L`amelioration des performances de la filiere des
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L`amelioration des performances de la filiere des
DRAFT 2 L’AMELIORATION DES PERFORMANCES DE LA FILIERE DES PRODUITS TRANSFORMES DE LA MANGUE AU BURKINA FASO ET AU MALI Une étude pour la Banque Mondiale, le PCDA et le PAFASP, financée par l’Union Européenne Michiel Arnoldus Floris van der Pol Avec la collaboration de Bertrand Kima Vincent Nana Mamadou Soufountera Février 2009 1 Table des matières Introduction ........................................................................................................ 3 SECTION I. LA MANGUE SECHEE............................................................................. 6 1 Le marché pour la mangue séchée ..................................................................... 7 1.1 Le marché de l’Europe de l’ouest .................................................................. 7 1.2 Le marché du Moyen Orient....................................................................... 15 1.3 Le marché de l’Amérique du Nord ............................................................... 18 1.4 Le marché régional et sous-régional............................................................ 19 1.5 Perspectives et stratégie ........................................................................... 22 2 La production de mangue séchée au Burkina Faso et au Mali ................................ 24 2.1 Caractéristiques générales de la production.................................................. 24 2.2 Pratiques des unités de production de mangue séchée ................................... 25 2.3 L’économie du séchage............................................................................. 32 2.4 Evaluation du la technologie ...................................................................... 33 3 Le séchage de mangue dans d’autres pays ........................................................ 36 3.1 Séchage en tranches/cubes/frites ............................................................... 37 3.2 Pulpe de mangue séchée/barres de mangue................................................. 42 3.3 Mangue séchée par lyophilisation ............................................................... 42 3.4 Poudre de mangue séchée (amchoor) ......................................................... 42 3.5 Résumé des coûts des différentes technologies ............................................. 43 4 Plan de compétitivité de la sous-filière mangue séchée : aspects stratégiques ......... 44 4.1 Opportunités et difficultés pour le Burkina Faso............................................. 44 4.2 Options stratégiques pour le Burkina Faso.................................................... 45 4.3 Opportunités et difficultés pour le Mali......................................................... 47 4.4 Options stratégiques pour le Mali................................................................ 48 5 Plan de compétitivité de la sous-filière mangue séchée : plan d’action pilote et de recherche supplémentaire.................................................................................... 50 5.1 Pilote d’adaptation des 400 séchoirs ATESTA existants ................................... 50 5.2 Pilote d’introduction de la technologie sud-africaine ....................................... 51 5.3 Pilote d’introduction de prétraitement, d’adaptation de l’emballage et de l’humidité du produit ...................................................................................................... 53 5.4 Pilote de renforcement de la capacité d’innovation......................................... 56 5.5 Propositions pour un suivi de recherche : les barres de mangue....................... 58 SECTION II. LES AUTRES PRODUITS DE MANGUE .................................................... 60 1 Le marché des autres produits de mangue transformée ....................................... 61 1.1 La pulpe et le jus de mangue en Europe ...................................................... 61 1.2 Marchés locaux et régionaux pour les jus et les pulpes ................................... 69 1.3 Le marché de pulpe et de jus au Moyen Orient.............................................. 71 1.4 Le marché européen pour les cubes de mangue surgelée (IQF)........................ 71 1.5 Chutneys, atjars et sirop de mangue........................................................... 72 1.6 Confiture................................................................................................ 72 2 La production de la pulpe, du jus et de la confiture de mangue au Burkina Faso et au Mali 2.1 La production artisanale et semi-industrielle................................................. 74 2.2 La production industrielle de la pulpe et du jus de DAFANI.............................. 77 3 Les technologies de transformation dans d’autres pays........................................ 82 3.1 Production industrielle de la pulpe .............................................................. 82 3.2 Production des jus et nectars ..................................................................... 83 3.3 Production des cubes surgelés (Individual Quick Freezing, IQF) ....................... 84 3.4 Résumé des coûts de différentes technologies .............................................. 86 4 Plan de compétitivité de la sous-filière mangue transformée : Aspects stratégiques.. 87 4.1 Opportunités et contraintes pour le Burkina Faso .......................................... 87 4.2 Options stratégiques pour le Burkina Faso.................................................... 88 4.3 Opportunités, contraintes et options stratégiques pour le Mali ......................... 89 5 Plan de compétitivité de la sous-filière mangue transformée : plan d’action pilote et de recherche supplémentaire.................................................................................... 90 2 Introduction La mangue est un fruit exotique qui devient de plus en plus populaire sur les marchés occidentaux. On peut trouver un grand nombre de produits de mangue dans les supermarchés et boutiques d’alimentation biologique et de santé. Les produits à base de mangue sont généralement des produits de luxe. De ce fait, ils sont plus sensibles à la récession économique. En Europe de l‘est la mangue est presque inconnue et le marché pour les produits de mangue transformée y est limité. La plupart des produits de mangue qu’on trouve dans les supermarchés sont fabriqués avec la pulpe de la mangue (jus, smoothies, glace, sorbet, confiture, yaourt, chutney). Si on a besoin de petits morceaux de mangue tendres et visibles, on utilise des cubes de mangue congelés « Individually Quick Frozen (IQF) Mango cube ». La plus grande part de la mangue séchée est vendue comme snack, mais on l’utilise aussi pour le muesli, les barres de céréales, et les mélanges de noix et fruits secs tropicaux. Malgré la popularité de la mangue, il est important de bien tenir compte que tous les produits de la mangue couvrent des niches de marché : si on regarde l’ensemble des fruits, la part de marché de la mangue est généralement inférieure à 1%, ceci pour plusieurs raisons. En premier lieu, le prix est plus élevé que celui des autres fruits. Ensuite, pour les Européens, la mangue représente toujours un goût nouveau. Depuis une dizaine d’années la mangue fraîche est commercialisée dans la plupart des supermarchés pendant presque toute l’année. Ensuite, on doit s’habituer au goût vraiment spécifique et prononcé. Par exemple, dans les pays tropicaux les jus de mangue contiennent 100% de mangue, alors qu’en Europe la mangue est presque uniquement utilisée dans des mélanges de jus, dans une proportion de seulement 5% à 10%. La faible importance des produits de la mangue transformée en comparaison avec les produits transformés d’autres fruits a deux conséquences. En premier lieu, peu de détaillants, grossistes et transformateurs alimentaires achètent des produits de mangue transformée directement aux producteurs. La quantité est simplement trop petite pour y investir du temps et des efforts. C’est pourquoi il y a beaucoup d’intermédiaires dans la chaîne de valeur. Deuxièmement, peu d’intermédiaires sont spécialisés dans les produits de mangue transformée. En général la mangue est seulement un produit marginal dans leur assortiment de jus, fruits secs et noix, ou autres produits pour l’industrie alimentaire. Du côté des pays producteurs, la situation est différente: certains sont spécialisés dans des produits de mangue et sont vraiment dominants sur le marché européen. Le tableau 1 donne un résumé des pays et de leur spécialisation. Tableau 1. Les pays de production et leurs spécialisations Produit Producteur dominant Pulpe de mangue Inde ; Pérou, Colombie et Équateur IQF cubes Thaïlande et Philippines Mangue séchée confite Thaïlande et Philippines Mangue séchée conventionnelle Afrique du Sud Mangue séchée biologique et équitable Burkina Faso Depuis 2007, l’exportation de mangue séchée biologique et équitable du Burkina Faso, et de celle du Mali qui passe par le Burkina Faso, connaît des problèmes. Les acteurs ont enregistré une baisse des commandes et souffrent par ailleurs de l’absence de label, de stratégie commerciale, de la mauvaise qualité et de l’hétérogénéité des mangues séchées ainsi que du manque de conditionnement adapté, permettant la mise en valeur du produit En outre, plusieurs importateurs traditionnels ont souligné le prix de moins en moins compétitif de la mangue séchée du Burkina Faso. Cette baisse de compétitivité, due en partie à la surévaluation de l’euro (auquel est lié le FCFA) par rapport au dollar, semble avoir profité à la concurrence asiatique qui s’est emparée d’une partie du marché traditionnel des produits Origine «Burkina Faso ». Par conséquent, la situation est assez préoccupante car, en l’absence d’une maîtrise et de la baisse des coûts de séchage, conjuguée à l’amélioration de la qualité des produits et l’ouverture sur d’autres marchés, le sous-secteur du séchage pourrait amorcer une phase de déclin. 3 C’est dans ce contexte, ayant en commun la volonté de développer la valorisation de la mangue par sa transformation, que le PAFASP et le PCDA ont lancé la présente étude de fond sur la transformation de la mangue au Burkina Faso et au Mali. Ce travail a été rendu possible par la mise à disposition par la Banque mondiale d’un financement émanant du Programme tous ACP pour les Produits de Base de l’Union Européenne. Sur le marché sous régional, la situation est assez différente : la mangue est un fruit traditionnel et préféré pour 98% des consommateurs. Mais les produits transformés de la mangue sont restés pendant longtemps en dehors des habitudes des consommateurs burkinabés et maliens. D’une part, la grande disponibilité de la mangue fraîche durant une grande partie de l’année diminue la demande pour les produits de la mangue transformée, notamment la mangue séchée. On préfère le goût de la mangue fraîche. D’autre part, ces produits sont relativement chers par rapport au pouvoir d’achat de la majorité de la population, ainsi que par rapport aux prix des produits de substitution, comme les cacahuètes. En particulier, la mangue séchée est un produit développé pour le marché occidental, où le pouvoir d’achat est suffisant pour en acheter et où les alternatives, comme la mangue fraîche et les cacahuètes, sont également chères. Le goût et le conditionnement sont également adaptés aux consommateurs occidentaux. Les produits transformés de la mangue seraient considérés comme des produits haut de gamme pour certains, des produits frivoles pour d’autres. Pour le moment beaucoup de consommateurs sont déçus par la qualité des produits transformés de la mangue et orientent leurs achats vers d’autres produits de substitution. qui satisfont les mêmes besoins. Le secteur des produits de la mangue transformée pour le marché local est toujours faiblement développé. Les volumes de vente sont petits, l’emballage des produits est artisanal et peu attrayant, et il n’y a pas, dans la filière, de distributeurs ou de commerçants en gros qui se concentrent sur la commercialisation. Toutes les ventes se font directement entre le producteur et le détaillant. Cela implique que les producteurs font tout et que la commercialisation n’est pas professionnelle. D’une part, on peut dire qu’il y a sur le marché des opportunités non exploitées. D’autre part, on peut conclure que le produit n’est peut-être pas suffisamment intéressant pour les commerçants. La seule exception est le jus de mangue de Dafani, dont l’emballage est fait de façon professionnelle et qui est vendu par 90% des détaillants urbains du Burkina. L’objectif de l’étude est de contribuer à la promotion de la filière mangue et de proposer des actions de promotion de transformation de la mangue pour assurer une offre compétitive, de qualité et en quantité destinée principalement au marché international et sous-régional, et accessoirement au marché national. Pour ce qui est du domaine de l’étude, elle est divisée en deux parties : (a) le séchage de la mangue et (b) autres transformations (pulpe, concentrés, jus, sirop, confiture etc.). Le présent rapport, qui constitue le produit livrable de l’étude, suit cette division. Ce rapport est le résultat d’un travail en équipe. Pour les informations techniques sur la production au Burkina Faso et au Mali, les programmes PCDA et PAFASP ont organisé des rencontres entre les consultants, les transformateurs et les commerçants ; des ateliers ont été organisés et les principales options et contraintes ont été discutées. Des consultants nationaux ont été engagés pour approfondir des sujets spécifiques : l’inventaire des producteurs, l’économie de la transformation et les marchés national et régional. Beaucoup d’informations viennent d’interviews avec des exportateurs, des importateurs et des grossistes de mangue séchée, pulpe de mangue et IQF cubes. Pour la mangue séchée, il n’existe pas de statistiques. Pour la pulpe de mangue, le CCI a des statistiques d’importation et d’exportation, mais elles sont incomplètes et peu crédibles. Les statistiques d’APEDA en Inde sont plus crédibles. Nous avons aussi utilisé les études du marché européen de fruits séchés et de jus de CBI (www.cbi.nl). Un troisième consultant a contribué à l’inventaire mondial des technologies utilisé pour la transformation de la mangue. Les auteurs remercient vivement toutes les personnes qui ont contribué à cette étude par leurs contributions au contenu de ce rapport et par leur appui organisationnel, en particulier M. Michel Rivier du CIRAD pour ses nombreuses observations et sa relecture du document en français.. 4 5 SECTION I. LA MANGUE SECHEE 6 1 Le marché pour la mangue séchée La mangue séchée fait partie d’un marché plus important de fruits séchés estimé à 871.000 tonnes en Europe1. Ces fruits secs sont utilisés comme snack, souvent mélangés avec des noisettes, dans des produits de pâtisserie, comme ingrédients pour les céréales du petit déjeuner ou dans des barres chocolatées aux céréales. Les raisins représentent 50% du volume commercial et les dattes 34% (CBI 2005). Les pruneaux et les abricots secs sont aussi courants. La part des fruits tropicaux est faible, mais augmente ; la banane séchée est la plus courante, suivie par la papaye, l’ananas et enfin la mangue, qui est plus chère. La part de marché de la mangue séchée est inférieure à 1%. En 2006, 731 000 tonnes de fruits séchés sont importées dans le monde, avec une valeur de $1.3 milliard et 374 000 tonnes de fruits confits. Les pays en développement exportent 70% du volume ; l’Allemagne est le plus gros importateur, suivi par la Grande Bretagne, les Etats Unis, la France, le Japon, le Canada, l’Italie, l’Espagne, les Pays Bas et la Belgique (UNCTAD Trade Map 2008). Contrairement à une conviction populaire, la plus grande partie de la production de la mangue séchée n’est pas utilisée par l’industrie alimentaire, mais vendue comme snack, dans des sachets de 100 à 200 grammes. Une part plus faible est mélangée à des noisettes ou d’autres fruits secs tropicaux. La plupart des morceaux de mangue que l’industrie utilise, sont des cubes de mangue congelée (IQF cubes). 1.1 Le marché de l’Europe de l’ouest La mangue séchée conventionnelle (contenant du soufre comme conservateur) représente la plus grande part de marché. Les entretiens et visites ’à des détaillants aux Pays Bas, en Angleterre et en Suisse ont montré que plus de 90% de la mangue séchée conventionnelle est produite par l’Afrique du Sud. Les autres fournisseurs identifiés viennent de Thaïlande et du Brésil. Les consommateurs, les détaillants et les importateurs / distributeurs considèrent ce produit comme relativement sain et naturel, car aucun sucre n’a été ajouté. Le secteur considère le produit d’origine sud-africaine comme un bon produit ; celui-ci détermine en effet le standard du marché pour la couleur, l’arôme, le goût, la texture, la coupe (forme et épaisseur) et enfin l’homogénéité des lots. C’est pourquoi le prix de la mangue séchée sud-africaine fait fonction de point de référence sur le marché. La mangue séchée sud africaine contient entre 14% et 23% d’eau, ce qui donne un produit plus tendre et plus facile à manger que les produits burkinabé et malien qui contiennent seulement 10 a 14% d’eau. En Afrique du Sud on trouve les variétés telles que la Keith, la Kent et la Tommy Atkins. Généralement on préfère la Keith et la Kent parce qu‘elles sont moins fibreuses que la Tommy Atkins. Ces variétés sont aussi les plus fréquentes sur le marché de la mangue fraîche. On estime que la mangue séchée biologique et équitable représente entre 10% et 20% du marché total. Comme pour le marché conventionnel, un seul pays est responsable pour plus de 90% de la production: le Burkina Faso. Le Mali est inconnu comme producteur car toute sa production est vendue au Burkina Faso. Le marché considère ce produit comme plus sain parce qu’il ne contient ni conservateur chimique, ni pesticide. L’opinion sur le goût et l’arôme est divisée. Au Burkina notamment, on utilise les variétés Amélie et Brooks, qui donnent un goût différent, notamment l’Amélie qui est plus acidulée et rafraîchissante. Certains consommateurs pensent que ce goût est vraiment unique, plus prononcé et meilleur que les autres variétés. Mais de plus en plus, on trouve l’Amélie trop acidulée. La popularité de la Brooks continue à augmenter. Au Mali on produit aussi beaucoup de Kent et Keith. 1 http://www.cbi.eu/marketinfo/cbi/docs/ preserved_fruit_and_vegetables_the_eu_market_ for_dried_fruit Figure 1.1. Mangue séchée biologique burkinabé achetée dans le supermarché Tesco en Angleterre. 7 Pourtant, tous les commerciaux mentionnent un problème avec ce produit ; tous ont eu au moins quelques mauvaises expériences avec un produit brun, fade, sans arôme, collant, trop sec, en outre dur à manger et de qualité irrégulière. En effet, c’est le manque de constance touchant tous les aspects de qualité qui pose le plus grave problème. Souvent il est possible de trouver de bons et de mauvais morceaux dans le même sachet. Il arrive qu’un container entier soit de mauvaise qualité et que l’importateur ne puisse rien faire avec la marchandise. La mangue confite occupe un troisième segment sur le marché. Le séchage est favorisé par l’immersion de la mangue dans un bain d’eau sucré, entraînant un transfert d’une partie de l’eau. Par conséquence, la mangue devient plus sucrée et plus tendre, mais perd beaucoup de goût et d’arôme. Ce produit est certes apprécié parce qu’il est plus tendre, mais la proportion élevée de sucre ne correspond pas bien à un marché dans lequel la santé joue un rôle important de motivation chez les acheteurs. En effet, la mangue confite peut contenir plus de 65% de sucre. Le manque du goût prononcé de mangue entraîne Estimation du marché européen de la une diminution de la demande ; c’est ainsi que mangue séchée en snack la part de mangue confite sur le marché de mangue séchée snack est inférieure à celle de la mangue séchée conventionnelle. Toutefois, 35% cette part est égale ou dépasse celle de la mangue bio (voir figure 1.2). La mangue confite est préférée pour les mélanges de fruits secs et de noisettes, car elle est plus facile à manger et elle ne colle pas. Presque toute la mangue confite vient de la Thaïlande et des Philippines. De plus il y a un importateur qui l’achète au Sri Lanka. 50% 15% Conventionnel Bio Confit Figure 1.2. Distribution marché européen. Ces observations sur les différents types de produits dans les interviews avec les importateurs / distributeurs sont confirmées par une petite étude, dans laquelle quelques consommateurs ont goûté différents produits qui viennent de magasins de Grande Bretagne et de Suisse. Le tableau 1.1 résume les points forts et faibles des produits. Tableau 1.1. Caractéristiques des types de mangue séchée Type mangue séchée Points forts Points faibles Conventionnelle, Belle couleur, goût prononcé, Toujours un peu dur, contient (Afrique du Sud) texture, prix limité et aspect du dioxyde de souffre collant faible Biologique (Burkina Goût unique et puissant, bonne Qualité irrégulière (couleur Faso) image pour la santé, brune, trop sèche, dure, l’environnement et les manque de goût, collante) ; producteurs goût trop acidulé (l’Amélie) Confite (Philippines, Tendre et facile à manger, belle Manque de goût de mangue, Thaïlande) couleur, pas collante trop sucrée 1.1.1 Critères d’achat des clients En dehors du prix, les critères pour le marché industriel et du snack sont : 1 La couleur : jaune intense ou orange clair. Psychologiquement la couleur est très importante pour le consommateur : la mangue brune ne parait pas délicieuse. La couleur est déterminée par le type de mangue, sa maturité au moment du traitement, la technologie de traitement, l’emballage et les conditions de stockage. 2 Le goût : un fort goût et un arôme prononcé de mangue sont importants. Un produit trop acide ou trop sucré sans arôme n’est pas apprécié. L’arome est déterminé par les mêmes facteurs que la couleur. 3 La texture : tendre, facile à croquer, et un peu molle à l’intérieur, mais pas collante à l’extérieur. La mangue collante est difficile à emballer et impossible à mélanger mécaniquement avec d’autres fruits séchés ou des noisettes. L’humidité dans le 8 4 5 6 1.1.2 produit final et le processus de séchage ont une grande influence, mais aussi la coupe et l’épaisseur des morceaux. La coupe : les consommateurs et les détaillants ont des préférences différentes. Les coupes les plus courantes sont: a. Chunks/ frites: longueur 2-4 cm, épaisseur de 0,5 – 1 cm b. Slices/ Tranches: tranches fines légèrement courbées c. Cheeks/ galettes: forme ovale avec un diamètre de 4 a 10 cm d. Half cheeks/ demi galettes : comme au dessus mais coupées en deux L’homogénéité : tous les aspects mentionnés ci-dessus doivent rester constants sur le contenu d’un container, et ceci pendant toute l’année. Les clients et les consommateurs doivent avoir confiance dans la qualité avant l’achat. L’argument nature et santé : pour la plupart des consommateurs, le fruit séché est un snack sain, et on le mange parce qu’on pense que c’est mieux pour la santé que, par exemple, le chocolat. C’est pourquoi le sucre et les conservateurs ajoutés donnent une image négative au produit final. Le volume du marché Le Royaume-Uni (60 millions d’habitants) et la Suisse (6,7 millions d’habitants) sont les marchés les plus développés. La consommation par habitant y est plus élevée. Toutes les grandes chaînes de supermarchés vendent plusieurs variétés de mangue séchée. La taille du marché britannique représente probablement entre 1200 et 2000 tonnes, dont 10% a 20% bio et équitable (120 – 360 tonnes). On trouve la mangue séchée dans la plupart des supermarchés des chaînes principales: Tesco, Asda, Sainsbury, Waitrose et Morrisons. Généralement les magasins de produits bios, de santé en vendent aussi, comme par exemple Holland & Barrets. La mangue séchée conventionnelle de l’Afrique du Sud est presque partout, mais est vendue sous un grand nombre de marques différentes, soit une marque de grossistes ou importateurs, soit la marque du supermarché. La mangue bio est aussi vendue sous des marques différentes. Au contraire, la plus grande part de la mangue confite est vendue sous la marque ‘Fruit of the forest’ qu’on peut trouver presque dans tous les supermarchés. C’est une marque anglaise qui achète une mangue confite produite aux Philippines avec l’appui d’une ONG. Elle n’est pas certifiée comme équitable par le FLO, pourtant le producteur met en avant une image de commerce équitable qui est trompeuse Les estimations de la taille du marché suisse varient entre 200 et 350 tonnes dont 35 à 70 tonnes bio et équitables et un très petit pourcentage de mangue confite. On peut trouver la mangue séchée dans la plupart des supermarchés des deux grandes chaînes Migros et Coop. Migros vend principalement la mangue conventionnelle d’Afrique du sud, et Coop vend aussi de la mangue bio équitable burkinabé. De plus, la mangue bio équitable est vendue dans les boutiques équitables de Claro. La France et l’Allemagne sont les pays européens les plus peuplés avec respectivement 63.4 million et 82,3 million d’habitants. Ces pays constituent des marchés potentiels importants notamment pour la mangue bio d’Afrique de l’ouest. En effet la France a une grande population d’immigrants de l’Afrique de l’ouest, notamment du Mali qui pourraient être intéressés par un produit avec le goût de la mangue burkinabé ou malienne. L’Allemagne est le plus grand consommateur de produits biologiques et pourrait donc être intéressé à consommer plus de mangue bio. Pourtant le marché de mangue séchée dans ces pays n’est pas très développé. En effet le produit n’est pas vendu dans les supermarchés. En France la mangue bio équitable du Burkina Faso est vendue dans certains des 140 magasins équitables d’Artisans du Monde. Solidarmonde, le propriétaire de cette chaîne en vend aussi des petites quantités à quelques saunas et stations thermales. Quelques uns des 260 magasins de produits bios, Biocoop, en vendent aussi. Les deux chaînes font appel à des importateurs allemands. En Allemagne on trouve la mangue de la marque ‘Morgenland’ dans les boutiques d’alimentation de santé. Les Pays Bas, avec 16.3 millions d’habitants, constituent un marché plus petit mais ils servent de plaque tournante dans le commerce de tous les produits de mangue, soit fraîche, soit transformée. En effet un grand nombre d’importateurs / distributeurs ont leur siège dans le port de Rotterdam. Il est donc très difficile de déterminer la taille du marché néerlandais, parce que la plus grande part de l’importation est réexportée. Il y a au moins deux grands importateurs, Gebana et Horizon, et trois petits importateurs de mangue 9 confite de Thaïlande et des Philippines. Aux Pays Bas, généralement la mangue séchée est vendue dans des magasins bios. Albert Heijn, la plus grande chaine de supermarchés néerlandaise vend de la mangue séchée sud-africaine parfois dans ses grands supermarchés. On peut la trouver aussi dans les boutiques ou les étals sur les marchés qui vendent une gamme de fruits secs, mais c’est surtout la mangue confite mélangée avec d’autres fruits secs. En Belgique i la situation est similaire. Les supermarchés de Delhaize vendent la mangue séchée de temps en temps. Aussi le Danemark, la Suède et l’Italie achètent parfois de la mangue séchée en lots de 20 à 30 tonnes. Le tableau 1.2 montre une estimation de la demande de la mangue séchée snack pour l’Europe, la mangue confite, bio et équitable compris. Les estimations pour la Grande Bretagne et la Suisse sont plus fiables que les autres. Le tableau 1.2. Marché de mangue séchée en snack Pays Estimation du marché total (tonnes par an) Grande Bretagne 1200 - 2000 Suisse 200 - 350 Autriche 10 - 20 Allemagne 50 - 100 France 50 - 100 Pays Bas 35 – 100 Belgique 20 - 50 Danemark 15 - 30 Suède 15 - 30 Italie 20 - 25 Irlande 15 - 30 TOTAL 1630 -2845 Source : Etude de march’e 2009 1.1.3 Estimation du marché bio et équitable (tonnes par an) 120 - 400 20 - 70 1–4 5 – 20 5 – 20 3,5 – 20 2 – 10 1,5 – 6 1,5 - 6 2–7 1,5 – 6 163 - 569 L’interaction entre qualité et volume Le volume du marché est encore limité. D’une part la majorité des consommateurs européens ne connaissent pas le produit et d’autre part beaucoup n’aiment ni la mangue confite, ni la mangue séchée bio, ni la mangue séchée sud-africaine. Si on offre un morceau de mangue séchée ou confite de bonne qualité à un consommateur européen choisi au hasard , la probabilité qu’il ne l’apprécie pas est très grande. Malgré la bonne qualité de la mangue séchée sud-africaine, ce produit est toujours trop dur pour la plupart des consommateurs européens. La bonne mangue confite philippine est toujours trop sucrée et n’a pas suffisamment de goût. Finalement, la plupart des consommateurs n’ont pas l’habitude de manger des fruits secs et ne sont pas habitués au goût de la mangue séchée. Pour persuader une partie de ces consommateurs, il faut leur proposer un produit qui soit tendre comme la mangue confite, mais avec le goût de la mangue sud-africaine ou ouest africaine. 1.1.4 La mangue séchée pour l’industrie alimentaire La mangue séchée est utilisée pour le muesli et les barres de snack. Pour la plupart d’autres produits industriels on utilise la pulpe de mangue ou des cubes IQF. Le muesli La mangue séchée est utilisée comme ingrédient pour le muesli à fruits tropicaux, particulièrement pour le muesli biologique. Le muesli est positionné comme un produit sain auquel du fruit sec est ajouté pour améliorer le goût. Les raisins sont le fruit sec le plus utilisé, souvent avec petits morceaux d’autres fruits secs. Les morceaux du coco, de l’ananas et de la papaye sont fréquemment présents dans le mélange tropical, qui est plus cher. Pourtant, souvent ce mélange ne contient pas de mangue du tout. 10 En Europe, le muesli est un produit de niche. Premièrement parce qu’on y préfère du pain pour le petit déjeuner. Deuxièmement parce qu’on préfère les céréales plus transformées comme les corn-flakes, rice crispies, choco-pops et le muesli croustillant. Au Royaume Uni on mange plus de céréales, mais peu de muesli. Comme produit de santé, le muesli bio a une grande part de marché. Pourtant, la mangue bio séchée malienne ou burkinabé est peu utilisée. Pour l’introduire il faut couper les tranches d’abord. En résumé on peut dire que la plus grande utilisation industrielle de mangue séchée est une variation particulière (mélange tropical) d’un produit de niche (le muesli). ). En plus, chaque paquet de muesli contient entre 20% et 40% de fruits secs, graines et noisettes, et normalement la plupart sont de raisins et noisettes (amandes). La mangue séchée ne constitue que 2,5% à 5% du poids. Sachant que la loi permet d’utiliser une petite proportion d’ingrédients non bio (<5%), il est même possible d’utiliser de la mangue conventionnelle pour le muesli bio. Sur ce petit marché, les cubes de mangue confite de Thaïlande et des Philippines sont les plus populaires, parce qu’ils sont plus faciles à manger. La part de la mangue séchée dans le mélange est peu importante, donc le sucre apporté par la mangue confite n’est pas vu comme un grand problème. De plus, la mangue confite est plus facile à mélanger parce qu’elle ne colle pas et a déjà la forme correcte. Les barres de snack Les barres de snack constituent une deuxième utilisation industrielle pour la mangue séchée. Ces barres contiennent normalement un mélange de céréales, de fruits secs, de noisettes et de chocolat. Il y a deux produits de mangue qui sont utilisés : Cuir de mangue (mango leather) : la pulpe de mangue est pressée pour créer des tranches carrées souples. Souvent un utilise des petites pièces de mangue qui restent sur les noyaux lors de la fabrication industrielle de la pulpe. Petits morceaux de mangue séchée. Il faut qu’ils aient beaucoup de goût et qu’ils soient tendres. Le volume de ce marché est limité (10 à 20 tonnes). 