2OO6 2OO7 - Théâtre de la Ville

Transcription

2OO6 2OO7 - Théâtre de la Ville
2OO6
saison
2OO7
René Char.
The Little Matchgirl, ph. R. Haughton
Voici mon projet. Il faut se compter.
plus ou moins l’infini
saison 2005/2006
Saison 2005/2006 : 240000 spectateurs.
15 % de public jeune.
Service public, service assuré.
saison 2006/2007
La saison 2006/2007 débutera le 15 septembre pour se terminer le 24 juin.
95 programmes pour plus de 400 représentations ; une très forte activité.
Un théâtre ouvert sur le monde…
Priorité absolue aux créations, aux coproductions, aux parcours des artistes, aux découvertes, aux confirmations, aux révélations…
La Ville de Paris donne à son théâtre les
moyens de cette politique : l’engagement
d’une grande capitale culturelle.
théâtre – auteurs marquants,
auteurs vivants
10 programmes, 8 créations, 2 reprises, 136
représentations.
Une double ouverture de saison en septembre :
Quartett de Heiner Müller, mise en scène de
Matthias Langhoff, avec Muriel Mayette et
François Chattot, au Conservatoire national
supérieur d’art dramatique de Paris.
Pelléas et Mélisande de Maeterlinck, une mise
en scène de Jean-Christophe Saïs, avec
Mathieu Genet et Audrey Bonnet.
Les œuvres et les auteurs choisis apportent
du sens :
Marcia Hesse de Fabrice Melquiot, Loretta
Strong et Le Frigo de Copi, Sauterelles de
Biljana Srbljanovic, Atteintes à sa vie de Martin
Crimp, Les Géants de la montagne de Luigi
Pirandello, Homme pour homme de Brecht,
Un homme en faillite de David Lescot,
Maintenant ils peuvent venir d’Arezki Mellal.
Les auteurs sont allemand, anglais, italien,
belge, norvégien, algérien, serbe, français.
Maerterlinck et plus encore Pirandello et
Brecht ont marqué l’histoire du théâtre du XXe
siècle.
Heiner Müller, Copi – contemporains –,
Fabrice Melquiot, Biljana Srbljanovic, Martin
Crimp – « bien vivants » – sont les auteurs
parmi les plus marquants de l’heure. David
Lescot et Arezki Mellal ne devraient pas tarder
à être remarqués.
Les metteurs en scène, une famille :
Jean-Christophe Saïs, Emmanuel DemarcyMota, Marcial Di Fonzo Bo, Joël Jouanneau,
Dan Jemmett, Laurent Laffargue, David
Lescot, Paul Desveaux, Matthias Langhoff,
Dominique Pitoiset.
La Poursuite du vent de Claire Goll, un coup
de chapeau de Jan Lauwers à Viviane De
Muynck, son actrice fétiche.
cirque théâtre – plus d’air
3 programmes, 29 représentations.
Depuis quelques années le cirque a apporté
au théâtre oxygène, authenticité, fraîcheur…
Troisième création après La Symphonie du
hanneton et La Veillée des abysses du poétique et charismatique James Thierrée. Quatre
Molières pour une consécration par le monde
du théâtre.
Plus ou moins l’infini, le très beau et très
inventif théâtre visuel de la Cie 111.
Aux Abbesses, le délicieux et très féminin
Oratorio d’Aurélia de Victoria Thierrée Chaplin.
théâtre musical – des airs en plus
3 créations, 17 représentations.
Ils connaissent et aiment la musique : Lukas
Hemleb met en scène La Déesse de la rivière
Luo, avec l’ensemble Han Tang Yuefu de
Taïwan. Dan Jemmett raconte La Petite Fille
aux allumettes d’Andersen, sur la musique
des Tiger Lillies. François Rancillac présente,
en version concert, La Tectonique des nuages
de José Rivera, un opéra jazz composé par
Laurent Cugny.
danse – des choix, du choix
38 programmes, 32 créations, 176 représentations.
Re-création d’œuvres mythiques de la danse
contemporaine :
May B, d’après Samuel Beckett, de Maguy
Marin ; extraits de différentes pièces de Wim
Vandekeybus pour le 20e anniversaire d’Ultima
Vez ; 5 œuvres majeures d’Anne Teresa De
Keersmaeker ; Sinfonia Eroïca de Michèle
Anne De Mey ; Bandonéon de Pina Bausch.
Zero degrees, la fièvre monte déjà pour le
retour du duo Akram Khan/Larbi Cherkaoui.
Chez eux au Théâtre de la Ville depuis toujours, ils font la Une du Festival d’Avignon :
Josef Nadj, François Verret, Jan Lauwers.
Les titres de leurs créations en disent déjà long
sur leurs intentions : Never Mind pour Daniel
Larrieu, Hell pour Emio Greco, En Servicio
pour Hans Van den Broeck. Surprise pour Meg
Stuart, It’s not funny est une comédie.
Un bel avenir après leurs triomphes récents
pour Thomas Hauert, Gilles Jobin, Peeping
Tom, Koen Augustijnen.
Pour la première fois, le grand plateau pour
Benoît Lachambre, Nasser Martin-Gousset, et
celui des Abbesses pour Olga Pona, Roser
Montlló Guberna et Brigitte Seth, Pierre Rigal.
Des interprètes inoubliables de nouveau sur le
devant de la scène, en vedette : Johanne
Saunier, chez Rosas dès l’origine ; Louise
Lecavalier, l’égérie de La la la Human steps ;
Fumiyo Ikeda, fidèle depuis toujours d’Anne
Teresa De Keersmaeker. Bernardo Montet et
Joëlle Bouvier dansent sans compagnie.
Originaux, mystérieux, troublants sont les projets de Padmini Chettur, Pierre Rigal, Lynda
Gaudreau, Brice Leroux, la danse essentielle
de Daniel Dobbels, le kathak d’Akram Khan, le
bhârata natyam de Maria-Kiran et le kuchipudi de Shantala Shivalingappa.
musique – l’excellence
17 concerts.
Une politique d’interprètes. Des programmes
librement composés. Un jour, le samedi, et un
horaire, à 17 h, judicieusement choisis. Des
prix imbattables.
Des fidélités partagées : le piano d’Aleksandar
Madzar, les violons de Frank Peter
Zimmermann, de Fabio Biondi, Concerto
Italiano, Café Zimmermann, le violoncelle de
Sonia Wieder-Atherton avec l’Orchestre de
chambre de Pologne, la voix d’Annette Dasch,
le Quatuor Takács, le Quatuor de Tokyo.
iranienne. Parissa, l’icône féminine du chant
iranien. La Turquie avec Gülcan Kaya, pour
confirmation après son triomphe aux
Abbesses, et l’ensemble Hasbihâl. Le
Kurdistan irakien avec l’ensemble Garyan.
Des choix artistiques, mais l’actualité dans
ces pays leur donne souvent des résonnances politiques d’autant plus fortes qu’elles
sont symboliques.
Aux Abbesses, un salon de musique : la kora
du Malien Ballaké Sissoko converse avec l’ensemble mauritanien Diddal Jaalal, le kamantché de l’Iranien Kayhan Kalhor dialogue avec
le baglama du Turc Erdal Erzincan et la voix
de Hamid Réza Nourbakhsh. Le târ et le
kamantché d’Azerbaïdjan, le sarangi d’Inde,
le dotâr d’Ouzbékistan, le pipa de Chine, le
koto du Japon, le balafon de Côte-d’Ivoire, les
voix de Serbie, d’Azerbaïdjan, d’Arménie, de
Kalmoukie. L’ensemble Chulawatit de
Thaïlande. Une création du Breton YannFañch Kemener.
pour un large public
• Des formules : abonnement, carte individuelle ou relais, simples et aux avantages multiples.
• Des prix de places très accessibles ; une
légère augmentation cependant.
• Un journal (4 numéros), un site Internet, pour
une information juste et de qualité avec textes
et photos.
• Une équipe compétente, expérimentée et
attentive pour vous renseigner, vous
conseiller, vous servir.
• Remerciements à nos partenaires et amis : le
Festival d’Automne, le Théâtre de la Cité internationale, le Centre national de la danse,
France Inter, France Culture, FIP, France
Musique, RFI ; le site Mondomix ; les relais, les
enseignants, les abonnés.
• Sans engagement préalable du public, pas
de créations.
quelques nouveautés, en vrac
Le journal prend des couleurs, les jeunes
conservent leurs avantages jusqu’à 28 ans –
location possible par Internet – un CD sur les
musiques du monde (18 artistes) – une location prioritaire plus ouverte pour les “cartes”.
plus ou moins
Les Abbesses, un écrin pour le clavecin de
Christine Schornsheim, le violoncelle de Marc
Coppey, les cordes du Quatuor Tetzlaff, les
voix du Cantus Cölln.
• Plus ou moins l’infini*, un enjeu, un but à atteindre, pour les artistes et pour le public.
« Notre pâle raison nous cache l’infini. »
Rimbaud
De la Californie et de New York, les dernières
propositions et autres nouveautés du Kronos
Quartet et de Bang on a can all-stars.
« Voici mon projet. Il faut se compter. »
René Char
Les artistes comptent sur vous comme vous
pouvez compter sur eux… et sur nous.
musiques du monde
– pour l’éclairer
24 concerts.
Les musiques du monde du Théâtre de la Ville
sont connues dans le monde entier.
Des maîtres, uniquement des maîtres.
Au Théâtre de la Ville, double ouverture, soir
et matin avec Shivkumar Sharma et Zakir
Hussain. Trois concerts pour les trois styles de
chants carnatique, khyal et dhrupad. Quatre
concerts à ne pas manquer de jugalbandi,
ces rencontres-improvisations entre deux
grands solistes : sitâr/sarod, sitâr/flûte murali,
mandoline/guitare, chant dhrupad/rudra vina.
L’Iran avec Shahram Nazeri, un homme libre
considéré comme un héros par la jeunesse
le directeur
Gérard Violette
1
THEATRE
THEATRE AU THEATRE DE LA VILLE
LORETTA STRONG
LE FRIGO
Copi
Marcial Di Fonzo Bo
LES GÉANTS DE
LA MONTAGNE
Luigi Pirandello
Laurent Laffargue
création
SAUTERELLES
Biljana Srbljanovic
Dominique Pitoiset
création
UN HOMME EN FAILLITE
David Lescot
création
création
HOMME POUR HOMME
Bertolt Brecht
création
Emmanuel Demarcy-Mota
THEATRE MUSICAL
LA DÉESSE DE
LA RIVIÈRE LUO
création
Luo shen fu
Lukas Hemleb/Chen Mei-o
OPERA JAZZ VERSION CONCERT
LA TECTONIQUE
DES NUAGES
création
José Rivera/Laurent Cugny
adaptation du livret François Rancillac
LA POURSUITE DU VENT
VIVIANE DE MUYNCK
JAN LAUWERS
création
& NEEDCOMPANY
MAINTENANT
ILS PEUVENT VENIR
Arezki Mellal
Paul Desveaux
création
THEATRE MUSICAL AUX ABBESSES
THE LITTLE MATCHGIRL
Andersen
création
Dan Jemmett
avec les Tiger Lillies
CIRQUE THEATRE AUX ABBESSES
L’ORATORIO D’AURÉLIA
Victoria Thierrée Chaplin
THEATRE VISUEL
PLUS OU MOINS L’INFINI
Cie 111/Phil Soltanoff
CIRQUE THEATRE
CRÉATION 2007
James Thierrée
création
THEATRE HORS LES MURS
AU C.N.S.A.D.P. *
QUARTETT
Heiner Müller
Matthias Langhoff
THEATRE AUX ABBESSES
AU THEATRE DE LA CITE INTERNATIONALE
PELLÉAS ET MÉLISANDE
Maurice Maeterlinck
Jean-Christophe Saïs création
ATTEINTES A SA VIE
Martin Crimp
Joël Jouanneau
création
MARCIA HESSE
reprise
Fabrice Melquiot
Emmanuel Demarcy-Mota
Programmes susceptibles d’être modifiés
* Centre national supérieur d’art dramatique de Paris
photos Enguerand
CONSERVATOIRE NATIONAL SUPÉRIEUR
D’ART DRAMATIQUE DE PARIS • TARIF A
DU 15 AU 30 SEPTEMBRE
Quartett
CRÉATION
HEINER MÜLLER
MATTHIAS LANGHOFF
d’après Choderlos de Laclos
traduction Jean Jourdheuil
et Béatrice Perregaux
mise en scène, décor, films
Matthias Langhoff
peinture Catherine Rankl
costumes Renato Bianchi
lumières Frédéric Duplessier
assisté de Arnaud Guillamon
assistante à la mise en scène Hélène Bensoussan
avec Muriel Mayette, François Chattot
de la Comédie-Française
En 1981, Heiner Müller était déjà connu, mais
surtout comme “auteur expérimental”, joué
pour quelques spectateurs dans des caves,
des lieux marginaux. Un jour, un ami metteur
en scène eut l’idée, en apparence saugrenue,
de lui demander d’adapter pour le théâtre Les
Liaisons dangereuses, roman épistolaire de
Choderlos de Laclos, emblème d’une société
décadente, libertine avec raffinement et
cruauté, et qui se passe juste avant le bouleversement de la Révolution française. De
cette commande est née sa pièce la plus
jouée, affrontement sauvage entre les deux
derniers survivants d’un monde dévasté par
l’apocalypse de la troisième guerre mondiale.
Ils gardent les noms d’origine : Valmont (le
Chevalier) et Merteuil (la Marquise). Ils ressassent leur passé mais en échangeant leur
rôle. Ils s’aiment et se déchirent au creux d’un
dépotoir encombré, traversé par quelques
apparitions en dessins animés noir et blanc
de Popeye, le marin à la pipe et aux épinards,
et que surplombe une carcasse de 2 CV abritant les ébats du couple.
Mise en scène et scénographie sont de
Matthias Langhoff, généralement défini
comme “grand maître du chaos”, des univers
en voie d’explosion. Enfant de la défunte RDA,
comme Heiner Müller, avec qui il a (brièvement) codirigé le Berliner Ensemble, il n’a
jamais monté la pièce en Allemagne. C’est
donc dans sa traduction française que pour la
première fois, il l’affronte :
« Le passage d’une langue à l’autre en modifie sensiblement le ton. Les traducteurs n’y
peuvent rien. L’allemand de Heiner Müller est
concret, élémentaire dans sa construction,
tandis que les mots fabriquent des images,
produisent des phrases qui ont un corps. J’ai
lu aux acteurs le texte en allemand, simplement pour qu’ils se rendent compte de ce que
moi, dans leur situation, celle d’un acteur, je
ressens. Un Français éprouve forcément de la
difficulté à oublier le XVIIIe siècle et le monde
de Laclos pour entrer dans celui de Müller, où
pour comprendre qui l’on est, on a besoin de
se détruire en détruisant l’autre. »
Ce qui finalement n’est pas si éloigné des rapports entre les héros du roman, possédés par
le besoin de manipuler, tromper, anéantir toute
faiblesse sentimentale. La vision implacable
de Matthias Langhoff fait le reste. Et aussi l’engagement de ses deux interprètes : Muriel
Mayette, qui a joué avec lui à la ComédieFrançaise, Danse de mort de Strindberg,
Lenz, Léonce et Lena d’après Büchner ;
François Chattot, qui le suit depuis de nombreuses années, notamment pour le Prince de
Hombourg de Kleist, Macbeth, Mademoiselle
Julie de Strindberg.
Le spectacle est l’aboutissement d’un projet à
trois. Trois amis se connaissant bien, se faisant confiance, sachant à quoi pense l’autre
avant même qu’il ait trouvé les mots pour le
dire. Très précis dans les détails, le décor
s’est élaboré au cours des répétitions, qui ont
eu lieu dans le loft de Muriel Mayette. De
même, le choix des “costumes”, déguisements d’un carnaval pauvre, trouvés dans les
poubelles : « Les gens se définissent socialement à travers une façon de s’habiller, surtout
quand la société à laquelle ils appartenaient a
disparu. Ils cherchent à qui ressembler. »
Le projet s’est ainsi réalisé sans dates limites,
selon les disponibilités de chacun, comme un
objet artisanal, pièce unique d’une rare beauté. En avant-première, le spectacle a été
présenté au CNAD (Conservatoire national
supérieur d’art dramatique) lieu unique lui
aussi, où, sous l’égide du Théâtre de la Ville,
vont avoir lieu les représentations. Où le
Valmont et la Merteuil de François Chattot et
Muriel Mayette, monstres infiniment généreux
et touchants, vont continuer à se battre, pour
survivre, vivre, aimer, comprendre.
3
Heiner Müller
Heiner Müller naît en 1929, en Saxe. Dès l’arrivée des nazis en 1933, son père est arrêté une
première fois. En 1951, ses parents partent à
l’Ouest. Lui reste à l’Est, publie La Croix de fer
en 1956. Le Briseur de salaire, reçoit en 1959
le prix Heinrich Mann. Il travaille sur
Shakespeare et les tragiques grecs. En 1966,
L’Émigrante lui vaut d’être exclu de l’Union des
Écrivains, pour “pessimisme”. De 1970 à 1976,
il est conseiller au Berliner Ensemble, dont il
prend la direction en 1992, où il reste jusqu’à sa
mort, en décembre 1995. En France, c’est
Bernard Sobel qui le fait connaître en 1970
avec Philoctète. Patrice Chéreau crée Quartett
en 1982 au Théâtre des Amandiers de
Nanterre dont il vient de prendre la direction.
Jean Jourdheuil, son traducteur, met en scène
une suite de ses pièces : Hamlet-machine,
Rivage à l’abandon, Medea Materiau, Paysage
avec Argonaute.
J.-Ch. Saïs, ph. G. Sottile
M. Maeterlinck, ph. Agence Roger-Viollet
Matthias Langhoff
Matthias Langhoff naît en 1941 en exil à
Zurich. Son père est communiste, sa mère,
juive italienne. Après la guerre, la famille
revient à Berlin. Le père prend la direction du
Deutsches Theater, accueille Brecht au
Berliner Ensemble. Matthias y fait ses classes
et rencontre Manfred Karge. Ensemble, ils
mettent en scène Le Commerce du pain de
Brecht, qui les révèle en France, où ils reviennent avec La Bataille de Heiner Müller.
Karge reste à l’Est. Matthias Langhoff dirige
un temps le Théâtre de Vidy-Lausanne. Au
Théâtre de la Ville, il met en scène La Mission
de Müller et Au Perroquet vert de Schnitzler
(1989), La Duchesse de Malfi de Webster
(1991), les Trois sœurs de Tchekhov (1994)
L’Île du salut d’après Kafka (1996). Et de
Rennes où il monte plusieurs spectacles à
Paris, en passant par Rome et Madrid, il continue sa route.
LES ABBESSES • TARIF A
DU 19 SEPTEMBRE AU 5 OCTOBRE
Pelléas et
Mélisande
CRÉATION
MAURICE MAETERLINCK
JEAN-CHRISTOPHE SAÏS
mise en scène Jean-Christophe Saïs
assistante à la mise en scène Gaëlle Hérault
scénographie Jean Tartaroli, Jean-Christophe Saïs
lumières Jean Tartaroli
musique Gilbert Gandil
costumes Monserat Casanova
4
avec Mathieu Genet, Audrey Bonnet,
Jérôme Ragon, Natalie Royer,
Gaëlle Hérault… (distribution en cours)
Pelléas et Mélisande : avant l’opéra de Claude
Debussy, il y a la pièce de Maurice
Maeterlinck. À sa création en 1893 dans la
mise en scène de Lugné-Poe, elle impose, en
pleine mode naturaliste, sa poésie symboliste.
Dans un climat de légende, elle raconte les
amours condamnées de Mélisande, jeune
femme passionnément éprise de Pelléas,
frère cadet de son époux, Golaud. Une sorte
de Tristan et Yseult, mais sans rien de guerrier.
Rien non plus qui, au premier abord, semble
devoir attirer l’attention de Jean-Christophe
Saïs, jusqu’à présent explorateur du monde
de Bernard-Marie Koltès : Quai Ouest en
2002, Dans la solitude des champs de coton
en 2005, au Théâtre de la Ville-Les Abbesses.
Et puis il a travaillé sur Shakespeare : Hamlet
et Roméo et Juliette... Drames encore des
amours impossibles.
« Pourtant, c’est peut-être », dit-il, Dans la
solitude des champs de coton, où dans une
nuit intemporelle, deux êtres, un dealer et un
client, se croisent, se parlent et puis repartent,
qui m’a conduit à Maeterlinck .
« Dans le dealer, j’ai vu comme un ange
déchu descendu des limbes, pour emporter
les âmes “de l’autre côté”. Quand il en aura
terminé avec ce “client”, il devra recommencer avec un autre, et encore un autre, et ainsi
jusqu’à la fin des temps, tel est son destin.
« Pour moi, la pièce de Maeterlinck parle également d’une fatalité. Elle suit l’agonie de
Mélisande, vouée à la mort. Plutôt que sur les
éléments de l’intrigue – l’amour interdit, la
douleur d’un homme qui ne veut pas perdre la
femme qu’il aime – j’ai travaillé sur cette idée :
Mélisande va mourir maintenant, et le sait. Elle
rêve devant la rivière qu’elle doit traverser
pour aller de l’autre côté de la vie. Passer de
l’autre côté, tout est là. C’est la raison pour
laquelle son amour est impossible, et non pas
parce que Pelléas est le frère de son mari. La
morale n’a rien à voir dans cette tragédie.
« Une tragédie. Il y a là, dans la façon de dire
la puissance aveugle de la destinée, quelque
chose de mythologique. La mort de Mélisande
n’est pas une punition. Elle est douce, émouvante, elle est acceptée. Inévitable quoi que
fasse Mélisande, quoi qu’on fasse. Pourquoi
doit-elle mourir ? On ne le sait pas. Ni qui elle
est, ni d’où elle vient, ni comment elle est arrivée. Elle ne le sait pas elle-même. Je voudrais
atteindre ce monde singulier de la légende,
entièrement dominé par le refus, les dérives
des passions, par la mort. Je veux surtout ne
pas imposer une époque. Ni médiévale, ni
actuelle.
« Dans la solitude des champs de coton se
passe au cœur d’un “nulle part”. De la même
manière, je ne veux pas introduire sur scène
des paysages. Je voudrais inventer un lieu qui
fasse réagir la mémoire et s’envoler l’imagination. Un espace où cette histoire pourrait
exister. »
Dans un temps qui se défait, qui se détourne,
l’histoire d’une rencontre sans espoir. Mais elle
se produit, et, inexorablement, entraîne les
protagonistes au terme d’un destin dont
Maeterlinck est le maître. Il le dit clairement :
son écriture doit entraîner au-delà de la raison, se tenir à l’affût des « phénomènes
étranges qui restent tapis sous le seuil de la
conscience, et ne sont ressentis que comme
un gémissement sourd, qui sort du dernier
abîme de la nature, là où l’esprit ne pénètre
pas ».
Pelléas et Mélisande vivent aiment et meurent
dans le monde de la poésie.
Maurice Maeterlinck
Né à Gand en 1862, poète (Serres chaudes) et
essayiste (Le Trésor des humbles), Maurice
Maeterlinck voit sa première pièce La
Princesse Maleine publiée en 1889. Suivent
entre autres Les Aveugles en 1890, et en 1892
Pelleas et Mélisande, texte créé l’année suivante à Paris par Lugné-Poe, et sur lequel
Claude Debussy travaille près de dix ans avant
d’achever son opéra. Maeterlinck est immédiatement reconnu comme chef de file des
symbolistes. Il est admiré d’Artaud, des surréalistes, et en 1908, Stanislavski crée L’Oiseau
bleu, féerie jouée dans le monde entier. En
1911, il reçoit le prix Nobel de littérature. À la fin
de sa vie, il écrit moins et abandonne pratiquement le théâtre. Il meurt en 1949 à Orlamonde.
PRESSE
Fabrice Melquiot, Emmanuel Demarcy-Mota :
l’un est auteur, l’autre metteur en scène. Ils ont
la trentaine. Souvenez-vous de ChéreauKoltès à Nanterre : rien de mieux que ce type
d’alliance pour revigorer le théâtre. Exemple :
Marcia Hesse. L’histoire ? Banale : un soir de
réveillon au bord de la mer.
Odile Quirot, Le Nouvel Observateur
Une île au large du continent. Ou plutôt une
presqu’île, coupée du monde à marée haute.
C’est une nuit de Saint-Sylvestre, une nuit de
tempête. D’abord on n’entend que le bruit de
la mer et celui du vent. Le vent fou d’une de
ces nuits où les marins se perdent en mer, à
jamais. Sur cette île, il n’y a qu’une seule maison […]
Fabienne Darge, Le Monde
Elle ressemble un peu à un bateau en dérive,
la maison de cette famille Hesse. Du bois partout, des étages qui ressemblent à des
cabines, des rambardes comme pour des
coursives, une salle de séjour digne du pont
principal avec ses ouvertures qui changent
[…] C’est le début de soirée de la SaintMarcia Hesse, ph. Enguerand
Jean-Christophe Saïs
Né à Lyon, Jean-Christophe Saïs y aborde le
théâtre par le biais de la scénographie. Pour
ses débuts de metteur en scène, il choisit
l’une des premières pièces de Bernard-Marie
Koltès, rarement jouée : Sallinger, qui, en 1999
à Dijon, le révèle. En 2002, il reste chez Koltès
et monte Quai Ouest, créé au TNS avant de
venir aux Abbesses, où en 2005 il présente
Dans la solitude des champs de coton. En
2006, il met en scène Roberto Zucco au
Piccolo Teatro de Milan. Entre-temps il y a eu
Shakespeare avec Roméo et Juliette au
Stabile de Turin. Il fait aussi travailler les
élèves de l’école du TNB à Rennes, sur Les
Quatre jumelles de Copi, Pièces de guerre
d’Edward Bond, et Hamlet .
de comédiens époustouflants, qui ne laissent
pas un moment de répit à l’émotion, à la curiosité. Et les questions s’enchaînent, se
croisent, s’entremêlent, comme les répliques
de la pièce.
LES ABBESSES • TARIF A
DU 12 AU 21 OCTOBRE
REPRISE
Marcia Hesse
FABRICE MELQUIOT
EMMANUEL DEMARCY-MOTA
mise en scène Emmanuel Demarcy-Mota
assistant à la mise en scène Christophe Lemaire
scénographie et lumières Yves Collet
collaboration scénographie Michel Bruguière
conseillère littéraire Marie-Amélie Robilliard
création sonore Jefferson Lembeye
costumes Corinne Baudelot
avec Louis Arène, Mélodie Berenfeld,
Charles Roger Bour, Ana Das Chagas,
Philippe Demarle, Evelyne Istria,
Anne Kaempf, Alain Libolt, Julia Maraval,
Michelle Marquais, Jérôme Robart,
Laurence Roy, Anabelle Simon
Sur le plateau des Abbesses, Marcia Hesse
est revenue. Ou plutôt son fantôme, présent
au cœur de sa famille. Toute une bande de
gens d’une normalité tellement assumée
qu’elle en devient mystérieuse. Ils parlent et
ne se dévoilent pas. Chacun respecte le jardin
secret de l’autre, sans cesser de chercher à le
comprendre. Ils sont banals et bouleversants.
Il faut dire qu’ils sont incarnés par une bande
Sylvestre. Les Hesse attendent les Suter pour
la fête. Un jeu de deux familles et quelques
jockers […] Jean-Pierre Bourcier, La Tribune
[…] De grands acteurs au coude à coude
avec de très jeunes parfois, tous se pliant au
redoutable jeu d’équipe induit par cette pièce
tissée de répliques qui se chevauchent à une
vitesse hallucinante. Personne ne s’écoute,
chacun noie le poisson en devisant sur les
coquillages ou la dinde. La discussion
masque une ombre qui passe parfois en fond
de scène : Marcia Hesse […]
Odile Quirot, L’Observateur
[…] Rien ne se passera d’autre que cette
longue soirée où l’absente sera de plus en
plus présente, où chacun peut-être, pourra se
faire à lui-même le cadeau d’accorder une
place à cette absence, à cette douleur, derrière les propos familiers et anodins d’une
réunion de famille […]
Fabienne Darge, Le Monde
[…] Célèbre-t-on ce soir-là le premier anniversaire de la mort de l’adolescente ou la Saint
Sylvestre ? On ne saura pas. Ni pourquoi
Marcia Hesse – un nom de femme mythique à
la Marguerite Duras – a disparu. Suicide ?
Accident ? Fabrice Melquiot laisse famille et
amis se débrouiller avec leurs doutes, leurs
incertitudes […] Fabienne Pascaud, Télérama
5
La Déesse de la rivière Luo, ph. W. Chang
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
Comment survivre à l’indicible ? Comment
“faire son deuil”, comme on dit aujourd’hui, de
ce qu’on ne comprend pas, de ce qu’on ne
sait pas ? En faisant silence ou bruit : en parlant ou en se recueillant. […] F. P., Télérama
LUKAS HEMLEB/CHEN MEI-O
ENSEMBLE HAN TANG YUEFU
[…] Tout l’art de Fabrice Melquiot est de nous
montrer comment en creux, comment dans
des mots jetés qu’un étranger – le spectateur
– ne saisit pas immédiatement, s’imprime la
présence de l’absente. Comment un mort
taraude les vivants, comment l’on vit avec les
morts. […]
Armelle Héliot, Le Figaro
mise en scène Lukas Hemleb et Chen Mei-o
Marcia Hesse, photos Enguerand
[…] Qui est Marcia Hesse ? Une jeune fille
morte un an plus tôt, dont le fantôme glisse
tout au long de cette soirée de réveillon familial aux allures tchekhoviennes. Pourquoi
Tchekhov ? Parce qu’on est dans l’entrelacs
des sentiments, des conversations tendres et
blessées, prises dans le filet de l’indicible […]
Laurence Liban, l’Expressmag
CRÉATION
La Déesse de
la rivière Luo
Luo shen fu
DANSE MUSIQUE THÉÂTRE NANGUAN
spectacle surtitré en français
direction musicale, chorégraphie Chen Mei-o
assistée de Hsiao Ho-wen
scénographie et lumières Lukas Hemleb
costumes William Chang
18 instrumentistes, chanteurs
et danseurs de Taïwan
ENSEMBLE HAN TANG YUEFU
musiciens Cai Li-yong, Wu Shi-an,
Chen Shaw-chi, Kao Mao-tung,
Huang Yu-chieh, Huang Ching-wei
danseurs Hsiao Ho-wen, Deng Jing-wei,
Yang Wei-chen, Chen Kei-li, Wu Fang-mei,
Lin Fang-yi, Chuang Chiung-hung,
Lee Wei-chun, Tu Chi-chao, Lai Shuo-min,
Lin Yu-hsuan… (distribution en cours)
Fabrice Melquiot
Comédien, Fabrice Melquiot fait partie de la
Compagnie des Mille Fontaines. Il écrit également, en direction des jeunes publics. Et
lorsque la Comédie-Française commence à s’y
intéresser, en 2003, elle choisit son Bouli Miro.
Il confie à Emmanuel Demarcy-Mota, Le Diable
en partage (prix du Nouveau Talent de la
SACD, prix Jean-Jacques Gautier du Figaro,
révélation de l’année pour le syndicat de la critique) et L’Inattendu au Théâtre de la Bastille,
puis à la Comédie de Reims. Emmanuel
Demarcy-Mota vient d’y être nommé, et l’invite
en tant qu’auteur associé. C’est là qu’est créée
Marcia Hesse, avant d’être présentée en 2005
au Théâtre de la Ville-Les Abbesses, et d’y
revenir en octobre 2006. Entre-temps, toujours
aux Abbesses, il y aura eu son adaptation de
Face de cuillère, de Lee Hall, avec Romane
Bohringer.
6
24, 25, 26 OCTOBRE
La particularité de Lukas Hemleb est de ne
pas se trouver là où on l’attend. Ainsi, après
avoir ouvert une porte sur la Pâque juive d’une
famille italienne d’aujourd’hui (Pessah de
Laura Forti, en 2004 aux Abbesses) le voilà
parti pour la Chine, au cœur d’une légende
contant l’impossible amour d’un prince mélancolique déchu de son pouvoir, pour une
déesse : La Déesse de la rivière Luo. Et cette
fable lui rappelle la rencontre aux confins de
la vie, de Dante et Béatrice :
« Elle met en lumière l’inéluctable scission
entre les dieux et les humains. Elle aboutit à
cette constatation, qui fait retomber le prince
dans sa mélancolie, dans sa solitude. »
C’est un poème datant du IIIe siècle de notre
ère, de Cao Zhi, un grand classique chinois,
qui est la base d’un spectacle musical qui,
parti de Taïwan, va venir en Europe, et même
tourner en Chine populaire. Longtemps, la
musique Nanguan s’est jouée dans les jardins, les squares. Elle appartient à une tradition bien plus ancienne que nos plus
anciennes traditions occidentales. Elle enchevêtre théâtre, chant et danse, et pendant tout
le temps de la révolution culturelle a été mise
de côté. Elle revit grâce aux recherches de
Chen Mei-o, chanteuse et chorégraphe, fon-
Chen Mei-o
Chorégraphe et chanteuse, Chen Mei-o , présentatrice d’une émission de musiques traditionnelles à la radio, fonde en 1983 à Taïpei le
groupe Han Tang Yuefu, en référence aux
deux dynasties sous lesquelles les arts ont pu
se développer. Son but : « refonder une tradition en s’appuyant sur la tradition », faire
revivre la musique nanguan – que l’on pourrait
traduire « vents du sud » – dont les origines
remontent au Ve siècle avant Jésus-Christ, la
rendre à nouveau familière hors des temples
où elle a été confinée, restituer les chants et
danses qui l’accompagnent et ont connu leur
apogée entre le XIIe et le xVe siècle de notre
ère. Depuis sa fondation le groupe est invité
en Europe comme en Asie. Il est notamment
venu à la Biennale de Lyon en 2000, au
Théâtre national de Chaillot en 2002, à la
Maison des cultures du Monde en 2005.
Miniatures pour La Déesse de la rivière Luo
Lukas Hemleb
Né en 1960 à Francfort, Lukas Hemleb a toujours mêlé musique, théâtre, voyages. En
Afrique d’abord, puis retour en Europe avant
de découvrir Taïwan. En France, il monte
Gregory Motton (Loué soit le progrès) à la
Cabane, Copi (Une visite inopportune) au
Vieux-Colombier après sa création au Studio
de la Comédie-Française, laquelle fait appel à
lui pour un Feydeau (Le Dindon) en attendant,
la saison prochaine, Molière et Le Misanthrope. Il fait le tour de la périphérie, crée
à Bobigny, Vision de Dante, à Créteil puis à
Saint-Denis, Figures de Pierre Charras avec
Denis Lavant, à Gennevilliers après Bourges,
Titus Andronicus de Shakespeare, revient au
centre ville pour Pessah de Laura Forti au
Théâtre de la Ville-Les Abbesses. Au Festival
d’Aix-en-Provence 2005, il met en scène La
Clémence de Titus de Mozart.
M. Di Fonzo Bo, ph. Michel Labelle
datrice et directrice de l’ensemble Han Tang
Yuefu, avec lequel elle redonne vie à cette
expression née dans la Chine du Sud, plus
proche de la rigueur sophistiquée japonaise
que des virtuosités acrobatiques généralement venues de Pékin.
L’ensemble Han Tang Yuefu est composé de
danseurs-musiciens-acteurs éduqués dans
plusieurs écoles. Quand ils ont abordé ce travail, ils ont dû tout abandonner pour s’y
consacrer entièrement. Car il s’agit là d’une
forme strictement codifiée, qui impose un
entraînement incessant, une absolue disponibilité physique et mentale. Dans sa simplicité,
elle exige la perfection.
Rien ne prédisposait spécialement Lukas
Hemleb à ce travail. Quand il a rencontré
Chen Mei-o, elle s’est intéressée à son rapport
à l’espace, aux lumières, à la musique :
« Au début je ne savais pas comment aborder
cet univers. Surtout que j’étais convaincu dès
le départ qu’il fallait éviter toute tentative de
métissage avec quoi que ce soit d’occidental.
Nous nous sommes mis d’accord que ce
serait une grave erreur, qui détruirait la finesse
de cette forme, tellement pure et fragile. Nous
utilisons uniquement le matériau d’origine, en
prenant bien garde de l’épurer, de le défolkloriser.
« Mais quoi qu’il en soit, quoi que je fasse,
j’agis en m’adaptant à la chorégraphie. Ma
mise en scène l’accompagne. Je veux surtout
mettre en valeur cette danse qui existe depuis
des siècles et demande des années de perfectionnement. Voilà bien trente ans que Chen
Mei-o l’étudie. Alors même si, bien entendu
elle l’a reconstituée, même si la dire fidèle à
cent pour cent est impossible, jusque dans
ses inventions elle retrace forcément la juste
ligne, et je dois la suivre. »
William Chang, couturier de Wong Kar Wai
(2046, In the mood for love ) prend en charge
les costumes. Lukas Hemleb entretient des
contacts avec le groupe depuis deux ans. Il a
régulièrement participé à leur travail à Taïwan
et apprend le chinois. Pour ne pas être totalement dépendant, pour se pénétrer de la structure d’une pensée liée à cette musique, à la
peinture, à l’écriture :
« Habituellement, nous entretenons avec la
mise en scène un rapport purement cérébral,
fondé sur les concepts. Ici, je dois retrouver
une autre notion, celle de l’acte accompli sans
autre motif que le fait d’agir. De plus en plus
dans mon travail, je cherche ce que j’appellerais “l’apesanteur”, un état par lequel je
puisse entrer dans un temps aussi fluide que
les traits de pinceaux traçant les idéogrammes. Par lequel je puisse oublier les différences entre les diverses composantes d’un
spectacle, pour créer une sorte de fusion,
imprévisible comme la vie. »
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 6 AU 11 NOVEMBRE
Loretta Strong
Le Frigo
CRÉATION
COPI
MARCIAL DI FONZO BO
LORETTA STRONG
avec LES POULETS N'ONT PAS DE CHAISES
d'après les dessins de Copi
conception et mise en scène
Marcial Di Fonzo Bo et Élise Vigier
musique Pierre Allio
Jean Yves Gratius violoncelle
Benoît Gaudelette percussions
Sylvain Gontard trompette
Pierre Allio piano
vidéo, animation et images
Clément Martin et Bruno Geslin
lumières Maryse Gautier
son Teddy Degouys
corps, masques et animaux Anne Leray
perruques et maquillages Cécile Kretschmar
avec Marcial Di Fonzo Bo
Loretta Strong, création en juillet 2006 au Festival
d’Avignon
7
avec Raul Fernandez, Pierre Maillet,
Angel Pavlovsky (sous réserve)
avec le Festival d’Automne à Paris
8
Copi - Marcial Di Fonzo Bo. Ils n’ont pas eu
besoin de se rencontrer pour se connaître, se
reconnaître. Leur histoire a commencé en
1999 à Rennes au TNB, Copi était mort depuis
un peu plus de dix ans. Marcial Di Fonzo Bo
en dressait le Portrait, spectacle venu l’année
suivante aux Abbesses. Copi-Marcial reviennent, cette fois au Théâtre de la Ville, avec
deux textes, deux monologues : Loretta Strong
et Le Frigo.
Le premier, histoire (si l’on peut dire) d’une
astronaute violée par un rat, perdue dans l’espace à la recherche de Betelgeuse, Copi l’a
créé en 1974 à la Gaîté Montparnasse. Le
second, en 1983 au Théâtre Fontaine (pour le
Festival d’Automne). Entre-temps, sa santé
s’était singulièrement dégradée, et aux côtés
d’un ancien mannequin nommée L, à qui l’on
vient de livrer un frigo, la mort est très présente, drapée dans les élégants atours d’une
ironie bravache.
Avec les deux textes, plus Les poulets n’ont
pas de chaise et Sale crise pour les putes,
autrement dit, deux séries de dessins projetés
sur scène, Marcial Di Fonzo Bo propose un
fulgurant voyage dans l’univers de Copi :
« Les dessins sont ceux de La Femme assise*, bien entendu, à laquelle comme dans
Portrait, les comédiens rendent visite. Et puis
tout son bestiaire de perroquets, d’escargots,
d’insectes, d’homos, de filles perdues… Et les
rats, qu’on retrouve partout chez lui. Ils
forment d’ailleurs un petit orchestre, un corps
de ballet… C’est notre monde, tel qu’il le
voyait. Et dans cet environnement, se succèdent les deux monologues. »
Il y a donc Le Frigo avec Angel Pavlovsky,
enfant d’émigrés russes et Argentin comme il
se doit, rencontré à Barcelone, où il tient la
scène depuis une trentaine d’années, avec un
personnage de travesti “La Pavlovsky”.
L’interprète idéal, d’autant qu’il est de la
même génération que Copi. Autour de lui
apparaissent et disparaissent Élise Vigier,
Pierre Maillet et Raul Fernandez.
« Comme des doubles à l’infini de L, les
figures de sa folie, de ses rêves. Copi l’a écrit
pour le jouer. Il était L et sa mère en se partageant le visage en deux traits de maquillage…
Mais aujourd’hui, le comédien qui enchaîne
les sketches et fait vivre une suite de personnages est trop entré dans les habitudes du
comique. La drôlerie de la pièce est énorme,
terrible, mais ne marche pas si on ne réussit
pas à faire entendre la douleur de L, sa
détresse dans la folie, sa fureur pathétique.
Jouer du Copi exige une parfaite sincérité,
y compris et surtout dans les moments de pur
délire, car toujours il part de sentiments,
de comportements extrêmement humains,
concrets et qu’il fait déraper dans le
vertige… »
La partie Frigo se passe sur scène, l’autre
dans les airs : Marcial-Loretta Strong au dessus des spectateurs, avec seulement un téléphone, son unique lien avec la terre… Une
première : Copi a joué Loretta Strong un peu
partout, mais toujours sur les planches, et
pendant de longues années. C’est même pour
s’en débarrasser et aller ailleurs, qu’il avait
* Dessins qui, dans les années 60, paraissaient
chaque semaine dans Le Nouvel Observateur, qui
ont fait la célébrité de Copi, et ont également inspiré
un spectacle d’Alfredo Arias avec Marilu Marini.
