m ém oire d`Églises
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m ém oire d`Églises
Nicolas Champ, Claire Laux et Jean-Pierre Moisset (dir.) Contributions à une histoire du catholicisme mémoire d’Églises Papauté, Aquitaine, France et Outre-Mer Mélanges offerts à Marc Agostino KARTHALA CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME Depuis trente ans, nous avons été les spectateurs et les acteurs d’une formidable mutation du panorama religieux mondial. Au milieu du XXe siècle, un peu plus d’un catholique sur deux dans le monde vivait en Europe et en Amérique du Nord ; le nouveau millénaire n’en comptera bientôt plus qu’un sur trois et le temps est proche où l’Afrique aura presque autant de chrétiens que l’Europe occidentale. Cette situation est le fruit de l’histoire des siècles passés, en particulier de l’histoire missionnaire des XIXe et XXe siècles. Des colonisations aux indépendances, non sans douleurs, des communautés chrétiennes – catholiques, protestantes – sont nées en dehors de %’Occi*e,-, p0i1 *e vé4i-ab%e1 É8%i1e1, q0i 1e 1o,- affi4mée1 e- -émoignent autrement de l’Évangile du Christ. Elles se penchent aujourd’hui sur leurs origines et veulent en connaître les sources. La collection Mémoire d’Églises entend se situer dans cette perspective en recourant à une approche historique en lien avec les autres sciences sociales (anthropologie, sociologie…). Il faut multip%ie4 %e1 hi1-oi4e1 pa4-ic0%iè4e1 po04 q0e *evie,,e,- e,fi, po11ib%e1 les synthèses informées qui manquent sur les Églises du Sud. Cette collection est dirigée par Paul Coulon, directeur honoraire de l’Institut de science et de théologie des religions à l’Institut Catholique de Paris, rédacteur en chef (2007-2012) de la revue Histoire & Missions Chrétiennes éditée par les éditions Karthala, membre titulaire de l’Académie des sciences d’outre-mer. KARTHALA sur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé Couverture : Notre-Dame d’Aquitaine, statue qui surmonte le clocher de la cathédrale Saint-André, de Bordeaux (cl. S. Descoubes). © ÉDITIONS KARTHALA, 2013 ISBN : 978-2-8111-0874-8 SOUS LA DIRECTION DE Nicolas Champ, Claire Laux et Jean-Pierre Moisset Contributions à une histoire du catholicisme Papauté, Aquitaine, France et Outre-Mer Mélanges offerts à Marc Agostino Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris 1 Historien du religieux Jean-Pierre MOISSET Maître de conférences en histoire contemporaine CEMMC – Université de Bordeaux 3 Faut-il se réjouir de l’arrivée d’un historien au seuil d’un dépôt d’archives? A-#-o%, a( co%#*ai*e, -e. *ai.o%. -’ê#*e méfia%# ? A( p*emie* abo*-, 7’i%#é*ê# q(’i7 ma%ife.#e e.# fla##e(*. Appa*#e%i* à (%e i%.#i#(#io% -i=%e -’ê#*e é7evée au rang d’objet de recherche est valorisant. Savoir que l’on dispose d’archives qui suscitent la curiosité d’un historien témoigne de l’importance de l’institution à laquelle on se rattache. Néanmoins, celui qui exploite les archives pour faire de l’histoire dérobe aux institutions la maîtrise de leur récit. Moyennant quoi, il peut devenir gênant. Le constat vaut pour les confessions religieuses comme pour toutes les institutions. En suivant pas à pas l’élaboration progressive des formulations doctrinales, des règles liturgiques, ou de la discipline ecclésiastique, l’historien montre que ce ne sont pas des données immuables placées au-delà de toute discussion. Il relativise. Il explique pourquoi et comment le changement a fait son œuvre, ce qui revient à le banaliser. Il empêche de vénérer les anciennes traditions comme si elles avaient toujours existé. Jadis, l’indépendance et la rigueur de Mgr Louis Duchesne (1843-1922) dans son travail historique lui valurent bien des avanies1. Non seulement 1. Brigitte WACHÉ, Monseigneur Louis Duchesne (1843-1922). Historien de l’Église, directeur de l’École française de Rome, Rome, École française de Rome, 1992. 8 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME !’hi%&o(ie* ecc!é%ia%&iq/e q/’i! é&ai& (ef/%ai& 1e %ac(ifie( à !’é1ifica&io* e& a/ providentialisme, mais encore il ébranlait de pieuses légendes telles que celles qui faisaient remonter l’origine des diocèses français à l’action des apôtres ou de leurs disciples immédiats. En fait, Mgr Duchesne souhaitait réconcilier « l’histoire sérieuse et l’esprit ecclésiastique ». Pour cela, il appliquait simplement à l’histoire de l’Église catholique les règles de la méthode historique. Ce parti dérangeait. Dès la soutenance de sa thèse sur le Liber Pontificalis, en 1877, des rumeurs d’Index coururent. En 1885, i! 1/& (e*o*ce( à %a chai(e à !’I*%&i&/& ca&ho!iq/e. E* 1912 e*fi*, %o* Histoire ancienne de l’Église fut mise à l’Index après une campagne de presse virulente mettant en cause son orthodoxie, et n’apportant aucun éclairage méthodologique : l’heure était à la chasse aux modernistes et il s’agissait de le faire passer pour tel. L’historien était jugé dangereux pour les clercs e& !e% fi1è!e%. Pour saisir le passé dans toute sa complexité, le regard de l’historien est a&&i(é pa( !e% co*&(a1ic&io*% 1e% homme% e& pa( !e% co*fli&% q/i !e% oppo%e*&. Lorsque ce regard critique se pose sur les institutions, il brise l’image lisse que celles-ci souhaitent généralement donner d’elles-mêmes. Ainsi, dans l’Église catholique, le modèle organisationnel unanimiste qui prévalait &o/jo/(% %o/% !e po*&ifica& 1e Pie XII (1939-1958) mai*&e*ai& /* (appo(& défensif à l’information ainsi qu’à l’histoire. L’information interne était un outil au service des responsables, avec en point de mire l’impératif du consensus2. Ce qui mettait en péril la cohésion de l’institution était illégitime, tout autant que ce qui était dissonant par rapport à l’orthodoxie. Quant à la discipline historique, elle ne devait pas souligner les contradictions, les échecs et les fautes de l’institution ou de ses chefs : de tels positionnements auraient sonné comme des marques d’hostilité. L’institution qui produisait une culture de l’aveu (examen de conscience, confession, liturgie du pardon) s’interdisait l’autocritique. L’historien, quant à lui, n’est pas soumis à pareil tabou. Il peut s’aventurer sur les terrains sensibles tels que les méthodes de fi*a*ceme*& o/ 1e co*ve(%io*, e& co*c!/(e !e ca% échéa*& q/e !a fi* a pa(foi% j/%&ifié !e% moye*%. Po/( comp!ai(e à ce(&ai*e% (iche% fami!!e% a(i%&oc(a&iq/e% ou bourgeoises pourvoyeuses d’argent, il a fallu faire bon accueil à leurs idées ; pour convertir, les méthodes coercitives n’ont pas été négligées, et il n’est pas nécessaire de franchir les océans pour en trouver des exemples. E* fi* 1e comp&e, pa( %o* &(avai!, !’hi%&o(ie* mo*&(e q/e !e% i*%&i&/&io*% religieuses fonctionnent à bien des égards comme les institutions profanes en dépit du message plus élevé qu’elles veulent délivrer au monde. L’étroitesse d’esprit, la cupidité ou la soif de pouvoir ont sévi là aussi, même 2. Jacques PALARD, Pouvoir religieux et espace social. Le diocèse de Bordeaux comme organisation, Paris, Le Cerf, 1985, p. 57-73. HIstOrIEn du rElIgIEuX 9 si par ailleurs de nobles causes ont été défendues. Il n’y a aucune raison valable de l’occulter. Ici le problème se complique dans la mesure où l’historien du religieux e01 0o3ve51 affi9ié à 9a co5fe00io5 >o51 i9 exp9oAe 9e pa00é, q3’i9 0’aEi00e >3 catholicisme, du protestantisme, du judaïsme, etc. L’étroitesse des liens e51Ae 9’affi9ia1io5 >3 cheAche3A (p930 o3 moi50 foA1e) e1 9a 5a13Ae >e 9a religion étudiée reçut en 1996 une série d’attestations fort suggestives. Vingt-cinq historiens répondirent alors à une double interrogation que leur soumettait leur collègue Jean Delumeau. La seconde question intéressait plus particulièrement le monde des croyants : « Notre familiarité avec l’histoire religieuse influence-t-elle nos prises de position comme croyants ? ». La première question, quant à elle, concernait directement les professionnels de la discipline historique : « Nos convictions religieuses o51-e99e0 i5fl3e5cé 5o1Ae pAa1iq3e >e 9’hi01oiAe3 ? ». Question sensible. En effe1, >a50 9’hypo1hè0e où ce11e i5fl3e5ce exi01eAai1, i9 0eAai1 Eê5a51 >e l’admettre : cela reviendrait à remettre en cause l’agnosticisme méthodologique sur lequel se fonde la recevabilité du discours savant. À moi50 q3’i9 5e 0’aEi00e q3e >’35e i5fl3e5ce oAie51a51 9e choix >e0 03je10 de recherche vers une dévotion particulière, une spiritualité ou une pratique précises. Mais s’il s’agit d’une influence qui conditionne le traitement des sujets… I9 fa31 bie5 e5 co5ve5iA, 9’hi01oAie5 affi9ié à 0o5 obje1 >e AecheAche e01 exposé à des tentations. La première est celle de la complaisance. Le chercheur qui interroge le passé de sa propre confession peut être tenté de maintenir sous le boisseau la lumière qui éclairerait certains aveuglements ou certaines attitudes peu glorieuses des croyants qui l’ont précédé. Consciemment ou non. Cette tentation, qui existe devant des auditeurs ou des lecteurs venus de tous les horizons, est peut-être plus grande encore 9oA0q3e ce3x-ci 0o51 Aa00emb9é0 paA 9a même affi9ia1io5, 03A1o31 0i 9’hi01oAie5 e01 93i-même co553 po3A 0o5 affi9ia1io5. À ce Ai0q3e >3 me50o5Ee par omission pur et simple s’en ajoutent d’autres, plus subtils. Par exemple, celui qui consiste à épouser des interprétations de l’histoire ménageant les autorités confessionnelles, ou celui qui conduit à souligner à toute force l’action bienfaisante de la religion. Contre ces dérives, la liberté de ton se défend au prix d’une ferme distinction entre le travail historique et l’appartenance confessionnelle. Il reste à s’y tenir, ce qui peut s’avérer plus facile à dire qu’à faire. Il est une autre tentation : l’optimisme. Lorsqu’une religion perd du terrain, cette tentation-là pousse à éclairer les ferments de renouveau >’35e 93mièAe 1e99eme51 Ae0p9e5>i00a51e q3’e99e fi5i1 paA éc9ip0eA 9e0 0iE5e0 3. Jean DELUMEAU (dir.), L’historien et la foi, Paris, Fayard, 1996. 10 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME du déclin, ou tout du moins par les contrebalancer en donnant l’impression d’un bilan équilibré. Certes, faire l’effort de discerner les nouveaux éléments de vitalité est indispensable, et méritoire tant l’attention se porte prioritairement sur ce qui décline. Simple question de visibilité. À ce propos, Émile Poulat aime à rappeler la formule de Louis Veuillot : « Vous voyez ce qui meurt, vous ne voyez pas ce qui naît4 ». Pour autant, ce qui naît n’a pas nécessairement la même dimension collective que ce qui disparaît. Que pèsent les communautés nouvelles à côtés des multitudes qui ne processionnent plus, qui ne pratiquent plus, qui n’apprennent même plus à prier ? Les historiens du religieux ont-ils su résister aux tentations qui les guettaient ? Comme certains de leurs collègues d’autres disciplines, ils ont pu être suspectés de manquer d’indépendance d’esprit. Ainsi en fut-il longtemps des sociologues français qui fondèrent en 1956 les Archives de sociologie des religions, à une époque où des responsables religieux considéraient que la sociologie servait à fournir des réponses aux problèmes pastoraux : « dites-nous comment mieux nous y prendre pour que les gens viennent », en quelque sorte. Il a fallu à cette génération de sociologues français séparer nettement la sociologie académique de la sociologie pastorale. Ce fut chose faite5. L’histoire religieuse demeura elle-même longtemps soupçonnée de masquer en réalité une histoire confessionnelle, manquant de neutralité. Or, dans cette discipline également, les chercheurs ont résolument pris le chemin d’une recherche indépendante, dégagée des pesanteurs institutionnelles. Une recherche qui s’est épanouie à partir des années 1960 dans une série de grandes thèses d’histoire diocésaine menées à bien par Louis Pérouas, Christiane Marcilhacy, etc. Une recherche qui s’est montrée attentive aux masses, à leurs pratiques ordinaires, à leurs croyances, et donc à la distance séparant le prescrit du vécu. Si beaucoup de travaux ont porté sur la confession dominante, à savoir le catholicisme, +e- ./o1pe- mi5o/i6ai/e- ai5-i q1e +e- fo/ce- a56i/e+i.ie1-e- o56 p/ofi6é =e cet élan historiographique. Ceci – il convient de le souligner – à partir des universités d’État d’une République laïque. Pour nous en tenir à l’époque récente, deux vastes entreprises collectives illustrent la fécondité de ce travail intellectuel : les quatre tomes de l’Histoire de la France religieuse parus de 1988 à 19926 ; les quatorze tomes de l’Histoire du christianisme 4. Émile POULAT (entretiens avec Danièle Masson), France chrétienne, France laïque. Ce qui meurt et ce qui naît, Paris, Desclée de Brouwer, 2008, p. 270. 5. Cf., à ce sujet, les témoignages éclairants d’Émile Poulat, Jean Baubérot, Jacques Maître, Danièle Hervieu-Léger dans : « Une sociologie religieuse adossée à l’Église ? Gabriel Le Bras », site des Archives des sciences sociales des religions, rubrique Les Archives, documentaire réalisé par Stéphane Eloy et Natalie Luca en 2007, [en ligne] http://video.rap.prd.fr/ehess/ceifr/ASSRdocu-02.asx, consulté le 16 janvier 2013. 6. Jacques LE GOFF et René RÉMOND (dir.), Histoire de la France religieuse, Paris, Le Seuil, 1988-1992, 4 tomes. HIstOrIEn du rElIgIEuX 11 des origines à nos jours parus de 1990 à 20017. La sérénité du ton dont font preuve les nombreux co-auteurs de ces synthèses et l’élargissement de leurs problématiques donnent aux lecteurs la possibilité de mesurer la vitalité et la qualité d’un secteur de la recherche. Des bilans historiographiques récents donnent toute la mesure du renouvellement enregistré8. Ce1 acq5i1 7e 8’hi1;o=io>=aphie p=ofi;eA; a115=émeA; à 8a comm5Aa5;é des historiens et à la collectivité nationale. Pourtant, la légitimité de l’histoire religieuse reste discutée, surtout en histoire contemporaine. Outre les soupçons intellectuels qui pèsent toujours sur elle chez certains chercheurs, la sécularisation de la société diminue sa légitimité apparente. En effet, la religion est souvent réduite à sa dimension cultuelle, laquelle ne dispose plus de la visibilité qui était encore la sienne jusqu’au milieu du XXe siècle. L’objet religieux, tel qu’il est perçu, tend à se rétrécir à l’époque contemporaine. En outre, la délimitation du périmètre de l’histoire religieuse ainsi que la spécificité de son existence historiographique font débat. En 8’occ5==eAce, 8e 7éba; po=;e 15= 8a 7éfiAi;ioA 7’5Ae hi1;oi=e c58;5=e88e comme une « histoire sociale des représentations »9. uAe ;e88e 7éfiAi;ioA eA>8obe l’activité religieuse, comme fortement pourvoyeuse de sens. Il fallait un historien de la culture autant que de la religion tel que Michel Lagrée pour faire un état des lieux de cette nouvelle proximité10 dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle est très loin de faire l’unanimité11. D’ailleurs, un bilan historiographique récent consacre un chapitre à l’histoire culturelle qui ignore les questions religieuses, lesquelles sont abordées dans un chapitre 1pécifiq5e12. En fait, nombre de spécialistes du religieux demeurent attachés à l’existence historiographique distincte de leur champ de recherche. Pour de mauvaises raisons ? Voire. Nous nous contenterons ici de renvoyer le lecteur à l’argumentation développée par Claude Prudhomme en faveur non pas d’une histoire religieuse territorialisée, mais en faveur du maintien 7e « 8a 1pécifici;é 7’5Ae hi1;oi=e 75 religieux13 ». Quant au rétrécissement 7. Jean-Marie MAYEUR, Charles et Luce PIÉTRI, André VAUCHEZ et Marc VENARD (dir.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, Paris, Desclée, 1990-2001, 14 tomes. 8. Benoît PELLISTRANDI (actes réunis et présentés par), L’histoire religieuse en France et en Espagne, Madrid, Casa de Velázquez, 2004 ; Jacques-Olivier BOUDON, « L’histoire religieuse en France depuis le milieu des années 1970 », Histoire, économie & société, 2012/2, 31e année, p. 71-86. 