1.1.5 Organisation et structure de la filière La filière est complexe et fragmenté. Les détaillants et les unités industrielles de transformation alimentaire achètent leur mangue séchée chez des importateurs ou des grossistes, qui eux même en achètent chez un autre importateur, souvent dans un autre pays européen. Les importateurs achètent la mangue séchée chez les exportateurs ou les agents de commerce hors de l’Europe. Seulement quelques grands producteurs font leur propre exportation sans passer par un agent ou un exportateur. L’utilisation d’importateurs et de grossistes illustre la faible importance de ce produit pour l’industrie et les détaillants. Ils n’ont pas d’intérêt à sacrifier beaucoup de temps pour l’achat. Au niveau des grossistes et des importateurs, la mangue séchée est triée, conditionnée et emballée dans des petits paquets pour les consommateurs. En cas de besoin ils mélangent la mangue avec d’autres fruits secs ou des noisettes. Certaines grossistes/importateurs ont leurs propres marques, souvent avec une image peu « professionnelle », d’autres vendent leur mangue sous la marque d’un détaillant. Normalement un importateur commercialise plus de 50 tonnes par an en lots d’au moins un container (10-15 tonnes). On a identifié des importateurs en Suisse, en Allemagne, en France, au Royaume Uni et aux Pays Bas. En Europe il y a cinq grands importateurs (>100 tonnes) et une dizaine de petits importateurs. Il n’y a aucun importateur ayant une position dominante sur le marché. Les grossistes vendent aux petites boutiques. Ils achètent des palettes de 800 kilos et les mélangent souvent avec d’autres produits. La compétition au niveau des importateurs et des grossistes est forte. Les supermarchés et fabricants d’aliments peuvent choisir entre plusieurs fournisseurs. La plupart des importateurs ne sont pas spécialisés en fruits secs et certainement pas en mangue séchée. Typiquement ils importent une grande variété de produits alimentaires des pays tropicaux. Les importateurs de mangue bio sont généralement spécialisés dans 11 des produits biologiques. Les grossistes sont souvent spécialisés dans le domaine de noisettes et fruits secs. Pour presque tous les importateurs et grossistes, la mangue séchée est une petite part de leur chiffre d’ affaires. Une exception : deux importateurs au Royaume Uni, un spécialisé en mangue séchée conventionnelle de l’Afrique du Sud et l’autre en mangue bio de Burkina Faso. Les importateurs et les exportateurs ont un rôle crucial dans la filière. Les importateurs font le marketing du produit, le stockage, le triage, l’emballage, la communication des spécifications du produit final et ils préviennent la demande du marché. Les exportateurs sont responsables pour la traduction des spécifications techniques vers les producteurs, pour l´organisation de la logistique et pour le contrôle rigoureux du produit final avant l’exportation. 1.1.6 Marketing, certification, emballage et étiquetage La croissance du marché a été lente, car peu de moyens ont été investis dans le marketing du produit. Il n’y a pas d’activités de promotion comme pour la majorité des produits alimentaires dans les supermarchés. Par exemple les activités courantes des grossistes et des importateurs sont : Publicité : télévision, radio, journaux, panneaux ; Utilisation des personnes célèbres pour la promotion (celebrity endorsement) ; Promotion de vente dans les magasins : position spéciale en tête des rayons, panneaux, offre spéciale avec un prix spécial, ou en combinaison avec d´autres produits, promotrices qui offrent la mangue aux consommateurs pour la goûter. . Aujourd’hui la vente d’un produit comme la mangue séchée est aléatoire, car sa consommation dépend largement de la curiosité du consommateur et se sa propension à goûter un produit nouveau pour lui. Dans cette configuration la qualité de l’emballage est crucial : il faut attirer l’attention du consommateur, expliquer le produit et le convaincre d’en acheter. Cela relève d’un achat impulsif qu’il faut encourager en rassurant le consommateur. Malheureusement, aujourd’hui, les conditionnements dans lesquels est emballée la mangue séchée ne sont ni attractifs, ni faciles à utiliser pour le consommateur et font trop peu « professionnels ». De plus, beaucoup d’emballages ne protègent pas contre la perte de couleur et darome, ou contre le desséchement. L’emballage est transparent et le matériau laisse passer l’humidité et l’oxygène. La Suisse et le Royaume Uni sont encore des exceptions car on peut y trouver quelques conditionnements avec un beau design, faciles à ouvrir et à utiliser et qui bloquent au moins partiellement la lumière (par exemple ‘forest feast’, mangue confit des Philippines, et Tropical Wholefoods, mangue bio Burkinabé). On peut expliquer l’absence d’activités de marketing par un certain nombre de facteurs. Premièrement l’offre du produit est instable et inflexible. Un importateur doit acheter le stock pour l’année entière pendant une saison de quelques mois. Par exemple la saison en Afrique du sud court de décembre à mars. Si, par la suite, un importateur de mangue séchée conventionnelle désire réitérer sa commande, , il a un problème car il n’y a pas d’autres producteurs de ce type de mangue séchée. Ainsi les importateurs et grossistes ont indiqué qu’ils ne font pas de promotion de vente, parce que si le produit rencontre du succès, il y a le risque pour l’importateur d’être incapable de fournir ses clients pour le reste de la saison. Deuxièmement le volume de vente est trop limité et réparti sur un grand nombre de petits grossistes et importateurs. Le bénéfice de chacun est trop petit pour justifier un investissement dans une grande campagne de marketing. En plus, les Figure 1.3. Paquets de mangue séchée, achetés en Angleterre. 12 organisations concernées ont peu de connaissances sur les technicques de mise en marché, contrairement aux grands producteurs alimentaires comme Unilever et Nestlé. Le manque de capacité en matière de marketing et de merchandising se montre aussi à travers la mauvaise qualité de l’emballage. De plus l’étiquetage peut parfois être trompeur. Ainsi, en Grande Bretagnes, plusieurs produits se sont révélés être mal étiquetés.. Par exemple Forest Feast donne l’impression d’être un produit équitable de mangue pure, mais le produit n’est pas certifié par FLO et la mangue est confite. Prêt a Manger vend la mangue confite, mais sur leurs étiquettes, il manque l’indication du sucre ajouté. D’autres produits donnent l’impression d’être bio, mais ils ne font pas état d pas un certificat bio. Pour le moment, les certificats ISO ou HCCP ne sont pas demandées par les importateurs / distributeurs mais au vu de l’importance croissante de la certification, dans quelques années on peut s’attendre à ce que l’obligation d’être certifié se généralise, surtout si le volume de la vente augmente. 1.1.7 L’évolution de la demande, de l’offre et des prix Au cours des deux dernières années, le prix d’importation d’un kilo de mangue séchée pour les grossistes-importateurs européens a fluctué entre € 6,15 et € 7,00 pour la mangue bio burkinabé, et entre € 5,15 et € 5,80 pour la mangue conventionnelle SudAfricaine. La comparaison est difficile à cause des grandes fluctuations du taux de change entre l’Euro, la Livre et le Rand. La différence entre les deux prix est de17%, et représente une plus-value normale pour un produit biologique. Pourtant, cette dernière ne se maintient pas au niveau des détaillants, qui ils craignent peut-être de la demander pour un produit de mauvaise qualité. Par conséquent, pour les acteurs concernés de la filière, la marge sur la mangue bio est plus petite que la marge sur la mangue conventionnelle. Les prix au détail sont assez stables, mais il existe de grandes différences entre les magasins. Les acheteurs (de la grande distribution ?) ont une forte position pour négocier le prix, parce que leur nombre est limité par rapport au nombre d’importateurs-grossistes. La consommation de la mangue séchée augmente modestement chaque année, de 10% à 15%. Mais si une grande chaîne de supermarchés commence à vendre le produit, ceci pourrait bouleverser la situation : un supermarché Allemand, Français ou Espagnol peut facilement absorber 200 tonnes par an, ce qui représente une croissance de 5% de la demande mondiale. Les prix sont donc sensibles aux aléas qui peuvent survenir dans l’offre, tels qu’une mauvaise récolte ou une grande croissance de la capacité de production. Pendant la période 2005 – 2007, la production du Burkina Faso et l’exportation ont triplé. En 2008, la croissance de la capacité de production a continué à augmenter, mais l’exportation a diminué un peu. En 2009, l’exportation a chuté des deux tiers par rapport au niveau de 2007. La première cause est une surestimation de la demande de mangue séchée bio et équitable pendant les deux années précédentes. A présent, à tous les niveaux de la filière, on a des stocks de l’année passée. Il y a plusieurs importateurs / distributeurs qui essaient de brader leurs stocks.. Une deuxième cause est la crise financière et économique, qui fait légèrement diminuer la demande, mais surtout les importateurs distributeurs sont réticents à prendre position. Cela s’est traduit par une chute des prix au niveau des producteurs et des exportateurs. De plus, la crise a donné une raison supplémentaire aux détaillants pour négocier les prix. Mais il y a de l’espoir. Au niveau mondial la récolte 2009 ( ?)de mangue a été décevante ; en Afrique du Sud, par exemple, elle a baissé de 30%. En ce moment (Août 2009), sur le marché britannique il y a une pénurie de mangue séchée Sud-Africaine. Pourtant, il n’est pas certain que le Mali et le Burkina Faso puissent en profiter, parce que leur récolte a été aussi décevante. La qualité des stocks anciens est probablement trop mauvaise pour qu’ils puissent être commercialisés. . Nos sondages sur le marché britannique ont révélé la présence de stocks de produits trop bruns et secs pour être comestibles. Il faudra probablement envisager de détruire ces stocks ; ensuite les prix pourront se rétablir. 1.1.8 Perspectives et stratégies 13 Pour la mangue séchée conventionnelle, la demande continuera probablement à augmenter de 5 à 10% par an. En Afrique du Sud, la capacité de production est limitée. La production de mangue y est bien organisée, avec de grandes plantations professionnelles, bien entretenues et orientées sur la vente en mangue fraîche pour les marchés national et international. La production de mangue séchée n’est pas l’objectif principal mais fournit un débouché supplémentaire en cas de récolte abondante.. De plus, le nombre de producteurs de mangue diminue. Les personnes consultées sont unanimes pour dire que la production de la mangue séchée en Afrique du sud a atteint son maximum. Actuellement, le plus grand producteur (de mangue séchée ?) en Afrique du Sud est en train d’organiser un site de production en Amérique Latine. Pour de nouveaux transformateurs, cette situation crée des opportunités pour entrer sur le marché. On peut déjà trouver de la mangue séchée de l’Equateur et du Kenya. Probablement, le Brésil, la Colombie ou le Brésil profiteront de cette opportunité ; les producteurs en Asie se contentant de maintenir leurs positions sur le marché de la mangue confite. L’intérêt du consommateur pour la mangue séchée bio augmentera sans doute en parallèle avec la croissance générale du marché des produits bio. Pourtant les marchés bio et conventionnel ne sont pas des marchés déconnectés. L’augmentation de la vente de la mangue séchée bio dépend de sa qualité par rapport à celle du produit conventionnel. Plus sa qualité sera comparable avec le conventionnel, plus ellese vendra. Le pourcentage de consommateurs, prêts à acheter plus cher un produit bio de qualité inférieure à un produit conventionnel simplement parce qu’il est bio, est faible, de l’ordre de 5%. Ce sont des gens qui se rendent régulièrement dans les boutiques d’alimentation « saine et bio ». Mais pour augmenter ce pourcentage de 5%, il faudra convaincre d’autres consommateurs, pour qui la qualité et le prix ont une même importance. Typiquement, ces consommateurs achètent Figure 1.4. Comparaison entre mangue seulement dans les supermarchés et comparent séchée sud-africaine conventionnel (à effectivement le produit bio avec le gauche) et Burkinabé bio (à droite). conventionnel. Si la qualité est la même avec Noter la différence de couleur. une différence de prix raisonnable, ils peuvent acheter le produit bio. La situation actuelle pour le consommateur Britannique est présentée en figure 1.4 : quel produit choisissez vous ? Il faut un consommateur très dévoué au principe « bio » pour choisir le produit burkinabé. Pour le Mali et le Burkina Faso, le marché européen offre toujours la meilleure opportunité. La croissance du marché est probablement de 5% à 10% l’an. Avec la grande disponibilité de la mangue biologique comme matière première, et le grand nombre de variétés, Kent, Keith, Brooks et Amélie, ces pays ont un avantage certain sur leurs concurrents. Particulièrement les trois premières variétés sont bien appréciées sur le marché, mais la position de l’Amélie est incertaine. D’une part l’Amélie donne un produit plus « frais » pour une niche de marché, d’autre part la plupart des consommateurs pensent que le produit fini à partir de l’Amélie est trop dur et trop acidulé. Si le Mali et le Burkina n’améliorent pas la qualité de leur produit et ne résolvent pas les problèmes d’hétérogénéité, ils risquent de perdre leur position dominante dans le segment du bio au profit d’autres producteurs. L’Afrique du Sud et les pays d’Amérique Latine peuvent entrer sur ce marché ; il y a déjà des producteurs de mangue séchée biologique en Afrique du Sud, mais pour le moment, ils n’exportent pas. Dans ce scénario l’exportation du Burkina Faso et du Mali diminuera chaque année un peu plus. Grâce à l’amélioration de la qualité de leur produit, le Mali et le Burkina Faso pourraient attirer de nouveaux distributeurs et consommateurs, qui normalement achètent de la 14 mangue conventionnelle sud-africaine. Dans ce scénario, la vente de produit bio augmenterait relativement plus que le conventionnel, ce qui pourrait faire augmenter l’exportation entre 5% et 15% par an. Si la production conventionnelle d’Afrique du Sud ne satisfait pas la demande de l’année prochaine (2010), de nouveaux producteurs vont entrer sur le marché conventionnel. Ceci pourrait éventuellement menacer la position du Mali et du Burkina Faso sur le marché bio. Pour dépasser la croissance de 5% à 10% par an, les acteurs de la filière devront tous faire des investissements en marketing et promotion, pour attirer plus de consommateurs et de chaînes de supermarchés. En outre le produit devrat être amélioré, tout comme la flexibilité et la fiabilité des livraisons. Pour vraiment élargir le marché, il faut essayer de produire une mangue séchée plus tendre que celle d’Afrique du sud et bien gouteuse . 1.2 Le marché du Moyen Orient 1.2.1 Population et pouvoir d’achat La région du Moyen Orient comprend 13 pays avec une population totale de 290 millions (en comparaison, la population de l’Europe est de 500 millions). Les chiffres sur la population et le pouvoir d’achat des pays différents ont été utilisés pour déterminer les pays les plus attractifs pour la vente de la mangue séchée (voir tableau 1.3). L’Egypte et l’Iran ont les plus grandes populations (83 et 72 millions), suivis par l’Arabie Saoudite et l’Irak (presque 27 millions chacun) et le Yémen. Les Emirats Arabes Unis (avec Dubaï et Abu Dhabi), le Bahreïn, l’Arabie Saoudite, l’Oman, le Qatar et le Koweït ont le plus important produit intérieur brut par personne de la région, et ils ont fondé une union économique : le Conseil de Coopération des États Arabes du Golfe (GCC). Table 1.3. Pays Population et PNB du Moyen Orient (2008) 0,3% 0,9% 1,5% 0,2% GDP % (PPP) 3,15% 5,75% 6,51% 0,99% 28,7 9,9% 22,41% 20.316 5.576.000 19.4% 3,4 1,2% 2,56% 19.602 578 16.9% 41,1 14,1% 41,37% 26.620 12.149.834 29.5% IRAN LEBANON EGYPT JORDAN SYRIA IRAK 72 4 83 6,3 20,2 28,9 30,59% 1,69% 18,81% 1,21% 3,80% 0,40% 11.052 10.968 5.896 4.984 4.898 3.590 YEMEN 23,8 24,8% 1,4% 28,6% 2,2% 7,0% 9,9% 8,2% 2,13% 2.323 Autres 11,3 3,9% QATAR KUWEIT EAU BAHRAIN ARABIE SAOUDITE OMAN GCC Population (millions) 0,8 2,7 4,4 0,7 Pop. % TOTAL 290,6 Source : Etude de march’e 2010 GDP/Capita (PPP) 102.461 55.407 38.474 36.676 9.313 15 Immigrants 583.1 1.291.354 3.886.380 235 % d’immigrants 70.0% 48.0% 81.0% 32.3% Le pouvoir d’achat dans les pays de la région est très varié. Le produit par personne (PNB per capita) est le plus élevé dans les 6 pays du GCC avec une moyenne de 26.620 US$ par an. Dans les autres pays, avec 86% de la population, le produit est de l’ordre de 10.000 US$ ou moins, probablement pas assez pour pouvoir acheter un produit de luxe comme la mangue séchée (voir figure 1.5). 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 GDP/Capita No rv eg e Q Et a a t ta Em s r U ira n S is G ts A uis ra ra s nd b e e Ar e B U ab re n i e ta g Sa n o e P udit or e tu ga Af r iq l ue I r du an Su S d y M ria ar oq Ye ue m Bu N en rk ige in r i a a Fa so Le pouvoir d’achat au Qatar est comparable à celui des plus riches pays du monde, par exemple la Norvège, les Emirats avec la Suisse, et l’Arabie Saoudite avec le Portugal. On peut conclure que seuls les 6 pays du GCC ont un pouvoir d’achat suffisant pour la Figure 1.5. GDP (US$/an x 1000) des mangue séchée, et que dans les autres différents pays comparés. pays plus peuplés, il y aura aussi des segments plus aisés de la population qui ont suffisamment de pouvoir d’achat, notamment en Egypte et Iran. Dans cette région les possibilités pour la mangue séchée dépendront de trois facteurs : La taille des groupes avec un pouvoir d’achat élevé (supérieur à 30.000 US$/hab. à notre avis) L’ouverture du marché à des produits importés (par exemple ceci pourrait constituer un frein pour les pays comme l’Iran, la Syrie). Les liens existants avec l’Inde (beaucoup d’immigrés avec l’habitude de consommer les produits de mangue de cette région, par exemple la barre de mangue). Probablement la compétition sera trop grande pour faire entrer la mangue séchée du Burkina sur ce marché. Une analyse plus détaillée du marché de l’Arabie Saoudite et des pays desE.A.U., particulièrement Dubaï, qui semblent offrir de bonnes perspectives, montre l’interaction entre ces différents facteurs. 1.2.2 Les Emirats Arabes Unis et l’Arabe Saoudite Les chiffres d’importation des fruits secs aux E.A.U. et en Arabie Saoudite sont présentés dans les tableaux 1.4 et 1.5. La mangue séchée doit y faire concurrence avec les dattes et les figues, fruits séchés traditionnels de cette région. De plus il y a de concurrence avec le tamarin, les prunes et les abricots. Les prix de ces produits sont plus bas que le prix de la mangue. Par exemple, le prix d’importation pour les dattes était US$ 0,17 par kilo aux EAU (2005) et US$ 0,385 en Arabie Saoudite (2007). En comparaison, le prix d’importation de la mangue séchée était US$ 1,85 en Arabie Saoudite. Tableau 1.4. Importation des fruits secs aux E.A.U. Code Produit sec 8041020 81341 8042020 81310 81320 81350 81341 8045030 81330 Total Dattes *) Tamarin Figues *) Abricots Prunes Mélange noisettes/fruits Fruits secs, non spécifiés Mangue Pommes Valeur (2007) d’Importation 33,713 4,580 943 1,261 903 1,283 2,948 44 59 45,675 16 Volume (tonnes) 197,000 7,965 1,374 1,499 1,358 291 280 34 24 209,801 Volume % 94% 3.8% 0.7% 0.7% 0.6% 0.1% 0.1% 0.02% 0.01% 100% Prix (/tonne) 171 575 686 841 665 4,409 10,529 1,306 2,458 218 *) chiffres de 2005; la plupart des dattes est réexportée. Source : ITC Trademap Tableau 1.5. Importation des fruits secs en Arabie Saoudite Code Produit sec 81341 8042020 81341 81310 81350 8045030 81320 8041020 81330 Total Tamarin Figues Fruits, non spécifiés Abricots Mélange noisettes/fruits Mangue Prunes Dattes *) Pommes Valeur (2007) d’Importation 2,272 803 579 371 768 647 345 87 469 6,341 Volume (tonnes) 3,996 1,025 737 513 413 349 285 226 156 7,701 Volume % 52% 13% 9.6% 6.7% 5.4% 4.5% 3.7% 2.9% 2.0% 100% Prix (/tonne) 569 783 786 723 1,860 1,852 1,211 385 3,006 823 Source : ITC Trademap Malgré le prix élevé de la mangue séchée par rapport à d’autres fruits secs, les statistiques montrent une importation de 349 tonnes en Arabie Saoudite. On sait que la mangue confite et la mangue soufrée sont vendues dans les magasins en Arabie Saoudite. On la vend en vrac : le consommateur peut mettre une quantité dans un sac qui est ensuite pesé. Mais l’importation de 349 tonnes est presque exclusivement composée de barres de mangue d’Asie. Le prix par kg (US$ 1,85) est bas par rapport au prix d’importation en Europe (> US$ 6,50/kg). Mais ce produit ne se situe pas dans la même catégoire que la mangue séchée d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique du Sud, qui est un produit plus « haut de gamme » Aussi aux E.A.U., le marché pour la mangue séchée bio de haute qualité ne paraît pas très important. Les visites et interviews avec les commerçants et magasins alimentaires à Dubaï confirment cette image. On ne trouve pas aux E.A.U. de point d’entrée pour les importations, ce qui existe d’importation est dissémiées.. En 2008, on pouvait en trouver de petites quantités sur le marché local, mais en 2009 l’importation de la mangue séchée a été arrêtée à cause de la faible demande. A présent, seul le supermarché Carrefour vend de la mangue séchée confite des Philippines (20 kg par semaine). Les commerçants expliquent la faible demande par la disponibilité de la mangue fraîche pendant presque toute l’année. Aux E.A.U., mais aussi au Qatar et au Koweït, la distribution du pouvoir d’achat est assez inégale (tableau 1.6). La majorité de la population est constituée d‘immigrés d’Asie. Il y a un petit groupe de spécialistes techniques immigrés de l’Europe et des Etats-Unis. Tableau 1.6. Distribution du pouvoir d’achat aux EAU % de la Revenus/ Volume / Groupe Volume population ménage ménage Emirati’s, hauts revenus 2% 85,000 $258,200 8.3 Emirati’s, bas revenus 18% 795,000 $10,109 7.7 Immigrés, hauts revenus 13% 550,000 $2,784 1.8 Immigrés, bas revenus 68% 2970,000 $23,196 4.2 Moyenne EAU 100% 4440,000 $14,421 3.3 Source: Colliers International, Property Consultants and OECD statistiques Revenus/ personne $31,108 $1,313 $1,515 $5,463 $3,679 Apparemment il n’y a pas de segments de la population suffisamment riches pour acheter un produit de luxe comme la mangue séchée. 1.2.3 Perspectives et stratégies 17 Au Moyen Orient, le marché paraît limité pour la mangue séchée biologique de haute qualité, comme les produits d’Afrique du Sud et le potentiel du produit du Burkina Faso. Il y a un certain nombre de causes à cela : 1. Le produit est relativement peu connu. 2. Il y a des produits de substitutionmieux positionnés : les dattes, les figues, le tamarin et les noisettes sont très courants, car ils font partie des habitudes de consommation et ils sont moins chers. 3. Dans certains pays, par le fait de l’immigration, il y a beaucoup de liens avec les pays de l’Asie du sud ; la mangue de cette région y est mieux positionnée. 4. Le pouvoir d’achat de la grande majorité des populations de la région n’est pas suffisant pour acheter un produit de luxe nouveau. 5. Les marchés de certains pays sont difficiles d’accès (Iran, Iraq, Syrie) 6. L’argument de la santé et de l’environnement ne joue pas encore et les consommateurs utilisent des grandes quantités de sucre dans leur régime alimentaire : la mangue confite est plus populaire. Le fort taux de sucre de la mangue confite n’y est pas considéré comme un problème. 7. La mangue fraîche y est préférée et disponible sur le marché pendant presque toute l’année. Si le Burkina Faso et le Mali étaient capables d’améliorer la qualité de leur mangue séchée, alors, on pourrait tenter de pénétrer certains grands marchés inconnus, comme celui de l’Iran, où la compétition avec la mangue séchée de l’Asie est moins forte. 1.3 Le marché de l’Amérique du Nord 1.3.1 Le marché Les Etats Unis sont le troisième importateur de fruits secs au monde, après La Grande Bretagne et l’Allemagne ; le Canada est le cinquième importateur. La consommation du produit y est probablement encore plus élevée. Aux Etats-Unis notamment, il y a une production importante. Aussi le marché industriel potentiel est-il probablement plus élevé qu’en Europe, parce que les américains habituellement mangent les céréales pour le petit déjeuner. Comme en Europe, la mangue séchée est un produit de niche, sans catégorie spécifique dans les statistiques. Le volume du marché est donc difficile à estimer. Sur la base de la population et de son pouvoir d’achat assez élevé, le marché potentiel de mangue séchée bio-équitable a été estimé en partant de l’hypothèse selon laquelle la consommation du bio-équitable suit la même évolution qu’en Europe (tableau 1.7). Tableau 1.7. Estimation du marché potentiel de l’Amérique du Nord Amérique du Nord Population 343 millions Marché fruits secs (tonnes) 582.365 % mangue séchée Marché mangue séchée (tonnes) 1.750 % mangue séchée bio équitable % Marchée mangue séchée bio-équitable (tonnes) 280 Source : Etude de march’e 2009 Europe 513 millions 871.000 0,3% 2.500 16% 400 Aux Etats Unis et au Canada, la popularité de la mangue séchée varie d’une région à l’autre. Comme c’est le cas pourplusieurs autres produits nouveaux, la mangue séchée est plus courante à l’Ouest des Etats-Unis (Californie), au Nord-est (Boston, New York) et dans les grandes villes du Canada. Ces régions sont plus cosmopolites, p lus ouvertes aux influences culinaires exotiques et , de plus,ont un plus grand pouvoir d’achat. IEnfin ce sont des régions où les considérations de la santé des aliments ont de l’emprise sur les modes de consommation. Cependant, il est à noter que le marché pour les produits bio et équitables y est moins développé qu’en Europe avec un retard d’environ 5 ans. Le produit est moins populaire dans la région centrale des Etats-Unis et les régions rurales de Canada. 18 Comme en Europe, on peut trouver la mangue séchée dans les boutiques alternatives avec des aliments sains et issus de l’agriculture biologique Mais on peut aussi en trouver dans les hypermarchés (grands supermarchés qui vendent d’autres produits que les aliments) qui sont très importants dans le marché nord-américain. En outre il y a plusieurs sites Internet qui vendent de la mangue séchée, par exemple Amazon (www.amazon.com). Les fournisseurs sont différents de ceux qui approvisionnent l’Europe. Nous n’avons aucune donnée indiquant si l’Afrique du Sud vend de sa mangue séchée sur ce marché. Les Philippines et le Mexique dominent le marché. A Cebu (Philippines), il y a plusieurs producteurs qui exportent vers les Etats-Unis (apr ex. Profood International Corporation) avec leur marque ‘Philippine brand dried mango’ qui est très bien connue sur le marché. Profood produit aussi de la pulpe de mangue et des cubes de mangue congelés). Il n’est pas clair que la mangue séchée philippine soit confite. L’étiquette mentionne un produit à 100% de sucres naturels mais il est possible que l’étiquetage soit faux, comme pour le produit ‘Forest Feast’ de Preda en Angleterre. 1.3.2 Perspectives et stratégies Le marché nord-américain offre une option intéressante pour le Mali et le Burkina Faso. Certains commerçants ont eu des contacts avec des importateurs Américains, qui ont indiqué être très intéressés par la mangue séchée burkinabé, parce que son goût est plus fort et la demande sur le marché est actuellement plus grande que l’offre. En outre, la concurrence des producteurs sud-africains y est limitée. Finalement, comme pur l’Europe, on attend que le développement des aliments sains et des produits bio et équitables et bios continuera et s’accélérera. Mais pour profiter de cette opportunité, il est impératif d’ améliorer la qualité et l’homogénéité du produit, et la fiabilité de la commercialisation, comme indiqué pour le marché européen (paragraphe 1.1). 