Loretta, dessin de Copi
costumes Pierre-Jean Larroque
lumières Maryse Gautier
pensé au Frigo. Selon son humeur, son spectacle durait entre dix minutes et deux heures.
Il lui est arrivé d’écrire des passages au dernier moment, alors il gardait sa brochure en
scène.
Quant à Marcial di Fonzo Bo, peut-être est-ce
pour marquer la fin d’un cycle qu’il confie L à
un autre. Et aussi pour se concentrer sur sa
Loretta Strong personnelle :
« J’ai trié parmi les différents textes de Copi à
son propos. Je n’essaie pas de faire croire à
un personnage de cosmonaute, ce serait ridicule. Elle est un corps en lévitation, en apesanteur au centre d’un espace sidéral… Elle
se révolte, lutte, elle a peur, elle se défend…
Comme tous les acteurs elle ne veut pas quitter la scène, comme chaque homme elle ne
veut pas mourir. »
« Les personnages de Copi sont illimités, car
ils ne connaissent d’autre limite que celles du
théâtre » disait Armando Llamas, qui était
espagnol mais a vécu une grande partie de
son existence en Argentine.
Copi, ph. J. Damonte
LE FRIGO
mise en scène Marcial Di Fonzo Bo
collaboration atistique Élise Vigier
Copi
Né en 1939 à Buenos Aires, Raul Damonte
Botana, dit Copi, arrive en France en 1963,
invente pour Le Nouvel Observateur, cette
Dame assise et imperturbable qui lui apporte la
célébrité. Il écrit pour le théâtre, Jorge Lavelli
monte ses pièces (aux éditions Bourgois) de la
première Sainte-Geneviève dans sa baignoire,
à la dernière Une visite inopportune, en passant par Les Quatre Jumelles, L’Ombre de
Venceslao entre bien d’autres. Et Alfredo Arias,
et Philippe Adrien… Et Marcial Di Fonzo Bo, qui
redonne toute sa force à un texte méconnu La
Tour de la Défense. Copi est aussi acteur, dans
L’Homosexuel, Loretta Strong… Sa dernière
création personnelle sera Le Frigo. Il meurt en
1987, aura écrit nombre de livres, dont
L’Uruguayen.
Dominique Pitoiset, ph. M. Ferrari
Biljana Srbljanovic, ph. X. DR
Marcial Di Fonzo Bo
C’est en lisant L’Uruguayen que Marcial Di
Fonzo Bo apprend le français et découvre
Copi. Né en 1968 à Buenos Aires, il arrive à
Paris en 1987. En 1991, il entre à l’école du
TNB de Rennes, y rencontre Claude Régy
pour qui il joue notamment La Terrible Voix de
Satan de Motton, Quelqu’un va venir de Jon
Fosse. Dans un esprit très différent, il travaille
avec Matthias Langhoff : Richard III, d’après
Shakespeare, L’Île du salut d’après Kafka, en
1997 au Théâtre de la Ville, L’Inspecteur général de Gogol. Il a aussi travaillé avec Rodrigo
García, Olivier Py, Luc Bondy… En 1994, il
fonde la Compagnie du Théâtre des Lucioles,
avec laquelle il monte notamment des textes
de Leslie Kaplan, Philippe Minyana, Rainer
Fassbinder, Copi un portrait, Eva Perón, La
Tour de la Défense de Copi.
LES ABBESSES • TARIF A
DU 7 AU 25 NOVEMBRE
Sauterelles
CRÉATION
BILJANA SRBLJANOVIC
DOMINIQUE PITOISET
traduction française de Gabriel Keller
mise en scène Dominique Pitoiset
assistante Francesca Covatta
lumières Christophe Pitoiset
musique André Litolff
avec Houda Ben Kamla, Nadia Fabrizio,
Mila Savic, Caroline Chaniolleau,
Jane Friedrich, Nicolas Rossier,
Pascal Vannson, Gilbert Tiberghien…
(distribution en cours)
Sauterelles, ph. X. DR
Ce texte s’intitule Sauterelles, petites bestioles qui, prises séparément, sont inoffensives mais qui, reproduites à des milliers
d’exemplaires, dévastent un pays.
Dehors il pleut, il pleuvra sans arrêt, chez
Biljana Srbljanovic tout ce qui tombe du ciel
est dangereux. Comprimés dans des intérieurs étroits, du grand-père septuagénaire à
la gamine de dix ans, les générations se
cognent les unes aux autres sans aménité.
Comme un peu partout sans doute, et ici plus
qu’ailleurs : l’histoire se passe aujourd’hui à
Belgrade. C’est-à-dire en un lieu où depuis les
années 40, la dictature néo-stalinienne du
maréchal Tito, le déchirement des territoires
qu’il avait réunis, et jusqu’à la mort récente de
Slobodan Milosevic – accusé de crime de
guerre – aucune de ces générations n’a
échappé à un conflit. Rien n’est jamais simple
dans les Balkans…
Mais pour Dominique Pitoiset qui crée en
France Sauterelles, la situation est avant tout
cocasse :
« C’est vrai, Biljana Srbljanovic, l’auteur, ne fait
pas de concession. Elle passe au scanner
une société complètement perturbée, en
attente du train de l’histoire, un train qui ne
semble pas décidé à vouloir passer par là.
Plantés sans perspective au cœur d’un
endroit pratiquement oublié de tous sauf en
temps de guerre, les gens mangent sans
arrêt, histoire de se sentir exister, de combler
le vide de la détresse.
« Ils manifestent un égoïsme phénoménal.
L’amour du prochain n’est pas leur affaire, ils
ont été trop souvent manipulés, sont bien trop
habitués à devoir se protéger contre tout et
tous, eux qui vivent dans un trou blanc au
cœur de l’Europe, eux dont le passeport
aujourd’hui ne vaut plus rien. »
Cyniques, égoïstes et cruels, ils n’en sont pas
moins drôles, voire pathétiques. Pas d’alternative, ici, tous sont condamnés à composer
avec l’autre dans la promiscuité et la médiocrité.
« L’écriture de Biljana Srbljanovic est immédiate, réactive, faite de personnages de
théâtre qui portent le poids de la vie. Sa dramaturgie est directe et concrète, assez
proche du cinéma dans l’enchaînement des
scènes et des lieux. Elle raconte des histoires
de familles dans l’exil intérieur de paumés des
sociétés post-communistes.
« Comme autant d’épisodes d’un feuilleton, la
pièce comporte dix-huit séquences, sans
résolutions, chacune se terminant sur une
sorte de faux suspense, repris dans la suivante. Ce qui donne à l’ensemble une manière
d’insolence assez jouissive.
« Elle est peut-être moins crue que d’autres
comme Supermarché ou America, suite. Sans
doute parce qu’aujourd’hui Biljana Srbljanovic
habite Paris et, même si son regard demeure
sans concessions, elle a pu prendre quelque
distance. Bizarrement, elle a beaucoup hésité
sur le titre. Elle a d’abord pensé à Mon père
joue au loto, puis Équinoxes, à cause de ces
trentenaires qui amorcent la pente déclinante
de leur existence. Après avoir éliminé Pièce
N° 6, (c’est son sixième texte pour le théâtre),
elle s’est finalement arrêtée à Sauterelles.
9
Biljana Sbrljanovic
Née à Belgrade en 1970, Biljana Sbrljanovic
voit sa première pièce La Trilogie de Belgrade
créée en 1997 dans sa ville natale, où elle est
sans cesse reprise, puis à la Biennale 1998
de Bonn, avant de faire le tour d’Europe. En
1998, Histoires de famille, qui reçoit le prix de la
meilleure pièce au Festival de Novi Sad, est
traduite et jouée en Allemagne, en Pologne,
aux États-Unis, aux Pays-Bas, en France
où elle vit actuellement, et où en 2000 sa troisième pièce La Chute est créée au Festival de
Bussang. En 2004, c’est au Festival de Vienne
qu’est créé Supermarket, dans une mise en
scène de Thomas Ostermeier, directeur de la
Schaubühne de Berlin, avant d’être monté en
France au Studio d’Alfortville, où est également
créé en 2004 l’America, suite.
Dominique Pitoiset
Après avoir suivi l’École des Beaux-Arts à
Dijon, Dominique Pitoiset entre à l’École du
TNS. De retour à Dijon, il fonde sa compagnie,
met en scène un Misanthrope, qui le projette
d’un coup dans la cour des grands. Timon
d’Athènes en 1991, le Urfaust de Goethe en
1993 le confirment. En 1995, son adaptation
du roman de Gontcharov, Oblomov, lui vaut le
Prix de la critique. En 1996, il est nommé à la
tête du centre dramatique de Dijon, rebaptisé
Théâtre national de Dijon-Bourgogne, monte
La Dispute de Marivaux et parallèlement Les
Noces de Figaro à l’Opéra de Lausanne, crée
Le Procès d’après Kafka au Festival d’Avignon
1996, donné ensuite à Paris au Théâtre de la
Ville, où en 1998, il présente Les Brigands de
Schiller. Il monte Don Giovanni en 1999,
Falstaff en 2000, à l’Opéra Bastille. Depuis
2004, il dirige le CDN de Bordeaux.
THEATRE DE LA CITE INTERN. • TARIF A
DU 13 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE
Atteintes
à sa vie
CRÉATION
17 scénarios pour le théâtre
MARTIN CRIMP
JOËL JOUANNEAU
mise en scène Joël Jouanneau
décor Jacques Gabel
lumières Franck Thévenon
son Pablo Bergel
collaboration artistique Cyrill Teste
avec Fabrice Bénard, Bruno Blairet,
Nicolas Chupin, Mélanie Couillaud,
Sabrina Kouroughli, Vincent Macaigne,
Michel Bompoil, Hedi Tillette-Clermont
Tonnerre…
10
avec le Festival d’Automne à Paris
Martin Crimp, ph. G. Deblonde
Joël Jouanneau, ph. J. J. Kraemer
« Elle a souvent dit qu’elle décrivait le monde
tel qu’il est : trash. Et que notre génération n’y
changera pas grand-chose, nous sommes
déjà trop vieux. Son théâtre reflète la noirceur
du monde. C’est vrai, et le fond en reste
toujours saignant. Les personnages sont susceptibles, quelquefois arrivistes, souvent
paranos. Et quand ils veulent se montrer
agréables, alors ils deviennent rapidement
détestables. Ils n’ont pas l’habitude.
« Sauterelles est une pièce de troupe, sans
grands et petits rôles. Les acteurs doivent se
montrer parfaitement complices, trouver
ensemble un ton d’ironie lucide. Si chacun
joue en tenant compte de ce qu’il prête
comme intention à ses partenaires, alors la
comédie peut naître. J’ai bien l’intention de
m’amuser avec ces Sauterelles. »
Atteintes à sa vie, il s’agit de la vie d’une
femme. On le suppose, car on ne la voit pas.
Elle ne laisse derrière elle que des traces de
son passage : un répondeur, un sac de voyage, des tableaux, un billet d’avion… Mais
les autres en parlent, l’appellent Anne, Annie,
Anya, selon le pays où elle est censée se trouver. Car rien n’est sûr. Et les dix-sept
séquences n’apportent aucune réponse
stable. Ici, tout est mouvement, faux-fuyant,
incommunicabilité à l’échelle planétaire.
Ainsi procède Martin Crimp : aux metteurs en
scène il offre des éléments, leur laissant toute
liberté d’interprétation. Défi qui n’est pas pour
déplaire à Joël Jouanneau :
« Il y a un sous-titre : “dix-sept scénarios pour
le théâtre”, et Martin Crimp demande de
prendre à la lettre cette notion, formidable
incitation au mélange des genres – du burlesque à l’angoisse en passant par la comédie
– tout comme au croisement des arts, de la
danse au chant, en passant par la vidéo… Il
rêve d’une troupe représentative de la société
tout entière en voie de mondialisation. Une
utopie, mais le nombre de comédiens reste
aléatoire, ils peuvent être trois, sept, quinze…
Ici, ils sont neuf, et il leur est beaucoup
demandé. Tout est à inventer, c’est pourquoi
ce texte est souvent travaillé dans les écoles.
Ce que j’ai d’ailleurs fait au Conservatoire en
2003.
« Au bout de cette vertigineuse enquête, on
ne saura pas qui est Anne. Chacun la sienne ?
On la croit victime d’un attentat, elle est alors
signalée comme terroriste. On l’imagine prostituée, elle se retrouve dans une organisation
humanitaire, scientifique. Pour les uns, elle est
peintre, pour les autres écologiste, militante
d’extrême droite… J’ai le sentiment d’une
Anne en fuite, ne sachant pas précisément ce
qu’elle fuit, mais sachant précisément que sa
survie est dans la fuite.
« Atteintes à sa vie : atteintes à l’identité. C’est
la première pièce, du moins à ma connaissance, dénonçant de façon aussi radicale les
discours (policier, sécuritaire, esthétique, caritatif, publicitaire…) qui nous parviennent. Et
par là, elle renvoie aux dangers que fait peser
l’univers virtuel et médiatisé sur la perception
de soi, des autres. Comme si le réel devenait
impossible à cerner, alors qu’il n’a jamais été
aussi lourd à porter.
« Naturellement, la pièce est traversée par la
dégringolade des “Twin Sisters” et leurs fantômes… Elle offre une magnifique machine à
jouer, à inventer, à croiser, à faire galoper
l’imagination. Mais à aucun moment on ne doit
oublier l’indispensable épure qui, dans le
vacarme, permet de se faire entendre. Le défi,
en fin de compte, consiste à atteindre le juste
équilibre, et surtout surtout, surtout : que sons
et images restent au service du texte, de sa
musique. Musicale, la pièce l’est absolument.
Dans son langage, dans sa structure, et c’est
même là ce qui en fait l’unité.
« Je pense également à la peinture. On peut
dire que Crimp revient sur son motif, son sujet,
par couches successives, chacune s’efforçant d’effacer la précédente. Alors notre
travail va à l’inverse : il consiste à creuser, à
retrouver le noyau dur, le point originel du
texte. En somme, à tenter de restaurer ce que
fut le premier visage d’Anne. Notre quêteenquête déboucherait probablement sur le
vide, mais elle nous aura permis de mesurer les contractions et contradictions de notre
monde globalisé. Peu importe qu’Anne
n’existe pas, si le voyage est brûlant. »
LES ABBESSES • TARIF A
DU 13 AU 27 DÉCEMBRE
The Little
Matchgirl
CRÉATION
ANDERSEN DAN JEMMETT
THÉÂTRE MUSICAL
Martin Crimp
Martin Crimp fait ses débuts de dramaturge en
1982 dans une salle de la périphérie londonienne, avec Living remains. Il écrit pour la
radio, collabore avec le Royal Court. Y sont
créés Getting attention, dont, la saison dernière
Christophe Rauck présente aux Abbesses la
version française. Atteintes à sa vie – que
Stanislas Nordey met en scène au TNB de
Rennes, et que Joël Jouanneau traite une première fois avec les élèves du Conservatoire. La
Campagne, que Luc Bondy monte en 2002 au
Burg Theater de Vienne, avant de créer en
2004 à Londres, Cruel and tender. Deux spectacles venus à Paris. Francophone, Martin
Crimp a adapté notamment Marivaux (Le
Triomphe
de
l’amour),
Molière
(Le
Misanthrope), Genet (Les Bonnes), Koltès
(Roberto Zucco), Ionesco (Les Chaises). En
France, son théâtre est publié aux Éditions de
l’Arche.
The Little Matchgirl, ph. R. Haughton
Joël Jouanneau
Auteur et metteur en scène, Joël Jouanneau
s’adresse aux jeunes publics : Kiki l’indien,
Mamie Ouate en Papouasie… Sa découverte
du comédien David Warrilow au TGP de SaintDenis dans Le Dépeupleur de Beckett, élargit
son champ d’action. Avec lui, il monte notamment En attendant Godot, La Dernière
Bande, de Beckett encore, L’Hypothèse et
L’Inquisitoire de Pinget. En 1989, il est nommé
artiste associé au Théâtre de Sartrouville, puis
directeur. Il s’en va en 2003, monte à Théâtre
Ouvert Les Amantes d’Elfriede Jelineck,
Kaddish pour un enfant qui ne naîtra pas
d’Imre Kertèsz. Au Festival de Bussang et à la
Cité Internationale, J’étais dans la maison et
j’attendais que la pluie vienne de Jean-Luc
Lagarce. Pour Marief Guittier, il écrit Mère et
fils, comédie nocturne, que Michel Raskine
met en scène et présente aux Abbesses la
saison dernière.
en anglais, surtitrage en français
d’après La Petite Fille aux allumettes
d’Andersen
mise en scène Dan Jemmett
composé par Martyn Jacques
arrangements Christian Kolonovits
scénographie Richard Bird
costumes Sylvie Martin-Hyszka
lumières Arnaud Jung
avec les TIGER LILLIES
Martyn Jacques chant, accordéon
Adrian Huge percussions
Adrian Stout contrebasse
et Bob Goody, Laetitia Angot
accompagnés d’un trio à cordes…
(distribution en cours)
Entre son Shakespeare secoué, Shake
d’après La Nuit des rois, et ses cavalcades
du côté des élizabéthains (Dog Face,
Femmes gare aux femmes) le tout au Théâtre
de la Ville-Les Abbesses, Dan Jemmett a largement démontré son talent loufoque autant
que déjanté. Son dernier spectacle sur
William Burroughs et ses délires, toujours aux
Abbesses en 2005, a confirmé sinon sa loufoquerie, du moins sa maîtrise de la folie. Et le
voilà aujourd’hui, affrontant le plus angoissant
des contes d’Andersen : La Petite Fille aux
allumettes.
Qui n’a pleuré, qui n’a frissonné de peur, de
gêne, de compassion, en lisant cette histoire
où l’on voit, par une nuit de neige, une nuit où
« le froid attaque comme un chien affamé »,
une gamine abandonnée de tous, frigorifiée,
réfugiée entre deux maisons grises. On la voit
serrer « dans ses petites mains bleuies » un
paquet d’allumettes qu’elle espère vendre.
Mais, c’est le soir du 31 décembre. Chargés
de victuailles et de cadeaux, les passants
passent sans même lui adresser un regard.
Alors, pour se défendre de la nuit glaciale,
une à une elle craque les allumettes. Brèves
lueurs qui font apparaître des visages amis,
des gestes de tendresse...
Puis, lorsque vint le jour, « on la trouva morte,
toujours assise entre les deux maisons grises.
Elle souriait et paraissait heureuse ».
Dan Jemmett imagine un vieil homme mal
dans sa peau (Bob Goody) seul avec ses cauchemars et beaucoup de whisky. Il va, il vient,
une chanson lui parvient, qui évoque le sort
de cette gamine plus seule encore que lui. Il
tire le rideau de théâtre entourant sa chambre.
La petite fille “aux longs cheveux d’or”,
(Laetitia Angot) est dehors, comme au centre
d’un castelet. Elle traîne ses rêves, elle va et
vient. Manipulateur déboussolé d’une marionnette désobéissante, l’homme ne peut rien. Il
a beau s’enfermer avec son whisky, il ne peut
échapper à l’image de la fillette, à son histoire,
à la lancinante mélopée, enchaînement de
douze chansons portées par une étrange
voix, intense et enfantine.
« Et ton sang qui s’est glacé, glacé / Est tout
ce qui nous reste à aimer […]
À présent que ta vie rayonne/ Par pitié tu nous
pardonnes. »
11
The Little Matchgirl, photos R. Haughton
zabéthains pour entraîner Denis Lavant dans
les délires de William Burroughs.
L. Laffargue, ph. P. Bun
Pirandello, ph. M. Lajournade
Pour ce spectacle, entièrement musical, Dan
Jemmett s’est adjoint les Tiger Lillies. Soit, un
percussionniste (Adrian Huge) un contrebassiste ne dédaignant pas la scie musicale
(Adrian Stout), plus le chanteur, également
accordéoniste : Martyn Jacques, fondateur du
groupe. Il est l’homme à la voix d’enfant en
détresse, à la fois dure et plaintive, comme
revendiquant un bonheur hors de portée.
Il fallait bien qu’un jour Dan Jemmett et lui,
tous deux nourris aux contes cauchemardesques, tous deux enfants des Polichinelles
grimaçants, créent ensemble un spectacle,
forcément décalé de toute réalité, plongeant
au cœur des fantasmes les plus dérangeants.
Ni freudien pourtant, ni surtout ésotérique
mais au contraire parfaitement concret, leur
spectacle se rattache à l’humanité brutale des
théâtres de poupées, là où les frontières du
normal volent en éclats de rire, de rage, et/ou
de sanglots, où la plus grande innocence se
superpose à la plus profonde cruauté. Il y a là
une sombre lucidité, une formidable aisance
dans le désespoir tranquille, un humour virulent, une tendre poésie.
Comment le définir, ce spectacle? Il est
anglais.
Martyn Jacques
En 1989, Martyn Jacques achète un accordéon et réunit son groupe, les Tiger Lillies,
ainsi nommés en souvenir d’une prostituée
nommée Lillie, donc, et qui aimait les vêtements bigarrés. Jusqu’à cette date, il dit avoir
détesté le travail, et mené une existence
outrageusement désordonnée, complètement
déphasée. Elle lui a en tout cas inspiré les
personnages de ses chansons : drogués,
voleurs, putains, et autres marginaux. Classé
“neo punk”, il se distingue de toutes les
tendances connues par la fureur déchirée de
sa voix : entre contre-ténor et adolescent
rageur. Par une inspiration morbide traversée
de rires ravageurs. Il compose des spectacles
avec des artistes de cirque, et voyage partout
dans le monde. De l’enfance, il garde et met
en musique les perversités, les rêves : être “un
conquistador en technicolor”… Qui mieux
que lui pouvait chanter La Petite Fille aux
allumettes ?
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 8 AU 27 JANVIER
Les Géants de
la montagne
LUIGI PIRANDELLO CRÉATION
LAURENT LAFFARGUE
mise en scène Laurent Laffargue
assistante à la mise en scène Sonia Millot
scénographie Philippe Casaban, Éric Charbeau
lumières Patrice Trottier
costumes Nathalie Prats
musique Nano
son Yvon Tutein
maquillage, coiffures, masques
Muriel Leriche, Emmanuelle Ragogna
accessoires Marc Valladon
avec Philippe Bérodot, Sébastien Laurier,
Océane Mozas, Hervé Pierre,
Stéphane Szestak… (distribution en cours)
12
Dan Jemmett
Né en 1967 à Londres, Dan Jemmett étudie la
littérature et le théâtre à l’université avant de
suivre l’exemple de son père, marionnettiste. Il
invente un Punch (notre Polichinelle) qui lui
ouvre la porte du Norwich Puppet Theatre. Il
est également comédien, joue Heiner Müller,
Brecht, Marlowe, Shakespeare bien entendu.
En France, il apparaît avec un Ubu à trois personnes et un fauteuil rouge. En 2002, au
Théâtre de la Ville-Les Abbesses, il monte
Shake, version très personnelle de La Nuit des
rois (Prix de la critique), puis à Lausanne et à
Chaillot Presque Hamlet. En 2003, toujours
aux Abbesses, Dog Face d’après The
Changeling de Middleton et Rowley, l’année
suivante encore dans la même veine Femme
gare aux femmes. En 2005, il délaisse les éli-
Écrivant Les Géants de la montagne,
Pirandello se sent porté par une force magnifique, et par l’angoisse de tout auteur face à
quelque chose qui, peut-être, va le dépasser.
D’ailleurs, il laisse le manuscrit de côté. Près
de mourir, il ne l’a toujours pas terminé et dicte
à son fils quelque suite possible. Mais cette
histoire d’une troupe de comédiens ambulants, débarquant chez Cotrone, personnage
parfaitement pirandellien, tout à la fois imposteur, manipulateur et magicien, qui a touché
de près le pouvoir et règne sur une bande de
clochards, cette histoire n’a pas de fin… Les
comédiens ne trouveront pas de public pour
jouer comme ils l’espéraient, en leur ultime
représentation, La Fable de l’enfant échangé
– en fait, texte de Pirandello censuré par le régime fasciste.
Pirandello
Né en 1867 à Agrigente, en Sicile, il voit ses
pièces jouées pour la première fois en 1910.
Écrites en dialecte, elles sont traduites en italien. Viennent les succès, Chacun sa vérité
(1917), Six Personnages en quête d’auteur
(1921), Henri V (1922), Ce soir on improvise
(1930), Se trouver (1932). Le “pirandellisme”
est né, regard sur les faux-semblants, façon de
mettre en jeu la magie et sa vérité du théâtre,
le concret et l’irrationnel – pour ne pas dire la
folie de la vie. C’est en 1928 qu’il commence
Les Géants de la montagne, pièce toujours
inachevée à sa mort en 1936. Entre-temps, il
aura écrit non seulement pour la scène, mais
aussi sept romans et plus de trois cents nouvelles. Il aura en 1934 reçu le Prix Nobel de littérature. À cette époque, il vit difficilement dans
l’Italie mussolinienne, où l’on aurait préféré voir
couronner Gabriele d’Annunzio.
Laurent Laffargue
En 2002, Laurent Laffargue apparaît au
Théâtre de la Ville-les Abbesses avec une histoire noire et fantasmatique, Terminus de
Daniel Keene, auteur qu’il retrouve en 2005
avec Paradise. Ses débuts datent de 1992,
année où il fonde sa compagnie, le Soleil
bleu. Il monte Molière, Feydeau, Marivaux et
avec L’Épreuve reçoit le prix des régions et du
public au Festival Turbulences de Strasbourg.
En résidence de 1994 à 1998 au CDN de
Bordeaux-Aquitaine, il se tourne vers Harold
Pinter et Edward Bond, dont il met en scène
Sauvés. C’est ensuite Homme pour homme de
Brecht. En 1999, sous le titre Nos nuits auront
raison de nos jours, il inclut Le Songe d’une
nuit d’été et Othello. Après Beaucoup de bruit
pour rien, (Théâtre de la Ville, mars 2004), il
affronte aujourd’hui Pirandello et sa pièce
légendaire Les Géants de la montagne.
L’Oratorio d’Aurélia, ph. R. Haughton
Et les Géants ? On ne sait pas. Ils incarnent le
danger. Ils vivent hors de portée, construisant
des mondes démesurés, effrayants, où le
théâtre n’a ni sa place ni ses spectateurs.
« Quel pire cauchemar pour des acteurs, que
de ne plus pouvoir rencontrer de spectateurs ? » demande Laurent Laffargue :
« C’est l’idée forte de la pièce, et l’actualité de
sa violence. Elle laisse prévoir un monde
entièrement voué à l’économie, à la science,
aux technologies, au “produire”. Un monde où
l’art est devenu inutile. Alors se pose la question : l’homme est-il réellement fait pour l’art ?
« Pirandello ne se borne pas à dénoncer le
régime fasciste dans son pays où il est devenu indésirable. Sa réflexion creuse beaucoup plus profondément. Son texte est d’une
grande précision, il contient à peu près autant
de didascalies que de répliques. Il imaginait,
je crois, quelque chose de gigantesque et en
même temps misérable. Une misère intérieure
qui n’a pas besoin de montrer ses haillons.
« C’est ce dont notre monde est aujourd’hui
menacé, sa réalité de demain peut-être. Mais
je ne veux pas faire de l’anticipation, je ne vais
pas du côté de Blade Runner, cela n’aurait
aucun intérêt, je ne suis pas Ridley Scott. Pour
moi, l’histoire se passe dans un paysage
urbain. Un désert goudronneux au sol fendillé,
à la sortie d’une mégapole dont sont bannis
les artistes, comme de nos jours on chasse
les SDF des centres-villes. »
Une espèce d’égout, de dépotoir investi par
Cotrone avec ses propres exclus. Des gens “à
part”, comme dans le film de Tod Brown,
Freaks. Des comédiens eux aussi, des personnages de théâtre, frères des Six
Personnages en quête d’auteur.
« Il ne s’agit pas cependant, d’ajouter un chapitre au “pirandellisme”, celui du théâtre dans
le théâtre, des chocs entre réel et illusion. Les
acteurs doivent prendre leurs rôles à bras-lecorps, jouer avec leurs tripes, s’empoigner sur
les enjeux de leur métier… Je voudrais mettre
en scène le malaise dans lequel nous pataugeons, le rétrécissement imposé des ambitions artistiques. Le dire ainsi dans une ville,
Paris, où les salles se comptent par centaines,
peut paraître incongru. Mais cette pléthore est
tout juste un signe de désarroi. Un parmi tant
d’autres. »
Laurent Laffargue ne se complaît pas dans le
pessimisme. La preuve : sa volonté d’aller jusqu’au bout de ce chef-d’œuvre sans s’en dissimuler les pièges. Ayant quatorze ans de
mises en scène derrière lui avec sa compagnie du Soleil Bleu, il estime avoir acquis une
maturité suffisante pour en affronter et les difficultés et la légende.
« Le défi est rude, mais ce n’est pas le
premier. Il y a le souvenir de Giorgio Strehler,
et le rideau de fer tombant sur la charrette
des comédiens. Il y a les deux versions
de Georges Lavaudant… Je sais que l’on
va m’attendre au tournant. C’est ce que j’espère ! »
LES ABBESSES • TARIF A
DU 22 FÉVRIER AU 3 MARS
L’Oratorio
d’Aurélia
VICTORIA THIERRÉE CHAPLIN
CIRQUE THÉÂTRE
mise en scène, son Victoria Thierrée Chaplin
chorégraphie Victoria Thierrée Chaplin,
Jaime Martinez, Armando Santin
lumières Philippe Lacombe
costumes Victoria Thierrée Chaplin, Jacques
Perdiguez, Véronique Grand, Monika Schwarzl
comédienne Aurélia Thierrée
danse Aidan Treays
13
L’Oratorio d’Aurélia, ph. R. Haughton
14
partenaires viennent s’adjoindre, un groupe
se forme, une sorte de famille – dont un danseur capable de transformer une robe en
cavalière, et vice-versa. Ainsi naît, évolue, se
concrétise l’inspiration. Par à-coups, sans
idée préconçue.
« Victoria adore bricoler, et elle sait le faire.
Elle décide, nous essayons. Nous mettons en
pratique son imagination. Et peu à peu, se
crée un univers, le rythme se trouve, des
thèmes se dégagent, l’équilibre s’établit. À
travailler toutes les deux ensemble, nous
gagnons du temps. Nous nous connaissons
bien, évidemment, et en plus, dans cette série
d’exercices, j’ai découvert des côtés d’elle
que je ne connaissais pas. »
De la Norvège à l’Espagne, en passant par
Berlin, Londres ou Budapest, entre autres, cet
Oratorio aura beaucoup voyagé. Au fil des
villes, il s’est fignolé, poli, peaufiné. Il a
rencontré des publics qui y ont vu leurs
fantasmes. Plus ou moins sophistiqués,
absurdes, baroques, sauvages… Chacun les
siens, chacun peut y trouver ses rêves, ses
cauchemars enchantés, son bonheur surtout.
Victoria Thierrée Chaplin
Comme son nom l’indique, Victoria Chaplin
est la fille de l’immense Charlie. Il n’est pas
nécessaire d’en dire davantage pour imaginer
le reste. Sinon qu’en 1970, elle rencontre
Jean-Baptiste Thierrée, l’épouse et le suit
dans le Cirque Bonjour invité en 1971 au
Festival d’Avignon. Ils créent ensuite le Cirque
Imaginaire qui s’en va tourner un peu partout,
en France et bien au-delà de l’Hexagone,
change de nom et devient le Cirque Invisible.
Ils sont deux en piste mais jouent pour dix, et
provoquent le bonheur plus encore. En 2003,
après quelques années de travail mère et fille,
naît L’Oratorio d’Aurélia. Et ce n’est qu’un
début, espère-t-on.
Aurélia Thierrée, ph. S. Valeska
Le téléphone sonne, une voix lointaine et masculine s’inquiète. Entourée de lourds rideaux
rouges, trône une bonne vieille commode.
D’autant plus insolite que d’un tiroir à l’autre,
entre linge et lingerie, apparaissent dans un
bel effet de dislocation des jambes, des bras,
une tête… Ainsi, sur la tendre musique du
vieux tube (1948) d’Eden Abba : There was a
boy, a very strange and charming boy, surgit
Aurélia Thierrée, créature de rêve. Rêve dans
lequel rien n’est à sa place ni ne reste en
place, où tout est sens dessus dessous, où
Piazzolla voisine avec Martyn Jacques, où
s’insinuent de troubles cauchemars, où tout
naturellement on s’assoit sur une chaise suspendue à l’envers, et non moins naturellement, un homme traverse la scène en
marchant, mais par terre, couché sur le côté.
Sans oublier… Mais ce serait dommage d’en
dévoiler davantage.
Bref, c’est la logique de la folie et des métamorphoses, le monde irréel et totalement
concret d’un music-hall nourri de cirque, de
théâtre, de danse, de marionnettes, de tout ce
que la scène permet de possible et d’impossible. Monde dans lequel Aurélia, sœur de
James, a fait ses premiers pas : le Cirque
Imaginaire, devenu le Cirque Invisible.
Manière, dit-elle, pour les parents, de garder
auprès d’eux leurs enfants.
« Ce n’était pas grand-chose, on était là à
courir un peu partout. Je suis restée jusqu’à
quatorze ans, et puis j’ai voulu faire des
études. Vivre ma propre existence. J’ai habité
New-York, travaillé pour le théâtre, le cinéma
aussi, mais dans toutes sortes de domaines…
Seulement, bien entendu, la scène me
manquait. »
Elle a travaillé dans un bureau, été assistante,
rêve d’apprendre à coudre, pour devenir costumière, pourquoi pas. En attendant, à NewYork, elle participe à des lectures, se retrouve
comédienne, et continue le trapèze, juste pour
se tenir en forme. Et puis, elle retrouve les
siens, son monde, celui du voyage. Avec, au
début, des numéros de cabaret. Dont celui
qui ouvre son spectacle sur l’air de Nature
boy…
Il n’est pas question d’en rester là. Sa mère,
Victoria Chaplin Thierrée, entre en jeu. Et le
rêve devient Oratorio.
À vrai dire, le spectacle se construit progressivement, un numéro après l’autre, au fil des
voyages. Victoria est là, réfléchit, imagine,
choisit les musiques. Aurélia exécute. Des
E. Demarcy-Mota et F. Melquiot, ph. J.-P. Lozouet
Aurélia Thierrée
Fille de Jean-Baptiste Thierrée et de Victoria
Thierrée Chaplin, Aurélia quitte le cirque familial, s’installe à New-York, y change radicalement de monde pour servir dans une soupe
populaire. Comme si la scène se laissait
oublier ! Elle tourne autour et y monte. Pour
des lectures (Maison de poupée) pour des
spectacles, retrouve en 1996 sa mère qui la
dirige dans un solo, joue sur Broadway
(Electra), à Paris à la Ménagerie de verre
(1998), à Berlin au Wintergarten (2004). Entretemps, elle tourne avec le Tiger Lillies Circus,
et au cinéma. Avec Milos Forman : Larry Flint
(1996), Le Fantôme de Goya (2005), avec
Coline Serreau : La Belle Verte (1994), ou
Amos Kolleck, Fast Food, Fast Women
(1999)... Entre autres, car elle semble ne
jamais se reposer.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 6 AU 24 MARS
Homme pour
homme
CRÉATION
BRECHT
EMMANUEL DEMARCY-MOTA
version française de François Regnault
mise en scène Emmanuel Demarcy-Mota
assistant à la mise en scène Christophe Lemaire
collaboration artistique François Regnault
scénographie et lumières Yves Collet
collaboration scénographique Michel Bruguière
musique Jefferson Lembeye
masques Mirjam Fruttiger
maquillages Catherine Nicolas
conseillère littéraire Marie-Amélie Robilliard
avec Hugues Quester, Sandra Faure,
Cyril Anrep… (distribution en cours)
Un jour, après avoir embrassé sa femme, Galy
Gay sort acheter du poisson. Sur sa route, il
rencontre trois soldats… À partir de là, sa vie
change. Lui-même devient un autre. Une
machine de guerre, comme les autres…
C’est le parcours de cette transformation qui a
retenu l’attention d’Emmanuel Demarcy-Mota.
S’intéresser à Brecht après Pirandello (Six
Personnages en quête d’auteur, en 2001),
Ionesco (Rhinocéros, 2005 et 2006), peut
surprendre. Mais il se refuse à entrer dans des
polémiques dépassées, à enfermer les
auteurs dans leurs clichés. Il a su déborder
ceux du “théâtre dans le théâtre”, comme
ceux du “théâtre de l’absurde”, il veut aller
bien au-delà du “message social”. Pour lui,
avant tout, le théâtre se doit de mettre au jour
la violence des relations entre les personnes,
ou à l’intérieur des groupes, les rapports de
pouvoir.
Il a trouvé des textes dans lesquels Brecht
confie son infinie curiosité envers la façon
dont les humains se comportent, deviennent
amis ou ennemis, se choisissent, se mentent,
s’aiment, ce qu’ils apprennent les uns des
autres. « Je passe mon temps à essayer d’observer », écrit-il, et il recommandait aux
acteurs « l’art de l’observation ».
« Il veut approcher les mécanismes des
échanges entre les êtres humains, sinon avec
innocence, du moins sans préjugés. »
En Galy Gay, Emmanuel Demarcy-Mota ne
voit pas « le brave homme incapable de dire
non » pris dans un engrenage qui le conduira
à se renier, à devenir autre. Il mène avec sa
femme une petite vie tranquille, dont il
pourrait, comme beaucoup, se satisfaire. Mais
l’aventure croise sa route et il se laisse
séduire :
« Ici, le théâtre est le lieu de la métamorphose.
Galy Gay entre dans un groupe, dans une
autre existence. C’est en lui que l’engrenage
se met en marche, ce n’est pas la société qui
le transforme. Il désire “autre chose”, cherche
sa place, joue des rôles. Un jeu, au départ.
Mais son jugement n’est pas assez clair pour
lui montrer la frontière à ne pas franchir, et arrive le moment où il est trop tard pour retourner en arrière. Il a trouvé sa place dans un
autre système.
« La pièce renvoie à cette problématique de
l’être humain dans son rapport au monde, à la
société, à l’amour, à la séduction. La séduction de l’inconnu, de la nouveauté, de la
bande. « Prenons garde à l’attrait du groupe.
Malheur au pays qui a besoin de héros… » Ce
sont les préceptes de Brecht.
« Mais l’enfermer dans le didactisme philosophique serait le trahir. Il y a chez lui une fantaisie violente. Il admirait Kipling, Rimbaud.
On retrouve ici le monde sauvage, le paganisme d’ Une saison en enfer, le folklore exotique du Livre de la jungle. L’histoire est
censée se passer en Inde, une Inde anglaise
imaginée par un Allemand, dans un enchaînement de séquences très proche du cinéma.
« En France, on connaît essentiellement deux
versions de la pièce, celle de 1927, celle de
1938. On peut en signaler deux autres, en
1929 et en 1953. Entre la première et la
dernière, Brecht a connu le nazisme, l’exil, le
maccarthysme, la RDA… Tout au long de sa
vie, il a eu besoin de revenir à cette œuvre de
jeunesse, sachant que chaque époque lui
donnait son sens. Sur les questions qu’elle
pose, les modes et systèmes de pensée, elle
continue à agir. Car elle est extrêmement
concrète. Elle relève d’un théâtre d’idée et
d’action, en même temps que de personnages. Brecht est un poète, et au centre
du théâtre, quel qu’il soit, il y a l’invention
verbale. »
Emmanuel Demarcy-Mota
En 1989, élève au lycée Rodin, Emmanuel
Demarcy-Mota fonde la Compagnie des MilleFontaines, du nom d’un village portugais. En
1996, il présente Léonce et Lena de Büchner
au TCA à Aubervilliers où il revient en 2000
avec Marat Sade de Peter Weiss. Entretemps, il s’installe en résidence au Forum
culturel du Blanc-Mesnil, y crée Peine
d’amour perdue de Shakespeare dans une
traduction de François Regnault avec qui il
travaille, notamment sur Six Personnages en
quête d’auteur créé en 2001 au Théâtre de la
Ville. En 2002, nommé à la Comédie de
Reims, il y fait venir en tant qu’auteur associé
Fabrice Melquiot, dont il monte Le Diable en
partage, L’Inattendu, et Ma vie de chandelle
aux Abbesses en 2004. Il retrouve alors
Ionesco avec Rhinocéros au Théâtre de la
Ville, et en 2005 Fabrice Melquiot, avec
Marcia Hesse aux Abbesses.
15
Brecht, ph. Agence Roger-Viollet
LES ABBESSES • TARIF A
DU 7 AU 24 MARS
Un homme
en faillite
CRÉATION
DAVID LESCOT
texte et mise en scène David Lescot
scénographie Alwyne de Dardel
lumières Joël Hourbeigt
costumes Sylvette Dequest
avec Pascal Bongard, Norah Krief,
Scali Delpeyrat
16
L’Homme est au chômage, surendetté. Sa
Femme le quitte. Un Mandataire Liquidateur
est là, chargé d’établir le “reste à vivre” ou
“biens inaliénables”, de négocier avec les
créanciers, d’organiser un plan de redressement. Tout ceci étant parfaitement officiel.
David Lescot a étudié le problème avant
d’écrire Un homme en faillite :
« Il ne s’agit pas d’un plaidoyer contre la misère, mais d’une pièce sur la séparation,
matérielle et affective. Or, il ne suffit pas de
dire “stop” pour que tout s’arrête. On peut
hésiter, revenir… J’aimerais que ce processus
constitue le fil de cette pièce qui deviendrait,
en somme, un petit manuel de résistance. Le
monde de l’Homme, le nôtre, est celui de la
réussite. Quand on en est éjecté, on peut
avoir envie de tout balayer. Lui, il se bat. Je
pense à une formule de Beckett : « mourant
de l’avant », c’est-à-dire dans un cheminement actif.
