Untitled - Société Française de Psychologie

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Avec la participation et le soutien de : Présidence du Congrès
Bruno Quintard (Université Bordeaux 2)
Présidence du comité d’organisation :
Valérie Fointiat, présidente du comité d’organisation, Université Paul
Verlaine-Metz
Présidence du comité de programme :
Valérie Le Floch, présidente du comité scientifique, Université Toulouse
2, Département Recherche de la SFP
Co-Présidents
Gilles Lecocq (Président DAIP), Aline Chevalier (Département Recherche) &
Sylvie Amici (Présidente DOA)
COMITE DE PROGRAMME Psychologie du développement : F. LEMETAYER (Metz), E. DEMONT (Strasbourg), S. DROIT‐VOLET (Clermont‐Ferrand) Psychologie cognitive : J. BARCENILLA (Metz), S. CASALIS (Lille 3), A. DIDIERJEAN (Besançon), V. GYSELINK (Paris Descartes) Psychologie clinique et psychopathologique : M. COSTANTINI (Metz), B. HOUBRE (Metz), P. ANTOINE (Lille 3), M.C. CASTILLO (Paris 8), I. SAILLOT (Institut Pierre Janet, Paris), R. TROUILLET (Montpellier), Psychologie différentielle : L. MULLER (Metz), P.Y. GILLES (Aix‐En‐Provence), P. ROZENCWAJG (Paris X), P. VRIGNAULT (Paris X) Criminologie et psychologie judiciaire : C. BLATIER (Grenoble), N. LIONET‐PRZYGODZI (Lille 3), J. PY (Toulouse 2)
Psychologie des conduites addictives : S. MONTEL (Metz), G. BOUJU (Institut Fédératif des addictions comportementales, CHU Nantes), I. GIROUX (UQAM, Québec), J‐L NANDRINO (Lille 3), I. VARESCON (Paris 5) Psychologie de la formation et de l’insertion : J.B. LANFRANCHI (Metz), F. BONNEL (Psdt APAP, Toulouse), G. GUINGUOUAIN (Rennes 2), P. Pansu (Grenoble) Psychologie de l’environnement : V. FOINTIAT (Metz), M. L. FELONNEAU (Bordeaux 2), G. FLEURY (Nantes), F. GIRANDOLA (Dijon), WEISS (Nimes) Thérapies et psychotraumatologie : C. TARQUINIO (Metz), A. BLANCHET (Paris 8), C. DANTZER (Chambéry), P. GRAZIANI (Aix‐En‐Provence) Psychologie interculturelle et relations intergroupes : P. TISSERANT (Metz), D. BOURGUIGNON (Metz), C. MAISONNEUVE (Rennes 1) Psychologie ergonomique et les interactions (Homme‐machine) : C. BASTIEN (Metz), A. Chevalier (Paris X), S. LEDUC (Aix‐en‐Provence), A. TRICOT (Toulouse 2) Neuropsychologie : R. SOULIMANI (Metz), A‐M. BERARDI (Metz) Psychologie de la santé & de la prévention : E. SPITZ (Metz), L. MULLER (Metz), T. APOSTOLIDIS (Aix‐En‐
Provence), O. Desrichard (Université de Savoie, Chambéry), K. GANA (Bordeaux 2), D. TRUCHOT (Besançon) Psychologie du travail et des organisations : E. BRANGIER (Metz), P. DESRUMEAUX (Lille 3), M. ROQUES (Poitiers), D. STEINER (Nice), A .M. VONTHRON (Paris X) Psychologie économique & prise de décision : C. ROLAND Levy (Reims), V. Le FLOCH (Toulouse 2), F. MARTINEZ (Lyon 2) Psychologie du sport : B. BOLMONT (Metz), G. LECOCQ (Psdt‐DAIP, SFP), M. ALLES‐JARDEL (DAIP), P. FONTAYNE (Paris X), G. DECAMPS (Bordeaux 2), P. SARRAZIN (Grenoble 2) Psychologie du vieillissement : L. PETER (Metz), F. LEMETAYER (Metz), D. BROUILLET (Montpellier 2), V. PENNEQUIN (Tours) Psychologie sociale : P. MOULIN (Metz), C. GUIMELLI (Aix‐en‐Provence), I. MILHABET (Nice), P. MOLINER (Montpellier 2), A. SOMAT (Rennes 2) Psychologie de l’apprentissage, de l’orientation et de l’éducation : J. DINET (Metz), S. AMICI (DOA, SFP), F. AMADIEU (Toulouse 2), K. BOUDJEMAA (DAIP, SFP), S. CROITY (Albi), C. REMERMIER (DOA, SFP) Psychologie de la communication : V. FOINTIAT (Metz), R.V. Joule (Aix‐en‐Provence), P. GEORGET (Caen), P. MARCHAND (Toulouse 3), M. MUSIOL (Nancy) Psychologie des émotions : J. BARCENILLA (Metz), P. CHEKROUN (Paris X), O. LUMINET (Louvain La Neuve, Belgique) Psychologie du handicap : F. LEMETAYER (Metz), Y. COURBOIS (Lille 3), N. MARUT (secrétaire SFP, DOA) REMERCIEMENTS SINCERES pour leur précieuse collaboration Site de soumission des communications : OLIVIER DESRICHARD Webmaster : JEROME DINET Village des stands : BARBARA HOUBRE & FABIENNE LEMETAYER Repas et pauses : JAVIER BARCENILLA Informatique : LAURENT MULLER Logistique générale : CHRISTIAN BASTIEN Organisation Journée des Doctorants : GAUTHIER DRUSCH et ANNE LANCELOT ETUDIANTS du département de psychologie et DOCTORANTS des équipes de recherche : BERNHARD Christelle, BOUR Manon, BRENNSTUHL Marie‐Jo, BUCKI Barbara, DRUSCH Gauthier, GEHRING Charlène, GEORGE Astrid, GIRAUDON Julie, GODARD Rebecca, KRETSCH Marina, LANCELOT Anne, LUZ Rita, MABIRE Charlotte, PELT Audrey, ROBIN Guilaine, SAINT‐BAUZEL Roxane, SCHOENENBERGER Sandrine, VIGNOCAN Clarisse, WAGNER Anne‐Lorraine. MEMBRES du département de psychologie de l’université Paul Verlaine ‐ Metz et des deux équipes de recherches ETIC—InterPsy et EPSaM‐APEMAC : BARCENILLA Javier, BASTIEN Christian, BERARDI Anna Maria, BOURGUIGNON David, BRANGIER Eric, COSTANTINI Marilou, DINET Jérôme, FOINTIAT Valérie, HAZOTTE Edith, HOUBRE Barbara, IRACANE Martine, LANFRANCHI Jean‐Baptiste, LEMETAYER Fabienne, MARTHOURET Thibault, GEORGIN Marylène, MEVISSEN Danièle, MONTEL Sébastien, MOULIN Pierre, MULLER Laurent, PETER Lydia, SOULIMANI Rachid, SPITZ Elisabeth, STREMLER Laurence, TARQUINIO Cyril, TISSERANT Pascal. Nos remerciements vont aussi à Bénédicte Olborski ainsi qu’à l’ensemble du personnel de l’UFR Sciences Humaines et Arts. PROGRAMME RESUME DU MERCREDI 7 SEPTEMBRE _____________________________ 20 9H30‐ 10H15 ‐ Conférence inaugurale __________________________________________ 21 Vauclair Jacques (Université de Provence) ___________________________________________ 21 « Communication gestuelle et développement du langage du primate à l’enfant » __________________ 21 10H15‐12H00 ‐ SYMPOSIA ___________________________________________________ 21 I) La gestion des environnements dynamiques : aspects individuels et collectifs. ___________ 21 Symposium organisé par Gaudin, Charlotte (Université de Provence), Galy, Edith (Université de Provence)
____________________________________________________________________________________ 21 1) Caractéristiques et gestion des environnements dynamiques ____________________________ 23 Gaudin, Charlotte (Université de Provence), Galy, Edith (Université de Provence). _____________ 23 2) Prise de décision en régulation médicale au SAMU 13 __________________________________ 25 Such, Florian (Université de Provence). _______________________________________________ 25 3) Contrôle de satellite : relations entre activité de travail et perception de la charge de travail en horaires atypiques. __________________________________________________________________ 27 Ucelli, Marilyne, (Université de Provence), Mélan,Claudine, (Université Toulouse 2), Cariou,
Magali, (Université Toulouse 2) Cascino, Nadine, (Université de Toulouse 2), Galy, Edith
(Université de Provence) ___________________________________________________________ 27 4) Une Méthode pour évaluer la qualité de la collaboration en situations dynamiques __________ 30 Burkhardt, Jean‐marie (Université Paris Descartes), Gaudin, Charlotte,(Université de Provence). __ 30 5) Les indicateurs et les modalités du travail collectif dans les activités de gestion de crise. ______ 32 Gaudin Charlotte, Bonnardel*, Nathalie, Pellegrin** Liliane, Chaudet, Hervé (*Université de Provence, **Université de la Méditerranée). ____________________________________________ 32 II) Les connaissances naïves en développement: du monde physique au monde biologique __ 34 Symposium organisé par Thibaut, Jean‐Pierre (Université de Bourgogne). _________________________ 34 1) Les conceptions enfantines sur l'alimentation. Quelle compréhension des conséquences à court et à long terme des aliments ? ___________________________________________________________ 36 Thibaut, Jean‐Pierre & Guérin, Hélène (Université de Bourgogne) ___________________________ 36 2) Influence de l’expertise sur les conceptions biologiques des adultes : le cas de la vigne. _______ 39 Brulé, Laurianne __________________________________________________________________ 39 3) Qu'est‐ce qui fait qu'on ne vit plus ? Peut‐on revenir à la vie? " Conceptions biologiques de la mort chez l'enfant de 6 à 11 ans. _______________________________________________________ 42 Labrell, Florence (Université de Reims), Thibaut, Jean‐Pierre (Université de Bourgogne). _________ 42 4) Conceptions des notions de force et d’énergie pour les inanimés et les animés ______________ 45 Megalakaki, Olga (Université de Picardie), Thibaut, Jean‐Pierre (Université de Bourgogne). ______ 45 5) Comment les enfants comprennent‐ils l’hérédité biologique ? ___________________________ 47 Mazens*, Karine, Berger** Carole, Jolly, Caroline, Kaminski, Gwenaël (*Université Pierre Mendès France, ** Université de Savoie). _____________________________________________________ 47 III) Jugements socio‐professionnels au travail ________________________________________ 49 Symposium organisé par Desrumaux, Pascale (Université Lille 3), Brunel, Maïté (Université Clermont‐
Ferrand 2). ___________________________________________________________________________ 49 1) Juger la recrutabilité et la valeur des candidats: Effet des informations normatives, stéréotypiques et valides chez les recruteurs professionnels ______________________________________________ 50 Desrumaux Pascale, Léoni Véronique & Przygodzki‐Lionet Nathalie (Université Lille 3) _________ 50 2) La décision collective dans le recrutement dans une organisation à fort turn‐over ? __________ 52 Brunel, Maïté (Université Clermont‐Ferrand 2), Le Floch, Valérie (Université Toulouse 2), Lemoult, France (Université Rennes 2). ________________________________________________________ 52 Le Floch*, Valérie, Brunel**, Maïté, Py, Jacques (Université Toulouse 2), Frugnac*, Bérangère (*Université Toulouse 2, **Université Clermont‐Ferrand 2) ________________________________ 54 4) Normativité, utilité sociale et jugement sur la valeur professionnelle ______________________ 56 Pansu, Pascal (Université Grenoble 2) Dompnier, Benoît, (Université Lausanne), Somat, Alain (Université de Rennes 2) ____________________________________________________________ 56 10H30‐12H00 : SESSIONS ____________________________________________________ 58 3 I) Psychologie Sociale Appliquée : Attitudes et comportements _______________________ 58 1) « Qui sent bon aide bien ? » ou l’influence des odeurs sur les comportements d’aide subséquents
59 Saint‐Bauzel, Roxane (Université de Provence), Egal, Amandine & Louis, Célia (Université de Poitiers), Fointiat, Valérie (Université de Metz) ____________________________________________________ 59 2) Le pouvoir des odeurs : influence des représentations cognitives implicites sur les intentions de comportements _____________________________________________________________________ 62 Gaillet, Marie, Sulmont‐Rossé, Claire, Meyrueix, Marion, Issanchou, Sylvie, Chambaron, Stephanie (UMR CSGCSGA, INRA Dijon). ________________________________________________________ 62 3) L’exposition sélective à l’information de prévention. ___________________________________ 65 Bardin, Brigitte, Perrissol, Stéphane, & Py, Jacques, (Université Toulouse 2). __________________ 65 4) La fidélisation des donneurs de sang par courrier électronique : pied dans la porte et étiquetage du dernier don _____________________________________________________________________ 68 Georget, Patrice (Université de Caen), Callé, Nathalie (Etablissement français du sang, Normandie),
Plainfossé, Candice (Etablissement français du sang, Normandie), Sénémeaud, Cécile (Université de
Caen). __________________________________________________________________________ 68 5) L’impact de l’auto affirmation positive sur l’auto dépréciation. ___________________________ 71 Pena Pena*, Manuela, Urdapilleta**, Isabel & Verlhiac*, Jean‐François (*Université Paris OuestNanterre, **Université Paris 8) __________________________________________________ 71 II) Psychologie du Développement : Créativité et apprentissage _______________________ 72 1) L’évaluation de la créativité chez l’enfant ____________________________________________ 73 Besancon, Maud (Université Paris Descartes), Barbot, Baptiste (Université de Yale), Lubart, Todd (Université Paris Descartes). _________________________________________________________ 73 2) La créativité graphique est‐elle impliquée dans le développement du dessin expressif ? _______ 75 Boulhais, Myriam (Université Toulouse 2), Picard, Delphine (Université Toulouse 2, IUF). _________ 75 3) Rôle de la démonstration lors de l'apprentissage de l'utilisation d'un outil chez le jeune enfant _ 77 Rat‐fischer, Lauriane, O'regan, J. Kevin, Fagard, Jacqueline (Université René Descartes). _________ 77 4) Stabilité des représentations conceptuelles chez l'enfant : effet du domaine ontologique des catégories. _________________________________________________________________________ 79 Gaillard*, Audrey &Urdapilleta*, Isabel (*Université Paris 8), Qannari**, El mostafa & Courcoux**, Philippe (**Oniris, Nantes). _________________________________________________________ 79 5) Evocation de l’imagerie motrice via l’utilisation d’un exo‐soi virtuel chez les enfants _________ 82 Guilbert, Jessica (Université de Caen), Jouen, François (Ephe, chart), Molina, Michèle (Université de Caen). __________________________________________________________________________ 82 III) Psychologie Cognitive : Langage et lecture_____________________________________ 85 1) L’indice phonologique du suffixe supplante‐t‐il l’indice conceptuel de genre dans l’attribution d’un genre grammatical à un mot nouveau chez les syndromes de williams francophones ? ____________ 86 Ibernon, Laure (Université de Picardie), Boloh, Yves (Université Montpellier 3). ________________ 86 2) Influence du pronom sur la réactivation d’informations lors de la lecture d’un texte. _________ 89 Farhat, Sarah‐Lise, Tapiero, Isabelle (Université Lumière Lyon 2). ___________________________ 89 3) Evaluation de l'intensité émotionnelle par emosem ____________________________________ 92 Denhiere, Guy (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin ‐ umscnrs 2809), Leveau, Nicolas (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin ‐ umscnrs 2809), Jhean‐Larose, Sandra (Université d’Orléans ‐ Équipe CHArt ‐Cognition Humaine et Artificielle ‐ LUTIN ‐ UMS CNRS 2809) _ 92 4) Quels sont les processus communs aux deux modalités du langage : Une étude ERPs comparant la production orale et la production écrite de mots isolés? ____________________________________ 93 Perret, Cyril (UTRPP), Laganaro, Marina (Université de Genève). ____________________________ 93 13h30 ‐ 15h ‐ SYMPOSIA _____________________________________________________ 95 I) Écrire : composantes cognitivo‐émotionnelles. ___________________________________ 95 Symposium organisé par Piolat Annie (Université de Provence) _________________________________ 95 4 1) Le traitement orthographique est‐il affecté par le contenu émotionnel du texte à produire chez l’enfant d’âge scolaire ? ______________________________________________________________ 97 Fartoukh, Michael, Chanquoy, Lucile (Université de NiceSophia‐Antipolis). ____________________ 97 2) Production écrite et verbale du lexique émotionnel pour justifier un choix en situation de dilemme _________________________________________________________________________ 100 Latchimy, Ingrid (Université de Provence). _____________________________________________ 100 3) Écrire à propos de l’humour noir : nature du lexique émotionnel et affectif produit en situation d’appréciation ou de rejet ___________________________________________________________ 103 Aillaud, Marlène (Université de Provence). ____________________________________________ 103 4) Écriture expressive et mémoire de travail : Le rôle de l'inhibition des pensées intrusives _____ 106 Olive, Thierry (Université de Poitiers). ________________________________________________ 106 5) Impact de la valence positive ou négative d’un événement vécu sur les écrits d’étudiants de disciplines différentes _______________________________________________________________ 108 Piolat, Annie (Université de Provence). _______________________________________________ 108 II) Les jeux de hasard et d’argent : une prise de risque…. ? ___________________________ 110 Symposium organisé par Roland‐levy, Christine (Université de Reims), Martinez, Frédéric (Université Lyon 2) _________________________________________________________________________________ 110 1) Prise de décision en contexte d’incertitude : le poker _________________________________ 111 Roland‐Levy, Christine, Lemoine, Jérémy (Université de Reims). ____________________________ 111 2) L’influence des traits de personnalité et de l’annonce du gain d’autrui surles comportements de jeu, lors d’un jeu de roulette française. _________________________________________________ 113 Martinez, Fréderic (Université Lyon 2), Le Floch, Valérie (Université Toulouse 2), Juanchich, Marie (University Kingston), Lacan, Anne‐lise (Université Toulouse 2). ____________________________ 113 3) L'adolescent et son jeu vidéo: rencontres cliniques et questions de recherche _____________ 116 Gaetan, Sophie, Bonnet, Agnès, Pedinielli, Jean‐Louis (Université de Provence). _______________ 116 4) Spécificités des différents types de jeux de hasard et d’argent. Etude d’une cohorte nantaise de joueurs problématiques en soins. ______________________________________________________ 118 Bouju, Gaelle, Grall‐bronnec, M, Lagadec, M, Venisse, J.l., Hardouin, J.b. (CHU Nantes). ________ 118 5) Représentations sociales du risque dans le cadre d’un sport extrême : le B.M.X. ____________ 121 Roland‐Levy, Christine, Abdelhak, Jossua (Université de Reims) ____________________________ 121 13H30‐15H00‐ TABLE RONDE ________________________________________________ 123 Les référentiels de compétences à l’université. ______________________________________ 123 Organisée par Lecuyer, Roger & Somat, Alain (Université de Rennes 2) __________________________ 123 13h30 ‐ 15 h ‐ Sessions _____________________________________________________ 124 I) Psychologie et ergonomie ___________________________________________________ 124 1) Utilisation de la loi de fitts par les enfants et les adolescents dans un environnement informatique. _____________________________________________________________________ 125 Kudlinski, Cyril (Université de Caen), Jouen, François (Chart, EPHE), Molina, Michèle (Université de Caen). _________________________________________________________________________ 125 2) Du schéma d’action à la symbolisation : programmer des tâches robotiques pour favoriser l’apprentissage de l’arithmétique élémentaire ___________________________________________ 128 Gaudiello, Ilaria, Charles Tijus, Elisabetta Zibetti (Université Paris 8) _______________________ 128 3) Aptitudes cognitives mises en jeu lors du pilotage d’un système de drone. ________________ 131 Duvillard‐monternier, Solange (Aix‐Marseille Université & Crea – Salon de Provence), Donnot, Julien (Crea – Salon de Provence), Gilles, Pierre‐Yves (Aix‐Marseille Université.) ____________________ 131 Résumé ________________________________________________________________________ 131 4) Emotion et complexité des questions : quels impacts sur les performances en recherche d’informations sur internet ? _________________________________________________________ 133 Chevalier, Aline (CNRS & Université de Toulouse), Chekroun, Peggy (Université Paris Ouest), Francq, Carole (Université Paris Ouest). _____________________________________________________ 133 5) Utiliser le clavier et chercher un objet sur l’écran : étude du lien entre motricités manuelle et oculaire. __________________________________________________________________________ 136 Coutté, Alexandre (Lpcs), Olivier, Gérard (Lpcs), Baccino, Thierry (Lutin), Faure, Sylvane (Lpcs) ___ 136 5 II) Psychologie sociale ________________________________________________________ 139 1) Ne pas vouloir être parent. Essentialisation et infra‐humanisation. _______________________ 140 Dominique, Annabelle (Université de Bordeaux), Lecigne, André (Université de Bordeaux). ______ 140 2) Santé mentale et fluctuation des ressources des étudiants de première année _____________ 142 Dodeler*, Virginie, Lanfranchi**, Jean‐Baptiste, Houbre**, Barbara, Assilamehou*, Yvette, Brunot*, Sophie, Greffeuille*, Cathy, Lemoine, Fabien (*Université de Rennes 2, **Université Paul Verlaine de Metz). _________________________________________________________________________ 142 3) Impact du sentiment d'inclusion/exclusion des femmes dans un milieu masculin sur les performances: approche expérimentale ________________________________________________ 145 Cursan, Anthony, Pascual, Alexandre &Felonneau, Marie‐Line (UniversitéVictor Segalen Bordeaux II).
______________________________________________________________________________ 145 4) Étude de la contribution des traits de personnalité sur la planification de la retraite professionnelle. ____________________________________________________________________ 146 Demulier, Virginie (UniversitéParisSud XI), Stephan, Yannick (UniversitéJoseph‐Fourier Grenoble 1), Le Scanff, Christine (UniversitéParisSud XI). ______________________________________________ 146 5) Un exemple de psychologisation : l’attribution de l’échec à des traits de personnalité liés à l’effort. ___________________________________________________________________________ 149 Pujos, Stéphane (UniversitéBordeaux). _______________________________________________ 149 III) Psychologie du vieillissement ______________________________________________ 152 1) Déclinaison de la dissociation mémoires épisodique et sémantique au cœur de la temporalité : apports de l’analyse d’entretien dans la maladie d’Alzheimer _______________________________ 153 Rivasseau Jonveaux, Thérèse (Cmrr Lorraine CHUNancy), Batt, Martine (UniversitéNancy 2), Trognon, Alain (Université Nancy 2). _________________________________________________________ 153 2) Normalisation de variables psycholinguistiques chez les personnes âgées _________________ 156 Henrard, Sébastien (Université de Mons), Lefebvre, Laurent (Université de Mons). _____________ 156 3) Surestimation des capacités posturales et vieillissement _______________________________ 158 Noel, Myriam (CHR Roubaix), Cool*, Gaelle, Dumez*, Kevin &Luyat*, Marion (*Laboratoire de
neurosciences fonctionnelles et pathologies). ___________________________________________ 158 4) Approche chronopsychologique de la mémoire de travail dans le vieillissement normal et pathologique ______________________________________________________________________ 160 Clarisse, René, Le Floc'h, Nadine (Université de Tours), Brachet, Maxime (Groupe de recherches des centres hospitaliers de Sancerre et de Luynes). _________________________________________ 160 5) Effets du mode de répétitions et de la structure des liste drm sur les vraies et les fausses reconnaissances dans le vieillissement normal. ___________________________________________ 163 Dubuisson, Jean‐Baptiste, Fiori, Nicole, Nicolas, Serge (Université Paris Descartes). ____________ 163 IV) Psychologie cognitive : mémoire et apprentissage _____________________________ 166 1) Une mémoire dynamique : les jugements de mémoire sont influencés par les conséquences des actions réalisées durant le temps de l’expérience _________________________________________ 167 Brouillet, Denis, Brouillet, Thibaut, Heurley, Loïc, Milhau, Audrey, Rutschman, Carole &Briglia, Johan (EpsylonMontpellier3). ____________________________________________________________ 167 2) Évaluation empirique d'une activité de formation aux principes d'apprentissage par renforcement et par punition destinée à des professionnels, éducateurs et étudiants en psychologie ___________ 169 Gaucher, Mélissa (Université du Québec; Université de Strasbourg), Forget, Jacques (Université du Québec, Montréal). _______________________________________________________________ 169 3) Se représenter pour mieux apprendre : les représentations mentales comme outils didactiques favorisant la transmission du savoir. ___________________________________________________ 171 Saint‐Bauzel, Roxane (Université de Provence), Finkel, Alain (CNRS, Ecole Normale Supérieure de Cachan). _______________________________________________________________________ 171 4) Une approche sensori‐motrice de la mémoire prospective _____________________________ 174 Badets, Arnaud (CNRS) ____________________________________________________________ 174 5) Souplesse cognitive, de la pratique à la théorie. ______________________________________ 176 Wagener, Bastien, Boujon, Christophe, Fromage, Benoît (Université d’Angers). _______________ 176 6 15‐16h‐ Communications affichées ___________________________________________ 178 1) Influence des connaissances graphotactiques dans l’apprentissage de nouveaux mots en fin d’école élémentaire ________________________________________________________________ 180 Borchardt, Gaëlle &Pacton, Sébastien (UniversitéParisDescartes). __________________________ 180 2) Influence d’arrière‐plans en mouvement sur la performance de recherche visuelle __________ 182 Caroux, Loïc, Le bigot, Ludovic &Vibert, Nicolas (Université de Poitiers). _____________________ 182 3) Les activités culturelles favorisent‐elles la qualité de la vie des enfants hospitalisés ? ________ 184 Catunda, Carolina &Lemétayer, Fabienne (UniversitéPaulVerlaine ‐ Metz). ___________________ 184 4) Profil cognitif à la wiscIV et à la wppsiIII des enfants dysphasiques. Étude transversale et longitudinale. _____________________________________________________________________ 186 Crépin*, Anne, Casalis*, Séverine, Le Cunff**, Justine, Lemaître**, Marie‐Pierre (*Université Charles‐
de‐Gaulle Lille 3, **Crdta de Loos,). __________________________________________________ 186 5) Profil neuropsychologique au wisc‐IV chez 60 enfants dyslexiques _______________________ 189 De clercq‐ Quaegebeur*, Maryse, Casalis**, Séverine, Lemaitre*, Marie‐Pierre, Bourgois*, Béatrice, Vallée*, Louis (*CHRU, Lille, **Université Nord de France). _______________________________ 189 6) Prédire les comportements pro sociaux au travail, liens avec les variables organisationnelles et individuelles ______________________________________________________________________ 191 Desrumaux, Pascale, Boundenghan, méthode Claudien, Leoni, Véronique (Université Charles‐de‐
Gaulle Lille 3). ___________________________________________________________________ 191 7) Quelles conséquences du hiatus vie professionnelle et vie familiale sur le stress et la détresse psychologique ? ____________________________________________________________________ 193 Desrumaux, Pascale (Université Charles‐de‐Gaulle Lille 3), Maganga, Rose de Lima (Université d’Amiens), Lourel, Marcel (Université d’Artois). _________________________________________ 193 8) Satisfaction, niveau antérieur et pronostic de la réussite lors d’un TD à l’université. _________ 195 Gillet, Isabelle (Université de Bourgogne), Gilibert, Daniel (Université de Bourgogne), __________ 195 9) Prévenir ou diminuer l’apparition des reviviscences du trouble de stress post traumatique: un objectif neurocognitiviste. ___________________________________________________________ 198 Godard, Rebecca, Tarquinio, Cyril, Barcenilla, Javier (Université Paul Verlaine Metz) ___________ 198 10) Sur l´inquiétante des relations sur internet: une analyse à partir d´une analogie avec l’hétéronymie chez le poète portugais fernandopessoa ____________________________________ 200 Godinho NeryGomes Azevedo, Lívia (Université de Sergipe), Da Silva junior, Nelson (Université de São Paulo). _________________________________________________________________________ 200 11) L’influence de l’âge sur l’effet de l’orthographie et l’effet de bizarrerie. _________________ 203 Gounden, Yannick, Nicolas, Serge (Université ParisDescartes). _____________________________ 203 12) La régulation des émotions négatives par le biais d’images humoristiques chez les adultes jeunes et âgés. ____________________________________________________________________ 206 Harm, Jonathan&Vieillard, Sandrine (Université de Franche‐Comté). ________________________ 206 13) Impact de la conception d’un jardin thérapeutique sur l’orientation spatiale dans la maladie d’Alzheimer : méthodologie d’évaluation originale. _______________________________________ 209 Jacob, Christel (CHU, Nancy), Trognon, Alain (UniversitéNancy 2), Rivasseaujonveaux, Thérèse (CmrrLorraine CHUNancy), Batt, Martine (UniversitéNancy 2), Fescharek, Reinhard (Fescharek sculpture and design, Marburg/Lahn, Allemagne), Pop, Alina (CHU, Nancy) __________________ 209 14) La qualité de vie des personnes souffrant d'obésité _________________________________ 211 Jeanmougin, France &Lemetayer, Fabienne (UniversitéPaulVerlaine ‐ Metz). _________________ 211 15) Motivation et efficience cognitive Étude auprès d’une population âgée dépendante ______ 212 Jeannelle, Pierre&Clément, Evelyne (Université de Rouen).________________________________ 212 16) Effets de l’implémentation d’intention sur la généralisation et stabilisation du comportement
215 Legrand, Eve, Mignon, Astrid (UniversitéLilleNord de France Lille 3). ________________________ 215 17) Influence de la personnalité et de la réactivité émotionnelle différentielle sur la prise de décision __________________________________________________________________________ 218 Mardaga, Solange &Hansenne, Michel (Université de Liège). ______________________________ 218 18) « Se suicider avec les dents » __________________________________________________ 221 Rochaix, Delphine, Pedinielli, Jean‐Louis&Bonnet, Agnès (Université de Provence). ____________ 221 19) Amorçage subliminal des émotions, pied‐dans‐la‐porte, et comportement d’entraide. _____ 223 Skandrani‐Marzouki, Inès (Université de Provence). _____________________________________ 223 7 20) Temps, traitement & cancer : chimiothérapie et remaniement psychique chez le sujet atteint de cancer _________________________________________________________________________ 224 Sonnery, Laure &Siksou, Maryse (UniversitéLyon2 Institut de Psychologie). ________________ 224 21) Reconnaissance au travail et collectifs en crise : le cas d’une entreprise du secteur public __ 225 Tatu petric, Ofelia (Université de Rouen). _____________________________________________ 225 22) Pragmatique et autisme, vers une modélisation de l'intercompréhension dans l'entretien clinique. __________________________________________________________________________ 228 Yzoard, Manon, Trognon, Alain&Batt, Martine (Université de Nancy 2). _____________________ 228 16H15‐17H45‐ Symposia ___________________________________________________ 230 I) Addiction, trajectoire addictive et pathologie addictive : de la nécessité d’une approche transdisciplinaire et multithéorique _______________________________________________ 230 Symposium organisé par Battaglia, Nicole (Université de Reims&IUTLille3), Masson, Joanic (Université de PicardieJules Verne.). __________________________________________________________________ 230 1) Approche différentielle et intégrative de la conduite addictive : le regard de la psychologie de la santé ____________________________________________________________________________ 232 Battaglia, Nicole (Université de Reims&IUTLille3), Décamps, Greg (UniversitéBordeaux 2.),
Roland-lévy, Christine (Université de Reims). _________________________________________ 232 2) Les effets de l’alcoolisme sur le vieillissement des fonctions cognitives ___________________ 235 De Wever*, Elodie, Quaglino, Véronique, Czternasty, Gérard,Valot, Laurent **, Lecercle***, Christian, Vandromme*, Luc (*Université de PicardieJules Verne,**Université Amiens‐Reims, ***Centre Hospitalier Pinel) ________________________________________________________ 235 3) Psychotraumatologie des addictions _______________________________________________ 237 Masson, Joanic, Bernoussi, Amal (Université de PicardieJulesVerne). ______________________ 237 4) Analyse dynamique de la régulation comportementale et émotionnelle chez les mères dépendantes aux opiacés et leur nourrisson _____________________________________________ 239 Bochand*, Laure, Doba*, Karyn, Pezard**, Laurent), Nandrino*, Jean Louis (*UniversitéLille3 Charles de Gaulle, **Université Aix‐Marseille I). ______________________________________________ 239 5) Deuil compliqué et stratégie d’attachement chez seize patients addictés à l’alcool __________ 241 Valot, Laurent (Université Reims‐ Centre Sesame), Wawrzyniak, Michel (Université Reims Amiens).
______________________________________________________________________________ 241 II) Sexualités en institutions : des liaisons dangereuses _____________________________ 243 Symposium organisé par Moulin, Pierre (Inserm, u1018, cesp). _________________________________ 243 1) Faire évoluer les mentalités en prenant en compte la réalité du vécu de la vie affective et sexuelle de la personne handicapée mentale ___________________________________________________ 245 Boudaoud, Akim (CreahiChampagne Ardenne). ________________________________________ 245 2) Représentations de la sexualité chez les infirmières : Erotisation dans la relation de soins ____ 246 Giami, Alain, Moulin, Pierre& Moreau, Emilie (Inserm Kremlin Bicêtre) ___________________ 246 3) Quelle sexualité pour les malades Alzheimer en institution gériatrique ? __________________ 248 Mietkiewicz, Marie‐claude (UniversitéNancy 2). ________________________________________ 248 4) La liberté sexuelle des personnes handicapées _______________________________________ 249 Thierry, Jean‐Baptiste (Université de Nancy 2). _________________________________________ 249 5) Institution et sexualité : un couplage obligé _________________________________________ 250 Toniolo, Anne‐Marie (UniversitéNancy 2). _____________________________________________ 250 III) Variables individuelles et normes sociales : nouveaux paradigmes ________________ 251 Symposium organisé par Gilibert Daniel (Université de Bourgogne), Jouffre Stéphane (Université de Poitiers) & Py Jacques (Université de Toulouse) _____________________________________________ 251 La clairvoyance normative : l’acquisition des connaissances normatives à travers deux tâches socio‐
cognitives ________________________________________________________________________ 251 Jacques Py et Romain Bouvet, Université de Toulouse, Laboratoire CNRS CLLE‐LTC (UMR 5263) __ 251 Les effets de « l’évaluation Centrale de Soi » manifestée en situation de recrutement : une utilisation des paradigmes classiques d’études de la norme d’internalité _______________________________ 251 1) Au‐delà des « bigtwo » : Effet de l’internalité sur l’aisance et la compétence attribuées à une cible dans une tâche de jugement _________________________________________________________ 252 8 Alain Somat, Marina Heudes, Calypso Valdenaire, Benoît Testé (LAUREPS‐CRPCC‐EA 1285, Université de Rennes) ______________________________________________________________________ 252 2) Norme d'internalité et unités d’analyse : Un test du modèle de Dompnier et Pansu (2010) ___ 254 Stéphane Jouffre, (Université de Poitiers et CeRCA, UMR CNRS 6234), Benoît Dompnier (Université de Lausanne) ______________________________________________________________________ 254 3) La clairvoyance normative : l’acquisition des connaissances normatives à travers deux tâches socio‐cognitives ____________________________________________________________________ 257 Jacques Py et Romain Bouvet, Université de Toulouse, Laboratoire CNRS CLLE‐LTC (UMR 5263) __ 257 4) Les effets de « l’évaluation Centrale de Soi » manifestée en situation de recrutement : une utilisation des paradigmes classiques d’études de la norme d’internalité ______________________ 259 Isabelle Gillet, Daniel Gilibert, Ingrid Banovic, (Université de Bourgogne) ____________________ 259 16h15‐ 17h45‐ SESSIONS ___________________________________________________ 261 I) Psychologie cognitive et espace ______________________________________________ 261 1) Implication de la mémoire de travail dans l’apprentissage d’itinéraires ___________________ 262 Gras, Doriane & Gyselinck, Valérie (UniversitéParisDescarteslpncog). _______________________ 262 2) Influence des informations auditives dans une tâche de traversée de rue sur simulateur. _____ 265 Rodrigues, Jérôme, Pinto, Maria, Dommes, Aurélie, Cavallo, Viola, Vienne, Fabrice (IFSTTAR). ___ 265 3) Comment lutter contre la désorientation spatiale : une approche sensorielle non‐visuelle. ___ 268 Paillard, Aurore (Université de Manchester), Denise, Pierre (Université de Basse Normandie). ____ 268 4) Effets de la sémantique du but sur les heuristiques de résolution de problème dans des taches d’exploration spatiale _______________________________________________________________ 270 Zibetti, Elisabetta, Gaudiello, Ilaria,Tijus, Charles, Besson, Vincent (UniversitéParis 8, EPHE) _____ 270 II) Psychologie du langage : Langue, langage, multilinguisme _________________________ 273 1) Mécanismes cognitifs du changement de langue chez les multilingues ____________________ 274 Aparicio, X.& Lavaur, J.‐M. (Université Montpellier 3), Grainger, J. (UniversitéAix‐Marseille), Midgley, Katherine J. & Holcomb, Phillip J. (Tufts University). _____________________________________ 274 2) Evaluation de la sensibilité au temps dans un programme de renforcement différentiel des débits lents chez les enfants en fonction du langage et du développement cognitif ___________________ 276 Gaucher, Mélissa (Université du Québec & Université de Strasbourg), Tucci, Paméla (Université de Strasbourg), Forget, Jacques (Université du Québec), Clément, Céline (Université de Strasbourg). _ 276 3) Le rôle de la révision collaborative dans l'amélioration d'un produit écrit. Cas d'apprenants algériens de 1ère année secondaire ____________________________________________________ 278 4) La supériorité des bilingues aux épreuves de conscience morphologique est‐elle liée à leur meilleure efficience en lecture ? ______________________________________________________ 281 Reder, Fanny & Demont, Elisabeth (Université de Strasbourg). _____________________________ 281 5) L’apprentissage de la lecture en français langue seconde : le rôle des compétences morphologiques en langue première ___________________________________________________ 284 Besse, Anne‐sophie (Université de Strasbourg). _________________________________________ 284 III) Psychologie cognitive : Production, dénomination des mots _____________________ 286 1) Le traitement visuel simultané est‐il un facteur cognitif impliqué dans l’apprentissage de l’orthographe lexicale chez l’adulte ? ___________________________________________________ 287 Chaves, Nathalie (Université Toulouse‐2), Bosse, Marie‐Line (Université Pierre Mendès France), Largy, Pierre (Université Toulouse 2). ______________________________________________________ 287 2) Etude de l’effet du feedback visuel sur la production écrite de lettres chez les enfants de 5 ans 290 Labat*, Hélène, Ecalle*, Jean, Jolly**, Caroline, Gentaz**, Edouard, Magnan*, Annie (*UniversitéLyon 2, **Université Pierre Mendès France). _________________________________ 290 3) Identification de mots et vision parafovéale chez le lecteur apprenti _____________________ 292 Khelifi, Rachid, Sparrow, Laurent & Casalis, Severine (Ureca‐Lille 3). ________________________ 292 4) Etude de l’effet d’une double tâche sur la production orthographique de sms ______________ 295 Combes, Céline, Volckaert‐legrier, Olga & Largy, Pierre (Université Toulouse 2). _______________ 295 9 5) Pourquoi les latences de dénomination écrite d'images (ne) sont‐elles (pas) plus longues que celles de dénomination orale? ________________________________________________________ 298 Perret, Cyril (UTRPP), Laganaro, Marina (FapseUniversité de Genève) _______________________ 298 PROGRAMME RESUME DU JEUDI 8 SEPTEMBRE _________________________________ 300 8h30 à 10h‐ SYMPOSIA _____________________________________________________ 301 I) Triangulation des méthodes& analyses automatisées des discours sanitaires _________ 301 Symposium organisé par Moulin, Pierre (Inserm & Université Paul Verlaine‐Metz). ________________ 301 1) La chirurgie pédiatrique … du point de vue des parents. _______________________________ 303 Amouroux, Rémy (Université de Bretagne Occidentale.), Rousseau‐Salvador, Céline (Hôpital Armand Trousseau, Paris&UniversitéLille 3). __________________________________________________ 303 2) Savoir pratique de médecins généralistes (de Bretagne occidentale) en matière de gestions des dépendances aux produits psychotropes ________________________________________________ 304 Haxaire, Claudie (Université de Brest), Bodénez, Pierre (Service addictologie, CHU Brest), Richard, Elisabeth (Université de Rennes 2). __________________________________________________ 304 3) Approches lexicométriques comparées en sociologie. _________________________________ 305 François Leimdorfer, (Universitéde Marne la Vallée). ____________________________________ 305 4) Triangulation des méthodes : utilisation collaborative de deux logiciels d'analyse textuelle (Alceste – Prospéro). _______________________________________________________________________ 306 Madiot, Béatrice (Université de Picardie), Dargentas, Magdalena (Université de Bretagne Occidentale). ____________________________________________________________________ 306 5) Triangulations et analyses croisées des discours des professionnels de santé sur la sexualité. _ 307 Moulin, Pierre (Inserm &UniversitéPaulVerlaine ‐ Metz), Moreau, Emilie (Inserm, le Kremlin Bicêtre), Giami, Alain (Inserm, , le Kremlin‐Bicêtre)._____________________________________________ 307 II) La mesure de la qualité de vie à travers les âges : apport de l’ISQV __________________ 308 Symposium organisé par Lemétayer, Fabienne (Université Paul Verlaine ‐ Metz). __________________ 308 1) Étude de la qualité de vie entre enfants atteints de cancer et enfants tout‐venant __________ 309 Fonseca*, Marta, Missotten**, Pierre, Etienne**, Anne‐Marie, Dupuis***, Gilles, Lemétayer*, Fabienne, Lematayer, Spitz*, Elisabeth (*UniversitéPaulVerlaine–Metz, **Université de Liège, ***Université de Québec). _________________________________________________________ 309 2) Estime de soi, comportement à risque et qualité de vie chez des adolescents de 13 à 18 ans __ 310 Etienne*, Anne‐Marie, Riga*, Sébastien, Missotten*, Pierre, Dupuis**, Gilles (*Université de Liège, **Université de Québec à montréal). _________________________________________________ 310 3) L’Inventaire Systémique de Qualité de Vie pour personnes âgées : analyses préliminaires ____ 312 Missotten*, Pierre, Stéphane*, Adam, Etienne*, Anne‐Marie, Dupuis**, Gilles (*Université de Liège, **Université de Québec). __________________________________________________________ 312 4) Qualité de vie au travail, détresse psychologique et épuisement professionnel. ____________ 315 Dupuis, Gilles & Lachance, Jacinthe (Université de Québec). _______________________________ 315 5) Etude de la prédiction à 1 an du mal‐être de l'enfant par les domaines de vie de l’ISQV‐E© ___ 317 Lemétayer, Fabienne, Lanfranchi, Jean‐Baptiste & Horn, Thomas (Université de Metz). _________ 317 8h30 à 10h‐ SESSIONS ‐ _____________________________________________________ 318 I) Stress professionnel et burn‐out. _____________________________________________ 319 1) L'orientation politique et l'expression du burnout. Une étude exploratoire. ________________ 320 Dagot, Lionel (UniversitéParis 8). ____________________________________________________ 320 2) Stress et satisfaction au travail en milieu professionnel hospitalier : le cas des techniciens supérieur en anesthésie‐réanimation __________________________________________________ 323 Boukandou, Paule &Durand‐delvigne, Annick (Laboratoire psitec), _________________________ 323 3) Santé psychologique au travail et besoins fondamentaux : quels prédicteurs organisationnels, psychosociaux et individuels du bien‐être et de la détresse chez 298 enseignants ? ______________ 325 Desrumaux*, Pascale, Ntsame‐Sima*, Murielle, Boudrias**, Jean‐sébastien(*Université de Lille 3, **Université de Montréal). _________________________________________________________ 325 4) Changement organisationnel et stress : l’exemple de la fusion des 3 Universités Strasbourgeoises
328 10 Spitzenstetter, Florence, Raffin, Didier (Université de Strasbourg), Chauvin, Bruno, Rohmer, Odile, Schimchowitsch, Sarah, Louvet, Eva (Université de Strasbourg). ___________________________ 328 5) Impact du soutien familial dans la gestion du stress professionnel en contexte africain ______ 330 Nsanguene, Murielle Clémence, Durand‐Delvigne, Annick (Université Lille 3). _________________ 330 II) Psychologie Sociale : comportements et citoyenneté _____________________________ 333 1) Les effets de licences et de purifications morales dans les jeux de biens publics. ____________ 334 Laurent Waroquier (Université Toulouse 2) ____________________________________________ 334 2) Valeurs et comportements éthiques _______________________________________________ 336 Bakita‐Ella, Marina Michelle (Université Paris Ouest Nanterre la Défense). ___________________ 336 3) L’engagement citoyen : entre désirabilité et utilité sociale _____________________________ 339 Touati, Christelle (Université de Caen). _______________________________________________ 339 4) Croyance en un monde juste et écologie : entre prise de conscience et optimisme. _________ 341 Jugel, Milena &Lecigne, André (Université Bordeaux 2 Victor Segalen). ______________________ 341 5) Protection normative et normativité des comportements : le cas du jugement des personnes en situation de handicap _______________________________________________________________ 343 Degraeve, Béatrice, Piermattéo, Anthony, Guimelli, Christian (Université de Provence) _________ 343 III) Méthodes et outils d’évaluation et/ou d’aide _________________________________ 345 1) Interaction et démarche clinique. robotique et technologies d'interface. vers de nouveaux paradigmes dans la cognition? ________________________________________________________ 346 Schweitzer MG, Puig‐Verges, Nielle (Grecc ‐ la Salpetrière,). ______________________________ 346 2) Central test personalityinventory : un outil pour l'évaluation des managers ________________ 347 Pandey, Vijay, Jilinskaya, Mariya, Jouffray, Céline (Central test). ___________________________ 347 3) Mise en évidence de différents profils de focus régulateur _____________________________ 349 Angel, Vincent &Steiner, Dirk (Lpcs – Université Nice – Sophia Antipolis). ____________________ 349 4) Charge émotive et interculturalité dans des interactions en ligne – approche socioculturelle __ 352 Meziani, Amina (Université de Batna ‐ Algérie), Boubakour, Samira (Université de Batna /UniversitéLyon 2). _______________________________________________________________ 352 IV) Les maux des transports en commun ? ______________________________________ 353 1) Les comportements de conduite inappropriés chez les jeunes conducteurs ________________ 354 Freydier, Chloé (Ifsttar - cnrs), Bastien - Toniazzo, Mireille (CNRS), Berthelon, Catherine (Ifsttar).
______________________________________________________________________________ 354 2) Conduite automobile agressive et transgressive : conceptualisation, motivation et typologie __ 356 Berdoulat, Emilie (Octogone‐cerpp), Muñoz‐Sastre, Maria Térésa (Octogone‐cerpp), Vavassori, David (Lcpi). __________________________________________________________________________ 356 3) Etude du système olfactif en fonction de la susceptibilité au mal des transports ____________ 359 Paillard, Aurore (Universite de Manchester), Jacquot, Laurence (Universite de Besançon), Millot, Jean‐Louis (Universite de Besançon). _________________________________________________ 359 V) Interculturalité et rapport à l’autre ___________________________________________ 361 1) Pour une clinique exploratrice de l'expatriation ______________________________________ 362 Hoang, Victor (Toulouse Marseille). __________________________________________________ 362 2) Identités, adaptation et vieillissement : l'importance des interactions entre la théorisation des pratiques et la pratique des théories ___________________________________________________ 364 Tap, Pierre (Université de Toulouse le Mirail). __________________________________________ 364 3) Analyse structurale et valeurs associées à la langue française Étude comparative algérie – liban
365 Boubakour, Samira (Université de Batna ‐Aalgérie / UniversitéLyon 2), Meziani, Amina (Université de Batna ‐ Algérie). _________________________________________________________________ 365 4) Ce que les yeux ne voient pas, le coeur sent oui!: la compréhension de l'authenticité des affects dans rapports établis par l’internet à travers de la conception du corps chez Espinosa. ___________ 366 Godinho NeryGomes Azevedo, Lívia, De Almeida Ferreri, Marcelo (Université de Sergipe). _______ 366 5) Articulation théorico‐pratique:une nécessité ontologique et clinique. ____________________ 368 11 Faucher, Eric (Université Lyon2). ____________________________________________________ 368 10h‐10h45 : Conférences ___________________________________________________ 370 Nicole DUBOIS (Université Nancy 2): La psychologie intuitive et la connaissance des objets sociaux ______________________________________________________________________ 370 Arlette STRERI : Pourquoi deux modalités valent mieux qu’une : les capacités d’abstraction des nouveaux‐nés _________________________________________________________________ 370 11h à 12h‐ Communications affichées _________________________________________ 370 1) Validation d’un outil d’évaluation des compétences assistée par ordinateur : le cas de l’auto‐
évaluation en gestion des carrières ____________________________________________________ 372 Baudet, Alexandre (Centre Henri Tudor), Martin, Romain (Université de Luxembourg). _________ 372 2) Etude et liens des facteurs psychosociaux, du burnout, de la vigueur et des troubles musculosquelettiques dans le milieu hospitalier. _________________________________________ 375 Bernez, Louise, Batt Martine (Université Nancy 2). ______________________________________ 375 3) Motivation et bien‐être des personnes atteintes de la maladie d’alzheimer : étude des activités proposées en institution. ____________________________________________________________ 378 Bodelle, Sandrine, Guerrien, Alain (Université Lille Nord de France) _________________________ 378 4) Idées suicidaires et suicide chez les sujets âgés : des différences en fonction de l'âge dans la prise de décision ? ______________________________________________________________________ 381 Bon, Mélanie, Charbonnier, Elodie, Graziani, Pierluigi (LPS, Aix‐Marseille). ___________________ 381 5) Contribution de la personnalité dans le développementdel’agressivité chez les personnes présentant unedéficienceintellectuelle. _________________________________________________ 382 Chaib, Laurent (Université de Sherbrooke, Canada), Crocker, Anne (Université McGill & centre de recherche de l’institut universitaire en santé mentale Douglas). ____________________________ 382 6) Agir pour voir : effet de l'apprentissage ? ___________________________________________ 384 Corveleyn, Xavier (Université Charles de Gaulle‐Lille3), Lopez‐moliner, Joan (Grupvisió i control de l’acció, and institute for brain cognition and behavior, universitat de Barc), Coello, Yann (Université Charles de Gaulle‐Lille3). __________________________________________________________ 384 7) Communication non verbale dans la maladie d'alzheimer : une étude pilote _______________ 386 Di pastena, Angela, Schiaratura, Loris, Askevis‐Leherpeux, Françoise (Université Lille Nord). _____ 386 8) La transformation de l’expérience au cours de la pratique de l’entraînement acrobatique. ____ 388 Dolleans, Raphaël & Hauw, Denis (Laboratoire Epsylon). _________________________________ 388 9) Expérience à long terme et vécu du dépistage génétique: Résultats préliminaires d'une approche qualitative. _______________________________________________________________________ 391 Fantini‐Hauwel, Carole (Laboratoire Psyclé), Lejeune, Sophie (Service de génétique clinique CHRU Lille), Piollet, Isabelle (Institut Sainte Catherine), Dreyfus, Héléne (Institut Sainte Catherine), Manouvrier, Sylvie (Service de génétique clinique CHRU Lille). _____________________________ 391 10) Le recours au toxique dans la clinique de l'exclusion. _______________________________ 393 Finizio, Laurence (Centre hospitalier d'Allauch). ________________________________________ 393 11) Le rôle de la fréquence et de la structure syllabique dans la production de mots isolés chez l’enfant avec ou sans pathologie ______________________________________________________ 394 Genoud, Laura, Gastebois, Claire, (Cabinet indépendant, Neuchâtel), Perret, Cyril (Université Paris 13). ___________________________________________________________________________ 394 12) Maltraitances sur les enfants : étude expérimentale sur la mise en place d’un programme de prévention scolaire en Iran. __________________________________________________________ 396 Gerami, Elham, Claire Leconte, (Université Lille 3) _______________________________________ 396 13) L’hypothèse de la réserve cognitive : effets du niveau culturel et du niveau exécutif sur le déclin des performances en intelligence fluide au cours du vieillissement normal. ____________________ 398 Gombart, Samantha, Bouazzaoui, Badiâa, Isingrini, Michel, Fay, Séverine (Université de Tours). __ 398 14) Alexithymie et reconnaissance d'émotions faciales dans la sclérose en plaques __________ 401 Henry, Audrey, Bakchine, Serge, Ehrlé, Nathalie, Tourbah, Ayman, Chaunu, Marie‐Pierre, Montreuil, Michèle ________________________________________________________________________ 401 15) Autisme de haut niveau et syndrome d’asperger : étude préliminaire de la comparaison des stratégies cognitives du traitement des émotions _________________________________________ 404 Hun, Stephanie, Iakimova, Galina, Serret, Sylvie, Askenazy, Florence (CHU‐lenval, Nice) ________ 404 12 16) Personnalité vs dépression : mise en compétition de 5 modèles structuraux _____________ 407 Ledrich, Julie (Université Nancy 2), Gana, Kamel (Université Bordeaux 2). ____________________ 407 17) Enfants vivant dans la pauvreté et la précarité: revue de la littérature et analyse des cas cliniques de deux frères. _____________________________________________________________ 409 18) Perspectives cliniques de l’utilisation des potentiels évoqués dans l’étude des émotions chez l'enfant avec un trouble neurodéveloppemental __________________________________________ 412 Mardaga, Solange, Iakimova, Galina (Université de Nice‐Sophia Antipolis). __________________ 412 19) L'influence de menace du stéréotype sur les performances scolaire en mathématique chez les collégiens _________________________________________________________________________ 413 Mostafa, Ramia (Université Aix en Provence) __________________________________________ 413 20) Étude d'un biais de rajeunissement chez la personne âgée ___________________________ 414 Noel, Myriam (CH de Roubaix), Devienne, Aurore (Université Lille), Dhersin, Melanie (Université Lille).
______________________________________________________________________________ 414 21) Représentations spatiales chez l’enfant __________________________________________ 416 Richez, Aurélien & Coello, Yann (Ureca). ______________________________________________ 416 22) L’acculturation comme processus évolutif des identités culturelles : l’exemple d’immigrants en France 419 Salanova, Thomas, Pascual, Alexandre, Felonneau, Marie‐Line (Université Bordeaux) __________ 419 23) Normalisation d'une batterie d'évaluation de la récupération lexicale sur entrée auditive __ 422 Thiry, Eva, Henrard, Sébastien, Lefebvre, Laurent (Université de Mons, Belgique). _____________ 422 24) Codage emotionnel de l’espace visuel dans le trouble anxieux : une approche comportementale et neurophysiologique _______________________________________________ 424 Tierny, Thaddée, D'hondt, Fabien, Thomas, Pierre, Honore, Jacques, Sequeira, Henrique (Université Lille Nord de France). _____________________________________________________________ 424 25) Analogies sémantiques chez le jeune enfant : rôle des fonctions exécutives et des connaissances _____________________________________________________________________ 427 Vezneva, Milena, Thibaut, Jean‐Pierre, French, Robert (Université de Bourgogne). _____________ 427 26) Influence de la regulationemotionnelle sur l’adoption de comportements imprudents: cas du rallye raid _________________________________________________________________________ 430 Zaghouani, Imen, Khadher, Souha (Université Paris XI). __________________________________ 430 13H30‐ 15H‐ SYMPOSIA ____________________________________________________ 433 I) Rôle de l’action dans la perception et les traitements sémantiques _________________ 433 Symposium organisé par Coello, Yann (Université de Lille‐Nord de France). _______________________ 433 1) Utilisation d’outils et cognition ___________________________________________________ 434 Osiurak, François (Université Lyon 2). ________________________________________________ 434 2) Amorçage phonatoire lors de la perception auditive de voyelles _________________________ 436 Olivier, Gérard (Université Nice Sophia‐Antipolis). _______________________________________ 436 3) Codage spatial des déterminants linguistiques et représentations motrices ________________ 438 Coello, Yann, Bonnotte, Isabelle, Casalis, Séverine (Ureca, Université Lille nord de France). ______ 438 4) Intégration des facteurs psycho‐sociaux dans la perception spatiale ______________________ 440 Palluel‐Germain, Richard, Morgado, Nicolas, Gentaz, Edouard, Muller, Dominique (Université de Grenoble). ______________________________________________________________________ 440 II) Qualité de vie et sentiment d’appartenance à un espace. approches psycho‐
environnementales ____________________________________________________________ 442 Symposium organisé par Felonneau, Marie‐line (Université Bordeaux). __________________________ 442 1) Goûts et odeurs de l’eau du robinet: quelle perception des usagers ? ____________________ 444 Antoni, Anne, Gaborit, Sophie, Jacob, Séverine, Le conte, Johanna, Rodet, Jean‐philippe (Veolia) _ 444 2) Examen de la structure factorielle d’une échelle de qualité de vie environnementale ________ 446 Fleury‐Bahi, Ghozlane, Marcouyeux, Aurore, Wittenberg, Inga, Preau, Marie (Université de Nantes).
______________________________________________________________________________ 446 3) Sentiment d'insécurité dans les trains: le collectif en jeu, un enjeu collectif ________________ 447 Guilloux, Marion, Fleury‐Bahi, Ghozlane (Université de Nantes). ___________________________ 447 4) Les Pratiques spatiales des étudiants dans la ville de Paris Une approche exploratoire _______ 450 Rioux, Liliane, Pignault, Anne, Pierrette, Marjorie (Université de Paris Ouest Nanterre‐la Défense). 450 13 5) Mesurer l’identification à l’Europe en psychosociologie de l’environnement : méthodes et problématiques. ___________________________________________________________________ 452 Parant, Aymeric, Felonneau, Marie‐Line (Université Bordeaux‐Ségalen). _____________________ 452 13H30 ‐ 15H‐ SESSIONS _____________________________________________________ 455 I) Psychopathologie et traumatisme ____________________________________________ 455 1) Le trouble dépressif majeur récurrent et les évènements de vie stressants vécus pendant l'enfance _________________________________________________________________________ 456 Hufenbecher, Françoise (Université Paris 8), Roustit, Christelle (Paris VI). ____________________ 456 2) Le « choc carcéral » : étude clinique du rôle des facteurs psychiques, sociaux et judicaires dans les troubles dépressifs consécutifs à l’incarcération. _________________________________________ 458 Ribadier, Aurélien, Roustit, Christelle (Université Paris 8)._________________________________ 458 3) Le témoignage d’une adulte victime d’agressions sexuelles dans l’enfance ________________ 461 Batt, Martine, Ceglarek, Amelie , Trognon, Alain, Coutelour, Marianne (Université Nancy2). _____ 461 4) Les enjeux du traumatisme dans la situation de maltraitance familiale : aux limites des pratiques institutionnelles ___________________________________________________________________ 463 Attard, Céline, Pedinielli, Jean‐louis (Université de Provence). _____________________________ 463 II) Représentations Sociales et pratiques _________________________________________ 466 1) Zone muette et expression du contenu représentationnel : enjeux autour du contexte de réponse et du niveau de protection normative du groupe. _________________________________________ 467 Hidalgo, Maud, Guimelli, Christian (Université de Provence). ______________________________ 467 2) Que mesurent les questionnaires de sentiment d'auto‐efficacité mnésiques ' Étude des représentations naïves de la mémoire. _________________________________________________ 469 Vallet, Fanny & Desrichard, Olivier (Université de Savoie). ________________________________ 469 3) "mais c'est quoi un psychologue?" Étude des représentations sociales du psychologue, auprès des psychologues, des professionnels de santé et du travail social et de la population tout venant. une étude exploratoire. _________________________________________________________________ 472 Marchetti, Elise (CH de Verdun), Schoenenberger, Sandrine (Université de Metz), Lafrogne, Claude (Etablissement public départemental d'accompagnement médico‐social de la Meuse). _________ 472 4) Influence de niveau d’expertise sur la représentation du vin au regard des pratiques, de l’implication et de l’expertise perçue. __________________________________________________ 475 Mouret, Marion (Université Paris 8 & 10), Lo Monaco, Grégory (Université Aix‐Marseille), Guimelli, Christian (Université de Provence), Dacremont, Catherine (Université de Bourgogne), Urdapilleta, Isabel (UniversitéParis 8 & Paris 10). _________________________________________________ 475 5) Les théories implicites du sens et de ses signifiants dans les pratiques des enseignants débutants
477 Bruno, Sandra (Laboratoire paragraphe) ______________________________________________ 477 6) Les temps de l’élaboration de l’activité. ____________________________________________ 480 Maryse Bournel Bosson (Université de Franche‐Comté. Laboratoire de psychologie (EA : 3188) et chercheur associé au CRTD, équipe clinique de l’activité, CNAM, Paris), Sylvie Gozzi. Conseillère d’Orientation‐Psychologue. Centre d’Information et d’Orientation de L’Hay‐Les‐Roses. Formatrice associée à la formation continue de l’académie de Créteil. ________________________________ 480 III) Santé et traumatisme : dépistage et annonce de diagnostic _____________________ 482 1) Séquelles d'AVC et informations fournies au patient __________________________________ 483 Dessimond, Emmanuelle & Siksou, Maryse (Institut de psychologie Lyon2). __________________ 483 2) La réalité virtuelle au service du dépistage des troubles de la cognition spatiale dans la maladie d’alzheimer. _______________________________________________________________________ 486 Déjos, Marie, Sauzéon, Hélène, Falière, Armande, N'kaoua, Bernard (Ea4136 « handicap & _____ 486 3) Cbsm (cognitive behavioral stress management) pour des patients atteints d’hepatite c _____ 487 Gauchet, Aurelie (Universite de Grenoble), Hilleret, Marie Noelle (CHU Grenoble). _____________ 487 14 4) Traumatismes crânio‐cérébraux "légers" : identification de marqueurs prédictifs précoces d'un syndrome post‐traumatique persistant. etudemulti‐axiale des corrélats psychologiques, neuropsychologiques et neuro‐anatomiques _____________________________________________ 490 Caplain, Sophie (Université Paris 8), Messé, Arnaud (Inserm Université Paris 6), Truelle, Jean‐luc (CHU Garche), Montreuil, Michèle (UniversitéParis8). ________________________________________ 490 IV) Psychologie Clinique : thérapies ____________________________________________ 493 1) Etat de stress post‐traumatique et hypnothérapie ____________________________________ 494 Fareng, Marion (Université Paris 8), Plagnol, Arnaud (Université Paris 8). _________________ 494 2) Entrer en thérapie, réflexion sur l’alliance et ses écueils. _______________________________ 497 Gaudriault, Pierre (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie de Paris), Joly, Vincent (Centre médico‐psycho‐pédagogique SNCF, Nevers). ______________________________ 497 3) Une nouvelle thérapie basée sur l'assertivité appliquée aux troubles obsessionnels compulsifs 498 Lefrançois, Camille, Galmiche, Zoé, Van Dijk, Aurélie, El massioui, Farid, Fradin, Jacques (Institut de médecine environnementale) _______________________________________________________ 498 4) Schémas et stratégies de coping dans les traumatismes psychiques ______________________ 500 Fareng, Marion, Blanchet, Alain, Plagnol, Arnaud (Université Paris 8). ______________________ 500 16H45 A 18H15 SYMPOSIA __________________________________________________ 502 I) Epistémologie, théories et méthodes qualitatives _______________________________ 502 Symposium organisé par Houbre, Barbara (Université de Metz) et Capdevielle‐Mougnibas, Valérie (Université Toulouse le Mirail). __________________________________________________________ 502 1) L’expérience subjective de la maladie cœliaque : analyses phénoménologique interprétative et clinique à l’épreuve d’études de cas. ___________________________________________________ 503 Houbre, Barbara &Costantini, Marie‐Louise (Université de Metz). __________________________ 503 2) Quelle méthode pour quelle recherche ? ___________________________________________ 504 Lancelot, Anne, Wagner, Laurence, Houllé, William & Costantini‐Tramoni, Marie‐Louise (Université de Metz). _______________________________________________________________________ 504 3) Approche quali‐hypothético‐déductive autour de la question des annonces au cours de maladie chronique ________________________________________________________________________ 505 Boschat, Marie, Jarnier, Christophe, Montel, Sébastien (Université de Metz). _________________ 505 4) Pertinence et validité de la recherche qualitative en psychologie critique de l’éducation. _____ 506 Capdevielle‐mougnibas, Valérie (Université Toulouse le mirail). ____________________________ 506 5) Bien‐être subjectif et contextes de vie chez les femmes cadres supérieurs : développement d’une méthode basée sur l’activité située ____________________________________________________ 507 Del Rio Carral, Maria & Santiago‐Delefosse, Marie (Université de Lausanne). _________________ 507 II) La question de l’éveil dans la dissonance cognitive : Une question toujours d'actualité _ 508 Symposium organisé par Sénémeaud, Cécile (Université de Caen), Fointiat, Valérie (Université de Metz).
___________________________________________________________________________________ 508 1) Dissonance cognitive et affect dans le paradigme de la soumission induite : mesures physiologiques de l’affect pendant et après la réalisation d’un essai contre‐attitudinel ___________ 510 Martinie, Marie‐Amélie ‐ Joule, Robert‐Vincent (Université de Provence), Milland, Laurent (Université de Poitiers), Capa, Remi (Department of cognitive sciences, University of Liège). ______________ 510 2) L’inconfort psychologique auto‐rapporté médiatise la trivialisation ______________________ 512 Lecrique, Jean‐Michel (Université Paris Ouest Nanterre la Défense). ________________________ 512 3) Accès aux arguments contre‐attitudinnels et changement d’attitude _____________________ 514 Martinie, Marie‐Amélie, Milland, Laurent & Olive, Thierry (Université de Poitiers). _____________ 514 4) « Miroir, mon beau miroir… » Hypocrisie, éveil de la dissonance et inconfort psychologique __ 516 Fointiat, Valérie, Pelt, Audrey, (Université Paul Verlaine Metz), Sénémeaud, Cécile Université de Caen). _________________________________________________________________________ 516 5) Nature des affects selon l’activation du soi et choix du mode de réduction dans le paradigme de soumission induite _________________________________________________________________ 519 Doridot, Jean & Gosling, Patrick (Université de Paris X) __________________________________ 519 16H45 A 18H15‐ TABLES RONDES ____________________________________________ 522 15 I) Psychologie française, entre histoires de métiers et histoire de courants théoriques: penser leur évolution pour comprendre les pratiques actuelles. ______________________________ 522 Table ronde organisée par Amici, Sylvie (SFP, DOA) et le Département des Organisations Associées de la SFP ________________________________________________________________________________ 522 PROGRAMME RESUME DU VENDREDI 9 SEPTEMBRE _____________________________ 523 9h30‐10h15 : Conférences __________________________________________________ 524 Olivier LUMINET : La vulnérabilité aux troubles mentaux et somatiques. Les apports de l’alexithymie à la compréhension des processus explicatifs et perspectives d’interventions. ________________________ 524 EnricPOL : Psychologie de l’environnement : de la théorie à l’application, de l’application à la profession
___________________________________________________________________________________ 524 10H30 A 12H‐ SYMPOSIA ___________________________________________________ 524 I) Les réductions de la dissonance ______________________________________________ 524 Symposium organisé par Gosling, Patrick (UniversitéParisOuest Nanterre), Girandola, Fabien (Université de Bourgogne). _________________________________________________________________________ 524 1) Représentations sociales et dissonance cognitive _____________________________________ 526 Sales‐Wuillemin, Edith (UniversitéParis 8), Girandola, Fabien (Université de Bourgogne), Gosling, Patrick (UniversitéParisOuest Nanterre). ______________________________________________ 526 2) Punir autrui pour retrouver le bien‐être: la sanction comme mode de réduction de la dissonance cognitive. _________________________________________________________________________ 528 Gosling, Patrick &N'gbala, Ahogni (UniversitéParisOuest Nanterre). ________________________ 528 3) Affirmation de la sociabilité en fonction de la publicité de l’acte en condition d’hypocrisie ____ 531 Voisin, Dimitri (Université Bordeaux 2). _______________________________________________ 531 4) Lever l’anonymat dans le paradigme de l’hypocrisie induite: conséquences sur l’usage de différents modes de réduction de la dissonance __________________________________________ 533 Brousse, E. (Université de Provence), Fointiat, Valérie (Université de Metz). __________________ 533 5) Le rôle du temps dans l'usage de modes de réduction de la dissonance défensifs versus non défensifs au cours d'entretiens d'orientation ____________________________________________ 535 Graulle, Sylvie (COP, Savigny‐sur‐Orge), Guillon, Vincent (Inetop‐CNAM), Gosling, Patrick (UniversitéParisOuest Nanterre), Olry, Isabelle (Inetop‐CNAM). ____________________________ 535 II) Périnatalité _______________________________________________________________ 537 Symposium organisé par George, Astrid &Spitz, Elisabeth (Université Paul Verlaine‐Metz). __________ 537 1) Etat de stress post‐traumatique et accouchement: retour sur six ans de travaux. ___________ 539 Callahan, S. (Université Toulouse2 Le Mirail). __________________________________________ 539 2) Sexualité et grossesse __________________________________________________________ 540 Ramseyer, François (Cabinet libéral). _________________________________________________ 540 3) L’attachement et la périnatalité __________________________________________________ 541 Luz, Rita & Spitz, Elisabeth (Université Metz). __________________________________________ 541 4) Les violences périnatales ________________________________________________________ 542 Galley‐roulin, Fabienne (Maternité Verdun). ___________________________________________ 542 5) IVG chez les jeunes femmes ______________________________________________________ 543 Martin, Cecile (Université Metz). ____________________________________________________ 543 6) Le statut de l'enfant in utero _____________________________________________________ 544 Hardy, Anne‐marie (Clinique Claude Bernard) __________________________________________ 544 7) Projet ACCOUNOVA ____________________________________________________________ 545 George, Astrid & Spitz, Elisabeth (Université Metz). _____________________________________ 545 10H30 A 12H‐ SESSIONS ____________________________________________________ 546 I) Psychologie sociale : stéréotypes _____________________________________________ 546 1) Les processus psychosociaux de la discrimination dans un contexte organisationnel : impact de la norme d’allégeance et l’orientation à la dominance sociale. ________________________________ 547 Fares, Rabie (LAPPS), Abarri, Lahcen (LAPPS), Tisserant, Pascal (Université Paul Verlaine‐Metz). __ 547 16 2) Influence des stéréotypes sexués sur le comportement, la performance d’élèves, en termes d’effet de menace, dans le domaine des mathématiques. __________________________________ 550 Devaux, Guillaume, Desombre, Caroline & Durand‐Delvigne, Annick (Université Lille 3). ________ 550 3) Les comparaisons sociales sont‐elles susceptibles de protéger l'estime de soi des chômeurs ? _ 553 Roques, Martine (Université de Poitiers), De Koning, Marieke (Université de Lille 3). ___________ 553 4) L’estime ressentie en accomplissant le rôle d’aidant naturel et ses déterminants psychosociaux
555 Bucki, Barbara (Universités du Luxembourg et de Metz), Spitz, Elisabeth (Université Paul Verlaine ‐
Metz). _________________________________________________________________________ 555 5) La discrimination en milieu professionnel: l'impact des valeurs, des croyances et des normes _ 557 Fares, Rabie (LAPPS) & Gangloff, Bernard (LAPPS). ______________________________________ 557 II) Psychologie clinique et psychopathologie ______________________________________ 560 1) Approche clinique de la boulimie : exaltation alimentaire et émotionnelle _________________ 561 Rochaix, Delphine, Gaetan, Sophie, Pedinielli, Jean‐louis, Bonnet, Agnès (Laboratoire de psychopathologie clinique et de psychanalyse). ________________________________________ 561 2) Dangerosité et passage à l’acte ___________________________________________________ 563 Gheorghiev, Charles (hôpital du Val de Grâce, ParisDescartes), Marty, François (Université Paris Descartes). _____________________________________________________________________ 563 3) Le processus d’annonce du diagnostic de cancer à l’enfant à travers la poly‐dialogicité : à propos d’un cas __________________________________________________________________________ 565 Batt, Martine (Université Nancy2), Coutelour, Marianne (Université Nancy2), Trognon, Alain (Université Nancy2). ______________________________________________________________ 565 4) Troubles des conduites alimentaires et gestion de l'éprouvé ____________________________ 568 Gaetan, Sophie, Rochaix, Delphine, Bonnet, Agnès (Université de Provence). _________________ 568 III) Les Psychotropes et leurs conséquences _____________________________________ 570 1) Suis‐je comme toi quand j’apprends que tu bois ? L’impact de la focalisation sur les ressemblances ou les différences avec une cible de comparaison en matière de risque ___________ 571 Meyer, Mélanie, Schimchowitsch, Sarah& Spitzenstetter, Florence (Université de Strasbourg). ___ 571 2) 73 adolescents habitant en zones urbaines sensibles à Marseille parlent du cannabis ________ 573 Charbonnier, Elodie & Graziani, Pierluigi (Laboratoire de psychologie sociale). ________________ 573 3) Exposition aux événements traumatique et trouble de stress post‐traumatique : Évaluation chez les individus souffrant de troubles lies aux substances _____________________________________ 576 Laguerre, Claire‐Emmanuelle (Université de Toulouse), Charles‐Nicolas, Aimé (CHU de Fort‐de‐
France), Lacoste, Jérome (CHU de Fort‐de‐France), Birmes, Philippe
(Uni
versité de Toulouse). 576 4) Les rémissions naturelles de la consommation de cannabis: motivations, stratégies et rechutes579 Chauchard, Emeline, Chabrol, Henri (Université de Toulouse 2). ____________________________ 579 5) Régulation des émotions chez des abuseurs de psychostimulants en milieu festif techno _____ 582 Lillaz, Caroline, Varescon, Isabelle (Université Paris Descartes). ____________________________ 582 IV) Neuropsychologie et Psychopathologie ______________________________________ 584 1) Les facteurs psychologiques intervenant dans l'adaptation aux myopathies de l'adulte _______ 585 Gallais, Benjamin, Montreuil, Michèle, Gargiulo, Marcela, Eymard, Bruno ___________________ 585 2) Evaluation croisée du fardeau au sein de la dyade patient atteint d’un cancer en soins palliatifs / principal aidant ____________________________________________________________________ 587 Fournier, Emmanuelle, Penel, Nicolas, Fournier, Charles, Antoine, Pascal, Christophe, Véronique (*Université de Lille 3, **Centre Oscar Lambret)). _______________________________________ 587 3) Le syndrome de damoclès dans la relation adolescent‐parent après un cancer _____________ 590 Buttin‐Longueville, Virginie, Sordes‐Ader, Florence, Sudres, Jean‐luc (Université de Toulouse2). __ 590 4) Ecarts théoriques et richesses cliniques dans le champ du deuil périnatal _________________ 591 Molinie, Magali & Hureaux, Sandrine (Université Paris 8). ________________________________ 591 17 13H30 A 15H‐ SYMPOSIA ___________________________________________________ 592 I) Catachrèse, autopoïèse et incertitude : trois moments où des théories et des pratiques psychologiques se rencontrent ___________________________________________________ 593 Symposium organisé par Lecocq, Gilles (Université de Reims Champagne Ardenne – Université de Picardie Jules Verne). _________________________________________________________________________ 593 1) Approche exploratoire en psychologie du travail et ergonomie, d’une notion en construction, sur le terrain d’une centrale nucléaire : la résilience organisationnelle. ___________________________ 595 Triplet, Sarah (Université de Picardie Jules Verne), Vallery, Gérard (Université de Picardie Jules Verne) Leduc, Sylvain (Université de la Méditerranée) _________________________________________ 595 2) Des psychologues sociaux et environnementalistes à la rescousse : quelques exemples d’interventions. ____________________________________________________________________ 599 Félonneau, Marie‐Line (Université Bordeaux 2) _________________________________________ 599 3) L'e‐Psychologie est‐elle l'avenir de la gestion des Risques Psycho Sociaux ? ________________ 601 Perrot, Emilie (Psychologue clinicienne) _______________________________________________ 601 4) De l’applicabilité à l’application en psychologie : l’ingénierie psychosociale et cognitive. _____ 604 Somat, Alain (Université de Rennes 2), Pansu, Pascal (Université Pierre Mendès France, Grenoble), Py, Jacques (Université Toulouse 2) _____________________________________________________ 604 5) Maintenant que je courre, je ne pleure plus, …. Je sue ! _______________________________ 605 Lecocq, Gilles (Université de Reims Champagne Ardenne – Université de Picardie Jules Verne) ___ 605 II) « handicaps d’origine psychique : quel rétablissement ? » _________________________ 607 Symposium organisé par Castillo, Marie‐Carmen (Université Paris 8). ___________________________ 607 1) Dimension éthique et facteurs subjectifs du processus de rétablissement _________________ 608 Pachoud, Bernard (CreaUniversité Paris Diderot). _______________________________________ 608 2) Rétablissement et schizophrénie : place des études qualitatives _________________________ 609 Koenig‐Flahaut, Marie, Castillo, Marie‐Carmen & Blanchet, Alain (UniversitéParis 8). __________ 609 3) La réponse d’autrui à l’expression de la perte : quel(s) impact(s) ? _______________________ 611 Gabay, Juliette & Plagnol, Arnaud (Université Paris 8). ___________________________________ 611 4) Fonctionnement en situation réelle et insertion professionnelle des sujets schizophrènes ____ 612 Plagnol, Arnaud & Gravereau, Lorraine (Université Paris 8). _______________________________ 612 5) Après un traumatisme crânien sévère, quel rétablissement à long terme ? ________________ 613 Montreuil, Michèle (UniversitéParis 8), Truelle, Jean‐Luc (CHU de Garches). __________________ 613 13H30 A 15H‐ SESSIONS ____________________________________________________ 614 I) Psychologie cognitive et résolution de problème ________________________________ 614 1) Le rôle de la sémantique dans la résolution des problèmes _____________________________ 615 Megalakaki, Olga (Université de Picardie), Tijus, Charles (Universite Paris 8), Baicle, Romain (Université de Picardie), Poitrenaud, Sebastien (Université Paris 8). _________________________ 615 2) Effet de la division de l’attention à l’encodage et à la récupération sur l’efficacité des stratégies d’organisation en mémoire. __________________________________________________________ 618 Taconnat, Laurence, Toczé, Capucine, Bouazzaoui, Badiâ & Fay, Séverine (Université de Tours). __ 618 3) Structure des émotions positives et négatives _______________________________________ 621 Leveau, Nicolas (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin - umscnrs 2809), Denhiere,
Guy (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin - umscnrs 2809), Jhean-Larose, Sandra
(Université d’Orléans - Équipe CHArt -Cognition Humaine et Artificielle - LUTIN - UMS CNRS
2809) __________________________________________________________________________ 621 4) Nouvelle approche des outils de recueil des traces de l’activité de production verbale écrite __ 625 Bessaa, Hamid (Univesité Paris 8). ___________________________________________________ 625 5) Représentation sémantique probabiliste et extraction de thèmes émotionnels _____________ 628 Leveau, Nicolas (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin - umscnrs 2809), Denhiere,
Guy (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin - umscnrs 2809), Jhean-Larose, Sandra
(Université d’Orléans - Équipe CHArt -Cognition Humaine et Artificielle - LUTIN - UMS CNRS
2809) __________________________________________________________________________ 628 II) Psychologie du sport _______________________________________________________ 631 18 1) Motivation, effort, plaisir et engagement en tennis : variations selon le sexe et le niveau _____ 632 Hurtel, Virginie (Université de Bourgogne). ____________________________________________ 632 2) Etudier les habiletés perceptives par l’occlusion visuelle : oui, mais comment ? ____________ 634 Mecheri, Sami, Gillet, Eric, Leroy, David, Thouvarecq, Regis (Laboratoire CETAPS) _____________ 634 3) Impact des stéréotypes raciaux sur la représentation des sportifs: une comparaison sportifs noirs versus sportifs blancs _______________________________________________________________ 637 Perrin, Caroline, Perchot, Rodolphe, Castel, Philippe, Lacassagne, Marie‐Françoise (Université de Bourgogne) _____________________________________________________________________ 637 4) Modélisations en psychologie cognitive et optimalisation de la performance : présentation de trois exemples d'opérationnalisation dans le sport de haut‐niveau ___________________________ 640 Marivain, Thierry & Le Jeune, Alexandre (Université Rennes 2). ____________________________ 640 5) Risque et accident en plongée sous‐marine : implication du mode de traitement de l’information émotionnelle. _____________________________________________________________________ 642 Bonnet, Agnès, Bréjard, Vincent, Quadéri, André & Pedinielli, Jean‐Louis (Université de Provence). 642 III) Emotions et affects ______________________________________________________ 645 1) Alexithymie, niveau de conscience émotionnelle et style d'attachement. __________________ 646 Fantini‐Hauwel, Carole (Laboratoire Psyclé), Graziani, Pierluigi (Laboratoire de Psychologie Sociale, Aix). ___________________________________________________________________________ 646 2) Orientation de l’attention contrôlée chez les enfants lors de l’identification auditive d’émotions
648 Donnot, Julien (Crea), Phelip, Marion (Université de Provence), Vauclair, Jacques (Université de Provence, Centre Psycle). __________________________________________________________ 648 3) La valence est‐elle traitée de façon inconsciente ? Une étude par combinaison du clignement attentionnel et de l’amorçage affectif. __________________________________________________ 650 Berthet, Vincent (Université de Nancy). _______________________________________________ 650 4) Influence de l'anxiété sur la mémoire de travail verbale et visuospatiale chez des sujets âgés de 55 à 85 ans. _________________________________________________________________________ 652 Grosdemange, Antoine (Université Nancy ), Ducrocq, Xavier (CHU de Nancy), Bolmont, Benoît (Université de Metz), Monfort, Vincent (Université de Metz) ______________________________ 652 5) Symptomatologie dépressive à l’adolescence : quelles contributions respectives de l’alexithymie et de la conscience émotionnelle ? ____________________________________________________ 655 Bréjard, Vincent, Bonnet, Agnès, Pasquier, Aurélie, Pedinielli, Jean-Louis (Université de Provence)
______________________________________________________________________________ 655 IV) Psychologie de l’adolescence ______________________________________________ 657 1) Lieu d’habitat et construction identitaire des adolescents : étude menée auprès de 73 adolescents vivant dans des quartiers défavorisés de Marseille ________________________________________ 658 Charbonnier, Elodie& Graziani, Pierluigi (Université de Provence). __________________________ 658 2) Au risque de l’effondrement. Aménagement psychique de quelques adolescents présentant des conduites délinquantes. _____________________________________________________________ 660 Smaniotto, Barbara (Université de Nancy 2), Bréjard, Vincent (Université de Provence). ________ 660 3) La pratique de l’art‐thérapie auprès d’enfants et adolescents dans un ime ________________ 662 Frionnet, Stéphanie & Demange, Marie‐charlotte (Epdams 55). ____________________________ 662 4) Surmonter le silence de l’adolescent présentant des conduites délinquantes. proposition d’un outil médiateur de sens : « la ligne de vie ». _____________________________________________ 664 Smaniotto, Barbara (Université de Nancy 2), Bréjard, Vincent (Université de Provence). ________ 664 Conférence de cloture ______________________________________________________ 666 Marie SANTIAGO : Pour une recherche fondamentale de terrain : des liens entre pratique et théorie_______________________________________________________________________ 666 INDEX DES AUTEURS _______________________________________________________ 667 19 PROGRAMME RESUME DU MERCREDI 7 SEPTEMBRE
8H00 - ACCUEIL des Participants
9H00 - Ouverture du congrès
9H30- 10H15
Conférence inaugurale : Vauclair Jacques (Université de Provence) « Communication
gestuelle et développement du langage du primate à l’enfant »
AMPHI DEMANGE
15 min Pause : Visite des stands des éditeurs et café
10H30-12H Symposia et sessions
Symposia : Psy. Ergo. (IP2), Psy.Dev (IP5), Psy. Soc. (IP6) Sessions : Psy. Soc. Appl. (Arendt), Psy. Dev. (Pilâtre), Psy. Cog. (Poncelet) 12H00
Visite des stands des éditeurs et Pause Méridienne
13H30-15H00 Symposia et sessions
Symposia : Psy. Cog (IP2), Psy Soc (IP5),
Table ronde : référentiel des compétences (IP6)
Sessions : Psy. Ergo. (Pascal), Psy. Soc. (Arendt), Psy. Vieil (Pilâtre), Psy.Cog (Poncelet)
15H00-16H00
1ère session de communications affichées
16H00
Visite des stands des éditeurs et Pause café
16H15-17H45 Symposia et sessions
Symposia : Addiction (IP2), Psy.Soc.Sexualité & institution (IP5), Psy. Soc. Normes (IP6)
Sessions : Psy. Cog. Espace (Arendt), Psy. Cog.lang. (Pilâtre), Psy. Cog. Mots (Poncelet)
18H30
COCKTAIL MAIRIE
20 9H30- 10H15 - CONFERENCE INAUGURALE
Vauclair Jacques (Université de Provence)
« Communication gestuelle et développement du langage du primate à l’enfant »
10H15-12H00 - SYMPOSIA
I) La gestion des environnements dynamiques : aspects individuels et collectifs.
Symposium organisé par Gaudin, Charlotte (Université de Provence), Galy, Edith
(Université de Provence)
Titre des communications et Intervenants
Caractéristiques et gestion des environnements dynamiques
Gaudin, Charlotte & Galy, Edith (Université de Provence).
Prise de décision en régulation médicale au SAMU 13
Such, Florian (Université de Provence).
Contrôle de satellite : relations entre activité de travail et perception de la charge de
travailen horaires atypiques
Ucelli* Marilyne, Mélan** Claudine, Cariou** Magali, Cascino** Nadine, Galy*, Edith (*Université
de Provence,**Université de Toulouse2).
Une Méthode pour évaluer la qualité de la collaboration en situations dynamiques
Burkhardt, Jean-marie (Université Paris Descartes), Gaudin, Charlotte (Université de Provence).
Les indicateurs et les modalités du travail collectif dans les activités de gestion de crise
Gaudin* Charlotte, Bonnardel*, Nathalie, Pellegrin** LilianeChaudet, Hervé (*Université de
Provence, **Université de la Méditerranée).
Introduction générale
La gestion des environnements dynamiques est une thématique majeure en psychologie
ergonomique. En effet, de nombreuses situations de travail sont des situations dynamiques
qui présentent des caractéristiques particulières et font appel à des traitements cognitifs
spécifiques pouvant être entravés par le contexte dans lequel ils sont mis en œuvre. C’est
pourquoi, il est essentiel d’étudier, non seulement ces processus cognitifs mais également les
facteurs organisationnels qui représentent la spécificité de la situation. Ainsi, dans ce
symposium, 5 communications seront présentées. La première fera un état des lieux des
caractéristiques individuelles et collectives des environnements dynamiques de travail, elle
sera présentée par Charlotte Gaudin et Edith Galy du Centre de Recherche PsyCLE de
l’Université de Provence. Deux autres communications suivront sur les aspects individuels.
Florian Such du Centre de Recherche PsyCLE présentera une étude conduite auprès des
médecins régulateurs du SAMU. Il s’intéresse aux facteurs intervenant dans le diagnostic
médical à distance et la prise de décision. Claudine Mélan du Laboratoire CLLE-LTC de
l’Université de Toulouse 2 parlera de la perception de la charge mentale de travail chez des
contrôleurs de satellites dans un contexte de travail en horaires atypiques. A la suite, deux
communications seront axées sur les aspects collaboratifs. Une première présentée par
Charlotte Gaudin nous décrira les processus de coopération et de collaboration mis en œuvre
dans la gestion de crise. Pour finir, Jean-Marie Burkhardt du LATI de l’Université de Paris
Descartes présentera une méthodologie d’analyse des collaborations en situation de travail.
Références
21 Amalberti, R. (1996). La conduite des systèmes à risques. Paris: P.U.F.
Amalberti, R., & Deblon, F. (1992). Cognitive modelling of fighter aircraft process control: A
step towards an intelligent on-board assistance system. The International Journal of
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22 1) Caractéristiques et gestion des environnements dynamiques
Gaudin, Charlotte (Université de Provence), Galy, Edith (Université de Provence).
Résumé
Cette communication vise à présenter les principales caractéristiques des environnements
dynamiques ainsi que leurs implications sur la gestion de ces environnements ou situations.
Ces environnements se regroupent autour d’une définition commune : la situation évolue en
absence d’actions des opérateurs qui la gèrent. D’autres facteurs tels que la temporalité, la
proximité et la stabilité des processus vont influencer la gestion de ces situations, notamment
en ce qui concerne la planification et l’anticipation. Le modèle de la Situation Awareness
permettra de décrire les principales étapes de la gestion d’une situation dynamique. De plus,
une autre caractéristique est à prendre en compte : l’aspect collectif des activités de gestion
des situations dynamiques. En effet, bien souvent ce sont des équipes et non des individus
qui participent et supportent ces activités. Cette dimension collective de l’activité complétée
par une approche centrée sur l’individu permettra d’apporter des éléments de réflexion
supplémentaires quand à la définition et à la compréhension de ce type d’activités
complexes.
Mots-Clés : Environnements dynamiques ; Anticipation ; Planification ; Représentation de la
situation ; Modèles mentaux partagés.
Revue de questions
Le terme d’environnement dynamique regroupe les situations de travail qui partagent une
caractéristique commune : le fait que la situation évolue en absence d’actions des opérateurs
qui la gèrent (Samurçay & Hoc, 1989). On distingue différents types d’environnements
dynamiques selon la rapidité du processus, la distance existant entre les opérateurs et le
processus, la stabilité du processus. Les environnements dynamiques sont des situations de
contrôle de processus, par exemple, des activités de surveillance des processus nucléaires, de
conduite de systèmes ou encore des situations de conduites automobiles ou de gestion de
sinistres (Cellier, de Keyser & Valot, 1996). La gestion d’un environnement dynamique
correspond à une résolution de problème en situation dynamique, car les opérateurs ne
possèdent pas en mémoire toutes les connaissances (connaissances liées aux pré-requis de
l’action ou connaissances permettant l’ordonnancement des actions) nécessaires à
l’élaboration d’une procédure acceptable (Hoc, 1987).
Spécificités et environnements dynamiques :
La forte pression temporelle est une caractéristique importante des environnements
dynamiques. Il existe, en effet, différentes vitesses de processus qui permettent de distinguer
deux types d’environnements dynamiques : les situations à processus lent comme la
conduite de haut fourneaux (Hoc, 1996) et celles à processus rapide comme le pilotage
d’avion de chasse (Amalberti & Deblon, 1992). Au cours des situations dites lentes, les
opérateurs vont développer des activités de planification en temps réel alors que lors des
situations à processus rapide, ces activités deviennent impossibles en temps réel et doivent
faire l’objet d’une préparation (Amalberti, 1996).
La proximité du processus peut être définie par rapport à l’accès aux informations de la
situation et au contrôle de la situation. Si les informations ne sont pas disponibles, les
opérateurs devront réaliser des inférences par rapport à certains indicateurs. A l’inverse, il
existe des situations où les informations disponibles sont trop nombreuses et donc
difficilement consultables dans leur totalité par l’opérateur. C’est le cas lors de la conduite
des hauts fourneaux (Hoc, 1996). La distance existant entre les opérateurs et le processus se
traduit sur le plan de l’activité cognitive par une augmentation des activités d’inférence
visant à dépasser l’opacité du système (Van Daele & Carpinelli, 1996).
23 Dans une situation donnée, la stabilité d’un processus se réfère à la fréquence de sortie du
processus des limites acceptables. Cette instabilité sera déterminante pour l’activité des
opérateurs. Il existe deux types de changement qui peuvent perturber la stabilité d’un
processus. D’une part, les changements attendus et contrôlables par l’opérateur. D’autre
part, les changements sur lesquels l’opérateur n’aura aucun contrôle car leur survenue est
imprévisible. L’instabilité va, de ce fait, engendrer une charge de travail mental importante,
pouvant être réduite par des activités d’anticipation (Decortis, 1992).
Gestion individuelle et collective :
L’ensemble de ces caractéristiques soulignent l’importance des phases de planification et
d’anticipation au cours de l’activité des opérateurs (Cellier, de Keyser & Valot, 1996). Pour
pouvoir anticiper les actions à venir, il faut que les opérateurs aient une bonne
représentation mentale de la situation et soient capables de projeter l’état futur du système.
Selon Endsley (1995), la conscience de la situation est caractérisée par trois étapes : (1) une
étape perceptive lors de laquelle les opérateurs perçoivent les informations sur l’état du
processus, (2) une étape de compréhension lors de laquelle ils extraient les informations
pertinentes et les mettent en relation avec leurs connaissances antérieures, et (3) une étape de
projection qui leur permet d’anticiper l’état futur du processus afin de prendre une décision
d’action. Ainsi, les processus perceptifs, mnésiques, et de prises de décision sont centraux
lorsque l’on s’intéresse à la gestion d’environnements dynamiques.
Par ailleurs, une des caractéristiques fortes de cette activité de travail est qu’elle se conduit
généralement en équipe. Ainsi, les activités de coopération et de collaboration sont
également très importantes, et ont amené certains auteurs (Canon-Bowers, Salas & Converse,
1993) à considérer l’existence d’une conscience de la situation partagée. Notamment, ils
introduisent la notion de modèles mentaux partagés. On entend par modèle mental une
structure de connaissances organisées permettant de (1) reconnaître et intégrer des relations
entre les éléments qui composent l’environnement, et (2) expliquer et prédire les états de
l’environnement pour mieux interagir avec lui
Pour finir, certains environnements dynamiques de travail, et en particulier le contrôle de
processus, sont caractérisés par un fonctionnement en continu des installations obligeant les
opérateurs à travailler sur l’ensemble des 24 heures. Se pose alors la question de l’état
physiologique des opérateurs la nuit et de son influence sur leurs performances cognitives.
24 2) Prise de décision en régulation médicale au SAMU 13
Such, Florian (Université de Provence).
Résumé
La prise de décision en régulation en médicale est une situation dynamique, complexe, sous
pression temporelle. Elle consiste à identifier l’urgence et la gravité de la situation médicale
et d’engager un moyen de secours adapté. Dans cette étude, nous nous proposons de
répondre au dilemme selon lequel les médecins régulateurs ressentent une incertitude quant
à leurs choix et commettent des erreurs malgré leurs compétences et expérience. Pour
répondre à cette question, l’étude aborde les concepts de rationalité limitée et de conscience
de la situation (Situation Awareness). Les résultats obtenus mettent l’accent sur la
prépondérance de la compréhension de la situation et des effets des capacités cognitives
limitées sur le processus décisionnel. C’est l’effet de la complexité combiné à celui de la
pression temporelle qui impose au médecin régulateur de mettre en oeuvre des stratégies
cognitives pour atteindre ses buts. Il fait des choix satisfaisants entre qualité et rapidité
générant une incertitude renforcée par l’évolution de la situation après le moment de la
décision. Les erreurs résultent d’une mauvaise compréhension de la situation, et de biais liés
à l’expertise : erreurs de richesse, de pertinence ou de flexibilité.
Mots-Clés : Prise de décision ; régulation médicale ; situation awareness
Introduction
La régulation médicale consiste à traiter une demande de secours exprimée au téléphone par
un requérant (numéro d’urgence 15 ou transfert d’appel du 18/112). A partir des éléments
communiqués, le médecin évalue la gravité et l’urgence de la situation médicale et décide
des moyens de secours adaptés à engager (SMUR, VSAV, Ambulance privée). La régulation
médicale au SAMU revêt des enjeux de santé importants dans la structure de soins de
l’assistance publique. L’activité connaît une forte croissance en termes de flux d’appels et une
montée en puissance de la pression juridique attachée à la qualité du service rendu. Dans ce
contexte, les médecins régulateurs sont confrontés à une double contrainte : faire vite et bien.
La conséquence de cette double injonction est qu’ils éprouvent un sentiment d’incertitude
quant à leurs décisions et que malgré tout leur professionnalisme certaines erreurs
subsistent. Donc la question posée est de savoir pourquoi un tel constat et quoi faire pour
remédier à cette situation ?
Nous faisons l’hypothèse que, les médecins doutent de la qualité de leur décision et
commettent des erreurs à cause de la complexité de la situation, des contraintes temporelles
qui leur sont imposées et de leurs capacités cognitives limitées (Simon, 1979).
Méthode
Pour tester cette hypothèse, nous avons décidé de procéder à des observations (doubleécoute), entretiens en auto-confrontation (sur la base d’enregistrements audio), entretiens
semi-directifs et focus groups.
Résultats
Les résultats montrent que la principale difficulté rencontrée repose sur la compréhension de
la situation. Ce qui est complexe ce n’est pas de décider le moyen à engager mais c’est de
comprendre ce qui se passe sur le terrain. Ainsi, le questionnement semble être un processus
de perception et de compréhension de la situation. Il s’inscrit dans un processus décisionnel
global qui consiste à mettre en œuvre des stratégies adaptatives compte tenu de la
complexité de la situation et des capacités cognitives limitées du médecin. En tant qu’expert
du domaine, le médecin met en œuvre des processus basés sur ses impressions et son
25 expérience afin de réduire l’espace problème et de gérer la pression temporelle. Nous avons
pu démontrer que l’intuition (Klein, 2004) est majoritairement utilisée pour faire face à la
complexité de la situation: informations floues, incomplètes voire incohérentes. Le médecin
doit reconstruire une logique médicale dans la chronologie des événements décrits par le
requérant avec une part importante de biais due aux aspects émotionnels ou culturels. La
difficulté à évaluer la gravité et l’urgence de la situation médicale est fortement corrélée à la
qualité du message du requérant. Ainsi, le médecin ne pouvant pas approcher la victime et
apprécier directement l’environnement, les processus perceptifs deviennent essentiels à la
prise de décision. L’attention du médecin est ainsi maximale au début du processus
décisionnel, en particulier lors du questionnement, car cette étape est essentielle pour une
bonne compréhension de la situation. Par la suite, une fois la situation comprise il lui est
facile de décider du moyen à engager.
Par ailleurs, nous avons pu démontrer que le médecin faisait des choix satisfaisants en
arrêtant son questionnement lorsque son seuil de satisfaction (Simon, 1983) est atteint. Et
c’est là une des causes majeures de l’incertitude ressentie par le médecin quant à la qualité de
ses choix. L’absence de maîtrise totale de l’évolution de la situation médicale de la victime
associée à une analyse non exhaustive plonge le médecin dans le doute. L’autre raison
majeure est liée à ses capacités cognitives limitées qui ne lui permettent pas de traiter dans le
temps imparti toutes les informations et de prévoir toutes les conséquences de ses choix.
Ainsi, les médecins experts mettraient en œuvre des processus décisionnels intuitifs (Simon,
1973 ; Klein, 2004) faisant appel à des processus perceptifs, mnésiques et de résolution de
problèmes sur la base de reconnaissance de patterns stockés en mémoire à long terme (Chase
et Simon, 1973).
Discussion
A partir de ces résultats nous avons construit le modèle de sélection procédural de la prise de
décision en régulation médicale. En particulier, nous avons constitué le répertoire procédural
et identifier les critères contextuels de sélection des heuristiques décisionnelles des médecins
experts.
Au final, nous avons tiré un enseignement majeur :
la perception/compréhension/anticipation de la situation (Endlsey, 1995) est le processus
central de la prise de décision. L’activation des schémas mentaux (Gobet, 1997) utilisés pour
gérer la complexité de la situation et la pression temporelle, n’ont de valeur que si le
traitement de l’information, issu du questionnement, a permis de comprendre à distance ce
qui passait réellement sur le terrain. La nécessaire discrimination à faire entre les motifs pour
lesquels le requérant appelle et le réel problème médical présent mais aussi le recours à de
nombreux indices perceptifs (visuels, audio et kinésiques) illustrent comment le médecin
parvient à se faire cette représentation de la situation. Ainsi les erreurs d’évaluation de la
situation et de décision proviennent en majorité de la qualité de la représentation de la
situation même si il ne faut pas exclure l’activation de schémas mentaux erronés ou encore la
présence de biais liés à l’expertise. Nous pouvons citer en particulier la construction très en
amont d’une hypothèse médicale initiale qui va générer des problèmes de flexibilité ou
encore des problèmes liés à la richesse et à la pertinence des informations (Marquié, 2003).
Cependant, nos modalités de recueil de données pour l’essentiel qualitatives n’ont pas
permis de mesurer les performances des stratégies adaptatives mises en œuvre ou encore
d’identifier le moment de l’erreur. Nous n’avons pu approfondir le lien entre les dimensions
de l’espace de problème et la limitation des capacités cognitives du médecin. De même, seule
une Méthode telle que la Cognitive Task Analysis (Crandall, Klein & Hoffman, 2006)
permettrait de compléter efficacement le modèle de sélection procédural.
26 3) Contrôle de satellite : relations entre activité de travail et perception de la charge
de travail en horaires atypiques.
Ucelli, Marilyne, (Université de Provence), Mélan,Claudine, (Université Toulouse 2), Cariou,
Magali, (Université Toulouse 2) Cascino, Nadine, (Université de Toulouse 2), Galy, Edith
(Université de Provence)
Résumé
L’étude présentée s’intéresse aux effets de facteurs organisationnels (horaires de travail,
charge de travail) sur le niveau de vigilance, le niveau de tension et la perception qu’ont les
opérateurs de la situation de travail vécue. Pour cela, des passations ont été faites auprès de
contrôleurs de satellite sur l’ensemble des postes (matin, après-midi, soir et nuit) et à trois
moments du poste (début, milieu et fin). Les Résultats montrent que le poste de nuit est
caractérisé par une tension élevée et une faible vigilance rendant plus difficile pour les
opérateurs la gestion d’une charge de travail accrue.
Mots-Clés : Environnements dynamiques ; Anticipation ; Planification ; Représentation de la
situation ; Modèles mentaux partagés.
Introduction
De nombreuses études attestent qu’il existe un effet des horaires de travail sur la
performance. En particulier, les horaires de travail atypiques obligent les individus à être sur
leur lieu de travail à des moments de faible vigilance (postes de nuit). Selon Folkard et
Akerstedt (1992), le niveau de vigilance est déterminé par deux composantes, une
composante circadienne (rythmes biologiques intrinsèques à l’être humain) et une
composante homéostatique (fatigue accumulée depuis le réveil). Dans cette étude, nous nous
sommes intéressés à l’effet conjoint de ces deux composantes non seulement sur le niveau de
vigilance, mais également sur le niveau de tension des opérateurs et la perception qu’ils ont
de la charge de travail effectuée. Pour cela, nous avons travaillé sur une situation de contrôle
de processus (contrôle de satellites), caractérisée par le traitement d’un grand nombre
d’informations, permettant une bonne conscience de la situation et une anticipation la plus
précise possible de l’état futur du système et des actions à entreprendre (Ensley, 1996). Ainsi,
la notion de charge mentale de travail est centrale pour comprendre les processus mis en
œuvre dans ce type de situations de travail. La charge de travail a été évaluée de deux
manières, par des observations qui ont permis de quantifier l’activité et par des
questionnaires permettant d’avoir une estimation subjective. Il a été montré que cette
estimation subjective était fonction, non seulement de la quantité réelle de travail mais
également de l’état physiologique et psychologique de l’opérateur (Cariou et al., 2008). Une
même quantité de travail ne sera pas perçue de la même manière selon, par exemple, le
niveau de vigilance ou de tension de l’individu. Ainsi, plusieurs hypothèses ont été testées.
Dans un premier temps, nous avons étudié l’effet du poste occupé (matin, après-midi, soir,
nuit ; facteur relevant de la composante circadienne), du moment du poste (début, milieu,
fin) et de l’activité de travail réelle (facteurs relevant de la composante homéostatique) sur le
niveau de vigilance et le niveau de tension des opérateurs. Dans un second temps, nous
avons regardé l’effet de ces facteurs ainsi que du niveau de vigilance et de tension sur
différentes dimensions de la charge de travail subjective (demande physique, demande
psychologique, interférence travail/hors-travail, soutien social, latitude décisionnelle et
ressources disponibles).
Méthode
27 Huit contrôleurs de satellite ont participé à cette étude. Ils étaient évalués sur chacun des
postes occupés (matin, après-midi, soir et nuit) à trois moments différents du poste (début,
milieu et fin). Lors de chaque passation, les participants remplissaient deux questionnaires :
- le questionnaire de Thayer (1989) composé de 20 adjectifs pour chacun desquels les
participants devaient cocher une des réponses possibles (« très », « un peu », « ne sait pas »,
« pas du tout » ou , cotés respectivement 4, 3, 2 et 1 point(s)). Les adjectifs étaient répartis
dans quatre dimensions différentes (l’activation générale, la désactivation générale, l’hyperactivation, et l’endormissement) calculées chacune par l’addition des points obtenus pour
cinq adjectifs. Le niveau de vigilance était estimé en faisant le rapport entre les scores
d’activation générale et l’endormissement, et le niveau de tension en considérant le score de
l’hyper-activation.
- le questionnaire de charge de travail subjective. Ce questionnaire était composé de 56 items
répartis en 6 dimensions : la demande physique, la demande psychologique, les interférences
travail/hors-travail, le soutien social, la latitude décisionnelle et les ressources disponibles. Il
était demandé aux participants de répondre à ces items en considérant la situation de travail
vécue pendant l’heure précédant la passation.
En parallèle, des observations de l’activité de travail des opérateurs ont été effectuées en
continu les jours de passation des questionnaires. Ces observations ont permis de relever le
nombre d’évènements traités par les opérateurs, le nombre de tâches effectuées, ainsi que le
nombre de communications qu’ils ont eu avec des collègues ou des supérieurs sur site ou à
distance. La somme de ces mesures a permis d’établir un indice de la charge de travail
effective.
Résultats
Les résultats ont montré qu’il existe un effet significatif du poste sur le niveau de vigilance
(F(3,26)=3.84, p=0.021) indiquant une évolution classique de la vigilance caractérisée par un
maximum l’après-midi. De plus, une interaction significative entre le poste et l’activité de
travail affecte le niveau de tension (F(5,30)=5,36, p=0,001), indiquant un effet de la charge de
travail seulement sur le poste du soir, et un effet du poste uniquement lorsque la charge de
travail est élevée. Ainsi, le niveau de vigilance serait principalement sensible à des facteurs
circadiens, alors que le niveau de tension serait sensible aux deux types de facteurs (circadien
et homéostatique).
Concernant les indicateurs de charge de travail, un effet significatif du nombre de
collaborations (β=0,54, p=0,001) et du niveau de tension (β=0,27, p=0,014) sur la demande
psychologique a été observé. Ainsi, la demande psychologique est d’autant plus élevée que
le nombre de collaborations et le niveau de tension sont élevés. De plus, un effet significatif
du poste était obtenu sur le soutien social (β=-0,35, p=0,005) révélant un soutien social perçu
plus important lors des postes de journée que de nuit. Enfin, un effet du poste (β=-0,28,
p=0,012), du niveau de vigilance (β=-0,47, p=0,012) et du niveau de tension (β=-0,23,
p=0,041) sur les ressources disponibles était observé. Ainsi, la perception des ressources
disponibles diminue lors du poste de nuit, quand le niveau de vigilance est faible et le niveau
de tension élevé.
Discussion
L’observation que seule la demande psychologique (et non la demande physique) est
affectée par les facteurs étudiés ici est cohérent avec l’activité de travail essentiellement
mentale des contrôleurs de satellites. L’estimation de cette charge de travail mentale est
influencée à la fois par l’activité réelle et par l’état physiologique de l’opérateur. Par ailleurs,
le poste de nuit semble se distinguer des postes sur la journée par un faible soutien social et
une baisse des ressources disponibles. C’est également lors de ce poste que le niveau de
tension est le plus élevé, et le niveau de vigilance le plus faible, en particulier lorsque la
28 charge de travail effective est importante. Ainsi, la nuit, les opérateurs auraient tendance à
supporter plus difficilement une charge de travail accrue et cela compte tenu de leur état
physiologique et des caractéristiques de l’environnement de travail spécifiques de ce poste.
29 4) Une Méthode pour évaluer la qualité de la collaboration en situations dynamiques
Burkhardt, Jean­marie (Université Paris Descartes), Gaudin, Charlotte,(Université de Provence). Résumé de l’analyse critique.
Cette communication vise à présenter l’adaptation d’une méthode d’évaluation de la qualité
de la collaboration utilisée précédemment dans le domaine de la conception (Burkhardt et
al., 2009) Nous proposons d’adapter cet outil pour l’analyse des situations dynamiques et
plus précisément des activités de gestion de crise dans les domaines de la sécurité civile ou
de la santé publique. En effet, une des caractéristiques majeures des activités de gestion de
crise concerne le fait que bien souvent ce sont des équipes et non des individus qui
participent et supportent ces activités. De plus, Rogalski (2004) soulignent la notion
d’hétérogénéité au sein de ces équipes, qui peut être un frein à la qualité des processus de
coopération prescrits par ces situations. Cette dimension collective de l’activité doit être prise
en compte et la méthode que nous proposons, permettra d’évaluer la qualité de la
collaboration au sein des équipes et entre les différentes équipes selon plusieurs dimensions.
Ces données pourront alors être mises en relation avec d’autres facteurs individuels,
organisationnels ou encore liés à l’équipe.
Mots-Clés : Activité collective ; situation dynamique ; qualité de la collaboration ; gestion de
crise.
Introduction.
D’un point de vue cognitif, l’activité de gestion de crise ou de gestion de sinistre peut
correspondre à la gestion d’une situation dynamique, dans la mesure où l’événement qui
déclenche l’alerte possède une dynamique propre qui peut évoluer en dehors des actions des
opérateurs qui sont en charge de contrôler la situation. L’objectif de la gestion de crise est
d’éviter ou de circonscrire les risques de destruction de biens et de personnes. Généralement,
ce type d’activité est défini au regard de certaines caractéristiques classiques comme la
distance entre l’opérateur et le processus, la dynamique et la stabilité du processus. La classe
spécifique des situations de gestion de sinistre se définit également par le caractère uni ou
multi dimensionnel du sinistre ou de la crise, l’existence de modes d’intervention prédéfinis,
le caractère calculable ou non de l’évolution du processus, et enfin par la structure globale du
système c’est-à-dire l’homogénéité ou l’hétérogénéité des opérateurs (Cellier, de Keyser, &
Valot, 1996). De plus, il est important de noter que dans la gestion de ces situations repose
essentiellement sur une bonne collaboration entre et au sein des équipes car les informations
sont en majorité transmises par l’intermédiaire d’opérateurs (ceux qui sont sur le terrain) via
des outils de communication (radio et téléphone). Certaines des caractéristiques citées
précédemment vont, de ce fait, particulièrement influencer les processus de collaboration. En
effet, l’hétérogénéité peut être un frein à une bonne compréhension mutuelle et partagée de
la situation, l’accès indirect au terrain et les différentes étapes de transmission des
informations peuvent entrainer des pertes d’informations, ou générer de l’ambiguïté, ce à
quoi peuvent s’ajouter d’éventuels problèmes techniques au niveau des communications.
De ce fait, il nous parait important de pouvoir juger de la qualité des processus
decollaboration lors de ces situations de gestion de crise. Dans un premier temps, nous
présenterons cet outil adapté aux situations de gestion de crise, puis nous discuterons des
apports potentiels de ce type d’analyse pour compléter les analyses dites plus classiques qui
sont centrées sur les aspects individuels ou organisationnels.
Présentation de la méthode d’évaluation de la qualité de la collaboration
Nous avons utilisé une grille développée précédemment (Burkhardt et al, 2009a, 2009b),
inspirée des travaux de Spada et al. (2005) dans le domaine du CSCL.
30 Cette grille a été adaptée en fonction du contexte de gestion de crise, sur la base des
entretiens semi-directifs qui ont été conduits auprès d’acteurs de la gestion de crise. Cette
méthode permet d’effectuer un codage rapide des extraits vidéo, dans la mesure où il fait
appel à des indicatifs subjectifs, tout en garantissant une forte fidélité inter-codeurs. Cette
grille décrit la qualité de la collaboration selon six dimensions: (1) Actions de prises
d’informations, de demandes et de transmissions, (2) Gestion du référentiel opératif
commun, (3) Travail en équipe, (4) Anticipation /planification / résolution de problème /
décision, (5) Connaissance et respect des rôles et (6) l’implication individuelle envers la
tâche. La grille d’évaluation de la qualité de la collaboration utilisée dans le cadre d’une
étude des modes de collaboration dans un dispositif d’atelier de conception architecturale à
distance, a permis de mettre en évidence que la qualité de la collaboration est plus liée à
l’état d’avancement du processus qu’à la composition intrinsèque du groupe. Aux vues de
ces résultats, il serait également intéressant de mettre en relation les données concernant la
qualité de la collaboration avec l’avancement de la gestion de crise, notamment en se référant
à certains modèles théoriques (Safin et al., 2010).
Mise en relation avec une grille d’analyse des processus cognitifs impliqués dans la gestion
de crise.
Les travaux traitant de la gestion de crise, existants dans la littérature, peuvent être répartis
selon deux approches. Les premiers présentant une approche macroscopique des activités de
gestion et de planification des crises (Fink, 86). Les seconds s’intéressent plus
particulièrement aux processus cognitifs qui sous-tendent les activités décisionnelles en
situation de crise ou, plus généralement, en situation d’urgence (Lipshitz, Klein, Orasanu &
Salas, 2001). La méthode de Raisonnement Tactique (ou MRT), a été proposée par Rogalski
(1987; 2004) dans le but de rationaliser les analyses de la situation et d’optimiser les décisions
auprès des sapeurs pompiers. Ce modèle permet la description des processus cognitifs mis
en œuvre dans la gestion de sinistres et peut constituer de ce fait, un modèle de référence
pour l’analyse de l’activité de gestion de crise. La MRT présente trois fonctions centrales de
la prise de décision en environnements dynamiques et incertains : (1) le traitement de
l’information qui correspond à la recherche et à l’organisation des informations, (2) la
génération d’options et (3) l’optimisation des décisions par l’évaluation des actions
potentielles. La qualité de la collaboration pourrait donc être évaluée lors de ces trois phases.
Elle pourrait également être étudiée du point de vue d’autres facteurs de type individuel ou
organisationnel tels que la charge mentale perçue, le niveau de vigilance ou encore la
performance de l’équipe.
31 5) Les indicateurs et les modalités du travail collectif dans les activités de gestion de
crise.
Gaudin Charlotte, Bonnardel*, Nathalie, Pellegrin** Liliane, Chaudet, Hervé (*Université de Provence, **Université de la Méditerranée). Résumé de l’analyse
Cette communication vise à présenter de façon globale les principaux résultats de six études
portant sur les activités de gestion de crise. La gestion de crise est une activité complexe et
collective (Gaudin, 2009). Les experts engagés dans la gestion de crise doivent faire face à un
processus dynamique qui va évoluer indépendamment des actions qu’ils préconiseront. De
plus, ils devront gérer la dimension collective de cette activité. En effet, bien souvent ce sont
des équipes et non des individus qui participent et supportent ces activités. Dès lors, il nous
paraît intéressant de présenter les indicateurs ainsi que les modalités des activités collectives
mise en œuvre lors d’une activité de gestion de crise.
Mots-Clés : Environnements dynamiques ; Anticipation ; Planification ; Représentation de la
situation ; Modèles mentaux partagés.
Introduction
Samurçay et Rogalski (1991) considère l’activité de gestion d’environnements dynamiques
comme une boucle comprenant des prises d’informations, des diagnostics, des tâches de
planification, des décisions d’action, des exécutions et le contrôle de l’activité. Ce contrôle se
fera en autres par la construction des décisions de contre-mesures qui seront alors partagées.
L’activité de gestion de crise est une activité distribuée entre les opérateurs qui vont
intervenir : certains recueillent les informations de la situation et sont responsables de leur
validation, d’autres sont responsables de l’analyse de ces informations et de l’élaboration des
décisions d’action, et enfin d’autres de l’application de leur exécution. Nous présenterons
dans un premier temps les caractéristiques des activités collectives mises en œuvre lors de la
gestion d’une crise et la notion de représentation commune de la situation, puis nous
décrirons les indicateurs et les modalités des activités collectives de gestion de crise qui ont
pu être relevés lors de six simulations de situation.
Travail collectif et représentation commune de la situation
La coopération entre les différents partenaires de la gestion de crise possède plusieurs
caractéristiques. Elle peut être selon Molenda (2009) :
- (1) distribuée, lorsque les connaissances et les informations de chacun ne leur permettent
qu’une représentation « partielle » du processus (Brehmer, 1991);
- (2) verticale, lorsque la répartition des tâches est hiérarchique ou horizontale lorsque la
même tâche est réalisée conjointement (Rogalski, 1994). Notons que la coopération
horizontale est appelée également collaboration ;
- et (3) intégrative, et augmentative lorsque les différents points de vue, compétences et
connaissances sont interconnectés et intégrés ou encore débative lorsqu’il y a confrontation
des points de vue (Schmidt, 1994).
Dans la coopération horizontale ou collaboration, les processus d'ajustement viseront à
synchroniser les raisonnements ; il s’agit de co-construire les stratégies de contrôle du
processus. Les différents types de coopération supposent que les partenaires partagent des
connaissances et disposent de représentations complémentaires de la situation afin de la
contrôler efficacement. Chaque acteur possède une représentation globale du processus à son
niveau de contrôle propre. Les représentations sont distribuées au sens proposé par Decortis,
Noirfalise, et Saudelli (2000), c’est-à-dire que le référentiel des connaissances nécessaires à
l’action est réparti entre les différents acteurs appartenant au collectif. Elaborer et maintenir
un référentiel commun va supposer une phase « d’évaluation mutuelle critique »
32 (confrontation des diagnostics individuels) de la situation qui devrait conduire à une
élaboration partagée des plans. La planification distribuée va alors induire une activité
coopérative pour l’évaluation de la situation : on parlera de “diagnostic coopératif”. Dans
une telle situation, les acteurs sont donc mutuellement dépendants et ils doivent coopérer
pour coordonner et gérer des tâches individuelles (Schmidt, 1994). Dans des situations
familières, les routines de travail, les représentations et les connaissances mises en commun
par plusieurs partenaires leur permettent d’effectuer leur(s) tâche(s) respective(s) ou
commune(s). Cependant, on peut supposer que, dans une situation de crise, les
communications orales se révèleront indispensables pour faciliter l’élaboration et le maintien
d’une représentation partagée efficace malgré le caractère inhabituel de la situation à gérer.
Pour élaborer et mettre à jour un référentiel commun adapté, les opérateurs doivent pouvoir
appréhender le problème non seulement de leur point de vue mais aussi du point de vue des
autres acteurs. En particulier, ils doivent pouvoir identifier les types de contraintes ainsi que
la nature et l’étendue des ressources des acteurs, sans qu’ils soient pour autant en mesure de
traiter la situation ou le problème selon ce point de vue externe. La situation requiert une
intelligibilité commune plutôt que des représentations partagées au sens fort (Rogalski,
2005), ce qui est compatible avec le fait que les connaissances nécessaires à l’action soient
distribuées entre les acteurs.
Indicateurs et modalités du travail collectif.
Une analyse des activités collectives a été réalisée lors de six simulations de gestion de crise.
La gestion de crise étant une activité complexe, l’une des façons de l’appréhender, en dehors
de l’observation des situations naturelles, (les crises épidémiologiques ou catastrophes
naturelles n’arrivant heureusement pas souvent) va être la mise en place de simulations
dynamiques interactives (Van Daele, 1997). Ces simulations permettent de reproduire un
environnement dynamique dans lequel l’opérateur pourra effectuer un contrôle, en temps
réel, sur le processus. Ce type de simulation de situations naturelles permet l’étude des
activités cognitives en situation et finalisées (Van Daele, 1997). Les résultats montrent que les
activités collectives se manifestent d’une part, lors d’interaction humain-humain, et d’autre
part, lors d’interaction humain-machine. Nous avons pu montrer que ce sont
majoritairement les actions de prise d’informations qui sont réalisées par l’intermédiaire de
système technique alors que les tâches de diagnostic et de planification sont mises en œuvre
lors d’interactions humain-humain. De plus, une des caractéristiques de ces situations de
gestion de crise réside dans le fait que pour chaque simulation, un pourcentage important
d’actions langagières a été identifié (Gaudin, 2009). D’autre part, la présence de boucles de
validation (Gaudin, 2010) nous informe sur l’importance et la nécessité de mettre à jour le
représentation commune de la situation au sein de l’équipe. Enfin, concernant les modalités
de l’activité collective, deux ont pu être identifiées. Des processus de coopération distribués
lors des prises d’informations et des processus de collaboration intégratif et augmentatif lors
des diagnostics et des tâches de planification.
33 II) Les connaissances naïves en développement: du monde physique au monde biologique
Symposium organisé par Thibaut, Jean-Pierre (Université de Bourgogne).
Titre des communications et Intervenants
Les conceptions enfantines sur l'alimentation. Quelle compréhension des conséquences à
court et à long terme des aliments ?
Thibaut, Jean-Pierre& Guérin, Hélène (Université de Bourgogne).
Influence de l’expertise sur les conceptions biologiques des adultes : le cas de la vigne.
Brulé, Laurianne &Labrell, Florence (Université de Reims).
Qu'est-ce qui fait qu'on ne vit plus ? Peut-on revenir à la vie? " Conceptions biologiques
de la mort chez l'enfant de 6 à 11 ans
Labrell, Florence (Université de Reims), Thibaut, Jean-Pierre (Université de Bourgogne).
Conceptions des notions de force et d’énergie pour les inanimés et les animés
Megalakaki, Olga (Université de Picardie), Thibaut, Jean-Pierre (Université de Bourgogne).
Comment les enfants comprennent-ils l’hérédité biologique ?
Mazens*, Karine, Berger** Carole, Jolly, Caroline, Kaminski, Gwenaël (*Université Pierre Mendès
France, ** Université de Savoie).
Introduction générale
Depuis une trentaine d’années, de nombreux travaux ont porté sur l’organisation des
connaissances naïves, intuitives des individus, dans des domaines divers, chez l’enfant
comme chez l’adulte. Dans ce symposium, nous envisagerons plus particulièrement le
monde biologique tant d’un point de vue développemental que chez l’adulte sans omettre
ses relations avec le monde physique.
La première communication considère le développement de la notion de force et de l’énergie
du point de vue des êtres animés et inanimés. L’auteur y compare les deux notions en
insistant sur la différenciation progressive de l’une par rapport à l’autre. L’auteur montre
comment les propriétés d’abord attribuées à des animés biologiques sont progressivement
attribuées aux inanimés.
La seconde contribution porte sur le développement de propriétés biologiques reliant le
monde de l’alimentation à celui de la santé. Les auteurs cherchent à comprendre si les
enfants comprennent la distinction entre effets à court et long terme dans le cas de
l’alimentation et de ses effets. Ils montrent que les jeunes enfants (6 ans) distinguent mal les
effets à court terme et à long terme dans les situations ou une cause à court terme ne peut pas
provoquer une cause à long terme (manger un bon repas ne fait pas grossir) ou l’inverse. Les
enfants raisonnent sur les propriétés intrinsèques des aliments plutôt que sur la temporalité
des processus.
La troisième contribution porte sur la compréhension des relations entre la mort et les
processus physiologiques qui y sont impliqués ou non. Les auteurs testent principalement la
notion d’irréversibilité de la mort reconnue par tous les groupes d’âges comparés. Lorsque
des antidotes à la mort sont proposés, cependant, tous les groupes d’âge acceptent la
réversibilité, mais n’acceptent pas tous les différents types d’antidotes proposés. Le rôle de
différents organes et fluides est également envisagé.
La quatrième contribution porte sur l’âge auquel les enfants comprennent l’hérédité au
niveau perceptif. Les auteurs tentent de déterminer quand et comment les enfants détectent
la parenté entre une femme et son enfant. Leur étude porte sur des enfants de 5, 7, 9 et 11
ans et des adultes. Les auteurs montrent que les enfants, avant 11 ans, sont influencés par des
traits perceptifs non pertinents pour déterminer quel adulte pourrait être la mère de l’enfant.