1.4 Le marché régional et sous-régional ouest africain Actuellement, la mangue séchée est particulièrement consommée dans les zones urbaines où le pouvoir d’achat est suffisant pour l’acheter. Les produits sont aussi vendus dans les villes de production, mais il s’agit surtout des déchets de production de la mangue séchée. Dans les autres villes, on n’en vend pas. Afin d’avoir une impression de la situation actuelle, les consultants ont visité au : Burkina Faso : 45 détaillants (supermarchés, boutiques de stations d’essence, superettes et petites boutiques) dont 30 à Ouagadougou et 15 à Bobo Dioulasso 200 ménages dont 100 à Ouagadougou et 100 à Bobo Dioulasso 15 restaurants moyens et haut de gamme dont 10 à Ouagadougou et 5 à Bobo Dioulasso 19 Niger : 25 hôtels dont 15 à Ouagadougou et 10 à Bobo Dioulasso Des distributeurs et consommateurs à Bamako, Kayes, Yanfolia, Bougouni, Sikasso, Koutiala, Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao 30 détaillants et 50 ménages à Niamey Bénin : 30 détaillants et 50 ménages à Cotonou Mali : Dans les points de vente, la mangue séchée est en concurrence directe avec d’autres amuse-gueule, comme les cacahuètes, l’anacarde, les chips de banane et de pomme de terre, le gingembre séché, les croquettes de sésame et le coco séché. Actuellement, les boutiques alimentaires et les supermarchés sont les seuls canaux importants pour la commercialisation. Dans les échantillons, le pourcentage de détaillants qui vendent la mangue séchée est très élevé (entre 73% et 87%), et la quantité n’est pas négligeable : il s’agit en moyenne de 15 sachets de 100 grammes par semaine pour Ouagadougou et 27 pour Bobo. Ouagadougou Nombre de points de ventes visités Pourcentage de gros détaillants (supermarchés) Nombre de détaillants qui vendent la mangue séchée Quantité vendue par détaillant par semaine (grammes) Quantité totale vendue annuellement (par tous les 22/ 13 détaillants) Bobo Dioulasso 30 15 10% 13% 22 (73%) 13 (87%) 1 560 2680 1,77 tonne 1 88, 36 kg Nombre de détaillants ???? ??? Demande potentielle Source : Etude de march’e 2009 ??? ??? La mangue séchée n’est pas vendue dans les restaurants. De façon générale, environ 10% des hôtels de Ouagadougou proposent la mangue séchée ; ces hôtels achètent en moyenne 1,2 kg de mangue séchée par mois. Cependant, ceux de Bobo n’en proposent pas. Les hôtels vendent aux clients surtout les cacahuètes, le gingembre et l’anacarde. Ce sont les produits les plus utilisés lors des pauses cafés pendant les rencontres d’échanges (ateliers, séminaires, colloques, etc.). La mangue séchée est utilisée parfois par les consommateurs de liqueurs, mais en très faible quantité ; les cacahuètes constituent une meilleure combinaison avec le goût amer de la bière et du vin. Au Mali, la situation est comparable. Les recherches au niveau de 200 ménages au Burkina Faso, 167 au Niger (Niamey) et 83 en Guinée (Conakry) montrent que pour les consommateurs, le goût sucré et le fait d’être tendre à manger sont les critères lesplus importants. Mais il peut y avoir différentes préférences (tableau 1.8) : certains consommateurs préfèrent un produit moins sucré ou acidulé. Tableau 1.8. Critères de choix de la mangue séchée Critères de choix Burkina Faso Guinée Tendre à manger 57% 43% Goût sucré 53% 31% Dur à manger 24% 12% Couleur homogène 20% 25% Goût moins sucré 18% 25% Goût acidulé 16% 18% Plus humide 16% Source : Etude de marche 2009 Niger 89% 84% 27% 29% 56% 24% 56% Comme en Europe, il y a des problèmes de qualité : environ 50% des consommateurs ne sont pas satisfaits de la qualité. 20 L’intention de consommation (le pourcentage de consommateurs qui indiquent qu’ils sont intéressés à manger la mangue séchée, tableau 1.9) est très élevée, et ce contrairement à l’avis des producteurs ?. Soit les personnes enquêtées ont donné une fausse réponse (souvent dans les études de de marché les consommateurs interviewés veulent être polis et donnent des réponses qu’ils estiment socialement acceptables), soit il y a des barrières empêchant l’achat, par exemple la disponibilité ou le prix. En outre, il faut noter que la majorité des consommateurs préfèrent la mangue fraîche quand elle est disponible. L’intention ne dépend pas du pouvoir d’achat nidu sexe de l’échantillon interrogé. Tableau 1.9. Intention de consommation Niamey Cotonou Intention de 86.7% 80% consommation Source : Etude de marche 2009 Bobo-Dioulasso 78% Ouagadougou 32% (non réponse 50%) Il faut dire aussi que la curiosité peut être une raison. A Niamey, seulement 14% des consommateurs connaissent le produit, et 18% à Cotonou. Plus de 45% des personnes interrogées dans ces pays n’ont aucune idée de la quantité qu’elles se disent prêtes à consommer, et 50% pensent que c’est inférieur à 167 grammes par mois. Mais à Bobo et à Ouagadougou, la moyenne de la quantité prévisionnelle de consommation est plus élevée, soit respectivement 769 et 357,55 grammes par mois. La différence entre Bobo et Ouagadougou est probablement due à la grande disponibilité de la mangue séchée de deuxième choix qui est vendue à un prix plus bas. Un des plus importants objectifs de cette étude est de se faire une idée du prix optimal ; quel est le prix maximum acceptable par le consommateur qui permette en même temps de conserver une grande part de marché. Actuellement les producteurs n’ont pas cherché à adapter le produit au marche local Il a été demandé aux personnes interrogées de donner leurs avis sur le meilleur rapport qualité – prix. . Par exemple, avec un prix de 200 Francs, 62% des enquêtés Burkinabé ont estimé que le prix est trop élevé, et 39% que le prix bas met en doute la qualité du produit. Le tableau 1.10 donne les résultats. Tableau 1.10. Les idées sur le prix optimal (pour quelle unité de poids ?) Burkina Faso Prix % cumulé de "prix vente excessif" Niger Guinée % cumulé % cumulé % cumulé % cumulé "qualité "prix "qualité "prix insuffisante" excessif" insuffisante" excessif" % cumulé "qualité insuffisante" 50 0% 100% 8% 100% 0% 100% 75 7% 96% 24% 86% 21% 97% 100 15% 89% 34% 74% 36% 67% 150 48% 65% 42% 60% 52% 61% 200 62% 39% 68% 26% 52% 52% 250 82% 12% 88% 12% 82% 25% 300 97% 5% 94% 10% 91% 10% 350 100% 2% 94% 8% 91% 0% 400 100% 0% 98% 4% 91% 0% 500 100% 0% 100% 0% 100% 0% N= 181 50 30 Source : Etude de marche 2009 Selon l’étude, le prix psychologique, ou bien optimal, se situe entre 150 et 200 FCFA par 100 grammes pour le Burkina Faso et le Niger, et entre 200 et 250 pour la Guinée. Si le prix est plus élevé, la majorité des consommateurs ne veulent pas acheter, mais si le prix 21 est trop bas, les consommateurs ne croient pas que le produit soit de bonne qualité. Au Mali, le prix optimal est estimé à 300 FCFA pour la mangue séchée, 400 FCFA pour un produit plus humide (22%), et 500 FCFA pour un produit plus sucré, toujours pour un poids de 100 g. La taille du marché potentiel est très difficile à calculer : avec un prix de 200 FCFA, une population urbaine burkinabé de 2 028 620, 10% des consommateurs achetant 400 grammes par mois et 55% de la population urbaine économiquement actifs, on arrive à 107 tonnes par an pour le Burkina. Mais malheureusement, quand il s’agit d’enquêtes de consommateurs, il est connu qu’il y a une différence entre l’intention et la réalité. Un autre calcul qui concerne toutes les grandes villes du Mali, Bobo-Dioulasso, Ouagadougou, Niamey et Cotonou, et prend en compte une consommation de 100 grammes par mois pendant 6 mois (quand la mangue fraîche n’est pas disponible), conduit à une estimation de plus de 2000 tonnes… Mais ces estimations supposent une distribution comme résultat la disponibilité des produits dans produit plus sucré et tendre à manger avec un prix qui permet de supporter le coût du transport et grossistes et les détaillants. 1.5 très intensive du produit, qui aurait la majorité des points de vente, un de revient de moins de 100 francs, ce d’assurer une marge brute pour les Perspectives et stratégie En dépit de la perception des producteurs u’il n’existe pas de marché local, la mangue séchée est pourtant vendue dans plus de 78% des points de ventes à Bobo Dioulasso et à Ouagadougou. En plus, l’es intentions d’achat au Burkina Faso, au Mali ainsi qu’à Niamey et Cotonou paraissent élevées. Les critères d’achat paraissent comparables avec ceux d’Europe : on préfère un produit tendre avec un goût sucré. Mais il y a aussi des consommateurs qui préfèrent un goût acidulé. De plus, il faut dire que 50% des consommateurs ne sont pas satisfaits de la qualité, se plaignant de la résistance du produit à la mastication, et du fait qu’il colle aux dents. Le marché local et régional offre une bonne possibilité pour la vente, particulièrement les produits de deuxième choix. Pour accroître ce marché, il existe plusieurs possibilités : Produire des goûts différents et indiquer le goût sur les sachets : sucré et frais (acidulé), Améliorer l’emballage : utiliser des conditionnements plus « vendeurs» , avec un design plus attrayant pour attirer l’attention des consommateurs et donner l’impression d’un produit de bonne qualité, préciser le poids sur l’étiquette et la date de péremption. Améliorer la qualité du produit : meilleur goût, moins collant, plus facile à consommer Intensifier la distribution en dehors des zones de production, dans d’autres villes du pays aussi bien qu’à Conakry et Niamey. Afin d’atteindre cela, la distribution doit être professionnalisée avec des grossistes ou des commerçants qui sont responsables de la vente, au lieu que ce soit les producteurs eux-mêmes. Faire la promotion de la mangue séchée dans les lieux de vente : utiliser des échantillons gratuits pour stimuler l’essai des produits, créer des PLV ((Publicité sur Lieux de Vente) génériques des sous produits de la mangue pour accroître leur visibilité au niveau des points de vente. Baisser le prix là où cela sera possible Si ces activités sont réalisées, le marché (local ou régional ?) pourrait croître jusqu’à 100 à 300 tonnes par an. Mais afin de développer réellement le marché, un prix consommateur d’environ 200 FCFA par 100 grammes est nécessaire par rapport au prix détaillant actuel de 400 à 500 FCFA, ce qui est trop élevé pour la majorité des consommateurs, surtout si l’on tient compte des produits compétitifs comme les cacahuètes. En développant un produit à base de mangue tendre à manger, avec un goût sucré et un prix de revient inférieur à 100 FCFA, on peut faire jouer la concurrence avec d’autres amuse-gueule comme les cacahuètes. L’on pourrait par exemple penser à la mangue confite ou aux barres de mangue qui sont très populaires au Moyen-Orient. Ce marché pourrait potentiellement atteindre un volume de plusieurs centaines de tonnes. 22 En outre, il pourrait être intéressant d’explorer la région Maghreb / Afrique du Nord : des pays comme la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Libye et la Tunisie où les fruits secs, comme les dattes et les figues, font partie de l’alimentation quotidienne, mais aussi où la disponibilité de la mangue fraîche semble être faible. Toutefois, il se pourrait bien que les prix actuels des exportations destinées au marché européen ne soient pas réalistes, et que des produits moins chers, comme les barres de mangue ou la mangue confite, soient plus réalistes. 23 2 La production de mangue séchée au Burkina Faso et au Mali Depuis longtemps, le séchage de la mangue par l’exposition au soleil se fait au niveau des ménages dans les deux pays. Le produit est utilisé pour l’autoconsommation. Il se conserve très mal, donc n’est pas commercialisé. En 1990, suite à un projet GTZ, l’entreprise USISS a été édifiée à Bamako pour introduire sur le marché local des produits séchés au soleil, mais à l’abri des insectes et de la poussière. L’entreprise utilise deux séchoirs solaires type Hohenheim pour sécher de la viande, de l’échalote et de la mangue. Actuellement l’entreprise produit une quantité de l’ordre de 500 kg de mangue séchée par an pour le marché à Bamako. Au Burkina, en 2001, l’entreprise GEBANA a commencé avec un appui Suisse à introduire le séchage de mangue pour le marché européen. On a utilisé un séchoir à gaz. Des tests en séchage solaire n’ont pas été satisfaisants. Ce séchoir à gaz, type ATESTA est maintenant bien répandu dans le pays (environ 400). La production a évolué de quelques tonnes pendant les premières années, vers 150 t en 2006, pour atteindre son maximum de 400 t en 2007. Depuis 2003, avec la demande croissante au Burkina Faso, Helvetas Mali appuit des groupements dans le sud du pays à sécher la mangue avec la technologie Burkinabé. Aussi Gebana a commencé à appuyer des groupements au Mali Sud, notamment avec l’achat des séchoirs ATESTA, dont le coût est graduellement défalqué des livraisons de mangue séchée. Depuis 2007, à cause des difficultés de ventes, la production a diminué. En 2008, 300 t ont été produites, et en 2009 100-150 t. 2.1 Caractéristiques générales de la production Actuellement au Burkina Faso la mangue est séchée par une soixantaine d’entreprises de séchage, travaillant souvent en associations pour faciliter la commercialisation vers l’Europe. Leurs capacités de production varient entre 1 et 36 tonnes par an (tableau 2.1). Tableau 2.1 Caractérisation des entreprises selon leur taille Nombre d'entreprises % capacité de production Capacité de production/an Burkina Faso Mali Burkina Faso Mali <2 t (1 séchoir) 1 11 0% 14% 2- 5t 9 8 6% 24% 6 - 10 t 34 6 41% 43% 11 – 20 t 11 1 26% 19% 21 – 36 t 6 27% 0% Total estimé 61 26 639 t 107 t Source : Mission sur le terrain de 2009 Au Mali, où le séchage pour l’exportation a commencé plus récemment, la taille moyenne des entreprises est moins importante qu’au Burkina Faso. Figure 2.1. Entreprise avec 16 séchoirs Figure 2.2. L’intérieur d’une entreprise 24 Le séchage est presque entièrement réalisé par des séchoirs ATESTA avec une capacité de production de l’ordre de 20 kg de mangue séchée par jour. Pour réaliser une capacité de production de l’ordre de 600 kg par jour, certaines entreprises se sont équipées d’une trentaine de séchoirs ATESTA (figures 2.1 et 2.2). La technologie demande beaucoup de main d’œuvre. Au total on estime que 2000 personnes y trouvent un emploi durant la saison de quatre mois. 2.2 Pratiques des unités de production de mangue séchée Les unités de production sont engagées dans les activités suivantes : 1 Récolte et transport 2 Réception, stockage et tri avant le séchage 3 Prétraitement (lavage, épluchage, parage, tranchage) 4 Séchage (mise sur claies, séchage, reconditionnement, triage, emballage) 5 Stockage et commercialisation Les paragraphes suivants décrivent les pratiques courantes et les contraintes soulevées pendant la visite des unités de transformation ou indiquées dans les documents consultés. 2.2.1 Récolte et transport Les transformatrices achètent généralement la production de vergers certifiés bio. Les achats plus importants sont programmés avec les producteurs. Souvent il s’agit de petits producteurs avec des vergers de différentes variétés de mangue. L’entretien n’est pas systématique. Des maladies s’installent facilement. Actuellement, la mouche de fruit cause beaucoup de dégâts. Récolte de mangues La mangue doit être récolté een état vert-mature, au moins 14 semaines après la floraison (CIRAD, 2009). Cueillie avant ce stade - trop verte, pas mûre physiologiquement - la mangue mûrit mal et le produit est blanchâtre, acide et peu sucrée. Cueillie tardivement, sa dégradation devient trop rapide pour permettre le transport et la transformation. En réalité, à cause du fait que la production est réalisée par de petits producteurs dans des vergers assez hétérogènes pour ce qui est des variétés cultivées , l’hétérogénéité de la récolte est donc assez grande, ce qui nécessite un triage journalier dans les stocks de l’unité de transformation pour sélectionner les mangues suffisamment mûres. Transport La plus grande partie des mangues récoltées est transportée en vrac. Ceci cause facilement des dégâts selon le degré de mûrissement et la variété des fruits. On pourrait l’éviter par utilisation de cagettes et l’utilisation de paille ou de sciure de bois pour amortir les chocs durant le transport. Les variétés Kent et Amélie utilisées par les unités de séchage sont particulièrement sensibles aux conditions de transport. 2.2.2 Réception, stockage et tri avant le séchage Réception et stockage des mangues Figure 2.3. Tri à la réception Figure 2.4. Stockage avant séchage 25 A la réception un premier tri est effectué pour déterminer l’agréage du produit et pour faire un premier classement des mangues selon la variété et le degré de maturité (figure 2.3). Après, selon leur dégré de maturité, on laisse reposer les mangues, souvent dans des caisses, sous plastique noir (figure 2.4). Les conditions de réception et de stockage sont assez variables selon les unités de production. Tri Le tri de l’ensemble des mangues en stock se fait manuellement chaque jour. Un opérateur les classe en fonction du degré de maturité. Les mangues trop mûres et/ou pourries sont écartées (figure 2.5). Figure 2.5. Tri avant séchage 2.2.3 Prétraitement Lavage Les mangues triées pour être transformées sont lavées à l’eau et à l’eau javellisée dans deux ou trois bassins, consécutivement pour éviter que les micro-organismes et d’autres saletés contaminent les couteaux et les mains durant l’épluchage et le tranchage. Épluchage/parage La peau du fruit est enlevée manuellement au moyen d’un couteau en acier inoxydable sur des tables souvent munies de trous pour évacuer directement les déchets (figure 2.6). Dans certaines unités on utilise des épluche-légumes pour minimiser les pertes, mais cela n’est possible que sur des fruits au bon stade de maturité. Figure 2.6. Epluchage Figure 2.7. Tranchage Tranchage des mangues épluchées. Le tranchage des mangues parées est fait manuellement (figure 2.7) selon les spécifications du client : en galettes entières, en tranches ou en morceaux. La coupe est faite par différentes personnes et n’est pas toujours homogène. 2.2.4 Séchage par la technologie ATESTA La plus grande partie (plus de 98%) de la mangue séchée est produite dans des séchoirs de type « ATESTA ». Cette technologie a été bien décrite dans des publications diverses (ONUDI 2006, CIRAD 2009). Il s’agit d’un séchage direct à gaz dans des cellules, avec ventilation naturelle (figure 2.8). Un séchoir est composé de deux cellules dans chacune desquelles sont disposées 10 claies. Mise en claies des découpes de mangue CIRAD (2009) recommande une charge de 6 kg de mangue par m² de claies, soit 5 kg par claie de séchoir ATESTA d’une surface de 0,84 m² (dimensions 0,7 m X 1,2 m, soit 100 kg par séchoir). En réalité, souvent on charge plus (120-150 kg), ce qui joue sur la qualité du 26 produit. Après rejet de quantités importantes en 2008, certaines unités de séchage ont ainsi revu leurs méthodes pour approcher les « normes » (85-95 kg par séchoir). Séchage Le séchage se fait en 2 phases : pendant 10 à 12 heures, la température au sein d’une cellule est maintenue à 80 °C2. Ensuite, la puissance du brûleur est réduite afin d’avoir une température d’environ 40/50°C jusqu’à la fin du séchage. Les pratiques peuvent être différentes selon l’unité3. Selon les transformatrices, il y a un optimum : si on commence à 90° pour sécher plus rapidement, le produit brunit plus vite durant le stockage. Si on commence à 70°, il y aura des moisissures sur le produit. Figure 2.8. Séchoir ATESTA4 Figure 2.9 L’intérieur du séchoir ATESTA Les claies doivent être permutées régulièrement entre le haut et le bas et retournées (avant – arrière) par un conducteur de séchoir. Les pratiques de permutation diffèrent par unité (permutation chaque heure ou chaque deux heures). En total, selon le type de mangue, mais aussi selon la température choisie, le séchage prend entre 20 et 24 heures. En général avec un séchoir et une main d’œuvre de 5 à 6 personnes, on produit 20 kg de mangue séchée par séchoir. Les rendements thermique de ces séchoirs est de l’ordre de 20%, ce qui en fait un séchoir peu économe en énergie. Les conducteurs de séchoir, pour réaliser un produit de qualité acceptable, doivent tenir compte d’un nombre de facteurs qui varient d’un séchoir à l’autre : l’isolation des cellules de séchage n’est pas identique pour tous les séchoirs (fermeture des portes, durée d’ouverture pendant les permutations des claies) les brûleurs sont différents l’emplacement des séchoirs (contre un mur ou contre un autre séchoir) joue sur la température intérieure 2 La différence des températures indiquées par les deux thermomètres situés respectivement avant le produit et au deux tiers de la hauteur du séchoir permet de détecter la fin de la première phase. 3 Par exemple WOUOL à Beregadougou maintient 80°C pour 6 heures, ensuite 70° pour 6 heures, ensuite 60° pour le reste du temps. 4 Source : http://www.unido.org/fileadmin/user_media/About_UNIDO/Evaluation/IPCSF_reports/2009-R_2_IP%20Burkina%20Faso.pdf 27 Ainsi chaque séchoir se comporte de façon différente, notamment par rapport au moment du passage entre les deux phases de séchage : l’expérience des conducteurs de séchoir conditionne la qualité et l’homogénéité des produits finis. Tri s de la mangue sèchée Après le séchage des mangues, il ressort plusieurs qualités : la première qualité (« export » ou 1er choix) de mangue séchée est destinée à l'exportation. Les autres qualités (2me et 3 me choix) sont vendues localement à des magasins d’alimentation, aux employés et aux riverains des unités. La qualité dépend de la taille des tranches (selon spécification des clients, souvent ± 7 x 4 cm, ± 3 mm épaisseur), de la couleur (orange à jaune pour la première qualité), de la consistance (3 me choix : fruits racornis, trop secs ou ayant subi un séchage trop poussé). Conditionnement séparé des différentes qualités. Après séchage, les tranches de première qualité sont encore inspectées individuellement. Les parties trop sèches ou pas bien orange, sont enlevées manuellement, souvent avec un petit ciseau, avant l’emballage en sachets de plastique (figures 2.10). A ce stade on perd de l’ordre de 10% du poids. L’emballage est souvent fourni par l’importateur. Les unités de Figure 2.10. Enlever les transformation n’ont pas de connaissances sur les différentes mauvaises parties des tranches qualités nécessaires (étanchéité à l’humidité, à l’oxygène, à la lumière). Normalement on utilise des sachets en polyéthylène (aucune étanchéité), ou en polypropylène (étanche à l’humidité) s’il est fourni par l’importateur à partir de l’Europe. Au Mali des sachets plus étanches ont été utilisés (provenant des Pays-Bas et de Chine). Parfois un reconditionnement s’avère nécessaire si, après séchage, les tranches emballées dans des grands sachets ont commencé à coller. Dans ce cas on doit rouvrir les sacs et séparer encore les tranches (figure 2.11). Ceci implique que le produit doit de nouveau être manipulé avec les risques associés de contamination microbiologique. Figure 2.11 Séparation des tranches collées 2.2.5 Technologies alternatives Un nombre de technologies alternatives ont été développées, avec trois domaines principaux d’amélioration : 1) Pour augmenter le rendement énergétique et obtenir une température plus homogène dans les séchoirs (éviter la permutation des claies), on ajoute la ventilation forcée, parfois combinée avec la rotation des claies. 2) Pour diminuer le coût du gaz, on a développé des séchoirs « mixtes », qui combinent la chaleur du gaz ou du gasoil avec des capteurs de soleil. On a également proposé de brûleurs plus développés, pour augmenter le rendement, et le retour partiel de l’air chaud quand il n’est pas encore saturé d’humidité, notamment vers la fin du procédé de séchage. 3) Pour éviter le contact direct du gaz brûlé avec le produit, 28 Figure 2.12. Séchoir ventilé le séchage indirect a été développé. Dans les paragraphes suivants ces technologies sont décrites. Nourane séchage, unité de séchage à Banfora, utilise la ventilation forcée combinée avec la rotation des claies (figure 2.12). Le séchoir sèche 200 kg de tranches fraîches en 40 kg de mangue séchée en 16 heures. La facture d’électricité est de 45000 FCFA/mois. En plus, on a besoin de 12 kg de gaz pour obtenir 40 kg de mangue séchée. Les frais totaux d’énergie sont environ 150 FCA/kg de mangue séchée, ce qui est comparable avec l’ATESTA (150-200 FCFA/kg). La température de séchage est de 70°. Malgré la ventilation forcée, le produit colle beaucoup et son aspect n’est pas très bon. Le séchoir est construit localement et présente des insuffisances techniques. Le CIRAD (2009), a développé (au Burkina puis en France) un prototype avec ventilation forcée, brûleur adapté et recyclage de l’air chaud (figure 2.13). Il n’y a pas encore eud’expérience en milieu réel avec ce prototype, mais Figure 2.13. Séchoir CIRAD d’après les spécifications ce séchoir présente les avantages suivants : 1) augmentation de la fraction de première qualité 2) augmentation du rendement thermique de l’ordre de 60% 3) diminution de la durée de séchage (de 20 à 12 heures) 4) permutation des claies n’est plus nécessaire L’ONUDI a installé des séchoirs de type mixte à Sikasso, Ouahigouya, Bobo Dioulasso et à Ouagadougou. A Sikasso (gasoil/soleil) le système n’a pas pris à cause du coût élevé en gasoil. Pour le gaz, les perspectives sont légèrement meilleures. La qualité de mangue séchée provenant du séchoir est meilleure, mais la consommation de 1kg de gaz + 0,23 kWh / kg de mangue séchée est plus élevée que pour l’ATESTA et les investissements sont huit fois plus élevés. Par rapport aux possibilités, la superficie des capteurs de soleil est assez réduite (voir figure 2.14). Il est peu probable que le système pourrait remplacer à la longue le système ATESTA (voir ONUDI 2006 pour une comparaison Figure 2.14. Séchoir ONUDI des trois systèmes). L’IER/KIT ont testé un séchoir solaire à Bamako et Bougouni (Mali). Bien que la qualité de la mangue produite en avril/mai ait été bonne, pendant le reste de la « campagne », et notamment en saison des pluies, il a été difficile de sécher la mangue. Un produit alternatif pour rentabiliser le séchoir est nécessaire dans ce cas (comme appliqué par l’entreprise USISS, séchage solaire de mangue et de viande pour le marché local, UNEP/KIT 2008). L’université Libre de Bruxelles/KIT ont installé un séchoir « indirect », mixte solaire/gaz avec ventilation forcée à Koulikoro, Mali (figure 2.15). L’eau, chauffée dans un chauffe-eau à gaz, circule dans des radiateurs placés dans une cellule comparable à celle d’un ATESTA. On n’a plus besoin de permuter les claies avec ce système. L’évaluation est encore en cours et la conception technique peut être améliorée, mais il semble que ce soit le seul séchoir indirect en opération dans la région (Nonclercq et al., 20095). Figure 2.15. Séchoir ULB à Koulikoro 5 Nonclercq, A., Spreutels, L., Boey, C., Lonys, L., Dave, B. and Haut, B. (2009). Construction of a solar drying unit suitable for conservation of food and enhancement of food security in West Africa. Food Security, 1(2), 197-205. 29 30 2.2.6 Stockage et commercialisation Le stockage des sachets et cartons de mangue séchée au niveau des transformateurs se t fait dans des magasins non réfrigérés (figure 2.16). A cause des délais importants dans la commercialisation, la durée moyennede stockage peut être assez longue (plusieurs mois). Ainsi, déjà pendant le stockage au niveau des unités de production, le produit commence à se détériorer. Parfois, avant l’expédition, un deuxième tri et reconditionnement est nécessaire (voir paragraphe 2.2.4). Au niveau des commerçants, il existe parfois des petits espaces climatisés, mais pas de vraies chambres froides avec réglage de la distribution de la température. Pour le moment, l’association WUOL à Burkina est la seule à expérimenter des magasins en sous-sol où la température est moins élevée (figure 2.17). Figure 2.17. Stockage sous sol WOUOL Figure 2.16. Stocks de mangue séchée Au Mali, l’exportation dépend du passage des agents de commercialisation Burkinabé. Il est arrivé qu’après des mois d’attente, la production entière des unités ait été refusée par le commerçant parce que la qualité n’était plus satisfaisante. Les délais importants rendent la durée totale de la chaîne de production et de commercialisation très longue (voir par exemple figure 2.18). mai récolte producteur juin séchage juillet stockage transformateurs août septembre stockage exportateur octobre transport international transporteur novembre stockage décembre distribution importateur Figure 2.18. Exemple de la durée de production et de commercialisation de la mangue séchée. Pour faciliter la commercialisation, il y a deux types d’associations : Associations verticales entre partenaires de commercialisation et de production (CDS, GEBANA, BURKINATURE, FETRANA, GIE NAFFA). Associations horizontales entre partenaires de production (par ex. WOUOL, 8 unités de séchage, 150 t en 2008, livrait à CDS, mais a changé pour Gebana). Les associations verticales donnent plus de pouvoir aux producteurs dans la chaîne de valeur. Le désavantage est que les exportateurs sont trop proches des producteurs et ne jouent pas vraiment leur rôle d’intermédiaires entre clients et producteurs. Souvent ils sont trop peu exigeants sur le contrôle de la qualité. La structuration diversifiée et complexe alourdit l’organisation de la traçabilité dans la chaîne de valeur. Normalement le transport entre unités de production et magasins est fait par voiture ou camion. Parfois, pour de petites quantités, on utilise la motocyclette. En général l’a précarité du transport entraine des risques pour la qualité du produit. Enfin, beaucoup d’exportateurs regroupent tous les produits qu’ils reçoivent sans regarder les différences de qualité. Dans ce cas, pour les producteurs, il n’y pas beaucoup 31 d’incitation à améliorer la qualité de leurs produits. On constate que, de plus en plus, ce sont les importateurs qui vont s’en occuper, en choisissant l’unité d’exportation avec qui ils vont collaborer. 