« Alors l’Homme va essayer de vivre sans rien
de superflu, dans un monde restreint où ne
demeurent que la loi et la Femme, il va
d’ailleurs chercher à la revoir… Une seconde
chance lui est offerte. Avec l’aide du
Mandataire, il peut tenter l’expérience
d’un redépart. Seulement, l’être humain ne
Scali Delpeyrat, ph. Emielke
Né à Augsbourg en 1898, mobilisé en 1918,
Bertolt Brecht reprend en 1919 ses études à
Münich, où il rencontre Karl Valentin. En 1923
Tambours dans la nuit reçoit le prix Kleist. Il
part pour Berlin, publie en 1927, Homme pour
homme. En 1928 commence sa collaboration
avec Kurt Weill : L’Opéra de quat’sous, suivi de
Grandeur et décadence de la ville de
Mahagonny (1930). En 1933, il s’exile au
Danemark, puis en Finlande et en 1941 aux
États-Unis à Los Angeles. Charles Laughton
crée Galilée à New York. En 1947, Brecht doit
répondre à la Commission des activités antiaméricaines, et l’année suivante part pour la
Suisse, puis à Berlin-Est. En 1948, avec
Hélène Weigel, il fonde le Berliner Ensemble,
où il crée des pièces écrites en exil : Mère
Courage, Galilée, Sainte Jeanne des abattoirs,
et met eu point ses théories sur un théâtre
épique, social. Il meurt en 1956 et demeure un
exemple, un symbole.
Pascal Bongard, ph. C. Champetier
Bertolt Brecht
peut jamais rien recommencer à zéro. Il y a le
vécu, qui vous fabrique, auquel personne
n’échappe. »
L’expérience est double : elle concerne également le Mandataire : il incarnerait la théorie
que l’Homme expérimenterait. On pourrait les
imaginer comme deux parts complémentaires
d’un même individu. Si ce n’est que peu à peu
l’Homme se sent diminuer, jusqu’à se perdre
dans un temps démesurément étiré, parcourant l’immensité sans fin d’un fleuve de mots
écrits. On pense évidemment au film culte de
Jack Arnold L’Homme qui rétrécit (après avoir
traversé un nuage radioactif, il finit dans une
cave, face à un chat et à une araignée pour
qui il est tout juste un grain de poussière).
L’ayant vu dans son enfance David Lescot a
pensé au roman de Richard Matheson dont il
est tiré, et c’est dans ces pages-là, que
l’Homme s’ensevelit…
Comment David Lescot aborde-t-il la mise en
scène d’une pièce dont il est aussi l’auteur ? À
partir du concret : les objets familiers que la loi
décrète inaliénables ou superflus. Les changements de lieux. Les variations d’échelle…
Pour créer les environnements, les faire évoluer, David Lescot-metteur en scène compte
sur les micros qui peuvent donner de effets
d’éloignement, sur les lumières :
« Celles des salles de boxe dans le cinéma
hollywoodien des années 50, un peu rasantes,
qui semblent filtrer à travers des lucarnes. Fat
City de Huston, Nous avons gagné ce soir de
Robert Wise, l’Homme au bras d’or, Sinatra…
tous ces perdants magnifiques. L’Homme,
que joue Pascal Bongard est de la même
famille. C’est aussi un “Hamlet dont la folie ne
manque pas de méthode”, tandis que Scali
Delpeyrat (le Mandataire Liquidateur) fait
preuve d’une “méthode qui ne manque pas
de folie”. Et la Femme est Norah Krief, tellement vivante. La seule, sans doute, à qui est
offerte une deuxième chance, la seule qui
puisse se refaire. »
Si David Lescot se réfère souvent au cinéma
pour ses atmosphères et ses personnages, il
aime le théâtre. Celui du glissement progressif vers l’irréel, des balancements entre deux
mondes. Et avant tout, il adore Kafka, cite une
formule de Jean-Pierre Sarrazac à son propos : Une similitude énigmatique.
« Voir les choses de manière étrange, mais les
reconnaître quand même. Déformer sa vision
afin de mieux voir comment fonctionne le
monde, le connaître autrement, de l’intérieur. »
David Lescot
Né en 1971, David Lescot fait ses débuts en
1993, et en 1998 monte au TILF, Les
Conspirateurs, qu’il a écrit, et qualifie de
comédie musicale, car il est également musicien. Notamment pour Anne Torrès : il signe la
musique du Prince de Machiavel (à Nanterre
en 2001), et du Fou d’Elsa d’après Aragon (à
la Colline en 2005). Entre-temps, il crée en
2002 sa seconde pièce, L’Association à la
Cartoucherie de l’Aquarium, sur une musique
Norah Krief, ph. G. Abbeg
David Lescot, ph. D. Desarthe
de Charles Valade. Suivent Mariage par Anne
Torrès, à la MC93 Bobigny, avec Anne Alvaro
et Agoumi, L’Amélioration au Rond-Point
(2004). Il dirige des stages à l’École de
Cannes, enseigne le théâtre à Nanterre, participe à La Mousson d’été, Temps de paroles à
Valence, Chambre ouverte à Reims. Ses livres
sont édités par Actes-Sud.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
13 ET 14 AVRIL
CRÉATION
La Tectonique
des nuages
OPÉRA JAZZ VERSION CONCERT
d’après Cloud Tectonics de José Rivera
traduction française Isabelle Famchon
musique Laurent Cugny
adaptation du livret François Rancillac
textes chantés Yann-Gaël Poncet
avec David Linx Anibal de la Luna
Laïka Fatien Celestina del Sol
Yann-Gaël Poncet Nelson de la Luna
Laurent Cugny piano, direction
Thomas Savy clarinettes, saxophones, flûte
Pierre-Olivier Govin saxophones
Airelle Besson trompette, bugle
Denis Leloup trombone
Éric Karcher cor, Lionel Suarez accordéon
Frédéric Favarel guitares
Frédéric Monino guitare basse
Frédéric Chapperon batterie
La tectonique, dit (en résumé) Le Robert, est
cette partie de la géologie qui traite des mouvements de l’écorce terrestre (à l’origine parfois des catastrophes naturelles). Mais ici, il
s’agit de nuages, de quelque chose d’impalpable donc.
José Rivera a imaginé une incroyable rencontre, sur fond de tempête apocalyptique
(d’aucuns craignent même que l’heure soit
venue du si redouté Big One, le déchirement
de la faille terrestre sur laquelle est construite
Los Angeles…), entre Anibal, un jeune
homme sans histoire qui, un soir, prend en
stop Celestina, jeune fille (mais âgée, penset-elle, de 56 ans…), enceinte (depuis deux
ans…), bref : complètement perdue dans le
temps comme dans Los Angeles où elle erre
à la recherche du père de son enfant… À
peine est-elle entrée chez Anibal, que toutes
les horloges s’arrêtent ! Alors commence une
étrange nuit d’amour qui durera en fait
presque… deux ans !
En découvrant La Tectonique des nuages,
François Rancillac et Laurent Cugny ont su
tout de suite qu’ils avaient trouvé là le sujet
de « l’opéra-jazz » dont ils rêvaient ensemble
depuis des années. Car il y a, dans cette
pièce, place pour l’émotion musicale, qui fera
irruption dans le théâtre comme l’étrange
Celestina dans la vie si ordinaire d’Anibal,
comme l’amour peut bouleverser les vies,
comme l’extraordinaire peut traverser nos
quotidiens les plus gris, comme la nature
semble parfois vouloir secouer notre monde
occidental si bien civilisé, si fortement
sécurisé…
« Passionné de la voix autant que de l’orchestre, Laurent Cugny se posait la question
de « l’opéra-jazz ». Mais avant de se lancer à
composer quoi que ce soit, il a voulu partager
ce désir avec un metteur en scène. Cette
démarche plutôt inhabituelle m’a aussitôt
donné envie de partir dans l’aventure avec lui.
« Après bien des tâtonnements, l’improbable
rencontre entre Anibal, cet « homme sans
qualités » et Celestina, cette fée ou ondine
ou… nous a emballés. Je me suis lancé dans
l’adaptation de la pièce, en proposant une
sorte de « dramaturgie musicale ». Et nous
avons confié l’écriture des chansons à YannGaël Poncet, chanteur et formidable parolier.
Laurent et moi voulions d’emblée utiliser
toutes les potentialités de l’orchestre (du solo
au tutti), des voix (du solo au trio), des expressions vocales depuis la plus simple parole jusqu’au « grand air » (les jazzmen parlent plus
modestement de chanson), en passant par le
mélodrame (texte parlé sur de la musique,
avec repères très précis), par des moments
où le rythme est écrit mais sans hauteur de
notes (à l’instar du rap, du slam,…), par des
bouts de « récitatif » (quand l’intonation de la
parole frise la mélodie), etc.
« Ainsi, durant plus de deux ans, s’est
composé peu à peu cet opéra, par navettes
successives, rencontres régulières entre
Laurent, Yann-Gaël et moi, avec de fréquentes
« mises à l’épreuve » des parties écrites avec
les deux autres chanteurs, David Linx et Laïka
Fatien. Et voilà, l’œuvre est maintenant achevée, il ne reste plus qu’à rêver à la scénographie, aux costumes, à la lumière, à la vidéo…
« Mais, en attendant, nous avons eu envie de
donner tout de suite la possibilité au public
d’entendre cet « opéra-jazz » en « version de
concert » (comme cela se fait souvent en
musique classique, ou au théâtre, avec des
lectures travaillées de pièces inédites). Il n’y
aura rien à voir, mais tout à entendre (trois
interprètes et dix musiciens diront et chanteront, joueront l’intégralité de l’ouvrage) : à
chaque spectateur d’imaginer ce que pourra
être l’opéra à venir… »
Laïka Fatien, ph. Dorah
17
Plus ou moins l’infini, photo A. Bory
José Rivera
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
Né en 1955 à Porto-Rico ; encore enfant, il va
aux États-Unis et vit à Los Angeles. Admiratif
d’un surréalisme à la García Marquez, il écrit,
reçoit de nombreux prix, est joué du nord au
sud de l’Amérique, et en Europe. Traduites en
français par Isabelle Famchon, ses œuvres
sont publiées aux Éditions Théâtrales, notamment Marisol (prix de la meilleure pièce
américaine 1991), La Tectonique des nuages
(écrite en résidence au Royal Court de Londres
en 1994), mise en scène en France en 2002
par Marion Bierry, en 2003 par Véronique
Bellegarde.
DU 19 AU 26 AVRIL
François Rancillac
Après des études de philosophie, il travaille la
musique avec Michel Puig, aborde le théâtre
comme comédien, passe à l’écriture et à la
mise en scène en 1980 avec Prélude pour
1,2,3 et la suite. En 1983, avec Danielle
Chinsky, il fonde le Théâtre du Binôme, monte
Corneille, Giraudoux, Erdmann, et aussi
George Dandin (1997). Il revient à la musique
en “arrangeant” Mozart (Bastien et Bastienne,
suite et fin ) en montant Haendel ou des spectacles électroacoustiques. Rencontrant les
pièces de Jean-Luc Lagarce, il monte Les
Prétendants et Le Pays lointain (Théâtre de la
Ville, 2002). Après avoir dirigé le Festival de
Bussang de 1991 à 1994, depuis 2002 il est,
avec Jean-Claude Berutti, à la tête de la
Comédie de Saint-Étienne.
Laurent Cugny
Né en 1955. À dix ans, il étudie le piano. C’est
en autodidacte qu’il s’adonne au jazz, mais
en 1979, il obtient un prix au Concours national de jazz. L’année suivante, il fonde le Big
Band Lumière, avec lequel il obtient un prix
de composition. Il enseigne pendant dix ans
le piano au CIM (Centre d’Informations
Musicales) et de 1994 à 1997, dirige
l’Orchestre national de jazz. Également musicologue, il a écrit notamment sur Bill Evans,
sur Miles Davis.
Laurent Cugny, ph. Mephisto
18
François Rancillac, ph. R. Nardoux
Plus ou moins
l’infini
CIE 111/PHIL SOLTANOFF
THÉÂTRE VISUEL
conception Aurélien Bory
recherche collaboration de tous les
membres de l’équipe
mise en scène Phil Soltanoff
création lumières Arno Veyrat
conseillère artistique Anne Tierney
musique Olivier Alenda, Julien Cassier,
Phil Soltanoff
son Stéphane Iey
vidéo Aurélien Bory, Pierre Rigal, Arno Veyrat
décor Pierre Dequivre et l’équipe de l’atelier du
Théâtre Vidy-Lausanne
costumes Sylvie Marcucci
avec Olivier Alenda, Aurélien Bory, Pierre
Cartonnet, Julien Cassier, Aurélius Lorenzi,
Sodadeth San
et en régie Tristan Baudoin, Stéphane Ley,
Frédéric Stoll, Arno Veyrat
La silhouette d'un joueur de trombone se
détache en fond de scène, sa plainte gagne
les premiers rangs et déjà une ligne se dessine à l'horizon du théâtre. Bien vite cette présence humaine – et musicale – s'éclipse : une
"armée" de bâtons, actionnés en coulisse, s'invite sur le plateau pour un ballet singulier qui
va donner le ton à cette création de la CIE
111. Plus ou moins l'infini – quel beau titre ! –
clôt ainsi une trilogie conçue par Aurélien
Bory : après l'exploration du volume, dans
IJK, et du plan, avec Plan B, la ligne s'impose comme le sujet d'étude retenu.
Reprenant à son compte l'équation mathématique, « la ligne se repère d'un côté en filant
vers – l'infini et de l'autre vers + l'infini »,
Aurélien Bory et les siens vont s'en donner à
cœur joie, déjouant cette géométrie variable
du tracé, osant la cassure de l'angle, l'harmonie des projections. Pour travailler sur ce
paradoxe visuel, entre « perfection et approximation du trait », ils ont fait appel à Phil
Soltanoff, le directeur américain de Mad dog,
une compagnie de théâtre expérimental,
retrouvé après le succès de Plan B auquel il
avait participé. On peut dire, sans trop dévoiler le merveilleux à l'œuvre dans Plus ou
moins l'infini, que les frontières sont troubles
dans cet espace-temps : le vocabulaire ici
dévoilé emprunte bien évidemment au jonglage – Aurélien Bory est passé par Le Lido,
Centre des arts du cirque de Toulouse –, à la
danse et au théâtre d'objets. Pourtant, le
Philippe Noisette
* Plasticien du Bauhaus considérant le théâtre
comme l'art de l'espace.
Aurélien Bory
Aurélien Bory : directeur artistique de la CIE
111. Après des études de Physique, un diplôme de Cinéma et une formation
d'Acoustique architecturale au CNAM de
Toulouse, il cofonde la CIE 111 avec Olivier
Alenda. Formé également auprès de Mladen
Materic, Aurélien Bory a signé la conception
de IJK (2000), Plan B (2003) et Plus ou moins
l'infini (2005), ainsi que la mise en scène du
solo de danse, Érection, avec Pierre Rigal, et
d'un spectacle pour 12 acrobates de Tanger.
Phil Soltanoff
Phil Soltanoff est le directeur artistique de Mad
Dog, compagnie de théâtre expérimental en
résidence permanente à Five Myles (Brooklyn
New York), cofondé avec Hanne Tierney. Il
donne également des cours à des artistes,
aux États-Unis comme en France, et signe
des colloborations extérieures : Suite fort Suits
(The Ontologoical-Hysteric Theatre), Plan B,
Plus ou moins l'infini (CIE 111)…
Plus ou moins l’infini, photos A. Bory
résultat sur scène dépasse encore les
attentes, recréant un monde où poésie et
rigueur, réel et virtuel se répondent sans
cesse avec malice. L'invention selon la CIE
111 est à tous les niveaux de jeux : il n'est qu'à
voir ce travail de glissé – en fait des rails
cachés dans le plancher qui permettent le
déplacement latéral – des circassiens comme
de leurs accessoires fétiches, des bâtons de
différentes hauteurs. Le corps est tout à la fois
démultiplié, comme dans cette scène à la
drôlerie contagieuse, le plus souvent pris
dans les rais de lumières et autres projections.
Ce théâtre de lignes est également un magnifique hommage aux arts plastiques : on
pense à Oskar Schlemmer* et sa fameuse
Schaubühne absolue, « jeu kaléidoscopique
variable à l'infini, organisé en un développement strictement réglé » ou à l'Op – art des
années 60 et ses effets et illusions optiques.
Pourtant ces références – revendiquées par
les concepteurs – n'écrasent jamais Plus ou
moins l'infini : il s'agirait plutôt de balises
posées là pour guider le spectateur dans un
univers imaginaire en phase avec les esprits
gentiment frappeurs de la CIE 111. Ces
enfants du jeu vidéo – ah cette partie de pingpong géant façon Atari ! – et de l'électronique
tout terrain ont l'art, majuscule, de donner à
ces rêves grandeur nature une belle contenance. Aux côtés d'Aurélien Bory, Olivier
Alenda, Pierre Cartonnet, Julien Cassier,
Aurélius Lorenzi et Sodadeth San, tous issus
des écoles du nouveau cirque français,
forment une équipe soudée qui invente un
autre monde. Un monde plus beau.
LES ABBESSES • TARIF A
3, 4, 5 MAI
La Poursuite
du vent
CRÉATION
VIVIANE DE MUYNCK
JAN LAUWERS
& NEEDCOMPANY
texte Claire Goll
adaptation Viviane De Muynck
d’après La Poursuite du vent de Claire Goll
mise en scène et décors Jan Lauwers
lumières Jan Maertens, Jan Lauwers
avec Viviane De Muynck
Toutes deux ont traversé le siècle passé en
figures d’intensités. Et c’est une même comédienne, la stupéfiante Viviane De Muynck, qui
donnait vie au personnage d’Isabella Morandi
dans La Chambre d’Isabella, que l’on retrouvera au charbon des mémoires de Claire Goll
dans La Poursuite du vent. Deux destins
consanguins gonflés par les tempêtes du
monde. Isabella Morandi aurait pu prononcer
ces mots de Claire Goll : « le temps vécu ne
correspond pas à la perspective du souvenir
ni à la chambre obscure de l’Histoire ». Mais
si La Chambre d’Isabella était une “fable”
écrite sur mesure par Jan Lauwers, Viviane De
Muynck a elle-même choisi de s’emparer des
souvenirs réels de Claire Goll. Du « temps
vécu », celle-ci en eut à revendre. Née en
19
Viviane De Muynck, ph. M. Vanden Abeele
Jean-Marc Adolphe
20
Claire Goll, ph. H. Studer-Fondation Claire Goll
Allemagne en 1890, morte à Paris en 1977,
elle a côtoyé bien des convulsions de son
temps. Une enfance guère heureuse dans
une famille juive de Munich, puis un mariage
bâclé qui tourne à la débâcle, l’entraîneront à
Berlin puis en Suisse, où ses opinions pacifistes la conduisirent vers Pierre-Jean Jouve,
Henri Guilbeaux et Romain Rolland. À Zürich,
en 1917, elle fréquente la bohème qui se rallie aux accents de Dada : « Nous passions
nos après-midi à discuter les communiqués
de guerre, les événements artistiques, mais
même en prenant la situation au tragique, nos
âges, nos appétits de vivre balayaient la
morosité. Après nos discussions, nos articles,
nous avions nos nuits d’amour, nos intrigues,
nos flirts, nos flâneries ». Elle y rencontre le
poète Yvan Goll, qu’elle épousera plus tard,
partageant une vie mouvementée à Paris, où
l’effervescence surréaliste ne dissipe guère la
menace voisine du nazisme. Ce sont toutes
ces années d’une jeunesse entre deux feux,
puis celles de l’exil new-yorkais et du retour à
Paris, dans l’oubli et la misère (Yvan Goll est
mort d’une leucémie en 1950), que raconte
Claire Goll dans La Poursuite du vent, publiée
en 1976. Celles et ceux qu’elle a rencontrés y
forment une incroyable galerie de portraits :
Saint-John Perse, Montherlant, Audiberti,
Einstein, Joyce, Picasso, Chagall, Dali,
Cocteau, Maïakovski, Artaud, Erik Satie,
Fernand Léger, Henry Miller, Gertrude Stein,
Helena Rubinstein, Malraux (rencontré à 19
ans), Rainer-Maria Rilke (dont elle fut un
temps la maîtresse), et bien d’autres… Mais
son panthéon ne fleure pas l’embaumement !
Tristan Tzara est ainsi qualifié de « petit juif
roumain arrogant et destructeur », « l’égocentrique » Rilke de « lèche-cul d’aristocrate » ; et James Joyce, « cette momie
empaillée », le « plus funèbre ratage de la
création »… Qu’elle évoque sa mère, monstre
sadique à qui elle impute le suicide de son
jeune frère, ou qu’elle confie avoir connu à 76
ans son premier orgasme – avec un amant de
20 ans –, Claire Goll parle cru, tout en n’ayant
cesse de chercher la poésie véritable dans un
monde qui lui semble corrompu par la vanité.
Il faut s’appeler Viviane De Muynck pour
« jouer » en solo une telle partition de mots,
avec le don d’une magnifique simplicité qui
semble mettre dans la confidence.
Claire Goll
Clara Aischmann, née en 1890 à Nuremberg,
épouse en 1911 l’éditeur Heinrich Studer, dont
elle se sépare quelques années plus tard. En
1917, résolument hostile à la Première Guerre
mondiale, elle se réfugie en Suisse auprès
d’écrivains pacifistes tels que Romain Rolland.
C’est à Genève qu’elle rencontre, en 1917, le
poète Yvan Goll, qu’elle épousera en 1921.
Mais elle fut aussi l’amie et la maîtresse, un
temps, de Rainer-Maria Rilke.
Installés à Paris dès 1921, Claire et Yvan Goll
fréquenteront toute la mouvance surréaliste,
sans jamais s’y allier totalement. À cette
époque, Claire Goll écrit notamment Poèmes
d’amour (1925), Poèmes de la jalousie (1926),
et avec son mari, Poèmes de la vie et de la
mort. En 1939, Claire et Yvan Goll s’exilent
pour New York, d’où ils ne reviendront qu’en
1947, largement oubliés de la vie littéraire parisienne. Yvan Goll meurt d’une leucémie en
1950. Claire lui survivra jusqu’en 1977. Elle
écrit encore Un amour au Quartier latin (éditions Fayard, Paris, 1959) et La Poursuite du
vent (éditions Orban, Paris, 1976), qui n’auront
guère d’écho. Le fonds Goll est déposé à la
médiathèque Victor Hugo et au musée Pierre
Noël, à Saint-Dié, dans les Vosges.
Viviane De Muynck
Élève au Conservatoire de Bruxelles de Jan
Decorte (à qui la scène flamande contemporaine doit beaucoup), Viviane De Muynck a
joué, au sein du collectif Mannen Van den
Dam, des pièces de Strindberg, Feydeau,
Thomas Bernhard et Botho Strauss. Théo d’or
aux Pays-Bas pour son interprétation dans
une mise en scène de Sam Bogaerts de Qui
a peur de Virginia Woolf ?, elle a joué dans
plusieurs prestigieux théâtres néerlandais,
sous la direction de Gerardjan Rijnders,
de Ger Thijs et d’Ivo Van Hove. Elle a également participé à des créations de Guy
Cassiers, de Jan Ristema, de la compagnie
new-yorkaise The Wooster Group et de la
chorégraphe italienne Caterina Sagna, ainsi
qu’à des oratorios et spectacles de théâtre
musical. À partir de l’opéra contemporain
Orfeo * de Walter Hus, mis en scène par
Jan Lauwers, Viviane De Muynck a poursuivi une étincelante collaboration avec la
Needcompany : on a pu la voir, et apprécier
son jeu gourmand et souverain dans The
Snakesong Trilogy *, Macbeth*, Caligula,
Morning Song*, DeaDDogsDon´t Dance/
DjamesDjoyceDeaD *, Goldfish Game, No
Comment * (où elle interprétait le monologue
d’Ulrike Meinhoff), et La Chambre d’Isabella.
* Spectacles coproduits par le Théâtre de la Ville.
DU 10 AU 26 MAI
Maintenant
ils peuvent venir
AREZKI MELLAL
PAUL DESVEAUX
CRÉATION
d’après le roman d’Arezki Mellal
adaptation Arezki Mellal
mise en scène, scénographie Paul Desveaux
assistante à la mise en scène Irène Afker
chorégraphie Yano Iatridès
musique Vincent Artaud
lumières Nicolas Simonin
avec Sid Ahmed Agoumi, Gilbert Beugnot,
Serge Biavan, Fabrice Cals,
Valérie Dashwood, Hyam Zaytoun …
(distribution en cours)
L’histoire se passe à Alger, au plus noir des
années du terrorisme religieux. Un homme
raconte sa vie, son pays, les gens. Défilé de
personnages quotidiens, de femmes plus ou
moins accessibles, d’amours ratées. Il s’agit
d’une « histoire entièrement vraie puisque je
l’ai imaginée d’un bout à l’autre » écrit en
exergue (citant Boris Vian) l’auteur de
Maintenant ils peuvent venir, Arezki Mellal.
Nom imaginaire, là encore, d’un homme discret par goût, et nécessité. Car il habite Alger
et ce qu’il raconte n’est pas du tout dans le
“politiquement correct” de la ville. Ne serait-ce
que par le portrait fasciné et grinçant de ce
personnage incontournable : la Mère. Pour le
moins abusive, en tout cas étouffante dans
son affection et son autorité. La femme première, celle dont dépendent toutes les
autres…
Et ce roman magnifiquement, douloureusement lucide, adapté par Arezki Mellal luimême devient un spectacle mis en scène par
Paul Desveaux :
« Je lui ai demandé ce travail. Je ne suis pas
écrivain et je voulais conserver son verbe.
Laisser le texte tel qu’il est écrit me semble
primordial. Le langage n’a rien de folklorique.
Il nous est très proche et en même temps
appartient au poète, comme à ses personnages, et à l’ensemble des Algériens. Après
tout, ils le parlent depuis un siècle et demi, ce
n’est pas rien. Leur butin de guerre de l’occupation française, c’est la langue, dit Arezki. »
Une langue devenue la leur, à laquelle Paul
Desveaux entend rester fidèle, comme à la
forme du roman, construit en une succession
de récits. Ainsi est préservée la multiplicité
des opinions, correspondant à la multiplicité
des personnages :
« Chacun donnant son point de vue, c’est le
meilleur moyen de ne pas tomber dans un
manichéisme totalement absent du livre. Le
narrateur lui-même n’est pas un ange. Il
raconte une ville, la sienne : Alger, témoin et
creuset de bouleversements profonds, lieu où
il vit, où il apprend à vivre au fil de ses rencontres. Avec le jardinier débrouillard, réduit,
par manque de matériel à couper l’herbe aux
ciseaux, avec un communiste… avec les
femmes. Et là, son point de vue est dur, vraiment. Dans cette ville où l’amour, le mot même
“amour” est un interdit, les rapports hommesfemmes sont déphasés.
« Des rapports évidemment dérivés de ceux
avec la mère. Quand on a longtemps vécu
seul avec une même personne, la relation
dépasse le cadre strictement familial, et aussi
le domaine du rationnel. Sans rien d’inces-
tueux, elle prend une sorte de force charnelle.
En Algérie, les filles n’ont aucune indépendance, elles sont mariées sans choisir. En
revanche, une fois mères !.… Le matriarcat est
sacré.
« Le défi du spectacle, consiste à retrouver la
force de l’écriture : une distance qui écarte
toute velléité de pathos. Et aussi cette manière
si précise de faire ressentir les souffrances,
les espoirs. Et puis, l’humour de la misère
morale, affective, nous ne sommes pas là
pour provoquer la pitié. »
Après tout, ce n’est pas un hasard si Arezki
Mellal a choisi, pour donner le ton de son
roman, Boris Vian, doux anar à la subtilité
impitoyable des années 50, un temps de liberté, de changements, d’incertitudes, au sortir
de la guerre et de l’occupation.
Dans un environnement qui ne précise pas le
lieu, ils sont huit en scène, et en accord avec
Arezki Mellal, Paul Desveaux évite la distribution algéro-algéroise. Le grand acteur
Sid Ahmed Agoumi est le jardinier, mais
c’est Fabrice Cals le narrateur. Hyam Zaytoun,
comédienne égyptienne, côtoie Valérie
Dashwood…
« Des comédiens capables de s’engager
dans la fidélité aux mots. C’est l’essentiel dans
ce texte, politique en ce qu’il demeure un
constat. »
Arezki Mellal
Arezki Mellal (un pseudonyme) est né à Alger
en 1949, y habite, y travaille dans les métiers
du livre (graphiste, maquettiste, typographe),
avant d’écrire, lui aussi, “poussé par la révolte”,
et de trouver un éditeur qui, en 2000, publie son
roman Maintenant ils peuvent venir, repris en
France en 2002 par Actes Sud, comme la plupart de ses écrits : La Délégation officielle, donnée en lecture publique au centre dramatique
de Grenoble, puis à France Culture en 2003 ;
Que se passe-t-il à Rotterdam? présenté en
2003 aux Francophonies de Limoges, où il
revient en 2005 avec une pièce, En remontant
le Niger. En 2003, année de l’Algérie, Arezki
Mellal participe à la manifestation “Belles étrangères”. Il vit à Alger mais vient souvent en
France, se promène en Afrique, où il dirige des
ateliers d’écriture.
Paul Desveaux
Paul Desveaux fait ses débuts au théâtre en
tant que comédien. Puis, il aborde la mise en
scène et en 1997 fonde sa compagnie, l’héliotrope. Il monte Marivaux (La Fausse
Suivante), Nathalie Sarraute (Elle est là), travaille sur l’image cinématographique, et en
2000, au Centre d’art et d’essai de Mont-SaintAignan, avec le chorégraphe Yano Iatrides.
Ensemble, ils présentent L’Éveil du printemps
de Wedekind (2001), des textes de Kerouac,
sous le titre Vraie blonde et autres… (2002 et
2004). Au Trident, scène nationale de
Cherbourg,
Paul
Desveaux
monte
Shakespeare : Richard II, puis en 2005, ce
sera Schiller, Les Brigands, et Ostrovski,
L’Orage au Théâtre de la Ville-Les Abbesses.
Paul Desveaux, ph. G. Lancestre
LES ABBESSES • TARIF A
21
James Thierrée, ph. Callede Pierre-Olivier
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 16 AU 30 MAI
James Thierrée
LA COMPAGNIE DU HANNETON
création 2007
CRÉATION
CIRQUE THÉÂTRE
22
Le précédent spectacle de James Thierrée,
présenté au Théâtre de la Ville en 2004 était
La Veillée des abysses, anagramme de la Vie
des abeilles, et qui, tout naturellement faisait
suite à la Symphonie du hanneton, cet insecte
bourdonnant ayant donné son nom à la
compagnie. Dans le même esprit de logique,
le prochain spectacle de James Thierrée n’a
pas de titre. Tout au moins provisoirement, jusqu’à ce que la préparation en soit assez avancée pour que vienne l’inspiration. Or, tout ce
que l’on peut dire au moment où ces lignes
sont imprimées, c’est que le point de départ
est la rencontre avec la Mort d’un vieux fou,
solitaire et heureux de l’être :
« Quelque chose s’est passé dans sa vie, et
plutôt que d’affronter la réalité, il a préféré se
calfeutrer dans son univers mental. Mais sa
mort n’est pas angoissante, au contraire. Elle
est joyeuse, agréable, et va lui offrir l’occasion
d’un petit tour dans son passé. En somme
l’histoire commence par la fin, remonte dans
le temps, ou plutôt y dérape, parce qu’elle
entraîne dans la mémoire de cet homme, avec
toutes les approximations et la liberté que cela
suppose.
« Je pense à la magnifique aventure
d’Orphée, traversant l’enfer pour retrouver la
femme qu’il aime, et marchant devant elle
sans avoir le droit de se retourner. Moi, j’aimerais qu’il puisse la voir, l’embrasser, l’enlacer… Je m’approche du théâtre. La Veillée
des abysses déjà, lui clignait de l’œil : un
groupe d’individus portés par une tempête,
arrive dans un lieu où à tout instant, chaque
objet peut changer de fonction et de forme.
Mais enfin, ils savent pourquoi ils sont là et
des moments surviennent où, entre eux, s’établissent des échanges.
« Cette fois, je pense faire un pas de plus. Je
voudrais de vrais personnages. Non pas des
héros, mais des humanités bien définies, entre
lesquelles des relations existent, évoluent.
Cela dit, il ne s’agit pas d’une pièce. Nous
avons des auteurs, des metteurs en scène,
mon cas est plus ambigu. Je n’ai aucun message à faire passer, je voudrais seulement
comprendre pourquoi existe, depuis toujours,
ce besoin vital de raconter des histoires. C’est
beau cette espèce d’acte irrationnel qui
consiste à reproduire une situation sans
jamais trouver ni solution ni aboutissement.
Jouer avec l’imagination, se regarder dans le
miroir du théâtre, en vrai, inutile. Pourtant, personne ne peut vivre sans. Pourquoi ? »
Une fois encore, l’histoire que raconte James
Thierrée se passe de mots. Il s’exprime dans
les langages du cirque, le jeu, les acrobaties
– pendant qu’il le peut encore, soupire-t-il –
par la musique aussi, et prend un plaisir extrême à courir les disquaires, tout écouter,
choisir :
« Ce n’est pas la narration qui mène, pas le
jeu. Elle est invitée dans notre monde, et
demeurera humble. J’aurais du mal à donner
à ce que nous faisons une signification intellectuelle. D’ailleurs, les intrigues sont
toujours un peu les mêmes : à partir de deux
personnes, il y a conflit, et ça tourne autour de
l’amour… ou du manque d’amour. Personnellement, le seul thème que je n’ai vraiment
pas envie de traiter, est celui du pouvoir…
Sauf s’il s’agit du verbe ! »
Ni par crainte assure-t-il, ni par orgueil.
Pourtant, même s’il ne se considère pas
comme un metteur en scène, encore moins un
auteur, il détient le pouvoir de décision, et
c’est lui qui choisit ses interprètes :
« J’ai besoin de travailler avec des personnes
particulières, différentes, qui possèdent une
singularité : une clef qui ouvrirait l’imagination.
Au final, l’important c’est de toucher l’esprit,
provoquer l’émotion, la sensation d’avoir
vécu, vu, ressenti un quelque chose d’inhabituel. »
James Thierrée
Né en 1974 en Suisse, James Thierrée
commence son apprentissage en 1978, dans
le cirque (nommé “Imaginaire”, puis
“Invisible”) de ses parents : Victoria Chaplin et
Jean-Baptiste Thierrée. Participant à leurs
voyages, il en profite, tout en travaillant le violon et l’acrobatie, pour s’initier au théâtre,
notamment à l’école du Piccolo de Milan et
celle de Harvard. Et ainsi jusqu’en 1994. Il travaille avec Benno Besson (Lapin Lapin de
Coline Serreau en 1995), et la même année
avec le baroquissime espagnol Carles
Santos. Le cinéma fait appel à lui. Après
Prospero’s book de Peter Greenaway en 1989,
il travaille entre beaucoup d’autres avec
Maurizio Nichetti (Stefano Quatenstorie, 1992)
Raul Ruiz (Généalogie d’un crime, 1996) et le
tout en VO, car outre le français et l’anglais il
parle italien et espagnol. En 1998, il fonde la
Compagnie du Hanneton, crée La Symphonie
du Hanneton qui vient en 2001 au Théâtre de
la Ville, où en 2003 est accueillie La Veillée
des abysses, les deux spectacles continuant
à triompher de par le monde.
textes théâtre Colette Godard
DANSE
DANSE AU THEATRE DE LA VILLE
JOSEF NADJ
Asobu (Jeu)
création
LOUISE LECAVALIER
Cobalt rouge Remix
“I” is Memory
MICHÈLE ANNE DE MEY
BERNARDO MONTET
Sinfonia Eroïca (1990)
Les Batraciens s’en vont
re-création
WIM VANDEKEYBUS
Spiegel (Miroir)
création
May B (1981)
re-création
création
KOEN AUGUSTIJNEN
Import/Export
DANIEL LARRIEU
Never Mind
OLGA PONA
création
Does the English Queen Know
What Real life is About ?
The Other Side of the River création
HANS VAN DEN BROECK
FRANÇOIS VERRET
Sans retour
création
En servicio
création
AKRAM KHAN
EMIO GRECO
Hell
création
création
THOMAS HAUERT
Walking Oscar
création
Third Catalogue
création
AKRAM KHAN
SIDI LARBI CHERKAOUI
PIERRE RIGAL
AURÉLIEN BORY
zero degrees
Érection
reprise
JOËLLE BOUVIER
JAN LAUWERS
Le Bazar du homard
création
Face à face
création
FUMIYO IKEDA
BENJAMIN VERDONCK
ALAIN PLATEL
GILLES JOBIN
Double Deux
BENOÎT LACHAMBRE
Lugares Comunes
création
création
NASSER MARTIN-GOUSSET
Péplum (Pop Life II)
création
création
Le Sous-Sol
création
BRICE LEROUX
Quantum-quintet
et solo
La Face cachée
création
création
PINA BAUSCH
Bandonéon
création 2006
Nine Finger
création
MARIA-KIRAN
ANNE TERESA
DE KEERSMAEKER
soirée Steve Reich
soirée répertoire
création
PEEPING TOM
MEG STUART
It’s not funny !
création
ROSER MONTLLÓ GUBERNA
BRIGITTE SETH
Récitatifs toxiques
MAGUY MARIN
création
reprise
création
DANSE AUX ABBESSES
PADMINI CHETTUR
Paperdoll
SHANTALA SHIVALINGAPPA
kuchipudi
ERASE-E(X)
LYNDA GAUDREAU
0101
création
AU THEATRE DE LA CITE INTERNATIONALE
PIERRE RIGAL
création
DANIEL DOBBELS
L’Insensible déchirure
Programmes susceptibles d’être modifiés
création
DANSE HORS LES MURS
AU CENTRE NATIONAL DE LA DANSE
Arrêts de jeu
JOHANNE SAUNIER
création
création
Michèle Anne De Mey, ph. J. Leon
Josef Nadj, ph. S. Charrier-atelier J.-L. Fouchez
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 3 AU 8 OCT.
Josef Nadj
CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL D’ORLÉANS
Asobu (Jeu) 16 danseurs
CRÉATION
Une traversée de l’œuvre d’Henri Michaux
avec le Festival d’Avignon
UNE TRAVERSÉE DE L’ŒUVRE
D’HENRI MICHAUX
Il fallait bien que la rencontre advienne sur
scène un jour. Depuis longtemps déjà, Josef
Nadj, éternel voyageur aux confins de rêveries
nichées dans les plis de l’inconscient,
fréquentait l’œuvre d’Henri Michaux (18991984). Observateur funambule des mystères
de l’existence, le chorégraphe d’origine hongroise partage avec ce poète et peintre qui
n’eut de cesse d’explorer « l'espace du
dedans », le goût des rythmes et de la musicalité, le passage fécond entre les arts et, surtout, l’irrépressible attrait pour l’« ailleurs ».
Les années n’ont fait que resserrer les nœuds
de cette fraternité, secrètement entretenue
avec celui qui chercha à s’extirper de la
gangue d’un moi en quête d’identité, en parcourant les contrées lointaines ou les territoires de l’imaginaire. Créé dans la cour
d’honneur du palais des Papes lors du 60e
Festival d’Avignon, dont Josef Nadj est l’artiste associé, Asobu (Jeu, en japonais) chemine à travers cette écriture du déplacement,
le long d’une ligne de tension entre Orient et
Occident. Ecuador et Un barbare en Asie,
récits de périples initiatiques, Ailleurs, carnets
d’expéditions fictives, et Poteau d’angle, fragments d’une ascèse se défiant du monde et
de ses chimères, balisent cette vaste traversée qui s’aventure jusqu’au pays du soleil
levant. Le chorégraphe pioche dans la matière littéraire, des motifs qu’il trame avec la
mémoire réinventée de sa Vojvodine natale et
la musique aux accents russes de Vladimir
Tarasov. Entouré de danseurs français, hongrois et japonais, qui évoluent dans une
scénographie en mouvement perpétuel, il
descend le fleuve périlleux de la vie, à la
recherche de l’Autre et des paysages inconnus que dessinent les remuements de l’âme.
Gwénola David-Gibert
24
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 11 AU 14 OCT.
RE-CRÉATION
Michèle Anne
De Mey
CHARLEROI/DANSES
Sinfonia Eroïca (1990) 9 danseurs
RECRÉATION D’UN CHEF-D’ŒUVRE
Il y a dans la danse de Michèle Anne De Mey
une grâce ombrageuse qui s’épanche en
volutes charnelles ourlées de fantaisie, une
finesse faussement désinvolte portée par
l’élan d’une gestuelle sous tension. Une façon
bien à elle de conjuguer les embardées du
corps, le vertige du doute et les bruissements
du cœur. Longtemps danseuse d’Anne Teresa
De Keersmaeker, avec qui elle fit ses classes
à l’école Mudra, la chorégraphe belge posait
en 1990 l’acte fondateur de sa compagnie
avec une éblouissante Sinfonia Eroïca* : pièce
majeure qui a révélé son talent et esquissé la
ligne mélodique d’une démarche qui a souvent convolé avec les plus belles pages de la
musique classique. Mêlant les motifs puissants de la Troisième Symphonie (dite
Héroïque), de Beethoven, et l’ouverture de
Bastien et Bastienne de Mozart, Sinfonia
Eroïca vibre aux rythmes de l’éternel tourbillon
amoureux, scandé d’âpres déchirures, de
jeux enfantins, de replis désenchantés et de
bonheurs retrouvés. Ces variations sur le
couple, le groupe et la figure du héros
vacillent entre sensualité euphorique et beauté ingénue, mouvements d’ensemble et
échappées solitaires. Installée maintenant à
Charleroi/Danses, Michèle Anne De Mey
reprend, seize ans après, cette œuvre dont
l’inventivité rieuse, la musicalité enivrante et la
subtile mélancolie ont marqué les mémoires.
« Ce qui m’excite dans ce projet, c’est ce travail de régénération, la question de la partition
et de l’interprète », explique-t-elle. Car loin de
se contenter d’une reconstitution, elle reparcourt avec une nouvelle troupe de neuf
danseurs, le chemin de cette création pour
retrouver toute la fraîcheur de ses délicates
saveurs.
Gw. D.-G.
Michèle Anne De Mey, ph. J. leon
* Présentée au Théâtre de la Ville en octobre 1991.
(miroir), s'annonce donc comme une soirée
composée, un voyage dans le temps de la
création de cette troupe flamande qui, depuis,
ne connaît plus de frontière. Réunissant
de nouveaux interprètes et des habitués
de l'équipe, 10 danseurs au total, Wim
Vandekeybus envisage cette rétrospective
comme « une quête à l'essence de son
idiome du mouvement ». Certaines scènes
seront présentées intactes, d'autres allongées
ou raccourcies. Spiegel invite à parcourir les
nouveaux territoires de la danse que Wim
Vandekeybus a arpentés tout au long de ces
20 années. Et en guide d'exception, Wim
Vandekeybus ne devrait pas ménager ses
surprises.