34 La cinquième contribution étudie les connaissances d’adultes, tout-venant, viticulteurs et de
biologistes sur le domaine de la biologie végétale, le vocabulaire employé, et à leurs
représentations mentales en termes de système. Si les 3 groupes diffèrent par le type de
connaissances qu’ils possèdent, un intérêt tout particulier a été apporté à l’analyse des
différences entres les biologistes et les viticulteurs. Les représentations des viticulteurs se
centrent sur les structures de la vigne et son écosystème, celles des biologistes sur les
structures et à leurs fonctions au sein du système
35 1) Les conceptions enfantines sur l'alimentation. Quelle compréhension des
conséquences à court et à long terme des aliments ?
Thibaut, Jean­Pierre & Guérin, Hélène (Université de Bourgogne).
Résumé
Notre recherche se centre sur le développement de la compréhension par les enfants de 6 à
11 ans d’une dimension importante des phénomènes biologiques : la distinction entre
causalité à court et à long terme. Nous l’envisageons dans le cadre de l’ingestion des
aliments sur la santé, dans leurs effets à court et à long terme. Dans une expérience de type «
oui-non », les enfants devaient juger la véracité d’énoncés mettant en scène des causes
récentes ou, au contraire, plus longues dans le temps sur des effets à court ou long terme.
Les enfants de 6 ans ont des difficultés à évaluer les effets des causes récentes sur des
phénomènes à long terme et les causes longues sur les phénomènes à court terme. Une
seconde expérience reposant sur le choix forcé entre deux options confirme ces Résultats. Les
enfants semblent baser leur jugement sur les caractéristiques attribuées aux aliments («
aliments bons ou mauvais pour la santé ») de manière absolue. Les enfants semblent être
incapables d’intégrer les deux variables pertinentes (durée de l’ingestion et qualité des
aliments ingérés). Plus particulièrement, la qualité des aliments est réifiée et domine le
raisonnement.
Introduction.
De nombreux travaux récents ont tenté de mieux décrire le développement de l’organisation
des connaissances conceptuelles des enfants dans divers domaines, notamment biologique.
Dans ce dernier cas, l’objectif de ces recherches est de comprendre si l’on peut identifier des
conceptions associées à des moments particuliers du développement, de les décrire le cas
échéant, et d’expliquer comment elles se développent (e.g., Carey, 1985 ; Keil, 1989 ; Gelman
& Kalish, 2006; Thibaut, 1999).
L’objectif de la cette recherché est d’étudier les conceptions des enfants sur la nourriture et
ses relations avec des processus physiologiques associés notamment à la santé. La nutrition
est une dimension biologique qui met en jeu de nombreux concepts tels que les
caractéristiques des différentes catégories d’aliments, le système digestif, les différents
organes, la physiologie en général, les effets des aliments, leur temporalité et d’autres encore.
Nguyen (2006, 2008) a montré dans une tâche de classification que les enfants de 4 ans sont
capables de classer correctement les aliments bons et mauvais pour la santé et qu’ils utilisent
cette distinction comme support à leur raisonnement. Par contre, les enfants ne différencient
pas correctement les effets des aliments ou des classes d’aliments : par exemple, la quantité
d’aliments ingérée expliquerait la taille des individus (Wellman & Johnson, 1982). Inagaki et
Hatano (1993, 2002) ont illustré la place des aliments dans les mécanismes expliquant la vie,
notamment la santé et la maladie.
Nous étudions la compréhension des effets de la nourriture sur la santé, plus
particulièrement sur la distinction centrale entre effets à court et long terme de la nourriture
Expérience 1.
Méthode: participants, matériel et procédure.
Les participants étaient des enfants de 6, 8, 11 ans à qui on proposait divers types de
problèmes illustrés par des images qui mettaient en scène des effets de la nourriture à court
ou long terme. On distinguait 4 types de problèmes.
•
Cause à court terme et effet à court terme, (CT-CT) e.g., manger une quantité trop
importante de nourriture hier, et mal à l’estomac ce matin.
36 •
Cause et effet à long terme, (LT-LT) e.g., manger trop de gâteaux gras régulièrement,
et grossir.
•
Cause à long terme effet à court terme,(LT-CT) e.g., beaucoup de gâteaux durant les
semaines précédentes et un mal d’estomac ce matin
•
Cause à court terme, effet à long terme,(CT-LT) e.g., manger un gâteau hier et être
devenu gros ce matin.
Les enfants devaient répondre “oui” ou “non” à des questions du type “est-ce que tu crois
que Fred est gros parce qu’il a mangé un très gros gâteau hier”. On s’assurait que les enfants
comprennent la consigne avec une échelle de temps analogique.
Résultats.
Les résultats montrent que les trois groupes d’âge donnent des réponses correctes pour
conditions CT-CT (cause et effet à court terme) et LT-LT alors que seuls les enfants de 8 et 10
ans répondaient correctement dans la condition LT-CT et les enfants de10 ans dans la
condition CT-LT. (voir Figure 1). Dans leurs justifications, les enfants donnaient des
justifications qui reposaient sur les propriétés de la nourriture (e.g ;, « les gâteaux sont gras
et font devenir gros ») indépendamment du moment et de la fréquence de l’ingestion des
différents aliments proposés dans les problèmes.
Expérience 2.
Méthode: participants, matériel et procédure.
Dans une seconde expérience, sur des enfants des mêmes groupes d’âge que la première
expérience, nous testions les mêmes concepts mais avec une méthode de choix forcé dans
laquelle deux énoncés étaient contrastés et l’enfant devait choisir celui qui correspondait à la
bonne réponse pour lui. Nous contrastions des problèmes «court terme » et « long terme » du
type « qui serait en meilleure forme, Bob qui a mangé une pomme ce matin ou Arthur qui
mange des pommes tous les jours », ou du type « qui est malade ce matin, Bob qui a mangé
un très gros repas hier, ou Arthur qui a mangé un gros repas la semaine dernière ». On
demandait des justifications pour chaque question.
Résultats
L’analyse des résultats et particulièrement des justifications montrent que les enfants plus
âgés se référaient plus souvent à la notion de temps pour expliquer leurs choix que les
enfants plus jeunes (71% pour les 10 ans contre 26% pour les enfants de 6 ans) tandis que les
plus jeunes mentionnent plus souvent la quantité (38%) ou la qualité des aliments (25%) que
les plus âgés (14% et 6% pour les 8 ans et les 10 ans respectivement).
Discussion
Ces résultats montrent que les jeunes enfants sont guides par les propriétés intrinsèques des
aliments qui leur sont données par les parents ou la famille. Il semble que les enfants réifient
ces propriétés qu’ils ne peuvent intégrer à d’autres propriétés des systèmes biologiques,
telles que la temporalité, la durée. Par rapport au débat sur la précocité du raisonnement
biologique, cesrésultats montrent que si les enfants sont capables de généraliser des
propriétés biologiques dès l’âge de 6 ans, dans des tâches d’induction par exemple, des
raisonnements fondés sur l’intégration de propriétés restent difficiles.
Références
Carey, S. (1985). Conceptual change in childhood. Cambridge, MA: MIT Press.
37 Gelman, S.A., & Kalish, C. W. (2006). Conceptual development. In W. Damon & R. M. Lerner
(Eds.). Handbook of Child Psychology: Vol. 2, Cognition, Perception, and Language,
(6th ed., pp. 687-733). New York: Wiley.
Inagaki, K. & Hatano, G. (2002). Young children’s intuitive thinking about the biological
world. New York: Psychology Press.
Keil, F. C. (1989). Concepts, Kinds, and Cognitive Development. Cambridge, MA: MIT Press.
Nguyen, S.P. (2007). An apple a day keeps the doctor away: children’s evaluative categories
of food, Appetite, 48, 114-118.
Nguyen, S.P. (2008). Children’s evaluative categories and inductive inferences within the
domain of food. Infant & Child Development, sous presse
Thibaut, J.P. (1999). Développement conceptuel. In J.A. Rondal & E. Esperet (Eds). Manuel de
Psychologie de l’Enfant (pp. 343-384). Hayen: Mardaga.
Wellman, H.M., & Johnson, C.N. (1982). Children’s understanding of food and its functions :
a preliminary study of the development of concepts of nutrition. Journal of Applied
Developmental Psychology, 3, 135-148.
38 2) Influence de l’expertise sur les conceptions biologiques des adultes : le cas de la
vigne.
Brulé, Laurianne & Labrell, Florence (Université de Reims).
Résumé.
L’objectif de cette recherche est la compréhension du système complexe biologique de la
vigne chez des adultes ayant des niveaux d’expertise différents : des tout-venant, des
viticulteurs et des biologistes. Nous nous sommes intéressés aux connaissances statiques
qu’ils possèdent en mémoire dans le domaine de la biologie végétale, au vocabulaire
employé, et à leurs représentations mentales en termes de triangulation systémique (Le
Moigne, 1983). Les résultats ont montré que les novices possèdent moins de connaissances
dans le domaine de la biologie végétale que les experts. Les viticulteurs, qui ont une
expertise basée sur l’expérience pratique, ont moins de connaissances que les biologistes qui
eux, ont une expertise acquise par des enseignements théoriques. L’analyse du discours des
participants a mis en évidence des différences de vocabulaire: les novices mentionnent des
éléments visibles de la vigne et de son écosystème, les viticulteurs citent des termes relatifs à
la viticulture, et les biologistes citent des éléments non visibles. Les représentations des
novices et des viticulteurs se centrent autour des structures de la vigne et de son écosystème
alors que les biologistes se référent plus aux structures et à leurs fonctions au sein du
système.
Introduction
L’environnement dans lequel l’homme évolue est très complexe, et pour s'y adapter, il doit le
subdiviser et le catégoriser dans un système hiérarchisé (Carey, 1985 ; Vosniadou, 1994) en
construisant des théories sur certains aspects du monde. Lorsque l’individu n’est pas
spécialiste dans un domaine, on dit qu’il possède des théories naïves, alors que chez une
personne experte, la catégorisation des connaissances est stratégiquement organisée (Glaser,
1986 ; Chi, Feltovich & Glaser 1981). Dans notre recherche, nous avons considéré la vigne
dans son environnement comme un système complexe. Nous nous sommes intéressées à la
façon dont les individus comprennent et conceptualisent ce système complexe, et ce, en
fonction de leur niveau d’expertise (Bang, Medin & Atran, 2007). Après avoir évalué les
connaissances en mémoire des participants à l’aide d’un questionnaire relatif à la biologie
végétale, nous avons ensuite, à l’aide de deux tâches différentes, analysé leur représentation
mentale de la vigne. Deux types d’analyses ont été réalisés afin de répondre à la question :
l’expertise des participants repose-t-elle sur différentes représentations mentales ? Il
s’agissait donc de comparer les différentes conceptualisations des adultes selon l'expertise :
des biologistes qui ont de l’expertise via un apprentissage théorique, des viticulteurs qui ont
une expérience pratique et des tout venant qui n’ont pas de savoir particulier dans le
domaine de la biologie végétale, ni de métier en rapport.
Méthode
Trois groupes de sujets (tout-venant, viticulteurs et/ou vignerons et biologistes),
comprenant 34 à 50 participants, ont passé trois expériences. La première, un questionnaire à
choix multiple, permettait de mesurer les connaissances dans le domaine de la biologie
végétale. La seconde tâche était composée de questions ouvertes sur la vigne et son
environnement. Elle permettait d'étudier la compréhension de la vigne en termes de
triangulation systémique. La dernière expérience a permis, grâce à quatre résolutions de
problème, d'évaluer les aspects fonctionnels et comportementaux. L’analyse se base sur la
triangulation systémique de Le Moigne (1983). Elle permet d’accéder aux représentations
mentales des participants à travers une analyse du discours des Structures, Fonctions et
Comportements mentionnés lors de réponses des participants.
39 Résultats
•
Connaissances statiques en biologie végétale
Les trois groupes de participants n’ont pas la même quantité de connaissances en mémoire.
Ce questionnaire permettait d'avoir au maximum 108 réponses correctes. Les tout-venant
obtiennent 48.34% de réponses correctes, les viticulteurs 64.74% et les biologistes 79.04%.
•
Analyse du discours
L’analyse du discours croisée avec la variable expertise indique que selon le groupe, les
participants n’emploient pas les mêmes termes pour répondre aux questions. Les novices ont
un discours axé sur les structures observables du système (« terre », « soleil », « pluie », «
branches, « raisin »…). Les viticulteurs mentionnent des termes techniques et spécifiques à la
viticulture et aux différents produits apportés par l’Homme (« travail », « brin », « potasse »,
« produits phytosanitaires »…). Enfin, le discours des biologistes regroupe un vocabulaire
très scientifique et rend compte d’un apprentissage théorique (« pathogène », « cellule », «
respiration », « molécules », « énergie », « sels-minéraux »…).
•
Représentations mentales
Les résultats indiquent que les tout-venants et les viticulteurs basent leur compréhension
d’un système biologique sur les structures apparentes et sur les comportements de la vigne
(finalité, but du végétal). Les biologistes ont une représentation axée sur les structures et sur
les fonctions au sein du système. Ils ont une représentation de la causalité au sein du système
plus fine et plus précise que les deux autres groupes de participants.
Discussion
Ces différents résultats indiquent que le nombre de connaissances en mémoire dans un
domaine (Adelson, 1984) et les représentations mentales sont liées à l’expertise des individus
et le type d’apprentissage (pratique ou théorique) (Visser & Falzon, 1988). De plus, les tout
venant mentionnent principalement des structures visibles, donc saillantes, de la vigne et de
son écosystème (Hmelo-Silver, Marathe & Liu, 2007 ; Hmelo-Silver & Pfeffer, 2004). Ils se
basent sur les structures sans comprendre les fonctions qu’elles opèrent au sein du système.
Les viticulteurs font référence à leur travail et à la finalité économique de la viticulture.
Enfin, seuls les biologistes vont employer un vocabulaire faisant à la fois référence à des
structures observables, mais aussi à des structures inobservables (structures
macroscopiques).
Références
Adelson, B. (1984). When novices surpass experts: The difficulty may increase with expertise.
Journal of Experimental Psychology, 12, 14-21.
Bang, M., Medin, D., & Atran, S. (2007). Cultural mosaics and mental models of nature.
Proceedings of the National Academy of Sciences. 104, 1386-1387.
Carey, S. (1985). Conceptual change in childhood. Cambridge, MA: MIT Press.
Chi, M. T. H., Feltovich, P. J., & Glaser, R. (1981). Categorization and Representation of
Physics Problems by Experts and Novices. Cognitive Science. 5, 121-152.
Glaser, R. (1986). The nature of expertise. In F. Klix & H. Hagendorf (Eds.), Human memory
and cognitive performances. Amsterdam: North-Holland.
Hmelo-Silver, C. E., Marathe, S., & Liu, L. (2007). Fish swim, rocks sit, and lungs breathe:
Expert-novice understanding of complex systems. Journal of the Learning Sciences,
16, 307-331.
40 Hmelo-Silver, C. E., & Pfeffer, M. G. (2004). Comparing expert and novice understanding of a
complex system from the perspective of structures, behaviors, and functions.
Cognitive Science, 28, 127-138.
Le Moigne, J.L. (1983). La théorie du système général, Théorie de la modélisation, Paris:
Presses Universitaires de France, deuxième édition.
Vosniadou, S. (1994). Capturing and modeling the process of conceptual change. Learning
and Instruction, 4, 45-69.
41 3) Qu'est-ce qui fait qu'on ne vit plus ? Peut-on revenir à la vie? " Conceptions
biologiques de la mort chez l'enfant de 6 à 11 ans.
Labrell, Florence (Université de Reims), Thibaut, Jean­Pierre (Université de Bourgogne). Résumé.
Notre étude concerne la compréhension de trois dimensions de la propriété biologique de
mort, chez des enfants de 6 à 10 ans : la causalité, la cessation et l'irréversibilité. On a aussi
étudié le rôle alloué par eux à plusieurs dimensions biologiques de la mort comme le
fonctionnement des organes (vitaux ou périphériques) ou la restriction des fluides
(nourriture, air, sang).
Les résultats ont montré que dès 6 ans, les enfants témoignent d'une connaissance naïve de la
mort. Les causes biologiques peuvent l'expliquer, selon eux, au contraire des causes
psychologiques (la tristesse, le stress, l'épuisement). La nourriture et l'air sont décrits comme
indispensables par tous les enfants, quel que soit l'âge, alors que le sang est moins mentionné
par les plus jeunes de 6 ans. Ces derniers pensent d'ailleurs qu'un régime particulier, une
médication spécifique ou une transplantation d'organes permettrait à une personne de
revenir en vie. Au contraire, les enfants les plus âgés considèrent que seule une
transplantation permettrait de revenir à la vie, même s'ils maîtrisent l'irréversibilité. Les
résultats sont discutés en termes d'évolution des conceptions relatives à la mort en termes de
facteurs biologiques.
Introduction
L'étude du développement des conceptions biologiques intuitives est florissante depuis
quelques années (Carey, 1985; Inagaki & Hatano, 2006; Siegal, 2008 ; Thibaut, 1999). Elle vise
à comprendre comment l'enfant développe des relations causales entre différents concepts.
La propriété de mort est une bonne candidate à l'étude des connections entre concepts
puisqu'elle implique aussi bien des aspects sociaux que biologiques. Les études biologiques
de la mort ont majoritairement concerné deux approches : celle des sous composants et celle
des facteurs responsables de la mort (Lazar & Torney-Puerta, 1991; Slaughter & Lyons, 2003).
La seconde approche a envisagé comment la mort est associée à différents organes ou
activités (cardiaque, la respiration ou la nutrition), ou encore l'énergie vitale (Inagaki &
Hatano, 1993,1996; Jaakkola & Slaughter, 2002; Slaughter & Lyons, 2003). Notre étude associe
les deux approches et vise à comprendre comment les enfants parviennent progressivement
à répondre aux questions suivantes : "Qu'est-ce qui fait qu'on ne vit plus ?" "Peut-on revenir
en vie une fois mort ? ". Nous étudierons plus précisément les facteurs biologiques (types
d'organes, de fluides, effets temporels des manques) et non biologiques (sensoriels et
psychologiques) impliqués selon eux dans la mort, de même que les antidotes possibles une
fois la mort effective (médicaments ou nourriture spéciale, transplantations d'organes). Afin
de pouvoir nous baser sur les explications des enfants, nous avons choisi de les étudier de 6
ans à 10 ans, considéré jusqu'ici, par les auteurs les plus exigeants (Carey, 1985), comme l'âge
de maîtrise des conceptions biologiques.
Méthode
L'étude a porté sur un échantillon de 72 enfants (36 filles et 36 garçons) : 21 enfants de 6 ans,
20 enfants de 8 ans 31 enfants de 10 ans. Ils ont répondu à un questionnaire composé de
quatre parties relatives aux organes (vitaux et périphériques), au rôle des fluides et
nutriments dans le fonctionnement du corps, aux causes psychologiques de la mort (stress,
anxiété, tristesse) et aux antidotes de l'irréversibilité. Vingt-deux questions fermées et
ouvertes constituent le questionnaire.
42 Résultats
•
Organes vitaux et périphériques
Tous les enfants admettent que les organes vitaux sont plus décisifs que les organes
périphériques pour expliquer la mort, même si 35 % des enfants de 6 ans considèrent que ces
derniers organes ont un rôle vital (vs 10 % des enfants de 10 ans).
•
Importance et fonction des fluides et des nutriments
Si les enfants admettent l'importance de l'air et de la nourriture pour assurer la survie, les
plus jeunes connaissent moins le rôle du sang (70% de reconnaissance à 6 ans, 91% à 8 ans et
100 % à 10 ans). Ils fournissent des explications générales pour le rôle de la nourriture
(nécessaire à la vie) et en fournissent peu concernant le rôle de l'air. Les explications relatives
au rôle du sang sont plus spécifiques puisqu'elles concernent la nutrition, surtout du point
de vue des enfants les plus jeunes. Ceux-ci ne comprennent pas non plus l'effet à court terme
vs long terme de diverses anomalies (battements de cœur ou respiration interrompus vs
absence de nourriture ou boisson).
•
Causes psychologiques de la mort.
A tous les âges, les enfants les rejettent.
•
Irréversibilité et antidotes
Même si les enfants reconnaissent dès 6 ans qu'on ne peut revenir à la vie une fois mort, ils
acceptent néanmoins certains antidotes. Ainsi, les enfants de 6 ans admettent qu'une
nourriture spéciale, un médicament adapté ou une transplantation permettraient un retour à
la vie, alors que les enfants de 10 ans limitent les antidotes à cette dernière solution.
Discussion
Les résultats montrent que les causes de la mort sont identifiées dès 6 ans, même si
l'importance relative de chaque fluide n'est pas encore bien ciblée: le rôle de l'air n'est
mentionné qu'à 8 ans et celui du sang n'est pas compris avant 10 ans. De plus, l'apparente
maîtrise de l'irréversibilité dès 6 ans est remise en question par les résultats sur les antidotes
puisque jusqu'à 10 ans les enfants considèrent qu'une transplantation permettrait le retour à
la vie. Plus généralement, ce résultat interroge sur la persistance à l'âge adulte de croyances
relatives à la vie de l'esprit (Bering & Bjorklund, 2004).
L'ensemble de ces résultats encourage à identifier de façon encore plus fine les composants
d'une conception intuitive de la mort pendant l'enfance, en termes de facteurs biologiques
(organes, fluides, nutriments) dont les effets respectifs seraient variables avec le
développement.
Références
Bering, J. M., & Bjorklund, D. F. (2004). The natural emergence of reasoning about the
afterlife as a developmental regularity. Developmental Psychology, 40 (2), 217-233.
Carey, S. (1985). Conceptual change in childhood. Cambridge, MA: MIT Press.
Inagaki, K., & Hatano, G. (1993). Young children’s understanding of the mind-body
distinction. Child Development, 64, 534-549.
Inagaki, K. & Hatano, G. (1996). Young children’s recognition of commonalities between
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44 4) Conceptions des notions de force et d’énergie pour les inanimés et les animés
Megalakaki, Olga (Université de Picardie), Thibaut, Jean­Pierre (Université de Bourgogne). Résumé.
Nous étudions le développement et la différentiation des concepts de force et d’énergie pour
les inanimés et animés chez 90 élèves de 10-17 ans. Nous avons utilisé des situations où des
objets inanimés et animés interagissent et nous avons varié le mouvement/position d'un
objet et l'effort/résultat de l'agent. Les Résultats montrent que les conceptions de
force/énergie pour les inanimés évoluent graduellement mais le concept d'énergie est plus
difficile que celui de force. Initialement force/énergie sont considérées comme des propriétés
intrinsèques des objets relatives à leur poids/position. Avec l’âge le concept de force est
considéré comme un processus en interaction et l’énergie en relation avec les grandeurs
physiques qui la caractérisent. Pour les animés, les conceptions n’évoluent pas, comme tous
les élèves mettent en relation la force/énergie avec l’effort/résultat de l’agent. Concernant la
différentiation des inanimés, les plus jeunes commencent par un concept indifférencié de
force/energy qui se définit par les propriétés de l’énergie: poids/position. Ensuite, certains
élèves développent une conception interactionniste et l’appliquent aux deux concepts. Enfin,
les plus grands séparent la force de l’énergie. Cependant des intrusions de force dans
l’énergie persistent alors que l’inverse est moins fréquent. Pour les animés, les élèves
utilisent des conceptions indifferenciées de force/energy.
Introduction
Notre objectif est d’étudier le développement et la différentiation des concepts de force et
d’énergie chez les animés et les inanimés of 10-17-year-old students ce qui nous donnera des
éléments pour répondre à la question sur la nature des conceptions et comment le
développement conceptuel s’effectue. L’idée que l’acquisition de connaissances n’est pas une
accumulation de nouveaux éléments mais une restructuration est unanimement acceptée.
Par contre, ce qui différencie les auteurs se sont les hypothèses avancées par rapport à la
cohérence des conceptions naïves ainsi que par rapport à la nature du changement
conceptuel (di Sessa, 1993; Chi & Slotta, 1993 ; Vosniadou & Brewer, 1994 ; Carey, 1991).
Pour Carey (1991) le changement conceptuel arrive par l'intermédiaire de trois processus: le
remplacement, la coalescence et la différenciation. Concernant la différenciation des concepts
de force/énergie, les études confirment qu’ils sont souvent utilisés de façon indifférencié par
des individus. Dans la présente étude, comme dans Carey (1992), Smith et al., (1985) par
différenciation nous attendons le processus par lequel les composants d'un concept global
sont décomposés dans des concepts spécifiques.
Méthode
L'échantillon consiste en 90 élèves, repartis en deux groupes de 45. Le premier groupe a
répondu les questions sur la force et le deuxième sur l’énergie. Les élèves de chaque groupe
sont repartis à trois classes d’âge : 15 de CM2, 15 de 3ème et 15 de 1er Scientifique. Un
questionnaire a été utilisé comportant trois situations expérimentales qui mettaient en scène
une interaction entre un objet inanimé et un être animé, la première centrée sur le résultat de
l’action de l’agent et le mouvement des objets, la seconde sur la position des objets et la
troisième sur l’effort de l’agent pour réaliser une action. Le même questionnaire a été
formulé en termes de forces et en termes d'énergie. Nous avons réalisé des entretiens
individuels d’une durée d’environ 30 minutes.
Résultats
Les conceptions de force/énergie pour les inanimés évoluent avec l’âge, ce qui n’est pas le
cas pour les animés. Chez les plus jeunes, la force/energy pour les inanimés sont considérées
45 comme des propriétés intrinsèques des objets relatives à leur poids/position. Avec l’âge la
force est considérée comme un processus en interaction et l’énergie en relation avec les
grandeurs physiques qui la caractérisent. Par contre la force/energy pour les animés, sont
considérés en relation avec l’effort et les caractéristiques physiques des agents pendant toute
la période d’âge considérée par notre étude. Concernant le processus de différentiation, pour
les inanimés les plus jeunes commencent par un concept indifférencié de force/energy qui
correspond au concept d’énergie. Avec l’âge les élèves séparent la force de l’énergie mais pas
dans tous les cas. Pour les animés, par contre, tous les élèves utilisent un concept
indifférencié de force/energy.
Discussion
Concernant la question de la nature des conceptions naïves, à première vue nos Résultats
semplent supporter le point de vue de diSessa (1993) comme différents éléments sont activés
selon les caractéristiques de surface de chaque situation. Cependant l’analyse des réponses
des enfants montre qu’ils utilisent un petit nombre de conceptions qui sont soutenues par les
mêmes présuppositions ontologiques et épistémologiques (Vosniadou & Brower, 1994). Par
rapport à la question de la nature du changement conceptuel au départ les élèves ont
tendance à conceptualiser les concepts de force/energy comme des entités matérielles, ce qui
support l’interprétation de Chi et Slotta (1993). Cependant nous n’avons pas observé une
réassignation complète des concepts, de la catégorie matière à la catégorie processus
correspondant au point de vue de Chi. Le développement des concepts de force/énergie
observé est lent et progressif ce qui support le point de vue de Carey (1991) et Vosniadou et
Brewer (1994). Concernant le processus de différentiation, nous pouvons considérer que le
socle commun de concepts de force/energy, sont ceux de ‘‘motion/position’’ pour les
inanimés et l’‘‘effort/résultat’’ pour les animés. Tous ces concepts indifférenciés forment une
structure cognitive unique soutenue par des systèmes de croyances, des observations et des
présuppositions très proches.
Références
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Chi, M. T. H., & Slotta, J. D. (1993). The ontological coherence of intuitive physics. Cognition
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46 5) Comment les enfants comprennent-ils l’hérédité biologique ?
Mazens*, Karine, Berger** Carole, Jolly, Caroline, Kaminski, Gwenaël (*Université Pierre Mendès France, ** Université de Savoie). Résumé.
Le développement des connaissances sur l’hérédité fait l’objet d’un débat, en particulier sur
l’âge d’acquisition (avant ou à partir de 7 ans). L’objectif de notre étude est d’examiner la
compréhension de l’hérédité au niveau perceptif en déterminant quand et comment les
enfants arrivent à détecter la parenté entre une femme et son enfant. Dans une tâche de choix
forcé, des enfants de 5, 7, 9 et 11 ans et des adultes doivent apparier le visage d’un nouveauné avec celui de sa mère parmi trois visages de femmes. Deux conditions sont utilisées : (1)
condition contrôle : les deux autres visages sont non-apparentés ; (2) condition expérimentale
: les deux autres visages sont non-apparentés mais l’un d’entre eux sert de distracteur. Le
visage distracteur partage avec le nouveau-né des traits perceptifs non pertinents pour
détecter la parenté (e.g. orientation de la tête). Les Résultats montrent qu’un taux
d’appariement significatif n’apparaît qu’à l’âge de 9 ans dans la condition contrôle et
seulement à l’âge de 11 ans dans la condition expérimentale. Avant 11 ans, les enfants ont
des difficultés à différencier les traits pertinents ou non, dans la ressemblance. Ainsi, la
connaissance sur l’hérédité semble se développer graduellement et assez tardivement.
Introduction
Le développement de la compréhension de l’hérédité fait l’objet d’un débat, en particulier
sur l’âge d’acquisition des connaissances concernant ce mécanisme spécifique au domaine de
la biologie. Certaines études montrent que les enfants d’âge préscolaire possèdent déjà une
connaissance du mécanisme de l’hérédité (Springer, 1992 ; Springer, 1996 ; Springer & Keil,
1989 ; Gelman & Wellman, 1991 ; Hirschfeld, 1995) alors que d’autres montrent que cette
compréhension n’émerge pas avant l’âge de 7 ans (Solomon, Johnson, Zaitchik & Carey, 1996
; Johnson & Solomon, 1997 ; Weissman & Kalish, 1999 ; Solomon, 2002 ; Williams & Smith,
2010). Ces études s’appuient, pour la plupart, sur des méthodes de généralisation de
propriétés. Des variations sont introduites au niveau des stimuli (animal ou être humain),
des propriétés devant être généralisées (propriété biologique et croyance), des liens entre les
êtres vivants (naissance, adoption, ressemblance, etc.).
Nous proposons d’apporter des données nouvelles à ce débat en examinant la
compréhension de l’hérédité d’un point de vue perceptif. Le paradigme expérimental se base
sur celui des études qui montrent que les adultes sont capables de détecter la ressemblance
faciale entre des individus apparentés (Alvergne, Faurie & Raymond, 2007 ; Kaminski,
Méary, Mermillod & Gentaz, 2010).
L’objectif de notre étude est double : (1) examiner comment la capacité à détecter la
ressemblance faciale parent-enfant varie avec le développement ; (2) déterminer si les enfants
possèdent une compréhension de l’hérédité biologique qui pourrait guider leur détection de
la parenté dans une tâche perceptive.
Méthode
Participants : 100 enfants de 5, 7, 9 et 11 ans et 29 jeunes adultes.
Stimuli et procédure : photos de nouveau-nés (âgés de trois jours) et de mères prises en
maternité.
L’enfant doit associer le visage d’un nouveau-né à celui de sa mère parmi trois visages de
femmes. Deux conditions sont utilisées. Dans la condition contrôle, les visages de femmes
47 correspondent à la mère biologique et à deux femmes non apparentées (sans degré de
parenté avec la cible) et neutres perceptivement. Dans la condition expérimentale, les visages
de femmes correspondent à la mère biologique et à deux femmes non apparentées mais dont
l’une ressemble au visage cible sur un critère perceptif non pertinent du point de vue de
l’hérédité (visage nommé distracteur). Les critères perceptifs non pertinents du visage
distracteur concernent l’ouverture/fermeture des yeux, l’ouverture/fermeture de la bouche
et l’orientation de la tête.
Résultats et Discussion
Une régression logistique a été réalisée sur le choix de la mère biologique et du distracteur.
Les Résultats indiquent qu’à partir de 9 ans, les enfants sont capables de détecter des
individus apparentés (condition contrôle). Par contre, c’est seulement à partir de l’âge de 11
ans que les enfants sont capables de détecter la mère biologique dans la condition
expérimentale. Auparavant, les enfants se font « piéger » et choisissent significativement
plus souvent le visage distracteur comme étant la mère de l’enfant. Les enfants ont donc des
difficultés à différencier les traits pertinents ou non, dans la ressemblance héréditaire. La
connaissance sur l’hérédité semble se développer graduellement et assez tardivement. Nos
résultats vont donc plutôt dans le sens d’une acquisition tardive de la compréhension de
l’hérédité.
Références
Alvergne, A., Faurie, C., & Raymond, M. (2007). Differential facial resemblance of young
children to their parents: Who do children look like more? Evolution and Human
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Solomon, G.E.A. (2002). Birth, kind and naïve biology. Developmental Science, 5, 213-218.
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48 III) Jugements socio-professionnels au travail
Symposium organisé par Desrumaux, Pascale (Université Lille 3), Brunel, Maïté (Université
Clermont-Ferrand 2).
Titres des communications et Intervenants
Juger la recrutabilité et la valeur des candidats: Effet des informations normatives,
stéréotypiques et valides chez les recruteurs professionnels
Desrumaux Pascale, Léoni Véronique &Przygodzki-Lionet Nathalie (Université Lille 3)
La décision collective dans le recrutement dans une organisation à fort turn-over ?
Brunel, Maïté (Université Clermont-Ferrand 2), Le Floch, Valérie (Université Toulouse 2), Lemoult,
France (Université Rennes 2).
Les effets de « l’Evaluation Centrale de Soi » manifestée en situation de recrutement
Isabelle Gillet, Daniel Gilibert, Ingrid Banovic, (Université de Bourgogne)
Avez-vous bonne réputation ? Impact de cette variable dans une procédure de
recrutement.
Le Floch*, Valérie, Brunel**, Maïté, Py*, Jacques (UniversitéToulouse 2), Frugnac*, Bérangère
(*UniversitéToulouse 2, **Université Clermont-Ferrand 2)
Normativité, utilité sociale et jugement sur la valeur professionnelle
Pansu, Pascal,(Université Grenoble 2), Dompnier Benoît (Université Lausanne), Somat Alain
(Université Rennes 2)
Introduction générale
L’activité de recherche scientifique portant sur les procédures de recrutement reste
marginale au regard de l’importance sociale et économique de cette pratique (Steiner, 2001 ;
Lévy-Leboyer, 1996).
L’approche de ce champ de recherche en psychologie sociale consiste à appréhender les
déterminants du jugement dans un contexte organisationnel. Ce faisant, les travaux de
recherche insistent sur la manière dont l’évaluation sélective se pratique. Cette évaluation ne
dépend pas seulement de critères explicites « professionnellement admis » (e.g. expériences,
formation), mais aussi de critères implicites se rapportant à la « personnalité » et à des
données auto-biographiques (ie. sexe, âge, origine ethnique, beauté physique…). En outre,
un examen approfondi des pratiques professionnelles montrent que une très grande
hétérogénéité des procédures: les recruteurs ont des profils de formation très différents,
utilisent des méthodologies de l’évaluation pas toujours uniformisée (outils très
différents…), opère des décisions soit individuellement et/ou collectivement, et partagent
des informations sur les candidats de manière très différentes (e.g. Laberon & Schweitzer,
2009). Il s’agit donc dans ce symposium de présenter des travaux menés dans ce contexte afin
de mieux appréhender les déterminants du jugement dans un contexte d’évaluation.
L’ensemble des communications a pour objectif de pointer l’importance de la présentation de
soi, (à la fois sur le plan de l’apparence physique et dans les activités discursives d’autoprésentation) dans des situations d’évaluation individuelles et/ou collectives auprès de
professionnels du recrutement.
49 1) Juger la recrutabilité et la valeur des candidats: Effet des informations normatives,
stéréotypiques et valides chez les recruteurs professionnels
Desrumaux Pascale, Léoni Véronique & Przygodzki­Lionet Nathalie (Université Lille 3) Introduction
Dans le cadre du recrutement, les effets normatifs de l’internalité sont bien connus : elle
influence favorablement les jugements de recrutabilité et les décisions d’embauche, même si
d’autres informations sont simultanément mises en jeu (Desrumaux, 2005 ; DesrumauxZagrodnicki & Rainis, 2000; Gilibert, 2002 ; Pansu, 1997). Par ailleurs, ces jugements sont
influencés par les stéréotypes de beauté (Dion, Berscheid & Walster, 1972) et de genre
(Davidson & Burke, 2000). En réalité, les jugements de recrutement seraient particulièrement
biaisés par l’apparence des personnes et notamment par le stéréotype de beauté (Desrumaux,
2005, 2011 ; Desrumaux, De Bosscher & Léoni, 2009). Certains Résultats (Desrumaux, 2005 ;
Jawahar & Mattson, 2005) invitent à reconsidérer partiellement le modèle du lack of fit
proposé par Heilman en 1983. En effet, d’après ce modèle, la beauté des hommes est un
avantage quelque soit le type de poste alors que la beauté des femmes est un handicap pour
les postes de cadres. Cependant, ces travaux trouvent plusieurs limites. Premièrement, les
recherches relatives au modèle d’Heilman et à sa révision (LOF-R, Polinko, 2000) ont
rarement testé simultanément les effets du statut hiérarchique et du type sexuel du poste.
Deuxièmement, les profils ne comprennent pas le plus souvent d’indications relatives aux
aptitudes mentales générales (AMG : indicateurs de performance future) des candidats alors
que les AMG influencent fortement les décisions (Tew Stafford & Zhu, 2009). Troisièmement,
les effets mesurés concernent souvent la recrutabilité et beaucoup plus rarement la valeur
des candidats. Enfin, les résultats ont souvent concerné des métiers relationnels (commerce,
banque…) et une réplication prudente nécessiterait de tester le modèle sur une population
professionnelle différente. La présente recherche a donc mesuré les effets de
l'internalité/externalité, du sexe, de l'apparence physique et de l'aptitude dans les situations
de recrutement et a testé l’hypothèse que la beauté n’influence plus négativement la
recrutabilité des femmes pour les postes de cadres mais qu’elle a un effet positif sur la
désirabilité et l’utilité des hommes et des femmes.
Méthode
Des recruteurs professionnels de la région parisienne et du Nord de la France (N = 56)
devaient porter une série de jugements sur 16 candidatures. Quatre groupes de quatorze
recruteurs ont été constitués : chacun des recruteurs devait traiter un dossier de 16
candidatures pour un poste supérieur typiquement masculin (chirurgien), ou pour un poste
supérieur typiquement féminin (médecin nutritionniste), ou pour un poste subalterne
typiquement masculin (ambulancier), ou encore pour un poste subalterne typiquement
féminin (assistante dentaire). Dans chaque dossier, les 16 candidatures variaient selon le
sexe, l’attrait, l’internalité et le niveau d’aptitude. Les recruteurs devaient noter la
recrutabilité, la désirabilité sociale (agréable, honnête et sympathique), l'utilité sociale
(dynamique, intelligent et travailleur), l'expérience professionnelle et la compétence des
candidats. De plus, ces derniers devaient classer par ordre de préférence les 16 candidats.
Résultats
Tout d’abord, les résultats indiquent une influence favorable sur les notes de recrutabilité de
l’internalité, de l’attrait et de la performance (aptitude) des candidats mais aussi une
inversion du biais de sexe : les femmes sont mieux notées que les hommes et ne seraient pas
défavorisées lorsqu'elles briguent des postes de niveau hiérarchique supérieur (même si elles
sont attrayantes). Les recruteurs sont en outre plus sévères pour les postes de niveau
50 supérieur (médecin nutritionniste et chirurgien) que pour les postes subalternes. Le type
sexuel du poste n’a en revanche pas d’effet. Les mêmes effets principaux de l’internalité, de
l’aptitude, de l'apparence et du sexe sont retrouvés pour l’utilité et pour la désirabilité.
Cependant, les jugements de désirabilité sont influencés par de nombreuses interactions
impliquant le niveau hiérarchique et le type sexuel du poste.
Ensuite, lorsque les professionnels du recrutement estiment l’expérience des candidats,
l’internalité et l’aptitude influencent positivement les jugements alors que l’attrait n’a plus
d’effet. Lorsque les recruteurs estiment la compétence des candidats, l’internalité, l’aptitude
et l’attrait influencent positivement les jugements mais le sexe des candidats n’a pas d’effet.
Ces résultats montrent bien l’évolution des jugements favorisant non seulement les
personnes internes et attrayantes mais aussi de sexe féminin. Bien qu’ils invitent à
reconsidérer le modèle d’Heilman et confirment que l’attrait constitue une variable puissante
en comparaison du genre, ils restent encore à considérer avec prudence. En effet, à la
différence des jugements, certains classements des candidats favorisent les hommes. Enfin,
l’internalité et l’attrait influencent non seulement les jugements de recrutabilité mais aussi les
attributions de valeur faites aux candidats.
Références
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l’internalité/externalité, du genre, de l’apparence physique et du type hiérarchique et
sexuel du poste sur les décisions de recrutement. Revue Internationale de Psychologie
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51 2) La décision collective dans le recrutement dans une organisation à fort turn-over ?
Brunel, Maïté (Université Clermont­Ferrand 2), Le Floch, Valérie (Université Toulouse 2), Lemoult, France (Université Rennes 2). Introduction.
L’objectif de cette étude était de mesurer dans un cadre écologique, l’influence relative des
trois informations classiques que sont le CV, l’entretien et les prises de références lors de
trois phases successives de jugement : préconsensus, consensus et postconsensus de
Moscovici & Doise (1992). Si les recherches menées sur la validité des outils d’évaluation
dans le domaine du recrutement (e.g. Hunter & Hunter, 1984) ont montré que l’entretien,
lorsqu’il est structuré, atteint un score considéré comme un prédicteur honorable (.54)
contrairement au « CV » et à la « prise de références », elles ont généralement montré que la
règle de décision de recrutement état essentiellement basée sur la prise de référence. En
outre, elles ont rarement portée sur l’importance accordée à chacune de ces informations
dans le cadre d’une décision collective, alors même qu’il s’agit d’une pratique de plus en
plus employée. Il s’agissait donc de savoir si la condition de prise de décision collective
permettrait le déplacement des évaluations dans le sens d’une accentuation du jugement
initial tel que l’avait déjà montré Testé (2001), dans une situation de jugement
personnologique, ou au contraire si les individus placés dans la phase de consensus allaient
faire converger leur jugement vers le compromis (Stasser & Titus 1985) ; la discussion en
phase de consensus devant néanmoins octroyer l’apparition probable du processus de
polarisation des jugements.
Méthode
24 responsables de rayons de sport exerçant dans les magasins de Midi-Pyrénées ont été
répartis en 8 groupes de 3 recruteurs. Il faut noter que le personnel de ces magasins, pour le
poste considéré est majoritairement un personnel d’étudiants impliquant un turn-over
important. Ils devaient exprimer quelle était la source d’information la plus importante pour
eux pour établir leur pronostic, sélectionner, puis évaluer sur des adjectifs qualificatifs
(positifs vs négatifs) lors des trois phases (pré consensus, consensus et post consensus), la
meilleure candidate parmi 3 candidates possibles, postulant à un poste de vendeuse sportive.
Ces 3 candidatures présentaient chacune deux éléments forts et un élément faible (prétesté
au préalable auprès de 90 sujets qui ont réussi à discriminer les sources défaillantes dans le
sens de notre objectif). Ainsi, 3 combinaisons ont été établies « faible en CV » (mais bonne sur
l’entretien et la prise de références), « faible en entretien » (mais bon CV et bonne prise de
références) et « faible en réputation » (mais bon CV et bon entretien). Ils avaient ensuite 20
minutes pour répondre collectivement au questionnaire.
Résultats
•
Les recruteurs déclarent que l’entretien est la principale source sur laquelle se fonde
leur jugement puis le CV et enfin la référence. Cependant, au vu du classement qu’ils
effectuent en matière de recrutabilité, ils préfèrent majoritairement la candidate possédant le
moins bon entretien, un très bon CV et une très bonne prise de référence.
•
La discussion en phase de consensus maintient les positions initiales en faveur de
cette candidate sans pour autant discriminer les deux autres.
•
Les évaluateurs attribuent davantage d’adjectifs positifs que d’adjectifs négatifs à
l’ensemble des trois candidates
Discussion.
52 La référence est un facteur essentiel d’évaluation des candidats dans le cadre du
recrutement, et ce jugement basé sur cette règle de décision n’est pas « modifiée » en groupe.
Tout se passe comme si, dans ce cas, les recruteurs avaient du mal à discriminer les
candidates entre elles, parce que l’organisation dans laquelle ils travaillent est
essentiellement basée sur un recrutement avec un important turn-over. Les recruteurs ont
conforté leur préférence initiale. Ce maintien de la position initiale en situation de consensus
puis de post-consensus interroge sur l’utilité de prendre une décision en groupe dans des
organisations à turn-over important.
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performance, Journal of Applied Psychology, 96, 72-98.
Moscovici, S. & Doise, W. (1992). Dissensions et consensus, Paris : Presses Universitaires de
France.
Stasser, G. & Titus, W. (1985). Pooling of unshared information in group decision making:
Biased information sampling during group discussion. Journal of Personality and Social
Psychology, 48, 1467-1478.
1. Testé, B. (2001). Perspective socionormative sur la polarisation de groupe: Effets
du consensus dans le cadre d’une activité de détection d’utilité sociale. Revue
Internationale de Psychologie Sociale/International Review of Social Psychology, 14, 91130.
53 3) Avez-vous bonne réputation ? Impact de cette variable dans une procédure
de recrutement.
Le Floch*, Valérie, Brunel**, Maïté, Py, Jacques (Université Toulouse 2), Frugnac*, Bérangère (*Université Toulouse 2, **Université Clermont­Ferrand 2) Introduction
L’enjeu du recrutement est de trouver la personne qui correspond le plus au poste à pourvoir
(Cook, 1988 ; Levy-Leboyer, 1996 ; Laberon & Schweitzer, 2009). Plusieurs méthodes
permettent d’évaluer le candidat et de prédire ses compétences dites « techniques » et «
sociales » correspondant à celles qui sont souhaitées par l’organisme recruteur. En France, la
méthode de recrutement la plus utilisée est le « Trio Classique », qui comprend l’évaluation
de trois sources d’informations afférant au candidat(e) : le curriculum vitae, l’entretien et la
prise de référence. D’un point de vue des qualités de validité et de fidélité de ces trois
informations, selon une méta-analyse de Hunter et Hunter (1984), le contrôle de référence est
l’information qui aurait les qualités métriques les plus faibles : .13 en comparaison du CV
(.20) et de l’entretien structuré (.54). Pourtant, l’impact de cette prise de référence a été
largement démontré, dans plusieurs études (e.g. Py, Le Floch & Sakulwongsa, 2007). Ainsi, la
question est de savoir si en présentant les valeurs prédictives de ces différents outils
d’analyse, le jugement pourrait être plus « rationnel ». En effet, Zukier et Pepitone (1984)
montrent que le jugement des individus peut être amélioré et moins biaisé si on place les
individus dans un contexte statistique. En focalisant leur attention sur une information
statistique, ils feront des estimations ou prendrons des décisions meilleures, que dans un
contexte « clinique ». Néanmoins, les célèbres études de Tversky et Kahneman (1973)
montrent que lorsque les individus sont soumis à des informations statistiques et à des
données individualisantes sur des personnes, la plupart du temps, ces dernières données
sont les plus retenues. Les individus sélectionnent et accordent une plus grande importance
aux informations représentationnelles plutôt que les informations statistiques, qu’ils vont
ignorer. Ce résultat est-il cependant valide pour les experts en recrutement ? Tel est l’objectif
de l’étude. Nous avons donc supposé qu’en rappelant aux 15 recruteurs professionnels, les
validités prédictives du trio classique, ils prendraient en compte ces informations statistiques
et ne tiendraient donc pas compte des prises de référence dans leur évaluation en
comparaison de 15 autres recruteurs à qui cette information n’était pas délivrée.
Méthode
Trente recruteurs professionnels ayant en moyenne 6,5 années d’expériences dans le
recrutement, dont 11 hommes et 19 femmes ont participé à cette étude (âge moyen = 32 ans).
Trois dossiers de candidature ont été créés, pour un poste de « technicien en informatique et
électronique » en CDD, pouvant évoluer en CDI. Chaque dossier de candidature comporte
un Curriculum Vitae, un extrait d’entretien et une prise de référence, les éléments oraux sont
retranscrits sous format papier. Une fiche de poste standardisée du métier de technicien
électronicien et la fiche ROME de cette profession sont présentées dans le dossier. Chacun
des 3 candidats a un dossier qui comporte un élément faible et deux autres positifs. Lorsque
l’élément faible est le CV, c’est qu’il y a un « vide », à savoir, une année où le candidat a
interrompu ses études ou son emploi. Concernant les entretiens, l’entretien qui est considéré
comme l’élément faible du dossier est celui dont les réponses sont les plus externes. Les
entretiens qui vont être évalués positivement par les recruteurs sont plutôt internes. La prise
de référence est évaluée positive par les recruteurs pour deux candidats et plus négative
pour un des 3 candidats. Pour les 3 dossiers, les éléments faibles et les éléments positifs sont
réciproquement comparables entre eux. Il est ajouté un tableau présentant les validités
prédictives des méthodes d’évaluation utilisées dans le recrutement pour l’un des deux
54 groupes de recruteurs de la manière suivante « Selon des analyses scientifiques, vous
trouverez dans le tableau ci-dessous la validité prédictive des méthodes d’évaluation dans le
recrutement, permettant d’évaluer un candidat potentiel sur un poste donné. Cette validité
est catégorisée en trois sections : validité dite faible, validité dite moyenne, validité dite forte.
Ainsi plus la valeur est forte, plus le test est un bon prédicateur ». Accompagné de ces
dossiers, les recruteurs évaluaient la recrutabilité des candidats et donnaient une estimation
chiffrée sur les qualités métriques de chacun des outils.
Résultats
•
D’un point de vue pratique, 20 recruteurs professionnels ont recruté le candidat qui
avait la meilleure prise de référence et un bon CV.
•
Le candidat ayant un «faible entretien » (M = 7.33 ; SD = .38) a une meilleure note de
recrutabilité que le candidat ayant une « faible référence » (M = 4.70 ; SD = .40). L’évaluation
du candidat ayant un faible CV est aussi plus favorable que celle du candidat ayant une
«faible référence » (M = 4.70 ; SD = .40) (M = 8.05 ; SD= .37). En revanche, il n’existe pas de
différence significative entre l’évaluation du candidat ayant un «faible entretien » (M = 7.33 ;
SD = .38) et l’évaluation du candidat ayant un « faible CV » (M = 8.05 ; SD = .37)
•
Aucun effet significatif de la variable inter-sujet « absence ou présence des validités
prédictives » n’est obtenu. L’interaction entre les deux variables n’atteint pas le seuil de
significativité.
•
Que les recruteurs aient eu à disposition les valeurs prédictives ou non, ils accordent
en moyenne une validité de .82 aux entretiens, .80 aux prises de références, et .70 au CV.
Discussion
Au bilan, le critère déterminant dans une procédure de recrutement du trio classique est la
prise de référence avec une estimation d’une valeur prédictive très forte au regard, pourtant,
des qualités métriques de l’outil. L’essentiel est d’avoir une bonne « réputation » ! Une
analyse des justifications données par les recruteurs amènent à penser qu’ils n’ont pas voulu
prendre en compte les valeurs prédictives parce que leur expérience est plus valide que des
valeurs statistiques produites par une source (Hunter et Hunter, 1984) complètement
inconnue. Une réflexion sur la crédibilité de la source doit être menée ainsi que sur cette
absence de correction des jugements au regard d’informations statistiques données.
Références
Laberon, S. & Schweitzer, M. (2009). Les pratiques d'évaluation utilisées dans les structures
de conseil en recrutement : quelques déterminants. Psychologie du Travail et des
Organisations, 15(2), 111-136.
Levy-Leboyer C. (1996). Evaluation du personnel : quels objectifs ? Quelles méthodes ? Paris :
Les Editions d’Organisation.
Hunter J.E. & Hunter R.F. (1984). Validity and utility of alternate predictors of job
performance.Journal of Applied Psychology, 96, 72-98.
Py, J., Le Floch, V. & Sakulwongsa, C. (2007, août). CV, entretien, prise de référence : quel
poids relatif dans les décisions collectives de recruteurs professionnels. 8ème
Colloque International de Psychologie Sociale Appliquée, Besançon.
Zukier, H. & Pepitone, A. (1984). Social roles and strategies in prediction: some determinants
of the use of base-rate information. Journal of Personality and Social Psychology, 47, 349360.
55 4) Normativité, utilité sociale et jugement sur la valeur professionnelle
Pansu, Pascal (Université Grenoble 2) Dompnier, Benoît, (Université Lausanne), Somat, Alain (Université de Rennes 2) Introduction
Cette étude s’inscrit dans le prolongement des études qui, dans un contexte évaluatif, ont
montré que la valeur attribuée à une personne comme les pronostics de réussite sociale et
professionnelle suscités par cette attribution de valeur varient selon l’orientation interne vs.
externe des explications mobilisées par ladite personne dans ce contexte (cf. Beauvois, 1984,
pour revue Dubois, 2009, Pansu, 2006). Dans cette lignée, nous avons conduit une nouvelle
étude sur la valeur des explications internes relatives à des événements professionnels afin
de savoir quel type de valeur ces explications réalisent : des valeurs ancrées le domaine
interpersonnel (i.e., désirabilité sociale) ou des valeurs ancrées dans le fonctionnement social
(i.e., utilité sociale).
Méthode
L’étude a été conduite auprès de 80 cadres (29 femmes et 51 hommes) de la région
Rhône-Alpes. Quatre-vingt profils de candidats ont été construits de manière aléatoire à
partir d’un questionnaire d’internalité, adapté de Pansu et Gilibert (2002), comprenant16
énoncés évoquant des situations professionnelles). Chaque énoncé renvoyait à six
explications possibles : trois explications internes (trait, intention-but, effort) et trois
explications externes (situation, chance et pouvoir d’autrui).Les explicationsrésultant pour
chaqueprofil d’un tirage aléatoire, chaque candidat se caractérisait par un score d’internalité
propre (i.e., variable inter-sujet continue aléatoire provoquée). Les participants évaluateurs
étaient rencontrés durant leur temps de travail et se voyaient remettre un dossier
comprenant le profil d’un candidat à un poste d’encadrement. Après avoir pris connaissance
des réponses fournies par ledit candidat (fictif) au questionnaire d’internalité, les participants
devaient juger de son évolution à un poste d’encadrement et devaient se prononcerquant à
sa recrutabilité etréussite future. Ils devaient également le décrire à partir d’une liste de 24
traits de personnalitésur des échelles en 11 points allant de 0 (ne le décrit pas du tout) à 10 (le
décrit tout à fait).Parmi ces traits, 12 renvoyaient à l’utilité sociale,dont une moitié était
connotée positivement (e.g., intelligent, travailleur) et l’autre négativement (naïf, étourdi) ; 12
renvoyaient à la désirabilité sociale dont 6 à connotation positive (e.g., agréable, attachant) et
6 à connotation négative (e.g., hypocrite, agaçant). La somme de ces 24 traits donnait pour
chaque participant un score d’utilité et de désirabilité sociales pouvant varier de -60 (pôle
négatif) à+ 60 (pôle positif).
Résultats
Les résultats confirment tout d’abord des données antérieuresen les resituant dans le
contexte évaluatif des organisations :plus le score d’internalité des candidats est élevé,
meilleurssont les jugements à leur endroit.Mais au-delà de ces résultats confirmatoires,
d’autres sont véritablement nouveaux dans ce contexte et révèlent quesi l’utilité et la
désirabilité sociales sont deux prédicteurs des jugements de recrutabilité et de pronostic de
réussite future, seule l’utilité sociale médiatise l’effet de l’internalité sur le recrutement et le
pronostic de réussite future.
Discussion
Ce résultat va dans le sens des travaux ayant montré que les attitudes les plus
normatives en matière d’internalité sont associées à l’utilité sociale et non à la désirabilité
sociale (cf. Dompnier, Pansu, &Bressoux, 2007; Dubois, 2009).
56 Références
Beauvois, J.-L. (1984). La psychologie quotidienne. Paris: Presses universitaires de France.
Dompnier, B., Pansu, P., &Bressoux, P. (2007). Social utility, social desirability and scholastic
judgments : Toward a personological model of academicevaluation. European Journal
of Psychology of Education, 22(3), 333-350.
Dubois, N. (2009). La norme d'internalité et le libéralisme (2 ed.). Grenoble: Presses
universitaires de Grenoble.
Pansu, P. (2006). The internalitybias in social judgments : A sociocognitive approach. In A.
Columbus (Ed.), Advances in PsychologyResearch (Vol. 40, pp. 75-110). Hauppauge, NY:
Nova Science Publishers.
Pansu, P. &Gilibert, D. (2002).Effect of causal explanations on work-related judgment.Applied
Psychology: An International Review, 51 (4), 505-526.
57 10H30-12H00 : SESSIONS
I)
Psychologie Sociale Appliquée : Attitudes et comportements:
Titre des communications et intervenants
« Qui sent bon aide bien ? » ou l’influence des odeurs sur les comportements d’aide
subséquents
Saint-Bauzel, Roxane (Université de Provence), Egal, Amandine &Louis, Célia (Université de
Poitiers)& Fointiat, Valérie (Université de Metz).
Le pouvoir des odeurs : influence des représentations cognitives implicites sur les
intentions de comportements
Gaillet, Marie, Sulmont-Rossé, Claire, Meyrueix, Marion, Issanchou, Sylvie& Chambaron, Stephanie
(UMR CSGCSGA, INRA Dijon).
L’exposition sélective à l’information de prévention.
Bardin, Brigitte, Perrissol, Stéphane, & Py,Jacques (Université Toulouse 2).
La fidélisation des donneurs de sang par courrier électronique : pied dans la porte et
étiquetage du dernier don
Georget, Patrice (Université de Caen), Callé, Nathalie (Etablissement français du sang, Normandie),
Plainfossé, Candice (Etablissement français du sang, Normandie), Sénémeaud, Cécile (Université de
Caen).
L’impact de l’auto affirmation positive sur l’auto dépréciation.
Pena Pena*, Manuela, Urdapilleta**, Isabel&Verlhiac*, Jean-François (*Université Paris
OuestNanterre, **Université Paris 8)).
58 1) « Qui sent bon aide bien ? » ou l’influence des odeurs sur les comportements d’aide
subséquents
Saint-Bauzel, Roxane (Université de Provence), Egal, Amandine & Louis, Célia
(Université de Poitiers), Fointiat, Valérie (Université de Metz)
Introduction
Grâce aux travaux de Baron (Baron et Bronfen, 1994 ; Baron, 1997), on sait depuis plus de
deux décennies que des contextes odorants, jugés agréables, ont un effet facilitateur sur
l’apparition de comportements pro-sociaux. Cet effet s’expliquerait grâce au rôle médiateur
de la variable humeur : une odeur de contexte agréable induirait chez les individus une
humeur positive, elle-même connue pour favoriser l’apparition de comportements d’aide
(Isen, 1987). Lorsque l’on s’intéresse non plus aux odeurs de contexte, mais à celles des
personnes, nous retrouvons une influence du parfum porté par une personne sur un
comportement d’aide (Gueguen, 2001). L’hypothèse interprétative du rôle médiateur de
l’humeur a également été avancée pour expliquer ces Résultats, bien que cette variable n’ait
jamais été mesurée. Notre recherche visait donc à reproduire ce pattern de Résultats, en
incluant une mesure de l’humeur des individus, afin de préciser le rôle de cette variable dans
la relation entre odeur d’une personne et comportement d’aide.
Méthode
Pour ce faire, nous nous sommes inspirés du paradigme utilisé dans l’expérience de
Gueguen (ibid.). Cent-vingt passants, choisis au hasard, ont été sollicités dans une rue
piétonne d’une petite ville de l’Ouest de la France. Une expérimentatrice suivait un sujet,
seul dans la rue, le dépassait, puis laissait tomber un gant par terre quelques mètres plus
loin. A l’insu des sujets, une compère comptait le nombre de passants qui aidaient
l’expérimentatrice à ramasser l’objet. Dans la moitié des conditions expérimentales, nous
avons introduit une mesure de l’humeur, en proposant aux sujets de remplir d’une part, une
échelle en sept points à propos de leur humeur du moment (Baron, ibid.), et d’autre part, la
Brief Mood Introspection Scale (BMIS, Mayer et Gaschke, 1988). L’expérimentatrice arrêtait
alors le sujet, prétextant faire une étude sur l’humeur des français en général. Une fois le
questionnaire rempli, elle remerciait le sujet, le dépassait, et comme précédemment, laissait
tomber un objet. Pour des raisons liées au terrain, ce sont cette fois quelques feuilles que
l’expérimentatrice faisait tomber.
La première variable que nous avons manipulée est l’odeur de l’expérimentatrice, parfumée
avec de la vanille, du camphre, ou bien ne portant pas d’odeur spécifique. Le choix de ces
odeurs est basé sur une série de pré-tests, lors desquels vingt-six étudiants ont évalué un
ensemble de quinze odeurs. Différentes dimensions des odeurs ont été prises en compte,
comme par exemple, la familiarité, la saillance, ou encore l’agréabilité de l’odeur, au moyen
d’échelles en sept points allant de 1 : « pas du tout » à 7 : « tout à fait » (Chréa et al., 2004).
Les résultats nous ont conduits à choisir deux odeurs jugées, à différents degrés, agréables :
la vanille (M= 6.32, sd= 1.0) et le camphre (M= 4.34, sd= 1.5, t(25)= 5.54, p<.000).
De par la procédure, nous avons également tenu compte d’une seconde variable
indépendante : le contact avec l’expérimentatrice. Les sujets dont nous avons mesuré
l’humeur ont en effet été en contact avec l’expérimentatrice, donc plus longuement en
présence d’éventuelles odeurs que ceux l’ayant simplement croisée. Notre recherche illustre
donc un plan 3(odeur de l’expérimentatrice : sans parfum vs parfum vanille vs parfum
camphre)* 2(contact avec l’expérimentatrice : avec vs. sans).
Résultats
59 Les résultats montrent tout d’abord un effet du contact avec l’expérimentatrice : les sujets
ayant seulement croisé l’expérimentatrice l’aident significativement plus que ceux ayant eu
un contact avec elle (46/60 vs. 36/60, χ²(1)= 3.85, p<.05, Ф= .18). Ce résultat peut être
interprété aux regards d’un éventuel effet plafond dû à l’objet perdu, ou bien d’induction,
via une interaction, de traitements cognitifs de l’information différents (Chaiken, 1980). On
peut également penser que les sujets ayant eu un contact avec l’expérimentatrice ont attribué
l’odeur à son porteur, contrairement aux sujets qui ont simplement croisé l’expérimentatrice.
De plus, nous observons un effet des odeurs sur le comportement d’aide : lorsque
l’expérimentatrice porte une odeur de camphre, les sujets sont significativement moins
nombreux à l’aider que lorsqu’elle porte une odeur de vanille (22/40 vs. 32/40, χ²(1)= 5.70,
p<.01, Ф= .27). Ce résultat peut en partie être expliqué par le fait que ces odeurs n’ont pas le
même degré d’agréabilité. La vanille étant perçue comme plus agréable que le camphre, nous
serions plus enclins à aider quelqu’un qui porte une odeur de vanille, plutôt que quelqu’un
qui porte une odeur de camphre.
Cependant, nous n’observons pas d’effet des odeurs sur l’humeur des sujets. Que
l’expérimentatrice porte une odeur de vanille, de camphre, ou bien ne porte aucun parfum
spécifique ne semble pas avoir d’influence sur l’humeur des sujets, mesurée à l’aide d’un
item global (F(2,57)=1.91, ns), ou par les différents items de la BMIS. Il semble donc que nos
Résultats n’aillent pas dans le sens de l’hypothèse avancée dans la littérature en termes
d’humeur.
Discussion
Pris dans leur ensemble, nos résultats laissent à penser que les odeurs portées par des
personnes sont traitées de façon différente des odeurs de contexte. Nous avançons
l’hypothèse qu’une variable supplémentaire, liée au porteur de l’odeur, interviendrait dans
la relation entre odeurs de personnes et comportements d’aide. Le rôle de la composante
émotionnelle des odeurs reste néanmoins à discuter, notamment à la lumière de la Geneva
Emotion and Odor Scale (GEOS, Chréa et al., 2009).
Références
Baron, R.A. (1997a). The sweet smell of...helping: Effects of pleasant ambient odors on
prosocial behavior in shopping malls. Personality and Social Psychology Bulletin, 23,
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effects of pleasant fragrances on work-related behavior. Journal of Applied Social
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Chaiken, S. (1980). Heuristic versus systematic information processing and the use of source
versus message cues in persuasion. Journal of Personality and Social Psychology, 39,
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Chrea, C., Grandjean, D., Delplanque, S., Cayeux, I., Le Calvé, B., Aymard, L., Velazco, M.I.,
Sander, D., Scherer, K.R. (2009). Mapping the semantic space for the subjective
experience of emotional responses to odors. Chemical Senses, 34, 49-62.
Chrea, C., Valentin, D., Sulmont-Rossé, C., Ly Mai, H., Nguyen, D.H., & Abdi, H. (2004).
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odors. Food Quality and Preference, 15, 669-679.
Gueguen, N. (2001). Effect of a perfume on prosocial behavior of pedestrians. Psychological
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Isen, A.M. (1987). Positive affect, cognitive processes, and social behaviour. In L. Berkowitz
(Ed.), Advances in experimental social psychology – Vol. 20 (pp.203-253). New-York,
NY: Academic Press.
60 Mayer, J. D., & Gaschke, Y. N. (1988). The experience and meta-experience of mood. Journal
of Personality and Social Psychology, 55, 102-111.
61 2) Le pouvoir des odeurs : influence des représentations cognitives implicites sur les
intentions de comportements
Gaillet, Marie, Sulmont­Rossé, Claire, Meyrueix, Marion, Issanchou, Sylvie, Chambaron, Stephanie (UMR CSGCSGA, INRA Dijon). Résumé
Les objectifs de cette étude étaient (1) de déterminer quelles sont les intentions de
comportement suscitées par la perception d’odeurs de fruits, de légumes, et de plantes
aromatiques et (2) de révéler les intentions de comportement suscitées par différentes
modalités de présentation (olfactive ou visuelle). Dans l’étude 1, 23 participants ont évalué 15
odeurs sur des échelles d’appétence et de typicité puis ont réalisé un test d’évocation
implicite. Dans l’étude 2, 60 participants, répartis en trois groupes, ont été exposés soit à des
odeurs, des images ou des mots représentant les mêmes aliments. Puis, ils ont réalisé un test
d’évocation implicite. Les Résultats de l’étude 1 montrent que les odeurs de fraise des bois et
de poire ont été jugées comme très typiques de la catégorie fruit alors qu’elles amorcent
pourtant des intentions de comportements différents. Pour l’odeur de fraise, 61% des
évocations se rapportaient à l’envie de manger un produit sucré. A contrario, la perception
de l’odeur de poire amorçait des intentions alimentaires plus « saines » (i.e de consommer
des fruits). Les Résultats de l’étude 2 montrent que ce sont les odeurs et les mots qui
favorisent le plus l’envie de consommer des produits sucrés comparativement aux images.
Introduction
Sans nier l’intérêt que peuvent présenter les tests directs (questionnaires, rapports verbaux)
généralement utilisés dans les études s’intéressant au lien entre Comportement alimentaire
et Mémoire sensorielle (Chapelot & Louis-Sylvestre, 2004; Hebel, 2008), il apparaît
indispensable aussi d’adapter des tests indirects issus de la psychologie cognitive. Ces
derniers s’intéressent à la composante non consciente des mémoires mises en jeu lors de la
consommation des aliments. L’étude de la mémoire implicite repose sur l’utilisation de tests
indirects issus de la psychologie cognitive (Jacoby & Dallas, 1981 ; Graf et al., 1985).
L'amorçage est un paradigme expérimental utilisé pour mettre en évidence et étudier les
effets de cette mémoire implicite. Ce paradigme est basé sur la présentation préalable d'un
stimulus (visuel, auditif, olfactif, ...) qui va modifier les traitements cognitifs ultérieurs. Dans
une étude réalisée par Holland et al. (2005), les participants réalisaient une tâche simple
(mathématique ou sémantique) dans une pièce, soit inodore, soit dans laquelle une légère
odeur de détergent citron avait été diffusée. Les auteurs demandaient ensuite aux
participants de passer dans une autre pièce où ils étaient installés à une table pour y
consommer un biscuit sec. Les Résultats montrent que les participants avaient tendance à
ramasser les miettes significativement plus souvent lorsqu’ils avaient été préalablement
exposés à l’odeur de détergent citron, alors même qu’ils n’étaient pas conscients de cette
exposition. Ces auteurs ont ainsi montré que le concept de « propreté/ménage » peut être
amorcé d’une façon subtile. Finalement, cette étude met en évidence l’existence d’un lien
indirect entre perception d’un stimulus olfactif (odeur de détergent citron) et comportement
(de « ramassage de miettes ») en passant par l’activation de représentations mentales liés au
concept de « propreté/ménage ».
L’objectif principal de nos travaux est d’adapter ce type d’expérimentation au domaine
alimentaire. Nous souhaitons mettre en évidence l’existence d’un lien indirect entre la
perception d’un stimulus olfactif ou visuel alimentaire et le comportement de choix
alimentaire, en passant par l’activation d’un concept « manger sain ». Pour ce faire, nous
avions comme premier objectif de sélectionner des amorces visuelles et olfactives
62 représentatives de ce concept « manger sain », ce que nous avons réalisé au travers de deux
études.
Méthode
Dans la première étude exploratoire, il s’agissait de pré-tester un pool d’odeurs comprenant
des odeurs de fruits, de légumes, de plantes aromatiques et d’aliments gras afin de
déterminer quelles odeurs seraient retenues pour servir ultérieurement d’amorces olfactives.
Ce pré-test avait pour objectif de mesurer à la fois des connaissances explicites et implicites
de consommateurs naïfs pour ces odeurs. D’une part, les participants devaient évaluer
l’hédonicité, la familiarité, l’appétence, la typicité et la force de l’émotion ressentie en sentant
chaque odeur (connaissances explicites). D’autre part, les participants devaient sentir chaque
odeur et écrire ce que cette odeur leur donnait envie de « faire » (test d’évocation). L’objectif
était de révéler des comportements susceptibles d’être associées à une odeur (et non des
associations sémantiques explicites comme le fait un test d’identification classique).
Résultats
Les résultats ont montré que certaines odeurs ne sont pas forcément jugées typiques d’une
catégorie donnée alors même qu’elles activent des actions/comportements pertinents en
rapport avec cette catégorie. Ainsi, bien que l’odeur de pâté de foie n’ait pas été jugée
typique de la catégorie légume, cette odeur a amorcé des comportements en relation avec
cette catégorie (cette odeur donne envie de « manger de la soupe », « manger des légumes »,
« me mettre au coin du feu, bien au chaud en mangeant un bol de soupe », « cuisiner,
préparer un bouillon de légumes »). De plus, certaines odeurs ont pu amorcer deux types de
comportements distincts. Ainsi, l’odeur de thym a été jugée typique de la catégorie aromates
mais a amorcé d’une part, des comportements en rapport avec la cuisine (26% des évocations
: cette odeur me donne envie de « faire cuire des côtes d'agneau au thym », « cuisiner », « de
manger des brochettes de viande avec des herbes de Provence dessus », « faire un barbecue
»), et d’autre part, des comportement en rapport avec une activité physique (26% des
évocations : cette odeur me donne envie de « faire une ballade », « me promener en forêt », «
me promener en montagne », « me promener dans une garrigue »). Enfin, les résultats ont
montré que deux odeurs ayant été jugées très typiques de la catégorie fruit, l’odeur de fraise
des bois et l’odeur de poire, n’ont pas amorcé les mêmes comportements. Pour l’odeur de
fraise, 61% des évocations se rapportaient à l’envie de manger un produit sucré (cette odeur
me donne envie de « manger un bonbon », « manger des fraises tagada », « manger une
glace à la fraise ») contre seulement 9% se rapportant à une alimentation à base de fruits. A
contrario, la perception de l’odeur de poire va amorcer des comportements alimentaires plus
« sains », en rapport avec l’envie de consommer des fruits (35% des évocations ; cette odeur
me donne envie de « manger des fraises », « manger un fruit » « manger une salade de fruits
»).
Discussion.
Ce résultat laisse penser que ces odeurs utilisées comme amorces olfactives devraient avoir
des effets différents sur les comportements alimentaires subséquents. Par conséquent, nos
travaux ouvrent de nouvelles perspectives de recherche concernant l’application des
paradigmes d’amorçage dans le domaine alimentaire afin de mieux comprendre quels sont
les mécanismes mnésiques impliqués.
Références
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63 Fishbach, A., R. S. Friedman, et al. (2003). "Leading us not unto temptation: Momentary
allurements elicit overriding goal activation." Journal of Personality and Social
Psychology, 84*(2): 296-309.
Holland, R. W., M. Hendriks, et al. (2005). "Smells like clean spirit." Psychological Science, 16
(9): 689-693.
64 3) L’exposition sélective à l’information de prévention.
Bardin, Brigitte, Perrissol, Stéphane, & Py, Jacques, (Université Toulouse 2). Résumé.
Cette communication porte sur l’exposition sélective aux informations de prévention.
L’exposition à 3 thématiques est étudiée : le tabac, l’alcool et l’exposition aux ondes
électromagnétiques. Les principaux Résultats montrent des effets différenciés selon les
comportements des participants (tabac, alcool).
Introduction.
Le phénomène d’exposition sélective est une question centrale de la théorie de la dissonance
cognitive (Festinger, 1957). Ainsi, les individus ont tendance à s’exposer aux informations
consonantes et à éviter celles qui peuvent générer ou augmenter une dissonance. Les
recherches menées révèlent des Résultats contradictoires. Feather (1962; 1963) et Brock (1965)
n’ont pas pu démontrer que les fumeurs évitaient une information exposant le lien entre
tabagisme et cancer. A contrario, dans la recherche de Brock et Balloun (1967), les fumeurs
s’exposaient plus que les non-fumeurs à un message sur l’absence de lien entre tabac et
cancer. Ils s’exposaient également moins au message mettant en évidence ce lien.
L’inconsistance de ces Résultats peut être considérée au regard des paradigmes
expérimentaux utilisés et des populations sollicitées. Ainsi, les participants sont souvent de
jeunes adultes vraisemblablement en mesure de rationaliser leur comportement tabagique.
L’utilisation de mesures plus ou moins discrètes de l’exposition (Brock & Balloun, 1967)
pourrait également affecter les Résultats. L’objectif de cette recherche est d’étudier le
phénomène d’exposition sélective auprès de participants plus âgés que la population
étudiante habituellement sollicitée tout en étudiant les effets de la nouveauté de
l’information comme levier favorisant l’exposition (Perrissol & Somat, 2009).
Méthode
Matériel : Six textes de 354 à 381 mots ont été crées. Ils portent respectivement sur les méfaits
du tabagisme passif, son absence de méfaits, les méfaits de l’alcool, ses bienfaits, l’innocuité
des ondes électromagnétiques et les dangers de celles-ci. Le participant évalue chacun de ces
discours sur 8 critères. Il indique dans quelle mesure il souhaite 1/ avoir plus
d’informations, 2/ recevoir un dossier complet sur le thème abordé. De plus, il doit choisir
parmi les 6 textes celui sur lequel il aimerait travailler afin de l’améliorer. Des questionnaires
de comportement tabagique, de consommation d’alcool et d’utilisation d’appareils émettant
des ondes électromagnétiques ont été administrés.
Participants : 94 participants [65 femmes d’un âge moyen de 37.52 (10.49) et 29 hommes d’un
âge moyen de 38.76 (12.48)] ont pris part à cette étude. Parmi eux, 22 sont fumeurs, 46 nonfumeurs et 26 ex-fumeurs. 42 déclarent consommer de l’alcool contre 52 n’en consommant
pas. Hormis 2 participants, tous utilisent quotidiennement des appareils émettant des ondes
électromagnétiques.
Procédure : L’expérimentation est informatisée. Après avoir lu un texte, le participant l’évalue
sur 8 critères puis complète les 2 mesures d’exposition sélective, il passe ensuite au texte
suivant. Une fois la tâche effectuée pour les 6 textes, le participant choisit parmi ceux-ci celui
sur lequel il aimerait travailler pour l’améliorer.
Principaux Résultats.
65 Exposition sélective et comportement tabagique. Des analyses de contrastes révèlent que les
fumeurs évaluent plus positivement le texte soulignant l’absence de méfait du tabagisme
passif que les ex-fumeurs puis que les non-fumeurs, F(1,91)=7.26, p<.01. En revanche, ce sont
les non-fumeurs qui évaluent comme meilleur le texte sur les méfaits du tabagisme passif,
suivis des non-fumeurs puis des fumeurs. Une comparaison en intra ne permet pas de
confirmer que les fumeurs évaluent mieux le texte sur l’absence de méfaits du tabagisme
passif que celui sur ses dangers t(21)=1.61, p=.12, d=0.34, alors que les non fumeurs et exfumeurs jugent le texte sur les méfaits du tabagisme passif comme étant meilleur,
respectivement, t(45)=-2.82, p<.01, d=0.42 et t(26)=-2.58, p=.02, d=0.51.Si les fumeurs
souhaitent plus que les ex-fumeurs puis non-fumeurs recevoir un dossier complet sur
l’absence de méfait, F(1,91)=6.48, p<.01, ils ne souhaitent pas avoir plus d’informations,
F(1,91)=3.15, p=.08. Enfin, seuls les fumeurs sont plus favorables à recevoir un dossier
(t(21)=2.63, p=.02, d=0.56) et avoir des informations complémentaires (t(21)=2.94, p<.01,
d=0.63) sur l’absence de méfaits du tabagisme passif que sur les dégâts engendrés).
Exposition sélective et consommation d’alcool. Les consommateurs d’alcool évaluent de
meilleure qualité le texte vantant les bienfaits de l’alcool que ceux n’en consommant pas,
t(92)=2.44, p<.02, d=0.51. Concernant l’évaluation du texte contre l’alcool, les individus les
jugent d’égale qualité, qu’ils consomment ou non de l’alcool, t(92)=.86, ns, d=0.18. Si
l’évaluation des textes par les consommateurs d’alcool ne semble pas différente (t(51)=-1.65,
p=.11, d=0.23), les non-consommateurs considèrent le texte sur les bienfaits de l’alcool moins
bon que celui sur les méfaits (t(41)=-4.04, p<.001, d=0.65). Concernant la mesure d’exposition
à l’information, les consommateurs d’alcool ne se déclarent pas plus favorables à recevoir un
dossier sur les bienfaits de l’alcool, t(92)=1.04, p=.30, d=0.22 que les non-consommateurs. En
revanche, ils souhaitent plus que ces derniers avoir des informations complémentaires à ce
sujet, t(92)=2.00, p=.05, d=0.41. Concernant les demandes de dossier et d’informations
complémentaires sur les méfaits de l’alcool, aucune différence n’a été trouvée entre les
participants. Enfin, l’analyse en intra par catégorie de participants (consommateur ou non)
ne permet pas de mettre en exergue une différence entre les 2 textes sur les deux mesures
d’exposition.
Exposition sélective et ondes électromagnétiques. Les participants évaluent le texte exposant
l’innocuité des ondes électromagnétiques comme meilleur que celui alertant sur leurs
dangers, t(93)=4.86, p<.001. Aucun autre effet significatif n’a pu être mis en exergue.
Cependant, 46 participants sur 94 (48.94%) ont fait le choix du texte sur les dangers des
ondes comme étant celui sur lequel ils aimeraient travailler.
Discussion.
Ces résultats seront discutés au regard des recherches antérieures et plus particulièrement
des protocoles expérimentaux précédemment utilisés. Ils seront également discutés par
thème (tabac, alcool et ondes électromagnétiques). En effet, si le tabac est fortement
stigmatisé et fait l’objet de nombreuses campagnes de prévention et d’informations, l’alcool
est plus préservé. De plus, l’exposition aux ondes électromagnétiques, leur innocuité ou, au
contraire, leurs dangers font l’objet d’informations contradictoires qui peuvent susciter de la
curiosité.
Références
Brock, T.C. (1965). Commitment to exposure as a determinant of information
receptivity.Journal of Personality and Social Psychology, 2, 1, 10-19.
Brock, T. C., & Balloun, J.L. (1967) Behavioral receptivity to dissonant information. Journal of
Personality and Social Psychology, 6, 4, 413-428.
Festinger, L. (1957). A Theory of Cognitive Dissonance. Stanford, CA. Stanford University
Press.
66 Feather, N.T. (1962). Cigarette smoking and lung cancer : A study of cognitive dissonance.
Australian Journal of Psychology, 14, 1, 55-64.
Feather, N.T. (1963). Cognitive dissonance, sensitivity, and evaluation. Journal of Abnormal
and Social Psychology, 66, 2, 157-163.
Perrissol, S., & Somat, A. (2009). L'exposition sélective Bilan et perspectives. L'Année
Psychologique, 109, 3, 551-581.
67 4) La fidélisation des donneurs de sang par courrier électronique : pied dans la porte et
étiquetage du dernier don
Georget, Patrice (Université de Caen), Callé, Nathalie (Etablissement français du sang,
Normandie), Plainfossé, Candice (Etablissement français du sang, Normandie), Sénémeaud,
Cécile (Université de Caen). Résumé
L’objectif de la recherche présentée est de tester l’effet conjoint des techniques d’influence du
pied dans la porte et de l’étiquetage du don antérieur sur la promesse de don et le don de
sang effectif, dans une situation de communication par email. 1947 personnes ont participé à
cette recherche. Les courriers électroniques ont été construits selon un plan 3 (contenu du
message : informatif versus étiquetage utilité du don versus étiquetage valeur du don) x 3
(technique de requête : email simple versus email-promesse de don versus email-promesse
avec pied dans la porte). Les résultats montrent que l’effet de pied dans la porte n’est pas
reproduit. En revanche, nous obtenons un effet significatif de la promesse sur le don effectif,
essentiellement lorsque le message focalise l’attention du donneur sur l’utilité de son
comportement de don antérieur.
Introduction
La motivation et fidélisation des donneurs de sang est devenue une préoccupation majeure
de santé publique depuis quelques années. Si le moyen de communication traditionnel
utilisé par L’établissement Français du Sang pour inciter au don est le courrier postal, les
courriers électroniques deviennent une forme de sollicitation de plus en plus fréquente.
L’étude présentée a été menée dans le but d’inciter au renouvellement du don grâce à la
rédaction d’emails basés sur les modèles théoriques de l’engagement (Joule & Beauvois,
1998) et plus spécifiquement, sur l’étiquetage du comportement (Fointiat, Caillaud, &
Martinie, 2004).
Cette étude s’inscrit dans un programme de recherche, réalisé en partenariat avec
l’Etablissement Français du Sang-Normandie (EFS) et financé par l’ANR, dont l’objectif
général est d’augmenter l’impact persuasif des messages d’appel au don. Lors des
précédentes études (Callé, Plainfossé, Georget, Sénémeaud, & Rasonglès, à paraitre), nous
avons élaboré des messages de fidélisation destinés à être envoyés par courrier postal. Les
Résultats ont permis de montrer que le rappel du don précédent incite les donneurs à
repasser à l’action, essentiellement lorsque l’utilité de cet engagement – et non leur propre
valeur à travers ce dernier don – leur est rappelée. Pour concevoir des messages adaptés au
courrier électronique, nous nous sommes par conséquent basés sur le rappel étiqueté du don
antérieur mais également sur la technique du pied dans la porte (Freedman & fraser, 1966),
adaptée aux situations d’interaction par email (Gueguen, Jacob, & Legohérel, 2003).
Globalement, nous nous attendions à reproduire un effet de pied dans la porte électronique :
l’acceptation d’une requête peu couteuse formulée par courrier électronique, tel que remplir
un questionnaire sur le don, devait prédisposer le participant à répondre plus favorablement
à une requête ultérieure plus couteuse comme faire une promesse ou un don effectif, que
lorsque cette requête couteuse est demandée directement. Par ailleurs et conformément à nos
Résultats antérieurs, nous nous attendions à ce que cet effet de pied dans la porte soit
optimisé dans la condition où le contenu du message électronique focalise sur l’utilité du
don dans le domaine de la santé publique plutôt que sur la valeur sociale et désirabilité du
donneur.
Méthode
68 Dans le but de mettre à l’épreuve ces hypothèses, nous avons sollicité par email 1947
personnes, 1036 femmes et 911 hommes, présentes dans le listing de l’EFS car ayant déjà
réalisé au moins un don de sang. Deux variables indépendantes étaient manipulées. La
première porte sur le contenu du message : informatif (avec simple rappel du don antérieur)
versus utilité du don versus valeur du donneur. La seconde variable indépendante est la
technique de requête et comporte 3 modalités. La première modalité est la réception d’un
mail simple d’invitation au don. Dans la seconde modalité, les participants sont sollicités, à la
fin du mail d’invitation au don, à cliquer sur un lien pour s’engager à faire une promesse de
don. Enfin, la troisième modalité (pied dans la porte) consiste à amener les participants,
toujours par email, à remplir en ligne un questionnaire avant de leur présenter le message
d’invitation au don et de les solliciter à faire une promesse. Les variables dépendantes sont la
promesse de don (dans 6 conditions expérimentales sur 9) et surtout, le don de sang effectif,
mesuré par le nombre de personnes s’étant effectivement rendu à l’EFS pour faire un don
dans les jours qui suivirent la réception de l’email.
Résultats
Les premiers résultats traités permettent de montrer que le nombre de personnes à avoir fait
un don effectif sur la totalité de l’échantillon s’élève à 5.7 % (soit 112 dons effectifs sur 1947).
Ce chiffre peu élevé correspond tout de même à celui obtenu traditionnellement par l’EFSNormandie après sollicitation par email. Ensuite et contrairement à nos attentes, l’effet de
pied dans la porte électronique n’est pas reproduit (chi 2 (1, 1947) <1 ; ns) : les participants
amenés à remplir un questionnaire en ligne, par rapport à ceux n’ayant pas effectué ce
comportement préparatoire, ne sont pas plus nombreux d’une part, à faire une promesse de
don (39 sur 649 pour les premiers versus 37 sur 659 pour les seconds) et d’autre part, à passer
à l’acte (38 sur 649 versus 74 sur 1298). En revanche, nous obtenons un effet de la promesse
dans le sens où, au sein des participants sollicités pour faire une promesse, 31.5% (soit 24 sur
76) de ceux qui promettent se déplacent pour faire un don contre 4.1% (soit 51 sur 1222) pour
ceux qui n’ont pas promis (Chi 2 (1, 1298) = 98,7 ; p<.001). A noter enfin que c’est lorsque le
message centre l’attention sur l’utilité du don que les participants qui ont promis sont les
plus nombreux à réaliser un don effectif (38,4% dans ce cas, soit 10 sur 26).
Discussion
Les résultats seront discutés en référence à l’intérêt pratique de la mise en place d’une
communication engageante par courrier électronique (Joule, Girandola, & Bernard, 2007)
ainsi qu’au caractère incitatif de la promesse dans le domaine du don du sang.
Références
Callé, N., Plainfossé, C., Georget, P., Sénémeaud, C., & Rasonglès, P. (à paraitre). La
psychologie sociale de la persuasion au service de la fidélisation des donneurs :
l’importance de donner du sens au dernier don. Transfusion Clinique et Biologique.
Fointiat, V., Caillaud, J., & Martinie, M.-A. (2004). Etiquetage social vs fonctionnel : quels
effets sur le pied-dans-la-porte avec demande implicite ? Revue Européenne de
Psychologie Appliquée, 54, 273-278.
Gueguen, N., Jacob, C., & Legohérel, P. (2003). Communication médiatisée par ordinateur et
sollicitation à une requête : une évaluation de l’efficacité de la technique du pied dans
la porte lors d’une interaction par email ou sur un web site. Revue internationale de
psychologie sociale, 16, 125-156.
Joule, R.-V., & Beauvois, J.-L. (1998). La soumission librement consentie, Paris : Presses
Universitaires de France.
69 Joule, R.V., Girandola, F., & Bernard, F. (2007). How can people be induced to willingly
change their behavior? The path from persuasive communication to committing
communication. Social and Personality Psychology Compass, 1, 493-505.
70 5) L’impact de l’auto affirmation positive sur l’auto dépréciation.
Pena Pena*, Manuela, Urdapilleta**, Isabel & Verlhiac*, Jean­François (*Université Paris OuestNanterre, **Université Paris 8) Introduction
L’auto affirmation positive de soi (AAPS) faciliterait l’adoption de comportements favorables
à la santé. L’AAPS valorise les propriétés positives du soi, rehausse l’estime de soi et
mobilise des ressources personnelles pour contrer les informations menaçantes pour le soi.
L’AAPS, valorisant le soi, contrecarrerait les tendances auto dépréciatives des personnes
obèses. Deux études testent l’efficacité de l’AAPS :
Méthode
La première auprès d’une population normo-pondérée (N = 500 ; IMCmoyen= 22) et la
seconde auprès de personnes obèses (N = 200 ; IMCmoyen= 40). Les sujets étaient placés en
condition classique d’AAPS (vs. GC), et répondaient à des questions sur : l’image du corps,
l’attitude envers les personnes obèses, l’identification au groupe des personnes obèses, la
tendance à l’autodépréciation et le comportement alimentaire en relation avec le poids.
Résultats
L’AAPS faciliterait l’auto valorisation et diminuerait la tendance des personnes obèses à
s’auto déprécier (l’immunité cognitive6). Les Résultats de l’étude 1 indiquent des effets
positifs de l’AAPS sur l’attitude des participants envers les personnes obèses et sur
l’autoévaluation des comportements alimentaires.
Discussion
Ces premières données seront associées avec celles recueillies actuellement auprès des
personnes obèses. Ce travail permet de réfléchir sur un dispositif d’aide des personnels de
santé dans le traitement de l’obésité.
Références
Epton, T., & Harris, P.R. (2008). Self-affirmation promotes health behaviour change. Health
Psychology, 27, No. 6, 746-752.
Steele, C. M. (1988). The psychology of self-affirmation: Sustaining the integrity of the self. In
L. Berkowitz (Ed.), Advances in experimental social psychology (pp. 261 – 302). New
York: Academic Press.
Rousseau, A., Knotter, A., Barbe, P., Raiche, RM. & Chabrol, H. (2005). Etude de validation
de la version française du Body Shape Questionnaire. Encéphale, 31, 162-173.
Allison, D., Basile, V., & Yuker, H. (1991). The measurement of attitudes toward and beliefs
about obese persons. International journal of eating disorders, 10, 599-607.
Schembre, S., Greene, G., Melanson, K. (2009). Development and validation of a weightrelated eating questionnaire. Eating Behaviors, 10, 119–124.
Crocker, J., & Wolfe, C. T. (2001). Contingencies of self-worth. Psychological Review, 108,
593±623.
71 II)
Psychologie du Développement : Créativité et apprentissage
Titres des communications et Intervenants
L’évaluation de la créativité chez l’enfant
Besancon, Maud (UniversitéParisDescartes), Barbot, Baptiste (Université de Yale), Lubart, Todd
(UniversitéParisDescartes).
La créativité graphique est-elle impliquée dans le développement du dessin expressif ?
Boulhais, Myriam (UniversitéToulouse 2), Picard, Delphine (UniversitéToulouse 2, IUF).
Rôle de la démonstration lors de l'apprentissage de l'utilisation d'un outil chez le jeune
enfant
Rat-fischer, Lauriane, O'regan, J. Kevin , Fagard, Jacqueline (Université René Descartes).
Stabilité des représentations conceptuelles chez l'enfant : effet du domaine ontologique
des catégories.
Gaillard*, Audrey &Urdapilleta*, Isabel (*UniversitéParis 8), Qannari**, El mostafa&Courcoux**,
Philippe (**Oniris, Nantes).
Evocation de l’imagerie motrice via l’utilisation d’un exo-soi virtuel chez les enfants
Guilbert, Jessica (Université de Caen), Jouen, François (Ephe, chart), Molina, Michèle (Université de
Caen).
72 1) L’évaluation de la créativité chez l’enfant
Besancon, Maud (Université Paris Descartes), Barbot, Baptiste (Université de Yale), Lubart, Todd (Université Paris Descartes). Analyse critique
La créativité est un concept crucial dans les sociétés modernes qui requièrent de bonnes
compétences d’adaptation face aux évolutions technologiques et aussi de nouvelles idées
pour résoudre des problèmes et se renouveler. La créativité se définit comme la capacité à
réaliser une production qui soit nouvelle (ou originale) tout en restant adaptée aux
contraintes de la situation ou du domaine d’expression (Lubart, T.I., Mouchiroud, C.,
Tordjman, S. et Zenasni, F., 2003). Depuis l’apport de Guilford (1950), cette capacité est
envisagée comme étant présente en chacun de nous à divers degrés, et des travaux suggèrent
qu’elle peut être développée. Ainsi, un enjeu important pour la recherche mais aussi sur le
plan pratique, est de pouvoir évaluer les capacités créatives afin d’orienter leur
développement.
Actuellement, quelques mesures standardisées permettent d’estimer le potentiel créatif par
l’évaluation d’aspects cognitifs isolés (e.g. pensée divergente, notamment avec les tests de
Torrance, 1976) et conatifs (e.g. personnalité créative, comme Gough et Gendre, 1982)
impliqués dans l’expression de ce potentiel. Néanmoins, ces diverses mesures présentent un
certain nombre de limites, et en particulier, leur manque d’actualisation par rapport aux
modèles théoriques récents sur la créativité, ainsi que l’absence de mises à jour des normes
nécessaires à une utilisation convenable de ces outils. Après avoir décrit et discuté les
intérêts et limites de ces techniques d’évaluation existantes, nous présenterons une nouvelle
batterie d’évaluation du potentiel créatif (EPoC, Lubart, Besançon et Barbot, 2011) destinée à
un public d’enfants francophones.
L’objectif principal de l’EPoC est d’évaluer la diversité des facteurs cognitifs mis en œuvre
dans la créativité en vue d’un diagnostic (e.g. haut potentiel créatif) et de déterminer un
profil créatif afin d’orienter le développement de la créativité de manière appropriée. À
l’aide de divers subtests dans les domaines verbal (invention d’histoire) et graphique
(production de dessins), l’EPoC permet d’évaluer la composante de pensée divergente
exploratoire (c’est-à-dire la capacité de l’individu à produire de nombreuses réponses à
partir d’un stimulus unique), et la composante de pensée convergente intégrative, évaluée
par des épreuves dans lesquelles les enfants doivent fournir une seule production la plus
originale possible, en faisant la synthèse d’un matériel imposé (pour le domaine verbal,
création d’une histoire unique soit à partir d’un titre, soit en intégrant divers personnages :
pour le domaine graphique, intégration de différents éléments, abstraits ou concrets, en un
seul dessin). Nous présenterons ces différents subtests (8 pour chacune des deux formes
parallèles) ainsi que les principales qualités psychométriques de l’EPoC estimés sur un
échantillon d’enfants scolarisés de la grande section de maternelle à la classe de CM2.De
plus, nous présenterons les résultats de plusieurs études parallèles examinant la validité
externe de l’outil avec des mesures du QI et d’autres épreuves classiques du potentiel créatif
(notamment chez des enfants à haut potentiel intellectuel) ainsi que les premiers éléments de
la standardisation auprès d’une population de collégiens et lycéens. Nous conclurons en
discutant les intérêts de ce nouvel outil, et plus largement, de l’évaluation du potentiel
créatif, qui constitue un enjeu important pour la recherche et qui devrait occuper une place
de plus en plus importante dans le cadre du bilan psychologique.
Références
Gough, H.G. et Gendre, F. (1979). Manuel de la Liste d’Adjectifs ACL, Paris, Editions du
Centre de Psychologie Appliquée.
Guilford, J.P. (1950). Creativity. American Psychologist, 5, 444-454.
73 Lubart, T.I., Besançon, M. et Barbot, B. (2011). Evaluation du Potentiel Créatif (EPoC). Paris,
Hogrefe.
Lubart, T.I., Mouchiroud, C., Tordjman, S. et Zenasni, F. (2003). Psychologie de la créativité.
Paris : Armand Colin.
Torrance, E.P. (1976). Tests de pensée créative. Paris, Editions du Centre de Psychologie
Appliquée.
74 2) La créativité graphique est-elle impliquée dans le développement du dessin
expressif ?
Boulhais, Myriam (Université Toulouse 2), Picard, Delphine (Université Toulouse 2, IUF). Projet de recherche financé par la Fondation de France, appel d’offre 2009 « Recherche sur le
développement cognitif et émotionnel de l’enfant »
Résumé
Cette recherche examine le développement des capacités de production de dessins expressifs
chez des sujets âgés de 9 à 15 ans, en relation avec le développement de la créativité
graphique. Pour cela, 210 sujets sont invités à produire des dessins d’une maison et d’un
arbre selon trois versions différentes (normal, joyeux, triste) et à réaliser le test des lignes
parallèles du Test de Pensée Créative de Torrance (TPCT). Conformément à notre hypothèse,
nous observons une augmentation avec l’âge des scores de dessins expressifs et de créativité
graphique, ces deux scores corrélant positivement lorsque l’âge est retiré de la corrélation.
Ces Résultats valident l’idée que la capacité à dessiner de manière expressive évolue avec
l’âge et suggèrent que la créativité graphique est impliquée dans la production de dessins
expressifs.
Introduction
Le dessin n’est pas simplement figuratif ou représentationnel (e.g., dessin d’un arbre), mais il
peut s’avérer expressif d’une émotion (e.g., le dessin d’un arbre foudroyé sous un ciel noir
peut connoter une émotion de tristesse). Les recherches portant sur le dessin expressif ont
montré que les capacités à produire un dessin expressif se développent à la fin de l’enfance
(après 9-10 ans) (Bonoti & Misailidi, 2006; Carothers & Gardner, 1979; Ives, 1984; Jolley, Fenn,
& Jones, 2004; Picard, Brechet, & Baldy, 2007; Winston, Kenyon, Stewardson, & Lepine,
1995). Ce développement se traduit par une utilisation plus fréquente des expressions
métaphoriques (contenu et abstraite) au détriment de l’utilisation seule de l’expression
littérale. Toutefois, les processus qui sous-tendent ce développement restent mal connus et il
conviendrait d’étudier le développement du dessin expressif en relation avec celui de la
créativité graphique. En effet, si la pensée créative joue un rôle central dans la production de
dessins expressifs, elle sera positivement corrélée avec le dessin expressif (Jolley, 2010). Pour
tester cette hypothèse, nous avons a- mesuré un score d’expressivité fonction de la
complexité des stratégies utilisées dans le dessin, b- mesuré un score de créativité graphique
(test des lignes parallèles ; Torrance, 1966), c- testé la relation qui lie ces scores entre eux, via
une analyse corrélationnelle.
Méthode
L’échantillon est constitué de 210 enfants et adolescents âgés de 9 à 15 ans répartis en 7
groupes d’âge (15 garçons et 15 filles par groupe). Nous avons proposé aux sujets de réaliser
le test des « lignes parallèles », issu des Tests de Pensée Créative de Torrance (TPCT,
Torrance, 1966). Nous leur avons demandé de produire en 10 minutes le plus de dessins
différents à partir de deux lignes parallèles. Le nombre de dessins produis par chaque sujet
reflète son score de créativité graphique. Par la suite, nous avons demandé aux sujets de
dessiner une maison et un arbre selon trois versions différentes (normal, joyeux, triste) avec à
leur disposition un crayon à papier et 9 crayons de couleur. Les dessins joyeux et triste ont
été classifiés en fonction du type de stratégie expressive utilisée par les sujets (expression
littérale L, de contenu C, abstraite A ou toute combinaison possible de celles-ci, Ives, 1984).
Nous avons ensuite attribué à chaque dessin un score d’expressivité variant de 0 à 7 (0 = non
expressif, 1 = L, 2 = C, 3 = A, 4 = LC, 5 = LA, 6 = CA, 7 = LCA).
Résultats
75 Les résultats (voir Tableau 1) montrent un effet significatif (p < .05) de l’âge sur les scores
d’expressivité. Les scores sont stables entre 9 et 12 ans, puis augmentent significativement
jusqu’à 15 ans. L’âge a également un effet significatif sur les scores de créativité graphique.
Les scores sont stables entre 9 et 11 ans puis augmentent significativement jusqu’à 15 ans.
Enfin les scores de créativité graphique apparaissent significativement corrélés avec les
scores d’expressivité (r = .23), indiquant qu’une forte créativité graphique est associée avec
l’utilisation d’expression graphique complexe. Cette association reste vraie lorsque l’âge est
retiré de l’analyse (rp = .14).
Tableau 1 : Evolution avec l’âge des scores d’expressivité et de créativité graphique
Expressivité
Créativité
9 ans
15,7
6,97
10 ans
15,2
7,2
11 ans
15,76
7,67
12 ans
15,6
10,64
13 ans
17,56
11
14 ans
19,06
10,8
15 ans
20,03
13,4
Discussion
Cette étude montre que les capacités de dessin expressif augmentent avec l’âge,
conformément à la littérature (Carothers & Gardner, 1979; Ives, 1984; Jolley et al., 2004;
Picard et al., 2007; Winston et al., 1995). Parallèlement, cette étude montre que la créativité
graphique se développe avec l’âge. Ce développement est caractérisé par une période initiale
de stabilité entre 9 et 11 ans, puis par une augmentation de la créativité jusqu’à l’âge de 15
ans. Une stagnation ou baisse temporaire dans le développement de la créativité graphique
autour de 10 ans a déjà été observée (Lubart & Stenberg, 1998) et reliée à une interaction
entre le développement de la capacité de la pensée logique et celui de la capacité de la pensée
créative (le développement de la pensée logique inhibant momentanément celui de la pensée
créative). Conformément à notre hypothèse, nous avons trouvé une corrélation faible mais
significative entre la créativité graphique et le dessin expressif. Cette capacité à pouvoir
produire des idées créatives pourrait donc être l’une des composantes clés impliquée dans la
capacité à produire des dessins expressifs (Jolley, 2010). Un approfondissement du rôle de la
créativité figurale par d’autres indicateurs (la flexibilité, l’élaboration et l’originalité) sur la
capacité à produire des dessins expressifs pourrait faire l’objet de futures recherches sur les
différences interindividuelles dans le dessin expressif.
Références
Bonoti, F., & Misailidi, P. (2006). Children’s developing ability to depict emotions in their
drawings. Perceptual and Motor Skills, 103, 495-502.
Carothers, T., & Gardner, H. (1979). When children’s drawings become art: The emergence of
aesthetic production and perception. Developmental Psychology, 15, 570-580.
Ives, S. W. (1984). The development of expressivity in drawing. British Journal of Educational
Psychology, 54, 152-159.
Jolley, R. (2010). The development of expressive drawing. In R. Jolley (Ed.), Children and
pictures: Drawing and understanding (pp. 36-66). Malden, MA: Wiley-Blackwell.
Jolley, R. P., Fenn, K., & Jones, L. (2004). The development of children’s expressive drawing.
British Journal of Developmental Psychology, 22, 545-567.
Lubart, T. I., & Stenberg, R. J. (1998). Creativity across time and place: Lifespan and crosscultural perspectives. High Ability Studies, 9, 59-74.
Picard, D., Brechet, C., & Baldy, R. (2007). Expressive strategies in drawing are related to age
and topic. Journal of Nonverbal Behavior, 32, 243-257.
Torrance, E. P. (1966). The Torrance Tests of Creative Thinking. Princeton, NJ: Personnel
Press.
76 3) Rôle de la démonstration lors de l'apprentissage de l'utilisation d'un outil chez le
jeune enfant
Rat­fischer, Lauriane, O'regan, J. Kevin, Fagard, Jacqueline (Université René Descartes). Résumé
L’utilisation de l’outil est reconnue comme une étape importante au cours de l’évolution
comme au cours du développement. Notre recherche explore le rôle de l’apprentissage par
observation dans l’émergence de l’utilisation d’un outil chez l’enfant. Une étude transversale
a été menée sur 48 enfants de 16 à 22 mois. Un outil en T posé devant l'enfant lui permettait
de rapprocher un jouet attrayant placé hors de portée plus ou moins proche de l'outil. Seules
les conditions les plus simples de relation spatiale entre l’objet et l’outil (objet posé devant
l’outil, contre ou non), sont réussies spontanément à 16 mois. Les conditions de relations
spatiales complexes (objet à côté de l’outil ou derrière lui) ne sont jamais réussies ni
spontanément ni après démonstration à cet âge. Par contre, à partir de 18 mois, la
démonstration par l’expérimentateur a permis à certains enfants d'utiliser l'outil même
lorsque l'objet était posé à côté, donc dans une condition de relation spatiale complexe. Enfin,
à partir de 22 mois, une majorité d’enfants réussissent à utiliser l’outil même dans la
condition « derrière », soit spontanément, soit après démonstration. Une analyse
systématique du regard et de la cinématique des gestes utilisés pour rapprocher l’objet
permettra de préciser ce qui change à cette période d’âge permettant à l’enfant d’apprendre
par observation une telle habileté complexe.
Introduction
L'utilisation de l'outil peut être définie comme la capacité « d'agir sur une cible par
l'intermédiaire d'un objet » (van Leeuwen et al, 1994). On sait que cette capacité se met en
place vers la fin de la seconde année de vie chez l'enfant (Brown, 1990). Cependant aucune
étude n'a encore permis de mettre en évidence les processus qui la sous-tendent (voir Keen,
2011, pour une revue de littérature). Dans ce processus, deux mécanismes peuvent être mis
en jeu : un mécanisme spontané d'essai et d'erreur, et un mécanisme d'apprentissage par
observation. Dans notre étude, pour l'instant exploratoire, nous tentons d'évaluer la part
respective de ces deux mécanismes, et les conditions de leur mise en oeuvre.
Méthode
Quarante huit enfants de 16, 18, 20 et 22 mois (12 enfants par groupe d’âge) ont participé à
l'étude. La tâche d'utilisation d'outils consistait à ramener à soi un objet attrayant à l'aide
d'un outil en T en carton. L’outil était posé devant l'enfant. Diverses conditions faisant varier
la position spatiale de l'objet par rapport à l'outil ont été proposées dans l'ordre suivant : (0)
objet fixé sur l’outil, (1) objet posé devant contre l’outil, (2) objet devant l’outil sans le
toucher, (3) objet situé à distance de l’outil sur le côté et enfin (4) objet posé derrière l’outil.
L'ordre a été choisi en fonction de la difficulté croissante de la tâche, déterminée lors d'une
étude longitudinale préliminaire portant sur quatre enfants vus tous les mois entre 8 et 22
mois. Les conditions 0 à 2 pouvaient être réalisées en un seul mouvement vers soi,
mouvement de ratissage pour les conditions 1 et 2. La condition 3 nécessitait un mouvement
supplémentaire sur le côté. La condition 4 nécessitait de soulever l'outil pour le poser
derrière l'objet afin de pouvoir le rapprocher. Lorsque l'enfant ne réussissait pas à rapprocher
l'objet, la condition échouée était démontrée deux fois par le parent, puis l'enfant avait un
essai supplémentaire. En cas de réussite, la condition suivante était présentée, sinon le test
s'arrêtait. Les observations ont été filmées à l'aide de deux caméras, l'une permettant de
contrôler la direction du regard de l'enfant par rapport à l'objet et l'outil, la seconde
supervisant la scène dans son ensemble.
77 Résultats
Lorsque l'objet était fixé sur l'outil, tous les enfants des quatre groupes d’âge ont réussi
spontanément à le ramener vers eux. Plus la distance entre l’objet et l’outil augmente, et plus
le pourcentage d’enfants ayant réussi spontanément est faible globalement, surtout lorsque
l’objet est sur le côté ou derrière, demandant deux actions successives. Une comparaison du
pourcentage de réussite entre groupes d’âge pris 2 à 2 (avec une correction de Bonferroni)
montre que la différence est significative entre 16 et 18 mois pour la condition 1 (x2=29.04,
ddl=1, p<0.001) et pour la condition 2 (x2=11.61, ddl=1, p<0.001), entre 20 et 22 mois pour les
conditions 3 et 4 (x2=19.03, ddl=1, p<0.001). Le succès après démonstration a été comparé
pour chaque groupe d’âge à la première condition majoritairement ratée : il est très rare à 16
mois (1 enfant sur 5 en condition 1) et plus fréquent chez les enfants plus grands (2/5 en
condition 2 à 18 mois, 5/10 en condition 3 à 20 mois et 3/8 en condition 4 à 22 mois). Ainsi, à
16 mois, aucun enfant ne réussit aux deux conditions les plus difficiles ni spontanément ni
après démonstration. L’effet de la démonstration devient efficace à partir de 18 mois dans
toutes les conditions.
Discussion
Les résultats sont cohérents avec les quelques études plus anciennes montrant que la capacité
d’utiliser un outil se met en place vers la fin de la seconde année de la vie (Piaget, 1936 ;
Brown, 1990). Les différences de performance selon que l'objet est spatialement proche
(conditions 1 et 2) ou éloigné de l’outil (conditions 3 ou 4) confirment que les relations
spatiales entre l’outil et l’objet à rapprocher modulent la difficulté de la tâche (Bates et al.,
1980). De façon plus intéressante, nos Résultats montrent que, dès 18 mois, les enfants
peuvent apprendre après une démonstration dans une condition où ils ont échoué
spontanément. Étant donné que c’est également à cet âge que les enfants deviennent
capables d’utiliser l’outil dans des conditions de plus en plus difficiles, on peut faire
l’hypothèse que l’effet de la démonstration n’est pas indépendant du niveau d’habileté en
condition spontanée. Pour bénéficier de l’observation, l’enfant devrait avoir atteint déjà un
certain niveau d’habileté, et être donc suffisamment proche d’une réussite spontanée. Une
analyse systématique du regard et de la cinématique des gestes utilisés pour rapprocher
l’objet, avant et après démonstration, permettra de préciser ce qui change entre 16 et 18 mois,
permettant à l’enfant d’apprendre par observation une telle habileté complexe.
Références
Bates, E., Carlsonluden, V., & Bretherton, I. (1980). Perceptual Aspects of Tool Using in
Infancy. Infant Behavior & Development, 3(2), 127-140.
Brown A. 1990. Domain-specific principles affect learning and transfer in children. Cogn. Sci.
14:107–33Keen, R. (2011). The Development of Problem Solving in Young Children: A
Critical Cognitive Skill. Annu Rev Psychol, 62, 1-21.
Piaget, J. (1936). La naissance de l'intelligence chez l'enfant. Neuchâtel: Delachaux & Niestlé.
van Leeuwen, L., Smitsman, A., & van Leeuwen, C. (1994). Affordances, perceptual
complexity, and the development of tool use. J Exp Psychol Hum Percept Perform,
20(1), 174-191.
78 4) Stabilité des représentations conceptuelles chez l'enfant : effet du domaine
ontologique des catégories.
Gaillard*, Audrey &Urdapilleta*, Isabel (*Université Paris 8), Qannari**, El mostafa & Courcoux**, Philippe (**Oniris, Nantes). Résumé
Cette étude porte sur le développement conceptuel chez l'enfant de 6 à 11 ans. L'objectif est
d'étudier 1) la stabilité temporelle des représentations des enfants en fonction de leur âge (67, 8-9 et 10-11 ans) mesurée par trois répétitions d'une tâche de classement et d'une tâche de
production de propriétés et 2) l'effet de la nature de la catégorie (naturel versus fabriqués)
sur cette stabilité temporelle. Les Résultats montrent une bonne stabilité dans la tâche de
classement, quel que soit l'âge des enfants ou la nature des noms d'objets. En revanche, pour
la tâche de production de propriétés, un effet de l'âge et de la nature de la catégorie est
observé sur la stabilité des propriétés produites par les enfants.
Introduction
De nombreuses études se sont intéressées à la catégorisation d'objets chez l'enfant (Bonthoux
& Kalénine, 2007 ; Nguyen, 2007). Il semble ainsi que la catégorisation d'objets chez les
enfants dépend de l'âge (Mandler, 2008 ; Quinn, 2004) et du domaine ontologique des objets
(Scheuner & Bonthoux, 2004). L'objectif de cette étude est double. Premièrement, elle vise à
étudier la stabilité temporelle des représentations des enfants en fonction de leur âge (6-7, 8-9
et 10-11 ans) mesurée par trois répétitions d'une tâche de classement et d'une tâche de
production de propriétés). Deuxièmement, elle vise à examiner l'effet de la nature de la
catégorie (naturel versus fabriqués) sur la stabilité temporelle des représentations des
enfants.
Selon le modèle pluraliste du développement conceptuel (Lautrey, 2003), les enfants
disposent de critères de regroupement variés (taxonomiques, thématiques, scripts) dès le
plus jeune âge (2 ans, Waxman & Namy, 1997 ; 5 ans, Blaye, Bernard-Peyron, Paour, &
Bonthoux, 2006). Cependant, comme l'ont montré Blaye et al. (2006), les enfants plus âgés
produisent davantage de propriétés taxonomiques pour décrire des regroupements d'objets
que les jeunes enfants. On peut alors penser que le développement conceptuel (i.e.
acquisition de critères sur-ordonnés avec l'avancement en âge) entrainera une différenciation
dans les critères de regroupement et de description d'objets entre 6 et 11 ans.
Concernant le domaine ontologique des objets, de nombreux auteurs ont montré que la
catégorisation d'objets naturels était sous-tendue par des propriétés taxonomiques et
biologiques, alors que la catégorisation d'objets fabriqués activaient des propriétés
fonctionnelles (Bonthoux & Kalénine, 2007 ; Estes, 2003 ; Nguyen, 2007). La distinction entre
objets naturels et fabriqués détermine donc le type de propriétés utilisées pour décrire les
regroupements d'objets (voir Chemlal & Cordier, 2006 ; Dompnier & Cordier, 2009 ; Medin,
Lynch, & Solomon, 2000). On peut alors penser que le domaine ontologique entrainera
également une différenciation dans les critères de regroupement et de description d'objets
entre 6 et 11 ans.
Méthode
240 enfants scolarisés dans différentes écoles de la Région Parisienne, ont participé à cette
expérimentation : 80 âgés de 6-7 ans, 80 âgés de 8-9 ans et 80 âgés de 10-11 ans. Les enfants
ont été divisés en quatre groupes de 80 enfants chacun (incluant 20 enfants de chaque
intervalle d'âge), avec un groupe de participants par catégorie d'objets (noms d'aliments,
d'animaux, de véhicules et de vêtements). Les enfants ont effectué trois séances à quinze
jours d’intervalle chacune. Durant chaque séance, les enfants ont été invités à (1) classer 20
79 noms d'objets (aliments, animaux, véhicules ou vêtements) puis à (2) produire des propriétés
décrivant les groupes réalisés précédemment.
Résultats
Trois principaux résultats émergent de cette étude.
Premièrement les résultats montrent une stabilité dans la tâche de classement
indépendamment de la catégorie d'objets et de l'âge des enfants, i.e. les enfants, quel que soit
leur âge, réalisent les mêmes groupes d'objets sur les 3 séances. En revanche cette stabilité
n'est pas observée dans la tâche de production de propriétés, i.e., les enfants, quel que soit
leur âge, produisent des propriétés différentes pour décrire leurs regroupements en fonction
des séances.
Deuxièmement, les données issues de la production de propriétés ont montré un effet du
domaine ontologique sur les descriptions des objets. Les descriptions des catégories
naturelles diffèrent sensiblement de la description des catégories fabriquées. Ainsi, quel que
soit l'âge des enfants, la description de catégories naturelles semblent activer des propriétés
taxonomiques (par exemple, fruits, légumes, mammifère, fauve) et biologiques (pousse sur
un arbre, vient de la mer, produit du lait), alors que les catégories fabriquées activent des
propriétés fonctionnelles (pour se déplacer, pour l'hiver, pour jouer).
Troisièmement, en fonction de leur âge, les enfants utilisent différemment les différents types
de propriétés acquis pour décrire ces catégories de noms d'objets. En effet les enfants de 6-7
ans produisent des propriétés biologiques (vient de la mer, pousse sur un arbre), physiques
(couleur, a des roues) et spatiales (de la jungle, de la ferme) pour décrire leurs
regroupements alors que les enfants de 10-11 ans produisent des propriétés taxonomiques
(fruit, voiture, chapeau).
Ces résultats seront discutés au regard des théories de la catégorisation et du développement
conceptuel chez l'enfant. Nous insisterons plus particulièrement sur l'importance du contexte
dans la stabilité temporelle des représentations.
Références
Blaye, A., Bernard-Peyron, V., Paour, J. P., & Bonthoux, F. (2006). Categorical flexibility in
children: Distinguishing response flexibility from conceptual flexibility; the
protracted development of taxonomic representations. European Journal of
Developmental Psychology, 3, 163-188.
Bonthoux, F., & Kalénine, S. (2007). Preschoolers’ superordinate taxonomic categorization as
a function of individual processing of visual vs. contextual/functional information
and object domain. Cognition, Brain, & Behavior, 11, 713-731.
Chemlal, S., & Cordier, F. (2006). Structures conceptuelles, représentation des objets et des
relations entre les objets. Canadian Journal of Experimental Psychology, 60, 7-23.
Dompnier, L., & Cordier, F. (2009). Causal relations between features and inferences: The
case of object representations. Current Psychology Letters, 25. Retrieved from
http://cpl.revues.org/index4902.html.
Estes, Z. (2003). Domain differences in the structure of artifactual and natural categories.
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Lautrey, J. (2003). A pluralistic approach to cognitive differentiation and development. In T.
Lubart, (Ed.), Models of intelligence: International perspectives (pp. 117-131).
Washington, DC: A.P.A. Press.
Mandler, J. M. (2008). On the birth and growth of concepts. Philosophical Psychology, 21,
207–230.
Medin, D. L., Lynch, E. B., & Solomon, K. E. (2000). Are there kinds of concepts? Annual
Review of Psychology, 51, 121-147.
80 Nguyen, S. P. (2007). Cross-classification and category representation in children's concepts.
Developmental Psychology, 43, 719-731.
Quinn, P. C. (2004). Development of subordinate-level categorization in 3- to 7-month-old
infants. Child Development; 75, 886–899.
Scheuner, N., & Bonthoux, F. (2004), La construction des catégories surordonnées chez
l’enfant : utilisation différentielle des indices perceptifs et contextuels selon le
domaine, Bulletin de Psychologie, 57, 99-103.
Waxman, S. R., & Namy, L. L. (1997). Challenging the notion of a thematic preference in
young children. Developmental Psychology, 33, 555–567.
81 5) Evocation de l’imagerie motrice via l’utilisation d’un exo-soi virtuel chez les
enfants
Guilbert, Jessica (Université de Caen), Jouen, François (Ephe, chart), Molina, Michèle (Université de Caen). Résumé
L’objectif de cette recherche est double : il s’agit d’une part d’évaluer la capacité d’imagerie
motrice chez des enfants âgés de 5, 7 et 9 ans et d’autre part de déterminer si un exo-soi peut
être pris comme support de l’imagerie motrice chez des enfants de même âge. Pour répondre
au premier objectif, nous avons utilisé le paradigme de chronométrie mentale, appliqué à
une situation de marche. Les Résultats de cette première étude révèlent qu’à partir de 7 ans
les paramètres temporels des déplacements simulés reproduisent ceux des déplacements
réels. La capacité d’imagerie motrice émergerait donc aux alentours de 7 ans. Pour répondre
au deuxième objectif, nous avons utilisé une épreuve dans laquelle les participants devaient
marcher puis faire marcher sur écran d’ordinateur un avatar dont le cycle de marche
correspondait au leur, sur une distance courte, moyenne et longue. Les Résultats de cette
deuxième étude indiquent qu’une situation impliquant l’utilisation d’un exo-soi peut être
envisagée comme support d’imagerie motrice, seulement dès l’âge de 9 ans.
Introduction
L’imagerie motrice (IM) correspond à la capacité à générer une image de soi en action au
cours de laquelle les conséquences kinesthésiques de l’action sont évoquées en dehors de son
exécution réelle (Jeannerod, 1994). Cette capacité est actuellement de plus en plus intégrée
dans des programmes de réhabilitation motrice, notamment chez des adultes ayant subi un
accident vasculaire cérébral. Récemment, Steenbergen, Crajé, Nilsen, et Gordon (2009) ont
proposé d’utiliser l’IM comme outil de rééducation potentiel chez des enfants présentant une
paralysie cérébrale. Toutefois, avant d’envisager cette possibilité, la question reste posée de
déterminer à quel âge cette capacité émerge chez les enfants typiques. L’objectif de cette
recherche est double : il s’agit d’une part, d’étudier à quel moment du développement les
paramètres du mouvement pensé reproduisent ceux du mouvement agi. Pour ce faire, nous
avons proposé à des enfants de 5, 7 et 9 ans le paradigme de chronométrie mentale, qui
permet de comparer le temps que met un sujet pour exécuter une action au temps qu'il
estime nécessaire pour l'imaginer. La tâche des enfants consistait à marcher et à s’imaginer
marcher sur trois distances différentes. Si les enfants sont en mesure d’utiliser l’IM, alors
nous devrions observer une invariance temporelle entre temps de mouvement simulé et
temps de mouvement réel. Le deuxième objectif est de déterminer si un exo-soi peut être pris
comme support de l’IM. Ceci implique de comparer les performances obtenues dans la tâche
précédente à celles observées dans une tâche qui utilise un avatar dont le cycle de marche est
le même que l’enfant. Pour ce faire, un autre groupe d’enfants âgés de 5, 7 et 9 ans, devait
faire suffisamment marcher l’avatar afin que celui-ci réalise le même déplacement qu’euxmêmes avaient précédemment effectué.
Méthode
Chronométrie mentale : la tâche des participants consistait à marcher réellement (condition
réelle) et à s’imaginer marcher (condition imaginée) tout en gardant les yeux ouverts, sur
chacune des trois distances (2m, 4m, 6m). Les enfants étaient invités à marcher à un rythme
régulier dans les deux conditions de déplacement. La moitié des participants commençait
par la condition réelle, tandis que l’autre moitié débutait par la condition imaginée. L’ordre
de présentation des trois distances était aléatoire.
82 L’avatar : nous avons utilisé le même matériel que dans l’expérience précédente et un PC. La
taille des enfants et leurs temps de marche réelle sur chaque distance étaient pris en compte
de façon à calibrer l’avatar pour qu’il ait le même cycle de marche que chaque enfant. La
tâche des participants consistait dans un premier temps à marcher (condition réelle), puis à
faire marcher l’avatar sur l’écran PC (condition avatar) sur chacune des trois distances (2, 4 et
6m).
Résultats
Chronométrie mentale : dans un premier temps, nous avons souhaité nous assurer que les
enfants respectaient bien la consigne qui était de marcher et de s’imaginer marcher à un
rythme régulier sur tous les parcours. Nous avons analysé, pour chaque groupe d’âge, les
corrélations concernant les vitesses de déplacement entre chaque distance. Les analyses
montrent que les enfants de 7 et 9 ans marchent à la même vitesse quelle que soit la distance
à parcourir. En revanche, la vitesse de marche des enfants de 5 ans n’est pas constante sur
toutes les distances.
Les analyses montrent que la corrélation entre temps de déplacement exécuté et temps de
déplacement imaginé est significative, sur chaque distance, chez les enfants de 7 ans (2m:
R2=0.54, p=0.0001 ; 4m: R2=0.43, p=0.001 ; 6m: R2= 0.36, p<0.01) et les enfants de 9 ans (2m:
R2=0.47, p<0.001 ; 4m: R2=0.37; p<0.01 ; 6m: R2= 0.36, p<0.01) et seulement sur les distances
4m et 6m chez les enfants de 5ans (4m: R2=0.37, p<0.01 ; 6m: R2=0.30, p<0.05).
L’avatar : les analyses révèlent que la corrélation entre temps de déplacement exécuté et
temps de déplacement de l’avatar est significative sur chaque distance chez les enfants de 9
ans (2m: R2=0.44, p<0.01 ; 4m: R2=0.29; p<0.05 ; 6m: R2=0.41; p<0.01), sur les distances 4m et
6m chez les enfants de 7 ans (4m: R2=0.44, p<0.01 ; 6m: R2=0.34, p<0.01) et seulement sur la
distance 4m chez les enfants de 5 ans (4m: R2=0.48; p<0.01). Nous avons souhaité compléter
cette analyse temporelle, par une analyse des distances estimées dans la condition avatar.
