avril - Scènes Magazine
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scènes magazine antonio pappano au victoria hall ISSN 1016-9415 photo Riccardo Musacchio 251 / avril 2013 CHF. 10.-- 7 € s o m m a i r e 6 cinéma 6 8 9 10 11 12 13 14 15 16 21 22 cine die / raymond scholer entretien : eran riklis / firouz-elisabeth pillet sous la loupe : to the wonder / s. lachat, f.-e. pillet à découvrir : facettes chinoises / firouz-elisabeth pillet sous la loupe : argo / james berclaz-lewis les cinémas du grütli / christian bernard festival du film oriental de genève / david leroy visions du réel, nyon / christian bernard entretien : luciano barisone / catherine graf les films du mois / serge lachat, firouz-elisabeth pillet sous la loupe : la maison de la radio / christian bernard entretien : anaïs barbeau-lavalette / firouz-elisabeth pillet 24 opéra 24 26 28 30 32 34 34 35 35 36 37 38 entretien : renée auphan / eric pousaz entretien : marie-nicole lemieux / françois lesueur entretien : karine babajanyan / eric pousaz suisse alémanique : tutto verdi / eric pousaz berlin : les diktats de la mode / eric pousaz montpellier : die entführung aus dem serail / françois jestin marseille : elektra / françois jestin lyon : der kaiser von atlantis / françois jestin monte-carlo : la sonnambula / françois jestin amsterdam : guillaume tell / françois jestin mémento saint-maurice : la flûte enchantée / yves allaz 40 théâtre 40 41 42 43 44 45 46 kléber-méleau : le haut-de-forme / nancy bruchez entretien : véronique ros de la grange / julie bauer la comédie : les mains sales / rosine schautz le poche : josé lillo & gorgias / rosine schautz entretien : david bauhofer / laurence tièche chavier grütli : légendes de la forêt viennoise / christophe rime entretien : evelyne castellino / laurence tièche chavier 48 spectacles 48 49 50 51 spectacles onésiens / firouz-elisabeth pillet théâtres des marionnettes / firouz-elisabeth pillet château rouge : in love with federer & la barbe-bleue bonlieu : hans was heiri & cyrano de bergerac 53 danse 53 meyrin : foofwa d’imobilité / françoise-hélène brou 251 / avril 2013 54 musique 54 55 56 58 59 60 60 portrait : nelson goerner / pierre jaquet portrait : piotr anderszewski / beata zakes entretien : antonio pappano / eric pousaz cully jazz festival / frank dayen agenda genevois / martina diaz beethoven par le quatuor terpsycordes / martine duruz joachim raff par l’osr & neeme järvi / bernard halter 62 livres 62 mélanie chappuis : maculée conception / claudia cerretelli 64 expositions 64 66 68 68 69 69 70 70 71 71 72 entretien : roger pfund / françoise-hélène brou zurich : animali / emmanuèle rüegger mémento beaux-arts : france giverny : signac, les couleurs de l’eau mémento beaux-arts : ailleurs berlin : de beckmann à warhol mémento beaux-arts : suisse romande genève : ameyibo, afrique 1979-2012 mémento beaux-arts : suisse alémanique vevey : robert nanteuil beyeler : la collection renard / régine kopp 74 manifestation 74 76 marseille-provence 2013 / françois jestin journées européennes des métiers d’art / julie bauer 77 paris 77 78 80 83 84 85 85 86 87 88 88 89 89 maison de la photographie : joyel meyerowitz / chr. pictet maison rouge : sous influences / régine kopp opéra : ciboulette sans boulettes / pierre-rené serna théâtre antoine : une heure de tranquillité / philippe baltzer comédie française : phèdre / régine kopp chaillot : pléiades / stéphanie nègre châtelet : jiuta / stéphanie nègre chronique des concerts / david verdier sélection musicale / françois lesueur mémento théâtre théâtre nouveautés : cher trésor mémento expositions musée d’orsay : l’ange du bizarre 90 les mémentos ABONNEZ-VOUS! Découvrez chaque mois dans nos pages : L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs Cinéma Concerts Livres Opéra Critiques Danse Expositions Théâtre Entretien Avant-Premières Mémento Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. 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Il faut savoir que derrière cette restructuration se profile le spectre de la réévaluation et de la redistribution des espaces entre les diverses institutions qui y sont logées (Centre d’art contemporain, Fonds municipal d’art contemporain et Centre de la photographie et Mamco). Sachant que chacune pâtit du manque d’espace, la perspective de ces aménagements divise les esprits : certains y voient l’occasion de repenser en profondeur l’avenir de l’art contemporain à Genève, alors que d’autres affichent leur hostilité au changement. Sami Kanaan, conseiller administratif chargé de la culture et des sports « rêve d’un grand musée d’art contemporain » (Le Courrier, 7/01/13) qui pourrait être situé à la Praille, dans le quartier de l’Etoile aux Acacias, une zone urbaine en pleine expansion qui déjà attire de multiples activités artistiques et culturelles. Si ce rêve devenait réalité, Genève pourrait alors jouer à armes égales avec Bâle, Zürich, Winterthur ou Lausanne qui ont mis sur les rails des projets de construction ou d’extension de leurs infrastructures muséales, promettant des retombées non négligeables en termes de développement touristique et économique. De son côté le directeur du Mamco, Christian Bernard, milite pour l’accroissement de son institution et demande le départ du Fonds municipal d’art contemporain afin de récupérer les locaux. Ensuite, pas question de déplacement du Mamco vers la Praille (ou ailleurs) et encore moins d’intervention d’un architecte « star », car selon lui : « Tous les musées de grands architectes sont ineptes. Il est impossible d’y travailler et d’y exposer de l’art ! » rapporte Le Courrier. Les « grands architectes » Bernard Zumthor, David Chipperfield, Bernard Tschumi, Zaha Hadid, Rem Koohlaas, Renzo Piano, Herzog et de Meuron, Mario Botta seront certainement ravis de l’apprendre. Ces propos, exprimés par le directeur d’une institution vouée à l’art actuel, témoignent d’une certaine incapacité à projeter un modèle de développement ambitieux en matière d’art contemporain. Malgré la noblesse de l’édifice industriel de la Société des instruments de physique (SIP), le BAC qu’on le veuille ou pas souffre d’étroitesse et de vétusté, à quoi s’ajoutent de lourdes contraintes constructives inhérentes à ce périmètre à forte densité urbaine. Tôt ou tard la Ville et le Canton devront admettre que le Mamco, dans sa forme actuelle - juridique, institutionnelle et architecturale - ne pourra jamais se hisser au niveau d’un grand musée public attirant plus de cent mille visiteurs par année, ce qui est le cas du Musée d’art et d’histoire et du Musée d’histoire naturelle. Ils ne jouent pas dans la même catégorie et toutes les subventions versées au Mamco n’y feront rien. C’est pourquoi il faut imaginer, sans trop tarder, la réalisation d’un musée d’art moderne et contemporain public digne de ce nom ! L F.-H.B. / SCENES MAGAZINE scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é m a nature en imitant à pleins poumons les cris des bêtes sauvages. Promised Land de Gus van Sant rompt une lance contre l’exploitation du gaz naturel par fracturation hydraulique, créatrice de graves problèmes environnementaux (évoqués dans le documentaire Gasland (2010) de Josh Fox). Global, une multinationale gazière, envoie deux agents en Pennsylvanie avec mission de convaincre les fermiers appauvris de céder les droits sur leur sous-sol à la compagnie. Leurs efforts sont compromis le cinéma au jour le jour Cine Die 63e Berlinale : Compétition 6 Le président du jury, Wong Kar-Wai, inaugura le festival avec son dernier wuxiapian, The Grandmaster, consacré à Ip Man, le grand maître du Wing Chun célèbre pour avoir été le mentor de Bruce Lee. Wong fait évidemment fi des élémentaires conventions narratives, laissant des zones entières de la diégèse dans l’obscurité la plus complète (comment Ip perdil sa famille sous l’occupation ?), faisant surgir des personnages apparemment promis à une importance capitale (p.ex. celui qu’on appelle le « Rasoir ») avant de les reléguer aux oubliettes sans qu’ils aient croisé en quoi que ce soit la trajectoire du héros. Le réel est morcelé en instants infinitésimaux, gravés sur pellicule grâce à une surenchère de ralentis (voir le tranchant de la main qui traverse un rideau de pluie dont les gouttelettes semblent en suspension). La continuité est sacrifiée à la primauté de l’esthétique : les combats chorégraphiés par Yuen Woo-Ping deviennent illisibles et se résument à un montage d’instantanés privilégiés. Quand Zhang Ziyi verse des larmes, la seconde coule exactement dans la trace laissée par la première : la beauté est dans les détails. Comme c’est aussi, à l’instar de tous les films de Wong, l’histoire d’un grand amour malheureux, la nostalgie couvre tout d’une mélancolie ineffable. Bref, pour une biogra- «The Grandmaster» de Wong Kar-Wai phie plus limpide de Ip Man, je vous conseille plutôt les films de Wilson Yip avec Donnie Yen : Yip Man (2008) et Yip Man 2 (2010). Elles (2011) de Malgorzata Szumowska énervait par son attitude passéiste devant la prostitution et arrivait mal à cacher son catholicisme moralisateur malgré une très saine scène de masturbation de Juliette Binoche. Avec W Imie (Au Nom de), la cinéaste redore son blason en montrant qu’un prêtre peut parfaitement être pédéraste sans être pédophile. Le père Adam, qui officie comme moniteur dans un centre de redressement en Pologne, terre de catholicisme effréné, souffre évidemment beaucoup de son attirance pour les jeunes gens et essaie d’oublier sa détresse dans l’alcool (la scène où il danse avec le portrait de Benoît XVI vaut son pesant de rémissions) ou le jogging. Le chemin sera long et humiliant qui le mènera à l’acceptation de ses penchants naturels, brièvement annoncée dans une belle séquence où Adam et son jeune ami se relâchent en pleine a c t Matt Damon dans «Promised Land» de Gus van Sant par un environnementaliste qui amène des preuves photographiques accablantes (vaches mortes, nappes phréatiques empoisonnées), soi-disant de sa propre ferme d’élevage au Nebraska : après avoir cédé au chant des sirènes de Global, il est maintenant ruiné. Juste avant l’assemblée générale où les citoyens vont décider de leur avenir, Global démontre que les photos incriminantes sont des faux, jetant le discrédit sur « l’écologiste », qui n’est en fait qu’un autre agent de Global, envoyé à l’insu des deux premiers. Les capitalistes sont-ils tous pareillement machiavéliques ? Dans Paradies : Hoffnung, Ulrich Seidl braque sa caméra frontale et géométrique sur une colonie d’ados obèses en cure d’amaigrissement. Pendant que Melli est censée suivre un régime surveillé de nutrition et d’activités sportives, sa mère se paie des amants noirs tarifés au Kenya (voir Paradies : Liebe de 2010). Pour les deux femmes, la tentative d’ajuster le réel est illusoire : l’amant ne fera que semblant d’aimer, les kilos ne vont pas disparaître. Alors les moniteurs essaient d’insuffler un certain optimisme : les enfants chantent rythmiquement en se tapant sur la graisse « If you’re happy and you know it, slap your fat ». Melli veut croire qu’elle vaincra les obstacles : elle tombe amoureuse du médecin, de 40 ans son aîné. Elle aimerait enfin expérimenter le sexe. Chaque jour, elle va à la consultation et se fait ausculter. Le praticien est touché par son assiduité, mais sait aussi que cela doit rester un jeu. Quand il doit une fois rame- Melanie Lenz, Joseph Lorenz dans «Paradies Hoffnung» de Ulrich Seidl u a l i t é c i n é m a ner Melli inconsciente, qui cuve une cuite, il se laisse aller à humer ses odeurs corporelles. Rien de plus. Dolgaya Chastlivaya Jizn / Une Vie longue et heureuse de Boris Khlebnikov montre que la désunion russe a succédé à l’union soviétique. Sacha gère une ancienne ferme collective. Un promoteur veut transformer les lieux en villégiature de vacances, car les beautés naturelles de la presqu’île de Kola attirent du monde. Il a déjà mis l’administration locale dans sa poche et ceux-ci offrent à Sacha un beau parachute financier pour qu’il refasse sa vie en ville. Au kolkhoze, il est accueilli comme un traître par ses collaborateurs qui lui reprochent de les avoir vendus. Il renonce alors à l’argent offert et se lance dans une restructuration de la ferme. Mais comme le shérif dans High Noon, il sera progressivement abandonné par ceux qui l’avaient sollicité pour les guider. C’est seul et tragiquement qu’il affrontera les huissiers. Nina Hoss, l’héroïne de Gold, western allemand deThomas Arslan, sera pareillement seule à persévérer dans la ruée vers l’or du Klondike en 1898, alors qu’ils étaient sept Allemands (dont deux femmes) au départ de Ashcroft, terminus du train en Colombie-Britannique. La cupidité et la traîtrise, les accidents et la folie déciment leurs rangs. Le côté légèrement emprunté du jeu des acteurs reflète bien l’amateurisme d’aventuriers peu expérimentés que furent sans doute la plupart des pauvres hères désespérés qui tentèrent leur chance. «Gold» de Thomas Arslan Dans Gloria du Chilien Sebastian Lelio, la pétulante divorcée d’âge mûr, éponyme du film, fréquente assidûment les thés dansants pour célibataires et séduit Rodolfo, propriétaire sexagénaire de parcs d’attraction, dont les yeux tristes et l’humeur résignée auraient dû lui mettre la puce à l’oreille. Derrière le grand tendre se cache un esclave, un père qui se laisse exploiter sans vergogne par ses filles adultes et son ex. Il louvoie et fait des promesses à Gloria, mais finit par baster devant ses femelles. Alors Gloria va le virer énergiquement comme le chat nu du voisin qui squatte périodiquement son appartement. Paulina Garcia s’est approprié le rôle avec maestria, n’a pas lésiné sur les moyens dans les scènes intimes et a été remerciée par l’Ours d’Argent de la meilleure actrice. L’Ours d’Or échut à Pozitia Copilului / Child’s Pose du Roumain Calin Peter Netzer. Un fils de bonne famille écrase un gamin en voiture. Sa mère, qui se plaint d’être délaissée par lui, saute sur l’occasion pour le faire revenir dans le giron. Comme une furie, elle déboule chez les flics, fait jouer ses relations et sa fortune, exige des modifications dans les dépositions de police et essaie de suborner les témoins pour que son cher petit échappe à un procès. L’intention du réalisateur était bien sûr de fournir une mise à nu de la corruption qui gangrène la société à tous les échelons, mais la façon de filmer (incessants va-et-vient d’une caméra scope) et de raconter (les séquences sont étalées dans le temps réel de leur déroulement) finissent par provoquer une certaine lassitude. Les films roumains se ressemblent par des tics reconnaissables et si le jury s’est laissé convaincre, c’est qu’ils n’ont a c t u a l Luminita Gheorghiu dans «Child's Pose» de Calin Peter Netzer sans doute pas vu tous les Mungiu, Porumboiu et autre Puiu. Before Midnight de Richard Linklater retrouve le couple Ethan Hawke/Julie Delpy, 9 ans après Before Sunset (2004), 18 ans après Before Sunrise (1995). On découvre que le couple qui s’était rencontré pour la première fois dans le train vers Vienne, était resté ensemble après s’être revu en 2004 à Paris. Ils passent maintenant leurs vacances sur une île grecque avec leurs deux petites filles. Le monde des sentiments est toujours leur sujet de discussion de prédilection. Cela démarre par un plan fixe frontal des deux dans la voiture qui n’arrêtent pas de disserter et qui dure nettement plus que les huit minutes qui représentaient le maximum d’une bobine de pellicule, preuve que le film a été tourné en numérique. Et c’est toujours aussi passionnant. On sent qu’il y a de l’eau dans le gaz, on sait aussi que les deux ne peuvent pas se passer l’un de l’autre. Epizoda U Zivotu Beraca Zeljeca / Un épisode dans la Vie d’un Ramasseur de Ferraille de Danis Tanovic montre un fait divers survenu dans une famille roma de Bosnie-Herzégovine, qui joue ici son propre rôle. La famille vit du démantèlement de vieilles voitures, dont les morceaux sont vendus à un ferrailleur. Lorsqu’on découvre à l’hôpital que la femme porte un embryon mort, qui risque de provoquer une septicémie, le médecin refuse d’intervenir, parce que la famille n’a pas d’assurance médicale. Ou alors il faudra allonger neuf cents euros, une somme impossible à réunir pour ces pauvres d’entre les pauvres. Seule une escroquerie à la carte d’assurance permet in extremis à la famille de voir le bout du tunnel. Uroki Garmonii / Harmony Lessons, le premier film du Kazakh Emir Baigazine suit la trajectoire d’Aslan, un Törless de campagne qui est ostracisé dans son école et soumis à des humiliations en série. Les racketteurs tiennent le haut du pavé et se livrent à de pervers jeux de pouvoir sur les plus faibles. Les enseignants ânonnent leurs cours sans se préoccuper des élèves et la police est partie intégrante du cycle de violence. Aslan se rebiffe contre cet ordre des choses, même s’il en fait partie, puisqu’il n’hésite pas à torturer des insectes ou des lézards. Le calme qui règne sur toutes ces brutalités fait froid dans le dos. Le seul film de la compétition qui n’aurait jamais dû y être admis est Nobody’s Daughter Haewon du Coréen Hong Sangsoo, un tâcheron qui s’est taillé, pour des raisons obscures, qui tiennent sans doute à un intellectualisme décalé chez une certaine critique, une réputation d’auteur culte. Des échanges indigents, des revirements incompréhensibles, la façon de résoudre des problèmes apparemment existentiels par des cuites carabinées, tout concourt à provoquer chez moi un profond ennui. Mais pourquoi ma voisine a-t-elle trouvé ça drôle ? Au mois prochain Raymond Scholer i t é 7 c i n é m a des tensions entre les Palestiniens et Israéliens, on peut partir dans de nombreuses directions, et raconter une histoire très riche. Je pense aussi que la guerre du Liban fait partie des guerres qui ont été décisives dans l’histoire d’Israël. Le Liban a été un peu notre Viêt-Nam ; ce fut un épisode désastreux, qui a vu Sabra et Chatila – auquel je fais référence dans Zaytoun - Je crois que c’est un sujet magnétique pour nombre de personnes. entretien Eran Riklis Dans Zaytoun, Eran Riklis relate la rencontre entre un pilote de l’armée israélienne et un petit garçon palestinien. Ensemble ils montreront que la situation au Moyen-Orient n’a rien d’inéluctable. De passage à Genève, le réalisateur israélien a parlé de ses sources d’inspiration, des sujets qu’il affectionne, ainsi que du conflit au Proche-Orient, qu’il aborde une nouvelle fois, après Les Citronniers. Zaytoun, votre dernier film, se déroule dans les années 80, pourquoi l’avoir situé à cette époque ? 8 J’y vois deux raisons : premièrement, je souhaitais raconter l’histoire d’une rencontre entre un pilote de l’armée israélienne et un garçon palestinien, et ça ne pouvait se faire qu’en 1982; en effet, à cette date, les Palestiniens ont été contraints de quitter le Liban, car les Israéliens pénétrèrent dans le pays jusqu’à Beyrouth; a plupart sont partis pour la Tunisie. A une autre époque je n’aurais pas pu raconter la même histoire. Deuxièmement, c’était une période très dramatique pour les deux camps, Israël et la Palestine. Dès 1980, le Liban attaquait quotidiennement Israël, simultanément à une guerre civile de sept ans entre les Palestiniens et les Chrétiens, donc cette période était très intéressante. On pourrait avoir la même histoire aujourd’hui, car rien n’a vraiment changé, mais je pense que c’est toujours intéressant de remonter dans le passé, parce qu’on a une certaine perspective, on sait plus de choses que sur les événements qui se passent sous nos yeux. C’est la seconde fois que vous traitez le sujet de la guerre du Liban. Pourquoi ? Je pense que cette guerre a été cruciale dans l’histoire des Israéliens et des Palestiniens parce qu’elle a en quelque sorte redéfini la relation des deux peuples. Israël a fait preuve de beaucoup d’agressivité, et est allée jusqu’à Beyrouth. D’un autre côté, le pays connaissait le moment où il entrait au Liban, mais pas le moment où il allait en ressortir – et il n’en est ressorti qu’en 2001. Ce fut un long séjour, et tragique en plus. Mais si on considère ces événements du point de vue d’un réalisateur, il y a là tous les éléments nécessaires à une narration : le Liban est une terre chaotique, étrange, c’est un pays très complexe, on ne comprend pas tout ce qui s’y passe. Et à partir Dans Zaytoun, vous soulignez l’essence même de ce conflit, l’attachement fondamental à la terre. On sait d’ailleurs que les champs d’oliviers – zaytoun en arabe – sont les traces des anciens villages palestiniens. L’olivier devient symbole du droit au retour. C’est la partie la plus sensible du film, l’essence même de l’existence de l’Etat d’Israël est liée à ce droit au retour des Juifs. Après la Shoah, il y a eu ce sentiment de nécessité d’un Etat, d’un pays, d’une terre historique… Et pourtant, si vous parlez aux Arabes, ils diront : c’est notre terre. L’olivier signifie aussi le droit de retour pour les Palestiniens expropriés à la création de l’Etat d’Israël en 1948. L’essence de cette histoire, c’est le droit au retour, pour les Palestiniens. C’est un sujet délicat en Israël, car ce n’est un secret pour personne qu’en 1948, après la guerre d’Indépendance, de nombreux Palestiniens ont fui, ou bien ont été contraints de quitter le pays alors qu’Israël leur laissait croire que ce n’était que temporaire. Et tout ce débat autour de la terre – et du droit à rentrer chez soi – est au cœur du film. Pourtant, je pense que le film est très réaliste, car les choses ne se passent pas comme ça dans la vraie vie : on peut avoir une vision romantique du retour à la terre de ses ancêtres, mais dans la réalité, cette terre n’existe plus vraiment, c’est un village détruit, où subsistent quelques maisons aux murs lézardés mais où personne n’habite. Je trouvais intéressant que le pilote israélien comprenne qu’il doit accomplir émotionnellement le souhait du garçon. Il accomplit ce souhait, et pourtant tous deux sont très lucides sur le monde qui les entoure. Zaytoun parle des gens qui vivent dans une zone chargée politiquement, comme le Moyen-Orient et qui souffrent des décisions politiques, des préjugés historiques ou de la haine, et essaient de changer cette situation. Les frontières sont-elles source d’inspiration pour vous ? Oui, peut-être parce que c’est un endroit propice au drame, et parce qu’il s’agit aussi des frontières psychologiques et émotionnelles que mes personnages doivent traverser. Dans tous les cas, ce droit au retour constitue l’arrière-plan du film. Ce qui m’intéresse ici, c’est la manière dont les gens qui souffrent d’une situation peuvent tenter de la changer. Zaytoun augure d’un changement possible : ce personnage qui est traumatisé par la mort de son père, et en vient à apprécier la compagnie de son ennemi et leur échange d’idées. Même chose pour le pilote : c’est un homme qui voit le monde à des kilomètres au-dessus du sol, et qui soudain se rend compte de la réalité et essaie de la comprendre en se libérant de ses préjugés. Vous avez travaillé avec des acteurs venant de tous horizons, certains originaires de cette région. Quels rapports ont-ils avec ce récit ? Je pense que les acteurs reconnaissent en moi cette honnêteté et cette simplicité à rendre la réalité de cette région, avec ses multiples facettes. Leur appréciation du récit et de ses résonnances dépend aussi de leur identité, de leur relation avec le passé, l’histoire du monde… J’ai rencontré quelqu’un qui avait été traumatisé par la fin du film, car pour lui le garçon repartait vers sa mort, celle de Sabra et Chatila. C’est bien sûr une chose à laquelle j’ai moi-même pensé, mais c’est la réalité ; ce garçon doit repartir parce que l’Etat d’Israël ne peut pas le garder. Chacun a perçu le récit selon son histoire personnelle. Mais l’essentiel de notre travail est basé sur le respect mutuel et la confiance. Les deux protagonistes de «Zaytoun» © Pathé films a Propos recueillis par Firouz-E. Pillet c t u a l i t é c i n é m a sous la loupe To the Wonder Paradise Lost ! Comment s'étonner, après avoir vu le dernier film de Terrence Malick, qu'il sorte si rapidement après Tree of Life ? Il reprend en effet le thème du Paradis perdu et en radicalise la formulation: plus d'histoire racontée de manière classique, plus de dramaturgie, plus de psychologie, une bande-son comme “décollée“ de l'image… Ci-après, deux analyses différentes sur le sujet. Pour Au risque de perdre ses spectateurs, au risque des sifflets et des quolibets (comme à Venise), Malick nous propose un grand poème miltonien sur la condition humaine. Et donne à voir deux récits de chute : l'histoire d'amour qui commence comme une entrée au Paradis, avec la folie douce et la mièvrerie qui peuvent irriter ceux qui les voient de l'extérieur; les amoureux ne marchent pas, ils dansent en permanence, au risque du ridicule, la danse du désir; ils traversent le monde sans y lire le récit, dans les cathédrales, sur les tapisseries médiévales, dans les œuvres d'art, de leur inscription dans le Temps et de leur future exclusion du Paradis. Illusion donc que le choix de vivre en Terre promise américaine: la banlieue aisée avec sa géométrie et ses pelouses bien tondues devient vite prison dorée, les magasins avec leurs offres inépuisables très vite ne donnent plus l'essentiel. Et le couple, à s'inscrire dans la réalité quotidienne, perd sa magie initiale, au risque de la frustration et de la violence. Et rien ne sert pour Marina de repartir en France, ni de revenir et de chercher à marquer l'engagement et le désir de durée dans un mariage civil et religieux. La Chute est inéluctable. Comme le montre l'autre histoire, celle d'un prêtre qui accomplit sa mission, fait le bien et apporte la consolation, mais a perdu la foi. Histoire qui nous offre à nous, spectateurs, l'au-tre face de la Terre promise américaine, celle des banlieues sinistrées par la crise économique, celle des fous, des malades, des trisomiques et des prisonniers, loin du Paradis… Qui décidément n'est pas de ce monde. Et aux images d'une nature glorieuse comme à l'origine du monde (ah! ce rapport aux bêtes, aux chevaux, aux bisons, aux poules… Ah! ces grands espaces américains, à la fois vierges et pourtant cultivés) succèdent les images d'une nature menaçante, polluée par l’industrie: l'eau purificatrice devient eau qui empoisonne. a c t u «To the Wonder» © Ascot Elite films Et le film se referme sur les images du Mont Saint-Michel et du sol instable qui l'entoure, rappelant aux hommes le peu de solidité du monde et leur origine: la glèbe. Fin de la danse, les humains sont comme englués dans leur matérialité. On aurait tort de voir dans ces traces de religiosité un prêchi-prêcha d'évangéliste américain: To the Wonder est une réflexion sur le destin de l'Homme, mais un destin sans rédemption. Malick, une fois encore, nous dit et nous montre l'incroyable beauté du monde et son inévitable laideur, nos aspirations à l'idéal et notre condamnation à vivre dans le temps et dans la mort. Un poème philosophique magnifiquement inscrit dans la sensualité des images et de la musique qui les accompagne en permanence tout au long du film. Dur désir de durer. Serge Lachat Contre Même s’ils se sont connus sur le tard, la passion qu’ont vécue Neil et Marina à la Merveille Le Mont-Saint-Michel - efface les années perdues. Neil est certain d’avoir trouvé la femme de sa vie. Belle, pleine d’humour, originaire d’Ukraine, Marina est séparée et mère d’une fillette de dix ans, Tatiana. Désormais, le couple est installé dans l’Oklahoma. Leur relation s’est fragilisée : Marina se sent piégée. Dans cette petite communauté américaine, elle cherche conseil auprès d’un autre expatrié, un prêtre a l i t catholique nommé Quintana. L’homme a ses propres problèmes : il doute de sa vocation et espère un signe de Dieu. Marina décide de retourner en France avec sa fille. Neil se console avec Jane, une ancienne amie à laquelle il s’attache de plus en plus. Lorsqu’il apprend que rien ne va plus pour Marina, il se retrouve écartelé entre les deux femmes de sa vie. Le père Quintana continue à lutter pour retrouver la foi. Face à deux formes d’amour bien différentes, les deux hommes sont confrontés aux mêmes doutes existentiels. Comme il est coutume avec les films de Terrence Malick, et comme ce fut le cas en 2011 sur la Croisette avec The Tree of life, To The Wonder, son nouvel opus a semé la zizanie sur la Lagune lors de la dernière Mostra de Venise, entourant d’un voile mystérieux, voire mystique la projection du film en l’absence du cinéaste. Comme à l’accoutumée, le film s’apparente à une dissertation métaphysique dont la complexité narrative peine à captiver le public A l'instar de The Tree of Life, To The Wonder parle également de foi, de doute, du combat difficile entre l'esprit et la chair ; le film met en lumière la lutte constante pour faire en sorte que l'amour et la foi continuent à rester vivants dans les relations entre hommes et femmes, une lutte qui se reflète aussi dans le combat du prêtre, le Père Quintana (Javier Bardem) pour garder la foi. Le film reste ouvert à l'interprétation de chacun, mais, de toute évidence pour le réalisateur, il porte vraiment sur les différentes sortes d'amour et de foi, qui parfois en viennent à se confondre. Ben Affleck, très séduisant, semble être cantonné au rôle de non-personnage, doté de quelques répliques parcimonieuses, et réduit au statut de faire-valoir des femmes. Ces femmes, ce sont Rachel McAdams, qui a un petit rôle peu anecdotique, mais surtout Olga Kurylenko qui tient le rôle principal et effectue des sauts et des chorégraphies vaporeuses et exaltées pendant près de deux heures. Il ne reste alors aux spectateurs qu’à l’observer sautiller, flotter, tournoyer et faire des roulades. Cette absence de parole ne semble pas perturber Terrence Malick qui demeure persuadé du poids sémantique du silence. Ce film conserve une indéniable qualité visuelle et esthétique, en particulier dans les scènes d’amour extrêmement sensuelles, voluptueuses et délicates. L’avalanche de critiques négatives à l’encontre de la vacuité narrative et de l’absence de construction des personnages pose une question légitime : Malick est-il un génie inaccessible ou un imposteur complaisant ? Firouz-E. Pillet é 9 c i n é m a à découvrir Facettes chinoises La Chine sera à l’honneur sur les écrans romands à travers deux documentaires qui révèlent des facettes méconnues, voire insoupçonnées, de l’Empire du Milieu. territoire. Ai Weiwei : Never sorry est le portrait d’un artiste engagé qui affronte sans relâche l’Etat chinois et n’a de cesse de rappeler de manière essentielle notre besoin de liberté individuelle, politique et artistique. Ce documentaire brosse le premier portrait en profondeur du plus provocateur des artistes chinois. C’est Alison Klayman, une jeune cinéaste américaine, qui a réalisé le passionnant portrait de cet artiste chinois, figure majeure de la scène internationale, qui a mis un bémol à son activisme politique après avoir été A HOME FAR AWAY de Peter Entell. Suisse, 2012. 10 Le premier, A home far away, retrace le parcours de vie de Lois, une actrice américaine, et son mari, Edgar Snow, le premier journaliste à avoir raconté et filmé la Révolution chinoise, suspectés d’être des sympathisants communistes, et qui sont contraints à l’exil. Ils s’arrêtent en Suisse, près de Nyon, à mi-chemin entre les Etats-Unis et la Chine. Longtemps après, quand Edgar n’est plus là, Lois raconte. Le film de Peter Entell dévoile un pan méconnu de la vie de ce couple, une histoire d’utopie et de désillusion prend forme devant la caméra à travers les souvenirs et les anecdotes que nous confie cette nonagénaire malicieuse et primesautière. Ce documentaire sera présenté lors de la prochaine édition du Festival Visions du Réel, du 19 au 26 avril 2013 à Nyon. «A Home Far Away» de Peter Entell © JMH Distribution AI WEIWEI de Alison Klayman, avec Ai Weiwei, Chen Danqing, Changwei Gu. EtatsUnis, 2012. Le second, Ai Weiwei : Never sorry, suit les coups d’éclat et les coups de gueule de l’artiste dissident de l’ère numérique, ce trublion qui fascine l’opinion publique internationale et brouille les frontières entre art, militantisme et politique. Arrêté par les autorités chinoises le 3 avril 2011, libéré sous caution le 22 juin, Ai Weiwei est, à ce jour, interdit de sortie du a c t «Ai Wei Wei : Never Sorry» de Alison Klayman © Looknow films arrêté en avril 2011 et détenu 81 jours au secret. Aujourd’hui, Ai Weiwei s’est vu confisquer son passeport. Il a aussi été condamné à une amende vertigineuse pour une prétendue affaire de fraude fiscale. Alors que depuis un an, il est devenu le symbole mondial de l’artiste bâillonné, Ai Weiwei est depuis longtemps un homme sous surveillance - un homme qui dérange et agace au plus haut point les autorités de Pékin car il ose pointer du doigt - son fameux doigt d’honneur qu’il brandit devant la tristement célèbre place Tiananmen, la Maison blanche à Washington, et même devant le Palais fédéral – les dossiers jetés aux oubliettes, les sujets épineux, les scandales enfouis sous couvert de menaces et de répression. Vie et trajectoire personnelle, convictions et valeurs, élaboration des œuvres… Dans son atelier géant, toutes les facettes d’Ai Weiwei sont abordées dans le film. Des vases néolithiques soigneusement ornées du logo Coca Cola, au doigt d’honneur brandi en direction des autorités chinoises… l’artiste y présente sa vision de la liberté d’expression et mise constamment sur la provocation. Ce documentaire n’occulte aucune facette du personnage : on y découvre ainsi un homme pétri de paradoxes – face à son fils illégitime qu’il impose à sa femme sans ménagement, sa démesure dans ses provocations iconoclastes, par exemple le nombre de vases anciens sacrifiés pour servir son propos -, un homme profondément ancré dans la culture de son pays mais champion des outils de communication moderne, hier son blog (fermé récemment par les autorités chinoises), aujourd’hui twitter. Le film offre certainement l’éclairage le plus exhaustif jamais porté sur l’artiste chinois et a également été présélectionné dans la course à l’Oscar du meilleur documentaire. Firouz Pillet u a l i t é c i n é m a sous la loupe Argo Après avoir accumulé des dizaines de prix, Ben Affleck a définitivement clos la copieuse saison des récompenses cinématographiques de 2012 lors de la 85ème cérémonie des Oscars, au terme de laquelle il s'est retrouvé le fier propriétaire d'un consécration du Meilleur Film 2012. En plus d’avoir déclenché les acclamations des critiques, Argo s'avère un grand succès auprès des audiences. Il est pourtant hâtif de ne pas prendre en compte les polémiques importantes que le triomphe d' Argo abrite. Par conséquent, les points qui seront soulevés ici tenteront de mettre en exergue, d’une part la place que tient Argo dans le contexte d’une tendance idéologique d’Hollywood en 2012, de l’autre sa désagréable représentation de l'identité ethnique iranienne. L’objectif est donc de fournir un cadre théorique pour évaluer différemment un film quasi-universellement adulé par la critique, et ainsi d’illustrer la rhétorique douteuse derrière une éventuelle victoire aux Oscars. Concentrons-nous tout d’abord sur cette tendance à laquelle il est fait allusion plus haut. Cette dernière concerne la poignée de succès d’outreAtlantique qui retracent (ou ré-écrivent) le passé américain, par lesquels Django Unchained, Lincoln et Argo. Les films à caractère historique ne peuvent certainement pas être considérés comme une nouveauté, mais rarement une salve annuelle de projets a-t-elle partagé une telle unité idéologique. En effet 2012 a confronté les audiences à la violente vendetta rétrospective de Tarantino à l’encontre des infâmes esclavagistes blancs, l’informative dramatisation des derniers mois au pouvoir d’Abraham Lincoln dans Lincoln de Spielberg, et enfin à la reconstitution haut suspense de “l’exfiltration” des ambassadeurs américains échappés pendant la révolution iranienne d’Argo. Prises individuellement, il serait difficile de démontrer dans les trois narrations en question la présence d'un élan idéologique particulier, mais considérées ensemble, elles suggèrent un désir de RE-présenter l’Amérique, sa culture et son histoire sous un angle favorable. Cette tendance est pertinente en dehors du domaine purement culturel, puisqu’elle traduit un sentiment rédempteur exprimé par une plateforme culturelle tout à fait contraire aux déceptions exprimées à l’égard des politiques exécutées par Barack Obama. Il ne suffit alors que de quelques pas pour que Django Unchained, Lincoln et Argo deviennent a c t u a l les véhicules involontaires d’un renouveau patriotique que le gouvernement américain n’est pas parvenu à injecter après les débâcles de l’ère Bush. C’est donc au travers de cette lentille politique et culturelle qu’Argo suscite le plus gros problème. En effet, si sa focalisation sur le trépidant processus d’un sauvetage presque improvisé en territoire ennemi représente une des rares opportunités d'être témoin d'actes de bravoure historique du gouvernement américain, elle suggère aussi par sa mise en scène une proposition bien moins louable : la population iranienne comme unanimement barbare. En effet, à l'exception d'un personnage à la pertinence narrative moindre, chaque scène contenant des membres du peuple iranien les dépeint comme violents, irrationnels et éminemment méfiants à l’égard des Occidentaux. À chaque occasion, la fragile irritabilité du peuple iranien mène à la confrontation, parfois verbale, le plus souvent physique. Toutefois, il est nécessaire de considérer l'argument en faveur de cette représentation étroite de l'Iran. En effet, la tradition hollywoodienne classique “exige” l'usage du concept généralisant de “l'Autre”, une présence antagoniste indivisible qui amplifie l'apparent héroïsme du protagoniste face à l'étouffante adversité qu'elle lui impose. Les nombreux conflits géopolitiques entre l'Orient et l'Occident, la confrontation perpétuée entre leurs différentes philosophies religieuses et culturelles, ainsi que les problématiques ethniques en font par conséquent un candidat parfait pour ce type de simplification narrative. Dès lors, le spectateur aguerri se voit confronté au dilemme suivant: si l'on considère un Oscar comme une forme de garantie de la pertinence «Argo» de et avec Ben Afflick © 2013 Warner Bros. Ent. culturelle et intellectuelle d'un film, pouvons-nous accepter l'excuse de la tradition hollywoodienne pour justifier la représentation éthiquement inacceptable d'un peuple entier, surtout si celle-ci participe indirectement à la renaissante glorification d'un passé américain ? James Berclaz-Lewis i t é 11 c i n é m a les cinémas du grütli Les Taviani, Renoir & more Entre festivals, hommages et rencontres, le mois d’avril sera riche en découvertes. Prenons-les dans l’ordre. 12 Dès le 3 avril, reprise d’un des meilleurs films programmés au récent FIFDH, Le Repenti du cinéaste algérien Merzak Allouache. Dans le précédent numéro de SM, nous avons déjà eu l’occasion de dire tout le bien que nous pensions de cette fiction qui nous guide dans la découverte de l’Algérie d’après la guerre civile et de son passé qui ne passe pas. Au milieu du mois, deux festivals se partagent l’affiche: le Festival international du film juif de Genève (12 au 14 avril) ainsi que le Festival International du Film Oriental de Genève FIFOG (12 au 21 avril) (voir article p.13). Les 15 et 16 avril, en collaboration avec la Cinémathèque suisse et Visions du Réel, un hommage à la cinéaste lettone Laila Pakalnina, invitée pour un Atelier à Visions du Réel, permettra de découvrir en primeur quatre de ses films de fiction (elle est aussi auteure de films documentaires). Selon Luciano Barisone : « Les films de Laila Pakalnina sont à la fois complexes et accessibles, légers et profonds, alliant l’ironie à la beauté. (…) Pour elle, si quelque chose est explicable verbalement, le potentiel cinématographique du sujet s’estomp e». Le peu de dialogues et la priorité à l’image plutôt qu’au scénario ouvrent au spectateur un espace d’interprétation « extrêmement jubilatoire ». Les films projetés le 16 avril le seront en sa présence. «César doit mourir» © Umberto Montiroli film s’ouvre et se ferme sur la même scène de la pièce (filmée en couleurs) représentée dans la prison devant le public des amis et des familles des prisonniers. Entre deux, en noir et blanc, tout le travail d’élaboration, soit un documentaire sur la tragédie de l’enfermement et une interrogation sur le sens de cette forme d’évasion qu’est la tragédie jouée. La première évidence, c’est la réussite d’une sorte d’osmose entre les thèmes de la pièce (crime, conjuration, amitié trahie, honneur bafoué) et ses acteurs qui, membres de la mafia ou de la camorra, ont tous connus ces choses avant leur incarcération. La deuxième évidence, c’est que pour réussir cette osmose il fallait redonner les mots de Shakespeare aux prisonniers. Paolo Taviani de préciser : « Nous les avons donnés aux détenus, ces mots, pour qu’ils les reprennent et se les approprient, pour qu’ils les changent, qu’ils les mettent dans leur dialecte, mais aussi qu’ils les adaptent. » A voir l’engagement parfois bouleversant de ces acteurs très particuliers, on est troublé. Par leur humanité alors qu’ils ont tué, d’abord. Par cette confrontation, ensuite, entre la violence qu’ils portent, violence inarticulée du prisonnier, et celle, verbalisée, du théâtre. Avec une difficulté à donner une réponse claire à la question de l’effet de cette confrontation: Comprendront-ils mieux leur propre chaos intérieur ? Que feront-ils de cette expérience d’évasion par l’art ? Le film ne tranche pas. Si un texte conclusif indique que certains des détenus se sont découverts une vocation et sont devenus acteurs professionnels, un autre prisonnier a cette phrase terrible : « Depuis que j’ai connu l’art cette cellule est devenue une prison ». Renoir et Pascal Mérigeau En automne dernier, Pascal Mérigeau, critique de cinéma au Nouvel Observateur a publié une biographie monumentale (1000 pages) de Jean Renoir. L’occasion de certaines mises au point et révélations sur le contexte de production des films ou encore les errements politiques et idéologiques de Jean Renoir entre 1936 et 1941. Si la légende s’en trouve entamée, le génie du grand cinéaste, lui, reste intact. Pascal Mérigeau sera présent le temps d’un week-end avec quatre films majeurs de Renoir la plupart restaurés. Laila Pakalnina César doit mourir A partir du 17 avril place à la récente réalisation des frères Taviani, Ours d'or au Festival de Berlin 2012. Si l’on avait pu croire un instant leur œuvre achevée (Vittorio a 83 ans et Paolo 81 ans) on se trompait bien. Il y a d’abord ce projet de monter une adaptation du Jules César de Shakespeare. Mais pas n’importe où ni avec n’importe qui: dans une prison de haute sécurité italienne avec des condamnés à de lourdes peines. Le a c t Samedi 27 avril 16:00 La Grande illusion (1937) ; 18:00 Jean Renoir par Pascal Mérigeau ; 19:00 Le Crime de Monsieur Lange (1936) ; 21.00 Le Carrosse d’or (1953) Dimanche 28 avril 15:00 Le Fleuve (1950) ; 16:45 Discussion avec Pascal Mérigeau ; 18:00 Le Carrosse d’or (1953) Christian Bernard u a l i t é c i n é m a précipitation chimique dans une résolution aussi implacable. On pense à Krzysztof Kie lowski, mais sans condamnation ni religion, à Michael Haneke, mais sans sadisme ni fustigation, aux démonstrations universalistes de Terence Malik, mais sans mysticisme opaque ni prétention. C’est simple, mais il fallait y penser et seul le cinéma de fiction est capable de cette prouesse. Le FIFOG, Festival International du Film Oriental, se Moins convaincant, le luxueux Tannoura Maxi de Joe Bou Eid racondéroule à Genève, Versoix, Lausanne et en France-Voisine te l’exil d’une famille qui fuit l’invasion israélienne de Beyrouth en 1982. du 12 au 21 avril. Ce festival vise, selon ses propres termes, Ce film a attiré la censure des autorités chrétiennes pour une scène d’amour à rapprocher l’Orient et l’Occident et donne l’occasion de dans une église ce qui attise forcément l’intérêt en ces temps d’habemus voir une sélection intéressante de films représentatifs des papam surmédiatisé. tendances contemporaines du cinéma oriental, souvent L’auteur a déclaré ne pas s’adresser uniquement aux Libanais ou aux boudés par les canaux de distribution traditionnels. Arabes, mais aux Européens et aux Américains. De fait, le début du film, par sa facture, impressionne et flatte l’œil occidental. Mais à peine l’exil achevé, le film tisse le fil bien mince de Le festival reprend ses sélecson histoire d’amour entre un relitions thématiques habituelles qui gieux et une femme sublime. La aident le spectateur à guider ses maîtrise au service de pas grandchoix : « Regards croisés Orientchose devient recherche d’effets de Occident », « Voix et visions de spectacle et le film se révèle femmes » et « Migrations et comme trop conscient de sa volonté Intégrations », même si l’intérêt de de séduire. Les femmes sont sublitels cloisonnements est relatif, mes, les hommes des mannequins, compte tenu de leur perméabilité. c’est une publicité exotique et non «Tannoura Maxi» de Joe Bou Eid La section principale « L’Orient un film. Du coup, la phrase inaugudans tous ses états » est plus conforme au propos du cinéma qui est un art rale déclarant que « l’émotion est créée uniquement par la sincérité » s’avèdu changement de cadre et de point de vue et non un outil rhétorique sur le re être une vaine promesse et la confession de l’écart entre les déclarations traitement d’une thématique. et le résultat. Pour cette huitième édition, le Effets pour effets, on en vienLiban est à l’honneur avec une drait à préférer le film d’ouverture sélection de films, documentaires et d’Alexandre Arcady Ce que le jour courts métrages qui reflètent les doit à la nuit dont l’esthétique états du pays qui ne se réduit pas à apprêtée peut s’expliquer par la la violence et la guerre bien que celnostalgie de l’auteur qui transforme les-ci marquent toutes les histoires le passé en carte postale. Si ce film en plein ou en creux. traduit une certaine incapacité de l’Occident à adapter son regard à la De ce point de vue, on ne peut contemporanéité de l’Orient, que recommander Ossit Arcady a, au moins, le sens du plan «To Baalbek» de Samir Syrian Sawani - Le Temps d’une seconet du romanesque. Même si la naïde de Lara Saba, film choral représentatif de cette approche. Sur un scéna- veté des dialogues et le traitement de la voix-off peinent à rendre la romanrio extrêmement habile de Nibal Arakji, la réalisatrice va à rebours des ce convaincante, le film a le mérite de montrer le racisme ordinaire en représentations usuelles de son pays. Ni guerre, ni religion ne sont ici en action. On peut se plonger dans les sélections et se laisser aller au plaisir de propos, mais des problèmes de différences de classe, de drogue, d’exploita- la découverte, au gré de sa sensibilité, tel cet alléchant Chaque jour est une tion, en un mot des questions qui n’ont aucune spécificité orientale, mais se fête de Dima El-Horr, histoire de trois femmes qui ne se connaissent pas et posent en universaux de la condition humaine. Certes, le début du film n’est prennent le même bus pour aller à la prison des hommes, dans l’arrière-pays pas exempt de maladresses et de tics qui font craindre le pire : petite libanais. musique au piano agaçante, gros plans sur des visages en pleurs, utilisation Autre intérêt majeur de ce festival : le fait d’accorder une place de trop systématique du jump cut. Mais les dix premières minutes passées, la choix aux courts métrages. Souvent mal-aimés dans les sélections, les courts réalisatrice calme le jeu, ose capter la respiration de la ville, non comme un métrages offrent généralement un témoignage plus immédiat de la vitalité et insert entre deux séquences, mais bien comme un discours organique et de la jeunesse d’une cinématographie et de sa capacité à refléter l’état des déroule les éléments de sa tragédie. choses. On jugera sur pièces avec intérêt grâce à ce festival généreux en Petit à petit, ces trois histoires parallèles et apparemment imperméa- propositions et regards croisés. David Leroy bles, comme le sont les classes sociales en présence, se répondent et finiswww.fifog.com sent par donner une leçon morale (et non une leçon de morale) puissante sur le lien qui unit tous les êtres. Il est rare de voir un film réussir à ce point sa Au Cinémas du Grütli du 12 au 21 avril 2013. festival du film oriental de genève Orient sur pellicule a c t u a l i t é 13 c i n é m a visions du réel à nyon Eyal Sivan et Laila Pakalnina Parmi les nombreuses bonnes idées de Luciano Barisone, directeur de Visions du Réel dont l’édition 2013 se tiendra du 19 au 26 avril, il faut compter le maintien de la tradition des Ateliers, ces grands moments du Festival. 