Christophe Colomb devant l`histoire

Transcription

Christophe Colomb devant l`histoire
-4
CHRISTOPHE COLOMB
DEVANT
L'HISTOTRE
PAR
HENRY HÁRBISSE
PÁBJ S
H. WELTER, ÉDITEUR
59, filiE BONAPAI1TE, 59
12 octobre
LIOTHÉç
1892
6
CHRISTOPHE COLOMB
DEVANT L'HISTOIRE
1
Daus la nuit du 11 au 12 octobre 1492, á deux heures
aprs minuit, un -vendredi, Christophc Colomb découvrit
1'Arnérique. Nul ne l'ignore. On salt aussi que le mercredi,
12 octobre prochain, 1'Espagne, l'Jtalie, eL Chicago neuf
jours aprs 1 , se proposent de célébrer le quatriéme centenaire de ce grand événenient. Mais ce dont beaucoup de
personnes nc se doutent guére, c'est le róle que doivent
jouer daus cette comrnémoration i'histoire eL la vérité.
Parlons de l'histoire, ou, plutót, de cc qu'on appelle ainsi
dans les différcnts milieux oü s'élaborent l'ordrc et la
marche de l'entreprise. II a suffl qu'un si louable projet fut
conçu par des esprits inventifs pour que, du coup, toas les
problémes historiques soulevés par la découverte du Nonveau Monde fusscnt résolus et, comme bien on pcnse, d'une
íaçon définitive. Ce sont ces bcaux résultats qu'il importe
de faire connaitre.
*
44
D'entrée de jcu, on a foncé droit sur la grande énignle du
premier atterrage. Colornb aborda, c'est certain, á l'une des
Documerit
111111 I 11111 li i 111111111110
j__ 0000005512850
-2Lucayes. 11 y en a trente-six 2 laquelle doit-on ehoisir?
Autant (l'exégétes, autant de róponses diverses. Faut-il
croire pOUI' cela que naos possédons les élérncnts «une opi]liOfl précise et absolue? Les critiques et les savants auront
beau éptloguer, ces élérnents n'existent pas. 11 nc s'en trouvera jamais. Qn a, il est vrai, un abrégé dii jounial de horci
de Christophe Colomb 1 . Quatre niarins 6 , éruclits et zélés, ont
examiné a iree tontes les ressources (le l'expérience professionnelle et de la science nautique ce pC1X document
pour y déeouvrir les points de repére essentiels. Aprés de
loiigs caicuis, ces hyclrographes émérites sont arrivés chacun
á désigner une Ile différentel Coiomb, d'aiileurs, nous a
laissé une description détaillée (le cet Ilot rnysérieux. Mais
admirez la maleehance! Les cartes marines modernes, malgré leur merveilleuse exactitude, ne portent aucu.ne Ile
offrant la moindre ressemblance airee celle que décrit le
grand Génois, Cependant « un port assez inste pour contenir
tous les navires de la chrétienté 5 », cela se voit, facilement in€me. Et Colomi) donne á entendre que cesi ce
port pu k frappa surtout dans l'fle of' son vaisseau vcnait
d'avoir le bonheur d'atterrir. Aucun des lieux designes, juscju'ici, ne posséde ce havre immense.
Ces clifficultés nétaient pas faites pour ébranler le Herald
de Chicago détcrminé á réussir la oü tant d'exccllexils
csprits avaient échoué. Le journalisme a des raisons que la
raison ignore, et lordre fut clonné d'cxpédier ineontinent
une caravelle bien éqiiipée, ay ee tout ce qu'il faut pour
écrire. iNous nc savons si l'on embarqua aussi une sornnanlbule, mais, de fait, vingt-quatre heures aprés avoir appareillé du port de Nassau, le navire qui portait le journaliste
et sa fortune arriva en ligne directe sur le lieu mine. C'est
dans l'tle Watling, par 23 degrés 28 minutes de latitude nord
— .3 et 74 degrés 28 minutes 8 secondes de longitude ouest,
méridien de Greenwich. Qu'on se le dise e,
Alors s'accomplit un acte solennel. Le 15 juin 1891, aux
premióres lueurs de l'aurore, la rédaction et les hommes de
l'équipage descendirent á terre, munis de pioches, de pelles,
de ciment romain et jis érigérent un monument cotnmémoratif, « h cent quatre-vingt-deux métres de la véritable
piage oú Colomb foula pour la premiére fois le sol du Nonvean Monde'. » Peut-.Lre y virent-ils encore l'empreinte de
ses p° El. dans cct édiíice, modeste par ses climensions,
mais superbe par l'idée, on déposa un numéro de chacun
des grands journaux américains, ainsi que le portrait de
leurs réclacteurs. De simples pierres, homrnages individuels
et touchants des citoyens de Chicago, furent incrustées dans
les parois. Au sommet on scella un bloc de granit, métope
détachée de la frise des hureaux d'abonneinents clu Chicago
He,alcl, aprés y avoir gravé el) lettres d'or, sur toutes les
faces, une íort belle inscription 8 . Elle scintille maintenant au
soleil des Bahamas. Espérons que ce granit, á l'exemple de la
statue de Memnon, chante au lever de l'astre radieux et que
ses accents font vibrer le tarif des annonces de l'entrepreriant journal.
*
La Providence n'a pas voulir que les grandes déconvertes
vinssent .io1ées. Au moment oú les réclacteurs du Chicago
llera/ti répandaient dans l'univers la nouveile que le prohiéme était enfiri résoiu, un savant espagnol annonçait cl'une
voix émue á l'Acaclémie royale cíe 11-listoire , - qui a clu
temps de reste, - . des résultats plus étonnaiits encore.
\ojcj 't que1 propos
L'IIc oü Christophe Colonih aborda, File heureusernent
-4retrouvée, cornme on vient de le voir, par les nautoniers du
journal de Chicago, s'appelait Guanahani; Que signifiait ce
mélodieux vocable? Ji n'est tien de plus clair.
1)'abord se trouvaient sur les earavclles de Colomb un
•grand nombre de juifs ce qu'on ignorait jusqu'iei, malgré
la liste complte, norninative eL digne de lo¡, que les documents authentiques ont permis d'établir des quatrc-vingtdix compagnons de l'iilustre navigateur. Done, par cette
nuit d'octobre, detix Sémites se promenatent sur le pont du
navire l'un d'eux s'écria, en hébreu, naturellement : « Tiens,
la terre! - Ji!
L'autre, non rnoins étonné, lo¡ demanda « Oi cela? Waana P »
Cornment, dit le premier : « Tu nc vois pas, lá, la terre?
lien-iP»
EL cela fait JVaana-/zen-i.
On ne se figure ¡xis lhcilement ce que Bedlam et Charenton pourraient offrir de plus joli comíne trait de philologie
comparée. Cependant ¡1 faut étre juste envers tout le monde
htons-nous d'ajonter, quesi l'acadérnicien espagnol'°, ayee le
sens critique habituel aux érudits de la péninsule, s'attache á
cette idée d'un embarqueinent d'émigrés juifs, ji reconnait
pourtant que l'étymologie du mot hébréo-bahamanien pourraiL sans inconvéuient étre renforcé par des preuves nouvelles : ce que nous croyons saris peine.
Mais ji y a une conséquence de la plus haute portée que
ces savants ont négligé de tirer de leur ingénieuse explication. Colomb dliL lui-mrne que'', dans la Jangue du pays, File
s'appeiait Guanahani. Coiomb nc peut s'&re trompé ce sont
les insuiaires en personne qui donnaient ce nom á leur ¡le.
Ces natureis pariaient done aussi l'hébreu. Alors tout
s'exphque et nous sommes enfin rassurés . .Depuis iongtenips
—a—
en n'&ait pas sans inquiétudc sur le sort des dix tribus percines d'fsral. Eh bien les voilá retiouvées c'est aux "es
Lucayes qu'elles avaient cherché un iefuge. Áinsi se trouve
résolue, h J'iniproviste, une des questions les plus complexos
de li-listoire sainte.
*
Nous pourrions multiplier les exemples de cette activité
(esprit dans ]e charnp de la science, de la logique et de
i'observation mais le mornent n'est pas encere venu. Rappelous tontefois qu'on se propose á Madrid, h Genes, á
Calvi, de parier non seulement ñ l'intelligence, mais aux
yenx des populations. 11 y aura dans chacune de ces viles
prospéres un vasto musée pour contenir les rehques du
héros Les prograifimes officiels en knt fol. D'autre par,
le sepuénie groupe de la deuxiérne section de l'Exposition
historique européenne de Madrid comprencira des c Ohjets
ayont appartenu á Christophc Coloinb t?• » Nous nc connaíssions guére, juscju'ici, en fait d'articles de ce genl-e, que les
chames de fer rivées a ses pieds par l'ord.re del'alfreux Bobadula et qui furent erisevelies a y ee ]ni dans son cereneil,
cornme en térnoignent tant de véridiques histoires. Elles
pésent 3.225 gramies, un pci' moins que Fon n'aurait
pensé, maigré les anneaux massifs supplémentaires , pour
les poigncts , encore visibles. Ces chames, « dont FauthenticilépeutétredémontréePl'eSCIlJe niathémat.iquernent t3 , »
sont conscrvées á Gne.s. Piazza Leopardi, n" 3, au second
étage, la porte ñ gauche l L'inestiniable relique sera sans
doute exposée duns eette ville et, en mérne tenips, á Madrid,
Chicago, ainsi qu'it Calvi. iVJais on devra lutter contre la
concurrenc un citoyen de New- \ r odc dont malheureusement nous n'aons pu obtenir l'adrcsse, annonee dat's les
-6-journaux arrivés par le dernier vapeur (lije lui aussi posséde
ces fers authentiques et vénérés 15;
*
*4
On a compris qu'il fali alt également répondre aux cxigences légitimes (le la science, en exhibant les cartes nautiques in&rTles dont Colomb se servit pour aecomplir ses
découvertes. Sur ce point capital, notre attente no sera pas
déçue. Le prograrnme ofíicicl publie qu'une place d'honneur est réservée « aux cartes marines authentiques
employées par Colomb, si l'on peut en obtenir le prt;
sinon, á dexactes copies 16 ». De toutes íacons, ji sera done
enfln possible de voir eL d'admirer cos précieux monuments
de la géographie, si longtemps, si vainement cherehés.
On no saurait douter que Cbristophc Coloinb a fait
beaueoup de cartographie. Les documenis dii xv° siécle
contiennent mainte allusion i des sphé.res ct á des rnappemondes dressées par lui-mme. II y avait cepcndant deux cent
cinquante aus qu'on n'cn avait vu, Iorsque le 18 juin 1762,
I'Acadéinie espagnole de l'Ristoire, - déjá fameuse, - fut
informée qu'elle pouvait aequérir á Madrid, pon¡ , une misére,
quatre trés viejlles niappemondes manuscrites, collées sur
panneaux, enfin les véritables cartes que Colomb employa
dans ses voyages. Le pays, l ' époque et le milieu no rendalent
pas la chose 1 rnpossibie. C'est id que ion volt se déployer en
tonto leur beauté la grande sagesse eL le savoir univeisellement reconnus de cette ¡Ilustre eompagnie. Aprés des hésitations, non provoquées touteíois par le doute, mais dues á
des considérations «un ordre particulier, - sai generis,
diraient ceux de ses inembres qui savent le latin, - FAcadémie envoya aux informations, « bien que, dit finenient le
procés-verbal des séances, ces cartes semhlassent no pouvoir
-1—
servir á rien du tout, ou h pas grand'chose, car cites ¿taient
anciennes » Etonnantes paroles, qu'on ne saurait trop
mécliter Rieti n'advint, naturelienient, (le cene démarclie
hispano-académique, mais le programine clont s'agit montre
qu'ii Chicago du moins tout espoir n'est pas perdu.
*
A CCL ordre d'objets de vitrine appartient une noix de coco
dé.já connue et en passe de devenir fanicuse par le nouveau
lustre que lo¡ donne le dernier biographe de Colomb, qui est
aussi académicien. Ce scrupuleux auteur rapporte a yee uit
soin, a y ee unegravité bien dignes de reniarque, les dilTérentes
versions de la découverte de ce fruit exotique. it les compare
et les cornpléte, et non pas, nous devons le dire á cette
place, sans demander un suppléinent denquéte. Une telle
réserve, pon, étre expri rnée a y ee moilesse, nc fait pas moins
grand honneur á son indépendance de caractre et aso
perspieacité.
Nous regrettons de nc pouvoir, k I'exemple de ecL historien espagnol, présenter sous chacune de ses faces un
événement aussi considerable. Mais tout le monde ¿a pos
seize cents pages, et de grand format, it noireir. Le lecteur
devra se contenter d'un simple résumé de ces récits palpitants d'intérét.
Voici done l'épopée de cene noix des tropiques
Un navire américain. brick ou tiois-mts se trouvait
sur la cóte da Mat'oc, lorsque, voyant venir une tempéte, le
capitaine eraL devoir augmenter son lest. L'éqwpage se iivrait
cette oceupation , en vue de Gibraliar, quanci la drague
amena sur le.pont ce qui paraissait étre un fragmentde roche
mais surpns de le trouver si léger, les matelots l'exaniinére:nt de prés Cette grosse pierre ÓLOR i:in coifre en bois de
ge
cécire. Jis l'ouvrirent et une noix de coco apparut it leurs
yeux étonnés. La noix fut tout (le suité 'décortiquée elle
contcnait un documcnt écrit en lettres goLf iques sur parchemin. No pouvant décliiffrer ce grimoire, le capitaine
i'appoita á un libraire américa 1 n de Gibraltar, connu
polir sa vaste intclligence. Sans nutre préambule, ce dernier offiit de la noix de coco et de son précieux conten;; cent clollars, qui furent i mniédiatenient refusés. Le
libraire, alors, lut au capitaíne le mystéiienx écrit. C'éiait,
- chose útrange! - la relation autographe de la découvcrte clv 1'Çouveau Monde, que Christophe Colornb, au
rnonient de périr dans une violente tcmpéte , it la hauteur (les Canaries fit ainsi empaqueter et conGa aux
ílots, trois cent cinquante-neuí ans, six mois et treize jours
auparavant. »
On n'a pu encore retrouver co docuinent inestimable, mais
les organisateurs de la deuxiénie sectiori croient quil se
conserve paimi les papiers de farnille du capifaine. Pour
facilitei les recherches, rappeions que l'historien auquel
nous avons enip;'unté ces détai ]18 a consigné (laus liii giand
eL magistral ouvrage, comme c'était son clevoir, le noin de
l'hcureux mani ri. 11 s'appeiait ('Aubervil le, son navi te a y a it
noni le CIt.ie/tciin, de Boston, ct la nierveilleuse trotivaille se
fit le 27 aofit, vers niidi, en Van de gi'f;ce 1852.*
N'abandonnons pas cet intéiessant sujct sans rappeler aux
susdits organisateurs que l'on juonire á Sienne, dansi' égLse
Fontc-Gusta, au clessusde la portcd'entrée, paimi iesex-oio.
un glaive, un petit 1)01)01 lcr en bo j set un gra ncl íanon (le balei nc.
offerts par Colomblors de son retour ca EuropelO. Encone des
reliques gui tiouveraient leur place duns la deuxiéme
section! Ii sera facile, croyons-nous, d'y joindre un coffret
en ivoire císelé, ayant contenu les joyaux que la reine Isabelie, clix ans aprés les avoir vendus á Valence 20 , engagea
résolurnent á des usuriers pour couvrir les frais de la mémorable entreprise. Les liois-Catholiques le donnérent á
Colornb cornrne souvenir; et, le 6 avril 1890, jI a été adjugé
en yente publique á New_)rork, pour la somme de 1,125 dollaN, sans les frais 21 . C'est donné. Daus cet ordre de reliques
se place, n3turellernent, le collier de la Toison d'or que
porte Sa Majesté le mi cl'ltalie, qui le tient de la maison
d'Autriehe, disent les jou'naux amérieains 22 , etse trouve étre
le collier rnme que Ferdinand eL Isabelle passérent au con
de l'heureux navigateur lorsqu'ils le reçurent á Bareelone.
On le voiL, ces ohjets réunis présentent dores et dójá un
ensemble singuiiéretnent respeetrible qu i selon la lo¡ coas
tante de l'offre et de la demande, nc tarciera pas á grossir,
nous en avons le ¡crine espoir. Aun ahords du Rialto eL é
l'ombre clii palais de justice de Bo1gne, déjá se réjouissent
les faussaires 1
*
L'archéologie doit occuper une place importante daus les
expositions colombiennes. En premiére ligne, noas remarquons (( un modéle de la maison de Gnes oú Christophe
Colonib a vn le jou e 23 »• Voilá done la question tranehée en
faveur de la capitale de la Ligurie, eL c'est tres bien de la
part des Américains. Mais cette maison, oii se trouve-t-elle
á Génes, dans quelle rue, dans que1 quartier? En existet-il seulement un plan, un dessin ? Christopbe Colomb a certauneinent passé sa jeunesse au n° 67, rouge, du Vico Dritto
Ponticello ; mais son pére n'est mentionné cornme occu pant
ce petit immcuble qu'á dater de 1457, Or Colornb naquit
- jo entre le 29 octobre 1446 eL le 29 octobre 1451. En outre,
cette maison fut clérnolie presque entiéreinent P al' les obus
que Seignelay fit pleuvoir sur le quartier des tisserancls lors
du bombarclement de 1684.
Dorninique Co]omb posséda aussi, dés 1457, une bicoque
prés la Porte-de-I'Olivier. C'est peut-tre ¡ti que son tUs vint
an monde. Lliumble deineure a disparu clepuis des siécles
sans qu'aucun patriote génois alt songé ti en conserver le
souvenir par la description ou par une vue dessinée. A
Chicago, on n'est pas enibarrassé pour si peo attendonsnous it von' sélever sur les borcis du lac Michigan une
bátisse compléte, exacto en chacune de ses parties, et que
lui-n1me, s'iI revenait sur terre, Colomb reconnaitrait dii
premier coup d'iI.
A vrni dire, lorsqu'on y songe, l'inqi.iiétucle s'empare de
¡'esprit le plus forme. La maison authentique existe également ti Savone, Piazza di Canepa; elle existe ti Cogoleto,
Contrada Giuggiola elle existe ti Plaisanee, Via Diritta, et,
surtout, it CaRi, dans la rae del Filo ; cay chacun sait qUe le
rntne Coloinb est aussi né dans ces quatre villes, sans parlcr de onze mitres doM les noms nous échappent. Douter de
ces quinze origines. c'est n'avoir mil égard aux délibérations
des conseils municipaux ; c'est no point tenir cotnpte de
certain décret du Président de la flépublique française,
rendu sur la proposition du Ministre de l'Jntérieur Je 6 aofut
1882, eL dfiment notifié ati préfet de Ja Corse 24 . Mais bah!
soyons saus inquiétude. L'ingéniosité bien connue des
Áinéricains sera it Ja hauteur des círconst'ances. La note
gaie no saurait élre bannie d'une si grande exposition. Le
titre d'internationat en est un sin
' garant on Lrouvera
Inoven de contenter tout le nioncle.
- 11 *
Non loin des maisons oü Colornb est né, s'élévera celle oü
it mourut, aussi notoire que les autres. Les journaux iii ustrés des deux mondes, les belles histoires qui font autorité
en Espagne, en France, flux Etats-Unis, nous ont fait coniaitre cefle demeure, chére flux Espagnols par de si toucliants souvenirs. Ji sera done aisé de rcproduire en toute
vérité, aux termes du prograiflíne, la mort du grand hornme,
aussi bien que « la triste cérémonie de ses funérailles, son
cercueti et sa tombc 25 . »
Ici, nulie concurrence possible. La maison oü le 20 (lisez 21)
mai 1.506 expira Christophe Colomb, - nul Castillan bien
pensant nc i'ignore, - est celle qui, k Valladolid, portait le
u° 2 de la Calle Ancha de la Magdalena 20 C'était l'humble
demeure de Gil Garcia, matelot eharitable, singuli?3rement
ignoré jusqu'en 1856, qui avait recucilli l'illustre navigateur réduit ala mendicité, comme le prouvent les lettres de
change que lui iemettaient réguliérement Bivarol, Grimaldi,
Doria, scs banquiers. L'hospitalité en question nc fait ancua
doute. Un certifieat, piéce curieuse, commenee par cette
phrasc « Et je «lis, moi Christophe Colornb, étant á l'artiele
de la mort, sans autre témoin de mes derniers moments
que Gil Garcia qui veut bien m'héberger... » Un historien
de la Vieille Castille, mais lui-méme trés moderne, assure,
au contrairc, que cette maison fuL de tout temps un majorat
des Colomb et que le grand Génois se trouvait parfaitcment
chez lui quand jI mourut. ..... Bien de tel que la précision
dans la vérité
Les archives de Valladolid ne eonticnnent aucun vestige
de ce Gil Garcia, ni du niajorat, ni du domieile de Cobomb,
ni de sa présence ou de son décés dans la rue de la Made-
-
-
leine ou ailleurs, ni dudit certifieat, ni de quoi que ce sok qui
se rapporte de prés oti de loin h ceue clemeure historique,
non déjt construite, ce semble, dans une rue qui probablement n'élait pas encore percée en 1506.
Ces ohjeetions nc sont point embarrassantes pour le
Castílian qu'aninie l'amour de la patrie. D'ahord, ji y
a une décisión du conseil municipal de Valladolid, prise
le 3 février 1856 á l'unanimité, ordonnant qu'u.ne plaque
commérnorative soit plaeée sur la facade de la maison.
Tout le monde peut la voir, cette plaque. On y lit ces
mots
Áquimw'ió Colon. - honor al genio.
C'est bref, mais noble. Ajoutons que cette belle inseription
fut approuvée par les giands corps savants de l'Espagne
l'Acadinie royale de la. Langue et l'Académie i:oyale de
1'Flistoire, déjá nommóe 27 . II n'est pas admissible C[UC des
Miles, que des académiciens espagnols puissent j ainais se
troriper en pareille matiéie. Pas un musée, grand ou petit,
des rives de la Bidassoa jusqu'á l'ernbouchure fin Guadalquivir, qui nc ténioigne de cette inpeccabilité 1 Pour nc
point sortir' du sujet, lArmeria Real nc montre-t-elle pas
l'a:rmure damasquinée de la fin du seiziétue siécle 'que
portait Cobomb dans les grandes oceasions 281 11 y manque
seulement l'épée, qu'un hasard providentiel vieni de faire
déeouvrir derriére une armoire du musde de Salzbourg. C'est.
bien celie que le navigateur avait au cóté lorsqu'il deseendit
h l'ile Guanahani un eomrnissaire de l'exposition de Chicago
l'atteste 29 . Cela fait dcux épées, ou, plutót, pour &reprécis,
un glaive, celui de Sienne, et une épée, celle-ej l'un et
l'autre, dailleurs, préscntant tous les mémes caractéres
d'authenticité.
1.
r.
- Onant á l'absenee de preuves docurnentaires touchant la
maison de Valladolid, elle s'explique par une raison qui,
pour avoir souvent sea-vi, «en est pos plus vraie. C'est que,
lors de l'invasion de 8O8, les Francais détruisirent toutes
les archives da royaume d'Espagne, par jalousie et méchanceté puro, s'ac]iarnant de préférence aux documents qui rappelaient l'ineurie de leurs rois á eux, parti culi éremelit celle
deFrançois P, né en [494 et resté sourd (selon Montesquieu)30
aux offres que lui ía Colom) de cléeouvrir l'Amérique.
*
Maintenant parlons da cercueil. Le 10 décembre 1795,
iorsque l'amiral espagnOl Aristizahal exhumo dune espéce
de fosse comrnune, dans la catl édrale de Santo-Domingo ce
qUe son rapport appelie siraplement « des esquillles du tibia
d'ttn mort quelconque », esquilles aujourd'hui décorées á la
1-lavane du titre ainbitieux de Restes ,no,'teis de Cliristopite
Golonib; authentiquées, á la majorité des .voix, par une ocadémie espagnole 11 , - vote quon nc peaL guére se rappcler
satis tire,,— ledit cercueil n'était qu'une pauvre petitp
servieLt 31 . Qú'est devenu ce morceau de toile. Et si, par
hasard, onle retrouve, sera-t-il encore digne da héros?
• 11 y a aussi la caisse en fer-blanc découverte á SantoDomingo en 1877 elle renferme également ces restes
préeieux, enrichis de la baile de fusil de munition, cause
1yretniére des rhumatismes de Ghrisl.oplie Colomb, eL qui le
• uit toril. souffrir Les iiaitiens consentiront-ils jamais ase
séparer de cet inestimable récipient? lis ont de la peine á s'y
résoudre. Cepe:ndant les eompagnies d'assuranccs les plus
sdlvables, prenant l'engagement de remplacer en cas d'avarie, le tibia endotnmagé, les négociations diplomatiques se
- pouiuivent á iheure qn'11 est entre les gouvernements
- 14 intéressés. Aux derniéres nouvelles l'espoir dune solution
favorable semblait renaítre,
Pour le tomheau, ]'en n'a que l'ernharras du choix. Notons
d'abord linvisible sépuicre de Cbristophe Colornb dans la
cathéclrale de Séville, oi ji nc fut jarnais enterré, quoi
qu'en dise son fis et historien Fernand. 11 y a, ensuite, celul
de la Chartreuse des Grottes oú, cetie fois, ses restes furent
véritablernent ensevelis, de 4.509 h 4537, au rnoins. C'est
depuis longtemps un four it cuire la porcelaine et oneques nc
se rappelle y avoir vu trace de monument funébre. La cathédrale de Santo-Domingo possédait certainemcnt un cénotaphe
élevé en l'honneur de Colomh; mais dans l'année 1586,
lorsque Francis Drake s'empara de la ville, « les sépultures
furent soustraites Ji la vue afin que les bérétiques ne pussent
les souilier ou les profaner, et Ion agit surtout ainsi pour
celle de Christophe Colomb, rapporte un témoin oculaire34.
Sage précaution! car le premier soin de Drake fut de saeeager les chapeiles et de brúler vifs sur un bfieher, dans le
ehur, it deux pas seulement de Ja dépouille mortelle, les
moines qui lui tombaient sous la main. Onze tremblements
de terre et l'incurie acbevérent l'a,uvre de destruetion dii
Forhan. Le sépuiere, ay ee les ossernents, disparurent pour
toujours parmi les décombres, et nulle souvenance no subsiste de ce que kt le tomheau de Christophe Colornb,
n'importe oii. Mais quoi! Le propre du génie est de faire
revivre, par la seule force de la pensée les ceuvres d'art
depuis longtemps disparus. Chicago, it l'heure présente, foisonne de grancis artistes, peintres, seulpteurs, architectes.
lis sauront tirer du marbre et de la pierre, tombe ou
cénotaphe authentique, enfin tout ce qu'á cet égard il est
permis d'espérer.
- 15 *
Cependant l'attrait le plus irrésistible de chacune de ces
expositions sera le Musée iconographique, organisé de la
facon la plus luxueuse. 11 doit reníermer la série compléte et
celle qui est en cours de fahrication des véritables portraits
de Christophe Colonib. Rome laYque et Gnes (c'est tout un)
paraisscnt clevoir se contenter des cifigies du glorieux navigateur; mais ji les leur faut toutes, d'oú quelles viennent.
Chicago, ahsolurnent insatiable, demande, exige, en outre,
l'iniage incontcstée do pére, des fréres, oncles, cousins,
agnats, cognats, tous, hélas simples tisserands ou cardeurs
de lame. Osera-t-cm aussi rappeler les traits de la sour de
Colomb, Bianehmnetta, épouse légitirne de Giacorno Bavareilo, le charcutier? Vilibus orlas paren/ibas, rapportent les
chroniqueurs du temps. Dans une dérnoeratie, un tel aveu
présente de graves inconvénients. D'autre pan, - les biographies cornposécs selon les régles le prouvent, - mil n'est
eapable de grandes actions s'iI nc tire son origine au moins
(le Charlemagne. II faudra done dérnontrer une fois (le plus
que les Colomb, - de lá leur nom patronymique, descendaient en ligne directe de Colonus, célébre Romain,
qui ramena captifle roi Mithridatc, et l'on fera commeneer ]a
galerie par le portrait de ce consul, que les textes s'obstinent
noinmer Cilo. Cene haute noblesse nous rappelle un fait
historique peu coiinu.
Le pri rice Massimo, compte aussi un consul romain parmi
ses ancétres. L'empereur Napoléon III, tres versé dans
l'histoire ancienne, dit un jour á ce patricien « 11 parait,
prince Massimo, que vous descendez de Fabius Maximus
etator? »
le prince de répondre aussitót « Je nc sais, sirc, inais
IARTLIBSIt. - C/.rinophe Coloinb deari tHinóire.
2
- 16 depuis dix-huit cents ans ce bruit court dans ma farnille 35 . »
Fernand Colomb est plus positif.
*
La découverte chi Nouveau Monde fut loin de produire
l'effet que nos conteinporains s'irnaginent. En tout cas, la
popularité de Colornb ne dura guére; soit cinq mois et
clix jours, du 15 avril 1493, époque de son premier retour,
au 25 septembre suivant, quand il partit pour le second
voyage; sur- lesquels ji nc passa que deux semaines Li
.Barcelone. Bjentót aprés, arrivait la fácheuse nonvelle
que lAmérique n'est pas la Chine, qu'on y mourait de faiin,
que les penes, la cannelle, les pépites d'or promises exista eni seulement dans 11 magination dii fallacieux Génois
qui, «un cour léger, vouait de nobles Castillans an trar ail, h la misére et á la mort. Ainsi écrivaient les geutilsho.tnmes venus sur les caravelles, pressés de faire fortune.
Cette impopulanité dura tant que Colomb vécut ; et, de fait,
son entreprise nc devint prolitable fi l'Espagne que dix ans,
vingt ans aprés, quand Fernand Cortez eL Francois Pizarre
conquirent, "un le Mexique, I'autre le Pérou.
En France, en Ablernagne, en Angleterre, on le connut á
peine et il fut \n itc oublié comme le proui7e ce nom cl'A mdtique, donné au Nouveau Monde, dés 1507, sans conteste,
par un Aliemand de Fnibourg en Brisgau. Et si á \Tenise, á
Génes, h Florence, il ha parfois question de Christophe
Cobomb, ce dut étre ayee des paroles de co]ére; car de sa
mémorable entreprise date la ruine du eornmeree des villes
italiennes ayee l'1xtrrne Orient.
On cornprend que, dans ces conditions, 1'Espagne eL surtout l'ltalie, nation qu'étouffe la gratitude, comme chacun
sait, aient tenu á cur de fixer les traits de ]'homme dont,
17 á cette époque particuliérement, elles étaient si fiéres. Les
Espagnois nc semblent pas nous avoir laissé de portraits
authentiques ni d'Isabelle la Catholique, ni du cardinal
Ximenés, ni de Gonzalve de Cordoue. Colomb, plus favorisé,
a été, paral 1-ii, peint et repeint de son vivant par les artistes
célébres de I'Europe, qui, á tour de róle, vinrent jusque dans
sa solitude aCm de le mieux pourctraire. Avant mtme qu'il
partit pour le voyage qui devait l'iliustrer, la reine de Castille, toujours bonne, chargea un graud peintre de reproduire les traits duhardi mann 36 . Ce peintre, quia dú naRre nu
plus tard vers 1467 (pour avoir en tant de talent en 1492),
donna une copie dudit portrait á un de ses amis, peo de
temps, á ce qu'il paraR, avant 1595, date á laqoclie de Bry,
l'ayant réçu de ce dernier, le fit graver. C'est celui oit
Colon) apparait coiffé d'un chapeau á comes, a yee la plus
belle ehevelure frisée qui se puisse voir et de grosses verrues
au milicu du visage. On nc saurait pousser l'exactitude plus
loiti. Afin qu'iI n'y ait aucun doute sur la royale provenance
eL l'authenticité de ce portrait, destiné, comme oit le yerra
bientót, á la plus brillante fortune, de Bry, confirrnant
ces détails h sa maniere, raconte ailleurs qu'il fut peint,
toujours d'aprós nature, par l'ordre de Ferdinand d'Aragon,
pris d'un amour subit pour Christophe Colomb, qu'il fut
volé ensuite dans la salle des délibérations du Conseil des
Indos et expédié en Hollande".