Seule une surestimation de la distance 2m est observée chez les enfants de 7 ans dans la
condition avatar (M=2.66, t(18)=3.03, p<0.01).
Discussion
Les résultats de notre première expérience révèlent, à partir de 7 ans, une invariance
temporelle entre les temps de mouvement réalisé et imaginé, pour toutes les distances. Chez
les enfants de 5 ans, on observe une invariance temporelle seulement sur les distances 4m et
6m. De même, ces enfants ne marchent pas à la même vitesse sur toutes les distances.
Contrairement à leurs ainés, ces enfants n’ont donc pas la possibilité de s’appuyer sur un
paramètre stable (la vitesse de marche) lorsqu’ils doivent s’imaginer marcher. La capacité
d’IM émergerait donc aux alentours de 7 ans. Les résultats de la deuxième expérience
révèlent qu’il existe une invariance temporelle entre le temps de marche réelle et le temps de
marche de l’avatar sur toutes les distances, uniquement chez les enfants de 9 ans. Utiliser un
exo-soi comme support de l’IM semble donc approprié seulement à partir de 9 ans.
Traditionnellement, les études qui utilisent le paradigme de chronométrie mentale se sont
uniquement intéressées au temps nécessaire pour exécuter et imaginer une action. Or, en
plus d’exister pendant un temps donné, une action a lieu dans un espace et a une certaine
vitesse. Dans notre recherche, les enfants de 9 ans semblent réussir à coordonner ces trois
systèmes espace/temps/vitesse en condition réelle et imaginée. Toutefois, la coordination de
ces trois systèmes semble plus fragile chez les enfants plus jeunes.
Références
Jeannerod, M. (1994). The representing brain: Neural correlates of motor intention and
imagery. Behavioral and Brain Sciences, 17(2), 187-202.
83 Steenbergen, B., Crajé, C., Nilsen, D.M., & Gordon, A.M. (2009). Motor imagery training in
hemiplegic cerebral palsy: a potentially useful therapeutic tool for rehabilitation.
Developmental Medicine and Child Neurology, 51(9), 690-696.
84 III)
Psychologie Cognitive : Langage et lecture
Titres des communications et Intervenants
L’indice phonologique du suffixe supplante-t-il l’indice conceptuel de genre dans
l’attribution d’un genre grammatical à un mot nouveau chez les syndromes de williams
francophones ?
Ibernon, Laure (Université de Picardie), Boloh, Yves (Université Montpellier 3).
Influence du pronom sur la réactivation d’informations lors de la lecture d’un texte.
Farhat, Sarah-Lise, Tapiero, Isabelle (Université Lumière Lyon 2).
Evaluation de l'intensité émotionnelle par emosem
Denhiere, Guy (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin - umscnrs 2809), Jhean-Larose,
Sandra (Université d’Orléans - Équipe CHArt -Cognition Humaine et Artificielle - LUTIN - UMS
CNRS 2809)
Quels sont les processus communs aux deux modalités du langage : Une étude ERPs
comparant la production orale et la production écrite de mots isolés?
Perret, Cyril (UTRPP), Laganaro, Marina (Université de Genève).
85 1) L’indice phonologique du suffixe supplante-t-il l’indice conceptuel de genre dans
l’attribution d’un genre grammatical à un mot nouveau chez les syndromes de
williams francophones ?
Ibernon, Laure (Université de Picardie), Boloh, Yves (Université Montpellier 3). Résumé
Nous présentons les Résultats d’attribution d’un genre grammatical de 28 syndromes de
Williams (SW) francophones dans une expérience en production provoquée dans laquelle le
genre grammatical de non-mots est opposé au genre naturel de figurines. Les Résultats
montrent que les SW optent massivement pour une attribution par défaut au masculin. Leurs
scores sont semblables à ceux des participants normaux de même âge mental ; ils diffèrent en
revanche de ceux de même âge chronologique, ces derniers produisant plus de réponses
d’attribution basées sur le sexe. Lorsque les SW sont répartis en 2 sous-groupes, nous ne
constatons pas de changement de stratégie d’attribution avec l’âge tel que c’est le cas chez les
contrôles. Nous concluons que les différences constatées entre sujets normaux et SW sont
probablement dues à l’intervention de capacités cognitives, lexicales et métalinguistiques
plutôt que morphosyntaxiques.
Introduction
Le SW, un trouble congénital rare, a fait l’objet de nombreuses recherches du fait d’un profil
cognitif hétérogène incluant des compétences linguistiques relativement préservées en dépit
d’un retard mental moyen à modéré (Bellugi, Marks, Bihrle, & Sabo, 1988).
L’étude des capacités des SW francophones en matière de genre grammatical a été
caractérisée par la diversité des conclusions expérimentales. Selon Karmiloff-Smith, Grant,
Berthoud, Davies, Howlin, et Udwin (1997), les capacités d’attribution et d’accord des SW
seraient déficitaires tandis que selon Clahsen et Almazan (1998) seules les capacités
d’attribution seraient altérées. Monnery, Seigneuric, Zagar, et Robichon (2002) avancent en
revanche qu’attribution et accord seraient intacts chez les SW. Dans la même veine que
l’étude classique de Karmiloff-Smith (1979), ces études considèrent que les locuteurs
francophones s’appuieraient sur la forme phonologique des suffixes pour régler le problème
de l’attribution. Boloh, Ibernon, Royer, Escudier, et Danillon, (2009) montrent cependant que,
dans des épreuves en production provoquée, les SW comme les enfants normaux de même
âge mental et de même âge chronologique tendent à opter pour une stratégie d’attribution au
masculin par défaut.
Parmi les épreuves présentées par Karmiloff-Smith (1979), l’expérience 10 a été l’une des plus
commentée. L’auteur montre que, dans une situation de discordance entre le genre
grammatical de suffixes et le genre naturel de personnages, l’indice phonologique du suffixe
supplanterait l’indice conceptuel de sexe. Karmiloff-Smith et al ne reprennent pas cette
expérience auprès des SW. De plus, les Résultats obtenus dans une épreuve similaire auprès
de sujets âgés de 4 à 18 ans montrent que les locuteurs francophones, particulièrement les
plus jeunes, opteraient pour une attribution par défaut au masculin (Boloh & Ibernon, en
révision).
Méthode
Notre expérience a été menée auprès de 28 SW (11 garçons) âgés de 15;1 ans (de 6 à 21 ans).
Nous avons comparé leurs performances à 2 groupes contrôles (N) : un groupe apparié sur
l’âge mental et un groupe apparié sur l’âge chronologique. Les groupes ainsi obtenus sont :
28 enfants âgés de 7 ans (de 3 à 12 ans), 28 participants âgés de 15 ans (de 6 à 21 ans).
Nous examinons les choix d’attribution des participants auxquels on demande de décrire la
localisation de trois exemplaires, de couleurs différentes (vert, gris, violet), de personnages
86 fictifs (martiens ou martiennes) introduits par la combinaison du numéral « trois » et d’un
non-mot dont le genre grammatical du suffixe est soit masculin : -a, -o, -on, -ain, -an, -ié, soit
féminin : -ette, -ise, ière, -ine, -ure, -ade. Les logatomes masculins réfèrent à des personnages
féminins (trois kibos pour des martiennes) tandis que les logatomes féminins réfèrent à des
personnages masculins (trois bajines pour des martiens). Sont considérées comme correctes
les réponses basées sur la valeur informative des suffixes (e.g. un ou le pour kibo, une ou la
pour bajine).
Résultats
Les SW présentent le même profil que les enfants de même âge mental : ils optent
massivement pour le genre grammatical masculin.
Tableau 1 : Pourcentage de réponses correspondant au suffixe par groupe et par type de
suffixe
Genre naturel féminin
Genre naturel masculin
Suffixe masculin
Suffixe féminin
N7
93.65
25.79
N15
59.52*
4.76
SW15
78.97
19.44
* Scores < au hasard pour les féminins. Masculins : scores N7 et SW > au hasard / scores N15 au
niveau du hasard (p < .05)
Nous constatons chez les sujets normaux un changement de stratégie avec l’âge dans le cas
des suffixes masculins : les participants de 15 ans fournissent majoritairement des réponses
basées sur le sexe des personnages. Un tel changement n’est en revanche pas constaté chez
les SW si ces derniers sont répartis en 2 sous-groupes de 12 et 18 ans.
Tableau 2 : Pourcentage de réponses correspondant au suffixe en fonction de l’âge des SW et
par type de suffixe
Genre naturel féminin
Genre naturel masculin
Suffixe masculin
Suffixe féminin
SW 12 ans
77.38
23.02
SW 18 ans
80.56
15.87
Discussion
Nos résultats ne répliquent ni ceux de Karmiloff-Smith (1979) : l’information phonologique
du suffixe ne supplante pas l’indice conceptuel de genre, ni ceux de Karmiloff-Smith et al.
Les SW n’ont pas de déficit dans l’extraction de l’information phonologique des suffixes, ils
optent par défaut pour une attribution au masculin comme les enfants de même âge mental.
Les réponses des participants les plus jeunes et des SW sont à notre sens dus à l’intervention
de capacités cognitives, lexicales et métalinguistiques plutôt que morphosyntaxiques. Ces
derniers construiraient une représentation conceptuelle générique de la situation
expérimentale : l’intervention de personnages imaginaires viendrait supplanter le fait que ces
personnages soient des mâles ou des femelles.
Références
Bellugi, U., Marks, S., Bihrle, A., & Sabo, H. (1988). Dissociation between language and
cognitive function in Williams Syndrome. In D. Bishop & K. Mogford (Eds.),
Language development in exceptional circumstances. Edinburgh, U.K.: Churchill
Livingstone.
87 Boloh, Y. & Ibernon, L. (en révision). Grammatical vs. natural gender in French children.
Child Development.
Boloh, Y., Ibernon, L., Royer, S., Escudier, F., Danillon, A. (2009). Gender attribution and
gender agreement in French Williams syndrome. Research in Developmental
Disabilities, 30(6), 1523-1540.
Clahsen, H., & Almazan, M. (1998). Syntax and morphology in Williams syndrome.
Cognition, 68, 167-198.
Karmiloff-Smith, A. (1979). A functional approach to child language: A study of determiners
and reference. Cambridge: Cambridge University Press.
Karmiloff-Smith, A., Grant, J., Berthoud, I., Davies, M., Howlin, P., & Udwin, O. (1997).
Language and Williams syndrome: How intact is "intact"? Child Development, 68,
274-290.
Monnery, S., Seigneuric, A., Zagar, D., & Robichon, F. (2002). A linguistic dissociation in
Williams Syndrome : Good at gender agreement but poor at lexical retrieval. Reading
and Writing: An Interdisciplinary Journal, 15, 589-612.
88 2) Influence du pronom sur la réactivation d’informations lors de la lecture d’un
texte.
Farhat, Sarah­Lise, Tapiero, Isabelle (Université Lumière Lyon 2). Résumé
L’objectif de ce travail est de montrer que dans certaines conditions (selon les caractéristiques
du texte), le lecteur serait capable de réactiver uniquement les informations pertinentes lors
la lecture d’un texte. En effet, dans une première expérience, en utilisant le paradigme de
Cook, Halleran and O’Brien (1998) nous avons été en mesure de répliquer leurs Résultats : en
accord avec le modèle basé sur la Mémoire les lecteurs réactiveraient les informations au
moyen d’un processus de résonance passif sans prendre en compte la pertinence de
l’information. Cependant, dans un deuxième temps, la modification du matériel
expérimental (désigner les 2 personnages du récit par 2 pronoms différents), semblerait
permettre au lecteur de prendre en compte la pertinence de l’information. Nous discutons
nos résultats dans le cadre du modèle basé sur la Mémoire (Myers & O’Brien, 1998 :
processus de résonance non-restreint) et du modèle basé sur scénario (Sanford & Garrod,
1998 : processus de résonance restreint).
Introduction
Comprendre un texte est une activité complexe qui implique la construction d’une
représentation mentale cohérente : le texte trouve ainsi toute sa signification. Le lecteur
maintient à la fois une cohérence locale et une cohérence globale. Pour ce faire, il va chercher
à réactiver des informations en mémoire à long terme par l’intermédiaire du processus de
résonance. Ce processus de réactivation est défini de deux natures différentes :
Pour Myers et O’ Brien (1998), les informations sont réactivées de manière passive. Toute
information qui « résonne » suffisamment devient disponible indépendamment de sa
pertinence.
À l’inverse, selon Sanford et Garrod (1998) le processus de résonance est guidé par des
pointeurs du discours. Ainsi seules les informations pertinentes sont réactivées.
En 1998, Cook, Halleran et O’Brien (1998) ont confronté ces deux théories en manipulant la
cohérence et la pertinence de l’information présentée dans les textes. Les Résultats montrent
que les lecteurs réactivent les informations de manière non-restreinte, indépendamment de
leur pertinence, en accord avec le modèle basé sur la mémoire (Myers & O’Brien, 1998).
Notre objectif était également de nuancer ces deux théories en montrant que certaines
caractéristiques du texte (ici, les pronoms) peuvent influencer la manière dont le lecteur
traite et réactive les informations au cours de la lecture.
Méthode
Expérience A :
48 étudiants ont participé à cette expérience. Seuls, face à un écran d’ordinateur, ils devaient
lire huit textes expérimentaux et six textes de remplissage phrase après phrase. Les temps de
lecture des phrases cibles étaient enregistrés.
Les textes expérimentaux se subdivisent en sept parties: L’Introduction comporte trois
phrases. Elle met en scène deux personnages et présente la situation de manière globale.
L’élaboration : se compose de trois phrases et décrit les caractéristiques émotionnelles
(Gernsbacher, 1992) de l’un des deux personnages. Quatre versions de la partie élaboration
ont été écrites. En effet, la partie élaboration décrit soit le personnage 1 de manière cohérente
ou incohérente avec les phrases cibles - soit le personnage 2, dans ce cas les caractéristiques
du personnage peuvent apparaître comme cohérentes ou incohérentes avec les phrases cibles
mais sont en fait non pertinentes car, les phrases cibles concernent toujours le premier
personnage. De cette manière, nous manipulons la pertinence de l’information présentée. Le
89 contexte : comprend cinq phrases qui doivent permettre le stockage des informations
précédentes en mémoire à long terme. Il n’est mentionné aucune caractéristique
émotionnelle des personnages. Dans la première phrase cible, le premier personnage est
engagé dans une action qui apparait comme cohérente ou incohérente avec la partie
élaboration. Le deuxième contexte : se compose de trois phrases. La deuxième phrase cible,
est dans la continuité de la première et présente toujours le premier personnage engagé dans
une action. La conclusion se compose d’une seule phrase neutre.
Selon l’approche basée sur la mémoire, un effet d’incohérence (temps de lecture plus longs)
devrait être observé à la fois pour le personnage 1 et 2, alors que pour l’approche basée sur le
scénario un effet d’incohérence devrait seulement apparaître pour le personnage1.
Expérience B et Expérience C :
Dans l’expérience A, les personnages du récit étaient désignés à la troisième personne du
singulier. Dans l’expérience B et C , ils l’étaient par deux pronoms différents, l’un à la
première personne du singulier (le personnage 1 dans l’expérience B et le 2 dans l’expérience
C), l’autre à la troisième personne du singulier (le 2 dans la B le 1 dans la C).
Ce changement devant normalement permettre la prise en compte de la pertinence de
l’information.
Résultats
L’analyse de variance concernant les données de l’expérience A révèle : un effet significatif
du facteur Cohérence: F (1,47) =12,48, p <.01, avec des temps de lecture plus longs pour les
versions incohérentes que pour les versions cohérentes. Le facteur Phrases Cibles est
également significatif : F (1,47) = 44,12, p <.01, les temps de lecture sont plus longs pour la
phrase cible 1 que pour la phrase cible 2. Enfin, l’interaction entre les facteurs Cohérence *
Phrases cibles est significative F (1,47) = 6,56, p =.01. À la lecture de la version incohérente
les temps de lecture sont supérieurs à ceux de la version cohérente seulement pour la phrase
cible 1 mais pas pour la phrase cible 2.
Nos résultats confirment l’utilisation d’un processus de résonance non retreint (Cook & al
(1998) puisque l’effet d’incohérence apparaît à la fois pour le personnage 1 et 2.
L’analyse de variance regroupant les données de l’expérience B et C révèle un effet simple du
facteur Personnage : F (1,95) = 7,25, p= .008. Les temps de lecture sont plus longs pour le
personnage 2 que pour le personnage 1. L’effet du facteur Phrase cible est également
significatif F (1,95) = 13,36, p=.0004, la phrase cible 1 est lue plus lentement que la phrase
cible 2. Enfin, l’interaction Cohérence * Personnage est significative : F (1,95) = 5,43, p=.022. et
révèle principalement que l’effet d’incohérence est présent pour le personnage 1 alors qu’il
disparaît pour le personnage 2. En effet, l’analyse des contrastes révèle que pour le
personnage 1, les temps de lecture des phrases cibles incohérentes sont plus longs que les
temps de lecture des phrases cibles cohérentes (M=154,21), à l’inverse pour le personnage 2,
il n’apparaît pas de différence significative entre les temps de lecture des phrases cibles
cohérentes et incohérentes (p=.18). Cette différence entre le personnage 1 et le personnage 2
n’avait pas pu être mise en évidence lors de la première expérience alors qu’elle apparait ici
grâce au changement de pronom.
Discussion
Le changement de pronom, qui a permis la prise en compte de la pertinence de l’information,
apparaît simple. Pourtant, il a pour conséquence d’induire une perspective et d’impliquer le
lecteur. En effet, ce dernier s’identifie et adopte la perspective du personnage qui dis «-je-».
Finalement, un changement de pronom revient à manipuler le point de vue narratif qui sera
l’objectif de nos futures recherches.
90 Références
Cook, A., Halleran, J., & O'brien, E. (1998). What is readily available during reading? A
memory-based view of text processing. Discourse Processes, 26 (2), 109-129.
Gernsbacher, M., Goldsmith, H., & Robertson, R. (1992). Do Readers Mentally represent
Characters' Emotional States? Cognition and Emotion, 6 (2), 89-111.
Myers, J., & O'brien, E. (1998). Accessing the discourse representation during reading.
Discourse Processes, 26 (2), 131-157.
Sanford, A., & Garrod, S. (1998). The role of scenario Mapping in Text Comprehension.
Discourse Processes, 26 (2&3), 159-190.
91 3) Evaluation de l'intensité émotionnelle par emosem
Denhiere, Guy (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin ­ umscnrs 2809), Leveau, Nicolas (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin ­ umscnrs 2809), Jhean­Larose, Sandra (Université d’Orléans ­ Équipe CHArt ­Cognition Humaine et Artificielle ­ LUTIN ­ UMS CNRS 2809) Résumé
EMOSEM est un modèle vectoriel qui utilise l’Analyse de la Sémantique Latente (Landauer
& Dumais, 1997) et qui permet l’identification automatique des émotions véhiculées par les
textes. A partir d’un corpus de textes évalués par des juges humains, nous montrons la
capacité d’EMOSEM à rendre compte de l’intensité émotionnelle.
Mots-clés: Mémoire sémantique, émotions, textes
Introduction
EMOSEM est un modèle d’analyse de la coloration émotionnelle de textes. EMOSEM associe
à l’analyse de la sémantique latente (LSA) (Landauer & Dumais, 1997), des ressources
lexicales (Mathieu, 2000 ; Piolat & Bannour, 2009 ; Scherer, 2005) pour décrire les émotions.
Nous avons montré précédemment qu’EMOSEM permet d’identifier correctement les
émotions véhiculées par les textes (Peur, Tristesse, Colère, Surprise, … ) (Denhière, Leveau &
Jhean-Larose, 2010).
Cette communication décrit dans dans quelle mesure EMOSEM rend compte de l’intensité
de l’émotion exprimée dans un texte. Notre hypothèse est que l’intensité émotionnelle des
textes, telle qu’elle est évaluée par des juges humains, est significativement corrélée avec les
valeurs de cosinus (textes - vecteurs) exprimant l’intensité émotionnelle.
Méthode
Constitution d’un corpus de textes
Pour répondre à cette question, nous avons extrait de la littérature 8 listes de 50 paragraphes
(80 à 150 mots) à l’aide de six mots clé renvoyant à une émotion donnée de la classification
EMOTAIX (Piolat & Bannour, 2009). Huit émotions désagréables ont été retenues : HAINE,
AGRESSIVITE, SOUFFRANCE, DEPRESSION, TROUBLE, FRUSTRATION, CRAINTE,
TENSION. A titre d’exemple, les mots clé retenus pour la catégorie HAINE étaient les
suivants : mépris, haine, jalousie, ingratitude, dégoût, vengeance. Il suffisait que l’un des
mots soit présent pour que le paragraphe soit retenu.
Ces textes ont été jugés par des participants humains à l’aide d’une échelle en 4 points visant
à indiquer le degré (1. Très peu, 2. Peu, 3. Beaucoup, 4. Enormément) auquel ils renvoient à
l’émotion sélectionnée. Nous disposons donc d’un corpus de textes empiriquement jugés
comme traduisant de façon plus ou moins intense une émotion donnée.
Constitution des vecteurs-émotion
Pour chacune des huit émotions, deux vecteurs ont été construits, le premier à partir des
mots référents au sens propre du lexique établi par Piolat et Bannour (2009), et le second à
partir du matériel issu d’une expérience de tri (Leveau, Jhean-Larose, & Denhière, 2010). La
matrice de connexité entre les termes associés à chaque catégorie d’émotion a été calculée à
l’aide de l’analyse de la sémantique latente dans l’espace sémantique FrançaisTotal
(Denhière, Lemaire, Bellissens, & Jhean-Larose, 2007.). Les termes ayant une valeur de
cosinus moyenne supérieure ou égale à 0.20 ont été conservés.
Pour chacun des 8 x 50 paragraphes, le cosinus avec le vecteur-émotion a été calculé dans
l’espace sémantique FrançaisTotal. Pour chaque émotion, nous avons calculé la corrélation
entre l’évaluation empirique moyenne (de 1 à 4) de l’intensité avec laquelle les paragraphes
expriment l’émotion considérée, et la valeur de cosinus du vecteur approprié.
92 Résultats
Les résultats sont présentés sur le tableau 1. Sur les 16 corrélations calculées, 14 sont
significatives au seuil de p<.01. Ainsi, à l’exception de la CRAINTE, les deux vecteurs
constitués rendent compte de l’intensité émotionnelle des paragraphes, de manière
semblable à celles des humains.
Tableau 1: Corrélation r et significativité p de la corrélation entre les cosinus (textes, vecteur)
et l’évaluation empirique des textes
Vecteur noyau tri
Textes
«émotion »
haine
souffrance
tension
crainte
dépression
trouble
agressivité
frustration
r
p
0,582
0,338
0,566
0,124
0,496
0,408
0,584
0,414
0,000
0,009
0,000
0,353
0,000
0,001
0,000
0,001
Vecteur noyau lexique
r
p
0,596
0,393
0,572
0,110
0,526
0,428
0,583
0,493
0,002
0,002
0,000
0,411
0,000
0,001
0,000
0,000
Discussion
Les simulations réalisées ont mis en évidence des corrélations hautement significatives pour
sept émotions sur huit. Au-delà de la capacité d’EMOSEM à identifier correctement une
émotion, elles attestent de la capacité du modèle à rendre compte de l’intensité émotionnelle.
Les développements futurs consisteront à tester le modèle avec les émotions positives.
Références
Denhière, G., Lemaire, B., Bellissens, C., & Jhean-Larose, S. (2007). A Semantic Space for
Modeling Children’s Semantic Memory. In T. K. Landauer, D. S. McNamara, S.
Dennis & W. Kintsch (Eds.), Handbook of Latent Semantic Analysis (pp. 143-166).
Magwah, New Jersey: Lawrence Erlbaum Associates
Denhière, G., Leveau, N., & Jhean-Larose, S. (2010). EMOSEM : Un modèle d’identification
automatique de la coloration émotionnelle des textes. Communication orale au 52ème
Congrès de la SFP, Cognition, Emotions et Société, Lille. 7-9 septembre.
Landauer, T. K., & Dumais, S. T. (1997). A solution to Plato's problem: The latent semantic
analysis theory of acquisition, induction, and representation of knowledge.
Psychological Review, 104(2), 211-240.
Leveau, N., Jhean-Larose, S. & Denhière, G. (2010). Caractériser l’émotionnalité du langage :
valence, activation et/ou contrôle. Communication affichée au 52ème Congrès de la
SFP, Cognition, Emotions et Société, Lille. 7-9 septembre.
Mathieu, Y. Y. (2000). Les verbes de sentiment - De l'analyse linguistique au traitement
automatique. Paris: CNRS Editions.
Piolat, A., & Bannour, R. (2009). EMOTAIX : Un scénario de Tropes pour l’identification
automatisée du lexique émotionnel et affectif. Année psychologique, 109(4), 657-700.
4) Quels sont les processus communs aux deux modalités du langage : Une étude
ERPs comparant la production orale et la production écrite de mots isolés?
Perret, Cyril (UTRPP), Laganaro, Marina (Université de Genève). 93 Analyse critique
Les études comportementales et neuropsychologiques portant sur la production écrite ont
permis de faire l’hypothèse que certains processus sont communs avec l’oral. Par exemple,
l’observation que certaines variables telles que l’accord sur l’image ou la variabilité
d’imagerie (Bonin et al., 2002) prédisent à la fois les latences de réponse à l’oral et à l’écrit
suggère fortement que ces deux modalités ont en commun certains processus et certaines
représentations.
Le travail présenté ici a pour objectif de spécifier le décours temporel d’accès à ces processus
communs en utilisant un enregistrement de potentiels évoqués cérébraux (ERPs). Un EEG de
haute densité a été enregistré durant la réalisation de deux tâches par 22 participants sains.
Plus précisément, la moitié d’entre eux devaient produire dans un premier temps à l’oral puis
dans un deuxième temps par écrit le nom de 120 images. L’ordre des tâches était inversé pour
l’autre moitié des participants.
Des analyses de trace ainsi qu’une segmentation temporo-spatiale (Michel et al., 2009 ;
Murray et al., 2008) ont été réalisées à partir des potentiels évoqués de deux epoques:
celle alignée sur le stimulus et celle alignée sur la réponse (Laganaro & Perret, 2011). Ces
analyses convergent et font apparaître des différences entre les deux modalités de production
à partir de 250 ms après la présentation de l’image. Plus précisément, la segmentation spatiotemporelle permet de mettre en évidence des cartes électrophysiologiques identiques et ce de
0 à 270 ms. Selon les estimations d’Indefrey et Levelt (2004), cela recouvre les processus de
perception/reconnaissance visuelle (0 à ~150 ms) et ceux du traitement lexico-sémantique
(~150 à ~270 ms). Les deux modalités divergent ensuite, à partir des processus de
récupération des codes de surface (orthographique et phonologique).
Références
Bonin, P., Chalard, M., Méot, A. & Fayol, M. (2002). The determinants of spoken and written
picture naming latencies. British Journal of Psychology, 93, 89-114.
Indefrey, P. & Levelt, W. J. M. (2004). The spatial and temporal signatures of word
production components. Cognition, 92, 101-144.
Laganaro, M., & Perret, C. (2011). Comparing electrophysiological correlates of word
production in immediate and delayed naming through the analysis of word age of
acquisition effects. Brain Topography, 24, 19-29.
Michel, C.M., Koenig, T., Brandeis, D., & Gianotti, L.R.R. (2009). Electric Neuroimaging.
Cambridge University Press : Cambridge.
Murray, M. M., Brunet, D., & Michel, C. M. (2008). Topographic ERP analyses: A step-bystep tutorial review. Brain Topography, 20, 249-264.
94 13H30 - 15H - SYMPOSIA
I)
Écrire : composantes cognitivo-émotionnelles.
Symposium organisé par Piolat Annie (Université de Provence)
Titres des communications et Intervenants
Le traitement orthographique est-il affecté par le contenu émotionnel du texte à produire
chez l’enfant d’âge scolaire ?
Fartoukh, Michael, Chanquoy, Lucile (Université de NiceSophia-Antipolis).
Production écrite et verbale du lexique émotionnel pour justifier un choix en situation de
dilemme
Latchimy, Ingrid (Université de Provence).
Écrire à propos de l’humour noir : nature du lexique émotionnel et affectif produit en
situation d’appréciation ou de rejet
Aillaud, Marlène (Université de Provence).
Écriture expressive et mémoire de travail : Le rôle de l'inhibition des pensées intrusives
Olive, Thierry (Université de Poitiers).
Impact de la valence positive ou négative d’un événement vécu sur les écrits d’étudiants
de disciplines différentes
Piolat, Annie (Université de Provence)
Introduction générale
Sous l’impulsion de Hayes et Flower (1980), la production écrite verbale est depuis
maintenant 30 ans largement étudiée par les psychologues de la cognition. Les connaissances
(contenu et langage), les processus rédactionnels (planifier, mettre en texte, réviser) et
l’impact de l’architecture cognitive (mémoire de travail, mémoire à long terme) des
rédacteurs sont alors modélisés et étudiés expérimentalement (Alamargot & Chanquoy,
2001). Les aspects de l’expertise rédactionnelle sont identifiés (Kellogg, 2006) comme celle
des modalités d’acquisition de l’activité (Berninger & Swanson, 1994). En 1996, Hayes a
proposé un nouveau cadre ("A new framework for understanding cognition and affect in
writing") qui aurait dû impulser une étude conjointe des aspects cognitifs et affectifs de la
production écrite verbale. Toutefois, cette perspective est dans la recherche française encore
fort peu envisagée alors que l’étude des sciences cognitives, entendues comme champ de
recherche interdisciplinaire dédiée à l’étude des émotions, sont en plein essor (Sander &
Scherer, 2009).
L’objectif de ce symposium est de présenter quelques voies de recherche qui prennent en
charge certains des aspects émotionnels de la production écrite verbale chez des rédacteurs
expérimentés ou plus novices. Il s’agira de montrer que l’état émotionnel du rédacteur a un
effet sur le produit rédigé ou que le rédacteur est fortement influencé par la nature affective
du contenu qu’il doit mettre en texte.
Références
Alamargot, D. & Chanquoy, L., (2001). Through the models of writing. Dordrecht-BostonLondon. Kluwer Academic Publishers.
Berninger, V.W., & Swanson, H.L. (1994). Modification of the Hayes and Flower model to
explain beginning and developing writing. In E. Butterfield (Ed.), Advances in
95 Cognition and Educational Practice, Vol. 2: Children's Writing: Toward a Process
Theory of Development of Skilled Writing (pp. 57-82). Greenwich, CT: JAI Press.
Hayes, J. R. (1996). A new framework for understanding cognition and affect in writing. In C.
M. Levy & S. Ransdell (Eds.), The science of writing: Theories, methods, individual
differences, and applications (pp. 1-27). Mahwah, NJ: Lawrence Erlbaum Associates.
Hayes, J. R., & Flower, L. S. (1980). Identifying the organization of writing processes. In L. W.
Gregg & E. R. Steinberg (Eds.). Cognitive processes in writing (pp. 3-30). Hillsdale,
NJ: Lawrence Erlbaum.
Kellogg, R. T. (2006). Professional writing expertise. In K. A. Ericsson, N. Charness, P. J.
Feltovich, & R. R. Hoffman (Eds.), The Cambridge Handbook of Expertise and Expert
Performance (pp. 389-402). New York: Cambridge University Press.
Sander, D., & Scherer, K. R. (Eds.). (2009). Traité de psychologie des émotions. Paris, France:
Dunod.
96 1) Le traitement orthographique est-il affecté par le contenu émotionnel du texte à
produire chez l’enfant d’âge scolaire ?
Fartoukh, Michael, Chanquoy, Lucile (Université de NiceSophia­Antipolis). Introduction
De plus en plus de chercheurs s’intéressent à l’influence des émotions sur les activités
cognitives complexes et plus particulièrement sur l’impact des émotions sur les tâches
scolaires (Cuisinier, Sanguin-Bruckert, Bruckert & Clavel, 2010). Leur prise en compte s’avère
en effet indispensable pour une meilleure compréhension du fonctionnement cognitif
(Corson, 2002 ; Vieillard & Bougeant, 2005), notamment dans les situations d’apprentissage.
Il est possible de distinguer trois familles de modèles explicatifs des liens entre cognition et
émotion :
- les modèles de réseaux associatifs qui énoncent que les émotions positives favoriseraient la
créativité et un meilleur traitement de l’information tandis que ce ne serait pas le cas pour les
émotions négatives (Bower, 1981 ; Isen, Shalker, Clark & Karp, 1978).
- les modèles à origine motivationnelle qui envisagent que l’individu n’aurait parfois pas
l’énergie nécessaire à la réalisation d’une tâche complexe pour laquelle il a pourtant toutes
les capacités requises (Williams, Watts, MacLeod & Mathews, 1997).
- le modèle d’allocation de ressources et d’interférence cognitive : selon Ellis et Ashbrook
(1988) et Ellis et Moore (1999), l’état émotionnel va venir parasiter les capacités
attentionnelles. Les états émotionnels négatifs et positifs entraîneraient tous deux des
variations au niveau des performances de la mémoire de travail, en provoquant une
surcharge et en diminuant les ressources disponibles (Oaskford, Morris, Grainger &
Williams, 1996).
Compte tenu de ces éléments, il paraît pertinent de s’interroger sur l’effet que pourraient
avoir les émotions sur un processus fortement dépendant des ressources disponibles en
mémoire de travail : la production écrite de textes.
En 1996, Hayes a proposé un modèle de la production de texte dans lequel une place
importante était accordée aux affects, aux émotions et à la motivation. En effet, selon Hayes
(1996), ces facteurs jouent un rôle décisif dans l’activité écrite, l’aspect affectif pouvant
influencer la manière d’écrire ou de se représenter l’écrit à produire.
Chez l’enfant, l’apprentissage de l’écriture et de la rédaction de textes est long et complexe,
et de longues années sont nécessaires à l’acquisition d’une expertise rédactionnelle (cf.
Chanquoy & Alamargot, 2003). L’un des aspects qui contraint cette évolution est le
développement de la mémoire de travail (Berninger & Swanson, 1994). Comme toutes les
règles de l’orthographe ne sont pas encore automatisées, le coût cognitif du traitement
orthographique est important surtout pour les processus orthographiques faiblement
automatisés qui semblent plus sensibles à la surcharge cognitive (Fayol, Hupet & Largy, 1999
; Totereau, Thevenin & Fayol, 1997).
Ainsi, selon de nombreux travaux, les émotions affecteraient indirectement les processus
cognitifs en chargeant l’espace de traitement de la mémoire de travail (Derakshan &
Eysenck, 2010 ; Gotoh, 2008 ; Kesinger & Corkin, 2003 ; Vieillard & Bougeant, 2005…).
La recherche présentée ici a eu pour but d’analyser l’effet d’un contenu émotionnel sur le
processus de production écrite. Pour ce faire, des enfants de CM1 et CM2 ont eu pour tâche
de produire des textes autobiographiques devant induire un état émotionnel positif, négatif
ou neutre. En accord avec le modèle d’allocation de ressources et d’interférence cognitive
(Ellis & Ashbrook, 1988), envisageant l’état émotionnel comme consommateur de ressources
en mémoire de travail, et celui de Hayes (1996) précisant que les affects ont un rôle important
dans le processus de production écrite, l’hypothèse d’un impact des émotions sur le
97 traitement orthographique a été faite. De plus, l’hypothèse de l’impact d’une tâche ajoutée
sur le type d’erreurs orthographiques a aussi été formulée.
Méthode
Matériel
L’épreuve d’orthographe de l’ECS-Cycle III (Khomsi, 1998) ainsi que l’Indice Mémoire de
Travail (IMT) de l’Échelle d’intelligence de Wechsler (WISC-IV, Wechsler, 2005) ont été
utilisé pour estimer les aptitudes des enfants.
Procédure
Les tests d’évaluation ont été administrés puis les participants ont ensuite eu pour tâche de
produire à quatre reprises des rédactions en racontant de manière précise :
le jour où ils ont été le plus heureux (condition émotion positive),
le jour où ils ont été le plus triste (condition émotion négative),
ce qu’ils ont fait le matin même en classe (condition émotion neutre),
ce qu’ils ont fait le matin même en classe tout en effectuant des calculs mentaux
(condition émotion neutre avec tâche ajoutée).
Résultats
Analyse du nombre de mots écrits
Les résultats révèlent un effet principal du Niveau scolaire : les productions sont
significativement plus courtes en CM1 qu’en CM2 (83,17 vs. 100,02 ; F(1, 37) = 4,89 ; p <. 04).
La variable Contenu émotionnel a également un effet significatif, le nombre de mots écrits est
plus élevé dans la condition émotion neutre (106,48) que dans les autres conditions (MNeutre
double tâche = 83,18 ; MPositif = 98,71 ; MNégatif = 78,02 ; F(3, 111) = 11,43 ; p < .001).
Analyse du nombre d’erreurs d’orthographe en fonction du contenu émotionnel
L’effet de la variable Niveau scolaire n’est pas significatif (MCM1 = 10,05 ; MCM2 = 9,09 ;
F(1, 37) < 1). Il n’y a pas non plus d’effet du facteur Contenu émotionnel sur le nombre
d’erreurs orthographiques (MNeutre = 8,46 ; M = Neutre double tâche = 11,27 ; MPositif =
9,21 ; MNégatif = 9,33 ; F(3, 111) = 1,6272 ; ns).
Discussion
L’objet de cette étude était d’analyser l’impact d’un état émotionnel induit sur les processus
rédactionnels au travers du traitement orthographique. Les résultats n’ont pas permis de
valider les hypothèses formulées. L’une des raisons pourrait être que l’exercice rédactionnel
fait appel à beaucoup de processus complexes qui ont peut-être mis au second plan l’impact
des émotions. Ainsi, lors de la rédaction l’enfant a le choix de ses mots et souvent, il a la
possibilité de revenir sur son écrit pour le corriger ou le modifier d’où la faiblesse de l’effet
des émotions sur le nombre d’erreurs orthographiques. Cependant, toutes classes
confondues, le nombre d’erreurs orthographiques est toujours plus important lorsqu’il y a
une tâche ajoutée ou un contenu émotionnel. Bien que cette différence n’atteigne pas le seuil
de significativité, elle va dans le sens d’une charge plus importante en mémoire de travail
pouvant interférer avec le traitement orthographique.
Au moins deux pistes explicatives sont envisageables à ces résultats. La première conduit à
penser que le contenu émotionnel a été traité comme une tâche secondaire par rapport au
traitement orthographique. La deuxième pose la question de l’intensité de l’induction de
l’état émotionnel qui n’a peut-être pas été assez fort. Les résultats permettent toutefois de
penser que la conception d’Ellis et Moore (1999) tend à être confirmée du fait que seule
l’orthographe grammaticale semble avoir été affectée par l’interférence.
Enfin, selon le modèle de Hayes (1996), l’effet du facteur Contenu émotionnel sur la
longueur des productions écrites pourrait signifier que pour les participants, le fait d’écrire
sur des sujets qui leur sont propres et chargés émotionnellement, ne soit pas très motivant et
98 même plutôt inhibant. Il est donc possible d’envisager que le but a un impact sur la longueur
des productions, inhibant ou facilitant les processus rédactionnels.
99 2) Production écrite et verbale du lexique émotionnel pour justifier un choix en
situation de dilemme
Latchimy, Ingrid (Université de Provence). Introduction
Répondre à un dilemme moral implique de choisir entre deux solutions conflictuelles qui
remettent en cause des règles morales largement consensuelles (Haidt, 2001). Ainsi, le
dilemme du ‘Trolley’ permet de demander à une personne si elle décide d’actionner un
aiguillage pour qu’un trolley qui dévale une pente change de voie et, en conséquence, ne tue
qu’une personne au lieu de 5 (Thomson, 1986). Ce dilemme est qualifié d’impersonnel alors
que le dilemme du ‘Pont’ implique de pousser un homme corpulent qui passe sur un pont
afin d’arrêter le trolley qui sinon risque de tuer 5 personnes. Ce dernier dilemme est qualifié
de personnel. Greene et al. (2001) ont montré à l’aide de la neuro-imagerie que pour
répondre à un dilemme personnel (dilemme du Pont) les aires cérébrales associées à la
gestion des émotions s’activent, et les participants répondent rapidement, faisant ainsi un
choix qui est qualifié de déontologique, car il respecte des principes moraux (« ne pas tuer »).
Dans le dilemme impersonnel (dilemme du Trolley), les données de la neuro-imagerie
montrent que les processus cognitifs sont impliqués, et les personnes prennent plus de temps
pour répondre en faisant un jugement utilitariste (« tuer 1 personne pour en sauver 5 »).
Dans le cadre de cette recherche, l’objectif est de montrer avec quel type de lexique
émotionnel les étudiants justifient leur jugement pour justifier un dilemme personnel ou
impersonnel. Les personnes interrogées (des étudiants) devraient employer très
majoritairement du lexique émotionnel de valence négative du fait de la remise en cause de
principes moraux lors d’un des deux choix insatisfaisants (« tuer 1 ou 5 personnes »). Mais,
compte tenu des données de la neuro-imagerie, le dilemme personnel (Pont) devrait encore
plus favoriser le lexique émotionnel négatif puisque l’état émotionnel du décideur est
nettement amplifié par la nature de ce dilemme. Par ailleurs, peu de recherche ont analysé
les explications fournis par les décideurs. Hauser et al. (2007), après avoir recueilli des
explications suite à des jugements moraux de dilemmes, concluent que les principes qui
guident ces jugements sont majoritairement inaccessibles aux décideurs. Ces participants
avaient pour consigne d’expliquer brièvement par écrit leur choix (<150 mots) par le biais
d’un site internet.
Le médium par lequel s’expriment les décideurs après avoir choisi une réponse à un
dilemme a d’importants effets sur le contenu exprimé analysé en types d’arguments
(Latchimy, Piolat & Arciszewski, 2010). Il s’avère que parler est moins coûteux en ressources
attentionnelles que rédiger, cette dernière étant une des activités les plus exigeantes sur le
plan de la mémoire de travail (Piolat, Olive & Kellogg, 2005). Toutefois, comparativement au
médium oral, le médium écrit ralentit la cadence de production et permet ainsi une
augmentation de la récupération d’informations en mémoire à long terme. Cette
récupération concerne aussi bien les connaissances nécessaires pour décrire la situation
impliquée par un dilemme que les ressentis émotionnels de la personne qui rédige (Piolat &
Bannour, 2011).Aussi, nous nous attendons à ce que les décideurs exploitent plus de lexique
émotionnel afin de rendre compte de leur état émotionnel dans la condition expression écrite
que la condition expression orale.
Méthode
Participants :
Deux cent quarante-six étudiants de l’Université de Provence ont été volontaires pour
participer à cette expérience.
Matériel :
100 Les deux variantes du dilemme du Trolley de Thomson (1986) ont été utilisées. Le dilemme
impersonnel appelé Aiguillage est le suivant : « Vous êtes à côté d’une voie ferrée avec un
croisement et vous regardez des ouvriers travailler. Vous entendez alors un grand bruit et
vous vous rendez compte qu’un wagon fou dévale la voie ferrée et arrive près du
croisement. Si ce wagon continue sa route, il va écraser cinq ouvriers. À côté de vous se
trouve un aiguillage qui permet de faire aller le wagon à gauche. Sur cette voie se trouve un
autre ouvrier qui travaille. Est-ce que vous actionnez le levier d’aiguillage ? Si vous ne faites
rien le wagon tue les cinq ouvriers, mais si vous intervenez il ne tue qu’un seul ouvrier.
Devez-vous tuer une personne pour en sauver cinq ?»
Le dilemme du Pont, de type personnel est le suivant: « Vous franchissez une voie ferrée sur
un pont et vous regardez des ouvriers travailler. En face de vous arrive un homme très
corpulent. Vous entendez alors un grand bruit et vous vous rendez compte qu’un wagon fou
dévale la voie ferrée. Si ce wagon continue sa route il va écraser les cinq ouvriers. À côté de
vous se trouve cette personne dont la corpulence peut faire dérailler le wagon. Est-ce que
vous le poussez ? Si vous ne faites rien le wagon tue les cinq ouvriers, mais si vous
intervenez vous tuez une personne. Devez-vous tuer une personne pour en sauver cinq ? »
Procédure :
Un des deux dilemmes a été présenté aléatoirement aux participants. Après avoir pris
connaissance du problème, chaque participant a répondu par oui ou par non à la question
posée. Puis, il a justifié son choix soit par écrit (« Vous devez écrire un texte d’au moins une
page sur le dilemme auquel vous venez de répondre. Vous devez décrire toutes les émotions
et les sentiments que vous avez ressentis pour faire votre choix et répondre à la question »)
soit par oral (« Vous devez me parler longuement du problème que je vous ai posé. Il faut
décrire toutes les émotions et les sentiments que vous avez ressentis pour faire votre choix et
répondre à la question »).
Résultats
Les résultats sont en cours de traitement. Les 246 productions des participants sont analysées
par EMOTAIX, un scénario de Tropes qui permet d’identifier et de comptabiliser le lexique
de l’émotion selon sa valence positive et négative (Piolat & Bannour, 2009). Les premiers
résultats montrent qu’en expliquant leur jugement, les participants expriment plus
d’émotions de valence négative et ce pour les deux types de dilemmes. De plus,
l’exploitation du lexique émotionnel est plus importante lorsque les participants sont amenés
à s’exprimer à l’écrit.
Références
Greene, J. D., Sommerville, R. B., Nystrom, L. E., Darley, J. M., & Cohen, J. D. (2001). An
fMRI investigation of emotional engagement in moral judgment. Science, 293, 21052108.
Haidt, J. (2001). The Emotional Dog and Its Rational Tail: A Social Intuitionist Approach to
Moral Judgment. Psychological Review, 108(4), 814-834.
Hauser, M.D., Cushman, F., Young, L., Kang-Xing Jin, R., & Mikhail, J. (2007). A dissociation
between moral judgments and justifications. Mind & Language. 22(1), 1-21.
Latchimy, I., Piolat, A., & Arciszewski, T. (2010, Août). Différences interindividuelles dans la
justification de la décision. Communication affichée aux Journées Internationales de
psychologie différentielle, Marseille, France.
Piolat, A., & Bannour, R. (2009). EMOTAIX : Un Scénario de Tropes pour l'identification
automatisée du lexique émotionnel et affectif. L'Année Psychologique, 109, 657-700.
Piolat, A., & Bannour, R. (2011).Les effets de l’écriture expressive sur la santé physique et
psychologique des rédacteurs : un bilan, des perspectives de recherches. European
101 Review of Applied Psychology / Revue Européenne de Psychologie Appliquée. DOI :
10.1016/j.erap.2010.12.003.
Piolat, A., Olive, T., & Kellogg R. T. (2005). Cognitive effort of note taking. Applied Cognitive
Psychology, 19, 291-312.
Thomson, J. J. (1986). Rights, Restitution, and Risk: Essays in Moral Theory. Cambridge:
Harvard University Press.
102 3) Écrire à propos de l’humour noir : nature du lexique émotionnel et affectif produit
en situation d’appréciation ou de rejet
Aillaud, Marlène (Université de Provence). Introduction
Comprendre une image humoristique implique d’identifier les éléments incongrus qu’elle
contient. Une situation (événement, objet) représentée dans un dessin est qualifiée
d’incongrue lorsque sa présence provoque une divergence avec le modèle de situation
qu’élabore un individu à partir la plus grande majorité des informations qu’il en extrait en
explorant l’image (van Dijk & Kintsch, 1983). Ainsi dans le dessin suivant, un patineur fait
une chute. Mais celle-ci ne dépend pas de la difficulté à tenir sur une piste glacée. La
présence de la peau de banane s’avère incompatible avec les schémas de connaissances
associés au schéma « faire du patin à glace » sur une patinoire dégagée de tout obstacle, alors
que « glisser sur une peau de banane appartient à un autre schéma.
Quand l’individu coordonne en un modèle de situation les schémas déclenchés par les deux
types d’éléments « chuter en glissant sur la glace » et « chuter en glissant sur une peau de
banane », il résout l’incongruité et ressent alors une émotion agréable (amusement, rire ;
Suls, 1972). Dans le cas de l’humour noir, le processus d’interprétation est du même ordre.
Toutefois, les éléments dissonants impliquent la mobilisation de connaissances qui
contreviennent et qui transgressent des normes sociales partagées (non-respect de
conventions sociales liées à la sexualité, à la maladie, à la religion, à l’origine ethnique). De ce
fait, la résolution de l’incongruité peut provoquer des émotions mixtes car la sensation de
plaisir et déplaisir peut être mobilisée simultanément (Aillaud, 2009 ; Aillaud, Piolat, &
Desor, 2010).
Dans le cadre de cette recherche, l’objectif est de mettre en évidence avec quel type de
lexique émotionnel des personnes traduisent par écrit les ressentis associés à des images
qu’ils apprécient ou qu’ils rejettent, selon que les images relèvent d’un humour noir ou
standard. Les étudiants devraient exprimer beaucoup plus d’émotions mixtes (valence
négative et positive) dans la condition d’images d’humour noir que dans la condition
d’humour standard. De plus, c’est l’image d’humour noir qu’ils apprécient le moins que les
rédacteurs exprimeront le plus d’émotions négatives dont le dégoût. Ils expliciteront le fait
que l’image contrevient aux normes sociales consensuelles.
Méthode
Participants
Trois cents étudiants (150 hommes, 150 femmes) de psychologie à l’université de Provence
ont été volontaires pour participer à l’expérience. La moyenne d’âge des participants était de
20 ans et 6 mois (SD = 2,96 ans).
Matériel
Pour contrôler les effets de style graphique, 61 images (Serres) ont été sélectionnées sur le
thème du bien-être / mal-être physique et/ou intellectuel. La méthodedes juges a permis
d’attribuer aux dessins leur type d’humour (noir vs standard). Trente juges ont, évalué les 61
images sur une échelle de Likert en 5 points (sans humour, humour pas du tout noir,
humour un peu noir, humour noir et humour très noir). À la suite d’une analyse factorielle,
18 images ont été sélectionnées pour la condition d’humour standard et 18 images pour la
condition d’humour noir.
Procédure
La totalité de la passation était assistée par le logiciel « humour-one » qui permet le contrôle
de l’ensemble de l’expérience : l’attribution aléatoire des participants dans l’une des deux
conditions expérimentales, randomization de la présentation des 18 images humoristiques,
choix des images et rédaction de l’explication dans une fenêtre disposant de fonctions
103 d’édition comparables à celles d’un traitement de textes. A la moitié des participants (74
hommes, 73 femmes) il a été présenté les 18 images d’humour noir, à l’autre moitié (76
hommes, 77 femmes) les images d’humour standard. Les 18 images humoristiques ont été
présentées automatiquement au format 600×800 (6sec/image), les participants avaient pour
consigne de les regarder avec attention. Puis les 18 images ont été affichées simultanément
et les participants avaient pour consigne de cliquer sur l’image de leur choix (ou de leur
rejet) et d’expliciter « par écrit en quoi cette image [leur] a plu (ou déplu) en indiquant avec
précision [leur] ressenti émotionnel et affectif ». Commencer par le choix « aimer ou ne pas
aimer » a été aléatorisé. Dès que le choix était effectué, une fenêtre de rédaction de texte
s’ouvrait, à droite de l’image choisie. Le participants passer à l’étape suivante en cliquant sur
« continuer ». À la fin de l’expérience le participant cliquer sur « terminer » pour clôturer sa
session de passation.
Résultats et Discussion
Les résultats sont en cours de traitement. L’analyse de contenu des 600 textes produits (300
pour une image aimée et 300 pour une image rejetée) a été faite avec EMOTAIX, un scénario
de tropes qui permet d’identifier et de comptabiliser le lexique de l’émotion et de l’affect
selon sa valence positive et négative (Piolat & Bannour, 2009).
En s’exprimant à partir d’images d’humour noir, les rédacteurs traduisent nettement la
double valence des émotions provoquées par le contenu des images. Il faut noter une relation
différente à ces stimuli selon le genre des participants comme nous l’avions déjà constaté
dans une tâche de jugement (Aillaud & Piolat, sous presse). Les étudiantes, contrairement
aux étudiants, perçoivent l’humour noir comme plus surprenant et plus inconvenant que
l’humour standard. Ainsi, dans la condition de rejet les étudiantes traduisent
majoritairement un ressenti émotionnel négatif provoqué par la transgression des normes
sociales comme le montre l’exemple suivant « je n'ai pas aimé le fait qu'on joue avec la
religion (…) J'étais énervée de voir qu'on s'amuse de ce personnage si sacré et symbolique
pour beaucoup de personne ». Dès que les étudiantes rendent compte du ressenti émotionnel
provoqué par l’appréciation d’une image d’humour noir, elles utilisent majoritairement du
lexique émotionnel de valence mixte tel que : « C'est je crois celle qui m'a fait le plus rire (…)
J'ai aimé la façon de tourner en dérision un sujet grave comme le suicide ». Cette étudiante
écrira aussi « Ensuite en examinant mieux l'image (… ) je me suis senti gênée voir triste (…)
vraiment bouleversée, touchée, j'ai éprouvé de la colère ». Les étudiants, quant à eux écrivent
qu’ils apprécient la surprise (« Cette image m'a plu parce qu'elle est surprenante ») et
l’inconvenance (« Cette image m'a plu du fait du décalage ») associées aux images d’humour
noir.
Références
Aillaud, M. (2009). Étude comparative des processus cognitivo-émotionnels engagés dans le
traitement de l'humour et de l'humour noir. Actes du congrès de la Société Française
de Psychologie (p.168). Université de Toulouse 2- Le Mirail, France.
Aillaud, M., Piolat, A., & Desor, G. (2010, April). Does black humor elicit mixed emotional
states? Paper presented at the Third European Conference on Emotion, Lille, France.
Aillaud, M. & Piolat, A. (sous presse). Comment des étudiantes et des étudiants perçoiventils l’humour standard et l’humour noir ? In M. Carlier & P.-Y. Gilles (Eds.), La
psychologie différentielle aux frontières. Aix-en-Provence : Presse Universitaires de
Provence.
Piolat, A., & Bannour, R. (2009). EMOTAIX : Un Scénario de Tropes pour l'identification
automatisée du lexique émotionnel et affectif. L'Année Psychologique, 109, 657-700.
Suls, J. M. (1972). A two-stage model for the appreciation of jokes and cartoons: An
information-processing analysis. In J. H. Goldstein, & P.E. McGhee (Eds.), The
104 Psychology of Humor: Theorical perspectives and empirical issues (pp. 81-100). NewYork: Academic Press.
Van Dijk, T. A., & Kintsch, W. (1983). Strategies of discourse comprehension. New York:
Academic.
105 4) Écriture expressive et mémoire de travail : Le rôle de l'inhibition des pensées
intrusives
Olive, Thierry (Université de Poitiers). Introduction
De façon générale, l’écriture expressive renvoie à des situations dans lesquelles il est
demandé aux participants d’exprimer leurs pensées et sentiments à propos d’un événement
ressenti comme négatif (Pennebaker,). L’inhibition des sentiments et des émotions négatives
conduirait à un stress pouvant exacerber des processus psychosomatiques, et révéler ses
sentiments et émotions cachés lors de séances d’écriture expressive permettrait alors de
diminuer le stress lié à l’inhibition et produirait des effets bénéfiques. De tels effets ont ainsi
été observés sur des indices physiologiques, psychologiques, cognitifs et comportementaux,
ceci parfois plusieurs mois après les séances d’écriture expressive (Piolat & Bannour, sous
presse).
Plusieurs auteurs ont postulé qu’après un événement stressant ou traumatique, des pensées
intrusives liées à cet événement seraient activées automatiquement, mais nécessiteraient des
ressources pour les inhiber, ce qui aurait pour conséquence de réduire la capacité de la
mémoire de travail. L’écriture expressive permettrait de supprimer ces pensées intrusives et
augmenterait donc la capacité de la mémoire de travail (Klein & Boals, 2001). Pour tester
cette hypothèse, les auteurs ont demandé à deux groupes d’étudiants de participer à des
séances d’écriture soit expressive (rédiger sur leurs pensée et sentiments à propos de leurs
études universitaires) soit neutre. Avant ces séances, chaque participant effectuait un test de
mémoire de travail (test d’opération–mots, Turner & Engle, 1989). Une semaine après les
séances d’écriture (puis 6 semaines plus tard), les participants passaient à nouveau le test de
mémoire de travail. Les résultats confirment que la capacité de la mémoire de travail
augmente chez les individus qui ont rédigé un texte expressif. De plus, une diminution des
pensées intrusives (évaluées au moyen d’un questionnaire) a été observée. SI l’augmentation
de la capacité de la mémoire de travail a été répliquée (Yogo & Fujihara, 2008), ce n’est pas le
cas de la diminution des pensées intrusive s (Kellogg, Mertz, & Morgan, 2010).
Parallèlement à ces travaux, plusieurs études ont tentés de caractériser linguistiquement les
textes expressifs (Tausczik & Pennebaker, 2010). Ces caractéristiques reflèteraient en effet les
changements cognitifs liés à une représentation de l’expérience « plus organisée, cohérente et
simplifié… qui réduit l’éveil émotionnel associé » ((Pennebaker, 1997), p. 864). De plus, les
changements émotionnels des individus seraient repérables en analysant le lexique
émotionnel de ces textes.
Dans ce cadre, l’expérience qui a été réalisée visait à répliquer l’augmentation de la capacité
de la mémoire de travail, la suppression des pensées intrusives des individus, et la capacité
d’inhibition des participants afin de la mettre en relation avec la suppression des pensées
intrusives. Si la réduction des pensées intrusives observée par Klein et Boals (2001) résulte
d’une inhibition, alors les individus ayant une forte capacité d’inhibition devraient inhiber
plus de pensées intrusives. Enfin, une analyse lexicale des textes et de leur contenu
émotionnel a été réalisée en utilisant respectivement l’adaptation française de l’outil
d’analyse linguistique développé par Pennebaker, Booth et Francis (Linguistic Inquiry and
Word Count, 2007 ; (Piolat, Booth, Chung, Davids, & Pennebaker, in press)) et la base de
données Emotaix (Piolat & Bannour, 2009).
Méthode et Résultats
Les participants ont rédigé en plusieurs séances des textes neutres (groupe contrôle) ou
concernant un événement émotionnellement fort (groupe expressif). Les participants ont
aussi répondu à des tests et questionnaires évaluant leur capacité d'inhibition en début
d'expérience (Stroop, Hayling), la capacité de leur mémoire de travail (OSPAN) et leurs
106 pensées intrusives en début et en fin d'expérience (Ruminative Response Scale, Impact of
Event Scale). Plus précisément, l’expérience se déroulait en trois phases. Lors de la première
phase, les participants ont réalisé les tests d’inhibition, de pensées intrusives, de mémoire de
travail, et la première session d’écriture expressive (20 min.). Pour cette dernière tâche, les
participants du groupe expressif devaient décrire à l’écrit un événement négatif de leur vie ;
les participants du groupe contrôle devaient décrire l’organisation de leurs activités
quotidienne en restant factuels. Lors de la deuxième phase, tous les participants continuaient
la rédaction du texte (20 min.). Enfin lors de la troisième phase, ils finissaient leur texte (20
min.) et réalisaient la tâche de mémoire de travail, et remplissaient les questionnaires de
pensées intrusives.
Les données ont été collectées et sont en cours de traitement statistiques.
Références
Kellogg, R. T., Mertz, H., & Morgan, M. (2010). Do gains in working memory capacity
explain the written self-disclosure effect. Cognition & Emotion, 24(1), 86-93.
Klein, K., & Boals, A. (2001). Expressive writing can increase working memory capacity.
Journal of Experimental PSychology : General, 130 (3), 520-533.
Pennebaker, J. W. (1997). Writing about emotional experiences as a therapeutic process.
Psychological Science, 8 (3), 162-166.
Pennebaker, J. W., Booth, R. J., & Francis, M. E. (2007). Linguistic Inquiry and Word Count:
LIWC 2007. Austin, TX: LIWC.
Piolat, A., & Bannour, R. (2009). An example of text analysis software (EMOTAIX-Tropes)
use: The influence of anxiety on expressive Writing. Current psychology letters:
Behaviour, Brain & Cognition, 5, 2.
Piolat, A., Booth, R. J., Chung, C. K., Davids, M., & Pennebaker, J. W. (sous presse). La
version française du dictionnaire pour le LIWC : modalités de construction et
exemples d’utilisation. Psychologie Francaise.
Piolat, A., & Bannour, R. (2011). Les effets de l’écriture expressive sur la santé physique et
psychologique des rédacteurs : un bilan, des perspectives de recherches. European
Review of Applied Psychology/Revue Européenne de Psychologie Appliquée. DOI :
10.1016/j.erap.2010.12.003.
Piolat, A., & Bannour, R. (2009). EMOTAIX : Un Scénario de Tropes pour l'identification
automatisée du lexique émotionnel et affectif. L'Année Psychologique, 109, 657-700
Tausczik, Y., & Pennebaker, J. W. (2010). The psychological meaning of words: LIWC and
computerized text analysis methods. Journal of Language and Social Psychology, 29,
24.
Yogo, M., & Fujihara, S. (2008). Working memory capacity can be improved by expressive
writing: A randomized experiment in a Japanese sample of students. British Journal
of Health Psychology, 13, 77-80.
Turner, M. L. & Engle, R. W. (1989). Is working memory capacity task dependent? Journal of
Memory and Language, 28, 127-154.
107 5) Impact de la valence positive ou négative d’un événement vécu sur les écrits
d’étudiants de disciplines différentes
Piolat, Annie (Université de Provence). Introduction
Selon Tausczik et Pennebaker (2010), les mots utilisés quotidiennement reflètent ce que nous
sommes et les relations sociales que nous établissons comme le montrent les 121 études qu’ils
ont synthétisées. Selon eux, certaines dimensions langagières sont corrélées avec différentes
caractéristiques : focus intentionnel des locuteurs, états émotionnels positifs et négatifs, types
de relations interpersonnelles et les effets du statut de la dominance et de la hiérarchie
sociale, modalités de coordination sociale et les effets de groupe, styles de pensée, différences
interindividuelles.
Dans le cadre de cette recherche, l’objectif principal est de mettre en évidence que les
étudiants rendent compte de façon différente d’événements émotionnellement importants
(réussir ou échouer un examen). Ils ont donc été invités à exprimer par écrit leurs ressentis à
l’occasion de ces événements (écriture expressive ; cf. Piolat & Bannour, 2011). Dans des
recherches précédentes, nous avons montré que la façon de traduire lexicalement les
émotions attachées à ce type d‘événements dépendait du niveau d’anxiété des étudiants,
mais aussi de leurs cursus universitaires (Piolat & Bannour, 2009a,b, 2010). Dans cette
recherche, nous souhaitons montrer que les pratiques rédactionnelles diffèrent selon le
cursus choisi (Lettres, Sciences ou psychologie). Dans ce but, nous avons exploité l’outil
d’analyse du lexique contenu les écrits produits : la version française du LIWC (Piolat et al.,
sous presse).
Méthode
119 étudiants ont participé volontairement à l’expérience
Matériel et procédure
Dans la plupart des recherches qui impliquent une activité d’écriture expressive, le choix du
thème est laissé libre aux participants qui choisissent eux-mêmes l’événement négatif (deuil,
accident, maladie, etc.) ou agréable (rencontre amoureuse, fête, naissance, etc.). Nous avons
tenu à contrôler la thématique à propos de laquelle les participants seraient invités à
s’exprimer, car il ne fallait pas qu’en raison du choix thématique fait spontanément par les
participants, les productions écrites soient plus ou moins faciles à réaliser selon la nature du
lexique et la complexité syntaxico-sémantique qui en dépendent. Le fait d’avoir été reçus ou
non à un examen fait partie des réalités vécues par tous les étudiants dont un des objectifs
majeurs est, depuis le baccalauréat, de régulièrement obtenir des diplômes. Cette exigence
est suffisamment forte et ses conséquences sur la vie estudiantine sont importantes (image de
soi, désirabilité sociale, coût des études, etc.) pour provoquer une importante tension
intellectuelle et affective. Aussi, ce thème a été retenu comme sujet d’écriture expressive, car
il était possible de contraster deux cas de figure : l’un incitant nettement à l’expression
d’émotions positives (la réussite à un examen) et l’autre à celle d’émotions négatives (l’échec
à un examen). Les libellés des deux thèmes étaient les suivantes :
Analyse des textes produits
Pour analyser le contenu des écrits des étudiants, la version française du LIWC a été utilisée
(Piolat et al., 2011). Le LIWC 2007 est un programme d’analyse qui compte les mots d’un
texte de langue en les attribuant à des catégories qui ont un sens psychologique
(http://www.liwc.net/). Il offre une analyse (en %) de 80 dimensions du langage (mots
fonctionnels, thèmes, ponctuation). Dans le cadre de cette analyse, nous avons pris en
compte les indicateurs qui concernent les processus linguistiques, psychologiques et les
préoccupations personnelles a fait l‘objet d’une anova.
108 Résultats et Discussion
L’effet de la thématique de l’écriture expressive (Réussite vs Échec) est massif sur certains
des indicateurs syntaxiques (ex., mots de 6 lettres, temps des verbes, négation). Les étudiants
exploitent significativement plus le temps futur quand ils présentent un échec (frein à leur
ambition, à un futur travail ?) et plus le temps passé quand ils présentent leur réussite
(ambition accomplie et plaisir associé déjà loin ?). L’impact de l’événement (Échec vs
Réussite) est très important sur quasiment toutes les catégories qui décrivent. L’engagement
intellectuel (ex. : cognition), le ressenti affectif (ex. : termes émotionnels), la contrainte
physique (ex. : biologie, santé) et, à un moindre degré, la relation aux autres (ex. : famille,
amis) sont associés à la description de l’événement positif comme de l’événement négatif. De
façon plus étonnante, la catégorie « Accomplissement » est plus fréquemment abordée dans
la situation d’échec que dans celle de la réussite à un examen. En associant une plus forte
proportion de « Négation » et de verbes au temps futur, les étudiants traduisent ainsi les
conséquences importantes pour eux de la déconvenue associée à un insuccès.
Les résultats statistiques mettent en évidence un impact moins fort du type de cursus sur ce
qu’expriment les étudiants. L’analyse des effets principaux du facteur cursus et interactions
significatives met en évidence que les étudiants qui suivent un cursus scientifique et qui
relatent un échec ont des productions écrites qui se différencient de celles des autres
étudiants sur plusieurs catégories qu’il s’agisse du volume verbal, de catégories syntaxiques
(ex. : pronoms personnels, négation) ou de catégories de contenu (ex. : affect, loisir). Un échec
à un examen détruirait leur ambition d’études exceptionnelles comme l’entrée dans une
grande école. Les étudiants de psychologie évoquent plus, quant à eux, des questions
d’argent et de travail (investissement dans le travail intellectuel pour réussir et nécessité
pécuniaire d’avoir un petit job).
Ainsi, selon leur cursus, les étudiants semblent vivre des expériences cognitives et affectives
notablement différentes. Les événements qui encouragent ou contrecarrent leurs objectifs ne
paraissent pas avoir le même impact sur ce qu’ils évoquent de leur vécu. D’ailleurs
l’évolution de leur anxiété avant et après avoir écrit, c’est-à-dire avant et après avoir évoqué
à nouveau ces événements n’est pas du même ordre selon que l’événement est positif
(réussite) ou négatif (échec) et selon leur cursus comme nous l’avons montré dans une autre
(Piolat & Bannour, 2009b, 2010).
Références
Piolat, A., & Bannour, R. (2009a). EMOTAIX : Un Scénario de Tropes pour l'identification
automatisée du lexique émotionnel et affectif. L'Année psychologique, 109, 657-700.
Piolat, A., & Bannour, R. (2009b). An example of text analysis software (EMOTAIX-Tropes)
use: The influence of anxiety on expressive writing. Current Psychology Letters.
Brain, Behavior and Cognition, 5, 2 [http://cpl.revues.org/index4878.html].
Piolat, A., & Bannour, R. (2010). Effets de l’expression écrite d’un événement positif et négatif
sur le niveau d’anxiété d’étudiants de différentes disciplines. Psychologie française,
55, 1-23.
Piolat, A., & Bannour, R. (2011).Les effets de l’écriture expressive sur la santé physique et
psychologique des rédacteurs : un bilan, des perspectives de recherches. European
Review of Applied Psychology / Revue Européenne de Psychologie Appliquée. DOI :
10.1016/j.erap.2010.12.003.
Tausczik, Y., & Pennebaker, J. W. (2010). The psychological meaning of words: LIWC and
computerized text analysis methods. Journal of Language and Social Psychology, 29,
24-54.
109 II)
Les jeux de hasard et d’argent : une prise de risque…. ?
Symposium organisé par Roland-levy, Christine (Université de Reims), Martinez, Frédéric
(Université Lyon 2)
Titres des communications et Intervenants
Prise de décision en contexte d’incertitude : le poker
Roland-Levy, Christine, Lemoine, Jérémy (Université de Reims).
L’influence des traits de personnalité et de l’annonce du gain d’autrui sur les
comportements de jeu, lors d’un jeu de roulette française.
Le Floch, Valérie (Université Toulouse 2), Martinez, Fréderic (Université Lyon 2), Juanchich, Marie
(University Kingston), Lacan, Anne-lise (Université Toulouse 2).
L'adolescent et son jeu vidéo: rencontres cliniques et questions de recherche
Gaetan, Sophie, Bonnet, Agnès, Pedinielli, Jean-Louis (Université de Provence).
Spécificités des différents types de jeux de hasard et d’argent. Etude d’une cohorte
nantaise de joueurs problématiques en soins.
Bouju, Gaelle, Grall-bronnec, M, Lagadec, M, Venisse, J.l., Hardouin, J.b. (CHUNantes).
Représentations sociales du risque dans le cadre d’un sport extrême : le B.M.X.
Roland-Levy, Christine, Abdelhak, Jossua, (Université de Reims)
Introduction générale
« Je le sens, c’est mon jour de chance » ! « Restez maître du jeu » (message de la Française des
jeux pour « lutter » contre l’addiction au jeu), « après tout, cela n’arrive pas qu’aux autres » !
En témoigne d’ailleurs une authentique anecdote (cf. la Française des jeux à la rubrique
gagnants « insolites ») : de jeunes fiancés, âgés de 23 ans, avaient entendu à la radio
l’annonce d’une Super Cagnotte du LOTO. Ils ont décidé de tenter leur chance en relevant
les numéros de code barre d’une bouteille de lait et …ont gagné 22 millions de « francs »… et
oui cela peut arriver ! et puis un nouveau phénomène : les jeux vidéo en ligne …seul devant
leur « machine », ils jouent…mais le même résultat : certains gagnent, gagnent beaucoup,
grâce aux sommes investies par tant d’autres qui ont, eux, perdu peu ou beaucoup ! …La
question que se sont posés les chercheurs à propos des conduites de jeu de hasard et d’argent
peut être formulée assez simplement : comment se fait-il que l’on joue alors que la
probabilité de perte est nettement supérieure à celle de gain ? Cette problématique du jeu a,
enfin, aujourd’hui des échos en France, et ce symposium a pour objectif de présenter des
études menées par des spécialistes de cette question en permettant d’offrir des explications
cliniques et sociales afin d’analyser le renouvellement des conduites de jeu.
110 1) Prise de décision en contexte d’incertitude : le poker
Roland­Levy, Christine, Lemoine, Jérémy (Université de Reims). Introduction
Dans cette étude, la prise de décision est étudiée en termes de prise de risque dans le
contexte du jeu du poker quand il y a de l’argent en jeu. L’objectif principal est de déterminer
si les gains ou pertes précédents vont affecter le comportement d’un joueur de poker (la
façon de jouer) lors d’une partie. De plus, nous recherchons un lien potentiel entre le type de
joueurs de poker, la représentation sociale du poker et la représentation sociale du risque.
Cette recherche s’inscrit dans la ligné des travaux de Kahneman et Tversky « la théorie de
perspective » (1979), de Thaler et Johnson « l'argent de la maison » (1990) et de Staw «
l’escalade de l'engagement » (1976). Notre première hypothèse concerne les différences de
prise de risque des joueurs en présence ou en absence d’argent. Nous nous attendions a
retrouver ici l’effet de l’aversion au risque, effet décrit par la théorie de la perspective
(Kahneman et Tversky). La seconde hypothèse concerne le comportement des différents
joueurs selon leur profil de joueur. Nous nous attendons, à ce que les joueurs ayant un profil
« en ligne »[1] aient un comportement moins risqué que les joueurs ayant un profil « sur
table »[2], qui ont eux-mêmes un comportement moins risqué que les joueurs qui ont un
profil « sans argent »[3].
Notre troisième hypothèses va dans le sens de la théorie de l’argent de la maison de Thaler et
Johnson : un joueur de poker aura un comportement plus risqué lorsqu’il aura gagné de
l’argent par rapport à lorsqu’il sera resté stable (even : ni gagné ni perdu). Nous nous
attendons à retrouver des effets lorsque le joueur a perdu de l'argent, mais nous ne savons
pas dans quels sens seront ces effets : ils peuvent aller dans le sens des effets décrits par Staw
(1976) ou dans le sens des effets décrits par Thaler et Johnson (1990). Ainsi, on s'attend à ce
que les joueurs qui ont perdu de l'argent aient soit avoir un comportement plus risqué (H4),
conformément à la théorie de l'escalade de l'engagement (Staw), soit avoir un comportement
moins risqué (H5) conformément à la théorie de l'argent de la maison (Thaler & Jonson).
Notre sixième hypothèse postulait un lien entre la prise de risque du joueur et la
représentation sociale du poker, tout en contrôlant la représentation sociale du risque.
Méthode
Pour distinguer le comportement de joueurs de poker, un questionnaire en ligne a été créé
sur le poker Texas hold’em. Les participants (82 participants, dont 24 ont un profil sans
argent, 22 un profil « sur table » et 36 un profil « en ligne ») ont été mis dans une situation de
jeu, dans laquelle il leur était demandé s’ils souhaitaient jouer, ou non, leurs cartes, s’ils
souhaitaient les garder ou s’il souhaitait les « coucher ». Deux tâches d’associations libres ont
été créées, la première avait pour terme inducteur poker et la seconde risque. Ces deux
tâches ont permis d’étudier les représentations sociales du poker et du risque. Le type de
comportement a été mesuré selon la façon de jouer ; les joueurs pouvaient adopter, ou non,
des comportements risqués : jouer ou non leurs cartes. Pour tester la théorie de perspective
de Kahneman et Tversky, deux versions ont été créées. Dans la première, 36 mains étaient
présentées dans trois situations différentes : (i) le joueur a déjà gagné 5 euros, (ii) le joueur a
déjà perdu 5 euros, ou (iii) le joueur n’a rien gagné et rien perdu, il a toujours ses 10 euros de
départ. Dans la seconde version, on retrouvait trois situations équivalentes présentées en
pourcentage (+50%,-50%, ou stable) pour les 36 mains. La différence entre ces deux versions
résidait dans le fait qu’on fasse intervenir ou non la notion d’argent. Dans la seconde version,
contrairement à la première, il n’était pas question d’argent, ces deux versions permettaient
de mesurer l’aversion au risque.
111 Résultats
Les résultats montrent que les joueurs qui n'ont jamais joué d'argent en ligne ont tendance à
avoir des comportements plus risqués que ceux qui sont habitués à jouer de l’argent en ligne.
Les résultats indiquent aussi que les joueurs de poker jouent de façon moins risquée
lorsqu’ils ont perdu de l’argent lors des précédents tours. Cela confirme la théorie de l'argent
de maison de Thaler et Johnson. Les Résultats dévoilent aussi qu’il existe quelques nuances
dans la représentation sociale du poker selon que le joueur de poker joue ou non de l’argent
et selon l’importance des sommes d’argent qu’il joue en moyenne chaque mois.
Discussion
Notre travail ne permet pas de retrouver l’effet de l’aversion au risque décrit par Kahneman
et Tversky, cela est sans doute dû à une mauvaise répartition des participants entre les deux
versions du questionnaire. En effet davantage de participants ayant un profil en ligne ont
répondu à la version « argent » comparé à la version « pourcentage ». Toutefois, nos résultats
ouvrent de nombreuses perspectives, notamment celle de transformer le questionnaire en
situation expérimentale afin d’observer des comportements plus proche d’une situation
réelle.
Alors qu’on aurait pu penser que les participants prendraient davantage de risque après
avoir perdu, comme le laisserai supposer la théorie de l’escalade de l’engagement de Staw,
nos résultats indiquent que lorsqu’ils ont moins que ce qu’ils avaient au départ, les
participants jouent plus prudemment, conformément aux effets décrient par Thaler et
Johnson dans la théorie de l’argent de la maison. De plus, nos résultats permettent
d’observer un lien entre la prise de risque et la représentation sociale du poker tout en
contrôlant que la représentation sociale du risque ne varie pas.
Références
Kahneman, D., & Tversky, A. (1979). Prospect theory: An analysis of decision under risk.
Econometrica, 47 (2), 263-292.
Moscovici S. (1961). La psychanalyse, son image et son public, P.U.F, Paris.
Staw, B. M. (1976). Knee-deep in the big muddy: A study of escalating commitment to a
chosen alternative. Organizational Behavior and Human Performance, 16 (1), 27-44.
Thaler, R., & Johnson, E. J. (1990). Gambling with the house money and trying to break even:
The effects of prior outcomes on risky choice. Management Science, 36 (6), 643-660.
1] Ce profil correspond aux joueurs qui jouent soit de l’argent sur table et en ligne ou soit qui
jouent de l'argent en ligne
[2] Ce profil correspond aux joueurs qui jouent de l'argent sur table
[3] Ce profil correspond aux joueurs qui ne jouent pas d'argent
112 2) L’influence des traits de personnalité et de l’annonce du gain d’autrui surles
comportements de jeu, lors d’un jeu de roulette française.
Martinez, Fréderic (Université Lyon 2), Le Floch, Valérie (Université Toulouse 2), Juanchich, Marie (University Kingston), Lacan, Anne­lise (Université Toulouse 2). Introduction
L'attrait et le renouvellement des conduites pour les jeux de hasard et d’argent s'expliquerait,
à la fois par des traits spécifiques de personnalité des individus mais aussi par des facteurs
contextuels, incitatifs (tels que l’affichage d’un gain obtenu par autrui, Martinez, Le Floch,
2008). Cependant, peu d’études ont testé l’implication de ces variables dites de personnalité
en prenant en compte l’impact éventuel du contexte de l’annonce d’un gain, sur la prise de
risque monétaire, avec des joueurs dits occasionnels. L’objectif majeur de cette étude était
donc de faire le point sur le rôle joué entre différentes variables dites de personnalité
identifiées comme majeures dans les conduites de jeu (besoin de contrôle, illusion de
contrôle et croyance en la chance) et d’identifier comment une information concernant
l’annonce du gain d’autrui est prise en compte par ces différents types de joueurs dans leur
prise de risque monétaire à un jeu de roulette française.
En effet, Burger et Cooper (1979) ont distingué deux types de profils d’individus : ceux ayant
un désir faible de contrôle des événements ont une forte croyance en la chance, alors que
ceux ayant un désir élevé de contrôle croient en un contrôle personnel sur les probabilités de
chance engendrant chez l'individu une illusion de contrôle personnelle des événements. En
outre, l'illusion de contrôle, identifiée par Langer (1975) correspond à une tendance générale
à croire que l'on peut contrôler des événements déterminés par le hasard parce que les
individus auraient tendance à croire qu'ils ont plus de contrôle sur les événements qu'ils n'en
ont objectivement, comme si certains joueurs considéreraient la chance comme une qualité
personnelle, augmentant alors les mises de jeu. Dans la même lignée, les travaux de Wohl et
Enzle (2002) ont permis de montrer que certains individus considérant la chance comme une
variable personnelle, les conduisaient à prendre davantage de risque et seraient par
conséquent plus soumis que les autres aux perceptions erronées. Ainsi, l'étude des
différences individuelles éclaire sur les déterminants des comportements de jeu des
individus, sans que le point soit réellement fait sur l’ensemble de ces variables. Très proche
l’une de l’autre sur le plan conceptuel, ces différentes échelles ne sont pourtant pas
similaires, il s’agira donc de repérer par analyse de corrélations comment ces variables
fonctionnent. Au-delà, dans ces études, les individus sont souvent vus comme des décideurs
isolés devant effectuer un choix entre diverses alternatives proposées, délaissant la
perspective de l'insertion sociale de l'individu (Ladouceur, 1996, Rockloff et Dyer, 2007). La
composante sociale s'avère également primordiale afin d'expliquer l’attrait pour les jeux.
Ainsi, Martinez, Le Floch, Villejoubert et Gaffié (2010) ont montré que l’annonce du résultat
d’autrui modifiait la manière de miser et la perception d’adresse et ce, indépendamment de
l’état de richesse des participants. En effet, seule l’annonce d’un gain élevé dont il était
précisé que ce gain était maîtrisé par le contrôle d’autrui en comparaison d’un gain obtenu
par hasard, favorisait les comportements à risque, parce que cette annonce de gain contrôlé
favorisait l’accentuation de l’illusion de contrôle. Dans cette perspective, il s’agissait de voir
si ce résultat pouvait être répliqué en prenant en compte les différentes variables de
personnalité. Il était alors supposé que la prise de risque soit la plus élevée lorsque le gain
d’autrui était justifié par l’adresse et ce d’autant plus pour les joueurs dont le score de désir
de contrôle était faible, ceux présentant un niveau d’illusion de contrôle élevé et considérant
la chance comme une variable personnelle.
Méthode
113 Quatre vingt étudiants (20 hommes et 60 femmes), agés de 18 a 41 ans (M = 21,32, ET = 3,359)
ont participé individuellement à un jeu de roulette française sur ordinateur qui comprenait 4
phases. 1ère phase : Les sujets remplissaient le questionnaire de besoin de contrôle, 2ème
phase : ils remplissaient une grille de mots mêlés afin qu’aucun lien direct ne puisse être
établi avec la phase de jeu ultérieure. 3ème phase : les sujets jouaient au jeu de la roulette
française et remplissaient ensuite deux questionnaires sur l’illusion de contrôle et la
perception de la chance. Tel que suggéré par Martinez et al. (2011), quatre types d’annonce
de gain étaient manipulés : une condition contrôle (sans annonce), une condition « annonce
du gain d’autrui sans justification », une condition « annonce du gain d’autrui justifié par
l’adresse » et enfin une condition « annonce du gain d’autrui justifié par le hasard ».
Résultats
1) seule une corrélation positive entre l’illusion de contrôle et la perception de la chance est
observée (r = . 55, p = .001). Plus un joueur présente un niveau d’illusion de contrôle élevé
plus ce joueur considère la chance comme une variable personnelle.
2) La prise de risque la plus élevée est obtenue lorsque le gain d’autrui est justifié par
l’adresse, uniquement pour les joueurs à faible désir de contrôle.
3) La prise de risque était la plus élevée lorsque le gain d’autrui était justifié par l’adresse
uniquement pour les joueurs considérant la chance comme une variable contextuelle. En
revanche, pour les joueurs considérant la chance comme une variable personnelle, la prise de
risque était la plus élevée lorsque le gain d’autrui n’était pas justifié.
Discussion
Conformément aux résultats précédemment obtenus, il est observé une prise de risque plus
importante lorsque le gain d’autrui était annoncé que lorsqu’il ne l’était pas. En référence à
Rockloff et Dyer (2007), ces résultats s’expliqueraient par le fait que l’annonce d’un gain
d’autrui a incite les joueurs à redéfinir la situation de jeu comme une situation sociale et les a
encouragé à poursuivre les paris en dépit des pertes. Néanmoins, nous répliquons que
partiellement les résultats obtenus par Martinez et al. (2010). En effet, seuls les joueurs à
faible désir de contrôle ont une prise de risque plus élevée lorsque le gain d’autrui est justifié
par l’adresse. Nous suggérons alors que ces résultats soient à reconsidérer puisque nous
avons observé que les trois échelles de personnalité ne corrèlent pas entre elles. De plus,
nous pouvons nous demander si les joueurs estimant la chance comme une variable
personnelle se sont plutôt considérés comme malchanceux, engendrant une prise de risque
plus faible que les joueurs estimant la chance comme une variable contextuelle.
Références
Burger, J. M., & Cooper, H. M. (1979). The desirability of control. Motivation & Emotion, 3,
381-393.
Ladouceur, R. & Walker, M. (1996). A cognitive perspective on gambling. In P.M. Salkovskis
(Ed.), Trends in Cognitive and Behavioural, 89–120. New York: Wiley.
Langer, E. J. (1975). The illusion of control. Journal of Personality and Social Psychology, 32,
311-328.
Rockloff, M., & Dyer, V. (2007). An experiment on the social facilitation of gambling
behavior. Journal of Gambling Studies, 23(1), 1-12.
Wohl, M. J., A & Enzle, M. E. (2002). The deployment of personal luck : illusory control
ingames of pure chance. Personality and Social Psychology Bulletin, 28, 1388-1397.
Martinez, F., Le Floch, V. (2008). La connaissance du gain d’autrui : une incitation au risque ?
Psychologie Française, 53, 25-38.
114 Martinez, F., Le Floch, V., Gaffié, B. & Villejoubert, G. (2010) Reports of Wins and Risk
Taking: An Investigation of the Mediating Effect of the Illusion of Control. Journal of
Gambling Studies DOI: 10.1007/s10899-010-9204-2.
115 3) L'adolescent et son jeu vidéo: rencontres cliniques et questions de recherche
Gaetan, Sophie, Bonnet, Agnès, Pedinielli, Jean­Louis (Université de Provence). Résumé
Les jeux vidéo sont devenus un phénomène social; ils s'inscrivent dans la dynamique de
notre société contemporaine au sein de laquelle la "culture de l'écran" grandit (Messin, 2009).
Ils sont à la base d'une nouvelle culture adolescente: la culture du virtuel (Tisseron, 2006). A
travers son avatar, l'adolescent peut en effet expérimenter son devenir et projeter des
éléments de Soi (Bessière et coll., 2007). Or ce média, pour la plupart inconnu, questionne
(Valleur, 2009); et d'autant plus lorsque nos observations cliniques nous renvoient vers l'idée
d'un lien problématique, voire addictif, entre un sujet adolescent et le(s) jeu(x) vidéo
au(x)quel(s) il s'adonne. Il s'agit ainsi d'exposer le cheminement théorico-clinique qui nous a
permis de mettre en place un travail de recherche visant la construction d'un modèle
explicatif de l'addiction aux jeux vidéo. A travers nos rencontres avec des adolescents
"joueurs", nous avons observé la particularité de ce lien au virtuel et à l'avatar. Nos
rencontres cliniques nous ont également amené à questionner le jeu vidéo en lui même et
notamment à penser qu'il existerait deux fonctionnements selon qu'il s'agisse d'un jeu en
ligne ou hors ligne. Enfin, il s'agit de questionner la clinique et son articulation avec la
position de chercheur.
Introduction
Les jeux vidéo sont devenus un phénomène tant social qu'économique. Ils génèrent
aujourd'hui une véritable industrie vidéo-ludique et s'inscrivent dans la dynamique de notre
société contemporaine au sein de laquelle la "culture de l'écran" grandit (Messin, 2009).
Les jeux vidéo sont le point d'origine d'une nouvelle culture adolescente: la culture du
virtuel (Tisseron, 2006). En effet, l'adolescence est une période de construction identitaire
durant laquelle la question du devenir se pose. Les jeux vidéo ont progressivement remplacé
le recours à l'imaginaire (représentation de la réalité) et le recours à la mise en acte (faire
semblant et faire ensemble) par un recours au virtuel (simulation de la réalité); faire dans un
monde virtuel via le support d'une console de jeu. Par ailleurs, le virtuel, en tant que
potentialité opposée à l'actuel et non pas au réel, permet au sujet de se projeter et
d'expérimenter ce devenir (Bessière et coll., 2007).
Or ce média, pour la plus part inconnu, questionne (Valleur, 2009); et d'autant plus lorsque
nos observations cliniques nous renvoient vers l'idée d'un lien problématique, voire addictif,
entre un sujet adolescent et le(s) jeu(x) vidéo au(x)quel(s) il s'adonne. Il s'agit ainsi d'exposer
le cheminement théorico-clinique qui nous a permis de mettre en place un travail de
recherche visant la construction d'un modèle explicatif de l'addiction aux jeux vidéo
Méthode
A travers nos rencontres avec des adolescents "joueurs", nous avons observé la particularité
de ce lien au virtuel et à l'avatar. La clinique nous a ainsi amené à questionner ce qui se joue
lorsque l'adolescent incarne son personnage virtuel; ce qui, d'un fonctionnement addictif, se
met en place jusqu'à emprisonner le sujet dans une conduite aliénante. Nos rencontres
clinique nous ont également amené à questionner le jeux vidéo en lui même. La littérature ne
fait en effet cas d'un seul type de jeu: le jeu en ligne, et notamment les jeux en ligne
massivement multi-joueurs (mmorpg) (Valleur, 2006). Or, nous constatons que chacun de ces
types de jeux, en ligne et hors ligne, peut être l'objet d'un lien problématique et aliénant;
chacun ayant son fonctionnement propre.
Analyse etDiscussion
116 Nous exposerons ainsi brièvement quatre rencontres cliniques qui ont été la base de notre
articulation théorique. Deux sont des joueurs en ligne. A travers son avatar Christian
questionne son identité, et notamment son identité pour l'autre, en créant et expérimentant
sur l'autre divers personnage. Lucas quant à lui expérimente tout d'abord au travers du jeu
ce qui pourrait se jouer dans l'interaction avec l'autre. Les deux autres sont des joueurs hors
ligne. A travers son avatar Emile peut exprimer ses mouvements pulsionnels destructeurs
mais il parvient également à expérimenter ses émotions. Jérémy quant à lui aborde à travers
le jeu la question de l'existence, en l'articulant à la notion de mort.
Ces rencontres cliniques nous ont amené à penser le jeu vidéo selon deux modalités: le jeu en
ligne comme une expérimentation de Soi en interaction, et le jeu hors ligne comme une
expérimentation sur Soi.
Enfin, il s'agit de questionner la clinique et son articulation avec la position de chercheur. La
question qui se pose est celle du lien qui peut exister entre le témoignage d'une clinique
visant à relever, questionner voire théoriser des éléments rencontrés dans la clinique; et un
discours qui se veut scientifique et qui vise la construction d'un modèle explicatif des
fonctionnements psychiques.
Références :
Messin, A. (2009). De l'usage d'Internet à la "culture de l'écran". Journées doctorales GDR TIC
et Société, Avril 2005.
Tisseron, S., Missonnier, S., Stora, M. (2006). L’enfant au risque du virtuel. Paris: Dunod.
Bessière, L., Seay, F., & Kiesler, S. (2007). The ideal Elf : identity exploration in world of
warcraft. Cyber psychology and behavior, 10(4), 530-535
Valleur, M. (2009). La cyberaddiction existe-t-elle ? Psychotropes, 1(15), 9-19.
Valleur, M. (2006). L'addiction aux jeux vidéo, une dépendance émergente? Enfance & Psy,
2(31).
117 4) Spécificités des différents types de jeux de hasard et d’argent. Etude d’une cohorte
nantaise de joueurs problématiques en soins.
Bouju, Gaelle, Grall­bronnec, M, Lagadec, M, Venisse, J.l., Hardouin, J.b. (CHU Nantes). Introduction
Les problèmes liés à la pratique des jeux de hasard et d’argent (JHA) concerneraient 1-3% de
la population générale adulte 1, 2. De façon générale, l’addiction aux JHA est traitée par les
chercheurs de façon très globale, c’est à dire en regroupant ensemble tous les types de jeux 1,
3, ou bien de façon hyper spécifique, en s’intéressant par exemple uniquement aux appareils
de loterie vidéo comme le vidéopoker 4, 5.
Récemment, la France a ouvert à la concurrence et à la régulation son marché des jeux en
ligne (JEL). Si la législation n’inclut actuellement que deux formes de JEL (les paris sportifs et
hippiques d’un côté, et le poker de l’autre), le débat reste ouvert pour déterminer si d’autres
formes de JEL doivent également être autorisées, les jeux de casino en ligne notamment.
Nous nous proposons donc d’apporter quelques éléments de réponse à cette problématique,
et notamment de distinguer les spécificités respectives de trois grandes formes de JHA, en
termes de psychopathologie, de trajectoire de jeu, ou de fonctionnement cognitif notamment.
Nous avons choisi de baser notre réflexion sur la classification des JHA proposée par Claude
Boutin en 2010 6 :
- les jeux de hasard sans adresse ni profit potentiel (loteries, roulette, machines à sous,
vidéopoker, etc.)
- les jeux de hasard avec quasi-adresse sans profit potentiel (paris sportifs, paris hippiques,
black jack)
- les jeux de hasard avec adresse et profit potentiel, mais… (poker, notamment Poker Texas
Hold’em).
Cette classification repose sur la part plus ou moins grande d’adresse dans le jeu, mais aussi
sur la notion de profit potentiel, c’est à dire la possibilité d’être gagnant au long terme,
déterminée principalement par le fait de jouer contre « la maison » (c’est à dire contre un
opérateur de jeu) ou contre d’autres joueurs.
Méthode
L’échantillon était composé de 120 joueurs problématiques de JHA, débutant des soins dans
le service d’addictologie du CHU de Nantes. Une évaluation clinique initiale est proposée à
tous les patients joueurs à l’initiation de leur demande de prise en charge, avant toute
intervention clinique. Celle-ci comporte une évaluation de :
- la trajectoire et des habitudes de jeu : sévérité de l’addiction (section jeu pathologique du
DSM-IV), parcours de jeu (âges de l’initiation, du jeu régulier, du jeu problématique, du
recours aux soins), budget dédié au jeu, motif et objectif de la prise en charge.
- la psychopathologie : impulsivité (UPPS), anxiété (STAI-trait), dépression (BDI-13),
distorsions cognitives (GABS-23), comorbidités psychiatriques (MINI), personnalité
(tempérament et caractère) (TCI-125).
Nos analyses étaient basées sur les données de cette évaluation initiale.
L’échantillon était divisé en trois groupes, définis par l’une des trois formes de JHA décrites
en introduction, selon le jeu de prédilection déterminé subjectivement par le joueur (c'est-àdire le jeu qu’il aimerait conserver s’il ne pouvait en choisir qu’un seul).
Les variables quantitatives étaient comparées entre les trois groupes par l’intermédiaire
d’une analyse de variance à un facteur (ANOVA) paramétrique lorsque les variables étaient
distribuées normalement, ou par une ANOVA de Kruskal-Wallis non paramétrique lorsque
ce n’était pas le cas. Des tests post-hoc ont permis d’identifier les groupes se différenciant
deux à deux lorsqu’une différence était mise en évidence.
118 Les variables qualitatives étaient comparées entre les trois groupes par des tests du Chideux.
Résultats et Discussion
L’échantillon comprenait 49 joueurs de JHA sans adresse ni profit potentiel (40,8 %), 54
joueurs de JHA avec quasi-adresse sans profit potentiel (45,0 %) et 17 joueurs de JHA avec
adresse et profit potentiel (14,2 %).
Les joueurs de JHA sans adresse ni profit potentiel étaient plus âgés, étaient plus souvent des
femmes et avaient un premier contact avec le jeu plus tardif. Les patients de ce groupe
présentaient plus souvent des troubles anxieux et un risque suicidaire. Ils avaient des scores
à la dimension croyance dans la chance et les superstitions du GABS-23 (GABS-BLS) plus
élevés. Enfin, le critère 1 du DSM-IV (préoccupations excessives par le jeu) était moins
présent pour ces joueurs.
Les joueurs de JHA avec quasi-adresse sans profit potentiel présentaient moins de troubles
anxieux, et répondaient plus souvent positivement au critère 7 du DSM-IV (mensonges sur la
pratique de jeu). Ils présentaient également des scores plus élevés à la dimension
détermination du TCI-125.
Enfin, les joueurs de JHA avec adresse et profit potentiel, mais… étaient exclusivement des
hommes, plus jeunes et avec un niveau d’étude plus élevé. Ils jouaient plus en ligne que les
deux autres groupes, présentaient un délai de recours aux soins plus court que les deux
autres groupes, et déclaraient un cumul de pertes plus élevé, malgré un parcours de jeu
problématique plus court. Ces joueurs avaient tendance à avoir plus de troubles liés à
l’alcool. Ils présentaient également une tendance plus grande à l’évitement du danger (TCIed), notamment par rapport aux joueurs de JHA avec quasi-adresse sans profit potentiel, et
un trait anxieux plus important (STAI-trait).
Aucune différence n’a pu être montrée entre les 3 groupes sur la sévérité de l’addiction au
jeu, ou sur les motifs et l’objectif de la prise en charge.
Il semble que les typologies de joueurs soient donc bien distinctes selon le jeu de
prédilection. Si le profil féminin, anxio-dépressif, d’initiation tardive et axé sur la croyance
dans la chance des joueurs de JHA sans adresse ni profit potentiel est déjà bien connu, les
deux autres profils ont été moins étudiés dans la littérature internationale, alors même qu’il
s’agit des seuls JEL autorisés en France. Le profil des joueurs de JHA avec adresse et profit
potentiel, c’est-à-dire les joueurs de poker, est particulièrement intéressant à étudier. Il
semble que la rapidité du parcours, les comorbidités de troubles addictifs liés à l’alcool, des
pertes importantes parfois condensées sur une période très courte, ainsi qu’un évitement du
danger soient au cœur de ce profil.
Chaque profil sera discuté individuellement, et confronté aux deux autres. Les analyses
pourront être réajustées en augmentant l’effectif de la cohorte (notamment avec l’intégration
des données de tous les patients vus jusqu’au congrès), pour rendre les analyses plus valides.
Nous espérons notamment augmenter l’effectif du groupe de joueurs de JHA avec adresse et
profit potentiel, actuellement limité à 17 sujets.
Références
Petry N. M., Stinson F. S., Grant B. F. (2005) Comorbidity of DSM-IV pathological gambling
and other psychiatric disorders: results from the National Epidemiologic Survey on
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pathological gambling in Quebec in 2002. Canadian Journal of Psychiatry, 50, 451-456.
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promising trends. Canadian Journal of Psychiatry, 49, 517-525.
119 Dowling N, Smith D, Thomas T. (2005) Electronic gaming machines: are they the 'crackcocaine' of gambling? Addiction, 100, 33-45.
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Journal of Gambling Studies, 18, 31-43.
Boutin, C. (2010) Le jeu: chance ou stratégie? Les Editions de l'Homme, Montréal.
120 5) Représentations sociales du risque dans le cadre d’un sport extrême : le B.M.X.
Roland­Levy, Christine, Abdelhak, Jossua (Université de Reims) Résumé
« L’identification, l’évaluation et la gestion des risques […] est aujourd’hui l’objet d’une
grande préoccupation dans toutes les sociétés» (Kouabenan et al., 2006). Parallèlement à cet
intérêt, on a pu constater une augmentation sensible des conduites dites « à risque »
(Choquet, 2000). L’émergence des sports de glisse met en évidence un domaine d’étude pour
les représentations sociale du risque. A l’aide d’un questionnaire diffusé à une population de
jeunes gens âgés de 15 à 35 ans, pratiquant de sports extrêmes selon 3 niveaux : novice ou
expert, et non-pratiquant, cette étude s’est intéressée à la façon dont les représentations
sociales sont établies et aux perceptions du risque, selon le niveau de pratiques. Les Résultats
des 93 participants mettent en évidence des représentations sociales distinctes du risque
comme du B.M.X. en fonction du niveau de pratique En effet, pour ces deux termes
inducteurs, le noyau central des experts est constitué des notions de défi et d’adrénaline,
alors que celui des novices et des individus ne pratiquant pas de sport extrême est constitué
des notions de danger et de blessures. Par ailleurs, les différentes situations présentées dans
le questionnaire sont jugées plus risquées par les experts que par les novices.
Introduction
Dans un contexte spécifique lié aux conduites à risque en matières de pratique du B.M.X.
nous avons souhaité mieux comprendre comment le risque est perçu par les jeunes sportifs,
donc repérer leur représentation sociale du risque.
Selon Jodelet, la représentation sociale consiste en « une forme de connaissance socialement
élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité
commune à un ensemble social » (1991, p 36). Nous nous intéressons ici à la prise de risque,
sachant que le concept de « risque » n’a pas de définition univoque, il s’agit donc d’un objet
social « polymorphe » (Moliner, 1996 ; Peretti-Watel, 2000), susceptible de susciter des
représentations sociales différentes selon les groupes sociaux qui peuvent se l’approprier. Le
marquage social des contenus ou des processus de représentation renvoyant aux conditions
et aux contextes dans lesquels elles émergent, aux communications par lesquelles elles
circulent, aux fonctions qu'elles servent dans l'interaction avec le monde et les autres, nous
faisons l’hypothèse que la pratique collective d’un sport à risque, ici le B.M.X., de façon
experte versus novice, est accompagnée de marquage social des contenus particulier,
concernant le risque et son expertise. On s’attend donc à trouver deux représentations
sociales du risque distinctes en fonction du niveau de pratique de ce sport à risque.
On formule une seconde hypothèse liée au niveau de prise de risque et à la perception de la
difficulté et de la dangerosité d’une série de figures, en fonction de la pratique experte versus
novice.
Méthode
A l’aide d’un questionnaire diffusé auprès d’une population de jeunes gens âgés de 15 à 35
ans, pratiquant de sports extrêmes selon 3 niveaux : novice ou expert, et non-pratiquant,
cette étude s’est intéressée d’une part à la façon dont les représentations sociales sont établies
et d’autre part aux perceptions du risque, selon le niveau de pratiques des différents
participants. 93 participants, dont 29 ne pratiquant pas de sport extrême, 11 pratiquant un
sport extrême autre que le B.M.X, et 53 pratiquant le B.M.X, dont 18 novices et 35 experts, ont
répondu à notre étude. A partir d’une épreuve associative, nous nous sommes intéressés aux
cinq premiers mots ou expressions évoqués lorsque nous citions les termes inducteurs
risque, difficulté et B.M.X. Nous nous sommes aussi intéressés aux prises de décisions
121 risquées dans un contexte incertain, croisé avec la perception du risque dans toute une série
de situations de figures de B.M.X. présentant différents degrés de risque. Une série de figures
des plus faciles aux plus difficiles a été présentée dans un contexte où la figure précédente
était présentée comme réussie ou non selon les cas, de façon à vérifier le degré de prise de
risque en fonction du niveau « réel » (échec ou réussite), la consigne demandant si chaque
figure serait recommandée ou non à la personne qui venait de réussir ou non une précédente
figure (plus difficile ou plus facile selon les cas).
Résultats
Les résultats mettent en évidence des représentations sociales distinctes selon le niveau de
pratique des participants. Lorsque les pratiquants experts se représentent le risque ou la
pratique à risque qu’est le B.M.X. ils l’associent de façon fréquente, à l’idée de défi, en lien
avec un moyen de ressentir de l’adrénaline. Les novices et les individus ne pratiquant pas de
sport extrême l’assimilent, fréquemment à la notion de danger et aux blessures pouvant être
occasionnées. De plus, la fréquence et l’importance données aux termes représentant le
risque et le B.M.X, semblent évoluer avec le niveau de pratique (de non pratiquant à expert).
D’autre part, dans l’ensemble, les experts ont jugés les situations présentées dans le
questionnaire comme plus risquées, que les novices.
Discussion
Cette étude met en exergue les représentations socialement élaborées et partagées selon le
niveau de pratique. Cependant, le manque d’effectif par groupe ne permet pas de faire des
différences représentationnelles une certitude ; l’effet de cohorte n’a pas pu être contrôlé. Il
aurait été intéressant de savoir si le fait de pratiquer seul ou en groupe influence la
représentation. Nous pouvons entrevoir certaines perspectives de recherche qui
permettraient de comprendre d’avantage la manière dont les représentations sont amenées à
évoluer au sein des groupes, selon l’expertise que l’on a de l’objet du champ de la
représentation. En effet, la pratique du risque nous amène-t-il à le considérer différemment
de la non-pratique ? Quel est l’effet de la représentation du risque sur la pratique de celui-ci ?
En d’autres termes, comment s’influencent mutuellement représentation et comportements ?
Sachant que les experts ont jugé les situations présentées comme étant plus risquées que les
novices, nous pouvons conclure en soulignant que la pratique de sport à risque ne diminue
pas la perception de celui-ci, mais que son expertise semble augmenter l’anticipation des
dangers pouvant être occasionnés.
Références
Choquet, M. (2000). Le risque routier chez les jeunes. Centre de Recherche pour l’Étude et
l’Observation des Conditions de Vie. Paris, Collection des rapports n° 211.
Kouabenan. D.R,. et al,. (2006). Psychologie du risque : Identifier, évaluer, prévenir. (pp.125145). Buxelles : De Boeck Université.
122 13H30-15H00- TABLE RONDE
Les référentiels de compétences à l’université.
Organisée par Lecuyer, Roger & Somat, Alain (Université de Rennes 2)
Présentation du référentiel de compétences de la licence de psychologie : Bruno Quintard et Benoit
Schneider.
Présentation du référentiel de compétences des masters de psychologie : Christine Jeoffrion.
Présentation des travaux relatifs au référentiel de compétences dans les travaux Européen Présentation
du référentiel de compétences EUROPSY : Pierre Gaudriault.
TuningEducational Structures in Europe : Roger Lecuyer.
Synthèse des débats : Alain Somat.
La mise en place du LMD (licence, Master et Doctorat) s'est accompagnée de la disparition des
maquettes nationales. Or la réforme de la licence est en quelque sorte un retour sur l’idée qu’il
conviendrait de mettre en place un cahier des charges de la formation mais non plus basé sur le
contenu des cours mais sur les compétences à l’exercice professionnel. Le recours à la mise en place
d’un référentiel de compétence est alors évident. En psychologie, les enjeux sont cruciaux, non
seulement pour la discipline elle-même mais également pour la délivrance du titre de psychologue et
peut être encore davantage en ces temps de discussion à propos du titre de psychothérapeute. De fait,
l’obtention d’un master en psychologie par la voie de la VAE permet l’usage du titre de psychologue
si la personne est titulaire d’une licence de psychologie.
Un référentiel devrait donc être conçu comme une « Nomenclature générale », puis devrait ensuite,
être décliné par rapport aux spécificités des spécialités de formation telles qu’elles existent en
psychologie. Convenons qu’Il y a là un problème complexe qui pourtant serait susceptible de servir
l’analyse des dossiers en VAE, la certification européenne des psychologues et même l’approche
Tuning qui est un programme soutenu par la commission européenne pour permettre une approche
européenne des formations par les compétences en vue de créer une convergence des architectures des
études supérieures et des contenus de programmes. Cette table ronde réunissant plusieurs représentants
d’organisation de psychologue sera l’occasion pour chacun d’affirmer la nécessité et la pertinence de
l’élaboration de référentiel de compétence en psychologie tant au niveau de la Licence que du Master.
123 13H30 - 15 H - SESSIONS
I)
Psychologie et ergonomie
Titres descommunications et Intervenants
Utilisation de la loi de fitts par les enfants et les adolescents dans un environnement
informatique.
Kudlinski, Cyril (Université de Caen), Jouen, François (Chart, EPHE), Molina, Michèle (Université
de Caen).
Du schéma d’action à la symbolisation : programmer des tâches robotiques pour favoriser
l’apprentissage de l’arithmétique élémentaire.
Gaudiello, Ilaria, CharlesTijus, ElisabettaZibetti (Université Paris 8)
Aptitudes cognitives mises en jeu lors du pilotage d’un système de drone.
Duvillard-monternier, Solange (Aix-Marseille Université&Crea – Salon de Provence), Donnot, Julien
(Crea – Salon de Provence), Gilles, Pierre-Yves (Université Aix-Marseille.)
Emotion et complexité des questions : quels impacts sur les performances en recherche
d’informations sur internet ?
Chevalier, Aline (CNRS & Université de Toulouse), Chekroun, Peggy (UIniversité Paris Ouest),
Francq, Carole (Université Paris Ouest).
Utiliser le clavier et chercher un objet sur l’écran : étude du lien entre motricités manuelle
et oculaire.
Coutté, Alexandre (Lpcs), Olivier, Gérard (Lpcs), Baccino, Thierry (Lutin), Faure, Sylvane (Lpcs).
124 1) Utilisation de la loi de fitts par les enfants et les adolescents dans un
environnement informatique.
Kudlinski, Cyril (Université de Caen), Jouen, François (Chart, EPHE), Molina, Michèle (Université de Caen). Résumé
La loi de Fitts est un modèle du mouvement humain, prédisant le temps requis pour aller
d'une position de départ à une destination. La loi de Fitts est utilisée pour modéliser le
pointage en fonction d’un index de difficulté (ID) qui est fonction de la distance à la cible et
de la taille de la cible. Or les rares études qui ont étudié cette loi chez l’enfant dans un
environnement 2D ont utilisé un faible échantillon d’ID et des situations ne faisant varier
que la taille de la cible. L’objectif principal de notre étude est de savoir si l’utilisation de la loi
de Fitts est maintenue chez l’enfant lorsque l’on augmente l’ID en faisant varier à la fois la
distance et la taille de la cible à pointer. Un second objectif est d’étudier la dimension
développementale de ce phénomène chez l’enfant et l’adolescent. Les Résultats montrent que
dès l’âge de 5 ans, les enfants sont capables d’utiliser la loi de Fitts lorsqu’ils sont placés dans
un environnement 2D. De plus les Résultats démontrent pour la première fois que
l’utilisation de la loi de Fitts est maintenue quel que soit le niveau de difficulté de la tâche.
Introduction
L'utilisation d'une souris d'ordinateur présuppose l'existence d'une coordination visuomanuelle efficiente pour amener la main sur une cible visuelle. Le développement de cette
habileté dans un environnement informatique en 2D a été exclusivement analysé à partir du
modèle de la loi de Fitts (Fitts, 1954). La loi de Fitts permet de caractériser une tâche de
pointage par un index de difficulté (ID) qui est fonction de la taille de la cible pointée et de la
distance à parcourir pour l'atteindre. Il a ainsi pu être démontré que, dès l'âge de 6 ans, la
durée du mouvement est corrélée à l’ID (Lambert & Bard, 2005). Toutefois, dans ces
recherches, un petit nombre d’ID est généralement utilisé. Ainsi, ces recherches ne
permettent pas d'apprécier la sensibilité du système de contrôle moteur lorsqu’augmente la
difficulté de la tâche. Par ailleurs, dans ces recherches, seuls des enfants âgés de 6, 8 et 10 ans
sont étudiés (Smits-Engelsman, Sugden, & Duysens, 2006). Ces âges sont choisis en fonction
des données développementales recueillies dans un environnement en 3D qui montrent que
l’application très limitée de cette loi à 6 ans devient comparable à celle de l’adulte à l’âge de
10 ans. L'objectif de la recherche est double. Il s’agit d’un part de déterminer si les âges
charnières de 6 et 10 ans restent pertinents lorsque l’on passe d’un environnement 3D à un
environnement 2D. D’autre part, il s’agit d’évaluer si, dans un environnement 2D, les
prédictions de la loi de Fitts continuent à être observées dans une tâche de pointage où la
taille de la cible et la distance à parcourir varient.
Méthode
244 participants, tous familiers avec l’utilisation d’une souris, ont participé à cette recherche.
219 enfants âgés de 5 à 14 ans ont été répartis en dix groupes d'âge différents (de 5 à 14 ans)
et 25 adultes ont constitué un groupe contrôle. Une tâche cyclique de type « pointer-etcliquer » avec la souris était proposée. Deux barres verticales parallèles de couleurs
différentes (une jaune, une bleue) apparaissaient à l’écran de façon symétrique. Le
participant devait pointer et cliquer sur le centre de la cible de couleur bleue. A chaque clic,
la position droite-gauche des barres s’inversait. Chaque sujet réalisait 100 clics successifs.
Pour chaque clic, le point de départ de la souris était déterminé par la position de la barre
jaune qui varie à chaque changement d’ID. 20 ID ont été utilisés. Un ID se définit comme
125 une combinaison entre la distance et la taille de la cible. Pour chaque ID, un bloc de 5 essais
successifs était réalisé. Les ID étaient présentés dans un ordre aléatoire. Pour chaque ID,
seuls les trois derniers essais sont traités car la première réponse fait suite à un changement
d’ID et la seconde est considérée comme une familiarisation à l’ID. Un programme
informatique enregistrait de façon automatique le temps de réponse, le nombre d’erreurs et
la trace du mouvement (coordonnées de la souris en fonction du temps) à une fréquence de
32 Hz. A partir de ces données, nous avons calculé les paramètres cinématiques du
mouvement : la durée du mouvement, le nombre d’erreurs, la vitesse moyenne, la précision
de la trajectoire (ratio entre la distance réalisée et la distance minimale), le nombre de
segments dans le mouvement et la longueur du premier segment.
Résultats
Conformément au modèle de Fitts, une covariation du temps de réponse et de l’ID est
observée et ce à tous les âges: les corrélations linéaires révèlent des r² variant entre 0.73 pour
les 5 ans et 0.98 pour les 14 ans. L’étude de la durée du mouvement met en évidence une
diminution significative de la durée en fonction de l’âge, F(10,222) = 61.032, p<0.0001. Les
vitesses moyennes augmentent linéairement avec l’âge, r²=.9734, p<0.0001. De plus, à tous les
âges et y compris chez les plus jeunes, la vitesse décroit linéairement selon le niveau de
difficulté, F(120,2796)=1.4590 p<0.001. L’étude de la précision des trajectoires montre une
diminution significative du ratio entre la distance réalisée et la distance minimale en fonction
de l’âge F(10,233)=29.024, p<0.0001. Ce gain de performance se manifeste par une diminution
du nombre de segments constitutifs du mouvement en fonction de l’âge (F(10, 233)=51.874,
p<0.0001) et par un allongement de la longueur du premier segment. Des tests post-hoc
réalisés sur chacune des indicateurs mettent en évidence l’existence de trois groupes d’âges
distincts. Les enfants de 5 et 6 ans ont des performances qui sont radicalement différentes de
celles observées à tous les autres âges. Les performances obtenues par les enfants de 7 et 8
ans sont intermédiaires et à partir de 9 ans les performances des enfants sont comparables à
celles de tous les enfants plus âgés et celles des adultes.
Discussion
Les résultats obtenus dans notre recherche permettent de conclure que les enfants et les
adolescents utilisent la loi de Fitts lorsqu’ils réalisent un geste de pointage dans un
environnement informatique. L’utilisation de la loi de Fitts est démontrée pour la première
fois, chez des enfants et des adolescents, pour une large gamme d’indices de difficulté qui
font varier la taille de la cible et la distance à la cible. Nos résultats permettent donc
d’étendre les résultats de la recherche de Lambert et Bard (2005) dans laquelle seule la taille
des cibles variait. Nos Résultats révèlent que, dans ces conditions, l’utilisation de la loi de
Fitts est observée dès l’âge de 5 ans quel que soit le degré d’expertise des enfants avec une
interface informatique. Nos Résultats révèlent également une augmentation de la précision
dans cette activité cyclique de « pointer-cliquer » telle que dès l’âge de 9 ans les
performances des enfants ne se différencient plus de celles réalisées par les adultes. La
question se pose de la généralisation de ces résultats à une situation qui nécessite un
déplacement horizontal, vertical ou oblique entre les cibles à pointer.
Références
Fitts, P. M. (1954). The information capacity of the human motor system in controlling the
amplitude of movement. Journal of Experimental Psychology, 47(6), 381-391.
Lambert, J., & Bard, C. (2005). Acquisition of visuomanual skills and improvement of
information processing capacities in 6- to 10-year-old children performing a 2D
pointing task. Neuroscience Letters, 377(6), 1-6.
126 Smits-Engelsman, B. C. M., Sugden, D., & Duysens, J. (2006). Developmental trends in speed
accuracy trade-off in 6-10-year-old children performing rapid reciprocal and discrete
aiming movements. Human Movement Science, 25(1), 37-49.
127 2) Du schéma d’action à la symbolisation : programmer des tâches robotiques pour
favoriser l’apprentissage de l’arithmétique élémentaire.
Gaudiello, Ilaria, Charles Tijus, Elisabetta Zibetti (Université Paris 8) Résumé.
Nous proposons une approche techno-pédagogique longitudinale (12 mois) pour observer,
identifier et décrire les comportements d’apprentissage des jeunes élèves lors du contrôle de
robots éducatifs finalisé à l’acquisition de contenus scolaires. Une première étude a été
effectuée auprès de 10 enfants (6-11 ans) auxquels il est proposé de programmer des robots
mobiles (Lego Mindstorms NXT®) pour résoudre des problèmes arithmétiques basés sur le
missing number paradigm et le debugging paradigm. Le sujet traité en arithmétique est la
relation inverse entre addition et soustraction ainsi que les propriétés de ces deux opérations
(commutativité, associativité, invariance). L’objectif de l’étude est celui de quantifier
empiriquement les effets de transfert du domaine de la programmation au domaine de
l’arithmétique en relation aux compétences de réification (passage du process-based thinking
à l’object-based thinking), de décomposition du problème, de planification de la solution, de
symbolisation, et enfin d’autocorrection. Enfin, l’étude vise à la réalisation d’un outil technopédagogique (scénario didactique, interface du logiciel) structuré et opérationnalisé pour
être utilisé par les enseignants.
Introduction
Le besoin de concevoir des activités et des outils qui permettent aux étudiants de développer
une expertise à partir des formes naïves et intuitives de la pensée est un des problèmes de la
technologie éducationnelle (Mor et al., 2006). Mais comment opérationnaliser l’acquisition de
l’expertise en distinguant les capacités de maîtrise d’une procédure des capacités de
compréhension de cette procédure? L’acquisition des compétences arithmétiques est
spécialement concernée par cette question (Brown & Burton 1978). Nous proposons une
approche techno-pédagogique qui met l’accent sur l’externalisation des connaissances
intuitives et la formalisation progressive des nouvelles connaissances acquises dans un
parcours pédagogique qui va de l’action à l’abstraction (Dubinsky, 1991). Depuis les années
80, la littérature montre que la programmation a été souvent exploitée pour améliorer les
compétences scolaires (Alimisis 2009, Khlar & Carver 1988) et comme moyen d’acquérir des
connaissances mathématiques à partir des notions intuitives des élèves (Noss & Hoyles,
1996). Le contrôle des robots étant un type spécifique de programmation, en programmant le
robot, l’enfant est amené à structurer, anticiper, expliciter ses connaissances, tout en
développant des compétences métacognitives à mesure que l’application de procédures
similaires à un même type de variables permet d’acquérir le statut d’objet au niveau cognitif
supérieur.
Méthode et analyse critique
Notre protocole est basé sur l’exploitation de la programmation robotique de déplacement
sur des représentations de quantités (discrètes, continues, continues discrétisées) pour la
compréhension de la relation inverse entre addition et soustraction ainsi que des propriétés
de ces deux opérations (commutative, associative, dissociative, invariance) (Vergnaud 1982 ;
Davydov 1982 ; Piaget 1970). L’utilisation de la programmation pour l’acquisition de
compétences transversales a été jugée avoir des effets de transfert (i) si l’expertise des élèves
en matière de programmation est élevée et (ii) si les objectifs cognitifs sont spécifiques (Khlar
& Carver 1988). La manipulation de représentations visuelles dans les écoles a déjà été
proposée pour déclencher l'apprentissage actif, extérioriser les connaissances internes,
découvrir des modalités de représentations visuelles spécifiques par rapport aux contenus
scolaires (Mason, 2002 ; Hegarty & Kozhevnikov 1999). Dans une première étude, nous
128 avons proposé à 10 enfants le contrôle de robots (Lego Mindstorms NXT®) à déplacer sur
des représentations visuelles de quantités discrètes (i.e., des collections d’objet) ou continues
(i.e., des lignes) ou continues discrétisées (i.e., des lignes segmentées) en programmant les
déplacements pour résoudre des problèmes basés sur le missing number paradigm et le
debugging paradigm. Cette méthode nous a permis (a) d’avoir un aperçu de l’habileté de
l’enfant à estimer des quantités ainsi que le double aspect cardinal et ordinal du nombre, (b)
d’identifier les schémas d’action lorsqu’il s’agit de réaliser les deux types d’opérations
additives (addition et soustraction), en les traitant comme des opérations complémentaires,
(c) d’avoir une base d’épreuves pour faire prendre conscience des propriétés de
commutativité, d’associativité, et d’invariance. Les effets de ces activités sont vérifiés en
transfert de compétences (décomposition du problème, planification de la solution,
symbolisation, autocorrection). Les observations conduites nous amènent à constater les
difficultés et les erreurs les plus fréquents (le point zéro comme repère, le double aspect
ordinal et cardinal du nombre, etc.) ainsi que l’effort qu’il y a de passer d’une conception des
opérations comme processus à une conception de celles-ci en termes d’objets (Sfard, 1991).
Notre objectif plus à long terme est l’élaboration d’un outil techno-pédagogique comprenant
le robot mobile avec des trajets à parcourir pour favoriser la création d’une nouvelle
génération de technologies éducatives dont l'utilisation est motivée par l'exploration et la
construction active des connaissances de la part de l’élève.
Références
Alimisis, D. [Ed] (2009) TERECoP project: Teacher Education on Robotics-Enhanced
Constructivist Pedagogical Methods. School of Pedagogical and Technological
Education, ASPETE, Greece
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Sfard, A. (1991) On the dual nature of mathematical conceptions: reflections on processes and
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Vergnaud, G. (1982) A classification of cognitive tasks and operations of thought involved in
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(Eds). Addition and Subtraction: a cognitive perspective, Hillsdale NJ, Lawrence
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129 130 3) Aptitudes cognitives mises en jeu lors du pilotage d’un système de drone.
Duvillard­monternier, Solange (Aix­Marseille Université & Crea – Salon de Provence), Donnot, Julien (Crea – Salon de Provence), Gilles, Pierre­Yves (Aix­Marseille Université.) Résumé
Dans un système de drones Moyenne Altitude Longue Endurance (MALE), l’Opérateur de
Vol (ODV) effectue depuis sa station au sol une double tâche qui consiste à piloter un vecteur
aérien similaire à un avion et à gérer la caméra permettant d’observer les territoires. Son
interface de travail implique des contraintes fortes. En effet, Self, Ercoline, Olson, et
Tvaryanas (2006) précisent que la conduite des systèmes de drones provoque une
désorientation spatiale générée par : (1) un manque de flux visuel due à un affichage pauvre,
(2) une difficulté à discerner un objet, (3) une difficulté à juger les distances entre deux objets
et (4) des dissonances visuo-vestibulaires liées à l’éloignement physique de l’avion. Afin de
contrecarrer ces effets, les ODV doivent être dotés d’un socle d’aptitudes cognitives suffisant
pour développer les habilités requises à ce poste complexe. L’objectif de notre étude est de
déterminer la nature de ce socle. Les résultats montrent une prédominance des aptitudes
purement cognitives, permettant de sélectionner les tests les plus adaptés pour le
recrutement et de prédéterminer les critères de performance utiles pour les futures études de
validation externe.
