Douleurs des membres inférieurs et des extrémités
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Douleurs des membres inférieurs et des extrémités
Douleurs des membres inférieurs et des extrémités Module Médecine Interne 2011-2012 Pascal Sève Service de Médecine Interne, Croix Rousse, Lyon Item III-Q306 9Douleurs des membres inférieurs et des extrémités - Orientation diagnostique 9Douleurs des membres inférieurs et des extrémités, argumentez les principales hypothèses diagnostiques et justifiez les examens complémentaires Généralités 9 Motif de consultation fréquent 9 3 grands cadres étiologiques 8 Vasculaire 8 Neurogène 8 Ostéo-articulaire 9 Diagnostic 8 Interrogatoire 8 Examen clinique 8 Examens paracliniques orientés Douleurs d’origine vasculaire 9 Crampes, broiement, pesanteur (brûlures) 9 Circonstances de survenue : 8 Efforts physiques, décubitus 8 Changement de température 9 Signes associés 8 Troubles trophiques 8 Examen vasculaire++ 9 Les pièges 8 Claudication intermittente distale 8 Raynaud asymétrique 8 Artériopathie à pouls conservés Douleurs d’origine artérielle 9 Artériopathie oblitérante des membres inférieurs 8 Terrain : athéromateux (FDRCV) /Bilan extension 8 Douleur : • • • • Crampe à l’effort (Stade II) Uni ou bilatérale Aggravation progressive arrêt (périmètre) Douleurs de décubitus insomniantes soulagées jambes pendantes (Stade III et IV) 8 Examen clinique • Abolition pouls périphériques (index de pression systolique) • Souffles vasculaires • Troubles trophiques : froideur, dépilation, ulcère Douleurs d’origine artérielle 9Paracliniques 8 Echodoppler artériel 8 Angio-IRM, artériographie 9Les pièges chez le sujet jeune 8 Syndrome de l’artère poplitée piégée • Compression de l’artère poplitée par des structures musculaires ou tendineuses de l’arcade des adducteurs jusqu’à l’arcade du soléaire 8 Maladie de Buerger (QS – Raynaud) Douleurs d’origine artérielle 9 Acrosyndromes vasculaires 8 Syndrome de Raynaud (QS) 8 Erythermalgie • • • • • Brulures Pieds>mains Déclenchées par la chaleur, activité, orthostatisme Calmées par décubitus, surélévation des pieds Examen clinique : – Pieds rouges, oedématiés avec veines turgescentes • Formes : – Primitives : homme jeune – Secondaires : syndrome myéloprolifératif, lupus, médicaments Douleurs d’origine veineuse 9 Insuffisance veineuse des membres inférieurs 8 Terrain : antécédents de TVP, contexte familial 8 Douleur : • • • • Pesanteur ou brulures douloureuses Bilatérale Station debout prolongée, chaleur, vespérale Soulagée jambes surélevées 8 Examen clinique • Varices • Œdème périmalléolaire, hypodermite • Signes cutanés : dermite ocre, atrophie blanche, ulcérations, ulcères 9 Thrombose veineuse superficielle (QS) 8 Examen clinique • Cordon douloureux inflammatoire sur le trajet veineux ou variqueux 8 Echodoppler veineux des membres inférieurs Les urgences vasculaires 9 Ischémie aigue 8 Douleur permanente • Brutale d’emblée ou d’apparition rapide 8 Examen : • Abolition pouls • Membre ou extrémité : froide, livide, cyanique • Urgence médico-chirurgicale 9 Thrombose veineuse profonde (QS) 8 Terrain : Facteurs favorisants++ 8 Examen : • Œdème, chaleur cutanée, diminution du ballant du mollet • Signe de Homans : douleur à la dorsiflexion du pied • Signes d’embolie pulmonaire+++ Douleurs d’origine neurogène 9 Douleurs d’origine radiculaire 8 Compression d’une seule racine • Douleur : – Paresthésies, dysesthésies, décharges électriques – Territoire radiculaire (névralgie cervico-brachiale, cruralgie, sciatique) – ↑Station debout, assise prolongée, port de charge, toux, éternuement, défécation • Examen clinique – Syndrome rachidien : déviation antalgique, contracture, raideur (uniou multidirectionnelle) – Reproduction de la douleur : points paravertébraux (signe de la sonnette), signe de Lasègue – Abolition d’un réflexe (Ex : abolition S1), hypoesthésie • Distinction : – Névralgie essentielle vs. nevralgie symptomatique – TDM ou IRM Douleurs d’origine neurogène 9 Douleurs