14 Johan van der Keuken, Robert Kramer, Alexandre Sokourov, Robert Frank, Raymond Depardon, Alain cavalier, Frederick Wiseman, Nicolas Philibert, Arnaud des Pallières, Jean-Louis Comolli, Denis Gheerbrant et tant d’autres auront ainsi eu droit ces dernières années au rituel d’un face à face de trois heures avec le public pour un parcours de l’entier de leur œuvre. Une gageure et un moment souvent inoubliable. Cette année seront au rendez-vous un grand cinéaste israélien, Eyal Sivan, et une cinéaste lettone à propos de laquelle Luciano Barisone ne tarit pas d’éloges, Laila Pakalnina, habituée des grands festivals mais que l’on connaît mal ici. tion portant justement le no 181. Se trouvant la plupart du temps en Israël mais aussi dans les territoires palestiniens, ils filment ceux qu’ils rencontrent. En donnant la parole à ces Palestiniens et ces Israéliens de rencontre, c’est toute la complexité des identités et toute la variété des points de vue, y compris les plus extrêmes, qui est donnée à comprendre. Certains propos extrémistes étant tenus par des Israéliens juifs, le film fut victime d’une campagne d’attaques après sa diffusion sur Arte, campagne qui culmina lors de la présentation du film au 26e Festival du Cinéma du Réel au Centre Georges Pompidou en mars 2004 avec pour résultat l’annulation de la deuxième projection programmée le 14 mars, en clôture du festival. Cette autocensure d’une grande institution culturelle de la République sous la menace ne passa évidemment pas inaperçue. Par ailleurs Eyal Sivan se vit plus banalement accusé par Alain Finkielkraut (appuyé par Bernard-Henri Lévy et Claude Lanzmann) d’être “l'un des acteurs de l'antisémitisme juif qui sévit aujourd'hui“. Quant à Jaffa: La mécanique de l’orange*, c’est une brillante déconstruction par l’histoire et l’archive, de l’image actuelle de l’orange de Jaffa, symbole du succès agricole israélien. A l’aide de la gravure, la Eyal Sivan Eyal Sivan né en 1964 à Haïfa, francophone et anglophone, est l’auteur de films historiquement marquants (Un spécialiste, portrait d’un criminel moderne (1999), Route 181 (2003) et Jaffa: La mécanique de l’orange (2009). Cette personnalité de premier plan est proche d’Ilan Pappé et des nouveaux historiens israéliens, de Stéphane Hessel également. Il s’attache entre autres à restituer aux Palestiniens des pans entiers de leur histoire occultés par l’historiographie officielle israélienne. A défaut d’aller sur place - le voyage en Israël-Palestine constituant une leçon de géo-politique à livre ouvert en grandeur nature - alors n’hésitez pas à utiliser ce qui en constitue sans aucun doute le meilleur succédané: Route 181 fragments d'un voyage en Palestine-Israël *. Dans ce road-movie de 4h30 (disponible en DVD) Eyal Sivan et le cinéaste palestinien Michel Khleifi ont suivi cette route 181 qui est leur invention puisqu’elle n’existe pas. Ils ont en fait suivi en voiture un tracé qui longe autant que possible la ligne devant servir de frontière entre les deux futurs Etats selon le plan de partage de l’ONU de 1947 contenu dans la résolu- «Jaffa : La mécanique de l’orange» © Moa Distribution photo, l’affiche ou le film, c’est l’histoire de la culture de l’orange en Palestine dès le XVIIe siècle jusqu’à la grande période de sa commercialisation internationale à la fin du XIXe siècle qui est évoquée. Preuve s’il en était besoin que la plaine côtière de la Palestine pendant la période ottomane et bien avant le mandat britanique était tout sauf un désert à faire fleurir, grâce au savoir faire agricole et commercial de ses habitants. * ces 2 films sont disponibles sur : http://www.moadistribution.ch Laila Pakalnina On se réjouit de mieux connaître cette cinéaste lettone dont les œuvres ont été sélectionnées à Berlin, Cannes, Locarno ou Venise. Née en 1962 Laila Pakalnina a rallié l’Université de Moscou dont elle sort diplômée en journalisme (1986). Ensuite, elle se tourne vers l’Institut national du film et y obtient un diplôme en réalisation (1991). Compte tenu de ces deux dates, c’est toute une évolution « de l’observation du réel selon les formes de l’école soviétique à la veine poétique et iconoclaste héritée de la tradition lettone» que l’Atelier devrait nous faire découvrir. Signalons qu’en collaboration avec Visions du Réel et la Cinémathèque suisse, les Cinémas du Grütli rendront hommage à Laila Pakalnina en présentant quatre de ses films les 15 et 16 avril, en prélude au Festival donc (voir ci-contre). «Route 181, fragments d’un voyage en Palestine-Israël» © Moa Distribution a c Christian Bernard t u a l i t é c i n é m a entretien avec luciano barisone, directeur du festival Visions du réel A nouveau très attendus, les films de la programmation 2013 promettent de belles découvertes, suite à un intense travail de prospection, de contact et de visionnement . Parlez-nous du travail hors festival Dès le mois de mai 2012, avec mon comité de sélection et nos correspondants dans divers festivals en Inde, en Asie, en Amérique latine, aux Etats-Unis et en Russie, nous avons visionné sur 10 mois environ 3500 films. Nous sommes très heureux d'avoir 72 films en première mondiale, soit des films qui sortent à Nyon pour la toute première fois ! Ensuite 31 films qui sortent en première internationale – ces films peuvent avoir été montrés une fois dans leur pays d'origine -, et enfin 7 films en première européenne ou suisse. Sur un plan mondial, et cela est reconnu par les professionnels suisses et internationaux, Visions du Réel est une plateforme importante pour le lancement d'un film. Le Doc Outlook International Market qui accompagne la manifestation est un lieu d'échange très fréquenté. Ce critère d'exclusivité est donc capital. Et vos autres critères ? Encore et toujours, le respect des personnes filmées et le respect du spectateur. Il faut faire attention. Dans le documentaire la personne filmée n’est pas un acteur, elle n'a qu'une seule vie à offrir à la caméra, et ce sont ces images qui resteront dans la mémoire du public. Egalement, celui-ci ne doit pas être pris en otage ; il doit avoir la possibilité de prendre du recul, de repenser, voire de refaire le film dans son espace mental. La caméra est un pont vers l'autre, pas une arme, et cela implique pour les réalisateurs une conscience de leur responsabilité. Ensuite, bien sûr, nous recherchons des films où circule la liberté, où se voit une volonté de sortir des formes conventionnelles, où on sent une patte, un souffle, une approche personnelle. Nous aimerions affirmer ici que le cinéma est né sous la forme documentaire ; il y a d'abord eu les frères Lumière, puis sont venus Méliès, Griffith et les autres. C’est donc du cinéma que nous proposons. Visions du Réel montre que le public est touché par des histoires vraies, par des approches où l'intime est mêlé au monde. La dramaturgie du réel n'est pas très différente de celle de la fiction, on en a de très nombreux exemples. Quelles sont les thématiques cette e n t r «Snow Crazy» de Laila Pakalnina année, et quels films vous ont plus particulièrement marqué? J'aimerais parler de chaque œuvre avec ses qualités spécifiques. Ce qui les réunit, c'est une réflexion sur le temps présent et l'exploration de nouveaux modes, de nouvelles formes du vivre ensemble. Par exemple le film colombien Don Ca nous amène dans une communauté afro-américaine de la côte Pacifique, où un homme en quête de liberté à décidé de vivre loin du milieu aristocratique auquel il appartient ; tandis que la production russo-azère My kith and kin suit le voyage d’une gamine de la ville dans un village du Caucase à la rencontre de la famille de son père. L’Asie est aussi présente avec des productions comme le film sud coréen Anxiety, où un groupe de jeunes designers talentueux tente l'expérience du commerce équitable avec vente directe au client, ou le film chinois Actress, portrait d’une petite compagnie théâtrale qui parcourt la province en jouant des classiques exclusivement pour un public âgé ; ou encore Ba Noï, journal intime du cinéaste, citoyen canadien d’origine vietnamienne de retour dans son pays. En ce qui concerne l’Europe, l’Autriche présente Omsch, dialogue subtil et brillant au fil des années entre le cinéaste et sa centenaire voisine de palier ; la Finlande American Vagabond, cavale dramatique vers San Francisco de deux jeunes homosexuels de 17 et 19 ans, issus de familles conservatrices ; le Danemark Expedition to the End of the World, voyage en bateau au nord du Groenland pour explorer cette terre inconnue en profitant de la fonte des glaces, qui ne dure que deux semaines ; Israël avec 10%, qui interroge le concept de héros dans les sociétés modernes ; l’Italie Per Ulisse, plongée visionnaire dans l’univers des difficultés sociales ou psychiques. Mais les pays les plus présents dans le Festival sont la Suisse et la France, chacune avec 24 films, tous formats confondus. Dans ce cas, il faut citer Les Chebabs de Yarmouk, portrait d’un camp de réfugiés palestiniens en Syrie et de ses jeunes qui se rencontrent sur les toits et rêvent d’autres pays, d’autres horizons ; ou bien Déchirés/graves, qui sur le fond des élections e t i e françaises filme de jeunes acteurs en train de créer des personnages à partir des héros des Reality Show ; ou encore La clé de la chambre à lessive, comédie documentaire autour du partage des droits et des devoirs située dans un immeuble lausannois où se côtoient immigrés et Suisses ; ou enfin Zum Beispiel Suberg, où un cinéaste s’interroge, avec humour, sur le sentiment d’appartenance à une communauté. Les Ateliers permettent comme d'habitude d'aller plus loin dans des œuvres confirmées.. Le travail que poursuit Laila Pakalnina est jubilatoire. On a pu voir les œuvres de cette cinéaste lettone à Cannes, Venise ou Locarno. Un cinéma de légèreté avec de profondes valeurs, un cinéma fondé sur la richesse et le pouvoir du regard. Peu de dialogues, de l'humour, une grande maîtrise au montage... bref, un cinéma qui se déguste. Ses films documentaires pourront être vus pendant le Festival ; ses fictions par contre se verront à Genève (Grütli) et Lausanne (Cinémathèque Suisse) dans les jours qui le précèdent. Quant à Eyal Sivan, lui poursuit une profonde réflexion sur l'histoire officielle d'Israël et ses ambiguïtés. Nous présentons dix de ses films, parmi lesquels Route 181. Le Liban est à l'honneur cette année La section Focus se développe en collaboration avec notre marché du film. Elle consiste en un panorama de la production libanaise, riche de 14 films, et d’un concours. Cinq projets de films seront en effet soumis à l’attention de potentiels coproducteurs suisses et européens ainsi que d’un Jury qui décernera le Prix Visions Sud Est. Le but du Focus est d'aider les réseaux productifs des pays fragilisés. Les deux années précédentes nous nous sommes focalisés sur la Colombie et la Bosnie-Herzégovine. Cette année nous avons choisi le Liban dont nous voudrions valoriser la richesse artistique et le dialogue interculturel. Catherine Graf sFestival Visions du Réel, Nyon, du 19 au 27 avril, www.visionsdureel n 15 c i n é m a Usant de finesse, de poésie, de subtilité, voire d’autocensure, Haifaa al-Mansour signe un film captivant, magnifiquement interprété, en particulier par des enfants très attachants. La cinéaste, à l’instar du cinéaste iranien Jafar Panahi dont elle admire le travail, a su défier la tradition. A cause de la très forte censure, elle a redoublé d'imagination pour livrer des messages forts et pertinents en se libérant de toute velléité religieuse ou politique de censurer son film. Les films du mois Firouz-E. Pillet PERFECT MOTHERS d’Anne Fontaine, avec Naomi Watts, Robin Wright, Xavier Samuel, James Frecheville. Australie / France, 2013. «Wadjda» de Haifaa al-Mansour © Praesens films 16 WADJDA de Haifaa al-Mansour Réalisé par Haifaa al-Mansour, Wadjda est la magnifique découverte de ce début d'année. La cinéaste saoudienne ouvre la voie au septième art presque inexistant en Arabie saoudite avec un film qui s’exporte à l’étranger par le biais des festivals et des filières de distribution.. Wadjda, douze ans, habite dans une banlieue de Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Bien qu’elle grandisse dans un milieu conservateur, c’est une fille pleine de vie qui porte jeans et baskets, écoute du rock et ne rêve que d’une chose : s’acheter le beau vélo vert qui lui permettra de faire la course avec son ami Abdallah. Mais au royaume wahhabite, les bicyclettes sont réservées aux hommes car elles constituent une menace pour la vertu des jeunes filles. Wadjda se voit donc refuser par sa mère la somme nécessaire à cet achat. Déterminée à trouver l’argent par ses propres moyens, Wadjda décide alors de participer au concours de récitation coranique organisé par son école, avec pour la gagnante, la somme tant convoitée. Contrairement à ce qu'annonce la publicité, Wadjda n’est pas le premier long métrage mais l’un des premiers longs-métrages venus d'Arabie saoudite. En revanche, c'est le premier grand film saoudien et, surtout, signé par la première réalisatrice du pays, Haifaa al-Mansour, qui a composé avec cette absence de liberté pour assouvir sa soif cinématographique : une révolution, dans a une société où les femmes ne disposent que de l’infime liberté que les hommes leur concèdent. A souligner aussi que Wadjda est le premier long métrage saoudien réalisé au cœur du Royaume, les précédents films saoudiens ayant été tournés dans d'autres pays, comme les Emirats Arabes Unis. Aujourd'hui mariée à un diplomate américain et mère de deux enfants, Haifaa al-Mansour n'a étonnamment jamais eu à combattre l'interdit moral ou religieux ; son souci majeur ayant été l’accès à la mise en scène dans un pays où le cinéma n'existe pas. Pour ce faire, Haifaa alMansour apprendra son métier à Sydney, en Australie, avant de revenir au pays pour signer des courts-métrages et un documentaire récompensé dans le monde entier, Femmes sans ombres, où elle s’attaque subtilement au machisme rétrograde. Pour son premier long métrage, l’actrice tenait à travailler avec des comédiens du pays ; ainsi, les acteurs du film sont exclusivement saoudiens. Vu le carcan socio-religieux qui pèse sur le pays, la difficulté majeure a été de trouver la jeune actrice, protagoniste du film. Les familles saoudiennes ne voulant pas, pour la plupart, autoriser leurs filles à apparaître à l'écran, il a été très compliqué de trouver la bonne actrice pour le rôle de Wadjda. C'est lors des toutes dernières auditions que Waad Mohammed, âgée de douze ans, s'est démarquée des autres candidates, avec son attitude rebelle et ses Converses qui marquent son identité dans le film malgré le djilbab noir censé masquer la silhouette des femmes. c t u a Présenté au festival de Sundance, le dernier film franco-australien d’Anne Fontaine surprend dans la filmographie de la cinéaste française qui a réalisé ce dernier opus avec des acteurs anglophones et tourné dans la région de Cairns, au Nord de l’Australie. Basé sur le roman Les Grands-mères de Doris Lessing, Prix Nobel de littérature en 2007, le film de la réalisatrice de Coco avant Chanel transporte les spectateurs sur les pas de deux amies, mères quadragénaires en admiration devant leur progéniture respective. Une histoire captivante, mêlant amour, luxure et pouvoir de l’amitié, qui retrace les liaisons passionnées de Lil et Roz, deux amies d’enfance qui s’éprennent de leurs fils respectifs. Ce qui devait arriver arrivera dans un environnement idyllique de plages et de surf, entre les jeunes hommes séduisants et les mères désirables, que l’on surnomme désormais Milf. Craignant d’affronter la colère et le jugement de ceux qui les entourent, les deux femmes continuent d’entretenir secrètement leurs liaisons au fil des années, jusqu’au jour où leur secret menace de détruire les familles des deux jeunes hommes, qui doivent alors choisir entre une vie toute tracée et la poursuite de leurs vrais désirs. Associée à Christopher Hampton pour l’écriture (scénariste des Liaisons dangereuses ou de A dangerous Method de Cronenberg), Anne Fontaine s’échappe donc de son Pire cauchemar pour vivre une aventure anglophone. Elle dirige deux vedettes américaines, Naomi Watts et l’exMadame Sean Penn, Robin Wright, dans une adaptation de ce sulfureux roman de Doris Lessing. Les deux actrices à la plastique irréprochable interprètent les deux amies Lil et Roz. La cinéaste semble avoir vu dans cette adaptation une opportunité de dépasser le thème de triangu- l i t é c i n é m a lation si commun à ses précédents films (Nettoyage à sec, Nathalie...). Fontaine a également tenu à diminuer l'âge des protagonistes principales, évinçant de son récit les petitsenfants – qui n’apparaissent qu’à la fin du film qu'elles avaient dans le roman. Cette coproduction met en scène deux jeunes comédiens de l’hémisphère sud, Xavier Samuel (vu dans Twilight 3) et James Frecheville, ado paumé et simple d’esprit dans le très noir Animal Kingdom. Entachée de quelques effluves d’homosexualité et de désir incestueux, l'attirance des quatre protagonistes est magnifiée par le cadre d'une nature à la beauté éclatante, dans un paradis perdu, qui exalte la sensualité des deux personnages féminins, incarnées par Naomi Watts et Robin Wright. Anne Fontaine signe avec Perfect Mothers un film troublant, sulfureux, passionnant, qui séduit et subjugue. Un film qui ne passera pas inaperçu ni ne laissera indifférent. On s’étonne qu’Anne Fontaine n’ait pas osé être plus iconoclaste en outrepassant encore plus les frontières morales, ce à quoi elle nous avaut habitués dans ses précédentes réalisations. Firouz-E. Pillet NO de Pablo Larrain, avec Gael García Bernal, Alfredo Castro, Antonia Zegers, Luis Gnecco, Marcia Tagle, Néstor Cantillana, Jaime Vadell, Pascal Montero. Espagne/Chili, 2012. Chili, 1988 : après quinze ans de dictature, un référendum doit décider de la prorogation ou non du mandat d'Augusto Pinochet. Le camp du “non” met en place une campagne publicitaire, choisissant d'axer sa communication sur l'avenir, «Perfects Mothers» © Pathé films fédérant les Chiliens, plutôt que sur les attaques contre le dictateur... malgré les mesures d'intimidation, puis les violentes répressions dont ils sont victimes. Pour étayer le propos de son film, Larrain recourt à la figure fictive du sémillant René Saavedra (Gael García Bernal), figure de proue de la campagne publicitaire pour le “non”. Après Tony Manero (2008) et Santiago 73, Post mortem (2010), le cinéaste chilien Pablo Larraín livre le troisième et dernier volet de son analyse cinématographique du régime Pinochet au Chili. No, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2012, d’où il est reparti avec le prix Art Cinema Award – a aussi été projeté sur la Piazza Grande alors que l'acteur principal du film, Gael Garcia Bernal, recevait, juste avant la projection, un Excellence Award. Larraín revient donc avec minutie et rigueur sur le calendrier du référendum, la réalisation des formats publicitaires de quinze minutes des deux camps, oscillant entre les intimidations et les menaces «No» de Pablo Larrain © Cineworx films a c t u a l i t dont les opposants au régime ont fait l’objet, le discours prosélyte et la propagande du camp du “Si”, dépeignant avec justesse la ferveur du peuple qui a conduit à une manifestation durement réprimée, l’indifférence du gouvernement en place avant qu’il ne mette ses troupes en marche face à la menace du succès progressif du “No”. Pablo Larraín peaufine toujours la dimension esthétique de ses films, dotés d’une reconstitution d’époque d’une fidélité aigue. En 1988, la mode est toujours aux pulls beiges-marrons à motifs géométriques, mais le four micro-ondes fait son apparition, de même que la paire de tennis blanche et les danses endiablées. De plus, le cinéaste soigne l'aspect visuel de son film, choisissant une tonalité “délavée” pour insérer ses images dans le moule des années vidéo : contrejour typique des années quatre-vingts, hégémonie de la couleur et du contour baveux. Ce procédé judicieux rend ce voyage dans le passé perceptible – entre archives et images tournées par Larraín. Afin d'inscrire son film dans un témoignage d’archive, Pablo Larraín a confié avoir utilisé le même format que les images réalisées dans les années quatre-vingts, en 4:3, avec des caméras à tube Ikegami de 1983. Que les spectateurs ne s'offusquent pas : l’image semble parfois abîmée mais le résultat est probant, d'une évidente véracité. Le travail sur les décors et les costumes corrobore la justesse de la reconstitution. Recourant aux campagnes publicitaires de l'époque - de la promotion des premiers fours micro-ondes aux campagnes télévisées pour les boissons au cola - Larrain utilise les arguments de la publicité pour décrire les mutations sociopolitiques en marche. Cependant, la publicité est détournée de son but premier, servant ici des causes politiques, dont l'enjeu est l'accès à la démocratie. Merveilleusement incarné à l'écran par Gael García Bernal, le fer de lance de cette cam- é 17 c i n é m a 18 pagne victorieuse est René Saavedra, dont la stratégie est la vision d’un avenir meilleur, fédérateur et égalitaire pour les Chiliens, avec l’assurance du bonheur scandé par le slogan : « La alegria ya viene (Le bonheur arrive) » lors de chaque spot publicitaire, par conséquent, tout au long du film. Contrairement à l’étouffante fixité de Santiago 73 - qui interrogeait la disparition d'Allende sans nous épargner son crâne explosé No fait la part belle à une caméra sans cesse en mouvement, sans jamais basculer dans le reportage. Alors que son second opus dépeignait l’entrée du pays dans une ère rigide et oppressante, symbolisée par la fixité des images, ce troisième volet capte la remise en mouvement d’un peuple, d'une nation, portés par un film dont le sujet même est l'importance et l'impact des images, des moyens techniques mis en œuvre pour convaincre, de la dialectique adoptée, des éléments à la portée univrselle. Le film souligne le choix des images comme véhicule du choix moral des messages qu'elles transmettent. C’est un film socio-historique puissant qui rappelle comment le dictateur chilien fut évincé, pris à son propre piège, celui qu'il avait tendu à ses opposants ! Firouz-E. Pillet LES AMANTS PASSAGERS (Los Amantes pasajeros), de Pedro Almodóvar, avec Antonio de la Torre, Hugo Silva, Miguel Ángel Silvestre. Espagne, 2012. Après La piel que habito, Etreintes brisées ou Volver, Pedro Almodóvar renoue avec la comédie par le prisme de son nouveau film, Les Amants passagers, qui signe le retour du cinéaste au style de ses premières œuvres... Dans cet opus, des personnages hauts en couleurs pensent vivre leurs dernières heures à bord d’un avion à destination de Mexico. Une panne technique (une sorte de négligence justifiée, même si cela semble contradictoire ; mais, après tout, les actes humains le sont) met en danger la vie des personnes qui voyagent sur le vol 2549 de la compagnie Península. Les pilotes s'efforcent de trouver une solution avec le personnel de la tour de contrôle. Le chef de la cabine et les stewards sont des personnages atypiques et baroques, qui, face au danger, tentent d'oublier leur propre désarroi et se donnent corps et âme pour que le voyage soit le plus agréable possible aux passagers, en attendant que la solution au problème soit trouvée. La vie dans les nuages est aussi compliquée que sur terre, pour les mêmes raisons, qui se résument à deux mots : “sexe“ et “mort“. Les passagers du titre, à l’'approche de la fin, dérivent vers une catharsis générale qui va les inciter à faire des aveux inattendus... Cette comédie, selon les dires de son créateur, Pedro Almodóvar, peut être perçue comme une métaphore de l'état de la société espagnole à l'heure actuelle : l'avion, qui tourne en rond dans son espace d'attente aérien, risquant l'accident, peut aisément être mis en parallèle avec la situation socio-économique de l'Espagne. Si l'intrigue des Amants passagers paraît improbable, elle est rendue possible par le fait que tous les passagers ont ingurgité une sorte d'élixir : suite aux problèmes rencontrés pendant le vol, l'équipage a administré des anxiolytiques à ceux de la Classe Éco, et un mélange champagne-vodka-mescaline-jus d'orange à ceux de la Classe Affaire. Si preuve il faut, le thème même du film en est une : le cinéaste renoue avec ses premières œuvres, en rappelant et en glorifiant l’une des périodes de grande liberté en Espagne, les années 80, auquel ledit cocktail fait référence et qui désinhibe et déclenche des comportements extraordinaires, inconcevables sans ce sérum de vérité providentiel. Pedro Almodóvar confie s'être inspiré de l'esprit de la screwball comedy (comédie “loufoque“) des années 1930-1940 lorsqu'il a écrit ce scénario. De ce parti pris de base, la comédie s'est teintée d'un certain aspect moral sans être pour autant moralisateur : tous les personnages apprennent quelque chose sur eux-mêmes et sont moins disposés à se mentir ou à mentir aux autres. La parole devient alors salvatrice, libératrice et cathartique pour tous les personnages, coupés du reste du monde, maintenus dans cet espace aérien appelé “l’hippodrome“, relié au monde extérieur par le seul téléphone qui fonctionne. Plusieurs monologues rythment le film. La parole emplit le sentiment de vertige, d’abysse et tisse des liens inattendus face au vide, à la peur, à l’incertitude et au spectre de la mort. Les Amants passagers témoignent des multiples collaborations entre Pedro Almodóvar et ses acteurs ; les inconditionnels du cinéaste auront le bonheur de retrouver Javier Cámara qui en est à son troisième film sous la direction d'Almodóvar ; Lola Dueñas et Carmen Machi jouent pour la quatrième fois dans un film du cinéaste espagnol ; Penélope Cruz en est à sa cinquième collaboration et, pour Antonio Banderas, tout comme Cecilia Roth, il s'agit de la septième! Bref, le cinéaste madrilène semble savoir se faire aimer par ses acteurs qui lui sont d’une incroyable fidélité ! Outre l’aspect esthétique particulièrement soigné du film, et ceci dès le génétique d’ouverture, la bande sonore joue un rôle prépondérant ; la musique, qui ponctue chaque moment clé de la comédie, occupe une place décisive. La musique originale a été composée par Alberto Iglesias, qui travaille avec Pedro Almodóvar depuis une vingtaine d'années, précisément depuis le film La Fleur de mon secret, en 1995. Pour ce qui est des musiques additionnelles, les goûts du metteur en scène se sont portés sur les Pointer Sisters, le groupe anglais Metronomy, ou encore, choix tarantinien (de l'aveu même d'Almodóvar), sur un “rythme endiablé“ de Django Django. Si vous souhaitez découvrir un avant-goût du film, regardez la bande-annonce sur fond du tube disco I'm So Excited, des Pointer Sisters, qui a donné son nom au film en anglais. Jubilatoire et savoureux ! Firouz-Elisabeth Pillet «Les Amants passagers» de Pedro Almodovar © Pathé films a c t u a l i t é c i n é m a ENFANTS DE SARAJEVO d’Aida Begic Remarqué au Festival de Sarajevo (avec une récompense pour l’actrice Marija Pikic), puis au Festival international de Gijon, ainsi qu’au Festival de Cannes dans la Section “Un certain Regard“, le film de la réalisatrice bosniaque Aida Begic arrive sur nos écrans. Un film bosniaque, qui plus est un film de femme, voilà qui ne peut que susciter l’intérêt. Rahima, jeune femme forte et courageuse, et son jeune frère sont orphelins de guerre. Ils vivent dans la banlieue de Sarajevo, elle travaille dans la cuisine d’un restaurant chic de la ville, lui est encore à l’école. Après une adolescence qui demeure mystérieuse, dans un orphelinat (comment les parents sont-ils morts ? comment ontils survécu dans l’immédiat après-guerre, à quelle faction étaient-ils liés ? le film reste muet sur ces sujets), elle semble avoir trouvé un certain équilibre en portant le voile, ce qui suscite beaucoup d’incompréhension autour d’elle. Les services sociaux semblent méfiants par rapport à son passé tumultueux (en quoi ? pourquoi ?), et doutent de sa capacité à s’occuper de son jeune frère, surtout lorsque celui-ci est menacé d’être chassé de l’école après avoir frappé un élève qui a insulté sa mère et lui avoir cassé son Smartphone. D’autant plus qu’il s’agit du fils d’un ministre ! Cherchant comment se procurer un objet qui vaut 3 mois de son salaire, Rahima va découvrir que son frère a une vie cachée et qu’il baigne dans différents trafics… Enfants de Sarajevo, derrière l’anecdote, garde une bonne partie de ses mystères. Ce côté lacunaire, troué, non expliqué de l’histoire, peut plaire. De sorte que le spectateur d’ici reste surtout frappé par l’ambiance d’immédiat aprèsguerre qui baigne encore la ville. Certes, quelques images vidéo de la période des combats montrent une ville totalement en ruine (avec paradoxalement des images joyeuses d’anniversaires d’enfants), mais la Sarajevo d’aujourd’hui est loin d’être reconstruite et les plaies sont encore béantes dans un paysage urbain où semblent errer les fantômes d’une guerre loin d’être oubliée : les gens vivent au jour le jour, sans vrais projets, comme en permanence sur le quivive dans un univers où le danger paraît omniprésent. Ce danger n’est jamais montré explicitement, mais la bande-son semble comme parasitée par des bruits d’explosions, des coups de feu, des cris… Dans certains cas, le spectateur comprend vite qu’il s’agit de sons de jeux vidéo, de pétards pour le passage à l’an nouveau, parfois il met a c t u «Enfants de Sarajevo» d’Aida Begic © Pyramide Films presque tout le film à comprendre que certains bruits qu’il percevait comme des coups de feu sont provoqués par le passage des camions sur les joints du pont de l’autoroute. Reste qu’un sentiment permanent de danger infuse le film et renforce l’impression que se poursuit une guerre de chacun contre tous dans un univers où règnent les différents trafics (petits et gros, de drogues ou d’armes) et une corruption généralisée. Décidément, à Sarajevo, la guerre ne semble pas encore finie ! Serge Lachat L’ATTENTAT de Ziad Doueiri, avec Ali Suliman, Reymond Amsalem, Dvir Benedek. France/Belgique/ Liban/Quatar, 2012. Basé sur le roman éponyme de Yasmina Khadra, L’attentat plonge les spectateurs dans le conflit israélo-palestinien de plein fouet. Dans un restaurant de Tel-Aviv, une femme fait exploser une bombe qu'elle dissimule sous sa robe de grossesse. Toute la journée, le docteur Amine Jaafari, un Arabe Israélien parfaitement intégré dans la société de Tel-Aviv, opère les nombreuses victimes de l'attentat. Au milieu de la nuit, on le rappelle d'urgence à l'hôpital où la police israélienne l'informe que sa femme en était l'auteur. Brisé par cette révélation et désirant comprendre comment il a été incapable de déceler ses intentions, Amin décide de se rendre dans les territoires palestiniens à la recherche de ceux qui auraient recruté sa femme chrétienne. Lors de la douzième édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM), clôturée en décembre 2012, les membres du Jury ont consacré l'audace et la créativité, en décernant l'Etoile d'or au film libanais controversé a l i t L'attentat. Divisant les critiques et le public sur le traitement du conflit israélo-palestinien, ce film a néanmoins impressionné par sa qualité esthétique et artistique. Son réalisateur, Ziad Doueiri, se défend d'avoir voulu exposer une nouvelle vision du drame vécu par le peuple palestinien en donnant la parole à l'autre camp. Le film captive dès la première séquence, et tient en haleine tout au long de l’enquête existentielle que mène le Dr Jaafari. A travers le jeu particulièrement peaufiné des acteurs, on éprouve une empathie tangible pour ce médecin, déchiré par les révélations progressives sur la double vie de son épouse qu’il plaçait au-dessus de tout soupçon. La mise en scène est épurée, livrant les faits sans fioritures, mettant en relief les dialogues. Étonnamment, Yasmina Khadra s'est démarqué de ce film, produit par Rachid Bouchareb, qu’il a co-écrit et a même critiqué son contenu lors de la conférence de presse organisée à Alger lors de la projection du film d'Arcady Ce que le jour doit à la nuit. En effet, Yasmina Khadra ne partage pas l'adaptation faite par le réalisateur libanais Ziad Doueiri, qui a écrit le scénario avec Joëlle Toumai. Il faut souligner que L’attentat a été présenté dans un contexte tendu, nourri d’amertume et de rancœur car, après avoir écarté tous les films produits ou coproduits par l'Algérie et surtout ignoré la célébration du cinquantième anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie, le Maroc, à travers son prestigieux Festival international de Marrakech, a commis une énorme maladresse diplomatique, en programmant ce film qui rapprocherait l'Algérie à Israël et cela en plein contexte international marqué par la crise à Ghaza. L’enjeu du film est devenu purement politique et non plus artistique … Le fait que le Festival de Marrakech programme ce film, pourtant écrit par l'un des plus é 19 c i n é m a 20 importants écrivains algériens et produit par un de ses meilleurs réalisateurs et producteurs, a été très mal interprété en Algérie, pays qui n'a pas soutenu ce film, tourné dans les territoires israéliens et dont le dialogue est majoritairement en hébreu. Qui plus est : le film a été tourné avec des acteurs israéliens, à l'image de sa vedette Uri Gavriel, qui parle parfaitement arabe et qui avait joué dans le film House of Saddam en 2008, et surtout dans le dernier Batman The Dark Knight Rises. Si l'Algérie a refusé de coproduire ce film, le Liban, qui est coproducteur majoritaire à travers la société de Ziad Doueiri, Doueiri Films, a refusé d'inscrire le film sous la bannière libanaise aux Oscars 2013, en raison de la vision très israélienne du film. Il est regrettable que L’attentat devienne le réceptacle de règlements de comptes dans un conflit voué à perdurer, au détriment d’une qualité cinématographique, tant dans le fond que dans la forme. Un film à voir pour le message qu’il porte, sans chercher à déchiffrer de quelconques revendications politiques en filigrane. Firouz-Elisabeth Pillet THE SESSIONS de Ben Lewin, avec John Hawkes, Helen Hunt, William H. Macy. Etats-Unis, 2012. «L’attentat» de Ziad Doueiri © Praesens films avocat avant d'embrasser une carrière artistique. Il a d’ailleurs fait ses premières armes en tant que réalisateur dans la série Ally McBeal, qui se déroule justement dans un cabinet d'avocats. Quelle bienheureuse idée de vouloir changer de cap : avec The Sessions, Ben Lewin signe un film émouvant qui confirme son talent en tant que cinéaste. Le public comme les professionnels ont reconnu ce talent puisque The Sessions a reçu le Prix du Public et d'interprétation pour l'ensemble des acteurs au Festival de Sundance 2012, ainsi que le Prix du Public au Festival de San Sebastian 2012. Par ailleurs, Helen Hunt a été nominée, à juste titre, dans la catégorie meilleure actrice dans un second rôle aux Oscars 2013 ainsi qu'aux Golden Globes (en compagnie de John Hawkes, son partenaire dans le film). Tout comme le journaliste et poète Mark O'Brien dont la vie a inspiré le film, le cinéaste Ben Lewin a contracté la polio étant enfant. L'histoire de cet homme qui a décidé de vaincre son handicap afin de goûter aux joies du sexe a trouvé une résonance chez le metteur en scène, qui a voulu à tout prix adapter cette histoire au cinéma ; c’est en particulier le cheminement émotionnel de Mark qui l’a intéressé, cheminement qui trouvera un écho chez beaucoup de gens. Le film montre parfois le personnage de Mark O'Brien à l'intérieur de ce qu'on appelle un Poumon d'acier. Cette machine permet à un malade de respirer en cas d'insuffisance de la ventilation pulmonaire, mal dont souffrait Mark à cause de sa poliomyélite. Ce film a aussi le mérite de faire le jour sur une profession méconnue et sous-estimée, l'assistante sexuelle. Quelque part entre le coach, le partenaire sexuel tarifé et le psychologue, l'assistante propose un service qui peut avoir des vertus thérapeutiques avérées comme le montre le cas de Mark O'Brien : “Je voyais un défi dans le fait de jouer Cheryl comme une professionnelle ordinaire – et une professionnelle qui croit profondément à l’importance de la sexualité dans l’identité humaine. Je ne connaissais pratiquement rien sur l’assistance sexuelle avant de jouer ce rôle et de rencontrer Cheryl. Mais j’ai rapidement découvert qu’il s’agit d’un métier sérieux – même s’il s’aventure sur un territoire délicat – un métier qui aide les gens à guérir“, confie la comédienne Helen Hunt à propos de son rôle dans le film. The Sessions représente peut-être la version américaine d’Intouchables. Cependant, l’histoire diffère même si elle est animée par la même lueur d'espoir. C'est un film dérangeant et admirablement abouti : dérangeant, car voir Helen Hunt et John Hawkes dans ces positions était particulièrement inattendu et surprenant ; admirable car dévoilant avec humilité une réalité méconnue et terrible des complications de la maladie sans jamais sombrer dans le pathos … Un véritable défi pour une production américaine ! Outre les scènes assez étonnantes que le film nous offre, jusqu'aux premiers gémissements sexuels de Mark O'Brien, il faut bien évidemment saluer la prestation de John Hawkes (Kenny Powers, American Gangster) qui s'en sort avec brio et qui livre certainement ici la performance d'une carrière … Un rôle très difficile à incarner car il faut à la fois respecter la maladie (sans en dénaturer la difficulté à vivre au quotidien), tout en restant dans une véracité exhaustive. Une pure réussite à l’écran. Mark fait paraître une petite annonce : «Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé… Amatrices de promenade sur la plage s’abstenir...». Le film relate l’histoire vraie et bouleversante d’un homme que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d’aimer, “comme tout le monde“. The Sessions est donc basé sur la vraie vie de Mark O'Brien ; paralysé à cause de la poliomyélite, Mark a tout de même fait des études brillantes et a écrit des ouvrages, notamment de poésie. Le film s'inspire de son essai On Seeing a Sex Surrogate, paru dans le Sun Magazine en 1990. Cheryl Cohen-Greene, assistante sexuelle (jouée par Helen Hunt) et Mark O'Brien sont restés de grands amis jusqu'à la mort de l'écrivain en 1999. Le réalisateur Ben Lewin a «The Sessions» de Ben Lewin © 2013 Twentieth Century Fox Film Corp. débuté sa vie professionnelle comme a c t u a l Firouz-E. Pillet i t é c i n é m a sous la loupe La Maison de la Radio En première mondiale en février au Festival de Berlin, La Maison de la Radio, de Nicolas Philibert, sort simultanémemt en France et en Suisse le 3 avril. On retrouve dans cette évocation de la célèbre maison ronde du 116 Avenue du Président Kennedy à Paris, adresse bien connue des auditeurs de Radio France, tout ce que l’on aime chez le cinéaste d’Etre et avoir. On se souvient de ce film au succès retentissant, où Philibert accompagnait la classe unique d’un instituteur dans la moyenne montagne auvergnate pendant sept mois de l’hiver à l’été 2000. Ce que l’on aime chez Philibert et que l’on retrouve dans cette Maison de la Radio ? Le sentiment de ne pas avoir affaire à un cinéaste exécutant un projet préétabli. On est à mille lieues avec lui de la démonstration du bien-fondé d’une thèse (le rôle socio-politique de la radio, des médias etc.). Pas de regard surplombant sur une institution dont il saurait déjà ce qu’il faut en penser, « moins j’en sais sur le sujet, mieux je me porte » répète-t-il souvent. Pas de regard surplombant donc, juste un regard allant à la rencontre. Car c’est bien à une suite de rencontres avec les membres d’une communauté - les gens de radio - en train de travailler (c’est capital) que le film convie son spectateur. Naviguant entre les radios (France Inter, France Info, France Musique, France Culture) sans hiérarchie ni privilège (pas de mise en avant de l’info ici ni du direct, comme si souvent), Philibert montre la variété des métiers exercés dans la grande maison. De l’ingénieur du son au comédien, du choriste à l’illustrateur sonore, des rédacteurs de flash d’info aux participants des jeux-concours, du chef d’orchestre au journaliste culturel, tous et toutes sont montrés exercant leur métier, travail préparatoire, de coulisses le plus souvent, sans lequel rien ne passerait à l’antenne, et c’est passionnant (et souvent très drôle). C’est plus particulièrement le travail d’échange, d’écoute, d’apprentissage autour des mots, des sons, des musiques que Philibert privilègie (« le cinéma a bien plus à voir avec la musique qu’avec le théâtre ou toute autre forme d’art », dit-il). Qu’il fasse partie des cinéastes ayant de l’oreille est du reste une évidence, tant son montage apparaît musical. A chaque personnage (on aimerait tous les évoquer), à chaque situation son cadrage d’une confondante justesse. Rien ici qui ressemble à un reportage volé par une caméra supposée invisible. « Je ne crois pas une seconde qu’il soit possible de se faire oublier, dit-il. Ce qui compte, ce n’est pas de se faire oublier, mais de se faire accepter. Nous mettons tout en œuvre pour que les gens que nous filmons restent eux-mêmes face à la 21 caméra ». Ce que le film montre à l’évidence, c’est qu’ils sont d’autant plus eux-mêmes qu’ils sont en train d’exercer leur métier: Par delà leurs difficultés ou leurs bonheurs petits ou grands, c’est tout à la fois la dignité de l’homme et de la femme au travail, la beauté de leur savoir-faire, leur créativité, que Philibert donne à voir. On en ressort contaminé par sa confiance en l’humanité, cette chose si fragile. Christian Bernard «La Maison de la Radio» de Nicolas Philibert © Agora Films a c t u a l i t é c i n é m a Où avez-vous tourné ? entretien avec anaïs barbeau-lavalette Inch’Allah Inch'Allah est le deuxième long métrage d'Anaïs Barbeau-Lavalette, après Le Ring en 2007, récompensé notamment aux festivals de Taïpeï, Madrid ou Vladivostok et sélectionné à la Berlinale. Globetrotteuse avertie, la réalisatrice québécoise a également réalisé des courts métrages et des documentaires relatant ses nombreux voyages dans le monde. Son second long métrage raconte l'histoire d'une jeune Québécoise, Chloé, qui travaille comme médecin dans un camp palestinien près de Jérusalem-Ouest. Confrontée à la violence et divisée entre ses amies Ava, une soldate israélienne qui travaille au check-point, et Rand, une femme enceinte palestinienne, elle vit au cœur du conflit armé. Anaïs Barbeau-Lavalette, de passage à Genève, parle de ce deuxième film, qu’elle a réalisé dans un Proche-Orient qu’elle connaît bien. Rencontre. 22 Inch'allah n'a pas été tourné sur les lieux de l'histoire, en Palestine et en Israël, mais en Jordanie, au beau milieu du désert jordanien, sur une vraie base de l’armée, où nous avons recréé une zone frontalière de toutes pièces. Tout a l’air vrai, autant les gens que les lieux, mais tout est mis en scène. Il n’y a pratiquement aucun plan où la figuration n’est pas mise en place. Mais ça se fond dans le décor parce qu’on tourne à l’épaule, façon documentaire. Pour les séquences de tournage dans les camps de réfugiés palestiniens, j’ai tenu à faire participer la population même de ces camps ; les gens des camps ont donc participé, notamment à la sécurité et à la figuration. Le tournage créait un grand événement et de l’excitation. On a minimisé les tournages de nuit, plus risqués. Quand les scènes le permettaient, on y intégrait la population. Votre film fait la part belle aux personnages majoritairement féminins … Ce n'est pas une décision, pas un constat non plus... Je trouve ça drôle parce que, si ça avait été des hommes, je ne suis pas sûre qu'on aurait dit que c'est un film avec des personnages essentiellement masculins. Il est vrai qu'on voit moins des films où les personnages principaux sont féminins. Inch'allah est l'histoire d'un triangle amical entre trois filles : une Israélienne, une Palestinienne, une Québécoise. Je pense que le fait qu'elles soient des filles change peut-être leurs rapports. Vous êtes Canadienne … Pourquoi avoir situé votre film au cœur du conflit israélo-palestinien ? Pour Chloé, médecin québécoise installée dans la région, cela semble évident de servir de trait d’union entre les deux peuples? Ça fait plusieurs années que j'ai une relation fusionnelle avec Israël et la Palestine. J'ai voyagé là-bas pour faire des documentaires, après avoir étudier, et donc, au fur et à mesure des liens créés, j'ai ramassé des histoires et des expériences assez fortes. … En particulier avec la Palestine, j’ai eu comme un appel, un réel coup de foudre, avec tout ce que ça peut avoir d’ambigu, un mélange d’amour/haine, de fascination et de confrontation. J’ai décidé d’y retourner pour une plus longue période. J’y ai étudié la politique et l’arabe. Je m’y suis fait des amis. Cependant, mon film n'est pas autobiographique, c'est de la fiction, mais je n'aurais pas pu inventer tout ça, je ne me serais pas donné la permission. C'est tellement loin de nous. Je m'intéresse aux conséquences que peut avoir une guerre sur une personne étrangère et a priori non concernée par le conflit … À quel point un conflit qui ne nous appartient pas peut-il devenir le nôtre ? Au fur et à mesure, Chloé est avalée par la guerre. Elle ne peut pas rester simple témoin. C’est ce que j’avais envie d’exprimer. Dans un tel contexte, nos barrières de protection tombent. Nous ne sommes pas immunisés contre ça. La guerre n’appartient pas qu’aux autres. Le personnage de Chloé (Evelyne Brochu) permet aussi l'identification et l'implication du spectateur. Son cheminement pourrait être le nôtre. C’est ce qui m’intéresse. . Je ne pense même pas que c'est conscient. Elle n'est pas politisée, elle n'est pas là comme militante, au contraire, elle est très objective. Le fait d'être entre la Palestine et Israël, de servir un peu de courroie de transmission, fait que Chloé est avalée par la réalité de la guerre, elle devient elle-même un champ de bataille. Ce n'est pas parce qu'elle choisit, c'est la guerre qui la choisit. Elle est observatrice au début, mais un jour, elle devient plus proactive, elle prend parti. Complètement. Le film est là-dessus, et je pense que c'est ça, le tragique de la guerre. Ce n'est pas parce qu'on est blanc et occidental qu'on est imperméable à cette tragédie-là. Un moment donné, la guerre t'avale, elle est plus forte que toi. Ce n'est pas parce que Chloé est Québécoise qu'elle est à l'abri. «Inch’allah» avec Chloé et Ava dans le bus Comment vous a-t-on accueillie en tant que réalisatrice étrangère, extérieure au conflit ? Comment êtes-vous arrivée dans l’univers cinématographique ? Bien, les gens sont contents que l’on vienne les voir, que l’on s'intéresse à eux, parce que ce n'est pas un endroit où l’on va faire du tourisme, normalement. Les gens ouvrent les portes, ils ont envie de se raconter. J'ai l'impression que d'être une fille, ça ouvre encore plus de portes, en fait. L'idée d'en faire un film est venue sur le tard, donc au début il n'y avait pas de rencontre planifiée ou de recherche, c'était vraiment juste comme dans la vie. C'est ces relations-là que l’on approfondit ensuite. C’est ma façon à moi d’être utile et d’essayer de changer les choses. Je crois que je ne serais pas capable de faire juste du divertissement. Je n’enserais pas capable et en même temps, je ne m’en donnerais pas le droit. Parce que je ne me considère pas tant comme une cinéaste que comme une humaniste. e n t Propos recueillis par Firouz-E. Pillet r e t i e n Théâtre Le Petit Poucet Charles Perrault Laurent Gutmann 9 et 10 avril à 19h Musique West Side Story en concert Les Solistes de Lyon-Bernard Tétu Les Percussions Claviers de Lyon 16 avril à 20h30 Théâtre Urbik / Orbik A la ville comme à l’univers Philip K. Dick – Joris Mathieu Cie Haut et Court Du 24 au 26 avril à 20h30 Danse Histoires Condansées Foofwa d’Imobilité – Neopost Ahrrrt 30 avril à 19h THÉÂTRE FORUM MEYRIN PLACE DES CINQ-CONTINENTS 1, 1217 MEYRIN WWW.FORUM-MEYRIN.CH Histoires Condansées © Gregory Batardon BILLETTERIE 022 989 34 34 DU LU AU VE DE 14H À 18H [email protected] SERVICE CULTUREL MIGROS GENÈVE / STAND INFO BALEXERT / MIGROS NYON-LA COMBE o p é r entretien avec renée auphan, metteuse en scène L’Aiglon Arthur Honegger est à l’honneur cette saison sur les scènes lyriques romandes. Après Les Aventures du Roi Pausole données pour les Fêtes de fin d’année au Grand Théâtre de Genève, l’Opéra de Lausanne met à l’affiche L’Aiglon, un opéra en cinq actes écrit en collaboration avec Jacques Ibert sur un livret d’Henri Caïn adapté de la fameuse pièce d’Edmond Rostand. 