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Mémoires de la Société généalogique canadienne-française volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 Conseil d’administration : Gisèle Monarque (5090) présidente Paul-Émile Richard (18734) vice-président Yves Bissonnette (17939) trésorier Suzanne Houle (18680) secrétaire Administrateurs : Sommaire Le mot de la présidente Gisèle Monarque 257 Le billet de la rédaction Hélène Lamarche 259 Les origines des familles Le Neuf et Le Gardeur Boniface et René Le Gardeur, sieurs de Tilly Roland-Yves Gagné 261 Les pionniers du lac Sainte-Marie dans la vallée de la Gatineau (1837-1848) Serge Goudreau 277 Hélène Lamarche (9119) Jessica Bolduc (18393) Richard Masson (17093) Micheline Perreault (6360) Michelle Dupuy (19244) La généalogie génétique : un survol Guy Robert Direction générale : La triste fin de Marie Quelquejeu, Fille du roi Mona Andrée Rainville 323 Notule généalogique 110 Les Clairmont : éléments nouveaux et errata André Saint-Martin 326 Suzanne Galaise (9324) directrice générale Responsable des archives : Jean-Marc Garant (14977) 292 De l’île de Barra (Écosse) à la Baie-des-Chaleurs, le mystère des MacIntyre enfin dévoilé Denis J. Savard 303 Les articles parus dans cette revue sont répertoriés dans Repère. Comité de rédaction : Notre mémoire collective à la dérive Josée Tétreault 258 Hélène Lamarche (9119) rédactrice en chef Recension Gilles Laprade 260 Collaborateurs pour ce numéro : Les chroniques Suzanne Galaise – Décès, changements d’adresse et nouveaux membres – Boîte aux questions et réponses 328 330 333 Index 334 Rémi Tougas (1928) Yollande Boyer (9010) Guy Desjardins (12244) Nicole Roussel (13504) Micheline Perreault (6360) Marie Janelle (13111) Richard Masson (17093) Jean-Pierre Proulx (7016) Page couverture : Ève Beauregard-Malak et Jean Bergeron (Éditions Mots en Toile), au lancement du troisième tome de l’ouvrage de Marthe Faribault-Beauregard, La Population des forts français d’Amérique (XVIIIe siècle) Fort Détroit , le 26 octobre dernier, dans le cadre du colloque de la SGCF sur les Forts français en Amérique. Société généalogique canadienne-française Depuis 1943 Membre de la Fédération québécoise des sociétés de généalogie Membre de la Fédération des sociétés d’histoire du Québec Maison de la Généalogie : 3440, rue Davidson, Montréal (Québec) H1W 2Z5 Téléphone : (514) 527-1010 • Télécopieur : (514) 527-0265 Courriel : [email protected] • Internet : http://www.sgcf.com/ Horaire de la Maison de la Généalogie Lundi Mardi Mercredi* * ** 16 h 30 – 21 h 30 16 h 30 – 21 h 30 13 h 00 – 19 h 00 Jeudi Vendredi** Samedi 9 h 30 – 16 h 30 9 h 30 – 16 h 30 9 h 30 – 16 h 30 Le 2e mercredi de chaque mois de septembre à juin inclusivement. De septembre à juin inclusivement. Les membres résidant à plus de 100 kilomètres de Montréal désirant venir en dehors des heures indiquées, sont priés de prendre rendez-vous auprès de la Direction au moins une semaine à l’avance. Conférences mensuelles et assemblée générale des membres Le deuxième mercredi de chaque mois à 19 h 30, de septembre à mai; l’assemblée annuelle des membres a lieu en juin à 19 h00. Pour connaître la programmation de l’année, voir le numéro d’été de la revue Mémoires ou consulter notre site Internet. Communiqué Tout avis de changement d’adresse doit parvenir à la Société le plus tôt possible. Toute réexpédition de la revue Mémoires entraînera des frais de 3 $. Veuillez avoir l’obligeance de toujours mentionner votre numéro de membre et votre adresse chaque fois que vous communiquez avec nos services. Cotisation Cotisation Individus Associé - sans revue 1 an 45 $ CAN 25 $ CAN 1 an 50 $ US - € 25 $ US - € à vie 900 $ CAN 500 $ CAN Revue Mémoires Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien. Infographie : Archiv-Histo – impression : Marquis imprimeur ISSN 0037-9387 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2014 Bibliothèque et Archives Canada, 2014 Mot de la présidente Gisèle Monarque (5090) Marthe Faribault-Beauregard et les forts français d’Amérique M embre émérite de la Société généalogique canadienne-française dont elle faisait partie depuis 1954 et présidente de 1985 à 1990, Marthe Faribault-Beauregard a toujours su concilier ses multiples responsabilités administratives avec la recherche historique et généalogique comme en témoignent les nombreux ouvrages à son nom. Tout particulièrement intéressée par les forts qui jalonnaient les grands cours d’eau depuis les Grands Lacs jusqu’au Mississippi sous le Régime français, elle se lança, en utilisant les ressources de l’époque, à l’assaut des registres d’état civil (baptêmes, mariages et sépultures) tenus par les missionnaires de ces régions lointaines. La recherche amorcée vers 1972 déboucha sur la publication des deux premiers tomes de La population des forts français d’Amérique (XVIIIe siècle) en 1982 et en 1984. Sa mort devait malheureusement interrompre la poursuite du projet. Avec la collaboration de sa fille Ève Beauregard-Malak, il a été possible de récupérer ses recherches concernant le fort de Détroit pouvant ainsi compléter son œuvre en la rendant accessible aux chercheurs. On trouvera dans ce troisième tome non seulement des baptêmes, mariages et sépultures d’Européens mais aussi d’esclaves noirs (dans certains cas les propriétaires ou maîtres de ces derniers sont mentionnés) et d’Amérindiens dont les noms ont été transcrits tel que trouvés dans les registres1. Une réédition des deux premiers tomes présentement épuisés, est prévue. Vaudreuil-Dorion, Québec gmonarvideotron.ca 1 La population des forts français d’Amérique (XVIIIe siècle). Répertoire des baptêmes, mariages et sépultures du fort de Détroit, tome III, Éditions Les mots en toile, 2014, 572 pages. Pour plus d’informations, voir sur le site de la Société : www.sgcf.com/ Frais postaux et cotisation annuelle En raison de la sensible augmentation des frais postaux, la cotisation annuelle des membres demeurant à l’extérieur du Canada a dû être majorée et portée de 45 à 50 dollars US ou euros. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 257 257 Notre mémoire collective à la dérive Josée Tétreault (14875) A u Québec, comme partout ailleurs, nous passons de plus en plus de temps devant la télévision, l’ordinateur ou encore sur notre téléphone portable. Si bien qu’il nous reste souvent bien peu de temps à consacrer aux membres de nos familles, particulièrement aux personnes âgées de notre entourage que l’on ne compte généralement pas parmi nos amis Facebook. Ces personnes d’âge mûr sont souvent laissées à elles-mêmes, dépassées par cette nouvelle technologie qu’elles n’arrivent plus à suivre. Pourtant, elles ont tant à nous donner, tant d’histoires à nous raconter. Partagés entre le travail, nos enfants, la ligue de quille et Unité 9, nous, leurs enfants, n’avons plus le temps de les écouter alors que leurs petits-enfants, eux, n’y voient souvent aucun intérêt. C’est à regret que ces grands-parents nous quittent apportant avec eux l’histoire des générations qui nous ont précédées. « Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle », écrivait Amadou Hampaté Bâ1. Contrairement à la majorité des personnes de mon âge, Nancy, une collègue de travail, aura eu la chance de grandir entourée de ses parents, de ses grands-parents et de son arrière-grand-mère. Tous habitaient la même maison au Cap-Saint-Ignace, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Grâce aux récits de ses grands-parents et de son arrière-grand-mère, Nancy détient une foule d’informations sur ses ancêtres. Pour ma part, je regrette de ne pas avoir eu la chance de partager le quotidien de mes aïeuls. Bien que je sois une adepte de la généalogie depuis une trentaine d’années, ce n’est que quelques années avant le décès de mon grand-père paternel, en 1997, que j’ai su qu’il était passionné par l’histoire et la généalogie. Malheureusement, à ce moment, il souffrait d’emphysème depuis déjà plusieurs années. Lorsque je lui rendais visite, il était tellement heureux d’avoir quelqu’un avec qui partager sa passion, qu’il s’emballait et était incapable de poursuivre la conversation durant plus de quelques minutes. Que n’aurais-je pas donné alors pour revenir en arrière ! Pendant que j’arpentais les couloirs des centres d’archives de la province à la recherche de mon histoire familiale, mon grand-père, lui, ne souhaitait qu’une oreille attentive à qui raconter son histoire, celle de ses parents et celle de ses grands-parents. Pendant longtemps, j’ai cherché dans quelles circonstances le premier Tétreault était arrivé à SaintValérien-de-Milton et pourquoi il utilisait couramment le surnom de Ducharme à cette époque. Étonnamment, c’est mon grand-père qui détenait la réponse à ma question. Il m’apprit que Prudent Tétreault était venu se réfugier dans le canton de Milton avec sa famille suite à la rébellion des Patriotes. Recherché par les autorités, il aurait alors adopté le surnom de Ducharme pour brouiller les pistes. Cette histoire, c’était son père, petit-fils de Prudent, qui la lui avait racontée. Dans les familles québécoises, à une époque pas si lointaine, les histoires de famille comme celle-ci se transmettaient d’une génération à l’autre. Malheureusement, aujourd’hui, on a de moins en moins d’intérêt pour ces récits, si bien que nos vieux albums de famille sont, hélas, de plus en plus parsemés d’illustres inconnus. [email protected] 1 258 Extrait de « Amkoullel, l’enfant Peul » de Amadou Hampâté Bâ (écrivain et ethnologue malien 1900-1991). MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 258 Billet de la rédaction Hélène Lamarche (9119) Des articles qui font écho I l arrive assez souvent qu’un article récemment publié dans les Mémoires entraîne une suite dans un des numéros suivants. C’est un chercheur qui en inspire un autre, ou encore un auteur qui reprend et enrichit ses premières conclusions. Ces échos apportent une fois de plus la preuve qu’une généalogie n’est jamais terminée et qu’il ne faut pas attendre d’avoir tout fini avant de publier quoi que ce soit. Vaut mieux publier quitte à rectifier par la suite que de tout enfouir, au risque de tout perdre. C’est la grâce que je souhaite à tous en même temps que mes meilleurs vœux pour l’année nouvelle. Dans ce numéro Guy Robert propose aux profanes que nous sommes (presque) tous un survol de la généalogie génétique ou filiation biologique, un sujet qu’il nous faudra bien devoir apprivoiser tôt ou tard. Avec les McIntyre, Denis Savard nous entraîne sur la piste peu connue d’un groupe d’Écossais catholiques trimballés par l’Histoire depuis l’île de Barra jusqu’au Nouveau-Brunswick en passant par l’île du Prince-Édouard et Québec. Autre saga familiale, celle des Le Neuf – Le Gardeur qui prend fin avec le huitième article que Roland-Yves Gagné a consacré à ces deux entreprenantes lignées. Les chercheurs qui croient avoir perdu des ancêtres quelque part au cours du 19e siècle devraient peut-être se tourner vers les grandes zones d’exploitation forestière – Outaouais, Saguenay, Mauricie – qui se développaient alors. Comme le démontre Serge Goudreau avec l’exemple de la vallée de la Gatineau et du lac Sainte-Marie, l’isolement des colons et la rareté de la présence missionnaire n’empêchaient pas les couples de se former ni les enfants de naître. On y découvre aussi qu’à défaut de registres paroissiaux, les rapports d’un arpenteur peuvent être d’une grande utilité pour identifier les occupants d’une région. Enfin, nous laisserons Mona Andrée Rainville clore cette année de la commémoration des Filles du roi avec la triste histoire de l’une d’entre elles. Montréal-Lachine [email protected] MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 259 259 Recension Gilles Laprade (2024) Louis Gagnon, Louis XV et le Canada, 1743-1763, Les éditions du Septentrion, Québec, 2014, 181 pages. À la mort de Louis XIV (1715), son successeur Louis XV n’a que cinq ans. Pendant sept années, sous la tutelle de Villeroy et du futur cardinal de Fleury, il vivra entre Vincennes et les Tuileries. Sacré à Reims, en octobre 1722, il subira tout au long de ces années, et même plus tard, de fortes influences de son entourage. Certains intimes marqueront fortement de leurs conseils et de leur persuasion nombre de ses décisions. À propos de la marquise de Pompadour, l’auteur note : « C’est toujours le roi qui décide, mais la favorite qui lui impose ses vues et ses hommes. » De même Voltaire, puissant conseiller auprès du roi, écrit dans Candide : Vous savez que ces deux nations (la France et l’Angleterre) sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut. Qualifié d’homme « tout entier voué à la paix par éducation et par inclination », il restera toujours « un roi hésitant à l’excès ». Cette histoire (européenne ou américaine) aux conséquences tragiques pour le Canada, et qui a souvent et longuement été analysée et étudiée, est ici racontée en soulignant constamment les répercussions de ces conflits sur la cession du Canada à l’Angleterre. Pour Louis XV, les colonies ne valent pas ce qu’elles rapportent et nécessitent une défense presque impossible à cause de l’éloignement et de la faiblesse de la Marine; il serait « illusoire de vouloir garder une colonie peuplée et riche » qui, dans ce cas, pourrait éventuellement rêver d’« indépendance ». Dans un style concis, clair et efficace, s’appuyant sur une documentation solide (avec références en bas de page), l’auteur apporte un éclairage particulier à ces événements d’une importance majeure pour les Français d’Amérique. Un index des noms de personnes et des noms de lieux, une bibliographie et même (heureuse initiative !) une liste de lectures suggérées complètent utilement cet intéressant ouvrage. Un regard singulier sur un personnage attachant ! 260 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 260 Les origines des familles Le Neuf et Le Gardeur Boniface et René Le Gardeur, sieurs de Tilly Roland-Yves Gagné (3249) Huitième et dernière partie d’une étude consacrée aux familles Le Neuf et Le Gardeur L ors d’un précédent article1, le lecteur a vu que Jean Le Gardeur et Jeanne Le Tavernier ont eu cinq enfants. Voici la lignée cadette, qui a laissé une descendance en Amérique du Nord. Boniface Le Gardeur, fils cadet de Jean, anobli en 1510 La lignée canadienne des Le Gardeur est issue de Boniface, père de René et grandpère des Canadiens Charles, Pierre et Marguerite, épouse de Jacques Le Neuf, sieur de la Poterie. Voici les actes subsistants à son sujet : –– Le 18 mars 1527/1528 2, pour trente sols, il achète de Virgilles Bleves une pièce de terre sise au bas de Croisilles. –– Le 25 juin 15283, il règle un procès contre Jean Cosnard, Raulline sa mère, Benest Austin époux de Jeanne Cosnard, Nicolas Huard époux de Jeanne Cosnard, en se désistant de tout intérêt dans une partie d’une pièce de terre sise à Saint-Martinde-Sallen en delle de la Planque, contre une acre d’orge et une acre de froment. –– Le 9 janvier 1531/15324, il rend pour clameur marché de bourse (revendication en justice par un parent du saisi) à Jean du Veyleroy une pièce de terre en la paroisse d’Ouffières au hameau de Neufmercz nommée le Clos Gabreil, dont l’acquisition avait été faite à la suite d’un décret de justice relatif aux héritages de messire Richard Gouvrey. –– Le 8 avril 1532/15335, il vend à Guillaume Brière, trois pièces de terre sises à Clécy au hameau de Cahaindry, qui avaient été acquises par feu son père Jean Le Gardeur écuyer de Jean Cahaindry, le tout pour 80 livres. Même si la suite du tabellionage de Thury est lacunaire jusqu’en 1595, on trouve aux Archives départementales une série d’actes de 15436 , dans lesquels les personnes qui suivent s’obligent envers Boniface Le Gardeur, seigneur de Tillay, à acquitter à sa place et à le décharger envers les héritiers de Thomas Berthin, vivant receveur de Thury, de diverses rentes payées en avoine et mesurées en « rées », soit : –– Le 24 juillet 1543, Germaine veuve de Guillaume du Mesnil (pour 12 rées d’avoine), Thomas GrantJouen (pour 30 rées d’avoine), honnête homme Pierre Moget (pour 18 rées d’avoine), Guillaume du Mesnil, Guyot Le Hestier (pour 12 rées d’avoine). 1 2 3 4 5 6 Roland-Yves Gagné, « Les origines des familles Le Neuf et Le Gardeur : Jean Le Gardeur, Jeanne Le Tavernier et leurs enfants », Mémoires de la Société généalogique canadienne-française, (MSGCF) vol. 65, no 2, cahier 281, été 2014, p. 213. AD Calvados 7 E 412. AD Calvados 7 E 412. AD Calvados 7 E 413. AD Calvados 7 E 413. AD Calvados E 440. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 261 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française –– Le 25 juillet 1543, Hector et Jean Le Tavernier frères (pour deux années de 30 rées d’avoine). –– Le 26 juillet 1543, Fleury Pigeon (pour 12 rées d’avoine). Les Archives départementales ont également conservé quelques plumitifs d’audience pendant la période où le tabellionage est lacunaire. Le 11 mai 15557, Boniface Le Gardeur est assigné devant la justice de Thury pour qu’il confesse les biens et les rentes qu’il possède et ce qu’il doit comme rente au baron de Thury. Il est interrogé sur plusieurs biens, et un jugement du 15 juin 1557, établit la liste des nombreux biens que le vicomte de Thury (le vicomte étant un juge de première instance) considère lui appartenir : –– une maison avec jardin rue de la Boudarée qui fut à Pierre Gourdel et depuis aux hoirs de la Haye (2 sols de cens); –– une maison ou masure qui fut à Simon Piel en la rue de Chefdeville (12 deniers de bourgage); –– une maison qui fut à Jean Derniol depuis à Jean Le Gardeur, écuyer, père dudit Lyon (sic ! le rédacteur a transcrit led Le Gardeur par Lyon) en la rue des Halles (12 deniers de bourgage); –– une maison qui fut à Challot Fleury en la rue des Halles et est appelée la maison es pilliers et fut à un appellé des Besoings (12 deniers); –– une maison qui fut audit Fleury en ladite rue (12 deniers); –– une maison qui fut à Jacquet Angot rue des Halles (12 deniers); –– une maison qui fut à Jean Pierre Verot en la dite rue (12 deniers); –– une maison qui fut au fol barbier en ladite rue des Halles (18 deniers); –– une maison et grange qui fut à Henri Bertrand en la rue des Halles (18 deniers); –– une maison et grange qui furent à Pierre Amyot et auparavant à Robert Emenard rue des Halles (18 deniers); –– une maison qui fut aux hoirs de la Haye, sise rue de la Boudarée (18 deniers); –– une maison qui fut à Fraslin du Mesnil et Yon Mullot rue des Halles (18 deniers); –– autre maison ou masure qui fut à Simon Piel en la rue de Chefdeville (18 deniers); –– une autre maison qui fut à Fraslin du Mesnil (18 deniers) (sur quelle rue ?); –– une portion de jardin sise à la Boudarée jouxte aux hoirs de Me Pierre Bonnyer et Berthellot Tavernier (2 boisseaux de froment du nombre de 6 selon les comptes, dus d’après les comptes le 12 mai 1390 par Guillaume Le Neuf); –– une autre pièce de terre qui fut à Jobart et qui jouxte à Jean Le Neuf (3 guelines ou volailles); –– une autre maison qui fut à Guillaume du Vey et à Pierre Le Gardeur (1 gueline); –– 3 vergées qui furent à Gervais Regnault sises à la Teste des Champs des Vergées Tavernier (1 gueline). Partage de la succession de Boniface Le Gardeur entre ses six fils Le Cabinet des titres à la Bibliothèque Nationale de France conserve un acte daté du 5 mars 15678 concernant la succession de Boniface Le Gardeur partagée entre ses six fils, alors que Robert le cadet, est encore mineur. La coutume de Normandie 7 8 262 AD Calvados 15 B 626 Plumitifs d’audience de la justice de Thury 1529-1559. BNF, Carrés de d’Hozier 283, Folio 173ro à 174ro. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 Les origines des familles Le Neuf et Le Gardeur – Boniface et René Le Gardeur, sieurs de Tilly prévoyait que les filles recevaient leur part de la succession de leurs parents lors de leur contrat de mariage : cela explique que les filles de Boniface sont absentes du partage. René, père des Canadiens Charles et Pierre Le Gardeur, est nommé au quatrième rang. Du 5 de mars 1567 Entre nobles hommes Olivier, Roland, Guillaume, Regné et Jacques dits le Gardeur, frères, enfants et héritiers de défunt noble homme Boniface le Gardeur sgr. de Thilly par cet acte il est dit que les dits frères en suivant certaine sentence donnée aux assises de Falaise tenues par noble homme Olivier de Brunville lieutenant général au Baillage de Caen le 24 d’octobre 1566, contenant la délibération, consentement et accord de leurs parents et amis pour parvenir au partage de la succession du dit défunt leur père, d’autant que Robert le Gardeur leur frére puisné n’étoit en âge pour y procéder de sa part, ont présenté aux no[tai]res cy après nommés six lots de ladite succession aux fins que par eux en ordre il soit procédé à la choisie des dits lots selon le contenu au dit acte […] ensuite il est dit que le 1er lot a été pris par ledit Olivier aîné en la dite succession; que ledit Roland second en ladite succession a pris le troisième lot, que ledit Guillaume troisiéme en ladite succession a pris le sixiéme lot; que le dit Regné quatrième en la dite succession a pris le quatrième lot que ledit Jacques cinquiéme en la dite succession a pris le cinquiéme lot et que le deuxième lot est demeuré par non choix aux dits gardains au nom dudit sous [âgé, mineur]. Puis il est dit que celui qui auroit le premier lot auroit le fief, terre et sgrie de Mutrecy qui fut Boisseul appelé le Fief [*le parchemin est rongé en cet endroit] eaulx, item sur les héritiers de noble homme Guillaume Balargent sgr. de St. Besguin 10# tournois de rente; que celui qui auroit le second lot auroit à prendre sur Olivier de Maufilastre ecer Sr de Montereul 27# 10S du nombre de 55, item sur noble homme Jacques de Monfriard Sgr du dit lieu 9# tournois de rente; que celui qui auroit le troisiéme lot auroit deux maisons jouxte les héritiers Léon le Gardeur; que celui qui auroit le quatrième lot auroit une maison et jardin tenant d’un bout sur noble homme Olivier le Gardeur Sgr de Croisilles, item un jardin touchant à noble homme maître Julien Morchoesie (note : Morchesne9), item à prendre sur noble homme Jean de Beaumessat Sgr de Combray (note : le seigneur de Combray était Jean Le Beauvoisin dont les descendants feront l’objet de saisies par René Le Gardeur, voir ci-après) 60# tournois de rente; que celui qui auroit le cinquiéme lots auroit deux acres de terre jouxte Ma Julien Morchoesie ecer et que celui qui aurait le sixiéme lot auroit le Fief, Terre et Sgrie de Tully avec toutes ses appartenances […] passé devant lesdits Bin et Godey notaires royaux. René est le seul des six fils dont la descendance masculine a survécu sur plus d’une génération. Le 9 mai 162110, René Le Gardeur, sieur de Tilly, est qualifié de cohéritier d’Olivier, sieur de Mutrecy, de Jacques, sieur de la Haymille et de Robert, sieur de l’Isle, avec Isaac Le Gardeur, sieur du Parc, fils de Roland. Isaac n’aura pas eu de descendance mâle, puisqu’à son décès ses cohéritiers sont ses deux sœurs Jeanne Le Gardeur, 9 Henri de Frondeville, Les Présidents du Parlement de Normandie, Rouen, A. Lestringant, 1953, p. 359. 10 AD Calvados 8 E 3600. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 263 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française veuve de Jean du Bosc, sieur de la Cousture, et Françoise Le Gardeur épouse de Michel Surirey, sieur de la Vigne11. René Le Gardeur sieur de Tilly et de Repentigny, fils de Boniface La biographie de René Le Gardeur ne peut qu’être que lacunaire, vu la disparition du tabellionage de Thury de septembre 1534 au 11 avril 1595, puis du 30 avril 1596 à mai 1613. Le registre du sergent (huissier) de Thury ne nous est parvenu pour le 16e siècle que pour 1584 à 158612 et René y est souvent mentionné pour des ventes en justice et des oppositions aux saisies. Par exemple, le 8 juin 1584, la vache à poil rouge de Gabriel Le Beauvoisin, sieur de Combray et de Donnay, est vendue pour 3 écus, comme exécution du paiement d’une rente de 13 écus et un tiers (avec 26 écus d’arrérage), due par feu Jean Le Beauvoisin, sieur de Combray, et une autre rente transportée le 15 avril 1584 à René Le Gardeur, sieur de Tilly par damoiselle Gratienne Le Beauvoisin, veuve de Roland Le Gardeur, sieur du Parc. Une autre vente de huit bêtes (cinq vaches à poil rouge, deux génisses à poil rouge, un bœuf ?) le 25 juin 1584 lui rapporte 20 écus. Le 19 novembre 1585, il est représenté à la vente en justice d’un pot d’étain appartenant à Pierre Cassard par damoiselle Catherine Le Gardeur, sa sœur. Le 8 octobre 1586, les sœurs Catherine et Françoise Le Gardeur, représentées par Jacques Le Gardeur, sieur de la Haymille, obtiennent la vente de biens résultant d’une sentence contre Gabriel Le Beauvoisin, sieur de Combray. Ce qui suit est tiré du tabellionage de Thury : –– Le 2 … 159513, René Le Gardeur, sieur de Tilly, au nom et comme tuteur des enfants mineurs de feu Robert Le Gardeur, sieur de Lisle, vend sous condition à Jean Gohier, une pièce de terre sise à Saint-Martin-de-Sallen. –– Le 29 juillet 159514, il y a règlement d’un litige entre René Le Gardeur, sieur de Tilly, qualifié de maréchal des logis de la compagnie d’hommes d’armes de Monseigneur [Pierre d’Harcourt, marquis] de Beuvron d’une part, et Philippe Bonvallet, Robert Hastain, Jean Bourienne et Collas Gohier d’autre part. –– Le 6 janvier 159615, il achète de Vigor Guy, sous condition, une pièce de terre d’une demie acre, sise à Saint- Martin-de-Sallen. –– Le 5 avril 159616, à titre de tuteur des enfants mineurs de feu Robert Le Gardeur, sieur de Lisle, il vend à Denis Le Petit, fils de Jacques, une pièce de terre sise à Saint-Martin-de-Sallen, nommée le Long Champ, une seconde au dellage des Marettes et une troisième au dellage du Clos de la Cathemienière (?). Le 12 avril 159617, 11 Partage de la succession d’Isaac Le Gardeur, 11 octobre 1629 (AD Calvados 8 E 3606); règlement d’un procès, 28 octobre 1632 (AD Calvados 8 E 3607) et vente du 28 octobre 1634 (AD Calvados 8 E 3608). 12 AD Calvados 15 B 628. 13 AD Calvados 8 E 3594bis fol 25 (numérotation à gauche). 14 AD Calvados 8 E 3594bis fol 85 et s (numérotation à gauche). 15 AD Calvados 8 E 3594bis fol 197 (numérotation à gauche) 16 AD Calvados 8 E 3594bis fol 251 (numérotation à gauche) 17 AD Calvados 8 E 3594bis fol 257 (numérotation à gauche) 264 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 Les origines des familles Le Neuf et Le Gardeur – Boniface et René Le Gardeur, sieurs de Tilly comme tuteur des mêmes, il vend à Étienne Guillaume une pièce de terre en la même paroisse, que l’acheteur avait jadis vendu au défunt sieur de Lisle. René Le Gardeur, écuyer, sieur de Tilly, apparaît dans le Papier de la recette du revenu de la terre et marquisat de Thury pour la Saint-Michel (de 1600 à 1601)18 pour avoir payé divers montants sous différents chapitres : –– la rue du Neufbourg, comme héritier du sieur de Haymille (Jacques Le Gardeur), pour une masure près le four Ratel pour un bourgage, 12 deniers; –– la rue du Chatel, comme représentant le droit de Tavernier pour une maison et masure qui fut à Foullogne pour deux bourgages et un sommage 2 sols; –– la rue es Guichart, trois mentions (1) pour une maison magnante où il demeure pour un bourgage et un sommage 18 deniers (reçu 18 deniers); (2) pour deux autres maisons servants à étable et prinsoiner (prison?) pour deux bourgages 2 sols - reçus 2 sols; (3) pour deux masures 2 sols - reçus 2 sols –– la rue es Bières, cinq mentions (1) comme représentant le droit de Jean et François Grantjouen pour une maison pour un bourgage 12 deniers et comme héritier de Jacques Le Gardeur en son vivant sieur de la Haymille pour les quatre mentions qui suivent; (2) pour une maison qui fut à Frallin Rouxel, pour un bourgage de 12 deniers; (3) pour une maison servant à grange pour un bourgage de 12 deniers; (4) pour une maison qui fut à Raoul Cotelle pour un bourgage de 12 deniers; (5) pour une maison qui fut à Marie Salle pour un bourgage et un sommage 18 deniers. –– guelines dues au jour de Noel René paie à l’acquit d’une veuve non identifiée une gueline pour une pièce de terre qui fut aux héritiers de Boniface Le Gardeur. La mention se lit ainsi : les héritiers de feu Boniface Le Gardeur en son vivant écuyer sieur de Tilly pour trois vergées de terre sis à Champs des vergers (?) 