», relève
Nicolas Tièche, formateur au sein de
l’Ecole d’aérostation de Fribourg. C’est
le cas par exemple des dernières
personnes à avoir obtenu leur licence
de pilote en Suisse romande. Selon
l’aérostier fribourgeois, la discipline
attire également des amateurs
d’autres sports aériens, comme le
parapente ou le parachute, qui
raccrochent leurs ailes et cherchent
un moyen de voler moins «sportif».
Parmi les réflexions menées sur la
promotion de cette discipline
particulière figure notamment le
public cible visé. «A un moment, nous
faisions de la publicité surtout auprès
des jeunes, qui étaient certes
intéressés mais n’avaient pas le
budget pour suivre la formation»,
La discipline attire parfois des amateurs d’autres sports aériens.
20 Dossier
Gardien de cabane ou de chalet,
une expérience humaine très riche
Le lieu est propice à la
contemplation et aux jeux
en plein air des enfants.
Petit paradis campagnard perché au-dessus de Vicques,
le chalet du Retemberg repose sagement sur sa colline.
Il s’anime régulièrement, le temps d’un week-end ou
d’une semaine, en ouvrant sa porte aux familles, amis,
écoles, sociétés et simples hôtes de passage. Ceux-ci
sont accueillis par les membres des Amis de la nature,
dont la section compte 120 membres, qui assurent
le gardiennage à tour de rôle.
Textes et photos: Paul Simon
C’est à son retour dans le Jura il y
a une dizaine d’années que Quentin Charmillot est devenu gardien
puis rapidement gérant du chalet.
Avec son épouse et ses trois jeunes
enfants, il se rend régulièrement
sur les hauteurs de Vicques avec
d’autres familles pour recevoir les
visiteurs autour d’une bonne soupe
chalet et d’une salade de pommesde-terre, voire d’une fondue. Des
moments conviviaux: pendant que
d’aucuns s’activent à couper les légumes ou le pain, d’autres bricolent
ou s’occupent de l’inventaire. A chacun ses préférences ou ses compétences. Pour sa part, Quentin
Charmillot, issu du domaine de l’hôtellerie, se sent à l’aise en cuisine et
dans le contact avec les hôtes.
Evasion 21
Une fédération
née en Autriche
L’histoire du Retemberg, qui fêtera son
cinquantième anniversaire l’an prochain, c’est
donc avant tout l’histoire d’une grande famille
de potes et de connaissances ayant en commun
leur appartenance à la Fédération des Amis de
la nature. La fondation de la Fédération suisse
des amis de la nature date de 1905. Elle fait
partie du mouvement nommé l’Internationale
des amis de la nature, créé 10 ans plus tôt à
Vienne. Selon ses statuts, cette fédération allie
activités touristiques et de loisirs (sportifs et
culturels) et préservation de la nature, tout en
s’engageant en faveur d’un développement
durable de la société. Active dans toute l’Europe
et outre-mer, l’association compte aujourd’hui
plus de 500 000 adhérents à travers le monde.
La Suisse compte 70 maisons des Amis de la
nature, mais il en existe aussi dans les pays
limitrophes et plus éloignés. On en recense
ainsi plus de 1000 dans le monde.
les crêtes. Les conseils des gardiens
sont alors bienvenus pour aiguiller
marcheurs ou instituteurs venus en
repérage, explique Quentin Charmillot, histoire de vanter les beautés du val Terbi. Des événements
particuliers s’y déroulent aussi.
«Nous avons dernièrement accueilLes enfants, eux, s’ébattent au li un mariage», relève encore le gégrand air, crapahutant dans la rant des lieux.
forêt, construisant des cabanes.