Padmini Chettur, ph. A. van Kooij
Wim Vandekeybus, ph. W. Vandekeybus
Wim Vandekeybus, ph. O. Iturbe
Philippe Noisette
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 17 AU 21 OCT.
CRÉATION
Wim
Vandekeybus
ULTIMA VEZ
Spiegel (Miroir) 10 danseurs
20e anniversaire d’Ultima Vez
montage, extraits de différentes pièces
de Wim Vandekeybus depuis la création
de la compagnie
Au tout début de l'aventure Ultima Vez ("la
dernière fois" en espagnol), il y a cette échappée belle à Madrid de Wim Vandekeybus
entouré d'un groupe de jeunes danseurs :
nous sommes à la fin de 1986, et l'année suivante le monde de la danse découvre, passablement ébahi, une pièce-manifeste, What
The Body Does Not Remember, ses jets de
briques, ses ruades au sol, ses corps survoltés. Depuis, Wim Vandekeybus n'a eu de
cesse d'étonner son public, apportant
musique live et cinéma grand format sur un
plateau de danse, confrontant le mouvement
au texte aussi. Une énergie rebelle et pour
tout dire, contagieuse, qui depuis ces débuts
étonne. Et ravit ! Rencontré il y a peu à Paris,
Wim Vandekeybus évoquait ainsi cette célébration autour de sa compagnie : « Je ne suis
pas trop pour ce genre d'anniversaire, après
tout. Mais c'est aussi une belle manière de
rendre hommage à tous ceux qui ont accompagné Ultima Vez depuis tout ce temps. Je
vais créer un spectacle-miroir où je regarde
en arrière : il y aura des bouts d'anciennes
créations comme des effractions dans mon
parcours. Pas un best-of, mais un vrai spectacle avec des scènes tirées de ma première
comme de ma dernière création. » Spiegel
LES ABBESSES • TARIF C
DU 24 AU 27 OCT.
Padmini
Chettur
Paperdoll
6 danseuses
L’étrangeté résolue de la jeune chorégraphe
indienne Padmini Chettur, sa recherche minimaliste en dehors de tous les airs du temps,
font son attrait. Bien plantée sur un territoire
peu fréquenté, elle affirme un geste contemporain si épuré, sans pour autant être formel,
qu’il suscite une curiosité étonnée. Passée par
une formation approfondie de bhârata natyam, style traditionnel indien, dont elle apprécie peu le décorum et la séduction inhérents
au genre, elle s’attache à en évacuer les
marques pour retrouver un geste personnel en
prise avec elle-même. Après avoir dansé
dans la compagnie de la chorégraphe
contemporaine indienne Chandralekha,
Padmini Chettur conçoit 3 solos*, exercices
de perception de soi et des sensations sans
cesse nouvelles de son être, qui s’offrent
comme les premières étapes spectaculaires
abouties de dix ans de labeur. Avec Paperdoll,
pièce de groupe, Padmini Chettur, qui a
commencé les répétitions de ce spectacle en
25
Daniel Larrieu, ph. Ch. Poux
2002, a travaillé sur les chaînes de petits
bonshommes en papier que l’on découpe
enfants. À la fois identiques et pourtant jamais
tout à fait les mêmes, ces figurines aux formes
un peu brutes ont dégagé la voie à une
échappée chorégraphique articulée autour de
mouvements simples. De dos, les cinq interprètes lèvent un bras, cassent les coudes,
glissent en fente. Ce système s’intensifie jusqu’à composer une frise paradoxalement
charnelle et abstraite dont la géométrie laisse
affleurer une fine sensualité.
Jeanne Liger
Maguy Marin, photos Cl. Bricage
Padmini Chettur, ph. J. Jansch
* Présentés aux Abbesses en mai 2003.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 14 AU 18 NOV.
RE-CRÉATION
Maguy Marin
CIE MAGUY MARIN – CENTRE CHORÉGRAPHIQUE
NATIONAL DE RILLIEUX-LA-PAPE
MAY B (1981) 10 danseurs
dans le cadre du centenaire de la
naissance de Samuel Beckett
avec le Festival Paris Beckett
26
On peut choisir de découvrir – ou de revoir,
avec quel bonheur ! – May B 1 de Maguy Marin,
pour ce que cette pièce est : un chef-d’œuvre
qui laisse en chacun, à tout coup, une trace
indélébile. May B produit une force qui déborde son cadre d’origine, un quart de siècle
après sa création (et plus de cinq cents représentations sur la planète entière). Inspirée de
Samuel Beckett, cette immense pièce défriche alors un terrain inédit pour la relation
complexe du théâtre et de la danse.
Enracinée dans la scansion et le frottement,
accumulée dans la masse, prélevée dans
l’hésitation et la faille, happée par le masque
et l’effacement, cette force ne véhicule pas
une représentation fabulée de l’origine et du
destin indéfinis, beckettiens ; elle les réalise,
par la danse, au-delà du théâtre. Dix êtres blafards, errants et haletants, valise à la main,
peuplent de vraie vie, de corps, de transe,
irrépressiblement, le paysage sans limite de la
désolation de l’absurde.
Voilà une pièce qui convient dignement au
centenaire de la naissance de Samuel
Beckett. Mais il est peut-être attitude plus
actuelle pour se saisir de ses enjeux. 2006 est
aussi l’année de l’inauguration du CCN de
Rillieux-la-Pape, où dans de rudes banlieues
lyonnaises, Maguy Marin a choisi de tremper
son projet à neuf, tous triomphes consommés.
Et on peut encore garder pour May B les yeux
qu’on eut l’an dernier pour Umwelt 2. Par ce
chef-d’œuvre de 2005, mal compris, se poursuivent le tissage et le dé-tissage de la trame,
inquiétante mais somptueuse, de la déroute
contemporaine du sens. Autre temps, même
appel.
Gérard Mayen
1
2
Présenté au Théâtre de la Ville en janvier 1984.
Présenté au Théâtre de la Ville en novembre 2005.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 21 AU 25 NOV.
Daniel Larrieu
ASTRAKAN
Never Mind 8 danseurs
CRÉATION
LE TEMPS ET SES HISTOIRES
Patiemment élaboré au fil du temps, d’étape
en étape durant deux années, Never Mind
est une œuvre de maturité. Une pièce qui respire sous le souffle de cette liberté nouvelle
partagée par huit interprètes. « Moins de
contrainte, plus d’abandon », comme le souligne Daniel Larrieu. Très peu formel en effet
ce « peu m’importe » qui titre cette nouvelle
création et que le chorégraphe décline dans
un double mouvement. Le peu, le simple, non
pas comme insouciance mais comme valeur,
précisément. Une sensible qualité d’écoute et
d’accueil au temps, à sa mobilité lente où peut
se déposer, s’inscrire la connaissance des
choses. Valeur qui contamine les corps, les
êtres évoluant ensemble sur scène, comme
en gravitation autour d’une même recherche.
La danse subtile, profonde, s’invente de
nouveaux paysages. La musique du Stabat
Mater de Pergolèse dans l’interprétation de
Christophe Rousset et des Talens Lyriques,
charge l’espace de sa réalité. Très incarnée et
retenue, elle inspire au chorégraphe un jeu
avec le temps et son renversement. En introduisant ensuite des musiques rock, Daniel
Larrieu fait twister sa propre matière gestuelle.
L’énergie du temps déchire l’espace et reconduit le mouvement coloré par d’autres
empreintes et impacts. Entre écriture et improvisation, les danseurs se concentrent sur l’interprétation de l’instant. Renouant, dénouant
avec douceur la partition qu’ils ont élaborée
avec un sens de la communauté qui fait
entendre l’utopie du travail. La démarche
constante du chorégraphe, une « poétique
militante » envers la danse et ses enjeux.
Irène Filiberti
Daniel Larrieu, ph. Ch. Poux
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 28 NOV. AU 2 DÉC.
Thomas Hauert
ZOO
Walking Oscar
CRÉATION
7 interprètes
avec le Festival d’Automne à Paris
Thomas Hauert, le chorégraphe de Modify *,
poursuit sa recherche entre musique et
danse. Son goût particulier pour le changement, porte l’artiste suisse, installé à Bruxelles
avec sa compagnie Zoo, à modifier la
conception de chacun de ses spectacles.
Dans Walking Oscar, les corps exultent
comme par enchantement. Sur une scène
transfigurée par le graphisme de mots projetés, les danseurs entrent en chantant. Les
mélodies métamorphosent le mouvement. Les
gestes s’ouvrent à la fantaisie.
Comédie musicale atypique, cette nouvelle
pièce est avant tout un jeu. Les interprètes et
complices de création du chorégraphe s’en
donnent à cœur joie, immergés dans un
monde de sensations, saisis entre écoute et
improvisation. Walking Oscar déploie sa
marche rythmée autour d’un collage de
textes. Petites histoires et aphorismes composant un autoportrait pointilliste. Celui de son
auteur, Oscar van den Boogaard. Ce matériel
littéraire lu par un acteur et diffusé sur scène
par une bande-son est une source d’inspiration pour la compagnie Zoo dont les interprètes ont aussi écrit des chansons. Oscar,
personnage fantôme aux lisières du visible,
alter ego du danseur né de l’écriture, est le
reflet d’une posture, celle de l’interprète. Ainsi
le texte devient un partenaire pour la danse.
Walking Oscar est tissé dans l’étoffe d’un
songe qui se transmet de corps en corps. En
marchant pas à pas sur les traces d’Oscar,
selon l’esprit d’une compagnie dont la
démarche s’appuie sur « l’intuition et la foi
I.F.
dans l’individu ».
Thomas Hauert, photos X. DR
* Présenté au Théâtre de la Ville en février 2005.
27
Johanne Saunier, ph. S. Gunther
LES ABBESSES • TARIF C
1er AU 4 DÉC.
CRÉATION
Louise
Lecavalier
Cobalt rouge Remix
duo
chorégraphie Tedd Robinson
avec Louise Lecavalier et Masaharu Imazu
“I” is Memory
solo
chorégraphie Benoît Lachambre
3e œuvre solo
LES ABBESSES • TARIF C
chorégraphie Crystal Pite
28, 29 NOV.
Johanne
Saunier
JOJI INC JOHANNE SAUNIER / JIM CLAYBURGH
ERASE-E(X)
soli et duo
chorégraphies The Wooster Group,
Anne Teresa De Keersmaeker,
Isabella Soupart
avec Johanne Saunier et Charles François
Exquis. C’est un cadavre exquis chorégraphique que Johanne Saunier invente magnifiquement dans sa pièce ERASE-E(X) 1, 2, 3.
Ce titre évoque le tableau Erased De Kooning
drawing de Robert Rauschenberg : en 1953,
celui-ci effaçait un tableau de De Kooning, et
ainsi se le réappropriait.
À cette image, ERASE-E(X) 1, 2, 3 se développe en série, partant d’une phrase chorégraphique originale et originelle d’Anne
Teresa De Keersmaeker. Johanne Saunier a
été une interprète emblématique de l’époque
incandescente de la chorégraphe belge, et en
demeure proche.
En première partie d’ERASE-E(X), la phrase
est effacée par the Wooster Group, collectif multi-media, responsable d’un joli coup de
balai dans le théâtre new-yorkais. Son intervention contamine la danse de De
Keersmaeker, par la composition d’un personnage féminin sophistiqué, inspiré de Godard.
Deuxième partie : De Keersmaeker réécrit une
partition vertigineusement tendue de rigueur
abstraite. Relayée par Isabella Soupart, la troisième partie s’échappe ensuite vers une
intrigue théâtrale, au contact d’un interprète
masculin épatant, frotté d’actualité urbaine.
Pour le Théâtre de la Ville, un numéro 4 suivra,
confié au vidéaste Kurt d’Haeseleer.
Au cœur de ce déroulement, Johanne Saunier
est un bonheur de métamorphoses haletantes, où les subtilités de jeu le disputent à la
vivacité de l’engagement physique. Allègre,
incisive, tout en elle incarne la liberté d’interprète bondissant entre les registres, repoussant ses propres frontières.
G. M.
Louise Lecavalier-”I” is Memory, ph. A. Barsetti
28
Il est des retours sur le devant de la scène qui
font particulièrement chaud au cœur : ainsi
celui de Louise Lecavalier, la fière Canadienne que l'on découvrit dans les années 80
aux côtés du prodige Édouard Lock. La tornade blonde portait les créations furieuses du
jeune Lock sur ses épaules, multipliant
prouesses physiques et intensité dramatique.
Puis Louise décida de prendre un certain
recul ; elle revient aujourd'hui à l'interprétation
comme libérée : « Quand j'ai l'opportunité de
travailler sans pression ni but précis avec un
chorégraphe, pour le plaisir de danser, une
connivence s'établit. Une telle connivence
devient des plus précieuses et fructueuses
lorsque vient le temps de monter la pièce. »
Louise Lecavalier a réuni autour d'elle une
équipe singulière, des chorégraphes Tedd
Robinson, Benoît Lachambre et Crystal Pite
pour une variation autour du solo et du duo :
une vraie famille de danse, pour tout dire.
Tedd Robinson avait créé pour Louise, Cobalt
rouge, dont un extrait est ici repris sous le titre
de Cobalt rouge Remix en duo avec Masaharu
Imazu. Formé au Toronto Dance Theatre et
auprès de Lindsay Kemp, Robinson, aujourd'hui directeur artistique du 10 Gates
Dancing, manie théâtralité et danse. Cobalt
rouge, entre rituel ambigu et concentré
d'énergie, habille Louise Lecavalier comme
une seconde peau. Benoît Lachambre, autre
Canadien, est passé maître dans l'art de l'improvisation et de la performance, croisant les
parcours de Marie Chouinard ou Meg Stuart.
De sa rencontre avec Louise Lecavalier, intitulée "I" is Memory, il est à prévoir un échange
mutuel et des questionnements sur le corps
du danseur dans un monde en perpétuel
changement. Enfin Crystal Pite, danseuse
ayant étudié le jazz, la comédie musicale ou le
chant, passa 5 ans comme interprète du
Ballett Frankfurt de William Forsythe ; revenue
s’installer au Canada, elle est chorégraphe
résidente des Ballets jazz de Montréal. Elle
signe pour Louise une danse « axée sur la
vitesse, la vivacité et la fluidité des phrasés ».
Son style allie humour, intelligence et audace... Un peu à l'image de Louise Lecavalier.
Ph. N.
Louise Lecavalier, ph. M. Chiarradia
rêveries vagabondes, de compagnonnages
clandestins avec des écrivains, des penseurs
et des artistes, qui, au gré du jeu des assonances, crayonnent le paysage mental de la
création. De la lecture de Moby Dick
d’Herman Melville et de ses résonances,
François Verret tire ainsi les fils d’une réflexion
sur les phénomènes de masse, sur l’aveuglement inouï qui conduit des hommes à suivre
un des leurs dans sa furieuse obsession, jusqu’à la catastrophe… Tragédie dont les
bégaiements de l’Histoire rappellent toute
l’actualité. S’émancipant de la référence au
récit, Sans retour s’enfonce au cœur de l’humain pour traquer le mouvement des forces
destructrices, aiguisées par la soif d’absolu, le
« besoin de sens », la haine ou la volonté de
puissance. Prisonniers de l’immensité de leur
quête, les sept acteurs-danseurs bataillent et
s’emportent, ballottés par les vents contraires
du désir qui les entraînent dans une danse du
déséquilibre, où les états de corps et de nerf
traduisent l’indicible de l’expérience sensible.
Gw. D.-G.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 5 AU 9 DÉC.
CRÉATION
François Verret
COMPAGNIE FV
Sans retour
7 acteurs-danseurs
François Verret, ph. X. DR
L’INOUÏ RECOMMENCEMENT
DE NOS FAILLITES COLLECTIVES
Sans doute faudrait-il toujours évoquer la
démarche de François Verret en égrenant des
questions. Hasarder une ébauche en posant
sur la feuille des lignes de fuite. Objecteur des
consciences arc-boutées sur leurs certitudes,
le chorégraphe défait sans relâche le voile
des « évidences » qui voudraient arrimer le
réel aux totems de vérités définitives. Il préfère
scruter la réalité dans sa matérialité trouble,
irrémédiablement mouvante. S’aventurer dans
les zones d’ombres de la raison pour appréhender l’être dans ses torsions intimes. Le
processus de travail passe chez lui par un
questionnement incessant et se nourrit de
LES ABBESSES • TARIF A
DU 7 AU 10 DÉC.
CRÉATION
Bernardo
Montet
CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE TOURS
Les Batraciens s’en vont
chorégraphie et interprétation
Bernardo Montet (solo)
avec Richard Move (chanteur travesti
new-yorkais), Noma Omran (chanteuse
syrienne), Pascal Maupeu (guitariste),
Hugues Vincent (violoncelliste)
Bernardo Montet, ph. D. Tsiapkinis
Dans ses grandes pièces sensibles aux
mythes, Bernardo Montet a sondé les identités
de civilisation inscrites dans les corps ; cela
non sans réaliser qu’il n’y a d’identité, en fait,
que fantasmée. Mais alors, qu’en est-il de
l’identité sexuelle ? C’est quoi, un homme ? Un
homme dans la pleine maturité de son art et
des responsabilités collectives (Bernardo
Montet a charge d’un CCN).
Voici que cet artiste – ce danseur magnifique
– opère un franc retour singulier, très attendu,
comme danseur en solo, dans Les Batraciens
s’en vont. Ce titre énigmatique installe d’abord
beaucoup de distance à propos de la
question des origines de la vie et de la transformation permanente. Puis, pour mieux
s’approcher lui-même, il lui faut provoquer
l’aléa de rencontres hors du commun, avec
des doubles impossibles.
Chanteur, danseur et comédien travesti newyorkais, Richard Move est l’un des partenaires
de Bernardo Montet. Furieusement inclassable, Richard Move se produit aussi bien au
prestigieux festival de Jacob’s Pillow que dans
les boîtes de nuit, rafle les prix avec son incarnation du personnage de Martha Graham,
accompagne Blondie, hante les défilés de
mode. En Richard Move, la question de l’identité de genre s’installe d’emblée dans la
théâtralisation, le rêve et l’entre-deux des
catégories.
Bernardo Montet invite encore la chanteuse
syrienne Noma Omran. C’est une autre quête,
à la source du chant, flottant dans le souffle
retenu du phrasé antique. Tout relevant ici des
configurations de voix et de corps non bornés, articulés sur l’intime universel, à inventer.
Non à figer.
G. M.
29
Emio Greco, ph. B. Childers
Emio Greco et Pieter C. Scholten, ph. H. Wildschut
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 12 AU 16 DÉC.
Emio Greco
EMIO GRECO | PC
Hell
8 danseurs
CRÉATION
chorégraphie Emio Greco, Pieter C. Scholten
1996, naissance d’une danse. Celle d’Emio
Greco et Pieter C. Scholten. Un langage à nul
autre semblable, qualifié d’« extrêmalisme »
parce qu’étiré entre deux extrêmes : entre
corps et pensée. Une danse douée de visions
que les deux chorégraphes, italien et hollandais, vont développer sur scène à travers solos, duos et pièces de groupe. Tels
Conjunto di nero 1 et Rimasto orfano 2 accueillis au Théâtre de la Ville, ainsi que des spectacles sous forme d’essais chorégraphiques
intitulés Double Points. Les One & Two 3 ont
été présentés au théâtre des Abbesses,
Double Points : + 4, hors les murs.
2006, date anniversaire, célèbre les dix ans
de la compagnie Emio Greco/PC. L’épanouissement d’un rigoureux travail mené dans
l’abstraction. Somme d’intuitions et de projets
centrés sur le corps et ses possibilités.
Retenue ou expansive, la virtuosité de cette
danse ne tient pas seulement du pur mouvement. À partir d’elle se construisent aussi les
univers énigmatiques, ironiques, qui hantent
chaque spectacle, en font une aventure dans
l’inconnu. Hors du temps, en bascule entre
passé et avenir, Hell, l’enfer, ne déroge pas à
cette structure. Entre ombres et lumières
transparaissent les qualités tourmentées du
mouvement. Flux chaotique chargé d’impulsions sauvages, gravitations circulaires, fragmentation des espaces. En répétition au
royaume des ombres, la danse multiplie ses
visages, s’épanche dans les gestes de huit
danseurs. Emio Greco et Pieter C. Scholten
font de cette pièce un véritable sabbat scandé par le chant des corps, une poétique des
profondeurs.
I. F.
Présenté au Théâtre de la Ville en février 2003.
Présenté au Théâtre de la Ville en mai 2004.
3
Présenté aux Abbesses en décembre 2001.
4
Présenté par le Théâtre de la Ville au Centre Georges
Pompidou en novembre 2005.
1
2
30
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 19 AU 23 DÉC.
Akram Khan
Sidi Larbi
Cherkaoui
AKRAM KHAN COMPANY
LES BALLETS C. DE LA B.
zero degrees
REPRISE
duo dansé par Akram Khan
et Sidi Larbi Cherkaoui
musique Nitin Sawhney
sculpteur Antony Gormley
Avec zero degrees*, les chorégraphes Akram
Khan et Sidi Larbi Cherkaoui ont non seulement réussi un coup d’éclat, mais une œuvre
commune frissonnante, encore sous le choc
de cette gageure qu’est le partage du plateau. Ce pied à pied de la générosité vécue
au quotidien lors de l’élaboration d’un spectacle, qui plus est un duo, aboutit à un tiercé
gagnant : beauté, invention, humanité forment
l’éclatante soudure de zero degrees. Entre
l'Anglo-Bengali et le Belgo-Marocain bien
décidés à en découdre chacun à sa façon, le
dialogue opère comme une mise à plat de
leurs obsessions et styles respectifs pour en
extraire une combinaison inédite, qui ne ressemble ni à l’un, ni à l’autre, sans les défigurer
pour autant. Entre fusion et collision, chacun a
tenté de comprendre l’autre en s’appropriant
quelque chose d’étranger. Ainsi Sidi Larbi
Cherkaoui, toujours assoiffé de nouvelles
connaissances, se lance sans filet dans une
R. Montlló Guberna/Brigitte Seth , photos B. Eymann
relecture échevelée, somptueusement maladroite, du kathak, danse traditionnelle indienne dont Akram Khan est un interprète
d’exception. Ainsi, Akram Khan délaisse sa
manière ciselée pour un dynamisme plus arraché. Cimentée par une urgence intime à se
livrer corps et biens à cette expérience de
confiance, la paire d’artistes trafique un épatant « degré zéro » chauffé à blanc par la passion de l’autre et la troublante nécessité de sa
différence.
J. L.
Akram Khan, ph. J-P. Maurin
* Présenté au Théâtre de la Ville en octobre 2005.
Sidi Larbi Cherkaoui, ph. J.-P. Maurin
Dernier volet d’une trilogie, cette nouvelle
création est le climax d’un parcours initié par
une drôle de lecture, Epilogos ou confessions
sans importance, suivi d’un spectacle, Je te
tue, tu me tues, le premier de nous tous qui
rira… Dans ce concert théâtral dansé au titre
suggestif, Récitatifs toxiques, la danse suit
pas à pas un chemin périlleux. Les motspièges d’un savoureux recueil de petits
meurtres ordinaires, imaginés par un écrivain
méconnu en France, Max Aub. Il n’en fallait
pas moins à Brigitte Seth et Roser Montlló
Guberna pour défricher l’insondable propos
de ces Crimes exemplaires et le style d’un
auteur, agitateur culturel exilé au Mexique
après avoir fui la France et l’Espagne aux
abords de la Seconde Guerre mondiale. C’est
dire que le rire est une affaire sérieuse et que
l’ouvrage, prix de l’humour noir en 1956, se
devait d’inspirer des artistes d’aujourd’hui.
Comédiennes et danseuses, parlant français,
catalan et espagnol, les deux complices de
création ont inventé un monde de folle énergie, se jouant des formes et des styles, avec
un fulgurant esprit d’à-propos. Cette
démarche critique et majestueusement populaire, jongle avec d’invraisemblables situations, s’extasie des dessous du sens,
compose, entre les mots et les gestes, au plus
près d’une autre passion : la musique. De ce
théâtre intime de la transgression est né un
regard acéré et jubilatoire. Avec l’ensemble
baroque Quam Dilecta dirigé par Jean-Paul
Boury, sur la partition détonante du compositeur H.I.F. von Biber, ces Récitatifs toxiques
résonnent d’un rire féroce qui nous concerne
tous. Et de cet humour sombre qui hante le
spectacle, surgissent de salutaires éclats de
clairvoyance.
I. F.
LES ABBESSES • TARIF A
DU 9 AU 13 JAN.
Roser Montlló
Guberna
Brigitte Seth
COMPAGNIE TOUJOURS APRÈS MINUIT
Récitatifs toxiques
CRÉATION
CONCERT THÉÂTRAL DANSÉ
textes extraits de Crimes exemplaires
de Max Aub
musique Heinrich Ignaz Franz von Biber
avec Quam Dilecta, ensemble de
musique baroque, 7 musiciens
direction musicale Jean-Paul Boury
chorégraphie et interprétation
Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth
31
Olga Pona, ph. A. Hougee
Koen Augustijnen, ph. B. Koeman
LES ABBESSES • TARIF A
LES ABBESSES • TARIF A
DU 16 AU 27 JAN.
DU 30 JAN. AU 3 FÉV.
Koen
Augustijnen
Olga Pona
BALLETS C. DE LA B.
Import/Export
CRÉATION
6 danseurs-acrobates
avec Steve Dugardin (chanteur)
et le Kirke Ensemble
Guy Van Nueten compositeur
Depuis sa rencontre avec les Ballets C. de la
B. en 1991, Koen Augustijnen n'a cessé de
nous étonner : danseur puis membre éminent
de ce collectif belge unique, il s'est lancé
dans le grand bain de la chorégraphie en
1997 avec To crush time. Appliquant la philosophie maison, c’est-à-dire une ouverture
d'esprit qui favorise les rencontres au-delà de
la danse, Koen Augustijnen prit un tournant
saisissant par la suite avec Just another landscape for some juke box-money 1 puis le très
remarqué Bâche 2, deux créations soutenues
part le Théâtre de la Ville. On y découvrait un
petit monde, le plus souvent délaissé, qui
trouvait en lui la seule capacité de survivre et
de donner aux autres. Et force est de constater que Koen Augustijnen dans le sillage
d'Alain Platel, son grand "frère" en création,
s'affirme bel et bien comme un talent original à la sensibilité à fleur de peau. Continuant son exploration musicale et gestuelle,
Koen Augustijnen annonce Import/Export :
sur scène 6 danseurs accompagneront le
chanteur Steve Dugardin, la voix d'ange de
Bâche, et un quatuor à cordes féminin pour
lequel Guy Van Nueten a adapté des chants
baroques en y ajoutant une pincée d'électronique. Import/Export s'interroge sur l'impuissance à plusieurs niveaux, par rapport au
monde, au changement ou, d'une façon plus
intime, vis-à-vis des personnes proches qu'on
laisse partir. « Lorsque l'on parle d'impuissance on parle aussi de puissance », résume
Koen Augustijnen. Avec sa compagnie rompue à différentes techniques, de la danse au
hip-hop, du cirque au théâtre, Koen
Augustijnen n'a pas fini de déjouer les pièges
de la scène.
Ph. N.
Présenté aux Abbesses en décembre 2002.
Présenté aux Abbesses en décembre 2004 et
novembre 2005.
1
2
32
Does the English Queen
Know What Real life
is About ? 10 danseurs
The Other Side of the River
9 danseurs
CRÉATION
UNE DÉFLAGRATION RUSSE
Il y a une « géopoétique » de la danse, où
s’incorporent façons d’être et de se mouvoir,
saveurs expressives et reliefs d’espaces
imaginaires. Or, dans ce paysage chorégraphique largement mondialisé, la Russie
semblait à l’écart, comme plombée par un
contexte politique plutôt maussade. Et c’est à
rebours de cette « pesanteur » que l’irruption
sur la scène internationale d’Olga Pona tient
lieu de déflagration. En France, c’est aux
Rencontres chorégraphiques internationales
de Seine Saint-Denis que l’on a pu découvrir
son travail en 2004, avec Staring into the
Eternity. Née dans une petite ville à la frontière
du Kazakhstan, Olga Pona a poursuivi à
Chelyabinsk, une cité industrielle, des études
d’ingénieur, avec spécialisation dans les tracteurs ! Curieusement, c’est là que lui est venu
le virus de la danse, cette mécanique de précision qui ne rechigne pas aux débordements.
Quelques essais de théâtre visuel lui ont valu
une invitation à l’American Dance Festival puis
à l’école de danse d’Arnhem, aux Pays-Bas.
De retour à Chelyabinsk, elle y développe son
propre travail, vite récompensé par la critique.
De fait, on est soufflé par l’audace déterminée
qu’elle “séquence” en inventions visuelles
et chorégraphiques d’une rare intensité.
Comment survivre dans des conditions
extrêmes ? Telle est l’une des questions
qu’elle n’hésite pas à éprouver dans Does the
English Queen Know What Real Life is
About ?, titre emprunté à Victor Erofeev, un
écrivain dont l’ironie incisive lui valut de
connaître la censure, et qui raille dans une
Encyclopédie de l’âme russe, la différence
entre les façons de vivre et de penser des
Russes et des Occidentaux. Avec ce spectacle au voltage expansif, ainsi qu’avec une
nouvelle création, The Other Side of the River,
Olga Pona vient sans aucun complexe
secouer et élargir d’une énergie bagarreuse
les frontières sensibles d’un monde toujours
en chantier.
J.-M. A.
Olga Pona, ph. A. Kasyanov
DU 31 JAN. AU 4 FÉV.
Jan Lauwers &
Needcompany
Le Bazar du homard
8 interprètes
CRÉATION
avec le Festival d’Avignon
Peut-être convient-il de prendre au sérieux ce
que Jan Lauwers disait au moment de Images
of affection 1 (en 2001) lorsqu’il présentait la
Needcompany comme une troupe hétéroclite
d’amuseurs publics. Depuis les premiers
spectacles, voici près de vingt ans, la plupart
fidèlement accueillis au Théâtre de la Ville, on
a pu goûter ce « théâtre de friction » à l’opposé de tout naturalisme, dont la mort, le sexe, le
pouvoir, constituaient quelques-unes des
figures centrales. Soucieux d’échapper aux
morosités ambiantes, Jan Lauwers s’est
donné de nouvelles libertés, de nouvelles
impertinences. Entre autres ingrédients,
Images of affection et tout récemment La
Chambre d’Isabella 2 ont fait pétiller un ton narratif qui frôle parfois l’absurde, n’hésite pas à
confondre burlesque et tragique, le tout ficelé
par des intermèdes musicaux ou dansés
ayant valeur de ritournelles. Avec Le Bazar du
homard, on assiste là encore à quelque
constellation passablement déjantée de situations terribles et cocasses, où s’enchaînent de
façon surréaliste plusieurs histoires autour
d’un thème cauchemardesque : la perte accidentelle du fils d’Axel et Theresa, que son
père, généticien, aurait voulu pouvoir cloner.
Est-il d’ailleurs vraiment mort, ou seulement
dans le coma, voire même revenu à la vie
comme sa présence sur scène semble l’attester ? Il sera encore question d’un mystérieux
Mo, homme-caméleon qui ne cesse de changer d’identité ; d’un chauffeur de camion russe
qui traîne une réputation de violeur d’enfants ;
d’une psychiatre pour le moins évasive ; du
« premier homme cloné » avec l’ADN de Jimi
Hendrix, etc. Le plus invraisemblable est que
l’on ne se perd jamais tout à fait dans ces histoires qui s’enchevêtrent, se « renversent » les
unes dans les autres. Dans une tentation
musicale qui oscille entre blues et rock, et qui
dé-réalise parfois le récit dans un surprenant
parlé-chanté, Jan Lauwers esquisse une sorte
de tragédie assez psychédélique. Des séquences vidéo, la place des dialogues (en
anglais), quasi systématiquement projetée
dans une traduction qui recourt au jeu typographique, accentuent l’étrangeté d’un
théâtre qui se joue simultanément dans le réel
des présences et dans la fiction de la fable. Et
lorsque le texte évoque une « insurrection »
dont les leaders « mettent le feu aux voitures
et aux boutiques », on prend conscience que
Le Bazar du homard tient à sa façon le
registre d’une actualité tenace. Celle d’une
génération qui ne peut même plus avoir
« Après nous, le déluge » comme mot d’ordre,
parce que le déluge a déjà eu lieu ! Celle
d’une « génétique » capable de fabriquer un
« homme nouveau » quitte à ce que celui-ci
« crève de monotonie ». C’est sur ce volcan
que dansent le théâtre de Jan Lauwers et sa
troupe de valeureux et caustiques amuseurs.
J.-M. A.
Présenté au Théâtre de la Ville en avril 2002.
Présentée au Théâtre de la Ville en février 2005 et
en mai 2006.
1
2
Jan Lauwers, ph. E. Vannasche
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
33
Hans Van den Broeck, ph. X. DR
dessin de Hans Van den Broeck
Hans Van den Broeck aspire au contraire à
« recréer le vocabulaire du contact humain ».
L’artiste est en service, observateur à son
poste d’écoute du monde, mais il est aussi au
service des impulsions qu’il capte et redistribue en une vigoureuse générosité. Ainsi va la
danse de Hans Van den Broeck, essentiellement vivante.
J.-M. A.
* Présenté aux Abbesses en janvier 2005.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 7 AU 11 FÉV.
CRÉATION
Gilles Jobin
GILLES JOBIN/PARANO FONDATION
Double Deux
12 danseurs
LES ABBESSES • TARIF A
DU 6 AU 10 FÉV.
Hans Van den
Broeck
CIE SOIT
En servicio
34
8 danseurs
CRÉATION
GÉNÉREUSE MULTITUDE
« L’art est ce qui rend la vie plus intéressante
que l’art », proclamait Robert Filliou. Aurait-il
trouvé en Hans Van den Broeck un disciple
inattendu ? Le chorégraphe flamand, cofondateur des Ballets C. de la B., tient aujourd’hui sa propre enseigne pour filer l’étoffe
d’une poésie buissonnière qui fourmille de vie.
La tendre insolence qui traverse ses spectacles se propage comme un jeu dont les
règles émergent de la mise en tension d’événements simples et communs, dans une
dynamique de présences en actes qui
semblent ignorer tout apparat, tout maniérisme. Pour autant, affirme le chorégraphe,
« la scène revendique la vie non vécue » : une
vie ouverte aux excroissances d’une fantaisie
rebelle comme aux frictions des désirs entravés. Après Almost Dark *, où se mêlaient les
voix intérieures de l’inconscient et les injonctions d’une société de la compétition généralisée, Hans Van den Broeck engage sa
nouvelle création, En servicio, portée par huit
interprètes venus d’horizons divers, sur l’idée
de multitude humaine. Nous ne sommes pas
seuls au monde parce que nous savons
composer avec l’étranger, nous reconnaître
dans un semblable proche ou lointain, nous
projeter vers un visage inconnu, frayer des silhouettes de passage. Sans « chercher une
place dans la hiérarchie des définitions »,
Gilles Jobin chorégraphie avec un regard de
peintre. Sa matière première, le corps, au plus
proche de sa nature, l’organique, exsude un
langage abstrait d’une indicible douceur.
Sensible à l’esthétique des choses, la danse
de l’artiste suisse produit de fascinantes
images. Visions contrastées qui réfléchissent
les mystères de la vie. De l’idée de catastrophe dans Braindance 1, à celle de l’infini,
dans The Moebius Strip 2. Avec une écriture
qui tient de l’énigme ou du récit fantastique,
les corps traversent profondeurs et surfaces
dans Under construction 3, ou métamorphosent les objets de consommation, dans Steak
House 4.
Dans Double Deux, le rythme s’accélère, les
angles de vue se multiplient, simultanément
au travail des interprètes, aux équations qui
les aimantent deux à deux et en déploient les
variantes. Sur la scène vide, tel un champ de
bataille, les corps sont à l’ouvrage. Leur
échauffement constant génère des gestes
irruptifs. Ils roulent, s’étirent, basculent,
glissent, sous les différents climats sonores du
compositeur et DJ Cristian Vogel. Entre
musique et sons transformés, phrases dansées dédoublées, légèrement décalées, ils
improvisent, cherchant sans cesse de nouvelles transitions. Arpenteurs du chaos et de
ses bouleversements, près de succomber aux
charmes de l’attraction, les danseurs subissent le phénomène et ses lois. Creusant ce
même sillon, Gilles Jobin fait de Double Deux
un paysage de chair en proie aux forces élémentaires. Une étrange poétique aux reflets
d’actualité.
I.F.
Présenté aux Abbesses en octobre 2000.
Présenté aux Abbesses en mai 2001.
3
Présenté au Théâtre de la Ville en novembre 2002.
4
Présenté au Théâtre de la Ville en avril 2005.
1
2
LES ABBESSES • TARIF A
DU 13 AU 17 FÉV.
Akram Khan
AKRAM KHAN COMPANY
Third Catalogue
CRÉATION
3 soli de kathak dont des extraits de
Polaroid Feet et Ronin, avec 5 musiciens
1
2
Présenté aux Abbesses en novembre 2002.
Présenté au Théâtre de la Ville en décembre 2003.
Benoît Lachambre, ph. Enguerand
Gilles Jobin, ph. M. del Curto
Akram Khan, ph. X. DR
La séduction joyeuse et joueuse d’Akram
Khan enveloppe d’évidence la moindre de
ses prestations de kathak. Talentueux interprète de ce style traditionnel indien bondissant originaire du nord de l’Inde, le danseur et
chorégraphe né à Londres de parents bangladeshi réussit, grâce à son intelligence malicieuse et la jouissance directe avec laquelle
il vit son art, à rapprocher de tout un chacun
cette danse complexe. Impossible de ne pas
pénétrer au cœur du geste lorsque Akram
Khan virevolte devant vous, claque des pieds,
bloque son tourbillon gestuel avec une précision millimétrée. Cet accès direct, par la sen-
sation, la saveur dynamique du mouvement,
d’un art chorégraphique d’une grande difficulté technique et doté de codes savants, est
rare. Lesté de quelques mots d’explications,
donnés sur le ton de la conversation, chaque
solo de kathak d’Akram Khan impose sa
savante simplicité, résultat d’années de travail
et d’un appétit de partage resté intacte.
Présenté pour la première fois au Théâtre des
Abbesses, Third Catalogue est le troisième
volet d’une trilogie kathak basée sur les dieux
de la mythologie indienne, dans lequel Akram
Khan glissera quelques-unes des plus percutantes séquences de ses deux précédentes pièces Polaroid Feet 1 et Ronin 2. Après
avoir évoqué Shiva et Parvati, puis Krishna et
le guerrier Arjuna, Akram Khan, qui a demandé à la chorégraphe kathak Kumudini Lakhia
de le mettre en scène, se saisit de l’histoire
cruelle et belle du guerrier Abhimanyu qui se
jeta au cœur de la bataille pour y mourir les
armes à la main.
J. L.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 14 AU 16 FÉV.
CRÉATION
Benoît
Lachambre
PAR B. L. EUX
Lugares Comunes 10 danseurs
Un extraordinaire casting international de dix
interprètes évolue dans la pièce Lugares
Comunes, de Benoît Lachambre. Mais ce
nombre ne suffit pas à expliquer la sensation
d’immensité qui en émane. C’est qu’absolument rien n’est clos dans ce lieu commun, où
35
nographie démultipliée ; Érection se veut
étude de l'homme-animal, l'homme-individu et
l'homme-social. Passant de la position couchée à celle debout, Pierre Rigal interroge
aussi notre vision d'un mouvement en train de
se (dé)faire : de ce travail en solitaire, vont
naître gestes décalés, effets sonores ou poésie électronique. Notre œil se réjouit de ce
"primate" à l'évolution tout sauf convenue.
Pour Érection, Pierre Rigal s'est entouré d'un
duo de musiciens Sylvain Chauveau et Joan
Cambon ainsi que d'un metteur en scène, son
partenaire de longue date, Aurélien Bory*.
Dans un bel élan, Pierre Rigal reviendra une
seconde fois pour signer Arrêts de jeu, « une
adaptation personnelle d'un match de football
très particulier », la demi-finale France-RFA de
la coupe du monde 1982. De ce souvenir intime – mais sans doute partagé par des milliers de supporteurs de l'époque ! – Pierre
Rigal a fait un trio, prenant pour vocabulaire le
geste sportif et l'attitude de terrain. On devrait
passer de l'esprit d'équipe à l'opposition des
corps, compétition oblige. « La danse telle
que je la conçois se base elle aussi sur la rencontre des énergies opposées », résume
Pierre Rigal ; et d'imaginer un cadre de sport
abstrait cerclé d’une installation vidéo graphique, véritable tribune vivante. Le football
ne devrait pas être sa seule source d'inspiration – on pense à l'athlétisme ou au rugby.
LES ABBESSES • TARIF C
19, 20 FÉV.
Pierre Rigal
Aurélien Bory
COMPAGNIE DERNIÈRE MINUTE
Érection
solo
conception, chorégraphie, interprétation,
création vidéo Pierre Rigal
conception, mise en scène Aurélien Bory
36
Certains parcours d'artistes s'amusent à
prendre des chemins de traverse : ainsi en
est-il de celui de Pierre Rigal, nouveau venu
des scènes, qui passa par l'étude des mathématiques, du cinéma et de l'athlétisme ! Après
différents stages aux côtés de Mladen
Matéric, Bernardo Montet ou Boris Charmatz,
ce danseur s'est fait remarquer auprès de
Gilles Jobin entre autres. On découvre aujourd'hui Pierre Rigal en tant qu'interprète-chorégraphe-vidéaste, signant un solo Érection,
petit bijou d'intelligence. En plus d'images
brouillées et d'hologrammes "vivants", le danseur utilise la vidéo comme cadre d'une scé-
Pierre Rigal-Érection, ph. P. Grosbois
Benoît Lachambre, ph. A. Monot
les êtres paraissent toujours étrangement
flottants, doucement décalés.