d’origine radiculaire 8 Compression de plusieurs racines : • Canal lombaire étroit (CLE) ou canal cervical droit • Douleur : – Claudication intermittente douloureuse (périmètre de marche) » Début effort ou dés la station debout » Cédant au repos ou à dans une position typique : assise, le tronc fléchi ou accroupi » Disparition de la douleur lente (jusqu’à 30 minutes) – Lombalgies – CCE : » syndrome pyramidal ou troubles sensitifs médullaires » syndrome lésionnel : névralgie cervico-brachiale • Imagerie : TDM, IRM Douleurs d’origine neurogène 9 Syndromes canalaires : mononeuropathie tronculaire 8 Douleur • Paresthésies, dysesthésies, décharges électriques (à prédominance nocturne) • Territoire tronculaire (médian, cubital) 8 Examen • Signe de Tinnel, Phallen (canal carpien) • Déficit sensitif (moteur) 8 Bilan : électromyogramme 9 Plexopathies 8 Douleur plusieurs racines 8 Etiologies : traumatisme (étirement, arrachement), compression (infiltration) • Neurogène • Plusieurs racines Douleurs d’origine neurogène 9 Polyneuropathies (longueur dépendantes) 8 Douleur • Paresthésies, dysesthésies, hyperalgésie, allodynie • Deux (quatre) membres : – Bilatérales, symétriques, distales (en gants et en chaussettes) 8 Examen • Déficit sensitif et moteur • Abolition des ROT 8 Bilan : électromyogramme 8 Etiologies : • diabète, alcool, carences vitaminiques, causes métaboliques (hypothyroïdie, insuffisance rénale), toxiques, paranéoplasiques, infectieuses, surcharge, maladies systémiques… Douleurs d’origine neurogène 9Atteinte du système nerveux central 8 Douleurs de type neurogène • Allodynie, hyperpathie 8 Examen : • Syndrome (extra) pyramidal • Syndrome lemniscal • Raideur 8 Lésion : • moelle épinière, syndrome cordonal postérieur, atteinte cérébrale… Urgences neurologiques 9 Névralgie paralysante 8 Imagerie en urgence : IRM 9 Syndrome de la queue de cheval 8 Atteinte pluriradiculaire 8 Examen clinique : • • • • Déficit moteur Hypoesthésie en selle Troubles sphinctériens Abolition des reflexes 8 Imagerie en urgence : IRM Urgences neurologiques 9Polyradiculonévrites aiguës (GuillainBarré) 8 Grosses fibres myélinisées 8 Déficit sensitivo-moteur • Paraparésie, tétraparésie, voire tétraplégie d’évolution ascendante • Paresthésies • Aréflexion ostéotendineuse • EMG et PL Douleurs d’origine articulaire 9 Douleurs mécaniques 8 Douleur localisée aux régions articulaires • • • • Aggravées par l’appui (effort) et cédant au repos Dérouillage matinale rapide : <30 minutes Pas (peu) signes inflammatoires locaux Limitation de l’amplitude articulaire, mobilisation douloureuse 8 Etiologies • Arthrose – Se méfier des douleurs projetées (Ex : cuisse causées par une lésion de la hanche) – Radiographies • Ostéonécrose – Etiologies : alcool, traumatisme, corticoïdes, drépanocytose, Gaucher, maladie des caissons, SAPL… – Limitation douloureuse de la mobilité articulaire – Radiographies normales au début : IRM (scintigraphie) Douleurs d’origine articulaire 9Douleurs mécaniques 8 Etiologies (suite) • Tendinites – Inflammation aiguës ou chroniques des tendons +/ » insertions osseuses (apophysite) » gaines synoviales (ténosynovite) » bourses séreuses (bursite) – Etiologies : traumatisme++ – Clinique : » douleur lors de la mise en tension des tendons » douleur à la pression du relief tendineux » gonflement local Douleurs d’origine articulaire 9 Douleurs « mécaniques » 8 Etiologies (suite) • Algoneurodystrophie – Dérèglement du système sympathique en réponse à une agression » quelques jours à quelques semaines » non proportionnel à la gravité – Etiologies : piqûre, fracture, tumeur, grossesse, post-partum, IDM, AVC, zona, médicaments – Clinique : 2 phases » Phase aiguë ou chaude : douleur, hyperesthésie, allodynie, hyperpathie, œdème chaud avec érythème » Phase scléroatrophique : rétractions capsulotendineuses – Imagerie : Radiographies, scintigraphie, IRM Douleurs d’origine articulaire 9 Douleurs «inflammatoires» 8 Douleur • • • • Spontanées, maximales le