2.3 L’économie du séchage Le séchage de mangue pour l’exportation présente une image bien différente de l’image générale du séchage en Afrique de l’Ouest pour le marché local, qui n’apporte que peu de valeur ajoutée. En général, dans l’industrie de la transformation, les prix de production proviennent pour la plus grande partie des coûts des matières premières. Par contre, pour le séchage de mangue l’achat de la mangue fraîche ne présente qu’un tiers à un quart du prix de production. Aussi les marges potentielles sont bien attirantes. A titre d’exemple dans le tableau 2.2, les coûts et les marges potentielles de deux entreprises, au Burkina sont présentés (voir aussi figure 2.19). Les prix de ventes sont des prix pondérés pour la première et la deuxième qualité ? (selon les quantités produites). Ces données sont comparées avec les données du référentiel technico-économique mis au pointpar le PCDA pour le séchage de la mangue. Tableau 2.2 Les coûts du séchage de la mangue et les marges Coûts en FCFA/kg de mangue séchée Burkina Faso Coûts variables Matière primaire 525 Transport 160 Gaz 200 Main d'œuvre 300 Emballage 50 Coûts fixes Charges investissements 243 Autres frais fixes 20 Coûts totaux 1,498 Prix de Vente (FCFA/kg) 2,870 Marge potentielle (FCFA/kg) 1,372 potentielles Mali (RTE) Mali 502 102 341 285 110 429 330 239 1,909 2,384 474 110 143 1578 2838 1261 429 429 40 En regardant de façon plus détaillée, on constate qu’au Mali, avec des unités de transformation plus petites et plus proches des vergers, les coûts de transport sont moins importants qu’au Burkina Faso. Les autres coûts de production sont pourtant moins élevés au Burkina Faso : le gaz à cause des subventions, les coûts fixes à cause de l’échelle plus grande et l’emballage parce qu’au Mali une plus grande partie est emballée en petits sachets. Les coûts de production au Mali sont ainsi plus élevés qu’au Burkina Faso. Le référentiel technico-économique du PCDA présente une image plus positive, sur la base des prix de gros, des charges des investissements relativement faibles (pas d’intérêt à payer) et d’un prix de vente comparable au prix du Burkina Faso. Burkina Faso Mali 32 Figure 2.19 Répartition des coûts de production du séchage de la mangue Comparaison du prix de revient et marge de la mangue séchée 3500 Marge potentielle 3000 Autres frais fixes FCFA 2500 Charges investissements Emballage 2000 Main d'œuvre 1500 Gaz 1000 Transport 500 Matière primaire 0 Burkina Faso Mali Figure 2.20 Comparaison du prix de revient et marge de la mangue séchée Pendant l’étude les personnes interviewées ont indiqué trois raisons pour expliquer le meilleur prix de vente au Burkina Faso : les coûts de transport Mali-Burkina sont déduits du prix courant au Burkina Faso il y a peu de commerçants Burkinabé qui font le voyage au Mali, donc il y a moins de compétition pour le produit la maîtrise de la technologie est moindre au Mali, ce qui joue sur la qualité du produit et sur le pourcentage de qualité « export ». On doit pourtant noter que dans le tableau (et la figure) il s’agit ds marges potentielles présentées pour des entreprises spécifiques. La réalité est beaucoup moins positive, notamment en 2008 et 2009, quand des quantités importantes sont restées invendues ou impayées. Par exemple : A Toussiana (Burkina Faso), l’unité Mangio-SO/CDS avait produit 15 tonnes en 2008 pour un commerçant en Allemagne, mais à cause de la non-disponibilité de la certification pour l’importation, le commerçant n’a pu envoyer la marchandise qu’en février l’année suivante. Un tri a encore dû être fait avant l’expédition en Europe. Pourtant, après avoir reçu le lot, il s’est avéré que la qualités’était encore dégradée et le client n’a finalement rien payé. A Bougouni (Mali), l’association BALIMAYA, sur 8 tonnes commandées par GEBANA en 2008, 4 tonnes ont pu être produites. Seulement 1,5 t ont été achetées par GEBANA à 3000 FCFA/kg. 1,2 t ont été jetées, 500 kg vendus sur le marché local et le reste a été donné aux enfants des écoles. Localement on vend des petits sachets de 50 g pour 50 FCFA (1000 FCFA/kg). Le fait que le produit soit difficile à conserver durant la commercialisation, induit des pertes considérables répercutées presque entièrement sur les producteurs. Le coût de ces pertes peut être beaucoup plus importants que, par exemple, le coût du gaz utilisé pour le séchage. 2.4 Evaluation de la technologie 33 On constate que la technologie ATESTA, avec l’appui du CEAS, est bien installée au Burkina et a commencé son introduction au Mali. Pourtant, des discussions avec les transformateurs/transformatrices ont révélé que la technologie n’est pas bien appréciée : « On n’a pas un bon outil de séchage ! » ont-elles indiqué. Les défauts suivants ont été cités : Nous ne maîtrisons pas la température à l’intérieur du séchoir, ni sa distribution, ni la variation de puissance thermique nécessaire dans le temps. Par conséquence, il faut permuter fréquemment les claies et la gestion du processus de séchage demande beaucoup de savoir faire. Si pendant la nuit on oublie la permutation ceci donne un produit de deuxième qualité qui est difficile à vendre. Nous ne maîtrisons pas la ventilation naturelle à l’intérieur du séchoir, ni sa distribution, ni sa variation nécessaire dans le temps. Avec les mêmes conséquences mentionnées déjà ci-dessus. Il faut donc une ventilation forcée. Chaque séchoir, en fonction de sa position et sa construction est différent et doit donc être géré de façon différente. Figure 2.21. Flammes jaunes En plus on a constaté que : L’opération de la permutation de claies n’est pas bien standardisée. La permutation des claies augmente les frais de main d’œuvre. La permutation des claies augmente les risques (pertes de qualité si mal exécutée). L’efficacité des brûleurs de gaz n’est pas optimale (flamme jaune, c.à.d. combustion incomplète du gaz et dégagement de produits nocifs par les fumées ; figure 2.20) Les séchoirs sont construits de façon artisanale, avec une reproduction peu précise (voir 2.2.4, figure 2.21) par l’association de fabricants du séchoir ATESTA, forte de 30 Figure 2.22. Détail construction membres, donc 10 seulement peuvent fabriquer le modèle de séchoir le plus récent. On perd de l’énergie dans la cheminée (pas de récupération de l’énergie par un échangeur de chaleur). La permutation des claies occasionne une baisse du rendement énergétique parce qu’il faut fréquemment ouvrir les portes des séchoirs. On ne profite pas de l’énergie solaire L’ATESTA utilise la combustion directe du gaz, c’estàdire.que les fumées du gaz brûlé sont en contact direct avec le produit. Pour le moment ceci est encore permis sur le marché Européen, mais, à terme, il est possible qu’un procédé à combustion indirecte soit obligatoire. Ce contact direct pourrait être une cause du brunissement rapide du produit durant le stockage. En dehors du processus de séchage il a été indiqué que : La coupe manuelle avec un couteau (et non pas avec une machine) donne des tranches d’épaisseur différente. Les cuvettes en aluminium utilisées devraient être remplacés par l’inox6. Les tables de travail sont en bois (il faudrait l’inox)6. Le nettoyage des mangues constitue un problème. A cause des méthodes de production et de transport de la matière primaire il y a beaucoup de saletés difficiles à enlever avant que le produit entre dans la salle d’épluchage. Le produit est mal stocké après la production et durant la commercialisation (température élevée, salles désorganisées, pas toujours en cartons, donc exposé à la lumière). L’emballage du produit n’est pas attractif et on ignore les paramètres à prendre en compte pour sélectionner un bon emballage (au niveau des transformateurs on 6 Selon certains acteurs de la filière. Il faut toutefois évaluer la nécessité de l’utilisation de l’inox par rapport à son prix. 34 ignore l’importance de l’étanchéité des sachets par rapport à l’humidité, l’oxygène et la lumière). Le produit demande beaucoup de manipulations manuelles (une tranche est manipulée au moins 7 fois et souvent 9 fois : peler, trancher, mise sur claies, enlèvement des claies, trier, conditionner, mise en sachet, reconditionnement, remise en sachet), avec les risques d’hygiène car les infrastructures ne correspondent pas toujours aux exigences hygiéniques. L’organisation de la commercialisation est faible et la durée totale de la chaîne de production et de commercialisation est très longue. Par conséquence, le produit du Burkina Faso et du Mali présente les désavantages suivants par rapport à la qualité du produit dAfrique du Sud (conventionnel, soufré) qui est le standard pour le marché européen : La qualité des lots commercialisés n’est pas constante. Il y a des variations par rapport à la couleur (souvent brunâtre au lieu de jaune/orange) coupe (coupe irrégulière) texture (souvent trop dure ; un produit avec 22% d’eau au lieu de 14% pourrait bien présenter un gain important). Ces variations se présentent même à l’intérieur des sachets commercialisés (bonnes et mauvaises pièces dans un sachet) et sur chaque tranche (bords brunâtres ou durs). La qualité du produit se détériore considérablement durant la commercialisation. Avec un prix comparable, plutôt un peu plus élevé par rapport au produit de référence Sud-Africain, íl est clair que le rapport qualité/prix n’est pas en faveur des produits du Burkina Faso et du Mali. 35 3 Le séchage de mangue dans d’autres pays L’étude des techniques de séchage dans d’autre pays amène à différencier trois catégories de produits : Mangue séchée en tranches ou cubes ou frites, avec ou sans addition de souffre, sucrée ou non sucrée (15%-24% humidité, période de stockage 1-2 ans, 2 ans si congelé) Pulpe de mangue pressée et séchée (cuir de mangue, barres de mangue, 15% d’eau, sucre >650Brix, période de stockage 0,5 - 1 an) Mangue séchée par lyophilisation, en tranches/cubes/frites ou en poudre Poudre de mangue (4% - 8% humidité, période de stockage 3 ans) Les caractéristiques des trois types sont résumées dans le tableau 3.1. Tableau 3.1. Caractéristiques des trois types de mangue séchée. Tranches/cubes/frites Pulpe séchée Utilisation snacks, muesli, bars, snacks, mélangé avec après réhydratation : noix, chocolat et pulpe : jus, chutney céréales Emballage détail Emballage commercial Exigences matière primaire Ratio de transformation sachets PE 100-200 g avec produit bien coloré en cartons sachets PE 1 kg en cartons, parfois sous vide 1ère ou 2me qualité ; mûre ; entier ; petites taches permises Cellophane, 50-100g aux Indes: papier beurre Lyophilisé/poudre boissons, aromatisant pour pâtisseries et industrie céréalière, laitière Portions uniques à 35g 5-25 kg sacs ; réservoirs 1 ère ou 3me qualité ; mûre ; taches permises 12-20 1 ère ou 3me qualité ; mûre ou verte; taches permises 8 11 L’analyse du site de Alibaba Trading donne un aperçu de l’importance relative des produits (tableau 3.2). Les tranches séchées sont le produit le plus commun. La Chine produit la gamme le plus grande. Tableau 3.2. Offres des producteurs de mangue séchée. Pays Philippines Chine Thaïlande Vietnam Etats-Unis Inde Colombie Equateur Mexique Cameroun Australie Burkina Faso Canada Pérou Royaume Uni Iran Pays bas Brésil Argentine Offres 56 34 43 7 7 4 5 4 5 4 3 3 3 3 2 2 2 2 1 Tranches 51 13 36 5 6 1 5 4 4 4 3 3 3 3 2 2 2 Séchage Cubes Mélange de fruits 5 4 3 3 1 1 1 Lyophilisé 9 1 Poudre 3 1 2 1 1 2 1 36 Source: Site Internet Alibaba Trading, 2009 Also check the figures they do not add up Dans les paragraphes suivants, les différentes technologies appliquées sont décrites. 3.1 Séchage en tranches/cubes/frites 3.1.1 Traitement avant séchage Pour éviter la décoloration et le brunissage enzymatique et non-enzymatique, la mangue coupée en tranches est recueillie dans un tissu et trempé dans une solution de dioxyde de soufre, d'acide ascorbique, ou dacide citrique pour une durée contrôlée. Le liquide qui s’écoule du tissu ne doit pas retourner dans la solution de trempage parce qu'il l'affaiblirait. Le prétraitement peut être constitué de différents procédés : a) Tremper en acide citrique (2%) ou en jus de citron ou de lime Dans des bassins ou réservoirs en plastique, on trempe les tranches de mangue, après avoir contrôlé la concentration de l’acide, pendant 5-10 minutes pour empêcher le brunissement. Le jus naturel est admis pour la mangue bio. b) Traitement avec le dioxyde de soufre Le traitement au dioxyde de soufre empêche le brunissement et contrôle l’activité bactérienne. Le traitement peut se faire en deux méthodes : Soufrage : exposition du fruit au soufre ardent dans une cellule de soufrage. Sulfitage : traitement dans un bain de sulfite. La concentration de dioxyde de soufre est exprimée en parties par million (ppm). La solution de départ est de 1000 ppm : 15 g de metabisulfite de sodium (environ 3 petites cuillères rase) pour 10 litres d’eau. L'utilisation du souffre est soumis au règlement d’étiquetage pour produits allergènes dans les denrées, introduites dans l'UE en 2003. Selon les règlements de sécurité alimentaire, la teneur maximum autorisée de dioxyde de soufre est 500 ppm en UE et 250 ppm aux EU. Ces traitements ne sont pas permis pour la mangue bio. On doit les faire avec précaution, parce que l’excès de dioxyde de soufre peut entraîner des irritations. Prétraitement au sucre Pour maintenir l'élasticité des tranches pendant le séchage et éviter les autres changements de texture comme la déformation, les tranches sont trempées dans une solution de sucre liquide épaisse (30-60 °Brix, >33%) à 40°C pendant 6 heures. Souvent on ajoute 0,8% CaCl2. Le gain en sucre dans les cellules a un effet positif sur la nature élastique de la mangue séchée. En même temps ce prétraitement favorise la perte en eau (donc accentue le séchage) selon le principe osmotique La déshydratation osmotique abaisse l'activité de l’eau dans le fruit. Parce que la perméabilité du tissu de la mangue est basse pour les sucres, l'osmose enlève de l’eau sans consommation d’énergie. Dans l'industrie, la déshydratation par osmose n'est jamais utilisée seule, mais plutôt comme un prétraitement, qui donne une bonne conservation de la couleur et produit un goût plus doux. Cependant, les acides sont aussi enlevés pendant le processus et l'acidité plus basse du produit peut permettre l’apparition de moisissures si le produit n'est pas bien séché et bien emballé. En général pour ces prétraitements une bonne gestion des solutions de trempage est nécessaire afin d’éviter l’utilisation des solutions trop faibles ou contaminées. 3.1.2 Séchage au tunnel électrique (Afrique du Sud) D’origine des USA (Californie), le séchage dans des tunnels constitue une façon avancée de contrôler la déshydratation. Aujourd’hui, les tunnels sont utilisés et fabriqués partout dans le monde, y compris en Afrique du Sud7, où le tunnel est utilisé pour sécher la mangue8. 7 Dryers for Africa, P.O. Box 12418 Nelspruit, South Africa. www.dryersforafrica.co.za 37 Le tunnel utilise une configuration de flux opposés (voir figure 3.1). Le chariot avec le fruit frais est positionné au bout « froid » du tunnel et est soumis à l'air chaud qui perdra 20 degrés ou plus en passant sur la longueur du tunnel. L’air devient humide et transfère la chaleur très rapidement au produit. Le chariot est déplacé dans le séchoir vers la sortie où la température de l'air de traitement est plus élevée et l'humidité relative plus basse. Figure 3.1. Schéma des séchoirs tunnel utilisés en Afrique de Sud. Le séchage se fait en quatre phases : 1. Pendant une première phase, pour élever la température dans le fruit, le produit est chauffé aussi vite que possible, sans le durcir, jusqu’à environ 70 oC, 10 degrés en dessous de la température de traitement (voir aussi figure 3.2). 2. Pendant la deuxième phase (la déshydratation rapide), l'humidité du produit diminue très rapidement de 80% à 30%. L'humidité de l’air chaud à l'entrée du séchoir doit être contrôlée entre 17% à 19%. A la sortie elle doit être entre 35% à 50%, selon le produit à sécher. 3. La troisième phase (la transition) est la phase la plus critique en ce qui concerne les dommages possibles au produit. La rapidité du séchage ralentit. La plupart de l'eau résiduelle présente dans le produit est enlevée. La migration capillaire au niveau cellulaire fournit maintenant la majorité de l'eau évaporée. Le refroidissement causé par l'évaporation et qui permet de garder la température à cœur du produit bien en dessous de la température d'air de traitement, ne se fait plus. Durcissement, cuisson et caramélisation sont possibles quand le produit passe par cette phase de transition. 8 http://dryersforafrica.co.za 38 90 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 °Celsius Moisture % 90 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 Moisture Temperature Figure 3.2. Exemple d’une courbe de séchage. Phase 1 = période 0-3 ; phase 2 = période 4-7 ; phase 3 = période 8-12 ; phase 4 = période 13-24. 4. La quatrième phase (séchage final) est caractérisée par une réduction lente de l'humidité restante de produit. Cette phase est normalement la plus longue et peut, selon l'humidité finale ciblée, prendre plus de 50% du temps de séchage total. La caramélisation est toujours une menace. Cette technologie sud africaine est importante parce qu’elle constitue le standard pour le marché européen. La plupart du produit est conventionnel, soufré avec une humidité de 22%, donc facile à consommer. La promotion de cette technologie, qui utilise l’électricité comme source d’énergie, a été réalisée par ESKOM, le plus grand fournisseur de d’énergie locale. Les consultants ESKOM ont apporté une assistance technique aux producteurs pour calculer la faisabilité économique de séchoirs multifonctionnels (utilisables pour la tomate, la mangue, la viande, l’oignon, l’ail, la banane etc.). A l’origine la technologie a été importée de Californie, mais deux producteurs locaux de ces machines ont bien évolué actuellement : 1. Dryers for Africa Ltd à Nelspruit sont les leaders. La capacité du CD1500 Container Dryer (figure 3.3) est de 1500 kg produit humide par lot. En cas de besoin ils adaptent les séchoirs aux spécifications des clients9. Figure 3.3. ‘Dryers for Africa Ltd’, types BD2000 et CD1500 2. 9 Munters South Africa, en collaboration avec Landman Dried Products, ont récemment développé le MX760, un séchoir tunnel à 3 chambres avec une capacité de 7000 kg de mangue humide (1400 kg mangue séchée) en 30 heures10. http://dryersforafrica.co.za 10 muntersglobal.com/food et landmandriedproduce.co.za 39 Figure 3.4. Le séchoir MX760 et les claies de mangue à Landman Dried Product Un séchoir tunnel avec une capacité de 20 tonnes par saison de 120 jours, coûte environ $60,000 (FCFA 30 millions). Donc l’investissement est de l’ordre de 1,5 millions de FCFA/tonne/an, ce qui est légèrement plus élevé que le séchoir ATESTA (1.5 millions de FCFA pour une capacité de 1,5 tonnes par an, voir aussi chapitre 5). 40 3.1.3 Séchage solaire (Guinée, Jamaïque) Le séchage solaire de la mangue a été tenté presque partout où il se cultive de la mangue. A petite échelle on l’applique par exemple en Jamaïque et en Guinée. Parfois on recommande de tremper brièvement les tranches avant le séchage dans du jus de citron dilué (rapport 1 / 20). Le séchage solaire est utilisé pour sécher d’autres produits comme la banane, l’ananas, le copra et les tranches de pomme de terre. Deux types de séchoirs sont utilisés : Séchoir de type serre avec ventilation forcée (figure 3.5). La capacité de production est de l’ordre de 125 kg en 3 jours (4-5 tonnes par an). Les investissements sont de l’ordre de US$ 6500 (FCFA 3 millions), donc avec 0.7 million FCFA/tonne/an un peu moins que pour l’ATESTA (1 million FCFA/tonne/an). Il n’a pas de frais de gaz, mais l’entretien est probablement plus important à cause du renouvellement du plastique à faire. Il y a peu d’expérience de production avec ce modèle. Figure 3.5 Séchage solaire de la mangue au Guinée. Séchoir avec circulation de l’air naturelle. Beaucoup de différents modèles ont été développés et testés, allant de modèles très simples (voir figure 3.6) aux modèles un peu plus performants11. Figure 3.6. Séchoirs solaires simples. Néanmoins nulle part a-ton vu le séchage solaire développé à une échelle comparable de ce qui se fait au Burkina Faso avec les fours de type ATESTA.. 3.1.4 Traitement après séchage Poudrage à l’amidon Après séchage les tranches de mangue ont une tendance à coller. Ceci peut être réduit en les saupoudrant d’un s produit comme l’amidon ou la poudre de riz. Poudrage avec acide citrique Pour améliorer la conservation on peut ajouter un produit hygroscopique comme l’acide citrique. L’acide citrique attire les molécules d’eau ; il n’y a pas de réaction chimique. L’acide citrique ne contrôle pas la microbiologie, mais réduit le dessèchement. 11 Par example : K.J. Chua* and S.K. Chou, Low-cost drying methods for developing countries. Trends in Food Science & Technology 14 (2003) 519–528 41 3.2 Pulpe de mangue séchée/barres de mangue La pulpe des mangues mûres est chauffée pendant 2 minutes à 70-80°C et ensuite séchée. Cuir de mangue (séchage solaire) En Thaïlande le “cuir de mangue” est obtenu dans des séchoirs type serre (voir spécifications en paragraphes 3.1.3/3.5). La pulpe est versée dans des petites cavités d’un film en plastique reposant sur une grille (voir figure 3.7). Barres de mangues (séchage en fours ou solaire) Dans d’autres pays, en Asie notamment, la pulpe est versée dans des bacs en aluminium frottésde glycérine pour faciliter l’enlèvement de la pulpe séchée. Les bacs sont mis dans un four ou un séchoir solaire pour être séchés à une teneur en eau d’environ 15%. Deux ou trois couches de produit sont entassées et coupées en petits carrés de 4 X 4 cm. Chaque morceau est enrobé en papier huilé et emballé dans un sachet en cellophane. Les morceaux sont ensuite étiquetés et stockés dans un endroit sec12. Figure 3.8. Barres de mangue. de mangue. 3.3 Figure 3.7. Séchage solaire pour cuir Mangue séchée par lyophilisation La lyophilisation se fait en deux étapes : 1. Congeler l’eau dans le tissu de la mangue. 2. Application de chaleur pour faire passer directement l’eau gelée en vapeur d’eau (sublimation). Le processus se fait sous vide pour éviter des cristaux de glace à l’intérieur du fruit. Après la sublimation, les parois des cellules restent intactes pour donner une structure poreuse du tissu sans pertes d’arômes. La lyophilisation est considérée comme le meilleur processus de séchage pour préserver les caractéristiques originales du fruit (goût, couleur, texture). L’investissement considérable est un désavantage, ainsi que les coûts élevés d’opération et la nécessité d’avoir une bonne maîtrise du procédé. Il y a deux procédés : 1. A courant d’air fort (-28°C pendant 90 minutes). 2. A température cryogène (-63°C pendant 10 minutes). Le second préserve mieux la texture du fruit. On trouve toutes les formes de mangue lyophilisées (tranches, cubes, frites, poudre) et on estime que cette méthode de séchage représente de l’ordre de 10-20% de la mangue Figure 3.8. Cubes lyophilisées séchée. produites en Inde. 3.4 Poudre de mangue séchée (amchoor) La poudre est faite à partir de petits morceaux de mangues vertes séchés au soleil et broyés en poudre. La poudre de mangue donne un goût « aigrelet », et plutôt acide aux soupes et aux légumes frits asiatiques, et est utilisée pour attendrir les viandes. On l’utilise en Inde, également dans les plats végétariens avec des légumes comme les gombos, les salades, les dhals. On fait également des Figure 3.9. Poudre de mangue. chutneys, des pickles, des salades et des desserts. 12 http://www.solarfood.org/solarfood/pages/solarfood2009/3_Full_papers/Projects/55_Rao.pdf 42 La poudre se fait aussi par lyophilisation de la pulpe, après pasteurisation à 85°C pendant 2 minutes. Le processus prend de l’ordre de 12 heures.13 Aussi on teste la production de poudre séchée de mangue par atomisation du jus en mélange avec babeurre (à des températures d'entrée de 40-55 °C, et des pressions de 68-170 kPa). Les analyses sensorielles réalisées ont évalué le mélange jus de mangue : babeurre 20:80 comme étant le meilleur14. La poudre est surtout utilisée en Inde et en vue de la disponibilité abondante de mangue dans ce pays, on estime que ce produit ne constitue pas une option pour le Burkina Faso, ni pour le Mali. 3.5 Résumé des coûts des différentes technologies Un nombre de paramètres économiques concernant les différentes technologies sont comparés en tableau 3.3. Par rapport à la mangue séchée on constate que pour une même capacité de production les investissements en équipement pour l’ATESTA et pour les machines Sud-africaines sont tout à fait comparables. Pour le moment, les coûts de production (électricité, gaz, main d’œuvre) sont plus élevés au Burkina. Tableau 3.3. Investissements en équipement et coûts de production des différentes technologies Investissements US$ FCFA Séchage tunnel (22%, Afrique du Sud) Séchage solaire bio (15%, Guinée) Séchage solaire soufré (15%, Jamaïque) Barres de mangue (Bangladesh) Lyophilisation15 Séchage ATESTA (14%, Burkina Faso) Capacité Tonne/an Inv./capacité FCFA/tonne/an Coûts production FCFA/tonne 60.000 27.144.828 30 904.828 300.000 6.400 2.895.448 5 574.566 250.000 2.800 1.266.759 4 316.690 20.000 58.000 26.240.000 240 109.484 90.000 300.000 140.000.000 50 2.800.000 900.000 1.500.000 1,5 1.000.000 450.000 Ces données sont utilisées dans le développement d’un plan de compétitivité de la mangue séchée pour le Burkina Faso et le Mali. 13 http://books.google.nl/books?id=ZxjqFqy0T_IC&pg=PA290&lpg=PA290&dq=s%C3%A9chage+man gue+poudre+Laroussilhe 14 http://lait.dairyjournal.org/index.php?option=article&access=standard&Itemid=129&url=/articles/lai t/pdf/2005/03/L05S4515.pdf 15 Basé sur http://jds.fass.org/cgi/content/full/90/5/2175, 2007 en supposant 320 jours de travail. 43 4 Plan de compétitivité de la sous-filière mangue séchée : aspects stratégiques 4.1 Opportunités et difficultés pour le Burkina Faso Dans les paragraphes suivants les opportunités et difficultés pour le secteur de la mangue séchée au Burkina sont résumées. 4.1.1 Opportunités Sur le marché européen : Ce marché reprendra probablement sa croissance . La production d’Afrique du Sud stagne. La tendance vers une alimentation saine et bio continuera. Le goût dela variété Brooks est bien apprécié. Une marge producteur de 50% : si on arrive à éliminer les pertes, les profits peuvent être très intéressants. Sur le marché de l’Amérique du Nord : Ce marché est probablement dominé par un produit confit des Philippines, à la qualité gustative médiocre. L’Afrique du Sud n’a pas la capacité de livrer ce marché. Il semble qu’il n’y ait pas de fournisseur bio et équitable installé sur ce marché. Sur le marché sous régional : Il existe potentiellement une grande demande pour un produit à base de mangue séchée moins cher et plus doux, comme les barres de mangue. Les mangues séchées se vendent déjà à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou, et avec une amélioration de l'emballage, du marketing et des ventes, le chiffre d'affaires peut être augmenté dans ces villes et le marché pourrait même s'étendre à d'autres grandes villes. Il y a beaucoup d’intérêt pour le produi à Niamey et Conakry. Sur la technologie : La technologie Sud-africaine paraît appropriée pour le Burkina Faso (et le Mali). Les fournisseurs de cette technologie sont intéressés. Les producteurs de mangue séchée sud africains sont assez intéressés dans une coopération stratégique dans laquelle ils offriraient la technologie et l’appui à la commercialisation par exemple, en échange d’ un contrat de marketing pour le produit. Il y a une opportunité d’améliorer la technologie actuelle de séchage par l’introduction de la ventilation forcée, de l’énergie solaire et d’autres améliorations techniques. Le prétraitement (par exemple tremper dans une solution d’acide citrique et ascorbique) pourrait aider la préservation de la couleur, du goût et de la texture de la mangue. L’Union Européenne permet l’utilisation de ces produits pour la mangue bio. 4.1.2 Difficultés Concernant le marché et la commercialisation : La demande à court terme stagne à cause de la crise financière. Mauvaise image de la mangue séchée ouest africaine sur le marché. Problèmes de qualité du produit fini : trop brun, trop dur, perte de goût, collant, goût acidulé (Amélie), non homogène. L’existence des stocks de mauvaise qualité de l’année passée laisse une mauvaise image. Manque d’activités de marketing et promotion. Mauvais emballages au niveau des détaillants. Compétition d’Afrique du Sud et d’Asie. Menace de l’entrée de nouveaux producteurs d’Amérique Latine sur le marché 44 Produit fini avec 14% de teneur en eau est toujours trop dur pour la plupart des consommateurs, même une tranche de 22% est considérée comme assez dure. Est-ce que l’Amélie à un avenir ? Il n'y a pas de grossistes professionnels / négociants qui commercialisent la mangue séchée sur les marchés locaux. L’emballage et la présentation dans les points de vente ne sont pas assez attrayants. Concernant la production : La technique de séchage est inadaptée pour obtenir un produit de qualité homogène. L’innovation est absente, mal organisée par les acteurs concernés. Le produit est instable après la production et continue à se dégrader pendant la commercialisation. L’emballage et les conditions de stockage sont inaptes à conserver la qualité. L’hygiène est mauvaise au niveau d’unes grande majorité de producteurs. La certification HACCP est absente (ou au moins la réglementation sur les bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication). Le processus de contrôle de qualité est inadapté et ne peut empêcher l’exportation de lots de mauvaise qualité. Le nombre de manipulations à la main est trop important. Il y a un pourcentage important de pertes entre le début de la production et l’arrivée en Europe. Concernant l’organisation de la filière : Les acteurs coopèrent insuffisamment dans le domaine de l’innovation du produit, de la technologie, de la commercialisation et de l’emballage. Les acteurs ont peu d’incitations à investir dans la qualité et l’hygiène de production. Le produit final prend 3-6 mois pour arriver sur le marché européen à cause de la mauvaise organisation de la logistique dans la filière. La qualité est trop hétérogène, ce qui demande de nombreux tris et reconditionnement. 4.2 Options stratégiques pour le Burkina Faso Un certain nombre d’options ont été écartées. Par exemple la production de la mangue confite ne semble pas une option stratégique pour deux raisons : 1) les Philippines et la Thaïlande ont des technologies modernes, la connaissance et l’expérience de plusieurs années dans ce domaine, donc c’est difficile de produire un produit meilleur et moins cher. 2) il n’est pas certain que la mangue confite soit un produit d’avenir ; elle n’est pas un produit sain (trop sucré) et son goût n’est pas très apprécié. Pour la filière de la mangue séchée au Burkina Faso, quatre options stratégiques sont proposées. 4.2.1 Défendre sa position sur le marché européen Les importateurs européens, exportateurs et producteurs doivent travailler ensemble pour améliorer la qualité du produit avant qu’il n’arrive chez le détaillant (couleur, goût, texture, homogénéité). Pour cela, 6 domaines d’interventions sont nécessaires : 1 Technologie de séchage : trouver une alternative au séchoir ATESTA. a) Tester la technologie sud-africaine dans les unités de grande échelle, et qui souhaitent agrandir leur capacité. b) Organiser le développement rapide d’un kit d’adaptation des séchoirs ATESTA avec ventilation forcée. 2 Améliorer et standardiser le niveau d’hygiène des producteurs ; introduire les pratiques de HACCP. 3 Favoriser le nécessaire mouvement de concentration de l’activité « mangue séchée »au Burkina Faso en encourageant le développement des usines de production d’une échelle d’au moins 20 tonnes de produit sec par campagne de séchage. 