Oui, le Conscil des ludes, créé des années aprés la mort
do grand navigateur, et qui n'auiait jamais pu le voir méme
en peinture, - car les plaintes perpétuelles, améres et
justes, la nuée de mémoirés, de plaidoyers, de revendications do héros eL de ses descendants firent le tourrnent des
juges pendant deux siécles, - ce Conseil, pour qui le souvenir de Coloinb nc cessa d'étre un cauchemar, eut aussi la
- 18
joie d'avoi;, ses traits continuellement soiis les yeux 1 « le
pe Dieu que Gutierrez nc manque jarnais de papier, dit
Francesillo de Zuíiga, le bouffon de Charles-Quint, dans
une de ses lettres au marqilis de Pescara; ji écrit plus que
le Colornb qul (iécOuvrit les Indes. » Souvenir fidéle d'une
PPerass'k devenue légendaire et de tribulations sans fin
JI semble qu'Jsaheile la Catholique nc pouvait se lasser de
faire peindre la physionomie de Coloinb. A peine de retour
en 1496, ¡'¡Ilustre et déji infortuné navigateur dut poser
devant Antonio del Rincon par l'ordre de sa souveraine. Ce
portrait mérne orne aujourd'hu.i le Muséc naval de Madrid.
Mais que les noirs soucis, einq mois de maladie, aggravée
par les veilles et l'inquiétude avaient done aiéré ses traits!
Colomb est cievenu méeonnaissable un joyeux sourire
efíleure ses lévres, de longues houcies encadrent son charmant visage, les fécheuses verrues nc se voient plus. Peu de
temps aprés, Tsabelle commande un nouveau portrait; cette
fois en miniature. Co fut loriginal de celui que l'on nous
raconte avoir été peint par Antonio Moro pour Marguerite
de Parme, régente des Pays-J3as. Phénoméne bizarre, Je
grand Gónois rajeunissait a y ee l'ge et les chagrins. A cette
époque, c'est un bourgmestrejoufflu, florissant, aux cheveux
noirs de jais, qui porte moustaches 38•
Des exemples partis de si hant devaient hientót étre ¡u)¡tés. A en juger par le nombre des portraits authentiques,
faits d'aprés nature, qui encornbrent les musées, galeries eL
rnagasins, Colornb dut employer le restant de ses jours Ii
poser dans les ateliers. Ce matin, nous connaissions déjá
quatre-vingt-sept de ces peintures, qu'il ne serait pas prudent de contester. Depuis, une quatre-vingt-huitiérne a été
signalée «une façon particuliére. C'est celle de la Bíbliothéquc nationale de Madrid. 11 paraít que « la ressemblance
ayee 'e duo de Veragua actuel, son frére Don Fernando et
leurs enfants, est tout á fail extraordinaire ». Extraordinaire, certaineinent 1 Un simple regard jeté sur l'arbre
généalogique de la familie basque et de robe des Larréatégni ° suffit pour montrer aux incrédules les plus endurcis
ce clu'un tel cas d'atavisrne a de probable. Nul doute no
saurait maintenant subsister et ]'en comprend que cette
efílgie, flatteuse eL désormais nationale, rallie en Espag.ne
tous les suífrages.
Les autres portraits, cependant, no sout pas sans mérite.
Coinípe les primates, j is peuve.nt étre divisés en dix grandes
frimilles les chauves et les chevelus, les bruas et les blonds,
les gras el les maigres, les glabres eL les barbus, les majestueux et les burlesques. Cette derniére catégorie est la
moins raro, mais la plus recherchée. Un des prototypes a
pris naissanee en 1-Jollande. C'est le portrait gravé par de
Bry, que nous venons de décrire, eL dont l'original, heureusemcnt retrouvé diez un brocanteur de Bruxelies, acheté par
le roi Louis-Philippe, en 1833, figure dans les galeries du
musée de Versailles. 11 inspire un sentiment de terreur au
corps diploinatique. En eff'et l'ltalie, qui roule sur i'or, les
deux Ainériques et iaintc autie nation prospére nc se
fatiguent pas de le faire copier h grands frais. Que de
dépéches, cbiífrées et en elair, que d'auiorisations ministérielles solliciiées eL, hñtons-nous de le reconnaltre, accordées gracieusement aprés délais; combien de démarehes et
d'efforts! Les ambassadeurs el leurs secrétaires, privés de
repos, mauclissant Colomb, sa découverte et son centenaire;
un peuple de peintres, de graveurs et de photographes, sans
cesse en mouvement sur la route de Versailles ; le palais de
nos rois encombré par les chevalets, les toiles, les appareils,
empesté par les vapeurs de la téréhentine et du collodion ; -
- 20 que serait-ce dono si l'autre portrait hollandais, emporté par
les Prussiens cornme dépouille opime, était encore en place41?
Eux aussi possédent un portrait de Christophe Colon-ib, et 11
vient de France. C'est le conirnencetnent de la revanche 1
Mais le pays par excellence pour les objets de cette espéce
est et sera toujours l'Italie. LA, véritabiement surgit la premiére effigie supposée de l'illustre navigateur. Ce ha dans
la galerie de tableaux forrnée par Paul Jove, principal ornement de sa villa du lac de Cóme. Les Elogia du singulier
év&que de Nocéra, imprimés A BAle en 1575, contiennent une
piétre gravure sur bois que Fon suppose faite d'aprés ce
portrait. La conjecture est-elle juste? Au moins iIn'y a pas
cI'image, ou prétendue iinage, de I'illustre mann qui soit
plus ancienne. A l'époque oü elle fut gravée, Colomb était
mort depuis soixante-dix ans, (laus le plus profond oubli,
et son départ de !'Jtalie, oü il n'était jamais revenu, datait
d'un siécle environ. Quant au tableau lui-méme, modéle (le
la gravure, ji existe en original, natune]lement, daus quatre
villes différentes A Fiorence, A Madrid, A Cogoleto et A
Cóme, oó Fon vient trés A propos de le découvrií' 42 . Ce portrait
représente le grand Génois A diverses é . poques tic sa vie,
mais non dans sa jeunesse. 11 y a la une ¡acune regrettahie,
qu'une autre découverte celle du crAne autheritique de
Colomb enfant, ne tardera pas, sans doute, A combier.
Source inépuisable de gloire nationale et de proíits, le
portrait ad vivum de l'immortel navigateur est devenu un
tel objet d'exportation que les éconotuistes s'étonnent de nc
pas le voir figurer daus le tarif remanié de l'ltalie.
Ce qui ajoute un charme inexprimabie A ces bclles peintures, c'est leur augusto provenance. Les pninces, les ducs
ct les grands-ducs Cosme de Médicjs, la pnincesse Flippolyta, Fendinand d'Autrichc (pére et flIs), Alexandre Far-
- 21 rése; les patriciens Aldobrandini, Gradenigo, Borghése,
no commeneórent á respirer qu'aprés avoir obtenu un
portrait de Colornb. Le: rritie1 Van Eyck, Sebastien del
Piombo, le Parmesan, Lorenzo Lotto, sur l'ordre de ces
hauts et puissants seigneurs, consacrérent leur talent á
peindre et repeindre les traits du grand homme. Les
iliustres artistes le firen revivre sous toutes les formes et
en toutes couleurs; car, - phénornéne dont l'anthropologie
no nous a pas encore Jivré le secret, - Christophe Colomb
possécla sirnultanément les aspects ondoyants et divers que
nous nc cessons d'ad,nirer. Chacune de ces merveilles de l'art et de l'histoire porte
en so¡ -le cachet de son authenticité. Ainsi, le plus fameux
aujourd'hui de ces superbes portraits, récemment découvert
it Venise par un consul général américain, chez ]e deseendant légitime, mais appauvri, du doge Gradanigo ; acheté
pour une forte sornme par un capitaliste de Chicago, et qui,
aprésavoir servi de type j our les nouveaux timbres-poste et
le dollar comrnémoratif 43 , oceupera la place dbonneur dans
la deuxiérne section; enfin, le portrait peint sur le vif, h
Crcnade, pour le Sénat de Venise, par Lorenzo Lotto, signé
et daté de 1502, montre Colomb exhibant a yee un justo
orgueil la carte du Brésil, pays oit il no fut jamaís, dressée
deux ans aprés sa rnort, par l'Allemand Johannes Ruysch
en 1508".
11 y a surtout et avant tout le seul, i'unique portrait
véritable de Colomb, portrait d'une valeur inappréciable,
qu'on a tout licu de croire provenir [en ligne directe] de
Béatriee Enriquez [la maitresse de Christophe Colomb],
attrihué [aussi] h Antonio del Rineon, peintie disabelle la
Cailiolique, apporté de Cordoue t Cuccaro au ni° siécle, et
appartenant su postuiateur officiel de la cause du grand
amiral prés la eour de Rome, qui le tient de l'abhé Colombo,
dernier cointe dudit Cuecaro, parent [non mojas authentique] de Christophe Colomb 45 ». Maiheur á l'incrédu]e
assez hardi pour róvoquer en doute un seul de ces faits!
*
Dans ecL ordre d'idées el de vérité hisiorique, la section
Latino-Américaine exhibera également cc le porirail clii
P. Juan Perez de Marchena, le prieur du Inonastére de Santa
Maria de la Habida », renouvelé apparemmeni des fréres
Siamois, car sous ce vocable se trouvent deux personnages
absolurnent distincts, é savoir 1° le P. Juan Perez, l'ancien
confesseup de la reine Isabelle, 20 le chartreux Antonio de
Marchena46.
Le progranime annonce aussi « les portraits autographes
el reliques des Pinzon, de Luis de Santangel el d'autres
personnes qui participérent á la grande entreprise ». Les
organisateurs de la section oublient de nous donner l'assurance que les industriels chargés de la commande seront
pr&ts en temps utile.
Daus la galerie de tableaux cc historiques », o.a exposera
« une vue de l'Université de Pavie, 01 Colomb étudia l'astronomie nautique el la navigation ) - sans y avoir jamais mis
les pieds . It/em les quatre scénes suivantes
La scéne lorsque Ferdinand d'Aragon ayant annoncé
que le Trésor était vide, Isabelle s'éeria Eh bien! j'entreprends la chose á mes frais 48 , el je vais mettre en gagc mes
joyaux (queje ne posséde plus depuis 1489) . C'est dans ce
tableau que dm1 figurer le coffret en ivoire ciselé, vendu
l'autre jour á New-York.
La scéne non lnoins Louchante el déjá si souvent représentée, oú Colornb se jette aux pieds de son équipage découragé
- 23 et le supplie de lui accorder viñgt-quatre heures encore.
Mais ce sont les académiciens espagnois qui he vont pas
étre contents, eux dont les conféreuces et les écrits corume nos lecteurs le verront.bientót - voudraient piouver
que ce fuL Colomb, au contraire, qui supplia ses compagnons
de le laisser revenir en E spagne sans avoir Fien découvert!
La réception splendide que Ferdinand et Isabelle firent á
Colomb, lorquil leur apporta á Bareelone la nouvelle de sa
mórnorahie découve.rte. Le roi et la reine se lóvent, ils font
asseoir l'heureux navigateur á cóté d'eux, non dans un fauteuji, seuiement sur une chaise, ce qui d'ailleurs de mémoire
d'homnie nc s'étaitjamais vu, etc., etc.
11 est bien extraordinaire, tout de méme, que les anuales
de la municipalité harcelonnaise, qui, pour 1année 1493, sous
trois formes différentes, donnent jour pour jour, heure par
heure, ce qui se passa de notable á l3arcelone en cette
année, ne mentionnent rien de pared, ni d'approchant"°.
Enfin, comme bouquet, un tableau superbe, dont voici la
description textuelle
« La scéne de Fuf. Lorsque Colomb revint de son
second voyage (1496), des gens de la cour ayant dénigré sa
découverte, ji leur demanda de faire tenir un ceuf debout.
Nc pouvant y réussir, Colomb montra eomment ji fallait s'y
prendre (en brisant déheatement un des bou LS). Sur ce, ils
s'écriérent: Mais tout le monde peut faire cela! Et Coiornb
répondit ayee jusLesse : Oui, apr?s que j'ai montré
comment 50 1 »
\Toiiá queis seront les plus beaux ornements de ces fétes
de líntellígenee auxquelles nous somines conviés!
III
Que Pon ne se méprenne pas sur le sens de nos paroles.
La pensée de cornrnémorer a yee éelat le quatriérne centenaire de la découverte de 1'Amérique est juste et belle. Nous
y applaudissons de tout caur; nos vux Faccornpagnent
Chicago, á Huelva et á Gnes. Ce qui nous afflige, c'est de
voir périr les conqutes du libre examen, la légende renattre
et s'inip]anter, la critique bafouée, les vérités rnéconnuies,
parodiées. 11 nc s'agit pas seulernent de falsifications ridicules et d'une galerie de caricatures. Cette ignorance des données les plus élérnentaires de I'histoire, ce manque
absolu d'esprit critique; cette présou-nption cjui veut tout
savoir, tout expliquer, saris. études et sans preuves, se
rnontrent a yee la nrne audace cinas les écrits depuis peu
répandus parmi nous. En Espagne, en France, en ltalie, aux
Etats-Unis se fabriquent de nombreuses hiographies du
grand Génois. Les unes ressassent encore ce qui trame
depuis un siéele dans des livres futiles ou décriés. Les
nutres, affichant la prétention aux profondcs recherches,
découpent, triturent, paraphrasent les faits, les document.s,les résultats pris en silenee dans l'uvre d'autrui.
Depuis Iongtemps, ji n'a para sur Colornb eL la découverte
du lNouveau Monde que trés peu d'ouvrages tétnoignant de
recherches, rnme superficielles, dans les archives d'Espagne eL d'ltalie. Moins d'auteurs encore ont entrepris la
- 25 tche ingrate d'arriver á la vórité par l'analyse critique,
patieuite et impartiule de toutes les sources de Uhistoire. Les
c1uelques travaux conçus dans cet esprit et a yee la loyauté
qu'un tel examen comporte, offrent un cadre tout fait eL une
mine presque inépuisable d'utiles renseigneinents. Aussi,
académiciens, professeurs, folliculaires et faux érudits se
sont précipités Ét I'envi sur ces livres, copiant, pillant ce
qu'ils en pouvalent comprendre; presque tous morclant la
main qui les a nourris. C'est Ja piraterie littéraire exercée
en ses formes multiples et le plagiat élevé á la bauteur
d'une institutión!
Mais que de sagesse dans cette maniére d'envisager les
droits de la science et les droits du prochain Pourquoi la
peine, les fatigues, les sacrifices? Consacrer son temps, sa
force, ses ressources á recueillir, dans la poussiérc des bibliotbéques et des archives, ici un fait, lii une date, ailleurs de
simples indices oubliés, perdus; en extraire, par l'analyse et
les méditations, la sornme de vérité que ces données renferment, c'est nc point se souvenir qu'il y a des ¿tres mis au
monde exprés pour épargner aux autres ce pénible labeur.
Espéce de plébe, peu nombreuse toutefois, mais flattée de
rendre service á tant d'esprits si distingués.
Puis, Iorsqu'on écrit, c'est pour &re 'u, dit un, vieil
adage, et l'auteiir le plus vain n'imagine pas facilement
un nombreux publio absorbé dans la lecture de dissertations hérissées de dates, de références, de piéces justificativos sur Colomb, sa vie, ses voyages et ses malheurs.
Passe encore s'il s'agissait d'un sujet qui reléve des scie»ces
á la mode! Mais la déeouverte du Nouveau Monde, qui
semble á quelques-uns l'événement le plus considérable des
temps niodernes et le plus propre á soulever de difficiles
problémes dans tous les ordres des connaissances humaines
- 26 géologie, ethnographie, linguistique, bistoire, l'Árnérique
enfin, pour les savants de nos jours, ce n'est que la plus
nóglígeable des quantités. Oit no se gne pas pou' le cUre
et le montrer au Palais Mazarin.
*
11 est essentiel aussi de séparer le hon grain de linaje,
en éliminant les faits et les preuves contraires aux écrits
d'autrefois. No l'oublions pas, ce qui a été imprimé touchant
Christophe Colomb, ti Venise, en Pan de grce 1571, est vraiiIl,
imrnuablernent vrai. Y contreclirc, et surtout en ce qui se
rapportc ti l'origine, ti la jeunesse, ti la famille, aux occupations du héros avant ciu'il devint faineux, c'cst poi-ter une
main sacrilége sur un monument élevé ti sa gloire par le
plus religieux aniour de la vérité gui fut jamais Pour n'avoir
point voulu d'embiée accorder ti cene biographie hispanovénitienne l'autorité due aux livres canoniques, certain puhliL
ciste n'éc.happera pas aux géinonies, - et ce sera bien faitl
Bassurons ccpe.iidant les conscíences. Aucun docleur
orthocloxe n'enseigne que I'Histoire de Christophe Colomb
attrihuée ti son fis illégitime contient, cornwe le Coran,
tout, absolurnent tout, ce qu'íl est permis de savoir. Ainsi
peuvent s'exercer le coup d'03i1 iníaillible eL la sfiretá de
in am d'une eatégorie d'autcurs, incapables de rien découvrir, oti de von' par eux-mémes, et que leurs compilations
rnalgré tout ohligent ti no rien omettre.
Selon les historiens bien pensants, voici done ce qu'il faut
inculquer dans l'esprit des populations
Rejeton légitirne, direct et avéré d'une famille patricierine
de Plaisance; d'une noblesse remontant ti Junius Colonus,
consul roinain, Christophe Colornb naquit on nc sait oü ni
quand. Pauvres, mais fiers, ses ancétres no s'abaissérent
- 27 jamais ú travailier de leurs bras et aucun de ses parents
n'exerça d'état manuel. De pére en fila, jis furent tous
monis de profeasoui et, avant Colomb, ji y eut des amiraux
dans cette noble Iignée. Colombo, l'aicltipitata ¿liustn,
ainsi que Colombo junio;, dont le nom seul faisait frissonner d'épouvante les enfants au bereeau, eomptaient parmi
ses valeureux aneétres.
Voihi pour le sa:ng bleu, absolument indispensable, qui
nc manqua pas de conler dans sea veines.
De honne heure Colomb aHa étudier á l'Université de
Pavie la cosmographie et l'astronomie, ainsi que devait le
faire tout fis de famillie bien élevé, qu'il fút riche ou pauvre.
Cela n'empcha pas ]e jeune patricien génois de se lancer
dans la carriére niaritime dés l'ge le plus tendré, et jI nc
eessa plus de naviguer. Son habileté devint telle que le roi
René Iui confio le coinmandement dun fort grand navire de
guerre et le chargea en personiie d'aller á Tunis s'emparer
«une galéasse ennemie.
11 conibauit sous les ordres de son ¡Ilustre parent Colombo
junio;' (nécessairement pour le compte de la France), et prit
part au fameux combat naval du cap Saint-Vincent. L'ennemi
fut cruellement décimé, mais le vaisseau-amiral, sur lequel
se trouvait Christophe Colomb, ayant été dévoré par les
flammes, notre homnie se jeta résolument á la mer et,
saehant trés bien nager, atteignit heureuseinent la cóte du
Portugal. C'est ainsi qu'il arriva dans ce pays.
Voilá pour les faits merveillleux que tout biographe instruit
et inteliigent doit trouver dans la jeunesse de son héros.
ih 1 bien, quand le monde entier se léverait pour nous
imposer ce récit, nous ne cesserions de diré, d'affirmer
envers et centro tous, que e'est un tissu d'inventions,
depuis le premier mot jusqu'au dernieri L'ócleetisme et les
concessions nsont pas admissibles un seul instant. 11 s,agit
de choisir tout ou rien. Si la biographie qu'on préconise est
vraie, les documents tirés des archives de Génes, de Savone,
de Venise, sont faux. Ces légendes nc se peuvent concilier
avec le térnoignage des chroniques italiennes contemporaines et les actes du notaiiat génois.
Maintenant, que disent, que prouvent les documents, les
fáeheux docurnents ?
D'aboi'd, que les amirakix surnommés Colombo au xv° siécle
n'étaient. ni Génois, ni ltalicns, mais de véritables Français,
nés en Gascogne, sans l'ombre d'une parenté quelconque
a y er, les familles génoises ainsi nommées. lis nc s'appelaient
pas méme Colombo. Leur nom patronymique était Caseneuve; l'unGuillaurne, l'autreJean52 . Ensuite, que le combat
naval da cap Saint-Vincent fin livré le 21 aoi'it 1485 et qu'á
cette époque Christophe Colomb était depuis longtemps en
Portugal, établi, marié, pére de fainille.
Quant á la véritable origine de Christoplie Colomb, la
voici en bref
Dés le premier quart da XV° siécle vivait dans la petite
ville de Quinto, voisine de Génes, un pauvre piébéien
nommé Giovanni Colombo. It était originaire de la Fontanabuona, vallée au cur de la Ligurie; apparemment dii
village de Moconesi.
Ce Giovanni eut deux (lis : l'un appelé Antonio, qui resta
dans sa petite vilie; l'autre, appelé Domenico, vint se fixer
á Génes, peu avant 1439. Ils étaient tisserands de profession.
Dornenico épousa Susanna Fontanarossa, filie d'un confrére habitant le Bisagno, banlieue de la grande vilie. De
cette union naquirent cinq eníants, dont quatre (lis, nomrnés
Cristoforo, Giovanni-Pellegrino, Bartolorneo et Giacomo, qui
tous, comme leur pére, travaiilérent á la carde ou au métier
- 29 tisser. La filie, Bianehinetta, épousa Giacoino Bavarello,
froinagier-charcutier, dont la petite boutique se trouvait non
loiti de la demeure de Dornenico, dans le faubourg SaintEtienne, quartier des tisserands.
Christophe, qui était l'ainé, reçut quelque instruction,
vraisemhiabiement dans une de ces écoles primaires que la
corporation des tisseurs de lame subventionnait au Borgo
de¡ lanieri. 11 nc semble pas avoir aecompagflé son pére á
Savone, lorsque celui-ci alla s'y établir cornme tisserandcaharetier,en 1470; bien que les documents nous le montrent
plusieurs fois dans cette vdle, de i70 á 1473. Bien n'empéche qu'au sortir de i'adoleseence, j i alt concilié a yee les
exigenees de sa profession de tisseur, qu'il continua d'exercer á Génes, des étucles nautiques élémentaires, voire
quelques voyages dans la Méditerranée combinaison fr&quente parni les ouvriers des ports de mer.
Vers i'année 1473, Colomb s'émaneipa compiétement et
émigra en Portugal. II y y écut douze ou quatorze ans, et de
Lisbonne, sans doute, rayonna au nord jusqu't Bristol et
jusqu'en Isiande, au sud jusqLk'en Guinée. Puis Colomb se
maria, en Portugal, ay ee la filie d'un Moniz ou d'un Perestr&lo, leciuc l , soit dit en passant, qu'on le nomine Pietio ou
Bartholomeu, ne fut jarnais i arin ni nc découvrit quoi que
ce soit.
Q uant aux fréres de Colotnb, Giovanni-Pellegrino, resta
au pays et y mourut, avaut 1480, Bartolorneo et Giacomo,
ce dernier le plus jeune, émigrérent á leur tour et on nc les
retrouve qu'en Espagne, des annécs aprés, lorsque leur amé,
devenu eélébre par la découverte qu'il venait de faire,
les appela auprés de lui 51.
\Toilh la vérité, toute la vérité, rien que la vérité 1
30 *
Au xv° siécie, presque toutes les villes européennes du
bassin (le la Méditerranée possédaient une ou plusieurs
famijies dii núm de Colomb. La France n'eu était pas
privée. Les nohiliaires aceusent la pisence (le nomhreux
Coiomb á Marseille, á Castellane, ñ Aix, á Alais, á Mencle, au
Puy, á Montauban, á Montpellier, á ioiiIouse, ñ Digne 54. Plusieurs s'arrogércnt mme les armes octroyées par les Ibis
Catholiques A Cliristophe Colomb, en 1493. Dans la province
de Gnes seule, nous avons relevé sur des actes notariés du
xiv° et du xv° siécle, plus de cent cinquante Colombo,
appartenant au moins á trente familles différentes. Par cette
multitude d'homonymes s'expliquent les origines légendaires qu'on retrouve presque partout.
Cependant le lecteur, si peu exigeant qd'il soit, est fondé A
demander aux historiens profanes et iconociastes d'oü vient
Jeur grande science; cOmment surtout jis arrivent A démontrer que ce Cristoforo Colombo d'origine infime est bien le
g]orieux Christophe Coiomb qui découvrit l'Ámérique.
lIs répondent que la démnonstration est facile. En voici la
preuve
Un dossier judiciaire, composé exclusivement d'actes
authentiques provenant des archives savonésiennes, étabiit
les fajts suivants
Titius, créancier par héritage, se présente devant le
magistrat de Savone, le 8 avril 1500, h l'effet d'olaenir l'autorisation d'assigner comíne témoins les anciens voisins d'un
débiteur de feu Sejus, pére de Titius.
Ledit débiteur se nomme Dornenico Colombo, et sa dette a
pour origine le prix impayé d'une petite terre vendue á ce
Domenico par Sejus.
- 31 La raison pour laquelle rrititls aux termes de la lo¡,
demande k faire comparaitre les voisiris de Domenico, c'est
(fue ce dernier est morE eL que ses héritiers mit quitté le
pays depuis longiemps. lis nc peuvent done &tre touchés
par l'assignation. C'est le fait que le réclamant cloit prouver,
car la lo¡ exige que les héritiers du débiteur soient mis en
cause.
Ces héritiers sont trois Lis de Domenico, appelés, l'&né,
Cristoforo; le puiné, Bartolomeo; le cadet, Giacorno.
Le 26 janvier 1501, Titius renouvelle ses cliligences et les
voisins assignés viennent déclarer sons serment, comme fait
notoire, que lesdits Lis de Domenico Colombo, c'est--dire
Cristoforo, Banolomeo et Giacorno, « maintenant appelé
Diego, » nc vivent plus á Savone dcpuís des années et qu'ils
habitent une partic de I'Espagne.
Voici done un Domenico Colombo, clébiteur pour un bien
rural aeheté de Sejus, ñ Savonc, avant l'année 1500. II est
pére de trois Lis, dont lainé s'appclie Cristoforo, le puné
Bartholomeo ct le eadct Giaeorno. Ces trois Lis ont vécu á
Savone, mais en 1501 jI y a Jongtemps qu'ils sont en
Espagne. Une nutre eireonstanee rare et digne d'étre notée,
cesE que le plus jeune des Lis de ce Domenico Colombo a
traduit en espagnol son prénom génois. 11 ne s'appelle plus
Giaeomo, mais Diego. Ces faits sont aequis55.
Cependant Christophe Colomb dit ]u¡-niénie, dans son
testainent, qu'il est né dans la ville de Gnes, et jusqu'ici,
on nc nous a montré que des Savonésiens; cherehons le contrat de y ente, cause premiére de cette procédure. Nous y
reléyerons eertainement de nouveaux indices.
On le posséde. 11 est en date du 19 aoút 1474, et nous
apprend, g.rñee á l'antique eoutume des tahellions italiens de
toujours rappeler le nom clu pére des parties contraetantes,
- Chrinop/ie CoIomb devíuu lJlücoire.
3
-
-
que Domenico Colombo est le fis (le Giovanni, qu'il est originaire de Quinto, habite Savone, mais vient de Genes eL
exerce Ja profession de tisserand.
Que faut-il encore? Démontrer que ces faits avérés, formant un indestructible faisceau, concordent parfaitement
ayee ce que Fon salt d'autre 1 art de l'origine, de la famille
eL de la jeunesse du Christophe Colomb qui déeouvrit
l'Á.mérique.
Voici la concordance demanclée Au xv° siécie, h Gnes,
ceini pu était (lis dun tisserand-cabaretier eL beati-frére don
marchand de fromages ou de chareuterie passait, généralemcta, pour &tre (le condition modeste. Or que dit Antonio
Gallo, annaliste oííiciei de la républ.ique de Gnes, conteinporain eL compatriole de Christophe Colomb , iorsqu'il parle
de ceiui-ci et de ses fréres ? Genawplcbcizs ovil pa'eni.ibus
« Nés de souche plébéienne génoise. » L'évque Giustiniani,
autre concitoyen du grand navigatelir, est plus explicite
encore Vilibas otuspaicntibus « 11 était de basse extraction. » Mais ces deux historiens, qui font autorité, nc
s'expriment pas ainsi avec la pensée de décrier leur citoyen,
dont ils racontent les 1reniéres décotiveries sur le
ton de l'enthousiasme. lis veulent simplemeni constater le
fait que Colomb n'appartenail. pas a une famille de patriciens.
N'est-il pas aussi avéré que son p&e se nominait Domenico? Oviedo, chroniqueur royál des ludes, qui eonnut personnellement Christophe Colomb, ses fréres eL ses fis, rapporte que « Santo-Domingo fuL ainsi nominé en l'honneur
de son pére Dominique ».
Peut-on ré-voquer en doutc que ce péi •e fin tisserand de
profession ? ATani icxlorpatcr « leur pére était tisserand, »
disent Gallo eL Senarega, ce dernier également Génois eL
contemporain.
- 33 Que Domenico Colombo vécut encore en 1474 el plus
tard ? Oviedo relate que le granci homme, en fis dávoué,
alors qu'il vivait en Portugal (4.473-1484), envoyait des
secours h son vieux
Christophe Colomh n'eut-il pas deux fréres, l'un.Barthé1cm)', qui élait son puiné? i'autre, le eaclet, nommé Gineomo
ou Diego? /Jartoto,nd e Diego mis hermanos, répéte maintes
fois Christophe Coiomb dans ses écrits. Bwi/tolomeum, ac
ieziium f)alrem .Jacobu,n in ea expcdition.e C/tiistop/toiu.s
.çecum duxit, dit Galio, i une poque oü les noms de Barthélemy et de Diego Coionib n'avaient pas encore été mentionnés
daus les éerits historiques.
Ce nom de Diego ou Jacques, n'est-il pas l'équiva!ent
espagnol de Giacomo?
Christophe n'étaít-il pas en Espagne á dater de 1486, Bar-.
thélemy depuis 1494 et Diego á partir de 1.493, saris que
I'un on l'autre ait revu le pays nata! att XV° siécie ?