matin, réveillent le patient la nuit Atténuées par l’effort Dérouillage matinale lent : >30 minutes Signes inflammatoires locaux 8 Etiologies • Arthrites microcristallines, infectieuses et inflammatoires 8 Bilan : • • • • • NFP, VS, CRP, Bilan hépatique, iono, créat, Ca2+, acide urique Anticorps anti-CCP, Facteur rhumatoïde, ACAN Hémocultures si fièvre Radiographies des articulations douloureuses Ponction articulation Douleurs d’origine osseuse 9 Douleur : 8 8 8 8 Profonde, lancinante, volontiers diffuses Rachis, côtes, sternum et os longs Pression ou percussion Rythme mécanique ou inflammatoire 9 Etiologies : 8 8 8 8 Fissures: ostéomalacie, corticoïdes Maladie de Paget Tumeur primitive ou secondaire Causes rares : • Infarctus (drépanocytose, alcoolisme, sphingolipidoses…) • Ostéites infectieuses multifocales (pyogènes, tuberculose) Autres douleurs 9Douleurs musculaires 8 Douleurs : • Crampes • Augmentées à l’effort (intolérance) ou à la pression 8 Syndrome myogène • CPK, EMG 8 Etiologies : myosites • Infectieuses, toxiques et médicamenteuses • Inflammatoires Autres douleurs 9Syndrome des jambes sans repos 8 Physiopathologie inconnue 8 Douleurs : • Sensations d’agacement, de reptation, d’élancement, de foumillement • Soir ou la nuit • Calmées par la marche ou les mouvements 8 Agitation motrice, de secousses motrices Démarche diagnostique 9 Interrogatoire : 8 Terrain : • • • • Age, sexe, ethnie Profession, loisirs, voyages, habitudes sexuelles Antécédents médicaux, chirurgicaux, psychiatriques Médicaments, toxiques 8 Histoire de la douleur : • • • • • • Date de début, mode d’installation (brutal, progressif) Caractère permanent ou intermittent Durée Signes associés Traitement entrepris et leur efficacité Répercussions comportementales : handicap, retentissement familial, professionnel, social, sommeil, anxiété Démarche diagnostique 9Interrogatoire : 8 Type de douleur • • • • • • Description qualitative Intensité (EVA ou DOLO Plus chez le sujet âgé) Topographie, trajet Facteur déclenchant ou soulageant Mécanique ou inflammatoire Claudication intermittente (Périmètre de marche) Démarche diagnostique 9Examen physique 8 Inspection de la zone douloureuse 8 Examen clinique • Temps vasculaire : souffle, pouls, recoloration cutanée, insuffisance veineuse • Temps neurologique : – moteur (force), tonus – sensitif (superficielle, profonde, thermoalgique) – réflexe (ROT, RCP) • Temps ostéoarticulaire : – Articulations (sus et sous-jacente), boiterie Bilan systématique (1ère intention) 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 9 NFP VS, CRP Bilan hépatique Ionogramme sanguin, créatinine, glycémie Ca2+, phosphorémie CPK, LDH Electrophorèse des protéines sanguines TSHus Facteur rhumatoïde, anti-CCP, ACAN Hémocultures si fièvre Bandelette urinaire RxP Radiographies osseuses Conclusions : 9Diagnostic clinique 8 Interrogatoire : caractéristique de la douleur 8 Examen clinique 93 grands cadres étiologiques 8 Connaître les urgences 9Examens paracliniques orientés Pour en savoir, plus : 9Perlat A, et al. Douleurs des membres et des extrémités. Rev Prat. 2008;58:182127. 9Hatron PY, et al. Algies diffuses. Diagnostics difficiles en Médecine Interne 2008:45-61. Présence d’un syndrome inflammatoire 9 Maladies infectieuses 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 Endocardite infectieuse Leptospirose Lyme Arthrites réactionnelles Hépatites virales Parvovirus B19 Primo-infection VIH Coxsackies Dengue, arbovirus Toxoplasmose, trichinose Cysticercose Annexes Présence d’un syndrome inflammatoire 9 Maladies systémiques, rhumatismes inflammatoires 8 Polyarthrite rhumatoïde, rhumatisme psoriasique, spondylarthropathies, PPR 8 Arthrites microcristallines Connectivites : lupus, myopathies inflammatoires, Still, polychondrite atrophiante, fasciite de Schulman… 8 Connectivites : lupus, maladie de Still, polychondrite atrophiante, fasciite de Schulmann… 8 Vascularites : primitives, Behçet, Cogan… 8 Granulomatose(s) 8 Syndrome auto-inflammatoires