Dictionnaire de la danse
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Dictionnaire de la danse
Cet ouvrage est paru à l’origine sa numérisation Cette édition les Editions aux Editions a été réalisée avec le soutien numérique a été spécialement Larousse en 1999 ; du CNL. recomposée Larousse dans le cadre d’une collaboration BnF pour la bibliothèque numérique Gallica. par avec la *Titre : *Dictionnaire de la danse / sous la dir. de Philippe Le Moal *Éditeur : *Larousse (Paris) *Date d'édition : *1999 *Contributeur : *Le Moal, Philippe. Directeur de publication *Sujet : *Danse -- Dictionnaires *Type : *monographie imprimée *Langue : * Français *Format : *1 vol. (XV-830 p.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 29 cm *Format : *application/pdf *Droits : *domaine public *Identifiant : * ark:/12148/bpt6k12005041 </ark:/12148/bpt6k12005041> *Identifiant : *ISBN 2035113180 *Source : *Larousse, 2012-129508 *Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb37089173n *Provenance : *bnf.fr Le texte affiché comporte un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance obtenu pour ce document est de 100 %. downloadModeText.vue.download 1 sur 803 Cet ouvrage est paru à l’origine aux Editions Larousse en 1999 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Editions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF pour la bibliothèque numérique Gallica. downloadModeText.vue.download 2 sur 803 downloadModeText.vue.download 3 sur 803 Librairie de la Danse Publiée avec le concours du Centre national du Livre et de la Direction de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles PARUS DANS LA MÊME SÉRIE : Vaslav Nijinski Cahiers Arles, Actes Sud, 1995 Karine Saporta, François Raffinot, Marceline Lartigue, Joëlle Bouvier et Régis Obadia Mémoire vivante Paris, Plume, 1995 Giovanni Lista Loïe Fuller, danseuse de la Belle Époque Paris, Somogy et Stock, 1995 Michèle Febvre Danse contemporaine et théâtralité Paris, Chiron, 1995 Marie-Françoise Christout Le Ballet occidental Paris, Desjonquères, 1995 Paul Bourcier Naissance du ballet Nîmes, La Recherche en Danse, 1995 Marcelle Michel et Isabelle Ginot La Danse au XXe siècle Paris, Bordas, 1995 Sarah Clair Jean Babilée ou la Danse buissonnière Paris, Van Dieren, 1995 Germaine Prudhommeau Histoire de la danse. Tome I : des origines à la fin du Moyen Âge Nîmes, La Recherche en Danse, 1995 Francine Lancelot La Belle Dance Catalogue raisonné fait en l’an 1995 Paris, Van Dieren, 1996 F. M. Alexander L’Usage de soi Bruxelles, Contredanse, 1996 Théophile Gautier (édition établie par Ivor Guest) Écrits sur la danse Arles, Actes Sud, 1995 Isabelle Launay À la recherche d’une danse moderne. Rudolf Laban-Mary Wigman Paris, Chiron, 1996 Nicole Arnoux Repères en danse libre. François Malkovsky (1889-1982) Paris, Revue E.P.S., 1997 Bill T. Jones (avec Peggy Gillespie) Dernière Nuit sur la terre Arles, Actes Sud, 1997 Laurence Louppe Poétique de la danse contemporaine Bruxelles, Contredanse, 1997 Yvette Chauviré et Gérard Mannoni Autobiographie Strasbourg, Le Quai, 1997 Véronique Barcelo, Christian Bourigault, Philippe Verrièle, Isabelle Ginot et Laurence Louppe Christian Bourigault Mâcon, Éditions W, 1998 David Vaughan Merce Cunningham Paris, Plume, 1998 Gérard Mannoni Florilège du Ballet national de Nancy et de Lorraine Paris, Messène, 1998 downloadModeText.vue.download 4 sur 803 Éditeur Christiane Ochsner assistée de Nora Schott, Peggy Billiottet, Morgane Fariello Responsable éditoriale Dominique Wahiche Préparation de copie Didier Pemerle Correction Laurence Giaume Recherche iconographique Nathalie Lhopitault Conception graphique Guy Calka Mise en page Guy Calka, Jacky Chénesseau, Garance Guiraud, Séverine Deneau Dessins François Poulain pages 678, 679, 767, 776 (positions des pieds au XXe siècle), 777 (positions des bras) Fabrication Nicolas Perrier Composition et photogravure MCP (Orléans) Impression et reliure Grafica Editoriale Printing (Bologne) Ont également participé à l’ouvrage Karen Bellanger, Katya Montaignac, Julie Perrin. © Larousse-Bordas/HER 1999. Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur, ou de ses ayants droits ou ayants cause, est illicite (article L.122-4 du Code de la propriété intellectuelle). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par l’article L.335-2 du Code de la propriété intellectuelle. Le Code de la propriété intellectuelle n’autorise, aux termes de l’article L.122-5, que les copies ou les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, d’une part, et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration. Distributeur exclusif au Canada : « Messageries ADP, 1751 Richardson, Montréal (Québec) ». ISBN : 2-03-511318-0 downloadModeText.vue.download 5 sur 803 V DIREC TION D’OUVRAGE LE MOAL Philippe [PLM]. Diplômé d’études politiques (le Complexe de Persée - Danse, imaginaire et animalité, DESS, IEP de Grenoble, 1987), après avoir pratiqué la danse pendant dix ans, il travaille comme administrateur de compagnie et collabore avec la chorégraphe Odile Duboc pour la dramaturgie du spectacle Insurrection (1989). À partir de 1990, il assure régulièrement des missions d’étude pour le compte du ministère de la Culture dont : « Profession danseur » (1990), « Panorama de la recherche en danse en France » (1992), « Évaluation des corps de ballets des opéras de la Réunion des théâtres lyriques de France » (1993), « La mémoire de la danse et le patrimoine chorégraphique » (1993-1995), « Préfiguration du Centre national de la danse » (1996). Chercheur, conférencier et professeur d’histoire de la danse, il participe à plusieurs ouvrages collectifs (« Et vogue la danse... », in la Danse, un mouvement de pensée, Armand Colin, 1989 ; « De la formation du jugement en matière de danse », in la Danse dans le monde, Armand Colin, 1991 ; « La place de l’humain dans la danse », in Ellipses, Éd. Danse à Lille, 1993 ; « À la recherche du bal perdu », in Histoires de bal, Cité de la musique, 1998). Il est l’auteur de la Danse à l’épreuve de la mémoire (Documentation française, 1998). CONSEIL SCIENTIFIQUE BOUCHON Marie-Françoise [MFB] (attributions : création chorégraphique du XVIIIe au XIXe s. et des courants classiques du XXe s. ; danses de société du XIXe et du XXe s.). Ancienne soliste de Ballets russes Irina Grjebina, diplômée en esthétique des arts musicaux (la Danse du haut Moyen Âge, DEA, Paris IV, 1986), à partir de 1990 elle enseigne l’histoire de la danse au Conservatoire supérieur de Musique et de Danse de Paris. Elle est membre de l’Association européenne des historiens de la danse. Auteur d’articles dans diverses revues (la Recherche en Danse, Marsyas, notamment), conseiller pour les rubriques danses du Robert 1 et 2 (1991), elle a participé comme rédactrice au Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe s. (Arthème Fayard, 1992). Elle est coauteur avec Nathalie Lecomte de la Danse classique (collection « Carnets de Danse », Gallimard Jeunesse - Cité de la musique, 1999). DOBBELS Daniel [DD] (attributions : scénographie et relation de la danse aux arts plastiques). Danseur, chorégraphe, cofondateur de la revue Empreintes (1977-1984), critique d’art au journal Libération (1982-1992), à partir de 1995 il est chargé de mission à l’inspection aux enseignements artistiques du ministère de la Culture (Délégation aux arts plastiques). Auteur de nombreux articles dans diverses revues (Empreinte, Autrement, Théâtre/Public, Marsyas, Lignes, Io) et ouvrages collectifs (la Danse au défi, Parachute, Montréal, 1987 ; Larrieu : recherche chorégraphique, Dis voir, 1989 ; la Danse, un mouvement de pensée, Armand Colin, 1989 ; Karine Saporta, Peter Greenaway, Armand Colin, 1990 ; le Corps en jeu, PUF, 1992), il a publié plusieurs ouvrages dont Martha Graham (Bernard Coutaz, 1990), Breughel (Maeght, 1994), Nicolas de Staël (Hazan, 1994). FILIBERTI Irène [IF] (attributions : création chorégraphique des courants contemporains). Critique de danse pour différents journaux et revues (Révolution, l’Humanité, Ballett International, Le Monde), responsable de publication de la revue Adage (1984-1989) et collaboratrice de la revue Mouvement à partir de 1996, elle signe régulièrement des articles dans les programmes de saison de divers établissements culturels (Théâtre de la Ville, Le Cargo-Scène nationale de Grenoble, La Ferme du Buisson, notamment). Coordinatrice de la publication de l’ouvrage collectif la Danse, un mouvement de pensée (Armand Colin, 1989), elle est l’auteur de Fruits (Lansmann, 1997), ouvrage consacré au travail de Catherine Diverrès. FOIX Alain [AFo] (attributions : concepts généraux et terminologie de la danse contemporaine ; la danse dans la philosophie). Docteur en philosophie et diplômé en ethnologie, il consacre à la danse deux mémoires et une thèse de philosophie (Danse et philosophie, Paris I, 1983), ainsi qu’un mémoire d’ethnologie. Successivement professeur de philosophie, critique de danse, réalisateur et producteur de films vidéographiques, directeur de théâtres et d’un studio de création musicale, il assume aussi le rôle de conseiller artistique et culturel notamment auprès du festival Octobre en Normandie et des Jeux de la Francophonie. Écrivain et conférencier, il consacre à la danse divers articles publiés dans des revues (Théâtre/Public no 58-59, 1984 ; Pour la Danse, 1983-1987) ou des ouvrages collectifs (la Danse au défi, Parachute, Montréal, 1987 ; la Danse, un mouvement de pensée, Armand Colin, 1989 ; Mémoires du XXe siècle, Encyclopédies Bordas, 1990-1994). GINOT Isabelle [IG] (attributions : création chorégraphique des courants modernes et contemporains aux États-Unis). Critique de danse à partir du milieu des années 1980, conférencière, elle collabore à divers projets liés à la réflexion sur la mémoire de la danse contemporaine. Docteur de 3e cycle en esthétique et arts du spectacle, mention danse (Dominique Bagouet, Un labyrinthe dansé, 1997), elle enseigne l’esthétique chorégraphique au Département danse de l’université Paris VIII - Saint-Denis. downloadModeText.vue.download 6 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE VI Outre ses contributions à des ouvrages collectifs dont la Danse, un mouvement de pensée (Armand Colin, 1989), elle est coauteur avec Marcelle Michel de la Danse au XXe siècle (Bordas, 1995 ; rééd. Larousse, 1998) et prépare un ouvrage consacré à Dominique Bagouet. IGLESIAS-BREUKER Marilén [MIB] (attributions : création chorégraphique des courants modernes et contemporains en Allemagne). Danseuse et chorégraphe, licenciée en sociologie de l’université de Buenos Aires, diplômée de l’École Folkwang d’Essen, elle enseigne la pédagogie et l’histoire de la danse dans de nombreux centres de formation. De 1995 à 1998, elle codirige un programme de recherche sur « La mémoire, les origines et les filiations de la danse moderne européenne des années 1940 à 1970 » et entame en 1997 une recherche sur les mouvements choriques des années 1920. Auteur d’articles dans diverses revues dont les Saisons de la danse (« Les années d’extase », no 278, 1996 ; « L’imaginaire en partage », no 295, 1997) et Marsyas (« Danses de coeur : initiation aux danses chorales », no 35-36, 1996), elle collabore régulièrement à la revue Nouvelles de danse : « Hans Zullig », no 16, 1993 ; « La danse humaniste aura-t-elle encore lieu ? », no 24, 1995 ; « États de corps - États d’esprit », no 28, 1996 ; « D’un paradoxe à l’autre », série Info, automne 1997. JACQ-MIOCHE Sylvie [SJM] (attributions : création chorégraphique du XIXe s. et des courants classiques du XXe s. ; relation de la danse à la littérature). Docteur en esthétique et sciences de l’art (la Danse dans l’oeuvre de Balzac, doctorat de 3e cycle, Paris I, 1984 ; le Ballet à Paris de 1820 à 1830, doctorat nouveau régime, Paris 1, 1993), historienne du ballet, elle est présidente d’honneur de l’Association européenne des historiens de la danse. Conférencière, auteur de nombreux articles dans des revues et des ouvrages collectifs (l’Année balzacienne, PUF, 1987 ; Histoires de bal, Cité de la musique, 1996 ; Costumes de danse ou la Chair représentée, La Recherche en danse, 1997 ; Sociopoétique de la danse, Anthropos, 1997 ; Histoires de corps, Cité de la musique, 1998), elle collabore au Dictionnaire de la musique en France au XIXe s. (Arthème Fayard, à paraître) et participe régulièrement à la rédaction des programmes de ballet du Grand Théâtre de Bordeaux. LECOMTE Nathalie [NL] (attributions : création chorégraphique du XVIe au XVIIIe s. et des courants classiques du XXe s.). Docteur de 3e cycle en musique et esthétique des arts musicaux (l’Orientalisme dans le ballet aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris I, 1981), chercheur au Centre de musique baroque de Rueil-Malmaison (1996-1997), elle est chargée de recherche au Centre des arts de la scène du CNRS à partir de 1999. Parallèlement, elle collabore depuis 1988, avec les Éditions Larousse comme conseiller et auteur pour les rubriques danses des dictionnaires et ouvrages de références. Elle a signé de nombreux articles dans diverses revues (la Recherche en Danse, l’Avant-Scène-Opéra, Danza Italiana, notamment) et ouvrages collectifs (Rameau de A à Z, Fayard-IMDA, 1983 ; la France et l’Italie au temps de Mazarin, Presses Universitaires de Grenoble, 1986 ; Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe s., Arthème Fayard, 1992 ; Dictionnaire de la musique en France au XIXe s., Arthème Fayard, à paraître). Elle est coauteur avec Marie-Françoise Bouchon de la Danse classique (collection « Carnets de Danse », Gallimard Jeunesse - Cité de la musique, 1999). MENICACCI Armando [AM] (attributions : relation de la danse avec la musique et terminologie musicale). Il étudie le piano et la danse classique ainsi que la musicologie à l’Université La Sapienza de Rome. Responsable de la publication des livres programmes à l’Opéra de Rome de 1992 à 1996, à partir de 1997 il enseigne la théorie musicale au sein du Département danse de l’université Paris VIII - Saint-Denis où il prépare également un doctorat. Critique musical, correspondant de diverses revues italiennes, et conférencier, il a publié des nombreux articles consacrés à la musique et à la danse. ROUCHER Eugénia [ERou] (attributions : terminologie de la belle danse et de la danse classique ; traités anciens ; danses de bal et de théâtre du XVIe au XVIIIe s.). Ancienne danseuse au Théâtre lyrique national d’Athènes, au Théâtre national de la Grèce du Nord et au Choréodrame hellénique, elle est docteur de 3e cycle en Sciences du langage (Aux origines de la danse classique. Le vocabulaire de la Belle Dance, Paris XIII, 1990) et diplômée de l’École pratique des Hautes Études (Sciences historiques et philologiques). Membre de l’Association européenne des historiens de la danse, elle enseigne l’histoire de la danse tout en poursuivant ses travaux de recherche. Collaborateur du Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe s. (Arthème Fayard, 1992) et du Dictionnaire de la musique en France au XIXe s. (Arthème-Fayard, à paraître), elle a signé de nombreux articles dans diverses revues dont « Quand Furetière menait la danse » (Meta, numéro spécial, « Hommage à Bernard Quemada », Presses Universitaires de Montréal, 1994), « Les pointes et la technique romantique » (la Sylphide, programme de l’Opéra national de Paris, 1996-1997), « La Belle Danse : construction d’un vocabulaire par la pensée analytique » (Ateliers no 11, Université de Lille, 1997). ROUQUET Odile [OR] (attributions : terminologie des courants modernes et contemporains). Danseuse et chorégraphe, titulaire d’un Master of Arts en pédagogie de la danse (Columbia University, New York), animatrice de l’Association Recherche et Mouvement, elle est professeur d’analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé au Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Paris. Auteur de nombreux articles dans diverses revues (la Recherche en danse, Marsyas, notamment), elle a publié deux ouvrages sur sa spécialité : les Techniques d’analyse du mouvement (REM, 1985) et De la tête aux pieds (REM, 1991). SEGUIN Éliane [ESe] (attributions : terminologie des techniques jazz ; création chorégraphique des courants jazz ; relation de la danse au théâtre musical et au cinéma musical ; danses de société du XXe s.). downloadModeText.vue.download 7 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE VII Danseuse, professeur de danse et d’histoire de la danse, codirectrice de la compagnie de ballets jazz Rick Odums et de l’école qui y est rattachée, elle dirige également la section danse de l’Université de Paris IX - Dauphine. Elle a publié un panorama de la danse jazz (la Légende de la danse Jazz, IPMC, 1995) et prépare une thèse de 3e cycle sur le même sujet à l’Université Paris VIII - Saint-Denis. SCHULMANN Nathalie [NSch] (attributions : terminologie des courants modernes et contemporains). Danseuse et professeur d’analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé, elle est chargée de cours au Centre national de la danse et développe des recherches sur les processus de la danse chez l’enfant. Auteur de divers articles sur sa spécialité dont « De la motricité libre à la liberté motrice » (Marsyas, no 39/40, 1996) et « Paradoxes de l’interprète et ses interprétations » (Nouvelles de danse, no 31, 1997), elle a coordonné un numéro spécial de la revue Marsyas (no 39, 1996) consacré au thème « Handicap et pédagogie ». CORRESPONDANTS ! CONSULTANTS ADOLPHE Jean-Marc [JMA] (courants contemporains en Europe) ALDOR Gaby [GA] (correspondant pour Israël) ASCHENGREEN Erik [EA] (correspondant pour le Danemark) BRION Patrick [PBr] (films de comédie musicale) BUENO Oswaldo Maria [OMB] (correspondant pour le Brésil) BRUNEL Lise [LB] (courants modernes en France et aux États-Unis) CELI Claudia [CCe] (correspondant pour l’Italie) CHRISTOUT Marie-Françoise [MFC] (courants classiques en Europe) CORLAY Isaura [IC] (correspondant pour le Mexique) DEFRANTZ Tommy [TDF] (courants jazz aux États-Unis) DIENES Gedeon [GD] (correspondant pour la Hongrie) DIÉNIS Jean-Claude [JCD] (courants classiques à Cuba) DUCKWORTH Oonagh [OD] (courants contemporains en Grande-Bretagne) DUQUESNE Monique [MD] (notations du mouvement) FEBVRE Michèle [MFe] (correspondant pour le Canada) FORSTER Marianne [MFor] (correspondant pour la Suisse) FUMAGALLI Angel † [AF] (courants classiques en Argentine) GARANDEAU Virginie [VG] (danses sociales du XXe siècle) GARDNER Sally [SG] (correspondant pour l’Australie) GOODWIN Noël [NG] (courants classiques et modernes en Grande-Bretagne) GOTO Mikiko [MG] (correspondant pour le Japon) GUILBERT Laure [LGui] (courants modernes en Allemagne) HÄGER Bengt [BH] (correspondant pour la Suède) HEDGES Charles [CH] (courants classiques et modernes en Grande-Bretagne) HOWE-BECK Linde [LHB] (courants classiques au Canada) INGLEHEARN Madeleine [MI] (danses anciennes en Angleterre et en Espagne) KAEHLER Sylvia [SK] (correspondant pour l’Argentine) KAZÁROVÁ Helena [HK] (correspondant pour la Tchécoslovaquie) KERNER Mary [MK] (courants classiques aux États-Unis) KERSLEY Leo [LK] (courants classiques en Grande-Bretagne) KINTZLER Catherine [CK] (danse et opéra) LANCELOT Francine [FL] (danses anciennes en France) LEYMARIE Isabelle [ILey] (danses sociales du XXe siècle) MANNONI Gérard [GM] (courants classiques en Europe) MARTÍNEZ DEL FRESNO Beatriz [BMdF] (correspondant pour l’Espagne) MENÉNDEZ SÁNCHEZ Nuria [NMS] (correspondant pour l’Espagne) MIDDELBOE CHRISTENSEN Anne [AMC] (correspondant pour le Danemark) NORDERA Marina [MN] (danses anciennes en Italie) downloadModeText.vue.download 8 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE VIII OBERZAUCHER SCHÜLLER Gunhild [GOS] (correspondant pour l’Autriche) ROBINSON Jacqueline [JRob] (courants modernes en France et en Allemagne) SCHWARTZ Élisabeth [ESch] (pédagogie comparée) SINCLAIR Janet † [JS] (courants classiques en Grande-Bretagne) SOURITZ Élisabeth [ESou] (correspondant pour la Russie) SULCAS Roslyn [RS] (correspondant pour l’Afrique du Sud) TESTA Alberto [ATes] (courants classiques en Italie) URDANETA Claudia [CU] (correspondant pour le Vénézuéla) VACCARINO Elisa [EV] (courants contemporains en Italie) VALASKAKIS-TEMBECK Iro [IVT] (courants contemporains au Canada) VEROLI Patrizia [PV] (courants classiques et modernes en Italie) WOITAS Monika [MW] (courants classiques en Allemagne) AUTRES COLLABORATEURS ANDUS Sanja [SA] BACHMANN Marie-Laure [MLB] BENOIT Agnès [AB] BOENISCH Peter [PB] BOHLIN Peter [PBoh] BOUISSOU Sylvie [SB] BRAL Robert [RB] BRANGER Jean-Christophe [JCB] BUFFARD Alain [ABu] CAMUS Peggy [PC] CANDARDGIS Anne [ACan] CAUCHY Nicolas [NC] CHARRAS Geneviève [GC] COMMANDEUR Laurence [LC] COUTIN Cécile [CCou] DE GERANDO Stéphane [SDG] DIDIER Claire [CD] EBELL Ursula [UE] FALCONE Francesca [FF] FARLOW Lesley [LF] FRANCO Susanne [SF] FRIDERICH Catherine [CF] GHEORGHIU Marie-Christine [MCG] GLADSTONE Emma A. [EAG] GROVE Robert [RG] HALBACH Frank [FH] HERNANDEZ Brigitte [BHer] HUYNH-THANH-LOAN Emmanuelle [EH] INGRAM Geoffrey [GI] ISAACS Jenny [JI] IZZO Francesco [FI] JAGOW Bettina von [BvJ] JONAS Silvia [SJ] KANT Marion [MKa] LA GORCE Jérôme de [JdLG] LAI Antonio [ALai] LALONGER Édith [EL] LA MORANDIÈRE Françoise de [FdLM] LAUGHLIN Patricia [PL] LAURENTI Jean-Michel [JML] LAWTON Marc [ML] LE BOURHIS Josseline [JLB] LEGRAND Raphaëlle [RL] LUCAS Anne [ALu] LUCCIONI Denise [DL] McROPE Ferran [FMcR] MEIGNANT Françoise [FM] MELONCELLI Raoul [RM] MIRZABÉKIAN Éliane [EM] NETZER Giovanni [GN] NOLL HAMMOND Sandra [SNH] PAELLET Jacky [JP] PAPPACENA Flavia [FP] PELLY Noel [NP] PLANELLS Martine [MP] PRUDHOMMEAU Germaine [GP] downloadModeText.vue.download 9 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE IX QUINZ Emanuele [EQ] RÉMI Bernard [BR] REYNOLDS Claire [CRey] RODÈS Christine [CRod] ROSE Christian [CR] ROSSIGNEUX Virginie [VR] ROUSSEAU Jérémie [JRou] SANCHEZ Maria-José [MJS] SCAFIDI Nadia [NSca] SIDOROWICZ Sylvaine [SS] SILHOL Didier [DS] SPERANZA Ennio [ESpe] STÖCKEMANN Patricia [PS] STREICHER Johannes [JStr] STROUTHOU Maria-Daniela [MDS] THOMASS Balthasar [BT] THOMPSON Anne [ATh] TOSCHI Andrea [ATos] VILLODRE Nicolas [NV] VINCENT Geneviève [GV] VUILLEUMIER Valentine [VV] WATZLAWCZIK Tanja [TW] WILD Nicole [NW] ZAMBON Rita [RZ] ZURLETTI Sara [SZ] TRADUCTEURS LABORIE Pascale et GUILBERT Laure (textes rédigés en allemand) LUCCIONI Denise, LE MOAL Philippe, ROUCHER Eugénia (textes rédigés en anglais) IGLESIAS-BREUKER Marilén, FRIBERTI Irène et LE MOAL Philippe (textes rédigés en espagnol) FILIBERTI Irène et LE MOAL Philippe (textes rédigés en italien) LISTE DE CORRESPONDANCE DES SIGNATURES AB Agnès BENOIT ABu Alain BUFFARD ACan Anne CANDARDGIS AFo Alain FOIX AF Angel FUMAGALLI (†) ALai Antonio LAI ALu Anne LUCAS AM Armando MENICACCI AMC Anne MIDDELBOE CHRISTENSEN ATes Alberto TESTA ATh Anne THOMPSON ATos Andrea TOSCHI BMdF Beatriz MARTÍNEZ DEL FRESNO BH Bengt HÄGER BHer Brigitte HERNANDEZ BR Bernard RÉMI BT Balthasar THOMASS BvJ Bettina von JAGOW CCe Claudia CELI CCou Cécile COUTIN CD Claire DIDIER CF Catherine FRIDERICH CH Charles HEDGES CK Catherine KINTZLER CR Christian ROSE CRey Claire REYNOLDS CRod Christine RODÈS CU Claudia URDANETA DD Daniel DOBBELS DL Denise LUCCIONI DS Didier SILHOL EA Erik ASCHENGREEN EAG Emma A. GLADSTONE EH Emmanuelle HUYNH-THANH-LOAN downloadModeText.vue.download 10 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE X EL Édith LALONGER EM Éliane MIRZABÉKIAN EQ Emanuele QUINZ ERou Eugénia ROUCHER ESch Élisabeth SCHWARTZ ESe Éliane SEGUIN ESou Élisabeth SOURITZ ESpe Ennio SPERANZA EV Elisa VACCARINO FdLM Françoise de LA MORANDIÈRE FF Francesca FALCONE FH Frank HALBACH FI Francesco IZZO FL Francine LANCELOT FM Françoise MEIGNANT FMcR Ferran McROPE FF Flavia PAPPACENA GA Gaby ALDOR GC Geneviève CHARRAS GD Gedeon DIENES GI Geoffrey INGRAM GM Gérard MANNONI GN Giovanni NETZER GOS Gunhild OBERZAUCHER SCHÜLLER GP Germaine PRUDHOMMEAU GV Geneviève VINCENT HK Helena KAZÁROVÁ IC Isaura CORLAY IF Irène FILIBERTI IG Isabelle GINOT ILey Isabelle LEYMARIE IVT Iro VALASKAKIS-TEMBECK JCB Jean-Christophe BRANGER JCD Jean-Claude DIÉNIS JdLG Jérôme de LA GORCE JI Jenny ISAACS JLB Josseline LE BOURHIS JMA Jean-Marc ADOLPHE JML Jean-Michel LAURENTI JP Jacky PAILLET JRob Jacqueline ROBINSON JRou Jérémie ROUSSEAU JS Janet SINCLAIR (†) JStr Johannes STREICHER LB Lise BRUNEL LC Laurence COMMANDEUR LF Lesley FARLOW LGui Laure GUILBERT LHB Linde HOWE-BECK LK Leo KERSLEY MCG Marie-Christine GHEORGHIU MD Monique DUQUESNE MDS Maria-Daniela STROUTHOU MFB Marie-Françoise BOUCHON MFC Marie-Françoise CHRISTOUT MFe Michèle FEBVRE MFor Marianne FORSTER MG Mikiko GOTO MI Madeleine INGLEHEARN MIB Marilén IGLESIAS-BREUKER MJS Maria-José SANCHEZ MK Mary KERNER MKa Marion KANT ML Marc LAWTON MLB Marie-Laure BACHMANN MN Marina NORDERA MP Martine PLANELLS MW Monika WOITAS NC Nicolas CAUCHY NG Noël GOODWIN NL Nathalie LECOMTE NMS Nuria MENÉNDEZ SÁNCHEZ NP Noel PELLY NSca Nadia SCAFIDI NSch Nathalie SCHULMANN NV Nicolas VILLODRE NW Nicole WILD OD Oonagh DUCKWORTH OMB Oswaldo Maria BUENO OR Odile ROUQUET PB Peter BOENISCH PBoh Peter BOHLIN PBr Patrick BRION PC Peggy CAMUS downloadModeText.vue.download 11 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE XI PL Patricia LAUGHLIN PLM Philippe LE MOAL PS Patricia STÖCKEMANN PV Patrizia VEROLI RB Robert BRAL RG Robert GROVE RL Raphaëlle LEGRAND RM Raoul MELONCELLI RS RZ SA SB Roslyn SULCAS Rita ZAMBON Sanja ANDUS Sylvie BOUISSOU SDG Stéphane DE GERANDO SF Susanne FRANCO SG Sally GARDNER SJ Silvia JONAS SJM Sylvie JACQ-MIOCHE SK Sylvia KAEHLER SNH Sandra NOLL HAMMOND SS Sylvaine SIDOROWICZ SZ Sara ZURLETTI TDF Tommy DEFRANTZ TW Tanja WATZLAWCZIK UE Ursula EBELL VG Virginie GARANDEAU VR Virginie ROSSIGNEUX VV Valentine VUILLEUMIER downloadModeText.vue.download 12 sur 803 XII Avant-propos CONSTRUIRE un dictionnaire, c’est proposer un certain regard sur un champ déterminé. Quelques précisions s’imposent donc d’emblée. Cet ouvrage est consacré à la danse en Occident de la Renaissance au XXe siècle ; il traite essentiellement de la danse de spectacle, y compris à travers sa présence à l’écran, tout en faisant une place à la danse de société. Ce champ est abordé d’un point de vue historique et esthétique dans toute sa diversité, notamment en ce qui concerne les différents courants (classiques, modernes, contemporains, jazz) qui se sont développés au cours du XXe siècle. Nous avons délibérément privilégié l’analyse des faits plutôt que leur accumulation et donc écarté la compilation systématique au bénéfice d’une sélection raisonnée des informations. Pour couvrir l’étendue du champ considéré et en rendre compte au mieux, plus de cent quarante collaborateurs ont été sollicités : spécialistes de la danse par période, par aire géographique, par technique, mais aussi spécialistes d’autres disciplines avec lesquelles la création chorégraphique entretient des relations étroites (musique, arts plastiques, scénographie, littérature, philosophie, cinéma, vidéo). À la fois une et multiple, la danse se trouve ainsi saisie dans un croisement de regards complémentaires afin qu’en miroitent toutes ses facettes avec une égale intensité et que soit restituée sa relation au monde qui l’entoure. Cette pluralité d’approches – et de signatures – permettant de témoigner de toutes les singularités, n’en est pas moins au service d’un seul et même projet : constituer un ensemble de références ouvert, visant à faciliter la compréhension du fait chorégraphique. L’écriture sait ainsi se faire collective quand le sujet abordé invite au recoupement des points de vues, à la mutualisation des compétences. Trop souvent, on considère qu’apprécier la danse relève uniquement du « ressenti » et ne suppose pas de connaissances préalables, cette attitude conduisant généralement à mettre en cause l’intention ou le savoir-faire du chorégraphe lorsque ce qu’il propose déconcerte. Sans récuser le rapport sensualiste à l’oeuvre chorégraphique, nous sommes convaincus que le regard se forme et que, comme dans d’autres domaines artistiques, le spectateur qui dispose d’éléments historiques et esthétiques ne peut qu’en tirer profit pour aborder le répertoire aussi bien que la création contemporaine. Notre ambition est de constituer un outil de synthèse qui facilite l’approche des chemins multiples qu’emprunte la création chorégraphique et de fournir au spectateur des points de repère qui, au-delà du principe de plaisir, lui permettent de relier, comparer, analyser les différentes propositions auxquelles il est confronté. Cette ambition a toutefois une limite : ce dictionnaire n’est pas un livre d’histoire, ni un manuel technique. Il n’a pas pour vocation de délivrer au lecteur un savoir tout prêt, ni de lui apprendre à exécuter un pas, encore moins de lui apprendre à danser. Par son architecture même, un dictionnaire est une invitation au mouvement : mobilité de la lecture, de la pensée, du regard d’autant plus essentielle s’agissant de danse. Organisé en trois parties, cet ouvrage offre un ensemble d’articles consacrés aux personnes et aux institutions (première partie), aux oeuvres (deuxième partie), aux termes et aux concepts fondamentaux (troisième partie). Chaque article tend à restituer tout d’abord les faits ou les données puis à ouvrir une réflexion sur leurs implications historiques, techniques, esthétiques. Un système de renvois [*] permet de circuler d’un article à l’autre et de suivre ainsi la formation d’un courant, la transmission d’un style, le fil d’un processus créatif, par exemple. Dans la mesure du possible, les articles proposent des pistes bibliographiques ou filmographiques à l’intention du lecteur qui souhaite compléter son information sur le sujet concerné. Conçue comme un prolongement du texte, l’iconographie vient s’insérer au plus près des articles concernés. Faisant écho à l’orientation retenue qui privilégie la danse de spectacle, elle est particulièrement abondante dans la partie centrale consacrée aux oeuvres. downloadModeText.vue.download 13 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE XIII Tout ouvrage de synthèse est confronté au problème des choix et des limites qu’imposent autant le cadre de travail imparti que les spécificités de la matière abordée : celui-ci n’échappe pas à la règle. Pour ce qui est des choix, on s’accorde le plus souvent sur l’essentiel, moins facilement sur l’échelle des valeurs, rarement sur les marges. Notre sélection d’entrées ne prétend à nul absolu : elle tente de rendre compte aussi fidèlement que possible d’une discipline fluctuante, d’un art en perpétuel renouvellement, sans être à l’abri d’une omission ou d’une erreur d’appréciation. Par ailleurs, pour chaque entrée, l’information réunie tend à présenter une vue d’ensemble sur le sujet traité mais ne vise pas à l’exhaustivité. Ainsi, les relevés des créations pour les chorégraphes, des rôles pour les interprètes, des différentes versions pour les oeuvres, entre autres, restent en général partiels, et ce même lorsqu’une liste complémentaire figure en fin d’article. En ce qui concerne la terminologie utilisée, nous avons procédé, autant que possible, à une harmonisation en tentant de concilier l’usage et le souci de clarté. Soulignons toutefois que si le langage technique de la danse s’est relativement codifié au fil du temps pour les pratiques héritées de la tradition académique, la normalisation linguistique reste en cours pour celles qui sont apparues durant le XXe siècle. Ce flottement du langage est encore plus grand dans le domaine esthétique, en particulier pour ce qui touche à la désignation des styles et des courants. Sur ce point, nous avons pris le parti de rendre compte des variations d’acception telles qu’elles résultent des principaux usages, tout en dégageant, le cas échéant, l’emploi qui nous paraissait le plus approprié. Enfin, il convient de rappeler que l’art de la danse est particulièrement avare de traces concrètes : l’historien de la danse est ainsi souvent contraint de s’en remettre à des témoignages, voire de former des hypothèses. Patient travail de compilation, de recoupement, de remise en question des sources et de leur valeur, de révision de thèses réputées acquises, d’exploration de champs restés en friche, l’histoire de la danse est une discipline qui chemine lentement. Notre souci de nous appuyer sur les résultats des recherches récentes, de retourner à des sources fiables, ne nous soustrait pas de cette réalité. Au moment de conclure, pour mesurer pleinement la difficulté de l’entreprise, je tiens à saluer tous ceux qui avant nous se sont employés à offrir à la danse un espace de synthèse. Chaque dictionnaire de la danse, prolongeant les apports de ses prédécesseurs, marque un pas supplémentaire dans l’élaboration du corpus théorique qui fait écho à l’aventure chorégraphique à travers le temps. Celui-ci n’a pas d’autre prétention. PHILIPPE LE MOAL REMERCIEMENTS Cet ouvrage n’aurait pu voir le jour sans l’engagement et la ténacité des membres du conseil scientifique, ainsi que de tous les auteurs qui ont accepté de participer à cette aventure. Au-delà de leur contribution écrite, leur amour de la danse et leur confiance à mon endroit ont été déterminants dans l’aboutissement de ce projet, j’adresse aussi une pensée chaleureuse aux épouses ou époux, compagnes ou compagnons et aux enfants des collaborateurs qui ont eu à vivre les débordements de cet encombrant chantier. Un hommage particulier revient à Christiane Ochsner. Partenaire de tous les instants et de tous les rebondissements, par sa compétence, son endurance et son entrain, elle a su aplanir les difficultés rencontrées pour mener, avec ceux qui l’ont secondée, cette entreprise à son terme éditorial. Outre les collaborateurs directs, de nombreuses personnes ont contribué, à des titres divers, à la bonne fin de ce projet. Françoise Adret, Michèle Bargues, Patrick Bensard, Sophie Gélinier, Carole Johnson, Isabelle Launay, Carles Mas, Kathrine Sorley Walker, l’Institut de pédagogie musicale et chorégraphique, la Librairie Bonaparte ont ainsi bien voulu me faire bénéficier gracieusement de leur aide ou conseils. Isaline Buisson, Bhadja Cherid, Jean-François David, Monique Meudal, Marc Nicolas, Françoise Nowak, Mirko Pavasovic, Brigitte Rathmann, Reiko Sakurai, Geneviève Stephenson, Anne-Lise Valla-Penttilä ont été de précieux interlocuteurs en particulier lorsque le doute affleurait. Pierre et Ginette Le Moal, Gérard et Nelly Le Moal, Pascal Le Moal, Sarah Neuve-Eglise m’ont prodigué sans compter encouragements et soutien. Qu’ils en soient tous remerciés. downloadModeText.vue.download 14 sur 803 XIV Mode d’emploi PRINCIPES DE CLASSEMENT Ordre général de classement des entrées Pour chacune des trois parties, l’ordre retenu est l’ordre alphabétique du seul premier mot : Ballet Stagium précède donc Ballets des ChampsÉlysées. De Mille précède Dean. Ter Arutunian précède Terabust. O Libertad ! précède Ocean. Ru de vache précède Ruade. Noms à particules ou à préfixes Selon l’usage, les particules nobiliaires des noms français et allemands sont rejetées après le nom : Filipo d’Aglié figure à Aglié Filipo d’. Ludwig van Beethoven à Beethoven Ludwig van. Eugene von Grona à Grona Eugene von. En revanche, les noms américains commençant par la particule « De » sont classés à la lettre « D » et les noms néerlandais commençant par la particule « Van » sont classés à la lettre « V ». Les noms écossais où le préfixe « Mac » est contracté en « Mc » sont classés suivant l’ordre alphabétique résultant de la graphie littérale. Compagnies Les noms des compagnies comportant un nom de pays, de région ou de ville sont classés à ce dernier, ainsi : le Ballet de Bâle figure à Bâle (Ballet de). le Ballet de l’Opéra de Bavière figure à Bavière (Ballet de l’Opéra de). le Ballet de l’Opéra de Paris figure à Paris (Ballet de l’Opéra de). le Ballet du Teatro Regio de Turin figure à Turin (Ballet du Teatro Regio de). le Ballet national des Pays-Bas figure à Pays-Bas (Ballet national des). la Compagnie nationale de danse d’Espagne figure à Espagne (Compagnie nationale de danse d’). Font exception à cette règle le Ballet du Nord, le Béjart Ballet Lausanne, le Jeune Ballet de France qui sont classés à l’ordre alphabétique de leur nom, le Ballet des Jeunesses musicales de France classé à Jeunesses musicales de France (Ballet des) ainsi que les compagnies attachées à un théâtre au nom bien identifié : le Ballet du théâtre Bolchoï de Moscou figure à Bolchoï. le Ballet du théâtre de la Fenice de Venise figure à Fenice. le Ballet du théâtre Kirov de Leningrad figure à Kirov. le Ballet du théâtre Liceo de Barcelone figure à Liceo. le Ballet du théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg figure à Mariinski. le Ballet du théâtre de la Monnaie de Bruxelles figure à Monnaie. le Ballet du théâtre San Carlo de Naples figure à San Carlo. le Ballet du théâtre San Martín de Buenos Aires figure à San Martín. le Ballet du théâtre São Carlos de Lisbonne figure à São Carlos. le Ballet du théâtre de la Scala de Milan figure à Scala. le Ballet du Teatro Colón de Buenos Aires figure à Teatro Colón. Dans tous les autres cas, les compagnies figurent au premier mot qui compose leur nom, omission faite de l’article défini le cas échéant. Cette règle vaut en particulier, pour les compagnies dont le nom comporte un adjectif national (Ballet royal danois, Ballets russes, Ballets suédois, etc.). Noms ou titres débutant par un chiffre Quelle que soit la langue, l’entrée est classée à l’équivalent lettrique du nombre débutant le titre. Cette règle ne concerne ici que deux entrées : 20th Century Fox est classé à Twentieth Century Fox. 42nd Street est classé à Fourty Second Street. Titres commençant par un article défini Les oeuvres sont classées au premier mot du titre sauf quand celui-ci débute par un article défini. Dans ce cas, quelle que soit la langue, l’oeuvre est classée au premier mot qui suit l’article, celui-ci étant rejeté en fin de titre : Belle au bois dormant (la). Cage (The). Salón Mexico (el). Titani (i). Triadische Ballett (das). Toutefois lorsque le titre comporte un verbe à un temps conjugué, l’article constitue alors le premier mot d’une phrase logique, et le titre de l’oeuvre est classé à l’ordre alphabétique de l’article. Ainsi The Negro Speaks of Rivers est classé à la lettre « T ». downloadModeText.vue.download 15 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE XV RÈGLES PARTICULIÈRES POUR LES OEUVRES Titre original - titre français Les oeuvres sont en règle générale mentionnées sous leur titre original lorsque celui-ci est en anglais, en allemand, en italien, en espagnol ou en japonais. Certaines oeuvres, plus connues sous leur titre français font exception à cette règle, par exemple : Jardin aux Lilas (le) [Lilac Garden]. Laveur de vitres (le) [Der Fensterputzer]. Table verte (la) [Der grüne Tisch]. Pour les autres langues, les oeuvres sont mentionnées en principe sous la traduction française du titre original. Toutefois, dans tous les cas, pour les oeuvres du grand répertoire, c’est le titre français qui est retenu. Regroupements thématiques Afin de rendre compte du fait que certains thèmes (Faust, Médée, Phèdre, Orphée, les Saisons, etc.) sont l’objet d’un traitement chorégraphique récurrent au cours de l’histoire, le principe a été retenu de constituer des regroupements autour des thèmes les plus significatifs. Le principe est identique dans le cas de l’utilisation répétée d’une même partition musicale (Carmen de Georges Bizet, Carmina Burana de Carl Orff, Noces d’Igor Stravinski, l’Amour sorcier de Manuel de Falla, par exemple). Sont également traitées sous cette forme les oeuvres du répertoire ayant donné lieu à différents traitements chorégraphiques au cours du temps (Cendrillon, Coppélia, Giselle, le Lac des cygnes, etc.). Chaque regroupement thématique débute par une « ouverture thématique » dont l’agencement varie en fonction des spécificités du thème. En règle générale, elle réunit les éléments suivants : • identification du thème, • relevé des principales oeuvres se référant à ce thème, • résumé de l’argument (composé dans un corps réduit), • analyse succincte de la partition musicale le cas échéant, • analyse du contexte et des enjeux thématiques. Chaque regroupement thématique est signalé visuellement par un cartouche où figure le titre : ACHILLE Dans le cas où aucun traitement chorégraphique du thème n’appelle un développement particulier, les regroupements thématiques se résument à la notice d’ouverture. Dans le cas contraire, les traitements chorégraphiques significatifs du thème, signalés par le signe ■ sont regroupés par ordre chronologique sous la notice d’ouverture, même quand leur titre diffère totalement de l’intitulé du thème. Ainsi, la notice consacrée à Feast of Ashes de Alvin Ailey est placée sous le thème Maison de Bernarda Alba (la). Une entrée-renvoi au thème est alors prévue : Feast of Ashes ! Maison de Bernarda Alba (la). En outre, le nom des chorégraphes dont la version est développée à la suite de l’ouverture thématique apparaît en gras dans le texte de celle-ci. La fin d’un regroupement thématique est indiquée par le signe ". RÈGLES DIVERSES Abréviations Dans certains cas (informations complémentaires entre parenthèses dans le corps du texte ou dans les listes en fin d’article ; génériques des oeuvres) des abréviations sont utilisées dont la liste figure à la page xv du cahier de tête de l’ouvrage. Bibliographie et filmographie en fin d’article Les indications bibliographiques en fin d’article ne mentionnent que les ouvrages concernant spécifiquement le sujet traité dans celui-ci (monographies, biographies, etc.). Il en va de même pour les indications filmographiques. Dans les bibliographies relatives aux notices biographiques, sont d’abord cités les ouvrages rédigés par la personne faisant l’objet de l’article. Les ouvrages d’autres auteurs sont mentionnés ensuite, après le signe – . Toutes les références bibliographiques et filmographiques sont classées par ordre chronologique de parution. Bibliographie générale Une bibliographie générale est proposée en fin d’ouvrage. Elle réunit des références transversales (dictionnaires, ouvrages d’histoire de la danse, d’analyse esthétique, etc.), ainsi que des références par pays. Pour chaque ensemble, ces références sont classées par ordre alphabétique d’auteur ou, à défaut d’auteur identifié, à l’ordre alphabétique du premier mot de leur titre. Calendrier russe Afin d’éviter toute confusion, pour la période où le calendrier julien était en usage en Russie, les dates sont dans ce cas données dans le calendrier julien suivies entre crochet par la date correspondante dans notre calendrier actuel, la mention entre crochet ne reprenant que les indications qui changent d’un calendrier à l’autre. Pour la Fille du Pharaon de Marius Petipa, la date de création figure sous la forme : 18 [30] janv. 1877. Pour la Bayadère de Marius Petipa, la date de création figure sous la forme : 23 janv. [4 fév.] 1877. Listes d’informations en fin d’article Les listes en fin d’article réunissent une information complémentaire de celle figurant dans celui-ci. La présence d’une liste ne signifie cependant pas pour autant que l’information sur le point concerné soit exhaustive. downloadModeText.vue.download 16 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE XVI Non répétition du titre dans une série d’oeuvres Quel que soit le type d’article concerné, lorsqu’est déclinée une série d’oeuvres se référant à une source commune – partition musicale, oeuvre littéraire, thème chorégraphique, etc. –, le titre n’est mentionné à nouveau que s’il diffère de celui de la source concernée. En ne retenant pour seules données que le nom du chorégraphe et la date de création, ce principe se traduit comme suit pour les oeuvres inspirées de la Dame aux camélias d’Alexandre Dumas : Antonio Coppini (Violetta, 1856 ou 1857), Filippo Termanini (Rita Gautier, 1858), A. *Milloss (1945), J. *Taras (Camille, 1946), A. *Dolin (1947), A. *Tudor (1951), R. *Page (Camille, 1957), T. *Gsovska (1957), M. *Béjart (Violetta, 1959), Kirsten Ralov (1960), etc. Renvois internes Afin de faciliter la circulation à l’intérieur de l’ouvrage, les noms propres, les titres d’oeuvres, les mots ou expressions faisant l’objet d’une entrée, lorsqu’ils sont mentionnés dans le courant d’un article, sont signalés par un astérisque précédant le nom ou mot sur lequel se fait l’entrée. Cette règle s’applique seulement lors de la première occurrence, dans l’article, du nom, du titre, du mot ou de l’expression concerné. Termes étrangers Les mots ou expressions en langue étrangère sont composés en caractères romains quand il font l’objet d’une entrée dans le dictionnaire. Ils sont composés en italiques dans le cas contraire. Usage de l’initiale du prénom Hormis les cas où le prénom reste inconnu ou n’a pu être identifié, les personnes qui ne font pas l’objet d’une entrée dans le dictionnaire sont mentionnées par leur nom précédé de leur prénom complet lors de la première occurrence dans chaque article. Le prénom est par la suite omis jusqu’à la fin de l’article, listes d’informations complémentaires comprises, sauf en cas de confusion possible du fait d’une homonymie. Les personnes qui font l’objet d’une entrée dans le dictionnaire sont mentionnées par leur nom précédé de la seule initiale de leur prénom lors de la première occurrence dans chaque article. L’initiale du prénom est par la suite omise jusqu’à la fin de l’article, listes d’informations complémentaires comprises, sauf en cas de confusion possible du fait d’une homonymie. Dans le cas particulier où le nom et l’initiale du prénom sont identiques, l’usage de l’initiale est réservé au nom le plus fréquent tandis que le nom des homonymes est précédé du prénom complet. On trouvera ainsi : A. Bournonville pour August Bournonville, mais Antoine Bounonville. I. Duncan pour Isadora Duncan, mais Elisabeth, Erica, Irma, Margot, Maria-Theresa, Raymond Duncan. L. Massine pour Léonide Massine, mais Lorca Massine. M. Morris pour Mark Morris, mais Margaret Morris. M. Petipa pour Marius Petipa, mais Maria M. Petipa. M. Taglioni pour Marie Taglioni, mais Marie Taglioni junior. A. Vestris pour Auguste Vestris, mais Angiolo et Armand Vestris. Dans les quelques cas où la fréquence n’est pas un critère pertinent, le prénom complet est systématiquement mentionné : David et Diana Adams. Alberto et Alicia Alonso. Betty et Bill T. Jones. Bebe et Buzz Miller. Antonio et Antonietta Pallerini. Richard et Rod Rodgers. Maria et Marjorie Tallchief. Claude et Clive Thompson. LISTE DES ABRÉVIATIONS UTILISÉES apr. après arg. argument arrgt arrangement artist. artistique assist. assistant av. avant B. Ballet chor. chorégraphie Co. Company cochor. cochorégraphie coréal. coréalisation coll. collectif coscéno. coscénographie cost. costumes créat. création D. Dance déc. décors dir. directeur dram. dramaturgie éd. éditeur liv. livret lum. lumière lyr. lyrics m. en sc. mise en scène downloadModeText.vue.download 17 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE XVII min minute mus. musique mus. trad. musique traditionnelle mus. addit. musique additielle ndn nom de naissance Op. Opéra op. opus orch. orchestre prod. production r. royal réal. réalisation reconst. reconstitution repr. reprise représent. représentation s. siècle scéno. scénographie télév. télévision th. théâtre vers. version vers. scén. version scénique downloadModeText.vue.download 18 sur 803 Le monde de la danse Auteurs de traités Chorégraphes Compagnies Compositeurs Décorateurs, costumiers, scénographes Écoles Écrivains et philosophes Firmes cinématographiques Groupement d’artistes Interprètes Librettistes Pédagogues Peintres et plasticiens Producteurs et mécènes Réalisateurs Théoriciens du mouvement downloadModeText.vue.download 19 sur 803 downloadModeText.vue.download 20 sur 803 A AADA (Asociación Amigos de la Danza). Association pour le développement de la danse classique et moderne en Argentine (1961-1972). Elle voit le jour hors de tout soutien officiel et à l’initiative, notamment, de T. *Grigorieva, Ekatherina Galantha, Amalia Lozano, Roberto Giacchero, R. *Schottelius et du critique Fernando Emery. Les saisons officielles ont lieu au Teatro *San Martín (Buenos Aires) et s’accompagnent de représentations dans les principaux théâtres d’Argentine et d’Uruguay. De nombreux artistes apportent leur contribution à son action, dont Estela Maris, excellente interprète, chorégraphe et pédagogue formatrice de plusieurs générations de danseurs, Rodolfo Danton et P. *Ossona, piliers de la danse moderne argentine, ainsi qu’Eda Aizenberg, Cecilia Bullaude, Juan Falzone, Lia Jelin, Sylvia Kaehler, Lia Labaronne, Ana Labat, entre autres. Grâce à l’AADA, qui préfigure la création d’une troupe permanente, nombres de danseurs, chorégraphes et musiciens ont alors la possibilité de révéler leur travail grâce à cette association. Parmi eux, O.*Aráiz, deviendra en 1968 directeur du premier ensemble officiel de danse contemporaine, le Ballet del Teatro *San Martín, qui fonctionnera dans le même théâtre. SK ABBONDANZA Michele (né en 1960). Danseur et chorégraphe italien. Il étudie avec A. *Nikolais, M. *Louis et M. *Cunningham. De 1981 à 1983, il est membre du Teatro Danza de C. *Carlson à la *Fenice. Cofondateur du groupe *Sosta Palmizi en 1984, il participe aux créations inaugurales de la *nouvelle danse italienne, retrouve Carlson pour Dark (1988), Step (1990) et Corner Stone (1991) et chorégraphie pour le Ballet de Toscane en 1992. Avec Antonella Bertoni, sa partenaire favorite, il développe un langage poétique et plastique basé sur l’improvisation et signe des pièces comme Terramara (1991) et Pabbaja (1994). EV AUTRES CHORÉGRAPHIES. *Spartacus (1996) ; Romanzo d’infanzia (1997) ; Mozart Hotel (1997). ABBOTT George (1887-1995). Auteur, metteur en scène, cinéaste américain. Il aborde le travail théâtral en autodidacte dans les années 1920, et fait ses débuts de metteur en scène à *Broadway de 1935 à 1941 pour des *comédies musicales de l’équipe *Rodgers et *Hart, puis signe vingt-six spectacles, dont vingt-deux sont de grands succès. Depuis *On the Town (1944) qui marque le début de sa collaboration avec J. *Robbins, en passant par The *Pajama Game (1954) ou *Damn Yankees (1955) celle avec B. *Fosse jusqu’à Fiorello (1959, P. *Gennaro), une biographie politique récompensée du prix Pulitzer, son activité est très novatrice. Il introduit la rigueur, perfectionne les techniques, établit des modèles, élargit les dimensions (décors gigantesques, circulation de foules de figurants) et développe les méthodes qui permettent de les contrôler, ouvre le champ du ballet (*On Your Toes, 1936, G. *Balanchine) et établit un ton insolent (*Pal Joey, 1940, R. *Alton ). Il est l’incarnation du spectacle musical de Broadway des années 1930-1960. ESe ABILDGAARD Anette (née en 1951). Danseuse et chorégraphe danoise. Après une formation privée (classique et moderne), elle entre au *Ballet royal danois avant de créer en 1981 avec R. *Patterson et W. *Spears le Nyt Dansk Danse teater [Nouveau théâtre de danse danois]. Comme chorégraphe elle se fait remarquer avec l’*Oiseau de feu (1987, co-chor. Spears) et surtout avec les très dramatiques Morels Opfindelse [L’invention de Morel] en 1989 et Sperenza (1990), tous deux inspirés de romans. Depuis 1996, elle est chorégraphe indépendante. EA ABRAMOWITZ SOREL Ruth (1907-1974). Danseuse, chorégraphe et pédagogue polonaise naturalisée canadienne. Elle danse avec M. *Wigman (1923-1928) et comme soliste au Berlin Städtische Oper (1927-1933) avant de fuir le nazisme. Premier prix d’interprétation au Concours international de danse de Varsovie en 1933, elle effectue une tournée mondiale avec le danseur George Groke, donnant notamment une version très remarquée de *Salomé. Émigrée au Canada en 1944, elle ouvre à Montréal une école orientée vers le style *expressionniste allemand et participe avec sa troupe aux premiers festivals de danse pan-canadiens où elle fait figure de pionnière. Elle regagne la Pologne vers 1955 . IVT AUTRES CHORÉGRAPHIES. Mea Culpa Mea Culpa (1948) ; la Gaspésienne (1949). downloadModeText.vue.download 21 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 4 ABREU Margarida de. Danseuse, chorégraphe et pédagogue portugaise. Elle se forme à la méthode *Jaques-Dalcroze et commence à enseigner en 1939 au Conservatoire national de Lisbonne où elle est le seul professeur de danse jusqu’en 1971. En 1944, elle fonde le Cercle d’initiation chorégraphique qu’elle anime jusqu’en 1966. Elle prend par la suite la direction du *Verde Gaio pendant quelques années avant que celui-ci disparaisse en 1977. Tenante d’une danse expressive, dans le programme d’un de ses spectacles en 1946 elle se réclame d’une esthétique du *ballet d’action en se référant à J. G. *Noverre, M. *Fokine et R. *Helpmann. Elle est le principal artisan du renouveau de la scène chorégraphique portugaise du XXe s., qui trouvera son aboutissement avec la fondation du *Ballet Gulbenkian puis de la Compagnie nationale de ballet du *Portugal. JMA ACADÉMIE DE MUSIQUE ET DE POÉSIE. Institution fondée par lettres patentes de Charles IX en 1570. Constituée à l’initiative du poète Jean Antoine de Baïf et du luthiste Thibault de Courville, elle a pour objectif principal de recréer le drame antique. Elle se fond en 1574 avec l’Académie du palais créée par Henri III et disparue en 1584. Membre de la Pléiade, disciple de Dorat, humaniste et érudit, admirateur des anciens, Baïf aspire à renouveler la poésie française et à célébrer son union avec la musique en substituant, selon le modèle grec, la quantité à l’accent comme base du vers français. Appliquée à la danse, étroitement liée à la musique, elle-même indissociable de la poésie, cette approche ambitionne de produire des effets puissants sur l’âme du spectateur et de la purifier. Mais si la danse « mesurée à l’antique «, dont Baïf a été l’instigateur, remporte un certain succès au point que, selon Agrippa d’Aubigné, « depuis [le *Ballet aux Ambassadeurs polonais] il ne se fit plus de balets ni de mascarades que sous la conduite de Baïf et de Mauduit «, elle ne semble pas leur avoir survécu. ERou ACADÉMIE ROYALE DE DANSE. Institution française fondée en 1661 et qui disparaît à la fin des années 1770. Son établissement par Louis XIV provoque la colère de la communauté des *Ménestriers qui refuse de perdre le privilège de l’enseignement de la danse qu’elle possède alors. Celle-ci tente en vain de contrecarrer la volonté d’indépendance des *maîtres à danser. Délivrées en mars 1661, les lettres patentes sont enregistrées au parlement le 30 mars 1662, et un arrêté solennel le 5 avril 1695 met fin pour un temps à la querelle en accordant sensiblement des droits égaux à chacun. La dernière liste des membres composant l’Académie royale de danse est publiée par l’Almanach des spectacles de Paris en 1779. Distincte de l’*Académie royale de musique avec laquelle elle n’a jamais fusionné, elle a pour fonction de réfléchir, d’analyser et de normaliser en matière de danse, puis de diffuser les règles établies en son sein. Élus par leurs pairs, au nombre de treize, les « académistes « sont à l’origine tous proches du roi et de son entourage. Ils sont ensuite recrutés parmi les interprètes de l’ARM. Au fil du temps, le travail de réflexion et de théorisation (sur lequel aucun document officiel ne nous est actuellement parvenu) semble abandonné au profit de la formation de danseurs pour la troupe de l’ARM. NL ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE. Nom officiel de l’Opéra de *Paris sous l’Ancien Régime. L’institution devient l’Opéra ou le Théâtre national de la République et des Arts pendant la Révolution, l’Académie impériale de musique de 1804 à 1815 puis de 1850 à 1871, retrouve sa dénomination d’origine sous la Restauration (1815-1848), prend le nom de Théâtre national de l’Opéra à la fin du XIXe s. et finalement d’Opéra de Paris en 1990. NL ACCADEMIA NAZIONALE DI DANZA. École de danse publique italienne, fondée à Rome en 1948. Dès 1940, une section danse est ouverte sous le nom de Regia Scuola di Danza au sein de la Regia Accademia d’Arte Drammatica [Académie royale d’art dramatique]. En 1948 elle devient autonome et se transforme en Accademia Nazionale, sous la direction de J. *Ruskaïa. En 1969, Giuliana Penzi lui succède à la direction jusqu’en 1990 puis Lia Calizza (1990-1996) et Margherita Parrilla depuis 1996. Hormis quelques modifications, dont l’intégration d’un lycée aménagé en 1976, l’École a conservé sa structure d’origine. Elle propose huit années d’études parallèledownloadModeText.vue.download 22 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 5 ment aux classes de collège et de lycée, ainsi qu’un cycle de perfectionnement de trois ans pour les professeurs, chorégraphes et danseurs solistes. Un cycle de formation supérieure de trois ans, l’Avviamento coreutico, prépare en outre à l’enseignement de la danse aux enfants de cinq à treize ans. Les matières pratiques (danse classique et moderne, composition, répertoire, physiotechnique) sont enrichies, dès la quatrième année, par des matières théoriques (théorie musicale, histoire de l’art, histoire de la musique, théorie de la danse, histoire de la danse, anatomie, espace scénique, etc.). FP ADAM Adolphe Charles (1803-1856). Compositeur français. Encouragé par L. J. F. *Hérold, il entre à dix-sept ans au Conservatoire de Paris pour étudier la composition avec F. A. Boieldieu. Second prix de Rome en 1825, il suit l’exemple de son maître en composant de nombreux opéras-comiques, comme le Chalet (1834) ou Si j’étais roi (1852), marqués par une musique alerte et brillante, et qui lui assurent un certain renom. De 1847 à 1848, il dirige à Paris son propre théâtre, baptisé l’Opéra-National, expérience dont il sort ruiné. Il exerce aussi ses talents de critique dans de nombreux journaux et enseigne la composition au Conservatoire, notamment à L. *Delibes qui lui vouera une admiration sans borne. Son nom reste surtout associé à la musique de ballet. Après une collaboration avec Casimir Gide pour la *pantomime la Chatte blanche (1830, th. des Nouveautés, Paris), une probable contribution à la partition de la *Sylphide (1832), et la composition du ballet *Faust (1833, A. J. *Deshayes, King’s Theatre, Londres), c’est avec la *Fille du Danube (1836, Ph. *Taglioni, Op. de *Paris) qu’Adam se révèle pleinement dans un genre qu’il affectionne particulièrement et pour lequel il signera quatorze partitions : « Rien ne me plaît davantage que cette besogne qui consiste, pour trouver l’inspiration, […] à regarder les pieds des danseuses. […] On ne travaille plus, on s’amuse. » Si la *Jolie Fille de Gand (1842), le *Diable à quatre (1845) et le *Corsaire (1856), créés à l’Opéra de Paris, renouvellent ce premier succès, c’est sutout *Giselle ou les Wilis (1841) qui lui vaut la consécration et, depuis, une place privilégiée dans l’histoire de la danse. Pour la partition de cette oeuvre, appelée à devenir l’archétype du ballet romantique, il déclare avoir voulu « élever la musique de danse à un rang plus élevé que celui qu’on lui assigne généralement ». Saluée en son temps par Th. *Gautier, la musique de ballet d’Adam sera pourtant régulièrement l’objet de sévères critiques avant d’être reconnue à sa juste valeur. Avec un sens aigu de la concision dramatique, elle traduit simplement les conceptions d’un compositeur qui, reconnaissant le talent de H. *Berlioz ou de G. *Meyerbeer, avoue toutefois « préférer le style lumineux et purement mélodique de l’école de G. *Rossini à la manière plus fortement accentuée peut-être, mais aussi moins vocale et plus travaillée qui distingue l’école allemande ». JCB AUTRES COMPOSITIONS. Les Mohicans (1837, A. *Guerra, Op. de Paris) ; l’Écumeur de mer (1840, Ph. *Taglioni, Saint-Pétersbourg) ; les Hamadryades (1840, P. *Taglioni, Berlin) ; The Marble Maiden [la Fille de marbre] (1845, *Albert, Drury Lane, Londres) ; Griseldis (1848, *Mazilier, Op. de Paris) ; la Filleule des fées (1849, *Perrot, Op. de Paris) ; Orfa (1852, Mazilier, Op. de Paris). BIBLIOGRAPHIE. A. Adam, Lettres sur la musique française (1836-1850 ; rééd. Minkoff, Genève, 1996). - A. Pougin, Adam (1877, rééd. Minkoff, Genève, 1973). ADAMA Richard, HOLT R., dit (né en 1928). Danseur et chorégraphe américain. Formé à Los Angeles par B. *Nijinska, et à Paris par N. *Kiss, il entre à l’Original *Ballet Russe du colonel de *Basil (1948) et chez le marquis de *Cuevas (1949-1954). En 1954-1955, il est le partenaire d’Y. *Chauviré, et danse pour M. *Béjart et J. *Charrat. Soliste au Ballet de l’Opéra de *Vienne (1955), il interprète les rôles *nobles du répertoire remonté par G. *Hamilton, et participe à la création d’oeuvres d’E. *Hanka. Il est premier danseur et maître de ballet adjoint de N. *Georgi au Ballet de l’Opéra de Hanovre (1961), maître de ballet à l’Opéra de Brême (1965-1968) puis de nouveau à celui de Hanovre (1970-1973). Son oeuvre chorégraphique se partage entre des reconstructions inspirées des versions originales de *Giselle, de la *Sylphide, du *Lac des cygnes, et ses propres créations, dont Spiralen, le *Fils prodigue, Concert champêtre. GP ADAMS David (né en 1928). Danseur et chorégraphe canadien. Il se forme auprès de G. *Lloyd à Winnipeg et au *Sadler’s Wells Ballet School à Londres. Il intègre le *Royal Winnipeg Ballet en 1949 où il se spécialise dans les rôles classiques. Premier danseur au Ballet national du *Canada (1951-1961) pour lequel il chorégraphie plusieurs pièces, dont Ballet Behind Us (1952), il se produit également avec le *London Festival Ballet (19611969), le *Royal Ballet (1970-76) et le *Metropolitan Ballet. De retour au Canada, à la fin des années 1970, il est maître de ballet et professeur à l’Alberta Ballet (Edmonton). Depuis 1985, il est répétiteur et chorégraphe du Ballet North. LHB ADAMS Diana (1926-1993). Danseuse et pédagogue américaine. Formée à la danse classique par E. *Caton, A. *De Mille et A. *Tudor, elle débute en 1943 dans la comédie musicale *Oklahoma ! Elle rejoint en 1944 le *Ballet Theatre puis elle est engagée en 1950 au *NYCB, où elle danse jusqu’en 1963. Elle paraît également au cinéma dans les films Knock on Wood (1954) de Danny Kaye et Invitation to the Dance (1956) de G. *Kelly. Elle poursuit sa carrière comme professeur à la *School of American Ballet puis à l’École du Kansas City Ballet. Altière et brillante, elle crée des rôles dans Facsimile (1946) de J. *Robbins, *Fall River Legend (1948) d’A. De Mille et Picnic at Tintagel (1952) de F. *Ashton. S’inscrivant dans la lignée des grandes interprètes de G. *Balanchine, elle participe à la création de la *Valse (1951), Caracole (1952), Opus 34 (1954), Monumentum pro Gesualdo (1960), Liebeslieder Walzer (1960), Electronics (1961), sans oublier *Agon (1957) où le chorégraphe met en valeur ses qualités de souplesse et de fluidité dans le *pas de deux avec A. *Mitchell. NL ADAMS John (né en1947). Compositeur américain. Il se rattache à la seconde génération de compositeurs américains qui s’inspirent du minimalisme de S. *Reich et T. *Riley, pour le fondre dans un monde musical basé sur l’électronique et d’autres courants comme le jazz. Il compose Avalaible Light (1983) pour L. *Childs qui chorégraphie également sa Chamber Symphony (1994). NC SUR LA MUSIQUE D’ADAMS. P. M. *Davies (Red Steps, 1987 ; Dancing Ledge, 1990) ; *Van Manen (Shaker Loops, 1987) ; *Martins (The Chairman Dances, 1988 ; Fearful Symmetries, 1990) ; A. *Page (Fearful Symmetries, 1994). ADRET Françoise (née en 1920). Danseuse, chorégraphe et directrice de compagnie française. Formée auprès des maîtres de l’école franco-russe, elle débute comme étoile dans le Pas d’acier de S. *Lifar en 1948 et signe, la même année, sa première chorégraphie, la Conjuration (poème de René Char, déc. Georges Braque). En 1951, elle fonde le Ballet de l’opéra d’Amsterdam qu’elle dirige pendant sept ans, puis rejoint comme maître de ballet R. *Petit qui prépare alors Cyrano de Bergerac (1959) et le film Black Tights (1960). Elle crée et downloadModeText.vue.download 23 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 6 dirige le Ballet de la ville de Nice de 1960 à 1963, puis chorégraphie pour de nombreuses compagnies internationales et fonde le Ballet national de Panama. Maître de ballet au *Ballet Théâtre Contemporain (1968-1978) qu’elle fonde avec Jean-Albert Cartier, inspectrice de la danse au ministère de la Culture (19781985), elle dirige ensuite le *Lyon Opéra Ballet (1985-1992) auquel elle donne sa dimension internationale avec la création du *Cendrillon de M. *Marin. De 1994 à 1995, elle redynamise le *Ballet du Nord puis travaille comme maître de ballet à Séoul (1996), Asunción (1997), Saint-Pétersbourg et Marseille (19971998, pour R. Petit). Bâtisseur infatigable, elle accompagne depuis près de 50 ans le développement de la danse française avec une ouverture d’esprit jamais démentie, notamment par son action lors de son passage au ministère de la Culture dont elle reste depuis un conseiller très écouté. GM, PLM AGADATI Baruch, CAUSHANSKY B., dit (1895-1976. Peintre, danseur, chorégraphe et réalisateur israélien originaire de Bessarabie. Émigré en Palestine à l’âge de quinze ans pour étudier l’art, il se produit très vite dans ses propres danses (*Méphisto Valse, 1911), devenant le premier danseur et chorégraphe moderne du pays. Désireux de créer des danses authentiquement israéliennes, il étudie les danses hassidiques et yéménites, dont il stylise la gestuelle pour les intégrer à des portrait délicats et détaillés, et complète sa formation par des classes de ballet lors d’un séjour en Russie (1914-1919). Reflétant sa pratique de la peinture, ses oeuvres, où couleur et relations spatiales jouent un rôle important, sont souvent statiques et plastiques (Récital, 1920). Se démarquant de la musique et pratiquant un minimalisme de plus en plus audacieux, il abandonne la danse après quelques tournées bien reçues en Europe (1924-1929). Il se tourne alors vers le cinéma et le multimédia, domaine où il se fait bientôt une place à part et reconnue. GA AUTRES CHORÉGRAPHIES. Extase yéménite (1927) ; Bacchanale juive (1927) ; Prière du matin (v. 1927) ; Hora Agadati (v. 1927). AGLIÉ comte Filippo San Martino d’ (1604-1667). Homme politique, danseur et chorégraphe piémontais. Descendant d’une famille illustre, il entre au service du prince cardinal Maurice de Savoie à Rome, puis passe à celui du duc Charles Emmanuel Ier à Turin en 1627. À la mort du duc en 1637, la duchesse Christine en fait son homme de confiance puis son conseiller. En 1640, en pleine guerre civile de Savoie, il est arrêté et incarcéré à Vincennes sur ordre de Richelieu. Resté fidèle à la duchesse régente, il reprend sa place au sein de la maison ducale à sa libération en 1643 et cumule alors des charges importantes, dont celle d’organisateur des cérémonies officielles. Homme de cour accompli, il conjugue ses dons de poète, de compositeur et de chorégraphe dans la conception des fêtes (*carrousels, *mascarades, *ballets de cour) données en Savoie par la famille régnante de 1628 à 1660. Il imagine des spec- tacles destinés tout autant à instruire qu’à divertir, usant habilement de la mythologie comme d’une source inépuisable de métaphores interprétables à plusieurs niveaux pour flatter le souverain, célébrer sa gloire et celle des siens (Il Trionfo d’Amore, 1628 ; L’Educatione d’Achille e delle Nereide sue sorelle nell’Isola Doro, 1650). Il sait aussi donner des adaptations inattendues aux mythes pour honorer la duchesse Christine (La Fenice rinovata, 1644 ; Il Gridelino, 1652) et promouvoir opportunément sa patrie (les Montagnards, donné à Monceaux, 1631 ; Il *Dono del re dell’Alpi a Madama Reale, 1645). Au rire, il préfère l’humour mêlé d’ironie (Il *Tabacco, 1650) et nombre de ses réalisations sont louées pour leur finesse et leur esprit. Les danses qu’il règle sont souvent remarquées en raison de leur variété, de leur cachet et de l’adéquation qu’il sait trouver entre les pas ou attitudes et les personnages représentés. Proches dans leur conception des *ballets de cour donnés à la même époque en France, ses spectacles sont souvent cités en exemple par C. F. *Ménestrier. NL AUTRES CHORÉGRAPHIES. Il Giudicio di Paride (1635) ; Hercole et Amore (1640) ; L’Unione per la peregrina margherita reale e celeste (1660). AGOGLIA Esmeralda (née en 1926). Danseuse, directrice et chorégraphe argentine. Elève de Mercedes Quintana, M. *Borowski et E. *Bulnes, elle intègre le Ballet du *Teatro Colón en 1942. En 1943, elle est choisie par le colonel de *Basil pour la création d’El Malón de Vasnia Psota avec les artistes de l’Original *Ballet Russe. En 1949, elle est nommée primera bailarina du Teatro Colón, où elle travaille avec L. *Massine, D. *Lichine, M. *Walmann, G. *Balanchine, A. *Milloss, S. *Lifar, J. *Charrat, G. *Skibine, J. *Carter et J. *Taras. Comptant parmi les figures les plus représentatives de la seconde génération de danseurs argentins, elle assume les rôles des grands ballets romantiques ou du répertoire classique et participe à des versions intégrales du *Lac des cygnes et de la *Belle au bois dormant de Carter. Elle danse avec I. *Youskevitch dans *Apollon Musagète et reprend le rôle de T. *Toumanova dans *Phèdre (S. Lifar). Son solide registre technique et sa forte présence théatrale lui permettent de triompher principalement dans Rojo y negro (L. Massine), *Joan de Zarissa (T. *Gsovska) et *Pillar of Fire (A. *Tudor). Elle se consacre ensuite à la transmission du répertoire en Amérique du Sud et aux États-Unis, notamment pour la reprise de Concierto de Mozart de Balanchine à Tulsa (Oklahoma), elle dirige pendant de longues périodes le Ballet du Teatro Argentino de La Plata et codirige le Ballet du Teatro Colón. AF AILEY Alvin (1931-1989). Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie américain. Né au Texas, il grandit à Los Angeles et commence à se former en danse auprès de L. *Horton en 1949. Il intègre la compagnie de celui-ci et crée sa première chorégraphie en 1953 (Work Songs ). En 1954, il part pour New York et se produit sur *Broadway tout en suivant les cours de H. *Holm, A. *Sokolow et C. *Weidman. En 1958, il fonde l’Alvin Ailey American Dance Theater, appelé à prendre une place unique parmi les compagnies de répertoire américaines. Créant *Blues Suite lors de son premier concert, la compagnie, principalement constituée de danseurs afro-américains, rencontre d’emblée le succès. Dans un premier temps Ailey danse dans ses propres chorégraphies ; son interprétation du solo Hermit Songs (1961) recueille autant de louanges pour la chorégraphie que pour la théâtralité et la sensualité qui se dégagent de lui. Sa puissance et son charisme en font un partenaire redoutable notamment pour C. de *Lavallade dans Roots of the Blues (1961). S’intéressant surtout à la chorégraphie, il cessera de danser en 1965. Dès 1960, il signe avec *Revelations son chef-d’oeuvre incontestable qui fait de lui le meilleur porte-parole de l’expérience afro-américaine. Soucieux de soutenir sa communauté, il ne tarde pas à inviter d’autres chorégraphes afro-américains, dont T. *Beatty et D. *MacKayle, à créer des pièces pour la compagnie ; celle-ci devient un véritable vivier de danseurs et de jeunes chorégraphes, de même que l’école, dont la politique vise à faciliter l’accès à la danse pour des élèves originaires de communautés ethniques variées. Son propre travail, cependant, dépasse l’étiquette « ethnique « : Ailey se penche sur les fondements de l’humanité et sur la possibilité de dialoguer par la danse. Il compose de magnifique solos pour ses principaux danseurs, tels J. *Jamison (*Cry, 1971) et D. *Williams (Love Songs, downloadModeText.vue.download 24 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 7 1972). Faisant preuve d’une grande aisance dans le mélange des genres, il crée également des ballets sur *pointes, des pièces de danse moderne et des mises en scène de théâtre. Il est aussi un des premiers chorégraphes modernes à réussir à s’exprimer dans le ballet classique : il crée des oeuvres pour le *Joffrey Ballet (*Feast of Ashes, 1962), le *Harkness Ballet (*Ariadne, 1965) et l’*American Ballet Theatre (The *River, 1970), chacune combinant un phrasé rythmique du mouvement à une théâtralité éclatante. Nombre de ses créations reposent sur des décors et des costumes spectaculaires. Il prend souvent pour thème une personnalité connue dont la vie finit mal, notamment dans Quintet (1968, mus. L. Nyro), Flowers (1971, consacré à la chanteuse Janis Joplin), The *Mooche (1975), Au Bord du précipice (1983, consacré à Jim Morrison, créé pour P. * Dupond et le Ballet de l’Opéra de *Paris) et For Bird-With Love (1984, mus. Charlie Parker entre autres) : piégés par l’adulation du public, les personnages principaux de ces oeuvres y révèlent le désespoir et l’extrême solitude de leur vie privée. Il crée aussi des oeuvres abstraites, qui explorent les caractéristiques du mouvement dans le cadre de scénarios ritualistes : Streams (1970), Hidden Rites (1973), The *Lark Ascending (1972), Landscape (1981, mus. B. *Bartók) et Isba (1983) allient une construction solide au récit d’une transformation dramatique quoique non explicite. Préférant laisser jouer leur impact visuel, Ailey donne rarement de détails sur ces oeuvres abstraites. Sa compagnie, qui fait plus de tournées qu’aucune autre troupe de danse moderne, devient célèbre dans le monde entier grâce à son répertoire varié et ses représentations flamboyantes. Avec l’école associée, elle survit à la mort d’Ailey sous la direction de J. *Jamison. TDF AUTRES CHORÉGRAPHIES. According to Saint Francis (1954, mus. Kingsley, Lester Horton Dancers) ; Knoxville : Summer of 1915 (1961, mus. *Barber) ; Reflections in D (1963, mus. *Ellington) ; Riedaiglia (1967, mus. Riedel) ; *Masekela Langage (1969) ; Mass (1971, mus. *Bernstein) ; *Sea Change (1972) ; Night Creature (1975, mus. Ellington) ; Opus McShann (1988). BIBLIOGRAPHIE. A. Ailey (avec A. Peter Bailey), Revelations : The Autobiography of Alvin Ailey, Birch Lane Press, New York, 1995. - J. Dunning, Alvin Ailey : A Life in Dance, Addison Wesley, New York, 1996. AIRAUDO Malou. Danseuse française au Tanztheater de *Wuppertal. Figure emblématique du Tanztheater de Wuppertal où elle fait l’essentiel de sa carrière, hormis un spectacle créé avec C. *Carlson, elle interprète les rôles-titre des premiers « opéras dansés « de P. *Bausch, Iphigénie dans Iphigénie en Tauride (1974), puis Eurydice dans Orphée et Eurydice (1975) où, aux côtés de D. *Mercy, elle donne à l’opéra de Ch. W. *Gluck des airs de tragédie grecque. Mais elle est surtout l’inoubliable Élue du *Sacre du printemps chorégraphié par P. *Bausch (1975). Dans une robe couleur de sang, elle se tord, se cabre, se dérobe et s’offre, convulsive et possédée, face à la horde qui la traque en martelant les rythmes de I. *Stravinski. JMA AKAROVA, ACARIN Marguerite, dite (née en 1904). Danseuse et chorégraphe belge. Après des études de musique et de danse (auprès d’une élève d’É. *Jaques-Dalcroze), elle entre dans le corps de ballet de l’Opéra d’Anvers. Marquée par les présentations de Raymond Duncan, en 1922 à Bruxelles, elle rencontre à la même date le peintre Marcel-Louis Baugniet, ardent défenseur de l’esthétique constructiviste, avec qui elle se marie en 1923, et qui lui invente le nom de scène d’Akarova. Figure majeure de l’avant-garde artistique de l’entre-deux guerres en Belgique, elle compose une cinquantaine d’oeuvres chorégraphiques, pour lesquelles elle conçoit aussi costumes et décors, dans un idéal de synthèse des arts qui l’amène à envisager la danse comme « musique-architecture «. Elle danse le plus souvent en solo, dans un registre qui va des « rythmes les plus vigoureux « aux « gestes d’hiératique allure «. Elle présente des « tableaux cinétiques « où les costumes et les décors font assaut de dessins asymétriques, de lignes brisées ou ondulées, de couleurs dissonantes, de rayures et de polychromies. « La vertu de la forme est dans son rythme «, affirme Baugniet dans un manifeste des années 1920. Akarova danse en musique, avec une prédilection pour des compositeurs modernes (*Debussy, *Dukas, *Milhaud, *Ravel, *Stravinski). En 1937, elle se fait construire une salle de cours et de spectacles, qu’elle inaugure avec cinq danses du *Sacre du printemps. Sa danse s’oriente alors vers une recherche d’» états spirituels « dans la veine d’un « symbolisme philosophique «. Lorsque la salle Akarova ferme ses portes, en 1957, elle se consacre à la sculpture et à la peinture, la danse restant un thème récurrent de ses oeuvres plastiques. JMA AUTRES CHORÉGRAPHIES. Tragédie de *Salomé (1931) ; l’0restie (1931, mus. Milhaud). BIBLIOGRAPHIE. Coll. sous la dir. d’Anne Van Loo, Akarova, spectacle et avant-garde 1920-1950, Archives d’architecture moderne, Bruxelles, 1988. FILMOGRAPHIE. J’aurais aimé vous voir danser, Madame Akarova (1990, réal. M. Jakar et T. Génicot) ; Akarova et L.M. Baugniet (1991, réal. A. Torfs et J. Persijn). ÅKESSON Birgit (née en 1908). Danseuse, chorégraphe et théoricienne suédoise. Elle étudie avec M. *Wigman (1929-1931) mais, rejettant l’*expressionnisme, elle développe peu à peu une technique ardue très personnelle. Après un engagement chez M. *Reinhardt, elle se produit à Paris pour la première fois en 1934. De retour en Suède, elle subit l’influence du poète E. Lindegren, ainsi que celle de sculpteurs modernes comme Henry Moore et Egon Möller-Nielsen, son compagnon. Sa carrière prend son essor en 1946 avec une série de courts solos, dont Soir bleu, Lune et Pluie et Fertilité. En 1953, elle crée OEil, sommeil en rêve, une pièce maîtresse réalisée en étroite collaboration avec Lindegren et K. B. *Blomdhal. Elle signe ensuite plusieurs chorégraphies pour le *Ballet royal suédois. Passionnée par les danses et les masques africains, elle s’installe en Afrique en 1967, puis poursuit ses recherches en Chine et au Japon. Ses dernières créations, Hues of Light et Autumn Leaves (1989) sont deux solos pour le danseur chinois Chiang Ching. Le gouvernement suédois lui a décerné le titre de professeur en 1992. Grande danseuse avant tout, austère, abstraite avec une touche de surréalisme, aussi à l’aise au sol que dans son travail, incomparable, des équilibres, elle recherche parfois une lenteur absolue et se produit souvent en silence, enfreignant, sinon, le cadre musical pour préserver l’indépendance et la pureté de sa chorégraphie. Ses apparitions, plutôt rares, font toujours événement, où qu’elle se produise - souvent à Paris ou à Prague mais ausssi à Londres ou aux États-Unis - et lui valent depuis ses débuts le soutien d’une élite intellectuelle. Autant d’éléments qui ont contribué à faire d’elle une véritable légende. BH AUTRES CHORÉGRAPHIES. Sisyfos (1957, mus. Blomdahl) ; Minotauros (1958, mus. Blomdahl) ; Rites (1960, mus. I. Lidholm) ; Play for Eight (1962, I. Lidholm). downloadModeText.vue.download 25 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 8 ALAIN, CHARTIER Émile, dit (1858-1951). Philosophe et écrivain français. Il est l’auteur du Système des beaux-arts (1920), ouvrage dont le livre II est presque entièrement consacré à la danse, qu’il place parmi les « premiers » arts, c’est-à-dire ceux qui « disposent le corps humain selon l’aisance et la puissance ». Il rattache à la danse des arts subordonnés comme la politesse, l’acrobatie, l’escrime, l’équitation « et en général tous les arts qui délivrent de la timidité, de la peur, du vertige et de la honte ». Le principe de ces « arts du geste » ou « mimiques » est double : d’abord ils donnent aux autres arts leur caractère libérateur des passions, ensuite ils supposent non seulement le plaisir du spectateur, mais celui de l’agent, ce qui fait d’eux « le modèle achevé de tous les sentiments esthétiques » (Système, I, 10). CK ALBÉNIZ Isaac (1860-1909). Compositeur et pianiste espagnol. Auteur de la renaissance de la musique espagnole, il commence très jeune une carrière de concertiste qui le conduit aux ÉtatsUnis et en Amérique latine. En 1893, il s’installe à Paris. Sa production, surtout pianistique, conjugue éléments folkloriques espagnols et influences impressionnistes. Certaines de ses partitions, différemment orchestrées, ont été dansées par la *Argentina ou P. *López, mais aussi chorégraphiées par M. *Fokine (Sevillana, 1906), J. *Börlin (Iberia, 1920), A. *Dolin (Danse espagnole, 1927), R. *Page (Incantation, 1930), V. *Bourmeister (le Lanceur de grenades, 1939), L. *Yakobson (Dance espagnole, 1940) ou E. *Borovanski (l’Amour ridicule, 1940). ESpe ALBERCA Jacques (né en 1942). Danseur, chorégraphe et pédagogue français. Il étudie les techniques *classique et *jazz avec Gilka Beclu Geoffray, S. *Peretti, G. *Robinson et Barbara Pearce puis débute simultanément une carrière d’interprète, de chorégraphe et d’enseignant. À partir de 1970, il chorégraphie des spectacles musicaux, travaille pour la télévision, crée des ballets pour sa compagnie Electric Zinc (l’Aigle, 1976 ; Première Insomnie, 1978 ; Aiguillage, 1984) et joue un rôle important dans l’enseignement de la danse jazz en France. ESe ALBERS Joseph (1888-1976). Peintre et pédagogue américain d’origine allemande. Il émigre aux États-Unis après la fermeture du *Bauhaus et poursuit son enseignement au *Black Mountain College (1933-1949) et à Yale (1950-1960). Il introduit l’idée de l’intercomplémentarité des arts, une pratique corporelle héritée d’O. *Schlemmer et une recherche sur l’interaction des formes et des couleurs ainsi que sur la distinction entre effets physiques et psychiques de la matière. Sa série Hommage au carré (commencée en 1949) influence directement les artistes cinétiques par son étude des lois de la perception optique, et son oeuvre entière, le champ du colorisme. ALu ALBERT, DESCOMBE François, dit (1877-1865). Danseur et *maître de ballet français. Son père, capitaine de cavalerie, lui fait prendre des cours de danse dès ses dix ans. En 1803, il débute au théâtre de la Gaîté. Guidé par J.-F. *Coulon et Auguste *Vestris, il est ensuite engagé à l’Opéra de *Paris de 1808 à 1831. Parallèlement à sa carrière d’interprète, il est maître de ballet. Écarté par les chorégraphes en place à Paris, surtout par P. *Gardel, il a peu l’occasion d’illustrer son talent autrement que dans des *pas réglés pour des *divertissements, si bien qu’il se partage entre Paris et Londres où il donne toute sa mesure. En 1831, il semble que, peu habile dans l’art de l’intrigue, il ait été évincé de l’Opéra de Paris au profit de J. *Coralli et surtout de Ph. *Taglioni, comme en témoigne le critique Charles Maurice, qui reproche aux autorités de préférer des Italiens à un talent vraiment français. Il travaille alors à Londres, Naples et Marseille. Il ne revient à l’Opéra que durant la saison 1842-1843. Sa fille Éliza fait une belle carrière de soliste. Il s’impose comme danseur *sérieux et s’illustre dans une multitude de rôles (les *Pages du duc de Vendôme, Alfred le Grand, *Cendrillon, Mars et *Vénus). Partenaire attentif et recherché, il chorégraphie spécialement pour ceux qui débutent avec lui. Interprète noble, gracieux, aux attitudes élégantes, sa renommée s’étend de Naples jusqu’à Londres. Albert est aussi un professeur réputé. Il publie un traité, l’Art de la danse à la ville et à la cour (1834), et invente un système de *notation chorégraphique dont s’inspirera son élève A. *Saint-Léon. Homme cultivé, amateur d’art et collectionneur avisé, il est la référence de son temps en matière de danse *noble : il est le dernier représentant d’une forme de danse issue du XVIIIe siècle. A. *Bournonville écrit de lui : « La perle de la danse, c’est toujours M. Albert qui est seul en possession de cette grâce qui fait l’âme de la danse. « SJM CHORÉGRAPHIES. Le Séducteur du village (1818, *Académie royale de musique) ; *Cendrillon (1823, ARM) ; Daphnis et Céphise (1830, Vienne) ; le Corsaire (1837, Londres) ; la *Jolie Fille de Gand (1842, ARM). ALBERTIERI Luigi (v. 1860-1930). Danseur, chorégraphe et pédagogue italien. Protégé d’E. *Cecchetti, il se produit à côté du maître en 1885 et en Russie. Il est ensuite le partenaire d’A. *Lanner à Londres, puis chorégraphe au Covent Garden de à 1902. Il s’établit alors aux États-Unis et commence à pour le Chicago Opera et le Metropolitan de New York où fonde sa propre école en 1915. Il publie sa méthode The Terpsichore en 1923. à Londres *Genée et K. 1895 travailler il Art of CC ALESSANDRI da Narni Filippo (XVIIe s.). Jurisconsulte et académicien italien. Il est l’auteur de De choreis, un manuscrit perdu, et du Discorso sopra il ballo (Narni, 1620). Ce manuel sur le cérémonial social du *bal et les principaux thèmes qui y sont liés, puise amplement dans les textes du XVIe siècle. Il fournit un état intéressant des danses du passé et en usage parmi lesquelles nombre de celles décrites par F. *Caroso et C. *Negri, des formes populaires, et d’autres importées d’Espagne. MN ALEXANDER F. Matthias (1869-1955). Éducateur et pédagogue du mouvement. Né à Wynyard (Tasmanie), il s’installe à Londres en 1904. Se destinant à une carrière théâtrale, il est confronté à des problèmes d’aphonie qu’il résout grâce à ses recherches. Après neuf années d’observation et de travail sur lui-même, il ouvre une école de formation à Londres (1930). Sa technique repose sur plusieurs directives très novatrices pour l’époque : s’adresser à la personne dans son intégralité psychophysique, en développant les perceptions par une concordance entre pensée et mouvement et en insistant sur la responsabilité individuelle dans « l’art et la manière de s’utiliser « ; favoriser une mise en relation dynamique de la tête avec le cou et le dos, appelée « contrôle primaire «, ce qui nécessite d’impliquer la tête dans un mouvement allant vers l’avant et vers le haut au moment de l’action ; utiliser le procédé de l’» inhibition «, qui consiste à arrêter à la source toute réaction liée à de « mauvaises habitudes «. Une leçon Alexander se pratique généralement à deux, dans des situations d’activités quotidiennes, artistiques ou sportives. downloadModeText.vue.download 26 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 9 Le professeur accompagne l’élève par des indications verbales et par un toucher non directif. La technique Alexander, par l’intermédiaire de professeurs certifiés, évolue avec le temps comme le souhaitait son initiateur. RB BIBLIO. M. F. Alexander, Man Supreme Inheritance, Dutton, New York, 1910 ;The Universal Constant in Living, Dutton, New York, 1941 ; Constructive Control of the Individual, Centerline press, Long Beach, 1984 ; The Use of the Self, ibid., 1984 (trad. E. Lefebvre, l’Usage de soi, Contredanse, Bruxelles, 1996). ALEXANDER Gerda (1908-1994). Pédagogue, créatrice de la méthode *eutonie Gerda Alexander, danoise d’origine allemande. Formée très jeune à la méthode *Jaques-Dalcroze, elle devient assistante de Charlotte Blensdorf à l’Institut de recherche scientifique pédagogique d’Iéna, dirigé par le Pr Peter Petersen. Déjà, des attaques de rhumatisme articulaire l’obligent à abandonner l’idée de devenir danseuse. En 1929 elle obtient le diplôme d’État d’éducation musicale et rythmique à Berlin. Tout en menant quelques activités de metteur en scène et de chorégraphe, elle se tourne vers l’enseignement. Elle s’installe au Danemark à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Enseignant d’abord une technique de base à des gymnastes, danseurs et musiciens, enseignants d’écoles maternelles et kinésithérapeutes, elle constate qu’une « rééducation du mouvement naturel » demande « en même temps une rééducation profonde de la personnalité de l’élève ». Sensible aux recherches des précurseurs de son temps en matière de création et d’éducation du mouvement, tels R. *Chladek, elle s’interroge sur la formation des danseurs. Progressivement, elle élabore sa méthode et commence à former professionnellement des élèves dès 1940. Après 1945 son enseignement connaît un rayonnement international. En 1959, elle organise le premier Congrès international sur le relâchement des tensions et le mouvement organique. CF ALEXANDER Rod, BURKE Rod Alexander, dit (né en 1922). Danseur et chorégraphe américain. Formé à différentes techniques par E. *Belcher, N. *Castle, H. *Holm, L. *Horton, il débute au cinéma dans les chorus et rejoint J. *Cole aux Columbia Studios de 1945 à 1948. Parti à *Broadway, il danse pour H. *Tamiris (Inside USA, 1948 ; Great to Be Alive, 1950) puis se tourne vers la télévision, dont il devient l’un des danseurs chorégraphes les plus populaires. Après un bref retour au cinéma pour chorégraphier *Carousel (1956), The Best Things in Life Are Free (1956), il se consacre essentiellement à la scène avec Shinbone Alley (1957), Thirteen Daughters (1961), Asphalt Girl (1964). Danseur réputé pour son élégance désinvolte, il déclare aborder ses sujets par le biais de l’émotion, source directe de ses mouvements. Très remarqué pour ses créations télévisées, qu’il interprète avec sa femme Bambi Linn, c’est un pur produit de Hollywood. Il appartient à cette génération de danseurs prometteurs qui, face au déclin de la *comédie musicale, ont trouvé dans la télévision une possibilité d’expression et l’occasion d’explorer l’interaction créative entre danse et caméra. ESe ALEXIDZE Georgi (né en 1941). Danseur et chorégraphe géorgien. Il étudie avec A. *Messerer à l’École de danse à Moscou jusqu’à 1960 puis avec F. *Lopoukhov à la faculté des chorégraphes du Conservatoire à *Leningrad jusqu’en 1967. Musicien accompli, il compose surtout des ballets à la manière de G. *Balanchine, traduisant en danse la musique de compositeurs du XVIIIe s. comme W. A. *Mozart (Petite Musique de nuit, 1964 ; Divertissement , 1969), J.-Ph. *Rameau et A. *Vivaldi, ou de compositeurs du XXe s. comme I. *Stravinski, S. *Prokofiev ou A. *Schnittke (Concerto grosso, 1989). Il recourt également à la musique de compositeurs géorgiens lors de son passage à la direction du Ballet de Tbilissi (1972-1980) ainsi qu’à la musique religieuse pour les chorégraphies qu’il crée pour le Choeur de *Saint-Pétersbourg à partir de 1992. Cependant à Tbilissi et à *Perm (1980-1983), il compose aussi des ballets narratifs plus traditionnels pour la Russie, tels *Coppélia, *Casse-Noisette ou *Cendrillon de Prokofiev, dont le plus important est Médée (1978, mus. de Revase Gabitchvadze). ESou ALGAROFF Youly (1918-1996). Danseur et impressario français d’origine russe. Formé par Eugénie Edouardova à Berlin puis par L. *Egorova et B. *Kniassef à Paris, il débute avec les Ballets de la Jeunesse en 1937. Soliste des Ballets des Champs-Élysées (1945 et 19481949), du Nouveau Ballet de *Monte-Carlo (1946), il est engagé comme étoile à l’Opéra de *Paris (1952-1964) et est invité par de nombreuses compagnies européennes. Danseur à la technique solide et au jeu subtil, il participe à la création de *Jeu de cartes (1945). A l’Opéra de Paris, son élégance et sa prestance le prédestinent aux rôles de prince et aux interprétations romantiques. Il se consacre à partir de 1965 à l’organisation de spectacles chorégraphiques. GP ALGO Julian (1899-1955). Chorégraphe et directeur de ballet suédois d’origine allemande. Élève de R. *Laban, dans les groupes duquel il débute, il étudie aussi avec A. *Volinine et Eugenia Edouardova. Directeur du Ballet de Duisbourg (1927-1931) puis du *Ballet royal suédois, il est écarté de ce poste pendant la guerre malgré son antinazisme. Réhabilité en 1945 par son premier prix pour Visions au concours sponsorisé par R. de *Maré, il est ensuite régulièrement invité comme chorégraphe au London International Ballet et au Ballet national de *Finlande. BH AUTRES CHORÉGRAPHIES. *Petrouchka (1932) ; Orphée dans la ville (1938, mus. H. Rosenberg). ALHAMBRA THEATRE. Établissement de spectacle situé à Londres (Leicester Square). Il connaît une importante activité chorégraphique de 1871 à 1914. Y sont surtout présentés des ballets spectaculaires, en particulier sous la direction musicale de George Jacobi (18691898), faisant appel à des danseurs de renommée internationale dont Emma Bessone, E. *Palladino, P. *Legnani, J. *Espinosa, E. *Gueltzer. Parmi les chorégraphes invités figurent, J. *Hansen, C.* Coppi, A. *Gorski et A. *Berger. C’est dans ce théâtre, devenu cinéma par la suite, que les *Ballets Russes de *Diaghilev créent en 1919 la *Boutique fantasque et le *Tricorne de L. *Massine puis, en 1921, une reprise somptueuse de la *Belle au bois dormant. CH BIBLIOGRAPHIE. Guest I., Ballet in Leicester Square, éd., lieu, 1992. ALLAN Maud, ndn. DURRANT Ulla M. (1873-1956). Danseuse et chorégraphe canadienne. Née à Toronto, elle grandit à San Francisco et étudie le piano à Berlin avec son professeur et mentor Ferruccio Busoni. Considérée comme un génie musical, elle abandonne cependant toute ambition dans ce domaine et ,en 1903, sans formation préalable, elle fait des débuts de danseuse à Vienne. Remportant un vif succès, elle parcourt l’Europe et, en 1908, conquiert Londres dans une oeuvre controversée, The Vision of Salome, dont le rôle plein de sensualité, de perversité et de séduction en fait l’incanation de la « femme fatale « de la Belle Époque. Contemporaine et grande rivale d’I. *Duncan, reconnue comme l’une des interdownloadModeText.vue.download 27 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 10 prètes les plus innovatrices de son temps, elle est capable d’exprimer visuellement l’essence de compositions musicales,comme Romance sans parole de F. *Mendelssohn, Valse caprice d’A. *Rubinstein ou la Marche funèbre de Fr. *Chopin. Personnalité énigmatique - elle est la soeur de William Durrant, le plus célèbre assassin d’Amérique, jugé et condamné en 1895 -, mythomane mêlant fantasme et réalité dans tous les aspects de sa vie, elle publie son autobiographie, My Life and Dancing, en 1908 au plus haut point de son succès. LHB ALLARD Marie (1742-1802). Danseuse française. Elle se produit à Marseille, gagne ensuite Lyon puis Paris en 1756. Après avoir dansé à la Comédie-Française, elle est engagée à l’*ARM où elle fait ses débuts en 1761 dans le divertissement de l’acte III de *Zaïs de J.-Ph. *Rameau. Elle fait carrière dans ce théâtre jusqu’en 1781, interprétant tout le répertoire de l’époque. Ayant pris de l’embonpoint, elle est éclipsée par le talent de ses rivales M. M. *Guimard et A. *Heinel. Maîtresse de G. *Vestris (à qui elle a donné un fils, A. *Vestris), elle est longtemps protégée du duc de Mazarin. Petite et vive, elle fait merveille dans les danses gaies (*gavotte, *loure, *rigaudon, *tambourin). Selon J. G. *Noverre, « danseuse parfaite, excellente pantomime, composant elle-même ses entrées avec goût sans le secours des maîtres [...], elle a toujours fixé les applaudissements les plus mérités «. Elle s’illustre dans les ballets de Noverre (*Médée et Jason, en 1770, dans le rôle de Médée ; les *Petits Riens, 1778) et de P. *Gardel (la Chercheuse d’esprit, 1778). NL ALLEGRI Oreste (1859-1957). Peintre et décorateur français. Né en Italie, héritier de la grande tradition du décor pictural à l’italienne du XVIIIe s., il émigre en Russie où il devient directeur des ateliers de décor des Théâtres impériaux de Saint-Pétersbourg. Il participe alors à la réalisation de décors pour des ballets de M. *Petipa (la *Bayadère, 1877 ; *Raymonda, 1898, avec K. *Ivanov ; *Esméralda, 1899 ; les Millions d’Arlequin, 1900) puis de M. *Fokine (*Cléopâtre, 1908). Il forme également le jeune A. *Benois. De retour en Italie (1921), il travaille avec N. *Benois à la *Scala. En 1926, il signes les décors d’*Orphée (1926, L. Staats) pour la compagnie d’I. *Rubinstein. A partir de 1927, il s’installe définitivement à Paris et participe aux réalisations techniques des scénographies de A. *Cassandre avec qui il signe sa dernière contribution, Chemin de lumière (1957, S. *Lifar). Ses scénographies manifestent un goût prononcé pour le symbolisme et le romantisme, sont travaillées dans une peinture à large touche qui privilégie les effets d’harmonie sur les détails. Souvent très architecturales, mettant en jeu masses et volumes, incorporant colonnes et pilastres, elles sont remarquables par l’équilibre des proportions et des distances. Ce parti pris esthétique devient un style dans les *Mirages (1944, Lifar) où il double les effets scéniques de formes nuageuses et architecturées, à la fois fluides et géométriques. Très apprécié durant toute sa carrière, il verra ses scénographies reconstituées en 1947 par le théâtre de Leningrad. VR ALLEN Debbie, A. Deborah, dite (née en 1950). Danseuse, chorégraphe, metteur en scène américaine. Elle étudie la danse avec Patzy Swayze puis intègre la compagnie de G. *Faison qu’elle assiste plusieurs années durant, tout en se produisant dans des *comédies musicales, dont Purlie (1970), Raisin (1973). Elle établit sa renommée en recréant le rôle d’Anita dans *West Side Story (1979), puis fait carrière au cinéma (Fame, 1980 ; Ragtime, 1981) et à la télévision comme chorégraphe et metteur en scène à partir de la série Fame (1980). Artiste aux multiples talents, alliant dynamisme et sensualité, elle est considérée comme l’une des forces créatives des années 1980 et 1990. ESe ALLEYNE John Anderson Ernest (né en 1960). Danseur, choré- graphe et directeur de compagnie canadien. Né à la Barbade, diplômé de la National Ballet School de Toronto en 1978, il rejoint le Ballet de *Stuttgart où il commence à chorégraphier. En 1984, il intègre le Ballet national du *Canada où il devient chorégraphe résident en 1990 après le succès de plusieurs créations pour le Ballet British Columbia. Nommé directeur artistique de ce dernier en 1992, il devient ainsi le premier directeur noir d’une compagnie de ballet canadienne. Il chorégraphie aussi pour le Ballet de l’Opéra de *MonteCarlo et le *Dance Theatre of Harlem. Influencées par la danse contemporaine européenne, ses pièces, généralement abstraites et décentrées, s’efforcent de repousser les frontières de la danse classique tout en conservant son vocabulaire. LHB CHORÉGRAPHIES. Boy Wonder (1997) ; The New Blondes (1994) ; Have Steps Will Travel (1988). ALLIO René (1924-1995). Scénographe et réalisateur français. Après des débuts de peintre, il aborde la scène dans les années 1950, travaillant notamment en collaboration continue avec Roger Planchon pendant une période de dix ans. D’emblée, il s’inscrit contre un emploi descriptif du décor et pour une valorisation des matières, option à l’oeuvre dans sa cathédrale stylisée pour *Notre-Dame de Paris (1965) de R. *Petit, avec qui il collabore aussi pour l’Arlésienne (1974), les Intermittences du coeur (1974), les Hauts de Hurlevent (1982), les Quatre *Saisons (1984), Hollywood Paradise (1984). CD BIBLIOGRAPHIE. R. Allio, Carnets, Lieu commun, Paris, 1991. ALONSO Alberto (né en 1917). Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie cubain. Élève de Nikolaï Yavorski, puis de L. *Tchernitcheva, O. *Preobrajenska et S. *Idzikowsky, des grandes figures des *Ballets Russes de Serge de *Diaghilev, il danse avec les *Ballets russes du colonel de Basil (1933-1935) et le Ballet Theatre (1944-1945), puis avec Alicia *Alonso. Pensionnaire du Ballet national de *Cuba à partir de 1966, il poursuit sa carrière dans son pays d’origine, travaille pour le cinéma et la télévision, et dirige le Ballet de Camagüey. Auteur de nombreuses chorégraphies, il se signale par la réalisation de *Carmen -suite (1967) pour le Ballet du *Bolchoï de Moscou. À l’image de nombreux chorégraphes de son pays, il utilise généralement des éléments de la danse traditionnelle cubaine comme la *rumba, et des thèmes populaires. JCD AUTRES CHORÉGRAPHIES. Concerto (1943, mus. *Vivaldi et *Bach) ; Sombras (1946, *Sibelius) ; Espace et Mouvement (1966, mus. *Stravinski) ; Portrait de Roméo et Juliette (1970, mus. *Berlioz et *Henry); A Santiago (1972, mus. Almeida et Ferrer). ALONSO Alicia, ndn. DE DA CARIDAD DEI COBRE MARTÍNEZ HOYO A. Ernestina (née en 1921). Danseuse et directrice de compagnie cubaine. Formée à Cuba puis à New York, elle devient membre du Ballet Theatre à partir de 1941 et, occasionnellement, du Havane Pro Arte Musical, participant avec l’American Ballet à des créations importantes : Undertow d’A. *Tudor (1945), Thème et Variations de G. *Balanchine (1947) ou Fall River Legend d’A. *De Mille (1948). La même année, le Ballet Theatre cessant ses activités, elle rentre à La Havane et fonde sa propre compagnie, le Ballet Alicia Alonso, une affaire de famille : elle en est prima ballerina, son mari Fernando Alonso, directeur, et son beaudownloadModeText.vue.download 28 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 11 frère Alberto *Alonso, directeur artistique. Préoccupée de former la relève, Alicia Alonso développe une école parallèlement à sa compagnie : elle nourrit déjà son grand rêve de créer un style classique cubain. En 1959, dès l’accession au pouvoir de Fidel Castro, elle est chargée de la direction du Ballet national de *Cuba, auquel elle donne un essor incontestable. Conduisant la compagnie à travers le monde, elle en fait une vitrine incontestable de la culture cubaine et le berceau d’une génération de grandes ballerines et de danseurs talentueux. Danseuse au style très pur, virtuose sans faille, elle est également une interprète d’une dimension dramatique hors du commun. Elle poursuit encore dans les années 1990 une carrière d’une longévité exceptionnelle dans le domaine classique, de nombreux chorégraphes cubains ayant à coeur de lui fournir des rôles sur mesure. Figure emblématique de la danse cubaine, comptant parmi les plus grandes ballerines du XXe s., elle est également vénérée du public américain et chacune de ses apparitions new-yorkaises constitue un véritable événement. JCD ALSTON Richard (né en 1948). Danseur et chorégraphe britannique. Éduqué à Eaton, il étudie les beaux-arts avant d’entamer sa formation de danse à la London School of Contempary Dance (plus tard *London Contemporary Dance School, LCDS) où il crée sa première chorégraphie (Transit, 1968) ; un an après, sa pièce Something to Do entre au répertoire du *LCDTheatre. Il fonde ensuite une compagnie expérimentale, Strider (1972-1975), puis part étudier pendant deux ans auprès de M. *Cunningham à New York où il crée Unamerican Activities (1976). A son retour, avec un nouvel élan créatif, il fonde Richard Alston and Dancers et commence à enseigner la technique Cunningham. En 1980, il crée Bell High, sa première pièce pour le *Ballet Rambert, dont il est nommé aussitôt chorégraphe résident. Parallèlement, avec I. *Spink et S. *Davies, il fonde en 1982 le groupe Second Stride sur le modèle de Strider. Devenu directeur artistique du Ballet Rambert (1986-1992), qu’il rebaptise *Rambert Dance Company, il y crée 25 pièces. En 1994, il est nommé directeur artistique de The *Place où est hébergée sa compagnie (Richard Alston D. Co.). Son style, qui traverse des phases très différentes, est généralement peu narratif. Proche des idées de Cunningham, il affirme en outre une grande sensibilité musicale. OD AUTRES CHORÉGRAPHIES. Les *Sept Péchés capitaux (1978, English National Opera) ; Rainbow Ripples (1980, B. Rambert) ; Soda Lake (1981, pour Michael Clark) ; Apollo Distraught (1982, Rambert D. Co.) ; Mythologies (1985, Rambert D. Co. ) ; *Pulcinella (1987, Rambert D. Co.) ; Shadow Realm (1994, R. Alston D. Co.) ; Rumours, Visions (1994, R. Alston D. Co.) ; le Marteau sans maître (1992, Cie R. *Chopinot) ; Stardust (1995, R. Alston D. Co.) ; Beyond Measure (1996, R. Alston D. Co.) ; Brisk Singing (1997, R. Alston D. Co.) ; Red Run (1998, R. Alston D. Co.). ALT Marlis (née en 1950). Danseuse allemande. Après des débuts au Folkwang Tanz Studio *Essen, elle danse de 1971 à 1973 aux États-Unis, notamment dans le film d’A. *De Mille, Goldrush (1973). Membre du Thanztheater de *Wuppertal de 1974 à 1977, elle est une des danseuses qui donneront corps au style de P.*Bausch. Fine et fragile, teint pâle, visage d’ange et corps d’adolescente, elle est l’incarnation même de l’Élue dans le*Sacre du printemps (1975). Bouleversante Judith dans Blaubart (1977), elle revient à la scène en 1998 dans BarbeBleue monté par P. Bausch pour le Festival d’Aix-en-Provence. MIB, MF ALTON Robert (1906-1957). Danseur, chorégraphe et réalisateur américain. Il se forme à New York auprès de M. *Mordkin, dans la compagnie duquel il débute, et au Conservatoire d’art dramatique. Il danse à *Broadway, notamment dans Take It From Me (1919), puis fait ses débuts de *dance director à Saint Louis, où il enseigne également à la Clark’s Dance School, comptant parmi ses élèves Donn Arden et B. *Grabble. Il entame alors une brillante carrière de chorégraphe à Broadway, collaborant, avec R. *Rodgers et L. *Hart, C. *Porter ou O. *Hammerstein, aux principaux succès des années 1920 et 1930 (Anything Goes, 1935 ; *Ziegfeld Follies, 1934, 1936, 1943 ; *Pal Joey, 1940 ; Panama Hattie, 1940). Il y encourage aussi les carrières de R. *Bolger, B. Grabble, G. *Kelly, *Vera-Ellen, Ch. *Walters, entre autres, tous appelés à devenir des vedettes de cinéma et qu’il emmène avec lui en rejoignant Hollywood. Après avoir dansé avec Greta Garbo dans la Femme aux deux visages (1941, réal. George Cukor, *MGM) et signé les chorégraphies de You’ll Never Get Rich (1941, réal. Sidney Lanfield, avec F. *Astaire et R. *Hayworth, *Columbia) et de Du Barry Was a Lady (1943, co-chor. Ch. Walters, réal. Roy Del Ruth, avec G. *Kelly, firme), il s’affirme bientôt comme l’un des meilleurs spécialistes de la danse au cinéma et travaille dès lors en priorité pour l’unité *Freed au sein de la MGM (1944-1951) : en 1946, il signe des chorégraphies pour Harvey Girls (réal. G. *Sidney, avec J. *Garland et C. *Charisse) et Ziegfeld Follies de V. *Minnelli, qu’il retrouve pour The *Pirate (1948, avec G. Kelly) ; avec Ch. Walters, devenu réalisateur, il travaille à nouveau avec F. Astaire (*Easter Parade, 1948 ; The *Barkleys of Broadway, 1949 ; The *Belle of New York, 1952), retrouvant G. Sidney pour Annie Get Your Gun (1950) et Show Boat (1951, avec M. et G. *Champion). Il passe ensuite à la *Fox puis à la *Paramount, où son nom est associé à ceux d’Ethel Merman (Call Me Madam, 1953), Bing Crosby (White Christmas, 1954, réal. Michael Curtiz) et Marilyn Monroe (There’s No Business Like Show Business, 1954, réal. Walter Lang). Entre-temps, il sera devenu réalisateur, mais, très curieusement, ses deux uniques films ne seront pas des comédies musicales : Merton of the Movies (1947, MGM) se contente d’être un faire-valoir de Red Skelton et Pagan Love Song (1950) un prétexte aux numéros aquatiques d’Esther Williams. Réputé pour ne jamais rien préparer à l’avance, il renouvelle profondément l’approche de la chorégraphie à Broadway, présentée jusqu’alors sous forme d’une ligne de danse à l’unisson, la fameuse *chorus line, qu’il fragmente en petits groupes et dans laquelle il inclut des solos. Il signe pour le théâtre musical des mises en scènes élégantes, fourmillant de détails, et s’illustre au cinéma dans les danses d’ensemble et sa capacité à règler de brillants numéros individuels. PBr AUTRES CHORÉGRAPHIES POUR LE THÉÂTRE MUSICAL. Hazel Flagg (1953) ; Me and Juliet (1953). ALUM Manuel (né en 1944). Danseur, chorégraphe et pédagogue portoricain. Il découvre la danse au cours d’une répétition d’Alicia *Alonso, mais c’est le travail de S. *Shearer qui décide définitivement de sa vocation. Il commence sa formation à Chicago avec Neville Black. Dès 1961, il se rend à New York pour étudier la danse moderne auprès de M. *Graham, tout en abordant la technique classique, notamment avec M. *Slavenska. En 1962, il rencontre P. *Sanasardo, qui l’engage dans sa compagnie, où il reste pendant dix ans, assurant successivement les fonctions de danseur principal, chorégraphe et directeur artistique assistant. Dès 1963, il signe pour la compagnie Sanasardo ses premières créations, dont Storm (1966), qui est considéré comme son oeuvre la plus marquante. En 1972 il fonde sa propre compagnie et développe pour celle-ci un répertoire au style fortement perdownloadModeText.vue.download 29 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 12 sonnel (East-To Nijinski, 1973). Invité dans le monde entier, il monte Juana (1973) pour la compagnie *Bat-Dor, Moonscapes (1973) pour le *Dance Theater of Harlem , et Escaras (1974) pour le *Ballet Rambert. Interprète fougueux et technicien accompli, il déploie son style vigoureux surtout dans les pièces de Sanasardo, qui crée spécialement pour lui Cut Flowers (1966). Il mène une grande activité pédagogique, dont l’aspect le plus important est sans doute sa tentative de susciter l’intérêt pour la danse moderne dans son pays natal. Il collabore aussi aux stages d’été de la School of Modern Dance au Saratoga Performing Art Center, en qualité de directeur assistant. MDS AUTRES CHORÉGRAPHIES. Wings I Lack (1963) ; The Cellar (1967) ; Palomas (1968) ; Yemaya (1974).Bibliographie. « M. Alum », in Dance Magazine, 3, 1969 ; Dance and Dancers, déc. 1974. AMAGATSU Ushio (né en 1949). Danseur et chorégraphe japonais. Personnalité majeure du *butô, il est l’un des fondateurs du groupe Dairakudakan, aux spectacles duquel il participe de 1972 à 1979, avant de créer sa propre compagnie, Sankai Juku [Atelier de la montagne et de la mer]. Dès les premiers spectacles, il part en quête de mythologies originelles : Shoriba (1979) rappelle les anciennes danses kagura du culte shintoïste ; Jomon Sho (1982) fait explicitement référence aux peintures rupestres et aux sculptures de la préhistoire, dans la mise en forme d’une gestuelle archaïque et tourmentée qui retrouve les expressions du difforme et de l’horrible. Il convoque ses souvenirs d’enfance dans Kinkan shonen [*Graine de cumquat] (1978) à travers le rêve d’un enfant qui s’imagine être un poisson. Présenté au festival de Nancy en 1980, ce spectacle lance la réputation internationale de Sankai Juku. La mort tragique d’un membre de la compagnie à Seattle en 1985, lors d’une performance où les danseurs sont suspendus par les pieds à quelques dizaines de mètres de hauteur, marque un tournant décisif. Délaissant la radicalité sulfureuse du butô des origines, Ushio Amagatsu va opter pour une esthétique raffinée avec des oeuvres dans lesquelles « les ténèbres se taisent dans l’espace « (Shijima, 1988 ; repr. 1998, Th. de la Ville, Paris). Ce théâtre d’images semble propager une déflagration spectrale dont les danseurs, en officiants de rituels symbolistes, seraient l’onde lointaine. Les thèmes initiaux du butô, danse de vie et de mort, restent cependant présents dans l’oeuvre d’Amagatsu : « Le butô est l’affirmation de la distance entre un être humain et l’inconnu [...], le corps du danseur de butô est comme une coupe sur le point de déborder ; ce corps atteint alors un état d’équilibre parfait. » JMA AUTRES CHORÉGRAPHIES. Amagatsu Sho (1977) ; Bakki (1981) ; Hanging Events (1984) ; Netsu no Katachi (1984) ; Unetsu / Des oeufs debout par curiosité (1986) ; Omote (1991) ; Yuragi (1993) ; Hiyomeki (1995) ; Hibiki (1998). AMAYA Carmen (1913-1963). Danseuse espagnole. Fille du guitariste El Chino, elle commence à danser à six ans dans un restaurant barcelonais, Las Siete Puertas, puis dans un music-hall parisien, le Palace , au début des années 1920, et enfin à Madrid, en 1923. En 1941, elle se produit avec l’illustre guitariste Sabicas au Carnegie Hall de New York, puis au théâtre des Champs-Élysées à Paris, où elle se produira plusieurs fois avec sa compagnie de ballets. Grande rénovatrice du flamenco, inspirée et sauvage, elle est la première danseuse à présenter un spectacle entièrement *flamenco. Avec une « façon convulsive de piétiner la beauté «, elle développe un style unique en interprétant de façon magistrale des danses masculines, tout en faisant jaillir une danse de feu, profondément gitane, aux fulgurances mystérieuses et tourmentées qui restituent au flamenco sa dimension à la fois tragique et festive. À la fin du film Los Tarantos (1963, réal. Francisco Rovira Baleto), tourné peu avant sa mort, elle est une matriarche brûlée par son art, dont les doigts secs crépitent sur le bois d’une table, appelant au fond d’elle-même l’incantation du duende [l’esprit]. Parmi les nombreux écrivains à lui avoir rendu hommage, J. *Cocteau note : « Carmen Amaya, c’est la grêle sur les vitres, un cri d’hirondelle, un cigare noir fumé par une femme rêveuse, un tonnerre d’applaudissements. Lorsque sa famille s’abat sur une ville, elle y supprime la laideur, la lenteur, le morne, comme un vol d’insectes dévore les feuilles des arbres. « JMA FILMOGRAPHIE. Maria de la O (1936) ; Embrujo del Fandango (1941, réal. Jean Angelo). AMBOISE Jacques d’ (né en 1934). Danseur, chorégraphe et pédagogue américain. Formé à la danse classique au sein de la *School of American Ballet, il est engagé en 1949 au *NYCB où il fait carrière jusqu’en 1984. Il paraît dans des *comédies musicales hollywoodiennes et signe quelques chorégraphies pour le NYCB, dont Sinfonia n°2 (1960, mus. Héctor Tosar) ; Tchaïkovski suite No. 2 (1969) ; Celebration (1982, mus. F. *Mendelssohn). Professeur à la School of American Ballet depuis 1970, il fonde en 1976 le National Dance Institute où il initie à la danse les enfants défavorisés de New York. Dynamique et viril, il s’affirme d’abord comme l’incarnation du danseur américain type, notamment dans les films *Carousel (1956) et *Seven Brides for Seven Brothers (1954). Il se révèle l’un des plus subtils interprètes de G. *Balanchine, marquant le rôle-titre d’*Apollon Musagète et créant de nombreux ballets du chorégraphe, dont Western Symphony (1954), *Episodes (1959), Movements for Piano and Orchestra (1963), *Who Cares ? (1970), Davidsbündlertänze (1980). NL AMERICAN BALLET. Compagnie de danse américaine, basée à New York, active de 1934 à 1941. Créée par L. *Kirstein et G. *Balanchine, grâce à l’aide du mécène Edward M. M. Warburg, cette troupe est constituée à l’origine d’élèves de la *School of American Ballet puis de danseurs issus, pour la plupart, de cette école. Après quelques représentations privées, elle se produit deux semaines à l’Adelphi Theatre en 1935 et effectue une courte tournée dans le nord-est des ÉtatsUnis. Attachée au *Metropolitan Opera House de l’automne 1935 au printemps 1938, elle cesse ses activités lorsque Warburg renonce à la financer. Elle renaît de façon éphémère en 1941, à l’invitation de Nelson Rockefeller, pour se joindre au *Ballet Caravan lors d’une tournée en Amérique latine. Maître de ballet de la troupe, Balanchine réalise avec elle ses premières oeuvres américaines, signant une douzaine de créations dont *Serenade (1934) et la mise en scène Orphée et Eurydice de Ch. W. *Gluck (1936). Il organise en 1937 un festival *Stravinski, le compositeur dirigeant en personne ses ballets *Apollon Musagète, *Jeu de cartes et le *Baiser de la fée. Permettant l’émergence d’une pléiade de danseurs et chorégraphes (T. *Bolender, G. *Caccialanza, H. et L. *Christensen, W. *Dollar, E. *Hawkins, E. *Loring, N. *Magallanes, Marie Jeanne, L. *Moore, J. *Taras), l’American Ballet a joué un rôle décisif dans l’histoire de la danse classique aux États-Unis : première en date des compagnies de ballet de ce pays, il a contribué à y implanter le genre de façon durable. NL downloadModeText.vue.download 30 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 13 AMERICAN BALLET COMPANY (ABC). Compagnie américaine basée à New York (1969-1971). Fondée par E. *Feld et H. *Ross, sous le nom d’American Ballet Players, elle fait ses débuts en 1969 au Festivale dei due mondi (Spolète, Italie) avec trois oeuvres de Feld (Harbinger, 1967 ; At Midnight, 1967; Cortège burlesque, 1969) et Caprichos (1950) de Ross. Elle se produit la même année à New York avec de nouvelles créations de Feld. Des difficultés financières obligent à dissoudre la compagnie en 1971. Feld intègre alors l’*ABT avec ses meilleurs danseurs avant de former l’Eliot Feld Ballet en 1974. MK FILMOGRAPHIE. Eliot Feld et l’ABC (1970, télév., Cologne). AMERICAN BALLET THEATRE (ABT). Compagnie américaine fondée en 1940. Dénommée Ballet Theatre jusqu’en 1957, avant de prendre son nom actuel, elle est dirigée pendant quarante ans par L. *Chase, qui y consacre presque toute sa fortune personnelle, et O. *Smith. Son objectif de départ est d’être le musée des meilleures chorégraphies mondiales, ses fondateurs souhaitant de plus commanditer des créations « américaines ». Tout en encourageant de jeunes talent, l’ABT présente donc régulièrement des ballets classiques longs, devenant, au fil des années, un des plus remarquables dépositaires d’oeuvres classiques et permettant au public américain de découvrir et de voir régulièrement des ballets interprétés par les plus grands danseurs. Sa politique (invitations d’étoiles et de chorégraphes étrangers) sera toutefois contestée : on lui reprochera de diminuer les possibilités offertes aux danseurs américains, en particulier au moment où la compagnie prendra le nom d’American Ballet Theatre. De fait, appartenir à la compagnie ou se produire avec elle représentera très vite une consécration pour un interprète. La liste des membres ou artistes invités de l’ABT est ainsi impressionnante : Alberto et Alicia *Alonso, Sonia Arova, J. *Babilée, M. *Barychnikov, Irina Baronova, P. *Bortoluzzi, E. *Bruhn, M. *Denard, A. *Dolin, A. *Eglevski, C. *Fracci, J. *Gilpin, C. *Gregory, M. *Haydée, M. *Hayden, R. *Hightower, N. *Kaye, G. *Kirkland, Ruth Ann Koesun, J. *Kriza, H. *Laing, T. *Lander, N. *Makarova, A. *Markova, Bruce Marks, Veronika *Mlakar, Ivan Nagy, R. *Noureev, Mariane Orlando, Mimi Paul, N. *Philippart, J. *Robbins, L. Serrano, les soeurs *Tallchief, G. *Tetley, V. *Verdy, S. *Wilson, I. *Youskevitch, V. *Zorina. L’ABT sera en outre, au fil des ans, l’espace de création d’oeuvres importantes, voire majeures, du XXe s., notamment : Pas de quatre (1941, Dolin), l’Oiseau bleu (1941, M. *Fokine), *Pillar of Fire (1942, *Tudor), Aleko (1942, L. *Massine), Hélène de Troie (1942, Fokine), *Roméo et Juliette et Dim Lustre (1943, Tudor), Mademoiselle Angot (1943, Massine), *Fancy Free (1944), première création de Robbins, Undertow (1945, Tudor), *On Stage ! (1945, M. *Kidd), *Theme and Variations (1947, G. *Balanchine), une oeuvre de base du répertoire de la compagnie interprétée par toutes les étoiles invitées, Shadow of the Wind (1948, Tudor), *Fall River Legend (1948, A. *De Mille), The Harvest According (1952, De Mille), Winter’s Eve (1957, *McMillan), Paeon and The Maids (1957, H. *Ross), Lady from the Sea (1960, B. *Cullberg), les *Noces (1965, Robbins), Harbinger (1967, Feld) et At Midnight (1967, Feld), The *River (1970, A. *Ailey), The Leaves are Fading (1975, Tudor), *Push Comes to Shove (1976, T. *Tharp). Ce patrimoine autant que les noms prestigieux qui ont contribué à sa création font sans conteste de l’ABT un des acteurs majeurs de de l’histoire de la danse du XXe s. C’est cet héritage que recueille en 1980, M. *Barychnikov lorsqu’il en devient directeur artistique. En 1990, lui succéderont Jane Hermann et O.Smith avant que K. *McKenzie, ancien danseur principal de la compagnie, n’en prenne la direction en 1992. MK AMERICAN DANCE FESTIVAL (ADF). Festival et université d’été de danse américains fondés en 1948. Placé sous la direction conjointe de M. *Hill, sa fondatrice, et Ruth Bloomer jusqu’en 1959, il est d’abord installé au Connecticut College for Women à New London, puis, à partir de 1978, à la Duke University de Durham (Caroline du Nord). L’ADF reprend l’idée de la *Bennington School of the Dance, et superpose université d’été et spectacles, d’abord rassemblés sur les derniers jours du festival. Durant cinq à six semaines, étudiants, professeurs, danseurs et chorégraphes s’y côtoient et travaillent ensemble. J. *Limón et D. *Humphrey (qui y créent nombre de pièces importantes) et leur entourage, ainsi que L. *Horst, exercent jusqu’à la fin des années 1950 une influence décisive sur les programmes d’enseignement comme de création, et font de l’ADF un des derniers bastions d’une *danse moderne traditionnelle. Dans les années 1960, l’exclusion des nouvelles générations (notamment celle du *Judson) soulève de vives critiques, et met en évidence le besoin de renouvellement. À partir de 1969, Charles L. Reinhart, nommé directeur artistique, développe à la fois la diversité et le nombre de spectacles et de classes. L’ADF a accueilli la création de nombreuses pièces majeures, et la plupart des chorégraphes américains actuels (T. *Brown, D. *Gordon, V. *Setterfield, L. *Childs, D. *Hay notamment) y ont un jour étudié. IG AMIEL Josette (née en 1930). Danseuse et pédagogue française. Formée au Conservatoire de Paris, elle débute aux Ballets des Champs-Élysées (1948), engagée à l’Opéra-Comique de Paris (1949), elle fait carrière de 1952 à 1971 à l’Opéra de *Paris, devenant étoile en 1958. Bonne technicienne et interprète, elle crée Chemin de lumière (1957, S *Lifar), se produit ensuite dans le monde entier et devient professeur du Ballet de l’Opéra de Paris (1981-1996). GP AMODIO Amedeo (né en 1940). Danseur et chorégraphe italien. Il étudie à l’École de la *Scala et se spécialise dans la danse espagnole avec Antonio Marin à Madrid. Il débute à la Scala en 1958 et signe sa première chorégraphie en 1967 (Escursioni). Interprète très apprécié de L. *Massine et A. von *Milloss, il mène une carrière de soliste invité avant d’être nommé en 1979 directeur de l’Aterballetto (Reggio Emilia). Il crée de nombreuses oeuvres pour cette compagnie et promeut avec elle un répertoire constitué de pièces d’A. *Ailey, G. *Balanchine et A. *Tudor. Depuis 1997, il dirige le ballet de l’Opéra de *Rome. Dans la chorégraphie, comme dans la danse, il défend un style expressif et multiplie des collaborations avec des compositeurs et des peintres scénographes contemporains (dont E. *Luzzati). Il signe en 1972 une version de l’*Après-midi d’un faune souvent reprise par la suite. Au cinéma, il participe aux films de Liliana Cavani : Portier de nuit (1973) et Au-delà du bien et du mal (1977). ATes AUTRES CHOR. Ricercare a nove movimenti (1975, mus *Vivaldi), *Roméo et Juliette (1987, mus. *Berlioz), *Casse-Noisette (1989) ; *Coppélia (1992) ; Un petit train de plaisir (1992) ; *Carmen (1995). ANANIACHVILI Nina (née en1963). Danseuse russe, d’origine géorgienne. Elle se forme à l’école de danse de Tbilissi puis de Moscou. En 1981, elle rejoint le *Bolchoï où elle se produit dans les ballets du répertoire classique (M. *Petipa, M. *Fokine ) ainsi que dans ceux de Y. *Grigorovitch (l’*Âge d’or , Ivan le Terrible). Technicienne raffinée, interprète lyrique et très poétique, elle danse avec le *NYCB à partir de 1988, et depuis 1993 avec de nombreuses compagnies européennes (*Ballet Royal Danois, downloadModeText.vue.download 31 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 14 etc.). A. *Ratmanski a composé plusieurs ballets pour elle, dont le Charme du maniérisme (1997, mus. R. *Strauss) et les Rêves du Japon (1998, mus. traditionnelle japonaise). Un film lui est consacré Tout passe comme un instant (Vse prokhodit kak mig, 1992, réal. Youri Rachkine). ESou ANASTASI William (né en 1933). Peintre et sculpteur américain. Adepte de l’abstraction conceptuelle, ami de J. *Cage, il rejoint la compagnie *Cunningham en 1984 avec sa femme, D. *Bradshaw. Tous deux succèdent à M. *Lancaster en tant que conseillers artistiques. Ils se partagent la réalisation des décors et costumes. Adaptant ses dessins des années 1970, Anastasi crée de nombreuses toiles de fond abstraites, auxquelles s’associent le plus souvent les costumes. En 1985, pour Native Green, il intervient directement au sol à l’aide de marqueurs, prolongeant ainsi son travail personnel de dessins à l’encre de chine ou au stylo réalisés à l’aveugle : l’espace de la scène est traversé par de longues lignes rouges et noires, tandis que le tissu des justaucorps et des jupes des danseurs sont imprimés de marques similaires. Pour Polarity (1990), ce sont des dessins de Cunningham qui sont agrandis. PC AUTRES COLLABORATIONS. Phrases (1984) ; *Points in Space (1986) ; Shards (1987) ; Eleven (1988). ANATOLE Madame, ndn. GOSSELIN Constance, dite (1793-?). Danseuse française, soeur de G. et L. Gosselin (1800-1860), professeur à l’Opéra en 1853. Élève de *L. A. Duport et de J.-F. *Coulon, elle débute en 1813 à l’Opéra de *Paris et devient sujet dans le genre *noble (18221827). Sa danse élégante, pudique et touchante la prédispose aux rôles *sérieux : la Servante justifiée (1818, P. *Gardel), Alfred le Grand (1822, J.-P. *Aumer), la Soeur dans *Cendrillon (1823), Astolphe et Joconde (1827, Aumer). SJM ANDERSEN Frank (né en 1953). Danseur et maître de ballet danois. Fils d’une Colombine du théâtre de *pantomime de Tivoli, il est formé à l’École de danse du *Ballet royal danois. Il entre dans la compagnie en 1969 et devient étoile en 1977. Danseur rayonnant de charme et de joie de vivre, il incarne avec un humour malin Puck dans le *Songe d’une nuit d’été de J. *Neumeier. Maître de ballet énergique et efficace au Ballet royal danois de 1985 à 1994, il affectionne tout particulièrement le répertoire d’A. *Bournonville et organise le deuxième festival consacré au chorégraphe en 1992. Il prend la direction du *Ballet royal suédois en 1996. EA ANDERSEN Hans-Christian (1805-1875). Écrivain danois, célèbre essentiellement pour ses Contes. Enfant, il est élève à l’École de danse du *Ballet royal danois avec lequel il garde toute sa vie des liens. Il est en particulier l’ami d’A. *Bournonville. La danse est souvent présente dans ses Contes où l’on trouve chaussons rouges et ballerines. Son oeuvre a très largement inspiré les chorégraphes sans doute en raison de ses résonances poétiques et romantiques. Les textes les plus adaptés sont le *Baiser de la fée et le *Chant du rossignol, qui ont inspiré les chorégraphes les plus célèbres du XXe siècle. SJM TEXTES ADAPTÉS. Les Cent Baisers (1935, *Nijinska ; 1936, H. *Lander ; 1969, *Flindt) ; les Habits neufs de l’empereur (1936, *Lifar ; 1938, N. de *Valois ; 1971, Dietmar Seyffert) ; les Fleurs de la petite Ida (1916, Walbom ; 1950, *Birkmeyer) ; les Chaussons rouges (1898, *Hassreiter ; film [1948], réal. M. Powell et E. Pressburger, chor. *Helpmann, *Massine et A. *Carter) ; la Petite Sirène (1909, *Beck) ; Douze Voyageurs en malle-poste (1942, Borge Ralov) ; le Valeureux Soldat de plomb (1975, *Balanchine). ANDERSEN Ib (né en 1954). Danseur et chorégraphe danois. Formé à l’École du *Ballet royal danois, il est nommé danseur principal de la compagnie en 1975, puis rejoint le *NYCB en 1980. Il cesse de danser en 1990 à la suite d’une blessure à la hanche et travaille depuis comme chorégraphe et maître de ballet, notamment à Pittsburgh et Oslo. Sa technique nette et une étonnante légèreté dans les sauts donnent à sa danse un lyrisme particulier, accentué par la joie et l’innocence juvénile que lui confère sa blondeur. Il se révèle en 1974 en campant un intrépide Roméo dans le *Roméo et Juliette de J. *Neumeier, abordant ensuite des rôles romantiques (James dans la *Sylphide de A. *Bournonville) ou modernes (la Victime dans le *Sacre du printemps de G. *Tetley en 1978). Mais il s’épanouit surtout dans le style néoclassique de G. *Balanchine, comme l’atteste son aurorité espiègle dans le rôle-titre d’*Apollon Musagète ou sa musicalité touchante dans Mozartiana. AMC CHORÉGRAPHIE. En-to-tre [Un, deux, trois] (1987, mus. *Liszt et J. *Strauss, Copenhague) ; Baroque Variations (1988, mus. L. *Foss, New York) ; Fête galante (1989, mus. *Grieg et *Cou- perin, Copenhague) ; Holbergsuite (1993, mus. Grieg, Bergen). BIBLIOGRAPHIE. K. Cunningham, « Ib Andersen », in Ballet Review, vol. 9, n° 3, 1981. ANDERSON Lea (née en 1959). Danseuse et chorégraphe britannique. Elle fréquente les beaux-arts et le monde du rock, puis étudie la danse au *Laban Centre où elle rencontre en 1984 Teresa Barker et Gaynor Coward : ensemble, elles forment The Cholmondeleys (prononcer Chomlies), groupe dont le nom s’inspire d’un tableau élizabethain exposé à la Tate Gallery. Elles commencent à montrer leurs spectacles dans les bars et night-clubs de Londres et dansent aussi en extérieur dans des endroits insolites. Rejoint par Rossana Sen en 1986, le groupe évolue par la suite selon les productions, mais reste composé uniquement de femmes. Parallèlement, Anderson fonde, en 1988, The Featherstonehaughes (prononcer Fanshaws), compagnie exclusivement masculine. Si elle crée aussi des pièces « conjointes », Anderson tient à la version « unisexe » pour mieux interroger les différences homme-femme. Souvent dansées à l’unisson, avec un grand souci d’exactitude, ses chorégraphies insistent sur l’individualité des interprètes. Évitant les physiques stéréotypés en ce qui concerne les danseuses, elle fuit aussi les mouvements de danse - phénomène encore accentué avec les danseurs -, leur préférant des mouvements quotidiens, transformés en codes précis, auxquels elle donne une dimension poétique et émouvante par la répétition ou la juxtaposition. Mêlant le rock et la mode à la danse, elle questionne les conventions avec irrespect et beaucoup d’humour (anglais). Rebelle à ses débuts, elle est devenue une des chorégraphe les plus importantes de sa génération, dont elle est aussi le porte-parole. OD AUTRES CHORÉGRAPHIES. Pour The Cholmondeleys : Dragon (1985) ; Baby, Baby, Baby (1985) ; Fish Wreck (1987) ; NoJoy (1987) ; Clump (1988) ; Flesh and Blood (1990) ; Walky Talky (1992) ; Metalcholica (1994) ; Car (1995). Pour The Featherstonehaughes : Big Feature (1991) ; Immaculate Conception (1992) ; The Featherstonehaughes Go Las Vegas (1995) ; Featherstonehaughes Draw on the Sketch Books of Egon Schiele (1998). Conjointement : Birthday (1991) ; Precious (1993). downloadModeText.vue.download 32 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 15 ANDRADE Adolfo (né en 1925). Danseur, chorégraphe et pédagogue argentin. Après une formation à Buenos Aires avec M. Borowski, E. *Bulnes et Basili Lambrinos, il débute une carrière internationale en intègrant le Ballet du marquis de *Cuevas en 1955. En 1957, il est engagé en qualité de danseur étoile et chorégraphe dans la compagnie de M. *Béjart tandis que l’écrivain Fran- çoise Sagan l’invite à interpréter le Rendez-vous manqué à New York et en Europe. En 1959, il crée son premier ballet, Orfeo, au festival d’Édimbourg. Il poursuit une carrière de danseur et de chorégraphe, notamment en France (Opéras de Bordeaux, Toulouse, Lyon) ainsi qu’au *Teatro Colón comme invité. Il se tourne par la suite vers l’enseignement, développant une méthode pédagogique qui vise à débarrasser la technique classique de ce qu’elle a de désuet et qu’il expose dans Pour une danse enfin libérée (Robert Laffont, Paris, 1998). AF ANDREÏANOVA Elena (1819-1857). Danseuse russe. Après des études à l’École théâtrale de *Saint-Pétersbourg, elle est première danseuse au *Bolchoï de cette ville de 1837 à 1854. Elle se distingue dans tous les ballets romantiques, dont *Giselle (1842, A. *Titus), la *Péri (1844, Frédéric), *Paquita (1847, M. *Petipa), Satanilla (1848, Petipa), danse Hélène dans l’opéra *Robert le Diable et Fénella dans la Muette de Portici. J. *Perrot crée pour elle le rôle de la Fée noire dans la Filleule des fées et celui de Berthe dans le *Diable à quatre (1850-1851). À partir de 1845, elle se produit aussi à Moscou, Paris, Londres, Milan. En 1853-1854, elle fait des tournées en Russie à la tête d’une petite compagnie pour laquelle elle monte, entre autres, la *Fontaine de Bakhtchissaraï (elle est la première à utiliser ce sujet d’A. *Pouchkine). ESou ANDREWS Jerome (1908-1992). Danseur, chorégraphe et pédagogue américain. Il étudie la danse à Seattle puis travaille avec *Humphrey, *Graham, *Holm et au *Radio City Music Hall de New York. Il s’installe à Paris en 1952. Danseur singulier et expressif, il crée des solos qu’il donne en récital (le Pierrot, OEdipe, 1954) et fonde les Compagnons de la Danse (1953) avec J. *Robinson, K. *Waehner, O. *Stens, Laura Sheleen puis la J. Andrews Dance Co. avec Noelle Janoli (1964). Sa rencontre avec M. *Wigman en 1951 est déterminante. Elle le conduit à développer la recherche d’une « danse profonde «. Il associe rigueur technique et spontanéité instinctive stimulée par des manipulations d’objets et d’étoffes. Excellent pédagogue, il base son enseignement sur la perception tactile de la peau et la pratique de la machine *Pilates. LB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Ode (1970) ; le Jour où la terre tremblera (1960, B. modernes de Paris) ; Capture Éphémère (1967, id.). FILMOGRAPHIE. Jerome Andrews, Forwards and Backwards (1994, réal. N. et N. *Corsino). ANGIOLINI Gasparo ou A. GASPARE, A. GASPERO, GASPARINI Domenico Maria Angiolo, dit (1731-1803). Danseur, chorégraphe, pédagogue et compositeur italien. Il commence à danser à Lucques (Toscane) en 1747 et se pro- duit dans de nombreuses villes italiennes dont Milan, Venise et Rome. Ses débuts chorégraphiques datent de 1752, année où il danse à Vienne dans les ballets de F. *Hilverding qui restera son modèle. Au cours de la saison 1756-1757, il est chorégraphe au *Teatro Regio de Turin et premier danseur avec sa femme Maria Teresa Fogliazzi, qu’il a épousée à Vienne en 1754. De 1758 à 1766, il succède à Hilverding aux théâtres impériaux de *Vienne. Il y compose des ballets pour les opéras de JeanJacques Rousseau, Johann Adolf Hasse, G. *Scarlatti, Tommaso Traetta, mais, surtout, y collabore avec Ch. W. *Gluck (*Don Juan ou le Festin de pierre, 1761 ; Citera assediata, 1762 ; *Semiramis, 1765) et compose pour lui les ballets de l’opéra *Orphée et Eurydice (1762). De 1766 à 1772, il succède de nouveau à Hilverding, cette fois à Saint-Pétersbourg où il dirige la reprise de ses propres ballets et de nouvelles créations, dont le * Départ d’Énée (1766), pour lesquelles il compose également la musique. En 1773, il est chorégraphe à Milan, où il cherche, sans succès, à reprendre à son compte le Regio Ducal Teatro. De nouveau à Vienne en 1774, où il reprend la place de J. G. *Noverre (qui vient lui-même d’être engagé à Milan), il présente au Burg Theater l’*Orphelin de la Chine (1774). À Saint-Pétersbourg de 1776 à 1778, il compose les ballets de différents opéras de Giovanni Paisiello. De retour en Italie, de 1779 à 1782, il travaille à Venise, Vérone, Turin et surtout à la *Scala. Il retourne une dernière fois à Saint-Pétersbourg de 1782 à 1786, où il enseigne également à l’École de danse des théâtres impériaux. Sa carrière s’achève en Italie, où il présente ses ballets jusqu’en 1791. Dans les dernières années de sa vie, son activité se distingue par un fort engagement républicain qui lui vaut d’être emprisonné puis de devoir quitter Milan, où il revient et meurt en 1803. Principale figure de la lignée austro-italienne du ballet d’*action, Angiolini apporte le contrepoint aux théories de Noverre par ses productions et ses écrits dont la Dissertation sur les ballets pantomimes des Anciens (programme de Sémiramis, Vienne, 1765), les Lettere de Gasparo Angiolini a Monsieur Noverre sopra i balli pantomimi (Milan, 1773) et les Riflessioni sopra l’uso dei programmi nei balli pantomimi (Milan, 1775). Son *Don Juan, en particulier, est une oeuvre fondamentale pour ce qui concerne non seulement l’autonomie du ballet par rapport à l’opéra, mais aussi la réforme de l’opéra réalisée par Gluck. La célèbre querelle qui accompagne l’arrivée du ballet d’action sur les scènes conduit de nombreux intellectuels à définir la nature de la danse et son rôle dans sa relation au théâtre d’opéra. La position d’Angiolini se distingue par l’attribution à Hilverding de la paternité du ballet d’action et par le respect dans la composition dansée des trois unités aristotéliciennes (lieu, temps, action). Souvent auteur des musiques de ses propres ballets (dont certaines partitions nous sont parvenues), il propose une « *pantomime mesurée «, c’est-à-dire étroitement liée à la musique. En outre, s’opposant à l’usage que fait Noverre des programmes détaillés pour pallier l’excessive complexité des sujets de ballet, il se concentre sur l’essence de l’intrigue et privilégie les sujets empruntés à la littérature de son temps. CC BIBLIOGRAPHIE. B. A. Brown, « Gasparo Angiolini «, in The New Grove Dictionary of Opera, editeur, lieu, année. ANISFELD Boris (1879-1973). Peintre et décorateur russe. Formé à l’Académie des arts de Saint-Pétersbourg, il collabore à plusieurs oeuvres de M. *Fokine (Islamey, 1910 ; Sadko, 1911 ; *Petrouchka, 1911, avec A. *Benois ; les Sept Filles du génie de la montagne, 1913). En 1918, il part pour les États-Unis, où il travaille notamment pour le Metropolitan Opera. Sa contribution à Sadko révèle la finesse et la légèreté de son trait, en particulier dans les costumes des personnages fantastiques (le Poisson d’or et la reine de la Mer). CD ANISSIMOVA Nina ou ANISIMOVA N. (1909-1979). Danseuse et chorégraphe russe. Élève d’A. *Vaganova notamment à l’École de danse de Petrograd, elle danse de 1927 à 1958 au Théâtre d’opéra et de ballet (devenu le *Kirov en 1935) où elle se produit dans toutes les danses de *caractère et tient des rôles importants comme Thérèse dans *Flammes de Paris (chor. V *Vaïnonen) ou Aïcha dans sa propre chorégraphie de *Gayane (1942). Chorégraphe typique du genre *drambalet, elle excelle surtout dans la comdownloadModeText.vue.download 33 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 16 position de danses de caractère. Elle signe notamment à Oufa le premier ballet bachkir (le Chant des grues, 1944, mus. Lev Stepanov) et de nombreuses reprises en Russie et à l’étranger. ESou AUTRES CHORÉGRAPHIES. Suite espagnole (1935) ; Noces andalouses (1936) ; le Voile magique (1946, mus. Zaranek) ; *Coppélia (1949) ; *Schéhérazade (1950) ; le Saule (1957, mus. Yevlakhov) ; *Cendrillon (1963) ; la Légende du lac (1963, mus. Vladigerov) ; le *Lac des cygnes (1964). ANTHEIL George (1900-1959). Pianiste et compositeur américain. Formé en Pologne et aux États-Unis, il séjourne en Europe dans les années 1920. Proche des avant-gardes, sensible au *futurisme, il signe la musique du film *Ballet mécanique de F. *Léger (1926), qui fait scandale pour l’importance attribuée aux valeurs rythmiques et aux percussions. Après de nombreux voyages, il se fixe à Hollywood, où il travaille notamment pour le cinéma et compose quelques ballets : Dreams (1934, G. *Balanchine), Course (1934, M. *Graham), Capital of the World (1953, E. *Loring). EQ ANTONIO, RUIZ SOLER Antonio dit, (1921-1996). Danseur espagnol. Il se produit dès l’âge de sept ans. En duo avec Rosario, exilés en Argentine, ils rayonnent sur toute l’Amérique, de 1937 à 1949. En 1953, Antonio danse le *Tricorne de M. de *Falla à la *Scala, et crée sa compagnie de ballet. De 1980 à 1983, il dirige le Ballet national d’*Espagne. Exceptionnel danseur de flamenco à la flamme sèche, il donne ses lettres de noblesse au martinete (à l’origine, chant de forgeron). Celui qu’il interprète sous le pont de Ronda, dans le film Misterio y Duende del Flamenco (1952, réal. Edgar Neville) est un sommet du genre. JMA ANTONOLINI Ferdinando (après 1750-1824). Compositeur italien. Appelé en Russie en 1786 (probablement par G. Astarita) pour entrer dans la compagnie de l’opera buffa, il y travaille aussi comme chef d’orchestre et maître de chapelle. Auteur d’oratorios et d’oeuvres pour le théâtre, il collabore avec C. L. *Didelot à Saint-Pétersbourg, composant notamment Nicette et Lucas (1817), le Calife de Bagdad (1818), Cora et Alonso (1820), Alceste ou la Descente d’Hercule aux enfers (1821). SZ APPAIX Georges (né en 1953). Danseur et chorégraphe français. Ingénieur de formation, saxophoniste, il étudie la danse auprès d’O. *Duboc, dont il intègre la compagnie. Il danse ensuite pour S. *Aubin. En 1984, il crée la compagnie la Liseuse et se fait connaître en 1985 avec Antiquités (scén. S. *Goury). La langue écrite ou orale est, sous différents modes (voix, scansion, essai, récit, graphie), le moteur rythmique et musical de sa danse où se mêlent humour et poésie. IF, PLM AUTRES CHORÉGRAPHIES. Le Bel Été (1984) ; l’Arrière-salle (1988, scén. Goury) ; Basta (1989) ; Clic (1994, en coll. avec Jacques Rebotier) ; Hypothèse fragile (1995) ; Kouatuor (1998). APPIA Adolphe (1862-1928). Scénographe et théoricien suisse. Après une solide formation musicale, il s’initie en 1888 à la mise en scène au Hofoper de *Vienne. Admirateur du théâtre grec et des oeuvres de R. *Wagner, il propose un changement radical de la scénographie de son temps, exposé dans ses ouvrages, la Mise en scène du drame wagnérien (1895) et la Musique et Art du théâtre (1899). En 1906, il fait la rencontre déterminante d’ É. *Jaques -Dalcroze dont il devient l’ami et le conseiller. Convaincu par les théories dalcroziennes, qui recoupent ses propres recherches sur la rencontre entre la musique, le corps et l’espace, il dessine une série d’« espaces rythmiques » permettant la mise envaleur de laplastique du corps, qui serviront de base à l’aménagement de la salle de spectacle de *Hellerau, ce « Bayreuth des jambes », selon Paul Claudel, qui y présentera son Annonce faite à Marie (1913). Il signe également la scénographie d’*Orphée et Eurydice donné à Hellerau (1912-1913) et d’ Écho et Narcisse, *ballet pantomime présenté à l’Institut Jaques-Dalcroze de Genève (1919) ainsi que quelques mises en scènes d’opéras de Wagner. Appia conçoit le lieu de spectacle comme un espace libre et transformable, ouvert sur la vie sociale. Écartant l’illusion de la toile peinte et du réalisme décoratif, il place la présence vivante de l’interprète au centre d’un dispositif scénique épuré qu’il déploie dans les trois dimensions de l’espace selon une rythmique des volumes et des lignes (plans inclinés ou surélevés, escaliers). Il assigne en outre à la lumière, véritable musique de l’espace, le rôle de souligner et d’éclairer les ressorts intimes de l’action, le secret même du drame. Ces conceptions, alors révolutionnaires, pour lesquelles il reconnaîra sa dette à Jaques-Dalcroze dans son dernier ouvrage, l’OEuvre d’art vivant (1921), lui valent la reconnaissance immédiate d’artistes tels que S. *Diaghilev, M. *Reinhardt et Bernard Shaw et une influence diffuse mais profonde sur toute la scénographie du XXe siècle. VR, PLM ARÁIZ Oscar (né en 1940). Danseur et chorégraphe argentin. Il reconnaît parmi ses maîtres D. *Hoyer, Elide Locardi, R. *Schottelius, M. *Ruanova et T. *Grigorieva. En 1959, il intègre le Ballet du Teatro Argentino de La Plata, ainsi que le Grupo de Camara de D. Hoyer, en tant qu’assistant et interprète. En 1962, il présente ses premières oeuvres à Barcelone avec Beatriz Margenat puis signe, en 1964, El Unicornio, la Gorgona y la Mantícora pour l’*AADA au Teatro *San Martín de Buenos Aires. Sa production féconde se poursuit avec la présentation de Estancia (1966, mus. Ginastera) au *Teatro Colón et Crash (1967) au mythique *Instituto Torcuato Di Tella. En 1968, il fonde le Ballet del Teatro San Martín, ensemble pour lequel il compose tout d’abord Symphonia (1968) et qu’il dirige jusqu’en 1970, menant ensuite une carrière internationale. En 1979, il dirige le Ballet du Teatro Colón, où il chorégraphie le *Songe d’une nuit d’été, puis le Grand Théâtre de *Genève (1980-1990). De retour en Argentine, il est nommé à nouveau directeur du Ballet del Teatro San Martín (1990-1997) ; il y crée Numen (1991) et Noche de Rondas (1991), puis Bestiario (1992). En 1997, il crée Astor à l’Opéra de *Rome. Chorégraphe pour de nombreux films, opéras et mises en scènes théâtrales, il signe des oeuvres pour l’Opéra de *Paris, celui de *Berlin, le *Ballet royal suédois, le Joffrey Ballet, le *Royal Winnipeg Ballet, le Ballet national de *Finlande notamment. Régulièrement primé en Argentine et à l’étranger, il est membre de l’Académie Argentine de Musique. SK AUTRES CHORÉGRAPHIES. Le *Sacre du printemps (1966) ; *Roméo et Juliette (1970, mus. *Prokofiev) ; Adagietto (1985, mus. *Mahler) ; *Boquitas Pintadas (1997, en coll. avec Renata Schussheim). ARAUJO Loipa (née en 1943). Danseuse cubaine. Elle débute avec le Ballet national de *Cuba en 1959 et elle devient étoile en 1967. Médaille d’or au Concours de *Varna (1965) et d’argent à celui de Moscou (1969), elle est définie par le critique Arnold Haskell comme « une orchidée dans le jardin du ballet «. Effectuant une brillante carrière avec la troupe cubaine, elle s’expatrie à l’occasion et crée ainsi en 1976 les Intermit- tences du coeur et Casse-Noisette de R. *Petit. Ses interprétations dans *Notre-Dame de Paris (1973) et dans l’Arlésienne (1974) avec le Ballet national de Marseille font date. JCD downloadModeText.vue.download 34 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 17 ARBATOVA Mia (1910-1990). Danseuse, pédagogue et chorégraphe israélienne d’origine russe. Soliste au Ballet de l’Opéra de Riga, elle émigre en Palestine en 1924. Elle fonde la compagnie de théâtre satirique Il La Lo et ouvre, en 1943, la première école de danse classique du pays. En 1949, elle fonde The Folk Ballet avec Irene Gutry, Mia Pique et Elisheva Mona. Grâce à son enseignement très exigeant, certains de ses élèves rejoignent ensuite le *Ballet Rambert (Zohara Simkins), la compagnie R. *Petit (Moshe Lazara) ou le *Metropolitan Opera Ballet (Nira Pas). Le Concours Arbatova, qui a lieu annuellement, est dédié à sa mémoire. GA CHORÉGRAPHIES. À la liberté (1948) ; Commérage (1949) ; Hommage à Chopin (1951) ; la Fille de Jephté (1951) ; Marins hébreux (1951) ; le Chant de Kineret (1955) ; Chant israélien (1955). ARBEAU Thoinot, TABOUROT Jehan dit, (1519-1595). Ecclésiastique français. Après des études à Poitiers et à Blois, il devient chanoine à Langres où il publie, en 1588, l’Orchésographie et traicté en forme de dialogue par lequel toutes personnes peuvent facilement apprendre et practiquer l’honnête exercice des danses (rééd. 1589 et en fac simile avec préface et commentaire, Paris, 1888, reprise en 1969 par Forni, Bologne ; dernière en date, Paris, Klincksieck, 1995). Dans cet ouvrage didactique, l’auteur aborde la danse sous son aspect social puisque, selon lui, elle « est nécessaire pour bien ordonner une société «. Après une partie réservée aux généralités et à la « danse guerrière «, il traite de la « danse récréative « au *bal en y insérant des remarques précieuses tant sur la musique de danse et son interprétation que sur les moeurs et les usages du temps. Les danses de la Renaissance -divers *branles, *allemande, *gavotte, *canarie, *courante, *gaillarde, *morisque, *pavane, *volte, *bouffons ou matachins- et même antérieures tels la *basse danse et le *tourdion, sont étudiées en détail. Leur analyse selon une triple approche conjuguant la langue, l’image et la musique, constitue une des premières tentatives méthodiques de *notation du mouvement. Témoignage exceptionnel par sa richesse et ses précisions, c’est aussi un ouvrage d’un auteur de 69 ans qui, ayant pratiqué la danse dans sa jeunesse, recourt à sa mémoire pour compiler et faire coexister variétés géographiques ainsi qu’usages synchroniques et diachroniques de ce répertoire. À ce titre, l’Orchésographie, souvent utilisée comme source et référence pour l’étude et la reconstitution des danses de la Renaissance, requiert un esprit critique dont aucune réédition n’a fait preuve jusqu’à présent se contentant de reproductions en fac simile. ERou ARENA Antonius, ARÈNES Antoine, dit (v. 1500-v. 1544). Juriste et poète français. Il étudie le droit à l’université d’Avignon, d’où il est originaire, et sert dans l’armée française en Italie en 1527 avant de devenir juge ordinaire à Saint-Rémy-de-Provence. Il est l’auteur de Ad suos compagnones studiantes... [À ses compagnons étudiants...] Rédigé en langage macaronique provençal (mélange de latins classique et vulgaire, d’occitan provençal et de français latinisé), cet ouvrage en vers, à caractère parodique, consacré en grande partie à la danse, est remanié plusieurs fois entre 1520 et 1530 (rééd. bilingue partielle ; trad. et commentaires Y. Guilcher, Atelier de la danse populaire, Maisons-Alfort, 1990). Arena y traite principalement des *basses danses « communes » et, plus succintement, des *branles simple et double, mentionnant quelques autres danses dont la *pavane, la *gaillarde, le *tourdion, la *courante et la *morisque. Outre des précisions techniques, il apporte un témoignage précieux sur les usages de l’époque à travers les recommandations qu’il fait, souvent avec un humour gaillard, quant à la manière de danser. Antérieur de plus d’un demi-siècle à l’Orchésographie (1588) de T. *Arbeau, cet ouvrage en constitue un complément important pour comprendre la pratique de la danse en France à la Renaissance dans les milieux cultivés. PLM ARENSKI Anton (1861-1906). Compositeur russe. Élevé dans une famille de musiciens, il entre très tôt au conservatoire de Saint-Pétersbourg pour étudier avec N. *Rimski-Korsakov. Enseignant au conservatoire de Moscou, il devient en 1894 directeur de la chapelle impériale de Saint-Pétersbourg. En 1901, il commence une brillante carrière comme pianiste et chef d’orchestre qui l’amène partout en Russie et à l’étranger. Malgré son apprentissage avec Rimski-Korsakov, sa musique montre plutôt une dette à l’égard de P. *Tchaïkovski, dont elle emprunte l’élan lyrique et la richesse mélodique des thèmes. Elle a inspiré de nombreux chorégraphes, surtout pour des ballets à sujet exotique : M. *Fokine (Danse assyrienne, 1907 ; Cléopâtre, une nuit d’Égypte, 1908 ; la Danse du Siam , 1910), A. *Gorski (*Salammbô, 1910), B. *Kniaseff (Au pied des pyramides, 1924 ; Suite égyptienne, 1926 ; Devant le sphynx , 1930), N. de *Valois (Daughter of Eve, 1927 ; les Muses, 1962). SZ ARGENTINA, MERCÉ Y LUQUE Antonia, dite la (1890- 1936). Danseuse et chorégraphe espagnole. Née à Buenos Aires, ce qui lui inspirra son nom de scène, elle grandit en Espagne dans un milieu artistique : sa mère est pre- mière danseuse au *Teatro Real de Madrid, son père maître de ballet. Membre du corps de ballet du Teatro Real dès neuf ans, elle en devient première danseuse à onze ans. Elle se signale à Paris dès 1910, dans une « espagnolade » au Moulin Rouge. Elle se produit sur des scènes de music-hall et, en 1929, forme sa compagnie (Ballets espagnols d’Argentina) qui regroupe des danseurs de l’Opéra de *Paris et des solistes espagnols, dont V. *Escudero, Fraquillo, la Quica, la Josalito. Intriguée par la technique des castagnettes, attirée par une génération de compositeurs tels E. *Granados, I. *Albéniz, M. de *Falla, elle compose ses premières danses sur certaines de leurs musiques, tout en incluant dans ses programmes des danses régionales et de la tradition de l’*escuela bolera. Sa plus fameuse création reste l’*Amour sorcier (1925) qu’elle remontera à Buenos Aires en 1933. Grande rénovatrice de la danse espagnole qu’elle exportera dans le monde entier, elle dégage dans ses récitals en solo une intensité et un charisme devenus légendaires au point qu’une association, les Amis d’Argentina, perpétue sa mémoire. En 1977, K. *Ôno lui dédie son vibrant *Hommage à la Argentina. JMA BIBLIOGRAPHIE. A. Levinson, la Argentina, essai sur la danse espagnole, éditeur, Paris, 1928 ; S. éditeur,F. Cordelier, la Vie brève de la Argentina, éditeur, Paris, 1936 ; Antonia Mercé « la Argentina » : Homenaje en su centenario, 1890-1990, éditeur, Madrid, 1990. ARGENTINITA (la), LÓPEZ Encarnación, dite (1895-1945). Danseuse et chorégraphe espagnole. Née en Argentine et de cinq ans plus jeune que la *Argentina (d’où son nom de scène), elle est la soeur de D. *López. Dès ses premiers récitals, elle introduit des bailes *flamencos parmi les danses de l’*escuela bolera. En 1932, elle fonde avec F. *García Lorca le Ballet de Madrid, et crée des oeuvres sur des thèmes folkloriques et sur des compositions de M. de *Falla, M *Ravel et E *Granados. En 1943, elle présente au Metropolitan de New York El Café de Chinitas sur un poème de F. García Lorca et dans des décors de S. *Dalí. JMA downloadModeText.vue.download 35 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 18 ARI Carina (1897- 1970). Danseuse, chorégraphe et pédagogue suédoise. Élève de l’École du *Ballet royal suédois, elle rejoint la compagnie où M. *Fokine, qui y est chorégraphe invité depuis 1913, la prend comme élève privée. Interprète et chorégraphe du premier ballet filmé en Suède (Erotikon, 1920), elle est engagée comme première danseuse la même année aux *Ballets suédois de R. de *Maré, qu’elle quitte en 1923. Elle monte alors un programme de huit solos, sur des musiques pour grand orchestre composées spécialement pour elle par A. Honegger, R. Hahn, Fl. Schmitt et dans des décors signés notamment par Grunewald, programme qu’elle fait tourner dans les grands théâtres d’Europe de 1925 à 1939. En 1928, elle chorégraphie Rayon de lune (mus. G. *Fauré) pour l’Opéra de *Paris et devient en 1932 directrice du Ballet de l’Opéra-Comique de *Paris où elle engage B. *Kniaseff comme partenaire. Elle enseigne aussi, transmettant le style Fokine, notamment à M. *Cebron, son élève favorite. À sa mort, elle lègue sa fortune pour constituer trois fondations dédiées au perfectionnement des jeunes danseurs, au soutien des danseurs retraités et à la constitution d’une bibliothèque qui, destinée à la recherche scientifique, détient aujourd’hui une des plus grandes collection d’ouvrages sur la danse en Europe. La Carina Ari Medaljen récompense les services apportés à la danse suédoise. BH ARMITAGE Karole (née en 1954). Danseuse et chorégraphe américaine. Après des études de danse *classique, elle vient en Europe et danse au Grand Théâtre de *Genève le répertoire de G. *Balanchine. De retour aux États-Unis, elle découvre en 1973 l’enseignement de M. *Cunningham, qui l’engage dans sa compagnie (1976-1981). Dès 1978, passionnée par les courants rock et punk, elle réalise quelques *performances dans des lofts de Soho (à New York), puis réunit en 1980 un petit groupe de danseurs (dont Joseph Lennon) et de musiciens (David Linton puis Rhys Chatham) et crée des oeuvres fracassantes (Vertige, 1980 ; *Drastic Classicism, 1981) qu’éclaire Ch. *Atlas. Son ascension est rapide, passant à un plus grand nombre de danseurs (Paradise, 1983) et à de multiples commandes pour des compagnies étrangères (Slaughter on MacDouglas Street, 1982, *GRCOP ; The Molino Room, 1985, *ABT), Dancing Zappa, 1990, *Lyon Op. B.). En 1980 elle associe à ses projets le peintre D. *Salle (The Elizabethan Phrasing of the Late ALBert Ayler, 1986 ; GoGo Ballerina, 1988, jusqu’au récent Predators’Ball, 1996). En 1996, elle est nommée pour deux ans directrice du Maggio Danza de Florence et regagne New York en 1998. Au-delà de son style contestataire, sa façon déglinguée d’envoyer bras et jambes en tous sens, tout en utilisant la technique classique, répond au besoin d’aller à l’extrême de l’énergie et de la rapidité. Rendre le corps électrique par une musique poussée au volume maximal et privilégier la virtuosité lui permet de laisser exploser un élan brut allant jusqu’à la violence. Après des débuts prometteurs, son répertoire passe par des phases kitsch ou artificielles pour arriver avec Predators’ Ball à un style hybride où se mélangent, sur fond narratif et social, une parodie du ballet, du show musical et même du rap et de la techno. LB AUTRES CHORÉGRAPHIES. The Watteau Duets (1985) ; Contempt (1989) ; Pinocchio (1998).Filmogaphie. Parafango (1983, télév.) ; Wild Ballerina (1998, réal. Mark Kidel télév.). AROLDINGEN Karin von (née en 1941). Danseuse américaine d’origine allemande. Après avoir pratiqué la gymnastique, elle est formée à la danse classique par T. *Gsovska à Berlin-Est. Elle est engagée par l’American Festival Ballet à Brême en 1958 puis par le Ballet de *Francfort (1959-1960). En 1962, elle rejoint le *NYCB où elle poursuit sa carrière jusqu’en 1984. Depuis 1979, elle enseigne la danse aux enfants de la *School of American Ballet. Elle est aussi appelée à remonter des oeuvres de G. *Balanchine et possède, par héritage, des droits sur plusieurs ballets du chorégraphe. Elle crée de nombreux rôles dans les ballets de J. *Robbins (1972,Golbderg Variations,) et surtout de Balanchine, parmi lesquels *Who Cares ? (1970), Violin Concerto (1972), Variation pour un porte et un soupir (1974), Vienna Waltzes (1977), Davidsbündlertänze (1980), Tango (1982). Danseuse élancée et athlétique, elle possède un *aplomb, une souplesse et un *ballon remarquables. Sa danse d’une extrême précision est mise au service d’une interprétation sensible et d’un large registre dramatique. NL ARONSON Boris (1900- 1980). Peintre et scénographe américain d’origine ukrainienne. Il crée ses premiers décors en 1919 pendant sa formation à l’École d’art de Kiev. En 1922, il s’installe à New York, où sa peinture rencontre très vite une vraie reconnaissance. Il collabore à plus de cent spectacles (comédies musicales, opéras, ballets). Son style, inspiré des théories constructivistes, privilégie la dimension picturale pour structurer le volume de la scène. Artiste singulier, il révèle une prédilection pour l’atmosphère des paysages urbains et s’attache à créer des espaces adaptés aux thèmes de chaque pièce. VR COLLABORATIONS. *Robbins (Ballade, 1952 ; A Fiddler on the Roof, 1964 ; l’Histoire du soldat, 1965), *Bennett (Company, 1971 , m. en sc. Harold Prince; *Follies, 1972, m. en sc. Harold Prince), *Baryshnikov (*Casse-Noisette, 1976). ARPINO Gerald (né en 1928). Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie américain. Garde-côte en poste à Seattle, il commence à se former auprès de Mary Ann Wells sur le conseil de son ami R. *Joffrey. En 1948, de retour à New York, sa ville natale, il étudie avec Alexandra Fedorova, à la *School of American Ballet, et avec M. *O’Donnell et G. *Schurr. Il participe à une tournée du Ballet russe de Nana Gollner et Paul Petroff (1951-1952) et se produit sur *Broadway à la fin des années 1950. De 1954 à 1964, il est danseur principal de la première troupe montée par Joffrey, tout en enseignant à partir de 1953 à l’American Dance Center fondé par ce dernier. Bien qu’engagé comme danseur principal par le New York City Opera (1957-1962), il choisit de devenir chorégraphe. Il présente ses premières créations en 1961 au *YW-YMHA et signe plus d’un tiers des oeuvres créées par le Joffrey Ballet, dont il devient directeur adjoint en 1965 puis directeur artistique à la mort de Joffrey en 1988. Il crée une dernière oeuvre importante en 1989 (The Pantages and the Palace Prewent TWO-A-DAY), juste avant la crise financière qui survient en 1990. La période houleuse des conflits de direction qui s’ensuit se résout finalement par la dissolution du Joffrey Ballet. Arpino fonde alors le Joffrey Ballet of Chicago avec lequel il remonte ses meilleures oeuvres. La chorégraphie d’Arpino se caractérise par un bouillonnement de l’esprit et une exubérance juvénile du mouvement. Il ne craint pas d’aborder des thèmes « populaires », car il est convaincu qu’il faut rester « accessible » aux jeunes et aux noninitiés, et que le ballet peut conquérir de nouveaux publics. Ses chorégraphies dites « de Berkeley », créées à l’époque de ses résidences annuelles en Californie, reflètent les comportements prévalant dans les années 1960, lorsque paix, jeunesse et hygiène de vie sont les mots d’ordre. L’une d’elles, Trinity (1970), est si populaire que, en tournée, elle est presque toujours présentée à la fin de la soirée et accueillie avec enthousiasme. Bien que le Joffrey Ballet porte le nom de son fondateur, son identité et son succès tiennent principalement au génie créatif et au talent downloadModeText.vue.download 36 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 19 chorégraphique d’Arpino, ainsi qu’à son approche audacieuse de toute une gamme de thèmes et de styles. MK AUTRES CHORÉGRAPHIES. Viva Vivaldi ! (1965) ; les Clowns (1968) ; The Relativity of Icarus (1974) ; Epode (1979) ; Jamboree (1984). ARTAUD Antonin (1896-1948). Écrivain, metteur en scène et acteur français. Ayant participé au mouvement *surréaliste, il le quitte pour fonder en 1926 le Théâtre Alfred-Jarry, du nom du créateur du Père Ubu, qui inspire en partie sa vision d’un théâtre libéré de la psychologie et du réalisme, réconciliant dans le geste même de l’acteur, le corps et l’esprit, l’abstrait et le concret. À la recherche d’un sens théâtral au-delà du verbe, de la raison et du corps réel, faisant écho à la pensée de *Kleist, il découvre en 1931 dans le théâtre balinais « ces danses de mannequins animés », exemples d’une alternative à l’« infirmité spirituelle de l’Occident qui est de penser qu’il pourrait y avoir [...] une danse qui ne serait que plastique ». Il perçoit les danseurs-acteurs de ce théâtre comme des « métaphysiciens du désordre naturel » dévoilant une « poésie dans l’espace substituée à la poésie du langage ». Dans le Théâtre et son double (1938), il expose sa recherche d’un « théâtre de la cruauté », « qui danse et qui crie » et qui, ayant atteint « l’indépendance et l’autonomie de la danse, de la musique et de la peinture » à l’égard du texte, trouve dans la *transe le moment où l’acteur s’élève à une dimension métaphysique ; où, comme dans « une danse supérieure où les danseurs seraient avant tout acteurs », le corps s’unit à l’esprit au-delà du verbe et du discours. La danse qu’invoque ainsi Artaud n’est pas celle du ballet car, dit-il , « depuis que l’histoire est histoire c’est l’esprit qui a mené le ballet, et non le corps dans le corps même du ballet ». La fondation d’un nouveau théâtre supposerait donc la fondation d’une danse nouvelle, une façon nouvelle de « danser enfin l’anatomie humaine » : « la danse et par conséquent le théâtre n’ont pas encore commencé à exister. » Ce projet prométhéen, de faire jaillir dans la percussion du corps et de l’esprit le feu nourricier d’un théâtre nouveau, connaît l’échec tandis qu’Artaud sombre dans la folie. Mais il reste de cette tentative la notion d’un geste libérateur d’énergie qui, transcendant en son jaillissement toute finalité rationnelle et toute intention formelle se pose comme acte artistique en soi. Elle trouvera notamment son expression dans le *butô et dans le *Tanztheater : l’unique pièce d’Artaud, les Censi (1935), inspirera en particulier, Die *Folterungen der Beatrice Censi à G. *Bohner. De même, s’y relie l’attention particulière portée par les avant-gardes aux techniques d’*improvisation créant les conditions d’une libération gestuelle, ainsi qu’ à la notion de processus comme finalité artistique, qui soutiendra la conception des *happenings. Cette mise en évidence du processus constituera un des soubassements de l’inachèvement, du non finito, dont J. *Cage, dans ses écrits comme dans ses oeuvres, sera l’un des promoteurs. AFo ASAKAWA Takako (née en 1938). Danseuse et chorégraphe américaine. Née et élevée au Japon, elle arrive aux États-Unis en 1960 et commence à étudier chez M. *Graham en 1962. Devenue l’une des principales interprètes de la compagnie, elle reprend les rôles de Graham, dont le rôle-titre de *Clytemnestre, ceux de Jeanne (Seraphic Dialogue), la Fille en rouge (Diversion of Angels) et Médée (*Cave of the Heart). Elle travaille aussi avec B. *Ross, A. *Ailey, P. *Lang, L. *Lubovitch et L. *Falco. En 1976, elle forme, avec David Hatch Walker, l’Asakawawalker Dance Company. Elle devient par la suite membre de la direction du Joyce Theater de New York, tout en restant artiste invitée de la compagnie Graham. Son parcours exceptionnel auprès de Graham s’explique avec la facilité presque naturelle avec laquelle elle assimile les principes de la technique grahamienne : elle l’explique par l’influence extrême-orientale, notamment le travail du souffle et de la respiration, sur celle-ci. Elle porte toutefois ce don à un point d’intensité d’interprétation unique, inespéré : en elle, la technique se confond avec l’avènement de l’expression dramatique, dans ses incises les plus cruelles et les variations les plus nuancées, comme si elle se plaçait toujours au centre du cyclone grahamien. DD, SS ÅSBERG Margaretha (née en 1939). Danseuse, chorégraphe et pédagogue suédoise. De formation classique, elle est engagée au *Ballet royal suédois (1957-1967). Dans le même temps, sous l’influence de B. *Åkesson, dont elle est l’interpète favorite, elle se tourne vers la danse moderne : elle se rend régulièrement aux États-Unis, où elle se perfectionne en composition à la *Juilliard School et elle danse pour A. *Sokolow et M. *Graham. En 1967, elle signe sa première chorégraphie à Stockholm (...D’un point à n’importe quel autre point). En 1979, elle chorégraphie les Pyramides (nom qu’elle donne aussi à sa compagnie), pièce qui contribue à introduire la danse *minimaliste en Suède. Soutenue par l’État, elle ouvre le Moderna Dansteatern, petit théâtre qu’elle inaugure avec Yucatan (1986). Depuis 1992, elle est professeur de composition chorégraphique au Collège de la danse de l’université de Stokholm. BH AUTRES CHORÉGRAPHIES. Le Terrain de l’oubli (1986, repr. 1995) ; Je te souffle, ma Terre (1994). BIBLIOGRAPHIE. M. Åsberg, les Pyramides, éditeur, Stockholm, 1979. - P. Bohlin, « M. Åsberg », in Ballet international, n° 12, 1989. ASCONA (École de l’art du mouvement d’). École fondée par R. von *Laban en 1913 au sein de la communauté de Monte Verita près d’Ascona (Suisse). Lorsqu’ils fondent, en 1900, le « sanatorium de réforme de la vie « de Monte Verità, Henri Oedenkoven et Ida Hoffmann se donnent pour mission de régénérer l’humanité et de travailler au libre épanouissement de l’individu. Partant d’une critique radicale de la civilisation industrielle et de l’autoritarisme des organes traditionnels du pouvoir, ils expérimentent un style de vie alternatif, abolissant la propriété privée, pratiquant l’autarcie économique et le végétarisme, cousant leurs vêtements, construisant des huttes et instaurant de nouvelles relations entre hommes et femmes. La colonie - qui compte deux cents personnes en 1909 - attire rapidement toute la bohème européenne. Anarchistes, psychanalystes, théosophes, écrivains, poètes et apôtres vagabonds s’y croisent durant deux décennies pour goûter à cette nouvelle religion païenne, teintée de wagnérisme et de philosophie vitaliste. C’est sur cette « colline de la vérité « qu’émerge l’*Ausdruckstanz. En 1913, I. Hoffmann, fervente admiratrice d’I. *Duncan, invite Laban à ouvrir « l’école de l’art du mouvement « . Celui-ci trouve dans les bois surplombant le Lac Majeur un lieu idéal pour poursuivre ses recherches sur l’autonomie expressive du mouvement. Avec la guerre, il prolonge son séjour jusqu’en 1919, partageant ses activités entre la colonie et ses écoles de Zurich. Là, avec les danseuses qui l’entourent (entre autres, D. *Bereska, G. *Leistikow, Sophie Täuber, Berthe Trümpy et Käthe Wulff) et quelques sécessionnistes de la méthode Jaques-*Dalcroze (G. et U. *Falke, Laura Österreich, S. *Perrotet, M. *Wigman), il pose les bases de sa théorie du mouvement. Ces années d’exploration artistique, en plein coeur du conflit le plus meurtrier du siècle, sont inséparables pour les premières downloadModeText.vue.download 37 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 20 danseuses modernes d’une quête spirituelle plus vaste, qui se traduit notamment par leur adhésion aux moeurs de Monte Verita, leur collaboration au *dadaïsme naissant et leur participation aux célébrations de l’Ordre des Templiers Orientaux (OTO, loge rosicrucienne). Sauver le monde et faire du corps un lieu de réanchantement, telle est l’utopie asconienne de l’Ausdruckstanz. LGui BIBLIOGAPHIE. Othmar Birkne (dir.), Monte Verita, Berg der Wahrheit. Lokale Anthropologie, als Beitrag zur Wiederentdeckung einer neuzeitlichen sakralen Topographie, Electra, Ascona, Milan, 1978 ; Martin Green, The Mountain of Truth. The Counter Culture Beginns. Ascona, 1900-1920, University Press of New England, Londres, 1986. FILMOGRAPHIE. Monte Verita, l’Utopie d’un nouvel âge (1996, réal. Henry Colomer, prod. AMIP, la Sept/arte, Pathé Télévision) ASHLEY Merrill (née en 1950). Danseuse américaine. Élève de la *School of American Ballet, elle fait carrière au *NYCB à partir de 1967. Elle danse les ballets de G. *Balanchine (dont elle crée Ballo della Regina, 1978 et Ballade, 1980), J. *Robbins et P. *Martins. Remarquée par la virtuosité de son travail des pieds, c’est une interprète dramatique d’un grand lyrisme. Elle publie son témoignage, Dancing for Balanchine, à New York en 1984. NL ASHTON Sir Frederick (1904-1988). Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie anglais. Il quitte l’Équateur pour Londres en 1919. Sa passion pour A. *Pavlova le conduit à débuter, à 19 ans, une formation auprès de L. *Massine puis de M. *Rambert, qui le convainc de chorégraphier A Tragedy of Passion, en 1926. Il reste chez Rambert jusqu’en 1935, signant en 1931 son premier succès avec *Façade. Il intègre alors le *Vic-Wells Ballet, qu’il dirige de 1962 à 1970 et pour lequel il crée plus de 50 oeuvres et de nombreuses autres compositions (pas de deux, etc.). Il travaille parallèlement avec le *Ballet russe de Monte-Carlo, le *NYCB, les Ballets de Paris, l’*English National Ballet et le *Ballet royal danois. Interprète d’un niveau suffisant pour se produire avec *Karsavina dans les *Sylphides, il se tourne très tôt vers la chorégraphie. Après avoir exploré une large gamme de styles à la faveur de nombreux « ballets de chambre «, il trouve avec les *Rendez-vous (1933) la veine fluide, tout au service des interprètes et qu’il exploitera souvent par la suite. En 1935, avec le *Baiser de la fée (mus. I. *Stravinski), il entame avec M. *Fonteyn la collaboration fructueuse qui s’achèvera 28 ans plus tard dans Marguerite et Armand (1963). Très doué pour chorégraphier sur commande (revues, pièces de théâtre, opéras, etc.), il est à son avantage lorsqu’il travaille à partir d’une partition musicale et ne connaît de véritables échecs que lorsqu’il aborde les grands mythes : Cupidon et *Psyché (1939), The Quest (1942, mus. W. Walton) sur le thème de saint Georges, Tirésias (1951, mus. C. *Lambert) ou Perséphone (1961). Après un premier chef-d’oeuvre reconnu, les *Patineurs (1937), il crée une série de pièces sans dramaturgie précise. Le succès éclatant d’Horoscope (1938, mus. Lambert) est suivi de Dante Sonata (1940, mus. F. *Liszt) et The Wanderer (1942, mus. F. *Schubert) puis d’un autre chef-d’oeuvre : *Symphonic Variations (1946). Son recours constant à ses deux « muses «, M. Fonteyn et M. *Somes, fait douter un moment de son efficacité en leur absence. Mais en 1960, il donne, sans leur concours, son troisième chef-d’oeuvre, la *Fille mal gardée, dans le style léger qu’il avait abandonné depuis A Wedding Bouquet (1937). Quatre ans plus tard, The *Dream, inspiré de *Shakespeare, consacre le couple formé par A. *Dowell et A. *Sibley. Mais ses deux dernières oeuvres maîtresses *Enigma Variations (1968) et A Month in the Country (1976), tout comme Five Brahms Waltzes in the Manner of Isadora Duncan, créé pour L. *Seymour en 1976, confirment son aisance avec des personnes ayant réellement existé plus qu’avec des mythes ou des créatures de légende. Faisant preuve d’une capacité à mettre en valeur les talents de chacun rarement atteinte dans le ballet du XXe s., il ne laisse jamais la technique prendre le dessus sur l’expression poétique. En tant que directeur, il fait figure de gestionnaire prudent plutôt que d’innovateur : ce n’est qu’après sa retraite, que sa réussite sera véritablement reconnue. JS, LK AUTRES CHORÉGRAPHIES. *Apparitions (1936) ; Devil’s Holiday (1939, *B. russe de Monte-Carlo) ; *Cendrillon (1948, mus. *Prokofiev) ; Illuminations (1950, mus. *Britten, *NYCB) ; *Roméo et Juliette (1955, mus. Prokofiev, *B. royal danois) ; *Ondine (1958) ; Monotones (1965-1966, mus. *Satie) ; Rhapsody (1980, mus. *Rachmaninov) ; la Chatte métamorphosée en femme (1985). ASPELMAYER Franz (1728-1786). Compositeur et violoniste autrichien. On ne sait rien de sa vie si ce n’est qu’il succède à Ch. W. *Gluck en qualité de compositeur de ballets au théâtre de la Porte Carinthie à Vienne. Une grande partie de sa production est perdue, mais nous sont parvenus les ballets composés pour J. G. *Noverre : Flore (1768), le Maure espagnol (1770), les Lavandières de Cythère (1772), *Agamemnon vengé (1773), Acis et Galatée (1773). SZ ASSAFIEV Boris (1884-1949). Compositeur et musicologue russe. Élève de N. *Rimski-Korsakov, il est aussi diplômé en histoire et philologie à l’Université de Saint-Pétersbourg. Responsable de l’organisation du département de musique de l’Institut d’histoire des Arts après la révolution de 1917, professeur au Conservatoire de Moscou en 1943, il se fait remarquer avant tout par ses travaux de recherche, portant sur l’histoire de la musique russe - dont le premier livre russe sur I. *Stravinski - et sur la notion d’intonation. Deux petits ballets composées pour N. *Legat (la Peau du léopard, 1912 ; le Lis blanc, 1915), comptent parmi ses toutes premières oeuvres. Ils seront suivis de plus de vingt autres. Pour la *Fille de glace (1922), dont la version de F. *Lopoukhov (1927) sera un grand succès populaire, il réunit et arrange diverses musiques d’E. *Grieg. Il prolonge cette veine d’adaptations révolutionnaires d’oeuvres bourgeoises par des ballets inspirés de A. *Pouchkine (le *Prisonnier du Caucase, 1938, L. *Lavrovski; la *Fontaine de Bakhtchissaraï , 1939, R. *Zakharov ; la Demoiselle paysanne, 1946, Zakharov), N. V. Gogol (la Nuit de Noël, 1938, Lopoukhov et V. *Bourmeister) et H. de Balzac (Illusions perdues, 1935, Zakharov). BT ASSYLMOURATOVA Altinaï (née en 1961). Danseuse russe. Elle fait ses études à l’École de danse du *Kirov, où elle est engagée dès 1978. Elle y danse tout le répertoire, de la *Bayadère à *In the Night (J. *Robbins). Dès 1989, elle mène une carrière internationale privilégiant le *Royal Ballet où elle est adulée et les Ballets de Marseille de R. *Petit. Sa beauté orientale, sa musicalité, sa technique immatérielle, son sens de la poésie en font une interprète recherchée tant pour les grands classiques (*Giselle) et le répertoire du XXe s. (l’Histoire de Manon Lescaut, *MacMillan), que pour les créations comme le Guépard (1997) de R. Petit, qui fait aussi appel à elle pour sa version du Lac des cygnes (1998). SJM downloadModeText.vue.download 38 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 21 ASTAFIEVA Serafima (1876-1934). Danseuse et pédagogue russe. Après avoir étudié à l’École théâtrale de *Saint-Pétersbourg, elle danse au *Mariinski (1895-1905), puis prend part aux Saisons russes de *Diaghilev de 1910 à 1913. En 1916, elle ouvre une école de danse à Londres où elle a notamment pour élèves A. *Markova, A. *Dolin et M. *Fonteyn. ESou ASTAIRE Fred, AUSTERLITZ Frederick, dit (1899-1987). Danseur, chanteur, acteur, et chorégraphe américain. Après une courte formation dans le sillage de sa soeur Adele, il commence avec elle, dès l’âge de six ans, une carrière qui le mènera dans de multiples tournées de *vaudeville, puis à *Broadway où ils débutent en 1917 avec Over the Top. Devenus stars internationales de la *comédie musicale, ils se produisent en duo dans une dizaine de spectacles de G. *Gershwin ou J. *Kern jusqu’au retrait de scène d’Adele en 1931. Après un dernier spectacle à Broadway, The *Gay Divorce (1932), toute la carrière d’Astaire se déroulera au cinéma. Il débute à Hollywood dans un rôle secondaire (Dancing Lady, 1933). Le succès de *Flying Down to Rio (1933, *RKO) l’établit pour près d’un demi-sièclecomme le plus fameux danseur de l’écran. De 1933 à 1939, engagé par la RKO, il y rencontre H. *Pan, chorégraphe, assistant, conseiller et ami qui le suivra tout au long de sa carrière, et G. *Rogers, partenaire privilégiée avec qui il tournera neuf films. Il la retrouvera en 1949 pour un dixième film, The *Barkleys of Broadway (*MGM). De 1940 à 1944, période de transition et d’indécision, il passe de studio en studio sans parvenir à se fixer et sauve, par ses numéros musicaux avec E. *Powell (*Broadway Melody, 1940, MGM) ou R. *Hayworth (You’ll Never Get Rich, 1941, *Columbia), des films qui souffrent souvent d’une absence d’unité. Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, la renaissance de la comédie musicale lui permet d’exprimer sa maturité artistique. Engagé en 1944 à la MGM par A. *Freed, qui l’entoure d’une véritable galaxie artistique, il tourne une série d’impressionnantes réussites, fruit d’ un travail d’équipe très élaboré avec de grands réalisateurs : *Yolanda and the Thief (1945, V. *Minnelli), *Ziegfeld Follies (1946, Minnelli), *Easter Parade (1948, Ch. *Walters), The Barkleys of Broadway (1949, Walters), The *Belle of New York (1952, Walters), Royal Wedding (1951, S. *Donen), The *Band Wagon (1953, Minnelli). Après Silk Stockings (1957, R. *Mamoulian) et le déclin de la comédie musicale, il tourne dans des films non musicaux dont The Notorious Landlady (1962). La télévision lui offre en revanche l’occasion d’esquisser quelques pas de danse dans des spectacles qu’il conçoit et qui lui valent de nombreuses récompenses. Il se retire en 1981, non sans avoir participé à l’hommage rendu par G. *Kelly à la comédie musicale américaine : That’s Entertainment, 1974, 1976, MGM ; That’s Dancing, 1985. Danseur exceptionnel, il a marqué de sa personnalité un jeu, un style de danse - et des danses mêmes, qui lui appartiennent en propre. Dès la période RKO, il affirme son approche intimiste de la comédie musicale, tendance alors peu répandue qu’il impose comme sa griffe personnelle. À l’inverse du style exubérant et géométrique de B. *Berkeley, qui s’attache d’abord à l’expression d’un groupe, il privilégie l’individu, pris le plus souvent dans une relation sentimentale, détaché de tout contexte et de toute préoccupation sociale. Portés à la perfection sous la forme de solos ou de duos, ses numéros musicaux rendront le couple Astaire-Rogers célèbre dans The Gay Divorcee (1934), *Roberta (1935), *Top Hat (1935), *Follow The Fleet (1936),*Swing Time (1936), *Shall We Dance (1937), The Story of Vernon and Irene *Castle (1939). Ses chorégraphies, d’une grande économie de construction, évitent l’accumulation d’effets. Chaque numéro semble explorer une quantité limitée d’idées chorégraphiques, soigneusement présentées et développées à mesure que la danse se poursuit. Sous la texture de celle-ci apparaît un monde de nuances et de subtiles complexités. Alliant la virtuosité au comique, parfois au burlesque, en recherche constante de nouveautés, stylistiquement inventif, d’une musicalité parfaite, il mélange claquettes, danse de *couple et, retravaillés, éléments importés d’autres formes de danse, dans une belle indifférence aux conventions de genre. Tout à la fois désinvolte, racé et détaché, empreint d’élégance et d’aristocratie, Astaire s’affirme comme « le premier et le seul dandy de l’apesanteur ». Dans le tandem dansant, complice et romantique, qu’il érige en véritable forme chorégraphique avec G. *Rogers ou dans ses rencontres plus fugitives avec E. * Powell, *Vera-Ellen ou C. *Charisse, se noue entre les partenaires une relation magique, reposant d’abord sur la rivalité et l’affrontement, débouchant toujours sur l’entente, où la danse joue en même temps le rôle de révélateur des sentiments amoureux. Les scènes dansées, comportant au moins deux duos - l’un sentimental et langoureux, l’autre plus fantaisiste et plus rythmique - ne sont plus des épiphénomènes spectaculaires mais s’inscrivent naturellement dans l’intrigue elle-même . Passé maître dans l’art de relier la chorégraphie à la musique, il crée avec l’aide de Pan une sorte de fondu enchaîné qui amène insensiblement le spectateur de l’action à la danse. Perfectionniste dans le travail, il n’hésite pas à répéter des semaines entières avec divers accessoires (porte-manteau, canne de golf, silhouettes en ombre chinoise) et crée de véritables inventions cinématographiques bien avant l’arrivée de Kelly et de Donen. Exerçant une maîtrise complète sur son processus de création, il insiste pour que ses danses soient filmées de plainpied, dans de longues séquences sans coupure ni changement de plan, qui supposent que tous les déplacements de la caméra aient été fixés en fonction de la danse. Il chorégraphie ainsi directement pour la caméra dont il réduit le rôle pour mieux captiver l’attention du public par son propre mouvement et réussit à faire valoir l’idée que la danse doit être autorisée à parler pour elle-même. Danseur « le plus intelligent, le plus inventif, le plus élégant de notre temps » selon G. *Balanchine, il a influencé L. *Massine, J. *Robbins et de nombreux autres chorégraphes. Sa figure légendaire incarne l’âge d’or de la comédie musicale hollywoodienne. ESe AUTRES FILMOGRAPHIES. A Damsel in Distress (1937, RKO) ; Carefree (1938, RKO) ; Second Chorus (1940, *Paramount) ; The Sky’s the Limit (1943, RKO) ; Blues Skies (1946, Paramount) ; Three Little Words (1950, MGM) ; Let’s Dance(1950, Paramount) ; Daddy Long Legs(1955, *Fox) ; Funny Face (1957, Paramount). BIBLIOGRAPHIE. F. Astaire, Steps in time, Harper, New York, 1959. - R. Benayoun, « Freddy, Old Boy », Positif n° 115, 1970 ; B. Thomas, F. Astaire, l’homme qui danse, Ramsay, Paris, 1987. ATANASSOF Cyril (né en 1941). Danseur français. Formé à l’École de danse de l’Opéra de *Paris, il est engagé dans le ballet en 1957. Soliste dans *Études dès 1959, nommé étoile en 1964, il est l’une des plus brillantes figures du ballet jusqu’à sa retraite en 1986. Il enseigne, depuis, à l’Opéra et au *CNSMD de Paris. Danseur noble à la beauté ténébreuse, interprète émouvant, il développe un style puissant et moderne de la danse *académique. Partenaire attentif, il est très apprécié des plus grandes danseuses, comme Y. *Chauviré et N. *Pontois. Il brille dans toute l’étendue du répertoire, d’A. *Bournonville à M. *Béjart. S’il sait mettre sa technique impeccable au service de chorégraphes comme G. *Balanchine, il préfère les oeuvres où peuvent s’exprimer ses talents dramatiques. Il marque de sa personnalité les rôles les plus divers, et demeure inoubliable en particulier pour ses interprétations d’Albrecht dans *Giselle, du Jeune downloadModeText.vue.download 39 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 22 Homme dans les *Mirages, de Frollo, puis de Quasimodo dans *Notre-Dame de Paris. Sa création à l’Opéra de Paris du rôle de l’Élu dans le *Sacre du printemps (1965, Béjart) reste légendaire. MFB ATKINS Cholly, ATKINSON Charles, dit (né en 1913). Danseur et chorégraphe américain. Il apprend les *claquettes dès l’enfance, puis à partir de 1935 se produit dans les clubs, au cinéma (San Francisco, 1936 ; Strike Me Pink, 1937) et à *Broadway (The Hot Mikado, 1939). Après la guerre, il forme un duo avec un autre claquettiste confirmé : Charles « Honi « Coles (né en 1911) et danse pendant plus de vingt ans avec les célébrités du *jazz. Ils présentent le dernier des grands numéros de *class act dans le circuit des night-clubs et des théâtres ainsi qu’à la télévision. Ils sont réputés pour la périlleuse lenteur, l’élégance et la perfection de leur *soft shoe : Atkins mélange les vocabulaires classique et moderne aux claquettes, alors que Coles est le créateur d’un *rhythm tap articulé et puissant. Après avoir dansé de 1949 à 1951 dans Gentlemen Prefer Blondes (A. *De Mille), ils tournent dans divers spectacles musicaux, puis se séparent. Atkins enseigne et travaille avec les groupes vocaux renommés de Motown des années 1960 et 1970. En 1989, il reçoit un Tony Award pour sa chorégraphie de Black and Blue. Coles, directeur de production à l’Apollo Theater, se tourne aussi vers l’enseignement. Leur séparation coïncide avec le déclin des claquettes. Atkins est également à l’origine du style chorégraphique propre aux groupes de chanteurs afro-américains, et que reprendront les danses de *société de l’époque. ESe ATLANI Catherine (née en1946). Danseuse, chorégraphe et pédagogue française. Elle étudie le piano puis la danse classique et jazz. Elle fonde en 1970 Les Ballets de la Cité, qui servent de tremplin à de jeunes danseurs comme J.-C. *Ramseyer, F. *Raffinot, C. *Brumachon, A.-M. *Reynaud, Q. *Rouillier, ou encore Domi- nique Boivin, Gisèle Gréau, Geneviève Sorin, Odile Azagury, ou Yann Legac (engagé par M. *Béjart) devenus membres du *GRCOP. Implantée près de Rouen en 1975, elle crée un lieu de recherche et de création, donnant une large place aux animations en milieu scolaire et socio-éducatif. Très politisée, elle milite pour le mouvement des femmes. Ses spectacles, vibrants de musicalité et d’humanisme (Prière de l’homme qui danse, prix de *Bagnolet 1971), s’appuient sur des poèmes, des textes d’écrivains (Andrée Chedid, Alefa, 1976), sur des compositions musicales (Anne-Marie Fijal pour Déméter, 1980). Elle ouvre le Café de la danse à Paris (1985-1990) puis en 1995 le cabaret Le Loup du faubourg. Spécialisée en recherche vocale, elle enseigne ; elle a écrit plusieurs ouvrages. LB ATLAS Charles (né en 194x). Décorateur et réalisateur américain. Costumier et régisseur de la compagnie *Cunningham, il y devient dès 1971 cinéaste résident et accompagne la démarche artistique du chorégraphe jusqu’en 1984. Il signe son premier film en 1973 avec *Walkaround Time, simple adaptation de l’oeuvre créée en 1968, mais ce n’est qu’en 1979 qu’il réalise son premier « film chorégraphique » avec *Locale : l’idée de caméra fixe est alors abandonnée et les évolutions des danseurs sont suivies selon des déplacements propres. Entre-temps, Cunningham et Atlas ont ouvert la danse à de nouveaux espaces, abolissant les contingences liées à la scène, niant même, dans Blue Studio (1975), les lois de l’attraction terrestre grâce à des effets spéciaux (incrustation d’un personnage sur divers arrièreplans). Ce faisant, ils intègrent au processus chorégraphique comme à la danse les exigences et la technique du médium cinématographique. Ainsi, dans *Channels Inserts (1981), le studio de danse Westbeth devient le lieu d’une élaboration filmique dédoublée engendrant le sentiment, cher à Atlas, que deux films sont tournés simultanément. Il en va de même pour Locale, qui privilégie les mouvements de caméra se déplaçant à des vitesses différentes, avec une précision égale à celle des danseurs : plus de plans fixes, mais des fondus mêlés et un véritable encerclement de la danse. En 1983, Coast Zone, tourné dans une église et faisant appel à une profondeur de champ maximale, est sa dernière expérience avec Cunningham. Il réalise ensuite Jump (1984), fiction chorégraphiée par Ph. *Decouflé, et signe des décors pour K. *Armitage (Paradise, 1983 ; G.V. 10, 1984 ; Watteau Duets, 1985) et des créations de lumières, notamment pour S. *Petronio et Michael Clark (Wrong Wrong, 1991). GC, PLM AUBER Daniel François Esprit (1782-1871). Compositeur français. Après des débuts remarqués, il poursuit ses études auprès de Luigi Cherubini. Sa rencontre avec le librettiste E. *Scribe, en 1823, inaugure une collaboration fructueuse couronnée de nombreux succès qui le portent à l’Institut (1829) puis à la direction du Conservatoire de Paris (1842-1870). Dans ses opéras-comiques, où la danse intervient peu, en général, Auber réalise la synthèse des styles de A. *Grétry, Fr. A. Boieldieu et G. *Rossini, tandis qu’il ouvre la voie au grand opéra de *Meyerbeer avec la Muette de Portici (1828, chor. J.-P. *Aumer). Cet ouvrage, dont l’action singulière s’articule autour d’un personnage muet, incarné notamment par L. *Noblet ou F. *Elssler, accorde une place importante à la *pantomime et manifeste une recherche nouvelle de la couleur locale dans les épisodes dansés (*boléro, *guaracha, *tarentelle). Avec le rôle de la Bayadère conçu pour M. *Taglioni, le Dieu et la Bayadère (1830, Ph. *Taglioni) renoue avec ce principe d’associer plus étroitement la danse au chant. De même, Gustave III ou le Bal masqué (1833, Ph. *Taglioni) propose un ballet intégré à l’action. Inspiré de son opéra-comique du même titre, Marco Spada ou le Bandit (1857, J. *Mazilier, Op. de Paris), remonté en 1981 par P. *Lacotte, constitue l’un des rares ouvrages exclusivement dansés d’Auber. JCB AUBIN Stéphanie (née en 1958). Danseuse et chorégraphe française. De formation classique, elle découvre la danse *postmoderne américaine auprès de S. *Paxton et S. *Forti. Après des recherches sur l’*improvisation et la composition, elle fonde, en 1985, la compagnie *Larsen. Plaçant son travail au croisement des disciplines, notamment de la musique et du cinéma, elle explore un matériau sonore et gestuel entre inscription et effacement (*Orphée, mettez-y du vôtre..., 1992) et interroge la relation aux interprètes (Dédicaces, 1993) et au public (Signature acte II, 1996). IF AUTRES CHORÉGRAPHIES. Dédoublé (1986) ; Post-scriptum(s) (1989) ; Nos images et les leur(res) (1990) ; l’Art de se taire (1991) ; la Théorie des quatre mouvements (1997). AUGUSTA Mademoiselle, FUCHS comtesse de Saint-James, dite (1806-1901). Danseuse française d’origine bavaroise. Elle danse à Bruxelles, où elle interprète la Muette de Portici et la *Sylphide, et à l’Opéra de *Paris (1835), puis fait carrière aux États-Unis. Appréciée pour la poésie de ses mouvements, ses plus grands succès sont la *Bayadère en 1836, et *Giselle dont elle est la première interprète à New York en 1846 au Park Theatre. MFB downloadModeText.vue.download 40 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 23 AUGUSTYN Frank (né en 1953). Danseur et directeur de compagnie canadien. Formé à la National Ballet School de Toronto, il rejoint en 1970 le Ballet national du *Canada dont il devient premier danseur en 1972. Interprète de premier plan, il accompagne souvent K. *Kain, avec qui il effectue de nombreuses tournées (premier prix en couple du Concours de *Moscou en 1973). Après une saison à l’Opéra de *Berlin (1980-1981), il devient artiste invité permanent du Boston Ballet en 1982. Nommé directeur artistique de l’Ottawa Ballet en 1989, il intègre au répertoire des créations de jeunes chorégraphes canadiens et des reprises de J. *Limon et F. *Flindt. A partir de 1994, il anime à la télévision une émission consacrée à la danse classique. LHB AUMER Jean-Pierre (1776-1833). Chorégraphe français. Formé à l’Opéra de *Paris, il rejoint rapidement J. *Dauberval à Bordeaux. De retour à l’Opéra de Paris en 1801, il est confronté à P. *Gardel qui ne lui laisse aucune possibilité de créer. Il devient alors maître de ballet au *théâtre de la Porte-Saint-Martin où ses ouvrages rencontrent un grand succès. Le plus célèbre, Jenny ou le Mariage secret (1803), qui présente une scène de folie comparable à celle de *Giselle, sera repris jusque dans les années 1830 sur plusieurs scènes d’Europe. Sa rivalité avec Gardel culmine avec les Deux Créoles (1806), version personnelle de *Paul et Virginie (d’après le roman de Bernardin de SaintPierre) qui entre en concurrence avec celle de Gardel. Obligé de quitter la France, il est engagé à la cour de Kassel en Westphalie (1808-1814), puis à Vienne jusqu’en 1820. Il travaille aussi en Italie, principalement à Milan. En 1821, il revient à l’Opéra de Paris, d’abord pour des collaborations ponctuelles, puis succède à L. J. *Milon au poste de second maître de ballet (1826-1830). Grâce à ses expériences à l’étranger, il renouvelle profondément le répertoire français qu’il inscrit dans le romantisme. Conscient que le spectacle ne peut se réduire à la seule chorégraphie, il s’intéresse aux costumes, aux décors, à la *machinerie, comme en témoignent ses archives. Les livrets de ses ballets, à la rédaction desquels il participe, dérogent parfois aux conventions de l’époque et s’orientent vers des thématiques proprement romantiques. Le sujet historique d’Alfred le Grand (1822), d’abord présenté en Italie (1820, mus. G. von *Gallenberg), dérange la critique par ses implications politiques et la complexité de ses combats. Il aime aussi les mélodrames (la *Somnambule,1827) et pratique le mélange des genres (la *Belle au bois dormant, 1829). Son chef-d’oeuvre est l’adaptation chorégraphique du roman de l’abbé Prévost, Manon Lescaut (1830, mus. L. J. *Hérold), pour lequel il s’est adjoint E. *Scribe comme librettiste. On y trouve une parodie des spectacles du XVIIIe s., destinée à bien faire comprendre que les temps ont changé mais, surtout, Manon est la première héroïne de ballet à mourir en scène, avant la *Sylphide ou Giselle. Originalité pour l’époque, toutes ses oeuvres comportent des rôles de travestis comparables à celui de Chérubin, qui assurent la longévité du succès des *Pages du duc de Vendôme (126 représentations à l’Opéra de Paris), mais son répertoire est abandonné à l’arrivée de L. *Véron à l’Opéra de Paris. SJM AUTRES CHORÉGRAPHIES. Aline reine de Golconde (1815, Vienne) ; le *Page inconstant (1815, Vienne) ; Astolphe et Joconde (1827, mus. Hérold, Op. de Paris) ; Lydie (1828, mus. Hérold, Op. de Paris). AURIC Georges (1899-1983). Compositeur français. Après des études au Conservatoire de Paris, il participe à la création du groupe des Six. En l’appelant aux côtés des *Ballets Russes dès 1924, S. *Diaghilev lui ouvre les portes de l’Opéra de *Paris, qu’il dirigera entre 1962 et 1968. Connue du grand public par des musiques de film, son oeuvre abondante se révèle originale, concise et ironique pour le ballet, alors qu’il fait preuve ailleurs d’un tempérament quasi romantique par exemple dans la Sonate en fa (1930). Il aborde la scène chorégraphique au sein du groupe des Six avec les *Mariés de la tour Eiffel (1921, *Ballets suédois), dont il compose l’ouverture, avant de s’imposer avec les Fâcheux (1924) de B. *Nijinska et les Matelots (1925) de L. *Massine qu’il retrouvera pour les Enchantements d’Alcine (1929, cie *Rubinstein), le Peintre et son modèle (1949, *B. des Champs-Élysées) et le Bal des voleurs (1960, B. Europeo). Si l’on excepte les Matelots et *Phèdre (1950), tragédie chorégraphique de S. *Lifar, ses compositions pour la danse sont souvent pleines d’humour. NC, PLM AUTRES COMPOSITIONS. La Pastorale (1926, *Balanchine) ; la Concurrence (1932, Balanchine) ; les Imaginaires (1934, *Lichine) ; Quadrille (1946, Roger Fenonjois) ; le Chemin de lumière (1952, *Gsovski ). SUR LA MUSIQUE D’AURIC. R. *Petit (les Chaises musicales, 1950) ; *Milloss (Coup de feu, 1952) ; *Robbins (3 X 3, 1958). AUSTRALIAN BALLET (The). Compagnie nationale australienne installée à Melbourne. Son histoire est intimement liée à l’introduction du ballet classique en Australie. Dès le xixe s., des tournées sont organisées par des producteurs de spectacles et directeurs de théâtre privés. Au début du XXe s., grâce à James Cassius Williamson, l’Australie découvre A. *Genée et les danseurs du Ballet impérial russe (1913), puis A. *Pavlova (1928 et 1929). Suivent O. *Spessivtseva (1934), les Ballets de *Monte-Carlo (1936), le Covent Garden Russian Ballet (1938-1939), l’Original *Ballet Russe (19391940), ces deux dernières compagnies, dirigées par le Colonel de *Basil, faisant forte impression par la diversité des chorégraphies, des décors et des musiques. À la suite de ces tournées, plusieurs danseurs s’installent en Australie, dont Helene Kirsova qui fonde une compagnie avec d’autres solistes immigrés à Sydney (1942-1946) et le couple *Borovanski, qui profite du studio ouvert à Melbourne par Eunice Weston, pédagogue britannique réputée, avant de créer le Borovanski Australian Ballet placé sous la direction administrative de J. C. Williamson (19431960). À la mort d’E. *Borovanski, en 1959, P. *Van Praagh devient directrice artistique de la compagnie pour sa dernière saison. En 1959, un comité de danseurs, dont Geoffrey Ingram (président), Margaret Scott, Paul Hammond et Rex Reid, lance l’Australian Ballet Foundation avec Williamson, ainsi que l’Australian Elizabethan Theatre Trust. Sous le nom d’Australian Ballet, la nouvelle compagnie, subventionnée par l’État et le mécénat privé ou d’entreprise, se produit pour la première fois à Sydney en 1962. P. Van Praagh en est la directrice artistique jusqu’en 1975, avec R. *Helpmann comme codirecteur (19651976). Lui succèdent Anne Woolliams (1976-1978), M. *Jones (1979-1982), M. *Gielgud (1983-1996) et, depuis 1997, Ross Stretton, un des anciens principal dancers de la compagnie au nombre desquels figureront aussi Vicki Attard, Miranda Coney, Li Cunxin, Steven Heathcote, David McAllister, Justine Summers, Damien Welch. Depuis sa tournée inaugurale de quatre mois en 1965 où elle se produit au festival de Baalbeck (Liban) et au Commonwealth Festival of the Arts (Grande-Bretagne), puis en Europe et aux États-Unis avec M. *Fonteyn et R. *Noureïev comme artistes invités, elle effectue des tournées dans plus de 40 pays avec un répertoire d’environ 200 oeuvres. Constituée de 64 danseurs, la compagnie se produit en général avec l’Orchestre du Victorian State ou de l’Australian Opera and Ballet de Sydney et accueille des chorégraphes résidents, tels Stephen Baynes ou Stanton Welch. L’Australian Ballet School, fondée en 1964, est d’abord dirigée par M. *Scott et, à partir de 1991, par Gailene Stock. NP downloadModeText.vue.download 41 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 24 AVELINE Albert (1883-1968). Danseur, chorégraphe et pédagogue français. Entré en 1894 à l’école de danse de l’Opéra de *Paris, il est engagé en 1905 dans la compagnie où il fait toute sa carrière, gravissant rapidement les échelons. Il assume les fonctions de maître de ballet en 1917 et se produit comme danseur jusqu’en 1934. Il aborde la chorégraphie en 1935 avec la Grisi (mus. Olivier Métra arrangée par Henri Tomasi). Professeur des petits sujets, il est à la tête de l’école de danse de 1920 à 1935 avec C. *Zambelli, puis seul jusqu’à sa retraite en 1956. Bon danseur, il contribue avec L. *Staats à la remise en valeur de la danse masculine au sein de l’Opéra de Paris où l’usage du *travesti est alors encore courant. Il crée des rôles dans les ballets de L. *Staats (Javotte, 1909 ; *Sylvia, 1919 ; Cydalise et le Chèvrepied, 1923), I. *Clustine (*Suite de danses, 1913) et interprète le prince aux côtés d’O. *Spessivtseva dans *Giselleen 1924 lorsque le ballet revient au répertoire. Il forme avec Zambelli, dont il est le partenaire attitré, un couple d’une extraordinaire harmonie. Perpétuant la tradition de l’école franco-italienne, il se révèle chorégraphe raffiné mais quelque peu conventionnel, notamment en regard de S. *Lifar. Il remporte de beaux succès, signant des ballets qui mettent en relief les qualités de ses interprètes (Elvire, 1937, mus. D. *Scarlatti ; les Santons, 1938, mus. Tomasi ; le *Festin de l’araignée, 1939 ; la Tragédie de *Salomé, déc. Y. *Brayer, 1944 ; la Grande Jatte, 1950, mus. Barlow ; deux *divertissements des *Indes galantes, 1952). Il règle aussi une version de Jeux d’enfants (1941, mus. G. *Bizet) pour les élèves de l’École de danse et en 1945 le *défilé du corps de ballet. GP, NL AVERTY Jean-Christophe (né en 1928). Réalisateur et producteur français. Formé à l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) à la fin des années 1940, il s’intéresse très tôt au jazz, qu’il pratique en semi-professionnel, ainsi qu’au *surréalisme. En 1952, il entre à la Radio Télévision française où il devient, dès 1956, l’un des réalisateurs les plus singuliers, signant reportages, shows de variétés, « biographies rêvées », créations électroniques pures ainsi que des concerts de jazz de facture plus classique. S’inspirant à la fois des idées théâtrales d’Alfred Jarry, qu’il applique au petit écran (négation du décor, du lieu, de l’espace, du temps, négation des dimensions humaines et des voix des protagonistes, etc.), de l’oeuvre de Georges Méliès auquel il rend hommage en 1964 dans son émission Méliès le magicien, et du travail de B. *Berkeley au sujet duquel il parle d’une caméra qui « swingue », il développe un style de récit inédit à base de collages électroniques, de surimpressions de couches d’images et de signes, de rythmes effrénés, de voix off au débit ininterrompu, de bande-son systématiquement en play-back. À partir de 1962, il collabore avec plusieurs chorégraphes formés par la danse classique et le music-hall, parmi lesquels : Barbara Pierce, Dirk Sanders et Jean Guélis. Avec Sanders, il produit un grand nombre d’émissions où la danse joue un rôle de contrepoint visuel, ornemental, intervenant tantôt sous la forme de sketches, tantôt comme élément de décor : les Raisins verts (1963) à l’humour « bête et méchant » dont le premier numéro fait scandale, Méliès le magicien (1964), Ubu roi (1965) appartiennent autant à l’histoire de l’audiovisuel français qu’à celle de la *vidéodanse. Avec Guélis, il passe de la danse truquée au tournage (danseurs évoluant face à la caméra, chacun dans sa case, sur une structure étagée fabriquée en studio, groupes pris en plongée formant des mouvements de rosaces, etc.) à la danse incrustée, parfaitement bidimensionnelle, obtenue en régie grâce à des mélangeurs électroniques perfectionnés (danseurs cagoulés évoluant sans point de fixation sur fond bleu). En 1980, dans Parade autour de Parade, Averty et Guélis reconstituent et rendent un hommage remarqué au ballet *Parade. Sa fille, Karin Averty (née en 1963), est première danseuse à l’Opéra de Paris. NV ÁVILA María de, GÓMEZ DE ÁVILA Dolores, dite (née en 1920). Danseuse et pédagogue espagnole. À partir de 1939, elle est première danseuse au *Liceo, puis étoile des éphémères Ballets de Barcelone (1951-1952), tout en donnant des récitals de danse *classique et espagnole avec J. *Magriñá. Après avoir enseigné à l’Institut du théâtre de Barcelone, elle fonde en 1954 à Saragosse sa propre école de danse où étudieront, entre autres, V. *Ullate, A. *Laguna et Trinidad Sevillano. En 1982, elle crée le Ballet classique de Saragosse. Directrice du Ballet national d’*Espagne (1983-1986), elle programme le répertoire classique international ainsi que des premières de chorégraphes espagnols tels Alberto Lorca, *Mariemma, José Granero. NMS downloadModeText.vue.download 42 sur 803 B BABILÉE Jean, GUTMAN J., dit (né en 1923). Danseur, chorégraphe et comédien français. Formé à l’École de danse de l’Opéra de *Paris, il mène sa carrière au gré d’un caractère fantasque et exigeant. Alternent ainsi les périodes de gloire et d’absence chorégraphiques. Ayant débuté aux Ballets de Cannes en 1940, c’est aux *Ballets des ChampsÉlysées, de 1945 à 1949 qu’il est reconnu comme l’un des plus grands danseurs de sa génération, et qu’il signe ses premières chorégraphies. Il est invité ensuite au *Ballet Théâtre, à l’Opéra de Paris, à la *Scala et au *Staatsoper, puis fonde sa compagnie (1956-1959). Il se tourne alors vers le cinéma (Bromberger, Franju, Drach, Baratier) et le théâtre (Rouleau, J. *Genet, M. *Béjart). En 1966, J. *Lazzini le ramène à la danse (le *Fils Prodigue). Il compose un ballet avec ordinateur pour la télévision (1971), et dirige le *Ballet du Rhin (1972-1973). Il revient au cinéma (Duelle, 1976, réal. Jacques Rivette), et voyage en Asie. En 1979, il fait un retour sensationnel dans Life de Béjart, qu’il danse jusqu’en 1985. Il est l’interprète de jeunes chorégraphes, Alain Germain, F. *Verret et Evita Braun (1987-1993). Danseur atypique, affirmant que la danse n’est pas un métier, mais un état, il développe une manière personnelle de travailler et se construit ainsi un corps toujours prêt à s’investir dans une danse athlétique, fluide et aérienne, qui donne une impression de parfaite sécurité et de naturel, même dans les passages acrobatiques qu’il affectionne. Il a peu interprété le répertoire, préférant les créations, parmi lesquelles *Jeu de Cartes (1945, J. *Charrat), le *Jeune Homme et la Mort (1946, R. *Petit) qui le fait entrer dans la légende aux côtés de N. *Philippart qu’il épousera, la *Rencontre (1948, D. *Lichine), Mario e il mago (1956, L. *Massine) . Sa manière de danser est le constituant formel de ses chorégraphies marquées par une expressivité pleine de tendresse et de poésie, particulièrement appréciée dans l’Amour et son amour (1948, mus. C. *Franck), Balance à trois (1955, mus. J.-M. *Damase,) et le Caméléopard (1956, mus. H. *Sauguet). MFB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Till Eulenspiegel (1949, mus. R. *Strauss) ; Sable (1956, mus. M. Le Roux) ; Haï-Kaï (1969, mus. A. *Webern) ; Triptyque (1978, mus. Alexander Goehr). BIBLIOGRAPHIE. S. Clair, Jean Babilée, ou la Danse buissonnière, Éd. Van Dieren, 1995. FILMOGRAPHIE. Babilée 91 (1992, réal. W. Klein). BACCELLI Giovanna (v. 1753-1801). Danseuse italienne. Elle débute en 1774 au *King’s Theatre de Londres. Partenaire de G. et A. *Vestris dans les chefs-d’oeuvre de J.-G. *Noverre, elle étonne le public britannique, tout particulièrement en incarnant Créuse dans *Médée et Jason, où son interprétation dramatique est comparée à celle des meilleurs acteurs. Elle paraît à l’*Académie royale de musique de Paris en 1782, retourne à Venise, sa ville natale, où elle se produit au théâtre San Benedetto en 1784 et 1789. RZ BIBLIOGRAPHIE. I. Guest, « The Italian Lady of Knole », The Ballet Annual, v. 11, 1957. BACH Johann Sebastian (1685-1750). Compositeur allemand. Descendant d’une longue dynastie de musiciens, il est d’abord instruit par son frère Johann Jacob. Organiste et cantor à Arnstadt dès 1703, il rencontre Dietrich Buxtehude lors d’un voyage à Lübeck en 1705. En 1718 il est appelé à la cour de Köthen, où, jouissant d’estime et disposant d’un excellent orchestre, il compose ses Concertos brandebourgeois. Ressentant le besoin de travailler à nouveau pour l’église (comme ses ancêtres), il accepte en 1723 le poste de cantor à l’école Thomas de Leipzig, poste qu’il garde, dans des conditions parfois difficiles, jusqu’à sa mort. Ce sera pour lui l’occasion de composer une cantate nouvelle pour chaque dimanche et festivité (plus de 200), ainsi que ses Passions selon saint Jean (1724) et selon saint Matthieu (1729). De plus en plus marginalisé par son environnement comme par les goûts musicaux du moment, il ne compose, durant ses vingt dernières années, que peu pour l’église et le concert, se consacrant aux véritables sommes de musique savante et spéculative que sont l’Offrande musicale (1747) et l’Art de la fugue (1747-1750). Héritant à la fois de la grande tradition polyphonique et de la révolution de l’écriture verticale de la basse continue, sa musique accomplit une synthèse, qui, en intégrant tous les courants du moment, clôt ce qui la précède et ouvre sur un avenir qui dure jusqu’à nos jours. Bien que ses *suites instrumentales soient composées de mouvements de danse, Bach n’a pas écrit pour le ballet. Sa musique va toutefois acquérir au XXe s. une importance majeure pour la danse. Dès 1913, rapporte Romola Nijinska, V. *Nijinski envisage de créer sur des pièces de Bach un ballet « sans argument, qui soit de la danse pure comme Bach était de la musique pure ». Ce projet ne voit pas le jour, mais B. *Nijinska franchit le pas peu après en présentant Holy Etudes (1925), véritable modownloadModeText.vue.download 43 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 26 dèle de ballet abstrait auquel elle travaille déjà à Kiev en 1920 et qui connaîtra deux autres versions (Un estudio religioso, 1926, *Teatro Colón ; Etude, 1931, *Opéra russe à Paris). À la même époque T.* Shawn crée une pièce intitulée Bach et D. *Hum- phrey présente Air for the G String (1928). La musique de Bach va connaître dès lors un destin chorégraphique florissant, ponctué par des créations marquantes. En 1937, M. *Fokine se propose de rendre visible le dessin contrapuntique de la 2e Suite pour orchestre dans les *Éléments et, l’année suivante, Humphrey se confronte à la *Passacaille en ut mineur que R. *Petit utilise également pour le *Jeune homme et la Mort en 1946. Entre-temps G. *Balanchine crée son *Concerto barocco (1940) sur le Concerto pour deux violons en ré mineur. En 1965, M. *Béjart dans l’Art de la barre, rend hommage au travail quotidien de la classe de danse, dont l’ascèse quasiment mystique rejoint celle de la fugue. J. *Robbins compose en 1971 un voyage virtuose et humoristique à travers le répertoire des pas classiques pour accompagner l’encyclopédie d’érudition pianistique et contrapuntique que sont les *Goldberg Variations, oeuvre à laquelle se confrontera par la suite intensément S. *Paxton. J. *Neumeier s’attaque quant à lui aux grandes oeuvres sacrées (la *Passion selon saint Matthieu, 1981 ; Magnificat, 1987), tandis que T. *Brown met son écriture chorégraphique à l’épreuve de l’Offrande musicale (*M. O., 1995). Face aux tourments du siècle, la musique de Bach devient aussi bientôt le symbole d’une intemporalité menacée de toutes parts. D’abord avec M. Béjart qui, dans le Cercle (1956), encadre un largo de Bach par deux pièces de P. *Henry (Tam-tam 1 et 2). D’autres juxtapositions suivent, tandis qu’un nouveau pas est franchi en 1969 par F. *Blaska qui utilise pour *Electro-Bach des arrangements électroniques signés Walter Carlos. La voie est alors ouverte à toutes les contaminations et confrontations, dont W. *Forsythe, notamment, se fera une spécialité : ainsi, les Partitas pour violon seul qui accompagnent les pas de deux dans *Artifact (1984) ne sont plus qu’une vision béatifique et éphémère, sans cesse saccagée par le bruits métalliques du tomber du rideau et de la musique concrète. BT, PLM SUR LA MUSIQUE DE BACH. De *Valois (Nautical Nonsense, 1927 ; Suite de danses, 1930) *Bolm (Bach Cycle, 1935) ; von *Grona (Religious Allegory, 1937) ; *Ashton (The Wise Virgins, 1940) ; *Lifar (Dramma per musica, 1946 ; Naissance d’un ballet, 1964) ; *Sokolow (Dreams, 1961 ; Musical Offering, 1961) ; *Limón (Choreographic Offering, 1963) ; *Cranko (Brandenbourg n° 2 et 4, 1966 ; Kyrie eleison, 1968) ; *Tharp (All About Eggs, 1974 ; Third Suite, 1980) ; Mark *Morris (Marble Halls, 1985 ; Jesus meine Freude, 1993) ; *Bagouet (So schnell, 1990). BACQUOY-GUÉDON Alexis (vers 1740-apr. 1784). Danseur du Théâtre-Français et pédagogue. Il est l’auteur d’une Méthode pour exercer l’oreille à la mesure dans l’art de la danse (Amsterdam, 1766 ; rééd. Valade, Paris, 1784) en deux parties. La première, théorique, comporte l’étude du *menuet et de la *contredanse. Y sont énumérés les différents moyens pour marquer la *mesure en insistant sur la notion déterminante de « menuet dansant « par rapport au « menuet en musique «, avant de terminer par une « réflexion « sur les deux danses. La seconde partie contient plusieurs airs de musique illustrant tous les types de mesure appliqués aux menuets et contredanses. Il met à profit sa retraite pour approfondir et reformuler sa réflexion dans les Considérations sur la danse du menuet (2e éd. 1784). Ces préceptes sont mis en application dans un menuet monté en 1779 par P. D. *Deshayes, *maître de ballet au Théâtre-Français. ERou BADINGS Henk (1907-1987). Compositeur néerlandais. Ingénieur de formation, c’est en autodidacte qu’il compose sa première symphonie, créée par Willem Mengelberg en 1930. Formé par la suite par W ? ? ? ? Pijper, il sera lui même un professeur au rayonnement international, notamment dans le champ de l’acoustique, prolongeant ainsi son intérêt pour les microtons et les gammes non tempérées. Il compose un grand ballet, Orpheus en Eurydike, en 1941, créé par Y. *Georgi en 1955, où, en donnant le rôle d’*Orphée à un acteur et en introduisant un choeur, il réussit à fusionner les genres de l’art dramatique. BT AUTRES COMPOSITIONS. Elektronisches Ballet (1957, Georgi ; 1958, *Chladek) ; Evolutionen (1958, Georgi ; Jungle, 1961, *Van Dantzig) ; Diversities, 1966, Jonathan Taylor) ; la Femme d’Andros (1960, Georgi ; 1972, Garth Welch). BAGNOLET (Concours de). Compétition chorégraphique annuelle organisée en France depuis 1969, devenue biennale en 1988. Lancé sous le nom de « Ballet pour demain » par le danseur Jaques Chaurand, qui en assure la direction jusqu’en 1984, ce rendez-vous annuel qui se déroule alors dans un gymnase de la ville de Bagnolet connaît vite le succès. À l’origine, grande foire de la danse permettant aux jeunes danseurs et chorégraphes de présenter leur travail en dix minutes, il se professionnalise peu à peu. En 1975, devant l’afflux des candidatures, une présélection est mise en place. Les prix distribués, dont celui du ministère de la Culture institué en 1979, deviennent des références pour une carrière. C’est dans son cadre que sont organisées en 1981, les assises de la danse qui serviront de base aux premières mesures en faveur de la danse prises par Jack Lang, alors ministre de la Culture. En 1985, Bernadette Bonis, journaliste, succède pour un an à Jaques Chaurand avec pour objectif de transformer le concours, qui est finalement suspendu pendant deux ans. Il renaît en 1988, sous la direction de Lorrina Niclas. Rebaptisée Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-SaintDenis en 1990, la manifestation, désormais biennale, se déroule à la maison de la culture de Bobigny et constitue le point d’orgue d’un processus complexe réunissant les lauréats de sélections nationales (compagnies présentées officiellement par certains pays) et des lauréats indépendants, sélectionnés lors de rencontres intermédiaires (les «plates-formes») organisées dans les pays participants. Témoin actif d’un milieu artistique encore inorganisé lors de sa création, le concours de Bagnolet va contribuer à structurer ce milieu en révélant pendant près de 20 ans la plupart des grandes figures de la jeune danse française dont D. *Bagouet (1976), J.-C. *Gallotta (1976), M. *Marin (1978), F. *Verret (1980), J. *Bouvier et R. *Obadia (1981), R. *Chopinot (1981), D. *Larrieu (1982), Ph. *Decouflé (1983), C. *Diverrès et B. *Montet (1984), M. *Tompkins (1984), C. *Brumachon (1984), M. *Monnier (1985), A. *Preljocaj (1985). Prenant en compte cette nouvelle donne, la manifestation porte depuis 1988 une attention particulière au développement de la jeune danse à travers le monde. JP BAGOUET Dominique (1951-1992). Danseur et chorégraphe français. Formé à l’école de R. *Hightower, il débute une carrière classique (Ballet du Grand Théâtre de *Genève, *Ballets du XXe siècle) avant de se tourner vers la danse contemporaine. Nouvelle formation (P. *Goss, C. *Carlson) et remise en question du statut du danseur le font se tourner rapidement vers la chorégraphie : en 1976, sa première pièce, Chansons de nuit, remporte le premier prix au *Concours de Bagnolet. Directeur dès 1980, de l’un des premiers Centres chorégraphiques régionaux (devenu *CCN de Montpellier en 1984), son oeuvre assume, interroge et met à distance l’héritage classique. downloadModeText.vue.download 44 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 27 C’est avec *Déserts d’amour (1984), qu’il affirme le style raffiné, complexe et détaillé qui fera parler de « baroque contemporain ». Son mouvement comme ses compositions spatiales aux perspectives savantes, voire monumentales (Assaï, 1986), sont hantés par de minuscules effondrements, d’indécelables assymétries qui deviendront sa marque. Ce conflit secret entre structure et défaillance, d’abord posé dans une rigoureuse abstraction qui rappelle que le corps du danseur est le vrai théâtre de la danse, ne cesse dès lors de se transformer. Bagouet confronte la puissance de son langage à celui d’autres artistes (Assaï est une collaboration avec le compositeur Pascal Dusapin), tout en en faisant éclater les conventions. A cet effet, il convoque divers partenaires (Dusapin et le plasticien Christian Boltanski pour *Le Saut de l’ange en 1987, un texte du romancier Emmanuel Bove pour *Meublé Sommairement en 1989, etc.), chaque nouvelle pièce faisant la critique de la précédente. Ainsi, des séquences binaires et quasi grossières détruisent parfois le bel ordre de sa gestuelle, du texte rompt la règle du silence de la danse, le récit et l’autobiographie font irruption dans son univers réputé pudique. Ce processus remet au centre du projet esthétique le danseur et son dialogue avec l’écriture chorégraphique, faisant de l’interprétation un des moteurs de l’acte créateur, et l’un des domaines où la pensée de Bagouet aura été la plus novatrice. IG BIBLIOGRAPHIE. Chantal Aubry, Bagouet, Bernard Coutaz 1989. AUTRES CHORÉGRAPHIES. Insaisies 1982) ; F. et Stein (1983) ; le Crawl de Lucien (1985) ; les Petites pièces de Berlin (1988), Jours étranges (1990) ; So Schnell (1re vers. 1990, 2e vers., 1992) ; Necesito (1991). FILMOGRAPHIE. Tant Mieux, Tant Mieux ! (1983, réal. Bagouet et Charles Picq) ; Dix anges, portraits de danseurs (1988, réal. Bagouet et Charles Picq) ; Le Crawl de Lucien (1986, réal. C. Picq) ; Montpellier, le saut de l’ange (1993, C. Picq) ; So Schnell (1993, C. Picq) ; Planète Bagouet (1994, C. Picq) ; Necesito. Pièce pour Grenade (1994, C. Picq). BAILEY Bill (1912-1978). Danseur américain. Protégé de B. *Robinson, qu’il remplace au *Cotton Club en 1937 et dont il adopte le style particulier (parler au public tout en dansant) en proposant une véritable imitation à *Broadway dans Banjo Eyes (1941). Il danse dans *Cabin in the Sky (1940, G. *Balanchine), puis dans Zanzabarian Nights (1944). Se produisant souvent en concert avec sa soeur, la chanteuse Pearl Bailey, il danse avec les grands orchestres noirs des années 1930 et 1940, tels ceux de Count Basie ou de D. *Ellington. Pendant les années 1950, il devient l’un des claquettistes favoris de l’Ed Sullivan Show, dans lequel il apparaît presque chaque année. ESe BAILEY Bill (1848-1949). Danseur américain. Protégé de B. * Robinson, il débute en 1908 au sein du Robinson’s Vaudeville Act, puis tourne comme tête d’affiche dans les circuits de *vaudeville noir. Il paraît aussi aux côtés de Bill Robinson dans des films de la 20th. Cent. Fox, dont The Little Colonel (1935), Dimples (1936) et *Stormy Weather (1943). Claquettiste confirmé, il consacre les dernières années de sa vie à l’enseignement. ESe BAILIN Gladys (née en 1930). Danseuse, pédagogue et chorégraphe américaine. Elle rencontre A. *Nikolais à New York en 1948 et se forme auprès de lui. Engagée dans sa compagnie en 1955, elle danse notamment dans *Kaleidoscope, *Totem, *Imago, *Sanctum. Dès 1961, elle danse aussi pour M. *Louis, dans des oeuvres où son sens musical et sa présence font merveille. Elle enseigne régulièrement à la *Henry Street Playhouse. En 1965, elle rejoint D. *Redlich. Nommée professeur en 1972 à l’université d’Ohio à Athens, elle y dirigera le département danse de 1983 à 1995. Pédagogue très sollicitée, marquée par Nikolais, elle met surtout l’accent sur l’improvisation et la composition chorégraphique. ML BAKER Joséphine, ndn. MCDONALD J. (1906-1975). Danseuse et chanteuse française d’origine américaine. Elle apprend à danser dans les rues et les cours de Saint Louis (Missouri), assimilant un immense répertoire de mouvements avant de débuter à l’âge de quinze ans et de se faire remarquer par ses grimaces et ses pitreries dans le chorus de *Shuffle Along (1921), où son numéro tourne en dérision l’idée même de chorus line. En 1924, elle enchaîne à *Broadway avec Chocolate Dandies puis paraît dans la revue de L. *Leslie au Plantation Club. Elle se produit à Paris en 1925 au théâtre des ChampsElysées dans la *Revue nègre, où son sens du rythme, sa vivacité, sa présence scénique, son exotisme face au regard du public lui valent un succès immédiat. Elle devient à dix-neuf ans le symbole du dernier engouement parisien : le jazz hot. Puis elle noue avec les Folies-Bergère une longue association qui se terminera en 1950, tournant parallèlement dans la Sirène des tropiques (1927), Zouzou (1935), et se produit dans les cabarets autour du monde. Si, dans les années 1920, elle a été comparée à un animal par le public français, c’est en raison de préjugés raciaux, mais aussi à cause d’une apparente spontanéitéqui, en fait, dissimule des pas et des danses connus (*mess around, *shake, *shimmy) et des années de pratique quotidienne. Se baissant et se relevant, glissant, louchant, virevoltant un doigt au sommet du crâne telle une toupie, elle atteint l’essence même du *jazz par sa danse faite d’une succession de changements imprévus. Qualifiée aussi de « sculpture africaine vivante «, polyrythmique et parfaitement dissociée, presque désarticulée, elle manifeste une grande élasticité et fait appel au corps entier, bassin compris : son « trémoussement forcené « viole les conventions de l’époque, suscitant des critiques qui, le plus souvent, reflètent l’hypocrisie masculine. Par son aisance d’exécution, son enthousiasme et sa joie contagieux, son abandon à la danse (en particulier dans le *charleston dont elle lance la mode en France), elle symbolise les années 1920 et leur rejet de toute contrainte. ESe BIBLIOGRAPHIE. Ph. Rose, Joséphine Baker, une Américaine à Paris, Fayard, Paris, 1990. BAKER Peggy Laurayne, ndn. SMITH P. L. (née en 1952). Danseuse, chorégraphe et pédagogue canadienne. Elle se forme au *T*Toronto Dance Theater et à la Martha *Graham School. Membre fondateur, chorégraphe et directeur artistique de Dancemakers en 1974, elle se produit avec la L. *Lubovitch Company (1981-1988) et rejoint en 1990 le premier White Oak Project de M. *Barychnikov. Elle mène depuis une carrière de soliste, interprétant ses créations ou celles de Mark *Morris, J. *Kudelka et P. A. *Fortier, tout en se consacrant à l’enseignement. En 1993, elle devient la première artiste en résidence de la National Ballet School de Toronto. Interprète fascinante à la silhouette longiligne, reconnue pour sa palette technique et expressive qui lui permet d’alterner aisément sobriété et lyrisme, elle est parmi les meilleures danseuses modernes du Canada. LHB BAKST Léon, ROSENBERG Lev, dit (1866-1924). Peintre, dessinateur et décorateur russe. Il étudie la peinture à l’Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg et signe ses premières réalisations au *Mariinski pour M. *Petipa (le Coeur de la marquise, 1902), N. et S. *Legat (la Fée des poupées, 1903). Il collabore avec M. *Fokine dès ses premières créations au théâtre impérial en 1907 (Eunice, Danse au flambeau, les *Sylphides) et sur celles que celui-ci signe en dehors pour A. *Pavlova (la *Mort du cygne, 1907) ou I. *RudownloadModeText.vue.download 45 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 28 binstein (*Salomé, 1908). Cofondateur, avec S. de *Diaghilev, de Mir iskousstva [le Monde de l’art], revue autour de laquelle se forme un cercle d’artistes russes qui prônent la recherche de procédés figuratifs nouveaux, il devient, avec A. *Benois, le collaborateur privilégié des *Ballets Russes. Ses scénographies, qui allient tempérament russe, sensualité orientale et style égyptien, contribuent ainsi au succès des premières Saisons russes à Paris en 1909 et 1910 (Cléopâtre, *Carnaval, *Schéhérazade, l’*Oiseau de feu). Décorateur le plus prolifique de la troupe, il est écarté en 1918 au profit d’A. *Derain pour les décors de la *Boutique fantasque en raison de dissensions apparues avec Diaghilev du fait de sa collaboration parallèle avec la compagnie Rubinstein (le Martyre de *saint Sébastien, 1911 ; la Pisannelle, 1913, Fokine), pour laquelle il continue à travailler par la suite (Artémis troublée, 1922, N. *Guerra). Il collabore une dernière fois avec les Ballets Russes pour leur somptueuse production de la *Belle au bois dormant (1921). Bakst se réclame d’anciens maîtres, comme Jean-François Millet, et des innovateurs, comme Paul Gauguin. Il s’agit pour lui de juxtaposer les couleurs en équilibrant leur influence réciproque. Deux lignes, « orientale » et « romantique », font de ses costumes et décors d’élégants partenaires chromatiques de la danse. Pour Schéhérazade, il associe ainsi un bleu désespéré et un vert plein de tristesse à des rouges triomphants et accablants. Mais il sait aussi dessiner un univers familier (le *Spectre de la rose, 1911) ou atteindre le dépouillement (l’*Après-midi d’un faune, 1912). CD, PLM AUTRES COLLABORATIONS. Fokine (Narcisse, 1911 ; Sadko, 1911 ; *Daphnis et Chloé, 1912 ; le *Dieu bleu, 1912 ; Thamar, 1912 ; les Papillons, 1913 ; la Légende de *Joseph, 1914) ; *Nijinski (*Jeux, 1913); L.