2 guelines, à présent la veuve, reçu de René Le Gardeur à l’acquit de ladite veuve, 1 gueline; Les héritiers de Boniface Le Gardeur doivent aussi deux guelines pour une maison qui fut à Guillaume de Vey et Pierre Le Gardeur : –– avoine due au jour de la Saint-Michel Les rentes d’avoine se paient en « rée ». Trois mentions de noble homme René Le Gardeur sieur de Tilly : Il paie des rentes comme représentant le droit de Jean Ollivier pour deux pièces de terre, l’une nommée le Champ Saint-Catherine qui font 30 rées (reçus), l’autre nommée le Champ Pigeon qui font 18 rées (reçus); René paie aussi les 13 rées dues par Guillaume Ollivier pour une pièce de terre nommée le Champ Gaudey. Le 6 mai 1605, René Le Gardeur remet 6 rées à l’acquit d’Isabeau de Fresnau, veuve de Robert Le Gardeur sieur de Lisle, pour une pièce de terre nommée le Clos Vrel (?). 18 AD Calvados E 462. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 265 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Le 9 octobre 161319, René et Isaac (son neveu) Le Gardeur, sieur de Tilly et du Parc, baillent pour six ans, à titre de ferme, différentes pièces de terre sises à Mutrécy : –– à Jeanne Le Conte, veuve de Pierre Groschesne, deux pièces de terre qui jouxtent au curé de cette paroisse, une pièce de terre nommée le clos Fratrin, pour 100 sols par an, et une autre sise en delle des Courtillages, pour 30 sols par an; –– à honorable homme Pierre de Rocquancourt l’ainé, six pièces de terre, l’une en la delle des Londes, pour 26 livres; une deuxième en la même delle, pour 60 sols; la troisième en la même paroisse nommée la Pierre à Four qui jouxte au sieur de Roulde et à Alexandre de Croisilles sieur d’Angy, pour 60 sols; la quatrième, en delle du Vert Geuieley (?), pour 4 livres 10 sols par an; la cinquième, sur laq[ue]ll[e] est assise le manoir seigneurial jouxte à la ruelle du Moustier et la sixième en delle des Courtillages, les deux dernières pour 18 livres; –– à Jacques Le Mahouge et Nicolas de Rocquancourt, une terre nommée le champ de Berts d’un bout sur le chemin du Fresne, pour 17 livres; –– à Pierre Le Febvre fils de Pierre trois pièces de terre, pour 110 sols; –– Jean Lencezeur une pièce de terre en la delle de dessus le Moutier, une autre en la delle de Dun Couray (?), pour 70 sols; –– Marin Espidorge une pièce de terre nommée la Courte Accre pour 30 sols; –– David de la Rette une pièce de terre nommée le Pré des Vallées pour 11 livres; –– à Pierre Bin, une première pièce nommée la Pièce des Sept Accres; une deuxième en la delle des Voyes de Thury; une troisième en la même delle; une quatrième près la rivière d’Orne; une cinquième nommée les Costils Martin Morel; une sixième qui jouxte à la rivière et auxdits Costils; une septième en la delle Dessus Le Bort; une huitième en delle du Vert Genestre; une neuvième en delle de la Hogue au Bossu, le tout pour 70 livres. Le 3 mars 161420, qualifié de sieur de Tilly de la Motte sur Rouvre & de Repentigny, il baille à titre de métairie pour cinq ans à Denis et Marin Le Boucher, frères demeurant à Cramesnil, tous les héritages et maisonnée qui appartiennent au sieur de Tilly au lieu d’Arpentigny, sous réserve dudit sieur de Tilly pour sa maison maignante (logis) et l’étable aux chevaux, sauf qu’ils jouiront de la cuisine et la petite chambre, etc. (l’acte a des détails sur près de quatre pages). Le même jour, il baille à titre de métairie pour cinq ans à Mathurin Gervaise de Cramesnil, les maison et héritages nommés la métairie de la Poterie, sous réserves du bois des Montoirs, que le preneur devra clore et il ne pourra y mettre aucune bête en herbage, etc. (l’acte a des détails sur deux pages). Le 16 mars 161621, il vend à Jean Le Neuf sieur de Vaux une pièce de terre sise à la paroisse d’Esson au dellage de la Maladerie, qui jouxte à l’acquéreur et au chemin butant de Thury au Bas Breuil, d’un bout au chemin tendant à Esson et d’autre à la sente des Landes, pour 350 livres, soit 200 livres payées au vendeur et l’engagement d’obtenir quittance d’une rente hypothécaire de 15 livres payable à un créancier de Le Gardeur, soit Philippe Ollivier prêtre, curé de Saint-Martin de Caen. 19 AD Calvados 8 E 3595. 20 AD Calvados 8 E 3595. 21 AD Calvados 8 E 3596. 266 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 Les origines des familles Le Neuf et Le Gardeur – Boniface et René Le Gardeur, sieurs de Tilly Le 26 mars 161622, il cautionne Nicolas Gauchard pour le paiement suite à l’adjudication rendue contre ce dernier par le bailly de Thury à l’instance des fermiers du marquisat de Thury le 6 octobre 1615. Le 31 mars 161623, il s’engage à payer 48 livres à Jean Le Neuf, sieur de Vaux, suite à un emprunt. Le 29 novembre 161624, il vend à Jean Le Neuf sieur de Valdorne pour lui et ses frères la condition qu’il s’était réservée lors d’une vente, le 27 décembre 1611, à Georges Le Neuf sieur de la Vallée, père ce de Jean Le Neuf, d’une pièce de terre sise en la bourgeoisie de Thury (décrite au paragraphe suivant) pour 302 livres. Le prix de vente reste toutefois à l’acheteur car René devait cette somme au père de l’acheteur suite à un contrat du 31 mai 1608. Le 15 mars 161725, il échange à Jean Le Neuf sieur de Valdorne et ses frères la condition qu’il s’était réservée lors d’une autre vente conditionnelle le 1er janvier 1607 à Georges Le Neuf sieur de la Vallée leur père, de deux pièces de terre sises en la paroisse d’Esson en dellage des prés d’Orne. En échange, il reçoit une pièce de terre qui semble la même que celle citée dans l’acte précédent, sise à Thury en la delle de Dessus Beauvoir qui jouxtent de deux parties et d’un bout aux hoirs de Philippin Poulain. En 161826, René Le Gardeur, sieur de Tilly et Ollivier Le Gardeur, sieur de Lisle, nomment Pierre Le Gardeur sieur de Saint-Silly, bailly de Thury et Me Helie de la Lande, sieur de Destroit comme arbitres pour régler le différend entre le sieur de Tilly et Isabeau du Fresneau mère dudit sieur de Lisle. Le 3 avril 161927, il vend à Me Rolland Mallet, sieur de la Vallée et officier en l’université de Caen, une série de rentes foncières à prendre sur Denis Varin (de quelle paroisse ?) et ses cohéritiers, la première consistant en une rente de 50 sols, deux chapons (coqs), deux poules, deux ramiers (pigeons) une année, et deux videcots (bécasses) l’autre année avec trente œufs, les autres rentes consistant également en chapons, videcots, œufs, etc., le tout pour 110 livres. Le 26 novembre 161928, il vend à Pierre Bonvallet, bourgeois de Thury, une portion de terre sise à Esson nommée la Vergée au Tavernier qui jouxte à la Grande Estouble d’une part et au chemin tendant de Thury à Caumont d’autre, d’un bout au sieur vendeur et d’autre à Guillaume Rouillard, pour 80 livres, en la présence de Pierre Le Gardeur, sieur de Repentigny, qui approuve la vente (tient po[u]r agreabl[e] & p[ro]met icell[e] garan[tir] envers led[it] sieur de Tilly son pere). Les 30 et 31 décembre 161929, René Le Gardeur sieur de Tilly et Isaac Le Gardeur, sieur du Parc, soumettent à des arbitres leur litige quant à la succession de Jacques Le Gardeur, sieur de la Haymille qui suivait celle d’Olivier sieur de Mutrecy. Les 22 23 24 25 26 27 28 29 AD AD AD AD AD AD AD AD Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados 8 8 8 8 8 8 8 8 E E E E E E E E 3596. 3596. 3596. 3596. 3597 folio 712. 3598. 3599. 3599. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 267 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française arbitres sont Olivier Le Gardeur, sieur du Breuil et de Croisilles, Pierre Le Normand, sieur du Tertre, Georges de Baudre, sieur de la Rivière Bremoy, Henri Progier, sieur du Coudray, en présence de Pierre Le Gardeur sieur de Saint-Silly bailly de Thury et Charles d’Eraines conseiller assesseur à Falaise, au logis de Jacques Le Masurier, chirurgien. À la suite de la sentence arbitrale, Isaac remet à René le 31 décembre30, un contrat de constitution de 22 écus de rente du 4 mars 1596 due par Pierre Jouet. Le 21 janvier 162031, il vend à Robert Bouchard avocat, sieur de Tillet, une acre de terre en la paroisse de Donay en dellage des Hougues (?) pour 30 livres. Le 18 février 162032, il baille en fief à Verdun de Rocquencourt, une pièce de terre sise à Mutrecy nommée Testre (?) de Surlemont pour 20 sols, 2 chapons, 2 deniers et 20 œufs en plus de la rente seigneuriale payable à Nicolas Patry pour sa sieurie de Mutrecy. Le 25 février 162033, il s’engage à restituer (pourquoi ?) la somme de 45 livres à lui adjugée par monsieur le bailly de Thury par condamnation à l’encontre de Vigor Guy. En mars 162034, il baille à titre de ferme pour 5 ans à Philippe Labbé, une pièce de terre sise à Mutrécy nommée le Champ des Berts (?), pour 14 livres et une poule. Le même jour, il baille à titre de ferme pour 5 ans à Fleury de la Rette, une pièce de terre sise à Mutrécy en delle de Surlemont, pour 60 sols et une poule. Le 17 mars 162035, il baille à titre de ferme pour 5 ans à David de la Rette, une pièce de terre sise à Mutrécy, en delle de Surlemont, jouxte à Jean de Rocquancourt et au bailleur, pour 66 livres et une poule. Le 9 mai 162136, René Le Gardeur, sieur de Tilly, règle ses comptes avec honnête homme Marguerin Osmond, sieur de la Chesné, bourgeois de Caen pour le solde dû à la suite du contrat de mariage entre Osmond et damoiselle Françoise Le Gardeur sa femme, sœur dudit sieur de Tilly, tant en son nom que comme héritier en la succession des sieurs (Jacques) de la Haymille, (Robert) de Lisle et (Olivier) de Mutrecy. En cette capacité il s’est retrouvé redevable audit Osmond pour la somme de huit vingts (160) livres pour laquelle le sieur de Tilly a constitué une rente payable à Marguerin Osmond de 7 livres par an racquitable au prix de 100 livres tournois. Le même jour, Isaac Le Gardeur, sieur du Parc, tant en son nom que comme héritier de la même succession, s’est trouvé redevable de la somme de 116 livres tournois pour le solde des sommes dues à la suite du contrat de mariage de sa tante Françoise Le Gardeur, épouse de Marguerin Osmond, pour laquelle il constitue une rente de 8 livres tournois. Aucun des deux actes ne donne la date du contrat de mariage de Françoise Le Gardeur. Le 3 décembre 159537, près de trente ans après le décès de son père, 30 31 32 33 34 35 36 37 268 AD AD AD AD AD AD AD AD Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados 8 8 8 8 8 8 8 8 E E E E E E E E 3599. 3599. 3599. 3599. 3599, folios 252vo et 253ro. 3599. 3600. 3594bis. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 Les origines des familles Le Neuf et Le Gardeur – Boniface et René Le Gardeur, sieurs de Tilly Françoise Le Gardeur fille de feu noble homme Boniface Le Gardeur vivant sieur de Tilly et de Mutrecy et de damoiselle Louise de Monfriard reçoit 280 écus d’or sol valant 840 livres tournois comme portion de la succession de ses défunts père et mère, de la part de ses frères ou les héritiers de ces derniers. Le 24 octobre 162138, il baille à titre de métairie pour cinq ans à Guillaume et Nicolas Bourdon de la paroisse de Croisilles, tous et chacun de ses héritages sis tant à Thury qu’en la paroisse d’Esson. En novembre 162139, il vend à Jean Bonvallet la condition retenue par feu noble homme Olivier Le Gardeur, vivant sieur de Lisle, audit Bonvallet et Jacques Porin pour deux portions de terre vendues sises à Thury en delle de Dessus Beauvoir. Le 3 décembre 162140, René Le Gardeur de Tilly et de Repentigny fait nommer (nom en blanc) un représentant à La Carneille pour la réunion à tenir le lendemain par devant monseigneur le Bailly avec les parents et amis des enfants mineurs de feu noble homme Gilles de Corday sieur dudit lieu. Le 21 décembre 162141, René et Pierre Le Gardeur, sieurs de Tilly et de Repentigny, donnent une procuration (nom en blanc) pour l’élection de Me Jean Le Neuf sieur de Vaux, leur choix privilégié, à la tutelle des enfants mineurs de noble homme Gilles de Corday, sieur du lieu. Le 8 avril 162242, René Le Gardeur, sieur de Tilly et Isaac Le Gardeur sieur du Parc nomment Me Abraham Maurry, procureur en la cour de parlement de Rouen, pour reprendre le procès pendant au palais en l’état laissé par feu Olivier Le Gardeur vivant sieur de Lisle ou son tuteur contre feu noble homme Gabriel Le Beauvoisin, vivant sieur de Combray. Le 22 avril 162243, René vend un total de 20 livres douze sols de rente en quatre parties qui lui sont dues, aux frères Jean et Jean Guy, en considération, entre autres, le paiement de 200 livres en plusieurs versements d’ici à la prochaine Saint-JeanBaptiste. Le 3 février 162444, René Le Gardeur et Catherine de Corday son épouse, séparée d’avec lui quant aux biens, en leur nom et se portant fort pour Pierre Le Gardeur, sieur de Repentigny leur fils, vendent à Pierre Bonvallet, fils d’Olivier, bourgeois de Thury, une portion de terre sise à Thury nommée Loguillon (Lesguillon ?), deux acres qui jouxtent au chemin tendant de Thury à Caumont pour 50 livres. Le 16 juin 162545, René Le Gardeur sieur de Tilly vend conditionnellement à Isabeau de Fresneau veuve de Robert Le Gardeur sieur de Lisle, deux pièces de terre sises à Thury, nommées La Vye Daulne et Clos Piel pour paiement de 75 livres auxquelles le sieur de Tilly a été condamné le 18 novembre 1582, plus une somme de 60 livres remises au feu sieur de Lisle, fils de ladite demoiselle. 38 39 40 41 42 43 44 45 AD AD AD AD AD AD AD AD Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados 8 8 8 8 8 1 8 8 E 3600. E 3600. E 3600. E 3600. E 3600. B 904 fol 184 (contrôle de l’acte le 22 août 1622). E 3601. E 3602. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 269 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Le 19 août 162546, René Le Gardeur sieur de Tilly et Catherine de Corday son épouse d’avec lui séparée quant aux biens, passent une procuration spéciale à Pierre Le Gardeur, sieur de Repentigny leur fils aîné, pour s’obliger en leur nom de la somme de cent livres à telle personne qu’il verra bien ou bien icelle somme constituer en rente hypothèque ou engager de l’héritage dépendant de la terre et sieurie de Repentigny. C’est le dernier trouvé dans le tabellionage portant sa signature. René mandatera son chirurgien Jacques Le Masurier47 à au moins trois reprises et Jacques Cadieu48, à une reprise, pour procéder en son nom devant les tabellions pour signer des contrats de location de ses biens. Assigné au conseil de famille de Nicolas de Malfillastre, sieur de Martimbosc Le 2 mai 1624, Me Enguerrand Pigeon obtient une sentence ordonnant la convocation des parents de Nicolas de Malfillastre sieur de Martinbosc pour la tenue d’un conseil de famille suite au décès de son curateur Auguste Le Hericy. Le 1er août 162449 (d’après la retranscription dans le dossier de la curatelle, ou le 25 août 162450, d’après le greffe des tabellions de Thury), René donne procuration à son fils Pierre Le Gardeur pour le représenter à ce conseil de famille … a lassi[gnatio]n a luy faicte instanc[e] de Mr Enguerrand Pigeon pour ave[c] les autr[es] parentz de noble home Nicollas de Malfillastre sr de Martinbosc desliberer de la continua[ti]on de la curatelle dicell[ui] de Malfillastre. Le dossier de la curatelle contient un « billet du médecin » du 30 août confirmant l’impossibilité pour René qui avait été assigné à s’y présenter, de pouvoir se déplacer – on y apprend que René a 78 ans ou environ : Au jourdhuy trente yeme jour de (juillet biffé) aoustz lan mil six centz vingt quatre moy Jacques Le Masuryer barbier chirurgien juré au bailliage et haulte justice de Thury certiffyé avoyr veu et visitté la personne de Regné Legardeur escu[ie]r sieur de Tilly agé de soixanlte & dix huict ans ou [en]viron sur lequel une enfleume cytué (= enflure située) sur la partye du pied dextre causse dune deffluction dhumeur catereuz et de goutteuze et est nesecerre (= nécessaire) le purger et mesmes luy avons aplicqué huilles cathaplasmeé a ce requys et luy est nesecerre garder le lict en chambre pour esvitter aux accidentz qui peuvent survenir a telles et semblables choses et le toult se que dessus certiffyons veritable en tesmoing de quoy jé signé ce presentz audict sieur de Tilly po[u]r luy servir de valloyr quil arpartiendra (s) J Le Masuryer 1624 Le conseil de famille se réunit le 2 septembre 1624, en présence des parents suivants (dans l’ordre) : 46 47 48 49 50 270 AD Calvados 8 E 3602. 14 et 28 novembre 1627 AD Calvados 8 E 3603. 27 février 1628 AD Calvados 8 E 3603. AD Calvados 1 B 1162. AD Calvados 8 E 3601. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 Les origines des familles Le Neuf et Le Gardeur – Boniface et René Le Gardeur, sieurs de Tilly Hervé de Malfillastre sieur de Montreul, noble homme Rolland de Malfillastre sieur de Lonchamps, Isaac le Sens sieur de Lion, Isaac Le Porcher sieur de StChristophe conseiller du roi en ce siège, Me André Le Bourgeois sieur de la Verende, Olivier de Moges sieur de Montenay, François de Moges, Jean Le Gardeur sieur de la Vallée, Gaspar Simon sieur de Cantelou et Me François de Panthou au lieu de Geffroy de Panthou sieur du Buret son père, Pierre Le Gardeur fils de René Le Gardeur sieur de Tilly au nom et comme procureur spécial dudit sieur de Tilly son père, par procuration passée par les tabellions au siège de Thury le premier août devant pour cause de son indisposition comme il faisait apparaître par attestation de Jacques Le Mazurier, barbier chirurgien, audit lieu de Thury du trente dudit mois Me Allain Hebert procureur en ce siège au nom ou comme procureur spécial de Raphael de Chantelou éc. sieur de la Roque, ainsi que par procurations, des participants de la première réunion d’un conseil de famille composé le 13 juin 161751 des personnes présentes suivantes : Jean de Malfillastre sieur de la Boullaye, Auguste et Jacques Le Hericy sieurs de Pontpierre et Dollinet; Louis Arnault sieur de la Cousture; Jean de Cantelou sieur de Mondriulle; Ambroise de Vic sieur du Mesnil; Philippes Jullienne sieur des Costils; Pierre du Vic sieur de St Quentin. Pierre Le Gardeur représentant son père indisposé, Me Enguerrand Pigeon préside le conseil des parents de Nicolas pour nommer un curateur à Nicolas de Malfillastre. Pierre Le Gardeur est considéré trop jeune – po[u]r le regard dud[it] s[ieu]r de Tilly q[ue] la procura[ti]on par luy passeé a sond[i]t fils nest pareillem[ent] suffisant po[u]r ny estre son advis particullierem[ent] trouvé estant led[it] Pierre Le Gardeur son fils trop jeune dans po[u]r entrer en lad[ite] deslibera[ti]on – mais son vote pour le nom du curateur est tout de même enregistré. Le dossier de la curatelle mentionne une autre procuration signée par le sieur de Tilly le 15 juillet 1625, cette fois en faveur de Me Jean Marie, attendu son anticquité & viellesse ne pouvant aller a pied ny a cheval. L’auteur a lu tout le dossier de la curatelle et n’y a rien vu d’autre concernant ces Le Gardeur. Décès de René Le Gardeur René Le Gardeur est décédé selon toute probabilité entre le 19 mai 1633, date à laquelle son épouse est qualifiée de séparée de biens d’avec René Le Gardeur son mari, et le 14 mars 163452, date à laquelle Michel Surirey, sieur de la Vigne et damoiselle Françoise Le Gardeur sa femme héritier en la moitié de la succession d’Isaac Le Gardeur, sieur du Parc, vendent le corps principal de 5 ans d’arrérages de 15 livres de rente du nombre de 30 livres, en quoi feu René Le Gardeur vivant écuyer, sieur de Tilly était redevable audit feu sieur du Parc suivant le contrat passé au tabellionage de Thury le 17 mars 1621. Le 14 août 163453, Catherine de Corday, veuve de René Le Gardeur, reconnaît avoir reçu d’Hector Bonvallet 9 livres 12 sols 6 deniers. 51 AD Calvados 1 B 1161. 52 AD Calvados 8 E 3608. 53 AD Calvados 8 E 3608. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 271 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Catherine de Corday, épouse de René Le Gardeur sieur de Tilly Il y a longtemps que les chercheurs connaissent le nom des parents de Catherine, soit Pierre de Corday et Madeleine de Montesson. Le 2 mai 162554 et le 26 janvier 162655, René Le Gardeur, sieur de Tilly et Marie de Corday, veuve de Jean du Mesnil Bérard de La Chaise signent une procuration afin d’être représentés devant le bailli de Sillé-le-Guillaume au procès de la reddition de compte pour la curatelle qu’avait eu feu Pierre de Corday, vivant sieur de Repentigny des biens de Jeanne de Montesson. Voici les actes retrouvés dans le tabellionage encore existant. Dans tous les actes qui suivent, sauf le dernier où elle est qualifiée de veuve, Catherine de Corday est mentionnée comme damoiselle Catherine de Corday civilement séparée quant aux biens d’avec René Le Gardeur écuyer sieur de Tilly son mari, la plupart du temps avec l’ajout, pour luy faisant fort ou faisant fort pour sondit mari. Le 29 mars 162456, elle donne procuration spéciale à Pierre Le Gardeur, sieur de Repentigny son fils, pour vendre certains lots de bois sis audit lieu de Repentigny aux personnes et aux prix de son choix. Le 31 mars 162857, elle baille à titre de ferme à honnête homme Jacques Porin pour la présente année, l’herbage et le pâturage d’une pièce de terre nommée les Jardins et Clos Piel, sise à Thury pour 7 livres; le même jour, elle baille à titre de ferme pour trois ans à René Grimoult six vergées de terre labourables sise à Thury nommée le Champ Pigeon pour 20 livres; puis à René Moget, une pièce de terre avec jardin, maison et grange sise à Thury (sa localisation était mentionnée sur une partie de l’acte disparue) pour 100 sols. Le 14 août 162858, elle vend à Michel Le Neuf, sieur du Herisson toutes les pommes et poires qui se trouvent sur une pièce de terre sise à Thury nommée la Boudant pour 10 livres 10 sols, payés par la quittance de Michel Le Neuf d’un solde de douze livres sur une obligation qu’elle devait à Thomas Berthaut, qui avait été cédée à Le Neuf. Le même jour, elle loue à titre de ferme à Me Charles de la Fosse, écuyer sieur de Saint-Martin, une maison servant à grange sise à Thury en la rue es Bières pour 60 sols. Le 24 novembre 162859, elle baille à titre de métairie pour trois ans à Jean Allain d’Esson une pièce de terre sise à Esson en delle du Parc des Landes, sur laquelle il y a des pommiers et des pruniers. Le 21 janvier 162960, elle baille à titre de ferme pour deux ans à Jean Halbout, bourgeois de Caen, une terre labourable sise à Thury nommée La Boudant, et à 54 55 56 57 58 59 60 272 AD AD AD AD AD AD AD Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados Calvados 8 8 8 8 8 8 8 E E E E E E E 3602. 3602. 3601. 3603. 3604. 3604. 3604. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 Les origines des familles Le Neuf et Le Gardeur – Boniface et René Le Gardeur, sieurs de Tilly titre de métairie, une pièce de terre près de ladite pièce de la Boudant et une acre de terre sise sur Beauvoir de laquelle ledit Halbout avait joui l’année précédente au même titre. Le 15 novembre 162961, elle reconnaît avoir reçu de René Grimoult bourgeois de Thury la somme de 30 livres pour deux ans de fermage. Le 24 septembre 163162, elle baille à titre de ferme pour 5 ans à Pierre Grandjouan bourgeois de Caen, une portion de terre sise à Thury en delle du Clos Pemerel qui jouxte au preneur pour 60 sols. Le 2 novembre 163163, elle baille à titre de ferme pour trois ans à Boniface Dumesnil une pièce de terre sise à Esson delle du Pré Dolle (?) sur le chemin tendant à Caumont pour 110 sols. En mars 163264, elle baille à titre de ferme pour la présente année : –– le 26, à Pierre Guerin, bourgeois de Thury l’herbage et le pâturage d’une pièce de terre sise à Thury nommée les Jardins & Clos Piel jouxte d’un bout au chemin tendant à Caumont pour 7 livres; –– le 27, à honnête homme Jacques Porin l’aîné, bourgeois de Thury, l’herbage et le pâturage d’une pièce de terre sise à Esson nommée le Pré au Tavernier pour 12 livres; –– le 27, à Laurent Le Bailly et Louis Moget de Thury, le houe du Jardin Cotelle de haut devant le cimetière pour eux en jouir de leur labeur, le foin restant à Catherine de Corday, pour 35 sols; –– le 31, à Marin Durand de Caumont une pièce de terre sise à Esson nommée la Vignonnière pour 4 livres. Le 19 mai 163365, elle prolonge jusqu’à la prochaine Saint-Michel (30 septembre) le bail signé avec Marin Durand demeurant à Caumont pour une pièce de terre à sise à Esson nommée la Vignonnière aux mêmes termes (non précisés). Les deux fils de René : Charles et Pierre Si Charles Le Gardeur était à Québec en juin 1636, il était de retour devant les tabellions à Thury le 26 novembre 163766 muni d’une procuration signée le 14 septembre 1637 par Pierre Le Gardeur et Catherine de Corday. À la suite d’un contrat passé le 15 mars 1636 (aujourd’hui disparu), Louis Sallet, écuyer sieur du Bois, est demeuré relicquaire pour un solde de 1400 livres envers Pierre Le Gardeur, écuyer sieur de Repentigny, Charles Le Gardeur, écuyer sieur de la Motte et damoiselle Catherine de Corday. Charles tant en son nom que comme procureur des deux autres, reconnaît avoir été payé de toute la somme due et donne quittance. D’après Frondeville67, Louis Sallet avait épousé en 1635 Madeleine Le Gardeur présumée de la famille des Le Gardeur anoblis en 1510, établis à ThuryHarcourt. 61 62 63 64 65 66 67 AD Calvados 8 E 3605. AD Calvados 8 E 3606. AD Calvados 8 E 3606. AD Calvados 8 E 3606. AD Calvados 8 E 3607. AD Calvados 8 E 3611. Les conseillers du Parlement de Normandie : recueil généalogique établi sur la base du manuscrit Bigot de la Bibliothèque de Rouen, A. Lestringant, 1970, vol. 3, p. 85. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 273 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Charles est encore à Thury le 5 avril 164168 alors il signe une procuration en blanc concernant une instance dans lequel il est demandeur en ju[s]t[i]c[e] concernent de certaine l[ett]res de relief (permission d’appeler d’une sentence69) par luy obtenue en la chancelerie du roy n[ot]re sire a Rouen, contre Pierre Le Gardeur, écuyer sieur de Repentigny et Louis Sallet, écuyer sieur du Bois poursuivis et défendeurs. Le 20 janvier 164270, Charles Le Gardeur est dans la paroisse de Briouze (Orne), et signe devant les tabellions de cet endroit un règlement hors cour du procès entre Pierre et Charles Le Gardeur, écuyers et frères, sieur de Repentigny et du Tilly, damoiselle Catherine de Corday leur mère, damoiselle Marguerite Le Gardeur leur sœur, et damoiselle Marie Favery épouse dudit seigneur de Repentigny d’une part, et Pierre du Manoir écuyer sieur du lieu d’autre part. Les Le Gardeur prétendaient au paiement de certaines sommes découlant du contrat de la vente de certains héritages devant les tabellions de Thury le 25 mars 1636. Pour sa part, l’acheteur du Manoir disait que depuis la vente, plusieurs personnes soy disantz crediteurs desdictz vendeurs et anterieurs en hypoteque de ceux que led[it] du Manoir avoit pris charge par led[it] contract de payer en lacquit desd[its] vendeurs, avaient menacé de saisir ces héritages. Les parties décident de régler après que le sieur de Tilly a fait les comptes, suite au paiement par Pierre du Manoir aux Le Gardeur de la somme de 728 livres, pour laquelle le sieur du Tilly se déclare satisfait. Ce dernier a promis et faire tenir quitte le sieur du Manoir envers le sieur de Repentigny en produisant une procuration spéciale passée devant Jean de Lespinasse, commis au greffe de Québec en la NouvelleFrance, ratifiée et reconnue véritable à Paris par Isaac Martin conseiller du roi le 9 février 1638. Charles Le Gardeur, sieur du Tilly, remet cette somme à Charles de la Fosse écuyer, sieur de Saint-Martin, et Nicolas Le Normand de la paroisse de Cesny-en-Cinglais, qui en échange verseront une rente annuelle de 52 livres payable à lui, sondit frère, mère et sœur. Le registre du garde des sceaux de la vicomté de Falaise qui a une transcription de cet acte mentionne que le gardien du registre des tabellions a en délivré une copie au sieur de Tilly le 22 novembre 1645 avec instructions de faire enregistrer ce règlement hors cour dans les quatre mois au parlement de Rouen et le notifier au greffe de la vicomté de Falaise. Conclusion et remerciements Cette série de huit articles met en lumière l’importance de consulter directement les archives, même celles dont le soi-disant contenu a été diffusé et répété par tous pendant plusieurs siècles, et ce dans le but de confirmer ou d’infirmer les diverses informations cumulées sur nos ancêtres. Au moment de conclure, l’auteur tient à rectifier les points suivant. Lors d’un précédent article71, nous avons écrit que le greffe du tabellion Mathieu de la Londe (déposé par Me Bocave en 1943) était lacunaire pour les années 1635 et 1636. Depuis, 68 69 70 71 274 AD Calvados 8 E 3612. Dictionnaire de l’Académie française, 6e édition, t. 2, Paris, Firmin Didot frères, 1835, p. 609. AD Calvados 3 B 402, enregistré en la vicomté de Falaise le 21 avril 1646. MSGCF, vol. 64, no 4, cahier 278, hiver 2013, p. 261. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 Les origines des familles Le Neuf et Le Gardeur – Boniface et René Le Gardeur, sieurs de Tilly nous avons pu retracer et parcourir ces actes qui étaient conservés dans le fonds d’une autre étude de Caen (dépôt de Me Lozier) jusqu’au 30 avril 1636 (date de départ de nos Le Neuf). Un seul de ces actes concerne nos Le Neuf, celui du 14 janvier 163672 déjà rencontré dans le registre du contrôle des actes le 15 janvier 163673 et cité par le notaire Becquet à Québec dans une quittance du 22 octobre 1669. Jean-Yves Laillier des Archives départementales du Calvados a rectifié notre transcription latine quant au titre de Jean Le Gardeur, clerc dans sa supplique au Pape du 3 novembre 139174 qui devait plutôt se lire clerc servile, forme utilisée pour exprimer la distance existant entre le pétitionnaire et sa Sainteté : p[er] Johannem Le Gradours cl[ericu]m ser[vilem] tam suo q[uam] omni et sing[u]lorum parrochia et habitan[tes] eccl[es]ie parrochialis de Tureio Baiocen dioc[ese] presentates (par Jean Le Gardeur clerc servile tant pour lui que pour tous les paroissiens et habitants présent de l’église paroissiale de Thury au diocèse de Bayeux) Enfin, il nous a signalé avoir retracé dans le cartulaire du Plessis-Grimoult75 un contrat de fieffe à Clécy passé devant le garde du scel des obligations de la vicomté de Falaise par Rogier Le Gardoux clerc et tabellion juré le 18 février 1364/1365. Nous ignorons son lien familial avec notre Jean Le Gardours, clerc à Thury en 1391. Depuis la publication des troisième et quatrième articles de cette étude consacrée aux Le Neuf 76, l’auteur a retracé quelques actes supplémentaires sur cette famille. D’abord, Jeanne Le Marchand, mère des Canadiens Michel et Jacques Le Neuf, avait emprunté 300 livres grâce à la caution de son gendre Jean Le Poutrel et du cousin germain de son défunt mari, Jean Le Neuf, sieur de Vaux. Le 20 avril 162677, honnête femme Jeanne Le Marchand veuve de Mathieu Le Neuf, bourgeoise de Caen, s’oblige envers Jean Le Neuf sieur du Vaux et Jean Le Poutrel sieur du Coulombier, de les indemniser et les décharger de leurs obligations sur une rente de 21 livres 8 sols 6 deniers en quoi ces sieurs s’étaient obligés envers vénérable et discrète personne Me André Laisné, prêtre chanoine du Saint-Sépulcre de Caen et curé de Louvigny le même jour, que les 300 livres reçues n’étaient que pour son seul bénéfice et que les deux sieurs n’avaient signé le contrat que pour lui faire plaisir. Le 3 décembre 162378, Michel Le Neuf sieur du Herisson, avec Charles et Nicolas Le Fauconnier, reçoivent la somme de 300 livres contre l’engagement à payer une rente annuelle de 21 livres 8 sols 10 deniers à Jean Foubert sieur de Courcarrey. Le 9 mai 163179, c’est au tour de Michel Le Neuf sieur du Herisson de servir de caution. À cette date, avec Jean et Enoch Bonvallet frères, ils s’engagent à verser une rente annuelle de 50 livres par an contre le versement de 700 livres payés comptant. 72 73 74 75 76 AD Calvados 8 E 4173 fo 117 et s. AD Calvados 1 B 948; MSGCF, vol. 64, no 4, cahier 278, hiver 2013, p. 277. AD Calvados E 452; MSGCF, vol. 65, no 1, cahier 279, printemps 2014, p. 24. Cartulaire du Plessis-Grimoult, tome II, fo 222 vo Clécy; AD Calvados 2 Mi 522. R.-Y. Gagné « Les origines des familles Le Neuf et Le Gardeur, Les enfants de Jean Le Neuf Le Jeune et de Marguerite Le Gardeur » MSGCF, vol. 64, no 3, cahier 277, automne 2013, p. 199-216; « Les origines des familles Le Neuf et Le Gardeur, Les cinq enfants de Mathieu Le Neuf et Jeanne Le Marchand » no 4, cahier 278, hiver 2013, p. 261-280. 77 AD Calvados 1 B 918 (contrôlé le 20 avril 1626 folio 254vo et 255ro original au tabellionage de Caen non communicable pour cette période vu leur mauvais état). 78 AD Calvados 1 B 913 (contrôlé le 16 octobre 1624 folio 43ro passé devant les tabellions de Thury-Harcourt). 79 AD Calvados 8 E 2489 (tabellionage de Caen). MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 275 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Ces deux frères s’engagent à décharger Le Neuf de cette dette, reconnaissant que ces 700 livres sont restées en leur seule possession. L’auteur remercie tous ceux qui l’ont assisté dans ses recherches, à commencer par ses collègues – aussi coauteurs d’un article sur nos Le Neuf 80 publié il y a plus d’une décennie, soit le regretté René Jetté, John P. Dulong et Paul Leportier, ainsi que chaque membre du personnel de la salle de lecture des Archives départementales du Calvados, de la Bibliothèque municipale de Caen, de la Bibliothèque municipale de Rouen, de la salle des manuscrits occidentaux de la Bibliothèque Nationale de France, et Me Aleksander Tobolewski, ainsi que ceux qui ont contribué financièrement selon leurs moyens à la recherche depuis 2009, Tom Kearney, Florent Coache, Roger LeBlanc, John P. Dulong, Brent E. Kelly, Peter T. Baron, David Robert, Virginia Osterbauer et James R. Fortier. Lachine (Montréal), Québec 80 René Jetté, Roland-Yves Gagné, John Patrick Dulong, Paul Leportier, « Les Leneuf : état des connaissances », MSGCF, vol. 51, no 3, cahier 225, automne 2000, p. 209-227. Robert Cantin (3066), prix du gouverneur général du Canada pour l’entraide 2013 Le 3 octobre dernier, à la citadelle de Québec, Robert Cantin recevait des mains du gouverneur général, David Johnson un prix soulignant 40 années de travail consacrées à la recherche généalogique. L’accent portait tout particulièrement sur la série de huit volumes nommée Sacrifice dédiée aux militaires canadiens tombés au champ d’honneur depuis 1867. Robert Cantin (3066) est membre à vie de la Société généalogique canadienne-française. COMMUNIQUÉ Congrès de généalogie de Poitiers 2015 À l’occasion du congrès de la Fédération française de généalogie qui se tiendra à Poitiers du 2 au 4 octobre 2015, la Commission francoquébécoise sur les lieux de mémoire communs propose un voyage d’une semaine en France du 30 septembre au 7 octobre 2015. Le circuit ainsi que le formulaire d’inscription se trouvent à l’adresse suivante : http://www.cfqlmc.org/pdf/Circuit-France-2015-CFQLMC.pdf. Pour le programme du congrès, dont le thème est Poitou et Nouvelle-France, vous pouvez consulter le site du congrès à l’adresse suivante : http://www. poitiersgenealogie2015.fr/ Source : CFQLMC 276 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 261-276 Les pionniers du lac Sainte-Marie dans la vallée de la Gatineau (1837-1848) Serge Goudreau (7717) E n 1832, la « Crown Timber Office » octroie à certains entrepreneurs forestiers le monopole de la coupe de bois sur la rivière Gatineau (Gatineau Priviledge). Les chantiers forestiers font graduellement leur apparition sur le territoire. Ce privilège limite dans une certaine mesure l’implantation de colons canadiens sur la rivière Gatineau. Lorsque ce monopole prend fin en 1843, certains projets de colonisation deviennent envisageables. Dès lors, des arpenteurs gouvernementaux parcourent le territoire pour y tracer des cantons susceptibles d’accueillir des colons canadiens. En 1846, l’arpenteur John Newman signale la présence d’une petite communauté de squatters sur les bords du lac Sainte-Marie dans le canton de Hincks. En 1848, l’arpenteur John Allan Snow trace des concessions de terres dans les cantons d’Aylwin et de Hincks. Il identifie alors tous les squatters qui exploitent des terres à proximité du lac Sainte-Marie1. Ce document exceptionnel demeure la pièce maîtresse de notre exposé généalogique. Qui sont les squatters du lac Sainte-Marie en 18482 ? Des missionnaires au lac Sainte-Marie (1840-1848) Au printemps 1840, le nouvel évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget, demande à l’abbé John Brady, de lui tracer un itinéraire afin de lui permettre d’apprécier le travail apostolique qui s’effectue sur le territoire outaouais. Mgr Bourget reste soucieux d’offrir des services religieux à la population qui commence à s’éparpiller le long de la rivière des Outaouais. L’abbé Brady lui propose de quitter la PetiteNation (Montebello) en steamboat pour se rendre à Buckingham et de poursuivre en canot jusqu’à l’île aux Allumettes. Cette grande visite pastorale fut minutieusement organisée et l’Évêque nomma six prêtres chargés de préparer les fidèles à sa visite. En août et septembre 1840, Jean-Charles Prince et Joseph Desautels visitent les missions d’Aylmer, de Chelsea, de la Pointe-Gatineau et de Buckingham. Ils remontent également la rivière Gatineau sur une vingtaine de lieues pour se rendre jusqu’au lac Sainte-Marie. Le cours de la Gatineau est parsemé de nombreux rapides et compte pas moins de 19 portages qu’il faut franchir à travers des sentiers rocailleux. Les missionnaires attribuèrent le nom de lac Sainte-Marie à cet endroit connu sous le nom algonquin d’Epitchiagan ou de lac Rond. Pendant leur séjour au Lac Ste. Marie, les missionnaires eurent la consolation de voir s’opérer des réconciliations publiques, des restitutions courageuses; mais le trait de piété qui les toucha davantage fut celui d’un bon vieillard du nom de Léveillé, qui vint avec sa vieille épouse, réclamer humblement la consolation de se faire, un jour, prochainement peut-être, inhumer en terre sainte. Privés de tous les secours de 1 2 Mathieu Sabourin, Les squatters de la rivière Gatineau entre 1812 et 1870, Québec, Université Laval, 2010, 147 pages. L’Outaouais généalogique a déjà publié un texte sur cette question. Voir Martine Calvé, « Les squatters du lac Sainte-Marie dans les années 1840 », vol. 34, no 1, 2012, p. 23-30. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 277 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française l’Église, éloignés de plus de vingt lieues de la résidence du prêtre, incapables de nous transporter jamais au-delà des montagnes que nous n’avons pu passer que bien difficilement, lorsque nous étions plus jeunes, il nous faut mourir ici sans sacrement, sans prêtre. Oh ! du moins à présent que vous nous avez communiés, venez bénir notre fosse et nous prierons pour vous. Le missionnaire à qui s’adressait cette demande ne dut pas hésiter à satisfaire un désir aussi pieux. Aussi s’empressa-t-il de traverser le lac avec le bon vieillard; et, ayant fait entourer de quelques perches le terrain nécessaire pour deux fosses, il bénit, au milieu de cette famille en prière et en pleurs, le lieu de leur sépulture. Il y planta même une Croix, aux pieds de laquelle ces vertueux chrétiens se proposaient bien d’aller faire, tous les jours, leur préparation à la mort3. Ce bon vieillard serait Jean-Baptiste Truchon dit Léveillé, né et baptisé à Mascouche le 8 mars 1772, conjoint de Marie-Madeleine Renaud, née le 20 et baptisée le 21 octobre 1773 au même endroit. Le mariage du couple a été célébré le 10 février 1794 à Mascouche. Le registre paroissial de Buckingham atteste du passage des abbés Prince et Desautels au lac Sainte-Marie. Le 13 septembre 1840, Joseph Desautels enregistre deux actes de baptême relatifs à des résidents du lieu. –– Baptême de Joseph Truchon, âgé de 2 mois, fils de François-Isaac et d’Angèle Foisy. Parrain Jean-Baptiste Truchon et marraine Marcelline Barbier. –– Baptême de Philomène McPherson, âgée de 15 ans, fille d’Andrew et de Marguerite, une sqaw. Parrain Reverend Jean-Charles Prince et marraine Élisabeth McPherson. Lors de sa visite pastorale, Mgr Bourget érige huit nouvelles missions sur le territoire outaouais. Le 3 octobre 1840, il délimite la mission de Saint-Paul d’Aylmer qui comprend alors les cantons d’Onslow, d’Eardly et une partie de Hull. La mission d’Aylmer est confiée à l’abbé Joseph Desautels, jeune prêtre ordonné à Montréal en 18384, qui assumera également des visites missionnaires sur la rivière Gatineau. En avril 1841, Desautels, en tant que curé d’Aylmer, effectue une telle visite au lac Sainte-Marie. Il enregistre quatre actes de baptême qu’il consigne au registre paroissial d’Aylmer. –– Baptême de Jean-Baptiste McDougall, âgé de 2 jours, fils d’Ignace et de MarieAnne Outastedjaian. Parrain Jean-Baptiste Truchon dit Léveillé et marraine MarieMadeleine Renaud. –– Baptême de François-Xavier Truchon, âgé de 2 mois, fils de Jean-Baptiste et de Marcelline Barbier. Parrain François-Xavier Naud et marraine Éloise Leclerc (parfois Éloide). –– Baptême de Joseph Riel, âgé de 5 mois, fils d’Émilien et d’Henriette McDougall. Parrain François-Xavier Naud et marraine Catherine Riel. –– Baptême de Sophie Naud, âgée d’un mois et demi, fille de François-Xavier et d’Élisabeth McPherson. Parrain Jean-Baptiste Léveillé et marraine Henriette McDougall. 3 4 278 Rapport de l’Association de la propagation de la foi, établie à Montréal, en vertu d’un indult du Saint Siège, et annoncée au diocèse par le mandement du 18 avril 1838, Montréal, juillet 1841, no 3, p. 41-42. Roberto Perin, « DESAUTELS, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003, consulté le 9 oct. 2013, http://www.biographi.ca/fr/bio/desautels_ joseph_11F.html. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 Les pionniers du lac Sainte-Marie dans la vallée de la Gatineau (1837-1848) Le 2 juin 1841, le curé Desautels se déplace une nouvelle fois au lac Sainte-Marie pour rendre visite aux familles établies sur place. –– Mariage de Louis Fournier, fils majeur de feu Claude Fournier et de Marie-Louise Vaudry, de Laprairie; et de Philomène McPherson, fille mineure d’Andrew, bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest. Les témoins sont André Sabourin, Jean-Baptiste Truchon, François-Xavier Naud et Alexis Marcoux. –– Baptême d’Élisabeth Truchon dit Léveillé, âgée de 2 mois, fille de Jean-Louis et d’Éloise Leclerc. Parrain François-Isaac Truchon dit Léveillé et marraine MarieMadeleine Renaud. En 1841, le curé Desautels aurait effectué deux visites missionnaires sur la rivière Gatineau, l’une en avril et la seconde en juin. Ce trajet l’oblige à parcourir une cinquantaine de kilomètres pour se rendre jusqu’au lac Sainte-Marie. Le 31 janvier 1842, le curé d’Aylmer se présente au lac Sainte-Marie où il enregistre un seul acte de baptême. –– Baptême de Jean-Baptiste-Casimir Riel, fils de Jean-Baptiste-Casimir et de MarieMadeleine Léveillé. Parrain Pierre-Romuald Riel et marraine Julie-Élisabeth Riel. Le 3 mai 1842, Desautels adresse une lettre à l’Évêque de Montréal pour lui donner un aperçu des missions qu’il effectue sur le territoire. Les missions de la rivière à la Pêche, du lac Sainte-Marie et de la pointe à Deltier sont alors desservies par le curé d’Aylmer. La mission du lac Sainte-Marie y est décrite en ces termes : Cette mission est à 20 lieues de l’embouchure de la Gatineau, et compte 14 familles canadiennes. J’ai visité ce poste deux fois, et j’ai toujours trouvé les habitans bien disposés à consoler le missionnaire des fatigues qu’il a à essuyer pour pénétrer jusqu’à eux, par leur ponctualité à assister à tous les exercices de la mission. La plupart des gens de ce lac vivent de la chasse et de pêche qu’ils font dans les grands lacs voisins, qui sont très poissonneux; ils sont presque tous pauvres. Comme leurs maisons sont généralement petites, je les ai engagés, pendant ma dernière mission, à se cotiser entre eux pour bâtir une maison décente qui leur servirait de lieu de réunion les jours de dimanches et de fêtes, et de chapelle dans le temps de la mission : ils m’ont paru disposés à le faire. Il n’y a pas un seul protestant dans toute cette mission5. La petite communauté canadienne du lac Sainte-Marie pratique surtout des activités de chasse et de pêche pour assurer sa subsistance. Le curé Desautels n’effectue aucun commentaire sur les pratiques agricoles de ses habitants. Les squatters du lac Sainte-Marie n’ont pas encore construit de chapelle pour accueillir leur missionnaire. Au cours de l’été 1842, l’abbé Hippolyte Moreau effectue une mission au Témiscamingue pour évangéliser les Algonquins de cette région. À son retour, il emprunte la route du grand lac Victoria pour se rendre à Kanikwanakak (Lac à la Truite) afin de redescendre la rivière Gatineau. Le 11 août 1842, Moreau visite les familles du lac Sainte-Marie. Il en profite alors pour baptiser six enfants tout en célébrant le mariage du métis Amable McDougall. En 1851, l’arpenteur A. J. Russel qualifie Amable McDougall de « a well known halfbred has been many years in the service of the Hudson Bay Company6 ». Amable McDougall serait vraisemblablement le frère d’Ignace McDougall qui se trouve au lac Sainte-Marie en avril 1841. 5 6 Rapport de l’Association de la propagation de la foi…, décembre 1842, no 4, p. 61. Mathieu Sabourin, Les squatters…, p. 72. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 279 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Ces actes sont consignés dans le registre missionnaire de l’abbé Moreau et non dans le registre paroissial d’Aylmer7. –– Baptême de Joseph Truchon dit Léveillé, né le 16 juillet 1842, fils de Louis et d’Adélaïde Leclerc. Parrain François-Xavier Naud et marraine Elisabeth McPherson. –– Baptême de Madeleine Lavigne, née le 26 février 1842, fille de Joseph et de MarieCécile Kiwekijikokwe. Parrain Maximilien Riel et marraine Henriette McDougall. –– Baptême de Marie Truchon dit Léveillé, née le 6 avril 1842, fille de François-Isaac et d’Angèle Hedwige dite Foisie. Parrain Hubert Sabourin et marraine Félicité Sauvé. –– Baptême d’Olympe Sabourin, née le 23 février 1842, fille d’André et d’Euphrosine Riel. Parrain Louis Fournier et marraine Félicité Sauvé. –– Baptême de Philomène Fournier, née le 5 avril 1842, fille de Louis et de Philomène McPherson. Parrain Joseph Fournier et marraine Marie Foubert. –– Baptême de Marguerite McDougall, âgée de 7 mois, fille d’Amable et de Kwekitciwanokwe, infidèle. Parrain Jean-Baptiste Léveillé et marraine Marcelline Barbier. –– Mariage d’Amable Kapimwewittang, connu sous le nom de McDougall, majeur; et Kwekidjiwanokwe, majeure, née de parents infidèles du lac à la Truite. Témoins Ignace Sakawegomate et François-Xavier Naud. En octobre 1842, le curé Desautels aurait effectué une nouvelle visite au lac SainteMarie. Le registre paroissial d’Aylmer y signale un baptême en date du 12 octobre 1842 : –– Baptême de Maxime-Émilien Riel, né le jour précédent, fils d’Émilien et d’Henriette McDougall. Parrain Louis Fournier et marraine Félicité Sauvé. Le 24 mars 1843, le curé d’Aylmer effectue une visite au lac Sainte-Marie. Il enregistre alors deux actes de baptême : –– Baptême de Paul McDougall, né il y a 8 jours, fils d’Ignace et de Marie-Anne Ademikokwe. Parrain Casimir Riel et marraine Euphrosine Riel. –– Baptême de Lucie Truchon dit Léveillé, née il y a un mois, fille de Jean-Baptiste et de Marcelline Barbier. Parrain Louis Fournier et marraine Angèle Foisy. Au cours de l’été 1843, l’abbé Moreau entreprend ses visites missionnaires au Témiscamingue. Il est alors accompagné par le père Dominique Du Ranquet, jésuite venu au Canada en 1842. Le père Du Ranquet a tenu un journal détaillé de sa première visite missionnaire. En mai 1843, ils quittèrent la ville de Montréal pour se rendre à Bytown (Ottawa) et se déplacer ensuite vers les lacs Témiscamingue et Abitibi. De cet endroit, les missionnaires se dirigèrent vers le grand lac Victoria pour atteindre les lacs à la Truite et Barrière et rejoindre la ville de Bytown par la rivière Gatineau. Le 22 août 1843, Moreau et Du Ranquet se trouvent au lac Sainte-Marie. Dans son journal, ce dernier précise alors8 : Le lac Sainte-Marie, appelé aussi le lac Rond, est à une lieue et demie de la rivière ; arrivés au portage le plus voisin, monsieur Moreau et moi, avec un homme et la 7 8 Les premiers registres missionnaires de l’Outaouais supérieur sont conservés aux Archives du diocèse de Pembrooke (1836-1842); disponibles sur microfilm, cote 1703968, collection des microfilms Mormons. Fernand Ouellet et René Dionne, Journal du Père Dominique Du Ranquet, missionnaire jésuite en Ontario de 1843 à 1900, de la mission qu’il fit en 1843 dans l’Outaouais supérieur sous la direction de l’abbé Hippolyte Moreau, Ottawa, Éditions du Vermillon, 2000, p. 239-240. 280 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 Les pionniers du lac Sainte-Marie dans la vallée de la Gatineau (1837-1848) sauvagesse, nous laissâmes les canots pour prendre à travers le bois le sentier qui conduit à cette mission. Nous arrivâmes à l’entrée de la nuit chez monsieur James Now, ancien hivernant du lac La Truite ; sa femme, sa belle-mère sont algonquines. Il y a quelques autres sauvagesses mariées à des Canadiens nouvellement établis sur les bords du petit lac. Monsieur Moreau confessa bien avant dans la nuit. Le frère Jennesseaux qui avait campé avec nos hommes sur la Gatineau arriva le lendemain avec quelques uns, portant tout ce qu’il fallait pour la messe. Les habitants des bords du lac avertis la veille s’y rendirent avec empressement. Ils attendaient leur missionnaire dans peu de jours, de manière que nous n’eûmes guère à travailler que pour les sauvages. Le père Du Ranquet décrit sommairement la communauté du lac Sainte-Marie comprenant un certain nombre de familles mixtes formées d’hommes canadiens ayant épousé des femmes autochtones. Outre les familles canadiennes, le père Du Ranquet signale également que des « Sauvages » fréquentent le lac SainteMarie. En août 1843, l’abbé Moreau en profite pour baptiser deux enfants. Les actes sont consignés au registre paroissial d’Aylmer et non dans son registre missionnaire. –– Baptême de Louis Fournier, né le 6 mai 1843, fils de Louis et de Philomène McPherson. Parrain Jean-Baptiste Truchon dit Léveillé et marraine Marcelline Barbier. –– Baptême de Marie Naud, fille de François-Xavier et d’Élisabeth McPherson. Parrain Louis Fournier et marraine Marie-Anne Pinisikykokwe. En janvier 1844, le curé Desautels passe quelques jours au lac Sainte-Marie pour sa visite missionnaire. Il en profite pour consigner cinq actes dans son registre paroissial : –– Baptême de Marie Pinesikijikokwe, âgée de 65 ans, épouse d’Andrew McPherson, commis de la Compagnie du Nord-Ouest. –– Baptême de Marie-Angélique Masanakomikokwe, âgée de 37 ans, épouse de Joseph Lavallée. –– Mariage de Joseph Lavallée, fils majeur de feu Jean-Baptiste et de feue Louise Paul; et de Marie-Angélique Masanakomikokwe, fille majeure de Paul Dijini et de feue Cibadjwanokwe. Témoins François-Xavier Naud et Terence McGuerney. Les époux ont reconnu Louise, Angèle, Marguerite et Julie comme leurs enfants légitimes. –– Sépulture de Marie Pinesikijikokwe, âgée de 65 ans, épouse d’Andrew McPherson, commis de la Compagnie du Nord-Ouest, décédée la veille. Témoins FrançoisXavier Naud et Joseph Fournier. –– Mariage de Joseph Fournier, fils de feu Claude et de Marie-Louise Pelletier, de Laprairie; et de Marie Valières, fille de François et de Cécile McDougall. Témoins Joseph McDougall, Emilien Riel, Frédéric Langlois et Joseph Brodeur. En juin 1844, Joseph Desautels, toujours curé d’Aylmer, effectue une nouvelle visite au lac Sainte-Marie et procède au baptême de cinq enfants nés au cours des derniers mois. –– Baptême d’Euphronie Truchon, âgée de 3 mois, fille de Jean-Louis et d’Éloise Leclerc. Parrain Pierre Barbier et marraine Victoire Leclerc. –– Baptême de Joseph Lavigne, âgé de 3 mois et demi, fils de Jacques et de Cécile McDougall. Parrain Émilien Riel et marraine Henriette McDougall. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 281 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française –– Baptême d’Alexinie Sabourin, âgée de 2 mois et demi, fille d’André et de Catherine Riel. Parrain François-Xavier Naud et marraine Élisabeth McPherson. –– Baptême d’Élisabeth Fournier, âgée de 75 jours, fille de Louis et de Philomène McPherson. Parrain François-Xavier Naud et marraine Elisabeth McPherson. –– Baptême d’Eulalie Truchon, âgée de 4 mois, fille d’Isaac et d’Angèle Foisy. Parrain Alexis Desloge et marraine Marguerite Truchon. Au cours de l’été 1844, l’abbé Moreau effectue son dernier voyage missionnaire au Témiscamingue. À son retour, il revient par la rivière Gatineau et s’arrête au lac Sainte-Marie pour une courte visite. Son registre missionnaire, conservé à Maniwaki, atteste de l’enregistrement d’un seul acte de baptême au lac Sainte-Marie : –– Baptême de Marie-Mathilde Léveillé, née le 15 août 1844, fille de Jean-Baptiste et de Marcelline Barbier. Parrain Pierre Barbier et marraine Marguerite Léveillé. En janvier 1845, Mgr Bourget confie la mission des chantiers forestiers de la Gatineau aux pères Eusèbe Durocher et Augustin-Alexandre Brunet, missionnaires oblats. Le père Durocher, dans la narration de son premier voyage qu’il adresse à Mgr Bourget le 19e février 1845, affirme que la mission a commencé par le lac Sainte-Marie autour duquel se trouvent quatre chantiers forestiers. Le dimanche, dit-il « quelques-uns vinrent à la chapelle pour voir ce que c’était, puis les missionnaires se rendirent chez eux ». Au cours de cette mission, les pères oblats érigèrent le chemin de croix du lac Sainte-Marie9. Du 25 au 26 janvier 1845, le père Eusèbe Durocher se trouve présent à la mission du lac Sainte-Marie. Il consigne au registre d’Aylmer les actes suivants : –– Sépulture de Sophronie Truchon dit Léveillé, décédée le 2 décembre 1844, âgée de 9 mois, fille de Louis et d’Éloise Leclerc. Témoins Pierre Giroux et Alexis Desloges. –– Baptême de Marie Barbier, née le 15 décembre 1844, fille de Pierre et de Justine Leclerc. Parrain Louis Léveillé et marraine Éloise Leclerc. –– Baptême de Pierre-Romuald Riel, né le 3 décembre 1844, fils d’Émilien et d’Henriette McDougall. Parrain André Sabourin et marraine Marie Vallière. –– Baptême de Cécile Kitchinapueit, née le 28 août 1844, fille de Pierre et de MarieJosephte McDougall. Parrain Jacques Lavigne et marraine Cécile McDougall. –– Baptême d’Antoine Sabourin, né le 20 août 1844, fils de Benjamin et d’Angélique Mallet. Parrain Joseph Léveillé et marraine Marcelline Barbier. –– Baptême de Marie Fournier, née le 3 janvier 1845, fille de Joseph et de Marie Vallières. Parrain Louis Fournier et marraine Henriette McDougall. Le 18 juin 1845, le curé Desautels, de la paroisse d’Aylmer, revient au lac SainteMarie pour sa mission pastorale biannuelle. –– Baptême de Basile McDougall, âgé de 2 mois et demi, fils d’Amable et de Marguerite Kidjinokwe. Parrain Joseph Melogagi et marraine Josephte Lavigne. –– Baptême d’Ignace Tomosko, âgé de 15 mois, fils d’Antoine et de Marie-Anne McDougall. Parrain Ignace McDougall et marraine Marie Vallières. 9 282 Gaston Carrière, Histoire documentaire de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie-Immaculée dans l’Est du Canada, Ottawa, Éditions de l’Université d’Ottawa, 1962, t. 2, p. 204-207. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 Les pionniers du lac Sainte-Marie dans la vallée de la Gatineau (1837-1848) –– Baptême de Marie Léveillé, âgée de 2 mois, fille de Louis et d’Éloise Leclerc. Parrain Alexis Desloges et marraine Marguerite Truchon. De 1841 à 1845, le curé Desautels se rend deux fois par année en tournée au lac Sainte-Marie. Les dates de ces missions sont facilement identifiables par une lecture attentive du registre paroissial d’Aylmer. En 1846-1847, Desautels aurait vraisemblablement continué ses visites au lac Sainte-Marie. Cependant, le registre d’Aylmer reste muet à ce sujet. Aurait-il enregistré ces actes dans un autre registre ? A-t-il simplement cessé ses visites missionnaires en 1846-1847 ? Nous l’ignorons. En 1847, les missionnaires de chantiers firent un second séjour au lac Sainte-Marie : En remontant la Gatineau jusqu’à 20 lieues de son embouchure, on trouve à deux milles de la rive gauche, un petit lac nommé Walliag Kang auquel on donne aussi le nom de Ste Marie, à cause d’une petite chapelle élevée sur ses bords depuis cinq ans par les soins de M. Desautels (Joseph) et dédiée à la Ste Vierge. Seize familles canadiennes, métisses et sauvages, y ont fixé leur demeure. Nous leur avions donné, il y a deux ans, une courte retraite. Cette année, nous leur avons consacré huit jours, ils n’avaient pas eu de prêtre depuis leur première retraite. Leurs mœurs cependant ne paraissent pas mauvaises, ils avaient entretenu leur chapelle en bon état. Tous les dimanches ils s’y réunissaient régulièrement pour faire le chemin de la croix que nous avions érigé, mais baptêmes, 1ère communion, tout était à faire. Cette retraite fut suivie avec un grand empressement, nous eûmes la consolation de les réunir presque tous à la Table Sainte. La tempérance fut renouvelée, presque tous les hommes s’y agrégèrent. Ces exercices se terminèrent par l’abjuration d’une métisse protestante. Ils nous promirent tous de faire le chemin de la croix tous les dimanches, de réciter le chapelet et nous les quittâmes dans la douleur que notre séparation leur causa10. En 1848, Joseph Desautels quitte définitivement l’Outaouais pour prendre charge de la cure de Sainte-Madeleine de Vaudreuil. Joseph Ginguet, nouveau curé de la paroisse Saint-François-de-Sales-de-la-Pointe-Gatineau (Templeton) assume désormais les visites missionnaires de la vallée de la Gatineau. Le 26 janvier 1848, il se trouve au lac Sainte-Marie et baptise cinq enfants : –– Baptême de François-Isaac Truchon dit Léveillé, né le 12 juillet 1847, fils de François-Isaac et d’Angèle Foisy. Parrain Pierre Barbier et marraine Justine Leclerc. –– Baptême de Jean-Baptiste-Idas Riel, né le 25 janvier 1848, fils de Casimir et de Madeleine Truchon dit Léveillé. Parrain Pierre Barbier et marraine Justine Leclerc. –– Baptême d’Octave Gignac, né le 10 juillet 1847, fils de Xavier et d’Esther Leduc. Parrain Jacques Bills et marraine Julie Gignac. –– Baptême de Marie-Josephte McDougall, née le 4 mai 1847, fille d’Amable et de Marguerite. Parrain François Vallières et marraine Marie-Josephte Lavigne. –– Baptême d’Olive Vanasse, née le 16 octobre 1847, fille de François et de Louise Forcier. Parrain Joseph Lavallée et marraine Adélaide Lamothe. Du 15 au 18 août 1848, le curé Ginguet effectue une seconde visite missionnaire au lac Sainte-Marie. 10 Gaston Carrière, Histoire documentaire…, t. 4, p. 103. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 283 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française –– Baptême d’Hilaire Fournier, né le 25 avril 1848, fils de Louis et de Philomène McPherson. Parrain Pierre Barbier et marraine Éloide Leclerc. –– Baptême de Jules Truchon dit Léveillé, né le 12 avril 1848, fils de Louis et d’Éloide Leclerc. Parrain Louis Fournier et marraine Eulalie Gignac. –– Baptême de Joseph Lavallée, né le 20 mars 1848, fils de Joseph et d’Adélaïde Lamothe. Parrain Antoine Ashie et marraine Louise Lavallée. –– Baptême de François Fournier, né le 13 mars 1848, fils de Joseph et de Marie Vallières. Parrain François Vallières et marraine Marguerite Léveillé. –– Baptême de Jean-Baptiste Paquette, né le 18 juin 1848, fils de Jean-Baptiste et de Marguerite Naud. Parrain François Naud et marraine Mélina Naud. –– Mariage de Norbert Beaudoin, fils majeur de François Beaudoin et de Desanges Gauthier; et de Marie-Josephte Lavigne, fille mineure de Jacques Lavigne et de Cécile McDougall. Témoins François Naud et Jacques Lavigne. –– Baptême d’André Naud, né le 30 juin 1848, fils de François et d’Élisabeth McPherson. Parrain Jean-Baptiste Paquette et marraine Marguerite Naud. –– Mariage d’Antoine Ashie (Asselin ?), fils majeur de Joseph et de Marguerite Côté; et d’Élisabeth Oceabeouaquoi, fille mineure de feu Jean-Baptiste Commandant et de Christine Bernard. Témoins François Naud et Michel Bras Coupé. Au cours de leurs visites, entre 1840 et 1848, les missionnaires du lac Sainte-Marie ont rencontré 27 couples. Cette communauté ne paraît guère homogène. Plusieurs familles canadiennes de souche française côtoient des familles mixtes ayant fait l’objet de métissage (14 familles). Les McDougall et McPherson y sont largement représentées. Les propos du père Du Ranquet (1843) sur le métissage de cette communauté s’avèrent donc fondés. En définitive, plusieurs familles métisses fréquentent le secteur du lac Sainte-Marie entre 1837 et 1848. Le procès-verbal d’arpentage des cantons d’Aylwin et de Hincks par John Allan Snow en 1848 Le 3 janvier 1848, John Allan Snow, arpenteur provincial, reçoit ses instructions pour effectuer l’arpentage des cantons d’Aylwin et de Hincks dans la vallée de la Gatineau. Le 1er mars 1848, il commence l’arpentage des terres jouxtant le lac Sainte-Marie. Il en profite alors pour prendre des informations sur les squatters qui occupent ces terres tout en s’enquérant de l’année de leur implantation. Ayant officiellement terminé sa tâche le 6 mai 1848, Snow dresse un carnet d’arpentage ainsi qu’un plan détaillé de ses travaux sur le terrain11. Lors de son passage au lac Sainte-Marie, il signale notamment que : As a general remark it may be said that the land on both sides of the river & lake St Mary is of the best quality as far up as the head of the lake to which the water from the Gattineau annually flows back inundation the land for time considerable distance back on both sides ; greatly increasing the fertility of the soil upon which it remans but a short time early in the spring. The inhabitants heretofore have subsisted chiefly by hunting & fishing of which the lakes & vicinity afford a superabundance. They are commencing however to pay more attention to the improvements of theur farms. John Allan Snow dresse également une liste des squatters qui occupent les terres du lac Sainte-Marie (folios 73-76 de son carnet d’arpentage). 11 Bibliothèque Archives nationales du Québec (BAnQ), E21,S60,SS3,PG25 (carnet) et E21,S555,SS1,SSS1, PA.26B (plan). 284 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 Les pionniers du lac Sainte-Marie dans la vallée de la Gatineau (1837-1848) Andrew Sabourain. On lot No 27 in the 5th range. Has 15 acres cleared with buildings thereon, is the first person who settled at the lake in 1837. Isaac Truchon. On lot No 27 in the 4th range. Has 30 acres cleared, a part of which about 4 acres are on lot No 28, has been settled here 9 years. Lot No 28 in the 4th range is the property of the Honble Thomas McKay – has 20 acres cleared with two small houses thereon. Has been occupied 9 years. Francis Noe. On lots Nos 29 & 30 in the 4th range. Has about 70 acres cleared. 9 acres of which face on lot No 31. Has been settled here 10 years & is the principle person at the lake. The chapel is on lot No 30. Louis Fournier. On lot No 31 in the 4th range. Has about 30 acres cleared thereon in occupation 10 years. Peter Barbear. On lot No 32 in the 4th range. Has about 25 acres cleared. Has been occupied 10 years. Jean Louis, James Beads & Baptiste Laville, all on lot No 33 in the 4th range. Jean Louis has 5 acres cleared in occupation 9 years. James Beads has about 6 acres cleared occupied 6 years. Baptiste Laville has about 2 acres cleared. In occupation one years. Jacob Lavine & Antoine Biel. On lot No 34 in the 4th range. Jacob Lavine has about 5 acres cleared occupied 6 years. Antoine Biel has about 4 acres occupied 3 years. Francois Renville. On lot No 35 in the 4th range. Has about 8 acres cleared. In possession one year. Alexander Delange. On lot No 36 in the 4th range. Has about 9 acres cleared. In occupation one year. Jean B. C. Riel. On lot No 35 in the 5th range. Has 3 acres cleared. Has been occupied 10 years. Melien Riel & Francois Venois both on lot No 34 in the 5th range. Milien Riel has about 7 acres cleared occupied 3 ½ years. Francois Venois. Has about 5 acres cleared. In occupation 2 years. Amable McDougall. On lot No 33 in the 5th range. Has about 10 acres cleared. In possession 6 years. Joseph Laville. On lot No 32 in the 5th range. Has about 10 acres cleared in occupation 10 years. Joseph Fournier on lot No 31 in the 5th range. Has about 3 acres cleared on the point, at the outlet of lake St Mary – in possession 10 years. Joseph Jobin – On lot No 30 in the 5th range. Has about 10 acres cleared. In occupation 7 years. Les registres paroissiaux permettent d’établir les noms des squatters qui occupent des terres à proximité du lac Sainte-Marie. 1) André Sabourin, né le 20 février 1805 à Vaudreuil, fils de Jean-Baptiste et d’Angélique Besner. Au début des années 1830, André Sabourin est à l’emploi de MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 285 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française 2) 3) 4) 5) 12 13 14 15 16 17 18 286 la Hudson Bay Company sur la rivière Gatineau12. Il se marie le 9 février 1834 à Ottawa avec Euphrosine Riel, née le 18 juillet 1810 à Vaudreuil, fille d’Étienne et d’Euphrosine Gauthier. Le couple se serait établi dès 1837 sur les bords du lac Sainte-Marie. Lors des recensements de 1861 et de 1871, la famille Sabourin réside toujours dans le canton de Hincks13. L’acte de sépulture d’André Sabourin est consigné dans le registre de Gracefield en date du 10 août 1873. Isaac Truchon dit Léveillé, né le 13 août 1802 à Saint-Roch-de-l’Achigan, fils de Jean-Baptiste et de Madeleine Renaud, se marie le 12 février 1833 à Saint-Rochde-l’Achigan avec Angèle-Edwidge Foisy, née le 17 octobre 1816, fille naturelle14. En septembre 1840, le curé Desautels atteste de la présence de la famille Truchon au lac Sainte-Marie. Isaac aurait migré à cet endroit en 1838 avec ses vieux parents. Lors des recensements de 1861 et de 1871, la famille Truchon dit Léveillé réside toujours dans le canton de Hincks15. Isaac Truchon serait décédé vers 1862. Thomas McGoey, né vers 1805 en Irlande, se marie vers 1830 à Pamela Wright. Thomas McGoey est un important marchand de bois qui possède des droits sur des coupes forestières en Outaouais. Au recensement de 1852, il réside à Templeton avec sa famille16. Il est inhumé à la Pointe-Gatineau en mars 1881. François Naud, né le 4 janvier 1792 à Maskinongé, fils de Basile et de Marguerite Plante, se marie le 15 septembre 1838 à Montréal avec Élisabeth McPherson, née vers 1817, baptisée le 13 septembre 1838 à Montréal, âgée de 21 ans, fille métisse d’Andrew McPherson, commis de la Hudson Bay Company et de Marie Pinesikijikokwe. Au moment de son mariage, François Naud précise qu’il est récemment arrivé du grand lac Victoria où il y travaillait comme guide depuis 10 ans. Les futurs époux reconnaissent également trois enfants issus de leur union : Marguerite, 5 ans, François-Xavier, 2 ans et Marie-Célina, âgée d’un mois. François Naud s’établit vraisemblablement au lac Sainte-Marie à l’automne 1838 avec sa petite famille. Il est alors accompagné de Marie Pinesikijikokwe, sa bellemère et de Philomène McPherson, sa belle-sœur. Selon l’arpenteur Snow, François Naud est un personnage important dans la petite communauté. Il se consacre activement à la mise en valeur de sa propriété alors qu’il a défriché 70 acres de terre en seulement 10 ans. Il fournit également un terrain pour la construction de la chapelle. Au recensement de 1861, il réside toujours dans le canton de Hincks17. Il obtient officiellement les titres de sa propriété par lettres patentes le 11 novembre 186118. François Naud est inhumé dans le cimetière du lac Sainte-Marie le 3 octobre 1875 (voir registre de Gracefield). Louis Fournier, né le 30 janvier 1816 à Laprairie, fils de Claude et de Louise Pelletier, se marie le 2 juin 1841 au lac Sainte-Marie avec Philomène McPherson, née vers 1825, baptisée le 13 septembre 1840 à Buckingham, âgée de 15 ans, fille métisse d’Andrew McPherson, commis de la North West Company et de Marie Pinesikijikokwe. Louis Fournier se serait établi au lac Sainte-Marie vers 1838 alors Norman Anick, The fur trade in eastern Canada until 1870, National Historic Parks and Sites Branch, 1976, vol. 1, p. 168-169. Bibliothèque Archives Canada (BAC), Recensement de 1861, C-1303, district d’Ottawa, sous-district de Hincks, fo 190; et Recensement de 1871, C-10027, district d’Ottawa Ouest, sous-district de Hincks, fo 9. Martine Calvé, « Qui sont les parents d’Angèle Edwidge Foisy ? », dans L’Outaouais généalogique, vol. 33, no 2, 2011, p. 97-102. BAC, Recensement de 1861, C-1303, district d’Ottawa, sous-district de Hincks, fo 193; et Recensement de 1871, C-10027, district d’Ottawa Ouest, sous-district de Hincks, fo 10. BAC, Recensement de 1852, C-1132, district d’Ottawa, sous-district de Templeton, fo 1. BAC, Recensement de 1861, C-1303, district d’Ottawa, sous-district de Hincks, fo 190-191. J. C. Langelier, List of lands granted by the Crown in the province of Quebec from 1763 to 31st December 1890, Québec, 1891, p. 723. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 Les pionniers du lac Sainte-Marie dans la vallée de la Gatineau (1837-1848) 6) 7) 8) 9) 10) qu’il est toujours célibataire. Aux recensements de 1861 et de 1871, la famille Fournier réside toujours dans le canton de Hincks19. Il obtient officiellement les titres de sa propriété par lettres patentes le 3 décembre 186720. Louis Fournier est inhumé le 28 novembre 1893 au lac Sainte-Marie. Pierre Barbier, né le 16 novembre 1804 à Saint-Roch-de-l’Achigan, fils de Louis et de Angélique Urbain, se marie à Aylmer le 19 février 1844 avec Victoire Leclerc, née le 24 août 1827 à Saint-Roch-de-l’Achigan, fille de Pierre et d’Isabelle Marois. Pierre Barbier se serait établi au lac Sainte-Marie vers 1838 alors qu’il est toujours célibataire. Aux recensements de 1861 et de 1871, Pierre Barbier réside dans le canton de Hincks21. Il obtient officiellement les titres de sa propriété par lettres patentes le 18 mai 186922. L’acte de sépulture de Pierre Barbier est inscrit dans les registres de Gracefield en date du 6 février 1876. Jean-Louis Truchon dit Léveillé, né le 1er janvier 1805 à Saint-Roch-del’Achigan, fils de Jean-Baptiste et de Madeleine Renaud, se marie le 9 février 1836 à Ottawa avec Éloise Leclerc, née le 9 mai 1820 à Mascouche, fille de Pierre et d’Isabelle Marois. Le jeune couple se serait établi au lac Sainte-Marie en 1839. Au cours des années 1850, cette famille quitte la vallée de la Gatineau pour s’installer à Ottawa. James Beads apparaît sous le nom de Jacques Bills dans les registres de PointeGatineau en date du 26 janvier 1848 et du 16 février 1849. Ce squatter n’a pas été identifié. Jean-Baptiste Truchon dit Léveillé, né le 10 décembre 1794 à Mascouche, fils de Jean-Baptiste et de Madeleine Renaud, se marie le 12 octobre 1818 à SaintRoch-de-l’Achigan avec Victoire Beauchamp, née le 27 septembre 1797 à SaintRoch-de-l’Achigan, fille de Joseph et de Marie-Marguerite Bélanger. Jean-Baptiste Truchon se remarie le 14 avril 1834 à Saint-Roch-de-l’Achigan avec Marcelline Barbier, née le 21 février 1811, fille de Louis et d’Angélique Urbain. Jean-Baptiste Truchon dit Léveillé migre au lac Sainte-Marie vers 1838 avec des membres de sa famille. Aux recensements de 1861 et de 1871, la famille Léveillé réside toujours dans le canton de Hincks23. Jean-Baptiste Truchon dit Léveillé serait décédé avant 1871. Jacques Lavigne, né vers 1804, d’origine inconnue. Le 3 août 1825, devant le notaire Nicolas-Benjamin Doucet, il signe un contrat d’engagement avec la compagnie Day et McGillivray à titre de voyageur traiteur. En 1821, Ithmar Hubbell Day avait loué un terrain dans le canton de Hull afin d’y construire un poste de traite sur les rapides Deschênes dans le dessein d’intercepter les Autochtones qui se rendaient commercer à Montréal24. La compagnie Day et McGillivray aurait été active en Outaouais de 1821 à 1830 et leurs engagés couvraient le territoire compris entre la rivière du Lièvre et Mattawa. Jacques Lavigne réside dans le canton de Hull en 1825 et il y fonde une famille avec Cécile Kiwekijikokwe dit McDougall. En février 1842, lors de la naissance de leur fille 19 BAC, Recensement de 1861, C-1303, district d’Ottawa, sous-district de Hincks, fo 190; et Recensement de 1871, C-10027, district d’Ottawa Ouest, sous-district de Hincks, fo 14-15. 20 J. C. Langelier, List of lands granted…, p. 723. 21 BAC, Recensement de 1861, C-1303, district d’Ottawa, sous-district de Hincks, fo 191; et Recensement de 1871, C-10027, district d’Ottawa Ouest, sous-district de Hincks, fo 18-19. 22 J. C. Langelier, List of lands granted…, p. 723. 23 BAC, Recensement de 1861, C-1303, district d’Ottawa, sous-district de Hincks, f o 189-190; et Recensement de 1871, C-10027, district d’Ottawa Ouest, sous-district de Hincks, fo 8. 24 Michelle Guitard, Quartier de Deschênes : Énoncé d’importance et historique, préparée pour l’Association des résidents de Deschênes et l’Association du patrimoine d’Aylmer, octobre 2012, p 16. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 287 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Madeleine, ils résident au lac Sainte-Marie. Au cours des années 1850, ils quittent la vallée de la Gatineau pour s’installer dans la région de Pontiac. Au recensement de 1861, François Lavigne, fils de Jacques, réside dans le canton de Litchfield25. Jacques Lavigne est inhumé le 18 mai 1864 à Sainte-Anne du Grand Calumet à l’âge de 60 ans. Antoine Biel. Ce squatter n’a pas été identifié. Serait-ce Antoine Ashie (Asselin) qui épouse Élisabeth Oceabeouaquoi le 18 août 1848 au lac Sainte-Marie ? François Rainville. Ce squatter n’a pas été identifié. Alexis Desloges, né le 14 mai 1819 à Rigaud, fils de Joseph et de Marie Dupuis, se marie le 29 avril 1839 à Saint-André-d’Argenteuil avec Marguerite Truchon dit Léveillé, née le 4 septembre 1820 à Saint-Roch-de-l’Achigan, fille de Jean-Baptiste et de Victoire Beauchamp. En 1844, Alexis Desloges et Marguerite Truchon figurent à titre de parrain et de marraine de l’enfant d’Isaac Truchon. Selon l’arpenteur Snow, le jeune couple n’occuperait leur propriété que depuis un an. Au recensement de 1871, Alexis Desloges réside toujours dans le canton de Hincks26. Il obtient officiellement les titres de sa propriété par lettres patentes le 25 octobre 187527. Ce couple ne semble pas avoir laissé de descendants. Casimir Riel, né le 15 mars 1820 à Rigaud, fils d’Étienne et de JosephteEuphrosine Gauthier, se marie le 1er avril 1839 à Buckingham avec Madeleine Truchon dit Léveillé, née le 23 août 1823 à Saint-Roch-de-l’Achigan, fille de JeanBaptiste et de Victoire Beauchamp. Lors de son mariage, Casimir Riel précise qu’il réside dans les terres anonymes situées le long de la rivière Gatineau. Il se serait donc établi célibataire au lac Sainte-Marie en 1838 où il aurait rencontré sa future épouse. Au recensement de 1861, la famille Riel réside toujours dans le canton de Hincks28. Casimir Riel est inhumé le 4 juin 1888 au lac Sainte-Marie. Émilien Riel, né le 12 octobre 1811 à Rigaud, baptisé sous le prénom d’ÉtienneMarcellin, fils d’Étienne et de Josephte-Euphrosine Gauthier, se marie le 21 octobre 1838 à Ottawa avec Henriette McDougall, née vers 1819 (42 ans au recensement de 1861), d’origine inconnue. Dès le mois d’avril 1841, la famille Riel se trouve présente au lac Sainte-Marie lors du baptême de leur fils Joseph. Au cours des années 1850, ils quittent le lac Sainte-Marie pour s’établir plus au nord sur la rivière Gatineau, près de Maniwaki. Lors des recensements de 1861 et de 1871, la famille Riel est recensée dans le canton d’Egan29. Émilien Riel est inhumé dans le cimetière de la mission de Maniwaki le 13 janvier 1871. François Vanasse, né le 1er avril 1796 à Maskinongé, fils de François et de Madeleine Dupuis, se marie le 26 décembre 1834 à Maskinongé avec MarieLouise Forcier, née vers 1810, baptisée le jour de son mariage à l’âge de 24 ans, fille de Jean-Baptiste Forcier, résident dans les Pays-d’en-Haut et de mère inconnue (sauvagesse ?). François Vanasse se serait établi au lac Sainte-Marie en 1846. Ce couple ne semble pas avoir de liens familiaux avec les autres familles du lac SainteMarie. En janvier 1848, le curé Ginguet procède au baptême d’Olive Vanasse, née le 16 octobre 1847. Au cours des années 1850, cette famille s’établit dans le secteur 11) 12) 13) 14) 15) 16) 25 26 27 28 29 BAC, Recensement de 1861, C-1305, district de Pontiac, sous-district de Litchfield, fo 177. BAC, Recensement de 1871, C-10027, district d’Ottawa Ouest, sous-district de Hincks, fo 7. J. C. Langelier, List of lands granted…, p. 723. BAC, Recensement de 1861, C-1303, district d’Ottawa, sous-district de Hincks, fo 190. BAC, Recensement de 1861, C-1303, district d’Ottawa, sous-district de Egan, fo 180; et Recensement de 1871, C-10027, district d’Ottawa Ouest, sous-district de Egan, fo 16. 288 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 Les pionniers du lac Sainte-Marie dans la vallée de la Gatineau (1837-1848) 17) 18) 19) 20) 30 31 32 33 de la rivière Désert (Maniwaki). François Vanasse est inhumé le 29 mars 1878 dans le cimetière de la mission de Maniwaki. Amable McDougall, né vers 1811, d’origine métisse, se marie le 11 août 1842 au lac Sainte-Marie sous le nom d’Amable Kapiniwewittang dit McDougall avec Marguerite Kwekidjiwanokwe, née de parents infidèles du lac à la Truite. Les témoins des futurs époux sont Ignace Sakawegomate (McDougall ?) et FrançoisXavier Naud, ancien hivernant du lac à la Truite. Selon l’arpenteur Snow, Amable McDougall se serait établi au lac Sainte-Marie en 1842. Au cours des années 1850, il quitte le lac Sainte-Marie pour s’intégrer à la réserve algonquine de Maniwaki. Amable McDougall y est inhumé le 14 février 1873 en présence d’Antoine Pakinawatik, chef des Algonquins de Kitigan Zibi (Maniwaki). Joseph Lavallée, né le 21 septembre 1802 à Sorel, fils de Jean-Baptiste et de Louis Hus dit Paul, se marie le 19 janvier 1844 au lac Sainte-Marie avec MarieAngélique Masanakomikokwe, née vers 1807, baptisée au lac Sainte-Marie à l’âge de 37 ans, fille de Paul Dijini et de Cibadjwanokwe. Les futurs époux reconnaissent quatre enfants nés avant mariage, à savoir Louise, Angèle, Marguerite et Julie. Joseph Lavallée serait manifestement un employé de la Hudson Bay Compagny cantonné au poste du grand lac Victoria. En août 1838, le missionnaire LouisCharles Lefebvre de Bellefeuille y enregistre les baptêmes de Louise, âgée de 7 ans, d’Angélique, âgée de 4 ans et de Marguerite, âgée de 6 mois. En juin 1841, le missionnaire Étienne Paiement rencontre la famille Lavallée au poste de Mitcikanabikong (lac Barrière) et il procède alors au baptême de Julienne Lavallée, âgée de 6 mois. Selon l’arpenteur Snow, Joseph Lavallée se serait implanté au lac Sainte-Marie en 1838. Cette information nous paraît erronée car il serait arrivé au lac Sainte-Marie vers 1843. Joseph Lavallée se remarie le 2 mai 1845 avec Adélaïde Lamothe, née le 11 mai 1822 à Saint-Jacques-de-l’Achigan, fille de Pierre et de Marie Senez. Joseph Lavallée s’est noyé à la fin de l’année 1852. Au recensement de 1871, la veuve Lavallée réside chez Philibert Bertrand, son gendre, au lac Sainte-Marie30. Joseph Fournier, né le 14 avril 1823 à Chambly, fils de Claude et de MarieLouise Pelletier, se marie le 20 janvier 1844 au lac Sainte-Marie avec Marie Vallières, fille mineure de François et de Cécile McDougall. Joseph Fournier se serait établi au lac Sainte-Marie avec son frère aîné vers 1838. Au cours des années 1850, la famille Fournier quitte le lac Sainte-Marie pour s’établir dans le secteur de Maniwaki. Le 9 mai 1870, il se remarie à Zoé Sabourin, veuve de Joseph Henri dit Pied Blanc, du lac Sainte-Marie. Au recensement de 1871, Joseph Fournier est désormais recensé dans le canton de Hincks31. Il serait donc revenu vivre au lac Sainte-Marie à la suite de son deuxième mariage. Il se remarie une troisième fois le 23 septembre 1872 à Gracefield avec Vitaline Labelle, veuve de Michel McCarthy. Au recensement de 1881, il réside toujours dans le canton de Hincks32. Cependant, en 1891, la famille Fournier est désormais recensée dans le canton de Maniwaki33. Joseph Fournier est inhumé le 16 juillet 1908 à Maniwaki. Joseph Jobin, né vers 1821, il se serait implanté au lac Sainte-Marie vers 1841. Les noms de ses parents ainsi que son lieu d’origine ne sont pas connus. Joseph Jobin fit la connaissance de Delphine Leclerc au lac Sainte-Marie, celle-ci est née BAC, BAC, BAC, BAC, Recensement Recensement Recensement Recensement de de de de 1871, 1871, 1881, 1891, C-10027, district d’Ottawa Ouest, sous-district de Hincks, fo 11-12. C-10027, district d’Ottawa Ouest, sous-district de Hincks, fo 9. C-13225, district d’Ottawa, sous-district de Hincks, fo 14. T-6412, district d’Ottawa, sous-district de Maniwaki, fo 15. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 289 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française le 15 novembre 1831 à Mascouche, fille de Pierre et d’Isabelle Marois. Delphine Leclerc est donc la sœur de Victoire épouse de Pierre Barbier et aussi d’Éloise épouse de Jean-Louis Truchon. Leur mariage date vraisemblablement de 1850, car le couple donne naissance en mars 1851 à un fils prénommé Joseph. En novembre 1857, le curé Andrieux enregistre une autre naissance du couple au lac Sainte-Marie. Au recensement de 1871, Joseph Jobin et Delphine Leclerc résident désormais dans le canton de Wright34. Le couple n’aurait pas laissé de descendance. Les squatters du lac Sainte-Marie (1837-1848) En 1848, l’arpenteur John Allan Snow signale la présence de 20 squatters en possession de terres au lac Sainte-Marie. Les registres d’état civil de la paroisse d’Aylmer permettent de les identifier, tous sauf trois : James Beads, Antoine Biel et François Rainville. Sûrement des squatters célibataires qui n’ont pas laissé de traces ! Quant à Thomas McGoey, ce marchand de bois n’a jamais eu l’intention de s’établir à demeure au lac Sainte-Marie. En 1842, le curé Desautels signale la présence de 14 familles canadiennes sur place. En 1848, l’arpenteur Snow identifie 16 familles qui se sont implantées au lac Sainte-Marie et qui appartiennent à deux groupes distincts : des agriculteurs canadiens (12 familles) et d’anciens voyageurs jadis impliqués dans la traite des fourrures (4 familles). Ce dernier groupe possède une particularité intéressante, car il s’agit de familles mixtes dont la femme est d’origine autochtone. Des agriculteurs canadiens ont cherché à exploiter les terres fertiles entourant le lac Sainte-Marie à la fin des années 1830. André Sabourin et Euphrosine Riel, son épouse, de Vaudreuil, seraient les premiers à s’y établir en 1837. Dès l’année suivante, Casimir et Émilien Riel, ses beaux-frères viennent le rejoindre sur place. En 1842, le curé Desautels signale la présence d’Hubert Sabourin et de Félicité Sauvé, son épouse, ses frère et belle-sœur. Voilà un premier groupe familial qui s’implante au lac Sainte-Marie. Vers 1838, un autre groupe vient s’installer au lac Sainte-Marie. Ce sont les familles d’Isaac, de Jean-Louis et de Jean-Baptiste Truchon dit Léveillée qui ont quitté la paroisse de Saint-Roch-de-l’Achigan pour s’établir au lac Sainte-Marie. Ils sont accompagnés de leurs vieux parents, Jean-Baptiste Truchon et Madeleine Renaud. Pierre Barbier, beau-frère de Jean-Baptiste Truchon, se joint également au groupe et Alexis Desloges s’y intègre en épousant Marguerite Truchon, fille de JeanBaptiste. Le mariage de Jean-Louis Truchon et d’Éloide Leclerc en 1836 incite plusieurs membres de la famille Leclerc à s’installer au lac Sainte-Marie. Victoire Leclerc se joint à cette cellule familiale en épousant Pierre Barbier alors que Delphine épouse Joseph Jobin. Le groupe associé aux Truchon comprend pas moins de six familles souches du lac Sainte-Marie. En définitive, les familles associées aux Sabourin-Riel et aux Truchon dit Léveillé ont constitué les bases du peuplement du lac Sainte-Marie. Certains célibataires se sont également joints à ce groupe initial, par exemple les frères Louis et Joseph Fournier qui s’y sont mariés sur place. Quant à François Vanasse, originaire de la 34 BAC, Recensement de 1871, C-10027, district d’Ottawa Ouest, sous-district de Wright, fo 8. 