9. Pascal ORY, « L’histoire culturelle de la France contemporaine. Question et questionnement », Vingtième siècle. Revue d’histoire, 1987, n° 16, p. 68. 10. Michel LAGRÉE, « Histoire religieuse, histoire culturelle », in : Jean-Pierre RIOUX, JeanFrançois SIRINELLI (dir.), Pour une histoire culturelle, Paris, Le Seuil, 1997, p. 387-406. 11. Philippe POIRRIER, Les enjeux de l’histoire culturelle, Paris, Le Seuil, 2004, p. 274-275. 12. Jean-François SIRINELLI, Pascal CAUCHY et Claude GAUVARD (dir.), Les historiens français à l’œuvre, 1995-2010, Paris, PUF, 2010. 13. Claude PRUDHOMME, « Donner la priorité à l’historicité du christianisme », in : Jean DELUMEAU (dir.), L’historien et la foi…, op. cit., p. 237-252. 12 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME supposé inexorable du champ considéré, il relève d’un parti pris dépassé "o$% &’ac%*e& « -e%o*- "* -e&i/ie*x » 2*ffi% à i&&*2%-e- &’i$exac%i%*"e. le -ec*& de l’emprise sociale des institutions religieuses – qu’il soit spontané (sécu&a-i2a%io$) o* o-/a$i2é pa- &’É%a% (&aïci2a%io$) – $e 2i/$ifie a*c*$eme$% q*e &a "ime$2io$ -e&i/ie*2e "e &’exi2%e$ce h*mai$e "imi$*e-ai%. I& 2i/$ifie p&*%ô% que cette dimension, de nature anthropologique, se déplace et se transforme. Il donne aux historiens et aux sociologues du religieux un nouveau champ de recherche à explorer : celui des redéploiements inattendus du religieux à &’époq*e co$%empo-ai$e. E$fi$, &a -é"*c%io$ "* -e&i/ie*x a* c*&%*e& $’e2% pas moins inexacte. Le religieux se déploie dans de multiples directions extra-cultuelles telles que l’éducation, le secteur caritatif, l’édition, etc. On ne saurait l’enfermer entre les murs étroits des lieux de culte. Ce-%e2, &e2 acq*i2 "e &’hi2%o-io/-aphie p-ofi%e$% à &a comm*$a*%é "e2 historiens, et au-delà à tous : on ne saurait valablement se désintéresser d’un fait social qui structure tant les mentalités et informe tant de conduites. Mais &e2 acq*i2 "e &’hi2%o-io/-aphie $e p-ofi%e$%-i&2 pa2 a*x i$2%i%*%io$2 -e&i/ie*2e2 elles-mêmes ? On peut conclure en ce sens, pour deux raisons au moins. En premier lieu, retracer l’histoire d’une confession religieuse dissipe le my%he "e &’â/e "’o-. Chaq*e /é$é-a%io$ "e c-oya$%2 a co$$* &e2 co$fli%2 q*i font le lot des existences humaines, et qui sont d’autant plus intenses que les enjeux de pouvoir ne sont pas absents. Chaque époque a vu éclore des contestataires qui ont dit leur façon de penser et bousculé les habitudes. di-e e% exp&iq*e- ce pa22é ma-q*é pa- &a p&*-a&i%é e% &a co$flic%*a&i%é fo*-$i% un puissant antidote contre l’absolutisation de son appartenance, de sa foi, de ses idées. À l’heure où certaines quêtes identitaires se radicalisent et séparent les hommes, parfois dans la violence, n’est-il pas salutaire que des historiens démontent les mécanismes si humains qui ont permis aux identités religieuses de naître puis de se recomposer, moyennant oppositions, compromis et relectures ? Il est entendu que ce travail historique possède une vertu civique inestimable car il sape les fondements de tous les fanatismes, et facilite la coexistence de citoyens aux croyances diverses. Mais i& e2% $o$ moi$2 v-ai q*’i& e2% a*22i bé$éfiq*e a*x co$fe22io$2 -e&i/ie*2e2 car il les aide à effectuer leur tournant critique, et donc à s’adapter à la société qui les accueille. En second lieu, écrire l’histoire d’une religion dévoile la créativité dont 2e2 fi"è&e2 o$% 2* fai-e p-e*ve (o* $o$) po*- – p-éci2éme$% - &’acc&ima%eaux cultures qu’ils rencontraient. En effet, comment les grandes religions auraient-elles traversé les siècles, voire les millénaires, et seraient-elles passées d’une aire culturelle à l’autre, sans une remarquable capacité d’adaptation ? Le christianisme, par exemple, a quasiment quitté son berceau moyen-oriental pour s’établir en Europe et en façonner la civilisation, avant de basculer vers les autres continents et en particulier les pays du Sud (Brésil, Mexique, Philippines, etc.) où se situe désormais la plus grande HIstOrIEn du rElIgIEuX 13 pa/0ie 3e 4e4 fi3è7e4. da94 4e4 p/op/e4 7imi0e4, 7a Ch/é0ie90é mé3iéva7e elle-même fut féconde en innovations. Ainsi, la diffusion de la prière les mains jointes devant la poitrine et les doigts allongés aux XIe et XIIe siècles trouve son origine dans le rituel de l’hommage par lequel le vassal plaçait ses mains dans celles de son seigneur, instaurant un rapport personnel hiérarchisé caractéristique de la société seigneuriale ; la position à genoux les mains jointes à hauteur de la poitrine devint alors l’attitude courante de la prière, tandis que la station debout apparaissait de plus en plus comme un signe de tiédeur. Cet exemple, parmi tant d’autres, rappelle que l’immobilisme n’est pas la règle. Le changement a déjà fait son œuvre. En maintes circonstances, les ancêtres des croyants actuels ont su oser le changement. Cela étant, en mettant en lumière ce qui est propre à chaque époque, l’histoire montre aussi que la sécularisation est sans précédent. PoF/ 7e4 i940i0F0io94 /e7iGieF4e4, i7 4’aGi0 3o9c 3’F9 3éfi i9é3i0, ve/0iGi9eFx. Et pour l’historien, il s’agit d’un vaste champ de recherche où bien des découvertes restent encore à faire. 2 De la Méditerranée à l’Atlantique : le parcours de Marc Agostino, historien du monde chrétien contemporain Josette PONTET Professeur émérite d’histoire moderne CEMMC – Université de Bordeaux 3 C’e#$ $o&jo&(# &) exe(cice -iffici0e q&e 0a p(é#e)$a$io) -’&)e pe(#o))a0i$é que l’on veut honorer, qui est à la fois un ami et un collègue. Je vais néanmoins m’y essayer dans ce court papier qui n’a en rien la prétention d’être une biographie de Marc Agostino mais se propose seulement d’évoquer des aspects de sa carrière et de sa personnalité et de lui rendre hommage dans cet ouvrage de Mélanges qui lui est dédié. On pourrait s’étonner que cet avant-propos soit rédigé par une moderniste, alors que le destinataire a été pendant quarante ans (1971-2001), dans cette université, un enseignant en histoire contemporaine reconnu et apprécié de tous. Pourtant ce choix n’est pas sans raisons. Et d’abord l’ancienneté de nos relations amicales, nouées dès les années de faculté, peu après son arrivée à Bordeaux. N’étaient les tragiques événements d’Algérie qui l’ont arraché à sa terre natale, il est fort peu probable que Marc Agostino ait jamais connu les bancs de la Faculté des Lettres de Bordeaux. Né en Haute-Kabylie dans une famille bien établie, 16 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME où se croisaient des origines toscanes et corses, mises en lumière dans la généalogie retracée dans l’ouvrage et toujours vivantes chez lui, il fut élève du lycée Bugeaud, puis étudiant à la Faculté d’Alger, avant d’arriver à Bordeaux en juin 1962 et de s’y inscrire à la Faculté des Lettres du cours Pasteur. Bouleversement immense dans sa vie qui ne pouvait aller sans angoisse et sans tristesse, mais Marc fut, je crois, bien accueilli à la faculté malgré les tensions que suscitait encore le devenir de l’Algérie et qui agitaient le petit monde étudiant bordelais. Il reprit brillamment le cours de ses études et obtint sans problème la licence d’histoire en juin 1963. La faculté était encore alors « élitiste » ; nous étions peu nombreux en histoire et nous nous connaissions tous, de la première année de licence à l’agrégation, et c’est, je crois, à l’occasion de l’arrosage de mon agrégation que se déroula chez moi l’une de ses premières soirées bordelaises, en compagnie du petit groupe d’amis que nous formions et où il avait rapidement trouvé une place. Ensuite, avec un léger décalage dans le temps, la similitude de notre cursus universitaire. Elle ne pouvait que nous rapprocher. Nous reçûmes tous deux notre première formation d’historien de deux professeurs réputés pa* +e-*. q-a+i1é. pé3a4o4iq-e. e1 .cie71ifiq-e., Be*7a*3 g-i++emai7 e1 Robert Etienne, et nous fîmes notre mémoire d’études supérieures en Histoire médiévale et religieuse, et le secondaire, exigé à l’époque, en Histoire ancienne. Mais après l’obtention avec la mention Très bien de ce diplôme d’études supérieures en 1964, et, dans la foulée, dès l’année suivante, celle de l’agrégation, Marc a choisi de se réorienter vers l’Histoire contemporaine, tout en gardant sa spécialisation en histoire religieuse qu’il ne devait plus quitter. Ayant fait un choix assez comparable, nous nous retrouvâmes pour préparer notre doctorat avec le même directeur de recherche, le professeur Georges Dupeux qui faisait autorité dans l’étude du monde contemporain. C’est sous sa houlette qu’il prépara sa thèse de troisième cycle portant sur le cardinal Lecot, qu’il soutint en 1974. Nos parcours professionnels ont eux-mêmes suivi une trajectoire parallèle : après l’agrégation et un court séjour dans l’enseignement secondaire, pour Marc au lycée d’Agen en 1966-1967, ce fut en 1968 une nomination en classe de première supérieure, au lycée Michel-Montaigne pour lui où il enseigna l’histoire à de brillants élèves de la Khâgne, dont certains appelés à un destin national, au lycée Camille Jullian pour moi, et Sciences-Po où nous sommes retrouvés dès 1970 comme maîtres de conférence de culture générale. Nous devions y exercer nos talents, à divers niveaux, pendant sensiblement trois décennies ! Si la Khâgne conférait un indéniable prestige à ses enseignants qui avaient la chance de s’adresser à un public d’élite, la perspective d’une carrière universitaire a séduit les jeunes enseignants que nous étions. Elle offrait en effet la possibilité de mener des recherches personnelles et d’apporter ainsi notre contribution à une histoire DE LA MÉDITERRANÉE À L’ATLANTIQUE 17 "cie&'ifiq*e q*i co&&ai""ai' a-o." e&/o*eme&' e' .e&o*ve--eme&'. Ma.c Agostino fut recruté comme assistant en Histoire contemporaine dès 1970 et je le rejoignis l’année suivante en Histoire moderne. C’est, à notre surprise, un vrai parcours du combattant qui nous attendait, tant le statut 6’a""i"'a&' "’avé.a fl*c'*a&' e' i&"'ab-e, a* /.é 6e" 6ive."e" .éfo.me" q*e connut l’institution durant ces années. L’accession au grade de maîtreassistant, après la soutenance d’une thèse ou une inscription sur la LAFMA, fut assez longue à venir car elle était également fonction des postes ouverts à l’Université, peu nombreux et fort disputés entre les différentes disciplines. Après quoi, notre chemin universitaire s’est poursuivi au même rythme : soutenance d’une thèse d’État en 1986, accession au professorat en 1987. Il n’est sans doute pas inutile de rappeler cette chronologie à l’intention de jeunes collègues qui pourraient penser que la carrière universitaire était, dans le passé, un chemin tapissé de roses sans épines, alors que la lourdeur de la préparation du doctorat ès Lettres et le faible nombre de postes de professeur mis au concours freinaient le déroulement des cursus. Parcours parallèles, occasions de relations professionnelles et amicales fréquentes, celles-ci furent renforcées par une cohabitation plutôt inédite à l’université par sa durée au moins, celle d’un bail presque emphytéotique… Professeurs, nous avons en effet continué à nous partager le bureau que nous avions obtenu, non sans mal, alors que nous étions maîtres-assistants ou maîtres de conférences après le changement sémantique survenu, et ce jusqu’à mon départ à la retraite ! Une cohabitation qui fut sans aucun doute agréable, même si elle était parfois un peu trop enfumée et parfumée aux douces senteurs de l’herbe de Nicot. Une cohabitation qui nécessitait une e&'e&'e co.6ia-e po*. fixe., "a&" '.op &o*" /ê&e., -e" .e&6ez-vo*" à &o" étudiants de maîtrise, DEA, ou doctorat, très nombreux, particulièrement les siens dont le nombre imposant le rassurait. Aussi, outre le local, nous nous partagions au mieux l’agenda de la semaine, d’autant que l’espace était réduit et encombré par les dizaines de mémoires et thèses accumulés, qui débordaient des rayonnages posés sur le mur de droite de la pièce qui était son domaine, et sans qu’il en souhaite vraiment un rangement plus ordonné, qui fut parfois esquissé. Dans une aussi longue et amicale cohabitation, chacun révèle nécessairement des traits de sa personnalité, de son caractère, ses soucis ou ses bonheurs, grands ou petits, passés souvent inaperçus des collègues croisés dans les couloirs, à la salle des professeurs, ou dans les multiples réunions qui, sans être toujours utiles, rythment la vie universitaire. Pourtant que vous dirai-je de Marc que vous ne sachiez déjà ? Peut-être que derrière un abord plutôt rieur et gai se cache un tempérament inquiet, angoissé même, nourrissant la crainte de ne pas être apprécié de son entourage. Il y a chez lui un désir fortement enraciné d’être aimé de tous et 6’évi'e. a*'a&' q*e fai.e "e pe*' -e co&fli', hé.i'a/e pe*'-ê'.e 6’*&e é6*ca'io& 18 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME ch"é$ie''e e$ (e co'vic$io'+ q-’i/ affiche 'éa'moi'+ fe"meme'$. Ce +o-ci de reconnaissance ne l’a jamais vraiment quitté, malgré les signes forts qui lui en ont été donnés durant toute sa carrière. Par ses collègues de l’UFR d’Histoire, une des appellations qui a désigné notre collectivité d’historiens à l’université, tout d’abord. Il les a représentés pendant de très nombreuses années au Conseil scientifique, toujours élu aux différents suffrages organisés. Il a siégé presque continûment au conseil de l’UFR comme à la Commission des Spécialistes dont il a été de surcroît le président pendant plusieurs mandatures, jusqu’à la disparition récente de cette instance du recrutement universitaire. Un président dont l’humanité était appréciée par l’ensemble des candidats appelés à concourir, venant souvent de loin, et stressés à la perspective d’une épreuve qui pouvait s’avérer déterminante pour leur avenir. Un président qui s’efforçait de mener les débats avec une diplomatie toute ecclésiastique, dont ses études l’ont rendu familier et excellent expert, qui trouvait souvent matière à s’employer dans des séances de la commission loin d’être toujours consensuelles. Reconnaissance par les étudiants, ensuite, séduits par ses cours dont des générations se souviennent encore des années après et lui en portent toujours témoignage. Marc Agostino a été sans conteste un grand professeur, faisant (e+ co-"+ (’-'e +o/i(i$é +cie'$ifiq-e +a'+ fai//e, ma'ia'$ /e ve"be avec facilité, sachant toujours, en excellent pédagogue, agrémenter ses propos d’une touche personnelle pertinente et frappante qui faisait mouche. Il n’est pas étonnant qu’il ait drainé chaque année des dizaines d’étudiants dans l’option Historiographie de Licence par exemple ou en Maîtrise ; les listes de sujets qu’il proposait s’arrachaient rapidement, et, s’il y avait quelque retard dans les choix, il s’en inquiétait : aurait-il été moins bon dans son enseignement ? Mais les jours suivants le rassuraient, tous les sujets proposés ou presque avaient trouvé preneurs. Son succès ne s’arrêtait pas à la licence ou à la maîtrise, mais se poursuivait bien au-delà. Nombreux furent les étudiants de Bordeaux ou d’ailleurs à s’inscrire en DEA et à déposer un sujet de thèse avec lui, principalement en histoire religieuse mais pas exclusivement, puis à poursuivre une carrière universitaire. Nul doute que son départ à la retraite laissera un grand vide en Histoire et à l’Université. reco''ai++a'ce pa" /a comm-'a-$é +cie'$ifiq-e, e++e'$ie//e e'fi'. Ma"c ACo+$i'o fiC-"e pa"mi /e+ mei//e-"+ +pécia/i+$e+ (e /’hi+$oi"e "e/iCie-+e (monde contemporain, ou plus exactement, pour reprendre la formule du fi' co''ai++e-" q-’e+$ Phi/ippe levi//ai', (e /’hi+$oi"e (e /a Ch"é$ie'$é. Rappelons que ses premiers pas dans la recherche s’étaient inscrits dès la maîtrise dans l’histoire de la religion catholique. Cette prégnance de la religion dans ses travaux serait-elle liée à ses lointaines origines étrusques, on sait quelle place la religion occupait chez eux ? Ce n’est pas impossible, tant l’héritage toscan est important chez lui. Mais son goût pour les études religieuses s’accompagne d’une foi profonde, qui lui donne empathie avec DE LA MÉDITERRANÉE À L’ATLANTIQUE 19 ses sujets d’étude, sans lui faire oublier pour autant son métier d’historien. I# $’e$' affi+mé .’emb#ée, comme 34 hi$'o+ie4 .e #’épi$copa', e4 #ie4 é'+oi' avec Rome. Sa thèse de troisième cycle a pour sujet Le cardinal Lecot (1831-1908). Un évêque face au monde moderne. Victor Lucien Lecot est le successeur du prestigieux et mythique cardinal Donnet, qui a fortement marqué le diocèse de Bordeaux de son empreinte y compris dans la pierre des églises. V.