Enf'in, nc posséde-t-on pas un eontrat passé á Génes, le
30 octobre 1496, aux termes duque! trois Colombo de Quinto,
1 etits-fils (le Giovanni, fils d'Antonio et neveux de Domenico,
envoient l'aíné, á frais communs, vers « Christophe Colomb,
aniiral des mis d'Espagne )>, et devront partager ce que ce
voyage aura rapporié? Qu'est-ce, sinon une démarche de
parents pauvres, - id des cousins germains, - auprés d'un
membre de la famille arrivé aux honneurs et á la fortune P56
Les dénégations gratuites et irréfléehies de ceux que ces
faits authentiques génent dans Ictus théories et dans leur
crédulité auraient une consécjuence originale, surprenante.
it aurait existé h Génes, en niéme tenips, á la fin do
xv° siécie, nous nc savons combien d'individus appeiés Cristoforo Colombo, tous fIs «un Dornenico Colombo, tic
Quinto, invariabienient tisscrand de profession, tous petits-
f
- 34. fis d'un Giovanni Colombo, tous ayant pour mére une
Susanna Fontanarossa, da Bisagno, pour frére puiné un Bartolomeo, pour frére cadet un Giacomo, lequel plus tard
s'appela aussi Diego, tous pour beau-frére un charcutier,
pour ancle, á Quinto, un Antonio et pour cousius germains
un Ciovanni, un l\latteo et un Arnighetto Colombo; tous ces
sosies de Christophe, (le Barthé]emy, de Diego Colomb,
a ii raient vécu dans]es mrncs années á Génes ou á Savone;
nnraient érnigré en Espagne á Ja méme ópoque, s'Y seraient
trouvés en Fan 1500; tous apparentés, d'ailleurs, 5 un amiral des Rois CaUrniiques!
On est humilié d'avoir des contradicteurs auxquels it faut
dire qu'une telle réunion dé particularités, 5 moins dun
mirado, no pdut se trouver que dans une seule.famil!e
*
Ce qu'on ne saurait trop admirer, pourtant, c'est lesgloses
précises ajoutées par nombre de savants historiens 5 la biographie que Fernand Colonib écrivit de son pére et dont
nous venons, en tremblaut, de montrer le caractére véridique. On voit 15 combien l'histoire est devenue seicnce
facile et coniment tout une ehronologie pent surgir en un
clin d'i1, lorsque le moment psyehologique est venu.
Ainsi, c'est entre 1.448 ct 1451 » que Domenico
Colombo, pére de Christophe, vint se fuxer 5 Génes ayee sa
fenime et ses trois enfants » (bien qu'un acto notarié le
montre étahli déj5 dans cette ville au avril 1439). Quant
au séjour de Colonib 5 l'Université de Pavie (oil certainement
il no mit jarnais les picds), « ji avait á peine dix ans iorsque
son pére, s'imposant de durs sacrifices, i'y envoya étuclier la
philosophie naturelie et la philosophie extrao rdi naire. »
(Apparemnient les cnfants étaient tres précoces • 5 cette
- 35 époque 1) « 11 y resta durant trois années», (ni plus ni moins.)
C'est « en 1454 que Colomb quitta l'Jtalie pour le Portugal ou, ad libitum, « entre 1470 el 1471, (á telle enseigne
qu ' un notaire, recevant son témoignage á Savone, le qualiíie
encore, au 20 mars 1472, de « tisserand de Génes .) C'est
néanrnoins au eours de 1459 qu'il accompagna dans sa
campagne contre le royaume de Naples, Jean (FAnjou, due
(le Ca]abre (qu'il n'aeeompagna jamais nulie pauL). C'est en
« 1473 que l'aventureux mann proposa son pian au Sénat de
CSes, qui le refusa, prétextant la pénurie du trésor
épuisé . (Comme s'ii y avait ¡'ombre d'un doeument ou
dune prohabilité pour une proposition de ce genre !) Ce fut
aussi « en 1473, qu'i] se maria aux Açores ». (Mais l'impeccable Fernand Colomb dit que ce fut á Ltsbonne el, forcéeément, aprés 1485 1) Ce mariage se fit alors quil avait
trente-sept ou quarante ans. (Déeidéinent Colomb, comme
nous le verrons bientót, était destiné aux amours tarclives.)
« C'est antérieurement au mois (le ]Ulfl 1474, que Chuistophe Colomb comrnuniqua Éi Paolo Toscanelli son projet de
navigation á I'Ouest. » (Conséquemment ¡'astronome florentin mit cinc1 ans á liii répondre 1) « C'est au printemps (le
1485 que le célébre navigateur revint aGénes (attendu que,
jouissant du (ion d'ubiquité, ji combattait A cette époque,
ce que raconte son fis el historiographe, sur le navire de
Colombo Jwzior, danslegolfe de Gascogne. A moins cependant que ce fut cotn.rne voyage de noces, puisque e'est aussi
duns ce temps-lá qu'il se maria). C'est le 29 aoit 1487 que
lui naquit son dit fis illégitime Fernand (paree que les exécuteurs testamentaires de co dernier déclarent sous serment
quil est né le 15 aoút 1488). Enfin, c'est le 20 mai 1506 qu'iI
mourut, vu que ce fut le jour de l'Ascension (qui justement tomba ocRe année-lh le 21) 57. Si, aprés tout cela, les
érudits ehargés de préparer une nouvelle édition de I'Ar/ de
'énfier les cintes no se déclarent pas satisfaits, c'est qu'ils
sont véritablement par trop difficiles á contento¡-.
*
Parlerons-nous de la date de sa naissance? Quoi qu'cn
disent les patrioles de la Corso, on no posséde pas l'acte de
haptéme de Colomb. Une raison assez plausible, c'est que
los actos de baptéme datent seulement da Concile de Trente
et qu'á lépoque de ce concile, Christophe Colomb était mort
el enterré depuis quarante ans. Cet argument no satisfera
l)S tout le monde, nous le savons. Des commissaires de la
grande Exposition se proposent méme de rechercher ce
document daus les registres baptisrnaux de I'église SaintEtienne et jis espérent le découvrir i ternps pour lexhiher
dans la deuxiéme section. Nous no doutons pas qu'iIs
réussissent.
En attendant, l'année dans laquelle ji naquit est aussi
controversée que le lien méme. Un document, découvrt
dans les archives de Génes en 188758, léve tous les doutes de
ceux qni ont des yeux pour voir et des oreilies pour entendre.
C'est un acto notarié en date da 30 octobre 1470, dressá a
Génes, oii figure « Christophe Colomb, fis de Dominique,
partie contractante », et dans lequel ji est dit étre, par le
notaire instruinentant, « majeur de djx-neuf ans ». Comme
en droit romain et génois ji y avait plusieurs maj orités, dont
la derniére était fixée a l'ágc de vingt-cinq ans, ce Christophe
Coiornb est né entre le 31 octobre 1446 et le 31 octobre
1451. Nous penchons pour une date plus rapprochée de
1446 que de 1451. Le lecteur nous pardonnera de no pus
étre plus précis quand on fait ce qu'on peut, on fait ce qu'on
doit, disent ]es sages.
- 37 Mais ce Christophe Colomb est-il bien le nótre? A cette
question, le critique répond que les archives génoises, si
étorniarnment riclies en homonymes, nc possédent cependant qu'wz seul Colonibopi'e'aomnté Crisioforo 59 et que celui
du document précité est dit fils de Donienico, comme
]'¡Ilustre navigateur. Que justement, á cette date, en 1470,
nous connaissons la présence á G&ies dii Domenico Colombo
des actes génois et savonésiens et de son fis Cristoforo. Que
la qualité de mineur attrihuée á ce dernier en 1470 se
retrouve dans d'autres actes dressés de 1470 a1473 á Savone
ci á Génes. Qu'enfin ces docuwents placent impliciteinent
l'époque de sa naissance peu aprés (44660.
En Espagne, oú licurit, conime tout le monde sait, une
critique saine et savante, en tient pour la date de 1436,
vol re mórne pour celle de « 1433 ou 1434 »; ce qui entrame
des conséquences bizarres et inattendues. Dans une publication remplie de bolles images, merveilleux joujou francoespagnol « la joie des enfants, la sécurité des parents 61, ce
mil]ésime Ílamboie d'un éclat nouvcau. On y rapporte, á
l'appui, le propos du curé Bernaldez « Colomb mourut á
I'ñge de soixante-dix ans, plus ou rnoins
Et les incrédules, race perverse, méprisable, de demander
en douceur si Bernaldez n'a pu se tromper aux chevcux
blanes de Christophe Colonib, iesquels n'étaient pas dus k la
vieiflesse, mais aux cbagrins, ou u une disposition natureile, ainsi que le disent et son propre fis Fernand et Las
Casas, témoins oculaires
« Colomb avait la taille élevée, au dessus de la moyenne,
le visage long eL imposant, le nez aquiliin, les yeux bleu
clair, le teint blanc, tirant sur le rouge vi¡, la barbe et les
cheveux bionds dans sa jeunesse, mais le c/tagrin les blanchit de bonne Iteure, » rapporte Las Casas 62,
- 38 Fernand précise davantage « Lorsque Colomb était jeune, il avait les cheveux hionds;
amis loi'squ'il fid arrivé 4 l'áge de tiente ans, jis dein,ent
iota blanes63.
Ajoutons des années de cléboires, de pénibles voyages,
de inaladie, peut-étre aussi la misére et les privations dans
sa jeunesse, et no pourra-t-on eroire que Je vénérable curé
de Los Palacios a été le jouet cI'une apparence trompeuse?
Et eomment, ay ee justice, n'opposer á des preuves documentaires ce qui semble &re diez Bernaldez qu'une vague
expression et impression? Ces documents soñt des actos
notariés, authentiques, précis, pertinents; les textos cornplets
ont éIÓ publiés, analysés, approfondis, on a pris soin den
monirer les concordances, la portée. Pareille chame de dates,
de noms, danalyses, unetrame aussi serrée de déductions, un
tel ensenib]e, no peuvent étre passés sous silence. Cenes, ji
est beau de voir les critiques espagnols campés en noble auittidc, écartant d'un air dédaigneux le térnoignage et les autorités. La Ioyauté néanmojns demande, exige qu'aux preuves
en oppose des preuves, aux actos des actos, aux raisons des
raisous, et non de puériles hypothéses ou d'arbitraires désaveux. Mais póur se montrer juste dans la polémique, ji faut
d'abord étre capable d'apprendre et savoir réfléchir; on doit
se sournettre á peser le pour et le contre, a yee impartialité.
Hors dEspagne, personne n'admet plus les historiens
seience infuse, qui parlent du haut de leur cravate et dictent
des arr&s. lis s'exposent á la riséc publique, ceux qui prétendent raconter les événernents d'il y a quatre sRe1es, sur
le ton d'untérnojn oeuiaire eL auriculaire. Allons 1 savants,
heaux parleurs, andaloux eL madrilénes á la main preste eL
légére, faites un effort, si vous le pouvez-, et que les documents extraits des archives de Génes eL de Savone soient
diseutés 1
- 39 - Non! Quand un Espagnol a dit que Christophe Colomb
est né en 4433 ou en 1436, e'est que Christophe Colornb est
né en 1433 on en 1436, ji n'y a pas de documents qui
tiennent!
- Mais si Christophe Colomb est né en 1436, jI séduisit
Béatrice Enriquez et en eut un enfant á I'ftge de cinquantedeux ou cinquante-cinq ans 64?
- Tant pis pour Béatriee
- Alors ji y a trente-deux, voire méme trerite-cinq années
de différcnce entre Christophe et son frére Diego ° ? Leur mére
Susanna enfanta longternps aprés avoir passé la cinquantaine?
- Tant mieux pour Susanna 1
- Mais, d'autre part, si vous faites naitre Diego en 14461
c'est passé I'áge de cinquante-deux ans qu'iI entra au séminaire pour devenir prétre66?
- 11 n'est jarnais troj) tard pour bien fairel
- Devons-nous croire aussi que Barthélerny, autre frére
de Christopbe Colomb, devint pére á soixnnte-treizeans ?
- 11 ten ait de sa rnére671.
1:11
Reenler de dix ans i'époque de la naisance de Christophe
Colomb le croire d'origine patricierine ; donter qu'il soit né
clans l'enceinte de la vilie de Génes liii attribuer des idées,
des sentiments, des exp1oit que sa condition sociale, 8011
ge et les ternps o' it vivait rendaient ímpossibies, c'est no
pos savoir s'affranchir d'idées préconçues et qui nc reposent
sur ¡, ¡en. L'histoire en est offensée par ces erreurs se fortifie eneore dans lespril (les masses une légende rnalsaine
et se trouve retarciée I'heure oü le caraetére dii héros apparaitra sous son vrai jour. Tel ou tel de ces faits, ji Giut
I'avouer, ¡solé nc comporte peut-étre pas de graves conséquences. Mais de l'ensernble se dégage le type faux reçu
coilime vrai depuis longtemps eL partout.
Quoique des panégyrisies exaltés puissent dire, Christophe Colornb nc fut que de son époque, de sa mee et
de son pays un plébéien génois du xv° siécle, (le génie,
mais ni meilleur ni pire, comrne homme, que les autres.
L'observateur qul a pu discerner dans l'histoire de Génes les
traits distinctifs (le son peuple, voit ces traits se reíléter dans
la grande figure de l'illustre mann. Les constantes i.ncursions
maritirnes des Génois sur tout le hitoral de la Méditerrande
depuis le xC siécle Psprit d'entreprise qui pOussa les
Vivaldi des 1291 á expiorer la cóte occiden tale de l'Afrique,
a y ee lespéranee de parvenir aux Indes par un détroit i naginaire les cxpéditions, les conquétes, sans cesse inspirées
par l'ainour du lucre, á Ch) ,pre, á Scio, en Coi-se, et devenant sous l'adininistration de ¡'Office de Saint-George un
- 41 systérne d'exactions, saris nul égard pour les droits des
vaincus, voik bien assez de faits qui expliquent les projets,
les efforts, les exigences de Christophe Colomb et sa conduite violente aux Antilles. Mais au dessus d'actes injustos,
on volt aussi planer un mysticisme sincero, qui se leurre de
vagues pensées et d'uu vague espoir, mysticisnie inconnu
peut-€tre aux Carthaginois, mais que nous retrouvons de
nos jours, associé aune soif de Por non moins ardente chez
le peuple de la Nouveile A.ngleterre.
Cet esprit religieux, exalté par la maladie, les chagrius,
lingratitude, et dont les derniéres iettres de Colomb
a
témoignent un si haul degré, - auquel néanmoins personne
no Uit attention pendant des siécles, - c'est lá ce qui depuis
pon excite de zélés admirateurs á entourer le grand mann
d'une auréo]e, á le revtir d'un caractére presque sacré.
L'historien impartial n'hésite pas it reconnaitre que la
fe¡ catholique cut une grande part dans la conception et
l'cxéeution de la mémorabie entrepnise de Colomb.
« On coapte, dit la bello Encyeiique récemment pubuiée,
beaucoup d'hommes courageux et experts qui, avant et aprés
Christophe Golonib, se son mis ay ee un zéle obstiné a la
recherche de torres eL de mers inconnues. La renornmée
humaine, qui se souvient dé leurs services, célébre et célébrera toujouns leur mémoire, parce qu'ils ont reculé les
limites de la science et de la civilisation, et contribué á
aceroilre la prospérité générale; et cela non sans peine,
maisavee un purssant effort de volonté et souvent au prix
de grands dangers. II y a, cependant, entre eux et ceiui dont
nous parlons, une grande différcnce. Ce qui distingue éminemment Colomh, c'est qu'en parcou.rant les ¡inmensos
espaces de I'Océan, ji poursuivait un but plus grand et plus
haut que les autres. Ce n'est ps qu'il no Mt mu par le tres
- 42 légitinle désir d'apprendre et de bien mériter de la Société
huinaine ce n'est pas qu'il mépnsñt la goire, dont les
aiguillons rnordent d'ordinaire plus vivement les grandes
Ames, ni qu'il dédaignAt enliérernent ses avantages personneis ; mais sur toutes ces considéi'ations hurnaines le niotif
de la religion de ses anctres l'ernporta de beaucoup chez
]ui, elle qui, sans contredit, lui inspira la pensée et Ja
volonté de l'exécution et lui donna jusque dans les plus
grandes difficultés la persévérance a y ee la consolation. Cay
¡1 est constant que la principale idée et la conception qui
dirigea son esprit, ce fuL d'ouvrir un chernin á I'Evangile á
travers de nouvelies terres et de nouvelies mci's »
En effet, au moment de .mettre á la voile, Colo.rnb, dans le
préambule de son journal de bord, rappelle aux bis Catholiques les tentatives du Graud Khan, qui plusieurs fois avait
envoyé á adme afin d'obtenir des docteurs pour liii enseignej'
la religion chrétienne. Et ji ajoute que « le Saint Pére n'ayant
pas répondu it cette louable volonté, tous les peuples de cc
prince se perdaient dans l'idolñtrie; ce qui décida Leurs
Altesses it envoyer Colornb vers les pays de l'lnde, auprés
de ce potentat et de ses sujets, et pour voir la maniére doM on
pourrait s'y prencire pon¡ , les convertir au christianisnie 68•
Nous avons peine it eroire, cependant, que la propagation
de la foi fuL « la principale idéc et la conception qui dirigea
l'esprit de Colomb dans cette grande eniseprise ». Les
faineuses capitulatíons du 17 avril 1492, si elles avaient été
inspirées par une intention aussi manifeste de propagande
religieuse, en devraient porter le téinoignage. cotnme le fait
le préambule des capitulations du 23 avril 1497; or elles
n'exposent qu'un projet de découvertes marilimes et l'espoir
* Tradcictioa de la Gaette de France, it0 da 21jiiitlet 1892. \Toir ata si,
pour le texte latin, le Monde, u° du 22 juilleL
- 43 de recuelilir « des marchandises de toutes sortes, des penes,
des pierres précteilses, de l'or, de l'argent, des épiceries60».
Dans aucun des actes se rapportant au premier voyage, eL jis
sont nombreux, nous n'avons non plus trouvé trace d'allusion
á des conqu&tes morales ou aux p'gi du christianisme.
Notous aussi que les caravelles, en 1492, no portaient ni
prétre, ni missionnaire, ni moine, pas méme un chapelain.
Mais, lorsque le fortiiné navigateur, débarquant aux
Antilles, aperçut, au lieu de la nation civilisée décrite par
Marco Polo, de sauvages peuplades, c'est alors que les
sentiments de profoiRle pitié religieuse, qui á toutes les
époques de sa vio gerrnérent au fond de son cur, firent
naitre en lui la ferme volonté eL l'espoir de convertir les
insulaires á la foi cbrétienne. A dater de ce jour, depuis
la lettre décrivant son premier voyage, adressée fr Ferdinand
et Isabelle, qui se termine par le vu « qu'on célébre sa
découverte par d'éeiatantes actions de gráce adressées á la
Sainte Trinité eL de nombreuses et solennelles qraisons pour
la gloire qui résuitera de la conversion de tant de peuples á
la saiiite foi°», la plupart de ses écrits témoignentde ce zéle.
Ces pensées religieuses, cet espoir de propagande, no justifient cependant pas entiérement la nouvelle école de panégyristes qui, en Franco, fait de Christophe Colomb « un des
héros de lÉvangile, sans aucune faihlesse, un saint ».
Le hardi navigateur n'en demanda jamais autant. Convaincu que le monde allait finir le mercredi 15 septembre 1656,
il no s'attribua, au temps de sa plus grande ferveur, d'autre
mission divino que de révéler au genre hurnain, avant
l'effroyable cataclysme, les parties du globo jusqualors
inconnues7 t . On peut dire, sans crainte de blasphérner, dcit
son « róle apostolique » en souffrir, que, cette fois au moins,
Colomb fut le jouet d'une illusion.
-44-.Les clesscrvants de la petite chapelle oi se brólent tant de
cierges, pour que leur idole alt sa place dans le calendrier,
nc sont pas la mansuétude incaruée. Maiheur á l'historien
consciencieux dom les écrils montrent en Coloni b un hornme
qui nc fut pas exempt de faiblesses On le vilipende, en
¡'exécre, le inensonge et la calomnie le poursuivent sans
trve ni merci. Dans l'intérét de la vérité, nous supplions
nos airnables adversaires de croire que, si á ilome en hésite
á béatifier Christophe Coioinh, ce n'est véritablenient pas
notre faute. Au contraire, dans la ville éter.nelle mAme,
ceux clui daignaient préter l'oreille á nos discours, nous
avons plaidé a y ee chaleur les circonstances attónuantes.
Oui, Colomb cut une liaison aYee Béatrice Enriquez, t
Cordoue, daus l'année 1488. De cette liaison naquit un Uds
illégitime, Fernand, dom i'amour des livres seul suífirait ñ
effacer la tache originelie, si tache ji y a. Pour tous les contemporains, la bhtardise de Fernand était un fait avéré;
depuis, rien n'est venu l'infirmer 72 . D'ailleurs, les eníants nés
hors niariage n'étaient pas rares daus cette famulle. Barihélemy Colomb, honirne austére, cut néanmoins, á l'ñge de
oixante ans, une filie hAtarde 73 , Maria Marron. Diego Colomb,
fis amé de Christophc, devint pére de cleux el1fanis la
veille de son mariage a yee Doña Maria de rroláde niéce
du cinc cl'AIhe. Luis, petit-fis et héritier (le tous les titres,
polygame fleifé, condarnné comme tel ñ l'exii, nc manquait
pas non plus de progénitiire iHégitime. Enfin, pour Diego,
frére du grand Christophe, qui était d'égiise et en passe de
devenir évAque, qu'est-ce que cet enfant de la servante Barbola, qu'il charge su propre niéce d'élever et auquel ji légue
cent onces d'or? Nc cloit-on pas prés ti naer que c'était un
fis né du cornmeree illicite dudit Diego a yee une négresse
Pourquoi faire de cette irréguiarité un crime qui
- 45 cm péeherait Christophe Colomb d'1re compté au nombre des
bienbenreux C'est le comble de l'injustice de juger les
hoinmes cl'autrefois par les idees d'aujourd'hui. Au xv° siécle,
la btardise nc tirait pas conséquence, ni la postérité illégitime. Depuis le pape juscju'au dernier (les hohereaux, il
«y avait pas de seigneur c1ui se fR'scrupu1e de procréer des
bAiards et de les avouer publiquement. Colom), au temps
rnme de sa liaison a y ee Béatriee Enriquez, eút pu voir, dans
les rues de Cordoue, F'erdinand le Catholique caracolant en
compagnie de Don Alonso d'Aragon, son fils illégitime et
acluitérin, promu nichevéque de Saragosse á l'ñge de six
ans11 y rencontra sans doute aussi le cardinal Mendoza,
suivi de ses trois bfltarcis nés de méres différentes ancétres
de grandes familles espagnoles, (liii sont encore de ce chef
trés cousidérées aujourd'hu i.
*
Les louanges folles de cos panégyristes exaltés, le défi
qu'ils poutent \ Ihistoire et au seas commun , appclaient
maiheureusement des représailles. L'écho en arrive jusqu'
notis et c'est du monde méme clécouvert par Coiomb, c'est
de la principale université arnéricaine, que le signal est
1mttj. Cuy juge Sol) ruvrc Cfl ces termes
« Sa découverte ifest qu'une bévue. Colomb eCit pu devenir la providence du monde qu'il a découvert, ji en fut le
spoliateiir, nc laissant clerriére la ¡ que des criines et la
ruine. 11 pouvait étre le promoteur de la géographie ; ji préféra le róle de ehercheur enragé (sic) de l'or et «une víceroyauté. Loin de mettre un frein aux atrocités de ses cowpagnons, fl leur donna le pitoyable exemple d'uiie conscienee
obiitérée. ))
• El, iT y a trois cents pages émaillées de cette façon.
46 Hátons-nous d'ajouter que la presse, en Angieterre et aux
Etats-Unis, a répondu par un bláme prompt et sévére á ce
volu tnineux pamphlet, ouVre dun écnvain nc connaissant
des événements que l'extérieur et l'accessoire, peu soucieux
de remonter aux sources, de saisir leur connexion intime et
l'ensemble des documents, ineapable surtout de se reporter
par la pensée á l'époque et dans le milieu qu'iI veut décrire.
En ce qui nous concerne, insensible á cette faveur que
nous a fait l'ingrat Bostonnien de citer souvent notre nom et
de puiser des faits dans nos ouvrages, noiis protestons ayee
la derniére énergie contre un jugement aussi injuste.
Et dire que ces invectives, comme nous le verrons bientól,
comptent á peine auprés de celles que les Espagnois. pour
micux préparer le centenaire, se font une féte de lancer
périodiqueinent contre la mémoire de Christophe Colornb
*
Le grand Génois eut eertainement á essuyer bien des
déboires. 11 dit lui-méme avoir « .souffert du froid et de la
faim ». Geraldini parle de sa pauvreté; non seulement Oviedo
rapport combien Quintanilla fut touché de sa misére, mais
il fait allusion á son pié.tre mantean. On ne cloit ccpendant
pas prendre á la lettre les lamentaiions oii se complait trop
souvent l'Amiral. Lorsque, par exemple, il se plaint que
« pendant sept années tout le monde le repoussa, qu'il fut
la risée de tous qu'un paux're moine seul cut pitié de lui »,
les faits, les réeits des contemporains, ses aveux mémes -le
eontredisent.
Colomb fut au contraire accueilli, encouragé, aidé par les
plus grancls personnages de l'Espagne. C'est le duc de
Medina-Celi, qni .I'héberge dans sa propre maison et, pour
facili ter l'exéeution de ses projets, équipe plusieurs caraelles,
-
-0-
restées cepenclant au port -; c'est Diego de Deza,
déjá évéque de Zamora et prócepteur de i'héritier de la couronne, qui, dés I'arrivée de Colomb en Castillo, le protége;
c'est Juan Cabrero, premier charnbelian du roi ; c'est Alonso
(le Quintanilla, le trésorier de la courone, qui l'aceueiile ehez
lui ; e'est le cardinal de Mendoza; e'est Hernando de Talavera, le plus véndré des prélats du royaurne; c'est Alcssanciro Geraldini, évéque de Voiturara, préceptdur des quatre
infantes, et son frére le légat, Antonio Geraiclini c'est le
íarneux cornte de Tendilla doM l'avis favorable, joint á celui
de Talavera, décida de lentreprise c'est Luis de Santangel, chancelier de lintendance de Ja couronne d'Aragon et
membre du conseil royal c'est Béatrice de Bobaclilla, marquise de Moya, lamie intime dJsabelle; ce furent enfin le
ro¡ et la reine, qui « nu milieu du doute de tous eurent seuls
la lo¡ et la eonstance », Isabelle de Castillo c á qui le cid
donna lintelligence et la force pour surmonler lincréclulité », Ferdinand d'Aragon, tant cléerié, qui « favorisa
Colom) Jorsqu'il n'avait encore de lui que des paroles eL
I'aida aussitót qu'il eut coiinaissance de ses projets ». Coinment pourrait-on en douter? C'est Christophe Colomb luirnme qui l'affirrne".
11 y a dono de lexagération dans ses continuelles doléances.
Nous no pensons pas non plus que, pe:ndant les années d'efforts, de soi!icitations et d'attente, il ait constamrnent vécu
cians un état de complet abandon mi de misére profonde. La
véritable pauvreté, l'indigence légendaire de Colomb no
datent que de ses derniéres tentativos au eamp de Santa-Fé,
la fin de lautomne de 1491.
11 arrive sons les murs de Grenade. La reine a décidé
d'improviser en ce lieu mnie une ville. Courtisans et
soldats rivalisent de zéle et, aprés trois mois de labeur et
}IARRIUF. - Chrisiaplie Coloinb devoni ¡'itistoire.
4
- 48 d'abnégation, Santa-Fé, construite toute de pierre et (le.
mortier, surgit clans la plaine. Au milieu de troupes qui
cornbattent et d'ouvriers qni construisent, quand le seigneul
comme le vassal est assujetii á la fatigue et aux privations,
ce moment suprme oü le roi, la reine et les ministres nc
songent Ii poi-ter le dernier coup á l'ennerni sculaire,
qu'on s'irnagine facilernent qu'un pauvre solliciteur n'ait pu
se faire óeouter. Aussi, est-ce h SantaFé, et non ailleurs,
que Colornb dit avoir éprouvé cette extrme indigenee.
Elle dura peu de ternps. Dícidé á quitter l'Espagne, le
malheureux Génois se rericlait auprós de son beau-frére,
Miguel Muliari, h Huelva, pour liii confier l'ainé de ses tUs,
lorsque son heureuse étoile le concluisit au monastére de la
Rabida. Quatorze jours aprés, le Pre Juan Perez &ait
appelé á la cour, d'oii la reine nc tardaft pas á iníormer
Colomb que ses projet3 &aient eníin aceeptés. Le inessager,
porteur de ces paroles d'espéranee, lui reinettait en m&ule
temps une bourse de vingt mille maravédis.
Nous voici arrivés á J'événement capital de sa vie.
Le populaire, toujours épns du merveilleux, s'i .magine que
l'idée de franehir 1'Océan ala reeherche du Japon el de ]a
Chine genna spontanément dans l'esprit de Christophe
Colomb, sans que personne avant lui eiit jamais songé
rien de pared. C'est une grave erreur. Les historiens retrouvent ceLle pensée dans les éerits d'Aristote, ¿le Roger Bacon
cc dautres écrivains du rnoyen -e 78 . Et on la retrouve, non
á l'état de simple concept de l'esprit, isolé, plus ou moins
vague, mais appuyée de raisonnements, de déductions
scientifiques, telle enfin que l'exposa Colomb, sans y
beaucoup ajouter. Au xv siéele, elle était méme sortie du
domaine de la spéculation el les savants cherchaient arce
ardeur le moyen de la réaliser.
A une époque difficile á préeiser, niais entre les aunées
1475 el 1482, Christophe Colomb envoya de Portugal á
Podo Toscanelli, par lentremise de Lorenzo Girardi,
négociant étahii á Lisbonne, une demande de renseignements sur la voie á suivre peor atteindre par mer le pays
d'oci provenaient les épiees but principal en (out temps,
seton nous, de ses eííorts el de ses vux. Le grand astronou)e flore.ntin lui fit remettre une earte marine el la copie
d'ure lettre qu'en réponse á semblable demande dii mi de
Portugal; ji avait aclressée au chanoine Fernam Martins, son
chapelain, le 25 juin 1474. Nous détaehons de cette lettre le
passage suivant
- 50 « J'ai déj'á parlé cl'une i'oute man/une pour aller au paijs
des aromales, plus conrte que celle que vous [les Portugais]
swvez par la Guinde. C'est p' ceta que le roi Alphonse
¡nc demande aujourd'hui des éclaircisscments sur ce sujct,
ou, plutót, des explications suffisamment claires, pour que
des hommes, mine médioerernent savants, puissent comprendre l'existence de cette voie.
« Bien que sachant que la route en question tésulie de la
fbrme splié'ique du monde, je me suis cependant décidé,
aíin de me faire mieux comprendre et de faciliter lentreprise, á le démontrer par une carte nautique. On fra ce
voyage en se dirigeani t.oujouis veis loccideni . »
Ce sont ces raisons mnws, le lecteur en yerra bientót
la preuve, que le navigateur invoquera environ quinze ana
aprés, pour décider les Roja Catholiques á mettre ses projets
exécution et qui, en 1492, aboutiront á la découverte du
Nouveau Monde.
A notre avis, Toseanelli n'étaít pas le seul méditer ces
données. La théorie que, sur l'autre rive de lOcéan, ji y a
des terres habitables et aecessihles dut tre aceLLe époque
un sujet de discussions pour la plupart des eosrnographes.