Introduction
Le développement des systèmes de drones, à savoir un avion piloté à distance depuis une
station de contrôle, implique la création de métiers spécifiques, notamment celui
d’Opérateur de Vol (ODV). L’activité inhérente au poste d’ODV peut être assimilée à une
double tâche. En effet, l’opérateur a la responsabilité de piloter à distance le vecteur aérien et
de gérer la caméra d’observation du territoire afin de réaliser les missions de surveillance et
de reconnaissance qui lui incombent. Pour cela, il utilise une interface spécifique dotée d’un
écran vidéo qui permet soit de piloter le vecteur, soit de commander la caméra. Or, le fait
d’utiliser un écran vidéo entraîne une détérioration des performances par rapport à une
situation embarquée qui permet un contrôle direct, ceci même lorsque la taille et l’orientation
de la scène visuelle ne sont pas modifiées (Smith & Smith, 1990). Selon Massimo et Sheridan
(1989), cette baisse de performance résulterait de la constriction du champ visuel, entraînant
une réduction des indices environnementaux qui permettent la perception de l’espace
d’action. L’ODV ne reçoit que des informations visuelles partielles fournies par les capteurs
embarqués via la liaison de données et il ne dispose d’aucune information kinesthésique,
vestibulaire et auditive liée à son vecteur contrairement à un pilote embarqué (cf. étude FAA,
octobre 2008). Or la bonne réalisation des tâches implique le traitement simultané de
multiples informations tant visuelles qu’auditives. Partant de ce constat, un ODV doit
développer lors de sa formation des habilités spécifiques à son poste. Selon Hedge et Broman
(2006), le développement de ces habilités est prédit par la possession d’aptitudes appropriées
sous-jacentes. Ces dernières sont liées non seulement aux taux d’acquisition d’habileté, mais
également aux niveaux finaux de performance qu’un individu peut atteindre (Fleishman,
1999). L’objectif de notre étude est d’identifier les aptitudes cognitives cruciales requises
pour le poste d’ODV. Pour ce faire, nous avons réalisé une analyse de poste duale : l’une
orientée vers le travail, l’autre vers l’individu (Spector, 2006). Participants La totalité des
ODV de l’armée de l’air a été sollicitée pour cette étude (N = 12). A la première phase, quatre
d’entre eux ont été consultés pour l’analyse préliminaire des activités d’ODV, réalisée à
partir des entretiens semi-directifs au sein de l’escadron. A la deuxième phase, tous les ODV
ont répondu au JAS-ODV (version adapté du F-JAS à la population ODV) ; les passations ont
été effectuées à distance.
Méthode
131 Pour la première phase, une grille d’entretien a été élaborée à partir d’un descriptif de
missions prescrites et d’une fiche de critères permettant de caractériser les activités du point
de vue de la fréquence, la criticité (gravité des conséquences en cas d’échec), la difficulté de
réalisation, et la difficulté d’apprentissage. L’analyse de ces entretiens a permis d’extraire 6
activités signifiantes du point de vue cognitif (ex. le fait de réagir efficacement à une panne
impromptue). Pour la seconde phase, les ODV ont évalué le niveau d’aptitudes requis pour
mener à bien ces activités, sur des échelles de Likert en 7 points. Trente sept aptitudes
cognitives dérivées du F-JAS (Fleishman et Reilly, 1992/1993) ont été proposées au total : 9
dans le domaine psychomoteur (ex. timing des mouvements), 19 dans le domaine cognitif,
(ex. répartition de l’attention, rapidité de structuration), 9 dans le domaine de la perception
(ex. reconnaissance de la parole). De cet ensemble, seules les aptitudes pertinentes pour une
activité donnée ont été retenues (le nombre s’étend de 5 à 20 aptitudes par activité).
Résultats
Nous relevons une grande cohérence dans la façon d’évaluer les aptitudes cotées à un niveau
élevé. Ainsi les faibles écart-types relevés témoignent d’évaluations consensuelles au sein de
la population des ODV. Sur un plan descriptif, il existe proportionnellement une
prédominance quantitative des aptitudes purement cognitives requises à un haut niveau de
complexité par rapport aux autres aptitudes évaluées. Ainsi 47 % des aptitudes purement
cognitives ont été jugées comme sollicitées à un très haut niveau (≥ à 5), comparativement à
33% pour la sphère perceptive et à 22% pour la sphère psychomotrice. Enfin, les analyses de
corrélation nous renseignent sur les liens entre les différentes composantes de la sphère
cognitive.
Discussion
Dans un premier temps, la cohérence des données est analysée à partir de la variabilité inter
sujets. Dans un second temps, nous discuterons des raisons de la prédominance des
aptitudes purement cognitives (notamment en terme de gestion de ressources
attentionnelles) en rapport avec l’aspect discriminant de certaines activités. En effet, la
gestion de la caméra (maniement et analyse de l’image) nécessite un investissement cognitif
plus important que la gestion du vecteur (modification en temps réel du plan de route). Les
Résultats ainsi obtenus ont d’ores et déjà été intégrés dans les réflexions liées à l’élaboration
des futures procédures de sélection des candidats à la formation d’ODV. De plus, l’analyse
de poste orientée vers le travail nous permet d’accéder à des critères de performance qui
seront utiles pour élaborer des mises en situation (Martinussen & Hunter, 2010).
132 4) Emotion et complexité des questions : quels impacts sur les performances en
recherche d’informations sur internet ?
Chevalier, Aline (CNRS & Université de Toulouse), Chekroun, Peggy (Université Paris Ouest), Francq, Carole (Université Paris Ouest). Introduction
Rechercher des informations (RI) à partir d’un moteur de recherche (ex., Google) implique
que l’individu produise et utilise des mots-clés pertinents par rapport à sa requête.
L’individu doit ensuite évaluer la pertinence des informations fournies par le moteur de
recherche (MDR). Au fur et à mesure qu’il progresse dans sa recherche, il doit maintenir en
mémoire de travail le but de sa requête et comparer celui-ci avec les informations fournies
par le MDR jusqu’à l’atteinte de l’information escomptée. Cette activité se complexifie dès
lors qu’aucun résultat ne satisfait la requête et le but. Dans ce cas, l’individu doit reformuler
sa requête, soit partiellement (en ajoutant, en supprimant ou en modifiant des mots-clés) soit
totalement (en changeant tous les mots-clés utilisés dans le MDR).
Parmi les modèles de RI proposés, on peut citer le modèle Information Search Process de
Kuhlthau (2004) qui correspond à une approche globale de l’activité de RI, en intégrant des
facteurs cognitifs et émotionnels. Ce modèle se décompose en six étapes :
1.
L’initiation. L’individu doit comprendre la tâche et lier le problème à résoudre à ses
connaissances.
2.
La sélection consiste à élaborer une série de sous-buts permettant de répondre à la
question de recherche.
3.
L’exploration consiste à recenser les différentes sources d’informations disponibles.
4.
La formulation où l’individu interroge la source choisie sous forme de mots-clés.
5.
La collecte consiste à sélectionner des informations répondant aux sous-buts.
6.
La présentation correspond au tri et à l’organisation de ces informations collectées.
Enfin, l’individu peut apporter d’éventuelles vérifications, révisions ou corrections.
Chacune des ces étapes renvoient à des facteurs émotionnels. Pour les étapes de 1 à 3,
Kuhlthau (2004) considère qu’elles sont plutôt associées à des émotions à valence négative,
comme l’incertitude, la confusion, l’anxiété. Les 4 étapes suivantes seraient associées à des
émotions plus positives telles que l’optimisme, l’intérêt, la satisfaction. Ainsi, l’individu
passerait progressivement de l’incertitude à la sérénité, à condition que l’activité de RI
progresse correctement et que son résultat soit satisfaisant.
Des études antérieures (Kim, 2008 ; Flavián-Blanco et al., 2011) ont mis en évidence que les
émotions influent sur les actions et stratégies développées par les individus en situation de
RI. Kim (2008) a montré que la capacité de gestion émotionnelle des individus semble
affecter leurs stratégies de recherche. En fonction du niveau de contrôle des émotions, les
individus seraient plus ou moins disposés à ressentir les différentes émotions que peuvent
provoquer les étapes de la RI.
Les travaux sur l’impact des émotions sur les activités cognitives montrent des Résultats
contradictoires selon la valence de l’état affectif des individus. Ces Résultats sont liés au type
de traitement cognitif induit par l’état affectif, à savoir un traitement superficiel – de type
heuristique – pour les émotions positives telles que la joie, et un traitement profond – de type
systématique – pour les émotions négatives telles que la peur ou la tristesse (Bless et al.,
1996). Ainsi, les émotions positives présentent des conséquences délétères pour les
performances cognitives des individus dans les tâches complexes, tandis que les émotions
négatives seraient plutôt bénéfiques pour les performances dans ces mêmes tâches.
Méthode
133 60 étudiants (Mage=20.33, ET=2.82) ont participé à cette étude. Tous utilisaient Internet au
moins une heure par jour (M=1.97, ET=1.19) depuis en moyenne 7.28 ans (ET=2.36) pour
rechercher des informations, consulter leurs e-mails, etc.
Les participants étaient répartis en 3 groupes expérimentaux se distinguant par l’induction
ou non d’un état émotionnel. Pour cela, nous avons utilisé un protocole d’induction par
vidéos. Nous avons sélectionné parmi la liste de vidéos établie par Schaefer et al. (2010) deux
séquences de films dont les propriétés émotionnelles ont été évaluées comme spécifiquement
positive (joie), négative (tristesse) ou neutre chez une majorité d’individus francophones.
Ainsi, nous avions 20 participants avec induction d’un état émotionnel à valence positive, 20
participants avec induction d’un état émotionnel à valence négative et 20 participants avec
induction d’un état émotion à valence neutre.
Ensuite, tous les participants devaient réaliser 9 RI (ordre contrebalancé) se distinguant de
par leur complexité : 3 recherches simples (les mots-clés à entrer dans Google pour obtenir
une réponse correcte correspondaient aux mots-clés de la question), 3 recherches difficiles
(pour trouver l’information correcte, il était nécessaire de générer des synonymes ou des
termes sémantiquement proches des mots-clés de la question) et 3 recherches insolubles
(aucune réponse n’existait). Les questions difficiles et impossibles visaient à étudier l’impact
de l’émotion pour essayer de sortir d’une impasse.
Résultats et Discussion
Concernant le rôle de la complexité des questions sur les performances, les mêmes patterns
de Résultats que ceux obtenus précédemment ont été observés (Dommes et al., sous presse).
La complexité des questions a un impact sur la réussite et le temps pour trouver
l’information. Les performances diminuent avec la complexité alors que le temps augmente
avec la complexité. Concernant le nombre de reformulations de requêtes infructueuses et de
mots-clés utilisés, on note également un effet de la complexité.
Concernant l’impact de l’émotion, les résultats révèlent un effet sur le type d’échecs (erreurs
vs abandons). Les participants induits positivement ont fait plus d’erreurs, tandis que les
participants induits négativement ont davantage abandonné. Par ailleurs, les Résultats
semblent démontrer un moindre engagement de la part des participants en état émotionnel
positif et négatif comparativement au groupe contrôle pour les questions les plus complexes,
i.e. les questions impossibles : leur temps de recherche sont inférieurs, ils reformulent moins
de façon générale, de façon complète, ils utilisent moins de mots-clés.
Une émotion négative entrainerait des difficultés à prendre des décisions et un sentiment
d’efficacité personnelle faible conduisant à un temps de recherche court. Cela se traduirait
par une faiblesse des moyens engagés et se conclurait par l’abandon. L’émotion positive
entrainerait au contraire un choix hâtif et erroné, qui pourrait être lié à une plus grande
confiance en ses capacités, et à un traitement superficiel des informations.
Références
Bless, H., Clore, G. L., Schwarz, N., Golisano, V., Rabe, C., & Wölk, M. (1996). Mood and the
use of scripts: Does a happy mood really lead to mindlessness? Journal of Personality
and Social Psychology, 71, 665-679.
Dommes, A., Chevalier, A., & Lia, S. (sous presse). The role of cognitive flexibility and
vocabulary abilities of younger and older users in searching for information on the
Web. Applied Cognitive Psychology.
Kim, K-S. (2008). Effects of emotion control task on Web searching. Information processing
and Management, 44, 373-385.
Kuhlthau, C. (2004) Seeking meaning: a process approach to library and information services.
2nd edition. Westport, CT: Libraries Unlimited.
134 Flavián-Blanco, C., Gurrea-Sarasa, R., & Orús-Sanclemente, C. (2011). Analyzing the
emotional outcomes of the online search behavior with search engines. Computers in
Human Behavior, 27, 540-551.
Schaeffer, A., Nils, F., Sanchez, X., & Philippot, P. (2010). Assessing the effectiveness of a
large database of emotion-eliciting films: A new tool for emotion researchers.
Cognition and Emotion, 24(7), 1153-1172.
135 5) Utiliser le clavier et chercher un objet sur l’écran : étude du lien entre motricités
manuelle et oculaire.
Coutté, Alexandre (Lpcs), Olivier, Gérard (Lpcs), Baccino, Thierry (Lutin), Faure, Sylvane (Lpcs) Résumé
Cette étude traite des interactions entre motricités manuelle et oculaire. Pendant une
recherche visuelle, les participants préparent une séquence de deux atteintes manuelles sur
le pavé numérique. Ils doivent l’exécuter dès qu’ils trouvent la cible. L’espace de réponse
(sur un plan horizontal) est distinct de l’espace de recherche visuelle (sur l’écran vertical).
Les Résultats montrent que la préparation d’une séquence d’atteintes manuelles induit une
première saccade oculaire le plus souvent dans une direction compatible avec celle du
premier geste de la séquence préparée, et dans une moindre mesure, une première saccade
compatible avec la résultante de la séquence totale. Ceci suggère que connaitre les
caractéristiques d’une séquence manuelle préparée permet en partie de prédire les
mouvements oculaires concomitants à cette préparation. Ces données sont interprétées dans
le cadre de la théorie prémotrice de l’attention.
Introduction
Selon Baldauf, Wolf et Deubel (2006), la préparation d’une séquence d’atteintes manuelles
vers différentes localisations successives induit de meilleures performances de
discrimination visuelle au niveau de chaque localisation visée : cet effet est observé en amont
de l’exécution de la séquence.
Cette influence d’une préparation manuelle sur des performances visuelles ne se limite pas
aux cas où les cibles visuelles sont spatialement superposées avec la destination du geste.
Ainsi, Coutté, Faure et Olivier (2011) ont montré que lors d’une recherche visuelle, la
préparation d’une atteinte manuelle dans une direction induit un déplacement attentionnel
dans une direction compatible, même si les espaces de réponse manuelle et de recherche
visuelle ne se recouvrent pas.
Cette expérience vise à déterminer si les Résultats de Coutté et al. (2011) sont généralisables à
des cas où une séquence de deux atteintes manuelles est préparée.
Méthode
Quarante-deux participants naïfs ont participé à l’expérience. Le dispositif de réponse est le
pavé numérique du clavier. Autour de la touche centrale de départ (le 5) se trouvent les
touches distale (le 8), gauche (le 4), droite (le 6) et proximale (le 2).
Sur l’écran face au participant sont présentées des photographies comportant 4 objets autour
d’un point de fixation central : un en position distale par rapport à ce point, un en position
proximale, un à gauche et un à droite. Une croix a été tracée sur chaque objet : si elle passe
par ses angles, alors cet objet est une cible. Sinon, c’est un distracteur (cible et distracteurs
sont très similaires). Dans 20% des photographies, il n’y a pas de cible. Dans les 80% restant,
la localisation de la cible est équiprobable.
Notre objectif est d’amener les participants à réaliser une recherche visuelle pendant qu’ils
préparent une séquence d’atteintes. Au début de chaque essai, une consigne demande au
participant de déterminer le plus vite possible s’il y a une cible sur la photographie
présentée. Si c’est le cas, il doit répondre en appuyant sur la séquence de boutons précisée en
début d’essai (atteinte distale puis gauche, gauche puis distale, distale puis droite, droite
puis distale, gauche puis proximale ou droite puis proximale suivant les essais). S’il ne
trouve pas de cible, alors il doit juste relâcher la touche de départ. L’ordre des essais est
aléatoire et la séquence préparée n’est pas prédictive de la position de la cible.
136 A chaque essai, l’ordinateur enregistre la première fixation oculaire après l’affichage de la
photographie.
Résultats
Nous avons relevé les 1ères fixations localisées sur un des 4 objets (80,5% des données). Nous
avons exclu des analyses les 1ères fixations sur l’objet proximal car trop peu nombreuses
(2,2% des données). Trois ANOVA nous ont permis d’étudier l’influence du facteur séquence
manuelle préparée sur l’occurrence des 1ères fixations sur les objets distal (20,9% des
données), gauche (29,2% des données) et droit (28% des données).
Globalement, les Résultats montrent que la séquence manuelle préparée influence le nombre
de 1ères fixations sur (a) l’objet distal, F(5, 205) = 6.22, p < .01, (b) l’objet gauche, F(5, 205) =
11.68, p < .001, (c) l’objet droit, F(5, 205) = 7.06, p < .001.
Plus spécifiquement, les comparaisons post-hoc (LSD de Fischer) montrent que la
préparation d’une séquence manuelle induit dans la plupart des cas une 1ère saccade
compatible avec la direction du premier geste de la séquence préparée: l’occurrence des 1ères
saccades vers l’objet distal, gauche ou droit est maximale lorsqu’est simultanément préparée
une séquence dont la première atteinte va vers respectivement les boutons distal, gauche ou
droit.
Dans une moindre mesure, la seconde atteinte manuelle de la séquence préparée influence
également la 1ère fixation: une 1ère fixation distale est significativement plus fréquente si
une séquence manuelle vers les boutons droit puis distal est préparée par rapport à s’il s’agit
d’une séquence manuelle vers les boutons droit puis proximal.
L’influence du premier geste semble néanmoins prépondérante dans ce contexte
expérimental : (a) une 1ère fixation droite est significativement plus fréquente si le
participant prépare une séquence manuelle vers les boutons droit puis distal que s’il prépare
une séquence vers les boutons distal puis droit ; (b) une 1ère fixation gauche est
significativement plus fréquente si une séquence manuelle vers les boutons gauche puis
distal est préparée par rapport à s’il s’agit d’une séquence vers les boutons distal puis gauche
; (c) une 1ère fixation distale est significativement plus fréquente si un participant prépare
une séquence manuelle vers les boutons distal puis gauche que s’il prépare une séquence
vers les boutons gauche puis distal.
Discussion
Ces résultats suggèrent que connaitre les caractéristiques d’une séquence manuelle préparée
permet en partie de prédire les mouvements oculaires concomitants : cette préparation tend
à induire une première saccade le plus souvent compatible avec le premier geste de la
séquence, et dans une moindre mesure, une première saccade compatible avec la résultante
de la séquence totale.
Ce résultat est d’autant plus remarquable que d’une part, il n’y a pas superposition spatiale
entre les destinations des mouvements oculaires et manuels, et que d’autre part, les
mouvements oculaires ont lieu avant l’exécution de la réponse manuelle. En cela, ces
données s’articulent parfaitement à la théorie prémotrice de l’attention (Rizzolatti et
Craighero, 1998) selon laquelle les mécanismes de l’attention sont sous-tendus par ceux de
l’action. En effet, nos Résultats suggèrent que la préparation d’une séquence manuelle
s’accompagne d’une anticipation oculaire compatible avec la séquence préparée : dans cette
perspective, les effets observés sont plus la conséquence d’une compatibilité entre deux
gestes manuel et oculaire que d’une compatibilité entre deux localisations.
Références
Baldauf, D., Wolf, M., & Deubel, H. (2006). Deployment of visual attention before sequences
of goal-directed hand movements. Vision Research, 46, 4355-4374.
137 Coutté, A., Faure, S., & Olivier, G. (sous presse). Influence de la Préparation d’une Atteinte
Manuelle sur l’Orientation Initiale de l’Attention lors d’une Tâche de Recherche
Visuelle. Psychologie Française.
Rizzolatti, G., & Craighero, L. (1998). De l’attention spatiale à l’attention vers des objets : une
extension de la théorie prémotrice de l’attention. Revue de Neuropsychologie, 8, 155174.
138 II)
Psychologie sociale
Titres des communications et Intervenants
Ne pas vouloir être parent. essentialisation et infra-humanisation.
Dominique, Annabelle (Université de Bordeaux), Lecigne, André (Université de Bordeaux).
Santé mentale et fluctuation des ressources des étudiants de première année
Dodeler*, Virginie, Lanfranchi**, Jean-Baptiste, Houbre**, Barbara, Assilamehou*, Yvette, Brunot*,
Sophie, Greffeuille*, Cathy ,Lemoine, Fabien (*Université de Rennes 2, **Université Paul Verlaine de
Metz).
Impact du sentiment d'inclusion/exclusion des femmes dans un milieu masculin sur les
performances: approche expérimentale
Cursan, Anthony, Pascual, Alexandre &Felonneau, Marie-Line (UniversitéVictor Segalen Bordeaux
II).
Étude de la contribution des traits de personnalité sur la planification de la retraite
professionnelle.
Demulier, Virginie (Université Paris Sud XI), Stephan, Yannick (UniversitéJoseph-Fourier Grenoble
1), Le Scanff, Christine (Université Paris Sud XI).
Un exemple de psychologisation : l’attribution de l’échec à des traits de personnalité liés à
l’effort.
Pujos, Stéphane (Université Bordeaux).
139 1) Ne pas vouloir être parent. Essentialisation et infra-humanisation.
Dominique, Annabelle (Université de Bordeaux), Lecigne, André (Université de Bordeaux). Résumé
La présente recherche établit des liens entre divers processus de disqualification sociale
appliqués à la déviance. Nous mesurons la perception de la déviance, l’adhésion au
stéréotype sur 2 facteurs ambivalents : personnalité et intentions, l’essentialisation et l’infrahumanisation des personnes ne voulant pas d’enfant, selon le genre du répondant et celui du
déviant (N = 322). Nos résultats montrent que la parentalité est considérée comme une
norme et qu’en dévier conduit à être, en un certain sens, pathologisé et essentialisé.
L’essentialisme fonde le stéréotype tout en le justifiant causalement. En revanche, l’infrahumanisation n’est pas applicable à cette déviance. En effet, les déviants ne seraient pas
considérés comme étant moins humains que les personnes souhaitant avoir des enfants, mais
seulement jugés moins favorablement que celles-ci. Essentialisation et infra-humanisation
semblent ici être deux processus indépendants.
Mots clés : essentialisation, infra-humanisation, stéréotypes, déviance, norme, parentalité
Introduction
Pourquoi ne peut-on déclarer ne pas vouloir d’enfant sans tout de suite devenir le centre de
l’attention ? En effet, depuis les lois sur la contraception et l’avortement, faire le choix de ne
pas avoir d’enfant devient possible. Mais, avec l’élargissement du congé parental aux
hommes en 2002 ou encore la décision de la Halde en 2009, considérant comme
discriminatoire envers les pères le système de calcul des retraites, la parentalité se voit
socialement et juridiquement renforcée. De telles dispositions pourraient participer à la
perception des femmes et des hommes ne voulant pas d’enfant comme déviantes. Les
travaux présentés ont été réalisés à partir de cette constatation de terrain a priori anodine et
visent à mieux comprendre la disqualification sociale envers les personnes volontairement
sans enfant.
Si la catégorisation sociale conduit à un ethnocentrisme spontané, elle permet également un
double processus : l’essentialisation. Les différents groupes sociaux sont perçus comme
biologiquement fixés. En outre, ils sont vus comme des entités cohérentes, unifiées et
significatives, grâce à l’attribution d’une essence spécifique et sous-jacente. Ainsi,
l’endogroupe est implicitement vu comme détenteur d’une essence supérieure et
prototypique de l’humanité : s’il est plus humain, les autres groupes le sont donc moins,
même s’ils sont différents des animaux et officiellement considérés comme nos égaux. Infrahumaniser consiste à dénier aux membres de l’exogroupe au moins une des caractéristiques
pensées comme typiques de l’humanité (e.g. langage, intelligence, moralité, sociabilité,
sentiments). De tels processus de disqualification sociale ont été investigués jusqu’à présent
dans le cadre des relations intergroupes. Notre intérêt a donc été, au-delà de l’aspect
descriptif, de tenter de généraliser leur étude au champ de la déviance.
Méthode
Nous avons construit 4 questionnaires d’hétéro-attributions, validés sur notre échantillon (N
= 322). Pour chacun des items proposés, les participants devaient exprimer leur degré
d’accord sur une échelle de Likert en 6 points. Nous mesurons ainsi la déviance perçue et
l’adhésion au stéréotype (items construits à partir d’une pré-enquête), l’essentialisation
(items construits à partir de l’échelle d’essentialisation de Haslam, Rotschild et Ernst, 2000) et
l’infra-humanisation (par 12 émotions extraites des données normatives de l’article de
Demoulin, Leyens, et al., 2004) des personnes ne voulant pas d’enfant, en fonction du genre
du déviant et du genre du répondant (2×2). Notre étude a ainsi pour objectif de mieux
140 comprendre ces processus de disqualification sociale, creuser les liens, similarités et
différences qu’ils entretiennent et ce sur quoi ils s’appuient.
Résultats et Discussion
Nos résultats montrent que la parentalité est considérée comme une norme, contraignant
implicitement, autant les femmes que les hommes, à déclarer vouloir avoir des enfants.
Déroger à ce désir, vu comme naturel, est donc socialement dangereux. En effet, les déviants
risquent rejet et exclusion par le biais d’attributions internes les disqualifiant. Ne pas vouloir
d’enfant serait donc indicateur d’une mal adaptation, voire d’un soupçon de pathologie. De
plus, cette déviance est sanctionnée par un stéréotype s’articulant autour de 2 facteurs
ambivalents : personnalité et intentions. Si le premier dédouane en quelque sorte le déviant,
puisque supposant des différences personnologiques et affectives, le second est nettement
plus accusateur : il le désigne comme responsable de sa déviance, ce qui permet, a posteriori,
d’expliquer la sanction sociale.
En outre, cette déviance est perçue comme biologiquement fixée et ces déviants se voient
également inférer une essence sous-jacente commune et spécifique. Ainsi, l’essentialisme
fonde le stéréotype en établissant un lien entre les membres d’un même groupe et une nature
profonde, tout en le justifiant causalement. Remettre en cause la naturalité de la parentalité
paraît être le gage d’une essence humaine différente. Enfin, il existe un certain favoritisme
envers les personnes conformes à la norme de parentalité, et non pas, comme attendu, une
infra-humanisation des personnes ne voulant pas avoir d’enfant. Et si dévier à la norme de
parentalité faisait justement appel, dans le sens commun, à des caractéristiques typiquement
humaines, à une volonté de se différencier des animaux et de leur instinct de reproduction ?
Ainsi, dans le cas particulier étudié ici, l’essentialisation et l’infra-humanisation apparaissent
être deux processus de disqualification sociale indépendants. Pourrait-on essentialiser une
personne sans lui dénier une part d’humanité et l’infra-humaniser sans pour autant
l’essentialiser ?
Références :
Bastian, B. & Haslam, N. (2006). Psychological essentialism and stereotype endorsement.
Journal of Experimental Social Psychology, 42, 228-235.
Demoulin, S., Leyens, J.P. & Yzerbyt, V. (2006). Lay theories of essentialism. Group Processes
& Intergroup Relations, 9(1), 25-45.
Demoulin, S., Leyens, J.P., Paladino, M.P., Rodriguez-Torres, R., Rodriguez-Perez, A. &
Dovidio, J.F. (2004). Dimensions of « uniquely » and « non-uniquely » human
emotions. Cognition and Emotion, 18(1), 71-96.
Haslam, N., Rotschild, L. & Ernst, D. (2000). Essentialist beliefs about social categories. The
British Journal of Social Psychology, 39, 113-127.
Leyens, J.P., Paladino, P.M., Rodriguez-Torres, R., Vaes, J., Demoulin, S., Rodriguez-Perez, A.
& Gaunt, R. (2000). The emotional side of prejudice : The attribution of secondary
emotions to ingroups and outgroups. Personality and Social Psychology Review, 4(2),
186-197.
Leyens, J.P., Rodriguez-Perez, A., Rodriguez-Torres, R., Gaunt, R., Paladino, M.P., Vaes, J. &
Demoulin, S. (2001). Psychological essentialism and the differential attribution of
uniquely human emotions to ingroups and outgroups. European Journal of Social
Psychology, 31, 395-411.
141 2) Santé mentale et fluctuation des ressources des étudiants de première année
Dodeler*, Virginie, Lanfranchi**, Jean­Baptiste, Houbre**, Barbara, Assilamehou*, Yvette, Brunot*, Sophie, Greffeuille*, Cathy, Lemoine, Fabien (*Université de Rennes 2, **Université Paul Verlaine de Metz). Introduction
Différentes études et enquêtes réalisées en France sur la santé des étudiants de première
année ont pu mettre en évidence que les étudiants présentent plus de troubles
psychologiques que les jeunes non-étudiants du même âge, ce qui semble suggérer la
possible existence d’un mal-être spécifique aux étudiants (Boujut, 2007). La plupart de ces
études cherchent des facteurs explicatifs en termes de caractéristiques sociodémographiques
ou économiques, de caractéristiques de personnalité, de soutien social ou encore
d’adaptation à la vie universitaire.
Cependant, l’entrée à l’université représente une étape de la vie qui entraîne de nombreux
changements dans le quotidien. Il s’agit de quitter l’univers très cadré du lycée pour passer à
un mode de fonctionnement plus autonome. Mais pour certains il s’agit également de quitter
leur région et/ou leur cocon familial, ce qui implique un bouleversement dans les habitudes
de vie.
Nous avons donc cherché à étudier l’impact de tous ces changements sur la santé mentale
des étudiants en nous référant au modèle de conservation des ressources. L’idée de base de
ce modèle est que chaque individu est motivé pour obtenir, garder et protéger les ressources
qu’ils estiment, et que tout événement ayant des conséquences sur leur perte perçue ou réelle
produira un état de stress psychologique (Hobfoll, 1989, 2001). Les ressources sont définies
comme toute chose que les gens estiment, et englobent les possessions, les statuts, les
caractéristiques personnelles et les énergies. Hobfoll (2001) précise également qu’il existerait
une primauté des pertes, c’est à dire qu’à proportions égales, les pertes ont un impact plus
négatif que les gains n’ont un impact positif. Dans ce modèle, ce n’est donc pas la quantité de
ressources disponibles qui a un impact sur le stress et la santé, mais la fluctuation de ces
ressources en termes de perte, de menace de perte ou de gain.
L’objectif de notre recherche était de déterminer l’impact de la fluctuation des ressources des
étudiants sur leur santé mentale (anxiété et dépression).
Méthode
Participants
Notre étude a porté sur 333 étudiants non redoublants (87,1% de femmes et 12,9%
d’hommes) inscrits en L1 de Psychologie à l’Université de Rennes 2 (n=247) ou à l’Université
Paul Verlaine de Metz (n=86), âgés de 17 à 31 ans (m=19), majoritairement célibataires
(86,5%), sans enfant (99,7%) et sans activité professionnelle (84,4%).
Matériel
Les symptômes anxieux ont été évalués au moyen de l’échelle standardisée STAI-Y
(Spielberger, 1983). Les symptômes dépressifs ont été appréhendés par l’échelle CES-D
(Radloff, 1977). La fluctuation des ressources a été mesurée au moyen de l’échelle
d’évaluation de conservation des ressources (COR-E) mise au point par Hobfoll. Pour chaque
ressource proposée, le sujet doit indiquer s’il a perçu un changement dans la disponibilité de
cette ressource depuis la rentrée universitaire. Il peut donc répondre « pas de changement »,
« perte », « menace » ou « gain » pour chacune des ressources.
Procédure
Tous les sujets ont répondu à cette enquête à la fin du premier semestre, soit 3 mois après le
début de l’année universitaire.
Résultats
142 Dans un premier temps, nous avons pu constater que les étudiants obtiennent des scores
relativement élevés aux échelles d’anxiété (m=41,64) et de dépression (m=19,67). Ainsi, plus
de la moitié des étudiants obtient des scores d’anxiété élevés (29,1%) ou très élevés (24,3%).
Concernant les ressources, nos Résultats mettent en évidence un changement des ressources
disponibles depuis le début de l’année universitaire.
La principale ressource que nos sujets déclarent avoir perdue est le temps de sommeil (43,5%
indiquent avoir perdu du temps de sommeil). Viennent ensuite des ressources relatives au
temps libre, aux aspects financiers (disposer d’argent pour des extras, avoir des économies
pour les imprévus, disposer de suffisamment d’argent, …) ainsi que des ressources
psychologiques (sentiment de réussite, être fier de moi, …).
La principale ressource que les étudiants perçoivent comme menacée est le sentiment de
réussite (27%). Viennent ensuite des ressources psychologiques et des ressources relatives
aux aspects financiers.
Enfin, la principale ressource que les étudiants estiment avoir gagnée est le sentiment d’être
indépendant (65,5%). Viennent ensuite les ressources relatives au temps disponible (temps
libre, temps pour travailler), aux relations sociales, ainsi que des ressources psychologiques.
Dans un second temps, nous avons cherché à saisir de manière globale l’impact des pertes,
menaces de perte et gains de ressources sur le mal-être des étudiants. Nous avons ainsi
choisi de recourir à l’approche PLS (Tennenhaus & al., 2005). En effet, cette méthode,
appartenant à la famille des modèles d’équations structurales, permet d’analyser et de
modéliser les liens linéaires d’un système de variables latentes. Notre modèle est constitué de
quatre variables latentes :
- trois variables Latentes formatives exogènes relatives aux Pertes, aux Menaces et aux Gains
de Ressource ;
- une variable latente réflective endogène de mal-être, composante principale des deux
variables manifestes de dépression et d'anxiété état.
Les résultats obtenus montrent que les pertes de ressources (bêta = .51 ; p<.001) et les
menaces de pertes (bêta = .27 ; p<.001) aggravent les troubles anxio-dépressifs. A l’inverse,
les gains de ressources (bêta = -.19, p<.001) les inhibent, mais dans une moindre mesure.
55,8% (R² ; p<.001) de la variance de la variable latente de mal-être chez les étudiants est
expliquée par les trois variables latentes de perte, menace et gain de ressources.
L’analyse des lots de ressources en jeu dans ces trois variables latentes montre une nette
prépondérance des ressources psychologiques relatives à l’acquisition ou à la perte du
sentiment que sa vie a un sens, de l’optimisme, de compétences impliquées dans la
régulation des buts personnels (ténacité de réalisation, contrôle des moyens d'atteinte,
planification et espoir d'accomplissement), de l’estime de soi et de l’attention portée par
autrui. Les pertes de ressources en termes de temps de sommeil et de santé personnelle
semblent aussi avoir leur importance. Aucune ressource relative aux biens matériels, ni à
l’argent, n’apparaisse dans cette analyse.
Discussion
Au regard du modèle d’Hobfoll (2001), les pertes sont bien prédominantes sur les gains.
Néanmoins, la constitution d’un capital psychologique positif (Luthans & Youssef, 2004)
peut permettre de freiner ou d’éviter une spirale de pertes trop importantes. La mise en place
de TD de préparation au projet professionnel des étudiants, à l’acquisition de méthodes de
travail, mais aussi les contacts fréquents avec des moniteurs étudiants sont susceptibles
d’être des gains de ressources en termes psychologiques. Reste néanmoins que la prise en
charge des troubles anxio-dépressifs chez les étudiants doit aussi être mieux envisagée par la
médecine préventive et les bureaux d’aide psychologique.
Références
143 Hobfoll, S.E. (1989). Conservation of resources : A new attempt at conceptualizing stress.
American Psychologist, 44(3), 513-524.
Hobfoll, S.E. (2001). The influence of culture, community, and the nested-self in the stress
process : Advancing Conservation of Resources theory. Journal of Applied
Psychology, 50, 337-396.
Luthans, F. et Youssef, C. M. (2004). Human, social, and now positive psychological capital
management : Investing in people for competitive advantage. Organizational
Dynamics, 33(2), 143-160.
Tennenhaus, M., Vinzi, V. E., Chatelin, Y.-M. & Lauro, C. (2005). PLS path modelling.
Computational Statistics & Data Analysis, 48, 159-205.
144 3) Impact du sentiment d'inclusion/exclusion des femmes dans un milieu masculin
sur les performances: approche expérimentale
Cursan, Anthony, Pascual, Alexandre &Felonneau, Marie­Line (UniversitéVictor Segalen Bordeaux II). Introduction
Par cette recherche, nous nous intéressons à la situation des femmes intégrant des milieux
typiquement masculins en prenant en compte l'impact du comportement des hommes à leur
égard sur leur performance. Basow (1998) a montré qu'une femme insérée dans un milieu
professionel typiquement masculin est relativement peu reconnue de ses collègues. Nous
nous centrerons principalement sur les comportements d'inclusion et d'exclusion au sein du
groupe. Une femme bien intégrée par les hommes dans un milieu masculin réussit elle mieux
qu'une femme exclue par eux? Gordon et Durea (1941) ont pu montrer, lors de la passation
de tests psychotechniques, que lorsque l'expérimentateur était chaleureux et aimable avec le
sujet, les résultats étaient significativement supérieurs que lorsque l'expérimentateur était
froid. De même, Baumeister, Twenge & Nuss (2002) ont montré que le fait pour un sujet de
se sentir exclu altérait ses performances en comparaison à lorsqu'il se sentait inclus. Nous
avons opérationnalisé le concept d'inclusion/exclusion des femmes par les hommes de
manière expérimentale.
Méthode
Dans notre protocole, un sujet naïf (toujours une femme) est inséré dans un groupe de trois
compères (trois hommes où trois femmes). Une discussion sur la sécurité routière (d'une
durée de quatre minutes) est alors lancée en raison de la stéréotypie plutôt masculine de ce
thème (Félonneau & Cassagnol, 2006). Dans une condition, les compères ont pour mission
d'inclure au maximum le sujet dans la discussion en le regardant et en intéragissant avec lui.
Dans une autre condition, ils ont pour mission d'exclure le sujet en l'ignorant totalement,
même lorsque celui-ci prend la parole. A la suite de cette discussion de groupe,
l'expérimentateur fait passer au sujet un test de code de la route afin d'évaluer les
performances.
Résultats et discussion
Contre toute attente, les résultats montrent une diminution de performance pour les sujets
inclus dans d'exo-groupe (Femme inclue par Hommes). Nous avons interprété ces résultats
en termes de menace de l'identité. La femme inclue par des hommes percevrait son inclusion
comme une invitation à être assimilée au groupe des hommes. Dans la mesure où une femme
experte dans un domaine typiquement masculin est généralement mal évaluée (Eagly,
Makhijani, & Klonsky, 1992), nous pouvons penser que le fait de réussir moins bien que les
hommes sur une tâche masculine pourrait permettre à la femme de sauvegarder son identité
féminine.
145 4) Étude de la contribution des traits de personnalité sur la planification de la retraite
professionnelle.
Demulier, Virginie (UniversitéParisSud XI), Stephan, Yannick (UniversitéJoseph­Fourier Grenoble 1), Le Scanff, Christine (UniversitéParisSud XI). Résumé
Cette étude vise à tester la contribution des traits de personnalité sur l’âge planifié de départ
à la retraite professionnelle au delà des variables du modèle de Beehr (1986). 300 individus
exerçant une activité professionnelle ont participé à cette étude. Les analyses en régression
multiple révèlent que l’Ouverture aux expériences contribue à la planification du moment du
départ à la retraite au-delà des variables du modèle. De plus, cette étude envisage une
analyse des facettes de personnalité afin d’avoir une meilleure compréhension des
mécanismes de planification du retrait. Les analyses en régression multiple montrent que la
facette Idées de la dimension Ouverture aux expériences influence l’âge planifié de départ à
la retraite au-delà des variables du modèle. Cette étude met en évidence les mécanismes
sous-jacents à la planification du départ à la retraite, et insiste sur le rôle joué par certains
traits de personnalité dans ce processus.
Introduction
Selon le modèle de Beehr (1986), la planification du moment du départ à la retraite repose
sur l’influence de facteurs personnels, psychologiques et environnementaux. De nombreuses
études ont appliqué ce modèle dans le contexte de la transition à la retraite (e.g., Taylor &
Shore, 1995) et ont ainsi envisagé différentes variables personnelles pouvant contribuer à la
planification du retrait. Cependant, le modèle initial, tout comme les études appliquant ce
modèle n’ont pas pris en compte le pouvoir explicatif des traits de personnalité. Or, les traits
de personnalité jouent un rôle prépondérant dans la détermination des choix d’actions de
l’individu et de ses comportements (Hogan, De Fruyt, & Rolland, 2006). Il est donc possible
que les traits de personnalité puissent orienter les choix et influencer la planification de la
transition. De récentes recherches (e.g., Stephan, 2009) ont démontré que l’analyse au niveau
des facettes de personnalité pouvait améliorer la compréhension des relations entre les traits
de personnalité et d’autres variables. Ainsi, étant donné le potentiel explicatif d’une analyse
par facette, la présente étude propose d’examiner la contribution relative des traits de
personnalité et de leurs facettes sur la planification de l’âge de départ à la retraite parmi des
personnes exerçant une activité professionnelle.
Méthode
Participants. L’échantillon était composé de 300 individus exerçant une activité
professionnelle, 168 femmes et 132 hommes (Mage = 49. 89 ; ET = 6.68).
Santé subjective. L’item utilisé dans l’étude de Taylor et Shore (1995) a été adapté et utilisé.
Les participants devaient évaluer leur état de santé actuel à l’aide d’une échelle ancrée entre
1 (« très mauvais ») et 6 (« très bon »).
Age planifié du retrait. L’échelle utilisée est issue de Taylor et Shore (1995). Les sujets étaient
invités à indiquer l’âge auquel ils souhaiteraient prendre leur retraite (entre 1 « avant 60 ans
» et 5 « après 70 ans »).
Traits de personnalité. La version française du Big Five Inventory (Plaisant, Courtois,
Réveillère, Mendelson, & John, 2010) a été utilisée. Les alpha de Cronbach pour les échelles
de Névrosisme, Extraversion, Ouverture aux expériences, Agréabilité, Caractère
Conscienceux sont respectivement de .81, .79, .83, .77, .77. Les alphas de Cronbach des
facettes assertivité, activité, altruisme, compliance, ordre, autodiscipline, anxiété, dépression,
ouverture à l’esthétique, ouverture aux idées sont respectivement de .75, .62, .59, .57, .54, .61,
.77, .40, .71, .73.
146 Anxiété face à la retraite. Une version française de la Retirement Anxiety Scale (Hayslip,
Beverlein, & Nichols, 1997) a été utilisée. Les participants devaient répondre à 14 items (a =
.83) sur une échelle de type Likert (entre 1 « pas du tout d’accord » et 5 « tout à fait d’accord
»).
Satisfaction au travail. Les participants devaient indiquer leurs sentiments à l’égard de leur
activité professionnelle (entre 1 « pas du tout d’accord » et 7 « tout à fait d’accord »). L’alpha
de Cronbach est de .89.
Support organisationnel perçu. Les participants devaient indiquer leur opinion à l’égard de
l’entreprise/administration dans laquelle ils travaillaient. (entre 1 « fortement en désaccord »
et 7 « fortement en accord »). L’alpha de Cronbach est de .89.
Résultats
L’âge planifié de départ à la retraite est la variable dépendante. Une première analyse de
régression multiple révèle une contribution significative de l’Ouverture aux expériences (β =
.18, p < .01) sur la planification du moment de la retraite au-delà de l’âge (β = .25, p < .01), du
sexe (β = .14, p < .01), de l’état de santé subjectif (β = .14, p < .05), du nombre d’années
passées à travailler (β = -.49, p < .01) ainsi que de l’anxiété (β = .19, p < .01). L’équation finale
est significative, F (15, 284) = 6.65 p < .001, R² = .22.
Une seconde analyse en régression multiple révèle que seule la facette « Idées » de la
dimension Ouverture aux expériences (β = .18, p < .01) contribue significativement à la
planification du moment de la retraite au-delà de l’âge (β = .25, p < .01), du sexe (β = .14, p <
.01), de l’état de santé subjectif (β = .14, p < .05), du nombre d’années passées à travailler (β =
-.49, p < .01) ainsi que de l’anxiété (β = .19, p < .01). L’équation finale est significative, F (20,
279) = 5.26 p < .001, R² = .22.
Discussion
Cette étude est la première à identifier la personnalité en tant que facteur explicatif de l’âge
planifié du départ à la retraite et révèle que l’Ouverture aux expériences contribue à un âge
tardif planifié de départ à la retraite. Plus particulièrement, l’Ouverture aux Idées serait une
variable contribuant à l’allongement du délai par rapport au retrait. Ainsi, il semble que les
individus ayant une curiosité intellectuelle élevée reportent le moment de leur arrêt de
carrière professionnel à un âge tardif. Cette étude permet donc par l’identification
d’antécédents de la planification du moment de la retraite, d’élargir les connaissances sur le
processus de retrait du monde professionnel et ouvre des perspectives en termes
d’orientation et d’accompagnement des personnes exerçant une activité professionnelle.
Références
Beehr T.A. (1986). The Process of Retirement: A Review and Recommendations for Future
Investigation. Personnel Psychology, 39, 31- 54.
Hayslip, B. Jr., Beyerlein, M., & Nichols, J. A. (1997). Assessing anxiety about retirement: The
case of academicians. International Journal of Aging and Human Development, 44,
15–36.
Hogan, R. T., De Fruyt, F., & Rolland, J. P. (2006). Validité et intérêt des méthodes
d'évaluation de la personnalité à des fins de sélection: une perspective de psychologie
appliquée aux problématiques des entreprises. Psychologie Française, 51, 245-264.
Plaisant, O., Courtois, R., Réveillère, C., Mendelson, G. A., & John, O. P. (2010, In Press).
Analyse Factorielle du Big Five Inventory français (BFI-Fr). Analyse Convergente
avec le NEO-PI-R. Annales médico-psychologiques, 168(2), 97-106.
Stephan, Y. (2009). Openness to experience and active older adults' life satisfaction: A trait
and facet-level analysis. Personality and Individual Differences, 47, 637-641
147 Taylor, M., & Shore L.Mc F. (1995). Predictors of planned retirement age: an application of
Beehr’s model. Psychology and aging.
148 5) Un exemple de psychologisation : l’attribution de l’échec à des traits de
personnalité liés à l’effort.
Pujos, Stéphane (UniversitéBordeaux). Résumé
Suite aux critiques de Delmas (2009) quant à la mesure de la norme d’internalité et soucieux
d’opérationnaliser le concept de psychologisation de Beauvois (2006), nous avons demandé à
262 professeurs de lycée et collège de discriminer sous forme d’items, les raisons de la
performance d’un élève fictif selon que ces raisons seraient utiles d’être évaluées ou non en
cas d’échec ou de réussite de cet élève. L’évaluation de l’utilité des items par les professeurs
nous renseigne sur l’importance attribuée aux causes internes ou externes dans un contexte
de performance scolaire. Notre résultat principal est que le score d’utilité d’évaluer certaines
causes internes est corrélé avec le score d’échec perçu de l’élève qui échoue lourdement.
Dans une seconde étude menée sur 232 sujets tout-venants nous avons cherché à discriminer
dans l’absolu des items/traits internes de la première étude selon la taxonomie de Weiner
(2010) afin d’aboutir à une catégorisation plus fine pouvant éclairer la première recherche.
Nous obtenons une série d’items classables selon les trois dimensions de Weiner (2010)
mettant en relief un facteur lié à l’effort (interne, instable et contrôlable) dans les explications
causales jugées utiles d’être évaluer par les sujets de l’étude.
Introduction
La psychologisation est définie par Beauvois (2006) comme un phénomène de condensation
de la valeur sociale en traits de personnalité. Plus concrètement certains traits de
personnalité reliés à des normes sociales sont socialement valorisés au sens où l’individu leur
attache une valeur, Cambon, L., Djouari, A., & Beauvois, J.-L. (2006) parlent à ce sujet de
valeur marchande. Delmas (2010) propose une application de la théorie de l’attribution
causale de Weiner (2010) à la mesure de la norme d’internalité et suivant ses indications nous
appliquerons également cette théorie à la lecture du concept de valeur sociale d’où est tiré le
concept de psychologisation. Précisément nous essaierons de a) rendre compte des causes
potentielles - internes ou externes - d’échec ou de réussite que les sujets jugent les plus utiles
d’évaluer quant à la performance d’une cible. Et b) de discriminer selon la taxonomie de
Weiner (2010) les attributs des traits de personnalités que les sujets ont reliés à la
performance de la cible.
Méthode
Etude 1 : nous avons présenté le cas fictif d’une élève à 262 professeurs de collège et lycée. Ce
cas fictif présentait l’élève de manière neutre et donnait sa moyenne générale (MG). Nous
avons fait varier la MG selon 5 modalités : 4 de MG, 7, 10.5, 13.75 et 17.50. La consigne des
questionnaires qui suivaient la présentation demandait aux sujets sur une échelle de 0 à 100
d’évaluer l’échec/réussite éventuel de l’élève à passer en classe supérieure. Les sujets
devaient ensuite estimer l’utilité d’évaluer différents items comme le travail de l’élève, son
mal être, sa motivation, ses facilités de compréhensions etc. Enfin les sujets devaient
discriminer dans un deuxième questionnaire si selon eux ces mêmes items étaient stables
dans le temps et dans l’absolu. Nous avons ensuite procédé à des corrélations entre les
différents scores à l’intérieur des groupes et comparaisons de moyenne entre les 5 groupes.
Etude 2 : nous avons demandé à 232 sujets tout-venants de discriminer des items - dont ceux
qui nous avaient donné des Résultats dans l’étude 1 - selon 4 critères : in/stabilité,
internalité/externalité, in/contrôlabilité et auto/hétéro contrôlabilité. Nous avons procédé à
4 analyses factorielles.
149 Résultats
Etude 1 : les résultats montrent que le score d’échec est corrélé avec les items mesurant
l’utilité d’évaluer la motivation, les facilités de compréhension, la persévérance et le travail
de l’élève mais aussi avec les items du poids culturel familial concernant l’élève et le climat
de la classe. Ces corrélations sont significatives pour une seule modalité, la plus basse MG :
4. Voici comment se répartissent les 5 items corrélés au score d’échec - pour la MG à 4 - dont
la persévérance, les facilités de compréhension, la motivation qui sont indubitablement des
items internes, 1 item « intégration dans la classe » sujet à interprétation et 1 item externe le «
climat de la classe ».
Nous avons également procédé à des comparaisons de moyennes entre les scores des items
selon les différentes modalités (MG de l’élève fictive) et pour ne donner que les Résultats
principaux les scores moyens du groupe à 17,5 de MG sont significativement plus bas que les
scores moyens de tous les autres groupes pour les items d’évaluation de la persévérance, du
travail, des facilités de compréhension et de la motivation de l’élève. Les sujets trouvent
significativement moins utile d’évaluer ces items chez l’élève dans le groupe à la MG la plus
élevée que les sujets des autres groupes aux MG plus basses. Enfin (deuxième questionnaire)
les facilités de compréhension, l’émotivité et la persévérance sont jugées significativement
plus stables dans l’absolu pour les groupes aux MG de 4, 7 et 10.5 par rapport aux scores des
sujets du groupe à 17,50 de MG.
Etude 2 : Les analyses factorielles font ressortir 2 facteurs. L’un qui à trait à tout ce qui
concerne l’effort caractérisé majoritairement par la dimension de contrôlabilité comme «
motivé » et l’autre facteur lié à la psychopathologie caractérisé par l’hétéro-contrôlabilité la
non contrôlabilité et l’instabilité comme « émotif ».
Discussion
Les résultats de l’étude 1 ne permettent pas de direque les sujets trouvent plus utile
d’évaluer des causes internes à l’élève "normal" que des causes externes. En echo l'élève qui
réussit le plus est lui davantage exempté d'évaluations quant à des raisons internes. Les
élèves hors normes déclenchent semble-t-il les attributions causales.
A l’intérieur de cette catégorie interne et utilisant les résultats de l’étude 2 on peut affirmer
qu’à côté des facilités de compréhension considérées comme stables et incontrôlables
caractéristiques d’ordre biologique on trouve les traits « motivé » et « persévérant » eux
évalués par les sujets de l’étude 2 comme surtout contrôlables ce qui renvoie à la dimension
de l’effort selon Weiner (2010).
Enfin en couplant les résultats des deux études nous pouvons conclure qu’on trouve des
stigmates de la norme d’internalité reliés à l’échec perçu mais seulement dans la condition à
MG la plus basse. On remarque aussi qu’il y a bien une différence sémantique entre les items
internes renvoyant aux interprétations faites selon les travaux sur l’attribution causale de
Weiner (2010).
Références
Beauvois, J.-L. (Producer). (2006) Comportementalisme, Psychanalyse : le débat sur la
normalisation des conduites et sur la santé psychologique. retrieved from
http://liberalisme-democraties-debat-public.com/article.php3?id_article=52
Cambon, L., Djouari, A., & Beauvois, J.-L. (2006). Social Judgment Norms and Social Utility:
When It Is More Valuable to Be Useful Than Desirable. Swiss Journal of Psychology,
65(3), 167–180.
Delmas, F. (2009). La norme d'internalité : critique de la méthode. Revue internationale de
psychologie sociale, 22(1), 39-78.
150 Delmas, F. (2010). Une application de la théorie de l'attribution de Weiner (1985) à la mesure
de la valeur des explications internes (vs externes) par questionnaire. Paper presented
at the 8ème congrès international de psychologie sociale en langue française, Nice.
Weiner, B. (2010). The Development of an Attribution-Based Theory of Motivation: A History
of Ideas. Educational psychologist, 45(1), 28–36.
151 III)
Psychologie du vieillissement
Titres des communications et Intervenants
Déclinaison de la dissociation mémoires épisodique et sémantique au cœur de la
temporalité : apports de l’analyse d’entretien dans la maladie d’Alzheimer
RivasseauJonveaux, Thérèse (Cmrr Lorraine CHUNancy), Batt, Martine (UniversitéNancy 2),
Trognon, Alain (UniversitéNancy 2).
Normalisation de variables psycholinguistiques chez les personnes âgées
Henrard, Sébastien (Université de Mons), Lefebvre, Laurent (Université de Mons).
Surestimation des capacités posturales et vieillissement
Noel, Myriam (CHR Roubaix), Cool*, Gaelle, Dumez*, Kevin &Luyat*, Marion (*Laboratoire de
neurosciences fonctionnelles et pathologies).
Approche chronopsychologique de la mémoire de travail dans le vieillissement normal et
pathologique
Clarisse, René, Le Floc'h, Nadine (Université de Tours), Brachet, Maxime (Groupe de recherches des
centres hospitaliers de Sancerre et de Luynes).
Effets du mode de répétitions et de la structure des liste drm sur les vraies et les fausses
reconnaissances dans le vieillissement normal.
Dubuisson, Jean-Baptiste, Fiori, Nicole, Nicolas, Serge (UniversitéParisDescartes).
152 1) Déclinaison de la dissociation mémoires épisodique et sémantique au cœur de la
temporalité : apports de l’analyse d’entretien dans la maladie d’Alzheimer
Rivasseau Jonveaux, Thérèse (Cmrr Lorraine CHUNancy), Batt, Martine (UniversitéNancy 2), Trognon, Alain (Université Nancy 2). Résumé
Les troubles de la temporalité retentissent dans la vie quotidienne des patients atteints de
maladie d’Alzheimer et de leurs aidants mais restent peu explorés. Développer une
approche qui permette une meilleure compréhension des différentes facettes de la
temporalité chez ces patients s’avère donc important. Aborder le lien entre l’appropriation
de la temporalité et les troubles mnésiques caractéristiques de l’affection nécessite une
approche spécifique. L’analyse de contenu d’entretiens cliniques semi directifs, centrés sur la
vie quotidienne, illustrant la représentation du temps vécu chez le patient, basée sur les
questions/réponses échangées, peut être adaptée à cette étude. Les requêtes d’estimation de
durée de tâches familières de la vie quotidienne objectivent au sein du trouble central de
l’appropriation de la temporalité des patients, une dissociation entre ces processus de nature
épisodique et sémantique. Les stratégies adaptatives, mises en œuvre par les interlocuteurs
au cours des entretiens pour pallier les difficultés du patient dans ces domaines, peuvent être
relevées. Des procédés d’aide aux patients et de tutoring des aidants et des professionnels
peuvent en découler.
Introduction
Si les troubles de l’orientation temporelle sont systématiquement recherchés en pratique
clinique dans le cadre du diagnostic et du suivi des patients atteints de maladie d’Alzheimer,
la notion d’atteinte de la temporalité dépasse largement ce cadre. Aborder la destructuration
de la temporalité au cours de cette pathologie nécessite une approche plus approfondie. Au
cours de la maladie d’Alzheimer, une dissociation entre les atteintes des différentes
composantes de la mémoire est classique : l’apparition de troubles de la mémoire épisodique,
précoce, précède l’altération de la mémoire sémantique. Nous avons montré l’existence
d’une altération spécifique de l’appropriation de la temporalité chez des patients atteints de
maladie d’Alzheimer (Rivasseau Jonveaux, 2010). Elle porte sur les repères chronologiques et
l’estimation de durée. Cette dernière composante de la temporalité est significativement plus
touchée que celle de la chronologie telle que nous les avons explorées. Nous abordons ici le
lien temporalité/mémoire afin de rechercher si une dissociation épisodique/sémantique est
relevée au sein des processus spécifiques de l’appropriation de la temporalité chez des
patients atteints de maladie d’Alzheimer.
Méthode
L’étude a été menée auprès de six patients suivis pour une maladie d’Alzheimer au stade
modéré au CMRR du CHU de Nancy. Les entretiens, enregistrés, portaient sur le récit par le
patient des activités quotidiennes de l'une de ses journées choisie par lui. Chaque activité
citée fait l’objet d’une requête d’estimation de durée. Ces entretiens, conduits comme des
entretiens cliniques piagétiens sont composés de questions façonnées conformément à la
théorie des questions-réponses d’Hintikka (1976). Les entretiens ont été analysés selon une
démarche d’analyse interlocutoire mise au point par le Groupe de Recherche sur les
Communications (Trognon, Batt, 2077, 2010). Le clinicien invitait les patients à décrire une
activité, éventuellement à préciser son script et les interrogeait en demandant des précisions
en termes d’information, au sujet de l’activité. Les questions sont classées selon le thème sur
lequel elles portent : activité, avec recours ou non au script, information, repère spatial,
repère chronologique, estimation de la durée de l’activité. Les réponses sont séparées en
fonction de leur caractère direct - suivant immédiatement la question/sollicité - après
153 plusieurs tours de parole, conclusif (réponse adaptée et vraisemblable)/ non pertinent
(stratégie de fuite, réponse catégorie erronée : ex réponse portant sur un repère spatial alors
que la question portait sur la durée). La mise en jeu soit de la mémoire épisodique soit de la
mémoire sémantique au cours de l’échange a été relevée.
Ex : « Racontez moi ce que vous avez fait hier./ Hier, c’était quoi jeu, jeudi hier ?/ Oui. /Jeudi. J’avais
une journée bien occupée hier, c’était le jour des courses. ». L’interlocuteur place au départ
l’échange sous le sceau de la mémoire épisodique tandis que le patient dévie d’emblée sur
une réponse d’ordre sémantique s’appuyant sur ses connaissances dans ce domaine.
Résultats et discussion
Au sein des processus d’appropriation de la temporalité, l’analyse basée sur la logique
interlocutoire permet de déceler une sémiologie caractéristique de la maladie d’Alzheimer: la
dissociation
des
processus
mnésiques
épisodique/sémantique avec
l’altération
prédominante de la mémoire épisodique au cours de l’analyse des réponses aux requêtes
d’estimation de durée. Cette méthode s’avère donc appropriée pour contribuer au repérage
par le clinicien du domaine de défaillance électif au niveau de la mémoire épisodique le
plus souvent révélateur de cette affection. L’analyse interlocutoire des entretiens objective
aussi les stratégies de compensation spontanément utilisées par le sujet et la capacité
d’étayage de la mémoire sémantique face aux défaillances de la mémoire épisodique dans les
champs de la temporalité. L’analyse d'entretien s’avère aussi d'un apport précieux pour
évaluer l’efficacité des étayages apportés par l’interlocuteur au patient. L’entretien permet de
créer un contexte d’utilisation des capacités mnésiques plus proche de son usage naturel par
rapport aux situations de tests decontextualisées : son étude éclaire en profondeur la
sémiologie des difficultés rencontrées dans la vie quotidienne par les patients respectivement
vis à vis des processus mnésiques épisodiques et sémantiques de la temporalité.
Cette méthode permet d’analyser le rapport que le patient entretient dans l’interaction avec
les difficultés consécutives aux altérations mnésiques, et de la temporalité dont il est
atteint. Les entretiens centrés sur l'appropriation de la temporalité des patients atteints de
maladie d'Alzheimer étudiés révèle l'altération plus marquée de la mémoire épisodique par
rapport à la mémoire sémantique. Les résultats montrent l’utilité potentielle de cette
méthode dans l’approche phénoménologique de la mémoire. La réflexion sur les liens
épisodicité/temporalité inscrite dans la vie quotidienne qui en découle, met en exergue un
lien privilégié avec la tâche d’estimation de durée. Les stratégies adaptatives, mises en œuvre
par les interlocuteurs au cours des entretiens pour pallier les difficultés au niveau de la
mémoire épisodique du patient peuvent être relevées. Des procédés d’aide aux patients et de
tutoring des aidants et des professionnels peuvent en être inférés.
Références
Hintikka J. (1976). The semantics of questions and questions of semantics: case studies. In the
interrelations of logic, semantic and syntax. Acta philosophica Fennica, Vol XXVIII,
Issue 4, 1-200 (Amserdam: North Holland Publishing Company).
Rivasseau Jonveaux T., Batt M., Trognon A. Appropriation de la temporalité et maladie
d’Alzheimer : méthodologie d’analyse d’entretiens centrés sur la vie quotidienne.
Poster présenté à la Société de Psychologie Française, Lille 7-9 Septembre 2010
Rivasseau Jonveaux T. Appropriation de la temporalité au cours du vieillissement normal et
pathologique. Thèse Université Nancy II, 2010
Trognon A., Batt M. (2007). Quelles méthodes logiques pour l’étude de l’interaction en
psychologie ? Dans Chabrol et I Orly-Louis (Eds.), Interactions communicatives et
psychologie (pp.53-65) Paris : Presse Sorbonne Nouvelle.
154 Trognon A., Batt M. (2010). Interlocutory logic. A unified framework for studying
conversational interaction. In J. Streek (Ed.) New Adventures in Language and
Interaction, pp. 9-40. Amsterdam: John Benjamins Publishing Co.
155 2) Normalisation de variables psycholinguistiques chez les personnes âgées
Henrard, Sébastien (Université de Mons), Lefebvre, Laurent (Université de Mons). Résumé
Suite au constat selon lequel l’évaluation des facteurs psycholinguistiques utilisés dans les
études n’est pas adaptée pour une population âgée, nous avons entrepris une nouvelle
normalisation de ces facteurs. Notre hypothèse est que les facteurs ne sont pas équivalents
chez une population jeune universitaire (Bonin, 2003) et chez une population âgée. Après
avoir évalué le niveau socioculturel à partir de l’échelle de Poitrenaud (cité dans HugonotDiener, 2007) et fait passer un MMSE, nous avons présenté la batterie de dénomination orale
des 299 images de Bonin (2003) chez 125 sujets âgés de 65 à 95 ans. Nous avons recueilli les
données pour l’accord sur le nom, l’accord à l’image, la familiarité, la complexité visuelle et
la variabilité de l’image. Nos résultats montrent une différence entre les normes obtenues
chez des sujets âgés et les sujets jeunes universitaires. Les résultats relatifs à l’agrément à
l’image ainsi que la complexité visuelle chez les sujets âgés sont significativement différents.
En conclusion, nous pouvons confirmer notre hypothèse : les normes utilisées pour l’étude
de l’influence des facteurs psycholinguistiques dans la dénomination orale ne semblent pas
adaptées à une population âgée. Nous proposons donc une normalisation adaptées des
facteurs psycholinguistiques auprès d’une population de sujets âgés.
Introduction
Lors d’une étude précédente (Henrard & Lefebvre, 2010), nous avions pu mettre en évidence
une différence entre les normes psycholinguistiques utilisées actuellement et des normes
récoltées chez des personnes âgées. A l’heure actuelle, il n’existe pas à notre connaissance, de
normes psycholinguistiques adaptées à la population âgée, c’est pourquoi nous avons
entrepris ce travail de normalisation. En effet, les seules normes présentant une assez bonne
validité sont celle de Bonin et al. (2003) portant sur 120 étudiants universitaires. Nous avons
émis l’hypothèse que ces normes ne sont pas adaptées pour des personnes âgées, tant au
niveau de l’âge que du niveau socioculturel, et notre précédente étude tendait à confirmer
ces résultats. Sur base de ces premiers résultats, nous avons mené notre propre normalisation
sur des sujets âgés de 65 ans et plus afin de confirmer cette hypothèse et proposé un nouveau
matériel adapté.
Méthode
Population
Notre population est composée de 125 sujets âgés de 65 à 95 ans (m = 73.84 ; SD = 7.13).
Matériel
Les 299 images de dénomination de Bonin et al. (2003) ainsi que le questionnaire pour la
normalisation des facteurs psycholinguistiques d’Alario et Ferrand (1999). De plus nous
avons contrôlé le niveau socioculturel à l’aide de l’échelle de Poitrenaud et les cas possible de
démence à l’aide du MMSE.
Résultats
Nous avons récolté les normes psycholinguistiques suivantes : agrément au nom, agrément à
l’image, familiarité, complexité visuelle et variabilité de l’image auprès de notre échantillon
de 125 sujets âgés. Au-delà de la normalisation des variables et des réponses attendues de
nos sujets, nous avons mis en évidence 2 différences entre les normes de Bonin et al. (2003) et
les nôtres. L’agrément à l’image est significativement plus élevé (p = .001) et la complexité
visuelle est significativement plus basse (p = .001) chez nos sujets. De plus, de manière
qualitative, nous avons pu mettre en avant que les réponses données par la majorité des
156 personnes âgées sont parfois fort différentes de celle proposée par des sujets universitaires
pour les mêmes images.
Discussion
Les normes psycholinguistiques diffèrent entre sujets jeunes et âgés. Nous avons montré que
les personnes âgées sont plus en accord avec les images et les trouvent moins complexes que
des sujets jeunes. De même nous avons montré que les réponses proposées par la majorité de
nos sujets ne sont pas les même que chez les étudiants de l’étude de Bonin pour les mêmes.
Ceci pourrait donc entrainer des cotations ou des interprétations erronées d’erreurs qui en
fait n’en sont pas dans la population âgée. Nous proposons donc une normalisation adaptée
à une population plus avancée en âge afin de mener des études en psycholinguistiques chez
ces personnes plus fiables. Nous proposons donc une normalisation générale sur 125 sujets
âgés, par tranche d’âge de 5 ans mais également par niveau socioculturel. Nos futures
analyses porteront sur d’autres variables psycholinguistiques comme la complexité
phonologique, ou encore sur la possibilité d’extraire un profil type de réponses rapidement
exploitable dans la clinique de tous les jours. Notre but final étant de tester ces variables dans
des populations atteintes de démence afin d’observer si oui ou non les variables
psycholinguistiques (autre que la fréquence) on une réelle influence sur les capacités en
dénomination.
Références
Alario, F.X., & Ferrand, L. (1999). A set of 400 pictures standardized for French: Norm for
name agreement, image agreement, familiarity, visual complexity, image variability
and age of acquisition. Behavior Research Methods, Instruments & Computers, 31(3), 531552.
Bonin, P., Peereman, R., Malardier, N., Méot, A., & Chalard, M. (2003). A new set of 299
pictures for psycholinguistic studies: French norms for name agreement, image
agreement, conceptual familiarity, visual complexity, image variability, age of
acquisition, and naming latencies. Behavior Research Methods, Instruments & Computers,
35(1), 158-167.
Henrard, S. & Lefebvre, L. (2010). La dénomination orale à partir d’image dans la Maladie
d’Alzheimer: étude comparative de batteries de dénomination et normalisation de
facteurs psycholinguistiques. In T. Rousseau & F. Valette-Frunhinsholz (Eds.). Le
langage oral: Données actuelles et perspectives en orthophonie. Isbergues: Ortho
édition, 379-414.
Hugonot-Diener, L. (2007). Guide pratique de la consultation en gériatrie. Paris : Masson.
157 3) Surestimation des capacités posturales et vieillissement
Noel, Myriam (CHR Roubaix), Cool*, Gaelle, Dumez*, Kevin &Luyat*, Marion (*Laboratoire
de neurosciences fonctionnelles et pathologies).
Résumé
La chute est un phénomène fréquent chez la personne âgée. Notre recherche s’inscrit dans
l’étude du lien entre perception et action. La chute serait le reflet d'une dissociation entre la
perception des compétences posturales et les capacités réelles forcément diminuées avec
l’âge. Nous avons demandé à quinze participants jeunes (M=24,1ans) ainsi qu’à quinze
participants âgés non déments (M=75,7ans) de juger de leur capacité à franchir un obstacle.
La tâche est présentée aux participants comme consistant à franchir un obstacle à la hauteur
maximale qu'ils pensent pouvoir franchir. Le but est d’observer si les participants se mettent
en danger réel de chute. Les résultats montrent que les participants jeunes se montrent justes
dans leurs estimations posturales et ne se mettent pas en danger, alors que les participants
âgés se surestiment et se mettent physiquement en danger. Ces résultats nous conduisent
alors à la formulation d’une hypothèse: la surestimation des capacités posturales chez les
personnes âgées pourrait provenir d'une déficience cognitive dans l'actualisation des
modèles moteurs internes correspondant à leurs nouvelles capacités d'action. Cette
hypothèse est étayée par le fait qu’un groupe de participants présentant une détérioration
cognitive présente des scores de surestimation encore plus élevés que notre groupe de
participants âgés.
Introduction
Les chutes au cours du vieillissement sont très fréquentes et représentent le principal motif
d’hospitalisation en gériatrie. Dans notre étude, nous étudions l’hypothèse d’une
surestimation des capacités posturales chez les personnes âgées comme cause possible de
chute. Les personnes âgées auraient des difficultés à réactualiser leur modèle postural
interne et pourraient alors se mettre en danger réel de chute.
Afin d’étudier ce défaut de réactualisation, nous étudions un groupe de personnes
présentant une détérioration cognitive débutante. En effet, si les personnes âgées « saines »
présentent des difficultés de mise à jour cognitive de leurs connaissances en leurs propres
capacités, il semble probable que des personnes présentant des difficultés cognitives réalisent
d’autant moins bien cette même mise à jour et donc surestimeraient encore plus leurs
capacités.
Méthode
Quinze participants jeunes (M=24,1ans) et quinze participants âgés (M=75,7ans), placés
devant un obstacle, ont dû déterminer la hauteur maximale qu’ils souhaitaient franchir juste
avant d’effectuer directement et réellement l’enjambement de l’obstacle. Afin d’éviter toute
chute, les participants étaient arrêtés au dernier moment. Nous avons mesuré ensuite leurs
capacités réelles d’enjambement. Nous avons alors pu calculer s’ils présentaient ou non une
surestimation de leurs capacités motrices et si cette surestimation pouvaient les mettre
réellement en danger.
Nous réalisons ensuite cette même tâche avec un sous groupe de cinq participants âgés (M=
82.4 ans) présentant une maladie d’Alzheimer à un stade débutant (MMS moyen = 24,2/30).
Résultats
158 Nous avons observé un biais de surestimation dans notre population âgée. En effet, le
décalage entre la hauteur d’enjambement choisie et les capacités d’action réelles est en
moyenne de 1,0 cm chez les participants jeunes contre 11,8 cm chez les participants âgés.
Cette différence entre les deux groupes est significative. Nous observons de plus une
surestimation encore plus grande (23 cm) dans le groupe de participants présentant une
maladie d’Alzheimer débutante
Discussion
Il semble donc que les personnes âgées se mettent plus en danger que les personnes jeunes
lors d’une tâche d’enjambement d’obstacle. Cela pourrait être relié au fait que lors du
vieillissement les capacités motrices réelles diminue fatalement et qu’alors les personnes
âgées ne soient pas parfaitement capables de mettre à jour leur modèle moteur interne. Cette
hypothèse semble corroborée par le fait que les personnes âgées ayant un déclin cognitif
présentent un biais de surestimation plus important que les personnes âgées « saines ». Ces
résultats offrent une perspective intéressante quant à la prévention de la chute chez les
personnes âgée. Il serait en effet intéressant d’inclure dans les programmes de prévention de
la chute une confrontation de la personne âgée avec ses nouvelles limites d’action afin de lui
faire prendre conscience de ses capacités réelles.
Références
Fitzpatrick, P., Carello, C., Schmidt, R. C. & Corey, D. (1994). Haptic and visual perception of
an affordance for upright posture. Ecological Psychology, 6 (4), 265-287.
Klevberg, G.L. & Anderson, D.I. (2002). Visual and haptic perception of postural affordances
in children and adults, Human Movement Science, 21, 169-186.
Konzack J, Meeuwsen HJ et Cress ME (1992). Changing affodrances in stair clinbing :
perception onf maximum climbability in young and older adults. Journal of
Experimental Psycholgy : Human Perception an Performance, 18, 691-697.
Luyat M, Domino D, Noel M (2008). Surestimer ses capacités peut-il conduire à la chute ?
Une étude sur la perception des affordances posturales chez la personne âgée. Psychol
NeuroPsychiatr Vieil, 6 (4), 287-97.
159 4) Approche chronopsychologique de la mémoire de travail dans le vieillissement
normal et pathologique
Clarisse, René, Le Floc'h, Nadine (Université de Tours), Brachet, Maxime (Groupe de recherches des centres hospitaliers de Sancerre et de Luynes). Résumé
Le but de cette recherche était d’évaluer les niveaux et les variations de performances de la
boucle phonologique, sous système de la mémoire de travail, chez des personnes âgées
présentant la Maladie d'Alzheimer(MA) comparativement à des "personnes âgées
saines"(PAS). Trente participants ont été sollicités pour trois épreuves auditives d'empans
verbaux (mots/logatomes/chiffres) à deux moments de la journée. Selon les principaux
résultats, l’effet du type du vieillissement (normal versus pathologie) n’est observé que pour
la tâche d'empan de chiffres au détriment des sujets MA. Un effet de la nature de la tâche a
été observé pour tous les participants : les chiffres sont mieux rappelés que les mots et les
mots mieux rappelés que les logatomes. Pour le groupe « contrôle » les performances à
l'empan de chiffres varient au cours de la journée avec des scores plus élevés le matin. En
revanche, chez les sujets MA, quelle que soit l’épreuve d’empan, il n'est pas relevé de
variation de performances entre le matin et le soir.
Introduction
La présence de variations journalières des capacités mnésiques pour l’empan de chiffres
observée chez les participants sains, conforme à la littérature, suggère pour les participants
atteints de la Maladie Alzheimer une perte de repères temporaux manifestée par la stabilité
des processus mnésiques au cours de la journée. Introduction Belleville, Peretz et Malenfant
(1996) ont mis en évidence des déficits précoces de la mémoire de travail chez des personnes
âgées atteintes de la Maladie d'Alzheimer. Ce constat est vérifié aussi bien sur des empans de
chiffres que sur des empans de mots. La mémoire comme de nombreux processus cognitifs
présente des variations périodiques produisant une amélioration ou une réduction des
performances. West et al. (2002) relèvent ainsi que les âgés comme les jeunes ont des niveaux
de vigilance plus élevés le matin que le soir. Par ailleurs pour une tâche en MDT, le même
auteur observe qu’en présence de distracteurs et comparativement aux sujets jeunes, les
participants âgés réduisent plus nettement encore leurs performances entre passations du
matin et du soir. Concernant la mémoire de travail, Folkard et Monk (1979) ont pu montrer
une progression des performances entre 8h00 et 11h00 et une dégradation quasi linéaire de
celles-ci jusqu’en fin de journée confirmant des résultats antérieurs. Le but poursuivi était
donc d’évaluer les niveaux et les variations des performances de la boucle phonologique,
sous système de la mémoire de travail, chez des personnes âgées présentant la Maladie
d'Alzheimer comparativement à des personnes âgées saines.
Méthode
Matériel
Mini Mental State Examination (MMSE). - Epreuves auditives d'empans verbaux
(mots/logatomes/chiffres).
Participants
30 participants âgés volontaires sollicités en EHPAD ou en centre hospitalier ont permis de
constituer a posteriori deux groupes : - Groupe Maladie d'Alzheimer modérée (MA): 12
femmes et 3 hommes ; âge moyen : 83,53 ans ± 5,18 - Score moyen MMSE 18.53/30. - Groupe
personnes âgées saines (PAS): 12 femmes et 3 hommes ; âge moyen : 84,07 ans ± 6,04 - Score
moyen MMSE : 27/30. Les épreuves sont proposées en situation individuelle à 09:30 et à
17:00. Des analyses de variance à mesures répétées ont été utilisées au seuil .05.
160 Résultats
Selon nos résultats, toutes tâches confondues, les sujets MA ont de moins bonnes
performances mnésiques. Un effet de la nature de la tâche a été observé pour tous les
participants : les chiffres sont mieux rappelés que les mots et les mots mieux rappelés que les
logatomes. Pour chaque épreuve considérée isolément, seuls les résultats à la tâche d’empan
de chiffres différencient le groupe PAS du groupe MA au détriment de ces derniers.
Concernant l’effet du moment de passation, toutes tâches d’empan verbal confondues, les
participants MA sont moins performants le matin que les PAS. Le soir, les performances des
deux groupes sont comparables. L’analyse des interactions indique : - Une différenciation
des variations des performances des participants au cours de la journée pour l’épreuve
d’empan de chiffres. Les PAS sont plus performants le matin que le soir quand les MA
présentent des performances équivalentes. - Pour l’empan de mots, les PAS sont plus
performants le matin que les MA, quand le soir les deux groupes ne se différencient pas. Les performances du matin et du soir à l’empan de logatomes sont équivalentes pour les
deux groupes. - Pour l’empan de chiffres, comme pour les mots, les PAS ont des
performances supérieures le matin à celles des MA. Pour le soir, aucune différence n’est à
noter.
Discussion
De manière attendue, les performances aux épreuves d'empan sont différentes entre
participants PAS et MA, attestant d’un déficit des capacités de stockage chez ces derniers
(Brouillet, 2000). Confirmant les résultats de Belleville et Bélanger (2006), l'empan de chiffres
est meilleur que ceux des mots et des logatomes. La supériorité du rappel sériel immédiat de
chiffres chez tous les participants est expliquée par l’absence de compétences langagières
spécifiques. D’autres auteurs proposent l’intervention d’un ralentissement de la procédure
de répétition subvocale de la boucle phonologique pour la répétition des mots (Hulme, Lee
& Brown, 1993). Le rappel de mots est lui-même plus élevé que le rappel de logatomes
suggérant une facilitation du stockage temporaire des mots en MDT par la disponibilité de
représentations sémantiques à long terme contrairement aux logatomes (Hulme, Maughan &
Brown, 1991). Les différences relevées sur l’empan de chiffres entre participants MA et PAS
rejoignent des résultats antérieurs. Belleville et al. (1996) expliquent cet écart par un déficit de
la boucle phonologique chez les sujets « Alzheimer ». Pour l’effet du moment de la journée,
la littérature constate habituellement une supériorité du matin sur le soir pour des tâches
d’empan de mots (Lancry, 1986 ; Folkard, 1979). Ceci n’est retrouvé dans cette étude que
pour les participants PAS et seulement pour la tâche d'empan de chiffres. La littérature de
référence plus fréquemment centrée sur des populations plus jeunes appelle de nouvelles
investigations auprès d’âgés. Chez les participants MA, il n'a été relevé aucune variation des
performances entre le matin et le soir. La pathologie démentielle de type Alzheimer et la
perte de repères temporaux annihileraient l’ « effet variations des performances » suggérant
à l’instar de Bouati (1999) que les sujets MA vivraient « hors du temps ». Nous proposons
que l’investigation plus systématique du moment de passation en particulier lors des
évaluations des capacités mnésiques pourrait participer à une meilleure compréhension des
processus involutifs de la MDT.
Références
Belleville, S., Peretz, I, & Malenfant, D. (1996). Examination of the working memory
components in normal aging and in dementia of the Alzheimer type.
Neuropsychologia, 34, 195-207.
Folkard, S. & Monk, T. (1979). Time of day and processing strategy in free recall. Quaterly
Journal of Psychology. 31, 461-475.
161 Hulme, C., Lee, G & Brown, G.D.A. (1993). Short-term memory impairments in Alzheimertype dementia: Evidence for separable impairments of articulatory rehearsal and
long-term memory. Neuropsychologia, 31 (2), 161-172.
West, R., Murphy, K.; Armilio, M.L., Craik, F.I.M., & Stuss, D.T. (2002). Effects of time of day
on age differences in working memory. The Journals of gerontology., 57 (1), 3-10.
162 5) Effets du mode de répétitions et de la structure des liste drm sur les vraies et les
fausses reconnaissances dans le vieillissement normal.
Dubuisson, Jean­Baptiste, Fiori, Nicole, Nicolas, Serge (Université Paris Descartes). Résumé
Dans le cadre du paradigme DRM, nous nous sommes intéressés à l'effet d'espacement
(répétitions massées vs espacées) et à l’effet de la structure des listes (catégorielles vs
associatives) sur les vrais et les faux souvenirs chez les adultes jeunes et âgés. Nous avons
également contrasté la taille (court : Exp. 1 vs long : Exp. 2) de l’intervalle d'espacement au
travers de deux expériences. Les résultats ont montré un effet d'espacement sur les vrais et
mais également sur les faux souvenirs pour les participants jeunes et âgées, mais uniquement
lorsque l’intervalle de répétitions est long (Exp. 2). L’effet de structure des listes se traduisait
par une augmentation des vrais souvenirs accompagnée d’une diminution des faux
souvenirs pour les listes catégorielles. Enfin, l’effet du vieillissement n’était observé que sur
les vrais souvenirs et dépendait du type de liste. Les listes catégorielles favorisaient les vrais
souvenirs pour les deux groupes d'âge jusqu’à annuler l'effet du vieillissement,
contrairement aux listes associatives. Toutefois, les participants âgés ne semblaient pas
bénéficier de cet effet sur les faux souvenirs.
Introduction
Le vieillissement diminue les souvenirs corrects et augmente les erreurs de mémoire (NavehBenjamin & Old, 2008). Le vieillissement altèrerait principalement les processus de
récupération tandis que les processus sous-tendant le sentiment de familiarité seraient
préservés (Yonelinas, 2002). Ainsi, l'impact de la familiarité augmenterait lors du contrôle de
la source d’encodage des souvenirs, processus particulièrement impliqué durant les
jugements de reconnaissances. Dans deux expériences, nous avons utilisé le paradigme DRM
(Deese, 1959 ; Roediger & McDermott, 1995), qui permet d’étudier simultanément les vrais et
les faux souvenirs. Afin d'augmenter les vrais souvenirs et de diminuer les faux souvenirs, il
est possible de renforcer les traces mnésiques lors de l’encodage. Premièrement, la
manipulation du mode de répétitions produit un effet d'espacement (meilleure performance
après des répétitions espacées qu’après de répétitions massées). Bien que peu d'études aient
étudié l'effet de l'espacement au cours du vieillissement (e.g., Kornell, Castel, Eich, & Bjork,
2010), les résultats convergent vers la conclusion que l’effet d'espacement sur les vrais
souvenirs est préservé avec l’âge. Cependant, aucune étude n'a encore étudié l'effet
d'espacement sur les faux souvenirs. Deuxièmement, le type de structure des listes constitue
un moyen de diminuer les faux souvenirs. En effet, lorsque des listes basées sur des normes
catégorielles sont construites en conformité avec la procédure d'origine (i.e., les items
critiques sont les noms des catégories), le nombre de faux souvenirs diminue de façon
drastique (Park, Shobe, & Kihlstrom, 2005). A notre connaissance, aucune étude n'a étudié
l'effet de structure des listes chez les adultes âgés.
Méthode
Quarante-huit sujets jeunes (n = 24 ; M = 22 ans ; SD = 2,04, étendue = 19-26 et n = 24 ; M =
21 ans ; SD = 1,53 ; étendue = 18-25, respectivement dans l'expérience 1 et 2) et 48 sujets âgés
(n = 24 ; M = 70 ans ; SD = 7,07 ; étendue = 59-86 et n = 24 ; M = 74 ans ; SD = 7,29 ; étendue =
65-89, respectivement) recrutés en région parisienne ont participé à l’étude. Vingt-quatre
listes associatives (basées sur des normes associatives) et 24 listes catégorielles (basées sur
des normes catégorielles), de cinq items cibles et un item critique (associé ou nom de la
catégorie) ont été construites, selon la procédure de Deese (1959). Les participants passaient
163 un test de reconnaissance final comprenant l’ensemble des items (120 items cibles étudiés et
les 24 items critiques correspondants + 120 items cibles non étudiés et les 24 items critiques
correspondants).
Le même design a été utilisé dans les deux expériences, avec les facteurs intra-sujets «mode
de répétition» (4 répétitions : massées vs espacées) et «type de listes» (associatives vs
catégorielles) et le facteur inter-sujets «groupe d'âge» (jeunes vs âgées). Seule la taille de
l'intervalle entre les répétitions espacées variait entre les deux expériences : intervalle court
dans l'expérience1 (quatre items cibles intermédiaires), intervalle long dans l'expérience 2
(minimum 14 items cibles intermédiaires).
Résultats et discussion
Les mêmes effets de structure des listes et de vieillissement ont été observés dans les deux
expériences. D’une part, un effet des listes s’observait sur les vraies reconnaissances : les
listes catégorielles produisaient plus de vraies reconnaissances. D’autre part, un effet du
vieillissement s’observait sur les vraies reconnaissances mais uniquement pour les listes
associatives. Pour les listes catégorielles, les performances des âgés égalaient celles des
jeunes. Ainsi, les listes catégorielles renforçaient les vrais souvenirs, venant contrer l'effet du
vieillissement. Une analyse type TDS sur les vraies reconnaissances révélait que l'effet du
vieillissement se marquait par une détection correcte moins précise chez les âgées, mais
uniquement pour les listes associatives. Ainsi, l'effet du vieillissement s’annulait lorsque le
matériel était favorable à un encodage précis et discriminant.
Les âgés produisaient plus de fausses reconnaissances non corrigées et plus de fausses
alarmes, mais autant de fausses reconnaissances corrigées que les jeunes. Leurs jugements de
reconnaissance étaient ainsi moins conservateurs que ceux des jeunes. Une réduction
importante des fausses reconnaissances s’observait pour les listes catégorielles ; d’autant plus
importante chez les jeunes que chez les âgés. En effet, si les listes catégorielles favorisaient
des souvenirs plus exacts et précis, les participants âgés ne bénéficiaient que dans une
moindre mesure de cet effet pour les faux souvenirs.
Enfin, concernant le mode de répétition, aucun effet d’espacement n’était observé dans
l'expérience 1, probablement parce que l'intervalle entre les répétitions espacées étaient trop
court. Dans l'expérience 2, un effet d'espacement était observé sur les vrais souvenirs : les
répétitions espacées par intervalle long permettaient une meilleure reconnaissance. De plus,
les âgés bénéficiaient de l'effet d'espacement autant que les jeunes. On observait également
un effet d'espacement sur les faux souvenirs, suggérant que cet effet influençait davantage
les processus d'activation que les processus de contrôle.
Références
Deese, J. (1959). On the prediction of occurrence of particular verbal intrusions in immediate
recall. Journal of Experimental Psychology, 58, 17–22.
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164 165 IV)
Psychologie cognitive : mémoire et apprentissage
Titres des communications et Intervenants
Une mémoire dynamique : les jugements de mémoire sont influencés par les
conséquences des actions réalisées durant le temps de l’expérience
Brouillet, Denis, Brouillet, Thibaut, Heurley, Loïc, Milhau, Audrey, Rutschman, Carole & Briglia,
Johan (EpsylonMontpellier3).
Évaluation empirique d'une activité de formation aux principes d'apprentissage par
renforcement et par punition destinée à des professionnels, éducateurs et étudiants en
psychologie
Gaucher, Mélissa (Université du Québec; Université de Strasbourg), Forget, Jacques (Université du
Québec, Montréal).
Se représenter pour mieux apprendre : les représentations mentales comme outils
didactiques favorisant la transmission du savoir.
Saint-Bauzel, Roxane (Université de Provence), Finkel, Alain (CNRS, Ecole Normale Supérieure de
Cachan).
Une approche sensori-motrice de la mémoire prospective
Badets, Arnaud (CNRS)
Souplesse cognitive, de la pratique à la théorie.
Wagener, Bastien, Boujon, Christophe, Fromage, Benoît (Université d’Angers).
166 1) Une mémoire dynamique : les jugements de mémoire sont influencés par les
conséquences des actions réalisées durant le temps de l’expérience
Brouillet, Denis, Brouillet, Thibaut, Heurley, Loïc, Milhau, Audrey, Rutschman, Carole &Briglia, Johan (EpsylonMontpellier3). Introduction
En 1997 Glenberg soutenait que la mémoire humaine avait pour fonction première de guider
l’ensemble des actions possibles dans une situation donnée. Savoir qu’une action est possible
dans une situation donnée dépend de notre capacité à : a) simuler cette action avant de la
produire (de nombreux travaux, suite à ceux de Barsalou (2008) et de Rizzolati et Craighero
(2004), ont largement montré que ces simulations étaient possibles), b) intégrer les
conséquences de cette action sur la base de nos expériences antérieures.
Mais, traditionnellement l’action est considérée comme une sortie du système et non comme
une entrée. La conséquence c’est que les principaux modèles de la mémoire humaine n’ont
jamais considéré que les conséquences de l’action fussent intégrées dans les traces
mnésiques. Pourtant, si les êtres vivants peuvent apprendre et s’adapter à leur
environnement c’est parce qu’ils sont capables de retenir les conséquences de leurs actions.
En effet, nous sommes des systèmes réflexifs dont les états internes se modifient en fonction
de leur comportement. Ainsi, et en accord avec la théorie synergétique de Haken (1977), nous
défendons l’idée que les aspects temporels de nos activités, par exemple les conséquences de
nos actions, rentrent comme un input dans une large variété de jugements (voir, Brouillet et
al., 2011, pour ce qui est des jugements émotionnels), et en particulier dans les jugements de
mémoire.
Nous présenterons les résultats de deux expériences qui utilisent le même paradigme.
Méthode
Dans une première phase les participants apprennent une liste de 12 mots concrets (valence
émotionnelle neutre, fréquence moyenne, composés de 5 à 7 lettres, norme de Bonin et al.,
2003), présentés pendant 100 ms sur un écran d’ordinateur et randomisée entre les
participants (logiciel E-prime, Schneider et al., 2002). Dans une seconde phase, Expérience 1 :
les participants ont à deviner, parmi deux touches du clavier (V vs N), celle que l’ordinateur
aura choisie ; Expérience 2 : les participants ont à dire si les figures géométriques présentées
possèdent ou non au moins un segment courbe. Pour cela ils tapent sur la touche V pour Oui
ou sur la touche N pour Non). Dans les deux expériences la réponse donnée par le
participant est suivie d’un feedback coloré ou non. Dans l’expérience 1, si le participant a
répondu « V » et que l’ordinateur avait choisie cette touche, OUI apparaît sur l’écran de
couleur Bleu ; si le participant a répondu « V » et que la réponse choisie par l’ordinateur était
« N », NON apparaît sur l’écran de couleur Mauve (nous avons contrebalancé le lien
couleur/mot). Notons que pour le groupe contrôle les mots OUI et NON apparaissent en
noir. Dans l’expérience 2, quand le participant répond OUI (il existe un segment courbe)
l’écran suivant, avec en son centre une croix de fixation (durée 500ms), apparaît avec un
cadre de couleur Jaune de 1cm de large sur son pourtour. Quand le participant répond NON
(il n’existe pas de segment courbe), l’écran suivant apparaît avec un cadre Rose. Comme
dans l’expérience 1 nous avons contrebalancé le couple couleur/mot. Notons, que pour le
groupe contrôle l’écran apparaît sans cadre coloré. Dans une troisième phase les participants
sont soumis à une épreuve de reconnaissance (expérience 1 comme expérience2). La moitié
des mots sont ceux qui ont été appris (12, OLD) et l’autre moitié sont des mots nouveaux (12,
NEW) ayant les mêmes caractéristiques que les mots OLD. Dans l’expérience 1, la moitié des
mots OLD et NEW sont présentés en Bleu et l’autre moitié en Mauve. Dans l’expérience 2, la
moitié des mots OLD et NEW sont présentés au centre d’un écran dont le cadre est de
couleur Jaune, l’autre moitié au centre d’un écran dont le cadre est de couleur Rose. Notons
167 que pour la moitié des participants les mots OLD sont les mots NEW de l’autre moitié des
participants et vice-versa.
Notre hypothèse était que lorsque les mots apparaissent avec une couleur (mots en couleur
dans l’expérience 1, cadre de l’écran en couleur dans l’expérience 2) qui était associée à la
conséquence d’une réponse donnée en phase2, cela affectera les jugements de mémoire des
participants.
Résultats
Les résultats montrent, dans les deux expériences, que le nombre de reconnaissances
correctes (mots OLD), comme le nombre de reconnaissances erronées (mots NEW) a
tendance à augmenter quand les mots sont présentés avec une couleur qui était associée dans
la phase 2 à une réponse positive et à diminuer quand la couleur était associée à une réponse
négative. Par ailleurs les temps de réponse sont plus rapides quand les mots (OLD et NEW)
sont présentés avec une couleur qui était associée dans la phase 2 à une réponse positive que
lorsqu’ils étaient associés à une réponse négative.
Discussion
En premier lieu, ces résultats valident l’idée que la conséquence de l’action est rentrée
comme un input dans le jugement mnésique. En second lieu, ces Résultats supportent l’idée
que la trace mnésique est une trace construite durant tout le temps de l’expérience et pas
seulement lors de la phase d’apprentissage. Plus généralement, ces Résultats appuient l’idée
que la mémoire est un système dynamique, ce qui a comme conséquence que les jugements
de mémoire ne sont pas le produit de l’activation de connaissances stockées, mais qu’ils
émergent de l’interaction des différents éléments qui ont été à l’origine de l’activité du sujet
durant le temps de l’expérience.
168 2) Évaluation empirique d'une activité de formation aux principes d'apprentissage
par renforcement et par punition destinée à des professionnels, éducateurs et
étudiants en psychologie
Gaucher, Mélissa (Université du Québec; Université de Strasbourg), Forget, Jacques (Université du Québec, Montréal). Introduction
Les études évaluant l’ajustement temporel des enfants tout-venant montrent que le niveau de
langage et les comportements collatéraux, comportements qui sont non prescrits par le
programme mais qui apparaissent tout de même (Ex., compter, effectuer une séquence
motrice, réfléchir à haute voix sur la tâche à réaliser), influenceraient l’ajustement aux
contraintes de temps (Pouthas, 1981; Pouthas et Jacquet, 1983). Les enfants d’âge préscolaire
sont capables d’ajuster leurs débits de réponse en fonction des contingences du programme
de renforcement en place (Weisberg et Tragakis, 1967). Toutefois, leurs patrons de réponses
évoluent avec l’âge et l’apparition du langage, mais aucune étude n’a clairement évalué le
lien entre le langage et l’ajustement au temps. Cette étude vise donc à explorer la réponse
d’enfants dans une tâche de régulation temporelle en lien avec le langage, le développement
cognitif et les comportements collatéraux émis.
Méthode
L‘étude est réalisée auprès d’enfants français âgés de 2;6 ans à 7;3 ans (n ³ 8). Une évaluation
du langage réceptif et du développement cognitif est effectuée, respectivement à l’aide du
Peabody-IV et du WPPSI-III. L’ajustement à de courtes durées est mesuré à l’aide de tâches à
l’ordinateur. La réponse à émettre est l’appui sur un écran tactile et le renforcement obtenu
est une séquence de dessin animé choisie par l’enfant d’une durée de 20 secondes.
Les tâches consistent en un programme de renforcement différentiel des débits lents (DRL)
où l’ajustement temporel est requis pour obtenir les séquences de dessin animé. En DRL,
seule la première réponse, l’appui sur un écran tactile, suivant la fin d’un délai fixé par
l’expérimentateur (Ex., 5 secondes), est renforcée par la séquence vidéo; toute réponse émise
avant la fin de ce délai entraîne une remise à zéro du compteur (Ferster et Skinner, 1957).
L’enfant doit donc attendre un certain délai avant d’appuyer sur l’écran pour obtenir le
dessin animé.
L’ajustement au temps est mesuré par la distribution des réponses dans chaque condition et
lors du passage d’une condition à l’autre. La proportion d’intervalles interréponses (IRTs)
renforcés et la moyenne des IRTs et le mode permettent d’évaluer l’ajustement temporel.
Afin de vérifier un éventuel apprentissage, 14 séances expérimentales sont réalisées, 7 en
DRL 5 secondes (DRL5s) et 7 en DRL 20 secondes (DRL20s). Le passage du DRL5s au
DRL20s peut être effectué plus rapidement s’il y a plus de 30% des IRTs qui sont renforcés et
si la moyenne des intervalles interréponses sont égaux ou supérieurs à la valeur du DRL
pour 3 séances consécutives. Le même critère s’applique pour la fin des séances de DRL20s.
Résultats
Les Résultats montrent une variabilité inter-individuelle importante sur le plan de
l’ajustement temporel et des comportements collatéraux émis. Un niveau langagier et
cognitif plus élevé semble lié à un meilleur ajustement temporel. Toutefois, l’âge semble peu
lié à la régulation temporelle et au type de comportements collatéraux émis. L’ajustement
temporel est également plus rapide dans le DRL20s que dans le DRL5s chez les participants
s’ajustant à la contrainte temporelle, ce qui s’explique par un coût plus élevé lorsqu’il n’y a
pas d’ajustement. En effet, une réponse à 4 secondes dans un DRL5s est significativement
moins coûteuse qu’une réponse à 15 secondes dans un DRL20s. Les comportements
collatéraux semblent avoir une importante influence sur l’ajustement temporel chez les
169 enfants et une forte variabilité comportementale est observée entre les participants. Les
comportements moteurs globaux sont ceux qui présentent une plus grande influence sur
l’ajustement temporel par rapport aux comportements moteurs fins et aux comportements
verbaux. Ces comportements sont observés, en fréquence et en durée, tout au long des
séances expérimentales.
Discussion
Cette étude permet de mieux comprendre les mécanismes d’ajustement aux délais d’attente
mis en place par les enfants, tels les comportements collatéraux, ainsi que leur réponse à un
programme de renforcement, soit l’ajustement du comportement en fonction des
conséquences environnementales qu’il entraine. L’étude est toujours en cours afin
d’augmenter la taille de l’échantillon et d’appuyer ces premiers résultats.
170 3) Se représenter pour mieux apprendre : les représentations mentales comme outils
didactiques favorisant la transmission du savoir.
Saint­Bauzel, Roxane (Université de Provence), Finkel, Alain (CNRS, Ecole Normale Supérieure de Cachan). Introduction
Un des concepts fondamentaux de la psychologie cognitive est l’utilisation par l’Homme de
représentations mentales servant à acquérir, organiser et utiliser de l’information. Dans ce
cadre, on peut définir une représentation mentale comme le produit d’un travail d’imagerie
mentale, le résultat d’une construction mentale, réalisée intérieurement, à partir de nos cinq
sens (Le Ny, 1989 ; Meunier, 1999). Résultant d’un travail d’abstraction, de simplification
d’un concept ou d’un objet qui nous est présenté, la représentation mentale peut alors être
envisagée comme une aide à la mémorisation, à la compréhension, ou encore à la résolution
de problème (Arnoux et Finkel, 2009).
Trouvant de fait une application directe en pédagogie, le concept de représentation mentale
a surtout été utilisé comme point d’appui à l’enseignement, permettant de connaitre les
conceptions initiales des apprenants et de les modifier si elles s’avéraient inadéquates
(Astolfi, 1997 ; Fabre, 1999). L’utilisation de représentations mentales comme outils
permettant d’améliorer la transmission du savoir semble une pratique répandue, sans
toutefois que l’on trouve beaucoup de travaux empiriques validant leur efficacité dans la
littérature (Hitt Espinosa, 2006 ; Sierpinska, 2005). Nous avons donc choisi d’utiliser une
démarche expérimentale, issue de la psychologie, pour valider empiriquement l’efficacité de
l’utilisation d’une représentation mentale dans des contextes d’enseignement. Plus
particulièrement, l’objectif de notre recherche était de vérifier qu’une représentation mentale
peut améliorer l’apprentissage d’un concept, en termes de mémorisation et de
compréhension. De façon exploratoire, nous avons également cherché à savoir si cette
amélioration touchait la satisfaction et la motivation des étudiants.
Méthode
Pour cela, nous avons souhaité nous placer dans des situations aussi écologiques que
possibles : c’est un enseignant du supérieur qui a proposé l’expérience à ses étudiants en
travaux dirigés. Nous avons ainsi interrogé 48 étudiants (M(âge)=21,54, sd=4,83) inscrits en
2ème année de psychologie (L2) dans une université du sud-ouest de la France.
L’enseignant commençait la séance de travaux dirigés en présentant aux étudiants une
nouvelle notion de cours : la notion de variance. En fonction des conditions expérimentales,
cette notion était présentée de façon différente : dans un premier groupe de travaux dirigés,
l’enseignant n’utilisait pas de représentation mentale pour illustrer ses explications (groupe
contrôle). Dans un second groupe de travaux dirigés, l’enseignant utilisait une
représentation mentale schématique de la notion de variance, restant proche du domaine
mathématique (condition RM schématique). Enfin, dans un troisième groupe de travaux
dirigés, l’enseignant utilisait une représentation mentale basée sur des illustrations, sans
correspondance directe avec les mathématiques (condition RM illustrations).
Afin d’évaluer l’efficacité de nos interventions dans chaque groupe, nous avons choisi
d’utiliser plusieurs mesures, réunies dans un questionnaire post-expérimental proposé aux
étudiants en fin de séance. Nous leur avons d’abord demandé quelles étaient leurs attitudes
concernant leur mémorisation de la notion d’une part, et leur compréhension de la notion
d’autre part. Puis nous leur avons proposé trois exercices : les deux premiers visaient à
évaluer la mémorisation effective de la notion présentée (exercice de définitions, et exercice
de jugement d’affirmations), le troisième visait à évaluer la compréhension des étudiants
(exercice d’application). Afin d’éviter tout biais de confirmation d’hypothèses, nous avons
demandé à un enseignant, aveugle aux conditions expérimentales, de noter chacun de ces
171 exercices sur 5 points. Enfin, nous avons évalué la satisfaction des étudiants sur des échelles
d’attitude en 7 points, ainsi que leur motivation à l’aide la traduction française de l'échelle de
motivation intrinsèque d'Elliot et McGregor (Darnon et Butera, 2005).
Résultats
Les principaux Résultats montrent tout d’abord un effet de l’utilisation des représentations
mentales sur la mémorisation effective (F(2,45)= 10,79, p<.001). Les étudiants ont en effet
mieux réussi l’exercice de définitions en condition RM schématique (M=3,46) qu’en condition
RM illustrations (M=2,63), ou qu’en condition contrôle (M=1,00). Aucun effet significatif n’a
cependant été observé lorsque l’on s’intéresse à l’exercice de jugement d’affirmations
(F(2,45)= 0,017, ns), ce qui est probablement dû aux items de l’exercice, les réponses des
étudiants ne différant pas du hasard.
Nous observons également un effet de l’utilisation des représentations mentales sur la
compréhension effective des étudiants (F(2,45)= 10,82, p<.001). Les étudiants des conditions
RM schématique (M=3,18) et RM illustrations (M=2,84) ont obtenu des notes plus élevées à
l’exercice d’application que les étudiants du groupe contrôle (M=1,06).
Enfin, on observe que l’utilisation des représentations mentales a augmenté la satisfaction
des étudiants vis-à-vis des enseignements (F(2,45)= 20,98, p<.001). Ces derniers se déclarent
plus satisfaits dans les conditions RM schématique (M= 6,09) et RM illustrations (M=6,05)
que dans le groupe contrôle (M=4,06). Le même pattern de Résultats est observé quant à leur
motivation (F(2,45)= 14,72, p<.001) : les étudiants déclarent être plus motivés dans les
conditions RM schématique (M=5,90) et RM illustrations (M=5,74) que dans le groupe
contrôle (M=3,94).
Discussion
Présenter une notion de cours à l’aide de représentations mentales a donc non seulement
facilité la mémorisation et la compréhension de cette notion, mais a aussi amélioré la
satisfaction et la motivation des étudiants. Ces Résultats appuient l’intérêt de l’utilisation de
représentations mentales dans la transmission des savoirs. Visant à être reproduits et élargis,
ils constituent une base intéressante pour l’analyse et l’amélioration de nos pratiques
d’enseignements (Munby, Russell et Martin, 2001).
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173 4) Une approche sensori-motrice de la mémoire prospective
Badets, Arnaud (CNRS) Analyse critique
La mémoire prospective est la capacité mnésique à se rappeler les actions que l’on doit faire
dans le futur (Einstein & McDaniel, 1990 ; Badets et al. 2006a pour une première expérience
avec les habiletés motrices). Jusque dans les années 1990, cette mémoire n’a pas réellement
été étudiée dans les laboratoires de psychologie cognitive (Einstein & McDaniel, 1990).
Aujourd’hui, de nombreuses équipes aux Etats Unis, en Europe et en Asie se sont organisées
afin de proposer des paradigmes expérimentaux originaux. Cependant, toutes ces équipes
évaluent la mémoire prospective avec du matériel verbal. Par exemple, dans le paradigme le
plus utilisé, et proposé par Einstein et McDaniel (1990), les participants s’engagent dans une
tâche de traitement de mots et, de temps en temps, ils doivent appuyer sur une touche du
clavier de l’ordinateur lorsqu’un certain mot « cible » apparait à l’écran. Avant de débuter
cette double tâche, les sujets savent qu’ils doivent appuyer sur cette touche à l’apparition du
mot cible, c’est ce qu’on appelle l’intention (prospective). La mémoire de cette intention est
évaluée par le fait de se rappeler l’appui, et/ou le temps de réaction de ce rappel.
Aujourd’hui, les processus qui sous-tendent ces capacités de rappel sont l’enjeu principal des
chercheurs dans le domaine de la mémoire prospective.
Toutefois, la mémoire prospective engage principalement l’action, si bien que les expériences
en psychologie cognitive qui manipulent des mots ne peuvent pas vraiment rendre compte
des processus sensori-moteurs qui sous-tendent nos capacités de rappel de nos intentions.
Par exemple, un pilote d’avion de ligne peut oublier certaines procédures d’action qu’il avait
l’intention de réaliser. Ce genre d’erreur sur les actions est lié à la mémoire prospective et
constitue une cause principale des accidents d’avions (Dysmukes, 2008). De nombreux
exemples qui nécessitent un rappel des intentions peuvent être proposés dans les actions de
la vie de tous les jours, comme se souvenir que l’on doit chercher du pain pour le diner du
soir ou se souvenir de prendre des médicaments à une heure fixe. Toutes ces intentions
impliquent des procédures d’actions qui sont stockées en mémoire prospective, mais les
chercheurs du domaine ignorent en grande partie les processus sensori-moteurs associés.
Par conséquent, notre laboratoire s’est engagé dans une recherche en mémoire prospective
avec comme objectif d’identifier le rôle de l’action et, plus particulièrement, le rôle des
habiletés motrices. Initialement, nous avons déjà montré qu’il y avait un effet positif
d’intention sur l’apprentissage des éléments qui constituent une séquence motrice (Badets,
Blandin & Shea, 2006b). Dans cette étude, des sujets devaient apprendre une habileté motrice
« avec » ou « sans » intention de reproduire ce geste pour un test de rappel différé à 24
heures. Les Résultats montrent clairement que l’intention de reproduction a un impact positif
sur l’apprentissage de cette habileté motrice. A ce stade de notre étude, l'effet positif
d'intention sur l’apprentissage n'est démontré que pour l’encodage de l'action. En effet, la
consigne sur l'intention de reproduire la tâche avait été introduite avant l'encodage. Après
encodage, si l'on informe les sujets qu'ils vont devoir reproduire la tâche (intention de
reproduire), Goschke et Kuhl (1993) notent un effet d'activation sur les éléments encodés (par
une diminution du TR par rapport à une situation contrôle sans intention). Cet effet est
appelé "effet de supériorité de l'intention", et nous avons récemment démontré qu’il pouvait
se généraliser sur l’apprentissage d’une habileté motrice (Badets et al. 2006a).
Sur la base de ces résultats préliminaires, nous proposons le concept d’apprentissage moteur
prospectif qui se définit comme un apprentissage d’action ayant comme objectif principal un
rappel dans un contexte spécifique dans le futur. Ce type d’apprentissage se contraste avec
un apprentissage moteur simple qui n’a pas d’objectifs spécifiques, et que l’on retrouve dans
les études classiques sur le comportement moteur. Nous avons récemment évalué la qualité
de la représentation cognitive issue d’un apprentissage prospectif. Une de nos pistes est de
174 démontrer que la représentation cognitive prospective est codée en termes sensoriels et non
purement moteurs. Dans cette perspective, Badets (soumis) propose l’idée que
l’apprentissage moteur prospectif implique essentiellement les réseaux sensoriels qui
régulent nos actions. Cette proposition théorique se base sur une revue de littérature
d’études comportementales et neurophysiologiques des domaines de la mémoire prospective
et de l’apprentissage moteur. De plus, dans une expérience récente, nous avons comparé un
apprentissage lié aux réseaux moteurs à un apprentissage lié aux réseaux sensoriels. Les
résultats de cette étude montrent que l’apprentissage sensoriel est une meilleure condition
pour le rappel d’une action prospective.
Les conclusions de cette revue de littérature, et les résultats de l’expérience impliquent
qu’effectivement, la partie sensorielle de l’action est peut être la plus importante dans la
mémoire prospective. Pour identifier et comprendre les processus cognitifs impliqués dans
l’apprentissage moteur, il est accepté que celui-ci repose sur des mécanismes centraux et
périphériques comprenant trois phases (Adams, 1971). La première phase correspond à la
sélection d’un programme moteur. Par la suite, la spécification de ce programme se fera à
l’aide de paramètres qui seront en adéquation avec le but environnemental. Enfin, la
dernière phase est celle de la détection / correction des erreurs d’exécution qui s’opèrera sur
la base du traitement des informations sensorielles. Pour l’apprentissage moteur prospectif,
le processus qui traite ces informations sensorielles serait à la base du rappel des intentions.
Références
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1226.
175 5) Souplesse cognitive, de la pratique à la théorie.
Wagener, Bastien, Boujon, Christophe, Fromage, Benoît (Université d’Angers). Résumé
Au cours de nos récents travaux sur le lien entre pratiques de l’attention
(relaxation/méditation) et métacognition, nous avons pu constater que cette approche
globale de l’individu constitue une remédiation métacognitive efficace (Wagener et al.,
2010a). Ces pratiques traditionnelles présentent donc un intérêt élargi, puisqu’elles
permettent, en plus du développement de l’attention (Lutz et al., 2009), de réduire l’anxiété
(Murakami et al., 2006) et d’améliorer la justesse métacognitive. Plutôt que de nous intéresser
aux détails de chaque domaine pris isolément (cognition, métacognition et émotions), notre
travail sur le terrain nous a orientés vers une approche holistique qui serait plus fidèle à la
réalité de l’impact de ces pratiques. C’est pourquoi, dans cette optique globaliste et
intégrative (Wagener et al., 2010b), nous proposons le concept de souplesse cognitive. Celleci nous permet d’aborder les changements survenant chez le sujet suite à ces pratiques de
manière globale, nous faisant alors entrevoir des applications plus larges de celles-ci.
Analyse critique
Pratiques de l’attention (PA), effets observés: Sous le terme de pratiques de l’attention, nous
regroupons les pratiques de relaxation et de méditation. Selon Cahn et Polich (2006), ces
pratiques consistent en une autorégulation volontaire du corps et de l’esprit par le sujet,
affectant ainsi les évènements mentaux et mettant en œuvre une disposition de l’attention
particulière. Il existe plusieurs techniques différentes, mais elles ont toutes en commun la
réduction de l’éparpillement attentionnel. Grâce à un apprentissage et une pratique régulière
de celles-ci, l’attention, la mémoire de travail et le monitoring sont améliorés (Lutz et al.,
2009 ; Brefczynski-Lewis et al., 2007 ; Cahn et Polich, 2006 ; Lutz et al., 2008 ; Chambers et al.,
2008 ; Cahn & Polich, 2009). Des effets positifs sur la santé, les émotions et les troubles du
comportement sont aussi à relever (Kanji, 2000; Krampen, 1996; Murakami et al., 2006;
Goldbeck & Schmid, 2003; Miu et al., 2009). Enfin, comme l’a suggéré Gould (2009) et comme
nous l’avons montré (Wagener, et al., 2010a), la métacognition est également améliorée grâce
à ces pratiques.
Souplesse cognitive : En travaillant avec des PA, on n’intervient plus seulement sur un
mécanisme ou une fonction particulière du psychisme humain. Il s’agit ici d’améliorer le
fonctionnement conscient, au cœur de la régulation de nos comportements. Nous proposons
ici le terme de souplesse cognitive, à mettre en parallèle avec la souplesse physique. Grâce
aux PA, on obtient tout d’abord des Résultats sur le mental comparables aux Résultats
d’étirements sur le corps. Ainsi, le travail psychophysiologique permet une meilleure
récupération, une prévention des « blessures » liées au stress (impact sur les émotions), une
plus grande mobilité cognitive (impact sur la métacognition) et de meilleures performances
(impact sur l’attention, la mémoire de travail et le monitoring). C’est le travail sur la
conscience et donc sur l’ensemble du système cognitif, qui engendre cet impact holistique.
Un mental plus souple, dont les différentes composantes sont intégrées et dont les relations
sont plus fluides, possède une meilleure réactivité et une plus grande adaptabilité. La
souplesse cognitive prend en compte ce travail holistique et permet d’aborder l’articulation
entre plusieurs dimensions du système complexe que représente notre fonctionnement
psychique. Les travaux cités précédemment sur les PA et notre propre expérience d’une
méthode de relaxation transmise à des étudiants nous montrent l’étendue des bénéfices et
l’aspect intégré d’un travail sur la souplesse cognitive.
Retour vers la pratique : Dans ce domaine, le travail théorique est intéressant de par la mise en
relation plus fluide de domaines souvent considérés de manière isolée pour des raisons
autant pratiques que théoriques. Pourtant, le concept de souplesse cognitive suscite
176 également une meilleure compréhension de ce qui se passe chez une personne impliquée
dans une tâche de résolution de problème quelle qu’elle soit (tâches académiques, relations
sociales, problèmes professionnels, tâches complexes, etc.). Grâce à cette approche il est
possible d’aborder le fonctionnement cognitif de manière systémique, et ce avec des outils
appropriés, qui travaillent sur l’ensemble du fonctionnement mental. La souplesse cognitive,
associée à des méthodes telles que les PA, présente ainsi une approche prometteuse dans le
domaine des apprentissages, mais aussi de la santé. Il ne s’agit cependant pas de la panacée,
et cette approche peut être envisagée de manière complémentaire à celles plus « classiques »
déjà existantes.
Conclusions : Le développement de la souplesse cognitive passe par les PA et donc par une
démarche consciente et volontaire. Ces pratiques empiriques nous apportent des éléments
qui nous permettent d’aborder l’homme de manière plus holistique. De cette richesse
pragmatique, nous pouvons développer des modèles théoriques recouvrant les phénomènes
observés suite aux PA et prenant mieux en compte la complexité de l’esprit humain en
situation réelle.
Références
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Française de Psychologie, Lille, France.
Wagener, B., Boujon, C., & Fromage, B. (2010b). Métacognitions, émotions et motivations.
Psychologie Internationale, pratiques et recherche, 1.
177 15-16H- COMMUNICATIONS AFFICHEES
Titres des communications affichées et Intervenants
1. Influence des connaissances graphotactiques dans l’apprentissage de nouveaux mots en
fin d’école élémentaire
Borchardt, Gaëlle &Pacton, Sébastien (Université Paris Descartes).
2. Influence d’arrière-plans en mouvement sur la performance de recherche visuelle
Caroux, Loïc, Le bigot, Ludovic &Vibert, Nicolas (Université de Poitiers).
3. Les activités culturelles favorisent-elles la qualité de la vie des enfants hospitalisés ?
Catunda, Carolina &Lemétayer, Fabienne (Université Paul Verlaine - Metz).
4. Profil cognitif à la wiscIV et à la wppsiIII des enfants dysphasiques. Étudetransversale
et longitudinale.
Crépin*, Anne, Casalis*, Séverine, Le Cunff**, Justine, Lemaître**, Marie-Pierre (*Université Charlesde-Gaulle Lille 3, **Crdta de Loos,).
5. Profil neuropsychologique au wisc-IV chez 60 enfants dyslexiques
De clercq- Quaegebeur*, Maryse, Casalis**, Séverine, Lemaitre*, Marie-Pierre, Bourgois*, Béatrice,
Vallée*, Louis (*CHRU, Lille, **Université Nord de France).
6. Prédire les comportements pro sociaux au travail, liens avec les variables
organisationnelles et individuelles
Desrumaux, Pascale, Boundenghan, méthode Claudien, Leoni, Véronique (Université Charles-deGaulle Lille 3).
7. Quelles conséquences du hiatus vie professionnelle et vie familiale sur le stress et la
détresse psychologique ?
Desrumaux, Pascale (Université Charles-de-Gaulle Lille 3), Maganga, Rose de Lima (Université
d’Amiens), Lourel, Marcel (Université d’Artois).
8. Satisfaction, niveau antérieur et pronostic de la réussite lors d’un TD à l’université.
Gillet, Isabelle (Université de Bourgogne), Gilibert, Daniel (Université de Bourgogne),
9. Prévenir ou diminuer l’apparition des reviviscences du trouble de stress post
traumatique: un objectif neurocognitiviste.
Godard, Rebecca, Tarquinio, Cyril, Barcenilla, Javier (Université Paul Verlaine Metz)
10. Sur l´inquiétante des relations sur internet: une analyse à partir d´une analogie avec
l’hétéronymie chez le poète portugais fernandopessoa.
Godinho NeryGomes Azevedo, Lívia (Université de Sergipe), Da Silva junior, Nelson (Université de
São Paulo).
11. L’influence de l’âge sur l’effet de l’orthographie et l’effet de bizarrerie.
Gounden, Yannick, Nicolas, Serge (Université ParisDescartes).
12. La régulation des émotions négatives par le biais d’images humoristiques chez les
adultes jeunes et âgés.
Harm, Jonathan&Vieillard, Sandrine (Université de Franche-Comté).
178 13. Impact de la conception d’un jardin thérapeutique sur l’orientation spatiale dans la
maladie d’Alzheimer : méthodologie d’évaluation originale.
Jacob, Christel (CHU, Nancy), Trognon, Alain (UniversitéNancy 2), Rivasseaujonveaux, Thérèse
(CmrrLorraine CHUNancy), Batt, Martine (UniversitéNancy 2), Fescharek, Reinhard (Fescharek
sculpture and design, Marburg/Lahn, Allemagne), Pop, Alina (CHU, Nancy)
14. La qualité de vie des personnes souffrant d'obésité
Jeanmougin, France&Lemetayer, Fabienne (UniversitéPaulVerlaine - Metz).
15. Motivation et efficience cognitive Étude auprès d’une population âgée dépendante
Jeannelle, Pierre&Clément, Evelyne (Université de Rouen).
16. Effets de l’implémentation d’intention sur la généralisation et stabilisation
ducomportement
Legrand, Eve, Mignon, Astrid (UniversitéLilleNord de FranceLille 3).
17. Influence de la personnalité et de la réactivité émotionnelle différentielle sur la prise
de décision
Mardaga, Solange &Hansenne, Michel (Université de Liège).
18. Adaptation de « l'indicatori di qualitàurbanaresidenzialepercepita » (iqurp) en langue
française
Mariette*, Jean-Yves, Rioux*, Liliane (*UniversitéParisOuest la Défense), Bonauito, Marino
(Université de Rome la Sapienza).
19. « Se suicider avec les dents »
Rochaix, Delphine, Pedinielli, Jean-Louis&Bonnet, Agnès (Université de Provence).
20. Amorçage subliminal des émotions, pied-dans-la-porte, et comportement d’entraide.
Skandrani-Marzouki, Inès (Université de Provence).
21. Temps, traitement & cancer : chimiothérapie et remaniement psychique chez le sujet
atteint de cancer
Sonnery, Laure &Siksou, Maryse (UniversitéLyon2 Institut de Psychologie).
22. Reconnaissance au travail et collectifs en crise : le cas d’une entreprise du secteur
public
Tatu petric, Ofelia (Université de Rouen).
23. Pragmatique et autisme, vers une modélisation de l'intercompréhension dans
l'entretien clinique.
Yzoard, Manon, Trognon, Alain&Batt, Martine (Université de Nancy 2).
179 1) Influence des connaissances graphotactiques dans l’apprentissage de nouveaux
mots en fin d’école élémentaire
Borchardt, Gaëlle &Pacton, Sébastien (UniversitéParisDescartes). Résumé
Dans l’apprentissage de l’orthographe de nouveaux mots, le recodage phonologique joue un
rôle important mais ne peut pas tout expliquer. Certaines études ont suggéré le rôle des
connaissances lexicales antérieures, d’autres le rôle des connaissances graphotactiques. Mais
l’impact de ces deux connaissances n’a pas été mesuré séparément.
Cette étude montre l’impact des connaissances graphotactiques lors de l’apprentissage de
nouveaux mots auprès d’élèves de CM2. Premièrement, le niveau d’apprentissage
orthographique varie en fonction du type de mots à apprendre (plus ou moins congruents
avec les régularités graphotactiques du français). Deuxièmement, des analyses de régression
indiquent que la sensibilité aux régularités graphotactiques prédit l’apprentissage après
avoir contrôlé le recodage phonologique et les connaissances lexicales.
Introduction
Share (1995, 1999) a mis en évidence le rôle du recodage phonologique dans l’acquisition de
l’orthographe lexicale. Cependant le recodage phonologique ne permet pas d’expliquer la
totalité de cet apprentissage. Cunningham (2006) a montré que le niveau d’apprentissage de
l’orthographe de nouveaux mots est prédit par les connaissances orthographiques
antérieures même après avoir contrôlé le niveau de recodage phonologique. Néanmoins, la
connaissance de l’orthographe de mots spécifiques et celle de régularités graphotactiques
n’étant pas distinguées dans cette étude, leur rôle respectif demeure inconnu. Dans l’étude
de Nation et al (2007), une corrélation entre le niveau moyen de recodage phonologique et le
niveau moyen d’apprentissage orthographique était observée, mais cette relation ne se
maintenait pas lors d’une analyse item par item. Les auteurs suggèrent que l’utilisation de
connaissances graphotactiques pourrait expliquer ces différences inter-items mais ne
fournissent aucune donnée expérimentale dans ce sens.
Cette étude explore le rôle des connaissances graphotactiques sur l’acquisition de nouveaux
mots auprès d’enfants scolarisés en CM2 de deux façons. Premièrement, en explorant si le
niveau d’apprentissage de l’orthographe de nouveaux mots varie en fonction de la
congruence entre les combinaisons de lettres formant ce mot et les régularités du français.
Deuxièmement, en explorant si les performances à un test évaluant les connaissances
graphotactiques prédisent l’apprentissage de l’orthographe de ces nouveaux mots après
avoir contrôlé le recodage phonologique et les connaissances lexicales antérieures.
Méthode
Participants
24 enfants de CM2 (M age= 10 ans 6 mois, SD= 5.7 mois) de langue maternelle française.
Matériel
Pseudo-mots incluant 2 consonnes cibles :1 fréquemment doublée r ; t ; n et 1 rarement
doublée b ; g ; d (eg : liboté). Trois types de pseudo-mots ont été créés : sans doublet liboté,
incluant un doublet fréquent libotté, incluant un doublet rare libboté.
Procédure
Lecture de 3 histoires comprenant chacune 2 pseudo-mots, répétés 5 fois. Session suivie
d’une tâche de choix forcé dans laquelle le sujet doit choisir l’orthographe correcte des
pseudo-mots parmi 3 possibilités.
Test évaluant les connaissances graphotactiques et lexicales.
Résultats
180 Le choix de l’orthographe correcte est supérieur au seuil du hasard, il y a donc
apprentissage. Les performances sont meilleures pour les mots ne contenant aucun doublet
et, parmi les mots incluant un doublet les performances sont supérieures pour ceux
possédant un doublet fréquent. Les erreurs de transposition sont significativement
supérieures pour les items incluant un doublet rare (libboté devenant libotté plutôt que
libotté devenant libboté). L’ajout d’un doublet fréquent est plus élevé que celui d’un doublet
rare pour les items sans doublet.