-L. Lecot a joué un rôle essentiel dans la politique de ralliement à #a rép3b#iq3e vo3#3e pa+ léo4 XIII e' #a4cée pa+ lavi@e+ie ; .eve43 cardinal en 1893, il est alors confronté au problème crucial de la Séparation, comme l’ensemble de l’épiscopat aquitain auquel Marc Agostino s’est également intéressé à l’occasion de divers colloques auxquels il a apporté une précieuse contribution comme celui organisé à Bayonne en 2005 où il m’a fait l’amitié de participer, ce qui s’est reproduit encore à une date récente. Pour lui l’épiscopat est la base constitutive et la raison d’être de #’Ė@#i$e #oca#e ; o4 comp+e4. .è$ #o+$ q3e « $o4 » é@#i$e pa+oi$$ia#e 4e p3i$$e être que la cathédrale du diocèse, la vénérable cathédrale Saint-André, .o4' i# $3i' fi.è#eme4' #e$ office$. Ses études sur l’épiscopat le tournaient immanquablement vers Rome. Comment aurait-il pu ne pas s’intéresser à l’Évêque de Rome lui-même ? Il consacra donc sa thèse de doctorat ès lettres, préparée sous la direction .3 p+ofe$$e3+ Jacq3e$ ga.i##e, a3 pape Pie XI q3i $3ccè.e à Be4oî' XV e4 1922. Il la soutient à Lyon en octobre 1986 devant un jury présidé par Pierre Barral et où siégeaient entre autres Maurilio Guasco, professeur de l’université de Turin, et André-Jean Tudesq professeur de l’université de Bordeaux 3, sous le titre Pie XI et l’opinion 1922-1939. Elle a fait l’objet d’une publication en 1991 dans la prestigieuse collection de l’École française de Rome, école qui l’accueille régulièrement et où il a noué de solides relations de travail et d’amitié. Cette thèse est une œuvre originale, mêlant biographie et étude de presse, un travail pionnier. Marc Agostino avait à surmonter un problème important : la fermeture des archives vaticanes à la consultation à partir de l’année 1922. Il s’est donc tourné vers les documents p3b#ié$, éc+i'$ o3 $o4o+e$, officie#$, q3i $o4' pa+'ic3#iè+eme4' abo4.a4'$. Po3+ #’a3'e3+, ce#a 4’a +ie4 .e $3+p+e4a4' ca+ #e po4'ifica' .e Pie XI co++e$pond à une prise en compte nouvelle du rôle majeur joué par les moyens de diffusion modernes, presse écrite mais aussi radiodiffusion – une station radio est installée par Marconi au Vatican en 1931 – ou même cinéma. Il correspond en même temps à une prise en compte du poids pris par l’opinion dans le monde contemporain, opinion catholique autant qu’universelle. D’où, pour le pape, une attention particulière portée aux médias et la mise en place d’une stratégie de prédication universelle, avec ainsi une priorité accordée à l’action pastorale. Marc Agostino met parfaitement en évidence la modernité des moyens de communication 3'i#i$é$ pa+ Pie XI, e', à #’i4ve+$e, #e ca+ac'è+e 'o3' à fai' '+a.i'io44e# 20 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME e" co%&e'va"e*' +* me&&a-e +iff*&é mai& q*i bé%éficie +’*% 'e"e%"i&&eme%" nouveau. Avec la séparation des Églises et de l’État, cela eut pour effet de développer un processus de romanisation du clergé français. À la lecture de ce travail très riche, remarquable encore par l’ampleur de l’étude de la presse française et italienne qui en constitue le substrat, l’empathie marquée entre l’auteur et son personnage est certes perceptible. L’image qui se +é-a-e +e Pie XI e&" ava%" "o*" ce;;e +* pape +e ;’Ac"io% ca"ho;iq*e e" +* p'ophè"e +e ;’a%"i"o"a;i"a'i&me "e;;e q*’e;;e &’e&" affi'mée à ;a fi% +e &o% ;o%po%"ifica". I; e&" v'ai q*e, ;o'&q*’i; me*'" e% 1939, c’e&" *% ac"e*' impo'"a%" du jeu international qui disparaît. L’accès aux archives du Vatican lui aurait sans doute permis d’approfondir encore la personnalité complexe de Pie XI, ;e 'ô;e +e &e& p'oche& co;;abo'a"e*'& +a%& ;a po;i"iq*e q*’i; a me%ée au cours de cette période troublée et déjà tragique de l’entre-deux-guerres. Telle quelle, cette thèse constitue un jalon incontournable dans l’histoire de la papauté au XXe siècle. Elle est aussi un apport majeur à la connaissance de l’opinion catholique dans l’entre-deux-guerres en France et en Italie, deux pays latins dont les structures différaient radicalement comme leurs rapports historiques à la papauté. Spécialiste de l’histoire de la papauté, c’est naturellement sans surprise que l’on retrouve notre ami parmi les auteurs du Dictionnaire historique de la papauté publié sous la direction de Philippe Levillain, dans les différents colloques organisés sur la papauté e% F'a%ce o* e% I"a;ie, &*' léo% XIII o* Pie XI, o* e%co'e +a%& ;e& p*b;ica"io%& +e ;’Ėco;e f'a%çai&e +e rome e" q*’i; +evi%" e% fév'ie' 2012 memb'e co''e&po%+a%" +* Comi"é po%"ifica; +e& scie%ce& hi&"o'iq*e&. Il ne faudrait pas croire pour autant que Marc Agostino ne s’intéresserait qu’aux papes ou aux évêques, ni qu’à Rome ou à l’Italie : Bordeaux et l’Aquitaine lui ont offert un vaste champ de recherches, où le catholicisme, la pratique, les rites, les cérémonies ou les fastes restent au centre de ses problématiques. Il a ainsi publié en 2001 Deux siècles de catholicisme à Bordeaux, 1800-2000, un précieux ouvrage de synthèse qui comble un vide criant en ce domaine pour la période contemporaine. Par ailleurs, comme tous les enseignants de l’UFR d’Histoire, Marc Agostino a été membre des ce%"'e& +e 'eche'che q*i &e &o%" &*ccé+é e% hi&"oi'e a* fi; +e& a%%ée& e" notamment du Centre Aquitain d’Histoire Moderne et Contemporaine (CAHMC), devenu Centre d’Études des Mondes Moderne et Contemporain (CEMMC). Même si son tempérament est plutôt, dans le domaine de la recherche, celui d’un franc-tireur, il a participé à de nombreux programmes de recherches notamment sur l’Aquitaine, et a codirigé plusieurs colloques ainsi que les publications qui en émanaient. Parmi ces publications citons La cathédrale Saint-André. Reflet de neuf siècles d’histoire et de vies bordelaises en 2001, Fastes et Cérémonies. L’expression de la vie religieuse, XVIe-XXe siècles en 2003, ou plus récemment, en 2011, Les religions et l’information, un thème qui l’intéresse particulièrement. DE LA MÉDITERRANÉE À L’ATLANTIQUE 21 Ce $e%ai( e)co%e (%op %e$(%ic(if .e /imi(e% $e$ ac(ivi(é$ $cie)(ifiq5e$ à /a religion catholique même s’il en est un spécialiste reconnu hors les murs de l’université : c’est à lui que la presse régionale fait appel pour avoir des précisions, des éclaircissements, le point de vue d’un expert sur tel ou tel sujet que l’actualité met en avant : ainsi, à titre d’exemple, est-il consulté par le journal Sud-Ouest en octobre 2009 sur l’importance des discussions ouvertes à Rome entre la Congrégation pour la doctrine de la Foi et une .é/é8a(io) .e /a F%a(e%)i(é $ace%.o(a/e sai)(-Pie X e) p%é$e)ce .e (héologiens émérites :il juge l’événement de première importance. Il s’intéresse au judaïsme, et a été contacté pour collaborer à la mise en place d’un centre d’études juives, mais aussi à l’islam, au contact duquel se sont passées ses années d’enfance et de première jeunesse : il dirige actuellement une thèse sur la perception de l’Islam en France de 1815 à 1917. Il ne s’est pas non plus cantonné à l’histoire religieuse : les études de presse sont restées un champ de recherche et d’enseignement privilégié ; elles l’ont peut-être conduit à s’intéresser à François Mauriac. Toujours est-il qu’il apporta une contribution importante au Centre Mauriac, dont il a été un membre actif, y faisant cohabiter histoire et littérature, histoire et journalisme. On pourrait égrener encore bien des thèmes de recherches, allant du social au politique qui l’ont retenu personnellement ou à travers les travaux des élèves qu’il a dirigés ; il manifeste toujours la volonté de renouveler les angles d’approche des questionnements proposés à un historien contemporanéiste dans le monde complexe qui est le nôtre. L’ampleur des thèmes de recherche marqués du sceau de l’Église, son association à l’École française de Rome, ses relations avec le Vatican dont i/ pe5( ê(%e à /’occa$io) 5) %ep%é$e)(a)(, $o)( $5ffi$amme)( pa%/a)($ po5% que l’on puisse dessiner le portrait du chercheur, ou pour mieux dire de l’enseignant-chercheur, les deux fonctions étant étroitement liées chez lui. Ces fonctions exercées avec constance et brio pendant des années lui ont valu d’être décoré dans le grade le plus élevé de l’ordre des Palmes académiques, celui de commandeur. Cette distinction honore à juste titre les mérites d’un membre éminent de l’Université, comme le prévoyait à l’origine l’ordre créé par Napoléon en 1805 et réorganisé en 1955. Point besoin d’insister : on mesure la place de Marc Agostino dans le monde universitaire bordelais et très au-delà. La reconnaissance attachée à sa personne, ses recherches et ses travaux est urbi et orbi. Reconnaissance urbi et orbi, mais quelle est la géographie personnelle de Marc, quelle identité lui confère-t-elle ? Marc est sans aucun doute bordelais et aquitain. Il a adopté Bordeaux comme Bordeaux l’a adopté, cette ville où il est arrivé le cœur douloureux, il y a maintenant un demisiècle. Il y a fait toute sa carrière, il y a fondé sa famille, organisé sa vie. C’est là, à l’université, qu’il a rencontré sa femme, événement important s’il en est dans sa vie. Que serait Marc sans Geneviève, son soutien sans 22 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME fai$$e, 'o)jo)+, p+é,e/'e, )/e épo),e fi/e, 1évo)ée, i/'e$$i3e/'e, +a,,)+a/'e aussi, que tous ses amis ont toujours grand plaisir à retrouver. Elle lui a apporté, à lui le méditerranéen, l’air du large océanique et charentais, celui d’une grande Aquitaine plus ecclésiastique qu’administrative, celle qu’il privilégie aussi pour ses études. C’est à Bordeaux qu’il a ses amis, qu’il fréquente et anime les séances des nombreuses associations et cercles culturels dont il est membre, avec une grande ouverture d’esprit et une parfaite tolérance aux autres qui colle bien à l’image de la ville de Montesquieu. Il a été élu membre de l’académie qui porte fort opportunément le nom de ce philosophe et participe à ses travaux. Il a adopté le mode de vie des Bordelais et il ne manque pas, dès les beaux jours revenus, de prendre le chemin de la plage, vers l’océan, à Lacanau de préférence. Il goûte pleinement une certaine douceur de vivre aquitaine. Mais n’est-il pas aussi quelque peu italien ? On a mesuré à travers ses recherches et ses travaux, son attrait pour Rome, le Vatican, la vie intellectuelle qui en est la marque, à tel point que l’un de ses amis n’hésite pas à le q)a$ifie+ 1e romai/. u/ romai/ à Bo+1ea)x, ,oi', mai, /e ,e+ai'-i$ pa, plutôt Toscan ? C’est en Toscane que sont au moins en partie ses origines familiales, c’est vers la Toscane qu’il repart chaque année, à l’heure des vacances se ressourcer. C’est de la Toscane qu’il a conservé le goût de la langue et de la culture dont il a voulu parfaire la connaissance en préparant et obtenant en 1970 une licence d’italien à l’université de Bordeaux. Le dictionnaire Larousse de 1876 voit les Toscans policés, affables et cultivés, fréquentant les sociétés savantes, dotés d’une grande liberté d’esprit… Il n’est pas interdit de faire des rapprochements avec notre ami ! Bordeaux, l’Aquitaine, l’Italie, et l’Algérie dans tout cela ? N’aurait-il pas une identité pied-noir ? Une culture pied-noir ? La réponse ne saurait être négative. Les Français d’Algérie ont amené avec eux des façons de vivre, des coutumes, des souffrances et des regrets, une certaine vision du politique et de la politique aussi, qui sont évidemment perceptibles chez Marc. Son monde colonial était davantage celui des fonctionnaires que des propriétaires terriens, grands ou petits, plus urbain que rural, mais il s’est trouvé déchiré à jamais et l’Algérie a sans doute été longtemps, pour lui, un jardin secret, trop douloureux pour en faire un sujet d’étude. Depuis quelques années, les choses ont bougé : il a consacré des articles à l’étude de la presse algérienne dans les publications du centre Mauriac ou autres, il s’est attaché, dans une excellente contribution, à analyser la singularité de la Kabylie, sa terre natale, une singularité en fait découverte ou plutôt créée sans doute par les Français. Il s’intéresse au rôle des facteurs religieux en Algérie, et on lui doit une série d’articles consacrés à l’Église et au catholicisme rédigés pour le dictionnaire L’Algérie et la France paru en 2009. La retraite, qui ne saurait qu’être active comme chez la plupart des universitaires, va lui permettre de se consacrer à ce « chantier algérien » DE LA MÉDITERRANÉE À L’ATLANTIQUE 23 "#âce à (’abo-.a-/e .oc0me-/a/io- q0’i( a acc0m0(ée a0 fi( .e6 a--ée6. Il pourra ainsi retrouver, en les passant au crible de l’histoire, les cadres de vie de sa jeunesse et se retrouver quelque part Français d’Algérie. On l’aura compris la personnalité de Marc Agostino se nourrit de composantes diverses – et encore n’avons-nous pas évoqué l’héritage corse ! – qui font sa richesse et lui donnent son caractère attachant auquel ses amis sont sensibles, comme ses collègues et ses étudiants qui en témoignent nombreux par leur contribution à ce livre de Mélanges. Celui-ci co-6ac#e ava-/ /o0/ – e/ c’e6/ 6a j06/ifica/io- – (a b#i((a-/e ca##iè#e .0 professeur d’université aujourd’hui émérite, le rayonnement urbi et orbi de l’historien de la chrétienté contemporaine, le talent du conférencier, mais aussi l’ami. Pour moi un ami d’un demi-siècle, une amitié moins suspecte sans aucun doute que les amitiés de trente ans qu’un passé récent nous a donné l’exemple… Bonne et fructueuse retraite, cher Marc. 3 Corte, ville cosmopolite aux XVIIe et XVIIIe siècles Michel VERGÉ-FRANCESCHI Professeur d’histoire moderne EMMAN – Université François-Rabelais Tours Il y a vingt-cinq ans, lorsque j’étais auditionné à l’université de Bordeaux 3 pour tenter d’obtenir – avec succès – une maîtrise de conférences, mon cher Marc, je ne vous connaissais que de nom et vous ne me connaissiez absolument pas. En un quart de siècle, de commissions de spécialistes en commissions de spécialistes, que vous avez toujours présidées avec un talent incomparable, mélange d’humour et de rigueur, de convivialité et d’autorité, de bienveillance et de fermeté, j’ai vu combien vous avez su ouvrir la route universitaire à nombre de jeunes chercheurs qui ne bé&éficiaie&, -’a/,0e 0ecomma&-a,io& q/e -e ce44e -e 4e/0 5e/4 -o55ie0 5cie&,ifiq/e. I4 fa/, vo/5 e& fé4ici,e0 e, joi&-0e ma ,0è5 p0ofo&-e 0eco&&ai55a&ce personnelle aux félicitations unanimes qui vous sont dues. J’ai appris en vi&<,-ci&q a&5 à vo/5 co&&aî,0e, à vo/5 app0écie0, vo/5 4e pe,i,-fi45 -e Ba0beMarie Sandreschi, née à Corte en 1889. Ce besoin d’ouvrir la route aux autres – comme vous l’avez fait pour moi-même –, vous vient sans doute de Jean-Baptiste Sandreschi, le maire de Corte, qui, après les tergiversations des municipalités précédentes, pendant plus de trois décennies, a pris l’initiative, avec l’appui du Conseil général, de faire ouvrir la route CorteGuagno : l’ancien sentier, véritable piste impraticable, prolongée jusqu’aux Grotele (« les petites grottes ») est devenue aujourd’hui l’une des routes les 26 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME plus touristiques et les plus fréquentées de notre île de Corse1. Certes, mon cher Marc, vous avez quitté depuis longtemps la belle villa des Sandreschi, au centre de Corte, rue du Baron-Mariani, mais vous savez – tout comme moi – que quand on est corse on l’est pour toujours au point que le proviseur corse de votre lycée autorisait jadis Monsieur votre père à lui téléphoner « même de nuit » pour lui communiquer – avant l’aube – les résultats de votre succès au baccalauréat. Permettez-moi donc de fermer la boucle ouverte par ce proviseur lorsque vous obteniez votre premier grade unive*+i-ai*e. Pe*me--ez-moi, e6 q8a9i-é ;’a**iè*e-pe-i--fi9+ ;e Miche9 Ba9;acci (1859-1926), de Corte, directeur régional des Postes auquel je dois mon prénom, de rendre hommage au descendant des Sandreschi cortenais. Du bachot aux Mélanges Agostino, vos compatriotes auront ainsi veillé – comme i9 +e ;oi- – +8* 9e pe-i--fi9+ ;e Ba*be-Ma*ie sa6;*e+chi. Vos compatriotes ? Ne sommes-nous que cela ? En cherchant dans les a*chive+ ;e Co*-e q8e9q8e+ *e6+eiF6eme6-+ +8* 9e+ sa6;*e+chi afi6 ;’app8ye* mon hommage, je vois que votre grand-mère Sandreschi2 devait elle-même son prénom à sa grand-mère paternelle3, Barbe Albertini, de la famille du chef de bataillon Albertini, nommé commandant de la place de Corte en 17964. Ce*-e+. Mai+ ;8 cô-é ma-e*6e9, e99e e+- pe-i-e-fi99e ;e Ma*ieJoséphine Mignucci5 (1823-1860), de la famille d’un autre maire de Corte de ce nom6, a**iè*e-pe-i-e-fi99e ;e ma p*op*e « -a6-e » Pao9a Ma*ia Baldacci7 (v.1722-1769), de la famille d’un autre maire de la ville, 1. Pour le maire Sandreschi, cf. Jean SUBERBIELLE, Histoire de Corte et des Cortenais, Ajaccio, La Marge, 1996, t. II, p. 178. Pour la villa Sandreschi, p. 239. 