Diane Joy, Maurice Scellès L`ÉGLISE PAROISSIALE SAINT

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Diane Joy, Maurice Scellès L`ÉGLISE PAROISSIALE SAINT
PATRIMOINE Midi‐Pyrénées Service connaissance du patrimoine DCAV ‐ Région Midi‐Pyrénées L’ÉGLISE PAROISSIALE SAINT-PIERRE – SAINT-PHÉBADE
DE VENERQUE (HAUTE-GARONNE) ÉTUDE HISTORIQUE ET MONUMENTALE
Diane Joy, Maurice Scellès
Juillet 2012
L’ÉGLISE PAROISSIALE SAINT-PIERRE – SAINT-PHÉBADE DE
VENERQUE (HAUTE-GARONNE) : ÉTUDE HISTORIQUE ET
1
MONUMENTALE
par Diane Joy et Maurice Scellès
HISTORIQUE
Des origines à la sécularisation (1612)
Dans le contexte de la réforme conduite par Benoît d’Aniane, le concile d’Aix-la-Chapelle de
817 établit une liste des monastères qui, en raison de leur fondation, ont des devoirs envers
l’empereur. Venerque figure, avec Saint-Papoul, Sorèze et le Mas-d’Azil, parmi les 50 monastères de
l’empire, et les 19 du Languedoc, jugés trop pauvres pour offrir à l’empereur plus que des prières2. La
date de la fondation de l’établissement, sans doute placé sous l’autorité d’un abbé, n’est pas connue,
mais sa mention en 817 laisse entendre qu’elle était due à un représentant de l’empereur : comte ou
duc, ou le roi d’Aquitaine Louis, devenu empereur en 814, auquel elle est parfois attribuée3. On ne sait
rien de plus du monastère carolingien.
Saint-Pierre de Venerque apparaît ensuite, vers 970, dans le testament de l’évêque de
Toulouse Uc45, qui lui attribue l’alleu de Manulfello Monte, avec ses vignes, situé aux environs de
Saint-Ybars et de Sainte-Suzanne6, à une quarantaine de kilomètres au sud de Venerque.
En juillet 1080, Guillaume IV (1061-1093), « comte & duc du Toulousain, de l'Albigeois & du
Querci, du Lodevois , du Périgord, du Carcasses, de l'Agenois , & de l'Astarac », après avoir confirmé
la fondation du monastère de Saint-Pons de Thomières, faite par son bisaïeul Pons, duc et grand
prince d’Aquitaine, et avoir donné aux religieux de Saint-Pons et à leur abbé tout ce qu’ils avaient
acquis ou qu’ils acquerraient à l’avenir et qui dépendait de son domaine, avec pouvoir de les posséder
en alleu, leur donne en plus le bois d’Orsval et promet de ne rien aliéner de tout ce qu’il possède dans
le territoire de Venerque, si ce n’est en faveur de son fils ou de sa fille ou de l’abbaye de Saint-Pons7 ;
le comte donne encore au monastère, par un autre acte, plusieurs églises situées en Albigeois8.
1
Olivier Testard nous a fait partager sa connaissance de l’édifice et a mis sa documentation à notre disposition,
et Patrice Cabau a complété nos sources et nous a apporté ses compétences dans l’analyse des textes. Qu’ils en
soient chaleureusement remerciés.
2
Étienne Baluze, Capitularia Regum Francorum. Additæ sunt Marculfi monachi & aliorum formulæ veteres, &
Notæ doctissimorum virorum, Paris, François Muguet, 1677, t. II, col. 592 ; Dom Claude Devic, Dom Joseph
Vaissète, Histoire générale de Languedoc, avec des notes et les pièces justificatives…, 3e édition [1872-1904]
3
sous la direction d’Édouard Dulaurier, Toulouse, Édouard Privat, (désormais abrégée H.G.L. ), t. I, p. 947, 948,
950 ; M. Durliat, Haut-Languedoc roman, 1979, p. 41.
3
Étienne Baluze cite la Vita de Louis le Pieux, selon laquelle Venerque aurait peut-être fait partie des monastères
restaurés par l’empereur (ibid., col. 1104). La fondation en est attribuée à Louis le Pieux par l’abbé Salvan,
Histoire générale de l’église de Toulouse…, t. I, 1856, p. 344 ; Paul Guérin, Les petits Bollandistes : vies des
saints, d'après les Bollandistes, le père Giry, Surius..., Paris, Bloud et Barral, t. V, 1876, p. 25-26.
4
Pour la datation du testament de l’évêque Uc ou Hugues, cf. Patrice Cabau, « Chronologie des évêques de
Toulouse, Xe siècle », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. L, 1990, p. 92. Pierre
et Thérèse Gérard proposent quant à eux de situer la rédaction du testament vers 972 (Cartulaire de Saint-Sernin
de Toulouse, Toulouse, Les Amis des Archives de la Haute-Garonne, 1999, t. II. vol. 2, p. 983).
5
H.G.L.3, t. III, 1872, p. 153-154 : « Ipse alodes de Manulfello Monte cum ipsas vineas remaneat Auriolo Sancio,
dum vivit ; post suum discessum, remaneat Sancti Petri Venercensis. ».
6
Communes du département de l’Ariège.
7
H.G.L.3, t. V, col. 649-652, n° CCLXXVIII : « In primis donamus jamdicto Thomeriensi monasterio & sanctis &
presenti dompno Frotardo abbati suisque in perpetuum successoribus & omnibus monachis ibidem in perpetuuo
(sic) commanentibus quicquid ab hac die & deinceps, Domini misericordia procurante, abbas vel monachi jamdicti
cenobii in omnibus episcopatibus, comitatibus, terrisque nobis a Deo cemissis vel sua misericordia deinde
comittendis acquirere vel optinere elemosinarum largitione aut aliquo dono misericordie ab omnibus hominibus
utriusque sexus cujuscumque dignitatis aut ordinis potuerint aut actenus acquisierint, etiamsi de fevis quos per
nos tenent donando prerogaverint ; nos prenominati comes & conjunx (sic) donamus, laudamus & confirmamus
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
1
L’église de Venerque n’est pas mentionnée directement, mais elle fait sans doute partie des
possessions du comte, sans exclure que l’acte ne fasse que confirmer une donation antérieure. La
date de 1182, considérée par une notice de la Gallia christiana comme celle de la donation de l’église
de Venerque à l’abbaye de Saint-Pons9 est en fait celle de la confirmation par le pape Lucius III de la
protection pontificale accordée à l’abbaye de Saint-Pons et à ses possessions, parmi lesquelles figure
l’abbaye Saint-Pierre de Venerque avec ses églises et ses alleux10.
Nous ne connaissons aucun abbé de Venerque, et seulement trois prieurs :
- Hugues de Saint-Martial, frère de Pierre de Saint-Martial évêque de Rieux depuis 1357 et
archevêque de Toulouse en 1391, est nommé prieur de Venerque11 par le pape Innocent VI en 1361,
en même temps qu’il est créé cardinal-diacre de Sainte-Marie in Porticu et qu’il reçoit plusieurs autres
bénéfices ; il était nonce du pape Clément VI en 135212 ;
- Alexandre Farnèse, devenu abbé commendataire de Saint-Pons en 1514 est, à ce titre,
prieur commendataire de Saint-Pierre de Venerque13 ; devenu pape sous le nom de Paul III, il
approuve les statuts de la confrérie de saint Phébade14.
- en 1557 est mentionné frère Pierre de Corneilhan, prieur de Venerque, à l’occasion d’un
accord avec le syndic de la cathédrale de Saint-Pons15.
eis & omnibus successoribus eorum in prefato monasterio habitantium ad proprium alodem perhabendum &
possidendum absque ulla inquietatione libere & absolute in perpetuum, remota omnium dominatione jugo &
potestate, [pre]ter abbatem & monachos jamdicti cenobii. Donamus insuper prenominato loco & sanctis abbati &
monachis inibi habitantibus, in comitatu Tolose, in loco vocitato Orzsvals, ipsum boschum cum omnibus terminiis,
afrontacionibus, ajacenciis, exiis & regressiis suis, omnia & in omnibus, cultum & eremum sine ulla reservatione.
Et est iste alodis sive afrontat in terminio de Venercha & in terminio de Ricovilla & d’Espanesc & de Exut, & de
Lauret. Insuper etiam sub intransgressibili convenientia donamus & promittimus, ut nos vel filii nostri aut
posteritas nostra de omnibus rebus proprietatis nostree (sic), quas ego habeo in omni honore de Venercha vel
habere ullatenus debeo, nulli homini vendam, donem, aut conveniam, excepto filio aut filie mee, nisi prenominato
monasterio Sancti Pontii, abbati & monachis ejus. Et si quid, Deo donante, de omnibus fevalibus meis de honore
omni vel de ecclesiis supradicti honoris Venercha acquirere potuerint, ego omnia & in omnibus laudo & dono Deo
& jamdicto monasterio Sancti Pontii & habitatoribus suis ad proprium alodem perhabendum, pro remedio
animarum nostrarum & parentum nostrorum. » L’original se trouvait dans le Trésor des chartes du roi, Toulouse,
sac 8, n. 1.
8
Ibid., col. 652-654.
9
Gallia christiana, t. XIII, 1785, col. 88 : « Venercha aut Benerca, vulgo Venerque. Quatuor ab urbe Tolosana
distans leucis Venercha, ordinis S. Benedicti, Apostolorum principi sacra, ecclesiae S. Pontii Tomeriarum attributa
fuit, id probante papa Lucio an. circiter 1182. Modo prioratus juris ecclesiae Tomeriensis. » La notice est reprise
par Migne, Patrologie latine, t. Ll, col. 586.
10
« In Tolosano, abbatiam sancti Petri de Venerca cum ecclesiis et allodiis suis » : Gallia christiana, t. VI, 1739,
Instrumenta, col. 89. La bulle de Lucius III est citée lors de sa confirmation par le pape Pie II en 1459.
11
. M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 22, sans source citée.
12
François Du Chesne, Histoire de tous les cardinaux françois…, Paris, 1660 ; t. I ; p. 578-579.
13
Gallia christiana, t. VI, 1739, col. 250 : « Nobilis Romanus Alexander Farnesius jam inter purpuratos patres
adseitus [?] diaconus cardinalis tituli S. Eustachii ab Alexandro papa VI anno 1493 cessione cardinalis de
Clermont S. Pontii episcopatus donatus fuit a Leone papa X bulla data die 27 Aug. an 1514 pontificatus secundo,
possessionem adeptus per procuratorem Johannem Arnuci Alexandriae decanum et pontificium auditorem, quem
et constituit vicarium generalem litteris, in quibus siepse episcopum ac dominum S. Pontii appellat, necnon
priorem commendatarium prioratuum S. Petri de Venerque et B. Mariae de Maravals in dioecesi Tolosana. Anno
1518 Leo X papa ei Nicolaum Melchioris Dominicanum, episcopum Cyrenensem destinavit, quo ad obeunda
munia episcopalia suffraganeo uteretur. Praefuit ad annum 1534 quo ad summi pontificatus apicem assumtus est
Paulus III appellatus. Prioris autem sponsae haud immemor, munificum se erga illam statim exhibuit, jubilaeo ad
septem annos omnibus indulto, qui vere contriti et confessi ecclesiam S. Pontii visitarent in Dominica Passionis
D.N.J.C. vel in festo Assumtionis B. Mariae Virg. Et de bonis suis aliquid conferrent ad perficiendum inchoatum, et
a se magnis sumtibus suae administrationis tempore continuatum. Ab hoc autem pontifice Parmae et Placentiae
duces ac principes in Italia nuper exstincti originem traxerant et splendorem. ». Traduction de Patrice Cabau :
« Noble Alexandre Farnèse, déjà élevé à la pourpre comme diacre cardinal du titre de Saint-Eustache par le pape
Alexandre VI en 1493, reçut, après la résignation du cardinal de Clermont, l'évêché de Saint-Pons du pape Léon
X, par bulle donnée le 27 août 1514, l'an deux du pontificat ; il prit possession par son procureur Jean Arnuci,
diacre d'Alexandrie et auditeur pontifical, qu'il institua son vicaire général par des lettres dans lesquelles il
s'intitule évêque et seigneur de Saint-Pons, ainsi que prieur commendataire des prieurés de Saint-Pierre de
Venerque et de Sainte-Marie de Maravals au diocèse de Toulouse. [...] »
14
Melet (Abbé), Le trésor de l'église de Venerque, ou Rapport sur l'invention du corps de sainte Alberte, suivi
d’une Notice sur les saints dont on y possède des reliques, Toulouse, Imp. catholique Saint-Cyprien, 1885, p.
217.
15
A.D. Haute-Garonne, B 50, f° 556.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
2
Le cartulaire de Saint-Pons de Thomières ayant disparu sans doute avant la Révolution, c’est
peut-être dans la collection Doat qu’il faudrait en premier lieu poursuivre les recherches.
Au moment de la sécularisation du chapitre de Saint-Pons de Thomières, au début du XVIIe
siècle, Saint-Pierre de Venerque est mentionné parmi les prieurés conventuels en état de carence16,
ce qui confirme qu’il s’agissait d’un prieuré régulier, disposant donc de bâtiments conventuels.
D’après les différents documents consultés17, le patron est resté le chapitre de la cathédrale
de Saint-Pons jusqu’à la Révolution, percevant les trois-quarts de la dîme.
Les reliques de saint Phébade
Saint Phébade18, évêque d’Agen mort vers 400, est connu pour avoir été en relation avec
saint Hilaire de Poitiers et saint Ambroise de Milan, pour avoir participé au concile de Rimini en 359 et
avoir rédigé un traité contre les ariens, et saint Jérôme le cite dans son Livre des hommes illustres. Sa
fête est le 25 avril.
La question de l’authenticité des reliques est posée en 174619. Faute d’authentique, le curé
fait une recherche de preuves. Il trouve « dans le reliquaire d’argent une relique de saint Phébade et
un billet dans lequel il est dit que cette relique a été tirée du coffre de bronze, dans lequel reposent
lesdites reliques, de tout le corps de St Phébade, billet qui n’est pas signé mais il y est fait mention
d’un grand vicaire de feu Mr de Marca » (archevêque de Toulouse, 1652-1662). Un autre argument lui
est donné par Tillemont20, qui « dit que les reliques de St Phébade évêque d’Agen reposent dans
l’église de Venerque, diocèse de Toulouse », et surtout par le propre du diocèse d’Agen qui indique
de la même façon « que les reliques du corps de St Phébade reposent dans l’église de Venerque ».
Cachée pendant la Révolution, la châsse de saint Phébade (fig. 10) échappe à la destruction
et elle est remise en place en 182821. En 188422, afin de vérifier l’authenticité des ossements du crâne
de saint Phébade conservés à Agen, le docteur de Gauléjac et le professeur d’anthropologie au
muséum de Paris Hamy sont délégués pour examiner les ossements contenus dans le reliquaire de
Venerque. Ils y reconnaissent des fragments de crâne, mais qui ont appartenu à une personne jeune,
dont les ossements sont mêlés à ceux de saint Phébade.
C’est une nouvelle fois dans le Propre des saints du diocèse d’Agen que l’abbé Mélet trouve
la réponse à la question posée par la découverte : « Le corps de sainte Alberte, ensemble avec les
ossements de saint Phébade, qui resta longtemps à Périgueux, fut ensuite transféré en l’église de
Venerque à côté de l’Ariège, au diocèse de Toulouse ». Le curé remarque alors que la châsse
représente « sur le panneau antérieur au milieu, le Christ en Majesté avec d’un côté, Saint-Phébade
avec mitre et crosse, et de l’autre une vierge tenant la palme du martyre. » En fait une femme tenant
la palme du martyre est représentée sur la face postérieure, à gauche de l’Agneau mystique et en
pendant à un personnage masculin nimbé qui fait le geste de montrer, et, sur le couvercle, un autre
personnage, couronné, porte également une palme. Il est possible que les différents personnages
représentés évoquent l’histoire de saint Alberte et de sa sœur sainte Foi, martyrisées en 303, en
même temps que l’évêque d’Agen saint Caprais.
16
Gallia christiana, t. VI, 1739, Instrumenta, col. 98 : « Insuper ut onera tam eleemosynariæ, & præcentoriæ,
quam mensæ capitulari præfatis respective incumbentia commodius supportari valeant, illis, eleemosynariæ
videlicet, beatæ Mariæ de Maravals, [&] præcentoriæ, S. Johannis de Montaniaco, alias de Faget, mensæ vero
capitulari, S. Petri de Venerco, S. Martini Duscladele, S. Johannis de Fraisses, S. Petri de la Sale, alias de
Cessenone, S. Baudili de Visan, alias de Montoliers, S. Petri de Ferrals, S. Tircii de la Bruguiere, sanctæ Mariæ
de la Chapele Clapiers, sanctæ Mariæ de la Caune, S. Martini de Brusque, S. Crispini, S. Petri Descosse, ac de
Balaruco, & S. Jacobi de Cours, sanctæ Mariæ de la Romegouze, alias Maliac, sanctæ Mariæ Magdalenæ
Doctobian, locorum Tolosanensis & S. Pontii Thomeriarum prædictarum, ac Vaurensis, Albiensis, Castrensis,
Vabrensis, Appamiarum, Montispessulanis, Narbonensis & Biterrensis respective diœcesum prioratus
conventibus carentes… » La bulle de sécularisation, datée de 1612, a été enregistrée par le Parlement de
Toulouse en 1630.
17
A.D. Haute-Garonne, 1G.619, visites pastorales.
18
Gallia christiana, t. II, 1720, col. 895-897 ; Barrère (Abbé), Histoire religieuse et monumentale du diocèse
d'Agen, Paris-Agen, 1855, t. 1, p. 65 et sq.
19
A.D. Haute-Garonne, 1G.619, pièces 23, 24, 28.
20
Louis-Sébastien Le Nain de Tillemont 1637-1698, auteur de Mémoires pour servir à l'Histoire ecclésiastique
des six premiers siècles…, 1693.
21
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 95-98, 119.
22
Melet (Abbé), Le trésor de l'église de Venerque, ou Rapport sur l'invention du corps de sainte Alberte...,
Toulouse, 1885, 236 p.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
3
La date de l’arrivée de ces reliques insignes à Venerque est incertaine et diffère selon les
auteurs : le XIIe siècle23 ou le début du XVe siècle24. Notre seule certitude est que le corps de saint
Phébade se trouve à Périgueux en 1012 – et non 111225 –, date à laquelle l’écolâtre Bernard d’Angers
en fait état dans une lettre adressée à l’évêque de Chartres Fulbert26.
L’apparition du nouveau vocable pourrait apporter une indication sur le moment du transfert,
mais les mentions sont tardives. L’État de la paroisse de Venerque de 1746 donne en effet saint
Phébade pour patron de l’église27, et en 1859, l’Abrégé de la vie de Saint Phébade… en fait le second
patron28, mais nous ne disposons d’aucune mention antérieure. Quand le vocable est précisé, c’est sous
celui de Saint-Pierre que l’église est désignée, son premier et principal vocable, attesté depuis le milieu du Xe
siècle29.
La date de fabrication reliquaire, un ouvrage en cuivre repoussé et doré du XIIIe siècle d’après
le style du décor, ne peut non plus être retenue. Tout au plus pourrait-elle être mise en relation avec la
construction de la nef.