290 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 Les pionniers du lac Sainte-Marie dans la vallée de la Gatineau (1837-1848) région de Maskinongé, sa migration vers le lac Sainte-Marie paraît impossible d’être décelée à partir de liens familiaux. Un second groupe de squatters qui apparaît également au lac Sainte-Marie est celui d’anciens employés de la Hudson Bay Company qui s’y sont établis avec des femmes autochtones. Quatre couples figurent dans cette catégorie : Joseph Lavallée, Jacques Lavigne, le métis Amable McDougall et François Naud. Le canadien François Naud semble le premier à s’installer au lac Sainte-Marie à l’automne 1838. Guide et voyageur au poste de traite du grand Victoria, il découvrit les avantages du lac Sainte-Marie lorsqu’il emprunta la rivière Gatineau pour revenir à Montréal. À sa suite, d’autres couples métis le suivent, d’abord Ignace McDougall, ensuite Amable McDougall, son frère, dont l’épouse est native de Kanikwanakak (lac à la Truite), Joseph Lavallée, ancien hivernant du poste de Mitchikanabikong (lac Barrière) et de Jacques Lavigne. En 1845, les registres d’état civil signalent d’autres couples autochtones qui n’ont fait que passer au lac Sainte-Marie, notamment Pierre Kitchinapueit et Antoine Tomosko, tous deux liés aux familles McDougall. Plusieurs familles métisses ne s’établissent donc pas sur les lieux; ce sont plutôt les familles dont le chef est d’origine canadienne qui s’implantent définitivement au lac SainteMarie. Conclusion En 1848, l’arpenteur John Allan Snow rencontre au lac Sainte-Marie seize familles de squatters qui cherchent manifestement à prendre racine dans la vallée de la Gatineau. En effet, neuf familles s’implantent de façon définitive au lac SainteMarie : ce sont celles de Pierre Barbier, Alexis Desloges, Louis Fournier, Joseph Lavallée, François Naud, Casimir Riel, André Sabourin, Isaac et Jean-Baptiste Truchon dit Léveillé. Cinq familles quittent l’endroit pour s’établir plus au nord sur la rivière Gatineau : Joseph Fournier, Joseph Jobin, Émilien Riel, François Vanasse et Abraham McDougall, ce dernier se joignant à la bande algonquine de Kitigan Zibi. Enfin, deux familles quittent définitivement la vallée de la Gatineau : Jacques Lavigne se dirige vers Pontiac alors que Jean-Louis Truchon opte pour la ville d’Ottawa. Les familles souches du lac Sainte-Marie ont laissé de nombreux descendants dans la région. En effet, elles ne comptent pas moins de 76 enfants mariés dans la vallée de la Gatineau, dont 41 proviennent de familles mixtes dites métisses. En effet, celles de François Naud (10 descendants), de Louis Fournier (10 descendants), d’Émilien Riel (9 descendants), de François Vanasse (6 descendants), de Joseph Lavallée (3 descendants) et de Joseph Fournier (3 descendants) y ont laissé une progéniture importante. Cependant, parmi ces 41 mariages, seulement trois ont uni des conjoints métissés. C’est donc dire que les descendants de mariages mixtes ont généralement pris leurs conjoints au sein de la population canadienne. En raison de la faiblesse de leur nombre dans cette région, les Métis du lac Sainte-Marie se sont simplement intégrés à la population canadienne-française de la vallée de la Gatineau. Québec [email protected] MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 277-291 291 La généalogie génétique : un survol Guy Robert (16459) L es dictionnaires définissent généralement la généalogie comme : « le dénombrement, par filiation des ancêtres d’un individu »; la filiation définissant le lien de parenté qui unit un être humain à chacun de ses ancêtres (par exemple, père, grand-mère, arrière-grand-père). Par extension, la généalogie et la filiation s’appliquent aussi aux descendants d’un individu ou probant (par exemple, fille, petit-fils, gendre). Dans son Traité de généalogie, René Jetté parle de deux types de filiations. Il s’agit des filiations juridique et biologique. La généalogie moderne s’appuie essentiellement sur la filiation juridique. Celle-ci étant fondée sur la découverte et l’enquête des principaux événements de la vie qui sont en cause. Les documents juridiques tels que les actes de l’état civil (baptême, mariage, sépulture), les contrats notariés et les recensements, dans une moindre mesure, servent habituellement à démontrer la filiation et donc établir la généalogie d’un probant. Depuis le dernier tiers du 20e siècle, le Québec connaît quelques nouvelles formes juridiques, fiscales ou non juridiques pour définir l’union de deux individus. Il s’agit du concubinage, de l’union libre ou de l’union de fait. Mis à part l’accès à des ententes contractuelles formelles et privées ou la connaissance vérifiée de l’existence de telles unions, il est difficile d’en établir la preuve généalogique. Depuis plus récemment encore nous connaissons divers types d’unions homosexuelles juridiques ou non. Ainsi, la généalogie d’un probant d’origine légitime, naturelle ou adoptive et issu d’un de ces types d’unions nécessitera une preuve généalogique adaptée. Mais ceci est une tout autre histoire. Il faut se souvenir que la généalogie totale ou même unilinéaire d’un probant repose sur la reconstruction des familles à partir des registres paroissiaux ou de l’état civil. Elle est de plus fondée sur l’hypothèse que ces documents ne comportent pas d’inexactitudes; qu’elles soient involontaires ou délibérées. Existe-t-il une façon de valider ou d’infirmer la teneur des renseignements ainsi recueillis ? La réponse à cette question est oui, bien que très partiellement, grâce à la filiation biologique1 ou génétique. Alors qu’il est pratiquement impossible de certifier la date d’un événement de la vie au-delà des renseignements contenus dans le document de l’état civil, la génétique offre cependant la possibilité d’authentifier scientifiquement l’ascendance identitaire partielle d’un individu. À l’heure actuelle, les tests génétiques offerts par les compagnies spécialisées en généalogie génétique touchent trois domaines principaux : 1 292 René Jetté, Traité de généalogie, 1991, Les Presses de l’Université de Montréal, p. 216-223. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 292-302 La généalogie génétique : un survol i. analyse des marqueurs du chromosome Y (ADN-Y) ii. séquençage de l’ADN mitochondrial (ADNmt) iii. analyse des chromosomes autosomiques (chromosomes non sexuels) Pour juger du potentiel fonctionnel des tests génétiques à caractère généalogique, considérons à titre d’exemple, un arbre ancestral de 12 générations. Bien que ces tests soient scientifiquement rigoureux et précis, ils ne peuvent apporter de conclusion définitive sur l’identité de l’individu qui s’y soumet que pour deux des 1024 lignées (2048 ÷ 2) desquelles cet individu prend ses origines à la douzième génération ancestrale. Il s’agit de la lignée des mères ou utérine avec l’ADNmt et de la lignée agnatique ou patronymique avec l’ADN-Y. On parle donc ici d’un maximum de 22 ancêtres au total sur 12 générations pour ces deux lignées, alors que 4094 individus sont attendus, incluant les individus répétés (implexe). ADN-Y Le chromosome Y, ou ADN-Y, est l’un des deux gonosomes (chromosome intervenant dans la détermination du sexe) des mammifères, incluant l’humain, l’autre étant le chromosome X. Chez l’être humain, les chromosomes sexuels constituent l’une des 23 paires de chromosomes. L’ADN-Y humain, présent uniquement chez le mâle de l’espèce, est composé de plus de 50 millions de paires de bases. On appelle ainsi l’appariement de deux bases azotées situées sur deux brins complémentaires d’ADN; les quatre bases fondamentales des acides nucléiques sont : l’adénine (A), la cytosine (C), la guanine (G) et la thymine (T). La particularité de l’ADN-Y est de se perpétuer inchangé de père en fils2, sauf pour de rares modifications appelées mutations. Par conséquent, une femme désirant explorer son héritage génétique paternel devra procéder par procuration en demandant à un frère, son père, un oncle paternel ou un cousin né d’un oncle paternel, d’effectuer le test ADN-Y. Ces mutations interviennent à différents intervalles de temps selon le marqueur ou segment de chromosome étudié. Le chromosome Y contient des séquences répétées de nucléotides (paires de bases). Pour une séquence particulière de paires de bases, aussi appelée marqueur ou DYS (pour « DNA Y chromosome Segment »), ces répétitions sont désignées sous le vocable STR (pour « Short Tandem Repeat »). Lorsqu’on examine l’ADN-Y d’une personne du sexe masculin, on mesure pour un marqueur donné (DYS) le nombre de répétitions de la séquence STR du chromosome. Le nombre de répétitions varie d’un individu à l’autre. Ces répétitions, mesurées pour un certain nombre de marqueurs du chromosome Y (soit 12, 25, 37, 67 ou 111 marqueurs), constituent l’haplotype (génotype haploïde) de cet individu. En réalité, la signature complète de l’ADN-Y d’un homme détermine son haplotype. Cependant, ce terme est souvent employé pour référer à la signature partielle de son ADN-Y. Par conséquent, l’exactitude de l’haplotype d’un individu croît avec le nombre de marqueurs (DYS) étudiés. 2 Megan Smolenyak and Ann Turner, Trace Your Roots With DNA, Rodale, 2004, p. 25. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 292-302 293 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Bien que les mutations apparaissent à des rythmes très différents selon le marqueur étudié, les experts s’accordent pour stipuler que pour un test portant sur 67 marqueurs de l’ADN-Y, une mutation aura eu lieu il y a environ 7 à 8 générations (entre 150 et 200 ans). Si on compare les résultats des tests effectués sur la totalité des marqueurs testés pour deux individus, on notera que le nombre de répétitions est identique pour certains marqueurs alors qu’il diffère pour d’autres. En additionnant, de façon absolue (sans tenir compte du signe algébrique; + ou -), les différences entre le nombre de répétitions pour chacun des marqueurs montrant un écart, on obtient ainsi la distance génétique entre ces deux individus. Plus la distance génétique est faible, plus élevée est la probabilité que ces individus soient apparentés ou partagent un ancêtre commun dans un passé plus ou moins récent. Pour ce qui est de l’auteur, les tests effectués par FTDNA (la compagnie Family Tree DNA offre un assortiment de tests génétiques) et répertoriés sur sa base de données ainsi que sur celle de YSearch3 démontrent un minimum de distance génétique avec deux autres personnes. Distance génétique entre l’auteur et deux individus participants à la base de données YSearch On sait maintenant que les mutations se produisent au rythme d’une tous les 200 ans environ. On peut donc observer, qu’avec une distance génétique de 4 entre l’auteur et les deux autres personnes identifiées, que ces trois individus ont eu un ancêtre commun il y a environ 400 ans4 au minimum, pour un intervalle de confiance de 95 %. Puisqu’ici on parle de la distance génétique entre deux individus, les mutations pourraient avoir eu lieu sur des lignées issues de deux des fils de l’ancêtre commun, distants de huit à dix générations des individus ayant été testés. Bien que les résultats de ces trois individus soient génétiquement proches, il n’a pas été possible de valider la concordance de leur ascendance patronymique à partir des registres de l’état civil. En effet, après avoir correspondu avec Eric-Andrew Hermanson, il fut établi que son grand-père est un enfant illégitime et, par conséquent, la chaîne des actes de l’état civil est ainsi rompue. Une situation semblable prévaut aussi pour le grand-père paternel de Winston Stone. Il faudra donc attendre que l’ADN-Y d’un autre descendant mâle avéré de Louis Robert dit Lafontaine soit testé pour pouvoir conclure relativement à la cohérence de la chaîne des actes de l’état civil des pères qui lient l’auteur au pionnier Louis Robert dit Lafontaine. 3 4 294 Site web de la base de données publique YSearch http://www.ysearch.org/ Selon le MRCA calculator (Most Recent Common Ancestor) de Bruce Walsh http://www.moseswalker. com/mrca/calculator.asp?q=2 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 292-302 La généalogie génétique : un survol (Source : FTDNA) Probabilités relatives au partage d’un ancêtre commun entre l’auteur et Eric-Andrew Hermanson5 Dans l’évolution moléculaire, un haplogroupe représente un regroupement d’haplotypes fondamentalement similaires. Bien qu’une analyse statistique des résultats des tests sur un groupe de marqueurs puisse donner une indication de l’haplogroupe auquel appartient l’individu en question, il faut effectuer un test plus poussé, centré sur des mutations très rares qui se sont produites avec des nucléotides très précis du chromosome Y, pour le déterminer de façon non équivoque. Ces mutations se nomment « Polymorphisme de nucléotide singulier » ou SNP (Single Nucleotide Polymorphism). L’haplogroupe représente un groupe d’individus descendant d’un seul fondateur et qui partagent une mutation SNP commune. De plus, ces SNP sont liés hiérarchiquement et un arbre d’évolution (phylogénie) a donc pu être établi pour illustrer la séquence de cette relation. Les tests « Deep-clade », ou du polymorphisme profond, effectués sur l’ADN-Y de l’auteur ont révélé que le SNP le plus profond auquel il a répondu positivement est le SRY26276. Ce SNP désigne le sous-clade R-SRY2627 de l’haplogroupe R1b (analogue à R1b1a2a1a1b5a sur YSearch ou à R1b1a2a1a2a1b1a sur ISOGG7). Le sous-clade étant représentatif d’un groupe d’individus considérés comme ayant un ancêtre commun relativement récent; soit à l’échelle généalogique, comparativement à l’échelle préhistorique pour ce qui concerne l’haplogroupe. 5 6 7 Tableau tiré de la page personnelle de l’auteur sur le site FTDNA. L’identité des SNP débute habituellement par un sigle qui désigne le laboratoire qui en a fait la découverte; ayant été découvert en 1997, ici le SRY indique plutôt « Sex determining Region of Y chromosome ». Page web des sous-clades de l’haplogroupe R1b sur ISOGG (International Society of Genetic Genealogy) http://www.isogg.org/tree/ISOGG_HapgrpR.html MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 292-302 295 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française (Source : FTDNA) Arbre phylogénique du chromosome Y (haplogroupe R encerclé) montrant les mutations de SNP et leur relation hiérarchique à partir du plus récent ancêtre commun, l’Adam homo sapiens L’haplogroupe R1b est le plus courant en Europe occidentale, atteignant plus de 80 % de la population en Irlande, dans les Highlands écossais, à l’ouest du Pays de Galles, dans la frange atlantique de la France, dans le pays basque et la Catalogne8. C’est d’ailleurs à La Rochelle, sur la France atlantique, que Louis Robert dit Lafontaine, pionnier canadien de la lignée patronymique de l’auteur, est né et a vécu jusqu’à l’âge de 24 ans. Finalement, les scientifiques du « The Genographic Project », parrainé par National Geographic, IBM et FTDNA, ont réussi à établir la route migratoire du genre humain basée sur la dépendance hiérarchique des différents haplogroupes du chromosome Y à partir de l’Adam homo sapiens. Cet Adam aurait vécu en Afrique il y a plus de 60 000 ans et c’est de ce SNP primitif qu’émerge les différents haplogroupes, dont l’haplogroupe R1b qui apparaît il y a environ 25 000 ans en Europe. D’autres SNP, éteints aujourd’hui, ont vraisemblablement vécu avant, après ou en même temps que l’Adam. 8 296 Selon Eupédia.com à http://www.eupedia.com/europe/Haplogroup_R1b_Y-DNA.shtml#distribution MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 292-302 La généalogie génétique : un survol (Source : FTDNA) Parcours migratoire des haplogroupes du chromosome Y (haplogroupe R1b encerclé) ADNmt L’ADNmt est présent dans la matrice des mitochondries et est transmis par la mère à tous ses enfants (garçon et fille). C’est une molécule circulaire (épisome) fermée par une liaison covalente. Chez l’humain, elle est formée de 2 brins et est constituée de 16 569 paires de bases. C’est un ADN très petit par rapport aux 3 milliards de paires de bases de l’ADN nucléaire des cellules humaines. Sa quantité chez un être humain est non négligeable, car une cellule possède environ 2000 mitochondries et une mitochondrie contient environ 2 à 4 molécules d’ADNmt. Au total, on dénombre environ 4000 molécules d’ADNmt par cellule. Contrairement au chromosome Y, l’ADNmt est entièrement occupé par des gènes et ne contient aucune séquence répétée. Il y a deux régions hyper-variables, HV1 et HV2, dans les séquences D-loop (pour Displacement loop : tronçons de l’ADNmt où la duplication des éléments de la molécule s’effectuent sur un troisième brin d’ADN). La comparaison des résultats des tests entre différents individus est intéressante du point de vue de l’évolution récente des humains mais aussi pour distinguer des lignages différents et résoudre des problèmes de filiation ou pour l’identification de restes humains et d’auteurs de crimes. On peut parfaire ces analyses par le séquençage complet de la molécule, incluant la région codante. On peut alors déterminer l’haplogroupe des individus testés. Du point de vue de la généalogie génétique, l’ascendance utérine d’un individu (par les mères) peut alors être démontrée par triangulation. La triangulation MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 292-302 297 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française est une opération qui consiste à établir une double coïncidence entre deux personnes; d’une part la coïncidence quant à une commune ascendance généalogique (état civil) puis la coïncidence des signatures d’ADNmt. Les résultats du test de l’ADN mitochondrial sont toujours exprimés en fonction des différences mesurées par rapport à la Séquence référentielle de Cambridge, Angleterre (ou CRS pour Cambridge Reference Sequence), qui fut le premier laboratoire à séquencer l’ADN mitochondrial dans sa totalité. Seuls les écarts par rapport au CRS sont rapportés lors des tests effectués sur l’ADNmt des individus. L’ensemble de ces écarts permet de regrouper des individus qui sont génétiquement proches. Les mutations de la région codante (Coding Region, ou CR) de l’ADN mitochondrial permettent aussi d’établir l’haplogroupe (un grand groupe d’individus partageant les mêmes mutations génétiques) auquel appartient l’individu sous analyse. Les tests ont révélé que les ancêtres de la lignée utérine de l’auteur appartenaient à l’haplogroupe T2b. Les recherches sur l’haplogroupe T, pilotées par Dave Pike (mtDNA Haplogroup T Phylogeny based on Full Mitochondrial Sequences), ont permis d’identifier des sous-ensembles pour préciser les particularités de plus petits groupes d’individus en fonction de certaines mutations spécifiques. Les mutations particulières de l’auteur sont classifiées dans le sous-clade T2b2-C16304T ! Les résultats des participants aux tests sont consignés dans la base de données de Family Tree DNA (FTDNA) et peuvent aussi être exportés dans des bases de données publiques, comme Mitosearch9. On peut alors effectuer des recherches de cousinage ou de jumelage avec d’autres individus qui partagent les mêmes mutations. Il est alors possible de communiquer avec ceux-ci et de comparer leurs données de l’état civil respectives afin d’identifier l’ancêtre commun le plus récent. C’est ce genre de rencontres génétiques, établies par triangulation, qui font l’objet du diagramme qui suit. 9 298 Site web de la base de données Mitosearch http://www.mitosearch.org/ MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 292-302 La généalogie génétique : un survol Rencontres génétiques mitochondriales entre quatre individus de l’haplogroupe T2b10 On remarque que c’est Jeanne Petit, épouse de François Séguin dit Ladéroute, qui est le dénominateur commun génétique pour les quatre individus concernés ainsi que le plus récent ancêtre commun pour Roger ainsi que l’auteur. On remarque aussi que le plus récent ancêtre commun pour Virginia et Shirley est Marie-Agnès Marcil, épouse de Vincent Bétournay. En conséquence, ces quatre personnes sont 10 Recherches généalogiques et tableau réalisés par l’auteur. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 292-302 299 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française liées ensemble par trois des filles de Jeanne Petit. La génétique a donc réussi ici à valider hors de tout doute que les registres de l’état civil sont conformes à la réalité biologique de ces quatre individus. Ici aussi, les scientifiques du The Genographic Project ont réussi à établir la route migratoire et l’interdépendance des différents haplogroupes11 à partir de l’Ève mitochondriale, il y a plus de 100 000 ans en Afrique, jusqu’à la naissance des différents haplogroupes, dont l’haplogroupe T il y a environ 20 000 ans en Europe. (Source : FTDNA) Parcours migratoire et interdépendance des haplogroupes mitochondriaux (haplogroupe T encerclé) Chromosomes autosomiques Le corps humain compte 22 paires de chromosomes autosomiques et une paire de chromosomes sexuels (les chromosomes X et Y). Les tests d’ADN sur les chromosomes autosomiques (disons ADNau) sont offerts par trois fournisseurs principaux en Amérique du Nord : 23andMe, FTDNA (test Family Finder) et Ancestry DNA (non offert au Canada). Le test d’ADNau porte sur plus de 500 000 paires de SNP situées sur les chromosomes autosomiques. Comme suite au test (échantillon de salive ou balayage interne de la 11 Brian Sykes parle des haplogroupes européens, Les Sept Filles d’Ève, 2001, Albin Michel, p. 229-235. 300 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 292-302 La généalogie génétique : un survol joue), les laboratoires comparent ensuite ces résultats avec ceux d’autres individus afin d’identifier la concordance du plus grand nombre possible de longs blocs ou tronçons d’ADN. Ceci leur permet de suggérer des cousinages ainsi que leur distance estimée avec le plus proche ancêtre commun. Lorsque la filiation potentielle entre deux individus est élevée, le laboratoire les met en communication en transmettant à chacun le nom et l’adresse courriel de l’autre. Libre à eux par la suite d’échanger ensemble. Contrairement aux tests de l’ADNmt et de l’ADN-Y, les tests de l’ADNau ciblent l’héritage génétique global d’un individu. Tous les laboratoires affirment tester un nombre suffisant de SNP pour permettre au sujet du test d’identifier et de qualifier un cousinage génétique ainsi que de connaître son profil ethnique (pourcentages approximatifs du métissage de ses haplogroupes racines). Les cousinages de quatrième génération pourraient donc être issus de l’une des unions mettant en cause ses arrière-grands-parents. Il s’agit donc d’un test qui pourrait démontrer le lien biologique d’un probant adoptif avec des cousins également issus d’unions situées à 3, 4 ou 5 générations en amont. Il faut toutefois convenir que sans soupçons sur un lien biologique potentiel entre deux individus, il faudra espérer un coup de chance majeur, pour que deux descendants liés génétiquement et ayant le désir de résoudre le mystère de leur héritage génétique décident quasi simultanément de tester leur ADNau. Une autre des retombées de ce genre de tests, compte tenu du nombre important de SNP testés, est l’identification de prédispositions à certaines maladies ou, plus positivement, de son potentiel de santé. Bien que cette résultante puisse être d’intérêt pour certains, l’auteur considère toutefois que ceci n’est plus de la généalogie. De plus, le partage de tels résultats entre individus en cousinages appréhendés ou sur des sites publics spécialisés pourrait toutefois avoir de sérieuses conséquences sur l’intimité ou la vie privée des individus concernés. Pour conclure Comme démontré ici, la génétique peut contribuer à la généalogie traditionnelle en validant ou en infirmant une certaine, mais faible, partie des renseignements obtenus de l’état civil, des contrats notariés ou autrement. Aussi, la connaissance de son haplogroupe masculin et féminin permet à l’individu d’identifier ou de confirmer son origine ethnique agnatique (paternelle) et utérine (maternelle), c’est-à-dire européenne, amérindienne, asiatique, africaine, innue ou autre. De plus, il fut également établi que la génétique appliquée à la généalogie n’est plus uniquement l’affaire des scientifiques et des chercheurs en ce qu’elle est désormais accessible à tous sans intermédiaire. Ainsi, pourvu que deux personnes biologiquement apparentées soient testées génétiquement, des cousinages jusque là inconnus peuvent être mis à jour. Le laboratoire FTDNA offre à ses membres la possibilité de créer et de participer à des « projets » qui pourraient contribuer à améliorer la compréhension de leurs résultats. Les principaux types de projets sont axés sur : des SNP singuliers, un haplogroupe spécifique ou un patronyme (dans le cas de l’ADN-Y). MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 292-302 301 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Un aspect non négligeable pour les francophones est que les laboratoires présents en Amérique du Nord fonctionnent et transigent uniquement en anglais. Toutefois, un site web francophone québécois appelé « Projet ADN Héritage français »12 propose une mine de renseignements relatifs à la généalogie génétique ainsi qu’un forum de discussion. Ce site est également le complément d’un projet du même nom du laboratoire FTDNA, qui offre à tous ceux et celles qui y sont inscrits des tableaux comparant les résultats, regroupés par patronyme et haplogroupe. De plus, un site web privé, piloté par Jacques Beaugrand13, administrateur francophone du projet mentionné plus haut, offre aussi de nombreux articles explicatifs associés à la généalogie génétique en plus de partager ses cousinages résultants des tests effectués sur son propre ADN. On peut également consulter de nombreux articles concernant la généalogie génétique sur l’encyclopédie francophone en ligne Wikipédia. Le coût des tests d’ADN généalogique n’est pas un facteur négligeable non plus. Les conseils et les FAQ des sites mentionnés ici aideront les personnes intéressées à choisir les tests adaptés à leurs besoins et objectifs. Certains projets hébergés par FTDNA offrent des incitatifs monétaires comme des rabais sur le prix régulier des tests ou même le financement partiel des tests grâce à des dons de bienfaiteurs. En terminant, on constate que la généalogie génétique peut, dans certaines conditions, aider le généalogiste à mieux comprendre ses origines au sens large du terme, mais que la décision d’emprunter cette voie comporte des coûts importants ainsi qu’un élément de chance non négligeable. [email protected] 12 Adresse du site web du Projet ADN Héritage français : http://www.miroise.org/ADNFrancais/tiki-index. php 13 Adresse du site personnel de Jacques Beaugrand : http://www.miroise.org Guy Desjardins (12244) suggère : Un site Internet qui recense les ADNmt des ancêtres acadiens Un projet piloté par Lucie LeBlanc Consentino* sur le site de FamilyTreeDNA** cherche à compiler les ADNmt des femmes pionnières en Acadie. Parmi les plus connues, il y a Jeanne et Michelle Aucoin, Antoinette Landry, Edmée Lejeune et Perrine Bourg. Pour tous ceux qui ont fait leur généalogie matrilinéaire et qui ont une ancêtre acadienne, une confirmation de filiation au moyen de l’ADNmt est possible. * Voir mtDNA Proven Origins http://www.acadian-home.org/frames.html ** Voir https://www.familytreedna.com/public/mothersofacadia/default. aspx?section=mtresults 302 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 292-302 De l’île de Barra (Écosse) à la Baie-des-Chaleurs, le mystère des MacIntyre enfin dévoilé Denis J. Savard (14510) À la recherche de leurs racines écossaises, les nombreux descendants des MacIntyre de la baie des Chaleurs se heurtent depuis des générations sur l’origine de la première famille de ce nom arrivée au pays. Il faut tout d’abord éviter le piège de certains mythes fondateurs. Un premier, entendu récemment, voudrait qu’une famille protestante se soit convertie au catholicisme en épousant des Acadiennes de Rivière-à-l’Anguille (aujourd’hui Charlo, Nouveau-Brunswick). Selon un autre mythe, une famille originellement nommée Maquataire venue de France se serait par la suite anglicisée afin d’échapper à la discrimination économique subie par les Acadiens de la région sous le Régime