2. Fille de Jean-François Sandreschi (Corte 1855-Corte ap. 1908), et de Pauline-Marie Soliva (Corte 1er février 1858-Corte 19 juillet 1904), mariés à Corte en 1880. 3. Barbe Albertini épouse de Sauveur Sandreschi, père et mère de Jean-François ci-dessus. Barbe Albertini (née vers 1830) est sans doute la descendante de François-Marie Albertini (né vers 1709 sans doute dans le Niolo, recensé à Corte en 1769, âgé de 60 ans) et de son épouse Dorothée (58 ans en 1769). Ce couple comme tous les Albertini du Niolo possède en 1769 à Corte un beau troupeau de 30 chèvres. Il possède aussi un âne, mais aussi – ce qui est très rare – un cheval. Le couple a eu pour fils Polidore, 20 ans en 1769, marié à Magdeleine ; et Jean-Baptiste, 15 ans en 1769. Le couple héberge aussi au domicile un neveu (André, 18 ans en 1769) et une vieille tante (Thérèse). 4. Jean SUBERBIELLE, op. cit., p. 57. 5. Marie-Joséphine Mignucci (Corte v. 1823-Corte 28 février 1860), mariée à Augustin Soliva (Corte 28 novembre 1823-Corte 24 juin 1890) le 29 novembre 1841 à Corte. 6. Barthélemy Mignucci, maire de Corte de 1882 à 1884 ; réélu de 1884 à 1888. 7. Paola Maria Baldacci (Corte av. 1722-Corte av. 1769), mariée avant 1742 à Ignazio Mignucci (Corte v. 1715-recensé en 1769 (54 ans)-mort à Corte le 22 août 1781), d’où son fils aîné Giuseppe Maria Mignucci (Corte vers 1745-recensé à Corte en 1769 (24 ans)-mort à Corte en 1808), marié av. 1778 à Catalina Frizza (v.1760-Corte ap. 1788), d’où Ignazio Mignucci (Corte 20 mai 1785-Corte ap. 1841), marié à Soveria le 7 juin 1807 à Giovanna Mariani (Soveria 18 juillet 1790-Corte 12 janvier 1836), fille de Giuseppe Mariani (Soveria v.1759-Soveria mort entre 1800 et 1823) et de Maria Emmanuelli (Soveria v.1760-morte ap. 1833). Ignazio Mignucci est le frère aîné du R.-P. Jean Mignucci (né vers 1722, 47 ans en 1769), curé à Corte. COrtE, VIllE COsMOPOlItE AuX XVIIe Et XVIIIe SIÈCLES 27 Paolo Nicolo Baldacci8, celui-là même qui a accepté en 1816 – sous lo4i6 XVIII – 7e 9e69ame<9 =e Pa6ca7 Pao7i (à 7’exéc49io< b7oq4ée j46q4e7à paH napo7éo<), afi< =e cHéeH à CoH9e 4<e éco7e (l’éco7e Pascal-Paoli), un peu comme l’actuelle école primaire qui existe aujourd’hui sous le nom d’école Sandreschi ! Nous voilà donc cousins, mon cher collègue, cher ami, et cher compatriote. Vous voilà donc parent avec moi comme vous l’êtes avec Tiberi, depuis le mariage Mignucci/Tiberi célébré à Corte sous la Restauration ! Cousins, c’est à peu près normal car Corte a toujours été un creuset de population, et si tous les chemins ne conduisent pas à Rome, ville qui vous est chère, la plupart conduisent à Corte. En témoigne votre cinquième aïeul David Soliva (vers 1756-Corte 17 février 1816), un Suisse comme le cardinal Fesch, oncle de Napoléon, un Suisse comme mes cousins Siméon de Buochberg9 (devenus maires de Corte en 1819, puis en 1861-1865, puis à nouveau de 1922 à 1935), un Suisse arrivé de son « canton des Grisons » et qui rencontre, à Corte, une jolie Provençale, Catherine Cone (v.1775Corte ap. 1827), née à Toulon, paroisse Sainte-Marie, la plus vieille paroisse du port. Elle a vingt ans en cette époque de troubles révolutionnaires synonyme de liberté(s). Il en a trente-neuf. S’ensuit une romance. Catherine a perdu son père10, militaire, ce qui autorise des libertés, et elle vit à Corte, avec sa mère veuve, Marie-Madeleine Gérard. David Soliva l’épouse à Corte le 20 mars 1795. Elle accouche six mois plus tard de votre quatrième aïeul Jean-Baptiste Soliva (Corte 24 septembre 1795-Corte 3 décembre 1824), pharmacien à Corte où il épousa le 26 août 1819 Anna Maria Canale11, 6œ4H =’ATo69i<o (ATo69i<o Ca<a7e bie< 6ûH) ! le4H fi76 A4T469i< (1823-1890), prénommé comme son oncle maternel, est le grand-père de votre grand-mère Sandreschi. Grâce à Corte, vous avez du sang suisse d’un 8. Paolo Nicolo Baldacci (v.1752-ap. 1818), maire de Corte en 1816. Fils de Domenico Baldacci chancelier de Corte en 1782. 9. Cousins par les Simonpietri d’Ortinola (de Centuri, cap Corse). Jean-Jacques Siméon de Buochberg, né à Lentz le 14 janvier 1765 (canton des Grisons) s’est embarqué à Toulon pour la Corse le 2 mai 1778. Capitaine suisse au service de la France, il a fait souche à Corte. Cf. François DEMARTINI, Armorial de la Corse, Ajaccio, A. Piazzola, 2003 (3 vol. préface de Michel Vergé-Franceschi). 10. Jean-Baptiste Cone, mort avant 1795. 11. Anna Maria Canale (Corte 8 décembre 1797-morte à Ghisoni entre 1872 et 1879. Elle est fille de Carlo Felippo dit Felippo Canale (v.1755-14 ans en 1769 lors du recensement de Corte-mort à Corte le 6 mars 1842) et d’Anna Theresa Giuli (v.1762-Corte 25 août 1825), mariés à Corte le 6 juin 1779. Cette dernière fille d’Andrea Giuli (v.1719-50 ans lors du recensement de 1769-mort à Corte le 12 février 1802) et de Maddalena Lorenzi (v.1718-51 ans en 1769 lors du recensement). Felippo Canale est le fils de feu Jean-Thomas Canale (mort av. 1769) et de Anne-Marie (v.1729-40 ans en 1769) avec laquelle il vit en 1769. Felippo Canale paraît être le frère cadet du R.-P. Pierre-Marie Canale, curé à Corte, 59 ans en 1769. – Andrea Giuli est le fils de feu Jules. 28 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME côté, toulonnais de l’autre ! Et ceci est une des caractéristiques de cette ville prétendue perdue au fond de ses montagnes… Aujourd’hui, évoquer Corte, pour un universitaire, c’est obligatoirement penser à l’université de Corte, plus connue sous le nom d’Université de Corte d’ailleurs que sous son nom d’Université Pascal Paoli. Pourtant, l’université de Corte doit sa création à Paoli, Général de la Nation corse de 1755 à 1769, lequel a fait de Corte la véritable capitale de l’île durant une quinzaine d’années, capitale « nationale », face à Bastia, la vieille capitale génoise. Petite ville de montagne, à l’intérieur de l’île, peuplée de deux mille habitants en 1770, Corte s’est soudain trouvée dotée d’une université le 1er janvier 1765. L’établissement emploie alors six professeurs sous l’autorité du Père Mariani de Corbara, nommé recteur de l’Université et professeur de droit, lequel « avait passé trois ans à Madrid comme secrétaire du Général des Franciscains ». L’enseignement s’y faisait en latin, hormis celui du droit professé en italien. Les enseignants y étaient des hommes « engagés » : le Père Grimaldi de Campoloro, professeur de philosophie et de mathématiques, est l’auteur d’un Discorso Sacro-Civile « où il enseigne qu’il faut considérer comme des martyrs ceux qui tombent au combat pour leur patrie ». Le Père Guelfucci est l’auteur d’une histoire intitulée Memorie per servire alla storia delle Rivoluzioni di Corsica, del 1729 al 1764… Le voyageur écossais Boswell – premier Britannique à faire le Tour de Corse (1765-1768) – écrit : « Les professeurs […] Pères de différents ordres religieux […] sont infatigables à la tâche et la jeunesse corse mo-./e à 1’é.45e 1’a/5e4/ e. 1a flamme q4i 1a ca/ac.é/i;e-. a4 comba.. I1 y a à Corte quelques assez belles salles où les professeurs donnent leurs cours […]. le; é.45ia-.; (q4i bé-éficie-. 5’é.45e; .o.a1eme-. E/a.4i.e;) ;o-. 1oEé; en ville […] [où] il y a une imprimerie […] une librairie […] tenues par un Lucquois », maître-imprimeur ramené de Naples par Paoli, qui « imprime […] les manifestes publics, les calendriers des jours de fête et de petits ouvrages de dévotion ainsi que la Gazette Corse ». Un professeur de droit, premier recteur de l’Université, arrivé de Madrid. Un voyageur écossais, premier Britannique arrivé d’Edimbourg en Corse. Un Lucquois, premier imprimeur de Corse, ramené de Naples. Cela donne le ton : Corte, aujourd’hui ville universitaire est, au XVIIIe siècle, une ville déjà fort cosmopolite malgré sa situation géographique. Mais – on le sait –, il n’y a point de « déterminisme géographique ». Corte : une capitale paoline et cosmopolite Fin 1765, Paoli s’est forgé la stature d’un véritable homme d’État : il a fait de Corte, en dix ans, une vraie capitale, avec un Conseil d’État, des COrtE, VIllE COsMOPOlItE AuX XVIIe Et XVIIIe SIÈCLES 29 consultes (c’est-à-dire des assemblées), réunies à Corte à partir de 1762, un gouvernement qui gère une armée permanente et une marine de guerre ; et 23 e35emb8e 9e :o2a=e5 j29iciai:e5, fi5ca2x, o2 mo3éDai:e5, avec 3oDamme3D la frappe des monnaies installée à Murato de 1762 à 1767, puis transférée à Corte en 1767 ; on trouve aussi à Corte une Imprimerie nationale fo39ée e3 1760 à Campo8o:o, p2i5 D:a35fé:ée à Co:De ; eD 8a vi88e bé3éficie d’un véritable historiographe en la personne de l’abbé Salvini dont la Giustificazione della Rivoluzione di Corsica (1758), publiée à Corte en 1764, véhicule les thèses des « patriotes » corses (« patriotes » dans l’esprit des Corses, mais appelés « rebelles » par les Génois). Paoli a su doter la Corse de structures qui impressionnent l’Europe au point que viennent à Corte, pour le rencontrer, une foule de voyageurs étrangers, la plupart écossais : – 1764 (13 novembre) : Chauvelin tente de négocier avec Paoli par l’intermédiaire du Père Guasco, futur évêque de Sagone et du Père Morazzani, servite. « Paoli leur donna audience en présence de deux seigneurs anglais12 » ! Chauvelin ayant tenté de s’emparer d’Ile-Rousse, « les deux Anglais que nos envoyés avaient trouvés auprès de Paoli combattirent pour leur hôte avec toute la chaleur que la haine du nom français leur inspire ». – 1765 : Séjour de Boswell en Corse auprès de Paoli. Boswell (17401795), maçon depuis peu (1764), futur député grand maître d’Écosse de 1776 à 177813, 9e5ce39 9e Joh3 Bo5we88 of A2chi38eck, officie: éco55ai5 qui est un des premiers maçons non opératifs dont l’initiation soit certaine : elle a eu lieu dès 160014. Dans les années qui suivent (1765-1769), Paoli reçoit une dizaine d’Écossais à Corte ! Certains portent le nom de Stuart. Dans une lettre du 11 octobre 1765, Boswell fait mention d’un mystérieux « Écossais Espagnol15 » ! I8 3e pe2D 5’a=i: q2e 9e 8’a::iè:e-peDiD-fi85 92 maréchal de Berwick : le marquis da Silva. 12. François-René-Jean, baron DE POMMEREUL (1745-1823), Histoire de l’isle de Corse, Berne, 1779, p. 281. 13. Daniel LIGOU, « Boswell », in : Daniel LIGOU (dir.), Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Paris, PUF, 1998, p. 159. 14. Ibid. 15. Francis BERETTI, Pascal Paoli et l’image de la Corse au XVIIIe siècle : le témoignage des voyageurs britanniques. Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, n° 253, 1988, p. 43. Boswell dit à son correspondant : « Si je péris dans cette expédition (de Corse), pensez à votre Écossais Espagnol ». Cf. aussi, du même auteur, « La contribution des voyageurs britanniques à l’élaboration de la gloire de Pascal Paoli (1765-1769) », in : Marco CINI (dir.), La nascita di un mito : Pasquale Paoli tra ’700 de ’800, Pise, Biblioteca Franco Serantini, 1998. 30 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME – 1766 (printemps) : Paoli reçoit le comte de Neny16, f%a'c-maço', fi-. du président du conseil de Marie-Thérèse. Boswell fait connaissance avec Nény à Londres, le 11 avril 1776. – 1766 (9 août-16 août) : Séjour à Corte d’Hervey (1730-1803), 4e comte de Bristol17, franc-maçon, débarqué à Macinaggio avec Burnaby. Hervey sera nommé Lord-lieutenant d’Irlande dix jours après son retour de Corse. – 1766 : Burnaby (v. 1734-Blackheath 1812), chapelain de la factorerie anglaise de Livourne ; consul d’Angleterre à Livourne (1764) en l’absence 2e si% Joh' dick, vie'; voi% Pao-i. so' fi-. .e%a j?.q?’e' 1818 -’exéc?;e?% testamentaire de Paoli. C’est chez lui que Paoli déposa son testament. Le 22 septembre 1769 Boswell rencontrera Burnaby pour la première fois à Londres, chez Paoli. – 1766 (mai) : Arrivée d’un trône royal à Corte. Il est arrivé « d’Italie ». Pourquoi ce trône arrive-t-il trois à quatre mois après le séjour de Boswell à Corte ? En fait, en mai 1766, vient de mourir à Rome le 2 janvier, le vieux P%é;e'2a'; s;?a%;, fi-. 2e Jacq?e. II 2é;%ô'é e' 1688 à lo'2%e.. le 'o?vea? Prétendant, Bonnie Prince Charlie, le vaincu de Culloden (1746), duc d’Albanie, a quarante-six ans. C’est le fameux « Prétendant » soutenu par le pape dont parlait déjà Paoli dans ses lettres à son père Giacinto en septembre 1754. « On sait que le pape s’est entremis pour faire céder [la Corse, lui écrivait-il] à un Prétendant (Stuart réfugié à Rome), contre une somme d’argent [versée à Gênes] […] L’Espagne, l’Empereur, le roi de Naples et tous les autres y consentaient ». Visiblement, le trône était destiné au Prétendant… Lorsqu’il mourra à Florence, le 31 janvier 1788, Paoli se précipitera au cours de l’été suivant, en Écosse, pour voir avec Boswell ce qu’il sera possible de faire en faveur du dernier mâle de la dynastie : le cardinal d’York, frère de « Bonnie Prince Charlie ». En 1790, lorsqu’il débarquera à Paris, Paoli rendra sa première visite à la duchesse d’Albanie, sa veuve ! – 1767 (juillet) : Le capitaine Bel, capitaine d’infanterie anglaise, passe de Livourne en Corse et rencontre Paoli à Corte. Ils ont des « conférences secrètes ». – 1767 (1er août-6 août) : Symonds vient voir Paoli à Corte après avoir visité l’Écosse (1762). Ami d’Hervey (son voisin), de Boswell et d’Arthur Young ; embarqué à Livourne le 28 juillet, Symonds passe par Monticello et reste à Corte six jours, voyant Paoli chaque jour. – 1767 (a?;om'e) : raimo'2o Cocchi, a'a;omi.;e e; a';iq?ai%e, fi-. 2? mé2eci' flo%e';i' A';o'io Cocchi, e.; a?p%è. 2e Pao-i. 16. Son voyage à Corte est signalé dans les Ragguagli de juin-août 1766 (dépêche de Corte du 13 août). 