La confrérie de Saint-Phébade, dont on parle déjà en 1485, se donne des statuts définitifs en
149730, et c’est peut-être ce qui a conduit M. Tuffery à placer l’arrivée des reliques à Venerque au
début du XVe siècle31. Ni la notice de la Gallia christiana publiée en 1656, ni la tradition de l’Église
d’Agen consignée par le Propre du diocèse n’ont cependant conservé un quelconque souvenir d’une
translation qui serait somme toute assez récente ; et les notices des évêques de Périgueux au XVe
siècle ne contiennent aucune allusion à un tel événement32. Il est donc plus probable que la
translation soit ancienne : nous sommes tentés, on le verra plus loin, de lier la translation des reliques
à la donation de Venerque à l’abbaye de Saint-Pons de Thomières, et donc de la placer dans la
seconde moitié du XIe siècle.
La restauration de l’église par Alexandre Du Mège (1836-1843)
Les travaux de « restauration » du XIXe siècle, et en particulier ceux conduits par Alexandre
Du Mège dans les années 1830, ont été analysés par Françoise Aribert-Abrial33, dans le cadre d’un
mémoire universitaire sous la direction du professeur Marcel Durliat. L’étude de l’édifice médiéval ne
pouvait en effet être réellement envisagée qu’après qu’aurait été établi ce qui revenait aux
restaurations.
Il ne semble pas que l’édifice ait connu des travaux autres que d’entretien ou
d’embellissement au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. D’après les quelques visites épiscopales dont
nous avons la relation ou le procès-verbal, même s’ils sont sommaires, l’église ne demande pas de
23
Abbé Salvan, Histoire générale de l’église de Toulouse…, t. I, 1856, p. 345.
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 116.
25
Les Bollandistes donnent par erreur la date de 1112, sans doute par la faute d’une coquille (Joannes Bollandus
et alii, Acta sanctorum, Paris-Rome, 1866, Aprilis, t. III, p. 369 ; repris par l’abbé Salvan, Histoire générale de
l'église de Toulouse, t. IV, 1856, p. 345-346).
26
Gallia christiana, t. II, 1720, col. 896-897 : « Ipsius corpus jacuit multo tempore apud Petrocorios, cum reliquiis
S. Alvertae virginis Aginnensis ac martyris, quae germana fuit S. Fidis : ac tandem translatum est ad locum de
Bernerkis Tolosanae dioceses ad fluvium Aurigera, in ecclesia ubi nunc servatur. Bernardus Andegavensis libro
manuscripto, quem Fulberto Carnutensium pontifici nuncupavit circa annum 1012 : Urbs Aginnum, inquit, super
omnes urbes Aquitaniae multis olim sanctorum patrociniis illustris emicuit, quibus pene omnibus temporum
processu, ignoto quo nescio suo peccato, viduata remansit, partim vi, partim furto sublatis. Invenies, Aquitaniae
viator, quod ipse experimento comperi, diversis in locis, qui tibi dicant, hoc est corpus illius martyris ab Aginno
translatum ; hid illius virginis vel confessoris, vel tanta portio illius sancti, quorum unus Phaebadius habetur
Petragoras allatus, Stetit olim ad muros Aginni intra urbem et prope basilicam S. Caprasii, templum B. Phoebadio
consecratum, quod jam dirutum est. » Le texte est repris, mais avec correction de la date, de Scévole de SainteMarthe, Gallia christiana, qua series omnium archiepiscoporum et abbatum..., t. II, Paris, 1656, p. 70.
27
A.D. Haute-Garonne, 1G.619, pièce 28.
28
Abrégé de la vie de Saint Phébade évêque d’Agen, second patron de l'église paroissiale de Venerque,
Toulouse, Imp. A. Chauvin, 1859.
29
Dans le testament de l’évêque Uc, cf. supra.
30
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 23. Le manuscrit de la confrérie de Saint-Phébade a été vendu
à Toulouse en 1894 avec la bibliothèque du docteur Noulet (ibid., p. 126).
31
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 116.
32
Gallia christiana, t. II, 1720, col. 1479-1483.
33
Françoise Aribert-Abrial, L’église de Venerque, mémoire de DEA d’Histoire de l’art sous la direction de Marcel
Durliat, Université de Toulouse-Le Mirail, 1979.
24
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
4
travaux importants : en 1638, elle est « en fort bon ordre »34, et en 1746, elle est en bon état hormis
des réparations nécessaires à la couverture et au pavement35. En 1652, on prévoit de faire dorer le
retable du grand autel, probablement mis en place quelque temps plus tôt.
Le toit et les vitraux de l’église sont réparés en 1792, mais la période de la Révolution est
surtout marquée par la confiscation des objets en métal, comprenant toute l’orfèvrerie, et des tissus36.
L’abbé Lassalle, vicaire de Venerque avant la Révolution, est nommé curé et installé dans son
église le 15 décembre 1823, et il entreprend la remise en état de l’édifice et de son mobilier. Il est
ensuite l’instigateur des travaux d’agrandissement de l’édifice et la cheville ouvrière de la restauration
dirigée par Alexandre Du Mège.
Dans son rapport de 185137, Du Mège rappelle avoir signalé dès 1830 « au gouvernement et
à l’institut l’existence de l’église si remarquable de Venerque38. Son intervention directe est cependant
provoquée par les travaux souhaités par la fabrique à partir de 1835, en raison du mauvais état du
plafond et du carrelage dont l’archevêque de Toulouse avait demandé la réparation après sa visite de
183439.
Faute d’un secours de la municipalité, la fabrique présidée par l’abbé Lassalle décide au
début de l’année 1836 de démolir le plafond en bois de la nef et de le remplacer par des fausses
voûtes d’arêtes en brique et plâtre en continuation des voûtes existantes, sauf les nervures. À la suite
des litiges survenus avec les maçons, on décide dès avril 1836 de détruire ce qui a été fait et de faire
appel à l’architecte Villeneuve40, de Toulouse, qui est chargé de dresser plan, devis et cahier des
charges. Les fausses voûtes des deux premières travées de la nef et du bas-côté nord sont
construites de 1836 à 1838.
L’intervention de Du Mège n’apparaît dans les archives qu’à partir du 8 octobre 1838, quand il
présente au conseil de fabrique le rapport qu’il doit adresser au préfet. Du Mège a été nommé
inspecteur des Antiquités de la Haute-Garonne en 181941 et il est à ce titre chargé de rechercher et de
décrire tous les monuments remarquables du point de vue de l’histoire ou de l’histoire de l’art. Son
rapport souligne l’intérêt de l’édifice, dont l’abside « rappelle le style byzantin dans toute sa pureté »,
et s’achève sur la proposition de demander au Gouvernement que l’église de Venerque « obtienne le
titre d’église monumentale », et de procéder au rétablissement du sanctuaire et des chapelles dans
leur état primitif, à la réparation de la partie extérieure de l’abside et à la construction du collatéral sud
pour compléter la nef, en sollicitant les fonds nécessaires. La fabrique adopte le projet de Du Mège
dont le rapport est intégralement transcrit dans le registre des délibérations42.
L’abbé Lassalle charge alors Villeneuve de dresser plan et devis pour la construction du
collatéral sud et la restauration du sanctuaire et des chapelles, mais l’architecte reporte sans cesse
l’envoi des pièces, tant et si bien que le 14 avril 1839, la fabrique décide de s’adresser à l’architecte
du département, Laforgue43. Celui-ci rend plans (fig. 1) et devis trois semaines plus tard, le 8 mai
1839, en reprenant les propositions de Du Mège44.
Dans ce même temps, l’instruction de la demande d’inscription de l’église de Venerque parmi
les Monuments historiques suit son cours : dès le mois de novembre 1838, le ministère demande au
préfet les pièces nécessaires et des propositions d’allocations ; les plans et devis de Laforgue sont
34
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 33-34.
A.D. Haute-Garonne, 1G.619, pièce 28.
36
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 66, 76, 83.
37
A. Monuments historiques, Mémoire et rappel du devis relatif à l’Eglise monumentale de Venerque, par
Alexandre Du Mège, 1851 (reproduit par F. Aribert-Abrial, 1979, vol. d’annexes).
38
Les archives de l’Institut n’ont pas été consultées. Elles permettraient peut-être de préciser l’état de l’église
avant les travaux réalisés sous la direction d’Alexandre Du Mège.
39
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 9.
40
Peut-être Auguste Villeneuve, ou Desplas-Villeneuve, cf. Odile Foucaud, Toulouse. L’Architecture au XIXe
siècle, 2000, p. 203-204.
41
Alexandre Du Mège, inspecteur des Antiquités de la Haute-Garonne (1780-1862), catalogue d’exposition,
Toulouse : Archives départementales de la Haute-Garonne, 1972, p. 67. Du Mège sera nommé correspondant du
Ministère de l’Intérieur et Inspecteur des Monuments historiques pour le département de la Haute-Garonne le 25
mai 1840.
42
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 10.
43
Antoine Laforgue, né en 1782, nommé architecte du département en 1822, maître d’œuvre de la chapelle du
couvent de la Visitation à Toulouse, du tribunal et de la halle au blé de Muret, etc. (Alexandre Du Bois, Les
architectes par leurs œuvres, Paris, H. Laurens, 1893, t. III, p. 77 ; Odile Foucaud, Toulouse. L’Architecture au
e
XIX siècle, 2000, p. 176).
44
A.D. Haute-Garonne, 2O.1359 ; F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, p. 12. De fait Du Mège indiquait
déjà dans son rapport de 1838 que les travaux seraient surveillés par l’architecte du département et lui-même.
35
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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adressés au sous-préfet le 20 mai 1839, accompagnés d’une demande de secours de 24048,55 F sur
un total de 24813,94 F45. Le 20 mai 1840, la commission des Monuments historiques accorde une
somme de 2000 F sur l’exercice courant46, en la réservant au dégagement et à la restauration de
l’abside47.
Le bas-côté sud est mis en chantier à la fin de l’année 1840, sans aide du gouvernement, la
fabrique faisant appel aux paroissiens qui transportent les matériaux tandis que maçons et
manœuvres travaillent gratuitement ; en décembre 1841, le bas-côté est construit et voûté et une
nouvelle sacristie a remplacé l’ancienne48.
Les travaux dans le sanctuaire sont engagés dès 1839, avec au moins l’enlèvement du
retable du chœur49. Du Mège indique lui-même qu’il a été au début écarté du chantier, mais que le
chœur a été presqu’entièrement restauré au cours de l’année 1840 sous sa direction50. En mars 1841,
les travaux sont en tout cas suffisamment avancés pour qu’Ernest Lami de Nozan soit déjà en train de
réaliser le vitrail de saint Phébade. En décembre, la note de Du Mège dresse l’état des travaux
réalisés et à faire : la restauration architecturale du sanctuaire est achevée et les cinq vitraux sont en
place, mais il reste à la parachever avec un décor de peinture à fresque, et à restaurer les élévations
extérieures de l’abside ; quant aux deux chapelles qui l’encadrent, leur restauration doit être
entreprise selon les projets qui ont été arrêtés. L’année 1842 voit la réalisation des peintures du
sanctuaire, pour lesquelles Du Mège fournit des modèles tirés de l’Évangéliaire de Charlemagne51.
Les travaux sont arrêtés probablement à la fin de 1843, après l’achèvement de la restauration des
deux chapelles52.
Les descriptions successives des travaux projetés et réalisés et les plans et coupes de
Laforgue donnent une idée assez précise des parties refaites. Dans le chœur, les colonnes et les
chapiteaux ont été « réparés », tandis que la « cimaise », c’est-à-dire l’assise moulurée du
soubassement, a été refaite en pierre53. Quant à la « petite chapelle » axiale du chœur, elle ne semble
pas avoir fait l’objet de travaux autres que la réparation de son arc d’entrée54 : il n’existe aucune
mention de la démolition d’une construction ajoutée à l’extérieur, qui ne figure pas non plus sur le plan
cadastral de 181955. Dans les chapelles latérales correspondant aux absidioles, les travaux se sont
limités à la « réparation » du décor sculpté. Il ne fait aucun doute que l’architecture du chœur et des
chapelles n’a pas été altérée par ces travaux.
Quant à la restauration des élévations extérieures de l’abside, prévue par Du Mège dès
183856, elle est laissée en suspens faute de crédits supplémentaires alloués par le ministère.
45
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 13.
Elle sera de 1000 F pour chacune des trois années suivantes (F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979,
vol. Texte, p. 14).
47
Françoise Bercé, Les premiers travaux de la commission des Monuments historiques, 1979, p. 70. L’église de
Venerque figure de ce fait sur la « liste des monuments pour lesquels des secours ont été demandés », dite
« Liste de 1840 » et considérée comme la première liste des monuments historiques. La commission ayant
considéré que la partie « monumentale » se limitait au sanctuaire et aux chapelles latérales, le reste de l’édifice
n’est pas pris en compte au titre des Monuments historiques. Ce n’est qu’en 1934 que l’édifice est considéré
comme classé en totalité, « l’église ayant figuré sur les différentes listes publiées depuis 1840 et notamment sur
celle de 1900 qui a valeur légale » (F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 13).
48
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 100 ; F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p.
14-15.
49
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 99-100.
50
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Annexes, Document XIII. Du Mège aurait été écarté parce
que le fait qu’il ne prenne pas de commission sur les travaux mettait en péril l’avenir des architectes qui ne
pouvaient exercer leur profession gratuitement.
51
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 17-19. Cf. infra Annexes.
52
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 20-21.
53
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Annexes, Document V. Cf. infra Annexes.
54
Précisons que la grille néo-romane en fer forgé a été réalisée alors que l’abbé Castillon était curé de Venerque
(1858-1863), cf. Abbé Melet, Le trésor de l'église de Venerque, ou Rapport sur l'invention du corps de sainte
Alberte..., Toulouse, 1885, p. 232.
55
F. Aribert-Abrial supposait qu’une construction ajoutée à une époque indéterminée avait été détruite juste avant
1839 (L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 15-16) ; Maurice Tuffery restitue quant à lui une absidiole d’axe
semblable aux deux absidioles latérales (M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 17).
56
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 11, vol. Annexes, Document V ; A.D. HauteGaronne, 2O.1359, Devis établi par Laforgue, 8 mai 1839.
46
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L’abbé Lassalle et Du Mège tentent de relancer les travaux57, en vain malgré l’obtention de la
participation de la commune. Après un devis demandé en 1844 au nouvel architecte du département
Edmond Chambert, Alexandre Du Mège rédige en 1851 en Mémoire et rappel du devis relatif à l’église
monumentale de Venerque58, où il présente, entre autres, un projet complet pour la façade
occidentale. Une petite abside, destinée au baptistère, de même forme que les absidioles est peutêtre une référence aux contre-absides de l’architecture carolingienne, mais Du Mège s’intéresse
désormais aux créneaux, mâchicoulis et tourelles qu’il date du XVe siècle. Les créneaux, conservés
dans la surélévation de l’abside, ont été détruits sur la façade en 1791, affirme-t-il, faisant perdre à
celle-ci « tout son caractère », qu’il se propose de lui rendre. Le projet de style « troubadour » n’a
heureusement pas été réalisé, mais il est à l’origine de la métamorphose que connaîtra l’église de
Venerque dans les années 1890.
Du Mège donne à l’appui de son projet un dessin de la façade sur lequel sont représentés le
grand comble de la nef et deux échauguettes, l’une à l’angle du bas-côté nord, et l’autre, plus
curieusement, à l’angle du bas-côté sud construit en 1841. Le dessin est confirmé par une lithographie
d’Eugène de Malbos59, et il faudrait donc en conclure que la fabrique a fait réaliser une échauguette
en pendant à celle qui existait au nord, sous l’influence de Villeneuve ou de Du Mège.
Les travaux de la seconde moitié du XIXe siècle : l’église fortifiée de Pierre Esquié
Jacques, Jean Esquié est architecte diocésain de 1848 à 1868 et architecte du département
de 1850 à 1867, et il intervient à ce titre à Venerque, où son fils Pierre, Joseph lui succède au début
des années 188060. Alexandre Du Mège est alors sévèrement critiqué, en particulier pour sa
« restauration » des cryptes de Saint-Sernin de Toulouse réalisée à l’insu du ministère, qui lui vaut
d’être destitué de son titre de correspondant du Ministère de l’Intérieur et d’inspecteur des Monuments
historiques en 185461.
Dans un rapport adressé en septembre 1853 au ministre, Jacques Esquié récapitule tout
d’abord les travaux exécutés depuis que l’église a été inscrite parmi les Monuments historiques, puis il
présente un devis pour, d’une part, le carrelage du sol, la peinture à fausses pierres des murs
intérieurs… et le remaniement de la toiture du chœur, d’autre part pour la restauration des élévations
extérieures de l’abside et des absidioles62 : remplacement des pierres en mauvais état de l’abside,
enlèvement des crépis et rejointoiement, remise en bon état de la corniche et des modillons du
couronnement extérieur… et réparation de « l’un des contremurs établis à l’extérieur entre les
contreforts » ; pour les absidioles, reconstruction en pierre des parties défectueuses des huit piliers
supportant les colonnettes, réfection partielle de la corniche avec remplacement de quatre chapiteaux
et douze modillons, établissement d’une chape sur les voûtes et de couvertures à double carrelage de
briques. Jacques Esquié se place, pour l’essentiel, dans une logique de restauration de l’édifice
existant, et il semble bien vouloir rompre avec les projets de Du Mège, au point d’ajouter en fin de
devis qu’il « serait peut-être convenable d’y joindre pour mémoire, la réfection des peintures du
sanctuaire exécutées déjà et qui ne s’harmonisent pas très bien avec le caractère de l’édifice ». Les
travaux, sauf la réfection des peintures du chœur, sont sans doute achevés vers 185763. Jacques
57
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 23-27, vol. Annexes, Documents XIII-XVII.
Du Mège présente son projet comme un simple rappel du devis présenté en 1840, et donc accepté dans son
ensemble par le ministère ; les dessins joints portent la mention « Vu. Comme étant la reproduction des plans et
dessins approuvés par Mr le Préfet le 16 octobre 1840. Le Maire – signé : Combes – ».
59
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 25 : l’original a appartenu à la collection Fernand
Pifteau, dont la majeure partie a été versée à la Bibliothèque Universitaire de Toulouse (Arsenal). Eugène de
Malbos (1811-1858), apparenté aux Lahondès Lafigère et ami de Gustave de Clausade, peintre et dessinateur,
élève de Joseph Latour.
60
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 30 : il intervient à Venerque dès 1884 (et non après
1884, cf. Odile Foucaud, Toulouse. L’Architecture au XIXe siècle, 2000, p. 155-158). En 1979, F. Aribert-Abrial
e
confondait Jacques, Jean Esquié et Pierre, Joseph Esquié : les recherches sur le XIX siècle qui se sont
multipliées depuis ont permis de mieux connaître les architectes et leurs œuvres.
61
Alexandre Du Mège, inspecteur des Antiquités de la Haute-Garonne (1780-1862), catalogue d’exposition,
Toulouse : Archives départementales de la Haute-Garonne, 1972, p. 68.
62
A. Monuments historiques (Médiathèque du patrimoine), d’après F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979,
vol. Texte, p. 27-29.
63
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 29.
58
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
7
Esquié intervient encore en 1872 pour la réparation du mur nord de la nef qui présente des signes
d’affaissement64.