Chorégraphe, danseur, performer, Benoît
Lachambre est aussi un pédagogue, rassembleur et catalyseur de projets. De stages en
ateliers, il a développé une patiente pratique,
extrêmement fine, de perception du corps
énergétique. Il s’agit de donner à saisir la fascinante palpitation qui fait de toute sensation,
à même le corps, un embrayage de l’imagination ; de travailler la respiration de l’instant
immédiat où le virtuel caresse le réel.
Les interprètes de Lugares Comunes forgent
des langues inouïes, explorent des connexions inédites. Ils jouent une plaisante comédie futuriste, mais créent réellement des
espaces gestuels et vocaux, pétris dans les
flux d’énergie qu’ils investissent. Ils inventent
une texture palpable pour l’imaginaire,
constamment étirée, soumettant le réel à
d’étranges artificialisations. On y trouve une
matière apte à se déformer, plutôt que tenue
de se transformer ; filant une temporalité du
devenir, plutôt que sur-jouant l’avenir.
Très singulières, on croirait pareilles expériences forcément individuelles. Or Lugares
Comunes en tisse une mise en commun, qui
concerne tout autant le spectateur. Surpris
dans ses habitudes perceptives, celui-ci
entreprend un curieux voyage, en proie à un
trouble transgresseur du banal.
G. M.
Pierre Rigal en "ethnologue" du quotidien a
toutes les chances de mener au score. Ph. N.
* Ce dernier officie également comme directeur artistique de la CIE 111 programmée cette même saison
au Théâtre de la Ville.
CITE INTERNATIONALE (GALERIE) • TARIF C
5, 6, 8, 9, 10 MARS
Pierre Rigal
COMPAGNIE DERNIÈRE MINUTE
trio
CRÉATION
Pierre Rigal-Arrêts de jeu, ph. extrait de Mundial 82, éditions Solar
CENTRE NATIONAL DE LA DANSE • TARIF C
DU 19 AU 23 MARS
Lynda
Gaudreau
COMPAGNIE DE BRUNE
0101
CRÉATION
DANS LE JEU DES SENS
Après avoir porté sur le plateau une forme
inédite d’encyclopédie de la danse, Lynda
Gaudreau interroge le mouvement sous un
nouvel aspect. Les quatre pièces précédentes, documents dansés dont les trois premiers ont été présentés au Théâtre des
Abbesses, ont mis au jour une écriture subtile,
sensible autant que rigoureuse et ludique.
Elles ont aussi fait apparaître une autre question, celle du langage. « Comment toucher le
sens des choses ? », s’est alors demandé la
chorégraphe canadienne qui entreprend cette
nouvelle recherche dans 0101. Sur scène, un
homme et une femme. Quelque chose va se
passer, surgir de cette attente entre deux
êtres. La distance juste pour dévoiler un insaisissable phénomène, l’irruption du langage.
Mais aussi pour créer une dépendance, celle
du public en contact avec les jeux de la forme
et de la perception. Désir, volonté ou hasard,
c’est ainsi que le sens apparaît, se cache,
voire même vous guide vers l’absurde, à travers les corps et le mouvement.
Avec cet art du détail qui la caractérise, Lynda
Gaudreau sait pressentir l’instant de son
émergence, entre les gestes et les sons, de
manière synchronisée ou légèrement, étrangement décalée. Mais le sens est toujours
provisoire et la chorégraphie est à rebondissement. Avec un rythme mesuré, une
gestuelle scandée par l’accumulation des
mouvements, Lynda Gaudreau pointe avec
simplicité et humour, la sophistication du langage et son parcours depuis son chaos originel, et jusqu’à sa signification. Un fin travail de
mutation de la nature à l’artifice.
I. F.
Lynda Gaudreau, photos M. Slobodian
Arrêts de jeu
(voir article ci-dessus)
37
Joëlle Bouvier, photos X. DR
cette femme à fleur de peau qui apprend à
dire « je ». Elle commence d’ailleurs par dessiner à la craie une serrure sur le mur noir qui
ferme l’horizon. Puis enflamme une fleur de
papier, brandie comme le flambeau consumé
du passé. Cérémonial soudain brisé par le
hurlement d’un train qui se mêle à la mélodie
d’une bande-son follement dramatique. Emportée dans la tourmente, elle tourbillonne, se
cogne, roule, appelle et s’abandonne, éperdue. Comme une héroïne de mélodrame hollywoodien s’évaderait de sa fiction, elle se
métamorphose, tour à tour star de music-hall,
fragile poupée mécanique, clown magicien ou
espiègle ingénue batifolant sous une nuée de
pétales roses. Tantôt déchirée, fantasque ou
romanesque, Joëlle Bouvier s’avance vers
elle-même, en équilibre sur la pointe des
pieds…
Gw. D.-G.
Meg Stuart, ph. T. Ruisinger
* De 1983 à 1999, le Théâtre de la Ville a coproduit
et accueilli la plupart des créations de Joëlle Bouvier
et Régis Obadia.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 28 AU 31 MARS
Meg Stuart
DAMAGED GOODS
It’s not funny !
CRÉATION
(titre de travail)
créé et dansé par 6 danseurs/acteurs
LES ABBESSES • TARIF A
DU 27 AU 31 MARS
Joëlle Bouvier
CIE JOËLLE BOUVIER
Face à face
CRÉATION
solo de Joëlle Bouvier
38
LA FRAGILE ET LUMINEUSE SOLITUDE
D’UNE FEMME
Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre…
Joëlle Bouvier a rompu les amarres. Après
dix-huit ans de créations en fusion avec Régis
Obadia, elle chorégraphie seule depuis 1998
et a quitté en 2003 le CNDC d’Angers, qu’elle
codirigeait avec lui. La voilà maintenant qui
fraye en solitaire la route de sa liberté. Non
qu’elle renie la verve incandescente de cette
danse lyrique, puissamment expressive et
charnelle, qui a façonné le style BouvierObadia et donné d’inoubliables succès*. Mais
sans doute a-t-elle apprivoisé le déferlement
vorace des sensations et pacifié la brutalité
passionnelle de la chair. Si sa gestuelle brûle
toujours d’élans survoltés, saturés d’émotions
et ivres de désirs, elle se colore aussi d’humour et adoucit son esthétique écorchée. Ce
solo retrace peut-être l’échappée belle de
LA COMÉDIE ET SES AVATARS
« Un ovni nous est tombé dessus », aurait dit
Franz Castorf, le metteur en scène-directeur
de la Volksbühne de Berlin où Meg Stuart
est artiste en résidence, après avoir vu
Replacement *, la dernière création de la chorégraphe américaine qui a choisi de jeter
l’ancre en Europe au début des années 90. De
fait, le laboratoire fictif de Replacement avait
quelque chose d’assez sidérant – c’est-à-dire
d’assez effroyablement réel. Car s’il s’agit
pour Meg Stuart de « créer une autre réalité »
dans l’espace du théâtre, le corps agi (plus
que la danse stricto-sensu) y est un filtre sensible, contaminé par l’époque et ses miasmes.
Et cette « frontalière de nos espaces symboliques », pour reprendre l’expression du critique Jeroen Peeters, n’a pas fini d’en
découdre avec « les masques et les fictions
qui déterminent nos comportements ».
Prochaine station en vue, motivée par une
proposition du festival de Salzbourg : la comédie et ses avatars ! Mais le titre, encore provisoire, de l’œuvre à venir, prévient d’emblée :
It’s not funny ! Qui n’a éprouvé l’une de ces
situations où la volonté de faire rire rate pitoyablement son but ? Et un certain burlesque n’at-il pas précisément à voir avec l’esprit du
« ratage », comme avec la maladresse d’une
intention qui tombe à côté de la plaque ? Avec
une petite troupe d’acteurs et de danseurs (au
sein de laquelle Boris Charmatz devrait
endosser un rôle inattendu), prêts à pousser
l’humour jusqu’à éprouver des situations
inconfortables, Meg Stuart entend bien, réminiscences cinématographiques à la clé, tirer
la comédie vers quelque liberté transgressive.
Subvertir le réel, encore et toujours. J.-M. A.
* Présenté au Théâtre de la Ville en mars 2006.
CITE INTERNATIONALE (COUPOLE) • TARIF C
2, 3, 5, 6 AVRIL
Daniel Dobbels
DE L’ENTRE-DEUX
sume avec vivacité nerveuse, vitesse et
virtuosité. Tant elle sait l’urgence vitale de tenter de desserrer les étreintes mortifères de
l’oppression.
G. M.
THEATRE DE LA VILLE • TARIF A
DU 3 AU 6 AVRIL
Nasser
Martin-Gousset
LA MAISON
Péplum (Pop Life II) CRÉATION
L’Insensible déchirure
10 danseurs
7 danseurs
Il ne craint rien, Nasser Martin-Gousset si
nerveux, si explosif, dans son rapport au
monde, que sa sincérité lui tient lieu de
passeport et de garde-fou. Toujours au bord
d’un vertige, ce chorégraphe, par ailleurs interprète de haut vol de Josef Nadj ou de
Sasha Waltz, a beau se réfugier derrière des
écrivains (Emily Brontë pour le spectacle
Neverland * en 2002), des musiques (les
Rolling Stones pour Bleeding Stone en 2000),
il se livre toujours au plus intime de lui-même,
jouissant de cette sublimation majeure qu’est
la scène. Sa nouvelle pièce, rêve extravagant
comme une bouffée délirante, s’intitule
Péplum (Pop Life II) et s’attache à incarner la
triplette d’amoureux mythiques qu’étaient
Jules César, Marc Antoine et Cléopâtre.
Autour de ces personnages que l’histoire, le
théâtre (avec Shakespeare), le cinéma (avec
Liz Taylor et Richard Burton), ont magnifié en
les crispant quelque peu dans des images,
Nasser Martin-Gousset greffe ses thèmes de
prédilection : l’amour confronté au sexe, la
passion à la destruction, la fusion à la trahison. Le métissage aussi à travers ce qu’il
nomme volontiers le premier couple mixte,
Marc-Antoine et Cléopâtre, qu’il se plaît à faire
voisiner avec celui de ses parents (son père
est égyptien ; sa mère, corse). Dans ce
Péplum qui n’hésite pas à revendiquer une
certaine grandiloquence, Nasser MartinGousset inscrit la quête passionnelle du pouvoir dans les traces incandescentes d’une
histoire d’amour belle et cruelle.
J. L.
CRÉATION
musique Olivier Messiaen, Schoenberg,
Pierre Boulez, John Cage, Alain Lithaud
* Présenté aux Abbesses en mars 2003.
Nasser Martin-Gousset, ph. X. DR
Daniel Dobbels, ph. J. Gros-Abadie
Pourrait-on imaginer une opiniâtreté qui soit
douce ? Une discrétion éclatante ? Alors ces
paradoxes feraient Daniel Dobbels, dont la
longue, féconde carrière se développe à
l’écart des pénombres institutionnelles
comme des feux médiatiques. C’est au creuset d’une riche pensée esthétique et philosophique que se forge sa danse essentielle, à
nulle autre pareille ; or, finalement évidente.
« La danse serait cet art qui voile son propre
déchirement », médite Daniel Dobbels, en
ouvrant le projet de L’Insensible déchirure, sa
nouvelle pièce de groupe. Plutôt que s’épuiser à la manifester, la danse frôlerait l’existence, « toujours sur le point d’être ou de ne
pas être ». D’une clarté fascinante, ses lignes
émues palpitent, en renouvelant l’inépuisable
transaction syncopée, entre nécessité intérieure du geste et formes fuyantes de sa révélation. De haute exigence, servie par des
interprètes de fidélité – Brigitte Asselineau,
entre autres – cette écriture du mouvement
épouse une vibrante sensualité.
Nullement autiste, cette quête sur le fil n’a
crainte de défier le siècle. On ne regarde pas
suffisamment les tragédies de l’histoire
contemporaine comme des politiques scénarisées des corps, qu’elles ont été. Corps rentabilisés, façonnés et enrégimentés, pour
corps violentés, raflés, et anéantis. Dans
L’Insensible déchirure, dont la référence musicale médite sur l’Holocauste, la danse s’as-
39
Benjamin Verdonck, ph. X. DR
Fumiyo Ikeda, ph. H. Sorgeloos
LES ABBESSES • TARIF C
24, 25, 26 AVRIL
Un projet de
Fumiyo Ikeda
Benjamin
Verdonck
Alain Platel
ROSAS / KVS
Nine Finger
CRÉATION
interprétation
Fumiyo Ikeda et Benjamin Verdonck
UN ESSAI VIVANT
Au départ, il n’y a pas de sujet commun, mais
trois sujets singuliers : Fumiyo Ikeda, Alain
Platel et Benjamin Verdonck. Est-il nécessaire
de présenter les deux premiers ? Au sein de la
compagnie Rosas depuis les débuts, Fumiyo
Ikeda a enchanté de sa très forte présence
la plupart des pièces d’Anne Teresa De
Keersmaeker. Alain Platel, chorégraphe autodidacte, a fait des Ballets C. de la B. une
stimulante constellation d’excentricités en
partage. Le troisième larron, Benjamin
Verdonck, est totalement inconnu en France.
Acteur au sein des prestigieuses et remuantes
troupes flamandes et néerlandaises (le
Zuidelijk Toneel de Ivo Van Hove, le
Toneelgroep Holandia, Dood Paard, Dito’Dito,
etc.), il développe depuis quelques années
des situations et performances qui contribuent à « étrangéifier les espaces publics »…
En 2002, pour manifester son opposition à la
guerre en Irak, il avait passé trois jours dans
une cage avec un cochon. Plus récemment, à
Bruxelles et Birmingham, il s’est installé pendant une semaine dans un nid géant qu’il a
confectionné et accolé à la façade de bâtiments administratifs ! S’il est trop tôt pour cerner les contours de ce que sera leur création
commune, gageons que le désir de rencontre
qui a suscité ce projet produira une constellation peu ordinaire. Le corps qui danse, des
objets qui parlent, des ritournelles cultes, des
photos d’actualité, devraient venir alimenter
« un essai vivant sur le bouleversement, intime
ou collectif ». Dans le mouvement de la rencontre, collage sensible d’expériences, de
complicités aléatoires, de fragments qui
inventent un sens commun.
J.-M. A.
Fase, La Grande Fugue, Quatuor, Anne Teresa De Keersmaeker, photos H. Sorgeloos
40
THEATRE DE LA VILLE • TARIF B
DU 9 AU 13 MAI 2e PROG.
DU 2 AU 13 MAI
soirée répertoire
Anne Teresa De
Keersmaeker
CRÉATION
QUATUOR N° 4 de Béla Bartók
LA NUIT TRANSFIGURÉE d’Arnold Schönberg
GRANDE FUGUE de Ludwig van Beethoven
13 danseurs et The Duke Quartet
ROSAS
soirée Steve Reich CRÉATION
OCTET – FOUR ORGANS – VIOLIN PHASE –
PIANO PHASE – DRUMMING PART 1
12 danseurs et l’ensemble Ictus
UN ÉTINCELANT VOYAGE
Les plus grandes surprises nous attendent
parfois quand nous croyons en avoir fini avec
certaines évidences. Voici une vingtaine d’années, pour plus d’un chorégraphe, la danse
semblait avoir définitivement consommé sa
« séparation » d’avec la musique. Et puis, à
rebours de ce dogme, Anne Teresa De
Keersmaeker relançait le jeu avec Fase, un
duo affûté à l’établi du minimalisme de Steve
Reich. La chorégraphe de Rosas n’a cessé,
depuis lors, d’enrichir la sève d’une arborescence musicale dont la physicalité du mouvement, corps conducteur, nourrit un jeu fécond
entre structures et émotions. En son infini
recommencement, le rythme « primordial et
souverain » – comme disait le regretté
Fernand Schirren, dont l’enseignement à
l’école Mudra a été une source de jouvence –
appelle une énergie cyclique qui se répand
en de foisonnantes déclinaisons. La racine initiale de Fase 1 aura engendré, pour Anne
Teresa De Keersmaeker, d’épatantes ramifications. Et cette ligne de cœur aura retrouvé en
chemin, à plusieurs reprises, la musique de
Steve Reich, célébré par le New York Times
comme « l’un des plus grands compositeurs
du XXe siècle ». De quoi condenser aujourd’hui
avec les musiciens de l’ensemble Ictus un
étincelant voyage qui revisite deux fragments
de Fase, le déroulé percussif de la première
séquence de Drumming 2, et s’aventure vers
de nouvelles séquences inédites : Four
Organs, pièce pour maracas et quatre orgues
électriques composée en 1970 ; et une nouvelle version de Eight lines (Octet), initialement composé en 1979 pour deux pianos,
deux quartettes à cordes et instruments à
vent. Ici, la danse donne à voir la musique de
Steve Reich, s’imprégnant totalement du
souffle organique qui en fait une architecture
dynamique en constant devenir.
J.-M. A.
1
Présenté au Théâtre de la Ville en mars 1996 et
décembre 1997.
2
Présenté au Théâtre de la Ville en octobre 1998 et
repris (Drumming live) en avril 2003.
DANS L’INFINIMENT MULTIPLE
Du “tracé de véhémence” de ses toutes premières pièces, livrées aux rythmes entêtants
de Steve Reich et Thierry De Mey, aux voluptueuses écritures qu’elle a déployées
en écho à Monteverdi, Bach ou Mozart,
Anne Teresa De Keersmaeker a su donner vie
à des « compositions » chorégraphiques qui
n’étouffent pas l’énergie de la danse, sa vitalité primesautière, son influx propagateur, son
irréductible liberté. La musique, arrière-pays
et jaillissement de cet infiniment multiple
qu’explore inlassablement la chorégraphe de
Rosas, est le fil conducteur qui traverse toute
son œuvre. De ce nuancier extrêmement
riche, qui forme un véritable « répertoire »,
Anne Teresa De Keersmaeker extrait trois
pièces emblématiques, qu’elle réunit en un
somptueux concert de danse. Issu de Bartók
Aantkeningen (1986), le Quatuor n° 4 de Béla
Bartók* sème la graine d’un unisson féminin
qui claque en voltes sèches, dans un flux
vigoureux où les corps sont de petites mécaniques espiègles. La Grande Fugue de
Beethoven* (1992) libère une déferlante masculine où les trajets qui s’imbriquent les uns
dans les autres dans un feu follet de bondissements et de chutes, de jeux en miroir. Entre
ces deux éclats d’une musique à voir, La Nuit
transfigurée de Schönberg (1995) suggère
une diffraction de duos comme autant d’états
émotifs portés par la vague d’une délicate
incandescence. Chacune de ces pièces est
marquée par la vivacité d’un ruissellement
électrique : la musique insuffle ses élans au
mouvement dansé, et la danse sait faire
pétiller l’espace. Une flamme vive.
J.-M. A.
* Présenté au Théâtre de la Ville en mai 1986 et mai
2002.
La Nuit transfigurée
DU 2 AU 6 MAI 1er PROG.
41
LES ABBESSES • TARIF A
DU 30 MAI AU 3 JUIN
CRÉATION
Peeping Tom
CIE PEEPING TOM
Le Sous-Sol
(suite du Salon)
4 danseurs, 1 acteur-danseur,
1mezzo soprano, 4 figurants
Pina Bausch-Bandonéon, ph. Delahaye
Peeping Tom-Le Salon, ph. A. Poupeney
Peeping Tom-Le Jardin, ph. Enguerand
UNE SAGA FAMILIALE DROLATIQUE
ET POIGNANTE
Bonheurs dérisoires bricolés de bric et de
broc, souvenirs dépolis par le ressac nostalgique du désir, sursauts fougueux d’une jeunesse happée par le temps, inexorablement…
Ainsi va la vie, clopinant cahin-caha sur les
cailloux du destin. Peeping Tom, collectif né
en 2000 dans la galaxie rayonnante de la
danse flamande, observe le monde par le trou
de la serrure et saisit, à la pointe sèche de
l’humour noir, les êtres dans l’intimité de leurs
turbulences et de leurs espoirs défaits. La
danse, brutale, élastique, surgit chez eux par
bouffées fantasques, laissant échapper les
non-dits germinés et les rages refoulées.
42
Après Le Jardin, qui entamait les frontières
troubles de la normalité et creusait les
névroses du couple, Le Salon * suivait le naufrage d’une famille aux prises avec les draps
sales de l’ordinaire déclin. Avec Le Sous-Sol,
troisième volet d’une trilogie où le théâtre et la
chorégraphie se relaient dans une partition
implacable, on retrouve cette humanité
débraillée, forte en gueule et poignante.
Inspirée de Bobok, une nouvelle de
Dostoïevski, cette pièce pour onze interprètes
s’enfonce outre-tombe, là où les morts tournicotent le fil à retordre du passé et retricotent le
vécu avec des « si ». La gestuelle, travaillée
en frontal et pétrie à même la chair des personnages, tantôt cogne et hoquette par pulsions saccadées, tantôt coule avec une plasticité caoutchouteuse à souhait. Dans cette
saga familiale, où la drôlerie vient désarçonner le réalisme glauque de la situation,
Peeping Tom fait jaillir du miraculeux gourbi
des faillites quotidiennes, la mélodie fêlée de
l’existence.
Gw. D.-G.
* Présenté par le Théâtre de la Ville au Théâtre de la
Cité Internationale en janvier 2006.
DU 5 AU 24 JUIN
Pina Bausch
TANZTHEATER WUPPERTAL
DU 5 AU 11 JUIN 1er PROG.
Bandonéon
REPRISE
11 danseurs
DU 16 AU 24 JUIN 2 PROG.
e
création 2006
CRÉATION
18 danseurs
C'est avec deux spectacles, une reprise,
Bandonéon*, et une création, que Pina
Bausch s'invite au Théâtre de la Ville : il est
important de relever ce fait puisque dans le
répertoire même du Tanztheater Wuppertal,
l'ancien et le nouveau ont toujours co-existé,
tout comme se croisaient des générations de
danseurs au fil des ans. Paris est sans doute
la seule ville au monde avec Wuppertal, le
port d'attache de la Dame, à avoir connu tant
de bonheurs chorégraphiques labellisés Pina
Bausch. Créé fin 1980, Bandonéon est tout
entier traversé du tango argentin « celui qui
dénonce la vie, la conjure et la transforme en
rêve » pour reprendre les mots du compositeur Enrique Santos Discepolo. Pourtant sur
scène, Pina Bausch s'intéresse moins à la
LES ABBESSES • TARIF C
DU 6 AU 9 JUIN
CRÉATION
Brice Leroux
CONTINUUM
danse tanguera qu'à l'univers du ballet, essaimant sur le plateau un interprète en tutu ou
des couples tournoyant à genoux. Dans un
décor de salle de bal, avec chaises, tables et
immenses photos noir et blanc, Pina Bausch
met en scène le désir et l'attente, parfois avec
une certaine violence qui l'instant d'après
peut se transformer en caresse. En cours de
spectacle, on démontera même le décor pour,
dans un cadre différent, donner à voir comme
une autre version de Bandonéon. Bien sûr la
distribution de cette reprise va évoluer, la chorégraphe allemande aimant mélanger fidèles
de la compagnie et nouveaux venus. Autant
dire que Bandonéon sera tout à la fois un
autre et le même. Un plaisir redoublé aussi. En
écho à cette reprise, on découvrira un Neues
Stück, c’est-à-dire une nouvelle pièce dévoilée au printemps 2006 à Wuppertal même.
Pina Bausch, la figure la plus marquante du
théâtre-dansé actuel, n'a cessé ces dernières
années de se renouveler, voyageant dans le
monde entier notamment. Ce rendez-vous
parisien rythme nos saisons avec une belle
élégance. On peut sans doute vivre sans l'art
de Pina Bausch. Mais c'est tellement mieux
avec !
Ph. N.
* Présenté au Théâtre de la Ville en février 1983 et en
juin 1989.
Brice Leroux, ph. X. DR
THEATRE DE LA VILLE • TARIF EXCEPTIONNEL
Quantum-quintet et solo
5 danseurs
LE VERTIGE D’UNE ÉCRITURE MINIMALISTE
Il n’aura fallu que quelques pièces pour que
Brice Leroux affirme la singularité d’une
démarche chevillée par la rigueur d’une écriture minimaliste poussée jusqu’au vertige.
Avec Gravitations puis Quasar *, cet ancien
interprète d’Anne Teresa De Keersmaeker,
passé auparavant par les studios de Trisha
Brown et de Merce Cunningham, décantait le
mouvement à l’extrême, le réduisant aux
variations itératives de trajectoires elliptiques,
imperturbablement ressassées en quatuor. La
rotation nocturne des silhouettes rivées à
cette spirale infinie et infiniment parcourue, la
beauté envoûtante des images au bord de
l’évanouissement tout comme le rythme hypnotique de la composition sérielle déroutaient
la perception de l’espace-temps, offrant par
cet étrange rituel stellaire une expérience sensorielle saisissante, proche de la transe. Avec
la création 2006, le chorégraphe français installé en Belgique explore une autre dimension
de la danse. Il concentre la focale sur le
corps, sur son anatomie et ses mécanismes,
démonté en ses infimes composantes. Si le
langage joue toujours des effets d’illusion
optique, d’allitérations et de précision formelle, il obéit ici aux forces d’interaction dynamique à l’œuvre dans un jeu de construction
perpétuellement mouvant : la moindre fluctuation d’un élément se propage à l’ensemble du
système. Après un solo, où le corps génère sa
propre lumière et révèle sa structure par la
ligne, l’articulation et le contour, le quintet isole
les bras, qui, telles des particules luminescentes, calligraphient des formes en
incessante métamorphose. Troublante, magnétique, cette poétique « physique » de la
matière laisse affleurer l’invisible d’un monde
qui palpite sous la peau.
Gw. D.-G.
* Gravitations a été présenté en décembre 2003 et
Quasar en juin 2004, au Théâtre des Abbesses.
43
Maria-Kiran, ph. J.-G. Abadri
LES ABBESSES • TARIF A
DU 19 AU 23 JUIN
CRÉATION
Shantala
Shivalingappa
kuchipudi
LES ABBESSES • TARIF A
12, 13, 15 ET 16 JUIN
Maria-Kiran
Le kuchipudi, danse traditionnelle indienne
fort peu connue en France, possède une
ambassadrice si puissante qu’elle convertirait
en deux pirouettes à ce style dynamique,
ondoyant, originaire du sud-est de l’Inde.
Suave jusque dans l’imprévisibilité de ses
pirouettes sur les genoux et ses sauts de
cabri, Shantala Shivalingappa, dont le parcours d’excellence a déjà croisé celui de
Maurice Béjart et de Peter Brook, possède un
talent immense au point de faire passer la
virtuosité pour une seconde nature. Depuis
huit ans, elle illumine les spectacles de Pina
Bausch mais n’en poursuit pas moins son
travail de fond d’interprète de kuchipudi.
Ce style, qu’elle définit comme richement
contrasté et aussi fortement structuré que les
autres danses de l’Inde, elle en apprécie
paradoxalement aussi l’apparat, l’artifice
même, qu’elle tente de faire évoluer en
douceur vers un contemporain raffiné. Danse
plus ronde que le bhârata natyam son illustre
consœur, plus joyeuse aussi, le kuchipudi,
apparu au Xve siècle dans le village
de Kuchipudi, exige la précision et la grâce,
ce qui lui confère cette stricte élégance
au tracé serpentin. Pour ce cinquième passage au Théâtre des Abbesses, Shantala
Shivalingappa signe un récital soigneusement
élaboré de pièces signées par son maître
Vempati Chinna Satyam, qui depuis cinquante
ans veille à la résurrection du kuchipudi.
J. L.
CRÉATION
Nayaks et Nayikas (héros et héroïnes)
bhârata natyam
avec 4 musiciens
Parmi les nouvelles figures, très jeunes, très
prometteuses du bhârata natyam, Maria-Kiran
trace une ligne de travail insolite, riche en
confrontations aventureuses. Cette danseuse,
formée dès l’âge de 6 ans à la sophistication
de cette danse classique indienne gorgée de
subtilités rythmiques, n’hésite pas à frotter son
art au théâtre ou à des expériences musicales
décalées. Présenté en 2006 au Théâtre des
Abbesses, le spectacle Bhârata/Bach* dirigé
par Milena Salvini, cherchait des points de
fusion entre le rituel religieux du bhârata
natyam, autrefois interprété dans les temples
pour célébrer les dieux, et celui de la messe.
Pour ce nouveau récital, Maria-Kiran revient
au noyau dur de sa danse et de ses origines
mythologiques. Son spectacle, intitulé La
Face cachée, s’empare des aventures toujours rocambolesques de quelques couples
divins (Krishna et Radha, Shiva et Parvati,
Rama et Sita) pour leur tailler une chorégraphie sensible et vivante. Cette entreprise de
relecture, basée sur des épisodes peu
connus, voire carrément écartés de la tradition, en raison de leur résonance sentimentale
trop humaine, est soutenue par des textes
classiques indiens. Pour incarner les tumultueux transports amoureux des divinités
indiennes, gageons que Maria-Kiran saura
mettre en valeur le versant “narratif” (natya) du
bhârata natyam, qui décline toute une palette
d’émotions nuancées avec le visage, les yeux
et les mains. Un art qu’elle impose avec un
naturel de conteuse et la grâce piquante qui
fait son attrait.
J.L.
44
* Présenté aux Abbesses en février 2006.
Shantala Shivalingappa, ph. C. P. Satyajit
La Face cachée
MUSIQUE
AU THEATRE DE LA VILLE
AUX ABBESSES
FRANK PETER
ZIMMERMANN violon
ENRICO PACE piano
CANTUS CÖLLN
KONRAD JUNGHÄNEL
direction et luth
GIACHES DE WERT ET CLAUDIO MONTEVERDI
BACH - SCHUMANN
QUATUOR TETZLAFF
QUATUOR TAKÁCS
BARTÓK - MOZART - BEETHOVEN
MOZART - BERG - MENDELSSOHN
CAFÉ ZIMMERMANN
MARC COPPEY
violoncelle
BACH (2 concerts)
CARL PHILIPP EMANUEL BACH
ALEKSANDAR MADZAR
piano
SCHUBERT - SCHÖNBERG - RAVEL
CHRISTINE SCHORNSHEIM
clavecin
BACH
EUROPA GALANTE
FABIO BIONDI
VIVALDI - LECLAIR - TELEMANN - BACH…
CONCERTO ITALIANO
RINALDO ALESSANDRINI
direction et clavecin
HAENDEL
GRAF MOURJA violon
FRANÇOISE GROBEN
PETER LAUL piano
violoncelle
SCHUBERT - BRAHMS
ANNETTE DASCH soprano
JAN PHILIP SCHULZE piano
BEETHOVEN - BRITTEN - EISLER - KORNGOLD
BANG ON A CAN
ALL-STARS
DAVID LANG - ANNIE GOSFIELD - EVAN ZIPORYN MICHAEL NYMAN - DON BYRON - ORNETTE COLEMAN
QUATUOR DE TOKYO
MOZART - HOZAKAWA - BEETHOVEN
SONIA WIEDER-ATHERTON
direction et violoncelle
ORCHESTRE DE CHAMBRE
DE POLOGNE
RACHMANINOV - JANÁCEK - PROKOFIE - MARTINU
LUTOSLAWSKI…
KRONOS QUARTET
GÓRECKI…
Programmes susceptibles d’être modifiés
TARIF D
Quatuor Takács, ph. Casey A. Cass/University of Colorado
Enrico Pace, ph. M. Borggreve
F. P. Zimmermann, ph. Th. Martinot
SAM. 21 OCT. 17H THEATRE DE LA VILLE
FRANK PETER
ZIMMERMANN violon
ENRICO PACE piano
L’ABSOLU
Profondeur, intériorité, simplicité, élégance,
style, le violoniste allemand possède tout. Un
art magnifié par son violon, un Stradivarius de
1711 qui appartint à Fritz Kreisler. Le concert
de mars dernier avec Christian Zacharias fut
un absolu de musique. Dans la magie d’une
entente intuitive : « Le partage d’un même
coup de cœur dans l’instant, sans aucun
besoin de parole ». Avec le pianiste Enrico
Pace, l’approche est différente : « Enrico est
de l’école de Michelangeli et de Pollini. Il désire parler de chaque note, rendre tout absolument clair. Contrôlé ». Frank Peter
Zimmermann sait faire sien ce questionnement. D’ailleurs inévitable dans Schumann.
« “Qu’est-ce que je fais là ?” se demande-t -on
à chaque phrase. Il faut être un peu fou pour
jouer ce compositeur. » Frank Peter le seraitil ? Fasciné plutôt par Schumann qu’il n’a
cependant joué que vers 30 ans : « J’aime sa
musique. Celle des dernières années n’est ni
joyeuse ni enthousiaste. On y sent un cerveau
qui tourne autour de l’idée », cette fameuse
« rage d’écrire pendant qu’il fait encore jour »
dont Schumann parle lui-même. D’où jaillissent les deux sonates, la grande en ré
mineur avec plus de force encore que la première. Les trois dernières sonates pour violon
et clavier de Bach sont là comme un rempart
à cette déchirure. Monde de lumière éternelle
même dans les larmes silencieuses du sublime adagio de la cinquième ou de la sixième
sonate. « Au plus profond du cœur humain, dit
Frank Peter Zimmermann, là où seule la
musique sait aller. »
46
Károly Schranz, le second violon. Cette force
presque brutale, ce savoir des instruments
qu’ils ont acquis auprès des paysans, nous
les avons captés. » Le Quatuor Takács, qui a
enregistré deux intégrales Bartók, a vu changer l’image qu’il avait du compositeur. La nouvelle est à découvrir dans le Quatuor n°6 qui
ouvre leur concert. Portant les stigmates de la
guerre, de la séparation et du remords, c’est
la dernière œuvre que Bartók a composée en
Europe. Il savait qu’il allait partir, laisser sa
mère mourante. Quant à Mozart, il écrit le
Quatuor K 421, le seul en mineur, pendant que
sa femme accouche de son premier fils, en
1783. À cette époque, cela signifiait souvent
mourir et l’angoisse lui inspire ce “cri” de douleur. En 1825, Beethoven annote l’adagio de
son immense opus 132 : « Chant de reconnaissance offert à la Divinité par un convalescent ». Ainsi le programme réunit trois œuvres
qui « gravitent autour de la vie et de la mort ».
« Un hasard », assure Károly Schranz. Un
destin plutôt, pour un quatuor que l’on reconnaît à son âme.
Café Zimmermann, ph. X. DR
BACH : Sonate n°4, en ut mineur, BWV 1017
SCHUMANN: Sonate n°1,en la mineur,op.105
BACH : Sonate n°5, en fa mineur, BWV 1018
SCHUMANN: Sonate n°2,en ré mineur,op.121
BACH : Sonate n°6, en sol majeur, BWV 1019
SAM. 18 NOV. 17H THEATRE DE LA VILLE
SAM. 25 NOV. 17H THEATRE DE LA VILLE
QUATUOR TAKÁCS
CAFÉ ZIMMERMANN
BARTÓK : Quatuor n°6
MOZART : Quatuor n°15, en ré mineur, K 421
BEETHOVEN :
Quatuor n°15, en la mineur, op.132
Sturm und Drang
LE QUATUOR DE L’ÂME
Jubilatoire. Le seizième concert du Quatuor
Takács au Théâtre de la Ville conduisit à la
source du génie de Bartók. Par un subtil va-etvient opéré avec le fameux groupe hongrois
Muzsikás et Márta Sebestyén entre les
œuvres de Bartók et les mélodies d’origine qui
en sont la matrice. « Au cours de notre tournée, qui a duré 4 ans, il y a eu toutes sortes
d’échanges d’idées et d’inspiration. La technique des Muzsikás est fascinante, déclare
CARL PHILIPP EMANUEL BACH :
4 Sinfonie pour 2 violons, alto et basse,
du recueil Wq 182
Concerto pour violoncelle avec 2 violons,
alto et basse, en la majeur, Wq 172
AVIS DE TEMPÊTE ET PASSION !
« On est heureux de retrouver cette maison »,
dit Pablo Valetti. Et réciproquement ! Le
Théâtre de la Ville a « adopté » les musicienssolistes de Café Zimmermann, l’ensemble
baroque que le violoniste a créé avec Céline
Frisch en 1998. Des « enfants » doués,
chaleureux, intelligents, qui se construisent
musicalement avec autant d’exigence que
A. Madzar, ph. P. Gérard
d’honnêteté. Après Avison, Geminiani et
Bach, ils se sentent prêts pour Carl Philipp
Emanuel Bach. Le deuxième fils de Jean
Sébastien est le maître de l’Empfindsamkeit,
cette sensibilité allemande préromantique qui
a donné son nom au mouvement artistique
appelé aussi Sturm und Drang, « tempête et
passion ». « Il fallait arriver à ce que l’orchestre – car il s’agit presque d’un petit
orchestre – puisse jouer cette musique aussi
parfaitement que pourrait le faire un instrumentiste seul », explique la claveciniste. Or,
« elles sont difficiles techniquement et musicalement, ces symphonies aux modulations
incessantes et aux changements d’atmosphère ultra-rapides ! Mais fascinantes. Carl
Philipp s’y est déchaîné », s’enflamme Pablo
Valetti. Expressives, extravagantes, pleines de
surprises et d’émotion, elles sont très différentes les unes des autres ». Café
Zimmermann en a choisi quatre dans le
recueil Wq 182 qu’il vient d’enregistrer. Le
Concerto pour violoncelle Wq 172 complète le
programme. De conception presque classique, admirablement écrit, il va donner la
parole au magnifique violoncelliste de l’ensemble, le Tchèque Petr Sklaka. Orages en
vue !
enseigner : « Il faut vraiment comprendre les
gens et, en même temps, cela aide à structurer sa propre approche de la musique.
Comme on l’a dit du dernier pape, c’est l’emploi qui fait l’homme ». Aleksandar Madzar se
départ rarement de son humour.
Il vient pour la sixième fois au Théâtre de la
Ville : « Ce qui m’intéresse dans mon programme, c’est d’aller vers une sorte de densification. On part des vastes paysages de la
dernière sonate de Schubert, la plus pure et la
plus équilibrée de toutes. Chez Schönberg,
c’est comme si la température montait tout
d’un coup, on passe dans la concentration
extrême ». Le Menuet sur le nom de Haydn
de Ravel sert de transition avant l’éblouissement de Gaspard de la nuit : « Il n’y a vraiment
que Ravel pour avoir pu construire une telle
fantasmagorie. Il faut évidemment avoir les
doigts et les oreilles mais ce qui est très gentil de sa part, c’est que 90% de l’œuvre se
passent dans la nuance piano. » Et 100%
dans le génie.
SAM. 13 JAN. 17H LES ABBESSES
CANTUS CÖLLN
Konrad Junghänel direction et luth
Johanna Koslowsky soprano
Elisabeth Popien alto
Hans Jörg Mammel ténor
Wilfried Jochens ténor
Wolf Matthias Friedrich basse
Musique à la cour
de Mantoue
GIACHES DE WERT et CLAUDIO MONTEVERDI
Madrigaux
SAM. 9 DÉC. 17H THEATRE DE LA VILLE
ALEKSANDAR MADZAR
piano
SCHUBERT: Sonate en si bémol majeur, D 960
SCHÖNBERG : Suite op. 25
RAVEL : Menuet sur le nom de Haydn
Gaspard de la nuit
Cantus Cölln, ph. W. Nolting
GRISERIE
« En scène, quand la préparation du concert
a pu se dérouler dans le calme et la concentration, comme vous le souhaitiez, vous êtes
grisé ». Calme et concentré, Aleksandar
Madzar l’est. Aérien. Le pianiste serbe observe et analyse le monde avec intelligence et
gentillesse. En filigrane, une légère ombre. La
nostalgie pudique de ceux qui ont dû quitter
leur pays. Ce qu’il fit en 1991 pour se réfugier
chez des amis à Bruxelles où il vit toujours. Il
alterne sa carrière de concertiste et ses deux
activités pédagogiques, l’une dans sa ville
d’adoption, l’autre à Berne en Suisse. Il aime
SPLENDEUR DU MADRIGAL
Beauté de chaque voix. Perfection du style et
de la technique. Homogénéité incomparable
des chanteurs solistes. Cantus Cölln est cet
ensemble baroque hors du commun que le
brillant luthiste Konrad Junghänel a créé en
1987. Un chef inspiré qui sait revisiter les
œuvres et en découvrir de nouvelles.
Ce double plaisir préside à son troisième
concert au Théâtre de la Ville, Musique à
la cour de Mantoue. Les Abbesses se feront palais pour accueillir deux maîtres qui
éblouirent la famille princière des Gonzague
et son cercle d’initiés.
Longtemps oublié, Giaches de Wert était né à
Anvers en 1535. Enfant, il vient en Italie, alors
capitale musicale de l’Europe, où il sera petit
chanteur. De 1565 à sa mort en 1596, il est au
service de deux ducs de Mantoue, Guillaume
puis Vincent. Cantus Cölln interprétera 12
madrigaux de ce compositeur essentiel de la
Renaissance : 12 chants de passions, de tourments et de méditation presque céleste. En
1590, le grand Claudio Monteverdi quitte
Crémone pour Mantoue. D’abord instru-
47
gramme « europa galantissime » que clôt le
concerto n°9 de l’Estro armonico de Vivaldi. Il
appartient à l’Opus 3 dont Bach admirait les
« admirables compositions qui avaient été
pour lui le guide nécessaire ». Il en transcrivit
six pour clavier dont les deux à l’affiche.
Nouvel héritage.
SAM. 27 JAN. 17H THEATRE DE LA VILLE
SAM. 3 FÉV. 17H THEATRE DE LA VILLE
EUROPA GALANTE
FABIO BIONDI violon et direction
CONCERTO ITALIANO
RINALDO ALESSANDRINI
Concerto Italiano, ph. F. Nobile
Fabio Biondi, ph. Th. Martinot
mentiste puis maître de chapelle, il y reste
jusqu’en 1612, côtoyant Giaches de Wert.
L’art de son aîné de 30 ans nourrit le sien,
comme toutes les idées nouvelles dont, même
âgé, Monteverdi continuera la synthèse.
Phénoménale alchimie qui le conduira à la
création d’un art nouveau, l’opéra. Les six
œuvres ou plutôt chefs-d’œuvre du programme témoignent de cette inventivité en
perpétuel jaillissement.