17. En raison de ses nombreux voyages, nombre d’hôtels ont pris le nom d’Hôtels Bristol. COrtE, VIllE COsMOPOlItE AuX XVIIe Et XVIIIe SIÈCLES 31 – 1768 (janvier) : Paoli accueille James Lockhart, Écossais de Carnwarth, colonel de l’Empereur. Il passe huit jours auprès de Paoli. C’est Lord Covington (Alexander Lockhart) qui apprit à Boswell la défaite corse de Ponte Novo. Paoli accueille Francis Stuart18, neveu d’Alexander Seton Montgomerie (1723-1769), dixième lord Eglinton, Grand Maître de la Grande Loge d’Écosse. – 1768 (juillet) : Dunant, Genevois, ancien capitaine des troupes du roi de Sardaigne, agent de George III d’Angleterre, arrive à Ile-Rousse. Reçu par Paoli à Corte, le Général lui dicte les besoins des « nationaux ». Boswell rencontrera Dunant à Londres, chez Paoli, en mars 1772. – 1768 (3-5 août) : John Stuart-Mountstuart est reçu par Paoli. Il reviendra en Corse en 1769 avec Pembroke. Les instructions de George III à son agent secret sont claires. John, quatrième comte puis premier marquis de Bute, doit : 1e se rendre à Corte ; et 2e sur ordre du comte de Shelburne obtenir des renseignements sur ce que prépare la France en Manche. Le 1er août, John qui voyage incognito sous le nom de John Murray, arrive sur les côtes de Corse. Débarqué près de Saint-Florent avec le Corse Filippo Masseria, il fait halte à minuit à Olmeta di Tuda où Paoli leur envoie des chevaux19. – 1768 (août) : Henry Benbridge est le premier Américain à venir en Corse. Ami de Boswell. Sa mère est remariée à Thomas Gordon, riche marchand écossais établi à Philadelphie que Paoli connaît de réputation pour la violence de ses pamphlets contre la royauté et le sacerdoce mais aussi pour ses traductions d’auteurs antiques. C’est George Gordon, écrivain écossais et mathématicien de renom, qui a constitué, à la demande de la Grande Loge d’Angleterre, la première loge maçonnique de Lisbonne (Lojo dos Hereges mercantes)20 car tous protestants. Il est l’ami de George Willison, portraitiste écossais qui a fait le portrait de Boswell à Rome en mai 1765. Le 27 août 1768, Paoli est à Olmeta. C’est sans doute à Olmeta que son portrait est peint. Benbridge quitte Ile-Rousse le 1er ou le 2 septembre. John Dick à Livourne se charge d’encadrer le tableau. Benbridge réalise un autre portrait de Paoli entre juin et octobre 1769. – 1768 (septembre) : Henry Humphrey Evans Lloyd, général gallois, pa34i6a7 8e6 s4;a346, a33ive à livo;37e fi7 aoû4 1768, 6e 4ie74 i7fo3mé 8e6 événements de Corse, change de nom et tente de passer en Corse sur un 18. Francis BERETTI, « La contribution des voyageurs britanniques à l’élaboration de la gloire de Pascal Paoli (1765-1769) », art. cit. 19. Ibid. ; Ragguagli dell’isola di Corsica : Echos de l’île de Corse : première époque, 17601768 (éd. Antoine-Marie Graziani et Carlo Bitossi), Ajaccio, A. Piazzola, 2010 : année 1768, Île-Rousse, lettre du 9 août ; Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse, n° 227-228. 20. Pierre-Yves BEAUREPAIRE, L’Europe des francs-maçons, XVIIIe-XXIe siècles, Paris, Belin, 2002, p. 19. Cf. aussi, du même auteur, La République universelle des francs-maçons. De Newton à Metternich, Rennes, Ouest-France, 1999. 32 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME bateau danois. Pris par les Français, reconduit en Toscane, il participe à une souscription de trois mille livres sterling en faveur de Paoli. – 1768 (1er novembre) : Fawkener et Archibald Menzies of Culdares d’Édimbourg embarquent à Livourne. L’un est capitaine d’infanterie, l’autre capitaine des gardes. Ils séjournent en Corse jusqu’au 1er décembre. – 1768 (décembre) : Paoli remercie pour l’arrivée de la « marchandise d’Écosse », canons, boulets, mitraille, poudre, achetés par Boswell et Crosbie, avocat d’Édimbourg ! Le 24 janvier 1769, Charles Gascoigne écrit à Boswell que ce chargement est à bord du navire Nancy. Sir Ferguson (franc-maçon) qui avait promis cent livres sterling à Boswell se dérobe. Boswell et Crosbie payent tout de leur poche21. À la veille de la défaite paoliste de Ponte Novo, toutes les manifestations de soutien dont jouit Paoli viennent d’Écosse et d’Irlande. – 1769 : Lorsque Paoli se prépare à combattre à Ponte Novo, il reçoit huit semaines avant la bataille, Gontaud-Biron, nouveau duc de Lauzun, bie*+ô+ -eco*0 12a*0 -42vei66a*+ 04 g2a*0 O2ie*+ (1773), affi6ié a4x 6o1eSaint-Jean de Montmorency-Luxembourg et La Candeur avant 1789, et Les Pyrénées, orient de Bagnères-de-Bigorre en 1791. – 1769 (25 fév2ie2) : lo20 s+avo20a6e (fi6- aî*é 0e s+ephe* Fox, com+e d’Ilchester et neveu d’Henry Fox, baron de Holland), quitte Bastia sur le même navire que Lauzun, dont il est un des familiers22. Paoli vient d’écrire à Mann (27 août 1768) qu’il souhaitait pouvoir « s’échapper » de Corse a4 ca- où 6e- +2o4pe- 0e lo4i- XV -’y i*-+a66e2aie*+. Ce++e f4i+e e-+ p2éparée par Paoli et Lauzun en février 1769, sorte de réplique de la fuite de Jacques II en 1688 dans l’autre sens (Nord/Sud et non Sud/Nord). – 1769 (12 avril) : Herbert, dixième comte de Pembroke, septième comte 0e Mo*+1ome2y, ma2ié e* 1755 à 6a fi66e 04 0e4xième 04c 0e Ma6bo2o41h, visite Paoli. Colonel, Lord de la Bedchamber (1769), il est accueilli par Paoli avec 1e John Stuart, vicomte Mountstuart, dit John Murray ; 2e avec le marquis Fagnani, Milanais ; et 3e avec « le chevalier Tancrède », sans doute Frédéric de Neuhoff qui se cache visiblement sous ce pseudonyme car Tancrède était un prince normand établi en Sicile qui participa à la prise d’Antioche et de Jérusalem qu’il gouverna en l’absence de son oncle Bohémond, ce qui en fait le précurseur de Frédéric, neveu de Théodore. Le Tasse en a fait le modèle des chevaliers dans sa Jérusalem délivrée, livre de chevet de Paoli et de tous ses amis britanniques dont le ménage Cosway. Pembroke, accueilli à Édimbourg par Boswell en 1774, appartient 21. Francis BERETTI, Pascal Paoli et l’image de la Corse au XVIIIe siècle…, op. cit. ainsi que « L’accueil de Paoli en Angleterre, automne 1769 », Études corses, n° 10, 1978, p. 59-69. 22. Mme Du Deffand signale que Milord Stavordale est reçu à dîner chez Lauzun le 28 décembre 1769. COrtE, VIllE COsMOPOlItE AuX XVIIe Et XVIIIe SIÈCLES 33 à 1a fami11e 7’A9abe11a Ch<9chi11 q<i avai@ 7oBBé à Jacq<eE II 7e<x fi1E naturels dont Berwick ! Non seulement Pembroke est, par sa femme, le cousin des Stuart-Fitz-James, issus de Berwick, et des marquis da Silva, mais il gravite depuis 1762 dans les milieux de la Navy car il s’est enfui ce@@e aBBée-1à avec 1a fi11e 7’<B 7eE lo97E 7e 1’Ami9a<@é. – 1769 (12 avril) : Charles Pierrepont-Medows, capitaine de vaisseau de la Royal Navy, vicomte Newark, rencontre Paoli. Il sera l’un de ses exécuteurs testamentaires. – 1769 (8 mai) : Les Paolistes sont vaincus à Ponte Novo face aux troupes 7e lo<iE XV. – 1769 (24 mai) : L’écossais Peter Capper Junior, de la Compagnie de forges Caron, de Falkirk (Écosse), se rend d’Ile-Rousse à Livourne après avoir rencontré Paoli. Ces forges sont sur le point de mettre sur pied la célèbre caronade23 fondue en Écosse (1774), adoptée par la Royal navy (1779) puis par la marine française (1794). – 1769 (juin) : Charles Wood, capitaine du Courrier des Bermudes, le comte Carletti de Monte Pulciano et le baron von Grotheus au service de Hanovre passent « trois jours auprès de Paoli ». Le 13, Paoli s’embarque à Porto Vecchio sur le Courrier des Bermudes. Il arrive à Livourne le 16. Le 18 septembre, il débarque en Angleterre à Harwich, là où Boswell avait embarqué sur le Prince de Galles le 6 août 1763 pour voyager en Europe. Boswell, durant cinq semaines, séjourne en Corse (octobre-novembre 1765) et il publie le récit de ce voyage, décrivant notamment Corte : « au centre de l’île […] Corte en est véritablement la capitale […] Le palais du Général s’y trouve ainsi que le siège suprême de la justice […] l’université […] le château ou citadelle […] Dans la plaine, au nord de Corte […] un co<veB@ 7e Cap<ciBE e@, a< flaBc 7e 1a co11iBe, a< E<7 7e 1a vi11e, <B co<veB@ 7e F9aBciEcaiBE ». MaiE 1’eEEeB@ie1 7e 1a pop<1a@ioB co9Ee eE@ fixé « 7aBE 7eE villages comme c’est la coutume dans les cantons suisses et dans certaines régions allemandes ». Rien ne prédestinait Corte – ville de montagne – à devenir une capitale, statut d’une ville qui se doit généralement d’être pourvue de communications faciles : Paris sur la Seine, Londres sur la Tamise, Lyon, capitale des Gaules, au carrefour du Rhône et de la Saône. Mais Corte est une capitale « résisante », c’est-à-dire une capitale « nationale » face à Bastia, capitale génoise bien desservie par la mer. Deux siècles plus tôt, pour Mgr Giustiniani, en 1531, Corte n’était qu’un village, « considéré (du reste) par beaucoup de gens comme le plus beau 23. Cf. Michel VERGÉ-FRANCESCHI, « Caronade », in : Michel VERGÉ-FRANCESCHI (dir.), Dictionnaire d’Histoire maritime, Paris, Robert Laffont, 2002, t. I, p. 301. 34 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME village de Corse, avec une très bonne forteresse ». Il ajoute : « C’est pratiquement le centre et le milieu de l’île ». Et c’est – dit-on – la raison pour laquelle Corte devint la capitale « nationale » de la Corse car, d’une part, elle est au milieu de l’île et, d’autre part, elle paraît inexpugnable. Au milieu de l’île : c’est exact. Thion de La Chaume, médecin français des troupes du Roi, écrit en 1782 : « Les villes principales (de l’île) sont Bastia, Ajaccio, Calvi, Saint-Florent, Bonifacio, toutes cinq sur le côté. Corte est dans le centre. C’est là qu’il serait à souhaiter qu’on établit le siège du gouvernement, le Conseil Supérieur, l’Université ». Mais inexpugnable, cela n’est peut-être qu’une illusion car cette ville perdue – dit-on – au milieu *e, mo/-1a3/e,, ,’avè7e avoi7 é1é fi/a;eme/1 </ v7ai ca77efo<7 e<7opée/ et ce, depuis longtemps. Son château ? Il a été construit en 1419 par Vincentello d’Istria, vassal de l’Aragon ! Ses églises paroissiales ? Elles sont dédiées à saint Marcel (la plus ancienne), et à l’Annonciation (celle construite vers 1650 dans le centre-ville) ; mais l’une de ses deux chapelles – Saint-Louis – a été construite en 1740 par la famille Arrighi qui s’illustre alors à l’Université de Padoue avant que de donner les futurs ducs de Padoue. L’autre chapelle – Sainte-Croix –, est la propriété d’une confrérie de pénitents depuis au moins 1633. Le reste est en grande partie dû aux troupes d’occupation de Louis XV. Dès 1770, Thion de La Chaume écrit : « on […] construit (à Corte) aux frais du roi, un canal qui conduit à la fontaine une source de très bonne eau » afi/ *’app7ovi,io//e7 e/ ea< ;a 3a7/i,o/ e1 ;e mo<;i/. À pa71i7 *e 1772, la garnison commence à convertir quelques terres en jardin. « Le Roy fait aussi les frais de la Briqueterie ». En 1784, la ville abrite un hôpital militaire de 124 lits. Bientôt, les troupes du roi voisinent avec les ecclésiastiques : le couvent franciscain construit entre 1456 et 1474 abrite vingt-six moines en 1784 ; celui des Capucins, construit en 1639, dix-huit ; et la chapelle sai/1e-C7oix e,1 17a/,fo7mée e/ ma3a,i/ po<7 ;e, effe1, *e ;a fo71ifica1io/. Malgré la présence de quelques boutiques, la citadelle, les casernes, la garnison constituent l’essentiel du paysage urbain. Une citadelle due à un vassal du roi d’Aragon. Une chapelle due à une famille cortenaise bien établie à Padoue. Un canal, une fontaine, une briq<e1e7ie, </ hôpi1a; mi;i1ai7e, *e, fo71ifica1io/, *<e, aux troupes françaises de Louis XV ! Cela fait beaucoup « d’étrangers » pour une ville réputée protégée par ses montagnes, pour une citadelle inattaquable et prétendue inexpugnable, pour une ville qui a accueilli un Lucquois arrivé de Naples comme premier imprimeur ; un professeur arrivé de Madrid comme premier recteur de son université ; deux seigneurs anglais en 1764 ; l’écossais Boswell en 1765 ; un comte irlandais, le futur évêque de Derry, le chapelain de la factorerie anglaise de Livourne en 1766 ; un capitaine d’infanterie a/3;ai,e, ;e b7i1a//iq<e Joh/ symo/*, e1 ;e flo7e/1i/ raimo/*o Cocchi en 1767 ; un colonel de l’Empereur, l’écossais Francis Stuart, le genevois COrtE, VIllE COsMOPOlItE AuX XVIIe Et XVIIIe SIÈCLES 35 Dunant, le vicomte John Stuart-Mountstuart, un portraitiste américain et deux capitaines écossais en 1768 ; le duc de Lauzun, un lord anglais en 1769, le comte de Pembroke, le vicomte Mountstuart à nouveau, un marquis milanais, un chevalier westphalien, deux capitaines de vaisseau de la Royal Navy, un industriel écossais outre le comte Carletti de Monte Pulciano et le baron Carlo von Grotheus au service de Hanovre, tous en 1769 ! Corte avec ses 2126 habitants en 1770, dont plus de 10 % « d’étrangers » à cette époque (250 individus) ne doit pas toutefois son cosmopolitisme – contrairement à la légende – à Pascal Paoli. Bien avant que l’enfant de Morosaglia ne devienne le Babbu, Corte jouissait déjà d’une longue tradition de Cortenais au service de l’étranger, notamment de Venise. Des Corses au service de Venise Venise est toujours apparue à une partie des Corses comme un refuge face à Gênes. Lorsque Sampiero envisageait d’assassiner Charles Quint à Rome sur le pont Saint-Ange, il envisageait déjà de fuir à Venise une fois le coup fait ! Il le dit au cardinal du Bellay et Brantôme le répète : «Ainsi qu’il (Charles Quint) passerait sur le pont Saint-Ange, il viendrait à lui, et, en feignant lui parler et présenter quelque requête, lui donnerait un grand coup de dague, étant tout à cheval, et aussitôt se précipiterait du cheval du haut du pont dans le Tibre, où étant dedans, lui, qui savait nager comme un poisson, nagerait si bien entre deux eaux, qu’on ne le verrait point, ainsi penserait-on que comme un désespéré aurait fait le coup, et après, désirant la mort, se serait ainsi précipité et noyé ; et cependant, tout le monde en cette opinion et effroi et recherchant son corps dans l’eau, coulerait et nagerait gentiment entre deux eaux jusque bien bas, et fort loin irait sortir, où là, dans une maison apostée et préparée, changerait d’habits et prendrait là un bon cheval turc, et mettant relais d’un autre en autre lieu, se sauverait ou à Venise, ou en Suisse, ou par voie de la mer en Constantinople24. » Depuis Lépante (1571), les Corses pro-vénitiens constituent en Corse un parti puissant hostile à Gênes et Federico Paleologo Oriundi, lieutenantcolonel et commissaire de la Marine royale italienne, en a recensé plusieurs centaines dans son travail réalisé en 1912 I Corsi nella Fanteria Italiana della Serenissima Repubblica di Venezia, publié à Venise. Parmi eux, plus de trente Ornano, dont près de vingt colonels dont Simone d’Ornano (dès 1525), Domenico d’Ornano (en 1592) ou Pietro Paolo d’Ornano (en 1594) 24. BRANTÔME, Des Couronnels françois (éd. J.-A.-C. Buchon), Paris, Société du « Panthéon littéraire », 1842, t. I, p. 694, col. 1. 36 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME a"#o%i'é pa% *e 'é,a# -e Ve,i'e à %apa#%ie% *e co%p' -e 'o, fi*' e, *a ca#hé-%a*e d’Ajaccio à l’embellissement de laquelle il contribua puissamment25. Tous ces Ornano se partagent entre Venise et les possessions de l’empire vénitien : Gio Francesco d’Ornano est capitaine à Crema en Lombardie (1602) ; Francesco Maria d’Ornano est gouverneur de Vérone ; Alfonso, membre du conseil communal de Crema (1636), colonel (1644) ; il meurt à Candie en 166726. la p*"pa%# -e' pa#%o,yme' co%'e' fi7"%e,# -a,' *e' *i'#e' -%e''ée' par Oriundi : Abbatucci, Agostini, Aicardi, Aitelli, Albertini etc… Chaque jour, ces militaires corses au service de Venise progressent dans la hiérarchie de leurs régiments : cadetto, soldato, caporalo, sergento, alfiere, tenente, capitan-tenente, capitano e# a##ei7,e,# *e' 7%a-e' -’officie%' '"pé%ie"%' : sergento maggiore, tenente colonnello, colonnello, voire d’officiers généraux : sergente maggiore di battaglia, tenente e sergento generale et ce p"i''a,# pa%#i -’officie%' co%'e' véhic"*e e, Co%'e e# e, E"%ope *’i-ée que Venise est une excellente République alors que Gênes est une suzeraine mi'é%ab*e. Mo,#e'q"ie" co,fi%me *e"%' -i%e' co"%a,# 1729 e, %e,#%a,# d’Italie lorsqu’il écrit : « Une république d’Italie (Gênes) tenait des insulaires (les Corses) sous son obéissance, mais son droit politique et civil à leur égard était vicieux » alors qu’il ajoute : «le peuple de Venise a « une bonne opinion de la justice de ceux qui le gouvernent » (Montesquieu, L’Esprit des lois). Néanmoins, les partisans de Gênes en Corse sont infiniment plus nombreux que ceux de Venise. Sebastiano Costa le regrette au début des années 1730 : le noble Vénitien Pantalone, écrit-il, « se trouvait un jour sous la célèbre Loge des Bancs (à Gênes), au milieu d’un grand nombre de gentilshommes génois rassemblés. L’un d’eux lui demanda quelle pouvait être la différence existant entre les deux Républiques, Venise et Gênes […] Ce M. Pantalone répondit […] «Ma République (Venise) met en œuvre toute sa sagesse et toutes ses ressources pour conserver sa puissance et elle n’y arrive pas. Elle fait tout ce qu’elle peut pour attirer les Corses et s’en faire aimer et elle n’y arrive pas non plus. La vôtre (Gênes), tout au contraire, emploie toute sa sagesse et ses ressources à amoindrir, sinon à perdre sa puissance, et elle n’y arrive pas. Elle met toute son application et sa volonté à dresser contre elle les Corses, à perdre leur affection, à en faire ses ennemis éternels, et elle n’y arrive pas non plus» ». Costa reconnaît par là que les Corses sont majoritairement pro-génois, mais les Vénitiens en Corse 'o,# bie, o%7a,i'é' pa%ce q"e ,omb%e -’officie%' co%'e' 'o,# a" 'e%vice de la République de Saint-Marc dans les armées de terre ou les escadres de 25. Cf. Michel VERGÉ-FRANCESCHI, Paoli, un Corse des Lumières, Paris, Fayard, 2005, p. 101, notes 24 et 26 (Prix Georges Goyau 2006 décerné par l’Académie française). 