24 Officiellement, on ne connaît pas le détail de la collaboration des deux musiciens. Certains prétendent que Jacques Ibert a écrit la musique des actes I et V, alors que Honegger se serait concentré sur les trois actes centraux. D’autres penchent plutôt pour une répartition du travail liée aux divers climats du livret: Ibert se serait attelé aux scènes sentimentales tandis que son compère se serait plutôt intéressé aux scènes plus épiques, comme la fameuse évocation de la bataille de Wagram. Quoi qu’il en soit, aux yeux de Renée Auphan (qui est chargée de la reprise lausannoise d’un spectacle conçu à l’origine pour l’Opéra de Marseille), l’ouvrage est suffisamment fort et prenant pour que cette question de paternité soit d’un intérêt finalement secondaire. Lors d’une interview qu’elle a bien voulu nous accorder avant même que ne commencent les répétitions, nous nous sommes tout d’abord étonnés de ses choix dans son rôle de metteuse en scène. Il est en effet frappant de voir qu’elle semble éviter les ouvrages connus pour se consacrer essentiellement aux titres presque oubliés du répertoire français. Elle s’est ainsi intéressée à L’Héritière de Jean Michel Damase, un opéra qu’elle a monté à Marseille, ainsi que Sampiero Corso d’Henri Tomasi. La saison passée, ce fut au tour de La Chartreuse de Parme, un opus peu connu d’Henri Sauguet monté avec grand succès sur les planches de l’Opéra marseillais. Et maintenant, c’est L’Aiglon pour Lausanne!... Aussi la première question, un rien provocante, a-t-elle porté sur ses choix : en Romandie ? Reprendre une mise en scène pour aider une production à voyager et à faire connaître un ouvrage attachant en un maximum de lieux divers me paraît essentiel. Et si je peux ainsi contribuer à convaincre quelques amateurs de plus que Jacques Ibert et Arthur Honegger ont composé avec le drame de Rostand une œuvre forte et incontestable, j’estimerai avoir pleinement rempli ma tâche! Et ce que je fais ici pour L’Aiglon, je le ferais volontiers pour d'autres titres oubliés. Rigoletto ou Les Noces de Figaro peuvent, eux, se passer de mon aide!... Il m’est d’ailleurs arrivé de les refuser. L’Aiglon est quasiment inconnu ici, c’est vrai. Comment avez-vous découvert ce titre ? J’adore Edmond Rostand qui est né à Marseille, comme moi. Dès mes premiers contacts avec la lecture, alors que je fréquentais encore les classes du lycée, je me suis enthousiasmée pour cet Aiglon; le personnage soulevait même des passions telles chez moi que j'aimais lire et relire quelques-unes de ses répliques chaque fois qu’une occasion s’en présentait. J’en connais- a sais plusieurs vers par cœur (et mon interlocutrice se met immédiatement à en réciter quelquesuns d'une voix vibrante...) au point de vouloir incarner le rôle sur une scène de théâ-tre! Quand j’ai commencé à étudier le chant, j’ai appris qu’il y avait un opéra écrit d’après l'ouvrage de Rostand. Je m’y suis bien sûr immédiatement intéressée et j’ai fait quelques déplacements pour en voir une ou deux productions. La rencontre fut probante, même si la première mise en scène que j’ai vue n'avait rien de transcendant. Mais la force dramatique de l’ouvrage passait la rampe et la musique, avec ses citations de thèmes martiaux et d’hymnes brillants avait toutes les qualités nécessaires pour entretenir ma première flamme ! Avez-vous songé à interpréter le rôletitre dans l’opéra lorsque vos talents de chanteuses se sont affirmés ? Oui, d’autant plus que mon professeur de chant d’alors me voyait parfaitement en Aiglon! A cette époque, je travaillais ma voix et ma technique avec Janine Micheau, célèbre cantatrice française qui fut inoubliable en Lakmé, Mélisande ou Manon; et elle a rapidement pensé que l’écriture du rôle-titre de L’Aiglon convenait parfaitement à mes possibilités vocales. Aussi m’a-t-elle conseillé de m'adresser à Rolf Liebermann, alors directeur de l’Opéra de Paris, pour qu’il remette le titre à l’affiche pour moi, à l’Opéra-Comique. Il y a songé, mais le projet ne s’est jamais réalisé, ce que j’ai bien regretté. C’est alors la production marseillaise de cet ouvrage, dont la première a eu lieu le 1er octobre 2004, qui vous a ramené à vos amours anciennes ? Pas tout à fait. Lorsque j’étais directrice de Vous n'aimez pas le grand répertoire ? Bien sûr que si (rire sonore)! Mais il est évident que ni Aida, ni Don Giovanni ni Carmen n’ont besoin de mes modestes talents pour s’imposer à l’affiche des théâtres du monde entier! Par contre, qui connaît aujourd’hui L’Aiglon dans la capitale vaudoise, et plus généralement encore, e Renée Auphan n t r e t i e n o p é r a l’Opéra de Lausanne, j’ai souhaité inclure ce titre dans ma programmation, mais les circonstances n’étaient pas favorables, d’abord en raison du coût de la production telle que je l’envisageais, mais également en raison du rôle-titre qui nécessite un physique approprié (tout le monde a en tête un portrait du Duc de Reichstadt) ainsi qu’une voix longue et large. A Lausanne, vous reprenez cette mise en scène que Patrice Caurier et Moshe Leiser ont montée pour Marseille en 2004. Quelle est votre marge de manœuvre quand vous vous trouvez face à des chanteurs qui ne sont pas du tout les mêmes que ceux dont disposaient les metteurs en scène originaux ? Lorsqu’Eric Vigié a décidé de mettre cette œuvre à l’affiche de Lausanne, ces deux artistes n’étaient pas disponibles. Il m’a alors proposé de me mettre à l’ouvrage à leur place, ce que j’avais déjà fait lors d’une reprise du Pelléas et Mélisande qu’ils avaient réglé sur la scène du Grand Théâtre. Lorsque l’Opéra de Madrid a en effet décidé de louer la production de Genève, ils ne pouvaient en assurer les répétitions car leur calendrier était trop chargé; M. Vigié, qui était responsable de la programmation du théâtre madrilène, m’a alors invitée à reprendre le flambeau, et, malgré le changement total de distribution, le résultat a été probant. Patrice et Moshe ont donc accepté que me soit confiée la reprise de leur mise en scène de L'Aiglon à Lausanne. Avez-vous des contacts suivis avec eux pendant la période de préparation ? Non. Apparemment ils me font confiance ! Ils savent bien que je ne trahirai pas l'esprit de leur conception, d'autant plus que je considère leur spectacle comme parfait en tous points. Il est rare de rencontrer sur scène une réalisation qui rende également justice à tous les aspects d’un ouvrage lyrique et je suis complètement conquise par ce qu’ils ont fait. Mon seul but est de retrouver l'esprit qui les animait lors du premier montage de cette production en 2004. Cela dit, il est évident que je vais être amenée à procéder à certaines adaptations. Chaque chanteur arrive, en effet, sur le plateau avec son histoire, son physique, ses tics, ses points forts et ses faiblesses. C'est à moi de faire en sorte qu'au final, la cohérence de la représentation ne souffre aucunement des disparités avec la distribution originale. Je ne peux vous dire, maintenant, quels seront les travaux d’adaptation nécessaires puisque les répétitions n’ont pas commencé et que je ne connais pas encore tous les membres de la distribution, mais il est certain qu’ils e n t r «L’Aiglon» en 2004 à l’Opéra de Marseille © Ch. Dresse seront réduits à un minimum. Quels sont les principaux défis scéniques à relever dans L’Aiglon ? L’opéra est concis et se joue en un peu moins de deux heures, sans entr'acte. Les changements de lieu et d’atmosphères sont importants, et il était indispensable de trouver une solution simple mais parlante sur le plateau pour évoquer cela sans introduire de trop longues césures. Et là, je dois rendre hommage à Christian Fenouillat qui a conçu un décor à la fois magnifique et ingénieux permettant de passer rapidement d'un salon à un jardin ou à une plaine. La musique, qui ne contient quasiment pas d’ouverture ou d’interlude, peut ainsi se déployer avec aisance et naturel, ce qui est essentiel pour un opéra de ce type où il est capital que le public comprenne dans l'instant les enjeux de la pièce. La force des situations dramatiques et leur exploitation musicale, avec insertion de morceaux patriotiques ou d'inspiration plus directement populaire, ajoutent encore au sentiment de nécessité dans le mouvement d'ensemble: l'auditeur doit être immédiatement happé par un déroulement narratif qui ne se perd jamais en des détails inutiles. Si je parviens à insuffler ici à Lausanne la force de suggestion scénique du spectacle original, j’ose espérer que celui-ci retrouvera naturellement sa forme première. Ce qui implique évidemment de ma part, lors des répétitions, un patient travail de mise en place, et surtout de direction d'acteurs. Vous sentez-vous 'brimée' à l'idée que votre tâche consiste essentiellement à redonner vie à une conception scénique concoctée par d'autres ? je suis entrée à l’Opéra de Marseille, et ceci pendant 8 ans, était précisément d’assister les metteurs en scène. A l’époque, absorbée en parallèle par mes études de chant, l’idée ne m’a jamais effleurée de me substituer aux maîtres d’œuvre que je secondais. Depuis lors, ‘ai vu ou participé à tant de spectacles du grand répertoire qui m’ont comblée, qu’il me paraîtrait superflu et même prétentieux de songer à y ajouter ma touche personnelle. Bien sûr, j’ai comme tout amateur d’opéra des idées assez précises sur ce que devrait être une mise en scène parfaite de Cosi fan tutte ou de Nabucco, mais je connais aussi les difficultés qu’il y a à passer du stade du rêve à celui de la réalité! Par ailleurs, je dois avouer que, lorsque je dirigeais un théâtre, je n’ai pas toujours estimé à leur juste valeur les écueils que peut rencontrer un metteur en scène. Il n’est en effet pas toujours facile de se retrouver sur un plateau en présence d’une distribution que l’on ne connaît pas, que l’on n'a pas choisie et qui ne correspond pas forcément au projet qu’on a conçu lorsqu’on s’est vu confier la tâche de monter tel ou tel ouvrage. Aussi, reprendre cet Aiglon présente pour moi l’avantage du choix. Car personne ne pourrait me convaincre de retravailler un projet auquel je n’adhère pas entièrement dès les premières minutes... Propos recueillis par Eric Pousaz Opéra de Lausanne, L’Aiglon d'Arthur Honegger et Jacques Ibert, le 21 avril à 17 heures, 24 avril à 19 heures, 26 avril à 20 heures et 28 avril à 15 heures. Absolument pas ! Mon premier travail, lorsque e t i e n 25 o p é r a en tournée en suisse Marie-Nicole Lemieux Rousse, ronde et volcanique, Marie-Nicole Lemieux affiche depuis ses débuts en 2000 un tempérament qui convient aussi bien à Vivaldi qu'à Haendel, à Verdi qu'à Rossini. Ce contralto canadien aux moyens impressionnants partage son temps entre la scène et l'estrade, alternant sans hésiter de complexes premiers rôles avec des partitions moins exposées. Après l'opéra, la cantatrice donnera une série de concerts en Suisse pendant le mois d'avril. Ne la manquez pas. 26 Vous avez déclaré dans un mensuel parisien que, je cite : « Vous n'étiez jamais entrée à l'Opéra Bastille par superstition, n'allant dans un théâtre qu'une fois votre contrat signé ». Dans quel état d’esprit préparez-vous vos débuts dans cet établissement et que représente cette étape dans votre carrière ? MNL : Je suis pour le moment en répétition et ne pense pas trop à tout ce que représente cet événement pour ma carrière. En fait Paris est une ville où je chante régulièrement et suis très heureuse de retrouver son public, car je n'avais pas eu l'opportunité d'y apparaître dans une production scénique depuis deux ans. C'est un peu comme si je revenais à la maison ! Il ne me manque plus que le Palais Garnier (rires) ; je n'ai fait qu'y répéter. Je dois reconnaître que j'ai beaucoup de chance de faire mes débuts à la Bastille entourée d'une belle équipe où je retrouve Ambrogio Maestri avec lequel j'ai déjà plusieurs fois interprété Falstaff, mais également Svetla Vassileva, Paolo Fanale et Elena Tsallagova qui était l'une de mes Nanetta à Munich. Pour vos premiers pas dans ce théâtre vous retrouvez donc le rôle de Quickly dans Falstaff, un personnage haut en couleurs que vous connaissez bien pour l'avoir interprété à Glyndebourne, Francfort et Milan. Peut-on rater, passer à côté d'une rôle comique aussi bien écrit que celui-ci et si non quels ingrédients nécessite-t-il ? Je viens de le donner à Milan, il ne me manque plus que le Met pour obtenir le grand chelem (rires). En fait je crois que le pire serait d'être absent, ou transparent au point de ne pas se faire e Ewa Podlès déclarait il y a peu qu'il n'y avait pas de petits rôles. Pensez-vous comme cette grande dame du chant qui n'a jamais hésité à alterner, même au sommet de ses moyens, La marquise de Berckenfield avec Arsace, Mme de la Haltière avec Aureliano in Palmira, que cela soit exact ? remarquer. Ce rôle demande à être joué et d'ailleurs il faut savoir que Verdi a renvoyé la première Quickly qui, selon lui, n’était pas assez bonne comédienne : c'est un signe ! Cet opéra demande une préparation musicale d'une grande rigueur, peut-être aussi précise que de la musique de chambre. La partition est annotée de façon extrêmement claire et Verdi prévoit tout, legato, sostenuto, accents, couleurs vocales et si vous respectez ce qui est écrit, votre travail est déjà lourd. Quickly demande une personnalité exubérante, une nature de comédienne, qui doit s'épanouir grâce à la mise en scène. Vous devez être mise en valeur ou pas, cela dépend. Dans cette production de Dominique Pitoiset, les personnages sont moins extravagants et l'atmosphère y est plus sombre. Mais à chaque fois il faut être prête et solide d'un point de vue musical. Votre manière de chanter et de jouer ce rôle a-t-elle sensiblement évoluée en l’interprétant avec différents chefs et metteurs en scène ? Oui, sans aucun doute! L'évolution vient de l'accumulation des expériences : plus on chante un rôle, plus on le connaît. Le chanteur est peu de chose, il lui suffit de se présenter en connaissant sa partition sur le bout des doigts et de se laisser mener là où les autres veulent le conduire. Daniel Oren change souvent de tempo et il faut être solide pour le suivre, sinon l'équilibre peut être rompu. J'apprends à chaque fois sur chaque production et si je compare ma Quickly d'aujourd'hui avec ma première, je constate que je suis plus à l'aise sur toute la tessiture, que je possède plus de graves et d'aigus et que s'il m'arrive d'être fatiguée, l'expérience me permet de compenser cet état tout en restant à un excel- n t r lent niveau. Lorsque vous débutez vous n'avez pas cette appréciation, il faut se tromper, apprendre à se connaître, se questionner, car cela vous fait grandir en tant qu'artiste. Je vous dit tout cela mais je sais que je serai stressée le soir de la première, cependant le coussin ou le filet si vous préférez, est plus solide qu'autrefois. e Je suis tout à fait d'accord avec elle. Il faut savoir s'amuser, montrer que l'on est heureuse de les faire au moment où cela se produit. Je dirais aussi qu'il est nécessaire de varier les plaisirs car cela vous permet de garder la forme et de reposer la voix entre deux productions plus lourdes. L'équipe avec laquelle vous travaillez est également très importante, les collègues, le chef, le metteur en scène pouvant vous faire accepter des rôles plus ou moins exposés. Chanter Dame Marthe est un bonbon et il ne faut jamais hésiter à se faire du bien. Vous avez la chance de mener parallèlement à la scène une vraie carrière au disque. Votre dernier album chez Naïve rassemble Mozart, Haydn et Gluck. Qu'est-ce qui a guidé cette sélection musicale ? Cela faisait longtemps que je voulais m'atteler au répertoire classique, mais j'attendais le bon moment, car je n'ai pas eu la chance de montrer sur scène toutes les facettes de ma personnalité : Cherubino et Sesto sont distribués à des fils de fers et de ce fait me sont exclus. Ayant la chance de pouvoir m'exprimer en studio, j'ai souhaité montrer toute l'étendue de mes possibilités. J'ai également mis du temps à aborder Mozart, car sa musique pour formatrice qu'elle soit, m'est longtemps apparue comme tyrannique, dans sa forme et son tempo, comme une cage. Je me suis sentie prisonnière de cette cage et bien que me sentant capable de l'affronter techniquement parlant, je trouvais que ma voix ne possédait pas assez de couleurs. J'ai considéré que j’étais arrivée aujourd'hui à un niveau où la voix est plus contrôlée, plus musicale et traversée par plus d'émotions. Ainsi la ligne est-elle préservée, la forme soulignée et les détails aux- t i e n o p é r a quels je tenais insérés. Au final l'éventail de la voix est plus large et la palette de couleurs plus étoffée. Vous serez bientôt en tournée à Bâle, Berne et Zürich en passant par Genève le 11 avril pour interpréter Le poème de l'amour et de la mort de Chausson avec l'Orchestre de l’Académie Nationale de Sainte Cécile, dirigée par Antonio Pappano. Cette alternance opéra/concert est-elle essentielle pour votre équilibre, où uniquement la réponse à des propositions extérieures ? Non, cela peut arriver, mais dans mon cas je n'ai jamais eu à faire de choix alimentaires. J'ai jusqu'à aujourd'hui géré mon planning en pouvant choisir ce qu'il y avait de mieux. Beaucoup de mes collègues n'ont pas cette chance, je le sais. Pouvoir chanter ces concerts après les opéras est formidable et ce projet avec Pappano et l'Orchestre Santa Cecilia, un cadeau. Je les ai rencontrés pendant l'enregistrement de Guillaume Tell de Rossini et ce fut un plaisir constant. Je chantais Edwige et ai éprouvé un grand bonheur à me trouver là, entourée par de tels musiciens. L'idée de les retrouver prochainement jouer Chausson est un délice, d'autant qu'avec Pappano tout se fait dans l'harmonie : il aime tellement les voix. L'année 2013 est vraiment magique, la Scala, la Bastille, des récitals et des concerts, un requiem de Verdi dirigé par Daniele Gatti avec qui j'ai une relation intense, la Petite Messe solennelle à Paris, puis Suzuki au Liceu en juillet, que demander de plus ? Votre Isabella rossinienne à Nancy a connu un bel accueil : avez-vous espoir de poursuivre dans ce répertoire et si oui quel rôles aimeriez-vous aborder ? Quelle joie en effet : Rossini est ma nouvelle passion. Je chanterai d'ailleurs Tancredi au TCE l'an prochain avec Patrizia Ciofi. L'Italiana in Algeri a été un déclencheur, j’ai depuis chanté des concerts tout Rossini au Canada et serai aux côtés de Jean-Christophe Spinosi à Versailles pour un programme Mozart et Rossini. Ce répertoire fait appel à l'agilité de la voix sans l'exténuer, car à l'opposé du baroque je peux prendre le temps de respirer. J'aime le baroque, mais lorsque je l'interprète je ressens des tensions dans tout le corps, qui viennent du traitement instrumental demandé à la voix : après un Guilio Cesare, je suis fatiguée. Avec Rossini, l'ambitus est plus grand, mais la voix est moins contrainte. Isabella m'a fait l'effet d'une révélation et je ne demande qu'à revenir à ce répertoire : Arsace, Malcom et Clarice de La Pietra del paragone suivront peut-être, car ces rôles sont écrits pour de vrais contraltos. L'important dans une carrière artistique est de durer. Comment se présente pour vous les cinq années qui viennent ? J'ai envie de chanter longtemps et ma voix m'empêche de brûler les étapes car elle a besoin de temps pour mûrir. Mon calendrier est rempli jusqu'en 2017 et de belles choses arrivent qui suivent l'évolution de mon instrument et me font plaisir, telles que Dalila, Azucena et Penelope dans Il ritorno d'Ulisse de Monteverdi que j'attends avec impatience. Propos recueillis par François Lesueur Concert Migros-pour-cent-culturel-classics. Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, dir. Antonio Pappano, Marie-Nicole Lemieux, alto, Thomas Grossenbacher, violoncelle. Programme : Giuseppe Verdi : Ouverture «La forza del destino» Ernest Chausson : Poème de l’amour et de la mer Piotr Ilitch Tchaïkovski : Symphonie N° 6 en si mineur, op. 74, «Pathétique» Bâle - Stadtcasino, mercredi 10 avril 2013 - 19h30 Genève - Victoria Hall, jeudi 11 avril 2013 - 20h00 Berne - Kulturcasino, vendredi 12 avril 2013 - 19h30 Zurich - Tonhalle, samedi 13 avril 2013 - 19h30 SLocation : Service culturel migros 022/319.61.11 Marie-Nicole Lemieux © Denis Rouvre / Naïve e n t r e t i e n 27 o p é r a mais elles détournent inutilement l'attention du problème central posé par l'opéra et jettent à mon avis la confusion dans l'esprit du spectateur. grand théâtre de genève Karine Babajanyan Soprano d'origine arménienne, Karine Babajanyan s'est établie en Allemagne après avoir été invitée à faire partie de la troupe de l'Opéra de Stuttgart, un théâtre qu'elle quitte de plus en plus fréquemment pour répondre à des invitations provenant des plus grandes scènes internationales. Elle n'est pas inconnue en Suisse allemande, car elle a fait sensation en interprétant le rôle féminin principal de Mazeppa de Tchaïkovski à Berne, avant de reprendre celui de Rachel dans La Juive de Halévy sur les planches de l'Opéra de Zurich. A Genève, elle fera ses débuts dans la production de Madama Butterfly qui sera à l'affiche en avril prochain... Dans une interview qu'elle a bien voulu nous accorder par téléphone, cette artiste parle avec un enthousiasme débordant de ce rôle de Cio-Cio-San qui l'a marquée plus que tout autre: 28 Karine Babajanyan: J'ai incarné ce personnage de jeune fille japonaise dès mes premiers pas sur la scène lyrique; je peux presque dire que j'ai grandi avec lui! Avec le recul, je me rends compte qu'on ne devrait toutefois pas aborder un tel rôle avant d'avoir acquis une certaine maturité, vocale mais surtout psychologique! Le livret précise néanmoins clairement qu'il s'agit bien là d'une jeune adolescente de quinze ans... Certes, mais Puccini n'a pas écrit pour elle une musique dont une interprète de quinze ans pourrait faire façon ! L'artiste se trouve ici dans la même situation que lorsqu'elle aborde, par exemple, le rôle titre dans la Salomé de Strauss qui est aussi censé être joué par une femme de moins de vingt ans! Le rôle de Butterfly est tout simplement écrasant. Depuis son entrée en scène, retardée longuement par le compositeur pour créer un véritable coup de théâtre, elle ne quitte pratiquement plus le plateau pendant près de deux heures. De fait, c'est elle qui assure le succès de la représentation ou qui la fait couler, tant l'équilibre entre elle et ses partenaires reste fragile : la servante Suzuki, le consul américain Sharpless et même son amant d'un soir Pinkerton ne font que lui donner la réplique, sans avoir par eux-mêmes droit à une existence autonome. Le compositeur, après l'échec retentissant de la première à Milan, a bien essayé d'ajouter un air réservé au ténor au cours du troisième acte (il s'agit de la romance mélancolique 'Addio fiorito asil..'), mais celui-ci ne nous apprend pas grand chose sur la nature profonde du e personnage; il n'est que l'expression du désespoir bien tardif et peu crédible d'un jeune séducteur qui ne s'est pas rendu compte de l'étendue des dégâts provoqués par son attitude désinvolte face à une jeune femme totalement sincère. Revenons à cet échec impitoyable essuyé par cette Madama Butterfly, aujourd'hui si populaire, au Teatro alla Scala en cette soirée du 17 février 1904 : avez-vous une esquisse d'explication pour ce qui reste aujourd'hui presque un mystère, à l'image de ce qui s'est passé à Venise après l'incroyable four que fut la création de La traviata ? Je ne saurais me substituer à un musicologue, mais pour avoir participé à Anvers à une production de la version primitive de Butterfly, je crois comprendre ce qui a bien pu se passer à Milan. La partition originale ne comprend en effet que deux actes, le deuxième étant d'une longueur démesurée par rapport à celui qui le précède. Au premier acte, plus exactement pendant les préparatifs de la cérémonie du mariage, la musique adopte un ton gai, déluré presque, pour dépeindre différentes petites séquences franchement comiques; cela culmine avec l'irruption d'un oncle ivre qui met en joie tous les hôtes réunis pour l'occasion en racontant des histoires drôles. La différence de ton entre ces moments aujourd'hui supprimés et la montée du drame dès les premiers échanges de répliques entre Pinkerton et sa jeune promise (avec l'évocation du suicide par seppuku du père de Butterfly) est telle qu'il y a véritablement hiatus. Il en va de même au troisième acte, lorsque le consul américain vient vers Butterfly pour lui offrir de l'argent afin qu'elle abandonne la garde de son enfant à la nouvelle femme du beau lieutenant américain. De telles scènes font peut-être sens dans la construction du drame original, n t r e Vous parliez tout à l'heure de la difficulté du rôle; est-il exigeant par la charge émotive qu'il contient, par sa longueur ou par ses difficultés techniques ? Lorsque vous incarnez Butterfly, il est quasiment impossible de prendre de la distance. Et pourtant, il est impératif de pouvoir le faire, ne serait-ce que pour pouvoir achever la soirée sans fondre en larmes! Seul un effort de concentration de tous les instants permet d'aborder les diverses facettes psychologiques du rôle sans se laisser emporter. Techniquement, Puccini n'épargne pas son interprète : la fameuse scène d'entrée avec chœur d'accompagnantes est d'une beauté fulgurante, mais elle se termine pour Cio-Cio-San sur un ré aigu, la plus haute note que le compositeur ait jamais réservée à une interprète féminine dans ses opéras. Par la suite, après les grandes envolées extatiques du duo, le rôle navigue entre un parlando rapide où la voix doit travailler sur la justesse de l'accent plus que sur l'épanouissement du son et quelques moments d'épanchement, comme le fameux air 'Un bel di vedremo...' qui a beaucoup contribué au succès de l'ouvrage et qu'on entend pratiquement dans chaque soirée d'extraits d'opéra. Et puis il y a la fin, avec ces adieux à son fils qui, vocalement, sollicitent plutôt le grave et demandent de l'interprète une gestion particulièrement périlleuse des notes du milieu de la tessiture; il s'agit là de les rendre audibles par-dessus l'orchestre pour que l'air puisse faire tout son effet. Même les moments où je ne chante pas sont primordiaux; je pense notamment au long intermède musical qui sépare les actes deux et trois où l'orchestre décrit la longue nuit de Butterfly attendant dans sa maison l'arrivée du père de son enfant après avoir vu la canonnière sur laquelle il est engagé entrer dans le port de Nagasaki. Longtemps, j'ai considéré ce moment comme une détente bienvenue qui me permettait de boire un peu avant d'entamer le 3e acte. Et puis, lorsque je suis arrivée à Stuttgart, le metteur en scène a exigé que je reste immobile, debout devant le public, pour que l'insupportable angoisse de l'attente soit partagée par chacun dans la salle. J'ai voulu protester, puis ai essayé d'assumer la pose en représentation. Et j'ai alors découvert que ce moment, loin de me fatiguer, donnait au personnage une intensité dramatique supplémentaire dont profitait mon interprétation dans la demi-heure qui suivait. t i e n o p é r a une mise en scène nouvelle dans un emploi dont vous connaissez, vocalement du moins, chaque recoin ? L'orchestre de Puccini, précisément, est nettement plus lourd que celui de Verdi, par exemple. Cela ajoute-t-il à la difficulté, pour l'interprète, de conserver sa voix jusqu'aux mesures finales ? Verdi n'est pas plus facile à chanter que Puccini, mais les difficultés sont ailleurs. Chez Verdi, chaque note doit être traitée presque comme un univers en soi tant la précision du moindre détail ou ornement dans la ligne de chant y est importante. Chez Puccini, c'est le profil de la mélodie qui prime: il ne permet aucun relâchement vocal. La puissance l'emporte presque sur la précision de l'articulation car le compositeur conçoit ses scènes comme de longues séquences où l'émotion est littéralement portée en avant par l'orchestre (alors que chez Verdi, grossièrement dit, c'est la voix elle-même qui joue ce rôle). Cela ne veut bien sûr pas dire que le chanteur doit toujours lutter à armes inégales contre une masse instrumentale importante, et il y a de nombreux endroits dans Butterfly où l'orchestre est quasiment silencieux. Mais il importe que le chant s'inscrive dans un tout dont il n'est qu'un des éléments constitutifs pour que la magie du mariage de l'action dramatique sur le plateau et du commentaire orchestral en fosse opère réellement. A-t-il été difficile pour vous d'entrer dans la peau d'un personnage aussi étranger à notre culture ? J'ai chanté le rôle de Butterfly à Tokyo où j'étais entourée de Japonais, sur la scène comme dans la fosse. Et je ris encore en pensant aux premières réactions de mes partenaires lorsqu'ils me voyaient arpenter la scène à trop grands pas!... On m'a tout de suite rappelé qu'une femme japonaise ne pouvait se permettre de grandes enjambées afin de ne pas mettre en danger la féminité mystérieuse qui se dégage des mouvements e n t r Oui, mais le problème est que cet opéra, bien que très populaire, bénéficie rarement d'une vraie réalisation scénique neuve. Dans la plupart des grands théâtres de répertoire, les productions du chef-d'œuvre de Puccini ont connu d'innombrables reprises, au point qu'il est presque impossible de retrouver l'élan de la première. Je suis donc très contente de venir à Genève où la coproduction avec le Houston Grand Opera prévoit que le metteur en scène original sera présent. Je trouve en effet vital de travailler enfin mon rôle depuis le début avec un metteur en scène dont les idées n'ont pas été passées à la moulinette par des cohortes d'assistants qui n'étaient souvent même pas présents personnellement lors de la première de la production dont ils ont aujourd'hui la charge. Le rôle de Butterfly est un de ceux que vous avez interprété le plus souvent un peu partout dans le monde. Fait-il maintenant partie de Karine Babajanyan harmonieux d'une vraie geisha. Au fil des répétitions, nous nous sommes progressivement rendu compte que ce qui primait était la sensation que j'éprouvais en entrant dans le personnage. Il ne s'agissait pas de singer une attitude qui me restera toujours foncièrement étrangère, mais de trouver dans la panoplie des gestes que j'effectue naturellement ceux qui correspondaient à l'idée que voulait véhiculer la mise en scène en présentant le personnage. Au final, j'ai donc découvert qu'une cantatrice européenne pouvait à juste titre revendiquer son droit à chanter Butterfly sans renier totalement sa culture, ce que le compositeur dans tous les cas ne pouvait espérer de ses interprètes! Car qu'on le veuille ou non, le spectateur ne voit toujours que la Cio-Cio-San de Karine Babajanyan dès que j'entre sur un plateau d'opéra... Aimez-vous retravailler ce rôle avec d'autres artistes lorsque vous devez habiter e t i e vous-même ? Sans aucun doute. Dès que j'entre en scène, je suis Butterfly. Bien sûr, il y a des moments où je redeviens l'artiste qui s'étonne de voir autant de difficultés disséminées par le compositeur dans ce rôle marathon, mais quand je suis en scène, seule face au public, j'arrive toujours à un moment où je me dis que la musique ne contient pas une note de trop et que, si toutes les conditions sont remplies dans la fosse et sur le plateau, je ne connais pas de personnage plus comblant que celui-ci dans le répertoire lyrique. Propos recueillis au téléphone par Eric Pousaz Madame Butterfly au Grand Théâtre les 20, 23, 26 et 29 avril ainsi que les 2 et 5 mai. Renseignements et location des places: http://www.geneveopera.com n 29 o p é r a en suisse alémanique Tutto Verdi L'année du bicentenaire de la naissance de Verdi a commencé sur les chapeaux de roues; en janvier, chacune des grandes salles lyriques de Suisse proposait une nouvelle production d'un des titres du compositeur italien. Après La traviata à Genève, Berne offrait Macbeth, Bâle affichait Un ballo in maschera alors que Zurich s'attaquait à Rigoletto. Personne ne songerait bien sûr à se plaindre d'une telle profusion; on peut seulement regretter que, parmi les vingt-sept tires de la production verdienne, le choix des responsables de la programmation se porte toujours sur les mêmes... Berne : Macbeth 30 Macbeth de Verdi n'est pas un opéra facile à afficher sur le plateau d'un théâtre de moyenne importance car il faut réunir une distribution contenant au moins trois grandes voix; la partie chorale est une des plus complexes du répertoire verdien de cette période et la mise en scène exige des solutions simples mais cohérentes aux nom-breux changements de lieu prévus par le livret. Le Théâtre de Berne a pleinement réussi sa mission au plan musical. L'orchestre, que dirige avec une énergie communicative un Srboljub Dinic survolté, étend un tapis aux couleurs chamarrées sous les voix des chanteurs qu'il ne commet jamais l'erreur de couvrir. La tension ne se relâche pas tout au long de ces deux heures et demie de spectacle et enchâsse les voix dans un somptueux écrin qui les met en valeur. Le chœur se surpasse dans ses nombreuses interventions qui séduisent autant par la pure beauté sonore que par l'admirable cohésion de tous les registres. Quant à la distribution, elle rend parfaitement justice à la musique avec des atouts que pourraient envier bien des chanteurs de scènes financièrement mieux dotées. Robin Adams prête sa voix vibrante à un Macbeth d'une confondante richesse de nuances même s'il reste évident, dans les deux airs du dernier acte notamment, qu'il touche aux limites de ce que son timbre peut envisager d'aborder sans dommage dans ce répertoire. La cantatrice française Fabienne Jost ne connaît pas ce type de problème, car son soprano est d'une ampleur peu commune; ce qui gêne néanmoins dans son interprétation, c'est une absence totale de style qui la pousse à ajouter différentes interjections hideuses à son ‘Air du somnambulisme’ et à forcer un aigu strident au point de détimbrer lourdement dans le brindisi qui clôt le 2e acte. Mais, pourraiton objecter, Verdi ne voulait-il pas une voix ‘laide’ pour ce rôle ? Il n'y a par contre que du positif à dire du Banquo sonore, aux aigus ronds et fermes, de Pavel Shmulevich et du Macduff au timbre clair et à l'intonation parfaite d'Adriano Graziani. Même les rôles épisodiques comme celui de la Servante de Lady Macbeth confiée au mezzo parfaitement conduite Claude Eichenberger ou du Malcolm bien chantant d'Andries Cloete attestent de l'excellente santé d'une troupe bernoise en bon état de marche. Les choses se gâtent du côté de la mise en scène. Ludger Engels a eu la curieuse idée d'introduire des extraits du drame original de Shakespeare, dits en anglais à n'importe quel moment de l'ouvrage, par exemple au milieu d'une forme musicale aussi complexe que les finals des actes, par exemple. On eût encore pu excuser un traitement aussi barbare de la musique si la scène (Rick Schachtebeck) nous présentait une vision cohérente du drame, mais on en est bien loin. Tout se joue dans un intérieur bourgeois d'une laideur passe-partout où ne manque même pas l'inévitable ordinateur portable; on songe bien sûr immédiatement à une ‘impossible’ maison de meubles bien connue. Une chambre d'enfants emplie de peluches signale la stérilité de Lady Macbeth, cause de tous les malheurs du peuple écossais comme le montre la systématique exploitation de cet espace clos pour faire apparaître les visions qui tourmentent l'esprit du couple infernal. Les sorcières, en deux-pièces impeccablement propres (les costumes sont de Moritz Junge), se déhanchent comme des secrétaires en goguette un samedi soir de paie et se changent à peine pour incarner tour à tour les hôtes au banquet offert par la famille Macbeth ou les pauvres déshérités d'un peuple qu'a ruiné une guerre assassine. On l'aura compris, c'est avec la musique que cette représentation atteint à l'exceptionnel et justifie amplement un déplacement dans la Ville fédérale. Rens. : www.konzerttheaterbern.ch/musiktheater Représentations jusqu'au 14 avril Bâle : Bal masqué La metteuse en scène bulgare Vera Nemirova a opté pour une mise en scène résolument symbolique du Bal masqué. L'action se joue d'abord devant la façade d'une propriété américaine d'une blancheur aveuglante, avec péristyle à colonnes et larges fenêtres à croisillons (décor de Werner Hütterli); un plateau tournant permet de montrer ensuite l'intérieur de ce bâtiment, qui s'avère vide de tout ameublement et se mue en squelette d'un décor de carton-pâte avec son enchevêtrement de passerelles de fer permettant d'accéder aux diverses fenêtres de la maison. En passant constamment de l'extérieur pompeux du bâtiment à ses entrailles qui manifestent clairement la dimension théâtrale du lieu, la mise en scène rend attentif aux limites du paraître dans le monde de la politique. La vie privée n'y trouve pas vraiment sa place car tout est calculé pour faire une impression favorable sur la populace; lors du fameux bal où a lieu l'assassinat, le plateau présente tour à tour les deux pans de ce décor peuplé de personnages allégoriques attestant l'omniprésence de «Macbeth» © Annette Bouteillier a c t u a l i t é o p é r a «Un Ballo in maschera» avec Riccardo Massi, Sunyoung Seo, Eung Kwang Lee © Hans Jörg Michel la mort. Vie privée et vie publique se mêlent alors en une danse macabre qui s'achève sur la note discordante du coup de couteau fatal. La cohérence du propos n'est ici pas acquise aux dépens de celle du livret; dans l'ensemble, le propos dramatique convainc donc et offre une relecture de l'intrigue qui pose de nombreuses questions sans réponses auxquelles le spectateur est contraint de penser longtemps encore après avoir quitté le théâtre. Giuliano Beta, à la tête du Sinfonieorchester de Bâle, ne parvient pas à ce même degré de cohérence; son accompagnement brusque met plusieurs fois les chanteurs en péril par ses brusques changements de rythme et les décalages entre la fosse et le plateau ne se comptent plus. On lui sait toutefois gré de soigner au maximum les soli des bois permettant une fine peinture des climats de ce sombre drame, notamment dans le sublime duo du 2e acte chanté sous un échafaud. Sunyoung Seo possède une voix ample dont les aigus larges et pleins couronnent un chant d'une admirable plasticité; face à une Amelia aussi somptueuse, le Riccardo de Riccardo Massi paraît plus prosaïque avec son ténor légèrement engorgé, mais le chanteur ne démérite pas dans la mesure où son interprétation a du style et du panache. Eung Kwang Lee fait montre, lui, d'un aplomb impressionnant en Renato, le mari qui se croit trompé: sa voix corsée ne se complaît jamais dans un forte spectaculaire mais cherche plutôt dans une fourchette de dégradés subtils à rendre sensibles les effets de la jalousie qui l'envahit. Tatjnana Charalgina, un Oscar au soprano plutôt vert, et Sanja Anastasia, une Ulrica à qui le grave manque encore de puissance, complètent cette distribution à laquelle le choeur, admirablement préparé, ajoute ses touches de couleurs tour à tour menaçantes ou éclatantes. (15 février) un ressort dramatique détaché de tout contexte. Si les associations entre ce qu'on voit sur le plateau et la situation décrite par Verdi et son librettiste sont évidentes pour tout connaisseur de l'opéra, on peut légitimement douter de la pertinence d'une mise en scène qui refuse au spectateur occasionnel le droit de comprendre ce qui se joue sur le plateau. La distribution est dominée par le soprano tour à tour aérien et chaleureux d'Aleksandra Kurzak qui évolue au fil de la représentation pour faire ressentir de l'intérieur le mûrissement de la jeune fille au chant virginal qui va finalement au devant de la mort en parfait accord avec sa nature de femme amoureuse qui ose s'avouer des désirs jusque-là tenus secrets. Saimir Pirgu est un Duc plus monochrome: le timbre est certes beau, pétulant de santé et claironnant quand il le faut, mais le rôle ne convient pas à la personnalité plutôt timide de ce chanteur: son donjuanisme paraît fort appliqué en la circonstance, et l'on doute que ses succès soient aussi nombreux que ce que suggère la musique. Quinn Kelsey en Rigoletto fait montre d'une assurance autre: son chant vibrant emplit facilement le petit auditorium zurichois et il serait un Rigoletto parfait s'il parvenait à varier un peu plus une émission qui semble encore bien monolithique. Excellent Sparafucile, Christof Fischesser fait par contre clairement entendre ce que Verdi entendait confier aux voix de basses qu'il employait: un chant à la fois brûlant et nuancé. Judith Schmid déçoit avec sa Maddalena à l'émission raide, aux graves pauvres en couleurs et à l'aigu vrillant. «Rigoletto» avec Quinn Kelsey (Rigoletto) et Aleksandra Kurzak (Gilda) © Hans Jörg Michel Zurich : Rigoletto Tatjana Gürbaca adopte un parti pris scénique encore plus radical en supprimant tout décor dans la nouvelle réalisation de Rigoletto qu'elle a signée à l'Opéra de Zurich. L'action se joue sur une scène nue où trône une grande table et quelques chaises. Les costumes, de coupe contemporaine. sont franchement laids et se cantonnent dans un gris tristounet, si l'on excepte le bermuda jaune du Duc déguisé en étudiant et la jupette rose bonbon qu'enfile Gilda avant de se faire enlever par ses ravisseurs... Devant un recours systématique à la banalité d'un quotidien disgracieux à souhait, on peut se demander ce qu'un spectateur qui verrait pour la première fois cet opéra peut bien comprendre à l'intrigue. La metteuse en scène ne nous raconte en effet rien du tout; chaque scène sert à met-tre en exergue a c t u a l Fabio Luisi fait des merveilles à la tête d'un orchestre admirablement disposé; son accompagnement reste toujours d'une plasticité admirable qui aide à 'voir' ce que la scène nous refuse en créant pour nos oreilles un véritable décor suggérant les divers lieux de l'action. Chaque séquence instrumentale paraît ainsi dotée d'une intense vie dramatique au point que c'est souvent dans la fosse, non sur le plateau que le véritable drame se noue... (17 février) Eric Pousaz i t é 31 o p é r a à berlin Les diktats de la mode La scène allemande est dominée par ce que l'on appelle souvent les tenants du Regietheater, c'est-à-dire des adeptes d'un style de production qui fait fi des exigences des librettistes et compositeurs pour tenter de trouver des passerelles plus ou moins ténues avec le monde d'aujourd'hui. Ainsi a-t-on déjà vu une Traviata minée par le sida exhalant ses plaintes dans une station de soins intensifs ou une Gudrune du Crépuscule des dieux adepte du fitness en salle... Otello à l'hospice 32 Dans sa mise en scène récente de l'avantdernier chef-d'œuvre de Verdi, Andreas Kriegenburg décide de transposer l'action dans un centre de requérants d'asile. Le colossal décor de Harald Thor se présente sous la forme d'une immense paroi haute de sept étages, percée de petites cellules où sont entassés des émigrants de toute provenance. Une foule compacte envahit le plateau à chaque instant au point de transformer en scènes populaires les moments les plus intimistes du drame. En conséquence, l'histoire de Desdemona et d'Otello sombre rapidement dans l'anonymat car le spectacle se déroule en marge de leurs trajectoires de vie, qui n'est finalement qu'une anecdote dans cet antre de la misère où chacun pourrait à son tour raconter les péripéties d'une existence encore plus chahutée. Le projet théâtral de cette soirée pas comme les autres est certes fort; mais on peut se demander si un tel plaidoyer scénique contre la misère a vraiment besoin de la musique de Verdi pour exister. Dans la fosse, par contre, le compositeur est bien au rendez-vous. Le directeur général de la musique du Deutsche Oper, Donald Runnicles, offre de la partition une lecture haletante, plutôt lente, mais toujours chargée d'une émotion qui tient constamment l'auditeur en haleine. Le chef écossais met un soin particulier à faire ressortir les finesses de l'orchestration comme pour prolonger le chant d'échos mystérieux qui ajoutent au trouble que la situation dramatique ne manque de créer dans l'esprit du spectateur. Le tissu sonore se veut à la fois dense et lumineux, et lorsque les crescendos atteignent leur point culminant comme dans le final du 3e acte, par exemple, la puissance du son n'est jamais écrasante, elle s'impose tout simplement comme le seul exutoire possible aux passions ravageuses que la musique décrit en ce moment. Peter Seiffert est un Otello de grande classe, même s'il s'avère que sa technique reste orientée vers le chant allemand: une a certaine raideur d'émission et un manque flagrant de charme et de luminosité dans le son ont tendance à tirer le rôle vers les débordements d'un Tristan ou d'un Tannhäuser. La clarté et la noblesse de son métal vocal donnent pourtant à son portrait de jaloux maladivement tourmenté une touche de vérité dramatique qui émeut. Adrianne Pieczonka lui donne la réplique avec une élégance, mais aussi une énergie qui lui permettent de camper une Desdemona qui n'a rien de la victime passive tant son soprano d'une largeur étonnante habite sa musique avec véhémence. Lucio Gallo en Iago n'est pas en reste; moins haineux et ouvertement diabolique que de coutume, il fait du personnage un être cauteleux d'autant plus dangereux que les règles du bel canto le plus pur ne sont jamais transgressées au nom d'une expressivité outrancière. Le Cassio d'Yosep Kamp, au chant délié et charmeur, incarne avec aplomb le parfait antidote à l'Otello déchiré de Seiffert, alors que le Rodrigo extraverti de Burkhard Ulrich et l'Emilia prenante de Dana Beth Miller complètent cette distribution royale en tous points. (Deutsche Oper, 27 février) Tosca ... à Rome Brusque retour en arrière dans le temps avec cette mise en scène de Boleslaw Barlog qui a été inaugurée sur les planches le 13 avril 1969. On est presque surpris de découvrir, au lever du rideau, un décor qui fait simplement voir ce qui est décrit avec précision dans le livret; les costumes, somptueux et admirablement coupés, sont taillés à la mode du temps où se joue l'action, alors que les com- c t u a portements obéissent encore aux plus élémentaires règles du savoir-vivre d'alors. Le baron Scarpia, par exemple, manifeste sa concupiscence avec discrétion, sans enlever les gants que ses parents lui ont appris à enfiler lorsqu'il s'adressait à une femme et la cour qu'il fait à la chanteuse ne manquerait pas de sérieux arguments pour la convaincre. Et le miracle opère! Les situations dramatiques mises en musique par le compositeur émeuvent comme au premier jour, même si elles ressortissent au monde du mélo le plus éculé, car musique, texte et jeu scénique jouent à l'unisson la même carte dramatique. Presque surpris par une telle fidélité à la lettre et à l'esprit du spectacle d'origine, le spectateur découvre que Puccini n'a finalement pas besoin qu'on modernise son propos pour que son ouvrage fasse de l'effet aujourd'hui. Et tant pis pour ceux qui refusent de se laisser porter, le temps d'une soirée, par la vague de la nostalgie. La distribution, remaniée en dernière minute pour cause de grippe, est d'une homogénéité impressionnante. La soprano chinoise Hui He ne fait pas regretter l'absence d'Anja Harteros tant son chant est incisif, précis et agréablement ouvert dans l'aigu. Le ténor espagnol Jorge de León prête à Cavaradossi son timbre éclatant de santé, généreux dans le forte mais jamais à la peine dans le médium: il ne fait aucun doute que la scène lyrique tient là le chanteur d'exception qui devrait assurer la relève dans ce type de répertoire. Ivan Inverardi évite de faire de Scarpia un être méprisable; sa monstruosité s'explique par la passion aveugle qu'il porte à la cantatrice qui se refuse à lui: rarement son air au début du 2e acte, aura paru aussi