Guide Caraïbes1

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Guide Caraïbes1
musiques
caraïbes
2008
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Comme chaque année, les bibliothèques-discothèques de Colombes
s’associent au festival Rumeurs Urbaines afin de mettre en lumière les arts
de la parole. Après avoir découvert les années précédentes les contes,
mythes et langages du Burkina Fasso, d’Égypte ou du Québec, nous
embarquons pour deux années de voyage dans la mer des Caraïbes. C’est
pour nous l’occasion de mettre l’accent sur la profonde variété musicale
qui illustre cette large zone géographique.
Ce guide a pour vocation d'éclairer les origines de cette diversité issue d'un
contexte géopolitique complexe et de vous proposer un parcours dans les
grands courants musicaux des Caraïbes.
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Géographie: la mer des Caraïbes
Le nom de cette mer trouve son origine dans celui du peuple Caraïbe qui habitait cette
région jusqu'à l'arrivée des Espagnols au 15e siècle.
Elle englobe le golfe du Mexique, les parties de l'océan Atlantique qui comprennent les
Bahamas et les eaux territoriales de la Guyane, du Surinam et du Guyana.
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Les principaux pays ou îles qui bordent la mer des Caraïbes sont :
Le Mexique, le Honduras, le Nicaragua et le Costa Rica à l'ouest ;
Le Panama, la Colombie et le Venezuela au sud ;
Les petites Antilles (Grenade, Martinique, Guadeloupe, etc.) à l'est ;
Les grandes Antilles (Porto Rico, Haïti et la République Dominicaine, la Jamaïque et
Cuba) au nord.
Cette mer communique au nord-ouest avec le Golfe du Mexique par le canal du
Yucatán, et avec l'océan Atlantique à travers l'archipel des petites Antilles. Elle
communique aussi artificiellement avec l'océan Pacifique par le canal de Panamá. Le
passage du Vent — nom donné à la zone située entre Cuba et Haïti — est une
importante route maritime entre les États-Unis et le canal de Panamá.
Musicalement, on peut repérer quatre grandes zones :
- Zone hispanophone : bordure Atlantique de l’Amérique centrale
- Zone francophone (Antilles françaises) dont Guyane
- Zone anglophone dont Bélize et Guyana
- Zone néerlandophone dont Surinam
Histoire, peuplement
Lorsque Christophe Colomb découvre les îles de Cuba et d’Hispaniola en 1492, elles
sont déjà peuplées par plus de 150 000 autochtones. Ils appartiennent à différentes
tribus (Siboneys, Arawaks…) mais les Taïnos et les Karibs (Caribes) dominent en
nombre. Diego Velázquez de Cuéllar et ses hommes se lancent dans la conquête et le
pillage des territoires. Ils s’approprient les terres, réduisent les Karibs en esclavage et
s’accaparent leur or. En moins de dix ans, de 1511 à 1520, la population autochtone a
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pratiquement disparu, résistant mal aux nouvelles maladies et
au travail imposé par les Conquistadors espagnols.
L’introduction des cultures destinées à l’Europe (sucre, cacao,
café, tabac, épices) crée un besoin énorme de main d’œuvre
fournie tout d’abord par les autochtones. Mais l’abolition de la
servitude des Indiens en 1542 (grâce à Frère Bartholomé de
las Casas) va déclencher un processus massif de traite des
Noirs d’Afrique (Afrique de l’Ouest, Congo, Angola…). Un
siècle plus tard, des centaines de milliers d’esclaves travaillent
dans les plantations de toute la zone Caraïbes. Ils seront plus
de 10 millions à y travailler ou à y transiter jusqu’à l’abolition
de l’esclavage au 19ème siècle.
Durant cette période, de nombreux soulèvements de rebelles
souderont les nègres marrons (de l’espagnol cimarron : animal
domestique devenu sauvage) qui se cachent dans les forêts et
la montagne et retrouvent peu à peu les identités culturelles de
leurs origines.
Après l’abolition de l’esclavage, des ouvriers indiens, chinois, africains, vénézuéliens,
madérois ou maltais sont amenés pour réaliser de grands travaux terriens et des voies
ferrées. Ceux-ci s’installent souvent définitivement avec leur bagage culturel.
La diversité d’apports humains et l’histoire de chaque pays ou île de la zone Caraïbes
annule de fait le concept de civilisation commune fantasmé dans les capitales
impériales. Totalement bouleversée par les colonisations successives (Espagne, France,
Hollande, Angleterre, Danemark, Portugal…), l’identité antillaise n’a pu se forger
sereinement dans des territoires passant des mains des uns aux mains des autres. De
nombreux échanges migratoires provoqués par ces bouleversements ont engendré un
brassage phénoménal de langues et de musiques..
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Origines musicales
La musique caraïbe s'est élaborée progressivement à
partir du 16e siècle par un processus de créolisation
complexe qui prend sa source dans le mariage de trois
cultures : la caraïbe, l’africaine, l’européenne. Si
l’empreinte caraïbe ne se manifeste à nous que par la
présence d’instruments tels que les maracas ou les
carapaces de tortues, les influences africaines et
européennes sont très marquées.
L’apport africain, conséquence de la traite des Noirs,
réalise l’unité de ces régions. Il est plus ou moins
important selon les pays, les apports européens et
asiatiques accentuant la différence.
Les chants, les danses, et les cultes d'origine africaine,
fortement réprimés, ont souvent survécu en secret ou
sous le règlement du code des colons (jours de fête
uniquement, au sein d'une seule ethnie). Imposé par les missionnaires, le catholicisme
censé remplacer ces cultes a généré en fait un syncrétisme varié (santeria cubaine, shango
trinidadien, kumina jamaïcain, shouters de Saint Vincent, candomble brésilien).