1-Jercule d'Este, considérant la découverte de Christophe
Colomb comrne une confirmation des idées propagées par
Toscanelli, chargea, le 26 juin 1494, Manfredo Manfredi, son
amhassadeur á Fiorence, de rechercher dans les papiers de
lastronome florentin, alors aux mains de Ludovie del Pozzo,
neveu de ce dernier, toutes les notes qu'il poivait avoir
laissées sur cette queslion 80; si le due de Ferrare se sonvenait de tliéories géographiques remontant h plus de vingt
annécs, c'est apparemmcnt qu'elles avaient continué d'éLi'e
le théme de commentaires et d'entretiens.
Ce n'est pos seulernent it Florence que les savants s'occu-
sie
paient de ce grand problérne. En A.11ernagne, on y pensait aussi et l'école de Regiomontanus en íit, eroyons-nous,
le sujet de ses méditations. Un documcnt contemporain
pon connu, vient á l'appui de notre dire. C'est une lettre
adressée pal' le D' Jéróme Münzmeister de Nuremberg h
Joam IT, roi (le Portugal, te 14 juiilet 149381• Ji ignore
coinplétement eL les proj et.s eL le départ et le retour de
Christophe Colomb tant fut pon profnde , hors d'Espagne,
l'iiupression proc] tnte par ceLle expédition devenue si ruémorable Le méclecin al!emand'propose donc au roi de Portugal
d'équiper des navires afín d'atteindre en traersant l'oeéan
Atiantique la région oü abondent la soie, les pierres précieuses et les épices. Mais, fait digne de remarque, nous
retrouvons dans sa lettre tous les arguments dont se servireiit rposeaneui , cl 'abord et Christophe Colomb ensu ¡te,
sans qu'un senl indice puisse faire soupçonner un écliange
d'idées bu de mutuels emprunts. En jéalité, c'était un
fonds commnn de réflexions inspirées par la leeture des
polygraphes du moyen Age; c'était la résultante du travail
qui n'avait cessé de se faire dan-, les esprits clepuis
Aristote. Celle genése est bien connue eL a été maintes
fois dérnontrée.
Comparons maintenant les raisons aJléguées par Münzmeister ay ee celles de Christophe Colornb
CO LOMB
MÍiNZMJHSTIiII
it. « II est possible de naviguer depuis la eMe occidet]tale
de l'Afrique jusqu'h l'extrérnilé
orientale de II udc, pa reo que la
mer a peu d'étcuclue eutre ces
deux pui nts, coinme le dit A vistoLe h la fl u fin livre TI da trail é
1. « Aristote affirme, it la fin
du livre II du traité De £]aio et
JI! undo , que l'Extréuic - Oiient
habitable cst ti's rapproché de
l'ouest ce qui e eneore démonIré par d'autres preuves eL l'opiilion clautres philosophcs. >
Dii Ciel a de la Te,'re. »
- 52 2.
II y a dans le globo terrestre six parties de terre krnie;
la septume partie seule est suibrnergée. a
r
3. « Si c'cst une mev qui se
trouye entre les denx,alors ¡1
sera fucile de la traverser en
CueIques jours. a
4. « Commc toutes les mers et
lentes les tevres réunies íorment
une sphére et, conséquemment
que la terre est ronde, un peut
navigner de l'est b l'ouest. a
5. « Pedro Correa dit avoir va
sur le rivage de lune des Açores,
des tiges et des roseaux amenés par les vents d'ouest. »
2. « II n'est pus vrai que la
plus grande partie du globo soit
sous les eaux. An contraire, les
mers ont moins d'étendue que la
torre. »
3. « De nomhrenx argurnents
prouvont quaprés u nc navigation
de quelques jours sculement, on
peutatterrira la cóte dii Cathay.»
4. " A l'exeniple de votre oncle
Dom Henry vous n'arez épargné ni efforts ni sacri fices Imut.
déniontrer que la terre est ronde,
eOnséquemment... »
5. a Des pieds de bainhous
sont souvent poussés par les tempétes jusque sur le rivage des ¡les
Açores.
Enfin Colomb et Münzrneister citent á l'appui de leurs misons les mmes autorités Aristote, Sénéque le P.hilosophe
et le cardinal Pierre ci'Ailly, lequel nc [alt que répéter les
arguments de Roger Bacon.
Ces données, Colornb les repoussa plus tard loin de Ini,
comme autant d'hérésics, non scientifiques, mais reiigieuses,
car ji revint de son seeond voyage coirvaincu que l'esprit
céleste seul l'avait aidé dans ses découve.rtes, « Pour lexécution de l'entreprise des Indes, je n'ai einployé, clit-il, ni
le raisonnement, ni les rnappemondes, ni le calcul les prophéties d'lsaie ont été mes seuls guides » Ceinv alors da
cordon de Saint François et revétu du froe de cet ordre, quil
ne cessa plus de porter et dans lequel on l'ensevelit, Coloinb
n'en resta pas moins un hoinme pratique. Si, dans S5 premiers appels, II avait invoqué seulement la Bible et les
- 53 prophétes, peut-&re la découverte dii N6uveau Monde eitelle subi quelque retard. Ses pensées religieúses furent toujours tempérees par une justo appréctation des btens (le ce
monde « L'or, dit-il, dés cette époque, est chose excellente, car ji nous permet rn&me d'envoyer des ámes en
paradis 83 . a
Ce n'est pas, d'autre part, que les raisons al!éguées par
Toscaneili, par Coiomb, par Münzmeister, íussent justes ou
nime plausibles. Au contraire, ji est raro voir pareil chapelet d'hypothéses erronées. Mais qu'ifflporte 1 Les dócouverLes dont le point de départ no lut pas une idée inexacto
se comptent sur les cinq doigts de la main. Notre science
moderne elle-mme, si justement vantée, est bm d'étre
exeifipte de cette tare inóvitable. La découverte de la ptanéte Neptune, par exemple, qui offre plusieurs points de
resseinblance a y ee celle de l'Amérique, nous présente autant
tl'erreurs. Les équations de Le Verrier no l'ernpchérent point
de se iromper sur la masse, sur l'excentricité, sur la distance
et sur !'orbite de l'astre perturbateur, astro dont ji démontra
riéanmoins I'existence.
*
44
Et cependant, l'évolutjon du grand projet dans i'esprit de
Christophe Colomb no fut pas essentieHe pour amener des
résultats identiques á ce 'ix que nous cdébrons aujourd'hui
La découverte du cap de Bonne Espérance, par Barthélerny Dias, en 1486, six années avant celle de l'Árnérique,
décida le roi de Portugal á tenter de nouvelies expéditions
matiLilTies.
II s'agissait toujours d'arriver au pays des pierres précieuses, de la soie, des aromates et des épicos.
Le lundi 9 mars 1500, une flotte portugaise de treize
- 54 navires, comn-janclée par Pedro Alvarez Cabral, partit de Lisbonne et fit voile pour le Malabar et Calicut.
ChcrchantTá échapper aux calmes dii golfe de Guinéc et
aux vents alizés du sud-est signalés dans les instructions que
Vasco da Gama avait rdigées pour ce voyage, Cabral se
dirigea plus á l'ouest que saroute nc le comportait.
Les brises qu'il voulait éviter et le courant équatorial du
sud, dont personne alors nc soupçonnait l'existenee, le
jctérent bors de la y ole traeée, et un jour de !'octave de
Pñques, !e 22 aviil de Fan 1500, ses caravelies vinrent inopiné.rnent atterrir á un pays que nc connaissaient encore ni les
Portugais ni les Espagnois 84 . C'était le Brési!!
Ces faits sont connus, mais on néglige d'en tirer la conséquence inéluctable, á savoir cine, méine si Christophe Colomb
n'avait jauiais vécu, l'Amérique eCu néanrnoins été dácouverte al¡ printemps de la premiére annéc du xvi° siécle.
*
Maintenant nous sornmes en Espagne. Jo! 1rum1)/tc!
Voici venir la elochette eL les ver-es.
Dans les Athénées, en prélude á la célébration dii cenlenaire par une sorte de veillée des armes. Depuis Fan passé,
orateurs, savants, acadéniiciens, discourent périodiquement,
ay ee une faconde á nulle autre pareilie, sur Co!omb, sa vie,
ses voyages. L'attitude est celle du !évte exer çant son sacerdoce. Malgré so¡, Ion songe cette chapel!e de monastére
oü se succédent á l'autel les fréres du tiers ordre pour psalmodier saris reláche les veflus de saint Francois. Mais ji y a
une différenoe. A i'Atbénée de Madrid, la voix s'éléve souvent
pour rarnener les audiieurs trop fervents au calme et ala
méditation. Co!omb, nul nc doit !'oublier, est né hors
d'Espagne. Sa gloire nc fut done pas sans niélange. Ce n'est
- 55 pas lui, en réalité, qui découvrit 1'Arnérique, mais bien
Martin Alonso Pinzon, véritahie Espagnol, né sous le beau
del de l'Andalousie. Et voici comment se démontre le fait
D'abord, Iongternps avant de connaitre Christophe Coiornb,
Martin Alonso Pinzon savait que la Chine se trouve de l'autre
cóté de i'océan Atlantique. 11 n 'ignorait pas non plus l'existence des contrées mémes que Iui et le Génois devaient
découvrir ensemble. Cette science gerrna dans son esprit,
alors qu'étant alié á Borne vendre des sardines, ji profita de
l'occasion et fut visiter la hibiiothóque du pape a yee un
sien ami. Ce dernier, grand cosrnographe, Uit voir á Pinzon
une mappemonde sur laquelle étaient représentées les torres
oii personne encore n'avait abordé etd lui donna les renseignements indispensables pou' atteindre ces régions bmtaines. Sur ce, Pinzon, sans tarder, équipa trois navires, á
ses frais, afín de tenter l'aventure.
Colomb, ayant entendu parler de ce projet, se rendit
Palos, oü Pinzon s'ernpressa de se mettre á ses ordres, l'aidant de ses conseils eL de sa bourse, voire de son infinence,
qui était grande á la cour de Ferdinand et d'lsahelle.
Enfin, le généreux capitaine de Palos lui transféra les caravelles qu'il avait arrnées á grands frais, de son propreargent:
•sacrifice rornantique (sic) et enti&ernent désintéressé, qui
no fut pas sans exercer une certaine influence sur la réussite
(le l'entreprise.
Q uant au voyage et á la découvcrte de l'Arnériquc, on
no nie pas que Christophe Colornb partit de Palos et traversa l'Océan mais avant d'atteindre les torres nouvelies,
le courage ini rnanqua. 11 vot lut á mutes forces revenir au
port sans avoir accompli sa tAche. J-leurensernent, Pinzon,
son lieutenant, mais en réa]ité son supérieur, veiilait. Ji
intervient, it ranirne le cceur de Colornb, il impose Sa volonté,
- 56 ji indique la véritable ronte ñ suivre et hientót apparait le
Nouvean Monde
Ces halivernes, que les aeadémiciens espagnois se soni
donnés pour rnission de propager 85 eL qui vienneut de valoir
lun d'eux 86 une eouronne de lauriers tressée parles populations reconnaissantes, ont été rarnassées dans des mérnoires
d'avocats déblatérant sans contróle et oiil'absurde 'e dispute
au mensonge. Cette serie de cures ridícules, iniplicitement
reconnus f'anx par les décisious constantes do Conseil des
Indes, fut produite au cours de procés que les (ieseefldaflts
de Pinzon, longtemps aprés la mort de Icor aeul eL celle de
Christophe Colornb, nc cessérent d'intcnter et qu'ils perci irent toujours.
Personne d'aUlcurs, méme en Espagne pendant quatre
siécles, n'a jainais ajouté lo¡ ñ ces contes. 11 est parfaitement
possihie que Martin Alonso Pinzon soit alié vendre des sardines aRowe en 4491 eL qu'on lvi alt inontré dans la hibliothéque dii Vatican une caite représentant des terres supposées transatiantiques. Nous possédons encore plus de cmquante portulans, mappeiuondes on sphéres construites
avant 1493 oü figure, naturelienient, la cóte orientale de
l'Asie, ayee des ¡les imaginaires et fantasiiques senlées
sur 1'Océan. C'est évidemment une de ces cartes qu'on aura
fait voir h 1inzon ; s'il y découvrit la possibilité ciun atterrage aux Indes, eette trouvaille peut lui étre disputée par
tous ceux des rnari:ns qui jetérent jarnais les yeux sor un
glohe terrestre ou sur une rnappemonde.
9 uant á l'assertion que les navires appartenaient á Martin
Alonso Pinzon on á n'importe que1 membre de sa famille, elle
est ahsolument controuvée. La petite eseadre eornprenait en
tout trois caravelles. La plus grande el la seule pontóe,
appeiée la Santa Maria, appartenait á Juan de la Cosa; la
- 57 seconde, la Pinta, á Cristobal Quintero; la troisiéme, la
Niña, d'aprés un document publié par ces biographes euxmmes, aurait appartenu á Juan Niño. Aucun de ces trois
propriétaires n 'était le parent ou . l'allié des Pinzon.
Les écrivains ci coníét'enciers espagnols, dont nous
examinons Ja thése oir les paradoxes, no e contentent
pas de généralités. C'est par le menu surtout qu'ils briltent.
Ay ee plus de patriotisme mal entendu que d'esprit critique, on les voit s'aventiirer jusqu'á redire les paroles
mAmes qu'échangérent Colomb et Pinzon pendant le voyage.
Ces dialogues nc sont pas de leur cru. La glose et les
apantés (can souvent on se éroit ú la comédie, doivent seuls
Atre attnibués á cette classe partieuliér'e de panégyristes. Le
Fond, les rnots eL les phrases, pnoviennent des bavardages
d'un viéillardde quatre-vingts ans eL plus, recuejllis quarantecinq années aprés la découverte. Ce témoin, proehe pareni
de Martin Alonso, interrogé sur les preuves ou sur les sources
de ses allégations, répond d'ailleurs que, personneliement, ji
iie sait rien du tout, puisqu'il n'y était pas, et se borne á
répéter ce que luj dirent... les írnes Pinzon 11 1 Nous reeornrnandons aux légistes cette maniére si impantiale d'élueider
une enquéte. Voici done, d'aprés ces précieux renseignements, ce que Martin Alonso laissa tomber de ses Iévres au
moment oü, abattu, anéanti, jetant le manche aprés la
cognée, Christophe Colomb implorait son seeours. No perdons pas un mot de ce eolloque
« Les trois navires ayant été rénnis á la portée de la voix,
Martin Alonso Pinzan dit á l'Aminal
- Que me veut Votre Seigneurie?
Et Colomb répondit
- Martin Alonso, les gens qui sont N man bord murmurent et veulent s'en retourner. C'est aussi man sentiment,
- 58 car ji y a assez longteirips que nous naviguons sans avoir
trouvé la terre.
« EL Martin Alonso de réplicjuer a yee énergie
- Faites pendre haut et court ou jeter á la mer une
derni-donzaine de ces gens. EL si vous n'osez le faire, rnoi eL
mes fréres nous irons á votre bord et 1exóeuterons incontinent. Une flotte envoyée par l'orclre de si grands monarques
nc saurait revenir sans apporter de bornes nouvelies. »
« Sur CO, l'Amiral [Colornb] se soumit á la ferme voionté
du capitaine (le Palos [Pinzon] 88.
Ce dialogue, qui tient piutóL de l'opérette que de Phistoire, h la façon surtout dont un des biographes espagnois
l'encadre eL l'ernbeliit 80 , nous est nanmoins donné comme
parole d'Evangile.Avocats de profession pon¡, la plupart, ces orateui's eL ces
apologistes eussent pu, ce semble, reproduire un autre
témoignage pris daus les premiers interrogatoi res et qui est
d'une certaine valeur. Nc mt-ce que pour prouver précisément le contraire de ce qu'ils affirment. Voici cette déposition
« Le témoin Manuel de Valdovinos clit qu'ils [les Pinzon]
s'approehérent avec leurs navires de celui de Colomb et lui
dirent
- Seigneur, oü allons-nous ? Aprés un trajet de huit cents
licues, nous n'avons pus eneore trouvé la ten-e et ces gens
croient eourír á icur perte.
« Colornb répondit
- Martin Alonso, faltes rnoi le plaisir de passer encore
ayee rnoi ce jour et cette nuit et si je ne vous montre pas la
terre avant demain matin, alors coupez moi la téte. Si je nc
tiens pus ma prornesse, vous pourrez tOujours vous en
retourner 1
- 59 « Martin Alonso répliqua
- « Maintenant, Seigneur, qu'il en solt done ainsi et que
jamais Dien nc veullie que la uiotte d'un si grand roi [agisse
autremenq non pour cette nuit seule, mais durant une année
[s'iI le faut]°° ».
En d'autres termes, c'est Pinzon qu'il faudrait accuser
d'une défaillance, Colomb, au contraire, aurait persisté dans
lentreprise. Ajoutons que ce térnoignage fut produit par les
Pinzon eux-mémes. Leurs avocats posthumes nc peuvent
done le récuser.
D'ailleurs, comment eroire un seul instant que Colorub eflt
jarnais souffert de son subordonné le langage ridicule et
insolent qu'enregistrent a y ee une joie manifeste ces trop
zélés déíenseurs «une séquelle de faux témoins? PeuL-on
s'imaginer aussi une faiblesse, un abaissement plus contraires á ce que, de source certaine, nous savons de I'audace, de la persévéranee, de la fe¡ robuste en so¡-méme eL
en ses idées, qui constituent le vóritable caractére dé
Christophe Colomh? Répéter de pareilles billevesées eL y
croire, c'est étre aveugié par l'arnour-propre national, e'est
reconnaitre ciu'on nc sait pas dépouiller un dossier, c'est
prétendre tenir polar nulles toutes les chroniques et tous
les documents contemporains. N'ayons crainte. Des paroles
creuses, mcme sonores, nc sauraient suffire. Les gens sensés
croiront toujours que Pierre Martyr, Bernaldez, Oviedo et
Las Casas, témoins oeulaires du retour des caravelles, en
savaient plus long sur le róle de Colomb eL sur celui de Pinzón
que les conférenciers de 1'Athénée de Madrid! Ce ne sont
pas non plus les preuves qui manquent et nous saurons bien
montrer, avant longtemps, ce que les allégations sur lesquelles eomptent les aeadémiciens espagnols pour en imposer a l'opinion publique ont de faux et de frelaté9t.
60
Colomb n'avait pas trouvé facijernent des hornrnes qui
consentissent á le suivre; aux crimineis de toute sorte qui
voudraient s'enróler, on avait pronis de suspendre á leer
égard l'action de la jusUce. On doít croire que ce n'est pas seulement léquipage du vaisseau-amirai qui était sí mélé. Martin
Alonso Pinzon et son fr&e, VicenteYañez, sur les deux autres
navires, durent aussi souffrir du niauvais vouloir, de l'irnpatience et des piaintcs de Ieurs mateiots. Dans ces conditious,
ji est naturel que les cornmandants se soient réunis pour
pater á une insubordination de plus en plus menaçante. On
s'explique aussi que Colomb et les cicux Pinzon, tous
trois howrnes forternent trempés, alent résolu d'un cornmun
accord de n'abandonner l'entreprise qu'á la derniére extrémité. Mais prétendre que les capitaines de Palos seuls eurent
cette force de caractére, tandis que Colomb, étre pusillanime eL découragé, ne fit que subir leúr ascendant, c'est se
moquer!
Pour Martin Alonso Pinzon partieuhérement, l'historien
se demande oi ces apologistes de la derniére heure ont
encore été chercher ce qu'iis nous racontent de ses vertus
et de sa part prépondérante dans l'équipernent de la prcnuére expédition de Colornb? Ces fables proviennent de la
mme source empoisonnée.
Le discours d'ouverture des fameuses conférences de
l'Atliénée de Madrid, - qu'avec ironie, ans doute, on nous
dit nc devoir &re guidées que par la vérité historique » -,
décrit Pinzon comrne un personnage ahsolument désintéressé
et qui s'engagea dans cette tentative « sans l'espoir d'une
récompense ». Les actes prouvent, au contraire, que ¡'entreprise fut pour lui une affaire, et rien de plus. Le procés
intenté par son lBs ethéritierdevant le fiscal, en 1508, énonce
positivcment « qu'en vertu d'une convention intervenue á
- 61
Palos lors de l'armernent de lexpédition, Colornb s'éiait
enagé h partager ayee Martin Alonso Pinzon tout ce que
les Rois-Calioliques lui accorderaient ». Et c'est ce partage
que les Pinzon nc cessérent de réclacner en justice pendant
trente années. Voilá pour !'idée que sa propre famille avait
du clésintéressernent si vanté aujourd'hui de ce capitaine.
C'est dans l'habileté prOfessionnelle et la hardiesse clont
lis firent preuve, - eL auxqnelles Colomb fut le premier á
rendre justice ¿__; c'est dans leurs efforts pour former un
équipage, que résident les bons offices rendus au navigateur
génois par les Pinzon. Certes, ce fut un service signalé; mais
Martin Alonso Pi.nzon nc fit rien d'autre, de sa personne Ou
de ses biens, pour le noiis eL l'équipement des caravelles
les documents le prouvent. Quant Ii lui attribuer le róle
principal dans l'exécution eL le succés de l'entreprise, á en
í'aire inéme - chose incroyable ¡—une sorte d'esp.rit lomantique 02, c'est encore une Fantaisie qui nc supporte pas i'examen.
Pinzon est mentionné pour la premiére fois le 6 aoúL 1492,
jour oü le gouvernail de la Pinta, qu'il eommandait, se
rompit. Le 21 novembre; ji disparait subrepticeinent, ayee
l'intention de faire des découvertes pour son conipte, eL,
en effet, la seinaine suivante, sa caravelle atterrit á FTispaniola, recueille un peu cl'or, se ren)harc1ue et rallie l'escadre.
Le 23 janvier, il disparan encore. Cette fois, ce mann, prétendu romantique et désintéressé, cet « astre de premiére
grandeur », abandonne tout Lt fait son chef «une façon
indigne, et vogue vers i'Espagne, comptant recueillir avant
liii l'honneur db la découverte.
Le fait est patent. Les historiens sont unanimes pour condatuner la coiduite de Pinzon. C'est aussi le verdict de la
posténité; tous les acadéiniciens, tous les phraseurs du
- 62 royaume (le Castille n'y pourrontjamais riel) changer. Maintenant. que Martin Alonso soit mort de ehagrin, bourrelé de
rernords, comme te dR Las Casas, oi simplement de maladie
en aébarquant, ainsi que le déclare un térnoin, cela importe
Peu
*
Sétre imaginé qu'un Espagriol avait découvert le Nouveau
Monde niaigré Christophe CoIo.mlá, ne Uit-ce que par ricochet, et réussir á faire de eette niaiserie patriotique un article
de foi pour la nation entiére, c'élait déjt un beau succés,
quoique prévu. Mais, quand en prend do galon, en n'en sauvaR trop prendre, et l'Académie madriléne (le i'I-listoire eut
manqué á sa noble mission si un dé ses inembres, fút-il seolement de la catégorie provineiale et secondaire nc s'était
mis á 1'uvre pour renforcer les droits acquis de ce cheí par
1'Espagne á l'éternelle gratitude du genre humaín. Le probléme était de dédoubler Pinzon, sais I'amoinclrir. Qn s'avisa
dexhiber une autre gloria nacional, á cóté de lui, et ce fuL
encore un Anclalous qui décrocha la timbale.
Son nom est Alonso Sanehez. Ii était pilote et, nous dRon, de Fluelva méme. Un jour de l'année 1484, qu'avec Son
petit navi.re , chargé, heureusement pour lui, de sucreries et
de conserves, ji venait des Canaries, une saute de vent le
porta vers I'ouest, loin et longtemps. C'est alors que sa cay
-gaisondeucrtbisadneluvtré
utile. BreF, co fut ú Saint-Dotningue qu'il aborda.
A.0 retour, Alonso, ayaut fait escale á l'ile de Tercére, se
mit mncontmnent á la recherche de Christophe Coloinb, déjá
fameux, semble-t-fi, comme navigateur eL cartographe.
Colornb l'aceueillit a yee amour con mucho amor. Mais pris
dun malaise subit, ce qui s'explique d'ailleurs par la nature
63 spéciale de son alirnentation durant ce péniblevoyage, Á Ion sh
n'eut que le temps de révéler ñ Colomb le secret de sa déconverte et de mourir dans sos bras.
Ce conte a été pris clans un livre écrit quatre-viugts ans
aprés la date de cette prétendue histoire el n'est qu'une
paraphrase revue et considérablemeiit augrnentée dun
réeit publié par Oviedo 04 en 1535, nlaís uniquement pon¡en faire ressortir le earaetére apocryphe, audacieux et
absurde. Discuter pareille fable, ailleurs que sur les rives
clu Guadalquivir, serait faire injure á l'intelligenee du
lecteur.
II est un fait, cependant, qui peut expliquer l'origine des
revendications de cette nature et qu'on a toujours vu se produire quanci une clécouverte est livrée á la pubiieité.
Des le milieu du xv° siéele, de hardis inarins portugais,
açoriens, anglais, teniérent d'atterrir aux ¡les fantastiques,
telles que celles (le Saint-Brandan, des Sept-Cités, de l'Antiha, etc., semécs á traiers i'Oeéan sur toutes les rnappetnondes
du moyen ñge. Nous avons relevé ° (outre les voyages des
Scandinaves, qui sont d'un ordre clifférent el furent suivis
d'effets), de 1431 ñ 1402, vingt-et-une expéditions de ce
genre. A.ueune de ceiles-ei n'atteignit les cótes du Nouveau
Monde; mais le souvenir de ces tentatives resta fixé parm
les populations maritimes, partieuliérement aux Açores, qui
en furent le principal foyer. C'est de la, certainement que
provient cette catégorie ele légendes, y compris ee]le de
lítica Garcilasso de la Vega que nous avons rapportáe plus
haut. Le succés de Colornb leur donna un regain qui n'est
pas encore oublié,
*
44
11 efit été d'une bonne politique de nc pas limiter le mérite
HA .... o., - Chrizrophc Cokmb devan: ¿'Jfisioir. 5
1
-
-
de cette grande entreprise aux seuis efforts de pilotes andabus. Cortes, les aeadérniciens espagnois out assez dimagination pour satisfaire le désir si naturel qu'éprouvent d'autres
prrninces que l'Andalousie de figurer sur ce palmarés «une
nouvelbe espéce. La Biscaye, par exemple, peut dores el déjñ
revendiquer cet honneur insigne, car selon les preniéres versions, l'aventureux ilautonier était au méme litre natif de ce
pays. C'est longtemps plus tard que iluelva, par suite «un
avatar non encore expliqué, dcvi ut exclusivement le Jieu qni
vil naitre Alonso.
Enattendant, les lles de ce beau :royaume ont dé élevé
la voix. Majorque insiste pour que justíce liii soit rencbue, á
cause de Raymond Lulle, natif des l3aléares. C'est dans hin
des cjuatre mille écrits de ce docteur illuminé que Coloinli
el
puisa l'idée doM la réa!isation devait l'illustrer, mulle part
ailleurs. L'honneur de ceLLe heureuse trouvaille, juste récomieise de profondes recherches, revient ñ une gentille dame.
d'abord, puis á un révérend pére jésuite, el ce ful eneore
A l'Athénée de Madrid, dans une de ces étonnantes conférences doM nous avons dejaentretenu nos lecteurs, que la
lumiére se fil.
Aprés avoir sacrifiéauxgr&ces, sebonles rites de ce temple,
fin-de-siécle, de la gratitude el de la vérité, e'est-á-dire en
rappelant d'unc façon part.iculiére les mérites de Christophe
Cobomh récemrnent découverts en Espagne, teis que, par
exeinple, « son ambition, son népotisme, sa dureté et sa
cruauté, son prurit esclavagiste et sa soif de l'or, réstes de
ses anciennes pratiques de corsaire el de boucanier" », la
charmante conférenciére pose les principes suivants
« C'est Raymond Lulle qui, en réalité, a riñcou.vcrt les Amériques. A Colomb, en récompense de son énergie el de sa
persévérance [on n'cst pas plus aimab]e 1], fuL reservé l'im-
¶1
—05 mense honneur et la chance de les rencontrer deux siécles
plus tard
L'académicicnne (ou digne de l'étre), prouve ensuite
tbése en ces termes
« Raymonci Lulle, dans ses Qna?ssionespel' ailenz denzons
livam solubiles, n° 154, enseigne que la cause principalc du
flux et du reflux de l'Océan est la courbe des eaux appuye
sur une terre occidenta]e, á l'opposé de 1'Angleterre, de la
France, de lEspagne et de i'Afrique, laquelle est portée sur
les cótes de ces pays; attendu que la courhe des eaux,
comme corps sphérique, doit pouvoir s ' appuycr sur un archoutant h l'opposé° 8. » Comme si Chrístophe Colornb, qui conbait avec I'Jniago niundi du cardinal Pierre d'Ail!y sous son
oreiller, avait eu besoin (le ce galimaiias majorquin pour concevoir la pensée d'unc expédition transatiantique!
Pour &tre complet, ji failait aussi démontrer que le grand
Génoisavait ¿tudié les Qua.iiones précitées. C'cst ici que le
savant pórejésuite, á c}ieval sur un ancien acadérnicien péninsulaire, se révéleet nous donne encore un de ces échanl.illons
de la logique et de la profoncleur qui distinguent la science
espagnole entre tontes les sciences du monde.
D'abord, Raymond Lulle aurait Iaissé á Génes, á la fin du
trciziérne siécle, tous ses papiers - ccci est une premiére
invention. - Ces papicrs auraient contenu Jesdites Qzues¿iones - invenlion n°2. - Ce serait dans la clenieure !némc
de Christophe Colornb (né plus de deux cent cinquanteans
aprés), qu'ils auraient été déposés - invention n° 3.
L'impariialité nous faiL un devoir de reconnalire que ce
curieux chapitre d'histoire hispano-péruvienne el semipalrlotique a pour base, non seulemcnt des hypothéses,
mais aussi un amas de déductions assez réussies. Le lectcur
en jugera
- 66 « Un nominé Stephano Colombo (?), Génois, marlyrisé par
les Maures, 1k don de ses restes mortels au ro¡, [de Bougb] ay ee l'arrióre-pensée que ce dernier ]ui FeraiL le plaisir de
les envoyer h Génes. 11 n'y a done ahsolument rien cUinipossihie á ce que les papiers (le Raymond bulle [qu'on no distingue pas trés nettement dans celle affaire de pompos
funébres], aient été envoyés en Ligurie". »
D'ici, nous yoyons les ancétres de Colomb recevant, dans
quelque viJiage de la Fontanabuona, les cucombrantes paperasses du philosophe baléarien, et cos patines tisseurs, qui
cortes no savaient pas lire, conservaul ayee soin, «un siécle
á l'autre, des traités de métaphysicpie, dont jis devaient se
soueier cornme un poisson d'une pomme , les transportant
ay ee eux de Moconesi á Quinto, de Quinto á G€nes, de
Génes á Savone, et Christopbe Colomb, enlin, délaissant son
métier á tisser pour approfondir les Qurestiones pci' arle/ii
clemonstratwam solubiles!
*
Ces prétentions rétrospeclives s'expliquent et no manquent pas d'intéit. Leur moindre défaui, c'est d'éveiller
i'envie de tant cl'auires villes clu royaunie, qui peuveni certainernent exciper de droits aussi légitimes tt un tel honneur.