émouvant, dans la mesure où il traduit le déchirement d'un personnage que la nature n'a pas gâté sur tous les plans. La magie d'un chant incroyablement raffiné lui permet de rendre audibles d'imperceptibles «Aida» © Marion Schöne l i t é o p é r a chatoiements qui font vibrer les fibres les plus intimes de son être tout en rapprochant curieusement le personnage de cet autre être cynique et torturé qu'est Rigoletto. Remarquables, tous les emplois secondaires sont tenus par des chanteurs qui assument avec crânerie la brièveté de leur rôle et contribuent ainsi à faire de chaque moment de ce spectacle étonnant une des plus belles réussites qui soient. A la tête d'un orchestre discipliné, Donald Runnicles offre de la musique de Puccini une interprétation aux contours anguleux, presque agressifs, dans des moments de violence qui font idéalement contraste avec les passages plus sirupeux des longues envolées amoureuses réservées aux airs et duos des deux protagonistes. (Deutsche Oper, 28 février) Aida au musée Pet Halmen a, lui, choisi de raconter l'histoire d'Aida comme s'il s'agissait du rêve d'un visiteur du XIXe siècle égaré dans la section égyptienne d'un musée imaginaire. Les fastes de la cour pharaonique envahissent progressivement le plateau lorsque le roi, tout d'or vêtu, descend de la vitrine où sa statue grandeur nature est exposée. Pendant la scène du triomphe, les deux époques se mêlent plus ou moins harmonieusement jusqu'au final où la nuit se fait sur Aida et Radamès à l'agonie tandis que le visiteur au musée de la scène initiale, secouant la tête, sort de sa rêverie en se demandant ce qui a bien pu lui passer par la tête et quitte la salle d'un pas pressé. A défaut de renouveler l'intérêt d'une intrigue assez convenue, le procédé permet au moins au spectateur d'éviter l'écueil du gigantisme pour concentrer l'attention du spectateur sur la complexité de la situation psychologique. Et c'est finalement ce que souhaitait le compositeur lui-même... La distribution n'est malheureusement pas à la hauteur des exigences des rôles, ce qui vaut notamment pour le Radamès braillard de Marco Berti qui a oublié qu'on peut chanter l'opéra italien mezzo voce: il traverse la soirée en vainqueur sûr de lui, comme si un ténor italien n'existait que par les puissants sons de poitrine qu'il parvient à disséminer à tous vents. Franco Vassallo en Amonasro essaie de lui damer le pion et se cantonne lui aussi dans un fortissimo qui finit par fatiguer l'oreille la plus indulgente. Lucrezia Garcia fait preuve de plus de retenue en Aida et elle serait parfaite si elle maîtrisait mieux son large vibrato dans l'aigu où le chant tend à devenir dur et criard. Seule Ekaterina Semenchuk semble vraiment à l'aise dans le rôle d'Amneris dont elle trace un portrait admirablement différencié qui sied bien à son timbre onctueux, suave a c t u mais ferme quand il le faut. Leo Hussain, à la tête d'un orchestre peu inspiré, parvient sans trop de problèmes à coordonner les événements sur scène, mais sans briller... (Staatsoper 1er mars) Un Crépuscule des dieux chaotique «Le Crépuscule des dieux» avec Iréne Theorin (Brünnhilde) et Ian Storey (Siegfried) © Monika Rittershaus Alors que le Grand Théâtre se lance ce mois-ci dans l'aventure d'un nouveau Ring, le Staatsoper de Berlin mettait ce soir-là la dernière main au sien. L'entier de la Tétralogie sera joué trois fois à Berlin en avril avant de se déplacer à Milan au Théâtre de la Scala, coproducteur du spectacle, où deux séries complètes occuperont l'affiche entre les 17 et 29 juin. Le metteur en scène belge Guy Cassier n'a rien de bien neuf à proposer, malgré l'utilisation intensive de projections qui dérangent l'auditeur, trop souvent amené à se demander ce qu'elles peuvent bien signifier dans le contexte. Voir par exemple le film en négatif d'une chanteuse la bouche grande ouverte occuper tout le fond de l'espace scénique tandis que l'action continue à se dérouler sous nos yeux comme cela arrive dans une bonne partie du 2e acte ne permet pas une meilleure compréhension du sujet. De tels dérapages, trop fréquents dans cette dernière soirée de la Tétralogie, gâchent durablement une impression d'ensemble qui eût pu être nettement plus positive tant certains éléments du spectacle sont prenants, comme cet intérieur des Gibichung, construit comme un sinistre ossuaire où la ruse et la mauvaise foi suintent de partout. En sus, les jeux de scène n'apportent aucun éclairage neuf à l'intrigue et puisent sans vergogne dans le vocabulaire gestuel des décennies passées où mise en scène rimait simplement avec mise en mouvement ou mise en image. Daniel Barenboïm n'était pas dans un de ses grands soirs. Sa lecture, très lente, semblait fatiguer des musiciens qui se sont offert le luxe de quelques couacs retentissants qu'on ne s'attend pas à entendre sortir de la fosse d'un Opéra où Wagner est quasiment à l'affiche chaque mois. Mais peut-être le musicien, présent sur tous les fronts en ces mois de mars et d'avril, a-t-il présumé de ses forces : en six semaines, il dirige en effet plusieurs concerts symphoniques, accompagne des soirées de lieder et porte en outre la responsabilité de trois cycles complets de cette nouvelle Tétralogie avec, en guise de prélude, trois soirées consacrées à ce seul Crépuscule des a l i t dieux... Les amateurs de belles voix ne sont pas à la fête non plus. Certes, Iréne Theorin est une Brünnhilde de choix qui traverse le rôle avec une fulgurance ne trahissant aucune fatigue sauf lorsqu'il s'agit soudain de baisser le potentiomètre. Des fêlures apparaissent alors qui font craindre que sa carrière, commencée il y a peu de temps, ne dure pas aussi longtemps que celle d'une Birgit Nilsson. Le Siegfried d'Ian Storey paraît, lui, bien fatigué dès le départ et doit aménager la ligne de chant de sa sortie au milieu du 2e acte parce qu'il ne se sent plus la force d'affronter un si aigu. Si le contrat est, dans l'ensemble, rempli, on ne dira pas néanmoins que l'émotion a souvent été au rendez-vous. Le timbre de Mikhail Petrenko manque de noirceur naturelle pour incarner un Hagen inquiétant : l'artiste se voit alors contraint de recourir à sa grande technique pour élargir le son, ce qui l'incite trop souvent à adopter un style d'émission en force qui le laisse presque aphone en fin de représentation. Marina Poplavskaya paraît elle aussi égarée dans le rôle pourtant court de Gutrune: la voix vibre avec trop d'intensité et il est souvent difficile de trouver une quelconque cohérence à la suite de sons dépareillés qui sortent de sa gorge. Plus réjouissant, le Gunther de Gerd Grochowski rappelle à bon escient que la musique de Wagner gagne à être chantée avec nuances, dans la mesure où il s'agit aussi d'habiter un personnage en donnant un poids juste à chacune de ses paroles, à chacun de ses gestes. Idéal de noirceur et de tenue, l'Alberich de Johannes Martin Kränzle remporte tous les suffrages; parfaits également les deux trios de femmes qui incarnent les Nornes et les Filles du Rhin alors que Marina Prudenskaja fait une fois de plus vibrer l'auditoire avec une Waltraute au chant ardent, brillant et magnifique de stabilité dans sa grandiose évocation d'un Wotan défait et désespéré, attendant la destruction finale de son univers programmée depuis le début de cette longue épopée musicale. (Staatsoper, 3 mars) Eric Pousaz é 33 o p é r a qui sonne fort, la direction musicale de Balazs Kocsar est énergique, enjouée, tout en veillant à ne pas couvrir les chanteurs ; l’orchestre est appliqué, mais pas en permanence exempt de tout reproche (exemple du violoncelle solo sur l’air de Konstanze). à montpellier Die Entführung aus dem Serail François Jestin Mozart : DIE ENTFÜHRUNG AUS DEM SERAIL – le 4 février 2013 à l’Opéra Comédie de Montpellier Toute nouvelle production d’Alfredo Arias est en général très attendue, mais celle-ci se révèle bien peu marquante. 34 En se remémorant certaines de ses réalisations passées (comme Les Indes galantes, les Contes d’Hoffmann, …), on se demande bien où sont passés l’originalité, la fantaisie, l’exubérance souvent, et parfois le petit grain de folie du metteur en scène argentin. Certes le décor de Roberto Platé en jette au premier coup d’œil : une haute salle est couchée à l’horizontale sur le plateau, ses quatre parois avec portes et fenêtres se retrouvant à cour, à jardin, au sol et sous les cintres. Le fond de scène montre donc un plafond richement décoré de ciel et de nuages, derrière un imposant cadre doré, qui participe au statisme général ambiant… voire à une certaine muséification du spectacle. Un voile d’une mer déchainée est tiré en avant-scène, et on éprouve une forte impression de déjà-vu… mais pour le Vaisseau Fantôme de Wagner ! Les mouvements des solistes sont très caricaturaux par instants : Blondchen qui fait mine de tirer au pistolet avec ses deux doigts sur Osmin, ou Konstanze qui écarte généreusement son bras gauche, puis le droit dans son grand air « Martern aller Arten ». Vocalement, Cornelia Götz (Konstanze) amène beaucoup de plaisir, avec une maîtrise presque parfaite des difficultés de la partition, et un timbre idéal dans les dialogues parlés, qualité malheureusement absente chez Trine Wilsberg Lund (Blondchen), voix musicale mais pincée et pointue qui tire vers la soubrette. Wesley Rogers (Belmonte) est un ténor mozartien qui développe une élégante ligne de chant, après toutefois avoir réglé l’intonation au début de ses airs, tandis que la noblesse de timbre est moindre chez Jeff Martin (Pedrillo), tout à fait en ligne avec le personnage. La basse Jan Stava (Osmin) manque par moments de projection et reste engorgée (aucun applaudissement après son air du III « Ha, wie will ich triumphieren » !), alors que Markus Merz est un régal dans le rôle parlé du Pacha Sélim. Dans une acoustique très sèche et Jeff Martin, Wesley Rogers, Cornelia Götz et Trine Wilsberg Lund © Marc Ginot a c t à marseille Elektra Tout est loin d’être parfait au cours de la représentation, surtout pour la partie vocale, mais c’est clairement le plaisir qui prend le dessus à l’issue du spectacle. Jeanne-Michèle Charbonnet et Marie-Ange Todorovitch © Christian Dresse La réussite de la soirée tient d’abord à l’admirable direction musicale de Pinchas Steinberg, qui semble galvaniser la phalange marseillaise et maintient de bout en bout une tension dramatique indispensable à cet ouvrage. Le chef se met aussi complètement au service des chanteurs, en leur indiquant précisément chaque départ, et en gardant sous contrôle le volume de la fosse afin de ne pas les noyer sous un flot de décibels. A l’inverse, les sérieux et évidents problèmes d’aigus de l’Américaine Jeanne-Michèle Charbonnet distribuée dans le rôle-titre constituent le gros point faible de la soirée. Régulièrement, et surtout lorsqu’ils sont à dérouler dans la phrase musicale, les aigus sont douloureusement en-dessous du ton attendu, alors que curieusement certaines notes aigues attaquées directement sont justes. Le médium et les graves sont en revanche bien présents et l’actrice joue et vit le personnage, avec ce qu’il faut de sauvagerie. Bien plus en situation que dans sa récente Isabella sur la scène phocéenne, Marie-Ange Todorovitch est une Klytämnestra monstrueusement crédible, à la fois vocalement et visuellement ; un trou passager de texte nous fait craindre le pire… mais la mémoire revient heureusement très vite ! C’est tout de même Ricarda Merbeth (Chrysothemis) qui remporte sans problème la palme vocale féminine, s’imposant – parfois avec insolence – dans ses confrontations avec u a l i t é o p é r a Elektra. Habituée à des rôles comme Salome, Senta ou Sieglinde (déjà chanté à l’Opéra Bastille), la soprano allemande possède un gros format vocal et les aigus partent comme des flèches. Les interventions de Nicolas Cavallier (Orest) sont plus musclées qu’émouvantes, et Patrick Raftery (Ägisth) sonne beaucoup plus baryton que ténor. L’ensemble des servantes n’est pas irréprochable, au moins pour ce qui concerne l’allemand à l’accent souvent très français. La représentation est proposée dans la production de Charles Roubaud, montée à l’origine pour l’Opéra de Marseille en 2003, et qui fonctionne toujours aussi parfaitement. Le décor réalisé par Emmanuelle Favre est imposant : une vraie-fausse perspective d’une cour de palais sur plusieurs niveaux prend toute la hauteur du cadre de scène. Dans les étages passent par séquences les femmes et hommes au service de Clytemnestre, lampes néon à la main, mais l’essentiel de l’action se déroule dans les bas-fonds sombres et sordides, antre d’Elektra. François Jestin Strauss : ELEKTRA – le 7 février 2013 à l’Opéra de Marseille à lyon Der Kaiser von Atlantis avaient l’occasion d’entendre pour la première fois ce petit opéra d’une heure (jumelé alors à un autre court opus), en version française à l’OpéraComique, par une vaillante troupe de jeunes chanteurs qui ont fait leur chemin depuis. A Lyon c’est la version originale en allemand qui est présentée, dans la production de Richard Brunel, directeur de la Comédie de Valence. Le noir complet se fait, et un homme en noir entre dans la salle, balaie la poussière et chasse les souris : c’est la Mort (Stephen Owen), qui fera un peu office de factotum du spectacle. Le rideau se lève sur un praticable ovale sur lequel montent la Mort et Arlequin (le ténor Rui Dos Santos) pour la première scène. En amenant quelques fauteuils, c’est autour de cette grande table de réunion que conversent plus tard les personnages, dans une sorte de centre de crise pour état-major. C’est aussi sur cette table que l’empereur Overall joue avec son train miniature, l’apparence du baryton Christian Miedl évoquant irrésistiblement le Docteur Folamour (… ainsi que Nicolas Sarkozy !). Le Haut-parleur (Jean-Baptiste Mouret) est un peu l’aide de camp de l’empereur, mais il est dommage que les sons produits n’imitent pas réellement un haut-parleur comme c’était le cas en 1998 à Paris, l’effet était étonnant. Pour compléter la distribution, dont la première qualité est surtout l’homogénéité, la « Fille coiffée à la garçonne » est confiée à Ivi Karnezi, et Lucy Schaufer joue le rôle du Tambour, qui fait ses discours derrière un petit pupitre, relayés par vidéo. L’orchestre de 15 musiciens, sous la direction de Jean-Michaël Lavoie, est placé en hauteur en fond de plateau, dispositif qui permet un bel équilibre avec les chanteurs. La partition est surprenante, tour à tour légère, jazzy, moderne, et la soirée, malgré sa courte durée, reste bien gravée dans la mémoire. François Jestin Le spectacle créé en novembre dernier pour la Comédie de Valence, repris au théâtre de la Croix-Rousse courant février dans le cadre de la saison de l’Opéra de Lyon, porte une lourde charge émotionnelle. Ullmann : DER KAISER VON ATLANTIS – le 12 février 2013 au Théâtre de la CroixRousse à monte-carlo Déporté dans le camp de concentration de Terezin, c’est en 1943 que Viktor Ullmann y compose son Kaiser von Atlantis, sur une intrigue qui pourrait sembler légère et farfelue, si ce n’était le contexte. L’empereur Overall décide de lancer la guerre contre tous, mais la Mort refuse de continuer son travail ; il s’ensuit une pagaille considérable, et certains ennemis finissent par s’aimer ! Au final la Mort daigne reprendre le boulot, mais à la condition de commencer par l’empereur. Le compositeur n’aura pas le bonheur d’assister à la création de son œuvre – il meurt en 1944 à Auschwitz –, qui interviendra seulement en 1975, à Amsterdam. En 1998, les Parisiens Christian Miedl, Jean-Baptiste Mouret et Lucy Schaufer © Jean-Louis Fernandez a c t u a l La Sonnambula Donnée en version de concert pour deux représentations, La Sonnambula donne une nouvelle occasion à la soprano Annick Massis de briller au firmament du bel canto. Fréquentant assidument les répertoires français et italien, la soprano française est encore en pleine possession de ses moyens au stade actuel de sa carrière. Sa musicalité est toujours aussi remarquable et elle est capable d’alterner puissance vocale et phrases chantées piano, sur le souffle. Certaines vocalises ne passent pas avec un complet délié dans son air d’entrée, mais la cabalette finale « Ah ! Non giunge uman pensiero » est un grand moment d’excitation collective, conclu par une sympathique standing ovation. Juste avant ce feu d’artifice, l’élégiaque « Ah, non credea mirarti » est chanté avec une émotion qui balaie les réserves qu’on peut avoir parfois visà-vis d’une certaine froideur de l’artiste. A la demande du public, … plus exactement d’un spectateur, le bis est accordé très rapidement ; le coup était apparemment prévu, les musiciens tournant quelques pages de la partition en arrière sans qu’on ait à insister. A ses côtés, la valeur montante des ténors, Celso Albelo (Elvino), était très attendu. Le timbre est séduisant, le style, legato et la voix allégée rappellent par moments l’illustre Alfredo Kraus, son modèle avoué. Comme pour le grand Alfredo, le chant orné n’est pas confor- i t é 35 o p é r a Karine Ohanyan, Annick Massis, Celso Albelo et Antonino Fogliani © Opéra de Monte-Carlo 36 table ni rapide, handicap toutefois pas rédhibitoire chez Bellini. Plus ennuyeux, une petite tension se fait sentir dans son air d’entrée, puis c’est un vrai « temps faible » que traverse le ténor dans le grand duo du I, avec perte évidente de la justesse. Ce passage à vide est curieux, surtout que le chanteur se rétablit et ne rencontre plus de problème dans la suite du spectacle. Pas de faiblesse en revanche pour la basse In-Sung Sim (il Conte Rodolfo), voix grave profonde, volumineuse et bien conduite. La jeune Alessandra Marianelli (Lisa) possède de beaux moyens et chante de manière très volontaire, avec cependant quelques aigus qui peuvent paraître parfois grossis artificiellement, et Karine Ohanyan (Teresa) tient son rang, avec maîtrise. L’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et les chœurs (très sonores en raison de l’acoustique de la salle) sont placés sous la direction d’Antonino Fogliani, qui assure d’abord la cohérence de l’ensemble. Certains passages sont dirigés rapidement, ce qui les rend plus prosaïques qu’à l’ordinaire, mais dans l’ensemble le chef parvient à installer une ambiance, une couleur en clair-obscur qu’on attend pour cet opéra. tôt envahir de Gouda le marché nord-américain ?). Les sbires de Gessler poussent sur scène trois charpentes de chalets suisses, avec rocher sur le toit, pour vraisemblablement signifier l’oppression… écrasante des méchants. Arnold monte plusieurs fois à l’étage et descend, dans un jeu assez attendu. La chorégraphie de Kim Brandstrup pour les ballets du 3ème acte est tout de même assez originale et réussie, avec ces femmes vêtues de cuir noir et cravachant gentiment les fesses de quelques paysans. Des images très grises, très géométriques (la charpente de « l’asile héréditaire » d’Arnold au IV semble avoir subi une combinaison de bombe et tremblement de terre), une mise en scène ni joyeuse, ni déprimante, mais surtout très prévisible. Musicalement, après un démarrage difficile (le violoncelle solo n’est pas juste dans l’ouverture…), l’orchestre prend sa vitesse de croisière sous la baguette de Paolo Carignani, mais sa qualité reste inférieure à celle des chœurs, bien ensemble, motivés et musicaux. Certains tempi sont inhabituellement rapides (les ballets du I), et on peut par ailleurs déplorer l’absence de certains passages de la partition, comme le génial trio féminin du dernier acte. La distribution vocale amène de belles satisfactions, à commencer par le Guillaume Tell de Nicola Alaimo, dont le français est excellent. Le rôle est dans sa tessiture, même si les graves paraissent moins nourris, le style est plus attaché au soin du legato qu’à l’arrogance de l’émission. Sa grande stature physique dégage enfin à la fois autorité et humanité. La prestation du ténor John Osborn (Arnold) est particulièrement excitante : il possède tous les aigus, maîtrise les écarts vertigineux, met beaucoup de puissance sur certaines notes dans le medium, ce qui en fait l’un des tout meilleurs titulaires actuels du rôle. On ne peut pas reprocher grand-chose sur le plan vocal à Marina Rebeka (Mathilde), à part des approximations chroniques dans les passages vocalisés, qui ne lui semblent pas très naturels. Le timbre est sédui- François Jestin Bellini : LA SONNAMBULA – le 24 février 2013 à Monte-Carlo, auditorium Rainier III à amsterdam John Osborn et Marina Rebeka © Ruth Walz Guillaume Tell En coproduction avec le Metropolitan de New-Yok, le nouveau spectacle réalisé par Pierre Audi, directeur artistique de l’Opéra des Pays-Bas, ne convainc que moyennement. Le lever de rideau découvre une passerelle suspendue en forme d’ossature de bateau, qui peut figurer également un pont haubané, à l’envers. Des rochers et quelques animaux (une vache, un mouton, un cerf) descendent aussi des cintres, doublés par leur reflet dans un miroir d’eau. Des rochers supplémentaires sont posés au sol à partir du 2ème acte… dont un gros bien rond en forme de fromage de Hollande (une tentative marketing pour bien- a c t sant et riche, et les moyens sont très conséquents, mais le chant ne dégage que peu d’émotion ; il faut dire que le texte est rarement compréhensible… Marco Spotti (Walter) est une basse puissante, mais sa diction est caricaturale, tandis que Christian Van Horn possède une voix noire, outrancière, qui convient idéalement au vilain Gessler. La basse solide Patrick Bolleire (Melchthal), la soprano piquante Eugénie Warnier (Jemmy), et l’alto richement timbrée Helena Rasker (Hedwige) complètent la très valeureuse équipe de solistes, l’une des meilleures qu’on puisse constituer à l’heure actuelle. François Jestin Rossini : GUILLAUME TELL – le 18 février 2013 à l’Opéra d’Amsterdam u a l i t é m é m e n t o genève monte-carlo Grand Théâtre (022/418.31.30) s Madama Butterfly (Joel-Grandage) – 20, 23, 26, 29 avril, 2, 5 mai Opéra (377/98.06.28.28) s Stiffelio (Bennini-Montavon) – 20, 23, 26, 28 avril lausanne Opéra (021.315.40.20) s L'Aiglon (Ossonce-Auphan) – 21, 24, 26, 28 avril zurich Opernhaus (044.268.66.66) s Lady Macbeth de Mtsensk (Currentis-Homoki) – 7, 10, 13, 17, 20, 23, 28 avril s Rinaldo (Bolton-Herzog) – 12, 14, 19, 21 avril s Falstaff (Santi-Bechtolf) – 26, 28 avril s Trois soeurs (Boder-Sommerer) – 3, 5, 11, 14 avril s Madama Butterfly (Rizzi-Asagaroff) – 6 avril s Parsifal (Franck-Guth) – 1er avril paris Champs-Elysées (01.49.52.50.50) s Don Giovanni (RhorerBraunschweig) – 25, 27, 30 avril s Don Carlo (Noseda) – 28 avril Châtelet (01.40.28.28.40) s Sunday in the park (Abell-Blakeley) – 15, 16, 17, 19, 20, 21, 23, 24, 25 avril Cité de la musique (01.44.84.44.84) s Renard (Mantovani) – 12 avril Opéra Comique (0825.01.01.23) s Il Diluvio universale (Garcia Alarcon) – 3 avril s Cendrillon (Halary) – 17, 18, 19 avril Opéra National (08.92.90.90) Bastille : s Hänsel und Gretel (Flor-Clément) – 14, 16, 19, 22, 24, 27 avril s Siegfried (Jordan-Krämer) – 3, 7, 11, 15 avril Salle Pleyel (01.42.56.13.13) s Oedipus Rex (Gardiner) – 23 avril avignon Opéra-Théâtre (04.90.82.81.40) s Il Barbiere di Siviglia (Fores-VesesBélier-Garcia) – 7, 9 avril s La Voix humaine (Jourdan-Vittoz) – 19 avril dijon Opéra (03.80.48.82.82) s Johannes Passion (Equilbey) – 5 avril lyon Opéra National (08.26.30.53.25) s Claude (Rhorer-Py) – 3, 6, 10, 11, 14 avril s Fidelio (Ono-Hill) – 2, 5, 12 avril s Il Prigioniero/Erwartung (Ono) – 4, 7, 9, 13 avril marseille Opéra (04.91.55.11.10) s Otello (Pleyer-Duffaut) – 2, 5 avril a c t s t r a s b o u rg Opéra National (0825.84.14.84) s Owen Wingrave (Syrus-Gayral) – 7, 9, 11 avril à Mulhouse s Tannhaüser (Syrus-Warner) – 2, 5, 8 avril à Strasbourg, 21, 23 avril à Mulhouse toulouse s Don Pasquale (Olmi-Roche) – 19, 21, 23, 26, 28, 30 avril a m s t e rd a m Opera (31.20.62.55.456) s Die Walküre (Haenchen-Audi) – 20, 24, 28 avril bruxelles La Monnaie (32/70.23.39.39) s Pelleas et Mélisande (Morlot-Audi) – 14, 16, 17, 18, 19, 20, 23, 24, 25 avril b a rc e l o n e o p é r a s L’Amour des trois oranges (Sloane- venise Teatro La Fenice (39/041.24.24) s La Cambiale di matrimonio (Montanari-Dara) – 12, 14, 16, 17 avril s Don Giovanni (ManacordaMichieletto) – 30 avril Staatsoper (43/1514447880) s Parsifal (Welser-Möst-Mielitz) – 4 avril s Wozzeck (Welser-Möst-Dresen) – 2 avril s Parsifal Fidelio (Fischer-Schenk) – 3, 6, 10 avril s Rigoletto (Lopez-Cobos-Sequi) – 8, 11, 14 avril s Don Carlos (de Billy-Konwitschny) – 9, 13, 17, 21 avril s Eugène Oneguine (NelsonsRichter) – 12, 15, 18, 22 avril s Werther (de Billy-Serban) – 20, 24, 27, 30 avril s La Fille du régiment (CampanellaPelly) – 28 avril Theater an der Wien (43/15.88.85) s Béatrice et Bénedict (HussainHolten) – 17, 20, 22, 24, 27, 29 avril s Dido and Aeneas (King) – 21 avril s Amadigi in Gaula (Curtis) – 25 avril Teatro Real (34/90.224.48.48) s Don Giovanni (Perez-Tcherniakov) – 3, 6, 9, 12, 15, 18, 21, 24 avril berlin l o n d re s ROH (0044/207.304.4000) s Die Zauberflöte (Luisotti-Abaddo) – 16, 18, 22, 24, 27, 29 avril s Nabucco (Luisotti-D.Abbado) – 1er, 4, 6, 8, 15, 20, 23, 26 avril Thalbach) – 11 avril s Die Zauberflöte (Repusic-Krämer) – 20 avril s Rigoletto (Gnann-Bosse) – 21, 24, 28, 30 avril vienne Liceu (34.934.85.99.13) s Das Rheingold (Pons-Carsen) – 20, 22, 23, 25, 26, 28, 29 avril madrid Carsen) – 5, 13 avril s Il Barbiere di Siviglia (Gnann- Deutsche Oper (49/30.343.84.343) s Parsifal (Runnicles-Stölzl) – 1er avril s Carmen (Spaulding-Beauvais) – 4, 25 avril s Die Meistersinger von Nürnberg (Runnicles-Friedrich) – 7 avril s La Traviata (Repusic-Friedrich) – 22, 16 avril s Lucrezia Borgia (Yurkevych) – 27 avril Staatsoper (49/30.20.35.45.55) s Götterdämmerung (BarenboimCassiers) – 10, 21 avril s Das Rheingold (BarenboimCassiers) – 4, 13 avril s Die Walküre (Barenboim-Cassiers) – 5, 14 avril s Siegfried (Barenboim-Cassiers) – 7, 18 avril s La Finta giardiniera (MouldsNeuenfels) – 6, 11, 19 avril s Der Freichütz (Salemkour-Lehnhoff) – 20 avril s Der Fliegende Holländer (HardingStözl) – 28 avril Komische Oper (49/30.47.99.74.00) s Don Giovanni (SandnerKonwitschny) – 7, 13, 16 avril s Mazeppa (Nanasi-vanHove) – 5 avril s Le Grand Macabre (BrönnimannKosky) – 21, 25 avril s Hänsel und Gretel (Poska-von der Thannen) – 4, 6, 10, 11, 14, 19 avril s Carmen (Milton-Baumgarten) – 1er, 12, 20 avril new york Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00) s Giulio Cesare (Bicket-McVicar) – 4, 9, 12, 19, 22, 27, 30 avril s Das Rheingold (Luisi-Lepage) – 6, 25 avril s Die Walküre (LuisiLepage) – 13, 26 avril s Siegfried (LuisiLepage) – 20, 29 avril s Götterdämmerung (Luisi-Lepage) – 23 avril s La Traviata (NézetSéguin-Decker) – 3, 6 avril s Faust (AltinogluMcAnuff) – 2, 5 avril bologne Teatro Communale (39/051.617.42.99) s Norma (Mariotti-Tiezzi) – 13, 14, 16, 17, 18, 20, 21 avril milan Teatro alla scala (39/02.720.03.744) s Macbeth (Gergiev-Barberio Corsetti) – 22, 4, 7, 9, 13, 16, 18, 21 avril s Oberto (Frizza-Martone) – 17, 20, 23 avril ro m e Teatro dell’opera (39/06.48.16.02.55) s Samson et Dalila (DutoitPadrissa) – 5, 7, 9, 11, 13 avril turin Teatro Regio (39/011.881.52.41) s Don Carlo (Noseda-De Ana) – 10, 11, 12, 13, 14, 16, 17, 18, 21 avril u a l Placido Domingo interprétera Nabucco à Londres les 15, 20, 23 et 26 avril © Greg Gorman i t é 37 o p é r a la flûte enchantée à l’opéra du rhône Un important défi artistique Le théâtre du Martolet à Saint-Maurice s’apprête à accueillir 4 représentations de la Flûte enchantée de Mozart les 12,14, 19 et 21 avril prochain, dans une mise en scène de Florian Schmocker et sous la conduite du chef d’orchestre Jean-François Monot. La distribution vocale réunit quelques-uns des artistes lyriques les plus en vue de Suisse romande. Un spectacle très attendu en Valais et au-delà des frontières cantonales, après le grand succès remporté par Carmen en 2008 et La Traviata en 2011. 38 La Nique à Satan de Frank Martin marquait en 1999 la naissance de l’Opéra du Rhône, une association fondée par Florian Schmocker dans le but de promouvoir l’opéra en Valais, tout en sollicitant au mieux les forces vives du canton et de la région. Pari tenu avec cette nouvelle production qui réunit, aux côtés de solistes réputés, un orchestre composé d’étudiants de la Haute Ecole de Musique de Vaud, Valais et Fribourg, encadrés par des musiciens de l’OSR et des professeurs sédunois, ainsi qu’un chœur de Martigny - l’Ensemble vocal Renaissance de Damien Luy - et trois enfants de la Singschule Oberwallis « Cantiam » de Brigue. La scénographie est due à Paolo Rudelli, la chorégraphie à Sabine Gross-Collé du “Monthey Dance Center“, tandis que les costumes ont été réalisés par l’Ecole de couture du Valais. Avec le théâtre du Martolet, d’une capacité d’un millier de places, et disposant d’un vaste plateau de scène et d’une fosse d’orchestre, la ville de Saint-Maurice dispose d’une salle adaptée aux exigences d’un spectacle lyrique de cette envergure, doté d’un budget de 450.000 francs. En tête de la distribution vocale, nous trouvons la soprano Brigitte Fournier en Pamina, le ténor Gilles Bersier en Tamino, le baryton Claude Darbellay en Papageno et Charlotte Müller-Perrier en Reine de la nuit, la Violetta de La Traviata de 2011. Une distribution complétée par le Sarastro de Stephan Imboden, le Monostatos de Michel Mulhauser, sans oublier la délicieuse Papagena de Laure Barras, les trois Dames de Rachel Sparer-Bersier, Nathalie Constantin et Véronique Chevillard et les Hommes armés de Pierre Héritier et Patrick Porchet. Gageons que le succès sera à nouveau au rendez-vous de cette fort prometteuse Flûte enchantée agaunoise. Yves Allaz Les 12, 14, 19 et 21 avril 2013 Salle du Martolet, Saint-Maurice Rens. et réservations sur : www.lafluteenchantee.ch ou Office du Tourisme au 024/485.40.40 Brigitte Fournier a c t u a l i t é t h é â t Le Haut-de-forme Diriez-vous que Eduardo de Filippo est un artiste engagé ? Le Théâtre Kléber-Méleau présente du 16 avril au 8 mai, Le Haut-de-forme, une comédie d’Eduardo De Filippo. 40 Qu’est-ce qui vous touche dans l’univers de de Filippo ? Cela dépend de quel engagement on parle. Il était très engagé socialement. Mais il n’était pas l’un des membres les plus actifs du parti communiste italien. Il n’est pas le Brecht italien ! Chez lui, c’est la chaleur populaire qui compte. Il s’est engagé pour lutter contre l’analphabétisme, pour s’occuper de la réinsertion des jeunes. Il y a un aspect solidaire et social dans sa personnalité qui se traduit aussi dans son œuvre. Tout en faisant l’observation, l’étude et la critique de la société contemporaine… Philippe Mentha, photo Philippe Maeder Je pencherais plutôt pour Tchekhov, car Molière est plus éloigné de nous par la forme. Chez Eduardo de Filippo, le style est capté d’un langage populaire, coloré, direct et concret qui ne subit pas une transposition au profit d’une forme qui devrait amener une élégance sur la scène. Cela fait une grosse nuance. Néanmoins, il n’y a jamais de vulgarité. Il aborde tous les sujets avec élégance, à la manière d’un Beckett. Ce qui me plaît, c’est qu’à côté de l’observation de l’humanité, des gens, son œil critique est parfois impitoyable. L’univers de Eduardo de Filippo est féroce. Même si cela s’arrange sur la fin, personne n’en sort tout à fait indemne. Mais il a une manière de regarder les gens avec une tendresse qui n’est plus tellement de mise aujourd’hui chez beaucoup d’auteurs. Il me rappelle un Tchekhov italien, impitoyable mais en même temps amoureux des gens, de leurs faiblesses, leurs grandeurs et leurs misères. Il a beau souligné qu’après la guerre on se retrouve dans un monde corrompu, pourri où règne l’argent et le sexe ; il continue d’avoir une tendresse presque d’avant-guerre pour ces petites gens dans lesquelles il se reconnaît et nous invite à nous reconnaître. Oui. Ce qu’il y a de sympathique chez de Filippo, c’est qu’il n’existe pas de manichéisme comme on en trouve parfois chez d’autres auteurs engagés : « Vive les honnêtes gens pauvres et malédiction sur les riches exploiteurs ! » Dans cette pièce, il y a un riche, Antonio. Les autres sont des victimes d’une société qui les exploite, mais sont un peu exploiteurs à leur tour. S’il faut se débrouiller, on le fait sur le dos des autres. Qui sont les comédiens qui vous entourent ? Neuf personnages : quatre femmes et cinq hommes. Le Haut-de-forme est interprété par Michel Cassagne, un vieux camarade et un acteur que j’estime beaucoup. Il m’a prêté ses différentes facettes de gentillesse et de férocité : un vieux grigou et un redoutable profiteur, une espèce d’égoïste paresseux par la force des choses puisqu’au bénéfice d’une misérable retraite et sans travail. Le côté magnifique d’Eduardo de Filippo est de montrer des personnages qui n’ont pas de travail et …un énorme poil dans la main ! Et il y a Rita, l’héroïne, interprétée par Prune Beuchat. Elle va constater qu’on se fiche d’elle et que seul l’argent compte. A la fin de la pièce, elle part … pour retrouver peut-être le monsieur riche ! De Filippo nous laisse imaginer la suite de l’histoire. Mais on peut craindre que dans ce monde gouverné par l’argent, cela soit dans ses buts… Propos recueillis par Nancy Bruchez Du mardi 16 avril au mercredi 8 mai : Le Haut-de-Forme de Eduardo De Filippo. M.e.s. Philippe Mentha. Théâtre Kléber-Méleau, ma/me/je 19h, ve/sa 20h30, di 17h30 (rés. 021/625.84.29) Vous parlez de Tchekhov, alors que de Filippo est souvent considéré comme le Molière italien. e e Il garde toujours une sorte de discrétion ou de style allusif. Il ne nous emmène pas dans des bas-fonds sordides. kléber-méleau Naples, la misère. Pour échapper à une menace d’expulsion et obtenir la somme nécessaire au paiement des loyers, Rita aguiche les passants. Mais au moment de s’exécuter, avec la complicité de ses amis, elle terrorise les clients et ils s’en vont s’en reprendre leur argent. Un jour, un homme arrive et complique leur stratagème. Un réalisme très cru, mais jamais vulgaire, doublé d’un sens comique pour une aventure où ceux qui trompent les autres se trompent déjà eux-mêmes. Eduardo De Filippo, que tous les Italiens appellent affectueusement par son prénom, est né à Naples avec le siècle. Jusqu’à sa mort, survenue en 1984, il a parcouru toutes les formes de spectacles : revues, cabaret, music-hall, théâtre, opéra, cinéma, télévision. Obsédé par la misère sociale, la méchanceté du monde, le malheur et l’injustice, Eduardo masque son pessimisme sous une veine comique. Il invente des situations burlesques, crée des personnages extravagants, toute une galerie de figures hautes en couleurs. Volontiers comparé à Molière, c’est la société contemporaine qu’il passe au crible. Entretien avec Philippe Mentha, metteur en scène. r Prune Beuchat n t r e t i e n t h é â t r e présent dans leur société. Dans la pièce, la politique est absente. Les jeunes n’ont pas de revendication, ils se font embarquer. C’est une histoire qui pourrait prendre place n’importe où. théâtre alchimic Vladimir : autopsie d’une manipulation Vous avez choisi de mettre un ring sur scène, est-ce pour symboliser la violence ? La Compagnie “Où sommes-nous“ présentera, du 16 avril au 5 mai Vladimir, une œuvre du Slovène Matjaz Zupancic, jamais traduite en français. Cette histoire confronte trois jeunes de 20 ans à leur nouveau colocataire, un homme âgé de 60 ans. Insidieusement, ce dernier prend le pouvoir, par le biais de manipulations, jusqu’à atteindre une situation extrême. Rencontre avec Véronique Ros de la Grange, la dynamique metteuse en scène de cette pièce de théâtre. La scène sera en effet constituée d’un espace carré en forme de ring. Le public sera disposé tout autour de façon arbitraire. Il sera très proche des acteurs, un peu à la manière de témoins derrière une vitre sans teint. En somme, il observera les mécanismes des relations humaines comme dans un laboratoire. Il sera témoin d’une tranche de vie dans laquelle se joue un drame. Quel est le ton de la pièce ? C’est un thriller rempli de suspens avec aussi des moments comiques. Il ne s’agit pas d’un drame, mais plutôt d’une tragédie. Le personnage de Vladimir est excessif et ironique, alors que les jeunes sont sympathiques. Petit à petit, une ambiance de malaise se met en place et le spectateur découvre, par le biais des personnages, ses propres travers. Comment êtes-vous tombée sur le texte de Vladimir, une œuvre non éditée en français ? Jacques Michel, qui joue Vladimir et qui dirige la compagnie “Où sommes-nous“ avec moi, était lecteur pour une maison d’édition parisienne, spécialisée dans les traductions et les éditions de textes d’Europe orientale. A cette occasion, il a eu l’opportunité de parcourir un grand nombre d’œuvres et m’a fait partager les plus intéressantes. C’est ainsi que je suis tombée sur Vladimir en 2009-2010. Cette histoire m’a tout de suite séduite. Nous avons aussi travaillé ensemble sur Le Balkabazar, un montage de textes issus des Balkans. Pour cette occasion, il n’était pas envisageable d’exploiter cette pièce, car il n’est pas possible d’en tirer un extrait. C’est pourquoi, l’idée d’en faire un spectacle s’est naturellement imposée. A la base, vous êtes chorégraphe, cela se ressent-il dans votre mise en scène ? D’où vous vient cette passion pour l’Europe orientale ? Les textes produits par cette région sont des écritures engagées, insolentes, libres, violentes, et en même temps drôles. Ils sont très lâchés et utilisent la fragmentation de la pensée. Il y a aussi une certaine confrontation Orient/ Occident. Ils dégagent un souffle et une énergie qui me correspondent pleinement. Leurs sujets sont très universels et n’ont rien de folkloriques. J’ai eu cette phase balkanique avec, tout d’abord en 2006, une interprétation en Serbie dans la pièce mise en scène par Laurence Calame Tro lus et Cressida, puis le travail de lecture pour Le Balkabazar et enfin la découverte de e n t r Véronique Ros de la Grange Vladimir. C’était un peu comme une flèche qui m’indiquait la direction à prendre. Même si, en soi, Vladimir est moins typiquement balkanique que d’autres œuvres. Dans la pièce, Vladimir qui a 60 ans, et confronté à trois jeunes de 20 ans. Assistet-on à un vrai choc des générations ? En Slovénie, selon moi, il y a une résonance entre l’ancien et le nouveau régime. Ce peuple est passé de la tyrannie communiste à la tyrannie capitaliste en très peu de temps. C’est un choc idéologique. Et je pense que ceci est très e t i e Dans la chorégraphie, on est auteur de son univers, alors que dans la mise en scène, on doit travailler avec une écriture simple, narrative et à plat. C’est nouveau pour moi. Cependant, il s’agit d’une évolution naturelle. Je vis un moment dans lequel j’ai besoin d’être dans le langage. Je reste chorégraphe, cela se voit dans ma mise en scène et dans mes spectacles énergiques. Je suis sensible aux corps en scène, à l’espace et aux présences. L’instrument de l’acteur vibre. J’ai appris de la danse que la perception peut être modifiée pour un changement de position d’un millimètre. Propos recueillis par Julie Bauer Du 16 avril au 5 mai 2013 : Vladimir de Matjaz Zupancic, m.e.s. Véronique Ros de la Grange, Compagnie Où sommes-nous. Théâtre Alchimic, mar-jeu-ven à 20h30; mersam-dim à 19h, relâche lun (réservations : 022/301.68.38 / [email protected] - loc. Service culturel Migros) www.alchimic.ch n 41 t h é â t r e la comédie de genève Les mains sales Peut-on demeurer fidèle à ses idéaux, ou faut-il transiger avec la réalité et la nature des hommes pour faire bouger les choses ? Faut-il se salir les mains ? 42 La pièce de Sartre, rédigée en 1948, pose cette question, mais pas seulement. Car Les Mains sales c’est aussi une réflexion sur la liberté de l’individu, une observation sur les étapes qui mènent du compromis à la compromission, une exploration sur des fins qui justifieraient ou non des moyens, une dénonciation des mécanismes d’un parti, bref une revisitation en règle de ce que furent les grands thèmes philosophiques et idéologiques des soixante dernières années. « Comme tu tiens à ta pureté, mon petit gars ! Comme tu as peur de te salir les mains. Eh bien, reste pur ! À quoi cela servirait-il et pourquoi viens-tu parmi nous ? La pureté, c'est une idée de fakir et de moine. Vous autres, les intellectuels, les anarchistes bourgeois, vous en tirez prétexte pour ne rien faire. Ne rien faire, rester immobile, serrer les coudes contre le corps, porter des gants. Moi j'ai les mains sales. Jusqu'aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. » homme qui réfléchit, organise et bâtit une argumentation et un autre qui ne cherche qu’à la mettre en ruines. Hugo n’offre en effet aucune alternative à Hoederer, jamais. Il préfère camper sur ses principes… Alors, in fine meurtre ? Pas meurtre ? L’assassinat aura bien lieu mais pour des raisons beaucoup plus ‘théâtrales’ et bien réelles pour le coup, à chercher du côté de Jessica, la femme d’Hugo… Riche matériau Le metteur en scène Philippe Sireuil Désaccord A sa sortie, la pièce fut à la fois huée par les membres du Parti et applaudie par la droite bourgeoise. Sartre, lui, ne la considérait ni comme une pièce anti-communiste, ni même comme une pièce politique, mais plus comme une pièce « sur la politique ». Le cœur de la pièce, c’est un conflit d’opinions, voire un conflit d’intérêts toutes taxes comprises, entre deux hommes, Hugo, le jeune militant idéaliste et Hoederer, le cacique du Parti. Mais Sartre ici ne se cantonne pas à produire une accusation manichéenne de comportements concurrents et irréconciliables, ni ne valide un comportement plutôt qu’un autre. Si pour Hoederer il faut temporairement se compromettre pour faire preuve de réalisme poli- a tique, et que pour Hugo c’est hors de question, l’idéal pour lequel on s’engage et on lutte ne pouvant être ‘sali’, pour l’auteur-philosophe qui a plus d’un tour dans son sac, ce n’est pas ‘si simple’. Sartre en effet s’engage en 7 tableaux à décliner méthodiquement ce désaccord premier sur plusieurs fronts pour mieux ancrer et avancer ses réflexions, ses questionnements et les profonds antagonismes entre les deux héros. Hoederer vient d’un milieu de prolétaires, Hugo est issu de la bourgeoisie, Hoederer le pragmatique considère les hommes en tant qu’ils sont, Hugo ‘l’anarchiste bourgeois’ en tant qu’ils deviendront. On pourrait multiplier les exemples… Ainsi on comprend au fil de la pièce qu’il s’agit aussi d’une opposition entre un homme qui fait et un autre qui veut faire, entre un c t u a Pour Philippe Sireuil, Les Mains sales tiennent à la fois du théâtre contemporain et du drame historique, de la tragédie et du boulevard voire du roman policier, et c’est ce riche matériau selon lui qui en fait l’une des œuvres les plus emblématiques et attractives du théâtre français de l’après-guerre. « Aller à la rencontre d’une pièce qui vous attire et vous démunit dans le même mouvement, voilà qui permet, à mon sens, de rester en alerte, en éveil, de ne pas s’assoupir » précise-t-il avant d’ajouter : « La préparation d’un spectacle, c’est beaucoup de solitude, un intense travail de recherche, de réflexion et de documentation » et de conclure : « Il faut ‘oublier’ les bagages accumulés, ne pas en devenir le prisonnier consentant. La vérité du plateau ne se résume pas à donner du volume et de la couleur au travail intellectuel, et qui plus est, cette vérité peut venir remettre en cause les présupposés qui vous habitaient dans un premier temps. Il faut pouvoir abandonner, déchirer, raturer, se contredire ». Leçon déjà sartrienne n’est-il pas ? Rosine Schautz Du 23 avril au 8 mai : Les mains sales de Jean-Paul Sartre, m.e.s. Philippe Sireuil. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h (Billetterie : 022/350.50.01 / [email protected]) l i t é t h é â t r e théâtre de poche Gorgias Rhétorique, démocratie, art oratoire réfutatif, savoir-faire, contrefaçon, sophistique, pouvoir, justice, morale, choix de vie, recherche du vrai et du bien, voici quelques-uns des thèmes qu’aborde le Gorgias de Platon, rédigé vers 387 av. J.-C. Texte philosophique foncièrement contemporain qui donne d’emblée envie de repenser certaines priorités. Le dialogue du Gorgias est composé de trois entretiens. D’entrée de jeu, Socrate pose à Gorgias, célèbre débatteur, la question inaugurale du dialogue : Qu’est-ce que la rhétorique ? Quel est cet art, Gorgias, que tu pratiques et que tu enseignes aux Athéniens ? La réponse de Gorgias est décevante, il se perd en formules creuses sur la grandeur et la beauté d’un art dont il ne parvient pas à définir l’objet. Surgit alors le jeune Polos s’immisçant dans le débat pour défendre l’idée qu’il faut faire fi de toute moralité dans l’art des rhéteurs car seul importe le pouvoir de convaincre et de l’emporter face à l’autre. Mais Socrate lui montrera que ce pouvoir n’est en rien un pouvoir. Suit Calliclès. Avec lui Socrate est devant un adversaire d’une tout autre dimension. Non seulement Calliclès est un maître de l’art oratoire, mais il a surtout cette hauteur, cet aplomb, qui ont manqué à ses prédécesseurs. Lui assume clairement les conséquences les plus ultimes de ses positions. Le débat change alors de ton, on a affaire à deux conceptions totalement antagonistes de la vie. En effet, tout oppose ces deux hommes : leur vision de la justice, du pouvoir, du bonheur. Calliclès, incapable de l’emporter, finit par déclarer forfait, et dans une dernière étape Socrate continuera seul, s’engageant dans une magnifique plaidoirie pour ce qui est à ses yeux l’unique vie qui vaille, celle consacrée sans répit à la recherche du bien. la suite de mon travail sur Kraus, j’ai voulu creuser cette thématique démocratie/démagogie, aller voir de plus près ce qu’était la rhétorique, la propagande, le verbe. J’ai donc relu Platon et décidé d’adapter ce dialogue pour la scène, ce qui m’a demandé un long travail de ‘coupe’, et de montage. Justement, comment adapter de la philosophie de manière à ce qu’elle puisse être montrée sur une scène et surtout entendue par un public pas forcément spécialiste ? Entretien avec José Lillo, metteur en scène J’ai vu que Gorgias s’articulait en trois matches, en trois ‘tableaux’, et que dans un certain sens, c’était déjà ‘de la dramaturgie’ possible. A l’inverse du Marivaux que j’ai présenté l’été dernier à l’Orangerie, Le petit-maître corrigé, qui est une pièce très dialoguée, dialectique même, très écrite et dont le contenu est, si l’on prend la peine de lire en détail, très philosophique, là, j’avais de la philosophie construite certes de dialogues, mais qu’il me fallait adapter en conversation crédible. Et en langage moderne. Pour ce faire, j’ai utilisé la belle traduction de Monique Canto-Sperber, très directe, très contemporaine aussi, dans laquelle j’ai coupé de manière à avoir un texte fluide, théâtral, oral précisément, que l’on peut comprendre à l’écoute, sans devoir recourir ou se référer au texte écrit. J’ai ôté certains exemples qui m’apparaissaient redondants ou superflus pour la démonstration, mais j’ai tenu à garder la formidable ironie, une ironie spirituelle, qui existe dans le texte originel. Il y a des passages, en effet, particulièrement comiques, qui font rire. Comment est né ce projet d’adaptation d’un des plus fameux dialogues de Socrate ? De quoi traite cette pièce ? Quels en sont d’après vous les traits pertinents majeurs ? A l’origine de ce projet, il y a Bouveresse. J’aime beaucoup ce philosophe. Dans un entretien de 2006, il mentionnait Gorgias « Nous avons nos Gorgias, nos Calliclès... Platon et Aristote savaient que la démocratie est toujours menacée par une forme de dégénérescence catastrophique qui s’appelle la démagogie ». A Il y a plusieurs thèmes qui résonnent avec notre monde actuel. Par exemple cette idée de rhétorique, de technique apprise, efficace mais irrémédiablement porteuse de fausseté, de factice qui fait écho en sous-texte aux propagandes actuelles, ou pour citer Bouveresse, à « ces systèmes de communication moderne qui fournis- e n t r e t i e José Lillo © Marc Vanappelghem sent à la manipulation et au mensonge des instruments d’une puissance inimaginable ». Il y a aussi ces réflexions sur le gouvernement de soi et des autres, ou encore ces passages sur le droit selon la Nature version « que le meilleur gagne » qui apporte inéluctablement les dérives que dénonçait déjà Kraus, ou encore la thématique de la logique, de la morale, du mensonge, bref, toute une panoplie de problématiques qui peuvent faire sens en 2013 et qui questionnent, mettent en question le verbe, la parole et l’usage que l’on en fait. Thème théâtral s’il en est… Comment avez-vous envisagé la mise en scène, les décors, les costumes ? J’ai pensé à un dispositif bi-frontal avec tapis rouge, une veine, une bande visible qui traverserait la scène sur laquelle on cheminerait comme on chemine dans une pensée qui s’invente en temps réel et s’articule au fur et à mesure. Tapis rouge aussi pour figurer l’espace public que j’entends comme territoire en partage, mais également comme espace de rassemblement à l’usage de tous, agora relevant du domaine public tout en étant quand même circonscrite, délimitée. Côté costumes, j’ai opté pour du contemporain, des habits de tous les jours, et enfin pour le son, nous avons pensé à quelques morceaux de musique pour signifier subrepticement que ce Gorgias qui veut convaincre les foules - et qui y parvient - est une sorte de star en tournée, en tournée de démonstration, en tournée de ‘rhétorique’… Propos recueillis par Rosine Schautz Du 8 au 28 avril : Gorgias de Platon, m.e.s. José Lillo. Le Poche-Genève, lun-ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mar relâche (rés. 022/310.37.59 lun-ven 9h30 à 12h + 14h à 18h - Loc. SCM) n 43 t h é â t r e théâtre de carouge : entretien avec david bauhofer La Poudre aux yeux Depuis vingt-cinq ans, le metteur en scène franco-suisse monte des classiques de la comédie et divertit le public genevois – on se souvient de La Revue en 1999. La célèbre pièce d’Eugène Labiche, dont David Bauhofer a actualisé l’action en la situant dans les années soixante, lui permettra encore une fois de donner libre cours à son goût pour la comédie drôle et grinçante qui montre les bassesses de l’être humain. 