Histoire et archeologie des Causses et Gorges du tarn
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Histoire et archeologie des Causses et Gorges du tarn
l9oI s DOCUMENT 11111! liii 1111111 11111111 I II H 0000002001876 o' 'n J U .7 jl k I . r. . t',.e SI co.• J. 1 t 7 - - . - 4 o .•! ô :-' • o. • 4flAEil1O J ' llESftf{EET A8CHtOtOIE DES Causses et Gorges dli Taro MEMENTO par Marins BÂZM$ZI.E Ancien amateur do ta Il Bene des Provinces do Franco •r Lauréat de l'Institut t MENuE lapriaterto Houri CEL,TÀL - Allée des Soupirs 1936 L) o -/11* o o DU MÊME AUTEUR: Les richesses du sous-sol de la Lozère. Aperçu géologique sur le département de la Lozère. Histoire du Gévaudan (en collaboration avec Albert .Grirnaud). Préface de Camille iujlian, de l'Académie Française. L'enseignement de l'histoire nationale est une nécessité. La t Revue des Provinces de France ». Lavandes et Genêts, Impressions et Contes du Gévaudan. t 4 t Six mois en Sibérie (en collaboration avec Paul LACET). Préface de Charles POMAnET, ancien sous-secrétaire d'Etat. .M1111tp1.- C A Charles POMARET Député de la Lozère Ancien Soui-Secrétaire d'Etat t E] 4 * b IHISTOÏRE Et.ARCHEOLOOIE 'DES t1ausses et Morqes du îaril ••u••r•• I . PPÉhistDiv(et'.PrOtûhlstoire : Ld Sti des Baun1csthag dEs.- 'GpOttcs stpulcrales, monuments nigaIlthIques; dolmens, tumalus; caj barrÉs. uaIes et tSnles Gvequcs -- La croix lemme &us les .:tausses..-- Le !' Pàgus Gahailcus ". L'histoire desCatisses et Gorges du Tarn est béé à celle du GévaudAn et du Rouergue, riche en épisodes à toutes les époques de notre passé. Les:Causses révélus de forêts, ont été peuplés dès une haute antiquité. Ils ont dû servir d'habitat à des tribus Venues de l'Ouest ou refoulées, par diverges invasions, des pays si- r d —8— 'tués sur les talus sud du Plateau Central. Les grottes, qui abritaient lies fauves, l'ours des cavernes, n'ont gas révélé des restes certains de 1 hom.he paléolithique. Mais les recherches faites par l'Abbé Alexis Salanet, le docteur Prunières. Louis de Malafosse, Broca, et actuellemîent, par le docteur Ch. M'orel, L. Balsan, le chanoine J. Bessouche, Gilbert de Chambrun, ont démontré que cette région a été peuplée par les n&*lithiques. Grottes sépulcrales, célèbres dans la science préhistorique: Nabrigas, Homme - Mort, BaumesChaudes; dolmiens, tumulus, ont livré quantité de squelettes et d'objets de l'age de la pierre polie, du bronze et du fer. Ibéro-Ligures. Celtes..onf laissé ici les traces nombreuses de leur présence. La race dite des Baumes-Chaudes, du nom die la caver ne située sous « Casa Duc», sous la Maison du Chef, le Point Sublime, est l'une des trois races néolithiques. Camille Jullian a écrit: (1) 'La race dite des Hauinles-Chaudes (Lozère). semble bien dériver de la race magdalénienne dite de Cro-Magnon. On la dit dominanle dans l'ouest ». Les recherches relatives à l'indice céphalique tendent à prouver que (1) Ca mille .1 ULLIAN, De hi Gonfr à la Fiance, Paris, 1923, p. 40. -9---dette race autochtone était do1icho céphale. au crâne allongé. Elle fit place, pas à pas, sans doute après t -t q 1* b Q. t b h e t t q 0 de furieux combats, aux brachycé4phales, hommes au crâne court et Large, venus d'Asie. La trépanation existait déjà. Prunières. et après lui Morel ont trou- - 10 les grottes et doltnèns des vé dans crânes perforés. des rondelles elliptiques découpées dans un pariétal humain. Broda présentait au Congrès anthropologique, tenu à Budapesth en 1876, un mémoire, où il démontrait qu'on pratiquait, au néolithique, la trépanation chirurgicale. afin de guérir certaines maladies ou blessures, et la trépanation posthume, dans un but sans dôutc religieux. Les Causses de la Lozère et de l'Aveyron constituent l'une des régions les plus riches de France en mlonuments mégalithiques. Il faut ai1er jusqu'en Bretagne pour observer une affluence pareille de ces to$beaux. édifiés par nos lointains ancêtres. Quelques vieux chemins qui • parcourent nos - Causses, peuvent être assimilés à la Voie Appienne. Sur plu sieurs kilomlètres, ils sont jalonnés de restes funéraires. Adrien de MorLillet comptait, en 1905, 457 dolmens pour l'Aveyron et 213 pour la U>zère (1). Depuis, les nouvelles découvertes ont augmenté ce nombre. Ces monuments ont fourni un mobilier fort instructif pour l'étude de la préhistoire et de la protthistoi re Parmi les objets recueillis, figurent avec les haches, hachettes pointes de (1) A. DE MORTILLET, Les monuments mégalithiques de la Loztre. Paris, 1905. - Il lances et de flèches, lamies en silex, des objets de parure, perles et pendeloques. faites avec: des dents d'aniniiaux. des coquilles perforées. des morceaux de jayet, de l'ocre compac te 4e la corne de cerf. A l'age du bronze (250`0 900 av. J. C), nous devons le trésor ms au jour par une trombe d'eau' s'abattit le 29 juillet 1874, sur le Causse Méjan montagne de Rivalte, donmune de Saint-Chély-du-Tarn. Lbne des richesses du mée de Mende, il comprend: plusieurs coupes en bronze. de form'e élégante ;. des bracelets. pleins, ornés de Losanges et de filets; des boutons, une bague, des disques ornés. Il est curieux aussi d'observer qu'une jolie statuette de bronze, exposée dans une vitrine de la Maison Carrée à Nîmes. qui représente Isis allailaitant Horus. a été trouvée dans une source, sur le Causse du Larzac, près de La Cavalerie. Les coquilles marines percées témoignent aussi des o relations que nos montagnards ibéroilgures avaient avec les peuples du lilloral méditerranéen. Les grains de verre bleu émiaillé de blanc, découverts par le docteur Prunières dans un dolmien, paraissent encore de fabrication égyptienne (la Maison Carrée .,à Nîmes, possède un beau vase de verre bleu, émtaillé de blanc, trouvé dans la tombe d'un prêtre d?lsis, à Nimles). Non loin, Cavaillacpos -- 12 sède sa fontaine d'Isis. Le .contact avec la Méditerranée, par Nîrnès, et avec leseolonies