Les académiciens espagnols eussent df ' éviter ce désagréme:nt. Patrioles, profonds politiques, connaissant l'histoire
coinme personne, j is pouvaient des le début enrayer le inouvement. Pour ces érudits, rien de si facile. 11 suífisait de
produire une rcvendication j)lus flatteuse encore pour la
patrie et la premiére dont les annales de la péniosule aient
gardé le souvenir. C'était donner satisfaetion k tous et á chacnn; du eoup, en effet, Colomb se serait trouvé dépossédé
de son injusto gloire, non au profit de Huelva, de Majorque
- (37 ou de Bilbao en particulier, mais au profit de l'Espagne tout
entiére.
Cette réclarnal ion eonciliatrice a été forL1ulée a yee éelat
en 1535, par Gonzalo Fernandez de Oviedo, historiographe
royai, dans son histoire des ludes 101 , écrite sous les auspices
de I'einpereur Charles-Quint, de glorieuse niémoire. Elle s'y
trouve soutenue ay ee une précision, une ampleur d'arguments et de preuves qni foniprévoirlasciencegrande eL sfjre
(les hisloriens péninsulaires de notre époque. La voici, résumée au plus prés
Les Indes occidentales, Cuba, Flispaniola, Porto Rico, etc.,
nc sont en réalité que 'es ¡-Tespéricles, ainsi nommées claprés
ceiui qui découvrit ces ¡les, c'est-h-dire Hesper, douziéme
roi d'Espagne, mil six cent cinquante-huit ans avant la naissanee de Jésus-Chríst; - ñ preuve, ce que rapportent ayee
une flclélité incontestable, Bérose , Calepino et isidore de
Séville, surloul ce dernier (un coinpatriote).
L'illustreÁcadérnie royate clel'l-listoire, désormais avei-tie,
clevrait conseiller aux villes rivales d'abdiquer, devani un
droii aussi auguste que celui d'Ffesper, la gloire d'avoir vn
naitre le héros qui le prenier aborda en Amériquc. Elle
n)eltrait fin ñ cctte concurrence qui est un véritable créve- cceur pour la galerie.
*
*4
L'honneur castillan exige en plus que certain fait histoj-icj ue, présent á la mémoire de tous, sok élucidé \ nouveou
eL selon les inéthodes qui régneni en Espagne. Tout le
monde a entendu parler de Bobadilla. C'est le procoisul
que Ferdinaud et Isabeile cnvoyérent á 1-Jispaniola en 1500,
afin de procéder á une cuy uéte sur les actos, vrais 0(1 Su])O55, de Christophe Colomb. On ]ui reprochait le désordre
- 68 de la colonie, les cargaisons d'lncliens inoffensiís expédiés á
plusieurs reprises pour €tre vendus sur le marché de Séville,
cornrne esclaves, eontrairement aux ordres d'Jsa.belle, voire
n)me trop pca d'empresse.ment á faire parvenir l'or que ion
cornmençait á extraire des mines.
Le lecteur sait eomment Bobadilla, malgré les vertus
qu'Oviedo lul attribne, abusa des pouvoirs doni ses souverains l ' avaient miirn. De parti pris, sans explicatioris, ce
grand seigneur espagnoi s'empara du gouvrnernent de l'ile,
ainsi que des papiers et de la fortune privée de Colomb et de
ses fréres, qu'U jeta en prison.
Nous devons dire aussi que l'inflexibilité de caraciére de
Barthélemy Colomb, chargé en l'ahsence de Christophe de
gouverner la colonie, avait exaspéré les Espagnois, peu
enelins de Lentes façons á supporter le commandement dna
étranger, en mitre, hoinme d'origine obseure. Christophe
Coiomb, lui-méme, n'avait pas toujours la main légére. Pon y
nc eiterqu'un exemple ou deux
Adrien de Mogica, réfraetaire á son autorité, avait été
condamné ñ éire pendu. Espérant rearder l'exécution, ce
rehelle différait autant que possible le moment de se eonfeser. Colornb, about depatience, lefitjeterpar dessus les créneaux du foit 101 . 11 s'irnagina aussi d'ordonner qu'on eoupht
le nez et les oreilles des Jndiens coupables de méí'aits. Nous
nc devons pas condure tic la qu'il fui inhuinain. Coloiiib nc
se résolut h faire exécuter Mogica de eette Facon quaTvee des
larines dans les yeux°2. Et s'ii prescrivit ces aifreuses mutuations, c'est pour I'uniqne motif qu'elies laissaient des marques
fon difficiles á dissiinuler 103 My voyons que les mrnurs (le
l'époque et partieuliéremeni celles des Espagnois. Ces cruautés étaient alors dioses nainrelles; et le vertueux l3ohadilla
en personne n'ent pas hésité ales eomtnettre le cas échéant,
- 69 Aprés I'avoir mis aux fers et gardé deux mois dans un
cachot, Bobadilla renvoya Colornb en Espagne. C'est
enchainé par ses ordres cornme un vil crimine!, que l'homme
qui découvrit le Nouveau Monde fut ramené á Cadix.
M. le Président clii conseil des ministres á Madrid, inaugurant les singuliéres conférences (le 1'Athénée, se serait
écrié : « Somme tonto qu'a fait Bobaclilla, SiflOI1 appliquer le
prncipe, aujourd'hui chéri (le tous, de l'égalité devant la
lo¡ ? Colomb, ses yeux, était un délinquant comme délinquant íl le traita 104• Mais c'est justemcnt Ce principe que
Bobadilia a violé; les preuves sont positivos sur ce point.
C'était aussi, alors consme nsaintenant, un principe chéri (le
bus que !'accusé est pstm innocent jusqu'á ce qu'ii ait
été reconnu coupahie, et que nul no doit le frusirer des pi1viléges que cette présomption comporte. D'ai!!eurs, Colomb
avait acquis assez de droits á la reconnaissance de son pays
d'adoption pour se VOil' épargner le traitement réservé aux
vagabonds et flux malfaiteurs de la pire espéce. Eit-on traité
ninsi Gonzaive de Cordoue quand, Ferdinand d'Aragon, en
prole dinjustes soupçons Ini ordonna de quitter Naples et
(le iicencier son armée?
Un pareil acto ne se j ugo pas non plus a yee des maximes,
des 1jhrases et des lieux consmuns. C'est du fonci de la conselence, spontanément, qu'en face de íaits semblables surgit
Ieblñnie. Pourétreminisire, onn'estpasinoinstenudescruter
les faits et de connaltre l'histoire. Les récits de Las Casas 405
et d'Oviedo 406 sont Formels. Bobadi!!a, en tout état de cause,
outrepassa ses pouvoirs et son droit. Colomb no fut jamais
un rebe!!e. Aussitót que l3obadi!Ia ini eút fait connaitre
le inandat dont les Rois-Catholiques l'avaieut investi, ji
quilta i3onao et, sans escoite, sans armes, seul, vint á
Santo-Domingo se soumettrc á son autorité. A la premiére
- 70 réquisition, ji enjoignit á son fróre Barthélemy de montrer la
mérne obéissance, a y ee le ferme espoir que F'erdinancl el
isabeile sauraient leur rendre justice. Mais avant de l'avoir
interrogó, entendu on ménie ru, saris l'inforrner des charges
produites contre lui, Bohadilla, n'obéissant qu'á la passion,
fait enchainer Colomb, le jette dans un cachot, ordonne de
le transporter les fers aux pieds, comme un galérien, hors
dii pays dont ji avait doté FI, spagne, hors de la coionie qu'il
avait fondée. Sont-ce ces odieux procódés que sur l'autre
versant des Pyrénées on appelle le droit comniun
Q uand des écrivains espagnois demandent qu'on netienne
pas la nation entiére responsable de l'injustice coinmi.se par
Bobadilla, jis sont dans le vrai, car co fut un acto individuel.
Mais dófendre une indignité aussi flagrante, c'est payer d'audacé!
L'histoire a fiétri cet acte inique. Eli! bien, dans les disCOUrS (le l'Atbénée, institués, chose bizarre, - potir célóbrer la niémoire de Christophe Coiomb, un orateur, broehant
sur les paradoxes de son chef de file, nous informe qu'on no
doit y véir qu'un ehátiment rnérité. Dans ce panógyrique,
d'un genre tout á fait nouveau, l'hornme qui de l'Espagne
doubla l'empire eL ciuiitup l a les richesses, est qualifié de
despota, disleal, concusionario, in/tu,nano, dcsorga.nisador e
inepto fli; c'est--dire de scélérat el d'imbéeile.
Un (les journaux les plus inportants de la Péninsule, intitulé l'Jnzparcial, trouve dans ce jugement « une preuve nhuvelle des dons procligués par la riature á l'éloquent orateur
qui Fa formulé aux applaudissements de l'assernblée el la
marque de son mérito universellewent reeonnu d'historien
érudit el profond" 8 ». En d'autres termes, la victime, c'est
Bobadilla, et le spectacle (le Christophe Colomb, chargó de
chames, n'est qu'un sujet de pendule 1
- 71 *
Toujours dans cet esprit dé glorification, les académiciens
espagnois viennent encore de .trouver quelque chose
l'honneur dii héros. lis insinuent que Coioinb, á l'ige de ciaquante-cinq ans (selon leurs calcuis), non conterit d'avoir
séduit Béatrice Enriquez, vécut á ses crochets.
Les premiers traits de eette singuiiére histoire se diseeraent dans la biographie enluminée de Colomb récemment
deja
sortie des presses de Barcelone, et doat ji a été
ques109•
tion
11 s'agit du huitiérne des frais du premier voyage
laissé i la charge du hardi Génois d'oú venait l'argent?
a
« Nous inclinons soupçonner, dit l'ingénieux biographe
andalous, que la familie de doña Béatrice Enriquez, les
Arana de Cordoue, ou grce á eux, d'autres hidalgos de cettc
ville fournirent les sommes nécessaires. » Pour parler
comme Basile, puisque la premiére scéne se passe á Séville
é un peniice/io,
Un' aurelia assai gen ti/e,
Che insensibile, solide,
Leggerrnense, dolce,nente,
incorníncia a susurrar.
Puis, « le mal est fait, ji germe, ji rampe, il eliernine et
rin/orzando de houche en bouche ji va le diabie. » C'est dans
une éiucubration hispano-américaine et prétendue historique, c]'un autre atadémicien espagnol, orateur célébre en
son pays, que cette idée haroque revt sa forme définitive.
« Les douhlons de .I3éatrice et de ses proches servirent
défrayer les préparatifs de la grande entreprise. Nous rencontrons mérne dans les papiers de fainilie des cornptes
d'arrérages entre les deux majsons. Pendant deux années,
- 72 Colomh ne donna parmi nous anewi signe de vie, eornme si
rien n'eut pu le distraire des joies et du bonheur immense
atAquel it s'abandonnait á Cordoue 110 . »
E le teve cd i corvo/ii
Fa siordire, e fa gon fiar
De/la bocca fuori ascondo,
Lo sc/tiama.zzo va crescendo.
Et voilit comme en écrit l'histoire á Séville et á Madrid 1
C'est une invention de toutes piéces.Penclant deux années, Colornb n'aurait clonné aucun signe
(le vie, sabandonnant aux délices de Cordoite, dit !lllustre
diseoureur.
Le 5 rnai, le 3 jiiillet, le 27 aoót el le 15 octobre 1487,
Colornb touche en personne aCordoue des subsides de Ferdinand et disabelle. Áu printemps de 1488, le rol de Portugal lui écrit á Séville et la lettre parvient parfaitement it son
adresse 111 . Le 16 juín suivant, nous revoyons Colomb it Cordoue, yute oi on lui accorde de nouveaux secours. Le 12 mai
1489 112 , les flois Catholiques le font venir á la cour. Enfin,
pendant les deux années qui Sflivirent Ii habite, it la connaissanee detout le monde, en Andntousie, chez leduede MedinaCcli, qui encourage ses projets de découvert.es
Quels autres signes de vie pouvait alors donner le pauvre
e ohscur aventurier génois?
« Les doublons de Béatrice Enriquez. 1 » s'écrie l'orateur
espagnol.La nialheureuse femme 1 Le pen (lije nous s-achions cl'elIe
inspire la pifié, décéle la pénurie, la misére. La seule fortune
qu'on cunnaisse de cette prótendue capitaliste consistait en
une pension viagére de 10.000 niaravédis, it prendre sur le
revdnu des abattoirs de Cordoue. Que le teeteur nc sursautc
- 73 pa .s en voyant ce gros chiffre. Ces 10.000 maravédis représentaient exactement 296 franes de rente 114 .
En 1498, á la veille de partir pour son troisiérne voyage,
Colornb ehargea Diego, son fis légitirne eL héritier, d'ajouter 11 ceLLe pension une annuité de 10.000 mavavédLs; ce qui
portait les inoyens d'existence de Béatrice á 592 francs, par
an. Pour une femwe que certains prétendent avoir été de
plein droit vice-reine et grande-am irale clouairiére des Indes,
la pitance nous paran maigre. C'est la premiére fois que
Béatrice se trouve mentionnée 115
La seconde fois qu'on lit son bm, c'est dans le testarnent
de Christophe Colornb et en des termes qui méritent d'&re
rapportés
« Je dis et ordonne á mon fis Diego d'avoir soin de
l3éatrice Enriquez, mére de mon fIs Fernand; qu'il la mette
Li rnme de vivre d'une façon honorable, comme étant une
personne envers laquelle j'ai [eontraeté] de si grands.devoirs.
Ce que j'en fais, c'est pour alléger ma conseience, car cela
pése lourdeinent sur mon &rne. 11 n'est pas permis d'en éerire
ici la raison 116 »
La raison n'est eertes pas de s'&re rendu débiteur de
Béatrice sans la rembourser jarnais en espéces, mais de liii
avoir fait un enfant et de i'avoir abandonnée.
Enfin, son nom reparait, et pour la derniére fois, dans le
testament de Diego, qui, se reprochant de ne pas avoir payé
les 296 francs additionnels de Béatriee Enriquez pendant les
trois ou quatre derniéres années de sa vie, ordonne ñ ses
exécuteurs testamentaires de solder eet arriéré 117
C'est cela que l'éloquent académicien appelle « les
comptes des deux maisons », tout comine s'il s'agissait d'un
réglement d'hoirie entre Medina-Sidonia et Medina-Celi!
Non, en vérité, ce nc fut pas Béatrice Enriquez, ni sa
- 74 famille; ce furent encore moins les Pinzon qui avaneérent le
huitiéme des frais du premier voyage de Colomb. Qui done
alors se montra confiant eL généreux ? Le mérite en revient
á des conipatriotes du grand navigateur, Génois et Florentins, établis Séville, Xérés , á Cadix, Jaeopo de Negro,
Luigi Doria et Juanoto Berardi; á telle enseigne que ce deinier no fut jainais rernboursé de ses avances. Ajoutons, pour
méinoire, que le huitiénie pour le second voyage fut égaiement fourni par des Génois Franeesco de Rivarol, Franeeseo Doria, Francesco Cataneo et Gaspar Spinola 119•
*
Et ce carnaval vient seulement de eornmeneer!
C'est clu'en Espagne, la pensée qui préside á cette grande
coinméinoration, h tous ces discours et á toutes ces f&es,
n'est pas de célébrer la mérnoire du héros. 11 s'agit encore
moins de rappeler avec orgueil aux générations nouvelies
les serviees signalés que Christophe Colomb rendit ñ sa
patrie d'adoption. Quatre cents sus de gloire n'ont pu encore
luí faire pardonnr son origine étrangére et son sang de plébéien. Le stigmatc infligé par la morgue et la jaetance castillanes, gardant sa cruelle einpreinte ñ travers les siécles,
reparait plus profond, plus injusto que jamais 1 L'Espagne no
pent, no veut se soumettre á l'idée quelle est redevable i un
étranger d'avoir éiendu son einpire au-delá des niers, conc1uis
etouvertl'activité humaineunhérnisphére entier, étnerveillé
l'Europe pendant cinquante années. C'est grñee eneore ti ce
pauvreémigrant, ace Génois en guenilles, it son génie, it son
initiative et it ses efforts, que la nation espagnole doit de
pouvoir venir aujourd'hui réclanier une place parmi les
peuptes qui ont bien inérité de la civilisation. Grenade eL
Lépante s'effacent devantie souvenirdeladéeouvertedu Nouveau Monde 1
- 75 -:-.
Cette dette de gratitude futtoujours lourde á poi-ter. Un
noble cur ccpendant protesta, á l'époque rn&rne, contre
une méconnaissance ailssi odieuse. Oviedo, s'adressant A
Charles-Quint, cut le courage de dive, en pleine cour
« Ji est notoire que Christophe Colomb a découvert les
Jodes au lenips de vos nobles aieux. C'est un des plus signa1s serviees que s.njet alt jainais rendu á son souverain. En
vérité, je nc tiens ni pour Castillan, ni pour bon Espagnol
quleonque oserait le méconnaitre. Soyez persuadé, Sire, que
les aneiens cussent élevó une -tatue d'or á un pared homme,
sans eependant se eroiie quittes envers lui 120•
Ce sentiment est vrai. Tot historien impartial le partage. Ce fut A Madrid mme, ji y a trois siécles, qu'un généreux écrivain l'exprirna. Qui le croirait de nos jours en écoutant les diatribes prononcées A I'Athénée par des orateurs
espagnois, aux appiaudissements (le l'assemblée? C'est qu'un
nouvean sentitnent, non moins inique, vient maintenant se
greifer sur l'ingratitude. On veut, au delá des monts, revoir
Je verdict de la postérité. De petits esprits s'itnaginent qu'ils
peuveit arnoindrir le róle de Christophe Colornb dans Phistoire, et hon seulernent réhahiliterdes comparses que le temps
a flétris, mais assigner A ¡'un, la preniére place, aux autres un
rang digne d'envie dans la mémorable entreprise. Martin
Alonso Pinzon, le lieutenant de mauvaise lo¡ et transfuge;
le Pére Boil, moine aux hasses intrigues; Bobadilla, le despote atrabilaire, esprit éti-oit, Ame mesquine, voilé les
hommes que l'Espagne cherche A soustraire au mépris et
qu'elle veut honorer, en rabaissant Colomb, son ocu yre, ses
services et sa gloire
*
Mais A
qui pense-t-on en imposer? Ces aeadémiciens s'ima-
*
76 ginent-ils qu'A Paris, h Londres, á Munich, h \Tjenne c'est
comrne a Madrid el á Sévilie; que les gens qui écoutent el
qui lisent sont si crécluies el ignorent á ce point l'histoire,
qu'ils puissent jarnais se iaisser prendre á de vaines prétentions elá des phrases, inspirées par un insatiable orguei!,
laneées du haut des tréteaux ?
Demain, il y aura quatre siéctes que des historiens étudient
les annales de la découverte du Nouvean Monde. Cinq ebroniqueurs espagnois Pierre-Martyr d'Anghiera, Oviedo, Las
Casas, Bernaldez, Marino Siculo, tous témoins de ce grand
événement; d'autres, comme Herrera, Muñoz, Navarrete,
qui, par leur position ofíieielle d'historiographes, eurent
accés aux archives les plus secrétes de Simancas el de Séville,
nous ont laissé des récits ci des analyses qui témoignent
d'unc connaissance approfondie des docu ments. Aucun d'eux
n'avait intérét á dissimuler la vérité, surtout mi détnnient
de Castillans el d'Andalous el pour le profit «un homme que
les Espagnols n'aimérent jamais. Ferdinand d'A.ragon (pour
sa filie Jeanrie), Charles-Quint, Philippe II, nc pouvaient que
gagner á váir l'uvre de ce Génois dirninuée et á en partager
le mérito entre leurs sujeis. Pendant deux siécles, les voótes
da Conseil des lndesretentirent des réciamations provoquées
par un immense héritage, qtn n'avait d'autre origine que la
part de Christophe Colomb dans cene découverte mmc. Au
cours de ces procés d'hoirie, la Couronne dut maintes fois
intervenir; enquétes, ménioires, plaidoyers, décisions judiciaires se succédérent sans relAche, épluchant les faits,
remontant ant sources, en appelanl aux témoignages contemporains. Ces chroniques el ces dossiers, nous les possédons
tous. Vainement ony chercherait un seul indice plausible du
róle prépondérant el des vertus que les discourcurs espagnols, académiciens el conférenciers des deux sexos, inspirés
77 par un patriotisme dévoyé et futile, préteiclezit conférer
Martin Alonso Pinzon, ?t Bobadilla, h Bod, nous nc savons ü
qui encore!
Est-ce done que ces apologistes ont exhumé de Siniaheas
ou de lArchive des Jndes que!que nouveau dossier, authentique et contempora in Les plus aneiens docunients qu'ils
eiteut furent coii nus des premies chroniqueurs, en particulier de l'évéque l3arthélemy de Las Casas, qui les a analysés,
jugés, conclamnés. Quant á eeux de dates plus récentes et
dont se targuent á I'Athénée les aeadémiciens espagnois, ce
nc sont que des factums dédaignés par le Conseil des ludes,
des enquétes partiales auxqueiies les juges n'accordérent
aueune foi, des dépositions de témoins cornplaisants qui
suintent le mensonge par tous les poi'es. Non, I'heure de cette
pi'éteiidue réhabulitation n'est pas venue. Elle nc sonnei'a
janlais. L'appeler de ses voux, c'est mentir ñ l'histoire el
baíouer la vérité 1
LVA
Des bomrnes sérieux, des savants, se sont aussi mis de la
partie pour amoindrir Christophe Colomb, et comme le
moment est bien choisi 1 1-Itons-nous dajouter qu'ils n'ont
pas plus raison que les nutres.
I)ans de réeentes histoires de i'époqueappelée le siécle
des découvertes, ji est souvent question clii « Prinee des
navigateurs » el de ses hauts faits, que rien nc saurait égalcr. Pour le commun des inortels, le premier flOffl qui vient
sur les Iévres en lisant ces louanges, c'est celui de Christophe Coloinb. Le comwun des morteis se trompe. Ce mann
incomparable, le plus grand de tous, c'est Magellan. Quant
an Génois, « rieti de plus insignifiant » que son voyage, comparé á l'expédition du héros portugais 12t . « A presque tous
les points devue, le paralléle est en faveur de ce clernier 122 . »
Enfin, á Magellan revient l'honneur « cl'avoir accompli le
plus merveillcux voyage dont l'histoire alt gardé le souvenir ». On croit rver en écoutant de panel lles hyperboles.
Puisque ces écnivains, ópris plus qu'ii nc convient de leur
sujet, poussent le paradoxe jusqu'á prétendre que la somme
d'initiative, de science nautique, de courage, de génie
déployée par Magellan surpasse beaueoup celle que, jusqu'ici,
les naifs attribuaient á Chnistophe Colomb, nous allons
examiner de prés l'ceuvre de Hernancjo de Magellan.
- 79 -
*
Lorsque Colornb, Vespuce, Corte-Real et Cabofse proposérent pour la premiére fois de traverser I'oeéan Atlantique, jis n'avaient qu'une seule idée atteindre l'extrémité
orientale de 1'Asie. Cette cóte asiatique était parfaiternent
cléfinie dans leur esprit, sebo les notions géograpluqaes da
temps. lis se la représentaient tnoins éloignée de l'Europe,
paree qu'alors on eroyait la torre un quart plus petite qu'elle
n'est en réalité, a yee six parties de torre ferme et une partie
seulement de mer. Quant aux contours qui font face al'Europe e'étaient ceux de la rnappemonde de Ptolémée, modifiés
et nomenclaturés d'aprés la relation de Marco Polo. Nous no
savons s'il y eut jamais de iecteurs assez dépourvus de seos
commun pour reporter par l'imagination sur une earte mocierne la route suivie par ces navigateurs et tirer de cette
comparaison les conséquences absurdos que de récents écrivains disent avoir été acceptées et l'étre eneore par tout le
monde 121 ; mais il est certain que Humboldt, Peschel, Kohl,
M. d'Avezac et tous les géographes ont agi autremcnt. C'est
sur le globo de.Behaim, ou son équivaient, et sur les mappemondes do xv° siécle, qu'iis cherchérent toujours leurs points
de repére, car c'étaient ceux que Colomb et scs émulcs
avaient interrogés. Toseanelli y ajouta des ¡les, imaginaires,
mais données seulernent á titres d'eseales et prises dans les
portulans (le l'époque, sans changer pour cela l'idée générale.
Ce qu'on doit aussi dire, c'est que, contrairernent á l'opinion répandue partout de nos jours, Giovanni Cabot, Americ
\Tcspuee , Gaspar Corte-Real, Christophe Colornb bui-méme,
no tardércnt pas á se convainere qu'ils avaient abordé, non á
la eóte orientale de i'Asie, en Chino ou au Japon, mais bien
dans des régions tout t fait inconnues, séparées de la cóte
ITARBIS,E. - Chrkwph Colomb dei'ant ¿'Hístoire.
0
- so -.
asiatique; voire dans un continent ilouveau. 11 nc faut pas
s'imagirier que ces hardis et expérimentés marins avaient
inoins d'esprit que nous. En venant au prix de mille dangers
dans ces régions lointaines, jis nc se proposaient pas, certainement, de résouclre des problémes de géographie. L'or, les
penes, la sole, les épices, voilá quel était le but unique de
tant d'efforts et de sacrifices. On devine clonc sans peine
ce que furent !eurs sentirnents á la vue des cótes désolées dii
Labrador, dans les for&ts de pins eL de bouleaux qui bordent
le Canada, ou sur 'es plages sablonneuses (le la Guyane et du
BrésiJ. lis «y voyaient, hélas 1 ni poivre, ni cannelle, ni rhubarbe, ni penes, ni grosses pépites d'or. Des paillettes
apportéesdans le creux de la main par quelque indien, méme
du mica ou des pyrites de fer qu'iis prirent pour Je métal
précieux, étaient á pi prsieur seule récompense. Les hahitants, loins d'&re des seigneurs enturbannés, richernentvtus
de soie et se promenant en palanquin, comrne une interprétation assez naturelle des récits de Marco Polo les portait
le croire, étaient des peaux-rouges, derneurant sous un ajoupa,
sans autre nichesse qu'un are et son carquois ou une sarbacane.
Dés iors, la prerniére pensée des audacieux aventuniers
fut de chercherpius loin et toujours plus bm. C'estainsi que,
dans un espace de ternps assez court, j Is arrivérent á expiorer une vaste étendue de cótes, sans ríen trouver, naturellement, de ce qu'ils cherchaient, niais a y ee la convietion que
ces contrées sauvages se continuaient presque d'un póie h
l'autre. La lettre du Vénitien Pasqualigo, insérée dans les
Dia;ii de Mann Sanuto, relatant des 1.499 que les ternes septentrionales se prolongeaient au sudjusqu'aux Antilles appartenant á ¡'Espagne, est un commencement de preuve'24.
L'idée cl'une vaste terre continentalen'excivait pas celle de
-84 l'existeuce d'un détroit conduisant de l'Atiantique á la mci'
des Indes, au contraire. Aussi l'histoire nous montre-t-elle
les marins espagnois et porUigais, dés les prerniéres années
de Ja découverte de I'Arnérique, fouillaut les golfes et l'ernbouchure des fleuves á la recherche de ce passage, qui fut le
grand probléme de l'époque.
Colomb, qui d'abord avait forcé les équipages et leurs
chefs h venir déclarer par devant notaire, —sons peine, sus
le désavouaicnt jamais, d'avoir la langue eoupée, - qu'on
pouvait aher par terre de Cuba en Chine, revint bientót de sa
prerniére erreur. Au mornent mAme oit ses tabelhons instrurnentaient, le doute conmençait á germer duns son esprit.
Qn le voit par i'acte arbitraire défendant á un savant ecciésiastique, qui l'avait accompagné, de retourner en Espagne:
« L'abbé de Luxerna, grand cosrnographe, nc partageait pas
les idées de 1'Ámiral. 11 croyait, au contraire, a yee beaucoup
d'entre nous, que Cuba n'cst pas un continent mais une ¡le, »
dit Michele de Cuneo, térnoin oculaire, qui ajoute cette
réflexion caractéristique: « Ei Colornb s'opposa.á son retour,
craignant que ses divulgations n'engageassent Leurs Majestés á abandonner i'entreprise 125 .» Cela se passait en 1494.
Au voyage de 4498, ji se mit sans hésitation á Ja recherche
du détroit indispensable. Par une cotncidence curieuse,
Col omb croyait devoir le découvrir justeinent á l'endroit
oit nous ereusons le Canal de Panarna; sans qn'11 eút néanmoins soupçonné l'existenee de l'isthme devenu si fameux.
C'est vingt ans aprés que Mageilan découvrit le passage
tant cherché. Quel était á cette époque l'état de Ja géog.raphie et des sciences nautiques, premiers faeteurs dans un
problérne (le ce caraetére? Le principal doute avait été
résolu depuis un quart de siécie. C'est-ñ-dire que les régions
au delá de l'Oeéan étaient reconnues abordables, mAme
- 82 d'accés facile. Plus de trois cents expéditions espagnoles,
portugai ses, anglaises, françai ses avaient traversé l'Atlantique; de nornbreux navires appartenant it des partieuliers
nonmunis d'autorisations le sillonnaient sans cesse. En réalité, on allait alors au Brésil presque aussi facilement que de
nos jours. Tout déeoule de ce premier fait, qui no remonte
pas, certainernent, it Magelian, mais it Colomb. C'est pourquoi l'imagination nepeutsereprésenter le grand navigateur
portugais accomplissant sa mélTiorable découverte, si le navigateur génois nc lui en eút, par sou exemple, inspiré le projet eL par ses suecés tracé la voie.
Dés 1508, les Portugais avaient exploré la cóte orientale
di Nouveau Monde jusqu'á la Patagonie argeritine, peut-étrc
plus au sud eneore, et les navigateurs, en voyant combien le
continentserétrécitdans ces latitudes, no pouvaient que présurner une terminaison pon éloignée. D'autre pan, Nufíez
de Balboa, du sornmet des Andes, avait découvert l'oeéan
Pacifique. Non plus en tbéorie, mais par expérience, on
savait done aussi que l'Amérique n'est pas soudéeitl'Asie,
- vieille et éphémére erreur, reprise seulement veis 1523,
en Allemagne, et dans l'année 1525 en Belgique. Att
contraire, les géographes enseignaient que pas trés bm, it
l'ouest, se trouvait une vasto mer, entre les cótes orientales
de ¡'Asic eL la cóte oceidentale des torres nouvelles.
Les Espagnols élaient persuadés de l'existence de deux oü
trois détroits. lls plaçaient l'un entre les Floridos et TerreNeuve e'est celui que Estevam Gomez tonta de découvrir
en 1525; un autre, it l'isthme de Danien ji figure encore sur
une mappernoncle, celle de Maggiolo de 1527, mais a yee la
sage mention .Stretto dubitoso. Quant au troisiéme détroit,
admis pal' tous les cosmographes, hypothétiquement marqué
sur la plupart des globos de l'époque, - et le seul que
- 83 Charles-Quint voulut alors trouver, paree qu'étant plus au
sud, ji serait le véntable chemin da pays des clous de
girofle, - en l'avai L cherché sur une grande partie de la cóte
méridionale. Solis avait payé (le 50 vie la pne que l'estuaire de la Plata nc pouvait y conduire. En réalité, c'est ti
partir seulement du 500 de latitude sud, que l'exploraiion
(levait cornmencer, en suivant UI) littoral qui n'étaii réputé
dangereux par personne et qul en effet nc l'est point. Voyons inaintenant si l'hypothése de Magellan, réalisée le
28 novembre 1520, mais dont les résuliats nc furent connus
en Europe qu'au mois de septembre 1.521, no pos encore
une autre origine.