Après avoir contrôlé le recodage phonologique, l’analyse de régression révèle que les
connaissances graphotactiques expliquent une part de variance supplémentaire ainsi que les
connaissances lexicales. Après avoir contrôlé le recodage phonologique et les connaissances
lexicales, les connaissances graphotactiques expliquent toujours une part de variance.
Discussion
Cette étude met en évidence le rôle des connaissances graphotactiques sur l’acquisition de
l’orthographe. Plus les nouveaux mots sont congruents avec les régularités de la langue,
mieux ils sont appris. Les élèves repèrent que certains items incluent un doublet mais
transposent ce doublet à une autre consonne en se fondant sur leur sensibilité au fait que
certaines consonnes sont plus fréquemment doublées que l’autre. Les analyses de régression
montrant que l’apprentissage de l’orthographe est prédit par les connaissances
graphotactiques après avoir contrôlé le recodage phonologique et les connaissances lexicales
suggèrent que l’apprentissage de nouveaux mots est influencé par des connaissances
graphotactiques, indépendantes des connaissances lexicales.
Références
Cunningham, A. E. (2006). Accounting for children’s orthographic learning while reading
text : Do children self-teach ? Journal of Experimental Child Psychology, 95, 56-77.
Nation, K., Angell, P., & Castles, A. (2007). Orthographic learning via self-teaching in
children learning to read English: effects of exposure, durability and context. Journal
of Experimental Child Psychology, 96, 71-84.
Share, D. L. (1995). Phonological recoding and self-teaching: Sine qua non of reading
acquisition. Cognition, 55, 151-218.
Share, D. L. (1999). Phonological recoding and orthographic learning: A direct test of the
selfteaching hypothesis. Journal of Experimental Child Psychology, 72, 95-129.
181 2) Influence d’arrière-plans en mouvement sur la performance de recherche visuelle
Caroux, Loïc, Le bigot, Ludovic &Vibert, Nicolas (Université de Poitiers). Remerciements
Loïc Caroux est financé par une allocation de recherche doctorale de la Direction Générale de
l’Armement (DGA), et suivi dans ce cadre par Didier Bazalgette
Résumé
Les interfaces visuelles de certains environnements virtuels, comme les jeux vidéo,
présentent des scènes dynamiques complexes composées d’éléments d’information présentés
sur des fonds structurés en mouvement. Le but de cette étude était d’observer l’impact de
deux types de mouvement du fond sur la performance et les mouvements du regard
d’observateurs lors d’une tâche typique de recherche visuelle. Les résultats ont montré que
des fonds en mouvement simulant soit un déplacement « latéral », soit un déplacement « en
profondeur » de l’observateur modifiaient les mouvements du regard par rapport à un fond
« statique ». Cependant, seul le mouvement « en profondeur » diminuait la performance de
recherche visuelle par rapport au fond « statique ». Ces résultats peuvent s’expliquer par les
différents mouvements compensatoires du regard, tels que le nystagmus optocinétique,
déclenchés par les différents mouvements du fond.
Introduction
De plus en plus d’activités humaines utilisent des environnements virtuels (EV). Certains
EV, comme les jeux vidéo, possèdent une interface visuelle complexe, constituée
d’informations superposées à des arrière-plans structurés et en mouvement. Deux types de
mouvements du fond sont généralement observés : un mouvement de type latéral (par ex. de
la droite de l’écran vers la gauche), ou un mouvement en profondeur (par ex. de l’arrière
vers l’avant) utilisé pour simuler un mouvement de l’utilisateur (ici vers l’avant). Ces deux
types de mouvement du fond peuvent induire chez l’observateur des mouvements oculaires
compensatoires comme le nystagmus optocinétique (OKN) (Ilg, 1997). L’OKN, déclenché par
un fond structuré en mouvement continu, comporte deux phases : des mouvements oculaires
lents, compensatoires, dans la direction du mouvement du fond alternent avec des
mouvements rapides de recentrage dans la direction opposée. Pendant le nystagmus
optocinétique, le regard de l’observateur est généralement dévié vers l’origine du
mouvement, et certaines capacités visuelles peuvent être altérées. Par exemple, un
mouvement latéral du fond dégrade la précision de la localisation d’une cible apparaissant
brièvement sur un écran par rapport à un fond statique (Tozzi, Morrone, & Burr, 2007).
D’autres études ont montré que lorsque des participants devaient rechercher une cible
immobile parmi plusieurs objets distracteurs en mouvement, les temps de réponse étaient
plus faibles lorsque l’ensemble des mouvements des objets simulait un mouvement en
profondeur plutôt que d’autres types de mouvement (Royden, Wolfe, & Klempen, 2001).
L’objectif de l’étude présente était d’observer l’impact de mouvements latéraux ou en
profondeur d’un arrière-plan structuré, par rapport à un arrière-plan statique, sur la
performance et les mouvements du regard d’observateurs lors d’une tâche de recherche
visuelle (Wolfe, 1998). La première hypothèse était que pour les deux fonds en mouvement,
le temps de réponse devait augmenter par rapport au fond statique. La deuxième hypothèse
était que les mouvements oculaires seraient également modifiés et expliqueraient les
augmentations des temps de réaction.
Méthode
Vingt-trois volontaires ont participé à l’expérimentation. Ils devaient à chaque essai indiquer
si une cible préalablement mémorisée était présente ou absente parmi un ensemble de 9
182 objets affichés en un large cercle au centre de l’écran. La variable indépendante manipulée en
intra-participant était le fond utilisé pendant la tâche. Trois types de fond ont été construits
en utilisant un même pattern constitué de rayures grises et blanches alternées selon un profil
sinusoïdal. Ce pattern déclenche un OKN lorsqu’il est en mouvement (Tozzi et al., 2007).
L’arrière-plan pouvait soit être « statique », soit simuler un mouvement latéral du
participant vers la droite, soit simuler un mouvement en profondeur du participant vers
l’avant. Avant chaque bloc de 4 essais, le fond était affiché seul à l’écran pour permettre le
déclenchement de l’OKN avant l’apparition des objets. Les temps de réponse ont été
enregistrés à chaque essai et les mouvements oculaires suivis avec un oculomètre Tobii T120.
Résultats et Discussion
La première hypothèse n’a été qu’en partie vérifiée. Les temps de réponse des participants
étaient supérieurs lorsque l’arrière-plan simulait un mouvement en profondeur par rapport
aux deux autres conditions, mais aucune différence significative n’a été observée entre le
fond en mouvement latéral et le fond statique. En revanche, la deuxième hypothèse a été
entièrement vérifiée. Les deux arrière-plans en mouvement modifiaient les mouvements du
regard par rapport à un fond statique, avant et pendant le processus de recherche visuelle.
Par exemple, les fixations initiales (effectuées avant l’apparition des objets à l’écran) étaient
en moyenne plus proches du centre de l’écran lorsque le fond simulait un mouvement en
profondeur que dans les deux autres conditions. Ces fixations étaient aussi plus à droite de
l’écran en situation de mouvement latéral que dans les deux autres conditions. Pour chacun
des deux fonds en mouvement, le regard était donc dévié vers l’origine du mouvement
pendant l’apparition des objets. Par contre, une fois les objets à l’écran, le regard s’orientait
dès la première saccade vers les objets présentés, quel que soit l’arrière-plan. En moyenne, les
fixations initiales étaient plus éloignées des objets lors de la simulation d’un mouvement en
profondeur que dans les deux autres conditions, ce qui expliquerait les temps de réponse
plus élevés dans cette situation. Ainsi, bien que les performances obtenues ne soient pas
totalement en accord avec la littérature, les enregistrements des mouvements du regard
permettent de les comprendre. En résumé, les mouvements oculaires compensatoires
provoqués par des fonds en mouvement avant et pendant l’apparition des objets expliquent
la baisse de performance observée dans une tâche de recherche visuelle. Cependant, la
modification des mouvements oculaires des observateurs n’a pas le même impact sur la
performance selon la nature et la complexité du mouvement du fond. D’autres conséquences
des mouvements oculaires induites par les arrière-plans en mouvement sur la recherche
visuelle seront présentées lors du congrès.
Références
Ilg, U. J. (1997). Slow eye movements. Progress in Neurobiology, 53(3), 293-329.
Royden, C. S., Wolfe, J. M., & Klempen, N. (2001). Visual search asymmetries in motion and
optic flow fields. Perception & Psychophysics, 63(3), 436-444.
Tozzi, A., Morrone, M. C., & Burr, D. C. (2007). The effect of optokinetic nystagmus on the
perceived position of briefly flashed targets. Vision Research, 47(6), 861-868.
Wolfe, J. M. (1998). What can 1 million trials tell us about visual search? Psychological
Science, 9(1), 33-39.
183 3) Les activités culturelles favorisent-elles la qualité de la vie des enfants hospitalisés
?
Catunda, Carolina &Lemétayer, Fabienne (UniversitéPaulVerlaine ­ Metz). Résumé
Cette étude examine l’impact des activités culturelles sur la qualité de vie des enfants
hospitalisés pour un court séjour (3 jours environ). La qualité de vie a été évaluée à l’aide de
l’Inventaire Systémique de Qualité de Vie pour Enfants (ISQV-Eã) (Missotten, Etienne &
Dupuis, 2007). Ce questionnaire a été administré à trente neuf enfants âgés de 8 à 12 ans,
répartis en trois groupes : Groupe 1 : 8 enfants hospitalisés bénéficiant d’une activité
culturelle ; Groupe 2 : 11 enfants hospitalisés sans activité culturelle ; Groupe contrôle : 20
enfants recrutés dans des écoles ordinaires. Tous ces enfants ont également répondu au
Children's Depression Inventory (CDI - Kovacs, 1982). Les Résultats ont montré des
différences significatives (p<.05) entre les groupes d’enfants pour trois domaines de vie de
l’ISQV-Eã : l’Alimentation (au profit du Groupe contrôle vs Groupe 2) ; les Vêtements (au
profit du Groupe 1 vs Groupe 2) ; et le Sport (au profit du Groupe 1 vs Groupe contrôle). Des
corrélations significatives (p<.01) ont également été trouvées entre l’ISQV-Eã et les
symptômes dépressifs. La discussion souligne l’importance d’examiner le rôle des activités
culturelles sur la qualité de vie des enfants hospitalisés, même pour un court séjour.
Introduction
Les enfants ont des besoins de santé qui dépendent de la qualité de l'interaction entre les
sphères sociales, biologiques et psychologiques, selon le stade de leur développement.
Malgré tous les mécanismes de défense et de protection qui l'entoure, les événements
traumatisants de la vie d'un enfant peuvent conduire à une altération du développement
normal et un risque accru des problèmes de santé.
L'environnement de l'hôpital apporte à l’enfant des sentiments de crainte envers le
traitement parce qu'il ne s'attend pas à de bonnes choses qui peuvent générer du plaisir
(Françani, Zilioli, Silva, Sant’ana & Lima, 1998). Par conséquent, l'enfant hospitalisé a besoin
d'actes qui peuvent minimiser le stress et ainsi contribuer à ce que l'hospitalisation puisse
nuire le moins possible à son développement.
Dans cette perspective, certaines stratégies peuvent être mises en œuvre, comme la présence
constante d'une personne de la famille, des renseignements précis sur la maladie et le
traitement, l'égard aux stades d'évolution de l'enfant, offrant un environnement plus
confortable dans lequel les enfants se sentent motivés à jouer de manière plus active
(Oliveira, 1997 in Lima, Azevedo, Nascimento & Rocha, 2009).
Ainsi, la culture dans l'hôpital, comme une forme d'expression humaine, pourrait canaliser
positivement les variables dans le développement des enfants hospitalisés et contrecarrer les
facteurs négatifs de type affectif qui viennent avec la maladie et l'hospitalisation.
L'objectif de cette étude vise à examiner l’impact des activités culturelles proposées à
l'hôpital sur le bien-être des enfants d’âge scolaire hospitalisés, en ayant recours à une
approche comparative. Plus précisément, elle a pour objet de comparer la qualité de vie et la
souffrance dépressive entre des enfants ayant choisi de bénéficier de ces activités d’une part,
et des enfants ayant refusé ces activités, d’autre part. Les enfants bénéficiant des activités
culturelles sont attendus présenter une meilleure qualité de vie et moins de souffrance
dépressive que leurs pairs d’âge.
Méthode
184 Trente-neuf enfants hospitalisés dans la région mosellane ont participé à cette étude. Ils ont
été répartis en trois groupes de la façon suivante : 1/ Le Groupe 1 est composé de 8 enfants
hospitalisés ayant fait le choix de participer aux activités culturelles ; 2/ le Groupe2 est
constitué de 11 enfants hospitalisés ayant fait le choix de ne pas participer aux activités ; 3/
enfin, le Groupe 3 est un groupe contrôle de 20 enfants non hospitalisés, et recrutés dans une
école en milieu ordinaire. Les critères d'inclusion pour les deux groupes d’enfants
hospitalisés impliquaient d’être hospitalisés au moins trois jours et être âgés entre 8 et 12 ans.
Tous les enfants de cette étude ont été rencontrés sur la base du volontariat des enfants et de
leurs familles, et après avoir obtenu un consentement éclairé signé des parents.
Tous ces enfants ont eu à répondre à deux questionnaires. Le premier concerne la qualité de
vie, mesurée ici à l’aide de l’Inventaire Systémique de Qualité de Vie pour Enfants (ISQVE©). Le second questionnaire évalue la souffrance dépressive à l’aide du Children's
Depression Inventory (CDI - Kovacs, 1982).
Résultats
Globalement, les résultats montrent des différences significatives entre les groupes d’enfants
liées aux domaines de vie suivants : l’alimentation, les vêtements et le sport. L’alimentation
diffère significativement entre les groupes d’enfants hospitalisés sans activité et le groupe
contrôle (F(2) = 5,45 et p < 0,01), au profit du groupe contrôle. En revanche, le domaine de
vie lié aux vêtements diffère significativement entre les groupes d’enfants hospitalisés avec
activités et sans activités (F(2) = 4,47 et p < 0,05) au profit du groupe qui a participé à des
activités. Enfin, il existe des différences significatives concernant le sport entre les groupes
d’enfants hospitalisés avec activités et le groupe contrôle (F(2) = 8,07 et p < 0.01), au profit
d’enfants hospitalisés qui ont participé aux activités.
Par ailleurs, nous avons effectué des corrélations de Pearson afin d'étudier les liaisons entre
le score général du CDI et le score général de l’ISQV-E. Une corrélation moyenne (r = 0,43)
significative au seuil de p < 0.01 a été trouvée entre la qualité de vie et la dépression chez
tous les enfants.
Discussion
Les résultats de cette étude montrent que la qualité de vie des enfants hospitalisés pour un
court séjour est satisfaisante. Toutefois, et même si les activités culturelles à l‘hôpital
contribuent à améliorer le séjour hospitalier, l’analyse comparative menée entre les deux
groupes d’enfants hospitalisés n’a pas vraiment permis de mettre en évidence leur impact
sur leur qualité de vie à l’hôpital. Nous supposons que le faible effectif pourrait expliquer
l’absence de différence significative entre ces deux groupes d’enfants hospitalisés. Cela étant,
nous pensons également que les enfants hospitalisés sans activités ont sans doute refusé
celles proposées par l’hôpital, mais privilégié les leurs (jouer à des jeux vidéos, écouter de la
musique, lire…), contribuant ainsi à maintenir une qualité de vie satisfaisante durant leur
court séjour en milieu hospitalier. La question posée alors est de savoir si ces activités
proposées par l’hôpital ou choisies et gérées par les enfants eux-mêmes ont un même impact
sur la qualité de vie des enfants, lors de long séjour en milieu hospitalier.
Références
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185 4) Profil cognitif à la wiscIV et à la wppsiIII des enfants dysphasiques. Étude
transversale et longitudinale.
Crépin*, Anne, Casalis*, Séverine, Le Cunff**, Justine, Lemaître**, Marie­Pierre (*Université Charles­de­Gaulle Lille 3, **Crdta de Loos,). Résumé
A l’heure actuelle, aucun consensus n’existe face à l’hétérogénéité de la terminologie mais
également de la sémiologie des troubles du langage oral. La dysphasie est un trouble
complexe touchant à la fois le langage oral et la sphère cognitive. Très peu d’études
francophones ont tenté de dégager les liens entre ces différentes composantes. Notre objectif
est d’évaluer le profil cognitif à l’aide du WISC IV et de la WPPSI III d’enfants dysphasiques.
L’étude est réalisée de manière transversale mais également longitudinale afin de prendre en
compte la dynamique développementale de l’enfant qui a un impact fort sur cette
pathologie. Après synthèse en équipe pluridisciplinaire, trois types de dysphasie sont
retenues : phonologico-syntaxique, lexico-syntaxique et réceptive. On s’attend à ce que 1) le
profil cognitif, globalement, mette en évidence des capacités verbales et de mémoire de
travail faibles et des capacités de raisonnement non verbal préservées ; 2) il y ait un
retentissement de l’altération des habiletés conceptuelles verbales sur les habiletés
conceptuelles non verbales ; 3) le déficit cognitif soit plus global dans les formes de
dysphasies réceptives ; 3) selon l‘évolution, les profils soient hétérogènes indépendamment
du type de dysphasie ; 4) l‘entrée dans la lecture est un impact sur les habiletés
conceptuelles. La mise en évidence de troubles cognitifs associés doit être prise en compte
lors du diagnostic de l’enfant dysphasique.
Mots Clés : dysphasie, profil cognitif, WISC IV, WPPSI III.
Introduction
Définir un trouble spécifique du langage oral est une tâche ardue, que ce soit au niveau de la
terminologie ou de la sémiologie. Depuis 1866, l’importante évolution de la notion de
dysphasie reflète l’intérêt que suscitent les troubles du langage oral malgré leur complexité.
Afin d’établir un cadre précis face à cette hétérogénéité, diverses classifications ont vu le jour.
Cependant, de nombreux auteurs ont dénoncé l’insuffisance des critères diagnostiques et ont
tenté d’établir leur propre classification. Ainsi, à l’heure actuelle, il n’existe aucun consensus
permettant la comparaison de Résultats issus des différentes études.
De plus, la dysphasie est un trouble qui touche également la sphère cognitive. En France, le
WISC IV est la batterie de tests la plus communément utilisée pour l’évaluation cognitive
globale. Par rapport au WISC III, cette version permet une évaluation plus fine de
l’intelligence de l’enfant. Deux études ont tenté d’établir les profils cognitifs d’enfants
dysphasiques à l’aide de cet outil psychométrique. Cependant, différents biais
méthodologiques rendent difficile l’appréciation des Résultats. De plus, il est important de
prendre en compte l’aspect dynamique du développement de l’enfant. Certaines études
longitudinales ont montré qu’un enfant catégorisé selon un type de dysphasie pouvait
évoluer vers un autre diagnostic avec l’âge et que les scores non verbaux issus d’échelles de
Wechsler changent au cours du temps.
Objectifs de notre étude
1) Evaluer le profil cognitif au WISC IV et à la WPPSI III d’enfants diagnostiqués
dysphasiques en fonction du type de dysphasie : phonologico-syntaxique, lexicalesyntaxique et réceptive ;
2) Evaluer l’évolution des profils de la maternelle au CM2 ;
3) Evaluer l’impact de la dysphasie sur les habiletés conceptuelles verbales et non verbales
4) Evaluer l’impact de l’entrée en lecture sur l’accès à la conceptualisation.
186 Méthode
Sujets
La population retenue est composée d’enfants reçus en consultation au Centre Régional de
Diagnostic des Troubles d’Apprentissage de Lille entre 2006 et 2011, présentant des troubles
du langage oral et dont l’évaluation neuropsychologique comportait le WISC IV ou la
WPPSI III et l’évaluation orthophonique des tests évaluant les capacités phonologiques et
morphosyntaxiques, le lexique expressif et réceptif ainsi que la compréhension spontanée.
Nous retenons les diagnostics de dysphasie phonologico-syntaxique, lexicale-syntaxique et
réceptive.Ces enfants suivent une scolarité normale ou avec redoublement et présentent un
raisonnement non verbal dans la norme.Les critères de sévérité et de durabilité sont retenus
pour le diagnostic.A partir de cette population, une étude transversale ainsi qu’une étude
longitudinale sont effectuées.
Etude 1 (transversale)
La population comprend 56 enfants âgés de 4 ans 2 mois à 15 ans (M = 7,11) scolarisés de la
moyenne section de maternelle jusqu’au CM2 (dont un enfant en 3ème ; 3 enfants en CLIS 1).
Trois groupes expérimentaux sont testés : 43 enfants dysphasiques phonologiques
syntaxiques (DPS), 4 dysphasiques lexicales syntaxiques (DLS), 9 dysphasiques réceptifs
(DR).
Etude 2 (longitudinale) : (recueil des données en cours)
L’étude se porte sur un petit échantillon d’enfants diagnostiqués selon trois types de
dysphasie, évalués en Moyenne et Grande Section de Maternelle, CP, CE2 puis CM2.
Matériel
Le WISC IV permet d’évaluer l’efficience cognitive globale à partir de dix sous-tests
obligatoires regroupés sous 4 indices factoriels : l’Indice de Compréhension Verbale (ICV)
comprenant les subtests obligatoires Similitudes, Vocabulaire et Compréhension ; l’Indice de
Raisonnement Perceptif (ICV) comprenant les subtests Cubes, Identification de Concepts et
Matrices ; l’Indice de Mémoire de Travail (IMT) comprenant Mémoire de Chiffres et
Séquence Lettres-Chiffres ; et enfin l’Indice de Vitesse de Traitement (IVT) comprenant
Codes et Symboles.
La WPPSI III est utilisée pour les enfants plus jeunes à partir de 3 types de subtests
principaux permettant le calcul d’un Quotient Intellectuel Verbal (QIV), Performance (QIP)
et de Vitesse de Traitement (QVT).
Résultats
On observe :
•
•
•
•
Quel que soit le type de dysphasie, les ICV/QVT et IMT sont plus faibles et
l’IRP/QIP est dans les normes ;
L’indice IMT est plus faible chez les enfants atteints de dysphasie réceptive ;
Des profils différents selon l’âge de première consultation avec une sévérité plus
importante chez les enfants les plus jeunes notamment au niveau de l’ICV/QIV
Une dissociation entre les Résultats aux subtests Similitudes et Identification de
Concept avant le CP suivi d’une stagnation en CE1/CE2 ;
Discussion
Aux vues des répercussions sur le profil cognitif de la dysphasie, la dissociation entre indices
verbaux et non verbaux était attendue ;
La plus grande faiblesse en lien avec la dysphasie réceptive doit être rediscutée.
Au regard de la littérature, beaucoup d’auteurs ont retrouvé une faiblesse de la mémoire de
travail quelque soit le type de dysphasie (Zourou, 2010) ; ainsi qu’un profil cognitif
187 globalement changeant au cours du temps (Krassowski et Plante, 1997 ; Parisse et Maillart,
2009) ;
Le passage à l’écrit pourrait avoir des répercussions sur les capacités de raisonnement et de
conceptualisation.
Références
Krassowski, E., & Plante, E. IQ variability in children with SLI: Implications for use of
cognitive referencing in determining SLI. Journal of Communication Disorders, 30(1),
1-9.
Majerus, S., & Van Der Linden, M. (2001). Les relations entre compréhension verbale et
mémoire de travail : les approches interactives.
Zourou, F. (2010). Caractérisation de profils langagiers et cognitifs d'enfants avec troubles
spécifiques du langage (TSL). Thèse de Doctorat en Sciences Cognitives.
188 5) Profil neuropsychologique au wisc-IV chez 60 enfants dyslexiques
De clercq­ Quaegebeur*, Maryse, Casalis**, Séverine, Lemaitre*, Marie­Pierre, Bourgois*, Béatrice, Vallée*, Louis (*CHRU, Lille, **Université Nord de France). Etude publiée : Journal of Learning Disabilities, 43 (6), pp.563-574.
Souhait de la diffuser auprès des psychologues cliniciens francophones.
Introduction
Les échelles de Wechsler sont utilisées auprès d’enfants présentant des troubles du langage
écrit comme aide au diagnostic de la dyslexie, pour exclure la déficience intellectuelle. Le
WISC III (1996) identifie un QIV inférieur au QIP, et un profil ACID chez les dyslexiques [1],
toutefois peu discriminant et prédictif [4]. Thomson (2003) soulignait l’intérêt des subtests
Mémoire de Chiffres et Code, pour lesquels 68% d’un groupe de 252 enfants dyslexiques
présentait les scores les plus faibles.
Le WISC IV (2005) améliore les propriétés psychométriques et permet d’extraire 4 indices :
Compréhension Verbale (ICV), Raisonnement Perceptif (IRP), Mémoire de Travail (IMT),
Vitesse de Traitement (IVT).
Le profil de Résultats au WISC-IV est étudié prospectivement chez les enfants dyslexiques.
Méthode
Participants:
•
Enfant diagnostiqué dyslexique suite à une évaluation pluridisciplinaire
(neuropédiatrique, neuropsychologique, et orthophonique) au Centre Régional de
Diagnostic des Troubles d’Apprentissage du CHRU de Lille.
•
Passation des subtests principaux du WISC-IV
•
Période d’octobre 2005 à mai 2006 et octobre 2006 à avril 2007
•
Exclusion d’un Trouble Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité ou d’un Trouble
Anxieux
→ 60 enfants, âgés de 8 à 16 ans (m = 11 ans 4 mois)
Variables dépendantes : scores moyens obtenus aux indices et subtests du WISC IV
Résultats
•INDICES MOYENS
Anova : différences significatives entre les indices (F(3, 174)= 45.85, p<.01).
Comparaisons par paires à posteriori (test de Newman-Keuls) : IMT 75 limite < IVT 86
moyen faible < IRP et ICV 96 moyens (p<.01)
L’IMT est l’indice le plus faible chez 68% des 60 enfants dyslexiques.
•
SCORES MOYENS AUX SUBTESTS
Anova : différences significatives entre les subtests (F(10, 270 )=10, 48, p<.001).
Comparaisons par paires à posteriori (test de Newman-Keuls) :
Séquences Lettres-Chiffres 5.5, Mémoire de Chiffres 6 et Code 7.2 < autres subtests aux
scores moyens (p<.01), excepté Code et Symboles qui ne diffèrent pas entre eux.
•
EFFET DE L’AGE
Séparation par la médiane du groupe total en deux groupes d’âge.
Anova : pas d’effet du facteur âge sur les Résultats.
•
EFFET DE L’AGE
Séparation par la médiane du groupe total en deux groupes d’âge.
Anova : pas d’effet du facteur âge sur les Résultats.
•
EFFET DU TYPE DE DYSLEXIE
6 dyslexies phonologiques (DP) et 6 dyslexies de surface (DS)
189 U de Mann-Whitney :
- IMT DP 69.5 < IMT DS 85.5
- Mémoire de Chiffres DP 5.5 < Mémoire de Chiffres DS 8.5
- Séquences Lettres-Chiffres DP 4.2 < Séquences Lettres-Chiffres DS 6.7
Discussion
Contrairement au QIV du WISC III qui incluait des épreuves de mémoire à court terme,
l’ICV du WISC IV mesure de façon plus homogène l’expression orale. Il se situe à un niveau
moyen chez le groupe de dyslexiques, sans effet de l’âge (pas d’effet Mathieu), et ne se
différencie pas de l’IRP.
La faiblesse de l’IMT relativement aux autres indices apparaît fréquemment chez les enfants
dyslexiques. Ce constat conforte l’hypothèse d’un déficit phonologique prédominant dans la
dyslexie [2]. Mais la différence de patterns de Résultats selon le type de trouble du langage
écrit oriente vers l’hypothèse de déficits multiples dans la dyslexie.
Références
Kaufman, A. S. (1981). The WISC-R and learning disabilities assessment : state of the art.
Journal of Learning Disabilities, 14, 520-526.
Snowling, M.J. (2001). From language to reading and dyslexia. Dyslexia, 7, 37-46.
Thomson, M. (2003). Monitoring Dyslexics’ intelligence and Attainments : a follow-up study.
Dyslexia, 9, 3-17.
Watkins, M.W., Kush, J.C., Glutting, J.J. (1997). Discriminant and predictive validity of the
WISC-III ACID profile among children with learning disabilities. Psychology in the
Schools, 34, 309-319.
190 6) Prédire les comportements pro sociaux au travail, liens avec les variables
organisationnelles et individuelles
Desrumaux, Pascale, Boundenghan, méthode Claudien, Leoni, Véronique (Université Charles­de­Gaulle Lille 3). Introduction
Souvent perçu comme une forme de citoyenneté organisationnelle, le comportement
prosocial est volontaire et discrétionnaire, dans la mesure où il n’est pas inclus dans le
contrat de travail, (Borman & Motowidlo, 1993). Plus généralement, deux grandes catégories
de comportements sont distinguées, à savoir les comportements antisociaux, «comportement
qui dévie des normes formelles ou informelles, posé par un membre ou un ancien membre
d’une organisation, et pouvant affecter les employés de cette organisation ou l’organisation
elle-même » (Rioux et al., 2003) ; et les comportements prosociaux, «tout comportement
volontaire qui aide à préserver les normes organisationnelles et s’emploie à maintenir le
bien-être des membres de l’organisation » (Desrumaux, 2007). Les comportements
prosociaux englobent un éventail d’activités (aider un collègue, protéger ou dire du bien de
son organisation ou encore dynamiser…). Quelques rares recherches sur les comportements
prosociaux permettent de distinguer les conduites pro-organisationnelles et proindividuelles (Bierhoff, 2002 ; Podsakoff, et al. 2000). En nous inspirant des modèles
théoriques canadiens, traitant de la problématique de l’antisocialité au travail (Leblanc et al.
2004), et de celui de Desrumaux, (2007) intégrant la prosocialité, nous avons mis en relations
ces deux catégories de comportements avec les variables organisationnelles (engagement au
travail, justice organisationnelle) et individuelles (personnalité, affects et satisfaction) afin
d’observer les différents liens. L’étude a consisté d’une part, à valider une échelle de
comportements prosociaux et d’autre part, à mesurer l’effet des variables aussi bien
organisationnelles (justice, engagement) qu’individuelles (personnalité, affectivité,
satisfaction) sur les conduites au travail.
Méthode
Dans ce but, un questionnaire de 249 questions a été proposé à 83 salariés de diverses
entreprises françaises. Il mesurait la justice organisationnelle (Colquitt, 2001), l’engagement
dans le travail (Nyock, 2007), les affects positifs et les affects négatifs (Watson et al. 1988), les
traits de personnalité (névrosisme, extraversion et agréabilité) au moyen de l’Alter Ego
(1997) et la satisfaction dans le travail (Roussel, 1994). Les comportements prosociaux ont été
mesurés à l’aide d’une échelle réadaptée de Desrumaux (2007). Les participants devraient
répondre au moyen d’échelles de types Likert à 4, 5 ou 6 points selon le cas allant de (« très
peu ou pas du tout » à « très souvent ou tout à fait », de « pas du tout d’accord » à « tout à
fait d’accord » ou de « tout à fait vrai » à « tout à fait faux » ou encore « jamais » à « très
souvent », « très insatisfait » à « très satisfait »). Les alphas de Cronbach des échelles sont
satisfaisants, ce qui témoigne d’une bonne cohérence interne des échelles.
Résultats
Dans l’ensemble les résultats ne vérifient que partiellement nos hypothèses. Les analyses
corrélationnelles effectuées indiquent que certaines variables organisationnelles sont
corrélées avec les comportements prosociaux. Plus précisément, la justice procédurale est
positivement corrélée avec les comportements prosociaux, notamment les encouragements (r
= .25, p = .05), les autres dimensions de la justice organisationnelle n’étant pas en relation
avec la prosocialité. L’engagement affectif est par ailleurs corrélé aux comportements
prosociaux politiques (r = -.29, p = .05). En outre, les Résultats des corrélations sur les
variables individuelles mettent en exergue une influence considérable de ces variables sur les
comportements prosociaux. En effet, mis à part la variable satisfaction qui n’est corrélée à
191 aucune dimension de prosocialité, les autres variables sont corrélées à au moins une sous
dimension des comportements prosociaux. Les affects sont positivement corrélés à la
prosocialité (r = .53, p =.05).
Les variables de la personnalité telles que le névrosisme ou l’agréabilité sont, respectivement,
corrélées négativement et positivement à la prosocialité. Dans la même veine, nous avons
réalisé des analyses de régression. Les résultats indiquent que les variables de justice et
d’engagement sont moins en lien avec les comportements prosociaux au travail. Ces résultats
sont similaires à ceux observés avec les corrélations.
Discussion
En conclusion, bien que les variables organisationnelles (l’engagement affectif et la justice
procédurale) interviennent dans l’explication des comportements prosociaux, les variables
individuelles (la personnalité et les affects) jouent un rôle majeur dans l’explication des
comportements prosociaux au travail. De même, les résultats des régressions sur les
variables individuelles mettent en exergue une influence considérable de l’affectivité sur les
comportements prosociaux.
Mots clés : Justice organisationnelle, engagement, comportements prosociaux, personnalité,
satisfaction, affects.
Références
Borman, W, & Motowidlo, S.J. (1993). Expanding the criteria domain to include elements of
contextual performance. In N. Schmitt & WC. Borman (Eds), Personnal selection in
organizations. San Francisco: Jossey-Bass, 71-80.
Bierhoff, H.W. (2002). Prosocial behavior. Psychology press.
Desrumaux, P., Léoni, V., Bernaud, J-L., & Defrancq, C. (2011, sous presse). L’émergence des
comportements pro et antisociaux au travail : quels liens avec les variables
individuelles et organisationnelles. Le Travail Humain.
Colquitt, J.A. (2001). On the dimensionality of organizational justice: A construct validation
measure. Journal of Applied Psychology, 86(3), 386-400.
Leblanc, G., La Frenière, A., St Sauveur, C., Simard, M., Duval, M., Le Brock, P., Girard, C.,
Brunet, L., & Savoie (2004). Explication des comportements antisociaux au travail:
présentation d'un modèle intégratif. Psychologie du Travail et des Organisations, 10,
61-73.
Nyock, S. (2007). La congruence objective entre profil structurel organisationnel de l’individu
: effet sur la satisfaction au travail et l’engagement normatif envers l’organisation.
Thèse de Doctorat de Psychologie du travail. Université de Lille 3.
Podsakoff, P., MacKensie, S., Paine, J., & Bachrach, D. (2000). Organizational citizenship
behaviors: a critical review of the theoretical and empirical literature and suggestions
for future research. Journal of Management 26 (3), 513–563.
Rioux P., Savoie, A. & Brunet, L. (2003). Etude descriptive des comportements antisociaux au
travail. Psychologie du Travail et des Organisations, 9, 89-112.
Watson, D., Clark, L.A. & Tellegen, A. (1988). Development and validation of brief measures
of positive and negative affect: The The PANAS scales. Journal of Personality and
Social Psychology, 54, 1063-1107.
192 7) Quelles conséquences du hiatus vie professionnelle et vie familiale sur le stress et
la détresse psychologique ?
Desrumaux, Pascale (Université Charles­de­Gaulle Lille 3), Maganga, Rose de Lima (Université d’Amiens), Lourel, Marcel (Université d’Artois). Introduction
Les changements et mutations actuels font que la majorité des rôles caractérisant la vie des
salariés se réduit à deux sphères de vie : la vie professionnelle et la vie de famille (Duxbury
et al., 1993). Dans le contexte actuel du travail, l’individu est confronté à une charge de
travail croissante, des conflits de rôle, un stress professionnel etc. Dans la sphère privée, les
responsabilités familiales et domestiques deviennent de plus en plus difficiles à assumer
pour les salariés. Les sources de tensions émanant aussi bien du travail que de la vie privée
interagissent et peuvent être à l’origine de la détresse psychologique des salariés (Lourel et
al., 2008 ; Saint-Onge, 2002). Les femmes, sous la pression de prescriptions socio-normatives
de genre, se caractérisant par la tenue de rôles familiaux et éducatifs et d’autre part par la
nécessité d’accéder, par le travail, à des revenus, une reconnaissance et une autonomie sont
particulièrement confrontées à ces conflits de rôle et aux situations paradoxales
conséquentes. Dans cette veine, notre recherche appréhende le stress professionnel (Karasek
& Theorell, 1990) comme résultante de pressions liées corollairement à la vie professionnelle
et aux responsabilités familiales et domestiques émanant à la sphère privée. L’objectif de
cette recherche est de montrer comment le stress professionnel associé aux charges familiales
et domestiques peut entrainer une détresse psychologique chez les travailleurs, détresse
s’illustrant par des sentiments d’anxiété, de dépression et d’irritabilité (Marchand et al, 2005).
Méthode
Pour traiter nos hypothèses de recherche, plusieurs échelles ont été administrées : l’échelle de
Karasek & Theorell (1990) pour mesurer le stress professionnel, celle de Lourel et al., (2005)
pour mesurer l’interférence famille-travail et, pour mesurer la détresse psychologique, les
échelles de Beck (1996), de Spielberg (1984) et de Boudrias (2004). Grâce à une association à
but non lucratif implantée au Gabon, 76 questionnaires ont été remplis par des travailleurs
gabonais (36 hommes et 38 femmes) de différents secteurs d’activités (éducation, santé,
banque et assurance) et ayant des profils très variés (âge moyen: 35ans, niveau d’étude :
licence ; vivant en couple).
Résultats et discussion
Les résultats de cette recherche mettent en évidence le lien entre la charge psychologique au
travail et le conflit famille-travail. En effet, l’absence d’autonomie, de contrôle et soutien
aussi bien dans la sphère professionnelle que privée peuvent être à l’origine d’une forte
charge psychologique et d’une interférence entre la famille et le travail. Au travail, le
contrôle s’obtient par l’autonomie de décision ou encore en puisant dans des ressources qui
permettent d’accomplir une tâche. En revanche à la maison, les personnes accèdent au
contrôle grâce à un réseau de soutien familial ou aux ressources financières permettant
d’accéder aux services.
Références
Duxbury, L., Higging, C et Lee, C. (1993). The Impact of Job Type and Family Type on WorkFamily Conflict and Perceived Stress: A Comparative Analysis . Ressources
Humaines, ASAC ’93, vol. 14, no 9.
Karasek, R. & Theorell, T. (1990). Healthy Work : Stress, Productivity and the Working Live.
New-York:Wiley.
193 Lourel, M., Gana, K. et Wawrzyniak, S. (2005). L’interface « vie privée-vie au travail » :
adaptation et validation française de l’échelle SWING (Survey Work-Homme
Interaction-Nijmeden ). Revue de psychologie du travail et des organisations, Vol. 11.
Marchand, A., Demers, A., Durand, P. (2005). Do occupation and work conditions really
matter? A longitudinal analysis of psychological distress experiences among
Canadian workers. Sociology of Health and Illness,27(5),135-142.
Saint-Onge, S., Renaud, S., Guérin, G. et Caussignac, E. (2002). Vérification d’un modèle
structurel à l’égard du conflit travail-famille. Relation industrielle. Vol,57, n°3.
194 8) Satisfaction, niveau antérieur et pronostic de la réussite lors d’un TD à l’université.
Gillet, Isabelle (Université de Bourgogne), Gilibert, Daniel (Université de Bourgogne), Résumé
Cette étude s’inscrit dans le domaine de l’évaluation de formation. Son objectif est
d’investiguer les liens entre efficacité d’une formation en termes de satisfaction et
d’apprentissage, variables individuelles (estime de soi, locus de contrôle, sentiment
d’efficacité personnelle et optimisme) et niveau antérieur des étudiants (moyenne obtenue au
premier semestre).
216 étudiants de première année ont participé à l’étude dans le cadre d’un TD. Deux
passations ont eu lieu en début (questionnaire d’apprentissage déclaré complété des mesures
individuelles) et en fin de formation (identique à la première + questionnaire de satisfaction).
Les principaux résultats indiquent des corrélations positives entre les mesures en fin de
formation, ainsi qu’une prédictivité de ces mesures sur la note obtenue (excepté satisfaction
et LOC).
Le niveau antérieur est également corrélé à la plupart de ces mesures. Une régression
multiple nous permet de déterminer que la note effective est pronostiquée conjointement par
le niveau antérieur des étudiants et par l’optimisme.
Lorsque seule l’évolution (positive) de nos variables au cours de la formation est pris en
compte, elle est moins prédictive de la note que les mesures recueillies en fin de formation.
Ceci remet en cause certaines théories concernant l’impact de ces mesures individuelles sur
les comportements.
Introduction
Cette étude prend place dans le domaine de l’évaluation de formation. Elle investigue les
liens entre efficacité de la formation (satisfaction, apprentissage déclaré et réel), des variables
individuelles (estime de soi, locus de contrôle, sentiment d’efficacité personnelle et
optimisme) et niveau antérieur des étudiants (moyenne obtenue au premier semestre).
Afin d’évaluer une formation, nous nous référons au modèle de Kirkpatrick (2007). Il évalue
la formation en prenant en compte quatre niveaux : la réaction (satisfaction), l’apprentissage
(pendant la formation), le niveau comportemental (transfert de formation) et résultats
(performance ou rentabilité). Ce modèle n’est pas sans défauts Une des critiques récurrentes
de ce modèle est qu’il ne prend pas en considération les variables individuelles (Bates, 2004)
pouvant expliquer la réussite ultérieure.
Dans cette étude, nous nous intéressons principalement à quatre variables : l’estime de soi, le
locus de contrôle, le sentiment d’efficacité personnelle et l’optimisme :
L’Estime de Soi fait référence à la valeur que les individus s’accordent (Rosenberg, 1979). Le
Locus de contrôle, définit par Rotter (1966), a trait à la croyance qu’une personne a de son
degré de contrôle sur les événements qui vont lui arriver. Le Sentiment d’Efficacité
Personnelle est défini par Bandura (1999) comme la croyance d’un sujet quant à sa capacité à
atteindre un objectif donné. L’Optimisme renvoie aux individus qui tendent à avoir des
attentes positives concernant l’avenir (Scheier, Carver & Bridges, 1994).
Méthode
Dans le cadre d’un TD de première année, nous avons interrogé 216 étudiants. La première
passation effectuée en début de formation comprenait un questionnaire d’apprentissage et le
recueil des mesures individuelles (estime de soi, locus de contrôle, sentiment d’efficacité
personnelle et optimisme). La seconde passation s’est déroulée en fin de formation. En plus
des questionnaires soumis lors de la première passation y a été ajouté un questionnaire de
satisfaction. Nous avons ensuite recueilli la note obtenue à l’examen ainsi que la moyenne
obtenue lors du premier semestre (assimilée au niveau antérieur de l’étudiant).
195 Résultats
Les résultats permettent de constater des corrélations positives entre les mesures d’efficacité
de la formation recueillies « à chaud » (satisfaction et apprentissage déclaré) et les variables
individuelles ; Les corrélations entre la satisfaction et variables individuelles variant de r =
.28** pour l’optimisme à r = .49** pour l’estime de soi. Elles varient de r = .25** entre
l’apprentissage déclaré et le locus de contrôle à r = .73** entre l’apprentissage déclaré et
l’estime de soi.
Il apparaît que plusieurs de ces variables sont prédictives de la note obtenue un mois plus
tard. Il s’agit de l’apprentissage déclaré (r = .26**), de l’estime de soi (r = .28**), du sentiment
d’efficacité personnelle (r = .28**) et surtout de l’optimisme (r = .48**).
Des corrélations sont également observées entre le niveau antérieur des étudiants et
l’apprentissage déclaré (r = .24**), l’estime de soi (r = .26**), le sentiment d’efficacité
personnelle (r = .27**) et l’optimisme. Le niveau antérieur des étudiants apparaît aussi être
un bon prédicteur de la note obtenue à l’examen (r = .63**).
Moyenne S1 Apprentissage déclaré
r = .04
Satisfaction Estime de soi r = .26**
r = .28**
Note TD r = .01
Locus de contrôle r = .63** r = .28**
r = 48** Sentiment d’efficacité Optimisme Une régression a été menée sur ces données. Elle indique que le niveau antérieur de
l’étudiant et l’optimisme sont de bons indicateurs de la note obtenue à l’examen. En
revanche, les autres données auparavant corrélées à la note ont disparues lors de la
régression.
Moyenne S1 β = .52 ; p<.001 Apprentissage déclaré
Satisfaction Estime de soi N.S.
N.S.
Note TD N.S.
Locus de contrôle Sentiment d’efficacité N.S.
N.S.
β = .19 ; p<.01 Optimisme Pour terminer, nous nous sommes intéressés à l’évolution de l’apprentissage et des variables
individuelles au cours de la formation. Cette évolution est-elle plus prédictive que les
196 mesures recueillies en fin de formation ? Tout d’abord, l’ensemble des mesures ont évoluées
positivement au cours de la formation. Les résultats permettent de constater que l’évolution
des mesures d’apprentissage déclaré, d’estime de soi et de sentiment d’efficacité personnelle
ne sont pas prédictives de la note obtenue alors que ces mesures recueillies en fin de
formation le sont.
Discussion
La discussion porte sur les raisons de la prédictivité des mesures individuelles. En effet, la
prédictivité de ces mesures ne parvient pas à se maintenir dans la régression. D’autre part,
ces résultats permettent de conclure que ce n’est pas parce qu’on amène les étudiants à être
plus confiants qu’ils réussissent mieux. Ils viennent ainsi contredire certaines théories
postulant l’amélioration du sentiment de confiance en vue d’un meilleur résultat ou
performance.
Références
Bandura, A. (1999). Social cognitive theory : an agentic perspective. Asian Journal of Social
Psychology, 2, 21-41.
Bates, R. (2004). A critical analysis of evaluation practice : the Kirkpatrick model and the
principle of beneficence. Evaluation and Program Planning, 27, 341-347.
Kirkpatrick, D. L. (2007). The Four Level of Evaluation. Info Line, 0701, 1-16.
Rosenberg, M. (1979). Conceiving the self. New York, NY: Basic Books.
Rotter, J. (1966). Generalized expectations for internal versus external control of
reinforcement. Psychological Monographs, 80(609), 1-28.
Scheier, M. F., Carver, C. S., & Bridges, M. W., (1994). Distinguishing optimism from
neuroticism (and trait anxiety, self-mastery, and self-esteem): A reevaluation of the
Life Orientation Test. Journal of Personality and Social Psychology, 67(6), 1063–1078.
197 9) Prévenir ou diminuer l’apparition des reviviscences du trouble de stress post
traumatique: un objectif neurocognitiviste.
Godard, Rebecca, Tarquinio, Cyril, Barcenilla, Javier (Université Paul Verlaine Metz) Résumé
Dans le domaine du traumatisme psychique, grand nombre d’études portent sur sa
définition et sa prise en charge. Ces prises en charge peuvent se proposer à différents
moments des suites du traumatisme. Que ce soit après quelques jours au travers des
techniques de débriefing, ou quelques semaines grâce à l’EMDR, les thérapies cognitives et
comportementales ou l’hypnose. Le but de ce travail est tout d’abord d’identifier les
paramètres neurocognitifs impliqués dans le traitement de l’information notamment le rôle
exercé par la mémoire de travail dans l’apparition du critère B, les reviviscences visuelles.
Isoler le fonctionnement de la mémoire de travail lors de la confrontation à un événement
potentiellement traumatisant permettrait alors de proposer des protocoles préventifs.
Introduction
Aujourd’hui des études s’intéressent aux processus sous-jacents responsables de
l’installation de l’état de stress post-traumatique. Selon le modèle de Brewin et Holmes
(2003) les flashbacks et les intrusions traumatiques révèlent une faille dans le traitement de
l’information. Les chercheurs se questionnent également sur la nature des flashbacks
involontaires. Sont-ils en lien avec les images rapportées par les individus comme
marquantes ? Serait-il possible de proposer un protocole qui limiterait ou éviterait
l’apparition de ces images intrusives ? Pour éviter cela, l’exécution d’une tâche visuo-spatiale
dans les suites immédiates permettrait de rivaliser avec les processus responsables de
l’installation des flashbacks et reviviscences. (Holmes, James, Coode-Bate, Deeprose ; 2009).
En parallèle à ce mouvement, nous observons que les recherches sur la thérapie EMDR sont
également en pleine expansion. Cette pratique thérapeutique faisant intervenir les
mouvements oculaires laisse à penser qu’ils joueraient un rôle dans l’amélioration des
troubles et de l’intégration de l’évènement. Aujourd’hui des dispositifs d’eye tracking
permettant entre autre de repérer les saccades et les fixations oculaires pourraient constituer
un outil précieux dans la compréhension des mécanismes impliqués dans l’installation et à
contrario l’intégration du traumatisme. Ces études se portent sur les reviviscences visuelles,
cependant, le critère B évoque des reviviscences sensorielles au sens large. Pour cela, nous
avons choisi de répliquer l’étude anglaise reposant sur un support visuel, mais il serait
intéressant par la suite de s’intéresser aux reviviscences sonores.
Hypothèses :
L’exécution d’une tâche cognitive complexe dans les suites immédiates de l’exposition à un
évènement critique réduirait l’apparition des symptômes de reviviscences.
Un stimulus visuel peut être concurrencé dans son inscription en mémoire par une autre
tâche activant le calepin visuo-spatial (jeu de Tetris).
Méthode
Population : 46 étudiants en psychologie
Matériel : Nous utilisons deux échelles : l’Impact of event scale (IES) d’Horowitz qui mesure
les symptômes d’évitement et de reviviscence de l’état de stress post traumatique et l’échelle
d’anxiété et de dépression (HAD) de Sigmond et Snaith. Nous avons également élaboré un
questionnaire général qui nous permet de recueillir certaines informations sur les
participants (caractéristiques individuelles et antécédents médicaux)
Concernant le matériel utilisé pendant la passation, nous utilisons une vidéo réalisée à partir
d'une série d'images et de clips potentiellement marquants. Plusieurs de ces images
proviennent de campagnes de prévention. Nous utilisons ensuite le jeu de Tetris sur IPAD.
198 Pour le suivi entre les deux temps, les participants tiennent un journal de bord personnel.
Procédure
Les participants regardent une vidéo d'environ sept minutes. Ce matériel regroupe des
images liées à des évènements potentiellement traumatisants (accident de la route, noyade,
violence interpersonnelle...). Suite à cette exposition, les participants consignent par écrit sur
IPAD ce à quoi ces images leur ont fait penser, ce qu'ils ont ressenti. Ils remplissent
également les échelles et questionnaires (IES, HAD et questionnaire général). Ensuite, seul la
moitié des participants (groupe expérimental VS groupe contrôle) sont sollicités afin de
rejouer pendant 10 minutes au jeu de Tetris. On demande aux participants de bien vouloir
tenir un journal de bord pendant une semaine sur lequel ils notent s’ils remarquent des
reviviscences et ils en précisent leur nature. Une semaine après, nous revoyons les
participants qui nous restituent leur journal de bord et passent une nouvelle fois l’IES et
l’HAD.
Discussion :
Ces hypothèses laissent entrevoir qu’il reste encore beaucoup de situations à expérimenter si
nous souhaitons tenter de comprendre les mécanismes neurocognitifs responsables de
l’installation des phénomènes de reviviscence. Ceci nous apporterait davantage d’éléments
permettant de comprendre le modèle théorique sous-jacent dans l’installation de l’état de
stress post-traumatique mais également pour proposer un protocole préventif aux victimes
potentielles et éviter ainsi l’installation de ces troubles.
Références
Ailsa D.P. Stuarta, Emily A. Holmesa, C. R. B. (2005). The influence of a visuospatial
grounding task on intrusive images of a traumatic film. Sciences-New York
Behaviour Research and Therapy. doi: 10.1016/j.brat.2005.04.004.
Danckwerts, A., & Leathem, J. (2003). Questioning the Link Between PTSD and Cognitive
Dysfunction. Neuropsychology, 13(4).
Freese, S., & May, J. A. and J., with David J. Kavanagh. (2001). Effects of Visuospatial Tasks
on Desensitization to Emotive Memories. British Journal of Clinical Psychology, 40
(3). pp. 267-280., 40, 267-280.
Holmes, E., James, E., Coode-bate, T., Deeprose, C. (2009). Can Playing the Computer Game
“‘Tetris’” Reduce the Build-Up of Flashbacks for Trauma? A Proposal from Cognitive
Science. PloS ONE, 4 (1)
Kolk, B. A. V. D. (n.d.). Clinical implications of neuroscience research in PTSD. Annals New
York Academy of Sciences, In press., 1-27.
199 10) Sur l´inquiétante des relations sur internet: une analyse à partir d´une analogie
avec l’hétéronymie chez le poète portugais fernandopessoa.
Godinho NeryGomes Azevedo, Lívia (Université de Sergipe), Da Silva junior, Nelson (Université de São Paulo). Résumé
L’internet a engendré des effets de grand impact dans la sphère des relations sociales,
puisque il inaugure des nouveaux espaces de vie et donc de nouvelles modalités de lien
social. La possibilité de créer des personnages, au travers l’usage pluriel des pseudonymes,
suscite l’inquiétanté étrangeté, propre à l’hétéronymie de l’oeuvre de Fernando Pessoa,
puisqu’elle favorise le doute entre ce qui concerne la réalité matérielle et ce qui concerne
l’univers de la fiction, dans les discours sur soi-même en jeu dans les dialogues en temps
réel. Cette communication a pour objectif d´analyser et de discuter l´expérience des relations
qui s´établissent par l’internet, ainsi que l’inquiétante étrangeté à partir d´une analogie avec
l’hétéronymie propre de l’oeuvre de Fernando Pessoa. Des adultes ont été interviewés sur
leurs rapports d'amitiés établis au travers l’internet. Les résultats ont révélé que l’inquiétanté
étrangeté chez Fernando Pessoa se présente dans les discours des rapports sur internet,
cependant, les sujets ont dégagé des gestes de confiance entre amis plus que des sentiments
de méfiance et de peur que l'inquiétude favorise.Ceci révèle un mouvement d’exposé du soimême plus que la présentation au travers des pseudonymes. À mesure que ces autoprésentations inventées permettent aux sujets de se rapporter à eux mêmes en tant
qu’autre(s), cette expérience plurielle dévoile l’angoissante découverte de la nature fictionelle
de la subjectivité propre.
Mots-clés : Internet; hétéronymie; l’inquiétante; Fernando Pessoa
Le caractère captivant et de nouveauté des rapports établis sur le cyberespace concerne la
possibilité d’expérimentation imaginaire de la subjectivité dans laquelle il est possible de
vivre de façon copartagée« rôles, professions, habilités, qualités, etc » jamais expérimentés.
Autrement dit, dans le lien intersubjectif virtuel, le sujet a la liberté d’inventer soi-même les
limites d’expression de cette possibilité d’êtredéfinies par sa propre capacité créative. C´est
donc non seulement l’activité de création d’auteur qui crée ses personnages et histoires, mais
aussi l’usage des hétéronymes dans la relation intersubjective au travers d’internet.Cet état
de fait permet au sujet de s´identifier aux autres qui l´habitent au travers des personnages
qu´il a crée. C´est là que nous voyons une expérience analogue à hétéronymie chez Fernando
Pessoa.
Quand le sujet se présente par son pseudonyme, il peut expérimenter la possibilité d´un
devenir autre ou d´un “s´autrer”- en reference au néologisme créé par Fernando Pessoa. De
ce fait, l’usage des hétéronymes ne peut pas éviter le doute, soit le conflit de jugement entre
ce qui concerne la réalité matérielle et ce qui concerne l’univers de la fiction .
Or, l’inquiétante étrangeté de l’ hétéronymie, selon Silva Junior (1999a, 2001), viendrait d´un
doute à propos de la réalité de l’auteur, c´est-à-dire, de la question de savoir s´il continue
d´“être essentielment différent de ses personnages”. De ce fait, il ne peut pas éviter de se
trouver devant un conflit de jugement bien particulier concernant sa personne : car ce qu’il
considérait jusque-là comme réel se présente comme quelque chose de fictif. Autrement dit,
selon l´auteur l’inquiétante étrangeté de cette expérience littéraire serait cernée dans la
suspension de la réalité par la fiction.
Pour Freud (1919), l’inquiétante étrangeté se produit souvent quand la frontière entre
fantaisie et réalité effective est effacée, quand s’offre au sujet de façon réelle quelque chose
qu’il avait tenu jusque là pour fantastique ou imaginaire. Dans la mesure où la présentation
au travers des hétéronymes permet au sujet de s’expérimenter en tant qu’autre(s), ces
200 expériences plurielles dévoilent en effet, et d´une façon parfois angoissante, la nature
fictionelle de la subjectivité propre. Selon Silva Junior (2001), le désarroi devant ce doute par
rapport à la réalité matérielle se trouve au centre de l’inquiétante étrangeté que
l’hétéronymie instaure.
Méthode
Des adultes ont été interviewés sur leurs rapports d'amitiés établis au travers l’internet.Cette
recherche a utilisé la description ethnographique comme méthodologie d'interprétation des
discours d’amitiés, ce qui configure une communication dans la quelle le sujet est compris
comme interprète, lui même, des leurs discours d’amitiés. Tous les sujets, 9 femmes et 5
hommes, ont signé le Terme de Consentement Libre et Éclairé qui garanti le respect de la
déontologie. Après la divulgation de la recherche par courrier elétronique, j’ai reçu des
messages des personnes de diffèrente villes du Brèsil qui ont été à disposition pour donner
des interviews. Tous les interviews ont été réalisés en temps réel par via MSN Messenger.
L’interview a contenu diverses questions ouvertes de façon à permettre que les sujets
puissent écrire librement leurs histoires d’amitiés via internet.
Résultats
Les résultats ont révélé que l’inquiétante étrangeté chez Fernando Pessoa se présente dans
les discours sur les rapports avec internet.Cependant, les sujets ont dégagédes marques de
confiance dans un dialogue sincère plus que des sentiments de méfiance et de peur que de
l'inquiétante étrangeté. Cet effet favorise un mouvement de retour su soi-même plus que de
la dissimulation. En effet, en ce qui concerne l'usage des pseudonymes, la majorité des sujets
a affirmé qu’ils ne les utilisent pas, en préférant se présenter avec leur propre prénom, quand
ils veulent connaître des nouvelles personnes sur internet. Les sujets préfèrent créer des
nouveaux liens d’amitiés avec une présentation et une communication authentique
beaucoup plus que de se rapporter aux personnages.
En effet, la possibilité de devenir autre, en assumant distincts les rôles dans les rapports par
internet, favorise la qualité plurielle de la subjectivité, mais aussi celle de son ouverture à sa
constitution par la relation, puisque son devenir suppose qu´elle se laisse aussi construire
par l’alterité.
Références
Lameiro, M. & Sanchez, R. Vínculos e Internet. Investigatión cualitativa acerca de nuevas
formas de vincularse. 1998. Disponível em <
http://www.campogrupal.com/vinculos.html
Nicolaci-da-Costa, A. M. (1998). Na malha da rede: os impactos íntimos da internet. Rio de
Janeiro, Campus.
Rosen, C. (2007). Amitiés virtuelles et nouveau narcissisme. Disponível em:
http://www.nonfiction.fr/article-360amitie_virtuel_et_nouveau_narcissisme__1.htm
Silva Junior, N. da. (1995). Um estado de alma é uma paisagem. Explorações da
espacialidade em Fernando Pessoa e Freud. Percurso. São Paulo, número 15 (2), p.2634.
Silva Junior, N. da. (1999). O abismo fonte do olhar: pré-perspectiva em Odilon Moraes e
abertura da situação analítica. Percurso. São Paulo, número 23 (2), p.16-26.
Silva Junior, N. da. (2001). A Ficcionalidade da Psicanálise. Hipótese a partir do inquietante
em Fernando Pessoa. In: Psicanálise, literatura e estéticas de subjetivação. Giovanna
Bartucci (org.). Rio de Janeiro: Imago Ed.
Tisseron, S. (2008). Virtuel, mon amour. Penser, aimer, souffrir à l’ère des nouvelles
technologies. Éditions Albin Michel.
201 202 11) L’influence de l’âge sur l’effet de l’orthographie et l’effet de bizarrerie.
Gounden, Yannick, Nicolas, Serge (Université ParisDescartes). Résumé
L’effet de distinctivité secondaire correspond à une meilleure mémorisation des informations
qui sont inhabituelles par rapport à nos connaissances stockées en mémoire. Cette étude
examine l’influence de l’âge sur deux types de distinctivité secondaire : l’effet de bizarrerie et
l’effet d’orthographie. Pour cela dans chaque expérience trois groupes de sujets ont été testés
: sujets jeunes, sujets âgés et sujets jeunes en situation d’attention divisée. Indépendamment
du temps de présentation des images, l’expérience 1 montre un effet de bizarrerie
uniquement chez des jeunes adultes et pas avec des adultes âgés ou des adultes jeunes en
condition d’attention divisée. Indépendamment du temps de présentation, l’expérience 2
montre un effet de l’orthographie de même amplitude pour les trois groupes de sujets. Les
résultats de ces deux expériences suggèrent que l’effet de distinctivité secondaire n’est pas
un phénomène unitaire. L’effet de bizarrerie serait soutenu par des processus nécessitant
suffisamment de ressources attentionnelles, d’où l’absence de cet effet dans des situations
d’attention divisée ou chez des sujets âgés. A l’inverse l’effet de l’orthographie serait
davantage soutenu par des processus automatiques et serait donc moins sensible à des
situations où les ressources attentionnelles sont réduites.
Introduction
Les événements distinctifs sont par nature mieux mémorisés que les événements communs
et ce phénomène est habituellement appelé effet de distinctivité. Schmidt (1991) a proposé
une classification des informations distinctives et le terme distinctivité secondaire
correspond aux informations qui sont distinctives par rapport à toutes nos connaissances
déjà enregistrées en mémoire. Des exemples de distinctivité secondaire sont fournis par
l’effet de bizarrerie et l’effet d’orthographie. Dans ces cas, les images étranges ou les mots
composés de séquences de lettres inhabituelles (exemples, kiwi ou bazooka) sont en minorité
lorsqu’on les compare à toutes les connaissances déjà stockées en mémoire. Du fait de cette
minorité, ils sont plus distinctifs et donc plus facilement mémorisables et récupérables (Hunt
& Worthen, 2006). De nombreuses études suggèrent que les personnes âgées ont des
difficultés à engager les processus permettant de prendre en compte le caractère distinctif
d’une information. En effet, récemment Nicolas et Worthen (2009) et Nicolas et Gounden
(2010) ont montré que l’effet de bizarrerie s’atténue ou disparaît avec l’âge. En ce qui
concerne l’effet d’orthographie, les premiers éléments que nous possédons ne nous
permettent pas d’avoir de certitude absolue sur sa préservation ou non avec l’âge (Nicolas &
Gounden, 2010). Ce travail a pour objectif d’étudier l’impact de l’âge et le rôle de l’attention
sur ces deux types de distinctivité secondaire.
Expérience 1 : L’expérience 1 vise à confirmer une atténuation ou une disparition de l’effet de
bizarrerie avec l’âge et à tester l’hypothèse qui suggère que la difficulté de traiter
l’information distinctive avec l’âge est attribuable à une réduction des ressources
attentionnelles disponibles.
Méthode
Participants. Trois groupes de sujets : 128 sujets jeunes, 64 sujets âgés (plus de 70 ans) et 128
sujets jeunes en situation d’attention divisée (ils réalisent une tâche concurrente lors de la
mémorisation des items).
Matériel. Listes de 10 images bizarres (exemple : une tasse avec plusieurs anses) et de 10
images normales. La bizarrerie est contrebalancée.
203 Procédure. Présentation des images à mémoriser pendant 1 ou 3 secondes, suivie d’une tâche
interférente de deux minutes. Lors du rappel, la moitié des sujets ont un test de rappel libre
et l’autre moitié, un test de rappel indicé.
Résultats principaux
Sujets âgés et sujets jeunes en condition d’attention divisée : absence de l’effet de bizarrerie
quel que soit le temps de présentation et le type rappel.
Sujets jeunes : effet de bizarrerie de même importance quel que soit le temps de présentation
mais en rappel libre uniquement.
Conclusion : En accord avec Nicolas et Worthen (2009) et Nicolas et Gounden (2010), l’effet de
bizarrerie disparait avec l’âge. Compte tenu de l’absence de cet effet également avec les
sujets jeunes en situation d’attention partagée, il apparait que l’effet de bizarrerie serait
sensible à des situations de ressources attentionnelles réduites (d’où l’absence de cet effet
avec l’âge).
Expérience 2 : L’expérience 2 vise à étudier l’influence de l’âge sur l’effet d’orthographie.
Nous nous attendons à observer une atténuation significative de cet effet avec l’âge et une
sensibilité de cet effet à une manipulation expérimentale des ressources attentionnelles.
Méthode
Participants. Trois nouveaux groupes de sujets : 128 sujets jeunes, 64 sujets âgés (plus de 70
ans) et 128 sujets jeunes en situation d’attention divisée.
Matériel. Listes de 18 mots de basse fréquence : moitié orthographiquement distinctive et
moitié orthographiquement commune.
Procédure. Identique à l’expérience 1.
Résultats principaux
Indépendamment du temps de présentation des items, un effet de l’orthographie de même
amplitude est observé aussi bien en rappel libre qu’en rappel indicé chez tous les sujets
(jeunes, âgés et jeunes en situation d’attention divisée).
Conclusion : L’effet de l’orthographie ne semble pas sensible à l’âge ou à d’autres situations
de ressources attentionnelles réduites. Ce type de distinctivité serait davantage soutenu par
des processus automatiques et serait donc moins sensible aux différences liées à l’âge.
Discussion
Les Résultats de ces deux expériences suggèrent que l’effet de distinctivité secondaire n’est
pas un phénomène unitaire. Il apparaît que l’effet de bizarrerie serait davantage soutenu par
des processus nécessitant suffisamment de ressources attentionnelles, d’où l’absence de cet
effet dans des situations de ressources attentionnelles réduites. A l’inverse, l’effet
d’orthographie serait, quant à lui, davantage soutenu par des processus automatiques et
serait donc moins sensible à la réduction des ressources attentionnelles liée à l’âge.
Références
Hunt, R. R., & Worthen, J. B. (2006). Distinctiveness and memory. New York: Oxford
University Press.
Nicolas, S., & Gounden, Y. (2010). La mémoire d’une information distinctive : L’influence de
l’âge. L’Année Psychologique, 110, 365-377.
Nicolas, S., & Worthen, J. B. (2009). Adult age differences in memory for distinctive
information: Evidence from the bizarreness effect. Quarterly Journal of Experimental
Psychology, 62, 1983–1990.
204 Schmidt, S. R. (1991). Can we have a distinctive theory of memory? Memory and Cognition,
19, 523–542.
205 12) La régulation des émotions négatives par le biais d’images humoristiques chez les
adultes jeunes et âgés.
Harm, Jonathan&Vieillard, Sandrine (Université de Franche­Comté). Résumé
Une hypothèse forte en psychologie du vieillissement est que celui-ci il serait synonyme
d’une amélioration des processus de régulation émotionnelle. Les rares travaux dans ce
domaine ont uniquement étudié l’efficacité de stratégies de régulation émotionnelle dites
intrinsèques (e.g., réévaluation, suppression, redéploiement attentionnel), laissant
inexplorées les capacités de régulation extrinsèques suscitées par l’irruption d’un stimulus
distracteur. Notre recherche propose d’observer l’effet de l’âge sur les processus de
régulation émotionnelle extrinsèques en utilisant la présentation de vignettes humoristiques.
20 jeunes adultes et 20 aînés ont été soumis à des images neutres, modérément et fortement
négatives, suivies de la présentation de vignettes humoristiques, positives et incongrues
appariées. Nos Résultats montrent que seules les vignettes humoristiques permettent de
réguler des émotions modérément négatives. Cela suggère que l’effet régulateur des images
humoristiques a un pouvoir limité aux états négatifs modérément intenses, et qu’il ne peut
pas être exclusivement attribué à l’incongruité ou à la valence positive des images.
Introduction
Un important courant de recherche a aujourd’hui établi que le vieillissement est synonyme
d’une modification des processus de traitement de l’information émotionnelle, qui se
manifeste notamment par un biais de positivité. Une hypothèse forte soutenue par la Théorie
de la Sélectivité Socioémotionnelle (SST, Charles & Carstensen, 2007) est que l’avancée en âge
serait le théâtre de changements motivationnels consécutifs à une conscience accrue de
l’approche de la mort, lesquels conduiraient à une amélioration des facultés de régulation
émotionnelle. Paradoxalement, on sait que le vieillissement est caractérisé par un déclin des
capacités cognitives nécessaires à la régulation émotionnelle. La Théorie de l’Intégration
Dynamique (DIT, Labouvie-Vief, 2008) présente un modèle opposé à celui de la SST et
postule que les capacités de régulation émotionnelle des aînés ne seraient pas meilleures car
elles seraient tributaires à la fois des ressources cognitives de l’individu et du niveau
d’activation de la situation inductrice. L’enjeu des études à venir sur l’évolution des
capacités de régulation émotionnelle avec l’avancée en âge est de confronter ces différents
modèles. Les rares études comparatives menées sur les stratégies de régulation émotionnelle
intrinsèques (e.g., réévaluation, suppression et redéploiement attentionnel) des adultes
jeunes et âgés montrent des Résultats contradictoires et soulignent l’importance de tester
précisément comment évolue chaque forme spécifique de régulation émotionnelle avec le
vieillissement. Il semblerait que l’humour constitue un moyen efficace de régulation des
émotions négatives chez les jeunes (Strick et al., 2009) qui pourrait s’expliquer par un effet de
distraction produit par l’importante charge cognitive nécessaire à l’appréciation de
l’humour. L’objectif de la présente étude est de répliquer les données de Strick et al. (2009) et
surtout d’examiner l’effet de l’âge sur l’efficacité d’une régulation émotionnelle extrinsèque
consécutive à la présentation de stimuli humoristiques.
Méthode
Vingt jeunes adultes (âge moyen : 22 ans et 2 mois) et vingt aînés (âge moyen : 67 ans et 9
mois) ont participé à l’expérience. Celle-ci consistait en un ensemble de phases d’induction
émotionnelle, suivies de phases de régulation émotionnelle à l’issue desquelles les
participants devaient évaluer subjectivement leur ressenti sur une échelle de Lickert en 10
points (0 : pas du tout déplaisant, 9 : tout à fait déplaisant). Les phases d’induction
émotionnelle utilisaient des images de l’IAPS contrôlées sur la dimension valence pour
206 former trois catégories (neutre, modérément négative et fortement négative) qui étaient
présentées pendant 4 secondes. Les phases de régulation émotionnelle consistaient en la
présentation, pendant 8 secondes, de vignettes humoristiques, positives et incongrues
appariées et contrôlées sur les dimensions de positivité, de compréhension, de familiarité, de
drôlerie et d’étrangeté. Les vignettes positives et incongrues ont permis de contrôler
respectivement l’effet de la valence et de la charge cognitive (i.e., les vignettes incongrues
possèdent une charge cognitive équivalente à celle des vignettes humoristiques mais ne sont
pas drôles) sur la régulation émotionnelle. Des paires de stimuli comprenant une image de
l’IAPS et une vignette ont été construites afin de combiner chaque type d’induction (neutre,
modérément négative, fortement négative) à chaque type de régulation (humoristique,
positive et incongrue). L’ensemble de ces paires induction / régulation ont été présentées
dans un ordre aléatoire à tous les participants.
Résultats
Des ANOVA ont été conduites sur les jugements subjectifs de ressenti négatif. Un effet
principal du type d’induction (neutre, modérément négatif, fortement négatif) (F(2,72)
=45,82, p< .001) et du groupe d’âge (jeunes, aînés) (F(1,36) = 7,06, p< .001) ont été observés.
Par ailleurs, il existe une interaction significative entre le type d’induction (neutre,
modérément négatif, fortement négatif) et le type de régulation (humoristique, positive,
incongrue) (F(4,144) =5,21, p< .001). Celle-ci indique que les jugements de ressenti des
participants (quel que soit leur âge) sont moins négatifs après une régulation humoristique
qu’après un autre type de régulation, mais cela, uniquement suite à une induction
modérément négative.
Discussion
Les Résultats suggèrent, comme l’avait observé Strick et al. (2009), que l’humour est une
méthode de régulation émotionnelle extrinsèque efficace. Nos Résultats étendent les travaux
de Strick en montrant que la régulation émotionnelle est également efficace chez les
personnes d’âge avancé. En revanche, la régulation reposant sur l’humour n’a été observée
que lorsque l’induction émotionnelle était modérément négative. Cette différence pourrait
s’expliquer par la différence dans le choix des stimuli (en termes de valence et d’amusement
produit) entre les deux études. Les jeunes et les aînés présentent ici des patrons de Résultats
similaires, ce qui ne conforte pas l’hypothèse de la SST selon laquelle l’âge serait lié à une
amélioration des processus de régulation émotionnelle. Contrairement aux données de Strick
et al. (2009), nos Résultats indiquent que la régulation émotionnelle consécutive aux images
humoristiques ne peut pas s’expliquer uniquement par leur niveau de charge cognitive
puisque les images incongrues possédant une charge cognitive aussi forte n’ont pas permis
de réguler les émotions négatives des participants. Ainsi, la régulation émotionnelle par
l’humour doit être envisagée comme un phénomène plus complexe que la simple distraction
cognitive. Notre hypothèse est que la régulation produite par l’humour est d’avantage liée à
sa composante strictement humoristique qu’à sa composante cognitive ou hédonique
(valence positive). En résumé, l’amusement ressenti à la suite de l’évaluation de situations
humoristiques pourrait constituer un moyen efficace de régulation émotionnelle à la fois
chez les adultes jeunes et âgés.
Références
Charles, S. T. & Carstensen, L. L. (2007). Emotion regulation and aging. In J. J. Gross (Ed.),
Handbook of emotion regulation (pp. 307-327). New York, NY US: Guilford Press.
Labouvie-Vief, G. (2008) Dynamic Integration Theory : Emotion, cognition, and equilibrium
in later life. In V. Bengston, M. Silverstein, N. Putney, & D. Gans, (Eds.), Handbook of
theories of aging (pp277-293). New York: Springer.
207 Strick, M., Hollan, R. W., Van Baaren, R. B., & Van Knippenberg, A. (2009). Finding comfort
in a joke : Consolatory effects of humor through cognitive distraction. Emotion, Vol.
9, No. 4, 574-578.
208 13) Impact de la conception d’un jardin thérapeutique sur l’orientation spatiale dans la
maladie d’Alzheimer : méthodologie d’évaluation originale.
Jacob, Christel (CHU, Nancy), Trognon, Alain (UniversitéNancy 2), Rivasseaujonveaux, Thérèse (CmrrLorraine CHUNancy), Batt, Martine (UniversitéNancy 2), Fescharek, Reinhard (Fescharek sculpture and design, Marburg/Lahn, Allemagne), Pop, Alina (CHU, Nancy) Résumé
La perturbation de l’orientation spatiale est considérée comme le deuxième symptôme
cognitif le plus fréquent de la démence. Le Plan Alzheimer (2008-2012) prévoit dans le cahier
des charges des nouvelles structures (UHR, UCC) l’accès à un jardin, sans recommandations
spécifiques d’aménagement. Concernant l’orientation spatiale, il a été montré qu’un
environnement peut apporter un soutien aux défaillances cognitives du sujet si l’espace est
adapté. L’objectif de notre travail consiste à mettre à l’épreuve les principes de base
d’organisation des éléments de l’espace extérieur pour favoriser l’orientation spatiale des
patients atteints de maladie d’Alzheimer, à travers le jardin « art, mémoire et vie » conçu
pour apporter un haut degré de « lisibilité ». Nous utiliserons une méthodologie originale
d’évaluation de l’impact de la conception du jardin, sur les capacités d’orientation des
patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
Introduction
Depuis quelques années, apparaissent dans les établissements d’hébergement et de soins, des
jardins dits thérapeutiques, véritables supports pour la prise en soins des patients atteints de
démence de type Alzheimer (DTA). Il existe différents ouvrages de recommandations pour
leur aménagement. Cependant, s’agissant de l’orientation spatiale, aucune des recherches
n’explore les principes de base pour organiser les éléments de l’espace extérieur en chemins
qui favorisent l’orientation, d’après Tyson et Zeisel (1999). En l’absence de telles données, ces
auteurs recommandent de se baser sur les 5 éléments identifiés par Lynch dans son ouvrage
« Image de la Cité » (1960), dont les personnes se servent pour s’orienter et trouver leur
chemin. Il s’agit des « voies » ; « limites » ; « quartiers » ; « nœuds » ; « points de repères ».
Ces auteurs proposent 4 autres éléments à partir desquels les personnes pourraient organiser
cognitivement leur représentation d’un jardin, à savoir « les vues », « le mobilier », « les
plantations » et « les repères symboliques ». Selon Tyson et Zeisel, les jardins dont le design
respecte ces 9 éléments, rendraient les patients Alzheimer plus compétents dans leur
utilisation, car ils les libèreraient de la nécessité d’avoir à organiser une carte cognitive de
l’environnement.
Quels sont les éléments d’aménagement/de conception du jardin « art, mémoire et vie » qui
favorisent/perturbent le repérage des patients atteints de maladie d’Alzheimer ?
Méthode
- Le jardin « art, mémoire et vie » associe dans sa conception, outre les principes classiques
d’aménagement des jardins thérapeutiques destinés aux patients atteints de maladie
d’Alzheimer, une approche neuropsychologique et artistique. L’espace a été structuré et
aménagé de façon à favoriser le repérage des patients, en s’appuyant sur les 9 éléments de
conception cités ci-dessus. Le jardin est divisé en quatre zones illustrant des thèmes
correspondant à des invariants culturels – Terre, Feu, Vent, Eau. Les plantations, les
sculptures, la forme des massifs, les couleurs dominantes, ont été choisies en fonction des
thèmes des carrés, et sont autant de points de repères soutenant l’orientation. Les diverses
sensorialités sont sollicitées par les végétaux et les sculptures : toucher, audition (avec des
mobiles sonores), vue (par les couleurs, même en période hivernale grâce à des vitraux)… La
209 conception de ce jardin permet ainsi une évaluation écologique des capacités d’intégration
spatiale tri dimensionnelle de l’objet et d’orientation topographique.
Population : 60 patients atteints de maladie d’Alzheimer à trois stades de sévérité de la
maladie seront recrutés pour participer à l’étude. Ils seront appariés à 60 sujets contrôle, en
fonction de l’âge, du sexe et du niveau d’études. La sévérité de la démence sera évaluée en
fonction du score total obtenu au MMS (Folstein et al., 1975) : stade léger (MMS 20 à 27) ;
modéré (MMS 15 à 20) ; stade modérément sévère (MMS 10 à 15).
A coté de l’évaluation neuropsychologique usuelle, le protocole de recherche original
comprendra 3 tâches. Tout d’abord, un entretien semi-structuré qui sera réalisé avec le
patient dans le jardin, sur la base d’une grille d’analyse standardisée comportant 9 éléments
de conception du jardin. Le contenu de l’entretien sera enregistré et retranscrit verbatim afin
d’être analysé selon deux méthodes : une analyse textuelle d’une part, ainsi qu’une analyse
de l’interaction patient-expérimentateur, issue de la logique interlocutoire (Trognon et Batt,
2007) d’autre part. Ces analyses permettront de dégager les éléments de conception du jardin
les plus fréquemment cités par les patients, ainsi que les éléments du discours de
l’expérimentateur qui influencent ou non l’observation du jardin par le patient. Ce dernier
sera ensuite conduit dans une salle (2ème tâche), où la même procédure sera répétée, afin de
mettre en évidence : les éléments de conception du jardin conservés en mémoire et
l’influence du discours de l’expérimentateur sur ces souvenirs exprimés par le patient. Enfin,
la capacité d’orientation spatiale sera évaluée à travers une tâche de wayfinding (Kaplan,
1976) au cours de laquelle le patient sera invité à se rendre à 3 destinations différentes du
jardin.
Perspectives
Cette méthode, originale, vise à mettre en évidence les éléments d’aménagement/de
conception du jardin qui favorisent/perturbent le repérage des patients, dans ce type
d’environnement, d’évaluer ces troubles et leurs conséquences dans la vie quotidienne afin
de proposer des conseils aux aidants ; ils étayeront la mise en place d’ateliers de
réhabilitation de l’orientation spatiale ; des recommandations pour l’aménagement d’autres
jardins à visée thérapeutique destinés à ces patients en découleront.
Références
Folstein, M.F., Folstein, S.E., McHugh, P.R. (1975). Mini Mental State: a practical method for
grading the cognitive state of patients for the clinician. Journal of Psychological
Research, 12, 189-198.
Kaplan, R. (1976). Wayfinding in the natural environment. In. G. Moore. R. Golledge (EDS).
Environment knowing, Stroudsburg : Dowden. Hutchinson & Ross.
Lynch, K. (1960). L’image de la cité. Paris, Dunod.
Rivasseau Jonveaux, T., Pop, A., Jacob, C., Demarche, L., Fescharek, R., Pottier Mouton, O.,
Chaudy, K., Soulon, L., Malerba G. (2011). French Alzheimer Plan: New care units
need healings Gardens: criteria for design and evaluation. Poster 4th European
Neurological Conference on Clinical Practices – January 28/30, 2011 – Lisbon,
Portugal
Trognon, A. & Batt, M. (2007). Quelles méthodes logiques pour l’étude de l’interaction en
psychologie ? Dans Chabrol et Orly-Louis (Eds). Interactions communicatives et
psychologie (pp 53-65). Paris: Press Sorbonne Nouvelle
Tyson, M. & Zeisel, J. (1999). Effects of Gardens on Health OutComes: Theory and Research.
In: Healings Gardens: Therapeutics Benefits and Design Recommendations. Cooper
Marcus, C., Barnes, M. USA: John Wiley & Sons.
210 14) La qualité de vie des personnes souffrant d'obésité
Jeanmougin, France &Lemetayer, Fabienne (UniversitéPaulVerlaine ­ Metz). L’obésité reste une pathologie toujours plus fréquente, à tel point qu’elle est devenue un
problème majeur de santé publique. Du fait de ses multiples conséquences physiologiques,
elle est fortement corrélée à un risque de mortalité précoce (Solomon & Manson, 1997). Mais
si ces effets somatiques sont connus de longue date, l’impact de l’obésité sur la vie psychique
des personnes concernées est encore peu pris en compte, en particulier en matière de
traitement, les soins psychologiques étant souvent omis. Cette étude exploratoire vise à
évaluer le retentissement psychologique de l’obésité. Dans ce but, ont été sollicitées des
personnes présentant une obésité et hospitalisées à ce titre en Centre médical spécialisé. 12
personnes, âgées de 21 à 63 ans, ont accepté de prendre part à l’étude. Pour ce faire, elles ont
répondu à quatre questionnaires : l’Hospital Anxiety and Depression scale (Zigmond &
Snaith, 1983), qui mesure l’importance d’une éventuelle symptomatologie anxieuse et/ou
dépressive ; le Self-Esteem Inventory (Coopersmith, 1967), instrument d’autoévaluation de
l’estime de soi ; le Questionnaire d’Image du Corps (Bruchon-Schweitzer, 1987), qui vise à
connaître la manière dont s’organisent les perceptions corporelles d’un sujet et mesure sa
satisfaction vis-à-vis de son propre corps ; et enfin l’Echelle Qualité de Vie, Obésité et
Diététique (EQVOD, de Ziegler, Filipecki, Girod & Guillemin, 2005). L’EQVOD évalue la
qualité de vie liée à la santé des personnes obèses, et plus spécifiquement l’impact du poids
sur leur qualité de vie. Centré sur les domaines, caractéristiques et plaintes les plus
pertinents pour l’obésité, il permet d’identifier les domaines de vie les plus affectés par la
problématique pondérale : physique, psychosocial, sexuel, bien-être alimentaire, et vécu du
régime. Les Résultats ne montrent pas de troubles anxieux ou thymiques, dans notre
échantillon. De même, l’image du corps des répondants semble bien préservée. En revanche,
les scores d’estime de soi sont proches du seuil diagnostique, traduisant une tendance à un
sentiment d’échec ou d’inadéquation par rapport à aux aspirations personnelles, indiquant
ainsi qu’ils peuvent douter de leur valeur. Enfin, les résultats signent un impact important de
l’obésité sur le quotidien, bien que de manière différenciée selon les individus. En effet, ce
retentissement ne s’exprime pas dans les mêmes domaines pour chacun, indépendamment
de l’âge ou du genre. La difficulté à vivre avec un surpoids semble procéder avant tout de
l’obstacle qu’il constitue dans la réalisation des buts qui sont propres à l’individu et de
l’importance relative accordée à ces buts.
211 15) Motivation et efficience cognitive Étude auprès d’une population âgée dépendante
Jeannelle, Pierre&Clément, Evelyne (Université de Rouen). Résumé
Alors que l’étude de l’involution des processus cognitifs a fait l’objet de nombreuses
recherches, l’étude de la motivation sur l’involution de ces processus est un domaine encore
peu exploré. L’objectif de notre recherche est d’étudier les liens entre motivation et
fonctionnement cognitif chez les personnes âgées dépendantes vivant en institution.
Quarante personnes âgées vivant en EHPAD ont participé à cette étude. Après un entretien
clinique préliminaire, l’efficience cognitive des participants a été évaluée par les tests du
MMSE et de la BREF, et leur motivation à l’aide de trois échelles de motivation issues de la
batterie de Vallerand. Les Résultats montrent que les personnes âgées les plus motivées au
niveau contextuel sont celles qui présentent les meilleurs scores aux tests cognitifs. L’intérêt
et les retombées cliniques de la prise en compte des aspects motivationnels dans l’étude du
vieillissement sont discutés.
Introduction
Le déclin du fonctionnement cognitif au cours du vieillissement a été identifié et étudié
depuis de nombreuses années. Ce déclin se caractérise notamment par une baisse des
performances dans des tâches d’attention, de mémoire et de contrôle exécutif (Verhaegen &
Cerella, 2002). Le fonctionnement exécutif sous dépendance du cortex préfrontal et du
système dopaminergique qui subissent des modifications avec l’avancée en âge (Cabeza,
2001 ; Braver & Barch, 2002), serait une des premières fonctions altérée par le vieillissement
(West, 1996).
L’objectif de la présente recherche est d’étudier si l’effet délétère de l’âge sur les
performances cognitives pourrait aussi s’expliquer par d’autres facteurs tels que la
motivation ou le temps d’institutionnalisation. Pour cela, notre étude s’appuie sur les
travaux issus de la théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan (1985). Les auteurs
distinguent trois types de motivation organisés selon un continuum d’autodétermination, la
motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque et l’amotivation (respectivement de la plus
autodéterminée à la moins autodéterminée). Selon Vallerand (1997), ce continuum apparaît à
différents niveaux hiérarchiques, les niveaux global, contextuel et situationnel. Le niveau
global correspond à une orientation motivationnelle générale de l’individu, le niveau
contextuel à une orientation motivationnelle selon les contextes de vie (e.g. loisirs, éducation,
relations sociales), le niveau situationnel correspondant à la motivation de la personne pour
une activité particulière.
Au cours des dernières années, des recherches se sont intéressées à l’orientation
motivationnelle sur le bien être et l’efficience cognitive des personnes âgées. Par exemple,
dans une étude menée auprès de personnes vivant en maison de retraite ou à domicile,
Altintas et Guerrien (2009), en utilisant la Gériatric Depréssion Scale et l’échelle de
motivation pour personnes âgées, ont montré que l’orientation motivationnelle était corrélée
avec le niveau de dépression, les personnes âgées ayant une motivation autodéterminée
étant celles présentant des niveaux de dépression les plus faibles et vice versa. De plus, les
orientations motivationnelles diffèrent significativement entre les participants dépressifs et
non dépressifs. Les participants dépressifs montrent des niveaux de motivation intrinsèque
et de motivation autodéterminée les plus faibles. Par ailleurs, dans une étude menée auprès
de personnes âgées prises en charge en hôpital de jour psychogériatrique, Hazif-Thomas et
al. (2002), ont mis en évidence un lien entre perte de motivation et dysfonctionnements
frontaux.
212 L’objectif de cette recherche est d’étudier le lien entre motivation et efficience cognitive de la
personne âgée vivant en institution. Par ailleurs, nous étudions si le temps
d’institutionnalisation a un effet sur l’orientation motivationnelle et l’efficience cognitive.
Méthode
Population
Quarante personnes âgées volontaires résidant en EHPAD ont participé à cette recherche.
Les critères d’exclusion ont été établis sur la base des informations médicales relatives aux
antécédents médicaux, aux traitements suivis par les personnes âgées et au signalement des
praticiens. Ainsi, les patients présentant des troubles psychiatriques de type bipolaire, les
personnes schizophrènes, les patients avec hallucinations et les patients présentant des
démences ont été exclus de l’expérience.
Matériel
Après un entretien préliminaire d’anamnèse, différentes évaluations ont été réalisées.
L’efficience cognitive a été évaluée par le Mini Mental State Examination (Folstein et al.,
1975) et la batterie rapide d’évaluation frontale (Dubois et al. 2000), la motivation par
l’échelle de motivation pour personne âgée (EMPA, Vallerand & O'Connor, 1991), l’échelle
de motivation globale (EMG28, Guay, Mageau, Vallerand, 2003) et l’échelle de motivation
situationnelle (SIMS, Guay & Vallerand, 2000)
En fin de passation, le niveau d’anxiété et de dépression de chaque participant a été évalué
par les échelles d’Hamilton (1959, 1960).
Procédure
Les passations se sont déroulées individuellement dans un local calme et isolé, mis à
disposition par les établissements.
Résultats
Les analyses ont été menées à l’aide du logiciel SPSS. En raison de « perte » de participants,
nous présentons ici les Résultats des analyses menées sur 34 protocoles.
Les analyses de régressions linéaires ne montrent pas de liens statistiquement significatifs
entre l’âge, le niveau de scolarité et les scores aux tests cognitifs.
Concernant le temps d’institutionnalisation et les scores cognitifs, les analyses ne montrent
pas de corrélations avec les scores au MMSE (R= 0.11 ; p= .51), mais une corrélation négative
avec les scores à la BREF (R = - 0,34, R2 ajusté = .12, F(1,32) = 4,20 ; p =.04. Les personnes
institutionnalisées depuis plus longtemps présentent les moins bons scores à la BREF. Par
ailleurs, le temps d’institutionnalisation n’est pas corrélé à la motivation globale (mesurée
par l’EMG 28), mais au niveau contextuel (mesurée par l’EMPA) de façon négative avec les
motivations autodéterminées (R= -0,37, R2 ajusté = .12, F(1,32) = 5,26 ; p =.02).
Enfin, la motivation et les scores aux tests cognitifs présentent des corrélations de nature
différente en fonction du niveau de mesure dans le modèle hiérarchique. En effet, alors que
la motivation globale n’est pas corrélée aux scores cognitifs, la motivation autodéterminée
contextuelle est corrélée positivement au scores du MMSE et de la BREF (R= 0,37, R2 ajusté =
.16, F(1,32) = 5,32; p =.02 et R= 0,63, R2 ajusté = .37, F(1,32) = 21,10; p =.00006,
respectivement).
Discussion
Ces premiers résultats vont globalement dans le sens attendu et valident l’existence de
relations entre efficience cognitive et orientation motivationnelle. Par ailleurs,
l’augmentation du temps d’institutionnalisation s’accompagne d’une moindre efficience
cognitive et d’une diminution des scores de motivation autodéterminée. Ainsi, ces Résultats
montrent la place qu’il faudrait accorder de façon plus systématique à la composante
213 motivationnelle et à ses conséquences dans l’évaluation et la prise en soin de la personne
âgée institutionnalisée.
Références
Altintas, E. & Guerrien, A. (2009). Orientation motivationnelle et symptomatologie
dépressive chez la personne âgée. L’Encéphale), 35, 115—120
Cabeza, R. (2001), Functionnal neuroimaging of cognitive aging, in R. Cabeza & A. Kingstone
(Eds.), Handbook of Functional Neuroimaging of Cognition (pp.331-377). Cambridge
MA: MIT Press.
Deci, E. L. & Ryan, R. M. (1985). Intrinsic motivation and self-determination in human
behavior. New York: Plenum Publishing Co.
Dubois, B., Slachevsky, A., Litvan, I., & B. Pillon, B. (2000). The FAB: A Frontal Assessment
Battery at bedside, Neurology; 55, 1621-1626.
Folstein MF, Folstein SE, & McHugh PR (1975). “Mini-mental state". A practical method for
grading the cognitive state of patients for the clinician". Journal of psychiatric
research 12 (3), 189–98.
Guay, F., Mageau, G. A., & Vallerand, R. J. (2003). On the hierarchical structure of intrinsic
and extrinsic motivational processes: A test of top-down and bottom-up effects.
Personality and Social Psychology Bulletin, 29, 992-1004.
Guay, F., Vallerand, R.J., & Blanchard, C. (2000). On the assessment of the situational
intrinsic and extrinsic motivation: The Situational Motivation Scale (SIMS).
Motivation and Emotion, 24, 175-213.
Hamilton, M. (1959). The assessment of anxiety states by rating. BR. J. Medical. Psychol, 32,
50-55.
Hamilton, M. (1960). A rating scale for depression. Journal of Neurology, Neurosurgery and
Psychiatry, 23, 56-62.
Hazif-Thomas, C., Chantoin-Merlet, S., Thomas, P., Bonneau, V., & Billon, R. (2002).
Démotivation et dysfonctionnements frontaux chez le sujet âgé. L’Encéphale , 28: 53341.
Vallerand, R.J. & O’Connor, B.P. (1991). Construction et Validation de l’Echelle de
Motivation pour les Personnes Agées (EMPA). Journal International de Psychologie,
26(2), 219-240.
Vallerand, R.J. (1997). Toward a hierarchical model of intrinsic and extrinsic motivation. In
M.P. Zanna (Ed), Advances in Experimental Social Psychology, (pp. 271-360). New
York : Academic Press.
Verhaegen, P. & Cerella, J. (2002), Aging, executive control, and attention : A review of metaanalyses. Neuroscience and Behavioral Reviews, 26, 849-857.
West, R. L. (1996). An application of prefrontal cortex function theory to cognitive aging,
Psychological Bulletin, 120, 272-292.
214 16) Effets de l’implémentation d’intention sur la généralisation et stabilisation du
comportement
Legrand, Eve, Mignon, Astrid (UniversitéLilleNord de France Lille 3). Résumé
L’implémentation d’intention (ii) est la planification d’un comportement formalisée sous la
forme de « si X alors Y » où X correspond à une situation critique et Y à une réponse
comportementale ou cognitive. Notre objectif est de montrer que l’implémentation
d’intention est une stratégie souple favorisant le comportement Y pour des situations
similaires à X et qui permet une stabilisation du comportement Y à travers le temps. 107
sujets catégorisaient 11 figures géométriques en « arrondi » ou en « angulaire ». Les sujets
devaient en particulier catégoriser rapidement une des 11 figures. Dans une condition (but),
seul ce but était donné via la familiarisation avec la figure (« dessinez trois fois la figure »).
Dans la condition ii, il était ajouté une implémentation d’intention (« si je vois la figure, alors
j’appuierai le plus vite possible sur la touche correspondante »). Deux figures cibles ont été
utilisées. Les Résultats soutiennent nos hypothèses.
Introduction
Les recherches sur le lien entre intentions d’agir et comportement révèlent que les intentions
prédisent peu les comportements effectifs : elles n'expliquent que 20 à 30% de la variance des
comportements3. La technique d’implémentation d’intention (ii) permet de réduire l’écart
entre intention et comportement (e.g. Gollwitzer, 1999). L’ii est une planification d’un
comportement réalisé pour atteindre un but Z (perdre du poids) formalisée sous la forme de
« si X (je suis au restaurant) alors Y (je prends une salade)» où X correspond à une situation
critique et Y à une réponse comportementale ou cognitive. Elle facilite la détection de la
situation X et automatise (rapidité, peu d’effort et ne fait pas appel à la conscience de
l’individu1) l’initiation du comportement Y rapidement. Elle s’est révélée plus efficace que le
simple but intentionnel pour la production de comportements dans des domaines variés
(dépistage du cancer4, régulation de la réactivité émotionnelle2).
Nous pensons que l’implémentation d’intention est une stratégie « souple » qui permet de
s’adapter à des situations nouvelles. Se former une ii (vs. un simple but) favorise non
seulement le comportement Y quand la situation X est présente (H1 conforme aux données
de la littérature) mais rend aussi possible le comportement Y pour des situations similaires à
X (H2). Nous faisons aussi l’hypothèse que le comportement Y se réalise dès la première
situation X rencontrée, et qu’il se maintient par la suite : l’ii devrait générer un
comportement plus stable qu’un simple but (H3). Nous testons ces hypothèses dans une
situation « épurée » sans enjeu social.
Méthode
Etude préliminaire, sélection des items
35 sujets ont placé 14 figures géométriques simples sur une ligne en fonction de leur
similarité perçue, opérationalisée par la distance entre les figures. Les Résultats montrent que
les figures sont bien différenciées entre elles, elles font l’objet d’un fort consensus. 11 figures
ont été sélectionnées (4 angulaires, 4 arrondies, et 3 mixtes).
Population
107 sujets répartis aléatoirement en 4 groupes ont participé à cette étude.
Procédure
La passation individuelle se faisait devant un écran d’ordinateur. Les sujets catégorisaient le
plus rapidement possible comme « arrondi » ou « angulaire » les 11 figures géométriques.
Deux variables étaient manipulées : l’intention (but simple vs. ii) et le type de but
(catégorisation la plus rapide possible du double rond vs. rectangle). Le groupe 1 (et 3)
215 recevait le but de catégoriser le plus rapidement possible une figure cible, un double rond
(un rectangle pour le groupe 3). Le groupe 2 (et 4) recevait ce but et une ii : « si je vois un
double rond, alors j’appuierai le plus rapidement possible sur la touche arrondi » (pour le
groupe 4 : « si je vois un rectangle, alors j’appuierai le plus rapidement possible sur la touche
angulaire »). Les 11 figures étaient présentées 20 fois afin de mesurer la stabilisation du
comportement. Les temps de catégorisation et les réponses des sujets étaient enregistrés.
Résultats
Une analyse préliminaire ayant montré un effet principal inattendu du type de but (le double
rond était catégorisé plus rapidement que le rectangle), nous avons procédé à des ANOVAs
séparées pour chaque type de but qui suivent le plan 2 (intention) x 2 (figure : double rond
versus rectangle) avec l’intention en VI intersujet.
Hypothèse 1.
Les ANOVA 2 (intention) x 2 (figure: double rond versus rectangle) avec l’intention en VI
intersujet ont été appliquées sur la VD correspondant au temps moyen de catégorisation des
figures double rond et rectangle. Pour les groupes 1 et 2 (but double rond), l’effet
d’interaction intention x figure est significatif, F(1,51)=4.49 ; p=.038. La figure double rond est
plus vite catégorisée (M=467, 91) que la figure rectangle (M=489.89) en condition ii (p=.0002),
cette différence n’est pas significative dans la condition but (p=.25). Pour les groupes 3 et 4
(but rectangle), les Résultats sont moins clairs, mais le rectangle est plus vite catégorisé en
condition ii (M=467.91) qu’en condition but (M=506.87), p = .051. H1 est donc globalement
validée.
Hypothèse 2.
La VD correspond à la moyenne des temps moyen de catégorisation des 2 figures jugées les
plus similaires (cf. prétest) à chaque figure cible. Les ANOVA 2 (intention) x 2 (figures
congruentes vs non congruentes) ont été appliquées sur cette VD. Dans les conditions « but
double rond » et « rectangle », on observe le même de pattern de Résultats que celui observé
pour les figures cibles. Ainsi, tout se passe comme si les sujets en ii avaient appliqué le
comportement de rapidité aux figures les plus proches de la figure implémentée.
Hypothèse 3.
La VD correspond à la variance des temps de catégorisation entre les 20 essais pour chaque
figure cible. Plus le score est élevé, plus le comportement à travers les essais est variable. Les
ANOVAs appliquées sur cette variable révèlent un effet principal significatif du type
d’intention : les participants des conditions d’ii ont des temps de catégorisation des figures
plus stables que ceux des conditions « buts simples ».
Discussion
L’ensemble de ces Résultats appuie l’idée que l’implémentation d’intention est une stratégie
d’autorégulation qui permet aux individus de s’adapter rapidement et plus durablement
(stabilisation) que ne le fait le simple but, à des situations assez proches de celle spécifiée
dans l’implémentation. Ces Résultats demandent à être reproduits. Il s’agira aussi d’étendre
la validité en transférant le paradigme dans une situation plus écologique.
Références
Bargh, J. A. (1994). The four horsemen of automaticity: Awareness, intention, efficiency, and
control in social cognition. In R. S. Wyer & T. K. Srull (Eds), Handbook of social
cognition (2nd ed.). Hillsdale, NJ: Lawrence Erlbaum, 1-40.
Gallo, I. S., Keil, A., McCulloch, K. C., Rockstroh, B., & Gollwitzer, P. M. (2009). Strategic
Automation of Emotion Regulation. Journal of Personality and Social Psychology, 96,
11–31.
216 Gollwitzer, P. M. (1999). Implementation intentions: Strong effects of simple plans. American
Psychologist, 54, 493-503.
Orbell, S., Hodgkins, S., & Sheeran, P. (1997). Implementation intentions and the theory of
planned behavior. Personality and Social Psychology Bulletin, 23, 945-954.
217 17) Influence de la personnalité et de la réactivité émotionnelle différentielle sur la
prise de décision
Mardaga, Solange &Hansenne, Michel (Université de Liège). L’aspect somatique des émotions est considéré comme un facteur majeur dans le processus
de prise de décision, et de nombreux travaux ont mis en évidence l’influence de la
personnalité, entre autres facteurs différentiels et cliniques, sur la prise de décision. D’autre
part, il est reconnu que la personnalité module fortement la réactivité émotionnelle. Aussi la
présente étude a-t-elle pour objectif d’investiguer le possible rôle de la réactivité
émotionnelle différentielle dans l’influence de la personnalité en situation de prise de
décision. Trente-deux sujets sains ont participé à la tâche du casino, et leurs réponses
électrodermales étaient enregistrées suite à la présentation des feedbacks et juste avant qu’ils
fassent un choix (réponses anticipatives). Les Résultats montrent que différentes dimensions
de la personnalité influencent les réponses électrodermales aux feedbacks et le
développement des réponses anticipatives. Enfin, la personnalité influence le score final, et
ce au-delà de l’effet du développement des réponses anticipatives. Les présentes données
suggèrent que les différences émotionnelles liées à la personnalité modulent le
développement des réponses anticipatives dans une situation de prise de décision, mais
l’influence de la personnalité sur la performance finale n’est pas entièrement expliquée par
ces différences émotionnelles.
Adaptation de « l'indicatori di qualitàurbanaresidenzialepercepita » (iqurp) en langue française
Mariette*, Jean-Yves, Rioux*, Liliane (*UniversitéParisOuest la Défense), Bonauito, Marino
(Université de Rome la Sapienza).
Présentation sous forme d'un poster du travail de validation transculturelle de « l'Indicatori di
Qualità Urbana Residenziale Percepita » (IQURP), échelle mesurant la satisfaction résidentielle
élaborée par Ferdinando Fornara, Mirilia Bonnes et Marino Bonauito de l'Université de Rome La
Sapienza.
Introduction
La satisfaction résidentielle renvoie à l'évaluation globale qu'une personne fait de son lieu
d'occupation et ce, quelle que soit l'échelle sur laquelle elle se place (maison, bâtiment,
quartier, etc.). Cette satisfaction résulte de l’expérience de plaisir qu'en retire la personne en
occupant ce lieu (Bonauito, 2004). A l’instar de la satisfaction globale, elle repose sur des
éléments affectifs et cognitifs (Fleury-Bahi, 1997) ainsi que sur des caractéristiques physiques,
sociales et humaines de l’espace vécu (Bonnes, Bonauito, Aiello, Perugini et Ercolani, 1997).
Ainsi elle est une résultante de plusieurs évaluations spécifiques portant sur différentes
dimensions.
Validation transculturelle d’un instrument psychométrique
La validation transculturelle d’un instrument permet d’élargir son champ d’applicabilité en
intégrant à celui-ci les spécificités linguistiques et culturelles propres au pays cible. Cette
méthodologie, bien que ne permettant pas de produire une version plus valide et fidèle que
l’original, représente un gain de temps important en offrant au pays cible une version
opérationnelle de l’instrument.
Méthode
La validation transculturelle doit garantir la sensibilité et la spécificité de l’instrument de
mesure. Elle se déroule selon trois grandes étapes consécutives (Caron, 2006):
La première étape s’est caractérisée par la création d’une version préliminaire de l’IQURP et
la vérification de son équivalence. La méthode de la traduction inversée a été ici appliquée.
L’IQURP a dans un premier temps été traduit par une traductrice bilingue de l’italien vers le
français. Cette version française de l’IQURP a ensuite été retraduite dans sa langue d’origine
218 par un groupe de trois professeurs d’Italien.Ensuite l’écart entre cette nouvelle version
italienne de l’outil et l’original a été discuté par trois professeurs. Ainsi nous avons pu
accepter notre version française de l’IQURP en tant que version préliminaire.
Cependant la simple correspondance entre la version originelle de l’outil et sa traduction
inversée ne garantit pas forcément à la version intermédiaire en français son intelligibilité. Il
a fallu vérifier si les items de la version obtenue sont adaptés à la culture visée. En effet
certaines expressions peuvent manquer de clarté une fois traduites ou paraitre désuètes dans
la langue cible. Par conséquent, un premier groupe composé de 6 étudiants et d'un
professeur a eu pour tâche de poser sur la version de l’IQURP en français un regard critique.
Des reformulations ont donc pu être proposées afin de correspondre davantage au contexte
culturel français.
La clarté et la compréhensibilité des items ont été discutées par un autre groupe de cinq
étudiants bilingues en Master d’Italien. Ceux-ci devaient individuellement noter de 1 à 5 la
clarté des items de la version française remaniée de l’IQURP. Une deuxième passation visant
encore une fois à vérifier la clarté des items a été effectuée ultérieurement auprès d’une
dizaine de personnes de nationalité française et n’étant pas bilingues italien/français. La
compréhensibilité de l’IQURP s'est avérée satisfaisante, ce qui nous a permis de juger cette
traduction acceptable.
La deuxième étape consiste en la vérification empirique de la validité externe de la version
traduite. En effet il se peut qu'un phénomène se présente différemment d'une culture à
l'autre et que l'instrument original traduit ne permette pas de mesurer sensiblement le
phénomène dans la culture ciblée. Ainsi cette démarche permet de démontrer si la théorie
qui sous-tend l’instrument psychologique est valide dans la culture franco-italienne
(Vallerand, 1989). Par ailleurs lorsqu'un instrument propose de mesurer différentes
dimensions d'un phénomène, il est important de vérifier les corrélations existantes entre ces
facteurs et de les comparer à celles obtenues avec la version d'origine.
Nous avons cherché à tester par une analyse factorielle exploratoire (AFE) la validité de
construit de notre version française de L'IQURP afin de vérifier que la structure factorielle
correspondait à celle de l'instrument original (Stevens, 1992). Cette méthode statistique
permet de mettre en évidence la structure latente d’une masse de données qui se manifeste
par la présence d’un certain nombre de dimensions permettant d’expliquer pourquoi
certaines de nos variables sont intercorrélées, alors que d’autres ne le sont pas. Les facteurs
ne sont pas directement observables, mais sont inférés en tenant compte des matrices de
corrélation unissant certaines variables entre elles. Cette méthode est communément utilisée
pour expliquer une portion importante de variance présente dans les Résultats en se basant
sur un nombre limité de dimensions (Baillargeon, 2003).
L’IQURP en français a été proposé à environ 250 étudiants français.
Résultats et Discussion
Les résultats obtenus sur cet échantillon font apparaitre une réduction du nombre de
dimensions dans la version française par rapport à la version originelle italienne de l'IQURP,
certaines dimensions se trouvant regroupées dans un seul et même facteur dans l'échantillon
français. Par exemple les items traitant de la présence d'initiatives socio-culturelles dans le
quartier et ceux liés au caractère stimulant ou ennuyeux de ce dernier auraient leur variance
expliquée par un unique facteur dans cette version française de l'IQURP.
La version française de l'IQURP évaluerait ainsi une satisfaction résidentielle basée sur 16
dimensions et non plus 20. Cette réduction du nombre de dimensions serait à imputer aux
caractéristiques linguistiques du questionnaire et au contexte culturel auquel il renvoie et
nous conforte dans notre projet d'élaborer une version « courte » de cet outil qui serait très
probablement différente de la version "courte" italienne, tant au niveau du nombre de
dimensions que de leurs intitulés.
219 Références
Baillargeon, J. (2003). L’analyse factorielle exploratoire. http://www.uqtr.ca/cours/srp6020/afe/afe.pdf. Québec, Canada: Université du Québec à Trois-Rivières.
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Vallerand, R.J. (1989). Vers une méthodologie de validation transculturelle de questionnaires
psychologiques : implications pour la recherche en langue française. Psychologie
Canadienne, 30 (4), 662-680.
220 18) « Se suicider avec les dents »
Rochaix, Delphine, Pedinielli, Jean­Louis&Bonnet, Agnès (Université de Provence). Résumé
La prise en charge d’une patiente boulimique obèse, dans le cadre de notre pratique clinique,
nous amène à questionner des désirs fantasmatiques parenticides. Ces mouvements
renverraient à une tentative de destruction du corps propre de cette patiente, traduisant un
désir destructeur inconscient des introjects parentaux. Nous proposons une réflexion sur la
problématique de cette patiente, à partir de thèmes récurrents repérés dans son discours
(oralité, agressivité, mort).
Introduction
La boulimie, trouble du comportement alimentaire, présente des comorbidités avec les
tentatives de suicide (Corcos, 2003). Ce Trouble des Conduites Alimentaires, lié à une faille
des assises narcissiques, témoigne d’un double mouvement d’incorporation et de destruction
de l’objet dont la perte ne peut être envisagée. Ici les aliments ne semblent pas destinés à
colmater un vide, mais à détruire quelque chose. La destruction renverrait-elle au corps
légué ou à l’objet introjecté ? Ainsi, par la nourriture et les répercussions physiques d’une
suralimentation, la patiente chercherait à réaliser des fantasmes parenticides/infanticides
inconscients.
Méthode
Dans le cadre de notre pratique de psychologue clinicienne, nous avons pris en charge suite
à une tentative de suicide, une patiente boulimique obèse chez qui nous avons repéré, lors
des entretiens, des éléments récurrents renvoyant à l’oralité et à l’agressivité. Ces
thématiques, associées au vécu de cette patiente, ont initié une réflexion sur la boulimie, la
tentative de suicide et la pulsion orale.
Nous présentons certains éléments anamnestiques et fragments du discours de cette patiente,
que nous appellerons Madame M.
Présentation de la patiente
Madame M, 40 ans environ, souffre d’obésité morbide. C’est une femme de grande taille, a
priori souriante et joviale, chez qui l’on perçoit des mouvements agressifs en décalage avec
ce qu’elle évoque (durcissement des traits de son visage, pincement des lèvres alors qu’elle
me rapporte les propos de son père : « je suis très fier de toi »). Elle semble choisir ses mots
avec précaution mais lâche toutefois quelques grossièretés, se reprend et adapte son discours
qui semble parfois rodé, comme si elle l’avait répété. Un mouvement labial particulier (va-etvient de la lèvre inférieure) est observable lorsqu’elle parle. Elle se présente comme une «
pince-sans-rire » qui pratique l’autodérision et le sarcasme. Elle est extrêmement cultivée et
intelligente et témoigne de tentatives de manipulation, voire à la perversion, notamment
auprès des autres patientes dont elle semble saisir les faiblesses. Ses problèmes de poids
débutent à l’adolescence. Elle a une sœur aînée diagnostiquée (à tort, selon elle) anorexique.
Elle évoque lors du 1er entretien, une tentative de suicide par ingestion médicamenteuse,
qu’elle présente de la façon suivante : « pour moi ce n’est pas une tentative, je me suis
suicidée ». Cet acte a eu lieu alors qu’elle suivait un séjour dans une clinique diététique, à la
suite de son renvoi de l’établissement, causé par une altercation avec d’autres patientes (dont
elle dira peu de chose). A l’annonce de son renvoi, la patiente, encore sur les lieux, a avalé
son traitement antidépresseur (prévu pour un mois) et téléphoné à ses parents et à sa sœur,
pour leur dire qu’elle les aimait. Ses proches, alertés par cette conduite inhabituelle ont alors
prévenu la clinique qui a fait intervenir les pompiers, la sauvant.
221 Résultats
Nous repérons dans son discours, des éléments qui renvoient à des pulsions auto agressives
(par la suralimentation) et hétéro agressives (par l’effet qu’elle produit). Selon elle, l’obésité
(elle ne parle pas vraiment de boulimie) renvoie à une dimension auto destructrice, à un «
suicide avec les dents » (elle évoque également un « suicide au Flamby »). La question de
l’oralité est présente chez cette patiente qui semble se nourrir de ses mots et de l’effet qu’ils
peuvent avoir sur son entourage.
Son discours fait également fréquemment référence aux liens qui l’unissent à ses parents («
[…] avec tout l’amour que j’ai pour ma famille, n’est-ce pas »). Elle rapporte de façon
ambivalente et infantile : « papa était quelqu’un de formidable, mais il commettait des
maladresses et je me souviens de certaines de ses paroles lorsqu’à l’adolescence j’avais pris
de l’embonpoint, il me disait : ah, ça y’est tu fais encore travailler tes mandibules, tu vas
devenir un bibendum ». Lors d’un autre entretien, Madame M évoque ce qu’implique la
condition d’adulte : « au fond chacun de nous doit tuer ses parents pour se construire. C’est
une image bien-sûr, je n’ai pas envie de tuer mes parents, bien que je l’ai déjà fait en rêve,
mais je ne crois pas me tromper en disant que cela arrive à chacun de nous ? » La mort et la
destruction reviennent dans son discours. Elle me dit ainsi avoir tué ses parents en devenant
obèse et avoir « gâché l’avenir de cette petite fille (qu’elle était) qui avait tant de talent ».
Discussion
Madame M semble se nourrir de ce qu’elle provoque chez l’autre, les pulsions orales et
agressives s’exprimant désormais par les mots qu’elle manipule. Elle paraît alors choisir ses
mots pour ménager ses effets, le discours tournant parfois en rond, signant que les pulsions
agressives dirigées à la fois vers des figures parentales et infantiles, demeurent peu
élaborables. L’alimentation-suicide serait une attaque contre elle-même et contre ses parents
à travers son propre corps.
Références
Corcos, M. (2003). Suicidalité et addictions : données épidémiologiques et réflexions
psychopathologiques. Le carnet PSY, 8(85), 24-26.
Jeammet,P. et al. (1991). La boulimie, monogra^hies française de psychanalyse. Paris: PUF
Lauret, M. (2010). Une faim…de désir. La clinique Lacanienne, (2)18, 69-73.
222 19) Amorçage subliminal des émotions, pied-dans-la-porte, et comportement
d’entraide.
Skandrani­Marzouki, Inès (Université de Provence). Introduction
L’influence sociale, peut se manifester par des changements d’opinions ou de
comportements fondamentaux sous l’effet modulateur d’un facteur émotionnel. En effet, à
l’heure actuelle, les études en psychologie, s’intéressent de plus en plus à l’impact de
l’émotion sur la pensée d’une façon générale, et sur le comportement d’une façon
particulière (Channouf et Rouan, 2002). « A l’insu de l’individu, les émotions affectent en
permanence le comportement et la décision. Elles les affectent dans un sens positif, mais
aussi dans un sens négatif » (Channouf, 2004. p.90). Ces changements peuvent avoir une
faible ou forte utilité sociale. Un des moyens efficaces d’influence comportementale est la
psychologie de l’engagement (Joule et Beauvois, 1987, 2002) qui correspond aux
circonstances dans lesquelles un acte donné est réalisé. En amenant la personne à émettre des
actes d’engagements, ces actes vont lui préparer à réfléchir et à se conduire différemment par
la suite (Joule et Beauvois, 1987 ; Beauvois et Joule, 1988).
Méthode
Dans cette étude on va utiliser deux techniques à savoir le pied-dans-la porte (PDLP)
(Freedman & Fraser, 1966) et la technique d’amorçage subliminal (Nelson, 1978). La première
se base sur le fait q’un premier comportement peu coûteux prédispose la personne à accepter
un nouveau comportement plus coûteux. La deuxième est souvent utilisée pour éviter que le
sujet ait conscience de la relation entre les stimuli qui ont été présentés de façon subliminale
et les informations qui seront traitées de façon consciente afin d’examiner par la suite
l’influence des premiers sur les deuxièmes. Le plan expérimental (220 sujets) croise quatre
modalités d’amorçage émotionnel (positif, négatif, neutre et sans amorçage) x avec la
présence (PDLP) vs l’absence (PDLP). Hypothèses : En condition PDLP, comparativement à
une situation sans amorçage ou avec amorçage neutre, on attend un taux d’acceptation de la
requête cible plus important avec un amorçage positif et moins important avec un amorçage
négatif. Procédure : La moitié des sujets (PDLP) étaient d’abord confrontés à la requête peu
coûteuse (signer une pétition au sujet de la prévention routière). Durant la phase
expérimentale, pilotée par ordinateur, tous les sujets (PDLP et non PDLP) réalisaient une
tâche prétexte. Lors de cette tâche, ils étaient exposée à leur insu à des amorces subliminale
(visage exprimant la joie, visage exprimant la tristesse / colère et visage neutre). En phase
post-expérimentale, les sujets devaient dire combien de temps ils étaient prêts à donner pour
aider une association de prévention routière (requête cible).
Résultats
Comme attendu, avec un amorçage négatif dans la condition PDLP, les sujets acceptent de
donner moins de temps à l’association (40.5 minutes pour la colère et 42 minutes pour la
tristesse), qu’en l’absence d’amorçage (117 minutes) et qu’avec un amorçage neutre (114
minutes). p<.05. Avec un amorçage positif, les sujets acceptent de donner plus de temps
(121.5 minutes).
Discussion
Associé à une des techniques d’engagement (pied dans la porte) dans un contexte de relative
liberté (Joule & Beauvois, 1987, 2002), l’amorçage subliminal a amené les participants à
émettre un comportement avec ignorance de la source d’influence.
223 20) Temps, traitement & cancer : chimiothérapie et remaniement psychique chez le
sujet atteint de cancer
Sonnery, Laure &Siksou, Maryse (UniversitéLyon2 Institut de Psychologie).
Ce travail se situe à l’articulation entre la psychologie clinique de la santé et le domaine
médical. Il semble intéressant de tenter de différencier l’effet médical réel de la
chimiothérapie ; de ce qui, à notre place d’écoutant, peut être entendu de son investissement
psychique, fluctuant au gré de l’évolution de la maladie. Les concepts d’objet, de
représentation, et de temporalité psychique seront définis. Besançon (1999) démontre
l’importance du médicament qui, au-delà de sa composition et de ses effets thérapeutiques,
est un objet fantasmatique tant pour le patient que le médecin. Derzelle (2003) élabore quant
à elle une réflexion sur le temps des traitements du cancer, qui permettrait au sujet de
reconstruire son identité, grâce à ce rythme médical particulier.
L’objectif de cette recherche est donc d’étudier l’impact psychique du traitement
chimiothérapique chez le sujet atteint de cancer. Comment cet objet peut-il être (ou non)
investi par le sujet ? La méthodologie comprend une approche clinique qualitative avec une
analyse de contenu d’entretiens libres (effectif N = 8) ; ainsi que la passation d’épreuves
quantitatives (grille d’attitudes, test HAD, associations libres sur un terme inducteur) lors
d’entretiens semi-dirigés sur une population ciblée (effectif N = 5). Nous avons repris
certains outils utilisés par Cannone et al. (2004), certains de nos Résultats seront comparés à
leurs travaux.
Cette étude postule que la chimiothérapie instaure un cadre temporel contenant pour le
patient. Par ailleurs, ce traitement est investi de représentations fortes, et il semble parfois
supporter des projections ambivalentes pour certains sujets. En outre, les notions de rituels,
de pensée magique et d’effet placebo seront discutées au travers des croyances véhiculées
par ce traitement. Enfin, le recours à un groupe témoin (effectif N = 6), apparié au groupe
principal de patients suivant une chimiothérapie, permet de préciser des différences
significatives concernant la représentation de cet objet.
Mots Clés : Cancer – Traitement - Chimiothérapie – Temporalité psychique – Objet
Références
Besançon, G. (1999). Qu’est-ce que la psychologie médicale ? Actualité et nécessité. Paris :
Presses Universitaires de France.
Cannone, P., Dany, L., Dudoit, E., Duffaud, F., Salas, S., & Favre, R. (2004). Étude des
représentations sociales de la chimiothérapie : Une voie d’analyse des relations entre
patients et médecins oncologues. Bulletin du Cancer, 91 (3), 279-284.
Derzelle, M. (2003). Temps, Identité, Cancer. Cliniques méditerranéennes, 68, 233-242.
224 21) Reconnaissance au travail et collectifs en crise : le cas d’une entreprise du secteur
public
Tatu petric, Ofelia (Université de Rouen).
Résumé
Différentes recherches en psychologie du travail ont mis en évidence l’importance de la
reconnaissance au travail pour le bien-être et la construction de l’identité des employés.
(Dejours, 1993 ; Bourcier & Palobart, 1997 ; Hivon, 1996 ; Brun et al., 2003). Nous avons voulu
identifier dans cette recherche les facteurs qui expliquent le sentiment de manque de
reconnaissance au travail dans un collectif en crise. La recherche s’est déroulée dans le cadre
d’une intervention en prévention des risques psychosociaux au travail réalisée au sein d’une
entreprise du secteur public. Cette intervention était déployée pour une équipe de 34
personnes confrontées à un climat de travail dégradé. Les résultats montrent que les attentes
des salariés en termes de reconnaissance se situent seulement dans la relation à l’autre sur un
volet individuel.
Introduction
Les évolutions du monde du travail s'accompagnent d'une forte demande de reconnaissance
de la part des employés. Cette reconnaissance est une composante importante de leur
implication au travail, de leur identité professionnelle et de leur santé psychique. Sur le plan
individuel, au cœur des relations à l’autre, la reconnaissance est susceptible de s’exprimer à
deux niveaux (vertical et horizontal) et de se concrétiser sous plusieurs formes (monétaire/
symbolique, individuelle / collective, formelle / informelle, publique / privée, visible /
invisible). Dans le dernier rapport du collège d’expertise sur le suivi des risques
psychosociaux au travail (Gollac & Bodier, 2011) trois formes de reconnaissance sont
retenues : la reconnaissance économique, symbolique et pratique. La reconnaissance au
travail s’exprime aussi dans la relation à un collectif ou à une organisation : la personne fait
partie d’un système bien organisé, avec un rôle bien défini et elle apporte une contribution à
la production de l’ensemble.
La notion de collectif renvoie à deux images différentes : la première fait référence à ce qu’on
appelle « le travail collectif », c’est-à-dire l’activité de travail qui est réalisée par un groupe
ou une équipe de travail ; et la deuxième concerne l’ensemble des membres d’un groupe qui
participent à cette activité de travail et qu’on peut appeler « équipe de travail ou collectifs »,
(Trognon et al., 2007). Aussi, il est important de faire la distinction entre groupe ou équipe de
travail et collectif de travail. Alors que dans le premier cas il s’agit d’un groupe formel dans
lequel la participation est imposée par l’organisation, dans le deuxième cas, le groupe est
construit dans l’activité par les membres eux-mêmes, pour répondre aux exigences
organisationnelles. Le collectif de travail est donc un groupe informel, basé sur des relations
de confiance et de coopération qui permettent à ses membres de combler l’écart entre le
travail prescrit et le travail réel. Lorsqu’un conflit émerge dans ce collectif, dans ce climat
coopératif, le conflit aura un rôle productif. Lorsqu’il émerge dans un climat dégradé ou un
climat de compétition, le travail se fait dans un contexte de méfiance, des jeux de pouvoir
s’installent et souvent dans cette situation de blocage, le groupe sera tenté d’enfermer le
problème dans des dimensions personnelles.