45 4 5 6 Tester des traitements de conservation : a) blanchir les tranches de mangue dans l’eau chaude. b) tremper les tranches de mangue dans une solution d’acide citrique et d’acide ascorbique. Emballage, stockage et contrôle de la qualité: a) Tester l’emballage sous azote au niveau des producteurs et des exportateurs. b) Tester l’utilisation de la poudre de riz pour éviter le collage des tranches. c) Réorganiser la logistique pour éviter le stockage de longue durée au niveau du producteur. d) Améliorer les conditions de stockage et de transport pour éviter des températures au dessus de 20 degrés : stockage sous terre, en chambre climatisée, et exportation dans des containers réfrigérants. e) Explorer la possibilité d’emballer directement dans l’emballage final avant l’exportation, pour accroître la valeur ajoutée au Burkina Faso et réduire le nombre de fois où le produit est remballé Tester la possibilité d’augmenter l’humidité du produit final à 22%, le niveau du produit de l’Afrique du sud. La combinaison de ces activités doit résulter en : Un produit avec une qualité comparable à celle de l’Afrique du Sud. Une filière dans laquelle le nombre d’opérations manuelles est moindre, donc qui est plus efficace et avec un riisque de conatamination microbiologique réduit.Une réduction considérable du pourcentage de pertes entre le début de production et l’arrivée en Europe. Un secteur plus cocentré, au professionnalisme amélioré. La mise en œuvre de ces stratégies repose sur 2 piliers : L’augmentation de la capacité d’innovation concernant la technologie existante, formation d’une équipe responsable pour l’adaptation des séchoirs ATESTA, pour des tests d’emballage et des prétraitements et pour l’amélioration de la logistique de la commercialisation. L’introduction du savoir faire sud-africain en testant un équipement pendant une saison entière avec un grand producteur bien organisé appuyé par un producteur sud-africain. Si possible former une entreprise conjointe de production et de commercialisation. Cette stratégie est défensive et,en même temps, les actions décritent ci-dessus constituent le minimum essentiel pour la réussite des autres stratégies. 4.2.2 Entrer sur le marché conventionnel européen Entrer sur ce marché offre permet d’une part d’augmenter l’exportation totale, particulièrement si la production d’Afrique du sud n’est pas suffisante pour satisfaire la demande dans le futur, et d’autre part de se libérer de la dépndence vis-à-vis bio, qui est la situatiion actuelle. C’est une stratégie proactive, on développe un nouveau segment de marché (conventionnel Europe), et on réduit la vulnérabilité qu’induit une trop grande dépendance envers le bio.. Pour pénétrer ce marché il faut améliorer la qualité à un niveau comparable à celui d’Afrique du sud. De plus il faut diminuer le prix de 10 à15% pour se mettreau niveau de la concurrence sud-africaine. Ceci sera possible en optimisant la production et en évitant les pertes. Il faut également envisager d’élargir la gamme des goûts et parfums en offrant un produit typé «Amélie » et un autre produit typé « Brooks », ce que certains consommateurs pourraient préférer. Pour les grossistes et détaillants européens, cettealternative diminue aussi leur dépendance envers producteurs et commerçants sudafricains, ce qui diminue aussi leurs risques. On n’a pas besoin de faire de différentes procédures de production et d’emballage pour la mangue conventionnelle, mais pour la commercialisation la différentiation du prix (10% 15% de moins) sera nécessaire. Dans l’exécution de cette stratégie, il importe de limiter la concurrence avec l’Afrique du Sud aux niveaux des prix pour bien profiter de l’avantage d’offrir un produit alternatif. 46 4.2.3 Entrer sur le marché Nord Américain Ce marché peut offrir une alternative qui permet un accroissement des exportations. Il faut pourtant mieux identifier la situation sur ce marché et trouver un réseau d’importateurs et de distributeurs intéressés. Les foires et salons des produits alimentaires peuvent présenter un point d’entrée sur le marché nord-américain.. Il n’y pas de mauvais antécédents sur ce marché, ce qui devrait rendre plus facile le développement d’uune marque Burkinabé ou Ouest Africaine sur le marché nord américain.. 4.2.4 Exploiter la croissance du marché bio La dernière option est d’exploiter la croissance du marché bio dans la grande distribution en Europe.. Pour le moment les possibilités sont limitées par la faible qualité du produit offert, la petite échelle de cette activité encore très artisanale et atomisée, la lenteur et la rigidité du calendrier de livraison, et la faiblemaîtrise des tech niques de mise en marché.. Si ces différents problèmes sont résolus, cette stratégie aura lors de bonnes chances de réussite.. Dans ce cas il est important d’entrer en relation avec des grands supermarchés européens par exemple en organisant des ateliers avec les grossistes, importateurs, exportateurs et représentants des producteurs pour déterminer les activités promotionnelles conjointes. Eventuellement, on pourrait développer une marque pour la mangue séchée Burkinabé. 4.2.5 Mieux exploiter le marché intérieur/régional Avec une professionnalisation de l'emballage, de la vente et du marketing, les ventes à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso peuvent être augmentées, et le produit peut être introduit dans d'autres grandes villes. Niamey et Conakry offrent également de nouveaux marchés potentiels. 4.2.6 Barres de mangue pour le marché intérieur/ régional Pour accroître véritablement la vente, il est nécessaire d’avoir un produit moins cher, soit un prix détaillant de 200 FCFA par unité de 100 grammes. En outre, le produit doit avoir un goût doux et facile à manger (pas trop dur, pas trop difficile à mâcher et pas trop collant). Afin de permettre aux détaillants et aux distributeurs d’avoir une marge, le prix de revient doit être inférieur à 100 FCFA. Les barres de mangue fabriquées avec de la pulpe de mangue et mélangées avec du sucre et ou des céréales, pourraient potentiellement répondre à ces exigences. Le taux de transformation pour les barres de mangue est de l’ordre de 8,5, comparativement à 16 pour la mangue séchée. Cela signifie que pour 100 grammes de barre de mangue pure, on a besoin de 50% de moins de mangue comparativement à la mangue séchée. Ajouter du sucre et des céréales peut potentiellement améliorer le goût et la structure du produit, tout en réduisant le prix de revient. Il y a des indications selon lesquelles les barres de mangue fabriquées en Inde sont un succès sur le marché d'Arabie saoudite. Bien que certaines technologies pour la production de barres de mangues aient été décrites, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour trouver d'autres technologies et rassembler des informations plus détaillées sur ces technologies, en particulier le prix de revient d'une barre produite avec ces technologies au Mali et au Burkina Faso. En outre, des tests consommateurs sont nécessaires au niveau local pour établir quel genre de barre de mangue est préféré par les consommateurs : avec sucre, sans sucre, avec certaines céréales ou pas ? Sur la base de ces informations, un projet pilote peut être formulé. Le chapitre 6 décrira les conditions d'une telle recherche. 4.3 Opportunités et difficultés pour le Mali 47 Les opportunités et les difficultés pour le Mali sont les mêmes que celles pour le Burkina Faso, mais il y a des opportunités et difficultés additionnelles : 4.3.1 Opportunités additionnelles pour le Mali Pour le Mali on voit les opportunités additionnelles suivantes : Il y a une plus grande disponibilité de la mangue. La disponibilité des variétés Kent et Keith, utilisées aussi en Afrique du Sud, est plus importante qu’au Burkina Faso. Ces variétés donnent un produit bien apprécié sur le marché international. La présence du PLAZA à Bamako (station de conditionnement de la mangue fraiche pour l’exportation) pourrait présenter une opportunité, du fait de la présence d’écarts de triage, de transformer ces rejets sur place. Il n’y a pas encore de grand investissement dans la technologie ATESTA, donc il est plus facile d’introduire la technologie sud-africaine. Il a plus d’expérience qu’au Burkina Faso avec l’utilisation de l’équipement de séchage pour d’autres produits, comme le coco, les tomates et les oignions. 4.3.2 Difficultés additionnelles pour le Mali Il y a des difficultés additionnelles suivantes : Il n’y a pas une structure de commercialisation au Mali et cela dépend complètement du Burkina Faso. Si la demande est plus forte que la capacité de production au Burkina Faso, les producteurs maliens peuvent vendre. Mais à partir du moment où la demande baisse, ils ne vendent plus. La production est trop artisanale ; l’échelle des producteurs est trop petite et il manque des conditions professionnelles de production, de stockage et de commercialisation. L’expérience et les connaissances en matière du séchage sont moindres par rapport au Burkina Faso. Les frais de transport sont plus élevés à cause de la plus grande distance vers les exportateurs. Le coût du gaz est plus élevé parce que il n’y pas de subvention. En ce qui concerne la mangue séchée bio - équitable, la position du Mali est moins forte. Les quantités produites sont plus faibles et la technologie est moins bien maîtrisée, ce qui résulte dans une moindre qualité. 4.4 Options stratégiques pour le Mali Pour la sous filière de la mangue séchée au Mali on voit quatre options stratégiques. 4.3.1 Améliorer la qualité du produit et du processus de séchage Ici il y a les mêmes considérations que pour le Burkina Faso. Le prix élevé du gaz au Mali donne plus de raisons pour développer le séchage mixte avec appui solaire. 4.3.2 Réorganiser et flexibiliser la production pour profiter de la croissance du Burkina Faso Pour le moment l’échelle de production au Mali semble trop limitée pour développer une structure d’exportation propre au Mali. La dépendance envers les exportateurs Burkinabé est une réalité mais toute évolution reste peossbile. En partculier, on peut imaginer que l’introduction d’une nouvelle technologie, pourrait donner plus d’autonomie nau Mali. Si la commercialisation et l’amélioration de la qualité au Burkina Faso n’ont pas de succès, l’avenir pour l’industrie malien est peu prometteur. D’un autre côté, si le succès est au rendez vous, alors la capacité de production au Mali deviendra nécessaire au Burkina Faso afin de satisfaire la demande.. 48 Pour profiter des développements au Burkina Faso, le Mali doit changer la structure de sa production artisanale, trop atomisée, ne pouvant produire un produit homogène de bonne qualité. La production à plus grande échelle, au mois au stade semi-industriel, serait nécessaire à terme.production industrielle et professionnelle à une plus grande échelle est nécessaire. En vue des fluctuations de la demande, le Mali doit continuer de développer des produits séchés alternatifs pour rentabiliser l’exploitation des séchoirs. On fait déjà des tomates, des oignons et du coco séchés pour le marché local, et le fonio pour le marché international. On pourrait continuer l’exploration du marché international, par exemple pour la papaye séchée. 4.3.3 Exploiter les contacts commerciaux du centre logistique Le centre logistique à Bamako avec sa commercialisation prévue de 3.000 t de mangue fraîche par an avec un pourcentage de rejet de 10 à 20% pourrait livrer de l’ordre de 30 t de mangue séchée, y inclus les variétés appréciées de Keith et de Kent. Des qu’il y a un produit conventionnel de bonne qualité (voir aussi les paragraphes 4.2.1 et 4.2.1), il importe de tenter d’exploiter les contacts commerciaux avec les importateurs de mangue fraîche et leurs clients. Pourtant on ne pourrait pas le faire avec le produit actuel. 4.3.4 Barres de mangue pour le marché intérieur/ régional Comme au Burkina Faso, les barres de mangue peuvent potentiellement offrir d’autres possibilités intéressantes, qui méritent des recherches supplémentaires. 4.3.5 Activités proposées Un nombre d’activités sont nécessaire pour réaliser ces trois options stratégiques : Par rapport à la technologie, l’échange avec les centres d’expertise au Burkina Faso est à renforcer Les liens commerciaux avec les structures commerciales au Burkina Faso sont à intensifier. La recherche sur le développement des produits séchés alternatifs est à continuer Le développement des usines de production avec une échelle de plus de 20 tonnes de mangue séchée par an est à stimuler. Il faut expérimenter d le séchage des variétés Kent et Keith avec la technologie sud-africaine et avec la technologie du four ATESTA amélioré. L’installation d’une unité à l‘échelle sud africaine pour la production de mangue séchée conventionnelle est à considérer. 49 5 Plan de compétitivité de la sous-filière mangue séchée : plan d’action pilote et de recherche supplémentaire Trois pilotes technologiques servent à améliorer la qualité du produit par rapport à sa durée de conservation et sa constance/homogénéité et en même temps à prévoir la transition vers un procédé de séchage indirect. 5.1 Pilote d’adaptation des 400 séchoirs ATESTA existants Cette activité pilote est prévue pour deux à trois ans : Année 1 : développement technique de la technologie Année 2 : introduction dans 20 séchoirs, finalisation du développement technologique 5.1.1 Aspects techniques Le modèle à développer se base sur l’expérience faite à Koutiala avec le chauffage indirect. On utilisera un système plus professionnel pour le chauffage de l’eau (heater CV, Par exemple Remeha Callista 2T solo). Avec une capacité maximale de l’ordre de 24 kW on pourrait alimenter 5 séchoirs. Entrée de l’air Le système doit contenir : des radiateurs type frigo à trois niveaux ou bien un seul radiateur type air chaud un système de ventilation forcé un système de reconduite de chaleur au niveau des cheminées Par séchoir les frais d’adaptation sont estimés à 300.000 FCFA. L’avantage du système est que l’on peut régler très précisément la température des radiateurs. Les premières expériences menées à Koutiala montrent que l’on n’a plus besoin de permuter les claies. Au Mali le pilote peut aussi comprendre le préchauffage solaire de l’air sur le toit des unités à l’aide de polycarbonate double (pe 4mm TwinWall Polycarbonate Sheets). Avec une superficie de l’ordre de 30 m2, on estime pouvoir diminuer la consommation de gaz de 50%. Pour un séchoir avec une production de 2 t/an ceci pourrait présenter un gain de l’ordre de 350.000 FCFA par an. Avec un prix de polycarbonate de 8000 FCFA/m2 les coûts totaux seraient de l’ordre de 400.000 FCFA donc en un ou deux ans on pourrait récupérer l’investissement. La construction pourrait s’inspirer de celle du séchoir construit avec l’appui Italien à Bandiagara, Mali (figure 5.1) 5.1.2 Figure 5.1. Préchauffage de l’air à Bandiagara Introduction du système au niveau des 20 séchoirs Après les tests préliminaires, 20 séchoirs seront équipés pour servir de démonstration et de test en milieu réel. Au Mali 5 séchoirs seront équipés d’un séchoir solaire. 5.1.3 Organisation et suivi / évaluation Les pilotes seront organisés par les programmes PAFASP et PCDA. La phase de développement sera faite ensemble avec des entrepreneurs sélectionnés et des organisations d’appui (Helvetas au Mali). Après les tests, d’autres entrepreneurs pourront appliquer pour participer à la deuxième phase. Pour accompagner les tests, une collaboration entre le CIRAD Montpellier et l’Université Libre de Bruxelles est prévue. 50 5.1.4 Budget prévu Burkina Faso Phase 1 (2010) Matériel adaptation séchoirs Travaux Phase 2 (2011) Adaptation séchoirs Supervision/formation Total Mali 500.000 500.000 800.000 500.000 3.500.000 pm 4.500.000 3.500.000 pm 4.800.000 Ce budget n’inclut pas l’assistance technique internationale (par exemple du CIRAD) qui pourrait bien faire augmenter les totaux indiqués. Les pilotes seront organisés par les programmes PCDA et PAFASP. 5.2 Pilote d’introduction de la technologie sud-africaine L’ATESTA amélioré pourrait être une solution pour les fours déjà opérationnels et pour des producteurs artisanaux. Mais pour l’expansion de la capacité et le remplacement des séchoirs défectueux, les séchoirs sud-africains paraissent être une meilleure option. Premièrement les séchoirs sont disponibles, tandis qu’on estime que le développement d’un ATESTA amélioré pourrait prendre au moins un an. De plus il faudra organiser sa production à une échelle industrielle. Deuxièmement il faudra encore voir si la qualité de la production obtenue pourra s’approcher de celle de la technologie sud-africaine. Ces derniers séchoirs sont fabriqués de façon plus professionnelle avec une technologie moderne. L’utilisation de cette technologie par les producteurs sud-africains prouve que ces séchoirs donnent un bon produit. On estime donc qu’un pilote avec la technologie sudafricaine est nécessaire. 5.2.1 La technologie et l’économie du séchage Nous conseillons d’utiliser le séchoir tunnel CD 1500 , fabriqué par Dryers for Africa à Nelspruit (Afrique du Sud). Sa capacité est entre 1200-1500 kg de la mangue fraîche toutes 15 – 18 heures. La mangue séchée produite en Afrique du sud a un taux d’humidité compris entre 18% et 22%. Le rendement est de 17,5 % de mangue séchée 1re qualité donc chaque cycle produit environ 250 kg. Le séchoir est construit dans un container de 5 m de long et n’a pas besoin de beaucoup de travaux d’installation. On peut simplement mettre le container dans un bâtiment. Normalement il opère sur électricité (3 phases, 81 kW et un générateur de sauvegarde pour les ventilateurs d’environ 5.5 kW). Mais il peut être aussi livré pour chauffage à gaz, ce qui paraît mieux adapté aux conditions d’exploitation en Afrique de l’Ouest. Dans ce cas il consomme de l’ordre de 90 kg de gaz par cycle, c’est à dire. 0,36 kg gaz par kg de mangue séchée, environ la moitié de la consommation de l’ l’ATESTA. Avec un prix de l’ordre de 15-18 Millions de FCFA (ceci équivaut 12 -15 fours ATESTA), sa capacité est environ 14 x plus élevé, donc l’investissement par kg de capacité est bien comparable. Ce prix inclut d’ailleurs les chariots et les claies pour transporter le produit à travers le tunnel. 5.2.2 Mise en oeuvre du pilote Il y a deux possibilités pour la mise en œuvre ce pilote : 1. Pilote indépendant : on achète un séchoir en Afrique du Sud, y compris avec fourniture d’assistance technique pour l’installation et la formation, en prévoyant éventuellement la venue d’un formateur sud-africain ayant l’expérience de cette technologie, pour la durée d’une saison au Burkina Faso. L’avantage de cette option est qu’on est indépendant et que tous les bénéfices restent au Mali/ Burkina Faso. Le désavantage est qu’on dépend de sa propre capacité pour 51 résoudre d’éventuels problèmes. En plus, on dépend beaucoup de la qualité du formateur, si on peut le trouver. 2. Pilote en entreprise conjointe : On pourrait créer une joint venture avec un producteur sud-africain pour la production et commercialisation de la mangue séchée. On achète l’équipement ensemble et le producteur sud-africaine apportses connaissances et son savoir faire. Il appuit la commercialisation en Europe et se rémunère d’un pourcentage de prix de vente. Les avantages de cette formule sont multiples. On peut réduitre les frais d’investissement pour le partenaire burkinabé, et c’est la méthode la plus rapide pour obtenir toute l’expertise nécessaire, pas seulement pour l’utilisation du séchoir mais aussi concernant le prétraitement, l’emballage, le stockage et la commercialisation. Son rôle est aussi de donner son appui pour résoudre d’éventuels problèmes. Il pourrait assister (et avoir de l’intérêt) à introduire le produit rapidement chez de nouveaux importateurs et détaillants. Le désavantage est qu’il faut diviser les bénéfices de production et de commercialisation. Dans la discussion de cette opportunité de JV, l faudra ici faire attention à façon dont ceci sera présenté aux exportateurs actuels, qui pourraient se sentir menacés par cette nouveauté. Les complémentarités possibles devront être étidiées De l’autre côté leurs producteurs pourraient profiter de la connaissance nouvelle et copier la technologie sud-africaine. Le résultat du pilote doit être que les volumes totaux de la production et de l’exportation du Burkina Faso et du Mali augmentent, et non pas qu’il y ait seulement une redistribution du même volume. Pour une innovation rapide, ce qui est nécessaire, la deuxième option est la meilleure. Le fabricant desséchoirs en Afrique du Sud pourra être mis à contribution pour trouver un bon formateur et identifier un partenaire possible pour cette joint venture. Pour les deux options, du côté ouest africain, il faudra identifier un réseau de producteurs de la mangue séchée qui : 1. Produit à grande échelle. La capacité d’un tel séchoir CD 1500 est de 30 tonnes par an, donc un volume suffisant est nécessaire pour une production économique. De plus il y a trop de risques si un producteur dépend complètement d’une nouvelle technologie. On conseille de faire le pilote avec un réseau de producteurs qui produise de l’ordre de 80 tonnes par an au moins, et qu’ils partagent le risque entreles menbres de ce réseau... 2. Est relativement professionnel. Il doit avoir un système de production hygiénique et avoir le triage, conditionnement, emballage et stockage bien organisé. 3. Peut fournir sa part des ressources financières nécessaires pour le pilote. Il est clair que si le producteur n’apporte pas sa contribution à l’achat de l’équipement, il n’y aura pas d’incitation suffisante pour bien l’utiliser et l’entretenir. Dans ce cas il y a un risque que le pilote soit abandonné s’il rencontredes problèmes. Il est important qu’un exportateur et quelques importateurs soient parties prenantes de s l’opération pilote. Ils devront donner leur avis par rapport à la qualité du produit et apporter des conseils pour son amélioration. Les importateurs devront s’engager à organiser des test de consommation sur les différents marchés européens, recueillir les résultats et les transmettre à la joint venture. 5.2.3 Budget prévu Le budget total du pilote est estimé ci-dessous. On doit prévoir de le partager entre les acteurs concernés. Rubrique Bâtiment Séchoir CD 1500 Groupe électrogène (5,5 KVA) Matériel d’emballage Formateur/consultant technologique 3 mois (per diem inclus) 52 FCFA 4.500.000 18.000.000 1.800.000 1.400.000 7.000.000 Perte de 5 cycles de 1300kg de la mangue fraîche + coupe (FCFA 985/kg) Frais imprévus (10%) Total 6.000.000 3.870.000 42.570.000 Dans cette opération pilote, il est prévu la construction d’un bâtiment simple pour le séchoir, l’importation de ce dernier et l’engagement d’un consultant sud-africain. De plus, il faut réserver un budget pour la mangue fraîche à traiter lors des tests. 5.3 Pilote d’introduction de prétraitement, d’adaptation de l’emballage et de l’humidité du produit Cette activité pilote est prévue pour 2 ans : Année 1 : Premier test et évaluation des effets sur long terme Année 2 : Introduction 5.3.1 Aspects techniques Il faut tester un nombre des variables : 1. Prétraitement chimique avec une combinaison d’acide citrique et ascorbique : tremper la mangue dans un bain avec une solution des deux acides. Il y a plusieurs variables : a. La concentration b. Le rapport entre l’acide citrique et l’acide ascorbique c. Le temps que la mangue reste dans le bain (1 – 5 minutes) Un expert sur le domaine de la technologie de transformation alimentaire peut donner 3 – 4 combinaisons qu’il faut tester. 2. Blanchiment : tremper la mangue dans un bain d’eau bouillante pour quelques minutes, ceci pour accélérer le séchage et améliorer la conservation. 3. L’humidité du produit : il faut tester si les améliorations du prétraitement, de l’emballage et de stockage permettent d’obtenir et de conserver un produit plus tendre avec 22% d’humidité. 4. L’Emballage sous azote : une méthode très courante pour améliorer la conservation des fruits secs et des noisettes (figure 5.2). 5. Le stockage climatisé : une température de 5oC n’est peut-être pas nécessaire, mais des températures extrêmes (plus que 20 dégrées) accélèrent la dégradation du produit et sont à éviter. Figure 5.2. Equipement pour 6. L’exportation dans un container climatisé : pendent le l’emballage sous azote. transport la température dans un container peut varier entre o 10 et +70 C, selon la position sur le bateau, le temps et le type de container. Les températures extrêmes, mais aussi les changements de températures sont à éviter. Il existe plusieurs types de containers avec des méthodes différentes de maîtrise de la température. Il est important de trouver les mesures les plus économiques qui donnent un bon produit. Pour trouver la combinaison optimale entre fracheur et qualité il y a pourtant trop de combinaisons de variables à tester. Certaines combinaisons pourraient être écartées. Par exemple stockage et exportation climatisée sont plus chers que les prétraitements, donc on ne teste pas la climatisation sans le prétraitement (l’Afrique du Sud par exemple utilise le souffre et le stockage et transportation climatisée). En outre la combinaison de blanchiment et prétraitement chimique n’est pas efficace ; selon les experts il faut soit blanchir, soit utiliser l’acide ascorbique et citrique. Le tableau 5.1 donne des combinaisons recommandées. Tableau 5.1. Combinaisons recommandées de test. Echantillon/ traitement 1a, 1b 2a, 2b Humidité 14%, 22% 14%, 22% Acide citrique/ ascorbique Blanchir x 53 Emballage sous azote Climatisation du stockage/transport x x 3a, 3b 4a, 4b 5a, 5b 6a, 6b 7a, 7b 8a, 8b 9a, 9b 10a, 10b 14%, 22% 14%, 22% 14%, 22% 14%, 22% 14%, 22% 14%, 22% 14%, 22% 14%, 22% x x x x x x x x x x x x x x x Tout les traitements sont testés avec l’humidité actuelle (14%, échantillons a) et avec l’humidité de l’Afrique du Sud (22%, échantillons b). Pour observer les effets on fait une comparaison avec la situation actuelle (échantillon 1a) et un exemple avec 22% (échantillon 1b). Deuxièmement, on teste si la combinaison de toutes les mesures apportera une bonne qualité de la mangue séchée quand le produit arrive en Europe et après stockage de quelques mois (échantillon 2 et 3). Après il est important de découvrir si toutes les mesures sont nécessaires, ou si on peut économiser en éliminant quelques traitements. Dans le traitement 4 et 5 on omet la climatisation du stockage et du transport pour déterminer si l’emballage sous azote et le prétraitement avec acide citrique/acide ascorbique est suffisant. Ensuite on omet aussi l’emballage sous azote (l’investissement de $15,000 dans l’équipement). Le traitement 8 (seulement prétraitement chimique et stockage climatisé) représente l’option sud africaine. Pour l’exécution de cette’expérience on utilisera la même variété de mangue, la même technique de coupe et le même séchoir pour tous les échantillons. La production, la préparation et l’emballage seront faits en même temps, dans la même unité de production. Selon la saison, on pourrait commencer avec la variété Amélie. Eventuellement on peut répéter l’expérience avec la Brooks. 5.3.2 Organisation du pilote Les pilotes seront organisés par des producteurs, mais le suivi sera organisé par les programmes PCDA et PAFASP. Pour ce pilote il faut : 1. L’eau de bonne qualité pour le prétraitement (à tester avant usage). 2. Un grand producteur professionnel. 3. Installer l’équipement pour emballage sous azote (investissement $15000). 4. Obtenir des sacs d’emballage pour l’emballage sous azote (ne permet pas la circulation de l’air). 5. Installer un magasin climatisé. 6. Choisir un exportateur avec un magasin climatisé. 7. Organiser l’exportation dans un container climatisé. 8. Organiser avec les importateurs qu’un contrôle de la qualité soit fait à l’arrivé et quelques mois après (prendre des photos). 9. Assurer la traçabilité des échantillons avec une étiquette qui décrit exactement les traitements, et le numéro de l’échantillon. 5.3.3 Relation avec les pilotes de séchage La technologie de séchage a une grande influence sur la conservation de la mangue séchée. Les résultats du pilote de traitement peuvent différer selon le séchoir utilisé. Il est recommandé de commencer avec la technologie ATESTA actuel. Apres la disponibilité du séchoir sud-africain et de l’ATESTA amélioré on pourrait répéter les tests, en éliminant certaines combinaisons sur la base des expériences obtenues. 5.3.4 Budget prévu pour deux ans Rubrique Acide ascorbique. 50 kg FCFA 45.000 Acide citrique. 50 kg 115.000 Equipement emballage sous azote 7.000.000 54 Climatisation d'un dépôt 500.000 Frais additionnel pour un container climatisé (20% du frais transport) Supervision/formation 150.000 pm Divers (10%) 781.000 Total 8.591.000 55 5.4 Pilote de renforcement de la capacité d’innovation Dans le passé il y a eu des tentatives d’améliorer le séchage tout en repectant son échelle artisanal (introduction de la ventilation forcée, reconduction de l’air chaud peu saturé, utilisation de l’énergie solaire, chauffage indirect). Ces tentatives n’ont pas été très concluantes. Il y a eu aussi des tentatives avec des unités plus modernes d’une capacité plus grande, par exemple à Koutiala (Mali) et à Bobo Dioulasso (entreprise Délice, Burkina Faso). Ces tentatives ont toutes échoué en partie à cause des difficultés de gestion induites par la nouvelle taille de l’entreprise.. L’ATESTA est plus simple et est fabriqué localement. Il permet le séchage à petite échelle, par un grand nombre d’entreprises. Pourtant, ces avantages de petite échelle et de gestion relativement simple amènent aussi des désavantages : on peut se demander si on n’a pas aujourd’hui atteint la limite d’un tel système, qui pourrait mêm être un frein à l’évolution vers un stade plus semi-industriel.. Si depuis le début les insuffisances de la technologie appliquée sont bien connues, l’innovation, c.à.d. le développement des alternatives, n’a pas été réalisée de façon bien structurée. On a l’impression que le développement technologique a été entravé par l’incapacité des multiples producteurs à s’organiser autour de l’innovation nécessaire, par l’intérêt des producteurs de la technologie à continuer la production de l’équipement existant et par les liens historiques entre les développeurs de la technologie ATESTA et les promoteurs de la filière. Les tentatives de certaines entreprises de développer des séchoirs avec ventilation forcée sur la base des matériaux locaux manquent de technicité. Par exemple sur tous les marchés dans les deux pays on trouve des ventilateurs techniquement bien développés, importés de la Chine. Pourtant, les constructeurs des séchoirs améliorés se sont contentés de plier des pièces de tôle n’importe comment. Ainsi la qualité du produit sortant des machines améliorées n’est pas meilleure que celle provenant de l’ATESTA. Ceci entraîne les conclusions suivantes : : A l’heure actuelle il n’existe pas de mécanisme d’incitation à l’innovation digne de ce nom. La façon de faire des firmes exportatrices, qui mélangent les productions de nombreux producteurs pour agréger des lots de taille commerciale, est disssuasive pour ceux qui tenteraient d’améliorer la qualité, tout le monde percevant le même prix. .). La formation des artisans n’est pas bien organisée. L’innovation tentée reste peu professionnelle. 