Deux rnappemondes et sept giohes terrestres construits de
1.509 ti 1520, précieux monuments de la géographie qui nous
sont parvenus intacts, représentent I'Arnérique du Sud ti
prés telle que nos cortes la dépeignent aujourd'hui 126 C'cst
ti dire que eette partie du continent affecte la forme trianguloire, ay ee les cótes orientales et occidentales trés nettes, et
se terminant en pointe. Sur quatre de ces globes, dessinés
en 1515 eL 1520, on voit aussi des terres australes, séparées
dii continent, corurne dans la réalité, par un détroit de ruinime
largeur. 11 y a plus Magellan a consulté un docurnent graphique de ce genre et s'en est inspiré. Pigafetta, qui ¡it partie
de 1'epédition, rapporte que le grand navigateur portugais
« dist quily auoit vngaultre estroictpoursail]ir, et dist quil le
scauoit bien pozuce quil lauoit vea par yac carie marine du
roy de Portugal. La quelle caite vng grand pilot et rnarinier
nominé Martin de boesme auoit faicte 127
En mitre, une relation de voyage, imprimée ti Augsbourg
veis 1514, conttent des détáuls indiquant une exploration do
détroit austral; et ces détroits n]émes out inspiré Johann
Sehóner pour la configuration qu'il a donnée sur ses globes
au eontinent sud-aniéricain, des 1515 128
- 84 Nous no croyons cependant pas que Magellan ait suivi les
traces d'autres navigateurs ay ee connaissance (le cause.
Mais tout Cela montre bien que la conceplion du voyage de
Magellan no fut ni nouvelle ni merveilleusc. En réalité, ce
n'était que la continuation d'une entreprise dont tous les
jalons étaient plantés depuis vingt ans ; qui, au Ecu d'aller ñ
l'encontre de préj ugés ou d'opínions adversos, étai 1 approuvée
par tout le monde. A cet égard, le voyage de Magellan no
peut certainement supporter la coniparaison ayee celo¡ de
Colomb. 11 est méme inférieur i l'expédition de Barthélemy
Dias, au cours de laquelle ce navigateur découvrit et doubia
le cap de Bonne-Espérance et que Vasco de Gama, qui en
récolta la gloire, no fit que terminer.
Le projet de Cornelis Sebouten, récompensé par la clécouverte clii détroit de Lernaire, nous parait aussi plus ingénieux
eL plus scientifiquc que celui du célébre mann portugais.
L'idée que la Terne des feux no fait pas corps ayee les
régions avoisinant le póle sud, conmc le montraient tonto,
les cantes qu'au contraire elle s'en trouve séparée par un
détroit praticable; les raisons sur lesquelles s'appuyait le
navigateur hollandais pour en tenter le passage, tout dénote
une intuition et des idées cosmographiques de premier
ordre, qu'ou no rencontre pas chez Magellan.
Or le mérito des grandes entrepnises se mesure d'abord
par l'arnpbtucle de la conception ; ensuite par la somifie
d'initiative dans l'elrort. Lexécution n'est qu'un fait iníérieur, bien quessettiel, cela va de soi. 11 reste á I'acquit
de Magel!an seulement la fermeté et l'art de navigucr dont
il fit preuve, 1 'une et l'autre admirables,
irables, nul no le conteste.
Mais c'est commettre une injustice flagrante (le flC pas
reconnaitrc ces qualités dans les expéditions de Dias, de
Colornb et de Sc]iouten. Qu'on rclise le journal de Lord du
- 85 grand Génois, tout abrégé qu'il soit, ainsi que les récits de
Barros et clAris Classen i Que Fon considere les piétres
moyens dont ces ti'ois na.igateurs disposaient, coniparés
surtout au magnifique équipement de la flotte commandée
par Magellan 1 Quant aux résultats pratiques de' son mérnorable voyage et au bien qui en sortit, ji nc viendra jamais á
la pcnsée de l'bistorien impartial de les opposer aux eltets
des découvertes de l'Arnérique, du cap de Bonne-Esperance
eL du détroit de Lernaire. C'est véritablernent nc voir que le
petit cóté des choses, d'auacher tiiie telle ufflpOrtal)Ce au fait
matéiiel, aux dehors de la prenhiére navigation autour dii
globe.
Nous pourrions facilernent poursuivre ce paralléle et mantrer ce quil y a ci'injuste et d'exagéré dans les louanges prodiguées aujourd'bui i Magellan, au détrirnent de la gloire qui
apparticnt í1 Christophe Colom) sans partage. Mais nous
croyons en avoir assez dit sur ce sujet.
VI
Larnérnoire de Christophe Colomb devait passer par
toutes les épreuves imaginables. Nous l'avons inontrée en
butte aux inveetives d'un publiciste américain, qui appartient ¿i la preniére université du Nouveau Monde. On vient
de voir aussi des orateurs espagnois cherehant, d'une façon
détournée, á dépouiller l'illustre el toujours inalheureux
Génois du mérito d'avoir découvert I'Amérique pour en parer
Pinzon, leur compatriote. D'autres Castillans, des deux
sexos, le rabaissent au niveau d'un vil el inepto aventurier,
dans la capitale detoutes les Espagnes, aux applaudissemcnts
cl'auditeurs bénévoles el nombreux —Saltayi cipiacuil Maintenant, ji nous reste h jouir du speetacle, non rnoins
surprenant, des efforis d'une nation qui, á son Lour, veut
accaparer pour elle-méme une part de son uvre el de sa
gloire. Cette nation, c'est l'italie.
Christophe Colomb est né á Génes, Jean Cabot en Ligurie, Vespuce et Verrazano á Florence. L'Italie a done le
droit, á I'occasion du granal centenaire, de rappeler qu'elle a
vu naRre ces ¡Ilustres navigateurs. Sur cc point, tout le
monde est d'accord el nous, le premier, avons pris la parole
a pour qu'elle s'associAt par une ceuvi,e utile el durable á
une commémoralion que justilient sa justo fierté, l'histoire
de la science etiagratitude du genre humain 120 »• On le voit,
nous n'avons marchandé ni la reconnaissance ni l'éloge. Le
- 87 moyen désirable était la publication des écrits de Christophe
Colomb, jusqu'ici dispersés dans une volumineuse collection
de documents. Ses rapports, sacorrespondance réclamaient
une édítion faite sur les textes originaux, ayee récits conternporains, eornmentaires et notes pei'péluelles.
En effet, la découverte du Nouvean Monde fut 1'uvre
d'un homme né en Italie, mais agissant comme individu,
pour une nation étrangre, sausle concours, et rnme contre
les voux et l'intér& de la rnére-patríe, qu'il avait abandonnée depuis longlemps et oú ji nc revint jainais.
La surprise fuL done trs grande clans nos miiieux scientifiques lorsqu'en 1891, on viL le projet détourné de la pensée
preniiére, la seule vraie, la sede légitime, eL qu'il nc s'agissait plus tant de célébrer la gloire individuelie de Colomb
que de l'absorber au profit de l'Ita!ie. Le but, dorénavant,
était de satisíaire, aux dépens de la vérité, i'orgueii national,
cefle plaie de l'Histoire 1
Q u'on ne s'y trompe pas, hors la chance d'avoir donné le
jour á Christophe Colomb, l'Italie nc peut rien ou presque
rien revendiquer dans la découverte de l'Ámérique. Ce
presque rien, c'est l'idée que Toscanelli a partagée eL soutenue. Le mérite serait considérable, assurément, si lastrononie florentin I'avait énoncée avant tout autre. Mais Ii n'a
pu que répéter, a yee I'autorité que tui donnait sa grande
réputation, ce que les phulosophes enseignaient depuis
dix-sept siécies. Sans doute, ji a pensé eL dit qu'on
pouvait faciletnent atteindre par la voie inaritirne, en allant
veis l'ouest, les eMes de I'Asie est-ce un titre á l'adrniratioii universeile, Toscanelli le partage a yee Aristote,
ayee Roger Bacon, ayee Pierre d'Ailly 131 . La Gréce, i'Angleterre, la France, aiors, ont le droit de prendre place, et
rn&rne avant l'Italie, au banquet des élus.
- 88 Est-ce done que les navigateurs génois el florentins, dont
la presse ilalienne chante aujourd'hui les louanges, acquircnt
leur savoir ou leur expérienee au pays natal el que, pour
ce motif, l'honneur des déeouvertes qu'ils onl accomplies
doit rejailtir sur l'ltalie.
C'est l'étranger, arrivés á l'Age viril, aprés avoir quitté
leur patrie pou,r toujours, que ces hommes, plus tard ¡Ilustres,
devinrent marins de profession. C'est en Portugal, c'est en
Espagne qu'ils se formérent I'esprit et conçurent leurs atidacieux P°Y
Jusqu'á vingl-trois ou vingt-quatre ans, Chi'istophe Colornb
no fuL qu'un modeste tisserand, bien qu'en octobre 1470
nous puissions le voir engagé dans une petile opération
de cornrneree maritirne, ñ Gnes. Au 20 mars 1472, figurant
comme lérnoin, á Savone, ji est qualifié, par le notaire, de
lisseur de lame taneiio de Janua. L'année su vante, Colomh
est encore dans son pays; mais, al)rés le 7 aocit 1473, les historiens no le retrouvent plus qu'aux Açores el á Lishonne,
oü coinmence la carriére qui devait i'iliustrer. Sans rapporls
désorinais ayee I'Jtaiie, quil no revit plus, Colomb semble
avoir oublié jusqu'á sa tangue maternelle
Pour Ainéric Vespuce, les soixante-huit lettres que nous
avons retrouvées dans le portefeuillie des Médicis le montrent
exciusiverneut occupé de négoce, ñ Florence. Lorsqu'il
émigre, c'est encore dans un comptoir, - celui de
Juanoto Berardi, — qu'on le revoit á Sévitle, veis 1493. C'est
en Espagne el en Portugal, des années aprés avoir quitté sa
patrie pour n'y jamais revenir, qu'il s'adonne pour la premiérc fois á la navigation et accomplit ses fameux voyages
transatiantiques.
Jean Cabot'82 el Verrazano133 no sont connus, comrne
matins, ¡'un qu'cn Angleterre, pour le cómpte de iaquelle it
- 89
découvrit Terre-Neuve et le Labrador; l'autre seuiement en
Franco, nu service de François Jer dont ji planta le pavillon
depuis la Florido JLIsqu ' au golfo Saint-Laurent. Quant A
Sébastien Gabot. A qui ion se propose cl'élever une statue
A Venise, sa ville natale, - oü d'ailleurs se passa seulernent
son enfance, - il no fut c1u'un charlatan fleifé et ¡fa jamais
rien découvert.
Et znaintenant, oü sont les navires des républiques italienries qui, au xv° et au XVL° siécles, franehirent I'Océan?
Venise, GAnes, Pise étaient les nations maritiines les plus
puissantes A ceLle époque; vit-on jarnais leurs vaisseaux dans
les parages du Nouveau Monde? Encouragérent-elles les
efforis des navigateurs dont I'ltalie veul aujourd'hui partager la renornmée?
Ce n'est pas un reproche. Rien nc pouvait Atre plus contiaire A son comrnerce dans I'Extréme Orient que eette concurrenee ayee la yole de terre dont elle avait le monopole et
possédait les débouehés. C'eút été convier tules les nations
di continent A venir prendre leur part de ces grandes
riehesses. Aussi no croyons-nous pas que Colornb alt mAme
jarnais songé A souinetlre sos projeis A Venise, bneore rnoins
A GAnes, eornme le rapportent plusieurs historiens et I'Encydique, sans preuve.
Que la nouvelle des succés de Christophe Colomb alt été
propagée par les éerits d'un littérateur ¡tallen fixé en
Espagne depuis longternps; qué deux imprimeurs étahiis A
Borne, mais Aliemands, aient publié une traduction latino,
falte par un Catalan, du premier réeit de la découverte,
lequel fut rédigé en largue espagnole; qu'A Venise, A Milan,
A Florence, II soit sorti des presses dix, vingt relations intéressantes de voyages transatiantiques; qu'un Milanais soit
alié au Nouveau Monde soixante ans aprés le grand Génois,
90 uniquement pour s'y promener et nous ait raeonté ses aventures; qu'on doive á un autre Jtalien une traduction illisíble
de la deseription du voyage de Magellan, originairernent
écrite en français par un Vicentin, ehevalier de Rhodes; ou
que des négocianis crémonais nient en la bonne fortune
d'apereevoir en mer, au bm, les navires de Cabral revenant ñ
Lisbonne, ce sont, á eoup sfir, des faits dignes d'étrenotés 134•
11 nc s'en sult cependant pas qu'au-delá des Alpes on puisse
s'arroger á la derniére heure le mérite d'une partieipation
daus cette mémorable entreprise. Etre fier d'avoir donné
naissance aux hommes qui l'accomplirent, encore que ce
fut sans so¡, malgré so¡, eontre SOl, Fien de plus juste; mais
venir parler du rúle de l'Italie dans la découvcrte de l'Amérique, c'cst une orgueilleuse prétention, que nc justifient ni
la vérité ni l'histoire 1
CON CLU SION
Non, Colomb n'eut pas le prenier l'idée que sur l'autre rive
de l'Océan se itouvent des régions accessibles au marn
confiant eL hardi. Ce no furent pas non plus ses propres calculs ni ses argurnenls qui en démóntrérent l'existence. II
est certain, d'ailleurs, que son hypothós&, alors répandue
parmi les savants depuis dix-sept siécles, était dans ses discours eL dans ses écrits entachée de profondes erreurs
qu'enf'in, sans liii, le Nouveau Monde aura¡( été connu eL
exploré rnoins de sept ans aprés le jour oü ji en fouia le sol
pour la premiére fois.
Mais á rnoins de n'avoir aucune notion des progrés de La
science eL du développernent de l'esprit humain, on no sauraiL prétendre que ces faits arnoindrissent Colomb, ses services, sa valeur eL sa gloire. Pour n'avoir éLé qu'un anneau
de ceRo vasto chatne qui no sera jamais aehevée, ji «en a
pas nioins laissé une empreinte ineffaçable sur la civi]isation
moderne. C'est lui, avant Lout antro, qui, franchissant l'espace, 1k connaitre á l'Europe étonnée ces pays révés par
les poétes, devinés par les philosophes. II est le plus audacieux génie dont l'histoire fasse mention. Les exploits des
héros qui ont érnerveillé et fait progresser le monde retentissent surtout dans le passé. Pour Christophe Colomb,
une partie seulement de son couvre appartient aux siécles
écoulés; l'autre attend son entiére évolution de l'avenir, eL
nul encore no peut en prévoir tonto la grandeur!
NOTES
ET PIIEUVES DOCUMENTÁIRES
NOTES
ET PREUVES DOCEJMENTALRES
1. Proclamation du Président de la République des Etats-Unis, du
21 juillet 1892. La date du 21 octobre y est adoptée en conséquence
de la réforme du calendrjer Julien introduite en 1582. Stríetement
parlant c'est exact, puisque GQÉC0IKE XIII retraneha 10 jours de
l'année courante, en faisarrt conipter le 15 octobre au Iieu dci 5;
mais en réalité c'est une chinoiserie, car personne ne s'est jamais
soucié de cette diíférence teehnique, et par la pensée on se reportera toujours k la premire date donnée. II va done falloir anssi
changer la date de toutes les découvertcs qui suivirent?
2. 36 ¡les, 687 récifs (cayes, cayos) et 2,414 roches selon le capi-
taine Fox, An attenipt lo solee tite problein of (he ftrst ianding place
of columbus ja (he Mw World, Washington, 1882, in-4.
3. NAVARRETE, ('oleccion de los ciages y descubrimientos que hicieron por inarjos Españoles; Madrid, 1825, in-8, t. 1, pp. 1-166. En
írançais, Paris, 1828, in-8, tome II. pp. 1-338.
4. Le commodore Alexander Slidc)I MAcICENZIE (apud Washington
JRVING) opine pour ¡'ile da Cltat; NAYARnETE (ancien enseigne de
vaisseau) peor /'!le de la Grande Salme; le capitaine A. B. BCHEn,
de la marine royale d'Angletcrre, pour ¿'ile Watling; le capitaine
G. Y. Fox, de la marine militaire des Etats-Unis, pour ¡'ile Santana.
Les opinions des savaiits de l'ordre civil clifférent également; aínsi,
pour YARNHAGEN, San Salvador est file Mayaguana, etc., etc.
S. Entre medias queda hondo y puerto para cuantas naos hay en
toda la cristiandad, y la entrada delio muy angosta - u Au milieu
[la otra parte del Leste - Sur le cóté occidental de ¡'¡le], il y a
Hsu,niss,. - Chrtstophc Coiomb denac ¡'fEnol,,.
7
- 96 une échancrure eL un poil assez vasto poul' coiitenir tous les navires
de la chrótienté, et i'entrée en est trbs étroite. » Joni'nal de hord, dans
NAVARRETE, t. 1, p. 24. COLOMB ajoute mrne qu'ii examina ce port
daus tous ses détails Y miré todo aquel puerto. Comme cctte
description cg donnée entre guiltemets et, selon l'aflirtnation de
LAS CASAS, duns le propre langage de l'Ainiral, ji n'yapas h s'y
troniper.
6. Acre lauded Columbus. And ¿he lleraid Monumetit Noiv Marks
tite Historic Spot. Án Enduring Memorial erected a,ul Un ye/lcd veith
impressive aud appropriate Ceremonies. Voir le Chicago ileraid du
4 juiliet 1891.
7. It is en/y 200 yaids from tite very saud beaeh en vitich Coiuinbus landed. Dépéehe ti3iégraphique eh date du 5 juillet 1891, voycz
p . 9 du Chicago Jierald préeitd.
8. Voici le texto mérne de cctte inscription, digne de i'antiquc
0W TRIS SPOT
CnHtsToPIIEn COLUMBUS
FIBST SET FOOT 0W TIIR SOIL OF
TIIE Nxw WORLD
ERECTE» 11V TEE
CHICAGO HERALD
JUNE 15, 1890.
9. Boletín de la Real Academia de la Historia, t. XIX, p. 361
10. Ibidem, t. XX,pp. 215-218. POUF étre eomplet, le savant acadómicien devrait ions indiquer, sin , la liste qn'il a drcssée des'tompagnons de Colomb, beux qui átaient seloti lui , d'oi-igine hbraique.
Ce serait trés intéressant
11. Una isleta de los Lucayos (ce dernier mot indique une ititerpolation de LAS CASAS), que se 1/cunaba en lengua de indios
Guanahani ». ( NAVAIIEETE, op. cit, p. 20.)
12. Deuxiéme section. Epoque Colornbieane eL post-Colornbienne.
Septiéme groupe. - Objets ayant appartenn h Christop ,he Colomh.
Duns le Plan for tite organization of a Latin-Á,neriean Department,
p. 5, en lit There are a number of priceless re/íes of t'ol,, jabas
iii cxjstenee... ¡ sub,nit tha.t t/tese relics wouid constitute one of tite
greatcst att,-actious that cocld be o/J'ercd. (Ce n'est pas douteux 1)
- 97 -
13. Poter quasi matematicanzcnte dimostrare l'oriinalita (Le
Galeno di Gristoforo Colombo, dans l'Eco d'halia, jer janvier 1885;
11 Cittadino, 23 novembre 1885; 11 Seco/o XIX, 6-7 aoút 1889; LObservateur français, 29 avril; etc., etc.)
14. Chez le chevalier Giuseppe ni G. BALDI, vice-postulateur 'a
Rome peor Ja bdatification de Christophe Colomb,
15. « M. R. S. Moong, de Newburn (Caroline da Nord), prétend
posséder un morceau de la chame que portait Colornb lorsqu'il Cut
e m j) riso u né * » Deparim cnt of Pu blicity and Prornotion , World's
ColumbianExposition. fot-in. 322. Ce possesseur n°3 des chames est
différent de celvi de New-York. L'impartialité nous oblige 'a rappeler
quil n'en posséde qu'un rnorceau.
16. Tite actual cha,-ts used by Golum bus, if those can he obtained,
and ifnot, accurate reproductions. (Plan of ihe organization, p. 5.)
17. Voici le docurnent perbatim a litteratim, digne certainement
d'aller u la postérit4 Se vieron cuatro mapas hechas de ¡llano en
Llape1 pegado sobre tabla, que se dice ser de las navegaciones de
Cristobal Go/oit, y en la junta de 4 del presente se propusó podían
comprarse para la Academia. Tuvose presente una explicacion que
¡nc entregó con ellas su dueño y el dictamen del señor don Josef
Jifa reos, ti quien, como revisor de Indias, acordo el señor director se
remitiesen para reconocerlas; y sin embargo de haber parecido que
eran de poco 6 ningun uso, porque eran antiguas y que ya se
hablan hecho traer a la Academia, se determinó tomarlas, dandomc
comision para que las ajuste con su dueño. (Acta de la Academia de
la Historia, de 18 junio de 1762.)
18. ('ristobal Gofo,,, su p ida, su viages, sus descub,'i,nientos, por
D. José filaria AsENsIo, directo,- de la ¡'cal Academia Sevilla/la de
Buenas Lettras, correspondiente de la de la historia, Bareelone, in-4,
t. 1, p. 388. Voir la Repite Critique, 26 sept.-3 oct., 1892.
19. Guide Joanne, Italie da Centre, 1877, p. 280.
20. Notre Christopite Golomb, t. 1, p. 392.
21. Dépéche télégraphiquedu 6 avril 1890.
22. Nearly alt tite collars of the Golden fleece have interesting
historical assoeiations. Tite King of Italy, rvho received /t.is fron Aus.
- 98 -
tija, wears tite one thai belonged lo Christopher Calata bus. (Evening
Star, Washington, juillet, 1892.)
23. First. A tnodel of tite house al Genoa in which Columbus ivas
bara. (Plan foz, tite oi'ganizat ion, p. 5.)
24. Christophe (Joiomb, les ('orses el le Gouverneinent francais
Paris, 1890, in-8, p. 19.
25. Exhibits illustrating th.e circumstances of tus death ami banal,
with inodels of his co/fin and lomb. (Plan, loe. cit.)
26. La Jlustracion Espailola y Americana, 22 rnai 1875, pp . 318319. Conime l'on comprenti bien l'indignation patriotique et archéologique da savant espagnol, aujourd'hui menibre de I'Acadérnie
royale de I'Hístoire et son spécialiste en ces matiéres, le Señor
Cesareo Fernandez Duno, Iorsque, préludani l l sos travaux histoTiques, qui font la gloire de lEspagne, it s'écria La Ilustracion
Española y Americana, en el dobla concepto de su titulo, honra Ita
la mc,utO e/a de Colon estampado con la exactitud de la cámara fotográfica, pagina 303, la casa posada de Valladolid en que exhaló
[Cristobal Colon] ci ultimo suspiro. Lo que rudamente quieren
expresar las lineas de este escrito, lo proclaman con irresistible lógica
las del edificio abandonado y ruinoso, y mas aón las del letrero de
la fachada, que harto bien se distinguen en elgro.bado. En el enterramiento del almirante se fabrican vasos de loza Sevillana; en su
vivienda se albeiwan animales i Esta es Castiella
- 27. A la page 319, de ce nurnéro de I'Iiustracion, en lit ccci En
3 de Febrero de 1866, por indicaciones de/Alcalde corregidor, y
remitiéndose al juicio ilustrado de las Academias de la Lengua y de
la Historia, se tomó la providencia de consultar á estos dos ilustres
centros, adhiriendoze al parecer de las personas que ¿rezaban de
autoridad suficiente para emitir opinion respecto al particular; y por
ultimo, en 27 dejulio de 1866 recayó acuerdo definitivo.
28. Armadura de Colon de indudable precedencia, dit le señor
AsuNsio, président précité d'une des académies royales de Séville.
29. « Aprés quatre cents ans, l'épée que portait Christophe
Coloinb lors de Sa grande dócouverte a fait retour h I'Amérique. Elle
a été rapportée par M. Robert STRITTER, cornmissaire de 1'Allcrnagne
ül'exposition de Chicago. L'épée appartient au musée de Salzbourg
qui a bienvonlu 1aprter peor qu'elle figurAt k la grande Exposition
arnéricaine. » Le So/dl, 19 avril 1892, d'aprs Le Brésil, journal
publié k Paris.
30. MoNTESQUIEU, Esprit des iots, livre XXI, chap. XXII.
31. Puesta á votacion fié aprobada por unanimidad, dit le procésverbal des séances. Real Academia Sevillana de Buenas Letras.
Sesion del dha 11 tic Noviembre de 1881.....
32. Pedazos de huesos de canillas y otras parias partes de algun
dithato, que se recogieron en una salvilla. NAVARRETE, t. II, 1> 368.
33. Los restos de don Cristoval Colon, p. 28. II parait qu'on pent
se dispenser de lire sur le mérne snjct l'lnforme de la Real Academia
de la Historia, notre travail « ayant été, en grande partie trés exactement suivi et mis á contribution par D. Manuel CoLInIno, censeur
de FAcadémie royale de I'Flistoire, » dit M. Alfred MOREL-FATI0, qui
est bon juge. Revue Critique, 7 juin 1879, p . 417.
34.
Les sépultures de C'/tristophe £'olomb, p. 18.
35. Ce fait cd corroboré par la lettre suivante que le prince
MAssrMo vient d'adresser au direeteur du Messagero, de Roine
u Je reVive dans votrejournal de ce rnatin que lexplosion qui a en
lien Sons le portique de mon palais a effrayé ma famille, et je tiens
h déclarer que cetix qui out dans les peines le sang des Fabius et de
la maison de Savoie nc coanaissent ni fraycur ni peur. »
Son Excellence Ra done jamais essayé de moucher une chandelle
ayee les doigts? dernanderait le grand Frédérie.
36. Quoniani autem ii/e Columbus oir erat cordatus ntagnique
iitgenii el animi, rex el rcgiva C'astilic'e antequam ab ipsis discederet
ejus efflgiein ab eximio aliqeo pictore ad vivum expriuzi ¡usserunt, lit
si ab ii/a expeditione non rediret aliquod ejus ,nonumentum aptid se
haberent. (Colleet iones peregrinationum ir¿ Indiam orienta/em el
Judiam occidentalcm, - ou Grands Voyages, de J.-T. DE Bay, t. ir,
cinquiéme partie, p . 1.)
Dans cette partie, qui porte la date de 1595, DE Bat dit aussi (en
latin) u Le IV' livre qui préede venait d'étre achevé quand toiit
récernrnent j'ai en la joie de metrouver en possessioil d'une répétition
de ce portrait par l'entrernise d'un mien ami qui la tenait dupeintre
tu¡-mé,ne. A cette fin, j'ai Iiit graver en petit son euvre par moIi
— 100 Lis, etc., etc. » De 1467 (minimum) it 1595, cela fait cent vingt-huit
aus. Bien que nous ne sachions pas précisément qiiaud le peintre
d'Isabelle la Catholique donna, « iui-méme, » eette copie it l'ami de
Tliéodore DE Bar, la margo entre ces dates est teliement grande,
que nous avous ici, it ' nen pas douter, un portraitiste qui marcha it
sur les traces de Mathusalem.
37. Justin WlNson, Narrative and Critical h'istory of America,
Boston, t. IT, p. 73.
38. It a'as ,paintcd by MORO and bea.rs t/ie stainp of origina.lity.
(Interocean, u° du 21 aoút 1892.) Ce tahieau est le joyau d'une
collection de Chicago. lmaginez-vous, lecteur, que ce o cachet
d'originalité » consiste en une ehevelure noire cornrne de l'cncm'e,
les traits don homme de trente it quarante ans, une moustache
tombante et barbiche, le totd encadré daus une fraise empesóe, de
la fin do xvi° siécle, et surmonté dun biason qui nc fut jamais ccliii
de Christophc Colomnb ni d'aucun membre de sa ('arnillo. Une parcillie
ignorance, un tel inanque d'esprit critique nc p téte plus qii'h vire
Que diraient ces savants iconographes si 00 leur donnait peur
authentique un portrait de George 'WAshINGToN, vétu, coiffé et
barbiflé comme Abraham LINcoLN?39. C'est ce que nous apprend le spécialiste , déjit nominé, de
l'Aeadérnie royale de I'Flistoire
Hay otra circunstancia que por primera, vez notaron los extranjeros
asistentes al Congreso de Americanistas de Madrid de 1881, y es la
semejanza de ciertos rasgos ftsionómicos del actual Duque de Veragua, D. Cristóbal Colón, de su hermano D. Fernando y de los hijos
de ambos, con los del retrato de la Biblioteca Nacional. »
(Le seiior C. F. Dimo, Pinzon en el descubrimiento de las Indias,
Madrid, 1892, in-12, p• 242.)
40. Notre Christop/ie Colomb, t. JI, p. 284, planche IV bis.
41. Nous en possédons nR dcssin, psis sur le tableau méuie,
lequel est peint sur hois, de 13 eent. de largeur, sculement. Colotnb
lit
est complétement chauve, ateo un peo de barbe ¿u menton,
tournée it droite et trés ridée. La téte sort d'imn collct de fourrure.
Au dessus et it droite, on lit Cristo/Jel Coiomb Groote Ádmiraal
ter zee onder Ferrand J<'oning van Castelie de Eerste Vinder der
nieuvve Werelt. Ce tableau faisait partie, au siécle dernier, de la
collection de M. MAGNAN DE LA ROQUETTE, it Aix en Provence
- 101 42. C'est ce qu'on appclle «le portrait du docteur u, it cause (le SOfl
découvi'eur et propriétaire, le docteur Alessandro DI Ondili, de Cómo.
Le titre de la premire édition illustrée des Elogia, de Paul JOVE
(BAle, 1575), porte que l'ouvrage est orné de portraits qui furent
pernts d'aprés nature, et tirés de la collection (le ce littérateur
Ex ciiisdern filuswo... ad vivuni expressi.s irnaginibus exornata.
L'éditeur, Pierre PER-,A, dans sa préface, rappelle r1 u'il a fait
reproduire, it frais qui dépassent presque Sa Fortune personnelle, par
un trés habile peintre, les effigies de cette farneuse galerie Qui
niaioribu.ç propé, quá.m res nica fa.niiiiai'is paicretur, impensis a
nobiliss. pictore Jo punjas imagines cxperimcndas duravi.
Mais, en 1575, Paul Jovr n ' était plus depuis virigt-trois ans; ct
c'est une opinion généraiement répandue que sa colleetion de portraits íut dispersée it sa niort (1552). Comtnent, dans ce cas, put
PEEn retrouver taus ces tableaux?
La galerie no Lot pas dispersée it cette époque. Elle resta, - nous
no savons jusqu'en quelle anude, - en la posscssion de Giulio
Giovo, son neveu et suceesseur dans l'óvéehé de Nocera (Cartcggio
de GTE, t. II, 389 et 390).
Nous pensons que Giulio continua d'en jouir pendant sa vio;
mais ici encore nous n'arrivous pus it une date précise , puisqu'on
ignore quand ji mourut. Tous ce que les écrivains ecciésiastiques
enseignent c'est que Paul JOTE junior devint son coadjuteur au
29 septembre 1560, et que ce dernier figura au Conciiede Trente,
en 1562, comino évéque. Notre théorje est que la demenre somptueuse de Paul JOTE senior resta intacte tant qu'il y cut des évéques
duns cette famille résidunt it Córne c'est-h-dire jusqu'it la mort de
son petit-neveu, arrivée en 1585 (UCUELLI, Italia sacra, VII, 747),
et cela d'autant plus qu'il est l'auteur dun certain nombre des dpigramrnes latines ajoutées aux portraits des Elogia (BAYLE, Dici. cnt.,
a rt. Jovs).