44 Vous choisissez de monter Eugène Labiche : qu’est-ce qui vous attire chez cet auteur et tout particulièrement dans cette pièce ? vanité sociale et des mesquineries, loin des envolées lyriques. La Poudre aux yeux n’a jamais été montée en Suisse romande. Ecrite en trois actes et ramenée à deux actes par Labiche lui-même, la pièce fut un très grand succès à sa sortie – environ cent soixante représentations. Issu de la bourgeoisie aisée et sommé par son beau-père de renoncer à la profession d’auteur pour épouser sa fille, il Oui, les mensonges, les apparences, l’argent n’appartiennent pas à une époque révolue. Nous sommes le produit de nos propres pensées et de la représentation de celles-ci. Selon le regard que l’on porte sur soi-même, la nouvelle carapace endossée emprisonne. Avoir une image de soi-même inférieur nous pousse à sortir de notre C’est donc une pièce d’actualité ? d’en mettre plein la vue. M. Ratinois l’ancien confiseur crée son propre malheur en prenant tout pour argent comptant. Or leurs fortunes sont similaires, ce qui leur sera mutuellement révélé à la fin. Il n’y a pas jusqu’aux patronymes qui ne soient risibles. Après de multiples subterfuges destinés à rouler l’autre, en misant plus pour le faire surenchérir et pouvoir rompre ainsi l’accord de mariage, les deux hommes se réconcilieront… sur le dos des femmes ! Mais il aura fallu avant cela l’intervention de l’oncle enrichi pour ramener tout ce petit monde sur terre. La scène de repas finale est le symbole autant que le théâtre de la réconciliation. Et la morale de l’histoire est qu’il ne faut pas péter plus haut que son cul… Comment votre mise en scène parlera-t-elle au jeune public ? D’abord, l’action se situe dans les années 196070. Ensuite, j’ai choisi une forme peu pratiquée dans notre culture théâtrale, celle de mêler des genres différents. Ainsi il y aura de la danse, des claquettes, des chansons. Nous nous approchons donc du genre de la comédie musicale, qui permettra d’étoffer certains rôles. Et puis, l’enjeu de la pièce c’est le mariage du jeune couple qui s’aime et risque bien de consommer avant le mariage. Il y a de la gaieté, de la jovialité, mais il faut savoir aussi revenir à l’histoire après les chorégraphies et les chansons. J’ai choisi par ailleurs un jeu coloré, à la manière des Russes, qui privilégie les expressions et les mimiques. Les répétitions sur le plateau de la grande salle obligent à un ajustement : on doit pouvoir saisir sans voir, puis on passe à l’oreille. D’où l’importance du regard et la position du corps, loin de tout hiératisme et de tout statisme. En résumé, couleurs, costumes et jeu sont au service de cette pièce sur la rapacité. Propos recueillis par Laurence Tièche Chavier Le metteur en scène David Bauhofer © Isabelle Meister revient vite au théâtre, riche de ses facultés d’observation et de son sens de la mise en scène. En effet, bien que l’écriture se fasse en collaboration avec Edouard Martin qui propose les événements, c’est le manuscrit de Labiche qui constitue véritablement la pièce, car plus théâtral, avec une vision plus percutante. C’est cet aspect-là qui me plaît, l’observation de la e rôle de confort. Il y a alors dans un premier temps danger, puis adhésion au mensonge initial orchestré par les femmes, auquel les hommes se conforment car ces bourgeois rentiers s’ennuient. Ainsi M. Malingear, médiocre médecin sans clientèle, finit par adopter les attitudes de celui qu’il n’est pas. Le vouvoiement entre époux, par exemple, participe de ce désir n t r e Du 9 au 28 avril : La poudre aux yeux d’Eugène Labiche, mise en scène de David Bauhofer. Théâtre de Carouge, Salle François-Simon, mar-mer-jeusam à 1h, ven à 20h, dim à 17h, relâche lun Location : 022/343.43.43 - [email protected] t i e n t h é â t r e ödön von horvath au grütli Horvath, le suspect idéal Les Légendes de la forêt viennoise, pièce de Ödön von Horvath, précoce dénonciateur des politiques fascistes dès la fin des années 1920, sera mise en scène par Frédéric Polier sur la scène du Grütli, dès le 23 avril. Conscience théâtrale contre abêtissement moral. Légendes de la forêt viennoise Ma patrie, c’est le peuple pièces de théâtre et trois romans dont la Nuit italienne ou Un fils de notre temps… Fils d’un diplomate austro-hongrois, Ödön von Horvath est né d’une famille noble et catholique germanophone, aux sangs hongrois, croate, La bêtise humaine Né lors de la Belle Epoque, il connaîtra les tchèque et allemand – il est l’incarnation parfaite de l’apatride, le bodenlos, Heimatlos désigné joies de l’insouciance, avant d’être le témoin de comme l’horreur et l’erreur des thèses nationalis- la décoction vers les précipices boueux de tes fanatiques des révolutionnaires fascistes l’esprit humain, avec l’émergence des fascismes. émergeant dans les années 1920. Repoussoir de L’aversion qu’il ressent pour ce nouveau régime ces idéologies nauséabondes que Michel est telle, qu’il vouera ses dernières productions à Foucault avait en son temps qualifiées de biopo- une dénonciation implacable du NSDAP. La litiques, Horvath, puisque d’appartenances mul- démence nationaliste, véritable peste des certiples, apparaissait alors aux extrêmes de tous veaux que représente pour lui l’idéologie nazie, bords comme le suspect idéal, l’antithèse de l’i- doit absolument être pointée du doigt, démasdéologie nationaliste alors en mouvement en quée. Il est conscient de vivre une époque où l’on Europe. Ses idées libérales, ses origines peut apercevoir le gouffre qui s’ouvre devant les “mosaïques“ font de lui un anachronisme vivant consciences abêties par l’incapacité de se dresser devant la statue barbare engoncé dans un momentum qu’érige le régime à la historique où la nation est croix gammée. C’est dès l’horizon indépassable d’une lors dans sa conscience in-humanité obsédée par le humaniste qu’il forge les sang et le sol. Né dans la mots d’une critique qui Fiume autrichienne, il appavise à crucifier l’incapacité raît comme un itinérant natudes hommes à réagir. Son rel puisque baltringué parmi ironie est féroce. les bagages des différentes Devant l’engloutissemissions diplomatiques de ment de la conscience des son père. Ses étapes de vie hommes “libres“ ; contre sont bien celles d’un ce monde naufragé, il migrant ; de Belgrade à défend son utopie d’une Munich, en passant par Ödön von Horvath patrie idéale, universelle : Vienne, où il y poursuit quelques études avant de renoncer. Puis le jeune La liberté. Cette liberté chérie, mais tellement Horvath se consacre entièrement à l’écriture. A menacée par une politique nazie qu’il qualifie de Berlin, il vit de sa plume. Mais vient bientôt le tierish, bestiale. Les accusations qu’il porte temps d’un nouveau départ, cette fois sous la résonnent de manière terrible : – Faiblesse du forme d’un exil à Prague et en Suisse, tenant républicanisme niais de Weimar, collaboration ainsi de s’arracher aux répressions des sbires de consciente avec la terreur noire, privation des l’idéologie nationale-socialiste, qui tentent de le droits humains, fascination coupable et décérédéloger en perquisitionnant la maison familiale, brée pour les régimes totalitaires… Son théâtre puis le molestent. La fin de l’errance correspond est donc furieusement contemporain, comme il à l’arrivée de Ödön à Paris, en 1938, où il meurt l’annonce lui-même – « Pour le théâtre populaisur les Champs-Elysées, frappé de plein fouet par re d'aujourd'hui, il faut des personnages d'auune branche d’arbre, lors d’une tempête. Il laisse jourd'hui », fortement participatif aussi, puisqu’il derrière lui une œuvre qui se monte à dix-sept assène que « même si cela fait mal, que peut-on a c t seul contre tous ? On ne peut qu'enrager en secret. » L’Allemagne post Traité de Versailles, l’Allemagne de la décatie République de Weimar, coupable d’avoir pactisé avec le Diable, l’Allemagne du chômage délirant, de l’inflation sismique, la femme, forgent le décor de sa dramaturgie dont l’exil marque l’entièreté de son œuvre théâtrale. u a l i t En 1931, il obtient le prix Kleist – la plus haute distinction littéraire de l’époque – pour sa pièce Légendes de la forêt viennoise. C’est là la consécration de sa passion pour le théâtre populaire, critique de la société et de la politique de son temps, une écriture théâtrale qu’il conçoit surtout comme une attaque ouverte contre le fléau totalitaire. Cette pièce, en trois parties, est rédigée entre 1930 et 1931, et est montée pour la première fois au Deuschtes Theater de Berlin, le 2 novembre 1931. Il y fustige la mascarade et l’opérette d’une Autriche qui continue à vivre doucement, alors qu’elle se trouve aux prises avec les assauts de la violence barbare. La pièce, dont la trame centrale se déploie à Vienne dans les années 1920, est ponctuée d’extraits musicaux célèbres. L’écrivain y met en scène les fiançailles futures d’Oscar le boucher et de sa voisine Marianne « fille du Roi de la magie », quand la rapide dégringolade survient, précipitant Marianne dans la fange mélodramatique qui la fera s’échouer dans les bras d’un partisan du NSDAP. C’est à Frédéric Polier, directeur depuis une dizaine d’années de l’Atelier Sphinx, que revient cette mise en scène. Son théâtre se veut ouvert et prompt à susciter les questionnements, accessible et compréhensible de tous, poétique et profond. On s’en souvient, c’était déjà lui – en 2007 d’abord pour le Théâtre du Loup, puis en 2012 pour le Grütli – qui avait monté la pièce tragi-comique Mein Kampf (farce) de George Tabori, pastichant le führer, alors jeune mais promis à une brillante carrière de dictateur, et qui vivotait de bohême avec pour voisin, l’humaniste vendeur de Bibles, Shlomo Herzl. « Rien ne donne autant le sentiment de l’infinitude que la bêtise », ce constat de Horvath sonne encore, en compagnie d’autres voix enfouies depuis – comme celle de Karl Kraus – sous les cendres nocturnes d’une humanité en ruines. Christophe Rime Théâtre du Grütli. Du 23 avril au 12 mai 2013 Billeterie +41 (0)22 888 44 88, ré[email protected] é 45 t h é â t r e entretien avec evelyne castellino Electronic City La chorégraphe genevoise aime les gens, le travail sur et avec l’humain. Elle aime aussi les comédiens, qui deviennent occasionnellement danseurs sous sa bienveillante direction. Et elle aime les textes. La combinaison de ces prédilections débouchera en avril, au théâtre de la Parfumerie, sur un spectacle fort adapté du contemporain allemand Falk Richter. D’où vient votre rencontre avec cet écrivain ? 46 Je lis beaucoup de théâtre, j’en vois également beaucoup et je vais chaque année au Festival d’Avignon. C’est là que j’ai découvert en 2008 Das System de Falk Richter, qui regroupe plusieurs textes. Ce Hambourgeois issu de la bourgeoisie est un dramaturge pessimiste et sans illusion sur l’état du monde. Il souligne l’aliénation de notre société, sans toutefois donner de recettes. J’ai donc eu envie de le monter en 2012 avec mes jeunes comédiens en fin de formation. Ce fut une réussite, malgré l’écart d’âge entre les comédiens et les personnages. Je le reprends maintenant avec des comédiens aguerris, trois hommes et trois femmes. C’est un challenge de monter deux fois la même pièce, il faut oublier la précédente mise en scène. Que raconte ce texte ? La difficulté, voire l’impossibilité des rencon-tres entre un homme et une femme. Ces deux êtres censés vivre une histoire d’amour ne font que se croiser, et souvent se ratent. Lui est un trader survolté, et elle, faute de vouloir faire des choix, vit de petits boulots aliénants qui ne lui apportent aucune satisfaction. Son zapping professionnel et le stress de son “compagnon“ empêchent toute rencontre. Les chambres d’hôtel interchangeables leur font perdre leurs repères, au point que Tom en oublie le nom de Joy. THÉÂTRE Vous travaillez avec des comédiens que vous faites danser ? de Oui, les comédiens non danseurs n’ayant pas de technique, ils doivent apprendre, apprivoiser les mouvements, le corps, par exemple comment se rattraper après un déséquilibre. Je les fais travailler physiquement. Mais c’est le texte qui reste l’élément déterminant, la musique, la danse, l’image vidéo venant l’enrichir ou le contredire. Le texte de Richter est comme un synopsis de cinéma, on peut ensuite trouver le sens caché sous la parole puis faire émerger les signes. VALÈRE sion MARS Ve 8 – La Main qui ment de Jean-Marie Piemme à Martigny Vous prenez toujours autant de plaisir à monter des spectacles ? Sa 9 – La Main qui ment de Jean-Marie Piemme à Martigny Je 14 – Pagagnini – Humour musical J’aime particulièrement les débuts des répétitions, quand on rêve encore la pièce. Malgré l’intense préparation en amont, il y a cependant toujours l’anxiété, à laquelle succède l’inventivité. Je ne dis pas l’improvisation, car nous ne cherchons pas à faire un melting pot d’improvisations. Et pour vous répondre, oui, j’ai toujours le même plaisir à former des comédiens et danseurs, à faire des chorégraphies, à monter des spectacles contemporains. Malheureusement nous travaillons depuis quelques temps dans l’incertitude des lendemains. Nous ignorons quel sera l’avenir de La Parfumerie, c’est inconfortable pour la création. Ve 22 – 84 Charing Cross Road de Helene Hanff Me 27 – Le Porteur d’histoire d’Alexis Michalik AVRIL Je 11 – S underland de Clément Koch Ma 16 – Hors-la-loi de Régis Duqué Me 24 – Eric Antoine – Magie et Humour 2012 · 2013 Propos recueillis par Laurence Tièche Chavier saison Electronic City de Falk Richter, mise en scène et chorégraphie d’Evelyne Castellino, à La Parfumerie du 23 avril au 12 mai 027 323 45 61 | www.theatredevalere.ch e n t r e t i e n 21 · 24 · 26 · 28 AVRIL 2013 L’ AIGLON ARTHUR HONEGGER & JACQUES IBERT DIRECTION MUSICALE JEAN-YVES OSSONCE MISE EN SCÈNE RENÉE AUPHAN ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAUSANNE CHŒUR DE L’OPÉRA DE LAUSANNE T 021 315 40 20 WWW.OPERA-LAUSANNE.CH PRODUCTION P RODUCTION SALZBURGER FESTSPIELE DU SALZBURGER CONTE C ONTE LYRIQUE LYRIQUE EN 3 ACTES Antonín A ntonín Dvořák MIGROS-PO -CLASS L E R U T L U C T N UR-CE 013 au Saison 2012/2 ICS Victoria Hall Jeudi 23 mai 2013 à 20 h ORCHESTRE DE CHAMBRE VIENNE-BERLIN Direction Dir ection musicale Dmitri JJurowski urowski Mise en sc scène ène Jossi Wieler Jossi Sergio Morabito (Musiciens des Orchestres Philharmoniques de Vienne et de Berlin) Yefim Bronfman (piano), Rainer Honeck (violon), Dieter Flury (flûte)*, Gábor Tarkövi (trompette) Franz Schubert Ouverture en ut mineur, D. 8 Felix Mendelssohn Bartholdy Concerto pour piano, violon et cordes en ré mineur Frank Martin Chœur du Grand Théâtre Direction Dir ection ChingChing-Lien Lien Wu Wu Ballade pour flûte N° 1 Béla Bartók Danses populaires roumaines, Sz 68 Orchestre de la Suisse Romande Dmitri Chostakovitch 1133 A AU U 27 JUIN 2013 *Soliste suisse Concerto pour piano, trompette et orchestre N° 1, op. 35 Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11 Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe. www.culturel-migros-geneve.ch www.geneveopera.ch .geneveopera.ch Organisation: Service culturel Migros Genève www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch s p e c t a c l e s spectacles onésiens Le retour L’ambiance sera aux retrouvailles en avril, puisque des habitués des Spectacles onésiens feront leur retour sur scène : Le Quatuor et Fellag. Depuis plus d’un quart de siècle, le Quatuor est une référence en matière d’humour musical. Accueilli dès ses débuts à Onex, ce groupe est toujours resté fidèle aux spectacles onésiens et revient à chaque nouveau spectacle. Auréolé de trois Molières, d’une Victoire de la Musique et d’un succès international, le Quatuor proposera un spectacle familial le 15 avril sur la scène du théâtre du Léman. c’était une évidence que le Quatuor fasse partie des festivités pour marquer cette saison-anniversaire des Spectacles onésiens. 48 Le groupe est composé de Jean-Claude Camors (violon, composition), Laurent Vercambre (violon), Pierre Ganem (alto), JeanYves Lacombe (violoncelle et contrebasse). Ces quatre virtuoses, également chanteurs, enchaînent sur un rythme endiablé et sans transition des morceaux des styles les plus variés, classique, jazz, variétés, pop. Pour les fans qui les suivent depuis leurs débuts, le Quatuor est le prolongement du groupe La Confrérie des Fous. Drôle, inventif et parfaitement orchestré par le metteur en scène Alain Sachs, le spectacle du Quatuor, réglé au millimètre près comme un mécanisme d’horlogerie bien huilé, semble réunir tous les talents : musiciens virtuoses Le 15 avril au Théâtre du Léman : Le Quatuor a prix de la SACD de la Francophonie en 2003. Il a connu le succès avec ses précédents spectacles - “Djurdjurassic bled“, “Un bateau pour l'Australie“, “Le dernier chameau“, et la pièce “Tous les Algériens sont des mécaniciens“ ainsi qu’avec le rôle de Monsieur Lazhar dans le film de Philippe Falardeau (Festival de Locarno 2011). effectuant un échafaudage humain, mais aussi jongleurs, chanteurs, comédiens, danseurs, et humoristes, bien sûr ! Les 25 et 26 avril, ce sera à l’humoriste kabyle Fellag d’enflammer le public de la salle communale Les 25 et 26 avril à la Salle communqle d’Onex : Fellag © Sylvain Bocquet d’Onex. Le point de départ de son nouveau spectacle, Petits Chocs des Fellag affirme son amour autant pour la Civilisations, est un sondage affirmant que le France que pour l’Algérie, avec cet énoncé “les plat préféré des Français est … le couscous. Se deux mamelles de ma mère Patrie“, et l’on peut qui permet à Fellag de déployer son humour, imaginer qu’il a forcément une opinion sur des toujours ironique et tendre, en auscultant la sujets actuellement “sensibles“ - la place de France et l’Algérie, en sociologue perplexe et l’Islam en Occident, les relations entre la France philosophe décalé. Ce spectacle, signé et inter- et le Maghreb, ou entre le Sud et le Nord. Son prété par Fellag, dans une mise en scène de nouveau spectacle, créé à partir du texte écrit en Marianne Épin ofre une savoureuse dose de bur- 2002, Comment réussir un bon petit couscous, lesque et d’absurde. fournira certainement quelques réponses au public. Tendre, poétique et incisif, et enrichi de Fellag est né en Kabylie en 1950, il a fait trouvailles et de textes inédits, ce spectacle disdes études d'art dramatique à Alger et a débuté serte donc sur le désormais fameux choc des un beau parcours de civilisations, qui fait régulièrement la une de comédien et d’auteur. l’actualité. C’est là-bas qu’il monte son premier one Les Récrés-spectacles destinés au jeune man show. En 1995, il public acueillent, les 15 et 17 avril, Allegretto, s’exile en France - un spectacle de clown dès trois ans. Deux comme de nombreux clowns musiciens attendent le train et regorgent artistes algériens qui d’idées pour passer le temps : Lulu veut chanter fuient la décennie de à la Scala de Milan et Chichili porte ses bagala terreur terroriste - ges, mais il y a ajouté quelques instruments mais poursuit sa car- inattendus. Sur le quai de gare, elle chauffe sa rière au cinéma et au voix et répète sérieusement ses airs, tandis que théâtre. En 1998, il lui calme sa faim en se faisant griller du maïs reçoit le Prix du sauté. Firouz Pillet Syndicat de la www.spectaclesonesiens.ch Critique, puis le Prix Raymond Devos et le c t u a l i t é s pec tac les théâtre des marionnettes de genève Le Chat sans queue Au mois d’avril, le Théâtre des Marionnettes ne proposera qu’un seul spectacle, La chat sans queue, du 10 au 28 avril, une création du TMG destinée aux enfants dès quatre ans. Le texte, la mise en scène et la scénographie sont signés du maître des lieux, Guy Jutard d’après le récit de Germano Zullo et les dessins d’Albertine. Les chats ont, paraît-il, neuf vies : c’est dire s’ils sont doués pour les métamorphoses. Il était une fois un petit chat malheureusement dépourvu de queue. Le spectacle le présente, solitaire avec son cartable sur le chemin des écoliers. Le queue afin de compléter son anatomie pour faire de lui un minou ordinaire ? Son destin croise la route de deux compères, Marcel et Jean-Claude qui sont de la trempe du collectionneur, passionné à recueillir tout ce qui sort de férence et de la manière de la vivre. Ce spectacle suggère que le sentiment éprouvé de la honte, s’il est difficile à vivre pour le jeune enfant, n’en constitue pas moins un lien social. Loin d’être un poison, l’acceptation de ce sentiment et son dépassement permettent aussi de s’affirmer et de grandir. A côté des hontes paralysantes, il existe aussi des hontes positives et qui permettent à l’enfant de se construire et d’apprendre le respect de l’altérité. Les deux manipulateurs et conteurs mènent ce ballet de figurines évoluant autour de l’idée de la différence, à vivre, éprouver et accueillir. Par instants, ils revêtent un habit de marionnette, devenant personnages parmi les protagonistes hauts en couleurs du récit. Les marionnettes élaborées par Albertine et Guy Jutard, assistés de Mathias Brügger, sont 49 «Le chat sans queue» © Cedric Vincensini chaton se sait différent des autres félins. Chacun le moque, le prend de haut, le pointe du doigt et l’affuble de quolibets, l’obligeant à se cacher et à fuir. Le chat sans queue se fait botter, chasser de partout et se retrouve bien désemparé et seul. Parviendra-t-il à masquer son imperfection ? N’y aurait-il pas dans cette cité traversée à intervalles réguliers par une subtile trapéziste funambule, une boutique pour lui délivrer une a c t u l’ordinaire, devenant fantastique. Le chat sans queue deviendra-t-il le fleuron de leur collection ? Au fil de cette fable qui évolue dans une atmosphère à la fois tendre et légère, étonnante et surréaliste, tout devient de plus en plus étrange, hypnotisant, envoûtant, et bien sûr captivant. A l’instar des expériences des petits écoliers dans les préaux d’école primaire, Le chat sans queue aborde le thème essentiel de la dif- a l i t animés par Olivier Carrel et Jacques Douplat sur une musique de Hélène Zambelli. D’une vive et colorée candeur, les dessins d'Albertine donnent le ton. Humains, animaux et objets s'amusent à se déformer au cœur d’une joyeuse fantaisie. Firouz Pillet www.marionnettes.ch é Château Rouge, Annemasse (location +33 / 450.43.24.24) Les 3 et 4 avril : « In Love with Federer » Photo Augustin Rebetez Le 17 avril : « La Barbe-Bleue » Photos © Bonlieu, Annecy (réservations au +33 / 450.33.44.11) Photo Mario Del Curto / Strates Du 3 au 5 avril :«Hans was Heiri» Du 10 au 13 avril : «Cyrano de Bergerac» Photo Brigitte Enguérand photo Vincent Arbelet *, *, * * * * ( )% ! ( " ( )% ! ( " Prune Beuchat Prune Beuchat +& %) ' $# d a n s forum de meyrin Foofwa d’Imobilité Le danseur et chorégraphe bien connu des Genevois fera escale au Forum de Meyrin où il offrira au public, le 30 avril, une conférence dansée sur l'histoire de la Danse au XXe siècle, sous l’intitulé Histoires Condansées. Ensuite, les 7 et 8 mai, il présentera son ballet «Fenix», ballet offert en première mondiale à Venise lors du Festival Lo Spirito della musica di Venezia. e une atmosphère proche de la transe. Si l’intention générale est d’exploiter des formes de communications primaires où l’instinct joue un rôle moteur, il n’en demeure pas moins que l’ensemble du dispositif chorégraphique est bâti selon une construction savante, parfaitement maîtrisée par les exécutants, danseurs, musicien et plasticien, qui tour à tour font résonner les accords de l’immuable révolution du cycle de la vie. Françoise-Hélène Brou - Mardi 30 avril : Histoires condansées. Foofwa présente la danse, d’'Isadora Duncan à Pina Bausch, de la danse expressionniste allemande à l'avènement de la dansethéâtre belge... - Mardi 7 et mercredi 8 mai à 20h30 : Fenix. Foofwa d'Imobilité - Neopost Ahrrrt La production de Fenix, commissionnée par la Fondation Teatro La Fenice en collaboration avec la Fondation Bevilacqua La Masa et la Compagnie Neopost Ahrrrt, a également bénéficié du soutien de la Ville et du canton de Genève, de la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia, du Théâtre Forum Meyrin, de la Fondation meyrinoise pour la promotion culturelle, sportive et sociale, de la Stiftung Corymbo, de Action Intermittents et de l’ADC Association pour la Danse Contemporaine Genève. «Fenix» par la compagnie Neopost Ahrrt © Gregory Batardon Ainsi, dans le cadre du Festival Lo spirito della musica di Venezia, qui s’est tenu en juillet 2012, le Théâtre de la Fenice a présenté en première mondiale absolue Fenix, un projet multimédia de danse et d’art contemporain conçu et réalisé par le chorégraphe Foofwa d’Imobilité et l’artiste Stefano Arienti. La partie musicale, interprétée in vivo, a été composée par Antoine Lengo avec la collaboration de Foowa et de ses danseurs, une partition dominée par le son du sheng, un antique instrument à vent chinois, sorte d’orgue à bouche, qui avait la réputation d’imiter le chant du phénix. Les danseurs de la compagnie Neopost Ahrrt (Ruth Childs, Michèle Gurtner, Edouard Hue, Richard Kaboré, Nicolas Leresche, Foofwa d’Imobilité, Anja Schmidt), fondée en 2000 par Foofwa, exécutent une chorégraphie qui s’inspire du mythe du phénix renaissant perpétuellement de ses cendres. Le thème se développe en une série de binômes : mort et résurrection ; disparition et transfiguration, épuisement et régénération, individuel et universel, qui se rejoignent dans l’idée générale du cycle vital. Dans ce dialogue a c t u entre art et danse, Stefano Arienti a dessiné les costumes de scènes, créé une intervention vidéo projetée une heure avant le spectacle et monté une exposition présentée à la Fondazione Bevilacqua La Masa au Palazzetto Tito. Géométrie dans l’espace Fondée sur l’idée de vie et de mort, la chorégraphie insiste sur l’opposition de figures : symétrie et asymétrie, haut et bas, horizontalité et verticalité, lenteur et rapidité. Les mouvements de circularité et autres effets de chute et de redressement dynamisent le tempo tout en assurant une continuité entre les déplacements, en groupe ou individuel, des danseurs. Cette géométrie dessinée dans l’espace se développe de façon répétitive et obsédante, comme un rituel initiatique et où interviennent des séquences sonores provenant des propres interprètes : souffles, inspirations, expirations, énonciations de phonèmes, un matériel qui vient se superposer au bruissement des corps, aux sonorités amplifiées du sheng, l’ensemble acoustique et corporel contribue à créer par paliers successifs a l i t Le 30 avril : «Histoires condansées par Foofwa d’Imobilité © Gregory Batardon é 53 m u s i à genève et lausanne Nelson Goerner Le pianiste Nelson Goerner sera au Victoria Hall le 21 avril, aux concerts de l'OCL à Lausanne les 22 et 23 avril. Portrait d'un Argentin qui affectionne notre pays... Né en 1969 à San Pedro, tout au nord de l'Argentine, Nelson Goerner commence l'étude du piano à cinq ans. Ses enseignants repèrent très vite son talent et envoient ce surdoué âgé de six ans dans la capitale, où il étudie avec Jorge Garruba, lequel a eu une influence décisive; l'ancien élève dit avoir appris de lui à se montrer sensible, curieux des cultures, des esthétiques et des gens; ces dernières années, le concertiste est parti à l'exploration du pianoforte (il s'est, par exemple, produit avec Frans Brüggen) tout en gardant, dans d'autres concerts, l'instrument moderne... 54 q u e bre, et a un penchant très fort pour le récital, lequel représente néanmoins un défi redoutable. Mais c'est, pour lui, la communion avec son public qui apporte les plus grandes satisfactions. Enseignement Aujourd'hui, Nelson Goerner prodigue ses conseils au Royal Nothern Music College de Manchester - à des élèves très avancés - sans avoir rompu ses contacts avec le Conservatoire de la ville de Calvin, puisqu'il a élu domicile dans cette cité. Le musicien dit vouloir inculquer aux jeunes le sens du travail, encore et encore, pour pouvoir bien aller au fond des choses, afin d'ensuite pouvoir élaborer un discours interprétatif de qualité. Le labeur, source d'émerveillement, permet la découverte, si on y met la curiosité nécessaire, pour lui évidente. Le maître explique ne pas aborder un texte avec une image nette, c'est à force d'explorer les portées que l'image tend à se fixer. Cette profession de foi transparaît dans son jeu; l'Argentin fait preuve d'un grand intérêt pour Liszt, car ce compositeur, affirme-t-il, l'oblige à sortir de lui-même, à se projeter. Son répertoire cou- Récompenses En 1980, le tout jeune artiste donne son premier concert dans sa ville natale; en 1986, il obtient le Premier Prix du Concours Franz Liszt de Buenos Aires. Toujours très précoce, il se produit en Argentine et en Uruguay. Découvert par sa compatriote Martha Argerich, elle lui fait décerner une bourse d'études pour aller au Conservatoire de Genève. (L'amitié s'est poursuivie tout au long des années, en 2011 l'artiste s'est présenté à Verbier en compagnie de son aînée.) Pendant sa formation dans la cité du bout du lac, le boursier bénéficie des conseils de Maria Tipo (classe de virtuosité); elle lui cède son poste d'enseignante en 1990. Septembre 1990 marque un tournant; le Premier Prix à l'unanimité du Concours de Genève lui est décerné après une interprétation du Concerto n° 3 de Rachmaninov (préparé avec Maria Tipo) en compagnie de l'Orchestre de la Suisse Romande. Cette récompense lance sa carrière et l'homme participe aux grands festivals européens : La Grange de Meslay (en remplacement de Sviatoslav Richter, au pied levé), Berlin, Londres ou Lucerne, ainsi qu'en Espagne et en Autriche. En musique de chambre, ses mains s'associent avec les archets des quatuors Takacs ou Carmina. Le pianiste est devenu complice de Fabrizio von Arx, ou Maria-João Pirès. On a également entendu Nelson Goerner avec diverses phalanges comme le Philharmonia Orchestra sous la direction de Claus-Peter Flor, ou le Royal Scottish National Orchestra avec Neeme Järvi. Parmi toutes ces formes de musique, son cœur balance; l'interprète aime être sollicité par l'orchestre, goûte l'intimité de la musique de cham- a c t Nelson Goerner © Jean-Baptiste Millot vre également Chopin, Brahms, Rachmaninov ou Busoni. Maîtrisant les difficultés virtuoses, le concertiste élabore un jeu scintillant et précis, qui met en évidence le rythme et les effets. Tout cela renvoie à des déhanchements bien en vogue sur les rives de la Plata ! Pierre Jaquet Disques chez Cascavelle, EMI et Chandos Genève, Victoria Hall, 21 avril à 20h 30, avec Sol Gabetta, violoncelle Beethoven, 7 Variations sur "Bei Männern weiche Liebe fühlen" Beethoven, Sonate pour violoncelle No.3 en la Majeur, Op. 69 Rachmaninoff, Sonate pour violoncelle en sol mineur, Op. 19 F. Servais, 2 Fantaisies sur des thèmes russes Lausanne, Salle du Métropole, 22 et 23 avril à 20h 30 (avec l'OCL) Kyril Karabits / François Sochard Berg, Kammerkonzert u a l i t é m u s i q u e les grand interprètes Piotr Anderszewski De nature rebelle et disposant de trois cultures dans son CV, Piotr Anderszewski semble avoir construit sa carrière à contre-courant de celles de ses illustres pairs. Rencontre avec un as du clavier que n’en fait qu’à sa tête. Une tête tout sauf tempérée… fois caché dans les coulisses et a fini par approcher le maestro de près, en devenant son “tourneur de page“, l'espace d’un concert… Aujourd’hui, c’est un artiste complet qui évolue entre récitals, concerts, musique de chambre et direction. Son agenda ne déborde pas de tours du monde en quelques jours déraisonnables. Il n’hésite pas à annoncer une pause, comme en 2011, à prendre de la distance avec les médias. Il n’enregistre pas au kilomètre. Il soigne ses collaborations. Il protège sa vie privée. Des goûts et des couleurs… Non, il n’a pas été un enfant prodige qui préfère jouer du piano plutôt que taper le ballon avec ses copains. Lui, il a détesté les gammes et les études au clavier. Non, il ne pense pas que l’exercice assidu puisse mener à une interprétation parfaite. Lui, il préfère réfléchir dans sa tête, extérioriser son intérieur. Et non, il n’a pas couru le monde à la recherche d’un maître-gourou, il n’a pas en grande estime ces musiciens “pique-assiettes“ qui prennent leur toucher chez l'un, leur phrasé chez l’autre… Lui, il ne veut pas jouer la partition, il veut s’exprimer par son art ! Il n’a pas non plus débuté de manière brillante dans une grande compétition internationale. Les concours, il n’en a fait qu’un seul, celui de Leeds en 1990, qu’il a d’ailleurs abandonné alors qu’il était près du but. Il faut du caractère pour se lever et partir en pleine demifinale quand on n’est pas satisfait de son propre jeu. Ou peut-être, une sacrée dose d’humilité ? Les Variations Diabelli ont toujours été sa pièce maîtresse, c’est Webern qui l’a fait fléchir. Mais cela a suffi pour attirer la critique: un faux départ qui s’était avéré très fructueux… L’homme de la musique ou la musique de l’homme ? Quelle place occupe vraiment la musique dans sa vie ? Est-il un rebelle qui s’exprime à travers des sons, un acteur qui écrit sa carrière au gré de ses envies, ou, au contraire, un pianiste talentueux qui “ne se prend pas la tête“, ne mise pas sa vie sur son instrument ? Dans l’œil de la caméra de Bruno Monsaingeon, la musique ne quitte pas Anderszewski une seconde; il joue comme les autres vont au marché: c’est vital, c’est logique, c’est naturel. Il remplit l’écran et la scène avec un charisme digne de Rubinstein. Il y a des hommes qui chantent sous la douche; lui, il chante en jouant, comme Glenn Gould le faisait aussi. Ses héros ne sont pas jeunes, ils sont atemporels. Pour rencontrer Richter, le jeune polono-hongrois s’était une Il ne joue que ce qu’il aime… Ce n’est pas à lui que l’on arrivera à imposer programmes ou compagnie… Il n’a nul besoin de s’aventurer dans les projets contemporains, futuristes ou cross-over. Dans son répertoire — devrait-on plutôt parler de sa collection, son jardin intime ou encore son univers ? — une place d’honneur est réservée à ses compatriotes polonais, Chopin et Szymanowski. Il distille ces légendes à petites doses, loin du patriotisme touristique à bon marché. Sur la planète Anderszewski, le puissant Beethoven, le nostalgique Schumann et le badin Mozart se côtoient quotidiennement, en bons amis. Sa culture francophone se reflète dans Debussy. Mais c’est le grand Jean-Sébastien qui reste — non détrôné — au centre de ses soins. Au fil des années, son approche de Bach a évolué: ciselé et construit à ses débuts, il s’est progressivement teinté d’une nuance romantique, beaucoup plus chantante, ample et moelleuse… Un Bach bien cosy, un hôte que chacun aurait bien voulu convier chez soi…. Nous retrouverons ce climat au Victoria Hall le 18 avril. Il ne peut en être autrement. Beata Zakes A voir et écouter, trois documentaires de B. Monsaingeon: Beethoven Variations Diabelli 2006. Voyageur intranquille 2008 Anderszewski joue Schumann 2010 18 avril 2013 Victoria Hall à 20h00. Au programme: Bach, Janácek, Schumann Location/Renseignements: Service Culturel Migros 022 319 61 11 www.culturel-migros-geneve.ch Points de vente: Service culturel Migros Piotr Anderszewski © Robert Workman a c t u a l i t é 55 m u s i q u e entretien en marge d’un concert genevois Antonio Pappano Antonio Pappano est, en dépit de la consonance italienne de son nom, un chef d'orchestre britannique d'origine italienne dont la famille a émigré aux Etats-Unis alors qu'il avait treize ans. Il est depuis 2002 directeur musical du Royal Opera of Covent Garden à Londres et, depuis 2005, chef attitré de l'Orchestre de l'Accademia Nazionale di Santa Cecilia à Rome. 56 Cet orchestre n'est pas aussi connu que celui de la Scala de Milan ou même du Mai Musical florentin. Et pourtant, il a été fondé en 1908 déjà, et reste, aujourd'hui encore, une des rares formations instrumentales de la Péninsule qui se dédie essentiellement à la culture du grand répertoire symphonique international alors que ses incursions dans une fosse d'opéra restent rares. Les plus grands noms de la musique ont été invités à le diriger : Mahler, Strauss ou Stravinsky, pour ne citer que trois grands compositeurs, ont fait escale à Rome pour y diriger quelques-unes de leurs œuvres; parmi les chefs qui ont été invités à se produire à Rome, citons Toscanini, Furtwängler, Mengelberg, Karajan, Solti, Giulini ou Kleiber. Et actuellement, il n'y a pratiquement pas un grand nom qui fasse défaut dans la liste des hôtes invités à faire le pèlerinage romain : Bernstein, Sawallisch puis Temirkanov, Prêtre, Thielemann, Muti, Abbado, Gergiev entre autres, se sont succédé sur le podium de cette phalange d'une qualité exceptionnelle. Interrogé sur les qualités de l'orchestre qu'il dirige maintenant depuis plus de sept ans, le chef aime à définir une sonorité particulière qu'il compare volontiers à la sensation onctueuse, fruitée, parfois même suave que laisse sur le palais un Amarone du Veneto fait avec des grappes de raisin presque séchées sur pied... Lorsque, dans l'interview téléphonique qu'il a bien voulu m'accorder, je lui demande ce qui différencie la sonorité de cet orchestre de celles des ensembles européens du Nord, il me répond immédiatement : - Le cantabile! Les musiciens italiens sont nés avec un culte de la voix qui irrigue leur pratique de la musique instrumentale. Lorsqu'ils jouent du violon ou qu'ils soufflent dans un cor, les musiciens entendent le son de leur instrument comme celui d'une voix; ils cherchent à le faire respirer, à en arrondir les angles, à en polir les cadences comme s'il s'agissait d'une ligne mélodique tirée d'une pièce vocale. Et il n'y a pas là l'intention 'perverse' de faire sonner une symphonie de Brahms comme une page de musique lyrique ou spirituelle, mais bien plutôt de cultiver un art du son qui n'oublie jamais que les plus beaux témoignages italiens de la musique sont nés dans le chœur d'une église ou sur une scène de théâtre. Iriez-vous jusqu'à parler d'un recherche de vocalité dans leur appréhension de la musicalité d'une phrase instrumentale ? On peut le dire ainsi, en effet. Plus qu'ailleurs en Europe, un instrumentiste italien a besoin de se référer au chant pour savoir si le son porte correctement, s'il vit, s'il transmet aux auditeurs réunis dans la salle une vibration comparable à celle de la voix. Lorsque vous prenez la baguette face à un tel groupe de musiciens, il est impératif de tirer le maximum de cet art du cantabile; car c'est précisément cette attention portée à la respiration de la phrase musicale qui stimule chez ces instrumentistes la confiance qu'ils vous accordent sans réticence s'ils sentent que vous partagez leur quête du souffle vital irrigant la partition. Cela ne veut bien sûr pas dire qu'il ne faut pas essayer de trouver le style approprié à une page de Rachmaninov ou de Berlioz, mais il y a toujours, dans chaque école nationale, une petite marge qui permet de cultiver cet art inimitable de faire chanter les sons à la manière de la voix humaine. Exigence et séduction Après l'Ouverture de La Forza del destino de Verdi, vous allez interpréter au Victoria Hall Le Poème de l'Amour et de la Mort d'Ernest Chausson. Avez-vous fait ce choix pour souligner une éventuelle parenté stylistique entre les deux interprétations de ces pièces de style pourtant fort différent ? Partagé entre ses origines italiennes, son éducation à l'anglaise et ses années de formation passées aux Etats-Unis, Antonio Pappano réunit le meilleur des diverses cultures qui l'ont marqué. A une exigence technique extrême qui ne passe rien aux musiciens qu'il dirige s'allie le sens d'un phrasé séducteur attestant son attachement à la culture italienne du chant, du beau son, de la respiration naturelle ainsi que du développement équilibré de la structure d'un mouvement symphonique ou d'un air d'opéra. Non, car à l'origine, c'est une pièce d'Elgar (In the South) qui aurait dû figurer en ouverture de programme. Cela aurait fait sens, à mon avis (c'est d'ailleurs ce que je vais diriger lors du concert du Antonio Pappano. Crédit Sheila Rock © Emi Classics e n t r e t i e n m u s i q u e début de la tournée qui aura lieu à Rome) car cette page du compositeur anglais est littéralement irriguée par le formidable sentiment de puissance tellurique qui se dégage du spectacle de la Nature non encore domestiquée par l'homme. Et c'est ce même sentiment qui domine à mon avis les trois séquences du Poème de Chausson, où la partition dépeint l'émerveillement mêlé de crainte qui habite l'être humain devant ce qui le dépasse. Les moyens stylistiques sont bien sûr totalement différents, mais l'essence de l'émotion ressentie est de même nature. Malheureusement à Genève, pour des raison que j'ignore, les responsables de la programmation en Suisse ont préféré que je remplace Elgar par Verdi; est-ce une concession à l'année du bicentenaire de la naissance de ce compositeur ? Peutêtre!... Accademia Nazionale di Santa Cecilia-Orchestra and Chorus with Sir Antonio Pappano © Riccardo Musacchio & Flavio Ianniello Qu'est-ce qui vous attire dans cette pièce française qui figure assez rarement au programme des orchestres, même en France ? On a tort, à mon avis, de souligner systématiquement la légèreté de touche, le raffinement, la transparence de la musique française, comme si les compositeurs de l'Hexagone étaient incapables de faire entendre autre chose! A mon avis, ce préjugé - car c'est bien de cela qu'il s'agit - est d'abord celui des musicologues et autres critiques de la presse spécialisée. Si l'on excepte Ravel, tous les compositeurs de la fin du siècle, Debussy compris, ont été en effet très fortement influencé par Wagner. Leur musique ne serait pas ce qu'elle est si le compositeur allemand n'avait pas servi de point de référence. Il est pour moi patent que la prosodie musicale du compositeur allemand a grandement contribué à l'élaboration des langages sonores qui, soit par imitation, soit par rejet, se sont forgés dans la France de la fin du XIXe siècle. Dans le cas du Poème de Chausson, la puissance d'évocation de cette musique n'a rien de léger ou de transparent : elle empoigne l'auditeur avec une fougue grandiose qui ne lui laisse aucune chance de repli dès qu'il est entré dans cet univers musical littéralement envahissant. Il s'agit là d'une composition forte, directe, où l'orchestre et la voix jouent à cache-cache; tantôt le commentaire instrumental se glisse au premier plan alors que la voix se contente d'une sorte de parlando dramatique, tantôt le chant s'élève avec une liberté et une ampleur radieuse qui lui assurent une e n t r prééminence indiscutable pendant que l'orchestre retrouve sa place d'accompagnateur attentif. Il serait bien sûr faux de faire de cette page un opéra miniature, mais il serait tout aussi discutable de n'en souligner que les transparences diaphanes au détriment de l'intensité qui se dégage des moments les plus emphatiques. La Sixième Symphonie de Tchaïkovski conclut donc presque naturellement ce concert ... La donne musicale est différente ici. Certes, le compositeur russe a montré sa maîtrise du genre lyrique dans de nombreuses partitions lyriques dont certaines sont encore à découvrir dans le monde occidental. Mais ses symphonies ne sont pas du théâtre avant la lettre. Tchaïkovski s'est vu plusieurs fois reprocher par les critiques de son temps l'écriture de ces pages qu'on accusait à tort de n'être que des ballets travestis. Et pas seulement dans les mouvements construits sur un rythme de valse! Ces symphonies sont d'abord de magnifiques hommages à la sensibilité musicale russe, elle aussi imbibée de vocalité, comme l'italienne. Je dirais pour faire court que la langue russe est caractérisée par son horizontalité, c'est-à-dire une succession d'accents forts et faibles qui assujettissent le rythme et le profil mélodique du message musical. Le langage symphonique du compositeur russe se ressent de cette sensibilité avec ses brusques oppositions de rythme, ses changements d'atmosphère ramassés sur quelques mesures, voire sur une e t i e seule. On peut y voir l'influence du théâtre; je préfère, pour ma part, y trouver l'écho de la personnalité névrotique du musicien dont on sait qu'il a passé une bonne partie de sa vie à cacher sa nature profonde pour éviter d'être rejeté par ses concitoyens. Cette symphonie est un fabuleux mélange de nostalgie morbide et d'énergie révoltée. Et je suis toujours bouleversé lorsque je dirige l'extraordinaire mouvement final, que je comprends comme une sorte d'aveu d'impuissance face au destin. Avec cette musique qui tend vers le silence, Tchaïkovski prend ici dignement congé du monde qu'il a enrichi de tant de partitions miraculeuses. Et nul ne peut douter, en entendant cette forme de halètement tragique qui traverses les dernières mesures, que le compositeur savait, en l'écrivant, qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre. D'ailleurs, n'est-il pas mort dix jours après la première de cet ultime ouvrage ? Propos recueillis au téléphone par Eric Pousaz Genève, Victoria Hall, 11 avril, 20 heures . Concert de l'Orchestre de l'Accademia nazionale di Santa Cecilia, dir.: Antonio Pappano. Au programme : Ouverture de la Force du destin de Verdi, Le poème de l'Amour et de la Mort d'Ernest Chausson avec Marie-Nicole Lemieux en soliste et la Symphonie no 6 dite 'Pathétique' de Tchaïkovski n 57 m u s i q u e festival du 5 au 13 avril Cully Jazz Haute en couleurs et des plus rythmées, à l'instar de l'affiche de cette 31e édition, la programmation du Cully Jazz 2013 ne ment pas : le flamenco y côtoie le jazzrap, les voix féminines (de la funky à la plus feutrée) rivalisent avec des duos de musiciens souvent inédits, tandis que Cuba s'improvise voisine du Mali. La littérature y trouve même son mot à dire ! Où écouter du jazz pendant neuf jours, à l'occasion de 25 concerts payants et 70 gratuits, tout en rendant hommage au bachique Rabelais dans quelque caveau vigneron unescal ? A Cully pardi ! Tandis que le Chapiteau, le Next Step et le Temple reçoivent les artistes in (payants), les carnotzets s'ouvrent aux musiciens du off. Tendez l'oreille ! Holland flamant 58 A priori, le flamenco est au jazz ce que le parapluie est à la machine à coudre. Pourtant, le contrebassiste anglais Dave Holland conçoit qu'ils peuvent néanmoins se rencontrer sur une table de dissection, ces deux styles n'étant pas incompatibles. Tout devient donc possible pour cet artiste venu à la musique en autodidacte, qui s'est fait une réputation dans l'improvisation. « Si l'on cultive des tulipes en Hollande, si l'on improvise des flamencos en Espagne, nous en sommes tous enrichis en l'homme », disait déjà Saint-Ex. Holland a marqué l'histoire du jazz parce qu'il avait été choisi par Saint Miles Davis pour prendre la place de Ron Carter