Beaucoup de formes musicales se sont cristallisées autour des cultes d'origines
africaines (yoruba, fon, ashanti, congos..) qui utilisent la transe, la glossolalie (don
surnaturel et temporaire des langues). La santeria à Cuba ou le Vaudou en Haïti ont
ainsi posé les bases de toutes les musiques qui se développeront dans ces îles. De plus,
dans toutes les Caraïbes, le chant, la danse et les tambour accompagnaient aussi bien
les veillées et rites funéraires, les séances de magie, l’invocation des ancêtres pour les
mariages et les guérisons, que les récoltes.
Le mélange d’ethnies et de civilisations a favorisé un dynamisme culturel à l’expression
multiple et variée. Il a donné dans chacun de ces pays des danses qui ont une racine
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commune : l’Afrique. Le système des plantations, la formation de la petite propriété et
ensuite l’urbanisation, mettant en contact une multitude de gens issus de régions
différentes ont favorisé l’éclosion de nombreux rythmes ayant tous une structure
commune.
Les musiques d’origine africaine sont caractérisées dans la Caraïbe par le dialogue entre
le soliste et les chœurs, par l’importance des percussions, les battements de mains, et
par la prédominance du rythme sur la mélodie.
Les mélodies ont toutes un air de famille, que ce soit la biguine en Martinique,
Guadeloupe, Guyane ; le merengué à Saint-Domingue ; le calypso à Trinidad ; le jazz
en Louisiane ; le reggae à la Jamaïque ; la samba au Brésil ; la cadence en Haïti…
Évolution de la musique
Les peuples Caraïbes
La musique au temps des Amérindiens semble essentiellement limitée à des fonctions
guerrières ou rituelles. Tambours fendus, conques marines, maracas, carapaces de
tortues et guiros (gourde striée raclée avec un peigne) constituaient la majeure partie de
leur instrumentarium.
Influence des colons
Danses et musiques d’Europe font partie des bagages emportés par les colons sur les
îles et continents caribéens. Souvent transformés à la mode antillaise, les polkas,
mazurkas, scottishes, valses, cotillons, bostons, quadrilles, laisseront une forte
empreinte sur les formes musicales qui vont émerger plus tard.
De l’esclavage à la libération
Seuls loisirs des esclaves, le chant et la danse étaient accompagnés au son du tambour.
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Interdit ensuite car il pouvait véhiculer des messages d’alerte aux esclaves, le tambour
fut remplacé par des boîtes de métal, des calebasses, des bidons, par les battements de
mains et de pieds et les sons de bouche. De nombreux chants, danses et musiques sont
nés de ce type d’accompagnement au 19e siècle (kalenda, gwoka, lérose, boulagel…).
Mariage afro-européen
Après l’abolition de l’esclavage, on assiste à une explosion de la musique populaire. Les
rythmes africains et les mélodies européennes donnent naissance aux quadrilles
antillais, à la biguine, aux mazurkas, à la valse créole, au son, au calypso, au
merengue… Les ensembles s’enrichissent d’instruments d’abord acoustiques (cuivres,
vents, cordes), puis adoptent à la fin les années 1960 les instruments électriques.
Compte tenu du contexte géopolitique dans lequel se sont forgées les cultures
musicales des Caraïbes, il pourrait être réducteur d’attribuer un seul genre à une île ou à
un pays. Leur proximité a permis une circulation rapide des inventions musicales qui
rend parfois difficile la reconnaissance d’une seule paternité. Cependant, des genres
musicaux se sont épanouis plus naturellement dans certaines zones, îles ou pays que
nous avons souhaité vous présenter.
LA musique des Caraïbes n’existe pas, elle est de fait plurielle et l’on peut seulement
essayer d’en définir les contours à travers des grands courants sur lesquels nous allons
naviguer.
Quelques grands courants musicaux par zones géographique
Les Antilles françaises
Réputés pour leur perméabilité aux musiques des îles voisines et d’ailleurs, les
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musiciens guadeloupéens et martiniquais ont pourtant développé une identité forte à
travers les siècles et les genres musicaux.
Quadrille
Héritier direct du quadrille européen du 19e siècle, le quadrille antillais s'inscrit dans
un contexte musical appelé balakadri (ensemble de danses et musiques - quadrille,
biguine, tango, valse, polka - exécutées lors de bals associatifs). Un commandeur
dirige les danseurs sur les quatre figures du quadrille : pantalon, lété, lapoul et
pastourel pendant que l'accordéon, le tambour et le racleur accompagnent et soulignent
les pas des danseurs.
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Négoce et signature : la tradition du quadrille P 729.76 NEG
Gwoka, tambour bélair et chouval bwa
Le gwoka guadeloupéen se joue sur un ensemble
de tambours qui accompagnent chants et danses
lors des carnavals et fêtes. Marcel Lallio, dit Vélo,
mort en 1984, était une personnalité très
marquante de ce style. Revendiqué par les
mouvements nationalistes à partir des années
1960, le gwoka est devenu un symbole fort de
l’identité antillaise. Guy Konkèt incarne cette
renaissance du gwoka ainsi que Bernard Boisdur
ou le groupe Akiyo. Aujourd’hui avec Kan’nida
ou le saxophoniste David Murray, le gwoka
poursuit son évolution.
Pendant martiniquais du gwoka, le tambour
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bélair (ou bélé) connaît un regain d’intérêt depuis la fin des années 1970, grâce en
particulier à Eugène Mona.
L’autre style traditionnel en vigueur aux Antilles françaises est le chouval bwa, dont le
nom rappelle qu’il servait entre autres à accompagner les manèges de chevaux de bois
au début du 20e siècle. Là encore, les tambours occupent une place centrale, auxquels
s’ajoute l’accordéon.
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Strictly Gwoka : Esnard Boisdur, Anzala, Tisélés…Cote : P 729 ANT STR
Kan’nida : Véyé P 729.76 KAN
Akiyo : Mouvman. Cote : 729 AKI P (Michelet)
David Murray & The Gwo-ka Masters J MUR
Eugène Mona : Blanc mangé. P 726.76 MON
Dédé Saint-Prix : Fruits de la Patience. P 729.82 SAI
Biguine
Danse chaloupée au rythme binaire,
la biguine serait issue du bélair et
tirerait son nom de l’anglais begin !
lancé par des chefs d’orchestre pour
faire démarrer leurs musiciens. La
polyphonie et les instruments
(clarinette, trombone, banjo,
batterie) rappellent les groupes de
jazz de Louisiane où réside d’ailleurs
une forte communauté antillaise. En
1931 lors de l’exposition coloniale, le
clarinettiste Alexandre Stellio
popularise la biguine qui devient
alors très à la mode dans les clubs parisiens.