grecques qu'attestent les nom de lieux (Paros, Mimas). lés monnaies barbares imitées des types helléniques. devait s'affirmer aux siècles suivants. Les Gaulois Gabales furent toujours en liaison avec les Volques Arécornques, de la Tribu Voll.inia, leurs voisins de L'A•ger Neniusensis, du terroir de Nîmes, stabilisés sous le rempart cévenol et caussenard. Car les Celtes ou Gaulois, à leur toun avaient pris pied dans nos ontagnes. Les grandes épées de fer d'âge de Hallstatt et de la Tène (âge du fer), exhumées des tnn*ilus,projen.nent sans doute deux ou dè leurs prédécesseurs irniùédiats, les IbéroLigtires. Près de l'Aven Armiand. en 1899. F. Delisie et A. Viré, ont exhumé d'un monticule de pierres un squelette, couché les • pieds vers l'Orient.. Sa G main droite tenait une grande épée de fer. la poignée fixée à la laSe par trois rivets de bronze. Entre les jambes. se trouvaient deux belles cupules de bronze, l'une historiée au repoussé (1). Le dessin, en pointillé, (1) Docteur F. DELISLE et A. VrnE. Recherche, de préhisf'fire dans le département de la Loz4re, Paris, 1899, p. 7 et Revue du Club Cévenol, 1900, p.29 13 représentait la croix gée ou swastika, que les troupes d'Hitler ont popularisée et que -la dernière imtïératrice de Russie fente de Nicolas II avait dessinée dans l'embrasure d'une fenêtre de sa chambre, à Ekaterinjbourg, au mois d'avril 1918, quelques emtnes avant son assassinat. Notons encore les constructions des cars barrés, ces rørnlparts frustes, en pierres brutes, qui femiaient l'isthme opposé à la pointe d'une hauteur, d nu escarpeknent, d'un mamelon. Et quels sont les settipteurs des singullàres statues-mènhirs. .qui font songer aux totems des peuplades primitives donteSporatttes. Les tribus gauloises qui occupaient les territoires actuels de la Lozère et ae l'Aveyron, étaient celles des Gaba,les et des Rutènes, Le géographe grec Strabon. le naturaliste latin Pline, les citent. César, dans ses c Commentai. res sur la guerre des Gaules ',au livre V1J. les ntntionne. Peuples de la Celtique. clients ou alliés des Arvernes. ils luttent pour l'indépendance de la Gaule et ravagent le territoire des Rutènes Provinciaux, alliés des Romains. Ils fournisseijt des con tingents à l'armée de secours, destinée à délivrer Vercingétorix, assiégé dans Alésia (52 av. J. C.) et vaincu. Les Gabales formaient une tribu libre, qui eu[ l'honneur, d'après SLrabon, d avoir sou nom gravé sur la - 14 statue (lui la représentait, dans le temple construit à Lyon, au cor(fluent du Rhône et de la Saône, à frais coln!rntrns, par les soixante peur p1ades des trois Gaules. Fait digne de remarque: les empereurs romains qui proédèrenL souvent à des partages de territoires, eonsert?a-ent l'intégrité du flagus Gabalitus. dans ses Limites naturelles qui sont toujours celles du département de la Lozère à l'est, la Borne et l'Allier, jusqu'au confluent de la Desge; au Nord, la Desge et la Truyère à l'ouest. le Bès, l'Aubrac jusqu'au Tot ; au sùd, la j oute, I'Aigoual ét les premières crêtes des Cévennes. - 15 Ti Lea poteries de Banassac et de la braufesenque.— Le fromage du Pays des liahaies et P11118 rnncien. - Les VOie gallo-romime. - L'vangt1lsatIon. Saint Pvuuat et Saint Amans. -- Sidoine ftpotiinain et le Propenipticon S llhailum. La Gaule pacifiée, parcourue par des voies dont se décèlent encore les traces. fut divisée en Cités. Gabaies et RutMes.comJpris dans la Province d'Aquitaine, eurent pour chefs-lieux: Gabalum (Javols) et Segodunum (110dez. Des ateliers de cératqùe prospérèrent au creux des Causses, eportant leurs produits dans toutes les Gaules et au-delà. Les poteries de la Graufesencue ne (ter s. après L-C.). fabriquées à (près Miltau). au Rouer et à Banassac, ont une pâte rouge, protégée par un gnifique vernis inaltérable. Ces vases sigillés ornés de dessins très artistiques et des marques de leurs potiers, enrichissent les vitrines de plusieurs musées d'Europe. Les vases de Banassac se spécialisaient par des légendes décoratives. Un bol rouge - 16 de dette officine, trouvé à Pompéi, porte sur sa panse la légende: c BiSe amiice de meo.. Bois, ami, ce que je contiens. Les ateliers de la Grauipesenq,ue ont été le siège principal de l'industrie des vases sigillés au let siècle de notre ère. C'est de là qu'anlérieurement à l'ensevelissement de Pomipéi. les marchés de la Campanie et de la côte d'Afrique, m'ais surtout ceux de la Gaulé, de la Péninsule ibérique et de la Bretagne, recevaient une partie considérable de ce genre de vases. 'Les potiers de Banassac eurent Vidée originale d'expédier dans les principales provinces avec rsaiiellew ils trafiquaient, des vases A inscriptions ethniques, fabriqués spécialement pour chacune d'elles (1). Les graffites tracés sur de simiples assiettes, transcrits par M l'abbé liermJet, curé de l'Hospitalet, ont permis ide connaître tes dix premiers nombres ordinaux gaulois (deux seuls étaient connus). Ces inscriptions ccldqucs précieuses nous ont appris qu'au rpremier siècle de notre .ère, du (1) 4 .!. DÉCHELETTE, Les vases céramiques muées de lu Gaule romaine, Paris, 1904, L p. 65 et 125 Fréd BRaMEr, La Graufesenque, Paris, 1934.. - 17 nord au midi, • la langue nationale, c'est. du Gaulois (1). Pline l'Ancien rangeait les liuteni parmi les cinq çités qui fabriquaient des tsus de lin. 4u livre XI de son Histoire Naturelle, il consacrait un chapitre aux fromages: Deditersilate caseoruM « Les fromages des provinces, disait-il, les plus estims A Rouie sont ceux qui viennent de Nimies, du Lozère et du pays des Gahaies ». A dix-neuf cents ans de distance, les fromages bleus vendus chaque semaine dans les m4rdhés lozériens. fabriqués avec du lait de vaclic, s'appellent encore: fromhgcs du pays. E. REISSER, dans une étude publiée en 1901 (2), écrivait « Il nous semble qu'il convient, d'établir une distinction parmi les fro mages reçus A Borne; d'un côté, il s'agissait