*Massine (les Femmes de bonne humeur, 1917) ; Léo Staats (la Nuit ensorcelée, 1923 ; Istar, 1924). BIBLIOGRAPHIE. L’Art des Ballets Russes, Gallimard, Paris, 1990; Bakst, Aurora. BALACHOVA Alexandra (1887-1979). Danseuse et pédagogue russe. Après des études à l’École théâtrale de Moscou, elle est première danseuse au *Bolchoï et une des artistes préférée d’A. *Gorski. À partir de 1921, elle habite Paris où elle enseigne de 1931 à 1973. En 1946, elle monte la *Fille mal gardée dans la version de Gorski pour le Nouveau Ballet de *Monte-Carlo. ESou BALANCHINE George, BALANCHIVADZE Georgi Melitonovitch, dit (1904-1983). Danseur et chorégraphe américain d’origine russe. Né à Saint-Pétersbourg, fils d’un compositeur géorgien, Balanchine entre par hasard à l’École de danse du *Mariinski. Diplômé en 1921, il rejoint le corps de ballet du *GATOB, où il travaille sous l’autorité de F. *Lopoukhov, participant notamment à la création de la Symphonie de danse, Grandeur de l’univers (1923). Tenté par le piano et la composition, il étudie au conservatoire pendant trois ans tout en poursuivant la danse. Dès 1920, il réalise ses premiers essais chorégraphiques, qu’il présente en 1923 lors des soirées du Jeune Ballet, en compagnie de quelques camarades, dont *A. Danilova, T. *Geva, L. *Lavroski. En 1924, profitant d’une tournée des Danseurs de l’État soviétique en Allemagne, il quitte son pays et est engagé comme danseur dans la troupe des *Ballets Russes de *Diaghilev. Promu *maître de ballet en 1925, il y affirme sa vocation de chorégraphe et débute son étroite collaboration avec I. *Stravinski. À la mort de S. Diaghilev, en 1929, il travaille sporadiquement à Londres (pour le music-hall), Copenhague et Paris. Il collabore avec les *Ballets russes de Monte-Carlo (1931-1932), puis, grâce au mécène britannique Edward James, il forme les Ballets 1933, avec lesquels il donne quelques représentations à Paris et à Londres. Acceptant la proposition de L. *Kirstein de développer une école classique aux États-Unis, il se fixe à New York en août 1933 et devient citoyen américain en 1939. Après avoir fondé la *School of American Ballet (1934), il dirige l’*American Ballet. Il est invité à faire des créations pour l’*Original Ballet russe (1941), l’American *Ballet Caravan (1941), le *Ballet russe de MonteCarlo et l’Opéra de *Paris. De 1935 à 1951, il chorégraphie aussi pour les scènes de *Broadway (*On Your Toes, 1936 ; Babes in Arms, 1937 ; *Cabin in the Sky, 1940 ; Where’s Charley ?, 1948) et pour quelques films à Hollywood avec V. *Zorina. Mais c’est surtout à la tête du *Ballet Society puis, à partir de 1948, du *NYCB qu’il mène sa féconde et prestigieuse carrière. Balanchine accorde la priorité à l’élément dansé. Très tôt, il s’écarte délibérément de la *narration dramatique et, s’il signe quelques ballets à thème (*Apollon Musagète, 1927 ; le *Fils prodigue, 1929 ; la *Somnambule, 1946 ; *Orpheus, 1948, *Casse-Noisette, 1954), c’est en éliminant toute *pantomime, cherchant à relater l’histoire avec clarté et par le seul truchement de la danse. Il règle aussi des « ballets d’ambiance «, sans intrigue proprement dite, tout en conservant les situations ou les personnages que la partition suggère (*Cotillon, 1932 ; *Serenade, 1934 ; la *Valse, 1951 ; Liebeslieder Walzer, 1960, mus. J. *Brahms ; Tzigane,1975, mus. M. *Ravel). La musique et son interprétation sont la clef de voûte de son travail. Pour lui, « le ballet est avant tout une affaire de tempo et d’espace : l’espace délimité par la scène, le temps fourni par la musique «. Ses réalisations les plus spécifiques sont des ballets sans thème dont la construction et la forme découlent de la source musicale. Sans l’illustrer, il donne à voir une partition, composée ou non pour la danse, en s’appuyant sur la structure rythmique, la mélodie et le développement harmonique de la pièce choisie : « Voyez la musique et écoutez la danse «, recommande-t-il. Préférant souvent des oeuvres de facture classique (G. *Bizet, E. *Chabrier, A. *Glazounov, M. *Glinka, F. *Mendelssohn, W. A. *Mozart, Ravel), il recourt aussi à un registre plus moderne (P. *Hindemith, V. *Rieti, A. *Webern, I. *Xenakis) et parfois populaire ou jazz (G. *Gershwin, Hershy Kay). Cependant, ses compositeurs favoris sont P. *Tchaïkovski et surtout Stravinski, avec lequel il crée plus de trente ballets. Privilégiant le dépouillement scénographique afin que le regard puisse se concentrer sur la chorégraphie, il opte le plus souvent pour un plateau nu et des costumes (longtemps créés par B. *Karinska) qui dégagent la silhouette, imposant parfois simples tuniques et maillots académiques. Considérant M. *Petipa comme son père spirituel, il s’inscrit dans la tradition classique et se réfère aux pas d’école pour les outrepasser. Il développe un style caractérisé par un *en-dehors poussé à l’extrême, des mouvements dynamiques, précis et vigoureux, des positions hanchées, des combinaisons de pas complexes, voire acrobatiques, une rapidité d’exécution en accord avec les tempi des pièces musicales qui l’inspirent. Il prône une beauté formelle tendant vers l’épurement, une virtuosité technique transcendée par la maîtrise des interprètes et accorde la prééminence à la danseuse. Nombreuses sont ses « muses «, ballerines aux longues jambes fuselées et aux formes discrètes, qu’il fait souvent débuter très jeunes. Salué comme l’un des plus grands chorégraphes du XXe s., il contribue à l’» américanisation « du ballet, jouant également un rôle important dans l’évolution de la *comédie musicale, où il introduit la danse classique et, paradoxalement, les principes du ballet narratif. NL BIBLIOGRAPHIE. G. Balanchine, Histoire de mes ballets, Fayard, Paris, 1969. - B. Taper, Balanchine, Jean-Claude Lattès, Paris, 1980 ; Choregraphy by George Balanchine. A Catalogue of Works, The Eakins Press Found., New York, 1983 ; S. Volkov, Conversations avec Balanchine, L’Arche, Paris, 1988. AUTRES CHORÉGRAPHIES. La Nuit (1920, mus. *Rubinstein) ; le Chant du rossignol (1925, déc. *Matisse) ; la Chatte (1927, mus. *Sauguet, déc. et cost. Naum Gabo et Anton Pevsner) ; downloadModeText.vue.download 46 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 29 Ballet impérial (ou Piano concerto n° 2, 1940, mus. Tchaïkovski, déc. *Berman ; 1950, déc. *Ter Arutunian) ; *Concerto barocco (1941) ; *Danses concertantes (1944 et 1972) ; les *Quatre Tempéraments (1946) ; le *Palais de cristal (ou Symphony in C, 1947) ;Western Symphony (1954, mus. H. Kay) ; *Agon (1957) ; *Episodes (1959) ; *Jewels (1967) ; *Who Cares ? (1970) ; Davidsbündlertänze (1980, mus. *Schumann, déc. Ter Arutunian, lum. *Bates) ;Variations for Orchestra (1982, mus. Igor Stravinski). BÂLE (Ballet de). Compagnie suisse. L’activité chorégraphique ne se développe vraiment au Théâtre Municipal de Bâle qu’à partir de la fin des années 1920, avec des tournées de récitals de danseurs-chorégraphes d’Europe centrale, tel R. *Chladek. En 1955, V. *Orlikovski développe la compagnie sous le nom de Basler Balletwunder, créant ses propres oeuvres comme Peer Gynt ou Dorian Gray et les intégrant au répertoire des grands ballets soviétiques. Après son départ en 1967, le ballet connaît le déclin, avant que H. *Spoerli (1973-1991) lui redonne un éclat international avec quelque 70 créations. Son successeur, J. *Schlömer, réoriente la compagnie vers le *Tanztheater. GM BALI Margarita (née en 1943). Danseuse, chorégraphe, pédagogue et artiste multimédia argentine. Diplômée en sciences biologiques à l’université de Berkeley, elle mène une carrière de danseuse internationale. Cofondatrice et codirectrice de *Nucleodanza en 1974, elle chorégraphie aussi pour de nombreuses compagnies, dont le Dance Theater Seattle (États-Unis) et le Ballet del Teatro *San Martín. Elle est régulièrement récompensée pour son travail notamment par le Premio ICI de vidéo et, à deux reprises, par le prix La Mujer y el Cine. SK CHORÉGRAPHIES. Climas Sonicos (1974) ; De Saco y Corbata (1983) ; Hombres en Juego (1996). BALLET CARAVAN. Compagnie de danse américaine itinérante, active de 1936 à 1941. Fondé par L. *Kirstein, il a pour maître de ballet L. *Christensen. Il change de dénomination en 1938 pour devenir l’American Ballet Caravan. Il se produit à travers les États-Unis, fusionne en 1941 avec l’*American Ballet pour effectuer une tournée en Amérique du Sud, avant d’être dissous au retour de celle-ci. Composé de danseurs américains (T. *Bolender, H. Christensen, W. *Dollar, E. *Hawkins, M. *Kidd, E. *Loring, Marie Jeanne), le Ballet Caravan permet à de jeunes chorégraphes de se révéler en présentant leurs créations : L. Christensen (Pocahontas, 1936 ; Filling Station, 1938), Dollar (Promenade, 1936) et Loring (Yankee Clipper, 1937 ; *Billy the Kid, 1938) y font ainsi leurs débuts. G. *Balanchine y crée, en 1941, *Concerto barocco et Ballet impérial. NL BALLET CULLBERG. Voir Cullberg Baletten. PBoh BALLET DE L’OPÉRA NATIONAL DU RHIN. Compagnie française fondée en 1972, basée à Mulhouse. Créé sous le nom de Ballet du Rhin, en même temps que l’Opéra du Rhin regroupant dans un syndicat intercommunal les villes de Colmar, Mulhouse et Strasbourg, il acquiert le statut de *Centre chorégraphique national en 1985 et devient Ballet de l’Opéra national du Rhin en 1998. Il est dirigé par J. *Babilée (1972-1973), Denis Carey (1973-1974), P. *Van Dyck (19741978), J. *Sarelli (1978-1990), J.-P. *Gravier (1990-1997) qui ouvre le répertoire vers le *baroque et l’*expressionnisme, et depuis 1997 par Bertrand d’At qui lui donne une orientation plus contemporaine. Comptant plus de trente danseurs, il effectue de nombreuses tournées dans le monde entier avec un répertoire varié, offrant un éventail représentatif de divers courants de la danse du XXe s. GM BALLET DU NORD. Compagnie de danse française fondée à Roubaix en 1983. Son premier directeur, A. *Cata lui donne un répertoire de danse académique du XXe s., composé de créations et de reprises (principalement G. *Balanchine). Il lui assure une implantation locale et l’emmène à l’étranger, notamment aux États-Unis. Ses successeurs, J.-P. Comelin (1991-1993), F. *Adret (1993-1995), et M. *Delente (depuis 1995), ont poursuivi dans la même voie. MFB BALLET DU RHIN. Voir *Ballet de l’opéra national du Rhin BALLET DU XXe SIÈCLE. Compagnie basée à Bruxelles (1960-1987). Fondée au lendemain du triomphe du *Sacre du printemps par M. *Béjart, à l’instigation de Maurice Huisman, directeur du théâtre de la *Monnaie, la compagnie se produit au théâtre de la Monnaie, au Cirque royal, à Forest National et effectue chaque année de longues tournées dans le monde, invitée tant par les principaux théâtres, festivals que dans les palais des sports, rings, stades, arènes, scènes dressées au Grand Palais de Paris (1989), en plein air, investissant une ville (Venise, 1975) ou inaugurant la petite salle de l’IRCAM (1980). Instrument ductile de son animateur, elle rassemble des danseurs de toutes nationalités et morphologies dont les tempéraments complémentaires inspirent les oeuvres qu’il crée sur et avec eux. Soumise à un stricte enseignement classique par A. *Messerer, T. *Grantseva, N. *Kiss, Ménia Martinez, José Parès, Pierre Dobrievitch, Azzari Plissetski, entre autres, elle possède des notions de danse moderne, chant et jeu dramatique. Remarquée particulièrement pour la qualité d’interprètes masculins tels G. *Casado, V. *Biagi, Lothar Höfgen, P. *Bortoluzzi, J. *Lefebvre, P. *Belda, J. *Donn, Jörg Lanner, N. *Ek, Robert Denvers, Daniel Lommel, I. *Markó, V. *Ullate, Bertrand Pie, W. *Lowski, Patrice Touron, M. *Gascard, Yann Le Gac, Rouben Bach, Philippe Lizon, Serge Campardon et Gil Roman, elle accueille des danseuses aux personnalités variées telles T. *Bari, D. *Sifnios, M. *Gielgud, Angele Albrecht, Laura Proença, Hitomi Asakawa, R. *Poelvoorde, Catherine Verneuil, S. *Mirk, M. *Marin, Katalin Czarnoy, Grazia Galante et de prestigieux invités, comme S. *Farrell, J. *Rayet, J. *Babilée, R. *Noureev, E. *Maximova, V. *Vassiliev, M. *Plissetskaïa, L. *Savignano, J. *Jamison, M. *Haydée, Y. *Morishita, P. *Dupond, M. *Denard. Composé essentiellement d’oeuvres à géométrie variable de Béjart et parfois de J. *Charrat, Lorca *Massine, J. *Neumeier, L. *Lubovitch, P. *Belda, le vaste répertoire met tour à tour en lumière, au gré du créateur, le talent de chacun. MFC BALLET GULBENKIAN. Compagnie portugaise, fondée en 1965. Jusque dans les années 1960, le Portugal pâtit d’un déficit de culture chorégraphique. Sous la dictature salazariste, seule la Fondation Gulbenkian joue un rôle moteur dans la vie artistique. C’est ainsi que voit le jour, en 1965, le Groupe Gulbenkian de Ballet. W. *Gore en est le premier directeur artistique, avec un répertoire essentiellement classique. M. *Sparembeck prend le relais de 1969 à 1975. Outre ses propres créations, il invite des chorégraphes étrangers, notamment américains (L. *Lubovitch, J. *Butler, P. *Sanasardo, entre autres). Après la « révolution des oeillets « (1974), Sparembeck est évincé ; la compagnie prend le nom de Ballet Gulbenkian et une commission, élue par les danseurs, décide des orientations artistiques. À partir de 1977, J. *Salavisa, maître de ballet puis directeur artistique, consolide une compagnie axée sur la création, invite des chorégraphes tels C. *Bruce, H. *Van Manen, downloadModeText.vue.download 47 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 30 L. *Falco, J. *Kylián, P. *Taylor, suscite l’émergence de chorégraphes portugais (V. *Wellenkamp, O. *Roriz) et développe, à partir de 1972, des ateliers chorégraphiques qui révèlent des artistes novateurs (Margarida Bettencourt, V. *Mantero, J. *Fiadeiro, P. *Ribeiro). En 1996, Iracity Cardoso succède à Salavisa à la direction de la compagnie. JMA BALLET NACIONAL CHILENO. Compagnie chilienne basée à Santiago. Il se constitue au cours des années 1940, à partir de l’École ouverte en 1942 au sein de l’université du Chili par E. *Uthoff et sa femme Lola Botka ainsi que Rudolf Pescht, tous trois anciens danseurs des Ballets *Jooss qui viennent d’effectuer une tournée couronnée de succès au Chili. Cet accueil favorable autant que le rapide développement de la compagnie trouve son origine dans l’enseignement de la méthode *Dalcroze dispensé à Santiago dès 1933 par Elsa Martin et Andréa Háas. Placée sous la direction de E. Uthoff jusqu’en 1964, la compagnie dont le répertoire est constitué principalement d’oeuvres de Jooss et de son directeur, contribue à la formation de plusieurs générations de danseurs. Malgré le soutien des pouvoirs publics, elle connaît ensuite un déclin irréversible dû en partie aux changements incessants de directeur parmi lesquels figureront deux anciens danseurs de la compagnie, Virginia Roncal et Patrizio Bunster. Dès le début des années 1970, son statut de compagnie d’avant-garde lui est disputé par la compagnie Balca fondée au sein de l’université du Chili en 1969 et dirigée par Gaby Concha puis par divers groupes indépendants. PLM BIBLIOGRAPHIE. H. Ehrmann, « Jooss, Conquistadores, and the Wheel of Fortune », Dance Magazine, nov. 1964. BALLET NACIONAL ESPAÑOL. Compagnie fondée en 1978, basée à Madrid. Dirigée tout d’abord par A. *Gades, il développe un répertoire de danse espagnole classique, régionale et *flamenco. En 1983, M. de *Avila en prend la direction conjointement avec celle du Ballet classique national d’*Espagne. Son mandat voit notamment la création de Medea (1984) de José Graneros, « drame flamenco » qui marque un sommet du genre. En 1986, José Antonio Ruiz lui succède. Depuis 1993, la compagnie est dirigée conjointement par A. *Pons, Nana Lorca et Victoria Eugenia. PLM BALLET NATIONAL DE NANCY ET DE LORRAINE. Compagnie française fondée en 1978 et basée à Nancy. Issue du *Ballet Théâtre contemporain, la compagnie est créée en 1978 sous le nom de Ballet de Nancy. Placé sous la direction de Jean-Albert Cartier, doté d’une mission régionale, nationale et internationale, celui-ci est financé par le ministère de la Culture et la Ville de Nancy. J.-A. Cartier, secondé par Hélène Traïline ainsi que Jean-Jacques Robin, administrateur, bâtit un répertoire de plus en plus diversifié. En 1987, le ballet devient Ballet français de Nancy et en 1988, P. *Dupond succède à J.-A. Cartier, augmentant la portée internationale de la compagnie. P. *Lacotte le remplace en 1991. Le Ballet devient « national », puis Ballet national de Nancy et de Lorraine. Il compte alors 45 danseurs, aux côtés desquels se produisent des invités de marque, dont R. *Noureev, et son répertoire couvre toute l’histoire de la danse jusqu’à la plus contemporaine. GM BALLET RAMBERT. Compagnie britannique installée à Londres. Dénommée Marie Rambert Dancers lors de sa création en 1926, la compagnie se produit de plus en plus régulièrement sous le nom de Ballet Club au Mercury Theatre de Londres à partir de 1930, avant d’être rebaptisée Ballet Rambert en 1935 et finalement *Rambert Dance Company en 1987 : elle est de ce fait la plus ancienne compagnie de ballet britannique ayant existé sans interruption jusqu’aujourd’hui. Dirigée par M. Rambert jusqu’à son retrait progressif entre 1966 et 1970, elle effectue des tournées incessantes en Grande-Bretagne et à l’étranger (Paris, 1937 ; Chine, 1957 ; États-Unis, 1959). En créant les premières oeuvres de F. *Ashton, A. *Howard, A. *Tudor, notamment, tous découverts et promus par M. Rambert, elle contribue à poser les bases de la tradition britannique du ballet. En 1966, avec l’arrivée de N. *Morrice comme directeur adjoint, le réper- toire classique est abandonné au profit de ballets modernes faisant appel à un ensemble de solistes plus restreint. NG BIBLIOGAPHIE. M. Clarke, Dancers of Mercury, Londres, 1962 ; K. Sorley-Walker, « le Ballet Rambert «, in Dance Gazette, Londres, juin 1980 ; ouvr. coll., Ballet Rambert : 50 Years and On, Londres, 1981. BALLET ROYAL DANOIS. Compagnie attachée au Théâtre royal de Copenhague, créée en 1748. De sa fondation jusqu’à aujourd’hui, le Théâtre royal danois a une vocation dramatique, lyrique et chorégraphique. À l’origine, le corps de ballet est placé sous la direction de maîtres français et italiens. Considéré comme le véritable fondateur du ballet danois, V. *Galeotti, nommé maître de ballet en 1775, dirige la troupe jusqu’à sa mort. Antoine *Bournonville lui succède (1816-1829), puis son fils August *Bournonville (18301877). Tout en affirmant la présence de l’école française, ce dernier contribue à l’émergence d’un style danois. Après quelques années difficiles, H. *Beck (1894-1915) assume la lourde tâche de préserver l’héritage Bournonville sur les plans du répertoire et du style. Transfuges des *Ballets Russes de *Diaghilev, M. *Fokine (1925) et G. *Balanchine (1930-1931) ne font qu’un rapide passage et c’est H. *Lander, maître de ballet de 1932 à 1951, qui permet à la troupe d’être reconnue au niveau international. Les maîtres de ballet danois se succèdent ensuite : N. B. *Larsen (1951-1956 et 1959-1965), Frank Schaufuss (19561958), F. *Flindt (1966-1978), H. *Kronstam (1978-1985), F. *Andersen (1985-1994), P. *Schaufuss (1994-1995) et Johnny Eliasen (1996-1997). Première femme à assumer la direction du ballet, M. *Gielgud est nommée en 1997. Si la compagnie détient le plus ancien ballet inscrit au répertoire mondial avec les Caprices de *Cupidon ou du maître de ballet (1786, Galeotti) régulièrement repris depuis, ce sont les ballets d’A. Bournonville qui constituent la base de son répertoire jusque dans les années 1930. En effet, malgré le passage de Fokine et Balanchine, la compagnie reste à l’écart des changements introduits par les Ballets Russes de Diaghilev. Préparée par Lander qui avait invité L. *Massine et A. *Volinine, la compagnie ne s’ouvre que dans les années 1950 aux grands classiques russes et à des chorégraphes comme G. Balanchine, R. *Petit, B. *Cullberg ou F. *Ashton qui crée pour elle son *Roméo et Juliette (1955). Consolidée par l’enseignement de V. *Volkova, professeur de la compagnie de 1951 à 1975, cette évolution se poursuit avec Flindt qui crée des ballets ouvrant sur la modernité et qui invite P. *Taylor et G. *Tetley notamment. Consciencieusement préservé par les directeurs successifs, le répertoire Bournonville reste toutefois le trésor de la compagnie et lui vaut une audience universelle, comme l’a prouvé encore le Festival Bournonville organisé en 1979 pour le centième anniversaire de la mort du chorégraphe. Le maintien de ce patrimoine doit au Théâtre royal : fondée en 1771 Laurent, elle a préservé le style ment (« école Bournonville «) mis beaucoup à l’École attachée par le danseur français Pierre grâce au système d’entraîneau point par H. Beck, mais s’est renouvelée, ainsi que le Ballet, sous l’impulsion de Lander. Depuis, elle forme des danseurs remarquables, capables d’aborder tous les styles. EA downloadModeText.vue.download 48 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 31 BIBLIOGRAPHIE. S. Kragh-Jacobsen et T. Krogh, Den Kongelige Danske Ballet, Copenhague, 1952 ; S. Kragh-Jacobsen, 20 solodansere fra Den Kongelige Danske Ballet, Hans Reitzels Forlag, Copenhague, 1965 ; E. Aschengreen, Der går dans ; Den Kongelige Ballet 1948-1998, Gyldendal, Copenhague, 1998. FILMOGRAPHIE. The Royal Danish Ballet 1902-1906 (1979, réal. P. Elfelt, Radio du Danemark et Dance Film Archive, université de Rochester, New York). BALLET ROYAL SUÉDOIS. Compagnie créée en 1773, attachée au Kungliga Teatern [Théâtre royal] de Stockholm. Il est l’héritier des ballets donnés à la cour de Suède. Sortie victorieuse de la guerre de Trente Ans (1618-1648) aux côtés de la France et accédant ainsi au statut de grande puissance, la Suède souhaite acclimater chez elle la culture de son alliée. En 1637, le baron Antoine de Beaulieu est engagé comme maître de ballet pour enseigner à l’aristocratie « la danse et la maintenance ». Dès 1638, il peut présenter le Ballet des Plaisirs des enfans sans soucy à la jeune reine Christina - orpheline de onze ans -, dont la majorité sera célébrée en 1645 par le ballet le Monde Reiovi ou le Jouie du Monde entier que Sa Majesté Commence a Reigner et pour qui René Descartes, qu’elle a invité à Stockholm, conçoit la même année le Ballet de la Naissance de la Paix. C’est sous le règne de Gustave III (1746-1792), lors de l’ouverture de l’Opéra en 1773, que naît la compagnie placée sous la direction de L. *Gallodier. Les ballets sont alors surtout des reprises d’oeuvres des grands chorégraphes du moment, tels J. G. *Noverre, S *Viganò, remontés par leurs disciples, dont Antoine *Bournonville. Dès 1786, la troupe atteint son effectif actuel de soixante-dix danseurs. Français pour la plupart à l’origine, ils sont peu à peu remplacés par des Suédois. La troupe a toutefois du mal à retenir ses plus brillants éléments : natif de Stockholm et formé à l’École du Ballet royal, Ch. L. *Didelot n’y crée que quelques chorégraphies en 1787 ; engagé comme premier danseur en 1803, Ph. *Taglioni épouse une Suédoise, mais quitte Stockholm après la naissance de sa fille Marie en 1804 et n’y reviendra que brièvement comme maître de ballet en 1818 ; Ch. *Johansson, élève de l’École puis premier danseur (1829-1840), fait ensuite carrière à Saint-Pétersbourg. De 1833 à 1856, Anders Selinder, premier maître de ballet suédois, se distingue par son intérêt pour les danses folkloriques du pays, qu’il transpose en versions pour la scène, contribuant à la naissance d’un répertoire de « danses populaires » qui, depuis, fait référence. Le ballet décline ensuite, malgré la présence à la direction générale du théâtre d’August *Bournonville (18611864), qui se révèle surtout comme un excellent metteur en scène. Seul le niveau de l’École est alors préservé. L’arrivée de L. *Fokine, comme maître de ballet (1913-1914) marque un bref renouveau : il remonte ses principales oeuvres (les *Sylphides, *Schéhérazade, Cléopâtre, etc., mais la création, sur son encouragement, des *Ballets suédois par R. de *Maré provoque le départ des meilleurs éléments, dont J. *Börlin, ce qui affectera durablement la compagnie. Subissant le désintérêt du public et entravé par la direction, J. *Algo, maître de ballet de 1931 à 1948, ne parvient pas à enrayer le déclin, pas plus que G. *Gé, alors régulièrement invité comme chorégraphe. Il faut attendre les années 1950 pour que le ballet soit relancé. Si A. *Tudor (1949-1950) y contribue en apportant son *Jardin aux lilas et une superbe version de *Giselle, c’est de M. *Skeaping (1953-1962) que viendra le salut. Ses reprises du *Lac des cygnes et de la *Belle au bois dormant, encore jamais montés en Suède, provoquent un sursaut tant de la compagnie que du public. Les années 1950 voient aussi se révéler des grands chorégraphes suédois dans le sillon tracé par l’engouement pour les courants modernes qui marque la Suède durant l’entre-deuxguerres. B. *Cullberg, I. *Cramer, B. *Åkesson signent ainsi des oeuvres marquantes pour la compagnie, mais cette ouverture ne dure pas. À partir de la fin des années 1960, l’orientation nettement classique se confirme : en dehors du maintien du grand répertoire russe et l’intégration d’oeuvres de G. *Balanchine, les créations sont pour la plupart confiées à des chorégraphes invités (F. *Ashton, M. *Béjart, J. *Kylián, J. *Neumeier, W. *Forsythe). Dirigée par Gösta Svalberg de 1968 à 1996, l’École, dont sortent pratiquement tous les danseurs de la compagnie, reste un atout majeur pour celle-ci. BH BIBLIOGRAPHIE. The Royal Swedish Ballet 1773-1998, Stockholm, 1998. BALLET SOCIETY. Compagnie de danse américaine basée à New York, active de 1946 à 1948. Fondé par L. *Kirstein pour maître de ballet. puis au Hunter College forme en 1948, donnant et G. *Balanchine, il a L. *Christensen Il se produit à Needle Trades (New York), Playhouse et au City Center. Il se transnaissance au *New York City Ballet. Le Ballet Society cherche à promouvoir le spectacle lyrique et chorégraphique en présentant des créations à un public composé uniquement d’abonnés. Il produit deux opéras de G.-C. *Menotti et des ballets de Balanchine (les *Quatre Tempéraments, 1946 ; Symphonie concertante, 1947 ; *Orpheus, 1948), T. *Bolender, L. Christensen et J. *Taras (The Minotaur, 1947). Désirant former des spectateurs connaisseurs, il publie aussi, sous la direction de Paul Magriel, des livres sur la danse ainsi qu’une revue, Dance Index. NL BALLET STAGIUM. Compagnie brésilienne fondée par Décio Otero et Marika Gidali en 1971 et basée à São Paulo. Otero et Gidali refusant de suivre les chemins classiques où la danse brésilienne leur semble confinée, la compagnie se structure dans un contexte national de dictature politique et de faiblesse des institutions culturelles. Ils partagent la direction avec la danseuse et chorégraphe Vera Lafer, orientent leur travail vers une réflexion sur l’innovation de la danse au Brésil. La compagnie contribue, en outre, à créer un véritable statut pour les danseurs et promeut une nouvelle pédagogie pour la chorégraphie. Aujourd’hui, elle possède trois écoles privées, qui enseignent différentes techniques. D’Orphée et Eurydice jusqu’à Coisas do Brasil ou à Batucada qui analyse les conditions historiques et sociales du Brésil, la démarche de la compagnie se veut la même : une recherche sur la fusion des techniques classiques, modernes et du ballet folklorique dans des pièces nourries par les traditions du pays. OMB BALLET THÉÂTRE CONTEMPORAIN (BTC). Compagnie de danse française (1968-1978). Fondé en 1968 à l’initiative du ministère de la Culture avec pour vocation de développer la création chorégraphique en faisant la synthèse des différents arts contemporains, le BTC est d’abord basé à Amiens. Forte de 45 danseurs, la compagnie est placée sous la direction artistique de Jean-Albert Cartier, avec F. *Adret comme maître de ballet. En 1972, elle s’installe à Angers où elle reste jusqu’en 1978, année où, transplantée à Nancy, elle donne naissance au Ballet français de *Nancy. Dès sa création, elle effectue un grand nombre de tournées en France et à l’étranger (New York, 1972), jouant un rôle très important pour l’ouverture de la danse française aux tendances contemporaine dont elle permet aux plus avancées de s’exprimer et de s’affirmer. Elle crée de nombreuses pièces parmi lesquelles Danses concertantes (1968, F. *Blaska), Hopop (1969, Dirk Sanders), Violostries (1969, M. *Descombey), Itinéraires (1970, J. *Butler), Sans titre (1972, L. *Lubovitch), Autumn Fields (1978, V. *Farber), Cooking French (1978, L. *Falco), reprend des pages maîtresses du répertoire, balanchinien notamment, et organise downloadModeText.vue.download 49 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 32 avec succès des programmes autour de compositeurs comme I. *Stravinski ou K. *Stockhausen. GM BALLET WEST. Compagnie basée à Salt Lake City, dépendant de l’université de l’Utah. Hériter du Utah *Civic Ballet, il se professionnalise en 1963 avec pour directeur artistique et principal chorégraphe W. *Chris- tensen, auquel succède B. *Marks (1976-1985). Son répertoire est principalement constitué d’oeuvres de W. *Christensen et de G. *Balanchine. MK BALLETS DES CHAMPS-ÉLYSÉES. Compagnie française basée à Paris (1945-1951). Elle prend racine en 1944 dans les Soirées de la danse organisées par I. *Lidova au théâtre Sarah-Bernhardt. Patronnés par J. *Cocteau, B. *Kochno et Ch. *Bérard, des jeunes danseurs n’appartenant pas à l’Opéra se regroupent autour de R. *Petit et de J. *Charrat. En mai 1945, R. Petit réunit notamment E. *Pagava, N. *Philippart, Christian Foye, Y. *Algaroff, I. *Skorik, S. *Perrault, N. *Vyroubova pour créer les *Forains . Roger Eudes leur propose de travailler au théâtre des Champs-Élysées qu’il dirige alors. La compagnie naît le 12 octobre, avec R. Eudes comme directeur, B. Kochno comme directeur artistique et Gabriel Dussurget puis J. *Robin comme administrateur. Maître de ballet, R. Petit, s’attachant des collaborateurs de renom, y signe en 1945, le Poète, le Rendez-vous (déc. *Picasso et Brassaï), le Déjeuner sur l’herbe (déc. M. *Laurencin) ; en 1946, les Amours de Jupiter (déc. J. *Hugo), la Fiancée du Diable, le *Jeune Homme et la Mort, le Bal des blanchisseuses ; en 1947 Treize Danses (déc. et cost. Christian Dior). La compagnie crée également des chorégraphies de J. Charrat (Jeu de cartes, 1945), Ana Nevada (Los Caprichos, 1945, déc. A. *Clavé), A. *Milloss (le Portrait de Don Quichotte, 1947, déc. T. *Keogh). Après le départ de R. Petit en 1948, plusieurs maîtres de ballet se succèdent, le répertoire s’enrichissant d’oeuvres de D. *Lichine (la *Rencontre), V. *Gsovski (Grand Pas classique, 1949, pour Y. *Chauviré), L. *Massine (le Peintre et son modèle, 1949), W. *Gore (la Damnée, 1951), R. *Page (Revanche, 1951). R. Eudes supprimant son aide en 1950, la compagnie ne survit qu’un an. Elle aura révélé une brillante génération de chorégraphes et de danseurs dont J. *Babilée, V. *Skouratoff, L. *Tcherina, L. *Caron. GM BALLETS RUSSES. Compagnie de danse itinérante (1909-1929). Née de la volonté de S. *Diaghilev de présenter à Paris l’art chorégraphique de son pays, elle est d’abord constituée de quelquesuns des meilleurs danseurs du *Mariinski. La première Saison de ballets russes a lieu au théâtre du Châtelet (18 mai-18 juin 1909). Diaghilev renouvelle l’expérience en mai-juin 1910, puis coupe les liens avec le Ballet Impérial en 1911, baptisant officiellement la compagnie à laquelle il associe son nom. Troupe privée, elle a pour principaux points d’ancrage Monte-Carlo, Paris et Londres mais n’est attachée à aucun théâtre. Elle tourne toute l’année en Europe, excepté en Russie, et à partir de 1913 en Amérique du Sud puis de 1916 aux États-Unis. Après une période d’activités ralenties durant la première guerre mondiale, elle continue de se produire avec succès jusqu’au 4 août 1929 à Vichy. Malgré les tentatives de S. *Lifar et B. *Kochno, elle ne survit pas à la mort de son fondateur et animateur. M. *Fokine (1909-1912 et 1914), V. *Nijinski (1913), L. *Massine (1915-1920 et 1925-1928), B. *Nijinska (1922-1926) et G. *Balanchine (1926-1929) se succèdent comme chorégraphes de la compagnie dont S. *Grigoriev est le régisseur. Entraînés par E. *Cecchetti, les danseurs à l’origine sont russes et principalement formés à l’École de *Saint-Pétersbourg. La guerre et la révolution bolchevique obligent Diaghilev à recruter plus largement. Une foule de solistes font carrière plus ou moins longuement au sein de la troupe : A. *Bolm, A. *Danilova, A. *Dolin, F. * Doubrovska, S. *Idzikowski, T. *Karsavina, S. Lifar, L. *Lopoukhova, M. *Mordkin, A. *Nikitina, V. *Nemtchinova, L. *Novikov, A. *Pavlova, M. *Pilz, I. *Rubinstein, M. *Rambert, L. *Schollar, L. *Sokolova, O. Spessivtseva, *L. *Tchernitcheva, N. de *Valois, A. *Vilzac, P. *Vladimirov, A. *Volinine, L. *Woïtzikowski, N. *Zverev. Dans sa quête d’unité entre toutes les composantes du spectacle, Diaghilev engage de nombreux artistes qui offrent un écrin éclatant à la danse. Il sollicite pour la musique des compositeurs reconnus (C. *Debussy, M. *Ravel, S. *Prokofiev, R. *Strauss) comme des débutants (G. *Auric, M. de *Falla, D. *Milhaud, F. *Poulenc, V. *Rieti, H. *Sauguet) ; I. *Stravinski compose à sa demande plusieurs de ses oeuvres majeures. En matière de scénographie, Diaghilev privilégie dans un premier temps L. *Bakst et A. *Benois, puis passe commande de décors, costumes et rideaux de scène à de nombreux plasticiens : Georges Braque, G. *De Chirico, A. *Derain, Max Ernst, Naum Gabo, N. *Gontcharova, J. *Gris, M. *Laurencin, M. *Larionov, H. *Matisse, Joan Miró, Anton Pevsner, P. *Picasso, P. *Pruna, Nicolas Roerich, Georges Rouault, Maurice Utrillo et Gueorgui Yakoulov. Il met aussi à contributions ses amis Coco Chanel (costumes) et J. *Cocteau (affiches, livrets). En vingt ans, la compagnie crée une soixantaine d’oeuvres où la tradition côtoie les plus audacieuses innovations. Elle réintroduit *Giselle (1910) en Europe occidentale, présente pour la première fois hors de Russie des chorégraphies de M. *Petipa (le *Lac des cygnes, 1911 et 1924 ; la *Belle au bois dormant, 1921 et 1922), tandis que les premiers ballets de Fokine témoignent d’un héritage classique vivifié (le Pavillon d’*Armide, 1909 ; les *Sylphides). La veine folklorique, constitue l’essentiel du fonds thématique des productions. Coutumes, légendes et contes, russes pour la plupart, offrent des sources inédites (les *Danses polovtsiennes du Prince Igor ; l’*Oiseau de feu ; Thamar, 1912 ; le *Sacre du printemps ; *Till Eulenspiegel ; *Renard ; les *Noces ; *Petrouchka ; Soleil de nuit, 1915 ; le Chout, 1921). Les chatoiements de l’Orient et de l’Extrême-Orient inspirent *Schéhérazade, le *Dieu bleu et le Chant du rossignol (1920) alors que le goût de Diaghilev pour l’Espagne transparaît dans Las Meninas (1916), le *Tricorne et Cuadro flamenco (1921). La commedia dell’arte nourrit *Carnaval et *Pulcinella, l’univers de Goldoni égaye les Femmes de bonne humeur (1917) et une comptine italienne donne vie à Barabau (1925). Les sujets puisés dans la Bible (la *Légende de Joseph ; le *Fils prodigue) et dans la culture antique (Cléopâtre, 1909 ; Narcisse, 1911 ; l’*Après-midi d’un faune ; *Daphnis et Chloé ; Zéphire et Flore, 1925) sont aussi très prisés. Le fantastique poétique s’exprime dans l’enivrante apparition du *Spectre de la rose, comme dans les évolutions sous-marines de Sadko (1911), du Triomphe de Neptune (1927) ou celles des poupées et pantins animés de la Boutique fantasque (1919) et de Jack in the Box (1926). Rares sont les adaptations dramatiques (les Fâcheux, 1924 ; *Roméo et Juliette, 1926). La vie quotidienne devient sujet de ballet : les moeurs et distractions de la jeunesse dorée font naître *Jeux, les *Biches et le *Train bleu, cependant que le tournage d’un film par une équipe de cinéma est au centre de Pastorale (1926). Plus étonnant est l’hymne au travail en usine et au régime soviétique du *Pas d’acier (1927). Après 1915, Diaghilev encourage les créations expérimentales, notamment dans leur conception scénographique : *Parade, la Chatte (décor *constructiviste et costumes en matière plastique, 1927) et *Ode (éclairage au néon, costumes phosphorescents et projections cinématographiques) en sont des exemples marquants. Une quinzaine de ces créations dans leur version d’origine figurent toujours au répertoire de nombreuses compagnies. La troupe de Diaghilev suscite un engouement nouveau pour le spectacle chorégraphique. Seulement concurrencée un temps par les *Ballets suédois, elle lègue un héritage considérable pour downloadModeText.vue.download 50 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 33 downloadModeText.vue.download 51 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 34 le ballet classique que l’essaimage à travers le monde de ses danseurs va contribuer à faire fructifier. NL BIBLIOGRAPHIE. A. Benois, Reminiscences of the Russian Ballet, Londres, 1941 ; S. Grigoriev, The Diaghilev Ballet 19091929, Londres, 1954 ; Diaghilev. Les Ballets Russes, Bibliothèque nationale, Paris, 1979 ; L. Garafola, Diaghilev’s Ballet Russes, New York, 1989 ; M. Pojarskaïa et T.Volodina, l’Art des Ballets Russes 1908-1929, Gallimard, Paris, 1990. BALLETS SUÉDOIS (Les). Compagnie indépendante franco-suédoise, basée au théâtre des Champs-Élysées à Paris (1920-1925). Après sa rupture avec S. de *Diaghilev , M. *Fokine reste animé par le désir de renouer avec une entreprise semblable à celle des *Ballets Russes. Il a, de plus, découvert en J. Börlin un talent prometteur au cours de son passage comme maître de ballet au *Ballet royal suédois (1913-1914). Il encourage alors un de ses amis suédois, R. de *Maré, à se lancer dans l’aventure. Ce riche jeune homme, collectionneur d’art et amateur des nouveaux peintres parisiens, saisit l’idée de se faire une renommée à Paris, à l’instar de Diaghilev. Il réunit les meilleurs danseurs du Ballet royal suédois et, à la grande déception de Fokine, engage Börlin comme chorégraphe. La compagnie fait ses débuts le 23 octobre 1920. Conscient qu’en Suède ni le ballet ni les autres arts ne peuvent prétendre à la même richesse qu’en Russie, et donc que sa compagnie ne peut vivre d’un répertoire à dominante suédoise, de Maré centre son attention sur tout ce que Paris compte alors de talents en devenir, venus du monde entier, et entreprend de les réunir au sein de la compagnie. Les premiers spectacles se font néanmoins sous le signe de la Suède avec deux ballets assez simples inspirés du folklore nordique (Danses paysannes et Nuit de la Saint-Jean) qui, à la surprise de R. de Maré, séduisent le public français : en 5 ans ils rempliront les salles près de cinq cents fois, permettant en grande partie de financer les autres productions. Hormis ce résultat non négligeable, ces oeuvres ne répondent pas toutefois à ce que cherche de Maré : l’inattendu, le jamais vu, l’ouverture sur de nouveaux horizons. Le principal talent de R. de Maré sera de pressentir celui des autres ou d’attirer à lui des artistes sur le chemin de la célébrité. Trois de ses librettistes Paul Claudel (l’*Homme et son désir), Luigi Pirandello (la Jarre) et Pär Lagerkvist (*Maison de fous) seront ainsi par la suite couronnés du prix Nobel, tandis qu’un quatrième, J. *Cocteau (les *Mariés de la tour Eiffel), deviendra vite une figure majeure du monde des lettres et du spectacle. En ajoutant Riociotto Canudo (*Skating Rink), Blaise Cendrars (la *Création du monde), Francis Picabia (*Relâche), les Ballets suédois apparaissent comme une véritable vitrine littéraire de l’époque. De même, les compositeurs sollicités, tels A. *Honegger, D. *Milhaud, G. *Auric, E. *Satie, F. *Poulenc, ou encore C. *Porter qui écrira sur commande la musique de Within the Quota, le premier ballet *jazz, ne rentreront dans l’histoire que plus tard. Familier des milieux de la peinture, de Maré s’entourera aussi de divers peintres, dont G. *De Chirico, J. et V. *Hugo, P. *Colin ou encore Pierre Bonnard, favorisant particulièrement F. *Léger et son « art en mouvement ». C’est, bien sûr, J. Börlin qui reste la figure clé de la compagnie. Véritable génie selon Fokine lui-même qui, pourtant avare de compliments, déclarera dix ans après le décès du chorégraphe qu’ « il était de tous celui qui [lui] ressemblait le plus », il signe, en quatre ans, 24 chorégraphies, dont plus de la moitié font date par leur qualité et leur nouveauté. Börlin se heurte toutefois souvent à l’incompréhension du public et de la critique qui l’accusent de ne pas « danser ». C’est que son travail remet profondément en question la définition même de la danse telle qu’on la conçoit alors : il inaugure une philosophie du mouvement qui ne sera comprise et intégrée que bien des années plus tard. Après cinq ans passés au coeur de la créativité des années 1920, Börlin est épuisé. Devant l’impossibilité de trouver un chorégraphe susceptible de le remplacer et soucieux de ne pas se répéter, de Maré opte pour la dissolution de la compagnie. Aussi inopinément qu’ils avaient fait leur entrée en scène, les Ballets suédois la quittent abruptement au cours d’une de leurs tournées régulières à travers la France : le soir du 17 mars 1925, après la représentation, la compagnie est officiellement dispersée. Le drame de Börlin aura été de créer en avance sur son temps. La progressive réappréciation de son travail menée à la fin du XXe s. démontre que c’était aussi sa grandeur. BH BALLETTO DI ROMA. Compagnie fondée en 1960. Saississant l’occasion des jeux Olympiques de Rome, Franca Bartolomei et Walter Zappolini, danseurs et chorégraphes, créent cette compagnie dans le but d’offrir au public des soirées de ballet durant l’été. Elle se produit dans un premier temps en plein air, au Ninfeo de la Villa Giulia, puis est accueillie dans les lieux les plus variés. Elle subit par la suite des transformations radicales. Les deux fondateurs sont bientôt rejoint par V. *Biagi (1994) puis par Luciano Cannito qui y signe avec Cassandre (1996) une oeuvre marquante. ATes BALLON Claude ou BALON C. (v. 1671-1744). Danseur, chorégraphe et pédagogue français. Pour une raison inconnue, il est prénommé par erreur Jean dans de nombreux ouvrages sur l’histoire de la danse. Petit-fils d’Antoine B. et fils de François B., maîtres à danser parisiens qui travaillent au service de la cour, il débute à Chantilly en 1688 en interprétant un petit faune dans Oronthée ( mus. Paolo Lorenzani). Il fait l’essentiel de sa carrière d’interprète à l’*Académie royale de musique, sous l’autorité de L. *Pécour, participant entre 1691 et jusqu’en 1710 à la création et aux reprises de la plupart des opéras de J.-B. *Lully, A. *Campra et Destouches. Il se produit à Londres devant le roi Guillaume III en avril 1699, participe aux nombreux spectacles donnés à la cour de France (notamment les mascarades en 1700) ou chez des particuliers, principalement la duchesse du Maine à Châtenay (1704) et à Sceaux (1713-1714), où il règle ses premières chorégraphies. Il est nommé, le 11 mars 1719, Compositeur des ballets du roi, office laissé vacant à la mort de P. *Beauchamps, et participe à la réalisation aux Tuileries de l’Inconnu, des Folies de Gardenio en 1720 et des Éléments (mus. J. F. Rebel) en 1721. Directeur de l’*Académie royale de danse, pédagogue recherché, il compte parmi ses élèves M. *Sallé et son frère. Choisi par *Louis XIV(1er janvier 1715) pour instruire le futur Louis XV, il est aussi le maître à danser de Marie Leszczynska, puis, à partir de 1731, des enfants du couple royal. Il meurt à Versailles le 9 mai 1744. Rivalisant avec M. *Blondy, il s’affirme comme l’un des meilleurs danseurs de sa génération. « C’est le plus gracieux et le plus habile danseur qui ait paru sur le théâtre de l’Académie royale de musique «, dit Durey de Noinville, qui admire en lui les « grâces de la figure, la régularité de la taille, quoique au-dessous de la médiocre, et peut-être plus propre à la danse, une oreille d’une exactitude parfaite, la jambe belle, les bras admirables «. P. *Rameau est tout aussi flatteur et loue son goût infini ainsi que sa légèreté prodigieuse. Il est d’abord le partenaire privilégié de M.-T. *Subligny (onze de leurs *entrées à deux réglées par L. *Pécour ont été éditées par R.-A. *Feuillet en 1702 et 1704, puis par Gaudrau en 1713). Il est partenaire de F. *Prévost à partir de 1705. C’est en sa compagnie qu’en 1714, chez la duchesse du Maine, il fait sensation dans une scène mimée d’Horace (de P. *Corneille), qui préfigure le *ballet pantomime. S’il ne reste rien de ses chorégraphies pour la scène, vingt de ses danses de bal, publiées entre 1712 et 1722, nous sont parvenues. NL downloadModeText.vue.download 52 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 35 PARTITION CHORÉGRAPHIQUE. .F. *Lancelot, la Belle Dance, Van Dieren, Paris, 1996 BANES Sally (née en 1950). Universitaire et critique américaine. Professeur à l’université du Wisconsin-Madison, elle se fait d’abord connaître par son travail de témoin et d’analyste de la génération dite « postmoderne », terme dont elle est le promoteur. Ses ouvrages dans ce domaine font incontestablement référence (Democracy’s Body, Judson Dance Theater, 19621964, UMI Research Press, 1983 ; Terpsichore in Sneakers , Post-Modern Dance, 1977, rééd. Wesleyan University Press, 1987 ; Greenwich Village 1963 : Avant-Garde Performance and the Effervescent Body, Duke University Press, Durham 1993). Son intérêt va plus particulièrement aux liens entre les courants chorégraphiques et le contexte politique et social au sein duquel ils émergent (Writing Dancing in the Age of Postmodernism, Wesleyan University Press, 1994 ; Dancing Women , Routledge, Londres, 1998). GV BARBER Samuel (1910-1982). Compositeur américain. Né dans une famille de musiciens, il montre un talent précoce et multiforme : pianiste, improvisateur, chanteur, il tente d’écrire son premier opéra à l’âge de dix ans. Formé au Curtis Institute of Music de Philadelphie (1924-1932), il se détourne cependant des canons académiques de la modernité au profit d’une méthode de composition plus libre, valorisant la mélodie, le lyrisme et l’expression. Toscanini dirige en 1938 la création de son oeuvre la plus célèbre, l’Adagio pour cordes. Dans sa Sonate pour piano, créée par Vladimir Horowitz à La Havane (Cuba) en 1949, il emploie les ressources du dodécaphonisme. Le sommet de sa carrière est constitué par l’opéra Vanessa (1957, liv. *Menotti), pour lequel il reçoit le prix Pulitzer en 1958. M. *Graham lui commande la musique de la pièce consacrée au mythe de *Médée qu’elle créée en 1946 sous le titre The Serpent Heart et qui sera intitulée un an plus tard *Cave of the Heart. Son autre ballet, Souvenirs, est chorégraphié par T. *Bolender en 1955. A. *Ailey, qui signera la chorégraphie de son second opéra, le monumental Anthony and Cleopatra (1966), crée en 1961 une pièce basée sur son cycle de mélodies Hermit Songs (1952-1953) et une autre à partir de sa « scène pour soprano » Knoxville : Summer of 1915 (1948). BT SUR LA MUSIQUE DE BARBER. *Butler (The Adventure, 1954 ; Frontier Ballad, 1955 ; In the Beginning, 1959 ; Medea, 1975) ; *Neumeier (Separate Journeys, 1968) ; Graham (Frescoes, 1978 ; Lamentations for Andromaque, 1982). BARBERINA (la), CAMPANINI Barbara, dite (1721-1799). Danseuse italienne. Elle commence sa formation en 1728 au théâtre Farnese à Parme, sa ville natale, où elle fait sa première apparition publique dans le *carrousel, en l’honneur de Charles de Bourbon, en 1732. Remarquée six ans plus tard par le chorégraphe A. *Rinaldi, elle le suit à Paris, où elle débute avec lui dans les *Fêtes d’Hébé ou les Talents lyriques (1739). Elle se produit ensuite au Covent Garden de Londres, à l’invitation de J. *Rich, puis à Dublin (17411742). De retour à Paris en 1743, elle fait la connaissance du ministre plénipotentiaire du roi de Prusse, qui la prie de venir danser à Berlin. Après un détour par Venise (1744), elle paraît sur les scènes impériales de Berlin en 1745. Protégée par Frédéric II, elle y danse jusqu’en 1749, année où elle épouse le baron von Cocceji et quitte la scène. Séparée de son mari en 1789, elle devient comtesse de Campanini et ouvre une institution pour jeunes filles nobles et pauvres à Barschau, petite ville de Silésie. Elle enchante les spectateurs de l’*Académie royale de musique (ARM) par sa danse *haute et expressive. Fameuse pour ses *pirouettes, *jetés battus et *entrechats huit, elle dépasse la *Camargo par sa technique extraordinaire. Mais elle séduit aussi par son talent dans le registre de la *pantomime comique propre à l’école italienne qu’elle est la première à présenter sur la scène de l’ARM. RZ BIBLIOGRAPHIE. G. Dall’Ongaro, La Barberina, Novara, Istituto Geografico De Agostini, 1987. BARBIERI Margaret (née en 1947). Danseuse et pédagogue britannique. Nièce d’E. *Cecchetti, elle se forme à Durban (Afrique du Sud) et à la *Royal Ballet School. Elle entre au Touring *Royal Ballet en 1965 et devient principal dancer au *Sadler’s Wells Royal Ballet en 1970. Depuis 1991, elle est directrice des études de danse classique du London Studio Centre et directrice artistique d’Images of Dance. Très applaudie pour ses interprétations de Giselle et de la Reine noire (*Checkmate), elle est aussi remarquable dans des personnages comiques. Elle crée des rôles pour A. *Tudor (Knight Errant, 1968), R. *Hynd (Charlotte Brontë, 1974), P. *Wright (Summertide, 1976), ainsi que pour David Drew, Geoffrey Cauley et Michael Corder. CH BARCELO Randy (1946-1994). Scénographe et costumier américain d’origine cubaine. Après des études artistiques à l’université de Porto Rico, il crée à *Broadway des costumes pour des mises en scène de Tom O’Horgan (Lenny, 1970 ; Jesus Christ Superstar, 1971), ainsi que pour l’opéra les Troyens d’H. *Berlioz (1976). Ses créations sculpturales et flamboyantes divisent souvent le corps en sec- tions de couleurs différentes. Il collabore régulièrement aux créations d’A. *Ailey : The *Mooche (1975), Spell (1981), For Bird - With Love (1984), La Dea della Acqua (1988), Opus McShann (1988), ainsi qu’à des *comédies musicales à Broadway (Ain’t Misbehavin’, 1978). TDF AUTRES COLLABORATIONS. *Muller (Lovers, 1978) ; *Feld (Mother Nature, 1990) ; Alberto *Alonso (Si Señor ! Es Mi Son !, 1994). BARCELONE (Ballet contemporain de). Compagnie espagnole fondée en 1976 et basée à Barcelone. Il naît d’une scission d’un premier Ballet contemporain de Barcelone créé en 1974 par Ramón Solé, dont un groupe de danseurs se détache (Amelia Boluda, Dinora Valdivia, Anselmo García, etc.), et constitue une seconde compagnie du même nom. Cette dernière fonctionne en coopérative jusqu’en 1988, année où A. Boluda en prend la direction artistique. Depuis 1977, la compagnie se produit régulièrement en Catalogne, mais aussi dans d’autres villes espagnoles et à l’étranger. Dans les années 1980, elle connaît un succès remarqué avec Passacaglia (1980) d’Alberto Ruiz-Lang. C’est en son sein qu’une génération de chorégraphes tels A. *Margarit, María Rosas, Francesc Bravo, Lydia Azzopardi, C. *Gelabert, R. *Oller et Toni Mira font leurs débuts de danseurs ou réalisent leurs premières créations. BMdF BARDIN Micheline (née en 1920). Danseuse française. Formée à l’école de danse de l’Opéra de *Paris, elle fait carrière dans la compagnie de 1941 à 1956, devenant étoile en 1948. Très expressive et possédant beaucoup d’*élévation, elle crée l’Émeraude du *Palais de cristal (1947), *Études à son entrée au répertoire en 1952 et Printemps à Vienne (1954) de H. *Lander, ainsi que plusieurs ballets de S. *Lifar, dont les *Mirages et le *Chevalier errant. GP downloadModeText.vue.download 53 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 36 BARI Tania (née en 1936). Danseuse néerlandaise. Élève de V. *Gsovski, K. *Jooss, N. *Kiss, elle débute en 1955 aux Ballets de l’Étoile de M. *Béjart. Devenue une de ses interprètes d’élection, elle crée des rôles dans nombre de ses pièces, parmi lesquelles *Sonate à trois (1957), le *Sacre du printemps (1959), dont elle est l’émouvante Élue, IXe Symphonie (1964), Mathilde (1965) et les Vainqueurs (1969). Elle quitte la scène en 1973. Douée d’une présence poétique joignant sensibilité intuitive et gravité sereine, quelle que soit l’importance de son rôle, elle affirme sa personnalité en étroite communion avec la chorégraphie, ses partenaires et la compagnie. MFC BARIL Jacques (1924-1984). Écrivain et historien de la danse français. Sa grande sensiblité à l’art, notamment à la sculpture, le conduit à s’intéresser à la danse. Il signe ses premiers articles dans ce domaine en 1953, enseigne l’histoire de la danse à partir de 1956 et contribue à la revue les Saisons de la danse dès sa fondation en 1968. Auteur d’un Dictionnaire de la danse (Seuil, Paris, 1964), il publie également Janine Charrat - laTentation de l’impossible (Michel Brient, Paris, 1964) ainsi que la Danse moderne - D’Isadora Duncan à Twyla Tharp (Vigot, Paris, 1977) principalement consacré au développement de la *modern dance américaine. PLM BARNES Clive (né en 1927). Critique de danse et de théâtre américain d’origine britannique. Rédacteur adjoint de Dance and Dancers dans les années 1950 après avoir été critique de musique, il écrit sur la danse dans le New Statesman, The Times, le Daily Express et The Spectator. Invité aux États-Unis comme critique de danse, il entre au New York Times (1965-1977). Critique de danse et de théâtre pour The New York Post depuis 1977, il est aussi chroniqueur pour Dance Magazine, où son style jovial et sa grande culture le font entrer dans l’histoire de la critique. MK BARONOVA Irina (1919). Danseuse britannique d’origine russe. Élève d’O. *Preobrajenska à Paris, elle est engagée aux *Ballets russes de Monte-Carlo en 1932. Elle danse ensuite dans les compagnies du colonel de *Basil (1936-1941), au *Ballet Theatre (1941-1942) puis dans plusieurs troupes, dont celle de L. *Massine (1945). Cette « baby ballerina « découverte par G. *Balanchine fait sensation par sa parfaite maîtrise d’une technique virtuose mise au service d’une subtile interprétation dramatique. Sa brève mais brillante carrière est marquée par la reprise et la création de nombreux rôles, notamment dans *Jeux d’enfants et les *Présages de Massine. NL BART Patrice (né en 1945). Danseur, maître de ballet et chorégraphe français. Élève de l’École de danse de l’Opéra de *Paris, il est engagé dans le ballet dès 1959 et y fait toute sa carrière. Médaille d’or au Concours de *Moscou (1969), nommé étoile en 1972, il danse le répertoire, de *Petrouchka au Prince de la *Belle au bois dormant, de *Don Quichotte au *Fils prodigue, et participe aux créations de S. *Lifar (Constellations, 1969), R. *Petit (Mouvances, 1976), K. *MacMillan (Métaboles, 1978), R. *Noureev (Rothbart dans le *Lac des cygnes, 1984). Il se produit aussi régulièrement avec le *London Festival Ballet. Nommé répéti- teur en 1986, puis maître de ballet en 1987, il assure l’intérim de la direction avec Eugène Polyakov au départ de Noureev, en 1989. Il est « associé à la Direction de la danse » depuis 1990. Technicien accompli (pas de six de *Napoli ou de la *Vivandière), partenaire brillant (du *Corsaire au *Palais de cristal), il aime aussi jouer la comédie (*Coppélia ou la *Fille mal gardée). Par la suite, il met à profit sa connaissance du répertoire pour remonter les grands classiques, dont *Giselle (1991, cochor. Polyakov, Op. de *Paris ; 1996, la *Scala), le Lac des cygnes (1997, Op. de *Berlin), la Bayadère (1997, Op. de *Bavière). Il signe également sa propre version de Don Quichotte (1993, Op. de Berlin ; repr. 1995, B. national de *Finlande) et donne à l’Opéra de Paris sa vision de *Coppélia (1996). JLB BARTENIEFF Irmgard (1900-1981). Danseuse, chorégraphe et pédagogue allemande. Élève de R. *Laban, elle émigre à New York en 1936. Diplômée en kinésithérapie en 1943, elle se spécialise dans la rééducation des personnes atteintes de polyomyélite. Elle participe à la création du Dance Notation Bureau où elle enseigne la Labannotation et l’*effort shape. En 1978, elle fonde à New York le Laban-Bartenieff Institute of Movement Studies. L’effort shape y est complété par sa technique corporelle personnelle: Bartenieff Fondamentals (tm). À partir du cadre de l’analyse du mouvement de Laban, Bartenieff développe un entraînement permettant de mobiliser le corps dans sa totalité, de se construire dans un espace tridimentionnel. La pratique de séquences de mouvement sensibilise le corps à une gamme variée de qualités dynamiques. L’accent est mis sur le démarrage du mouvement, son intention spatiale, son cheminement dans le corps et le type d’énergie utilisée. Ce travail s’applique à des domaines variés comme la danse thérapie, l’analyse des styles de danse dans différentes cultures et peut être intégré dans certaines approches pédagogiques ou chorégraphiques de la danse. MCG BIBLIO. I. Bartenieff et Lewis, Body Movement, Coping with the Environment, Gordon and Breach Science Publ.,New York et Paris, 1980. BARTHELEMON François-Hippolite (1741-1808). Compositeur et violoniste français. Virtuose du violon, l’un des plus connus de son temps, il est apprécié surtout en France et en Grande-Bretagne où il est nommé, en 1783, premier violon à la London Academy of Ancient Music. Auteur d’opéras et de musique instrumentale, il compose pour J. *Dauberval les Passetemps de *Terpsichore (1783), le Réveil du bonheur (1784), *Orphée (1784), Le bonheur est d’aimer (1785) et pour Ch. *Lepicq les Amours d’Alexandre et Roxane (1783), Il Convitto degli dei (1785) et le Jugement de *Pâris (1785). SZ BARTÓK Béla (1881-1945). Compositeur et pianiste hongrois. Sa mère lui ayant enseigné des rudiments de piano, il poursuit ses études à Bratislava puis, en 1899, à l’Académie musicale de Budapest. La découverte des chants populaires authentiques des paysans de Hongrie et des Balkans est fondamentale pour lui. Elle le conduit, à travers un immense travail de recherche et de transcription du matériau oral, à poser les bases de l’ethnomusicologie moderne. Sa musique s’en ressent fortement, s’affranchissant définitivement du romantisme allemand tardif. En 1907, il devient professeur de piano à l’Académie de Budapest. À l’effondrement de l’Empire austro-hongrois, il fait partie en 1919 de la direction musicale instituée par le bref gouvernement populaire de Béla Kun. Il intensifie alors ses activités de chercheur, compositeur et concertiste tandis que son oeuvre commence à être reconnue. Il abandonne l’enseignement en 1934 et, en 1940, à la suite des événements politiques, il part pour les États-Unis où il tente, non sans difficultés, de s’intégrer au milieu culturel américain. Il meurt à New York dans des conditions précaires, sans revoir sa terre natale, dont les traditions authentiques auront déterminé l’essentiel de ses choix stylistiques. Ceux-ci atteignent, dans les meilleurs moments, à une superbe synthèse entre un élan expressif, une construcdownloadModeText.vue.download 54 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 37 tion rigoureuse et une reformulation des structures modales du chant populaire, sans pour autant recourir à la citation. Bartók est l’auteur de deux ballets. Le Prince de bois d’après la fable de B. Balázs, est composé entre 1914 et 1916 à la demande de l’Opéra de *Budapest et créé en 1917 par Ede Brada et Otto Zöbisch : repris et tourné à l’étranger, le ballet réapparaît dans la capitale hongroise en 1939 (G. *Harangozó) et connaît de nombreuses versions après la mort de Bartók (1950, A. von *Milloss ; 1962, E. *Walter ; 1965, N. *Boyartchikov ; 1965, M. *Eck ; 1970, L. *Seregi ; 1977, W. *Piollet ; 1981, G. *Cauley). Avec le *Mandarin merveilleux, conçu initialement pour S. de *Diaghilev, Bartók donne une de ses partitions les plus visionnaires, intense et radicale, véritable contrepoids chorégraphique au *Sacre du printemps de I. *Stravinski. Interdit par la censure en 1926, ce ballet n’est remonté qu’en 1942 par A. von *Milloss, qui entretient un lien étroit avec la musique de son compatriote durant sa carrière (Mystères, 1951 ; La Soglia del tempo, 1951 ; Sonate de l’angoisse, 1954 ; Hungarica, 1956 ; Memorie dell’Ignoto, 1959 ; Estro Barbarico, 1963). Plus récemment, A. T. *De Keersmaecker s’est livrée à une analyse chorégraphique magistrale de la musique de Bartók (Bartók Aantekeningen, 1986 ; Quatour n° 4, 1987), la confrontant à celle de G. *Ligeti (Mikrokosmos, 1987) ou T. *De Mey (Kinok, 1994). ESpe SUR LA MUSIQUE DE BARTÓK. R. *Page (Fresh Fields, 1933) ; *Maslow (Theme from the Slavic People, 1934) ; *Gore (Concerto burlesco, 1946) ; *Humphrey (Corybantic, 1948) ; *Dudley (Vagary, 1949 ; Sonata, 1950) ; *Hoyer (Divertimento pour orchestre à cordes, 1950 ; Gypsy, 1950 ; Sonate pour deux pianos et percussions, 1951) ; *Cullberg (*Medea, 1950 ; Revolt, 1973) ; *Currier (Idyll, 1955 ; A Triangle of Srangers, 1963) ; H. *Lander (Concerto aux étoiles, 1956) ; *Béjart (*Sonate à trois, 1957 ; Suite en noir et blanc, 1961) ; *Darrell (The Prisoners, 1957 ; A Wedding Present, 1963 ; Home, 1965) ; *Eck (Music for Strings, Celesta and Percussion, 1964 ; Concerto, 1965) ; *Bausch (Fragmente, 1968 ; *Barbe-Bleue, 1977) ; *Kylián (Kommen und gehen, 1970 ; Der Morgen danach, 1974) ; B. *Lefèvre (*Microcosmos, 1971) ; *Ailey (Landscape, 1981) ; *Graham (Temptation of the Moon, 1986). BARYSHNIKOV Mikhaïl (né en 1948). Danseur américain d’origine soviétique. Formé à l’École de l’Opéra de Riga, puis à l’École du *Kirov où il est l’élève d’A. I. *Pouchkine, il obtient le 1er prix Juniors à *Varna (1966). Il est engagé au Kirov en 1967, et obtient la médaille d’or au concours de Moscou) avec Vestris (1969), solo créé pour lui par L. *Yacobson. Il quitte son pays en 1974 à l’occasion d’une tournée au Canada. Dès lors, attaché à l’*ABT, il se produit dans les troupes les plus prestigieuses, aux ÉtatsUnis, au Canada et en Europe. S’il triomphe dans les ballets du répertoire comme la *Sylphide, *Giselle, *Don Quichotte ou *Petrouchka, sa curiosité insatiable le conduit à explorer de nouvelles manières de danser. Il crée ainsi Médée (1975) de J. *Butler, *Hamlet : Connotation (1976) de J. *Neumeier, Push Comes to Shove (1976) de T. *Tharp, qui reste un de ses plus grand succès, Other Dances (1976) de J. *Robbins et Pas de Duke (1976) d’A. *Ailey avec J. *Jamison, Variations on America (1977) d’E. *Feld et la Dame de Pique (1978) de R. *Petit. Il a également interprété le *Jeune Homme et la mort (Petit), le *Fils prodigue et *Apollon Musagète (G. *Balanchine), le *Sacre du printemps (G. *Tetley). Il se produit à la télévision, notamment avec Liza Minnelli, et au cinéma. De 1980 à 1989, il assure la direction artistique de l’ABT, pour lequel il avait remonté *Casse-Noisette et *Don Quichotte. Blessé au genou en 1982, il se tourne vers un répertoire moins exigeant physiquement, et fonde en 1990 le White Oaks Dance Project, avec M. *Morris. Cette compagnie, orientée vers la danse moderne, se produit depuis dans le monde entier. Danseur très médiatisé, Baryshnikov éblouit le public par une technique transcendée, pleine de beauté et d’élégance. Il maîtrise les plus grandes difficultés avec une précision et une aisance stupéfiantes, et bouleverse avec les mouvements les plus simples. Cette perfection rare est mise au service d’un interprète exigeant, qui s’exprime du comique le plus léger au lyrisme le plus intense. MFB FILMOGRAPHIE. The Turning Point (1980, réal. *Ross) ; White Nights (1985, réal. Ross,) ; Dancers (1987, réal. Ross) ; The Cabinet of Dr. Ramirez (1991, réal. Sellers). BASIL colonel Wassili de, VOSKRESENSKY Vassili Grigorievitch, dit (1888-1951). Directeur de compagnie russe. Ancien officier de l’armée impériale russe, il ouvre une agence d’artistes à Paris en 1925 et collabore à partir de 1930 à la direction de l’Opéra russe de Paris. En 1932, il fonde avec R. *Blum les *Ballets russes de Monte-Carlo. De 1935 jusqu’à sa mort, il dirige seul cette compagnie, qu’il rebaptise plusieurs fois (*Ballets russes du col. W. de Basil, Covent Garden Russian Ballet, Original Ballet russe). En 1951, il organise une tournée européenne de la troupe Coros y danzas de España. Ne possédant pas la culture artistique d’un *Diaghilev, dont il sollicite beaucoup des collaborateurs, il est avant tout un administrateur. Habile négociateur, il s’entoure d’artistes de qualité dont il sait tirer le meilleur. Il encourage D. *Lichine, permet à L. *Massine et à M. *Fokine de poursuivre leurs créations, mais il exploite surtout le répertoire des *Ballets russes de Diaghilev. Orientant ses activités en Grande-Bretagne et hors d’Europe, soutenu par l’imprésario S. *Hurock, il contribue à la diffusion du ballet classique européen aux États-Unis. NL BASTIN Christine (née en 1955). Danseuse et chorégraphe française. Elle se forme à la danse pendant 15 ans auprès d’Anne-Marie Debatte et poursuit des études de droit et de philosophie. En 1982, elle intègre la compagnie de Ch. *Gérard, étudiant parallèlement avec A. *Nikolais, Dominique *Petit, S. *Buirge. En 1986, elle crée Folia, pièce qui la révèle, et elle fonde sa compagnie qui publie, depuis 1990, le petit journal Mon oeil. Sa danse émotionnelle, charnelle, à forte composante théâtrale, trace le chemin d’une quête du sens de l’amour entre le désir et le sacré. IF AUTRES CHORÉGRAPHIES. Bless (1989) ; Abel Abeth (1990) ; Grâce (1991) ; la Polka du roi (1996) ; Be (1998). BAT-DOR DANCE COMPANY. Compagnie israélienne fondée en 1967 par la baronne Bethsabée (Batsheva) de *Rothschild. Spécialisée dans un répertoire international, elle est dirigée depuis 1968 par Janet Ordman, ballerine sud-africaine, et met l’accent sur la qualité de l’interprétation. L’École de la compagnie prépare aux diplômes de la Royal Academy of Dancing, nombre de ses anciens élèves devenant ensuite danseur principal en Israël et ailleurs. Figurent notamment à son répertoire : Wirligogs (1972) et In a Clearing (1973) de L. *Lubovitch, Carnival (1973) de P. *Sanasardo, The Cloven Garden (1975) de P. *Taylor. GA BATES Peg Leg (1906-19? ?). Danseur américain. Il apprend les *claquettes, mais il est victime d’un accident à l’âge de douze ans. Réinventant les pas en fonction de son infirmité, il se produit sur la scène des *minstrels shows et des *vaudevilles, danse dans la *revue Blackbirds de L. *Leslie (1929) et dans les grands cabarets de Harlem pendant les années 1930. Danseur accompli dans tous les styles, il est le claquettiste le plus invité de l’Ed Sullivan Show des années 1950. ESe downloadModeText.vue.download 55 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 38 BATES Ronald (1932-1986). Éclairagiste américain. Né à Fort Smith (Arkansas), il étudie la scénographie au Los Angeles City College, avant de travailler en Californie, puis pour les festivals Mozart et Shakespeare à Stratford (Connecticut) et pour la NBC Opera Company à New York. En 1957, à l’invitation de L. *Kirstein, il rejoint le New York City Ballet et occupe pendant vingt ans le poste de régisseur général, parallèlement à celui de directeur technique du New York State Theater ; en tant qu’éclairagiste résident du NYCB, il joue un rôle important dans la création de nombreux ballets de J. *Robbins (Watermill, 1972 ; Concerto in G, 1975) et surtout de G. *Balanchine : *Jewels (1967), *Who Cares (1970), Tchaikovsky Suite No. 3 (1970), Le *baiser de la Fée (1972), Violin Concerto (1972), Duo Concertante (1972), Symphony in Three Movements (1972), le Tombeau de Couperin (1975), Union Jack (1976), Bournonville Divertissements (1977), Davidsbündlertänze (1980). En collaboration avec Balanchine, il met au point un revêtement de sol tressé très utilisé dans les théâtres aux États-Unis et ailleurs. En 1975, il crée également des lumières pour M. *Graham (Lucifer ; The Scarlett Letter). RS BATSHEVA DANCE COMPANY. Compagnie fondée en 1963 par la baronne Bethsabée (Batsheva) de *Rothschild et M. *Graham. Elle réunit à l’origine des danseurs formés par Martha Graham et que celle-ci autorise à interpréter ses chorégraphies dès 1963 (Errand into the Maze ; Diversion of Angels), puis en 1964 *Médée et The Embattled Garden. Par sa remarquable énergie et sa passion, la compagnie acquiert bientôt une réputation internationale. Des oeuvres de R. *Cohan, Ethel Winter et J. *Robbins figurent au répertoire aux côtés de chorégraphies signées par certains danseurs (Jephtach’s Daughter, 1965, R. *Schenfeld ; Sin Lies at the Door, 1967, M. *Efrati, Longing, 1977, Yair Vardi). En 1990, O. *Naharin, nommé directeur artistique, tourne une nouvelle page pour la compagnie, tout en bouleversant la situation de la danse israélienne. La compagnie se centre alors sur des oeuvres de Naharin et de chorégraphes invités, dont J. *Kylián et W. *Forsythe. Naharin collabore avec BambiYona Avibueno (lumières) et Rakefke Levi (costumes) dans des oeuvres qui débordent d’énergie et d’imagination comme Kir (1990), Tabularasa (1991), The Kingdom of Golob (1991), Black Milk (1992), Anaphase (1993), Zina (1994), Yag (1996), Sabotage Baby (1998). Il fonde en outre, en 1990, le Batsheva Ensemble, compagnie-école qui permet à de jeunes interprètes de s’aguerrir et à de jeunes chorégraphes de faire leurs débuts. GA BAUER Jean (né en 1946). Décorateur français. Il fait ses études à l’École d’art dramatique de Strasbourg et réalise sa première création scénique pour Josette Baïz. À partir de 1989, il signe la plupart des scénographies des oeuvres de K. *Saporta. En étroite collaboration avec la chorégraphe, il conçoit des décors d’inspiration théâtrale, passant d’un baroque distancié (les *Taureaux de Chimène, 1989 ; la Poudre des anges, 1990 ; le Rêve d’Esther, 1993) à un réalisme dépouillé (l’Impur, 1993 ; Morte Forêt, 1994 ; (le Spectre) ou les Manèges du ciel, 1996), s’employant le plus souvent à redistribuer l’espace par des structures mobiles imposantes. Il travaille aussi régulièrement pour le théâtre, le cinéma et l’opéra. PC, PLM BAUHAUS. École d’art allemande (1919-1933). Conçu et mis en oeuvre par un architecte, Walter Gropius, le projet du Bauhaus embrasse en fait toutes les catégories des arts visuels : architecture, dessin, peinture, sculpture, design industriel, scénographie et chorégraphie, arts de la scène. Son but est de mettre en corrélation ces divers processus de création pour parvenir à un « nouvel équilibre culturel «, esthétique et politique, social et individué, ce qui exclut, précise Gropius, tout retrait de l’artiste « dans sa tour d’ivoire «. Étudiants et artistes-enseignants sont appelés, dans une vraie communauté de travail, à concevoir et réaliser une synthèse entre l’art du temps et la technologie moderne. Basés sur l’étude des facteurs « biologiques « de la perception chez l’homme, les travaux mettent l’accent sur les problèmes de la forme (Gestalt) et de l’espace, abordés sous tous les angles possibles afin de déterminer comment mettre efficacement en relation une création individuelle et l’attente ou le besoin du plus grand nombre. L’une des maximes fondamentales du Bauhaus est de demander aux enseignants d’exposer sans l’imposer leur recherche propre, de sorte que l’étudiant en perçoive les présupposés, la singularité et les limites effectives, sans être tenté ou contraint de l’imiter mécaniquement : l’invention, unique et neuve, mais non coupée du collectif, rompt avec toute trace de *mimésis ; elle est à la fois un fait (objectivement évaluable) et un événement qui, dans le temps, n’exclut aucune transformation à venir. Cette dimension représente la part utopique du projet du Bauhaus qui restera comme le modèle jamais assez fondé de tous les projets ultérieurs ayant l’intégration des arts comme principe. Le Bauhaus connaît trois périodes. Dirigé par Gropius à Weimar (1919-1924), il évolue d’une représentation encore « mystique « ou idéologique vers un « art construit « et une production effective. Installé à Dessau (1925-1932), sous les directions successives de Gropius, Hannes Meyer et Ludwig Mies van der Rohe, il oscille entre pratique « matérialiste « et « monde de l’art pur « tandis que se durcit la contestation de sa dimension utopique et sociale. Enfin, chassé de Dessau, municipalité devenue nazie, il devient à Berlin un établissement privé : en octobre 1932, les cours reprennent, mais l’interpellation d’étudiants par les S.A. suite à une perquisition entraîne sa fermeture et sa dis- solution le 20 juillet 1933. Cette fin brutale est à la mesure de ce que le Bauhaus met en jeu sur l’échiquier de l’art moderne. Plus que ses réalisations - qui exerceront une influence considérable à travers le monde et loin dans le temps - c’est son espace qui est perçu comme intolérable, que le pouvoir non seulement interdit mais éradique dans sa possibilité même. Certes les oeuvres de W. *Kandinsky, Paul Klee, Laszlo Moholy-Nagy, miracles d’équilibre entre naïveté et science, ne pouvaient qu’appeler une réaction : elles seront jugées « art dégénéré «. Mais c’est peutêtre, plus sourdement, « le théâtre du Bauhaus « qui suscite une résistance implacable. Les ateliers de recherche scénographique, scénique, chorégraphique, que Lothar Schreyer et O. *Schlemmer animent, dépassent de loin le seul jeu des formes et des questions esthétiques explorés activement par Kandinsky. Au-delà de l’idée de « théâtre total «, ce que ces travaux, surtout ceux de Schlemmer, veulent constituer c’est un corps, décliné sous tous ses aspects organiques ou formels, susceptible d’habiter plastiquement l’espace. Des danses dites «Danses du Bauhaus» (danse des bâtons, danse de métal, danse de verre, danse des cerceaux) au *Ballet triadique, Schlemmer crée dans les années 1920 un espace chorégraphique où les éléments (matériaux, couleurs, sons, musiques, gestuelles, arguments et intrigues) se mêlent les uns aux autres tout en conservant leur densité propre pour mieux se fondre dans la silhouette géométriquement dessinée d’une « figure d’art « qui invente ses parcours et ses espaces sans les imposer. Schlemmer dit magnifiquement : « seule la danse est apte à pénétrer en douceur le sens de nouveauté ; elle avance masquée et est essentiellement discrète «. Cette discrétion fait écho, tout en s’en distinguant, aux recherches chorégraphiques qui lui sont contemporaines (R. *Laban, M. *Wigman, K. *Jooss, É. *Jaques-Dalcroze) : elle construit une danse qui ne cherche pas à occuper l’espace mais à en sentir les conditions précaires, aléatoires, changeantes. Le sens de la forme, nuancé, consiste à ne jamais durcir l’espace, à s’appuyer sur une matière solide mais sensible à la fluidité des intensités qui l’environnent et qui downloadModeText.vue.download 56 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 39 lui donnent souffle, couleur, air. Les intégrations de matières, de sens, se font, de fait, en douceur, presque imperceptiblement, avant toute spectacularisation. Ne s’arrêtant à aucun cadre (qu’il soit de scène, politique ou imaginaire), ces danses font de l’espace et du temps une architecture où l’on ne se heurte pas, où l’ordre ne donne jamais lieu à une promiscuité et à la haine que celle-ci crée d’emblée. L’utopie du Bauhaus y trouve sa raison la plus secrète : un espace commun n’est possible que lorsqu’un corps sait mourir à lui-même au contact de l’approche d’un autre corps hanté par un semblable souci. DD BAUSCH Pina, B. Philippine, dite (née en 1940). Danseuse, pédagogue et chorégraphe allemande. Elle grandit à Solingen, petite ville de la Ruhr où ses parents tiennent une brasserie. Élève de l’École d’*Essen alors dirigée par K. *Jooss, lauréate du Prix Folkwang en 1959, elle part ensuite étudier à la *Juilliard School de New York. Parallèlement, elle danse dans la compagnie P. *Sanasardo, au New American Ballet et au *Metropolitan Opera Ballet. De retour à Essen en 1962, elle rejoint le *FTS et devient la partenaire de J. *Cébron. Im Wind der Zeit, un de ses premiers essais chorégraphiques, est primé au Concours de Cologne en 1969. H. *Züllig, nouveau directeur de l’ École d’Essen, lui confie alors un poste de professeur et la direction du FTS, où elle crée plusieurs pièces dévoilant déjà toute la complexité psychologique qui restera la marque de son travail. En 1973, Arno Wüstenhoffer lui propose de diriger le Ballet de *Wuppertal. Sur ses conseils, afin de ménager le public habitué au répertoire classique, elle présente des versions nouvelles d’*Iphigénie en Tauride (1974) ou *Orphée et Eurydice (1975) parallèlement aux productions issues de ses recherches. Malgré cela, de *Fritz (1974) à *Blaubart (1977), puis à nouveau pour *Arien (1979), son travail est rejeté brutalement. La critique l’attaque, des conflits naissent au sein de l’équipe, la ville menace de remettre en question son contrat. Les scandales se succèdent, comme au théâtre de Bochum lors de la première de Er nimmt sie bei der Hand (1978) inspiré du *Macbeth de *Shakespeare : la chorégraphe résiste, travaillant sans relâche, créant dans les moments de désespoir des oeuvres majeures comme *Café Müller (1978) et trouvant en Wüstenhoffer un soutien inébranlable. Elle met à profit les moyens que lui procure l’institution pour affiner son *Tanztheater. Le succès international croissant à partir des années 1980, tout particulièrement en France, lui permet finalement d’obtenir carte blanche de la ville de Wuppertal, fière d’une compagnie devenue son principal ambassadeur. En 1971, les yeux exorbités, l’horreur sur le visage, P. Bausch danse Philipps 836 885 (mus. P. *Henry), se frappant le corps comme si ses mains pouvaient exorciser le mal qui l’habite. Elle transmet le malaise d’une conscience tourmentée, apeurée et en quête d’expiation. La peur exprimée dans ce solo restera la plus fidèle compagne de la chorégraphe ; elle l’avouera souvent : peur d’elle même, de ses limites, mais aussi des autres et constat de leurs propres peurs. De cette fragilité, elle va apprendre à faire un atout et finir par imposer son style dans une Allemagne des années 1970 qui renie son passé et n’ouvre ses théâtres qu’aux chorégraphes issus de grandes compagnies classiques, tels G. *Bohner ou H. *Kresnik : P. *Bausch est la première danseuse de formation moderne qui accède à l’institution théâtrale très fermée de l’Allemagne d’après-guerre. Soutenue par toute la finesse du style Jooss-*Leeder, elle donne à la *danse-théâtre une écriture des corps totalement contemporaine. Dans une Allemagne où le théâtre fait rage, et s’enrage, elle trouve la complicité de R. *Borzík, son scénographe et ami, qui participe à la conception de toutes ses oeuvres de 1975 jusqu’à sa mort en 1980. C’est lui qui va donner une assise à son univers empreint de vertiges et dessiner, par les décors et les costumes, un « look Pina » reconnaissable au premier coup d’oeil dès Die *sieben Todsünden [les Sept Péchés capitaux] (1976) et que P. *Pabst et M. *Cito perpétueront à partir de 1980. De son passage au FTS, P. Bausch garde la conscience d’une danse s’appuyant avant tout sur l’honnêteté de la démarche créatrice. Ses premières pièces en sont l’éclatante démonstration. Ainsi, dans Wiegenlied [Berceuse] (1972) le spectateur assiste en silence aux viols répétés que perpétuent deux hommes habillés en soldat. D’une grande virtuosité chorégraphique, cette succession de duos violents, scandés par le bruit des bottes, se termine par une chanson suave, quelques mots d’une berceuse parlant de la guerre et du père absent. *Aktionen für Tänzer, présenté déjà à Wuppertal, mais créé avec le *FTS, est de la même veine. Ces tableaux macabres, ces scènes violentes, s’adoucissent dans *Fritz (1974), oeuvre transitoire qui inaugure son installation à Wuppertal et où la vision du monde à travers les yeux de l’enfance semble ouvrir le chemin d’une innocence retrouvée. À partir de la Légende de la chasteté (1979), P. Bausch s’oriente vers plus de dérision, d’humour et même de légèreté. Son désespoir est toujours là, mais il s’ouvre à des problématiques plus larges liées à l’évolution économique et politique du monde, qu’elle observe toujours du point de vue de l’individu. Dès 1976, P. Bausch abandonne définitivement la composition chorégraphique traditionnelle : accolant des séquences discontinues selon un procédé proche du montage cinématographique moderne, elle construit ses pièces « non pas d’un bout à l’autre, mais de l’intérieur vers l’extérieur ». Dans un processus basé sur l’*improvisation, elle aborde ses créations par des questions qu’elle se pose et pose à ses interprètes, notamment sur les thèmes de l’identité, du souvenir, du désir, du rapport hommefemme. De leurs réponses et propositions multiples qui allient actions, mots, chants ou séquences de mouvement, émerge peu à peu des oeuvres dont elle seule détient les clefs. Entourée de H. *Pop et R. *Hoghe, P. Bausch forge un style unique basé sur l’effet du nombre autant que sur des personnalités affirmées telles que M. *Airaudo, M. *Alt, J. A. *Endicott, L. *Forster, M. *Grossmann, A. *Martin, D. *Mercy, J. *Minarik, jouant sur les actions simultanées, la répétition de gestes par *accumulation, les formes processionnelles telles les défilés dans les diagonales, figures reprises par la suite par d’autres chorégraphes. Entre Yvonne, la princesse muette qu’elle interprète dans l’opéra de B. *Blacher mis en scène par Witold Grombrowicz en 1974, et l’aveugle étrangement lucide qu’elle incarne dans le film E la nave va (1983) de Federico Fellini, P. Bausch est surtout une visionnaire de l’être qui trouve son expression au-delà des mots. Reconnue mondialement comme une des chorégraphes les plus marquantes de la fin du XXe s., elle renouvelle totalement le rapport entre danse et théâtre et construit une forme de tragique contemporain qui influence nombre de créateurs bien au-delà de la danse. MIB, PLM AUTRES CHORÉGRAPHIES. Le *Sacre du printemps (1975) ; *Kontakthof (1978) ; *Arien (1979) ; *Ein Stück (1980) ; *Nelken (1982) ; *Waltzer (1982) ; *Palermo Palermo (1991) ; le *Laveur de vitres (1996). BIBLIOGRAPHIE. O. Aslan, « Danse / Théâtre / Pina Bausch », Théâtre / Public nos 138 et 139, 1997 et 1998.FILMOGRAPHIE. Un jour Pina m’a demandé (1983, réal. Chantal Akerman) ; La Plainte de l’impératice (1989, réal. P. Bausch). BAVIÈRE (Ballet national de). Compagnie de danse allemande basée à Munich, attachée au Münchner Staatsoper, devenue indépendante en 1988 sous le nom de Bayerisches Staatsballet. Il prend son origine dans les fêtes données à la cour aux XVIe et XVIIe siècles sur le modèle des traditions italienne et française. Dès son ouverture en 1818, le Théâtre national accueille des danseuses de renom et, en 1825, lors de sa réouverture après un incendie, L. *Duport ainsi que M. et Ph. *Taglioni s’y produisent. F. *Horschelt y est maître de ballet (1820-1829 et 1839downloadModeText.vue.download 57 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 40 1847). Parmi ses successeurs figurent G. *Golinelli (1864-1869) et L. *Grahn (1869-1875). La compagnie connaît ensuite un certain déclin, jusqu’à l’arrivée à sa tête de H. *Kröller (1917-1930), qui relance son activité, ce qui permettra aux *Mlakar d’obtenir des succès remarqués entre 1939 et 1944. Après la Seconde Guerre mondiale, les directeurs se succèdent : M. *Luipart (1945-1948) y crée notamment *Abraxas, tandis que V. *Gsovski (1950-1952), qui remplace Rudolf Kölling (1948-1950), crée le *Hamlet de B. *Blacher en 1950. De 1952 à 1954, le ballet est à nouveau dirigé par les Mlakar, puis par A. *Carter (1954-1959), qui y signe la création allemande du *Prince des pagodes en 1958 et de *Undine en 1959. H. *Rosen lui succède (1959-1968) et invite à Munich les premiers grands chorégraphes étrangers, comme H. *Lander, K. *Jooss, G. *Balanchine, B. *Cullberg et F. *Flindt. De 1968 à 1970, J. *Cranko est directeur intérimaire, avant l’arrivée de R. *Hynd (1970-1973), puis de Dieter Gackstetter (1973-1978), L. *Seymour (1978-1980), Edmund Gleede (1980-1984) et à nouveau R. Hynd (1980-1988). En 1988, K. *Vernon prend la direction de ce qui devient alors le Ballet national de Bavière, poste auquel elle est remplacée en 1998 par I. *Liska, qui assurait déjà la direction par intérim depuis deux saisons. Le répertoire de la compagnie compte aussi bien des grands classiques, comme le *Lac des cygnes, Giselle, la *Belle au bois dormant, la *Bayadère, la *Fille mal gardée ou la *Sylphide, que des oeuvres modernes ou contemporaines de G. *Balanchine, J. *Neumeier, J. *Kylián, H. *Van Manen, L. *Childs, T. *Tharp, M. *Ek notamment. Des soirées sont régulièrement consacrées à de jeunes chorégraphes souvent issus des rangs de la compagnie, tels Youri Vamos, Ference Barbey ou, plus récemment, Patrick Teschner et Davide Bombana. BvJ BIBLIOGRAPHIE. B. Wagner-Bergelt (éd.), Bayerisches Staatsballett Company, Munich, 1993-1994 et 1997-1998. BAYER Joseph (1852-1913). Chef d’orchestre et compositeur autrichien. Il étudie au conservatoire de Vienne. Nommé violoniste dans l’orchestre de la cour en 1870, il devient directeur du ballet du Hofoper de *Vienne en 1885 et le restera jusqu’à sa retraite. On lui doit surtout le ballet la Poupée magique (1894, J.