VIVALDI :
Sinfonia dalla Senna Festeggiante
LECLAIR : Concerto pour violon et cordes
en fa majeur
VIVALDI :
Concerto n°12 de l'Estro armonico, op. 3
“LA SUITE DES NATIONS”
Mouvements d’œuvres de Telemann,
Muffat, Campra, Bach et Biber réunis
par Fabio Biondi
VIVALDI :
Concerto n°9 de l'Estro armonico, op. 3
France, Italie, Allemagne –
legs et changements
48
PERMANENCE DU MIROIR
Seul, en duo avec Andreas Staier, Kenneth
Weiss…, ou à la tête d’Europa Galante, l’ami
Fabio Biondi rythme chacune des saisons du
Théâtre de la Ville. Le grand violoniste aime
« partir à la chasse et mettre en lumière la circulation des styles musicaux à travers les
pays ». Les trophées de son seizième passage, le dixième en compagnie de son ensemble, sont impressionnants.
À commencer par Vivaldi: « C’est notre griffe.
Il ouvre et ferme le concert. Très français dans
la Sinfonia dalla Senna Festeggiante, il est
l’essence même de l’ « italianità » qui m’est
chère, dans les deux concertos de l’Estro
armonico. Quant au Lyonnais Jean-Marie
Leclair, aussi doué pour le violon que pour
l’écriture, c’est un compositeur clé entre le
style français et le style italien. »
Dans la deuxième partie, Fabio Biondi
s’amuse. Il a rassemblé en une suite une
dizaine de mouvements très courts de différents compositeurs : « Ce musical joke est la
jubilation de tous les styles européens mixés,
“alchimisés”, vus par différentes écoles.
Comment Telemann voit-il les Danois ou les
Suisses ? Campra, les Chinois ? Muffat, les
Espagnols ?… » Réponse dans ce pro-
direction et clavecin
Anna Simboli soprano
Monica Piccinini soprano
Furio Zanasi basse
Ugo di Giovanni théorbe
Luca Peverini violoncelle
HAENDEL :
Duetti e terzetti con continuo
Suites pour clavecin
HAENDEL SECRET
Surprise : Rinaldo Alessandrini consacre tout
son programme à Haendel. D’habitude, c’est
plutôt à la musique italienne des XVIIe et XVIIIe
siècles, dont il est spécialiste. N’a-t-il pas
dédié livre, concerts et disques à Monteverdi ?
Plus de 8 enregistrements chez Opus 111/
Naïve ! C’est d’ailleurs avec un superbe programme de madrigaux que Concerto Italiano
était venu au Théâtre de la Ville en février
1996. Mais le chef de l’ensemble à géométrie
variable semble s’intéresser de plus en plus à
Haendel, compositeur allemand naturalisé
anglais en 1726. Et pas seulement au génie
vénéré des grandes machines scéniques,
opéras, oratorios, mais aussi au musicien intime d’une musique de chambre presque
inconnue. Avec trois de ses chanteurs,
Rinaldo Alessandrini explore un monde merveilleux de miniatures : celui des duos et trios
pour voix. Haendel en écrivit une vingtaine,
éblouissante, entre 1704 et 1740, dans tous
les pays où il vécut. Parmi ceux que le musicien romain a choisis, Se tu non lasci amore a
été composé en Italie vers 1708, Tacete ohime
tacete et Giù nei tartarei regni ont été édités en
Allemagne en 1711, tandis que Quel fior che
all’alba ride et No, di voi non vo fidarmi
voyaient le jour à Londres, trente ans plus
tard. Haendel transformera les premier et troisième mouvements de ces deux derniers
duos en quatre chœurs, parmi les plus
célèbres du Messie. C’est dire leur qualité.
Une écriture fluide et incroyablement variée
que l’on retrouve dans les deux Suites pour
clavecin.
G. Mourja, P. Laul, F. Groben, ph. P. Gérard
SCHUBERT :
Trio n°2, en mi bémol majeur, op. 100
BRAHMS : Trio n°2, en ut majeur, op. 87
TRIANGLE D’OR
Le Théâtre de la Ville connaît chacun des trois
solistes qui s’offrent le bonheur de jouer
ensemble, quand leur emploi du temps leur
permet. Graf Mourja vient pour la sixième fois,
Françoise Groben était de “la Fête à Poulenc”
de 1999 et Peter Laul a été ovationné au cours
du magnifique “Trois concerts en un” de 2006.
En commun, ils ont une des plus belles
cultures au monde, une approche russe de la
musique, pas seulement technique mais
expressive. Le violoniste ukrainien, un des
chefs de file de sa génération, a fait toutes ses
études à Moscou, d’abord à l’École des
enfants surdoués puis au Conservatoire
Tchaïkovski. Le pianiste a tout appris
d’Aleksander Sadler au Conservatoire supérieur de Saint-Pétersbourg, sa ville natale
bien-aimée. Celle aussi du grand Boris
Pergamenschikov, auprès de qui la violoncelliste luxembourgeoise est allée se perfectionner dès l’âge de 17 ans, au Conservatoire
supérieur de Cologne. Mais « une chimie initiale exceptionnelle » lie plus encore nos
jeunes musiciens. Mystérieuse et pourtant évidente. « Quelque chose est là qu’on ne peut
pas analyser » s’enthousiasme Françoise
Groben. Une complicité née et cristallisée à
Juventus dont ils sont tous trois lauréats.
Ces musiciens intuitifs et passionnés viennent
d’enregistrer l’Intégrale des trios de Brahms.
La donner en concert eût été trop long. Ils ont
gardé le Trio n°2 en do majeur qu’ils associent
pour la première fois au Trio n°2 de Schubert
« un météore au ciel de la musique », selon
Schumann. L’enjeu est le même. Phénoménal.
Ch. Tetzlaff, ph. A. Vosding
GRAF MOURJA violon
FRANÇOISE GROBEN
violoncelle
PETER LAUL piano
Tanja Tetzlaff, ph. H. Strauss
SAM. 10 FÉV. 17H THEATRE DE LA VILLE
sa sœur, Elisabeth Kufferath, et Hanna
Weinsmeister, toutes trois solistes et qui, elles
aussi, ont besoin de cette respiration musicale
commune, à haute altitude. Quelle classe !
Quel engagement !
Les quatre musiciens reviennent aux
Abbesses, le Théâtre de la Ville n’étant pas
libre à cette date, la seule possible pour eux,
avec un nouveau programme impressionnant.
Le caractère douloureux qui imprègne
chaque mouvement du Quatuor K 421 de
Mozart, sombre et pathétique, en constitue
l’unité. En un miraculeux fondu enchaîné, Berg
développe les 6 épisodes de sa Suite lyrique
créée en 1927. Le Quatuor Tetzlaff va s’en
donner à cœur passion dans ces climats
conduisant du giovale au desolato en passant
par le delirando. Un « opéra sans paroles » à
la hauteur de leur tempérament.
Un siècle aupavant, en 1827, dans son
Quatuor opus 13, Mendelssohn visait lui aussi
à « la relation de tous les mouvements entre
eux et avec les parties ». C’est un de ses lieder, Frage, qui est la clé d’une partition qui
chante, elle aussi, sans paroles.
À l’automne dernier, Tanja et Hanna avaient
nourri leurs bébés pendant la pause. Les
interprètes revinrent sur scène, rayonnantes.
Cela s’appelle la vie. Elle chante à pleine et
quatre voix dans le Quatuor Tetzlaff.
SAM. 3 MARS 17H LES ABBESSES
QUATUOR TETZLAFF
MOZART : Quatuor n°15, en ré mineur, K 421
BERG : Suite lyrique pour quatuor à cordes
MENDELSSOHN :
Quatuor n°2, en la mineur, op. 13
LE CHANT DE LA VIE
Pourquoi un violoniste international aussi
exceptionnel que Christian Tetzlaff a-t-il eu
envie de créer son quatuor ? La réponse
fut éclatante aux Abbesses, en novembre
2005 : il a vraiment quelque chose à dire en
quatuor et il a trouvé avec qui le dire : Tanja,
H. Weinsmeister, E. Kufferath,
photos X. DR
49
Bang on a can all-stars, ph. P. Serling
Annette Dasch, ph. K. Pinter
ANNETTE DASCH soprano
JAN PHILIP SCHULZE piano
BEETHOVEN, BRITTEN, EISLER, KORNGOLD
Lieder
À LA FOLIE
Annette Dasch a 30 ans et sa carrière “explose”. La belle Berlinoise qui triomphe sur les
scènes d’opéra du monde entier, aime
chanter le lied : « L’écoute du public est si
dense. C’est magnifique de pouvoir le toucher
au cœur ou à la tête avec un mot chuchoté, un autre qui s’évanouit ». Pour son deuxième récital au Théâtre de la Ville – le premier
eut lieu en 2004 – elle a composé un
incroyable programme ! Si les superbes lieder
du « vieux maître » Beethoven ne sont pas
vraiment connus, que dire de On this Island
de Benjamin Britten, « un cycle pourtant plein
de tempérament » ? Avec l’éblouissant intellectuel européen Hanns Eisler (1898-1962),
grand compagnon de route de Brecht,
compositeur, essayiste et philosophe à la fois,
la découverte est totale. Le cycle rare de 1954
met entre autres en musique d’irrésistibles
petites annonces matrimoniales parues dans
les journaux. Et « pour finir dans le glamour,
cette fois sans Strauss », Annette Dasch a
choisi Erich Wolfgang Korngold (1897-1957),
exilé aux États-Unis en 1936. « La nostalgie
de celui qui a perdu son pays » anime ses
Drei Lieder amples et lyriques « qu’il faut
savoir jouer comme de petites pièces d’opéra ». Jan Philip Schulze, pianiste chéri de
grands interprètes de lieder, possède cette
qualité. Annette Dasch a adoré étudier auprès
de lui à la Hochschule de Munich: « Quand il
le faut, il joue avec tout son corps. C’est très
important : le lied doit avoir toutes les couleurs
qu’une voix humaine peut faire naître ». On
aime celle d’Annette Dasch beaucoup, passionnément…
année. Nouveau et détonant programme de
six premières françaises.
Basquiat de Don Byron, jeune et brillant clarinettiste, né dans le Bronx, rend un bien bel
hommage, au peintre mort d’une overdose à
New York, à l’âge de 27 ans. Le glas d’une
cloche rythme doucement cette œuvre nostalgique où rêve une clarinette. Ce sera celle,
magnifique, d’Evan Ziporyn auteur de Music
from Shadowbang : quatre mouvements,
quatre mondes mystérieux, quinze minutes
de bonheur. Rien à voir avec l’exitation née
des “grondements survoltés” d’Overvoltage
Rumble, d’Annie Gosfield. L’immense saxophoniste Ornette Coleman a eu envie d’écrire
pour Bang on a can. Dans le bruissement
d’une singulière conversation, fragments de
standards, réminiscences, bribes de phrases,
éclats de violoncelle, il lui confie qu’ « il n’est
pas allé là d’où il vient », Haven’t Been Where
I Left.
Les films de Peter Greenaway ont rendu
célèbre l’Anglais Michael Nyman, présent trois
saisons de suite dans les “Autres musiques”
du Théâtre de la Ville. Un film de 10 minutes
sur New York en 1921, réalisé par le pionnier
du cinéma Paul Strand, accompagnera
Manhattan qui sera créé à New York cet été.
Comme Sunray (Rayon de soleil) de David
Lang, cofondateur, avec Julia Wolfe et Michael
Gordon, de Bang on a can all-stars. « Il n’y a
pas de nom pour ce genre de musique »
disait à son propos, le critique du Los Angeles
Times, Marc Swed. Cela s’applique à tous les
compositeurs de cette soirée. Raison de plus
pour venir les écouter.
Marc Coppey, ph. X. DR
SAM. 10 MARS 17H THEATRE DE LA VILLE
LUN. 12 MARS 20H30 THEATRE DE LA VILLE
BANG ON A CAN ALLSTARS
SAM. 17 MARS 17H 1er PROG. LES ABBESSES
DAVID LANG : Sunray
ANNIE GOSFIELD : Overvoltage Rumble
EVAN ZIPORYN : Music from Shadowbang
MICHAEL NYMAN : Manhattan
(avec 1920's, film par Paul Strand)
DON BYRON : Basquiat
ORNETTE COLEMAN :
Haven't Been Where I Left...
BACH: Intégrale des Suites
pour violoncelle seul - 1re partie
Suite n°3, en ut majeur, BWV 1009
Suite n°1, en sol majeur, BWV 1007
Suite n°5, en ut mineur, BWV 1011
PREMIÈRES EN
50
FRANCE
RAYON DE SOLEIL
Depuis 2002, les remarquables musiciens de
Bang on a can all-stars reviennent chaque
MARC COPPEY violoncelle
ÉVIDENCE(S)
« La musique de Bach a toujours été là. Je ne
peux même pas parler de choc. C’est une évidence, simplement ». À 9 ans, Marc Coppey
joue d’oreille la première des 6 Suites dont sa
mère lui avait offert trois versions : Casals,
Fournier, Starker. À 20 ans, il donne sa première intégrale en concert. Ces Suites qui l’ont
Quatuor de Tokyo, ph. J. Henry Fair
Christine Schornsheim, ph. F. Hamm/sowiesodesign
toujours accompagné, lui « permettent de
réévaluer les choses au quotidien et dans les
moments-clés ». Ainsi, quand il quitte le
Quatuor Ysaÿe dont il fut membre de 1995 à
2000, elles l’aident à se retrouver : « J’avais
vraiment besoin de cette solitude absolue.
Cette musique qui exige beaucoup, détermine aussi nos choix de vie si voulons être
capables de la jouer en concert. » Ce qu’il a
beaucoup fait avant d’en enregistrer l’intégrale, sortie en 2003 chez Æon : une splendeur tant du point de vue de la sonorité que
de la conception. Nouvelle évidence. Dans
chaque Suite comme dans tout le cycle, il
exprime « une conception du monde et de la
musique où tout est en harmonie, tout se
répond et où la musique est une sorte de
métaphore de la totalité ». Extraordinaire sensation d’unité, celle de l’âme et du corps.
Marc Coppey que le Théâtre de la Ville faisait
découvrir aux Parisiens en 1994, est désormais au sommet de son art. Il est venu 8 fois
dans la grande salle en duo, trio, quatuor (et
pas seulement du quatuor à cordes !). Aux
Abbesses, où il a déjà donné un récital en
2000, le violoncelliste racé nous convie en
deux temps à ce que Goethe appelait « un
entretien de Dieu avec lui-même avant sa
création ».
SAM. 24 MARS 17H LES ABBESSES
CHRISTINE SCHORNSHEIM
clavecin
BACH : Variations Goldberg, BWV 988
UN ÉVÉNEMENT
Christine Schornsheim est l’une des grandes
virtuoses du clavecin. La France ne le sait pas
encore, mais Andreas Staier l’avait tout
de suite compris. C’était peu de temps
avant la chute du mur. Le début d’une connivence entre les deux Allemands, celui de
l’Ouest et celle de l’Est. Le don pour l’improvisation, qu’ils partagent, enflamma l’extraordinaire concert Fandangos de 2004 au Théâtre
de la Ville où le premier avait convié la seconde. Quelques années après ses études
de musique à Berlin-Est, où Christine
Schornsheim est née, le plaisir d’improviser et
la passion pour la basse continue ont fini de la
conduire au clavecin. À 4 ans, elle avait
commencé le piano avec sa mère, sous l’œil
vigilant de Jean Sébastien Bach. La petite fille
dialoguait avec le portrait du maître posé sur
le piano, lisant, selon son attitude au travail,
approbation ou désapprobation : « Ainsi Bach
m’a toujours paru humain et je me suis
approchée sans peur de sa musique, ma préférée, déjà à l’époque. » Pour son premier
récital en France, elle a choisi les Variations
Goldberg qu’elle joua pour son tout premier
concert de clavecin : « Elles représentent la
perfection absolue ! Une architecture globale
les construit de bout en bout. C’est génial sur
le plan du contrepoint, sans volonté d’en
remontrer. Il y a beaucoup de moments
intimes et sensibles et beaucoup de moments
rayonnants et virtuoses. » À chaque fois
qu’elle les joue, elle a l’impression « d’entreprendre un long voyage plein d’aventures où
j’aimerais bien emmener le public ». Les yeux
fermés, on l’accompagne.
SAM. 31 MARS 17H THEATRE DE LA VILLE
QUATUOR DE TOKYO
MOZART : Quatuor n°14, en sol majeur, K 387
HOSOKAWA : Quatuor
(première audition en France)
BEETHOVEN : Quatuor n°9, en ut majeur,
op. 59 n°3 « Razoumovsky »
GRANDEUR
Cela fait près de 35 ans que le Quatuor de
Tokyo marque l’histoire de l’interprétation. Par
la magnificence sonore plus encore que par le
style ou la fusion de ses quatre voix, impressionnante malgré les nombreux changements de pupitre. Pour leur cinquième
passage au Théâtre de la Ville, les musiciens
et leurs instruments sublimes, les quatre
Stradivari « Paganini », mettent le feu aux
poudres. Avec pour commencer l’inimitable
clair-obscur du K 387, le premier des 6
Quatuors « À Haydn » de Mozart et le premier
de sa maturité.
Suit une création de Toshio Hosokawa, né à
Hiroshima en 1923, et parti à l’âge de 19 ans
étudier à Berlin puis à Fribourg. Le Japonais a
désormais retrouvé son pays en devenant,
entre autres, compositeur en résidence de
l’Orchestre philharmonique de Tokyo. Il
boucle ainsi la boucle de sa rencontre avec
l’Occident. Ces passerelles est-ouest sont à
l’œuvre dans Vision of Lear, son premier
opéra. Hanjo, le deuxième, fut un événement
du Festival d’Aix-en-Provence 2004. On
attend beaucoup de ce quatuor dont les
« Tokyo » donneront la première en France
après l’avoir créé en mars 2007 à la
Philharmonie de Cologne.
Aujourd’hui encore, les défis de Beethoven
sont à relever. Le troisième des Quatuors
Razoumovski en témoigne avec, annoté en
marge de son finale, « Tu peux écrire des
œuvres en dépit de toutes les entraves qu’impose la société. Ne garde plus le secret de ta
surdité même dans ton art. » Et Beethoven
devint « ce sourd qui entendait l’infini » (Victor
Hugo).
51
SAM. 28 AVR. 17H 2e PROG. LES ABBESSES
MARC COPPEY violoncelle
BACH: Intégrale des Suites
pour violoncelle seul - 2e partie
Suite n°4, en mi bémol majeur, BWV 1010
Suite n°2, en ré mineur, BWV 1008
Suite n°6, en ré majeur, BWV 1012
voir p. 50
« Deux résistances : l’une pour se souvenir de
sa langue maternelle prohibée, celle des
peuples d’une Europe centrale dominée par
l’empire austro-hongrois, des cultures qui
tentent de résister à la perte de leur identité…
L’autre, en Russie, pour raconter l’interdit. La
musique dit ce qu’il est impossible de décrire.
Ce qui est dit, est dit pour tous ceux qui n’ont
pas la parole. » Sonia Wieder-Atherton la leur
rend. Hors des sentiers battus.
LUN. 28 MAI 20H30 THEATRE DE LA VILLE
KRONOS QUARTET
LUN. 21 MAI 20H30 THEATRE DE LA VILLE
SONIA WIEDER-ATHERTON
direction musicale et violoncelle
ORCHESTRE DE CHAMBRE DE POLOGNE
Sur le sentier recouvert
Concert-voyage de la Russie
à la Mitteleuropa, pour violoncelle
et orchestre de chambre,
conçu par Sonia Wieder-Atherton
transcriptions
Franck Krawczyk, Jiri Teml, Seva Polonovsky
scénographie Christian Marti
RACHMANINOV, JANÁCEK, PROKOFIEV,
MARTINU, LUTOSLAWSKI…
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Radieuse Sonia Wieder-Atherton ! La violoncelliste connaît la voie royale du grand répertoire, mais elle aime aussi les chemins de
traverse où des voix oubliées, bâillonnées,
surgissent de son violoncelle. Essentielles.
Comme celles de ses Musiques juives, qui
bouleversent le Théâtre de la Ville en 1994.
Elle nous convie aujourd’hui à « un concertvoyage dans la Russie et la Mitteleuropa » des
XIXe et XXe siècles. Vont se succéder œuvres
intégrales ou extraits d’œuvres, très contrastés, écrits à l’origine pour orchestre symphonique, chœur, piano-violoncelle ou voix, mais
transcrits pour l’Orchestre de chambre de
Pologne. « J’ai fait le choix, dit-elle, d’un
orchestre à cordes pour me donner la possibilité d’avoir la profondeur, la couleur sombre
que demandent Les Vêpres de Rachmaninov
ou Alexandre Nevsky de Prokofiev, mais aussi
la virtuosité et la danse pour d’autres
pièces. » Que donne-t-elle à entendre Sur ce
sentier recouvert, comme aurait dit Janácek,
qui relie les compositeurs russes aux
Tchèques, aux Polonais et à d’autres encore ?
QUESTIONS DE TEMPS
En 1973, David Harrington fondait son quatuor
et lui donnait le nom de Kronos Quartet. Deux
idées de génie. Trente-trois ans se sont écoulés, le Quatuor, fidèle à son principe fondateur,
n’a joué que des œuvres de son temps, un
temps dont il est devenu le symbole. Et il est
devenu emblématique du Théâtre de la Ville
où, autre miracle, il vient chaque année
depuis 1992. Deux concerts étaient même
prévus pour la saison 93-94. Celui de juin où
figurait le Troisième Quatuor de Górecki fut
annulé pour raison de santé.
De toute façon, le compositeur, dont Kronos
avait déjà commandité et créé les deux premiers quatuors, ne l’avait pas achevé. Et
quand ce fut le cas, en 1995, la formation dut
attendre longtemps encore.
La partition ne lui parviendra en effet qu’en
mai 2005. Pourquoi ? Górecki lui-même
l’ignore : « Kronos a fixé plusieurs fois des
dates de création de ce quatuor qu’il avait
commissionné, mais j’ai continué à en reculer
sa mise au monde. Je ne sais pas pourquoi. »
La première mondiale aura enfin lieu en
octobre 2005, à Bielo-Biala au sud de la
Pologne. Des chants sont chantés est le soustitre de ce quatuor inspiré par le quatrième
vers d’un poème de l’écrivain russe Velimir
Khlebnikov (1885-1922).
« Nimbée d’une profonde mélancolie intérieure, explique Adrian Thomas, spécialiste
de Górecki, l’œuvre tout entière semble
préoccupée par la nature insaisissable de la
mémoire. » Intimement liée au temps, elle a
besoin de 52 minutes pour se développer. Évidemment, Kronos prépare d’excitantes surprises avant de traverser son propre miroir.
Kronos Quartet, ph. J. Blakesberg
Sonia Wieder-Atherton, ph. André D.
GÓRECKI : Quatuor n°3, Piesni Spiewaja
(Des chants sont chantés), op. 67
Programme en cours
textes musique A.-M. Bigorne
Programmes susceptibles d’être modifiés.
MUSIQUES
DU MONDE
AU THEATRE DE LA VILLE
AUX ABBESSES
SHIVKUMAR SHARMA
ZAKIR HUSSAIN tabla
santour
BOMBAY JAYASHRI
Inde du Sud
PARISSA chant
ENSEMBLE DASTAN
ENSEMBLE HASBIHÂL
chants sacrés des Alevis Bektasi
GÜLCAN KAYA
sarod
Shurat Razzaqov dotâr
Ouzbékistan
Sirogiddin Jurayev dotâr
Tadjikistan
Ervena Orgaeva chant, dombra
Kalmoukie
chants d’Anatolie
Iran
chant
SHAUKAT HUSSAIN KHAN
Inde du Nord
ENSEMBLE GARYAN
Irak
musique du Kurdistan d’Irak fédéral
SHAHID PARVEZ sitar
SHASHANK flûte murali
jugalbandi
Inde du Nord et du Sud
U. SHRINIVAS mandoline
DEBASHISH
BHATTACHARYA guitare
jugalbandi
duo vocal féminin
Jelisaveta Arsenijevic, Sladjana Borota
duo vocal masculin
Nebojsa Mastilovic, Arsenije Arsenijevic
Turquie
SHAHRAM NAZERI
chant khyal
Serbie
MAÎTRES DU DOTÂR
D’ASIE CENTRALE
ET CHANTS DE KALMOUKIE
Inde du Nord
jugalbandi
LA LYRE SPIRITUELLE
& PIRG
Iran
chant et musique persane
SHUJAAT KHAN sitar
TEJENDRA MAJUMDAR
Chine
pipa
Inde du Nord
chant carnatique
WU MAN
Inde du Nord et du Sud
ETSUKO CHIDA
Japon
koto et chants courtois
LÉVON MINASSIAN doudouk
ROSELYNE MINASSIAN chant
GAGUIK MOURADIAN
Arménie
kamantché
DHRUBA GHOSH
sarangi
Inde du Nord
YANN-FAÑCH KEMENER
Bretagne
Dialogues création
Aldo Ripoche violoncelle
Florence Pavie piano
BA BANGA NYECK
balafon
Côte-d’Ivoire
KAYHAN KALHOR
Iran
kamantché
ERDAL ERZINCAN
Turquie
baglama
AUX ABBESSES
BALLAKÉ SISSOKO kora Mali
ENSEMBLE DIDDAL JAALAL
Mauritanie
ENSEMBLE CHULAWATIT
de l’Université Chulalongkorn
3 ensembles, 3 styles
Thaïlande
Wong Piphat, Wong Khruang Sai,
Wong Mahori
ELSHAN MANSUROV kamantché
MALIK MANSUROV târ
SEVINDJ SARIEVA chant
ROVSHAN MAMMADOV
chant
Azerbaïdjan
KAYHAN KALHOR kamantché
HAMID RÉZA
NOURBAKHSH chant
Iran
WASIFUDDIN DAGAR chant
BAHAUDDIN DAGAR rudra vina
jugalbandi de dhrupad
Inde du Nord
TARIF D
Programmes susceptibles d’être modifiés
Ballaké Sissoko, ph. G. Abbeg
Shivkumar Sharma, Zakir Hussain, photos Sense World Music
SAM. 7 OCT. 17H ET DIM. 8 OCT. 11H
THEATRE DE LA VILLE
SHIVKUMAR SHARMA
santour
ZAKIR HUSSAIN tabla
INDE DU NORD
SAM. 7 OCT. 17H
Raga-s de la fin de l’après-midi
DIM. 8 OCT. 11H00 Raga-s du matin
Le dernier passage du maître du santour au
Théâtre de la Ville tombait curieusement un 7
octobre, il y a trois ans.
Sa première prestation dans le même théâtre,
pour un court solo dans un spectacle conçu
par le danseur Birju Maharaj, date de la fin
des années 60. Voilà donc trente ans passés
que celui qui a introduit le santour parmi les
instruments classiques de l’Inde du Nord,
jalonne sa carrière dans le temple parisien de
la musique indienne.
Zakir Hussain, le phénomène mondial percussif, toujours attendu ici comme un dieu,
nous revient enfin en compagnie de son
complice de toujours, le musicien avec lequel
il a le plus joué à travers le monde. Leurs rencontres sont toujours aussi prisées et invariablement différentes. Shivkumar Sharma fut
chanteur comme son père, mais aussi brillant
joueur de tabla dans sa jeunesse. Maître dans
les arts mélodiques et la science rythmique,
Shivkumar crée les vibrations envoûtantes
des cent cordes frappées par ses baguettes
féeriques tandis que répondent les bondissements fulgurants du génie des sons et de la
surprise. Car Zakir, cet éternel jeune homme,
surprend constamment dans la mise en place
de son répertoire, comme il étonne dans ses
improvisations qu’il vit comme une libre chevauchée dans l’espace. L’osmose totale et la
complémentarité toute en finesse de ces deux
artistes résolument inimitables, forment un
duo aussi unique que l’était celui de Ravi
Shankar et Alla Rakha, le père de Zakir…
Christian Ledoux
LUN. 16 OCT. 20H30 LES ABBESSES
BALLAKÉ SISSOKO kora MALI
ENSEMBLE DIDDAL JAALAL
MAURITANIE
54
CONVERSATION
« Rien ne peut être créé dans la précipitation,
enseigne Épictète ; pas plus qu’une grappe
de raisins ou une figue. » Trois résidences,
donc, sont consacrées à la création commune
du Malien Ballaké Sissoko et des Mauritaniens
Diddal Jaalal.
« Il y a beaucoup de ficelles », s’émerveille
l’enfant contemplant la kora : vingt et une
cordes en effet. Instrument du griot mandingue, cette harpe-luth distille des sonorités
mélodieuses et cristallines. Initié à cet art dès
l’enfance, Ballaké Sissoko, fin mélodiste, allie
respect de la tradition et sens de l’improvisation. Reconnu comme l’un des interprètes
les plus doués de sa génération, il développe
un style élégant et inventif. « Compositeur
de l’oralité, il contribue, dit-on, à élargir notre
image sonore de l’Afrique. » Il produit,
écrit Frédéric Deval (Fondation Royaumont),
« un jaillissement savamment agencé qui
embarque dans le flottement de la rêverie, à
travers ces ondulations sonores qui naissent
des modes pentatoniques dont la kora met en
valeur avec magnificence l’arc-en-ciel des
résonances. »
C’est par le truchement de la gamme pentatonique, qu’un langage commun autorise le dialogue avec Diddal Jaalal. Ainsi peut se développer une « conversation entre personnes
raisonnables ». Entre kora, n’goni (luth sept
cordes), bolon (harpe-luth grave cinq cordes),
auxquels s’ajouteront percussion et voix bambaras du Mali et trois gnagnerou (vielles), un
kerona (luth deux cordes), deux percussions
et les voix peules de Mauritanie. Un dialogue
afro-africain entre voisins : « alliages de vielles
et de voix, ritournelles et ostinatos, écrit encore Frédéric Deval, sur lesquels la kora jaillit
en fusées aquatiques ou se fait grave et
rêveuse ».
Jacques Erwan
SAM. 21 OCT. 17H LES ABBESSES
ENSEMBLE CHULAWATIT
de l’Université Chulalongkorn THAÏLANDE
3 ensembles, 3 styles
Wong Pi Phat, Wong Khryang Sai,
Wong Mahori
FLUX
C’est un long fleuve. Au fil de l’eau, un courant
puissant, d’autres moins violents dessinent
des méandres au cœur du flux et alentour. Ici
ou là, petits tourbillons et remous affleurent
soudain à la surface de l’onde. Ainsi s’écoule,
hypnotique, la musique classique traditionnelle thaïe, selon David Morton, un expert.
Comme une bande sonore continue. Un système linéaire dépourvu d’harmonie. Tels instruments jouent la mélodie principale, d’autres
brodent l’ornementation, d’autres enfin s’attardent sur certains motifs. Tous ne voguent
pas au même vent. Les divers fils des mélodies apparemment indépendantes de chacun
Ensemble Chulawatit, ph. X. DR
SAM. 11 NOV. 17H THEATRE DE LA VILLE
BOMBAY JAYASHRI
chant carnatique
avec 4 musiciens
INDE DU SUD
« La musique n’allume-t-elle pas une étincelle ? N’attise-t-elle pas une flamme ? Ne metelle pas le feu à l’âme ? »
D’emblée, Bombay Jayashri nous enveloppe,
nous emporte dans un monde carnatique aux
lumineux confins, tout imprégné d’élans
incandescents, de vibrantes pulsations, d’infinis saisissants…
Issue d’une famille de musiciens au riche héritage, elle a été formée très tôt par ses propres
parents, acquérant par ailleurs une grande
maîtrise du style hindoustani du nord de
l’Inde. Mais c’est son maître Shri Lalgudi
G. Jayaraman, dont elle poursuit aujourd’hui
la tradition, qui l’a pleinement introduite dans
les arcanes de la musique carnatique et dans
cette imagination musicale manodharma
qu’elle n’a, depuis lors, de cesse d’affirmer.
Interprète d’excellence donnant depuis plus
de vingt ans des concerts aux quatre coins de
l’Inde et maintenant du monde, compositrice
inspirée de musique de films et de ballets – et
même d’un saisissant opéra basé sur l’épopée tamoule Silapadhikaaram –, enseignante
résolue…, Bombay Jayashri est le brillant
reflet de cette nouvelle génération d’artistes
indiens, engagés avec intensité en chaque
domaine, mêlant sincère adhésion au cœur
de la tradition et quête incessante de nouvelles teintes, nouvelles expériences musicales et vocales.
Gageons qu’à la suite de son premier passage
parisien, en février dernier, cette nouvelle
chance qui nous est donnée de l’entendre
saura embraser nos âmes musicales.
Pierre-Alain Baud
Bombay Jayashri, ph. Kamrouz
Ensemble Chulawatit, ph. X. DR
des instruments composent une longue et
interminable guirlande.
Influencée par des traditions héritées de la
Chine, de l’Inde et du sud-est de l’Asie fondues en un mélange unique et singulier, c’est
une musique savante. Elle s’est épanouie à
l’ombre des palais royaux jusqu’à l’abandon
de la monarchie absolue, en 1932. Elle rythmait alors les jours de la famille royale et célébrait les événements marquants. Aujourd’hui,
on la préserve. Sa pratique a régressé. Elle
accompagne cérémonies et fêtes religieuses
et participe au déroulement de certaines
formes théâtrales…
Trois types d’ensemble, de nature et fonction
différentes, en perpétuent le cours. Le Wong
Pi Phat, tout d’abord, réunit percussions mélodiques (gongs circulaires métallophones et
xylophones…) et rythmiques (cymbales, castagnettes et tambours) ainsi que la voix, et
produit des sonorités dynamiques. Le Wong
Khryang Sai, ensuite, suave ensemble de
cordes (vièles, cithare en forme de crocodile
stylisé), vents (flûte et hautbois), percussions
rythmiques et voix. Le Wong Mahori, enfin,
grande formation, dont le volume des sonorités est plus faible que celui du Piphat, rassemble, grosso modo, les deux premières
auxquelles s’ajoutent une vièle à pique à trois
cordes, une paire de tambours en céramique
et une sorte de tambourin. Les voix, accompagnées par cymbales et tambours, et parfois
par un instrument à cordes, alternent avec les
parties instrumentales.
L’Ensemble Chulawatit, fort d’une vingtaine de
musiciens, présente successivement ces trois
formations pour tisser ce « simple fil de soie
diapré qui se déroule et ondule imperceptiblement mais dont chaque millimètre
s’imprègne d’un monde de sentiments et de
sensations » (Émile Vuillermoz). Une occasion
rare de découvrir cette tradition riche et
raffinée.
J. E.
55
Elshan Mansurov, ph. Kamrouz
ELSHAN MANSUROV
kamantché
MALIK MANSUROV târ
SEVINDJ SARIEVA chant
ROVSHAN MAMMADOV
chant
56
Wu Man, ph. L. Junqi
Parissa et Ensemble Dastan, ph. X. DR
SAM. 18 NOV. 17H LES ABBESSES
AZERBAÏDJAN
De nouvelles et bienheureuses saveurs du
mugham d‘Azerbaïdjan nous attendent lors de
ce concert.
Saveurs fort ancrées : nous y retrouverons
d’abord de vieilles connaissances, les frères
Elshan et Malik Mansurov qui durant des
années ont accompagné Alim Qasimov,
notamment lors de ses passages au Théâtre
de la Ville. La magie du târ et de la vièle
kamantché joués par le duo ouvrait sur un
flamboyant essor de la voix du chanteur.
Si le chant haut et tendu du mugham traditionnel peut fleurir, il requiert en effet un terreau fertile : d’abord, une attentive finesse des
musiciens, que l’on retrouvera lors de ce programme avec le jeu hors pair des deux frères,
mûri par de longues années de concerts en
commun ; mais bien aussi en amont, l’attachement à la terre nourricière azérie, à la singulière originalité au carrefour de multiples
métissages, iraniens et turcs notamment. La
tradition savante du mugham y a mûri lentement, s’y est ciselé peu à peu un caractère
propre que le renouveau du XIXe siècle a
stimulé.
Imbibé de ce cadre fécond, le chant singulier
de Sevindj Sarieva et de Rovshan Mammadov
peut donc dès lors s’épanouir. Celui de
Sevindj a germé dans l’écrin privilégié de
Karabakh, ville berceau de la musique azérie
dont elle est originaire et où, depuis ses
débuts parmi les Rossignols locaux, elle n’a
de cesse de se confronter au public lors des
fameuses fêtes de mariages toy. Quant à
Rovshan, s’il chante aussi depuis son enfance, il a très vite développé une carrière
internationale qui ne fait que reconnaître ses
talents vocaux majeurs… à découvrir sans
tarder.
P.-A. B.
SAM. 25 NOV. 17H LES ABBESSES
WU MAN pipa
CHINE
Wu Man, selon ses propres termes, est « une
virtuose du luth pipa reconnue internationalement ». Musicienne américaine, elle a introduit
le luth chinois dans la musique d’aujourd’hui,
par-delà les genres et les cultures, à travers
des rencontres et des confrontations multiples, tout en restant elle-même : une jeune
femme à l’écoute des autres et du monde,
héritière d’une des plus authentiques écoles
de la Chine impériale, l’école de pipa de
Pudong.
Née à Hangzhou, Wu Man a commencé la
musique à huit ans. En 1977, la révolution
culturelle finie, elle entre première au conservatoire central de Pékin au niveau secondaire,
elle y continue au niveau supérieur, puis au
département de recherche. L’enfant prodige
devient une musicienne accomplie, avant ce
grand saut par-delà les mers qui l’emmène
vers sa nouvelle patrie : l’Amérique.
Depuis, Wu Man a travaillé avec la fine fleur
de la musique d’aujourd’hui, Liu Sola, le
Kronos Quartet, des orchestres symphoniques, Yo-Yo Ma, et créé des compositions
écrites à son intention par Lou Harrison, Lam
Bun-Ching, Philip Glass, Bright Sheng, Tan
Dun, Terry Riley. Elle a joué au Théâtre de la
Ville avec le Kronos et aux Abbesses avec
Chen Zhong en 1996. Improvisation, composition ou répertoire traditionnel, Wu Man associe
présence, finesse du doigté, sûreté de jeu,
tendresse de la sonorité, à un soin constant
de l’écoute, du partage et de l’amitié. À son
habitude, elle alternera l’ici et l’ailleurs, l’ancien et le nouveau.
François Picard
CD : Chinese Music for the pipa – NIMBUS RECORDS.
SAM. 2 DÉC. 17H THEATRE DE LA VILLE
PARISSA chant
ENSEMBLE DASTAN
IRAN
Hamid Motebassem direction, târ et setâr
Hossein Behroozinia barbat (luth)
Saïd Farapoori kamantché
Pejman Hadadi
tombak, dayereh (percussions)
Behnam Samani daf, dayereh
Jacqueline Magnier
* In Parissâ et l’Ensemble Dastan, Gol-e Behesht
(Network).
SAM. 9 DÉC. 17H LES ABBESSES
LA LYRE SPIRITUELLE
& PIRG
SERBIE
duo vocal féminin
Jelisaveta Arsenijevic, Sladjana Borota
duo vocal masculin
Nebojsa Mastilovic, Arsenije Arsenijevic
LE CHANT DE L’ÂME ORTHODOXE
« L’homme ne peut pas vivre sans s’agenouiller ; il ne se supporterait pas, aucun
homme n’en serait capable. S’il rejette Dieu, il
s’agenouille devant une idole de bois ou d’or
ou bien imaginaire », écrivait Dostoïevski.
Véritable trésor spirituel inventé au lendemain
de la Première Guerre mondiale, un recueil de
poèmes intitulé La Lyre spirituelle apporte
une réponse à cette exigence métaphysique.
Fruit d’une âme simple, celle du peuple serbe,
il évoque le sens et la richesse d’une vie
conduite au cœur de la foi orthodoxe. Des
mélodies populaires portent ces textes. Elles
s’inspirent d’airs empruntés à la tradition
serbe mais aussi byzantine, bulgare ou russe
qui ont, là-bas, à diverses époques, laissé leur
empreinte.
À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les
temps changent : la foi « oubliée », la tradition
orale s’interrompt et les chants de La Lyre spirituelle tombent en désuétude. Mais au sein
des monastères veillent de pieuses religieuses ; elles sauvegarderont ce trésor.
C’est auprès d’elles que le duo féminin éponyme les recueille pour les préserver d’un
oubli définitif en les interprétant : deux voix
séraphiques chantent a cappella, « à la
manière des religieuses ».
Le même recueil inspire également Pirg (la
Tour), le duo masculin, composé de deux
chantres dont un révérend père. Deux belles
voix mâles. L’un et l’autre créent des chants,
empreints de morale, qui conjuguent histoire
de l’Église orthodoxe serbe et répertoire
ecclésiastique.
Sur scène, hommes et femmes alternent puis
s’unissent en un quatuor et offrent un chant
d’une confondante beauté. Il se propose
d’instruire, d’élever les consciences et d’offrir
un réconfort spirituel. Un « travail missionnaire » assumé. Un moment de paix pour
enchanter l’âme.
J. E.
La Lyre Spirituelle & Pirg, ph. X. DR
LA ROSE DU PARADIS
Le titre annonce la teneur : un voyage inoubliable dans le patrimoine de la musique et de
la poésie persanes ! Réunir Parissa, l’icône
féminine du chant iranien venue au Théâtre de
la Ville il y a dix ans, et l’Ensemble Dastan,
fondé en 2000 par le compositeur Hamid
Motebassem, c’est rassembler deux des plus
purs joyaux de la culture persane, là où poésie et musique dialoguent à l’unisson.
La poésie sera omniprésente dans ce programme qui réunit cinq des plus célèbres
chantres mystiques des XIIe et XIIIe siècles :
Nizami, Saa’di, Rumi, Araghi et Djoshghani.
Au nom de l’amour mystique, ils célèbrent le
désir, le chagrin et le plaisir, conviant le divin
à rejoindre le profane.
« Chant des mots, grammaire de la musique,
musique et poésie sont des jumelles inséparables », commente Shams Anwari*. Avec
Parissa et l’Ensemble Dastan, le dialogue est
pure réjouissance. « Généreuse et poignante,
étendue, d’une parfaite précision dans tous
les registres » (Jean During), la voix de
Parissa trouve avec les cinq maîtres de
l’Ensemble Dastan l’harmonie qui lui convient.