Dans les années 1970, Malavoi donne un coup de jeune à la mazurka d’antan et à la
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biguine en les habillant de violons, de cuivres et d’influences cubaines.
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1929-1940 Biguine, valse et mazurka créoles : l'âge d'or des bals et cabarets antillais de
Paris / L'orchestre antillais. P 729 Ant BIG
Gram é gram ; Zouël ; Quadrille M... [etc.] / Malavoi. P 729.82 MAL
Soukous et cadence-lypso
Au début des années 1970, l’orchestre zaïrois Rico Jazz introduit
le soukous en Guadeloupe. Peu après, Gordon Henderson
invente la cadence-lypso (hybride de kadans rampa haïtienne et
de calypso) qui s’impose sous le nom de kadans.
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Congolese soukous. P 675 ANT CON
Exile One : Face au public. P 729 EXI (vinyle)
Zouk
Fondé sur les rythme de bélair et de gwoka, le zouk se développe
dans le chaudron musical de Kassav, un groupe de studio guadeloupéen
qui va faire danser la planète entière sur sa musique à partir du milieu
des années 1980. En intégrant des éléments novateurs et dans l’air du
temps (synthétiseurs, section de cuivre, basses funky, rythmes simples
qui se dansent à deux), ils collent parfaitement à la période faste des
boîtes de nuit. Le zouk affirme aussi l’identité créole, mais devant sa commercialisation
accrue, avec des groupes comme Zouk Machine, et la tendance mièvre du zouk love, il
déclinera dans les années 1990.
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Kassav : Jacob F Desvarieux/Georges Decimus P 729 KAS
The compact story of Kassav. P 729 KAS
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Trinidad et Tobago
Longtemps disputés par les Espagnols, les Hollandais, les Anglais, les Français, les
deux îles sœurs sont devenues indépendantes en 1976. Elles sont réputées pour leur
carnaval et pour l’invention d’un instrument unique au monde, le steel drum.
Calypso
Française jusqu’à la fin du 18e siècle, l’île de la Trinité passe ensuite
aux mains des Anglais et devient Trinidad. Une tradition se
popularise alors sous la forme de joutes orales appelées kaiso (qui
signifie bonjour dans plusieurs dialectes d’Afrique de l’ouest). Ces
duels aux textes piquants et à l’accompagnement sommaire
(ustensiles grattés, frappés) dégénèrent souvent en violentes
batailles. Au 20e siècle, le calypso devient un genre musical qui
joue un rôle de miroir pour la société. Truffé d’expressions à
double sens, agressif, sarcastique, sexuel et misogyne, il aborde
tous les thèmes politiques et sociaux en risquant constamment la
censure du gouvernement.
Les orchestres se composent alors souvent d’une flûte, d’une
clarinette, d’un cuatro (petite guitare d’origine vénézuelienne), d’une guitare, d’une basse
et d’un violon. Ils s’enrichiront peu à peu avec l’adjonction de piano, d’accordéon,
d’instruments à vent et plus tard d’instruments électriques, de batterie et de percussions
cubaines. Très écouté en Afrique de l’ouest dès la fin des années 1920, le calypso
influence beaucoup la musique high life (Nigéria, Ghana, Sierra Leone…)
L’âge d’or du calypso sera celui des années 1950. Lord Kitchener, Lord Melody puis
Mighty Sparrow et Calypso Rose sont très populaires dans toutes les Caraïbes. Tous
les orchestres des Antilles inscrivent alors des calypsos à leur répertoire et Harry
Bellafonte popularise le genre dans le monde entier avec l’album « Calypso ».
Dans les années 1980, l’influence des musiques noires venues des Etats-Unis donnera
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naissance à la soca (SOul CAlypso) qui donne un nouveau souffle au calypso. La
salsa, le merengue ou le zouk influenceront aussi les musiques de Trinidad et
Tobago. L’heure est désormais au ragga-soca ou au rapso.
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Calypso@dirty Jim’s. P 729.83 Ant DI
Hot like fire / The Mighty Sparrow. P 729.83 MIG
London is the place for me, vol. 2 : Calypso & kwela. P 669 CAM
Calypso et soca / Lord Pretender. P 729.83 Ant CAL
Calypso / Harry Belafonte. 73 BEL P (vinyle)
Steelbands
Célébré à la mi-carême par les colons français, le carnaval à la
Trinité a pris une forme très débridée une fois adopté par les
esclaves. Bambous, poêle à frire, poubelles, bouteilles ont
longtemps accompagné les défilés jusqu’à l’invention du steeldrum
(ou pan) par Ellie Manette vers 1939. Fût de pétrole martelé et
poinçonné jusqu’à obtention d’une gamme parfaite, le pan devient
vite l’instrument emblématique du carnaval à travers de
gigantesques concours et joutes musicales. Les orchestres
(steelbands) peuvent comporter plus de cent pans qui couvrent tout le spectre sonore
(du grave à l’aigu) à l’instar d’un orchestre symphonique. Leur répertoire puise dans
tous les grands standards du calypso, de la variété internationale, du jazz …
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Le carnaval des Steel bands : Trinidad. P 729.83 ANT CAR
L’art du Steel Band P 729.83 ANT ART
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La Jamaïque
Non, on n’écoute pas que du
reggae en Jamaïque !
S’il est vrai que les deux
termes sont irrévocablement
associés, aborder ce seul genre
quand on évoque la musique
de la Jamaïque serait on ne
peut plus réducteur. L’horizon
des formes musicales de cette
petite île est très grand et les
musicologues y ont trouvé un
terrain d’étude privilégié. Si l’on parvient à écouter plus loin que les clichés, c’est une
histoire musicale riche qui s’ouvre à nous. Alors, que connaît-on vraiment de la
Jamaïque à part Bob Marley ?
