5 juin - Baertschi

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5 juin - Baertschi
Bernard Baertschi, Université de Genève
La Neuropsychologie de la Décision Morale:
une Révolution ?
Vendredi 5 Juin 2015
Centre de recherche St Charles, 1 rue du Dr Henri Serre (tram Albert 1er)
Salle 01, 18h
Présenté par
Abstract:
Un des problèmes philosophiques classiques de l'épistémologie est la question de savoir si notre
connaissance vient des sens ou de la raison. On peut faire remonter le débat jusqu'aux Grecs, mais
c'est aux XVIIe et XVIIIe siècles qu'il a occupé la pluoart des philosophes. L'empirisme (Locke) affirme
que toutes nos connaissances viennent des sens, alors que le rationalisme (Leibniz) le nie: certaines
idées sont innées. Dans le domaine de la morale, le même débat s'est tenu. Le sentimentalisme d'un
côté (l'école
ole écossaise: Hucheson et Hume), voyant l'origine du jugement moral dans des émotions
(les sentiments, les passions), et le rationalisme de l'autre (Burnet en Angleterre), le niant. Ce débat
historique s'est achevé avec la victoires du rationalisme critique
critiq de Kant.
Un autre débat remontant aussi à l'Antiquité concerne la valeur de nos émotions: sont-elles
sont
fiables ou
constituent-elles
elles des obstacles au jugement moral ? Sur ce point aussi, Kant a tranché: elle ne sont
pas fiables et si l'on pouvait les éradiquer,
éradiquer, ce serait une bonne chose pour la morale (il reprend ici
l'essentiel de la position Stoïcienne).
La position kantienne est l'une des inspiratrices, sans doute dominante, de l'éthique contemporaine.
Or, elle vient d'être assez brutalement remise en question
question par la neuroépistémologie morale. À la suite
des travaux de Damasio, il est apparu que les émotions ne pouvaient ainsi être mises sur la touche:
elles jouent un rôle indispensable dans nos jugements moraux. À partir de cette constatation, certains
neuropsychologues
europsychologues ont proposé une épistémologie morale de type sentimentaliste, ménageant certes
une part à la raison, mais seconde. Dans mon propos, j'examinerai trois de ces conceptions, celles de
Jonathan Haidt, de Joshua Greene et de Gerd Gigerenzer. Chacune
Chacune ménage bien sûr une place à la
raison, mais elle est toujours seconde, quoiqu'en des sens différents. Le modèle intuitionniste de Haidt
considère à la manière de Hume la raison comme l'esclave des passions, le modèle du processus
duel de Greene comme une acquisition tardive dans l'évolution qui, dans certaines situations, entre en
conflit avec l'émotion, alors que le modèle de la rationalité écologique de Gigerenzer se refuse en
définitive à opposer par principe raison et émotions.
Je terminerai par quelques
uelques réflexions sur ces nouvelles épistémologies, en soulignant notamment
qu'elles tendent à ne pas tenir suffisamment compte des intentions dans leur conception du jugement
moral.
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