En tout cas, on posséde une série de lettres datées soit de Cómo
salt del Museo di Mo nsiknor Jovio, écrjtes par Cristofano DELL'
AL
• TIssIo au grand-duc Cosme l er , et it Christjano PÁCNI, secrétaire
doce prince, rendant compte do travail dont ji avait été ebargé; c'estit-dire de prendre des copies des portraits de la galerie en question.
Instailú au 31 mal 1553 depuis atizo mois chez Jovr Soso in casa
di II!onsignor ¡ocio, del clic oggi son undici nzcsi, ce qui nous reporte
un 31 juin 1552, du vivant mime do famoux évéque, L'ALTIssIMO
1. tt-'1
- 102 an 31 mal 1553 avaíl eiivoyé 'a Cosme 23 copies, mi 7 julllet 1554,
26 autres; au 18 novembre 1556, deax c.aisses qui devaient en
cuntenir autant, puisque le premier euvoi se trouvait reníermé claus
dna casse di titrali.
rnalheureusetnent, s'arróte la correspondance que Gyg a
rctrouvée dans les archives de Florencc (cartcggio, 11, 389.92,
401-2, 412-14).
La prsence de L'ALTI55IMO et ses travaux de copiste dans le
Musée de Jovn sont corroborés par une lettre qu'envoya Bernardino
CAMPI 'a Ipolita DE CUNZACUE, amis cette lettre no parait pas Mre
post.érieure 'a avril 1554 (Discorso di Aiessandro LAMO, Cremona,
1584, in-4, p. 53). Elle no ¡loas apprend done rien de plus sur le
séjour de notre peintre 'a Cóme.
Tont cependant tend 'a déinontrer quil resta dans cette. ville assez
longtemps aprés 1556. Nous lisons, par exemplc, dans VAsARI, que
LALTTSSIMO se (it 011(3 spécialité de copier des port raits et (le la
soite se procura hon fl CII r eL proíit Ciistofriiio adun que ferma.t.osi in
questa. inanieta de pulcra, clic ¿ secondo it genio sito, o vero mciina2ione, ha fallo poco cilio, coinó quegli che del ba,ie di quena
onore cd titile a bastaizza. Ce succés doit étre d'une date postérienre,
cay au 16 aoút 1554, nous voyons
L'ALTISSIMO
écrire au grand-duc
Suplica a que//a clic per i'a,nor di dio la yagua socliori'ere perché
si 1,-oca un gran calamita, e la sua po'cra madre el dna nipoti staiiiio
par morñsi di fama (dans GYR, t.p• 401).
D'autre pan, VÁ5ARI ajoute que ecL artiste petgntt pour Cosme
DE MEDICI5 dccx cent quatre-vingts portraits it numero di dugenso
atlanta (De/le Vita, Firenze, 1558, - privikge du 25 aoút 1567 -,
t. III, 869) Ce chiffre con sid érab]e, en prenant pour moyen nc le
nombre de copies fournies 'a ce prince de 1,552 ji 1554, soit dccx par
mois; implique la prisence de L'ALTISsIMo dan; le Musde Jovien, au
moifis jusqu'en 1566. Cette date, rapprochée de la probabilité que
les neveux de Paul JovE continuéreut 'a jonir de la collection pendant leur épiscopat, eL du tcmps qu'il Failut poir dessiner ces
nombreux portraits afin qu'ils íussent préts pour une publication
iinpiiinde en 1575, vient 'a l'appui de la déclaration de PERNA que
ses gravures Fureni faltes sur 'es portraits mémes de la galerie de
Paul Jovn, évidemment encore en place ji cette époque.
De tous les portraits de C0L0M13 qu'on prétciid provenir de la
galerie de Paul Jovn, le seal auqilel les documents donneiit une
apparence de plausibilitú cst celui des Offiees, 'a Florence.
- 103 Malheureuserncnt, ¡1 est diífieile de sininginer une'eíligie ressemblun t rnoins que ce portrait h l'image authentique da gra u d navigateur, telle que son tus et ses amis personnels nous la ddcrivent. Aux
Of Fices, c'est un hornme d'environ trente-cinq ans, h la figure ronde,
les veux el les sonrcils foncés , les eheveux trs lisses, d'un noii' de
jais. Or, les textes originaux que nous avons cités (supra, p. 37)
disent que Colornb avait la figure bague, les yeilx gris clair, et que
dés I'ge de trento ans ses chevenx devinrent tout blanes. Le
poi'trait des Olfices nc pcut done pas étre eclui de Cliristoplie
Colomb,qui appandt pon¡ - la premiére Fois duns 1'Ilistoire Sué de
(f uarante-einq ans, a yee une chevelure de vieillard. Et coinine aucuri
catahigue ¿existe des portraits coptés ti Cóme par DELL' Atn'tssiio
qui d ' ailleurs n'a pcut étre pas pris copie de toas les portraits de la
gulerie, tandi cju 'aucun docu ment dn ni', voire du xvn° siécle, tic
dit qun a po rtrait de Colom b rut fa it par ce pci utre, en bonn e
logique l'attributiun doit étre rejetée nbsoJurnent.. On a dú se
bu m l i' d 'ét iqu ette
Duns I ' ouvrage de Paul Jov g intitulé Elogia virorum hellica
p i'tnie illn.strinm p eris ima.ginibus su/posita, qux apu.d Mu.sa?u,n
speclanflr (autrement dit, les éloges décrites sous les efigies des
honimes ¡Ilustres qili se voient dans le Musée de Paul Jovg,
Cóinc), ouvrage pu bI ié de son viva nl, en 1551, h Floren ce par
Lorenzo T0BTIENTINI, ja-folio, on trouve ti la page 45, une hiogra ph ie de Christophe Colomb , portant potirtitre: Sub effigie
Citrisiofori Co/nm/si; c'est-ii-dire Eloge placé sons le portrait de
Christoph e Colom b.
Paul Jovn a done possédé un portrait, tau prétendu portrait, clu
grand Cénois (qu'il f'ait naite ti Albissula), et cette mention est
la plus anejen nc d'un portra it (le lui qu'on con naisse.
Le dije, souvent répété eL toujours snns contróle, que la galerie
Jovtcllne eonteriait pluslcurs portraits (le l'Amiral , repose uuiqucinecit SU!' des aun hutions que rica nc justifie. II y a quati'e
p rétend ues i niages d u céléb re navigateu y , que Fon a ([lime provenir
en ligne directe de la collection de Paul Jovu, et comine elles nc se
ressemblent pas, on en a tiré la conséquenee que 1e famenx évéque
* Cc catalogue, ou la Ii 4 te móme dc porlraits peiiLs par L'Altissi,no pour Cosme,
doiL exjst,,r daus le Ca r teg?w des ilfédicis, cuz archives d'Etatá Florence. Le grand-duc,
dnns se róponse á la JeLtre de 31 mci 1553, dit Vrsçgesi di ritrovar ¡a nota de' flomi,
che la ha ¡1 ,naio,'do,no, pci' aandurglidc. (CYE, 11, 380.)
- 104 posséda plusicurs portraits de ce geure. C'est ce que les gens qui
raisoniient appellent une p(titLon de principes.
Plusieurs éditions furent faites de ces Eloges mais e'est senlement
dans celle pu fut publiée h liMe en 1.577 (quoique datée, an litre,
de 1575), que l'on voit une cífigie de l'illustre navigateur.
Le mot effigie, an singulier, dans la inention préeitée Sub e/figle
Cbristofori Columbi, indique la possession d'uu seal portrait de
Colomb, el de fait, il ny a pis la moindre preuve que Paul Jove en
ait en deux, encore rnoins une dem[-douzaine.
Admettons (pour nous arnuser) que Paul JOVE ait posséclé deux portraits du célébre Génois, naturellernent c'est l'un de ccux-ci qili a été
reproduit daus ses Elogia— Si ceini do docteur est lautre, jis doivent
se ressembler. Or, rica de plus disscmblable el de plus contradietoire que ces deux euligies. Elles s'exeluent lune l'autre, el, conséquernnient, ¡Inc pcut y avoir que Pune des deux qui soit authcntiqtie,
- el encere! C'est done le portrait apocryphe que Paul Jovu, ou les
éditeurs de ses Elogia auraient choisi peor figurer duns son Iivre?
A qui fera-t-on jamais croire une baliverne pateille
Quand Inénle le portrait do Docteur « serait le seai quí exhibe
la verrue historique rnentionnée dans toutes les histoires (?) de
Colomh », jI resterait encore 'a prouver non sculernent que cctte pcinture a appartcnu 'a Paul Jo y a, ninis, aussi , coinine en le préteud,
'a su famille dep 'iis l'nnnée 1552 jusqu'h nos jours. Qunud, conrnent,
l'ancétre de la dame qui Pa légué au Docteur se I'est-il procuré? Un
tablean choisi dans une galerie qui en renferrnait des centaines, el conservé si précieusement pendant trois cent qua rante ans dnns la mérne
Famille, n'a pu passer par tant (le góuérations saus laisser des traces
dans la eorrespondauee el les inveutaires en nutres actes authentiques. O'a sont ces preuves? Ayee la meilleure volonté da monde
nul nc peut aceorder aux déclarations , nécessaireinent ¡utéressées,
d u D' DI Oncut, la ynleur d'uu térnoignage odulaire ponr un prétendu
faiL remontant it trois sieles el derni 1 Aussi nc su it-en que penser
lorsqu'on voit un homme de valeur, uii vice-président de la Société
royale de Géographie, de Londres, prendre, sans plus de garanties,
une semblable peinture sous sa protection el écri re
Oniy ono autitent.íe poiIra.it of ('olumbies ir Á-no,t'n ¿o itave been
pa,in.ted ..... tui unt.ii quite eeenilq 1 (lo 'tot 1I,inlç 1/tal 1/1e original
it'as knotvn lo ex¿:. It, hotveper, ne y cr lef? rite /1wi/q. and wlten
tite iast Giovio died it was in/se,'ited by t'ter grand son, tite No hile de
- {05 Ore/id, wito is 1/te preseni possessor. 1 çt'as so forleenate as Lo seo it
'iren 1 çvas ni. Como... líere we hace tite head of a venerable litan,
witit tiria grey ¡taj,', etc., ele., etc. It vas 1/tres thai he donbtiess
a/)J)eared dar/ng tite pei'iod 1/tal he wa.s ¡ti Spain, af?er bis retaen
¡ti chame, etc., etc., etc. (Pi'oceedings of tite Boyal Geographicai
Society, Londres, pour septembre 1892, p 603.)
43. TILiI'd Assisi.ant Post-master-General IJAZEN, ¿y preparing tite
ciesign fo;' a set of stamps Lo be issued ja honor of tire 400th annicersa;'y of tite drscocery of America.
Tite Te'easury Departnecnt to-day began tire prepai'ations faz' cort/te fico mil/ion C olu mL jan ha! f d oit a p . l'lte designe of tite co iii
ha ve aiready hcen selecied....from a porirait which was rccentiy
prerchased by tite U. S. Consul General al Franlcfort, for M. James
W ELT.SWORTH of Chicago.
(Dépéches téiúgraphiques des 30 juillct eL 6 aoút 1892.)44. Cette sophistiquerie motiva la lettre adressée au Nsiv York
Times, le 8 avril dernier. Comme notre épitre expuse la tactique
employée généralernerit dans les tromperies de ce genre, ¡mus
croyons utile den insrer ¡ci une traduiction.
Les mots soulignds sont pris des bonirnents, manuscFits et irnpri.
!nés , journalistiques eL épistolaires (particuliérement de la notice
intitulúe Tite Loito Porirait of Columbus, signée E. II. M.) qui
accon]pagnnie.nt la pcinture it !'époque oü cette merveilte était en
quéte de quelque opulent eL naif capitaliste
e Co prétendn portrait ¡mus est donné dans nombre de récentes puNícations italiennes et new-yorkaises cornine étant l'ouvre du céIébt'e
uniste vénitien Lorenzo Lono, peint d'aprds notare á Grenade en 1.502
date inserite en c/iifl'rcs absoleemeur distareis el incontestables.
On avance á l'appui de eette atinhution et de cene date d'audacieuscs
aflirrnations qui demandent une réponse. La voici
11 n'est pas vrai que Domenico ¡'isani fui en"oyé en Espagne cern/nc
am bassadear de la 1?dpubit que lors que la nou,'e/lc arriva ti Venisc de la
ddcorwerte da Noun'eau Afonde.
II n'est pas vrili que Pisani olla 'laus ce pays surtout (un le moins da
monde) dans le bac d'obienir des renseignements acijes cccx rnarc/eands de
Venise ea sujct de la n'ateeer co,n,nerciaie, des ressources ci des produies des
ferres nene tel/c g , el a/la (1 ohte,ur des carees marines pone' les ;eavigateurs
pdnitiens.
II jt'cst ¡).as yrai que J'isani atari un seerétaire appeté Giovanni Caen¿rifo ea Grajeo,
- 106 II n'est pas ;'rai que te Camerino ou Critico oblint secri,ien,cnt de
C/trisrophe Coln,nh une carie da Nous'eau Monde.
II n'est pas vrai que P,Ñani envoya Li Rofl govoerneinent de Qolu,nineu.v
rapporls (no un rapport qiielconque) Contorne nl les ddcouoertes de .Colonth.
u pas vrai que Lorenzo Lo go visita l'Epague da tetups de Pisan¡
(on fr aucune époque) ti quil peignii plusicurs tahlea.t.c i'nportants (ou
quoi que ce soit) satis son patronage.
11 n'est pas vial qu'il y cii auj oardisin seise de ses aju pres á Madrid,
exécuides á Crenade, á Sdeille ci Ltilleurs en Jfspagne, d celle ¿po que
(voire avont ou aprés !)
11 n'est pas \-rai qa'on connaisse l'liistoire de ce porirait depuis irois
tenis nos (ni méme trois cents jours avara Sa rente pone la forte
somme!).
Quant fr celle peintute en tant que porirail de Cbristophe Colo mt), &est
une impudente íabrieation, laquelle, comme tules les falsifications i ¡aliennes (el Dieu sait si Ion en manníacture dnus la péninsule 1) particuliérement celles qiu pioviennent de Venise et de Bologne , veía erop
prou ver.
Colomb, dans ce tableau, est représenté tenani une carte de géographie.
Cette ca pte, nest pas, coinme on devrait s ' y attendre, une carte de sos
découvertes. Cest une carte du Brésil, pays qu'it• na ni découvert, ni
prétendu avoil' déeouvert, et qu'il n'a jamais vu de sa nc. Ce n'est pas
'néme une carte espagnole, - encore moins italienne. Cest une e-arte
falte exclusiverncnt a y ee des éléments portugais.
Sans étre grand clero, on sexplique com,nent le faussaire est arrivé fr
insórer une carte de ce genre dans si peinture. 11 s'adressa fr quelque
bihliothécaire, dernandant fr vol' « la plus ancienne ca p te de l'Amérique
Cela¡-e¡, qui n'en savait ceitainelncnt pas plus long, lul lit voir la plus
nnciennc carie gro ,'de ola le Nouveau Monde est représenté; laquelle noire
truqueur s'ernpressa de copier.
Mallieureusen,eni pour cel industriel, ceLle carie n'est rien d'autre que
la inappenionde construite par lAlleniand Johannes lluysch, fr la fin de
l'année 1507, eL ajoutée au Ptold,née piihlié fr Borne en 1508.
Ce (idI est dérnontré par le fait que cesÉ une Fnappemonde projetée en
développement du cóne dont le soinmel est nu pifie aictique, genre de
projeclion inconnu avant 1508; par la configuration trés particuliáre du
Brésil, qui est la méme daos le pseudo-Lotto eL (laus le Ruysch; par la
hévije qui met laTrinité parini les ¡les de Cannibales; par File de Monserrat,
ainsi noinmée exclusivernent dans ces deux cartes; par le continetit que
l'nne el tautre appellent ¡'cera sanct;c Crucis, vocalfie auquel Colornb na
certainement jamais songé eL qu'on nc trouve sur aucune carie on sur
aucun glohe espagnoL Et cela sexplique, puisque ce nota inventé par
Cabral, lorsqu'il découvrit le Brásil pour le compte du Portugal. Enfin,
- 107 la fraude se démontré encole par ].a identification des degrés de
longitude, ntamérotés dans le pseudo-Lotto, 305, 310, 315, 320, précisémeut comme dana la carte lusitano-germanique de Buysch, quoique 3050
(de ceite échelle - á pon prés notre 600 longitude oucst) soit l'extrme
limite de la cóte orientale du contineut américain que Colomb ait jamais
atteint.
Maintenani, les décou-vreurs et les courtiers de cetie piéce curiense
afflrment qu'elle porte la date de 1502. Comment peui-elle alors exhiber
'Inc carie qui fin construite six ans aprés et alors que Colonib était mart
et enterré depuis deux années? En réalité, c'est une de ces excessives
fjnesses dont les pourvoyeurs italiens sont coutuiuiers, mais qui, cousues
de fil blanc sans qu'ils s'en doutent, fin ssent toujours par mettre sur la
yole.
Dans les tromperies de ce genre, l'offre va de pair ay ee la demande, et
pi'esque 5 chaque nouyelle lune, naos voyons exhumer de quelque
col/cellen pasricienne, d'oú ¿1 'fa pas houge depuis trois cents ans (qtielque
fois deux siécles seulement), un portrait aut/ecntiquc, pr/e ad pioum,
G/iriseophe Coio,nb. Cet influenza iconographique durera sans doute
jtIsqu'aprés l'Exposiiion de Chicago.
En cc qui concerne le prétendu Lotio, attendons-nous aux eífets
constants de la critique. Ou Ion découvrir'a un autre Lotto de méme
acahit, maje sans la famense carte du Brésil, ou lijen les parties jntéressées dans cene affaire, faisant la part du feu, jetteront la carte par
dessus ]rnrd, a yee le pénible mais malín aveu « qu'ils viennent de découvnir que la cante a été ajoutée aprés coup, 00 qu'ils n'avaient pas vu un 1
placé avant le 2, et eonséqucnt qu'il íaut lire non 1502, mais 1512; ce
qoi cmpirerait encare les choces, en vertu de l'adage américain Plus en
le rcmu,e es plus cela cene nzauvaLç/ Ou bien encore que les experts ont
mal regardé et que le ponirait nc porte ancune date, etc., etc.
Nous verrons aussi abarklonner, h tour de róle, les autres appendices du
porirait, teis que 1e sablier, le volume des 'euvres d'Aristote, etc., etc.,
lactique renouvelée de l'art (le la fortification des places, oü c'est la
façon d'atiaquei' qui fait la lo¡ de la défense . Tout Cela est bien connu
des coununissaires priscurs appelés a vendre aprés décés les olijets d'art
collectionnés á grands frais par des arnateurs qui, do haut du cid, leur
derneure derniére, ne voient peui-élre pas encore de quelles... illusions
jIs furent victimes. ,,
Le leeteur Fa sans dotite déjii deviné, tout ce que naos venons de
dire c'est par pune julonsie, can naos aLISSi, nous possédons un
poit raiL a uthentique. (le Ch nisi 0j he Colo,iub, pni s d 'ap rés natu re, el
que nouis désirons beaucouip voir adopter de prélúrence par le gouiverncmen t des Etats-Un is, poiur des timbres-poste, au inoin 5 pour
celui d'un son.
- 108 Cette efigie se présente daus des conditiuns d'authenticité qni nc
Je cédent en rica aux portraits les plus •diiis. Présentée an
Congrés des Américanistes tenu ti Luxernbourg en 1877, elle conquit d'ernblée toas les suifrages de Ja savante compagine. Comme Fa
(lit excellcrninent lorateur chargé d'initier ses collégues aux mérites
du tablean, « c'est le seul portrait véritable de Cliristophe Colomb.
Cettc peinture est exécutée a yee UD soin et un scrupnle que
l'cnthousiasme peut seul a-voir inspirés. II n'y a pas jusqu'h la
chassie des yeux usés du vieux mann qui nait été observée et rendue. Le triomphe moqueur dii grand honime méconnu, humillé et
persécuté, Bul, artiste nc l'aurait mieux reproduLte. » (Congrs
international der 4móricanistés. Luxcmbourg, 1877, t. II, p. 375)
Voiei ce portrait, prís sur loriginal , destiné au Musde du Louvre
Le lecteur remarquera combien la conirnunication faite au Congrés
des Amé rica nistes est exacte en toas points. Les reuseignements
historiques produits á cette occasion sont aussi de l'espéce particuliére toujours £ournie par les possesscurs de portraits incontestables et Ile sauraient laisser subsister le moindre donte dans
l'esprit méme des iconographes les plus inerúdules. A certains
- 109 -
égaids, cette eífigie est supéricure h tout ce quon a produit en ce
genre jusqu'ici. Par exempie, alors qu'un de ces portraits (cclui que
nous mentioLlnons e¡-dessous, h la note 45, fréquemrnent appelé ijar
d'irrévéi'cncieux iconograplies « le clérical ») provient seulement de
la inattresse de Christophe Colornb, le nótre fut peint pour son fis
légitirne et héritier qui (c ayout été gouverneur de Vile de Cuba;
l'apporta et le laissa att palais, d'oü ji aura été volé par quelque
flibustier ou sauvé par quelque partisan ». Enfin, preuve décisive!
le portrait cst égalemcnt symbolique , et de tous les syniholes ji
arbore le plus certuin l'uF! Si ectte fidéle image pouvait aussi
inontrer la corte dii Brésil, de RUYSCH, ce serait la períection!
45. La France no,welle, Paris, 31 aoút 1892, et ficocce Britan,z&juc,
du P' octobre saivant.
Ce portrait unique et incontestable qui, « jusqu'au dernier
descendant des comtes de Cuccaro, nc sortit pas de la famiille des
descendants directs du cointe BALDASSABE, » Fut donné, ou cédé, au
vénérabie postulateur de Christophe Coiomb, j i y a prés de quarante
ans, par Mgr. Luigi COLOMBO, ledit dernier descendant desdits
comtes de Cuccaro , comrnc ¿tant le seul véritable portrait de son
(prétendu) ancétre.
Ce récit nous suggére une réflexion assez bizarre. Le digne et génércux publio en 1853, u1 Rome, une biographie étenduc
de Christophe Colomb, afin de prouver que ce dernier était de' comí
e signori de Cuecaro, coste/lo della Liguria riel Monferrato. Cette
publication (Patria, e Bios,'ra/ia del Grande Ammiraglio D. Gnistofoio
Colombo, Roma, Tipogr. Forense, iu-8), est ornée d'un portrait du
héros. Comrncnt se Lait-il que le savant prélat n'ait pas adopté pour
ccue effigie « le seul portrait authentique, conservé danssa famille
depuis deux siéeles et deihi ,t, et, qu'au contraire, jI oit choisi
lespéce de polichinelle da Musée de Versailles qui , satis Mie plus
uutheutique, nc ressemble h sa farneuse peinture en aucune íaçon?
C'étaít cependant le moment ou jamuis d'cxhiber son autiquaille ¡ II
nc croyait done pus lui-méme h l'authenticité de ce portrait?
46. Notre Cltníszophe Golomb, t. 1, pp. 364-371.
47. Ibidem, t. 1, pp. 241-246.
48. World's C'olu.mb tan E.zposition. C'lassification of tite Latín.
American Dcpartnent, Washington, 1890, in-8, p. 5, n° 6.
- no 49. liii liodieca Americana Vetustissima, Additions, p. ix. Le nom
de Colornb n'est mérne pas prononcé dans ces Dietarios.
50. World's Columbian Exposition, p. 6, n° 9.
51. Historie Dei S. D. Fernando Colombo; Ale/le guau s'/?a parel
tito/are, vera reiatione della vito, el de' fatti del¡' Antmiraglio D.
c/tristoforo Goiombo, suo padre. In Venetia, MDLXXI, petit in-S.
Voir, an sujct de ce livre, notre C/iri.st op/te Colomb, t. 1, pp. 108-121.
52, Les colombo de France el ménloire lii h l'Aeadérnie
des lnscriptions et BeIIes-Lettres; l o ' et 15 rnai 1874. Voir aussi
l'excellcnte thése de M. Charles B0uREL DE LA RoNctnE, La marine
fra.ncaise sous Loní.s XI, soutenne h 1'Ecole des Chartts, le 30
1891.
53. Piéces justificatives dans l'appendice A, torne II de notre
Cliristoplie Coiomb.
54. Ármoriai gónélal de la France, dressé en vertu de l'édit de
1690, par Charles d'UozIEn. Salle de travail do Cabinet des
manuserits.
55. Dossier saponásien, dans notre c/trisioplic C'olomb el Sa pone,
Génes, 1887, in-8, pp. 79-105.
56. Docu,nents e.xt'insi?q ves el ui5 forigues et Docuinents ínt,'h,saques el notarids, dans la brochure Cliristophe (>lomb, les Gorses el
le Goupe,'nement francais, PP. 21-30, et an tablean généalngíque.
57. Voir les ouvrages de Al. le comte R0SELLY DE LoncuRs et de
son école, aiusi que ceax des académicicns espagnols, D. Emilio
CASTELAR, D. José Maria AslNslo, etc., etc.
58. Clíristo/forus (le Golumbo filias Dominici, maior annis deeem
nova '?,, a in presentía, ,ruetoritate, concilio el consensu dicti Don?!nici cias patris, presentis el autorizantis....Actuni Janue ¿u Foscafr/lo, ad baneam Lazari Bagü nota.nii, auno Dominice natipitatis
)lcccc Lxxe , indicione tercia iu.xta more/u Janue, die mercutii ultimo
octobris, in terciis. (In not. Nicoló RAGGI0.) Ce document a été
déeouvert et publié par Al. le marquis Marcello SrAGLIBNO, Ciornale
Ligustieo, Fase. vi,-vIII, auno 1887, et p. 21 do titage b part
Alcn,zi nuo'i documenti intorno a Ciisto/bro Colombo cd alla. sua
fanziglia, Genova, 1887, in-8. Cf. notre Golomb el Savonc, p. 48.
— lii 59. Voir la table des homonymes, daus le tome JI, pp. 541-556du
C/iristophe Colomb.
60. C/tristophe Colomb, t. 1, pp. 223-240.
61. Un historien espagnol de Christophe co/cmb, dios la Recua
CHI/que, numéro double de sept. 26 et oct. 3, 1892.
62. Fud de alto cuerpo, más que mediano; el rostro luengo y autorizado; la nariz aguileña; los ojos garzos; la color blanca, que tiraba
á ro/o encendido; la barba y cabellos, cuando era mozo, rubios,
puesto que muy presto con los trabajos se lo tornaron canos. (LAS
CASAS, Historia, t. 1, P . 43.)
63. ]\Teila sua giouentiz /tebbc i capelli biondi, benclie, giunto che
fi á tienta anni, tutti gil dinennero bianciti (Historie, 1571, f. 7,
recto).
64. Fernancl C0L0MB naquit le 15 aoút 1488.
65. Un acte notarié, passé u Savone le 10 septembre 1484, nous
monirc Jacobus de Co/ambo Doininici cicis Jannw (Dominique, son
pére, était revetiu vivre
it
Génes), majeur de seize ans
it
cette date
mejor annis scxdeci,n. (Cuiristophe Colomb, t. II, p. 437, doc. XXXV,
in not. Ansaldo BAsso.)
66. En iastituant un majorat, le 22 février 1498, Christophe
COLOMO oi-donne quil soit fait une pension it son frére DIEGO, paree
que ce dernier a l'intention d'entrer dans les ordres porque e1
quiere ser de la Iglesia (NAVARRETE, t. JI, p. 230).
67. Duns son testanient en date da 30 aoút 1511, Barthélehiy
COLOME, parle de sa filie en ces termes Por cuanto doña filaria
mi hija es niña de tres años los cuales comp/irá á once de Diciembre
de este año de quinientos once años. (Cliristophe co/cmb, t. II,
doc. III, p. 466.)
68. NAVARRETE, op. cit., tome 1, P . 1; LAs CASAS, op. c it., t. 1,
p 262. C0L0MO a emprunté ce ¡'ah it la lettre que TOSCANELLI lui avait
envoyéc, et TOSCANELLI Fa prise dans la relation de Nicolas CoNn.
MAnco POLO mentionne aussi une ambassade qu'envoya le Graud
Khan su pape dans ce but, mais celle-ej revint saus avoir pu arriver
jusqu'h Rome. Ici, le pape dont parle Coionib est EUGÉNE iv (14311447).
IIAILnIOSE. — Chriszophe C4..1 clevani ¿'Ilinoin. 8
-. lÍQ 69.
NAVARRETE,
t. II, doc. Y., p. 7.
70. De tan alta cosa a donde toda la cltri.sUendad deue tomar alegria y fazer grandes fiestas y dar gracias solenties ala santa trinidad con muchas oraciones so/en t es por ci tanto enxaiamicnto que
curan en tornandose tantos pueblos a nuestra santa fe... . Texte de
la plaquette de t'Ainbrosiennc (Gitristoplie Colomb, t. L pp. 433434). C'est l'écrit le plus anclen que nous possédions de tui; malheureusement, l'autographe est perdu.
71. Santo Agostin diz que la fin ¿este inundo ha de ser en ci sétimo
nzillenar de los años de la crcacion dé!.... De la c,eacíon del inundo
fasta el avenimiento de!. C., son cinco mil ¿ trcccntos y cuarenta
o
é tres años, y trecentios y diez ¿ Oc h (Vas... con los cuales poniendo
mil y quingeíttos y uno iniperfeto, 8011 400r todos seis mil ochocientos
cuarenta ¿ cinco iinpe,-fetos. Segund esta cuenta no falta salvo ciento
4 cincuenta ij cinco años para compliiniento de siete mil, en los cuales
digo arriba por las autoridades dichas [ Saint. Augustin, Pierre dAilly
et le ro¡ Alphonse] que habrá de fenecer el inundo (Libio de Profecias,
duns NAVAIIBETE, t. II, p. 264). Ecrivant au 13 septembre 1501, et
annonçnnt que le monde navait plus que 155 tuis d'existence,
Colomb fixait la catastrophe linale au 13 septembrc 1656.
72. Cltristoplie Coloinb, t. TI, Pp. 345.357. Les docurncnts que
l'on dcouvre nc font, mi contraiie, que corroborer cette opinion.
Ainsi, Alonso DE. SANTA CRUZ, le graud eosmograpbe et colkgue de
Fernand CoLono, appelé it déposer sous serment devant le fiscal, le
31 décetnbre 1536, du vivant de ce dernier et it Séville, voulant éviter de dire qu'il dtait a Ms naturel, » pour nc pas le blesser, se sert
d'un euphémisme lo oyó decir ti D. Fernando Colón que dice ser
hijo de D. Cristobál Colon « J'ai cateado tenir ce propos par Don
Fernand Colomb, que Pon ¿it Mre flls de Don Christophe Colonih .. o
Mémorias de la R. Academia de la Historia, t. X, p. 266.
73. Supr, p. 111, note 67.
74. Tous ces faits sont empruntés it lours propres testaments,
publiés duns l'appendice B de notre C/iristoplte Colo,nb.