Mento
Cette musique folklorique de la Jamaïque naît au début du 19e siècle.
Au croisement des influences européennes et africaines, le mento
est directement inspiré par le calypso de Trinidad. On y retrouve
les mêmes instruments : les mélodies sont assurées par le banjo, la
guitare, le violon, le piano ou encore le saxophone bambou. Se
dansant en couple, avec des mouvements lents et sensuels, le
mento est plus doux et plus swing que le calypso. Son rythme
chaloupé est créé grâce à de nombreuses percussions, des maracas et une ligne de
basse jouée par la rumba box, un gros piano à pouces produisant des notes graves,
directement inspiré de la sanza africaine. Les thématiques de départ sont proches du
quotidien paysan et évoquent le rapport des habitants avec la nature. Les paroles des
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chansons laissent aussi une large place à l’humour, en évoquant les relations entre
hommes et femmes, avec sous-entendus sexuels de rigueur. Avec le temps, les textes
deviendront plus mélancoliques, abordant des thèmes plus sérieux, comme le
déracinement culturel ou encore en reprenant les chansons de travail héritées de
l’esclavage. L’âge d’or du mento perdurera jusqu’aux années 1960, après quoi le genre
sera peu à peu dilué dans la nouvelle vague musicale qui frappera l’île et le monde
entier : le rhythm & blues.
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Mento Madness : Motta’s Jamaican Mento : 1951- 56 P 729.2 ANT MEN
The story of Jamaican music : Tougher than tough - Laurel Aitken - Boogie in my bones
REG ANT STO
Stanley Beckford - Reggaemento - P729.2 BEC
Take Me To Jamaica - The Story of Jamaican Mento - P 729.2 ANT TAK
Ska
Le ska naît dans un contexte socio-politique difficile pour la
Jamaïque. L’île, au début des années 1950, est encore sous
domination anglaise. Les noirs n’ont pas le droit de vote, la
pauvreté est écrasante et la violence ravage les villes. Le jazz,
apporté par les soldats américains basés à Kingston durant la
seconde guerre mondiale, représente alors une lueur d’espoir pour
les musiciens jamaïcains. Les jazzmen noirs américains sont source
d’inspiration et tous les soirs, en plein air ou dans les clubs, on tente de reproduire
leurs chansons. La déferlante rock’n’roll des années 1960 (Fats Domino, Little
Richard), amènera la touche finale au joyeux maelström musical qu’est le ska. Mélange
de boogie-woogie, de mento, de calypso, de merengue et de son, le ska explose dans
les années 1960, décennie de l’indépendance. Ce cocktail détonnant rencontre un franc
succès. Depuis les hôtels chics jusqu’aux boîtes de nuit en passant par les sounds systems,
d’immenses enceintes juchées sur des camions itinérants qui animent les bals
populaires, toute la Jamaïque se presse pour danser sur cette nouvelle musique
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endiablée et polyrythmique. Pourtant le ska n’est pas qu’une musique légère. Porteur
de la colère des quartiers populaires de Kingston, il est empreint de messages
protestataires qui font écho aux paroles engagées du calypso trinidadien.
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Trojan Ska Box Set – REG ANT TRO
Knock Out Ska – REG ANT KNO
The Skatalites – Streching Out
The Maytals – Ska To Reggae – REG MAY
Rocksteady
L’année 1966 voit apparaître un nouveau genre sur la scène jamaïcaine : le rocksteady,
qui emprunte son nom à une chanson d’Alton Ellis. Étape clé entre l’âge d’or du ska et
la naissance du reggae, le rocksteady est un mélange de ska, de soul et de
rhythm’n’blues américains. Plus lent que le ska, avec moins de cuivres, le rocksteady
fait la part belle aux claviers et aux harmonies vocales. La légende voudrait que le genre
soit né d’une vague de chaleur qui amena les musiciens à ralentir le tempo. Le
rocksteady, plus lascif que le ska et aux paroles parlant le plus souvent d’amour, est
une musique propice au rapprochement des corps, que l’on danse à la fin des soirées
sound systems.
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Trojan Rocksteady Box Set- REG ANT TRO
Gems from treasure isle - REG ANT GEM
Red Bumb Ball - Rare and unreleased rocksteady 1966-1968 REG ANT RED
Alton Ellis – The Duke Reid Collection - REG ELL
The Ethiopians - The Ethiopians meet Sir J.J. Johnson & Friends REG ETH
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Reggae
La Jamaïque, toute petite île qui ne pèse rien sur le plan démographique et
économique, avait, tout comme Cuba, fort à faire pour imposer sa culture au plan
international. Et pourtant, le reggae symbolise sa réussite flamboyante. D’une
extraordinaire popularité, le genre rayonne encore aujourd’hui sur la scène musicale
mondiale.
Plongeant ses racines dans le ska, le rocksteady, le rhythm’n‘blues américain, mais
surtout remontant directement à la source africaine, le reggae est le symbole de la
quête d’identité jamaïcaine. Issu d’un mouvement philosophique et religieux, le
mouvement rastafari, le reggae est empreint d’engagement politique et de
revendications sociales.
La compréhension de l’histoire politique de la Jamaïque est primordiale pour saisir
l’essence du reggae. Né à la toute fin des années 1960, il trouve sa source dans
l’accélération du tempo du rocksteady et dans l’évocation en paroles des conflits
socio-politiques, de la lutte pour les droits civiques et de l’oppression des Noirs sur
tout le continent américain. Les musiciens de reggae prennent position, influencés par
le mouvement Rastafari empreint de religion chrétienne, qui voit en l’Éthiopie la terre
promise des Africains déracinés, exhorte le peuple noir à retrouver sa fierté, prône une
vie saine et rejette « Babylone », la civilisation décadente. Ce mouvement est
minoritaire en Jamaïque, mais son influence va marquer à jamais le reggae. Le
désormais célébrissime Studio One ouvre ses portes aux musiciens rastas porteurs de
chansons contestataires et de messages d’espoir pour les peuples oppressés.