Le devis de Jacques Esquié est le premier à faire état des « contremurs » disposés entre les
contreforts de l’abside, qui ne sont d’ailleurs jamais représentés sur les plans antérieurs, pas même
sur le dessin d’élévation de Du Mège en 1851. Leur existence ne fait pourtant pas de doute : on
reconnaît sur une photographie prise avant le début des travaux des années 1890 le « contremur »
neuf de Jacques Esquié et un deuxième très dégradé au sud-est65.
En lui succédant à Venerque, Pierre Esquié prend le contrepied de son père, et renoue avec
les projets de Du Mège, qu’il reprend à son compte, tant pour la « restitution » d’éléments de
fortification en partie haute que la construction d’une nouvelle façade66. Le prétexte lui est donné par
le mauvais état de la couverture, pour laquelle il propose en 1884 de remplacer le toit unique par deux
toitures plus basses pour les bas-côtés et une toiture plus élevée pour le vaisseau central, en
prétendant restituer « en outre à l’édifice sa forme primitive » ; et comme il juge disgracieux le clocher
superposé à la tour crénelée, il propose de l’établir à l’ouest dans une nouvelle façade. Ainsi
complétée, l’église deviendrait « un monument achevé et parfait »67.
Laissé en suspens, le projet est relancé par l’abbé Barthès, nouveau curé arrivé en 1885, qui
considère que les réparations sont désormais urgentes. Pierre Esquié dresse alors un projet complet
de restauration, dont le devis est accepté en 1891 par le Ministère, à condition que la subvention
accordée n’aille qu’à la partie classée Monument historique. Faute d’argent, la modification de la
façade sera définitivement abandonnée en 1894 : Pierre Esquié avait prévu d’ajouter un clocherporche largement ouvert sur la nef (ce qui aurait fait disparaître le portail), encadré par deux absidioles
(fig. 3 bis) directement empruntées à Du Mège. Le devis finalement accepté ne comporte plus que « la
restauration de la toiture du clocher, une partie de l’extérieur du mur formant l’abside de l’église et de
la chapelle côté nord, la modification de la toiture de la nef et des bas-côtés », cette dernière incluant
la construction des échauguettes et mâchicoulis. Commencés en janvier 1896, les travaux sont
réceptionnés en septembre de l’année suivante.
La confrontation des devis de 1891 et 1894 et de l’état en 2010 permet de vérifier l’ampleur
des travaux réalisés. Pour l’absidiole nord, seuls un pilastre, une base, une colonne, un chapiteau et
quatre modillons n’ont pas été remplacés ; la couverture est refaite en briques posées à plat sur
l’extrados de voûte, à l’instar de celle réalisée par Jacques Esquié sur l’absidiole sud. La restauration
des élévations extérieures de l’abside et de sa surélévation comprend le remplacement des pierres
dégradées, la réfection des quatre « contremurs » non encore restaurés, la réparation des créneaux
et le rejointoiement à joints saillants arrondis de la maçonnerie de brique68.
La qualité de la brique distingue sans ambigüité les éléments de « fortification » ajoutés au
nord et au sud, prolongés en retour à l’est et à l’ouest par des merlons échelonnés.
DESCRIPTION
Situation
L’église est située près de la Hyse, un peu en amont de son confluent avec l’Ariège, et en
bordure du village dont les constructions se sont principalement développées au bord de la rivière et
au nord-est de l’établissement religieux, puis au XIXe siècle le long de la route vers Grépiac et
Auterive. Trois moulons disposés au sud de l’église font cependant exception : leur implantation assez
régulière, parallèle à l’église, laisse supposer une décision de lotir. Ils sont antérieurs au plan
64
Id.
A. Monuments historiques (Médiathèque du patrimoine), cliché MH003256.
66
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 29-33, vol. Annexes, Document XVIII, p. 62-69.
67
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Annexes, Document XVIII, p. 62.
68
La pierre utilisée est dite « de Carcassonne », « d’Arles ou de Cabardos ».
65
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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cadastral du début du XIXe siècle69, mais l’examen des façades n’a cependant pas révélé de
construction plus ancienne.
Le même plan de 1815 figure au nord de l’église une vaste pâture (souvent appelée « place
de l’église ») dont le tracé en arc de cercle englobe tout le terrain au bord de la Hyse, depuis le pont
jusqu’à l’église. En 1835, la municipalité souhaite faire disparaître « les vieux fondements » qui s’y
trouvent, dont M. Tuffery se demande s’il ne pouvait s’agir des derniers vestiges de l’ancienne
abbaye70. Il faut sans doute faire l’hypothèse que la « pâture » nord et les îlots sud se trouvaient dans
l’emprise de l’abbaye, mais rien ne permet, en l’état actuel de nos connaissances, de situer aucun des
bâtiments conventuels pas plus qu’un éventuel cloître.
Le site a été coupé en deux par la création en 1965-1966 d’une nouvelle rue longeant l’église
au nord, après la démolition du presbytère construit au XIXe siècle près du chevet, démolition au cours
de laquelle ont été mis au jour de nombreux ossements71.
En face du chevet de l’église se trouvait le château des co-seigneurs de Venerque, construit
pour les Lancefoc72 auxquels succèdent les Mansencal, et dont Alexandre Du Mège signalait encore
en 1846 les restes remarquables et les mâchicoulis qui défendaient la porte73.
Le chevet et les absidioles
Les élévations extérieures
L’emploi de la pierre de taille, du grès gris-jaune, identifie la première phase du chantier, à
laquelle appartiennent le chevet et les absidioles. Les parements extérieurs sont constitués d’assises
de pierres de moyen appareil ; des briques sont ponctuellement présentes en calage dans les joints
verticaux ou en assises horizontales sur un ou plusieurs rangs74. Une fourrure de galets noyés dans
du mortier est apparue lors de la réfection du contrefort nord en 2009. Les parements intérieurs sont
aujourd’hui masqués par les enduits appliqués au XIXe siècle, et ils ne sont donc connus que par les
descriptions qu’en donne Alexandre Du Mège qui les dits faits de pierres avec, de loin en loin, des
assises de briques75.
La maçonnerie de fondation faite de galets liés au mortier apparaît en plusieurs endroits ; elle
est prolongée par deux assises de pierre de taille formant une banquette.
L’abside polygonale est armée aux angles de contreforts à ressauts entre lesquels prennent
place les fenêtres ouvertes dans chacun des cinq pans. À simple ressaut, elles ne sont soulignées
que par une archivolte moulurée retombant sur des impostes de même profil qui se prolongent en
cordon.
69
A.D. Haute-Garonne, 3P.5086. Les plans ne sont pas datés, mais les cartouches indiquent qu’ils ont été
er
réalisés en application de l’instruction du 1 décembre 1807, Mailhol étant maire, fonction qu’il exerce de janvier
1808 à juillet 1815 (cf. M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 91, 93).
70
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 96 (« vieux fondements »), 116 (puits d’un très grand diamètre
et d’une grande profondeur dans la maison Lamouroux, sur la place de l’église).
71
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 198-199.
72
Raymond Corraze, « Sébastien Bouguereau maître maçon toulousain (1480-1550 dates approximatives) »,
e
dans Bulletin de la Société Archéologique du Midi de la France, 3 série, t. II (Séances du 20 novembre 1934 au
3 août 1937), p. 142. Dans les années 1520, Sébastien Bouguereau est chargé de la sculpture des portes et
fenêtres du château de Venerque.
73
A. Du Mège, Histoire des institutions…, t. IV, 1846, p. 89-90. Le château a été détruit peu après et remplacé
par une maison bourgeoise devenue aujourd’hui la mairie de Venerque.
74
Certaines briques appartiennent incontestablement à la construction d’origine, en particulier dans la
maçonnerie de l’absidiole nord. D’autres semblent plutôt résulter de réparations des parements.
75
En 1838, Du Mège écrit à propos du chœur, semble-t-il, que « les murs n’ont pas reçu d’enduit et l’on y
remarque encore avec plaisir, le système de construction et la maçonnerie formée alternativement de pierres et
de briques » (F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 11, vol. Annexes, Document I). Il cite
encore les élévations intérieures de l’abside en 1841, dans les Additions et notes du livre XVI de son édition de
l’Histoire générale de Languedoc, 1841, t. IV, p. 51-52 : « Souvent la construction, tant extérieure qu’intérieure
présente une maçonnerie en pierres, ou en moellons, liée, de distance en distance, par des chaînes de briques.
Ces zones horizontales, d’un rouge éclatant, avaient l’avantage de maintenir le niveau des assises. Ce système
de construction fut emprunté aux Romains, ainsi qu'on peut s’en assurer, à Carcassonne, dans les portions
antiques des murs de la Cité, à Toulouse, dans le mur de soutènement de l’aqueduc qui y conduisait les sources
de l’Ardenne, à l’apside (sic) de Saint-Saturnin, à l’intérieur de l’apside (sic) de Saint-Pierre de Venerque, et
ailleurs. »
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
9
Sous les fenêtres apparaissent des sortes de renforts achevés en glacis, les « contremurs »
de Jacques Esquié, qui ont tous été en grande partie refaits au cours des restaurations successives.
Celui qui est placé dans l’axe de l’abside a été refait le premier, par Jacques Esquié, mais son état
avant restauration est connu par une aquarelle réalisée par l’architecte en 1858 (fig. 2 bis) : on en
distingue la première assise, encore conservée, qui appartient au premier état de l’édifice et confirme
donc sa présence et son plan. Le glacis a été reconstitué par Jacques Esquié sans doute d’après les
vestiges qui pouvaient en subsister sur les autres « contremurs ». Au-dessus apparaissent des traces
d’arrachement, avec des harpes probablement laissées par la disparation des pierres en retour et un
tracé en plein-cintre, fermé par une maçonnerie moderne, qui semble correspondre à la voûte en
berceau de la niche contenant les reliques de saint Phébade. Ces vestiges doivent être interprétés,
nous semble-t-il, comme ceux d’une niche peu profonde, de plan rectangulaire, dont la maçonnerie
montait juste au-dessus de la voûte, à l’instar des dispositions conservées au chevet de l’église
abbatiale d’Alet.
Les élévations des deux absidioles, polygonales comme l’abside, sont scandées de
contreforts qui s’interrompent à mi-hauteur et sont prolongés par des colonnettes adossées
surmontées de chapiteaux qui portent la corniche. Leurs couvertures en carreaux de terre cuite posés
à plat sur l’extrados de voûte ont été refaites par Jacques Esquié, en s’inspirant de celles qui
existaient (fig. 2 bis)76.
Chacune des absidioles est éclairée par une seule fenêtre ménagée dans le pan oriental.
Celle de l’absidiole sud n’a pas été restaurée : à ressaut, elle est soulignée par un cordon d’imposte et
une archivolte sculptés de billettes. Les chapiteaux sont à deux couronnes de feuilles lisses. Seule
l’absidiole nord a conservé quelques-uns des modillons d’origine : ils sont aujourd’hui très dégradés
mais il semble bien qu’ils ne présentaient qu’un décor assez fruste.
La maçonnerie de pierre de taille se poursuit au-delà des absidioles, aux angles et à l’amorce
des murs latéraux sud et nord, sur environ deux mètres. Elle s’interrompt en revanche au-dessus des
toitures des absidioles et sous la corniche de l’abside. Le changement de matériau se fait sans rupture
dans la construction, avec une parfaite continuité des assises au sommet des contreforts et dans la
partie haute de l’abside, et au-dessus des absidioles entre les harpes de pierre et la brique. Comme à
Saint-Sernin de Toulouse, le passage de la pierre à la brique n’est donc pas la marque d’une
interruption du chantier.
La corniche de l’abside, qui appartenait à la première phase de travaux, a été entièrement
refaite au XIXe siècle.
Les élévations intérieures
Le chœur et les chapelles latérales des absidioles ont été l’objet principal de la restauration
d’Alexandre Du Mège, mais nous avons vu que les travaux n’avaient pas affecté les dispositions
architecturales. Les enduits appliqués au XIXe siècle n’autorisent cependant que l’analyse d’ensemble
des structures77.
Les deux chapelles sont semblables, si ce n’est que la chapelle nord ne présente un tracé
intérieur polygonal qu’en partie basse, jusqu’au niveau de l’appui de la fenêtre, pour ensuite passer à
un tracé semi-circulaire. L’arc d’entrée en plein-cintre (légèrement plus haut pour la chapelle nord que
pour la chapelle sud) retombe sur des colonnes engagées polygonales par l’intermédiaire de
chapiteaux et de tailloirs épais ; les bases sont posées sur un soubassement. Une corniche marque le
niveau d’appui de la fenêtre, dont l’ébrasement est orné de colonnettes placées dans les angles du
ressaut. Un cordon d’imposte souligne le départ de la voûte, en cul-de-four pour la chapelle nord et en
cul-de-four en arc de cloître pour la chapelle sud.
À l’entrée du chœur, l’arc triomphal, en plein-cintre, est porté par des colonnes engagées
semi-cylindriques dont les bases sont placées sur un socle qui se prolonge en soubassement sur tout
le pourtour. Dans chacun des angles du pentagone, une colonne engagée polygonale monte sur toute
la hauteur de l’élévation, en interrompant les cordons d’appui et d’imposte du niveau des fenêtres. Les
colonnes reçoivent des arcs en mitre qui portent, par l’intermédiaire d’une corniche, le cul-de-four en
arc de cloître de l’abside. Ces arcs aux rampants rectilignes offrent l’avantage de s’adapter aux
76
. Elles ont été remplacées par des couvertures sur charpente en tuiles canal lors de la restauration de 2011.
Une lacune dans l’enduit du mur nord de la nef, proche de l’absidiole, laisse cependant apparaître les joints de
l’appareil de pierre à traits doubles tracés au fer.
77
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largeurs différentes des pans de murs du pentagone tout en maintenant les clefs au même niveau, et
de réduire la portée de la voûte. Aux lignes verticales des colonnes répondent les horizontales
affirmées du soubassement et des cordons. Les arcs en mitre coiffent les arcs en plein-cintre des
ébrasements des fenêtres, seulement animés d’un ressaut sans colonnette, ainsi placés en retrait.
La formule de l’arc en plein-cintre coiffé d’un triangle est un motif courant de l’architecture
romaine, souvent repris par l’architecture romane, mais le triangle est alors celui d’un fronton. Des
arcs en mitre sont représentés sur des sarcophages de la fin de l’Antiquité, dont le sarcophage dit
« du comte Guillaume Taillefer » à Saint-Sernin de Toulouse, où les baies des deux niveaux
supérieurs du clocher sont couvertes d’arcs en mitre. Des arcatures associant arcs en mitre et arcs en
plein cintre ne sont pas rares, par exemple à Saint-Fructueux de Montelios (Portugal) ou à SaintGéraud d’Aurillac, mais elles n’ont pas la fonction architectonique des arcs de Venerque. On
comprend qu’en découvrant le chœur de Venerque, Alexandre Du Mège ait été frappé par la qualité
de son architecture et qu’elle ait évoqué pour lui, en 1838, l’architecture byzantine ou carolingienne.
Le pan de mur oriental du chœur présente en partie basse une baie dont l’arc et les impostes,
qui sont des moulages, ont été en grande partie refaits par Du Mège. Il n’y en revanche pas de raison
de soupçonner les deux colonnes dont les chapiteaux sont parfaitement adaptés à leur emplacement.
La baie donne sur une grande niche ménagée dans l’épaisseur du mur et couverte d’une étroite voûte
en plein cintre appareillée en pierres dont les queues apparaissent à l’extérieur.
S’il faut sans doute restituer une petite chapelle d’axe ou une sorte de « confession » destinée
aux reliques de saint Phébade, rien n’indique qu’aux « contremurs » présents à l’extérieur sur les
autres pans de l’abside aient correspondu des aménagements intérieurs : les descriptions de Du
Mège ne mentionnent jamais rien de la sorte et rien n’apparaît non plus sur les relevés de Laforgue.
Le décor sculpté
Il comprend principalement les arcs et les cordons ou corniches moulurés ou sculptés, les
chapiteaux de la chapelle d’axe de l’abside et des fenêtres des chapelles latérales, ceux des colonnes
engagées de l’arcature du chœur, des arcs d’entrée des chapelles et de l’arc triomphal, et les
chapiteaux des deux colonnes engagées disposées du côté de la nef.
Il convient en premier lieu d’identifier les éléments refaits au XIXe siècle. C’est le cas de toutes
les bases des colonnes engagées du chœur et des arcs d’entrée des chapelles latérales, refaites en
pierre.
Dans le chœur, les impostes de la baie de la chapelle axiale sont des moulages78, ainsi que
l’archivolte de l’arc qui paraît refait. En revanche, les chapiteaux du pourtour du chœur et de l’arc
triomphal, dont les cassures sont recouvertes par le badigeon, sont d’origine. La même remarque peut
être faite pour les deux chapiteaux de la chapelle axiale, qui, surtout, ne nous paraissent pas être en
remploi79 : les deux corbeilles présentent le même épannelage et sont adaptées à leur position
d’angle.
Dans les chapelles latérales, les bases des arcs d’entrée ont été refaites mais pas les
chapiteaux et leurs tailloirs, et les bases, colonnettes, chapiteaux et tailloirs des ébrasements des
fenêtres sont également d’origine. Les cordons d’appui des fenêtres et d’imposte des voûtes sont
suspects, d’autant que nous ne disposons d’aucune information précise sur les restaurations dirigées
par Du Mège dans les chapelles. Il faut néanmoins observer que dans le cordon d’appui de la
chapelle nord, les parties neuves sont parfaitement reconnaissables et authentifient de fait les
quelques éléments d’origine conservés qui ont servi de modèle80.
Les deux chapiteaux des colonnes engagées disposées côté nef appartiennent à l’état
d’origine.
Saint-Pierre de Venerque conserve donc un ensemble de chapiteaux authentiquement roman.
Sur un épannelage emprunté au chapiteau corinthien antique, les corbeilles présentent surtout
un décor végétal.
78
Sans doute de la fabrique Virebent : le modèle figure encore dans le catalogue de 1890 (Musée Paul-Dupuy,
pl. 30 (p. 55), n° 1062 ; reproduction numérique sur le site Internet de la Société Archéologique du Midi de la
France).
79
Contrairement à ce que pensait F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Texte, p. 17.
80
Ils ont été moulés par Virebent (Musée Paul-Dupuy, pl. 30 (p. 55), n° 64 ; reproduction numérique sur le site
Internet de la Société Archéologique du Midi de la France).
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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Les quatre chapiteaux des angles de l’abside sont identiques et n’offrent que deux couronnes
de feuilles lisses, surmontées des volutes qui s’affrontent sur les cornes de l’abaque et les dés
médians. Leur pied polygonal est adapté à la section de la colonne engagée. Aux formes dépouillées
des chapiteaux répondent celles des tailloirs et des cordons seulement profilés de moulures simples,
tores et cavets.
Les chapiteaux de l’arc triomphal sont les seuls, avec un chapiteau de la chapelle d’axe, dont
le décor n’est pas exclusivement végétal. Sur le chapiteau sud, ce sont des têtes de lion qui
surgissent sous les cornes d’angle (celle de gauche a disparu), entre les feuilles refendues à nervure
grasse. Sur le chapiteau nord, deux lions aux corps très souples, dont les têtes se retournent vers le
centre de la corbeille, sont opposés sur un fond de grandes feuilles semblables à celles du chapiteau
sud ; les tiges végétales qui montent sur les dés et les cornes d’angle passent sur les corps des
animaux. Le lion de gauche est retenu par une patte par un personnage nu représenté sur la face
latérale, en position assise une main sur le genou, la tête rentrée dans les épaules.