dans son deuxième quintet (composé aussi de Chick Corea, Tony Williams et Wayne Shorter). C'est donc un peu grâce à la participation d'Holland sur l'album Filles de Kilimanjaro (1968) que le grand Miles a quitté sa période acoustique pour plonger dans le jazz rock électrique. Autre corde à sa contrebasse, Holland le touche à tout, sideman d'Anthony Braxton, Keith Jarrett, Roy Haynes, Pat Metheny ou Stan Getz, affectionne également les brass bands. A écouter en toute urgence ! Rokia Traoré Duo packs Deux pour le prix d'un : on aurait tort de s'en priver ! Elina Duni donne la réplique au pianiste Colin Vallon, le trompettiste sarde Paolo Fresu répond au pianiste cubain Omar Sosa. Tandis que le pianiste François Couturier s'amuse avec la violoncelliste Anja Lechner, cet autre pianiste, Baptiste Trotignon, accompagne le percussionniste Minino Garay (mais sans Jeanne Added; snif !). Le chanteur-guitariste Gianmaria Testa ne peut déclamer sa poésie qu'avec le clarinettiste Gabriele Mirabassi. Et le New Yorkais Eric Bib retrouve ses racines blues africaines auprès d'un autre guitariste, Habib Koité. Ne peut-on vraiment pas prononcer le mot “corde“ sur scène ? Mots-valises vocalises Fame fame fame Le batteur et compositeur Jérôme Berney a écrit une partition pour l'Académie vocale de Suisse romande. Cette appellation administrativopompeuse cache mal ses ambitions : restituer, à l'aide de choristes professionnels, les mots de François Debluë sous la férule de Dominique Tille. Rien que ça! L'actualité contemporaine n'échappe pas non plus à ce petit village d'irréductibles de Lavaux (et non "du Lavaux"). Et le Mali espère que tout rentrera dans l'ordre lorsque les bottes françaises auront quitté le territoire jadis mis en mots par Hampaté Bâ. En attendant, les musiciens maliens réunis autour de l'organiste, chanteur et producteur Cheick Tidiane Seck (compagnon de route d'Hank Jones, Santana, Dee Dee Bridgewater, Manu Dibango…) chantent l'espoir. A côté de ces ménestrels des temps modernes que sont les rappeurs Oxmo Puccino, Blitz the Ambassador ou Gaël Faye trompette le troubadour nomade Eric Truffaz. De retour de l'exotique étranger, il ramène dans ses bagages la chanteuse Anna Aaron, jeune sirène bâloise (Blue movie ; Sea monsters). A propos de son dernier album, El Tiempo de la Revolución, Truffaz dit qu'il « exprime les révolutions successives qui actent notre vie, comme un long poème que l’on écrit au fil du temps dans un espace où l’on est à la fois acteur et spectateur. Le temps de la révolution est aussi celui de la naissance, de l’amour et de la mort. C’est un combat pour un monde plus juste sous la seule bannière de l’art. La musique nous permettant de tisser un lien entre le ciel et la terre. » Dites-moi donc où trouver un festival de jazz qui se permet même le luxe de la poésie. Cette année, le Cully jazz met ses ouailles sur les bonnes voix en invitant la souleuse Cully Jazz Festival, du 5 au 13 avril; www.cullyjazz.ch Terrasson a 20 ans Tous les prétextes sont bons pour jammer et, à Cully, ils ne manquent pas. Ainsi le pianiste franco-américain Jacky Terrasson profite-t-il de sa carte blanche pour inviter ses amis d'orgies : le compositeur-sax Michel Portal, le percussionniste argentin Minino Garay et le trompettiste-batteur Stéphane Belmondo, entre autres potes mélomanes. Pour rappel, en 20 ans de carrière, Terrasson a enregistré trois albums en trio chez Blue Note et accompagné Dee Dee Bridgewater et Betty Carter dans leur tournée respective. Le New York Times le classe « parmi les artistes qui pourraient changer la culture du jazz des trente prochaines années » ! Dont acte. Gianmaria Testa © Studio Bologna Maggio Meshell Ndgeocello (choriste pour Madonna, partenaire de Mellencamp et bassiste sur un disque des Stones), sa compatriote Lizz Wright (camarade de jeu d'Angélique Kidjo ou de Dianne Reeves), sa cadette portugaise la créative Luisa Sobral (chanteuse, guitariste et dessinatrice), les chanteuses-gratteuses Rokia Traoré, Fredrika Stahl et Nina Attal, ou encore les simplement gratteuses du quatuor à corde Barbouze de chez Fior, qui prennent le métro pour l'abréviation de métronome. Enfin, on n'oublie pas cet ensemble contrebassiste composé de sept corps de femmes, avec ouïes en f, vus de dos par Man Ray, que n'aurait pas boudés Popol Lavanchy auquel ils rendent un vibrant hommage. a c t Frank Dayen u a l i t é m u s i q u e sur les scènes en avril Agenda genevois Petit tour d’horizon des divertissements musicaux printaniers qu’offre la cité du bout du lac. Madame Butterfly viendra annoncer le printemps sur la scène du Grand Théâtre à partir du 20 avril, et ce jusqu’au 5 mai prochain. Cette coproduction avec l’opéra de Houston est signée par Michael Grandage, et sera dirigée dans la fosse par Alexander Joel. Karine Babajanyan tiendra le rôle-titre, tandis que Arnold Rutkowski sera le lieutenant Benjamin Franklin. directeur artistique, Arie van Beek, avec au piano son chef actuel, David Greilsammer. Des œuvres variées de Prokoviev, Haydn ou Haendel sont annoncées. L’intégrale des concertos pour piano de Mozart se poursuit ensuite le 28 avril, Pascal Amoyel © Jean Philippe Voidet Les Concerts du dimanche de la Ville de Genève accueillent, le 21 avril au Victoria Hall, la violoncelliste Sol Gabetta et le pianiste Nelson Goerner pour un programme Beethoven, Rachmaninov et Servais. L’Orchestre de la Suisse Romande nous invite à un festival Mozart-Dvo ák qui se tiendra au Bâtiment des Forces Motrices. Neeme Järvi en assurera l’ouverture le 17 avril, avec le Concerto pour basson du Salzbourgeois et des sérénades du compositeur tchèque. Le 19 avril, la même baguette recevra la violoniste Patricia Kopatchinskaja pour interpréter notamment le Concerto pour violon No 4 de Mozart. Le dimanche 21 avril, des musiciens de l’OSR donnent rendez-vous à 11h pour clore ce festival avec le « Jadg-Quartett » de Mozart et avec le sublime quintette pour piano de Dvo ák. Le 23 avril, l’Orchestre de Chambre de Genève propose un concert dirigé par son futur Patricia Kopatchinskaja © Marco Borggreve avec l’exécution, toujours par David Greilsammer, des concertos No 11, 14, 4 et 12. L’Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia de Rome sera de passage au Victoria Hall le 11 avril, avec à sa tête Antonio Pappano. Au programme notamment: la Symphonie No 6 de Tchaïkovsky et le Poème de l’amour et de la mer de Chausson. Pour célébrer le centenaire du Sacre du printemps de Stravinsky, les pianistes Julien Quentin et Jean-Frédéric Neuburger seront au Victoria Hall le 19 avril. Hormis le chef-d’œuvre de Stravinsky, ils interpréteront l’Ouverture de Shéhérazade de Rimski-Korsakov dans un arrangement de Ravel, et les Danses symphoniques de Rachmaninov. Jean-Frédéric Neuburger © Carole Bellaiche a c t u a l i t Le 29 avril, rendez-vous au BFM pour une soirée romantique telle qu’en connut la ville de Nohant autour de George Sand, organisée par Les Concerts du Lac. Des textes de Musset, Lamartine ou Gautier côtoieront des musiques de Chopin, Liszt ou encore Schumann, grâce au comédien Jean Piat et au pianiste Pascal Amoyel. Au Château de Dardagny, le dimanche 14 avril, le festival Amarcordes propose une grande journée dès 11h autour de Schubert et de Mozart, avec les Ensembles Zefiro et Fratres. Pour les amateurs de musique contemporaine, l’ensemble Contrechamps sera au Musée d’Art et d’Histoire le 14 avril pour un concert un peu rimbaldien, qui nous promet de nous faire entendre des couleurs. A ne pas manquer enfin la présence de Piotr Anderszewski au Victoria Hall, le 18 avril, pour un récital comprenant des suites de Bach, Sur un sentier recouvert de Janácek et la Fantaisie de Schumann. Signalons enfin le récital “pour les droits humains universels“ que donnera, le 15 avril au Victoria Hall, le pianiste Miguel Angel Estrella; le programme offrira des œuvres de Chopin et de Liszt. Martina Díaz é 59 m u s i q u e 60 beethoven par le quatuor l’osr et neeme järvi jouent Terpsycordes Joachim Raff Le Quatuor Terpsycordes est l’une des formations phares de notre pays. Basé à Genève, il fut fondé en 1997 par Girolamo Bottiglieri, Raya Raytcheva, violons, Caroline Cohen-Adad, alto et François Grin, violoncelle. Neeme Järvi, désormais à la tête de l'Orchestre de la Suisse Romande élargit encore l’étendue de son répertoire enregistré en proposant des œuvres orchestrales de Joachim Raff (1822-1882). Ils ont tous suivi l’enseignement de Gabor Takacs-Nagy, pour se perfectionner par la suite avec les quatuors Budapest, Hagen, LaSalle et Mosaïques, parmi d’autres. Un premier Prix au Concours d’Exécution musicale leur a été décerné en 2001. Ils sortent aujourd’hui un dernier disque de grande qualité consacré à deux quatuors de Beethoven. Leur choix s’explique ainsi : « Il existe une fascinante parenté entre les deux quatuors, relative aux états d’âme qui les animent. Il y a dans ces œuvres une oscillation entre un état d’exaltation intense, et une profonde mélancolie, cette Malanconia, qui donne son titre à l’adagio final de l’opus 18 et à l’ensemble du quatuor. » Le Musée d’art et d’histoire de Genève a prêté aux musiciens des instruments Vuillaume montés d’époque et c’est la première fois que les mélomanes pourront entendre l’opus 132 sur ce type d’instruments aux cordes en boyau. Mais le Quatuor s’intéresse tout autant qu’aux modes de jeu historique, aux particularités de la musique contemporaine. Dans le quatuor en si bémol, où l’influence de Haydn est bien présente, les instrumentistes mettent en évidence le côté spirituel, malicieux, joueur, de l’allegro con brio initial. Un délice. Les trois mouvements suivants ne sont pas en reste : partout on retrouve un sens aigu du rebondissement, des contrastes concertés, de la conversation intelligente entre les instruments, du maintien sans faille des tensions et des apaisements du tissu musical. Vingt-cinq ans séparent ce premier quatuor du second : l’évolution vers une modernité étonnante est frappante. La tradition est bousculée, par les déséquiQuatuor Terpsycordes libres de la structure tout comme dans la diversité des éléments combinés. Là aussi les musiciens se montrent attentifs aux moindres changements d’atmosphère, à la mise en valeur des thèmes, sans soulignement exagéré, à la variation des textures, au fondu ou au frottement des timbres, dans une dynamique souple et subtile. L’écoute est recommandée, sans hésitation. Martine Duruz Neeme Jarvi © Simon van Boxtel Méconnu du grand public, Raff est un compositeur allemand, autodidacte, soutenu à ses débuts par Mendelssohn. Auteur de près de trois cent œuvres dont onze symphonies, gratifié de divers prix pour ses compositions, il devient l’ami de Hans von Bülow ainsi que le secrétaire particulier de Franz Liszt de 1850 à 1856. Sa Symphonie n°2, ici gravée, se révèle le fruit d’un talent et d’un métier très sûrs. Le relatif anonymat dans lequel le cours, parfois obscur, de l’histoire le confine interpelle et incite à la redécouverte. Conquérantes, hymniques ou pastorales, ces pages orchestrales renvoient de prime abord l’auditeur à ses références habituelles. Toutefois, chercher à identifier duquel de Beethoven, Mendelssohn ou Schumann, voire de Weber ou Wagner, Raff est l’épigone le plus immédiat demeure une quête vaine, tant le compositeur a doté ses pages orchestrales de touches très personnelles, tout particulièrement dans les Quatre Préludes de Shakespeare de 1879. Neeme Järvi cultive la saveur de ces pièces romantiques passionnantes avec un soin des contrastes dynamiques et une souplesse qui ne brident jamais leur vigueur intrinsèque. L’OSR et son nouveau chef peuvent se féliciter de servir avec brio un compositeur qui doit, à titre posthume, retrouver la place qui est la sienne. Bernard Halter JOACHIM RAFF Symphonie n° 2 / Quatre Préludes de Shakespeare OSR, dir. : Neeme Järvi. CD Chandos CHSA 5117 LUDWIG VAN BEETHOVEN Con intimissimo sentimento - OP. 18 No.6, OP. 132 Quatuor Terpsycordes CD Editions Ambronay a c t u a l i t é Théâtre des Marionnettes de Genève LE CHAT SANS QUEUE Dès 4 ans 10 au 28 avril 2013 Joyeuse fantaisie autour des aventures d’un chat extraordinaire. tmg n mario nette s CHIEN BLEU Dès 4 ans 1er au 19 mai 2013 Le mystère d’une enfance fantastique face à un chien protecteur. 3, rue Rodo, Genève – 022 807 31 07 www.marionnettes.ch GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE 39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH Ville de Lancy République et canton de Genève l i v r e mélanie chappuis aux éditions luce wilquin Maculée conception Il y a des images éternelles: la vierge à l’enfant en est une. Elle existait bien avant Marie et n’importe quelle balade au musée confirme la fascination qu’elle procure : c’est le lien à l’état pur, l’essence de l’être ensemble. C’est cette image, qui a été le point de départ de « Maculée conception », roman où Mélanie Chappuis nous livre une version possible et troublante du Nouveau testament, une version où l’amour pour Jésus (Yechoua) est directement lié à l’amour d’un homme, père bien charnel, dont la vie sera échangée – selon les Ecritures - avec celle de son fils. 62 Et si Marie n’avait pas été vierge, mais follement amoureuse de Barabas, l’homme qui avait été relâché à la place de Jésus ? Si Marie avait adoré faire l’amour ? Et si ce dernier avait été le père de Jésus ? Et si Jésus avait été marié? Dans le dernier roman de Mélanie Chappuis, qui a reçu le prix de la Relève du canton de Vaud l’année dernière, il est d’abord question du lien qui lie une mère à son enfant : « on est unis par des liens sacrés », dit Marie, après avoir accouché de Yechoua, seule par choix, dans une grotte. Rien n’est plus vrai, dans son cas. Oui, Maryam aime follement son enfant, comme une mère, sans retenue. Car ce cliché, dans le sens noble du terme est puissant et beau : Mélanie Chappuis nous en livre l’empreinte, nous parle avec une écriture libérée des contraintes de l’action rapide, de l’anecdote qui récupèrerait le lecteur distrait. Elle peint ces moments de la naissance, qui sont les mêmes depuis la nuit des temps: le sein, le sommeil, le regard, l’odeur unique d’une chevelure de nourrisson à une époque où on pouvait aimer trop, tout simplement. Melanie Chappuis. Photo Claude Dussez Par son écriture en deux temps, Mélanie Chappuis permet aux taches du passé, aux regrets de l’enfant qu’on a été, au parent qu’on est, à l’enfant qu’on redevient immanquablement lorsqu’on devient mère, bref, elle permet à l’ancien état du monde de resurgir dans les italiques, mais sans abîmer la beauté de cet amour total relevant du nouvel ordre du monde, celui relevant à la fois du Nouveau Testament et de l’amour d’une femme libre : un « je suis là », « je suis à toi », « mon ange ». Cette Marie est femme de tout son corps, érotique, femelle d’homme. Elle s’offre au lecteur, le regard d’amour posé sur son enfant, mais aussi sur le sexe de son amant. Dans ce roman, ni l’accouchement, ni l’amour pour un délinquant-en est-il vraiment un, Barabas ?- ni même la tromperie ou la jalousie ne sont maculés. La tache, c’est l’autre, qu’il soit le mot malveillant d’un parent ou le désir d’un homme non désiré: « nous sommes impures à votre place », dit Maryam aux hommes en se couvrant…Le rythme de Mélanie Chappuis dans ce roman est lent, il suit pas à pas, entre un pain aux dattes et une sieste, la fascination de la naissance du fils de l’homme. Il y a du bonheur, dans ce roman, et de l’amour. De l’humour, un peu. De la douleur, la pire, la perte d’un enfant. De la facilité, non : les dernières pages sont un bijou de vérité. On peut donc écrire de la bonne littérature avec des bons sentiments, comme le suggère le dessin de la couverture, signé par le compagnon de Mélanie Chappuis, Philippe Chappuis: le baiser d’une mère ou d’une amante, un baiser mystique, paradoxalement hors du temps et si charnel... C’est donc à l’histoire d’une vie, que nous convie Mélanie Chappuis, à une libération, à un amour tragique où il n’y a pas de solution, car toute solution implique une perte irréparable. Mais nécessaire pour que se dessine l’avenir. Car le personnage de Marie n’est pas qu’une femme et son fils n’est pas qu’un petit d’homme… Restent, en fin de lecture, des belles pages sur cet amour si particulier, si inexplicable mais si vécu dans ce roman – d’une mère pour son fils jusqu’à sa fin. Reste aussi l’amour très érotique, de Marie pour un jeune révolté qui se battait contre l’occupation romaine, Barabas. Autrement plus intéressant qu’un vieux Joseph marié par convenance, qui se révèle bien plus mauvais que celui des crèches à Noël. a s Claudia Cerretelli Mélanie Chappuis, Maculée conception, roman, éditions Luce Wilquin, 2013 c t u a l i t é GORGIAS DE PLATON MISE EN SCÈNE JOSÉ LILLO AVEC AHMED BELBACHIR JEAN-CHARLES FONTANA DAVID GOBET, JOSÉ LILLO ÉQUIPE ARTISTIQUE JULIA BATINOVA ARNAUD BUCHS, RINALDO DEL BOCA PRODUCTION LE POCHE GENÈVE THÉÂTRE LE POCHE www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros 8 > 28 AVRIL 2013 CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE) LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD) Jean-Charles Fontana, comédien ( J o u te or ato ire o u kung- f u philosophique ) Christian Gregori, comédien e x p o s i t i o n s entretien Roger Pfund Alors que l’œuvre de Roger Pfund est honorée dans le monde entier, aucune exposition sur l’ensemble de son travail n’avait été organisée à Genève. Le Musée d’art et d’histoire comble cette lacune avec la rétrospective Roger Pfund Le multiple et le singulier. A cette occasion, l’artiste aux multiples talents évoque pour Scènes Magazine quelques souvenirs de sa longue et riche carrière. D’où vient cette aptitude à mener de front des compétences aussi différentes que celles de graphiste, de designer, de peintre, d’intervenant en architecture et en communication visuelle, de chef d’entreprise, de musicien, de gastronome et d’amateur de grands crus ? 64 Roger Pfund : C’est une longue histoire. D’abord je suis double national, Français par ma mère bourguignone (ce qui explique le côté gastronome et œnologue) et Suisse par mon père bernois. Mes parents se sont rencontrés en 1939 à Paris et sont venus s’installer en Suisse à cause de la guerre, c’est pourquoi je parle aussi bien allemand, suisse allemand que français. Quand j’étudiais au collège à Berne, j’étais plutôt un scientifique et je pensais me diriger vers les mathématiques, mais après l’obtention de la maturité scientifique, j’ai complété mon cursus chez un célèbre graphiste bernois, Kurt Wirth, qui m’a initié aux arts plastiques et à des domaines essentiels comme la typographie. J’ai toujours été très indépendant, ainsi à 23 ans avec un CFC en poche, je me suis mis à mon compte et ai commencé à travailler comme peintre et graphiste. J’ajoute que parallèlement à cela j’étais passionné par la musique de jazz et jouais de la contrebasse dans un orchestre, ce qui m’a donné très tôt l’occasion de parcourir le monde. Mon esprit mathématique me guide, que ce soit dans les processus de gravure, les techniques d’encrages des papiers-valeurs, l’informatique, la photographie. J’ai étudié toutes les techniques concernant les billets de banque et les encres de sécurité, mon entreprise est aujourd’hui l’une des seules au monde à bénéficier d’une expertise alliant la qualité graphique et typographique avec le recours aux technologies de pointe. Enfin je peins depuis toujours, la peinture m’amène une grande liberté d’expression et je continue à explorer les chemins de la création dans la quiétude de mon atelier à la campagne. Comment est née l’idée de cette exposition et qui en a trouvé ce beau titre ? Le titre a été imaginé par le curateur de l’exposition, Alexandre Fiette, il me convient parfaitement car le terme « multiple » restitue bien l’idée des diverses activités artistiques que je mène parallèlement depuis de nombreuses années, le mot « singulier » indique quant à lui que cette diversité trouve son unicité dans la marque « Pfund ». L’historique de cette exposition remonte aux années septante, peu après mon installation à Genève. Claude Ritschard, conservatrice au MAH, m’avait approché pour me demander de mettre sur pied une exposition pluridisciplinaire au Musée Rath montrant toutes les facettes de mon travail, y compris celles relatives à la musique et l’œnologie. Le projet a été conçu et entièrement rédigé sur papier, mais il a été écarté par Claude Lapaire alors directeur du musée. Même scénario avec son successeur César Menz que je connaissais pourtant bien quand il travaillait à l’Office fédéral de la culture à Berne. Plus tard, en 1999, une première exposition importante sur mon travail a eu lieu au Centre Culturel Suisse de Paris, elle a rencontré un certain retentissement en France où j’étais déjà connu pour avoir collaboré avec la Banque Nationale de France (BNF) depuis 1982 pour la création de billets de banque. Enfin en 2008, deux événements vont accélérer le processus ; d’abord une importante exposition rétrospective à Pékin, au Today Art Museum (TAM) qui a connu un très grand succès. Ensuite quand mes travaux sont revenus de Pékin, ils ont été exposés en juin à Palexpo, à Genève. C’est dans ces circonstances et grâce à l’entremise du conseil en communication J.-F Bourquin que le directeur du MAH Jean-Yves Marin a découvert mes œuvres et décidé de s’investir dans l’organisation d’un événement d’envergure. Quelles sont les influences artistiques qui ont marqué votre carrière ? Et aujourd’hui suivez-vous l’actualité de l’art contemporain ? «Callas», 2008, 153 x 134 cm Mine de plomb, pastel, pigments, colle. Impression, taille-douce, aquatinte, encrage creux et surfaces. Sur papier (RPfund 08) © Roger Pfund e n t À mes débuts, je réalisais une peinture plutôt abstraite; par la suite sont venus les collages, les portraits, les mélanges et détournements de techniques. Mais je dois dire qu’à l’époque où j’étais à Berne, il y avait un micro-climat artistique extraordinaire suscité par la direction d’Harald Szeemann à la Kunsthalle. Ce fut une période d’une formidable intensité et de rencontres importantes avec des artistes comme Meret Oppenheim, Tinguely, Niki de Saint-Phalle, Franz Gertsch, Rolf Iseli et tant d’autres. r e t i e n expos ition Musée d’art et d’histoire qui va retracer 50 ans d’activité et 70 de vie et pour laquelle j’ai conçu la scénographie et le catalogue. L’exposition va d’ailleurs voyager en Chine, en Allemagne, en Argentine et au Lingotto de Turin, ce n’est pas un épiphénomène. Quel serait le projet que vous rêvez encore de réaliser ? Depuis que j’ai 12 ans, je m’intéresse aux grandes causes humanitaires, le racisme, les droits de l’homme, j’ai collaboré avec Amnesty International, avec l’ONU, je me suis battu contre les exécutions en Algérie, etc… C’est une constante dans ma vie et c’est pourquoi j’aimerais m’engager encore dans ces domaines, il reste beaucoup à faire. Un autre souhait est de continuer à transmettre mon savoir-faire aux nouvelles générations. Dans mon atelier j’ai formé beaucoup de jeunes et je continue à le faire, j’adore mon travail et suis fier de ce que j’ai réalisé, mais je ne garde pas mes secrets, je les partage. Propos recueillis par Françoise-Hélène Brou Roger Pfund, Le multiple et le singulier, Musée d’art et d’histoire de Genève. Jusqu’au 11 août 2013. Catalogue, Roger Pfund, Le multiple et le singulier. Contributions de Jean-Yves Marin, Yvette Clerc, Nicolas Bouvier, Alexandre Fiette et Jean-Fred Bourquin. 762 illustrations couleurs. Coédition Atelier Roger Pfund Communication visuelle SA et les Musées d'art et d'histoire. «Marcel Proust», 1978, 91 x 71 cm Mine de plomb, fusain. Sur papier (RPfund 78) © Roger Pfund On se retrouvait fréquemment au bistrot du Commerce où l’on a passé des soirées mémorables. Et puis il y a eu la fameuse Documenta 5 de Cassel, en 1972, où j’ai exposé sur l’invitation de Szeemann qui dirigeait la manifestation. Aujourd’hui je me suis installé dans le tissu du quartier des Bains, à proximité des galeries et institutions d’art contemporain. Mais les choses ont changé, tout est cloisonné, personne ne me connaît, ne sait qui je suis ou ce que je fais. J’ai tenté d’organiser des événements, mais j’ai rencontré beaucoup de négativité. Alors je continue à travailler dans ce qui me passionne, à «Portraits multiples», 1981, 37 x 75 cm Mine de plomb, acrylique, pigments, colle, carton. Découpage, collage. Sur carton monter des projets comme (RP 81) © Roger Pfund celui de l’exposition au e n t r e t i e n 65 expos ition musée national suisse Animali Du 1er mars au 14 juillet, le Musée national de Zurich présente une exposition sur les animaux imaginaires dans l’histoire de l’humanité - Dragons et autres monstres de l’Antiquité à nos jours - avec un élément central sur la Renaissance italienne. Nombreux sont les objets provenant de la Galleria degli Uffizi et du Palatto Pitti de Florence, mais il y a également des prêts du Kunsthistorische Museum de Vienne et des objets du Musée national. Divinités 66 Les animaux pouvaient être vénérés comme des divinités à l’époque préhistorique. Ainsi, sur une coupe en or exposée datant de 1100 av. J.-C., on peut voir des cerfs qui représentaient la fertilité de la terre. Les dragons qui étaient partie intégrante de l’imaginaire du Moyen Âge existaient déjà dans l’Antiquité. Sur une urne cinéraire datant du IIe siècle av. J.C. Cadmos lutte contre le dragon, une scène célèbre de la mythologie. Le Musée national possède un reliquaire datant de 1100-1200 en forme de monstre. Plus loin on peut voir une corne à boire de la fin du XIVe siècle soit-disant ciselée dans la serre d’un griffon (animal mythique à tête d’aigle et corps de lion). Le même animal est tissé dans un Gobelin de 14501500. Une somptueuse chasuble en soie datant de 1511 est ornée d’un dragon chinois. Sur une tenture de 1554 on peut voir une vierge capturant une licorne. Le bord d’une coupe de 1576 provenant du Palazzo Pitti est orné d’une tête de cygne au long cou. Sur une coupe à boire de 1621, Neptune Neptune luttant contre und monstre, Coupe à boire, 1621, Hans Heinrich Riva, Zurich. Argent moulé et ciselé. © Musée national suisse. Dépôt d’une collection privée lutte contre un monstre. Une toile de 1620 montre Déjanire enlevée par le Centaure. Une horloge, également de l’époque baroque, se présente de façon originale : un serpent vert est enroulé autour de la main d’un petit squelette. De nombreux objets en forme de serpent sont exposés, surtout des bijoux en or. Parmi les objets plus récents se trouve une rareté : un monstre formé de différents animaux naturalisés provenant probablement de Chine. L’exposition ne montre pas uniquement des monstres. Elle propose toute une réflexion sur les rapports entre l’animal et l’homme. On peut donc voir aussi des animaux naturalisés comme un cheval ou un lion. Installée dans une pénombre fantasmagorique, cette exposition s’avère très agréable à visiter. Le jeudi 11 avril 2013 aura lieu une visite guidée en français avec le conservateur du Musée national Monsieur Luca Tori (de 18 à 19 heures). Emmanuèle Rüegger Musée national suisse : Animali - Animaux réels et fabuleux de l’Antiquité à l’époque moderne. Jusqu’au 14 juillet. Coupe, 1576, Giovan Battista Cervi, Florence. Lapislazuli et oro, émaillé. © Palazzo Pitti, Museo degli Argenti, Firenze, su concessione del Ministero per i Beni e le Attività Culturali a c t u a l i t é expos ition 67 Le chanfrein à corne transforme, pour ainsi dire, le cheval réel en créature fabuleuse, dont la combativité devrait se transmettre au cheval et à son cavalier. Chanfrein de l’armure d’apparat d’Alessandro Farnese, vers 1575, Lucio Piccinino, Milan. Fer doré et argenté. © Kunsthistorisches Museum, Vienne, Collection des armes de chasse et de guerre. Louis XIV dit le Roi Soleil, le commanditaire de cette tapisserie, se considère comme un nouveau dieu des mers. Le navire de guerre souligne son ambition de dominer toutes les mers du monde. «L’Eau», 1666, Jan Jans l’Ancien d’après un modèle de Charles Le Brun, Manufacture royale des Gobelins. Laine, soie et or. © Palazzo Pitti, Galleria del Costume, Florence. a c t u a l i t é expos itions en FRANCE Evian Palais Lumière : Collection Paul Eluard. Picasso, Breton, Ernst, Dali, Arp, De Chirico, Cocteau.... Jusqu’au 26 mai. l Annemasse Villa du Parc : Terrible Twos (sail son 12-13 “Two for Tea”)_Grout / Mazeas. Jusqu’au 4 mai. Arles Musée départemental Arles l Antique : Rodin, la lumière de l'Antique. Du 5 avril au 1er sept. Caen Musée des Beaux-Arts : Un été l au bord de l'eau. Loisirs et Impressionnisme. Du 27 avril au 29 septembre. l Musée de Normandie : En couleurs. Dans le sillage de l'Impressionnisme, la photographie autochrome 1903-1931. Du 27 avril au 29 septembre. Croissy s/Seine Musée de la Grenouillère : l Monet et Renoir côte à côte à La Grenouillère. Jusqu’au 30 juin. Lens Le Louvre : Le Temps à l’œuvre. l Jusqu’au 21 octobre. l d’Art Contemporain : Anselm Reyle. Jusqu’au 5 mai. l Musée de Grenoble : Alberto Giacometti. Jusqu’au 9 juin. Giverny l Brueghel. Jusqu’au 20 mai. Traits de génie. Du 5 avril au 1er juillet Lyon Musée d’art contemporain : l l Musée des impressionnismes : SIGNAC, LES COULEURS DE L’EAU. Jusqu’au 2 juillet Le Cannet Musée Bonnard : L'Œil d'un coll lectionneur - Redon & Denis. Rêve, amour, sacré. Jusqu’au 28 avril l 68 Malraux : Pissaro au fil de la Seine. De Paris au Havre. Du 27 avril au 29 septembre. Grenoble Magasin / Centre National Lille Palais des Beaux-Arts : Focus Le CateauCéret Musée d’art moderne : Auguste Cambrésis Musée départemental Matisse : Herbin. Jusqu’au 26 mai. franc e l Latifa Echackhch & Huang Yong Ping & Gustav Metzger. Jusqu’au 14 avril. l Musée des beaux-arts : Métissages. Collections Denise et Michel Meynet. Jusqu’au 20 mai. La médaille en France aux XIXe et XXe s. Jusqu’au 31 août. l scene : Costumer le pouvoir. Jusqu’au 20 mai. Nice Musée Chagall : Marc Chagall l D'une guerre à l'autre. Jusqu’au 20 mai Pontoise Musée Tavet-Delacour : Donation l Otto Freundlich (peinture, sculpture, gravure dessin, pastel). Jusqu’en août 2013 Rouen Musée des beaux-arts : La couleur l réfléchie, l'impressionnisme à la surface de l'eau. Du 27 avril au 29 septembre. Toulon Metz Hôtel des Arts : Mappamundi. Centre Pompidou-Metz : Sol Jusqu’au 12 mai. l l LeWitt. Dessins muraux de 1968 à 2007. Jusqu’au 29 juillet. MATISSE. LA COULEUR DÉCOUPÉE une donation révélatrice. Jusqu’au 9 juin. Montpellier Musée Fabre : L’atelier de l’œu- l vre : de Raphaël à Tiepolo, dessins italiens du musée Fabre. Jusqu’au 12 mai. LeMuséeHavre d'art moderne André Moulins Centre national du costume de l AILLEURS Baden Baden Musée Frieder Burda : Matta l Fictions. Jusqu’au 2 juin Musée des impressionnismes, Giverny Signac, les couleurs de l’eau Dans le cadre de la seconde édition du festival «Normandie Impressionniste» consacrée au thème de l’eau, le musée des impressionnismes Giverny organise une exposition intitulée «Signac, les couleurs de l’eau». Comme Claude Monet, Paul Signac a trouvé une source d’inspiration constante dans l’évocation de l’eau et de ses couleurs. Depuis les premières marines peintes sur le littoral normand avec une vigueur et une liberté impressionnistes jusqu’aux amples architectures portuaires aux couleurs vives d’après-guerre, la description de l’eau et du ciel offrirent à Signac un inépuisable prétexte à multiplier les variations chromatiques. L’exposition comptera environ 130 œuvres environ, peintures, aquarelles et dessins. Elle sera complétée par une riche section documentaire (photographies, publications et correspondances) présentée avec le concours des Archives Signac. . A voir jusqu’au 2 juillet 2013 Paul Signac «Herblay. Coucher de soleil. Opus 206», 1889. Huile sur toile , 57,7 x 90,3 cm. Glasgow Art Gallery and Museum © CSG CIC Glasgow Museums Collection a g e A noter que le festival «Normandie Impressionniste» qui aura lieu du 27 avril au 29 septembre 2013, donnera lieu à de nombreuses expositions, telles «Un été au bord de l’eau» à Caen, «Eblouissants reflets» à Rouen, «Pissarro dans les ports» au Havre... Toutes les informations sont sur : http://www.normandie-impressionniste.fr/ n d a expos itions en europe Martin-Gropius-Bau, Berlin De Beckmann à Warhol Le Martin-Gropius-Bau expose la collection Bayer, une collection d’art des XX et XXIe siècles qui figure parmi les plus anciennes collections d’art d’Allemagne. Conçue initialement, au début du XXe, dans un but éducatif pour les salariés de la société, elle comprend maintenant environ 2,000 œuvres. Bien que la liste des œuvres n’ait pas le caractère d’un index encyclopédique systématique, elle se lit toutefois comme un «who's who» des XXe et XXIe siècle. Cette collection inclut par exemple des œuvres de grands impressionnistes tels Beckmann, Kirchner et Pechstein, de même que des œuvres graphiques et des peintures de Pablo Picasso, Sam Francis, Miró, Gerhard Richter, Andy Warhol, Andreas Gursky, Imi Knoebel et également de jeunes artistes ayant gagné le Prix Ars Viva. Avec plus de 240 œuvres de 89 artistes, cette exposition présente un aperçu de la société et de l'art; c’est à l’occasion du 150ème anniversaire de la société que la collection sera montrée au public pour la première fois. Elle sera divisée en quatre sections, avec, par exemple, L’expressionnisme allemand (Max Beckmann, Ernst Ludwig Kirchner, Emil Nolde, Max Pechstein et Karl Schmidt-Rottluff) ou le Modernisme de l’École de Paris (Georges Braque, Marc Chagall, Joan Miró et Pablo Picasso), ou encore les travaux d’artistes de la Côte ouest américaine tels David Hockney, Sam Francis et Ed Max Beckmann Natures mortes d'orchidée avec assiette verte», 1943 Ruscha... Huile sur toile © VG Bildkunst, Bonn 2012 . A voir jusqu’au 9 juin 2013 Berlin Martin-Gropius-Bau l (Am Kupfergraben) De Beckmann à Warhol. Jusqu’au 9 juin. Florence Madrid Palazzo Strozzi : Le printemps de Fondation Mapfre : Bohèmes. l l la Renaissance. Jusqu’au 18 août. Jusqu’au 5 mai. Musée du Prado : El Labrador L’œuvre complète du peintre espagnol Juan Fernández. Jusqu’au 16 juin. Dessins espagnols du British Museum - De la Renaissance à Goya. Jusqu’au 19 juin. l Musée Thyssen-Bornemisza : Impressionnisme et Peinture en plein air - De Corot à Van Gogh. Jusqu’au 12 mai. Forli Bilbao Musée San Domenico : Musée Guggenheim : L’art en Novecento. Art et vie en Italie l l guerre. France 1938-1947 - De Picasso à Dubuffet. Jusqu’au 8 sept. entre les deux guerres. Jusqu’au 16 juin. Brescia Francfort Musée Santa Giulia : De De Schirn Kunsthalle : Yoko Ono l l Chirico à Cattelan et au-delà. & Daimler Art Collection - D’Albers à Warhol. Jusqu’au 30 juin. rétrospective. Jusqu’au 12 mai. l Städelmuseum : Beauté et Révolution - Le Classicisme de 17701820. Jusqu’au 26 mai. Bruxelles Musées royaux des Beaux-Arts : Londres Constantin Meunier (1831-1905). British Museum : Art de l’âge de l l Jusqu’au 7 juillet. l Palais des Beaux-Arts (23, Ravenstein) Antoine Watteau - La leçon de Musique. Jusqu’au 12 mai Cologne Wallraf-Richartz-Museum : L’invention du paysage vers 1500. Sur la trace d'un contemporain de Hieron. Bosch. Jusqu’au 21 avril. l Ferrare Palazzo dei Diamanti : Le regard l de Michelangelo - Antonioni et les arts. Jusqu’au 9 juin. a g glace - arrivée de l’esprit moderne. Jusqu’au 26 mai. Vie et Mort Pompéi et Herculanum. Jusqu’au 29 septembre. l Estorick Collection of Modern Italian Art : Giorgio Morandi Travaux sur papier. & Alberto Di Fabio - Dialogues. Jusqu’au 7 avril. l Royal Academy of Arts : Manet peindre la vie. Jusqu’au 14 avril l Tate Britain : Schwitters en Angleterre. Jusqu’au 12 mai. l The Courtauld Gallery : Becoming Picasso - Paris 1901. Jusqu’au 26 mai. e n l Padoue Palazzo del Monte : Le cardinal l Pietro Bembo et l’invention de la Renaissance. Jusqu’au 19 mai. l Palazzo Zabarellla : De Nittis. Jusqu’au 26 mai. Passariano Villa Manin : Giambattista l Tiepolo - Lumière, forme, couleurs, émotion. Jusqu‘au 7 avril. Ravenne Musée d’art de la Trieste Civico Museo Sartorio : Tiepolo l à Trieste - les dessins du musée Sartorio. Jusqu‘au 7 avril. Venise Peggy Guggenheim Collection : l Les années 60 dans les collections du Guggenheim. De l’art informel au pop art. Jusqu’au 12 mai. Aprèsguerre. Les protagonistes italiens. Jusqu’au 15 avril. Vérone Palazzo della Gran Guardia : De l Botticelli à Matisse. Visages et représentations. Jusqu’au 1er avril. Vienne Albertina Museum (Albertinapl.) l Ville : Borderline. Artistes entre normalité et folie. De Bosch à l’Art brut, de Ligabue à Basquiat. Jusqu’au 16 juin. l Rome Chiostro del Bramante : Brueghel. l d Merveilles de l’art flamand. Jusqu’au 2 juin. l Macro : Portrait d’une cité. L’Art à Rome 1960 - 2001. Jusqu’au 26 mai. l Scuderie del Quirinal : Le Titien. Jusqu’au 16 juin. a Max Ernst. Jusqu’au 5 mai. Lewis Baltz. Jusqu’au 2 juin. Bosch Bruegel Rembrandt Rubens. Jusqu’au 30 juin l Kunsthistorisches Museum : À l’ombre des pyramides – Les fouilles autrichiennes de Gizeh (1912-1929). Jusqu’au 20 mai. 69 expos itions Genève Art en île - Halle Nord (pl. de l’île l 70 1) Bourses déliées. Jusqu’au 20 avril. l Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Pop-Up!. Collages, pliages et livres surgissants. Jusqu’au 31 mai. l Blancpain Art Contemporain (Maraîchers 63) Peter Hutchinson & Alfredo Aceto. Jusqu’au 27 avril. l Blondeau & Cie (Muse 5) Works on Paper : Dike Blair, Kendell Geers, Kolkoz... Jusqu’au 13 avril. l Brachard Contemporain (Cité 18) Alain Pictet. Jusqu’au 21 juin. l Centre d'Art Contemporain (Vieux-Grenadiers 10) Hôtel Abisso. Jusqu’au 12 mai. l Centre d'édition contemporaine (Saint-Léger 18) Jonathan Monk. Jusqu’au 27 avril. l Centre de la Photographie (Bains 28) Kurt Caviezel. Jusqu’au 5 mai l Espace L (40, rte des Jeunes) Design brésilien des années 50 à nos jours. Jusqu’au 7 mai. l Fondation Baur (Munier-Romilly 8) Noirs d’encre - Regards croisées. Hans Hartung et les peintres chinois contemporains. Du 11 avril au 4 août l Fondation Bodmer (Cologny) Le Lecteur à l’œuvre. Du 27 avril au 25 août. en Gagosian Gallery (Longemalle 19) Elisa Sighicelli. Jusqu’au 4 mai l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43) Khaled Jarrar. Jusqu’au 26 avril. l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) André du Besset. Jusqu’au 30 avril. l Galerie Anton Meier (Athénée 2) Annelies Strba, nouvelles photographies. Du 25 avril au 29 juin. l Galerie Ch. Moser (Rois 15) Jeremy Kost. Jusqu’au 12 avril. l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Jérémy Chevalier. Jusqu’au 20 avril. l Galerie Turetsky (Grand-Rue 25) Veikko Hirvimaki. Jusqu’au 20 avril. l Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle L’Éternel Détour, séquence printemps : Julius Kaesdorf & Aldo Walker, expositions monographiques. «Retour du monde. Les artistes et le tramway de Paris» & Une collection d’amateurs à Genève. Jusqu’au 5 mai. l Médiathèque du Fonds d'Art Contemporain (Bains 34) Back & Forth. Jusqu’au 1er juin. l Milkshake Agency (24, Montbrillant) Marian Oberhänsli. Jusqu’au 21 avril. l Musée Ariana (Av. Paix 10) 8 artistes & La Terre. Jusqu’au 8 sept. l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Roger Pfund. Le multiple l s uis s e et le singulier. Jusqu’au 11 août. Musée Barbier-Mueller (JeanCalvin 10) Mémoires religieuses des Baga de Guinée. Jusqu’au 29 sept. l Musée d’ethnographie, Conches: Rousseau et l’inégalité. Jusqu’au 23 juin. l Lausanne Collection de l’Art brut (Bergières l 11) Morton Bartlett. Jusqu’au 14 avril. Edwards Deeds, Daniel Johnston, le dessin sauveur. Jusqu’au 30 juin. l Fondation de l’Hermitage (2, rte Signal) Fenêtres. De la Renaissance à nos jours. Jusqu’au 20 mai. l Mudac (pl. Cathédrale 6) Patricia Urquiola. Jusqu’au 15 septembre. l Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Alex Katz & Félix Vallotton. Jusqu’au 9 juin. l Musée de l’Elysée (Elysée 18) Gilles Caron, le conflit intérieur. Jusqu’au 12 mai. Nothin’ But Working - Phill Niblock, une rétrospective. Jusqu’au 12 mai. l Musée Historique de Lausanne : Marcel Vidoudez. Jusqu’au 14 avril. Ernest Pizzotti, points d'encrage. Jusqu’au 9 juin. Fribourg Espace Tinguely - Saint-Phalle : l «Artistes en rébellion». Rico Weber, photographies inédites. Jusqu’au 1er septembre. l Fri-Art (Petites-Rames 22) Claudia Comte & Jérémie Gindre. Jusqu’au 12 mai. l Musée d’art et d’histoire : Des regards, des passants, photographies du Musée Albertina, Vienne. Jusqu’au 30 juin. l Musée Gutenberg : Signes, photogaphies de Romano P. Riedo. Jusqu’au 28 avril. Martigny Fondation Pierre Gianadda : l Sam Szafran - 50 ans de peinture. Jusqu’au 16 juin. l Le Manoir de la Ville : Printemps du Manoir. Du 13 avril au 19 mai Morges Maison du Dessin de Presse : l Plumes croisées - Violence et corruption en Amérique Centrale, dessins de Chappatte, Alecus, Banegas, JotaCé.... Jusqu’au 12 mai. Bulle Neuchâtel Musée : Daguerréotypes de J.Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut l l Ph. Girault de Prangey. Jusqu’au 31 décembre. 74) Augustin Rebetez, Noé Cauderay & Giona Bierens de Galerie Aki, Genève «Ameyibo» Afrique 1979-2012 La Galerie Aki expose les photographies de Maurizio Bonalume, qui a silloné l’Afrique lors de voyages d’agrément ou de séjours à but humanitaire. Ainsi, les premières photos exposées attestent de ses belles rencontres avec les Touaregs en 1979; elles sont suivies de clichés - portraits, moments d’intimité, jeux d’enfants, scènes de la vie quotidienne - pris au Maroc, au Bénin, puis au Togo où le photographe a vécu des moments forts. Il se rend d’ailleurs chaque année dans ce pays depuis 2009, et y a tissé des Dalave, Togo, 2010 liens d’amité avec certains de ses photographie de Maurizio Bonalume habitants. Auparavant, Maurizio Bonalume était connu pour ses photos en noir et blanc - images de clôtures figées au cœur de l’hiver jurassien, ou maisonnettes érigées au milieu des rizières du delta de l’Ebre - où ne figurait pas trace d’un être humain. Cette nouvelle série atteste d’un changement considérable puisque l’humain y est largement représenté et, pour rendre compte de la profondeur d’un regard, du velouté d’un grain de peau, de la texture d’une étoffe et de l’intensité des lumières, le photographe, pour la première fois, fait dialoguer le noir et blanc avec la couleur. Cette exposition résonne comme un magnifique hommage au peuple africain... Pays Somba, Benin, 2008, photographie de Maurizio Bonalume a . A voir du 10 avril au 4 mai 2013 g e n d a expos itions en s uis s e Musée Jenisch, Vevey Robert Nanteuil (1623-1678) De l’œil à la pointe En 2010, la Fondation William Cuendet et Atelier de Saint-Prex a acquis 300 estampes de Robert Nanteuil, un artiste prestigieux du XVIIe siècle. Il s’agit d’un ensemble significatif qui couvre la quasi-totalité de la production de Nanteuil. Cette acquisition a permis un enrichissement considérable des collections conservées à Vevey - qui contiennent des œuvres d’artistes tels que Claude Mellan, Gérard Edelinck et Jean Morin, contemporains de Robert Nanteuil. Le tout compose un passionnant panorama du portrait gravé en France au XVIIème siècle et constitue un patrimoine d’une grande rareté et d’une exceptionnelle qualité. L’exposition proposée par le musée Jenisch, qui sera accompagnée d’une publication portant sur l’œuvre gravé de ce buriniste prestigieux, offrira au public la possibilité de contempler les estampes de Nanteuil récemment acquises, confrontées à celles de ses contemporains. Elle souhaite rendre hommage à la personnalité hors du commun de Robert Nanteuil et à la modernité de son approche et, pour ce faire, s’articule autour des grandes thématiques développées par ses écrits théoriques : le dessein, la lumière, l’effet, l’harmonie du « tout-ensemble », la convenance, la défense de la gravure en tant qu’art libre. . A voir jusqu’au 26 mai 2013 Robert Nanteuil (Reims 1623 ? – 1678 Paris), «Louis, dauphin de France», 1677, burin, 512 x 426. Cabinet cantonal des estampes, Fondation William Cuendet et Atelier de Saint-Prex, collection Rossier-Koechlin Haan. Jusqu’au 30 juin. l Musée d’ethnographie (St- Nicolas) Hors-champs. Jusqu’au 20 oct. Vevey Musée Jenisch : Robert Nanteuil. l Jusqu’au 26 mai. Rudy Decelière. Jusqu’au 5 mai. l Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Dominique Derisbourg, Impressions. Jusqu’au 16 septembre. Yverdon Maison d’Ailleurs (Pl. Pestalozzi 14) l Aleksi Briclot. Jusqu’au 25 août. OUTRE SARINE Bâle Antikenmuseum Basel (St. Alban-Graben 5) Pétra. Splendeur du désert. Jusqu’au 20 mai. l Fondation Beyeler (Riehen) La Collection Renard. Jusqu’au 5 mai. Ferdinand Hodler. Jusqu’au 26 mai. l Kunsthalle : Vanessa Safavi. Jusqu’au 30 avril. Adrian Melis. Jusqu’au 26 mai. Eitan Efrat & Sirah Foighel Brutmann. Du 7 avril au 2 juin. l Kunstmuseum (St. Alban-Graben 16) Les Picasso sont là ! Une l a g En parallèle, il est possible de visiter, jusqu’au 5 mai 2013, l’exposition «Rudy Decelière. Tisseur de sons». rétrospective à partir de collections bâloises. Jusqu’au 21 juillet. l Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) Tell It To My Heart - Collected by Julie Ault. Jusqu’au 12 mai. l Musée des Cultures (Münsterpl. 20) Et maintenant? Révolution des objets en Amazonie. Jusqu’au 29 septembre l Musée Historique (Barfüsserpl.) Coupable - Crimes et châtiments. Jusqu’au 7 avril l Museum für Wohnkultur (Elisabethenstr. 27-29) Le rêve du Cheik Ibrahim. Trésors de la collection de textiles et de bijoux de Widad Kamel Kawar. Jusqu’au 1er septembre. l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Tinguely@ Tinguely. Un nouveau regard sur l'œuvre de Jean Tinguely. Jusqu’au 30 septembre. Les mille lieux de l'art. Les photographies d'Ad Petersen. Jusqu’au 26 mai. l Schaulager : Steve McQueen. Jusqu’au 1er septembre Berne Centre Paul Klee (Monument im l Fruchtland 3) Du japonisme au zen. Klee et l'Extrême-Orient. Jusqu’au 12 mai. Klee et Jawlensky - Une amitié d’artistes. Jusqu’au 26 mai. l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. e n 8-12) Itten – Klee. Le monde de la couleur. Une inspiration mutuelle. Jusqu’au 1er avril. l Musée d’Histoire de Berne (Helvetiaplatz 5) Quin, l’empereur éternel et ses guerriers de terre cuite. Jusqu’au 17 novembre l Galerie TH13 (Theaterplatz 13) «A Journey» par Patrick Messina. Jusqu’au 1er juin. (Grüzenstr. 45) De quoi nous vivons. Images de vol de Georg Gerster. Jusqu’au 26 mai. l Kunstmuseum (Museumstr. 52) Giovanni Anselmo. Jusqu’au 14 avril. Luciano Fabro, 100 dessins. Jusqu’au 14 avril. l Villa Flora (Tösstalstr. 44) Georges Rouault (1871-1958) - L’Artiste en clown triste. Jusqu’au 7 avril. l l Artists' Artists. Jusqu’au 7 avril. Jusqu’au 12 mai. Haris Epaminonda. Jusqu’au 5 mai. l Landesmuseum : Animali Animaux réels et fabuleux de l’Antiquité à l’époque moderne. Jusqu’au 14 juillet. l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Mucha Manga Mystery – Alphonse Mucha, pionnier de l’art graphique. Jusqu’au 14 juillet. l Museum für Gestaltung (Austellungsstr. 60) It Truly Pays: The Crime Film. Jusqu’au 2 juin. In 3 Dimensions – Printing Objects. Jusqu’au 5 mai. l Museum Rietberg (Gablerstr. 15) Scènes des États Princiers indiens. Jusqu’au 1er août. l Museum Strauhof (Augustinergasse 9) Ainsi vivent-ils encore aujourd’hui. Jusqu’au 9 juin. Bienne Zurich Centre-Pasqu’Art (fbg Lac 71-75) Kunsthaus (Heimplatz 1) Chagall. Davos Kirchner Museum : Les 30 ans du l Kirchner Museum - La Collection. Jusqu’au 21 juin. Riggisberg Abegg-Stiftung : Le plaisir de l collectionnier - Objets d’art et textiles de collections privées anciennes. Du 28 avril au 10 novembre. Weil / Rhein Vitra Design Museum : Louis l Kahn. Jusqu’au 11 août. Winterthur Fotomuseum (Grüzenstr. 