Bob Marley en sera le plus légendaire porte-parole. Dans son sillage, le reggae va
conquérir le monde.
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Trojan Roots Box Set – REG ANT TRO
Bob Marley – Uprisin – REG MAR
Peter Tosh – Legalize it – REG TOS
A Place Called Jamaica – Vol 1 & 2 – REG ANT A
Junior Murvin – Inna de Yard – REG MUR
Dennis Brown – The Promised Land : 1977-79 – REG BRO
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Dancehall
Le terme dancehall désigne à la fois l'espace où l'on danse lors de soirées musicales à
l’ambiance festive, la piste de danse et un style musical. Il ne s'agit pas d'un genre
véritablement définissable, car plusieurs types de dancehall se partagent la scène. Le
dancehall remonte aux années 1960, en plein boom des sounds systems, ces
discothèques mobiles qui enflamment la foule. Dans ces soirées dansantes, le
dancehall reggae est le plus important, et le premier à apparaître : il s'agit de reggae
dont on a volontairement accéléré le rythme. En 1979, le rub-a-dub (littéralement «
rantanplan » d'un tambour) bouleverse les nuits jamaïcaines en réduisant le reggae à sa
plus simple expression, rythmique basse et batterie en avant. En 1984, le dancehall est
confronté à la révolution électronique qui le plongera dans la modernité. Les machines
numériques facilitent et démultiplient les possibilités de production, et de nombreux
compositeurs se lancent dans la composition audio-numérique. Le dancehall envahit
les Antilles, puis les boîtes de nuits du monde entier.
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Buju Banton - Unchained Spirit - REG BAN
Capleton - More Fire - REG CAP
Shabba Ranks - X-tra Naked - REG RAN
Beenie Man - Best of Beenie Man : Collector's Edition - REG BEE
Dillinger - C.B 200 - REG DIL
Ragga
Abréviation de raggamuffin (en anglais « vaurien, débrouillard ») le ragga, apparu dans
les années 1980, est directement issu du dancehall reggae. Il est joué par des
instruments strictement électroniques, boîte à rythme et synthétiseur en tête. Musique
nerveuse, au tempo rapide, le ragga est caractérisé par une diction répétitive et ultrarapide. Plus parlé que chanté, il s’agit de l’héritage direct du style vocal des vieux DJs
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des sounds-systems, qui interpellaient la foule en parlant sur les morceaux. Le voisin hip
hop américain n’est pas loin. En matière de discours, plusieurs styles coexistent. Le
slackness, aux textes paillards -et parfois sexistes- cohabite avec le lover, plus romantique
et pacifique, et le conscious, empreint de thématiques sociales fortes. Cette diversité
reflète la réalité jamaïquaine dans son intégralité, au travers d’un de ses genres les plus
populaires.
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Bounty Killer - 92-96 Poor people's governor - REG BOU
The Biggest Ragga Dancehall Anthems 2004 - REG ANT BIG
Yellowman - Mister Yellowman - REG YEL
Charlie Chaplin - Two Sides Of Charlie Chaplin - REG CHA
Dub
Le dub est inventé en 1967 par l’ingénieur du son et producteur King Tubby. En
utilisant des versions instrumentales de morceaux de reggae, il a l’idée d’ajouter
plusieurs effets et invente le remix. Les effets mis en place seront la signature du genre
jusqu’à l’heure actuelle : de lourdes basses saturées, beaucoup d'effets de réverbérations
et d'écho. Le style devient dès les années 1970 plus âpre, caractérisé par un rythme
lourd et dépouillé, tout en basses et batterie, une mélodie reléguée à l’arrière-plan et
une quasi-absence de chant. Autour des années 1980, les nouvelles techniques de
production lui donnent une nouvelle impulsion. Les effets électroniques sur les
morceaux sont démultipliés et le genre évolue. Ce sont les prémices de la techno, une
musique répétitive, faite de samples, de mixages et de bidouillages. Le dub est
désormais multiple : pouvant être joué avec des machines, par un groupe en live, ou
uniquement par un DJ qui mixe ses vinyles, la musique dub peut tout aussi bien être
sobre et épurée comme riche en instruments. Au fil des décennies, le dub s’enrichira
au contact de différents genres : le rock, le punk, l’electro, le hip hop, le jazz. Le dubpoetry est un sous-genre particulièrement intéressant, qui met l’accent sur la personne
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du DJ, qui prend la parole et déclame des poèmes à thématique sociale et politique.
Proche des musiques de transe ou des musiques tribales, le dub a su s’affranchir de son
ancêtre reggae pour aller puiser son inspiration tout autour de la planète.
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Trojan Dub Box Set – REG ANT TRO
Lee Scratch Perry – Arkology – REG PER
Horace Andy – The King Tubby Tapes – REG AND
Burning Spear – Hail H.I.M – REG BUR
40 Gold Dubs : the ultimate reggae dub & riddim collection –
REG ANT FOR
Bélize
Situé au sud du Mexique, l’ancien Honduras britannique est peuplé de nombreux
descendants de Jamaïcains mais aussi des Garifunas, seuls Noirs du continent
américain qui n’auraient pas connu l’esclavage. Ils seraient les descendants des rescapés
du naufrage d’un navire négrier. Installés longtemps sur l’île de Saint Vincent, il furent
déportés sur la côte ouest de la mer des Caraïbes. Métissés aux amérindiens, ils parlent
une langue qui appartient à la famille linguistique arawak.
Bruckdown et punta-rock
Sorte de mento ou de calypso, le bruckdown serait né dans les plantations d’acajou
de l’intérieur du pays. Il se joue avec un banjo, une guitare, un accordéon, une guitare
sexta, un tambour ou une batterie et une mâchoire d’âne raclée avec une baguette. Il
est aussi interprété par des groupes appelés boom n’chime consistant en tambour et
cloche.