C’est donc à des joies simples que Ravagé par le feu
s’adonnent les gardiens de cabane Les gardiennages s’effectuent en
ou de chalet. Au Retemberg, il n’y moyenne au rythme de 2 ou 3 par
a pas de réseau. Eteints les télés, année. En échange de leur disposmartphones et ordinateurs, place nibilité, les membres des Amis de
aux jeux de société et au plaisir la nature ont le loisir de participer
de se retrouver ensemble. Pour les à plusieurs activités. Des randonplus jeunes, ces moments uniques nées ou des journées sont orgasont aussi une leçon de vie: ils y ap- nisées, ainsi que des animations
prennent le vivre ensemble, jusque ouvertes à tous, comme la Fête de
dans les dortoirs où il faut faire si- la montagne qui aura lieu le 6 seplence. Si le samedi voit surtout ar- tembre. Ce rendez-vous, agrémenté
river une joyeuse cohorte d’amis d’une choucroute, est l’événement
et de parents, le dimanche offre le plus important mis sur pied par
davantage une halte bienvenue, le chalet.
avec petite carte de restauration à Le chalet du Retemberg est sila clé, aux randonneurs arpentant tué à quelque 6 km du village. Le
Le Retemberg vu d’un drône.
bâtiment est muni de deux salles à
manger de 30 à 80 personnes, d’une
cuisine équipée, et de chambres ou
dortoir, où se succèdent les participants aux camps sportifs, scolaires
ou de musique. Il n’a pas toujours
eu cet aspect-là. En 1966, il avait
la forme d’un petit chalet, qui servait principalement d’abri, pourvu
d’un fourneau, de quelques tables
et d’une petite cave. Il sera agrandi
par une bande d’amis, membres de
l’association. En 1971, le jour de la
Fête nationale, un incendie ravage
le chalet dans sa totalité, avant qu’il
renaisse de ces cendres pour devenir ce qu’il est aujourd’hui.
www.retemberg.com
Quentin Charmillot, le gardien des lieux.
22 Dossier
Un cheval franchesmontagnes dans la brume
du matin.
PHOTO VINCENT BOURRUT
Sur la trace des gabelous
à Goumois.
On joue à saute-frontière
en résolvant des énigmes!
En cinq étapes d’un jour chacune, entre Morteau et
consonance originelle qui le fait
rimer avec d’autres métiers plus
La Chaux-de-Fonds, et sur 60 kilomètres, on zigzague
ou moins contemporains tels que
le graveur, le brodeur, le fondeur,
allégrement de la France à la Suisse en marchant sur
le fourbisseur, etc. Et cette finition
en «eur» fait résonner toute une diles chemins de la Contrebande dans les pas de l’Orlogeur!
mension artisanale, voire artistique,
Texte: Pascale Stocker
quand il s’agit du savoir-faire incarné dans la chair et la matière grise
La randonnée sur les chemins de des humains.
la Contrebande franco-suisse qui
invite à marcher dans les pas de Si l’on s’en réfère au Dictionnaire hisl’orlogeur est totalement originale torique de la langue française d’Alain
et inventive. Mais vagabondons Rey, on ne trouve pas véritablement
d’abord dans les mots. Qu’est-ce ce mot; cependant le nom «horloger»
donc que ce vocable orlogeur, dont renvoie aux mots latins originale et
on soupçonne bien sûr, même s’il orloge (XIIe siècle); puis l’on pourra
n’a pas de H, qu’il nous plonge dans être mené ensuite vers horologium,
le monde de l’horlogerie? Ce terme et jusqu’au grec tardif hôrologion qui
typique et atypique a disparu du lan- veut dire littéralement «ce qui dit
gage usuel et de nos régions dans l’heure». On trouvera également que
les années 1600. Pourtant il a une si, du XIVe au XVIIe siècle, les mots
PHOTO PATRICK BRUOT
horlogier et la variante horlogeur désignent ce qui a trait à la mécanique
horlogère, ils peuvent aussi faire référence à Dieu, créateur de l’univers!
Une balade à pied qui propose un
panel complet allant de l’arpentage
d’une nature magnifique et escarpée
aux savoir-faire industrieux, en passant par la gastronomie, les musées
et autres escapades illégales à sautefrontière d’un passé récent, il n’y a
que le Grand Horloger et ses ouailles
pour inventer cela!
L’engrenage mystérieux
et la récompense finale
Des mots, passons à l’action. Pour
marcher sur les pas de l’Orlogeur,
une balade originale proposée par
les instances touristiques francosuisses, il faut certes pratiquer une
forme d’évasion avec des mollets de
marcheur, mais il s’agit aussi d’oublier ses points de repères habituels, de se plonger dans l’histoire
desdits orlogeurs et de la contrebande, d’être curieux et logique.