Les feuilles grasses à limbe lisse, parfois souligné de nervures épaisses, se retrouvent sur les
deux chapiteaux placés du côté de la nef. Le chapiteau sud en donne une interprétation originale avec
en particulier un collier d’échine qui s’interpose entre les pointes des grandes feuilles et les hampes
de volutes.
Le chapiteau sud de la chapelle d’axe porte deux lions dressés sur la corbeille, dont les corps
sont adossés et les têtes affrontées à l’emplacement des volutes d’angle ; leurs queues, liées entre
elles, montent droit jusqu’à leurs gueules.
Le chapiteau nord est à deux couronnes de feuilles. Les limbes du premier rang sont animés
de simples côtes issues de la réinterprétation des nervures et des feuilles refendues tandis que le
rang supérieur conserve les folioles des feuilles d’acanthe. L’astragale est traité en collier d’oves
entaillés d’une croix.
Le style du décor des chapelles diffère sensiblement du celui du chœur. Les folioles
décomposées et recomposées des feuilles d’acanthe refendues couvrent les ébauches de
l’épannelage sur les chapiteaux de l’arc d’entrée et de la fenêtre de la chapelle sud. Les tailloirs des
premiers ont recours au même processus de décomposition de la feuille avec des palmettes inscrites
dans des médaillons en cœur ou des palmes en éventail, alors que les tailloirs des seconds sont
animés de billettes. Sur un schéma semblable, ce sont des palmettes qui, sur les chapiteaux de l’arc
d’entrée de la chapelle nord, sont surimposées aux ébauches de feuilles de l’épannelage. Sur le
chapiteau nord, les hampes des volutes sont remplacées par les longs cous de monstres dont les
têtes se confondent à l’angle (seul l’angle droit est conservé entier). Un traitement un peu grêle des
motifs feuillagés se retrouve sur le chapiteau nord de la fenêtre où les feuilles sont presque réduites à
une juxtaposition de tiges et surtout dans les feuilles contenues par les enroulements végétaux des
tailloirs, excepté le tailloir sud de la fenêtre sculpté de trois rangs de demi-lunes.
Une mention particulière doit être faite du cordon situé au niveau de l’appui de la fenêtre de la
chapelle nord. Il est traité en véritable corniche, avec des modillons sculptés de têtes d’animaux ou de
gros boutons floraux au-dessus d’un rang de denticules ; le soffite est animé de rosaces et un rang
d’oves et de pirouettes borde le bandeau supérieur, motif qui est également utilisé pour l’astragale du
chapiteau nord de la fenêtre.
Le style des œuvres permet de distinguer deux ensembles principaux constitués par le décor
sculpté des chapelles latérales et de la chapelle d’axe de l’abside d’une part, et par les chapiteaux du
chœur et de la nef d’autre part. Deux ateliers au moins sont donc intervenus sur le chantier, avec pour
le second une simplification des traitements de surface et une accentuation du jeu des volumes. Le
changement de style ne peut cependant pas être un argument pour véritablement différencier deux
phases du chantier, puisque les chapiteaux placés côtés nef, qui appartiennent au second groupe,
sont situés à peu près à la même hauteur que ceux des chapelles.
L’édifice majeur le plus proche, Saint-Sernin de Toulouse, est la principale référence pour le
décor sculpté comme pour l’architecture de Saint-Pierre de Venerque. Le motif des lions affrontés
dressés sur la corbeille apparaît avant 1100 sur le chantier toulousain, en même temps que les
feuilles d’acanthe refendues et décomposées auxquelles correspondent les palmettes emboîtées en
médaillons qui ornent de nombreux tailloirs. L’atelier qui travaille à Venerque fait preuve d’une parfaite
maîtrise du vocabulaire, utilisé avec beaucoup de liberté.
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Les feuilles grasses à limbe lisse n’apparaissent à Saint-Sernin qu’avec les tribunes des
premières travées de la nef, avant 109681 ou dans les deux premières décennies du XIIe siècle82. Les
deux lions de l’arc triomphal de Venerque trouvent leurs modèles sur un chapiteau du portail
Miégeville, et peut-être surtout au portail occidental de Saint-Sernin, dont le décor a également fourni
le personnage assis, tête rentrée dans les épaules, bouche ouverte en O. Pour ce dernier, la
comparaison des œuvres permet d’apprécier l’écart les créations virtuoses du sculpteur du chantier
toulousain et la reprise du motif par un sculpteur moins doué. Henri Pradalier place le portail
occidental de Saint-Sernin peu avant 1100 et Quitterie et Daniel Cazes le situent avant 111183.
La surélévation de l’abside et le clocher
Les murs de l’abside ont été surélevés en brique pour former une tour crénelée (fig. 11, 12,
14). Une baie couverte en plein-cintre et à arrière-voussure segmentaire (fig. 53) est ménagée dans
chacun des pans ; la baie de l’élévation latérale sud était déjà murée en 1887 (fig. 5).
Malgré le rejointoiement de la fin du XIXe siècle, deux parties peuvent être distinguées. La
première est la plus importante, correspondant à toute la maçonnerie comprise entre la corniche et le
niveau des deux gargouilles, où l’on distingue sur la hauteur de trois assises, en dépit de reprises
multiples du parement, des briques et quelques pierres dégradées. Les gargouilles représentent des
dragons, dont un, à l’angle nord-est, maintient de ses pattes un petit personnage nu.
Les élévations intérieures des deux pans de murs latéraux nord et sud montrent au même
niveau un arrêt de la maçonnerie avec des rangs de brique en saillie (fig. 52-53), vestiges qu’il faut
peut-être interpréter comme ceux d’un chemin de ronde. Huit assises au-dessous apparaissent des
trous régulièrement espacés (sans rapport avec les trous de boulin alignés verticalement) : s’agit-il
d’exutoires ou de trous d’encastrement de chevrons, appartenant à une première couverture mise en
place en même temps que les gargouilles ?
Les angles extérieurs des pans coupés sont constitués pour une assise sur deux de briques
assemblées en coupe d’onglet, technique qui disparaît dans la partie sommitale, parce qu’il s’agit d’un
mur mince ou bien d’une modification ultérieure.
Une observation minutieuse des traces encore conservées dans les élévations intérieures et
des relevés exacts permettraient sans doute de préciser les étapes de la construction et les
dispositions d’origine, en particulier celles de la partie sommitale, avec une éventuelle couverture et
un chemin de ronde.
La couverture de la voûte de l’abside
L’abside a conservé une couverture de briques posées à plat sur l’extrados de la voûte, dont
le blocage de galets et de mortier apparaît au sommet, où les briques ont disparu. Disposées en rangs
parallèles avec un pureau régulier, les briques sont légèrement inclinées vers l’extérieur (1 à 2 cm de
pente) pour faciliter l’écoulement de l’eau.
Un chéneau périphérique a été ménagé sur le rang le plus extérieur, au contact du mur de
surélévation dont la base est munie d’exutoires réservés dans la première assise lors de la
construction. Il s’agit peut-être d’un aménagement réalisé lors de la surélévation du mur de l’abside : il
semble en effet que les cinq derniers rangs soient majoritairement composés de brique disposées
dans le sens de la longueur alors que les briques des rangs supérieurs sont placées dans le sens de
la largeur. Les fragments (fig. 56), trouvés dans le mortier de pose, d’une céramique datable du XIIIe
ou du XIVe siècle84 pourraient appartenir à cette réparation.
Un début de recherche dans la bibliographie n’a pas permis de trouver d’autres exemples de
telles couvertures en brique pour l’époque médiévale. Des couvertures en pierre taillées sont connues
81
Henri Pradalier, « Saint-Sernin de Toulouse au Moyen Âge », dans Congrès archéologique de France, 154e
session, 1996, Monuments en Toulousain et Comminges, Paris, S.F.A., 2002, p. 268-269.
82
Quitterie CAZES et Daniel CAZES, Saint-Sernin de Toulouse. De Saturnin au chef-d’œuvre de l’art roman,
Graulhet, Éditions Odyssée, 2008, p. 185.
83
Henri Pradalier, « Saint-Sernin de Toulouse au Moyen Âge », 2002, p. 297 ; Quitterie CAZES et Daniel CAZES,
Saint-Sernin de Toulouse. De Saturnin au chef-d’œuvre de l’art roman, 2008, p. 77, 304.
84
Renseignement donné par Jean Catalo, lequel exclut une datation du XIIe siècle.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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(celles qui avaient été reconstituées par Viollet-le-Duc à Saint-Sernin de Toulouse) voire conservées,
mais elles restent rares.
La couverture de Venerque présente par ailleurs la particularité de briques posées le plus
souvent face lisse dessous, contre le mortier, la face non lissée et donc la plus poreuse dessus, tandis
que les lits de mortier de pose (épais de 2 cm) débordent sur le rang précédent en formant un
bourrelet qui ne semble pas devoir faciliter l’écoulement de l’eau, alors que l’on attendrait des joints
serrés à la truelle. Ces bourrelets de mortier sont en outre en bon état, ce qui amène à se demander
s’ils ont réellement eu à subir les intempéries. Il faut donc au moins faire l’hypothèse d’une protection
supplémentaire, qui aurait pu être apportée par des feuilles de plomb plaquées sur les briques85.
Le clocher
Le clocher est à l’origine un clocher-mur, posé sur l’arc triomphal dont l’extrados apparaît dans
le comble de la nef. Il se compose de deux rangs de quatre baies campanaires et d’un couronnement
crénelé.
Le premier rang de baies (fig. 48) a été condamné par la mise en place de la toiture de la nef,
après la construction de la voûte d’ogives de la travée orientale. L’une des baies a été transformée en
passage, les trois autres ont été murées avec des briques épaisses. Les deux baies sud ont une
largeur moyenne de 1,15 m, celles de la partie nord de seulement 0,85 m environ. Côté nef, un
cordon horizontal, dont il ne subsiste que les briques bûchées sur deux assises, en marquait la base
(fig. 49-50). La face orientale, côté abside, conserve d’importants vestiges d’un enduit mince gravé au
fer de traits horizontaux correspondant aux assises de briques (fig. 54-55). Cet enduit est antérieur à
la surélévation de l’abside puisqu’il est pris dans le collage, à ce niveau, des maçonneries des pans
latéraux contre celle du clocher.
La largeur des baies du deuxième rang diminue progressivement de 1,40 m à 0,80 m, de la
plus grande au sud à la plus étroite au nord86. La base des baies a été abaissée d’une cinquantaine
de centimètres à une époque indéterminée, mettant au jour la fourrure de galets ; leurs arcs extérieurs
ont en outre été refaits, probablement au XIXe siècle.
L’escalier d’accès au clocher
On accède aujourd’hui aux combles par une porte percée après-coup dans le pan sud de la
surélévation de l’abside, contre l’angle formé avec le clocher-mur (fig. 54). La porte comprend une
embrasure couverte d’un arc segmentaire côté intérieur, et un arc brisé en partie conservé. Elle est
réalisée en briques épaisses, comme la cage de l’escalier droit qui la précède, dont la maçonnerie est
accolée à celle du clocher (fig. 46). La construction de cet escalier a nécessité de renforcer le mur est
du bras du transept par deux épaississements en brique dont le plus important porte un arc qui permet
de laisser libre l’élévation sud de l’abside (fig. 26). Il ne s’agit donc pas d’un simple aménagement
secondaire.
La nef
Elle se compose aujourd’hui de trois vaisseaux de trois travées. Les deux travées
occidentales du bas-côté sud, construites en 1841, montrent à l’extérieur des élévations très
caractéristiques où alternent des arases de briques et des lits de galets.
Le bas-côté nord est construit en brique. Son élévation occidentale s’appuie sur le contrefort
placé à l’angle nord-ouest du vaisseau central, auquel elle est donc postérieure. Le plan de l’église
met en outre en évidence un changement de direction du mur gouttereau nord, entre la travée
orientale et les deux travées occidentales, que leur maçonnerie très homogène permet d’attribuer à
85
Les couvertures en plomb sur charpente ne sont pas rares au Moyen Âge, mais nous ne connaissons aucun
exemple de feuilles de plomb posées sur des dalles de pierre ou des briques, excepté des couvertures en
terrasse. Pour une époque et des conditions différentes, citons cependant les plaques de plomb « blanchi
d’estain fin » appliquées en 1634 sur le dôme en brique de la chapelle du Rosaire de l’église des Jacobins de
Toulouse pour éviter toute infiltration (Georges Costa, « Travaux d’art aux Jacobins de Toulouse sous le règne de
Louis XIII », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LXVII, 2007, p. 208-209).
86
Largeurs d’après les relevés de M.-J. Gleyze et B. Voinchet : 1,40 m, 1,10 m, 0,90 m, 0,80 m.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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une même campagne de travaux. À l’intérieur, les reprises visibles sur les angles des piles confirment
que les grandes arcades ont été percées pour mettre en communication le bas-côté nouvellement
construit avec le vaisseau central. Les fenêtres actuelles résultent des travaux du XIXe siècle, et seule
l’élévation occidentale conserve un vestige de la fenêtre d’origine, avec une partie de l’un arc en pleincintre constitué de briques dont n’apparaissent que les petits côtés : le couvrement en plein-cintre
autorise, au mieux, à situer la construction après le XVe siècle. Les voûtes étant également du XIXe
siècle87, aucun élément constructif ou formel ne nous paraît suffisamment caractéristique pour pouvoir
préciser la datation.
Avant l’ajout du bas-côté nord, l’église présentait donc un transept et une nef unique.
Nous avons vu que les maçonneries de pierres de taille de la première phase du chantier
amorçaient les élévations latérales des bras du transept. Leur interruption au nord comme au sud peut
permettre de supposer un arrêt du chantier, ce que confirme l’absence de colonnes engagées
correspondant à celles placées de part et d’autre du chœur. La pile nord-ouest présente néanmoins
en partie basse des assises en pierres de taille.
Les élévations nord et sud du transept ne permettent guère d’en préciser les dispositions.
Côté nord, l’élévation présente de nombreuses traces de reprises. Au centre de la partie
basse, un bouchage rectangulaire correspond à la porte de la sacristie construite en 1841 et détruite
dans les années 1960, à laquelle appartiennent sans doute aussi les trous d’ancrage des poutres et le
solin d’une toiture à deux pans. L’aspect des maçonneries de brique conduit à distinguer la partie
basse qui pourrait éventuellement appartenir à l’une des premières phases de construction, mais cela
demanderait à être vérifié par un relevé précis et un examen détaillé des matériaux et des mortiers.
En partie haute, à gauche, un pan de maçonnerie appartient à la même phase que le sommet en
brique du contrefort voisin, et donc à la première campagne. Le vestige d’une fenêtre apparaît à côté,
mais sans lien assuré avec l’extrémité gauche du mur ; la maçonnerie qui correspond à la suppression
de cette baie contient les piédroits de la fenêtre actuelle, qui n’aurait été que surhaussée au XIXe
siècle.
Les différentes phases de l’élévation sud sont plus facilement identifiables. Une petite zone de
brique parfaitement liée à la maçonnerie de pierre de taille est seule attribuable à la phase
d’achèvement de la première campagne de travaux. La maçonnerie de brique de gauche, en partie
basse, qui s’appuie sur la partie en pierre de taille, englobe la cage de l’escalier en vis placée à l’angle
sud-ouest du bras du transept. Elle a été entaillée par le percement d’une fenêtre rectangulaire,
surmontée d’un arc de décharge, que sa forme pourrait situer au XVe siècle. Toute la partie supérieure
appartient aux travaux de Pierre Esquié, à la fin du XIXe siècle.
La cage de l’escalier a la forme d’un épais contrefort placé à l’angle du bras du transept (fig.
26 bis). De plan carré à l’extérieur et circulaire à l’intérieur, elle contient un escalier en vis entièrement
en brique (excepté deux pierres placées dans la partie basse du noyau). Les élévations extérieures
montrent une reprise un peu au-dessus du niveau d’arrêt de la maçonnerie en pierre de taille,
correspondant à une prolongation de l’escalier qu’il faut sans doute lier au voûtement du bras du
transept. L’escalier a été prolongé une seconde fois par Pierre Esquié.
Si les deux travées occidentales de la nef n’ont été couvertes de fausses-voûtes qu’en 18361838, la première travée correspondant à l’ancien transept était déjà voûtée d’ogives. Les voûtains
sont constitués de briques disposées de chant et bloquées au mortier. Leur structure à liernes et
tiercerons, les traces d’agrafes destinées à recevoir des clefs pendantes visibles sur les trois clefs
centrales, et les culots pyramidaux à la retombée des nervures permettent tout au plus d’en placer la
construction dans la seconde moitié du XVe siècle ou au début du XVIe siècle. C’est à cette campagne
de travaux qu’appartient la partie supérieure du mur gouttereau nord de la travée orientale de la nef
correspondant à l’ancienne croisée88, surélévation destinée à recevoir une couverture plus haute que
la précédente et qui a condamné le premier niveau de baies du clocher.
Les élévations ouest des bras du transept et les murs gouttereaux de la nef ont été en grande
partie détruits lors de la construction des bas-côtés, ne laissant subsister que les pans de maçonnerie
au-dessus des arcs, qui ne permettent aucune observation, et les piles des arcs.
L’élévation occidentale est précédée d’un porche dont la structure est antérieure à 1839,
puisqu’il figure sur le plan de Laforgue89, et qui est sans doute moderne90 ; l’arc brisé fait
87
Ce sont en fait des fausses voûtes d’ogives dont les nervures retombent sur des faux dosserets, creux,
constitués de briques posées sur champ.
88
La reprise est bien visible à l’extérieur, avec un biais de raccord en les deux maçonneries, cf. fig. 23.
89
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Annexes, Document III.
90
A-t-il remplacé le porche qui menaçait ruine en 1734 ? Cf. M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 42.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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probablement partie des travaux réalisés par la fabrique à partir de 1839 et avant 1850, date d’une
lithographie sur laquelle il est représenté91.
Le mur de façade est un mur épais d’1,50 m, épaulé par deux massifs contreforts
enveloppants disposés aux angles, qui montent jusqu’au sommet. Le contrefort sud est couronné par
une guette (fig. 29) aménagée sans doute tardivement Son épaisseur lui permet d’intégrer
l’ébrasement profond du portail à triple voussure. Dans la partie supérieure, une fenêtre à ressaut,
couverte en plein-cintre, autour de laquelle n’apparaît aucune trace de reprise, appartient à l’état
d’origine. Elle se distingue des autres fenêtres de la nef par l’appareil de son arc qui comprend de
nombreuses briques disposées sur leur long côté. La structure et le décor sculpté du portail sont les
seuls indices à notre disposition pour dater la façade occidentale et plus généralement la construction
de la nef. Chacune des voussures de l’arc associe un tore rond à une gorge, les bases des
colonnettes ne présentent qu’un tore aplati posé sur une haute plinthe. Ce sont surtout les chapiteauxfrises, constitués des feuilles d’eau juxtaposées dont les pointes portent des boules, qui pourraient
permettre de proposer le début du XIIIe siècle, mais la facture médiocre de l’ensemble incite à élargir
la proposition au moins à la première moitié du XIIIe siècle.
La façade est couronnée par un mur plus mince formant pignon qui correspond à la toiture
établie au-dessus des voûtes de la première travée de la nef. Ses chaînes d’angle qui ne semblent
pas avoir été refaites pourraient indiquer qu’il est antérieur à la toiture unique qui couvrait le vaisseau
central et le bas-côté nord jusqu’à la modification des couvertures par Pierre Esquié. Une analyse plus
précise des maçonneries serait cependant indispensable pour poursuivre l’interprétation et proposer
une datation.