Présence d’un syndrome inflammatoire 9Néoplasies, hémopathies malignes 8 Ostéoses métastatiques 8 Leucémies 8 Infiltrations méningoradiculaires 8 Manifestations paranéoplasiques : • • • • PPR, vascularite, dermatomyosites ostéoarthropathie pneumique hypertrophiante Fasciite palmaire Neuropathie sensitive subaiguë de Denny-Brown Présence d’un syndrome inflammatoire 9Autres : 8 Drépanocytose homozygote 8 Erythème noueux 8 Syndrome de Sweet 8 Cystostéatonécrose…. Absence de syndrome inflammatoire 9 Rhadomyolyses aiguës non traumatiques 8 Activité physique excessive : efforts, crises comitiales, DT 8 Hyperthermies malignes : coup de chaleur d’exercice, peranesthésique, syndrome malin des neuroleptiques 8 Causes toxiques • Alcool, toxicomanies, médicaments 8 Maladies infectieuses et parasitaires • Leptospirose, légionnellose… 8 Désordres métaboliques 8 Dermatomyosites 8 Myopathies héréditaires • Dystrophies musculaires, déficit enzymatiques 8 Causes diverses • Drépanocytose, hypothyroïdie Absence de syndrome inflammatoire 9 Polyalgies aiguës dans un contexte particulier 8 8 8 8 Syndrome de sevrage aux corticoïdes Syndrome de sevrage aux opiacées Ichtyosarcotoxisme, latrodectisme Ergotisme 9 Atteintes neurologiques (aiguës) 8 Syndrome de Guillain-Barré • Méningo-radiculites infectieuses : VIH, VZV, Lyme, brucellose, enterovirus, bilharziose • Porphyrie aigue intermittente Absence de syndrome inflammatoire 9Atteintes neurologiques (chronique) 8 Neuropathie périphérique • Métaboliques : diabète, insuffisance rénale, hypothyroïdie, amylose, porphyries, Fabry • Carences et toxiques : alcool, arsenic, thallium • Médicaments • Dysglobulinémies et cancers • Infectieux : lèpre, VIH, Lyme • Maladies systémiques : connectivites, BBS, vascularites • Neuropathies focales avec bloc de conduction Absence de syndrome inflammatoire 9 Atteintes neurologiques (chronique) 8 Atteinte des voies sensitives centrales • • • • Sclérose en plaques Syndrome neuroanémique Compréssion médullaire lente Paraplégie associée à HTLV-1 8 Troubles du tonus musculaires • Spasticité • Hypertonie extrapyramidale • Crampes et spasmes douloureux diffus – SLA • Syndrome de l’homme raide Absence de syndrome inflammatoire 9 Atteintes musculaires (chronique) 8 Causes toxiques et médicamenteuses • Fibrates, statines, cimétidine, minocycline 8 Myalgies à prédominance rhizomélique • Myopathies inflammatoires • Endocrinopathies : hyperthyroidie, hyperpara. 8 Myalgies non systématisées • Insuffisance surrénale, hypothyroïdie 8 Intolérance musculaire à l’exercice • Myalgies, crampes, fatigabilité des muscles à l’effort • Myopathies métaboliques : déficit en myophosphorylase, CPT, myo-adenylate desaminase Absence de syndrome inflammatoire 9 Atteintes rhumatologiques (chronique) 8 Causes médicamenteuses • Algodystrophie : Isoniazide, phénobarbital • Polyentésiopathies : rétinoïdes • Arthro-myalgies, polytendinopathies : fluoroquinolones 8 Pseudo-polyarthrite rhizomélique • VS normale : 22% • Pseudo-déficit proximal : EMG, biopsie 8 Hyperostose ankylosante • Polyentésiopathie ossifiante, atteinte vertébrale, coxite Absence de syndrome inflammatoire 9Atteintes osseuses (chronique) 8 Myélome à VS normale • Chaines légères • Cryoglobulinémie • Non excrétant 8 Ostéomalacie carentielle ou oncogénique • Hypocalcémie, hypophosphorémie, +PAL • Stries de Looser-Milkman 8 Ostéose fluorée Bilan systématique (2ème intention) 9 Ferritinémie 9 Sérologies virales (Parvovirus B19, hépatites B, C, VIH…) , parasitaires (toxoplasmose…), bactériennes (Lyme, fièvre Q) 9 Dosage du complément 9 Cryoglobuline 9 Anticorps anti-cytoplasmes des polynucléaires neutrophiles (ANCA) 9 Anticorps spécifiques d’organes ou d’organites 9 Immunoelectrophorèse sanguine et urinaire 9 Cortisolémie 9 HLA B27 9 Myélogramme, biopsie ostéo-médullaire 9 Ponction lombaire, articulaire 9 Scintigraphie osseuse 9 Electromyogramme 9 Biopsies : artère temporale, musculaire, nerveuse, hépatique, duodénale 9 IRM musculaire et articulaire