L’itinérance transfrontalière devient alors une initiation aux pratiques secrètes de cette profession
Evasion 23
Etape chaux-de-fonnière au Bois du Petit Château. A saute-frontière, forcément on trouve des
bornes.
PHOTO AURÉLIEN COLLENOT
PHOTO OFFICE DU TOURISME NEUCHÂTELOIS
On s’achemine vers les Echelles de la mort.
PHOTO AURÉLIEN COLLENOT
Infos et conseils pratiques
Les chemins de la Contrebande sont aussi sinueux que les méandres du Doubs.
PHOTO RÉGIS RAVEGNANI
et ouvre les portes de l’histoire de la
contrebande d’antan. Sur les traces
de Philémon, un ancêtre orlogeur,
on percera les secrets du maître,
en résolvant des énigmes figurant
sur des totems ludiques disposés
le long du parcours, en récupérant
dans les musées d’horlogerie français et suisses les pièces d’un mécanisme et en le transportant jusqu’à
la cité chaux-de-fonnière. Au final,
ces pièces serviront à actionner un
engrenage mystérieux d’où sortira
un présent bien mérité qui attestera
de l’apprenti-orlogeur!
La fiche technique
et les points forts
Les 60 kilomètres de cet itinéraire pédestre qui dure cinq jours
mènent de la cité mortuacienne à
la cité chaux-de-fonnière. Le voyage
retour peut s’effectuer en train en
empruntant la Ligne des Horlogers.
Composé de cinq étapes, le parcours
permet de découvrir plusieurs sites
touristiques remarquables parmi
lesquels le Saut du Doubs et ses
bassins, mais aussi de se familiariser avec le savoir-faire horloger,
les collections de quatre musées
consacrées à l’horlogerie (Morteau,
Villers-le-Lac, Le Locle et La Chauxde-Fonds). En chemin, on peut apprécier le patrimoine culturel et architectural de la région: l’urbanisme
horloger du Locle et de La Chaux-deFonds inscrit au patrimoine mondial
de l’UNESCO, les bornes frontières
qui jalonnent les zones frontalières,
les fermes jurassiennes, etc.
Une superbe randonnée au sujet de
laquelle ceux qui l’ont déjà expérimentée – amateurs de nature ou
passionnés de montres – ont relevé les paysages enchanteurs ainsi
qu’une excellente et instructive
préparation.
1. Randonnée des chemins de la Contrebande franco-suisse: en couple, en
famille ou en groupe. www.lescheminsdelacontrebande.com. Parc naturel
régional du Doubs: Francesco Giamboi, 032 420 46 73, francesco.giamboi@
parcdoubs.ch. Office de Tourisme Val de Morteau – Saut-du-Doubs: Antenne
de Morteau: 0033 381 67 18 53. Antenne de Villers-le-Lac: 0033 381 68
0098, www.pays-horloger.com. Tourisme neuchâtelois: Bureau d’accueil de
La Chaux-de-Fonds, 032 889 68 95, www.neuchateltourisme.ch
2. Météo: avant de partir, consulter les prévisions au 08 92 68 02 21,
réactualisées 3 fois par jour.
3. Papiers d’identité: ne pas oublier de prendre ses papiers d’identité, car il
faut traverser la frontière et l’on peut être contrôlé.
4. Préparer sa randonnée: se munir d’un équipement adéquat et veiller à
bien s’hydrater. Prévoir: chaussures de randonnée, sac à dos, vêtements de
pluie, gourde, crème solaire, chapeau, couteau suisse, jumelles… La durée
indiquée pour les étapes est donnée à titre indicatif, c’est une estimation
basée sur un temps de marche effectif, qui prend en compte la longueur et
les dénivelés. Hébergements: à contacter avant de réserver les nuitées.
5. Respect de la nature: pas de déchets, pas de cueillette. On progresse
dans un milieu de moyenne montagne et de pâturages. Il faut respecter les
troupeaux et la faune sauvage, rester sur les sentiers balisés, refermer les
portails des enclos, contourner les troupeaux, surtout si de jeunes
individus les composent.
6. Transports: Infos sur la Ligne des horlogers dans les gares de Morteau et
de La Chaux-de-Fonds. www.ter-sncf.com, 0800 802 479 et www.sbb.ch,
0900 300 300.
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