CONCLUSIONS
De l’abbaye carolingienne à la donation à l’abbaye de Saint-Pons-de-Thomières
Si ce n’est sa fondation, c’est au moins la restauration du monastère de Venerque, parmi
d’autres, qu’il faut attribuer à Louis le Pieux, duc d’Aquitaine puis empereur en 814. Il s’agit cependant
d’un établissement modeste, qui figure en 817, lors du concile d’Aix-la-Chapelle, avec Saint-Papoul,
Sorèze et le Mas-d’Azil parmi les 19 monastères du Languedoc dont les revenus sont insuffisants
pour qu’ils puissent offrir à l’empereur plus que des prières.
Saint-Pierre de Venerque apparaît à nouveau dans la documentation antérieure à l’an mil
avec le testament, rédigé vers 970, de l’évêque de Toulouse Uc. Les principaux bénéficiaires en sont
l’église cathédrale et Saint-Sernin de Toulouse, mais l’évêque fait aussi des dons à trois autres
établissements religieux : Notre-Dame de la Daurade, le monastère Saint-Pierre de Lézat et SaintPierre de Venerque, sans que l’on connaisse les raisons ce choix. Venerque reçoit l’alleu de
Manulfello Monte, avec ses vignes, situé aux environs de Saint-Ybars et de Sainte-Suzanne à une
quarantaine de kilomètres au sud, dont il faudrait pouvoir apprécier la valeur. Rien ne permet
cependant de croire à un enrichissement important du monastère à cette époque.
La date du rattachement de Venerque à l’abbaye de Saint-Pons-de-Thomières n’est donnée
par aucune source, et la seule certitude est qu’elle est postérieure à la dotation initiale de l’abbaye par
le comte Pons en 93692, et antérieure à la bulle de Lucius III de 1182 confirmant la protection
pontificale, puisque Venerque est mentionné parmi ses possessions, avec les églises et les alleux qui
lui appartiennent. Nous sommes tentés de placer la donation avant 1080, ce qui pourrait expliquer que
le territoire de Venerque soit spécialement distingué par l’acte dont les clauses concernent par ailleurs
tout le domaine du comte, sans plus de précision.
Dans cette hypothèse, il faudrait placer la donation du comte Guillaume IV dans le contexte de
la réforme grégorienne, alors que Frotard, abbé de Saint-Pons de 1061 à 1099 et légat du pape
Grégoire VII en 1077, mène une politique active de développement, unissant huit monastères, la
plupart catalans, à son abbaye93. Le rattachement à une congrégation était en outre à même
d’assurer le redressement du vieux monastère carolingien, tandis que l’arrivée de reliques insignes
91
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Annexes, Document XII.
Jacques Lugand, Jean Nougaret, Robert Saint-Jean, Languedoc roman, Abbaye Sainte-Marie de la Pierre-quiVire, 1975 (coll. Zodiaque, la nuit des temps), p. 254.
93
Id.
92
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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devait lui conférer un nouveau prestige : le choix de saint Phébade, évêque aquitain des premiers
temps du christianisme en Gaule et auteur d’un traité contre les ariens, n’est sans doute pas anodin et
il faut peut être y voir une réaffirmation de l’orthodoxie de l’église catholique face aux hérésies
dualistes qui se développent dans cette seconde moitié du XIe siècle.
La reconstruction des parties orientales de l’église au début du XIIe siècle
La meilleure preuve de la rénovation du monastère de Venerque est sans aucun doute la
reconstruction de l’église, entreprise au tout début du XIIe siècle. Si l’on retient les datations
proposées pour Saint-Sernin de Toulouse, c’est probablement dans les deux premières décennies du
siècle qu’il faut situer l’édification du chevet et des absidioles, dont les emprunts au grand chantier
toulousain sont nombreux. Les contreforts à ressauts de l’abside et les pilastres surmontés de
colonnettes des absidioles sont semblables à ceux de la chapelle d’axe et des absidioles de SaintSernin qui a également fourni les modèles du décor sculpté : les corbeilles à feuilles lisses, l’acanthe
refendue, les décors couvrants de palmettes et demi-palmettes, les palmettes emboîtées, les lions
adossés, les feuilles grasses, les lions souples pris dans des tiges végétales et le personnage assis
tête rentrée dans les épaules semblent être comme des citations des différents ateliers œuvrant sur le
chantier de l’abbatiale.
L’architecture du chœur pentagonal est en revanche tout à fait originale. Un ordre colossal de
hautes colonnes engagées polygonales à chapiteaux corinthiens à feuilles lisses porte juste sous la
naissance de la voûte de grands arcs triangulaires, ou en mitre, sous lesquels prennent place les arcs
en plein-cintre des fenêtres liés par le cordon d’imposte, ainsi placés au second plan. Le recours à de
tels arcs offre l’avantage de maintenir les clefs à la même hauteur en dépit des différences de largeur
des côtés du pentagone. Mais à côté de l’intérêt technique, la formule est aussi une belle réussite
architectonique, qui évoque irrésistiblement l’architecture antique sans que pour autant aucun modèle
ne puisse être identifié. Marcel Durliat en notait le caractère rare94, et nous n’en connaissons en effet
pour notre part aucun équivalent contemporain.
L’autre originalité du chevet roman de Venerque tient aux massifs maçonnés plaqués à
l’extérieur contre les cinq pans de mur de l’abside. Les restaurations successives de Jacques Esquié
en 1857 et de Bernard Voinchet en 2011 ont complètement brouillé la lecture qui pouvait être faite des
traces d’arrachement conservées dans le pan de mur oriental, mais les observations faites en 2009 ne
laissent guère de doute sur la présence à l’origine à cet endroit d’une structure plus haute, fermant
entièrement la niche voûtée en plein-cintre ménagée dans l’épaisseur du mur. Le chevet de l’église
abbatiale d’Alet présente des dispositions analogues, reproduites sur les cinq côtés de l’abside où
elles correspondent chacune à une niche, alors qu’à Venerque, les quatre autres massifs, plus bas,
semblent bien n’avoir d’autre fonction que de démultiplier visuellement à l’extérieur l’effet de la niche
axiale. D’après une enquête de 1833, « de temps immémorial, la châsse de saint Phébade était
enfermée dans une niche pratiquée dans le mur bien au-dessus du maître-autel »95, et il y a tout lieu
de penser que la niche axiale était destinée dès l’origine à recevoir les reliques du saint évêque,
auxquelles une place d’honneur était ainsi réservée dans le chœur96. Si la présence des reliques n’est
pas la cause immédiate de la reconstruction de l’église entreprise au début du XIIe siècle, elle en est
au moins un élément essentiel du programme.
D’abord presqu’exclusivement en pierre de taille pour les élévations extérieures, avec
quelques inclusions de brique en particulier dans les absidioles, les maçonneries sont ensuite
entièrement en brique, pour le sommet de l’abside jusqu’à la corniche et pour les élévations des bras
du transept, sans que le changement de matériau puisse être interprété comme une rupture dans le
chantier. Des difficultés d’approvisionnement en ont peut-être été la cause, mais il est également
possible que l’on ait prévu dès le début du chantier de poursuivre la construction en brique, une fois
épuisé le lot de pierres destiné aux parties les plus nobles de l’édifice.
94
Marcel Durliat, Haut-Languedoc roman, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 42.
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 119.
96
La fonction des cinq niches de l’abside de Notre-Dame d’Alet ne semble pas connue, pas plus que celle de la
niche circulaire ménagée dans l’épaisseur du mur de l’abside de la Seu d’Urgell. Gratien Leblanc pensait
cependant que la niche axiale d’Alet était destinée à recevoir la relique de la vraie croix que possédait l’abbaye
(« L’ancienne cathédrale d’Alet », dans Congrès archéologique de France, 131e session, 1973, Pays de l’Aude,
Paris, 1973, p. 278).
95
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
17
Le peu de vestiges de maçonneries du début du XIIe siècle identifiables dans les élévations
nord et sud laisse entendre que le chantier s’interrompt sans que soient achevés les bras du transept,
laissant en attente les colonnes engagées des arcs d’entrée.
En revanche, les absidioles sont couvertes, et sans doute aussi l’abside dont la couverture de
briques posées à plat sur l’extrados de la voûte pourrait appartenir à l’état d’origine : une analyse
archéologique détaillée serait cependant nécessaire pour dire si la céramique retrouvée sous l’une
des briques correspond à une simple réparation ou bien à une réfection complète au XIIIe ou XIVe
siècle. Le mode de pose des briques laisse imaginer qu’elles pouvaient être revêtues de feuilles de
plomb.
L’arc triomphal est surmonté d’un très haut clocher-mur crénelé, à deux niveaux de baies
campanaires dont les largeurs inégales correspondent aux tailles des cloches. Sa face est a conservé
d’importants restes de l’enduit d’origine, un enduit mince sur lequel les assises sont retracées au fer,
et qui nous permet peut-être d’imaginer quel était le traitement extérieur des parties en brique de
l’édifice roman.
La nef du XIIIe siècle
Si le chantier du début du XIIe s’est arrêté avec l’amorce des bras du transept, c’est sans
doute que l’on avait conservé la nef de l’édifice antérieur, qui ne semble avoir été reconstruite qu’un
siècle plus tard, dans la première moitié du XIIIe siècle97.
La nouvelle nef, à un seul vaisseau, est entièrement bâtie en briques. Ses murs gouttereaux
présentent des contreforts à l’extérieur et des pilastres sur dosseret à l’intérieur, délimitant deux
travées, auxquelles s’ajoute celle de la croisée du transept. La nef n’étant pas voûtée à l’origine,
pilastres et contreforts devaient être destinés à porter les fermes de la charpente d’une toiture à faible
pente, dont le faîtage pouvait se situer entre l’arc triomphal et le cordon horizontal du clocher-mur.
Dans cette hypothèse, les couvertures des bras du transept auraient été à deux pans et plus basses.
La façade est encadrée par deux massifs contreforts enveloppants disposés aux angles, qui
se développent sur toute sa hauteur. Une fenêtre axiale, à ressaut, est ménagée dans la partie
supérieure, au-dessus du portail dont l’ébrasement profond est pris dans l’épaisseur du mur. La triple
voussure de l’arc retombe sur des colonnettes placées dans les ressauts des piédroits par
l’intermédiaire de chapiteaux-frises dont le décor très médiocre est constitué de feuilles d’eau
plaquées sur les corbeilles, schématiques et sans modelé.
Les travaux sont à l’évidence réalisés à l’économie, sans pierre et sans sculpteur.
La surélévation de l’abside (fig. 11, 14-16)
C’est finalement l’hypothèse la plus simple que nous retenons, avec une seule campagne de
travaux. Les gargouilles supposent une toiture, qui aurait donc été masquée par le crénelage derrière
lequel courrait un chemin de ronde élargi par des rangs de briques en surplomb. Une telle toiture à
croupe polygonale est cependant difficile à restituer en raison des baies du clocher, mais surtout en
l’absence de traces identifiables de la charpente. La couverture en briques de l’abside aurait été
réparée à cette occasion, en y ajoutant un chéneau périphérique afin d’assurer une meilleure
protection du chœur contre les infiltrations des eaux de pluie.
Le style des gargouilles permet de situer le moment de la construction au XIVe ou au XIVe
siècle, une datation qui reste donc assez vague. La datation convergente proposée pour la céramique
retrouvée dans le mortier de pose de la couverture de l’abside ne peut en aucun cas être considérée
comme une confirmation de l’hypothèse.
Plus que pour servir éventuellement de refuge, c’est probablement pour renforcer la valeur
symbolique du clocher que l’on érige la véritable tour que constitue la surélévation de l’abside. Le
crénelage du clocher-mur du XIIe siècle n’avait à l’évidence aucune fonction militaire, mais il laisse
entendre que le prieuré détenait les droits seigneuriaux sur le territoire de Venerque.
La première mention connue d’un seigneur laïque n’est pas antérieure au milieu du XIIIe
siècle : Guillaume de Falgar, qualifié de « chevalier » en 1268, est dit « seigneur de Venerque et du
97
Rappelons que la datation proposée pour la nef repose entièrement sur le décor du portail occidental, et qu’elle
pourrait être remise en cause par une analyse archéologique du peu qui subsiste des murs gouttereaux, analyse
actuellement impossible en raison des enduits qui les recouvrent.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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Vernet » en 127198. Il était peut-être apparenté à Raymond de Falgar, provincial des dominicains puis
évêque de Toulouse de 1232 à 127099. La famille de Falgar semble alors bien implantée à Venerque
et à Toulouse, puisque l’on retrouve un Guillaume de Falgar seigneur de Venerque en 1360100,
plusieurs capitouls de 1278 à 1361, et encore un Pierre-Raymond de Falgar capitoul et seigneur de
Venerque en 1416101. Est-ce dans ce contexte qu’est érigée la « tour » qui surmonte l’abside ? Le
prieuré aurait en partie conservé ses droits seigneuriaux, dont la construction de la tour-clocher
crénelée serait la réaffirmation la plus visible.
Les travaux de la fin du Moyen Âge
Faute de documentation écrite et de formes caractéristiques, il n’est pas possible de préciser
le moment où interviennent le voûtement du transept et la construction du bas-côté nord. Les voûtes à
liernes et les clefs à agrafe permettent tout au plus de proposer la fin du XVe siècle ou les premières
décennies du XVIe siècle, dans un contexte qui serait celui des nombreux travaux de reconstruction et
d’embellissement qui accompagnent le retour de la prospérité après la guerre de Cent ans. C’est
aussi à la fin du XVe siècle qu’apparaît dans les archives la confrérie de Saint-Phébade, dont les
statuts définitifs sont adoptés en 1497102. En outre la grille de clôture remployée pour les fonts
baptismaux (fig. 108) porte la date de 1515103.
Le voûtement du transept traduit peut-être la volonté d’agrandir le chœur, tandis que la nef,
réservée aux paroissiens, est doublée par l’ajout d’un bas-côté.
La mise en place des voûtes du transept a imposé de surélever la toiture, en condamnant le
premier niveau de baies campanaires du clocher. Il a fallu aussi prolonger l’escalier en vis.
Les bâtiments conventuels
Abbaye indépendante puis simple prieuré conventuel peut-être dès son rattachement à SaintPons de Thomières, Saint-Pierre de Venerque devait disposer des bâtiments nécessaires à la vie
régulière d’une communauté monastique. Il n’en subsiste rien et aucun document n’en donne une
description ni même une simple mention. Il est d’ailleurs probable qu’au moment de la sécularisation
de Saint-Pons et de ses dépendances, au début du XVIIe siècle, les bâtiments conventuels aient déjà
été abandonnés par les moines depuis quelque temps.
L’emprise du monastère s’étendait sans doute sur toute la « pâture » figurée au nord de
l’église sur le plan cadastral du début du XIXe siècle, où M. Tuffery fait état de « vieux fondements »
dont on prévoit la destruction en 1835104, et peut-être au sud de l’église, où le terrain, plat, était plus
favorable à l’implantation des bâtiments conventuels et où le tracé parcellaire pourrait indiquer un
lotissement tardif : la présence éventuelle de bâtiments à cet endroit aurait en outre pu empêcher la
construction du bas-côté sud avant le XIXe siècle.
Le site a été amplement modifié par le déplacement du pont sur la Hyse, qui a entraîné le
prolongement de la Grand-rue, par la construction de bâtiments au sud avant la Révolution et au nord
au cours du XIXe siècle, puis par la création de la rue Jean-Gilet en 1965105. Des fouilles
archéologiques seraient cependant susceptibles d’apporter des informations, fragmentaires mais
précieuses, sur l’organisation du monastère depuis l’époque carolingienne.
98
Correspondance administrative d'Alfonse de Poitiers, publiée par Auguste Molinier, Paris, Impr. Nationale,
1894, t. I, p. 501, 508, 509, 512 ; Alphonse Brémond, Nobiliaire toulousain : inventaire des titres probants de la
noblesse…, Toulouse, 1863, p. 338.
99
Un Guillaume de Falgario, franciscain, est lecteur du Sacré palais puis évêque de Viviers en 1292-1296.
100
. H.G.L.3, t. VII, p. 708. Le comte de Poitiers étant à Carcassonne le 1er mai 1360 retint Guillaume de Falgar,
seigneur de Venerque, avec 10 hommes d’armes et 10 hommes à pied, pour servir sous Bertrand de Terride.
101
Alphonse Brémond, Nobiliaire toulousain : inventaire des titres probants de la noblesse…, Toulouse, 1863, p.
338-339.
102
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 23. La grille séparait autrefois, selon lui, le chœur des moines
de la nef des paroissiens.
103
Jean Fourgous, « Excursion archéologique à Venerque et Issus (Haute-Garonne) », dans Bulletin de la
e
Société Archéologique du Midi de la France, 2 série, n° 32, p. 362.
104
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 96.
105
M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 198, 199.
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La restauration d’Alexandre Du Mège (1836-1843)
L’église ne connaît pas de modifications importantes entre le XVIe siècle et la Révolution, sauf
probablement des modifications des toitures et l’ajout d’une échauguette à l’angle nord à la façade
occidentale. L’église, qui avait échappé aux destructions des guerres de Religion, a été épargnée par
la Révolution en tant qu’église paroissiale. Ses objets précieux ont cependant été saisis, excepté la
châsse de saint Phébade, cachée par des paroissiens.
Après la Révolution, il faut attendre la nomination de l’abbé Lassalle comme curé de
Venerque en 1823 pour que soit véritablement entreprise la remise en état de l’église et de son
mobilier. L’abbé Lassalle connaissait bien son église pour en avoir été le vicaire avant 1789. Président
de la fabrique, il est l’instigateur des travaux décidés à partir de 1836, et il noue très vite une relation
de confiance réciproque avec Alexandre Du Mège. En 1846, Du Mège rendra hommage au zèle et
aux soins éclairés de l’abbé Lassalle, alors que l’indifférence de ses confrères à conserver l’état
primitif des monuments est à l’origine de tant de restaurations maladroites106.
Du Mège est alors inspecteur des Antiquités de la Haute-Garonne, et c’est à ce titre qu’il
intervient à Venerque en 1838, avant d’être nommé inspecteur des Monuments historiques en 1840.
C’est sur la base du rapport qu’il adresse au ministère de l’intérieur que l’église Saint-Pierre de
Venerque bénéficie des subventions du gouvernement dès 1840 et qu’elle se trouve ainsi inscrite sur
la première liste des Monuments historiques, tout au moins pour ses parties les plus anciennes. Après
des déboires, le voûtement de la nef a été confié à un architecte de Toulouse, Villeneuve, remplacé
par Antoine Laforgue, architecte du département, pour la construction du bas-côté sud en 1840-1841,
mais c’est Du Mège qui dirige la restauration du sanctuaire et des chapelles des absidioles.
L’église de Venerque est le premier édifice dont Du Mège entreprend la restauration, un peu
avant qu’il n’élabore des projets pour Saint-Sernin de Toulouse, pour lesquels l’inspecteur des
antiquités se qualifie désormais d’architecte en 1842107, argument qu’il reprend en 1851 pour justifier
son intervention à Venerque auprès de l’administration108. De fait Du Mège ne se préoccupe pas
d’éventuels problèmes de structure, et sa restauration se borne à redonner à l’édifice son aspect
primitif.