d'un frotn.ge fait avec du lait de brebis dans le pays de Nîmes peut-être bien près de Roquefort, et de l'autre, d'un fromage fait dans k Gévaudan, en Lozère. avec du lait de vache'. (1) J. Lo'rn, Les graffites gaulois de Graufesenque, Paris, 1924, p. 60. (2) Edm. REI5SLER, Pline l'Ancien ci la le caseus Lesurœ Gabelle! que pagi mus • tees, Bull. Soc. d'Agr. sc. e; Arts Loz2n. Mende, 1901. - 18 Le caseus de Pline deviendrait ainsi l'ancêtre du Roquefort.Nous ne le pensons pas. Le r1 ays des Gabales touchait, par la région du Lozère, à la contrée die Nîmes, avec qui les relations comrmerciales étaient nombreuses. l'abondance des mkrnnaies co loniales découvertes à l'effigie du Crocodile le prouve. et 'd'où ses fromages étaient expédiés à Home. Le terroir est doublemfent mentionné par l'auteur latin, qui ne parle pas Ici des Rutènes. Pliùe le naturaliste a simplement confondu le territoire avec la montaFet, pour désigner le Pays des lcs s'est servi des deux dénominations. Le christianisme apparaissait. Saut Privat. apôtrc du Gévaudan, fut ntartyrisé par une horde d'Alarniis eur les pentes du Mont Mim!. dans la deuxième moitié du JJJe siècle. Mende naquit et :e développa auteur de son tombeau. Gréoire de Tours.qui écrivait au . , v» siecle, • nous a livré dans son « Histoire des Francs », - le récit de la mort de l'évêque des GabMes (1). Saint Amns évangélisa le Rouergue. (1) Sur l'évangélisation du Gévaudan. Cf. A GrnMAUD et Marius BALMELLE% Précis d'il (sbire du Gévaudan, 1925 p.,* 83-91. - 19 Les Causses, sous les Gallo-Romins. devaient être plus peuplés crue de nos jours. Les centres de fabrication des poteries l'indiquent. Iis étaient situés. il est vrai, dans les vallées profondes qui balafrent les ta61es calcaires. Sur ces étendues. alors boisées - des domaines ruraux, vili,colonges (eoIoniCe), devaient aussi exister. Les nombreuses localités aux noms terminés par le suffixe ac, paraissent le prouver : Florac, bien fonds de Florus ; Ispagnac, villa d'Hispanus ; Quézc, domine de Quietus Sévérac, eastrun de Severus. Plus tard, au Ve siècle, Lors de la ruine de l'empire ronajn d'Occident, un lettré, Sidoine Apollinaire, évêcrue des Arvernes (431489), décrira certaines de ces villas. Dans un pue nie intitulé: Propem'pflmin MII libeI-• lunib le panégyriste des empereurs Avitus et Majorien louait dans ses vers le Tarn, aux ondes rapides qui nourrissait un poisson - la truite sans doute, que nous pêchons encore - A la chair ferme et savoureuse. Non loin de ceTaru. qui gronide souvent, au nomévocateur du dieu gaulois du tonnerre: Taranis, était située la villa de Trévidon, de Saint-Laurent-de-Trèves, où Tonance flrrol. ancien préfet des Gaules, aitendait son aitta, lyrique voyageur. •.fl - 20 III Sldoine flpollinalre et les Vlsigoths. -- Les Frants à la ifidiène.-- Sainte Enimie, sur du roi Uagohert. Les Barbâres, auxiliaires des Romains, s'emparèrent peu Ii peu de la puissante de leurs maRres livrésaux stupres de la décadence. 'Les Goths créèrent un vasle royaume et pnrentpour capitale Toulouse. Le PIgus Gabalicus leur fut cédé avec l'Auvergne, en 475, par l'empereur Jules Népos.. à la chute de I empire romain d'Occident. Sidoine Apollinaire approcha leurs rois Euric et Théodoric, dont il dpeignit, en des pages hiùgés pititoresques, la cour, les familiers, ain-. si que les murs de. ces foules £ demi sauvages qui propageaient l'ariaaismè. Le vénéré ponLifed'Augystonein'etum souffrait dans sa culture gallo-latine, dans ses sentiSents 'de atrite et de croyant. La dégradation des m¼turs amenait, une nouvelle fois, la destruction d'une civilisation trop raffinée. Une rusticité, vio lente et forte. friomp'hait des cIadins. efféminés dans leurs plaisirs' L'évêque Sidoine nous a livré, avec. ses £arSna et ses EJpistol, de curieux détails sur cette époque, qui - 21 vit, disparaître un fabuleux empire Le livre qu'il envoyait aux neveux de Victorius: Justinus et Sacerdosdécrivit pour la pretnlière fois notre oan de Gabalie. La possession de nos terroirs par les Visigoths fut de courte durée Après la bataille de Vouillé (507). ils ne conservèrent pie la SeptùnWiIe. aux marches des (susses. Thierry 1er. fils de Clovis, roi d'Austrasie, devint détenteur de la portion de l'Aquitaine qui comprenait les pays des Cabales et des Butènes. Il les occupa en 533. D'après la tradition, lui ou son fils Théodebert aurait wnpé à La Malène, où s'était -réfugié, au Castel Merlet, l'évêque des (labales, Saint Hilaire, Quelques années plus tard, su début du Vile siècle, une vierge et.prinr cesse mérovingienne, Enhnae, 011e de Clotaire II et soeur du roi Dagobert, atteinte de la lèpre, retrouvait lasanté en se baignant dans les eaux cristallines de la fontaine de Burle. Un troubadour du XII1 e siècle, Bertran de-Marseille a chanté, en vers roMus, la vie sainte de la princesse, qui ne re4,int pas dans le palais de son frère. Fondatrice du monastère qui porta son nom' , elle vécut dans le canyon, avec ses moniales. Elle faisait fuir le dénikki qui habitait ces lieux ainsi qu'en témijne la poétique légende du Pas de Souci, des - 22 Roques Aiguille et Sourde. 