75. Einbiaron a suplicar al Papa que tuviese por bien de proveer
de aquella Iglesia (Metropolitana de Çaragoça) en la persona de don
Alonso de Aragon, hijo natural del Bey de Castilla, que era de seys
años (ÇURITA, Anales de Aragon, Madrid, 1610 t. IV, f. 296); eL, de
-
-
fait, cct enfant de six aus Fut préconisd archevéque par Sixte IV, le
14 aoút 1478. Son pére, FBRDINAND n'ARAe.oN, était eependant
l'époux d'ISABELLE LA CATHOLEQUE depuis le 19 octobre 1469, et don
ALoNzo naquit, dune autre Iemme, en. 1471 Le jeune archevéque
suivit l'exernple de son noble pére, et, ji son toar, cut un fis
bAtard, qui fut éga!ement archevéque de Saragosse. (ANTONIO,
Bib/ioth. Jfisp. Nova, t. 1, p. 368.)
76. OVIEhO, Quincuagenas, bat. 1, qainc. 1, dialogue 8, ms. cité
par PnEscon, Ferdhzand and Isabel/a, 1870, t. II, p. 371, note.
77. Christop/ie co/cmb, t. II, p. 372-382, pour les autoritós.
78. Voir le benu travail de Al. Charles Jouno * zw, De l'in/iaence
d'Aristote et de ses interprétes sur la ddcouc'erte da Nouveaa-Monde,
duns le Journal de l'Instru.ction publique, aoút 1861.
79. Cette lettre, recopiée par Christophe Colomb sur les feuillets
de garde dan livre de sa petite collectiou et qui se conserve
ericore á la Bibliothéque Colombine, de Séville, se trouve dans nos
Additamcnta it la JJjb/iothcca Americana Vetustissi,na, prise du
texte original latín, que nous avons reconnu en 1870.
80. UZIELLI, L'Episto/ario colo,nbo-Toscaue//í e i Danti, Roma,
1889, p. 33, donne le texte de la lettre d'Hereuie d'Esrg, copiée sur
I'original, conservé aux archives d'Etat de Modéne, Ganee/leria
Ducale, Garteggio degli Ambasciatori.
81. c,,•& que enaiou Hieroni,no )Il6ntaro [MoNsTAnlus] doutor
aie,n7to da cidade de norunberga cm A/hema;z/ta co sercnissi'no Rey
dTi Jolzam.segumdo de portugal. Sobre o deseo brimento do mar
O ceano et proa hiela do Grani Gairi (le Gataq tirada de latim cm
lingoagern por mestre Aluaro da Torre. Cette iettre eurieuse se
trouve dans le seul exciuplaire coana de l'ouvragc suivant, conservé
ji la Bihliothéque municipale de Evora Tractado da Spera do
inundo tíraroa de /atiin m ligcagd portilgues Gota. unza carta que
liana grade doator A/em am mandou a el Rey de Portugail dom
Joam ha segando. Petit in-80 , gothique, de 36 feuillets non chiffrés,
Sine anuo ant loco, mais au 19e f., dans l'encadrement d'une
vignette, on lit German Gal/zard, nom cUan imprirneur français,
établi 1 1 Lisbonne au mo j as dés l'année 1509. Le texte complet de
cette lettre, accompagné d'une traduction en anglais, est inséré
- 114 dans notre Discovcry of North America, Paris-Londres, 1892, in-40,
Pp. 393-395.
82. Ya dije que para la esecucion de la impresa de las Indias no
me aprovechó razon ni matcm ática ni ¡napamundos llenamente
se cumplió lo que dijo Isaías. (Lettre de Colornb aux bis Catholiques, daus le Libro de Pro/ecias, NAVARRETE, t II, p 265.)
83. El oro es exceientissime del oro se hace tesoro, y con ¿1, quien
lo tiene, hace cuanto quiere en e1 inundo, y llega 4 que hecha las animas alparaiso. Relation da quatriérne voyage; NAVARRETE, t. 1, P. 309.
NAVARRETE rapproche cette phrase cunease de deux maximes des
sainLes Eci-itures Elemosyna a inoite liberal, el purgat peccata, el
facit rnvenjre ,njsericord jan, e! p itain ¿eterna,n ('[oh. 12-8). Beatus
qui intelligit super egdnuin el pauperem in die ,,,a.ia liberabit cu.m
Dominus (psaurne 40).
84. Discovery of Nonhi America, pp. 302, 303, 340, 345, 683.
85. Pinzon en ci descubrimiento de las indias, por Cesareo
Fernaudez Duno, de las Reales Academias de la Historia y de Bellas
Artes de San Fernando (c'est le spécialiste de l'Acadmic de
l'Histoirc), Madrid, 1892, in-12. Du mérne, Colon y Pinzo,,, dans les
Memorias de la dite Acadérnie, t. X. Dii ménie, confúreRce sur ce
sujet faite h l'AthéRée de Madrid, le 23 décembre 1891. C,Laobai
¿'o/oit, por D. José Maria A5ENSIO. Director de la Real Academia
Sevillana de Buenas Letras; ¿'orrespondicnte de la Real Academia
de la historia, t. 1, pp. 286-287, etc., etc., etc.
86, Le Señor Duno précité, Juicio critico acerca de la participación que tuvieron en el descubrimiento del 2V,evo ¿'ontinene los be,'¡llanos Pinzon. CeLLe cérénloRie patriotique ct tonchante caL lien le
2 aoút 1891, h neuf heures du soir, dans la salle des fétes da Grand
I-IóteI de Huelva, aprés un intermedio de m,isica. Voir Sociedad
Colombina Onubense, Memoria correspondiente al año de 1891,
p. xxvi. Pour exergue A'adie es profeta en su patria (8. Lucas,
jy Y. 24). C'cst l'inverse qui est vrai * 1égard de l'aeadérnicien
précité, lauré eL sérénadé.
87. Jlernan Pcrez Mat.eos, de edad de mas de 80 años, primo de
Martin Alonso Pinzón, no sabe más de haber oido 4 Martin Al01150
eta sus hermanos (Méinoires de l'Aeadéinie royale de l'Jiistoire, t. X,
p. 263).
1
- 115 88. Coníérences,- histoires, discours couronnú, etc., etc., des
académiciens espagnois précités.
89. Le Seior AsiNslo, op. vil., t. 1, p. 520.
90. NAVARRETB,
op. cit., t. IH, p. 520.
91. Christoplte Goioinb el les Acadómicicns espagnols (en préparation).
92. Espoutenemenee, sin esperanza de premio, de una manera
romantica. Discours d'iiiauguration des confét-ences de I'Athénée de
Madrid, prononcé par M. CÁNOVAS DEL CASTILLO, prósident du conseil des ministres, membre de FAcadémie royate de l'Histoire
(EspaÑa y Portugal, n° du 24 novembre 1891, p. 175).
93. Cristobal Colon y Alonso Saneltez o el primer deseuliri,niento
del Nuevo-Mundo por el presbiterb Dr. D. Baldomero de LORENZO Y
LEAL, indipiduo correspondiente de la Real Academia (le la historia.
Con licencia de la Autoridad Ecele.siastica. Jerez, 1892, in-12. Celui
qui n'a pas lu ce Iivre no possédc qu'une idée ineompléte de la
science et de la critique espagnoles
94. Para mi yo lo tengo por ¡hIso. üviíino, Historia general de
las Indias, t. 1, p. 13.
95. Clironology of mariti,ne ooya.ges westa'a,'d, dans Tite Discovery of clic Coja/nene of Norili Anzerica, pp. 651-661.
96. Sus devaneos, inds o menos clandestinos [?], su antbicin, sa
nepotismo, su clareza y crueldad, su prurito esclavista y su sed del
oro, rezagos de sus viejas maflas de corsario y bucancrio. Conférence Faite ¿i I'Athénée de Madrid, le 4 avril 1852, par la Señora
Doña Emilio PARDO BAZÁN.
97. Yo dina que Raimundo Lulio es quien realmente descubrió
las Américas, quedando reservada £ Colon, en premio de su energia
y constancia, la inmensa honra y fortuna de encontrarlas dos
siglos después. (Op. cit., p. 21.)
98. Ce vaste savoir n'a d'autre origine que la pago 53 de la
dissertation sur l'aiguille aimantée, du R. P. PASQUAL, Madrid,
1789, in-4.
99. Puede ser que la casa de C'cUon fuese aquella donde el beato
- 116 La/jo dejo sus obras; de las antiguas memorias é lustoria.s de Mallorca consta que Esteban Colon, genovés, que se hallaba en Buxia
cuando aquél fue' martirizado por los moros, pidió al Rey set cuerpo
y lo tomó con intención de lleva rse/o it Gen ova, por ser muy conocido
.Çuqo... Esto indica ci particular apego de Cristobal Colon. (El Centenario, 11 IX, p. 428.)
Le R. P. CAI' p A emprunte cette démonstration hiscornue ini
livre prócité du P. PASQUAL, en son ternps mémbre de I'Acadérnie
royale de l'l-hstoire, - ainsi qu'on devait s'y attendre!
100.
pp.
OvIEDO,
14-17.
historia General de las Indias, lib. II, cap. lit, t. 1,
101. Mando fuego al A drian de Muxica.] ahorcar; y diciendo él
que le defasen confesar, dijo que le confesase un clérigo que allí
estaba, y, cuando el clérigo se ponia d confesarle, se detenia y no
quena confesar, y esto hizo algunas veces. Viendo el Almirante que
lo hacia por dilatar su muerte, mandó que lo cc/tasen de un almena.
abajo, y así In bici/ron. LAS CASAS, lib. 1, cap. ccxx, t. Ti, p. 133.
102. Un adrian en este tiempo prouo a alcarse otra ves, comino de
antes mas nuestro Señor non quiso que llegasne a e/bao su mal
proposito :1)0 tenja propuesto en ini tic non tocar el cabello a nadie
Y a este por su ingratitud con lagrimas non se pudo guardar asy,
como yo lo tenia pensado. - « A cette époque un nornrné ADRIEN
tenta de se révolter de nouveau, mais Notre Seigneur no permit pas
que ses mauvais projets réussis.sent. Je m'étais prornis de tic
toucher pos méme it un cheveu de qui que ce soit, mais l'ingratitnde
de cet Adrien me Corea, en versaiit des larines, de renoncer it celle
intention. » ( Lettre it la nourr j ce de l'inlhnt Don JUAN; texto da
cartulaire original de Coloinb , conservé mix Archives cia ministére
des nifiuires ¿trangéres , it Paris; en ce moment exposé dans la
section (le géographie de la Bibliothéque nationale.)
103. Y porque en este camino que yo hice it Cam.bao [sic pro
Gibao?] acaesció que algan Jadio hurtó algo, si /ialláredes que
algunos de ellos furten, castigadlos tambien cortándoles las narices
y las orejas, porque son miembros que no podrán esconder
Instructiolls adressées par Coloinb it Pedro MARGAIIITr, le 9 avril
1494, dans NAVARRETE, t. II, p. 111. Voir flUSS, LAS CASAS, Flistor,
General, t. II, p. 46.
- 117 104. ¿ Qué hizo, al fin a la postre, Boba.dilla, sino aplicar el
principio, hoy tan querido de todos, de la igualdad ante la ley?
Colón era para él un delincuente, y como delincuente le trato.
CeLle phrase est prise par nous d'un long extrait, publié entre
guillernets et précédé des trois lignes suivantes Cedernos, pues, la
palo bv,a al Sr. Cánovas, condensando su pensamiento cuanto nos
sea dable sin des/i;rura.rle, dans España y Portugal, 110 dii
24 novetubre 1891, pp. 174 et 175.
11 n'est pas arrivé á notre conuaissance que M. le Président du
conscil des Ministres ait protesté contre ces paroles; mais dans la
Con/brencia inaugural, irnprirnée h Madrid en cette année, et qui
nous parvient h linstani, le langage de S. E. se trouve trés atténué.
LAS CASAS, Historia, t. II, p . 488.
105.
106. Ovinno, Historia General, t. 1, p. 69.
107. Conférence faite h l'Athénée de Madrid, le 14 décembre 1891,
par le señor Louis Vidart, (Espa»a y Portugal, n° da 24 décetnbre
dernier.)
108. La conferencia del Sr. Vidart probó una vez más las dotes
reconocidas de investigador y de erudito historiador que posee; asi
se lo probé la concurrencia con su aplausos... (op. cit.)
109. Voir un Historien espagnol de Colornb, daus la Revise critique
d'lustoire el (le üttérature, u° du 26 septenibre eL 3 octobre 1891.
110. Cet autre échantillon de Li critique espagnole no noits est
connu que par une tracluction anglaise The douhíoons of Bestrice
ansi he, farnily /ie)ped Lo suppiy the necessary expenses of prepara.
don for tlie great underta.lsing. Even in dic fainiiy records of dic
second generation we come across statements of a.rrea.rs in ¿he
contracts between 1/se two bou . el,oids [Nous voudrions bien les Noir!],
asid notes of snoney payments faz- debts of this class, mysteriously
contracted asid still undischarged... For sorne Uro years lic ga ye no
s%n of life asnong us, as thou.gli tinte vere la.ckinç fo " tIte cnjoyment
o/'so vas¿ a li.appiness as lic ¡binid ¿a Cordoi'a. (Christopher Columbus,
par le señor Emilio CASTELAR, rncmbre de l'Acadórnie royale de
I'Histoire; dans Tite Century, de New-York, juin 1892, p. 287.)
NAVARRETE, t. 11, p. 5, doc. 111.
111.
112. Libro de cuentas de Francisco Gonzales, Tesorero de los S.
Reyes Católicos, dans NAVARRETE, t. 11, P. 4.
- 118 113. Lettre clu due de MEDINA GEL! au Grand Cardinal d'Espagne;
NAVABRETB, t. TI, Ps 20, doc. XIV; LAS CASAS, t. 1, p. 235-39.
114. L'órdonnance des ibis Catholiques, Medina del Campo,
1497, fixe la valeur de lExee/lente de la granada h 375 maravédis.
Ledt Excel/ente pr.sait environ 3 gr.52. Mainienant, 10.000 maravédis divisés par 375 = 26, 66 Excelienis dar Ii 3 grammes 52 =
93 gr. 84. 93 gr. 84 it 3 írancs 16 le gramme = 296 franes 53 cent.
115. Ms. Collection VARGAS Poxcs, t. LII, pp. 1423-1426. Bibliot.
de l'Acadérnie de Iflistoire, h Madrid.
116. Digo é mando 4 Diego mi hijo... que haya encomendada 4
beatriz eniriquez, medie de don fernando mi hijo, que la piobea
que pueda hebir ltonesta,nente, como perSona á quien yo soy en tanto
cargo, ij esto se faga por ¡ni descargo de la consciencia, porque esto
pesa mucho para ¡ni anima. La razon de/lo no es licito de la escribir
aqui. ' !'exte de l'expédition méme du notaire Pedro us
ASCOYTIA
(Ms. de lArchive des ludes). II est it noter que lcxpression por
descargo de ¡ni conciencia , se retrauve dans le legs filit par le
fameux Sébastien DE ELCANO, en faveur de Sa filie bMarde.
117. Testament de Diego COLON du 16 mars 1509; dans notre
Christop/e Coiomh, appendix B, doc. 1, p. 461.
118. Dans les additions manuscrites it la traduction espagnole
inddite de Pierre-Martyr D'ANGIIIERA , Coflservée it la l3ibliothéque
de l'Acadérnie rs de IHistoire (Esi. 27,gr. 3a E, 1V" 93), en lit Oti'o
que han contado este rin/e primero.. a/firman que / hé ayudado de
tres ginoreses mercaderes que al mo llamaran jacobo (le NECiO,
que tenia en aquel tiempo mucho cl-edito en Semilla, y al otro
1/a ¿novan CAPATEL [?] y esto p a en Xeres, y el otro llamaran luys
DORIA que morava en Galiz. Au 1'. 8, le chroniqueur ajoute
Fue el
dicho Colon a .verez de la frontera a 11aze,' gente y a/ii pag( a
muchos (le los que fueron con él al primci' viaje que les dcviii
dineros y ansi se loaran e//os de les aç'er bien pa gado lo que les depia.
Ceux-ci eurent plus de chance que Juanoto Bt!BARD[, qui fut aussi un
des bailleurs de fonds. Uest du rnoins ce que nous iníérons du
doeurnent si curieux récemment publié par M"° la duchesse dÁLBE,
daus un livre qui it ini seul vaut eent Fois rnieux que tout ce qul a été
publié jusqu'iei it propos du ceutenaire par les acadúmiciens espagno)s, et est venu it temps poni- ia sanver, autant que possible, du
— 119 ricijcule Digo é confieso, por decir verdad ct Dios ó guardar salud de
mi ánima, que el Señor Almirante Don (]ristobai Colon mc ¿ene des
obligado á ciar d pagar por su cuenta corriente ciento y ochenta. 1/li
lnrs.,. poco mas 6 ¡itenos, segun por mis libros parecerá, y mas ci
servicio y trabajo que yo por su señoria d por sus hermanos ó fijos
e negocios lic fecho y trabaj ado tres aÑos ha .. . Ce doeurncnt notarié
est en date do 15 dócembre 1495, done les « trois anuées écoulées )),
nous reportent á 1492 , date de i'équipernent de la preni ilre
exp&lition. A utógrafos de Cristobal Colon y Papeles (le America,
los publica La Duquesa DE Bintwicic y DE ALBA, Condesa
SIRUELA, Madrid, 1892, jo-folio, p. S.
119. Dans les instructions que Christophe Colomb donan it
Diego, son ¡j is, avant de partir pou r Te troisihme voyage , et que
VARGAS Poxcs a trouvées dans une Genealoçia (le la Casa (le
Portugal écrite par Francisco MEDINA NuxcLnAY, et insórées dans
collection de copies (supra, note 115), on ¡it Micer Francisco DE
Micer Francisco CATANE0 y ilíicer
Gaspar ESPENDOLA (sic pro SI'INOLA), mc emprestaron para suplir ci
ochavo (le las inercancias que fueron ¿i las Jndias, y mas ciento
diez y ocho niara vedis en dinero que se gastaron en Sevilla, y
cinquento mil. en Jerez, y veinticinco mii en Granada, de todo
tienen mi cedida y escritura publica. La copie piise autrefois pour
RivAnoL,
Micer Francisco
DORIA y
notis sur le ms nc conticnt pas plus de ciétails; ,nais ¡1 s'agit
évidem mm t du second voyage. Nous avon s égaiement fait rechercher,
ma j s en vai u, lacte notarié (escritura publica) dont ji esi fa it mention
dans cette pice.
120. Ovisoo, Historia Natural de las Indias Proemio (écrit
en 1526), f. 3 de i'údition de BARCIA.
121. TIte Discovery of Nortii. America, v. 'itl, sorne account of
Ancieni America and dic Lpanish Conquest by John. FIsKii. Boston
et Londres, 1892, in-12, t. 11, pp. 187, 210.
122. TIte .Life of Ferdinand ilfagellan and tite first circumna vigation of tIte glohe, by F. II. II. GUILLEMABD. London, 1890, in-8,
P . 258.
123. Ce qu'ils appeilent dic honda.ge of tIte modern inap (?).
124. Voir les chapitres sur les navigateurs inconnus et les navi-
- 120 gations clandestinos il la fin du n° sidcle, dans notre Diseovery of
Norik Ainerica, pp. 77-133.
125. E it S. Armirante dice che trouara maior for/une e pe4'iori it
Catho.yo, ci di questo ¡no/lo sta ita ¡ti arga/nenio cain uno ah/míe de
Luxerna. ... bono astro/lomo ci cosmografo... fui dice p a de note ma
era che cra ¡no/lo grande ¡solo. A la quale sentencia, considerata la
forma del nos/ra na . uicamenie, le pi» parte de nayj afiri se
dauanio; el per questa casone el S. Arin iran/e non lo ha voluto
lanar venire it, Spagua cuin nu j á cid che dema,ulato di parcre (la
la Afajestá del ./? é non cansasse cum la seta rispos/a che dicto fié non
ha.bandonasse la intc;prcsa. (De tzouitantihus Jnsa/arunz oewa.ni
íTi'tper. fieperior, a Don Xpoforo Colu,nbo Gen uensi. Ms. de
lUniversité de Bologne, Codex I. C. 2.)
126. Cartographía Americana Vcíustissima , troisiéme partie de
nutre .Discovery of Norih. A,nerica.
127. Relation de PIGAFHTTA, Mss. de la bibliothéque de Fontal.
iiehtcau, conservés h la Bibliolbéque nationale, Gabinet des mss.
Français, 5650 et 24224.
128. Magal/iñes-Sim•nsse and Austral-Gontinent auf den glohen
(les Johannes Se/tóner, 'on Dr. Franz WIESER, Innsbruck, 1881, in-8.
129. Ldure adressée it Al. le Ministre de l'Jnstru.ction publique
da royainne di/alíe, par un Giioyen ainérieain, Génes, 1889, in-8.
130. La lettrc de T0SCANHI.r.r, dont Ij ous avons reconnu el publit
le teste latin , en 1871, prouve des rapports entre l'astronorne
iloreritin et Christophe COLOMU. Les Ilitiotie (cap. VII, E. 15)
clisen 1 méme que TO5CÁNELLI fuL pour beaueou dans Sa déterin lun.
tion d'entreprendre le grand voyage de découvertes fosne eagione
in gran par/e, cli' egli con pm animo inzprendessc queto Qiaggio.
Cependaut CoLoMn no le mentionne pas une seule (bis, tandis qu'it
cite it plusieurs reprises le cardinal Pierre D'AII,LY (NAVAnUETE, 1,
260; II, 262, 269) dont it rópéte des pagos entiéres, VOI
FO
ni érne la
plus grande partie d'un chapitre (Fiurincior, Examen critique
de ihistoire de la géograpltie dii Nouveap Contineni, 1, 61. PR5CHIL,
Geseluehie des Zeita/ters de, Entdeckangen, 1858, 123).
Aussi LAS CAsAs (lib. 1, cap. XI, t. 1, 89) n'hésite.t-il pas h dire
que e'est C04'tainement Pierre d'AiIly qui eut le plus d'influenee sur
- 121 Colomb dans ses projets Lo primero es lo que Pedro de Aliaco,
Cardenal dice en sus libros de astrologia y cosmografía, i este doctor
creo cierto que a Cristobah Colon inés entre los pasados inooh h en
negocio; el libro del cual fió tan fani ffiar a Colon, que Lodo lo tenía
por las inaiwen e s de su ,nano y en latin notado y rubricado. De fait,
I'exempluire da traité de Imagine fil undi de Pierre d'AILLY, que
Colomb pos&Iait et qui existe encore, porte en inarge ccnt trentosix notes de su main. Nous en avons reproduit onze dans nos Notes
oit Colum bits.
131. On pósséde environ cent écrits de Christophe Colornb. II ne
sy trouve pis une seule ligne éerite en italien. Méme dans Sa
correspondanee ayee ses compatriotes, conlnlc, par exemple, ayee
I'Ofliee de Saint-Gcorges, b Unes, sos kttres sont rédigées en
langue espagnolc, quoiqne ayant un caractre privé.
132. Jean ci Séhastien Cabal, leur origine el Ienrs voyagcs,
pp. 42-108. Discoery of Ameriea, pp. 1-50.
133. Discoei j of America, pp. 214-228; Re pite crilique d'kisíoire
el de littd,ature, jor janvier 1876.
134. Programina generale delta, Raceo/ta Colombiana, Categorie
dei lavori, nos 3 et 4.
BU MItME AUTEUR
LETTERS os CIIRI5T0PHER COLUMBUS DESCRTDINC 1115 rIRST VOTAGE TO TUS WESTERN
IIEMISPIIERE. TEXTS AND TRANSLATIOXS. New-York, 1865 in-folio.
NOTES ON COLUMUUS New-York, ja-folio.
BIBLIOTHECA AMERICANA VETUSTISÑIMA. A OESCRTPTION OF WORES RELATING TO AMERICA
PUIILISIIED BETWEEN TICE YEARS 1402 A?W 1551. New-York, 1866; in-4 et groad in-8'.
D. Fiutnrmo COLON, HISTORIADOR DE
SU PADRE; ENSAYO Cnjrsco. Sevilla, 1871; in-4'.
BIULIOTHECA AIIERICANAVETUSTJSSIMA. Anrnnorçs. Paris, 1872; in4' a pnud ¡n.B'.
NOTES POVIt SERVIR A L'RISTOIRE, A LA BIDLIOGRAPIIIE ST A LA CARTOGItAPIIIE DE LA
NOU'ELLE FRANCE ET DES PAYS ADJACENTS, 1545-1700. Paris, 1872; in-8'.
INTRODVCCION DE LA IMPRENTA EN AMÚIIICA, CON UNA BIRI,TooIurIA DE LAS OBRAS
IMPRESAS EN AQUEL HEMISFERIO DESDE 15404 1600. Madrid, 1872; in-4'.
FERraND COLOMR, SA \'IE, SES GUVRES. ESSAI CRITIQUE. Paris, 2872; groad
LES COLOMBO DE FISANCE ET D'ITALIE, FASIEVE MARIRS DV XV' SILCt.E 1461-1491. O'oprs
des docurnents nonveoni ou inédits tirés des archives de i\Iilnn, de Paris a de Venise.
Mdtnoire la A l'Aeadémie des Insoriptions et Belles-Lettres dans les sénnees des 1'' el
14 'noi 1874. Paris, 1874; in-4'.
LIIISTOIRE DE CIIIIISTOPIIE C0I,OMR ATTRIRUÉE A SON FILS FERRAND. EXAMEN CRITIQUE.
Paris, 1878; in-8'.
Los RESTOS DE DON CRISTOVAI. COLON. DJSQUISICION. Sevilla, 1878; petit in-6'.
LES SÉPULTURES DE CUHIST0PIIE COI.OMR. REvUE CRITIQUE DV PREMIER RACPOET OFFICIEI.
I'UItLIÉ SUR CE SIJJET. Paris, 1879; ia-8'.
JEAN ET SÉBASTIEN CAIIOT, I.EUR ORIGINE ET LEURS VOYAGES. ETUDES D'HISTOIRE CRITIQUE, SIJIVIE DONE CARTOCRAPIIIE, D'ONE EIBLIOGRAPUTE ET O'UNE CIrnoNoI.00ls DES
VOYAGES AV NOIID-OUEST, DE 1497 A 1550, d'uprbs des documents inédits. Peris, 1882;
grand in-8'.
CURISTOPIIE COL0ME EV LA CORSE. OBSERVATIONS SUR UN DÚCEET RÉCENT ou GOUVERNEMENT FRANCAIS. Paris, 1883, in-8'.
LES CORTE-REAL ET LEORS VOTAGES AV NOUVEAU-MONDE. D'oprés des ,locnments nonveanx mi pon connus tirAs des orehives de Lisbonne el de Modóne, suivi do texto
inédiL d'ttn réeit ele lo troisióme expédition de Gaspar Corte-Real eL(¡ * une importante
curte naUtique portugaise de I'année 1502, reprodaite ici pone la promiére fois.
Mémoire la A l'Aeradérrtic des Inscriptions el Belles-Lcttres duns sa séunee da 1" mm
1883. Paris, 1883; groad i11-8'.
GASPARD CORTE-REAL. LA DATE EXACTE DE SA DERNIÉRE EEPÉDITION AU PSOVVEAV-MONDE.
D'aprés deux doeumeats iaddits récemnaent tires des archives de to Torre do Tombo
A Lisbosme. Paris, 1883; in-8'.
- 124 CnrIsTo p nE COLOMR. SON ORIGINE, SA YTE, Srs VOY AGES, SA PAMTLLE ET SES DESeENDANTS. D .pi'5s des doeuments inédil,s tirés des archives de Génes, de Sa yona, de
Séville etde Madrid. Eludes d'histoire critique. Paris, 1884; 2 robines grand in-8', Ovec
planches eL de nombreuz tahleaux génénlogiques.
GRANDEUJI ET DÚGADENCE DE LA Cor.oMninE. Paris, 1885; in-8.
LA CoLostnrxK ET CLéMENT MAROT. Paris, 1886, in-8'.
EXCEIIITA C0LOMB5NIANA. Bibliogropbie de qisotre cents piéces gothiq,ies françaises,
itoliennes et latines da eommeneemerit do xvr siée.le, non décrites jiisqu'ici. Prórérlée
duna histoire de la Bibliothdque Colombino et de son fondateur. Paris, 1887, iii-8;
ayer de nombreux fne-similes de caraciSres Lypographiqnes et do bois da l'époque.
LE QUATETÚME CRNTENAIRE uIt LA DÚCOLVERTE Dli NOUVEAIJ-MONOE, Lett,e adressée 5
S. E le Ministre de l'Iiistruction publique da ro y anme d'ltalie. Génes. 1887; gr. in-8.
CunisTo p ili, C0L0MB ET SAVONE, VERZELLINO EF SES Meo,oric. Études d'histoire critique
eL documentaire. Génes, 1887,
Ci,nisro p srmt CoLunnus ANO TItE BANK
OF
SA5NT-GEORGES. New-York, 1888; gr. in-4'.
CiistisTorii COLUMBUS SM ORIENT. Leipzig, 1888, brocb. in-8.
DOGUBENT INÚDIT CONCERNANT VASCO DA GAMA. Relation udressée 5 llercule d'Este, din,
de Ferrare, par son ornbassndeur 5 la Cour de Portugal. Paris, 1889, in-8'.
CrinssTo p uE CoLoMss, LES CortsEs ET LE GOUVERNEMENT FIIANGA55. Paris, 1890, br.
CRISTOFORO COLOMNO E
II.
llANeo Di S. Gionero. - Re]azionc del grande navigatoi'a
co. quell' istituto - Saggio sturieo-critico suli' offleio e sulla opernzioni di banco no¡
medio evo - Dimosti'olione documentato dell' origine di Colombo dalia cutí, di Genova
sulla base di inediti o poco noti documenti. Versione dell' Inglesa, coi'retta cd nmpliata
dell' antore. Geno y n, a spese del Municipio, 1800. Infolio, a yee planches.
NOUVELLES REcHERGIlEs SUR L'HISTOIIIE DE I,'AMÚRIQUE. Pons, 1800, broeh. in-8°.
Qus A IMI'EIMÚ
LA
PJLEMISRELETTRE ml Cotoia? Leipzig, 1892, broeh. in-S',
VIENT DE PARAITRE
T,ist D5SCOVERV os Noarsi AMEH5CA. A Critica], Doeumatitory, and Ilistoric lIIVcstigaLioII,
with en Essoy en the Enrly Certogrnphv of Lhe New World, including descriptions of
Two Hand red and Fi ny Mops or G buhes, cxi ni ng or Ion, co,, e tructed befare the yonr
1536. To whieh are ndded a Chronology of Ono llundred Voyages Westwerd, Projecled,
Attempted, or Accumplished betwoen 1431 and 1504; Biograpbical Aeeour,Ls of tSe l'hree
Ilundred Pilots wbo firsL crossed tSe Atbontie; and a eopious List of the Original Namas
of American Regions, Gaeiqueships, Mountaies, islends, Copes, Gulís, Rivera, Towns,
oit portulons, reproduits en fac-sintilo. Peris el Londres, 1892, gr. ir,-4 de 820 pagos,
ave,, trento carLos nautiques, globos end Ilarbours.
EN PRÉPARATION
CunisTo p ItE COLOMB Er LES ACADÚMTCTRNS E5PACNOL5.
diScan, l'rolst f,',res, InI erimnur..