Après enlèvement des ornements modernes appliqués sur le pourtour du chœur et des
cloisons qui fermaient les chapelles, les travaux consistent à rouvrir les fenêtres murées et à réparer
les parties abîmées. La cimaise de l’abside et les bases des colonnes, exposées aux dégradations,
sont refaites en pierre, alors que pour les corniches des absidioles et l’arc de la niche des reliques de
saint Phébade, Du Mège a recours à la technique du moulage, dont la fabrique fondée en 1830 par
Auguste Virebent se fait alors une spécialité, produisant à moindre coût des copies de grande qualité.
Pour les vitraux, Du Mège fait appel à une autre relation toulousaine, à vrai dire récemment arrivée
dans la ville mais qui rejoindra bientôt, comme Auguste Virebent, le cercle de la Société
Archéologique du Midi de la France. Nommé directeur du télégraphe de Toulouse en 1835, Ernest
Lami de Nozan occupe ses loisirs en s’adonnant à la miniature puis en se formant à la peinture sur
verre, présentant un de ses premiers essais en 1840109. Les vitraux de Venerque, mis en place en
1841, comptent donc parmi ses toutes premières réalisations110. Le style retenu devait être celui du
XIIe siècle, écrit-il lui-même111, ce que ne confirment pas vraiment les œuvres. Lami de Nozan
revendiquait pour les peintres-verriers un statut d’artiste et le droit de recourir à tous les
106
Alexandre Du Mège, Histoire des institutions religieuses, politiques, judiciaires et littéraires de la ville de
Toulouse, t. IV, Toulouse, Laurent Chapelle, 1846, p. 89-90.
107
Louis Peyrusse, « Viollet-le-Duc à Saint-Sernin ou le génie de la restauration », dans Saint-Sernin de
Toulouse : Trésors et métamorphoses. Deux siècles de restauration (1802-1989), catalogue d’exposition,
Toulouse : Musée Saint-Raymond, 1990, p. 111.
108
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Annexes, Document XIII, p. 45.
109
Toulouse et l’art médiéval de 1830 à 1870. Octobre 1982 - janvier 1983, Musée des Augustins, catalogue
d’exposition, Toulouse, 1982, p. 126. Lami de Nozan est élu membre de la Société archéologique en 1846. Sur
Lami de Nozan, voir aussi Nelly Desseaux, Artistes, artisans, industriels : les peintres verriers toulousains au
XIXème, mémoire de 3e cycle sous la direction du professeur Yves Bruand, Université de Toulouse-Le Mirail, 1983,
p. 74-87.
110
Les vitraux conservés dans la cathédrale de Toulouse sont de 1843, ceux de l’église de Saint-Jory de 1843 et
ème
1845, cf. Nelly Desseaux, Artistes, artisans, industriels : les peintres verriers toulousains au XIX , mémoire de
e
3 cycle sous la direction du professeur Yves Bruand, Université de Toulouse-Le Mirail, 1983, fig. 52-58.
111
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Annexes, Document IV, p. 10-13. Cf. infra Annexes.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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perfectionnements techniques du siècle, s’opposant vigoureusement aux tenants du vitrail
archéologique112.
Nous ne savons pas dans quelle mesure Du Mège a pu intervenir dans la réalisation des
vitraux. En revanche sa correspondance avec l’abbé Lassalle montre qu’il suit avec une attention
particulière l’exécution des peintures murales du chœur. Deux peintres sont engagés pour ce décor,
Céroni et Ricard, les figures étant réservées au second. Ricard ne semble pas être autrement connu ;
quant à Céroni, on sait qu’il réalise des décors peints de l’église Saint-Exupère à Toulouse en 1838113.
Du Mège donne lui-même les modèles, ou bien il les fait copier par Céroni sur les ouvrages de la
bibliothèque de la Ville, il détaille la représentation des figures, la forme des lettres des inscriptions,
les couleurs… insistant d’autant plus auprès de l’abbé Lassalle que Céroni a eu l’idée de placer dans
les grands panneaux du bas les quatre vertus théologales, ce qui serait un « abominable
anachronisme ». Ricard devra se contenter de faire des copies. Pour le Christ en majesté et les
évangélistes (fig. 94-99), Du Mège lui donne pour modèles les enluminures de l’Évangéliaire de
Charlemagne, un somptueux manuscrit carolingien qui avait fait partie du Trésor de Saint-Sernin
depuis le Moyen Âge jusqu’à la Révolution, et avait été offert par la Ville de Toulouse à Napoléon Ier
en 1811114 ; il peut mettre à disposition du peintre les dessins au trait de Dauzats publiés en 1833
dans les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France115. Les encadrements à
entrelacs où sont disposées les grandes figures des évangélistes sont empruntés à d’autres
manuscrits, et la croix gemmée sur fond de ciel étoilé ainsi que les colombes affrontées de part et
d’autre d’une corbeille de fruits (fig. 100-101) aux mosaïques de Ravenne. Du Mège obtient
finalement que le Christ en majesté soit entouré par quatre archanges, parmi lesquels Uriel dont la
représentation a été interdite en Occident par le concile de 745, mais dont il connaissait peut-être la
présence sur les mosaïques de l’ancienne église de la Daurade, un édifice qu’il rattachait à l’art
byzantin116. Du Mège demande que les archanges soient figurés de face, sans mouvement, Ricard
devant se borner à copier les modèles qui lui sont donnés117. Ce sont en fait les grands anges, le
chérubin et le séraphin, en marbre, du rond-point du déambulatoire de Saint-Sernin qui ont fournit les
dessins des quatre archanges, qui n’ont certes pas l’hiératisme que souhaitait l’archéologue
toulousain (fig. 102-105). Les ornements de Céroni, qui ne paraît pas capable de s’affranchir des
habituels motifs néo-Renaissance alors en vogue, sont également bien loin du style voulu par Du
Mège. Achevé dans le courant de l’année 1842, le décor peint devait être poursuivi dans les chapelles
afin de rendre à l’ensemble son aspect d’origine : emporté par son projet, Du Mège n’hésite pas en
effet à affirmer en 1841 qu’il s’agit de remplacer les « anciennes peintures à fresque exécutées au
neuvième siècle, et qui ont disparu »118. Du Mège donne aussi un croquis pour une balustrade
« carolingienne, byzantine, comme on dit aujourd’hui, c’est-à-dire tout à fait dans le style du chœur de
[l’]église et des ornements peints sur les murs »119.
112
Ernest Lami de Nozan, « De la peinture sur verre. - Que doit-elle être au XIXe siècle ? », dans Mémoires de la
Société Archéologique du Midi de la France, t. VI (1846-1852), p. 325-354.
113
Jules de Lahondès (Les monuments de Toulouse, Toulouse, 1920, p. 173) fait état de peintures « de l’italien
Céroni » ; elles ont été réalisées en 1838 (A.D. Haute-Garonne, 23 J 7, information communiquée par la mission
d’inventaire de la Ville de Toulouse). L’atelier des Céroni réalise les décors de l’ancienne cathédrale de Lavaur en
1843 (notice d’inventaire par Roland Chabbert, 2011). Un Ceroni signe un faux-retable en 1831 dans l’église de
Labastide-d’Armagnac, dans les Landes (Bases de données du Ministère de la culture, notice d’inventaire par
Jean-Philippe Maisonnave, 2009) ; les bases de données du Ministère de la culture mentionnent aussi des
décors attribués à un Ceroni dans l’église de Belcastel dans le Tarn, et dans l’église Saint-Jérôme à Toulouse, où
ils dateraient des années 1860-1865.
114
Si l’on en croit la description qu’il en donne en 1814 (Monumens religieux des Volces-Tectosages…,
Toulouse, p. 376-378), Du Mège a vu le manuscrit à la Bibliothèque de la ville, avant qu’il ne soit offert à
Napoléon. Au moment où il fait exécuter les peintures de Venerque, il regrette la perte pour Toulouse, « sans
aucune gloire et sans aucun profit pour elle, [de] l’un de ses plus précieux monuments » (« Mémoires sur
quelques châsses ou reliquaires, cors d’oliphant et autres objets, conservés dans les églises du Midi de la
France », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. III, 1836-1837, p. 315-316). Le
manuscrit fait aujourd’hui partie des collections de la Bibliothèque nationale de France (Nouvelle acquisition latine
1203).
115
I. Taylor, Ch. Nodier, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France. Languedoc, Paris, F.
Didot, 1833, pl. 12bis, ter et quater.
116
A. Du Mège, Histoire des institutions religieuses, politiques, judiciaires et littéraires de la ville de Toulouse, t.
III, Toulouse, 1844, p. 34.
117
. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Annexes, Document VII, p. 20-25 ; cf. infra Annexes.
118
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Annexes, Document V, p. 14-16 ; cf. infra Annexes.
119
F. Aribert-Abrial, L’église de Venerque, 1979, vol. Annexes, Document V, p. 29-32 ; cf. infra Annexes.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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En 1838, Du Mège souligne la pureté du style « byzantin », ou « néo-grec » de l’abside de
Venerque, qui est le style que l’on reconnaît alors dans l’architecture de Saint-Sernin120. En 1841, il a
pris connaissance de la mention du monastère de Venerque au concile d’Aix-la-Chapelle, et le
« byzantin » se confond désormais avec le « carolingien » : il ajoute alors à son projet de restauration
initial la réalisation du décor peint pour lequel l’Évangéliaire de Charlemagne qui se trouvait dans le
trésor de l’abbatiale toulousaine lui offre une « reconstitution » d’autant plus plausible.
Si dans le détail, l’exécution des peintures murales n’a toujours été de très grande qualité,
l’effet d’ensemble est cependant une incontestable réussite. Le chœur et les chapelles restaurés par
Alexandre Du Mège, avec la collaboration d’Auguste Virebent et d’Ernest Lami de Nozan, sont aussi
un remarquable témoignage de la pensée archéologique à Toulouse dans les années 1830, au
moment où se met en place la commission des Monuments historiques, et avant que celle-ci n’impose
ses conceptions de la restauration et ses architectes. Les peintures ont heureusement échappé à la
vague de « dérestauration » de la seconde moitié du XXe siècle, et ont même fait l’objet d’une
première restauration dans les années 1980. On doit en revanche regretter l’enlèvement de la grille de
la table de communion dessinée par Du Mège, dont il ne reste que des photographies121.
Limitée à des réparations et à quelques restitutions de décors, la restauration des années
1838-1842 n’a pas altéré la construction du début du XIIe siècle, dont les structures et la plus grande
partie du décor sculpté ont été conservés. La seule création de Du Mège est celle du décor peint du
chœur. Les projets de façade qu’il présente en 1851 sont d’une toute autre nature, soit qu’il se soit
enhardi, soit que sa conception de la restauration ait évolué 122: ce sont des compositions
extravagantes, mal dessinées et sans cohérence stylistique, toute véritable argumentation
archéologique a disparu… Refusés par le gouvernement, ils ne seront heureusement pas exécutés.
En 1854, après l’affaire de la restauration des cryptes de Saint-Sernin, Alexandre Du Mège est
destitué de sa fonction d’inspecteur des Monuments historiques123. Les projets de Du Mège seront
pourtant à l’origine de la métamorphose de Saint-Pierre de Venerque dans les années 1890.
L’église fortifiée de Pierre Esquié
Edmond Chambert et Jacques Esquié occupent alternativement les postes d’architecte
diocésain et d’architecte du département au gré des changements politiques de 1844 au début des
années 1870124. Pendant toute cette période, les seuls travaux importants concernent la restauration
des élévations extérieures de l’abside et de l’absidiole sud réalisée par Jacques Esquié entre 1853 et
1857, dans un souci de stricte conservation.
Jacques Esquié décède le 2 janvier 1884125, et c’est sans fonction officielle que son fils PierreJoseph, grand prix de Rome d’architecture en 1882, prend sa relève à Venerque. Dès avril 1884,
celui-ci présente un rapport sur le mauvais état de l’édifice et propose une modification de la toiture
sensée rendre à l’édifice son aspect primitif, alors que le bas-côté sud a été construit en 1841, et la
construction d’une nouvelle façade. Le projet définitif dressé en 1891 reprend étonnamment, pour une
large part, les dispositions proposées pour la façade par Du Mège en 1851 ; il lui emprunte aussi l’idée
d’une église fortifiée dont il amplifie l’appareil défensif. La construction d’une nouvelle façade est une
nouvelle fois abandonnée faute d’argent, mais la modification de la couverture de la nef, qui est
finalement réalisée en 1896-1897, aboutit à la transformation radicale de l’aspect extérieur de l’église
désormais armée d’échauguettes et d’un faux chemin de ronde crénelé masquant les toitures des
bas-côtés.
120
Par exemple Adrien Salvan, Histoire de saint Saturnin, martyr et premier évêque de Toulouse, Toulouse,
Imprimerie Montaubin, 1840, p. 70, 93, 95, 107.
121
La table de communion a peut-être été enlevée en 1970, en même temps que la chaire et l’Ecce Homo qui lui
faisait face (M. Tuffery, Documents sur Venerque, 2001, p. 203).
122
Toulouse et l’art médiéval de 1830 à 1870. Octobre 1982 - janvier 1983, Musée des Augustins, 1982, p. 90.
123
Restaurer les restaurations, Actes du colloque organisé par la section française de l’ICOMOS, Toulouse 22-25
avril 1980, Paris, 1981, p. 12-13.
124
Jacques-Jean Esquié, architecte de fonction toulousain (1817-1884), 1992, p. 6-8.
125
Jacques-Jean Esquié, architecte de fonction toulousain (1817-1884), 1992, p. 8.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
22
Épilogue
Il semble bien que dès le début du XXe siècle, les inventions du siècle précédent soient
devenues le principal attrait de Saint-Pierre de Venerque. En 1905, Jean Fourgous signale ainsi que
« l’abside conserve des fresques intéressantes, assez bien conservées », mais que « l’église est
surtout intéressante […] par des fortifications qui montrent au loin leurs briques fauves et un donjon
crénelé couronnant une abside dont la forme pentagonale est des plus originales »126. En 1925,
Raymond Rey écrit que l’église romane de Venerque a été « fortifiée au XIIIe siècle par l’établissement
d’un chemin de ronde découvert sur la nef et les bas-côtés, avec crénelage et échauguettes », et
l’abside « surélevée en forme de donjon flanqué d’un clocher-mur »127. Saint-Pierre de Venerque est
alors devenu un modèle d’église fortifiée du Moyen Âge.
La seconde moitié du XXe siècle est au contraire marquée, dans un premier temps, par la
suspicion qui entoure les restaurations anciennes et, à Toulouse, celle que suscite la personnalité
d’Alexandre Du Mège128, avant que ne se pose la question de leur restauration ou de la dérestauration
des objets et des édifices129. Après avoir attiré l’attention sur l’intérêt des archives des Monuments
historiques, Victor Allègre met en garde le visiteur de l’église de Venerque contre le néo-roman130. La
connaissance des restaurations du siècle précédent est d’abord une critique d’authenticité nécessaire
à l’étude des monuments du Moyen Âge : à l’initiative du professeur Marcel Durliat, de nombreux
travaux universitaires sont ainsi réalisés à Toulouse dans les années 1970, parmi lesquels le mémoire
de D.E.A. que Françoise Aribert-Abrial consacre aux restaurations de l’église de Venerque.
Nous sommes assurés que, pour l’essentiel, les parties orientales de l’église, du début du XIIe
siècle, ont été conservées. Quant aux ajouts du XIXe siècle, aujourd’hui mieux connus, ils font
désormais partie de l’édifice et de son histoire.
L’étude de Saint-Pierre de Venerque n’est pas pour autant achevée. D’importantes
incertitudes subsistent quant à la structure et la datation de la nef, sa jonction avec les bras du
transept, quant aux phases de la surélévation de l’abside… Le déroulement du chantier du début du
XIIe siècle pourrait sans doute être précisé. La couverture de brique de l’abside, exceptionnellement
conservée, demanderait une analyse détaillée. Sur ces différents points, l’édifice lui-même est le seul
document à notre disposition, et on ne peut que regretter qu’il ne fasse pas l’objet des études que
permettraient aujourd’hui les méthodes de l’archéologie du bâti.
126
Jean Fourgous, « Excursion archéologique à Venerque et Issus (Haute-Garonne) », dans Bulletin de la
e
Société Archéologique du Midi de la France, 2 série, n° 32-36 (Séances du 3 novembre 1903 au 3 juillet 1906) p.
361-364.
127
Raymond Rey, Les vieilles églises fortifiées du Midi de la France, Paris, Henri Laurens, 1925, p. 158.
128
Alexandre Du Mège, inspecteur des Antiquités de la Haute-Garonne (1780-1862), catalogue d’exposition,
Toulouse, Archives départementales de la Haute-Garonne, 1972.
129
Restaurer les restaurations, Actes du colloque organisé par la section française de l’ICOMOS, Toulouse 22-25
avril 1980, Paris, 1981, 137 p.
130
Victor Allègre, « La restauration des vieilles églises de la Haute-Garonne depuis cent ans (d’après les
Archives des Monuments historiques, de la rue de Valois », dans Actes du douzième congrès d’études de la
Fédération des Sociétés académiques et savantes Languedoc-Pyrénées-Gascogne, Toulouse, 21-23 avril 1956,
Albi, 1958, p. 39-44 ; id.,« Vieilles églises entre Toulouse et Foix : trois itinéraires archéologiques », dans Pays de
l’Ariège. Actes du XVIe congrès d’études, Foix, 28-30 mai 1960, Auch, p. 68 ; id., Du pays toulousain aux
Pyrénées commingeoises : les vieilles églises de la Haute-Garonne, étude archéologique, dactylographié, s.d.
[vers 1970], p. 222.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
23
DOCUMENTATION
Sources
Archives des Monuments historiques (Médiathèque du patrimoine)
Dossier « Église de Venerque (Haute-Garonne) », 1840-1919, 1930-1969.
D.R.A.C. de Midi-Pyrénées, archives de la Conservation régionale des Monuments historiques
Voinchet (Bernard), Haute-Garonne, Venerque, église. Étude préalable à la conservation et à la mise
en valeur, mai 2003, 27 p. + planches.
Archives départementales de la Haute-Garonne
1G.169
Visites pastorales (XVIe-XVIIIe siècles)
2O.1359
Travaux 1839-1845
2O.1363
Contentieux. Mention du remaniement et de la réparation de la toiture de l’église, de la réparation des
vitraux et de la confection d’un banc pour la mairie par le sieur Goulesque, sans doute avant l’an 8.
Archives privées M. Tuffery
(non consultées ; citées d’après M. Tuffery, Documents sur Venerque, de la préhistoire au crépuscule
du XXe siècle, Venerque : Mairie de Venerque, 2001, et Françoise Aribert-Abrial, L’église de
Venerque, mémoire de DEA d’Histoire de l’art sous la direction de Marcel Durliat, Université de
Toulouse-Le Mirail, 1979)
Registre contenant les délibérations, comptes et budgets de la Fabrique de l’église de Venerque,
commencé en 1835, achevé en 1906
Registre de la confrérie de Saint-Phébade, 1740-1880.
Correspondance de la Fabrique de Venerque.
Bibliographie
Allègre (Victor), « La restauration des vieilles églises de la Haute-Garonne depuis cent ans (d’après
les Archives des Monuments historiques, de la rue de Valois », dans Actes du douzième congrès
d’études de la Fédération des Sociétés académiques et savantes Languedoc-Pyrénées-Gascogne,
Toulouse, 21-23 avril 1956, Albi, 1958, p. 43.