1u Cirque des Baurn(es où était adorée une idole aux bois de dert. s p - 23 i-v. La JOIIB tggndz dB Siinte EnimiB. S Il était une fois une fille de roi de France douée de toutes les beautés et de toutes les grâces, celles de l'esprit et celles du corps. Les fées ou les saintes qui avaient présidé à sa naissance. J'!ayjflt (lotte magnifiquement de toutes les vertus et de toutes les qualités. Fille de Molaire et soeur de Dagobert, elle fut belle à mierveille. si belle que nature ne peut fairejanis en beauté sa pareille, nous dit utître Bertran de Marseille. dans son poèmi. Aussi. nombreux étaient les jeunes seineurs., hauts en lignage, qui étaient vivenient -épris de la prin» cesse. Ils Venaient la voir chaque jourelle était le sujet de leurs penSées. Mais la jeune fille n'avaàt dure de ses soupirants, elle ne brûlait pa; de leur flamnc et les désespérait par sJfroideur.. Un jour vint ou le roi, sur les instances pressantes de l'un de ses rands barons, dit à sa fille qu'il lui avait choisi pour époux un charni ant chevalier. Enimie répondit, qu'elle ne voulait point se marier. Comme son père et sa mère lui intimaient l'ordre d'obéir, la nuit suivante., au lieu de dormîr, elle pria - 24 le Seigneur de la garder toujours pures toujours chaste. Sa requête fut exaucée, car aussitôt après l'avoir exprime, un mal affreux, la lèpre, s emîpara de son beau corps. Son joli visage, lui aussi était terni par des ulcères.. Et celle ne fut plus recherchée, désormais. par barons ni chevaliers pour fiancée ou pour femne . L'annonce de cette horrible nhlaladIe apporta la consternation parmi les seigneurs de la cour. Des indedus renomnés furent appelés leurs retuîèdes n'eurent aucune action. Or, Enime eut une vision. Un ange lui prescrivit de partir pour le Gévaudan où elle trouverait une fontaine Burle - dont l'eau vive, précieuse. cristalline, redonnerait à son corps toute sa beauté, toute sa splendeur, lorsqu'elle se serait baignée dans cet te onde claire. Dès le iendemain, le roi 'fît apprê ter pour sa fille, merveill:euses pro visions et lui donna comme suite giandsseigneurs, chevaliers, hauts barons.,dames nombreuses et demoiselles pour la servir gentinhlent o. Le voyage fut long, car les mtrnla gnes du Gévaudan étaient fort éloignées de la résidence royale. Après plusieurs journées de chevauchées. ils y parvinrent en'lin. Rencontrant une femme sur la route, ils lui de- Q niandèrent si elle ne savait pas où - 25 ) coulait la fontaine de Burle. La paysanne répandit qu'elle ne connaissait pas ce nom mais qu'une source jaillissait proche, oùvenaient se laver G ceux qui voulaient guérir leurs maiux (1). La princesse s'arrêta; mis dans la nuit. l'ange apparut à nouveau. pour lui confier que cette eau n'était pas celle indiquée et que la caravane devait reprendre sa route. Enimie obéit -et, avec sa suite,. ,co,ntinua son voyage.. Enfin, elle arriva en un pays âpre t très ardu, dans une vallée profonde et sauva$e, où étaient Bai-le et le fleuve du 'larn ». En dévalant parmi les rochers, elle entendit parler deux pâtres; l'un disait à l'autre que son troupeau buvait à la fontaine de l3urle. La jeune fille com-it alors qu'elle avait découvert le lieu tant désiré. Toute joyeuse, elle interrogea les pastoureaux et elle leui- promut un trésor s'ils voulaient la conduire près du clair ruisseau.'Ils la guidèrent aussitôt vers la précieuse fontaine. La vierge, dès qu'elle foula le bord d.La source, se mil en prière pour (1) Cette localité où, "après la légende, Enimie se serait arrêtée, est devenue la station de Bagnols-les-Bains, dont les eaux, très efficaces pour les affections rhumatismales, attirent plucentaines de malades au cours , sieurs de l'été. P - 26 exhorter Dieu de la guérir. Ses contpagnons s'étant éloignés, elle se -dépouilla (le ses habits et se plongea dans l'eau cristalline... Miracle! s'étant lavée trois fois, Eninile voit sa O chair reprendre sa beauté d'antan, son co?ps recouvrer sa splendeur passée. sa carnation revêtir un teint éblouissant. La guérison accomplie. et louanges au Seigneur rendues, tous «retournaient en France pour y manifester leur allégresse ». Mais ils étaient à peine au sbmne1 de la côte de la montagne au pied de laquelle jaillit la sourde. que la princesse ressentit encore une fois les atteiniQS du mléinc mal. Sa douleur et celle des gens de sa sûite fut vive. Elle revint sur ses pas et pénétra dans l'eau pure de la source. Ainsigue précédemment, son corps reirouva sa beauté. Sur le chemin qui ramenait au royaume de son père, la vierge réfléchissait et pensait que Dieu, la rendant malade et la guérissant tour tour lui signifiait peur-être de rester tians les contrées où il l'avait conduite. Come Enimie poursuivait sa• marche., la brûlure de la lèpre réapparut.. - Alors elle comprit quelle était la volonté du Seigneur. Elle devait se fixer à i3urle. dont l'eau miraculeuse : lui redonneraiVMgueur et santé. Q Jamais depuis ne la reprit le désir de retourner en son royaumk ». Certains de ceux qui l'avaient ac- compkgnée ne voulurent pas quitter sen service; les autres vartirent pour aller raconter au roi 1 histoire merveilleuse de sa fille. Elle, désireuse de solitude, découvrit une grotte et elle en fit sa denteure.y vivant avec sa filleule qui., comrne elle. .se nommait Enimie. Elle vécut, répandant des bienfaits nombreux autour d'elle, avec le dessein • d'édifier un monastère de femmes. L&dïable qui jusqu'à cette épbque, régnait en maître dans de ter roir agreste, essaya d'entraver l'oeuvre de la Sainte. Sous la forme d'un serpent, d'un dragon, il démolissait l'ouvrage accompli par les bâtisseurs Or. Saint Hilaire., évêque de Mende, qui de tem'ps à autre venait rendre visite A Enimîie, s'était un jour nous raconte le naïf p'oèmie - endormi auprès de la vierge. , lorsque 'le diable se présenta. Réveillé par le bruit l'évêque se lançait A la poursuite du drac. Mais celui-ci, rtpide, r_ft à travers rochers et halliers. Saint Hilaire avait grande peine à lui tenir pied, la croix en min, Par bonds énormS, l'esprit malin, distançait l'évêque au milieu de cette nature très tourmentée, où nul sentier n'existait. C'étaitune course au bord des abîmes et parmi les enlasscmenis monstrueux des rocs. Hi- 0 - 28 lare. décour4é, allait 'abandonner la partie., lorsqu'il eut la pensée de lever sa croix et d'adjurer le drâc d'arvoir à se jeter du haut dune dmie dans le Tarit Le diable, obligé iobéIr..se précipitait dans le vMe pour aller se rn'eurtrir au plus profond de •la Gpijge, Le choc fut tel que la montagne s'écroulait et volait en inorreflux. C'est depuis ce jour que le chaos du Pas de Souci présente aux yeux étonnés du touriste son bouleverser