*Hassreiter ; autres vers. N. *Legat, 1903 ; K. *Lanner, 1905 ; I. *Clustine, 1914 ; A. von *Milloss, 1933 ; C. *Littlefield, 1935), ainsi que des musiques pour un *Cendrillon (1908, Hassreiter). SZ BAYLIS Nadine (1940). Scénographe et costumière britannique. Formée à l’École centrale des arts et du dessin de Londres, elle commence en 1965 sa carrière de scénographe avec le Ballet *Rambert (Realms of Choice, N. *Morrice). Grâce à cette collaboration, elle participe à l’émergence d’un ballet *moderne où la danse est traitée de façon plus nette et plus directe. Elle conçoit une scène dépouillée au style austère et sculptural et choisit des matériaux nouveaux tels que l’acier, le chrome et le Plexiglas. Pour Hazard (1967, Morrice), elle invente un espace ensoleillé par des plaques métalliques dorées, comprenant au milieu trois structures, à l’intérieur desquelles le danseur fait l’expérience du monde et de son horreur. La précision géométrique de ses scénographies s’accorde particulièrement aux chorégraphies de C. *Bruce (...For This Who Die As Cattle, 1972 ; Black Angels, 1976 ; Symphonie en trois mouvements, 1989) ou Morrice (Blind Sight, 1969 ; That Is the Show, 1971), mais c’est surtout avec G. *Tetley qu’elle entretient sa plus longue et fructueuse collaboration. Dès 1967, ils connaissent un premier succès avec *Ziggurat, qui devient une référence du Ballet Rambert. N’hésitant jamais à varier ses inspirations en fonction des créations, elle surprend le public par l’aspect expérimental de ses scénographies, mais sait aussi le séduire par ses costumes (Alice, 1986, Tetley, Ballet national du *Canada). Dans les années 1980, sa liberté de ton trouve un écho dans les grands théâtres (Royal Opera de Londres, Opéra de *Paris), auxquels elle accède en compagnie de Tetley. Elle collabore encore avec lui pour *Orpheus (1987, *Australian Ballet) et Oracle (1994, Ballet national du Canada). VR BAZILIS Sylvia (née en 1953). Danseuse et pédagogue argentine. Elle étudie à l’Instituto del *Teatro Colón avec Gloria Kazda pour principal maître. En 1973, elle rejoint la compagnie dont elle est primera bailarina de 1977 à 1994. Interprète de grand lyrisme, elle est à l’aise dans les styles les plus divers. P. *Lacotte lui confie le rôle-titre de la *Sylphide et celui de la *Fille du Danube, et Enrique Martínez la choisit pour son *Coppélia. Elle interprète *Roméo et Juliette dans les versions de G. *Skibine, V. *Biagi et K. *MacMillan, de même qu’*Onéguine de J. *Cranko. Elle danse avec A. *Godounov et Konstantin Zaklinski, ainsi que dans Giselle auprès de V. *Vassiliev, et forme avec R. *Candal un des couples les plus harmonieux du ballet argentin. En 1993, elle dirige le Ballet du Teatro Colón. AF BEAL Tandy (née en 1948). Chorégraphe, danseuse et pédagogue américaine. Élève d’A. *Nikolais et M. *Louis, dont elle est l’interprète en 1971, elle s’installe en Californie et se produit en solo ou avec sa compagnie fondée dès 1972. Artiste invitée entre 1985 et 1989 par C. *Carlson, l’Atlanta Ballet, *Momix, R. *Charlip, entre autres, elle dirige, depuis 1992, le New Pickle Circus. Éclectique, elle signe plus de cent oeuvres, imprégnant danse, opéra, cinéma et cirque de poésie et de son sens théâtral, collaborant également avec Frank Zappa, Bobby McFerrin (Emmy Award pour Voice/ Dance en 1986) ou J. *Adams. Pédagogue très sollicitée, elle a reçu le National Choreography Award. ML CHORÉGRAPHIES. Crazy Jane (1977) ; *Casse-Noisette (1982) ; The Time Falling Bodies Take to Light (1987) ; Outside Blake’s Window (1991) ; NightLife (1992) ; A Wing and a Prayer (1997). BEATON Cecil (1904-1980). Photographe et décorateur britannique. Principalement connu pour son oeuvre photographique, dont l’élégance glacée représente un des sommets du modern style, il travaille aussi pour la publicité et comme décorateur pour la danse. À partir de 1929, ses recherches tendent à une exubérance tempérée d’une pointe de modernisme. Il oppose toujours la lisse abstraction d’un visage ou d’un corps à un motif stylisé et décoratif. Sa fascination pour les jeux de l’imaginaire le prédispose à explorer la veine surréaliste qui donne à ses décors une profondeur étrange. Il signe également des costumes pour des comédies musicales (*My Fair Lady, 1956 ; Coco, 1970, M. *Bennett) et des films (Gigi, 197X, réal. V. *Minnelli). CD AUTRES COLLABORATIONS. *Ashton (*Apparitions, 1936 ; les *Patineurs, 1937 ; Sirènes, 1946 ; Illuminations, 1950 ; *CasseNoisette, 1951 ; Picnic at Tintagel, 1952 ; Maguerite et Armand, 1963) ; *Lichine (Pavillon, 1936) ; *Taras (Devoirs de vacances, 1949) ; *Balanchine (le *Lac des cygnes, 1951). BEATTY Talley (1918-1995). Danseur et chorégraphe américain. Né dans une famille nombreuse en Louisiane, il se forme auprès de K. *Dunham dans les années 1930, avant de devenir danseur principal de sa compagnie. Incarnant le prêtre dans *Yanvalou (1937), le mari jaloux dans Rara Tonga (1942) et l’initié dans Rites de passage (1941), il est applaudi pour sa technique et son talent expressif subtil et intense. Il se produit également sur *Broadway, notamment dans Pins and Needles (1939, K. *Dunham) et *Cabin in the Sky (1940, Dunham et G. *Balanchine). Il continue à se former auprès de M. *Graham et à la *School downloadModeText.vue.download 58 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 41 of American Ballet, tout en se produisant en artiste invité dans Blackface (1947) de L. *Christensen pour la *Ballet Society et dans le film expérimental de Maya Deren, A Study in Choreography for the Camera (1945). Il enseigne par ailleurs régulièrement à l’école Dunham. Sa première chorégraphie, Southern Landscape (1947), brosse une vision nuancée de l’expérience afro-américaine. Principalement basée sur la technique Dunham, cette oeuvre en cinq parties comprend un solo dynamique, « Mourner’s Bench », fréquemment repris par la suite. Suivant les traces de Dunham et de ses fêtes chorégraphiques basées sur la recherche anthropologique, Beatty crée Tropicana (1949), avant de passer à un mélange abstrait de ballet, de danse *moderne et de *jazz, qui traduit en rythmes les émotions propres à ces diverses formes. Avec *Road of the Phoebe Snow (1959) considéré comme une des grandes réussites de la danse jazz, son style parvient à maturité, offrant une dynamique aux changements rapides, accentués par des syncopations complexes et des mouvements en contrepoint. Généralement chorégraphiées pour un grand nombre de danseurs, ses oeuvres exigent précision technique et sens *kinesthésique soutenu, tout en faisant preuve d’une grande invention de mouvement. Prolifique, Beatty chorégraphie plus de cinquante ballets pour des compagnies américaines et étrangères, dont Come and Get the Beauty of It Hot (1960) pour l’Alvin *Ailey Dance Theater. Maniant aisément un grand éventail de styles narratifs, il monte des danses contestataires, des adaptations de la mythologie grecque, des méditations abstraites et de grands spectacles historiques. Il met aussi en scène des comédies musicales à Broadway dont Don’t Bother Me, I Can’t Cope (1972) et Your Arm’s Too Short to Box with God (1976), ainsi que deux productions pour la télévision (A Drum Is a Woman, 1956 ; Black, Brown and Beige, 1974), sur des musiques de D. *Ellington, compositeur auquel son développement artistique doit beaucoup. TDF AUTRES CHORÉGRAPHIES. Rural Dances of Cuba (1949, Tropicana) ; *Congo Tango Palace (1963) ; Antigone (1969) ; Bring My Servant Home (1969) ; Caravansai (1973) ; Pretty Is Skin Deep, Ugly Is To The Bone (1976) ; A Month of Sundays (1979) ; The *Stack Up (1982) ; Ellingtonia (1994). BEAUCHAMPS Pierre ou BEAUCHAMP P. (1631-1705). Danseur, chorégraphe, et pédagogue français. Il appartient à une dynastie de maîtres à danser : son grandpère, Christophe, son oncle (prénommé aussi Pierre) et son père, Louis, sont violonistes au service de la maison royale. Par le mariage de ses soeurs, il est apparenté aux *Blondy (et aux Desmâtins). Il débute à la cour en interprétant quatre rôles dans le Ballet du Dérèglement des passions (23 janvier 1648). Il paraît ensuite dans la plupart des spectacles créés à la cour et figure parmi les danseurs de la troupe de l’*Académie royale de musique (ARM) à Paris. Sa carrière d’interprète se prolonge jusqu’à un âge avancé, puisqu’il se produit encore en décembre 1701 devant l’ambassadeur d’Espagne. Il semble faire ses premiers pas de chorégraphe en assistant J.-B. *Lully pour le Ballet de la Galanterie du temps (1656). Nommé intendant des ballets du roi vers 1661, il règle de nombreuses entrées dans les *ballets de cour des années 1660. Il collabore avec *Molière à la cour, puis comme chorégraphe et chef d’orchestre de la Troupe du roi au Palais-Royal (1672-1673). À la création de l’ARM, il signe les danses de Pomone (1671, mus. Robert Cambert) et des Peines et plaisirs de l’amour (1672, mus. Cambert), puis se voit confier la responsabilité de la troupe des danseurs par Lully. Il règle les divertissements chorégraphiques des opéras de Lully, associé à Dolivet et Desbrosses jusqu’en 1680 (1674, *Alceste ; 1676, *Atys), puis, semble-t-il, seul jusqu’en 1687. Il quitte l’ARM à la mort de Lully, mais continue de travailler pour les jésuites, comme il le fait depuis 1669, signant jusqu’en 1697 la musique (qu’il dirige) et la chorégraphie des ballets donnés dans les collèges parisiens. Selon P. *Rameau, il est pendant près de vingt ans le maître à danser de *Louis XIV, mais il n’occupe jamais officiellement ce poste. Il instruit de nombreux danseurs professionnels, dont M. *Blondy, J. *Favier, L. *Lestang et L. *Pécour, et devient le chancelier de l’*ARD en 1680. Beauchamps s’impose d’abord comme un danseur virtuose. Il excelle tout autant dans la danse *grave et *noble que dans le style vif et bouffon, incarnant avec un égal bonheur les héros de la mythologie antique et les rôles de *caractère (ivrogne, démon, estropié, débauché, bohémien, etc.). Pour Loret, « il surpasse tous les autres danseurs « et le poète proclame, après l’avoir vu dans le Ballet des Plaisirs troublés (février 1657) : « [...] Ce balet (sic) est un champ / Où l’incomparable Beauchamps / Par de merveilleuses souplesses, / Élévations et justesses, / Si hautement capriola, / Qu’il fut proclamé ce jour-là / Par toute la noble assistance / Pour le meilleur danseur de France. « Sa réputation de chorégraphe est tout aussi flatteuse. Selon Lecerf de La Viéville, « personne n’a mieux sçu que lui faire danser «. Pour P. Rameau, « ses premiers essais furent des coups de maître [...]. Il étoit sçavant et recherché dans sa composition «. Au coeur de l’émulation artistique de son époque, il invente avec Molière la *comédie-ballet (les *Fâcheux, 1661), genre que les deux hommes peaufinent avec Lully (le *Bourgeois gentilhomme). Il met au point un système d’écriture de la danse, en usage dans les dernières années du XVIIe siècle, mais qu’il néglige de publier, se faisant devancer par son disciple R.-A. *Feuillet. Grâce à ce procédé de *notation, un *rigaudon pour le bal et une *sarabande pour un homme nous sont parvenus : cette dernière, riche et pleine d’invention, témoigne du haut niveau technique des chorégraphies théâtrales réservées aux solistes masculins. Beauchamps est sans conteste la plus grande figure de la florissante école chorégraphique française du règne de Louis XIV. NL AUTRES CHORÉGRAPHIES. À l’ARM : le *Triomphe de l’amour, 1681 ; *Phaéton, 1683 ; *Roland, 1685 ; *Armide, 1686. Pour la Troupe du roi : le Mariage forcé, 1664 ; *Psyché, 1671 ; le *Malade imaginaire, 1673. Pour les jésuites : Ballet du Destin, 1669 ; Ballet de la Paix, 1679 ; Plutus, dieu des Richesses, 1682 ; Ballet des Arts, 1685 ; Ballet de la Jeunesse, 1697. Partition chorégraphique. *Lancelot, la Belle Dance, Van Dieren, Paris, 1996. BIBLIOGRAPHIE. R. Astier, « The Illustrious Unknown Choreographer, Pierre Beauchamps «, Dance Scope, 9/1, 1975 ; « Pierre Beauchamps et les ballets de collège «, la Recherche en danse, 2, 1983. BEAUGRAND Léontine (1842-1925). Danseuse française. Élève de Mme *Dominique et de M. *Taglioni à l’*École de danse, elle fait carrière à l’Opéra de *Paris de 1861 à 1880. Remarquée en 1864 dans Diavolino de ? ? *Saint-Léon, elle reprend le rôle-titre de *Coppélia en 1871 et crée Gretna Green de L. *Mérante en 1873. Par ses qualités musicales, sa technique brillante et son extraordinaire rapidité dans le travail des *pointes, elle est l’une des dernières représentantes de l’école française. Interprète irréprochable mais sans charisme, elle doit en partie sa place dans la troupe à l’absence de ballerines étrangères durant la guerre de 1870. SJM BEAUJOYEULX Balthasar de, B. Baltazarini ou Baldassarre (av. 1535-v. 1587). Violoniste, maître à danser et créateur de ballets italien. On sait peu de chose sur sa vie en Italie. « Beaujoyeulx « pourrait être un titre de cour ou la francisation de Belgioioso, village de Lombardie dont il est probablement originaire, ce qui rendrait plausible l’hypothèse qu’il soit l’élève de P. *Diobono à Milan. Il arrive en France après 1557 avec une bande de violons italiens envoyée à Catherine de Médicis par le maréchal de Brissac, downloadModeText.vue.download 59 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 42 gouverneur du Piémont. Excellent violoniste et bon courtisan, il s’intègre rapidement à la cour et change de nom en prenant la nationalité française. Il devient valet de chambre d’Henri II, puis, à partir de 1560, de Catherine de Médicis et de Marie Stuart, et plus tard de Charles IX et Henri III. Officier, écuyer et seigneur des Landes au service de Catherine de Médicis, charges auxquelles il renonce en 1584, il reste jusqu’à sa mort à la cour, où son fils Charles est admis à lui succéder comme valet de chambre de la reine. *Maître à danser et maître des veillées, organisateur des divertissements de la cour, il participe à la réalisation de la « joute mascarade « de 1572 pour les noces d’Henri de Navarre et Marguerite de Valois et règle les danses du *Ballet aux ambassadeurs polonais (1573). Concepteur du *Ballet comique de la Reine (1581), il crée une forme et une poétique nouvelle de danse théâtrale. Les évolutions concertées et mesurées qu’il y déploie lui valent d’être qualifié de « géomètre inventif « par Billard. S’inscrivant dans une conception de l’humanisme proche de celle formulée par les poètes de la Pléiade et de l’Académie de Jean Antoine du Baïf, il joue un rôle déterminant dans l’émergence du *ballet de cour. MN BEAUMONT comte Étienne de (1883-1956). Mécène, costumier, décorateur et librettiste de ballet français. Organisateur de fêtes et de concerts privés, célèbre pour les somptueux bals costumés à thème qu’il donne entre 1920 et 1949, il finance les Soirées de Paris au théâtre de la Cigale (maijuin 1924) auxquelles participent I. *Rubinstein, L. *Fuller et L. *Massine. Il collabore avec D. *Lichine aux *Ballets russes de Monte-Carlo (1933-1934) et retrouve Massine pour la création de la *Gaîté parisienne en 1938. Personnage influent du Paris culturel de son temps, il soutient J. *Cocteau, É. *Satie, les clowns Fratellini, etc. Il conçoit ses Soirées de Paris dans un esprit proche de celui de S. *Diaghilev, permettant à Massine de créer plusieurs ballets, dont Salade (mus. D. *Milhaud, déc. G. Braque), Mercure (mus. Satie, déc. P. *Picasso), le Beau Danube et Scuola di ballo (cost. E. de Beaumont). Ce dandy inspire à Radiguet le personnage éponyme du Bal du comte d’Orgel. NL BEAUMONT Cyril (1891-1976). Auteur et éditeur britannique. Il ouvre, en 1910, une librairie de la danse à Londres. Il contribue à la préservation de la méthode *Cecchetti (avec S. *Idzikovski) en organisant un enseignement de cette méthode développé par la suite par la Cecchetti Society, qu’il crée en 1922. Membre de nombreuses organisations, dont le Critics’ Circle (président, section danse, 1951-1961), il écrit plus de quarante livres sur la danse classique et traduit en anglais plusieurs ouvrages historiques. CH BIBLIOGRAPHIE. C. Beaumont et S. Idzikovski, A Manual of the Theory and Practice of Theatrical Dancing , Londres, 1922 ; C. Beaumont, Michel Fokine and His Ballets, Londres, 1935 ; The Complete Book of Ballets, Londres, 1937 ; The Diaghilev Ballet in London, Londres, 1940 ; The Ballet Called Giselle, éditeur et lieu à compléter, 1944 ; Ballet Design : Past and Present, Londres, 1946 ; A Bookseller at the Ballet, Londres, 1975. BEAUMONT Tessa (née en 1938). Danseuse et pédagogue française. Élève de M. *Kschessinska, N. *Kiss, V. *Gsovski, S. *Peretti et R. *Franchetti, elle mène une carrière indépendante tournée vers le répertoire du XXe s. (B. *Nijinska, S. *Lifar, G. *Balanchine) et la création. Elle débute en 1954 avec M. *Béjart, créant notamment la Belle au boa (1955), Sonate à trois (1957), *Pulcinella (1957). Elle danse pour J. *Charrat, R. *Petit (les Belles Damnées, 1955, Cyrano, 1959), J. *Lazzini, L. *Massine, G. *Skibine, J. *Russillo et paraît en 1962 dans le *Cendrillon de Raimundo Larrain, dont elle reprend le rôle-titre en 1963. Elle enseigne dans sa propre école à Paris. GP BECCARIA Carlo (XVIe s.). Maître à danser italien. Selon C. *Negri, qui le mentionne comme l’un de ses élèves, ce Milanais est maître à danser et maître de voltige à cheval auprès de l’empereur Rodolphe II de Habsbourg (1552-1612), dont il est très estimé et qui le charge de former à la danse ses propres fils et les dignitaires de sa cour. MN BECK Hans (1861-1952). Danseur et directeur de ballet danois. Élève d’A. *Bournonville au *Ballet royal danois, dont il devient danseur principal en 1881 puis directeur (1894-1915), il s’affirme comme le meilleur danseur masculin de son époque et reste célèbre pour ses interprétations de James dans la *Sylphide (Bournonville) et de Junker Ove dans *Une légende populaire (Bournonville). En tant que directeur du ballet, il organise l’héritage Bournonville et rassemble les exercices d’entraînement de son maître en six classes, appelées « écoles », une pour chaque jour de la semaine. Par ailleurs, il fixe les danses de *Napoli dans la forme qu’elles ont aujourd’hui. AMC CHORÉGRAPHIE. .Den lille Havfrue [la Petite Sirène] (1909, mus. Fini Henriques) BIBLIOGRAPHIE. H. Beck, Fra livet og dansen, Copenhague, 1944 BECKFORD Ruth (née en 1926). Danseuse et pédagogue américaine. Née en Californie, elle intègre en 1943 la Katherine *Dunham Dance Company, dont elle devient une des meilleures interprètes. Elle ouvre une école de danse afro-haïtienne dans sa ville natale d’Oakland et dirige, de 1954 à 1961, la Ruth Beckford African Haitian Dance Company. En 1968, elle fonde le département de danse du Oakland Parks and Recreation Department. Elle est l’auteur de Katherine Dunham : A Biography, (1979). TDF BEDELLS Phyllis (1893-1985) . Danseuse et pédagogue britannique. Elle se forme auprès d’A. *Bolm, M. *Cavallazzi, E. *Cecchetti, A. *Genée et A. *Pavlova. Elle débute à Londres dans Alice au pays des merveilles (1906, Prince of Wales Theatre), puis se produit régulièrement sur la scène de l’Empire Theatre de Londres (1907-1917), succédant à la prima ballerina L. *Kyasht en 1914. Elle danse dans des revues et avec diverses compagnies, notamment comme prima ballerina avec le Beecham Opera and Ballet à Covent Garden. Après une éclipse de 1921 à 1925, elle se produit avec A. *Dolin, puis avec la *Camargo Society (1930-1931) et en artiste invitée avec le *Vic-Wells Ballet. Elle quitte la scène en 1935. Elle crée également une école de danse à Bristol en 1925, qui, transférée à Londres, fonctionne jusqu’en 1966. Vice-présidente très active de la Royal Academy of Dancing, plusieurs fois décorée par cette institution, elle est l’auteur de My Dancing Days (1954). Sa fille, <PRENOM>Jean</PRENOM> Bedells(née en 1924), danseuse puis maître de ballet au *Sadler’s Wells Ballet, se consacre ensuite à l’enseignement. CH BE’ER Rami. Danseur, chorégraphe et directeur artistique israélien. Il naît dans une famille de musiciens au kibboutz Ga’aton, où il se forme auprès de Jehudith Arnon. En 1980, il intègre la *Kibbutz Dance Company, dont il devient directeur artistique en 1996. Il chorégraphie des oeuvres longues, dont les thèmes évoquent l’individu confronté aux exigences communautaires d’un kibboutz (Temps réel, 1991), la contestation politique (Journal d’un réserviste, 1984) et des tournants de l’histoire juive (Anges, 1992 ; Aide-mémoire, 1994), dans lesquelles la downloadModeText.vue.download 60 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 43 vigueur de ses mouvements d’ensemble contraste avec la poésie de ses duos (le Sacrifice d’Isaac, 1992). Il reçoit diverses récompenses et effectue de nombreuses tournées avec la compagnie. GA BEETHOVEN Ludwig van. Compositeur allemand. Né dans une famille de musiciens, dès l’âge de neuf ans il est placé par son père - qui veut en faire un « enfant prodige » - sous la tutelle de Christian Neefe, organiste de la cour de l’électeur de Cologne, à Bonn ; à quatorze ans, il est deuxième organiste de la chapelle Électorale. Si la rencontre de Mozart à Vienne est infructueuse, son établissement dans la ville, en 1792, lui permet de travailler avec *Haydn, Albrechtsberger et Salieri. Sa vie est alors celle d’un mondain, apprécié de la noblesse comme pianiste et improvisateur, jusqu’à ce qu’éclate le drame de sa vie : une surdité naissante. Hanté par l’idée de suicide, qu’il surmontera grâce à la conscience de sa vocation artistique, progressivement muré dans le silence, il produit la plupart de ses oeuvres les plus célèbres jusqu’en 1815, cessant ensuite de jouer et de diriger. En dépit d’une renommée devenue universelle et des triomphes que remportent la Missa solemnis et la IXe Symphonie (1824), Beethoven meurt dans la plus terrible solitude. Il est d’usage de placer son oeuvre à la charnière entre le classicisme et le romantisme naissant. Outre les *Menuets, *Allemandes et *Écossaises composés dans la première partie de sa vie, Beethoven écrit deux musiques de ballet. Si le Ritterballet donné à Bonn (1791, *Habich) ne connaît pas de reprises notables, en revanche les Créatures de *Prométhée (1801), chorégraphié par S. *Viganò, avec qui Beethoven collabore à Vienne, rencontre un franc succès dès sa création et sera par la suite régulièrement repris. La destinée chorégraphique de Beethoven est toutefois principalement liée à ses oeuvres de concert, notamment ses symphonies et ses sonates. Si l’on excepte A. J.-J. *Deshayes, le premier à franchir le pas en chorégraphiant la VIe Symphonie à Londres en 1829, c’est au XXe s. que sa musique prend toute sa dimension pour la danse. Dès 1908, I. *Duncan se produit sur la *VIIe Symphonie, surnommée « apothéose de la danse » par Wagner ; son exemple sera suivi par plusieurs chorégraphes, dont L. *Massine en 1938. En 1923, F. Lopoukhov crée Danse symphonie, la Grandeur de l’univers sur la IVe Symphonie, puis Irma *Duncan danse l’Ode à la joie (1934) de la IXe Symphonie sur laquelle M. *Béjart signera une de ses oeuvres majeures en 1964 ; entre-temps, J. *Charrat aura chorégraphié la Ire Symphonie (1954). Les Sonates pour piano seront également une source d’inspiration régulière des chorégraphes, tout particulièrement la Pathétique (1920, R. *Saint Denis ; 1943, W. *Christensen ; 1945, S. *Lifar), l’Appassionata (1970, V. *Bourmeister ; 1978, C. *Sergueïev ; 1980, V. *Tchaboukiani) et Clair de lune (1944, L. *Massine ; 1945, I. *Schwezoff ; 1951, Y. *Chauviré ; 1953, Lifar). À la différence de celles d’autres compositeurs, la musique de Beethoven sera toutefois rarement l’objet de juxtapositions ou de confrontations avec d’autres musiques avant M. Béjart (Isadora, 1976 ; le Minotaure, 1978 ; Messe pour le temps futur, 1983 ; Malraux ou la Métamorphose des dieux, 1986 ; 1789 et nous, 1989), suivi notamment de D. *Bagouet (le *Saut de l’ange, 1987), W. *Forsythe (Impressing the Czar, 1988 ; Six Counter points, 1996), J. *Neumeier (Fenster zu Mozart, 1991), A. T. *De Keersmaeker (*Erts, 1994), M. A. *De Mey (Sinfonia eroica, 1994). JRou SUR LA MUSIQUE DE BEETHOVEN. *Fokine (les Aventures d’Arlequin, 1922) ; *Yakobson (Marche turque, 1926) ; *Nijinska (Variations, 1932) ; *Jooss (Company at the Manor, 1943) ; A. *Tudor (la Gloire, 1952) ; *Taylor, (*Orbs, 1966) ; *Cullberg (*Vin rouge dans des verres verts, 1970) ; *Van Manen (*Grosse Fuge, 1971) ; *Limón (*Orfeo, 1972) ; *Martins (Beethoven Romance, 1989) ; *Aubin (la Théorie des quatre mouvements, 1997). BEHR Samuel Rudolph (1670-apr. 1732). Maître à danser et maître de ballet allemand. Il travaille surtout à Leipzig, où il chorégraphie pour les bals ordinaires et pour l’Opéra. Il est l’auteur du premier traité en langue allemande, au XVIIIe siècle, conçu en deux parties publiées séparément à Leipzig en 1703. La première, intitulée Anleitung zu einer wohlgegründeten Tanz-Kunst [Instruction sur les bons principes de l’Art de la danse], est contestée par ses collègues dès sa sortie. On lui reproche le traitement très général du sujet et l’absence d’organisation de la matière. Behr profite de la publication de la seconde partie, intitulée Anderer Theil der Tanzt-Kunst oder ausgesiebete Grillen [Autre Partie de l’art de danser ou Chimères passées au crible], pour répondre point par point aux critiques. Dans cet ouvrage, l’auteur privilégie la danse théâtrale, étudie la *belle danse, la danse *haute, la danse *comique et grotesque et expose 29 signes chorégraphiques de son invention, différents de ceux de R.-A.*Feuillet. En 1713, il publie l’Art de bien danser oder Die Kunst wohl zu Tantzen (Leipzig, et rééd. fac-sim. Zentralantiquariat der DDR, Leipzig, 1977). EL BEÏCHENALIYEVA Bibissara (1926-1973). Danseuse kirghize. Élève de A. *Vaganova à l’École de danse de *Leningrad (1936- 1941 et 1948-1949), elle rejoint le Théâtre d’opéra et de ballet de Frounze (inauguré en 1942) où elle danse tous les grands rôles du répertoire du XIXe s. et soviétique ainsi que dans les ballets créés sur des sujets nationaux. Elle reste une des figures incarnant la naissance du ballet en Kirghizie. ESou BÉJART BALLET LAUSANNE. Compagnie fondée en 1987, basée à Lausanne. Des désaccords incitent M. *Béjart à dissoudre le *Ballet du XXe siècle, qui donne sa dernière représentation à Bruxelles fin juin 1987. À l’instigation de Philippe Braunschweig, la ville de Lausanne accueille répertoire, décors, costumes venus du théâtre de la *Monnaie et soixante danseurs de quatorze nationalités différentes. Le Béjart Ballet Lausanne donne son premier spectacle au théâtre de Beaulieu le 21 décembre 1987. Auprès d’extraits du répertoire béjartien, il présente, à Lausanne et lors de très nombreuses tournées, les nouvelles créations du chorégraphe. En 1992 et 1993, la compagnie, fonctionnant avec des effectifs réduits, se nomme temporairement Rudra Béjart Lausanne. En 1993, Gil Roman en devient directeur adjoint. Au nombre des danseurs successifs figurent G. *Svalberg, Martyn Fleming, Xavier Ferla, Kathryn Bradney, Christine Blanc, Sylvie Demandols, Happy de Bana, Koen Onzia, Juichi Koyabaschi, Arozarena, Domenico Levre ainsi que des invités, dont Kevin Haigen, S. *Guillem, M.-C. *Pietragalla, L. *Hilaire, L. *Ekson. MFC BÉJART Maurice, BERGER M., dit (né en 1927). Danseur et chorégraphe français. Né à Marseille, il est le fils du philosophe Gaston Berger, qui, sur conseil médical, lui fait suivre des cours de danse classique parallèlement à ses études secondaires et universitaires. Fasciné par un récital de S. *Lifar, l’adolescent décide, en dépit de débuts ingrats, de se consacrer exclusivement au ballet. À Paris, il est l’élève de L. *Staats, L. *Egorova, Mme *Rousane. Il prend comme pseudonyme le nom de l’épouse de *Molière et, de tournées en galas, suit S. *Schwarz, L. *Darsonval, J. *Charrat, Y. *Chauviré. Engagé par R. *Petit (1948), par l’International Ballet de M. *Inglesby (1949), il rejoint B. *Cullberg en 1950 et règle à l’Opéra royal de Stockholm sa première version de l’*Oiseau de feu. En 1953, il fonde avec Jean Laurent les Ballets Romantiques, rebaptisés en 1954 Ballet de l’Étoile, pour lesquels il conçoit des oeuvres dont la plus significative demeure *Symphonie pour un downloadModeText.vue.download 61 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 44 homme seul. Dès lors, il ne cesse d’affirmer l’originalité profonde de son langage mêlant *néo-classicisme, dynamique *expressionnisme, influences de M. *Graham, *jazz, *twist, *rock et styles exotiques. Après le psychanalytique Voyage au coeur d’un enfant (1955), le paroxystique Teck (1957), il élabore pour son Ballet-Théâtre une angoissante *Sonate à trois et un *Pulcinella allègre. *Orphée (1958), essai de théâtre total où il est entouré de T. *Bari, M. *Seigneuret, G. *Casado, esquisse déjà le *Sacre du printemps, dont le succès lui permet, grâce à l’appui de Maurice Huisman, de fonder à Bruxelles, en 1960, le *Ballet du XXe siècle, instrument ductile qui va lui permettre de sélectionner et former les artistes aptes à exprimer toutes les facettes de son art. Il conquiert alors une audience internationale, attirant un vaste public non initié, et poursuit ses recherches ésotériques, tant à Bruxelles, puis, à partir de 1987, à la tête du *Béjart Lausanne Ballet, qu’à travers le monde. S’il choisit des danseurs et des danseuses de toutes nationalités et morphologies pour leurs personnalités complémentaires, il exige d’eux une rigoureuse discipline classique, s’attachant en particulier à réhabiliter la danse masculine - *Mudra et, par la suite, *Rudra constitueront des outils essentiels à cet égard. Avec ce matériau modelé selon sa propre esthétique, il compose au fil d’une inspiration éclectique son journal intime, reflet d’humeurs vagabondes, de préoccupations ou de prédilections anciennes ou soudaines. En 1961, il règle un *Boléro à large impact émotionnel, une érotique *Bacchanale de Tannhäuser, dédie à son père en 1962 la dodécaphonique Suite viennoise. Toujours avide de spectacle total, il met en scène avec une fantaisie échevelée ou grinçante des oeuvres lyriques (les Contes d’Hoffmann, 1962 ; la Veuve joyeuse, 1963 ; la Damnation de *Faust, 1965), ou dramatiques, telle la Tentation de saint Antoine (1967) d’après Flaubert, qui scandalisent les puristes. Stades, rings, arènes, cirques, lieux en plein air accueillent de par le monde ses hymnes pacifiques (IXe Symphonie, 1964 ; *Roméo et Juliette, 1966 ; Acqua alta, 1975). Ses préoccupations métaphysiques inspirent le Voyage (1962, mus. P. *Henry), la médiatique *Messe pour le temps présent (1967), *Bhakti (1968), Nuit obscure (1968), où il retrouve Maria Casarès, qui fut son étrange Reine dans la Reine verte (1962). Parfois, il trace un portrait éclaté (Baudelaire, 1969 ; Malraux, 1986 ; *Nijinsky, clown de Dieu, 1991 ; M comme Mishima, 1993), évoque un lieu (Light, 1981 ; Wien, Wien nur du allein, 1982 ; Arepo, 1986). Il s’inspire aussi bien d’univers musicaux (Nomos alpha, 1969, mus. I. *Xenakis ; le *Chant du compagnon errant, 1971, mus. G. *Mahler ; Stimmung, 1972, mus. K. *Stockhausen ; le Marteau sans maître, 1973, mus. P. *Boulez ; Ring um den Ring, 1990, mus. R. *Wagner) que théâtraux (Notre *Faust, 1975 ; *Molière imaginaire, 1976 ; Kabuki, 1986 ; *King Lear-Prospero, 1994), ou encore évoque des problèmes contemporains : sida ou écologie (Mutationx, 1998). S’il excelle à régler des ensembles spectaculaires, il se plaît aussi à servir les dons spécifiques de chacun de ses solistes, notamment J. *Donn, et d’étoiles invitées comme M. *Plissetskaïa, J. *Babilée, P. *Dupond, S. *Guillem. Tout en privilégiant certaines positions, fluides ou anguleuses, soulignant les accents dramatiques, développant souplesse et expressivité des bras, il possède la maîtrise des enchaînements, une constante musicalité et emprunte son style à tous les vocabulaires en fonction de chaque oeuvre. Figure charismatique, à l’audace controversée, ses créations qu’il élabore sans relâche, avec un bonheur inégal mais de façon originale et attachante, marquent de leur influence nombre de chorégraphes. Hommage à la danse, langage universel, son art réfracte l’actualité avec enthousiasme et clarté, conférant à son oeuvre valeur de témoignage. MFC AUTRES CHORÉGRAPHIES. La Mégère apprivoisée (1954) ; Haut Voltage (1956) ; Prométhée (1956) ; Noces (1962) ; Prospective (1965) ; Ni fleurs ni couronnes (1968) ; les Vainqueurs (1969, mus. Richard Wagner) ; Serait-ce la mort ? (1970) ; *Golestan (1973) ; la Traviata (1973) ; I Trionfi (1974) ; *Ce que l’amour me dit (1974) ; Héliogabale (1976) ; Gaîté parisienne (1978) ; Dichterliebe (1978) ; Casta Diva (1980) ; la Flûte enchantée (1981) ; Thalassa mare nostrum (1982) ; les Chaises (1984) ; le Concours (1985) ; Dibbouk (1988) ; 1789 ... et Nous (1989) ; la Mort subite (1991) ; le *Mandarin merveilleux (1992) ; Journal (1994-1995) ; le Presbytère (1997) ; Oh ! les beaux jours (1998). BEL Jérôme (né en 1964). Danseur et chorégraphe français. Formé au *CNDC d’Angers, il danse notamment avec J. *Bouvier et R. *Obadia, C. *Sagna et assiste Ph. *Decouflé pour la cérémonie des jeux Olympiques d’Albertville. En 1994, il fait ses débuts de créateur, tout en collaborant avec V. *Mantero et M. *Stuart. Il développe un « art du peu «, au style délicat empreint d’humour, dans des pièces atypiques (Nom donné par l’auteur, 1994 ; Jérôme Bel, un programme nu, 1995 ; Dance or Die, 1997) sous-tendues par une critique radicale du regard sur le corps et l’économie du spectacle. IF BELARBI Kader (né en 1962). Danseur et chorégraphe français. Élève de l’École de danse de l’Opéra de *Paris, engagé dans le ballet en 1980, il est encore *sujet quand il incarne l’Élu du *Sacre du printemps de M. *Béjart et Quasimodo dans *NotreDame de Paris de R. *Petit. Premier danseur en 1988, il est nommé étoile l’année suivante. Interprète sensible et vibrant de J. *Robbins et G. *Balanchine, il peut jouer les hommes blessés de Petit (le *Jeune Homme et la Mort, le Rendez-vous), les personnages ténébreux et romantiques (le poète de la *Symphonie fantastique de L. *Massine, Albrecht dans la *Giselle traditionnelle ou celle de M. *Ek), les êtres touchants (le *Fils prodigue) comme les cyniques (Lescaut de Histoire de *Manon de K. *MacMillan) ou les charmeurs (Amour/Orion dans la *Sylvia de J. *Neumeier). Son parcours témoigne d’une prédilection pour V. *Nijinski (*Petrouchka, l’*Après-midi d’un faune), ou Vaslaw de Neumeier et d’une ouverture à tous les styles, de C. *Carlson à M. *Kéléménis. Il est l’auteur d’une dizaine de chorégraphies, dont *Giselle et Willy (1991) et Salle des pas perdus (1997). JLB BELCHER Ernest (1882-1973). Danseur, chorégraphe et pédagogue britannique. Formé à diverses techniques, il fait ses débuts à Londres comme soliste à l’*Alhambra Theatre de 1902 à 1909. Tout en se produi- sant avec sa femme dans les music-halls britanniques, il crée ses premières chorégraphies pour le cinéma. En 1915, il s’établit en Californie, ouvre son école en 1916, puis commence une carrière de chorégraphe pour les grands studios et metteurs en scène (Cecil B. De Mille et D. W. Griffith). Il collabore activement aux débuts de Hollywood, reconstituant des danses de *société pour des films historiques, créant des soli pour des acteurs non danseurs (Pola Negri dans The Spanish Dancer, 1923) avant de se retirer et de se consacrer définitivement à l’enseignement. Son école, véritable pépinière de danseurs pour les films et les *Prologues, produit aussi des concerts annuels pour le Hollywood Bowl. Ses créations sont des événements attendus et très prisés, pour lesquels il chorégraphiera régulièrement de 1923 à 1936. Celui qu’on a surnommé le « maître de ballet de Movieland « fait figure de pionnier en proposant dans son école une graduation méthodique de huit niveaux (E. Belcher eight grade system), en voulant former des danseurs masculins et en offrant à ses élèves une expérience professionnelle solide grâce à son travail dans des champs variés. L’enseignement y est pluridisciplinaire (*classique, *moderne, *claquettes, acrobatie, danses de *société et danses *ethniques). Parmi ses élèves figurent R. downloadModeText.vue.download 62 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 45 *Alexander, G. *Champion et sa fille Marge, C. *Charisse, B. *Grable, M. *Mattox, S. *Temple et G. *Verdon. Il est également l’auteur de nombreux articles sur son art (The American Dancer, 1931-1933) ESe CHORÉGRAPHIES POUR LE CINÉMA. Broken Blossom (1919, David Griffith/UA) ; Jenny Be Good (1920, Real Art) ; Temple of Venus (1923, Fox) ; la Bohème (1926, MGM) ; The Jazz Singer (1927, WB) ; The Dancers (1930, Fox) ; The Little Princess (1939, cochor. N. *Castle, Fox). BELDA Patrick (1934-1967). Danseur et chorégraphe français. Alors qu’il n’étudie la danse que depuis six mois, il est remarqué en 1955 par M. *Béjart, auquel il inspire Voyage au coeur d’un enfant. Dès lors et jusqu’à sa mort prématurée, Béjart ne cesse de mettre en valeur sa sensibilité, son humour spontané et sa présence bondissante (*Pulcinella, 1957 ; les Quatre Fils Aymon, 1961). Spirituel dans le rôle-titre de Renard (1965), espiègle et aérien Mercutio dans *Roméo et Juliette (1966), Belda affirme en outre des dons chorégraphiques originaux et un sens subtil du rapport musique-danse dans Pierre et le Loup (1966) et surtout de pétillants Jeux. MFC BELFIORE Liliana (née en 1950). Danseuse et chorégraphe argentine. Diplômée de l’Instituto del *Teatro Colón, où elle étudie avec Estela Deporte, Gloria Kazda, Michel Borowski et M. *Ruanova, elle fait l’essentiel de sa carrière au Teatro Colón comme primera bailarina chorégraphe et répétitrice pour les solistes. Principal dancer au London Festival Ballet (1975-1980), elle y danse avec R. *Noureev, P. *Bart et Alain Dubreuil. Son vaste répertoire, qui s’étend de *Giselle et du *Lac des cygnes jusqu’aux créations contemporaines, dévoile l’ampleur de son registre technique et artistique et lui vaut d’être une des danseuses les plus célèbres du ballet argentin. En 1982, elle crée sa version de l’intégrale de la *Belle au Bois Dormant d’après M. *Petipa pour le Ballet du Teatro Colón. AF BELGRADE (Ballet du théâtre national de). Compagnie yougoslave fondée en 1921. C’est Elena Poliakova, formée à Saint-Pétersbourg, qui assure la première véritable saison en remontant *Schéhérazade et *Casse-Noisette en 1922 puis les *Sylphides en 1923, avant de céder la place à Alexander Fortunato et de se consacrer définitivement à l’enseignement. Jusqu’en 1944, les premiers rôles seront tenus par une de ses élèves, Nataÿsa Boÿskovíc rejointe dans les années 1930 par Ana Roje tandis qu’I. *Youskevitch et D. *Parlíc font leur débuts. Dès la fin des années 1920 les principales productions sont confiées à M. *Froman. Les années 1930 voient se succéder comme directeur B. *Romanov, Nina Kirsanova, une ancienne danseuse de la compagnie, B. *Kniaseff puis M. Froman. L’après-guerre est marquée par plusieurs réalisations de Pia et Pino *Mlakar qui avaient déjà signé auparavant avec succès des ballets pour la compagnie dont le Diable au village (1938). À partir de 1949, c’est D. Parlíc qui en devient la figure de proue à la fois comme premier danseur et comme chorégraphe, Franjo Horvat et Vera Kostíc contribuant avec lui au développement d’un répertoire d’oeuvres narratives basées sur des musiques de compositeurs yougoslaves. À la fin des années 1970, la compagnie marque le pas, situation qui se prolonge dans les années 1980 si l’on excepte les oeuvres qu’y crée M. *Šparemblek. PLM BELLEVILLE Jacques de Montmorency, sieur de (? - av. 1641). Danseur, chorégraphe, pédagogue et compositeur français. Renommé pour ses talents d’instrumentiste (violon et luth), il est intendant des ballets du roi entre 1615 et 1632. Il fait carrière à la cour à la fois comme interprète, chorégraphe et compositeur (ballet de la *Délivrance de Renaud, 1617 ; l’Aventure de Tancrède, 1619). Ses talents pour la danse sont loués par Mersenne et Marolles. Il est le maître d’Henry Prévost, qui enseignera la danse à *Louis XIV. NL BELSKI Igor (né en 1925). Danseur et chorégraphe russe. Élève de F. *Lopoukhov à l’École de danse de *Leningrad, danseur au *Kirov (1943-1963), il est chorégraphe au *Maly (19621973), au Kirov (1973-1977), puis au music-hall de Leningrad (1979-1992). Comme Y. *Grigorovitch, il se révolte à la fin des années 1950 contre les idées des chorégraphes des années 1930-1950. Pour lui la danse ne doit pas servir à illustrer des situations qui pourraient être racontées par des mots mais à créer des « images chorégraphiques », métaphores d’une situation ou d’un état d’âme. Ainsi dans la Symphonie de Leningrad (1961, mus. D. *Chostakovitch), pour évoquer la guerre il rompt avec la restitution réaliste d’exploits héroïques et compose une marche dansée dans laquelle les soldats allemands envahissent la scène comme des automates, sans prêter attention au moindre obstacle. Ce ballet comme déjà auparavant le Rivage de l’espoir (1959, mus. Andreï Petrov) lui vaut l’admiration des jeunes et choque ceux qui refusent d’accepter une symphonie dansée. Il ne parviendra toutefois jamais à atteindre le même succès par la suite. ESou AUTRES CHORÉGRAPHIES. Le Petit Cheval bossu (1963, mus. *Chtchedrine) ; Onzième Symphonie (1966, mus. Chostakovitch) ; l’OEstre (1967, mus. Alexandre Tchernov). BELTRAMI Susanna (née en 1958). Danseuse, chorégraphe et pédagogue italienne. Elle se perfectionne avec M. *Cunningham et C. *Carlson. En 1979, elle fonde le centre Ricerca Danza à Vérone et, depuis 1992, enseigne la danse contemporaine aussi à la *Scala. Pour son groupe, elle chorégraphie Fuga in Walzer (1985), Dressoir (1986), Sopra un picco in Darien (1987), pièces suivies par une série de travaux d’inspiration espagnole (l’Amour sorcier, 1989 ; Diablo, storia flamenca, 1994). Représentante de la *nouvelle danse italienne, elle privilégie une inspiration émotionnelle et littéraire. En 1995, elle signe Blu diablo pour L. *Savignano. EV BENESH Rudolf (1916-1975). Créateur d’un système de *notation du mouvement, britannique. Mathématicien de formation, il est incité à inventer une notation pour la danse par sa femme Joan Benesh, danseuse au *Sadler’s Wells Ballet. Entre 1946 et 1955, il conçoit alors un système d’écriture qui s’applique à tout mouvement humain. Proposée à N. de *Valois, la notation Benesh est adoptée par le *Royal Ballet, où la première choréologue est engagée en 1960. Il fonde à Londres, en 1962, le Benesh Institute of Choreology, où s’organisent l’enseignement et le développement du système. EM BIBLIOGRAPHIE. An Introduction to Benesh Movement Notation, Dance Horizons, New York 1956. BENJAMIN Fred (né en 1944). Danseur et chorégraphe américain. Formé au New York’s Clark Center et à la *School of American Ballet, il étudie avec T. *Beatty et danse à Broadway dans la distribution noire de *Hello Dolly (1964, G. *Champion) et dans Promises, Promises (1968, M. *Bennett). Artiste invité par A. *Ailey et Beatty, il interprète Ailey Celebrates Ellington (1974) et Pretty Is Skin Deep... Ugly Is to the Bone (1977). downloadModeText.vue.download 63 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 46 Il chorégraphie pour le théâtre musical, puis, au début des années 1970, se consacre à la création d’un répertoire pour sa compagnie. Son travail est à la fois engagé et abstrait. Bien que certaines pièces soient des déclarations très personnelles sur la vie quotidienne des Noirs américains, il crée également des pièces universelles sur le mouvement et les processus chorégraphiques. ESe CHORÉGRAPHIES. Jazz suite (1968) ; New Fantasy (1969) ; Mountain High (1971) ; Personal Testimony (1972) ; Dealing with the Facts and Pain (1974) ; The End Game (1977) ; Leftover Wine (1979) ; Feeling Old Feelings (1980). Pour le théâtre musical. Bubblin’ Brown Sugar (1975) ; It’s So Nice to Be Civilized (1979). BENNETT Michael, DIFIGHLIA Michael, dit (1943-1987). Danseur, chorégraphe et metteur en scène américain. Dès l’enfance, il étudie les *claquettes ainsi que les techniques *classique, *moderne et *jazz, poursuivant un seul but : devenir chorégraphe, comme J. *Robbins. Il débute comme danseur en 1960 dans la tournée européenne de *West Side Story (J. *Robbins), puis danse à *Broadway pour M. *Kidd (Subways Are for Sleeping, 1961 ; Here’s Love, 1963) et pour P. *Gennaro (Bajour, 1964), tout en enseignant la danse jazz. Il signe sa première chorégraphie en 1966 (A Joyful Noise) et connaît son premier grand succès avec Coco (1969). En 1971, il reçoit le premier de ses nombreux Tony Awards pour *Follies. En 1975, il conçoit, chorégraphie et met en scène *A Chorus Line (co-chor. Bob Avian), qui devient un succès mondial. Également metteur en scène de quelques pièces de théâtre, il travaille pour la télévision pendant les années 1960 et signe les chorégraphies du film What’s So Bad About Feeling Good ? (1968). Son travail se situe dans la lignée des grands novateurs. Comme A. *De Mille, il utilise la danse pour véhiculer les émotions des personnages ; à l’instar de Robbins, il aborde la *comédie musicale comme un ensemble indissociable dont tous les éléments sont chorégraphiés ; comme G . *Champion, il croit en l’éclat du spectacle : en atteste, notamment, le final de A Chorus Line, qui, tout en restant profondément ironique, renvoie le spectateur au paradis de la comédie musicale. Dans cette pièce, qui fera date, il va plus loin que Robbins dans West Side Story, en supprimant complètement le choeur et en intégrant à chaque rôle le chant et la danse. Sa marque personnelle se caractérise par l’utilisation de formes stylisées des danses de *société de l’époque et par une mise en scène « cinématique « : jouant d’effets de montage entre les séquences, il les fait se chevaucher ou s’effacer l’une l’autre, afin que les danseurs apparaissent et disparaissent, ou dansent jusqu’à la scène suivante sans interrompre l’action. ESe AUTRES CHORÉGRAPHIES POUR LE THÉÂTRE MUSICAL.Henry, Sweet Henry (1967) ; Promises, Promises (1968) ; Company (1970) ; Seasaw (1973) ; Ballroom (1978, cochor. Bob Avian) ; Dreamgirls (1981). BIBLIOGRAPHIE. K. Mandelbaum, A Chorus Line, St. Martin’s Press, New York, 1989. BENNINGTON SCHOOL OF DANCE. Créé en 1934 par M. *Hill, Mary Josephine Shelly et Robert Devore Leigh. Ce centre de formation de danse moderne aux États-Unis a lieu chaque été durant six semaines à Bennington College jusqu’en 1942, à l’exception de 1939, où Mills College accueille les participants. Le programme, principalement proposé à des professeurs de danse et à de jeunes talents, met en avant la technique et la composition, rassemblant les grands chorégraphes de l’époque : M. *Graham, D. *Humphrey, C. *Weidman et H. *Holm, leur donnant l’opportunité d’enseigner et les ressources nécessaires à la création de nouvelles oeuvres. Le corps d’enseignants inclut également L. *Horst, J. *Martin, Bessie Schönberg, N. *Lloyd et A. *Lauterer. Parmi les étudiants et protégés, certains sont devenus des chorégraphes renommés, tels que M. *Cunningham, A. *Halprin, E. *Hawkins et A. *Nikolais. AB BENOIS Alexandre (1870-1960). Peintre, décorateur et critique d’art russe. Issu d’une famille d’ascendance française, fils d’un architecte à la cour de Saint-Pétersbourg, il étudie le droit et la peinture. Principal animateur, avec S. de *Diaghilev et L. *Bakst, de la revue Mir iskousstva [le Monde de l’art], il est l’auteur des décors de Sylvia pour le *Mariinski en 1901. Il séjourne à Paris peu après pendant deux ans. En 1907, il collabore avec M. *Fokine au Mariinski (le Pavillon d’*Armide). Associé à la lutte contre le conformisme qui règne alors dans les théâtres impériaux, il devient un membre éminent des *Ballets Russes dès leur fondation, faisant profiter la troupe de son expérience déjà confirmée. À la veille de la Première Guerre mondiale, cherchant à dépasser les principes du Monde le l’art et lassé par le romantisme rétrospectif de Benois, Diaghilev lui préfère P. *Picasso. De 1918 à 1926, A. Benois dirige la galerie de l’Ermitage, puis s’installe définitivement à Paris, où il collabore, au sein de la compagnie d’I. *Rubinstein, avec B. *Nijinska (le Baiser de la fée, 1928 ; la Bien-aimée, 1928 ; *Boléro, 1928 ; les Noces de l’Amour et de *Psyché, 1928 ; la Princesse Cygne, 1928 ; la Valse 1929) et L. *Massine (David, 1929 ; les Enchantements d’Alcine, 1929 ; Amphion, 1931). Il travaille par la suite également pour le théâtre et l’opéra. Récusant les « professionnels de la décoration théâtrale », c’est en tant que peintre qu’il affirme sa présence au sein des Ballets Russes. À ce titre, il revendique la responsabilité d’ordonner les grandes lignes de la danse en créant le cadre dans lequel elle prend place. Libérée d’une fidélité historique scrupuleuse, sa scénographie se rapproche de la nouvelle peinture. Se refusant à distraire l’oeil par mille petits détails, il fait appel, pour ses décors et costumes conçus comme complémentaires, à la plus large palette de couleurs, mais il en simplifie les alliances pour parvenir à de véritables poèmes plastiques. Il obtient son plus grand succès avec *Petrouchka (1911), ballet qui restera « son enfant chéri ». CD, PLM AUTRES COLLABORATIONS. Le Festin, 1909 ; les *Sylphides, 1909 ; *Giselle, 1910) ; *Balanchine (le *Bourgeois gentilhomme, 1932 ; Raymonda, 1940, cochor. Danilova) ; *Lichine (le Bal des cadets, 1940 ; le Moulin enchanté, 1949).BIBLIOGRAPHIE. A. Benois, Russian Ballet, Londres, 1941 ; Mémoires, éd.? ? ? ?, 1960. BENOIS Nicola (1901-1988). Peintre et décorateur russe. Né à Saint-Pétersbourg, fils d’A. *Benois, il est très tôt en contact avec le renouvellement de la conception scénographique impulsée par son père et S de *Diaghilev. Après un apprentissage auprès d’O. *Allegri et des premières collaborations à Petrograd en 1924, il travaille à Paris pour la troupe de cabaret Chauvesouris de Nikita Baliev et se lie d’amitié avec Alexandre Sanine qui le présente à Arturo Toscanini, alors directeur artistique à la *Scala. Il signe ses premiers décors dans ce théâtre en 1926 pour l’opéra la Khovanchtchina de M. Moussorgski, travaillant par la suite à l’Opéra de *Rome et dans différents théâtres européens. En 1936, il devient responsable des décors à la Scala jusqu’en 1970. Scénographe très fécond, il collabore souvent avec A. von *Milloss et M. *Wallmann. À l’approche traditionnelle basée sur le naturalisme perspectif et le réalisme des détails, il substitue une reconstitution dont la fantaisie et les ruptures de couleur introduisent un climat de fable. S’inscrivant dans la lignée diaghilévienne, où les valeurs de la peinture dominent le spectacle, downloadModeText.vue.download 64 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 47 par son savoir-faire théâtral et musical, il conserve dans son travail le sens de la mesure et le respect de l’histoire. PV BENONIOVÁ Marcela (née en 1957). Danseuse, chorégraphe et pédagogue tchèque. Diplômée du Conservatoire de Prague, elle poursuit sa formation à *Mudra. Elle rejoint ensuite le Théâtre national de *Prague où elle devient chorégraphe assistante en 1981. De 1984 à 1992, elle crée également des oeuvres pour le théâtre Laterna Magica, collaborant régulièrement avec le metteur en scène Evald Schorm et compose des chorégraphies pour divers groupes de danse tchèques. Maintenant des contacts réguliers avec les différents courants chorégraphiques européens, elle s’affirme bientôt comme l’un des professeurs de référence de danse moderne. Elle enseigne à l’Académie des arts de la scène de Prague depuis 1990. HK CHORÉGRAPHIES. Pragensia (1984, mus. Petr Ebern, Laterna Magica) ; Vox clamantis (1984, mus. Petr Ebern, Laterna Magica). BENSERADE Isaac de (1612-1691). Écrivain français. Auteur de tragédies (Cléopâtre, Iphis et Iante, Méléagre) et d’une comédie (Gustave ou l’Heureuse Ambition), il est admis à l’Académie française en 1674. Il vit de pensions de Richelieu, puis de Mazarin. Il doit sa réputation à sa carrière de poète mondain, particulièrement aux vers qu’il compose pour les *ballets de cour, dans lesquels il excelle à camper des personnages à clé renvoyant aux courtisans et aux dames qui les interprètent. Grâce à ce talent, il devient pendant vingt-cinq ans l’auteur exclusif des vers des ballets de cour, dont le Ballet de Cassandre (1651), le *Ballet royal de la Nuit (1653), puis de ceux composé par J.-B. *Lully, parmi lesquels le Ballet des Plaisirs (1655), le *Ballet royal de l’Impatience (1661), le Ballet royal de *Flore (1669) et le *Triomphe de l’amour (1681). CK BIBLIOGRAPHIE. I. de Benserade, OEuvres, Paris, 1698 (rééd. Fac-sim. Slatkine, Genève, 1990) ; Ballets pour *Louis XIV, présentés et annotés par M.-C. Canova-Green, Société de littératures classiques, Toulouse, Klincksieck, Paris, 1997. - Ch. Silin, Benserade and Its Ballets de cour, Johns-Hopkins Press, Baltimore, 1970 BENTEIFOUR Redha (né en 1954). Danseur et chorégraphe français. Après une formation chez R. *Hightower, il part aux États-Unis travailler avec Claude *Thompson, Jaime Rogers et Lester Wilson. De retour à Paris il signe des ballets pour sa propre compagnie, fondée en1983, dont Palimpseste (1989), tout en chorégraphiant pour la scène, le cinéma et la télévision. Il crée également à l’étranger (Ballet de *San Francisco, compagnie A. *Ailey). Au croisement de multiples cultures, son travail s’oriente vers une totale liberté du mouvement et des styles. Inspiré de la vie quotidienne et caractérisé par une grande énergie, il exige des danseurs acteurs une maîtrise parfaite de différentes techniques. ESe BERAIN Jean (1640-1711). Dessinateur français. Après avoir participé aux grandes fêtes organisées en 1674 à Versailles, il succède, la même année, à H. de *Gissey comme dessinateur de la chambre et du cabinet du roi. Il procure les modèles des costumes des opéras donnés tant à la cour qu’au théâtre lyrique parisien, où il remplace en 1680 G. *Vigarani pour les décors et les machines. S’il n’est pas aussi novateur que ses contemporains italiens dans ses projets de scénographie, il porte, en revanche, les habits à une perfection inégalée en Europe. Il crée des parures raffinées, s’efforçant de diversifier leur coupe et le dessin des broderies. Soucieux de décrire les rôles qu’on lui proposait, il ne se prive pas pour Amadis (1694) de J.-B. *Lully, au sujet tiré d’un roman de chevalerie, de recourir aux modes du Moyen Âge et de la Renaissance. Son fils, Jean II (v. 1674-1726), appelé dès 1707 à poursuivre son activité, montre moins d’originalité, se contentant souvent d’imiter son oeuvre. JDLG BIBLIOGRAPHIE. J. de La Gorce, Berain, dessinateur du RoiSoleil, Herscher, Paris, 1986. BÉRARD Christian (1902-1949).. Décorateur et costumier français. Élève des peintres Édouard Jean Vuillard et Maurice Denis, il réalise son premier décor en 1929 pour la version de *Coppélia des Ballets *Russes de *Diaghilev. Il travaille ensuite pour S. *Lifar (la Nuit, 1930), G. *Balanchine (*Cotillon, 1932 ; Mozartiana, 1933), L. *Massine (Symphonie fantastique, 1936 ; Septième Symphonie, 1938 ; Clock Symphony, 1948), et participe, aux côtés de R. *Petit et B. *Kochno, à la création des *Ballets des Champs-Élysées. Fidèle collaborateur de J. *Cocteau, il collabore à plusieurs de ses films, dont la Belle et la Bête (1946) et les Parents terribles (1948).Son élégance légère en fait une figure du style parisien, de cette touche de bon goût dit « à la française ». Son oeuvre scénographique se caractérise par le sens des proportions et des détails, un art de la ligne, une accentuation des couleurs et un mélange des matériaux. Pour les *Forains (1945, Petit), il conçoit ainsi un décor unique avec des matériaux de récupération, modifiable par les danseurs eux-mêmes. Il est également le premier décorateur français à mettre en valeur la forme stylisée du costume dans le théâtre. Il marque l’histoire du ballet français en inventant avec Petit le « ballet de chambre », genre qui trouve son expression accomplie dans le *Jeune homme et la Mort (1946), dont il signe les costumes. VR BERBER Anita (1899-1928). Danseuse et actrice allemande. Elle étudie chez *Jaques-Dalcroze et R. *Sacchetto et après des débuts en 1917 à Berlin, elle tourne en Europe centrale. Ses danses en costumes bigarrés évoluent vers un style provocateur, où le corps nu théâtralise l’appétit érotique d’une génération expressionniste en lutte contre la morale bourgeoise. Après une carrière jalonnée de scandales, elle meurt d’un abus de drogue. Elle apparaît dans de nombreux films muets, dont le Dr. Mabuse de Fritz Lang. LGui BIBLIOGRAPHIE. A. Berber, S. Droste, Die Tänze des Lasters, des Grauens und der Ekstase, Vienne, 1923 ; L. Fischer, Tanz zwischen Rausch und Tod. Anita Berber 1918-1928, Berlin, 1984. BERESKA Doussia (1900-[?]). Danseuse chorégraphe et pédagogue d’origine polonaise. Élève, dès 1916, puis collaboratrice appréciée de R. *Laban à Zurich, *Ascona ainsi que Berlin où elle dirige la Kammersbühne Laban en 1924, elle prend en charge la succursale de l’école Laban à Paris en 1930. Chorégraphe originale, pédagogue passionnée, elle devient alors une des figures de l’*Ausdruckstanz, accueillant maints danseurs de ce courant. Sa trace se perd après la Seconde Guerre mondiale. JR BERETTA Caterina (1839-1911). Danseuse et pédagogue italienne. Elle étudie à Milan avec A. *Hus. En 1855, elle débute à l’Opéra de *Paris dans le *Diable à quatre (*Mazilier) et interprète l’Automne des *Quatres saisons (1855, L. *Petipa) dans les Vêpres siciliennes de *Verdi. Les années suivantes, elle est prima ballerina en alternance à la *Scala, au *Teatro Regio, à la *Fenice et au *San Carlo où elle est acclamée pour sa virtuosité acrobatique dans les ballets de G. *Casati, P. *Borri, de son mari Lorenzo Viena, de P. *Taglioni et H. *Montplaisir. Elle se produit aussi à Rome, Florence et à Londres au Her Majesty’s Theatre (1863downloadModeText.vue.download 65 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 48 1864). Elle ouvre sa propre école à Milan en 1879. Directrice de l’École de la Scala (1905-1908), elle est la première femme à occuper ce poste. P. *Legnani, A. *Pavlova, V. *Trefilova, T. *Karsavina figurent parmi ses élèves. CC BERG Alban. Compositeur autrichien. Il commence à composer des lieder sans véritable formation puis étudie avec *Schönberg. Sa carrière se divise nettement en deux parties, la charnière étant la Suite lyrique (1926) pour laquelle il utilise la technique sérielle. Tout d’abord atonal (Trois Pièces pour orchestre) puis dodécaphonique (Lulu) il laisse à sa mort précoce un nombre restreint d’oeuvres mais toutes d’une rare qualité. Berg n’a jamais composé pour la danse, et les chorégraphies créées sur sa musique sont assez peu nombreuses. La *Suite lyrique (1953, S. *Sokolow ; 1973, P. *Van Dijk ; 1974, Jochen Ulrich) est la première source d’une inspiration qui puise autant dans la musique de chambre (Quatre Pièces, 1977, F. *Blaska), la forme concertante (À la mémoire d’un ange, 1977, R. *Petit), que dans la musique pour voix (Lulu, 1977, M. *Eck ; 1987, J. *Butler). JRou SUR LA MUSIQUE DE BERG. *Tetley (The Canary, 1948 ; Treshold, 1972) ; *Yakobson (Sculptures de Rodin, 1970) ; *Van Dantzig (Room at the Top, 1982) ; *Kylián (Wiegelied, 1983) ; *Forsythe (Berg A / B or Three Orchestral Pieces, 1984) ; *Van Manen (Corps, 1985). BERGE Yvonne (née en 1910). Danseuse et pédagogue française d’origine suisse. Interne à l’École d’arts et de danse d’E. *Duncan à Salzbourg (1925-1928), elle y reçoit une éducation artistique pluridisciplinaire. À partir de 1929, elle enseigne à Paris et danse ses propres créations à travers l’Europe. Toute sa vie est placée sous le signe de la curiosité et de la rencontre. En 1940, elle crée progressivement sa propre école à Saint-Germain-en-Laye. Elle y développe une pédagogie qui stimule « l’élan de ceux qui à leur insu, hélas, sont devenus une race d’assis dès l’enfance «. Accompagnant ses élèves au piano, elle utilise des objets et l’improvisation. Pour elle, « la danse est une culture de base à la portée de chacun, et une éducation fondamentale pour la jeunesse «. Par un développement de la sensibilité et une prise de conscience de l’unité psychosomatique, elle cherche à réveiller « les bases archaïques du mouvement naturel «. Après 70 ans d’activité, elle transmet encore actuellement son enseignement à un collectif d’élèves. CF BIBLIOGRAPHIE. Y. Berge, Vivre son corps, Seuil, Paris, 1975 ; Danse la vie, le Souffle d’or, Paris, 1994. BERGER Augustin (1861-1945). Danseur et chorégraphe tchèque. Après avoir étudié avec Giovanni Martini, il dirige le ballet du Théâtre national de *Prague à deux reprises (1885-1900 et 1912-1923). Il est l’auteur de la première production non russe de l’acte II du *Lac des cygnes, à l’occasion de la venue de P.*Tchaïkovski à Prague en 1888. Il est également chorégraphe à Dresde (1900-1910), Varsovie (1910-1912) et au *Metropolitan Opera de New York (1923-1932). HK BERIO Luciano (né en 1925). Compositeur italien. Il étudie la composition au conservatoire de Milan avec Giorgio Ghedini et poursuit ses études aux États-Unis avec Dallapiccola (rencontré au Berkshire Music Festival). En 1954, avec Bruno Maderna, il fonde à Milan le Studio di Fonologia musicale de la Radio-télévision italienne (RAI), qu’il dirige jusqu’à 1959. Il enseigne aux États-Unis à Tanglewood, Darlington, New York et en Europe à Darmstadt et Cologne. Sa production présente des ouvrages de musique électronique expérimentale, des oeuvres consacrées à la recherche vocale et instrumentale, ainsi que des pièces proches de la musique traditionnelle et de la musique populaire (folk et jazz). Pour la danse il compose en 1963Visage (1963, A. *Halprin ; 1967, B. *Harkarvy ; 1973, A. von *Milloss ; 1978, M. *Sparemblek), pièce électronique avec voix et danseur en solo, et Esposizione (1965, Halprin), une action scénique, puis en 1970 Laborintus II chorégraphié par G. *Tetley (1972) et G. *Cauley (1973). I Trionfi di Petrarca, per la dolce memoria di quel giorno achevé en 1974 est porté à la scène la même année par M. *Béjart. Au début des années 1970, F. *Blaska se livre à une exploration chorégraphique de diverses compositions de Berio : Contre (1972), Argumento (1972), Folk Songs (1973), Sequenza IV (1974), Agnus (1974), Erdenklavier (1974), Wasserklavier (1974), Rounds I et II (1974), Contre II (1974), Air (1974), O’King (1974), El Mar la mar (1974), E’vo (1974), Cinque Variazioni (1974), Linea (1974). ALai SUR LA MUSIQUE DE BERIO. *Danilova (les Diamants, 1959) ; *Amodio (Excursioni, 1967 ; Sequenza V, 1973) ; *Butler (Itinéraire, 1970 ; Trip, 1973) ; *Bohner (Duo I et II, 1971) ; *Morrice (That Is the Show, 1971) ; *Van Manen (Keep going, 1971) ; *Van Dantzig Après visage, 1972) ; J. *Carter (Pythoness Ascendant, 1973) ; *Kylián (Dream Dances, 1979) ; *Mudmaa (la Femme, 1986). BERIOSOVA Svetlana (née en 1932). Danseuse britannique d’origine lithuanienne. Elle se forme auprès de son père N. *Beriosov, puis à la *VilzakSchollar School de New York ainsi qu’auprès d’O. *Preobrajenska et V. *Volkova. Elle fait ses débuts avec le Grand Ballet du marquis de *Cuevas en 1947 et, après avoir interprété des premiers rôles avec le Metropolitan Ballet de Londres (19481949), elle intègre le *Sadler’s Wells Theatre Ballet en 1950. À quinze ans déjà, Beriosova conquiert le public anglais avec les rôles qu’elle crée dans *Designs with Strings (1948, J. *Taras, Metropolitan B.) et Fanciulla delle Rose (1948, F. *Staff, Metropolitan B.). Ses interprétations délicieuses du rôle de First Hand dans Beau Danube (L. *Massine) en 1949 et de Swanilda dans *Coppélia, au Royal Ballet, en 1951 font preuve d’une grande fantaisie naturelle. Avec la maturité, cette qualité disparaît sous l’image de la « grande ballerine » adulée pour l’aisance que son physique lui permet dans les rôles purement classiques. Ses créations les plus admirées sont Belle Rose dans le *Prince des pagodes (1961, J. *Cranko) et la femme d’Elgar dans *Enigma Variations (1968, F. *Ashton). JS, LK BERIOZOFF Nicholas (né en 1906). Danseur et chorégraphe britannique d’origine lithuanienne. Formé à Prague, il danse à l’Opéra national de Kaunas (19301935), rejoint les Ballets de *Monte-Carlo en 1936 et demeure jusqu’en 1944 au *Ballet Russe de Monte-Carlo. Maître de ballet de nombreuses compagnies, dont celui de la *Scala (1950-1951), le *London Festival B. (1951-1954) le Grand Ballet du marquis de *Cuevas (1956, 1961-1962), il dirige les Ballets de *Stuttgart (1957-1960), d’Helsinki (1962-1964), de Zurich (1964-1971), du *San Carlo de Naples (1971-1973) et à la fin des années 1970 le département de danse de l’université d’Indiana. Invité au Canada, en Afrique du sud et par l’*ABT (1991), il remonte avec succès les ballets de M. *Fokine et de M. *Petipa dans leur chorégraphie d’origine, plus à l’aise dans la restitution que dans la création personnelle (*Esméralda, 1954 ; *Ondine, 1965 ; *Roméo et Juliette, 1966 ; *Cendrillon, 1967). GP, NL downloadModeText.vue.download 66 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 49 BERKELEY Busby, B. Enos William, dit (1895-1976). Dance director et réalisateur américain. Fils d’un régisseur et d’une actrice, il est réputé, dès la fin des années 1920, comme l’un des meilleurs *dance director de *Broadway, grâce notamment à A Connecticut Yankee, Rainbow et Sweet and Low. Le producteur Samuel Goldwyn le fait alors venir à Hollywood en 1930 et, après quelques collaborations chorégraphiques, il rejoint la *Warner où il compose des numéros d’une prodigieuse invention pour des films signés Lloyd Bacon, Mervyn LeRoy, Ray Enright ou William Dieterle, avant de devenir réalisateur à part entière. Il habille les girls de pièces d’or et compose avec elles un violon (*Gold Diggers of 1933), des rosaces ou le portrait de Franklin D. Roosevelt (Footlight Parade, 1933), déplace une foule de pianos (Gold Diggers of 1935). Passé à la *MGM en 1938, il est amené à travailler pour l’unité *Freed, dirigeant J. *Garland et M. *Rooney dans Babes in Arms (1939) puis Babes on Broadway (1942), G. *Kelly dans For Me and My Gal (1942) et Take me out to the Ball Game (1949), Jeanette MacDonald dans *Lady be Good (1941). C’est également à lui que l’on doit les prouesses d’Esther Williams dans les ahurissants ballets nautiques de *Million Dollar Mermaid (1952). La disparition de la *comédie musicale hollywoodienne dès la seconde partie des années 1950 l’éloignera des studios. La reprise en 1971 de No No Nanette, à Broadway, lui permettra de retrouver R. *Keeler, son interprète de l’époque de la Warner. «À une époque de soupes populaires, de dépression et de guerre, j’ai tenté d’aider les gens à oublier leur misère et à penser à autre chose», précisera-t-il au sujet de sont travail. Reconnaissant en même temps qu’il est incapable de différencier une note de musique d’une autre et qu’il n’a jamais pris la moindre leçon de danse, il avouera avoir appris à l’armée à faire manoeuvrer les hommes qu’il a à sa disposition, formant avec cette main d’oeuvre docile toutes les figures imaginables. A Broadway, sans remettre en cause mouvements d’ensemble et relations spatiales, il introduit des effets de personnage dans la *chorus line qu’il perturbe par exemple par la présence d’une danseuse plus petite que les autres. Au cinéma, Berkeley refuse de prendre en compte les impossibilités techniques qu’on lui oppose à Hollywood. D’où des plans à la grue surprenants et des numéros d’une audace visuelle déconcertante qui caractérisent les films auxquels il collabore. Nombre de ses innovations se retrouveront chez les grands dance directors de l’époque tels B. *Connolly, Dave Gould ou L. *Prinz. PBr-ESe AUTRES CHORÉGRAPHIES POUR LE CINÉMA. *42nd Street (1933, WB) ; Dames (1934, WB); Wonder Bar (1934, WB) ; Gold Diggers of 1937 (WB) ; Broadway Serenade (1938, firme) ; Gold Diggers in Paris (1938, WB) ; Ziegfeld Girl (1941, MGM) ; Small Town Girl (1953, MGM) ; Billy Rose’s Jumbo (1962, MGM) AUTRES RÉALISATIONS. Gold Diggers of 1935 (WB) ; Strike up the Band (1940, WB) ; The Gang’s all here (1943, *Fox)Bibliogaphie. Bob Pike, Dave Martin, The Genius of Busby Berkeley, CFS Books, Reseda, 1973 ; Tony Thomas, Jim Terry, The Busby Berkeley Book, Thames and Hudson, Londres, 1973. BERLIN (Ballet de l’Opéra de). Compagnie allemande attachée à l’Opéra de Berlin-Ouest à partir de 1945, devenu le Deutschen Oper Berlin [Opéra allemand de Berlin] en 1961. Itinérante à ses débuts, la compagnie s’installe dans les nouveaux locaux de la Bismarckstrasse en 1961. Placée sous la direction de Jens Keith (1945-1949), elle connaît son premier succès en 1949 avec la nouvelle version d’*Abraxas (chor. J. *Charrat, mus. W. *Egk). Gustav Blank lui succède (1949-1957), tandis que T. *Gsovska y fait ses débuts de chorégraphe en 1955 dans le cadre du Festival de Berlin avec les ballets Labyrinth, Signale, Souvenirs et Ballade. En 1957, Gsovska devient chorégraphe en chef de la compagnie (en collaboration étroite avec son danseur favori G. *Reinholm à partir de 1961). Malgré les fréquents changements de danseurs et l’attente des amateurs de ballet qui espèrent un retour au style chorégraphique d’avant guerre, elle parvient à donner à la troupe une identité de style, aujourd’hui encore clairement identifiable. Attachée à créer un répertoire original, elle offre en outre à d’autres chorégraphes la possibilité de montrer leurs oeuvres : H. *Rosen (Dame und das Einhorn [Dame à la licorne], 1954), E. *Walter, M. *Wigman (le *Sacre du printemps, 1957) et J. *Cranko (l’*Oiseau de feu, 1964). En 1966, K. *MacMillan est nommé directeur. Son engagement à l’égard de la tradition vaut à la compagnie de grands succès avec la *Belle au bois dormant et le *Lac des cygnes. MacMillan soigne également le répertoire de création, signant notamment The Invitation (1960), Das Lied von der Erde (1965) et Las Hermanas (1963), oeuvres qu’interprète L. *Seymour, qu’il a fait venir de Londres. F. *Ashton, M. *Luipart, J. *Clifford sont par la suite invités à chorégraphier, tandis qu’en 1970 la présence de G. *Balanchine en tant que conseiller artistique permet d’inscrire au répertoire des oeuvres comme *Apollon Musagète, Épisodes, *Agon, les *Quatre Tempéraments. En 1969, J. *Taras succède brièvement à MacMillan. En 1973, Reinholm, directeur adjoint depuis 1961, reprend la direction. Il invite H. *Van Manen, José Pares, H. *Spoerli et M. *Pendleton à chorégraphier et encourage également de jeunes talents en conviant, entre autres, H. *Kresnik, W. Forsythe et Helmut Baumann. Il contribue aussi à renforcer le répertoire classique en faisant appel à R. *Noureev pour monter *Coppélia, la *Fille mal gardée et *Casse-Noisette. Parmi les grands danseurs ayant travaillé pour la compagnie, outre Reinholm et Seymour, il faut citer E. *Evdokimova, Gisela Deege, Suse Preisser, Erwin Bredow et Natascha Trofimova. TW BIBLIOGRAPHIE. G. Huwe (éd.), Die deutsche Oper Berlin, Berlin, 1984 ; 25 Jahre Deutsche Oper Berlin. Ein Dokument der Premieren von 1961 bis 1986, Förderkreis der Deutschen Oper Berlin, Berlin, 1986. BERLIN (Ballet de l’Opéra national allemand de). Compagnie attachée au Deutsche Staatsoper de Berlin. Il est l’héritier de la troupe attachée à l’Opéra de la cour depuis sa fondation en 1742, l’École étant, elle, créée en 1788. Bien que les danseuses les plus célèbres de l’époque romantique (M. *Taglioni, F. *Elssler, L. *Grahn) se produisent à Berlin, il faut en fait attendre la direction de P. *Taglioni (1856-1884) pour que l’activité chorégraphique y prenne de l’envergure. Une période de déclin marque la fin du XIXe siècle, que la présence de la primaballerina A. *Dell’ Era (1879-1909), ne parvient pas à enrayer. Le début du XXe siècle est marqué par l’opposition entre les « modernes » et les partisans de la tradition. Après le passage de H. *Kröller à la direction (1921-1922), M. *Terpis (19231930) réussit à imposer la danse *expressionniste sur la scène de l’Opéra avec H. *Kreutzberg comme danseur soliste. En revanche, R. *Laban (1930-1934) ne parvient pas à concilier renouveau et tradition, et la troupe doit se disperser. Directrice du ballet de 1934 à 1945, Lizzie Maudrik doit se soumettre aux consignes du régime national-socialiste. Après la partition de la ville, l’opéra se retrouve dans le secteur est de Berlin. Sous la direction de T. *Gsovska (1945-1950), le ballet acquiert alors une renommée internationale grâce à une synthèse réussie entre ballet classique et danse expressionniste. La première conférence de la danse en République démocratique allemande (1953) ayant encouragé le développement d’une danse réaliste sur le modèle soviétique, c’est dans cet esprit que Lilo Gruber met en scène, entre 1955 et 1969, Neue Odyssee (mus. ? ? ? ? ? Bruns), le *Lac des cygnes, *Roméo et Juliette et *Giselle. Son successeur, Claus Schulz (1969-1972), entame un rapprochement avec les représentants de la danse de l’Ouest, downloadModeText.vue.download 67 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 50 ouverture qui se confirme avec l’introduction par Egon Bischoff (1973-1990) de chorégraphies de G. *Balanchine, puis de Youri Vamos et W. *Forsythe. Au cours de cette période s’illustrent comme solistes Eleonore Vesco, Gert Reinholm, Steffi Scherzer, Claus Schulz, Oliver Matz. En 1993, M. *Béjart devient conseiller artistique et principal chorégraphe invité, et M. *Denard directeur du ballet. À côté des oeuvres classiques qui sont remontées, la compagnie aborde des créations de Béjart (*Schéhérazade, 1994 ; le Concours, 1997) ou de R. *Petit (Oto Dix ou Éros et la Mort, 1993), tandis que figurent au programme de la saison 1998-1999 des chorégraphies de Mark Baldwin, P. *Martins, Forsythe et David Sutherland. UE BERLIN (Ballet de l’Opéra-Comique de Berlin). Compagnie allemande attachée au Komischen Oper de Berlin-Est. Fondée en 1966 par T. *Schilling, la compagnie s’inscrit dans la tradition du théâtre musical réaliste de Walter Felsenstein. En 1993, Jan Linkens (responsable artistique et chorégraphe) et Mark Jonkers (directeur) succèdent à Schilling. S’appuyant sur le fort potentiel artistique des danseurs et tirant parti de la coopération de chorégraphes invités, ils s’attachent à développer la danse comme forme d’expression autonome, Linkens signant régulièrement des créations (Nuevas Cruzes, 1995 ; Sonnenkönig- Eine Reise, 1996 ; Takt , 1997). UE BERLIN Irving, BALIN ISRAEL, dit (1888-1989). Compositeur américain d’origine russe. Arrivé aux États-Unis en 1893, il débute dans un café de New York comme serveur-chanteur. Autodidacte, il compose un grand nombre de chansons, de comédies musicales dont Watch Your Step (1914, avec V. et I. *Castle), Ziegfeld Follies (19181920), *Annie Get Your Gun (1946, H. *Tamiris) Call Me Madam (1949, J. *Robbins) et des musiques pour le cinéma, notamment pour trois film avec le couple F. *Astaire-G. *Rogers (*Top Hat, 1935 ; *Follow the Fleet, 1936 ; Carefree, 1938). Le swing de ses compositions, mêlant lyrisme et ironie, constitue un des piliers du répertoire de la musique populaire américaine. AM BERLIOZ Hector (1803-1869). Compositeur français. Il étudie au Conservatoire de Paris avec Luigi Cherubini, après avoir interrompu ses études de médecine. Il se fait remarquer du milieu musical par sa personnalité et un travail de composition hardi. Prix de Rome en 1830, il suscite l’admiration de F. *Liszt et de Niccolo Paganini, qui le soutient financièrement. Il mène une double carrière de compositeur et de journaliste, ce qui aide à la diffusion de son oeuvre. Remportant de grands succès à l’étranger, il ne parvient pas à imposer ses opéras en France. Par sa maîtrise des possibilités instrumentales, il est considéré comme le « créateur de l’orchestre moderne ». Hormis son opéra les Troyens (1863), qui comporte des séquences dansées, il ne compose pas pour la danse. Son nom est toutefois associé au répertoire chorégraphique par son orchestration du *Spectre de la rose de C. M. von *Weber et par les nombreuses oeuvres créées sur ses musiques, en particulier sur sa *Symphonie fantastique, qui permettra à L. *Massine d’affirmer son concept de « ballet symphonique » mais aussi sur son *Roméo et Juliette et sur ses partitions consacrées au thème de *Faust. La diversité de son oeuvre se retrouve dans celle des chorégraphes qui s’en inspireront au XXe siècle. NC Sur la musique de Berlioz. *Fuller (Danse des sylphes, 1899) ; *Robbins (Pas de trois, 1947) ; Léonide Massine (Harold en Italie, 1954) ; *Béjart (Chaussons rouges, 1954) ; *Petit (Palais de Chaillot, 1962) ; *Rainer (We Shall Run, 1963) ; *Butler (l’Enfance du Christ, 1964) ; *Waring (Salute, 1967) ; J. *Carter (The Unknown Island, 1969) ; *Bortoluzzi (les Nuits d’été, 1978) ; *Spoerli (Childe Harold, 1981) ; *Dantzig (Sans armes citoyens !, 1987) ; *Hynd (The Hunchback of *Notre-Dame, 1988) ; *Scholz (Rot und Schwarz, 1989). BERMAN Eugène (1899-1972). Décorateur américain. Né à Saint-Pétersbourg, après un passage en France dans les années 1930, il s’établit en 1937 aux États-Unis et travaille exclusivement pour des troupes de ballet néoclassiques. Son oeuvre, inspirée par le *surréalisme, contribue au renouveau de la scène américaine en inventant un monde plein de mystères, suggestif, abstrait, structuré par des perspectives linéaires et architecturales à l’italienne. Se faisant peintre et architecte, il crée ainsi pour Roma (1955, G. *Balanchine) des paysages d’une Italie imaginaire. VR AUTRES SCÉNOGRAPHIES. *Ashton (Devil’s Holiday, 1939) ; Balanchine (Concerto Barocco, 1941 ; Danses concertantes, 1944; *Giselle, 1946; Ballet Impérial, 1950; *Pulcinella, 1972, avec *Robbins) ; D. *Tudor (*Roméo et Juliette, 1943) BERNARD Manuel (né en 1952). Éclairagiste français. Après une formation d’électrotechnicien, il crée ses premières lumières au théâtre avec Roger Planchon. Après avoir collaboré avec F. *Blaska, de 1982 à 1992 il éclaire les spectacles de J.