Objectifs
Cette étude s’est déroulée au sein d’une société internationale de transport et plus
spécifiquement sur un service confronté depuis quelques années à un climat de travail
dégradé. Les tensions relationnelles avérés et reconnues par les acteurs de la santé au travail
(médecin du travail, direction, CHSCT) mettent en question l’attitude et le comportement du
responsable de ce service. Cette situation problématique s’est accentuée depuis deux ans,
avec un risque pour la santé des agents. D’un côté, les agents décrivent le comportement du
225 responsable comme étant déstabilisant, infantilisant et autoritaire. D’un autre côté, le
manager considère que les agents prennent mal certaines remarques, et il dit avoir des
obligations qui lui sont imposées par la direction : mettre toujours plus de pression et fixer
des objectifs de plus en plus irréalistes.
Dans ce contexte de travail dégradé, cette étude se propose d’identifier les facteurs qui
expliquent le sentiment de manque de reconnaissance au travail.
Méthode
Dans le cadre de cette recherche nous avons dans un premier temps analysé les résultats de
deux enquêtes effectuées par les acteurs de la santé au travail (une première enquête menée
par le CHSCT par entretien individuel et une deuxième demandée par la direction et
orchestré par des consultants internes à partir d’un questionnaire construit en interne). Ces
éléments, ainsi que les réunions avec les acteurs, nous ont permis d’avoir une première
compréhension de la situation. Dans un deuxième temps, nous avons complété cette analyse
par une évaluation qui se proposait d’interroger plus collectivement le rapport au travail et
de mettre en lien les tensions relationnelles avec les contraintes organisationnelles. Ainsi,
nous avons réalisé des entretiens individuels semi-directifs avec 25 personnes.
Résultats et Discussion
Après l’analyse qualitative des données (retranscription des entretiens, codage des données à
partir d’une grille d’analyse prédéfinie avant l’étude, et traitement), nous avons pu constater
que dans ce contexte où les pratiques managériales de mise en concurrence sont à l’ordre du
jour (« il aime nous mettre en compétition »), trois catégories de facteurs peuvent expliquer le
sentiment de manque de reconnaissance au travail : reconnaissance dépréciative,
reconnaissance décalée, invisibilité.
Les Résultats ont également mis en évidence un environnement qui « privilégie » l’isolement
des agents et qui « empêche» la coordination et la coopération, au sein de l’équipe de travail,
mais aussi entre les services. Dans ce contexte, tout ce que les agents peuvent espérer c’est
une reconnaissance dans la relation à l’autre (le responsable hiérarchique ou le collègue),
sous un angle individuel. La reconnaissance dans la relation à son activité ou dans la relation
à un collectif ou à une organisation n’existe pas. Le travail fait moins sens (« être contrôleur,
ça veut plus dire grand chose »), il ne permet plus de participer à une œuvre commune, car
le collectif a été détruit et l’organisation désintégrée (« Avant on était une même entreprise,
maintenant, on est des mini-entreprises regroupées sous le même.
Références
Bourcier.C., Palobart, Y. (1997). La reconnaissance : un outil de motivation pour vos salaries.
Paris : Les Editions d’Organisation, Collection Audit.
Brun, J-P , Biron, C., Martel, J., & Ivers, H. (2003). Evaluation de la santé mentale au travail:
une analyse des pratiques de gestion des ressources humaines. Études et recherches /
Rapport R-342, Montréal, IRSST, 1-100.
Dejours, Christophe (1993). Travail, usure mentale : de la psychopathologie à la
psychodynamique du travail, nou velle édition augmentée, Paris : Bayard Éditions
Hivon, C.(1996). L’acte de reconnaître : enjeux narcissiques chez le gestionnaire, Essai de
maîtrise, Sainte-Foy, Université Laval,
Gollac, M. & Bodier, M. (2011). Mesurer les facteurs psychosociaux de risque au travail pour
les maîtriser. Rapport du Collège d’expertise sur le suivi des risques psychosociaux
au travail, faisant suite à la demande du Ministre du travail, de l’emploi et de la santé.
Morin, E. et Forest, J. (2007). Promouvoir la santé mentale au travail: donner un sens au
travail. Gestion. 32(2), 31-36.
226 Trognon, A., Dessagne, L., Hoch, R., Dammerey, C. & Meyer, C. (2007). Groupes, collectifs et
communications au travail. In E. Brangier, A. Lancry, et C. Louche (dir.). Les
dimensions humaines du travail : Théories et pratiques de la psychologie du travail et
des organisations (p. 415-448). Nancy : Presses Universitaires de Nancy
227 22) Pragmatique et autisme, vers une modélisation de l'intercompréhension dans
l'entretien clinique.
Yzoard, Manon, Trognon, Alain&Batt, Martine (Université de Nancy 2). Introduction
L’objectif de cette recherche est de modéliser l’intercompréhension dans un entretien
clinique entre un enfant atteint d’autisme de type Kanner (12 ans ; âge de développement 4,1
ans), sa psychologue référente et une IDE de l’équipe.
Méthode
•
Dispositif mis en place
Cette recherche s'est basée sur un entretien clinique entre un enfant autiste de type Kanner,
sa psychologue référente et une IDE de l'équipe. Cet enfant, prénommé Clément est âgé de
12 ans et il est pris en charge en institution spécialisée depuis sa petite enfance. Les outils à
valeur diagnostique ont montré qu'il souffrait d'autisme infantile précoce de type Kanner. À
cette période, Clément fait partie de la catégorie d'« autisme moyen » et son âge de
développement général est évalué à 4 ans et 1 mois.
Durant cet entretien, il est demandé à ce jeune garçon de mettre en scène avec une
marionnette le rôle du loup de l'histoire du Petit Chaperon Rouge. Précisons qu'il a une
bonne connaissance de ce conte puisqu'il est capable de citer mécaniquement, dans certaines
circonstances, des éléments du récit qu'il a retenu par coeur. Ce corpus est donc constitué de
différents tours de parole entre ces trois interlocuteurs qui ont respectivement un rôle fictif à
jouer. Les difficultés que rencontre ce jeune garçon à réaliser de manière pleinement
satisfaisante cette tâche amènent ses interlocutrices à adopter régulièrement des positions
d'auxiliaires. L'histoire du Petit Chaperon Rouge est particulièrement intéressante
puisqu'elle met en jeu les notions d'intentionnalité et de faire semblant, aspects cognitifs
altérés chez les personnes autistes. Nous observons en effet, lors de cet entretien, les
difficultés de Clément à faire croire à la Grand-Mère qu'il est le Petit Chaperon Rouge et à
faire semblant qu'il est la Grand-Mère face au Petit Chaperon Rouge.
Cette recherche en psychologie pragmatique a pour intérêt une appréhension plus fine des
spécificités symptomatiques de cet enfant autiste sans négliger son efficience cognitive.
Méthode d’analyse
Nous avons enregistré (audio) et transcrit intégralement la mise en scène du Petit Chaperon
Rouge jouée à l'aide de marionnettes. Nous avons découpé le corpus en énoncés et avons
procédé à une analyse manuelle interlocutoire (Searle & Vanderveken, 1990 ; Trognon &
Batt, 2010) en considérant indépendamment les interventions de Clément et des
professionnelles. Dans un second temps, c’est la gestion interlocutoire des réactions de
l’enfant qui a été étudiée.
Ces analyses nous ont permis de mettre à jour les situations dans lesquelles différents
facteurs sont susceptibles de contribuer au processus d'accomplissement de
l'intercompréhension ou au contraire à ceux qui peuvent l'interférer.
Résultats
Trente-sept transactions ont été retenues pour analyser cette répartition compte tenu de
l'accomplissement ou non de l'intercompréhension. Ces données ont été répertoriées de deux
façons. D'une part nous avons fait une répartition des échanges conversationnels selon le
type d'acte structurant l'échange et la réussite ou l'échec de l'intercompréhension, d'autre
part nous avons réparti les échanges conversationnels selon que la transaction est auto ou
hétéro-initiée (du point de vue du patient) et selon le type d'acte initial structurant l'échange.
Les résultats de ces analyses nous indiquent que 64,9% des transactions mènent à la réussite
de l'intercompréhension et qu'elles sont le plus souvent initiées par un acte de langage
228 directif. Par ailleurs, il apparaît une différence quantitative (non significative) entre l'effectif
des transactions auto et hétéro-initiées. Ces résultats révèlent que ce sont les professionnelles
qui initient en majeur partie les transactions. En effet, parmi ces trente-sept transactions,
91,1% sont initiées par les membres du personnel soignant.
Discussion
Ces analyses nous ont permis de souligner que les transactions auto ou hétéro-initiées de
Clément, le type d'acte de langage utilisé et le contexte de l'histoire vont influer sur
l'accomplissement ou non du processus d'intercompréhension. Par ailleurs, les différentes
stratégies que développent les auxiliaires face aux difficultés de ce jeune garçon, telles que
l'apport de stimuli visuels (décor et attributs vestimentaires des marionnettes), la réitération
ou le complément d'information par exemple, vont nécessairement influer sur la coconstruction d'un monde commun.
Basée sur l'analyse d'entretien clinique, cette recherche en psychologie pragmatique permet
de quantifier le discours à travers une méthodologie simple qui peut objectiver une
évolution. L'intérêt de cette méthode est donc de pouvoir quantifier et objectiver des données
qualitatives. Cette étude a également l'avantage de cibler des pistes en vue d'une prise en
charge individuelle plus adaptée.
Références
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Searle J.R., Vanderveken D., Foundation of illocutionary logic, Cambridge: Cambridge
University Press ; 1985.
229 16H15-17H45- SYMPOSIA
I)
Addiction, trajectoire addictive et pathologie addictive : de la nécessité d’une
approche transdisciplinaire et multithéorique
Symposium organisé par Battaglia, Nicole (Université de Reims&IUTLille3), Masson,
Joanic (Université de PicardieJules Verne.).
Titres des communications et Intervenants
Approche différentielle et intégrative de la conduite addictive : le regard de la psychologie
de la santé
Battaglia, Nicole (Université de Reims&IUTLille3), Décamps, Greg (UniversitéBordeaux 2.), Rolandlévy, Christine (Université de Reims).
Les effets de l’alcoolisme sur le vieillissement des fonctions cognitives
De Wever*, Elodie, Quaglino, Véronique, Czternasty, Gérard,Valot, Laurent **, Lecercle***,
Christian, Vandromme*, Luc (*Université de Picardie Jules Verne,**Université Amiens-Reims,
***Centre Hospitalier Pinel)
Psychotraumatologie des addictions
Masson, Joanic, Bernoussi, Amal (Université de PicardieJulesVerne).
Analyse dynamique de la régulation comportementale et émotionnelle chez les mères
dépendantes aux opiacés et leur nourrisson
Bochand*, Laure, Doba*, Karyn, Pezard**, Laurent), Nandrino*, Jean Louis (*UniversitéLille3
Charles de Gaulle, **Université Aix-Marseille I).
Deuil compliqué et stratégie d’attachement chez seize patients addictés à l’alcool
Valot, Laurent (Université Reims- Centre Sesame), Wawrzyniak, Michel (Université Reims Amiens).
Introduction Générale
Faire face à des contraintes émotionnelles et sociales réelles ou imaginées, à des événements
de vie traumatiques en s’addictant parfois, souvent, intensément au prix, subséquemment,
d’une altération des fonctions cognitives et d’un renforcement de difficultés de régulations
émotionnelles et sociales… Tel est le paradoxe de l’ajustement psychosocial de la personne
addictée.
Face à ce constat, et conscients des responsabilités qui leur incombent en matière de
recherche et d’applicabilité des Résultats de la recherche sur le terrain de la prise en charge
de l’Addiction, des universitaires en psychologie de la santé, en neuropsychologie, en
psychologie clinique et pathologique, engagent ici une réflexion – sur la base de leur
pratique clinique, de leur travaux de recherche empiriques ou théoriques- réflexion aux
facettes multiples, différenciées et, en fin d’analyse, complémentaires.
En effet, bien que situés dans des champs disciplinaires et théoriques contrastés, les travaux
réunis dans ce symposium convergent tous vers une idée essentielle : il convient d’interroger
la problématique addictive du point de vue de sa dynamique intra- et interpersonnelle afin
d’en apprécier la multidimmensionnalité, de mettre en évidence les facteurs et les processus
impliqués dans l’apparition, le maintien, l’intensification des conduites addictives.
Ainsi, l’étude des fonctionnements cognitifs et émotionnels des personnes présentant des
conduites addictives, tout comme la prise en compte de leurs trajectoires développementales
dans une perspective différentielle, psychodynamique, clinique et pathologique, font-elles de
l’Addiction un objet d’étude allant au-delà des clivages disciplinaires et théoriques comme
en témoignent l’ensemble des communications présentées dans le cadre de ce symposium.
5 communications seront présentées dans le cadre de ce symposium :
230 1. Approche différentielle et intégrative de la conduite addictive : le regard de la psychologie
de la santé (Nicole BATTAGLIA & Greg DECAMPS)
2. Les effets de l’alcoolisme sur le vieillissement des fonctions cognitives (Elodie DE WEVER,
Véronique QUAGLINO, Gérard CZTERNASTY, Laurent VALOT, Christian LECERCLE &
Luc VANDROMME)
3. Psychotraumatologie des addictions (Joanic MASSON & Amal BERNOUSSI)
4. Analyse dynamique de la régulation comportementale et émotionnelle chez les mères
dépendantes aux opiacés et leur nourrisson (Laure BOCHAND , Karyn DOBA , Laurent
PEZARD & Jean Louis NANDRINO).
5. Deuil compliqué et stratégie d’attachement chez seize patients addictés à l’alcool (Laurent
VALOT & Michel WAWRZYNIAK)
De ces cinq contributions émane l’application possible de Résultats de la recherche à des
interventions de terrain en matière de comportements de santé en population ordinaire
et/ou de prises en charge psychologique des patients déjà engagés sur la trajectoire de la
pathologie addictive mais aussi, de nouvelles pistes de recherche.
231 1) Approche différentielle et intégrative de la conduite addictive : le regard de la
psychologie de la santé
Battaglia, Nicole (Université de Reims&IUTLille3), Décamps, Greg (UniversitéBordeaux 2.),
Roland-lévy, Christine (Université de Reims).
Résumé
Cette communication a pour objectif de mettre en évidence les liens unissant les conduites
addictives et l’ajustement psychosocial au stress dans la perspective différentielle et
intégrative que proposent l’approche de la psychologie de la santé. A partir de critiques
formulées à l’encontre des conceptions psychiatriques classiques, cette communication
propose d’une part, 1. de considérer avec attention les liens pouvant unir syndrome
d’addiction et composants de « l’épisode de stress » et de mettre en lumière, 2. les concepts
émergents dans le champ de la psychologie des conduites addictives tels que le noyau
addictif, les addictions compensatoires, le continuum addictif, en se situant dans une
perspective différentielle et parfois pathologique.
A cet effet, la question de l’addiction avec ou sans substance comme mode d’ajustement de
(certains) individus aux (à certaines) situations stressantes et la question de la « double »
source de stress et de ses conséquences imposées par la conduite addictive seront discutées
dans le cadre d’une revue de question complétée par une synthèse des Résultats de
recherches empiriques menées conjointement au laboratoire de Psychologie Appliquée de
l’Université de Reims et au laboratoire de Psychologie Santé et Qualité de Vie de l’université
de Bordeaux 2.
Mots-clés : Addiction Comportementales et à Substances – Personnalité - Stress - Coping Description des problématiques exposées
L’addictologie constitue l’un des domaines dans lesquels la psychologie de la santé a permis
une évolution considérable du fait de ses apports en termes de modèles et méthodes. Cette
communication se propose de mettre en évidence, sur la base d’une revue critique de la
littérature et d’études empiriques menées de 2005 à 2011 dans le cadre de nos deux
laboratoires, l’intérêt qu’il y aurait à considérer, tant du point de vue de la recherche que des
applications de la recherche en matière de prise en charge sociale et clinique des addictions,
les approches transactionnelles en psychologie de la conduite addictive (Battaglia, BruchonSweitzer & Décamps, 2010).
En effet, le fait de prendre en compte les points communs entre les addictions et les
conceptions transactionnelles du stress (Al’Absi, 2007, Lassarre, 2002, Boujut & BruchonSchweitzer, 2010) en étudiant les liens entre addictions, stress et coping , nous semble
pouvoir faciliter la compréhension processus impliqués dans l’apparition, le maintien et
l’intensification des addictions (Davies, 1990). La littérature consacrée au stress nous amène
à considérer que parfois, face aux exigences variées et multiples de la vie sociale (i.e : tracas
quotidiens, événements de vie importants), l’individu utilise des processus d’évaluation et
des stratégies d’ajustement (coping) dont l’issue adaptative est plus ou moins fonctionnelle.
Il existe deux grandes catégories de stratégies (méta-stratégies) permettant de faire face au
stress (centrées sur le problème, centrées sur l’émotion), comprenant chacune des stratégies
plus spécifiques (Bruchon-Schweitzer, 2002). L’une des stratégies spécifiques du coping
centrée sur l’émotion consiste à s’engager dans des conduites de type toxicomaniaque
(fumer, boire, consommer des substances, jouer sur l’Internet, acheter de façon compulsive
etc..). Au départ, il s’agit de faire face à une situation perçue comme stressante (et donc au
stress perçu). L’un des processus d’ajustement (coping) adopté pour gérer cet état et apaiser
la tension émotionnelle peut être la conduite addictive. Néanmoins, les conduites addictives
récurrentes peuvent induire une augmentation du stress perçu. En effet, si le mode
232 d’ajustement choisi par les personnes face aux situations stressantes est une conduite
addictive, celle-ci, selon ses conséquences biopsychosociales et les nouvelles exigences
qu’elle impose à l’individu (en termes de satisfaction compulsive) pourrait elle-même
devenir source de stress. Dans ce cas, la personne devra élaborer face à cette nouvelle
situation stressante de nouvelles stratégies d’ajustement. A cet effet, n’est pas rare d’observer
des conduites de compensation entre addictions ou des conduites polyaddictives.
Ainsi sur la base de cette conception multifactorielle et intégrative de la conduite addictive,
soulignant la nécessité de ne pas réduire l’addiction au sujet addicté, les auteurs considèrent
que la trajectoire addictive se décline sur un continuum allant de l’exposition ordinaire,
occasionnelle, à une exposition addictive susceptible d’engendrer des dommages au niveau
cognitif, psychoaffectif et social donc, de conduire la personne sur le chemin de la pathologie
addictive, pathologie devenant en retour elle-même source de problèmes sur les possibilités
d’ajustement psychocial des sujets.
Pour toutes ces raisons, les travaux les plus récents en psychologie des conduites addictives
convergent tous vers une idée essentielle : plutôt que de décrire les addictions isolément sur
un plan essentiellement nosographique et comme entités exclusivement pathologiques, il
convient d’interroger les déterminants, les fonctions et les processus psychologiques
impliqués dans la trajectoire addictictive.
De façon à étayer ces propositions théoriques, les auteurs présenteront des Résultats de
recherche montrant que les modèles transactionnels s’avèrent être des modèles prédictifs
robustes des conduites addictives. Dans ce cadre, les auteurs examineront la conduite
d’ajustement spécifique que représentent les conduites addictives. Il sera ici question
d’analyser les limites des approches psychiatriques classiques en addictologie afin de
valoriser les avancées rendues possibles par les nouvelles conceptions telles que celles
ducontinuum addictif, du noyau addictif et des addictions compensatoires (Décamps et al.,
2011).
La conclusion abordera l’application possible de ces Résultats à des interventions de terrain
en matière de promotion de comportement de santé en population ordinaire ou chez des
patients déjà engagés sur la trajectoire de la pathologie addictive.
Références
AL’Absi, M. (2007). Stress and Addiction: Biological and Psychological Mechanisms.
London: Academic Press, Elsevier.
Battaglia, N., Bruchon-Schweitzer, M., & Décamps,G. (2010). Esquisse d’une approche
intégrative du concept d’addiction : regards croisés. Psychologie Française (55), 261277.
Boujut, E. & Bruchon-Schweitzer, M. (2010). Les troubles des comportements alimentaires
chez des étudiants de première année : une étude prospective multigroupes.
Psychologie Français, 295-307.
Davies, J. (1990). Life stress and the use of illicit drugs, alcohol and tobacco: Empirical
findings, methodological problems and attributions. Addiction controversies (pp.
283-295). Amsterdam Netherlands: Harwood Academic Publishers.
Décamps, G., Scroccaro, N. & Battaglia, N. (2009). Stratégies de coping et activités
compensatoires chez les alcooliques abstinents. Annales Médico-Psychologiques,
Revue Psychiatrique, Volume 167, Issue 7, 491-496.
Lassarre, D. (2002). Stress et Societé. Reims : Presses Universitaires de Reims.
Bruchon-Schweitzer, M. (2002). Psychologie de la santé : Modèles, concepts et méthodes.
Paris : Dunod.
Décamps, G. ; Perrin, L. ; Scroccaro, N ; Boulakhrif, N. & Battaglia, N. (2011). Les conduites
addictives et leur prise en charge clinique : vers un modèle en psychopathologie
233 différentielle. In : G. Décamps (Ed.) Psychologie du sport et de la santé. Bruxelles : De
Boeck.
234 2) Les effets de l’alcoolisme sur le vieillissement des fonctions cognitives
De Wever*, Elodie, Quaglino, Véronique, Czternasty, Gérard,Valot, Laurent **, Lecercle***, Christian, Vandromme*, Luc (*Université de PicardieJules Verne,**Université Amiens­Reims, ***Centre Hospitalier Pinel) Résumé
L’alcoolisme chronique engendre une importante altération des fonctions cognitives. Les
personnes alcooliques sembleraient avoir des performances cognitives similaires à des
personnes saines ayant dix à vingt ans de plus. L’importance de cette altération pourrait être
influencée par différents facteurs (âge, durée d’alcoolisation, etc.). L’objectif de cette
recherche a été de déterminer si l’alcoolisme entraînait un vieillissement prématuré des
fonctions cognitives. Pour ce faire, nous avons recruté 13 sujets alcooliques sevrés (30-50ans)
et 39 sujets contrôles : 13 sujets contrôles étaient de même âge que les personnes alcooliques
(30-50 ans), 13 étaient âgés de dix ans de plus (40-60ans) et 13 étaient âgés de 20 ans de plus
(50-70ans). Tous les sujets ont effectué une batterie de tests sensibles au vieillissement et à
l’alcoolisme, évaluant les capacités mnésiques, les capacités visuo-constructives, les fonctions
exécutives et attentionnelles ainsi que la reconnaissance des expressions faciales
émotionnelles. Les Résultats ont montré des déficits spécifiques des sujets alcooliques au
RI/RL 16, à la Figure de Rey, au TMT B et à la reconnaissance des expressions faciales
émotionnelles. Ces altérations cognitives sont principalement accentuées par le nombre de
verres ingérés avant la cure et les antécédents d’alcoolisme. Les Résultats observés suggèrent
une atteinte spécifique des capacités de la mémoire visuo-spatiale, des capacités
attentionnelles, ainsi qu’un vieillissement prématuré pour la vitesse de traitement.
Introduction
La consommation d’alcool a un effet délétère sur le fonctionnement cérébral, entraînant des
complications cognitives fréquentes et parfois graves (Pierucci-Lagha & Derouesné, 2003).
De plus, un vieillissement cérébral prématuré contribuerait à cette détérioration cognitive et
serait la conséquence de l’alcoolisation (Martin & Karila, 2007). En effet, les personnes âgées
ont des difficultés dans des tâches telles que la résolution de problèmes, l’apprentissage, la
mémoire et la visuoperception (Weil-Barais, 2008). Les personnes alcooliques détoxifiées
sembleraient montrer des déficits cognitifs similaires aux personnes âgées (Fontaine, 2007),
mais 10 à 20 ans plus tôt (Ryan, 1980). Notre recherche vise à vérifier l'effet de l’alcoolisation
chronique sur le vieillissement des fonctions cognitives dans une approche multifactorielle
intégrant les facteurs d’alcoolisation ainsi que les facteurs personnels.
Méthode
Un groupe de 13 sujets alcooliques sevrés et abstinents depuis au moins 15 jours, âgés de 30
à 50 ans, exempts de pathologie psychiatrique ou neurologique et ne consommant pas
d’autre substance psychotrope, a été sélectionné parmi 33 patients. Un groupe contrôle de 13
sujets appariés selon l’âge, le sexe et le NSC, un groupe contrôle de 13 sujets âgés de dix ans
de plus que chaque patient alcoolique ainsi qu’un groupe contrôle de 13 sujets âgés de 20 ans
de plus, participent à notre étude. Pour tous les sujets, une évaluation est effectuée : les
échelles de dépression et d’anxiété (BDI et BAI), les capacités intellectuelles générales (PM
38), les capacités mnésiques (RL/RI 16, les empans de chiffres et visuels endroit et envers),
les fonctions exécutives et attentionnelles (MCST, TMT A et B, le Stroop, et les Fluences
Verbales), les capacités visuo-constructives (la Figure de Rey) et la reconnaissance des
émotions (épreuve de reconnaissance des expressions faciales émotionnelles et de la situation
liée à l’émotion, Quaglino et al., en cours de publication). Les passations, individuelles et
anonymes, se déroulaient à partir de la troisième semaine de cure lors de deux séances
d’environ ¾ d’heure.
235 Résultats
Les résultats soulignent que les patients alcooliques présentent des performances similaires
au groupe de sujets contrôles âgés de 20 ans de plus, pour ce qui concerne la vitesse de
traitement (temps au MCST et au TMT A). Les Résultats mettent également en évidence des
déficits spécifiques au RI/RL 16 (persévérations), à la reconnaissance des émotions (dégoût),
à la Figure de Rey (copie) et au TMT B (temps). Cette altération est principalement accentuée
par, le nombre de verres ingérés avant la cure, les antécédents d’alcoolisme, le Q.I., la
dépression et à un moindre degré l’âge, l’âge de début d’alcoolisation et la durée
d’alcoolisation.
Discussion
Les Résultats observés peuvent suggérer une atteinte des capacités de perception visuelle et
visuo-spatiale associée à une lenteur d’exécution pouvant engendrer des difficultés dans les
activités de vie quotidienne. L'atteinte des capacités de reconnaissance des émotions pourrait
être un facteur à l'origine de difficultés dans les interactions sociales. Ces Résultats nous
permettent d’orienter nos futures recherches, dans ce domaine, vers ces déficits.
Références
Fontaine, R. (2007). Vieillissement réussi, vieillissement normal. In R. Fontaine. (Eds. ),
Psychologie du Vieillissement (pp 151-164). Paris : Dunod.
Martin, P. R., & Karila, L. (2007). Comprendre les troubles cérébraux induits par l’alcool à
travers les études de neuroimagerie. Alcoologie et Addictologie, 29 (2), 109-121.
Pierucci-Lagha, A., & Derouesné, C. (2003). Alcool et vieillissement. Psychologie et
Neuropsychiatrie du Vieillissement, 1 (4), 237-249.
Ryan, C. (1982). Alcoholism and premature aging: a neuropsychological perspective.
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Weil-Barais, A. (2008). La Personne Agée : Psychologie du Vieillissement. Rosny-sous-Bois :
Bréal.
236 3) Psychotraumatologie des addictions
Masson, Joanic, Bernoussi, Amal (Université de PicardieJulesVerne).
Introduction
L’addict est un sujet en souffrance. Etats dépressifs, anxiété, altération de l’estime de soi,
regrets, illusions et déceptions constituent autant de processus conséquents que la conduite
addictive anesthésie, canalise ou accentue. Cette communication envisage d’aborder
l’étiologie de ces troubles en traitant la question des traumatismes psychiques et des
informations dysfonctionnelles non résolus. En effet, l’anamnèse des addicts met en évidence
une multitude de situations traumatiques tout au long de leur vie. Ceci nous permet
d’avancer la prévalence des traumas complexes comme une source étiologique fondamentale
des addictions. Ces états de Stress Extrême Non Spécifiques (DESNOS) regroupent
également un ensemble de traits psychopathologiques communs avec les pathologies limites
: une dysrégulation des émotions, des difficultés, voire une incapacité à intégrer et à élaborer
les expériences vécues, des troubles identitaires, des manifestations somatoformes ainsi
qu’une dépendance affective marquée. La prégnance de ces symptômes fluctue dans le
temps et l’espace, d’où l’idée de trauma complexe. Nous retrouvons d’ailleurs une relation
de type anaclitique du rapport à l’autre (dépendance, angoisse abandonnique), une menace
permanente de la dépression témoignant d’une fragilité narcissique, un manque de contrôle
pulsionnel et la présence d’un Idéal du Moi sévère restrictif.
La précocité d’événements traumatiques est généralement évoquée comme facteur
étiologique principal. Les situations traumatogènes repérées sont du registre de l’insécurité
et/ou de la maltraitance. Une carence affective est généralement décrite, entrainant chez le
sujet une agressivité importante, des difficultés sexuelles une fois adulte, un sentiment
d’insécurité constant amenant le sujet à toujours être en éveil, une hypervigilance (afin d’être
prêt à la moindre agression). Les conduites addictives fréquentes dans cette typologie
constituent un moyen de canaliser les symptômes psychotraumatiques et donc de gérer au
mieux émotions dysphoriques et insatisfactions.
L’analyse des conséquences des traumas psychiques permet au clinicien une meilleure
compréhension en évaluant l’effet de l’environnement socio-psycho-biologique sur le
développement du sujet. En effet, l’enfant soumis à une famille toxique est amené à mettre
en place très rapidement un fonctionnement adaptatif pathologique.
Méthode
Pour permettre cette évaluation psychotraumatique, nous avons demandé aux sujets addicts
rencontrés à la fois en milieu hospitalier ou en pratique libérale de repérer les dix souvenirs
de leur vie les plus douloureux et qui restent aujourd’hui perturbants. Cette liste se limite à
des images qui persistent de façon isolée dans la mémoire du sujet, ou à une multitude de
mémoires témoignant de périodes de stress. Certains souvenirs peuvent constituer des
souvenirs écrans.
Cette « cartographie des traumas » via les images citées est indispensable à une évaluation
rigoureuse car chacun des souvenirs est en lien avec l’origine des troubles. Cet outil, élaboré
dans la psychothérapie EMDR, permet d’établir un « plan de ciblage » qui vise à repérer ce
qui est à traiter en fonction des conséquences cognitives, émotionnelles, comportementales,
relationnelles des traumatismes psychiques. Différents registres sont envisagés : l’estime de
soi, la sécurité, la capacité à faire des choix librement. Ces registres peuvent être repérés à
partir des croyances négatives (CN) mises à jour lors de l’évaluation.
Trois expressions du traumatisme sont recherchées :
•
237 La Conviction / croyance Négative (CN) renvoie à une possible altération de l’estime
de soi, à un sentiment d’insécurité ou à une incapacité à faire face. Nous pouvons
mettre à jour des CN du type « Je suis nul », « Je ne suis pas suffisamment bien pour
être aimé », « Je ne peux pas me protéger », « Je suis impuissant », etc.
• Le sujet est invité à décrire les émotions ressenties lorsqu’il se focalise à la fois sur
l’image initiale et la CN. Nous retrouvons généralement une angoisse diffuse décrite
comme un vide intérieur, une profonde tristesse et de l’agressivité (ressentie comme
une rage). L’intensité des émotions peut être appréciée à l’aide d’une échelle
subjective (SUD : Subjective Unit of Disturbance) cotée de 1 à 10, 10 représentant le
maximum de perturbations possibles envisageables.
• Enfin, les répercussions somatiques (spasticités musculaires, palpitations, douleur
dans le corps, etc.) ressenties suite à cette évaluation sont enfin repérées.
A partir de cette analyse clinique et la prévalence des traumas complexes chez les addictés
incite à envisager une possible dissociation structurelle de la personnalité (Nijenhuis, 2006).
Aussi, l’étiologie traumatique ici envisagée amène le clinicien à explorer de nouvelles
stratégies psychothérapiques. Nous prendrons pour exemple la psychothérapie EMDR.
Références
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dissociation structurelle de la personnalité. Stress et Trauma 2009; 9(2): 81-92.
238 4) Analyse dynamique de la régulation comportementale et émotionnelle chez les
mères dépendantes aux opiacés et leur nourrisson
Bochand*, Laure, Doba*, Karyn, Pezard**, Laurent), Nandrino*, Jean Louis (*UniversitéLille3 Charles de Gaulle, **Université Aix­Marseille I). Résumé
L’objectif de cette étude consiste à identifier les patterns d’interactions émotionnels et les
processus de co-régulation mis en place au cours de séquences de jeu libre entre la mère et
son enfant âgé de 3 mois. 15 mères contrôles ne présentant pas de trouble de la régulation
émotionnelle, 15 mères contrôles présentant des difficultés de régulation émotionnelle et 15
mères présentant une dépendance aux opiacés sont filmées interagissant avec leur
nourrisson âge de 3 mois au cours de 3 phases d'interaction : jeu libre, « still face » (phase de
séparation), jeu libre (phase de réunion). Les séquences de comportements sont évaluées à
partir d'analyses fréquentielles et dynamiques.
Les Résultats montrent un déficit de la sensibilité maternelle chez les mères dépendantes aux
opiacés et présentant des difficultés de régulation émotionnelle associés à un niveau élevé
d'état émotionnels négatif chez le nourrisson. L'analyse dynamique montre un déficit de la
synchronie et de la prédictibilité chez les mères présentant une dépendance aux substances
et les mères contrôles présentant des difficultés de régulation émotionnelle.
Introduction
La capacité de l'enfant à expérimenter et à exprimer des affects a été considérée comme
fondamentale pour le développement d’une base d'attachement (Cassidy, 1994), de sa
capacité de socialisation (Eisenberg & Fabes, 1992, Trevarthen, 1993). Différentes études
(Bowlby, 1969; Bertherton, 1985; Tennant, 1988) étudiant les styles d’attachement dans
l’enfance ont confirmé que la sensibilité et la réactivité des premiers soignants à l’état
émotionnel de l’enfant sont des déterminants majeurs dans l’apprentissage de la régulation
des affects et dans les relations aux autres. Les nourrissons expérimentent des états
émotionnels principalement au cours des interactions sociales, et leur habilité à maintenir
des états émotionnels en particulier positifs requiert l'assistance de partenaires sociaux
(Hofer, 1990; Stern, 1990). La régulation des affects implique donc une interaction continue
entre les partenaires permettant de maintenir l'état émotionnel positif de l'enfant et de le
réguler afin de maintenir un état émotionnel optimal (Feldman, Greenbaum, Yirmiya, &
Mayes, 1996). Cette co-régulation peut se définir comme le processus par lequel l'enfant et
l'adulte construisent, maintiennent et organisent leurs états émotionnels dans un contexte
d'interaction sociale (Fogel, 1993). Une façon de rendre compte de cette régulation est
d’étudier la synchronie des comportements entre partenaires (Feldman, 2003), pensée
comme un mécanisme important sous tendant le développement socio affectif de l’enfant
(Beebe, 1982 ; Papousek, 1996 ; Stern, 1977 ; Trevarthen, 1993 ; Tronick, 1989). La synchronie
est le processus par lequel les états affectifs de la mère et de l'enfant s'ajustent au cours du
temps en modulant le niveau d'arousal (Cohn & Tronick, 1988, Felman & Greenbaum, 1997).
La plupart des travaux investiguant la régulation émotionnelle entre les mères et leur
nourrisson s'intéressent aux aspects fréquentiels ou à l'organisation temporelle des
comportements émotionnels mais n'investiguent pas le phénomène dans sa globalité.
Méthode
L’objectif de cette étude consiste à identifier les patterns d’interactions émotionnels et les
processus de co-régulation mis en place au cours de séquences de jeu libre entre la mère et
son enfant âgé de 3 mois. Nous étudierons ces schémas d’interaction au cours de sessions de
jeu libre avant et après une période de séparation chez les trois groupes de mères (mères
contrôles sans difficulté de régulation émotionnelle (CONT), mères contrôles avec des
239 difficultés de régulation émotionnelle (DIFF), mères dépendantes aux substances (SUBS). Les
stratégies de régulation émotionnelle (évaluée à l'aide de la DERS, Difficulties in Emotion
Regulation Scale , Gratz & Roemer, 2004 ; validation française sous presse : Leroy et al.,
2010), la qualité des soins parentaux reçus (évaluée par le PBI, Parker et al., 1979 ; validation
française : Mohr et al., 1999), la dépression post-partum (évaluée par EPDS, Cox et al., 1987 ;
validation française : Guedeney & Fermanian, 1998) sont évaluées chez les mères des
différents groupes. Le protocole expérimental se décompose entre 3 phases : première phase
(jeu libre) , seconde phase ("still face"),troisième phase (phase de réunion similaire à la 1ère
phase). Dans le but de mesurer les comportements verbaux et émotionnels chez les mères et
les nourrissons au cours de sessions de jeu libre deux nouvelles grilles de codage ont été
construites (une grille pour les mères et une autre pour les nourrissons) et validée par un
coefficient inter-juge. La grille de codage des comportements maternels est composée de 5
dimensions : orientation du regard, expression faciale, stimulation motrice, stimulation
verbales et jeu. La grille de codage des comportements du nourrisson est composée de 4
dimensions : orientation du regard, comportement verbale, expression faciale des émotions
et mouvements Des codes ont été attribués pour chaque intervalle de 3 secondes pour les
comportements de la mère et du nourrisson. Pour chaque dyade, plusieurs indicateurs sont
calculés pour décrire les processus de co-régulation entre la mère et le nourrisson. Les
séquences de code obtenus sont analysées au moyen d’indices statistiques fréquentielles et
des indices dynamiques issus des méthodes dynamiques non-linéaires.
Résultats
Les Résultats montrent un déficit de la synchronie chez les mères présentant une dépendance
aux opiacés et chez les mères contrôles présentant des difficultés de régulation émotionnelle.
Ce déficit en termes de synchronie est davantage observable pour certains indicateurs
comme l'orientation du regard et les comportements verbaux. De plus, ce trouble de la
synchronie est exacerbé après la phase de séparation. Les mères contrôles sans trouble de la
régulation émotionnelle ont des comportements plus prédictibles que les mères des deux
autres groupes.
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LaGasse, LL., Messinger, D., Lester, BM., Seifer R, Tronick, EZ., Brauer, CR., Shankaran, S.,
Bada, HS., Wright, LL., Smeriglio, VL., Finnegan, LP., Maza, PL., Liu, J. Prenatal drug
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Fetal & Neonatal Ed. 2003 Sep;88(5):F391-9.
240 5) Deuil compliqué et stratégie d’attachement chez seize patients addictés à l’alcool
Valot, Laurent (Université Reims­ Centre Sesame), Wawrzyniak, Michel (Université Reims Amiens). Résumé
Cette communication porte sur une recherche universitaire menée sur le deuil compliqué
chez seize des patients addictés à l’alcool vus en cure de sevrage. Elle est motivée par trois
objectifs principaux. Tout d'abord, nous cherchons à saisir le lien entre la perte d’un être cher
et l’installation et/ou le maintien d'une addiction à l'alcool. Ensuite, nous cherchons à
identifier les caractéristiques du deuil chez les patients addictés rencontrés, à partir de
l'échelle de deuil de H. Prigerson (I.C.G.,1995, trad. M. Bourgeois). Enfin l’étude interroge les
stratégies d'attachement des sujets addictés endoloris par un deuil. Les liens entre les
différentes dimensions explorées sont examinés et discutés selon deux modèles théoriques
essentiels, l’orientation psychodynamique et la théorie psychopathologique de l’attachement.
Mots clés : Addiction à l’alcool, Attachement, Deuil compliqué, Entretien clinique,
Souffrance psychique.
Introduction.
Une analyse de la littérature sur la relation entre l’addiction à l’alcool, la perte d’un être cher
et l’attachement chez l’adulte a permis de délimiter le domaine et l’objet de notre recherche.
L’objectif est d’engager une étude clinique sur les caractéristiques du deuil chez les patients
alcooliques. La démarche prend en compte l’articulation entre la souffrance d’un deuil et la
stratégie d‘attachement du patient observé. La problématique s’arborise en trois questions
principales : 1. Quelle fonction la conduite addictive remplit-elle vis-à-vis de la souffrance du
deuil d’un être cher ? 2. L’expression d’une souffrance de deuil chez le sujet addicté à l’alcool
sevré correspond-elle aux caractéristiques d’une complication de deuil d’un être cher ? 3. À
quelles modalités de représentations des relations d’attachement est lié le vécu de la
souffrance du deuil d’un être cher chez le sujet addicté à l’alcool ? Nos hypothèses de
recherche sont les suivantes :1. La conduite addictive à l’alcool constitue une tentative de
résolution avortée de l’expression de la souffrance d’un deuil non résolu d‘un être cher. 2 La
conduite addictive à l’alcool masque la souffrance du deuil compliqué d’un être cher. 3
L’expression de la souffrance du deuil non accepté d’un être cher masquée par une conduite
addictive à l’alcool est liée à des modalités de représentations des relations d’attachement
insécure.
Méthode
L’étude s’appuie sur une série de seize cas de patients addictés à l’alcool (8 hommes, 8
femmes) vus en cure de sevrage. Les données sont recueillies à partir d’un entretien semidirectif histoire de la maladie et histoire de vie), de la passation d’une échelle de deuil
comliqué (I.C.G de Prigerson et al., 1995) et d’un auto-questionnaire des modèles internes de
relations (le CA-MIR de Pierrehumbert et al., 1996).
Résultats et Discussion.
Les résultats montrent la présence du pathique d’une souffrance de deuil difficilement
surmontable et l’existence d’une complication de deuil (scores > à 25) pour 15/16
participants en lien à des stratégies secondaires attestant une insécurité de l’attachement.
L’étude souligne l’importance de l’évaluation du pathique du deuil compliqué d’un être cher
et de la stratégie relationnelle insécure du patient alcoolique. Prendre en compte la
souffrance d’un deuil majeur chez le malade alcoolique, en considérant ses modalités
241 relationnelles d’attachement, permet d’adapter l’accompagnement psychothérapeutique du
patient.
Références
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Bacque, M.F. (1997). Deuil et Santé, Paris, O. Jacob.
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d’attachement pour adultes », Psychiatrie de l’enfant, XXXIX, N°1, Paris, P.U.F., p
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Prigerson, H.G. et all. (1995). « The inventory of complicated grief: a scale to measure mal
adaptative symptoms of loss », Psychiatr Res; 59 : p. 65-79.
242 II)
Sexualités en institutions : des liaisons dangereuses
Syposium oragnisé par Moulin, Pierre (Inserm, u1018, cesp).
Titres des communications et Intervenants
Faire évoluer les mentalités en prenant en compte la réalité du vécu de la vie affective et
sexuelle de la personne handicapée mentale
Boudaoud, Akim (CreahiChampagne Ardenne).
Représentations de la sexualité chez les infirmières : Erotisation dans la relation de soins
Giami, Alain, Moulin, Pierre& Moreau, Emilie (Inserm Kremlin Bicêtre)
Quelle sexualité pour les malades Alzheimer en institution gériatrique ?
Mietkiewicz, Marie-claude (Université de Nancy 2).
La liberté sexuelle des personnes handicapées
Thierry, Jean-Baptiste (Université de Nancy 2).
Institution et sexualité : un couplage obligé
Toniolo, Anne-Marie (Université de Nancy 2).
Introduction générale
La sexualité est un thème de recherche qui a, jusqu’à présent, faiblement retenu l'attention
des psychologues au cours des dernières décennies. Pourtant, on assiste de nos jours à la
prolifération des discours sociaux et de débats publics relatifs à la sexualité qui est présentée
généralement de manière positive comme un facteur d’équilibre individuel et
d’épanouissement conjugal, contribuant à la qualité de vie des personnes. Autant d’éléments
qui participent à l’émergence d’injonctions normatives nouvelles édictées par la biomédecine
qui incite, via la notion de « santé sexuelle », à développer/maintenir une vie sexuelle active
tout au long de son existence. Et ce type d’injonction se double de la revendication d’un «
droit » à une vie affectivo-sexuelle épanouie pour tout un chacun, quels que soient son genre,
son âge, sa condition physique et mentale.
Ce droit s’étend actuellement aux institutions sociales et médico-sociales qui sont
traditionnellement rétives à tout ce qui touche à la sexualité où elle est pensée a contrario
comme un tabou, une question obscène, un facteur d’anomie déstabilisant les acteurs
professionnels, entravant le bon fonctionnement des services et qui, par conséquent,
lorsqu’elle n’est pas tout simplement déniée, doit être rigoureusement encadrée et surveillée.
D’où la tendance récurrente des professionnels à désexualiser les patients hospitalisés au
long cours ou à leur interdire tout rapport sexuel. Mais désormais, les lois récentes obligent
les institutions à intégrer le respect des personnes dans leur vie intime et sexuelle dans leur
projet d’établissements.
Aussi, en regard d’une telle évolution sociétale, de multiples questions et problèmes se
posent : quelle place occupe actuellement la sexualité dans les institutions ? Peut-on concilier
désirs individuels, responsabilités professionnelles et contraintes organisationnelles ?
Quelles sont les représentations, les normes et les valeurs qui orientent et justifient les
pratiques professionnelles en ce domaine ? Quels sont les risques associés à la sexualité du
point de vue des acteurs de terrain ? Peut-on légitimement réduire la sexualité dans le cadre
des soins à des aspects négatifs ? Existe-t-il juridiquement un droit à la sexualité ?
Le présent symposium vise à répondre à ces multiples questionnements en croisant les
regards de psychologues praticiens, de chercheurs et de juristes. Ainsi, les 5 intervenants
évoqueront tour à tour les représentations et l’expérience de la sexualité des personnes
atteintes de handicap, celles des personnes âgées atteintes par la maladie d’Alzheimer, mais
243 aussi celles des infirmières évoluant en cancérologie et leur impact dans les pratiques de
soins quotidiens.
L'ensemble de ces interventions permettront d’évaluer les convergences et les spécificités des
problématiques psychosociales et juridiques rencontrées dans ces différents cadres
institutionnels, en pointant les paradoxes et les tensions soulevés par la question sexuelle.
5 participants issus de 3 organismes différents : Akim Boudaoud (CREAHI Champagne
Ardenne) : Etude du lien entre l’effectivité de la vie affective et sexuelle et la qualité de vie
chez la personne handicapée mentale. Alain Giami (Inserm, U1018, CESP, Le Kremlin
Bicêtre) : Représentations de la sexualité chez les infirmières : Erotisation dans la relation de
soins Marie-Claude Mietkiewicz (MCF HDR en Psychologie, Université Nancy 2, Laboratoire
SITCOM-INTERPSY, MSH Lorraine) : Quelle sexualité pour les malades Alzheimer en
institution gériatrique ? Jean-Baptiste Thierry (Maître de Conférences de Droit privé,
ISCRIMED, Institut François Gény, Université de Nancy 2) : La liberté sexuelle des personnes
handicapées. Anne-Marie Toniolo (Professeur de Psychologie, Université Nancy 2,
Laboratoire -INTERPSY, MSH Lorraine) : Institution et sexualité : un couplage obligé.
244 1) Faire évoluer les mentalités en prenant en compte la réalité du vécu de la vie
affective et sexuelle de la personne handicapée mentale
Boudaoud, Akim (CreahiChampagne Ardenne).
Des années durant, les personnes en situation de handicap étaient considérées comme le
résultat d’une faute commise ou encore le châtiment d’un acte illicite dans la trajectoire de
vie d’un membre du couple.
La sexualité de ces personnes ne pouvant être que bestiale et démesurée, elle a alimenté nos
représentations, nos inquiétudes et nos peurs.
Les familles et les institutions ont longtemps ignoré cette question se focalisant
particulièrement sur la réparation et la normalisation de l’anomalie.
Or, la pratique au quotidien, nous montre que toutes les personnes qui ont été amenées à
côtoyer les sujets en situation de handicap, même lourdement handicapées (polyhandicap),
observent des attitudes, des comportements exprimant à la fois de l’affectivité et de la
sexualité avec des désirs d’amour, des demandes de relations affectives et sexuelles.
Ma réflexion portera sur les observations de l’étude que je mène actuellement pour le D.I.U
de sexologie, il s’agit ici de s’interroger sur la qualité de vie et l’effectivité de la sexualité chez
la personne avec une déficience intellectuelle, de comprendre la réalité de l’expression de la
personne handicapée mentale sur sa propre comportement sexuel, sur son plaisir et la
satisfaction qu'il procure à chacun des membres du couple.
Références
Axe1 : les représentations des professionnels, familles et la société :
L'ange et la bête : représentations de la sexualité des handicapés mentaux par les parents et
les éducateurs, Giami Alain, Humbert Chantal, Laval Dominique. – Paris : CTNERHI,
2001. -2e éd.Représentations et vécu de la sexualité chez les personnes handicapées motrices, BardeauGarneret J-M, In : Cahiers de l'Actif (Les), 2007,
Axe 2 : Handicap sexualité et institutions :
Vie affective et sexuelle des personnes déficientes mentales : accompagnements,
interventions et programmes éducatifs, Mercier Michel, Gascon Hubert, Bazier
Geneviève – Namur : Presses Universitaires, 2006,
Vie affective, sexualité et institutions. Droits des usagers et vie collective : que dit le droit
après la réforme du 2 janvier 2002 ? Bulletin d’informations du CREAI Bourgogne, n°
237, mai 2004, Axe 3 : handicap, accompagnement, éducation, prévention
La sexualité des personnes handicapées "comportement des professionnels", Piastrelli B, In :
Cahiers de l’Actif (Les), n° 392/393/394/395, janvier/avril 2009,
L'accompagnement de la personne handicapée mentale dans sa vie sexuelle : un modèle de
compétence et de formation des professionnels, Dupras A, In : Cahiers de l’Actif
(Les), 2004.
245 2) Représentations de la sexualité chez les infirmières : Erotisation dans la relation de
soins
Giami, Alain, Moulin, Pierre& Moreau, Emilie (Inserm Kremlin Bicêtre)
Introduction
Cette présentation a pour objectif d’interroger décrypter et de discuter la place que la
sexualité occupe dans la pratique des infirmières, une place qui dépasse de loin les aspects
strictement professionnels et techniques qu'elle occupe dans la pratique et qui ne saurait se
réduire à un aspect de la qualité de vie des patients. La sexualité interroge les soignants, en
général, et les infirmières en particulier aux plans de leur identité professionnelle, de leur
compétence, de leur subjectivité et de leur identité de genre. Ce questionnement est fondé
sur plusieurs constats issus de la littérature et de précédentes recherches sur les
professionnels de la santé et du soin et la sexualité (les médecins généralistes, les
sexologues). D'une part, la majorité des médecins, des psychologues, des infirmières et des
sages femmes n'ont reçu aucune formation aux questions liées à la sexualité, au cours de leur
formation initiale. D’autre part, la sexualité de façon générale dans le monde social et dans le
cadre de la santé en particulier est devenu un thème qui fait l'objet de sollicitations diverses.
Il y a donc d'un côté une pression sociale à inclure les questions de sexualité sous la forme de
la "santé sexuelle" et, d'autre part des lacunes de professionnalisme (liées au manque de
connaissances scientifiques et techniques) chez les professionnels de la santé et du soin. Cette
situation les conduit à construire une sorte de "bricolage" (fondé sur leur expérience
personnelle et professionnelle) leur permettant de répondre aux questions posées dans leur
pratique.
On se trouve ainsi dans un contexte où l'on s'intéresse de plus en plus à la qualité de vie et
où les infirmières construisent leur identité professionnelle et leur pratique sur la notion
d'approche holistique de la personne. Dans un premier axe, on s’intéresse à la prise en
charge technique de la fonction sexuelle des patients. Dans ce type d’approche, l’intérêt est
de montrer les difficultés auxquelles font face les infirmières dans l’objectif d’améliorer la
prise en charge de la fonction sexuelle des patients. Dans le deuxième axe, on aborde ces
questions sous l'angle d'une approche holistique de la sexualité incluant les dimensions
subjectives et émotionnelles et la relation de couple. On aborde aussi les risques et les
occurrences de harcèlement sexuel dont les infirmières sont l'objet en tant que soignantes et
en tant que femmes. Cette situation indique à quel point la question du genre est centrale
dans l'abord de la sexualité par les infirmières.
Méthode
Cette communication est fondée sur une recherche qualitative menée par entretiens semidirectifs auprès de 64 infirmières travaillant auprès de personnes atteintes de cancer. Notre
échantillon est composé principalement de femmes et à ce titre, il est parfaitement
représentatif de la population des infirmières travaillant en France. Nous avons rencontré
des infirmières issues de cinq régions et de seize services hospitaliers différents. Ce matériel
discursif a fait l'objet de différentes analyses thématiques assistées par le logiciel Nvivo7 et
par Alceste. Les analyses effectuées sur ce corpus ont conduit à penser plus particulièrement
la question de l'érotisation de la relation de soins et ses conséquences sur la communication.
Principaux Résultatset discussion
L’érotisation des relations de soins ne renvoie pas nécessairement au versant négatif tel qu'il
peut être pensé comme une menace ou comme une forme de harcèlement subi par les
infirmières. L’érotisation peut être vécue négativement mais également positivement au sens
où elle peut constituer un élément facilitateur au cours du soin. Si cette érotisation peut être
perçue agréablement par certaines infirmières, tant qu’elle est constituée de blagues et de
246 compliments, elle est vécue de façon plus négative lorsque les infirmières ressentent un
débordement de leur posture professionnelle. L'érotisation de la relation qui est alors non
souhaitée par les infirmières apparaît comme menaçante. Il s'agit donc de mieux comprendre
les différentes dimensions de l'érotisation de la relation de soins et les stratégies mises en
place par les infirmières pour mieux gérer cette dimension centrale dans la relation de soins.
La question de l'aisance personnelle à l'égard de la sexualité apparaît en outre comme une
dimension centrale de la relation de soins. L’analyse des raisons favorisant et défavorisant
l’abord de la sexualité a permis d'observer que la compétence professionnelle n’était pas le
seul élément pour justifier ou non de sa prise en charge. De nombreux éléments faisant
référence aux registres à la fois professionnel, personnel, relationnel ont été repérés dans les
discours, nous permettant de considérer que la compétence liée au genre est déterminante
dans ce contexte. Cette compétence se traduit par exemple par le fait que de nombreuses
infirmières pensent qu’il est plus aisé de parler de la sexualité de « femme à femme » et qu'il
est plus risqué de tenter de le faire avec des hommes. L’analyse des représentations de la
sexualité nous situe ainsi au croisement du genre et de la compétence professionnelle que
nous avons conceptualisé sous le terme de compétence liée au genre.
247 3) Quelle sexualité pour les malades Alzheimer en institution gériatrique ?
Mietkiewicz, Marie­claude (UniversitéNancy 2). Analyse critique
Les personnes âgées qui résident dans des institutions gériatriques présentent à des degrés
divers des pertes d’autonomie physique et/ou psychique, ce qui légitime, et d’autant plus
que la dépendance est importante, que le personnel assure une mission d’accompagnement
dans le respect de l’intimité de la personne mais en portant une grande attention afin qu’il ne
lui arrive rien de dommageable. L’ambiguïté de cette injonction paradoxale qui révèle la
frontière ténue entre le « veiller sur » et le « surveiller » est majeure lorsque les personnes
hébergées sont atteintes de maladie d’Alzheimer ou syndrome apparenté.
Si la maladie d’Alzheimer s’accompagne dans la grande majorité des cas d’un émoussement
affectif, d’une perte d’intérêt pour la sexualité et d’une diminution des activités sexuelles, il
arrive aussi qu’elle se manifeste à travers une hypersexualité qui se traduit par des
demandes jugées abusives voire agressives et la levée des inhibitions sociales.
Les quelques rares publications sur ce thème – préférentiellement dans des revues
professionnelles à destination des personnels – attestent des difficultés rencontrées par les
soignants lorsqu’ils sont confrontés à l’expression de désirs sexuels ou à leur réalisation y
compris lorsqu’il est malaisé d’évaluer le niveau de consentement de certains résidents
Pour donner la parole aux personnes âgées Alzheimer et à leurs proches, nous rendrons
compte d’entretiens réalisés en établissement avec quelques malades et certains de leurs
conjoints. L’objectif de ces rencontres sera de préciser le point de vue des résidents sur la
manière dont ils estiment respectée leur vie intime et sexuelle et d’entendre leurs souhaits.
La conclusion articulera les constats opérés à l’article IV de la Charte des droits et libertés de
la personne âgée en situation de handicap ou de dépendance qui conclut sur ce principe : «
Respecter la personne dans sa sphère privée, sa vie relationnelle, affective et sexuelle
s’impose à tous ».
Références
Mietkiewicz, M.C. (2010). Ma chambre, mon domaine, mon chez-moi. Comment concilier
l'espace privatif de la chambre et l'intrusion nécessaire des professionnels ?
Doc'Animation en Gérontologie, n°28, 27-28.
Mietkiewicz, M.-C. (à paraître) Maison de retraite, chambre et intimité… In : B. Py & A.-M.
Toniolo. Sexualité et Handicap en Institution. Nancy : Presses Universitaires de
Nancy.
Mietkiewicz, M.-C. (à paraître) Pudeur et impudeur des personnes âgées : comment prendre
soin du corps des vieux ? In : B. PY. (Ed.) Autour de la pudeur et du soin. Nancy :
Presses Universitaires de Nancy.
Mietkiewicz, M.-C., Bauer, V. & Ostrowski, M. (2010). Agitation, déambulation, fugue… Les
troubles comportementaux des malades Alzheimer en littérature jeunesse.
Communication orale. 26ème Congrès de la Société de Psychogériatrie de Langue
Française. Limoges, 15-17 septembre.
Mietkiewicz, M.-C., Toniolo, A.-M., Vauthier, J.-P. (2008). Quelle sexualité autorise
l'institution à ses résidents atteints d'une maladie d'Alzheimer ? Neurologie,
Psychiatrie, Gériatrie. Vol 8, Hors Série n°2, 24ème congrès international de
248 4) La liberté sexuelle des personnes handicapées
Thierry, Jean­Baptiste (Université de Nancy 2). Analyse critique
La question centrale est celle de la nature juridique de la sexualité, des personnes
handicapées comme des valides. Si la sexualité est un droit, alors l'assistance sexuelle devrait
pouvoir être aisément reconnue ; si en revanche il s'agit d'une liberté, la réponse varie
sensiblement car il faut savoir si l'État peut avoir une obligation positive de protéger cette
liberté, ou s'il doit simplement éviter que des atteintes y soient portées. « Le droit à la
sexualité peut être considéré comme un droit fondamental » L'affirmation ainsi assénée à la
force de l'évidence et pourrait même remporter l'adhésion en se livrant à une rapide
recherche. Car après tout, la Cour européenne des droits de l'homme reconnaît un droit
d'entretenir des relations sexuelles, expression de l'autonomie personnelle contenue dans
l'article 8 de la Convention. Mais à bien y réfléchir, le droit à la sexualité est une expression
malheureuse qui résulte d'une confusion entre « le droit à » et « le droit de » : « le droit
d'avoir des relations sexuelles n'est pas garanti sous la forme d'un "droit à" », le droit à la
sexualité n'existe pas. La sexualité est l'expression d'une liberté, qui peut être particulière,
mais qui demeure une liberté. Il n'est pas bon de rester focalisé sur la détresse sexuelle de
certaines personnes handicapées, et il faut contraire replacer la question dans le contexte plus
vaste – qui traverse toutes les questions liées au handicap – de l'égalité.
L'approche juridique reprend le paradoxe général de la perception du handicap, de tout
handicap : il y a une volonté de diminuer le handicap ou d'empêcher son apparition qui
coexiste avec une volonté de protéger les personnes handicapées. De manière plus basique,
se concentrer sur les seules relations sexuelles est insuffisant, car il faut envisager les
conséquences de la sexualité : la reproduction, la parentalité.
249 5) Institution et sexualité : un couplage obligé
Toniolo, Anne­Marie (UniversitéNancy 2). Analyse critique
La question de la sexualité des personnes déclarées handicapées mentales est posée depuis
peu dans les établissements privés ou publics qui les accueillent. Après une très longue
période de dénégation, cette problématique a fini par marquer l’actualité institutionnelle.
Après l’avoir occulté par crainte de procréation, la société est dorénavant en devoir
d’accepter le droit à une vie affective et sexuelle pour ces personnes à la vulnérabilité
singulière. Cette progression reflète l’évolution générale des mentalités liée à la révolution
sexuelle valorisant une « société du désir » et à l’évolution législative. Pour autant, la
perception du handicap sous l’angle d’un manque irrémédiable tend encore à sévir, les
représentations de sexualité déviante ou d’asexualité perdurent. Il s’agira ici d’évaluer
l’impact de la dimension institutionnelle à un moment critique où des exigences
incontournables sont imposées aux établissements. Plus que jamais depuis la loi du 11 février
2005, il s’agit de savoir pour l’institution comment s’effacer devant l’autonomie individuelle
tout en respectant les principes de précaution qui s’imposent. La qualité de vie se trouve
propulsée au centre des préoccupations sur la base d’une compensation et d’une accessibilité
non restreintes au seul environnement physique. Le droit à la citoyenneté suppose d’intégrer
l’accès à la sexualité. Cependant, entre le droit de la personne à disposer d’elle-même et le
besoin de compenser sa fragilité par une protection assurée par la société, de nombreux
problèmes restent en suspens. En retour, il s’agira de comprendre comment le
fonctionnement institutionnel peut s’en trouver affecté et comment ce système complexe
constitué de nombreux niveaux d’interactions peut s’adapter au faisceau d’apparentes
contradictions que les lois mêmes introduisent.
Références
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Chronique sociale.
250 III)
Variables individuelles et normes sociales : nouveaux paradigmes
Symposium organisé par Gilibert Daniel (Université de Bourgogne), Jouffre Stéphane
(Université de Poitiers) & Py Jacques (Université de Toulouse)
Titres des communications et Intervenants
Au-delà des « bigtwo » : Effet de l’internalité sur l’aisance et la compétence attribuées à
une cible dans une tâche de jugement
Alain Somat, Marina Heudes, Calypso Valdenaire, Benoît Testé (Université de Rennes)
Norme d'internalité et unités d’analyse : Un test du modèle de Dompnier et Pansu (2010)
Stéphane Jouffre (Université de Poitiers) & Benoît Dompnier (Université de Lausanne)
La clairvoyance normative : l’acquisition des connaissances normatives à travers deux
tâches socio-cognitives
Jacques Py et Romain Bouvet, Université de Toulouse, Laboratoire CNRS CLLE­LTC (UMR 5263) Les effets de « l’évaluation Centrale de Soi » manifestée en situation de recrutement : une
utilisation des paradigmes classiques d’études de la norme d’internalité
Isabelle Gillet, Daniel Gilibert, Ingrid Banovic, (Université de Bourgogne) Introduction Générale
Le propos de ce symposium est de présenter un panel de recherches portant sur de
nouveaux paradigmes d’études développés dans le cadre de la théorie de la norme
d’internalité ou directement extrapolés de celle-ci. Somat et ses collègues nous montreront
ainsi qu’il est possible de définir plus finement les notions de désirabilité et d’utilité sociale,
centrales pour comprendre que les explications internes ont une importance particulière dans
le cadre des situations évaluatives. Jouffre & Dompnier mettront à l’épreuve un modèle récent
destiné à améliorer les questionnaires servant à l’étude de l’internalité. Py & Bouvet se
proposent de présenter un paradigme radicalement nouveau dans le cadre de l’étude de la
connaissance des normes sociales, en particulier de l’internalité, paradigme reposant sur une
tâche méta-cognitive. Enfin, Gillet et ses collègues montreront comment il est possible
d’utiliser les paradigmes classiques d’étude de l’internalité pour mieux comprendre des
variables connexes.
251 1) Au-delà des « bigtwo » : Effet de l’internalité sur l’aisance et la compétence
attribuées à une cible dans une tâche de jugement
Alain Somat, Marina Heudes, Calypso Valdenaire, Benoît Testé (LAUREPS­CRPCC­EA 1285, Université de Rennes) Introduction
Les travaux menés depuis une vingtaine d’années sur la norme d’internalité ont largement
démontré que, au moins dans les sociétés occidentales, l’expression d’explications internes
est davantage valorisée que l’expression d’explications externes (Dubois, 2003, Beauvois,
1984). Cette valorisation se traduit, par exemple, par le fait que des élèves, ou des candidats à
un recrutement, fournissant des explications internes (plutôt qu’externes) se voient évalués
plus favorablement par des enseignants ou des consultants. L’objectif de la communication
est de présenter les premiers résultats d’un programme de recherche visant à clarifier le type
de valeur sociale associé à l’internalité dans les situations de jugement.
Les recherches ont montré que l’internalité (vs l’externalité) d’une cible de jugement affecte
prioritairement l’utilité sociale attribuée à cette dernière, mais affecte peu, voire n’affecte pas
du tout sa désirabilité sociale (e.g. Dubois, 2005 ; Testé, Jouffre & Somat, 2010). Ces notions
d’utilité sociale et de désirabilité sociale ont été définies comme deux dimensions générales
de la valeur des personnes renvoyant, pour la première, à la connaissance de leur valeur
marchande, et pour la seconde, à la connaissance de leur valeur affective (Beauvois, 1995,
Cambon 2004, Cambon, Djouari et Beauvois, 2006).
La bi-dimensionalité du jugement social est actuellement l’objet de nombreuses
investigations en psychologie sociale. Une question centrale concerne l’homogénéité ou
l’hétérogénéité des deux dimensions fondamentales du jugement (les Big Two), des auteurs
ayant proposé de distinguer plusieurs composantes ou facettes à ces dimensions.
Notre étude prend appui sur les contributions récentes sur la valeur sociale proposé par
Leach, Ellemers et Barreto (2007) et Dubois (2005, 2010). D’une part, Dubois (2010) différencie
au sein de l’utilité sociale une composante dite de « l’aisance » (relative à la capacité à
montrer les caractéristiques attendus d’un rôle de pouvoir) et une composante dite de la
« compétence » (relative à la capacité à exécuter avec efficacité des tâches requérant un
certain niveau de performance). D’autre part, Leach et al. (2007) différencient, pour la
désirabilité sociale, une composante dite de la « moralité » (relative à la capacité à produire
des conduites conformes à la morale) et une composante dite de la « sociabilité » (relative à
l’agréabilité et à la capacité d’affiliation attribuée à l’individu). La recherche présentée dans
cette contribution a pour objectif de montrer que l’internalité renvoie plutôt à l’utilité qu’à la
désirabilité et, plus spécifiquement, à la composante « aisance » de l’utilité. En revanche, rien
ne nous conduisait à attendre de différence entre les internes et les externes sur la dimension
désirable de la valeur, et ce aussi bien sur la composante « sociabilité » que « moralité ».
Méthode
Les participants de l’étude étaient 48 étudiants. Ils devaient porter un jugement à l’aide
d’une liste de 24 traits de personnalité sur une cible connue pour avoir fourni des
explications internes ou des explications externes lors d’un entretien d’orientation. Les traits
relatifs à l’utilité sociale renvoyaient pour moitié à la composante de l’aisance, pour moitié à
la composante de la compétence (traits extraits de Dubois, 2010). Les traits relatifs à la
désirabilité sociale renvoyaient pour moitié à la composante de la moralité, pour moitié à la
composante de la sociabilité (traits extraits de Leach et al., 2007).
Résultats
252 Conformément aux hypothèses, les résultats ont montré 1/ que la cible interne était jugée
plus favorablement que la cible externe uniquement sur les traits relatifs à l’utilité sociale ; 2/
que l’effet de l’internalité sur le jugement était significativement plus fort sur les traits reliés
à l’aisance que sur les traits reliés à la compétence.
Discussion
Ces résultats soulignent la nécessité pour les recherches sur le jugement social et sur les
normes de jugement d’aller au-delà de la conception de la bi-dimensionalité du jugement
basé sur les « Big two » que constituent la désirabilité et l’utilité sociales.
Références
Beauvois, J.L. (1995). La connaissance des utilités sociales. Psychologie Française, 40, 375387.
Beauvois, J.L., & Dubois, N. (1988). The norm of internality in the explanation of
psychological events. European Journal of Social Psychology, 18(4), 299-316.
Cambon, L. (2004). La désirabilité sociale et l’utilité sociale des professions et des
professionnels. In J.-L. Beauvois, R. V. Joule & J. M. Monteil (Eds.), Perspectives
cognitives et conduites sociales (Vol. 9). Rennes: P.U.R.
Cambon, L., Djouari, A., & Beauvois, J. (2006). Social judgment norms and social utility :
When it is more valuable to be useful than desirable. Swiss Journal of Psychology,
65(3), 167-180.
Dubois, N. (1994). La norme d’internalité et le libéralisme. Grenoble : Presses Universitaires
de Grenoble.
Dubois, N. (2005). Normes sociales de jugement et valeur : ancrage sur l’utilité et ancrage
sur la désirabilité. Revue Internationale de Psychologie Sociale, 18, 43-79.
Dubois, N. (2010). The theory of the social value of persons applied to organizations:
typologies of "good" leaders and personnel selection. European Review of Applied
Psychology, 60, 255-266.
Leach, C.W., Ellemers, N. & Barreto, M. (2007). Group virtue : The importance of
morality (vs. competence and sociability) in the positive evaluation of ingroups.
Journal of Personality and Social Psychology, 93, 234-49.
Testé, B., Jouffre, S., & Somat, A. (2010). L’expression de la préférence pour la consistance
est-elle une norme de jugement comparable à l’expression de l’internalité ?
L’année Psychologique, 110, 401-425.
253 2) Norme d'internalité et unités d’analyse : Un test du modèle de Dompnier et Pansu (2010)
Stéphane Jouffre, (Université de Poitiers et CeRCA, UMR CNRS 6234), Benoît Dompnier (Université de Lausanne) Introduction
Une polémique présentée comme méthodologique a récemment traversé le champ de
l’approche sociocognitive de l’internalité. En effet, Delmas (2009, 2011) a critiqué la validité
de construit des questionnaires d’internalité et s’est interrogé sur la réelle portée des résultats
ayant indiqué l’existence d’une valorisation sociale des explications internes. En bref, la
critique essentielle est que le choix des explications a priori par les chercheurs afin de
composer les questionnaires d’internalité introduirait un biais de sélection. Ce biais en faveur
des explications internes les plus valorisées pourrait être en partie responsable des résultats
attestant de l'existence d'une norme d'internalité valorisant les explications internes au
détriment des explications externes. En réponse à la critique de Delmas (2009), Dompnier et
Pansu (2010) ont proposé une nouvelle approche de la question de la mesure dans l'étude
des normes sociales de jugement permettant de pallier la principale limite de la procédure de
construction des questionnaires d'internalité : l'absence d'informations sur la représentativité
des items qui les composent. Ainsi, ils ont suggéré que si l’on s’intéresse à la valorisation
sociale associée à un contenu, il est nécessaire de travailler en considérant le contenu social
en tant qu’unité d’analyse. Dans le contexte de la norme d’internalité, leur modèle implique
donc de considérer les explications causales en tant qu’unité d’analyse et d’échantillonner les
explications, comme c'est le cas pour les participants lorsque l’on s’intéresse aux propriétés
psychologiques des personnes. Nous proposons ici un ensemble de 3 études tenant compte
des préconisations proposées dans le cadre de cette nouvelle approche des phénomènes
normatifs.
Participants
Tente-trois (étude 1) et 49 élèves (étude 2) de CM2, ainsi que 18 enseignants de CM1/CM2
ont participé à cette recherche.
Procédure
Un questionnaire d'internalité suivant les recommandations de Dompnier et Pansu (2010) a
été créé pour les besoins des trois études conduites. Dans un premier temps, les productions
explicatives de 96 élèves de CM1 et CM2 en réponse à 190 événements scolaires de valence
positive ou négative et renvoyant à des comportements ou des renforcements ont été
relevées (voir Py & Jouffre, 2009). Dans un second temps, les 1378 explications produites par
les élèves ont été cotées en explications internes ou explications externes par des juges. Enfin,
dans un troisième temps, parmi les 190 événements de départ, 12 événements ont été retenus
suite à une procédure d'échantillonnage aléatoire, sous réserve qu’ils aient élicité au moins 2
explications cotées comme internes et 2 explications cotées comme externe. Dans le cas des
événements ayant suscité la production de plus de 2 explications d’un type (interne et/ou
externe), les 2 explications conservées étaient tirées au sort parmi celles produites. Une fois le
questionnaire d'internalité construit, la valeur sociale des explications sélectionnées a ensuite
été évaluée à travers trois études mobilisant au total deux paradigmes (identification et
autoprésentation) et deux populations (élèves et enseignants) distincts. Dans la première
étude, 33 élèves de CM2 ont répondu au questionnaire d'internalité selon les trois consignes
du paradigme d'autoprésentation : répondre ce que l'on pense vraiment (consigne standard),
répondre pour se faire bien voir de l'enseignant (consigne pronormative), répondre pour se
faire mal voir de l'enseignant (consigne contre normative). Dans une deuxième étude, 49
élèves de CM2 ont répondu à ce même questionnaire selon les deux consignes du paradigme
d'identification : répondre au nom du bon élève, répondre au nom du mauvais élève. Enfin,
254 dans une troisième étude, 18 enseignants de CM1/CM2 ont également répondu à ce
questionnaire dans le cadre du paradigme d'identification : répondre au nom de l'élève
idéal, répondre au nom de l'élève non idéal.
Résultats
Trois scores de valorisation pour chaque explication du questionnaire d'internalité (un par
étude) ont été calculés à partir des variations des réponses des participants en fonction des
différentes consignes mobilisées dans chacune des études. Une analyse factorielle conduite
sur ces scores avec comme unités d'analyse les explications révèle l'existence d'une seule
dimension organisatrice renvoyant à la valeur sociale des explications du questionnaire
d'internalité. De plus, une analyse de fiabilité indique que ces scores sont suffisamment
consistants pour être agrégés en un seul score moyen de valorisation (α de Cronbach = .85).
Enfin, une analyse de variance 2 (orientation des explications : interne vs. externe) x 2 (type
d'événements : comportements vs. renforcements) x 2 (valence des événements : positif vs.
négatifs) a été réalisée sur ce score moyen de valorisation avec les explications du
questionnaire comme unités d'analyse. Celle-ci révèle, d'une part, un effet principal de
l'orientation indiquant que les explications internes sont en moyenne plus valorisées que les
explications externes. D'autre part, l'analyse de variance met en évidence un effet
d'interaction massif allant dans le sens du biais d'auto-complaisance : si les explications
internes sont très valorisées pour rendre compte des événements positifs et dévalorisées
pour expliquer les événements négatifs, l'inverse est vrai pour les explications externes.
Discussion
Les résultats de ces trois études, associés à la nouvelle méthode d'étude des phénomènes
normatifs proposée par Dompnier et Pansu (2010), sont intéressants à plus d'un titre. Tout
d'abord, il atteste de la faisabilité des propositions de Dompnier et Pansu (2010) permettant
d'obtenir un questionnaire d'internalité non-biaisé et composé d'explications représentatives
de leur catégorie (interne vs. externe) respective. Ensuite, ces résultats montrent l'intérêt que
présente le changement d'unités d'analyse des individus aux explications proposé par
Dompnier et Pansu (2010). En effet, il apparait une structure factorielle cohérente organisant
les différentes mesures de valeur effectuées entre les études. Enfin, ces résultats confirment
que les conclusions émises par les tenants de l'approche normative de l'internalité sur la plus
grande valeur sociale des explications internes se retrouvent lorsque les unités d'analyse sont
en accord avec le phénomène d'intérêt et en l'absence de l'intervention directe du chercheur
dans la production des explications des questionnaires d'internalité. Toutefois, ces données
amènent à modérer cette conclusion puisqu'au-delà de la tendance moyenne des explications
internes à être plus valorisées que les explications externes, il apparait que celle-ci dépend
fortement de la valence des événements. Les conséquences de ce dernier résultat sur la
théorie de la norme d'internalité seront discutées au niveau théorique et méthodologique.
Références
Delmas, F. (2009). La norme d’internalité : critique de la méthode. International Review of
Social Psychology, 22, 39-78.
Delmas, F. (2011). «A propos d’une critique critiquable : quelques précisions sur la théorie de
la norme d’internalité»: réponse à Beauvois et Dubois (2009). International Review of
Social Psychology, 24, 65-75.
Dompnier, B. & Pansu, P. (2010). Norme d’internalité et unités d’analyse : pour une
redéfinition du statut de la mesure dans l’étude des normes sociales de jugement.
International Review of Social Psychology, 23, 63-90.
255 Py, J., & Jouffre, S. (2009). The explanatory production among fourth-graders to ninthgraders: Impact of institutional and social demands on the development of unstable
internal causality. European Journal of Psychology of Education, 24, 307-323.
256 3) La clairvoyance normative : l’acquisition des connaissances normatives à travers
deux tâches socio-cognitives
Jacques Py et Romain Bouvet, Université de Toulouse, Laboratoire CNRS CLLE­LTC (UMR 5263) Introduction
Les sujets clairvoyants possèdent une compétence sociale particulière (Guingouain, 2001) qui
s’exprime dans le choix d’explications normatives pour s’auto-présenter. Un sujet
clairvoyant a ainsi une certaine aptitude à choisir des réponses attendues pour se faire bien
évaluer, tout en évitant certaines réponses qui pourraient le faire mal voir. La clairvoyance
normative (Py & Ginet, 2003 ; Py & Somat, 1991) constitue alors une vraie compétence sociale
à acquérir pour gérer efficacement les situations d’évaluation. Cependant, il ne suffit pas
d’expliquer la norme sociale aux individus pour qu’ils l’acquièrent. Or peu de recherches ont
porté sur cette question de l’acquisition d’une connaissance des normes sociales. Certaines
ont mis l’accent sur le développement d’une intervention désignée sous le nom de
« Attribution Retraining » (AR) (voir : Försterling, 1985; Haynes, Perry, Stupnisky, & Daniels,
2009; Perry, Hall, et Ruthig, 2005 ; Perry, Hechter, Menec, & Weinberg, 1993). L’AR a pour
objectif de modifier les interprétations causales spontanées qualifiées d’inadaptées et d’en
promouvoir d’autres supposées plus favorables (Jackson, Hall, Rowe et Daniels, 2009). L’AR
peut prendre différentes formes : information, pure tentative de persuasion, modelage,
apprentissage par renforcements, et même misattribution. On relève régulièrement des effets
de cette méthode en termes de modifications des attributions effectuées par les sujets et en
termes d’expectations de succès, voire en termes d’accroissement des performances. Notre
objectif propre a été d’envisager une acquisition des normes en matière d’explication causale
qui reposerait sur des tâches métacognitives susceptibles d’amener le sujet à comprendre par
lui-même la valeur des explications qu’il fournit pour rendre d’une série d’échecs.
Trois études ont été menées dans l’objectif d’évaluer l’efficacité de deux tâches socionormatives : le paradigme des juges (voir Dubois, 2009, pour une revue) et une consigne
métacognitive.
Méthode
Dans les trois études, des étudiants de cycle supérieur devaient fournir des explications
concernant des événements négatifs qui peuvent survenir dans la vie quotidienne. Les
explications étaient évaluées par des enseignants, ce qui permettait de dégager leur caractère
valorisé. Un re-test était réalisé 2 à 3 semaines après.
Résultats et discussion
Une première étude n’a montré aucun bénéfice du paradigme des juges (les participants étaient
en position d’évaluateur) comparé au groupe contrôle. Ce résultat s’avère d’autant plus
étonnant que ce dispositif expérimental constitue un des principaux leviers dans les
formations de demandeurs d’emploi à l’auto-présentation (Ferec, Pansu, Py & Somat, 2011).
Une deuxième étude indiquait qu'une consigne métacognitive (les participants devaient
expliquer leurs réponses) permet aux participants non-clairvoyants de prendre conscience
que leurs explications ne sont pas adaptées pour s’auto-présenter. Cependant, les
participants n’amélioraient pas leurs performances lors du re-test. Une troisième et dernière
étude montrait que la combinaison de la consigne métacognitive et du paradigme des juges
permet une prise de conscience de la réalité sociale et d’adopter des stratégies plus efficaces
pour s’auto-présenter. La consigne métacognitive apparaît centrale : les sujets nonclairvoyants ayant réalisé que leurs réponses présentaient un caractère dysfonctionnel, vont
alors pouvoir se servir du paradigme des juges pour modifier leur mode d’auto-présentation.
Ces résultats sont étroitement liés avec ceux obtenus par Jackson et al. (2009) qui ont observé
257 que les bénéficiaires de l’AR sont les participants qui comprenaient que leurs explications sur
les échecs étaient inadéquates.
Références
Dubois, N. (2009). La norme d’internalité et le libéralisme. Grenoble: Presses
Universitaires de Grenoble. 2ème Edition
Forsterling, F. (1985). Attributional retraining: A review. Psychological Bulletin, 98, 495–512.
Guingouain G. (2001). La clairvoyance normative : métacognition sociale ? Une perspective
métacognitive de l'étude de la clairvoyance normative. L'orientation Scolaire et
Professionnelle, 3(30).
Haynes, T. L., Perry, R. P., Stupnisky, R. H., & Daniels, L. M. (2009). Attributional retraining in
higher education. In J. C. Smart (Ed.). Handbook of Research in Higher Education (pp.
227-272). New York: Springer
Jackson, S., Hall, N., Rowe, P., & Daniels, L. (2009). Getting the Job: Attributional Retraining
and the Employment Interview. Journal of Applied Social Psychology, 39, 973-998.
Perry, R. P., Hall, N. C., & Ruthig, J. C. (2005). Perceived (academic) control and scholastic
attainment in higher education. In J. Smart (Ed.), Higher education: Handbook of theory
and research (vol. 20, 363–436). The Netherlands: Springer.
Perry, R. P., Hechter, F. J., Menec, V. H., & Weinberg, L. E. (1993). Enhancing achievement
motivation and performance in college students: An attributional retraining
perspective. Research in Higher Education, 34, 687–723.
Py J, Ginet A. (2003). Knowledge of general social norms : normative clearsightedness. In A
sociocognitive approach to social norms, Dubois N. (ed.). Routledge : London ; 170-182.
Py J, Somat A. (1991). Normativité, conformité et clairvoyance : leurs effets sur le jugement
évaluatif dans un contexte scolaire. In Perspectives cognitives et conduites sociales. 3.
Quelles Cognitions ? Quelles Conduites ?, Beauvois JL, Joule RV, Monteil JM. (eds).
DelVal : Cousset (Fribourg) ; 167-193.
258 4) Les effets de « l’évaluation Centrale de Soi » manifestée en situation de
recrutement : une utilisation des paradigmes classiques d’études de la norme
d’internalité
Isabelle Gillet, Daniel Gilibert, Ingrid Banovic, (Université de Bourgogne) Introduction.
A travers trois études, nous avons tenté de montrer la valorisation sociale du construit
psychologique d’« évaluation centrale de soi » (Judge, Bono & Thorensen, 2003) et son
impact massif dans le cadre de décisions de recrutements auprès de professionnels du
recrutement. En ayant recours aux trois paradigmes couramment utilisés dans les études
portant sur la norme d’internalité (paradigmes des juges, de l’autoprésentation et
d’identification), nous avons testé la normativité de cette variable, c'est-à-dire la valorisation
sociale des affirmations correspondant aux items du questionnaire permettant de mesurer
cette variable dite de personnalité. Les résultats collectés avec les trois paradigmes, auprès de
professionnels du recrutement ou de l’insertion indiquent, globalement, que manifester une
« évaluation centrale de soi » positive plutôt que négative est fortement souhaitable dans les
situations d’évaluation professionnelle. Ce « construit psychologique » regroupant le
sentiment de contrôle et le sentiment d’efficacité personnelle, le neuroticisme et l’estime de
soi (par ailleurs connus pour être valorisés en situation de recrutement : Gilibert & Vovelle,
2008) est donc fortement valorisé socialement, ce qui peut expliquer son intérêt.
Méthode et Résultats.
Dans ce sens, nous observons dans une première étude que des candidats potentiels repèrent
très facilement la désirabilité des items de ce questionnaire pour se montrer sous un jour qui
leur est favorable (paradigme d’autoprésentation). Dans une seconde étude, les items du
questionnaire ont été réinjectés dans une synthèse d’entretien annuel d’évaluation et ont été
présentés parmi d’autres informations à des professionnels de l’insertion et du recrutement.
Il s’agissait de 34 professionnels travaillant dans les métiers du recrutement (cabinets de
recrutement, agences de travail temporaire et entreprises d’insertion). Les sujets participaient
chacun à deux des quatre conditions de l’expérience. Ils devaient se prononcer sur la
recrutabilité du candidat pour le promouvoir à un poste à responsabilité dans sa structure
(paradigme des juges). Si la différence de compétences entre deux candidats (information
manipulée dans le dossier de candidature) affecte leur jugement, l’orientation de leurs
propos en termes d’« évaluation centrale de soi » affecte encore plus lourdement les
jugements de valeur professionnelle. Ainsi, quand bien même serait-il moins compétent, un
salarié exhibant dans l’entretien des « évaluations centrales de soi » fortes est toujours mieux
évalué qu’un salarié exhibant des « évaluations centrales de soi » faibles. Enfin, ces
professionnels devaient décrire les réponses d’un candidat idéal à ce type de fonction
(paradigme d’identification). Il apparaît clairement dans cette troisième étude que, selon eux, le
candidat idéal exhiberait des évaluations centrales de soi fortes.
Discussion.
On peut donc se demander, comme cela a été le cas dans les recherches sur le sentiment de
contrôle, si ce construit psychologique n’est pas seulement le produit d’une attente sociale.
Son importance et sa capacité à prédire, par exemple, un statut professionnel (Stump, Muck,
Hulsheger et al, 2010 ; Kacmar, Collins, Harris et al, 2009 ; Judge 2009) ne proviennent-elles
pas simplement des jugements plus positifs dont feraient l’objet les personnes ayant une «
évaluation centrale de soi forte », se montrant ainsi plus conformes aux attendus d’une
situation d’autoprésentation. La proximité des résultats observés avec cette variable et ceux
classiquement obtenus avec l’internalité amène à envisager des études destinées à
circonscrire la portée et les zones de recouvrement de l’une et de l’autre.
259 Note de fin : Nous remercions Florian Guinet pour la collecte des données réalisée lors de son M2R,
sous la direction de D. Gilibert, à l’Université de Bourgogne en 2007/2008
Références
Gilibert, D., & Vovelle, L. (2003). Explications et estime de soi des candidats: effet sur les
décisions de recrutement. In N. Delobbe, G. Karnas, & C. Vandenberghe (Eds.).
Evaluation et développement des compétences au travail (pp 115-122). Louvain-laNeuve: Presses Universitaires de Louvain.
Kacmar KM, Collins BJ, Harris KJ, et al. (2009). Core Self-Evaluations an Job Performance:
The role of the Perceived Work Environnement. Journal of Applied Psychology, 94,
1572-1580.
Judge, T. (2009). Core self-Evaluation ans Succes at work. Current directions in Psychological
Science, 18, 58-62.
Judge, T.A. Erez, A. Bono, J. & Thorensen, C. (2003) The Core Self Evaluation Scale:
development of a measure. Personnel Psychology, 56, 303-331
Stumpp T, Muck PM, Hulsheger UR, et al (2010). Core Sel-Evaluations in Germany :
Validation of a German Measure and its Relationships with Carreer Success. Applied
Psychology : An International Review, 59, 674-700.
260 16H15- 17H45- SESSIONS
I)
Psychologie cognitive et espace
Titres des communications et Intervenants
Implication de la mémoire de travail dans l’apprentissage d’itinéraires
Gras, Doriane&Gyselinck, Valérie (UniversitéParisDescarteslpncog).
Influence des informations auditives dans une tâche de traversée de rue sur simulateur.
Rodrigues, Jérôme, Pinto, Maria, Dommes, Aurélie, Cavallo, Viola, Vienne, Fabrice (IFSTTAR).
Comment lutter contre la désorientation spatiale : une approche sensorielle non-visuelle.
Paillard, Aurore (Université de Manchester), Denise, Pierre (Université de BasseNormandie).
Effets de la sémantique du but sur les heuristiques de résolution de problème dans des
taches d’exploration spatiale
Zibetti, Elisabetta, Gaudiello, Ilaria,Tijus, Charles, Besson, Vincent (UniversitéParis 8, EPHE)
261 1) Implication de la mémoire de travail dans l’apprentissage d’itinéraires
Gras, Doriane & Gyselinck, Valérie (UniversitéParisDescarteslpncog). Résumé
Un paradigme de double tâche a été utilisé pour étudier l’implication des composantes
verbales et spatiales de la mémoire de travail dans l’apprentissage de nouveaux itinéraires.
Les sujets effectuaient une tâche concurrente de suppression articulatoire pendant la
présentation d’un itinéraire dans une ville virtuelle, une tâche concurrente de tapping
pendant la présentation d’un autre itinéraire, et aucune tâche concurrente pendant la
présentation du troisième itinéraire. La représentation mentale des sujets était ensuite
évaluée à l’aide de différentes tâches. Les résultats indiquent que la mémorisation des détails
visuels de l’itinéraire n’est pas affectée par les doubles tâches. En revanche, la mémorisation
des directions, associées aux repères ou non, est perturbée par la suppression articulatoire et
le tapping. De plus, les hommes et les femmes ont des résultats identiques pour reconnaître
les bâtiments des itinéraires et les directions lorsque des repères sont présents, mais les
hommes ont de meilleurs scores que les femmes pour retrouver les directions sans repère.
Introduction :
Une grande attention a été portée sur le rôle de la mémoire de travail (MDT) dans
l’apprentissage et la navigation spatiale. La mémoire de travail visuo-spatiale (MDT VS)
serait impliquée dans l’apprentissage de cartes (Coluccia, Bosco, & Bradimonte, 2007). Lors
de l’apprentissage d’itinéraires à partir de la navigation, la MDT VS et la MDT verbale (MDT
V) interviendraient de façon différente selon les capacités visuo-spatiales des sujets (Garden,
Cornoldi, & Logie, 2002 ; Baldwin & Regan, 2009). Ces deux composantes de la MDT
joueraient également un rôle dans l’apprentissage d’itinéraires à partir de descriptions
spatiales (e. g. Gyselinck, Meneghetti, De Beni, & Pazzaglia, 2009). Afin de préciser dans
l’apprentissage de quelles dimensions de la représentation spatiale sont impliquées la MDT
VS et la MDT V, nous avons utilisé un paradigme de double tâche. L’objectif de cette
expérience est de déterminer l’implication de la MDT VS et la MDT V dans la construction de
représentations spatiales d’itinéraires à partir d’informations visuelles et de préciser leur
relation.
Méthode
Sujets : Dix huit hommes et dix huit femmes, étudiants en 2ème année de psychologie à
l’Université Paris Descartes, ont participé à l’expérience.
Matériel : Quatre villes virtuelles ont été construites, une pour l’itinéraire d’entraînement et
trois pour les itinéraires expérimentaux (la mairie, le restaurant, et le supermarché).
Différents repères étaient disposés dans chaque itinéraire comme la librairie, les fontaines, le
musée... Des enregistrements vidéos de chacun des itinéraires ont été faits, équivalents en
durée et en complexité.
Procédure : L’expérience a été réalisée dans un box du laboratoire de psychologie et
neuropsychologie cognitives.
Après une phase d’entraînement, les itinéraires de la mairie, du restaurant et du
supermarché étaient présentés aux sujets à l’aide d’un vidéo projecteur. Les sujets
effectuaient une tâche concurrente de suppression articulatoire pendant la présentation d’un
itinéraire, une tâche concurrente de tapping pendant la présentation d’un autre itinéraire, et
aucune double tâche pendant la présentation du troisième itinéraire. L’ordre de présentation
des itinéraires, ainsi que l’affectation de la double tâche à chaque itinéraire étaient
contrebalancés parmi les sujets.
262 Après la présentation de chaque itinéraire, les sujets effectuaient trois tâches :
- une tâche de reconnaissance visuelle, deux images étaient présentées à l’écran, celle d’un
bâtiment de l’itinéraire et une version modifiée de cette image, les sujets devaient indiquer
laquelle faisait partie de l’itinéraire.
- une tâche de reconnaissance des directions avec les repères, dans laquelle des images de
carrefours de l’itinéraire étaient présentées aux sujets. Un repère était visible sur chacune des
images ; le point de vue était le même que dans la vidéo pour la moitié des images, et
différent de celui de la vidéo pour l’autre moitié. La tâche des sujets était d’indiquer la
direction à prendre à chacun de ces carrefours (à droite, à gauche ou tout droit) pour aller au
même endroit que dans la vidéo.
- une tâche de reconnaissance des directions sans repère, dans laquelle une vidéo de
l’itinéraire était présentée aux sujets, avec uniquement la route, sans aucun bâtiment. Là
encore, les sujets devaient indiquer, à chaque intersection, la direction à prendre.
Résultats
Le nombre de bonnes réponses à la tâche de reconnaissance visuelle était le même quelle que
soit la condition de double tâche, le score des hommes et des femmes ne différait pas, et
l’interaction entre le facteur double tâche et le facteur sexe était non significative.
Le nombre de bonnes réponses à la tâche de reconnaissance des directions avec les repères
était plus important dans la condition contrôle (sans double tâche) que dans la condition
suppression articulatoire et la condition tapping. Lorsque les images étaient présentées avec
le même point de vue que dans la vidéo, les sujets donnaient plus de bonnes réponses et
répondaient plus rapidement que lorsque le point de vue était différent de celui de la vidéo.
Les hommes et les femmes obtenaient les mêmes résultats à cette tâche de reconnaissance des
directions avec les repères et aucune interaction n’était significative.
Le nombre de bonnes réponses à la tâche de reconnaissance des directions sans repère était
plus important chez les hommes que chez les femmes. Chez les femmes, les scores étaient
plus élevés dans la condition contrôle que dans les conditions suppression articulatoire et
tapping. Chez les hommes, l’effet du facteur double tâche était non significatif, probablement
à cause de l’effet plafond observé.
Discussion
Les hommes étaient meilleurs que les femmes dans la reconnaissance des directions,
uniquement dans la condition où les repères n’étaient pas présents. Cela est cohérent avec
l’idée que les femmes se servent plus des repères que les hommes pour indiquer un itinéraire
(Lawton, 2001).
Le paradigme de double tâche montre que la MDT VS et la MDT V sont impliquées dans la
mémorisation des directions associées ou non aux repères. En revanche, ces composantes de
la MDT ne seraient pas impliquées dans la mémorisation des détails visuels.
Références
Baldwin, C. L., & Reagan, I. (2009). Individual differences in route-learning strategy and
associated working memory resources. Human Factors, 51, 368-377.
Coluccia, E., Bosco, A., & Brandimonte, M. A. (2007). The role of visuo-spatial working
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Garden, S., Cornoldi, C., & Logie, R. H. (2002). Visuo-spatial working memory in navigation.
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Gyselinck, V., Meneghetti, C., De Beni, R., & Pazzaglia, F. (2009). The role of working
memory in spatial text processing : what benefit of imagery strategy and visuospatial
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263 Lawton, C. A. (2001). Gender and regional differences in spatial referents used in direction
giving. Sex Roles, 44(5/6), 321-337.
264 2) Influence des informations auditives dans une tâche de traversée de rue sur
simulateur.
Rodrigues, Jérôme, Pinto, Maria, Dommes, Aurélie, Cavallo, Viola, Vienne, Fabrice (IFSTTAR). Résumé
L’objectif de ce travail était d’étudier l’influence des informations auditives sur les décisions
de traversée de rue à l’aide d’un simulateur immersif et interactif. A chaque essai, les
participants (20 jeunes et 20 âgés) devaient décider de franchir, ou non, un trafic virtuel à
sens unique, en se déplaçant réellement sur plusieurs mètres. Quatre contextes auditifs ont
été comparés : aucun son ; seulement les sons liés aux véhicules approchants ; seulement des
sons ambiants de type « circulation urbaine » ; et sons des véhicules + sons ambiants. Le
principal résultat indique une augmentation significative des traversées risquées
lorsqu’aucune information auditive n’est fournie aux participants (quel que soit le groupe
d’âge). Ce résultat témoigne de l’importance des informations auditives dans une tâche de
traversée de rue sur simulateur, qu’elles soient relatives aux véhicules simulés ou à un
contexte sonore ambiant. En l’absence de contexte auditif, l’augmentation des traversées
risquées serait liée à la diminution du sentiment de présence et du focus attentionnel des
participants au cours de la tâche.
Introduction
Pour traverser une rue, le piéton doit estimer si le temps d’arrivée des véhicules approchants
est suffisant pour franchir le trafic en toute sécurité. Estimer le temps d’arrivée d’un objet en
mouvement repose sur des informations visuelles (Hecht & Savelsbergh, 2004) et auditives
(Button & Davids, 2004). La privation d’informations auditives pourrait alors altérer le
jugement des piétons. Cependant, son impact n'a été que peu étudié sur la sécurité des
traversées de rue. La privation d’informations auditives pourrait restreindre les possibilités
de compensation et être préjudiciable, notamment, pour des personnes âgées souffrant de
déclins visuels et/ou cognitifs.
La traversée de rue est de plus en plus étudiée à l’aide d’environnements virtuels. Or, un
certain nombre d’études ont négligé l’influence des informations auditives en ne proposant
aucun contexte sonore pendant les expérimentations (Neider et al., 2010). Dans d’autres
études, ce point n’est pas évoqué dans la méthodologie, indiquant alors une absence d’intérêt
pour ce paramètre expérimental (Holland & Hill, 2010).
Dans ce cadre, l’objectif de notre travail était d’étudier l’influence du contexte auditif dans
une tâche de traversée de rue sur simulateur. L’hypothèse principale était que la privation
des informations auditives pourrait induire une augmentation des comportements à risque
en raison de l’absence d’informations sensorielles utiles à la tâche.
Méthode
Le dispositif de simulation était composé de : une portion de route sur laquelle les
participants se déplaçaient réellement ; un système de génération et de projection d’images ;
un ordinateur gérant les scénarios de trafic, l’émission des contextes sonores et
l’enregistrement des réponses ; et un locomètre enregistrant la position des piétons au cours
des traversées et asservissant les scènes visuelles à leurs déplacements. Projetées sur trois
grands écrans, les scènes visuelles représentaient une voie à sens unique. Le trafic était
composé d’une moto et de deux voitures se déplaçant toujours de la gauche vers la droite en
référence au piéton. Les véhicules pouvaient approcher à 40 ou 60 km/h.
20 participants jeunes (20-35 ans) et 20 âgés (60-80 ans) ont pris part à l’expérimentation.
Quatre contextes auditifs étaient proposés : aucun son ; seulement les sons liés aux véhicules
approchants (buits du moteur, des pneus et du déplacement d’air) ; seulement des sons
265 ambiants (fond sonore composé de bruits de circulation urbaine non liés aux scènes
visuelles) ; et les sons des véhicules + les sons ambiants. Chaque participant effectuait 4 blocs
de 30 essais chacun, au sein desquels la vitesse des véhicules variait aléatoirement. A chaque
essai, le participant devait décider de traverser, ou non, entre les deux voitures à l’approche.
S’il pensait avoir le temps, il se déplacait d’un côté à l’autre de la route expérimentale. Dans
le cas contraire, il conservait sa position initiale. Les participants répondaient également à
une batterie de tests évaluant l’efficience de leurs aptitudes visuelles, auditives et motrices.
Résultats
Une ANOVA mixte de type 2 (âges) x 2 (vitesses des véhicules) x 4 (contextes sonores) a été
appliquée sur les pourcentages moyens de traversées risquées (marge de sécurité < 0 s).
Deux principaux Résultats ont été observés : la condition sans aucun son a induit une
augmentation significative du pourcentage de traversées risquées, comparé à toutes les
autres conditions sonores (quel que soit le groupe d’âge) ; et aucune différence significative
n’a été observée entre les trois conditions où un contexte sonore était présent.
Cette étude témoigne d'une augmentation des comportements à risque lorsqu’aucun
contexte sonore n’est fourni aux participants lors d’une tâche de traversée de rue sur
simulateur, confirmant l’intérêt de fournir des informations auditives potentiellement utiles
à la tâche. Cependant, aucune différence significative n’est observée entre les trois conditions
où un contexte sonore était présent, précisant ici que ce n’est pas l’absence des sons
spécifiquement liés aux véhicules simulés qui a entrainé une augmentation des
comportements à risque mais l’absence d’un contexte sonore quel qu’il soit. Les variations de
performance ne peuvent donc pas être expliquées que par la privation d’informations
auditives utiles pour accomplir la tâche.
Discussion
Les comportements à risque associés à la privation de contexte auditif pourraient alors être
liés à une diminution du sentiment de présence des participants dans la tâche simulée. Cette
notion renvoie à l’impression authentique d'exister dans un monde autre que le monde
physique où le corps se trouve (Bouvier, 2009). Généralement, plus le sentiment de présence
est fort, plus le focus attentionnel des sujets est grand et meilleures sont les performances
(Fontaine, 1992). La disponibilité d’informations auditives se révèle souvent importante dans
les environnements virtuels en augmentant le sentiment de présence de l’individu, que ces
informations soient réellement pertinentes ou non pour la tâche à accomplir (Bormann,
2005).
En conclusion, ce travail souligne l’intérêt de fournir un contexte auditif dans des tâches de
traversée de rue simulées. Nos futurs travaux s’attacheront à préciser les effets du contexte
auditif, notamment, au regard du sentiment de présence des participants, en utilisant un
questionnaire d’avaluation subjective.
Références
Bormann, K. (2005). Presence and the Utility of Audio Spatialization. Presence: Teleoperators
and Virtual Environments, 14(3), 278-297.
Bouvier, P. (2009). La présence en réalité virtuelle, une approche centrée utilisateur. Thèse de
Doctorat en informatique, Université Paris-Est, Paris, France.
Button, C., & Davids, K. (2004). Acoustic information for timing. In Time-to-Contact (pp. 355369). Amsterdam: North-Holland.
Fontaine, G. (1992). The experience of a sense of presence in intercultural and international
encounters. Presence: Teleoperators and Virtual Environments, 1(4), 482-490.
Hecht, H., & Savelsbergh, G. J. (2004). Theories of time-to-contact judgment. In Time-toContact (pp. 1-11). Amsterdam: North-Holland.
266 Holland, C., & Hill, R. (2010). Gender differences in factors predicting unsafe crossing
decisions in adult pedestrians across the lifespan: A simulation study. Accident
Analysis & Prevention, 42(4), 1097-1106.
Neider, M. B., McCarley, J. S., Crowell, J. A., Kaczmarski, H., & Kramer, A. F. (2010).
Pedestrians, vehicles, and cell phones. Accident Analysis & Prevention, 42(2), 589-594.
267 3) Comment lutter contre la désorientation spatiale : une approche sensorielle nonvisuelle.
Paillard, Aurore (Université de Manchester), Denise, Pierre (Université de Basse Normandie). Analyse critique
Les déplacements à bord de véhicules modernes de locomotion induisent souvent des
perceptions erronées de la position du corps ont été décrites dans la littérature sous le terme
de désorientation spatiale (Benson, 1990). L’origine de ces illusions perceptives est
principalement considérée comme vestibulaire. Mes travaux (Paillard, 2010) se sont
particulièrement intéressés sur les illusions otolithiques : lors d’une accélération linéaire
constante vers l’avant, le vecteur résultant de l’accélération imposée et de la gravité n’est
plus aligné par rapport à la verticale gravitaire. Le système otolithique ne pouvant
différencier la gravité de toute autre accélération linéaire, ce vecteur résultant sera considéré
par le sujet comme étant la nouvelle verticale. Mes travaux ont mis en évidence: (1) des
différences interindividuelles dans ces illusions d’origine otolithique, ainsi que l’explication
en termes otolithiques de ces différences interindividuelles (Paillard, Cian, Ventre-Dominey,
Barraud et Denise, en préparation) ; (2) l’implication des informations somesthésiques dans
ces illusions d’origine otolithique, en particulier des informations somesthésiques
intéroceptives (Paillard et al., en préparation ; Carriot, Cian, Paillard, Denise et Lackner.
2011). L’ensemble de ces travaux suggère un modèle sensoriel en termes otolithique et
somesthésique, ainsi qu’une approche individuelle de la désorientation spatiale d’origine
otolithique. Le but de cette communication est d’appliquer mes travaux théorique de thèse
pour proposer des applications ergonomiques pour lutter la désorientation spatiale
vestibulaire. Afin de suppléer aux limitations humaines face à la désorientation spatiale au
cours du vol, divers instruments de bord ont été mis au point, tel que l’horizon artificiel.
L’entrainement à dominance visuelle (Montgomery et Montgomery 1989), permet
d’apprendre à acquérir des informations nécessaires au pilotage à partir de données fournies
par ces instruments, sans tenir compte des sensations vestibulaires. Néanmoins, certaines
illusions d’origine otolithiques surviennent lorsque le pilote n’a pas assez de signaux visuels.
Nous pouvons alors nous questionnaire sur une aide ergonomique non-visuelle pour lutter
contre la désorientation spatiale d’origine vestibulaire. Comme l’entrainement à dominance
visuelle, nous pourrions suggérer l’intérêt d’un entrainement à dominance vestibulaire afin
de permettre aux pilotes d’apprendre à acquérir des informations nécessaires au pilotage
sans avoir une vision des instruments de vols. Cependant, Clement, Deguine, Bourg et PavyLe Traon (2007) ont montré, chez des sujets non-pilotes, qu’un entrainement vestibulaire
diminue les capacités d’orientation spatiale. Cet axe de recherche ne peut donc pas être
retenu. Néanmoins, ls pilotes utilisent régulièrement le simulateur de vol afin de développer
leurs habiletés perceptivo-motrices nécessaires au contrôle d’un avion réel. Previc et al.
(2007) ont montré, lors d’une session de simulateur de vol, que seulement 25% des illusions
visuelles étaient reportées par les pilotes. Il serait intéressant d’approfondir cette piste et
d’utiliser le simulateur de vol pour apprendre aux pilotes à reconnaître les illusions
vestibulaires, sans se baser sur les instruments de vols. La littérature (Clark et Graybiel, 1966)
ainsi que mes travaux de thèse ont montré l’implication des signaux somesthésiques en
milieu d’hyperpesanteur. Ainsi, une piste somesthésique pourrait être proposée. Le
Ministère de Défense Américain a développé un gilet de stimulation tactile système
permettant de renforcer l’apport des informations cutanées, le TSAS (Dickers et Rogers, 1999)
permettant l’application sur la peau de stimulations tactiles calculées pour fournir une
information gravitaire adaptée au contexte. Les données expérimentales montrent que ce
gilet facilite l’orientation des sujets évoluant dans un environnement sensoriel inhabituel et
hypergravitaire (Dickers et Rogers, 1999 ; Van Erp et al., 2007). Qui plus est, Carriot et al.
268 (2011) ont souligné l’importance des informations somesthésiques intéroceptives, en
particulier l’implication de la distribution du fluide sanguin, dans une illusion perceptive
d’origine vestibulaire chez des sujets sains. Cette étude permet de renforcer l’idée qu’une
recherche centrée sur les signaux somesthésiques intéroceptifs, comme les pantalons anti-G
actuellement utilisés par les pilotes, est une piste à approfondir. L’ensemble de mes travaux
de thèse suggère une approche interindividuelle des illusions d’origine vestibulaire. Il est
nécessaire de préciser que des études supplémentaires sont nécessaires pour savoir la part de
chacun de ces systèmes vestibulaires et somesthésiques. En effet, au regard des différences
interindividuelles (Paillard et al., 2009; Paillard et al., en préparation), Paillard (2010) propose
l’hypothèse de différents styles de fonctionnement sensoriel dans la désorientation spatiale:
alors que certains sujets seraient dépendants des informations vestibulaires, d’autres sujets
s’appuieraient principalement sur les signaux somesthésiques dans l’orientation spatiale.
Ainsi, que l’aide ergonomique soit vestibulaire ou somesthésique, il est important d’adapter
l’aide en fonction des différences interindividuelles. En conclusion, nous pouvons souligner
que le domaine de recherche relatif à la désorientation spatiale reste ainsi une source
inépuisable de nouveaux questionnements. Cette communication souligne des pistes de
travail dans une aide ergonomique non-visuelle de la désorientation spatiale d’origine
vestibulaire.
Références
Benson, A.J. (1990). Sensory functions and limitations of the vestibular system. In: R. Warren,
& A.H. Wertheim (Eds.), Perception Control of Self-Motion (pp. 145-170). Hillsdale,
New-Jersey: Erlbaum.
Carriot, J., Cian, C., Paillard, A., Denise, P. & Lackner, J.R. (2011). Body orientation and
visual vertical perception. Experimental Brain Research, 208(4), 569-579. Clark, B., &
Graybiel, A. (1966). Perception of the visual horizontal in normal and Labyrinthine
defective observers during prolonged rotation. American Journal of Psychology, 79,
608-612.
Clement, G., Deguine, O., Bourg, M., & Pavy-LeTraon, A. (2007). Effects of vestibular
training on motion sickness, nystagmus, and subjective vertical. Journal of Vestibular
Research, 17 (5-6), 227-237.
Dickey, B., & Rogers, A. (1999). Making small planes safer. Newsweek, 26. Montgomery,
K.S.S., & Montgomery, R.A.G. (1989). Visual dominance training : A method of
spatial orientation training ? (A call for research). Proceedings of the 26th Annual
Symposium SAFE Association (pp. 186-191).
Paillard, A., Denise, P., Barraud, P.A., Roux, A. & Cian, C. (2009). The elevator illusion
results from the combination of body orientation and egocentric perception.
Neurosciences Letters, 464, 156-159.
Paillard, A. (2010). Perception de l’horizon visuel en milieu d’hyperpesanteur : implication
des systèmes oculomoteur, otolithique, et somesthésique. Université de Grenoble,
Grenoble, France.
269 4) Effets de la sémantique du but sur les heuristiques de résolution de problème dans
des taches d’exploration spatiale
Zibetti, Elisabetta, Gaudiello, Ilaria,Tijus, Charles, Besson, Vincent (UniversitéParis 8, EPHE) Résumé
Les heuristiques d’exploration spatiale sont-elles déterminées par la nature de l’objet à
trouver? Pour tester les effets de variantes sémantiques concernant l’objet à trouver dans un
environnement inconnu, des participants adultes (N=24) ont eu à guider un avatar virtuel
dans un environnement inconnu pour trouver soit une sortie, soit un trésor, soit un autre
avatar. Deux environnements différents ont été utilisés avec l’hypothèse d’une absence
d’effet de la nature de l'environnement mais d’un effet de la sémantique de l’objet à trouver.
Après chacun des 6 problèmes, contrebalancés entre participants, la post-verbalisation du «
quoi faire pour réussir» a été recueillie. Les résultats montrent un effet du type d’objet à
chercher sur les comportements d’exploration et sur la post-verbalisation des heuristiques de
recherche spatiale qui ont généré ces comportements.
Introduction
Les comportements d’exploration spatiale mis en œuvre pour se déplacer d’un endroit à un
autre sont étudiés depuis long temps en cognition spatiale (Denis, 1997 ; Tversky, 2000).
Notre recherche, en revanche, porte sur l’exploration d’un environnement avec la finalité de
trouver un lieu ou un objet non directement visible. Ce problème est relativement peu étudié
dans la littérature alors qu’il s'agit d’une tâche quotidienne. De plus il s'agitd’un paradigme
important de recherche en robotique cognitive (e.g., Verschure & Althaus, 2003). L’être
humain dispose probablement d’un ensemble d’heuristiques très générales, indépendantes
du problème à résoudre et qui fournissent des moyens d’actions adaptés (Todd &Gigerenzer,
1999, Holscher et al., 2009). C’est le cas d’heuristiques telles que « ne pas défaire ce qu’on
vient de faire » (Newell et Simon, 1972 ; Richard, Poitrenaud & Tijus, 1993) qui se décline
pour la recherche spatiale en « ne pas revenir en arrière ». Cependant, la seule utilisation de
telles heuristiques n’est pas apte à expliquer les performances de résolution qui se révèlent
efficaces.
Il est connu que pour les problèmes de changements d’état isomorphes, la difficulté de la
résolution et les heuristiques déployées peuvent varier selon la nature des objets à traiter et
donc selon les connaissances activées. Pour la résolution de problèmes spatiaux, notre
hypothèse est que les heuristiques déployées pour les résoudre sont des inférences qui
émergent de l’activation de connaissances pragmatiques et de connaissances sémantiques sur
le type d’objet-cible à atteindre. (Tijus & Zibetti 2001, Tijus et al, 2007 ; Zibetti et al., 2009). Par
exemple, une cible telle qu’un trésor ne bouge pas et peut se trouver n’importe où. En
revanche, une personne est susceptible de se déplacer. Enfin, une sortie ne bouge pas et se
trouve sur une paroi qui délimite le perimetre de l'environnement car elle est conçue pour
donner accès à un autre espace. Cette connaissance, conjointement aux opportunités offertes
par l’environnement (murs, obstacles, espace...) serait à la base d’inférences qui permettent la
production d’heuristiques de recherche. Chercher les cachettes lorsqu’il s’agit d’un trésor
(e.g., derrière les obstacles). Chercher partout lorsqu’il s’agit d’une personne (e.g., plutôt en
zone centrale). Chercher le long des murs lorsqu’il s’agit d’une sortie (e.g., plutôt la zone
périphérique).
Si c’est le cas, nous devrions observer (i) un effet du type de cible (trésor, sortie, autre
personne) mais (ii) pas d’effet significatif du type d’environnementparce que la sémantique
opérationnelle est celle de l’objet du but.
Méthode
270 Vingt-quatre adultes volontaires ont participé à l’expérience qui consiste à guider un avatar
virtuel afin de trouver une cible dans un environnement inconnu dont il ne perçoit qu’une
portion limitée autour de lui. Six problèmes de recherche spatiale sont générés par le
croisement de deux facteurs : le type de cible (trésor, sortie, un autre avatar) et le type de
l'environnement. Après chaque problème, le participant a comme tâche de dire « quoi faire
pour réussir ».
L’effet des facteurs a été mesuré sur (i) la navigation en recueillant toutes les combinaisons
Action1-Stimulus1-Action2-Stimlus2 pour les 6 primitives d’actions et les 25 configurations
d’environnements perçus et (ii) sur les fréquences d’occurrence d’heuristiques postrésolution à partir d’une bibliothèque de 28 heuristiques constituée par deux juges (accord
inter-juges: 0.65).
Résultats
A partir des 144 protocoles de résolution et des 490 blocs Stimulus1-Action-1-Stimlus2Action2, on n’observe aucun effet significatif du type d'environnement alors qu’il y a un effet
significatif du type de cible sur les comportements d’exploration des participants F (2,
22)=3.05, p<.05. Pour les verbalisations, on trouve une corrélation entre le modèle théorique
généré par le modèle sémantique et les heuristiques verbalisées : pour la sortie (r=0.95), la
personne (r=0.82) et le trésor (t=0.69).
Discussion
L’objectif de cette étude a été de déterminer l’impact de la sémantique du but sur les
comportements d’exploration et de recherche d’une cible dans un environnement inconnu et
partiellement visible. Bien que les tâches proposées et les environnements soient
sémantiquement pauvres et très simples, nous Résultats montrent que la sémantique du but,
déterminée par les propriétés de la cible, a un effet sur les comportements exploratoires et
sur l’élaboration d’heuristiques de résolution. Ces résultats fournissent des premières
indications sur la façon d’étudier les comportements de résolution de problèmes spatiaux en
relation avec la sémantique des objets qui définissent la finalité de l’exploration.
Références
Denis, M.(1997).The Description of Routes: A Cognitive Approach to the Production of
Spatial Discourse. Cahiers de Psychologie Cognitive, 16, 409-458.
Hölscher, C., Büchner, S., Meilinger, T., Strube, G. (2009). Adaptivity of Wayfinding
Strategies in a Multi-Building Ensemble: the effects of spatial structure, task
requirements and metric information. Journal of Environmental Psychology 29(2),
208-219.
Newell, A., & Simon, H.A. (1972). Human problem solving. Englewood Cliffs, NJ: Prentice
Hall.Newell et Simon, 1972;
Richard, J.F., Poitrenaud, S., & Tijus, C. (1993). Problem-solving restructuration: elimination
of implicit constraints. Cognitive Science, 17, 497-529.
Tijus, C., Poitrenaud, S., & Richard, J-F. (2006). Human Problem Solving: Evidence for
Contextual Categorisation. Proceedings of IPMU 2006, 2-7 juillet 2006. (CDrom).
Todd, P.M., & Gigerenzer, G. (1999) Simple heuristics that make us smart. Oxford University
Press.
Tversky, B. (2000). Remembering space. In E. Tulving & F. I. M. Craik (Eds.), Handbook of
Memory. Pp. 363-378. New York: Oxford University Press.
Verschure, P,. & Althaus, P. (2003). A real-world rational agent: unifying old and new.
Cognitive Science 27 561–590.
271 Zibetti, E., Besson, V., Tijus, C., Salvador-Beltran, F., Quera, V., Sabouret, N., Simonin, O.,
Beynier, A. (2009). De l’humain au robot: heuristiques cognitives pour robots mobiles.
Actes du Congrès SFP 09. 17-19 Juin 2009.
Tijus, C.A., & Zibetti, E. (2001). Le rôle du but et de l'objet dans la détermination sémantique
des verbes d'action. Journal des Anthropologues, 85-86, 157-182.
272 II)
Psychologie du langage : Langue, langage, multilinguisme
Titres des communications et Intervenants
Mécanismes cognitifs du changement de langue chez les multilingues
Aparicio, X. &Lavaur, J.-M. (UniversitéMontpellier 3), Grainger, J. (Université Aix-Marseille),
Midgley, Katherine J. &Holcomb, Phillip J. (TuftsUniversity).
Evaluation de la sensibilité au temps dans un programme de renforcement différentiel des
débits lents chez les enfants en fonction du langage et du développement cognitif
Gaucher, Mélissa (Université du Québec & Université de Strasbourg), Tucci, Paméla (Université de
Strasbourg), Forget, Jacques (Université du Québec), Clément, Céline (Université de Strasbourg).
Le rôle de la révision collaborative dans l'amélioration d'un produit écrit. cas d'apprenants
algériens de 1ère année secondaire
Souame, Schahrazed (Centre Universitaire d’El-Tarf).
La supériorité des bilingues aux épreuves de conscience morphologique est-elle liée à leur
meilleure efficience en lecture ?
Reder, Fanny &Demont, Elisabeth (Université de Strasbourg).
L’apprentissage de la lecture en français langue seconde : le rôle des compétences
morphologiques en langue première
Besse, Anne-sophie (Université de Strasbourg).
273 1) Mécanismes cognitifs du changement de langue chez les multilingues
Aparicio, X.& Lavaur, J.­M. (Université Montpellier 3), Grainger, J. (UniversitéAix­Marseille), Midgley, Katherine J. & Holcomb, Phillip J. (Tufts University). Résumé
Dans cette étude, nous nous intéressons aux mécanismes du changement de langue lors de la
reconnaissance visuelle de mots chez des trilingues. Dans un premier temps, nous avons
examiné les processus d’accès pour chacune des langues étudiées, indépendamment des
autres langues. Nous nous sommes ensuite interrogés sur les relations entre les langues et
l’organisation lexicale sous-jacente dans la mémoire multilingue, ainsi que la mise en place
des mécanismes cognitifs permettant de passer d’une langue à une autre. Dans cette
perspective, nous avons réalisé une expérience visant à examiner l’influence mutuelle des
langues et le coût cognitif consécutif à un changement de langue. Nous avons comparé le
traitement de mots spécifiques à différentes langues (ayant un degré de recouvrement
orthographique minimal) en faisant varier les situations de changement et en recueillant des
données comportementales. Les Résultats montrent un ralentissement global du traitement
dû au changement pour les trois langues. Nous avons également observé un coût cognitif
suite à un changement de langue pour les trois langues, mais plus important lorsqu’il s’opère
entre les deux langues les moins maîtrisées (L2 et L3). Les données obtenues confirment
l’hypothèse d’unités lexicales intégrées au sein d’un même lexique dans la mémoire
multilingue.
Introduction
Afin d’étudier les liens qui unissent les langues et la mémoire, de nombreux travaux dans le
domaine de la psychologie cognitive se sont intéressés à la façon dont les individus bilingues
pouvaient acquérir et manipuler deux langues soit de manière indépendante, soit de manière
simultanée. Une spécificité notable des bilingues est l’apparente facilité avec laquelle ils sont
capables de passer d’une langue à une autre. Si les bilingues sont capables de se confronter à
des situations ardues de traitement du langage, on relève dans de nombreux cas que la
connaissance d’une troisième langue suppose des relations plus complexes au sein de la
mémoire, pouvant altérer ou modifier les traitements effectués dans chacune des langues. De
précédentes recherches ont mis en évidence des différences lors du changement de langue
chez des bilingues, et rapporté que le délai de traitement de la cible n’était pas le même en
fonction du sens du changement en situation de décision lexicale généralisée (Grainger &
Beauvillain, 1987 ; Orfanidou & Sumner, 2005 ; Thomas & Allport, 2000 ; von Studnitz &
Green, 1997). Toutes ces recherches vont dans le sens d’un coût du traitement d’un mot
consécutivement à un changement de langue, révélant qu’il semble plus complexe à
opérationnaliser de la langue dominante (L1) vers la langue non-dominante (L2), comparé à
la situation inverse.
Afin de mettre en évidence des effets de changement de langue chez des multilingues
lorsqu’ils sont confrontés à plusieurs langues consécutivement dans un délai bref, nous
avons mis en place une expérience impliquant des tâches de décision lexicale dans des
contextes où la décision porte sur une seule langue, sur deux langues ou sur les trois langues.
Cela nous permet d’introduire différentes situations de changement, en faisant varier l’ordre
des langues dans les listes expérimentales. D’après le BIA (Grainger & Dijkstra, 1992), si les
langues sont intégrées au sein d’un même lexique et que la perception d’un mot d’une
langue peut activer les représentations lexicales des autres langues connues, il en résulte une
compétition d’activation entre les mots candidats des différents lexiques pouvant générer
des interférences et ralentir le traitement, notamment en situation de changement de langue.
Cette récupération peut donc s’avérer plus lente pour les mots relevant de la L2 et de la L3
des participants.
274 Méthode
Dix-huit volontaires (8 garçons, 10 filles), étudiants en Langues Etrangères Appliquées ont
participé à l’expérience. Ils sont de langue maternelle française, ont appris l’anglais en
deuxième langue et l’espagnol en troisième langue. Leur niveau de compétence dans les trois
langues est contrôlé par des tests et questionnaires. Les stimuli utilisés sont des mots
spécifiques à chaque langue et ne sont pas des équivalents de traduction. Dans la première
phase de l’expérience, trois listes « pures » sont présentées aux participants, une en français,
une en anglais, et une en espagnol. Dans une deuxième phase, trois listes « mixtes » ont été
créées, chacune présentant des mots de deux langues simultanément (L1-L2 ; L1-L3 ; L2-L3).
Les listes ont été constituées de manière à avoir autant de répétitions de langue que de
changements de langue. Enfin, les participants réalisaient une tâche de décision lexicale
généralisée avec des mots des trois langues (L1-L2-L3).
Résultats et Discussion
Nous obtenons des effets liés à la maîtrise de la langue, les mots de L1 étant traités plus
rapidement que les mots de L2 et de L3, et ceux de la L2 plus rapidement que ceux de la L3,
indiquant une asymétrie dans le traitement des trois langues. Plus les participants sont
fluents dans une langue, plus ils répondront vite aux items lui appartenant. Cet effet de
dominance persiste dans les différentes tâches impliquant deux ou trois langues. On doit
cependant noter que le traitement de tous les mots a été ralenti dans la liste impliquant trois
langues, la présence de plus de combinaisons de changement de langue augmentant la
difficulté de la tâche. Ceci nécessite la mise en place de mécanismes de contrôle et
d’inhibition plus importants qu’en situation pure. Ces Résultats sont largement compatibles
avec les modèles BIA (van Heuven et al., 1998) et IC (Green, 1998) qui prévoient de telles
fluctuations dans les niveaux d’activation des différentes langues. Un élément intéressant
soulevé par les Résultats concerne la comparaison des temps de réponse pour chaque langue
dans les listes où des mots de deux langues sont présentés comparés aux temps de réponse
dans les listes pures, indiquant que l’introduction d’une langue additionnelle ralentit
significativement l’identification des mots. Ce ralentissement du temps de réponse peut
s’expliquer par le fait d’avoir à traiter plusieurs langues simultanément d’une part, et du fait
que la présence de plusieurs langues provoque de nombreux changements de langue
entraînant un coût du traitement (Grainger et Beauvillain, 1987).