ment prodigieux de blocs sous 4equel disparaît en bouillonnant l'eau htnide 'du Tant Quelques kilomètres en arii1ont .avant de pénétrer dans le cagnon: le mlême promeneur aura traversé le coquet village, niché au creux des Causses, auquel donnason nomt Sainte 1 Enimie En outre des ruines de l'antique monastère, le voya geur pourra examiner à l'ermitage la cavité «du roc où la soeur deD.agobert fille de Clotaire reposait Et 0e fut dans •ce tubûtier qu'un jour; avec de fort beaux .chants,ton mit avec respect, dans une châs «argent. Je corps précieux de la célèbre vierge. menu U 4 Les monnaies mtroulnglennss de NONSaC. A la même époque existait à 8*nassac un important atelier monétaire alimenté par les minerais extraits de la région. Il a frappé la dixi&nie partie du total des mionnaies mérovingiennes connues. Ces niJonnaes dir et d'argent sont caractérisées pir le calice à deux anses, dit tenuce du Gévaudan » rappel peut-être des beaux vases mujés au cours des siècles antérieurs dans les officines ries potiers de cette localité. Il est à noter que le vase ii deux anses, diots, figure sur des monnaies antiques de ' colonies grecques d'Asie Mineure. Nous yverrions aussi. uni à lacroix. - 30 le symbole chrétien de l'Eucharistie ai» constituerait un nouvel indice en fa4eur du siège épiscopal placé à La Çanourgue avant qu'il ne résidât à Mende. Les monnaies mérovingiennes de Bfinassac, classées en six groupes, ont été frappées : les plus anciennes, à l'effigie &e l'empereur d'Orient, Jus- j 0 tee 6 17 a Un II (565-578); les plus récentes de r la fin du sepUènS siècle à l'avÂnement des Carolingiens. Deux d'entr'elles. fabriquées sous Caribert II, frère die Dagobert .portent une légende qui se rapporterait avec vraiscblanee au m'onnstère d'hommes de Saint-Martin. fondé, semble4-il, par Sainte Enime. et d'où est issu le bourg de La Canourgue, qu'habitèrent jes premiers chanoines. Cent quarante-et-une médailles différentes provenant de l'atelier de Banassac, ont été déternûnées par les numismates de Ponton d'Amécourt et de Moré (1). Monnaies de Banassac o U (1) 0F. PONTON DÂMÉCOURT et E. DE Mont DE PRÉvIALA, .lonnaies mérovingiennes du Gévaudan, Paris, 1883. —$2 . - -r' VI Les Sarrazins. -- WaîfrE,, duc diqùltaini, et • la plaine dc. Canif. - Les vigueries. - Le paganisme et les évangtllsateu ps.— Saint FrS ssassinéLus cvmitagtt des gôrges. f13 Les . ,Sarrazins succédaient aux; Goths et aux Francs;. dans Père des ihvasionsi Des tombes du canton- de Sévérac ont livré des bijoux d'art ara be (ou d'art barbare visiaothique)., Pépin le Bref chassait les Iaures de la Septimklnie (752 à 759). 11 s'etnlployait de 759 .à 768. à domfpter l'Aquitaine, dont \Vaîfre était duc. D'après la tradition, que semblent corroborer les savants bénédictins de l'Histoire du Uangiuedott (1), Pépin aurait poursuivi et battu Waifre sur le Causse Méjan, dans la plaine de Canet. continutic de Hures. Les Carolingiens établissaient 'ou conservaient les subdivisions du territoire, les vigueries de Banassac, de Grèzes de la vallée du Tarn, du • (1) • Dom• DEnt et • Dom VAIsswn-:, Histoire générale de Languedoc, 1874 t. 1, 2' p" p 839.. U Miffl Valdoi nez de la Vallée-Française et de la Dèze. A la tête de la viguerie, ils mettaient un viguier on vicaire. Des ilots de paganisnib subsistaient dans ces contrées solitaires, où l'assassinat de saint Frézal vers 826prés d'une sourde, dtteste la violence de l'âge. Pour combattre l'influence des druides, devenus les sorciers, les évan gélisateurs construisirent des chapel[es d'ermitages à Saint-Hilaire SaintMarcelin, Saint-Pons Saint4iichel, Saint-Gervais Saint-Jean-des-Bahnies. Au creux de la gorge, ils édifièrent Les églises romanes de La Malène, du Rozier qui conserve éncore sa cure baptismîale (Xl e Xll c siècle). Sur le revers occidental des Causses, Conques et son sanctuaire de Sainte-Foy. situé sur la grande voie des pèlerinages de Saint-Jacques-de-Compostelle, bénéficiait des dons nngnifiques des Carolingiens. Son trésor unique nous reste. Au sud-est., l'église-temlplc de Moissac, dédiée autrefois à Notre-Damede:Valfrancesque, rappelle SU passant Le, souvenir de la victoire remportée en ce lieu, d'après la tradition par Roland neveu. de Charlemagne, sur les Sarrazins. Cet édifice roman est bâti en fraidronile. la kersant.ite roche à mica noir, dont la dureté défie la tnchoire des siècles. .... 75T w,! - 24 t-VII Les vicomtes de Ovaudnn et de Mliluu. -- Les Confies de fiSone et rais d'PPugDfl. Le dialcete gtvaudanais, - Les froubadouve. - Le vol de Fronce et les évêques de Monde, tonics du Gtuaudan. - La "Bulle d'uv" et le La dissolution de l'empire carolingien renforça l'autorité des comtes, nommés d'abord à vie. puis héréditaires. Le pouvoir suzerain du comte (le Toulouse s'étendait sur le Rouere, le Gévaudan et par l'évêché rArre, jusqu'au Pays de Nîmes. 'Le premier comte Fredelon, en -possession de ses fondions à Toulouse, en 845. était fils- d'un nizissiis en Rouergne ou pays nimiois (1). Son vassal, le vicomte, exerçait sa force fl justice au Xie siècle sur les terroirs de Gévaudan, de Millau et de Carlat. Le vicomte Gilbert, marié à Gerberge héritière de la Provence, meurt en 1109. Leur fille aînée, Douôe, épouse, en 1.112, Raymond Béranger II!, (I) J. CALMETTE, Un diplôme originol du comte Fredelon, Annales du Midi. 1030, p. 225. - C - 35 comte de Barcelone, à qui elle ajporte en dot la vicomté de Gévaudan et de Millau Ces territoires échoient en 1172 à Alphonse II roi d'Aragon. Dan le. délimitant les frontières d'Oïl, écrira plus tard t Les montagnes d'Aragon » pour désigner sans d'oute les C&vennes. La puissance temporelle des évêques de Mende grandissait avec leur autorité spirituelle. Ils profitèrent de l'éloignement des comtes de Toulouse et de Barcelone, des rois d'Aragon, pour développer Leurs domaines. Les Seigneurs de Dolan, de Cabrières et de Cani.Llaa vassaux du comte de Toulouse. qui paraissent avoir loué le -rôle de défenseurs des marches du royaume d'Aragon, bataillèrent souvent et longuement avec les évêqt&es. ljs avaient construit à Mende un dhâteau et des maisons fortes aux coins de la cathédrale. L'évêque Aldebert III du Tournel. dit le Vénérable, qui nous a laissé des chroniques manuserRes, l'un des trésors te nos tiehes archives départementales de la Lozère (1), racheta ces maisons fortes, donna de l'argent au comte de Barcelone pour • gagner l'indépendance de sa ville épiscopale, qu'il fit entourer (1) Cf. CI. BnuNEr. Les Miracles d Saint Priant, salais des opuscules d'AI' de.bert 111, évêque dMende, Paris. 