26. Ibid., p. 101, note 25. COrtE, VIllE COsMOPOlItE AuX XVIIe Et XVIIIe SIÈCLES 37 Venise : les Baglione, les Bastelica, les Basterga, les Battaglini di Tavagna, les Battisti, les Benedetti, les Buttafogo, les Calcatojo, etc. Gio Francesco Lusinchi de Zicavo27 est l’un d’eux. Lusinchi est issu de ces Corses pro-vénitiens, fort dévots, particulièrement proches du SaintSiège et du Roi Catholique. (C’est dans les Archives du Vatican d’ailleurs q2e 4’o7 8e98o2ve ce89ai7> po898ai9> @e> l2>i7chi officie8> vé7i9ie7>, p2b4ié> par Renée Luciani dans les Mémoires de Sebastiano Costa notamment et dans le Mémorial des Corses de notre collègue et ami Francis Pomponi) ! Au début du XVIIIe, les Lusinchi sont si bien assis à Zicavo qu’ils se disent, à tort ou à raison, « originaires de Milan28 », arrivés en Corse du temps où ga4eazzo Ma8ia sfo8za, @2c @e Mi4a7, co7fi8mai9 4e> Bozzi @a7> 4a po>>e>>io7 de leur seigneurie corse s’étendant de Chercho à Pruno, par acte passé à Pavie le 26 mai 147529. Au XVIIIe siècle, les Lusinchi, dont l’un s’appelle toujours « Milanino30 », et dont une branche réside toujours à Pruno jusqu’au début du XXe siècle, passent en tout cas au service de Venise31. De 1710 à 1785, @o2ze @’e798e e2x y >e8ve79 e7 q2a4i9é @’officie8> @’i7fa79e8ie : cadetto, soldato, alfiere, tenente, caporale, capitano. À Venise, les Lusinchi côtoient dix-sept cousins Paganelli appelés tantôt Paganelli, tantôt Paganelli-Zicavo, tantôt Zicavo tout simplement : parmi eux : un tenente generale Zicavo : il s’agit visiblement de Domenico Zicavo di Scaglionu, colonel, provéditeur général de l’armée chrétienne à Venise (1648), >e8[e79-majo8 @e ba9ai44e (1669) e9 e7fi7 tenente generale (premier adjoint du général en chef/generale in capite), mo79é >2ffi>amme79 ha29 dans sa hiérarchie pour tenir lieu de référence à ses neveux qui ne cessent de le revendiquer comme protecteur de leurs carrières respectives. Parmi les Paganelli, citons aussi un sergente maggiore di battaglia : Gio Carlo 27. Fils de Giuseppe. 28. Tradition rapportée par notre grand-mère Lucie Franceschi née Baldacci (1891-1974), petite-fille de Françoise Lusinchi (Bastia 1829-Bastia 1883) : les Lusinchi auraient été « cinq frères venus de Milan » au XVe siècle. 29. François DEMARTINI, Armorial…, op. cit., p. 137. 30. Milanino Lusinchi, major dans l’armée de Venise, colonel de la garde du roi Théodore en 1736, rompu vif à Ajaccio en 1740. 31. Fabio Lusinchi, vivant en 1731, neveu du général assassiné et Gio-Carlo Lusinchi, fils de Martino, soldat dans le régiment de Boretich à partir de 1726 et alfiere dans le régiment de Barban en 1734. – Gio-Francesco Lusinchi, lieutenant-colonel du roi Théodore en 1736. – Carlo Lusinchi, fils de Carlo, soldat dans le régiment Giapiconi en 1741/1755 – Carlo Lusinchi, fils de Guglielmo et neveu du bigadier Zicavo, cadet dans le régiment Giapiconi en 1741. – Carlo Lusinchi, capitaine à Naples en 1739. – César Lusinchi, adjudant-major à Naples en 1740. – Lusinchi Pietro, officier à Naples en 1740. – Domenico Lusinchi, lieutenant en 1769. – Girolamo Lusinchi, alfiere en 1784. – Girolamo Lusinchi, fils de Guglielmo, lieutenant en 1770. – Simone Lusinchi, fils de Carlo, caporal au régiment Giapiconi en 1741. – Giacomo Lusinchi, fils de Paolo, soldat au régiment Bortoluzzi en 1713. – Domenico Lusinchi-Zicavo, capitaine au régiment Guidi en 1784. – Gerolamo Lusinchi, capitaine au régiment Despin en 1783. 38 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME Paganelli-Zicavo (mort après 1769), ancien major dans les troupes de l’Empereur (1731), donné pour « nepote del tenente generale Zicavo » qui précède et qui servira à son tour de protecteur aux nouvelles générations de sa famille. Celle-ci compte aussi un autre sergente maggiore di battaglia : don Grazio Paganelli-Zicavo, donné en 1776 pour « nepote del sergente maggiore di battaglia ». La famille est complétée par un colonnello Carlo Zicavo en 1764, nommé responsable général des services de santé en Dalmatie ; par un tenente colonnello du régiment de Grisler en 1755, Carlo Paganelli-Zicavo ; et par un autre tenente colonnello Gio Carlo Zicavo en 1784. Elle compte aussi un tenente, Grazio Paganelli-Zicavo en 1775 ; deux capitaines : Giuseppe Zicavo, capitaine au régiment Giapiconi en 1741, et Giacomo Zicavo, capitaine au régiment Giapiconi en 1746 avant de devenir tenante colonnello en 1777. Il ne faut pas oublier un gouverneur de Brescia : Domenico Paganelli (v.1670-1744), sergent général au service de Venise, mort à Crémone ; ni plusieurs soldats du nom : Anton Filippo Paganelli, soldat dans le régiment Giapiconi en 1741 ; Carlo Paganelli, engagé dans le régiment de Boretich en 1726 ; Domenico Paganelli, enrôlé comme soldat en 1734 dans le régiment Giapiconi ; Carlo Zicavo, soldat du régiment Giapiconi en 1741 ; Pier Andrea Zicavo, soldat en 1741 au régiment Giapiconi ; et encore deux cadets : Pier Maria Zicavo, cadet au régiment Giappiconi en 1741 ; et Carlo Paganelli-Zicavo, cadet en 1769. Un Domenico Paganelli-Zicavo, au service du régiment Giapiconi en 1755, complète la série. Les Paganelli composent le même clan zicavais au service de Saint-Marc que les Abbatucci et les Lusinchi : Rosa Paganelli, fi((e *+ ,o+ve/0e+/ *e Brescia, épousa du reste en 1722 Giovan Severino Abbatucci (v.1700-1750), officie/ *e (’a/mée vé0i8ie00e, *’où giacomo Pie8/o (1723-1813). réG+(8a8, tous ces militaires corses au service de Venise ont une expérience du 8e//ai0 G+ffiGa08e po+/ jo+e/ +0 /ô(e impo/8a08 e0 Co/Ge à pa/8i/ *e (a Révolution de 1729. Au milieu du XVIIIe siècle, un chanoine Paganelli fut un ardent « patriote » dans la guerre de Quarante Ans (1729-1769). Et Cesare Paganelli, Père de la commune de Zicavo en 1763, orchestra une véritable pétition de notables pour obtenir, cette année-là, la libération d’Abbatucci, prisonnier de Paoli. Au moment de la Révolution française et sous l’Empire, en 1791-1808, le maire de Zicavo est Gio Carlo Paganelli, ancien podestat. Ancien cadet (1769) dans le régiment de Grisler, brigadier (1771), il fut chargé de la formation des bataillons de volontaires corses à partir de 1793. E0fi0, fo/mée a+x a/méeG *e Ve0iGe, ce88e fami((e Pa,a0e((i a *o00é 8/oiG chirurgiens en exercice à Zicavo entre 1770 et 1790 avant que Domenico Paganelli, lieutenant au service des Anglais, ne soit considéré comme « émigré » en 1799. COrtE, VIllE COsMOPOlItE AuX XVIIe Et XVIIIe SIÈCLES 39 Les Lusinchi de Zicavo32 côtoient à Venise trois cousins Abbatucci, tous 2e Zicavo e: ;o:amme;: sa;=eve>i;o Abba:@cci (v.1700-1750), officie> 2e l’armée vénitienne ; il épousa en 1722 Rosa Paganelli qui lui donna 1e don Giacomo Abbatucci, lieutenant-colonel au service de Venise, gouverneur de Brescia (1735) après son grand-père maternel Paganelli de Zicavo, et 2e son frère le célèbre général Giacomo Pietro Abbatucci (1723-1813), ancêtre « historique » de cette maison. Docteur en médecine, député à l’Assemblée des États de Corse (1770), lieutenant-colonel au régiment Provincial Corse (1775), maréchal de camp (1792), général de division (1796), chevalier de Saint-Louis, il fut maintenu dans sa noblesse par arrêt du Conseil supérieur de la Corse le 21 décembre 1776 sur preuves de 1561. En outre, la famille Lusinchi – ultra-catholique – compte nombre de prêtres : le R.P. Giuseppe Anton Lusinchi, et le Reverendo Simone Francesco Lusinchi33, prêtres en 1730, le Reverendo Anton Lusinchi, syndic du couvent franciscain de Zicavo en 1753, le prévôt Bucchini, piévan de Zicavo34 et le R.P. Michelo Angelo Lusinchi, recteur du séminaire d’Ajaccio. Alfiere au régiment de Boretich à partir de 1728 (peut-être en remplacement de Gio Carlo Lusinchi alfiere dans le même régiment à partir de 1726), puis lieutenant d’infanterie au service de Venise, Gio Francesco Lusinchi est en Corse lors des événements de 1730, en soi-disant permission comme =o; co@=i; PaQa;eRRi, officie> a@ =e>vice 2e R’Empe>e@>. Chef é;e>Qiq@e, Lusinchi marche sur Ajaccio en août 1730 à la tête de deux mille révoltés et se retrouve nommé lieutenant général des malcontenti le 22 décembre. Il attaque alors toutes les places occupées par Gênes entre Ajaccio, Sartène et Bonifacio. Le 18 mars 1731, il s’empare de la seule fontaine de Sartène extra-muros, saccage la campagne environnante et obtient la reddition de la place. La prise de Sartène n’est pas seulement une victoire co>=e : Re chef 2e R’expé2i:io; e=: e; >éaRi:é officie> 2a;= Re= a>mée= 2e Venise. Mais Gênes mit sa tête à prix et il fut assassiné près de la fontaine de Zicavo. 32. Cf. François DEMARTINI, op. cit. ; Lisandru BASSANI et al., Zicavu : una mimoria par dumani. Un itinéraire dans l’histoire d’une communauté villageoise corse de l’Altu Taravu, sans lieu, Association Zicavu (diffusion Édisud), 1985, 345 p. ; Antoine-Marie GRAZIANI et José STROMBONI, Les feux de la Saint-Laurent. Une révolte populaire en Corse au début du XVIIe siècle, Ajaccio, A. Piazzola, 2000 ; Michel VERGÉ-FRANCESCHI, « Généalogie de la famille Lusinchi », Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse, n° 646, 1er-2e trimestre 1984, p. 9-41 ; Michel VERGÉ-FRANCESCHI, Histoire de Corse. Le pays de la grandeur, Paris, le Félin, 1996 (1ère éd.), p. 299-302, 312, 329, 331, 338, 375, 378, 448 et 451. 33. Inhumé au couvent franciscain de Zicavo. 34. De son vrai nom noble Pier-Maria Leccia, fils de Pietro. 40 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME Don Luigi Giafferi (Talasani v. 1669-Naples 1745)35 est un exemple e"co%e p'() )i+"ifica.if. giaffe%i e). 'e chef 3( pa%.i i"féo3é à Ve"i)e 3ep(i) plus d’un siècle. Le premier Giafferi connu en Corse est son arrièregrand-père Antonio Giafferi de Talasani36, dit Italiano, surnom qui fait penser qu’il est peut-être Vénitien. Mort avant 1615, Antonio est le père de Gian Paolo (v. 1554-1647). Tous deux ont été colonels au service de Venise. Ce 3e%"ie% a e( à )o" .o(% ci"q fi') : .%oi) f(%e". p%ê.%e)37, le quatrième Francesco38 (pè%e 3e 3o" l(i+i), officie%, )(%i".e"3a". 3e tava+"a e. 3e Ca)i"ca ; e. e"fi" Za""e..i"o, alfiere. En 1696, don Luigi est capitaine au service de Venise39. Né au sein de cette grande lignée insulaire inféodée à Venise, Giafferi est à la tête d’un clan qui réunit autour de sa personnalité nombre de prêtres, de militaires et d’amis : le vieux docteur Vittini, parrain de Paoli ; le « neveu » du docteur : le capitaine Anton Francesco Giappiconi de Tavagna, alfiere au service de Venise au sein d’une compagnie du %é+ime". Bo%e.ich ; '’épo()e 3e giappico"i, pe.i.e-fi''e 3( 3oc.e(% 3e’Ba..i).i établi à Venise, tous personnages qui font l’objet du travail de Thierry Giappiconi dont la thèse vient d’être brillamment soutenue40. Giafferi est le pivot de ce clan qui jouit de protections telles, à Rome et à Vienne que, même lorsqu’il sera emprisonné par les Génois, il sera toujours ménagé par eux d’autant plus qu’après la prise de Sartène par Lusinchi, Gênes a compris qu’elle n’a pas affaire à une jacquerie mais à un coup d’État mi'i.ai%e o%che).%é pa% 3e) officie%) )oi. à 'a )o'3e 3e Ve"i)e (l()i"chi, Giafferi), soit en passe de devenir colonels espagnols (Bozzi, Ceccaldi). Andrea Ceccaldi (1692-1741) pour Gênes est moins dangereux. Médecin, troisième général de la nation corse, il est le jeune beau-frère de Giafferi. Prêt à poursuivre la lutte engagée par sa famille contre les Génois, Ceccaldi n’a aucun des siens dans les armées de Venise en dehors de son beaufrère Giafferi. En revanche, il est prêt à passer au service de Philippe V qui le recrute comme colonel. 35. Giovacchino CAMBIAGI, Istoria del regno di Corsica, sans lieu, sans nom, 1770-1772 (4 vol.), et Francesco Ottaviano RENUCCI, Storia di Corsica, Bastia, Typ. Fabiani, 1833-1834 (2 vol.). 36. François DEMARTINI, op. cit. 37. Pietro Batta, Angelo Francesco, Francesco Antonio. 38. Né vers 1610. On le dit souvent mort en 1667 ce qui ne correspond pas aux 72 ans de son fils en 1741. 39. Hyacinthe YVIA-CROCE, Quarante ans de gloire et de misère. La révolution corse, 1729-1769, Ajaccio, Albiana, 1996, p. 231. 40. Thierry GIAPPICONI, La place de Venise dans le parcours militaire et politique de notables ruraux corses au XVIIIe siècle, thèse de doctorat d’histoire sous la dir. de Michel Vergé-Franceschi, Université de Tours, 2010. COrtE, VIllE COsMOPOlItE AuX XVIIe Et XVIIIe SIÈCLES 41 Des Cortenais pro-vénitiens Corte est une ville étonnante car cette capitale, perchée au milieu &e( mo+,a.+e(, e, &’1+ accè( pa5,ic17iè5eme+, &iffici7e, f1,, a1x XVIIe et XVIIIe siècles, une ville particulièrement ouverte sur le monde. Au XVIIe siècle, de Corse, comme du temps de Lépante (1571), certains insulaires partent au secours de Venise, lors de la guerre de Candie (1645-1669), tel le corsaire cap corsin Giorgio Maria Vitali (cap Corse v. 1610-Constantinople juin 1668). Illustré dans l’archipel grec, il s’établit à ti+o( (me5 É.ée) où Ve+i(e 7e +omma (e5.e+, .é+é5a7 &e 7a flo,,e &e( Vé+i,ie+( afi+ &e &éfe+&5e ce( pa5a.e( co+,5e 7e( t15c( a1 co15( &e 7a .1e55e de Candie (1645-1669). S’illustrant au combat, fait chevalier de Saint-Marc, mentionné par Morati di Muro41, il fut tué par les Turcs et sa mort fut célébrée dans la capitale de l’Empire ottoman comme un événement. I7 7ai((a 1+ pa5e+, co5(ai5e à ti+o( (A+.e7o Ma5ia Vi,a7i) e, &e1x fi77e( mariées en Corse. Plusieurs insulaires s’illustrèrent dans les rangs des armées vénitiennes lors de la chute de Candie en septembre 1669. Parmi eux, pluieurs chevaliers de l’ordre de Saint-Etienne de Toscane dont Pietro Franceschi, né vers 1633 à Centuri, inhumé à Centuri en 1686, église Saint-Sylvestre42. Sa dalle armoriée existe toujours. En 1669 à Zante, colonie vénitienne, nombre de Corses sont aussi au service de Venise comme à Candie, dont les Pozzo di Borgo. Ajacciens, cousins du colonel des gardes corses en poste auprès du pape en 1664, et &’1+ .a5&e-co5(e po+,ifica7 &e ce +om comp5omi( &a+( 7a cé7èb5e affai5e « des gardes corses », les Pozzo di Borgo de Zante sont issus de Stefano capitaine au service de Venise venu à Zante au début du siècle, lequel a tous les siens inhumés en la chapelle San Francesco de la forteresse de Zante. so+ fi7( dome+ico, (e5.e+,-majo5 &e( o5&o++a+ce( &e Za+,e &ep1i( 1656, est en 1669 commandant et provéditeur général de la citadelle de Parga. Majo5 &e 7a p7ace &e Ca+&ie, i7 a épo1(é à Za+,e 1+e je1+e fi77e &e bo++e famille des îles ioniennes43, &’où ,5oi( fi7( officie5( : 7e p5emie5, capi,ai+e au service de Venise ; le deuxième, sergent-major et bientôt capitaine de la citadelle de Parga en 1671 ; le troisième, sergent-major et capitaine 41. Pietro MORATI DI MURO, « Prattica manuale del dottor Pietro Morati di Muro » (éd. V. de Caraffa), Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse, n° 54-55, juin-septembre 1885, 355 p. et n° 56-57, octobre-décembre 1886, 515 p. 42. Cf. Michel VERGÉ-FRANCESCHI, Histoire de Corse…, op. cit. 43. Domenico Pozzo di Borgo, né le 12 mars 1612, mort à Parga (Zante) le 17 mars 1685. Il s’est marié à Zante le 29 avril 1649 à la fille de Giorgio Apostoliti (François DEMARTINI, op. cit., p. 156 d’après l’Archivio di Stato di Venezia, Senato Terra, filza 333 et les registres paroissiaux de Zante, outre les inventaires notariés de ses biens). 