La punta-rock est née à Dangriga, où vivent de nombreux Garifuna. À la fin des
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années 1970, Pen Cayetano se mit à composer des chansons en
langue garifuna. Il ajouta le rythme de la guitare électrique au
rythme punta traditionnel et créa ainsi ce qui est aujourd’hui
connu sous le nom de punta-rock.
Influencée par la disco et le soca et parfois scandée par une
boîte à rythme elle est devenu populaire dans les Caraïbes puis
ailleurs dans le monde grâce à Andy Palacio.
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Shine eye gal : Brukdon from Belize P 728.2 ANT SHI
Andy Palacio : Watina P 728.2 PAL
Cuba
Cuba est sans doute l'un des pays les plus réputés pour leur musique. La salsa se danse
dans le monde entier, mais la musique cubaine ne se limite pas à cette danse : musiques
rituelles, musiques de carnaval, rumba, mambo, cha cha cha, danzon, trova, boléro,
son, reggaeton sont quelques musiques parmi toutes celles qui résonnent sur l'île.
Porto-Rico partage bon nombre de genres musicaux avec Cuba : son, mambo,
reggaeton et surtout la salsa.
Les musiques rituelles
À Cuba comme ailleurs dans les Caraïbes, les cultes des esclaves ont été interdits par le
gouvernement colonial. La culture religieuse africaine n'a cependant pas disparu. On
célèbre aujourd'hui les saints catholiques au son des tambours sacrés yoruba, les batà.
On utilise ces mêmes tambours pour la santeria, version cubaine du vaudou,
syncrétisme de catholicisme et de religions yoruba, congo et bantoue.
Cuba : les danses des dieux, musique de cultes et fêtes afro-cubaines P 729.1 VUY
Cuba traditionnel, Cuba révolutionnaire P 729.1 GHE (disque vinyle)
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Les musiques de carnaval
Le carnaval arrive à Cuba pratiquement avec les conquérants. Les esclaves et la
bourgeoisie blanche le célèbrent d’abord séparément. À la fin du 19e siècle, les
premières comparsas des quartiers de la capitale défilent en même temps que les
carrosses des blancs. Une comparsa est un ensemble de percussions, attaché à un
quartier, qui se prépare (costumes, chants, danses, rythmes) pour défiler au carnaval.
Les comparsas profitent du Carnaval pour adopter dans leurs thèmes et leurs costumes
une attitude irrévérencieuse envers la bourgeoisie. Dans la forme actuelle du carnaval
cubain, la population défile derrière les comparsas et les bandas.
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Cuba traditionnel, Cuba révolutionnaire P 729.1 GHE (disque vinyle)
Trova
Vers 1850, à Santiago de Cuba apparaissent les
trovadores (troubadours), auteurs-interprètes qui
vont de ville en ville et qui, seuls, en duo ou
trio, accompagnés d'une guitare, chantent des
habaneras, des puntos guajiros, des guarachas, ou
boléros. On appelle trova l'ensemble de ces
registres. Au début du 20e siècle commence
l'âge d'or de la trova cubaine. Bien des
chansons de cette époque restent toujours
vivantes à Cuba. Parmi les styles portés par les
trovadores, on trouve le boléro. Ce genre de chanson sentimentale est arrivé vers 1880 à
Santiago de Cuba et s'est répandu dans toute l'Amérique latine.
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Casa de Trova P 729.1 ANT CAS
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La Nueva trova cubana en vivo P 729.1 ANT(disque vinyle)
Danzon, mambo et cha-cha-cha
Danse à figures héritées du quadrille, du rigodon, de la gavotte, du menuet et de la
contredanse française apportée par les Français d'Haïti émigrés à la fin du 18e siècle et
métissée aux rythmes africains, le danzon se danse en couple.
Il est né à Cuba en 1879 puis s'est développé au milieu du 20e
siècle sous les formes connues du mambo et de son dérivé le
cha cha cha.
Le mambo est un danzon joué sur un rythme de son.
Né à Cuba, il s'est développé à New York, inspiré par les
grands orchestres de jazz. Sa musique se danse en couple.
Le cha-cha-cha a un rythme plus lent et carré que le mambo.
C'est aussi un dérivé du danzon, de la contradanza et du
mambo. Le mot cha-cha-cha évoque le glissement des pieds
des danseurs sur le sol.
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Sones y danzones / Estrella de la Charanga P 729.1 EST
Mambo cubano : the golden age of cuban music 1940-1960 P 729.1 ANT MAM
Mambo! Vol. 1 P 8 ANT MAM
That Cuban cha-cha-cha / Orquestra Aragon P 729.1 ORQ
Rumba
La rumba est d'abord une danse. Chants et percussions accompagnent cette
chorégraphie très sensuelle arrivée sur l'île au 16e siècle. Elle est apparentée à la rumba
des gitans d’Espagne et à la rumba congolaise, signe que certaines musiques n’ont pas
été simplement importées d’Europe mais ont fait des allers et retours entre les
continents. Le chant se compose d'un chœur à l'unisson et d'un soliste qui se
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répondent.
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The Night becomes a rumba / Deep Rumba P 729.1 DEE
El Tambo de Cuba / Chano Pozo P 729.1 POZ
Son
La contredanse arrive à la fin du 19e siècle sous le nom de
contradansa. Issue des danses de salon, enrichie de chant et de
percussions, elle deviendra la dansa, le danzon, et enfin le son (prononcer "sonne").
Le son descend à l'origine des montagnes et se chante dans la plaine, puis dans les
villes. Il évoque des petits événements du quotidien. Les percussions africaines telles
les bongos se mêlent aux percussions amérindiennes (maracas, güiro). Enrichi par les
guitares d'origine espagnole, le son sert de base aux danses cubaines. Le son présente
une forme antiphonale des chants d'Afrique. Le chœur introduit un refrain et le soliste
le reprend en improvisant. Les chanteurs s'accompagnent à la guitare ou au tres,
instrument roi du son, une petite guitare à trois cordes
doubles de métal.