1912. 36 de remparts. Afin de contrebalancer l'autorité du roi d'Aragon - les arm'es • les pals d'Aragon figurent encore de nos jours sur la croix pectorale des chanoines de la cathédrale l'évêque Aldebert entreprit le voyage de Paris. Il s'y fit délivrer, parle ri Louis VII, la Charte appelée cl3ul le d'Or », qui consacra la domination temporelle dS évêques de Mende sur l'ensemble duGévaudan. La croisade des Albigeois vit trionx pher Simon de Montfort. Le roi d'Aragpn et • le comte de Toulouse fititnl vaincus à la bataille de Muret (1212). A la suite de cette défaite. la brillante 'tivilisation miéridionale devait disparaître et la voix des troubadours s'éteignit. Cependant, les parlers locaux ont survécu: Le dialecte lozérien, en particulier, a su garder dans sa'solitude. sa ridhàse ci sa pureté. Il constitue 'peut-être l'idiome roman où se retrouvent le mieux les motsqu'employaient les troubadours Non âltéré, cristallisé, il offre aux philologues une mine remarquable de vieux mots occitans, parfaiwment conservés. A la région des Causses. se rattache l'origine du troubadour Guillaume âhém'ar' qui vivait vers la fin du XII e siècle. semble-t-il au château de Meyrueis, Jongleur, il fut extrêmement gottté.par le peuple. Pétrarque,' au chapitre IV du (Triom'phe d'a- - .37 mour l'associe ait soupirant de la Princesse Lointaine à Jaufré Rude!. Guillauuife Adhémar, lui-même anionreux d'une comtesse de Die, composa tnaintes chansons. Il mourut de savoir que sa dam allait se marier avec le comte d'Embrun. Le troubadour Bertran de MarseilLe. qui vécut dans la première moitié du XIIIe siècle, écrivit en provençal nous l'avons dit précédemment, une Vie de Sainte Entmk La dernière et savante édition de ce précieux manuscrit de la Bibliotheque de l'Arsenal à Paris, a été faite, en 1917, par M. Clovis Brune!, l'énilinent directeur actuel de l'Ecole des Chartes, ancien archiviste 'départemental de la Lozère. Après des démêlés divers, le traité de Paris (1229) attribua la vicomté de Milan à flaytnand VII. comte de Tou buse, et la vicomté de Gévaudan au roi de France. Le roi d'Aragon cédait au roi Saint Louis, $u- le traité de Corbeil (1258). tous ses droits sur la vicomté de Grèzes ou de Gévaudan (1) Alhônse de Poitiers. frère de Louis IX, épousa Jeanne, fille unique de Raymbnd VII. A sa mort (1) Cf. Ch. POIlÉE, La domination aragonaise en Gévaudan (1172-1258). Etudes d'Histoire et «VArchéo!ogie sur k Gévaudan, Paris-Me»de, 1919. - 38 (1271), le Rouergue et la vicomté de Gévaudan furent unis au doiSne de la couronne. Le roi' de f France devenait ainsi vassal de l'évêque de Mende pour la vicomté de Gévaudan. Le partage de 1307, conclu entre Philippe 1V le Bel et l'évêque de Mende Guil1aume Durand II.ti*ttait à parité les deux puissances royale et épiscopale. II réa jusqu'en 1789 l'organisation adm!lnistrative et' judiciaire du Gévaudan. en fait principauté ecclésiastique à peu près indépendante. r - 39 vTiI Les templiers et le Larzac. - Les Brandes Compagnies. - Urbain V et uguesclIn.Les rentiers de Hodrlgue de Vlllandrando. Guillaume Dur.and,II, neveti du célèbre canoniste, avait été l'un des inges CI du procès des Teuiiers. Ceuxpossédèrent de grandes dépendances en Rouergue. Le vicomlè de Millau et dç Gévau dan, Rayzfrond-Bérenger II, le$donnaît, en 1159 la Ville de Sainte-Eul& lie et la terre du Larzac, avec permission d'y construire des villes et des places fortes: Après la suppression de l'ordre du TeSle (1311), leurs biens furent attribués aux Hospitaliers de Saint-Jcan-kle-Jérusaleni Templiers et leurs successeurs, Chevaliers de Saint-Jean: bâtirent à la Couvertoirade, à Sainte-Eulalie-tluLarzac, à la Cavalerie, des fortifications (XIIŒXVe siècles). Elles subsistent encore en partie. Ces rem'parts, retrouvés en .plein causse. ,font surgir ici les visions prestigieuses des temps médiévaux, que nous .is»ensent anssi Carcassonne, Mgues-Mortes, Avi gnon. Ces hantes initifailles étaient nécessaires ft la défense des villes dans ces z, — 40 temps particulièrement troublés de l'invasion anglaise et des ravages des Cpmnanies. Les exactions de ces bandes de brigands tachent d'hor'reur l'histoire du XIV e siècle. Urbain V pape d'Avignon, 1310-1370 né à Grizac, à l'est du causse Méjan, fuimtna contre elles les jiius terribles peines. Pour en débarrasser nos contrées il fallut que Duguesclin les cmlan'enM guerroyer. au-delà des Pyr& nées. Le connétable vint nioui'ir non loinde Mende. après avoir bu l'eau trop fraîche de la so vive de la Jo-. ès Albuges, L. lors du siège de, la place de C âtauneutf-de-Ran4pn. tenue par les rouliers anglais (1f juillet 1380). Mais aux Grandes Coinipagnies succédaient de nouvelles bandes, qui pre naient prétexte, pour leurs pillages et leurs viols des luttes entre Arm'agpacs et Bourguignons et contre les hontnes d'armes d'Angleterre. Rodeigu de Villandrqidp. aventurier castillan, eut une vié q'ui vaut Iun roman 'et que nous a contée, aye,sa rigou reuse érudition, Jules Quicherat, Diirecteur de l' école des chartes en 1879 (1). Rodrigue, que l ' on a sur-nomimé, à juste et méchant titre, « em pereur des routiers » avait à sa disposition une armiée de sudardis. su- fl-. (t) J. QUICHERAT, Rodrigue de Viilandrendo, Paris, 