5.4.1 Organisation de l’innovation Un pilote organisationnel pour organiser les acteurs de la chaîne de valeur autour des autres pilotes proposés sera nécessaire. Il est à discuter avec les acteurs comment ils voient leur participation et leurs rôles. Les centres de compétences, y inclus les lycées professionnels à Bobo et à Ouagadougou, pourraient s’impliquer dans cette organisation. Les innovations nécessaires dans le secteur de la mangue et la recherche-développement concernée pourraient y être traités. A part les pilotes proposés on pourrait y aborder des sujets comme Le maintien et l’amélioration de la qualité des vergers. La discussion des standards pour la mangue séchée. L’organisation des innovations dans la commercialisation (par exemple le « branding » de la mangue de Burkina/Mali). Le développement des technologies de séchage nouvelles (utilisation du procédé d’échangeur de chaleur). 5.4.2 Budget prévu pour deux ans Il ne s’agira que des montants pour la communication et les réunions d’échange. Les participants doivent se prendre en charge. Les formations techniques ont inclues dans les pilotes proposés. 56 Rubrique FCFA Forfait 4 réunion à 250.000 1.000.000 57 5.5 Propositions pour des interventions futures : continuer larecherche sur les barres de mangue Un certain nombre d’options stratégiques nécessitent des recherches supplémentaires pour assurer leur faisabilité commerciale et pour formuler des projets pilotes. En ce qui concerne la mangue séchée, tel est le cas par rapport à la production de barres de mangue pour les marchés locaux. Sur les marchés locaux et régionaux une opportunité pourrait se présenter pour un produit de la mangue séchée avec un goût sucré, facile à manger et dont le prix de détail est inférieur à 200 FCFA par unité de 100 grammes. Afin de permettre aux détaillants et aux distributeurs d’avoir une marge, le prix de revient doit être inférieur à 100 FCFA. Les activités suivantes sont nécessaires pour explorer cette nouvelle possibilité : Etude des différents types de barres de mangue disponibles dans le monde Évaluation des recettes de ces barres de mangue, ou du moins des principaux ingrédients Calcul approximatif du prix de revient des ingrédients par unité, sur la base des prix au Mali et au Burkina Faso. Sélection des recettes qui coûtent moins de 100 FCFA par 100 grammes de produit fini Etude des consommateurs, en utilisant « focus groups », groupes de discussion ciblés : Sélection de différents types de barres de mangue pouvant éventuellement être produits pour un prix de moins de 100 FCFA pour 100 grammes Achat de ces types en Inde, puis organisation des groupes de discussion afin de tester et d'évaluer ces barres, et de parler des amuse-gueule pendant 1 à 2 heures. Chaque groupe est composé de 6 à 8 personnes et en fonction de la dynamique sociale, la composition de ces groupes peut être plus homogène (des femmes seulement, des hommes, des niveaux de revenus élevés, des niveaux de revenus bas, des étudiants) ou des groupes hétérogènes (un mélange de personnes de différents milieux socio-économiques). De telles réunions pourront se tenir dans des endroits différents : Bamako, Mopti, Ouagadougou, Bobo Dioulasso. Les analyses des résultats : les critères d'évaluation des consommateurs et les points recueillis par les différents types de barres sur ces critères, les intentions d'achat, la détermination du prix optimal et les groupes cibles : ceux qui sont les plus susceptibles de consommer les barres? Conclusion : y a-t-il une réelle opportunité pour les barres sur le marché local et quels sont les deux types de barres qui offrent la meilleure opportunité? Des études détaillées des technologies disponibles pour produire ces barres, notamment en Inde, mais aussi dans d'autres pays producteurs de produits de la mangue. Pour chaque technologie, il faut savoir : Le coût d'investissement Les données de base pour le calcul des coûts d'exploitation La capacité de production Le type de barres qui peut être produit Le prix de revient par unité de produit fini L’adéquation aux circonstances locales (résistance aux les températures ambiantes àla poussière; la disponibilité des pièces de rechange, la facilité d'utilisation, l’existence des compétences nécessaires pour la réparation et l'entretien) Conclusion: Est-il possible de produire localement une barre de mangue répondant aux demandes des consommateurs à un prix compétitif? Quel type de barre doit être produit, avec quelle technologie? Formulation du projet pilote pour tester les hypothèses Un budget indicatif de ces activités est donné ci-dessous: Frais FCFA Consultants KIT (18 jours) Frais locaux (Location de voiture, per diem, hôtels, frais de transport et per diem pour les enquêtés, la location des salles de réunion) Transport international pm 58 2.309.120 787.200 Consultants nationaux 590.400 Total 3.686.720 59 SECTION II. LES AUTRES PRODUITS A BASE DE MANGUE 60 1 Le marché des autres produits de mangue transformée 1.1 La pulpe et le jus de mangue en Europe 1.1.1 Introduction En termes de volume d’échanges commerciaux et de valeur, la pulpe de mangue est le produit de la mangue transformée le plus important. La pulpe de mangue est vendue à l'industrie alimentaire, où elle entre en concurrence avec d’autres jus et concentrés de fruits. C’est le premier produit obtenu après pressage / réduction en pulpe de la mangue fraîche. Mais contrairement à la plupart des autres fruits, elle ne peut pas être consommée immédiatement parce que la teneur en eau est trop basse. De ce fait, sur le plan fonctionnel, c’est l'équivalent du jus de pomme ou d'orange concentré, où il est nécessaire d’ajouter de l'eau afin d’obtenir une boisson buvable. Certains producteurs extraient plus d'eau de la pulpe, ce qu’on appelle communément purée. Dans le métier, les différents noms sont couramment utilisés pour designer le même produit, ou différents produits sont appelés de la même façon (tableau 1.1). Tableau 1.1. Produit Pulpe de mangue Purée concentrée de mangue Jus de mangue Différents produits de mangue. Description Noms courants Emballage Mangue épluchée, dénoyautée et réduite en pulpe Pulpe de mangue concentrée Pulpe, purée surgelé ou aseptique Equivalent fonctionnel Concentré de jus de pomme Purée, concentré surgelé ou aseptique Jus de pomme extra concentré Pulpe ou purée, mélange avec de l’eau (1 quart de pulpe avec 3 quarts d’eau) Jus de mangue pur surgelé ou Aseptique Jus de pomme L'industrie des boissons est le plus important utilisateur final de concentré de jus de fruits, y compris la pulpe de mangue. A l’aide de mixeurs ou de batteurs électriques, elle est transformée en jus de fruits ou en nectar. Les nectars sont des boissons à base de jus de fruits, contenant des ingrédients ajoutés comme le sucre et l'eau. La plupart des confitures et marmelades sont fabriquées avec de la pulpe ; seuls les produits très haut de gamme contiennent des fruits frais. Pour ces produits, qui nécessitent des morceaux de mangue visibles, tels que les yaourts aux fruits, la crème glacée et les garnitures de certains produits, on utilise les cubes de mangue surgelés. Le tableau 1.2 donne les principales utilisations de la pulpe de mangue en Europe. Tableau 1.2. Principales utilisations de la pulpe de mangue en Europe. Industrie de boissons : Jus, nectar, smoothies, et autres 65% boissons contenant du jus Industrie de lait : Yogourt, glace, desserts, sauces etc. 30% Autres industries : Confiture, gelée etc. 5% Source : United Nations Statistics Office, 2005 1.1.2 Marché des jus et concentrés de fruits En 2007, la consommation totale de jus de fruits et de nectars de l'UE s’élevait à 11,2 milliards de litres, soit 23 litres par personne. Le jus d'orange est le jus de fruit le plus populaire dans l'UE (38%) en 2007, suivi par le jus multi fruit (18%), le jus de pomme (14%), le jus de pêche (4%) et le jus d'ananas (3%). Comparativement à ceux d'Europe de l’Est, les pays d’Europe de l’Ouest ont un fort taux de consommation par personne, et une plus grande part de jus tropicaux de luxe. Le plus grand consommateur, à la fois par habitant et en termes absolus, est l'Allemagne, avec 33,5 litres par personne et par an, et un total de 2,8 milliards de litres (26% de la consommation de l'UE). Suivent la France 61 (14%), le Royaume-Uni (13%), l’Espagne (11%), l’Italie (8%), la Pologne (7%) et les Pays-Bas (4%)16. En 2007, l'UE a importé 6,4 millions de tonnes de jus, de concentrés de jus et de pulpe, d'une valeur de 5,9 milliards d’Euro. 1,4 million de tonnes (22%) provenaient des pays en développement, d’une valeur de 1,4 milliard € (34%). La valeur des importations en provenance des pays en développement a augmenté avec un taux moyen de 4% depuis 2002. Les gros fournisseurs de l'UE semblent s’être spécialisés : 95% des exportations du Brésil concernent le jus d'orange, pour la Chine, 95% des exportations concernent le jus de pomme, pour la Turquie 60% concernent également le jus de pomme, de même que pour l’Ukraine 97%, enfin pour la Thaïlande 95% des exportations concernent le jus d'ananas. 1.1.3 Tendances La consommation de jus sur les marché ouest-européen est en stagnation, et les producteurs cherchent à se développer par le biais de nouveaux produits, comme les smoothies (yogourts fouettés), les mélanges de jus et produits laitiers, les jus frais et les boissons fonctionnelles à base de jus contenant des vitamines, des minéraux et autres ingrédients. Ceux-ci demeurent des produits de niche, dont la croissance a été rapide grâce à une prise de conscience grandissante par rapport aux aliments sains. Cependant, avec la récession économique actuelle, ces produits de luxe sont vulnérables et présentent des signes de déclin. Une deuxième tendance est l'introduction de mélanges avec des fruits tropicaux comme la mangue et des « super fruits » exotiques qui contiennent de grandes quantités de vitamines et d'anti-oxydants, tels que les grenades et assai berries, ou des légumes, notamment la carotte. Ceux-ci sont utilisés aussi bien pour les jus que pour les nouveaux produits tels que les mélanges de produits laitiers et les smoothies. En Europe occidentale, la popularité de la mangue a augmenté en raison de ces tendances. Cependant, en termes de volume, elle reste un produit de niche, avec une part de marché de moins de 1%. Tout d'abord, la mangue est relativement nouvelle pour les Européens et a un goût très particulier, auquel il faut s’habituer. Le jus de mangue est également beaucoup plus épais que les jus d'orange et de pomme, ce qui le rend plus difficile à boire. Troisièmement, le jus de mangue est beaucoup plus cher que les jus traditionnels européens tels que les jus de pomme et d'orange. En conséquence, on trouve rarement du jus de mangue à 100% car son marché est trop étroit. Une grande partie de la pulpe de mangue est utilisée dans des mélanges tropicaux contenant généralement 2 à 3 fruits tropicaux mélangés à une grande quantité de jus de pomme et de jus d'orange. Dans ces mélanges, on n’a besoin que d’un faible pourcentage de mangue pour créer un goût de mangue. En outre, le prix élevé de la pulpe de mangue incite les producteurs à limiter son utlisation dans les mélanges.. Dans les mélanges tropicaux, un pourcentage de 2,5% à 5% de mangue est un taux normal, parfois même 10% est utilisé. Les jus de mangue et d'orange sont également populaires et peuvent contenir de 15% à 20% de mangue. Néanmoins, les consommateurs commencent à bien apprécier le goût de mangue, et par conséquent le marché de la pulpe de mangue a de bonnes chances de se développer au détriment des autres fruits. Le tableau 1.3 décrit l'importation (non pas l'utilisation) des jus de fruits dans l'UE. La mangue tombe dans la catégorie des autres fruits ou jus de légumes. En Europe de l'Est, la consommation de jus est encore en augmentation, mais les fruits tropicaux, comme la mangue, sont encore largement inconnus. Il est probable que dans quelques années, si le revenu disponible continue d'augmenter et si le marché des jus traditionnels commence à stagner, cela pourrait devenir un marché important. Toutefois, la demande pour lemoment est encore limitée. 16 CBI Etude de marché: le marché de l'UE pour les jus de fruits 62 Tableau 1.3. Importation des jus de fruits dans l'UE. Type de jus Part d’importation de fruit dans l’UE Orange 44% Pomme 20% Ananas 5% Raisin 4% Pamplemousse 3% Autre agrume 3% Tomate 0.4% Autres fruits ou légumes 13% Mélange de jus 9% Source: Eurostat 2008 1.1.4 La structure de l'industrie européenne Les canaux de distribution les plus intéressants pour les exportateurs de DC passent par des agents / négociants et <compound houses>, qui approvisionnent l'industrie. Les PaysBas (Rotterdam), l'Allemagne (Hambourg), et la Belgique (Gand), sont les principaux centres européens de commercialisation de jus. Les « compound houses » sont des sociétés importatrices spécialisées dansles jus de fruits concentrés, qui transforment souvent les jus de fruits importés et concentrés; c'est-à-dire qu’elles peuvent mélanger ensemble différents fruits pour créer de nouveaux goûts et y ajouter de l'eau et d'autres ingrédients. Elles peuvent également mélanger plusieurs types de pulpe de mangue provenant de divers fournisseurs, ou même d'origines différentes afin de standardiser le goût et la composition avant de les reconditionner. Après transformation, le mélange est vendu aux clients dans l'industrie des boissons, mais aussi celles des produits laitiers et de crèmes glacées. Elles ont des installations spécialisées de stockage et de transformation dans les zones portuaires à partir desquelles le jus de fruits et les concentrés sont expédiés à leurs clients. Bien qu' elles importent en grande partie directement auprès des producteurs ou des exportateurs des pays en développement, elles utilisent aussi des agents ou d'autres importateurs, plus précisément pour les produits spécialisés, ou si des volumes supplémentaires sont nécessaires et qui ne peuvent pas être assurés par leurs fournisseurs habituels. Des grands importateurs / compound houses sont le groupe Döhler d'Allemagne http://www.doehler.com Eurocitrus aux Pays-Bas, la plus grande REFRESCO aux Pays Bas avec sa société soeur Délifruits/France et deux autres complexes de production en Belgique SVZ avec sa société sœur Netra Agro http:// www.svz.com Cargill http://www.cargill.com. Hiwa http://www.hiwa.nl ne fait pas d’importation, mais est le plus grand entrepôt frigorifique d’Europe pour les jus. Cette dernière reconditionne aussi et transforme pour d'autres clients (importateurs). Un importateur peut importer jusqu’à 10 000 tonnes de pulpe et de purée de mangue chaque année. 63 En ce qui concerne la transformation, il existe beaucoup de petites et moyennes entreprises de fabrication de jus, en particulier pour les marchés de niche tels que les mélanges de fruits tropicaux ou les jus biologiques. Etant donné que l'Allemagne constitue le plus grand marché européen de jus de fruit, il n'est pas surprenant que la transformation de jus de fruit soit concentrée en Allemagne, où 411 producteurs ont fabriqué un total de 4,04 milliards de litres de jus / nectars de fruits et de boissons de jus de fruits en 2007 (Association de l’industrie allemande du jus de fruits, VDF). Beaucoup d'entre eux ne vendent pas sous leur propre marque, mais produisent pour d'autres marques ou détaillants. Il y a également au Royaume-Uni et en France un grand nombre de producteurs, suivis par d'autres pays comme les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne et l’Italie. Comme c'est le cas pour de nombreux autres produits alimentaires, l'industrie européenne de jus de fruit et de produits laitiers est composée d'un nombre limité de grandes sociétés (multinationales), et de quelques petits acteurs de marché niche. Les gros acheteurs de pulpe de mangue et aussi de blocs IQF sont : Hero AG (http://www.hero.ch) : smoothies, confitures & marmelades, aliments pour bébés Unilever (www.unilever.com); crème glacée FrieslandCampina (www.frieslandcampina.com); jus de fruits et produits laitiers. Gerber Foods Soft Drinks Ltd (http://www.gerberjuice.com); jus et smoothies Tropicana (http://www.tropicana.com), appartenant au groupe PepsiCo avec 50% de part de marché de jus de fruit au Royaume-Uni Eckes Granini (http://www.eckes-granini.com), a repris plusieurs marques dans 6 pays Minute Maid (http://www.minutemaid.com); jus de fruits, appartenant au groupe Coca Cola Del Monte (http://www.freshdelmonte.com/ourproducts/beverages.aspx); jus et conserves de fruits Welch's (http://www.welchs.com) AGRANA Juice & Fruit Holding GmbH (http://www.agrana.com) Danone (www.danone.com) : produits laitiers, aliments pour bébés Dr. Oetker (www.droetker.de) : produits laitiers Innocent (www.innocent.co.uk); jus et smoothies Les plus grandes sociétés, telles que Unilever, ont tendance à acheter directement une grande partie de leur jus, y compris la mangue. Toutefois, étant donné que la mangue est encore pour elles un petit produit, l’utilisation des compound houses et des agents d'importation est encore une pratique courante. Les gros acheteurs ont tendance à obtenir une grande partie de leur demande avec des contrats fixes, et à acheter avec les courtiers de petites quantités sur le marché au comptant. Beaucoup d'entre eux sont situés à Rotterdam, où ils stockent la pulpe. 1.1.5 Exigences des acheteurs Les plus importantes exigences des acheteurs de pulpe sont les suivantes : 1. Goût et Arôme : L'arôme doit s'harmoniser avec d'autres ingrédients, et il y a une grande préférence pour le goût fort de mangue, de sorte que l’on a moins besoin de la pulpe de mangue qui est relativement chère. 2. Force / teneur en sucre : Ceci est mesuré en Brix (quantité de sucre par 100 grammes de liquide). Généralement, plus le taux de Brix est élevé, plus fort est l’arôme. La pulpe de simple puissance est tout simplement de la mangue en pulpe et a une puissance de 14 à 18 °Brix. La pulpe de double puissance, souvent appelée purée, dont l'eau s'est évaporée, a une valeur d'environ 28 °Brix. La condensation diminue les coûts de transport, mais diminue aussi le goût et l'arôme. 3. Variété : Souvent, la variété est utilisée comme une indication du goût et de la teneur en sucre (Brix) 4. Prix : le prix est l'un des facteurs le plus important de décision, étant donné que de nombreuses variétés de mangues de différentes origines sont dans une 64 5. 6. 7. 8. 1.1.6 certaine mesure interchangeables. Si des arômes spécifiques sont nécessaires, le prix peut jouer un moindre rôle, surtout pour les produits haut de gamme Origine : Beaucoup d'importateurs et de producteurs tentent de réduire leur dépendance du marché indien en cherchant des alternatives ; surtout lorsque de grandes quantités sont nécessaires avant que la nouvelle récolte indienne n’arrive sur le marché. Conditionnement & forme : la pulpe surgelée est plus chère à transporter et à conserver. Elle constitue par conséquent un vrai produit de qualité supérieure. La norme du marché semble être la pulpe stérilisée conservée dans des sacs aseptiques en polyéthylène placés dans des fûts en plastique de 50 à 200 litres, qui peut être conservée à une température ambiante. Certification : Etant donné qu’il s’agit de transformation industrielle à grande échelle pour les consommateurs européens, les normes sont importantes. HACCP, ISO, BRC (British Retail Consortium), IFS (International Food Standard, nécessaire pour les supermarchés allemands et français) et SGF (Sure Global Fair, norme facultative pour les producteurs de jus qui vérifie l'origine et le contenu) sont souvent requis. Organisation de l'entreprise et fiabilité: étant donné qu’il s’agit de quantités assez importantes qui sont ajoutées à des produits essentiels, les fabricants d'aliments veulent s’assurer que leurs fournisseurs seront capables de satisfaire à leurs obligations dans l'avenir (pérennité de l’entreprise). Goût, arôme et variété Le goût et l'arôme sont principalement déterminés par la variété de la mangue, le lieu de culture, le traitement technique et la maturation de la mangue au moment de la transformation. Ces facteurs déterminent également la quantité de sucre dans la pulpe, mesurée en Brix. Parmi tous ces facteurs, seuls la variété et le Brix sont facilement vérifiables, et sont donc utilisés comme un indicateur pour le goût lors de la commercialisation. Toutefois, pour les nouveaux fournisseurs, un échantillon du produit est toujours demandé pour en tester le goût. Etant donné que la pulpe de mangue est relativement chère, et est utilisée en Europe presque exclusivement dans les mélanges de jus ou comme ingrédient alimentaire, un goût et un arôme forts sont préférés, car on n’a besoin que d’une petite quantité de mangue dans le mélange. Certaines espèces, notamment Alphonso, sont reconnues pour le goût fort et la haute teneur en sucres, et sont donc, en principe, préférées à d'autres. Certaines espèces ont également un goût de mangue plus particulier que d’autres. Parce que la mangue est généralement mélangée avec d'autres produits, le goût doit s'intégrer dans d'autres ingrédients. Hero, par exemple, utilise une Magdalena spécifique en provenance de Colombie, car elle ajoute un certain goût à certaines de leurs boissons aux fruits. Parce que l'Inde est de loin le premier pays producteur de pulpe de mangue, les espèces et la qualité de mangues produites dans ce pays sont souvent considérées comme une référence de qualité sur le marché mondial. Alphonso est une pulpe de grande qualité (1718 Brix) et communément considérée comme la meilleure sur le marché. Elle sert pour des utilisations haut de gamme comme la crème glacée, les jus haut de gamme et les aliments pour bébés. Elle ne pousse que dans une petite zone de l'Inde au cours d'une saison courte. Cette mangue est difficile à substituer, mais certaines variétés en sont proches, telles que Kesar (Inde), Magdalena (Colombie), Oro (Mexique) et Chato de Ica (Pérou). D’autre part, la variété Totapuri est considérée comme étant de basse qualité (14 -16 Brix). En fait, la production de mangue Totapuri est presque exclusivement destinée à l'industrie, et non pas pour le marché de mangue fraîche. Si la saison est bonne, les prix de la pulpe de Totapuri sont imbattables. Mais si la récolte et les stocks sont faibles et que les prix augmentent, la Totapuri est remplacée par les espèces comme Tommy Atkins, Keitt et Kent (produites dans la plupart des pays) Criollo et Haden (Equateur), Palmer (Brésil), et Manille (Mexique). Un fait qui n’est très connu au niveau des importateurs, est que le degré de maturité de la mangue est fondamental pour la qualité de la pulpe qui sera produite à partir de ces fruits 65 (un fruit pas suffisamment mûr développera moins d’arômes, et son goût acide affectera l’ensemble du lot de pulpe produit). . la maturation de la mangue a une grande influence sur le goût. La norme de transformation commune est aseptique (par opposition aux fruits surgelés), et plus la température nécessaire pour tuer les bactéries est élevée, plus le goût se perd. L'évaporation de l'eau pour faire de la pulpe double puissance, appelée aussi purée, réduit le goût, car les arômes volatiles sont perdus lors du processus de chauffage. 1.1.7 Les Prix Parce que l'Inde est un acteur dominant sur le marché, le niveau général des prix est principalement influencé par la récolte dans ce pays. D’autres facteurs sont la disponibilité des stocks de l'année précédente et la récolte d'autres régions productrices de pulpe (principalement le Mexique, l’Equateur, la Colombie et le Pérou). Le niveau général des prix peut facilement varier de $ 200 par tonne au courant de la même année. Cependant, le plus grand facteur est la variété commercialisée. Il semble que le prix d’ Alphonso soit près de deux fois le prix de Totapuri : les prix récemment mentionnés sont de 700 $ pour Totapuri et 1400 $ pour Alphonso, CIF Rotterdam. Au cours des dernières années, les prix de ces variétés ont baissé jusqu’à 550 $ et 1200 $. D'autres variétés d'Amérique latine coûtent environ 700 $ à 900 $, et ne peuvent pas rivaliser avec Totapuri dans une année de bonne récolte. Toutefois, elles sont généralement considérées comme étant de meilleure qualité. 1.1.8 Biologique et commerce équitable Le marché de pulpe de mangue biologique et en particulier de commerce équitable semble être très limité en ce moment. A peine 5% du marché des jus est biologique, et pour la pulpe de mangue cela semble être beaucoup plus faible. Les importateurs établis indiquent que, de temps en temps, ils reçoivent des demandes, mais la plupart des acheteurs potentiels se rebiffent quand ils prennent connaissance des prix. Selon eux, la demande de commerce équitable est en stagnation, alors que celle de la mangue biologique augmente modestement. Il semble que le commerce de la pulpe de mangue bio et de commerce équitable, ainsi que la fabrication de jus bio / de commerce équitable se limitent à des acteurs de niche spécialisés. La faible demande de pulpe de mangue biologique semble étrange vu que le jus et les smoothies font partie d'une culture de santé et, partant, le bio semble avoir une bonne position. En outre, les produits biologiques sont très populaires en Allemagne, qui est aussi le plus grand marché du jus. La mangue étant déjà chère, il se pourrait que la mangue biologique pousse le prix du produit final trop haut. En effet, le jus biologique à base de mangue est très rare. Actuellement, la plupart des producteurs de jus biologiques semblent se concentrer sur les saveurs de jus classiques européennes comme la pomme, l'orange et le raisin. Une autre raison pourrait être que, conformément à la législation de l'UE, un jus biologique peut contenir jusqu'à 5% de jus non biologique. Etant donné que la mangue est utilisée uniquement en petites quantités, les producteurs pourraient opter de combler les 5% avec de la mangue conventionnelle. A la lumière des tendances vers des jus tropicaux plus aromatisés et une forte croissance des produits biologiques, il semble probable que le marché de la pulpe de mangue biologique augmente considérablement. Les supermarchés sont constamment en train d'accroître leur gamme de produits biologiques, et semblent cibler certaines catégories. Des acquis importants ont été réalisés dans les fruits et légumes, les produits laitiers et les produits carnés. La catégorie des jus pourrait être l’une des sont prochaines cibles dans un avenir proche. 1.1.9 Décision d'achat Pour les acheteurs, la décision d'achat relève d’une combinaison de critères devant être remplis, notamment la certification et les spécifications techniques de base, comme l'acidité, la microbiologie et le goût de base. La deuxième partie est un difficile compromis entre goût et coûts: l’utilisation de variétés moins chères et de la purée concentrée au lieu de la pulpe réduira le coût par unité, mais il se pourrait que plus de mangue soit 66 nécessaire pour atteindre un certain goût, ce qui augmentera le coût. Chaque acheteur est susceptible de tester et de calculer ce qui est l'optimum pour son mélange. 1.1.10 Origine : un aperçu du commerce mondial de la pulpe de mangue L'Inde est le premier exportateur de pulpe / purée de mangue, suivie par le Mexique, la Colombie, l'Équateur et le Pérou (tableau 1.4). Selon Foodnews (2004), l'Inde contrôle 63% du marché mondial. L'Inde produit de la pulpe d’Alphonso de haute qualité et de Totapuri de faible qualité. Le tableau 1.4 montre l'exportation indienne cumulée pour la saison 2008. 60% du volume des échanges va au Moyen-Orient, 20% en Europe et 6% vers l'Afrique du Nord et de l’Est. Tableau 1.4 Exportation mondiale de la pulpe de mangue Quantité Part du Pays Valeur ($ US) (en tonnes) volume Moyen-Orient: 99.727 60% $50.046.630 Afrique du Nord et 9.385 6% $5.701.932 de l’Est Europe 32.853 20% $28.002.201 Amérique du Nord 5.748 3% $5.373.624 Asie 11.115 7% $10.340.077 Russie & Ukraine 5.426 3% $3.516.017 Reste du monde 2.498 1% $1.505.049 Prix par tonne $502 $608 $852 $935 $930 $648 $603 Source: APEDA Le tableau 1.5 montre que le plus gros acheteur de pulpe indienne est l'Arabie saoudite, qui dispose de grandes industries de production de jus de fruit, suivie par le Yémen et les Pays-Bas. Les Pays-Bas servent de lien commercial avec l'Europe. Le Moyen-Orient et une grande partie de l’Asie achètent de la pulpe de Totapuri à bas prix, tel qu’illustré par les prix unitaires. L'Europe achète une combinaison de Totapuri et d’Alphonso, le Japon et les États-Unis achètent de la pulpe de plus grande qualité. Taleau 1.5 Importation mondiale de la pulpe de mangue Quantité Part du Pays Valeur ($ US) (Tonnes) volume ARABIE SAOUDITE 46.435 28% $24.263.513 REP. YEMEN 21.679 13% $8.819.326 PAYS-BAS 19.044 11% $15.852.466 EMIRATS ARABES 15.177 9% $8.185.466 UNIS KOWEIT 8.439 5% $4.434.663 ROYAUME UNI 7.283 4% $5.936.124 JAPON 5.376 3% $7.149.519 RUSSIE 4.504 3% $2.732.937 ETATS-UNIS 4.044 2% $3.817.695 NEPAL 3.210 2% $1.658.594 Prix par tonne $523 $407 $832 $539 $525 $815 $1.330 $607 $944 $517 Source: APEDA Au cours des 3 dernières années, les volumes des exportations en provenance de l'Inde ont augmenté de 23% (APEDA), malgré les affirmations de certains experts selon lesquelles la consommation intérieure de pulpe en Inde a augmenté au détriment des exportations. Les importateurs et les producteurs d'aliments sont continuellement à la recherche d'alternatives à la pulpe indienne. Les raisons évoquées sont : 1. Prévisions de production non fiables et donc grandes fluctuations de prix 2. Difficulté à traiter directement avec les producteurs indiens, les problèmes à trouver des fournisseurs fiables, et des problèmes avec le risque de contamination des aliments livrés. 67 3. Difficulté à planifier pour une année à l'avance, avant la saison des récoltes indiennes, les demandes des clients afin d’obtenir un approvisionnement suffisant, notamment quand une pénurie est prévue. En raison de leur proximité, le Mexique et la Colombie desservent principalement le marché nord-américain, où un grand nombre d'expatriés d'Asie du Sud sont les principaux consommateurs de produits de mangue. Le Mexique fait également partie de l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), ce qui constitue une incitation supplémentaire. L’Equateur, le Pérou et dans une moindre mesure le Brésil, desservent également le marché européen. La Thaïlande, les Philippines et l'Inde desservent le marché d’Asie du Sud-est, tandis que le Pakistan fournit principalement le Moyen-Orient. La Chine est un gros producteur, mais la consommation domestique est élevée. Les statistiques montrent qu’en fait la Chine importe de l’Alphonso venant d'Inde (Foodnews). 