britannique. Nous verrons qu’il n’en est rien. La baie des Chaleurs De Carleton (Québec) à Rivière-à-l’Anguille (Nouveau-Brunswick) C’est à Rivière-à-l’Anguille, au sud de la baie des Chaleurs qui sépare la péninsule gaspésienne (Québec) et le Nouveau-Brunswick que s’installe la famille MacIntyre. Il ne faut pas confondre Rivière-à-l’Anguille, aujourd’hui Charlo, qui remonte au 18e siècle avec les localités plus récentes de Eel River Bar ou de Eel River Crossing. La propriété des MacIntyre se trouvait à la limite est de Rivière-à-l’Anguille, sur les bords de la rivière Charlo. Quant à l’église paroissiale dite Saint-François-Xavier elle occupe, depuis sa fondation, le même emplacement central au cœur de l’ancienne Rivière-à-l’Anguille. Avant la création successive des comtés de Gloucester en 1826 et de Restigouche en 1837, cette localité dont il sera souvent question dans ce texte, faisait partie du comté de Northumberland. Le peuplement de Rivière-à-l’Anguille se fit surtout vers la fin du 18e siècle par des habitants de la rive gaspésienne là où les bonnes terres à défricher se faisaient déjà rares. Pendant une bonne partie de la première moitié du 19e siècle, les catholiques de Restigouche furent principalement desservis par les missionnaires venus de Carleton en Gaspésie. Bien qu’il y ait eu une mission à Rivière-à-l’Anguille depuis au moins 1800, le premier registre de catholicité pour la paroisse de Saint-François-Xavier ne débute qu’en 1853. Jusqu’à cette date, les résidents devaient, pour recevoir les sacrements, se rendre à Carleton, à Bonaventure ou tout simplement attendre le passage d’un missionnaire. Cette situation a parfois engendré une certaine ambiguïté MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 303 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française dans les registres1 quant au lieu de résidence des sujets. Bien que Carleton ait périodiquement tenu des registres séparés pour la rive sud, comme en 18141824, la plupart des actes concernant Rivière-à-l’Anguille sont entremêlés à ceux de Carleton. Première apparition du nom de MacIntyre à Carleton Le nom de MacIntyre (MaKenter) apparaît pour la première fois à Carleton le 3 janvier 1797 lorsque Jean Baptiste (Jean ou Iain en gaélique) MaKenter, fils majeur d’Édouard Mak et de Brigitte MaKenzy se marie avec Reine d’Amboise [dit] Bergeron, fille de feu Étienne et de Claire Coureil dit Berthelot. Vers 1798 ou 1799, soit après la naissance de Jean Baptiste à Carleton le 12 décembre 1797, le couple s’installe à Rivière-àl’Anguille, au sud de la baie des Chaleurs. En appelant son fils Jean Baptiste, le père déroge à d’anciennes coutumes écossaises voulant que les aînés, fils ou fille, reçoivent les prénoms de leurs grands-parents paternels. Ainsi, Jean-Baptiste qui à son mariage en 1797 se disait fils d’Édouard et de Brigitte aurait dû donner le prénom de ce dernier à son fils aîné. De même, la fille aînée du couple, née le 17 novembre 1799 à Rivière-à-l’Anguille et baptisée le 22 mars 1800 à Carleton, s’appelle Margrite. C’est probablement au cours de ce même printemps 1800 que les parents de Jean Baptiste ainsi que ses frères et sœurs toujours célibataires, le rejoignent et s’installent à Rivière-à-l’Anguille plutôt qu’à Carleton comme le suggère l’acte suivant. Il s’agit du mariage de Marie McIntyre, sœur de Jean Baptiste, avec Joseph Jahan dit Laviolette, à Carleton le 25 janvier 1802, mariage qui amplifie la confusion initiée par celui de Jean Baptiste en 1797. Ce dernier, ainsi qu’Alexandre McIntyre sont témoins en tant que « frères de l’épouse » au mariage de « Marie Macanter de cette paroisse [sic] fille mineur d’haleonor Macanter cultivateur et de Marguerite Mekenzey ses pere et mere de cette paroisse [sic] ». Comme nous le verrons plus loin, la famille est déjà bel et bien installée au Nouveau-Brunswick et le célébrant a sans douté employé le terme paroisse dans un sens large plutôt que désigné Carleton en propre. Haleonor ou Edward McIntyre ? Margaret ou Bridget McKenzie ? La réponse à ces questions se trouve ailleurs, et une génération plus tard, dans les registres de la baie des Chaleurs, après l’arrivée du menuisier Joseph Marie Parent et de son épouse Christine McIntyre. Ils s’étaient mariés le 4 août 1795 dans la seigneurie de Sainte-Marie (aujourd’hui Sainte-Marie de la Nouvelle-Beauce) située sur la rivière Chaudière, au sud de Lévis et auraient quitté cet endroit pour Carleton entre le 1er avril 1816 (naissance de François-de-Paul Parent) et le 1er octobre 1827 (mariage de leur fille Mersil Parent à Frédéric Porlier2. 1 2 Registres paroissiaux de Saint-Joseph de Carleton, 1772-1940. Registres de Saint-Joseph de Carleton, Québec. 304 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 De l’île de Barra (Écosse) à la Baie-des-Chaleurs, le mystère des MacIntyre enfin dévoilé Cette Christine McIntyre était-elle apparentée aux McIntyre de la baie des Chaleurs arrivés une génération plus tôt ? À son mariage en 1795, Christine avait déclaré être la fille de Neil Macintyre et de marguerite Méquinzy [McKenzie]. La similarité de ces noms avec ceux qu’on a déjà rencontrés aux mariages de Jean Baptiste McIntyre et de sa sœur Marie ne peut être le fruit du hasard. La descendance québécoise de Neil McIntyre et de Marguerite McKenzie a intéressé d’autres chercheurs avant nous. Ainsi le 6 mars 2002, Brenda Anderson de la Nouvelle-Zélande3, disait avoir identifié trois McIntyre déjà établis au Québec, soit Angus, Roderick et Neil « aussi tôt que 1775 » et formulait l’hypothèse suivante : J’ai appris qu’en 1772, un vaisseau, le brick Alexander, a quitté Greenock en Écosse pour l’Île Saint-Jean [Île-du-Prince-Édouard après 1798]. Les passagers du vaisseau ont été recrutés [en partie] dans les îles Hébrides d’Écosse. (...) Parmi ces passager figurent huit familles originaire de l’île de Barra, dont Neil McIntyre, Angus McIntyre, John McIntyre et Rory McIntyre. Ces hommes signent en [septembre] 1772 une obligation pour abandonner leurs lots (...), donc je crois qu’ils n’entendent pas rester à l’île. En route vers le Québec, peut-être ? L’intervenante néo-zélandaise avait vu juste et la pertinence de son observation méritait d’être mentionnée mais, il restait à en faire la démonstration. Retournons donc au début de cette saga. Neil mac Intyre, les Gens de Barra, et l’Alexander4 L’Écosse en crise, 16e-18e siècles L’isolement de Barra situé aux confins de l’archipel des Hébrides extérieures explique sans doute que l’île soit restée à l’abri des conflits religieux nés au temps de la Réforme et de la rupture avec Rome (1560). Selon un Rapport statistique daté de 1797, sur 1604 habitants de Barra, seule une soixantaine se déclare protestants5. Pourtant, la région n’échappe pas aux conséquences des antagonismes politiques du 18e siècle alors que la branche catholique des Stuart écossais, évincée par les branches rivales protestantes, tente de reconquérir le trône britannique. Les Stuart trouvent de larges appuis, notamment chez les catholiques des Highlands jusqu’à la bataille dite de Culloden (1746) qui marque la fin de tous leurs espoirs6. Cette défaite sera suivie de dures répressions menées contre le mode de vie traditionnel des clans écossais. Endettés, plusieurs chefs de clan songent alors à quitter l’Écosse pour les colonies anglaises d’Amérique ou l’Australie. Malgré son isolement, Barra n’échappe pas aux conséquences de ces bouleversements qui se faisaient encore sentir lorsqu’en mai 1772 la famille MacIntyre s’embarque 3 Brenda Anderson (Masterton, Nouvelle-Zélande), 6 mars 2002, forum Quebec-Genealogy, Archives QUEBEC-RESEARCH Rootsweb: bit.ly/OEzoBG 4 Voir http://www.islandregister.com/alexandr.html; http://www.gov.pe.ca/infopei/index.php3?number=2994 5 The Statistical Account of Barra 1791-1797. 6 L’article de F. L. Pigot (ci-dessous) contient un bon résumé de la situation des clans après 1746. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 305 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française pour l’île Saint-Jean (rebaptisée l’Île-du-Prince-Édouard en 1799) et la colonie catholique que le huitième laird (seigneur) John MacDonald de Glenaladale (17421810) se proposait d’établir à Scotchfort7. Même si l’objet de cette étude n’est pas de traiter de la fondation de cet établissement, il importe d’en connaître les grandes lignes. Pour plus de détails, le lecteur pourra se référer aux sources bibliographiques. Carte des Highlands d’Écosse (source Google) Le laird de Glendaladale, John MacDonald, appartenait au clan Clanranald, branche cadette du clan Donald (ou MacDonald) tout comme son cousin Colin MacDonald de Boisdale, maître des îles d’Uist, voisines de Barra. John MacDonald avait comme cousin Colin MacDonald de Boisdale, un converti protestant, ultra-zélé8. En 1770, il est déterminé à convertir tous ses tenanciers sous menace d’expulsion. Ces paysans sont pour la plupart asservis à leur petit lopin et soumis à la récolte du varech (algues de mer), principale industrie des ces îles. Mais par crainte de voir ses tenanciers quitter ses terres pour la colonie catholique de Glenaladale qui recrute avec l’appui de l’église de Rome, Boisdale doit adoucir ses positions et éviter ainsi d’avoir à faire face à une pénurie de main d’œuvre9. Le projet de Glenaladale est un domaine de 40 000 âcres situé dans le district de Tracadie qu’il a acheté en 1771 afin d’y établir une colonie dès l’année suivante. Le départ a lieu en mai 1772, après avoir embarqué plusieurs recrues (tenanciers, amis ou associés de son domaine de la terre ferme), soit 110 personnes, selon James 7 8 9 F. L. Pigot, « MacDonald of Glenaladale, John », Dictionnaire biographique du Canada, University of Toronto/Université Laval, (2000), vol. V, édition en ligne en français : bit.ly/OGn6c3 Ada P. MacLeod, « The Glenaladale Pioneers », Dalhousie Review (Halifax), 1931-32, vol. 11, reproduit en ligne par Electric Scotland : bit.ly/OJ7F2P James Lawson, « Passengers on the Alexander », The Scottish Genealogist, Scottish Genealogy Society, Edinburgh, 1992, vol. 39, no 4, p. 127-141, reproduit par The Island Register : bit.ly/OGryYf 306 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 De l’île de Barra (Écosse) à la Baie-des-Chaleurs, le mystère des MacIntyre enfin dévoilé Lawson10. Donald MacDonald, le frère du seigneur, chargé de mener l’implantation initiale, met cap sur South Uist pour embarquer les cent coreligionnaires recrutés par Glenaladale l’année précédente. Mais, entretemps, comme le cousin Boisdale avait assoupli ses positions, tout en menaçant ses tenanciers d’un sort bien pire s’ils allaient s’établir ailleurs, de nombreuses familles se désisteront à la dernière minute. Finalement, onze familles, soit 55 personnes vont s’embarquer. Le nombre exact des passagers de cette traversée fait présentement l’objet d’une réévaluation dont les résultats sont prévus pour 201511. À ce jour, seuls les chefs de famille ont été traités, notamment par James Lawson. À court de colons, le brick Alexander doit fait une escale imprévue à Barra et combler le déficit en recrutant parmi les tenanciers du chef du clan MacNeil assujetti au clan Donald. Ceux qui répondent à l’appel d’un départ sans doute précipité sont de jeunes familles qui n’ont ni attaches foncières ni grands moyens. Cependant Bill Lawson, une autorité dans l’histoire et la généalogie des Hébrides extérieure, croit pour sa part que ces jeunes gens de métier ne devaient quand même pas être sans le sou. Les frères Neil, Roderick et Angus McIntyre, comme peut-être John MacIntyre ainsi qu’Angus MacNeil, Allan MacKinnen, John McMillan et Donald McInnis acceptent ce voyage gratuit avec la perspective d’une terre à cultiver à l’île Saint-Jean. Par la suite, dans les documents relatifs à la colonie, ce groupe sera désigné sous le nom de « Gens de Barra » (The Barra People). Un établissement difficile En remontant la rivière Hillsborough au nord de Charlottetown, Donald MacDonald, frère du seigneur, procède à la rédaction d’un bail perpétuel de 3000 ans, avec les Gens de Barra. Comme les baux en Écosse avaient alors perdus leur caractère héréditaire, cette mesure fut jugée avantageuse par certains. Mais c’était sans compter que les immigrants britanniques ailleurs dans le Nouveau Monde obtenaient normalement en propre les titres de leurs terres alors que dans les plans Glenaladale, lui, souhaitait conserver à sa colonie catholique un aspect plus féodal. Le contrat, intitulé Accord de terres avec Allan McKinon charpentier et autres Gens de Barra, est passé à bord de l’Alexander et daté du 24 juin 177212. Il est prévu, entre autres, une amende de 50 livres sterling en cas de désistement. Le lendemain, les passagers de l’Alexander débarquent directement sur le nouveau domaine du lot 36 à Scotchfort après l’insistance de MacDonald auprès du capitaine. La saison est courte et la récolte est mauvaise. Le mécontentement général s’installe rapidement chez les nouveaux tenanciers qui commencent à se plaindre de ce système de type féodal. Le laird Glenaladale n’est attendu que l’année suivante et la plupart devront prendre leur mal en patience avant qu’il soit possible de donner suite à leurs doléances. Seule une fraction des Gens de Barra demande un règlement plus expéditif qui leur permettra de se réorienter ailleurs et sans délai. 10 J. Lawson, Passengers on the Alexander. 11 Projet de l’Alexander 1772, Prince Edward Island Scottish Settlers Historical Society – Société de l’héritage des pionniers écossais de l’Île-du-Prince-Édouard), PEISSHS. 12 ApIPE (Public Archives and Record Office of Prince Edward Island), Acc 2664/156, Agreement about Land with Allan McKinon Carpenter & other Barra People, 24 juin 1772, sur l’Alexander. Ce texte est reproduit intégralement puis traduit dans le portail savart.info sous l’entête « McIntyre ». MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 307 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Obligation du 21 septembre 177213 13 Public Archives and Records Office of Prince Edward Island, Acc 2664/156. Reproduit avec permission spéciale. 308 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 De l’île de Barra (Écosse) à la Baie-des-Chaleurs, le mystère des MacIntyre enfin dévoilé Le 21 septembre 1772, au portage de la rivière Hillsborough, cinq des chefs de famille embarqués à Barra s’associent et s’entendent avec Donald MacDonald, sur une somme collective réduite pour la résiliation de leur entente et se soustraire ainsi à meilleur compte au bail passé en juin précédent. Obligation par les Gens de Barra [endos]. Que tout homme sache par les présentes que nous, Neil McIntyre, Roderick et Angus McIntyre, John McMillan et Angus McNeil, depuis peu de l’Île de Saint-Jean, sommes tenus et liés à Donald McDonald aussi de cette île, marchand, pour la pleine somme de Cent livres sterling - Entendu la condition de cette obligation est telle que si [sic] les dessus liés Neil, Rodk et Angus McIntyre, John McMillan et Angus McNeil sont tenus en tout temps dorénavant à la demande du ci-dessus désigné Donald McDonald retourner s’établir sur son lot soit le No 36 sur la dite île, ou payer ou lui faire payer la somme de 50 livres sterling étant le montant de l’amende prévue à l’entente précédente [pour un retrait individuel], dans quel cas la présente obligation sera déclaré nulle sans effet autrement [le bail] en demeure en toute validité - En témoins nous y posons nos mains et sceaux, au portage de la rivière Hillborough sur la dite île ce 21e jour de septembre 1772 - Signé, scellé et livré en présence de - Neil mac Intyre [signe] Signature de Neil mac Intyre (1772)14 En résumé, les associés peuvent collectivement se soustraire à ce bail pour 100 livres sterling, ou individuellement pour 50 livres. John McMillan se désiste sans doute car il figure toujours parmi les tenanciers du lot 36 de Glenaladale en 1781. Après cette mauvaise récolte, les jeunes familles parties pour améliorer leur sort n’ont pas, de toute évidence, les moyens de payer immédiatement la somme demandée. En principe, comme ils sont « liés » (bonded ) au seigneur, la dette qui les retient sur place, retarde tout départ éventuel. Pourtant, des indices laissent croire qu’ils n’ont pas l’intention de rester bien longtemps. Ces indignés de Barra n’attendront ni l’arrivée du seigneur ni le remboursement de leur dette pour mettre le cap sur Montmagny ou ses environs. Ils ont peut-être simplement pris passage sur l’Alexander jusqu’à Québec dès l’automne de 1772 quand Donald MacDonald, s’y rend pour renflouer les magasins de la colonie insulaire avant l’hiver. Il semble que ce dernier les ait laissé partir sur une simple promesse de rembourser la dette. Quoi qu’il en soit, selon le groupe de recherche sur l’Alexander de la PEISSHS, il ne reste plus trace de ces personnes dans l’île après l’acte de septembre 1772. La première de ces familles est signalée dès l’automne suivant dans les registres paroissiaux des environs de Montmagny et de Québec. Il s’agit de Roderick MacIntyre et de son épouse Mary MacNeil qui font baptiser un fils Joseph, le 3 octobre 1773 à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud. Viennent ensuite Angus dit Ignace MacIntyre et Flore MacNeil (dite Geneviève MacLean) à Québec au baptême de leur fils Rodrigue, le 2 septembre 1774. Neil MacIntyre apparaît à son tour avec sa femme Marguerite MacKenzie le 7 novembre 1775 à Montmagny, au 14 ApIPE, Acc 2664/148, Obligation by the Barra People, 21 septembre 1772, lot 36, Portage de la Rivière Hillsborough. Reproduit avec permission spéciale des Archives provinciales de l’Île-du-Prince-Édouard. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 309 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française baptême de leur fils Jacques. Pour sa part Angus McNeil est signalé le 17 juin 1774 à Québec au baptême de sa fille Catherine. Il ne faut pas confondre cet Angus MacIntyre de Barra avec son homonyme, le presbytérien maître de navire, qui épouse Agnes Ewing à Québec en 1798. Le premier feint souvent de ne pas savoir signer tout en le sachant parfaitement lorsqu’il signe Angus MacIntire à quelques occasions, dont au mariage d’un neveu puis d’une fille. Le protestant signe Angus McIntyre. Enfin, nous croyons que l’immigrant Rory dit Honoré MacNeil, marié à Québec le 15 février 1779 avec Thérèse Hamel15, faisait aussi du groupe de célibataires de Barra embarqué sur l’Alexander. Certains indices suggèrent qu’il devrait être un frère de Mary MacNeil, épouse de Roderick MacIntyre, puis de Daniel Kennedy (mariés en 1778 à Québec). Son beau-frère l’aurait pris comme apprenti tailleur d’habit puisque, par la suite, Rory dit Honoré MacNeil pratiquera ce métier à Québec – tout comme ses présumés neveux, John (Jean-Angus) et Joseph MacIntyre. Comme d’autres, Rory dit Honoré McNeil était déjà à Québec avant décembre 1775, car il a aussi prit part à la milice britannique lors du siège de Québec pendant la Guerre d’indépendance américaine (1775-1776), comme on le verra plus loin. Suivant l’exemple des autres, il s’intègre aussi rapidement à la majorité canadiennefrançaise. Trop jeune (24 ans) et célibataire, il n’apparaît pas dans les documents de Glenaladale. Il aurait donc voyagé sous la tutelle de la famille de sa présumée sœur. De tels liens de parenté, bien que vaguement évoqués, unissent certainement les membres de ce groupe. Angus MacNeil et Louise Therrien Il existe à cette époque un autre Angus MacNeil établi à Saint-Françoisde-la-Rivière-du-Sud avant 1764. Se pourrait-il, s’il était originaire de Barra, que les Gens de Barra qui comptaient quatre McNeil adultes dans leurs rangs, avaient peut-être déjà envisagé de se rendre à Saint-François avant même de quitter l’île Saint-Jean. Ce premier Angus MacNeil est décédé le 10 novembre 1773, un mois après la première mention des Gens de Barra au Québec. Ces derniers semblent avoir imité le premier MacNeil en s’intégrant volontairement à la communauté francophone dès leur arrivée. Roderick MacIntyre décède à Berthier-en-Bas quelques années après son arrivée, soit le 11 août 1776, à l’âge de 35 ans. Sa veuve, Marie McNeil épouse en secondes noces Daniel Kennedy, un écossais de Glengarry, le 23 février 1778 à Berthier-enBas. Parmi les témoins sont nommés Ignace (Angus) MacEntyre, beau-frère de l’épouse, et Nil (Neil) MacEntyre, cousin de l’épouse. À cause des patronymes, on peut penser que le rédacteur a omis de préciser que Neil est aussi le beau-frère de Marie du fait qu’elle avait été mariée avec le défunt Roderick MacIntyre. Mais selon notre analyse, nous croyons que Neil est bien le 15 Normand Robert et Michel Thibault, Catalogue des immigrants catholiques des îles Britanniques avant 1825, Société de recherche historique Archiv-Histo, Montréal, 1988, p. 35. 310 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 De l’île de Barra (Écosse) à la Baie-des-Chaleurs, le mystère des MacIntyre enfin dévoilé cousin germain de Mary MacNeil : Si Mary MacNeil est la sœur de Rory dit Honoré MacNeil tel que suggéré, elle est donc aussi la fille de « John MacNeil & Margaret MacIntyre, de Barra » cités au mariage de Rory. Cette Marguerite MacIntyre serait, par déduction, la sœur du présumé John McIntyre époux de Christina, donc tante paternelle des frères McIntyre. Ainsi, Neil MacIntyre est qualifié de cousin de la veuve, puisque sa qualité de beau-frère « à cause de son feu mari » perd en importance quand la veuve se remarie tandis que le cousinage reste. Ignace MacEntyre est toujours appelé beau-frère, sans doute à cause de sa femme Flora McNeil, présumée sœur de Mary McNeil. Les deux unions MacIntyre-MacNeil sont donc celles de cousins germains. Angus, Roderick et Neil MacIntyre, fils de John MacIntyre et de Christina Il faudrait de sérieuses justifications pour associer les trois frères McIntyre à John MacIntyre et Christina X, de Barra sans d’abord avoir établi une reconstitution rigoureuse des familles en question – et en évitant de ne se fier qu’à la coutume écossaise. Roderick, Angus et Neil semblent tous désigner leurs parents comme étant John et Christina, ce qui en principe ferait d’eux des frères germains, ce qu’on ne peut affirmer hors de tout doute. On trouve dans le recensement de 1798 à l’Île-du-Prince-Édouard un certain John, fils aîné de John McIntyre de Barra, resté à Millcove, lot 35. Pendant ces premières années, les relations avec la communauté écossaise de Québec sont rares, voire inexistantes. À cause de l’éparpillement initial, même les relations entre ces Gens de Barra s’estompent après le mariage Kennedy-MacNeil. Rapidement, ces immigrants fréquenteront plutôt leurs nouveaux voisins canadiens et tout porte à croire qu’au cours de ce processus d’intégration ces foyers sont directement passées du gaélique au français. MacNeil ou McLean ? Selon les registres, ces deux patronymes – en ce qui concerne ces Gens de Barra – sont à toutes fins pratiques interchangeables. Dans certaines bases de données, l’épouse d’Angus MacNeil se nomme Catherine McLean. Mais dans les faits, c’est toujours soit McNeil-McNeil, soit McLean-McLean (ou leurs variantes respectives). La distinction phonétique entre ces deux noms prononcés avec des accents inhabituels peut sembler difficile à percevoir, comme en témoigne aussi le nombre infini de variantes orthographiques. Ainsi, les prêtres ne saisissent jamais correctement le vrai prénom de Flora MacNeil, successivement appelée Florida, Fleurine, Claudine, puis une fois acculturée, Geneviève. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 311 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française On doit exclure une simple correspondance de noms entre les Gens de Barra et les familles MacIntyre et MacNeil signalées au Québec entre 1773 et 1775. La signature de Neil mac Intyre lève tout doute. Le style et l’orthographe sont demeurés identiques sur une période de trente ans. Neil, signe toujours les actes quand il est présent, sauf au mariage de sa fille Catherine. Il avait pourtant signé le contrat correspondant quelques semaines plus tôt. Les signature de Neil 23 février 1778, Berthier-sur-Mer 8 juillet 1779, Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud Après la naissance de Jacques à Montmagny en 1775, le couple MacIntyre-MacKenzie s’installe pour plusieurs années à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud où naîtront au moins cinq autre enfants. Ils y demeureront pendant près de 20 ans. Avant 1785, ils y tiennent une auberge sans doute dans une maison louée. Neil est alors qualifié d’aubergiste jusqu’à son départ pour la seigneurie Sainte-Marie (Nouvelle Beauce). Les enfants de Neil dit Nill ou Noël MacIntyre et de Marguerite MacKenzie Voici la première génération issue de Neil (Neil, Nill ou Noël) MacIntyre et de Marguerite MacKenzie 1.Iain (John) dit Jean Baptiste Né vers 1766 à Barra; marié à Reine d’Amboise dit Bergeron (Étienne et Claire Coureil dit Berthelot); établi à Carleton avant 1797 puis à Charlo vers 1798; décédé en 1850 à Charlo, selon l’inscription d’une pierre tombale érigée postérieurement par un petit-fils. 2. Christine Née vers 1768 à Barra; mariée à Joseph Marie Parent (Jean Marie et Marie Anne Barbeau) le 4 août 1795 à Sainte-Marie-de-Beauce; décédée le 19 mars 1843 à Carleton où le couple s’était établi entre 1816 et 1827. Dix enfants nés à SainteMarie et à Beauceville. 3. Lachlan (peut-être) Né vers 1770 à Barra; décédé jeune. 312 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 De l’île de Barra (Écosse) à la Baie-des-Chaleurs, le mystère des MacIntyre enfin dévoilé 4.Marie Geneviève Maquataire Dite âgée de 19 ans au moment de son mariage avec Michel Quemeneur dit Laflamme le 23 août 1791 à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud, 15 jours après un contrat passé devant Nicolas-Charles-Louis Lévesque16. Selon cette déclaration d’âge, elle serait née en 1772, soit à Barra avant le départ de la famille sur l’Alexander, soit à l’île Saint-Jean dans la seigneurie de Glenaladale, ou alors peu après l’arrivée du groupe au Québec. Elle signe au moins deux documents avec son père et se distingue en signant « Marie geneviéve Maquataire » plutôt que « mac Intyre ». Le couple demeure à Saint-François, mais ils fréquentent souvent l’église de SaintPierre. Geneviève décède le 13 octobre 1822 à Saint-François. Prénom d’adoption ? L’équivalent anglais du prénom de Geneviève, plutôt rare à l’époque, n’existe pas en gaélique. Il ne faut pas confondre ce prénom d’origine germanique avec Guinevere, prénom d’origine celte associé au cycle de la Table Ronde. Il se peut que Geneviève soit simplement un prénom d’adoption qui se serait substitué à son prénom gaélique original qui nous échappe. En principe, elle porte le prénom de sa grand-mère maternelle, l’épouse du présumé Lachlan McKenzie. 5. Jacques Né et baptisé le 7 novembre 1775 à Montmagny, avec comme parrain et marraine, Jacques Thibaut et Marie Anne Dusorché. Il semble être décédé jeune. 6. Catherine Née et baptisée le 31 août 1777 à Saint-François (parrain et marraine, Ignace Gosselin et Thérèse Paré). Elle épouse Antoine Marcoux (Antoine et Marie Gagnon) le 23 janvier 1798 à Sainte-Marie-de-Beauce après un contrat passé le 7 janvier17. Ils resteront au Québec, et Catherine décède le jour de Noël en 1846 à Beauport. Son frère Honoré MacIntyre et son beau-frère Joseph Parent furent les témoins de son mariage. 7.Honoré Joseph Né le 7 juillet 1779 à Saint-François, dans le rang Saint-Pierre, et baptisé le 8 (parrain et marraine Joseph Marie Blais et Marguerite Paré); marié à Marie Madeleine Côté (Pierre et Marie Madeleine Ouvrard) le 21 février 1803 à Saint-Hyacinthe; décédé le 29 septembre 1861 à Saint-Hyacinthe. 8.Marie Julie Anne Née et baptisée le 4 février 1781 à Saint-François; mariée avec Jean-Baptiste Jahan dit Laviolette le 25 janvier 1802 à Carleton (témoins ses frères Alexandre et Jean Baptiste). Elle déclare avoir 71 ans au recensement 1851 (tenu en février 1852) et réside à Charlo18 chez son gendre Joseph Cormier époux de Sophie Laviolette; 16 17 18 BAnQ-Q, CN302, S27, greffe Nicolas-Charles-Louis Lévesque (1752-1795). BAnQ-Q, CN301, S99, greffe Barthélémy Faribault, fils (1796-1826). Paroisse Colborne, comté Restigouche, p. 2. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 313 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française toujours vivante le 22 octobre 1854 à Charlo, marraine présumée de sa petite-nièce Marie-Anne (Daniel et Marie Cloutier). Baptisée Marie Julie, elle n’utilise généralement que Marie ou Mary, sauf à la naissance de Marie Rose Laviolette en 1809; prénommée Marie-Anne de façon posthume. Deux de ses filles, Sara et Marie-Rose Laviolette, sont des aïeules de l’auteur. 9.Alexandre dit Alexander Né et baptisé le 4 janvier 1784 Saint-François. Il épouse, à une date inconnue, mais avant le recensement 1851, Marguerite Pulia (Pouliot ?) déclarée d’origine canadienne-française. Les deux y sont qualifiés d’« infirme ». Aucune descendance connue. 10.Daniel Né le 20 et baptisé le 21 octobre 1785 à Saint-François. Il semble être décédé jeune. Neil est absent au baptême de sa fille Catherine en 1777. Dans le registre paroissial, le nom du père, partiellement lisible, est nil mac center. L’exemplaire conservé au greffe et d’une graphie postérieure indique plus clairement Nil Maccenter, ce que le PRDH19 interprétera comme Nilmac CENTRE. La mère, qui connaît encore mal la coutume du pays, utilise son nom de mariée Mac Intyre, quoique orthographié différemment de celui de son mari. Détail important, Marguerite MacKenzie s’attribue (ou on lui attribue) pour l’occasion un deuxième prénom masculin écossais que le PRDH raboute par erreur au patronyme : Marguerite Lachlin MacIntyre. Selon la coutume écossaise de cette époque, les deuxièmes prénoms dits patronimies sont utilisés pour évoquer sa lignée. Donc, il faut lire, en gaélique, Mairead màc Lachlan MacCoinnich ou Marguerite fille de Lachlan MacKenzie. Les généalogistes des Hébrides consultés sont unanimes, cette référence à Lachan indique assurément l’identité de son père. On peut donc penser que le fils cadet McIntyre ait reçu le prénom de Lachlan pour ce grand-père maternel. Un écart raisonnable entre les naissances (estimées) de 1768 et 1772 permet d’ailleurs cette possibilité. Des années sans soucis Ces années passées parmi les Canadiens-français s’écoulent sans histoire, et ce malgré la dette contractée à bord de l’Alexander en 1772. Les enfants se succèdent tandis que les parents s’affairent à améliorer le sort la famille. Ayant fait des économies, Neil MacIntyre a enfin les moyens de devenir propriétaire de sa propre auberge. Le 1er février 1785, devant le notaire Nicolas-Charles-Louis Lévesque, le « Sieur Nil Maquataire et madame Marguerite Macquexié, son épouse (...) aubergistes demeurant en la seigneurie de Bellechasse paroisse Saint François de la Rivierre du Sud » achètent une petite pièce de terre à Saint-François de 6 perches de front et en profondeur, du chemin du roi à la Rivière du Sud, située entre les terres de Jean Baptiste Boulet père et de Denis Terrien – le tout pour 324 « francs ou schillings20 ». 19 PRDH, Programme de recherche en démographie historique, Université de Montréal, consulté le 25 juin 2012. 20 BAnQ, greffe Nicolas-Charles-Louis Lévesque (1752-1795). 314 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 De l’île de Barra (Écosse) à la Baie-des-Chaleurs, le mystère des MacIntyre enfin dévoilé C’est sans doute sur cette pièce de terre sans bâtiment que Neil et sa femme construisent l’auberge qu’ils occuperont probablement jusqu’en 1791. Six ans plus tard, le 16 décembre 1791, lorsque le couple revend cette même propriété à Joseph Fraser devant le même notaire, la terre comprend alors « toutes et chacune des batisses et bâtiments dessus contraints ». Toujours devant le notaire Levesque, le 28 mai 1793, ce même Joseph Fraser sera à son tour qualifié d’aubergiste à SaintFrançois, ce qui confirme que la terre en question, entre autres bâtisses et bâtiments, compte bien une auberge. Le couple MacIntyre-MacKenzie préparait entretemps son déménagement vers Sainte-Marie de Beauce. Neil possédait également une terre plus importante à Saint-François qu’il avait achetée de Joseph Dessein dit St-Pierre, le 1er janvier 1786. Cette terre faisant 6 perches et demie de front sur 40 arpents de profondeur, était sise dans la seigneurie de Bellechasse, sur le côté nord de la Rivière-du-Sud, entre les terres de Louis Thibault et de Moyse Denis Morin. Payée 1000 francs, il la revendra quatre ans plus tard, le 16 mai 1790, à Joseph Jahan dit Laviolette, forgeron à Saint-François (homonyme de son futur gendre) pour la somme de 1300 « francs ou schillings de 20 sols21 ». C’est sûrement avec cette somme que Neil achète sa propriété à SainteMarie, de Pierre Cloutier, autorisé de sa femme Marie Marthe Dupont. La vente de 1300 « francs ou schillings » est encore passé devant Lévesque le 28 décembre 1790. La « terre et habitation aussi les bàtisses et baltiments dessûr construits » est sise dans la censive de « monsieur Tachereau», le long de la rivière Sainte-Marie, entre les propriétés de Pierre Thibodeau et de Vincent Gobeil. La famille était toujours à Saint-François en décembre 1791 comme on l’a vu dans l’acte précédant. Cet intervalle est peut-être utilisé pour agrandir l’habitation de la nouvelle propriété pour la transformer en auberge plus spacieuse. Située à Scott sur le lot 721 au nord des limites de Sainte-Marie22, c’est une auberge imposante : payée 1300 shillings (ou 65 livres), elle sera revendue 3160 livres sterling huit ans plus tard, soit près de 49 fois le prix d’achat. La famille n’est signalée dans les registres paroissiaux de l’endroit qu’à partir de l’été 1795. Au cours de ces années, l’aîné Iain (Jean) s’embarque pour la côte Atlantique. Ce sont peut-être les entreprises de pêche de l’oncle Angus MacIntyre de Montmagny qui le conduiront vers la Baiedes-Chaleurs23. Le 14 juin 1798, soit à peine six mois après la naissance de l’aîné de sa descendance mâle en Gaspésie, « Sieur Noël MeKaintyre aubergiste demeurant en la paroisse de Ste Marie de la Nouvelle Beauce », vend sa « terre et habitation » à Jean Boissonneau de Saint-Vallier24. Ce dernier n’est pas un inconnu des Gens de Barra puisqu’il est le frère de Nicolas Boissonneau, le gendre d’Angus dit Ignace MacNeil et de Catherine MacNeil. Jean Boissonneau a sans doute pris goût au métier d’aubergiste chez le beau-père de son frère, qualifié de cabaretier à Saint-Vallier au mariage de sa fille Marie MacNeil en 1802. 21 BAnQ, greffe Nicolas-Charles-Louis Lévesque (1752-1795). 22 Recherche de Nicole Ferland Poulin, Club Mariverain de généalogie, août 2012. 23 BAnQ, greffe Nicolas-Charles-Louis Lévesque (1752-1795) 3794; 3800 : 25 mars 1784, engagement de Pierre Fortin et de Joseph Gamache, envers Ignace Mequataire pour la pêche en mai prochain, pour un salaire de $ 7.00 (24 francs/schillings = 1 livre 4 sols) par mois; le 12 avril 1784, engagement de François Boulet envers Ignace Maquataire, pour la pêche à la Morue, à raison de $ 8.50 par mois. 24 BAnQ, greffe Nicolas Berthelot. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 315 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Comme il ne semble pas avoir de dettes (aucune quittance signalée), c’est sans doute avec une petite fortune que la famille quitte Sainte-Marie pour la Baie-desChaleurs. Et sans doute dans le même temps, Jean-Baptiste quitte Carleton pour Rivière-à-l’Anguille, sûrement avec l’aide de son père. Car, si aucune concession ne leur est connue avant 1806, dès mars 1800¸ au baptême de leur fille Margrite, Jean MacKenter et sa femme sont dits habitans propriétaires de la rivière à l’anguille. Tout porte à croire que dès 1798, Neil, au nom de son fils Jean, a racheté une concession existante de la Rivière-à-l’Anguille afin de réunir et d’y installer la famille, grâce aux profits de la vente de l’auberge de Sainte-Marie. Car le processus en place – où la pétition suit le défrichement – demande beaucoup plus de temps. La pétition de John McIntyre de 180625 concerne sûrement une terre connexe défrichée depuis. Est-ce bien Neil MacIntyre de Sainte-Marie qui est dans le comté de Restigouche ? Jusqu’à maintenant, nous avons examiné de nombreuses preuves circonstancielles qui abondent dans ce sens, dont la reconstitution de la famille. En existe-t-il d’autres de plus concrètes et qui soient irréfutables ? Selon les registres de catholicité de la Baie-des-Chaleurs à cette période, une seule famille catholique du nom de MacIntyre est établie dans la région de la Rivière-à-l’Anguille dont tous les membres se rattachent à ce prétendu Eléonore ou Édouard et à sa femme Marguerite ou Brigitte MacKenzie. Ces personnes n’ont rien à voir avec les quelques familles presbytériennes du même nom apparues au cours des décennies suivantes. Notre étude, a permis de retracer pas moins de cinq documents témoignant de l’établissement de la famille de Neil MacIntyre et Marguerite MacKenzie dans Restigouche vers 1798-1800. Il existe des preuves éloquentes dans les greffes de notaires du Québec. Depuis au moins 180126, le bruit courait que les anciens miliciens ayant participé à la défense de Québec lors du siège de l’hiver 1775-1776 par les Américains recevront des concessions sur les terres de la couronne pour services rendus. Il n’en fallait pas moins pour que les spéculateurs fonciers se mettent de la partie. C’est ainsi qu’on retrouve plusieurs exemples de ventes de terres avant même qu’elles ne soient concédées à ces « Britanniques » toujours sur place 25 ans plus tard27. Angus MacIntyre, tôt dans le jeu, touchera 25 piastres d’Espagne pour sa future concession, avant que le prix ne se stabilise l’année suivant à 20 livres. On trouve parmi ces actes, les noms d’autres Gens de Barra connus dont ceux d’Angus McNeil, d’Angus McIntyre et de Daniel Kennedy, deuxième époux de Mary McNeil, auxquels il faut ajouter Rory MacNeil époux de Thérèse Hamel, déjà cité. 25 Archives provinciales du Nouveau-Brunswick, SD108 : Pétitions de terres, série initiale : 1783-1918, Microfilm F4171; http://goo.gl/7U2NA 26 BAnQ, Vente par Angus McChanter anciens milicien de la Compagnie du feu Capitaine Harrisson à Thomas Ready aubergiste de Québec, 14 janvier 1801 devant Boisseau (no 2224 : minute numérisée, Pistard). 27 BAnQ, CN301, S285, greffe Jacques (James) Voyer (1798-1842). 316 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 De l’île de Barra (Écosse) à la Baie-des-Chaleurs, le mystère des MacIntyre enfin dévoilé C’est donc dans ce contexte que Neil MacIntyre, déjà installé à Rivière-à-l’Anguille, s’adresse à Oliver O’Hara, le douanier de Carleton (fils de Félix O’Hara, douanier de Gaspé), pour agir comme son procureur et avocat. Afin de régler ses affaires à Québec, Neil alias Eléonore McIntyre, doit au moins révéler son identité à cet homme de confiance. Le 22 septembre 1801, Neil MacIntyre du « comté de Northumberland province du Nouveau-Brunswick », appose sa signature familière sur une procuration (Power of Attorney) mandatant Oliver O’Hara de trouver un acheteur et vendre en son nom la concession promise aux miliciens. 22 septembre 1801 Signature de Neil mac Intyre « du comté de Northumberland »28 Bien qu’ayant la procuration en main en dès septembre, Oliver O’Hara attendra au printemps suivant pour se rendre à Québec. À moins qu’il n’ait pas trouvé d’acheteur lors d’une première visite. À son arrivée, il est sans doute informé que, depuis le mois de mars, le tailleur d’habit de Québec, et spéculateur, Archibald Ferguson achète de nombreuses promesses de concession. Son notaire, James (Jacques) Voyer, a même fait imprimer des formulaires de contrat de vente spécifiques pour ces transactions. C’est devant ce notaire que, le 4 mai 1802, O’Hara au nom de Neil mac Intyre, s’entend pour la vente des concessions à Ferguson, contre 20 livres en monnaie courante. Pourtant, à la fin de l’été 1802, les concessions se font toujours attendent et ni O’Hara ni MacIntyre ne prévoient repasser par Québec pour finaliser la transaction le temps venu. Entre-temps, les intéressés sont appelés à déposer formellement une demande au gouverneur de Québec. Le 16 septembre 1802, ils profitent du passage du marchand de Québec James McCalam (McCallum) afin qu’il puisse représenter Neil dans cette affaire. La procuration du 16 septembre 1802 rédigée par Oliver O’Hara de Carleton, dans la demeure de Neil à Charlo, se traduit comme suit29 : À tous ceux que les présentes verrons, Je, Neil Mc Intire, du comté de Northumberland dans la Province du Nouveau Brunswick, nomme et désigne Mr. James McCalam de la Ville de Québec marchand, mon franc et légal procureur pour et en mon nom, pour demander et faire pétition au Gouverneur pour la Concession de mes terres qui m’ont été promises pour et en récompense d’avoir été milicien pendant l’hiver du Siège de Québec en l’année mil sept cent soixante seize [1776], et que ces même Concessions soient transportées à Archibald Ferguson marchand de Québec [...] en présence du témoin soussigné Henry RimshoffNeil mac Intyre 28 BAnQ, greffe de Jacques Voyer, Power of Attorney annexé à la vente du 4.5.1802 à Archibald Ferguson. 29 BAnQ, greffe de Jacques Voyer, Annexe à la vente du 4 mai 1803 entre McCallum (pour MacIntyre) et Ferguson, au greffe de Jacques Voyer. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 317 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Signature de Neil le 16 septembre 1802, à Rivière-à-l’Anguille La signature de Neil à Charlo, et deux fois plutôt qu’une en 1801 et 1802, montre hors de tout doute que c’est celle de ce même homme venu de Barra sur l’Alexander 30 ans plus tôt. McCallum semble avoir accompli sa mission avec diligence puisque selon les Demandes de terres30 (sic) pour 1802 entre septembre et la fin décembre, les lots des futurs cantons de Granby et Milton sont répartis parmi les demandeurs, en prévision de l’émission des lettres patentes. Le nom de Neil McIntyre y figure avec les autres. Il recevra officiellement ses concessions en janvier 1803. Les concessions sont distribuées le jour de la fondation des cantons (townships) où elles se trouvent dans de longues lettres patentes énumérant les noms et les numéros des lots des bénéficiaires. Neil reçoit une première concession de 200 âcres le 8 janvier 1803 dans le canton de Granby, lot 13, rang (range) 6, et une autre aussi de 200 âcres acres le 28 janvier suivant dans le canton voisin de Milton, lot 4, rang (range) 2. Un acte de vente final est cependant nécessaire pour compléter la transaction avec Ferguson, tâche encore confiée à James McCallum. C’est le 4 mai 1803, que McCallum et Ferguson sont réunis devant le notaire Jacques Voyer, pour reprendre l’essentiel de la vente anticipée, selon l’entente conclue exactement un an plus tôt au même endroit. McCallum précise à cette occasion que Neil McIntyre a servi dans la milice comme simple soldat (private). Il ajoute également que procuration a été rédigée de la main d’Oliver O’Hara, dans le comté de Northumberland (forcément au logis de Neil MacIntyre à Rivière-à-l’Anguille). Cette version de la vente fournit aussi les détails des lots qui sont maintenant connus. Ce secteur de Granby ne sera que peu ou pas développé avant les années 1820. Outre la procuration de septembre 1802, une déclaration d’Oliver O’Hara est aussi annexé à la vente de 1803. Dans toute cette affaire, seul cet acte est répertorié sous le nom de Neil McIntyre dans l’index du notaire. La vente de 1802 est classée sous le nom du procureur O’Hara, à laquelle est annexée la première procuration. Ces documents ne sont pas les seuls qui attestent du déménagement à la Baie-desChaleurs. Un fils de Neil, Honoré McIntyre, est resté au Québec plutôt que de suivre sa famille dans les Maritimes. Près de cinq ans après le départ de ses parents, il est installé à Saint-Hyacinthe où il fonde sa propre famille. Son mariage le 21 février 1803 fournit une nouvelle preuve du déménagement de Neil McIntyre puisque on peut lire dans l’acte : « Honoré Mac Kenter laboureur résidant en cette paroisse fils majeur de Noël MacKenter laboureur et de Marguerite MacDonal [sic] ses pere et mere de la Baye des Chaleurs ». Bien qu’il y ait erreur sur le patronyme de 30 Le document catalogué à Bibliothèque et Archives Canada sous les demandes de terres pour le BasCanada et daté de 1802, est simplement une liste nominative des censitaires avec la répartition de leurs lots par numéros, en préparation des Lettre Patentes qui, elles, sont conservées à BAnQ. 318 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 De l’île de Barra (Écosse) à la Baie-des-Chaleurs, le mystère des MacIntyre enfin dévoilé sa mère, le lieu de résidence de ses parents ne laisse aucun doute. Neil, régulièrement nommé Noël, Nil ou Nill par les prêtres francophones, rectifie normalement son prénom par sa signature. Neil, dit Nill ou Noël, alias Édouard et Eleonore, MacIntyre décède le 8 septembre 1815 à Rivière-à-l’Anguille. Le célébrant, Joseph M. Bellenger arrive de Carleton deux jours plus tard, pour les funérailles. Son fils Alexandre, infirme mais toujours fidèle au poste, assiste à sa sépulture inscrite au registre de 1814-1824 des missions de la rive sud de la Baie-des-Chaleurs, parmi ceux de Carleton : « Eléonore McKenter natif d’Ecosse domicilié a la Rivière a l’Anguille, decedé d’avant hier agé de soixante et dix ans ». Les cadastres anciens de la fabrique du cimetière de Saint-Francois-Xavier de Charlo ont été perdus, ainsi que toute trace de son dernier lieu de repos. Au début du siècle dernier, son arrière-petit-fils, William MacIntyre de Dalhousie, a cependant fait poser une pierre tombale à la mémoire du fils de Neil, « John MacIntyre, natif de Barrow » (sic). Pierre tombale de Iain màc Niall mac-an-t-saoìr (Jean-Baptiste fils Neil MacIntyre), à Charlo MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 319 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française En résumé, si Neil masque soudainement son identité dans la Baie-des-Chaleurs, tout en restant « Neil » pour ses affaires avec ses partenaires de Québec, c’est forcément à cause de la proximité avec l’Île-du-Prince-Édouard et de cette obligation de septembre 1772 restée impayée. Pourtant, il n’avait plus rien à craindre. Une consultation des fonds judiciaires de 1772 à 178031, montre qu’aucun membre de la famille de Glenaladale n’a déposé de plainte, de mandat ou de protêt contre la personne de Neil MacIntyre dans cette affaire de résiliation de bail. Aussi, selon le portrait du seigneur Glenaladale que dresse Ada MacLeod, ce dernier se montre généreux à excès envers les colons qui l’avaient suivi dans son aventure. Ainsi, en 1773, devant le mécontentement généralisé, surtout à cause du régime féodal mis en place, il se ravise et aide plusieurs d’entre eux à se réinstaller, à grands frais sur de meilleures terres dans son domaine ou ailleurs dans l’île. On le verrait mal poursuivre ceux qui sont partis plus rapidement et de leur propre chef, à cause de la promesse non tenue de rembourser une dette contractée depuis si longtemps. C’est aussi l’avis des responsables du Projet Alexander 1772 (2014), qui bénéficient d’un accès privilégié à la collection privée des correspondances de la famille Glenaladale32. Dans une lettre écrite à sa sœur à Scotchfort en 1781 alors qu’il est retenu en Angleterre, Glenaladale mentionne les passagers de 1772 qui ont quitté son domaine. Il précise, à cette occasion, qu’il n’a aucune rancune envers eux, et leur souhaite bonne chance où qu’ils aillent. Mais tout ça, évidemment, Neil l’ignorait. En principe, Neil et ses confrères de Barra n’ont pas rencontré Glenaladale en personne. Ce dernier n’était pas à bord de l’Alexander et il ne regagna la seigneurie qu’après le départ présumé des familles MacIntyre et MacNeil pour le Québec. Par contre, Angus MacNeil et sa femme ont peut-être participé à la préparation du projet de Glenaladale puisqu’au recensement de 1851 à Saint-Michel-de-Bellechasse, le fils d’Angus, Antoine (alias Daniel ou Donald) MacNeil, alors âgé de 82 ans (donc né vers 1769-1770), se dit natif de Glasgow, plutôt que Barra, ou plus simplement « Écosse ». Les hommes des Hébrides extérieures, et particulièrement ceux de Barra, étaient des marins réputés. Aonghais Macneil aurait pu être recruté l’année précédant le départ lors de la visite de Glenaladale à Boisdale (South Uist). Conclusion Autant de preuves permettent d’affirmer que les MacIntyre, à commencer par Neil et Marguerite McKenzie, étaient établis dans la Baie-des-Chaleurs, depuis l’automne 1798. Et si on doutait encore que le Neil du comté du Northumberland cité en 1801 et en 1802, puisse bel et bien être le père de Jean Baptiste McIntyre marié à Reine Bergeron et de Marie McIntyre mariée à Joseph Laviolette, il reste le témoignage d’un arrière-petit-fils du nom d’Alexander McIntyre. Résidant au Lac-Mégantic, ce dernier qui avait épousé Agnès Laviolette à Nash’s Creek (NB) en 1887 a, par lettre en 1931, renseigné une nièce du Wisconsin sur les origines de la famille. Bien qu’il 31 Recherche faite par le personnel des Archives de l’Île-du-Prince-Édouard. 32 Les Archives de l’Île-du-Prince-Édouard détiennent une reproduction de cette imposante collection. Une dizaine de lettre sont reproduites par l’Université du Nouveau-Brunswick : http://atlanticportal.hil.unb. ca/acva/macdonald/fr/ 320 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 De l’île de Barra (Écosse) à la Baie-des-Chaleurs, le mystère des MacIntyre enfin dévoilé ait consulté quelques registres paroissiaux, certains détails qu’il a fournis, proviennent de toute évidence, de la tradition orale. Ainsi dans sa lettre, Alexander McIntyre atteste que Neil McIntyre de Sainte-Marie est bien l’aïeul des MacIntyre de Restigouche mais sans autres preuves qu’une allusion à Christine, ce qui constitue tout de même un début d’indice. Il n’a pas trouvé de mariage pour les fils de Neil et ne mentionne pas non plus le séjour à l’Île-du-Prince-Édouard ni des années passées à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud; épisodes sans doute déjà oubliés. Extraits de la lettre d’Alexander McIntyre traduits par l’auteur (en respectant le style et la forme de l’original) : Le 30 août 1931, Lac-Mégantic, QC Mme John Noble, West Superior Wis. Chère nièce (...) mon arrière-grand-père est venu d’un endroit nommé Barra dans le comté Argyle [auj. Inverness] en Écosse, et se sont d’abord [sic] installés à Sainte-Marie de Beauce, au Québec (...) son nom était Neil, et sa femme était Marguret McKinfey, ces registres [de Sainte-Marie] indiquent que deux filles s’y marient, l’une en 1798, l’autre en 1795, leurs noms étant Christine et Catherine, de là, autant que je puisse découvrir, ils déménagent soit à Carleton, QC ou à Charlo, car mon arrière-grand-père est enterré au cimetière de Carleton [sic]. (...) Je suis, comme toujours, ton Oncle Alexandre, Boîte 453, Lac-Mégantic, QC33. Autres sources et lectures suggérées Sur John MacDonald of Glenaladale et la seigneurie de Scotchfort Blundell, Frederick Odo, The Catholic Highlands of Scotland, [Éditions] Sands (Riverside Press), Edinburgh, 1909, vol. 2, 212 p. Reproduit en ligne par Archive. org: bit.ly/OJgn12 Pope, A.M., « The Catholic Scotch Settlement of Prince Edward Island », Catholic World, July 1882, vol. 35, no 208, p. 557-567 (mise en garde : cet ouvrage contiendrait de nombreuses erreurs). Reproduit en ligne par The Island Register: bit.ly/OISUfk Université du Nouveau-Brunswick, Portail MacDonald Family Letters, Archives virtuelles du Canada atlantique, 2009. http://atlanticportal.hil.unb.ca/acva/ macdonald/fr/ Remerciements –– Jeanne Arsenault (correspondance d’Alexander McIntyre). –– Marcel Barriault, Ottawa (revue critique). –– Myrna Babineau, (PEISSHS, Projet Alexander 1772). 33 McIntyre, Alexander, Lettre à Mme John Noble, correspondance personnelle, 30 août 1931, Lac Mégantic. Photocopie de l’original, tel que communiquée par Jeanne Arseneault et Carol Levesque, après la publication des résultats préliminaires de cette enquête dans le portail Internet de l’auteur, printemps 2011 (savart.info). MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 321 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française –– Suzanne Blaquière (SGNB Sect. Restigouche). –– Jacques Boulet, La Société de conservation du patrimoine de Saint-François-de-laRivière-du-Sud –– Nicole Ferland Poulin, Club Mariverain de généalogie, Sainte-Marie (Québec). –– Bill et Chris Lawson, généalogiste des Hébrides extérieures (hebridespeople.com). –– Brenda Levesque, Ottawa (photo du monument de John MacIntyre). –– Carol Levesque (correspondance d’Alexander McIntyre). –– Robert Bruce McIntyre, Seannachie (historien) héréditaire de Great O’Neill et du clan MacIntyre. –– Calum et Rhoda MacNeil, généalogistes de Barra. –– Roderick (Rory) Wilson Macneil, 47e chef du clan MacNeil, baron de Barra. –– Vincent MacNeil, administrateur du projet ADN MacNeil. –– Jannah Toms, Public Archives and Records Office of Prince Edward Island Toronto, Ontario [email protected] 322 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 303-322 La triste fin de Marie Quelquejeu, Fille du roi Mona Andrée Rainville (19054) A u registre de la paroisse Notre-Dame de Québec en 1684 se suivent deux actes de sépulture pour le moins inusités : celui de Marie Quelquejeu et celui de son gendre Pierre Doret, exécutés l’une et l’autre, le 14 mai 1684, « par ordre de la Justice ». Marie avait été baptisée du nom de Quelquejeu qui était celui d’une famille très ancienne dont plusieurs branches ont donné des magistrats, et qui devient Quequejeu dans la colonie. Sépultures de Marie Quelquejeu et de Pierre Doret1 1 Collection Drouin, paroisse Notre-Dame de Québec, 1684, d1p_31410932.jpg MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 323-325 323 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Sépulture Marie Quequejeu Le quatorzième jour du mois de May de l’an mil six cens quatre vingt quatre (deux mots biffés) a esté inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de Marie Quequejeu veufve de deffunt Pierre Rivault laquelle avoit esté executé le mesme jour par ordre de la Justice apres s’estre icelle confessée, et ont assisté a son inhumation Toussaint Dubau et Jean Daniel Testu demeurant en la ceste ville lesquels ont signé. /Toussainct Dubau/ /Jean Daniel Testu/ /H DeBernieres/ Sépulture Pierre Doret Le quatorzième jour du mois de May de l’an mil six cens quatre vingt quatre a esté inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de Pierre Doret âge de trente cinq ans ou environ lequel avoit esté condamné a mort le mesme jour et executé par ordre de la Justice apres s’estre auparavant confessée et ont assisté a son inhumation Toussaint Dubau et Jean Testu lesquels ont signé. /Jean Testu/ /Toussainct Dubau/ /H DeBernieres/. Quelle histoire se cache derrière cette singulière cause de décès ? Jusqu’à présent, l’absence de précisions laissait toute la place à la conjecture. Or, voici que l’énigme se résout dans le texte d’un mémoire découvert au hasard d’une recherche, et qui, sous la plume du procureur général de la colonie, Ruette d’Auteuil2, nous apprend que ces exécutions sont le fait de l’intendant Jacques de Meulles3 qui les a ordonnées dans des circonstances qui consternent l’auteur du mémoire. Le procureur général s’adresse au nouveau ministre de la Marine, le marquis de Seignelay4, qui vient de succéder à son illustre père, le Grand Colbert. Monsieur de Meulles, dit-il, s’accapare tous les procès pour en disposer à sa guise, sans égard à la juridiction ou à la procédure. Pour illustrer son propos, il cite l’exemple suivant : … D’ailleur Comme Monsieur De Meusle s’attire la connoissance de toutte les affaires faisant venir les parties sur un simple billet de son secrétaire lesquelle il juge verballement se servant de prisons & d’amendes pour faire exécuter ses Jugemens Il fait demeurer les officiers de Justice dans une grande oisiveté ; ayant ordonné au lieutenant général de la prévosté de cette ville de luy renvoyer les parties des differents 2 3 4 324 François Madeleine Fortuné Ruette d’Auteuil (1658-1737), procureur général nommé en 1681 et jusqu’à sa mort. Jacques de Meulles, seigneur de La Source, intendant de la Nouvelle-France de 1682 à 1686, était l’époux de la fille de Michel Bégon, ce qui le rapprochait de la famille Colbert. Jean-Baptiste Antoine Colbert, marquis de Seignelay. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 323-325 La triste fin de Marie Quelquejeu, Fille du roi desquels il auroit commencé à connoistre et retirant mesme à soy la connoissance des proceds des coupables que ledit lieutenant général a commencé d’Instruire, comme il a fait au sujet du gendre et de la belle mere accuzé d’inceste et d’avoir fait perir l’enfant provenant dudit inceste contre qui ledit lieutenant general avoit decerné decret de prise de corps en vertu duquel la femme avoit esté arrestée par le prévost de la Mareschaussée lesquels Mondit Sieur de Meusles fit executer à mort le 13e may dernier [1684]5. Ce gendre et sa belle-mère sont bien sûr Pierre Doret et Marie Quelquejeu, et les crimes dont ils ont été trouvés coupables étaient punissables de mort. Mais, en étaient-ils véritablement coupables ? Qui furent les témoins à charge, et qu’ont-ils déposé ? De Meulles a-t’il tenu une enquête ou a-t’il, comme le laisse supposer ce mémoire, jugé sommairement les accusés et disposé de leur vie sur un simple ouïdire, sans procéder au récolement ni à la confrontation de témoins ? Condamnés le 13 mai et exécutés le lendemain, Marie Quelquejeu et Pierre Doret n’ont certainement pas pu interjeter l’appel auquel ils avaient droit. Comme l’enquête s’est déroulée sans qu’aucun procès-verbal n’en soit tenu, nous sommes bien forcés de nous en tenir au résultat – au risque de nous rendre coupable d’un délit de supposition. La consternation exprimée dans le mémoire de Ruette d’Auteuil traverse l’Atlantique et trouve son écho dans une réprimande que le ministre Seignelay adresse l’année suivante à l’intendant de Meulles : J’ay esté tout à fait surpris de voir par ce que vous m’escriviez que de vostre autorité particulière vous vous soyez estably avec six grande une jurisdiction pour condamner a mort un homme et une femme, vous ne debvez jamais vous donner le pouvoir de juger de pareilles aff.re c’est au Con.el souverain a qui la connoiss.ce en appartient, et prenez bien garde que cela ne vous arrive plus à l’avenir6. Évidemment, pour Marie Quelquejeu et pour son gendre, Pierre Doret, il était trop tard. Lachine (Montréal), Québec [email protected] 5 6 ANC, Fonds des Colonies, correspondance générale, série MG1-C11A, volume 6, fol. 446-449, Lettre du procureur général Ruette d’Auteuil au ministre, Québec, 12 novembre 1684, contexte, fol. 447-448. ANC Fonds des colonies, correspondance générale, série MG1-C11A, Lettre missive du Ministre Seigneulay à l’intendant de Meulles en réponse aux lettre de De Meulles des 5 et 6 juin 1684 (perdues), Versailles, le 31 juillet 1684. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 323-325 325 Notule généalogique 110 Les Clairmont : éléments nouveaux et errata André Saint-Martin (18749) À la suite de mon article paru récemment dans les Mémoires1, Bertrand Desjardins a demandé comment avait été établie la filiation de François Clairmont et de Cécile Desjardins, les parents d’Augustin Clairmont. Le lien n’est pas évident du fait que l’acte de mariage du couple n’avait pas été retrouvé2. Grâce aux précieux et nombreux renseignements qui m’ont été communiqués par Thérèse RenaudSaintonge, de New Liskeard (Ontario), descendante de la famille Clairmont, j’ai pu retracer cet acte de mariage dont la date et le lieu étaient mentionnés dans plusieurs généalogies d’Ancestry (sans source toutefois) et aussi corroborer beaucoup d’autres renseignements sur cette famille. Le mariage en question, présidé par un pasteur méthodiste le 3 février 1834, est consigné dans le registre des mariages du Canada, Ontario, District d’Ottawa3. Dans Ancestry seulement, on peut consulter l’image du registre numérisé4. Les époux en question sont appelés « Francis Declermont » et « Cecilia Belonger ». Comme c’est généralement le cas chez les protestants, le nom des parents n’est pas mentionné et, ce qui complique davantage les choses, l’épouse est identifiée sous le nom de son défunt mari. On peut cependant s’en remettre à la tradition orale transmise par madame Renaud-Saintonge et supposer qu’il s’agit bien du mariage et du couple que nous recherchons. Il existe effectivement un acte de mariage entre une Cécile Desjardins et un Joseph Bélanger le 9 octobre 1821 à Saint-Benoît (Mirabel)5. Au décès de son époux le 20 août 1832 à Sainte-Scholastique6, Cécile est mère de sept enfants7. Il est donc plausible qu’elle se soit remariée en 1834 et ce, avec François Clairmont. Certains éléments peuvent servir à corroborer cette présomption. Ainsi, les marraines ou parrains d’au moins trois des enfants (Cécile-Arthémise, Marguerite et Cécile) du couple Bélanger-Desjardins et de deux des enfants (Henriette 1re et Augustin) du couple Clairmont-Desjardins sont des membres de la famille de Cécile Desjardins, en particulier son père François et sa mère Marguerite Grenier. Par ailleurs, bien qu’il y ait plusieurs écarts allant jusqu’à huit ans dans les âges indiqués tant dans les recensements que dans les actes de décès civils et religieux de François et de Cécile, 1 « Les Clairmont – Une famille franco-ontarienne au 19e siècle et ses énigmes », MSGCF, vol. 65, no 2, cahier 280, été 2014, p. 143-154. 2 Voir « Les Clairmont… », p. 149, dernier paragraphe, et p. 150, Tableau, IIIe génération. 3 Canada, Marriages, 1661-1949,» index, FamilySearch (https://familysearch.org/pal:/MM9.1.1/F2GPDZW : accessed 02 Sep 2014), Francis Declermont and Cecilia Belonger, 03 Feb 1834; citing Ottawa District, Ontario, reference 2:3PP779Q; FHL microfilm 1030053. https://familysearch.org/pal:/MM9.1.1/ F2GP-DZW 4http://interactive.ancestry.ca/7921/31224_178754-00780?backurl=http%3a%2f%2fsearch.ancestry. ca%2fsearch%2fdb.aspx%3fdbid%3d7921%26path%3d&ssrc=&backlabel=ReturnBrowsing 5 Registres numérisés de Saint-Benoît (Mirabel), 9 octobre 1821. Encore une fois, tous les registres religieux numérisés ont été consultés sur le site de Généalogie Québec, Le Lafrance, (http://genealogiequebec. com). 6 Registres numérisés de Sainte-Scholastique, 20 août 1832. 7 Les actes de naissance de ces enfants ont été retracés dans Le Lafrance. 326 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 326-327 Les Clairmont : éléments nouveaux et errata on constate que, dans tous les cas, l’épouse a constamment plusieurs années de plus que son époux, ce qui correspond à leurs années de naissance respectives, soit 1803 et 1811. Enfin, dans La Féminine de l’Institut Drouin8 , on trouve à Desjardins Cécile son premier mariage avec Joseph Bélanger, mais aussi son deuxième mariage avec François Clermont, sans date ni lieu cependant dans le deuxième cas. La filiation du couple Desjardins-Clairmont repose effectivement sur des présomptions mais les éléments mentionnés ci-dessus paraissent suffisamment vraisemblables pour l’établir. ERRATA Dans le tableau de la page 150, le titre des 1re et 3e colonnes aurait dû être Conjoint, puisque à la Ve génération, les sexes dont inversés. Aussi, à la IIIe génération, colonne du centre, il aurait fallu lire acte non retracé, peut-être 1834. À la note 4 au bas du tableau de la page 151, il aurait fallu lire : RR=Registres religieux numérisés. RO=Registres civils numérisés de l’Ontario : RO(N) = naissances; RO(M) = mariages; RO(D) = décès. Gatineau, Québec [email protected] 8 Institut Drouin, La Féminine de Joseph Drouin, 1760-1880, consultée sur le site de Généalogie Québec. Nos lecteurs écrivent et précisent… Dans une récente lettre, Denis Chagnon (13728) nous écrit à propos d’un texte paru dans la série des Dossiers de famille (Mémoires de la Société généalogique canadienne-française, cahier 278, hiver 2013) que : …page 305, sous la rubrique Famille Bourgie-Houde, on mentionne qu’AndréaMignonne Houde est décédée de la grippe espagnole, à l’âge de 29 ans. Pourtant l’article de La Presse transcrit par Rosario Gauthier ne traite nullement de cette grande pandémie […] Et pour cause ! En janvier 1918, la grippe espagnole n’existait tout simplement pas. Ce n’est qu’à l’automne de cette année 1918 qu’elle exercera le pire de ses ravages au Québec. Nous remercions monsieur Chagnon de cette mise au point. La Rédaction MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 326-327 327 Chronique de la bibliothèque Suzanne Galaise (9324) –– Histoires de famille. Nous sommes à l’affut de toute nouvelle publication pouvant intéresser les membres. –– Les bases de données en ligne de la Société sont maintenant accessibles sur l’ensemble des ordinateurs à la Maison de la Généalogie. Toutefois, les chercheurs utilisant leur portable doivent utiliser leur accès personnel. –– Sous l’onglet Ressources et services, le site Internet de la Société, vous donne accès au catalogue Zacharie, à la base des actes notariés transcrits ainsi qu’au nouvel index des articles de périodiques disponibles pour consultation à la Maison de la Généalogie ou à la Société de généalogie de Québec. –– Nous vous rappelons que lorsqu’un membre donne à la Société un ouvrage publié pendant l’année en cours et dont il est l’auteur, il est admissible au concours Percy-W.-Foy, remis lors de l’assemblée générale annuelle. Répertoires, répertoires de paroisse (BMS) et recensements Lovell’s Province of Quebec Directory for 1871, éditeur John Lovell, 1871, 887 pages, cote 054.1 L899l. Faribeault-Beauregard, Marthe. Population des forts français d’Amérique (XVIIIe siècle), baptêmes, mariages et sépultures, Tome 3 Détroit, Éditions Mots en toile, 2014, 572 pages, cote 355.3 F224po v03. Références Hommage aux sœurs de la Congrégation de Notre-Dame de Pointe-Claire, Société pour la Sauvegarde du Patrimoine de Pointe-Claire, 2014, 24 pages, cote 271.3 A781h. Barbe, Raoul (15678). Les Palais de justice de Montréal, éditions Yvon-Blais, 2014, 161 pages, don de l’auteur, cote 725.15 Q3bra. Boucher, Pierre. Histoire véritable et naturelle des mœurs et productions du pays de la Nouvelle-France vulgairement dite le Canada, établi en français moderne par Pierre Benoit (5044), éditions du Septentrion, 2014, 192 pages, don de Pierre Benoit, cote 570 B753hi. Bourgeois, Prosper. Quatre trent’ sous dans ‘a piasse, L’argent, les dettes, les affaires chez nos ancêtres, 2011, 165 pages, cote 336 B773q. Fortin, Réal. Bateaux et épaves du Richelieu, éditions Mille Roches, 1988, 199 pages, cote 971.43 F742ba. Gagnon, Louis. Louis XV et le Canada 1743-1763, éditions du Septentrion, 2014, 181 pages, cote 971.016 G135log. Goudreault, Henri, omi. Brève histoire du diocèse de Labrador City-Schefferville 1945-1995, 1995, 82 pages, cote 270.82 T326s. Pelletier, Wilfrid. Une symphonie inachevée …, collection vies et mémoires, Leméac, 1972, 275 pages, cote 927.842 P388u. Pepin, Jean-Pierre-Yves (8622). Dossiers généalogiques Drouin (notes familiales, historiques et diverses), Tome XLIII (Roussel / Sauce), Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre Patrimoine national no 506, 2014, 543 pages, don de l’auteur, cote 929.3103 D788dij vol. 43. 328 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 328-333 Les chroniques Pepin, Jean-Pierre-Yves (8622). Dossiers généalogiques Drouin (notes familiales, historiques et diverses), Tome XLIV (Saucier / Sui), Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre Patrimoine national no 508, 2014, 545 pages, don de l’auteur, cote 929.3103 D788dij vol. 44. Pepin, Jean-Pierre-Yves (8622). Dossiers généalogiques Drouin (notes familiales, historiques et diverses), Tome XLV (Suine / Thibodeau), Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre Patrimoine national no 509, 2014, 525 pages, don de l’auteur, cote 929.3103 D788dij vol. 45. Pepin, Jean-Pierre-Yves (8622). Dossiers généalogiques Drouin (notes familiales, historiques et diverses), Tome XLVI (Thibault / Trudeau), Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre Patrimoine national no 510, 2014, 553 pages, don de l’auteur, cote 929.3103 D788dij vol. 46. Pepin, Jean-Pierre-Yves (8622). Dossiers généalogiques Drouin (notes familiales, historiques et diverses), Tome XLVII (Trudel / Vermet), Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre Patrimoine national no 511, 2014, 535 pages, don de l’auteur, cote 929.3103 D788dij vol. 47. Pepin, Jean-Pierre-Yves (8622). Dossiers généalogiques Drouin (notes familiales, historiques et diverses), Tome XLVIII (Verner / Zyne), Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre Patrimoine national no 512, 2014, 519 pages, don de l’auteur, cote 929.3103 D788dij vol. 48 Richard, Béatrice. La Mémoire de Dieppe, radioscopie d’un mythe, vlb éditeur, 2002, 205 pages, cote 940.542 R511m. Vachon, André-Carl (17685). Les déportations des Acadiens et leur arrivée au Québec 17551775, éditions La Grande Marée, 2014, 220 pages, don de l’auteur, cote 971.5 V119d. Travaux concernant les familles (histoire, généalogie, mariages, dictionnaire) Descendance de Mathurin Chabot, douzième édition, juin 2013, 504 pages, cote 929 C428b. Descendance de Mathurin Chabot, Index, douzième édition, juin 2013, 151 pages, cote 929 C428ba. La famille Léopold Plouffe, 1998, 71 pages, cote 929 P731p. Drouin, Gabriel. Généalogie ascendante d’Alphonse Jean, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 187, 2014, 338 pages, don de Jean-Pierre-Yves Pepin (8622), cote 929 J43d. Drouin, Gabriel. Généalogie ascendante de Gaston Lambert, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 192, 2014, 428 pages, don de Jean-Pierre-Yves Pepin (8622), cote 929 L222d. Drouin, Gabriel. Généalogie ascendante de Joseph Labelle, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 193, 2014, 370 pages, don de Jean-Pierre-Yves Pepin (8622), cote 929 L116d. Drouin, Gabriel. Généalogie ascendante de Rodolphe Huard, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 194, 2014, 542 pages, don de Jean-Pierre-Yves Pepin (8622), cote 929 H874d. Drouin, Gabriel. Généalogie ascendante d’Aimé Marchesseault, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 196, 2014, 363 pages, don de Jean-Pierre-Yves Pepin (8622), cote 929 M316d. Drouin, Gabriel. Généalogie ascendante d’Adrien Marcotte tome I, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 197, 2014, 306 pages, don de JeanPierre-Yves Pepin (8622), cote 929 M321dr v.1. Drouin, Gabriel. Généalogie ascendante d’Adrien Marcotte tome II, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 198, 2014, 282 pages, don de JeanPierre-Yves Pepin (8622), cote 929 M321dr v.2. Drouin, Gabriel. Généalogie ascendante de Philippe Leduc, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 199, 2014, 474 pages, don de Jean-Pierre-Yves Pepin (8622), cote 929 L475d. MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 328-333 329 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française Drouin, Joseph. Généalogie ascendante d’Aifred Roy et Julie Lauzon, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 195, 2014, 210 pages, don de JeanPierre-Yves Pepin (8622), cote 929 R888d. Drouin, Joseph. Généalogie ascendante de Wilfrid Du Cap, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 186, 2014, 458 pages, don de Jean-Pierre-Yves Pepin (8622), cote 929 D822d. Dubois, Pierre (19133). Maudite étoile. Marcel Quintin dit Dubois (1914-1995), 2014, 133 pages, don de l’auteur, cote 929 D816du. Forget, André (2814). L’Histoire d’une famille. Les Constantin, tome 2, 2014, don de l’auteur, cote 929 C758fa. Fournier, abbé Ovila. La famille Louis-Joseph Fournier et Marie-Louise Arès, 1971, 89 pages, cote 929 F778fam. Prévost, Maurice. Les Prévost. Une lignée de descendants de Martin Prévost & Marie Manitouabe8ich, 2014, 404 pages, cote 929 P944pr. Racan-Bastien, Paul-Émile (14685). Généalogie ascendante de Claire Morin, épouse de Albert Doré, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 184, 2014, 534 pages, don de l’auteur, cote 929 M858r. Racan-Bastien, Paul-Émile (14685). Généalogie ascendante d’Estelle Payeur, épouse de Rosario Bizier, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 185, 2014, 394 pages, don de l’auteur, cote 929 P344r. Racan-Bastien, Paul-Émile (14685). Généalogie descendante de Claude Bergevin, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 188, 2014, 568 pages, don de l’auteur, cote 929 B496r. Racan-Bastien, Paul-Émile (14685). Généalogie ascendante de Félix Leclerc, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 189, 2014, 372 pages, don de l’auteur, cote 929 L462r. Racan-Bastien, Paul-Émile (14685). Généalogie ascendante de Joseph-Armand Bombardier, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 190, 2014, 390 pages, don de l’auteur, cote 929 P344r. Racan-Bastien, Paul-Émile (14685). Généalogie ascendante de Céline Dion, Les éditions historiques et généalogiques Pepin, collection Notre patrimoine familial no 191, 2014, 560 pages, don de l’auteur, cote 929 D592rac. Rondeau, Clément (19939). Pierre Rondeau et ses descendants, 2014, 524 pages, don de l’auteur, cote 929 R771r. Thiffault, Yvon (17204). Les ascendants et les descendants de Ferdinand Thiffeault (1837-1930), 2014, 147 pages, don de l’auteur, cote 929 T 439t. Vroonen, Eugène. Les noms du monde entier et leurs significations, Archives & Culture, 2001, 531 pages, cote 929.4 V984n. Communiqués Association des familles Pilet Les chercheurs intéressés à en savoir davantage au sujet de l’ancêtre Louis Pilet dit Jolicœur sont priés d’entrer en contact avec l’Association des Pilet dit Jolicœur par courriel : [email protected] Décès Bessette-Ulrich, Jeanne (2810) est décédée le 14 octobre 2014. Paquette, Paul-Émile (3619) est décédé le 25 septembre 2014. Simmons, Mary D. (1992) est décédée le 6 février 2013. Charbonneau, Monique est décédée le 20 novembre 2014. Elle était la sœur du professeur Hubert Charbonneau (6035). 330 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 328-333 Les chroniques Nouveaux membres 19898 COUSINEAU, Manon 675, rue Kégaska, Sept-Iles, QUÉBEC G4R 2A4 19900 DAGENAIS, Ronald 1713, des Seigneurs Ouest, Saint-Hyacinthe, QUÉBEC J2T 5J7 19901 BOULERICE, Ghislaine 1713, des Seigneurs Ouest, Saint-Hyacinthe, QUÉBEC J2T 5J7 19904 LEFEBVRE, Liliane 7-125, boul. Lajeunesse Ouest, Saint-Jérôme, QUÉBEC J7Y 3Z4 19905 VALIQUETTE, Céline 6510, rue de La Roche, Montréal, QUÉBEC H2S 2E3 19906 ALARIE, Roger 15, rue Racine, Pincourt, QUÉBEC J7W 8G1 19907 TAILLEFER, Normand 397, de Montmorency, Châteauguay, QUÉBEC J6J 1S3 19909 VIGNEAU, Régis 3830, rue Oslo, Brossard, QUÉBEC J4Y 2V1 19910 SIMARD, Claire 2112, rue Sauriol, Montréal, QUÉBEC H2B 1E9 19911 DESCHAMBEAULT, Sarah 595, rue Laviolette, Saint-Jérôme, QUÉBEC J7Y 2V4 19912 FAUTEUX, Bernard 301, Route 222, Sainte-Christine, QUÉBEC J0H 1H0 19913 MCINNES, Lisette 301, Route 222, Sainte-Christine, QUÉBEC J0H 1H0 19914 JALBERT, Jacques 125, rue Florida, Beaconsfield, QUÉBEC H9W 1M2 19915 JALBERT, Maureen 125, rue Florida, Beaconsfield, QUÉBEC H9W 1M2 19916 LAUZON, Yvette 7130, rue Marie Victorin app. 305, Montréal, QUÉBEC H2G 1G5 19917 LONERGAN, Henry 591, place de la Brise app. 5, Mascouche, QUÉBEC J7L 0B6 19918 BRUNET, Jeannine 6805, 21e Avenue app. 27, Montréal, QUÉBEC H1X 1G9 19919 DESROSIERS, Denise 14265, rue Montmartre app. 2, Pointe-aux-Trembles, QUÉBEC H1S 1E6 19923 CHARBONNEAU, Carole 2051, rue Saint-Germain, Montréal, QUÉBEC H1W 2T8 19924 MILLETTE, Réjean D. 62, 7e Avenue, Saint-Ambroise-de-Kildare, QUÉBEC J0K 1C0 19925 GALARNEAU, Roger 6769, rue Bélanger, Montréal, QUÉBEC H1M 3G2 19926 LAFETIÈRE, Lorraine 102-51, 37e Avenue Est, Blainville, QUÉBEC J7C 5Z4 19928 MOREAU, Marie-Chantal 2753, rue de Vigny, Mascouche, QUÉBEC J7K 3G8 19930 ÉMOND, Ghislain 64, rue Raymond-Montpetit, Gatineau, QUÉBEC J8R 2H8 19931 TREMBLAY, Simon C. 7570, 2e Avenue, Montréal, QUÉBEC H2A 3H2 19932 JOANNETTE, Madeleine 12, avenue Shamrock app. 218, Montréal, QUÉBEC H2S 1A4 19933 WAGNER, Sylvain 953, rue Achille-Fortier, Boucherville, QUÉBEC J4B 8G6 19934 VINCENT, Louise 1096, rue Cormier, Beloeil, QUÉBEC J3G 3V3 19935 BRISEBOIS, Danielle 64, rue Bethune, Kirkland, QUÉBEC H9H 4H6 19936 AUTOTTE, Laurent 55 River Road Unit 7C, Manchester, NEW HAMPSHIRE 03104 19939 RONDEAU, Clément 20, chemin des Patriotes Est app. 310, Saint-Jean-sur-Richelieu, QUÉBEC J2X 5P9 19941 THIBODEAU, France 4422, rue des Érables, Montréal, QUÉBEC H2H 2C8 19942 BÉLANGER, Micheline 650, 14e Avenue app. 5, Richelieu, QUÉBEC J3L 5R5 19943 CANTARA, Pierre 4255, rue de Chambly app. A02, Montréal, QUÉBEC H1X 3J8 19944 SAVARD, Micheline 8, rue Riverside app. 1005, Saint-Lambert, QUÉBEC J4S 1Y5 19945 CARDINAL, Michel 2022, rue de Tripoli, Laval, QUÉBEC H7M 4M1 19946 DESJARDINS, Rita 2022, rue de Tripoli, Laval, QUÉBEC H7M 4M1 19947 MARTIN, Vivianne 5, chemin Chloé, Saint-Sauveur, QUÉBEC J0R 1R1 19949 LAPOINTE, Marc 144, avenue Topaze, Navan, ONTARIO K4B 1K1 19950 RODRIGUE, Carmen 144, avenue Topaze, Navan, ONTARIO K4B 1K1 19951 LAPRADE, Pierre 6921, boul. des Galeries d’Anjou app 1250, Montréal, QUÉBEC H1M 0A1 19952 DESNOYERS, Serge 3265, rue François-Harel, Montréal, QUÉBEC H1A 4J5 19953 LEGAULT, André 7866, rue Boyer, Montréal, QUÉBEC H2R 2S2 19954 LEBOEUF, Ginette 6700, boul. des Roseraies app 409, Montréal, QUÉBEC H1M 3B6 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 328-333 331 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française 19955 MONETTE, Daniel 3070, chemin du Ruisseau, Saint-Damien, QUÉBEC J0K 2E0 19957 DAOUST, Carole 323, rue Brunelle app. 8, Beloeil, QUÉBEC J3G 2M9 19958 PHARAND, Lise 310-1350, rue Pauline-Julien, Montréal, QUÉBEC H2J 4G5 19959 CHARBONNEAU, René 10748, rue de Poncheville, Montréal, QUÉBEC H2B 2X4 19960 RIOPEL, Gilles 2300, rue Labelle app. 8, Longueuil, QUÉBEC J4J 3K9 19962 RENY, Bruno 2759, 30e Rue, Saint-Prosper, QUÉBEC G0M 1Y0 19964 LABRECQUE, Hélène 1101, rue Rachel Est app. 708, Montréal, QUÉBEC H2J 2J7 19965 LEWIS, Gérald 8477, ave André-Grasset, Montréal, QUÉBEC H2M 2M5 19966 LEWIS, Jacques 78, chemin Burns, Saint-Jean-de-Matha, QUÉBEC J0K 2S0 19967 DANIS, Michel 2006, de Bucarest, Laval, QUÉBEC H7M 4P8 19968 GIGNAC, Richard 7662, rue Bernard, Montréal, QUÉBEC H8N 1V9 19969 COUSIN, Louise 7662, rue Bernard, Montréal, QUÉBEC H8N 1V9 19971 BERTRAND, Louis 2010, rue Giroux, Longueuil, QUÉBEC J4N 1J1 19972 RODRIQUE, Jules 4-768, rue des Gouverneurs, Beloeil, QUÉBEC J3G 6H2 19973 GORDON, Nancy 322, boul. St Laurent, Saint-Eustache, QUÉBEC J7P 4G3 19974 STE-CROIX, Esther 2535, Park Row Est, Montréal, QUÉBEC H4B 2H8 19975 BRIAND, Marthe 5190, rue de Mentana app. 1, Montréal, QUÉBEC H2J 3C4 19976 RODRIGUE, Diane 1712, rue Francheville, Montréal, QUÉBEC H2C 1X9 19977 MÉNARD, Thérèse 3075, boul. Notre Dame app. 214, Laval, QUÉBEC H7V 0A7 19983 LEGRIS, Bernard 1705, av Victoria, Saint-Lambert, QUÉBEC J4R 2T7 19984 CRISTEL, Hélène 6264, rue Gérin-Lajoie, Montréal, QUÉBEC H1M 3K3 19985 CHAGNON, Gilles 45, place des Merles, Blainville, QUÉBEC J7C 3N7 Changements d’adresse 5280 BOIVIN, Guy 1055, avenue Belvédère condo 110, Québec, QUÉBEC G1S 3G4 8188 MAHER, Denis 59, ave Marc-Aurèle-Fortin, Vaudreuil-Dorion, QUÉBEC J7V 8H3 8357 GODARD, Francine 1575, rue Sauriol Est, Montréal, QUÉBEC H2C 1W9 9844 LEFEBVRE, Lise 850, rue Desrochers app. 30, Saint-Jean-sur-Richelieu, QUÉBEC J3A 1K7 10986 FOISY, Colombe 9, rue Piché, Sainte-Thérèse, QUÉBEC J7E 3W1 12807 LA MARCHE, Joseph H. 175 E. Ponderosa Drive, Goldendale, WASHINGTON 98620 15646 ST-PIERRE, Jacques 2500, place Chassé app. 301, Montréal, QUÉBEC H1Y 0A9 16532 GATIEN, Claudette 109-725, 10e Avenue, Lachine, QUÉBEC H8S 3G1 16630 LUSSIER, Aline 906-4858, chemin de la Côte-des-Neiges, Montréal, QUÉBEC H3V 1G8 16653 KRAMER, Janet 11133 E Turnberry Road, Scottsdale, ARIZONA 85255 16722 MOREL, André 4885, rue Forester, Saint-Hubert, QUÉBEC J3Y 7W6 17663 FLANAGAN, Doreen 6801, boul. Gouin Est app 1302, Montréal, QUÉBEC H1G 6L2 17707 TIERNAN, Jacqueline 1500, E Montée Monette app E1616, Laval, QUÉBEC H7M 0A9 18155 LELIÈVRE, Colette 7240, 18e Avenue, Montréal, QUÉBEC H2A 2N6 18325 LOSIER, Gérard E. 9115 Oake Trail Circle, Santa Rosa, CALIFORNIE 95409 18494 LACOURSIÈRE, Gilles 7771, avenue de Bourgneuf, Montréal, QUÉBEC H1K 4C7 18539 TURGEON, Luce 13545, rue Forsyth app. 6, Montréal, QUÉBEC H1A 4G7 19214 JOSEPH, Richard 5000, boul. l’Assomption app. 714, Montréal, QUÉBEC H1T 0A4 19444 MICHAUD, Madeleine 860, rue Champigny, Boisbriand, QUÉBEC J7G 1W9 19504 TREMBLAY, Pierre-Camil 11065, Touchette app. 7, Montréal, QUÉBEC H1H 5J2 19644 MONGEAU, Josée 1607, rue Morand, Sherbrooke, QUÉBEC J1N 4K3 19697 BRIEN DESROCHERS, Jean 4091, de Mentana, Montréal, QUÉBEC H2L 3S1 19698 CARRIERE, Guy 332 1141, rue des Gouverneurs, Prévost, QUÉBEC J0R 1T0 MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 328-333 Les chroniques Boîte aux questions et réponses Règles à suivre: 1- Pour être prises en considération, les questions doivent être signées de leur auteur, avec le nom en lettres majuscules et son numéro de membre. 2- Les questions doivent être rédigées sur une feuille de 8½ par 11 pouces, sur un côté seulement. Limite de trois (3) questions par membre. Être précis et donner le plus d’indices possibles pour vos questions. 3- Pour les réponses, ne pas oublier d’inscrire le numéro de la question à laquelle on répond. Inscrire vos réponses sur une feuille de 8½ par 11 pouces. 4- Identifier votre enveloppe au soin de la Boîte aux questions Abréviations : b baptême, d décès, m mariage, n naissance, p parents, s sépulture Questions 14018-Tout renseignement (p, n, b, d, s, lieu) concernant Louis ROCHELEAU/RUSSELL (Lewis RUSHLOW) et Élisabeth/Betsie LAROCQUE nés de parents canadiens. Ils eurent plus de 20 enfants nés en Ontario (Lancaster, Williamstown), au Québec (Sainte-Agnès-de-Dundee) et aux États-Unis (Illinois, Chippawa au Wisconsin, Philadelphie …). Leur fils Joseph épouse Élisabeth MURRY (Charles MORIN et Elizabeth Schnider) le 25 juin 1893 à Sainte-Agnès-de-Dundee. (Auger 17591) 14019-p de Éli ADDIS qui épouse Dorothy Allanson (William et Agnes Hibbard) le 10 octobre 1913 à l’église méthodiste de Sherbrooke. Bonhomme 18580) 14020-b, m, s, p d’Edward SULLIVAN et de Dorothy ADDIS (Arthur et Ruby Gibson) vers 1960 dans la région de Bedford, Québec. (Bonhomme 18580) 14021- b, m, s, p de Louis LEDOUX et de Josephte POUDRET/ LAVIGNE. Leur fille Jeannette Josette épouse Moïse SENECAL le 07 février 1842 à Saint-Mathieu-de-Beloeil. (Bonhomme 18580) Réponses 13019- PRÉCISIONS : Joseph BOUCHER né le 30 juin 1831 à Sainte-Élisabeth de Joliette et a été baptisé 1er juillet 1831 et non le 7 juillet 1831. Dans cet acte, il n’est pas fait mention du nom BARBEL. De plus, la marraine est identifiée sous le nom de Claire GAUDREAU/LAROCHELLE et non LARIDELLE. (Boucher 5450) Merci à tous les membres qui ont répondu aux questions. Rédaction : Suzanne Ducas (6614) MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 328-333 333 Mémoires de la Société généalogique canadienne-française INDEX – volume 65 – cahiers 279, 280, 281, 282 Actualités 91, 177 BAnQ Rosemont – La Petite-Patrie 155 Beaubien (mère) et les Sœurs Grises 233 Becker, Christian 109 Billet de la rédaction 41, 124, 178, 259 Boîte aux questions 78, 165, 333 Charlebois Paul-Yvon 233 Chroniques 73, 161, 247, 328 Clairmont (famille) 143, 326 Conférences mensuelles 160 Décès, changements d’adresse, 75, 163, 248, 330 nouveaux membres 179 Denys (famille) 6, 8, 22, 241 Dossiers de familles 43, 179 Drolet, Yves 78, 165, 333 Ducas, Suzanne Ferron, Jean125 227, 323 Filles du roi Forsyth de Fronsac, vicomte 179 227 Fournier, Marcel 23, 97, 213, 261 Gagné, Roland-Yves 73, 161, 247, 328 Galaise, Suzanne Génétique292 Giard, Jean-Bruno 155 47, 277 Goudreau, Serge 67 Gravel, Denise 7, 90, 175, 259 Lamarche, Hélène 334 Laprade, Gilles 41, 124, 178, 260 Le Neuf et Le Gardeur (familles) 23, 97, 213, 261 Lessard, Jacques 109 Masse, Marcel (In Memoriam)176 Mémoire collective (notre) 258 Monarque, Gisèle 5, 89, 173, 257 Mot de la présidente 5, 89, 173, 257 Notule généalogique 110 326 Pelland, Marjolaine 6, 8, 22, 241 Percy-W.-Foy, concours et lauréats 42, 142 Pionniers de la Lièvre 47 179 Prou, Claude 179 Prou, Jean-Pierre 323 Quelquejeu, Marie 323 Rainville, Mona Andrée 41, 124, 178, 260 Recensions 9 Robert dit Lafontaine Robert, Guy 9, 292 Robert, Prudent 9 179 Robidas-Manseau, Élisabeth 143, 326 Saint-Martin, André 303 Savard, Denis-J. 125 Tessier, Lise Tétreault, Josée 258 67 Truillier dit Lacombe, Jean 43 Volontaires canadiens (1764) MSGCF, volume 65, numéro 4, cahier 282, hiver 2014 : 334