Allègre (Victor), « Vieilles églises entre Toulouse et Foix : trois itinéraires archéologiques », dans Pays
de l’Ariège. Actes du XVIe congrès d’études, Foix, 28-30 mai 1960, Auch, Éditions E. Cocharaux, s.d.,
p. 68.
Allègre (Victor), Du pays toulousain aux Pyrénées commingeoises : les vieilles églises de la HauteGaronne, étude archéologique, ouvrage resté inédit, dactylographié, s.d. [vers 1970], 392 p. + album ;
p. 160, 197, 222, 379.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
24
Alexandre Du Mège, inspecteur des Antiquités de la Haute-Garonne (1780-1862), catalogue
d’exposition, Toulouse : Archives départementales de la Haute-Garonne, 1972, p. 67.
Aribert-Abrial (Françoise), L’église de Venerque, mémoire de DEA d’Histoire de l’art sous la direction
de Marcel Durliat, Université de Toulouse-Le Mirail, 1979, 1 vol. Texte 47 p., 2 vol. Annexes +
Planches, 72 p. + XXXV pl.
Bercé (Françoise), Les premiers travaux de la commission des monuments historiques 1837-1848,
Paris : Picard, 1979, p. 70, 126, 234, fig. 13-15.
Breton (Hélène), « Venerque », dans Le canton d’Auterive, sous la direction de Louis Latour et Arec
31, coll. Églises et chapelles de la Haute-Garonne, 2001, p. 329-345.
Desseaux (Nelly), Artistes, artisans, industriels : les peintres verriers toulousains au XIXème, mémoire
de 3e cycle sous la direction du professeur Yves Bruand, Université de Toulouse-Le Mirail, 1983, p.
74, 84.
Du Mège (Alexandre), Histoire des institutions religieuses, politiques, judiciaires et littéraires de la ville
de Toulouse, t. IV, Toulouse : Laurent Chapelle, 1846, p. 89-90.
Durliat (Marcel), Haut-Languedoc roman, coll. Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 41-42.
Durliat (Marcel), « Les restaurations monumentales dans la partie occidentale du Languedoc, XIXe et
XXe siècles », dans Restaurer les restaurations, Actes du colloque organisé par la section française
de l’ICOMOS, Toulouse 22-25 avril 1980, Paris, 1981, p. 12.
Foucaud (Odile), Toulouse. L’Architecture au XIXe siècle, Toulouse : Musée Paul-Dupuy – Paris,
Somogy, 2000, p. 23, 153, 156, 158, 175, 176.
Fourgous (Jean), « Excursion archéologique à Venerque et Issus (Haute-Garonne) », dans Bulletin de
la Société Archéologique du Midi de la France, 2e série, n° 32 (Séances du 17 novembre 1903 au 22
mars 1904), p. 361-364.
Gérard (Pierre), « Les sources de l’histoire bénédictine conservées dans les archives du Grand SudOuest », dans Les moines noirs (XIIIe-XIVe s.), Cahiers de Fanjeaux, n° 19, Privat – Centre d’Etudes
historiques de Fanjeaux, 1984, p. 27.
Devic (Dom Claude), Vaissète (Dom Joseph), Histoire générale de Languedoc, avec des notes et les
pièces justificatives, composée sur les auteurs et les titres originaux..., commentée et continuée
jusqu'en 1830, et augmentée d'un grand nombre de chartes et de documens inédits par A. Du Mège,
Toulouse : J.-B. Paya, 10 vol., 1840-1846 ; Additions et notes, p. 55 ; t. III, p. 257, Preuves, p. 578579 ; t. IV, p. 51-52.
Devic (Dom Claude), Vaissète (Dom Joseph), Histoire générale de Languedoc, avec des notes et les
pièces justificatives…, 3e édition [1872-1904] sous la direction d’Édouard Dulaurier, Toulouse,
Édouard Privat, t. I, p. 947, 948, 950 ; t. III, 153-154 ; t. V, col. 649-652 ; t. VII, p. 708.
Jacques-Jean Esquié, architecte de fonction toulousain (1817-1884), catalogue d’exposition,
Toulouse : Musée Paul-Dupuy, 1992, p. 71.
Joy (Diane), « L’église Saint-Pierre de Venerque », dans Midi-Pyrénées patrimoine, n° 19, automne
2009, p. 98-101.
Joy (Diane), Scellès (Maurice), Venerque. Église Saint-Pierre. Observations faites à l’occasion d’un
nettoyage partiel sur l’extrados de la voûte de l’abside, mars 2010, Service de la connaissance du
patrimoine, Région Midi-Pyrénées, publication numérique (www.patrimoines.midipyrenees.fr).
Lahondès (Jules de), « Séance du 28 mars 1983 », dans Bulletin de la Société Archéologique du Midi
de la France, n° 12 (Séances du 11 avril 1893 au 11 juillet 1893), p. 66-67.
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25
Melet (Abbé), Le trésor de l'église de Venerque, ou Rapport sur l'invention du corps de sainte Alberte,
suivi d’une Notice sur les saints dont on y possède des reliques, Toulouse, Imp. catholique SaintCyprien, 1885, 236 p.
Rey (Raymond), Les vieilles églises fortifiées du Midi de la France, Paris : Henri Laurens, 1925, p. 3536, 146, 157-158.
Roschach (Ernest), Foix et Comminges: voyage dans les vallées de la Garonne et de l'Ariège, Paris,
Ernest Thorin, 1866, p. 297-301.
Salvan (Abbé Adrien), Histoire générale de l'église de Toulouse depuis les temps les plus reculés
jusqu'à nos jours recueillie des monuments les plus authentiques, Toulouse, Delboy, t. IV, 1856, p.
345-346.
Toulouse et l’art médiéval de 1830 à 1870. Octobre 1982 - janvier 1983, Musée des Augustins,
catalogue d’exposition, Toulouse : Imprimerie municipale, 1982, p. 89, 90.
Tuffery (Maurice), Documents sur Venerque, de la préhistoire au crépuscule du XXe siècle, Venerque :
Mairie de Venerque, 2001, 259 p.
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26
ANNEXES
Rapport sur l’église de Venerque, présenté à Monsieur le Préfet du Département de la
Haute-Garonne, par l’Inspecteur des Antiquités de ce département. Octobre 1838
d’après la transcription de Françoise Aribert-Abrial, L’église de Venerque, mémoire de DEA
d’Histoire de l’art sous la direction de Marcel Durliat, Université de Toulouse-Le Mirail, 1979, Annexes,
document I.
Monsieur le Préfet,
L’église de Venerque, bourg de l’arrondissement de Muret, est l’un des plus anciens
monuments de cette partie du département.
Cet édifice religieux a trois nefs ; le sanctuaire a, de même que les chapelles latérales, été
construite bien antérieurement au reste de cette église. Vue extérieurement, l’abside rappelle le style
byzantin dans toute sa pureté. Intérieurement des constructions modernes ont recouvert l’entrée des
deux chapelles latérales mais celles-ci existent en entier derrière les cloisons, élevées depuis peu
d’années. Leurs voûtes sont à plein-cintre, leurs colonnes existent encore ; les murs n’ont pas reçu
d’enduit et l’on y remarque encore avec plaisir, le système de construction et la maçonnerie formée
alternativement de pierres et de briques.
Le sanctuaire a été transformé par de prétendus ornements modernes, mais ces ornements
ne forment que des placages peu épais, et qu’on pourrait enlever facilement ; ce qui lui rendrait son
ancien aspect.
Derrière les frêles constructions qui lui sont adossées, il existe encore une petite chapelle, ou
un sanctuaire demi-circulaire, qui dans son ensemble et dans ses détails, offre les mêmes formes que
les deux chapelles latérales.
Quelques-unes des élégantes fenêtres à plein cintre du sanctuaire ont été murées.
La partie antérieure de l’église est voûtée, de même que l’abside, mais ici le style ogival a été
employé et cette portion de l’édifice n’est pas dépourvue de grâce et de légèreté, mais le bas-côté ou
collatéral de droite n’a jamais été terminé. Il en résulte une irrégularité choquante et la perte d’une
étendue qui serait occupée par des fidèles durant le service divin.
L’église de Venerque jouit d’une antique célébrité dans l’ancien comté du Lauragais. Depuis
plusieurs siècles les peuples y viennent révérer les reliques de Saint-Phébade qui y sont conservées
avec soin. Au jour des fêtes ordinaires, l’enceinte ne peut contenir tous ceux qui se présentent aux
portes ; lors des grandes solennités qui attirent une partie des habitants des lieux voisins, le plus
grand nombre ne peut pénétrer dans les murs trop resserrés de cet édifice.
J’ai dit que l’abside, ou le sanctuaire, de l’église de Venerque était du style byzantin. Si cette
partie du monument était dégagée des constructions qui la recouvrent, et dont l’effet est extrêmement
bizarre, si elle était restaurée avec soin, elle fixerait à l’avenir de tous ceux qui aiment à retrouver les
types de l’art chrétien et les compositions des architectes qui nous ont apporté le style néo-grec, si
digne d’être admiré.
J’ai montré tous les désavantages que l’on éprouve de la disposition qui prive l’église de
Venerque de l’un de ses côtés.
Ces considérations m’engagent à vous proposer, Monsieur le Préfet :
1° de demander au Gouvernement que l’église de Venerque, arrondissement de Muret,
obtienne le titre d’église monumentale ;
2° Le rétablissement du sanctuaire et des chapelles latérales dans l’état ancien sans
surcharger les murs d’enduit ou de badigeonnages, et l’ouverture des fenêtres du sanctuaire ;
3° La réparation de la partie extérieure de l’abside ;
4° La construction de tout ce qui manque à la nef ou au collatéral de droite
5° Enfin, solliciter les fonds nécessaires pour toutes les dépenses qu’emmèneraient ces divers
travaux ci-dessus indiqués, et d’après le plan arrêté, et dont l’exécution serait surveillée par Monsieur
l’Architecte du département et par l’Inspecteur des Antiquités.
Je suis Monsieur le Préfet, votre très humble serviteur
L’Inspecteur des Antiquités
Alexandre du Mège
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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Lettre d’Ernest Lamy de Nozan à l’abbé Lassalle, curé de Venerque, 16 mars 1841
d’après la transcription de Françoise Aribert-Abrial, L’église de Venerque, mémoire de DEA
d’Histoire de l’art sous la direction de Marcel Durliat, Université de Toulouse-Le Mirail, 1979, Annexes,
document IV.
Monsieur le Curé,
J’ai reçu votre lettre d’hier, je m’y conformerai autant que possible. Mes cartons avancent. Le
1er vitrail, celui de S. Phébade est en train.
Nous n’avons passé pour cette affaire aucune police écrite quoique nous soyons tous les
deux de fort bonne foi, cependant comme il n’y a aucun inconvénient à traiter les affaires avec
régularité, j’ai pensé que cette lettre pourrait servir de contrat pour vous ; je vous prie de vouloir bien
me répondre, en répétant les conditions arrêtées entre nous, cela suffira.
Je répète donc que je m’engage à peindre pour la Fabrique de l’église de Venerque (HteGaronne) trois vitraux sur les cinq qui garnissent les fenêtres du chœur de l’église.
2° que ces vitraux exécutés dans le goût du 12e siècle représenteront S. Pierre, S. Phébade et
Ste Julite.
3° que ces vitraux de 2 m, 45 de haut sur 0 m, 75 de large seront exécutés par moi, dessins
compris pour la somme ronde de six cents francs, dont 300 Frs seront payés par la Fabrique aussitôt
la pose, et le reste six mois après.
4° Les frais de ferrures, pose et port sont à la charge de la Fabrique
5° Le prix rond de six cents francs pour 5 m, 50 de vitraux ne tirera pas à conséquence pour
les travaux à faire par la suite dans l’église de Venerque.
Je vous renouvelle, Monsieur le Curé, l’expression de mes sentiments les plus distingués.
E. Lamy de Nozan
Toulouse 16 mars 1841
PS. Il serait bon de me donner les noms en latin de S. Phébade, et de Ste Julite. Je ne suis
pas assez sûr de ne pas les estropier, car je ne les connais que pour vous les avoir entendu
prononcer qu’une ou deux fois.
Sur les renseignements relatifs à l’état actuel
Rapport de la main d’Alexandre Du Mège, décembre 1841
d’après la transcription de Françoise Aribert-Abrial, L’église de Venerque, mémoire de DEA
d’Histoire de l’art sous la direction de Marcel Durliat, Université de Toulouse-Le Mirail, 1979, Annexes,
document V.
L’église de Venerque se divise en deux parties bien distinctes, l’abside et les trois nefs.
L’abside est un monument qui date de l’époque carolingienne. Déjà en 815, il était question à
la Diette de Kiersi (sic) de l’église de St Pierre de Venerque. Cette abside ou chevet, qui
extérieurement a besoin de restaurations bien entendues et d’être entièrement dégagée, est dans son
état intérieur l’objet actuel de restaurations faites en vertu d’allocations fournies par le gouvernement,
sous la direction de M. Lafforgue, architecte du département et du Cher du Mège, Inspecteur des
Antiquités. Les colonnes et les chapiteaux ont été réparés, des vitraux peints ont été remis aux cinq
fenêtres du sanctuaire. La voûte et les murs ont été recrépis pour recevoir, à la place des anciennes
peintures à fresque exécutées au neuvième siècle, et qui ont disparu, des peintures à fresque aussi,
d’après les monuments de l’époque, publiés sous les auspices du gouvernement. Les sculptures ont
été réparées, la cimaise en pierre refaite dans le pourtour du sanctuaire.
Il reste à entreprendre sous la même direction la restauration des deux chapelles de style
byzantin qui flanquent le sanctuaire. Les projets à ce sujet ont été arrêtés.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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L’un des bas-côtés, car comme on l’a vu, cette église est à trois nefs, l’un des bas-côtés
n’existait qu’à moitié, il vient d’être terminé et voûté, une sacristie nouvelle a été construite.
Il faut, maintenant, mettre un enduit sur les murs qui doivent reprendre la décoration peinte
qu’ils avaient autrefois ainsi que les voûtes. Celles-ci et les piliers étaient décorés dans le style de la
Renaissance. Maintenant l’aspect général est celui d’un édifice qui vient d’être construit ; pour
l’achever, pour le décorer convenablement, il faut que le gouvernement vienne à notre aide suivant les
projets de M. l’Inspecteur des Antiquités, conservateur des Monuments.
Lettre d’Alexandre du Mège à l’abbé Lassalle, curé de Venerque, 9 avril 1842
d’après la transcription de Françoise Aribert-Abrial, L’église de Venerque, mémoire de DEA
d’Histoire de l’art sous la direction de Marcel Durliat, Université de Toulouse-Le Mirail, 1979, Annexes,
document VI.
Monsieur le Curé,
Le travail de la voûte doit être avancé : il a été convenu que M. Ceroni m’écrirait pour
m’indiquer l’époque où l’échaffaudage pourrait être enlevé et où, par conséquent, je pourrais voir
l’effet de cette portion de la restauration du sanctuaire.
M. Ceroni a pris des notes et des calques chez moi, tant pour la croix que pour les arcs
pointus. J’espère que le tout sera fait avec soin et avec talent. Il faut insister pour que chaque face de
colonne ait un ornement différent – ornement copié dans les manuscrits carolingiens de la
Bibliothèque – ceci est très important.
Je vous prierai, lorsque cela sera possible de vous rappeler du capitaine espagnol (M. de
Calléja) auquel vous avez fait parvenir quelques secours. Il n’a vécu qu’avec bonne conscience et une
bonne conduite et il a droit à toutes les sympathies des amis honnêtes.
J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Curé, votre très humble et très obéissant serviteur.
Alexandre du Mège
Toulouse le 9 avril 1842
Lettre d’Alexandre du Mège à l’abbé Lassalle, printemps 1842
d’après la transcription de Françoise Aribert-Abrial, L’église de Venerque, mémoire de DEA
d’Histoire de l’art sous la direction de Marcel Durliat, Université de Toulouse-Le Mirail, 1979, Annexes,
document VII.
Monsieur le Curé,
Je ne conçois pas comment M. Ceroni a conçu l’idée de mettre dans les grands panneaux du
bas les quatre vertus théologales. Jamais aux temps carolingiens on n’a représenté, ni peut-être
nommé ces vertus. Il ne faut là que les quatre évangélistes avec leurs attributs, les cadres comme ils
sont dans les peintures que vous avez vues, et les livres qui couronnent les archivoltes où sont les
symboles des quatre évangélistes. Il ne faut point mettre dans les panneaux du haut les quatre
docteurs. Ce serait encore un abominable anachronisme. Si vous supprimez là, contre toute
convenance à mon avis, les symboles, il faut mettre les bustes (il vaudrait mieux les figures entières)
des quatre anges, URIEL, MICHAËL, GABRIEL, RAPHAËL – vus de face sans mouvement et ayant
leurs ailes au repos, bien distinctes. Leurs noms doivent être écrits au-dessus de leurs têtes, ou plutôt
en ligne perpendiculaire, près d’eux, de cette manière,
U
RI
EL
MI
CHA
EL
GA
BRI
EL
RA
PHA
EL
ceci serait réellement dans le style carolingien et cela ferait un tout ensemble : ce serait notre
Seigneur au ciel, au milieu du chœur des anges. Mais il faut que les lettres et les bustes soient tout à
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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fait en face. Le fond du tableau doit être d’or. L’auréole des anges doit être formée comme le petit
croquis que je vous envoie. Tout le fond étant d’or, cette auréole et la croix qui est au milieu se
dessineront en rouge sur les fonds d’or. Les petits ronds figurent des perles ou diamants qui devront
être argentés, ou d’un blanc d’argent. Les vêtements des anges verts avec des ceintures rouges ; les
ailes de blanc d’argent. C’est une couleur que les peintres connaissent bien. Les plumes des ailes
dessinées par des traits en or.
Si le peintre figurait un bout de manteau aux anges, ce manteau devrait être d’un rouge
éclatant.
Je vous recommande, spécialement, l’attitude en face des anges ; ils ne doivent regarder ni à
droite, ni à gauche. Ce sera du côté droit de chacun que sera le nom : écrit en caractères romains
rouges. Mais exigez impérieusement que le Sieur Ricard fasse les figures ainsi que le Christ ; et
rappelez-lui qu’il doit se borner à copier le modèle que je lui ai donné. Il doit faire là, non du grec, ni du
romain, mais du carolingien.
Le coussin sur lequel le Sauveur est assis est, de même que le trône ou le siège, enrichi de
pierreries ; celles-ci doivent être en blanc d’argent.
M. Ceroni que j’ai vu, il y a quatre ou cinq jours, m’a dit qu’il allait (c’était mardi) copier à la
bibliothèque des ornements pour les colonnes. N’oubliez pas les arcs pointus du sanctuaire, sur
lesquels il doit peindre, non des ornements de la Renaissance, mais des ornements carolingiens pris
dans les livres que vous avez vus.
Le fond de tout le sanctuaire devrait être peint en noir, il serait essentiel qu’il en fût de même
de l’embrasure des fenêtres. Cela donnerait plus de solidité au tout. Mais il a été convenu qu’il
appliquerait les ornements pris dans les livres sur les côtés des embrasures.
Soyez sévère pour l’exécution de ce que je vous dis, car sans cela vous auriez des choses qui
iraient très mal. Les quatre vertus théologales, les quatre docteurs etc. tout cela ne serait bon que
dans une église du 17ème ou du 18ème siècle.