42 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME au service de Venise en 1683. Le quatrième, prêtre fanatique, futur chancelier épiscopal de Zante, convertit en 1692 la mosquée de Gastuni (Morée) en église latine de Notre-Dame de l’Annonciation. Natifs de Corte, la dynastie des Boerio commence par donner à Venise Angelo Santo Boerio, colonel au service de la République, inhumé dans l’église Santa Catarina des Carmes de Crema après avoir reçu plusieurs lettres de satisfaction du doge de Venise ; puis, en 1692, Anton Francesco Boerio (1649-1719), capitaine-lieutenant de la compagnie du colonel Angelo sa'(o Boe,io, ,eç/( à 0o' (o/, /' ce,(ifica( 3e bo'0 e( 5oya/x 0e,vice0 3e Giovanni Marco Michiel, podestat et capitaine de Crema pour la République de Venise. Mais la famille s’illustre surtout à la troisième génération avec Giovan Tomaso Boerio (1672-1757)44, lieutenant-colonel au service de Venise par brevet du 8 août 1691 signé par le doge Francesco Morosini, puis colonel au service de Venise par brevet du 19 octobre 1697 signé par le doge Silvestro Valerio. Gentilhomme de la chambre du duc de Parme (1699), puis colonel au service de l’Espagne par brevet de Philippe V du 6 février 1720, il se trouva associé à Andrea Ceccaldi et à Luiggi Giafferi comme capitaine général et gouverneur du royaume de Corse le 16 septembre 1731 avant de mourir à Venise en qualité de ministre du Roi Ca(ho5iq/e. so' hé,i(ie, f/( 5e fi50 3e 0o' co/0i' @e,mai', giova' toma0o Boe,io (1739-1808) 5eq/e5 3o''a Pa0ca5 Pao5i po/, pa,,ai' à 0o' fi50 Pasquale Francesco Tomaso Boerio (1767-1818). C’est en faisant de la généalogie que nous nous sommes rendu compte du véritable cosmopolitisme qui existe à Corte dès le XVIIe siècle et qui se prolonge tout au long du XVIIIe siècle. Au détour d’une page, au sein des registres paroissiaux de Corte – fort anciens et fort bien conservés (et restaurés à l’initiative de la Mairie de Corte) –, on constate qu’une Maria Baldacci (née vers 1760)45, veuve de Salvadore Verdone d’Omessa (qu’elle avait épousé à Corte le 15 août 1780) se remarie à Corte le 25 juin 1787 à Jean-Georges Sendily di Reedlinger « soldat dans le régiment de Chateauvieux, de Souabe » alors que sa sœur Maria Giuseppe Baldacci, 'ée à Co,(e 5e 23 ma,0 1783, 0e (,o/ve ê(,e 5a fi55e/5e 3/ Signor Carlo Saliero « prévôt de Nancy, Lorraine », lequel avait expédié sa procuration, depuis Nancy, à Corte, au cavaliere Narcisso Baldacci, son père, pour faire procéder à la cérémonie sans lui. Un baptême. Un mariage. Un prévôt de Nancy ! Un soldat de Souabe. Les dés étaient jetés. 44. Cf. sa correspondance aux Archives étrangères, Paris, correspondance politique, Corse I (1732-1738), in : Carmine STARACE, Bibliografia della Corsica, sans lieu, Istituto per gli studi di politica internazionale, 1943. 45. Sœur de notre 5e aïeul Gio Baldacci, cittadino de Corte et fille du cavaliere Narcisso Baldacci, aussi cittadino de Corte. COrtE, VIllE COsMOPOlItE AuX XVIIe Et XVIIIe SIÈCLES 43 Au détour des registres paroissiaux et des archives de Corte des XVIIe et XVIIIe siècles, il n’est pas rare de trouver des annotations comme celles-ci q2i fi526e89 9o29e; <a8; >e 6ece8;eme89 <e >a pop2>a9io8 <e Co69e 6éa>i;é par les autorités françaises, pour la première fois, en 1770 : « François est à Venise depuis longtemps » ou encore : «Augustin Viso Serribaldi est en terre ferme. Baptiste, frère d’Augustin, est à Venise » ou encore : « Dominique frère d’Etienne Santucci est à Rome. Et André son autre frère, prêtre, est à Venise, depuis longtemps » ou encore : « Marcel est à Venise, depuis longtemps » ; « l’abbé Joseph est à Venise » ; « le Père Léonard Pieraggi, prêtre, est à Rome depuis plusieurs années, de même que Grégoire et le Père Jean-Baptiste, jésuite » ; « François Marie Casanova est passé en terre ferme avec Paoli » ; « Jacques Philippe est de même avec Paoli » ; « Simon Giudicelli est parti avec Paoli ». Rome. Venise. Londres (où réside Pasquale de’Paoli depuis 1769) sont les localisations ou les destinations qui reviennent le plus souvent dans ce recensement de 1769-1770. La France arrive en quatrième position avec par exemple Jean-Jacques-François Siméon de Buochberg, né à Lentz (canton des Grisons, Suisse) en 1765, arrivé en Corse dès 1778, bientôt « capitaine suisse au service de France », retiré en 1814 et futur maire de Corte dès 1820 ! David Soliva (v.1756-1816), mon cher Marc, votre cinquième aïeul, est peut-être arrivé à Corte avec lui. Les destinations majoritaires de Rome et Venise nous montrent que Corte se trouve comme quelques autres foyers corses (Zicavo, la plaine de Moriani, terre des Giafferi et des Giappiconi) au centre d’un véritable « 6é;ea2 » q2e 8o2; avo8; <éfi8i pa6 ai>>e26;46 comme un réseau ultracatholique ou dévot, proche à la fois du Saint-Siège et de Venise, dernier rempart de la Chrétienté face aux Turcs. Comme les Boerio, les Baldacci de Corte sont des notables, relativement nombreux : en 1770, trois « feux » Baldacci sont mentionnés dans le recensement de la population de Corte. En 1818, on en compte dix ; notables qui donnent nombre de notaires au XVIIIe siècle et d’assez riches propriétaires de bestiaux et d’immeubles (ils ont le plus beau troupeau et le plus bel équipage de toute la région : quatorze vaches et six chevaux). En outre, le 20 septembre 1763, Pascal de’Paoli fut le parrain de Giovanni Baldacci, pe9i9-fi>; <e F6a8ce;co e9 fi>; <’a296e giova88i e9 <e Pa2>i8a47 ; sa marraine fut Maria-Angelica de Gaffory. 46. Cf. Michel VERGÉ-FRANCESCHI, Paoli…, op. cit. (Prix Georges Goyau 2006 décerné par l’Académie française). 47. Registre paroissial de 1763, mairie de Corte. Les liens avec les grandes familles de Corte (les Arrighi et les Gaffory) sont constants : Giuseppe Baldacci (v.1670-av. 1735) maria sa fille Olympia à Blaise Arrighi (fils de Simon), à qui elle donna Giuseppe le 24 décembre 1735, filleul du R.P. Paolo Baldacci. 44 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME Nombre de familles notables de Corte s’inscrivent dans cette tradition de la guerre aux Turcs, au sein des armées de Venise, du Vatican et des Habsbourg. Les Baldacci, fort catholiques, s’enorgueillissent d’avoir donné A"#o" Pao'o Ba')acci (mo.# ava"# 1697), ma.ié à Co."e'ia )e si;"o.i, fi''e de Giacomo de Signori (mort en 1695), et sœur du noble Giovan Antonio de Signori, marié à Maria Madalena Arrighi : ce dernier couple en effet e># >" fi'?, B'ai?e )e si;"o.i (1676-1740), .eç> f.a"ci?cai" )e '’Ob?e.va"ce au couvent de Corte en 1693 sous le nom de Théophile et qui n’est autre que saint Théophile de Corte48, béa#ifié e" 1895, ca"o"i?é e" 1930 ap.è? avoi. .eç> 'e #i#.e )e vé"é.ab'e )è? 1755 pa. )éc.e# )e Be"oî# XIV ! C’e?# ce catholicisme intransigeant, voire exacerbé, qui incite Domenico Baldacci, né à Corte vers 1705, à prendre du service dans les armées impériales du Habsbourg. Général au service de l’Autriche, il porte bientôt pour armes : « D’argent à une grenade au naturel ouverte de gueules, feuillée de deux pièces de sinople ; elle est inscrite à dextre de son ouverture du mot Deus et à senestre du mot Dies en lettres d’or ; (« Dieu, un jour ») ; tenants : deux anges de carnation, ceints d’un tablier et tortillés d’argent49 ». Armes quasi « parlantes » : Dieu ! Des anges ! Entré au service de l’Empereur (1724), Domenico Baldacci combattit les Turcs (1735-1739), prit part à la guerre de succession d’Autriche (1744-1748) et s’illustra à la bataille de Piacenza (1746). so" fi'? A"#o", homme )’É#a# a>#.ichie", c.éé ba.o" e" 1809, e?# cité par A. Vannucci dans son tableau médical de la Corse50. so" a>#.e fi'?, 48. Cf. abbé Camille ABEAU, Vie du bienheureux Théophile de Corte, prêtre des Mineurs de l’observance de Saint-François, Paris, P. Téqui, 1896. En 1740, un Baldacci était notaire et chancelier de la Magnifique communauté de Corte ; élu par le Sérénissime collège et le Petit conseil, son logement se trouvait au Palais national, comme celui du lieutenant, et au même étage ; ses fonctions étaient d’ordre notarial et fiscal ; c’est devant lui que les notables de Corte dressèrent en 1740 la généalogie du Père Théophile qui est le cousin germain de Giovan Battista Baldacci baptisé le 17 décembre 1672 à Corte, filleul d’Anton Santo Baldacci fils du lieutenant de Corte et de Maria Anna épouse d’Orsino Romei. Giovan Battista épousa le 6 juin 1703 Maria Francesca Arrighi. Le lieutenant de la ville de Corte, désigné par le gouverneur génois de Bastia, était en 1606/1621 Marchione Baldacci, lequel administrait la cité depuis son logement (futur Palais national de Pascal Paoli) : Arch. dép. Corse-du-Sud, C 255 Civile governatore ; il vit le 4 mars 1606 et le 20 septembre 1621, de même qu’en 1625 (Jean SUBERBIELLE, Histoire de Corte…, op. cit., t. I, p. 107). Au XVIIe siècle, ses pouvoirs sont considérables : il fait notamment respecter par la population coutumes corses et statuts génois. Représentant du gouverneur, il a droit à un estafier (laquais armé qui lui sert de garde du corps, porte son manteau et lui tient l’étrier). Marchione – qui perçoit 900 livres annuelles de traitement –, reçoit en 1621 le récolteur des impôts qui vient faire une enquête, car nombre d’habitants n’ont pas payé la taille (Jean SUBERBIELLE, Histoire de Corte…, op. cit., t. I, p. 107). En 1652, parmi les conseillers élus de la ville, on trouve Anton-Francesco Baldacci, Giovan-Battista Baldacci, Paolo Baldacci et leur allié, AngeloFrancesco Feracci (Jean SUBERBIELLE, Histoire de Corte…, op. cit., t. I, p. 109). 49. Johannes Baptist RIETSTAP, Armorial général contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l’Europe, Gouda, 1884-1887, 2e éd., 2 vol. (1ère éd. : 1861). 50. Ange VANUCCI, Tableau topographique et médical de l’île de Corse, Bastia, Impr. Fabiani, 1838. COrtE, VIllE COsMOPOlItE AuX XVIIe Et XVIIIe SIÈCLES 45 Giuseppe, au service de l’Autriche lui aussi, combattit au cours de la guerre de Sept Ans (1756-1763), lutta contre les Turcs puis contre la France révolutionnaire (1795)51. Antonio laissa à son tour Antonio von Baldacci, ba3o5 a673ichie5 (1830), officie3 D6pé3ie63 e5 daHma7ie e7 Emma56eHe vo5 Baldacci, battu dans le cadre de l’insurrection hongroise en 1848-1849. Il y a là une certitude : avec Antonio Arrighi, professeur de droit à l’Université de Padoue ; avec les Boerio ou les Baldacci, au service des armées vénitiennes et impériales, la ville de Corte a eu une ouverture sur le monde méditerranéen et l’Europe très tôt, dès le XVIe siècle (avec Leonardo de Corte (1505-1598), le compagnon de Sampiero et l’aïeul des Arrighi de Casanova) et la ville n’a pas du tout attendu l’installation tardive de Pascal Paoli au Palazzo nationale cortenais (1755) pour jouir d’une réputation de ville cosmopolite : au contraire, un siècle avant Paoli, plusieurs Cortenais s’illustrent notamment dans les armées vénitiennes et ce, dès l’époque de la guerre de Candie (1645-1669), même si Giovanni Casanova de Corte capitano in Venetia n’a pas eu la prestigieuse carrière de Leonardo Casanova de Corte, mort maréchal de camp général des Corses et des Italiens par brevet d’Henri III, gouverneur de Sisteron (à partir de 1577), chevalier de Saint-Michel (dès 1582) et ancien maître de camp des compagnies corses (1576) a6 De3vice Se Cha3HeD IX Se VaHoiD. En quittant la Corse, mon cher Marc, votre grand-mère Sandreschi vous a ouvert la voie, vers la péninsule Italienne elle aussi, vers les Agostino, puis vers l’Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3. Vous avez fait honneur à cet établissement universitaire pendant plusieurs décennies. Permettez-donc à la Corse de vous revendiquer, en partie, Monsieur le Professeur et cher cousin, au même titre que les Arrighi de Casanova de Corte qui enseignaient à l’Université de Padoue au XVIIIe siècle et dont le nom est inscrit sur la statue cortenaise du duc de Padoue, à proximité de la villa du maire Sandreschi. Si l’éméritat vous en laisse le loisir, n’oubliez pas la parenté de « nos vieux » comme on dit dans nos villages de Corse avec saint Théophile de Corte. Il ne pourrait avoir de meilleur biographe que vous. 51. Tous deux sont cités par Raoul COLONNA DE CESARI-ROCCA, Armorial corse, Paris, H. Jouve, 1892, et par François DEMARTINI, op. cit., B. Emmert a laissé un article « Sull’origine corsa dell’Austriaco Antonio von Baldacci », Archivio storico di Corsica, a55ée IX, 5° 24, 1933, p. 115 sqq. Ces Baldacci autrichiens s’allièrent aux familles Freün von Hunyadi, von Földvàry, et von Lottman. 4 Bibliographie des travaux de Marc Agostino Histoire générale, études de presse et historiographie Ouvrages (en collab. avec Robert FRANK, Jean-Jacques BECKER, Francis DÉMIER), Histoire : terminales A, B, C, D, Paris, Belin, 1989, 479 p. (en collab. avec Jean-Claude DROUIN, Sylvie GUILLAUME et Jacqueline HERPIN), Textes d’histoire contemporaine. 1. Le XIXe siècle, Talence, Presses universitaires de Bordeaux (Images), 1991, 257 p. (en collab. avec Jean-Claude DROUIN, Sylvie GUILLAUME et Jacqueline HERPIN), Textes d’histoire contemporaine. 2. Le XXe siècle, Talence, Presses universitaires de Bordeaux (Images), 1995, 199 p. (direction en collab. avec Françoise BÉRIAC et Anne-Marie DOM), Les ralliements. Ralliés, traitres et opportunistes du Moyen Âge à l’époque moderne et contemporaine, Bordeaux, Centre de Recherches sur les Origines de la Civilisation de l’Europe Moderne et Contemporaine, 1997, 295 p. Articles « L’œuvre de Bernard Guillemain », in : Françoise BÉRIAC (textes réunis par), Les prélats, l’Église et la société, XIe-XVe siècles. Hommage à Bernard Guillemain, Talence, Centre de Recherches sur les Origines de la Civilisation de l’Europe Moderne et Contemporaine, 1994, p. 9-12. 48 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME « Du Ralliement aux ralliements », in : Marc AGOSTINO, Françoise BÉRIAC et Anne-Marie DOM, (dir.), Les ralliements. Ralliés, traitres et opportunistes du Moyen Âge à l’époque moderne et contemporaine, Bordeaux, Centre de Recherches sur les Origines de la Civilisation de l’Europe Moderne et Contemporaine, 1997, p. 9-16. « In Memoriam : André-Jean Tudesq (1927-2009) », Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, 3e série, n° 17, 2011, p. 7-10. Bordeaux et l’Aquitaine Ouvrages Le cardinal Lecot, Thèse de 3e cycle (Histoire) sous la direction de Georges Dupeux, Université de Bordeaux, 1974, 276 f°. Deux siècles de catholicisme à Bordeaux (1800-2000), Bordeaux, Mollat, 2001, 193 p. (dir.), Tempéraments Aquitains et Nouveauté Religieuse. Rerum novarum et l’enseignement social de l’Église dans le Sud-Ouest de la France, Talence, Presses universitaires de Bordeaux, 1993, 228 p. (dir.), La cathédrale Saint-André, reflet de neuf siècles d’histoire et de vie bordelaises, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux (Identités religieuses), 2001, 176 p. Articles « la (iff+,io. 