1879. — 41 périeure en not1bre à celle de Jeanne d'Arc. Son quartier général, situé sans doute sur la voie Régordane. à La Garde-Guérin, près Villefort en un point unique, et culminant pour la sufleillance des voies d'accès di Languedoc en Auvergne, du Vivarais et du Rhône aux versants de la Loire et de la Garonne2 lui permie de fondre à l'inii'oviste sur lesprovinces, du haut de ce repaire, ainsi p lacé sur rantie avChemin de Saint Gilles cette estrade que cite la geste j j ap Guillaume d'Oran LÇJ)11tM ptjur Louis Xfr—'- dit en Langueoc.. pour néJflGL— départ des rodrigais ». Il réussit dans ses négociation& Rodrigue de Villandrando, dvenu comte de Rihadeo, rentra en Castille, son pays dataI. Six mois après, le 2 novembre 1439 Charles VII qui avait expérimenté le danger de ces bandes mereenaires. prom'ulguait La Pragmatinue Sanction » interdisait leur formiation et asseyait les bases de notre arn%e permanente. Les rognons de minerais de fer du Causse Méjan avaient été soumis vers cette époque (XIV e XVe siècles), celle de l'apparition des armes à feu. à une ex.ploitation active. L'alim'ervtaLion des forges en combustible, était assurée sur place par le bois des forêts.. fl•. - 42 ix Les guerres de religion. - Mathieu Merle et Saint Vidai.— Le duc de Bohan.— La mis-sionde M. de. Mathavlt. t Le XVJe siècle est tristcmSt célèbre par les guerres de religion, qui mirent aux prises protestants et catholiques. LM MétnWreS d'un SJ* niste de Millau, publiés ,par J. Ri' les (Archives historicues ft&EéiVeFgue »; les Documents historiques et Inédits sur I pq guerrPe Ji' religion en Gévautian, édités var ï'erdinand André dans le Bulletin de la Société d'Agriculture, industrie%sciences et arts du département de la Lozfre cette masse de matériaux que nous avons condensée dans nôtre Précis d'histoire du Gétaujd2n, démontrent l'ignd**ile sanglante de ces temps farouches, 'au cours desquels des actes. de cannihalismF ont pu même être notés (1). (1)'S.-L. .RIOAL, Mémoire d'un celuiniste de Millau, Rodez 1911 Ferd. inédits sur les ANDRÉ, une. hist. et guerres de religion en Gévaudan, But. Loz., Mende 1886, 1887. 1888, trois vol.; A GRIMAUD et Marins BALMELLE, Précis - - 43 Des atrocités sans- nombre furent commises dans nôtre région par les deux partis, au cours de ce c temps fort ca1amteus et misérable », écrit un chronicueur. Populations passées au fil de l'épée, viols an raffineF m1ents sadiques, incendies et rasemSt des villes, pillages qui ne laissaient pas les clous aux 'vantaux des portes. rapt des joyaux que la ntnijicence du jape Urbain V avait distribués aux collégiales et aux églises, notamment à Bédouès, à tspagne çt à Quézac. destruction des trésors d'art, foute de cloches transformées en coulevrines et boulets, incinération de livres précieux et de pardhemfins tels furent ici les résultats de ces guerres civiles, où les noms du capitaine protestant Mathieu Merle et du baron catholique Saint-Vidai, brillent d'un funeste éclat. L'abjuration au protestantisme d'Henri IVfaite entre les mains d'un ancien évêque deMnde2 Renaud de Beaune. apaisa temlporairement les discordes (1593). Mais sous Louis XIII l'agitation reprit. Le duc de Rohan. chef des réformés, s'emparait de Meyrueis en 1628., et Millau devenait Préface de Camille JULLIAN ie l'Académie Française. Paris-Mende 1925 vol. in-8° de VIII368 p. avec cartes et dessins. d'Histoire du Gévaudan. - 44 l'une* de leurs mi1Ieures plØes. La pâix'd'Aiès, (juin 1629) ou Edit de grâce, conclue par Richelieu qiù, avec Louis XIII au retour du pays 'de Suze. venait de détruire Privas en Vivarais, termna cette période des guerres religieuses. Parordre.duroi. forteresses et cM teaux : fortè d&aient être démante lés. Lè Conseiller d'Etat de Mahau1t parcourSM à cette inten'eion nos terroirs (1632-1633). Le château de Saint.' Laur&nt-d&TFèves qui, sur la route des. Cévennes., contandait l'entrée caussenarde 'du Gévaudan fut détrkzit. - 45 I X La guerre des tainisards. - La Peste de 1721. - La Bote du 39vaudan. - La ffuolotion et les guerres de l'Empire. L'ère des ' guerres de religion n'était pas close. Elle devait se rouvfir le 24juillet 1702, au Pont-d'e4Montvert, par le meurtre de l'abbé du Chaila, ancien mssionnaire au Siam, que Vé *que de Mende. Mur de Pienonurt, avait nom'mé archiprêtre des Cévennes. La guerre des Cansards naissait qui mit aux prises les maréchaux de France avec des paysans et des cardeurs de laine. Dès le début de l'insurrection, Cavalier opérait dans l'Aigoual, (1) 'massif montagneux qui devint le quartier général de Castanet. Meyrueis. 'Millau, délaient pas al'abri des incursions cantardes. Il falljfl l'action pacificatrice du mfréchai de Villars, qui traita avec Jean Cavalier (17 mi 1704), pour venir A bout des insurgés. (1) Colonel Jean CAVALIER, Mémoires sur lu guerre des Cévcnnes, traduction et notes par Frank i . 53. PUAUX, Paris, 1918 4h Quelques anifées d'accalmie suivaient, quand une très grave épidémie de peste s'abattit sur le pays. ,. 1 Le- premier lieu infecté. (nov. .1720) fut le- ham1eau de Gorréjac,' près de La Canourgae. iau '-reVers N . ord-Ouest du. Catisse de Sauveterre. La Contagion, intportéto'dit'àn, dev'Smyrne à Marseille, dans des ballots die laine, se propagea avec rapidité, - faisant ,d'innombrablesvictimes. On' entoura d'un cordon lie troupes le-Gévaudan. Les seùtineiles arnfées étaientipostées à chaquet'ortée' de fusil.- Aux -voies d'accès. des' barriètes furent dressées où. -pour entrer et sortir, il fat• tait présenter 'uiiccertificat de bon• ce santé.' Lesmb oEnaies "Shangées - étaient 'au préalable Ibaignées: dans -vinaigrè: - L'une de bes' barrières exislait au Rozier- à Ventrée ducaityon.' Le"m'ar&hal'de Berwick mit six - régiments -de cavalefie, d'infanterie et ne 'dragons pour établir un cordon • sanitaire de Sainte-Enimie sur le Taro. .