Dans les décisions lexicales généralisées en deux langues, les effets liés au changement de
langue sont systématiquement observés. De plus, le coût du changement de langue est plus
important dans le sens allant de la langue dominante à la langue non dominante. Ceci peut
être dû au chemin pris pour accéder à la représentation (lexical ou conceptuel, Kroll &
Stewart, 1994), ou à un mécanisme de contrôle inhibiteur de l’activation lexicale (Alvarez et
al., 2003 ; van Heuven et al., 1998). Selon le modèle d’inhibition contrôlée de Green (1998), le
coût asymétrique du changement de langue est dû à la mise en place d’un mécanisme
d’inhibition au sein du système. Lors d’un changement de langue de L2 vers L1, le schéma
correspondant à L1 est sélectionné préférentiellement au schéma de la tâche de L2 qui
dominait lors de la réponse précédente. L’inhibition de la L1 étant particulièrement forte
chez les bilingues non équilibrés (Meuter, 2005), le coût inhérent à sa suppression est
considérablement plus important, ce qui permet de rendre compte du coût plus important
observé dans ce sens particulier de changement de langue, et qui se vérifie avec la L3. Enfin,
les résultats obtenus dans la décision L1-L2-L3 mettent en évidence des effets similaires mais
accentués par rapport à ceux obtenus dans les trois décisions lexicales impliquant deux
langues.
275 2) Evaluation de la sensibilité au temps dans un programme de renforcement
différentiel des débits lents chez les enfants en fonction du langage et du
développement cognitif
Gaucher, Mélissa (Université du Québec & Université de Strasbourg), Tucci, Paméla (Université de Strasbourg), Forget, Jacques (Université du Québec), Clément, Céline (Université de Strasbourg). Introduction
Les études évaluant l’ajustement temporel des enfants tout-venant montrent que le niveau de
langage et les comportements collatéraux, comportements qui sont non prescrits par le
programme mais qui apparaissent tout de même (Ex., compter, effectuer une séquence
motrice, réfléchir à haute voix sur la tâche à réaliser), influenceraient l’ajustement aux
contraintes de temps (Pouthas, 1981; Pouthas et Jacquet, 1983). Les enfants d’âge préscolaire
sont capables d’ajuster leurs débits de réponse en fonction des contingences du programme
de renforcement en place (Weisberg et Tragakis, 1967). Toutefois, leurs patrons de réponses
évoluent avec l’âge et l’apparition du langage, mais aucune étude n’a clairement évalué le
lien entre le langage et l’ajustement au temps. Cette étude vise donc à explorer la réponse
d’enfants dans une tâche de régulation temporelle en lien avec le langage, le développement
cognitif et les comportements collatéraux émis.
Méthode
L‘étude est réalisée auprès d’enfants français âgés de 2;6 ans à 7;3 ans (n ³ 8). Une évaluation
du langage réceptif et du développement cognitif est effectuée, respectivement à l’aide du
Peabody-IV et du WPPSI-III. L’ajustement à de courtes durées est mesuré à l’aide de tâches à
l’ordinateur. La réponse à émettre est l’appui sur un écran tactile et le renforcement obtenu
est une séquence de dessin animé choisie par l’enfant d’une durée de 20 secondes.
Les tâches consistent en un programme de renforcement différentiel des débits lents (DRL)
où l’ajustement temporel est requis pour obtenir les séquences de dessin animé. En DRL,
seule la première réponse, l’appui sur un écran tactile, suivant la fin d’un délai fixé par
l’expérimentateur (Ex., 5 secondes), est renforcée par la séquence vidéo; toute réponse émise
avant la fin de ce délai entraîne une remise à zéro du compteur (Ferster et Skinner, 1957).
L’enfant doit donc attendre un certain délai avant d’appuyer sur l’écran pour obtenir le
dessin animé.
L’ajustement au temps est mesuré par la distribution des réponses dans chaque condition et
lors du passage d’une condition à l’autre. La proportion d’intervalles interréponses (IRTs)
renforcés et la moyenne des IRTs et le mode permettent d’évaluer l’ajustement temporel.
Afin de vérifier un éventuel apprentissage, 14 séances expérimentales sont réalisées, 7 en
DRL 5 secondes (DRL5s) et 7 en DRL 20 secondes (DRL20s). Le passage du DRL5s au
DRL20s peut être effectué plus rapidement s’il y a plus de 30% des IRTs qui sont renforcés et
si la moyenne des intervalles interréponses sont égaux ou supérieurs à la valeur du DRL
pour 3 séances consécutives. Le même critère s’applique pour la fin des séances de DRL20s.
Résultats
Les Résultats montrent une variabilité inter-individuelle importante sur le plan de
l’ajustement temporel et des comportements collatéraux émis. Un niveau langagier et
cognitif plus élevé semble lié à un meilleur ajustement temporel. Toutefois, l’âge semble peu
lié à la régulation temporelle et au type de comportements collatéraux émis. L’ajustement
temporel est également plus rapide dans le DRL20s que dans le DRL5s chez les participants
s’ajustant à la contrainte temporelle, ce qui s’explique par un coût plus élevé lorsqu’il n’y a
pas d’ajustement. En effet, une réponse à 4 secondes dans un DRL5s est significativement
moins coûteuse qu’une réponse à 15 secondes dans un DRL20s. Les comportements
276 collatéraux semblent avoir une importante influence sur l’ajustement temporel chez les
enfants et une forte variabilité comportementale est observée entre les participants. Les
comportements moteurs globaux sont ceux qui présentent une plus grande influence sur
l’ajustement temporel par rapport aux comportements moteurs fins et aux comportements
verbaux. Ces comportements sont observés, en fréquence et en durée, tout au long des
séances expérimentales.
Discussion
Cette étude permet de mieux comprendre les mécanismes d’ajustement aux délais d’attente
mis en place par les enfants, tels les comportements collatéraux, ainsi que leur réponse à un
programme de renforcement, soit l’ajustement du comportement en fonction des
conséquences environnementales qu’il entraine. L’étude est toujours en cours afin
d’augmenter la taille de l’échantillon et d’appuyer ces premiers Résultats.
277 3) Le rôle de la révision collaborative dans l'amélioration d'un produit écrit. Cas
d'apprenants algériens de 1ère année secondaire
Souame, Schahrazed (Centre Universitaire d’El‐Tarf). Résumé
La production écrite est considérée comme une activité complexe de résolution de problème
(Vygotsky, 1934-1997 , Fayol 1996), exigeant un nombre important de connaissances diverses.
De ce fait, sa maîtrise nécessite l'apprentissage et la construction de nombreuses
compétences, ainsi que la proposition d'outils et d'activités intermédiaires mettant en œuvre
des fonctions heuristiques et réflexives pour produire un écrit plus élaboré et construire sa
pensée. De nombreuses recherches se sont intéressées aux processus rédactionnels
permettant de mieux comprendre les étapes inhérentes au travail rédactionnel, pouvant
améliorer la qualité des écrits des apprenants. (Hayes et Flower, 1980;Hayes,1995, Bereiter et
scardamalia, 1987). D'autres chercheurs se sont intéressés à l'apprentissage collaboratif, en
tant que démarche permettant également aux scripteurs d'améliorer leurs compétences
rédactionnelles. (Nixon et Topping, 2001, Kumpulainen et Kaartinen, 2003; Sauvé, 2000).
La méthode expérimentale de notre recherche a pour but de montrer ce que peut apporter le
travail collaboratif lors de la réalisation de tâches d'écriture/ révision d'un texte racontant
un fait divers par des apprenants de première année secondaire en utilisant une grille de
révision.
Mots clés : Cognitivisme -Socioconstructivisme- production écrite-Processus rédactionnelsTravail collaboratif
Introduction
Grâce aux avancées des travaux portant sur le(s) relation(s) entre charge mentale, ressources
mémorielles et activités langagières de construction de connaissances (Barré-De Miniac,
2000), la production écrite est considérée en tant qu’activité cognitivement coûteuse, sa
maîtrise nécessite l'apprentissage et la construction de nombreuses compétences langagières,
linguistiques et intellectuelles. De même que son enseignement exige la prise en compte de
différents facteurs liés à l’aspect sociétal, culturel, individuel et didactique de la production
écrite.
Depuis quelques années de nombreuses recherches (Hayes et Flower, 1980; Bereiter et
Scardamalia, 1986-1991) ce sont intéressées aux processus rédactionnels permettant la
réussite de l’acte d’écrire; D’autres recherches ont mis en évidence les effets du travail
collaboratif; elles montrent une influence positive des interactions dans le développement de
la capacité des apprenants à écrire des textes de meilleurs qualité du fait qu’elles permettent
d’acquérir des compétences pour enrichir les moyens que possède déjà le scripteur par une
stratégie nouvelle, plus complexe ( Topping, 2005,Kumpulainen & Kaartinen, 2003).
La question fondamentale de notre recherche est la suivante :
La révision collaborative est elle plus efficace que la révision individuelle ?
Hypothèse:
Nous posons l’hypothèse que la pratique de la révision avec les pairs permet de mieux
détecter les erreurs et d’améliorer le produit écrit.
Méthode
Notre travail de recherche consiste à observer des rédacteurs novices (apprenants de
première année secondaire, âgés entre 14 et 17 ans) dans deux situations différentes :
Situation individuel vs situation collaborative
Matériel expérimental
Deux grilles de révision (Voir annexe 1)
278 Procédure expérimentale
1- Production et révision individuelle d'un texte racontant un fait divers.
2- révision collaborativee d'une copie racontant un fait divers ( en présence de l'apprenant
qui a écrit le 1 er jet).
Résultats
révision individuelle: 33% de remplacements, 51% d'ajouts, 13% de suppressions et 02 % de
déplacements.
révision collaborative: 46% de remplacements, 36% d'ajouts, 16% de suppressions et 2,27%
de déplacements.
Discussion
D'après les résultats obtenus, nous pouvons conclure que les modifications apportées par les
apprenants n’aboutissent pas souvent à un résultat satisfaisant. Ce qui signifie que les
tentatives d’amélioration ne sont pas toujours réussies et que la révision collaborative ne
mène pas nécessairement à une amélioration de la production écrite.
Nos scripteurs, pour qui la langue française est une langue non maternelle, se comportent en
situation groupale de la même manière que les scripteurs natifs observés par Claudine
Fabre(1990) et les scripteurs universitaires observés par Latifa Kadi (2007).
Références
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Presses universitaires du Septentrion. Coll. Savoirs mieux.
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tous
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Fayol, M., (Mars.1996). « Comment étudier l’écriture et son acquisition », Etudes de
linguistique appliquée N=°101.
Hayes,J.R & Flower,L.S.(1980).Identifying the organisation of writing process.In L.W.
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Kadi, L., (juin.2007). « Lire des brouillons : une formidable aventure intellectuelle », In
Tawassoul, N° 18.
Kumpulainen, K., & Kaartinen, S., (2003). The interpersonal dynamics of collaborative
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l'etayage d'enseignants sur les interactions entre jeunes scripteurs et sur leurs
productions écrites.Actes du colloque international: De la france au quebec: l'écriture
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280 4) La supériorité des bilingues aux épreuves de conscience morphologique est-elle
liée à leur meilleure efficience en lecture ?
Reder, Fanny & Demont, Elisabeth (Université de Strasbourg). Résumé
Cette étude s’intéresse à l’impact de l’apprentissage précoce d’une 2e langue dans le cadre
scolaire de l’immersion partielle (site bilingue français-allemand à parité horaire). Les études
s’intéressant aux effets du bilinguisme comparent des enfants bilingues avec des
monolingues de même âge chronologique. Nous avons pour notre part réalisé un
appariement d’enfants bilingues avec des enfants monolingues plus âgés mais de même
niveau de lecture. L’objectif était de déterminer si la supériorité des bilingues fréquemment
observée à des épreuves de conscience linguistique était reliée à l’apprentissage précoce
d’une 2e langue ou à une meilleure efficience en lecture. Les Résultats issus de l’appariement
sur le niveau en lecture sont congruents avec l’hypothèse d’un avantage du bilinguisme sur
le développement métalinguistique.
Introduction
Les études réalisées auprès d’enfants bilingues précoces ont souligné l’existence d’un effet
positif du bilinguisme sur le développement de la conscience linguistique (e.g. Bialystok,
McBride-Chang, & Luk, 2005). Les Résultats d’une de nos récentes études réalisée auprès
d’enfants apprenant une 2e langue dans un contexte d’immersion partielle [1] (apprentissage
de l’allemand dans un site bilingue à parité horaire) mettent en évidence une supériorité des
enfants A2L par rapport aux monolingues de même âge chronologique à des épreuves de
conscience morphologique et de lecture (Reder, Demont, Marec-Breton, & Gombert, soumis).
Nos Résultats semblent ainsi congruents avec l’effet positif de l’apprentissage précoce d’une
2e langue sur le développement des compétences morphologiques, ce qui en retour
faciliterait l’apprentissage de la lecture.
Cependant, du fait de la relation réciproque entre conscience morphologique et
apprentissage de la lecture (Kuo & Anderson, 2006), il pourrait être objecté que la supériorité
des A2L aux épreuves de conscience morphologique soit liée non pas à l’apprentissage
précoce d’une 2e langue mais à leur meilleure efficience en lecture. Tester cette hypothèse
interprétative nous a amené à proposer un autre type d’appariement. En nous inspirant des
appariements réalisés avec les enfants dyslexiques (Schiff, Schwartz-Nahshon, & Nagar,
2010), nous avons apparié des enfants A2L avec des monolingues de même niveau de lecture
mais plus âgés. Si les enfants A2L présentent à des épreuves de conscience linguistique de
meilleures performances que les monolingues plus âgés mais de même niveau en lecture, la
supériorité de leurs performances ne pourra être attribuée ni à une meilleure efficience en
lecture, ni à leur âge. Un tel pattern de Résultats permettrait alors de relier le développement
précoce des compétences métalinguistiques à l’effet positif de l’apprentissage précoce d’une
2e langue. La communication proposée présentera les résultats de l’appariement réalisé.
Méthode
L’appariement sur le niveau de lecture a été réalisé à partir des performances des enfants à
l’épreuve de lecture de mots en une minute (Khomsi, 1999). D’une part, 25 enfants de CP
scolarisés dans un site bilingue à parité horaire (6;7 ans) ont été appariés à 25 enfants
monolingues de CE1 (7;7 ans). Simultanément, 24 enfants de CM1 scolarisés dans un site
bilingue à parité horaire (9;6 ans) ont été appariés à 24 enfants monolingues de CM2 (10;7
ans). L’efficience générale et verbale ainsi que le milieu socio-économique et les pratiques
familiales vis-à-vis de l’écrit ont été contrôlés.
281 Cinq épreuves de conscience linguistique exigeant une activité réflexive soit sur la structure
morpho-dérivationnelle (4 épreuves), soit sur la structure syntaxique (1 épreuve) ont été
présentées aux enfants lors de passations individuelles.
Résultats
Le tableau 1 présente les performances moyennes observées aux différentes épreuves.
Tableau 1 : Performances moyennes (en % et écart-type entre parenthèses) aux différentes
épreuves de conscience linguistique en fonction du groupe
Monolingues
CE1
43,25 (15,7)
p
A2L CM1
ns
45,25 (21,5)
ns
86,98
(11,2)
88,28
(10,5)
67,00
(17,8)
69,67 (22,4)
ns
79,33
(18,8)
74,67 (27,3)
51,25
(25,1)
25,00 (19,7)
A2L CP
Détection
de l'intrus
Production
de mots
dérivés
Explication
de mots
composés
Production
de mots
composés
Correction
syntaxique
39,50
(17,6)
37,25
(26,7)
Monolingues
CM2
69,53 (20,1)
p
82,94 (15,8)
*
82,81
(11,3)
75,00 (11,9)
*
ns
99,31 (2,3)
93,06 (14,0)
ns
*
73,78
(17,1)
71,36 (18,3)
ns
*
Les enfants A2L de CP obtiennent à l’épreuve de correction syntaxique des performances
supérieures à celles des monolingues de CE1. En revanche, il n’est pas observé de différences
significatives entre leurs performances aux autres épreuves. Les enfants A2L scolarisés en
CM1 obtiennent quant à eux des performances supérieures à celles des monolingues de CM2
à trois épreuves de conscience morphologique dérivationnelle. Il n’y a plus de différence
significative entre les deux groupes en ce qui concerne l’épreuve de conscience syntaxique.
Discussion
Les enfants exposés à l’apprentissage précoce d’une 2e langue dans un contexte d’immersion
partielle (site bilingue à parité horaire) témoignent d’une conscience morphologique plus
développée comparativement à des monolingues plus âgés mais de même niveau de lecture.
L’appariement ayant été réalisé sur le niveau de lecture, la supériorité observée en faveur des
A2L ne peut pas être expliquée par une meilleure efficience en lecture. L’apprentissage
précoce d’une 2e langue semble ainsi faciliter la prise de conscience par l’enfant de la
structure formelle du langage. Ce qui en retour leur permettrait d’aborder l’apprentissage de
l’écrit avec plus de facilité. Ce qui serait ainsi susceptible d’expliquer leur meilleure efficience
en lecture lorsqu’ils sont comparés avec des enfants monolingues de même âge
chronologique. L’interprétation fine des résultats amène à prendre en considération les
apprentissages explicites dont ont bénéficié les enfants, ainsi que des caractéristiques
formelles des langues françaises et allemandes en présence.
Références
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learning to read in two writing systems. Journal of Educational Psychology, 97, 580590.
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sixth, and eighth graders. Applied Psycholinguistics, 9, 247–266.
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Interdisciplinary Journal, 12, 303-335.
Kuo, L., & Anderson, R. C. (2006). Morphological awareness and learning to read: A crosslanguage perspective. Educational Psychologist, 41, 161-180.
Reder, F., Demont, E., Marec-Breton, N., & Gombert, J.E. (soumis). Second-LanguageLearners’ Advantage In Metalinguistic Awareness: A Question Of Languages’
Characteristics.
Schiff, R., Schwartz-Nahshon, S., & Nagar, R. (2010). Effect of phonological and
morphological awareness on reading comprehension in Hebrew-speaking
adolescents with reading disabilities. Ann. Of Dyslexia, DOI 10.1007/s11881-0100046-5
[1] - Désignés dorénavant A2L pour apprenants précoces d’une 2e langue
283 5) L’apprentissage de la lecture en français langue seconde : le rôle des compétences
morphologiques en langue première
Besse, Anne­sophie (Université de Strasbourg). Introduction
Dans le domaine de l’apprentissage de la lecture en langue seconde, la notion de transfert
interlangue permet de modéliser les relations qu’entretiennent les deux langues dans l’esprit
des apprenants et de préciser l’influence des expériences de l’écrit en langue première (L1),
notamment des compétences métalinguistiques (e.g. Cummins, 1991 ; Kahn-Horwitz,
Shimron et Sparks, 2005, 2006).
A l’instar des recherches sur le transfert des compétences phonologiques (e.g. Comeau,
Cormier, Grandmaison, & Lacroix, 1999 ; Durgunoğlu, 1998, Geva & Siegel, 2000 ; Kim, 2009)
il est important d’approfondir la question de l’existence d’un transfert des compétences
morphologiques et des facteurs l’influençant, en multipliant les recherches menées dans une
diversité de langues. En effet, les quelques recherches s’y étant intéressées obtiennent des
Résultats parfois contradictoires (Bindman, 2004 ; Deacon, Wade-Woolley, & Kirby, 2007 ;
Kahn-Horwitz et al., 2005 ; Ramirez, Chen, Geva, & Kiefer, 2009 ; Saiegh-Haddad et Geva,
2008 ; Schiff & Calif, 2007 ; Wang, Cheng et Chen, 2006), en particulier lorsque les systèmes
écrits des langues sont éloignés. La mise en relation d’une langue sémitique telle que l’arabe
L1 et d’une indo-européenne telle que le français L2 comporte l’avantage de confronter deux
systèmes morphologiques très différents : une morphologie non linéaire, correspondant à
l’intrication d’un schème à une racine(e.g. la racine KTB signifiant ce qui se rapporte à l’écrit
se transforme en KATABA (il a écrit) après l’application du schème -A-A-A) et une
morphologie linéaire par affixation
Cette étude s’intéresse ainsi transfert des compétences morphologiques de l’arabe L1 vers le
français L2 et au rôle des compétences morphologiques lors de l’apprentissage de la lecture
en L2 par des élèves de primaire apprenant le français L2 et ayant débuté l’apprentissage de
l’écrit en arabe standard.
Méthode
Participants
104 élèves scolarisés en 3e, 4e et 5e année de l’enseignement de base en Tunisie ont participés
à cette étude. Dans les établissements publics fréquentés par ces élèves, l’enseignement de
l’écrit en arabe standard L1 débute en 1ère année et celui du français L2 en 3e année. Ainsi,
l’échantillon des élèves de 3e année (N = 27, âge moyen = 8;10 ans, écart-type = 3,38 mois)
sont en 1e année de français, celui des élèves de 4e année (N = 33, âge moyen = 9;9 ans, écarttype = 3,06 mois) sont en 2e année de français et celui des élèves de 5e année (N = 44, âge
moyen = 10;10 ans, écart-type = 3,06 mois) sont en 3e année de français L2.
Matériel
Leur compétences morphologiques, en L1 et L2, sont évaluées par des tâches de détection
d’intrus (e.g quel mot n’est pas construit comme cendrier, boîtier ou cahier ?) et leur niveau
en lecture, en L1 et L2, par des épreuves de lecture de mots à voix haute chronométrées (test
« lecture de mots en une minute » de Khomsi, 1999 et adaptation). Un test de vocabulaire en
français (Deltour & Hupkens, 1980) a également été administré.
Résultats
Pour parvenir à nos objectifs, plusieurs analyses statistiques ont été menées sur les Résultats,
principalement des analyses de corrélation et des analyses de régression hiérarchique pour
chaque niveau d’apprentissage et pour ces dernières, avec comme variables dépendantes, les
performances en conscience morphologique et les scores en lecture de mots en français L2. Il
en ressort qu’en 1ère année, les compétences morphologiques ne sont pas corrélées entre les
284 deux langues et les compétences en lecture de mots en français sont fortement et
exclusivement expliquées par les compétences en lecture en arabe L1 (50 % de variance
expliquée). En 2ème année, les compétences morphologiques en arabe L1 expliquent une
part significative de la variance de ces mêmes compétences en français L2 mais aussi les
compétences en lecture de mots en français (respectivement 12 et 6 % p < .05), après avoir
contrôlé l’effet de variables telles que l’âge, le vocabulaire ou les compétences en lecture[1].
En 3ème année, le pouvoir prédicteur des compétences morphologiques en arabe L1 sur
leurs homologues mesurées en français L2 n’est pas significatif (moins de 3 % de variance
expliquée). Cependant, ces compétences contribuent à expliquer une part significative de la
variance en lecture en français L2 (5 %, p < .05), même après avoir contrôlé l’effet du
vocabulaire, des compétences en lecture en arabe L1 et les compétences morphologiques en
L2.
Discussion
Ces résultats confirment la possibilité de transférer les compétences développées en L1 lors
de l’apprentissage de la lecture en L2, même entre des langues aussi éloignées que l’arabe et
le français et dont la structure morphologique est très différente. Cependant, la contribution
de la conscience morphologique en L1 sur le développement de la conscience morphologique
et des compétences en lecture en français L2 n’apparaît en effet qu’en 2ème année
d’apprentissage du français. Ceci suggère que le transfert des compétences morphologiques
en arabe L1 pourrait apparaître à un moment précis de l’apprentissage, une fois atteint un
niveau minimal en français langue seconde. Cette étude apporte ainsi des éléments de
discussion sur les hypothèses, posées par certains auteurs sur la transparence
morphologique des langues et les processus centraux à l’origine du transfert.
[1] Compte tenu de la présentation écrite des épreuves morphologiques, il a semblé
nécessaire de contrôler l’effet des compétences en lecture en FL2 lors des analyses portant
sur les compétences morphologiques en français. De même, l’effet du niveau de lecture en
arabe L1 a été contrôlé dans les analyse portant sur la lecture de mots en français L2 du fait
des fortes corrélations observées entre la lecture dans les deux langues, corrélations
concordantes avec les données de la littérature (Abu-Rabia & Siegel, 2003 ; Geva & Siegel,
2000 ; Geva & Wade-Woolley, 1998 ; Geva et al., 1997 ; Kahn-Horwitz, et al., 2005 etc.)
285 III)
Psychologie cognitive : Production, dénomination des mots
Titres des communications et Intervenants
Le traitement visuel simultané est-il un facteur cognitif impliqué dans l’apprentissage de
l’orthographe lexicale chez l’adulte ?
Chaves, Nathalie (Université Toulouse 2), Bosse, Marie-Line (UniversitéPierreMendèsFrance), Largy,
Pierre (UniversitéToulouse 2).
Etude de l’effet du feedback visuel sur la production écrite de lettres chez les enfants de 5
ans
Labat*, Hélène, Ecalle*, Jean, Jolly**, Caroline, Gentaz**, Edouard, Magnan*, Annie (*UniversitéLyon
2, **Université Pierre Mendès France).
Identification de mots et vision parafovéale chez le lecteur apprenti
Khelifi, Rachid, Sparrow, Laurent &Casalis, Severine (Ureca-Lille 3).
Etude de l’effet d’une double tâche sur la production orthographique de sms
Combes, Céline, Volckaert-legrier, Olga &Largy, Pierre (UniversitéToulouse 2).
Pourquoi les latences de dénomination écrite d'images (ne) sont-elles (pas) plus longues
que celles de dénomination orale?
Perret, Cyril (UTRPP), Laganaro, Marina (FapseUniversité de Genève)
286 1) Le traitement visuel simultané est-il un facteur cognitif impliqué dans
l’apprentissage de l’orthographe lexicale chez l’adulte ?
Chaves, Nathalie (Université Toulouse­2), Bosse, Marie­Line (Université Pierre Mendès France), Largy, Pierre (Université Toulouse 2). Résumé
Par son hypothèse sur l’auto-apprentissage Share (1995) insiste sur le rôle fondamental du
décodage pour l’acquisition de l’orthographe lexicale : une procédure analytique efficace
permettrait à l’enfant de mémoriser l’orthographe des mots lus. Cependant certaines
observations comportementales laissent penser que d’autres processus cognitifs sont en jeu
dans cette acquisition. Des recherches récentes ont suggéré que le traitement visuel effectué
sur les mots pouvait avoir une influence sur la lecture et l’orthographe des enfants
dyslexiques ou normo-lecteurs. Cependant, nous apprenons l’orthographe de mots
nouveaux tout au long de notre vie. C’est pour quoi il nous a semblé intéressant de conduire
une étude auprès d’une population adulte. L’objectif est identique et vise à tester l’hypothèse
d’un lien causal entre traitement visuo-attentionnel simultané, traitement visuel de toutes les
lettres du mot en même temps, et l’acquisition des connaissances orthographiques lexicales.
Un paradigme d’auto-apprentissage de pseudo-mots est utilisé, pendant lequel on manipule
la possibilité pour les participants de traiter toutes les lettres des mots simultanément. Les
Résultats suggèrent que la prise d’information simultanée de toutes les lettres d’un mot
pendant sa lecture, favorise la mémorisation de son orthographe.
Introduction
L’apprentissage de l’orthographe lexicale nécessite la mobilisation de plusieurs types de
connaissances ; des connaissances phono-graphémiques nécessaires au décodage de tout
nouveau mot, mais également des connaissances lexicales stockées en mémoire à long terme.
Il semble exister un consensus dans la littérature scientifique pour dire que le décodage, soit
une condition sine qua non pour acquérir les connaissances orthographiques lexicales. Par
son hypothèse sur l’auto-apprentissage, Share révèle que lorsque le décodage des mots est
correct alors la mémorisation de sa forme orthographique est possible. Dans ce cas, tout bon
lecteur serait bon scripteur. Or ce n’est pas le cas, dans leur étude Fayol et al. 2009, révèlent
plusieurs profils, dont celui de faibles lecteurs, forts orthographieurs. Nation et al. 2007,
soumettent l’existence d’un autre facteur cognitif impliqué dans cet apprentissage. Snowling
et al. 1994 ont avancé l’hypothèse d’un facteur visuel. En réfèrence au modèle connexionniste
MTM (Ans, Carbonnel, & Valdois, 1998), on peut effectivement penser qu’un traitement
visuel simultané soit impliqué. La particularité de ce modèle est l’existence d’une fenêtre de
taille variable sur une de ses couches orthographiques. Or, selon son fonctionnement, pour
qu’une trace orthographique soit créée en mémoire, il est nécessaire que deux informations
soient fournies simultanément ; une information orthographique, la fenêtre doit donc porter
sur l’ensemble des lettres, et une information phonologique du mot. Notre paradigme
expérimental repose sur l’hypothèse d’auto-apprentissage et sur la nécessité d’une ouverture
maximale de la fenêtre visuo- attentionnelle.
Méthode
34 sujets adultes ont été sélectionnés pour participer à notre étude.
Procédure : Nous avons construit 14 PM avec 2 graphèmes complexes chacun. Pendant la
phase d’apprentissage, les sujets lisent les items présentés deux fois, en temps limité
(200ms), de manière isolée et aléatoire, sur un écran d’ordinateur. La moitié d’entre eux sont
vus en condition TVSi, toutes les lettres de l’item apparaissent en même temps. L’autre
moitié est présentée en condition TVSé, dès la disparition de la première syllabe (S1), la
seconde (S2) apparaît. Pour ne pas imputer nos Résultats à la saccade oculaire rendue
287 obligatoire dans la deuxième condition de lecture, nous avons également manipulé la
possibilité d’effectuer cette saccade. En effet, pour la moitié des sujets, en condition TVSé,
lorsque S1 apparaît à l’écran, des traits « soulignés » remplacent S2. Puis, lorsque la
deuxième syllabe apparaît, un masque de dièses remplace S1, condition avec saccade. Pour
l’autre moitié des sujets, les syllabes apparaissent l’une après l’autre, centrées à l’écran,
condition sans saccade. Le temps de réaction à la lecture est mesuré avec une clé vocale et
l’expérimentateur note toute erreur de lecture. Nous contrôlons l’apprentissage de
l’orthographe lexicale, après un délai de 1 jour, avec une tâche de choix forcé. Les sujets
choisissent entre le PM cible et un homophone celui qu’ils ont lu la veille, le plus rapidement
possible, leur temps de réaction est également enregistré. Les scores obtenus sont le nombre
de PM bien reconnus et le temps de réaction mis pour effectuer ce choix. La seconde tâche
consiste à produire l’orthographe des 14 PM lus, dictés par l’expérimentateur. Le score
obtenu est le nombre de PM correctement écrits.
Résultats
Nous avons effectué une Anova 2x2 pour analyser nos Résultats, avec comme variable
indépendante la condition de présentation (TVSi versus TVSé), variable intrasujet, et la
variable saccade oculaire (possible versus impossible), variable intersujet. Les différents
Résultats non significatifs pour le score des erreurs de lecture révèlent que, dans chacune des
conditions de présentation les PM sont bien décodés. Nous n’obtenons pas d’effet significatif
pour les scores de la tâche de choix forcé. Par contre, si les effets principaux sur les temps de
réaction ne sont pas non plus significatifs, l’effet d’interaction est significatif, F(1,32)=6,35,
p<.05. La comparaison planifiée effectuée révèle que l’effet est significatif pour la condition
TVSi, F(1,32)=4,4, p<.05. Le seul effet significatif obtenu pour le score en dictée est relatif à la
variable condition de présentation. Les sujets produisent une orthographe correcte des PM
lus lorsqu’ils ont pu effectuer un TVSi, F(1,32)=8,33, p<.01.
Discussion
Les résultats indiquent que les participants apprennent mieux l’orthographe lexicale des
mots lorsqu’ils ont pu effectuer un traitement visuel simultané de toutes les lettres du mot.
Les items sont effectivement mieux écrits dans la tâche de dictée, exercice pourtant difficile.
Pendant la phase d’auto-apprentissage nous nous sommes assurés que les items étaient bien
lus dans toutes les conditions de présentation, ainsi nous ne pouvons imputer cette
différence d’apprentissage à une différence de qualité du décodage. La différence obtenue
dans les temps de réaction lors de la tâche de reconnaissance ne peut être imputée à nos
conditions expérimentales. Le fait que la différence observée porte sur les temps de réaction
mis pour reconnaître les PM lorsqu’ils ont été lus en TVSi, semble indiquer une différence
entre les sujets. En effet, l’interaction ne porte pas sur la condition TVSé, seule condition où
la variable saccade est manipulée. Il semblerait donc que, dans cette étude, le fait d’effectuer
ou pas une saccade oculaire n’interfère pas dans l’acquisition de l’orthographe lexicale. Nos
Résultats corroborent ceux obtenus par des études conduites auprès d’enfants (Chaves,
Bosse, & Largy, 2010) ; si le facteur phonologique est certes nécessaire pour l’apprentissage
de l’orthographe lexicale comme le souligne Share, il semblerait que, conformément à ce
qu’avançait Snowling, le traitement visuel soit un facteur cognitif impliqué dans la
mémorisation de la forme écrite des mots. Plus précisément, l’acquisition des connaissances
orthographiques lexicales dans une situation d’auto-apprentissage, semble être également
dépendante du traitement visuel simultané.
Références
Ans, B., Carbonnel, S., & Valdois, S. (1998). A connectionist multi-trace memory model of
polysyllabic word reading. Psychological Review, 105, 678-723.
288 Share, D. L. (1995). Phonological recoding and self-teaching: Sine qua non of reading
acquisition. Cognition, 55, 151-218.
289 2) Etude de l’effet du feedback visuel sur la production écrite de lettres chez les
enfants de 5 ans
Labat*, Hélène, Ecalle*, Jean, Jolly**, Caroline, Gentaz**, Edouard, Magnan*, Annie (*UniversitéLyon 2, **Université Pierre Mendès France). Résumé
Labat et al. (in press) ont mis en évidence une acquisition plus rapide du principe
alphabétique suite à un apprentissage à la connaissance des lettres comportant une
exploration graphomotrice de lettres comparé à un apprentissage contenant une exploration
haptique. L’objectif de cette étude est de déterminer l’origine du bénéfice supplémentaire
obtenu par l’exploration graphomotrice auprès d’enfants de 5 ans en comparant un
entrainement visuo-moteur (l’enfant écrit et adapte son tracé en fonction du feedback visuel)
et un entrainement uniquement moteur (l’enfant suit le contour de la lettre mais aucun trait
n’est produit par le stylo). Un protocole classique pré-test/entraînement/post-test est utilisé.
Si le feedback visuel ne constitue pas un atout supplémentaire pour améliorer la
reconnaissance des lettres et l’écriture de pseudo-mots, en revanche l’amélioration de la
fluence et de la vélocité de la production écrite suggère que le feedback visuel faciliterait le
développement du mode de contrôle rétroactif des mouvements.
Introduction
Castles et Coltheart (2004) suggèrent une relation causale entre le niveau de connaissance des
lettres et l’acquisition de la lecture. Deux arguments étayent ce constat. D’une part, les études
corrélationnelles indiquent que la connaissance des lettres est l’un des prédicteurs les plus
puissants de la réussite ultérieure en lecture. D’autre part, les entraînements phonologique et
audio-visuel à la connaissance des lettres facilitent l’accès au principe alphabétique. De plus,
l’ajout d’une exploration haptique des lettres amplifie l’effet positif de ces entraînements sur
l’acquisition du principe alphabétique (e.g., Bara et al., 2004). Néanmoins, le bénéfice d’une
exploration haptique est inférieur à celui d’une exploration graphomotrice sur l’acquisition
de l’écriture (Labat et al., in press).
L’objectif de cette étude est de déterminer l’origine du bénéfice supplémentaire de
l’exploration graphomotrice avec des enfants de 5 ans. Bien que les explorations haptique et
graphomotrice facilitent l’extraction des mêmes types d’informations, visuelles et
kinesthésiques, la différence entre les deux explorations s’expliquerait par l’ajout d’un
feedback visuel pendant l’exploration grapho-motrice. L’hypothèse générale avancée est que
le feedback visuel contribuerait au développement des représentations procédurales,
nécessaires pour produire le graphème correct associé au phonème.
Méthode
Vingt enfants tout-venant de 5 ans ont participé à l’étude. Un paradigme classique prétest/entraînement/post-test est utilisé. Les enfants sont évalués avant et après les
entraînements en reconnaissance et en copie de lettres cursives, et en écriture de pseudomots. Les enfants sont répartis dans deux groupes d’entraînement appariés sur les scores aux
pré-tests, l’âge, l’intelligence non verbale et le genre: l’entraînement grapho-moteur avec
feedback visuel (Fv) ou l’entraînement grapho-moteur sans feedback visuel (ØFv). Les
entraînements comportaient des exercices phonologiques et à la connaissance des lettres.
L’instruction à la connaissance des lettres différait sur le nombre de modalités sensorielles
sollicitées. L’entraînement Fv sollicitait les modalités audio-visuelle et kinesthésique tandis
que l’entraînement ØFv sollicitait uniquement les modalités auditive et kinesthésique.
Concrètement, les enfants surlignaient des consonnes avec un crayon. Le tracé pouvait être
soit visible (groupe Fv), soit invisible (groupe ØFv). Le gain de performances entre le pré- et
le post-test est évalué pour chaque tâche en fonction du type d’entraînement. Le nombre de
290 réponses correctes est mesuré dans les tâches de reconnaissance de lettres et d’écriture de
pseudo-mots. Dans la tâche de copie de lettres, la pression, la vitesse et le nombre d’erreurs
violant les règles syntaxiques de la grammaire de l’action du geste graphique sont mesurées
à l’aide d’une tablette graphique et analysées avec les logiciels Scribble (Jolly et al., 2010) et
Ductus (Guinet, & Kandel, 2010).
Résultats
Pour chaque tâche, une analyse de variance est réalisée sur le facteur intra-sujet période (prétest et post-test) et sur le facteur inter-sujet type d’entraînement graphomoteur (avec ou sans
feedback visuel). En reconnaissance de lettres, F (1,18)=64.98, p=.0001, η2=.78, et en écriture
de pseudo-mots, F (1,18)=43.012, p=.0001, η2=.7, une amélioration des performances sur le
nombre de bonnes réponses est mis en évidence, sans différence dans l’efficience des deux
groupes d’entraînement. En copie de lettres, l’interaction tendancielle période*entraînement
sur la vitesse totale, F (1,18)=3.72, p=.06, η2=.17, indiquaient des scores supérieurs au posttest pour le groupe ØFv (p=.07). De même, l’interaction tendancielle période*entraînement
sur la vitesse sans pause, F (1,18)=3.85, p=.06, η2=.18, montrait des performances plus
importantes au post-test pour le groupe ØFv (p=.07). De plus, l’interaction
période*entraînement sur la pression moyenne, F (1,18)=4.6, p=.04, η2=.2, révélait une
augmentation tendanciellement significative pour le groupe Fv (p=.08) comparée au groupe
ØFv. Enfin, la diminution du nombre d’erreurs violant les règles syntaxiques de la
grammaire de l’action dépendait de l’entraînement suivi, F (1,18)=15.25, p=.001, η2=.46. Elle
était plus importante pour le groupe Fv (p=.0001).
Discussion
Les entraînements phonologique et multi-sensoriel à la connaissance des lettres favorisent le
développement du principe alphabétique. Si le feedback visuel ne constitue pas un atout
supplémentaire pour développer la reconnaissance des lettres et l’écriture de pseudo-mots,
en revanche certaines données indiquent qu’il améliore la fluence et la vélocité de la
production écrite. L’ajout du feedback visuel à un entraînement kinesthésique favoriserait le
développement du contrôle rétroactif des mouvements où les feedbacks visuels et
kinesthésiques permettraient de modifier la production des tracés. L’acquisition du contrôle
récursif perceptivo-moteur serait une étape nécessaire pour développer ultérieurement des
programmes moteurs spécifiques aux différents allographes.
Références
Bara, F., Gentaz, E., Colé, P., & Sprenger-Charolles, L. (2004). The visuo-haptic and haptic
exploration of letters increases the kindergarten-children’s understanding of the
alphabetic principle. Cognitive Development, 19, 433-449.
Castles, A., & Coltheart, M., (2004). Is there a causal link from phonological awareness to
success in learning to read? Cognition, 91, 77–111.
Guinet, E. & Kandel, S. (2010). Ductus: A software package for the study of handwriting
production. Behavior Research Methods, 42, 326-332.
Jolly, C., Huron, C., Albaret, J-M., & Gentaz, E. (2010). Analyse comparative des tracés de
lettres cursives d’une enfant atteinte d’un trouble d’acquisition de la coordination et
scolarisée en CP avec ceux d’enfants ordinaires de GSM et de CP. Psychologie
Française, 55, 145-170.
Labat, H., Magnan, A. & Ecalle, J., (in press). Effet d’une exploration "multisensorielle
séquentielle orientée" sur le développement de la compréhension du principe
alphabétique chez les enfants de 5 ans faibles connaisseurs de lettres. L’Année
Psychologique.
291 3) Identification de mots et vision parafovéale chez le lecteur apprenti
Khelifi, Rachid, Sparrow, Laurent & Casalis, Severine (Ureca­Lille 3). Résumé
En situation de lecture naturelle, certains mots ne sont pas analysés en vision centrale. Ces
mots, qui se situent à droite de ceux fixés par le lecteur, font pourtant l’objet d’un traitement
qui aboutit à leur reconnaissance. Ils sont donc identifiés en vision parafovéale. Si cet aspect
de la reconnaissance des mots a largement était étudié chez le lecteur expert, peu de
recherches lui ont été consacrées chez l’apprenti lecteur. Pour autant, les processus de
traitement mis en jeu chez ces deux catégories de lecteurs pourraient ne pas être
nécessairement identiques. Dans cette étude, une tâche de décision lexicale est proposée à
des CE2 et CM2 ainsi qu’à des adultes pour évaluer leur capacité à identifier de l’information
à partir de la région parafovéale. Les Résultats montrent que les adultes et les lecteurs de
CM2 identifiaient mieux cette information à droite qu’à gauche du point de fixation. Cette
différence ne s’observait pas chez les lecteurs de CE2. Alors que des processus d’activation et
d’inhibition lexicales étaient mis en évidence chez l’adulte, seul un processus d’activation
lexicale était observé chez l’apprenti lecteur.
Introduction
Lorsque nous lisons, nous identifions le mot que nous fixons mais également tout ou partie
du mot situé immédiatement à droite. Ce résultat suggère que le lecteur déploie son
attention dans la région fovéale mais également dans la région latérale à droite du point de
fixation. Les recherches utilisant les mouvements oculaires ont montré qu’au cours d’une
seule fixation, les lecteurs experts identifiaient une plus grande quantité d’information que
les lecteurs apprentis (Häikiö & al., 2009; Rayner, 1986). La zone à partir de laquelle cette
information est traitée, appelée aussi empan perceptif, présente une asymétrie: elle s’étend
davantage à droite qu’à gauche du point de fixation. Cette asymétrie est plus prononcée chez
le lecteur expert que chez l’apprenti lecteur. Elle se développerait au fur et à mesure de
l’apprentissage de la lecture (Rayner, 1986) et serait en partie déterminée par le sens de
lecture de la langue, sens du déploiement de l’attention vers l’information nouvelle.
Si la nature des traitements opérés sur l’information parafovéale est aujourd’hui mieux
comprise chez le lecteur expert (Rayner, 1998), elle reste encore assez obscure chez le lecteur
débutant. Par exemple, nous ne savons pas si les processus qui interviennent dans le
traitement de l’information parafovéale, qui favorisent ou permettent l’accès lexical sont ou
non identiques chez le lecteur expert et l’apprenti lecteur.
Notre recherche a donc pour objectif d’étudier l’identification de l’information en région
parafovéale chez ces deux catégories de lecteurs avec une tâche de décision lexicale couplée à
un amorçage parafovéal.
Si l’asymétrie de l’empan perceptif est plus importante chez le lecteur expert que chez
l’apprenti lecteur, l’information chez ce premier devrait être mieux identifiée à droite qu’à
gauche du point de fixation. En revanche, cette différence ne devrait pas s’observer chez
l’apprenti lecteur. Si le traitement de l’information parafovéale met en œuvre des processus
d’accès lexical différents selon le niveau de lecture, il devrait être possible d’observer des
différences selon que cette information soit compatible, partiellement compatible ou
incompatible avec l’information présentée ultérieurement en vision fovéale.
Méthode
292 30 CE2, 28 CM2 et 20 adultes ont participé à l’expérience. Le matériel était composé de 180
mots de cinq lettres de haute fréquence issus, de la base Manulex-Infra (Peereman & al.,
2007). Ils étaient répartis en 60 mots cibles et 60 mots amorces pour constituer trois
différentes listes d’items. 180 pseudomots répartis identiquement étaient constitués à partir
des 180 mots précédents. Les cibles et les amorces étaient identiques, reliées (leurs trois
premières lettres sont identiques) ou différentes (leurs quatre premières lettres sont
différentes). Les amorces apparaissaient en région parafovéale et les cibles en région fovéale.
La moitié des amorces était présentée en champ visuel gauche, l’autre moitié en champ
visuel droit. À chaque essai, une croix de fixation centrale était affichée pendant 800 ms,
suivie de la présentation de l’amorce durant 150 ms, puis de la présentation de la cible
jusqu’à émission de la réponse. La position du regard était contrôlée par enregistrement à
l’aide de l’ASL Eye Track 6000. Les essais où des fixations sur les amorces étaient observées
n’étaient pas pris en compte dans l’analyse des données et représentaient respectivement
chez les adultes, les CM2 et les CE2 en moyenne 6,75%, 7,82% et 5,96% des 60 mots cibles.
Résultats
Une ANOVA a été réalisée sur les temps de réaction des réponses correctes avec le facteur
Groupe (CE2, CM2, Adultes) comme variable inter-sujets, et les facteurs Champ visuel
(gauche ou CVG, droit ou CVD) et Relation de l’amorce (Identique, Reliée, Non Reliée)
comme variable intra-sujets. L’interaction entre les facteurs Groupe, Champ visuel et
Relation étant significative (p < .05), une ANOVA était effectuée séparément pour chaque
groupe de participants. L’interaction entre les facteurs Relation et Champ visuel était
significative chez les adultes et chez les lecteurs de CM2, mais pas chez les lecteurs de CE2.
Chez les adultes et les lecteurs de CM2, l’identification des cibles avec les amorces en CVD
était plus rapide lorsque celles-ci étaient identiques plutôt que différentes (reliées et non
reliées). Par contre, alors que les amorces reliées entraînaient un effet facilitateur chez les
CM2, elles produisaient un effet inhibiteur chez les adultes. Aucune différence n’était
observée dans le CVG pour ces deux groupes de lecteurs en fonction de la nature de
l’amorce.
Chez les lecteurs de CE2, indépendamment du champ visuel de présentation, les amorces
facilitaient l’identification des cibles lorsqu’elles étaient identiques plutôt que différentes
(reliées et non reliées). Par contre, aucune différence n’était observée entre l’effet des amorces
reliées et celui des amorces non reliées.
Discussion
En conclusion, l’asymétrie de l’empan perceptif s’observe dans notre étude dès le CM2,
niveau à partir duquel l’attention est probablement orientée plus systématiquement à droite
du point de fixation au cours de la lecture. Les processus mis en jeu dans l’accès lexical ne
semblent pas identiques selon le niveau de lecture. L’information partielle en région
parafovéale influence l’identification ultérieure des mots en vision fovéale chez les CM2 et
les adultes. Elle n’a par contre aucun effet chez les CE2. L’identification de mots à partir
d’information parafovéale semble impliquer chez le lecteur expert à la fois un processus
d’activation et un processus d’inhibition lexicale, pouvant se dominer mutuellement. Chez
les apprentis lecteurs, le processus d’inhibition ne semble pas suffisamment développé pour
contrer le processus d’activation.
Références
Häikiö, T., Bertram, R., Hyönä, J., & Niemi, P. (2009). Development of the letter identity span
in reading: Evidence from the eye movement moving window paradigm. Journal of
Experimental Child Psychology, 102, 167-181.
293 Peereman, R., Lété, B., & Sprenger-Charolles, L. (2007). Manulex-Infra: Distributional
characteristics of grapheme-phoneme mappings, infra-lexical and lexical units in
child-directed written material. Behavior Research Methods, 39, 579-589.
Rayner, K. (1998). Eye movements in reading and information processing: Twenty years of
research. Psychological Bulletin, 124, 372-422.
Rayner, K. (1986). Eye movements and the perceptual span in beginning and skilled readers.
Journal of Experimental Child Psychology, 41, 211-236.
294 4) Etude de l’effet d’une double tâche sur la production orthographique de sms
Combes, Céline, Volckaert­legrier, Olga & Largy, Pierre (Université Toulouse 2). Introduction
L’apprentissage du langage écrit est une activité longue et laborieuse. Bien que complexe,
cette étape est primordiale dans le développement de l’enfant. Les recherches sur la lecture
sont plus nombreuses que les recherches sur la production écrite et l’orthographe. Malgré
cela, plusieurs travaux se sont attachés à comprendre « quand » et « comment » se met en
place le lexique orthographique de l’enfant, cherchant à modéliser les processus mis à
l’œuvre dans cette acquisition (Largy, Cousin, Bryant, & Fayol, 2007).
De nombreuses recherches se sont attachées à expliciter les relations entre l’activité de
production écrite et la mémoire (Alamargot, Lambert, & Chanquoy, 2005). Le modèle
princeps Hayes et Flower (1980) propose une description de l’activité de rédaction de textes
en relation avec l’environnement de la tâche et le système cognitif du rédacteur. Dans ce
modèle, Hayes et Flower (1980) se sont attachés à analyser la nature des opérations mentales
accomplies par le scripteur. D’autres recherches (Hatfield & Patterson, 1995) ont montré la
relation entre production écrite et mémoire à long terme (MLT) et/ou mémoire de travail
(MDT). Ces recherches ont montré que la MLT est le lieu de stockage et de récupération des
connaissances. Les connaissances orthographiques sont plus spécifiquement stockées dans le
lexique orthographique.
La production du langage écrit fait intervenir différents niveaux de traitement, niveaux qui
dépendent à la fois des caractéristiques du rédacteur (âge, degré d’expertise, niveau
scolaire…) mais également des contraintes relatives à la tâche (type de texte à produire,
destinataire…). La complexité de cette activité de production écrite demande une gestion
précise des processus mis en jeu afin d’éviter une surcharge cognitive (Anderson, 1995).
Une pratique régulière de l’écrit permet d’automatiser le fonctionnement de processus
orthographiques et allège le coût cognitif lié à cette activité (Bourdin & Fayol, 1994). Certains
processus orthographiques s’automatisent au fur et à mesure que le scripteur acquiert de
l’expertise, ce qui lui permet d’écrire en mobilisant de moins en moins de ressources
cognitives nécessaires à la gestion orthographique. D’autres processus orthographiques, en
revanche, sont plus difficilement automatisables. C’est le cas par exemple, des accords
grammaticaux complexes dont la mise en œuvre demeure longtemps cognitivement
coûteuse.
L’avènement des nouveaux outils de communication et notamment le SMS, implique
l’utilisation de nouveaux supports de communication et la survenue de graphies nouvelles,
non conventionnelles, spécifiques à cette écriture (Anis, 2001; Panckhurst, 2009). Cette
nouvelle orthographe offre aux chercheurs une occasion supplémentaire de tester des
hypothèses sur la nature des processus de production orthographique et sur leur
automatisation.
Ainsi, nous cherchons à étudier le nombre et la nature des modifications qui surviennent
dans la production orthographique de SMS en présence d’une tâche ajoutée. Nous cherchons
à observer la différence entre novices et experts en raison d’un degré d’automatisation
différent de l’eSMS, différence observable en tâche simple et en double tâche. Nous étudions
également la nature de cette double différence de production en tâche simple et en tâche
ajoutée. Il s’agit dans cette expérience de proposer à des élèves de 6ème de collège,
possédant un téléphone portable d’écrire des messages sur leur téléphone portable comme
s’ils envoyaient un SMS.
Méthode
295 Les participants sont sélectionnés en fonction de leurs habitudes d’utilisation des SMS
connues grâce aux réponses à un questionnaire et en fonction de leur niveau en orthographe
calculé à partir du Test de Niveau d’Orthographe (TNO).
Nous avons produit 32 messages que les collégiens doivent écrire sur téléphone portable.
Chaque message a été construit avec une formule d’ouverture, un item cible, un pronom, un
verbe, un nom et une formule de clôture (e.g.: Coucou. Pourquoi tu m’envoies ce message ?
Bisous.).
Certains messages comprennent également un contexte entre le nom et la formule de clôture.
Nous avons associé quatre items cibles à chaque formule d’ouverture et de clôture. Nous
avons contrôlé les pronoms personnels présents dans les items en ne gardant que le « je » et
le « tu » puisque dans les SMS nous sommes dans une situation de communication. Nous
avons également contrôlé le temps verbal, le groupe verbal et la fréquence de chaque verbe à
l’aide de la base de données « Lexique » (New, Pallier, Ferrand, & Matos, 2001). La moitié
des verbes présente une fréquence élevée (supérieure à 10 par million) et l’autre moitié des
verbes présente une fréquence faible (inférieure à 10 par million). La moitié des messages
présente des noms au pluriel et l’autre moitié au singulier. La moitié des noms au pluriel
commence par une voyelle ce qui permet d’induire une liaison et l’autre moitié commencent
par une consonne ce qui n’induit pas de liaison, ceci afin d’observer si des erreurs de non
gestion de la liaison apparaissent dans le cas de la double tâche. Nous avons séparé ces 32
messages en deux blocs, chaque bloc comprenant la moitié de verbes ayant une fréquence
faible et l’autre moitié une fréquence élevée.
Nous avons contrebalancé la tâche secondaire sur les deux blocs ainsi que l’ordre de
présentation des blocs (avec ou sans tâche secondaire) afin d’éviter un éventuel effet d’ordre.
C’est-à-dire que les participants entendaient soit le bloc A en premier et le bloc B ensuite soit
l’inverse.
Résultats et discussion
L'analyse globale des Résultats met en évidence un effet significatif du groupe, F(1,22)=4,99 ,
p<.05. En effet, les experts font plus de modifications que les novices (62,44% vs 47,81%). En
revanche, l'analyse ne montre pas d'effet de la tâche F(1,22)<1 NS c'est-à-dire qu'en tâche
simple et en double tâche, le nombre global de modifications ne varie pas significativement
entre les deux groupes (57,17% vs 57,97%). Des analyses portant sur la nature des
modifications sont en cours de réalisation. Bien que n'observant pas de différences sur le
nombre de modifications, nous nous attendons à observer des différences sur la nature de
celles-ci.
Références
Alamargot, D., Lambert, E., & Chanquoy, L. (2005). La production écrite et ses relations avec
la mémoire. Approche Neuropsychologique des Acquisitions de l'Enfant, 17, 41-46.
Anderson, J. R. (1995). Learning and memory. New York: Wiley.
Anis, J. (2001). Parlez-vous texto ? Guide des nouveaux langages du réseau. Paris: Le
Cherche Midi.
Bourdin, B., & Fayol, M. (1994). Is a written language production more difficult than oral
language production? A working memory approach. Internationnal Journal of
Psychology, 29(5), 591-620.
Hatfield, M. F., & Patterson, K. (1995). Interpretation of spelling in aphasia : The impact of
recent developments in cognitive psychology (Vol. 42 : Progress in aphasiology). New
York: Raven Press.
Hayes, J. R., & Flower, L. S. (1980). Identifying the organization of writing processes.
Cognitive preocesses in writing. Hillsdale (NJ): Lawrence Erlbaum Associates.
296 Largy, P., Cousin, M. P., Bryant, P., & Fayol, M. (2007). When memorized instances compete
with rules : The case of number-noun agreement in written French. Journal of Child
Language, 34(2), 425-437. doi: 10.1017/S0305000906007914
New, B., Pallier, C., Ferrand, L., & Matos, R. (2001). Une base de données lexicales du
français contemporain sur Internet : Lexique. L'année Psychologique, 101, 447-462.
Panckhurst, P. (2009). Short Message Service (SMS) : typologie et problématiques futures. In
T. Arnavielle (Ed.), Polyphonies, pour Michelle Lanvin (pp. 33-52): Université PaulValéry Montpellier 3.
297 5) Pourquoi les latences de dénomination écrite d'images (ne) sont-elles (pas) plus
longues que celles de dénomination orale?
Perret, Cyril (UTRPP), Laganaro, Marina (FapseUniversité de Genève) Malgré le fait que la production écrite prenne une place de plus en plus importante dans nos
sociétés, nous ne connaissons que peu de choses sur les processus cognitifs impliqués dans
cette activité. Une solution intéressante pour étudier cette dernière a été proposée par Bonin
et ses collègues (Bonin & Fayol, 2002 ; Bonin, Fayol, & Gombert, 1998 ; Bonin, Chalard, Méot,
& Fayol, 2000 ; 2002) : analyser les Résultats des études portant sur la dénomination écrite à
la lumière des éléments empiriques et théoriques développés pour la production orale. Par
exemple, rapporter des prédicteurs de temps de réaction identiques pour les deux modalités
de production suggère que certains processus sont similaires.
L’utilisation de cette méthode de comparaison a permis de mettre en évidence un résultat
intéressant : les latences de dénomination manuscrite d’images sont systématiquement plus
longues que celles obtenues en production orale (Bonin et al., 1998 ; Bonin & Fayol, 2000,
2002). Plusieurs hypothèses peuvent être évoquées afin de rendre compte de cette différence :
une plus grande difficulté d’accès aux codes orthographiques (Bonin & Fayol, 2002) ; un
processus de médiation phonologique lors de la récupération de ces codes orthographiques
(Luria, 1970) ; un processus supplémentaire à un autre niveau du traitement (e.g.,
périphérique, Bonin et al., 1998).
La comparaison des modalités de production étant une source importante de connaissances,
il semble nécessaire de comprendre l’origine de cette différence de latences d’initialisation.
Méthode
Nous avons donc comparé les temps de réaction d’une tâche de dénomination orale
d’images avec ceux de deux expériences de dénomination manuscrite des mêmes dessins :
une durant laquelle le participant avait un accès direct à sa production (condition de
visibilité) et une pour laquelle il ne pouvait pas voir ce qu’il produisait (condition de
masquage). Un groupe de 24 participants ont dénommé 120 images dans ces trois conditions.
Les latences de production orale étaient acquises à l’aide d’un microphone et celles de
dénomination manuscrite avec une tablette graphique. Enfin, dans la condition de
production masquée, un cache était posé sur la tablette graphique afin que le participant ne
puisse pas voir ce qu’il produisait.
Résultats
Les résultats répliquaient les données précédemment rapportées : en condition de visibilité,
les latences de production manuscrite sont significativement plus longues que celles de
dénomination orale. Par contre, lorsque le participant n’avait pas un accès direct à sa
production (tablette graphique masquée par un carton, écriture en aveugle), il n’y avait plus
de différence entre les deux modalités de production. Les résultats des analyses de
régression multiple simultanée sur les variables psycholinguistiques prédisant les latences de
production pour chaque tâche sont similaires à ceux rapportés par Bonin et al. (2002),
exception faite d’une influence du nombre de lettres dans la condition masquée uniquement
et jamais rapportée précédemment (avec les conditions standard). Enfin, des analyses
complémentaires, i.e., test de ratio du logarithme de vraisemblance (Pinheiro & Bates, 2000)
et régression multiple simultanée sur les différences de latences entre les deux tâches de
production écrite, suggèrent que la durée du temps additionnel en condition manuscrite
visible est uniquement modulée par la variable aléatoire participant.
Discussion
298 Les résultats rapportés ci-dessus ont des implications tant méthodologiques que théoriques.
Même si les résultats sont très similaires à ceux déjà obtenus en production écrite, le fait
d’obtenir une influence du nombre de lettres incite à envisager que les méthodologies
classiques d’étude de la production écrite sont biaisées. Toutefois, une étude plus
systématique des prédicteurs de temps de réaction telle que celle de Bonin et al. (2002) doit
être réalisée afin d’affiner cette conclusion. D’un point de vue théorique, il semble que la
différence entre les dénominations orale et écrite provienne d’un délai ajouté en fin de
traitement. Il est intéressant de noter que la manipulation des « outils » nécessaires à la
production peut expliquer ce temps additionnel. En effet, produire à l’écrit nécessite
d’utiliser une feuille sur laquelle sont généralement tracées des lignes. Comme suggéré par le
contrôle méthodologique de Zhang et Damian (2010), on peut imaginer que le participant
déplace son regard de l’écran sur lequel l’image est présentée à la feuille sur laquelle il va
écrire. Ce déplacement n’étant pas nécessaire pour la production orale, cela peut expliquer la
différence de latences. Enfin, ces Résultats vont dans le sens de plusieurs autres études
remettant en cause une médiation phonologique obligatoire lors de la récupération des codes
orthographiques (Bonin et al., 1998 ; Rapp, Benzine & Caramazza, 1997).
Références
Bonin, P., & Fayol, M. (2000). Writing words from pictures: What representations are
activated, and when? Memory & Cognition, 28, 677-689.
Bonin, P., & Fayol, M. (2002). Frequency effects in the written and spoken production of
homophonic picture names. European Journal of Cognitive Psychology, 14, 289-313.
Bonin, P., Fayol, M., & Gombert, J.-E. (1998). An experimental study of lexical access in the
writing and naming of isolated words. International Journal of Psychology, 33, 269286.
Bonin, P., Chalard, M., Méot, A. & Fayol, M. (2002). The determinants of spoken and written
picture naming latencies. British Journal of Psychology, 93, 89-114.
Luria, A. R. (1970). Higher cortical functions in man. The Hague: Mouton.
Pinheiro, J.C., & Bates, D.M. (2000). Mixed-effects models in S and S-PLUS. NewYork:Springer.
Rapp, B., Benzing, L., & Caramazza, A. (1997). The autonomy of lexical orthography.
Cognitive Neuropsychology, 14,71-104.
Zhang, Q., & Damian, M.F. (2010). Impact of phonology on the generation of handwritten
responses: Evidence from picture-word interference tasks. Memory & Cognition, 38,
519-528.
299 PROGRAMME RESUME DU JEUDI 8 SEPTEMBRE
8H30- 10H30
Symposia : Psy.soc.méthode (IP2), Psy.dev (IP5)
Sessions : Stress & Burn out (Pascal), Psy.soc. Citoy (Arendt), Meth.eval.aide (Pilatre),
Transport-cpts (Poncelet), Intercult (IP6)
10H30-10H45 Conférences
Nicole Dubois : « La psychologie intuitive et la connaissance des objets sociaux »
Arlette Streri : « Pourquoi eux modalités valent mieux qu’une : les capacités d’abstraction
des nouveaux-nés »
10H45-11H00
Visite des stands des éditeurs et Pause
11H00-12H00
2ème session de communications affichées (IP1)
12H00
Visite des stands des éditeurs et Pause méridienne
13H30-15H00 Symposia et sessions
Symposia : Psyc.cog (IP2), Psy.Soc. (IP5)
Sessions : Psy. Clin.Trauma. (Pascal), Psy. Soc.Rep. (Arendt), Psy. Santé (Poncelet), Psy.
Clin. Therap (Pilâtre)
15H00-16H30
AG de la Sociétét Française de Psychologie
16H30-16H45
Visite des stands des éditeurs et Pause
16H45-18H15 Symposia et Tables rondes
Symposia : Psyc.clin (IP2), Psy.Soc. (IP5)
Tables Rondes :
- Etre psychologue à pôle emploi (Poncelet)
- Psychologie de l’éduction au regard de l’histoire de la psychologie
Visite guidée de la ville et soirée gala
300 8H30 A 10H- SYMPOSIA
I)
Triangulation des méthodes& analyses automatisées des discours sanitaires
Symposium organisé par Moulin, Pierre (Inserm & Université Paul Verlaine-Metz).
La chirurgie pédiatrique … du point de vue des parents.
Amouroux, Rémy (Université de Bretagne Occidentale.), Rousseau-Salvador, Céline (Hôpital Armand
Trousseau, Paris&UniversitéLille 3).
Savoir pratique de médecins généralistes (de Bretagne occidentale) en matière de gestions
des dépendances aux produits psychotropes.
Haxaire, Claudie (Université de Brest), Bodénez, Pierre (Service addictologie, CHU Brest), Richard,
Elisabeth (Université de Rennes 2).
Approches lexicométriques comparées en sociologie.
François Leimdorfer, (Universitéde Marne la Vallée).
Triangulation des méthodes : utilisation collaborative de deux logiciels d'analyse textuelle
(Alceste – Prospéro).
Madiot, Béatrice (Université de Picardie), Dargentas, Magdalena (Université de Bretagne
Occidentale).
Triangulations et analyses croisées des discours des professionnels de santé sur la
sexualité.
Moulin, Pierre (Inserm &UniversitéPaulVerlaine - Metz), Moreau, Emilie (Inserm, le Kremlin
Bicêtre), Giami, Alain (Inserm, , le Kremlin-Bicêtre).
Introduction générale
Face à la prolifération actuelle des discours sociaux et sanitaires rendus possibles grâce au
développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC),
de plus en plus de chercheurs en sciences humaines et sociales recourent aux logiciels
d’analyses textuelles automatisées en remplacement ou en complément des méthodes
d’analyse de contenu classiques. Cette démarche vise à renouveler les techniques existantes
en développant un pôle méthodologique d’analyse discursive qui soit fiable,
scientifiquement validé et articulé à des approches quantitatives déjà éprouvées dans une
optique de triangulation des méthodes (Denzin, 1970).
C’est à la croisée des chemins entre sciences humaines (psychologie, psychosociologie,
sociologie, anthropologie, linguistique) et médecine, méthodologies qualitatives et analyses
textuelles automatisées que le présent symposium se situe. Les contributions
pluridisciplinaires qui seront présentées ici s’étayent sur des études empiriques relatives aux
pratiques médicales (chirurgie infantile, gestion des dépendances aux psychotropes),
soignantes (représentations de la sexualité chez les infirmières) et profanes (pratiques
hygiénistes) et permettront d’approfondir des réflexions théorique, méthodologique et
épistémologique relatives au recours simultané à différents logiciels d’analyses textuelles
(Alceste, Prospéro, Lexico3, Nvivo) : quels types d’analyses fournissent ces logiciels ? Quels
sont les avantages et les inconvénients d’une utilisation croisée (triangulation) de ces outils
d’analyse (à l’instar du travail de Demazière & al., 2006) ? Comment peut-on articuler
concrètement analyses textuelles « manuelles » et analyses automatisées ? Comment faire
collaborer différentes disciplines pour l’interprétation des Résultats d’analyse ? Quelle(s)
théorie(s) du langage/discours mobilise-t-on pour interpréter ces Résultats ?
Nous tenterons ici de définir un usage « raisonné » de ces logiciels d’analyse textuelle
informatisés en défendant une posture réflexive articulant des allers et retours permanents
entre matériels empiriques et constructions théoriques (Strauss & Corbin, 1990), analyses
301 textuelles automatisées et travail interprétatif (herméneutique du discours), méthodologies
qualitatives et quantitatives.
Mots clés :
Triangulation, Analyse Automatisée de Discours (ADD), épistémologie, validité, méthodes.
Références
Demazière D., Brossaud C., Trabal P., Van Meter K. (2006). Analyses textuelles en sociologie.
Logiciels, méthodes, usages. Rennes, Presses Universitaires de Rennes.
Denzin N. (1970). The Research Act in Sociology. Chicago: Aldine.
Strauss A.L.,& Corbin J. (1990). Basics of qualitative research: Grounded theory procedures and
techniques. Sage Publications.
302 1) La chirurgie pédiatrique … du point de vue des parents.
Amouroux, Rémy (Université de Bretagne Occidentale.), Rousseau­Salvador, Céline (Hôpital Armand Trousseau, Paris&UniversitéLille 3). Introduction
L’adénoïdectomie et la pose d’aérateur trans-tympanique sont deux gestes chirurgicaux
particulièrement fréquents en pédiatrie. Il existe une littérature importante qui souligne
combien ce type d’intervention – réputée bégnine – peut avoir un impact psychologique
même lorsqu’elle se déroule dans de bonnes conditions (Watson, 2003). On connaît les
caractéristiques potentiellement stressantes pouvant intervenir dans l’hospitalisation de
l’enfant : la séparation d’avec la mère le père et la fratrie, l’anxiété et la peur liée à une
expérience nouvelle ou inconnue, la douleur, les procédures médicales stressantes, et la peur
de la mort (Amouroux, 2010 ; Schmidt, 1997). Qu’en est-il des parents ? Quel discours ont-ils
à ce sujet ?
L’objectif de cette étude est de déterminer comment les parentsfont face à l’hospitalisation de
leur enfant dans un contexte de chirurgie « mineure »notamment en termes de mécanismes
de défense.
Méthode
Population : 64 parents d’enfants hospitalisés de jour pour une chirurgie « mineure »
(adénoïdectomie et/ou pose d’aérateur trans-tympanique).
Un bref entretien semi-directif a été réalisé pour évaluer comment les parents perçoivent
l’hospitalisation de leur enfant. Les parents ont été contactés téléphoniquement à deux
reprises (24h et 7 jours après l’intervention de leur enfant).
Deux chercheurs en psychologie clinique ont isolés, en aveugle, au sein des 128 entretiens,
une première liste de thèmes tirés du discours des parents. Les deux chercheurs ont ensuite
finalisé cette analyse thématique en confrontant leurs Résultats. Le même corpus a été par la
suite analysé avec ALCESTE. Les Résultats de cette seconde analyse ont été confrontés à ceux
de la première analyse pour déterminer ce qu’apportait l’analyse sémiotique d’ALCESTE à
l’analyse de contenu initiale. Les nouvelles postures dégagées par ALCESTE ont enfin été
étudiées à l’aide d’NVIVO afin d’explorer d’autres champs que celui de la psychologie
clinique (notamment le rôle du contexte et des relations interindividuelles).
Références :
Amouroux R, Rousseau-Salvador C, Annequin D (2010).L’anxiétépréopératoire:
manifestations cliniques, évaluationetprévention, Annalesmédico-psychologiques, 168
(8): 588-592.
Schmidt LR (1997). Hospitalization in children.In Baum A., Newman S., Weinman J., West
R., McManus C. (Eds.). Cambridge handbook of psychology, health and medecine, pp. 124127. Cambridge : Cambridge University Press.
Watson AT, Visram A (2003).Children’s preoperative anxiety and postoperative
behaviour.Paediatric Anaesthesia,13:188–204.
303 2) Savoir pratique de médecins généralistes (de Bretagne occidentale) en matière de
gestions des dépendances aux produits psychotropes.
Haxaire, Claudie (Université de Brest), Bodénez, Pierre (Service addictologie, CHU Brest), Richard, Elisabeth (Université de Rennes 2). Introduction
La France est le premier pays européen pour la consommation de médicaments
psychotropes ; 80 % sont prescris par des généralistes qui ont par ailleurs un rôle de
prévention des consommations abusives d’alcool-tabac, et de suivi des toxicomanes sous
Subutex®. Quel savoir pratique sous tend ces prescriptions ?
Méthode
Lors d’une enquête menée auprès de 10 généralistes de Bretagne occidentale d’exercice varié,
nous avons recueilli un tableau de pratique portant sur une semaine (968 consult). Puis
l’ethnologue, selon une méthodologie inspirée de l’ethnométhodologie, a enregistré le
compte rendu des consultations d’une journée tirée au hasard, au regard des questions de
dépendance (210 consult). Enfin, 144 autres consultations ont semblé pertinentes à
commenter (144 consult).
Sur les 354 comptes rendus ont été menées 3 analyses. 1 – thématique des sous corpus par
produits. 2 - ALCESTE de l’ensemble des comptes-rendus. 3 – des « configurations
d’action » des généralistes au regard des dépendances.
Résultats et discussion
Les données quantifiées issues des tableaux sont affinées par l’analyse thématique.
Cependant les résultats d’ALCESTE répartissant les produits entre différents univers
lexicaux caractérisés par des postures différenciées d’implication dans leur traitement, il a
semblé intéressant de reprendre l’analyse thématique en se centrant sur l’intervention ou la
non intervention du généraliste et les déterminants de ces actions.
304 3) Approches lexicométriques comparées en sociologie.
François Leimdorfer, (Universitéde Marne la Vallée). Analyse critique
L'approche sociologique des discours – en sus d'une analyse des situations d'interlocution
elles-mêmes - peut se déployer selon deux axes méthodologiques : une analyse des énoncés
(énonciations, catégorisations, actes, etc.) et une analyse statistique du vocabulaire sur des
corpus à l'aide de logiciels lexicométriques. Ce dernier cas entraîne, dans le cadre de la
sociologie, une mise entre parenthèses des subjectivités et l'attribution de caractéristiques
sociales aux discours et aux locuteurs.
Deux logiciels sont ici privilégiés (Lexico/Alceste) qui ne font pas de précatégorisations
thématique ou syntaxique et qui ne travaillent que par opérations mathématiques sur le
texte. En revanche, Lexico partitionne le corpus en fonction de variables « externes »
caractérisant le corpus ou les locuteurs (âge, sexe, CSP, année, etc.), Alceste divise le corpus
en ensembles « internes » d'énoncés en fonction d'une similitude de vocabulaire. Les
résultats obtenus, sans être radicalement différents, permettent deux points de vue sur le
corpus.
Ces deux logiciels comportent cependant une sociologie « interne » : d'une part les variables
sociologiques choisies et d'autre part des normes de langue standard (transcriptions
orthographiques correctes, lemmatisation ou non) et l'effacement des relations syntaxiques,
des interactions (question-réponse par exemple) et des relations à la situation réelle
d'interlocution.
Les résultats permettent de dessiner des « espaces de points de vue sociaux » sur un objet
(une question ouverte ou un mot par exemple). Cependant, ces espaces renvoient à un
locuteur générique imaginaire construit qui occuperait ce point de vue à partir d'une place
générique (localisation, temporalité, activité, temps, personnes, construits également). Il faut
différencier cet espace de points de vue et un espace de locuteurs « réels » avec leurs
caractéristiques sociologiques.
Une comparaison peut être faite entre l'approche lexicométrique et l'approche énonciative,
en mettant en regard une liste d'énoncés effectifs et un énoncé canonique typique du point
de vue générique.
305 4) Triangulation des méthodes : utilisation collaborative de deux logiciels d'analyse
textuelle (Alceste – Prospéro).
Madiot, Béatrice (Université de Picardie), Dargentas, Magdalena (Université de Bretagne Occidentale). Introduction
Notre communication rend compte d'une expérience de triangulation lors d’une recherche
sur les représentations sociales de l’hygiène. Un des objectifs de cette étude était
méthodologique et portait sur les apports conjoints de deux logiciels d’analyse textuelle,
Alceste (Reinert, 1993) et Prospéro (Chateauraynaud, 2003). La démarche suivie ne s'est pas
limitée à une simple comparaison, juxtaposition des analyses produites par chacun des
logiciels. A l’opposé, nous les avons fait dialoguer selon les principes de la grounded theory
(Glaser et Strauss, 1967) en mettant en œuvre une démarche de validation des Résultats
propre à une recherche qualitative. C’est ce type de triangulation méthodologique, doublée
d'une nécessaire triangulation des chercheurs, que nous développons ici.
Méthode et analyse
A partir d'un même corpus de données, 63 entretiens semi directifs et 372 associations de
mots, nous montrerons en quoi a consisté l'utilisation collaborative d'Alceste et Prospéro, et
de quelle manière ce cheminement est fructueux pour approfondir et valider les résultats
d'une étude sur la représentation sociale ici de l'hygiène (Madiot & Dargentas, 2010). En
nous appuyant sur des exemples, nous expliciterons notre démarche dont le point de départ
ont toujours été les propos des sujets : la préparation du matériel (catégoriser les différents
types d'hygiène à retenir pour l'analyse, selon quels critères), la confrontation des résultats
saillants obtenus avec un logiciel à ceux obtenus avec l'autre (les odeurs émergeant avec
Alceste et non avec Prospéro, et inversement pour l'hygiène comme forme de contrainte
sociale), les analyses et les approfondissements que ce type de confrontation a suscité (la
question de l'intérieur à protéger contre les menaces de l'extérieur)… Ce faisant nous avons
pu travailler sur les modalités de fonctionnement respectif des deux logiciels, leurs limites,
leurs apports et leur complémentarité pour l'étude des représentations sociales mais aussi
élaborer, tester puis affiner les hypothèses qui ont guidé notre recherche.
Références
Chateauraynaud, F. (2003). Prospéro : une technologie littéraire pour les sciences humaines.
Paris : CNRS Editions.
Madiot B.,& Dargentas M. (2010) Pratiquer la triangulation méthodologique avec Alceste et
Prospero : le cas d'une recherche sur la représentation sociale de l'hygiène. in E.
Masson & E. Michel-Guillou (Eds.), Le cabinet de curiosités : les différentes facettes de
l’objet en psychologie sociale. Paris : L’Harmattan. 74-116
Reinert, M. (1993). Les ‘mondes lexicaux’ et leur ‘logique’ à travers l’analyse statistique d’un
corpus de récits de cauchemars. Langage et Société, 66, 5-39.
306 5) Triangulations et analyses croisées des discours des professionnels de santé sur la
sexualité.
Moulin, Pierre (Inserm &UniversitéPaulVerlaine ­ Metz), Moreau, Emilie (Inserm, le Kremlin Bicêtre), Giami, Alain (Inserm, , le Kremlin­Bicêtre). Introduction
L'objectif de cette présentation est de discuter les avantages et inconvénients de la
triangulation appliquée aux matériaux discursifs de professionnels de santé évoquant la
sexualité en milieu de travail, dans le but de mettre en évidence leurs représentations de
façon plus fiable et plus précise.
Méthodes
Cette présentation se base sur une étude qualitative menée sur des entretiens de 64
professionnels de santé (55 femmes et 9 hommes) qui travaillent dans le champ du cancer
(services hospitaliers et/ou soins à domicile) et qui sont situés dans 5 régions différentes en
France (Bretagne, Ile de France, Lorraine, Pays de Loire, Rhônes-Alpes). En reprenant la
typologie de Denzin (1970), nous avons eu recours aux 4 types de triangulation relatifs aux
données (comparaison des différents groupes professionnels : infirmières, cadres,
manipulateurs radio, aides-soignantes), aux enquêteurs (une femme et deux hommes d’âges
différents), aux théories (« Grounded Theory » de Glaser & Strauss, 1967 ; Strauss, 1997,
théorie des scripts sexuels de John Gagnon, 2008) et aux méthodes (« récits de cas », analyses
de contenu thématique et des analyses lexicométriques à l’aide des logiciels Alceste et
Nvivo). C’est sur ce dernier type de triangulation que nous nous questionnerons plus
particulièrement.
Résultats
La triangulation est devenue attractive pour les chercheurs en tant qu’outil permettant de
saisir la complexité de l’univers holistique des soins infirmiers et pour conjuguer méthodes
qualitatives et quantitatives. Mais un tel œcuménisme peut s’avérer inapproprié quand la
triangulation devient une technique à tout faire. Aussi, sur la base de notre étude sur les
infirmières, nous discuterons quelques aspects problématiques déjà abordés dans la
littérature scientifique : est-ce que les différents types de données (quantitatives/qualitatives)
peuvent réellement se valider réciproquement alors qu’ils sont sous-tendus par des
épistémologies opposées (positivistes/contructionnistes) ? Quelles sont les limites de la
triangulation ? Peut-on concilier des logiciels d’analyses textuelles automatisées qui sont
dédiés à différentes types de visée, sémantique (Nvivo) vs. sémiotique (Alceste) ? Que faire
de données contradictoires recueillies à l’aide de sources et de méthodes différentes ?
Discussion
La triangulation devrait être seulement utilisée pour confirmer des paradigmes de recherche
dans lesquels la validité convergente est évaluée et où il est fondé de croiser l’information
d’une source pour corroborer une autre.
Références
Gagnon J. (2008). Les scripts de la sexualité. Essai sur les origines culturelles du désir. (préface
d’Alain Giami). Paris, Payot.
Glaser B.G., Strauss A.L. (1967). The discovery of grounded theory. Chicago, Aldine.
Denzin N. (1970). The Research Act in Sociology. Chicago: Aldine.
Strauss A.L. (1997). Grounded Theory in Practice. London, Sage.
307 II)
La mesure de la qualité de vie à travers les âges : apport de l’ISQV
Symposium organisé par Lemétayer, Fabienne (Université Paul Verlaine - Metz).
Titres des communications et Intervenants
Étude de la qualité de vie entre enfants atteints de cancer et enfants tout-venant
Fonseca*, Marta, Missotten**, Pierre, Etienne**, Anne-Marie, Dupuis***, Gilles, Lemétayer*,
Fabienne, Spitz*, Elisabeth (*UniversitéPaulVerlaine–Metz, **Université de Liège, ***Université
de Québec).
Estime de soi, comportement à risque et qualité de vie chez des adolescents de 13 à 18 ans
Etienne*, Anne-Marie, Riga*, Sébastien, Missotten*, Pierre, Dupuis**, Gilles (*Université de Liège,
**Université de Québec à montréal).
L’Inventaire Systémique de Qualité de Vie pour personnes âgées : analyses préliminaires
Missotten*, Pierre, Stéphane*, Adam, Etienne*, Anne-Marie, Dupuis**, Gilles (*Université de Liège,
**Université de Québec).
Qualité de vie au travail, détresse psychologique et épuisement professionnel.
Dupuis, Gilles &Lachance, Jacinthe (Université de Québec).
Etude de la prédiction à 1 an du mal-être de l'enfant par les domaines de vie de l’ISQV-E©
Lemétayer, Fabienne, Lanfranchi, Jean-Baptiste& Horn, Thomas (UniversitéPaulVerlaine - Metz).
308 1) Étude de la qualité de vie entre enfants atteints de cancer et enfants tout-venant
Fonseca*, Marta, Missotten**, Pierre, Etienne**, Anne­Marie, Dupuis***, Gilles, Lemétayer*, Fabienne, Lematayer, Spitz*, Elisabeth (*UniversitéPaulVerlaine–Metz, **Université de Liège, ***Université de Québec). Introduction
La mesure de la qualité de vie (QV) à travers les âges est au centre des préoccupations
actuelles. Ce symposium porte donc sur la QV de l’enfance à la vieillesse, mesurée à l’aide de
nouveaux instruments de mesure basés sur la théorie générale des systèmes et la notion de
poursuite du Bonheur comme moteur de nos comportements. Au cours de ce symposium, il
sera question du développement d’un questionnaire de qualité de vie pour enfant (8-12 ans),
l’Inventaire Systémique de QV pour enfant (ISQV-E), et de ses applications dans des
contextes pédiatriques variés. Dans cette perspective, deux études en lien avec la population
pédiatrique seront présentées : l’une s’intéressera à la prédiction à 1 an du mal-être des
enfants tout-venant à l’aide des domaines de vie de l’ISQV-E ; l’autre visera à rendre compte
de la QV des enfants en cours de traitement d’un cancer. Cet instrument de mesure fait
l’objet d’un partenariat de recherche entre les Universités de Liège, Metz et Montréal. Au
cours de ce symposium, sera également abordé un questionnaire de QV pour adolescents de
13 à 17 ans (ISQV-A), développé par les chercheurs de l’Université de Liège. Ce dernier a été
utilisé dans un contexte d’adolescents tout-venant ainsi que d’adolescents admis dans une
unité d’oncologie. Les caractéristiques psychométriques de l’ISQV-A seront décrites. Un
troisième questionnaire destiné à la QV de l’adulte au travail (ISQVT) sera également
présenté. Cet outil a été développé par les chercheurs de l’Université de Montréal (UQAM –
LEBSYQ). Au cours de ce symposium, l’ISQVT sera mis en lien avec l’épuisement
professionnel et la détresse psychologique chez des travailleurs communautaires du Québec.
Enfin, un questionnaire de QV pour les aînés (ISQV–65+), développé à l’Université de Liège,
sera aussi présenté.
309 2) Estime de soi, comportement à risque et qualité de vie chez des adolescents de 13 à
18 ans
Etienne*, Anne­Marie, Riga*, Sébastien, Missotten*, Pierre, Dupuis**, Gilles (*Université de Liège, **Université de Québec à montréal). Résumé
L’Inventaire Systémique de Qualité de Vie pour Enfants (ISQV-E) permet l’auto-évaluation
de la qualité de vie (QdV) en termes d’écart - entre la situation actuelle des enfants et la
situation qui les satisferait. Le présent travaille compare le niveau de QdV et de la détresse
émotionnelle d’enfants en bonne santé (N=52) et en traitements oncologiques (N=26),
appariés pour l’âge, de 8 à 12 ans. Mesures: 1) un questionnaire sociodémographique; 2) le
Stait-Trait Anxiety Inventory for Children de Spielberg et collaborateurs (1973) 3) le
Children’s Depression Inventory de Kovacs et Beck (1977) et 4) la version portugaise de
l’ISQV-E. Les enfants atteints de cancer en traitements rapportent une QdV diminuée dans
les domaines des fonctions biologiques - santé, douleur ressentie, alimentation et sommeil –
mais également de l’autonomie, des relations avec les amis, de l’apparence physique et des
Résultats scolaires. En plus, les enfants malades sont significativement plus anxieux et
déprimés que leurs pairs en bonne santé.Il est nécessaire que desinstruments tels que l’ISQVE soient intégrés dans les essais thérapeutiques afin d’obtenir de l’enfant le plus grand
nombre d’appréciations sur différents domaines de sa vie et pas uniquement sur celui des
soins. Ces connaissances permettront de faire des propositions d’intervention afin de
favoriser la QdV d’enfants atteints de cancer dans la phase aigue de la maladie.
Introduction
Durant les deux décennies passées, des progrès importants ont été réalisés dans la
conceptualisation, la définition et la mesure de la qualité de vie (QdV) chez les enfants et les
adolescents en traitement oncologiques et chez les survivants d’un cancer. Cependant, peu
d'informations sont disponibles sur la QdV chez les enfants entre 8 et 12 ans en cours de
traitements contre le cancer, par rapport à une population en bonne santé appariés pour
l'âge. En plus, la plupart des études dans le domaine de l’évaluation de la QdV chez les
patients du cancer pédiatrique est axée sur les survivants plutôt que sur les enfants au cours
de la phase aiguë de la maladie.
Méthode
Cette communication vise à comparer la QdV générique de deux groupes d’enfants
portugais appariés sur l’âge, de 8 à 12 ans: 52 enfants en bonne santé, 26 enfants atteints de
cancer et en traitements oncologiques. Ces derniers ont été recrutés dans un hôpital de jour
d’un Hôpital Pédiatrique portugais ; les enfants tout-venant sont issus d’établissements
scolaires portugais, de milieu rural et urbain. Les enfants atteints de cancer ont été répartis selon
trois groupes de diagnostiques: lymphoblastique et non-lymphoblastique leucémie (n=6), maladie de
Hodgkin et non-Hodgkin lymphome (n=9) et diverses tumeurs solides (n=11). Tous les enfants ont
répondu à différents questionnaires: 1) un questionnaire sociodémographique ; 2) le StaitTrait Anxiety Inventoryfor Children (STAI-C) de Spielberg et al. (1973) 3) le Children’s
Depression Inventory (CDI) de Kovacs et Beck (1977) et 4) la version portugaise de L’Inventaire
Systémique de Qualité de Vie pour Enfants (ISQV-E), format générique (Etienne et al., 2011;
Missotten, 2008).
Résultats
Globalement, les enfants souffrant d’un cancer semblent avoir une qualité de vie satisfaisante
pour les 5 items suivants : vêtements, relations avec maman, relations avec grands parents,
chambre et obéissance. Pour les enfants tout-venant, les items relevant d’une bonne QdV
310 sont: relations avec grands-parents, activités sportives, activités extrascolaires non sportives,
chambre et autonomie. En somme, les enfants des deux populations partagent les relations
avec les grands-parents et la chambre comme source de satisfaction. Les items de QdV
détériorés renvoient, chez les enfants atteints de cancer, aux items suivants : santé,
alimentation, douleur et autonomie. Chez les enfants tout-venant, ils concernent : école,
relations avec papa, apparence physique et tolérance à la frustration. Dans les deux groupes,
l’item résultats scolaires est associé à une moindre QdV. D’un point de vue global, la QdV des
enfants atteints de cancer diffère significativement de la des enfants sains (t(76)=4.43 ;
p<.01): les enfants malades ont une QdV significativement plus détériorée que les enfants
tout-venant. Les analyses par item de l’ISQV-E montrent que les enfants atteints de cancer
décrivent une QdV moindre en termes de santé (t(76)=6.21 ; p<.001), autonomie (t(76)=5.31 ;
p<.001), douleur (t(76)=4.18 ; p<.001), alimentation (t(76)=4.05 ; p<.001), sommeil (t(76)=3.80 ;
p<.001), relations avec les amis (t(76)=2.28 ; p<.05), apparence physique (t(76)=2.15 ; p<.05) et
Résultats scolaires (t(62)=2.03 ; p<.05) par rapport aux enfants tout-venant. En plus, les
enfants malades sont significativement plus anxieux (t(76)=3.99 ; p<.001) et déprimés
(t(76)=3.13 ; p<.01) que leurs pairs en bonne santé.
Discussion
Globalement, il ressort de ces résultats que les enfants atteints d’un cancer en cours de
traitements oncologiques ont une QdV diminuée comparativement aux enfants en bonne
santé. Les enfants malades font état d'une diminution significative de la QdV générique dans
les domaines liés à la dimension biologique et fonctions de base (santé, douleur ressentie,
alimentation et sommeil), mais aussi sociale (autonomie, relations avec les amis, apparence
physique et Résultats scolaires). Ces Résultats reflètent une répercussion plus large des
problèmes de santé de ces enfants. Ces Résultats sont consistants avec les études, pour
lesquelles la QdV des enfants cancéreux pendant les traitements est nettement inférieure à
celle de la population en santé (Eiser et al. 2005 ; Shankar et al., 2005 ; Varni et al, 2005).
Compte tenu les résultats des domaines de vies plus détériorés, la santé apparait comme le
domaine le plus détérioré de QdV des enfants atteints de cancer en traitements. La douleur
suit immédiatement la santé dans les domaines de QdV les plus difficiles. Au contraire et
comme prévu, la santé et la douleur ne sont pas des domaines de vie où les enfants en bonne
santé obtiennent les moins bons résultats. Par ailleurs, l’alimentation et l'autonomie
apparaissent également comme des domaines ayant une moins bonne QdV pour les enfants
atteints de cancer. Ces résultats sont très probablement liés, aux nausées, et aux
vomissements, ainsi qu’aux malaises provoqués par les traitements contre le cancer d’une
part, et, à la propre maladie et aux traitements qui limitent la mobilité des enfants et leur
capacité physique pour être en mesure d'accomplir les tâches de leur vie de tous les jours,
d’autre part. Les conclusions insistent sur le fait que le soutien des enfants dans la phase
aigue de la maladie mérite une attention particulière. Il est important d’identifier les patients
avec des problèmes d'adaptation afin de permettre aux professionnels de santé de repérer et
soutenir les patients à risque. L’étude nous permet aussi d’identifier des domaines de vie qui
peuvent constituer des ressources. Il est nécessaire que desinstruments tel que l’ISQV-E
soient intégrés dans les essais thérapeutiques afin d’obtenir de l’enfant le plus grand nombre
d’appréciations sur différents domaines de sa vie et pas uniquement sur celui des soins. Ces
connaissances permettront de faire des propositions d’intervention afin de favoriser la QdV
d’enfants atteints de cancer dans la phase aigue de la maladie.
311 3) L’Inventaire Systémique de Qualité de Vie pour personnes âgées : analyses
préliminaires
Missotten*, Pierre, Stéphane*, Adam, Etienne*, Anne­Marie, Dupuis**, Gilles (*Université de Liège, **Université de Québec). Cette communication a pour but de présenter le développement d’une version 65+ de
l’Inventaire Systémique de Qualité de Vie (ISQV©, Dupuis et al., 1989). Elle est axée sur les
premiers éléments d’applicabilité, fidélité et validité de l’outil. Les analyses reposent sur un
échantillon de 54 adultes non institutionnalisés âgés entre 65 et 85 ans. Tous ont répondu à
l’ISQV-65+, à la Geriatric Depression Scale (GDS-Sheik & Yesavage, 1986) et à l’Echelle de
Satisfaction de Vie (ESV-Blais et al., 1989). Pour l’analyse de la validité en termes de
différences entre groupes, les données de qualité de vie de l’échantillon sont comparées à
celles obtenues auprès de 17 aidants informels de personnes atteintes d’une pathologie
démentielle. La consistance interne des divers indices de l’ISQV-65+ (Etat, But, Rang et Ecart)
est très satisfaisante (tous α>.85). Ces indices sont corrélés entre eux de manière variable. Les
corrélations entre les scores ISQV-65+ Etat, But et Ecart et les scores totaux à l’ESV et à la
GDS sont significatives. Les scores ISQV-65+ Etat, But et Ecart montrent une qualité de vie
significativement moins bonne pour les aidants informels que pour les sujets non
institutionnalisés. En conclusion, les Résultats préliminaires sont encourageants et
démontrent l’applicabilité de l’ISQV-65+.
Introduction
Dans la littérature gérontologique, seuls quelques articles se sont penchés sur les méthodes
évaluatives de la qualité de vie et plus particulièrement sur les méthodes instrumentales
(Haywood, et al., 2005; Hickey, et al., 2005). La majorité des questionnaires sont soit
génériques soit spécifiques à une pathologie. Peu reposent sur une structure conceptuelle
(définition et théorie) claire (Hickey et al., 2005; Higgs et al., 2003). Ils ont majoritairement été
développés par rapport à l’adulte et pour l’adulte. Ainsi, peu ont spécifiquement été adaptés
au vécu de la personne âgée (Hickey, et al., 2005) ce qui entraîne divers problèmes majeurs
(Evans, 1992) : sous-estimation du niveau de qualité de vie suite à l’importante place
accordée, dans la majorité des outils, à la fonction physique (Hickey, et al., 2005) ; non prise
en compte de certains domaines importants pour les personnes âgées tels que le type
d’habitat, la mobilité (conduite automobile, accès aux transports publics) (Bowling, et al.,
2003) ou encore les relations avec les petits-enfants ; non familiarisation des personnes avec
les concepts, les situations et les techniques présentées ou encore interprétation des résultats
biaisée par l’effet de cohorte (différences intergénérationnelles) (Di Notte, et al., 2000).
Sur base de ce constat du faible nombre d’instruments adaptés à la population âgée et de
l’absence de tests prenant conceptuellement en compte leurs attentes et leurs priorités, nous
avons développé une version 65+ de l’Inventaire Systémique de Qualité de Vie (ISQV©,
Dupuis et al., 1989). En conséquence, cette communication a pour objectif premier de
présenter ce nouveau questionnaire. Le second objectif tient à l’étude des premiers éléments
d’applicabilité, de fidélité (consistance interne et inter-corrélation entre les indices de l’ISQV65+) et de validité de construct (validité convergente et validité en termes de différences
attendues entre groupes) de l’outil.
Méthode
Sujets
L’échantillon se compose de 54 adultes non institutionnalisés volontaires âgés entre 65 et 85
ans. Pour l’analyse de la validité en termes de différences entre groupes, les données de
qualité de vie de l’échantillon sont comparées à celles obtenues auprès de 17 aidants
312 informels de personnes atteintes d’une pathologie démentielle. Ceux-ci ont été recrutés via
des infirmières libérales et suite à la participation à des Alzheimer cafés.
Matériels
Le questionnaire « Geriatric Depression Scale » (GDS) est une échelle permettant d'évaluer la
présence ou l'absence de dépression chez les personnes âgées. La version employée dans
cette recherche est celle, abrégée, de 15 items (Sheik & Yesavage, 1986).
Le questionnaire « Life with Satisfaction Scale » (EVS) (version française, Blais et al., 1989) est
un outil composé de 5 énoncés mesurant une satisfaction générale que la personne peut
entretenir vis-à-vis de sa vie.
L’Inventaire Systémique de Qualité de vie pour Personnes Agées (ISQV–65+ ; Missotten et
al., 2009) est un auto-questionnaire spécifiquement développé pour des adultes de plus de 65
ans. Il évalue, via 35 items, la qualité de vie (indice d’Ecart) comme étant la différence entre
la situation présente (indice d’Etat) et les attentes (indice de But) de chaque personne âgée.
Cette différence est pondérée par la sensation d’amélioration ou de détérioration de chaque
item et par l’importance (indice de Rang) que l’individu leur attribue à chacun.
Analyse des données
L’applicabilité est appréhendée, de manière qualitative, à la fin de l’entretien.
La consistance interne est mesurée par l’alpha de Cronbach pour les divers indices de
l’ISQV-65+. Les inter-corrélations entre les divers indices sont effectuées par le biais des
coefficients de Bravais-Pearson.
La validité convergente est testée par le biais de l’étude des corrélations, de type BravaisPearson, entre les scores à l’ISQV-65+ et les scores à la GDS et à l’ESV. La validité en termes
de différences attendues est évaluée au moyen d’analyses de type t de Student entre les
scores ISQV-65+ Ecart de l’échantillon contrôle et ceux de l’échantillon d’aidants informels
Résultats
Les valeurs du coefficient alpha de Cronbach de l’ISQV-65+ sont de 0.93 pour l’État, 0.95
pour le But, 0.93 pour le Rang et de 0.89 pour l’Écart. Ces valeurs témoignent d’une
cohérence interne très satisfaisante pour chacun des indices. Les inter-corrélations entre les
divers indices sont faibles (et non significatives) avec le Rang, modérées entre l’Ecart et le But
(r=0.59, p<0.001) et élevées entre l’Etat et l’Ecart (r=0.91, p<0.01) et entre l’Etat et le But
(r=0.83, p<0.001). Les corrélations entre les scores ISQV-65+ Etat, But et Ecart et le score total
à l’ESV sont toutes significatives (respectivement, r=-0.54, p<0.001 ; r=-0.27, p<0.05 et r=-0.57,
p<0.001). Les données GDS sont également significativement liées aux scores ISQV-65+
d’Etat, de But et d’Ecart (respectivement, r=0.42, p<0.005 ; r=0.40, p<0.005 et r=0.34, p<0.05).
Ces résultats attestent d’une bonne validité convergente. Enfin, les données d’Etat, de But et
d’Ecart diffèrent significativement entre le groupe contrôle et celui composé d’aidants
informels de patients souffrant d’une pathologie démentielle (respectivement, t=-5.13,
p<0.000005 ; t=-4.25, p<0.0005 ; t=-5.48, p<0.000005). Au niveau des scores Ecart, la différence
se note, en défaveur de ces aidants, pour 18 items (sur 35). Ces éléments renforcent la validité
de construct de l’ISQV-65+. Enfin, la passation du questionnaire a démontré une bonne
applicabilité et un intérêt des personnes âgées pour la perspective évaluative malgré un
temps de passation assez long (30 minutes).
Discussion
Les résultats préliminaires relatifs à l’emploi de l’ISQV-65+ sont encourageants et en ont
démontré l’applicabilité. Toutefois, l’échantillon devra être augmenté afin de poursuivre et
d’affiner les analyses de validation. La question des importantes corrélations entre l’Etat et
l’Ecart et entre l’Etat et le But sera discutée tout comme la capacité de l’outil à différencier
sujets âgés « contrôles » et sujets âgés remplissant le rôle d’aidant informel de patients
déments.
313 314 4) Qualité de vie au travail, détresse psychologique et épuisement professionnel.
Dupuis, Gilles & Lachance, Jacinthe (Université de Québec). Introduction : Les problèmes de santé mentale au travail (PSMT) sont ceux causant le plus
de coûts et d’absentéisme. Objectif : étudier si l’utilisation de l’Inventaire systémique de
qualité de vie au travail (ISQVT©) peut permettre de faire la prévention des PSMT. Sujets :
Des travailleurs (N=116) de 21 organismes communautaires œuvrant auprès de clientèles
défavorisées de la rue. Mesures : ISQVT (http://qualitedevie.ca), Oldenberg Burnout
Inventory (épuisement émotionnel et désengagement) et Psychiatric Symptoms Index (Ilfeld)
pour la détresse psychologique. Les mesures de détresse, d’épuisement et de désengagement
ont été considérées cliniquement significatives lorsqu’à un écart-type de la moyenne du
groupe. Le 25e centile, par rapport à une population référentielle de 3000 travailleurs, a été
considéré comme le critère indiquant une mauvaise qualité de vie au travail (QVT).
Résultats : Les participants ayant un score sous le 25e centile pour la QVT avaient 6,9
(p=0,001)) fois plus de risque de présenter de l’épuisement émotionnel, 4,7 (p=0,014) fois
plus de risque de manifester du désengagement et 7,23 (p=0,004) fois plus de risque
d’éprouver de la détresse psychologique. Conclusion : En plus de fournir un diagnostic
organisationnel des facteurs de risque de PSMT, l’ISQVT permet d’obtenir de l’information
sur les PSMT présents dans l’entreprise.
Introduction
Les risques psychosociaux réfèrent aux aspects de l’organisation du travail et de la gestion
ainsi qu’au contexte social et environnemental susceptibles de nuire, sur le plan social,
psychologique et physique (Cox, Griffiths, et Rial-Gonzales, 2000, p.61). Ces risques, s’ils ne
sont pas pris en compte adéquatement, ont des conséquences au niveau de la santé mentale
(épuisement, détresse, suicide, etc.) et physique. En 2005, les problèmes de santé mentale
représentaient la cause principale d’absences à court terme pour 82% des entreprises
canadiennes ayant participé à un sondage Watson Wyatt Worldwide. Ils sont aussi la source
principale des absences à long terme pour 72%. Un rapport de la Commission de la santé et
de la sécurité du travail du Québec (C.S.S.T. 2008) révèle que le nombre total de lésions
professionnelles liées au stress, à l’épuisement professionnel ou à d’autres facteurs d’ordre
psychologique est passé de 900 en 1995 à 1300 en 2006. Les coûts sont passés de 6 à 15
millions de dollars. La Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de
travail (Dublin, 2007) présente les chiffres suivant: au sein de l’Union européenne (15 pays),
22 % des salariés souffriraient de stress au travail et le coût économique serait de 20 milliards
d’euros. Les mesures de stress au travail et de santé mentale sont souvent utilisées comme
des facteurs de risques psychosociaux. Nous les considérons plutôt comme des
conséquences d’une mauvaise gestion des risques psychosociaux tels que définis ci-dessus. Il
ne faut pas confondre les symptômes avec les causes. L’objectif de cette présentation est de
mettre en lien une mesure des risques psychosociaux via la mesure de la qualité de vie au
travail (QVT) avec des mesures d’épuisement professionnels et détresse psychologique, et ce,
chez des travailleurs communautaires œuvrant auprès d’une clientèle de la rue.
Méthode
Les 116 participants ont été recrutés dans 21 organismes communautaires sur 35 sollicités.
Un responsable de l’implantation de l’étude dans les organismes visitait chacun de ceux-ci
pour présenter l’étude et recruter les participants. La passation de l’ISQVT se faisait par
internet et les questionnaires papiers (Épuisement et Détresse) étaient retournés par
courrier.
Matériel
315 Inventaire systémique de qualité de vie au travail (ISQVT©) utilisé via internet
(http://www.qualitedevie.ca). L’ISQVT comporte 34 domaines regroupés en huit sous
échelles : rémunération, cheminement professionnel, horaire de travail, climat avec les
collègues, climat avec les supérieurs, caractéristiques de l’environnement physique, facteurs
qui influencent l’appréciation de la tâche, soutien offert à l’employé. Il fournit un score de
qualité de vie globale basée sur l’écart entre la situation actuelle que vit l’employé et son
objectif dans chaque domaine. Un score de but et un score de rang d’importance des
domaines sont aussi calculés. La définition de la qualité de vie à la base de l’ISQVT est la
suivante « La Qualité de Vie au Travail, à un temps donné, correspond au niveau atteint par
l’individu dans la poursuite dynamique de ses buts hiérarchisés à l’intérieur des domaines
de son travail où la réduction de l’écart séparant l’individu de ses objectifs se traduit par un
impact positif sur la qualité de vie générale de l’individu, sur la performance
organisationnelle et, par conséquent, sur le fonctionnement global de la société ». (Dupuis et
coll, 2009, p.31). L’inventaire d’épuisement professionnel d’Oldenberg (Demerouti et.al.
2001), comporte 16 items avec deux dimensions: épuisement et désengagement. La détresse
psychologique a été mesurée avec le Psychiatric symptoms index (Ilfeld, 1976), 29 items.
Résultats
Le score global de QVT est en rang centile, basé sur une population référentielle de 3000
travailleurs, de même que les scores de buts et de rang. Pour chacun de ces scores, un rang
sous le 25e centile suggère des difficultés sérieuses. Au niveau de la QVT globale, le groupe
affiche un score au 49e centile, ce qui est relativement bien. Par ailleurs, aucun des 34
domaines ne dépassent le 50e centile et 28 domaines sur les 34 sont entre le 25e centile et le
40e, ce qui suggère une situation plutôt difficile. Enfin, trois domaines sont sous le 25e
centile : il s’agit de la relation avec le syndicat, relation avec le supérieur et sécurité du
revenu. Les mesures de détresse, d’épuisement et de désengagement ont été considérées
cliniquement significatives lorsqu’à un écart-type de la moyenne du groupe. Des régressions
logistiques ont montré que les participants ayant un score sous le 25e centile au niveau de
l’ISQVT avaient 6,9 (p=0,001)) fois plus de risques de présenter de l’épuisement émotionnel,
4,7 (p=0,014) fois plus de risque de manifester du désengagement et 7,23 (p=0,004) fois plus
de risque d’éprouver de la détresse psychologique. Pour chacune des régressions, le % de
prédictions exactes est entre 83 et 85%. Au niveau du score de buts, des scores trop bas
peuvent dénoter une démobilisation face au travail alors qu’au niveau du rang d’importance,
un score bas peut aussi suggérer un désinvestissement du travail. Des régressions multiples
entre ces trois scores ont révélés que qu’un score bas de QVT (p=0,000, r semi partiel = .402)
et de but (p=.09, r = 0,164) étaient associés à plus de détresse psychologique, pour un R
global de 0,47. De même, un score bas de QVT (p=0,000, r semi partiel = 0,354) et de but
(p=.07, r = 0,18) étaient associés à plus d’épuisement, pour un R global de 0,45. Enfin, un
score bas de QVT (p=0,000, r semi partiel = 0,424) et de but (p=.089, r = 0,18) étaient associés
à plus de désengagement, pour un R global de 0,45.
Discussion
L’ISQVT permet donc de mesurer : la condition des employés dans différents domaines de
vie au travail, les objectifs qu’ils se fixent dans ces domaines et le degré de priorité accordé. Il
suggère des pistes (les domaines sous le 25e centile) d’interventions organisationnelles afin
d’améliorer la situation dans les domaines de vie où se présentent des difficultés. Il permet
de déceler des facteurs pouvant être responsables de la détresse psychologique et de
l’épuisement professionnel, ce qui est un atout majeur dans une perspective de prévention
des PSMT.
316 5) Etude de la prédiction à 1 an du mal-être de l'enfant par les domaines de vie de
l’ISQV-E©
Lemétayer, Fabienne, Lanfranchi, Jean­Baptiste & Horn, Thomas (Université de Metz). Résumé
Cette étude a pour objet d’examiner les processus et les domaines de vie de l’Inventaire
Systémique de Qualité de Vie pour Enfants(ISQV-EÓ - Missotten, Etienne & Dupuis, 2007)
les plus impliqués dans la souffrance dépressive des enfants, évaluée ici avec le CDI (Kovacs,
1981/1982), 1 an après une première évaluation. Ces deux questionnaires ont été administrés
à 56 enfants d’âge scolaire (8 à 12 ans). Schématiquement, les résultats obtenus montrent que
des buts peu exigeants ou perçus comme inaccessibles par les enfants prédisent une
aggravation de la souffrance dépressive au temps T2. Par ailleurs, l’analyse des lots de
domaines de vie constitutifs de ces deux variables montre que 14 domaines sont
particulièrement contributifs à la manifestation d’une souffrance dépressive. Ces résultats ne
signifient pas qu’il s’agisse pour tous d’états dépressifs vrais. Si certains enfants sont
effectivement déjà engagés dans une spirale dépressive au temps T1, pour d’autres le malêtre ressenti peut être lié à l’impossibilité de se fixer (ou d’atteindre) des buts valorisés,
sources de grandes satisfactions, parce qu’ils n’ont pas les ressources internes ou externes
pour maintenir ou développer leurs « pouvoir d’agir ». Dans ce cas, il s’agirait de
manifestations dépressives liées à des remaniements développementaux.
Introduction
Les états dépressifs à l’âge scolaire posent le problème de leur repérage clinique. En pratique,
il s’agit de savoir reconnaitre des états dépressifs derrière des troubles du comportement ou
un changement d’attitude générale. Autrement-dit, il s’agit de différencier des états
dépressifs vrais des manifestations d’allure dépressive liés aux remaniements qui s’opèrent
durant l’enfance. Dans une précédente étude, nous avons pu mettre en évidence l’existence
de réelles manifestations dépressives à l’âge scolaire, lorsque l’atteinte des buts de vie
valorisés par l’enfant dans certains domaines de vie était trop difficile (Lemétayer &
Lanfranchi, 2009). La question posée ici est de savoir si certaines difficultés ressenties par
l’enfant dans la poursuite de buts dans ses domaines de vie peuvent être un signal
précurseur de manifestations dépressives à moyen terme, ou juste l’expression d’un
remaniement développemental avant l’adolescence. Dans cette perspective d’analyse, cette
étude vise à examiner ces effets prédictifs à un an, à l’aide des domaines de vie de
l’Inventaire Systémique de Qualité de Vie pour Enfants (ISQV-E© - Missotten, Etienne &
Dupuis, 2007)
Méthode
Cinquante-six enfants (21 garçons et 35 filles) âgés de 8 à 12 ans (M=10;6ans ; s=1,28) ont
participé à cette étude. Tous étaient scolarisés en milieu ordinaire dans la région lorraine, et
tous ont participé à deux entretiens menés à un an d’intervalle : le premier au printemps
2009, et le second au printemps 2010. Au cours de ces entretiens, deux questionnaires ont été
administrés : une échelle d’évaluation des manifestations dépressives (CDI - Kovacs,
1981/1982) et un questionnaire de qualité de vie (ISQV-EÓ). Schématiquement, l’ISQV-EÓ
permet de mesurer la situation actuelle des enfants et leurs buts personnels, pour chacun des
20 domaines de vie évalués[1], en se référant chaque fois à une situation idéale. L’écart entre
la situation actuelle et les buts personnels peut-être ensuite pondéré par l’importance de
chaque domaine de vie et la situation dynamique de rapprochement ou d’éloignement par
rapport aux buts. Dans cette étude, nous nous sommes centrés sur deux processus
particuliers de l’ISQV-EÓ : la qualité des buts et l’écart brut (non pondéré) perçu entre état et
but, pour chacun des 20 domaines de vie.
317 Analyse des données
Afin de saisir de manière globale l’impact des buts et des écarts bruts au temps T1 sur le
niveau de dépression au temps T2, nous avons choisi de recourir à l’approche PLS
(Tennenhaus, Vinzi, Chatelain & Lauro, 2005). En effet, du fait de la petite taille de notre
échantillon et des possibles colinéarités entre facteurs d’influence, nous avons créé deux
variables latentes formatives constituées de la combinaison linéaire des 20 buts d’une part et
des 20 écartsbrutsd’autre part. Le regroupement de ces variables manifestes (buts et écarts
bruts relatifs aux 20 domaines), sous le « chapeau » de deux variables latentes formatives
(Diamantopoulos & Winklhofer, 2001), nous a permis de créer deux index. Le premier index
traduit, de manière cumulée, la plus ou moins grande exigence des enfants dans la
satisfaction de leurs buts, et le second index décrit la somme des distances subjectives restant
à parcourir pour atteindre ses buts. Le score de dépression a été régressé sur ces deux
variables latentes. Préalablement au calcul du modèle, et dans une démarche de parcimonie,
nous avons supprimé tous les buts et écarts bruts ayant une corrélation inférieure à r=.20
avec la variable de dépression. Enfin, après calcul du modèle, seuls les domaines de vie dont
les buts et écarts bruts avaient une corrélation d’au moins égale à .40 avec leur variable
latente respective ont été maintenus dans le calcul d’ajustement de ce modèle à nos données.
Résultats
Les résultats obtenus montrent que des buts peu exigeants (β = .41 ; p <.001) et la perception
d’avoir encore beaucoup de chemin à parcourir pour les atteindre (β = .28 ; p <.05) prédisent
une aggravation de la souffrance dépressive au temps T2, la souffrance dépressive ayant été
maintenue constante au temps T1 (β = .27 ; p <.05). Il est à noter que 53,1% (R² ; p<.001) de la
variance des scores de dépression des enfants est expliquée par les trois variables, buts,
écarts bruts et dépression, au temps T1. Par ailleurs, l’analyse des lots de domaines de vie
constitutifs de ces deux variables montre que 14 domaines sont particulièrement contributifs
à la manifestation d’une souffrance dépressive : le sommeil, la santé, les vêtements, la chambre,
les grands-parents, la mère, le père, l’école, le sport, les loisirs, l’apparence, les amis, les Résultats
scolaires, la tolérance à la frustration.
Discussion
Les résultats obtenus dans cette étude ont permis de mettre à jour les effets prédictifs à un an
d’un certain mal-être chez les enfants d’âge scolaire, à l’aide des domaines de vie de l’ISQVE©. Pour autant, ces Résultats ne signifient pas qu’il s’agisse pour tous d’états dépressifs
vrais. Si certains enfants sont effectivement déjà engagés dans une spirale dépressive au
temps T1 qui les fait encore régresser dans leurs exigences au T2, pour d’autres le mal-être
ressenti peut être lié à l’impossibilité de se fixer (ou d’atteindre) des buts valorisés, sources
de grandes satisfactions, parce qu’ils n’ont pas les ressources internes (compétences) ou
externes (environnement défavorable, ou même entravant) pour maintenir ou développer
leurs « pouvoir d’agir » (Heckhausen, 2010). De fait, il s’agirait ici de manifestations
dépressives liées à des remaniements développementaux. Encore aujourd’hui, peu d’études
ont envisagé d’examiner le mal-être des enfants d’âge scolaire en regard de ces
remaniements. Des études complémentaires devraient cependant nous permettre de
conforter cette hypothèse.
[1]Sommeil, alimentation, douleurs, santé, vêtements, apparence, chambre, grands-parents, mère,
père, fratrie, amis, amis parlent de moi, école, Résultats scolaires, sport, loisirs, autonomie, obéissance
et tolérance à la frustration.
8H30 A 10H- SESSIONS 318 I)
Stress professionnel et burn-out.
Titres des communications et Intervenants L'orientation politique et l'expression du burnout. une étude exploratoire. Dagot, Lionel (UniversitéParis 8). Stress et satisfaction au travail en milieu professionnel hospitalier : le cas des techniciens supérieur en anesthésie‐réanimation Boukandou, Paule & Durand‐delvigne, Annick (Laboratoire psitec), Santé psychologique au travail et besoins fondamentaux : quels prédicteurs organisationnels, psychosociaux et individuels du bien‐être et de la détresse chez 298 enseignants ? Desrumaux, Pascale, Ntsame‐Sima*, Murielle, Boudrias**, Jean‐Sébastien(*Université de Lille 3, **Université de Montréal). Changement organisationnel et stress : l’exemple de la fusion des 3 Universités Strasbourgeoises Spitzenstetter, Florence, Raffin, Didier (Université de Strasbourg), Chauvin, Bruno, Rohmer, Odile, Schimchowitsch, Sarah, Louvet, Eva (Université de Strasbourg). Impact du soutien familial dans la gestion du stress professionnel en contexte africain Nsanguene, Murielle Clémence, Durand‐Delvigne, Annick (Université Lille 3). 319 1) L'orientation politique et l'expression du burnout. Une étude exploratoire.
Dagot, Lionel (UniversitéParis 8). Introduction
Bien que les publications soient peu nombreuses, quelques recherches s'intéressent au rôle
modérateur des idéologies politiques sur l'état de santé. Nous proposerons ici les premiers
Résultats d'une enquête visant à faire le lien entre l'orientation politique des salariés, et leur
niveau de burnout.
L'étude que nous présentons ici est, à notre connaissance, la première à poser l'hypothèse
d'un lien entre le niveau de burnout des salariés et leur orientation politique. Il n'y a donc
pas d'antériorité sur le plan scientifique quant à ce postulat précisément. La brève revue de
littérature que nous proposons maintenant s'appuiera donc sur des données issues de
recherches ayant établi des relations entre, d'une part certains symptômes de santé mentale
(syndrômes post-traumatiques, stress), et d'autre part certaines dimensions liées aux
idéologies politiques.
Orientation politique et niveau général de santé.
Très peu d'études se sont penchées sur le lien entre l'orientation politique et la santé
individuelle.
Dans le cadre de recherches épidémiologiques (Subramanian et Perkins, 2010 ; Subramanian,
Huijts et Perkins, 2009) sur de très larges échantillons de citoyens des Etats Unis et de pays
européens, on relève une corrélation positive entre l'orientation politique de droite (ou
conservatrice aux USA), et le niveau de santé.
Des résultats similaires, concernant le niveau général de bien-être subjectif, ont été observés
dans trois études indépendantes (Napier et Jost, 2008). Les auteurs constatent que les
individus déclarant une sensibilité idéologique de droite, ou conservatrice, déclarent un
niveau de bien-être significativement supérieur aux sujets de gauche, ou libéraux. Ces
résultats sont identiques selon les pays d'origine. Napier et Jost proposent une interprétation
accordant à l'idéologie conservatrice un rôle modérateur, entre les conditions matérielles
d'existence, et le niveau de bien-être subjectif. Selon les auteurs, cet effet reposerait
notamment sur la rationnalisation des inégalités sociales perçues.
Le rôle protecteur des idéologies politiques dans certains contextes extrêmement traumatisants.
La littérature portant sur ce point est plus fournie. L'objectif général de ces travaux est de
mieux comprendre le rôle modérateur des idéologies politiques dans l'apparition de
symptômes post-traumatiques, en contexte extrêmes (guerres, actes de terrorisme).
Cet effet modérateur se révèle significatif, dans le sens où l'orientation politique est souvent
identifiée comme modérant, dans un sens favorable de diminution, l'impact des évènements
traumatisants vécus sur les symptômes post-traumatiques. Ces Résultats s'observent auprès
de sujets adultes (Bonnano et Jost, 2006 ; Shechner, Slone et Bialik, 2007), mais aussi
d'adolescents (Laufer et Solomon, 2010).
Si l'effet de la variable “orientation politique” est bien clair, l'impact de la “couleur” de cette
orientation (droite ou gauche) est variable selon les études. Ainsi, c'est parfois l'orientation à
gauche qui semble la plus profitable (Bonnano et Jost, 2006), quand d'autres études indiquent
que c'est l'orientation à droite (Shechner et al., 2007).
Problématique
La littérature nous indique que l'orientation politique a un impact direct ou modérateur sur
certaines dimensions de santé mentale. Cependant, aucune recherche n'a envisagé ce lien
dans le contexte professionnel. Nous proposons ici d'étudier le lien éventuel entre
l'orientation politique des individus, et une des facettes les plus étudiées de santé mentale au
travail, à savoir le burnout.
H1 : L'orientation politique a un effet significatif sur le niveau de burnout.
320 H2 : L'orientation politique a un effet modérateur de l'impact des conditions de travail sur le
niveau de burnout.
Méthodologie
Notre étude a porté sur un échantillon de 179 salariés Français, dans divers secteurs. Les
caractéristiques de l'échantillon sont les suivantes :
-
Age moyen : 34,3 ans (ET : 11,40 ans)
Sexe : 83 hommes (46,36%), 96 femmes (53,63%)
Ancienneté : 6,24 ans (ET : 7,53 ans)
CSP : 45 cadres (25,13%), 77 professions intermédiaires (43,01%), 57 employés
(31,84%)
Mesures :
-les deux principales dimensions du modèle Demande-Ressources de Karasek : demande
psychologique, lattitude décisionnelle.
-les trois dimensions du Maslach Burnout Inventory : épuisement émotionnel,
dépersonnalisation, accomplissement
-état de santé général
-l'orientation politique
-trois dimensions d'évaluation des valeurs liées à l'orientation politique (égalité, concurrence,
liberté)
Résultats
Répartition des sujets selon l'orientation politique : 59 sujets se déclarent de droite (32,96%),
120 se déclarent de gauche (67,03%).
-la comparaison selon la proximité à l'égard des trois valeurs importantes, indique que les
sujes de droite et de gauche se distinguent très nettement sur chacune des trois dimensions.
-impact de l'orientation politique sur la santé : comme dans les études évoquées plus haut,
nous constatons que les sujets de droite déclarent un niveau de santé général meilleur que les
sujets de gauche.
-l'orientation politique n'a pas d'effet significatif sur les scores de demande psychologique et
de lattitude décisionnelle.
L'hypothèse 1 est vérifiée. Les sujets de droite et de gauche obtiennent des scores
significativement différents sur les trois dimensions du MBI. Les sujets de droite ont des
scores plus élevés en dépersonnalisation et accomplissement. Les sujets de gauche ont des
scores plus élevés en épuisement.
L'hypothèse de modération de l'orientation politique n'est pas vérifiée, ni pour l'effet de la demande
psychologique, ni pour celui de la lattitude.
Discussion
Cette recherche exploratoire indique que l'orientation politique joue sur l'expression du
burnout. Mais elle appelle surtout d'autres recherches afin de mieux comprendre les
relations entre les deux processus. Les Résultats de recherches actuellement en cours seront
présentés afin d'étayer la discussion.
Références
Bonanno, G.A., Jost, J.T. (2006). Conservative shift among high-exposure survivors of the
september 11th terrorist attacks. Basic and Applied Social Psychology, 28, 311-323.
Laufer, A., Solomon, Z. (2010). Political ideology and psychological symptoms following
terror. Youth and Sociey, 41, 414-433.
321 Napier, J.L, Jost, J.T. (2008). Why are conservatives happier than liberals ? Psychological
Science, 19, 565-572.
Shechner, T., Slone, M., Bialik, G. (2007). Does political ideology moderate stress : the special
case of soldiers conducting forced evacuation. American Journal of Orthopsychiatry, 77,
189-198.
Subramanian S.V., Perkins, J.M. (2010). Are Republicans healthier than Democrats ?
International Journal of Epidemiology, 39, 930-93.
Subramanian, S.V., Huijts, T., Perkins, J.M. (2009). Association between political ideology
and health in Europe. European Journal of Public Health, 19, 455-457.
322 2) Stress et satisfaction au travail en milieu professionnel hospitalier : le cas des
techniciens supérieur en anesthésie-réanimation
Boukandou, Paule &Durand­delvigne, Annick (Laboratoire psitec), Résumé
Cette recherche s’inscrit dans une approche interactionniste entre l’employé et son
environnement de travail. En effet, le secteur de la santé gabonaise actuel, marqué par de
nombreuses revendications socio- organisationnelles, laisse percevoir un malaise des
personnels soignants. L’étude que nous présentons ici porte sur le stress et la satisfaction en
milieu professionnel d’infirmiers anesthésistes gabonais (TSAR), avec pour objectifs
l’identification des déterminants du stress, de la satisfaction au travail et leur impact sur les
anesthésistes. Un questionnaire compilé mesurant le stress et la satisfaction est soumis à 32
participants. Les résultats révèlent un stress élevé au niveau des efforts intrinsèques, et une
satisfaction significative au niveau des facteurs intrinsèques de la satisfaction.