44) l Concret. Architecture et photographie. Jusqu’au 20 mai. l Fotostiftung Schweiz d a 71 expos ition une collection française à la fondation beyeler Portrait La Collection Renard Il est vrai que le récit de la vie de Claude et Micheline Renard n’est en rien banal et a pris un cours tragique, avec l’attentat terroriste commis par l’OAS dont fut victime leur fille unique Delphine âgée alors de quatre ans et demi. C’est une charge de plastic qui explose devant chez eux le 7 février 1962, alors que celle-ci était destinée à André Malraux, qui habitait la même maison. Aujourd’hui Delphine est aveugle, Claude Renard décédé et plutôt que de vendre cette collection, Micheline Renard, en accord avec sa fille, a souhaité que « ces œuvres tant aimées trouvent des gens qui les sollicitent et les interrogent à leur tour, en fassent vivre tout le potentiel d’intelligence et d’émotion ». Leur proximité avec Ernst Beyeler, à qui ils avaient déjà vendu en 2000, à bas prix, une très grande découpe de Jean Dubuffet, Site avec trois personnages, pour qu’elle puisse faire partie de la collection de la Fondation, les avait familiarisés avec la Fondation de Riehen. Pour eux, ce lieu leur semblait idéal, par son environnement, son architecture mais surtout par le dialogue fertile qui s’établirait entre leurs œuvres et celles de la Fondation. Les premières négociations remontent en 2008 et ont encore été menées par le fondateur, décédé hélas en 2010. Ce n’est pas tous les jours qu’une institution muséale est la bénéficiaire d’une donation de trente-trois œuvres d’art comprenant des toiles, des sculptures, des travaux sur papier, signées par des artistes internationalement reconnus. L’histoire de Claude et Micheline Renard, est avant tout celle de passionnés d’art plus que celle d’un couple désireux de collectionner pour le plaisir de posséder ou de spéculer. 72 Sur leur chemin, ils ont rencontré des artistes qui appartiennent aujourd’hui aux valeurs sûres mais qu’ils ont côtoyés et avec qui ils ont partagé d’intenses moments d’échange : Dubuffet, Fautrier, Sam Francis, Tapiès, Tinguely, Polke, Balsessari, Boltanski, Arman, Erro et beaucoup d’autres. Ils ont aussi croisé, dès 1965, ce grand marchand suisse qu’étaient Ernst Beyeler et sa femme Hildy, avec lesquels les relations se sont intensifiées au fil des ans. Jean-Michel Basquiat «Black Man», 1982 Craie à l’huile sur papier, 108 x 76,5 cm. Fondation Beyeler, Riehen / Basel; Donation Collection Renard © 2013, ProLitteris, Zürich Photo © Studio Sébert, Paris a c t La collection La présentation de la collection a été confiée à Raphaël Bouvier. Dans son introduction, il est revenu sur les étapes de la vie du couple au service de la création. Il faut absolument lire le texte de Micheline Renard, Histoire d’une décision, reproduit dans le catalogue, pour comprendre comment se construit un collectionneur. Né en 1928, Claude Renard a fait l’essentiel de sa carrière chez Renault, où il entre en 1954. Mais ce n’est pas tant la fabrication des voitures qui l’intéresse que chercher à « intro- Sigmar Polke «Schwarzer Mann», 1982 Résine synthétique, laque en feuilles, pigments et cire d'abeille sur textile, 180,4 x 150,5 cm. Fondation Beyeler, Riehen / Basel; Donation Collection Renard © 2013, The Estate of Sigmar Polke, Köln / ProLitteris, Zürich. Photo © Studio Sébert, Paris u a l i t é expos ition 73 Jean Dubuffet «Affluence», 16 janvier 1967. Vinyle sur toile, 81,4 x 100,4 cm Fondation Beyeler, Riehen/Basel; Donation Collection Renard © 2013, ProLitteris, Zurich. Photo © Studio Sébert, Paris duire la créativité individuelle au sein d’une société hyperstructurée », établir des rapports nouveaux et durables entre le monde industriel de Renault et celui des artistes. C’est ainsi qu’a été créé au sein de l’entreprise un département voué à la recherche, à l’art et à l’industrie. Puis en 1977, avec sa femme Micheline, il lance une association, avec pour but l’incitation à la création, subventionnée par Renault. Elle est implantée à l’abbaye de Sénanque, à une époque où il existe peu de structures dédiées à l’art contemporain, et prévoit trois expositions par an. Une vingtaine d’expositions se suivront de 1977 à 1985 et bien sûr des contacts se nouent avec les artistes. Des conditions de rêve pour des passionnés d’art auxquelles la crise financière des années 1980 mettra fin. Bien que différentes par leur profil et leur ampleur, il y a entre ces deux collections beaucoup de correspondances. Pour a c t u l’instant, la collection Renard est présentée au sous-sol de la fondation et la magie fonctionne. Que ce soit entre les œuvres acryliques sur papier de Sam Francis, les sculptures de Tinguely et l’œuvre monumentale de Dubuffet, mais aussi entre les œuvres de Tapiès et les sculptures de Jean Fautrier. Comme c’est le cas dans une deuxième salle, entre Sigmar Polke, JeanMichel Basquiat et John Baldessari. Des œuvres subtiles qui ont en commun une qualité indiscutable. On ne peut qu’espérer que la démarche de ce couple de collectionneurs incitera d’autres passionnés d’art au même geste généreux. Ce ne sont pas les collectionneurs qui manquent en Suisse ! Régine Kopp Jean Fautrier «Grande tete tragique», 1942 Bronze, 33,5 x 17 x 21 cm, Exemplaire 6/9 Fondation Beyeler, Riehen/Basel; Donation Collection Renard © 2013, ProLitteris, Zurich. Photo © Studio Sébert, Paris a l i t Jusqu’au 5 mai 2013. www.fondationbeyeler.ch é m a n i f e s t a t i o n berges du Rhône à Arles accueillaient un spectacle pyrotechnique pour clore le week-end. Il s’agit donc de Marseille et de la « Provence », représentée pour l’occasion par 90 communes environnantes (grosso modo le département des Bouches-du-Rhône), soit un bassin total de près de 2 millions d’habitants. événement Marseille-Provence 2013 Peuchère ! Marseille et ses environs désignés Capitale européenne de la culture en 2013, cela va-t-il changer la face du Vieux-Port ? Eh bien oui ! 74 C'est un petit miracle (…le miracle étant un concept qui existe à Marseille !) si les travaux d'aménagement du Vieux-Port se sont achevés à temps pour l'ouverture des festivités. Quelques mois – ou quelques semaines ! – avant le début de la nouvelle année, on pouvait encore en douter au vu de l'avancement de ce gros chantier de Voiries et Réseaux Divers... qui réduit sensiblement les voies de circulation automobile et promet de joyeux embouteillages pagnolesques ! Mais le 12 janvier comme prévu, les Marseillais étaient conviés à pousser une grande clameur pendant 5 minutes pour tenter de faire « disjoncter la ville », avec le renfort des cloches des églises et autres cornes de brume des bateaux. Pari heureusement non tenu (l’alimentation électrique n’est pas tombée en rideau !), malgré la foule considérable pour ce lancement officiel de l'année “Capitale“, marqué par de nombreux spectacles de rue, et inaugurations de nouveaux lieux. Dans le même temps, Aix-en-Provence proposait un parcours d’art contemporain, et les De nombreux événements, parcours, expositions, spectacles de musique, danse, cirque,… s’échelonnent sur l’année, mais Marseille veut aussi saisir cette occasion pour améliorer son image, culturelle au sens large, et de manière durable si possible. Sur le plan financier, ce label de Capitale européenne de la Culture autorise en effet quelques investissements d’avenir, utilisés à la rénovation de lieux actuels (J1, Palais Longchamp, Musée d’histoire au Centre Bourse, ou encore Château Borely), et à la construction de nouveaux projets (Tour-Panorama, Villa Méditerranée). Dans cette dernière catégorie, le futur MuCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) est le plus visible, premier « musée national » en région, qui ouvrira ses portes au mois de juin. Le Pont - Image inspirée de l'œuvre de Daniel Knorr © Thierry Ollat a c t u a l i t é m a n i f e s t a t i o n Festival de Pâques : à Aix aussi ! Le samedi 6 avril prochain, le pianiste Bertrand Chamayou (© Thibault Stipal) participera à Aix au concert intitulé «Portrait de Dutilleux» avec le violoncelliste Henri Demarquette et le Quatuor Zaïde Dans la longue liste des manifestations « estampillées » MP 2013 (au total, plus de 400 événements sont prévus), certaines y semblent rattachées par opportunité, et se dérouleraient très vraisemblablement avec ou sans MP 2013, comme à l’évidence le festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, ou le festival international de piano de La Roque d’Anthéron. Il n’est pas non plus interdit de penser que l’accueil fin janvier au Grand Théâtre de Provence à Aix du festival « Présences » de musique contemporaine, était d’abord motivé par la non-disponibilité des salles de la Maison de Radio-France à Paris, encore en cours de travaux. L’opportunité a été idéalement saisie ici : en mettant à l’honneur les compositeurs de la Méditerranée, cette manifestation a été une pleine réussite. Autre événement à partir de fin mars : la première édition du festival de Pâques à Aix-enProvence, imaginé par Dominique Bluzet et Renaud Capuçon. Les grands noms sont à l’affiche pendant 2 semaines de concerts – Philippe Jordan, Valery Gergiev, Hélène Grimaud, Alfred Brendel (mais pour une conférence), etc – et ce festival printanier survivra à MP 2013, puisque 5 éditions annuelles sont annoncées. François Jestin Pour en savoir plus : www.mp2013.fr et www.festivalpaques.com Le Grand Atelier du Midi Sous cet intitulé a lieu, du 13 juin au 13 octobre 2013, une exposition en deux volets, organisée dans le cadre de “Marseille-Provence 2013, Capitale européenne de la culture“. «Le Grand Atelier du Midi» suit, de 1880 à 1960, les différents mouvements qui ont jalonné le XXe siècle, de l’impressionnisme au post-impressionnisme, en passant par le fauvisme, le cubisme, les expériences des surréalistes et l’abstraction, et montre ainsi que le Midi, depuis les premiers voyages de Renoir et de Signac, a été une source infinie d’inspiration pour les peintres. Le volet aixois, «De Cézanne à Matisse», qui investira le Musée Granet d’Aix-en-Provence, aborde la question de la forme et trouve naturellement sa référence à Cézanne, “père“ de l’art moderne tel que le considéraient Braque, Matisse ou Picasso. Le Midi a aussi accueilli les artistes liés au mouvement dada et au surréalisme. Ainsi, l’exposition se conclut sur une section consacrée à l’émergence d’une nouvel- 75 Palais Longchamp, Marseille : Vincent Van Gogh (1853 – 1890) «La Méridienne». Entre 1889 et 1890. Huile sur toile, 73 x 91 cm Paris, Muséed’Orsay © Rmn – Grand Palais (Musée d’Orsay) / Tonny Querrec le écriture qui mène aux différentes formes de l’abstraction lyrique ou géométrique : Miró, de Staël, Van Velde... Près de cent chefs-d’œuvre issus de grandes collections d’art moderne du monde entier, tant publiques que privées, seront présentés à Aix-en-Provence. A Marseille, l’exposition «De Van Gogh à Bonnard» du Palais Longchamp - qui présente environ cent chefs-d’œuvre des plus grands maîtres des XIXe et XXe siècles - est centrée sur la question du flamboiement et de l’arbitraire de la couleur, depuis le Van Gogh arlésien jusqu’aux fauves et jusqu’à Bonnard. Seront également évoqué les territoires de l’imaginaire, la poursuite d’un rêve hédoniste, la quête d’un âge d’or. Car ces rivages du Midi, non seulement ont permis aux artistes de rêver d’un ailleurs, mais aussi de faire revivre les mythologies dans la beauté des paysages et l’intensité de la lumière, autorisant ceux-ci à se peupler de faunes et de dryades... Musée Granet, Aix-en-Provence : Albert Marquet «La Terrasse, l’Estaque» 1918 Huile sur toile, 65 x 81 cm. Copenhague, The National Gallery of Denmark © SMK Photo © ADAG Paris 2013 a c t u a l A noter que deux autres expositions sont associées au Grand Atelier du Midi : «Picasso céramiste et la Méditerranée», à la Chapelle des Pénitents Noirs d’Aubagne, du 27 avril au 13 octobre «Raoul Dufy, de Martigues à l’Estaque», au Musée Ziem de Martigues, du 13 juin au 13 octobre i t é manifes tation 2ème journées européennes des métiers d’art Patrimoine humain Les Journées Européennes des Métiers d’Art se tiendront les 5, 6, et 7 avril prochain. Pour sa deuxième édition, la manifestation offrira gratuitement à 2000 chanceux la possibilité de plonger au cœur de onze des institutions les plus emblématiques du canton. Ce pendant de la Journée du Patrimoine se concentre lui sur l’héritage humain. L’occasion de mettre en lumière un savoir-faire souvent insoupçonné et susciter des vocations. 76 au rayonnement et à l'excellence spécifique à notre canton. Le travail de création est riche et complexe : que ce soit un monteur, un taxidermiste ou un restaurateur, ce sont des savoirfaire qui demandent une grande maîtrise. Nous voulons mettre en avant ces compétences, rendre visible notre économie créative, afin de montrer ce patrimoine immatériel, spécifique à l’histoire de Genève. » En marge de la soixantaine d’ateliers, la Manufacture Vacheron & Constantin, le partenaire et instigateur du projet, sponsorise l’exposition intitulée L’envers du décor, qui se tiendra au Musée d’art et d’histoire. Celleci dévoilera des objets appartenant aux onze institutions et un cabinotier permettra de découvrir le métier d’horloger. Visiter les coulisses d’un théâtre, découvrir les secrets de fabrication d’une marionnette, observer comment on restaure un livre ou une céramique, apprendre les techniques pour empailler un animal et Evolution Cette manifestation est appepréparer un herbier, tel est le menu lée à évoluer dans un futur proche, des Journées Européennes des comme l’explique Sami Kanaan : Métiers d’Art. Première manifes« Nous avons fait une Journée test tation du genre en Suisse, elle prol’année passée concentrée sur un pose cette année d’aller à la renjour et en un lieu, à savoir, le contre de ceux qui font vivre les Grand Théâtre. Cette fois-ci, l’eshauts lieux de l’art genevois grâce sai se fera en grandeur nature. à leur passion et leurs compétenNous pensons que, potentielleces. La Bibliothèque de Genève, la Théâtre des marionnetttes : Préparation d’une marionnette pour ment, nous serons à même d’étendComédie, les Conservatoire et «L’échappée belle». Photo Pierre Monnerat re l’offre en incluant les ateliers Jardin Botaniques, Le Grand indépendants lors des prochaines éditions. Théâtre, les Musées Ariana, d’art et d’histoire, curiosité du visiteur, mais aussi de susciter des Cependant, il s’agira d’entamer un questionned’ethnographie et d’histoire naturelle ainsi que vocations, comme le souligne avec enthousiasment sur les limites de l’art. En ce sens, par les théâtres Am Stram Gram, de Carouge et des me Elvita Alvarez, la responsable de ce projet : exemple, la gastronomie peut être considérée Marionnettes sont autant de lieux qui ont répon- « A Genève, le domaine représente un secteur comme un art, selon les points de vue. » Un du présents à l’appel de Sami Kanaan. Le économique important et souvent méconnu. Conseiller administratif de la Ville de Genève Certains cantons ont déjà entamés la réflexion concept qui est résolument appelé à entrer dans en charge du Département de la culture et du autour de la notion d’économie créative, enco- le calendrier genevois des rendez-vous sport raconte : « Nous avons reçu de très bons re peu développée ici, alors que le secteur est incontournables. En attendant, pour ne pas rater cette opporéchos de la part des différents établissements riche d’une belle diversité et que cela participe tunité, l’inscription aux visites est contactés. Tous avaient une vraie obligatoire avant le 5 avril. Pour ce envie de participer. C’est un beau faire, trois possibilités s’offre aux projet qui passionne autant le intéressés : par courriel à l’adresse public que les artisans eux-mêmes. jounreesdesmetiersdart@villeNotre but est de valoriser ces ge.ch, par téléphone au 022 418 35 métiers d’art qui sont souvent 20, et au point d’information situé méconnus. Nous voulons montrer à au rez-de-chaussée de la Maison la fois leur complexité et leur des arts du Grütli. Les places étant richesse. » limitées, il est vivement recommandé de se presser. Susciter des vocations Tout au long de ces trois jourJulie Bauer nées, chacun pourra ainsi s’immerProgramme et inscriptions : www.villeger le temps d’un atelier dans l’ugeneve.ch nivers présenté par un professionMusée d’art et d’histoire :L'atelier de restauration de peintures. Photo Bettina Jacot-Descombes nel. L’occasion de satisfaire la a c t u a l i t é p a r maison européenne de la photographie Joel Meyerowitz La présentation à la Maison Européenne de la Photographie du travail de Joel Meyerowitz, né en 1938, procure une grande richesse d’émotions évocatrices de toute une époque. A travers la progression de son travail nous sommes plongés, non seulement dans l’évolution spectaculaire de la photographie depuis les années soixante, mais aussi revivons les différentes tendances de l’art contemporain et des métamorphose de la société depuis lors. Paris, France, 1967 © Joel meyerowitz courtesy howard greenberg gallery, new york city i s Lorsque Joel Meyerowitz a commencé à travailler, la photographie « sérieuse » était obligatoirement en noir et blanc : à l’instar d’Amsel Adams et Edward Weston, en particulier, les tirages devaient être réalisés par le photographe lui-même. La couleur était considérée comme destinée aux magazines ou à la publicité. C’est pourquoi l’on peut dire que, par son travail en couleur, Joel Meyerowitz a contribué à révolutionner l’histoire de la photographie. L’accrochage commence au début de la carrière du photographe. Fasciné par le travail de Robert Franck (“Les Américains“), il décide en 1964 de prendre la route à son tour et de parcourir les Etats-Unis avec son ami et collègue Garry Winogrand (autre photographe de rue). La liberté qu’il découvre alors lui fait voir, en pleine guerre du Viet Nam, la société américaine sous un autre jour que celle qu’il croyait connaître : le consumérisme qui règne à ce moment-là le frappe et l’influence dans ses images. Autre signe de l’époque (“les sixties“), il ne travaille pratiquement qu’au volant de sa voiture, « la pare-brise gouvernant ses cadrages et la fragmentation de ses images », dit-il. De 1966 à 67, c’est en Europe que ses pas l’amènent et l’on peut en voir sa vision, en noir et blanc et en couleurs. Ses images de Paris nous montrent des Parisiennes à l’élégance d’alors : en coquettes robes, coiffures parfaites, d’avant les années soixante-dix… Son approche est humaniste, ses cadrages rapides, “moment décisif“ comme CartierBresson, mais en plus serré. De retour aux USA, il dépeint le “rêve américain“. La couleur aide beaucoup dans cette démarche et accentue le côté kitsch. C’est bien l’époque du pop art, avec la société de consommation comme thème. En 1979, il décide de ne plus travailler qu’en couleurs et va même jusqu’à changer son reflex 35mm pour une “chambre“, ce qui a pour résultat une photographie beaucoup plus statique dans laquelle la couleur devient vraiment le sujet. Les portraits de cette époque présents dans l’exposition n’ont plus rien de commun avec ses photos instantanées de rue. Ses grands paysages réalisés en 1984 sont sans doute ce qu’il y a de moins fort dans l’exposition : couchers de soleil sur mer étale, de même qu’une série intitulée « les éléments ». Le parcours se termine par des vues panoramiques et apocalyptiques du World Trade Center dévasté. Ce travail le remet au sein d’une démarche plus contemporaine du paysage urbain. En effet, aujourd’hui, nombreux sont les photographes qui peignent notre environnement menacé : friches industrielles, abords de mégapoles, dans des cadres gigantesques et hyper panoramiques. Cette exposition, très courue, est surtout intéressante dans la mesure ou, à travers la trajectoire d’un photographe (de 1960 à 2000) on peut retracer, en toute spontanéité, les mouvements récents de notre société. Christine Pictet Maison Européenne de la Photographie jusqu’au 7 avril Five more found, NYC, 2001 © Joel meyerowitz courtesy howard greenberg gallery, new york city a c t u a l i t é 77 p a r i s la maison rouge L’art sous influences A la recherche d’expériences nouvelles, les artistes ont souvent été tentés par des produits psychotropes, autrement dit des drogues - parmi lesquelles il faut aussi compter le tabac et l’alcool - pour déclencher ou stimuler, voir intensifier leur créativité. Ce sont ces relations qu’entretiennent les artistes avec les psychotropes tout au long du XX° siècle et jusqu’à l’époque contemporaine, que raconte l’exposition Sous influences. Un parcours riche en découvertes pour le visiteur, à travers plus de 250 œuvres qui nous montrent comment les artistes ont traduit, simulé ou représenté les effets des substances prises. Pour la circonstance, c’est un artiste doublé d’un intervenant en addictologie, aidant les toxicomanes, Antoine Perpère, qui officie en tant que commissaire de l’exposition. Son approche se fait « hors de tout jugement moral, de prises de position socio-juridique, d’interprétation psycholo- gique ou de choix esthétiques prédéterminés ». Une présentation le plus objective possible, explorant les rapprochements entre les processus créatifs et l’utilisation de produits psychoactifs. Pour cela, il propose de classifier les œuvres selon les effets qu’ont les drogues sur la conscience des artistes. Il y a d’abord les drogues dopantes, celles qui stimulent la conscience et provoquent une excitation physique et psychique. Viennent ensuite les drogues hédonistes, qui 78 Arnulf Rainer, «Pfifff!!!», 1970-1975, Peinture, Technique mixte sur photographie N&B 60 x 50 cm, série des Faces Farces, courtesy collection Wachsmann a c t u a diminuent le niveau de conscience et procurent un apaisement des sensations douloureuses et enfin les drogues hallucinogènes, qui perturbent profondément la conscience. L’exposition tente de montrer que l’artiste, bien que drogué et sous influence, cherche avant tout à transmettre et à traduire en termes plastiques son expérience. Des drogues courantes Une fleur de pavot, appelée fleur de joie, représentée sur un relief du VII°siècle avant J.C. vient nous rappeler que l’usage des plantes psychotropes a existé de tous temps. Le XIX° siècle est évoqué avec Charcot, le grand scientifique qui a travaillé sur l’hystérie, par un dessin réalisé en 1853 sous l’influence du haschich. Les premières salles se réfèrent aux drogues les plus courantes : les médicaments au cœur de notre quotidien, voire l’alcool dont témoigne une sculpture anamorphique de Markus Raetz ou le tabac évoqué par une photographie d’Irving Penn. C’est à l’usage ancestral des plantes que s’intéresse Hermann de Vries, qui a créé un herbier constitué des plantes toxiques. Il est souvent fait allusion à l’opium à travers des peintures comme celle du Fumeur d’opium d’Erro ou même d’une pipe à opium (1914) exposée dans une vitrine. La consommation du haschich et de l’opium se développant dès le XIX°siècle dans toutes les classes sociales et surtout dans les milieux scientifiques et littéraires. Une première édition de 1860 des Paradis artificiels de Charles Baudelaire est là pour le rappeler. Tout un mur est consacré à Antonin Artaud, qui recourait à l’opium pour apaiser ses souffrances. Dans le cas d’Henri Michaux, l’expérience des drogues correspond à un désir d’exploration de soi, à base de mescaline et de haschich, et occupe l’artiste dans les 1956 à 1966. Ses dessins sont autant de transpositions visuelles des modifications de la conscience. A l’instar de Michaux, Jean-Jacques Lebel cherche à « sortir de soi et se déshabituer des normes sociales », créant des dessins et collages réalisées sous l’emprise de drogue comme la psylocybine. Autre grand admirateur de Michaux, Arnulf Rainer, marqué par la notion d’automatisme psychique des surréalistes, produit dans les années soixante des œuvres sous l’effet de substances hallucilogènes, participant à des expériences menées à la clinique universitaire de Lausanne. Grand opiomane, Jean Cocteau n’a pas été oublié et toute une série de dessins qui ont accompagné la rédaction de son texte Opium, sont présentés. l i t é p a r i s une installation faite d’un jeu infini de miroirs créant une sensation d’immersion totale. D’autres stars du marché de l’art contemporain figurent dans la fin du parcours : Takashi Murakami et son motif du champignon, la photographe Nan Goldin qui saisit tous les excès, Damien Hirst dont son Last Supper, qui remplace les treize convives de la Cène par des identités visuelles de médicaments, dont les noms sont remplacés par ceux de plats de la cuisine anglaise. Clin d’œil final du commissaire et de son œuvre, Ecrire les drogues. Une machine à écrire où les touches du clavier forment des noms de substance, rappelle que, si la drogue parasite la communication, le plus puissant des psychotropes reste le langage. En guise de conclusion, il emprunte une citation au Dr. Aimé Robert (Drogues du cerveau, 1958). « Et cela nous conduit à la drogue des drogues…l’aliment le plus irremplaçable et le toxique le plus puissant du cerveau humain : la parole humaine. Mais cela est déjà un autre sujet ». Voire une autre exposition ! Régine Kopp Jusqu’au 19 mai 2013 Ouvert du mercredi au dimanche de 11h à 19 h. Yayoï Kusama, «Dots Obsession (Infinited Mirrored Room)» 1998, Collection les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées © Yayoï Kusama ; photogr. Grand Rond Production Conséquences Une deuxième partie s’attache à montrer les conséquences sociales et humaines de l’usage de psychotropes, pour les individus et les états. Avec des œuvres de Jean-Baptiste Audat, Hervé di Rosa, Gianfranco Rosi. Mort d’une overdose d’héroïne, Jean-Michel Basquiat a pris rang d’icône et son collage, régi par un principe de répétition et de dislocation, témoigne des effets dévastateurs. Après avoir passé devant des seringues, des cuillères brûlées, des plaquettes de médicaments, qui sont soit exposés, soit représentés, le visiteur est introduit dans une bibliothèque reconstituée, une installation signée Frédéric Post. Il s’agit d’une collection dédiée aux drogues et réunie par un homme d’affaires et jet setteur. Toute une section, traitée avec humour, est dédiée à l’alcool. On y trouve des œuvres de Robert Filliou, de Pierre Leguillon. Celle très originale d’Esther Ferrer, Prises de sang (prise de sang aristocrate en bleu, anémique en blanc, communiste en rouge) évoque l’alcoolisme, une affection bien française qui traverse toutes les couches sociales. Un des temps forts est la salle consacrée à l’artiste japonaise, Yayoi Kusama, âgée aujourd’hui de 83 ans et célébrée par le marché de l’art : a c t u Erró, «Sur la Terrasse (Fes)»,1976, Collection privée, Cuba a l i t é 79 p a r i s opéra Ciboulette sans boulettes Ciboulette, l’opérette qui faisait la joie de nos arrière-grand-mères, revit à l’Opéra-Comique. Resplendissante comme au premier jour ! 80 Opéra-Comique : «Ciboulette» © Elisabeth Carecchio Créée à Paris en 1923, l’opérette de Reynaldo Hahn a connu de beaux soirs jusqu’à la fin des années 50... Pour ensuite demeurer un titre fameux du répertoire lyrique léger, mais sans beaucoup plus de résonances dans l’esprit du public. Et nous voilà ainsi, surpris par Ciboulette ! pensant avoir quelques scies mélodiques dans la tête, mais dont l’écoute à l’OpéraComique ne rappelle rien… Tout juste les deux premières stances de “ Nous avons fait un beau voyage ”, au long d’une partition sensible, raffinée, et souvent inspirée (l’émouvant air “ C’est pas Paris, c’est sa banlieue ” et le mélodrame suivi de l’air – sublimes, n’hésitons pas ! – “ Un petit mouchoir ”). Le livret aussi surprend, délicat et subtil, finement drôle et avec justesse, pour cette histoire de petite maraîchère des Halles de Paris devenue diva. Ciboulette devenue Conchita a Ciboulero ! les divas en ces années 1920, ou 1860 au moment de l’action, se devant de fleurer bon l’espagnolade. Bref, une révélation ! La réalisation à l’Opéra-Comique y est pour beaucoup. Les passages parlés (de ce livret apparemment scrupuleusement respecté, sauf pour des détails) sont judicieusement dits, et les parties vocales lancées avec doigté. Julie Fuchs incarne Ciboulette avec le bagout et l’aisance mélodique qu’on attend de son beau soprano. Jean-François Lapointe, Julien Behr, JeanClaude Saragosse, Guillemette Laurens et Bernadette Lafont l’entourent de leurs chants tout aussi bienvenus, comme les petits rôles campés crânement par les jeunes espoirs de l’Académie de l’Opéra-Comique. Le Chœur Accentus et l’Orchestre de l’Opéra de Toulon (qui coproduit) réservent des trésors de nuances c t u a et de verve, sous la baguette de Laurence Equilbey, que l’on n’a jamais connue aussi assurée à la direction d’orchestre. La mise en scène de Michel Fau n’est pas en reste : fidèle à la trame, avec des gestes et ensembles bien trouvés, des costumes Second Empire, un décor combiné de toiles de fond et photographies en noir et blanc évocateur d’un Paris, de sa banlieue et de ses Halles, qui ne sont plus. Un enivrant parfum de nostalgie, en phase avec celui que dégage l’ouvrage. Seule boulette : l’intervention au dernier acte d’un travelo (il n’y a pas d’autre mot), ou Michel Fau soi-même grimé en Castafiore chantant en mauvais falsetto un air non prévu par l’ouvrage (bien que pris d’une mélodie de Hahn). Le public s’esclaffe lourdement devant cette seule fausse note (et fausse voix) d’une production par ailleurs pourtant sans racolages. Rançon de sa gloire en son temps, Ciboulette se devait de donner naissance à une adaptation cinématographique : elle est signée Claude Autant-Lara en 1933, sur un scénario quelque peu adapté par Jacques Prévert, avec la participation d’étoiles artistiques de la scène et du chant qui ont marqué leur époque. Touchant témoignage, projeté dans la même salle, un soir entre deux représentations de l’œuvre théâtrale originelle. Walkyrie et Falstaff Wagner et Verdi, les deux compositeurs lyriques dont on fête le bicentenaire, se retrouvent confrontés à la Bastille. C’est ainsi qu’à la Walkyrie, succède Falstaff. Dans les deux cas, pour des reprises. Le deuxième volet de ce Ring conçu par Günter Krämer n’était pas en 2010 la partie la plus réussie d’une Tétralogie par ailleurs captivante. Le metteur en scène déclare avoir revu sa copie, mais les différences se sentent peu. On regrettera la disparition du peuple rassemblé pour l’image finale, remplacé par une Erda défilant à l’avant-scène sous une noire mantille (façon Conchita Ciboulero ?). Quelques traits sont plus appuyés, comme la scène d’holocauste, tout à fait l i t é p appropriée, qui ouvre le spectacle. Mais les raccords se voient mal (à tort ?) dans une lecture qui se cherche encore parfois. Le maillon faible d’une série forte dans son ensemble, dont témoigne le précédent Or du Rhin (voir Scènes Magazine de mars). Musicalement, l’impression serait du même ordre du côté de la direction de Philippe Jordan, qui a tendance à s’appesantir pour des moments qui n’en finissent pas (les premier et deuxième acte !) mais se rachète enfin (au dernier acte). Le plateau vocal est, lui, digne de tous éloges. Alwyn Mellor plante une Brünnhilde de grande stature, l’une des meilleures qui se puisse actuellement, avec un chant qui n’est jamais pris en défaut à travers une projection pleine. Stuart Skelton/ Siegmund, Martina Serafin/ Sieglinde, Egils Silins/Wotan, et Sophie Koch/Fricka, constituent des adéquations parfaites de leurs rôles. Comme le chorus des Walkyries, bien que parfois malmené. Mais on se a r i s Opéra Bastille : «La Walkyrie» avec Sophie Koch (Fricka) et Egils Silins (Wotan) Crédit : Opéra national de Paris/ Elisa Haberer Londres, à la fin du XIXe siècle : à peu près l’époque de la création de l’œuvre, qui se satisfait fort bien de cette relecture. Ambrogio Maestri est le Falstaff du moment, voix puissante (avec dans le périlleux final du deuxième acte, ou celui, qui l’est tout autant, du dernier. Le vaste plateau de Bastille y est probablement pour quelque chose, qui étale les intervenants d’un bout à l’autre de la scène (quand on songe que l’œuvre fut créée à Paris, sous la supervision du maître, à l’Opéra-Comique !). Et c’est ainsi que Daniel Oren, chef jusqu’ici infaillible dans le répertoire italien, semble avoir des difficultés à maintenir ses troupes. Cruel achoppement dans cet ouvrage tout en polyphonies ! mais sans nul doute corrigé au fil des représentations succédant à une première encore verte. Bidons et Didon Le Théâtre des Bouffes du Nord associe lui aussi deux spectacles musicaux assez dissemblables. Répertoire, pièce de théâtre musical Opéra Bastille : «Falstaff» avec Svetla Vassileva (Mrs Alice Ford), Elena Tsallagova (Nannetta), Marie-Nicole Lemieux composée en 1970 par Mauricio (Mrs Quickly), Gaelle Arquez (Mrs Meg Page) et Ambrogio Maestri (Sir John Falstaff) © Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca Kagel, précède le Crocodile tromsurprend, à l’aide de jumelles, à observer des per- quelques accrocs fugaces) et incarnation entière. peur, arrangement d’après Didon et Énée de les au front (pour Siegmund, Hundig, Wotan), ou Mais Elena Tsallagova constitue une sorte de Purcell (le “ Crocodile ” en question venant de dans les cheveux (pour Fricka) : petits micropho- révélation, Nannetta à l’émission ductile et au mots du livret, allusion aux fameuses “ larmes ” nes bien mal cachés. Nouvelles mœurs à l’Opéra chant aérien. Marie-Nicole Lemieux dispense du reptile). Au cours d’une même soirée si on le de Paris ?… Le résultat sonore, nonobstant, ne une Mrs Quicly pétulante à souhait, alors que désire, puisque les horaires de spectacle se suis’en ressent guère. Svetla Vassileva/Alice, ou Gaëlle Arquez/Meg, vent. L’œuvre de Kagel reprend une nouvelle vie, Falstaff, on l’imagine, constitue une autre restent idoines. Artur Rucinski/Ford, et Paolo par les soins de Jos Houben, Françoise Rivalland aventure. Ce Verdi ultime revient dans une pro- Fanale/Fenton, le sont moins, dont les voix flot- et Emily Wilson, à qui échoient aussi les rôles de duction datée de 1999, signée Dominique tent parfois. Mais étrangement, avec de pareils musiciens et acteurs, jouant de trombone ou tamPitoiset. Nous sommes dans les docks de bons ingrédients, la sauce tourne parfois, comme bour, mais aussi de tuyaux d’arrosage et autres a c t u a l i t é 81 p a r i s révèle tout autant efficace, faisant tourner les situations de cette ronde des personnages et de leurs frasques sexuelles, avec précision et un jeu d’acteurs rondement mené. On se lasse toutefois de ces déshabillages et fornications (simulées, mal, ce qui est d’autant plus superfétatoire) successifs et à répétition, que le livret appelle, certes, mais qui irritent vite plus qu’ils ne choquent (on en a vu d’autres !). L’allusion aurait suffit… Quant à la partition de Boesmans, peut-être a-t-elle mal passé le temps ; qui lasse aussi par ce trop constant récitatif-arioso sans franc lyrisme, déjà maintes fois entendu par ailleurs, entre les raffinements instrumentaux. Conservatoire de Paris : «Reigen» © Ferrante Ferranti Perles et Quat’sous 82 ustensiles domestiques détournés : on connaît bien la veine du musicien germano-argentin disparu en 2008. Burlesque, loufoquerie, mais aussi sons et gestes inattendus, se succèdent ainsi. La conception générale, faisant apparaître et disparaître les protagonistes (les personnages ?) devant et derrière des paravents, ne manque pas de sel. Puisqu’il est aussi question de cuisine… Didon et Énée se retrouve pour sa part réécrit pour petite formation de jazz, ou apparenté, avec l’appoint de solistes vocaux (acteurschanteurs, qui seraient du niveau de choristes, sauf pour Marion Sicre, la professionnelle de cette troupe d’occasion). Cet alibi hautement culturel s’insère dans une sorte de pièce parlée, dont les tirades, inventées pour la circonstance, tiennent du délire improvisé. La mise en scène de Samuel Achache et Jeanne Candel s’accorde à cette tonalité, amusante parfois et surprenante souvent, avec un aspect bricolo parmi un amoncellement d’objets hétéroclites (on n’est pas si loin de Kagel…). Les amateurs de musique ou de théâtre ne sont pas forcément comblés, mais les grands enfants, que nous sommes tous, sont ravis. sion réduite par Fabrizio Cassol pour formation de chambre, mais avalisée par le compositeur, qui est ici offerte. Les élèves du département des disciplines vocales du Conservatoire officient, en compagnie de l’orchestre maison, sous la direction de Tito Ceccherini. Un sans-faute musical ! Retenons les noms d’Enguerrand de Hys, Laura Holm, Aurélien Gasse, Charlotte Schumann, Jean-Jacques L’Anthoen, Marie-Laure Garnier ou Romain Dayez, tous appelés à une belle carrière de chanteurs. La mise en scène de Marguerite Borie se À la salle Pleyel, sous l’égide des “ Grandes Voix ”, place est donnée aux Pêcheurs de perles et, entre autres perles, la présence de Roberto Alagna. Mais cet opéra en version de concert dépasse le faire-valoir pour chanteur vedette, dans un réel accomplissement. Alagna troque ses beaux élans vocaux pour des nuances bien venues et un panachage de poitrine et de tête. L’air de Nadir, susurré tout en voix de tête, aurait cependant gagné à un usage de la technique mixte, avec des passages de registres qu’apparemment le beau ténor ne maîtrise pas. Nino Reigen rondement mené La salle d’Art lyrique du Conservatoire de Paris présente Reigen, l’opéra de Philippe Boesmans créé en 1993 et qui depuis lors a fait le tour du monde. Il s’inspire de la pièce éponyme d’Arthur Schnitzler (la Ronde) sur un livret, en allemand, concocté par Luc Bondy. C’est la ver- a Salle Pleyel : «Les Pêcheurs de Perles» en version de concert © Les Grandes Voix c t u a l i t é p Machaidze lui ravit ainsi la vedette, Léïla épanchée dans la caractérisation et l’émission (et la beauté plastique, vocale mais pas seulement). Nicolas Courjal est un Nourabad profond et saisissant, quand Alexandre Duhamel figure un bon Zurga (lui aussi sans notes de passage). La vivacité du Chœur Opella Nova répond à la direction investie de Giorgio Croci face à un Orchestre de chambre de Paris (nouvelle appellation, comme on sait, de l’ex Ensemble orchestral) franc du collier (de perles) et particulièrement concerné. Une revanche pour le chef-d’œuvre de Bizet ! après les représentations empêtrées de la saison dernière à l’Opéra-Comique. Au Théâtre des Champs-Élysées, c’est l’Opéra de quat’sous, autre chef-d’œuvre, qui est pareillement délivré en version de concert. On gagne ainsi à se concentrer sur la musique, magnifiquement servie par le London Philharmonic Orchestra et son chœur, un plateau vocal de choix et la direction de Vladimir Jurowski. Vétérans du chant et gosiers dits de variété suffisent à dégager toute la saveur crissante d’airs et touches de cabaret sulfureuses qui ont fait la renommée méritée de Kurt Weill, avec Mark Padmore, Felicity Palmer et Meow Meow (chanteuse punk !). Une mention pour la jeune Gabriela Istoc, soprano promise au meilleur avenir. Les dialogues parlés originaux ont disparu, ce qui se justifie ici, remplacés par un texte de liaison assez plan-plan (“ Et voici la Théâtre Antoine Une heure de tranquillité On se souvient que Fabrice Luchini interprétait un des trois rôles de la célèbre pièce de Yasmina Reza Art *. Il incarnait Serge, un dermatologue qui venait d’acquérir pour une somme scandaleuse un tableau monochrome blanc. Il entrait sur scène avec un regard gourmand et une folle envie de partager cette œuvre avec ses amis… Lorsqu’il surgit sur la scène du Théâtre Antoine, presque trente ans plus tard, le volubile sexagénaire n’aspire qu’à une seule et unique chose : une heure de tranquillité ! Il vient en effet d’acquérir LE disque de jazz qu’il convoitait depuis toujours. Foin de partage entre amis. Il donnerait tout pour disposer d’une heure de paix royale en tête à tête avec ce divin morceau de vinyle ! Son épouse dépressive (la délicieuse Christiane Millet) choisit justement ce moment a c t u Vladimir Jurowski dirige le London Philharmonic Orchestra © Richard Cannon chanson… ”) bien dit, en allemand, par un narrateur sonorisé. Petite gêne… Hippolyte et Sibelius On ne connaissait jusqu’ici que la version originale, de 1733, d’Hippolyte et Aricie. Le dernier Festival de Beaune a ressorti la version tardivement remaniée, en 1757, qui serait presque ainsi l’ultime opéra de Rameau avec les Boréades. Cette version est reprise, toujours de pour faire le point sur leur couple. Son fils gothique, sa maîtresse abandonnée, son plombier presque polonais … et son voisin « preskovitchien » se relaient efficacement pour empêcher Fabrice d’écouter cette divine musique. Mais Fabrice se défend : il ment, il esquive et manipule son petit monde. Gagnera-t-il ce moment de quiétude ? Florian Zeller s’est largement inspiré de la mécanique de Feydeau pour écrire cette comédie efficace qui offre au spectateur une heure et demi de pure détente … et parvient presque à lui faire oublier qu’il est très mal assis ! La pièce repose presque entièrement sur un Fabrice Luchini en pleine forme, visiblement très heureux de retrouver les planches pour un spectacle où on ne l’attendait pas, après Céline, a l i t a r i s concert, à l’Opéra royal de Versailles, dans un climat d’attente exacerbé comme on l’imagine (avec toute la presse spécialisée réunie). D’où aussi la déconvenue. Le vent dramatique et musical que l’on aurait espéré n’a pas soufflé. Et les modifications, assez importantes au dernier acte, paraissent sans grand effet. La faute certainement à la restitution musicale. L’ensemble Pygmalion, orchestre et chœur, sous la direction de son jeune mentor, Raphaël Pichon, que l’on avait déjà pourtant apprécié (à Beaune pour la seconde version de Dardanus, retrouvée elle aussi), déçoit : couleurs ternes, manque de dynamique sonore, constant mezzo-forte un peu scolaire. La distribution vocale n’est guère mieux lotie, dont s’extirpent un Edwin Crossley-Mercer de voix pleine, une Sabine Devieilhe bien lancée et un Francisco Fernández Rueda de style. Une frustration. Le premier Sibelius, ou plutôt sa Première Symphonie, s’affirme, lui, conquérant au Théâtre des Champs-Élysées. La gloire en revient à un Orchestre national de France à l’ordonnance militaire et guerrière, et son chef de bataille, Vassily Sinaisky, Napoléon venu de l’Est. Sous l’archet de Julian Rachlin, le Concerto pour violon de Mendelssohn reluit. Une gratification. Pierre-René Serna «Une heure de tranquillité» © Bernard Richebe La Fontaine, Baudelaire, Flaubert … Zeller. Cherchez l’erreur ! Une soirée réussie ! Philippe Baltzer * Art de Yasmina Reza est disponible gratuitement sur www.dailymotion.com é 83 p a r i s comédie française Phèdre L’idée de reprogrammer la grande tragédie de Jean Racine à la Comédie Française, après vingt ans d’absence, n’était pas pour déplaire. Celle d’en confier la mise en scène à un metteur en scène grec, Michael Marmarinos, familier de la tragédie antique pour l’avoir souvent montée dans des lieux hautement symboliques comme Epidaure, avait de quoi séduire. Situer l’action dans l’intérieur d’une grande et élégante maison grecque avec des portes-fenêtres s’ouvrant sur une belle terrasse dominant la mer dont les couleurs changent au gré de la lumière et dont on a même pris soin de visualiser au lointain, grâce à des effets vidéos, les vagues, en somme un décor méditerranéen, a de quoi faire rêver le spectateur. 