1.1.11 Etat actuel du marché Actuellement (2009), la demande pour la pulpe de mangue de basse et moyenne qualité est limitée. La récolte de Totapuri en Inde a été importante, ce qui signifie que l'offre est abondante. En outre, la demande pour la pulpe de mangue a diminué à la suite de la crise financière mondiale et la récession économique, parce que les produits à base de mangue sont encore considérés comme des produits de luxe. Les ventes de smoothies par exemple ont diminué fortement. Par ailleurs des stocks de l'année dernière sont encore disponibles dans le port de Rotterdam, même si la récolte de l’Inde de cette année est déjà en cours depuis longtemps. L’année sera difficile pour gagner de nouveaux clients dans ce secteur. Actuellement, la plupart des demandes concernent la pulpe aseptique, et, dans une moindre mesure, la purée. Il n’y a pas un marché important pour le jus biologique en Europe. Le marché des pulpes de haute qualité pourrait offrir une meilleure perspective, parce que la récolte d’Alphonso a été décevante pour la deuxième année consécutive. 1.1.12 Perspectives pour l’avenir A long terme, la demande devrait augmenter de nouveau et continuer à croître au fur et à mesure que la popularité du goût de la mangue se répandra. En outre, les smoothies et les boissons lactées à base de mangue sont de plus en plus populaires. Les producteurs et les importateurs alimentaires continueront à chercher des alternatives à la pulpe indienne, en particulier pour l’Alphonso. Par ailleurs, le marché biologique est susceptible d'augmenter dans un avenir proche, et offre des possibilités intéressantes. Mais, étant donné que les produits biologiques ont tendance à être des produits de luxe, la qualité doit être bonne. Malheureusement, Amélie et Brooks sont des variétés inconnues, aussi bien sur le marché de la pulpe que sur celui du frais. La question est donc de savoir où elles seront intégrées sur l'échelle de la qualité. Actuellement, on ignore si leurs goûts sont appréciés pour les jus et autres produits. Si elles peuvent offrir un goût unique qui se mélange bien avec d'autres ingrédients, ou sont considérées comme une alternative à l’Alphonso, alors il existe de grandes opportunités. Si, au contraire, elles constituent encore une autre alternative pour le Totapuri, alors les choses pourraient être plus difficiles, parce que la saison au Mali coïncide avec celle de l'Inde. La recherche doit continuer en collaboration avec les importateurs afin de trouver où le produit actuel s'inscrit dans la gamme, et quelle serait la meilleure stratégie pour aller de l’avant. Si le goût et l'arôme ne sont pas suffisamment spéciaux, opter pour la purée pourrait être une solution. D'autre part, on pourrait choisir d'exporter uniquement la pulpe dans les semaines où il y a un brix supérieur, et utiliser le reste pour la production de jus locaux. 68 1.2 Marchés locaux et régionaux pour les jus et les pulpes 1.2.1 Le jus de mangue Au Mali et au Burkina Faso, le goût du jus de mangue est très apprécié par les consommateurs. Toutefois, au Mali, sa disponibilité est essentiellement limitée à la saison des mangues et aux quelques mois suivants. La distribution est également limitée aux hôtels, restaurants et supermarchés de Bamako. Cela est dû au fait qu'il n'y a pas de grands producteurs ayant une large distribution, mais seulement du jus artisanal et semi industriel. Tous les producteurs de jus affirment qu'ils n'ont aucun problème à vendre le produit, mais ils sont limités par la disponibilité des bouteilles et de pulpe de mangue surgelée en dehors de la saison. Tous ces producteurs font leur propre pulpe. En conséquence, la disponibilité du produit est limitée aux points de vente qui acceptent de consigner les bouteilles. , ou alors aux supermarchés dont les clients sont assez riches pour payer un prix prenant en compte le coût de la bouteille. En plus de la pulpe à base de mangue, il existe aussi une petite entreprise artisanale à Koulikoro, qui fabrique du jus de mangue avec de la mangue séchée en dehors de la saison des mangues. Cette production est également vendue dans les supermarchés de Bamako et dans plusieurs restaurants. Parce que la production est artisanale, le goût peut varier beaucoup. En outre, les bouteilles utilisées sont également souvent différentes, parce que les producteurs utilisent tout ce qui leur tombe sous la main, y compris les bouteilles auparavant utilisées pour les médicaments. Les produits concurrentiels sont d'abord et avant tout le jus d'ananas en conserve (Ivorio) de Côte d'Ivoire, qui est disponible dans presque tous les bars, restaurants et hôtels de Bamako et d'autres grandes villes. En second lieu, il y a des boissons comme Coca-Cola et Fanta, qui ont également une distribution très large. L'immense popularité d’Ivorio est une bonne indication du potentiel du marché pour le jus de mangue. Premièrement, il est bu largement par un grand nombre de personnes, ce qui indique que le jus représente en soi un vaste marché potentiel. Deuxièmement, l'emballage n'est ni élégant, ni pratique : une grande boite qu’on ne peut ouvrir qu’avec un ouvre-boîtes. Enfin, au Mali, les gens ont tendance à préférer le goût de la mangue à celui de l'ananas. Au Burkina Faso, la situation est très différente, parce que DAFANI produit le jus de mangue à l'échelle industrielle, le mélange avec d'autres fruits et a mis en place, en l'espace d'un an, un réseau de distribution intensif. Le tableau 1.6 montre la moyenne des ventes pour tous les boissons de mangue, le jus de mangue et le nectar de mangue dans les magasins, les restaurants et les hôtels, ainsi que le pourcentage de points de vente où ces produits sont vendus. Tableau 1.6 Marché intérieur pour les jus et nectars Ouagadougou Boisson mangue Quantité (litres par semaine par détaillant) Taux de référencement Bobo Dioulasso Jus de Nectar de mangue mangue Détaillants Boisson mangue Jus de mangue Nectar de mangue 209 72,4 78,4 30 22,5 27,7 100% 100% 100% 95% 45% 90% Hôtels Quantité (litres/semaine) Taux de référencement (%) 60 20 20 18 10 9 100% 83% 66% 70% 10% 70% Restaurants Quantité (litres/semaine) 105 33 45 20 Néant 10,6 Taux de référencement (%) 40% 40% 40% 100% Néant 100% Le tableau 1.6 montre la forte pénétration du marché des jus de mangue et de nectar au Burkina Faso, en grande partie à la suite de l'entrée de DAFANI sur le marché. Le nectar de mangue semble même être plus populaire que le jus, tandis que le jus de mangue 69 détient une part de marché comprise entre 30% et 50% sur le marché global du jus. Les ventes à Ouagadougou sont en moyenne de 836 litres de jus de mangue par mois contre 120 litres à Bobo Dioulasso. Dans les rayons, le jus de mangue est bien représenté. Les détaillants trouvent que la qualité du jus DAFANI est bonne. Le prix de vente est acceptable mais il n’est pas standard dans les points de vente. Ces déviations au niveau du prix font que quelquefois le client trouve que le produit est cher. Le format 0,5 litre est quelquefois indisponible. Les emballages de 0,25 l et de 0,33 l manquent actuellement sur l’offre de Dafani, mais sont demandés, particulièrement par les enfants. Il existe des produits directement concurrentiels tels : KALYPPO, JUS D’OR, TAMPICO, IVORIO, JOCKER, FRUITY, PAQUITO, etc. La qualité des produits DAFANI est jugée supérieure à celle des concurrents. Cependant, les prix des produits concurrentiels sont relativement plus bas comparés à ceux de DAFANI. Au niveau du jus de mangue, les producteurs artisanaux de façon individuelle peuvent se positionner sur des niches. Il s’agit de proposer à certains hôtels et restaurants du jus de mangue qui pourrait répondre aux besoins des clients (besoins non satisfaits par DAFANI et ses principaux concurrents). Il faut noter que certains hôtels et restaurants tentent de combler déjà ces besoins en fabriquant eux-mêmes leur jus. Pour les consommateurs, les caractéristiques les plus appréciées du jus de mangue sont : le goût sucré ; le goût moins sucré ; le goût uniquement mangue. Cela signifie qu'il y a un segment de marché à la recherche d'un jus moins sucré. Les freins à la consommation sont : la cherté, le goût non naturel et la mauvaise conservation des produits. 1.2.2 Perspectives et stratégie Avec la grande préférence pour la mangue au Burkina Faso, au Mali et dans les pays voisins, le marché potentiel semble considérable. Les expériences des petits producteurs au Mali et de DAFANI au Burkina Faso indiquent qu'il existe une forte demande pour les jus. Afin d'augmenter les ventes au Burkina Faso et dans les pays voisins, DAFANI pourrait entreprendre un certain nombre d'activités: employer un service commercial qui pourrait convaincre les hôtels, restaurants et magasins qui ne vendent pas encore le produit, de commencer à le commercialiser, en particulier à Bobo Dioulasso. Mettre au point une variété de jus de mangue moins sucré (limiter l’ajout de sucre) ce, c'est à dire en utilisant différentes variétés de mangues et en ajoutant plus ou moins de sucre. Créer des PLV (Publicité sur le Lieu de Vente) génériques des jus la mangue pour accroître leur visibilité au niveau des points de vente. Subventionner des réfrigérateurs de marque, des parasols et des nappes de table ; utiliser d’autres stratégies similaires à celles de l’industrie de la bière et des boissons non alcoolisées afin d'accroître la visibilité. Négocier l’emplacement des produits de la mangue dans les zones phares des rayons. Créer un emballage plus petit de 0,33 ou de 0,25 litre pour les enfants. En plus de DAFANI, il y a probablement de la place sur le marché pour les petits producteurs qui peuvent offrir différents goûts dans des emballages de tailles différentes et de matériaux divers, par exemple les bouteilles de grande classe pour les restaurants et les hôtels de luxe. Afin de développer l'industrie au Mali, il faudra d’abord résoudre la question des matériaux d'emballage. Deuxièmement, pour ceux qui voudraient produire du jus en dehors de la saison des mangues se pose le problème du stockage de la pulpe (en réfrigéré, ou pulpe aseptique). Il y a probablement un marché pour les ventes de pulpe aseptique aux producteurs de jus locaux. 70 1.3 Le marché de pulpe et de jus au Moyen Orient Le Moyen Orient, et particulièrement l’Arabie Saoudite, à une grande industrie de production de jus et nectar. L’Arabie Saoudite importe 165.000 tonnes de jus concentré par an, dont 46.435 tonnes (28%) de pulpe de mangue de l’Inde. Les concentrats sont transformée en jus et nectar dans 20 à 30 usines. En 2007, 50% de la production de jus à été consommée localement et 50% est exportée vers la région et le reste du monde. Par exemple, on peut trouver du jus de fruit produit en Arabie saoudite en Afrique du Sud et dans les pays d’Afrique du Nord et de l’Est. L’exportation du jus a augmenté de 60,000 tonnes en 2001 de plus de 320.000 tonnes en 2007. Quelques grandes usines sont Al Rabie, Al Waha, Aujan Industries (avec la marque Rani qu’on peut trouver en Afrique du Nord), Almarai et HSA Group. D’autres grands producteurs de jus et importateurs de pulpe de mangue sont le Yémen (21.679 tonnes de pulpe importées), les Émirats Arabes Unis (15,177 tonnes), notamment Dubai, et le Koweït (8.439 tonnes). Néanmoins le chiffre d’importation de pulpe au Yémen nous semble peu réalsite. (il représente 13% de l’exportation totale de l’Inde) ; il y a 3 producteurs de jus (HSA Group, Dirham et Thadet Group). Pourtant, le Yémen n’est pas un pays très bien connu dans le domaine de la production de jus ou du commerce de pulpe. SAUDI ARABIA - Import, consumption and exports 20012007 400,000 350,000 300,000 250,000 200,000 150,000 100,000 50,000 2001 2002 2003 Total IMPORTS Figure 1.1. 2004 2005 2006 Total EXPORTS 2007 CONSUMPTION Evolution du marché de l’Arabie Saoudite En dépit du grand volume d’importation de la pulpe de mangue au Moyen Orient, les opportunités pour le Mali et le Burkina Faso sur ce marché paraissent limitées. Premièrement, le prix par unité est très bas : Seulement $407 par tonne pour Yémen en 2008 et $525 pour les autres. On estime que presque toutel’importation doit relever de la variété indienne Totapuri, pulpe de basse qualité. Il est très difficile d’entrer en concurrence avec l’Inde sur ce segment du marché. Deuxièmement, les liens commerciaux et logistiques entre l’Inde et le Moyen Orient sont bien développés, alors l’Afrique de l’Ouest est handicapée par son éloignement géographique.. 1.4 Le marché européen pour les cubes de mangue surgelée (IQF) En termes de volumes de vente, les cubes de mangue surgelés constituent le troisième produit sur le marché européen. Dans l'industrie, ces cubes surgelés, d’ un diamètre de 1cm, sont appelés IQF (IndividuallyQuick Frozen ). Leur fabrication consiste à couper automatiquement la mangue en petits blocs et en gelant les blocs individuellement. Les blocs de mangue surgelés sont conditionnés dans des boîtes de 10-20 kg. Les cubes IQF sont utilisés dans les produits alimentaires où il est important que le consommateur puisse voir et goûter les morceaux de mangue. Des exemples en la matière sont les yaourts de luxe ou les garnitures de crème glacée. La taille du marché pour ce produit est beaucoup plus petite que pour la pulpe car il est utilisé pour des produits de luxe, mais néanmoins il s’agit d’une denrée bien connue que la 71 plupart des importateurs de pulpe connaissent bien et en font le commerce sur une base régulière. Par exemple, une compound house européenne a indiqué que ses importations de cubes représentaient 20 % de ses importations de pulpe (en valeur?). L'année dernière, elle a importé 260 tonnes de cubes surgelés. Les prix des cubes IQF sont actuellement d’environ 1200 $ par tonne. La structure de la chaîne de valeur est comparable à celle de la pulpe de mangue ($800-1000 par tonne); les importateurs spécialisés ou les complexes de stockage dans les jus et fruits surgelés dirigent la plus grande partie des importations. Ce marché semble offrir d'excellentes opportunités pour l'avenir. Les importateurs s’intéressaient généralement aux nouvelles opportunités pour l'approvisionnement de ce produit. Toutefois, la production à l'échelle industrielle est nécessaire pour réaliser les économies d'échelle nécessaires afin d’offrir des prix compétitifs, et pour répondre aux critères d'hygiène des acheteurs. Deuxièmement, des recherches sont nécessaires pour déterminer dans quelle mesure les variétés locales sont appropriées pour la production de cubes avec la technologie actuelle, et dans quelle mesure leur goût est apprécié par les acheteurs européens. 1.5 Chutneys, atjars et sirop de mangue La plupart des produits de mangue en Europe sont fabriqués à partir de la pulpe de mangue, des cubes IQF et de la mangue séchée. Les chutneys et atjars sont des exceptions. Toutefois, ces produits ne sont pas bien connus en dehors des communautés indiennes et pakistanaises. Le Royaume-Uni abrite la plus grande partie de ces communautés. Toutefois, il est probable qu'il existe des liens solides au sein de cette communauté pour faire venir ces produits de leurs pays d'origine, où ils sont produits en abondance. Comme tel, il est peu probable que ces produits offrent une opportunité de taille. Le sirop de mangue a également été mentionné par certains comme une opportunité. Toutefois, le marché potentiel et son utilisation restent vagues en Europe. Une coopération étroite avec les importateurs serait nécessaire pour explorer davantage cette option. Sur le marché local, le sirop de mangue est vendu, mais a une position très faible. Les consommateurs préfèrent le sirop de gingembre ou de bissap. Ce produit n’est pas consommé dans les hôtels ou les restaurants du Burkina Faso. Il est vendu de façon sporadique dans les magasins locaux. La quantité moyenne prévisionnelle par individu est de 0,2 litre par mois. 1.6 Confiture Le marché européen n'offre pas d'opportunités pour les confitures produites au Mali et au Burkina, d'une part parce que la production à l'échelle industrielle est nécessaire pour atteindre des économies d'échelle et répondre aux normes sanitaires très strictes, d'autre part parce qu’actuellement la confiture de mangue n’existe pas encore comme produit et nécessitera d'importants efforts de marketing pour être développé, et surtout parce que les producteurs européens pourraient utiliser la pulpe de mangue pour faire une marmelade beaucoup moins chère, si la demande existait. En observant le marché local (tableau 1.7), l’on se rend compte que la confiture n'est pas un produit traditionnellement consommé au Mali et au Burkina Faso. Elle est surtout consommée par les étrangers vivant dans ces pays et qui l'achètent dans les supermarchés, ainsi que par les voyageurs étrangers qui la consomment comme petit déjeuner dans les hôtels. La confiture de fraise est le goût le plus populaire, et elle est toujours importée par des grossistes tels que Marina Market et Sonacof. La mangue, d'autre part, n'est pas du tout un fruit traditionnel pour la préparation de confiture, et n’est donc pas un choix naturel pour les consommateurs, ni pour les restaurants et les hôtels qui servent des étrangers. En général, il est difficile pour les producteurs locaux de rivaliser avec la qualité des produits importés. 72 Les recherches au Burkina Faso ont révélé que seulement 13% des points de vente (les boutiques de stations d’essence, les supermarchés et les supérettes de quartier) des villes de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso vendent la confiture. C’est seulement dans environ 20% des points de vente de confiture qu’on peut trouver la confiture de mangue. Chaque détaillant vend en moyenne 6 pots d’environ 450 g par mois à Ouagadougou, contre 4 kg à Bobo Dioulasso. Les détaillants trouvent que la qualité de la confiture est bonne. Au niveau des hôtels de Ouagadougou, 50% en utilisent dans leurs restaurants contre 30% à Bobo Dioulasso. Chaque hôtel vend en moyenne 1,35 kg par mois. Selon les hôtels, les consommateurs préfèrent la confiture de fraise achetée auprès des importateurs grossistes. Tableau 1.7 Marché intérieur pour les confitures Ouagadougou Confiture de Confiture mangue Détaillants Quantité (kg par semaine par 5,43 2,40 détaillant) Taux de référencement 70 25 Bobo Dioulasso Confiture de Confiture mangue 1,22 0,90 63,64 18,18 Hôtels Quantité (kg/semaine) Taux de référencement (%) 0,08 0,03 2,64 0,45 15 15 80 10 2,70 1,80 6,75 Néant 20 20 40 Néant Restaurants Quantité (kg/semaine) Taux de référencement (%) Les critères d'achat les plus importants pour les consommateurs sont le goût sucré, le fait qu’il s’agit du goût de mangue uniquement, non mélangée avec d'autres fruits, et une couleur homogène. Le ménage moyen estime consommer 500g de confiture par mois, soit environ un pot. Bien que la promotion accrue du produit dans les hôtels et les restaurants puisse améliorer quelque peu le volume des ventes, la confiture ne semble pas constituer un grand marché. Il y a peu d'indications portant à croire que la production de confiture pourrait croître audelà de sa taille actuelle, celled'une petite industrie. 73 2 La production de la pulpe, du jus et de la confiture de mangue au Burkina Faso et au Mali A l’exception de l’usine très moderne de la société Dafani à Orodara (Burkina Faso) où la pulpe et le jus sont produits à une échelle industrielle, les autres producteurs utilisent des techniques plutôt artisanales/semi-industrielles à des échelles réduites pour la transformation de la mangue. 2.1 La production artisanale et semi-industrielle La production artisanale et semi-industrielle de jus et de la confiture de mangue se fait par une quinzaine de petites et moyennes entreprises au Burkina Faso et au Mali pour le marché intérieur. Lorganisation de ces entreprises en associations de commercialisation est moins importante que pour la mangue séchée, notamment destinée à l’exportation. Certaines entreprises, notamment au moment où il y a un manque de bouteilles sur le marcché pour conditionner les jus, produisent de faibles quantités de pulpe, pour le stockage sous forme congelée. Le produit n’est pas vendu, mais transformé en jus (ou en confiture) ultérieurement. D’autres entreprises (parex. Yelemany Baa, jusqu’à 500 tonnes/an, Cotrapal à Bobo Diolasso (jusqu’à 11t/an), et Fenatra à Orodara(50 tonnes/an) commercialisent aussi la pulpe. Yelemany Baa a exporté vers l’Europe, mais n’apas réussi à maintenir ce courant d’affaires,. Le jus de mangue produit localement est en réalité un nectar (dilué à l’eau, sucré et acidifié). Le vrai jus de mangue est trop épais pur la consommation directe. Les capacités des entreprises pour la production de nectar varient entre 5.000 et 500.000 litres par an (tableau 2.1). Tableau 2.1 Jus/nectar : caractérisation des entreprises selon leur taille Nombre d'entreprises Capacité de production Burkina Faso Mali <10.000 litres 2 2 10.000 à 100.000 litres 2 3 >100.000 litres 3 0 Nombre d'entreprises 7 5 Production totale (x 1000 litres) 800-1000 60-80 Source ? Les capacités des entreprises pour la production de confiture et de sirop varient entre 0,2 et 15 tonnes par an (tableau 2.2). Tableau 2.2 Confiture et sirop : caractérisation des entreprises selon leur taille Nombre d'entreprises Capacité de production Confiture Sirop Burkina Faso Mali Burkina Faso Mali <1 t 5 3 1 1 à 10 t 2 2 2 >10 t 1 0 1 0 Nombre d'entreprises 8 4 Production totale (t) 25 2? 25 2? Source ? En dehors des entreprises mentionnées, il y a de nombreux groupements de femmes qui produisent du jus et de la confiture à très petite échelle (<0,2 t). Au Burkina il y a aussi une entreprise qui produit de l’ordre de 60.000 litre de vinaigre de mangue. Au Mali il y a actuellement des opérations pilotes en cours pour ce produit. 74 2.1.1 Pratiques des unités de production de mangue transformée Le processus pour la production de pulpe est décrit dans la section 2.2.3. Pour la production de jus/nectar et de confiture, normalement, les premières étapes sont les mêmes que pour le séchage de mangue : 1 2 3 Récolte et de transport Réception, stockage et tri Prétraitement (lavage, épluchage, parage, tranchage) Les petites entreprises ont pourtant tendance à acheter les mangues aux marchés, ce qui leur évite d’établir des contrats de livraison avec les producteurs. Ensuite, pour le jus/nectar de mangue il y a : 4 Réduction en purée Les tranches de mangues sont écrasées pour donner de la purée de mangue dans un mortier, ou écrasé au moulin à légumes ou dans le Moulinex. 5 Raffinage La purée obtenue est filtrée pour la débarrasser des impuretés notamment les fibres, à l’aide d’un tamis fin métallique. 6 Préparation L’eau est ajoutée (environ 1,5 litre par kg de purée pour un jus artisanal, mais plus pour des boissons plussemi-indutrielles)) et du sucre (150 à 200 g/litre de jus selon la variété). Quelques Figure 2.1. Equipement de gouttes de jus de citron ou d’acide citrique sont ajoutées pour production de jus relever le goût. Le tout est bien mélangé et mis sur un feu doux. Quelques fois un peu d’arôme de fruits est ajouté vers la fin de la cuisson. 7 Cuisson Le produit est laissé à feu doux pendant 10 à 15 minutes à une température de 82°C. Ensuite on laisse refroidir le produit jusqu’à 65°C. 8 Conditionnement : On rencontre trois options : - Le jus est mis dans des bidons stérilisés au préalable. Les bidons remplis et bien fermés sont nettoyés et retournés tête en bas jusqu’à refroidissement total. - Le jus est directement mis dans des emballages cartonnés - Le jus est directement mis dans les bouteilles stérilisées, et puis pasteurisé (on pasteurise 50 l de jus en 2 heures). Les bouteilles sont étiquetées (nom du produit, composition, date de production, date limite de consommation, nom et adresse du fabricant…) Pour obtenir de la confiture, après le raffinage on continue généralement comme suite : 6 Préparation/Cuisson La purée obtenue est mis au feu et ensuite on y ajoute du sucre. Quelques gouttes de jus de citron (ou l’acide citrique) sont ajoutées vers la fin de la cuisson pour relever le gout et faciliter la gélification de la confiture. Le tout est bien mélangé et maintenu sur un feu doux jusqu’à l’obtention d’une concentration qui varie entre 65 à 72°Brix. Il faut noter qu’il n’est pas utile d’ajouter de la pectine dans la confiture de mangue ; la pectine de la mange elle-même suffit pour une très bonne gélification du produit. 7 Conditionnement Les pots sont remplis et bien fermés. Ils sont nettoyés et retournés têtes en bas pour assurer la stérilisation des couvercles. Ensuite on laisse les pots se refroidir à 70°C, soit à la température ambiante soit dans des récipients plongés dans un bain d’eau. Pour une bonne gélification les pots sont laissés à reposer, puis sont étiquetés (nom 75 du produit, composition, date de production, date limite de consommation, nom et adresse du fabricant…). 2.1.2 Evaluation des procédés, le problème de l’emballage Quant à la technologie pour la production artisanale et semi-industrielle de jus/nectar et de confiture, les entrepreneurs interviewés ont indiqué qu’il n’y avait pas de problèmes structuraux. Pourtant, sans exception, comme goulot d’étranglement dans le secteur ils ont mentionné la faible disponibilité des bouteilles pour le nectar et de pots pour la confiture. Des bouteilles et des pots de récupération sont utilisés, mais du fait de leur nombre limité, les transformateurs les réservent en priorité à leurs clients fidèles. Notamment pour le jus/nectar, les entrepreneurs ont des capacités de production et de vente beaucoup plus grandes que la disponibilité des bouteilles (en moyenne la capacité de production est facilement 3 fois supérieure à la production actuelle). Dans cette situation ils ont peu d’intérêt à investir dans un équipement plus moderne d’une plus grande capacité, même si cela était économiquement rentable. Pour le moment, les données économiques disponibles sur le secteur sont encore peu fiables, ce qui rend la proposition des solutions pour le problème des emballages difficile. Les observations suivantes peuvent être faites : Il n’y a pas de production locale de bouteilles (ou de pots) en verre. L’importation des bouteilles est chère17 et les coûts des bouteilles ne peuvent pas être entièrement répercutés sur le client. Ainsi un système de récupération de bouteilles s’avère nécessaire. Les prix des bouteilles et pots importés sont élevés à cause des taxes perçues sur le prix d’achat plus le prix du transport18. Il existe également des droits de douane pour les emballages importés à partir du Ghana. La liberté de circulation des biens à l’intérieur de l’UMOA (p.e. Côte d’Ivoire, Sénégal) n’est pas bien respectée. Il y a eu des tentatives d’achat groupé demballages, ‘mais elles n’ont pas été concluantes, notamment parce que celui qui l’investissent dans des bouteilles neuves ne sont pas sûrs de l pouvoir les récupérer. Dans le secteur des boissons gazeuseset de la bière dans les deux pays, le problème de bouteilles est bien résolu par une organisation assez stricte de la récupération (consigne des bouteilles). Apparemment, pour le secteur de production artisanale et semi-industrielle il est plus difficile de s’organiser de la même façon. La qualité de la production locale des bouteilles et pots produits en polyéthylène ne satisfait pas les exigences du secteur alimentaire19. Dans les deux pays, des entrepreneurs viennent de commencer la production commerciale de bouteilles PET. Pour le moment ces bouteilles sont plus chères (85 FCFA/bouteille de 0,33 litre avec bouchon) que celles de récupération dont le prix varie selon la demande autour de 40-60 FCFA/bouteille, mais la différence ne semble pas insurmontable. A moyen terme, l’utilisation des bouteilles PET pourrait constituer une solution, bien qu’à long terme,il pourrait y avoir un impact environnemental négatif. Il y a des expériences avec les emballages cartonnés (Tetrapak) et des sachets en film métallique. Ce sont des emballages perdus qui sont relativement chers. En plus, le remplissage aseptique demande des équipements spécifiques et alors des investissements assez élevés. Certaines entreprises ajoutent des produits de conservation pour pouvoir utiliser ces emballages. Le problème de l’emballage a déjà été souvent relevé et documenté, il ne emble donc pas opportun de préconiser une nouvelle expérience d’importation groupée. Il appartiendra aux acteurs de rechercher une solution plus durablement satisfaisante. 17 Par exemple un pot de confiture en verre coûte 90 FCFA l’unité FOB en France. Ce même pot rendu au magasin sur place revient à 275 FCFA, environ trois fois son prix réel. 18 Au Burkina Faso 31% de douane et 18% de TVA successivement sur le transport, les frais de transit, les assurances. 19 Opacité des bouteilles, qui nuit à la présentation des produits, faible qualité du plastique, donc durée de vie courte, défaut fréquents du système de fermeture et non herméticité, fréquents décollement des étiquettes/difficulté d’impression d’emballages, mauvaise protection des pots fabriqués et obligation d’assurer le nettoyage avant l’utilisation. 76 Pour appuyer le secteur privé on pourrait pourtant envisager de diffuser l’information et de favoriser l’échange d expériences sur les différentes formes d’emballage entre les entrepreneurs des deux pays’. De même, il faudrait envisager une action de lobbying pour diminuer les taxes sur les emballages ( les considérer comme moyens de production et non pas comme des biens de consommation, le taux applicable étant différent). 