Introduction
En Afrique, les risques professionnels sont surtout des risques liés à l’exercice au quotidien à
cause des défaillances des infrastructures. L’idée de traiter simultanément des concepts
« stress » et « satisfaction » provient d’une préoccupation sociale particulière, celle
d’identifier les principaux facteurs liés au travail d’un groupe de soignants. Des études
réalisées sur les personnels de santé (Estryn-Béhar, 1997, Harber, 1998 ; Loriol 2000),
montrent que l’augmentation du stress des anesthésistes, et la diminution de satisfaction
seraient en rapport avec les effectifs réduits, la charge et la qualité de travail qui en résultent,
les horaires de travail, et les difficultés relationnelles avec les collègues et la hiérarchie, le
côtoiement de la souffrance et le salaire. A cela s’ajoute un manque accru en matériel dans les
pays en voie de développement (Binam 2001, Chobli 1986, Sanou et al. 1999). Par ailleurs,
l’anesthésiste a un rôle capital dans le processus médical, il officie avant et pendant les
interventions chirurgicales, et assure le réveil des patients et la réanimation. Cette activité est
réalisée en général par des infirmiers anesthésistes dans le cas du Gabon
Question 1 : quels sont les facteurs favorisant le stress auprès des anesthésistes gabonais?
Question 2 : quels liens existe-il entre les facteurs de stress et les déterminants de la
satisfaction?
Méthode
L’étude est réalisée auprès de 32 anesthésistes-réanimateurs (30 infirmiers et 2 médecins) du
secteur public (50%) et parapublic (50%) ayant un âge moyen de 40 ans ; plus de la moitié de
la population (27 personnes) a une ancienneté moyenne de 13.5 années de travail.
Nous nous inspirons des modèles de stress de Siegrist (1996), et de satisfaction de Herzberg
(1971) car ils mettent l’accent sur le rapport du déséquilibre efforts récompenses. Nous
reprenons dans leur totalité les questionnaires : « Minnesota Satisfaction questionnaire » et le
« Siegrist questionnaire »; des questions relatives aux caractéristiques sociodémographiques
y ont été adjointes. L’analyse statistique est faite à l’aide du logiciel SAS.
Variables dépendantes: le stress et la satisfaction perçus liés aux aspects de l’emploi.
Variables indépendantes: efforts extrinsèques, efforts intrinsèques, récompenses, facteurs
extrinsèques et intrinsèques de la satisfaction
Résultats
Les résultats montrent:
- les anesthésistes sont satisfaits de leur emploi (84,38%)
- une satisfaction significative sur les facteurs intrinsèques (l’environnement de travail,
le genre et l’ancienneté): score moyen= 41.81, écart type = 8,63.
323 -
un stress élevé au niveau des efforts intrinsèques/récompenses (12,99 ; r>1). Ce
résultat indique que les anesthésistes s’impliquent psychologiquement et
physiquement de façon significative et deviennent ainsi plus vulnérables aux
conséquences du stress sur leur santé ; ce qui n’est pas le cas pour les exigences
quotidiennes (0,91; r<1). Les participants semblent moins vulnérables aux contraintes
de temps, aux interruptions, aux heures supplémentaires.
Des corrélations entre les facteurs intrinsèques/efforts intrinsèques (r=0,38 ; p<0.05), les
facteurs intrinsèques/facteurs extrinsèques (r=0,92 ; p<0.01), et les récompenses/facteurs
extrinsèques – facteurs intrinsèques (r= -0,65 ; p<0.01).
Discussion
Des études ont montré le rôle de plusieurs variables organisationnelles dans le
développement de la satisfaction (Halpern 1966, Sansgiry et Ngo 2003, Labhib 2005) et du
stress (Karasek 1981, Cary et al 2009) pour mieux cerner le bien être au travail. Notre étude a
retrouvé un certain nombre de Résultats qui différents de ceux de Herzberg (1971) et qui
corroborent partiellement avec la logique de Siegrist (1996). Toutefois, elle ne permet pas de
conclure à une causalité directe entre l’environnement de travail actuel et les caractéristiques
de la frustration de cette population, mais montre qu’il y a un ensemble de facteurs
communs qui concourent au développement du stress ainsi qu’à la diminution de la
satisfaction de ces employés. Il semble nécessaire de poursuivre cette étude pour mieux
comprendre les mécanismes en œuvre dans l’élaboration de la perception de ces employés
en articulant par exemple la question du climat socio organisationnel avec celle de la
perception du stress et l’insatisfaction au travail. Enfin, cette étude pose le problème de la
contextualisation des outils méthodologiques. Peut-on transférer des théories produites dans
un contexte spécifique, le contexte occidental et les importer dans un autre contexte culturel
et socio-économique ? Ne serait-il pas temps de partir de l’analyse des pratiques
effectivement observées et étudiées en contexte sociétal Africain dans la perspective de
produire de nouveaux outils conceptuels.
Références
Binam, F., Lenondeley, P., Blatt, A. Arvis, T. (2001). Pratiques anesthésiques à Yaoundé. Annales
françaises d’anesthésie-réanimation, N°20 p.19-22.
Cary, L, Cooper, Sharon Clarke, Aurea M, Rowbottom (2009). Manchester School of
Management, UMIST, Manchester, Royaume-Uni. American Society of
Anesthesiologists
Estryn-Behar et al. (2006). L’enquête PRESST-NEXT santé et satisfaction des soignants au
travail en France et en Europe. Document internet consulté le
12/09/20010. www.cnsf.asso.fr/.../Agnes-Simon_communication_CNSF_13-0306.pdf
Herzberg, F. (1971). "Le Travail et la Nature de l'Homme": A Adaptation de Charles Voraz.
Entreprise Moderne d'Edition.
Loriol, M. (2001). La fatigue, le stress et le travail émotionnel de l’infirmière. In revue Prévenir
n°40, p.183-188.
Sanou, J., Vilasco, B., Obey, A., Binam, F., Chobli, M., & al (1999). Evolution de la démographie
des praticiens d’anesthésie en Afrique francophone au sud du Sahara. Annales françaises
d’Anesthésie-Réanimation, N°18 P 642-642.
Sansgiry, S., Ngo, C. (2003). Factors affecting job satisfaction among hospital pharmacists.
Hosp Pharm 2003; 36: 1037-46
Siegrist, J. (1996). Adverse health effects of high effort-low reward conditions. Journal of
occupational health psychology, 1, 27-43
324 3) Santé psychologique au travail et besoins fondamentaux : quels prédicteurs
organisationnels, psychosociaux et individuels du bien-être et de la détresse chez
298 enseignants ?
Desrumaux*, Pascale, Ntsame­Sima*, Murielle, Boudrias**, Jean­sébastien(*Université de Lille 3, **Université de Montréal). Introduction
S’inscrivant dans une approche prévisionnelle multivariée de la santé psychologique au
travail en termes de bien-être et détresse au travail ( Boudrias, Brunet & Savoie, 2007), la
recherche réalisée auprès d'enseignants (l'éducation constituant après le médical, le
deuxième secteur touché par les RPS) vise à tester les liens entre, d’une part, des inducteurs
organisationnels (demandes et ressources liées à l’emploi), psychosociaux (climat de travail)
et personnels (optimisme) et, d’autre part, la santé psychologique mesurée en termes de
bien-être et de détresse au travail. En outre, l’intérêt du modèle est de tester les effets
médiateurs des trois besoins fondamentaux (Deci & Ryan, 2000, 2008) entre ces inducteurs et
la santé psychologique.
Des recherches bien connues montrent les liens entre demandes, ressources et santé et ont
fondé trois modèles tels que le modèle demande/contrôle ou latitude décisionnelle au travail
(Karasek, 1979), la théorie de la préservation des ressources (Hobfoll & Freedy, 1993 ; Hobfoll
& Lerman, 1989) et le modèle exigences/ressources (Bakker, Demerouti & Werbeke, 2004).
Ceux-ci mettent en exergue l’importance pour l’individu de disposer, dans la réalisation de
son travail, des ressources pour le maintien de sa santé. Lorsqu’il en est pourvu, son aptitude
à affronter aisément les différentes situations augmente. Partant de ces constats mettant en
évidence un effet positif des ressources (Schaufeli & Buunk, 2003) sur le bien-être et la santé
(Bakker et al., 2007 ; Van den Broeck, et al., 2008), un effet néfaste des demandes sur la santé
(Darr & Johns, 2008 ; Demerouti et al., 2001 ; d’Halbesben, 2006 ; Maslach et al., 2001 ; Lee &
Asforth, 1996 ; Van den Broeck et al., 2008) et un effet de l’équilibre demandes/ressources
(Karasek & Theorell, 1990) sur la santé, on pouvait s’attendre à ce que des demandes élevées
générant des situations stressantes soient en lien direct avec un faible bien-être et une détresse élevée.
En ce qui concerne les liens entre les demandes/ressources et la satisfaction des BPF, Van
den Broeck et al. (2008) ont mis en évidence un effet de médiation totale de la satisfaction des
besoins entre les ressources et l’épuisement et deux effets de médiation partielle entre les
demandes et l’épuisement et entre les ressources et la vitalité au travail. Au contraire d’une
organisation classique, au sein d’une organisation du travail dans laquelle les salariés
(enseignants) bénéficient déjà d’une autonomie, ce besoin ne variera pas en fonction des
demandes et des ressources présentes puisqu’il est déjà satisfait. En revanche, nous
attendions à ce que les ressources influencent directement la satisfaction des besoins d’affiliation et de
compétences. La satisfaction des besoins et la motivation dépendraient également de variables
psychosociales dans l’organisation (Gagné & Deci, 2005) et, à cet égard, le climat apparait
bien comme une variable riche et déterminante. Résultant de la perception que les individus
se font d'aspects organisationnels, le climat peut être défini comme « la perception que se font la
majorité des acteurs de la façon dont ils sont traités et gérés » (Roy, 1989). Une étude canadienne
(Gilbert, Savoie & Brunet, 2008) auprès de 273 enseignants a montré que les enseignants se
sentent libres, considérés, encouragés et reconnus et que la satisfaction des trois BPF,
mesurée globalement, médiatise complètement les liens entre le climat et la santé
psychologique. Un climat de travail favorable est générateur de satisfaction des besoins et de
motivation intrinsèque (Baard et al., 2004 ; Deci et al., 1981, 1989 ; Gagné et al., 2003 ; Mageau
& Vallerand, 2003 ; Vansteenkiste et al., 2004) et on pouvait s’attendre à un lien positif entre le
climat de travail et la satisfaction des trois besoins d’autonomie, de compétence et d’affiliation et à un
effet médiateur des besoins entre climat et santé psychologique. Parmi les facteurs individuels de
santé, l’optimisme est connu pour son influence positive sur la santé des personnes
325 (Seligman, 2002) sur la santé cardio-vasculaire (Scheier et al., 1999) et sur la longévité (Giltay,
Kamphuis, Kalmijin, Zitman, & Kromhout, 2006) aussi s’attendait-on à ce que l’optimisme
influence le bien-être et de détresse et à des effets de médiation de la satisfaction des besoins entre
l’optimisme et la santé psychologique.
Méthode
298 enseignants du Nord de la France ont répondu au questionnaire. Les participants étaient
d’âges variés, (M = 41,0 ; SD = 10,5) allant du jeune enseignant à l’enseignant en fin de
carrière. L’ancienneté variait également (M = 16,67). L’échantillon était composé de 177
femmes et 121 hommes. Les enseignants provenaient d’écoles élémentaires (N = 107), de
collèges (N = 87) et de lycées (N = 104).
Le questionnaire était constitué de 261 questions assorties d’échelles de Likert : 17 items
mesuraient le climat de travail, six items tirés du LOT (Carver & Scheier, 1985) mesuraient
l’optimisme/pessimisme. La santé psychologique était mesurée de manière bipolaire comme
l’OMS (1946) le préconise. L’outil de Massé, Poulin, Dassa, Lambert, Bélair et Battaglini
(1998a, b, c) mesurait donc le bien-être psychologique au travail, échelle composée de cinq
dimensions (bonheur au travail amour du travail/importance accordée aux activités de
travail et personnelles/relation positive avec collègues/désir d’aller de l’avant/bien-être par
rapport à soi). La détressepsychologique correspondait à un sentiment désagréable représenté
par les dimensions irritabilité-agressivité, anxiété-dépression. La satisfaction des trois BPF
(médiateurs) se mesurait au moyen de trois outils validés.
Les données ont été soumises à des analyses de régressions multiples. Puis en suivant les
procédures préconisées par Baron et Kenny (1986), nous avons testé les relations entre (a) les
VI et les médiateurs (b) entre les VI et les VD et (c) entre les VI et les VD en incluant les
médiateurs.
Résultats
La plupart des hypothèses de recherche sont corroborées et la pertinence des inducteurs de
santé et des médiateurs est vérifiée : ils expliquent une proportion substantielle de la
variance du bien-être (51%) et de la détresse psychologique (36%) des enseignants de
l’échantillon. Comme le prédit Lewin, un climat de travail positif est en lien avec le fait de
pouvoir satisfaire ses BPF au travail. Nous avons vérifié que l’influence du climat sur le bienêtre était totalement médiatisée par la satisfaction des trois BPF. Pour le mal-être, cette
influence du climat est complètement médiatisée par la satisfaction des besoins de
compétence et d’affiliation, mais pas par le besoin d’autonomie. Au niveau organisationnel,
conformément aux prédictions, une augmentation des demandes diminue le bien-être et
augmente la détresse. En revanche, les ressources n’influencent ni directement, ni par
médiation la santé psychologique. Sur le plan individuel, seule la satisfaction des besoins de
compétence et d’affiliation médiatise partiellement les liens entre l’optimisme et la santé
psychologique (bien-être ou détresse). Comme le laissait prédire Seligman, l’optimisme s’est
révélé être un facteur de santé important.
Références
Boudrias, J.S., Desrumaux, P., Nelson, K., Brunet, L, & Savoie A. (2011, asrm). Psychological
Health at Work: Testing a Mediation Model with Social-Organizational, Job-Related,
and Individual Predictors. International Journal of Stress Management
Deci, E.L., & Ryan, R.M. (2000). The “what” and “why” of goal pursuits: human needs and
the self-determination of behaviour. Psychological Inquiry, 11, 227-268.
Mots-clés : santé psychologique, bien-être, détresse, satisfaction des besoins, climat,
demandes, ressources, optimisme
326 Courrier d'accompagnement (facultatif) :
327 4) Changement organisationnel et stress : l’exemple de la fusion des 3 Universités
Strasbourgeoises
Spitzenstetter, Florence, Raffin, Didier (Université de Strasbourg), Chauvin, Bruno, Rohmer, Odile, Schimchowitsch, Sarah, Louvet, Eva (Université de Strasbourg). Résumé
L’objectif de la présente étude est d'évaluer l’impact du changement sur le niveau de stress
perçu des salariés de l’Université de Strasbourg suite à la fusion des trois universités
strasbourgeoises. Le stress perçu a été mesuré par la MSP-9 (Lemyre, Tessier & Fillion, 1990).
Le changement a été évalué à l’aide d’un questionnaire spécifiquement élaboré dans ce
contexte portant à la fois sur le changement effectif déclaré et l’évaluation de ce changement
en termes d’ampleur et de difficultés associées. Les Résultats ont tout d’abord mis en
évidence des changements importants liés notamment à une augmentation de la charge de
travail et des difficultés associées à cette augmentation. Il apparait ensuite que ce sont avant
tout ces difficultés et non pas le changement en soi qui expliquent le stress perçu. Une
analyse comparative des différentes ex-universités a également mis en évidence que ce sont
avant tout les universités au plus faible effectif qui ont subi les difficultés liées au
changement les plus grandes et qui indiquent le niveau de stress perçu le plus important.
Cette étude met en évidence l’intérêt de prendre en compte l’évaluation subjective du
changement et du stress dans la prévention de la souffrance au travail.
Introduction
Au cours de l'année 2009, les trois universités Strasbourgeoises ont fusionné pour former une
université unique, l’Université de Strasbourg (UDS). Or, différentes études ont permis de
montrer que le changement organisationnel peut constituer une source importante de stress
au travail susceptible de détériorer la satisfaction au travail ainsi que la santé des salariés.
Ainsi le changement organisationnel apparait comme positivement corrélé au stress
appréhendé à la fois par des mesures auto-rapportées et des indicateurs biologiques
(Hansson, Vingard, Arnetz & Anderzen, 2008). Une autre étude s’appuyant sur le modèle
demande-soutien-contrôle de Karasek (Karasek & Theorell, 1990) a montré que cette relation
entre le changement organisationnel et le stress était principalement médiatisé par la
demande psychologique c’est-à-dire le fait d’être confronté à des exigences élevées sans
disposer des ressources nécessaires pour y faire face (Tvedt, Øystein Saksvik & Nytrø, 2009).
Par ailleurs, l’obligation légale pour les entreprises de s’engager dans la prévention des
risques psycho-sociaux a constitué une incitation pour la Présidence de l'Université de
Strasbourg a lancé un appel à projet pour évaluer en quoi les changements pouvaient altérer
le bien être du personnel de l’Université. C’est en réponse à cette demande que le
Laboratoire de Psychologie des Cognitions a réalisé une étude auprès du personnel
administratif et enseignant-chercheur. S’appuyant ainsi sur les travaux antérieurs, l’objectif
principal de l’étude présentée ici était d'évaluer l’impact du changement sur le niveau de
stress perçu des salariés en tenant notamment compte de la façon dont le changement est
perçu et évalué subjectivement en termes d’ampleur et de difficultés associées.
Méthode
Cette étude a été réalisée auprès de 1084 salariés (enseignants chercheurs et personnel
administratif) de l'UDS. Cet échantillon était constitué de 59 % de femmes et 41 % d’hommes,
âgés de 21 ans à 68 ans (Moyenne d’âge : 42.6 ans ; Ecart type : 10.3). 64 % de la population
328 faisait partie du personnel administratif, 34 % du personnel enseignant-chercheur, 2% n’ont
pas renseigné cette question.
Le stress perçu a été mesuré par la MSP-9 (Lemyre, Tessier & Fillion, 1990). Cet outil est
composé de 9 items opérationnalisant l’état subjectif de stress (e.g. Je me sens débordé …, J’ai
des douleurs physiques …etc.) par rapport auxquels les participants devaient se positionner
sur des échelles en 8 niveaux allant de « pas du tout » à « énormément ».
Le changement a, quant à lui, été évalué à l’aide d’un questionnaire spécifiquement élaboré
et adapté au contexte de l’étude. Ce questionnaire porte à la fois sur le changement effectif
déclaré (e.g. changement de fonctions, de lieu, etc.) et l’évaluation de ce changement en
termes d’ampleur et de difficultés associées. Les participants étaient invités à indiquer sur
des échelles en 5 niveaux dans quelle mesure ils percevaient par exemple une augmentation
de la charge de travail ou une complexification des procédures suite à la fusion des 3
universités.
Résultats etDiscussion
Les résultats ont tout d’abord montré que les 2/3 de la population déclarent avoir subi un
changement effectif, ce changement entrainant souvent une augmentation perçue importante
de la charge de travail et des difficultés associées à cette augmentation. Une analyse de
régression multiple indique que parmi les différentes dimensions du changement, ce sont
avant tout les difficultés liées à l’augmentation de la charge de travail qui ont une valeur
prédictive du stress ressenti. Ces résultats peuvent être mis en relation avec les travaux
antérieurs ayant révélé la relation entre changement et stress médiatisée par la demande
psychologique (Tvedt, et al., 2009). Il est donc intéressant de constater que ce n’est pas tant le
changement en soi qui est source de stress que l’évaluation subjective de ce changement. Par
ailleurs, une analyse comparative des différentes ex-universités a mis en évidence que ce
sont avant tout les universités au plus faible effectif qui ont subi le changement le plus
important et les difficultés les plus grandes. Ces différences se traduisent par un niveau de
stress perçu plus important dans ces établissements. On peut faire l’hypothèse que ces
différences observées s’expliquent par la façon dont les différents établissements ont été
impliqués dans la dynamique du changement. Une plus grande implication dans la
procédure de changement pourrait en effet conduire à la perception d’un plus fort contrôle
(maîtrise du changement) et conséquemment atténuer le stress lié au changement. En
conclusion cette étude met en évidence l’intérêt de prendre en compte l’évaluation subjective
du changement et du stress dans la prévention de la souffrance au travail.
Références
Hansson, A.S., Vingard, E., Arnetz, B.B., & Anderzen, I. (2008). Organizational change,
health, and sick leave among health care employees: A longitudinal study measuring stress
markers, individual, and work site factors. Work & Stress, 22, 69-80.
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Work & Stress, 23, 80-98.
329 5) Impact du soutien familial dans la gestion du stress professionnel en contexte
africain
Nsanguene, Murielle Clémence, Durand­Delvigne, Annick (Université Lille 3). Résumé
Les conséquences du stress au travail sur la santé, sont désormais mieux connues. Le soutien
social participerait favorablement au coping dans des situations stressantes et permettrait un
mieux être psychologique (LaRocco, House & French, 2000). Notre recherche exploratoire
tentait d’estimer le rôle modérateur du soutien familial dans des situations de stress
professionnel ; précisément, le poids de chacun des réseaux de soutien, tels les collègues, les
supérieurs et la famille, dans la gestion du stress en lien avec des facteurs organisationnels.
Ainsi, nous avons organisé une étude dans un contexte socioculturel souvent décrit comme
collectiviste, afin de questionner l’universalité de la catégorisation du soutien social (Barrera,
1986; Sarason et al., 1990). Dix-sept infirmiers et infirmières d’un centre hospitalier gabonais
ont participé aux entretiens. Les résultats de l’analyse catégorielle thématique montrent que
les mauvaises conditions physiques de travail et les injustices organisationnelles sont à
l’origine du stress. Aussi, le soutien familial jouerait un rôle plus important que les autres
soutiens sociaux. Notre étude contribue théoriquement à la problématique sur le transfert
des théories d’une culture à une autre (Hofstede, 1987) et peut ouvrir à des propositions
concrètes d’aménagement des conditions de travail et de formation du personnel de santé au
Gabon.
Introduction
Le public est désormais bien informé sur la question du stress au travail. Les chercheurs
s’attèlent à trouver des moyens de réguler ce phénomène et le soutien social apparaît comme
une variable permettant de mieux gérer le stress. Notre étude confrontera des théories
validées en contexte occidental à un contexte non occidental afin d’en vérifier l’universalité
(Hofstede, 1989).
Méthode
Nous avons mené notre recherche exploratoire à l’aide d’un guide d’entretien. 17 infirmiers
du Centre Hospitalier de Libreville (CHL) appartenant à divers services (infectiologie,
urgences, cardiologie, spécialités, etc.) ont participé aux entretiens. Ces entretiens ont duré
chacun environ 1h15. L’échantillon était composé de 12 infirmiers d'état, soit 6 femmes et 6
hommes et 5 infirmiers assistants, soit 4 femmes et 1 homme dont l'âge moyen était de 31 ans
avec 4 ans d'ancienneté en moyenne. Les interviewés avaient en moyenne 4 personnes à
charge, 23% d'entre eux étaient célibataires (certains vivaient chez les parents), 35% vivaient
maritalement dans leurs propres foyers et 41% vivaient maritalement, avaient des enfants
mais logeaient encore chez leurs parents.
Résultats et discussion
Les conditions de travail exécrables ont été citées par tous les interviewés comme étant le
premier facteur organisationnel à l'origine du stress chez ces derniers. Ils évoquent soit les
conditions de travail qui ne dépendent pas d'eux, soit les querelles familiales fréquentes
causées par les membres de la famille « Quand on passe des moments difficiles en famille,
par exemple si l'on a un problème avec sa sœur ou sa femme, qu'elles vous énervent et qu'on
se dispute tout le temps, cela peut nous rendre nerveux même au travail et faire augmenter
le stress face aux malades et aux collègues ». On note un mécanisme de défense pour se
protéger de l'angoisse du stress en trouvant plus facilement les causes externes que les
causes internes. Lorsqu'ils parlent du stress lié aux conditions de travail et des conséquences
néfastes sur le travail, ils utilisent des pronoms personnels tels que « je », « nous » « on ». Il y
330 a donc une implication personnelle. Mais lorsque le manque de compétence et de savoir-faire
sont cités comme facteurs de stress, le discours devient plus impersonnel, comme si se
reconnaître à l’origine du stress vécu revenait à se dévaloriser. Les exemples donnés sont
alors ceux des collègues et non ceux de celui qui parle. On note également chez certains la
diminution du son de la voix comme pour que personnes d'autres que nous, n'entendent ce
qu'ils disent des autres. Tout cela montre une mauvaise représentation du stress chez ces
répondants. La formation a été également une thématique récurrente dans ces entretiens. La
plupart des interviewés, particulièrement ceux qui travaillaient dans des services spécialisés
ont évoqué le manque de formation particulière à la spécialisation du service d’accueil.
Pendant leur formation d’infirmiers, ils ne suivent pas de manière approfondie des cours
relatifs à tout ce qui se passe par exemple dans un bloc opératoire. Arrivés dans un service
chirurgical, ils sont mis devant des responsabilités impossibles à remplir par manque de
connaissances spécifiques au milieu chirurgical. Ils apprennent alors sur le tas et sont
susceptibles de commettre d’amples erreurs médicales. Ce sentiment d’incompétence dû au
manque de formations de la part de la hiérarchie ou du système éducatif est un facteur de
stress dans l’exercice professionnel des infirmiers. Dans ces services spécialisés, les actes
médicaux sont minutieux et une simple erreur peut engendrer des conséquences
irréversibles, d’où la pression pour les personnes qui y travaillent et la nécessité d’être bien
formés et de garder le contrôle de ses actes. La majorité des infirmiers a clairement déclaré
l’existence de liens entre le soutien qu’elle peut recevoir des proches et l’activité
professionnelle « Lorsque je vis des tensions trop fortes à la maison, j’ai du mal à me
concentrer dans mon travail et c’est souvent là que je commets beaucoup de petites erreurs
dans mon métier, car je ne suis pas concentré et je me sens mal dans ma peau ». Les
répondants évoquent le besoin de ressentir l’amour et l’affection de leurs familles pour
mieux traiter les patients et mieux gérer le stress causé par un environnement de travail
laissant à désirer. Cet avis est davantage partagé par les infirmiers vivant avec leurs conjoints
et leurs enfants chez leurs parents. Certains infirmiers pensent que les marques de soutien
apportées par les collègues et les supérieurs sont plus efficaces que celles qu’apportent la
famille lorsqu’il s’agit du travail étant donné que dans les lieux de travail l’on est en
interaction avec ses collègues et ses chefs et non avec la famille ou les amis. Cependant, la
majorité considère le soutien de leur famille comme étant le plus important des soutiens
pour mieux gérer les situations de stress que peuvent causer leur organisation de travail, tout
en reconnaissant également l’importance des marques de soutien des collègues et des
supérieurs hiérarchiques.
Références
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française de gestion, 64. 10-21.
Hofstedte(1989). Comment concilier tradition et modernité dans l’entreprise africaine ? Revue de
gestion française, 64, 65.
Karasek, R., & Theorell, T. (1990), Healthy work : Stress, productivity and the reconstruction
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LaRocco, House &French (2000). Evaluation du stress au travail et du support social reçu et
perçu par 2000 Hommes
Leblanc, G., Lafrenière, A., St Sauveur, C., Simard, M., Duval, M., Le Brock, P., Girard, C.,
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Universitaires de France | Le travail humain, Vol 64, p97-118.
331 Selye, H. (1976). The stress of Life ; R.J. Shephard, Aerobic Fitness and Health (1993) et Physical
Activity and Immune Function (1996)
332 II)
Psychologie Sociale : comportements et citoyenneté
Titres des communications et intervenants
Les effets de licences et de purifications morales dans les jeux de biens publics.
Laurent Waroquier (UniversitéToulouse 2)
Valeurs et comportements éthiques
Bakita-Ella, Marina Michelle (Université Paris Ouest Nanterre la Défense).
L’engagement citoyen : entre désirabilité et utilité sociale
Touati, Christelle (Université de Caen).
Croyance en un monde juste et écologie : entre prise de conscience et optimisme.
Jugel, Milena &Lecigne, André (Université Bordeaux 2 Victor Segalen).
Protection normative et normativité des comportements : le cas du jugement des
personnes en situation de handicap
Degraeve, Béatrice, Piermattéo, Anthony, Guimelli, Christian (Université de Provence)
333 1) Les effets de licences et de purifications morales dans les jeux de biens publics.
Laurent Waroquier (Université Toulouse 2) La purification morale consiste à réaffirmer son identité morale en adoptant un
comportement moral après avoir mis en œuvre un comportement immoral ayant menacé
cette identité. Inversement l’effet de licence morale consiste en une augmentation de la
fréquence des comportements immoraux après la mise en œuvre d’un comportement moral
ayant permis d’affirmer son identité morale. Nous allons utiliser ici une tâche d’amorçage
afin de manipuler la perception que les participants ont de leur propre valeur morale.
Ensuite ils prendront part à un jeu de biens publics dans lequel ils devront choisir entre
maximiser leur profit personnel et préserver l’environnement. Nous émettons l’hypothèse
que les participants seront plus enclins à maximiser leur profit personnel au détriment de
l’environnement après que leur identité morale ait été renforcée. Le pattern inverse devrait
être obtenu pour les participants dont l’identité morale a été menacée.
Introduction
L’effet de purification morale consiste en une augmentation de la fréquence des
comportements moraux après la mise en œuvre d’un comportement immoral. Cet effet aurait
lieu car la réalisation de comportements immoraux menace l’identité morale qui doit alors
être réaffirmée. L’effet de licence morale consiste en une augmentation de la fréquence des
comportements immoraux après l’adoption d’un comportement moral. Celui-ci aurait lieu
car l’accomplissement de bonnes actions permet d’établir la valeur morale de l’individu et
ainsi excuser les comportements immoraux ultérieurs. Ici, à l’instar de Sachdeva et. al (2009),
nous allons utiliser une tâche d’amorçage afin de renforcer ou de menacer l’identité morale
des participants. Les effets de licence et de purification morale seront ensuite investigués
dans un jeu de bien public impliquant des incitants réels, plusieurs essais et un feed-back à
propos du comportement des autres participants.
Méthode
Les participants seront assignés aléatoirement à l’une des trois conditions expérimentales
(amorce : neutre, positif ou négatif). La tâche d’amorçage sera identique à celle utilisée par
Sachdeva et. al (2009). Celle-ci sera présentée aux participants comme une étude
indépendante concernant l’écriture manuscrite. Au cours de cette tâche, les participants
seront invités à copier une liste de mots et à réfléchir à ce que chacun d’entre eux signifie
pour eux. Dans la condition « amorce neutre » ces mots se référeront à des objets inanimés
tels que livre, clé ou maison. Dans la condition « amorce positive » ces mots se référeront à
des traits positifs tels que attentionné, généreux, équitable, ou gentil. Dans la condition
« amorce négative » ces mots se référeront à des traits négatifs tels que : avare, égoïste,
déloyal, ou méchant. Avant de prendre part au jeu de bien public les participants réaliseront
une tâche sans rapport avec l’expérience afin de laisser s’écouler quelques minutes. Le jeu de
bien public consistera en une adaptation de la tâche de Tenbrunsel et Messick (1999). Dans
cette tâche les participants seront invités à endosser le rôle du manager d’une usine émettant
des gaz à effet de serre. La quantité de gaz émise pourra être réduite à l’aide de filtres mais
l’utilisation de ceux-ci aura un coût ce qui réduira les bénéfices de l’usine. Au début de
chaque tour de jeu les participants prendront une décision relative au taux d’utilisation des
filtres. Entre deux tours successifs les participants recevront un feed-back concernant
l’utilisation moyenne des filtres dans leur groupe, celui-ci sera constitué de quatre
participants appartenant à la même condition expérimentale. Le jeu comprendra deux tours.
La rémunération des participants à cette expérience sera fonction des bénéfices réalisés par
leur usine. En outre, les participants seront informés que l’université effectuera une donation
334 à une cause écologique dont le montant sera fonction de la quantité de gaz qui n’a pas été
rejeté dans l’atmosphère grâce à l’utilisation de filtres.
Résultats
Les données de cette expérience n’ont pas encore été récoltées. Nous émettons l’hypothèse
que les participants seront plus enclins à maximiser leur profit personnel au détriment de
l’environnement dans la condition amorçage positif. Dans la condition amorçage négatif les
participants devraient être plus enclins à préserver l’environnement au détriment de leur
profit personnel.
Discussion
Nous aimerions à travers cette expérience investiguer les effets de purification et de licence
morale dans un paradigme impliquant des incitants réels, plusieurs essais et un feed-back à
propos du comportement des autres participants.
335 2) Valeurs et comportements éthiques
Bakita­Ella, Marina Michelle (Université Paris Ouest Nanterre la Défense). Résumé
Il est généralement admis que nos valeurs sont stables dans une culture donnée et ont à la
fois un impact sur nos conduites sociales (Dupriez & Simons, 2000) et nos projets (Manço,
1998). Nous pouvons donc supposer que notre système de valeurs influe sur nos
comportements éthiques en général et notamment sur le comportement pro environnemental
et celui de citoyenneté organisationnelle.
Notre recherche se propose (a) de repérer les valeurs communes qui sous-tendent deux
comportements éthiques, le comportement pro environnemental et le comportement de
citoyenneté organisationnelle et (b) d'évaluer les liens existant entre diverses variables
sociodémographiques, organisationnelles et personnelles et ces comportements éthiques.
Les résultats montrent que les comportements éthiques ne sont pas sous-tendus par des
valeurs communes qui permettraient de mieux les comprendre, voire de les favoriser. Ils
pointent également qu’aucune variable sociodémographique, organisationnelle ou
personnelle ne corrèle significativement avec le comportement pro-environnemental. En
revanche, le sexe et le niveau d’études sont en lien avec le comportement de citoyenneté
organisationnelle
Mots clés : valeurs, comportement de citoyenneté organisationnelle, comportement pro
environnemental.
Introduction
Défini comme un ensemble d’idéaux et de principes moraux, notre système de valeurs est
considéré comme une instance évaluative qui oriente nos choix comportementaux et de vie
(Schwartz, 1994). Même si certains auteurs tels que Kluckhohn et Strodtbeck (1961)
différencient les valeurs universalistes (diffusées voire imposées par la société) des valeurs
universelles (existant de fait), il est généralement admis que ces valeurs sont stables dans une
culture donnée (Benedict, 1989) et ont à la fois un impact sur nos conduites sociales
(Moghaddam, 1990 ; Olson, & Zanna, 1993 ; Dupriez & Simons, 2000) et nos projets (Manço,
1998). Ainsi, notre système de valeurs influe sur notre comportement en général et plus
particulièrement sur nos comportements éthiques ou responsables. Citons notamment les
travaux de Diefendorff, Brown, Kamin et Lord (2002) et Paillé (2006) centrés sur le
comportement de citoyenneté organisationnelle et ceux de Schwartz (1994), Stern, Dietz,
Abel, Guagnano et Kalof (1999) et Bamberg & Möser (2007) portant sur le comportement proenvironnemental. Selon Kollmuss et Agyeman (2002), le comportement environnemental est
«un comportement adopté par un individu qui décide, de façon consciente, de minimiser ses impacts
négatifs sur les milieux naturel et construit». Le comportement de citoyenneté organisationnelle,
quant à lui, se définit généralement comme un ensemble d'actes individuels laissés à la
discrétion des employés et qui contribuent significativement à l'efficacité organisationnelle
(Paillé, 2006).
Notre recherche se propose de répondre à un double objectif : (a) évaluer les liens
qu'entretiennent diverses variables sociodémographiques (âge, sexe, diplôme),
organisationnelles (statut, ancienneté dans l’organisation, ancienneté dans le poste) et
environnementales (implication dans le tissu associatif et/ou politique local) avec ces
comportements éthiques, et (b) repérer les valeurs qui sous-tendent ces deux comportements
éthiques et analyser plus précisément celles qui leur sont communes.
Méthode
Matériel
336 42 salariés (22 femmes et 20 hommes), travaillant dans différents secteurs d’activités (public
ou assimilé, privé, associatif).et habitant la Région d’Ïle de France, ont été conviés à répondre
à un questionnaire comportant (a) une partie signalétique cernant les variables
sociodémographiques (âge, sexe, niveau d’études), organisationnelles (ancienneté dans le
poste, ancienneté dans l’entreprise) et personnelles (implication dans le tissu associatif local,
implication dans le tissu politique local), (b) l’échelle de valeurs de Stern, Dietz, Abel,
Guagnano et Kalof (1999), (c) la version française de l’échelle de comportement écologique
de Kaiser, Wölfing, & Fuhrer (1999) et (d) l'adaptation française (Paillé, 2006) de l’échelle de
comportement de citoyenneté organisationnelle de Podsakoff, MacKensie, Moorman & Fetter
(1990)
Résultats
Aucune variable organisationnelle ou personnelle ne corrèle significativement, à .05, avec les
comportements éthiques. De même, aucune variable sociodémographique ne corrèle
significativement avec le comportement pro-environnemental. Cependant, il existe une
corrélation significative à .01 entre la dimension « Comportement d’aide aux collègues » du
comportement de citoyenneté organisationnelle et le genre (r=-.39), d’une part, et le niveau
d’études, d’autre part (r=-.45).
Notre deuxième objectif se proposait de repérer les valeurs qui sous-tendent ces deux
comportements éthiques et analyser plus précisément celles qui leur sont communes.
Aucune valeur ne corrèle significativement avec au moins une dimension de chaque échelle.
Cependant, une analyse plus fine des Résultats met en évidence des corrélations
significatives à 0,01 entre certaines valeurs et les trois dimensions du comportement de
citoyenneté organisationnelle. Il s’agit de la valeur « Une vie diversifiée » qui corrèle avec les
dimensions « Comportement d’aide aux collègues » (r= .33) et « Comportement d’esprit d’équipe »
(r=.36 ; p<.01), de la valeur « Autorité » en lien avec la dimension « Vertus civiques » (r=.32) et
la valeur « Monde de paix » qui corrèle avec la dimension « Comportement d’esprit d’équipe »
(r=.40).
Une corrélation significative à .01 a été calculée entre la valeur « Une vie diversifiée » corrèle
avec deux dimensions du comportement de citoyenneté organisationnelle (aide apportée aux
collègues (r=.36), et esprit d’équipe (r=.33)), d'une part et entre la valeur « Autorité » et la
dimension « Vertus civiques » de l’échelle de comportement de citoyenneté organisationnelle
(r=.40).
Discussion
Ces résultats peuvent paraître décevants en première analyse, car nos hypothèses ne sont pas
vérifiées. Cependant, ce travail exploratoire s’est en fait révélé riche d’enseignements. Il nous
amène à réorienter notre recherche en utilisant, par exemple, le Schwartz Values Survey
(SVS) de Schwartz (1994).Par ailleurs, en nous référant aux préconisations de Schwartz, nous
souhaiterions prolonger ce travail en comparant deux cultures (collectiviste vs
individualiste) se différenciant clairement par leurs valeurs, notamment organisationnelles.
Pour des raisons de faisabilité, notre choix se porterait sur une population gabonaise et une
population française.
Références
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Paillé, P., (2006). Les relations entre l’implication au travail, les comportements de
citoyenneté organisationnelle et l’intention de retrait. Revue Européenne de
psychologie Appliquée, 56,139-149.
337 Stern, P, T.Dietz, T.Abel, G.Guagnano and L. Kalof, 1999. “A Value-Belief Norm Theory of
Support for Social Movements: the case of environmental concern. “Human Ecology
Review 6, 81.
338 3) L’engagement citoyen : entre désirabilité et utilité sociale
Touati, Christelle (Université de Caen). Résumé L’engagement citoyen doit faire face depuis des décennies à un constat de crise. Outre ces
considérations, il est possible de penser que le comportement d’engagement ferait lui-même
l’objet d’un jugement de valeur dans notre société. Ainsi, cette étude propose d’explorer le
lien entre l’attribution de valeur sociale et le comportement d’engagement sociopolitique.
L’hypothèse structurant ce travail avance l’idée d’une incohérence entre la désirabilité
sociale de l’engagement et son utilité sociale. Pour démontrer cela, la partie empirique
impose une méthodologie adaptée à cette problématique : le paradigme des juges de Jellison
et Green (1981).
Introduction
La citoyenneté est une thématique qui aujourd’hui suscite un regain d’intérêt aussi bien dans
les médias que dans le champ du politique (Schnapper, 2000 ; Duchesne, 1997). Les auteurs
contemporains s’accordent à constater un déficit de la dimension participative de la
citoyenneté, traduit sous le terme soit de « crise » de l’engagement, si l’on se réfère à une
conception antique de la citoyenneté (Nicolet, 2000), soit d’une forme de mutation de
l’engagement (Ion, 1997), si l’on s’en tient à l’évolution libérale actuelle. Pourtant, le discours
des individus traduit un net désir d’engagement. Les paradoxes observés entre attitudes et
comportements citoyens, lors d’une première phase d’enquête qualitative mènent au
questionnement principal de cette étude. En effet, la problématique réside dans le constat
d’une désirabilité de la dimension active de la citoyenneté chez les individus interrogés, mais
la transmission sociale (via les processus de diffusion insitutionnelle et normative) d'une non
utilité de ces pratiques d'engagement. Notre hypothèse générale consiste donc à avancer
l’engagement sociopolitique comme désirable mais non utile socialement. Pour cela, nous
nous appuyons sur les divers apports théoriques issus de la psychologie sociale, notamment
des théories de la servitude libérale de Beauvois (1994, 2005) ou encore de la norme
d’allégeance de Gangloff (1997,2001).
Méthode
Plus précisément, nous avons utilisé une méthodologie relevant du paradigme des juges
(Jellison et Green, 1981) afin de démontrer une éventuelle incohérence en termes de
désirabilité et utilité sociale relatives à des profils d’engagement. En effet, le paradigme des
juges indique l’élaboration artificielle de profils opposés d’engagement (VI1) qui seront par
la suite présentés à l’évaluation des sujets. Afin de compléter cette étude, nous avons
distingué trois modalités d’engagement citoyen, comme elles sont décrites sous ses formes
traditionnelles : l’engagement dans une association de biens communs, l’engagement dans
un parti politique et l’engagement dans un syndicat. Les questionnaires pré-remplis se
divisent en quatre : un profil non engagé, et les trois profils d'engagement décrits ci-dessus. Il
est demandé à une moitié des 150 sujets d’évaluer la désirabilité sociale et l’utilité sociale
(pour une revue de la question, voir Beauvois, Bourjade et Pansu (1991); Beauvois et Dubois,
2008 ; Cambon, 2006) des trois profils d’individus engagés dans les modalités citées et à
l’autre moitié des sujets d’évaluer le profil d’individu non engagé. Afin de déterminer si un
individu est engagé ou non, un questionnaire d’engagement constitué d’échelles de
participation à différentes actions sociopolitiques (par exemple : je m’informe sur les
mouvements sociaux, je distribue des tracts, je colle des affiches, je suis élu dans une
organisation…) était préalablement rempli. Ce questionnaire est le résultat d’une série
d’entretiens semi-directif passée auprès d’une population toute-venante, portant sur
l’engagement et les différentes actions relatives à des étapes hiérarchisées d’engagement
339 sociopolitique. La composition de la population de notre étude se distinguait sur une
variable de statut social (faible versus élevée : VI2), traduite par la CSP des sujets.
Résultats et Discussion
Les résultats concluent sur deux aspects essentiels. Tout d’abord, il existe une asymétrie
positionnelle concernant l’évaluation de la désirabilité sociale et de l’utilité sociale de
l’engagement. Ainsi, les résultats diffèrent selon la position sociale des évaluateurs. Ensuite,
on observe une asymétrie du jugement en fonction du profil présenté au sujet. Les données
confirment de façon significative que les individus à statut faible évaluent les profils engagés
comme étant moins désirables mais plus utiles que les profils non engagés. A l’inverse, les
sujets à statut élevé jugent les profils engagés comme étant plus désirables mais moins utiles
que les profils non engagés. De plus, nous pouvons ajouter que de manière générale, au
niveau des différentes modalités des profils d’engagés construits, les adhérents à des
associations obtiennent des Résultats sensiblement ressemblants aux profils non engagés. De
même, les profils syndiqués et affiliés à des partis politiques obtiennent des Résultats
pouvant se recouper. Il est possible d’interpréter ces Résultats en avançant l’idée que
l’adhésion à des associations n’entraine pas dans la perception des individus, l’idée de
participation concrète à des changements sociaux ou pouvant être source de conséquences
profondes sur les structures de la société. A l’opposé, l’action politique et syndicale est
perçue comme potentiellement modificatrice du système en place et de l’ordre établi, plus
enclines à engendrer des changements au niveau des institutions ou du pouvoir social.
Ces résultats sont discutés au vue des principales théories issues des sciences politiques, de
la sociologie et de la psychologie sociale traitant de la thématique du lien unissant l’individu
à la société qu’il doit composer et du concept d’engagement source du processus
d’appartenance. Si la citoyenneté française laisse le choix aux individus de s’impliquer
concrètement, il existe des pressions sociales influençant le sens de cet engagement qui peut
donc être décrit comme phénomène normatif. Par ailleurs, il est intéressant de conclure à un
état de tension citoyenne perçue chez nos concitoyens comme prenant une possible origine
dans la dissonance entretenue entre attitude et comportement citoyen et désirabilité et utilité
sociale.
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Nicolet, C. (2000). Histoire, Nation, République. Paris : Odile Jacob.
Schnapper, D. (2000). Qu’est-ce que la citoyenneté? Paris, Gallimard.
340 4) Croyance en un monde juste et écologie : entre prise de conscience et
optimisme.
Jugel, Milena &Lecigne, André (Université Bordeaux 2 Victor Segalen). Résumé
Cette recherche se propose de poursuivre l’étude des liens entre la Croyance en un Monde
Juste (CMJ, Lerner, 1980), et les croyances relatives à la perception de la gestion
environnementale et des risques écologiques associés (Feinberg, 2010 ; Feiygina, Jost &
Goldsmith, 2010). Les différentes dimensions de la CMJ (Immanente, Finale, Autrui, Soi,
Injuste) et un questionnaire de perception de la gestion environnementale ont été distribués à
843 sujets recrutés sur internet. La perception de la gestion environnementale se décompose
en trois facteurs qui sont effectivement liés aux sous-dimensions de la CMJ, notamment à la
croyance en la justice immanente, montrant ainsi que la responsabilisation des individus par
rapport au risque écologique découle d’une croyance plus fondamentale. Comprendre les
mécanismes sous-jacents de la prise de conscience écologique et de l'attribution de
responsabilité de ce risque est de notre point de vue complémentaire à des actions de
prévention et de médiatisation du risque écologique. Certaines croyances peuvent en effet
venir perturber et amenuiser cette prise de conscience et empêcher les pratiques de
protection de la planète de se mettre en place.
Introduction
Les croyances relatives à la menace environnementale touchant la planète, notamment la
prise de conscience plus ou moins explicite de cette menace, constituent de puissants
moteurs d’engagement concret des individus pour la préservation de la planète. Nous avons
choisi d’étudier, sur un échantillon le plus varié possible, les craintes et attentes des
individus par rapport au réchauffement climatique, et la responsabilité attribuée aux êtres
humains et aux gouvernements dans ce phénomène. En prenant également en compte les
croyances en la fin du monde (non seulement apocalyptiques mais aussi "profanes") nous
avons exploré les différentes manières d'envisager l'avenir de notre planète, et les liens que
ces croyances pouvaient entretenir avec la religion et les croyances en la justice du monde. La
Croyance en un Monde Juste (CMJ), selon laquelle « chacun mérite ce qui lui arrive et il lui
arrive ce qu’il mérite » (Lerner, 1980), mène selon plusieurs auteurs à l’immobilisme social et
politique (Jost & Burgess, 2000) et environnemental (Feinberg, 2010). C’est aussi le cas de la
Justification du Système (Feygina, Jost & Goldsmith, 2010), qui consiste à soutenir le
gouvernement et le système en place, au détriment de la prise de conscience des injustices et
de la lutte contre les inégalités sociales. Nous avons voulu préciser ces premiers travaux en
postulant que les différentes sous-dimensions de la CMJ (Immanente, Finale, Autrui, Soi,
Injuste) et la Justification du Système prédisent la perception qu'ont les individus de l'avenir
de notre planète et la confiance qu’ils accordent aux actions environnementales.
Méthode
Matériel et procédure :
Pour tester ces liens nous avons fait remplir un ensemble de questionnaires à 843 sujets
recrutés sur des forums de discussion sur Internet. Nous avons utilisé une échelle de déni de
la menace environnementale (New Environmental Paradigm, Dunlap, 2008 ; ex. : "Si les
choses continuent ainsi, nous allons bientôt faire l’expérience d’une catastrophe
environnementale majeure", item inversé) et créé une échelle de responsabilisation
environnementale de l’homme (ex : "Les individus ne font pas assez d’efforts pour préserver
la nature"). Nous avons également créé un ensemble d'items relatifs à la définition, aux
causes, et aux conséquences de la fin du monde. Nous avons en outre utilisé les différentes
sous-dimensions de la CMJ (Autrui/Soi, Dalbert, 1999 ; Immanente/Finale, Maës, 1998 ;
341 Croyance en un Monde Injuste, CMI, Dalbert, 2001), et un questionnaire de Justification du
Système (Kay & Jost, 2003), et mesuré la religion et la spiritualité des individus.
Résultats
Les résultats sont les suivants : trois facteurs ont été extraits du questionnaire relatif à la
gestion écologique. Le premier facteur (blâme des êtres humains par rapport à un probable
désastre écologique) est lié positivement à la Croyance en un Monde Injuste, la Croyance en
la Justice Finale et la Croyance en une Justice Immanente, et négativement lié à la
Justification du Système. Le deuxième facteur (justice finale lors d’une éventuelle fin du
monde) est lié positivement à la Justice Immanente, la Justice Finale, la religion et la CMJ
pour Autrui. Le troisième facteur (inéluctabilité d’un désastre écologique) est lié
positivement à la Justice Immanente, à la Croyance en un Monde Injuste et négativement à la
religion.
Discussion
Ces Résultats apportent de nouvelles pistes de réflexion : d'une part ils permettent d'avancer
que certaines croyances sont parfois compensées par d'autres (par exemple la croyance en un
monde injuste par la justice finale et la justice immanente) permettant ainsi de donner du
sens et de garder une illusion de contrôle sur des évènements par définition incontrôlables.
La croyance en un monde juste et la justification du système peuvent être liées à des
croyances plus générales concernant la planète et le devenir des êtres humains, et pourraient
influencer les pratiques relatives à la gestion environnementale. Comprendre les mécanismes
sous-jacents de la prise de conscience écologique et de l'attribution de responsabilité de ce
risque est de notre point de vue complémentaire à des actions de prévention et de
médiatisation du risque écologique. Certaines croyances peuvent en effet venir perturber et
amenuiser cette prise de conscience et empêcher les pratiques de protection de la planète de
se mettre en place.
Nota : 2 exemples d'items ont été rajoutés, un pour la NEP, un pour l'échelle créée de
responsabilisation environnementale de l'homme
Références
Dalbert, C. (1999). The world is more just for me than generally: About the personal belief in
a just world scale's validity. Social Justice Research, 12(2), 79-98.
Dalbert, C., Lipkus, I., Sallay, H., & Goch, I. (2001). A just and an unjust world: Structure and
validity of different world beliefs. Personality and Individual Differences, 30, 561-577.
Dunlap, R. E., & Van Liere, K. D. (2008). The "New Environmental Paradigm". [Article].
Journal of Environmental Education, 40(1), 19-28.
Feinberg, M., & Willer, R. (2011). Apocalypse soon? Dire messages reduce belief in global
warming by contradicting just-world beliefs. Psychological Science, 22(1), 34-38.
Feygina, I., Jost, J. T., & Goldsmith, R. E. (2010). System justification, the denial of global
warming, and the possibility of "system-sanctioned change". Personality and Social
Psychology Bulletin, 36(3), 326-338.
Kay, A., & Jost, J. (2003). Complementary Justice: Effects of "Poor but Happy" and "Poor but
Honest" Stereotype Exemplars on System Justification and Implicit Activation of the
Justice Motive. Journal of Personality and Social Psychology, 85(5), 823-837.
Lerner, M. J. (1980). Belief in a just world: a fundamental delusion. New York: Plenum.
Maes, J. (1998). Immanent justice and ultimate justice: Two ways of believing in justice. In L.
Montada & M. J. Lerner (Eds.), Responses to victimizations and belief in a just world.(pp.
9-40). New York, NY US: Plenum Press.
342 5) Protection normative et normativité des comportements : le cas du jugement
des personnes en situation de handicap
Degraeve, Béatrice, Piermattéo, Anthony, Guimelli, Christian (Université de Provence) Résumé
Certains groupes sociaux font l’objet d’une protection normative amenant par conséquent les
individus à exercer un contrôle sur les opinions et les jugements qu’ils formulent à leur
égard. Ainsi, il serait socialement proscrit d’émettre des opinions et des jugements négatifs
concernant des groupes normativement protégés. Au-delà de l’étude des contenus de
l’expression des individus vis-à-vis de tels groupes, ou des conditions visant à faciliter cette
expression, la présente recherche s’intéresse davantage à l’effet des comportements de ces
groupes sur les évaluations réalisées par les individus. Plus précisément, cette étude vise à
déterminer dans quelle mesure la protection normative dont bénéficient les groupes
normativement protégés s’exerce sur les jugements ainsi que les dynamiques de rejet, dans
le cadre de la réalisation d’un comportement pro ou contre-normatif. Dans cette optique,
nous nous sommes intéressés aux personnes en situation de handicap en tant que groupe
normativement protégé. Nous avons ainsi pu montrer que les évaluations et les dynamiques
de rejet exprimées par les sujets à propos de ce groupe varient en fonction du type de
comportement (i.e. pro vs. contre-normatif) qui lui est associé. Ces résultats seront discutés
en termes d’inférences et d’attributions réalisées par les individus.
Introduction
Dans les cultures occidentales actuelles, diverses règles sociales amènent les individus à
contrôler les opinions et les jugements qu’ils pourraient formuler à l’égard de certains
groupes sociaux. En effet, l’expression de tels jugements pourrait être perçue comme une
transgression de certaines normes sociales. Ainsi, une norme de « non-discrimination »
conduit les individus à autocensurer les discours stigmatisants (Pérez et Mugny, 1993). De
même, selon Dambrun & Guimond (2003), les individus seraient d’autant plus motivés à
contrôler leurs préjugés envers certains groupes sociaux que ces derniers bénéficieraient d’un
haut degré de protection normative. Un tel degré de protection normative (Franco & Maass,
1999) indiquerait alors qu’il est socialement inacceptable d’exprimer des opinions/jugements
négatifs à l’encontre de ces groupes. Toutefois, les recherches portant sur la protection
normative se sont principalement intéressées au contenu de l’expression ou à la facilitation
de celle-ci concernant les groupes normativement protégés. Or, nous bénéficions de peu
d’informations concernant la manière dont les comportements, et notamment les
comportements contre-normatifs émis par ces groupes, peuvent avoir un impact sur les
jugements et les dynamiques de rejet qui les caractérisent. Dans cette optique, nous nous
sommes intéressés à un groupe social ayant fait l’objet de peu de recherches dans le cadre de
cette thématique : les personnes en situation de handicap. Plus concrètement, il s’agissait de
déterminer dans quelle mesure la protection normative dont jouissent les personnes
handicapées s’exerce sur les jugements ainsi que les dynamiques de rejet dans le cadre de la
réalisation d’un comportement pro ou contre-normatif.
Méthode
Cent-soixante étudiants (âge : M = 21,80 ; SD = 4,34) de l’université d’Aix-Marseille I ont
volontairement participé à cette étude. Ces-derniers avaient pour consigne de lire un
scénario présentant un extrait d’entretien réalisée auprès d’une cible fictive, un étudiant dont
le sexe était neutralisé (appelée « X »). Les participants ont été répartis de manière aléatoire
dans les conditions expérimentales (i.e. quatre scenarii différents) selon un plan intersujets 2
(statut de la cible : handicapée vs. non handicapée) X 2 (normativité du comportement de la
cible : pro-normatif vs. contre-normatif). Plus précisément, selon les conditions
343 expérimentales, les scenarii faisaient ou non état du handicap physique de la cible (i.e. dans le
premier cas, il était mentionné que la cible était en fauteuil roulant). Par ailleurs, l’aspect pro
ou contre-normatif du comportement était induit par l’implication de la cible dans un travail
collectif (i.e. motivation et investissement vs. mauvaise volonté et désinvestissement). A la
suite de cette induction, six propositions permettant de qualifier la cible présentée dans le
scénario, sur la base d’échelles de type Likert, constituaient les principales variables
dépendantes de cette étude. Quatre de ces variables renvoyaient à l’évaluation de la cible et
de son comportement, tandis que les deux autres mesuraient la disposition des sujets à
rejeter celle-ci.
Résultats
Nous avons observé pour l’ensemble des variables, un effet simple de la norme selon lequel
la réalisation par la cible d’un comportement pro-normatif donne lieu à des évaluations plus
favorables que celles qui font suite à la réalisation d’un comportement contre-normatif. Par
ailleurs, lorsqu’il s’agissait pour les sujets d’évaluer le degré de sympathie de la cible ou dans
quelle mesure celle-ci était un exemple à suivre, un effet simple du statut de la cible venait
s’ajouter à celui de la norme. Dans ce cadre, la cible était donc jugée plus positivement
lorsqu’elle présentée comme handicapée et ce, que son comportement soit pro ou contrenormatif. En outre, concernant les mesures relatives à la disposition des sujets à rejeter la
cible nous observons dans chaque cas un effet d’interaction entre le statut de la cible et la
normativité de son comportement. Ainsi, dans le cadre de la réalisation d’un comportement
pro-normatif, la cible n’était pas plus rejetée par les sujets, que celle-ci soit handicapée ou
non. Cependant lorsque le comportement de la cible était contre-normatif, la cible
handicapée était significativement moins rejetée que la cible non-handicapée. Un effet
d’interaction semblable était également distingué concernant l’évaluation de la confiance que
les sujets accordaient à la cible.
Discussion
Les résultats observés montrent que le niveau de protection normative dont bénéficient les
personnes en situation de handicap semble principalement opérer sur les évaluations
formulées suite à la réalisation d’un comportement contre-normatif. Il semblerait donc que
les sujets prennent en compte le handicap de la cible dans leurs évaluations dès lors que le
comportement de celle-ci pourrait représenter une menace pour sa propre image. Toutefois
une telle distinction n’apparaît plus lorsque la cible est évaluée sur la base de caractéristiques
qui semblent moins liées à la situation de travail proposée dans les scenarii (e.g. la sympathie
éprouvée pour la cible). Ces résultats seront discutés sur la base des inférences et attributions
réalisées par les sujets à propos de la cible. Ces hypothèses font d’ailleurs actuellement l’objet
de recueils de données visant à préciser ces Résultats.
Références
Dambrun, M., & Guimond, S. (2003). Les mesures implicites et explicites de préjugés et leur
relation: Développements récents et perspectives théoriques. Les Cahiers
Internationaux de Psychologie Sociale, 57, 52-73.
Franco, F. M., & Maass, A. (1999). Intentional control over prejudice: When the choice of the
measure matters. European Journal of Social Psychology, 29, 469–477.
Pérez, J.A., & Mugny, G. (1993). Influences sociales : la théorie de l’élaboration du conflit.
Neuchâtel : Delachaux et Niestlé.
344 III)
Méthodes et outils d’évaluation et/ou d’aide
Titres des communications et Intervenants Interaction et démarche clinique. robotique et technologies d'interface. vers de nouveaux paradigmes dans la cognition? Schweitzer MG, Puig‐Verges, Nielle (Grecc ‐ la Salpetrière,). Central test personalityinventory : un outil pour l'évaluation des managers Pandey, Vijay, Jilinskaya, Mariya, Jouffray, Céline (Central test). Mise en évidence de différents profils de focus régulateur Angel, Vincent & Steiner, Dirk (Lpcs ‐ UniversitéNice‐sophiaantipolis). Charge émotive et interculturalité dans des interactions en ligne – approche socioculturelle Meziani, Amina (Université de Batna ‐ Algérie), Boubakour, Samira (Université de Batna /UniversitéLyon 2). 345 1) Interaction et démarche clinique. robotique et technologies d'interface. vers de
nouveaux paradigmes dans la cognition?
Schweitzer MG, Puig‐Verges, Nielle (Grecc ‐ la Salpetrière,). Analyse critique
Longtemps sous-tendue par une démarche de recherche, la robotique et les interfaces
hommes-machines pénètrent maintenant les multiples champs d’activités socioéconomiques et font désormais irruption dans le champ des pratiques sociales
contemporaines en particulier des démarches cliniques et thérapeutiques contribuant ainsi à
l’émergence de nouvelles finalités. La robotique qui ne se limite plus à une démarche
d’imitation ou d’intervention à visée productiviste, trouve une finalité dans ses interventions
sociales qui ne cessent de se diversifier. La robotique humanoïde supplante l’imitation et la
reproduction de fonctionnement de systèmes et se développe maintenant à partir d’une
démarche d’interaction dans son environnement humain; il s’en dégage de nouvelles
finalités d’action, d’observation et d’intervention sur l’humain, dont les effets deviennent des
éléments d’observation et d’analyse pour le corpus robotique, conduisant à reconnaître aux
robots des capacités d’apprentissage et à identifier une construction cognitive qui lui serait
propre. Le recours à la démarche de l’épistémologie clinique comparative permet de dégager
les niveaux d’analyse soulevés par la place occupée par l’interaction, comme situation
spécifique et comme méthode d’observation. Le développement de l’importance accordée à
l’interaction, conduit à conférer à la robotique un rôle actif dans l’interaction et à admettre la
nécessité de satisfaire “ la curiosité du robot ” amenant à un renversement de paradigme
dans la démarche clinique. Les évolutions des technologies d’interface et de la robotique
humanoïde contribueront-elles à la construction et à la diversification des références
cliniques, à l'émergence de nouveaux paradigmes mobilisés par la dynamique de
l’interaction ainsi qu’à de nouvelles élaborations cognitives ?
346 2) Central test personalityinventory : un outil pour l'évaluation des managers
Pandey, Vijay, Jilinskaya, Mariya, Jouffray, Céline (Central test). L'objectif de cette étude est le développement d'un questionnaire de personnalité pour le
recrutement, la gestion de carrière, le développement personnel et la formation des
personnes impliquées ou visant un poste de gestion de projets et/ou de personnes.
Sur la base de modèles théoriques de la personnalité, d'entretien semi-dirigés auprès de
managers et dirigeants, de l'étude des différents questionnaires de personnalité existants,
d'analyses de réponses à l'item et d'analyses confirmatoires, un questionnaire de 160
questions évaluant 20 traits de personnalités a été proposé. Une étude de validité a permis de
montrer les relations entre les scores au questionnaire et les performances managériales.
Introduction, Méthode
De nos jours, la fonction de management prend une place de plus en plus importante et
implique un grand nombre de responsabilités (Nikols, 2008). Un manager doit être productif,
trouver des solutions, relever des défis comme les limitations de budget, la gestion du
personnel, le manque de ressources, les politiques gouvernementales et bien d'autres encore.
La survie des entreprises dépend de ces personnes, il est donc devenu de plus en plus
important de trouver des personnes qui sauront gérer tous les aspects de la fonction de
manager et de les former tout au long de leur carrière.
Évidemment, le concept de manager hautement performant dépend de la culture et de
l'entreprise toutefois, diverses études menées sur ce sujet (Misumi, 1989 ; Chakrabarti and
Kundu, 1984 ; Ballard and Howell, 1997) relèvent certains points essentiels. Parmi ceux-ci
l'on peut citer « l'importance accordée aux membres de l'équipe », « la capacité à trouver des
solutions nouvelles et innovantes », le fait d'être « guidé par la performance »,... L'objectif de
cette étude a donc été de construire un outil permettant d'évaluer les dimensions prédictives
de la réussite managériale.
La première phase de développement du questionnaire (CTPI-Pro) a eu lieu entre 2004 et
2006. La formalisation du cadre conceptuel du CTPI-PRO a débuté par une étude visant à
cerner les principaux éléments nécessaires à l'élaboration d'un outil complet d'évaluation de
la personnalité au travail et a abouti à la spécification d'un modèle initial de personnalité.
Cette étude a consisté en :
Une revue détaillée des questionnaires et modèles de personnalité dans le domaine du
travail. Cela inclut notamment les travaux de HB Cattell et de H. Eysenck, des questionnaires
de personnalité tels que le California Personality Inventory (CPI), le 16PF, le 15FQ+, les
échelles FIRO, le Myers-Briggs Type Indicator (MBTI), le PAPI (développé à l'origine par
Max Kostick) et le questionnaire Ego State basé sur la théorie de l'analyse transactionnelle de
Éric Berne.
L’examen des études de validation sur la relation entre les échelles de personnalité et la
performance managériale.
L'étude de la documentation telle que les profils de postes, les systèmes d'évaluations, les
compétences demandées, ... des professionnels des ressources humaines ayant bien voulu se
soumettre à l'étude, afin de déterminer quels aspects de la personnalité sont pertinents pour
eux.
L'étude des variables utilisées par les managers pour évaluer les qualités personnelles des
individus dans l'environnement professionnel.
Le modèle ainsi construit a été soumis à un examen critique auprès d'un panel de 17 experts
issus des sciences du comportement et du management. Les données obtenues ont été
analysées et ont menées au Cadre Conceptuel de Personnalité Modifié. Ce cadre a ensuite été
347 testé empiriquement entre 2006 et 2008 à l'aide d'un questionnaire de 300 items.En
complément à cette étude, une analyse de réponse à l'item (IRT, modèle de Rasch) a été
réalisée afin de s'assurer de l'ajustement et de la « valeur » des items. Les items ont ainsi été
examinés sous l'angle de trois critères : le niveau de difficulté, l'ajustement et la courbe
caractéristique de l'item.
Suite à ces trois études, 160 items ont été sélectionnés pour la version finale du
questionnaire. Cette version a ensuite été testée auprès de managers afin de déterminer quels
traits de personnalité différenciaient les managers performants de ceux peu ou
moyennement performants. Les Résultats ont montré que les managers performants
diffèrent de leur pairs peu ou moyennement performant sur les traits de personnalité
suivants : « tourné vers le futur », « optimisme » et « orienté vers l'action ».
Une autre étude a été menée afin de déterminer en quoi les réponses aux 160 questions du
CTPI-Pro sont liées à la capacité managériale du candidat. Deux critères ont été sélectionnés
pour estimer cette capacité : le nombre d'années d'expérience à cette fonction et le nombre de
subordonnés directement sous la supervision du manager en question. Les questions les plus
reliées à ces deux critères ont été sélectionnées afin de construire une échelle de potentiel
managérial. Cette échelle a été validée sur un échantillon de managers hautement
performants sélectionnés parmi un panel d'experts par le biais d'entretiens et d'assessment
centers. Les scores à l'échelle de potentiel managérial corrèlent positivement avec la note de
ces experts.
Références
Ballard, G. and G. Howell (1997). Shielding Production: An Essential Step in Production
Control. Berkeley, Department of Civil and Environmental Engineering, University of
California, Construction Engineering and Management Program.
Cattell, H.E.P. & Mead, A.D. (2008). The 16PF Questionnaire. In G.J. Boyle, G. Matthews, &
D.H. Saklofske (Eds), The Sage Handbook of Personality Theory and Testing: Vol. 2,
Personality Measurement and Testing., Los Angeles, CA: Sage Publications.
Chakrabarti P.K., R Kundu, (1984). Personality Profiles of Management Personnel,
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Gough, H. (1987). California Personality Inventory (CPI). Eds : Consulting Psychology Press.
Misumi, J. (1989). Research on Leadership and Group Decision in Japanese
Organisations. Applied Psychology, 38, 4, pp. 321-336.
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Myers-Briggs Type Indicator. Center for Applications of Psychological Type Inc
Nickols,F (2008) Managerial Performance. From
http://home.att.net/~essays/managerialperformance.pdf
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Schutz, W.C. (1958). FIRO: A Three Dimensional Theory of Interpersonal Behavior. New
York, NY: Holt, Rinehart, & Winston.
Thompson, H (2000). "FIRO Element B and Myers-Briggs Type Indicator correlations".
Watkinsville, GA: High Performing Systems, Inc.
348 3) Mise en évidence de différents profils de focus régulateur
Angel, Vincent &Steiner, Dirk (Lpcs – Université Nice – Sophia Antipolis). Résumé
La théorie du focus régulateur (Higgins, 1997, 1998) pose le focus préventif et le focus
promotionnel comme régulateurs des motivations. Le focus régulateur est obtenu en opérant
une différence entre score de promotion et le score de prévention. Or cette méthode souffre
de différents problèmes méthodologiques et ne rend pas bien compte de l’ensemble des
profils pouvant exister. Nous proposons ainsi d’utiliser, comme le suggère Edwards (1994),
la méthode de la régression pour dépasser ces limites. Dans une étude empirique, 91
participants adultes ont joué à un jeu informatique. Nous avons obtenu un effet de
l’interaction entre les deux focus sur les performances de rapidité de réponse mesurée par
des temps de réponses. Les résultats montrent les faibles préventifs ont un temps de
réponses plus faibles lorsque le niveau de focus promotionnel augmente, alors que pour les
forts préventifs, ce pattern est inversé. Ces résultats confirment l’importance du focus
régulateur et l’utilité de la méthode d’analyse par régression.
Introduction
La théorie du focus régulateur pose qu’il existe deux principes motivationnels (Higgins,
1997, 1998) qui régissent les comportements et les stratégies d’atteinte des buts des individus.
Le premier concerne des préoccupations pour l’obtention de gains, l’atteinte d’idéaux et de
l’accomplissement personnel, et s’appelle le focus promotionnel. Les individus guidés par un
focus promotionnel développent plus naturellement des stratégies et des tactiques
promotionnelles qui se traduisent par des comportements et des attitudes d’approche
(Carver & Scheier, 1998). D’après Higgins (1997), ces personnes ont particulièrement peur
d’omettre le bon geste, celui qui leur permettrait de réussir.
Le second concerne des préoccupations pour les obligations et responsabilités, et la
préservation ou la recherche de la sécurité, et s’appelle le focus préventif. Les personnes
guidées par un focus préventif développent, elles, plus naturellement des stratégies et des
tactiques préventives qui se traduisent par des comportements et des attitudes d’évitement
(Carver & Scheier, 1998). D’après Higgins (1997), ces individus ont particulièrement peur de
commettre le mauvais geste, celui qui remettrait en cause leur sécurité ou les empêcherait de
remplir leurs obligations. Ces tendances naturelles du focus à influencer les stratégies et les
tactiques semblent évidentes lors de situation plutôt neutres.
De nombreux travaux ont montré l’influence du focus régulateur sur la performance à
différents tests de mathématiques ou d’aptitudes cognitives (Keller & Bless, 2006; Grimm,
Markman, Maddox & Baldwin, 2009), et sur la formulation d’hypothèses alternatives
(Liberman, Molden, Idson & Higgins, 2001). Notre situation expérimentale s’apparente à une
tâche de catégorisation et donc plutôt de raisonnement analytique. Si très fréquemment les
individus présentant un focus promotionnels ont souvent montré des performances plus
grandes (Crowe & Higgins, 1997), il s’agissait surtout de tâche de production libre mobilisant
une pensée créative et divergente. En revanche, les préventifs semblent plus performants sur
des tâches de raisonnement analytique (Friedman & Förster, 2000). Les deux types de focus
ont donc la capacité à guider l’action des individus dans le sens de l’atteinte d’une
performance. D’ailleurs, Scholer et Higgins (2008) précise bien que les deux focus sont utiles
dans l’atteinte d’un but.
Higgins et ses collègues ont développé un questionnaire pour évaluer le focus régulateur
(Higgins, Friedman, Harlow, Idson, Ayduk, & Taylor, 2001). Ce questionnaire évalue la
valorisation de comportements et d’attitudes correspondants à une orientation du focus
préventive ou promotionnelle. D’après les consignes d’origine, on obtient la tendance
dominante du focus d’un individu en soustrayant son score de prévention à son score de
349 promotion. Ainsi, les scores calculés au-dessus de zéro correspondent à un focus
promotionnel, et les scores équivalents et inférieurs à zéro correspondent à un focus
préventif (Appelt & Higgins, 2010). De cette façon nous n’avons aucune information sur
l’effet d’un score préventif et d’un score promotionnel également faible, moyen ou fort
puisque dans ces trois situations, la méthode de différence de scores aboutit à un score de
zéro (1-1 ; 3-3 ; 5-5). Pourtant, si les focus sont considérés comme des principes
motivationnels, alors un faible niveau sur les deux dimensions devrait correspondre à
l’absence de principe motivationnel. Le focus préventif correspondrait donc un haut niveau
de prévention associé à un faible niveau de promotion (par exemple, 5 en prévention et 1en
promotion), et le focus promotionnel correspondrait à un haut niveau de promotion associé à
un faible niveau de prévention (par exemple, 5 en promotion et 1 en prévention). Enfin, si on
considère que pour s’exprimer un focus, il doit y avoir une asymétrie entre prévention et
promotion, alors nous pourrions faire l’hypothèse d’un effet de « parasitage » lorsqu’il y a un
haut niveau de promotion associé à un haut niveau de prévention.
Pour vérifier l’existence de ces différents profils du focus régulateur, il nous fallait une
situation permettant l’expression à la fois l’expression du focus promotionnel et l’expression
du focus préventif. Nous avons donc créé une tâche invitant à la fois à la vigilance (stratégie
préventive) et l’engagement et l’enthousiasme (stratégie promotionnelle), nous permettant
de mesurer l’effet des différents profils de focus régulateur sur une performance en temps de
réponse.
Hypothèses
Hypothèse 1 : les individus présentant des focus préventifs (forte prévention x faible
promotion) et promotionnels (forte promotion x faible prévention) marqués, auront des
temps de réponses plus petits.
Hypothèse 2 : les individus présentant une absence de focus régulateur (faible prévention x
faible promotion) auront les temps de réponses les plus grands.
Hypothèses 3 : les individus présentant un effet de parasitage (forte prévention x forte
promotion) auront des temps de réponses plus grands que les individus présentant un focus
préventif ou un focus promotionnel.
Méthode
Nous avons développé un jeu informatique de « vrai/faux » sur le logiciel E-Prime,
mesurant les temps de réponse en millisecondes. Les questions ont été pré-testées de façon à
vérifier qu’elles étaient accessibles à tout niveau de formation. Le RFQ a également était
informatisé et était rempli avant le jeu.
91 personnes (dont 49 hommes) en formation de niveau V (équivalent à CAP-BEP) ont
participé. Une présentation du jeu et un essai sur quelques items étaient proposés. Il était
ensuite clairement indiqué qu’il fallait « Aller le plus vite possible, en faisant le moins d’erreur
possible ». Ainsi, la rapidité devait mieux correspondre aux personnes ayant un focus
promotionnel tandis que le contrôle de l’erreur devait mieux correspondre aux personnes
ayant un focus préventif.
Résultats et Discussion
L’hypothèse générale d’une interaction significative entre focus préventif et focus
promotionnel est validée (β = 2,26, R2 = .12, p = .003). Ainsi, les individus qui ont un focus
promotionnel (forte promotion x faible prévention) ou focus préventif (forte prévention x
faible promotion) répondent plus rapidement. Les individus présentant une absence de focus
régulateur (faible prévention et faible promotion) répondent le plus lentement. Enfin, il
semble bien que le fait d’avoir les deux focus activés (forte promotion et forte prévention)
produise un effet de parasitage et des performances en temps de réponses moyennes.
350 Ces résultats confirment la nécessité de prendre en compte toute la variabilité des profils de
focus régulateur et leurs effets sur les stratégies et comportements.
351 4) Charge émotive et interculturalité dans des interactions en ligne – approche
socioculturelle
Meziani, Amina (Université de Batna ­ Algérie), Boubakour, Samira (Université de Batna /UniversitéLyon 2). Introduction
Notre communication s’ancre dans une perspective interculturelle visant à déceler les
marques d’émotion et la charge émotive dans un corpus d’interactions en ligne entre deux
groupes d’étudiants appartenant à des sphères culturelles différentes qui se spécialisent en
français langue étrangère.
Méthode
Nous avons choisi la méthode comparative comme approche analytique, car elle offre la
possibilité de bien cerner les ressemblances et différences existantes entre des individus de
cultures différentes (Dasen 1989, Troadec 2007, Berry 1989). Nous partons du principe que
les études traitant de la charge mentale peuvent permettre d’appréhender l’activité des sujets
en situation de communication et l’analyse de la charge émotionnelle peut être aussi une
piste intéressante pour mieux saisir les éléments entrant dans la gestion de cette activité
communicationnelle. L’émotion a été étudiée en tant que construction à la fois sociale et
culturelle (Lutz, 1988).Dans notre recherche, l’accent a été mis :
d’un côté sur la manifestation de l’émotion en relation avec le développement d’une
conscience interculturelle et une compétence émotive chez les sujets qui interagissent dans
un environnement virtuel,
et de l’autre, nous nous intéresserons aux conduites psychiques de ces individus en fonction
de leurs appartenances culturelles, nous tenterons de saisir les processus de formation et de
différenciation dus au milieu et leurs impacts sur les images de soi et de l’autre chez les
sujets.
Résultats et discussion
Notre approche analytique qui est plurielle du fait qu’elle met en juxtaposition diverses
visions théoriques, sera axée sur les stratégies de gestion des malentendus interculturels, de
construction de relations interpersonnelles adoptées par les interactants, sur la portée
interculturelle des unités lexicales choisis par les sujets, sur la représentation des émotions
dans les émoticônes, sur la possibilité du développement d’une compétence émotive (Chen
et Starosta, 1996) et sur le rôle de l’émotion dans la rencontre interculturelle (De Nuchèse,
2004), ainsi que sur l’analyse des représentations socioculturelles issues de ce corpus. Les
résultats de cette expérimentation ont permis de dégager le rôle de l’émotion dans ce genre
de climat virtuel, son accentuation est fonctionnelle du degré de la conscience interculturelle
entre les participants.
352 IV)
Les maux des transports en commun ?
Titres des communications et Intervenants
Les comportements de conduite inappropriés chez les jeunes conducteurs
Freydier, Chloé (Ifsttar - cnrs), Bastien - Toniazzo, Mireille (CNRS), Berthelon, Catherine (Ifsttar).
Conduite automobile agressive et transgressive : conceptualisation, motivation et
typologie
Berdoulat, Emilie (Octogone-cerpp), Muñoz-Sastre, Maria Térésa (Octogone-cerpp), Vavassori,
David (Lcpi).
Etude du système olfactif en fonction de la susceptibilité au mal des transports
Paillard, Aurore (Universite de Manchester), Jacquot, Laurence (Universite de Besancon), Millot,
Jean-Louis (Universite de Besancon).
353 1) Les comportements de conduite inappropriés chez les jeunes conducteurs
Freydier, Chloé (Ifsttar - cnrs), Bastien - Toniazzo, Mireille (CNRS), Berthelon, Catherine
(Ifsttar).
Résumé
Les jeunes conducteurs sont surreprésentés dans les statistiques des accidents de la route,
ceci est en partie du au fait qu’ils adoptent un comportement de conduite plus risqué que les
conducteurs âgés. Jusqu’alors de nombreux travaux sur la prise de risque au volant ont été
effectués, mais, il reste cependant de nombreuses interrogations concernant des populations
spécifiques comme celle des jeunes conducteurs. Afin d’étudier l’évolution des
comportements de conduite inappropriés durant les premières années de conduite, 253
étudiants ont rempli le Driving Behaviour Questionnaire (DBQ). Le DBQ à comme objectif
principal de différencier erreurs de conduite et violation délibérée. Tout d’abord, les
participants âgés de 21 ans déclarent avoir plus de comportement de conduite inappropriés
que les plus jeunes, notamment lorsqu’ils ont suivi un apprentissage traditionnel à la
conduite. Ensuite, les hommes déclarent commettre significativement plus d’infraction que
les femmes, alors que ces dernières indiquent faire plus d’erreurs d’inattention. Enfin, les
hommes déclarent prendre des risques plus souvent que les femmes. Ces résultats sont
novateurs, dans le sens où, à notre connaissance, jusqu’alors aucune recherche utilisant la
version française du DBQ ne s’est intéressée de manière spécifique à la population des jeunes
conducteurs.
Introduction
Les études épidémiologiques (Mayhew et al, 2003) montrent que les accidents de la route
sont la première cause de mortalité des 15-24 ans et les études expérimentales témoignent
d’habiletés inférieures des jeunes conducteurs novices comparativement aux conducteurs
plus expérimentés. L’hypothèse d’une différence de prise de risque entre les conducteurs
novices et les conducteurs plus expérimentés est soulevée. L’objectif de ce travail est donc
d’étudier l’évolution des comportements de conduite inappropriés pendant les trois années
suivant l’obtention du permis, autrement dit les trois années de permis probatoire.
Méthode
Pour cela, 253 étudiants (115 hommes et 138 femmes) âgés de 18 à 21 ans ont rempli le
Driving Behaviour Questionnaire (DBQ) constitué de 50 items. Tous avaient obtenu leurs
permis de conduire à 18 ans. Ils avaient pour tâche de juger la fréquence avec laquelle ils
avaient commis une variété d’erreurs et de violations durant l’année précédente, à l’aide
d’une échelle en 5 points (0 : jamais à 5 : presque toujours).
L’analyse factorielle réalisée par Gabaude et al (2010) sur le DBQ met en évidence (a)3
facteurs (erreur d’inattention ; erreur grave ; violation), (b)4 types de comportement
(étourderie ; faute ; violation intentionnelle ; violation non intentionnelle) et (c)3 niveaux de
risque (0 : aucun risque ; 1 : risque possible ; 2 : risque défini). Trois ANOVA ont été réalisées
sur la (a)structure factorielle, le (b)type de comportement et le (c)niveau de risque en fonction
de l’âge, du sexe et de la formation des participants (apprentissage anticipé à la conduite vs
apprentissage traditionnel).
Résultats
Les résultats montrent (a)un effet de l’âge : les jeunes de 21 ans déclarent avoir plus de
comportements de conduite inappropriés que les jeunes de 18 ans et de 19 ans. Ceci semble
lié au fait qu’ils indiquent commettre plus d’infractions que les plus jeunes. De plus,
contrairement à ces derniers, ils indiquent un nombre moyen d’infractions significativement
plus élevé que le nombre d’erreurs d’inattention ou d’erreurs graves. D’autre part, une
354 interaction entre les facteurs et le sexe des participants se traduit par le fait que les hommes
déclarent commettre plus d’infractions que les femmes, alors que ces dernières déclarent
commettre plus d’erreurs d’inattention. L’ANOVA réalisée sur (b)le type de comportement de
conduite indique une interaction entre l’âge des participants et leur formation. On note une
augmentation des comportements de conduite inappropriés entre 18 et 21 ans chez les jeunes
qui ont suivi un apprentissage traditionnel à la conduite. Cette différence ne se retrouve pas
chez les jeunes qui ont suivi un apprentissage anticipé à la conduite. L’analyse (c)du niveau
de risque précise que les jeunes âgés de 21 ans signalent prendre plus de risque que ceux
âgés de 18 ans et de 19 ans. L’interaction entre le niveau de risque et le sexe se traduit par le
fait que les femmes déclarent prendre significativement moins de risques que les hommes
(différence entre le niveau de risque 0 et le niveau de risque 2 significative).
Discussion
L’ensemble de ces résultats est interprété en termes de différences psycho-socio-cognitives.
Références
Mayhew, D.R, Simpson, HM and Pak, A (2003). Changes in collision rates among novice
drivers during the first months of driving. Accident analysis and Prevention, 35, 683691.
Gabaude, C., Marquié, J-C., Obriot-Claudel, F. (2010). Self-regulatory driving behaviour in
the elderly : relationships with aberrant driving behaviours and perceived abilities. Le
travail humain, tome 73, n°1, 31-52.
355 2) Conduite automobile agressive et transgressive : conceptualisation, motivation et
typologie
Berdoulat, Emilie (Octogone­cerpp), Muñoz­Sastre, Maria Térésa (Octogone­cerpp), Vavassori, David (Lcpi). Résumé
L’agressivité au volant est un phénomène déterminant de société, cependant trop peu étudié.
Effectivement, un à deux accidents graves sur trois découleraient d’un comportement
agressif en automobile (Deffenbacher, 2001). Les français ont même été désignés « champions
Européens » de l’agressivité sur la route (sondage AFPC[1], 2006). Etudier ce phénomène sur
un versant psychologique permettrait d’enrichir le champ des connaissances théoriques et
pratiques dans le domaine. L’objectif général de ce travail de thèse, se divisant en deux
études, est d’examiner le rôle des motivations, de la colère et du parcours de vie dans la
prédiction de la conduite automobile agressive/transgressive. Lors du congrès, nous
présenterons les Résultats de la première étude consistant d’une part (1) à créer un inventaire
des motifs d’agression, de transgression et de respect des règles de conduite selon la théorie
méta-motivationnelle d’Apter (2001) et (2) à proposer une première typologie du conducteur
agressif en évaluant, en plus des motifs, la colère[2], l’agressivité au volant et les
transgressions.
Introduction
Selon la Fondation AAA [3] pour la sécurité routière (2009) la conduite agressive a été défini
comme «tout comportement dangereux au volant, réalisé délibérément et avec mauvaise intention ou
aucune considération pour la sécurité». La conduite agressive inclut des comportements comme
coller le véhicule précédent ou faire des appels de phares (Turner & al, 1975;. Diekmann & al,
1996;. Ellison-Potter & al, 2001.), crier sur d’autres automobilistes (Tasca, 2000; Hennessy &
Wiesenthal, 2002) , faire des gestes obscènes et insulter (Turner & al, 1975;. Ellison-Potter &
al, 2001;. Sarkar et al, 2000.) ou faire des excès de vitesse (James & Nahl, 2000) et griller les
feux ou les panneaux Stop (Tasca, 2000; James & Nahl, 2000). La conduite agressive et les
incivilités semblent en recrudescence dans de nombreux pays (Delhomme & Villieux, 2003).
Martinez (1997) estime qu'un tiers des accidents de la route avec blessés et deux-tiers des
accidents mortels sont attribuables à des comportements agressifs sur la route. Étant donné
le coût humain de cette conduite dangereuse, il n'est pas surprenant que ce sujet ait
développé un intérêt croissant parmi la communauté psychologique (Houston, Harris &
Norman, 2003). Cependant, la conduite agressive reste un phénomène trop peu étudié
spécifiquement dans la communauté française. De ce fait, il paraît important d’étudier la
conduite agressive d’un point de vue psychologique et psychopathologique afin (a)
d’enrichir le champ des connaissances dans ce domaine, (b) de permettre de comprendre
quels sont les déterminismes psychologiques, psychopathologiques voire psychoaffectifs qui
sous-tendent ce type de comportement, et (c) à plus long terme, de créer des programmes de
prévention et de rééducation fondés sur des bases scientifiques et adaptés à ce phénomène
particulier.
Les motifs aux Agressions, Transgressions et Respect des règles de conduite
Aucune étude n’a jusqu’à présent réalisé un inventaire systématique des motifs aux
conduites de transgression, agression et respect des règles qui soit basé sur une théorie
psychologique (e.g., Beck et al., 2006, Dula et al., 2003). Cela est probablement dû au fait que
les théories de la motivation qui dominent le champ de la psychologie des motivations sont
des théories à champ étroit, a priori peu susceptibles de traduire la grande variété des motifs
aux conduites de transgression, agression et respect des règles. Notre propos est de mener
une telle étude en nous basant sur une théorie des motifs à champ large : la théorie métamotivationnelle de Michael Apter (2001).
356 Cette étude revêt donc un double objectif : (a) Créer un inventaire des motifs d’agression, de
transgression et de respect des règles de conduite selon la théorie méta-motivationnelle
d’Apter (2001) et (b) mettre en relation ce questionnaire avec les réponses aux questionnaires
évaluant la colère, l’agressivité au volant et les transgressions afin de dégager une typologie
du conducteur agressif.
Méthode
Création de l’inventaire des motifs :
Au niveau méthodologique, l’inventaire des motifs a été créé en s’appuyant sur la littérature
et sur nos connaissances dans le domaine. Un premier inventaire a donc été finalisé et
proposé à deux vagues de « focus groups » (composés de 20 sujets tout-venant) afin de
compléter cet inventaire par des motifs invoqués par des usagers quotidiens de la route. Au
final, nous avons obtenu un inventaire en 99 items. Cette version a été proposée à 707 sujets
tout-venant (234 femmes et 473 hommes) âgés de 18 à 78 ans (Moyenne=35, Ecart-type=12.6).
Les analyses factorielles exploratoires (ACP) et confirmatoires nous ont permis d’obtenir une
structure stable en 8 facteurs. L’inventaire final se compose de 62 items.
Création de la typologie :
Les participants étaient des volontaires non rémunérés. Certains ont été recrutés à
l'université, les autres ont été recrutés sur Internet et dans les lieux publics. Trois cent quatre
vingt trois participants ont accepté de prendre part à l'étude et ont rempli un questionnaire
composé de l’inventaire des motifs (précédemment créé), de l’échelle de colère ADS-S (Anger
Disorders Scale-Short Form, DiGiuseppe & Tafrate, 2004), de l’échelle de colère état-trait
(Spielberger et al, 1983), et de l’échelle d’agressivité au volant ADBS (Aggressive Driving
Behavior Scale, Houston, Harris & Norman, 2003). Les 383 participants étaient âgés de 18 à
78 (M = 35,69, SD = 13,39, 147 femmes et 236 hommes).
Résultats et Discussion
Concernant l’inventaire des motifs nous avons obtenu, après des analyses factorielles
exploratoires et confirmatoires, une structure stable en 8 facteurs.
La typologie, quant à elle, est en cours de création.
Les résultats seront présentés et discutés lors du congrès en Septembre 2011.
[1] Association Française de Prévention des Comportements au volant
[2] Evaluée comme un trouble (DiGiuseppe & Tafrate, 2004) et comme une dimension de la
personnalité (colère état-trait, Spielberger et al, 1983)
[3] American Automobile Association
Références
Apter, M. J. (Ed.) (2001). Motivational Styles in Everyday Life: A Guide to Reversal Theory.
Washington, D.C.: American Psychological Association.
Deffenbacher, J.L., Filetti, L.B., Richards, T.L., Lynch, R.S, & Oetting, E.R. (2003).
Characteristics of two groups of angry drivers. Journal of counseling psychology, 50, 123132.
Delhomme, P., & Villieux, A. (2007). Driving Anger Scale, French adaptation : Further
evidence of reliability and validity. Perceptual an Motor Skills, 104, 947-957.
DiGiuseppe, R. End piece: reflections on the treatment of anger. Journal of Clinical Psychology,
55 (3), 365-379.
Houston, J. M., Harris, P. B., & Norman, M. (2003). The Aggressive Driving Behavior Scale :
Developing a Self-Report Measure of Unsafe Driving Practice. North American Journal
of Psychology, 5 (2), 269-278.
357 358 3) Etude du système olfactif en fonction de la susceptibilité au mal des transports
Paillard, Aurore (Universite de Manchester), Jacquot, Laurence (Universite de Besançon), Millot, Jean­Louis (Universite de Besançon). Introduction
De nos jours, la complexité technologique de nos moyens de transports peut entrainer de
nombreux symptômes tel que la nausée, mal de tête, vomissement, inconfort postural. Tous
ces symptômes sont regroupés sous le terme de “Mal des Transports” (pour revue, Golding,
2005). Alors que la communauté scientifique tente de développer de nouvelles techniques
comportementales et pharmaceutiques pour supprimer ce Mal des Transports, ce problème
n’est toujours pas résolu.
De manière intéressante, plusieurs auteurs ont proposé que les odeurs, en particulier les
odeurs désagréables, pourraient contribuer au Mal des Transports (Glaser, 1959; Turner and
Griffin, 1999; Fessler and Arguello, 2004). Cependant, la relation entre le système olfactif et le
Mal des Transports n’a jamais été vérifiée. Le but de notre travail a été d’étudier le système
olfactif de sujets susceptibles au Mal des Transports afin de proposer de nouvelles pistes de
réflexion dans l’étude du Mal des Transports.
Méthode
Vingt sujets sains et non-fumeurs ont été recrutés au sein des étudiants de l’Université de
Besançon. Après avoir rempli le questionnaire MMSQ (Golding, 1998) mesurant la
susceptibilité au Mal des Transports, les sujets ont été divisé en deux groupes: (1) les sujets
très susceptibles au Mal des Transports (N=10, sujets ayant un score MSSQ supérieur à 80%)
et (2) les sujets n’étant pas susceptible au Mal des Transports (N=10, sujets ayant un score
MSSQ de 0%).
Afin d’étudier le système olfactif de ces deux groupes, nous avons utilisé des méthodes
psychophysiques habituellement utilisé dans la littérature, à savoir le seuil de perception
olfactif au butanol, ainsi que l’auto-évaluation de l’intensité, la familiarité, et l’hédonicité
d’un panel de dix-sept odeurs.
Résultats
Les Résultats montrent: (i) une moins bonne sensibilité olfactive chez les sujets susceptibles
au Mal des Transports (T-test intergroupe, T=2.63), (ii) que les sujets sensibles au Mal des
Transports jugent l’odeur de cuir comme moins plaisante par rapport aux sujets non
susceptibles au Mal des Transports (T-test intergroupe, T=-3.53), (iii) que les sujets sensibles
au Mal des Transports jugent l’odeur d’essence comme moins plaisante mais comme plus
familière par rapport aux sujets non susceptibles au Mal des Transports (T-test intergroupe,
T=-3.53 et T=6.43, pour l’hedonicite et la familiarité respectivement.),
Discussion
Cette première étude montre, pour la première fois, qu’il existe un lien entre la perception
olfactive et la susceptibilité au Mal des Transports. Cependant, nous pouvons nous
questionner sur la nature de ce lien.
Herz (2005) a montré que le contexte émotionnel dans lequel est sentie une odeur pourrait
influencer la perception hédonique et le comportement du sujet par rapport à cette odeur.
Ainsi, nous pouvons suggérer que les sujets susceptibles au Mal des Transports jugent les
odeurs de cuir et d’essence comme désagréable car ces odeurs leur rappellent la mauvaise
expérience du Mal des Transports, en particulier en voiture. Nous pouvons suggérer que la
moindre sensibilité olfactive chez ces sujets comme un mécanisme de défense pour lutter
contre le Mal des Transports: puisque l’olfaction pourrait influencer le Mal des Transports,
359 les capacités du système olfactif vont être diminuées afin de limiter l’occurrence du Mal des
Transports.
Cependant, des expériences supplémentaires sont nécessaires pour vérifier ces hypothèses.
Afin d’appuyer notre hypothèse de “mécanisme de défense olfactif”, le seuil de détection
olfactif avec l’odeur d’essence est en cours de réalisation. De plus, une étude des réactions
électrodermales aux 17 odeurs présentées lors de notre expérience est également en cours.
Enfin, des sujets supplémentaires sont testés sur l’ensemble de ces tests afin d’agrandir notre
population de sujets 1.
Bien que plusieurs points de nos résultats nécessitent d’être approfondi, cette étude apporte
une nouvelle piste pour aider les sujets susceptibles au Mal des Transports.
1:
L’ensemble de ces résultats pourront être présentés en Septembre.
Références
Fessler, D.M.T., and Arguello A.P. (2004). The relationship between susceptibility to nausea
and vomiting and the possession of conditioned food aversions. Appetite., 43, 331334.
Glaser E.M. (1959). Prevention and treatment of motion sickness. Proc. R. Soc. Med., 52 (965),
21-28.
Golding J.F. (1998). Motion sickness susceptibility questionnaire revised and its relationship
to other forms of sickness. Brain Res. Bull., 47(5), 507–516.
Herz R.S. (2005). Odor-associate learning and emotion: effects on perception and behaviour.
Chem. Senses, 30 (1), i250-i251.
Turner M. and Griffin M.J. (1999). Motion sickness in public road transport: passenger
behaviour and susceptibility. Ergonomics., 42(3), 444-461.
360 V)
Interculturalité et rapport à l’autre
Titres des communications et Intervenants
Pour une clinique exploratrice de l'expatriation
Hoang, Victor (Toulouse Marseille).
Identités, adaptation et vieillissement : l'importance des interactions entre la théorisation
des pratiques et la pratique des théories
Tap, Pierre (Université de Toulouse le Mirail).
Analyse structurale et valeurs associées à la langue française Étude comparative algérie –
liban
Boubakour, Samira (Université de Batna -Aalgérie / UniversitéLyon 2), Meziani, Amina (Université
de Batna - Algérie).
Ce que les yeux ne voient pas, le coeur sent oui!: la compréhension de l'authenticité des
affects dans rapports établis par l’internet à travers de la conception du corps chez
Espinosa.
Godinho Nery Gomes Azevedo, Lívia, De AlmeidaFerreri, Marcelo (Université de Sergipe).
Articulation théorico-pratique:une nécessité ontologique et clinique.
Faucher, Eric (Université Lyon2).
361 1) Pour une clinique exploratrice de l'expatriation
Hoang, Victor (Toulouse Marseille). Introduction
A l’issue de deux années (2006-2008) à Ho Chi Minh Ville (Vietnam) comme psychologue
clinicien, nous avons décidé d’explorer les effets subjectifs de l’expatriation chez les patients
francophones reçus en consultations thérapeutiques. Le terme d’expatriation semble peu ou
prou d’usage en psychologie, ouvrant plutôt la voie à la question de la migration
(immigration-émigration) et de l’exil. L’expatriation désigne, au niveau étymologique, le
mouvement d’être hors de sa patrie, de se trouver hors de la terre de ses pères. La clinique
nous a montré que l’expérience du déplacement, pour un individu, bouleverse l’ensemble de
ses rapports intra et interpersonnels et met en jeu les processus psychiques pouvant
entraîner une dimension pathologique, sous certaines conditions subjectives. Pour notre
recherche, nous nous dégageons des concepts de l’adaptation et de l’acculturation; ce qui
nous importe, c’est le vécu subjectif, face à cette mutation environnementale créant une
situation de crise, comme signe d’une « traversée des altérités » (O Douville et M. Huguet,
1997). Le risque inhérent est que cette crise se transforme en traumatisme, annihilant tout
capacité à mettre en sens et du sens sur le déplacement. Dans les modèles de
l’ethnopsychiatrie et de la psychopathologie de la migration, le déplacement prend valeur de
« trauma ». Dans une conception nouvelle, le déplacement convoque la réviviscence des
conflits infantiles et la réactualisation de la séparation. Ce sont du côté des cliniques de l’exil
que le déplacement est envisagé comme un acte et une épreuve ouvrant la voie à l’ «
expérience » (F. Benslama, 1992-1993). Outre le déplacement et ses impacts, nous avons
privilégié la notion de retour, par le biais de la recherche des éléments récurrents dont le
mythe d’Ulysse nous donne une appréciation, et celle du temps circulaire (nécessitant la
constitution d’une enveloppe temporelle). Ces deux points, le temps et le retour, marquent la
particularité du mouvement migratoire de l’expatriation/impatriation. Notre intention est de
rendre compte des impacts et des phénomènes qui régissent l’expatriation, ce que nous
pourrions nommer de manière systématique une « psychopathologie de l’expatriation», à
savoir les incidences de cette expatriation dans le sentiment d’identité, les différentes
anxiétés et angoisses mises à jour. La réactivation des angoisses antérieures prend jour après
la phase d’euphorie, entrainant une expérience de crise qui peut se muer en traumatisme
selon le niveau d’intégration des relations objectales antérieures. Notre postulat est que
l’expatriation fragilise et réactualise ses relations objectales et que le dépassement des conflits
internes – initiés par les relations objectales – constitue le lit d’une expérience de crise. Dans
le cas contraire, l’expatriation, du fait de la fragilité des assises objectales, constitue une
possible expérience traumatique.
Méthode
La méthodologie est centrée sur des études de cas. Il nous apparaît important de pouvoir
recueillir, dans la situation de prise en charge clinique, les éléments du discours du patient
afin d’en rendre compte de manière analytique. L’étude de cas nous a paru être plus adaptée
pour penser la clinique de l’expatriation et plus particulièrement la clinique des sujets
expatriés. Nous présentons notre recherche, dans une démarche qualitative, selon un plan
spécifique qui rend compte d’une part de notre cheminement réflexif et, d’autre part des
processus psychiques mis en œuvre. Notre présentation séquentielle marque les étapes
progressives de l’expatriation : phase préliminaire, phase liminaire et phase postliminaire,
sous le modèle de la métaphore des rites de passage d’A.Van Gennep (1909).
Résultats et Discussion
362 La situation d’expatriation pose la question de la nature de la séparation. Cette dernière,
possiblement temporaire, concerne la Patrie avec toute la symbolique rattachée à cette notion
: « emancipatio mammusio », renvoyant au dégagement de l’autorité paternelle – pour peutêtre mettre en scène le meurtre du père ou tout au moins la filiation et créer sa propre
filiation. Ce qui ne va pas sans poser question sur le roman familial (S. Freud, 1909). Cette
séparation, bien qu’efficiente dans l’historicité de l’enfant (M. Malher, 1957) pour tendre vers
l’autonomie, se rejoue – dans l’actualité – pour l’adulte qui s’expatrie. L’expatriation ne serait
pas issue de la seule dimension paternelle mais bien de celle de la triangulation. Ainsi
l’expérience migratoire s’inscrit dans un double mouvement, celui de l’exclusion
fantasmatique du Père pour aboutir à une certaine jouissance de la mère, transposé dans un
nouvel environnement. L’expatriation permettrait de jouer sur la scène de la réalité une
certaine articulation, voire une latence (dans son sens de mise en repos) des fantasmes
inconscients où se lient sans se nier les désirs de l’expatrié. Désirs qui aboutissent à une
certaine homéostasie transitoire. Si nous insistons sur la dimension du transitoire, c’est quelle
a à voir avec une étape évolutive de l’identité de l’expatrié. En effet, l’injonction est
partiellement respectée, celle de l’interdit de l’inceste. Le déplacement proactif va permettre
un double dégagement à la fois de l’inceste et de l’autorité paternelle, s’établissant en
quelque sorte, comme un parricide par éviction du père. Le désir fantasmatique de la
problématique œdipienne est partiellement contourné par le truchement de l’action moteur,
action qui permet d’atténuer le retour du refoulé. Nous pourrions dire que la mise en acte
vient pallier – partiellement – le respect des interdits, trouvant ainsi un terrain d’entente
possible entre le principe de plaisir et le principe de réalité. La décharge d’excitation – bien
que parcellaire – permet tout du moins la satisfaction du désir. Mais cette recherche
d’homéostasie est temporaire car la rencontre avec l’étranger va générer des angoisses
primaires avec réactualisation des défenses nécessaires à les résorber, pour autant que le
sujet soit en capacité de les affronter. Le développement identitaire nécessite le dépassement
de l’étranger, l’apprivoisement de l’étranger, non comme une menace de son intégrité mais
bien comme ouverture à l’altérité. Si nous abondons dans la dimension du symbolique, c’est
que cette confrontation renvoie à une double « étrangéité », celle de l’autre et de soi.
363 2) Identités, adaptation et vieillissement : l'importance des interactions entre la
théorisation des pratiques et la pratique des théories
Tap, Pierre (Université de Toulouse le Mirail). C’est à mes amis messins, Cyril Tarquinio et Elisabeth Spitz, que je dois l’envie d’intervenir
dans le présent colloque, pour évoquer les liens entre les identités et l’adaptation, du fait de
ma participation à l’ouvrage qu’ils vont publier chez Dunod sur « Les théories de
l’adaptation » (à paraître en 2012)[2].
Mais je vais orienter mes réflexions sur ces liens à partir de quelques exemples parmi les
conduites suivantes liées au vieillissement et aux conduites d’accompagnement associées :
conduites professionnelles d’accompagnement des personnes adultes en difficulté et leurs
liens avec l’identisation professionnelle [3] ;
conduites de formation des personnels de maisons de retraite et leurs liens avec les pratiques
de ces personnels auprès des usagers/résidents [4] ;
conduites amoureuses et sexuelles des personnes vieillissantes et la façon dont les personnels
les jugent et y réagissent [5] ;
conduites d’accompagnement des mourants dans les « soins palliatifs »[6].
J’utiliserai le terme de « conduite » (articulation complexe de comportements et d’activités
mentales : cf. Lagache, Meyerson, Malrieu, Reuchlin, etc.) plutôt que « pratiques »
(immédiatement socio-normatives et en opposition avec les théories). Mais « la connaissance
est un moment de la praxis » (Sartre) ou « il n’y a rien de plus pratique qu’une bonne
théorie » (Lewin). Il faut constamment théoriser et valider nos pratiques pour prétendre
qu'elles sont "bonnes"
Comment aider les personnes à s’adapter au vieillissement ? Comment défendre ce que l’on
est, que l’on fait, que l’on veut faire ? Vieillir implique-t-il que l’on « continue à changer »
(Etienne-Emile Beaulieu) ou de « persévérer dans son être » (Spinoza, conatus d’autoaffirmation) ? Il faudra montrer que les deux opposés s’articulent dans le paradoxe de
« l’identisation adaptative » !
J’essaierai de montrer qu'à travers les conduites/pratiques on peut utiliser opératoirement
des théories apparemment éloignées du terrain et qui pourtant peuvent en permettre la
compréhension et la dynamique praxéologique. Je prendrai l'exemple des théories de la
philosophie sociale actuelle sur la quête du sens : théories de la reconnaissance dans une
société du mépris (Axel Honneth, J.M. Ferry, Ricoeur), théories de l'identité narrative de Paul
Ricoeur (je suis ce que je raconte de moi) et des identités interprétatives, argumentatives
(revendicatives) et reconstructives de Jean-Marc Ferry.
Références
[1] Professeur émérite à l’Université de Toulouse- Le- Mirail. Vice-président de la Recherche
et Président de la SFP entre 1983 et 1991. www.pierretap.com
[2]Titre de mon chapitre « Soi, identités et adaptation »
[3] Travaux liés à mes interventions sur la « psychologie sociale de l’accompagnement et
dynamiques identitaires » à l’IPSA/UCO d’Angers.
[4] Travaux entrepris dans le cadre de mes Interventions en « gérontologie sociale » AGIS/
à l’Université d’Aix-Marseille,
[5] Cf. mon chapitre « Corps, affectivité et sexualité avec l’avancée en âge » dans Philippe
Pitaud (dir.) Sexualité, handicaps et vieillissement. pp.75-119, 2011, ed. Erès.
[6] Cf. les travaux entrepris dans le cadre de mes interventions sur les « soins palliatifs » à
l’Institut Supérieur de Psychologie Appliquée de Lisbonne,
364 3) Analyse structurale et valeurs associées à la langue française Étude comparative
algérie – liban
Boubakour, Samira (Université de Batna ­Aalgérie / UniversitéLyon 2), Meziani, Amina (Université de Batna ­ Algérie). Nous nous intéresserons à l’analyse des résultats d’une enquête menée auprès d’étudiants
algériens et libanais se spécialisant en lettres françaises aux universités : Saint Joseph
(Beyrouth), l’Université Libanaise (Beyrouth) et l’Université de Batna (Algérie). Notre but est
d’étudier l’organisation cognitive des éléments constituant la représentation sociale de la
langue française
La méthode utilisée est celle des Schèmes Cognitifs de Base, technique élaborée par Guimelli
et Rouquette (1992) et Rouquette et Rateau (1998), qui nous offre la possibilité d'analyser la
structure interne de la représentation sociale en tant qu'éléments centraux (noyau) et
périphériques. Nous avons pu dégager les ressemblances et divergences entre les deux
populations. L’échantillon de l’étude porte sur des étudiants en lettres françaises (84 sujets),
ces jeunes qui sont destinés à devenir des enseignants de français, dans un climat où le
français est sujet à des représentations particulières à travers « différents discours ».
A partir d’une analyse du contenu, au préalable, des réponses à des questions ouvertes
portant sur le français, nous avons dégagé les principaux items relatifs aux représentations
de la langue française, ces derniers ont été présentés aux sujets interrogés, en tant
qu’inducteurs par le biais de questionnaire SCB, à chaque terme correspondait un
questionnaire spécifique où les sujets justifiaient en premier lieu leur réponses, puis ils
établissaient les liens logiques entre leur réponse et le mot inducteur, les différents calculs
ont déterminé la valence de chaque item. Nous voulions connaître dans quelle mesure les
jugements accordés à la langue française sont fonctionnels du degré du contact avec la
langue. Les variables analysées ont été : l'année d’étude, les langues des parents, les
appartenances ethnique et religieuse. Les valeurs choisies concernent essentiellement les
dimensions : historique (colonisation), éducationnelle (langue étrangère/seconde) et sociale
(langue de prestige).
Les résultats nous ont permis de constater que pour la structure de la représentation sociale
de la langue française : le volet historique demeure présent et central pour les sujets
algériens, tandis que les enquêtés libanais privilégient plus la dimension éducationnelle et
sociale. Cette dernière dimension est aussi présente pour certains sujets algériens.
365 4) Ce que les yeux ne voient pas, le coeur sent oui!: la compréhension de l'authenticité
des affects dans rapports établis par l’internet à travers de la conception du corps
chez Espinosa.
Godinho NeryGomes Azevedo, Lívia, De Almeida Ferreri, Marcelo (Université de Sergipe). Résumé
L’authenticité des affects dans les rapports établis par l’internet révèle une nouvelle façon
d’être joint, dans laquelle les sujets sont mutuellement affectés par les échanges symboliques
realisés sur un registre discursif en temps réel. La communication fait part d’une recherche
Prodoc (professeur jeune docteur) qui a pour but d´analyser et de discuter l’experimentation
de la qualité « politique » de l’amitié sur internet au travers de la théorie des affects chez
Espinosa. Puisque les sujets sont affectés dans l’ordre des pensées pour ses amitiés établis au
travers de l’internet, la conception de l’unification corps-âme chez Espinosa dévoile la qualité
de la présence de l’interlocuteur. Il s’agit d’une spécificité dans la qualité du corps de
l’interlocuteur de se faire présent, autant dire, au travers de ses valeurs, idées et pensées. Ces
rapports d’amitié établis favorisent les rencontres où les sujets sont affectés par la puissance
singulière du corps avec laquelle ils communiquent. Des adultes ont été interviewés sur leurs
rapports d'amitiés établies à travers l’internet. Les discours révèlent que les rapports
d’amitiés établis par l’internet favorisent des échanges assez riches des avis et des
apprentissages, surtout de caractère transculturel, qui permettent la réflexion et la
relativisation de la pensée. Cette recherche est développée avec l’appui financier de bourse
Prodoc CNPq/Fapitec.
Mots-clés : internet, amitié, affect, Espinosa
Chauí (2005) souligne le rapport corps-âme chez Espinosa comme une innovation sans
précédent qui rompt avec le dualisme cartesien, etla hiérarchie présente dans l’idée
platonique que l’âme dirige le corps et dans la conception aristoteicienneoù le corps est
conçu comme l’instrument de l’âme. Espinosa (2008) rompt la tradition de la supériorité
d’âme par rapport au corps, à mesure qu’il comprend que le corps et l’âme sont unis et sont
de puissance égale. L’union corps-âme comprend qu’il y a correspondance entre les
événements physique et psychique.
Des adultes ont été interviewés sur leurs rapports d'amitiés établis au travers l’internet.Cette
recherche a utilisé la description ethnographique comme méthodologie d'interprétation des
discours d’amitiés, ce qui configure une communication dans la quelle le sujet est compris
comme interprète, lui même, dansson discours d’amitiés. Tous les sujets, 9 femmes et 5
hommes, ont signé le Terme de Consentement Libre et Éclairé qui garanti le respect de la
déontologie. Après la divulgation de la recherche par courrier elétronique, j’ai reçu des
messages des personnes de diffèrente villes du Brèsil qui ont été à disposition pour donner
des interviews. Tous les interviewés ont été réalisés en temps réel par via MSN Messenger.
L’interview a contenue des divers questions ouvertes de façon à permettre que les sujets
puissent écrire librement sur leurs histoires d’amitiés par via internet.Les rapports d’amitiés
établis par l’internet inaugurent une nouvelle façon d’être ensemble, dans laquelle les corps
présents en acte affectent et sont affectés par les idées et avis de son interlocuteur. En effet,
les rapports d'amitiés sont dévoilés comme liens affectifs capables d’engendrer
changements tant au travers des transformations de la pensée que dans la capacité d’action.
Selon Espinosa (2008) l’affect est une affection simultanément du corps et d’âme; affect est
idée et ce qui se passe dans le corps. Les résultats montrent que les rapports d’amitiés établis
par l’internet favorisent des changements affectives dans les quelles les sujets son
sensiblement affectés pour celui que l’autre pense et exprime au travers de mot écrit. Les
sujets souligne l’authenticité des affects enveloppés dans les rapports d’amitié établis au
366 travers de l’internet que produisent transformations dans ses capacités de réfléchir et
d’expérimenter nouvelles habilités. En effet, les corps sont affectés pou les échanges d’avis et
opinions que peuvent produire l’augment de la puissance de pensée et d’agir.
Les rapports d'amitiés établis par l’internet ont comme spécificité un intense échange d’avis
que mobilisent les amis à réfléchir. Les corps sont instigués à penser et ils sont impliqués
dans l'exercice de considérer l’opinion d’autre. En effet, dans sphère des rapports établis par
l’internet, quand l’interlocuteur est considéré ami c’est parce que de certain façon celui qui
concerne au registre de ses pensées et idées a déjà touché ou affecté son autre. Autrement dit,
la désignation d’amitié, dans les rapports établis à travers de l’internet, signifie que les corps
considèrent et sont affectés pour celui que l’autre dit dans les dialogues en temps réel. Les
sujets soulignent que dans ses rapports d’amitiés établis par l’internet, l’ami aide à réfléchir
et à éclairer doutes, il collabore dans les décisions, ainsi que dans la relativisation de la
pensée. Les liens d’amitiés sont dévoilés comme rapports d’ouverture et d’accueil dans les
quels l’ami est disponible pour écouter des problèmes, faire critiques et suggestions qui
contribuent pour l’augmentation de la capacité de penser sur ses propres comportements,
valeurs, conflits, opinions.
La force des affects entre amis qui jamais s’est connu vis à vis et qui se rapportent par
l’internet concerne la grandeur de la capacité de mettre en mots et de partager l'expérience
existentiel d‘être dans le monde comme spécificité singulier de l’humanité d’homme. Les
liens d’amitiés qui naissent et se nourrirent pour les dialogues dans l’internet éclairent
l’ordre discursive de la condition humaine, c’est à dire, la beauté du fait de que nous sommes
touchés pour l’énoncé d’autre, de que la jouissance de l'existence comme être humain se
donne dans les processus même de déchiffrer les sens des énonciations proférés dans le
rencontre inter-humaine.
Références
BOVE, L. La Stratégie du Conatus. Affirmation et résistance chez Spinoza. Paris. Librairie
Philosophique J. VRIN, 1996.
BOVE, L. Introduction. Em : Spinoza. Traité Politique. Collection Classiques de la
Philosophie dirigée par Jaen-François Balaudé. Traduction d’É. Saisset, revue par
Laurent Bove. Introduction et notes par Laurent Bove. Libraire Générale Française,
2002.
CHAUÍ, M. de S. Política em Espinosa. São Paulo: Companhia das Letras, 2003.
CHAUÍ, M. de S. Espinosa: uma filosofia da liberdade. 2ª Ed. São Paulo:Moderna, 2005.
CHAUÍ, M. de S. Afastar a tristeza. Em: Paixão e ação em Espinosa, Companhia das Letras,
São Paulo, no prelo.
ESPINOSA, B. Spinoza. Ética. 2ª edição. Tradução de Tomaz Tadeu. Belo Horizonte:
Autêntica Editora, 2008.
LÉVY, P. A inteligência coletiva. Por uma antropologia do ciberespaço. 4a. ed. Tradução Luiz
Paulo Rouanet , São Paulo, SP: Edições Loyola, 2003.
367 5) Articulation théorico-pratique:une nécessité ontologique et clinique.
Faucher, Eric (Université Lyon2). La pratique ne devrait pas être un lieu de théories mais de théorisation, où les théories sont mises en
jeu. C’est un des principes de l’ethnopsychiatrie formulé par Georges Devereux (1971), que je
vais expliciter à la lumière de mes propres recherches.
Il s’agit ici de faire preuve de méthode pour étudier l’articulation théorie-pratique. Tout
d’abord, ce couple est autant celui de la clinique que de la recherche, qui se base sur une
méthodologie articulant une vision du monde (on l’oublie trop souvent dans les études
quantitatives !) sur un terrain d’expériences. Il n’y a pas de chercheur neutre caché derrière
ses formules, ni de clinicien faisant preuve de neutralité (J-P Durif, 2010). Le Dr Pascal d’Emile
Zola en est une très belle démonstration. Je propose donc ici une méthode pour analyser les
méthodologies sous-jacentes à la clinique comme à la recherche en psychologie. Or
cetteméthode existe déjà puisque c’est le principe même de l’ethnopsychiatrie qui se définit
comme « une méthodologie d’analyse des méthodes, de diverses disciplines qui mettent en
application un savoir dans un contexte donné »(T.Nathan, 2001). Quand il s’agit d’une
thérapie pour un patient, c’est toujours le savoir provenant d’un groupe de référence (ethnos)
qui vient rencontrer l’individu (le iatros). Il s’agit d’analyser les conditions de production de
ce savoir et les méthodes qui en découlent. Une revue de la question concernant
l’articulation théorie-pratique coïncide avec une revue des questions qui fondent la discipline
de l’ethnopsychiatrie. Je vais donc choisir ici un axe fort de la discipline, qui est celui de
critiquer les méthodes qui ne font que juxtaposer théorie et pratique, et oublient de les faire
jouer l’une par rapport à l’autre.
Quand, en temps que psychologue clinicien, nous faisons de la clinique, que faisons-nous ?
Principalement nous cherchons à rencontrer l’Autre, dans sa spécificité, sa singularité, sa
vision du monde. Nous sommes clinicien parce que nous avons une pratique clinique et non
parce que nous avons des théories sur l’Autre. La pratique en question est celle qui dans un
premier temps envisage des différences (reconnaissance en creux) puis, dans un second
temps, reconnait cette différence du sujet qui est devant nous (reconnaissance positive) sans
la discriminer. Cette deuxième étape suppose donc de s’intéresser au sujet qui est là, et nous
met en lien avec quelque chose qui peut nous être étranger. Nous pratiquons l’Autre-soi,
l’étranger en soi (J.Kristeva, 1988). Et cet Autre va nous modifier. Ce que nous vivons
réellement nous transforme, c’est le principe de tout engagement. Je prendrai par analogie
les travaux sur la mémoire où l’on dit que la mémoire est labile au moment du rappel
(B.Hars, 1980). De même la théorie est susceptible d’être modifiée au moment où elle est mise
en œuvre, lors de notre engagement au sein d’une pratique.
Nous apprenons sur l’Autre, nous sommes cliniciens parce que nous établissons ce type de
contact et que nous nous laissons modifier par la rencontre. Nous établissons un contact avec
le monde de l’Autre quel qu’il soit, même s’il nous est complètement étranger.
Adoptant cette posture nous nous apercevons que toute situation clinique est forcement
interculturelle, car la pratique que nous pouvons définir comme « un savoir en action » vient
solliciter des systèmes représentatifs, des pensées appartenant à des univers hétérogènes. La
pratique est alors effectivement un lieu pour les théories. Un devenir commun se dessine en
ligne de fuite pour des hétérogènes.
Parfois aussi cela ne se fait pas. Chacun reste sur ses appuis théoriques et la rencontre ne se
fait pas. Aucun devenir homme-néothéorie ne se dessine, et aucune transformation n’opère.
Souvent les théories initiales sont trop rigides, trop enfouies en soi, trop peu malléables. Les
alliances paraissent impossibles, le jeu disparait et les thèses qui devaient ouvrir le monde, se
transforment en dictacts, et ferment leurs lourdes portes à la conscience humaine ! La
pratique clinique devient dogmatique ou rhétorique, et les théories se sclérosent en position
d’inconscience.
368 Chacun reconnaitra dans sa pratique, la mise en œuvre, le transfert, la résonnance de toutes
les pensées, de toutes les histoires des sujets en présence, et des liens qu’ils entretiennent
avec les vivants et les morts.
Cependant mes travaux récents au cours de la réalisation d’un doctorat en psychologie
interculturelle, m’ont permis de découvrir un autre aspect important. Si je parle de la
pratique comme une forme d’immanence d’un savoir vers le concret de l’action, dans la
rencontre thérapeutique, il nous faut parler aussi de son corrélat traditionnel : La
transcendance dont la base serait l’observation et l’expérience, et qui pointerait des idées ou
connaissances spéculatives et vraisemblables, représentations idéales qui se dressent en
s’éloignant des applications, mais découlent de l’assise concrète. Sorte de contemplation du
réel vécu que l’on appelle « la théorie ». Il m’est apparu que nos mécanismes de pensée sont
le résultat d’un long processus d’enculturation, qui passe par la construction d’un rapport au
monde, de formations de théories sur soi, sur l’Autre, et sur le monde. Certaines de ces
théories que l’on nomme « ethnothéories naïves du développement » ou d’autres encore
concernant la manière dont nous tombons malades ou pouvons guérir, ont un impact crucial
sur le fonctionnement psychique et nos comportements, nos pratiques. Les théories ne sont
donc pas des abstractions lointaines et froides, mais des mouvements qui se dressent comme
des volcans dans la chaleur des relations avec notre environnement. Elles ne sont pas de
simples représentations mais concernent le système représentatif lui-même forgé en
contextes depuis notre conception.
Cette thèse et son lot d’hypothèses me sont venus alors que je réalisais des entretiens avec
des patients psychiatriques, dans un centre hospitalier lyonnais. La question avec des sujets
dits « schizophrènes », était de considérer leur rapport au réel et la manière dont ils
pouvaient envisager de s’y ancrer et d’y participer, sortir du retrait permanent dans lequel ils
semblent se réfugier, dans cette zone psychique polymorphe et plurielle qui les
désingularise. Je me suis aperçu que ces patients avaient tous de nombreuses théories en tête
mais formulaient, parfois assez explicitement, leur manque de pratique de la vie réelle. J’ai
compris qu’ils avaient un fort besoin de reformuler leurs théories pour pouvoir « pratiquer
une vie normale ». Mais que les théories se construisant à partir d’expériences réelles, ils se
retrouvaient dans une impasse. Certains la résolvaient partiellement en délirant une pseudoréalité de laquelle ils tentaient une reformulation de leur pensée.
Références
Barbier, J.-M. (dir.) (1996) Savoirs théoriques et savoirs d’action, Paris, PUF.
Devereux G. (1971), Essais d'ethnopsychiatrie générale Paris, Gallimard.
Hars B (1980). Consolidation, rappel, réactivation. In: L'année psychologique. vol. 80, n°1. pp.
237-265.
Kristeva J., (1988), Étrangers à nous-mêmes, Paris, Fayard.
Latour, B. (1996) Sur la pratique des théoriciens, in Barbier, J.-M. (dir.) Savoirs théoriques et
savoirs d’action, Paris, PUF, pp. 131-146.
Nathan T., (1994), L’influence qui guérit, Paris, Jacob, 312 p.
Perrenoud, P.(2001),Articulation théorie-pratique et formation de praticiens réflexifs en
alternance in Lhez, P., Millet, D. et Séguier, B. (dir.) Alternance et complexité en
formation. Éducation – Santé – Travail social, Paris, Editions Seli Arslan, pp. 10-27.
Schön, D. (1994) Le praticien réflexif, Montréal, Editions Logiques.
Winnicott, D.W. (1971). Playing and Reality, 1-156, London