84 Si ce n’est que ce qui se passe devant nos yeux, ou plutôt ce que raconte la relecture du metteur en scène, n’a rien à faire avec la tragédie de Jean Racine, un univers oppressant soumis à des dieux inflexibles et qui, dans un tsunami sanglant, emporte tous les personnages. On a beau le tourner comme on veut et faire preuve d’indulgence pour un travail scénographique somme toute bien conçu, l’histoire de Phèdre devient un drame bourgeois, que le metteur en scène transpose dans notre siècle, avec des hommes et des femmes habillés dans des tenues beiges aux lignes très épurées, dans un style Armani. «Phedre» © Brigitte Enguérand Une autre histoire L’histoire de la fille de Minos et de Pasiphaé, qui lutte en vain contre la passion qu’elle éprouve pour Hippolyte, le fils du roi Thésée, son époux, devient une autre histoire. Celle d’une femme mariée qui s’éprend de son beau-fils et qui ne pourra parler de sa passion que lorsqu’elle apprend la mort de son mari. Fausse mauvaise nouvelle, puisque son mari revient, elle fait alors porter à son beau-fils la responsabilité de ses fautes mais ne supportant plus sa culpabilité, se tue en s’empoisonnant. Comme le souligne Michael Marmarinos, Phèdre est une tragédie des mots mais la tragédie a besoin de réalité, ce qu’il traduit sur scène a par la présence d’objets, une table et une chaise, un lit, une radio mais aussi par des gestes quotidiens : Hyppolite croque un morceau dans une pomme qu’il balance ensuite dans les décors ; Panope annonce la disparition de Thésée, en mangeant un yaourt ; Thésée jette un verre d’eau à la figure de son fils Hippolyte ; une radio sur la table est allumée tout au long de la soirée et un micro dressé au milieu du plateau sert aux personnages à donner une résonance particulière à certaines phrases comme c’est aussi le cas du récit de Tiramène amplifié par le micro. Dès les premières paroles de Phèdre, n’osant prononcer le nom d’Hippolyte, elle c t u a prend place sur la chaise à côté de la table. Sa plainte, couverte par une musique languissante, lui donne une allure de femme dépressive. D’une manière générale, la musique, bien que subtilement composée par Dimitris Kamarotos, est trop envahissante et ne s’efface qu’à de rares moments, où la tragédie des mots ne supporte plus que le silence. Distribution Dans le rôle de Phèdre, une grande actrice, Elsa Lepoivre, qui sait tirer tous les registres de la passion à la folie en passant par la colère, et pourtant, peine à trouver la dimension tragique de son personnage. Même constat chez le jeune pensionnaire Pierre Niney, que le cinéma (Comme des frères, Ving ans d’écart et une future interprétation d’Yves SaintLaurent) ainsi que le théâtre (une performance remarquée dans Le Chapeau de paille d’Italie dans cette même maison) ont propulsé au rang de star. Il joue Hippolyte, avec beaucoup de fougue et de sobriété. Même s’il dit « aborder tous ses rôles de la même façon, avec son instinct et sa personnalité », son interprétation ne convainc pas entièrement. Son profil d’adolescent sans substance et sa voix monocorde ne servent en fin de compte qu’à banaliser la tragédie. Aricie, princesse de sang royal d’Athènes, amoureuse d’Hippolyte est jouée par Jennifer Decker en jeune fille de bonne famille. Plus justes dans leur jeu, Samuel Labarthe (Thésée) et Eric Génovèse (Téramène) font sentir les tensions au cœur de la tragédie. Moderniser une tragédie ne veut pas dire l’affadir et en faire un drame bourgeois. C’est toute la difficulté pour les metteurs en scène aujourd’hui de trouver le ton juste et de ne pas diluer la tragédie. Régine Kopp Phèdre de Racine - m.e.s. Michael Marmarinos - jusqu’au 26 juin l i t é p a r i s théâtre national de chaillot théâtre du châtelet Pléiades Jiuta Le Théâtre national de Chaillot accueille actuellement en résidence la compagnie L’Abrupt dirigée par Alban Richard. Musicien venu à la danse, ce dernier a travaillé, entre autres, avec Karine Saporta au Centre chorégraphique national de Caen, Odile Duboc et Olga de Soto avant de fonder sa compagnie en 2000. Présentée au festival Montpellier danse en 2011, sa dernière œuvre, Pléiades, était à l’affiche du théâtre de Chaillot du 13 au 15 février. Le comédien et danseur de kabuki Tamasaburo Bando était à l’affiche du Chatelet pour deux programmes, Jiuta, les 5, 6 et 7 février et La Pavillon aux pivoines, du 10 au 16 février. C’était l’occasion de découvrir cet artiste, Trésor national vivant au Japon, dont la spécialité est l’Onagata, l’art pour un homme d’incarner une femme.. et les danseurs se partagent l’espace scénique. Les danseurs composent des lignes et des cercles qui se forment et se déforment. Les pas s’enchaînent avec précision et rapidité, sur une combinaison qui se répète tout au long du mouvement. Ce principe et la chorégraphie rappellent le style de Lucinda Childs. La musique, la scénographie et la chorégraphie réussissent à créer un monde minéral qui fait tout de suite penser au ciel de notre imaginaire. Vêtus de sobres costumes noirs ornés de jais, les danseurs font penser à des étoiles qui s’attirent et se repoussent selon les mystérieuses lois de la physique. Les sons comme les gestes sont secs, bruts et pourtant cette œuvre est incroyablement poétique. Le Jiuta-Mai est une forme d’expression artistique qui s’est développée au Japon au XVIe s. et qui associe la danse, le chant et la musique, jouée à l’origine au shamisen, instrument à cordes proche du luth. Le programme présente trois exemples de cet art, La Neige, Dame Aoi et Le Promontoire de la cloche du temple, trois solos d’une quinzaine de minutes en moyenne qui parlent d’amour, de désespoir et de mort. Tamasaburo Bando est, tout à tour, une courtisane délaissée, une princesse jalouse et le fantôme d’une meurtrière. Les trois pièces ne sont pas narratives, elles donnent à voir les états d’âmes de trois femmes. Emprisonnée dans un carcan aussi bien de conventions que de textiles, la femme japonaise des temps jadis n’est pas démonstrative. Pourtant, elle connaît aussi la passion et la mélancolie, la folie et solitude. Comment les exprimer ? Le spectacle n’est pas facile d’accès pour un familier de l’art occidental et du réalisme. Il faut se laisser emmener par les mouvements lents des mains et du corps ou une inclinaison du visage fardé et impassible de l’artiste. Le talent opère. Tamasaburo Bando réussit à communiquer les pensées de ses héroïnes en marchant, se retournant ou bien ouvrant une ombrelle… Comment tra«Jiuta» © Marie-Noelle Robert duit-il le caractère féminin ? Dans la retenue et le raffinement, loin de toute affectation ou excès. Jiuta est une belle occasion de découvrir la danse traditionnelle japonaise par l’un de ses plus fameux interprètes. Stéphanie Nègre Stéphanie Nègre Pléiades est une œuvre de Iannis Xenakis créée en 1979 pour les Percussions de Strasbourg et le Ballet du Rhin. Alban Richard s’approprie l’œuvre musicale, interprétée à nouveau par les Percussions de Strasbourg, pour créer sa version pour six danseurs. Durant les cinq mouvements “Mélanges“, “Silences“, “Claviers“, “Métaux“ et “Peaux“, les musiciens «Pléiades» © A. Poupeney La danse en avril En avril, le Théâtre national de Chaillot organise son festival “Sur les frontières“ consacré aux expressions artistiques du bassin méditerranéen. Le programme est varié. On retiendra, du 18 au 20, El Djoudour d’Abou Lagraa par sa compagnie La Baraka, du 19 au 21, Land Research d’Arkadi Zaides et, du 24 au 28, la venue de la Batsheva dance company avec deux ballets d’Ohad Naharin, Sadeh21 et Deca Dance. Le Théâtre de la Ville accueille la compagnie Emanuel Gat Dance avec Brilliant Corners, du 2 au 4 avril, et le centre chorégraphique de Montpellier avec Twin Paradox de Mathilde Monnier, du 9 au 13 avril. a c t u a l L’Opéra de Massy présente le 12 avril Monsieur de Pourceaugnac, comédie-ballet de Molière et Lully avec une chorégraphie de Marie-Geneviève Massé et, le 6 avril, Orphée et Eurydice de Frédéric Flamand par le Ballet national de Marseille (voir le numéro 245 de Scènes magazine). La 3ème symphonie de Gustav Mahler de John Neumeier sera reprise à l’Opéra de Paris du 9 avril jusqu’à début mai. Stéphanie Nègre i t é 85 p a r i s chronique des concerts Le Printemps s'annonce Paris a le secret. Ce soir-là sont réunis dans l'amphithéâtre Bastille la Sérénade Italienne d'Hugo Wolf (1887) ainsi que le Quatrième Quatuor d'Alexander Zemlinsky (1936). Le Quatuor Aron alterne sons moirés et passages véhéments, surtout dans la spectaculaire double fugue finale du Zemlinsky. La soirée permet d'entendre – pour la première fois à Paris ! – le magnifique Notturno (1933) du compositeur 86 Joyce DiDonato Au Théâtre des Champs-Elysées, Joyce DiDonato a décidé de surprendre là où on ne l'attendait pas, en contournant le miroir aux alouettes d'une virtuosité trop marketing pour s'intéresser aux états d'âmes de ces reines baroques en proie aux tourments de l'âme. Il Complesso Barocco et le premier violon Dmitri Sinkovsky sont des partenaires de luxe pour une soirée thématique autour de ces “Drama Queens“ qu'elle saisit dans des extraits de scènes particulièrement expressives. On découvre au passage des œuvres oubliées comme cette Merope de Giacomelli (Sposa son disprezzata), magnifiée par un vibrato creusant le tourment intérieur jusque dans le registre grave ou bien la Berenice d'Orlandini qui enflamme l'auditoire dans Da torbida procella. Les mieux connues lamento d'Ottavia du Couronnement de Poppée de Monteverdi ou Piangerò la sorte mia de Cléopâtre dans Giulio Cesare in Egitto de Haendel sont de purs moments de bonheur dans lesquels la mezzo américaine déploie toute l'étendue de ses considérables moyens. Tout autre couleur vocale, celle du jeune baryton Adrian Eröd dans un de ces très beau programmes “Convergence“ dont l'Opéra de a concerto pour piano de Beethoven très retenu et tout en nuances. La Canadienne Barbara Hannigan offre ensuite le cycle complet des Correspondances d'Henri Dutilleux, d'une tonalité attendrie qui fait oublier la littéralité des ces extraits de poésies ou correspondances privées de Baudelaire, Rainer Maria Rilke, Vincent van Gogh et Alexandre Soljenitsyne. Pour terminer, la Troisième symphonie de Robert Schumann laissait libre cours à l'imagination débordante du chef anglais, bien servi par la plasticité étonnante de sa célèbre phalange. On peut rester circonspect devant certaines options ouvertement spectaculaires et vibrionnantes mais le caractère hoffmannien et la vie qui afflue de toutes parts ne peuvent laisser totalement indifférent. Le concert du lendemain proposait un nouveau triplé concerto-Dutilleux-Schumann à la différence près que Beethoven cédait cette foisci la place à Witold Lutoslawski et son concerto pour violoncelle. Le très virtuose Miklós Perényi ne parvient pas malheureusement à sauver la pièce de son piètre niveau d'écriture et d'inspiration. On préfèrera de loin les dynamiques colorées des Métaboles d'Henri Dutilleux, démonstrations vivantes d'une pensée musicale en actes. La Deuxième symphonie de Schumann convainc davantage que la Troisième entendue la veille. Même avec un effectif “dégraissé“, la structure sonore acquiert un impressionnant mouvement organique. David Verdier Adrian Eröd suisse Othmar Schoeck. Les neuf poèmes de Nikolaus Lenau (et le texte final de Gottfried Keller) servent d'architecture expressionniste à des scènes vocales enchâssées dans une écriture pour cordes marquée par la noirceur chromatique du premier Schoenberg. Adrian Eröd est l'interprète idéal de ce cycle fait d'amalgames subtils de forces contraires. L'Orchestre philharmonique de Berlin s'invite pour deux soirs Salle Pleyel dans le cadre des commémorations du Traité FrancoAllemand. Sous la direction de Simon Rattle, Mitsuko Uchida officie dans un Troisième c t u a Barbara Hannigan © Elmer de Haas l i t é p Sélection musicale d’avril : Un seul ouvrage à l'affiche du Palais Garnier entre le 16 avril et le 6 mai, Hänsel und Gretel de Humperdinck dirigé par Claus Peter Flor dans une mise en scène de Mariane Clément avec Jochen Schmeckenbecher (Peter), Irmgard Vilsmaier (Gertrud), Daniela Sindram (Hänsel), AnneCatherine Gillet (Gretel) et Anja Silja (Die Knusperhexe), l'Orchestre de l'Opéra national de Paris. Curiosité les 16 et 17 avril avec Philippe Jordan au piano, qui interprétera La belle Maguelone de Brahms avec le baryton Roman Trekel et Marthe Keller en récitante (Amphithéâtre de la Bastille). a r i s Le Châtelet présente du 15 au 25 avril Sunday in the park with George de Stephen Sondheim dirigé par David Charles Abell et mis en scène par Lee Blakeley avec (Georges / George) Julian Ovenden,(Dot / Marie), SophieLouise Dann, (Old Lady / Elaine) Rebecca de Pont Davies, (Nurse / Harriet), Jessica Walker, (Jules / Greenberg) Nickolas Grace et (Soldier / Redmond) David Curry. Du côté de la salle Pleyel, Marathon Bach avec les English Baroque Soloists dirigés par Sir John Eliot Gardiner avec le 7 avril la Messe en si mineur. Place au chant le 22 avec un gala Verdi interprété par le ténor mexicain Rolando Villazón accompagné par le Czech National Symphony Orchestra dirigé par Guerassim Voronkov : au programme des airs de Don Carlo, Il Corsaro, Luisa Miller, Oberto et Macbeth. Le 23 retour de Sir John Eliot Gardiner qui dirigera le London Symphony Orchestra et le Monteverdi Choir pour un programme Stravinsky avec Appolon Musagète puis Oedipus Rex qui réunira Charlotte Rampling (récitante), Jennifer Johnston, Stuart Skelton et Gidon Saks. Le TCE propose le 6 avril un concert du ténor Juan Diego Flórez dirigé par Christopher Franklin à la tête de la Deutsche Kammerakademie : au programme des airs d'opéra de Rossini, Donizetti, Boieldieu, Padilla et Lehar, dans le cadre des Grandes Voix. Le 7, place à l'oratorio de Haydn Les Saisons par Philippe Herreweghe, l'Orchestre des Champs-Elysées et le Collegium Vocale Gent, avec en solistes Christina Landshamer, Maximilian Schmitt et Florian Boesch. Du 25 avril au 5 mai, suite et fin du cycle Mozart avec Don Juan Diego Florez © Decca / Josef Gallauer Giovanni dirigé par Jérémie Rhorer et mis en scène par Stéphane Braunschweig et la distribution suivante : Markus Werba (Don Giovanni), Miah Persson (Donna Elvira), Daniel Behle (Don Ottavio), Myrto Papatanasiu ()Donna Anna), Robert Gleadow (Leporello), Serena Malfi (Zerlina), Nahuel Di Pierro (Masetto) et Steven Humes (Le Commandeur), Le Cercle de l’Harmonie et le Chœur du Théâtre des Champs-Elysées. Opéra en concert le 28 avec une exécution du Don Carlo de Giuseppe Verdi interprété par Gianandrea Noseda à la tête du Region de Torino en compagnie de Ramón Vargas (Don Carlo), Barbara Frittoli (Elisabetta), Ludovic Tézier (Posa), Ildar Abdrazakov (Philippe II), Daniela Barcellona (Eboli), Marco Spotti (Le grand inquisiteur), Roberto Tagliavini (Un moine), l'Orchestre et Chœur du Teatro Regio Torino. La Cité de la musique propose le 23 avril un concert Sibelius, Paavo Heininen, Lotta Wennäkoski et Kaija Saariaho avec Emilie Suite, une commande de la Cité de la musique, du Carnegie Hall, de l'Orchestre symphonique de Lucerne et de l'Orchestre symphonique de Strasbourg avec l'Orchestre de chambre Avanti dirigé par Ernest Martinez Izquierdo et la soprano Barbara Hannigan.. Concert exceptionnel le 11 avril à l'Auditorium du musée d'Orsay par la mezzo Jennifer Larmore, accompagnée au piano par Antoine Palloc (Ravel, Debussy, Gounod, Fauré, Nin, Rosssini et Verdi. Le 18 Karine Deshayes et Philippe Cassard donneront un récital où Bizet, Gounod, Delibes, Roussel, Duparc et Rossini se succéderont, puis le 25 place à Janina Baechle (mezzo-soprano), à Marcelo Amaral, piano et au Quatuor Alfama qui joueront Gounod, Verdi, Tosti, Chausson, Respighi et Hahn. Vu et entendu : retour du Ring de L'Opéra Comique propose, du 17 au 19 avril, Günter Krämmer, habilement « retouCendrillon de Pauline Viardot, préparé musicalement ché », sur la scène de la Bastille, avec par Mireille Delunsch et mis en scène par Thierry Thieû une distribution de belle tenue et la triNiang avec Olivier Déjean/Ronan Debois (Baron de omphante direction de Philippe Jordan Jennifer Larmore © Douglas Robertson Pictordu), Eva Ganizate/Sandrine Buendia (Marie, dite (12 et 20 février). Cendrillon), Alix Le Saux (Armelinde fille de Pictordu), Sandrine Buendia/ Cécile Achille (Maguelonne, fille de Pictordu), Magali Arnault Stanczak Ailleurs en France : nouvelle production du Retour d'Ulysse dans sa (La Fée), Patrick Kabongo Mubenga / François Rougier (Le Prince patrie de Monteverdi au Château de Versailles, les 12 et 13 avril, par Jérôme Charmant), Safir Behloul (Comte Barigoule), Chanteurs de l'Académie en Corréas et Christophe Rauck. François Lesueur alternance et Marie Bunel, récitante. a c t u a l i t é 87 t h é â t r e ALAMBIC COMÉDIE (06.32.75.59.36) La Cantatrice chauve de Ionesco m.e.s. Alain Lahaye - jusqu’au 15 juin ATELIER (loc. 01.46.06.49.24) u Oh les beaux jours de Beckett m.e.s. Marc Paquien - avec Catherine Frot - jusqu’au 1er juin BOBIGNY - MC93 (01.41.60.72.72) u Les Apaches - spectacle de Macha Makeïeff - du 12 au 21 avril COLLINE (rés. 01.44.62.52.52) u Sollness le constructeur de Ibsen m.e.s. Alain Françon - jusqu’au 25 avril u Yukonstyle de Sarah Berthiaume m.e.s. Célie Pauthe - jusqu’au 27 avril. COMÉDIE DES CHAMPS ELYSÉES (01.53.23.99.19) u La folle de Chaillot de Jean Giraudoux - m.e.s. Didier Long - jusqu’au 30 juin COMÉDIE FRANÇAISE SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15) u L’Avare de Molière - m.e.s. Catherine Hiegel - jusqu’au 13 avril u Les Trois Sœurs de Tchekhov m.e.s. Alain Françon - du 18 avril au 20 mai u Troïlus et Cressida de Shakespeare m.e.s. Jean-Yves Ruf - jusqu’au 5 mai. u Phèdre de Racine - m.e.s. Michael Marmarinos - jusqu’au 26 juin u 88 u Un fil à la patte de Georges Feydeau - m.e.s. Jérôme Deschamps - jusqu’au 9 juin u L’Ecole des femmes de Molière m.e.s. Jacques Lassalle - jusqu’au 22 juillet VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00) u La Tête des autres de Marcel Aymé - m.e.s. Lilo Baur - jusqu’au 17 avril. STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98) u Existence d’Edward Bond - m.e.s. Christian Benedetti - jusqu’au 28 avril u Lampedusa Beach de Lina Prosa m.e.s. Christian Benedetti - du 4 au 28 avril COMÉDIE SAINT-MICHEL (loc. 01.55.42.92.97) u Autopsie des contes de fées de Christophe Delessart - m.e.s. Cyril Jarousseau - jusqu’au 1er juin EDOUARD VII (01.47.42.59.92) u Comme s’il en pleuvait de Sébastien Thiéry - m.e.s. Bernard Murat - avec Pierre Arditi et Evelyne Buyle - jusqu’au 4 mai GUICHET MONTPARNASSE (01.43.27.88.61) u L’Aigle à deux Têtes de Jean Cocteau - m.e.s. Caroline Rainette jusqu’au 11 mai HEBERTOT (01.43.87.23.23) Le père de Florian Zeller - m.e.s. Ladislas Chollat - avec Robert Hirsch - jusqu’au 27 avril. LE MONFORT (www.lemonfort.fr) u Woyzeck [Je n’arrive pas a pleurer] de Georg Büchner / Jean-Pierre Baro - jusqu’au 6 avril. MARIGNY-POPESCO (01.53.96.70.20) u Le Bonheur de Eric Assous - m.e.s. Jean-Luc Moreau - du 3 au 28 avril MÉLO D’AMÉLIE (01.40.26.11.11) u Le bal des crapules de Luc Chaumar - m.e.s. Corine Boijols - jusqu’au 28 avril NOUVEAUTÉS (01.47.70.52.76) u Cher trésor de et m.e.s. Francis Veber - avec Gérard Jugnot - jusqu’au 25 mai ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40) u Le Prix Martin de Labiche - m.e.s. Peter Stein - jusqu’au 5 mai AUX ATELIERS BERTHIER : u Jeux de cartes 1 : Pique de Ex Machine - m.e.s. Robert Lepage jusqu’au 14 avril. u Fragmente de Lars Norén - m.e.s. Sofia Jupither - du 23 au 27 avril (en suédois surtitré) PÉPINIÈRE THÉÂTRE (01.42.61.44.16) u Instants critiques de François Morel, Olivier Broche - m.e.s. u Théâtre Nouveautés Cher trésor François Pignon est de retour ! ... sous les traits de Gérard Jugnot... Après «L'emmerdeur» et «Le dîner de Cons», découvrez la nouvelle création de Francis Veber ! Cette fois, le héros de Francis Veber apparaît sous les traits d’un chômeur de longue date, sans un sous en poche et délaissé par ses proches... Une histoire dramatique direz-vous ? Eh bien non car François Pignon a décidé de ne pas se laisser abattre et de trouver LA solution qui mettra un terme à ses problèmes. Son idée lumineuse, la voici : simuler un contrôle fiscal ! Quoi de mieux pour donner l’impression qu’il dissimule quelque chose et par la même occasion devenir quelqu’un d’important... «Comment Pignon parviendra t-il à entraîner un contrôleur fiscal dans son jeu et quels avantages tirera-t-il de sa fraude imaginaire ? Vous le découvrirez dans cette comédie ! Car, en fin de compte, ce n’est pas le fait d’être riche qui compte, mais le fait que les autres vous croient riche...» . jusqu’au 25 mai Réservations au 01.47.70.52.76 ou sur http://www.theatredesnouveautes.fr/ «Cher Trésor» © Bernard Richebé a c t u a l François Morel - du 2 au 14 avril PETIT-MONTPARNASSE (01.43.22.83.04) u Riviera d’Emmanuelle RobertEspalieu - m.e.s. Gérard Gélas - jusqu’au 12 mai PETIT-SAINT-MARTIN (01.43.22.83.04) u Ita L. Née Goldfeld d’Eric Zanettacci - m.e.s. Julie Lopes Curval et Hélène Vincent - jusqu’au 14 avril POCHE-MONTPARNASSE (theatredepoche-montparnasse.com) u Le mal court de Jacques Audiberti - m.e.s. Stéphanie Tesson - jusqu’au 21 avril u Inventaires de Philippe Minyana m.e.s. Robert Cantarella - jusqu’au 30 avril RANELAGH (loc. 01.42.88.64.44) u Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste de Stephen Temperley - m.e.s. Agnès Boury - jusqu’au 3 mai. ROND-POINT (01.44.95.98.21) u Cri et Ga cherchent la paix de Philippe Minyana - m.e.s. Frédéric Maragnani - jusqu’au 28 avril u Sainte dans l'incendie - texte et m.e.s. Laurent Fréchuret - jusqu’au 28 avril u J'avais un beau ballon rouge de Angela Dematté - adapt. et m.e.s. Michel Didym - jusqu’au 28 avril. u La maison d’os de Roland Dubillard - m.e.s. Anne-Laure Liégeois - jusqu’au 11 mai THÉÂTRE DOUZE (www.theatredouze.fr) u L’arrache-cœur de Boris Vian avec acteurs et marionnettes - jusqu’au 21 avril THÉÂTRE DE L’ÉTOILE DU NORD (www.etoiledunord-theatre.com) u Odyssées de Gustave Akakpo m.e.s. Michel Burstin - jusqu’au 20 avril THÉÂTRE MICHEL (01.42.65.35.02) u Un pavé dans la cour de et m.e.s. Didier Caron - jusqu’au 28 avril THÉÂTRE DE LA VILLE AUX ABBESSES (01.42.74.22.77) u Nos amours bêtes de Fabrice Melquiot - chor. et m.e.s. Ambra Senatore - du 6 au 13 avril i t é b e a u x - a r t s Musée d’Orsay L’Ange du bizarre Le musée d’Orsay accueille en ses murs l’exposition «L’Ange du bizarre, le Romantisme noir, de Goya à Max Ernst», organisée en collaboration avec le Städel Museum de Francfort, lieu dans lequel l’exposition a été présentée pour la première fois. Le terme de « romantisme noir » sert à désigner la part d’ombre, d’irrationnel et d’excès que l’on trouve dans la littérature et les arts plastiques à partir des années 17601770, dissimulé sous l’apparent triomphe des lumières de la raison. Réunissant 200 œuvres environ - peintures, dessins, estampes et sculptures - de la fin du XVIIIe siècle jusqu’au début du XXe siècle, ainsi qu’une douzaine de films datant de l’entre-deux-guerres, cette exposition permet de relire et de comprendre les sources littéraires et artistiques de l’univers de la fantaisie noire qui imprègnent aujourd’hui encore films, jeux vidéo et créations musicales. Sur les murs, le visiteur découvrira les créations visionnaires de Goya, Fussli, Blake, Delacroix, Hugo, Friedrich, Bocklin, Moreau, Stuck, Ensor, Mucha, Redon, Dali, Ernst, Bellmer, Klee et de nombreux autres artistes et cinéastes. Lucien Levy-Dhurmer (1865-1953) «Méduse», dit aussi «La Vague furieuse», 1897. Pastel et fusain sur papier, 59 x 40 cm Paris, musée d’Orsay, RF 35502 © RMN (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski De Londres à Paris en passant par Madrid et Dresde, peintres, graveurs et sculpteurs multiplient les solutions plastiques pour plonger leurs spectateurs dans les vertiges du terrible et du grotesque, rivalisant avec les poètes, les dramaturges et les romanciers: Goya et Géricault nous confrontent aux atrocités absurdes des guerres et des superstitions de leur temps, Fussli et Delacroix livrent leur interprétation passionnée des lectures de Dante, Milton, Shakespeare et Goethe en donnant corps aux spectres, sorcières et démons qui peuplent ces récits, tandis que C.D. Friedrich et Carl Blechen projettent le spectateur dans des paysages énigmatiques et funèbres. C’est sur ce terreau européen extrêmement divers et fécond que se développent les ramifications sombres du symbolisme à partir des années 1880. . jusqu’au 9 juin 2013 Atelier Grognard Rueil Malmaison l LES PEINTRES DE PONT-AVEN AUTOUR DE PAUL GAUGUIN – jusqu’au 8 avril Bibliothèque Richelieu l AU CREUX DE LA MAIN, LA MÉDAILLE AUX XIXE ET XXE SIÈCLES – jusqu’au 7 avril Centre Pompidou l JESÚS RAFAEL SOTO (1923-2005) – jusqu’au 20 mai l EILEEN GRAY – jusqu’au 20 mai Cité des Sciences l LÉONARD DE VINCI. Projets, dessins, machines – jusqu’au 18 août Fondation Cartier l RON MUECK – du 16 avril au 29 septembre Grand Palais l DYNAMO, UN SIÈCLE DE LUMIÈRE ET DE MOUVEMENT DANS L’ART 19132013 – du 10 avril au 22 juillet Institut du Monde arabe l LES MILLE ET UNE NUITS – jusqu’au 28 avril Jeu de Paume l LAURE ALBIN GUILLOT (1879-1962) – jusqu’au 12 mai a g l ADRIAN PACI – jusqu’au 12 mai Le Plateau l PAINT IT BLACK – jusqu’au 5 mai Mona Bismarck Center l QUILT ART – jusqu’au 19 mai. Musée des arts décoratifs l FASHIONING FASHION. DEUX SIÈCLES DE MODE EUROPÉENNE 1700-1915 – jusqu’au 14 avril. l TROMPE-L'OEIL – jusqu’au 15 novembre. Musée d’art du judaïsme l LA VALISE MEXICAINE - Capa, Taro, Chim – jusqu’au 30 juin. Musée d’art moderne l LINDER, Femme / Objet – à l’ARC jusqu’au 21 avril Musée Carnavalet l GEORG EMANUEL OPIZ, aquarelles et gravures – jusqu’au 26 juin. Musée Cernuschi l L’ECOLE DE SHANGHAI (1840-1920) – jusqu’au 30 juin Musée Cognacq-Jay l SOUVENIRS DU XVIIIE SIÈCLE. Les nostalgies de Jules Dalou, sculpteur de la IIIe République – du 18 avril au 13 juillet e n Musée Dapper l DESIGN EN AFRIQUE – jusqu’au 14 juillet Musée Guimet l TRÉSORS DE LA CHINE ANCIENNE Bronzes rituels de la collection Meiyintang – jusqu’au 10 juin Musée Jacquemart-André l AUGÈNE BOUDIN AU FIL DE SES VOYAGES – jusqu’au 22 juillet Musée du Louvre l PIERRE-JEAN DAVID, DIT DAVID D’ANGERS, dessins du musée des Beaux-Arts d’Angers – jusqu’au 20 mai l NEW FRONTIER II, l’art américain entre au Louvre – jusqu’au 22 avril. l LE MEXIQUE AU LOUVRE, chefsd’œuvre de la Nouvelle Espagne, 17e et 18e s. – jusqu’au 7 juin l DE L’ALLEMAGNE, 1800-1929 – jusqu’au 24 juin Musée du Luxembourg l MARC CHAGALL, ENTRE GUERRE ET PAIX – jusqu’au 21 juillet Musée Maillol l FRAGILE - MURANO. Chefs-d'œuvre de verre, de la Renaissance au d a XXIe siècle – jusqu’au 28 juillet Musée Marmottan-Monet l MARIE LAURENCIN – jusqu’au 30 juin Musée de l’Orangerie l LES MACCHIAIOLI 1850-1877. DES IMPRESSIONNISTES ITALIENS ? – 10 avril - 22 juillet Musée d’Orsay l FÉLIX THIOLLIER (1842-1914), photographies – jusqu’au 10 mars l L'ANGE DU BIZARRE. LE ROMANTISME NOIR DE FÜSSLI À MAX ERNST – jusqu’au 9 juin l UNE PASSION FRANÇAISE. LA COLLECTION SPENCER ET MARLENE HAYS – jusqu’au 30 juin Petit Palais l JULES DALOU (1838-1902), LE SCULPTEUR DE LA RÉPUBLIQUE – du 18 avril au 13 juillet l LES IMPRESSIONNISTES SLOVÈNES ET LEUR TEMPS (1890-1920) – du 18 avril au 13 juillet l FÉLIX ZIEM "J'AI RÊVÉ LE BEAU". Peintures et aquarelles – jusqu’au 4 août 89 m é m e n t o GENEVE concerts 90 u 11.4. : Concertus Saisonnus. VITTORIO FORTE & INÈS MALEVIOLLES, piano à 4 mains (Schubert, Liszt, Saint-Saëns). Fondation Martin Bodmer, Cologny, à 20h (rens. & rés 076/345.80.76) u 11.4. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRA DELL’ACCADEMIA NAZIONALE DI SANTA CECILIA, dir. Antonio Pappano, MARIE-NICOLE LEMIEUX, alto, Thomas Grossenbacher, violoncelle (Verdi, Chausson, Tchaïkovski, Respighi). Victoria Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11) u 14.4. : CERCLE JEAN-SÉBASTIEN BACH. L’OCG, dir. Natacha Casagrande (Britten, Holst). Victoria Hall à 18h (infos : www.cerclebachgeneve.ch) u 14.4. : LA COULEUR – KLANGFARBENMELODIE II. Solistes de l’Ensemble Contrechamps. PierreStéphane Meugé, saxophone, Tomoko Akasaka, alto, Olivier Marron, violoncelle. Musée d’art et d’histoire à 11h (billetterie ouverte 45 min. avant le concert / ou : www.contrechamps.ch/reserver) u Dimanche 14.4. : Amarcordes. GRANDE JOURNÉE AU CHÂTEAU «MOZART ET SCHUBERT» avec les ENSEMBLES ZEFIRO ET FRATRES. Château de Dardagny 11h - 15h 18h (rés. http://www.amarcordes.ch/) u lundi 15.4. : Pour les droits humains universels. MIGUEL ANGEL ESTRELLA, récital de piano (Chopin, Liszt). Victoria Hall à 20h (loc. Billetterie Ville de Genève) u 17.4. : Festival Mozart / Strauss. OSR, dir. Neeme Järvi, MARTIN KUUSKMANN, basson, BOGDAN ZVORISTEANU, violon (Mozart, Dvorak). BFM, salle Théodore Turrettini, 20h (Tél. 022/807.00.00 / E-mail: [email protected]) u 18.4. : Les Grands Interprètes. PIOTR ANDERSZEWSKI, piano (Bach, Schumann, Beethoven)Victoria Hall à 20h (tél. 022/322.22.40 ou : [email protected]) u 19.4. : Festival Mozart / Strauss. OSR, dir. Neeme Järvi, PATRICIA KOPATCHINSKAJA, violon (Mozart, Dvorak). BFM, salle Théodore Turrettini, 20h (Tél. 022/807.00.00 / E-mail: [email protected]) u 19.4. : Alternatives Classiques. Centenaire du Sacre. JEAN-FRÉDÉRIC NEUBURGER et JULIEN QUENTIN, piano (Stravinski, Rimski-Korsakov, Rachmaninov). Victoria Hall à 20h (loc./rens. 0800 418 418) u 20.4. : Jazz Classics. BRANDFORD MARSALIS & JOEY CALDERAZZO DUO. Victoria Hall à 20h30 (loc. 0900.800.800 / Ticketcorner) u 20.4. : Atelier-Rencontre. LE MONDE DE BEETHOVEN. L’OCG, dir. et présentation David Greilsammer. Studio Ernest-Ansermet à 17h (infos : www.locg.ch / 022/807.17.90) u 21.4. : Festival Mozart / Strauss. ENSEMBLE DE MUSIQUE DE CHAMBRE DE L’OSR (Mozart, Dvorak). BFM, salle Théodore Turrettini, 11h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 21.4. : Concert du dimanche de la ville de Genève. SOL GABETTA, violoncelle. NELSON GOERNER, piano (Beethoven, Rachmaninov, Servais). Victoria Hall à 17h (Location Billetterie Ville de Genève: Espace Ville de Genève, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors, Centrale Billetterie T 0800 418 418) u 23.4. : Concerts de soirée. L’OCG, dir. Arie Van Beek, DAVID GREILSAMMER, piano (Haydn, Thirvaudey, Britten, Haendel, Prokofiev). BFM à 20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] (lun-ven 9h30–12h/14h30–16h) ou www.ticketportal.com) u 28.4. : Intégrale des concertos pour piano de Mozart. MOZART VII, L’OCG, dir. et piano David Greilsammer (Concertos n°11 / k.413, n°14 / k.449, n°4 / k.41, n°12 / k.414). BFM à 17h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] (lun-ven 9h30–12h/14h30–16h) ou www.ticketportal.com) u 29.4. : Les Concerts du Lac. Avec JEAN PIAT, comédien & PASCAL AMOYEL, piano. Correspondance de Franz Liszt et Marie d’Agoult. (Textes : Musset, Hugo, Delacroix, Lamartine, Gautier / Musiques : Chopin, Liszt et Schumann). BFM à 20h (Tél. 078 888 51 25, [email protected], ) u 30.4. : DUSAPIN / XENAKIS. Ensemble Contrechamps, dir. Michael Wendeberg, Nicolas Hodges, piano (Dusapin, Xenakis). Studio Ernest-Ansermet à 20h / 19h15, présentation (billetterie 45 min. avant le concert / ou : www.contrechamps.ch/reserver) théâtre u Jusqu’au 7.4. : LE RADIEUX SÉJOUR DU MONDE de Jon Kalman Stefansson, réalisation Jean-Louis Johannides, création. Le Grütli, Grande salle (sous-sol), mar-jeu-sam à 19h, mer- ven à 20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88) u Jusqu’au 7.4. : CINQ JOURS EN MARS de Toshiki Okada, m.e.s. Yvan Rihs, création. Le Grütli, Petite Salle (2ème étage), à 20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88) u Du 8 au 28.4. : GORGIAS de Platon, m.e.s. José Lillo. Le Poche-Genève, lun-ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mar relâche (rés. 022/310.37.59 lun-ven 9h30 à 12h + 14h à 18h - Loc. SCM) u 9, 10, 11, 12, 13, 14, 16, 17, 18, 19, 20.4. : BUCHETTINO de la Societas Raffaello Sanzio, dès 8 ans. Théâtre Am Stram Gram, mar-jeu-ven à 19h, mer à 15h, sam-dim à 15h et 20h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u Du 9 au 21.4. : TOUT CE QUE VOUS AVEZ VOULU SAVOIR SUR L’IMPRO SANS JAMAIS OSER LE DEMANDER de et par Philippe Cohen et Julien Opoix. Au Casino-Théâtre, mar-ven à 20h, merjeu-sam à 19h, dim à 17h, relâche lun (rés. 022/793.54.45 ou [email protected]) u Du 9 au 28.4. : LA POUDRE AUX YEUX d’Eugène Labiche, m.e.s. David Bauhofer. Théâtre de Carouge, Salle François-Simon, mar-mer-jeu-sam à 1h, ven à 20h, dim à 17h, relâche lun (loc. 022/343.43.43 - [email protected]) u Du 10 au 28.4. : LE CHAT SANS QUEUE AMR – 10 rue des Alpes Moussorgski Madness Pour son dernier concert de la saison 2012-2013, le Fanfareduloup Orchestra renoue avec son travail autour des images. Après «Frankenstein» en 2008, «Contes de la ville quotidienne» en 2009, «Travelling» en 2010 et «Mon livre d’heures» en 2011, cet ensemble nous offre un spectacle “autour“ des «Tableaux d’une exposition» du compositeur russe Modeste Moussorgski. Fanfareduloup Orchestra Lors de cette soirée, de nouveaux tableaux seront créés en direct sur la scène par Pierre Wazem, un dessinateur de bandes dessinées et scénariste bien connu des Genevois, et au piano, Maël Godinat reprend la version de Moussorgski avec quelques improvisation tandis que l’orchestre tisse en écho une version réarrangée pour la formation et ajoutée de compositions inspirées des «Tableaux». . jeudi 11 avril 2013 Billetterie en ligne sur : http://www.fanfareduloup.ch/ a g e n d a m de et m.e.s. Guy Jutard, dès 4 ans. Théâtre des Marionnettes, mer à 15h, sam à 17h, dim à 11h et 17h (rés. [email protected], 022/807.31.07) u du 10 au 28.4. : MA PETITE MONIQUE, de et m.e.s. Xénia Marcuse. One-woman show de Caroline Gasser. Avec Raphaël Tschudi et Pierre Chatagny. Lumière, vidéo et son de Séverine Barde et Masaki Hatsui. Théâtre du Crève-Cœur, Cologny, mer-sam 20h30, dim 17h15, relâche lun-mar (rés. 022/786.86.00) u Du 12.4. au 5.5. : LA DIVERGENCE DES TRAJECTOIRES de et m.e.s, Valentine Sergo, Compagnie Uranus. Théâtre en Cavale à Pitoëff, mer-sam à 19h, jeu-ven à 20h30, dim à 17h, relâche lun-mar (rés. 079/759.94.28 / www.cavale.ch loc. Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) u Du 15 au 28.4. : ASSIS DANS LE COULOIR de Marguerite Duras, m.e.s. Aurélien Patouillard et Emilie Vaudou. Théâtre SaintGervais (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Les 16 et 17.4. : LA VÉRITÉ, de Florian Zeller, avec Patrick Chesnais, Fanny Cottençon et Christiane Millet, m.e.s. Patrice Kerbrat. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. Fnac) u Du 16.4. au 5.5. : VLADIMIR de Matjaz Zupancic, m.e.s. Véronique Ros de la Grange, Création. Théâtre Alchimic, mar-jeu-ven à 20h30; mersam-dim à 19h, relâche lun (rés. 022/301.68.38 / [email protected] - loc. Service culturel Migros) u 23, 24, 27, 28.4. : L’APRÈS-MIDI D’UN FOEHN de Phia Ménard, Nouveau cirque, dès 4 ans. Théâtre Am Stram Gram, mar à 19h, mer-sam à 15h et 19h, dim à 10h et 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u Du 23 au 28.4. : Le Off. ET LA GRÈCE ? Théâtre Saint-Gervais (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Du 23 au 28.4. : DITES-MOI QUI JE SUIS (QUE JE ME PERDE) de et m.e.s. Vincent Brayer. Théâtre de l’Usine à 19h, jeu-ven à 20h30 (rés. 022/328.08.18 ou www.darksite.ch/) u Du 23.4. au 8.5. : LES MAINS SALES de Jean-Paul Sartre, m.e.s. Philippe Sireuil. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h (Billetterie : 022/350.50.01 / [email protected]) a g é m e Temple de Lutry Emmanuel Pahud L’Orchestre de Chambre Franz Liszt de Budapest sera l’invité des Concerts J.S. Bach de Lutry, le 14 avril prochain. Il sera placé sous la direction de Jànos Rolla. n t o u 14.4. : HENRI DÈS. Théâtre du Léman à 17h00 (loc. Service culturel Migros Genève, 022/319.61.11) u 15.4. : LE QUATUOR. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. Service culturel Migros Genève, 022/319.61.11) u Les 18 et 19.4. : JULIEN CLERC. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. Fnac) LAUSANNE concerts Emmanuel Pahud Le programme comprend des œuvres de Bach, Vivaldi, Mercadante, Purcell et Mozart, et le soliste de la soirée sera le flûtiste de renommée internationale Emmanuel Pahud. . le 14 avril 2013 à 17h Location/Renseignements: 021 791 47 65, Point I, Quai G. Doret, Lutry u Du 23.4. au 12.5. : LÉGENDES DE LA VIENNOISE de Ödön von Horváth, m.e.s. Frédéric Polier, création. Le Grütli, Grande salle (soussol), mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88) u 30.4. : Les Théâtrales. UN STYLO DANS LA TÊTE de Jean Dell, m.e.s. Jean-Luc Moreau. Avec Francis Perrin. BFM à 20h30 (rés. 022/364.30.30 - ou www.lestheatrales.ch ou www.fnac.ch) u 30.4. et du 1er au 5.5. : DE MÉMOIRE D’ESTOMAC d’Antoinette Rychner, m.e.s. Robert Sandoz, dès 10 ans. Théâtre Am Stram Gram, à 19h, sam-dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) FORÊT danse u Jusqu’au 3.3. : MASH UP de Maud Liardon, création. ADC, Salle des Eaux-Vives, à 20h30, relâche lun-mar (loc. Service culturel Migros, Stand Info Balexert / rés. 022/320.06.06, www.adc-geneve.ch) u Du 9 au 14.4. : PLAY de LouisClément da Costa, Jou Oguru et POL, pièce pour deux danseurs et un musicien. Théâtre de l’Usine à 19h, jeu-ven à 20h30 (rés. e n 022/328.08.18 ou www.darksite.ch/) u 13.4. : CELTIC LEGENDS, danse traditionnelle. Théâtre du Léman à 15h00 et 20h30 (loc. Fnac) u Du 17 au 27.4. : LAISSEZ-MOI DANSER de Marthe Krummenacher, Tamara Bacci et Perrine Valli, création. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30, sam à 19h, relâche dim-lunmar (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) opéra u 20, 23, 26, 29.4., 2, 5.5. : MADAME BUTTERFLY de Puccini. OSR, dir. Alexander Joel, m.e.s. Michael Grandage. Grand Théâtre de Genève à 19h30, le 5 à 15h (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) u 29.4. : Les Grandes Voix. ROLANDO VILLAZON, ténor. Czech National Symphony Orchestra, dir. Guerassim Voronkov (Verdi). Victoria Hall à 20h (rés. Fnac) divers u Du 6 au 7.4. : LECTURES MULTI FORMartine Corbat. Le Galpon (Rens. 022/321.21.76 - [email protected]) MATS. d a u 3.4. : GROUPE VOCAL RADOST DE SLOVÉNIE, dir. Damjana Vončina (Musiques sacrées et classiques). Ancienne Abbaye de Montheron à 20h (entrée libre, collecte) u 14.4. : ORCHESTRE DE CHAMBRE FRANZ LISZT DE BUDAPEST, dir. Jànos Rolla. EMMANUEL PAHUD, flûte (Bach, Vivaldi, Purcell, Mercadante). Temple de Lutry à 17h (loc./rens. 021 791 47 65, Point I, Quai G. Doret) u 14.4. : QUATUOR JEAN-LUC VOLKMAR ANDREAE SPERISSEN - GULIA STULLER, violoncelle (Volkmar Andreae, Mozart). Eglise protestante de St-Prex à 17h (loc./rens. 021.806.50.26 / 021.801.32.33) u 15.4. : FRANÇOISE-GREEN PIANO DUO et SERGE VUILLE, percussion (Ammann, Hauser et Stockhausen). Grotte 2 à 19h (loc./rens. 021/329.02.82) u 16.4. : CHŒUR PRO ARTE DE LAUSANNE (Berlioz, La Damnation de Faust). Salle Métropole à 20h (loc./rens. 021/320.10.01) u 18.4. : OSR, dir. Neeme Järvi, MARTIN KUUSKMANN, basson, BOGDAN ZVORISTEANU, violon (Dvorak, Mozart). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / E-mail: [email protected] ou chez Passion Musique) u 22 et 23.4. : O.C.L., dir. Kirill Karabits, FRANÇOIS SOCHARD, violon, NELSON GOERNER, piano (Haydn, Berg, Schubert). Métropole à 20h (Billetterie de l’OCL, 021/345.00.25) u 23.4. : Les Entractes du mardi. ALEXANDER GRYTSAYENKO & DELIA BUGARIN, violon. ELI KARANFILOVA, alto. EMMANUELLE GOFFART, violoncelle. RUSIKO ALAVIDZE, piano (Chostakovitch). Salle Métropole à 12h30 (Billetterie de l’OCL, 021/345.00.25) théâtre u Du 9 au 14.4. : PAS DE PORTE, par le Collectif Comédie Drôle, création. L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve 20h30 / di 18h ([email protected] / 021/625.11.36) 91 m 92 é m u Du 16 au 28.4. : MON TRAITRE d’apres «Mon traitre» et «Retour a Killybegs» de Sorj Chalandon, m.e.s. et production Emmanuel Meirieu. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30, dim à 17h30 (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) u Du 16.4. au 5.5. : LA FORCE DE TUER de Lars Noren, m.e.s. Philippe Luscher. Vidy-Lausanne, salle de répétition, mar-sam à 19h30, dim à 18h30 (loc. 021/619.45.45) u Du 16.4. au 8.5. : LE HAUT-DEFORME de Eduardo De Filippo. M.e.s. Philippe Mentha. Théâtre Kléber-Méleau, ma/me/je 19h, ve / sa 20h30, di 17h30 (rés. 021/625.84.29) u Du 17 au 28.4. : FONTAINE, JE BOIRAIS DE TON EAU d’après Jean de la Fontaine, chor. Corinne Rochet et Nicholas Pettit. Le petit théâtre, mer-dim à 17h, ven à 19h, sam à 14h et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch/) u Du 17.4 au 3.5. : DENOMME GOSPODIN de Philipp Lohle, m.e.s. Benoit Lambert. Vidy-Lausanne, La Passerelle, mar-sam à 20h, dim à 18h, relâche lun (loc. 021/619.45.45) u Du 17.4. au 5.5. : LES ORANGES, conte contemporain d’Aziz Chouaki, dir. Laurent Hatat, sur une idee d’Azeddine Benamara. Chapiteau Vidy-L, mar-jeu-sam à 20h30, ven à 19h, dim à 17h (loc. 021/619.45.45) u Du 18 au 28.4. : LE BAISER ET LA MORSURE (OPUS 2), conception et m.e.s. Guillaume Béguin, création. L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve 20h30 / di 18h ([email protected] / 021/625.11.36) u 25, 28, 30.4., 5, 7.5. : NATHAN LE SAGE, de Gotthold Ephraim Lessing, m.e.s. Jean Chollet. Espace culturel des Terreaux,mar- jeu à 19h / dim à 17h (loc. http://www.terreaux.org/) opéra u Jeudi 11.4. : Conférence Forum Opéra. L’AIGLON. Conférencier: Jacques Tchamkerten. Salon Bailly de l’Opéra de Lausanne à 18h45 (billets en vente à l'entrée de la conférence) u 21 à 17h, 24 à 19h, 26 à 20h, et 28.4. à 15h : L’AIGLON de Jacques Ibert et Arthur Honegger, dir. JeanYves Ossonce, Orchestre de Chambre de Lausanne, m.e.s. Renée Auphan. Opéra de Lausanne (billetterie : Fnac ou au tél. 021/315.40.20 ou en ligne) u mardi 23.4. : Midi-récitals Artistes de «L’Aiglon». MARC e n t o BARRARD - FRANCO POMPONI - CARINE SÉCHAYE. Salle de l'Opéra de Lausanne à 12h15 (billets sur place). La Chaux-de-Fonds Sharon Kam divers La Société de Musique de La Chaux-deFonds accueille, le 30 avril prochain à la Salle de Musique, la Camerata Salzbourg en compagnie de la clarinettiste Sharon Kam. u Du 12 au 27.4. : FESTIVAL DES CULTURES UNIL-EPFL. La Grange de Dorigny (rens. www.fecule.ch) AILLEURS annecy BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) u Du 3 au 5.4. : HANS WAS HEIRI BLANC BONNET ET BONNET BLANC de et m.e.s. Zimmermann et de Perrot u 10.4. : L’ENFANT DE LA HAUTE MER par Aurélie Morin u Du 10 au 13.4. : CYRANO DE BERGERAC d’Edmond Rostand, m.e.s. Dominique Pitoiset u 16 et 17.4. : LES APPARENTS de Nadine Alari, m.e.s. Franck Berthier u 16 et 17.4. : VORTEX, chor. Phia Ménard Sharon Kam . le 30 avril 2013 à 20h15 Billetterie : 032/967.60.50 - La Chaux-de-Fonds ou 032/717.79.07 - théâtre du Passage, Neuchâtel annemasse fribourg RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) u 2.4. : FOTÉ FORÉ de Luc Richard, Cirque Mandingue u 3 et 10.4. : ORIPEAUX de Charlotte Pareja, Atelier Bonnetaille u 4 et 5.4. : IN LOVE WITH FEDERER de et m.e.s. Denis Maillefer u 9.4. : BASICS, chor. Yuval Pick, Centre chorégraphique National de Rillieux-la-Pape u 10.4. : AU FIL DU TEMPS, Geneva Cello 4tet u 13.4. : KATIA GUERREIRO, Fado u 17.4. : LA BARBE BLEUE d’après Charles Perrault, m.e.s. Jean-Michel Rabeux divonne u 8.4. : PATRICE FONTANAROSA : violoniste. RICHARD GALLIANO, accordéoniste / bandonéoniste. BERNARD SOUSTROT, trompettiste. GILLES GREGGIO, violoniste. L'Esplanade du Lac à 20h30 (loc./ rens./rés. au 04.50.99.00.75, [email protected] a g Au programme : la Symphonie n°6 en fa majeur, KV43 et le Concerto pour clarinette en la majeur, KV 622 de Aolfgang Amadeus Mozart, la Fantaisie concertante sur un thème de Corelli de Sir Michael Tippett, et la Symphonie n°85 (Hob I:85) «La Reine» de Joseph Haydn. THÉÂTRE EQUILIBRE Salle Equilibre à 20h, sauf mention contraire (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) u Du 18 au 20.4. : MARIE-THÉRÈSE PORCHET 20 ANS ET TOUTES SES DENTS ! de Pierre Naftule et Joseph Gorgoni, m.e.s. Pierre Naftule u 23.4. : SWAN de Luc Petton, chor. Luc Petton et Marilén IglesiasBreuker u 26.4. à 19h30 : MUSIKKOLLEGIUM WINTERTHUR. TEO GHEORGHIU, piano (J.Ch. Bach, JS Bach, Mozart). u 29.4. : LA VÉRITÉ de Florian Zeller, m.e.s. Patrice Kerbrat la chaux-fds ARC EN SCÈNES. CENTRE NEUCHÂTELOIS DES ARTS VIVANTS sauf mention contraire (loc. 032/967.60.50) u 18.4. : WEST SIDE STORY de Leonard Bernstein et Stephen Sondheim, m.e.s. Jean Lacornerie u 20.4., AES-TPR : DE MÉMOIRE D’ESTOMAC d’Antoinette Rychner, Création u 24 et 25.4., AES-TPR : QUE FAIRE ? (LE RETOUR) de et m.e.s. Benoît Lambert et Jean-Charles Massera e n SOCIÉTÉ DE MUSIQUE (Billetterie 032/967.60.50 ou 032/717.79.07 / www.musiquecdf.ch) u 17.4. : MANON PIERREHUMBERT, harpe. RAPHAËL FAVRE, ténor (Britten, Schubert, Schumann). Temple Farel à 20h15 (rés. Billetnet) u mardi 23.4. a 20h15 : LA CLARINETTE DANS L’ŒUVRE DE MOZART. Rencontre avec Pascal Moragues, en preambule aux concerts des 25 et 30 avril. Club 44 u 25.4. : QUATUOR SINE NOMINE & PASCAL MORAGUES, clarinette (Mozart, Brahms, Dutilleux). Salle de Musique à 20h15 u 30.4. : CAMERATA SALZBURG & SHARON KAM, clarinette (Mozart, Tippett, Haydn). Salle de Musique à 20h15 martigny FONDATION GIANADDA à 20 h, dimanche à 17 h, sauf mention contraire (loc. 027/722.39.78) u Jeudi 11.4. : OLIVIER CAVÉ, piano (Mozart, Clementi, Beethoven, Bach / Busoni, Bach (Marcello), Bach (Vivaldi), Liszt (Verdi)) d a m meyrin FORUM MEYRIN à 20h30 sauf mention contraire (loc. 022/989.34.34) u 9 et 10.4. : LE PETIT POUCET OU DU BIENFAIT DES BALADES EN FORÊT DANS L’ÉDUCATION DES ENFANTS d’après Charles Perrault, m.e.s. Laurent Gutmann. Dès 8 ans u 16.4. : WEST SIDE STORY - Leonard Bernstein / Stephen Sondheim / Jean Lacornerie u Du 25 au 26.4. : URBIK / ORBIK d’après Lorris Murail. Philip K. Dick / Joris Mathieu / Cie Haut et Court u 30.4. : HISTOIRES CONDANSÉES, Conférence dansée sur l’histoire de la Danse au XXe siècle. Foofwa d’Imobilité / Neosport Ahrrt monthey THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h30 (loc. 024/471.62.67) u 2.4. : DAVAÏ DAVAÏ, chor. Brahim Bouchelaghem, Cie Zahrbat, Danse Hip Hop u 9.4. : NICOLAS FRAISSINET – LES MÉTAMORPHOSES, Chanson u 12.4. : QUARTIER LOINTAIN de Jirô Taniguchi, m.e.s. Dorian Rossel u 19.4. : SIDIKIBA COULIBALY TRIO – Le Chant profond du Mandé u 21.4. : CONCERT QUINTTTE À VENTS ET PIANO, Jérôme Capeille, hautbois, Michel Westphal, clarinette, Isabelle Bourgeois, cor, Catherine PépinWestphal, basson, Didier Puntos, piano (Mozart, Beethoven) u 26.4. : SWAN, chor. Luc Petton et Marilén Iglesias-Breuker u 28.4. : J’AI UN MORAL À TOUT CASSER - Roger Jendly chante et raconte Robert Lamoureux, Cabaret. montreux AUDITORIUM STRAVINSKI à 20h (loc. FNAC ou tél. 021/962.21.19) u 13.4. : ROCH VOISINE u 18 et 19.4. : I MUVRINI - TOUR 2013 morges THÉÂTRE DE BEAUSOBRE à 20h (loc. 024/471.62.67) u 16.4. : LE QUATUOR, m.e.s. Alain Sachs, Danseurs et cordes u 17.4. : BÉNABAR, Chanson u 18.4. : UN STYLO DANS LA TÊTE de Jean Dell m.e.s. Jean-Luc Moreau u 26.4. : ERIC ANTOINE de et avec Eric Antoine et Calista Sinclair, Théâtre du Passage, Neuchâtel Un chapeau de paille d’Italie Le Centre Dramatique Régional de Tours fait escale à Neuchâtel pour y présenter ce chef-d’œuvre du vaudeville dû à la plume d’Eugène Labiche. Ce spectacle, conciliant plaisir du théâtre et joie de la musique, enchaîne à un rythme effréné coq-à-l’âne et quiproquos à la pelle. Irrésistible ! La mise en scène est réglée par Gilles Bouillon. Assurément, la fête sera belle! é m e m.e.s. Etienne de Balasy, Humourmagie u 28.4. : CHŒUR HOSTIAS, dir. R. Bouvier. Aurélie Jarjaye, soprano. Anita Jirovská, mezzo. Jérémie Schütz, ténor. Stephan Imboden, baryton (Petite Messe Solennelle de Rossini). Temple protestant à 17h u 30.4. : BRIGITTE ROSSET, m.e.s. George Guerreiro et Jean-Luc Barbezat neuchâtel THÉÂTRE DU PASSAGE. A 20h, di à 17h sauf mention contraire (loc. 032/717.79.07) u 13.4. : BERTRAND ROULET, piano, REBECCA ANKENBRAND, clarinette (Wagner). Temple de St-Blaise à 18h (rés. Billetnet) u 15 et 16.4. : GUANTANAMO de Frank Smith, m.e.s. Eric Vigner u Du 16 au 21.4. : FLO DONNE DES ELLE(S) avec Florence Quartenoud, m.e.s. Karim Slama, Humour u Du 19 au 21.4. / 20h, sa 18h, di 17h : HANS WAS HEIRI, m.e.s. Zimmermann & de Perrot u 24 et 25.4. / 20h15 : QUE FAIRE ? (LE RETOUR) d’après des textes de JeanCharles Massera et Benoît Lambert, par le Théâtre Dijon Bourgogne – CDN u 27 et 28.4. / sa 18h, di 17h : UN CHAPEAU DE PAILLE D’ITALIE d’Eugène Labiche, par le Centre Dramatique Régional de Tours, m.e.s. Gilles Bouillon THÉÂTRE DU POMMIER à 20h, di à 17h sauf mention contraire (loc. 024/471.62.67) u 27 et 28.4 : Hiver de Danses. ENCORE, création 2013, par Eugénie Rebetez. Théâtre du Concert, le 27 à 20h30, le 28 à 17h30 (Réservations conseillées 032 730 46 65 / [email protected]) onex «Un chapeau de paille d’Italie». En 1er plan, Julie Roux dans le role d’Hélène photo © François Berthon . le 27 avril à 18h et le 28 avril à 17h Location : 032 717 79 07, [email protected] du mardi au vendredi de 13h à 18h, le samedi de 10h à 12h caisse du soir : 1h avant chaque représentation a g e n SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99 ou SCM 022/319.61.11) u 14 et 17.4. : Récrés-Spectacles. ALLEGRETTO par Lulu et Chichili, Clowns dès 3 ans u 15.4. au Théâtre du Léman : LE QUATUOR, avec Jean-Claude Camors et Laurent Vercambre, violon, Pierre Ganem, alto, Jean-Yves Lacombe, violoncelle, m.e.s. Alain Sachs, Humour musical u 25 et 26.4. : FELLAG de et avec Fellag, m.e.s. Marianne Épin d a n t o plan/ouates ESPACE VÉLODROME, sauf avis contraire (loc. 022/888.64.60) u 17.4., La Julienne : HORS-LA-LOI de Régis Duqué, m.e.s. Jérôme Nayer, Théâtre / Humour u 27 et 28.4., Salle communale : .H.G. de Trickster-P, Installation / conte pully L’OCTOGONE, à 20h30 (loc. 021/721.36.20) u Mardi 16.4. à 20h : Pour L’Art et le Lutrin. QUATUOR SINE NOMINE & CÉDRIC PESCIA, Lausanne et Berlin (Elgar, Brahms). u 19.4. : LETTRE D’UNE INCONNUE de Stefan Zweig, m.e.s. Christophe Lidon, avec Sarah Biasini et Frédéric Andrau u 25.4. : EMPREINTES MASSAÏ, Cie Georges Momboye, Danse u Mardi 30.4. à 20h : Pour L’Art et le Lutrin. QUATUOR DELLA SCALA, Milan (Puccini, Verdi, Cherubini, Respighi). sion THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61) u 11.4. : SUNDERLAND de Clément Koch, m.e.s. Stéphane Hillel u 16.4. : HORS-LA-LOI de Régis Duqué, m.e.s. Jérôme Noyer PETITHÉÂTRE (rés. [email protected], 027/321.23.41) u Du 16 au 20.4. : SEMAINE DE L'EJMA #2, jazz et musiques actuelles. Le petitthéâtre, horaires divers (entrée libre) thonon-évian MAISON DES ARTS, ESPACE MAURICE NOVARINA à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) u 4 et 5.4. : L'ÉCOLE DES FEMMES de Molière, m.e.s. Jean Liermier u 11.4. : FRANÇOIS-XAVIER DEMAISON de François-Xavier Demaison, Mickael Quiroga et Samuel Le Bihan, m.e.s. Eric Théobald u Du 10 au 13.4. : PIERRE À PIERRE de Rosa Diaz, m.e.s. Isa Soto u 13.4., Evian : ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE, dir. Sigiswald Kuijken, CORDELIA PAW, violon, JEAN-PAUL FOUCHÉCOURT, ténor (Mozart) u 18 et 19.4. : LE MEUNIER HURLANT d’Arto Paasilinna, m.e.s. Martial Anton 93 m 94 é m e n t u 23.4. : ALDO ROMANO TRIO, Jazz u 22 et 23.4. : ROSASPINA de Simona Gambaro, m.e.s. Antonio Tancredi u 30.4. : Arts & Lettres. LOUIS LORTIE, piano (Chopin). vevey ORIENTAL-VEVEY (Rés. 021 923 74 50) u 10 au 13.4. : MALLEUS MALEFICARIUM. Par la Cie CH.AU. Eglise SteClaire, jeu 19h, ven-sam 20h (Réservations au 021 923 74 50) THÉÂTRE à 19h30 (loc. 021/925.94.94 / L@ billetterie) u 11.4. : Arts & Lettres. CHRISTIAN POLTÉRA, violoncelle & RONALD BRAUTIGAM, piano (Beethoven : L’œuvre pour violoncelle et piano II). u 17.4. : LE DINDON de Georges Feydeau, m.e.s. Philippe Adrien u 21.4. : FLORENCE VON BURG, violon; LUC BAGHDASSARIAN, piano. La Goulue, St-Légier, à 19h30 (loc./rens. 021.943.22.57) u 23.4. : Arts & Lettres. LERA AUERBACH, piano & KIM KASHKASHIAN, alto (Chostakovitch, Stravinski, Auerbach). u 24.4. : LE TROUVÈRE de Verdi, m.e.s. Paolo Panizza u 28.4. : JAN VAN HOECKE, flûtiste, JOVANKA MARVILLE, clavecin. La Goulue, St-Légier, à 19h30 (loc./rens. 021.943.22.57) u 29.4. : J’AI UN MORAL À TOUT CASSER ! de R. Lamoureux et Roger Jendly villars s/glâne ESPACE NUITHONIE (026/407.51.51) à 20h, sauf mention contraire (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00) u 17, 18, 19, 20, 25, 26, 27.4. : LE RAVISSEMENT D’ADÈLE par la Compagnie Pasquier-Rossier, m.e.s. Geneviève Pasquier, création u Du 18 au 21.4. : VACARME D’AUTOMNE de Daniel Fazan, m.e.s. Laurent Gachoud, création yverdon THÉÂTRE BENNO BESSON sauf mention contraire (loc. 024/423.65.84) u Du 18 au 21.4. : LOUISE MICHEL, m.e.s. Thierry Crozat u 21.4. à 17h : SOCIÉTÉ CHORALE DE o La Goulue, Saint Légier Duo Yaman Le dimanche 21 avril à 19h30, le Duo Yaman, composé de Florence von Burg, violon (et piano), et Luc Baghdassarian, piano, donnera un récital à La Goulue, à Saint-Légier. Les deux musiciens interpréteront des œuvres de Franz Schubert (Sonate D 574 pour piano et violon en la maj.) et de Johannes Brahms (1er mouvement de la ...Symphonie N° 2, version pour piano à 4 mains !, et la Sonate N° 2 op. 100 pour violon et piano, en la maj. également) . le 21 avril Location : 021/943.22.57 Luc Baghdassarian et Florence von Burg NEUCHÂTEL & CONTEMPORAIN, NOUVEL ENSEMBLE dir. Gilbert Bezençon. Solistes : Marie-Hélène Essade, soprano / Brigitte Ravenel, mezzo / Frédéric Gindraux, ténor / Eörs Kisfaludy, récitant / Véronique Mermoud, la Pythonisse (Roi David, d’Honegger) u 23.4. : QUATUOR HERMES, Musique PRINTEMPS aux haras d’Annecy extrait de programmation Hans was Heiri Zimmermann & de Perrot I La Curva Israel Galván I Le silence du monde Etienne Saglio I L’Enfant de la haute mer Aurélie Morin I Cyrano de Bergerac Dominique Pitoiset I A bas bruit Mathurin Bolze I El Cid ! / L’Histoire d’amour de Roméo et Juliette / Sur chemin d’Antigone Philippe Car I Morsure Compagnie Rasposo I Matamore Cirque Trottola I L’Après-midi d’un fœhn / Vortex Phia Menard I Le tour complet du cœur Gilles Cailleau... www.bonlieu-annecy.com I +33 (0)4 50 33 44 11 a g e n d a Hermès à Bâle, Berne, Crans-sur-Sierre, Genève, Gstaad, Lausanne, Lucerne, Lugano, St.Moritz, Zurich. Hermes.com