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Hommage au chanoine Roger Aubert, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain pour ses 95 ans, Louvain-Cité du Vatican, Bibliothèque de la Revue d’histoire ecclésiastique / Collectanea Archivi Vaticani, 2009, p. 283-290. 54 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME « La place de l’Église dans les relations internationales », in : [Association des professeurs d’histoire et de géographie], Histoire et géographie des religions. Actes 2004, Bordeaux, CRDP d’Aquitaine (Les Journées de l’APHG Aquitaine), 2005, p. 43-47. « léo' XIII *a', -e, ac0e, p2b-ic, *e ,e, ,2cce,,e25, », in : Philippe LEVILLAIN et Jean-Marc TICCHI (dir.), Le pontificat de Léon XIII. 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BIBlIOgrAPHIE dEs trAVAuX dE MArC AgOstInO 55 Horizons lointains Articles « Invention française de la Kabylie », in : « Découvertes et explorateurs (Actes du colloque international, Bordeaux, 12-14 juin 1992, VIIe Colloque d’Histoire au présent) », Sources. Travaux historiques, 1994, n° 34-35, p. 475-482. « le ca:;i=a> lavi@e:ie eA BeB BCcceBBeC:B. réflexio=B BC: >e caAho>iciBme en Algérie », in : L’aventure française en Algérie, 1830-1962, Bordeaux, Cercle algérianiste de Bordeaux, 1997. « Les journaux quotidiens d’Algérie et l’opinion », in : Philippe BAUDORRE (dir.), La plume dans la plaie. Les écrivains journalistes et la guerre d’Algérie, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux (Sémaphores), 2003, p. 57-63. « Sedan, Adoua, La Havane, échec de trois nations », in : Josette PONTET (dir.), Autour des figures de l’échec, Pessac, Centre Aquitain d’Histoire Moderne et Contemporaine, 2005, p. 55-63. « Le culte de la Vierge à Fatima », in : Bruno BÉTHOUART et Alain LOTTIN (textes réunis par), La Dévotion mariale de l’an 1000 à nos jours, Arras, Artois Presses Université (Histoire), 2005, p 137-143. « Le cardinal Baudrillart et l’Espagne », in : « Les échanges religieux entre la France et l’Espagne du Moyen Âge à nos jours (Actes du colloque organisé par la Société d’histoire religieuse de la France, Bordeaux, 12-14 septembre 2002) », Revue d’histoire de l’Église de France, t. XC, n° 224, 2004, p. 247-257. « L’invitation au voyage en terre d’Islam : approches française et italienne vers 1930 », in : Laurent TISSOT (dir.), L’attrait d’ailleurs. Images, usages et espaces du voyage à l’époque contemporaine (130e congrès national ;eB BociéAéB hiBAo:iqCeB eA Bcie=AifiqCeB, la roche>>e, 2005), Pa:iB, éd. du CTHS (éd. électronique), 2010, p. 61-67. « Conversion des Kabyles » ; « Fêtes catholiques » ; « Jésuites en Algérie » ; « Organisation de l’Église catholique » ; « Pratiques catholiques », in : Jeanine VERDÈS-LEROUX (dir.), L’Algérie et la France, Paris, Robert Laffont, 2009, p. 237-239, 383-385, 482-483, 649-653 et 706-709. Table des matières PARTIE INTRODUCTIVE 1. Historien du religieux Jean-Pierre MOISSET ........................................................................... 7 2. De la Méditerranée à l’Atlantique : le parcours de Marc Agostino, historien du monde chrétien contemporain Josette PONTET .................................................................................. 15 3. Corte, ville cosmopolite aux XVIIe et XVIIIe siècles Michel VERGÉ-FRANCESCHI................................................................ 25 4. Bibliographie des travaux de Marc Agostino................................... 47 PREMIÈRE PARTIE – BORDEAUX ET L’AQUITAINE 5. Les résidences de Clément V en Bordelais (1305-1308) Jean-Bernard MARQUETTE ................................................................ 59 6. Guerres de villes et guerres de religion en Périgord Anne-Marie COCULA ......................................................................... 73 7. Entrées en religion sous l’Ancien Régime : l’exemple $e& fi((e& $e& Cives burdigalenses Laurent COSTE .................................................................................. 91 458 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME 8. Les transformations de la cathédrale de Bayonne au XVIIIe siècle Josette PONTET ................................................................................ 107 9. L’univers matériel des gens d’Église en Bordelais à $a fi' (e $’A'cie' ré0ime Éric SUIRE ....................................................................................... 131 10. De Chalais à Neuchâtel et Bordeaux : Jacques Deluze et ses descendants. Protestantisme et mouvements de population, entre mémoire et histoire Séverine PACTEAU-DE LUZE ............................................................. 147 11. « Le clergé dans la mêlée ». L’abbé Naudet et la propagande catholique en milieu ouvrier : les débuts mouvementés d’un nouvel apostolat social Frédéric KNERR............................................................................... 163 dEuXIÈME PArtIE – LA FRANCE ET LES ESPACES FRANCOPHONES 12. l’échec (e $a po$iDiqFe (e co'coG(e (e ChaG$eI IX, (e $a pacificaDio' (e sai'D-geGmai' (10 aoûD 1570) à la Saint-Barthélemy (24 août 1572) Jean-François LABOURDETTE .......................................................... 175 13. Balzac et Lamennais Louis BERGÈS .................................................................................. 193 14. Pierre-Sébastien Laurentie (1793-1876), le dernier légitimiste du XIXe siècle. Ultra-royalisme et ultramontanisme Jean-Claude DROUIN ...................................................................... 211 15. Les Semaines sociales de France : itinérances de 1904 à 2004 Bruno BÉTHOUART ........................................................................... 227 16. Panorama des mouvements catholiques dans le cadre scolaire français depuis le XIXe siècle Ludovic LALOUX .............................................................................. 241 TABLE DES MATIÈRES 459 17. L’« antichrématistique » selon Hergé Christophe LASTÉCOUÈRES............................................................... 253 18. La gauche française au pouvoir à l’épreuve de l’enseignement catholique : 1981-1984. Nouvelle donne et règlement par la crise Jacques PALARD .............................................................................. 273 TROISIÈME PARTIE – ROME, LE VATICAN ET L’ITALIE 19. la p*e,,e f*a.çai,e e0 1e, é1ec0io., po.0ifica1e, au début du XVIIIe siècle François CADILHON ......................................................................... 287 20. Lettres de Rome. Le cardinal Villecourt et ses correspondants français à l’heure de l’Unité italienne Nicolas CHAMP................................................................................ 299 21. Catholiques et orthodoxes face à la question sociale. Pour une approche comparée Jean-Dominique DURAND ............................................................... 315 22. Fascination italienne et mission à Rome d’Hubert Lagardelle, un intellectuel français dans son siècle Christine BOUNEAU ......................................................................... 331 23. L’Église de Jean-Paul II et l’islam : une doctrine à l’épreuve de l’expérience Delphine DUSSERT-GALINAT............................................................. 357 24. Béa0ifie* Jea.-Pa;1 II ? Philippe LEVILLAIN .......................................................................... 371 460 CONTRIBUTIONS À UNE HISTOIRE DU CATHOLICISME QUATRIÈME PARTIE – TERRES LOINTAINES 25. L’Espagne, méditerranéenne ? Alexandre FERNANDEZ ..................................................................... 387 26. Deux synagogues d’Algérie. Ou l’orientalisme peut-il devenir une modalité de la francisation ? Dominique JARRASSÉ ....................................................................... 397 27. Tradition et modernité dans la presse missionnaire : Afriquespoir (1998-2011) Annie LENOBLE-BART ....................................................................... 413 28. Religion et identité nationale : de l’Amérique coloniale aux États-Unis (1607-1791) François-Charles MOUGEL ............................................................. 427 29. « San Francisco, guarda mis animalitos… ». Ex-voto contemporains à Santiago du Chili Philippe LOUPÈS.............................................................................. 441 Tabula gratulatoria ................................................................................ 455 ÉDITIONS KARTHALA Collection Mémoires dÉglises A la rencontre des Kapsiki du Nord-Cameroun, Duriez Christian Altérité religieuse, un défi pour la mission chrétienne (L), Zorn J.-F. (éd.) Anne-Marie Javouhey (1779-1851), Lecuir-Nemo G. Anthropologie et missiologie, Servais Olivier Cardinal Biayenda et le Congo-Brazzaville, Sounga-Boukono G. Catholicisme au Burundi, 1922-1962 (Le), Mvuyekure A. Catholicisme en Haïti au XIXe siècle (Le), Delisle Ph. Cent ans de catholicisme au Mali, Diarra P. Cent cinquante ans au cur de Rome. Le séminaire français, Levillain Ph. Chrétiens doutre-mer en Europe, Spindler M. et Lenoble-Bart A. (éd.) Christianisme, mission et culture, Coulon P. et Melloni A. Claude-François Poullart des Places et les Spiritains, Coulon P. Concurrences en mission, Eyezoo S. et Zorn J.-F. Conditions matérielles de la mission, Pirotte J. (dir.) Diffusion et inculturation du christianisme (XIXe-XXe s.), Comby J. Église de Pointe-Noire (Congo-Brazzaville) (L), Pannier Guy Espace missionnaire (L), Routhier G. et Laugrand F. Histoire du christianisme au Cameroun, Messina J.-P. et van Slagaren J. Histoire du christianisme en Afrique. Les sept premiers siècles, Arnauld D. Histoire religieuse des Antilles et de la Guyane françaises, Delisle Ph. Identités autochtones et missions chrétiennes, Servais O. et Chanson Ph. Images et diffusion du christianisme, Pirotte J. Kalouka et Zoungoula. 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Le chemin vers Tamanrasset, Chatelard Antoine Chercher jusquà la fin, Jossua J.-P. Comprendre lAfrique, Luneau René Deuxième synode africain (Le), Ndi-Okalla Joseph Dieu est dans linstant, Jossua J.-P. Dire lévangile avec les mots daujourdhui, Corbineau Jean Femmes et prêtres mariés dans la société daujourdhui, Landry J. Foi dAfricain (Ma), Ela J.-M. Foi dun agnostique chrétien (La), Rogues Jean Lettres et messages dAlgérie, Claverie Pierre Libres paroles dun théologien rwandais, Ntezimana Laurien Longue marche en Chine avec lévangile, Leclerc du Sablon J. Monique Maunoury, une disciple de Charles de Foucauld, M. Cl. Bergerat Paraboles nouvelles, Luneau René Paroles de chrétiens en terre dAsie, Cheza M. Le Pentecôtisme au Brésil, Corten André Prêtre en Algérie, Janicot Bernard Quarante jeunes martyrs de Buta, Bukuru Z. Quatre saisons du christianisme (Les), Mengus Raymond Synode africain à lautre (Dun), Ndi-Okalla Joseph Questions disputées Défis de lévangélisation dans lAfrique contemp., Santedi Léonard Le deuxième Synode africain, Cheza Maurice Dieu peut-il mourir en Afrique ? Messi-Metogo Eloi Dogme et inculturation en Afrique, Santedi Léonard Église du christianisme céleste (L), Surgy (de) Albert Église, famille de Dieu, Appiah-Kubi Francis Homme africain au milieu du gué (L), Bureau René Laïcs dans une Église dAfrique. Luvre du Cal Malula, Moerschbacher M. Lire la Bible en milieu populaire, Mabundu Massamba Fidèle Paroles et silences du Synode africain, Luneau René Pour des Églises régionales en Afrique, Ndongala Maduku Ignace Récit et théologie, Ndi-Okalla J.-M. Repenser la théologie africaine, Ela Jean-Marc Synode africain (Le), Cheza Maurice Collection Études littéraires Aux sources du roman colonial, Seillan J.-M. Coran et Tradition islamique dans la littérature maghrébine, Bourget C. Culture française vue dici et dailleurs (La), Spear T. C. (éd.) De la Guyane à la diaspora africaine, Martin F. et Favre I. De la littérature coloniale à la littérature africaine, János Riesz Dictionnaire littéraire des femmes de langue française, Mackward C. P. Discours de voyages : Afrique-Antilles (Les), Fonkoua R. (éd.) Dynamiques culturelles dans la Caraïbe, Maximin C. Écrivain antillais au miroir de sa littérature (L), Moudileno L. Écrivain francophone à la croisée des langues (L), Gauvin L. (éd.) Écrivains afro-antillais à Paris 1920-1960 (Les), Malela B. Édouard Glissant : un « traité du déparler », Chancé D. Esclave fugitif dans la littérature antillaise (L), Rochmann M.-C. Essais sur les cultures en contact, Mudimbe-Boyi E. Francophonie et identités culturelles, Albert C. (dir.) Habib Tengour ou lancre et la vague, Yelles M. (éd.) Histoire de la littérature négro-africaine, Kesteloot L. Imaginaire dAhmadou Kourouma (L), Ouédraogo J. (dir.) Imaginaire de larchipel (L), Voisset G. (éd.) Insularité et littérature aux îles du Cap-Vert, Veiga M. (dir.) Itinéraires intellectuels, Chaulet Achour Ch. (dir.) Littérature africaine et sa critique (La), Mateso L. Littérature africaine moderne au sud du Sahara (La), Coussy D. Littérature et identité créole aux Antilles, Rosello M. Littérature franco-antillaise (La), Antoine R. Littérature francophone et mondialisation, Veldwachter N. Littérature ivoirienne (La), Gnaoulé-Oupoh B. Littératures caribéennes comparées, Maximin C. Littératures dAfrique noire, Ricard A. Littératures de la péninsule indochinoise, Hue B. (dir.) Le métissage dans la littérature des Antilles fr., Maignan-Claverie Ch. Maryse Condé, rébellion et transgressions, Carruggi N. (dir.) Mobilités dAfrique en Europe, Mazauric C. Mouloud Feraoun, Elbaz R. et Mathieu-Job M. Nadine Gordimer, Brahimi D. Parades postcoloniales, Moudileno L. Poétique baroque de la Caraïbe, Chancé D. Roman ouest-africain de langue française (Le), Gandonou A. Trilogie caribéenne de Daniel Maximin (La), Chaulet-Achour C. Achevé d’imprimer en mai 2013 sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery 58500 Clamecy Dépôt légal : mai 2013 Numéro d’impression : 304393 Imprimé en France La Nouvelle Imprimerie Laballery est titulaire de la marque Imprim’Vert® COLLECTION mémoire d’Églises dirigée par Paul Coulon L’histoire religieuse est un champ de recherches dynamique. Sur la très longue durée, du Moyen Âge à l’époque très contemporaine, cet ouvrage se propose d’en explorer les plus récents questionnements et objets. Adoptant de multiples échelles – locale, régionale, nationale ou internationale –, les contributions ici réunies reflètent les curiosités et le cheminement intellectuels de Marc Agostino, professeur émérite à l’université de Bordeaux 3. Après une thèse de troisième cycle sur le cardinal Lecot (1831-1908), figure symbolique de l’épiscopat de la Troisième République (1974), Marc Agostino consacra sa thèse d’État à Pie XI et l’opinion publique (1986), examinant en particulier les presses française et italienne. Il poursuivit parallèlement ses travaux sur le catholicisme du Sud-Ouest aquitain, lesquels débouchèrent sur ses Deux siècles de catholicisme à Bordeaux (2001). Depuis 2012, il est membre correspondant du Comité pontifical des Sciences historiques. De Bordeaux à Rome, des rivages de la Méditerranée au continent américain, ce volume entend revisiter une partie des interrogations et des terrains d’investigation de Marc Agostino. On parcourt d’abord les traces laissées par les identités religieuses en Aquitaine avant de projeter un nouvel éclairage sur les débats suscités par les engagements religieux des catholiques dans la France des temps modernes. Le magistère pontifical, ses prises de position et ses relais constituent également un objet longuement examiné. Enfin, l’affirmation des appartenances religieuses et plus particulièrement catholiques dans le monde contemporain se retrouve au cœur des ultimes textes proposés. Coordonnateurs de l’ouvrage, Claire Laux, Jean-Pierre Moisset et Nicolas Champ sont maîtres de conférences à l’université de Bordeaux 3. Leurs travaux portent sur l’histoire religieuse contemporaine. ISBN : 978-2-8111-0874-8