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Cuba : Soneros de ayer y di hoy P 729.1 ANT CUB
Cuban Pearls vol.1 P 729.1 ANT CUB
Cien años de son / Compay Secundo P 729.1 SEG
Son cubano / Sexteto Habanero P 729.1 SEX
Salsa
La salsa (la sauce, en espagnol) est un mélange de nombreux ingrédients du son, avec
en complément un piano, une contrebasse, des timbales et une section de cuivres. Elle
est née à la fin des années 1960 dans les ghettos latinos de New York, et a déferlé sur le
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monde grâce à des artistes comme Ray Barreto ou Eddie Palmieri... On appelle salsa
tout ce qui sonne latino de près ou de loin. Parmi ses meilleurs interprètes, on trouve
beaucoup de musiciens porto-ricains.
La danse qui accompagne cette musique populaire s'appelle aussi
la salsa.
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United We Swing / Spanish Harlem Orchestra P 729.1 SPA
Cuba : El Camino de la Salsa P 729.1 ANT CAM
Siempre Viviré / Celia Cruz P 729.1 CRU
Reggaetón
Le mot reggaetón est un mot-valise issu du mélange entre reggae et le mot espagnol
maratón (marathon). Il pourrait venir aussi de reggae et du mot anglais town (ville). Le
reggaetón est né au début des années 2000. Il viendrait de Porto Rico selon certains,
de Panama selon d'autres. Chanté en espagnol, il dérive du ragga (lui-même issu du
dancehall reggae) avec des influences hip-hop et des rythmes d'Amérique centrale et
des Caraïbes. Il fait danser la jeunesse urbaine de l'Amérique latine et des USA et plus
timidement en Europe mis à part l'Espagne qui en est saturée. Les thèmes des paroles
sont ceux des musiques urbaines en général : la rue, le racisme, l’injustice, la drogue, la
corruption politique, l'amour, le sexe. Les femmes sont le thème principal du
reggaetón qui les présente souvent d'un point de vue machiste. D’une manière
générale, le reggaetón n’est pas réputé pour la subtilité de ses paroles.
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The Last don / Don Omar. RAP DON
Barrio fino / Daddy Yankee. RAP DAD
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Haïti
En Haïti, la musique est très importante et d'une
grande diversité. Omniprésente, elle accompagne
tous les moments de la journée. En dehors de la
musique vaudou, qui est par définition une
musique de culte, on trouve plusieurs genres
musicaux dont le compas, la musique rara et la
musique racines.
Le vaudou est présent dans certaines îles des
Antilles, à Cuba ou au Brésil, ainsi qu'au Bénin (ex
Dahomey). Sur les huit millions d'habitants d’Haïti,
sept millions pratiquent le vaudou.
La musique occupe une place fondamentale dans
le vaudou. Le chant transmet un certain type de
parole et d'émotion, mais ce sont les tambours qui
occupent le premier plan.
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Haïti : Les 101 Nations du Vaudou : P 729.4 ANT HAI
Haïti / Toto Bissainthe ; Ti-Coca P 729.4 TI
Compas
Le compas est né à Port-au-Prince dans les années 1950, au sein d’un des nombreux
orchestres jouant pour les touristes. Son premier nom est « Kompa Direct ». On
l’appelle aussi kompa, konpa ou compas, ou encore cadence. Il est issu du merengue et
du conjunto tipico, mais plus lent que ces derniers. Profitant de l’engouement pour les
variétés internationales de l’époque, il est diffusé dans toutes les caraïbes et au-delà.
Son succès est dû à sa légèreté et à sa capacité à évoluer avec les modes musicales.
Face à la violence de la dictature de Duvalier, les paroles du compas se font engagées.
Le dictateur a toutefois tenté d'utiliser la popularité du compas pour alimenter sa
propagande, ce qui a nuit à l’image de cette musique.
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Tabou Combo super stars ; live au Zénith Tabou Combo P 729.4
TAB
The Preacher / Coupé Cloué P 729.4 COU
Andréa / Dixie Band P 729.4 DIX
Rara
Plus profondément haïtienne que le compas est la musique rara.
C’est une musique populaire de danse, voire de transe, entraînée par
le rythme intense des percussions vaudous. Jouée dans les rues, notamment au
moment du carnaval, elle comprend plus de trente-sept rythmes et a bâti son
vocabulaire au temps de la révolution haïtienne, fin 18e siècle.
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Notre Dame des 7 douleurs, sur la compilation « Musiques Caraïbes » P 729 ANT
MUS
Musique racines
Après la chute du dictateur Duvalier, la syntaxe et le
sens profond de la musique rara sont réapparus à
travers le mouvement revendicatif racines, en négatif
du compas trop insouciant, trop commercial, trop
bien traité par les piliers de la dictature. La musique
racines résulte de la fusion de la musique vaudou et
des rythmes jazz. Elle fait la part belle aux
instruments traditionnels, en particulier aux
tambours. La plupart des groupes racines s'appuient sur des textes en créole qui disent
clairement le besoin de changement. Sur les rythmes vaudous sont superposés les
guitares électriques, les claviers et le chant. On peut traduire l’expression musique
racines par folklorique.
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Baron / Boukman Eksperyans, sur la compilation La musique de Haïti, Rough Guide
P 729.4 ANT HAI
Rasin kreyol / Emeline Michel P 729.4 MIC
République Dominicaine : le merengue
Le torride merengue, qui fait aujourd’hui la fierté de la
République Dominicaine, a longtemps été sujet à
controverse. C’est une danse de couple très sensuelle,
qui a choqué beaucoup d’esprits lors de ses premières
exécutions, vers 1850. Longtemps méprisé par la
bourgeoisie dominicaine, il est resté une danse rurale
jusqu’à ce que le dictateur Rafael Trujillo le proclame
danse officielle, espérant en faire un outil de
manipulation des foules. Pleines de jeux de mots et de
sous-entendus sexuels, les paroles du merengue se
veulent légères. Descendant en droite ligne des rythmes
africains, ses origines sont pourtant incertaines. Vient-il
du méringué haïtien, d’un pas de danse cubain ? Quoi qu’il
en soit, on retrouve dans le merengue de grandes
similitudes avec le compas cubain et le zouk antillais. Le merengue originel employait
peu d’instruments : un accordéon, une guira (ou un guiro) et un tambour tambora. Au fil
du temps et sous l’influence cubaine sont venus s’ajouter le piano, la basse électrique et
surtout des cuivres, omniprésents dans le merengue contemporain.