Un Grand Prix du disque de l’académie
Charles Cros est venu récompenser en 2003
leur travail commun. Le double album sorti en
2005, reflet de ce concert, est un pur délice.
Laissant une large place à l’improvisation, les
compositions tout en douceur de Hossein
Behroozinia, 44 ans, directeur du Centre de
conservation de la musique persane et Hamid
Motebassem, 48 ans, ancien élève du conservatoire de Téhéran, expriment ces « secrets
du cœur qui ne s’ouvrent qu’à l’oreille de
l’âme » (Saa’di).
57
Tejendra Majumdar, ph. SenseWorld Music
Shujaat Khan, ph. SenseWorld Music
SAM. 16 DÉC. 17H THEATRE DE LA VILLE
SHUJAAT KHAN sitar
TEJENDRA MAJUMDAR
sarod
jugalbandi INDE DU NORD
Subhankar Banerjee tabla
POUR
58
LA PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DE LA
VILLE
Parmi les diverses combinaisons de duos instrumentaux accompagnés au tabla, ceux
présentant le sitar et le sarod sont les plus
populaires, ces deux luths se complétant
admirablement. La robustesse du sarod,
comparé au tigre, s’allie à la forme gracile du
sitar qu’on assimile au léopard. Puissance et
agilité se mêlent. Le sarod, sans frettes, offre
un son dense, presque sourd, où le plectre
peut frapper avec force ; le sitar, muni de
frettes bombées, avec sa calebasse en guise
de caisse, égrène des notes aériennes. L’un,
viril, semble provenir des forces telluriennes ;
l’autre, féminin, reste sensuel et aérien. Cette
alliance des pôles crée les conditions idéales
pour un dialogue senti, harmonieux et vif.
Le public du Théâtre de la Ville aura déjà pu
apprécier Shujaat Khan avec le joueur de
kamantché iranien Kayhan Kalhor et Tejendra
Majumdar en soliste.
Fils aîné de Vilayat Khan, Shujaat appartient à
la huitième génération de la plus illustre famille de sitaristes, renommée pour son style
proche du chant. L’aisance impériale dont il
fait preuve est confondante dans les passages les plus périlleux. Il faut dire qu’il a
commencé à toucher un petit sitar à l’âge de
trois ans… Il semble survoler la musique, et
ses notes s’élèvent avec la légèreté des bulles
de champagne.
Tejendra Majumdar est de nos jours l'un des
joueurs de sarod les plus en vue pour la solidité de son jeu. Issu d’une famille de musiciens, il étudie pendant dix-huit années
auprès du réputé Bahadur Khan, neveu du
grand Allauddin Khan le père d’Ali Akbar
Khan, génie rénovateur de la musique
instrumentale.
C. L.
SAM. 13 JAN. 17H THEATRE DE LA VILLE
ENSEMBLE HASBIHÂL
chants sacrés des Alevis Bektasi
4 musiciens
TURQUIE
GÜLCAN KAYA chants d’Anatolie
avec 4 musiciens
VOIX CÉLESTES
« Cherche et trouve.
Éduque les femmes.
Même si on te blesse, ne blesse pas […]
Le premier stade de l’accomplissement est la
modestie.
Qu’importe ce que tu cherches, cherche en
toi-même.
Maîtrise tes mains, tes paroles et tes
désirs… »
Tels sont quelques-uns des préceptes qu’enseigne la sagesse prônée par Haci Bektas, au
XIIIe siècle. Elle compte aujourd’hui encore une
foule d’adeptes rassemblés dans l’ordre soufi
des Bektasi. Outre cette filiation, les alevisbektafli adhèrent à des survivances du shamanisme turc venu, jadis, d’Asie centrale, et
se reconnaissent des tendances chiites.
L’Ensemble Hasbihâl porte un nom – parler,
communiquer, effacer la peine – qui résume
sa démarche. Il réunit Derti Divani, troubadour
et maître spirituel respecté, et les musiciens
traditionnels Ulafl Ozdemir, Huseyin et Ali Riza
Albayrak. Ils jouent baglama et saz anciens,
instruments sacrés. Religieux, le répertoire
comprend chants d’amour mystique, hymnes
célébrant les douze imams et l’expérience
mystique, semah pour accompagner la danse
rituelle…
Chacun chante dans son propre style tandis
que les autres accompagnent. Quatre voix,
comme retenues, qui privilégient le registre de
la douceur. Un chant de l’âme partagé avec
chaque spectateur car, « chaque créature est
le reflet du Créateur ».
Gülcan Kaya revient. Un retour attendu. Au fil
de poèmes mystiques dépourvus d’ornementation, elle chante aussi le ciel. Et la terre. Des
semah alevis aux chants anonymes recueillis
à travers toute l’Anatolie, elle s’est forgé un
vaste répertoire dont les thèmes sont multiples. Avec une technique vocale éprouvée,
elle chante à la manière traditionnelle. Sa voix,
éclatante de beauté, charme l’oreille et l’âme.
Une voix.
J. E.
Il a développé un style très personnel de
chant classique populaire, nourri tout autant
de l’ardente indépendance spirituelle et intellectuelle kurde, que d’une profonde compréhension de la musique traditionnelle persane
et son intime dialogue musical et vocal.
Cette collision créatrice, alliée à la chaleur
vibrante de sa voix, a su conquérir non seulement la jeunesse iranienne qui le vénère
en héros, mais bien aussi d’innombrables
écoutes singulières, sous de multiples
latitudes.
Homme enraciné, homme libre, il nous revient
donc pour un soir. Ne manquons pas son
chant de l’infini azuré.
P.-A. B.
Gülcan Kaya, ph. X. DR
CD: Les Maîtres de la musique traditionnelle, vol.
3 Nazeri, Talâ'i – OCORA.
SAM. 20 JAN. 17H THEATRE DE LA VILLE
SHAUKAT HUSSAIN KHAN
chant khyal
Ikram Khan sarangi
Sanju Sahai tabla
POUR
SHAHRAM NAZERI chant
avec 4 musiciens
IRAN
Shahram Nazeri, ph. Roshanak B./Webistan
Fougue et infinie délicatesse, impulsion fondatrice et murmure intime, feu et eau :
Shahram Nazeri s’en revient une nouvelle fois
– la 5e depuis 1988 ! – sur la scène du Théâtre
de la Ville… Bonheur de retrouvailles pour les
heureux connaisseurs qui vont pouvoir nouvellement goûter son chant lumineux.
Bienheureuse découverte pour les nouveaux
auditeurs qui vont s’immiscer dans les vibrations rauques de sa voix, sa force vive sublimement maîtrisée, la ferveur de son total
engagement.
Pour cet homme de feu issu des montagnes
kurdes de Kermânshâh, le chant restera à
jamais l'une des voies privilégiées de la quête
mystique. Chanteur de l’essentiel, sollicité dès
l’âge de huit ans pour interpréter le Masnavi –
l’œuvre poétique majeure du maître soufi persan Jalâl al Dîn Rumî qu’il affectionne singulièrement –, Shahram Nazeri n’a de cesse de
puiser aux tréfonds des traditions persane et
kurde, pour mieux les renouveler, mieux les
rapprocher d’une écoute contemporaine.
FRANCE
Qu’on ne s’y trompe pas : voilà un chanteur
tout à fait exceptionnel à plus d’un titre. Par
son exigence, sa voix ample, chaude, profonde et si agile dans tous les genres.
Bien sûr, la lignée est là : son grand-père
Liaquat Hussain Khan était attaché à la cour
de Jaipur. Son père Sharafat Hussain Khan
(1930-1985), enfant prodige, qui enregistra
son premier 78 tours à l’âge de douze ans,
suivit les leçons d’Ustad Faiyyaz Khan (18861950) et devint le doyen de la Gharana
d’agra-atrauli.
Cette école combine le style d’agra (créé au
XIIIe siècle et fortement influencé par le dhrupad) et celui, révolutionnaire, de jaipur-atrauli
(créé vers la fin du XIXe siècle par le génial
Alladya Khan). Cette filiation esthétique provenant des lignées paternelle et maternelle est
un cas de figure remarquable.
Ancré corps et âme dans cette tradition
mémorable, Shaukat Hussain Khan, chanteurné, dans la fleur de l’âge, a pour seule ambition de faire partager cet héritage : il
enseigne au sein d’une école de musique
d’ahmadabad, et donne en Inde une trentaine
de concerts par an. Sa notoriété nationale n’a
guère dépassé les frontières – à part des tournées aux USA et en Angleterre. Il n’en a cure,
n’étant préoccupé que par la pérennité de la
tradition qu’il porte si fort en lui.
Aussi solide que versatile, dominant les
genres vocaux (dhrupad, dhamar et thumree),
ce quadragénaire inspiré, équilibré, à la voix
très présente et prenante, parcourt sans heurt
les trois octaves dans des improvisations vertigineuses. Une délectation intellectuelle et
sensuelle !
C. L.
Shaukat Hussain Khan, ph. SenseWorld Music
LUN. 15 JAN. 20H30 THEATRE DE LA VILLE
LA PREMIÈRE FOIS EN
INDE DU NORD
59
Ervena Orgaeva, ph. Kamrouz
Etsuko Chida, ph. Ch. Perrin
Sirogiddin Jurayev, ph. Kamrouz
SAM. 27 JAN. 17H LES ABBESSES
MAÎTRES DU DOTÂR
D’ASIE CENTRALE ET
CHANTS DE KALMOUKIE
Shurat Razzaqov dotâr
OUZBÉKISTAN
Sirogiddin Jurayev dotâr
TADJIKISTAN
Ervena Orgaeva chant,dombra KALMOUKIE
Trois nouvelles chevauchées fantastiques sur
les terres où règne le luth à deux cordes :
dotâr (du persan, do « 2 », et târ, « cordes »)
en Asie centrale ou dombra dans les steppes
de Kalmoukie.
EN ASIE CENTRALE AVEC LES MAÎTRES
DU DOTÂR.
Bardes héritiers de la tradition des nomades
et chamans ou porteurs de la tradition classique, musiciens et poètes d’Asie centrale
font résonner le son grave et noble de cet élégant luth au long manche fin dont ils pincent
les deux cordes de soie avec une extrême
habileté.
Shurat Razzaqov a été formé au répertoire
ouzbek par le maître absolu du dotâr,
Abdorahim Hamidov, qui le considère aujourd’hui comme son propre disciple. Qu’il joue
avec la Philharmonia de Tashkent ou en
concert privé, il puise son inspiration à la
source même du Khorezm, sa région natale
du nord Ouzbékistan.
Sirogiddin Jurayev, lui, fait partie de la célèbre
Académie de maqâm créée par Abduvali
Abdurashidov à Douchanbé, capitale du
Tadjikistan. Ce haut lieu d’étude de la musique
classique d’Asie centrale perpétue la vitalité
des shashmâqâm, les six suites mélodiques,
patrimoine des musiciens et poètes ouzbeks
et tadjiks.
60
EN KALMOUKIE AVEC LE DOMBRA
D’ERVENA ORGAEVA.
Ervena Orgaeva, « Merveilleux trésor » ! Son
nom sonne comme une prédiction. Car sous
le frais sourire de cette jeune femme de 27
ans se cache la maturité d’une ambassadrice
convaincue. Son ambassade ? La langue et le
répertoire musical de la Kalmoukie, petit pays
du Nord-Caucase, enclave asiatique et boudhiste au sein de la Russie européenne. Depuis
quelques mois, Ervena a quitté ses steppes
natales. Mais l’éloignement de son pays et de
sa famille qui l’a initiée à la musique et au
chant, ne fait que renforcer sa volonté de faire
connaître un art qui tend à disparaître. Elle est
une des rares de sa génération à parfaitement
le maîtriser : petits récits de la vie ou longues
épopées qu’elle fait éclore d’une voix grave et
posée, tandis que, sur les deux cordes de son
dombra, le luth tant apprécié des Kalmouks,
galopent ses doigts de fée.
J. M.
CD: L'art du dotâr, Hamidov, Khodâverdiev,
Razzaqov, Ouzbékistan – Ocora.
SAM. 3 FÉV. 17H LES ABBESSES
ETSUKO CHIDA
koto et chants courtois
JAPON
ETSUKO ET LE DRAGON
« Dragon couché sur la plage et conversant
avec les vagues », le koto est une cithare sur
table, tendue de treize cordes, dont les chevalets sont mobiles. Elle est sans doute arrivée au Japon aux alentours du VIIIe siècle.
Voilà pour son brevet d’ancienneté.
Son jeu recourt aux deux mains. Pouce, index
et majeur de la dextre portent chacun un
plectre en ivoire monté sur une bague. La
senestre sert principalement à appuyer sur les
cordes, à gauche des chevalets mobiles, pour
obtenir des hauteurs nouvelles. Elle exécute
aussi ornements, trémolos ou portamentos.
Instrument de musique de cour, il est ensuite
adopté par les jeunes filles de la bourgeoisie
montante sans être pour autant renié par
l’aristocratie. Il distille d’exquises et mélodieuses sonorités.
Originaire du nord de l’archipel, Etsuko Chida
s’est initiée au koto et au chant, dès l’âge de
Dhruba Ghosh, ph. R. Kapase-Fontimusicali
Gaguik Mouradian, ph. G. Abegg
CD: Japon Chants courtois – BUDA MUSIQUE
SAM. 10 FÉV. 17H LES ABBESSES
LÉVON MINASSIAN doudouk
ROSELYNE MINASSIAN chant
GAGUIK MOURADIAN
kamantché
avec 2 autres doudouk
ARMÉNIE
Souffrir les vicissitudes de l’Histoire ne laisse
pas indemne. Se souvenir, ne pas oublier
l’exil, le devoir de mémoire, sont parfois à la
source d’une nécessité créatrice. Nombre de
musiciens arméniens n’échappent pas à cette
urgence première. C’est le cas de Lévon et
Roselyne Minassian.
Né en 1958 à Marseille d’un père violoniste,
Lévon s’initie très jeune à la mandoline. D’un
premier voyage en Arménie, il revient avec un
doudouk, l’un des instruments les plus répandus au pays de ses ancêtres. Une étape décisive pour cet adolescent de 16 ans, remué par
la magie de ce petit hautbois. Désormais, il
n’abandonnera plus ce « symbole du pays
des origines, âme du peuple arménien », dont
il devient l’un des joueurs les plus talentueux
d’Europe de l’ouest. Si Peter Gabriel l’aide à
s’ouvrir au monde en l’invitant en 1993 en première partie de sa tournée mondiale, c’est à
Marseille, hors des mondanités, qu’il se plaît à
travailler cet instrument « de souffrance » dont
le son grave et mélancolique accompagne ou
remplace la voix. À ses côtés au Théâtre de la
Ville, la voix veloutée de sa sœur, Roselyne
Minassian, médaille d’or du Conservatoire
national de Marseille.
Aux accents du doudouk répondront les
longues déchirures nostalgiques du kamantché, cet instrument répandu dans tout
l’Orient jusqu’aux portes de l’Europe. Plus
créateur qu’interprète, habitué à travailler
avec des artistes d’horizons différents, Gaguik
Mouradian, né en 1954 à Erevan en Arménie,
saura faire vibrer les trois cordes de cette vièle
à pique qui chavire le cœur et transporte au
bord des larmes.
J. M.
CD: Lévon Minassian & Armand Amar, Songs from
the world apart – LONG DISTANCE.
SAM. 17 FÉV. 17H LES ABBESSES
DHRUBA GHOSH
sarangi
accompagné au tabla
POUR
INDE DU NORD
LA PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DE LA
VILLE
Neveu du légendaire flûtiste Pannalal Ghosh,
Dhruba Ghosh est le fils de Nikhil Ghosh, éminent pédagogue et joueur de tabla renommé,
disparu en 1995. Après l’étude du chant et de
la rythmique, le jeune Dhruba aborde le sarangi auprès de Sagiruddin Khan, disciple du
fameux Bundu Khan de Delhi, le premier
joueur de sarangi à s’être produit en solo.
Pour se perfectionner avec un instrument si
proche de la voix, il étudie auprès du chanteur
vétéran Dinkar Kaïkini.
Les plus grands noms de la musique se
croisent chez les Ghosh, se livrant à des
échanges riches d’enseignement. Ali Akbar
Khan, Ravi Shankar sont de ceux-là.
Nourri dans les sphères élevées de l’art, et
ayant accompagné beaucoup de chanteurs,
ce quinquagénaire d’un calme où bouillonne
la passion, cache une somme de connaissances et des ressources qu’il met au service
d’une approche intériorisée et chaleureuse de
son instrument.
Avec ses cordes sympathiques, sa vièle
sonne comme un merveilleux petit orchestre.
Les graves résonnent avec la puissance et la
beauté d’un violoncelle. La superbe technique
qu’il déploie tout au long du concert – qui
s’apparente à une scénographie des sons –
lui permet d’aborder tous les registres, en travaillant finement diverses sonorités, évanescentes, amples ou rondes. Alors son archet
bondit soudain sur les rythmes d’une rhapsodie digne de Bartók.
L’instrumentiste chante alors d’une voix émouvante et précise, comme s’il se confiait au
sarangi, qu’il joue alors à l’unisson.
Ce musicien si discret et rare a un fort beau
palmarès derrière lui et assistant en 1988
à son concert à Bombay, Rostropovitch
se déplace sur scène pour lui donner
l’accolade…
C. L.
Lévon Minassian, ph. Long Distance 2005
cinq ans, auprès de trois grands maîtres. Elle
appartient à l’une des deux principales écoles
en ce domaine, l’école Yamada, fondée à la
fin du XVIIIe siècle. Les poèmes chantés – la
nature, les amours – datent du Xe siècle pour
les plus anciens (Le Chant des pluviers) ou du
XIe siècle (un extrait du Dit du Genji), d’autres
de l’ère Meiji (XIXe-XXe siècles) comme Les
grues sur le pin. C’est un chant raffiné,
empreint d’une certaine solennité, propre à
apaiser le dragon qui habite chacun pour qu’il
converse avec les vagues, couché sur la
plage.
J. E.
(D’après Henri Lecomte)
61
Ensemble Garyan, ph. Kamrouz
Yann-Fañch Kemener, Aldo Ripoche, ph. J.-Ch. Bachelot
(Koechlin) et le porteur de tradition. Entre
l’écrit et l’oral, la rigueur d’une composition
« classique » et la liberté du chant « populaire ». Ainsi crée-t-il « une œuvre actuelle et
respectueuse du regard de chacun ».
Dialogue aussi de la voix – que l’on sait belle
– et du chant des instruments, du violoncelle
et du piano… Audacieuse entreprise, couronnée de succès, qui, pour sublimer la tradition,
concilie l’inconciliable.
J. E.
SAM. 17 MARS 17H THEATRE DE LA VILLE
ENSEMBLE GARYAN
SAM. 10 MARS 17H ET DIM. 11 MARS 15H
LES ABBESSES
YANN-FAÑCH KEMENER
chant
BRETAGNE
ALDO RIPOCHE violoncelle
FLORENCE PAVIE piano
Dialogues création
62
DIALOGUES
« Il n’est rien de cacher qui ne se découvre un
jour », si l’on en croit Dostoïevski. Poursuivant
sa quête du patrimoine breton, Yann-Fañch
Kemener a retrouvé un trésor oublié, œuvre
du compositeur Charles Koechlin. Il enrichit sa
dernière création, Dialogues, présentée, en
mars 2006, au Théâtre de Cornouailles, à
Quimper. Le Barzaz Breiz également. Publié
en 1839, ce recueil de chants populaires collectés en Bretagne par un jeune aristocrate
lettré, Hersart de La Villemarqué, a exercé une
forte influence au XIXe siècle. Ainsi, George
Sand admirait ces « diamants » du Barzaz
Breiz, fleurons de ce qu’elle appellera « la littérature orale ».
Au début des années 30, Charles Koechlin
harmonise, en respectant la mélodie, vingt
pièces pour piano et violoncelle puisées dans
le Barzaz Breiz. Quand il les découvre,
Manuel de Falla manifeste « une pure jouissance » et apprécie la « belle parure » qui les
rehausse. Le violoncelle joue la mélodie, le
piano sa « parure ». Certains de ces duos
figurent au répertoire de Dialogues.
Mais composition et écriture ne dévoilent
guère toutes les facettes de la culture populaire qui, en effet, continue à vivre au fil des
chants, des danses et des contes. Les collectages effectuées par les successeurs de La
Villemarqué, parmi lesquels Yann-Fañch
Kemener, jettent un autre éclairage : « timbre,
interprétation, style… sont au cœur de la
recherche ». Et Kemener imagine un dialogue
entre le lettré (Barzaz Breiz), le compositeur
IRAK
musique du Kurdistan d’Irak fédéral
Mahmud Faraj, Jamal Suleman chant
Karwan Mahmud Ibrahim Najmadin balaban
Karzan Mahmud târ
Khalil Abdulla oud
Niyaz Mohammed santour
Twana Khurshed kamantché
Grâce à sa nouvelle indépendance, Soulaimanie, capitale culturelle du nouveau
Kurdistan irakien, connaît un véritable renouveau musical essentiellement influencé par la
culture du Kurdistan iranien.
L’Ensemble Garyan composé de cinq musiciens et de deux chanteurs (Mahmud Faraj et
Jamal Suleman) est la démonstration même
d’un raffinement et d’une virtuosité rarement
égalés.
La rigueur du travail orchestral et les puissantes envolées des grands daf-s créent une
sorte d’allégresse héroïque, un lyrisme guerrier, chers à ces peuples des montagnes dispersés au cours des siècles, de l’Iran à
l’Azerbaïdjan.
Le balaban (joué par Karwan Mahmud Ibrahim
Najmadin), hautbois d’origine pastorale équivalant le duduk arménien et géorgien, survole,
tel l’aigle des montagnes, de magnifiques
paysages sonores. Sa sonorité, oscillant entre
volupté et tension, est représentative du sentiment exalté de l’âme kurde, le même que l’on
retrouve chez les Kamkars ou chez le chanteur Shahram Nazeri d’origine kurde.
Les instruments à cordes comme le târ (joué
par Karzan Mahmud), le oud (par Khalil
Abdulla), le santour (par Niyaz Mohammed), le
kamantché (par Twana Khurshed) donnent
une dimension grandiose à une musique qui,
dans ses arrangements musicaux, se rapproche de la musique persane.
À l’écoute de cette musique, on ne peut s’empêcher de penser à l’origine du peuple kurde
qui, à travers l’ancien empire des Mèdes, en
l'an 612 av. J.-C., conquit la puissante Assyrie
et étendit sa domination de l'Iran à l'Anatolie
centrale.
Alain Weber
Shashank, ph. Sense World Music
jugalbandi
INDE DU NORD ET DU SUD
accompagnés au tabla et au mridangam
Shahid Parvez et Shashank sont habitués aux
plus grandes scènes de l’Inde et de l’étranger. Présenté à deux reprises au Théâtre de la
Ville (1999 et 2004) le sitariste, apparenté à
la famille de Vilayat Khan, a atteint le statut
d’un des musiciens majeurs de ce temps.
Programmé en mars 2005 au Théâtre des
Abbesses, le jeune prodige Shashank est
considéré comme le génie de la flûte
carnatique.
Shahid Parvez joue régulièrement à Madras
tandis que Shashank se produit souvent dans
les grandes villes du Nord. Il fallait qu’ils se
rencontrent… Ils ont déjà ainsi donné
quelques concerts en duo, en Inde comme
aux États-Unis. Une vingtaine d’années les
séparent, mais tous deux sont férus de pratique intense, quasi quotidienne, et se vouent
au même dieu : celui si exigeant des raga-s…
Chacun vise à une plénitude sonore qui
donne aux notes leur couleur exacte pour faire
naître l’émotion. Déployant leur art à travers
des formes lyriques et rythmiques impressionnantes d’imagination et de virtuosité, chacun
des duettistes laisse à son invité d’un moment
tout le loisir de développer des phrases qui
forment alors un tout cohérent dans la progression des phases successives du raga.
L’instrument si ancien qu’est la simple flûte
en bambou, fait face au grand luth emblématique du Nord si sophistiqué avec ses multiples cordes sympathiques et sa technique
complexe. Aux sons magiques du flûtiste qui
semble avoir une grande facilité, répondent
les arabesques fascinantes du sitariste si
concentré et rivé sur son instrument. Le
souffle divin de Shashank et le plectre si raffiné de Shahid se combinent dans un face-àface étonnant et grandiose.
C. L.
SAM. 31 MARS 17H LES ABBESSES
BA BANGA NYECK
balafon
Keita Youssouf, Diabate Souleymane balafon
Keita Seydou percussions CÔTE-D’IVOIRE
« La vraie fraternité n’est pas celle du sang
mais celle du partage. » Ba Banga Nyeck
pourrait faire sien ce proverbe rwandais. Une
bien belle personnalité que ce colosse du
balafon, camerounais d’origine, qui allie un
charisme débordant à un sens inné de la
musique. Car ce jeune caméléon swingue
Ba Banga Nyeck, ph. P. Gérard
SHAHID PARVEZ sitar
SHASHANK flûte murali
effrontément sur tous les registres. Il n’hésite
pas à franchir les frontières de la musique traditionnelle de l’ouest africain pour s’infiltrer
dans les arcanes du jazz et de la musique
classique européenne. Son passeport ? Le
son cristallin d’un balafon chromatique qui
vous aiguise les papilles et vous met en mouvement. Un instrument tout spécialement
conçu pour ce virtuose humaniste, qui, à l’instar de son aîné, le pianiste zaïrois Ray Lema,
aime à jeter des ponts entre des cultures
musicales dissemblables. En juillet 2005, un
premier prix au concours panafricain “triangle
du balafon” au Mali venait récompenser notre
globe-trotter interethnies et intercontinents. Un
an auparavant, ce même “ouistiti farceur” de
la tradition chauffait à blanc le Festival
Juventus à Cambrai en s’infiltrant malicieusement parmi les jeunes talents de la musique
classique européenne. Mais tout comme le
rappelait le bluesman américain Willie Dixon,
Ba Banga Nyeck sait bien « qu’il est impossible de récolter les fruits si l’on ne soigne pas
les racines ». C’est donc au cœur des sonorités immémoriales du pays mandingue que
nous conduira sa première venue à Paris pour
un voyage dans l’ouest africain.
J. M.
Shahid Parvez, ph. X. DR
SAM. 24 MARS 17H THEATRE DE LA VILLE
63
Kayhan Kalhor, ph. X. DR
Hamid Réza Nourbakhsh, ph. Kamrouz
Erdal Erzincan, ph. X. DR
gieux alévis – depuis qu’il en a entendu les
sonorités dans son village natal de l’est anatolien. Des études au conservatoire de l’université d’Istanbul l’ont mené à enrichir et
approfondir la connaissance de cet instrument dont il enseigne aujourd’hui les techniques dans sa propre école de musique, tout
en parcourant le monde. Prometteur, ce duo
cordes à cordes avec Kayhan Kalhor fera
alterner fougue impulsive et douceur teintée
de mélancolie.
SAM. 12 MAI 17H ET LUN. 14 MAI 20H30
LES ABBESSES
KAYHAN KALHOR
kamantché
dialogues et improvisations
IRAN
SAM. 12 MAI 17H AVEC
ERDAL ERZINCAN
baglama
TURQUIE
LUN. 14 MAI 20H30 AVEC
HAMID RÉZA NOURBAKHSH
chant
IRAN
À 40 ans, rien ne semble arrêter cet as du
kamantché iranien, originaire du Kurdistan,
dans sa quête de nouvelles rencontres.
Chacune des apparitions de Kayhan Kalhor
est un pur enchantement : avec Yo Yo Ma ou le
Kronos Quartet, pour lesquels il a composé ;
avec le sitariste indien Shujaat Husain Khan
(au Théâtre de la Ville en novembre 2003) ; ou
avec ses compatriotes, en quatuor avec les
maîtres persans Hossein Alizadeh, le chanteur Mohammad Reza Shadjarian et son fils
Homayoun (au Théâtre de la Ville en septembre 2003) ou en duo avec le jeune joueur
de santour, Siamak Aghaï (au Théâtre des
Abbesses en 2005). Pour ses deux concerts,
le prince de l’archet convoquera une fois
encore ces petits riens qui font les grands
concerts : virtuosité, musicalité, alliées à la
sensibilité et au plaisir émotionnel et communicatif de jouer ensemble. L’infatigable voyageur dialoguera en toute liberté avec deux
amis, le Turc Erdal Erzincan et l’Iranien Hamid
Reza Nourbakhsh.
64
AVEC ERDAL ERZINCAN
Erdal Erzincan, 35 ans, est tombé amoureux
du baglama – luth à cordes pincées de la
famille du saz, qui accompagne aussi bien les
chants populaires turcs que les rituels reli-
AVEC HAMID RÉZA NOURBAKHSH
Hamid Reza Nourbakhsh, 40 ans, n’est plus
un inconnu du Théâtre de la Ville où l’on a pu
l’entendre avec l’ensemble Shams en février
dernier. Une voix impressionnante, façonnée
par son illustre professeur, Mohammad Reza
Shadjarian, qui voit en lui l’un des plus
brillants espoirs du chant classique persan.
Point n’est besoin d’érudition pour constater
que ce fin lettré, aujourd’hui enseignant à
Téhéran, a une puissance vocale à vous vriller
le cœur et l’esprit. Il suffit pour cela de l’entendre, dans la lignée des plus grands, tel
l’Azerbaïdjanais Alim Qasimov, dont le chant
jaillit en une grandiose déferlante et s’éteint,
après de multiples et vertigineuses cascades,
dans la délicate caresse d’un doux murmure.
Ce concert présage d’un dialogue cœur à
cœur entre deux amis intimes qu’unissent
déjà les liens du patrimoine et de la musique
à l’état pur.
J. M.
SAM. 26 MAI 17H THEATRE DE LA VILLE
U. SHRINIVAS mandoline
DEBASHISH
BHATTACHARYA guitare
jugalbandi
INDE DU NORD ET DU SUD
accompagnés au tabla et mridangam
POUR
LA PREMIÈRE FOIS EN
OCCIDENT
Voici réunis deux instruments étrangers à
l’Inde (mais de la même famille), dont la popularité va croissante, pour une rencontre entre
l’enfant prodige de l’Andra Pradesh et le
génial guitariste de Calcutta.
Tombé amoureux de la mandoline,
U. Shrinivas a fait son premier grand début
sur scène dès l’âge de neuf ans dans son État
natal, avec un instrument alors totalement
inconnu du public. Son jeu éblouissant et sa
candeur lui valent un succès retentissant qui
propulse sa famille à Madras, où il acquiert la
gloire en 1981. Il est alors accompagné par
les plus grands percussionnistes et violonistes, et se perfectionne auprès de chanteurs
réputés. Des tournées à l’étranger s’ensuivent. Très jeune, il réalise un magnifique
JEU. 14 JUIN 20H30 LES ABBESSES
WASIFUDDIN DAGAR
chant dhrupad
BAHAUDDIN DAGAR
U. Shrinivas, ph. X. DR
Debashish Bhattacharya, ph. P. Rudra Pal
CD chez Realworld. Il joue depuis avec John
McLaughlin et Zakir Hussain.
Debashish Bhattacharya découvre la slideguitare à l’âge de cinq ans. À seize ans il
émigre très loin, à Ahmadabad, pour rejoindre
Brij Bushan Kabra (le premier guitariste indien
à avoir imposé son instrument sur les scènes
classiques) qu’il a entendu en concert, et dont
le style l’a fortement impressionné. Il fait fabriquer pendant une dizaine d’années une centaine de guitares avant de trouver les solutions
idéales à ses aspirations. Confiant dans son
étoile comme dans sa mission, il fonde à
Calcutta une école où affluent des musiciens
du monde entier.
Ces deux artistes originaux se sont déjà produits au Théâtre de la Ville et ont joué
ensemble avec Shakti. Ils viennent de collaborer à un CD à paraître chez Naïve.
Ce duo est riche de promesses vertigineuses.
C. L.
rudra vina
INDE DU NORD
jugalbandi de dhrupad
accompagnés au pakhawaj
LA PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DE LA
VILLE
que son père avait perfectionné pour atteindre
une beauté sonore enveloppante qui mène à
une méditation rêveuse.
Bahauddin, par ailleurs chanteur accompli,
s’est déjà produit en Inde en compagnie de
son célèbre cousin de Delhi. Nourris de la
sève de cet art si ancien qu’est le dhrupad,
les cousins atteignent le sommet de cette
fameuse école familiale nommée la Dagar
Bani.
C. L.
Bahauddin Dagar, ph. Sense World Music
On a pu déjà apprécier l’art consommé de
Wasifuddin Dagar lors d’un mémorable
concert au Théâtre de la Ville en l’an 2000. Ce
chanteur né dans le sérail est le fils de Nazir
Faiyazuddin Dagar, qui fit carrière en duo
avec son frère Nazir Zahiruddin, et qu’on
dénommait les « Junior Dagar » (pour les différencier de leurs frères aînés Nazir
Moinuddin et Nazir Aminuddin Dagar qu’Alain
Daniélou fit découvrir en Europe dans les
années 50).
Wasifuddin porte haut une tradition familiale
qui s’est étendue sur vingt générations où les
mariages entre cousins étaient utiles pour prodiguer un enseignement jalousement conservé et transmis exclusivement en famille. Il étudie d’abord auprès de son père. La disparition
prématurée de celui-ci l’amène auprès de son
grand-père Nasiruddin Khan Dagar (père des
Dagars aînés), immense chanteur qui lui prodigue conseils et affection, lui léguant un trésor de connaissances que l’élève très doué
assimile pour devenir l’une des grandes voix
dhrupad.
Bahauddin Dagar, plus jeune, est le fils de feu
Zia Mohiuddin Dagar, le sublime maître de la
rudra vina, qu’on a pu entendre au Théâtre de
la Ville dans les années 80.
Expert en subtilités microtonales en forme de
longs glissandi, il joue sur le même instrument
Wasifuddin Dagar, ph. Sense World Music
POUR
65
le Théâtre
de la Ville
le conseil
d’administration
l’équipe
Gérard Violette directeur
Brigitte Giuliani
assistante de direction
MEMBRES ÉLUS
BUREAU DE L’ASSOCIATION
Jean Maheu président
Laure Adler vice-présidente
Bernard Faivre d’Arcier vice-président
Robert Doizon trésorier
Olivier Poivre d’Arvor secrétaire général
ADMINISTRATION
Michael Chase
administrateur
Solen Le Guen
administratrice adjointe
Marie-Christine Chastaing chef service paie
Dominique Alduy
Jean-Pierre Armengaud
Gabrielle Babin-Guggenheim
Danièle Delorme
Jean-Michel Djian
Michel Fontès
David Kessler
Odile Pinot
Rudolf Rach
Françoise Seligmann
Alain Trapenard
Jacques Erwan
Georges Gara
Soudabeh Kia
Antoine Violette
ARTISTIQUE
Serge Peyrat
Marie-Pierre Lasne
directeur adjoint
à la programmation
conseiller musiques du monde
conseiller musique
conseillère musiques du monde
directeur technique
à la communication
assistante
COMMUNICATION
Anne-Marie Bigorne secrétaire générale
Jacqueline Magnier relations presse, publicité
et documentation
Marie-Laure Violette relations presse, iconographie
Elisa Santos
invitations
Basilia Mannoni
assistante
MEMBRES DE DROIT
Patrick Bloche
Pierre Castagnou
Claire de Clermont-Tonnerre
Jacques Daguenet
Elisabeth de Fresquet
Sylvain Garel
Christophe Girard
Jean-François Legaret
Hélène Macé de Lépinay
Marie-Pierre Martinet
Danièle Pourtaud
Georges Sarre
RELATIONS AVEC LE PUBLIC
Lydia Gaborit
responsable du service
Florence Thoirey-Fourcade
Corinne Soulié
RELATIONS PUBLIQUES "JEUNES"
(étudiants, enseignement…)
Isabelle-Anne Person responsable du service
Maud Rognion
LOCATION
Marie Katz
Ariane Bitrin
ACCUEIL
Natacha Reese
responsable du service
responsable du service
ACCUEIL DES ABBESSES (artistes et public)
Delphine Dupont
responsable du service
Chantal Hurault
2 théâtres
TECHNIQUE
Serban Boureanu
Jean-Michel Vanson
Jean-Marie Marty
Claude Lecoq
Jean-Claude Paton
Manuel Sanchez
Frédéric Duplessier
Charles Deligny
Didier Hurard
Pierre Tamisier
Alain Frouin
Victor Koeppel
Sonia Ancilotti
THEATRE DE LA VILLE
directeur technique
directeur technique adjoint
régisseur général
directeur de scène
sous-chef machiniste
chef cintrier
chef électricien
sous-chef électricien
chef accessoiriste
chef service son
régisseur du son
régisseur du son
chef habilleuse
TECHNIQUE DES ABBESSES
Alain Szlendak
directeur technique
Patrice Guillemot
régisseur général
Georges Jacquemart régisseur son
2 PL. DU CHÂTELET PARIS 4
photos Birgit
ENTRETIEN SÉCURITÉ
Jacques Ferrando chef de service
Christophe Frade
LES ABBESSES
31 RUE DES ABBESSES PARIS 18
renseignements
66
tél. 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com
IMPRIMERIE
Robert Ainaud
ISSN 0248-8248
DIRECTION, ADMINISTRATION :
16 quai de Gesvres 75180 Paris Cedex 04, Tél. : 01 48 87 54 42
directeur de la publication : Gérard Violette
maquette : Maurice et Juliette Constantin
correcteur : Philippe Bloch
Imprimerie STIPA : 8 rue des Lilas 93189 Montreuil Cedex
Tél. : 01 48 18 22 50
prix des places
• programme distribué par les hôtesses
• pourboire interdit
• places numérotées (sauf exception)
TARIF A théâtre, danse
re
NORMAL 1 cat. 23 e
2e cat. 16,5 e
re
e
JEUNES
1 et 2 catégories ........... 12 e
TARIF B théâtre, danse
re
NORMAL 1 cat. 26 e
2e cat. 17,5 e
re
e
JEUNES
1 et 2 catégories ........ 13,5 e
TARIF C danse et hors les murs
NORMAL 1 seule catégorie.....
17,5 e
JEUNES
1 seule catégorie.....
12 e
TARIF D musique, musiques du monde
NORMAL 1 seule catégorie.............. 17 e
JEUNES
1 seule catégorie...............12 e
TARIF exceptionnel
re
NORMAL 1 cat. 30 e
2e cat. 23,5 e
re
e
JEUNES
1 et 2 catégories ........ 23,5 e
JEUNES
: moins de 28 ans (justificatif obligatoire)
comment réserver
• par téléphone: 01 42 74 22 77
du lundi au samedi de 11h à 19h
• aux caisses :
THEATRE DE LA VILLE
2 place du Châtelet, Paris 4
du mardi au samedi de 11h à 20h
(lundi de 11h à 19h)
LES ABBESSES
31 rue des Abbesses, Paris 18
du mardi au samedi de 17h à 20h
• par correspondance :
2 pl. du Châtelet 75180 Paris Cedex 04
• par Internet :
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quand réserver
Padmini Chettur, ph. P. Satyajit
• LOCATION PRIORITAIRE
CARTES PLACES À 2, PLACES AUX JEUNES
– par correspondance:
5 semaines avant la 1re représentation
et pour toutes les représentations du
spectacle concerné.
– par téléphone, aux caisses et par
Internet : 28 jours avant la 1re représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné.
• LOCATION
PUBLIC ADULTE, JEUNE, ABONNÉS
21 jours à l'avance, jour pour jour 67
OCTOBRE 2006/
calendrier
SEPTEMBRE 2006
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JE 28
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THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30
20h30 mat 15 h N
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Pelléas et Mélisande
Pelléas et Mélisande
Pelléas et Mélisande
Pelléas et Mélisande
Pelléas et Mélisande
Pelléas et Mélisande
Pelléas et Mélisande
Pelléas et Mélisande
Pelléas et Mélisande
Pelléas et Mélisande
OCTOBRE 2006
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THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
Pelléas et Mélisande N
Josef Nadj
Josef Nadj
Josef Nadj
Josef Nadj
Sharma / Hussain 17h
Josef Nadj
DI 8 Sharma / Hussain 11h
Josef Nadj N
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ME 11 Michèle Anne De Mey
JE 12 Michèle Anne De Mey
VE 13 Michèle Anne De Mey
SA 14 Michèle Anne De Mey
DI 15
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MA 17 Wim Vandekeybus
ME 18 Wim Vandekeybus
JE 19 Wim Vandekeybus
VE 20 Wim Vandekeybus
SA 21 Zimmermann/Pace 17h
Wim Vandekeybus
DI 22
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Pelléas et Mélisande
Pelléas et Mélisande
Pelléas et Mélisande
LES ABBESSES
20h30
20h30
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MA 24 La Déesse de la rivière Luo
ME 25 La Déesse de la rivière Luo
JE 26 La Déesse de la rivière Luo
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ns
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Pe
Quartett d’Heiner Müller
du 15 au 30 sept.
au CNSAD de Paris
suite
THEATRE DE LA VILLE
Padmini Chettur
Padmini Chettur
Padmini Chettur
Padmini Chettur
NOVEMBRE 2006
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THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
age
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Loretta Strong / Le Frigo
Loretta Strong / Le Frigo
Loretta Strong / Le Frigo
Loretta Strong / Le Frigo
Loretta Strong / Le Frigo
Bombay Jayashri 17h
Loretta Strong / Le Frigo
age
ont
t m es
e
l
s
ion rel
étit Saute
rép
Sauterelles
Sauterelles
Sauterelles
Sauterelles
Sauterelles
Maguy Marin
Maguy Marin
Maguy Marin
Maguy Marin
Quatuor Takács 17h
Maguy Marin
Sauterelles
Sauterelles
Sauterelles
Sauterelles
Azerbaïdjan 17h
Sauterelles
Sauterelles N
Daniel Larrieu
Daniel Larrieu
Daniel Larrieu
Daniel Larrieu
Café Zimmermann 17h
Daniel Larrieu
Sauterelles
Sauterelles
Sauterelles
Sauterelles
Wu Man 17h
Sauterelles
DI 26
LU 27
MA 28 Thomas Hauert
ME 29 Thomas Hauert
JE 30 Thomas Hauert
Johanne Saunier
Johanne Saunier
DECEMBRE 2006
THEATRE DE LA VILLE
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Marcia Hesse N
Sissoko / DiddalJaalal
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Marcia Hesse
Ens. Chulawatit 17h
Marcia Hesse
20h30 mat 15 h N
VE 1 Thomas Hauert
SA 2 Parissa 17h
Thomas Hauert
DI 3
LU 4
MA 5 François Verret
ME 6 François Verret
JE 7 François Verret
VE 8 François Verret
SA 9 Aleksandar Madzar 17h
François Verret
DI 10
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
Louise Lecavalier
Louise Lecavalier
Louise Lecavalier N
Louise Lecavalier
Bernardo Montet
Bernardo Montet
La Lyre Spirituelle… 17h
Bernardo Montet
Bernardo Montet N
DÉCEMBRE 2006/
LU 11
MA 12
ME 13
JE 14
VE 15
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LU 18
MA 19
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VE 22
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LU 25
MA 26
ME 27
JE 28
VE 29
SA 30
DI 31
suite
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30
20h30 mat 15 h N
Emio Greco
Emio Greco
Emio Greco
Emio Greco
Shujaat Khan/Majumdar 17h
Emio Greco
A. Khan/S. L. Cherkaoui
A. Khan/S. L. Cherkaoui
A. Khan/S. L. Cherkaoui
A. Khan/S. L. Cherkaoui
A. Khan/S. L. Cherkaoui
The Little Matchgirl
The Little Matchgirl
The Little Matchgirl
The Little Matchgirl
The Little Matchgirl N
The Little Matchgirl
The Little Matchgirl
The Little Matchgirl
The Little Matchgirl
The Little Matchgirl
The Little Matchgirl
e gne The Little Matchgirl
g
a
ont onta
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Le
JANVIER 2007
LU 1
MA 2
ME 3
JE 4
VE 5
SA 6
DI 7
LU 8
MA 9
ME 10
JE 11
VE 12
SA 13
DI 14
LU 15
MA 16
ME 17
JE 18
VE 19
SA 20
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
age gne
ont onta
m
m
t
e
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ns
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t
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Les
age
ont h
m
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t
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l
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R.