-C. *Gallotta, et en deux occasions, ceux de D. *Bagouet. Il travaille ensuite avec M. A. *De Mey et M. *Kelemenis, entre autres. Ses lumières sont souvent d’une grande discrétion, comme s’il cherchait à saisir l’intensité native du visible. Pour lui, la lumière doit être tout sauf démonstrative, comme une musique accompagnant le mouvement. Elle doit aussi faire naître les espaces invoqués par la danse, agissant comme une source de révélation dont la nature, avec ses contrastes infinis, serait le secret modèle. CD BERNARD Roger (né en 1930). Décorateur et costumier français. Il est, avec J. *Roustan, l’un des principaux décorateurs de M. *Béjart des années 1960 à la fin des années 1970. Habité par l’idée d’un traitement actuel des sujets de ballet, il conçoit des décors très colorés, souvent illustratifs et faisant en général appel à des éléments hétéroclites. Ainsi, dans la Reine verte (1962), le plateau est encombré de portants et de herses, le tout formant un assemblage surréaliste, tandis qu’au second acte la Reine se transforme en vamp des années 1920, enturbannée de foulards roses et mauves, les autres danseuses étant juchées sur des hauts talons. Pour Baudelaire (1968), son décor consiste en une immense fleur stylisée, peinte sur la totalité du tapis de sol, dont les ondulations rythmées font sourdre un espace quasiment aquatique où se meuvent les danseurs. CD AUTRES COLLABORATIONS. Béjart (Bacchanale, 1961 ; les *Noces, 1962 ; *Messe pour le temps présent, 1967 ; Actus tragicus, 1969 ; les Fleurs de mal, 1971 ; Ni fleurs ni couronnes, 1971; *Nijinsky, clown de Dieu, 1971 ; Stimmung, 1972 ; Ah, vous dirai-je maman ?, 1972 ; *Golestan ou le Jardin des roses, 1973 ; le Marteau sans maître, 1973 ; Trionfi di Petrarca, 1974 ; Pli selon pli, 1975 ; *Molière imaginaire, 1976 ; Petrouchka, 1977) ; *Sparemblek (le *Mandarin merveilleux, 1968). BERNARDELLI Fortunato ou BERNADELLI F. (fin XVIIIe s.-déb. XIXe s.). Danseur et chorégraphe italien. Il débute en 1808 à Vérone en qualité de « grottesco ». Il travaille à Amsterdam, Paris (1812), Vienne (1813-1814) avec la famille de danseurs *grotesques *Kobler, et finalement à Moscou (18181830), où il règle, entre autres, le ballet la Flûte enchantée ou les Danseurs malgré soi (1822), que reprendra L. *Ivanov en 1891 sur une musique de R. *Drigo. RZ downloadModeText.vue.download 68 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 51 BERNERS Lord, TYRWHITT-WILSON Gerald Hugh (1883-1950). Compositeur et décorateur britannique. Aristocrate excentrique, autodidacte en musique, il répartit sa vie entre ses fonctions de diplomate, sa passion pour la musique et son goût pour les soirées de divertissement. Il compose pour G. *Balanchine (Triumph of Neptune, 1926) et F. *Ashton (Foyer de la danse, 1932 ; A Wedding Bouquet, 1937 ; Cupidon et Psyché, 1939 ; les Sirènes, 1946), ainsi que pour la Charles B. Cochran’s Revue (1930, Balanchine-S. *Lifar-Reader). SZ BERNSTEIN Leonard (1918-1990). Compositeur, chef d’orchestre et pianiste américain. Issu d’une famille de juifs russes immigrés, il étudie à luniversité Harvard (1935-1939), puis au Curtis Institute de Philadelphie (1939-1941). Assistant d’Arthur Rodzinsky au Philharmonique de New York en 1941, il se fait remarquer en remplaçant au pied levé Bruno Walter à la tête de cet orchestre, dont il deviendra le directeur en 1958. Chef mythique, l’un des plus fêtés de son siècle, en tant que compositeur il réussit le mélange improbable des musiques savantes et populaires, des folklores afro-américains et juifs, avant tout dans ses oeuvres destinées à la scène mais aussi dans d’autres, comme ses symphonies The Age of Anxiety (1945) et Kaddish (1963). Il met son tempérant bouillonnant et son acuité critique au service de toutes les causes, notamment de l’éducation musicale, comme en témoignent ses émissions télévisées pour enfants. En 1944, il entame avec J. *Robbins une longue et fidèle collaboration inaugurée avec succès par le ballet *Fancy Free développé ensuite sous forme de *comédie musicale puis de film sous le titre On the town. Après le ballet Facsimile (1946), moins bien accueilli, Robbins réalise en 1950 une chorégraphie pour la symphonie The *Age of Anxiety, réflexion sur la psyché contemporaine inspirée du poète W. H. Auden, puis signe les danses de Candide (1956). Suit le sommet de leur collaboration avec *West Side Story (1957) version contemporaine et urbaine de *Roméo et Juliette. Après Mass (1971), son grand spectacle liturgique qui intègre une chorégraphie d’A. *Ailey, Bernstein retrouve Robbins en 1974 pour Dybbuk Variations, adaptation du drame yiddish de Shloime Ansky, son oeuvre la plus austère, dont la partition s’inspire de la kabbale et du mysticisme numérologique juif autant pour la forme que pour l’esprit. Il est aussi l’auteur de deux autres comédies musicales, Wonderful Town (1953, chor. Donald Saddler) et 1600 Pennsylvania Avenue (1976, chor. *Faison). BT SUR LA MUSIQUE DE BERNSTEIN. H. *Ross (Serenade for seven dancers, 1959) ; *Butler (The Commitment, 1979) ; *Neumeier (Songfest, 1979) ; Robbins (Suite of Dances, 1980) ; *Bolender (Voyager, 1984). BERRY BROTHERS (The), Ananias B. (1912-1951), James B.(19141969), Warren B.(1922-1996). Trio de danseurs américains : Formés par leurs parents et par Henri Wessel, les deux aînés débutent ensemble en 1925 dans A Miniature Williams and Walker, numéro inspiré du fameux duo de danseurs de *cakewalk *Williams et Walker. À partir de 1929, Ananias et James se produisent pendant quatre ans avec D. *Ellington au *Cotton Club. Ils y retourneront ensuite régulièrement jusqu’aux années 1940. En 1936, Warren rejoint ses frères et le trio va connaître un énorme succès. Entre les engagements au Cotton Club, il se produit dans le circuit des clubs et des théâtres avec des célébrités du jazz, tels Count Basie, Cab Calloway ou Ella Fitzgerald, et il figure dans des productions prestigieuses, comme la *revue noire Blackbirds de L. *Leslie ou dans des films tels que Panama Hattie (1942), Boarding House Blues (1948) et You’re My Everything (1949, N. *Castle). À la mort d’Ananias, en 1951, Warren se retire, mais James reste en contact avec les *claquettes et la danse *jazz, participant à la fondation du *Mura Dehn’s Afro American Folk Dance Theatre, dont il assure la codirection. Le profil de chaque frère est bien distinct : James est comédien et chanteur, Ananias un spécialiste du *strut, et Warren, un danseur acrobate. Leur numéro, toujours le même, ne dure que quatre minutes. Composé de deux parties, le strut et la danse de la canne, chaque moment en est strictement réglé, chaque pas une *syncope. Combinant dans un contraste saisissant (appelé « freeze and melt «) l’immobilité en poses et l’action soudaine, ce numéro, repris dans le film Lady Be Good (1941), demeure parmi les *flash acts exemplaires. ESe BESSMERTNOVA Natalia (née en 1941). Danseuse russe. Formée à l’École de danse de *Moscou, élève de Sofia Golovina et de M. Kojoukhova, elle est une des vedettes du *Bolchoï de 1961 à 1995. Elle triomphe à Paris, Londres et New York. Son physique romantique la prédispose au répertoire (le *Lac des cygnes) et son tempérament tragique inspire les héroïnes des ballets de son mari Y. *Grigorovitch (Phrygie, dans *Spartacus, Anastasia dans *Ivan le Terrible). Fluide, immatérielle, dotée d’une extraordinaire *élévation, elle excelle dans les scènes de vision lyrique et s’inscrit comme une des interprètes majeures de *Giselle, donnant à voir le monde des esprits. SJM BESSY Claude (née en 1932). Danseuse, chorégraphe et pédagogue française. Formée à l’école de danse de l’Opéra de *Paris, elle est engagée en 1946 dans le corps de ballet de la compagnie. Promue étoile en 1956, elle y fait une brillante carrière. Invitée à l’étranger, elle se produit avec l’*ABT (1958 et 1959) et au *Bolchoï de Moscou (1961). Nommée pour un an à la direction du Ballet de l’Opéra de Paris (1970-1971), elle devient directrice de l’école de danse de ce théâtre en 1972. Elle paraît dans plusieurs films (notamment Invitation to the Dance, réal. G. *Kelly, 1956) et est l’auteur d’un livre, Danseuse étoile (1961). D’une beauté sculpturale, féminine et sensuelle, elle fait montre d’une large palette dramatique. Interprète du répertoire classique, elle participe à de nombreuses créations de S. *Lifar (*Noces fantastiques), G. *Skibine (*Daphnis et Chloé), J. *Cranko (la Belle Hélène, 1955), G. Kelly (Pas de dieux, 1960), M. *Descombey (Symphonie concertante, 1962), N. *Schmucki (Aor, 1971), et M. *Béjart lui confie la reprise du Boléro en 1970. Elle signe plusieurs chorégraphies, dont Play Bach (mus. Jacques Loussier, 1962) et Mouvements (mus. S. *Prokofiev, 1980) pour les élèves de l’école de danse de l’Opéra de Paris. Elle met son expérience au service de cette institution, qu’elle réforme, obtenant son installation à Nanterre et instaurant un régime d’internat. Avec tempérement, elle y impose une formation de haut niveau qui, tout en respectant la tradition académique française, s’ouvre à d’autres techniques et disciplines. Grâce à l’organisation de portes ouvertes annuelles, de spectacles et de tournées, elle contribue au rayonnement que connaît l’école tant en France qu’à l’étranger. GP, NL BETTIS Valerie. Danseuse et chorégraphe américaine. Après des études de danse classique et quelques cours auprès de Tina Flade, ancienne élève de M. *Wigman, elle se rend à New York, où elle étudie avec H. *Holm pendant trois ans et fait ses débuts dans The *Trend (1937). En 1941, elle donne son premier récital de chorégraphe à New York. Dans les années suivantes, elle enchaîne les solos qui lui ouvrent la voie vers la consécration (And the Earth Shall Bear Again, 1942, mus. J. *Cage). Dès 1944, elle s’essaie aux compositions d’ensemble en fondant sa propre compagnie. Attirée par le milieu du théâtre et du cinéma, elle participe à de nombreuses *comédies musicales, et est considownloadModeText.vue.download 69 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 52 dérée comme une des pionnières de la danse à la télévision dans les années 1950. Interprète de vif tempérament, elle subjugue par l’intensité de sa présence scénique, son sens inné du rythme et sa virtuosité technique. Son style rapide et percutant se transpose d’une manière idéale sur la scène de *Broadway (Inside USA, 1948, chor. H. *Tamiris). Les mêmes qualités marquent son travail de chorégraphe, qui, loin de la problématique sociale ou de la recherche d’un langage, se focalise sur les sentiments individuels. Sa démarche éclectique, affectionnant le spectaculaire, cherche avant tout à célébrer la jeunesse du corps et du coeur. V. Bettis appartient aux élèves de la génération héroïque de la *modern dance (S. *Shearer, P. *Koner) qui entendent la danse moderne comme un art fortement personnalisé, dans le sens où l’on peut exploiter les apports des aînés sans adhérer à une technique identifiée ou élaborer de nouvelles théories. MDS AUTRES CHORÉGRAPHIES. The Desperate Heart (1943) ; Theatrics (1946) ; Virginia Sampler (1947) ; As I Lay Dying (1948) ; A Streetcar Named Desire (1952). BIAGI Vittorio (né en 1941). Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie italien. Élève d’U. *Dell’Ara et Tatiana Grantzeva, il est soliste en 1958 à La *Scala. En 1961, M. *Béjart, remarquant son élégante maîtrise, son brio et son sens dramatique latin, l’engage au *Ballet du XXe siècle, où il participe à des créations (Divertimento, 1962 ; Bacchanale, 1963) et règle, en 1964, Jazz Impressions et *Après-midi d’un faune. Il est ensuite étoile à l’Opéra-Comique de *Paris, où il danse notamment *Graduation Ball de D. *Lichine. Il chorégraphie l’Enfant et les Sortilèges (1967) à Amsterdam, Platée (1968) à l’Opéra de *Lyon, dont il dirige le ballet en 1969, puis fonde en Italie sa compagnie, Danza Prospettiva. Plus narrative qu’abstraite, son inspiration lui suggère des versions de Roméo et Juliette (1969), Alexandre Nevsky (1969), *Noces (1982), le *Sacre du printemps (1982) et La nuit transfigurée (1985). MFC AUTRES CHORÉGRAPHIES. Le sorcier (1978) ; Leonardo (1981) ; La passion selon saint jean (1983). BIAS Fanny (vers 1792-1825). Danseuse française. Élève de L. J. *Milon, elle débute en 1807 à l’Opéra de *Paris et devient l’une des favorites du public sous la Restauration. Souvent cantonnée aux rôles secondaires, elle fait carrière à l’ombre de son amie E. *Bigottini. Appréciée pour l’extrême raffinement de son exécution, elle s’illustre particulièrement dans les *Pages du duc de Vendôme (1820) et dans des divertissements. Brillante technicienne, il est vraisemblable qu’elle est une des premières à pratiquer la technique des *pointes. SJM BIGONZETTI Mauro (né en 1960). Danseur et chorégraphe italien. Il fait ses classes à l’Opéra de *Rome, dont il intègre le ballet et devient soliste en 1978. Il rejoint en 1982 l’Aterballetto d’A. *Amodio, où il se distingue dans des pièces d’A. *Ailey, G. *Tetley, L. *Childs et W. *Forsythe. Il signe sa première chorégraphie, Sei in movimento, en 1990. En 1994, il crée Pression pour le Ballet de Toscane, dont il devient chorégraphe résident et où il monte le *Mandarin merveilleux (1996) et Don Juan (1996). Nommé directeur artistique de l’Aterballetto en 1997, il y crée Songs (1997), Persephassa (1997), Comoedia (1998) et Canzoni (1998). Influencé par le postclassicisme de Forsythe, il développe un style plastique et acrobatique privilégiant l’énergie et la vitesse. EV AUTRES CHORÉGRAPHIES. Turn Pike (1993) ; Mediterranea (1993) ; X.N.tricities (1994) ; *Coppélia (1994, Op. de *Rome) ; Le Streghe di Venezia (1995, mus. *Glass, la *Scala) ; Symphonic Dances (1995, *English National B.) ; Très Bien (1995, B. de *Marseille) ; Kazimir’s Colours (1997) ; Quatro danze per Nino (1998, mus. *Rota). BIGOTTINI Emilia (1784-1854). Danseuse française. Fille d’un comédien italien et d’une mère française, elle est engagée à dix-sept ans à l’Opéra de *Paris, où on lui confie les rôles de Mme *Gardel, et règne sur la troupe jusqu’à sa retraite, en 1823. C’est l’une des rares danseuses citées par les aristocrates comme une référence du bon goût artistique et qui, par son talent, échappe à l’accusation d’immoralité, malgré ses liaisons célèbres. Artiste du genre *noble, exceptionnelle dans la *pantomime, svelte, légère et précise, elle est l’interprète bouleversante des rôles mélodramatiques des ballets de L. J. *Milon (*Nina, Clari). SJM BILLIONI ou BIONNI, BILLON (seconde moitié du XVIIIe s.). Danseur et chorégraphe probablement d’origine italienne. Il se fait connaître grâce aux *ballets pantomimes qu’il réalise à l’*Opéra-Comique et à la Comédie-Italienne à Paris. À la ma- nière de J.-B. *Dehesse, il privilégie les sujets bourgeois et pittoresques (les Meuniers provençaux, les Fêtes picardes, la Foire de Bezons, 1759). La *contredanse qu’il règle dans le Waux Hall hollandais en 1761 connaît un tel succès qu’elle a été notée et publiée sous le titre la Bionni. NL BINTLEY David (né en 1957). Danseur et chorégraphe britannique. Formé à la *Royal Ballet School, il intègre le *Sadler’s Wells Royal Ballet en 1976. Distribué dans les principaux rôles de *caractère du répertoire classique, il interprète un Petrouchka bouleversant, tout en faisant preuve d’un grand sens comique dans les rôles d’Alain et de la Veuve Simone (la *Fille mal gardée, F. *Ashton), de Bottom (The *Dream, Ashton), la Méchante Soeur (*Cendrillon, Ashton, également créateur du rôle) et the Rake (The *Rake’s Progress). Il crée sa première chorégraphie avant même d’avoir seize ans (*Histoire du soldat, mus. I. *Stravinski) et signe ses premières pièces pour le Sadler’s Wells Royal Ballet en 1978 :The Outsider et Take Five. En 1982, en congé sabbatique, il se confronte aux écoles américaine et allemande. Chorégraphe attitré du Sadler’s Wells Royal Ballet (1983-1986), il devient chorégraphe résident du *Royal Ballet (1986-1993). Insatisfait de la place qui lui est faite, il quitte la compagnie en 1993 pour une carrière de chorégraphe indépendant en Allemagne et à San Francisco, avant d’être nommé directeur artistique du *Birmingham Royal Ballet en 1995, où il succède à son mentor, P. *Wright. Connu pour ses ballets narratifs et son recours à la danse folklorique dans des oeuvres telles que Flowers of the Forest (1985), The Snow Queen (1986) et *Hobson’s Choice (1989), il fait preuve d’une merveilleuse musicalité dans sa version pop de *Carmina burana (1995) et son Nutcracker Sweeties (1996), tirant vers le jazz. CH AUTRES CHORÉGRAPHIES. Meadow of Proverbs (1979) ; The Swan of Tuonela (1982) ; Consort Lessons (1983) ; Galanteries (1986) ; Allegri Diversi (1987) ; Still Life at the Penguin Café (1988) ; Cyrano de Bergerac (1991, Royal Ballet) ; Sylvia (1993) ; Tombeaux (1993) ; Edward II (1995, Stuttgart) ; The Protecting Veil (1998). BIRKMEYER Michael (né en 1943). Danseur et pédagogue autrichien. Issu d’une famille de danseurs, il étudie à l’École de l’Opéra de *Vienne et auprès de V. *Gsovski, R. *Hightower et Marika Besobrasova. Il est engagé en 1960 dans le ballet de l’opéra, où il devient soliste en 1967, puis premier soliste de 1972 à 1987. Depuis 1985, il dirige l’École de ballet de la Réunion des théâtres autrichiens. downloadModeText.vue.download 70 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 53 Protégé de R. *Noureev, il interprète très vite les rôles nobles du répertoire classique, ainsi que les oeuvres de G. *Balanchine, J. *Cranko et H. *Van Manen, mais aussi des rôles de *caractère, comme le rôle-titre dans *Don Quichotte. GOS BIRKMEYER Toni, B. Anton, dit (1897-1973). Danseur, maître de ballet et pédagogue autrichien. Formé à l’École du Hofoper de *Vienne, il est engagé dans le ballet en 1912. Nommé soliste en 1921, puis premier soliste (1938-1954), il y est aussi maître de ballet (1931-1933) et enseigne à l’Académie de musique et des arts du spectacle de 1945 à 1963. Son élégance et sa puissance expressive lui permettent d’interpréter tant les rôles du répertoire de l’Opéra de Vienne que des oeuvres de H. *Kröller et G. *Wiesenthal. Il crée ses rôles majeurs dans Josephslegende [la Légende de *Joseph] (1922) et Schlagobers (1924) de Kröller. GOS BIRMINGHAM ROYAL BALLET. Compagnie britannique fondée par N. de *Valois en 1945 et basée à Birmingham depuis 1990. Elle est l’héritière du *Sadler’s Wells Opera Ballet, constitué à partir d’un groupe de danseurs, qui se produit dès 1943 avec le Sadler’s Wells Opera. Remplaçant le Sadler’s Wells Ballet, qui a rejoint la Royal Opera House en 1946, cette seconde compagnie devient finalement un lieu d’expérimentation pour jeunes danseurs et chorégraphes. Souvent en tournées, elle présente des oeuvres de chorégraphes connus, dont de Valois elle-même, F. *Ashton, A. *Howard, W. *Gore, G. *Balanchine ou L. *Massine, et révèle le talent de J. *Cranko, K. *MacMillan, P. *Wright, A. *Carter, D. *Bintley ou encore M. *Somes, parmi d’autres, qui ne créent en général qu’un ou deux ballets pour elle. De même, c’est en son sein que les danseurs N. *Nerina, D. *Blair, Stanley Holden, S. *Beriosova, E. *Fifield, C. *Gable, L. *Seymour, A. *Grant, D. *MacLeary, M. *Tait, D. *Wall, D. *Wells et Miyako Yoshida, notamment, font leurs débuts. Sous la direction de P. *Wright, elle s’oriente vers la reprise de chefs-d’oeuvre du passé, dont *Choreartium (1991) de Massine et la *Table verte (1992) de K. *Jooss. Elle est dirigée par Bintley depuis 1995. Les principal dancers britanniques y sont aujourd’hui en minorité. JS, LK BIZET Georges (1838-1875). Compositeur français. Élève de Ch. *Gounod et J. F. Halévy, il obtient le prix de Rome en 1857. Grand virtuose de piano, selon F. *Liszt lui-même, il se révèle surtout un véritable génie dramatique : tout en acceptant les contraintes des genres de théâtre en musique, il sait se montrer aussi efficace qu’original dans la création de situations et de personnages hors du commun dessinés grâce à une grande subtilité rythmique, mélodique et harmonique. S’inscrivant dans la tradition française, son style d’orchestration reste l’un des plus riches et raffinés de son siècle. Bien qu’il n’ait jamais composé expressément pour la danse, à l’exception de scènes dans ses opéras, sa musique tient une place importante dans la création chorégraphique. Avec *Carmen, tout d’abord, oeuvre à laquelle se sont confrontés nombre de chorégraphes et dont l’héroïne est devenue un des archétypes du XXe siècle. Jeux d’enfants, composition pour piano datant de 1871, a aussi inspiré plusieurs chorégraphes tels L. *Massine (1932), A. *Aveline (1941), T. *Gsovska (Rêves d’enfants, 1951), G. *Balanchine (The Steadfast Tin Soldier, 1975), de même que sa symphonie en do majeur Rome (1855), chorégraphiée par A. *Howard(Assembly Ball, 1946) et Balanchine (Palais de cristal, 1947 ; Roma, 1955). R. *Petit a donné en 1974 une version chorégraphique de ses musiques composées en 1872 pour la pièce l’Arlésienne de Daudet. AM Sur la musique de Bizet. *Fokine (Danse espagnole , 1906) ; *Romanov (Andalousiana, 1914) ; *Wigman (Suite de danses II, 1920) ; *Lichine (Symphonic Impressions, 1951) ; *Gore (The Fair Maid, 1961) ; *Tharp (Sorrow Floats, 1984) ; *Lacotte (Te Deum, 1985). BJØRN Dinna (née en 1947). Danseuse et maîtresse de ballet danoise. Fille de N. B. *Larsen et de la pianiste Elvi Henriksen, elle entre à l’École du *Ballet royal danois en 1964 . Elle fait ses débuts dans la compagnie en 1966 avec Afternoon of a Faun [l’*Après-midi d’un Faune] de J. *Robbins. Son physique romantique la destine au répertoire d’A. *Bournonville, mais elle peut aussi incarner des personnages d’un érotisme plus moderne. Dynamique maîtresse de ballet au Ballet national de *Norvège à partir de 1990, elle est invitée dans le monde entier pour enseigner la technique Bournonville et monter les ballets du chorégraphe. EA BLACHE Jean-Baptiste (1765-1834). Danseur et maître de ballet français. Élève de *Deshayes, fin musicien, violoniste et violoncelliste, il accomplit l’essentiel de sa carrière en province, principalement à Bordeaux, où il devient le digne successeur de J. *Dauberval et le continuateur de son esthétique chorégraphique. Il travaille brièvement à l’Opéra de *Paris sous l’Empire, puis sous la Restauration. Lors de cette seconde période, en raison d’intrigues, il ne peut monter qu’un seul ballet, Mars et *Vénus ou les Filets de Vulcain. Ses oeuvres les plus célèbres, les Meuniers (1787), qu’A. *Saint-Léon cite dans sa Sténochorégraphie comme un ballet exemplaire, l’Amour et la Folie, la Chaste Suzanne, la Fille soldat, Almaviva et Rosine (1806), sont reprises partout en France et sur les théâtres des *Boulevards de Paris jusqu’à la fin des années 1830. Retiré à Toulouse, il meurt sans avoir accepté les propositions du directeur du théâtre de cette ville, qui le voulait comme maître de ballet. Son oeuvre lui survit toutefois grâce à son fils aîné, FrédéricAuguste (1791-?). Celui-ci, après avoir assisté son père quelque temps à Bordeaux, devient maître de ballet au *théâtre de la Porte-Saint-Martin de 1816 à 1823, puis à l’Ambigu-Comique, où il remonte avec succès le répertoire créé par son père : le public parisien s’enthousiasme pour les reprises de la Fille soldat (1823) et surtout pour sa version du *Déserteur (1824). Assez bon musicien, il fait preuve d’une inventivité efficace dans les spectacles imaginés pour mettre en valeur C. *Mazurier lorsque celui-ci arrive à Paris, en 1823 (Polichinelle vampire, 1823 ; *Jocko, 1825). La critique apprécie aussi les divertissements qu’il monte pour les mélodrames. Grâce à lui, le ballet de la Porte-Saint-Martin devient une troupe de qualité, parfaite pour assurer la multiplicité des spectacles donnés sur les *Boulevards. Son second fils, <PRENOM>Alexis-Scipion</PRENOM> (1792-?), est aussi maître de ballet, successivement à Lyon, Paris, Marseille, Bordeaux et Saint-Pétersbourg (1832-1836). SJM BLACHER Boris (1903-1975). Compositeur allemand. Après des études de mathématiques et d’architecture, il se consacre à la composition et à la pédagogie à Berlin et aux festivals de Salzbourg et de Tanglewood. Influencé par le jazz, il élabore une technique de « mètres variables » afin de systématiser des changements rapides de tempo. Auteur de neuf ballets parmi lesquels les plus connus restent Hamlet (V. *Gsovski, 1950 ; Aloïs Mitterhuber, 1974), sur un livret de T. *Gsovska, et Der *Mohr von Venedig (E. *Hanka, 1955 ; Y. *Georgi, 1956 ; Gsovska, 1956 ; H. *Rosen, 1962 ; T. *Schilling, 1969). Ses Paganini’s variations seront chorégraphiées par T. *Bolender (1963) et Giuseppe Urbani (1969) et son Concertino par H. *Van Manen (1961). Pour Joylen Gets Up, Gets Down, Goes Out (1980), W. *Forsythe utilise une oeuvre downloadModeText.vue.download 71 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 54 de Blacher de 1972 pour douze violoncelles : Blues und Rumba filarmonica. MJS AUTRES COMPOSITIONS. Fest im Süden (1936, Ellen Petz) ; Chiarina (1950, Jens Keith) ; Premier Bal (1950, *Charrat) ; Lysistrata (1951, Gustav Blank) ; Conte prussien (1952, Blank) ; Demeter (1964, Georgi) ; Tristan (1965, Gsovska). BLACK MOUNTAIN COLLEGE (BMC). Université américaine (Caroline du Nord, 1933-1957). Créé par John A. Rice en réaction à l’institutionnalisation de l’université américaine, le BMC fonctionne sans administration : les décisions sont prises par la communauté. L’ouverture à toutes les pratiques artistiques sont la force centrale de l’enseignement ; le propos, celui du processus. Il bénéficie de l’exil d’artistes européens, notamment du *Bauhaus, qui marque la culture américaine dans les années 1930-1940 (J. et A. *Albers, X. Schawinsky, S. Wolpe). Dans les années 1940-1950, au moment de l’émergence de l’avant-garde américaine, il est fréquenté par les jeunes artistes américains dont J. *Cage, R. *Rauschenberg, M. C. Richards, Charles Olson ; M. * Cunningham et K. *Litz y enseignent la danse ; R. *Currier vient y suivre des cours et D. *Humphrey participer aux tables rondes autour de la danse moderne. Dans cette communauté de vie et de pensée, Cage joue sa première « musique silencieuse « et met en scène le prototype du *happening (Untitled Event, 1952) mêlant sans lien de causalité, par simple coprésence, les pratiques artistiques. Cunningham y crée sa compagnie (1953) et un solo selon les méthodes *aléatoires qu’il développera par la suite. ALu BIBLIOGRAPHIE. M. Duberman, Black Mountain College - An Exploration in Community, E. P. Dutton, New York, 1972 ; M. E. Harris, The Arts at Black Mountain College, MIT Press, Cambridge, 1987. BLAIR David, BUTTERFIELD D., dit (1932-1976). Danseur et pédagogue britannique. Formé à la *Royal Ballet School, il intègre le *Sadler’s Wells Theatre Ballet en 1946, à l’âge de quatorze ans, et devient principal dancer en 1955. Sa première création importante est le rôle de Capitaine Belaye dans Pineapple Poll (1951) de J. *Cranko. Ce dernier lui confie aussi la création du rôle-titre de *Prince of the Pagodas (1957). Sa plus célèbre création demeure le rôle de Colas dans la *Fille mal gardée (1960, F. *Ashton). Il danse brièvement en duo avec M. *Fonteyn, mais sa carrière s’essouffle en partie à cause de l’arrivée de R. *Noureev. Il se produit encore de temps en temps avec le *Royal Ballet, jusqu’à ce qu’il quitte la scène, en 1973. Il monte plusieurs classiques du XIXe siècle à Atlanta (États-Unis) et pour l’*ABT : professeur stimulant, il enseigne au Royal Ballet, à la Royal Academy of Dancing et dans des écoles indépendantes à Londres. En 1976, il est nommé directeur du Ballet national de *Norvège mais meurt subitement avant de prendre ses fonctions. JS, LK BLASIS Carlo (1795-1878). Danseur, pédagogue, chorégraphe et théoricien italien. Né à Naples, issu d’une famille noble (De Blasis) installée en France, il reçoit ses premières notions de danse à Marseille, où il fait ses débuts à l’opéra vers l’âge de douze ans. Il suit sa famille à Bordeaux, où il poursuit ses études artistiques et se produit au Grand Théâtre (1816-1817). Déjà célèbre, il débute alors à l’Opéra de *Paris et perfectionne sa préparation technique et artistique avec P. *Gardel. Pour la saison 1817-1818, il se rend en Italie : il y fera dès lors toute sa carrière de danseur, mis à part quelques brefs séjours en France et en Grande-Bretagne comme premier danseur au King’s Theatre de Londres (18271830). Premier danseur sérieux à la *Scala (1817-1823), à la *Fenice (1818, 1824 et 1830), au *Teatro Regio de Turin (1821, 1824 et 1826), ainsi que dans diverses villes d’Italie, il renonce à la scène au début des années 1830 à la suite d’un accident au pied. En 1837, il est invité à diriger, avec sa femme Annunziata Ramaccini, l’École de ballet de la Scala, où il reste jusqu’en 1850. Son activité de chorégraphe est également intense. Outre de brèves compositions, il commence par reprendre des oeuvres de J. *Dauberval, J. G. *Noverre, P. Gardel, des *Blache, de L. J. *Milon, entre autres, avant de signer sa première chorégraphie à la Scala, en 1819, dans Il Finto Feudatario [le Faux feudataire]. Il compose ensuite des oeuvres pour les meilleurs théâtres italiens et étrangers, notamment à Londres où il est maître de ballet et chorégraphe en 1828 et par la suite en 1847, à Varsovie (1856), Lisbonne (1857-1858), Paris (1859-1860) et Moscou (1861-1864). Auteur de nombreuses publications à caractère théorique et philosophique, rédigées à partir de 1820 et qui contribuent à sa célébrité, Blasis est considéré comme l’une des principales figures du ballet du XIXe siècle. De formation française, il parvient à conjuguer le goût et la rigueur formelle de la tradition de l’*Académie royale de Musique avec les conquêtes techniques de la nouvelle école de l’Opéra (restent notamment célèbres les *pirouettes hardies de son invention). Doué d’une profonde culture, il restructure l’École de la Scala, qui devient ainsi un modèle en peu de temps. Après dix années de sa direction, plus de quarante de ses élèves (entre autres, S. *Fuoco, F. *Fabbri, C. *Rosati, A. *Ferraris, C. *Cucchi, C. *Grisi, P. *Borri, G. *Lepri), issus aussi de son école privée, conquièrent les scènes d’Europe et d’Amérique. Grâce à leur formation exhaustive (perfection technique, intensité expressive, efficacité dramatique), ils se voient confier les rôles principaux. On attribue à Blasis le mérite d’avoir fixé, par ses publications, non seulement les principes esthétiques et didactiques de la danse académique, mais aussi le rôle de chef d’école. C’est sur ses enseignements que se fondent quelques-unes des plus importantes méthodes du XXe siècle, dont celle d’E. *Cecchetti, élève de Giovanni Lepri. FP BIBLIOGRAPHIE. C. Blasis, Traité élémentaire théorique et pratique de l’art de la danse, Milan, 1820 ; The Code of Terpsichore, Londres, 1828 ; Manuel complet de la danse, Paris, 1830 (rééd. 1866 et 1884 ; éd. en fac-sim. Léonce Laget, Paris, 1980) ; The downloadModeText.vue.download 72 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 55 Young Lady’s Book (1830) ; Saggi e prospetto del trattato generale di pantomima naturale e di pantomima teatrale, Milan, 1841 ; Studi sulle arti imitatrici, Milan, 1844 ; Notes Upon Dancing, Londres, 1847 ; L’Uomo fisico, intellettuale e morale, Milan, 1857 ; Généralités sur la danse, Célébrités du ballet, Danses nationales (en russe), Moscou, 1864. BLASKA Félix (né en 1941). Danseur et chorégraphe français. Formé au classicisme d’Y. *Brieux, de G. *Cuevas et du *Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMD), il s’exerce à la chorégraphie chez R. *Petit (Octandre, 1965), puis crée deux ballets pour le *Ballet théâtre contemporain (BTC). Il fonde sa compagnie en 1969. Entouré de musiciens présents sur scène : les soeurs Labèque, puis M. *Portal, J.-P. *Drouet, S. Gualda, il collabore aussi avec L. *Berio. Très vite apprécié, il s’installe à la maison de la culture de Grenoble de 1972 à 1974 ; c’est la première décentralisation d’une compagnie de danse. Son intérêt pour la théâtralité et la création collective (Improvision, 1976, avec des musiciens de jazz) l’entraîne vers de nouveaux horizons : décision surprenante mais logique, il dissout sa compagnie et part en 1979 avec le groupe *Pilobolus aux États-Unis où il crée avec M. *Clarke et R. *Barnett la compagnie *Crowsnest Trio (1979-1984). Après diverses expériences à la *Juilliard School (dont Charlotte, 1993) et à Tokyo (Concerto, 1994), Blaska crée des chorégraphies pour sa femme écuyère et revient en France en 1998 avec de nouveaux projets. *Electro-Bach et Sensemaya (1969), premières pièces des Ballets Blaska, laissent éclater la jeunesse, la fougue, le jaillissement du geste. La compagnie est très demandée : au Théâtre de la Ville comme à Grenoble ou dans les grands festivals (Royan, 1973 ; Baalbek, 1976). Le rythme, l’énergie, la vitalité et l’humour de ses pièces plaisent au grand public. Les créations du Crowsnest Trio sont diverses, théâtrales parfois, poétiques (10 Haiku, 1979, *American Dance Festival) et sensibles comme le charmant Jardin de Villandry (1980) créé en tournée à Paris. LB AUTRES CHORÉGRAPHIES.Ballet en trois mouvements (1968) ; Tam-tam et Percussion (1970) ; Fusion (1974) ; l’Homme aux loups (1975) ; Fou d’Elsa (1976) BLISS sir Arthur (1891-1975). Compositeur britannique. Il étudie à Cambridge et, après 1919, se fait remarquer pour son style incisif et cosmopolite, influencé par I. *Stravinski et A. *Schoenberg, dont il adoucit l’âpreté dans les dernières années de sa carrière. Sa production de ballet comprend *Checkmate (1937, N. de *Valois), *Miracle in the Gorbals (1944, *Helpmann), Adam Zero (1946, Helpmann), The Lady of Shalott (1958, L. *Christensen). ESpe SUR LA MUSIQUE DE BLISS. Ninette de Valois (Rout, 1927 ; Narcisse et Écho, 1932) ; *MacMillan (Diversions, 1961) ; *Neumeier (Frontier, 1969). BLOMDAHL Karl-Birger (1916-1968). Compositeur, enseignant, directeur d’institutions suédois. D’abord lié à des modèles néobaroques, il s’ouvre bientôt au sérialisme, au jazz et à la musique électronique. Grande figure du monde musical suédois, il compose plusieurs ballets pour les chorégraphes de son pays : B. *Akesson (Sisyphe, 1957 ; Minotaure, 1958 ; Play for Eight, 1962) et B. *Cullberg (Dionysos, 1966 ; Spawning Ground, 1967). C’est M. *Béjart qui signe la chorégraphie de son opéra Aniera en 1960. EQ BLONDY Michel (v.1675-1739). Danseur, chorégraphe et pédagogue français. Appartenant à une famille de maîtres à danser parisiens, neveu de P. *Beauchamps, il fait carrière à l’*Académie royale de musique, où il débute en 1691. Interprète vedette de la troupe jusqu’en 1730, souvent partenaire de Mlle de *Subligny, il brille, selon Durey de Noinville, dans la danse *haute et les entrées de *caractère, en particulier celles de Furies. En 1728, il règle les danses de la tragédie Hypermnestre (mus. Gervais) et succède officiellement à L. *Pécour comme « compositeur des ballets « de l’Académie royale de musique en 1729, assumant cette fonction jusqu’en 1739. Il participe d’autre part aux fêtes de la duchesse du Maine à Sceaux en 1714 et travaille pour les jésuites en 1715. Deux compositions pour le bal, notées en écriture R.-A. *Feuillet, attestent son activité de maître à danser auprès de particuliers. Membre de l’*ARD, il a notamment pour élèves la *Camargo, M. *Sallé, F. *Hilverding et contribue à la diffusion de la *belle danse française. NL AUTRES CHORÉGRAPHIES. Les Amours des déesses (1729, mus. Jezan-Baptiste Quinault) ; les Sens (1732, mus. Jean Joseph Mouret) ; *Hippolyte et Aricie (1733, mus. *Rameau) ; *les Indes galantes (1735, mus. Jean-Philippe Rameau) ; Castor et Pollux (1737, mus. Jean-Philippe Rameau). PARTITION CHORÉGRAPHIQUE. F. *Lancelot, la Belle Dance, Van Dieren, Paris, 1996. BLOSSOM Beverly, ndn SCHMIDT B. (née en 1926). Chorégraphe, danseuse et pédagogue américaine. Élève d’A. *Nikolais, dont elle rejoint la compagnie (19531963), elle travaille également pendant un an avec M. *Wigman à Berlin en 1957. Nommée professeur à l’université de l’Illinois (1968-1990), à partir de 1977 elle anime parallèlement sa compagnie, qui laisse place, en 1982, à une carrière en solo. En 1990, elle reforme sa compagnie à New York et reçoit en 1993 un Bessie Award pour l’ensemble de sa carrière. Très sollicitée pour enseigner ou créer, auteur de plus de cent oeuvres, poignantes, drôles, souvent satiriques, elle fonde son travail sur « l’alchimie entre narration et personnage ». ML CHORÉGRAPHIES. Duet for One Person (1963, solo avec film) ; One Too (1977) ; Sands (1978) ; Brides (1981) ; Dad’s Ties (1983) ; Castles in Spain (1988) ; Swan Song (1989) ; Wither Winter (1994). BLUM René (1878-1942). Directeur de compagnie français. Frère de l’homme d’État Léon Blum, critique d’art, fondateur de plusieurs revues littéraires, il est directeur des spectacles (comédies et opérettes) du théâtre de *Monte-Carlo de 1924 à 1929. Il y reçoit les *Ballets Russes de Diaghilev et devient responsable de la saison d’opéras et de ballets à la mort de S. *Diaghilev, en 1929. Il fonde et dirige de 1932 à 1935 les *Ballets russes de Monte-Carlo avec le colonel de *Basil, puis seul les Ballets de Monte-Carlo de 1936 à 1940. Arrêté en 1941, il est déporté et meurt à Auschwitz le 28 septembre 1942. Érudit et modeste, il préfère se consacrer à la direction artistique plutôt qu’administrative. Collaborant avec beaucoup d’anciens des Ballets Russes de Diaghilev, il permet à B. *Kochno, G. *Balanchine, L. *Massine et M. *Fokine de poursuivre dans la voie de la création. Héritier spirituel de Diaghilev, il attire les peintres, passe commande à de jeunes compositeurs et engage des danseurs aux talents prometteurs (I. *Baronova, A. *Eglevsky, D. *Lichine, T. *Riabouchinska, T. *Toumanova, etc.). NL downloadModeText.vue.download 73 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 56 BOBYCHOV Mikhaïl (1886-1964). Peintre décorateur russe. Influencé par le groupe Mir iskousstva et par les Saisons russes de S. *Diaghilev, il signes des décors pour M. *Fokine (Eros et Francesca da Rimini, *Mariinski, 1915). Parmi ses oeuvres les plus connues figurent des ballets de F. *Lopoukhov au *Maly (*Arlequinade, 1933 ; *Coppélia, 1934; *Clair ruisseau, 1937) et le Cavalier de bronze (1949, R. *Zakharov, Bolchoï). ESou BOCAN, CORDIER Jacques, dit (début XVIIe s.). *Maître à danser et compositeur français. Il aurait enseigné la danse aux princesses françaises, espagnoles, anglaises, polonaises et danoises. Charles Ier d’Angleterre le fait dîner à sa table et le récompense généreusement de ses services. Il participe aux *ballets de cour donnés en France. Contrefait et bossu, il est pourtant considéré par Sauval, en 1724, comme « le miracle de son siècle non seulement pour la danse, mais pour le violon ». Dans la dernière entrée du ballet du *Grand Bal de la douairière de Billebahaut (1626), les danses singent ses compositions, dont elles se moquent gentiment. NL BOCCA Julio (né en 1967). Danseur argentin. Initié à la danse par sa mère dès l’âge de quatre ans, il étudie ensuite à l’Instituto del *Teatro Colón. L’enseignement de ses maîtres, Gloria Kazda, José Parés et N. Jutyeva, s’enrichit des apports de Maggie Black et Winet Burmann. En 1985, il intègre le Ballet du Teatro Colón et obtient la médaille d’or du Concours de *Moscou. Ce triomphe le propulse vers une célébrité qui gagne autant les milieux artistiques que les publics populaires, d’abord en Argentine et bientôt dans toute l’Amérique, ainsi qu’en Asie et en Europe. Invité par M. *Baryshnikov, il est principal dancer de l’American Ballet Theater depuis 1986, tout en dansant comme soliste invité dans les grandes compagnies à travers le monde (*Royal B., *Kirov, *B. royal danois, la *Scala, B. de *Stuttgart) et dans les principaux festivals internationaux. En 1990, il fonde sa propre compagnie, le Ballet Argentino, avec laquelle il parcourt le monde. Sa danse se caractérise par la virtuosité exceptionnelle de sa technique et la spontanéité de son jeu théâtral plein de passion. Son répertoire s’étend de la *Sylphide d’A. *Bournonville jusqu’aux créations contemporaines d’O. *Aráiz, Julio López et M. *Wainrot, en passant par les oeuvres maîtresses de J. *Robbins, J. *Cranko, K. *MacMillan et R. *Petit. Primé de nombreuses fois, il incarne de manière exemplaire la danse masculine du XXe siècle. AF BODE Rudolf (1881-1971). Théoricien du mouvement et pédagogue allemand. Il étudie au Conservatoire de Leipzig et à *Hellerau (1911). Influencé par la philosophie de L. *Klages et les théories de R. *Laban, il s’oppose en revanche à *Jaques-Dalcroze : pour lui, le rythme prend son origine dans le corps et non dans la musique. Il fonde à Munich l’Institut für Musik und Rhythmus. Militant de la première heure au sein du parti national-socialiste, il devient responsable de l’éducation physique sous le IIIe Reich. Il élabore une méthode, la gymnastique expressive, à mi-chemin entre danse et gymnastique, dans la mesure où elle se compose d’éléments aussi bien sportifs que rythmico-moteurs. Elle repose sur le principe que tout mouvement implique toujours le corps entier, que le mouvement volontaire est en contraste avec le mouvement naturel et que l’unité motrice dans l’espace est garantie par la confluence de l’impulsion dynamique au centre de gravité. Cette méthode est divulguée en Union soviétique par le metteur en scène et cinéaste Sergueï Eisenstein qui le premier en pressent le potentiel artistique. SF BIBLIOGRAPHIE. R. Bode, Ausdrucksgymnastik, Munich, Beck’sche, 1922 ; S. Franco, « Ginnastica e corpo espressivo, Il metodo di Rudolf Bode «, in Teatro e Storia, vol. XVIII, Il Mulino, Bologne, 1997. BODENWIESER Gertrud, ndn. BONDY G. (1890-1959). Danseuse, chorégraphe et pédagogue autrichienne. Artiste représentative de l’expressionnisme viennois, ses activités dans l’entre-deux-guerres en font un des personnage central de la scène autrichienne. Elle présente son premier programme en 1920 dans une exposition de peinture et rassemble peu après un groupe avec lequel elle compose des chorégraphies qui témoignent d’un regard engagé sur son temps (le Démon Machine, les Masques de Lucifer). Parallèlement, elle introduit la danse moderne à l’Académie de musique de Vienne et inaugure une méthode d’enseignement raffinée qui puise aux sources de *Jaques-Dalcroze, F. *Delsarte, B. *Mensendieck et de R. *Laban. Juive, elle perd son poste en 1938 et tourne dans le monde entier avec son groupe avant de s’installer en Australie, où elle fonde une nouvelle école. LGui BIBLIOGRAPHIE. G. Bodenwieser, The New Dance, Sydney, 1969. BOËSSET Antoine (1587-1643). Compositeur français. Il cumule diverses charges auprès de *Louis XIII et compose de nombreux airs de cour de style polyphonique (plus de deux cents nous sont parvenus) qui trouvent notamment place dans les ballets de cour auxquels il collabore, dont le *Ballet de la Délivrance de Renaud (1617), le Ballet des Bacchantes (1623), le Ballet des Voleurs (1624) et le *Grand Bal de la Douairière de Billebahaut (1626). Son fils Jean-Baptiste Boësset (16141685) lui succède auprès de *Louis XIV et compose des airs, notamment pour le *Ballet de la Nuit (1653), le Ballet du Temps (1654), le Ballet des Plaisirs (1655), le Ballet de *Psyché (1656), le Ballet d’Alcidiane (1658) et le Ballet de la Raillerie (1659). RL BOGDANOV Constantin (v.1809-1877). Danseur et pédagogue russe. Élève des Écoles théâtrales de Moscou et de *Saint-Pétersbourg, il danse au *Bolchoï où il est le partenaire de F. *Hullin-Sor, E. *Sankovskaïa, Alexandra Voronina-Ivanova, Tatiana Karpakova dans de nombreux ballets, dont ceux de A. *Glouchkovski et F. Hullin-Sor (dans la *Sylphide de cette dernière notamment). À sa retraite, il assure l’organisation des tournées de sa fille N. *Bogdanova. ESou BOGDANOVA Nadejda (1836-1897). Danseuse russe. Elle se forme avec son père C. * Bogdanov et se produit dès l’âge de dix ans dans diverses villes de Russie. En 1850, elle étudie avec J. *Mazilier à *Paris où elle débute à l’Opéra dans un pas de deux monté par lui, obtenant ensuite un grand succès dans la *Vivandière de *Saint-Léon. Elle regagne la Russie lorsqu’éclate la guerre de Crimée, et danse de 1855 à 1864 à Saint-Pétersbourg et Moscou, surtout dans les ballets romantiques (la *Sylphide, *Giselle, la *Esméralda, Gazelda ou les Tziganes, *Catarina ou la Fille du bandit, *Faust), ainsi que dans Météore de Saint-Léon en 1861. À partir de 1857, elle fait aussi des tournées à Paris, Berlin, Naples, Varsovie, Budapest. Elle quitte la scène en 1867. ESou BÖHME Fritz (1881-1952). Historien de l’art, critique de danse allemand. Découvreur de l’*Ausdruckstanz et penseur nazi de la danse, il est l’écrivain le plus marquant de l’entre-deux-guerres. Outre ses rubriques quotidiennes dans le Deutsche Allgemeine Zeitung (1919-1945), ses conférences et ses ouvrages, il organise les congrès de la danse (1927-1930), soutient les recherches sur la *cinétographie Laban et rassemble un cercle d’artistes downloadModeText.vue.download 74 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 57 et d’intellectuels. Partageant la vision du déclin de l’Occident d’Oswald Spengler, il voit dans « l’homme dansant du présent « la figure capable de renouer avec un rythme cosmique originel, vierge des marques de la technique. Avec l’arrivée du nazisme, il croit venu l’avènement d’une nouvelle « culture du mouvement «, qui fera du rythme un fondement de l’ordre social et étatique. Membre du parti nazi, il dirige en 1933-1934 le Bureau de la danse folklorique de la Force par la joie, puis est engagé aux Deutsche Meisterstätten für Tanz pour enseigner l’histoire de la danse, ouvrir une bibliothèque et un fonds d’archives et diriger le Deutsche Tanzzeitschrift, journal de la danse du ministère de la Propagande, tâches qu’il assume jusqu’en 1945. LGui BIBLIOGRAHIE. « Vom musiklosen Tanz «, in Der tanzende Mensch, Backhaus, Leipzig, 1921 ; Der neue Tanz, Velhagen und Klasing, Bielefeld, 1925 ; Tanzkunst, Dessau, Dünnhaupt, 1926 ; Der Tanz der Zukunft, Delphin, Munich, 1926 ; Entsiedlung der Geheimnisse. Zeichen der Seele zur Metaphisik der Bewegung, Kinetischer Verlag, Berlin, 1928 ; Neue deutsche Tänze, Teubner, Leipzig, 1934 ; Rudolf von Laban und die Enstehung des modernen Tanzdrama, Hentrich, Berlin, 1996. BOHNER Gerhard (1936-1992). Danseur et chorégraphe allemand. Il étudie la danse à partir de 1954 et rencontre, à *Berlin, M. *Wigman, qui le fascine. Cependant, l’ *Ausdrukstanz étant alors bannie des théâtres allemands, il décide d’orienter sa carrière vers la danse *classique. Engagé au Th. de Manheim en 1958, il est remarqué par T. *Gsovska, qu’il suit à Francfort, puis à Berlin, où il devient soliste au Ballet de la Deutsche Oper (1961-1971). Il danse avec J. *Cranko et K. *MacMillan, créant des rôles de composition appréciés. Il commence à chorégraphier en 1964 et gagne, en 1969, le prix de *Cologne avec Silvia frustriert, un duo à caractère érotique avec S. *Kesselheim, sa danseuse fétiche. Il crée pour différents théâtres, obtient le prix de la Critique et, en 1972, tente d’introduire un groupe de création indépendant au sein de l’Opéra de Berlin. Malgré le succès de Die *Folterung der Beatrice Cenci (1971), il se heurte à l’opposition de la direction. Avec plusieurs de ses danseurs, il poursuit le projet au Tanztheater de Darmstadt où, de 1972 à 1975, il initie des expériences basées sur la création collective et la participation du public. Choqués, les responsables culturels décident de dissoudre l’ensemble. Il en conçoit un dépit qu’il porte à la scène avec Machen = Machtlos (1975). Chorégraphe invité du *NDT et du Tanztheater de *Wuppertal, il codirige avec R. *Hoffmann le Tanztheater de Brême dès 1978, créant des oeuvres étonnantes, comme Bilder einer Ausstellung (1981). Écarté de ce poste en 1981, il entreprend une carrière de soliste avec *Schwarz Weiss Zeigen (1983). Chorégraphe de sa génération le plus en conflit avec l’institution théâtrale allemande, il est l’initiateur de la révolution esthétique qui mène au *Tanztheater, ouvrant un chemin à l’expérimentation, et comprend, le premier, la nécessité d’un lien avec le passé, posant la question essentielle du renouveau de l’expressionnisme par le biais de l’abstraction dans la lignée de G. *Palucca, D. *Hoyer et son premier maître, Wigman. À plusieurs reprises, il se confronte au travail d’O. *Schlemmer : en 1977, il recrée avec succès Das *triadische Ballett et, en 1986, Bauhaustänze - Abstrakte Tänze. Génie visionnaire, guettant le geste parfait, il réduit le mouvement à l’essentiel dans un équilibre entre forme et contenu qu’aucun chorégraphe de son temps n’aura jamais autant exploré. MIB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Im Goldenen Schnitt I, II, III (1989, déc. Vera Röhm), *Angst und Géometrie (1990) et SOS (1991). BIBLIOGRAPHIE. Collectif, G. Bohner, Tänzer und Choreograph, Ed. Hentrich, Berlin, 1991.FILMOGRAPHIE. Im gespräch mit G. Bohner (réal. Ulrich Tegeder). BOÏARTCHIKOV Nikolaï (né en 1935). Danseur et chorégraphe russe. Élève de l’École de danse de *Leningrad, il danse au *Maly dès 1954. En 1967, il termine ses études à la faculté des chorégraphes du Conservatoire de Leningrad, tout en composant des ballets dont le premier est les Trois Mousquetaires (1964, mus. Veniane Basner, th. Maly). De 1971 à 1977, il dirige le Ballet de Perm et, depuis 1977, celui du Maly où il compose des ballets inspirés d’oeuvres littéraires. À la différence de l’habitude des années 1930-1940, il compose des spectacles entièrement dansés, sans pantomime, et introduit dans ses mises en scène des effets métaphoriques. Ainsi, dans son *Macbeth (1984, mus. S. Kallos) à chaque meurtre commis, un arbre pousse sur la scène, l’apparition de tous petits arbustes annonçant la mort des enfants de Duncan. Considéré comme le plus intellectuels des chorégraphe de son temps, il ne joue jamais sur des émotions directes. ESou AUTRES CHORÉGRAPHIES. La Dame de Pique (1969, d’après *Pouchkine, mus. *Prokofiev) ; Orphée et Eurydice (1977, mus. A. Jourbine) ; les Brigands (1982, d’après F. Schiller, mus. M. Minkov) ; le Don tranquille (1988, d’après M. Cholokhov, mus. L. Klinitchev) ; Pétersbourg (1992, d’après A. Bielyï, mus. S. Danevitch). BOLCHOÏ Ballet du théâtre. Compagnie de danse russe attachée au principal théâtre lyrique de Moscou. Bien que le bâtiment actuel du Bolchoï Teatr [Grand Théâtre] date de 1825, il existe alors à Moscou depuis 50 ans déjà des compagnies qu’on peut considérer comme les ancêtres directs de celle du Bolchoï. La première, formée en 1776 à l’Orphelinat de Moscou avec des élèves d’une classe de danse, se produit à partir de 1780 au théâtre Petrovski, puis dans d’autres lieux, et passe en 1806 sous l’autorité de la Direction des théâtres impériaux. Les ballets sont tout d’abord montés par des étrangers, dont Leopold Paradis, les frères Francesco et Cosimo Morelli, Pietro Pinucci, Guiseppe Solomoni, Jean Lamiral, avant que n’apparaissent les premiers chorégraphes d’origine russe : Isaac Abletz (à partir de 1807), Ivan Lobanov (à partir de 1816) et surtout A. *Glouchkovski (1812-1839). Celui-ci compose les premiers ballets sur des sujets russes dont Rouslan et LudmilaRouslan et Ludmila (1821), des divertissements dits « patriotiques « et forme des danseurs tels Tatiana Glouchkovskaïa, Alexandra Voronina-Ivanova, Daria Lopoukhina, Nikita Pechkov. Dès les années 1820-1830, on discerne une différence de style avec le ballet de *Saint-Pétersbourg : plus attaché aux sources folkloriques, plus terre à terre, celui de Moscou préfère les ballets narratifs et surtout comiques, ce qui fait que les danseurs y sont souvent des mimes accomplis. L’arrivée de F. *Hullin-Sor, danseuse et chorégraphe au Bolchoï de 1823 à 1839, marque une étape importante : elle introduit les ballets romantiques (la *Sylphide, etc.) et forme des danseuses dont la plus célèbre, E. *Sankovskaïa, surnommée « l’âme du ballet moscovite « a pour partenaire habituel le français Théodore Guérineau ou encore C. *Bogdanov. Dans les années 1850, les ballets de J. *Perrot y sont montés, dont la *Esméralda, grâce à F. *Elssler en tournée à Moscou en 1850-1851 ; Praskovia Lebedeva danse aussi le rôle avec succès. Par la suite, les chorégraphes se succèdent, mais aucun ne permet au Bolchoï de rivaliser avec le *Mariinski alors dirigé par M. *Petipa. Présent de 1861 à 1863, C. *Blasis stimule l’école où il compte parmi ses élèves Pauline Karpakova et Anna Sobechtchanskaïa. Après le succès du *Petit Cheval bossu*Petit Cheval bossu (1866) d’A. *Saint-Léon d’après la version de *Saint-Pétersbourg, S. *Sokolov essaie de l’imiter avec la Fougère ou la Nuit de la *Saint-Jeanla Fougère ou la Nuit de la *Saint-Jean (1867), mais c’est Petipa qui triomphe avec *Don Quichotte*Don Quichotte (1869). V. *Reisinger, chorégraphe de 1871 à 1878, reste impuissant devant la partition du *Lac downloadModeText.vue.download 75 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 58 des cygnes*Lac des cygnes (1877) comme J. *Hansen (18791882) en 1881. Alexeï Bogdanov, arrivé en 1883, voit la compagnie réduite de moitié : tous les danseurs de caractère et les mimes qui font la fierté de Moscou, sont congédiés. José Mendez (1889-1898) introduit la féerie, reproduisant sans grand succès quelques spectacles populaires en Europe. La compagnie est toutefois riche en danseurs : Lydia Geiten, Lubov Roslavleva, Adelina Giuri et I. *Clustine. Ce dernier produit quelques bal- lets, mais est supplanté comme chorégraphe par A. *Gorski. Venu de *Saint-Pétersbourg en 1900 pour monter sa nouvelle version de *Don Quichotte, Gorski reste à la tête de la compagnie de 1902 à 1924.Comme M. *Fokine à *Saint-Pétersbourg, il veut réformer le ballet de Moscou mais il doit tenir compte des traditions locales. Obligé de renouveler sans cesse les ballets du XIXe s. et de s’ingénier à ne pas déplaire aux étoiles E. *Gueltzer et V. *Tikhomirov, il ne monte que peu de créations originales (la Fille de Gudule, *Salammbô). Soutenu par les jeunes (A. *Balachova, M. *Mordkin, L. *Novikov, Sofia Fedorova, Vera Karalli, etc.) et le peintre C. *Korovine, il parvient toutefois à sortir le ballet du Bolchoï de son déclin. À la fin des années 1920, le Bolchoï, théâtre d’État, privilégie le répertoire traditionnel : la seule création plus moderne est celle du Beau *JosephBeau *Joseph (1925, K. *Goleïzovski). Par contre le très populaire *Pavot rouge*Pavot rouge (1927), bien que traitant d’un sujet d’actualité, est composé par Tikhomirov sur le modèle des ballets du XIXe s. Parmi les danseurs se détachent alors V. *Krieger, Anastasia Abramova, Lubov Bank, Victor Smoltsov. Les années 1930 sont marquées par la promotion du Bolchoï au rang de théâtre le plus important d’URSS. Les meilleurs éléments de Leningrad y sont transférés : les chorégraphes moscovites tels I. *Moïsseïev et A. *Radounski font place à R. *Zakharov et V. *Vaïnonen qui reprennent la *Fontaine de Bakhtchissaraï et *Flammes de Paris créés à Leningrad ; O. *Lepechinskaïa, M. *Gabovitch, A. *Messerer voient apparaître à leurs côtés M. *Semenova et A. *Ermolaïev ; E. *Guerdt, V. *Ponomariov viennent enseigner à l’école. En 1944, après le retour à Moscou du ballet, évacué à Kouïbychev (auj. Samara) pendant la guerre, arrivent G. *Oulanova ainsi que L. *Lavrovski. Ce dernier en assure la direction de 1944 à 1956 et de 1960 à 1967. Les années 1950 restent pauvres en créations mais voient débuter M. *Plissetskaïa et R. *Strouchkova. Dès la fin des années 1950, le public et les danseurs qui ne se satisfont plus des grands ballets narratifs dominés par la pantomime, découvrent les grandes compagnies de l’Ouest (B. de l’Op. de *Paris, *Royal B., *NYCB). Les années 1960 voient ainsi des jeunes chorégraphes, dont Natalia Kasatkina, innover mais, porté par ses succès d’abord à Leningrad puis à Moscou, c’est Y. *Grigorovich qui s’impose : directeur du Bolchoï pendant 30 ans (1964-1995), il y signe toutes les créations majeures (*Spartacus, *Casse-Noisette, Ivan le Terrible, l’*Âge d’or, etc.) et les principales reprises (le *Lac des cygnes, la *Bayadère, le *Corsaire, *Raymonda, etc.). M. Plissetskaïa, N. *Bessmertnova, V. *Vassiliev, E. *Maximova, M. *Liepa figurent alors parmi les principaux danseurs. Mais dès les années 1970, certains tels Plissetskaïa et Vassiliev revendiquent, et obtiennent, de créer leurs propres ballets. À la fin des années 1980, faute de nouvelles créations de Grigorovitch, la compagnie décline et beaucoup de danseurs préfèrent travailler à l’étranger. En 1995, c’est Vassiliev qui devient directeur artistique du Bolchoï. ESou BOLCHOÏ DE SAINT-PÉTERSBOURG (Ballet du théâtre.) Compagnie de danse russe attachée au Bolchoï Teatr [Grand Théâtre] de *Saint-Pétersbourg de 1783 à 1886. Ce théâtre construit en 1783, aussi appelé Bolchoï «Kamenny» [en pierre] pour le distinguer du théâtre *Maly construit en bois, accueille aussi bien du théâtre, de l’opéra que du ballet (opéra et ballet seulement à partir de 1830). Après sa destruction en 1886, la compagnie s’installe au *Mariinski. ESou BOLENDER Todd (né en 1919). Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie américain. Formé à la *School of American Ballet ainsi qu’auprès de Chester Hale, Edwin Stawbridge, H. *Holm et A. *Vilzak, en 1937 il intègre le *Ballet Caravan où il crée des rôles dans *Billy the Kid (1938, E. *Loring) et Filling Station (1938, L. *Christensen). Après s’être produit brièvement avec le *Littlefield Ballet de Philadelphie, il interprète Rosalinda (1942, G. *Balanchine) avec la New Opera Company, puis se produit avec le *Ballet Theatre en 1944, en artiste invité avec le *Ballet russe de Monte-Carlo en 1945. Il rejoint le *NYCB dès sa naissance en 1946 (*Ballet Society) où il prend part à la création d’importants ballets de Balanchine (les *Quatre Tempéraments, 1946 ; Symphonie concertante, 1947 ; *Agon, 1957) et J. *Robbins (*Age of Anxiety, 1950 ; Fanfare, 1953 ;The Concert, 1956). Interprète à la fois musical et comique, il entame parallèlement très tôt une carrière de chorégraphe. Dès 1943, à l’American Concert Ballet qu’il a fondé avec W. *Dollar et Mary Jane Shea, il signe Mother Goose Suite et Musical Chairs. Pour le NYCB, il chorégraphie onze oeuvres, dont le *Mandarin merveilleux (1951), Souvenirs (1955) et The *Still Point (1956), son ballet le plus connu, ainsi que deux oeuvres pour le festival *Stravinski de 1972, Serenade in A et Piano Rag-Music. Directeur du Ballet de l’Opéra de *Cologne (1963-1966), de *Francfort (19661969) et d’Istamboul (1977-1980), il prend ensuite la direction artistique du State Ballet of Missouri, pour lequel il signe Classical Symphony (1982), Grand Tarentella (1983), Folktale (1984) ainsi que, sur la musique de G. *Gershwin, Concerto in F (1984), *An American in Paris (1987) et Celebration (1989). MK BIBLIOGRAPHIE. A. Barzel, « Todd Bolender : a Decade in Kansas City », Dance Magazine, oct. 1991. BOLGER Ray, WALLACE Raymond, dit (1904-1987). Danseur et acteur américain. Formé aux *claquettes et à la technique *classique, il débute à *Broadway en 1926, puis paraît dans de nombreux spectacles. Surnommé le « Nijinski du jazz « pour son travail dans *On Your Toes (1936, G. *Balanchine), il atteint alors une renommée d’étoile. Il se produit dans de nombreux films et s’immortalise dans le rôle de l’Épouvantail du Wizard of Oz (1939). Créant lui-même son mélange unique de classique, de claquettes et de comédie, il est le seul danseur « excentrique comique « à connaître un statut de star à part entière à la scène, à la télévision et au cinéma. ESe BOLM Adolph (1884-1951). Danseur, chorégraphe et pédagogue américain d’origine russe. Il étudie à l’École de ballet de Saint-Pétersbourg dès l’âge de dix ans et danse au *Mariinski de 1903 à 1908. Avide de musique et de danse occidentales, il choisit de se produire à Londres puis avec A. *Pavlova en tournée avant de rejoindre les *Ballets russes (1909-1917). Interprète remarquable, surpassé alors seulement par V. *Nijinski , il est réputé pour ses emplois de *caractère et de mime, et surtout pour ses interprétations d’oeuvres de M. *Fokine, notamment les *Danses polovtsiennes du Prince Igor. Il commence à chorégraphier en 1912 pour des opéras. En 1917, à la suite d’une tournée américaine avec les Ballets Russes, il décide de s’installer aux États-Unis. Il fonde le Ballet intime (1917-1920), dont font partie M. *Ito et R. *Page, et, parallèlement aux tournées de sa compagnie, signe des chorégraphies pour le *Metropolitan Opera où il interprète luimême le rôle titre de son *Petrouchka (1919). En 1919, il se fixe à Chicago où il fonde une école en 1922 et devient maître downloadModeText.vue.download 76 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 59 de ballet du *Chicago Civic Opera, puis du Chicago Allied Arts (1924-1927), créant de nombreux divertissements et ballets en un acte. Durant les années 1920, il tourne avec l’Adolph Bolm Ballet, auquel appartiennent R. Page, A. *De Mille ainsi que L. *Horst en tant que premier pianiste, et pour lequel il crée de nombreuses oeuvres dans des décors de Nicolas Reminosoff, présentant notamment à la Library of Congress la création mondiale d’*Apollon Musagète en 1928. Il monte en outre le Coq d’or et Petrouchka au *Teatro Colón (1925). Devenu maître de ballet du *San Francisco Opera (1933-1936), il y reprend le Coq d’or et *Schéhérazade, tout en créant des chorégraphies, notamment pour des opéras ; il devient le premier directeur officiel de la San Francisco Opera Ballet School. Lors de la saison inaugurale du *Ballet Theatre, en 1940, il incarne Pierrot dans le *Carnaval de Fokine et chorégraphie une version de *Pierre et le Loup. Régisseur général de la compagnie à partir de la saison 1942-1943, il monte l’*Oiseau de feu en 1945, dans des décors de M. *Chagall. Il signe sa dernière création, Mephisto, en 1947 pour le San Francisco Civic Ballet. Contrairement à la plupart des danseurs russes de son époque, il se délecte de tout ce qui est « américain ». Dès son arrivée à Chicago, il entame des collaborations avec des artistes locaux, notamment John Alden Carpenter qui compose pour lui les musiques de The Birthday of the Infanta (1919) et de la « *pantomime de jazz » Krazy Kat (1922). Le cinéma attire très tôt son intérêt : en 1922, il signe avec Danse macabre (mus. *SaintSaëns, réal. Dudley Murphy) le premier *film de danse avec son synchronisé ; en 1931, s’inspirant d’une visite des usines Ford à Detroit, il chorégraphie pour le film The Mad Genius (réal. xxxxxx) son célèbre Ballet mécanique qu’il reprendra ensuite au San Francisco Opera, puis en 1941 il règle les séquences dansées de The Men in Her Life (réal. xxxxxx) et The Corsican Brothers (réal. xxxxxx). Il crée également de nombreuses oeuvres présentées au Hollywood Bowl. Affirmant des goûts musicaux modernistes (Tansman, Szymanovsky, *Schoenberg), il est connu pour son approche populaire et progressiste de la chorégraphie. Grâce à lui une génération d’américains découvre le ballet, y compris les traditions nées de Fokine et *Diaghilev. MK BIBLIOGRAPHIE. A. Bolm, « A Dancer’s Days », Dance Magazine, août-oct. 1926. BONEHAM Peter (né en 1934). Danseur, chorégraphe canadien d’origine américaine. Après sa formation en danse classique, il étudie et danse avec J *Waring, il est soliste au W. *Dollar Concert Ballet puis rejoint les *Grands Ballets canadiens en 1964. Danseur pour J. *Renaud, il devient assistant directeur à la création du Groupe de la place Royale (1966) qu’il dirige avec J.-P. *Perreault à partir de 1972 et seul depuis 1981. Auteur de chorégraphies intégrant voix et technologies, il est de plus un excellent pédagogue qui développe une technique alliant ses acquis classiques aux tendances contemporaines. Mentor de nombreux chorégraphes, il met sur pied The Dance Lab (1988) du Groupe de la place Royale, lieu de ressourcement et de création ouvert aux artistes expérimentés tentés par de nouveaux défis. MFe CHORÉGRAPHIE.Mille Fins (1974) ; Danse pour 7 Voix (1976, coll. *Perreault) ; The Living Room (1985) ; Trio (1987) BONFANTI Marietta ou Maria (1847-1921). Danseuse et pédagogue italo-américaine. Élève de C. *Blasis, elle est engagée à la *Scala de Milan en 1851. Elle danse à Londres et Madrid, puis à New York, où elle débute dans The *Black Crook en 1866. Interprète brillante, elle fait carrière aux États-Unis, se produisant essentiellement dans des opérettes et des extravaganzas, en tournée (notamment avec le Milan Italian Grand Opera) et à New York, sur les scènes de *Broadway ainsi qu’au *Metropolitan Opera House en 18851886. Elle ouvre en 1895 une école de danse classique à New York, où elle enseigne jusqu’en 1919. R. *Saint Denis figure parmi ses élèves. NL BONIN Louis (v. 1645-1716). Maître à danser et maître de ballet français. Formé par P. *Beauchamps et L’Épervier, il s’installe en Allemagne, où il devient maître à danser du duc W. von Sachen-Eisenach et, à partir de 1707, de l’université de la ville d’Iéna. Dan- seur d’opéra en France et en Alemagne, talentueux et instruit, il est remarqué pour sa légèreté. Il est l’auteur d’un traité, Die Neuste Art zur galanten und theatralischen Tantz-Kunst [l’Art moderne de la danse galante et théâtrale] (Leipzig, 1711), dont la préface est rédigée par son élève J. L. Rost sous le pseudonyme Meletaon. Divisé en 46 chapitres, l’ouvrage est un document précieux sur la pratique de la danse théâtrale du début du XVIIIe siècle. À cet égard, les descriptions précises qu’il donne sur certains aspects du « ballet *sérieux » tel qu’il est pratiqué en France (*entrée des Vents, des Furies, *chaconne) sont d’un grand intérêt. Bonin est un des rares auteurs à mettre l’accent sur l’interprétation et à attirer l’attention sur la pédagogie de la danse en fonction du développement de l’enfant. En outre, l’ouvrage contient un index général et des renseignements précieux sur les maîtres à danser en Europe, parmi lesquels figure son frère installé à Dresde. EL BONNEFOUS Jean-Pierre (né en 1945). Danseur français. Formé à l’École de danse de l’Opéra de *Paris, il entre dans la troupe dès 1959 et devient *étoile en 1965. Il y danse le *répertoire (*Études, ? *Lander) et des créations (la Damnation de *Faust, 1964, M. *Béjart ; Webern op. 5, 1966, Béjart; *NotreDame de Paris, 1968, R. *Petit). En 1970, il rejoint le *NYCB, où il forme avec son épouse P. *MacBride un couple à l’élégance brillante (*Agon, *Apollon Musagète). G. *Balanchine crée pour lui *Violin Concerto (1972) et Sonatine (1975). Son *élévation (saut de l’ange), sa petite *batterie et son sens dramatique font de lui un artiste complet. SJM BONNET Jacques (?