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Dominican music and merengue – Dominican Identity P 729.3 ANT DOM
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BIBLIOGRAPHIE CARAIBES
DISCOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE, SITES INTERNET
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux
Petit Atlas des musiques du monde / dirigé par Alain Arnaud, Marc Benaïche,
Catherine Zbinden. – Cité de la Musique, 2006.
D 781.6 PET
TRANCHEFORT, François-René
Les instruments de musique dans le monde / François-René Tranchefort. – Seuil,
1980.
D 781.19 TRA
Antilles
JALLIER, Maurice
Musique aux Antilles / Maurice Jallier. – Ed. caribéennes, 1985.
D 781.627.29 JAL
Reggae
BLUM, Bruno
Bob Marley , le reggae et les rastas : une histoire de la musique jamaïcaine / Bruno
Blum. –Ed. Hors Collection, 1984.
D 781.646 BLU
31
BLUM, Bruno
Le ragga : reggae rap DJ / Bruno Blum. – Ed. Hors Collection, 2004.
D 781.649 BLU
GIACOMONI, Antoine
Reggae Jamaica / Antoine Giacomoni. – Horizon illimité, 2004
D 781.646 GIA
MAILLOT, Elodie
Dictionnaire des chansons de Bob Marley / Elodie Maillot. – Ed. de Tournon, 2005
D 781.646 MAI
MARECHAL, Yannick
L’Encyclopédie du reggae : 1960-1980 / Yannick Maréchal. – Alternatives, 2005.
D 781.646 MAR
MORROW, Chris
Reggae : une musique, un art : les plus belles pochettes d’albums / Chris Morrow. –
Alternatives, 1999.
D 781.646 MOR
SALAWICZ, Chris
Reggae explosion / Chris Salawicz, Adrian Boot. – Seuil, 2001.
D 781.646 SAL
Cuba
LEYMARIE, Isabelle
Cuba et la musique cubaine / Isabelle Leymarie. – Chêne, 1999.
D 781.627.291 LEY
32
LEYMARIE, Isabelle
Cuban Fire : musiques populaires d’expression cubaine / Isabelle Leymarie. Outre
Mesure, 1997.
D 781.627.291 LEY
LOBO, Eric
Cuba musical / Eric Lobo. R. Pages, 2002.
D 781.627.291 LOB
Biguine
ROSEMAIN, Jacqueline
Jazz et Biguine : les musiques noires du Nouveau Monde / Jacqueline Rosemain. –
L’Harmattan, 1993.
D 781.65 ROS
DISCOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE
Columbiafrica The Mystic Orchestra : voodoo love inna champeta-land. P 861 COL
Guedon, Henri : Retrospective. P 729.82 GUE
Honduras, Ensemble Wabaruagun : chants des Caribs noirs. P 728.3 WAB 783
Hymnes nationaux de Cuba, Jamaïque, Haïti, République Dominicaine, dans :
Cent soixante dix hymnes nationaux / Musique de la Garde Républicaine MIL GAR
Yma Sumac : Princesa de los Andes. P 85 SUM
Perez Prado; Shorty Rogers: Voodoo Suite. P 729.1 PRA
Gerard Dupervil : Interprète Dodof Legros. P 729.4 DUP
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Orishas : A lo cubano. RAP ORI
Kenny Dorham : Afro Cuba. J DOR
Charlie Haden : Nocturne. J HAD
Cante Candoli : Mucho calor. J CAN
Ry Cooder/ Manuel Galban Mambo sinuendo. J COO
Paquito D'Rivera : Portraits of Cuba. J D
The Original Mambo Kings : An introduction to afro-cubop. P 729.1 ORI
SITES INTERNET
www.lameca.org
Dossiers thématiques culturels et historiques, un guide de l'Internet caribéen, une
médiathèque, et le répertoire des organismes culturels caribéens.
www.citédelamusique
De nombreux renseignements sur la musique des Caraïbes + accès à un portail
complet de sites sur le sujet.
www.webcaraibes.com/musique
Répertoire de liens vers la musique des Antilles.
http://www.caribefolk.com
Folklore des Caraïbes hispaniques.
www.bobmarley.com
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Bibliothèque-discothèque Jacques Prévert
6 passage Prévert – 92700 Colombes
tél : 01-47-84-85-46 (centre ville)
Horaires adultes et discothèque
Mardi
10h – 12h30
Mercredi
10h – 12h30
Jeudi
-Vendredi
10h – 12h30
Samedi
10h – 18h
16h – 19h
14h – 18h
16h – 19h
16h – 19h
Horaires jeunesse
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
16h – 19h
14h – 18h
16h – 19h
16h – 19h
-10h – 12h30
--10h – 18h
Ouverture de la section jeunesse de la bibliothèque Prévert aux mêmes horaires que les
autres sections pendant les petites vacances scolaires.
Bibliothèque-discothèque Jules Michelet
11 rue Jules Michelet – 92700 Colombes
Jean)
tél : 01-47-81-57-38 (quartier Fossés
Horaires
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
14h – 18h30
14h – 18h
14h – 18h 30
14h – 18h30
-10h – 12h30
--10h – 18h
Bibliothèque Louis Aragon
6 place Louis Aragon – 92700 Colombes
tél : 01-47-60-06-40 (quartier du Petit
Colombes)
Horaires identiques à ceux de la bibliothèque Michelet.
Horaires spécifiques en juillet et août.
Emplacement pour logo de la Mairie
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