Les Géants de la montagne
Les Géants de la montagne R. Montlló /B. Seth
Les Géants de la montagne R. Montlló /B. Seth
Les Géants de la montagne R. Montlló /B. Seth
Les Géants de la montagne R. Montlló /B. Seth
Ens. Hasbihâl / G. Kaya 17h Cantus Cölln 17h
Les Géants de la montagne R. Montlló /B. Seth
Shahram Nazeri
Les Géants de la montagne Koen Augustijnen
Les Géants de la montagne Koen Augustijnen
Les Géants de la montagne Koen Augustijnen
Les Géants de la montagne Koen Augustijnen
Shaukat Hussain Khan 17h
Les Géants de la montagne Koen Augustijnen
DI 21 Les Géants … N
Cons. sup. de Paris
LU 22
Cons. sup. de Paris
MA 23 Les Géants de la montagne Koen Augustijnen
ME 24 Les Géants de la montagne Koen Augustijnen
JE 25 Les Géants de la montagne Koen Augustijnen
VE 26 Les Géants de la montagne Koen Augustijnen
SA 27 Europa Galante/F. Biondi 17h Maîtres du dotâr 17h
Les Géants de la montagne Koen Augustijnen
DI 28
LU 29
MA 30
Olga Pona
ME 31 Jan Lauwers
Olga Pona
HORS
LES
MURS
SEPTEMBRE 2006
CNSAD DE PARIS
VE 15
SA 16
DI 17
LU 18
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JE 28
VE 29
SA 30
20h30 mat 15 h N
Quartett
Quartett
Quartett N
Quartett
Quartett
Quartett
Quartett
Quartett
Quartett N
Quartett
Quartett
Quartett
Quartett
Quartett
CONSERVATOIRE NATIONAL SUPERIEUR
D’ART DRAMATIQUE DE PARIS
2 BIS, RUE DU CONSERVATOIRE PARIS 9
NOVEMBRE 2006
CITE INTERNATIONALE
LU 13
MA 14
ME 15
JE 16
VE 17
SA 18
DI 19
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MA 21
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VE 24
SA 25
DI 26
LU 27
MA 28
ME 29
JE 30
20h30 mat 15 h N
Atteintes à sa vie
Atteintes à sa vie
Atteintes à sa vie
Atteintes à sa vie
Atteintes à sa vie
Atteintes à sa vie N
Atteintes à sa vie
Atteintes à sa vie
Atteintes à sa vie
Atteintes à sa vie
Atteintes à sa vie
Atteintes à sa vie N
Atteintes à sa vie
Atteintes à sa vie
Atteintes à sa vie
THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE
17 BD JOURDAN PARIS 14
DECEMBRE 2006
CITE INTERNATIONALE
20h30 mat 15 h N
VE 1 Atteintes à sa vie
SA 2 Atteintes à sa vie
DI 3 Atteintes à sa vie N
69
MARS 2007/
FEVRIER 2007
THEATRE DE LA VILLE
20h30 mat 15 h N
JE 1 Jan Lauwers
VE 2 Jan Lauwers
SA 3 Concerto Italiano 17h
Jan Lauwers
DI 4 Jan Lauwers N
LU 5
MA 6
ME 7 Gilles Jobin
JE 8 Gilles Jobin
VE 9 Gilles Jobin
SA 10 Mourja / Groben / Laul 17h
Gilles Jobin
DI 11 Gilles Jobin N
LU 12
MA 13
ME 14 Benoît Lachambre
JE 15 Benoît Lachambre
VE 16 Benoît Lachambre
SA 17
DI 18
LU 19
MA 20
ME 21
JE 22
VE 23
SA 24
DI 25
LU 26
MA 27
ME 28
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
Olga Pona
Olga Pona
Etsuko Chida 17h
Olga Pona
Hans Van den Broeck
Hans Van den Broeck
Hans Van den Broeck
Hans Van den Broeck
Arménie 17h
Hans Van den Broeck
Akram Khan
Akram Khan
Akram Khan
Akram Khan
Dhruba Ghosh 17h
Akram Khan
Pierre Rigal / A. Bory
Pierre Rigal / A. Bory
age
ont me
m
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e Hom
ns
titio pour
é
p
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Ho
L’Oratorio d’Aurélia
L’Oratorio d’Aurélia
L’Oratorio d’Aurélia
L’Oratorio d’Aurélia N
L’Oratorio d’Aurélia
L’Oratorio d’Aurélia
MARS 2007
JE 1
VE 2
SA 3
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
L’Oratorio d’Aurélia
L’Oratorio d’Aurélia
Quatuor Tetzlaff 17h
L’Oratorio d’Aurélia
age
ont me
m
et Hom
ns
titio pour
é
p
ré mme
Ho
DI 4
LU 5
MA 6 Homme pour Homme
ME 7 Homme pour Homme
JE 8 Homme pour Homme
VE 9 Homme pour Homme
SA 10 Annette Dasch 17h
Homme pour Homme
DI 11
LU 12 Bang on a can all-stars
MA 13 Homme pour Homme
ME 14 Homme pour Homme
JE 15 Homme pour Homme
VE 16 Homme pour Homme
SA 17 Ens. Garyan17h
Homme pour Homme
DI 18 Homme pour Homme N
LU 19
MA 20 Homme pour Homme
ME 21 Homme pour Homme
JE 22 Homme pour Homme
VE 23 Homme pour Homme
SA 24 Parvez / Shashank 17h
Homme pour Homme
DI 25
70
LU 26
MA 27
ME 28
JE 29
VE 30
SA 31
Un homme en faillite
Un homme en faillite
Un homme en faillite
Un homme en faillite
C. Schornsheim 17h
Un homme en faillite
LES ABBESSES
20h30
20h30
Meg Stuart
Meg Stuart
Meg Stuart
Quatuor de Tokyo 17h
Meg Stuart
Joëlle Bouvier
Joëlle Bouvier
Joëlle Bouvier
Joëlle Bouvier
Ba Banga Nyeck 17h
Joëlle Bouvier
AVRIL 2007
DI 1
LU 2
MA 3
ME 4
JE 5
VE 6
SA 7
DI 8
LU 9
MA 10
ME 11
JE 12
VE 13
SA 14
DI 15
LU 16
MA 17
ME 18
JE 19
VE 20
SA 21
DI 22
LU 23
MA 24
ME 25
JE 26
VE 27
SA 28
DI 29
LU 30
Un homme en faillite
Un homme en faillite
Un homme en faillite
Kemener 17h
Un homme en faillite
Kemener 15h
Un homme en faillite
Un homme en faillite
Un homme en faillite
Un homme en faillite
Marc Coppey 1er prog.17h
Un homme en faillite
Un homme en faillite N
suite
THEATRE DE LA VILLE
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30
Nasser Martin-Gousset
Nasser Martin-Gousset
Nasser Martin-Gousset
Nasser Martin-Gousset
oire ris
vat de Pa
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Co érieu
sup
La Tectonique des nuages
La Tectonique des nuages
Plus ou moins l’infini
Plus ou moins l’infini
Plus ou moins l’infini
Plus ou moins l’infini N
Plus ou moins l’infini
Plus ou moins l’infini
Plus ou moins l’infini
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r
n
Co érieu
sup
Ikeda / Verdonck / Platel
Ikeda / Verdonck / Platel
Ikeda / Verdonck / Platel
Marc Coppey 2e prog.17h
MAI 2007
MA 1
ME 2
JE 3
VE 4
SA 5
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LU 7
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ME 9
JE 10
VE 11
SA 12
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
De Keersmaeker 1er prog.
De Keersmaeker 1er prog. La Poursuite du vent
De Keersmaeker 1er prog. La Poursuite du vent
De Keersmaeker 1er prog. La Poursuite du vent
De Keersmaeker 1er prog. N
De Keersmaeker 2e prog.
De Keersmaeker 2e prog.
De Keersmaeker 2e prog.
De Keersmaeker 2e prog.
DI 13 De Keersmaeker 2e prog. N
Maintenant ils peuvent …
Maintenant ils peuvent …
Kalhor / Erzincan 17h
Maintenant ils peuvent …
MAI 2007/
LU 14
MA 15
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VE 18
SA 19
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DI 27
LU 28
MA 29
ME 30
JE 31
suite
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30 mat 15 h N
20h30 mat 15 h N
Kalhor / Nourbakhsh
Maintenant ils peuvent …
Maintenant ils peuvent …
Maintenant ils peuvent …
Maintenant ils peuvent …
Maintenant ils peuvent …
Maintenant … N
James Thierrée
James Thierrée
James Thierrée
James Thierrée
James Thierrée N
Sonia Wieder-Atherton
James Thierrée
Maintenant ils peuvent …
James Thierrée
Maintenant ils peuvent …
James Thierrée
Maintenant ils peuvent …
James Thierrée
Maintenant ils peuvent …
Shrinivas / Bhattacharya 17h
James Thierrée
Maintenant ils peuvent …
James Thierrée N
Kronos Quartet
James Thierrée
James Thierrée
Peeping Tom
Peeping Tom
JUIN 2007
VE 1
SA 2
DI 3
LU 4
MA 5
ME 6
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VE 8
SA 9
DI 10
LU 11
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JE 14
VE 15
SA 16
DI 17
LU 18
MA 19
ME 20
JE 21
VE 22
SA 23
DI 24
LU 25
MA 26
ME 27
JE 28
VE 29
SA 30
THEATRE DE LA VILLE
LES ABBESSES
20h30
20h30 mat 15 h N
Peeping Tom
Peeping Tom
Peeping Tom N
Pina Bausch 1 prog.
Pina Bausch 1er prog.
Pina Bausch 1er prog.
HORS
LES
MURS
MARS 2007
CITE INTERNATIONALE
LU 5
MA 6
ME 7
JE 8
VE 9
SA 10
DI 12
Pina Bausch 2e prog.
Pina Bausch 2e prog. 17h
Pina Bausch 2e prog.
Pina Bausch 2e prog.
Pina Bausch 2e prog.
Pina Bausch 2e prog.
Pina Bausch 2e prog.
Pina Bausch 2e prog. 17h
Pierre Rigal
Pierre Rigal
Pierre Rigal
MARS 2007
CENTRE NATIONAL DANSE
er
Pina Bausch 1er prog.
Pina Bausch 1er prog. 17h
Pina Bausch 1er prog.
20h30
Pierre Rigal
Pierre Rigal
Brice Leroux
Brice Leroux
Brice Leroux
Brice Leroux
Maria-Kiran
Maria-Kiran
W. & B. Dagar
Maria-Kiran
Maria-Kiran
LU 19
MA 20
ME 21
JE 22
VE 23
20h30
Lynda Gaudreau
Lynda Gaudreau
Lynda Gaudreau
Lynda Gaudreau
Lynda Gaudreau
CENTRE NATIONAL DE LA DANSE
1, RUE VICTOR-HUGO PANTIN 93
AVRIL 2007
CITE INTERNATIONALE
S. Shivalingappa
S. Shivalingappa
S. Shivalingappa
S. Shivalingappa
S. Shivalingappa
LU
MA
ME
JE
VE
2
3
4
5
6
20h30
Daniel Dobbels
Daniel Dobbels
Daniel Dobbels
Daniel Dobbels
oire ris
vat de Pa
r
e
r
ns
Co érieu
sup
en noir = théâtre, danse
en rouge = musique
71
individuels
les abonnements
jeunes
THEATRE-DANSE
• 4 spectacles minimum
•10 spectacles minimum
MOINS DE 28 ANS
THEATRE-DANSE
• 3 spectacles minimum
PASSEPORT MUSICAL
• 8 places minimum,
4 programmes minimum
PASSEPORT MUSICAL
• 8 places minimum,
4 programmes minimum
M
les abonnements
individuels
G
tarifs préférentiels abonnement
ABONNEMENT
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF D
TARIF EXC.
G
1
THEATRE-DANSE
MUSIQUE…
4 spect.
10 spect.
jeune
3 spect.
1re catégorie
1re catégorie
1re catégorie
15 e
17,5 e
13 e
23,5 e
12 e
14,5 e
11 e
20 e
pass. mus.
catégorie unique
10,5 e
12 e
10,5 e
20 e
10,5 e
-
tarif normal
1re catégorie
23
26
17,5
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e
e
e
e
e
jeune
tarif normal
toutes catégories
12
13,5
12
12
23,5
e
e
e
e
e
tarifs préférentiels hors abonnement
2 places à tarif préférentiel par abonné(e) pour tous les spectacles
dans la limite des places disponibles.
HORS ABONNEMENT
4 spect.
ttes catégories ttes catégories
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF D
13
14,5
12
10,5
e
e
e
e
jeune
3 spect.
pass. mus.
ttes catégories
ttes catégories
10 spect.
13
14,5
12
10,5
e
e
e
e
10,5
12
10,5
10,5
e
e
e
e
13
14,5
12
10,5
e
e
e
e
location 21 JOURS A L’AVANCE, JOUR POUR JOUR
envoi à domicile du journal, 4 numéros par saison.
G journal
tarifs préférentiels sur les disques et les livres.
G librairie, disques
G
la carte (8 e)
places aux jeunes1
M
la carte (22 e)
places à 2
G
tarifs préférentiels cartes
2 places à tarif préférentiel pour tous les
spectacles dans la limite des places disponibles.
CARTES
THEATRE-DANSE-MUSIQUE
places à 2
places aux jeunes
toutes catégories
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF D
TARIF EXC.
G
13
14,5
12
10,5
23,5
e
e
e
e
e
toutes catégories
10,5
12
10,5
10,5
20
e
e
e
e
e
tarif normal
jeune
tarif normal
1re/2e catégorie toutes catégories
23/16,5 e
26/17,5 e
17,5 e
17 e
30/23,5 e
12
13,5
12
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23,5
e
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e
e
e
location prioritaire
par correspondance : 5 SEMAINES avant la 1re représentation et pour toutes
les représentations du spectacle concerné ;
par téléphone, aux caisses et par Internet : 28 JOURS avant la 1re représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné.
G
journal
G librairie, disques
72
1
envoi à domicile du journal, 4 numéros par saison.
tarifs préférentiels sur les disques et les livres.
MOINS DE 28 ANS: justificatif obligatoire
relais
Vous devenez relais en prenant l'initiative de regrouper au minimum 10 personnes intéressées à souscrire un abonnement au Théâtre de la Ville pour un
minimum de 3 spectacles. Ces 10 personnes sont alors des abonnés relayés.
Le relais a la possibilité de mêler public adulte et jeune dans un même abonnement et ainsi de bénéficier des tarifs relais et relais jeunes.
les abonnements
relais jeunes
M
les abonnements
relais
MOINS DE 28 ANS
G
THEATRE-DANSE
• 3 spectacles minimum,
• 10 places minimum/spectacle
THEATRE-DANSE
• 3 spectacles minimum,
10 places minimum/spectacle
PASSEPORT MUSICAL
• 3 programmes minimum,
• 10 places minimum/programme
PASSEPORT MUSICAL
• 3 programmes minimum,
10 places minimum/programme
tarifs préférentiels abonnement relais
ABT RELAIS
THEATRE-DANSE
MUSIQUE
3 spect. jeune 3 spect. pass. mus.
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF D
TARIF EXC.
12 e
14,5 e
11 e
20 e
8e
8e
8e
20 e
pass. mus.
tarif normal
jeune
10,5 e
-
8e
-
23
26
17,5
17
30
jeune
tarif normal
e
e
e
e
e
12
13,5
12
12
23,5
e
e
e
e
e
Si le relais a communiqué les coordonnées de ses abonnés relayés,
ils bénéficieront des avantages suivants :
G
journal
G
tarifs préférentiels hors abonnement relais
envoi à domicile du journal du Théâtre de la Ville
à chaque abonné relayé
L’abonné relayé peut demander aux services relations publiques une carte
d’abonnement personnalisée lui donnant l’avantage suivant :
2 places à tarif préférentiel par abonné(e) pour tous les spectacles
dans la limite des places disponibles.
HORS
ABONNEMENT
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF D
G
relais
relais jeunes
toutes catégories
toutes catégories
13
14,5
12
10,5
e
e
e
e
10,5
12
10,5
10,5
e
e
e
e
location 21 JOURS A L’AVANCE, JOUR POUR JOUR
73
les groupes jeunes
10 places minimum/spectacle
10 places minimum/spectacle
M
les groupes
MOINS DE 28 ANS
M
Renseignements concernant les prises d’option groupe auprès du service
des Relations avec le public (01 48 87 59 47) ou du service Relations
publiques jeunes (01 48 87 59 49). Vous avez la possiblité de mêler publics
adulte et jeune dans un même groupe.
Confirmation et règlement auprès du service location relais (01 48 87 43 05).
la carte liberté relais
40 e la carte
Carte réservée aux comités d’entreprise et aux associations, qui permet de
bénéficier de tarifs préférentiels et d’une réservation sans contrainte de
nombre fixe de places par représentation, dans la limite des places disponibles (renseignements au 01 48 87 36 36).
G
tarifs préférentiels groupes et carte liberté relais
THEATRE-DANSE- MUSIQUE
TARIF A
TARIF B
TARIF C
TARIF D
groupes
groupes jeunes
carte
liberté relais
toutes catégories
toutes catégories
toutes catégorie
13 e
14,5 e
12 e
10,5 e
8e
8e
8e
8e
13 e
14,5 e
12 e
10,5 e
tarif normal
jeune
tarif normal
1re/2e catégorie toutes catégories
23/16,5 e
26/17,5 e
17,5 e
17 e
12 e
13,5 e
12 e
12 e
conseils et renseignements au public 2
RELATIONS AVEC LE PUBLIC
RELATIONS PUBLIQUES “JEUNES”
individuels et relais
relais jeunes, étudiants, enseignement
Lydia Gaborit, responsable du service ; Isabelle-Anne Person
tél. 01 48 87 59 47
tél. 01 48 87 59 49
Florence Thoirey-Fourcade ;
Maud Rognion
comités d’entreprise, associations
tél. 01 48 87 59 51
tél. 01 48 87 36 36
Corinne Soulié groupes d’amis
choix des spectacles,
tél. 01 48 87 59 50
suivi personnalisé et mise en
choix des spectacles,
place d’actions pédagogiques
organisation de rencontres avec
avec chacun des relais
les artistes, forums en entreprise,
intéressés
visites du Théâtre…
modalités de location
LOCATION RELAIS 2
Marie Katz, responsable du service ;
Ariane Bitrin
tél. 01 48 87 43 05 (ligne directe)
fax 01 48 87 09 81
2
LOCATION INDIVIDUELLE
tél. 01 42 74 22 77
Jusqu’au 13 juillet et à partir du 28 août.
formulaires d’abonnement individuels et relais
- dans le hall du Théâtre de la Ville ;
- à télécharger sur www.theatredelaville-paris.com et à envoyer par
correspondance;
- envoi à domicile sur demande.
74
NOUVEAU !
TARIF JEUNES : moins de 28 ans au lieu de moins de 27 ans ou étudiant.
Le statut d’étudiant n’est plus pris en compte.
théâtre, danse et musiques du monde :
partenaires au 26 avril
THÉÂTRE DE LA VILLE
LORETTA STRONG • LE FRIGO
Production Théâtre des Lucioles. En résidence à La Ferme
du Buisson, scène nationale de Marne-la-Vallée.
Coproduction Festival d'Avignon – Théâtre de la Ville, Paris
– Festival d'Automne à Paris – Théâtre national de
Bretagne – Le Maillon, Strasbourg – Bonlieu, scène nationale d’Annecy. Avec le soutien de la Comédie de
Valence-Centre dramatique national Drôme-Ardèche, du
Quartz-scène nationale de Brest, du Lieu Unique-scène
nationale de Nantes, du Duo Dijon, de L'AFAA-Association
française d'action artistique, de l’ADAMI et L'ONDA, office
national de diffusion artistique. Le Théâtre des Lucioles est
soutenu par la DRAC Bretagne, le conseil régional de
Bretagne, le conseil général d'Ille-et-Vilaine, la Ville de
Rennes.
LES GÉANTS DE LA MONTAGNE
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – La Coursive,
scène nationale de La Rochelle – Maison de la Culture
de Loire-Atlantique – Compagnie du Soleil Bleu. Avec la
participation artistique du Jeune Théâtre national, l’aide
de l’office artistique de la région Aquitaine et de la
MC93/Maison de la culture de Bobigny. La Compagnie du
Soleil Bleu est conventionnée par le ministère de la
Culture-DRAC Aquitaine et subventionnée par le conseil
régional d’Aquitaine, la ville de Bordeaux et le conseil
général de La Gironde.
PLUS OU MOINS L’INFINI
Production CIE 111. Coproduction TNT-Théâtre national
de Toulouse-Midi-Pyrénées – Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E
– Grand Théâtre de Luxembourg – Les Gémeaux,
Sceaux, scène nationale – La Coursive, scène nationale
La Rochelle – Centre culturel Agora, scène conventionnée de Boulazac – Equinoxe, scène nationale de
Châteauroux – TNBA, Théâtre national de Bordeaux en
Aquitaine – London International Mime Festival, Londres –
Le Carré magique, scène conventionnée de Lannion,
Trégor. Avec l’aide du Théâtre Garonne-Toulouse et de la
Gare aux Artistes-Montrabe. Avec le soutien du ministère
de la Culture-DMDTS, du conseil régional Midi-Pyrénées, du
conseil général Haute-Garonne, de la ville de Toulouse, de
la Convention AFAA/Ville de Toulouse. La CIE 111 est
conventionnée par la DRAC Midi-Pyrénées et reçoit le soutien de la Fondation BNP Paribas pour le développement
de ses projets.
LA DÉESSE DE LA RIVIÈRE LUO
Production déléguée pour la tournée européenne : Maison
de la Culture d'Amiens. Coproduction Han Tang Yuefu
Ensemble – National Chiang Kai-Shek Cultural
Center/National Theater Taipei – Maison de la Culture
d'Amiens – Maison de la Culture de Bourges – Festival
Automne en Normandie – Council Cultural Affairs ROC.
Avec le soutien de l'Institut français de Taipei, du Deutsches
Kulturzentrum Taipei, du Bureau de la représentation de
Taipei en France et de l’Association française d’action
artistique. Avec l'aide de l'ONDA pour les surtitres.
HOMME POUR HOMME
Production La Comédie de Reims, CDN – Théâtre de la
Ville, Paris.
LA TECTONIQUE DES NUAGES
Coproduction La Gestion Des Spectacles – La Comédie
de Saint-Étienne/CDN. Cette version concert a été créée
au Festival Jazz à Vienne le 30 juin 2006, coproduite par
Vienne Action Culturelle, avec le concours de la
Fondation BNP/Paribas, du ministère de la Culture et de
la Communication (commande d’État) et de la DRAC
Rhône-Alpes.
JAMES THIERRÉE
Coproduction La Compagnie du Hanneton – Théâtre VidyLausanne – Théâtre de la Ville, Paris – La Coursive, scène
nationale de La Rochelle – Le Théâtre, Scène Nationale de
Narbonne – Maison de la Culture de Nevers – Théâtre
André Malraux, Rueil-Malmaison – Espace Jacques Prévert,
Aulnay-sous-Bois.
JOSEF NADJ ASOBU
Coproduction Centre chorégraphique national d’Orléans
– Festival d’Avignon – Setagaya Public Theatre, Tokyo –
Théâtre de la Ville, Paris – Emilia Romagna Teatro
Fondazione,Modena. Avec le soutien du Carré SaintVincent-scène nationale d’Orléans, de deSingel (Anvers)
et de Cankarjev Dom (Ljubljana). Avec l’aide du programme “Performing Arts Japan” de la Fondation du
Japon et du programme Culture 2000 de l’Union européenne. Avec le concours de Kirin Brewery Co, Shiseido
Co, Air France. Asobu est réalisé grâce au soutien de la
région Centre. Le Centre chorégraphique national
d’Orléans est subventionné par le ministère de la Culture
et de la Communication – Direction de la musique, de la
danse, du théâtre et des spectacles DRAC Centre, la
région Centre, la ville d’Orléans, le département du
Loiret. Il reçoit l’aide de L’AFAA (Association française
d’action aartistique – ministère des Affaires Étrangères)
pour ses tournées à l’étranger.
MICHELE ANNE DE MEY SINFONIA EROÏCA
Production Charleroi/Danses, Centre chorégraphique de
la Communauté française.
WIM VANDEKEYBUS SPIEGEL
Production Ultima Vez. Coproduction KVS,Bruxelles – PACT
Zollverein/ Choreographisches Zentrum NRW, Essen –
Théâtre de la Ville, Paris. Avec le soutien des autorités
flamandes.
MAGUY MARIN MAY B
Coproduction Compagnie Maguy Marin – Maison des
Arts et de la Culture de Créteil. La Compagnie Maguy
Marin/Centre chorégraphique national de Rillieux-laPape est subventionnée par le ministère de la Culture et
de la Communication - DRAC Rhône-Alpes, la région
Rhône-Alpes, le conseil général du Rhône, les communes
de Bron, Décines et Rillieux-la-Pape. Elle bénéficie du soutien financier de l’AFAA pour ses tournées internationales.
DANIEL LARRIEU NEVER MIND
Production Astrakan. Coproduction Théâtre de la Ville,
Paris – MC2, Grenoble – Le Manège de Reims – Grand
Théâtre de Lorient. Avec le soutien de Micadanses, Paris
et du Centre national de la danse-Pantin pour les prêts
de studio. Astrakan est soutenue par le ministère de la
Culture / DRAC Ile-de-France au titre de l'aide à la
compagnie conventionnée.
THOMAS HAUERT WALKING OSCAR
Production ZOO. Coproduction Kaaitheater/ KunstenfestivaldesArts, Bruxelles – Théâtre de la Ville, Paris – Festival
d’Automne à Paris – Tanz Quartier Wien, Vienne –
Charleroi Danses, Centre chorégraphique de la communauté française, Charleroi – Mercat de les Flors, Barcelone.
Avec le soutien du ministre flamand de la Culture, de la
Jeunesse, des Sports et des Affaires bruxelloises, de
Vlaamse Gemeenschapscommissie, Pro Helvetia,
Fondation suisse pour la culture, et le Kanton Solothurn.
FRANÇOIS VERRET SANS RETOUR
Coproduction Théâtre national de Bretagne/TNB,
Rennes – La Compagnie FV, Paris – Théâtre de la Ville,
Paris – Opéra de Lille – Festival d’Avignon – L’Apostrophe,
scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val-d’Oise.
François Verret est un artiste associé au Théâtre national
de Bretagne. La Compagnie FV est soutenue par la
DRAC-Ile-de France, ministère de la Culture et de la
Communication. La Compagnie FV est en résidence à
L’Apostrophe, scène nationale de Cergy-Pontoise et du
Val-d’Oise.
EMIO GRECO HELL
Production Emio Greco | PC. Coproduction Théâtre de
la Ville, Paris – Festival Montpellier Danse – Maison de la
Culture d’Amiens – barbicanbite07, Londres – Cankarjev
Dom, Ljubliana – Julidans, Amsterdam. Emio Greco | PC
reçoit des fonds du Dutch Ministry of Education, Culture
and Science. La création de Hell a été rendue possible
grâce au Doris Duke Fund for Dance pour le National
Dance Project, un programme administré par la New
England Foundation for the Arts avec les fonds du
National Endowment for the Arts, de la Doris Duke
Charitable Foundation, et de la Ford Foundation.
AKRAM KHAN/SIDI LARBI CHERKAOUI ZERO DEGREES
Production Akram Khan Company – Les Ballets C. de la B.
Coproduction Sadler's Wells, Londres – Théâtre de la Ville,
Paris – deSingel, Anvers – Kunstencentrum Vooruit, Gand
– Hebbel Theater, Berlin – Tanzhaus nrw, Düsseldorf –
Schouwburg, Rotterdam – Teatro Comunale di Ferrara –
TorinoDanza – Wexner Center for the Arts Ohio – National
Arts Centre, Ottawa – Les Grandes Traversées, Bordeaux.
La compagnie Akram Khan reçoit l’appui de l’Arts
Council England. Les Ballets C. de la B. reçoivent l’appui
des autorités flamandes, de la ville de Gand, de la province Oost-Vlaanderen et de la Loterie nationale.
JAN LAUWERS LE BAZAR DU HOMARD
Production de Needcompany.
Coproduction Festival d’Avignon – Théâtre de la Ville, Paris
– Théâtre Garonne, Toulouse – PACT Zollverein, Essen –
Cankarjev Dom, Ljubljana – La Rose des Vents, scène
nationale de Villeneuve-d’Ascq – Automne en Normandie
– La Filature, Scène Nationale de Mulhouse – Kaaitheater,
Bruxelles – deSingel, Anvers. Needcompany bénéficie de
l’aide du ministère de la communauté flamande.
GILLES JOBIN DOUBLE DEUX
Coproduction Bonlieu scène nationale, Annecy – Théâtre
de la Ville, Paris – Festival Montpellier Danse 2006 – La
Bâtie, Festival de Genève – Théâtre Arsenic, Lausanne –
Kampnagel, Hambourg. Avec le soutien de la ville de
Genève, de la ville de Lausanne, du département de
l’Instruction publique de l’État de Genève, du canton de
Vaud, de Pro Helvetia fondation suisse pour la culture, de
la Loterie Romande. Gilles Jobin est artiste associé à
Bonlieu, scène nationale d’Annecy et à Artsadmin,
Londres. Il bénéficie du “Contrat de Confiance” du canton de Vaud (2001- 2006).
BENOÎT LACHAMBRE LUGARES COMUNES
Production par b.l.eux. Coproduction Le Quartz, scène
nationale de Brest – Cie. DANS.KIAS, Vienne – ImPulsTanz,
Festival international de danse de Vienne – Kaaitheater,
Bruxelles – PACT Zollverein, Essen – Tanz im August,
Internationales Tanzfest Berlin – Théâtre de la Ville, Paris –
Usine C, Montréal. Benoît Lachambre est chorégraphe
associé au Quartz, scène nationale de Brest.
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MEG STUART IT’S NOT FUNNY !
Production Damaged Goods. Coproduction Salzburger
Festspiele, Salzbourg – Volksbühne am Rosa-LuxemburgPlatz, Berlin – Théâtre de la Ville, Paris – deSingel, Anvers.
Meg Stuart / Damaged Goods bénéficie de l'aide du
gouvernement de la Flandre et de la commission
communautaire Flamande.
HANS VAN DEN BROECK EN SERVICIO
Production cie soit en collaboration avec ulti’mates/
Ultima Vez, Bruxelles. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris
– Pôle Sud, Strasbourg – ImpulsTanz, Vienne – Tramway,
Glasgow – Kunstencentrum Vooruit, Gand – KVS, Bruxelles
– Cultuurcentrum, Bruges. Avec le soutien des autorités
flamandes.
NASSER MARTIN-GOUSSET PÉPLUM
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Ménagerie de
verre – L’Apostrophe, Cergy-Pontoise – Château Rouge,
Annemasse – Monaco Dance Forum – CCN d’Orléans.
Avec le soutien du CDN d’Orléans pour le prêt du studio,
du Carré Saint-Vincent, scène nationale pour l’apport
technique et de la DRAC-Ile-de France.
AKRAM KHAN THIRD CATALOGUE
L’Akram Khan Company reçoit le soutien de l’Arts
Council England et du British Council. Akram Khan est
artiste associé à la Sadlers Wells, Londres.
ANNE TERESA DE KEERSMAEKER SOIRÉE STEVE REICH
Production Rosas & La Monnaie. Coproduction Théâtre
de la Ville, Paris – Grand Théâtre de Luxembourg.
SOIRÉE RÉPERTOIRE Production Rosas & La Monnaie.
Coproduction Grand Théâtre de Luxembourg.
LES ABBESSES
PELLÉAS ET MÉLISANDE
Coproduction Théâtre dela Ville,Paris – Comédie de Reims.
MARCIA HESSE
Coproduction La Comédie de Reims-CDN – Théâtre de
la Ville, Paris. Avec la participation artistique du Jeune
Théâtre national.
SAUTERELLES
Coproduction TnBA, Théâtre national de Bordeaux en
Aquitaine – Théâtre de la Ville, Paris.
THE LITTLE MATCHGIRL
Production Polimnia, Bureau Dix. Coproduction Fondation
Hans Christian Andersen – Change Performing Arts à
Milan – Grand Théâtre de la ville de Luxembourg –
Théâtre de la Ville, Paris – Vereinigte Bûhnen, Vienne.
UN HOMME EN FAILLITE
Production déléguée La Comédie de Reims - CDN.
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Le Festin, centre
dramatique national de Montluçon – Compagnie du
Kaïros. Avec l'aide à la création de la DMDTS-ministère de
la Culture.
LA POURSUITE DU VENT
Production Needcompany. Coproduction Théâtre de la
Ville, Paris – Festival d’Avignon – Théâtre Garonne,
Toulouse. Avec la collaboration du Kaaitheater (Bruxelles)
et du deSingel (Anvers). Needcompany bénéficie de
l’aide du ministère de la communauté flamande.
L’ORATORIO D’AURÉLIA
Coproduction L’Avant-Scène, Cognac. Accompagnement Bureau Dix, Karin Dix.
MAINTENANT ILS PEUVENT VENIR
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – L’héliotrope,
compagnie conventionnée par la DRAC HauteNormandie et la région Haute-Normandie – Théâtre des
Deux Rives, centre dramatique régional de Rouen –
l’Hippodrome, Scène Nationale de Douai.
PADMINI CHETTUR PAPERDOLL
Coproduction Springdance, Utrecht – KunstenFESTIVALdesArts,Bruxelles – SW & G,Berlin – Grand Theatre,Groningen.
JOHANNE SAUNIER ERASE-E(X) 1, 2, 3
Production Joji Inc. ERASE-E(X) a été créé dans le cadre du
"Sujet à Vif ". Coproduction SACD – Festival d’Avignon. Met
de steun van de Vlaamse minister van Cultuur, Jeugd,
Sport en Brussel en de Vlaamse Gemeenschapscommissie
van het Brussels Hoofdstedelijk Gewest. Avec l'aide du
ministère de la Communauté française - service de la
danse.
LOUISE LECAVALIER COBALT ROUGE REMIX
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Biennale de
Venise – Centre national des Arts, Ottawa
“I” IS MEMORY • 3e ŒUVRE
Production Louise Lecavalier. Coproduction STEPS # 10,
Suisse – Théâtre de la Ville, Paris – Tanz im AugustInternationales Tanzfest, Berlin – Aarhus Festuge, Aarhus –
Centre national des Arts, Ottawa – Usine C, Montréal. En
partenariat avec les diffuseurs du Québec.
BERNARDO MONTET LES BATRACIENS S’EN VONT
Coproduction Centre chorégraphique national de Tours
– Théâtre de la Ville, Paris – Le Vivat, scène nationale
d’Armentières – Institut français de Fès. En partenariat
avec la Fondation Royaumont. Avec le soutien du service de coopération et d’action culturelle de
l’Ambassade de France au Maroc.
ROSER MONTLLÓ GUBERNA / BRIGITTE SETH
RÉCITATIFS TOXIQUES
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre Pôle
Sud-Strasbourg – Communauté du Pays de Briey-Briey –
Ensemble Quam Dilecta-tours – Compagnie Toujours
après minuit-Paris. La compagnie est subventionnée par
la direction régionale des Affaires culturelles d’Ile-deFrance-ministère de la Culture et la Communication au
titre de l’aide à compagnie chorégraphique.
KOEN AUGUSTIJNEN IMPORT/EXPORT
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Hebbel Theater,
Berlin – Brighton festival – Tramway, Glasgow – Cinquième
Salle, Montréal – Théâtre Les Tanneurs, Bruxelles.
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OLGA PONA
DOES THE ENGLISH QUEEN…? • THE OTHER SIDE OF THE RIVER
Production Théâtre de la Ville, Paris. Coproduction Tanzhaus
NRW, Düsseldorf – Kampnagel, Hamburg.
PIERRE RIGAL/AURÉLIEN BORY ÉRECTION
Coproduction compagnie dernière minute/TNT – Théâtre
national de Toulouse Midi-Pyrénées.
Avec le soutien de la DRAC Midi-Pyrénées, du conseil
régional Midi-Pyrénées, du conseil général de la HauteGaronne, de la ville de Toulouse et du CDC Toulouse
Midi-Pyrénées.
JOËLLE BOUVIER FACE À FACE
Coproduction les Gémeaux, scène nationale, Sceaux –
Théâtre de la Ville, Paris – compagnie Joëlle Bouvier.
FUMIYO IKEDA/BENJAMIN VERDONCK/ALAIN PLATEL
NINE FINGER
Coproduction Rosas – KVS & La Monnaie – Théâtre de la
Ville, Paris
PEEPING TOM LE SOUS-SOL
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – KVS, Bruxelles –
Charleroi Danse – Trafo House Of Contemporary Arts
Budapest.
BRICE LEROUX QUANTUM-QUINTET
Production Continuum. Coproduction Maison de la
Culture de Bourges/Centre de créations et de productions en région Centre – Théâtre de la Ville, Paris –
KunstenFESTIVALdesarts, Bruxelles – deSingel International
Kunstcentrum, Anvers. Avec le soutien du gouvernement
flamand.
MARIA-KIRAN
Coproduction C.I.I.C. Avec la collaboration du Centre
Mandapa.
BALLAKÉ SISSOKO / ENSEMBLE DIDDAL JAALAL
Coproduction Fondation Royaumont / musiques orales
et improvisées. Avec la collaboration des centres culturels français de Nouakchott et de Bamako.
YANN-FAÑCH KEMENER DIALOGUES
Coproduction Association Gwiad, scène nationale de
Quimper.L’association Gwiad a reçu le soutien et l’aide
du conseil régional de Bretagne et du conseil général du
Finistère.
HORS LES MURS 3 THEATRES
AU CNSAD DE PARIS
2 BIS, RUE DU CONSERVATOIRE PARIS 9
QUARTETT
Production Véronique Appel Dakuyo et l’équipe du
Conservatoire national supérieur d’art dramatique.
Coproduction Compagnie Rumpelpumpel – Théâtre VidyLausanne E.T.E – Espace Malraux-Chambéry – Maison des
Arts, Thonon-les-Bains – La Nuit surprise par le Jour. En coréalisation avec La Comédie-Française. Avec l’aide du
ministère de la Culture et de la Communication.
AU THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE
17 BD JOURDAN PARIS 14
ATTEINTES À SA VIE
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre de VidyLausanne ETE – MC2, Maison de la Culture de Grenoble –
Maison de la Culture Loire-Atlantique, Nantes – Le Festival
d'Automne à Paris – Théâtre universitaire de Nantes –
l'Eldorado.Avec la participation du Jeune Théâtre National.
PIERRE RIGAL ARRÊTS DE JEU
Production compagnie dernière minute. Coproduction
Théâtre national de Toulouse – Théâtre de la Ville, Paris –
Arcadi (Action régionale pour la création artistique et la
diffusion en Ile-de-France). Avec le soutien de la DRACMidi-Pyrénées.
DANIEL DOBBELS L’INSENSIBLE DÉCHIRURE
Production De l’Entre-Deux. Coproduction Théâtre de la
Ville, Paris – Espal, Le Mans – Le Cratère, scène nationale
d’Alès – Arcadi (Action régionale pour la création artistique et la diffusion en Ile-de-France) – Le Vivat,
Armentières. La compagnie De l’Entre-Deux est subventionnée par la direction régionale des Affaires culturelles
des Pays de la Loire – ministère de la Culture et de la
Communication au titre de l'aide aux compagnies chorégraphiques conventionnées.
AU CENTRE NATIONAL DE LA DANSE
1, RUE VICTOR-HUGO PANTIN 93
LYNDA GAUDREAU 0101
Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Centre national
de la danse, Pantin – Festival Danse Canada, Ottawa –
Compagnie De Brune. La Compagnie De Brune est soutenue par le conseil des Arts et des Lettres du Québec, le
conseil des Arts du Canada, le conseil des Arts de
Montréal.
photos couvertures : S. Gunther, Callede Pierre-Olivier, Ch.
Perrin, E. Vannasche, A. Bory, W. Chang, G. Abbeg, P.
Satyajit, R. Haughton, B. Eymann, Kamrouz, A. Poupeney, W.
Nolting, A. Barsetti, J.-P. Maurin, P. Rigal, D. Tsiapkinis,
Childers, J. jansch, X DR.
théâtre danse
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Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet Paris 4
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