-apr. 1723). Historien de la danse français. Trésorier payeur au Parlement, il est l’auteur de la première Histoire générale de la danse sacrée et profane (d’Houry, Paris, 1723 ; rééd. fac-sim. Slatkine, 1969). L’ouvrage traite surtout de la danse des anciens. Les quelques mentions sur la danse théâtrale de son époque, les danses et les bals du XVIe au XVIIIe s. éparpillées au fil des neuf chapitres qui composent ce livre, donnent un faible aperçu d’une matière pourtant riche. À cet égard, la lecture de cet ouvrage n’est pas aussi prometteuse que son titre le laisse entendre. ERou BOOTH Laurie (né en 1954). Danseur et chorégraphe britannique. Il étudie au *Dartington College of Arts auprès de S. *Paxton et M. *Fulkerson, participe à divers groupes de théâtre expérimentaux puis débute comme chorégraphe-performer. Soliste virtuose, il développe une danse parfois proche du danger, dont les composantes - arts martiaux, *contact-improvisation et théâtre physique - donnent à ses mouvements une animalité puissante et souple. English Wildlife (1978), sa première pièce, unit texte, film, mouvement et musique. Favorisant l’*improvisation et l’expérimentation, il multiplie les collaborations avec des musiciens tels G. *Bryars ou Hans Peter Kuhn, des plasticiens tels John Newton ou Anish Kapoor, ou d’autres chorégraphes comme pour Suspect Terrain (1989) réalisé avec S. Paxton, D. *Reitz et Polly Motley ou encore Stormgarden downloadModeText.vue.download 77 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 60 (1996) avec Russell Maliphant. Il crée aussi pour des compagnies reconnues : Completely Birdland (1991, *Rambert D. Co), Deep Field (1993, B. Nal des *Pays-Bas). Son travail tient une place importante dans l’avant-garde en Angleterre. OD BOQUET Louis-René (1717-1814). Dessinateur de costumes français. Dès 1748, il dessine des costumes pour les spectacles donnés à Versailles au théâtre des Petits Appartements. Il poursuit cette activité à la cour et à Paris, à l’*Académie royale de musique, où il succède vers 1758 à Jean-Baptiste Martin. Comme ses devanciers, il caractérise les rôles, mais accorde moins d’importance aux broderies, leur préférant de légers accessoires. Après 1770, sous l’influence de J.-G. *Noverre, avec lequel il collabore à Stuttgart, la recherche de l’élégance cède la place à celle de la « vérité historique ». JDLG BORCHSENIUS Valborg (1872-1949). Danseuse et pédagogue danoise. Danseuse principale du *Ballet royal danois, elle jouit d’une grande popularité et forme un couple remarquable avec H. *Beck, particulièrement dans le répertoire *Bournonville. Devenue professeur, elle s’affirme comme expert du style bournonvillien et assiste H. *Lander lors de la reprise des ballets de ce répertoire dans les années 1930-1940. C’est grâce à ses notations des pas comme des scènes mimées des chorégraphies de Bournonville que la tradition romantique danoise est encore vivante aujourd’hui. K. *Ralov et N. B. *Larsen comptent parmi ses élèves. AMC BORDE Percival Sebastian (1922-1979). Danseur, chorégraphe et pédagogue américain originaire des Caraïbes. Né et formé à Port of Spain (Trinidad), il dirige le Little Carib Theatre. Convaincu par P. *Primus d’émigrer aux États-Unis, il s’y installe en 1953 et épouse la chorégraphe, dont la carrière se mêle alors intimement à la sienne. Il interprète en solo des soirées de portraits ethnographiques, notamment le programme intitulé « Magicien de la terre », en 1958 : un guerrier aztèque, un géant watusi, un chef yoruba et une prêtresse *shango. Pédagogue de talent, il meurt à New York, dans les coulisses, à la fin d’une représentation de Impinyuza, le brillant solo watusi qu’il danse depuis plus de vingt ans. TDF BORIS Ruthanna (née en 1918). Danseuse et chorégraphe américaine. Formée à l’École de danse du Metropolitan Opera de New York, elle entre dans la compagnie avant d’être engagée en 1943 au *Ballet russe de Monte-Carlo où elle signe sa première chorégraphie en 1951 (Cirque de deux, mus. Ch. *Gounod). Elle obtient son plus grand succès en la matière avec Cakewalk (mus. L. M. *Gottschallk) créé au *NYCB en 1951. Un problème de hanche l’oblige à mettre fin à sa carrière de danseuse et elle devient professeur à Seattle. GP, NL BÖRLIN Jean (1893-1930). Danseur et chorégraphe suédois. Formé à l’École du *Ballet royal suédois, il est engagé dans la compagnie en 1905 et nommé soliste en 1913 par M. *Fokine, alors chorégraphe invité. En 1918, il rejoint Fokine à Copenhague pour étudier avec lui, puis entreprend une série de voyage en Europe centrale pour se familiariser avec la danse *moderne. Sur la recommandation de Fokine, il est engagé par R. de *Maré lors de la constitution des *Ballets suédois à Paris. En 1920, il donne un récital de danses de sa composition, salué par la critique française qui voit en lui un successeur de V. *Nijinski. Dès l’automne 1920, Börlin assume les fonctions de maître de ballet, professeur, danseur principal et chorégraphe des Ballets suédois, signant les vingt-quatre programmes de la compagnie jusqu’à sa disparition, en 1925. Sa santé déclinante ne lui permet guère de conduire de nouveaux projets par la suite et il meurt à New York, alors qu’il prépare un ballet pour le *Metropolitan Opera. Danseur virtuose, de formation classique mais influencé par le réformisme de Fokine, Börlin va très vite dépasser les principes de son maître pour poser les bases d’une esthétique chorégraphique résolument moderne et s’engager complètement dans les expériences avant-gardistes de son temps : *expressionnisme qu’il aborde d’emblée sous la forme du groupe et non pas du solo (El Greco, 1920), cubisme total (Skating Rink, 1922, poèmes Riocitto Canudo, mus. A. *Honegger, scén. F. *Léger; *Création du monde, 1923), surréalisme radical (*Relâche, 1924; Tournoi singulier, 1924, d’apr. Louise L’Abbé, scén. T. Foujita). Développant une plastique non dansée, il préfigure par son oeuvre les expériences *post-modernes. Créateur souvent trop en avance sur son époque, il connaît une période d’oubli, avant d’être redécouvert dans les années 1950. BH AUTRES CHORÉGRAPHIES. *Maison de fous (1920); Sculpture nègre (1920); l’*Homme et son désir (1921); les *Mariés de la tour Eiffel (1921); Within the Quota (1923, mus. *Porter, scén. Gerald Murphy); La Giara (1924, mus *Casella, scén. *De Chirico); le Cercle éternel (1924).BIBLIOGRAPHIE. Häger B., les Ballets Suédois, Damase et Denoël, Paris, 1989. BORODINE Alexandre (1833-1887). Compositeur russe. D’ascendance noble, il montre très tôt de l’intérêt pour la musique. Privilégiant des études de médecine, il devient professeur de chimie à l’Académie de médecine de Saint-Pétersbourg. C’est alors qu’il rencontre M. *Moussorgski et qu’il se consacre plus activement à la musique. Il reste toutefois un « compositeur du dimanche », même s’il fonde, avec Moussorgski, *Rimski-Korsakov, César Cui et Mili Balakirev, le groupe des Cinq qui est à la base de toute la tradition musicale russe ultérieure. Dans sa musique, l’élément épique, dérivé de l’utilisation de matériaux folkloriques russes, se fond à l’élément lyrique, héritage du romantisme allemand. Il est l’auteur des célèbres *Danses polovtsiennes de l’opéra Prince Igor chorégraphié par L. *Ivanov à la création. EQ SUR LA MUSIQUE DE BORODINE. *Nijinska (Nocturne, 1928) ; *Ashton (Mazurka des hussards, 1930) ; *Lichine (Pavillon, 1936) ; *Massine (Bogatyri, 1938). BOROVANSKY Edouard, SKRECEK E., dit (1902-1959). Danseur et chorégraphe australien d’origine tchèque. Il débute en 1923 à l’Opéra national de *Prague comme danseur de caractère. Très populaire, il est ensuite engagé par A. *Pavlova (1928-1931), puis aux *Ballets russes du colonel de *Basil (1932-1939), qu’il quitte après sa tournée australienne de 1938. Il fonde alors une école de ballet à Melbourne avec sa femme, Xenia, et crée ensuite le Borovansky Australian Ballet en 1942. Dès sa première saison professionnelle en 1944, celuici compte 40 danseurs, avec Laurel Martyn comme principal dancer. Malgré des périodes difficiles, la compagnie perdure jusqu’en 1960. Fondateur du ballet professionnel en Australie, Borovansky aura contribué à poser les bases de l’*Australian Ballet. RG BIBLIOGRAPHIE. Salter F., Borovansky, Sydney, 1980. BOROVSKA Irina (née en 1930). Danseuse argentine. Élève de Michel Borowski, elle étudie à l’école du *Teatro Colón avec, pour maîtres, E. *Bulnes, Galina Biernacka et Y. *Shabelevsky. Elle rejoint le Ballet du Teatro Colón, dont elle devient downloadModeText.vue.download 78 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 61 primera bailarina en 1950. L. *Massine lui confie le rôle de la Gantière dans *Gaîté parisienne et H. *Rosen celui de la Dame dans la Dame et la Licorne. Son style raffiné et son élégant jeu de comédienne la font admirer aux États-Unis et en Europe tant comme première danseuse des *Ballets russes de *Monte-Carlo (1954-1959) que comme principal dancer du London Festival Ballet (1961-1966). Elle se tourne ensuite vers l’enseignement. AF BORRI Pasquale (1820-1884). Danseur et chorégraphe italien. Il étudie avec C. *Blasis à la *Scala où il débute en 1838 et reste comme primo ballerino jusqu’en 1842. Sa carrière se déroule surtout entre la Scala et le Hofoper de *Vienne où il est aussi chorégraphe à partir de 1848. Dans les années 1860, ses productions sont montées à Paris et Londres. De 1875 à 1878, il est directeur du ballet et de l’école de danse de l’Opéra de *Varsovie puis revient à Vienne en 1879. Danseur élégant et vigoureux, il est partenaire entre autres de F. *Cerrito, M. *Taglioni, A. *Maywood et de sa femme Carolina Pochini pour laquelle il crée Scintilla en 1860. Chorégraphe à succès, il cherche l’équilibre entre la *pantomime et la danse en introduisant sur les scènes italiennes de nouvelles thématiques. Parmi ses ballets les plus célèbres, interprétés par les «divas» du temps se détachent Die Gauklerin (1855, Vienne) dont La Giuocoliera (1855, *Fenice) et l’Étoile de Messine (1861, Op. *Paris) sont des variantes, Carnevals Abenteuer in Paris (1858, Vienne) d’atmosphère bohémienne, Nephte ou le Fils prodigue (1868, Florence), La Dea del Walhalla (1870, Scala). CC BORRIELLO Adriana (née en 1962). Danseuse et chorégraphe italienne. Elle étudie à l’Académie de danse de Rome et à *Mudra, puis prend part aux débuts d’A. T. De *Keersmaeker comme interprète de *Rosas danst rosas (1983) et danse pour P. *Droulers (Miserere, 1984 ; Midi minuit, 1985). Sa première création, Allegro vivace mais pas trop (1986), marque son retour en Italie, où elle crée ensuite Scirocco (1988) et Contrappunti (1990-1991) et fonde le groupe Marta. Son travail marie *minimalisme et veine méditerranéenne dans une énergie émotionnelle. EV AUTRES CHORÉGRAPHIES. Studi al femminile in forma di danza (1993) ; Electric Spirit (1994) ; Tammorra (1997). BORTOLUZZI Paolo (1938-1993). Danseur et chorégraphe italien. Élève d’U. *Dell’Ara et V. *Gsovski, il débute en 1957 à Nervi, rejoint le Balletto Europeo de Lorca *Massine, avant d’entrer au *Ballet du XXe siècle, dont il devient vite un des principaux interprètes grâce à une personnalité singulière et complexe. Durant douze ans, jusqu’en 1972, la pureté exceptionnelle de son style, l’élégance infaillible de sa petite *batterie, son humour latin et son prodigieux éclat scénique inspirent à M. *Béjart des créations diverses : scherzo de la IXe Symphonie (1964), classicisme rigoureux de l’Art de la barre (1965) et de Ni fleurs ni couronnes (1971), envol de Cygne (1965) puis de l’*Oiseau de feu (1970), *jerk de *Messe pour le temps présent (1967), recueillement se- rein de *Bhakti (1968). Dans Nomos alpha (1969), il déploie une virtuosité ironique et déconcertante et un sens comique inné. Il prête beauté virile à Baudelaire (1969), enthousiasme juvénile à Roméo et Juliette (1966), charme énigmatique au Spectre de la rose de *Nijinsky clown de Dieu (1971) et incarne la conscience et la tentation perverse face à R. *Noureev dans le *Chant du compagnon errant (1971). En 1969, il règle avec Béjart et Lorca Massine une nouvelle version des Quatre Fils Aymon. Il danse aussi à la *Scala, notamment le *Lac des cygnes, ainsi que dans des créations d’A. von *Milloss, dont Per aspera (1975, Vienne), et d’E. *Walter (les Créatures de Prométhée, 1966, Düsseldorf) et *Cendrilon (1967, Düsseldorf). Son éclectisme et sa constante musicalité s’affirment dans le répertoire classique auprès de C. *Fracci, comme dans Spar (1975) de C. *Carlson. En 1984, il prend la direction du Ballet de *Düsseldorf, puis en 1991 celle du Ballet du Grand Théâtre de Bordeaux, pour lequel il règle notamment les *Saisons (1991) et la *Belle et la Bête (1992). Sa rayonnante personnalité lui confère une place majeure dans l’histoire de la danse. MFC BORZIK Rolf (1911-1980). Scénographe allemand. Formé aux arts plastiques et à la photographie à la Folkwangschule d’*Essen, collaborateur et compagnon de P. *Bausch, il marque d’une empreinte inaliénable et inoubliable, l’oeuvre de la chorégraphie de Wuppertal, entre 1974 et 1980. Très vite, le principe de ses scénographies consiste moins, comme le dit Odette Aslan, « à faire visualiser un lieu au spectateur qu’à éveiller des sensations corporelles chez les danseurs «. Renversement de perspective qui entraîne un renversement esthétique : le lieu scénique astreint les corps autant que la danse ; il devient lui-même la source inquiète et sans repos du mouvement. Le dispositif de scène n’est plus uniquement conçu en fonction des cadres, lois et hauteurs régis par la tradition théâtrale, il s’emploie à recréer des sols, à doubler le plateau d’une sorte de « seconde terre «, à former un milieu réel où le substrat provoque les corps : tourbe (le *Sacre du printemps, 1975), débris de mur (Renate wandert aus, 1977), eau (*Arien, 1979), branchages (Komm tanz mit mir, 1977), feuilles mortes (*Blaubart, 1978) ou gazon (*Ein Stück, 1980). L’effet est d’autant plus saisissant qu’il n’obéit à aucun illusionnisme, ne se confond ni avec une reconstitution réaliste ou même naturaliste. La scénographie, chez Borzik, est un fragment de réel, extrait et reporté sur une scène elle-même réelle comme n’importe quel lieu du monde. Borzik - et à sa suite P. *Pabst - invente avec P. Bausch des lieux où les limites entre dedans et dehors, entre l’espace et sa représentation, semblent non seulement bouleversées mais annulées. Les éléments qui les occupent (accessoires, objets, sols) sont la matière d’un temps qui ne se date plus, que la danse investit, comme venue d’ailleurs, à corps perdu. Danse et scénographie se couplent ici hors d’elles-mêmes. Cette union hors norme donne ce trait originaire et éperdu, cruel et d’une douceur insensée, à une oeuvre qui en est le fruit à la fois monstrueux et fascinant, où l’acte physique le plus immédiat est d’emblée frappé d’une distance qui ne se comblera pas. DD BOSCHETTI Giacomina ou B. Amina (1836-1881). Danseuse italienne. Après avoir débuté enfant à Vérone (1842-1843), elle est l’élève de C. *Blasis à Milan, sa ville natale, où elle danse au théâtre Re en 1848. Elle se rend ensuite à Barcelone avec le chorégraphe et imprésario D. *Ronzani puis travaille en Italie, à Vienne et à Londres. Elle remporte un succès relatif à l’Opéra de *Paris en 1864 dans la Maschera, ou les Nuits de Venise (chor. G. *Rota). En 1864-1865, elle danse à Bruxelles où elle est louée par Baudelaire. Cette brillante technicienne s’exprime avec une force et une vérité singulières dans la *pantomime, ce qui lui vaut d’être surnommée « la Ristori de la danse ». RZ CHORÉGRAPHIE. Il vello d’oro [la Toison d’or] (mus. Giuseppe Giaquinto, th. Apollo de Rome, 1879) BOSQUET Thierry (né en 1930). Scénographe français. Collaborateur régulier de M. *Béjart, il signe pour lui des décors et costumes tour à tour romantiques et burlesques, n’hésitant pas à recourir au besoin à des stéréotypes. Ainsi, dans les Quatre Fils Aymon (1961), il propose une scénographie surréaliste à la *Dalí : montres molles, yeux géants et carcasse de boeuf sanguinolente, sol figurant un damier d’échecs où les danseurs se déplacent comme des pions. Ce parti pris se retrouve dans sa manière de caractériser les personnages : le Méphisto de *Notre downloadModeText.vue.download 79 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 62 Faust (1975) est vêtu en étudiant contestataire à lunettes noires, tandis que dans Dichterliche Liebe (1978), le héros incarné par J. *Donn endosse successivement le costume du clown puis la tenue pailletée d’un chanteur de rock. CD AUTRES COLLABORATIONS. Béjart (Mathilde ou l’Amour fou, 1965 ; Séraphita, 1973 ; la Plus Que Lente, 1977 ; Gaîté parisienne, 1978 ; la Muette, 1981 ; la Mort subite, 1991). BOSTON BALLET. Compagnie américaine créée en 1958. Lancée par E. V. *Williams, sous le nom de New England *Civic Ballet, la compagnie présente alors principalement les chorégraphies de sa fondatrice, notamment The Young Loves (1958), Sea Alliance (1964), The Green Season (1965), Sospiri (1973). En 1963, grâce à une aide de la Ford Foundation, elle invite des chorégraphes de danse *moderne, notamment T. *Beatty, J. *Butler, Ze’ev Cohen, M. *Cunningham, L. *Falco, G. *Holder, P. *Lang, A. *Sokolow, P. *Taylor, G. *Balanchine et Norman Walker. En 1965, la compagnie prend le nom de Boston Ballet et ajoute à son répertoire des intégrales de classiques montés par Williams et ses chorégraphes attitrés : Samuel Kurkjian, Bruce Wells et Ron Cunningham. V. *Verdy, ancienne danseuse du *NYCB, devient directrice adjointe en 1980, poste qu’elle quitte en 1983 peu après la mort de Williams. En 1985, Bruce Marks, ancien danseur de l’*ABT et du *Ballet royal danois, devient directeur et Anna-Marie Holmes directrice adjointe. Le talent de Marks à récolter des fonds permet à la compagnie d’acquérir un lieu et de lancer l’International Choreography Competition [concours international de chorégraphie]. MK BOTCHAROV Mikhaïl (1831-1895). Peintre décorateur et paysagiste russe. Élève de l’École de peinture, sculpture et architecture de Moscou, diplômé de l’Académie des arts de Saint-Pétersbourg (1858), il étudie aussi à l’étranger. Dès 1864, il est chef de l’atelier de décors de *Saint-Pétersbourg et décorateur des théâtres impériaux pour lesquels, pendant 30 ans, il conçoit et réalise des décors, y compris pour des actes de ballet où le décor est un paysage. Il collabore surtout avec M. *Petipa (Camargo ,1872, 8e tableau ; la *Bayadère, 1877, 1er tableau ; la Fille de neige, 1879, acte III ; la Vestale, 1888, acte II ; la *Belle au bois dormant, 1890, actes I avec I. *Andreïev et II avec C. *Ivanov ; la *Sylphide, 1892, acte II) ainsi qu’avec L. *Ivanov (*Casse-Noisette, 1892, 2e tableau), contribuant également aux décors de *Cendrillon (1893, acte III) de M. Petipa, L. *Ivanov et E. *Cecchetti et du *Lac des cygnes (1895, 2 tableaux de l’acte I, acte III et apothéose) de L. Ivanov et M. Petipa. ESou BOTTA Bergonzio (1454-1504). Trésorier et administrateur de l’État de Milan. Il a été longtemps considéré comme l’» inventeur des ballets de la Renaissance « en raison d’une équivoque historique reposant sur l’interprétation déformée donnée au XVIIIe siècle à une chronique du XVe siècle qui relate les noces de Galeazzo Sforza et Isabelle d’Aragon (1489) : l’enjeu était alors que l’Italie puisse revendiquer la paternité du genre. En réalité, Botta, riche propriétaire, finance et s’occupe de l’organisation de cet événement près de sa résidence de Tortona. Mais il n’existe aucune preuve qu’il soit l’auteur des actions scéniques de caractère mythologique, comprenant des parties dansées ou mimées, préparées à cette occasion. MN BOUBLIKOV Timofeï, BOUBLITCHENKO T., dit (v. 1748-v. 1815). Danseur russe d’origine ukrainienne. Il étudie d’abord à l’École de danse du théâtre d’Oranienbaum, puis à l’École de danse de *Saint-Pétersbourg et entre à partir de 1763 dans la compagnie attachée à la cour. En 1765, il est envoyé étudier à l’étranger et il danse avec succès à Vienne. De retour à Saint-Pétersbourg, il interprète les rôles importants (surtout de style héroïque) jusqu’en 1785 dans nombre de ballets de G. *Angiolini (tels le ballet de l’opéra Iphigénie en Tauride, 1768 ; les Nouveaux Argonautes, 1770 ; Semira, 1772), d’A. *Pitrot (dans l’opéra Antigone) ou de Pierre Granger (dans l’opéra Amour et Psyché). À partir de 1777, il enseigne aussi a l’École de danse de Saint-Pétersbourg, et de 1795 à 1799 au théâtre des serfs appartenant au comte Nikolaï Cheremetiev. ESou BOUCHENE Dimitri (1898-1993). Peintre et décorateur français. Né en France, il passe toute son enfance en Russie, où il devient conservateur au musée de l’Ermitage (Leningrad), au début de la Révolution. De retour à Paris dans les années 1930, il se fait connaître par ses peintures et par ses décors pour le ballet et l’opéra, qui demeurent ses domaines de prédilection (Opéra de *Paris, la *Scala, Royal Opera de Londres). Ses productions sont appréciées pour leur raffinement, leur féerie, teintés parfois d’une douceur tragique. Concevant le ballet comme un spectacle magique, il met en valeur la dimension lyrique et irréelle de la danse. Il collabore régulièrement avec K. *Jooss (le *Fils prodigue, 1933 ; *Chronica, 1939 ; Juventus, 1948 ; Dithyrambus, 1949) et S. *Lifar (Divertissement Tchaïkovski, 1948 ; Endymion, 1949 ; Blanche-Neige, 1951), qui apprécie la joie et la fraîcheur de son oeuvre. VR AUTRES COLLABORATIONS. *Fokine (les *Éléments, 1937) ; *Petit (*Coppélia, 1946) ; *Bourmeister (le *Lac des cygnes, 1961). BOULEVARDS (théâtres des). Les plus célèbres sont celui de la *Porte-Saint-Martin, de la Gaîté, l’Ambigu-Comique, le Panorama-Dramatique, le Théâtre nautique. Héritières de la tradition des distractions populaires, ces salles privées se fixent autour du boulevard du Temple à la fin du XVIIIe s., offrant une alternative aux spectacles subventionnés par la maison du roi. Plusieurs d’entre elles, en plus de leurs comédiens, entretiennent une troupe de danseurs avec maître de ballet, professeur et parfois école. Au XIXe s., avec des fortunes diverses selon les périodes, elles développent une véritable activité chorégraphique, présentant non seulement des *divertissements intégrés dans les *vaudevilles ou les mélodrames mais aussi des reprises de *ballets pantomimes célèbres et même des créations. SJM BIBLIOGRAPHIE. Les Théâtres de Boulevards (1789-1868), Société française d’imprimerie, Paris, 1902. BOULEZ Pierre (né en 1925). Compositeur français. Élève d’O. *Messiaen et de René Leibowitz, il collabore avec Jean-Louis Barrault comme directeur musical au théâtre Marigny, ce qui l’introduit à la direction d’orchestre. En 1954, il fonde les concerts du Domaine musical, qui font connaître en France les oeuvres de l’école de Vienne, ainsi que celles de leur successeurs, dont il est l’un des chefs de file. Il n’a pas composé expressément pour la danse, mais sa recherche musicale intéresse quelques-uns des chorégraphes majeurs de l’aprèsguerre, parmi lesquels M. *Cunningham (Fragments, 1953) et M. *Béjart (le Marteau sans maître, 1973 ; Tombeau, 1973 ; Pli selon pli, 1975). BT BOURMEISTER Vladimir (1904-1971). Danseur et chorégraphe russe. Formé aux cours Lounatcharski (1925-1929), il est engagé en 1930 comme danseur dans le Ballet des Arts de Moscou (cf. Th. musical *Stanislavski et Nemirovitch-Dantchenko). Après avoir signé ses premières chorégraphies pour des opérettes et créé son downloadModeText.vue.download 80 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 63 premier ballet en collaboration avec F. *Lopoukhov en 1938 (le Réveillon, mus. B. *Assafiev), il devient en 1941 chorégraphe en chef de ce théâtre, qu’il dirige jusqu’à sa mort (hormis la période 1960-1963). Le théâtre continuant a fonctionner pendant la guerre, Bourmeister y monte plusieurs ballets dont les Joyeuses Commères de Windsor (1942, mus. V. Oranski) et Lola (1943, mus. S. *Vassilenko) qui traite de la lutte des espagnols contre Napoléon et du sacrifice de Lola empoisonnant un officier ennemi. De cette période reste également célèbre une oeuvre courte qui sera reprise pendant des années, les Lanceurs de grenades (1939, mus. I. *Albéniz), dont les personnages sont des patriotes antifranquistes pendant la guerre d’Espagne. Faisant partie des chorégraphes soviétiques qui se conforment par conviction et prédilection aux principes de ce qu’on appelle le « réalisme socialiste », il reste fidèle durant toute sa carrière au style *drambalet. Ses oeuvres les plus connues sont Jeanne d’Arc (1957, mus. N. Peïko), la *Fille de neige [Snegourotchka] (1963, mus. P. *Tchaïkovski) et de nouvelles versions des grands classiques, la *Esméralda (1950) et le *Lac des cygnes (1953, rep. à l’Op. de *Paris en 1960). Dans les années 1960, alors que commence une période de réforme dans le ballet, ses chorégraphies apparaissent démodées mais on lui a toujours su gré d’avoir bâti une des meilleures compagnies de danse de Russie. ESou AUTRES CHORÉGRAPHIES. Straussiana (1941) ; Tatiana (1947, mus. Alexandre Krein) ; le Rivage du bonheur (1948, mus. Antonio Spadaveccia) ; les Petits diables rouges (1967, mus. Isaac Dounaïevski et Victor Knouchevitski), Appassionata (1970, mus. *Beethoven). BOURNE Matthew (né en 1960). Danseur et chorégraphe britannique. Après des études au *Laban Centre, il entre en 1986 dans la compagnie de l’école, Transitions. En 1987, il fonde la compagnie Adventures in Motion Pictures (AMP), chorégraphie et danse pour d’autres groupes dont celui de L. *Anderson. Ses premières pièces remportent un succès immédiat. En marge d’AMP, il évolue dans d’autres sphères : théâtre, télévision, *comédie musicale. En 1995, il chorégraphie au West End, prestigieux théâtre privé de Londres, une nouvelle version du *Lac des cygnes pour 40 hommes (Olivier Award du meilleur spectacle de danse) qui sera reprise à *Broadway ; il récidive avec *Cendrillon en 1997. Jouant d’une gestuelle méticuleuse, il caricature les codes sociaux de différentes époques dans des pièces drôles, élégantes et populaires. OD AUTRES CHORÉGRAPHIES. Spitfire (1988) ; The Infernal Gallope (1989) ; Town & Country (1991) ; Buck and Wing (1988) ; Oliver ! (1994, London Paladium) ; Roald Dahl’s Little Red Riding Hood (1995, BBC TV). BOURNONDIVERS Antoine (1760-1843). Danseur et maître de ballet danois d’origine française. Élève de J.-G. *Noverre, il travaille comme premier danseur et maître de ballet à la cour de Suède à Stockholm de 1782 à 1792. Il rejoint ensuite le *Ballet royal danois comme danseur invité et s’installe finalement à Copenhague, s’affirmant comme l’un des interprètes les plus élégants de la compagnie. Il succède à V. *Galeotti au poste de maître de ballet, qu’iloccupe de de 1816 à 1823, ne témoignant toutefois que d’un modeste talent de chorégraphe par rapport à son fils August *Bournonville. AMC CHORÉGRAPHIES. Les Meuniers provençaux (1785) ; les Pêcheurs (1789). BOURNONDIVERS August (1805-1879). Danseur, chorégraphe, maître de ballet et pédagogue danois. Fils d’Antoine *Bournonville, né à Copenhague d’une mère suédoise, il entre à l’École de danse du *Théâtre royal danois, où il est formé par son père et par le maître de ballet italien V. *Galeotti. De 1824 à 1830, il parfait sa formation à Paris auprès de P. *Gardel et A. *Vestris. Il débute à l’Opéra de *Paris en 1826 dans *Nina ou la Folle par amour (L. J. *Milon) et est engagé comme premier remplaçant de demi-caractère. En 1830, il rentre à Copenhague pour devenir premier danseur (jusqu’en 1848), maître de ballet et chorégraphe au Théâtre royal (jusqu’en 1877), ne quittant ce poste qu’à deux reprises : en 1855-1856, où il est maître de ballet à l’Opéra de *Vienne, et de 1851 à 1864 pour assurer la direction artistique du *Théâtre royal suédois. À Copenhague, sa danse d’une élégance inhabituelle impressionne le public. Interprète des principaux rôles masculins de ses ballets, il leur donne une importance équivalente à ceux des ballerines. Cette particularité fait que, contrairement à la tendance de l’époque, au Danemark la danse masculine ne s’efface pas au profit de la danse féminine : aujourd’hui encore, l’école danoise est réputée pour former de grands interprètes masculins. August Bournonville reste fidèle à la grâce, à la légèreté et au lié des mouvements du style fançais de l’époque, qu’il enseignera sa vie durant et qui lui survit à Copenhague. Ces qualités imprègnent toute sa production. Le mouvement s’inscrit dans un flux jamais interrompu où le phrasé est essentiel : chaque pas doit être exécuté selon sa valeur, qu’il soit petit ou grand ; dans l’épaulement, la tête suit, en finesse, la direction de la jambe qui bouge. Si l’élévation et la *batterie sont très présentes (*entrechats, *brisés, etc.), l’exécution doit en rester élégante, sans effet de virtuosité. Dépourvus de *portés, les *pas de deux privilégient le jeu entre les danseurs. De même que les solos et les ensembles, ils interviennent naturellement, selon les besoins de l’histoire. L’influence de ce que Bournonville a vu à Paris reste sensible dans ses premières créations (en 1836, il monte sa propre version de la *Sylphide) et il se tiendra toujours informé de se qui se passe dans les théâtres européens. Mais, rapidement, il s’affirme dans sa dramaturgie et dans ses idées, proposant des *ballets pantomimes où s’épanouit un romantisme optimiste. À l’exemple des librettistes et chorégraphes de l’époque romantique, il affectionne la veine exotique, et nombre de ses ballets ont pour cadre un pays étranger : l’Italie dans *Napoli (1842) et la *Fête des fleurs à Genzano [Blomsterfesten i Genzano] (1858), l’Espagne dans le Toréador [Toreadoren] (1840, mus. E. *Helsted) et la *Ventana (1856), la Norvège dans le Mariage à Hardanger [Brudefaerden i Hardanger] (1853, mus. H. *Paulli). Bournonville se distingue cependant des romantiques européens : il n’est pas obsédé par le « mal du siècle « ; au contraire, sa conception de la vie repose sur une vision harmonieuse et heureuse du monde. Dans ses ballets romantiques, comme Napoli et Une *légende populaire [Et Folkesagn] (1854), où le bien et le mal sont en lutte, c’est le bien qui l’emporte toujours grâce à l’aide des forces divines. Il crée aussi des ballets dans le genre merveilleux comme la *Kermesse à Bruges [Kermessen i Brügge] (1851) et des ballets vaudevilles tel le *Conservatoire [Konservatoriet] (1849). Un pas de deux et huit ballets ont survécu dans une tradition jamais interrompue. D’autres ont fait l’objet d’une *reconstruction : Abdallah (1855, mus. Paulli), remonté par le Salt Lake City Ballet en 1985, et Thrymskviden (1868, mus. J. P. E. *Hartmann) en 1990. EA AUTRES CHORÉGRAPHIES. *Loin du Danemark (Fjernt fra Danmark, 1860) ; la Walkyrie [Walkyrien] (1861, mus. Hartmann) ; le Corps des volontaires du roi [Livjaegerne på Amarger] (1871, mus. Vilhelm C. Holm). BIBLIOGRAPHIE. A. Bournonville, Mit Theaterliv I-III, Copenhague, 1848-1878 (trad. P. McAndrew, My Theatrelife, Wesleyan University Press,? ? ? ? Connecticut, 1979) ; Lettres à la maison de mon enfance I -II, Munksgaard, Copenhague, 19691979. - E. Aschengreen, The Beautiful Danger, Dance Perspectives 58, New York, 1974 ; A. K. Jürgensen, The Bournonville Tradition, The First Fifty Years 1829-1879 I-II,Dance Books, downloadModeText.vue.download 81 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 64 Londres, 1997 ; A. K. Jürgensen et V. Flindt, Bournonville. Ballet Technique, Dance Books, Londres, 1992 (avec vidéo). FILMOGRAPHIE. On Dancing Bournonville [At Danse Bournonville], réal. Jørgen Leth, 1979. BOUVIER Joëlle (née en 1959). Danseuse et chorégraphe française. Née en Suisse, elle étudie principalement à l’Institut de formation pédagogique des arts du mouvement (1976-1979) de F. et D. *Dupuy. C’est là qu’elle rencontre R. *Obadia : leurs carrières sont dès lors indissociables. Après avoir suivi ensemble une formation théâtrale chez Jacques Lecoq, ils créent Regard perdu (1980), duo primé au Concours de Nyon; ils fondent la compagnie l’Esquisse, qui s’installe au Havre en 1986, devenant le *CCN de Haute-Normandie. En 1987, ils réalisent leurs premiers courts métrages (la Chambre, l’Étreinte), inaugurant une recherche cinématographique autour du mouvement immédiatement saluée par diverses récompenses. En 1993, ils prennent la direction du *CNDC d’Angers, où ils conjuguent, depuis, travail de création et responsabilités pédagogiques. Enracinée dans leur expérience première du duo, leur travail poursuit une exploration de l’intime. S’attachant à extraire et modeler la matière corporelle, du souffle au mouvement, entre l’étreinte et le ressac, comme on le ferait d’une terre (les Noces d’argile, 1981), leur danse puise aussi dans une peinture qui met le corps en abîme, de prénom Recondo (Terre battue, 1981) et Francis Bacon (Vertée, 1984) à Rembrandt (le Royaume millénaire, 1985) : ils privilégient les torsions, les flexions profondes, les appuis sur les genoux, les chutes au ralenti. À partir des Heures défaites (1988), s’ajoute l’influence de leur recherche cinématographique : diffraction et décomposition du geste, découpage des scènes, effets de montage, traitement cinématographique de la musique et des éclairages, tout particulièrement dans *Welcome to Paradise (1989) et l’Effraction du silence (1994). Depuis le début, c’est toutefois le motif du couple, qui est au coeur de leurs créations. IF, PLM AUTRES CHORÉGRAPHIES. Tête close (1983) ; Derrière le mur (1986) ; les Chiens (1996) ; Indaten (1997).Autres films. La Lampe (1990) ; la Noce (1990) ; le Pressentiment (1993). BOWLES Paul (né en 1910). Compositeur et écrivain américain. Il étudie la composition avec A. *Copland, V. *Thomson et Nadia Boulanger. Ses voyages lui permettent d’analyser de très près les musiques populaires d’Afrique et d’Amérique du Sud. Surtout connu comme romancier, il est l’auteur de plusieurs ballets dont Yankee Clipper (1937, E. *Loring), Pastorela (1941, L. *Christensen), The Wind Remains (1943, M. *Cunningham). EQ BOZSIK Yvette (née en 1968). Danseuse et chorégraphe hongroise. Diplômée de l’Académie de danse de Budapest en 1988, elle danse au Ballet de *Szeged (1992-1994) et fonde sa propre compagnie en 1993. Innovatrice audacieuse, elle développe un style moderne très individuel qui penche vers le grotesque et l’érotique, signant la Soirée (1993, mus. Jean-Philippe Héritier), inspiré de Huis clos de Jean-Paul Sartre, la Comtesse (1994, mus. Héritier), portrait d’une reine sadique, une version très osée du *Mandarin merveilleux (1995), Xtabay (1996, mus. Ima Sumac), un conte de fées multiethnique, l’*Après-midi d’un faune (1997), une parodie du classique. GD BOZZACCHI Giuseppina (1853- 1870). Danseuse italienne. Protégée à Milan de la danseuse A. *Boschetti, elle vient se former à Paris auprès de Madame *Dominique. A. *Saint-Léon lui confie la création du rôle de Swanilda dans *Coppélia (1870). Elle séduit d’emblée par son jeu intelligent et expressif, ainsi que par ses prouesses techniques parfaitement maîtrisées, alliant le brio de l’école milanaise et la tempérance française. La sûreté de ses pointes, son extrême légèreté et sa grâce mutine sont particulièrement admirées. Affaiblie par les privations subies durant le siège de Paris, elle meurt emportée par la variole le jour de ses dix-sept ans. NL BOZZONI Max (né en 1917). Danseur et pédagogue français. Formé à l’École de l’Opéra de *Paris, il entre dans le Ballet en 1932. Nommé étoile en 1947, il interprète le répertoire, et participe notamment aux créations du *Palais de cristal, de *Mirages et de *Daphnis et Chloé (G. *Skibine). Danseur expressif, il est un partenaire très apprécié. Retiré de la scène il enseigne à l’Opéra, et dans son école où il est le professeur de P. *Dupond. GP BRABANTS Jeanne (née en 1920). Danseuse, chorégraphe, directrice de compagnie et pédagogue belge. Fille d’un professeur de gymnastique et d’acrobatie, elle est diplômée d’éducation physique en 1938, et formée à la danse par Lea Daan (méthode *Laban), K. *Jooss et S. *Leeder, André Van Damme, O. *Preobrajenska. Avec son père et ses soeurs Jos et Annie qui danseront chez Jooss, elle fonde en 1941 son école et sa compagnie, qui deviennent un pôle dynamique de formation et de création. Elle enseigne en 1951 à l’École du Ballet de l’Opéra de Flandres, dont elle devient la directrice en 1961. En 1969 est créé le Ballet royal de *Flandres, dont elle est nommée directrice artistique. Soucieuse de la formation de professeurs, elle fonde en 1973 l’Université pédagogique de la danse, devenue l’Institut supérieur de la danse. En 1988, elle crée Danza Antiqua, groupe spécialisé dans la reconstruction de danses Renaissance et *baroques. Auteur de nombreuses chorégraphies, elle occupe, par son action inlassable et sa réflexion, une place centrale dans le développement de la danse en Belgique. MFB, GP BRACESCO Virgilio (XVIe s.). Maître à danser italien. D’après C. *Negri, ce de France Henri II et le tiennent en grande dons avantageux, puis lorsqu’elle épouse le Milanais d’origine est au service du roi de son dauphin, le futur François II, qui estime et le gratifient de traitements et il suit Élisabeth de Valois en Espagne roi Philippe II. MN BRADLEY Buddy, B. Clarence, dit (1913-1972). Danseur, chorégraphe et pédagogue américain. Sans formation particulière, il débute à New York en 1926 dans des *revues noires, puis dans les *vaudevilles, et commence à enseigner en 1928 au Studio B. *Pierce. Il chorégraphie parallèlement pour *Broadway, mais, découragé par le racisme, il part s’installer à Londres, où il signe la chorégraphie de spectacles musicaux, dont Evergreen (au th., 1930 ; film, 1934) et la Revue 1931 de Charles Cochrane. Il collabore avec L. *Massine, A. *Dolin et F. *Ashton, crée pour le cinéma, produit et met en scène de nombreux spectacles de variétés télévisées. Il possède le talent de traduire corporellement les accents des improvisateurs jazz en mélangeant *claquettes et mouvements de danses vernaculaires afro-américaines. Il crée ainsi, pour des stars (R. *Keeler, A. et F. *Astaire, E. *Powell, P. *Draper) et pour Broadway, des séquences dansées sonores plus simples pour l’époque mais visuellement plus riches. À l’instar d’autres chorégraphes afro-américains du moment, son travail n’est pas reconnu et il n’obtient le succès qu’à Londres, où il popularise la danse *jazz et crée son école (1933-1967), qui forme la plupart des danseurs de *comédie musicale et de spectacles télévisés britanniques. ESe CHORÉGRAPHIES POUR LE THÉÂTRE MUSICAL. Blackbirds of 1928 ; Greenwich Follies of 1928 ; Hold My Hand (1931) ; Anything Goes (1938) ; Lights Up (1940) ; Sauce Piquante (1950) downloadModeText.vue.download 82 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 65 Pour le cinéma. On the Air (1934, British Lion Pictures) ; Radio Parade of 1935 (British & Dominion Film Corp., 1935). BRADSHAW Dove (née en 1949). Peintre et sculpteur américain. Elle développe dès 1969 un travail basé sur l’indétermination, utilisant ensuite dans ses créations des produits chimiques et divers matériaux fluides. En 1984, elle est nommée conseiller artistique de la compagnie *Cunningham conjointement avec W. *Anastasi, qu’elle assiste souvent pour les costumes (Phrases, 1984 ; *Points in Space, 1986). Intervenant seule dès 1985 (Ar- cade), elle remplace, pour Carousal (1987), les habituels justaucorps par une profusion d’habits de ville trouvés chez des fripiers, les danseurs étant ainsi amenés à des changements successifs de tenues sur scène. La même année, dans Fabrications, dérogeant à nouveau à la tradition cunninghamienne, elle habille les femmes de robes flottantes et les hommes de pantalons donnant un aspect « rétro « à la chorégraphie. PC BRAHMS Johannes (1833-1897). Compositeur allemand Né à Hambourg dans un milieu modeste, autodidacte pour l’essentiel, il ne s’impose que lentement malgré l’admiration et le soutien de R. *Schumann. En 1862 il s’installe à Vienne où il remporte des succès croissants, notamment après son Requiem allemand (1868). Répugnant à une expression sentimentale trop prévisible et typée, mais refusant aussi le jeu purement formel et, selon lui, inexpressif de la musique plus progressiste de son époque (celle de *Liszt et de *Wagner en l’occurrence) il trouve, grâce à une attitude sévèrement autocritique, un équilibre personnel entre la substance mélodique, le mouvement harmonique et une rythmique toujours changeante. Le XXe s. consacre définitivement son importance en faisant de lui l’un des trois « B » de la musique allemande avec *Bach et *Beethoven. Brahms ne compose aucune musique expressément pour la scène. Ni ses *valses, ni ses *czardas, ni ses Danses hongroises, dont le caractère de danse se limite à des choix de temps et d’atmosphère, n’ont a priori vocation à être dansées. Elles le seront pourtant souvent. En premier lieu par I. *Duncan (*Valses de Brahms, 1905) qui imprègne durablement l’exercice de sa marque, comme en attestent les dédicaces chorégraphiques de F. *Ashton (Five Brahms Valses in the Manner of Isadora Duncan, 1975) ou R. *Van Dantzig (Isadora, 1977, mus. Brahms). D’autres lui emboîteront le pas, comme R. *Sacchetto dans les années 1910 (Liebesliederwaltzer), R. *Saint Denis dans les années 1920 (Brahms Waltz), C. *Ari dans les années 1930 (Valses de Brahms) et, par la suite, G. *Balanchine (Liebesliederwaltzer, 1960), Ch. *Weidman (Brahms Waltzes, 1967), Mark *Morris (Love Song Waltzes, 1982), E. *Feld (Love Song Waltzes, 1989). M. *Fokine chorégraphiera pour sa part Czardas (1906) tandis que les Danses hongroises seront explorées par M. A. *De Mey (1989 et 1992). Les chorégraphes trouveront leur inspiration dans de nombreuses autres oeuvres de Brahms qui par leur extrême solidité formelle gardent dans le temps la capacité d’émouvoir tout en évitant la facilité. AM SUR LA MUSIQUE DE BRAHMS. *Massine (Choréartium, 1933) *Nijinska (Vision, 1943 ; Brahms Variations, 1944) ; *Lifar (Grand Pas, 1953) ; *Chiriaeff (Fête hongroise, 1964) ; *Louis (Proximities, 1969) ; *Cranko (Initials R.B.M.E., 1972) ; *Bruce (Girl with a Straw Hat, 1976) ; T. *Tharp (Brahms-Paganini, 1980) ; *Taylor (Equinox, 1983) ; J. *Neumeier (Regenlieder, 1983) ; *Bintley (Brahms-Haendel Variations, 1990). BRANDSTRUP Kim (né en 1957). Danseur et chorégraphe danois. Après des études universitaires de cinéma, il entre en 1980 à *London Contemporary Dance School. En 1983, il se fait remarquer par une version dynamique des *Noces de I. *Stravinski et forme l’année suivante l’Arc Dance Company à Londres. En 1989, il reçoit le Laurence Olivier Award pour Orfeo. Avec un style plein de force, il aborde des thèmes profondément humains comme dans Mysterier [les Mystères] (1994) et Amor og Psyke [Amour et *Psyché] (1997) créés pour le *Ballet royal danois. EA BRAUN (soeurs) , B. Lilly (1897-1950), B. Jeannette (1898-1964) et B. Léonie (?-1953). Rythmiciennes et danseuses suisses Diplômées à l’Institut *Jaques-Dalcroze de Genève (1915), Lilly et Jeanne, jouent un rôle de premier plan dans l’évolution de la *rythmique vers une dimension artistique. Les trois soeurs présentent des spectacles en Suisse, en France, en Italie et aux ÉtatsUnis en mêlant, au cours de leurs représentations, des éléments de la méthode Jaques Dalcroze à la danse *moderne. Au début des années 1920, elles séjournent longuement à Rome où elles ouvrent une des rares écoles de rythmique et de danse moderne. Elles participent à plusieurs éditions du Festival de théâtre grec à Syracuse (Sicile). SF BRAVO Guillermina (née en 1920). Danseuse, chorégraphe et pédagogue mexicaine. Elle fait ses débuts en 1936 avec les soeurs *Campobello. En 1948, elle fonde le Ballet national du *Mexique. Influencé par M. *Waldeen, X. *Francis et M. *Graham, son parcours est déterminant pour l’évolution de la danse moderne et contemporaine dans son pays. Créatrice mystique, elle explore par la suite le réalisme expressionniste, la magie des racines mythiques, la vie érotique et onirique de l’homme, ainsi que la logique poétique du langage corporel et chorégraphique. El paraíso de los ahogados (1960), La poderosa vida de la muerte (1964), Matka (1975) et l’Opéra de quat’ sous (1977) sont les moments forts de sa production prolifique et exubérante. IC BRAYER Yves (1907-1990). Peintre et scénographe français. Formé aux Beaux-Arts de Paris, il signe ses premiers décors pour l’Opéra de *Paris en 1942 (*Joan de Zarissa, S. *Lifar). Oscillant entre une figuration légère aux francs coloris et une figuration plus symbolique au trait dramatique, il opte parfois pour une forme de peinture d’Histoire (piliers romans et sculptures antiques) dérivée du style décoratif des *Ballets Russes, notamment pour la reprise de la Tragédie de *Salomé (1954, A. *Aveline). CD AUTRES COLLABORATIONS. Lifar (Salomé, 1946 ; l’*Amour sorcier, 1947 ; Lucifer, 1948 ; Nauteos, rep. 1954) ; *Charrat (le Bal du destin, 1965). BRECHT Bertolt (1898-1956). Dramaturge et metteur en scène allemand. Son oeuvre théorique, soubassement d’une oeuvre dramatique très riche, s’étend des années 1920 aux années 1950. Définissant le théâtre comme espace de médiation et non plus d’identification entre le spectateur et le monde représenté, il s’oppose au théâtre dit « bourgeois » qui, dans sa construction même, cherche à masquer l’artifice de la représentation. Il énonce le principe de Verfremdung [distanciation] qui, par le jeu de l’acteur et la construction dramaturgique et scénique, requiert la collaboration intellectuelle et critique du spectateur plus que sa participation émotionnelle. Il opte, de ce fait, pour la forme épique qui, au contraire de la forme dramatique, fait primer la narration sur l’action, l’intérêt aux sinuosités du déroulement sur l’attention passionnée au dénouement. Le texte du théâtre épique pouvant faire l’objet d’un découpage et d’un montage, chaque scène peut exister pour soi dans une structure dramaturgique autorisant, comme au cinéma, l’ellipse, les retours, les sauts et les bonds. downloadModeText.vue.download 83 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 66 Cette conception, qui influencera profondément le théâtre du XXe siècle, ne sera pas sans effet sur la danse. Découpages textuels ou scéniques, superposition de voix off, interventions d’acteurs intégrés à l’action chorégraphique, décalage entre le texte dit et le geste, autonomie des séquences, mise en évidence des artifices scéniques, ouverture de la scène à des dimensions propres au cinéma et aux arts plastiques : les chorégraphes, notamment dans les années 1980, sauront tirer parti de la distanciation brechtienne pour se libérer des contraintes de la narration classique du ballet et faire émerger une *dramaturgie préservant l’abstraction du mouvement. Brecht apporte aussi une contribution directe à la scène chorégraphique en collaborant à plusieurs reprises, dans les années 1920, avec la danseuse V. *Gert, dont le style « grotesque » s’accorde avec son sens de la satire sociale. Il écrit également des textes mis en musique par K. *Weill pour les *Sept Péchés capitaux (1933, G. *Balanchine, déc. Kaspar Neher). Ce ballet en sept tableaux, créé au théâtre des Champs-Élysées (Paris) par les Ballets 1933, met en scène un rôle dédoublé, Anna I qui chante (créée par Lotte Lenya) et Anna II qui danse (créée par Tilly Losch), et fait correspondre une danse à chaque tempérament : la paresse (*tarentelle), la fierté (*valse), la colère (*shimmy-*fox trot), la jalousie (*marche), etc. Il sera souvent repris par la suite, notamment par Grita Krätke (1963, Berlin) avec Gisela May, dans l’esprit du théâtre épique, et par P. *Bausch, qui en donne une autre interprétation en 1976. UE,AF BREMER Lucille (née en 1923). Danseuse et actrice américaine. Elle commence à prendre des leçons de danse à l’âge de sept ans, puis rejoint, à douze ans, le corps de ballet de l’Opéra de Philadelphie. À seize ans, elle est une des « rockettes girls » du *Radio City Music Hall de New York. Elle se produit ensuite dans des cabarets, où elle est remarquée par A. *Freed, qui la fait engager par la *MGM. Espérant faire d’elle une des grandes vedettes de la firme et de l’unité qu’il dirige en son sein, Freed lui fait donner des leçons d’art dramatique et lui offre comme partenaire F. *Astaire dans *Yolanda and the Thief (1945) et *Ziegfeld Follies (1946), après l’avoir fait débuter dans Meet Me in Saint Louis (1944, réal. V. *Minnelli) au côté de J. *Garland, qu’elle retrouvera en 1946 dans Till the Clouds Roll By. Lucille Bremer se révélant incapable de tenir auprès d’Astaire la place occupée auparavant par G. *Rogers puis par C. *Charisse, sa carrière s’achève en 1948 : elle n’aura duré que quatre ans. PBr BRENAA Hans (1910-1988). Danseur et pédagogue danois. Élève de l’École du *Ballet royal danois, il affirme son talent de danseur sous la direction du jeune H. *Lander dans les années 1930 et devient le partenaire privilégié de M. *Lander. Il continue cependant à se former à Paris où il danse pour les Ballets de la Jeunesse en 1938-1939 et fréquente régulièrement les cours de L. *Egorova pour mieux pénétrer les secrets du répertoire académique russe. En 1949, il monte le Mariage d’Aurore à Copenhague puis, après le départ de H. Lander en 1951, la plupart des ballets du répertoire *Bournonville dont la *Sylphide, le *Conservatoire et *Loin du Danemark, ainsi qu’une remarquable version de la *Kermesse à Bruges, dont les répétitions ont été filmées par Jørgen Leth (Dancing Bournonville, 1979). Professeur de réputation internationale, faisant preuve d’une grande vivacité d’esprit et d’une profonde compréhension de la tradition bournonvillienne, il est invité dans le monde entier pour remonter le répertoire du Ballet royal danois dont il reste une figure de premier plan au XXe siècle. AMC BIBLIOGRAPHIE. B. Schønberg, Hans Brenaa - Danish Ballet Master, Dance Books, Londres, 1990. BRENAA Hans (1910-1988). Danseur et pédagogue danois. Élève de l’École du *Ballet royal danois, il affirme son talent de danseur sous la direction du jeune H. *Lander dans les années 1930 et devient le partenaire privilégié de M. *Lander. Il continue cependant à se former à Paris où il danse pour les Ballets de la Jeunesse en 1938-1939 et fréquente régulièrement les cours de L. *Egorova pour mieux pénétrer les secrets du répertoire académique russe. En 1949, il monte le Mariage d’Aurore à Copenhague puis, après le départ de H. Lander en 1951, la plupart des ballets du répertoire *Bournonville dont la *Sylphide, le *Conservatoire et *Loin du Danemark, ainsi qu’une remarquable version de la *Kermesse à Bruges, dont les répétitions ont été filmées par Jørgen Leth (Dancing Bournonville, 1979). Professeur de réputation internationale, faisant preuve d’une grande vivacité d’esprit et d’une profonde compréhension de la tradition bournonvillienne, il est invité dans le monde entier pour remonter le répertoire du Ballet royal danois dont il reste une figure de premier plan au XXe siècle. AMC BIBLIOGRAPHIE. B. Schønberg, Hans Brenaa - Danish Ballet Master, Dance Books, Londres, 1990. BREUKER Marilén, ndn. IGLESIAS-ECHEGARAY M. (née en 1951). Danseuse, sociologue, chorégraphe et pédagogue argentine. Initiée par R.*Kreutzberg, elle danse avec l’*AADA de Buenos Aires, puis étudie à l’École Folkwang d’*Essen (prix 1981). Danseuse et chorégraphe au FTS (1976-1984), primée à *Nyon et *Bagnolet, elle obtient le prix de la Ville de Paris pour Quand les murs parlent (1985). Avec Luc Petton, elle fonde la compagnie Icosaèdre à Reims et mène des projets qui allient mémoire et contemporanéité. Rigoureuse et paradoxale, son oeuvre est habitée par l’affirmation d’un humanisme fondamental. LGui FILMO. Le Sourire de Reims (1989, réal. B. Ferry) ; l’Âme des pierres (1991, réal. S. Yoshida). BRIANSKI Oleg (né en 1929). Danseur et pédagogue belge. Formé en Belgique, puis auprès de V. *Gsovski, B. *Kniasseff, Mme *Rousanne, O. *Preobrajenska et V. *Volkova, il débute à Bruxelles en 1945 avec la troupe qu’il a fondée. Engagé aux Ballets des Champs-Élysées en 1946, il suit R. *Petit en 1948 au Ballet de Paris qu’il quitte pour danser à *Broadway en 1951. Excellent technicien, étoile du *London Festival Ballet (1951-1955), il mène ensuite une carrière indépendante, se produisant avec diverses compagnies et en gala avec M. *Hayden, T. *Toumanova et P. *Wilde. Fixé à New York dans les années 1960, il forme son propre groupe et enseigne au Saratoga Ballet Center. GP BRIANTSEV Dmitri (né en 1947). Danseur et chorégraphe russe. Élève de l’École de danse de *Leningrad, il danse de 1966 à 1977 avec le groupe Molodoï Balet [Jeune ballet] fondé par I. *Moïsseïev. En 1977, l’année où il finit ses études à la faculté de chorégraphie du *GITIS, il signe sa première chorégraphie Nouvelles chorégraphiques. Il devient célèbre après avoir composé pour E. *Maximova des ballets pour la télévision (Galatée, 1977, mus. F. Low, et le Vieux tango, 1979, mus. Timour Kogan), puis pour le *Kirov (la Légende du hussard, 1979, mus. Tikhon Khrennikov). Chorégraphe au Kirov (1981-1985) où il signe le Petit Cheval bossu (1981, mus. R. *Chtchedrine), il dirige le ballet du Th. *Stanislavski depuis 1985. Surtout connu auparavant pour ses danses et ses petits ballets comiques, il essaie d’y composer des oeuvres sérieuses, parfois dramatiques (la Tragédie optimiste, 1985, mus. Mikhaïl Bronner ; *Othello, 1994, mus. A. Matchavariani ; Sulamith, 1997, mus. Valeria Besedina). ESou AUTRES CHORÉGRAPHIES. Bravo, Figaro! (1984, mus. *Rossini) ; Neuf Tangos et... Bach (1985, mus. Astor Piazzolla et *Bach) ; les Cowboys (1988, mus. *Gershwin).Bibliographie.E. downloadModeText.vue.download 84 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 67 Belova, [les Fantaisies chorégraphiques de Dmitri Briantsev], Moscou, 1997 (en russe). BRIANZA Carlotta ou B. Carolina (1867-1930). Danseuse italienne. Elle entre en 1876 à l’École de danse de la *Scala. Elle se produit à Londres, à l’Empire Theatre of Varieties avec E. *Cecchetti (Dilara, 1887 chor. Cecchetti, mus. Hervé). En 1889, elle débute en Russie, au *Bolchoï de Moscou et au *Mariinski, où M. *Petipa règle pour elle le rôle d’Aurore dans la *Belle au bois dormant (1890) et le rôle-titre de Calcabrino (1891, mus. L. *Minkus), entre autres. Elle danse ensuite à Milan et à Venise. En 1921, elle incarne pour ses adieux à la scène la fée Carabosse dans la reprise de la Belle au bois dormant (The Sleeping Princess) présentée par les *Ballets Russes de *Diaghilev à Londres. Jolie, excellente technicienne, « à la grâce elle ajoute dans sa danse une force et une énergie fort rares » selon C. *Cucchi, qui ajoute : « Elle possède une véritable intuition artistique. » RZ BRIEUX Yves (1905-1991). Danseur et pédagogue français. Élève de G. *Ricaux, danseur au dynamisme acrobatique et au grand sens théâtral, il quitte l’Opéra de *Paris au débute des années 1930 pour se produire en gala à travers l’Europe avec sa partenaire Ione. Dès 1940, il se consacre à l’enseignement, élaborant une méthode précise, exigeante, musclée. Professeur au *CNSMD de Paris (1947-1974), il dirige aussi la classe des sujets à l’Opéra de Paris de 1963 à 1970. Perfectionniste, il excelle à faire travailler les rôles. Après C. *Sombert, qui figure parmi ses premières élèves, il forme une pléiade de grandes danseuses françaises, de C. *Motte à M. *Loudières, ce qui lui vaut le surnom de « Maître des étoiles ». MFC BRINSON Dr Peter (1923-1995). Conférencier et écrivain britannique. Producteur du premier film de danse stéréoscopique The Black Swan (1952), il contribue régulièrement à The Dancing Times et Ballet. En 1964, il fonde le Ballet For All, groupe lié au *Royal Ballet visant à élargir l’audience de la danse dans le pays. Directeur de la Royal Academy of Dancing (1968-1969), puis de la section Grande-Bretagne et Commonwealth de la Fondation Gulbenkian (1971-1982), il préside ensuite l’Audit national sur l’éducation en danse (1975-1980) et devient directeur des études supérieures du *Laban Centre (1982-1987). Il est l’auteur de The Choreographic Art (avec P. *Van Praagh, 1963), Background to European Ballet (1966), Ballet for All (avec C. Crisp, 1970). CH BRITTEN Edward Benjamin (1913-1976). Compositeur britannique. De talent précoce, il étudie notamment avec Frank Bridge. En 1935, il rencontre le poète H. W. Auden, qui écrira pour lui différents textes et le livret de son premier travail théâtral, l’opérette Paul Bunyan (1941). Avec lui et avec le ténor Peter Pears, compagnon et collaborateur d’une vie, il s’installe aux États-Unis, où il reste jusqu’en 1942. Très vite remarqué par la critique, il n’atteint toutefois une notoriété internationale qu’en 1945 avec l’opéra Peter Grimes. Deux ans plus tard, il contribue à la création de l’English Opera Group, qui vise à encourager la création d’un répertoire d’opéra britannique. En 1948, il fait partie des organisateurs du festival d’Aldeburgh, petite ville du Suffolk où il s’installe. Accompagnateur de piano raffiné et chef d’orchestre, il est considéré comme l’une des plus grandes figures de la musique britannique et l’un des compositeurs d’opéra majeurs du XXe siècle. D’une structure substantiellement tonale mais ouvert à l’usage de techniques variées, son langage réussit à fondre de multiples influences sans renoncer à une personnalité marquée, qui se précise surtout dans les oeuvres vocales et théâtrales, tels les opéras The Turn of the Screw (1954), le Songe d’une nuit d’été (1960), dont J. *Cranko règle les danses, et Death in Venice (1973), sa dernière oeuvre, où la danse joue un rôle non négligeable et dont F. *Ashton signe les chorégraphies. Sa production pour le ballet reste modeste, avec seulement deux titres : Plimouth Town, oeuvre de jeunesse inédite, composée en 1931 d’après un livret de Violette Alford, n’a jamais été montée ; le *Prince des pagodes (1957), créé en collaboration avec Cranko, connaît un meilleur sort et diverses reprises verront le jour. Plusieurs de ses oeuvres ont régulièrement inspiré des chorégraphes, tout particulièrement Variation on a Theme of Frank Bridge composé en 1937 (Jinx, 1942, L. *Christensen ; le Rêve de Leonor, 1949, Ashton ; Variations on a Theme, 1954, Cranko ; House of Shadows, 1955, A. *Carter ; Eaters of Darkness, 1958, W. *Gore ; Stages and Reflections, 1968, J. *Neumeier ; Night Moves, 1981, D. *Bintley) ainsi qu’Illuminations (1950, Ashton ; 1961, T. *Gsovska), Simple Symphony (1944, Gore ; 1961, W. *Dollar ; 1962, P. *Lacotte) et The Young Person’s Guide to the Orchestra (Fanfare, 1953, J. *Robbins ; Variations on a Theme of Purcell, 1955, Ashton). ESpe Sur la musique de Britten. *Humphrey (*Ruins and Visions, 1953) ; *MacMillan (Winter’s Eve, 1957 ; Gloriana, 1977) ; *Ailey (Choral Dances, 1971 ; *Sea Change, 1972) ; *Kudelka (A Party, 1976 ; All Night Wonder, 1981 ; Diversion, 1985) ; *Neumeier (Tanz für den Anfang, 1977 ; Unsere Schule, 1982) ; *Kylián (Forgotten Land, 1981) ; *Tetley (Dances of Albion, 1980) ; *Alston (The Brilliant and the Dark, 1982) ; ? ? *Cohan (Metamorphoses, 1989) ;? ?. *Davies (Something to Tell, 1980 ; Bridge the Distance, 1985) BRODWAY. Grande artère de New York, entièrement dédiée au spectacle. Concentrant la majorité des théâtres de la ville depuis le milieu du XIXe siècle (dont les plus importants : le St James, le Majestic, l’Alvin), Broadway se situe entre Harlem au nord et, au sud, Coney Island où se déploie au début du XXe siècle un autre univers parallèle : « Luna Park », le parc d’attraction de F. Thompson conçu en 1903 dans la grande tradition de l’utopie triomphale et qui trouvera plus tard sa suite logique dans le *Radio City Music-Hall, autre établissement générateur de mythes. L’activité de Broadway ne se cantonne pas, loin s’en faut, au spectacle musical. Le théâtre sous toutes ses formes y tient une place prééminente. C’est d’ailleurs en contraste avec ce «théâtre des mots», dans un désir de féerie, que naît et se définit ce théâtre spécial, ni drame, ni comédie, que l’on appelle le musical de Broadway. Comme le pays et la ville dont il est le reflet, le théâtre musical de Broadway évolue à partir de traditions diverses et de cet amalgame va surgir un genre autonome, à la dramaturgie élaborée (P. G. Wodehouse, Donald Ogden Stewart), au langage musical influencé par le *jazz (C. *Porter, J. *Kern, G. *Gershwin), servi par de grands chorégraphes (G. *Balanchine, A. *De Mille, J. *Robbins, J. *Cole, B. *Fosse, M. *Bennett, G. *Champion) et le professionnalisme d’artistes polyvalents, chanteurs et danseurs. Il existe un son, un look, une qualité «Broadway», héritage d’un goût particulier pour les scènes chahuteuses du passé américain. Le musical de Broadway, c’est le « baratin » rythmé de New York, une forme de théâtre conçu délibérément non comme un art mais comme un divertissement. Son époque de première maturité (1900-1914) est marquée par la personnalité de grands promoteurs de spectacles tels les frères *Shubert, F. *Ziegfeld, le principe de la *revue trouvant son apogée entre les deux guerres mondiales. Dès 1927, la *comédie musicale y devient un genre majeur : symbole à ses débuts de l’optimisme et de la joie de vivre américains, son évolution va traduire progressivement les changements de la conjoncture historique et des sensibilités collectives. Le genre se créée très tôt ses propres légendes : entre compétition en coulisses et magnificence de la scène, l’univers de Broadway devient le lieu mythique de révélation des artistes. downloadModeText.vue.download 85 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 68 L’esprit commercial n’y est pas nécessairement synonyme de médiocrité : si les productions sont révélatrices des goûts du grand public, elle n’ignorent ni l’audace ni le risque. ESe BROMAN Diane (née en 1953). Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine. Au sortir de *Mudra, elle part à New York (École *Graham, théâtre et chant classique), où elle présente ses premiers spectacles. Elle s’installe ensuite en Belgique, où elle fait figure de pionnière de la *nouvelle danse belge. La voix, comme outil de création sonore lié à un entraînement corporel, est au coeur de sa démarche. Depuis Ode octopode (1980), ses pièces associent le geste, le son, la danse, le théâtre et l’image. JMA BROWN Carolyn (née en 1927). Danseuse, chorégraphe, écrivain et pédagogue américaine. Elle se forme à la danse auprès de sa mère, dans le style du *Denishawn, puis brièvement à la *Juilliard School. Mariée avec le compositeur Earle Brown, elle rencontre par son intermédiaire J. *Cage, D. *Tudor et M. *Cunningham avec qui elle finit par se produire de 1953 à 1972. Elle crée des rôles dans une quarantaine de ses chorégraphies, se révélant impossible à remplacer dans certaines d’entres elles, et elle devient une enseignante remarquable de sa technique. Parallèlement, elle crée son propre rôle dans Theatre Piece de J. Cage (1960) et danse sur pointes dans Pelican, première « chorégraphie » de R. *Rauschenberg pour le *Judson (1963), tout en signant quelques chorégraphies, Balloon (1963) et Car Lot (1967) notamment. Devenue responsable de la danse à l’université de l’État de New York (Purchase, 1980-1982), elle fonde Dance Corps at Purchase, une compagnie spécialisée dans le répertoire de ballet et de danse moderne. Elle donne, en outre, de nombreuses conférences, produit et réalise Dune Dance, film interprété par S. *Rudner. Auteur de textes qui paraissent dans Dance Perspectives, Ballet Review ainsi que dans Merce Cunningham (sous la dir. de James Klosty, 1986), elle écrit un livre sur ses « années Cunningham » (à paraître chez Knopf). Interprète remarquable d’intelligence, d’élégance, de pureté et de raffinement, excellant à conceptualiser les processus auxquels elle participe, elle est la prima ballerina assoluta de la grande époque expérimentale. Honorée de nombreuses distinctions, dont le Dance Magazine Award en 1970, elle est docteur honoris causa du Wheaton College (Massachusetts). DL BROWN Trisha (née en 1936). Danseuse et chorégraphe américaine. Elle reçoit un enseignement de danse académique à Aberdeen, où elle est née, puis étudie au Mills College en Californie (ballet, *claquettes, acrobatie, modern *jazz, techniques *Graham et *Limón, cours de composition avec L. *Horst). En 1959, elle commence à enseigner, se tourne vers l’*improvisation et rencontre A. *Halprin. En 1960, elle étudie à New York, au studio *Cunningham, mais ce sont les ateliers de R. *Dunn, acquis aux principes de J. *Cage sur l’indétermination, qui lui fournissent les outils propres à interroger le processus de composition et à remettre en cause l’idée que l’auteur décide de tout. Elle y rencontre S. *Forti, Y. *Rainer, *La Monte Young, T. *Riley et R. Morris, avec lesquels elle fonde, en 1962, le *Judson Church Theater. Dès lors, deux questions ou prémisses sous-tendent son activité chorégraphique en constant déplacement : qu’est-ce que je ne connais pas ? et quelle structure chorégraphique donner à cette question ? Les réponses forment des cycles constitués de pièces polarisées autour d’une problématique que T. Brown fait résonner organiquement. En fait, si l’on a souvent retenu le caractère fluide, multipolaire et tumultueux comme signature du mouvement brownien, ce dernier évolue à chaque cycle en porosité avec le champs investi. Dans le cycle Equipment Pieces (1964-1974), elle approfondit la question : où commence la danse ? Elle investit les lieux publics (parcs, musées, toits, etc.) et précise son intérêt, induit par Ann Halprin, pour la tâche [*task] et le mouvement ordinaire (marcher, prendre, lâcher, se lever, s’habiller). Elle crée des dispositifs auxquels le corps répond et met en évidence les éléments fondamentaux du mouvement (poids, verticalité, vitesse). Ainsi, dans Planes (1968, New York), première pièce antigravitationnelle, c’est la situation qui indique comment danser : les danseurs évoluent sur un mur de trous que pieds et mains utilisent comme accroches, donnant l’impression contradictoire d’une chute libre et d’une absence de pesanteur. Le principe générique de l’*accumulation détermine un cycle du même nom (1971-1978) : travail sur le temps plus que sur l’espace, l’accumulation répète et révèle chaque geste pour lui-même au sein de la série. Cette épellation obstinée et hypnotique engendre un flux continu dont les pôles d’émission sont démocratiquement répartis dans le corps. Ce flux va s’abandonner à son élan, ses suspens, dans le cycle des Instabilités moléculaires où T. Brown tente de trouver des procédés qui permettent de mémoriser l’improvisation. En entrant dans le lieu théâtral d’où ses préoccupations l’avaient tenue éloignée, et afin d’en problématiser l’artifice, Brown s’associe à R. *Rauschenberg pour *Glacial Decoy. Dès lors, les collaborations avec les plasticiens se succèdent : Fujiko Najaka (Opal Loop, 1980), Donald Judd (Son of Gone Fishing, 1981 ; *Newark, 1987), Nancy Graves (Lateral Pass, 1985). Avec le Cycle héroïque, Brown interroge l’évidence qui caractérise le tumulte gestuel. Dans Newark et Astral Converted, le mouvement parfois se fige et confère au corps une allure de mobilier. La clarté des lignes et des angles répond à ces nouvelles perceptions pondérales. La quête du mouvement non anticipé guide le cycle Back to Zero. De longues stations immobiles, des ralentis et des hésitations dramatisent l’atmosphère. La danse, perçue comme abstraite jusqu’alors, laisse apparaître une nouveauté : le caractère. Après avoir épuisé le silence, collaboré avec les musiciens Robert Ashley (Son of Gone Fishing, 1981), Laurie Anderson (*Set and Reset, 1983), Peter Zummo (Lateral Pass, 1985), Alvin Curran (*For MG : the Movie, 1991), Brown trouve dans la structure musicale classique un défi nouveau : elle tente de transposer les principes musicaux ou linguistiques en critères pertinents pour la danse. Les ensembles se géométrisent. La modernité d’A. *Webern réancre la danse de Twelve Tone Rose (1996) dans la fougue de pièces antérieures, tandis qu’avec *Orfeo (1998) se révèle son attrait pour le texte et le drame. EH AUTRES CHORÉGRAPHIES. Trillium (1962) ; *Man Walking Down the Side of a Building (1970) ; Roof Piece (1971) ; *Line Up (1977) ; *Astral Convertible (1989) ; *One Story as in Falling (1992) ; *If You Couldn’t See Me (1994) ; *M. O. (1995).BIBLIO- GRAPHIE. L. Brunel, B. Mangolte et G. Delahaye, Trisha Brown, Éd. Bougé, Paris, 1987. BROWNE Leslie (née en 1958). Danseuse américaine. D’abord formée par ses parents, Kelly Browne et Isabel Mirrow, anciens danseurs du *Ballet Theatre, elle étudie à la *School of American Ballet puis fait partie du corps de ballet du *NYCB (1974-1976). Elle rejoint ensuite l’*ABT en tant que soliste, devenant principal dancer en 1986. Partenaire de M. *Barychnikov dans le film A Turning Point (1977, réal. H. *Ross), elle se produit souvent en tournées avec lui de 1985 à 1987. Elle incarne aussi Romola Nijinska dans Nijinsky (1980), puis Nadine dans Dancers (1987), deux autres films de Ross. Reconnue pour ses qualités dramatiques plutôt que techniques, elle interprète aussi bien le répertoire classique que contemporain. Après son départ downloadModeText.vue.download 86 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 69 de l’ABT en date elle se produit notamment dans Brigadoon, au New York City Opera. MK BROWNE Rachel, ndn. MINKOFF RAY (née en 1934). Chorégraphe, pédagogue et directrice artistique canadienne d’origine américaine. Formée à la danse classique à Philadelphie et New York auprès de B. *Harkarvy, elle se produit d’abord avec les New Century Dancers et la compagnie Ryder-Frankel. En 1957, elle entre au *Royal Winnipeg Ballet où elle reste quatre ans. En 1964, après une première oeuvre, Odetta’s Songs and Dances, elle fonde les Winnipeg Contemporary Dancers dont les nombreuses tournées à travers le Canada présentant des oeuvres de styles divers, signées par de jeunes chorégraphes canadiens ou d’autres déjà reconnus aux États-Unis, contribuent dans les années 19601970 à familiariser le public avec la danse contemporaine. En 1983, elle abandonne la direction de sa compagnie pour chorégraphier, et parfois danser, des oeuvres féministes où, avec naturel, voire un peu de naïveté, elle explore d’une gestuelle brute et instinctive les subtilités de la condition féminine. Elle poursuit des activités de pédagogue, chorégraphe et conseil auprès de la School of Contemporary Dancers, tout en chorégraphiant pour des danseurs indépendants. LHB BRUCE Christopher (né en 1945). Danseur et chorégraphe britannique. Il étudie à l’école du *Ballet Rambert, rejoint la compagnie en 1963 et y signe sa première chorégraphie George Frideric en 1969. En 1967, son interprétation du rôle titre de *Pierrot Lunaire (G. *Tetley) fait de lui une «star» et lui vaut le surnom de «Rudolf *Noureev de la danse moderne». Créateur de nombreux rôles pour N. *Morrice, il s’illustre aussi dans Prospero (la Tempête, Tetley), le Faune (l’*Après-midi d’un faune), et le rôle titre de *Petrouchka pour le *London Festival Ballet. Il reste dix-sept ans au *Ballet Rambert dont il devient chorégraphe associé. En 1989, il est chorégraphe résident au *Houston Ballet puis devient directeur artistique de la *Rambert Dance Company en 1994. Mariant langages classique et moderne, ses oeuvres, souvent sous-tendues par l’émotion sont parfois porteuses de messages socio-politiques. Deux de ses pièces sont inspirées de F. *Garcia Lorca : Ancient Voices of Children (1975) et Cruel Garden (1977) en collaboration avec Lindsay Kemp. Son oeuvre la plus populaire, Ghost dances (1989), chorégraphiée sur de la musique traditionnelle sud-africaine, est une réaction à toutes les oppressions politiques. OD AUTRES CHORÉGRAPHIES. Crossing (1994) ; Meeting Point (1995) ; Quicksilver (1996) ; Stream (1997). BRUGNOLI Amalia (première moitié du XIXe s.). Danseuse italienne. Milanaise, fille de la danseuse grottesca (voir *grotesque) Giuseppa Brugnoli, elle est l’une des premières élèves de l’école de danse de la *Scala en 1813. En 1820, elle paraît pour la première fois comme prima ballerina seria au théâtre Sant’Agostino de Gênes. Dès lors, elle se produit sur les plus importantes scènes italiennes et étrangères (Vienne, Berlin, Paris, Londres). Elle est, avant M. *Taglioni, l’une des premières qui tente de danser sur les *pointes. Elle se marie en 1828 avec le danseur et chorégraphe Paolo Samengo. RZ BRUGUIÈRE Dominique (née en 1960). Éclairagiste française. Après des études d’histoire et d’anthropologie, elle se découvre une vocation pour la lumière au théâtre, notamment grâce au travail d’Antoine Vitez et de J.