Si je vois M. Ceroni, je lui parlerai dans le même sens. D’ailleurs, il faudra bien que j’aille voir
tout cela. Il faut absolument les anges, comme je vous les ai indiqués.
Je suis, Monsieur le Curé, votre très humble et très obéissant serviteur.
C. Alexandre du Mège
Ce dimanche
Les E des inscriptions des anges doivent être figurés comme sur les petits papiers que je vous
envoie.
Il en est de même des autres caractères.
Lettre d’Alexandre du Mège à l’abbé Lassalle, avril 1842
d’après la transcription de Françoise Aribert-Abrial, L’église de Venerque, mémoire de DEA
d’Histoire de l’art sous la direction de Marcel Durliat, Université de Toulouse-Le Mirail, 1979, Annexes,
document IX.
Monsieur le Curé,
Je n’ai pu faire qu’un croquis de la balustrade, mais elle est carolingienne, byzantine, comme
on dit aujourd’hui, c’est-à-dire tout à fait dans le style du chœur de votre église et des ornements
peints sur les murs. J’ai dû éviter tout ce qui serait du fer fondu : tout ceci serait fait très facilement au
marteau.
En examinant ce croquis, vous verrez que la porte, l’entrée sera à deux ouvrants. Par suite de
cette disposition indispensable, il faut répéter deux fois le panneau marqué A sur le dessin, puis à
droite et à gauche viendrait un panneau conforme au dessin B, puis un autre pareil au dessin A, et
toujours en variant ainsi. Je l’indique sur le croquis que je vous envoie.
Les barrettes formant les croix seront dorées. Le premier cercle de celle du dessin A sera noir,
le second cercle sera doré.
Les olives servant à rattacher les deux cercles seront dorées.
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Les ornements en arabesques remplissant le fond du panneau seront noirs, mais les
baguettes de droite et celles du haut et du bas seront dorées. Ainsi le panneau sera encadré en or.
Les anneaux ovales de la frise seront dorés, mais le haut de cette frise doit être noir.
Pour le panneau marqué, les barrettes qui forment la croix doivent aussi être dorées ainsi que
le petit cercle qui est au milieu. Les arabesques qui garnissent le fond du panneau doivent être noires
et tout le reste de l’ornementation comme je l’ai indiqué pour le panneau A.
J’ai montré ce matin mon croquis à l’un des plus célèbres antiquaires de l’Europe qui, venant
d’Allemagne, est passé ici en allant en Italie et il a été très content de mon idée.
Je crois avoir trouvé ce qu’il fallait et j’espère m’être renfermé aussi dans les exigences d’une
petite dépense et d’un effet monumental, toutes choses que ne feraient point les dessins de serruriers
que vous avez bien voulu me montrer.
Je désire vivement que mon petit travail nous soit agréable. Je l’aurais mis au net et passé à
la plume, mais une colique très vive me tourmente et je ne puis que vous prier d’agréer les
expressions du profond respect de votre très humble et très obéissant serviteur.
Cher Alexandre du Mège
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Plans et relevés
Pl. I. Extrait du plan cadastral « napoléonien » (réalisé entre 1808 et 1815). Cliché Conseil général de la
Haute-Garonne, Archives départementales.
Pl. II. Extrait du plan cadastral 2001 I.
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Pl. III. Plan.
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Pl. IV. Chevet.
Pl. V. Façade ouest.
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Pl. VI. Élévation nord.
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Pl. VII. Élévation sud.
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5
Pl. VIII. Coupe transversale nord-sud sur la travée orientale de la nef.
Pl. IX. Profil de la couverture en briques de l’abside.
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Pl. X. Proposition de restitution du chevet roman.
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7
Pl. XI. Chronologie des phases de construction.
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Documents
Fig. 1. Relevés de Laforgue. Cliché Conseil général de la Haute-Garonne, Archives départementales.
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Fig. 1 bis. Vue du chevet. Aquarelle de Jacques-Jean Esquié, datée du 29 avril 1858. Collection
particulière.
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Fig. 2. Élévation du chevet et coupes, par Pierre Esquié, 1889. Médiathèque de l'architecture et du
patrimoine.
Fig. 3. Projet de restauration par Pierre Esquié, 1891. Médiathèque de l'architecture et du patrimoine.
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Fig. 3 bis. Projet de restauration par Pierre Esquié, mars 1887. Collection particulière.
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Fig. 4.Lithographie d’Eugène de Malbos (avant 1858), d’après M. Tuffery, Documents sur Venerque, de
la préhistoire au crépuscule du XXe siècle, 2001, p. 92.
Fig. 5. Vue du chevet en 1887. Cliché M.
Mieusement, Médiathèque de l'architecture et du
patrimoine.
Fig. 6. Vue du chevet après les travaux de Pierre
Esquié. Cliché G. Estève, Médiathèque de
l'architecture et du patrimoine.
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Fig. 7. Vue du chœur et de la travée orientale de la nef, avec la chaire et l’Ecce Homo. Carte postale
Cély.
Fig. 8. Vue depuis le nord-ouest, avant le percement de la rue Jean-Gilet. Carte postale Cély.
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Fig. 9. Vue depuis le nord-est après le percement de la rue Jean-Gilet (vers 1966). Carte postale.
Reliquaire
Fig. 10. Coffret-reliquaire de saint Phébade. Face antérieure : saint Phébade entre saint Pierre et saint
Paul ? Cliché Marion Fourcayran, Inventaire général Région Midi-Pyrénées.
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Photographies
Pour tous les clichés M. Fourcayran, D. Joy, P. Poitou ou M. Scellès : © Inventaire général Région MidiPyrénées.
Fig. 11. Chevet, en 2009 avant restauration.
Cliché P. Poitou.
Fig. 12. Chevet, en 2011 après restauration.
Cliché M. Scellès.
Fig. 13. Élévation est de l’abside, détail : arrachement correspondant à la niche des reliques de saint
Phébade. État en 2009. Cliché P. Poitou.
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Fig. 14. Surélévation de l’abside, vue depuis le sud-est. Cliché P. Poitou.
Fig. 15. Surélévation de l’abside, gargouille sudest. Cliché P. Poitou.
Fig. 16. Surélévation de l’abside, gargouille nordest. Cliché P. Poitou.
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Fig. 17. Absidiole sud, en 2009 avant
restauration. Cliché P. Poitou.
Fig. 18. Absidiole nord, en 2009 avant restauration.
Cliché D. Joy.
Fig. 19. Absidiole sud, détail de la corniche
après restauration (2011). Cliché M. Scellès.
Fig. 20. Absidiole nord, détail de la corniche après
restauration (2011). Cliché M. Scellès.
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Fig. 21. Absidiole nord et élévation du bras du
transept. Cliché D. Joy.
Fig. 22. Élévation nord, travée est correspondant à
l’ancien transept. Cliché D. Joy.
Fig. 23. Elévation nord, partie haute. Remarquer la reprise biaise dans le mur goutterot du vaisseau
central. Cliché M. Scellès.
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Fig. 24. Élévation nord, état en 2009. Cliché P. Poitou.
Fig. 25. Élévation nord en 2011, après restauration. Cliché M. Scellès.
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Fig. 26. Absidiole et bas-côté sud, vus depuis le sud-est. Cliché M. Scellès.
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Fig. 26 bis. Élévation sud, vue depuis le sud-ouest. Cliché M. Scellès.
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Fig. 27. Façade occidentale. Cliché P. Poitou.
Fig. 28. Façade occidentale, détail de la partie correspondant au bas-côté nord. Cliché D. Joy.
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Fig. 29. Guette aménagée au sommet du contrefort sud de la façade occidentale, vue depuis l’est. Cliché
M. Scellès.
Fig. 31. Chapiteaux-frises de gauche. Cliché M.
Scellès.
Fig. 30. Portail ouest. Cliché P. Poitou.
Fig. 32. Chapiteaux-frises de droite. Cliché M.
Scellès.
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Fig. 33. Nef vue depuis le chœur. Cliché M.
Scellès.
Fig. 34. Nef et chœur vus depuis l’entrée. Cliché
M. Scellès.
Fig. 35. Voûte à liernes et tiercerons de la travée orientale du bas-côté nord. Cliché D. Joy.
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Fig. 36. Nef, pile nord est, côté nef. Assises de pierres de taille. Cliché D. Joy.
Fig. 37. Reprise du piédroit de l’arcade, près de
la façade ouest, après destruction du mur
goutterot. Vue depuis le nord. Cliché D. Joy.
Fig. 38. Pile nord-ouest vue depuis le bas-côté
nord. Ancien contrefort du mur goutterot. Cliché
D. Joy.
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Fig. 39. Chapelle nord. Cliché M. Scellès.
Fig. 40. Chapelle sud. Cliché M. Scellès.
Fig. 41. Bas-côté nord vu depuis l’est. Cliché M.
Scellès.
Fig. 42. Bas-côté sud vu depuis l’est. Cliché M.
Scellès.
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Fig. 43. Départ de l’escalier en vis. Cliché M. Scellès.
Fig. 44. Vue de l’escalier en vis. Cliché M. Scellès.
Fig. 45. Vue du clocher-mur depuis le sud-ouest.
Cliché M. Scellès.
Fig. 46. Élévation ouest de la cage de l’escalier
montant au clocher et à la surélévation de l’abside.
Cliché M. Scellès.
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Fig. 47. Clocher-mur, deuxième niveau de baies campanaires : la fourrure de la maçonnerie apparaît
dans la partie basse entaillée pour agrandir les baies. Cliché M. Scellès.
Fig. 48. Clocher-mur, premier niveau de baies campanaires vu depuis l’est. Cliché D. Joy.
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Fig. 49. Élévation ouest du clocher-mur établi sur l’arc triomphal, partie sud. Cordon bûché. Cliché D. Joy.
Fig. 50. Élévation ouest du clocher-mur, partie nord. Sommet de l’arc triomphal et cordon bûché. Cliché
D. Joy.
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Fig. 51. Combles. Mur gouttereau nord de la nef. Jonction entre la maçonnerie de la travée orientale et
celle de la première travée occidentale, avec des assises de brique en attente. Cliché M. Scellès.
Fig. 52. Surélévation de l’abside, élévation intérieure sud, parties hautes : sur la droite, assises en
surplomb au niveau de la reprise. Cliché M. Scellès.
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Fig. 53. Surélévation de l’abside, élévation
intérieure sud. Cliché D. Joy.
Fig. 54. Surélévation de l’abside. Jonction avec
le clocher-mur et porte de l’escalier repercée.
Cliché D. Joy.
Fig. 55. Clocher-mur. Joints rubanés sur l’arc et
joints tracés au fer. Cliché M. Scellès.
Fig. 56. Fragments d’une céramique trouvés
sous une brique de la couverture. Cliché M.
Scellès.
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Fig. 57. Couverture de briques sur l’extrados de la voûte de l’abside. Cliché D. Joy – M. Scellès.
Fig. 58. Couverture de briques sur l’extrados de la
voûte de l’abside. Chéneau à la base de la
surélévation de l’abside, côté nord. Cliché D. Joy –
M. Scellès.
Fig. 59. Couverture de briques sur l’extrados de la
voûte de l’abside. Détail du versant nord. Cliché D.
Joy – M. Scellès.
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Décor sculpté des parties orientales
Fig. 60. Plan de situation des chapiteaux des parties orientales.
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Chapelle nord
Fig. 61. Chapelle nord, arc d’entrée, chapiteau
nord (n° 1). Cliché M. Scellès.
Fig. 62. Chapelle nord, arc d’entrée, chapiteau
sud (n° 4). Cliché M. Scellès.
Fig. 63. Chapelle nord, arc d’entrée, base sud.
Cliché D. Joy.
Fig. 64. Chapelle nord, corniche. Cliché D. Joy.
Fig. 65. Chapelle nord, chapiteaux (n° 2 et 3) et
arc de la fenêtre. Cliché D. Joy.
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Chœur
Fig. 66. Chœur, arc triomphal. Chapiteau nord
(n° 6). Cliché M. Scellès.
Fig. 67. Chœur, arc triomphal. Chapiteau nord
(n° 6). Cliché M. Scellès.
Fig. 68. Chœur, arc triomphal. Chapiteau sud (n°
15). Cliché M. Scellès.
Fig. 69. Arcature du chœur, chapiteau nord (n°
7). Cliché M. Scellès.
Fig. 70. Arcature du chœur, chapiteau nord-est
(n° 8). Cliché M. Scellès.
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Fig. 71. Arcature du chœur, chapiteau sud-est (n°
13). Cliché M. Scellès.
Fig. 72. Arcature du chœur, chapiteau sud (n° 14).
Cliché M. Scellès.
Fig. 73. Niche des reliques de saint Phébade,
chapiteau nord (n° 11). Le tailloir est un moulage
mis en place en 1836-1843. Cliché M. Scellès.
Fig. 74. Niche des reliques de saint Phébade,
chapiteau nord (n° 12). Le tailloir est un moulage
mis en place en 1836-1843. Cliché M. Scellès.
Fig. 75. Niche des reliques de saint Phébade, base
nord. Cliché M. Scellès.
Fig. 76. Niche des reliques de saint Phébade,
base sud. Cliché M. Scellès.
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Chapelle sud
Fig. 77. Chapelle sud, chapiteau nord (n° 17).
Cliché M. Scellès.
Fig. 78. Chapelle sud, chapiteau sud (n° 20). Cliché M.
Scellès.
Fig. 79. Chapelle sud, base sud, refaite en 18361843. Cliché D. Joy.
Fig. 80. Chapelle sud, détail de la corniche en partie
refaite en 1836-1843. Cliché D. Joy.
Fig. 81. Chapelle sud, chapiteaux de la fenêtre (n°
18 et 19). Cliché D. Joy.
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Transept
Fig. 82. Transept, chapiteau nord (n° 5). Cliché M. Scellès.
Fig. 83. Transept, chapiteau sud (n° 16). Cliché M. Scellès.
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Saint-Sernin de Toulouse
Photographies extraites de : Saint-Sernin de Toulouse. De Saturnin au chef-d’œuvre de l’art roman,
Graulhet, Éditions Odyssée, 2008.
Fig. 84. Toulouse, Saint-Sernin,
chapiteau des tribunes du chœur.
Cliché Michel Escourbiac.
Fig. 85. Toulouse, Saint-Sernin,
chapiteau des tribunes du chœur.
Cliché Michel Escourbiac.
Fig. 86. Toulouse, Saint-Sernin,
chapiteau des tribunes du
transept. Cliché Michel
Escourbiac.
Fig. 87. Toulouse, Saint-Sernin,
chapiteau du collatéral sud de la nef.
Cliché Michel Escourbiac.
Fig. 88. Toulouse, Saint-Sernin,
chapiteau du collatéral nord de la
nef. Cliché Michel Escourbiac.
Fig. 89. Toulouse, Saint-Sernin,
chapiteau des tribunes de la nef.
Cliché Michel Escourbiac.
Fig. 91. Toulouse, Saint-Sernin,
chapiteau du portail occidental.
Cliché Michel Escourbiac.
Fig. 92. Toulouse, Saint-Sernin,
chapiteau du portail occidental.
Cliché Michel Escourbiac.
Fig. 90. Musée des Augustins, section
d’une petite corniche provenant de
Saint-Sernin. Cliché Daniel Martin.
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Le décor peint du chœur
Fig. 93. Vue d’ensemble du chœur. Cliché M. Scellès.
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Fig. 94. Chœur, mur sud : saint Jean
l’évangéliste. Cliché P. Poitou.
Fig. 95. Saint Jean. Dessin au trait de Dauzats,
Voyages pittoresques et romantiques…, 1833.
Fig. 96. Chœur, voûte : Christ en majesté. Cliché
P. Poitou.
Fig. 97. Christ en majesté. Dessin au trait de
Dauzats, Voyages pittoresques et
romantiques…, 1833.
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Fig. 98. Évangéliaire de Charlemagne : saint
Jean. Cliché B.N.F.
Fig. 99. Évangéliaire de Charlemagne : Christ en majesté. Cliché
B.N.F.
Fig. 101. Chœur, écoinçon des arcs triangulaires : oiseaux et
corbeille. Cliché M. Fourcayran.
Fig. 100. Voûte du chœur. Croix gemmée
sur fond de ciel étoilé. Cliché P. Poitou.
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Fig. 102. Voûte du chœur. Archange. Cliché P.
Poitou.
Fig. 103. Toulouse, Saint-Sernin, rond-point du
déambulatoire : ange. Cliché Michel Escourbiac,
extrait de Saint-Sernin de Toulouse…, Éditions
Odyssée, 2008.
Fig. 104. Toulouse, Saint-Sernin, rond-point du
déambulatoire : chérubin. Cliché Michel
Escourbiac, extrait de Saint-Sernin de
Toulouse…, Éditions Odyssée, 2008.
Fig. 105. Voûte du chœur. Archange. Cliché P.
Poitou.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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Fig. 106. Chœur, vitrail de Lami de Nozan : sainte Julite.
Cliché P. Poitou.
Fig. 107. Chœur, vitrail de Lami de Nozan : saint
Phébade. Cliché P. Poitou.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
45
Fig. 108. Grille du chœur ( ?), datée 1515, remployée pour les fonts baptismaux. Cliché D. Joy.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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Fig. 109. Notre-Dame d’Alet (Aude), vue du chevet. Cliché Jannie Long, Monuments historiques.
Fig.110. Notre-Dame d’Alet (Aude), élévation intérieure de l’abside. Cliché M. Mieusement, Médiathèque
de l’architecture et du patrimoine.
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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Dessins
Dossier d’inventaire, juillet 2012. © Inventaire général Région Midi-Pyrénées
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Venerque (Haute-Garonne),
église Saint-Pierre
Plan
Dessin D. Joy, M. Scellès, 2011
Service de la connaissance du patrimoine,
Région Midi-Pyrénées
d ’après M.-J. Gleyze - B. Voinchet, 2009
N
0
5
10 m
Venerque (Haute-Garonne),
église Saint-Pierre
Chevet
Dessin D. Joy, M. Scellès, 2011
Service de la connaissance du patrimoine,
Région Midi-Pyrénées
d ’après M.-J. Gleyze - B. Voinchet, 2009
0
5
10 m
Venerque (Haute-Garonne), église Saint-Pierre
Elévation nord
Dessin D. Joy, M. Scellès, 2011
Service de la connaissance du patrimoine, Région Midi-Pyrénées
d ’après M.-J. Gleyze - B. Voinchet, 2009
0
5
10 m
Venerque (Haute-Garonne), église Saint-Pierre
Elévation sud
Dessin D. Joy, M. Scellès, 2011
Service de la connaissance du patrimoine, Région Midi-Pyrénées
d ’après M.-J. Gleyze - B. Voinchet, 2009
0
5
10 m
Venerque (Haute-Garonne),
église Saint-Pierre
Elévation ouest
Dessin D. Joy, M. Scellès, 2011
Service de la connaissance du patrimoine,
Région Midi-Pyrénées
d ’après M.-J. Gleyze - B. Voinchet, 2009
0
5
10 m
Venerque (Haute-Garonne), église Saint-Pierre
Coupe transversale
Dessin D. Joy, M. Scellès, 2011
Service de la connaissance du patrimoine, Région Midi-Pyrénées
d ’après M.-J. Gleyze - B. Voinchet, 2009
0
5
10 m