à Langeac surl'Allier. La pes Je enlevait ail villâge de La GapeI' le sur le Causse 'de" Sauvet-erre, 92 habitants sur une Qopulatioir tottale de 115 personnes:; cette localité ne comptait plus à la fin & l'été 1722 que 23 paroissiens. Lés tribulations de nos'coiflpatrio (ès -t'étaient pas terminées. 'La bêle du Gévaudan terrifia 'notre contrée (le 1764 A 1767. Elle attaquait'depré- - 47 férence. les femhies et les jeunes filles. Les battues ne pouvaient en venh- à bout. Jean Chastel, de La Bessière-Sainte-jlsfarie, tua le fauve le 19 juin 1767. Buffon l'examâna-et reconnut , un loup. «une taille et d'une force exceptionnelles. La Révolution remplaçait l'ancienne appellation du p•gus, du pays, du diocèse, de 'la petite province, par celle de dépattemnt. Quelques faibles transfort!ations territoriales Ce)eraient, Meyrueis. du diocèse d'Alès, F était rattaché au dépaziemient de la Lozère, ou mieux du Lozère, nom de son plus haut somfmet, au topo-nymre préromain. Le 14 juillet. 1790 la fête de la Fédération se célébrait sur le Causse de Sauveterre, où un autel avait été dressé au centre du cam1p. 6.000 hommes des gardes nationales des districts s'y trouvaient. Le futur conventionnel, Mo nestier présidait la solennité. uti'un Orage. :comSe à Paris, vint contrarier Près de trois ans après, quanantisept habitants de La Malène et de Laval-du-Tarn. qui allaient rejoindre l'armée royaliste de Charrier, furent pris .sur ce Causse. - par les tro* pes républicaines. Leur exécution eut lieu à Florac et è Mende les 11 et 14 juin -1793. Les cavernes des gorges servirent de refuge à la baronne de Montesquieu et aux prêtres réfrataires. qui n'avaient pas voulu pré- - 48 ter serment à la Constitutton civile du clergé. De'l'an H à l'an VIII, des bandes d'horffin•es armés, au visage tarboulllé de suie. parcouraient les causses, pillaient les fermes. Ils dévalisaient surtout les demeures des acquéreurs des biens nationaux et trouvaient, eux aussi des abris jfropides dans les r ottes du canyon. Phisiurs d'entr eux, capturés.. périrent. Les eqloits Slitaires de Napoléon 1er eurent ici une curieuse répercission, A la suite de la guerre d'Espagne (1809), d'après une tradition véridique, des vautours bâtirent leurs aires dans les trous des falaises (du irRon Rouge», qui surplombent le Tarn. Ils y vivent depuis lors. - 49 - xi VIBIIIBS églises, vieilles maisons, VICHX châ- teaux. Si les monuments d'archéolo,gie préhistorique et protohistorique abon dent dans la région. si les débris des poteries gallo-romiaines au vernis pou ge éclatant, décorés avec art, sont parsemés à fleur de sol, les vesties architecturaux des siècles suivants sont assez rares dans les Causes. Sur leur pourtour, nous devons toutefois magnifier les adnilrablesclochers de la basilique cathédrale de Mende.. les portes fortifiées de Marvejols, la tour splendide de Rodm le lympan de Conques, les seuils et fenêlres sculptés qui ornent les vieilles maisons de nos chères petites villes. Au coeur du Larzac, La Couvertoirade, Sainte-Eulalie.-de-.Cernon. La Cavalerie offrent le dévelopjpemSt de leurs remparts et de leurs tours. Dans les gorges lozôriennes, l'glise de style rom'ano-pro'vençal de La Malène subsiste encore. cl le Rozier ancien prieuré bénédictin qui dépendait de l'abbaye d'Aniane, garde avec une cure bap la poésie de soir t:isuïale antique. Les ruines classées du rnoiiasiêre de Sainte-Eniinic do- - 50 minent la fontaine de Burle. Le porche gothique et le pont de Quézac, ainsi que l'église fortifiée de Béclouès, conservent la mémoire de l'illuStre et , grand 'ponife Urbain V, né Guillaume de Grimoard. L'église dIspagnac, de type roman auvergnat., qui dépendait au XlIIe siècle, du Monastère Saint-Géraud d'Aurillac. possède une coupole octogonale qui orne le transept, et des chapiteaux S figurines., Sain[-Chély-du-Tarn s une église d'art roman provençal, avec colonnettes à chapiteaux, susceptibles de remonter au XTIC.XIJJe siècle; un m'odillon, sur la porte d'entrée. repré sente Adam cl Eve, l'arbre et le serpent. Le village de La Capelle doit son nom] à la hapelle dédiée à Saint Martin de Tours ; cette église romane XII e-XIJl e siècle devait être desservie par les moines du moàtier de La Canourgue. sur le chemin de l'abbave de Sainte-Enimîe. L'église de La Canourgue.-.de style bomnosice provençal. dépendait de la grande abbaye bénédictine de Saint-Victor-deMarseille dès le X1 c siècle le sanctuaire antérieur, construit lors de la fondation du m'onasère dhomrucs de Saint-Mai-tin, s Vu être l'un des promers lieux saints du diocèse gabale, la première cathédrale, avant le transfert à Monde. La Canourgue montre encore au visiteur la façade - 51 de sa maison de « Cararn'antran », de Carême. entrant, au nom curieux. La chapelle de Saint-Frézal, près d'une source. renferme un sarcophage, qui aurait livré les restes de l'évêque de Mende, assassiné par son neveu au JXC siècle, en ce lieu, d'où son nord. L'église romane d'Inos, du XIVe siède, dédiée à Saint-Martin. «pendait aussi de Sainte-Enimiie. L'église de Saint-Georges-de-Lévéjac, de style rp -mianogvl,recèufdoû-' te ornée d'une croix de Malle. L'église de St-Préjet_du-Tarn, romiane du XII e siècle, doit attirer l'attention des archéologues une iresune représentant l'apothéose dc SaintPréjet. ,y fut découverte avant guerre. Les ruines de châteaux démantelés surgissent Charbonnières, Castelbouc. 1-lauterive, Planiol,. Montesquieu Dolan, Montferrand, SaintSaturnin., Peyrelade, Capluc, Sévérac. La tour à mchicouIis du Choizal se profile toujours sur l'horizon gris du causse de Sauvberre; au flanc d'un coteau Rocheblave se dresse, et, serti dans les dolomies, le manoir de La Gaze élève l'élégante silhouette de ses murs à tourelles du XVe siècle, où s'abrite l'effigie des jolies dem'oiselles de Maillan, les huit fées du Tarn. qui vtillent sur le domaine des roches et des eaux. S 4.,. 4.ø t- -t -
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