2.2 La production industrielle de la pulpe et du jus de la société DAFANI L’usine moderne de transformation de mangue Dafani a été érigée en 2007. L’idée est venue de 40 producteurs de mangue et hommes d’affaire. L’entreprise possède une ligne de fabrication de la pulpe aseptique de mangue (et d’autres fruits tropicaux). La ligne est fonctionnelle 4 mois sur 12, correspondant à la période de campagne de mangue. Elle a une capacité de 3 tonnes/heure extensible à 5 tonnes/heures. Les variétés de mangues transformées à l’usine sont : Amélie (65%), Lippens (15%), Brooks (10%), Kent (8%), Keitt (2%). L’entreprise possède aussi une ligne de fabrication et conditionnement de jus et de nectar d’une capacité de 25.500 litres par heure. Actuellement c’est le nectar à base de purée de mangue qui est produit sous quatre parfums avec la marque DAFANI. Les coûts totaux ont été 3,2 milliards de FCFA (€ 4,9 millions). Ce montant est fourni par cinq banques. Le capital propre de l’entreprise est de 750 Millions de FCFA (€ 1,14 millions). L’objectif du début était de vendre 80% de la production sous forme de pulpe. L’usine transforme 120 tonnes de mangue fraîche par jour en pulpe avec un rendement d’environ 92% pour l’Amélie et 73% pour les autres variétés. Avec un rendement moyen de 85% ceci donne une production journalière d’environ 100 tonnes soit 13.500 tonnes par an. 2.2.1 L’approvisionnement en matière primaire L’approvisionnement se fait à travers des contrats avec des groupes de producteurs (env. 1800). Ils sont astreints à un cahier de charges détaillant les spécifications de qualité et les modalités de production agricole. La livraison est planifiée et peut, selon la taille des groupes, varier de 15 t à 500 tonnes (un producteur avec 2 ha produit 10 à 15 tonnes). La formation des producteurs en matière de l’entretien des vergers (notamment la variété Brooks est attaquée par les mouches de fruit) et du respect du cahier de charge est très importante. Actuellement le PAFASP organise des formations du type champs- école.. 2.2.2 Transformation et vente Pulpe En 2008 environ 400 tonnes de pulpe de mangue ont été produites. Pourtant jusqL’en 2009, , aucun fût n’a’vait été exporté en Europe. Des exigences du marché de l’exportation de pulpes de mangue n’avaient pas été prises en compte par Dafani. En effet les variétés connues par les entreprises de fabrications de jus et de nectars de mangue en Europe, principalement l’Alfonso et la Totapuri (variétés indiennes très parfumées), sont différentes des variétés présentes au Burkina Faso. A cela s’ajoutent les nombreuses difficultés rencontrées pour obtenir une matière première de qualité adéquate. Pendant la période de murissement avant la transformation, on note un taux important de pourriture pouvant aller jusqu’à 60%. De plus les impuretés présentes sur la peau des mangues nécessitent que l’ la température de traitement de la pulpe soit suffisamment élevée pour détruire les bactéries, ce qui peut influencer son goût. Finalement la stabilité du produit fini (la pulpe) n’est pas encore bien connue. Par ailleurs Les spécifications par rapport au taux de sucre (°Brix) communiqués par Dafani sont trop larges et sont un handicap pour la commercialisation de leurs produits à l’exportation. Pour avoir un produit stable il importe de bien contrôler le degré de maturité 77 de la mangue livrée, et de s’assurer le l’homogénéité de la maturité des lots avant fabricaion A cause des problèmes mentionnés ci-dessus, une partie importante de la pulpe produite a dû être jetée. Pour améliorer la qualité de la pulpe un plan d’action a été élaboré touchant toute la chaine de production, allant de la récolte au produit fini. Un audit a été réalisé sur les écarts de l’usine par rapport aux bonnes pratiques d’hygiène, ce qui s’est traduit dans un plan d’amélioration. Conscient des difficultés, Dafani a sollicité un appui technique du Cirad dans le but de faire vendre sa purée de mangue au groupe REFRESCO/Délifruits en France. Ainsi des tests ont été réalisés au niveau de Délifruit : Formulations avec les recettes de jus et de nectars Délifruits aussi bien avec la purée de mangue Alfonso et Totapuri qu’avec la purée de mangue Amélie et Brooks de Dafani. Organisation des panels de dégustation sensorielle pour savoir la position de la purée de Dafani par rapport à la pulpe indienne. Etude des exigences en matière de qualité organoleptique et sanitaire de Délifruits pour la purée de mangue. En octobre 2009 un premier conteneur de pulpe est arrivé chez Délifruits pour un essai de transformation et de commercialisation20. Au moment de la finalisation de ce rapport (février 2010), Dafani a pu obtenir un premier contrat pour la vente de 250 tonnes à Délifruits. Jus de mangue Le nectar à base de purée de mangue est produit sous quatre parfums : mangue, mangue-orange, orange et le mangue-ananas-passion. Ces nectars existent en emballages de ½ litre et 1 litre. Les productions annuelles tout parfum confondu sont estimées à 3 millions de briques de ½ litre et 1,5 millions de Figure 2.1. Brique des différents parfums de nectar 0,5 et 1 litre briques de 1 litre en 2008. Cette production est essentiellement absorbée par le marché national mais aussi dans les pays de la sous région (Mali, Côte d’Ivoire, Ghana). La fabrication de nectar absorbe actuellement la totalité de la production de purée de mangue de l’entreprise (estimées à environ 400 tonnes par an). L’entreprise prévoit d’étendre ses activités dans la production de jus de fruits, conditionnés en PET. 2.2.3 Technologie utilisée La technologie utilisée est d’origine italienne. Elle utilise les étapes suivantes (figure 2.2). - Après le mûrissement, un tri est effectué dont le but est d’enlever les mangues pourries, trop mûres et non mûres. Les mangues en cagette sont trempées cinq minutes dans une solution concentrée de chlore puis laissées à reposer sans rinçage pour augmenter le temps de contact avec le chlore. - Après un temps de contact de quinze minutes au minimum, les mangues sont plongées dans le bac de lavage où il y a un soufflage d’air pour les faire barboter. Cette étape sert de rinçage du chlore. Le bac de lavage a une capacité de 5 tonnes par heure. 20 http://pagesperso-orange.fr/atb-france/livret.pdf 78 - Un deuxième tri est effectué après le passage par les buses de rinçage du premier élévateur. Ce tri permet d’enlever les mangues éclatées, non mûres ou pourries qui ont échappé au premier tri. - Une étape de rinçage avec de l’eau chaude à 90°C est effectuée par des buses au niveau du deuxième élévateur avant l’entrée de la dénoyauteuse. - Le passage par le thermo-break à une température de 80°C permet de ramollir la pulpe et la peau pour faciliter le raffinage, la désactivation des enzymes et la réduction de la flore microbienne. Le raffinage se fait avec un tamis de 0,8mm qui retient la peau et les fibres et laisse passer la purée. - La stérilisation se fait entre 103 et 105°C avec un débit variant de 1500 à 2100 litre par heure suivi d’un refroidissement jusqu’à 30°C. La purée obtenue est conditionnée dans des sacs aseptiques multicouches. Cet emballage primaire de 195 litres est lui-même mis dans un fût métallique conique servant de suremballage; pour un poids total d'environ 217 kilogrammes. La durée maximale de conservation de la purée est de 18 mois à température ambiante. 79 Mangue (100 kg) Lavage Désinfection Mûrissement Tri 1 Mangues nonmûres, pouries, trop mûres Trempage eau chlorée Rinçage Tri 2 (80/65 kg) Mangues éclatées non mures (20/35 kg) Rinçage eau chaude Dénoyautage (67/58 kg) Noyaux (4/7 kg) Chauffage au thermo break Raffinage (69/48 kg) Peaux (7/10 kg) Désaération Stérilisation Refroidissement Conditionnement aseptique en fûts 2.2.4 Figure 2.2 Etapes de production de pulpe avec rendements (kg Amélie/kg Brooks) Figure 2.3 L’usine de pulpe de mangue DAFANI à Orodara Appui du PAFASP en faveur de Dafani Pour ce qui concerne le segment de la puple, on peut véritablement considérer que l’expérience Dafani est en soi très novatrice `l’échelle du Burksia Faso. Par contre, du fait de sa taille, il n’est pas nécessaire à ce stade de multiplier les expériences dans ce domaine. Du fait que l’entreprise en soit encore au stade expérimental, et au vu de l’importances des enjeux (débouché important pour des variétéss de mangue qui ne sont pas exportables) milite pour qu’un programme comme le PAFASP consacre des fonds publics à l’appui de l’emtrprise. En soi, la création d’une entreprise comme DAFANI pour entrer dans un grand marché avec des exigences bien spécifiques est une démarche courageuse. Pourtant deux questions se posent par rapport à cette activité, auxquelles il faudra apporter réponse : a) On espère que dans le futur un marché pourrait être identifié pour les pulpes d’Amélie et de Brooks avec leurs goûts caractéristiques. Un tel marché constituera une véritable percée pour la culture de la mangue dans la région, aussi bien pour le Burkina Faso que pour le Mali. 80 b) Par rapport au jus, les marchés nationaux et régionaux semblent offrir des opportunités. Il n’est pas évident que i la production du nectar à partir de la pulpe soit la façon de production la plus économique de rentabiliser la production de pulpe. Si cette pulpe était de qualité exportable, elle pourrait probablement être mieux valorisée à l’export.. Est-ce les frais plus élevés de la production à travers la pulpe peuvent être compensés par les moindres frais de transport ? Notamment pour la consommation locale et régionale l’autre option est une production plus directe sans passer par la production de pulpe. La compétitivité des nectars de Dafani par rapport aux autres boissons consommées dans la région doit encore être prouvée. Entretemps, le programme PAFASP pourrait assister DAFANI avec l’appui à la formation des producteurs ; les recherches de marché pour la pulpe ; la formation de son personnel dans les bonnes pratiques de transformation et la résolution d’éventuels problèmes d’hygiène ; les calculs économiques sur la production des boissons. 81 3 Les technologies de transformation dans d’autres pays Le produit transformé le plus important est la pulpe de mangue mûre emballée ou emboîtée. D’autres catégories de produits sont : Les jus de mangue/nectars de mangue purs ou mélangés Les cubes de mangues congelées (IQF) Les pickles et chutneys de mangue utilisés notamment aux Indes Dans les paragraphes suivants les technologies communes pour la préparation des pulpes, des jus et nectars et des cubes IQF seront présentées. Pour les pickles et chutneys l’intérêt pour le Mali et le Burkina est considéré moindre. 3.1 Production industrielle de la pulpe Les fruits sont récoltés pendant la phase de maturité, sélectionnés, lavés de manière très précise à cause del la sève qui se dépose à la base du fruit et qui contient des composés toxiques. Une première sélection se fait sur les défauts des fruits, qui viennent essentiellement d'écarts de tri du marché frais. Une deuxième sélection se fait sur la maturité en fonction de la couleur, de la teneur en jus et de la teneur en matière sèche soluble (Brix, acidité). Ces mangues sont ensuite entreposées dans de grands halls de maturation. La maturation optimale se fait sans additifs (pour des raisons économiques) afin d'obtenir une purée qui développe la flaveur aromatique du fruit original. Puis, un premier traitement thermique est fait sur les mangues entières, qui diminue la charge microbienne à la surface des fruits, mais également commence à inactiver les enzymes, les pectinases, les polyphénols oxydases et faciliter le pelage. Le pelage se fait sur des fruits chauds qui sont découpés et pressés contre des tamis. Dans cette étape, les noyaux et la peau, qui peuvent représenter environ 40 % de la mangue, sont enlevés. Ensuite, on effectue le hotbreak ou thermobreak : c'est un chauffage à température assez élevée pour optimiser le rendement d'extraction et pour finir l'inactivation des enzymes. Le réseau fibreux du fruit contient le jus comme une éponge et par thermisation on obtient la bonne texture du produit qui va s'affiner au niveau des finisseurs et des décanteurs, régulant ainsi la teneur en pulpe. Il y a ensuite deux possibilités : Pour faire de la purée simple non concentrée on passe par la désaération, la pasteurisation et le remplissage aseptique (le taux en sucre de cette pulpe simple est proche de celui du fruit original, soit 15 à18 °Brix) Pour faciliter la conservation mais aussi pour réduire les frais de transport, la pulpe simple peut être concentrée par évaporation, pour obtenir plus de matière sèche dans la pulpe (pulpe double concentration ou triple concentration, concentration optimale entre 45 et 48 °Brix). Il y a trois méthodes : - Concentration par congélation - Concentration par évaporation sous vide - Concentration par séparation de la pulpe et du jus et recombinaison après évaporation. Eventuellement on ajoute de l’acide citrique pour obtenir un pH standardisé entre 3,8-4,0. En Inde, la pulpe de mangue est aussi obtenue par macération des tranches de mangueépluchée. Ce produit est mis en boîte, mais à cause de la qualité d’emballage variable il y a des pertes considérables. La pulpe avec 350 ppm de dioxyde de souffre se conserve mieux (environ 5 mois), mais pour une conservation plus longue il faut la pulpe aseptique ou la conservation sous forme congelée. 82 Les étapes les plus communes dans la production de la pulpe sont présentées dans le schéma suivant (figure 3.1). Extraction Réception > lavage > triage > dénoyautage/pulpage > chauffage > enlèvement de la peau > raffinage Concentration Vaporisation > reconditionnement de l'arôme Remplissage boîtes Remplissage > correction acidité/Brix > fermeture > pasteurisation > refroidissement > labellisation > stockage Remplissage aseptique Pasteurisation > refroidissement > remplissage aseptique > correction acidité/brix > fermeture > labellisation > stockage Figure 3.1 Schéma de production de pulpe. Un schéma exemplaire de la technologie utilisée est indiqué dans la figure 3.2. Figure 3.2 Technologie de production de pulpe. La pulpe de mangue, comme les autres pulpes et concentrés de fruits, est un produit intermédiaire qui sert à la fabrication industrielle d’autres produits. Ainsi pour l’utilisation dans des processus industriels, la régularité de la qualité est très importante. Il est nécessaire de bien contrôler les spécifications (en termes de maturité, °Brix, acidité, couleur, flaveur, arôme, texture, défauts, etc.). 3.2 Production des jus et nectars Les boissons de mangue sont faites à base de mangue verte ou mûre. Notamment dans le Nord de l’Inde, les boissons sur base de la mangue verte sont populaires en été. Elles sont produites avec des tranches de mangues, sucre, eau, sel, cumin, poivre noir et acide citrique. Les tranches de mangue sont cuites avec les épices en poudre dans l’eau bouillante pendant 20 à 30 minutes et ensuite filtrées. Les extraits sont mélangés avec le sucre, pasteurisés et mis en bouteille. Plus récemment on applique le chauffage des mangues vertes à 200 ou 300°C pour obtenir une pulpe de mangue verte, qui est ensuite transformée en boisson. La plupart des boissons de mangue mûre sont les mélanges tropicauxqui ne contiennent que de faibles quantités de mangue, ajoutées sous forme de pulpe, ceci pour améliorer le goût et diminuer le pH et diminuer aussi la viscosité. Des nectars sont produits à partir 83 de la pulpe en ajoutant de l’acide citrique, du sucre et de l’eau pour obtenir le ratio Brix/acide voulu. L’équipement industriel pour la production de jus de mangue ressemble à celui de la production de pulpe, sauf pour la fin de la chaîne qui contient une machine pour remplir/pasteuriser des boîtes ou des bouteilles. 3.3 Production des cubes surgelés (Individual Quick Freezing, IQF) Actuellement, l’IQF représente la seule technologie qui sauvegarde presque toutes les caractéristiques de la mangue. Le processus implique la congélation ultra-rapide à une température très basse (-30°C to - 40°C) pour arrêter toutes les activités des microbes qui pourrait détériorer le fruit. Par la technologie IQF, chaque cube de mangue (figure 3.3) est congelé de façon individuelle par une technique de fluidification qui congèle les fruits en 10 à12 minutes (au moins 3 à 4 heures avec une méthode conventionnelle). Le résultat est une meilleure texture du produit. Les cubes ne se collent pas et ne forment pas de blocs. Ainsi le produit est mesurable en petites quantités pour la décongélation. Facteurs critiques d’une telle entreprise sont21 Le maintien d’une chaîne froide jusqu’à la consommation. La sélection de l’équipement et le design de l’usine. Le maintien des conditions strictes d’hygiène à travers le processus de production et la manipulation du produit fini. La présence d’une bonne relation commerciale. La disponibilité à l’endroit de l’usine de la matière primaire, de l’électricité, de l’eau et des connections modernes de communication. La disponibilité des ressources humaines formées. Figure 3.3. Cubes IQF de mangue Figure 3.4. Congélateur IQF (www.marel.com) La production de cubes congelés se fait par les étapes suivantes avec l’équipement correspondant : 1. Réception 2. Tri Convoyeur de réception 3. Lavage Convoyeur /lavoir 4. Epluchage 5. Dénoyautage/coupage Machine à couper de cubes (10 mm) 6. Inspection Convoyeur d’inspection (Eventuellement: Refroidissement à 5 - 7°C) 7. Congélation IQF Tunnel IQF (voir figure 3.4) 8. Emballage en gros ou en détail Machine d’emballage/pesage 9. Stockage à -20°C Chambre froide Avec un équipement tunnel il faudra séparer les cubes manuellement avant de les faire entrer dans la machine. Aussi on trouve des machines équipées d’un lit perforé d’oscillation. Avec ce dispositif on produit une meilleure configuration d’air dans les trois zones de la surgélation (zone de recevoir, zone de surgélation surface et zone de surgélation de finition), qui demandent 21 http://mpstateagro.nic.in/Project%20Reports%20pdf/INDIVIDUAL%20QUICK%20FREEZING.pdf 84 des conditions spécifiques. La capacité de maintenir la séparation des produits extrêmement collants, comme la mangue, est améliorée voir figure 3.5). Zone de recevoir Vitesse élevée pour maintenir la séparation des produits humides et collants. Surgélation surface Moins de vitesse d’air requise. Le produit débuts à être sensible à l’agitation. Surgélation de finition Vitesse douce d’air et agitation douce pour protéger le produit. Figure 3.5 Technologie de production des cubes IQF (www.iqf.se) Récemment on utilise aussi la technologie lit fluide (fluidized bed freezer, FBF, figure 3.6) pour la production de IQF de mangue. Aussi la technologie FBF est bien adaptée pour des produits qui collent comme la mangue. Figure 3.6 Technologie de production des cubes IQF sur lit fluide (http://www.msstate.edu/org/silvalab/FREEZING%20.pdf) 85 3.4 Résumé des coûts de différentes technologies Les paramètres économiques concernant les technologies de production de la pulpe et des jus de mangue et des cubes IQF sont comparées en tableau 3.1. Tableau 3.1. Investissements en équipement et coûts de production des différentes technologies Investissements US$ FCFA Pulpe simple (Kenya22) Pulpe simple (Inde) Pulpe simple (Burkina Faso) Boisson (Burkina Faso) Jus (India) IQF India*), usine Capacité Tonne/an Inv./capacité FCFA/tonne/an Coûts production FCFA/tonne 2.100.000 425.000 960.000.000 200.000.000 4.000 1.000 240.000 200.000 200.000 4.415.011 2.000.000.000 15.000 133.333 300.000 253.863 115.000.000 1.440 79.861 200.000 90.000.000 2.600 34.615 1.750.000 800.000.000 1.400 571.429 15070IQF surgélateur23 2000 50.000 300.000 140.000.000 * ) Un appareil de surgélation coûte environ US$ 235.000 (FCFA 110.000.000) et aura une capacité de 2 à 8 tonnes par jour (300-2000 tonnes/an). Cet appareil pourrait être mis dans des infrastructures existantes. Ces données sont utilisées dans le développement d’un plan de compétitivité pour le Burkina Faso et le Mali pour les autres produits de mangue. 22 An economic analysis of mango pulp agro based industry in Krishnagiri District, Tamil Nadu Political Economy Journal of India, Jan-June, 2008 by A. Xavier Susai Raj http://findarticles.com/p/articles/mi_7058/is_1-2_17/ai_n28556196/pg_4/?tag=content;col1 23 http://www.food.upm.edu.my/kuliah/lectures/foodserv/fsm3001/Food%20Freezing.pdf 86 430.000 375.000 40.000 4 Plan de compétitivité de la sous-filière mangue transformée : Aspects stratégiques 4.1 Opportunités et contraintes pour le Burkina Faso Dans les paragraphes suivants les opportunités et difficultés pour le secteur de la mangue séchée au Burkina sont résumées. 4.1.1 Opportunités Sur le marché européen : La pulpe de mangue présente déjà un grand marché qui va augmenter sur le long terme. Les producteurs alimentaires cherchent toujours des alternatives à la variété l’Alphonso de l’Inde (pulpe de haute qualité) et il y a des opportunités pour la pulpe avec un gout spécial, comme la Magdalena de Colombie. Il faudrait que des tests conduits par un industriel de l’agroalimentaire permettent de déterminer si les variétés Amélie et Brooks présentent un potentiel semblable. Le cube de mangue congelée (IQF) présente un marché croissant. Plusieurs exportateurs s’intéressent à de nouveaux fournisseurs d’origines nouvelles Sur les marchés régionaux et nationaux : Il existe une grande demande pour le jus de mangue, aussi au Mali, au Niger et en Guinée. Sur la technologie : L’usine de DAFANI est bien équipée pour la production de la pulpe et du jus La technologie des cubes de mangue (IQF) est bien développée, et n’est pas très compliquée. Il y a plusieurs fabricants qui offrent des machines à petite ou grande échelle de production. 4.1.2 Contraintes Concernant le marché et la commercialisation : La demande pour la pulpe à court terme stagne à cause de la crise financière. Les variétés Brooks et Amélie sont inconnues pour les producteurs de jus et les importateurs de pulpe. La position des variétés Brooks et Amélie sur le marché est inconnue : est-ce qu’elles représentent les nouvelles Alphonso (pulpe de haute qualité) ou Magdalena (variété niche avec un goût spécifique)? Ou est-ce qu’elles constituent plutôt un des multiples alternatives pour la Totapuri de l’Inde, la pulpe de basse qualité ? Est-ce que le prix du jus sur le marché régional permettra la rentabilisation de l’infrastructure hypermoderne et de grande échelle de DAFANI ? Les opportunités pour la commercialisation du sirop de mangue, de la confiture de mangue et le chutney/atjar sont très limitées. Pour le moment il n’y a aucune indication sur l’existence d’un grand marché bio et équitable de pulpe de mangue et de cubes IQF. Concernant la production : La qualité de la mangue venue des vergers Burkinabés n’est pas très bonne. Il faut une attention spéciale pour l’amélioration. La stabilité de la pulpe n’est pas encore prouvée (goût, Brix). Un triage rigoureux restera nécessaire pour garantir la stabilité du produit provenant de vergers hétérogènes. Il n’existe pas encore une chaîne froide à partir du Burkina Faso ; pour l’IQF une telle chaîne sera nécessaire. Il n’est pas encore prouvé que les variétés locales puissent être coupées avec une machine (nécessaire pour l’IQF). 87 Pour les producteurs artisanaux et semi-industriels, c’est le manque d’emballages qui constitue le blocage principal pour atteindre une échelle industrielle et professionnelle. 4.2 Options stratégiques pour le Burkina Faso 4.2.1 Option 1 : Acquérir une position sur le marché Européen de pulpe Les activités de DAFANI contribueront à obtenir une bonne image de la potentialité des variétés Amélie et Brooks sur le marché Européen. Il y a 4 possibilités : a Si les variétés peuvent être considérées comme un alternatif pour la variété Alphonso, les perspectives sont réellement bonnes. b Si le goût et le teneur en sucre (Brix) ne se comparent pas à Alphonso, mais sont considérés comme unique et de haute qualité apte pour des produit spécifiques, le Burkina pourrait réussir comme un joueur de niche avec peu de compétition et donc avec des prix relativement intéressants. c Si le goût n’est pas apprécié il n’y a pas de possibilités d’exportation d Si le goût n’es pas bien apprécié et le teneur en sucres est médiocre, le Burkina devrait faire la compétition sur le marché des pulpes de basse qualité de l’Inde ou de Pérou. Dans ce cas le succès n’est pas vraisemblable. Il est important de continuer d’appuyer la recherche de DAFANI à travers la présentation des échantillons aux importateurs, « compound houses », producteurs de jus et de produits laitiers, pour obtenir une imge plus complète des potentialités des pulpes de la région sur le marché international. Si la position sur le marché est mieux connue, on pourrait adapter le processus de production pour avoir des qualités spécifiques et constantes. Par exemple des qualités moindres pourraient être utilisées pour la production de jus pour le marché local. Le marché pour la pulpe concentrée semble être un marché très sensible au prix et pour lequel la qualité gustative joue un rôle moins important. Il sera difficile pour le Burkina Faso et le Mali de faire la compétition avec la Totapuri de l’Inde. 4.2.2 Option 2 : Acquérir une position sur le marché Européen de l’IQF Le marché Européen pour l’IQF de mangue est croissant et il y a des producteurs intéressés dans de nouvelles origines. La technologie est disponible et bien développée. Ce marché pourrait constituer une opportunité de niche. Comme pour la pulpe il est nécessaire de faire des étudesde marché et de technologie pour déterminer : comment les cubes IQF d’Amélie et de Brooks se positionnent dans le marché ; si les cubes IQF d’Amélie et de Brooks peuvent être coupés et surgelés ; les coûts de production des cubes ; la faisabilité d’une chaîne froide vers l’Europe ; la présence éventuelle des synergies avec la production de jus et de pulpe (parex. chez Dafani). 4.2.3 Option 3 : Acquérir une position dominante sur le marché régional de jus de mangue Le goût de mangue est bien populaire dans la région et on est intéressé par les boissons à base de mangue. En plus, la compétition est presqu’absente. La diffusion rapide des produits de Dafani sur le territoire Burkinabé y est témoin. Ainsi au Mali les producteurs locaux prouvent-ils qu’il est facile de vendre des jus : c’est l’emballage qui constitue la contrainte, pas la demande. Presque partout on peut trouver du jus d’ananas vendu dans un conditionnement peu attractif (boites de conserve), ce qui prouve bien le potentiel du jus dans la région. L’étude de marché au Niger et en Guinée confirmed’ailleurs la demande potentielle. 88 Il y a donc du potentiel pour des entreprises avec une ligne professionnelle d’emballage, comme Dafani. La question centrale est de savoir si les coûts de production d’une telle unité moderne peuvent être répercutés sur le marché régional. Une deuxième question importante concerne la résolution du problème d’emballagepour les petits producteurs. 4.3 Opportunités, contraintes et options stratégiques pour le Mali Les opportunités et contraintes pour le Mali sont comparables à celles pour le Burkina, avec la différence qu’il n’y a à l’heure actuelle pas d’équivalent de l’entreprise Dafani au Mali. Aussi est-il prudent d’attendre les premiers résultats de l’expérience Dafani avant de développer des initiatives par rapport à la production industrielle de la pulpe au Mali. Si on voulaitstimuler à court terme la production de boissons de mangue, il est nécessaire de résoudre les problème d’emballagepour les producteurs artisanaux et semi-industriels. D’une part on pourrait déterminer quels types d’emballage (bouteilles PET, cartons, boîtes), sont adaptés pour le marché local et à quelle échelle de production ils peuvent être rentables. D’autre part on pourrait déterminer comment encourager le développemnt une industrie d’emballages qui pourrait servir plusieurs petits producteurs de jus. Ceci pourrait concerner aussi bien un producteur de bouteilles PET, qu’un importateur/de bouteilles en verre, quivoudraint tneter un système de cosnigne des bouteilles vides à l’image des producteurs de boissons gazeuses et de bière. La création d’une industrie IQF est une option pour le Mali. Les questions mentionnées dans la section 4.2.2 sont également applicables au Mali et devront recevoir une réponse,. Aussi il est important de voir dans quelle mesure une combinaison avec la chaîne froide existante de mangue fraîche (PLAZA) pourrait donner des économies d’échelle ou faciliter la mise en œuvre. 89 5 Plan de compétitivité de la sous-filière mangue transformée : plan d’action pilote et de recherche supplémentaire Dans le domaine de la mangue transformée autrement que le séchage, les différentes options stratégiques ne peuvent pas être traduites directement dans des activités pilotes. Pour cela une interaction répétitive avec les acteurs est nécessaire aussi bien que des étude et recherches plus spécifiques. Les activités pour avancer par rapport aux trois options stratégiques sont décrites dans les paragraphes suivants : 5.1.1 Acquérir une position sur le marché Européen de pulpe Pour le moment il s’agit d’appuyer les activités de Dafani dans le domaine de la formation des producteurs ; des recherches de marché pour la pulpe ; de la formation de son personnel dans les bonnes pratiques de transformation et la résolution d’éventuels problèmes d’hygiène ; des calculs économiques sur la production des boissons. 5.1.2 Acquérir une position sur le marché Européen de l’IQF L’avancement pour cette option pourrait se réaliser selon quatre étapes qui doivent finalement répondre aux questions fondamentales de la section 4.2.2. Avant de commencer il est important d’identifier un entrepreneur Malien/Burkinabé disposant de suffisamment d’infrastructures, intéressé à y participer. Ensuite avec cet entrepreneur on identifiera les équipements nécessaires et leurs coûts, élaborera les coûts supplémentaires en équipements, préparera une première estimation des coûts de production et de transport des cubes IQF. L’activité pilote devrait se réaliser avec un client intéressé suffisamment engagé pour participer dans l’activité et y contribuer. Il doit être identifié. Avec ces deux partenaires on détermine les coûts et bénéfices que l’IQF pourrait apporter aux deux partenaires. Ensuite on pourrait décider sur la faisabilité d’une activité pilote, qui consistera à produire des échantillons de cubes d’Amélie et de Brooks dans une entreprise existante. Cette entreprise doit être identifié et on décidera sur les modalités d’organisation et de financement. 5.1.3 Acquérir une position dominante sur le marché régional de jus de mangue D’une part, il s’agit d’appuyer les activités de la société Dafani dans les domaines cités au paragraphe 5.1.1. D’autre part, on pourrait faire des démarches pour résoudre le problème d’emballagedes producteurs artisanaux et semi-industriels. Il y a les recherches suivantes à mener: Déterminer quels types d’emballage (bouteilles PET, cartons, boîtes), sont les mieux adaptés au le marché local, et à quelle échelle de production ils peuvent devenir rentables. Déterminercomment encourager la venue d un producteur de bouteilles PET/Cartons/boîtes, qui pourrait servir plusieurs petits producteurs de jus. Déterminer comment susciter l’émergence dr un importateur/récupérateur de bouteilles en verre, à l’image des producteurs des boissons gazeuses et de bière, qui pourrait ainsi fournir plusieurs petits producteurs de jus. 90