-L. ? ? ? Thamin. Autodidacte, elle développe une conception architecturale de l’éclairage. Si le théâtre est son lieu de prédilection, elle trouve dans la danse, notamment auprès de C. *Diverres, les possibilités d’un mariage singulier avec la lumière où l’espace de l’une épouse abstraitement la fluidité de l’autre. CD BRUHN Erik (1928-1986). Danseur et directeur de ballet danois. Formé à l’École du *Ballet royal danois où il est l’élève de H. *Lander et V. *Volkova, il révèle bientôt une précision et une aisance techniques rares. Nommé danseur principal du Ballet royal en 1949, il entame cependant très vite une carrière de soliste invité à Londres, Paris et New York, où ses prestations dans le rôle d’Albrecht de *Giselle (1955) le propulsent au rang d’étoile internationale. Directeur du *Ballet royal suédois (19671971), il est ensuite directeur artistique du Ballet national du *Canada de 1983 à sa mort. Si sa blondeur et son port le prédisposent aux rôles nobles dans les ballets du répertoire, il s’emploie toutefois à en modifier l’image un peu insipide en leur apportant une profondeur psychologique. Interprète d’une forte présence dramatique, il incarne à merveille James dans la *Sylphide d’A. *Bournonville ou Jean dans *Mademoiselle Julie de B. *Cullberg et Don José dans *Carmen de R. *Petit. De ses nombreuses partenaires, c’est le couple qu’il forme avec C. *Fracci qui reste dans les mémoires. S’il ne trouve pas vraiment sa propre voie en tant que chorégraphe, il s’impose en revanche par les versions psychologiques qu’il donne des grands classiques comme *Giselle ou le *Lac des cygnes . AMC AUTRES CHORÉGRAPHIES. Concertette (1953, mus. *Gould) ; Festa (1959, mus. K. Høgenhaven).BIBLIO. E. Bruhn, Bournonville and Ballet Technique, 1961 ; Beyond Technique, Dance Perspectives, 1968 ; J. Gruen, Erik Bruhn - danseur noble, New York, 1979. BRUMACHON Claude (né en 1959). Danseur et chorégraphe français. Il découvre la danse pendant ses études à l’École des beaux-arts de Rouen. Engagé aux Ballets de la Cité de Catherine Atlani (1978-1980), il commence ensuite ses propres recherches chorégraphiques avec Benjamin Lamarche et Brigitte Farges, créant ses premières pièces au cours d’ateliers de S. *Buirge tout en se produisant pour Ch. *Gérard et K. *Saporta. Il fonde sa compagnie en 1984, après ses premiers succès notamment Atterrissage de corneilles sur l’autoroute du Sud (1984), trois fois primé au Concours de *Bagnolet. En 1989, il crée Féline pour le *GRCOP et chorégraphie en 1990 l’opéra de *Ravel, l’Enfant et les Sortilèges pour le ballet de l’Opéra de Nantes, ville où il s’installe. En 1992, il se voit confier la direction du *CCN de Nantes, à laquelle il associe B. Lamarche en 1996. Désir et frustration, intolérance et trahison, intrigues familiales et passions humaines retiennent l’attention de ce chorégraphe prolifique qui compte en 1998 plus d’une trentaine de pièces à son actif. Dans un univers souvent esthétisant, il développe une danse très physique, à la fois sensuelle et pulsionnelle, parfois survoltée comme dans Texane et dans le Piédestal des vierges, deux oeuvres marquantes de sa production créées en 1988. Cette fougue est parfois tempérée par un rêve de vol qui parcourt ses pièces et qui trouve une traduction directe dans le solo Icare (1996) qu’il compose pour B. Lamarche, inspirateur et complice de toutes ses créations. IF, PLM AUTRES CHORÉGRAPHIES. Niverolles, Duo du col (1982) ; Attila et Nana les Moineaux Friquets (1987) ; Éclats d’absinthe (1991) ; Fauve (1991) ; Bohème hommes (1994) ; Bohème femmes (1997) ; Humains, dites-vous (1998). downloadModeText.vue.download 87 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 70 BRUNEL Christine (née en 1951). Danseuse, chorégraphe et pédagogue française. Elle étudie avec K. *Waehner et à l’École Folkwang d’*Essen. Danseuse et chorégraphe du FTS *Essen, primée au Concours de *Cologne en 1981, elle fonde son propre lieu de création à Essen en 1987. Invitée du Next-Wawe Festival de New York, elle affirme son talent de soliste dans Conditio Humana (1989) et Tracé (1997). Dès 1992, elle réalise des projets artistiques avec la Russie et la Pologne. Dans ses recherches sur l’improvisation, elle collabore avec M. *Breuker pour Zwei-les idiotes (1993). Pionnière du courant minimaliste allemand, danseuse aux gestes épurés, sa danse précise cisèle l’espace et transforme la perception même du temps. MIB FILMOGRAPHIE. Einen Tanz träumen (1989, réal. E ? ? ? ? Hungerland). BRUNNER Gerhard (né en 1939.). Directeur de ballet et administrateur autrichien. Il étudie le droit, les sciences politiques et le théâtre, avant de travailler comme journaliste indépendant de 1958 à 1975. Après avoir exercé des activités de conseil pour divers festivals de danse, il fonde, en 1982, à Vienne, un festival international de danse, qui a lieu tous les ans depuis cette date, et dont il assume la direction artistique. Après avoir dirigé le ballet de l’Opéra de *Vienne (1976-1990), il devient directeur général des scènes associées de Graz et Steiermark depuis 1990. En 1998, il est chargé de projet pour le Ballet de *Berlin. GOS BRYANS Rudy, GODET Bernard, dit (né en 1945). Danseur français. Après des études à Lyon et à Lille, il commence sa carrière chez J. *Charrat et s’engage au Ballet de *Marseille en 1973. Il prête sa forte personnalité aux créations de R. *Petit avec une étonnante versatilité : partenaire de M. *Plissetstkaïa dans la Rose malade (1973), inquiétant Drosselmeyer (*Casse-Noisette, 1973), Charlus torturé (les Intermittences du coeur, 1974), et surtout bouleversant Frédéri dans l’*Arlésienne (1974). Danseur sombre et puissant, il s’exprime à travers une technique épurée, ample et précise, et excelle dans la petite *batterie. SJM BRYANT Dan (1833-1875). Danseur et comique américain. Il débute comme danseur de *gigue à New York en 1845 avec les Ethiopian Operatic Brothers et poursuit une carrière prospère. Spécialiste de la gigue et du *shuffle, il est également l’un des meilleurs interprètes de l’*essence of Virginia. Il se présente sur scène avec sa troupe soit en personnage irlandais, soit en blackface, conformément à la tradition des débuts de la mins- trelsy. À sa mort, onze grands théâtres de New York lui rendent hommage. ESe BRYARS Gavin (né en 1943). Compositeur britannique. Après des études de composition et de philosophie, il s’impose à la fin des années 1960 comme un des compositeurs britanniques les plus engagés dans l’expérimentation. Son conceptualisme ouvert aux contaminations et l’utilisation de modules répétitifs se trouve en correspondance parfaite avec les recherches de R. *Wilson (Medea, 1982), L. *Childs (Outline, 1984 ; Four Elements, 1990) ou W. *Forsythe (Slingerland, 1989-1990 ; Quintett, 1993). EQ BUCAREST (Ballet du Théâtre national de). Compagnie roumaine fondé en 1898. Il trouve son origine dans le corps de ballet constitué sous la responsabilité de Thomasso Paris au sein de l’Opéra roumain, mais ne connaît un véritable développement qu’à partir de 1921, lorsque l’Etat décide de soutenir cette institution qui partage alors son activité entre Bucarest et CIuj. Cette époque est marquée par les créations de Roman Romanov et l’apparition de la première grande ballerine roumaine : Maria Balanescu. L’arrivée à la tête de la compagnie d’Anton Romanovski (1925), élève de S. *Légat et ancien partenaire d’A. *Pavlova, T. *Karsavina et E. *Gueltzer, se révèle décisive. Il s’emploie à remonter le répertoire des *Ballets Russes et à former une génération de danseurs parmi lesquels 0. *Danovschi et Tilde Urseanu, orientation poursuivie son successeur Vera Karalli (1930-1937), ancienne prima ballerina du *Bolchoï et danseuse soliste des Ballets Russes. L’autre personnalité marquante des années 1940 est Floria Capsali, une élève d’E. *Cecchetti, N. *Légat, L. *Staats et R. *Duncan. Directrice de l’École attachée à l’opéra de Bucarest de 1938 à 1950 et auteur de nombreuses chorégraphies pour la compagnie, elle développe un travail mêlant intimement technique classique et danses populaires locales qui pose les bases de l’école roumaine. De 1945 à la fin des années 1980, le ballet roumain se trouve sous influence soviétique. Le répertoire de la compagnie s’enrichit alors de tous les grands classiques, défendus par de remarquables prima ballerina telles Irinel Liclu, Ileana Iliescu, Magdalena Popa (qui émigré au Canada en 1982), Elena Dacian ou Alexa Mezincescu, tandis que des chorégraphes tels 0. Danovschi, T. Urseanu, Vasile Marcu, A. Mezincescu, Ion Tugearu, signent principalement des oeuvres d’inspiration nationale. Depuis 1994, la compagnie est dirigé par I. Illescu et Mihail Babuska. PLM BUCK AND BUBBLES, WASHINGTON FORD LEE (1903-1955) et SUBLETT JOHN (1902-19? ?), dits.. Duo de danseurs américains. Enfants, ils créent le numéro Buck and Bubbles, dans lequel l’un joue du piano et l’autre chante. Après qu’ils y ont introduit les *claquettes, leur duo va connaître un énorme succès. Ils se produisent dans les George White Scandals de 1920, les *Ziegfeld Follies de 1921, Laugh Time (1943), Carmen Jones (1944) ; Bubbles crée le rôle de Sportin’ Life dans *Porgy and Bess (1935). Extrêmement populaires dans le circuit du *vaudeville noir, ils constituent l’une des attractions les plus appréciées de l’Apollo Theatre (coeur du fameux *TOBA). Une version simplifiée et plus courte de leur prestation est reprise dans des films (Cabin in the Sky, 1943, MGM ; A Song Is Born, 1948, RKO). Leur style, qualifié de « free and easy «, se caractérise par la lassitude décontractée. Entre chaque accompagnement musical, la danse nonchalante de Buck n’a d’égale que la décontraction de Bubbles, qui aborde les pas les plus difficiles en explosant soudain à vitesse redoublée. Ses rythmes, rapides et complexes, viennent en contrepoint d’un accompagnement musical qui se veut somnambulique et comique. Bubbles est également considéré comme le créateur d’un nouveau style appelé «rhythm tap « ou « heel and toe «, qui combine le Lancashire *clog au *buck dancing, en accentuant les temps faibles de façon inhabituelle par un jeu de talons et de pointes (cramp rolls). ESe BUDAPEST (Ballet national de l’Opéra de). Compagnie hongroise attachée au Théâtre national de Budapest. Dès la fin du XVIIIe siècle, les théâtres des châteaux des Esterházy accueillent les compagnies de J. G. *Noverre et S. *Viganò venues de Vienne, mais ce n’est qu’en 1839 qu’est montée la première production hongroise au Théâtre national, ouvert en 1837. La principale attraction à l’époque reste toutefois la venue de F. *Elssler, F. *Cerrito, L. *Grahn et M. *Taglioni. Dans les années 1850 se révèle Emilia Aranyváry, la plus grande ballerine hongroise du XIXe siècle, tandis que la compagnie, transférée en 1884 à l’Opéra lors de son ouverture, reste dominée par les downloadModeText.vue.download 88 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 71 maîtres de ballet italiens, de Federico Campilli (1847-1887) à N. *Guerra (1902-1915). Au début du XXe siècle, le théâtre accueille les *Ballets Russes de *Diaghilev (1912 et 1927) et présente la première du *Prince de bois (1917) dans une production d’Otto Zöbisch. Après la période 1915-1935, dominée par Ede Brada et son fils Reszó, une ouverture sur la danse *libre se manifeste avec A. von *Milloss, qui crée quatre ballets, tandis que J. *Cieplinski prolonge la tradition diaghilevienne et que G. *Harangozó donne naissance à un style national original. À la même époque, alors que se distinguent sur scène Karola Szalay, Melinda Ottrubay et Ilona Vera, F. *Nádasi ouvre son école qui contribuera à l’amélioration technique des danseurs hongrois. La seconde moitié du XXe siècle se caractérise par quatre périodes. Tout d’abord, Harangozó monte son *Mandarin merveilleux (1945) et de nombreux ballets légers (Salade, 1945 ; Promenade concert, 1948, mus. J. *Strauss), tandis que J. *Charrat présente Jeu de cartes (1948) et Ernö Vashegyi, jeune chorgéraphe hongrois, sa version du *Prince de bois (1952) et Chant de Bihari (1954). À partir de 1950, les classiques du XXe siècle, dont *Casse-noisette et les grands ballets dramatiques soviétiques tel *Flammes de Paris, dominent la scène ; la fondation de l’Institut national de ballet en 1950 (qui deviendra l’Académie de danse en 1983) permet la diffusion de la méthode *Vaganova. En 1968 s’ouvre la période L. *Seregi : à côté de ses grands ballets sont programmés des chorégraphes venus de l’Ouest, tels M. *Béjart (1973), H. *Lander pour une soirée danoise (1980), H. *Van Manen pour une soirée néerlandaise (1982), ainsi que le Ballet national de *Cuba (1981). À partir des années 1990, la compagnie s’ouvre aux jeunes chorégraphes hongrois : Lilla Pártay (Anna Karénine, 1991), Gábor Keveházi (Cristoforo, 1992), tandis que G. *Balanchine entre au répertoire (Serenade, 1995). Depuis 1994, l’opéra accueille tous les deux ans le Concours international de ballet R. *Noureev. GD BUFFET Bernard (né en 1928). Peintre français. Lié à la figuration, marqué par la fin de la Seconde Guerre mondiale et par la philosophie existentialiste, il développe un style « misérabiliste » livrant une vision pessimiste du monde, aux couleurs éteintes, ponctuées de sévères lignes noires verticales. Dans les années 1960, des couleurs crues apparaissent en violente réaction avec des noirs profonds, mais ses peintures restent habitées d’un sentiment de désespoir. Dans ses rares réalisations pour la scène se distinguent les costumes et le décor d’intérieur aux lignes strictes et anguleuses qu’il signe pour la Chambre (1955, R. *Petit), ballet au réalisme sombre sur un livret de Georges Simenon. PC AUTRES COLLABORATIONS. R. Petit (Patron, 1959, opérette) ; *Lifar (le Grand Cirque, 1969 ; Istar, repr. 1969). BUIRGE Susan (née en 1940). Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine. Elle aborde la danse dès l’enfance et découvre la danse moderne à l’université de Minnesota. En 1962, une bourse lui permet d’étudier avec J. *Limón, M. *Graham, L. *Horst à la *Julliard School of Music, où elle crée sa première pièce Trilogy (1962) et rencontre A. *Nikolais dont elle rejoint la compagnie (19631967), dansant également pour M. *Louis. Dès 1965, elle enseigne au *Henry Street Playhouse et par la suite au National of Deaf et à la New York University. En 1970, elle s’installe en France et fonde à Paris le Danse Theatre Experience qui deviendra en 1975 le Susan Buirge Project. Ses talents de pédagogues font très vite de son studio et de ses ateliers, notamment au Festival d’Aix-en-Provence dont elle est un temps conseillère artistique, des espaces de rencontre et d’expérimentation qui marqueront toute une génération de danseurs et chorégraphes. En 1990, son solo Grand Exil signe ses adieux à la scène. Elle se consacre alors à la recherche, à la chorégraphie et à l’écriture, quittant l’Europe pour se nourrir d’autres traditions (Éthiopie, Grèce, Taïwan, Syrie, Inde, Japon). Premier chorégraphe élu commissaire de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) en 1991, directrice artistique du Centre européen pour la chorégraphie (abbaye des Prémontrés) en 1992, elle est aussi le premier chorégraphe résident à la villa Kujoyama, Institut granco-japonais du Kansai à Kyoto (1992-1993). Le Japon devient ensuite sa nouvelle terre d’accueil où elle commence une collaboration avec des danseurs et musiciens japonais, laquelle donne naissance au groupe Ma To Ma. Rompant avec l’esthétique de Nikolais dont le travail reste toutefois pour elle une « explosion de potentialités, d’invention qui lui ouvrent la voie », S. Buirge rejoint un art minimal par l’extrême sobriété du geste et les processus *répétitifs. Autant que son enseignement, ses créations contribuent activement à introduire en France les innovations de la danse américaine : performances dans des lieux insolites, remise en question du rôle du chorégraphe et de la relation au public, collaboration avec des plasticiens et des vidéastes (dès 1968, elle utilise la vidéo sur scène dans son solo Televanilla créé à New York). À l’écoute des mythes fondateurs, ses chorégraphies rigoureusement structurées se fondent sur une danse abstraite qui se nourrit de la puissance émotive du mouvement : lenteurs ineffables et furtives accélérations taillent lignes et volumes dans l’espace avec un travail dense et concis du torse et une forte sollicitation des bras. De *Parcelle de ciel (1985), pièce lumineuse et emblématique de son parcours, jusqu’à la sérénité du « Cycle des saisons » débuté en 1994 par *Kin-iro no kaze no kanata et conclu en 1998, elle reste fidèle à sa démarche : faire de la chorégraphie un art du « bâtir » permettant aux êtres de se situer. IF, PLM AUTRES CHORÉGRAPHIES. Cutoff (1970) ; Rite (1975) ; Tamis (1980) ; Sas (1982, repr. 1993) ; Trilogie d’Artémis (1987-1988) ; Matomanoma (1993). BIBLIOGRAPHIE. S. Buirge En allant de l’ouest à l’est, Carnets 1989-1993, Le Bois d’Orion, 1996. FILMOGRAPHIE. Des Sites (1984, chor. Buirge, réal. Don Foresta) ; les Yeux de Matthieu (1984, réal. Nicolas Cahen). BUJONES Fernando (né en 1955). Danseur de ballet américain. Formé à la *School of American Ballet et à la *Juilliard School, il intègre l’*ABT en 1972. Sa médaille d’or à *Varna, en 1974, la première décernée à un Américain, le propulse sur la scène internationale. Il forme en scène, avec la ballerine C. *Gregory, un couple apprécié ; il se produit aussi avec le Ballet national du *Canada, le Ballet de l’Opéra de *Rome, le Ballet de l’Opéra de *Vienne, le *Deutsche Oper Ballet, le Tchaikovsky Memorial *Tokyo Ballet, l’Opéra de *Paris et au festival d’Édimbourg, parcours peu courant pour un danseur formé aux États-Unis. Il quitte l’ABT en 1985 et devient directeur artistique adjoint de l’Opéra de Rio de Janeiro, avant invité à danser avec le *Bolchoï en devient invité permanent du *Boston artiste invité avec C. Gregory à la State Theatre. Il signe sa première 1985 (Grand Pas romantique). d’être le premier Américain 1987. La même année, il Ballet. Il se produit en fois à l’ABT et au New York chorégraphie pour l’ABT en MK BULNES Esmée (1900-1986). Danseuse et pédagogue britannique. Elle étudie avec L. *Egorova, E. *Cecchetti, B. *Nijinska et B. *Romanov. Professeur au *Teatro Colón, assistante de M. *Fokine (1931-1949) avec qui elle met en place l’École de ce théâtre, elle s’installe ensuite à Milan où elle dirige l’École de la *Scala de 1951 à 1967 (elle a C. *Fracci pour élève notamment) ainsi que downloadModeText.vue.download 89 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 72 le corps de ballet (1954-1962). Elle enseigne également à l’*ABT et au *Royal Ballet (1967-1969). ATes BUONTALENTI Bernardo (1536-1608). Ingénieur et peintre florentin. Ordonnateur des fêtes de la cour de Toscane, architecte du théâtre des Médicis aux Offices (1585), doté d’une salle en hémicycle et d’un sol en pente, il y conçoit des machineries et éclairages révolutionnaires lors des noces de Ferdinand II de Médicis et Christine de Lorraine, en 1589. En 1600, il réalise au palais Pitti les décors et machineries de l’opéra Euridice de Jacopo Peri. CCou BURGE Gregg (né en 1960). Danseur américain. Formé à la danse dès l’enfance, il débute à la télévision dans The Electric Company, une émission populaire enfantine. Il se produit à *Broadway dans des spectacles musicaux, assistant des chorégraphes tels L. *Johnson (The Wiz, 1978), D. *McKayle et H. *Letang (Sophisticated Ladies, 1981). Au cinéma, il paraît dans The Cotton Club (1984), *A Chorus Line (1985) et dans la vidéo de M. *Jackson, Bad. Jeune star des claquettes, il se consacre aussi à l’enseignement. ESe BURNE Gary, DE BLOIS BLAYES-HILL Algernon, dit (1934-1976). Danseur et chorégraphe rhodésien. Formé auprès d’Elain Archibald et à la *Royal Ballet School, il intègre le *Sadler’s Wells Ballet en 1951. Devenu soliste en 1956, il crée des rôles dans The *Prince of Pagodas (1957) et Antigone (1959) de J. *Cranko. Engagé au Ballet de *Stuttgart en tant que principal dancer en 1961, puis au *PACT Ballet en 1963, il rejoint ensuite, avec la ballerine P. *Spira , le *CAPAB Ballet (1965-1967) puis le Ballet national du *Canada (1967-1968). De retour au CAPAB, il en devient maître de ballet en 1969 et chorégraphe attitré en 1970. De 1971 à sa mort, il mène une carrière de chorégraphe indépendant en Europe. RS CHORÉGRAPHIES. Nongause (1970) ; The Prodigal Son (1970) ; The Birthday of the Infanta (1971) ; Variations Within Space (1971). BURRA Edward (1905-1976). Peintre et décorateur britannique. Formé au Royal College of Art de Londres (1923-1925), il est influencé par le *dadaïsme et la peinture de George Grosz ; il adhère en 1933 à l’Unit One Group, fondé par les peintres et sculpteurs Paul Nash, Henry Moore et Ben Nicholson. Séduit par sa peinture avant-gardiste, qui évolue entre la caricature sociale et le surréalisme, le *Royal Ballet fait appel à lui pour plusieurs opéras et ballets. VR COLLABORATIONS. *Ashton (Rio Grande, 1931 ; Don Juan, 1948) ; *Helpman (*Miracle in the Gorbals, 1946) ; de *Valois (Barabau, 1936; *Don Quichotte, 1950). BURROWS Jonathan (né en 1960). Danseur et chorégraphe britannique. Formé à la *Royal Ballet School, il intègre la compagnie où il danse de 1979 à 1991. Entre 1979 et 1983, il se produit également en Grande-Bretagne et à l’étranger notamment avec la compagnie de R. *Butcher, et chorégraphie pour diverses compagnies. En 1988, il fonde le J. Burrows Group. En 1995 il signe des danses pour S. *Guillem dans le film Blue Yellow du réalisateur colombien Adam Roberts et chorégraphie pour le Ballet de *Frankfort en 1997. Sans doute marqué par son éducation dans une institution très stricte et une société « coincée «, il crée des pièces qui expriment et dénoncent ces malaises. Questionnant la forme même de la danse, son travail original, voire profondément dérangeant est à la fois figuratif et abstrait, extrême et discret. Avec lui, les limites entre l’absurde, l’humour et la tragédie restent troubles. OD AUTRES CHORÉGRAPHIES. Hymns (1988) ; Dull morning (1989) ; Stoics (1991) ; Things I don’t Know (1998). BUSSELL Darcey (née en 1969). Danseuse britannique. Formée à la *Royal Ballet School, prix de Lausanne en 1986, elle rejoint le *Sadler’s Wells en 1987 puis, en 1988, le Royal Ballet dont elle est nommée principal dancer à l’âge de vingt ans. Elle est régulièrement invitée par le *NYCB. Elle crée des rôles principaux dans Prince des pagodes (1989) et Winter Dreams (1991) de *MacMillan, dont elle est la muse à cette période, ainsi que pour D. *Bintley, T. *Tharp et William Tuckett. En dépit de blessures régulières, elle affirme rapidement un style élégant et une technique lui permettant d’aborder tous les rôles classiques ou de briller dans le répertoire *Balanchine. NG BUSSOTTI Sylvano (né en 1931). Compositeur et pianiste italien. Il se forme notamment avec Dallapicola et Deutsch. Sa musique est influencée par des rencontres aussi diverses que celles de P. *Boulez, J. *Cage, le pianiste D. *Tudor et le danseur Rocco. Également peintre, écrivain, acteur, scénographe, metteur en scène, auteur de décors et de costumes pour le théâtre et l’opéra, Bussotti pense la création comme une activité plurielle ouverte sur une signification contingente et enrichie de collaborations artistiques. Il fonde le BOB (BussottiOperaBallet), avec lequel il réalise des spectacles de théâtre musical à partir de 1965. Le geste, le rapport au corps et à la danse sont implicitement ou directement liés à son oeuvre à l’image de Lorenzaccio (19681972), « mélodrame romantique dansé » d’après Musset ou des ballets Bergkristall (1972-1973), Cristallo di rocca (1974), Phaidra /Heliogabalus, Le Bal Mirò (1981). SdG SUR LA MUSIQUE DE BUSSOTTI. *Milloss (Raramente, 1971) ; *Tetley (Strophe-Antistrophe, 1972) ; *Amodio (Oggetto amato, 1976 ; Rara, 1976) ; *Russillo (Uccello luce, 1982). BUTCHER Rosmary (née en 1947). Danseuse et chorégraphe britannique. Première diplômée du *Dartington College of Arts en 1968, elle découvre le travail de T. *Brown, S. *Paxton et L. *Childs aux États-Unis. Elle fonde sa compagnie en 1975. A la scène elle préfère des lieux atypiques (plages, montagnes, galeries d’art) et privilégie les collaborations, notamment avec M. *Nyman, les plasticiens Peter Nobel et surtout Heinz-Dieter Pietsch associé à son travail depuis 1981. Sa démarche minimaliste et son esthétique formaliste ont une rôle important pour la danse expérimentale anglaise, perceptible notamment chez ses danseurs devenus chorégraphes, dont J. *Burrows. OD AUTRES CHORÉGRAPHIES. Uneven Time (1974) ; Pause and Loss (1976) ; Touch and Go (1978) ; Dances for Different Spaces (1979) ; Shell, force fields and spaces (1981) ; Flying Lines (1985) ; Touch the Earth (1987) ; Body as Site (1993) ; Fractured Landscape (1997). BUTLER John (1920-1993). Danseur et chorégraphe américain. Boursier à la fois à la *School of American Ballet et à la Martha *Graham School, il danse dans la compagnie de Graham de 1943 à 1955, année où il fonde le John Butler Dance Theatre qui se produit au festival de Spolète dont il sera ensuite directeur de la danse (1958-1959). Préférant très vite un statut de chorégraphe indépendant, il travaille pour le New York City Opera, pour des émissions de télévision et pour la plupart des grandes compadownloadModeText.vue.download 90 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 73 gnies de ballet du monde dont l’*ABT, le *NYCB, l’*Australian Ballet et le Ballet de la *Scala. Dès 1947, il entame une longue association avec le compositeur G. C. *Menotti : il signe les danses de ses opéras (The Consul, 1949 ; Amahl and the Night Visitors, 1951), crée son ballet The *Unicorn, the Gorgon and the Manticore (1956) et reprendra ensuite Sebastian (1963). Revendiquant sa filiation à Menotti et Graham, il combine danse académique et moderne en un style très personnel. Travaillant surtout pour des compagnies de ballet, il privilégie les oeuvres de compositeurs modernes : Lee Hoiby pour After *Eden (1967, *Harkness B.), une de ses oeuvres les plus connues, A. *Webern (Transitions, 1969, Op. de *Cologne), L. *Berio (Itinéraire, 1970, *BTC ; Trip, 1976), G. *Crumb (la Voix, 1972, B. du *Rhin ; According to Eve, 1972 ; *Othello, 1976), E. *Varèse (Intégrales et Amériques, 1973, Op. de *Paris), S. *Barber (Medea, 1975). Chorégraphe prolifique, il reçoit le Dance Magazine Award en 1964. MK, PLM AUTRES CHORÉGRAPHIES. *Carmina burana (1959) ; Portrait of Billie (1961) ; Catulli carmina (1964) ; A Season in Hell (1967) ; Threshold (1968) ; Facets (1976) ; Lulu (1987). BIBLIOGRAPHIE. The Making of a Dance : Mikhail Baryshnikov and Carla Fracci in Medea Choreographed by John Butler (sous la dir. de Victor Thomas), New York, 1976. BYRD Donald (né en 1949). Danseur et chorégraphe américain. Après s’être formé à Yale University, à la *London School of Contemporary Dance et l’Alvin *Ailey American Dance Center, il se produit avec T. *Tharp, K. *Armitage et G. *Solomons Jr. En 1978, il fonde le Donald Byrd / The Group, pour lequel il crée plus de quatre-vingts oeuvres. Il signe aussi des créations pour l’Alvin Ailey American Dance Theater, l’Atlanta Ballet, l’Oregon Ballet Theatre, le Dayton Contemporary Dance Theater et la Philadelphia Dance Company. Collaborant souvent avec le compositeur Mio Morales, il traite les danseurs modernes en virtuoses, exigeant d’eux une grande rigueur technique dans des enchaînements presque impossibles à exécuter. Ses chorégraphies abordent souvent des problèmes sociaux, notamment le racisme (The Minstrel Show, 1991), la sexualité débridée de la jeunesse (Dance at the Gym, 1991), la violence domestique (The Beast, 1996) ; il réactualise aussi des oeuvres classiques (Life Situations : Daydreams on *Giselle, 1995). Son Harlem Nutcracker [*Casse-Noisette] (1996, mus. D. *Ellington, Billy Strayhorn et D. Berger sur des thèmes de P. *Tchaïkovski) aborde le conte d’E. T. A. Hoffmann sous l’angle de la famille afro-américaine et de sa résistance au bouleversement social. TDF AUTRES CHORÉGRAPHIES. Aida (1977, San Francisco Opera) ; Enactments in Time of Plague (1988) ; *Carmina burana (1997, New York City Opera) ; Jazz Train (1998, mus. Max Roach, V. Reid, G. Allen). downloadModeText.vue.download 91 sur 803 C CACCIALANZA Gisella (née en 1914). Danseuse américaine. Élève d’E. *Cecchetti à Milan (1925-1928) puis de la *School of American Ballet et de la *San Francisco Ballet School, elle est engagée par G. *Balanchine en 1935 et crée des rôles notamment dans *Serenade (1935), le *Baiser de la fée (1937) et les *Quatre Tempéraments (1946). Elle est la Fée Dragée dans la première version intégrale de *Casse-Noisette montée aux États-Unis (1943, *San Francisco Ballet). Elle est mariée à L. *Christensen. PV CACIULEANU Gigi-Gheorghe (né en 1947). Danseur, professeur et chorégraphe français d’origine roumaine. Formé à Bucarest et au *Bolchoï, il entre en 1966 comme soliste à l’Opéra de *Bucarest, où il interprète le *répertoire académique. Découvrant les formes modernes de danse, il s’intéresse avec succès à la chorégraphie : 1er prix à *Varna (Mess Around, 1970), *Cologne (Voices, 1971 et Shadow of Candles, 1972), *Bagnolet (Joie, 1974). Arrivé en France en 1973, il n’a cessé d’être le promoteur passionné et efficace de la nouvelle danse : en 1974 il fonde avec l’aide de R. *Hightower le Studio de danse contemporaine à Nancy, réorganise les *Rencontres des Prémontrés, et crée le festival Danse à Aix-en-Provence. Directeur en 1978 du *CCN de Rennes, il multiplie les actions auprès du public. En 1993 il fonde sa compagnie. Superbe danseur et pédagogue stimulant, chorégraphe invité dans les compagnies les plus prestigieuses, il développe un langage personnel, élégant et musical. Il compose une oeuvre abondante et variée, inclassable mais accessible, toujours surprenante, utilisant souvent les ressources du théâtre et où dominent l’humour et la poésie. MFB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Le *Sacre du printemps (1978, mus. *Stravinski) ; les *Quatre Saisons (1981, mus. *Vivaldi) ; Il Trovatore (1987, mus. *Verdi) ; Saxographie (1989) ; Mozartissimo (1991, mus. *Mozart) ; la Folle de Chaillot (1992, pour *Plissetskaïa) ; Ma nuit avec Nijinski (1995) ; Dans sa fuite Éléonore (1997, mus. Jean-Marc Pasquer). CAGE John (1912-1992). Compositeur américain. Pianiste de formation, après avoir quitté l’université il étudie la composition, entre autres, avec A. *Schoenberg. En 1938, pour Bacchanale, un ballet de S. *Fort, il invente le « piano préparé » : piano modifié en glissant entre les cordes des éléments hétérogènes (vis, gomme, papier, etc.) qui modifient la sonorité. En 1939 il compose Imaginary Landscape, une des premières oeuvres électro-acoustiques pour laquelle il utilise deux électrophones, ainsi que Living Room with Music, une oeuvre pour percussions avec des objets susceptibles d’être trouvés dans n’importe quelle salle de séjour : Cage insistera toujours sur la non-séparation entre l’art et l’ordinaire. En 1942, il fixe sa résidence à New York et commence sa collaboration avec M. *Cunningham en composant Credo in Us et Totem Ancestor. Dès cette époque, il privilégie comme moteur de composition les structures rythmiques au lieu des structures harmoniques. En 1945, il commence à étudier le bouddhisme Zen - notamment à Columbia University avec Daisetz Suzuki -, dont il va appliquer certains concepts à la composition musicale : la nonopposition, le non-dualisme et la non-hiérarchisation entre les phénomènes, l’écoute de l’altérité, la mise en question de l’ego, l’importance du silence. En 1953, il devient directeur musical de la compagnie de Cunningham, appelant très vite à ses côtés D. *Tudor et par la suite T. *Kosugi. Il occupe ce poste jusqu’à sa mort, tout en poursuivant, en tant que compositeur, ses propres recherches qui lui vaudront notamment d’être invité en 1988 pour les prestigieuses Norton Lectures à l’université Harvard. Son étroite collaboration avec M. Cunningham, pendant presque un demi-siècle, fait de Cage un des compositeurs les plus marquants de l’histoire de la danse du XXe s. avec I. *Stravinski et S. *Prokofiev. Toutefois, avec Cage les rapports entre compositeur et chorégraphe basculent dans un nouveau système : il n’impose pas à la danse de suivre la musique, pas plus qu’il n’adapte la musique à la danse. Se concentrant plus sur les processus de recherche que sur la fabrication d’une oeuvre, il libère ces arts du dualisme analogie-différenciation qui d’habitude préside à leur rapport, pour atteindre une indépendance réciproque totale. Parmi les premiers compositeurs à s’intéresser au principe de l’aléa en musique, Cage introduit le hasard dans ses composition avec Music of Changes (1952). Il prend ses décisions de compositeur en lançant des pièces de monnaie, utilisant le Yijing, ou des cartes astronomiques afin de se débarrasser de ses « goûts » et de sa « mémoire ». Reprenant ce principe, Cunningham fait de même dans Sixteen Dances for Soloist and Company of Three (1952). Toujours influencé par Cage qui a composé Music for Piano la même année en se servant des imperfection remarquées sur des feuilles de papier, Cunningham décide d’utiliser le même procédé pour Suite for Five in Space and Time (1956). Pour *Antic Meet (1958), Cage compose son Concerto pour piano et orchestre en s’étant seulement accordé avec Cunningham sur la durée totale de la pièce downloadModeText.vue.download 92 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 75 (26 min) ; ce Concerto est, en fait, conçu comme oeuvre à durée variable. Danse et musique n’ont plus aucun rapport d’influence quel qu’il soit : elles ont simplement lieu en même temps dans un même espace. L’apport de Cage dépasse du reste le cadre strictement musical. Très tôt, dans l’écriture de ses partitions, l’élément visuel est parfois aussi important que les valeurs sonores, comme dans Chess Piece de 1944 ; il appliquera par la suite les principes qu’il retient à sa propre pratique du dessin et de la peinture. En 1952, alors qu’il enseigne au *Black Mountain College, avec B. *Rauschenberg et Cunningham il crée Theater Piece, *performance reconnue ensuite comme le premier *happening. La même année il compose 4’ 33», une pièce de silence qui constitue un des aboutissements de sa conception de la composition comme ouverture au monde et désir de non-maîtrise. Dans 0’ 00» (1960), il propose comme musique des sons dégagés par la spectacularisation de gestes quotidiens, expérience qui connaîtra un important développement au *Judson (1960-1964), où le geste quotidien sera investi comme danse en tant que telle. Inventeur inlassable, Cage ne cesse de questionner les idées courantes sur la composition l’interprétation, l’écoute, l’écriture de la musique, jusqu’à l’idée même de musique. Il redessine les rapports entre les interprètes et le chef d’orchestre, le public et les danseurs, la production de l’événement sonore et sa réception, la frontière entre musique et bruit, interprétation et composition. Empruntant des détours par différents domaines tels l’écriture philosophique, l’engagement politique anarchiste, la pratique des arts plastiques, il élargit plus que tout autre compositeur du XXe s. le concept de musique et les rapports qu’elle entretient avec les autres arts, exerçant ainsi une influence déterminante sur toute la pensée et la production artistique contemporaine. AM SUR LA MUSIQUE DE CAGE. *Erdman (Forever and Sunsmell, 1942 ; Daughters of the Lonesome Isle, 1945 ; Ophelia, 1946) ; *Waring (*Dances Before the Wall, 1973) ; *Taylor (Seven New Dances, 1957) ; *Van Manen (Solo for Voice, 1968; Twilight, 1972) ; *Hoffmann (*Solo mit Sofa, 1977) ; *Feld (Three Dances, 1983) ; T. *Brown (1989, Astral Converted) ; *Kilián (Obscure Temptation, 1991 ; Stepping Stones, 1991). BIBLIOGRAPHIE. J. Cage, Silence, Wesleyan Univ. Press, Middletown, 1961 ; trad. française Denoël, Paris, 1970. FILMOGRAPHIE. John Cage - Je n’ai rien à dire et je le dis (1990, réal. Allan Miller, WNET-New York). CAGLI Corrado (1910-1976). Peintre et décorateur italien. Rejetant le courant néoclassique italien des années 1930, l’oeuvre picturale de Corrado Cagli fait preuve, dès ses débuts, d’un style antidescriptif qui évoluera dans les années 1950 vers l’art informel. Persécuté par les lois antisémites, il émigre en 1937 à New York et réalise pour G. *Balanchine la scène et les costumes de The Triumph of Bacchus and Ariadne (1948). De retour à Rome, il travaille pour A. *Milloss et crée des scénographies qui, inspi- rées des mythes africains et polynésiens, révèlent une dimension imaginative et fantastique très épurée. VR AUTRES SCÉNOGRAPHIES. Aurel von Milloss (Bacchus et Ariane, 1957 ; Estro Arguto, 1957 ; Jeux, 1967 ; Estri, 1968 ; La Pazzia Senile, 1968 ; Fantasia Indiana, 1971 ; An Die Zeiten Ballet, 1972 ; Dedalo, 1972) ;? ? ? Egri (Agnese Di Hohenstaufen, 1974). CAHUSAC Louis de (1706-1759). Poète dramatique et lyrique, théoricien de la danseetde l’opéra français. Fondateur de la Société littéraire de Montauban, qui devient Académie en 1746, il est l’auteur de plusieurs ouvrages dramatiques (Pharamond, le Comte de Warwick, Zénéide). Sa *comédie-ballet, l’Algérienne ou les Muses comédiennes, composée en 1744, pousse J.-Ph. *Rameau à lui demander des poèmes. Il en devient par la suite le principal librettiste, signant les livrets des *opéras-ballets les Fêtes de Polymnie (1745) et les Fêtes de l’Hymen et de l’Amour (1747), des *pastorales héroïques Zaïs (1748) et Naïs (1749), de la *tragédie lyrique Zoroastre (1749, poème composé en 1747), des actes de ballet la Naissance d’Osiris (1754) et Anacréon (1754) Collaborateur de l’Encyclopédie, pour laquelle il écrit de nombreux articles (dont « Ballet », « Comédie-ballet », « Contredanse », « Danse », « Divertissement », « Enchantement », « Expression », « Fête », « Geste », « Intermède »), il consacre à la danse son plus important ouvrage, la Danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse (Neaulme, La Haye et Paris, 1754). La première partie, en quatre livres, retrace l’histoire de la danse et de ses rapports avec la représentation théâtrale. Dans la deuxième partie, en quatre livres également, Cahusac élabore une réflexion théorique et critique sur les principes du théâtre lyrique français, en prenant la danse comme modèle d’intelligibilité. Il voit en Ph. *Quinault le véritable inventeur du ballet dramatisé dans la tragédie lyrique, qu’il oppose au *ballet de cour. Dans la tragédie lyrique, en effet, la danse, non seulement doit représenter autre chose qu’ellemême, mais elle doit aussi faire progresser l’action en s’insérant dans le dispositif poétique d’ensemble. La réflexion s’élargit à l’opéra en général, et formule la plupart des problèmes concernant la dramatisation du ballet, la légitimité de la danse et celle de la musique : distinguant l’opéra français de l’opéra italien, il développe une théorie de la nécessité et de la vraisemblance du merveilleux qu’il considère comme la « pierre fondamentale » de l’opéra français, le merveilleux trouvant, selon lui, dans la danse et dans la musique une expression quasi naturelle, qui justifie de plein droit leur présence. Cet ouvrage, fruit de la réflexion d’un homme de terrain, présente l’intérêt d’ouvrir le débat sur le ballet et la danse dits d’« action », qui sera au coeur des écrits de J. G. *Noverre et des théoriciens de la danse du XVIIIe siècle. CK BIBLIOGRAPHIE. E. Soleville, « Louis de Cahusac, poète dramatique », in Forestié Emerand, Biographie de Tarn-et-Garonne, Imprimerie de Forestié neveu, Montauban, 1860 CALDER Alexander (1898-1976). Sculpteur, dessinateur et peintre américain. Né dans une famille de sculpteurs, il fait des études d’ingénieur puis de peinture. En 1926, il se rend à Paris et entre en contact avec Hans Arp, J. *Miró, F. *Léger et Piet Mondrian. Plaçant au coeur de son oeuvre le rapport au jeu et au mouvement, il développe une production de sculptures mues par le déplacement de l’air, ses fameux mobiles, ou d’assemblages fixes de plaques découpées baptisés « stabiles ». Cet attrait pour le mouvement le conduira à créer quelques décors pour la danse, les premiers étant destinés à M. *Graham (Panorama, 1935, avec A. *Lauterer ; For Movements & Horizon, 1936). Calder s’appuie sur la nature diverse des mouvements, vitesse et amplitude différentes s’agençant pour composer un miracle d’équilibre. C’est ce principe qu’il met en oeuvre en 1938 dans son Ballet pour 14 jets d’eau et en 1968 dans son Work in Progress, un ballet de mobiles mis en scène par Giovanni Carandente. Dans ses décors, le rythme crée la ligne, la dynamise et lui donne la finesse de forme, les traits anguleux qui en caractérisent les contours. Pour America (1971, N. *Schmucki), il imagine d’immenses volutes qui ouvrent l’espace de fond de scène. Ainsi danse et décors se complètent en un jeu de balanciers sensibles : « Ses mobiles ne suggèrent pas le mouvement mais le captent », soulignera le philosophe Jean-Paul Sartre. CD, PLM AUTRES COLLABORATIONS. Tatiana Leskova (Symphonic Variations, 1949) ; *Butler (The Glory Folk, 1958) ; *Lazzini (Eppur si muove, 1965 ; Métaboles, 1969). downloadModeText.vue.download 93 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 76 CALZEVARO Francesco (deuxième moitié du XVIIIe s.). Danseur et chorégraphe italien. Danseur à Vienne en 1756, il arrive à Saint-Pétersbourg en 1758 avec la compagnie de Giovanni Battista Locatelli et devient la même année chorégraphe au théâtre d’Oranienbaum. Jusqu’en 1761, il y produit plusieurs ballets dans les opéras de J. *Starzer, Vincenzo Manfredini, F. Araja ou C. W. *Gluck ainsi que les Noces impériales chinoises, Prométhée et Pandore, les Amusements populaires à Saint-Pétersbourg pendant le carnaval précédant le carême. Malade, il quitte la Russie en 1761 et décline une nouvelle invitation en 1762. ESou CAMARGO Marie Anne Cupis de (1710-1770). Danseuse française d’origine belge. Formée très tôt par son père, musicien et *maître à danser, elle paraît comme figurante dans la troupe du théâtre de la *Monnaie à Bruxelles. Protégée de la princesse de Ligne, elle vient à Paris pour parfaire sa formation auprès de F. *Prévost. Elle rentre à Bruxelles, puis se produit au théâtre de Rouen, avant d’être engagée à l’*ARM à Paris, où elle fait des débuts très remarqués le 5 mai 1726 dans les *Caractères de la danse. Elle échappe à la tutelle de Prévost pour suivre les leçons de M. *Blondy, L. *Pécour et L. *Dupré et danse régulièrement jusqu’à la fin de 1734, rivalisant avec M. *Sallé. Elle est naturalisée française en 1739. Sa vie privée tumultueuse l’éloigne quelques années de l’Académie royale de musique, où elle revient en 1741, pour se retirer définitivement en mars 1751. L’extrême brio et la virtuosité de ses prestations séduisent d’emblée le public. Elle se distingue, en effet, par une audace technique inhabituelle, réalisant la première des prouesses jusqu’alors réservées aux hommes. Le poète La Faye peut lui faire dire : « Fidèle aux lois de la cadence, / Je forme au gré de l’art les pas les plus hardis ; / Originale dans ma danse, / Je puis le disputer aux Balons, aux Blondis. » Elle surprend par la vivacité, la légèreté et la rapidité de ses pas (notamment les *cabrioles, *entrechats et *jetés battus) exécutés avec aisance, musicalité et grâce. Elle excelle dans les airs vifs et enlève d’une manière irrésistible *menuets, *gavottes, *rigaudons et *tambourins. Dans une orientation toute différente de Sallé, elle contribue à conférer un prestige alors inégalé à la danse féminine. NL BIBLIOGRAPHIE. G. Letainturier-Fradin, la Camargo, Paris, 1908 CAMARGO SOCIETY. Compagnie britannique (1930-1933). Fondée par P. *Richardson et A. *Haskell, elle se produit pour la première fois en 1930 au Cambridge Theatre, avec des chorégraphies d’A. *Genée, N. *Legat, N. de *Valois et F. *Ashton. Composée principalement de danseurs issus des écoles de N. de Valois et M. *Rambert, faisant appel à des interprètes renommés tels A. *Dolin, A. *Markova, L. Lopoukhova et O. *Spessivtseva, elle présente les premières productions britanniques de *Giselle et du *Lac des cygnes (en version réduite), et crée *Job (1931, N. de Valois), *Façade (1931, Ashton) et Adam et Ève (1932, A.*Tudor). Sa brève existence contribue à ouvrir la voie au *VicWells Ballet et au *Ballet Rambert. CH CAMBON Charles (1802-1875). Décorateur de théâtre français. Élève de P. *Ciceri, mais profondément marqué par les idées novatrices des romantiques, qui préfèrent sacrifier le détail aux larges plans et privilégier la vérité historique, il se spécialise dans l’architecture. Sollicité par le Dr *Véron, il s’impose d’emblée à l ‘Opéra dans Gustave ou le Bal masqué (1833, opéra de D. *Auber, chor. Ph. *Taglioni), avec la superbe salle de bal dont « la décoration, pleine de richesse, donnait par sa plantation, le moyen de placer beaucoup de monde sur le théâtre » (Louis Véron). En association avec René Philastre ou Joseph Thierry, il travaille à une trentaine de ballets, jonglant avec tous les styles et excellant dans des décors de grandes dimensions. NW COLLABORATIONS. Le Cheval de bronze (1835) ; le *Diable boiteux (1836) ; le Lac des fées (1839) ; la *Péri (1843) ; la Fille de marbre (1847) ; le *Corsaire (1856) ; Marco Spada (1857) ; la Maschera (1864, chor. *Rota, mus. *Giorza). CAMPION Thomas (1567-1620). Poète, compositeur et médecin anglais. Il étudie le droit à Londres, ainsi que la musique et la danse, et participe à des spectacles présentées à la cour par les étudiants. Il étudie ensuite la médecine en France, à l’université de Caen, dont il sort diplômé en 1605. Il écrit les textes et la musique de trois *masques donnés à la cour : Lord Hay’s Masque (1607), The Lords’ Masque (1613) et The Squires’ Masque (1613). En 1613, il compose aussi la musique d’un masque présenté à Caversham House (Berkshire) pour la visite de la Reine Anne. Dans Lord Hay’s Masque, le texte développe l’intrigue tandis que les passages chantés et dansés servent à souligner la narration. À partir de 1613, ses masques comportent un antimasque et le chant et la danse participent au récit. Les chorégraphes pour The Lords’ Masque sont Nicholas Confesse et Jacques Bochan et il est probable que tous deux collaborent également aux autres masques de Campion. MI CAMPOBELLO (soeurs), Gloria C. (1914-1968), Nellie C. (1900-?). Danseuses, chorégraphes et pédagogues mexicaines. Pionnières de la danse au Mexique, elles s’initient à la danse classique à la suite de la tournée d’A. *Pavlova en 1925. Elles affirment leur recherche d’une danse nationale et authentique dès leurs premiers « ballets de masse «, dont le plus marquant reste 30-30 créé en 1931 qui conjugue des éléments classiques, gymniques et épiques sur le thème de la Révolution mexicaine de 1917. En 1932, elles fondent avec Carlos Merida la première école professionnelle de danse du pays, où la danse classique est utilisée comme discipline technique au côté de la pratique des danses locales. En 1940, elles publient Ritmos indígenas de Mexico. En 1943, elles créent le Ballet de la ville de Mexico dont le style reflète l’influence des *Ballets Russes du colonel de *Basil et de l’*ABT. Leurs programmes alternent des pièces sur des thèmes mexicains avec des ballets du répertoire classique. En 1947, aux côtés de la compagnie *Dolin-*Markova, elles présentent une brillante saison qui marque l’entrée des danseuses mexicaines sur la scène internationale. IC AUTRES CHORÉGRAPHIES. La Virgen de las fieras (1934) ; Tierra (1936) ; les *Sylphides (1936) ; Ballet Mexicano (1937) ; En la Escena o una classe de técnica clássica (1937) ; Danza de los Concheros (1938) ; Alameda 1900 (1943) ; Fuensanta (1943) ; Ixtepec (1945) ; Circo Orrin (1945) ; Feria (1947). BIBLIOGRAPHIE. P. Aulestia, « Nellie Campobello «, Cuadernos del CID danza n°15, INBA, Mexico, 1987 ; F. Segura, Gloria Campobello, la primera ballerina de Mexico, Serie investigación y documentación de las artes, 2ª epoca, Cenidi danza, INBA, Mexico, 1991. CAMPRA André (1660-1744). Compositeur français Il fait ses études musicales à Aix-en-Provence où il est ordonné clerc en 1687. Maître de Chapelle d’abord à Toulon, ensuite à Arles, Toulouse et, à partir de 1697 à Notre-Dame de Paris, il montre de plus en plus une prédilection pour l’opéra et la musique profane, qu’ il arrive difficilement à concilier avec sa position dans l’Église : en 1700, il quitte Notre-Dame et se consacre totalement au théâtre. Déjà chef d’orchestre à l’Opéra de *Paris, en 1723 il est nommé maître de la chapelle Royale et, en 1730, inspecteur de la musique à l’Académie royale de musique. downloadModeText.vue.download 94 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 77 Il est l’auteur de tragédies lyriques, représentées avec beaucoup de succès, le plus souvent sur des livrets d’A. *Danchet (Hésione, 1700 ; Aréthuse, 1701 ;Tancrède, 1702 ; Télémaque, 1704 ; Alcine, 1705 ; Télèphe, 1713 ; Camille, 1717 ; Achille et Déidamie, 1735), ainsi que d’Iphigénie en Tauride (1734) composé avec Henri Desmarets. Il reste surtout, avec *Delalande et Destouches, un des créateurs de l’*opéra-ballet, nouveau genre dont les canons sont fixés dès 1697 avec l’*Europe galante. Se rattachent également à ce genre les Muses (1703), les *Fêtes vénitiennes (1710) et les Âges (1718). Il compose également le Carnaval de Venise (1699) et les Fragments de Monsieur de Lully (1702), chorégraphiés par L. *Pécour. EQ CAMPRUBÍ Mariano (XIXe s.). Danseur espagnol. Danseur de l’*escuela bolera, probablement lié au Teatro del Príncipe de Madrid, il participe en 1830 à la reprise parisienne de l’opéra Fernand Cortes de Gaspare Spontini avec d’autres danseurs de l’« authentique style espagnol ». En couple avec D. *Serral, il obtient un grand succès dans des bals donnés à l’Opéra de *Paris (1834) et à Londres. Leur prestation en 1840 au Théâtre royal de Copenhague impressionne A. *Bournonville, qui, peu de temps après, crée le Toréador, incluant un *jaleo inspiré par le couple ainsi qu’un *boléro. Mariano Camprubí continue à se produire jusqu’en 1862, parfois avec son fils Joan. BMdF CANADA (Ballet national du). Compagnie canadienne basée à Toronto, fondée en 1951. Empruntant son modèle à l’élégance particulière du *Royal Ballet, le Ballet national fondé et dirigé jusqu’en 1975 par la danseuse et chorégraphe britannique C. *Franca, devient très vite la plus grande compagnie professionnelle de danse du Canada. R. *Noureïev danse avec elle en 1965 et y monte son opulente *Belle au bois dormant en 1972. Les successeurs de Franca jouent aussi un rôle important : A. *Grant (1976-1983) introduit certaines chorégraphies de F. *Ashton ; E. *Bruhn (1983-1986) passe commande d’oeuvres contemporaines. Par la suite, Reid Anderson (1989-1996) ajoute une influence européenne tandis que J. *Kudelka, directeur depuis 1996, apporte ses propres créations, notamment les Quatre *Saisons (1997). Réputée internationalement pour ses représentations des ballets classiques en trois actes, la compagnie compte aussi à son répertoire une vaste sélection d’oeuvres des chorégraphes majeurs du XXe s., tels G. *Balanchine, F. Ashton, A. *Tudor, W. *Forsythe et K. *MacMillan à côté de celles des Canadiens R. *Desrosiers, J. Kudelka et Constantin Patsalas. Sont renom doit également beaucoup aux grands danseurs qui y font carrière, notamment V. *Tennant, K. *Kain, F. *Augustyn, Margaret Illmann, Greta Hodgkinson, Rex Harrington et Serge Lavoie. LHB CANALES Antonio (né en 1961). Danseur et chorégraphe espagnol. Issu d’une famille d’artistes et de toreros, formé au classique et à la danse espagnole, soliste au Ballet national d’*Espagne, il travaille avec M. *Béjart et M. *Marin, et crée ensuite ses propres spectacles. Torero (1995), Gitano (1996), et A cuerda y tacón (1997) évoquent la magie de l’Espagne profonde (tauromachie, fêtes gitanes). Il excelle dans un style ramassé, véloce, profondément ancré dans le sol. JMA CANDAL Raul (né en 1952). Danseur et pédagogue argentin. Il étudie avec Enrique Lommi et O. *Ferri. En 1977, il atteint le rang de primer bailarín au *Teatro Colón, où il réalise une des carrières les plus remarquables du ballet argentin. Sa belle présence, la ductilité de sa technique et de sa plastique lui permettent de briller autant dans le plus pur style romantique que dans la danse néoclassique ou contemporaine. Abordant indifféremment les oeuvres d’A. *Bournonville comme les créations de V. *Biagi ou O. *Aráiz, il triomphe dans la *Sylphide de P. *Lacotte, la *Leçon de F. *Flindt et la *Belle au bois dormant, *Roméo et Juliette et *Onéguine de J. *Cranko. Choisi par P. *Neary et J. *Taras pour assumer d’importants rôles dans des créations de G. *Balanchine, il interprète le *Lac des cygnes avec L. *Semeniaka. Souvent primé, entre autres par le Conseil argentin de la danse, il se produit en Europe et dans les festivals d’Amérique latine et codirige l’Instituto del Teatro Colón de 1991 à 1992. AF CANOPPI Antonio (1774-1832). Peintre décorateur italien. Il travaille en Russie à partir de 1805 comme peintre des intérieurs des palais et, à partir de 1815, pour les théâtres impériaux de Saint-Pétersbourg. Dérivant de celui de P. *Gonzago, son style est toutefois plus pittoresque. Son intérêt particulier pour les effets de lumière fait qu’il est parfois considéré comme un précurseur du romantisme. Il peint des décors surtout pour les ballets de C. L. *Didelot : le Calife de Bagdad ou les Aventures de jeunesse de Haroun al-Rachid (1818), Ken-si et Tao ou la Belle et la Bête (1819), Raoul de Créquis ou le Retour des croisades (1819), Roland et Morgane ou la Destruction de l’île enchaantée (1821), Raoul Barbe-Bleue (1823). ESou CANTOR Eddie, ITZKOWITZ Isidore, dit (1892-1964). Danseur, chanteur et comique américain. Ses talents de danseur sont fréquemment ignorés. Cependant, au début de sa carrière, le numéro qu’il présente à *Broadway et dans ses premiers films, mis en scène par B. *Berkeley, tels Whoopee (1930), Palmy Days (1931), The Kid from Spain (1932), utilise beaucoup de danse et de mouvements stylisés. Il participe à ses premières Follies en blackface dans le rôle du fils de B. *Williams et présente des satires de danse dans celles de 1917 au sein des numéros de ballet russe. On lui attribue l’invention de la « main jazz », doigts écartés, associée aux danses de Broadway et de la télévision des années 1950. ESe CANZIANI Giuseppe (av. 1750-apr. 1793). Danseur, chorégraphe et pédagogue italien. Dans les années 1770, installé à Venise avec sa première femme, la danseuse Maria Casassi, il est danseur et chorégraphe au nord de l’Italie, à Munich, à Saint-Pétersbourg, et travaille avec J.-G. *Noverre, G. *Angiolini et C. *Lepicq. Auteur prolifique, il compose entre autres le Jugement de *Pâris (1773, Munich), *Apollo placato en 1778 pour l’ouverture de la *Scala. En 1779, il succède à Angiolini comme chorégraphe à Saint-Pétersbourg. De retour à Venise en 1783, il repart à Saint-Pétersbourg en 1784 comme pédagogue, comptant parmi ses élèves I. *Valberkh. En 1790, il compose des divertissements pour le Début du règne d’Oleg sur un livret de Catherine II. De retour à Venise en 1792, il présente l’année suivante ses derniers ballets connus. CC CAORSI Ettore (1894-1975). Danseur et pédagogue italien. Il étudie à Gênes et Naples et se perfectionne avec N. *Guerra qu’il suit dans ses nombreuses tournées. En 1925, il danse à la *Scala dans Convento veneziano (chor. N. *Guerra d’apr. G. *Pratesi, mus. *Casella). Excellent pédagogue, il forme toute une génération de danseurs dont U. *Dell’Ara. ATes CAPAB BALLET (Cape Performing Arts Board Ballet). Nom porté par le *Cape Town City Ballet de 1963 à 1996. RS downloadModeText.vue.download 95 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 78 CAPE TOWN CITY BALLET. Compagnie de danse sud africaine basée au Cap. Il trouve son origine dans l’ensemble constitué en 1934 par D. *Howes avec des élèves de l’*UCT Ballet School qu’elle a fondée. Dirigé par D. Howes jusqu’en 1967, cet ensemble devient, en 1963, une compagnie professionnelle subventionnée sous le nom de CAPAB Ballet (Cape Performing Arts Board Ballet), D. *Poole étant alors nommé maître de ballet et F. *Staff, chorégraphe résident. La compagnie présente des classiques du XIXe s., ainsi que des créations de Staff et des reprises de F. *Ashton, J. *Cranko et G. *Burne. En 1967, Poole succède à Howes et, en 1974, la danseuse Veronica Paeper, veuve de Staff, devient la chorégraphe attitrée. Ses nombreuses créations (surtout des ballets longs) occupent, depuis, une place dominante dans le répertoire. En 1991, V. Paeper prend la direction de la compagnie qui devient le Cape Town City Ballet en 1997, suite à des changements survenus dans la politique des subventions. Parmi les danseurs notoires au fil du temps figurent P. *Spira, Elizabeth Triegaardt, Carol Kinsey, Janet Lindup et Eduard Greyling. RS CARACAS (Ballet national de). Compagnie vénézuélienne fondée en 1980. La compagnie prend réellement son essor en 1984, quand Elias Pérez Borjas, personnalité du monde du ballet vénézuélien, alors directeur du Teatro Teresa Carreño de Caracas, invite Vicente Nebrada (né en 1930) à en prendre la direction artistique. Ce dernier, a déja une longue histoire sur les scènes du monde entier qui en fait un des rares chorégraphes vénézuéliens de renommée internationale et lui vaut d’être qualifié de « fascinant artiste aux multiples facettes » par C. Barnes, critique au New York Post. Il revient alors au pays et relève le défi de mener à bien la réorganisation interne de la compagnie et la formation d’une équipe professionnelle qui lui garantisse une identité spécifique. Il crée un corps de ballet avec des danseurs de haut niveau et développe un répertoire riche de plus de trente chorégraphies remarquables comprenant les plus grands ballets classiques, des oeuvres de chorégraphes latino-américains et quelques-unes de ses propres pièces les plus reconnues auxquelles s’ajoutent de nouvelles créations singulières. Celles-ci se caractérisent par leur identité latino-américaine, un sens dramatique particulier et un impact théatral suggestif. Sous son action, la compagnie atteint un style artistique original, alliant un grand dynamisme à une audace juvénile, qui lui vaut une réussite exceptionnelle tant à la faveur de ses propres saisons qu’en tournées en Europe et aux États-Unis. CU CARLSON Carolyn (née en 1943). Danseuse et chorégraphe américaine d’ascendance finlandaise. Elle étudie la danse au *San Francisco Ballet et à l’université de l’Utah, où elle rencontre A. *Nikolais pour qui elle danse de 1965 à 1972. Excellente interprète, prix de la meilleure danseuse au Festival international de danse de Paris (1968), elle revient en France en 1971 comme soliste chorégraphe dans la compagnie Anne Béranger. En 1973, à l’Opéra de *Hambourg dont il est directeur, R. *Liebermann remarque C. Carlson dans Kyldex ( Nikolais) et l’invite à participer à l’Hommage à Varèse à l’Opéra de *Paris : elle y crée *Densité 21,5 (1973). Nommé à la direction de l’Opéra de Paris, Liebermann réussit à imposer la chorégraphe (Sablier Prison , 1974) et fonde pour elle en 1975 le *GRTOP. Avec des danseurs choisis en dehors de l’Opéra pour la plupart, elle crée des pièces en complète rupture avec la tradition de la maison. En 1980, à la fin du mandat de Liebermann , elle part pour la *Fenice, où elle fonde le Teatro Danza avec René Aubry. De retour en France en 1984 avec *Blue Lady (1983), son solo mythique, elle partage son temps entre des improvisations et de nouvelles créations de groupe, chorégraphiant aussi pour M.-C. *Pietragalla, le Ballet national de *Finlande et le Ballet *Cullberg dont elle est directrice artistique de 1994 à 1995. Dès Rituel pour un rêve mort (1972, compagnie Anne Béranger) créé au Festival d’Avignon, elle révolutionne la Cour d’honneur par son imagination onirique, comme elle le fera ensuite au sein de l’Opéra où son passage contribue à faire connaître la danse contemporaine en France. Avec le GRTOP, elle développe un style de *danse-théâtre mêlant images scéniques et filmiques élaborées à partir d’improvisations avec ses danseurs, comme chez Nikolais. Elle porte cet art à sa quintessence dans les solos qu’elle improvise en complicité avec J. * Surman ou M. * Portal. Faite de courbes fluides, de cassures ou de savants ralentis, sa gestuelle trouve des moments magiques et des fantaisies imprévisibles. Souvent proche des éléments naturels (*Wind, Water, Sand, 1976 ; Undici Onde , 1981 ;Underwood, 1982 ; Still Waters, 1986), sa danse devient plus simple, plus humaine au contact des danseurs italiens. Mais par la suite, de Dark (1988) à Dall’interno (1998), une quête mystique, et un peu de nostalgie (Vu d’ici , 1995) assombrissent certaines créations. Subsistent néanmoins l’humour, plus retenu, et la poétique de sa danse. LB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Il y a juste un instant (1974,co-chor. L. *Ekson) ; l’Or des fous (1975, GRTOP) ; X Land (1975, ibid.) ; The Beginning et sa tétralogie (1977, ibid.) ; The Year of the Horse (1978, ibid.) ; Writings in the Wall (1979, ibid.) ; Slow, Heavy and Blue (1980) ; Steppe (1990) ; Signes (199O). FILMOGRAPHIE. Città d’acqua de Nevano (1988-1993) ; la Barque sacrée (1990, réal. M. Ionesco). CARON Leslie (née en 1931). Danseuse et comédienne française. Formée à la danse classique au Conservatoire de Paris, elle débute aux *Ballets des Champs-Élysées. G. *Kelly la choisit pour tenir le principal rôle féminin d’*Un Américain à Paris (1951). Elle rentre brièvement en Europe pour danser avec R. *Petit en 1953, puis fait l’essentiel de sa carrière d’actrice à Hollywood (Gigi, 1958, réal. V. *Minnelli ; Valentino, 1977, réal. Ken Russell ; le Contrat, 1980, réal. Krzysztof Zanussi). La technique de cette danseuse petite, musclée, possédant un charme acidulé, convient plus au style de Kelly qu’à celui de F. *Astaire, dont elle est la partenaire dans Daddy Long Legs (1955, Jean Negulesco). NL CAROSO Fabritio ou C. Fabrizio (av. 1527-apr. 1605). Danseur, compositeur, théoricien et maître à danser italien. Né à Sermoneta (près de Rome), il vit et travaille principalement à Rome sous la protection de la famille Caetani. Il est l’auteur de Il Ballarino (Venise, 1581 ; rééd. Broude Brothers, New York, 1969), dont il publie une nouvelle version mise à jour, corrigée et augmentée, sous le titre Nobiltà di Dame (Venise, 1600 ; rééd. Forni, Bologne, 1970), qui connaît rapidement deux nouvelles éditions (Venise, 1605 ; Rome, 1630, sous le titre Raccolta di varij balli). Toutes ces éditions comportent deux parties. La première décrit les modalités d’exécution des *pas et des creanze [étiquette]. La seconde présente ses propres compositions chorégraphiques, et celles d’autres maîtres, dédiées aux gentildonne et complétées par des illustrations et un accompagnement musical sous forme de tablatures pour luth. Dans Nobiltà di Dame, la partie théorique est augmentée par un dialogue entre maître et élève et des descriptions de nouveaux pas, le nombre des danses est réduit, ce qui permet une description beaucoup plus claire et précise. Les danses sont toutes conçues pour une pratique sociale et principalement pour un ou plusieurs couples (rares sont les exemples pour trois ou cinq personnes). La forme qui prévaut est le *balletto avec une entrée en binaire et une sciolta, reprise d’un thème précédant en ternaire (*gaillarde, *canarie, *saltarello ou nizzarda). Mais sont aussi décrits des exemples de *cascarda, *tourdion, *passo e mezzo, *chiaranzana, canarie, contrapasso, spagnoletto, pavaniglia et ballo del piantone. Le downloadModeText.vue.download 96 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 79 riche vocabulaire technique de Fabritio Caroso prévoit aussi des pas de base marchés, glissés, battus ou sautés, sujets à des variations spatiales ou rythmiques liées au type de composition et pouvant s’agencer en brèves séquences pour former des petites unités chorégraphiques. La virtuosité d’exécution de certains sauts - *cabriole, intrecciata [*entrechat] ou salto del fiocco [saut du noeud], etc. - et des tours [zurli] laisse présager les développements ultérieurs de la *belle danse. MN CARTER Alan (né en 1920). Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie britannique. Il se forme auprès de S. *Astafieva et N. *Legat et rejoint le *VicWells Ballet (1937-1947). Il dirige ensuite le St James Ballet (1948-1950), l’Empire Ballet (1951-1953), puis travaille à Munich, Amsterdam, Tel-Aviv, Bordeaux, Istamboul, Wuppertal, en Finlande et en Islande. Après ses débuts à l’âge de seize dix-sept ans dans les rôles d’Amour (*Checkmate, 1937, N. de *Valois) et d’un Gémeaux (Horoscope, 1938, F. *Ashton), cinq années dans l’armée pendant la guerre sont fatales à sa carrière de danseur. Dramatique Rake (The *Rake’s Progress, 1939, N. de Valois), interprète virtuose dans les feux d’artifice de Blue Boy (*les Patineurs, 1940, Ashton), il reste aussi mémorable dans le rôle satirique de Dago dans *Façade (1946-1947, Ashton). Il se tourne ensuite vers la chorégraphie, travaillant dans de nombreux pays, sans jamais y demeurer longtemps, signant une vingtaine d’oeuvres dont aucune ne restera toutefois en répertoire. En 1980, il fonde sa propre école à Bournemouth. JS, LK CARTER Elliott (né en 1908). Compositeur américain . Son oeuvre est caractérisée par l’emploi de la modalité, de la polytonalité puis des rythmes asymétriques et, à partir 1955, par l’utilisation de la méthode sérielle.Écrits avant la fin des années 1940, ses ballets The Ball Room Guide et Pocahontas (1936, L. *Christensen ; 1966, D. *Jones) sont influencés par des musiciens comme A. *Copland, P. *Hindemith et I. *Stravinski. Il assure également pendant un temps la direction musicale du *New York City Ballet. SdG SUR LA MUSIQUE DE CARTER. *Schenfeld (Blindman’s Buff, 1936) ; *Taras (le Minotaure 1947). CARTER Jack (né en 1919). Chorégraphe britannique. Après un bref passage à la *Royal Ballet School, il est mobilisé pendant la guerre. Il se produit ensuite avec le Ballet Guild, l’Original Ballet Russe, le *Ballet Rambert et crée sa première chorégraphie en 1946, Fantaisies (Embassy B.). Chorégraphe du Ballet der Lage Landen d’Amsterdam (1954-1957), de l’*English National Ballet (1968-1970), il chorégraphie aussi ponctuellement pour le London Dance Theatre (Agrionia, 1964), le *Scottish Ballet (Cage of God, 1957 ; Three Dances to Japanese Music, 1973), le *Royal Ballet (Shukumei, 1975 ; Lulu, 1976), ainsi qu’en Amérique du Nord et du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie et au Japon. Chorégraphe magistral dans le genre dramatique, il déborde aussi d’un humour malicieux. Lors de son séjour à Amsterdam, où il obtient son premier grand succès avec The Witch Boy (1956) souvent repris par la suite, notamment par l’English National Ballet en 1957, Jack Carter tire avantage de son apprentissage au Ballet Workshop d’Angella et David Ellis (Londres), où il avait composé six ballets de 1951 à 1954, dont trois inscrits par la suite au répertoire du Ballet Rambert. JS, LK CARTY Frances (née en 1952). Danseuse et pédagogue anglaise. Engagée au FTS *Essen, elle danse avec R. *Hoffmann et crée des rôles de solistes pour S. *Linke (Wandlung, 1978). À partir de 1979, elle danse au *Tanzforum de Cologne et avec le Tanztheater de *Wuppertal, puis elle rejoint le *Ballet Rambert à Londres et se spécialise dans la technique *Alexander. Danseuse d’une beauté rayonnante, elle subjuge par sa plastique naturelle et se glisse imperceptiblement dans les consciences, laissant une empreinte indélébile. MIB CASADO Germinal (né en 1934). Danseur, chorégraphe, décorateur, comédien et metteur en scène espagnol. Élève de N. *Zverev et V. *Gsovski, il débute en 1955 dans la compagnie P. *Goubé, danse au Ballet de *Wuppertal, puis au Grand Ballet du marquis de *Cuevas. Sa beauté sauvage, sa personnalité étrange frappent M. *Béjart, qui l’engage en 1957 et dont il devient l’un des principaux interprètes. Il a ainsi l’occasion de déployer pleinement sa présence farouche, alliance virile de classicisme et de modernité, notamment dans Orphée (1958), le *Sacre du printemps (1959), À la recherche de don Juan (1962), la Matière (1962), IXe Symphonie (1964), Mathilde (1965). Violent Tybalt de Roméo et Juliette (1966), il fascine en Shiva dans *Bhakti (1968). Décorateur audacieux, il collabore étroitement avec Béjart pour les Contes d’Hoffmann (1961), la Veuve joyeuse (1963), la Damnation de *Faust (1964), la Tentation de saint Antoine (1967). Il ne cesse de surprendre par son imaginaire éclectique, ses dons complexes de comédien, décorateur, metteur en scène et chorégraphe dans le Songe d’une nuit d’été (1968) au Théâtre du Soleil, Volpone (1972) à la ComédieFrançaise, et ailleurs en Europe, notamment à Karlsruhe, où il dirige le ballet Danza Viva de 1977 à 1998. MFC CASANOVA Monserrat (née en 1951). Costumière chilienne. Elle étudie l’architecture à Santiago du Chili et aux Beaux-Arts de Paris. Aide costumière en 1982 pour Insaisies de D. *Bagouet et pour le long métrage d’Aline Issermann, le Destin de Juliette, elle signe en 1983 les costumes de Jaleo de M. *Marin. Commence alors une longue collaboration avec la chorégraphe, dont elle accompagne toujours habilement l’approche théâtrale, notamment dans Babel Babel (1983), Hymen (1984), *Cendrillon (1985), Calambre (1985), Éden (1986), Leçon de ténèbres (1987), les *Sept Péchés capitaux (1987), *Coppélia (1993), Waterzoi (1993). Outre quelques autres collaborations pour la danse, elle travaille aussi pour le cinéma. GM CASATI Giovanni (1811-1895). Danseur, chorégraphe et pédagogue italien. Élève de Charles Villeneuve à l’École de la *Scala, il débute la scène dans ce théâtre en 1827 comme primo ballerino di mezzo carattere dans les ballets de L. *Henry, S. *Taglioni et A. *Cortesi. Il se perfectionne à Paris avec A. *Vestris et se produit ensuite dans les principaux théâtres italiens, à Vienne et Lisbonne où il commence à chorégraphier en 1840. De 1843 à 1868, il crée pour la Scala de nombreux ballets dont il signe aussi parfois la musique ; dans le même temps, il présente ses chorégraphies à Naples, Turin, Venise et au Covent Garden de Londres. Directeur de l’École de la Scala (1868-1883), il est le premier ancien élève à occuper ce poste. Sa vaste production d’où ressort l’élégance d’un style inspiré de l’école française, connaît un succès public constant. CC CHOR. Manon Lescault (1846, Scala) ; Shakespeare ou le *Songe d’une nuit d’été (1855, ibid.). CASELLA Alfredo (1883-1947). Compositeur, pianiste, chef d’orchestre et écrivain italien. Il étudie la composition à Paris avec G. *Fauré ainsi que le piano qu’il enseignera au Conservatoire Sainte-Cécile de Rome à partir de 1916. De style néoclassique avec une coloration italienne (Scarlattiana, 1926), il joue un rôle important en tant que chef downloadModeText.vue.download 97 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 80 d’orchestre, contribuant au cours de la première moitié du XXe s. au renouveau de la culture musicale italienne par l’attention particulière qu’il porte au paysage musical international. Sa « comédie chorégraphique » la Jarre (La Giara), basée sur une courte histoire de Luigi Pirandello et chorégraphiée par J. *Börlin en 1924 est l’un des grands succès des *Ballets suédois et sera souvent reprise (1927, Rosina Galli ; 1927, B. *Nijinska ; 1934, N. de *Valois ; 1939, A. von *Milloss ; 1941, G. J. M. *Wallmann ; 1962, L. *Novaro). Il compose aussi Il Convento veneziano (1925) pour J.-L. Vaudoyer et La Camera dei designi pour Milloss (1940) repris par Novaro sous le titre Il Vagabondo azzuro (1957). Son Scarlattiana sera utilisé par Nijinska pour les Comédiens jaloux (1932, *Ballets Russes) et chorégraphié par Milloss (1939 ; 1943, sous le titre Deliciae populi) tandis que son Paganiniana inspirera aussi Milloss (La Rosa del sogno, 1943) et E. *Hanka (Capriccio sylvestre, 1943). JS SUR LA MUSIQUE DE CASELLA. R. *Page (Three Humoresques, 1932 ; Story of a Heart, 1934 ; Harlequinade, 1948) ; *Cranko (Dances Without Steps, 1955). CASENTINI Maria (dates inconnues). Danseuse italienne. Soliste à Vienne (1796-1801 et 1803-1804), elle danse dans des ballets de Giuseppe Trafieri, F. *Clerico, S. *Viganò et G. *Gioja. En 1796, elle crée le rôle titre de Waldmädchen (Trafieri, mus. Paul Wranitzky). C’est après avoir vu ce ballet que L. van *Beethoven compose les 12 variations pour piano sur le thème de la danse russe du ballet Das Waldmädchen de Paul Wranitzky, 1796. Elle crée par la suite le rôle de l’Enfant de Prométhée dans le ballet les Créatures de *Prométhée (1801, Viganò, mus. Beethoven). GOS CASSANDRE Alexandre, MOURON Adolphe, dit (1901-1967). Peintre et décorateur français. Il naît à Kharkov de parents français. Créateur de l’affiche moderne dans les années 1920, il aborde le théâtre en 1934 pour Amphitryon 38 de Giraudoux à l’Athénée. Il séduit par son classicisme qui s’oppose au cubisme et au fauvisme et s’affirme comme le maître des perspectives architecturales épurées et très poétiques. En 1949, il signe les décors de Don Giovanni de W. A. *Mozart et dessine le théâtre du festival d’Aix-en-Provence. Son travail pour la danse reste exemplaire d’invention et de respect des conventions inhérentes à cet art, avec de vastes espaces et une belle rigueur de lignes. Collaborateur régulier de S. *Lifar (le *Chevalier et la Damoiselle, 1941, Op. de *Paris ; Dramma per Musica, 1946, Monte-Carlo), il signe avec lui le livret des *Mirages (1947, Op. de *Paris). GM AUTRES COLLABORATIONS. *Balanchine (Aubade, 1936, MonteCarlo) ; *Taras (Cordelia, 1951, B. du marquis de *Cuevas) ; *Milloss (Coup de feu, 1952, B. du marquis de Cuevas) ; *Gsovski (Chemin de lumière, 1952, Munich ; 1957, Paris). CASSANO Eleonora (née en 1965). Danseuse argentine. Diplômée de l’Instituto del *Teatro Colón, formée par Mirta Furioso, Graciela Sultanik, Karemia Moreno et W. Burmann, elle intègre le Ballet du Teatro Colón. À partir de 1989, elle se perfectionne avec Lidia Segni, tout en débutant une collaboration artistique avec J. *Bocca, comme partenaire de ses prestations internationales régulières en Europe et aux États Unis, puis comme principale soliste du Ballet Argentino. Lauréate du Concours de New York (1987), elle reçoit les prix Gino Tanni et Léonide Massine en Italie. Elle interprète également le *Lac des Cygnes, *Don Quichotte et la *Bayadère avec la troupe du Teatro Colón et danse avec Vladimir Derevianko, Rafaele Paganini, I. *Moukhamedov et José Antonio. AF CASTIL-BLAZE François Henri Joseph (1784-1857). Historien, critique de musique et de danse français. Il est surtout connu pour ses nombreux ouvrages, notamment la Danse et les ballets depuis Bacchus jusqu’à Mlle Taglioni (Paris, 1832) et l’Académie impériale de musique [...] de 1645 à 1855 (Paris, 1855). L’auteur y présente des instantanés de diverses époques jalonnant l’histoire de ces deux arts, sans toutefois approfondir son propos. Apprécié en son temps, sans doute pour sa documentation difficilement accessible alors, il intéresse aujourd’hui plus par son côté anecdotique que par son esprit d’analyse. ERou CASTLE Irene et Vernon, Irene C., ndn. FOOTE (1893-1969), de nationalité américaine, et BLYTHE Vernon, dit C. Vernon (1877-1918), de nationalité britannique.. Danseurs de société. Vernon émigre aux États-Unis en 1907 et se produit comme comique avec le Lew Field’s Comedy Repertory Company de 1909 à 1910. Irene étudie les danses de *société, épouse Vernon en 1911 et débute avec lui sur la scène professionnelle. Tout en continuant de participer aux spectacles de Lew Field, le couple devient internationalement célèbre après ses prestations parisiennes de danses de société au Café de Paris et dans le spectacle Enfin... une revue (1912). Ils se produisent à *Broadway (Watch Your steps, 1914), dans les *vaudevilles et au cinéma (The Whirl of Life, 1915, Cort Films). Ils ouvrent leur école/ thé dansant, Castle House, à New York, publient manuels et musique, monnaient leur nom, leurs danses (Castle walk, Castle hesitation waltz, etc.) et leurs activités d’artistes et professeurs. Irene commence sa carrière en solo lorsque Vernon s’enrôle dans l’aviation britannique, en 1916. Après l’accident d’avion qui coûte la vie à Vernon, en 1918, Irene retourne aux *vaudevilles avec un nouveau partenaire, Billy Reardon, paraît dans des films, tel Broadway After Dark (1924, Warner Bros.), puis se retire définitivement dans les années 1940. Ce couple emblématique d’une danse moralement correcte se rend d’abord célèbre par son interprétation des danses *animalières (turkey trot, grizzly bear, bunny hug). Il va en abandonner les pas burlesques et ce que la bourgeoisie de l’époque considère comme un désordre grossier, au profit de danses simples, gracieuses et faciles à danser. Ils vont populariser le *one-step, rebaptisé le Castle walk, le *tango, la *maxixe. On leur attribue la création du *fox trot, en association avec le chef d’orchestre James Reese Europe. En dépit de son nom, cette danse ne conservera que peu de ressemblance avec les danses animalières du début du siècle. Élégants et raffinés, ils inaugurent aussi costumes et coiffures (le fameux « Castle bob «), promouvant la mode et un certain savoir-vivre. Enfants chéris des Américains, ils influenceront un autre couple célèbre, F. *Astaire et G. *Rogers, et leurs danses seront reprises avec nostalgie dans le film The Story of Vernon and Irene Castle (1939, RKO). ESe CASTLE Nick, CASACCIO Nicholas John, dit (1910-1968). Danseur, chorégraphe, pédagogue et producteur américain. Autodidacte, c’est avec un numéro de *flash act qu’il débute sur la scène des *vaudevilles et tourne en Europe et aux États-Unis. Il commence une carrière hollywoodienne au début des années 1930 comme professeur de claquettes à la *20th. Cent. *Fox, assiste le chorégraphe Jack Haskell et signe sa première chorégraphie avec One in a Million (1936). En 1937, il collabore avec Geneva Sawyer sur une série de comédies musicales enfantines, avant de chorégraphier pour la Fox et d’autres firmes, dont la *Paramount, de 1953 à 1962. Parmi ses films les plus connus, Swanee River (1939, 20 th. Cent. Fox) et Royal Wedding (1951, *MGM), célèbre pour la fameuse *routine de F. *Astaire au plafond. Pendant les années 1960, il travaille sur de nombreux spectacles de variétés télévisées. downloadModeText.vue.download 98 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 81 Ses chorégraphies attestent une grande connaissance de la caméra et une habileté particulière à créer de charmantes séquences dansées pour les acteurs non danseurs, tels Dean Martin et Jerry Lewis. Conscient de l’importance de la prise de vue, qui doit souligner les humeurs et les mouvements essentiels, il préfère utiliser les danseurs par petits groupes et propose des routines courtes plutôt que de longs numéros dansés. Chorégraphe prolifique (près d’une centaine de films à son actif), et apprécié, son talent et son énergie survivent dans les mises en scènes cinématographiques de son fils N. Castle Junior. ESe AUTRES CHORÉGRAPHIES POUR LE CINÉMA. Up the River (1938, Fox) ; Down Argentine Ways (1940, Fox) ; Hellzapoppin’ (1941, Universal) ; Stormy Weather (1943, Fox) ; Thrill of Brazil (1946, Columbia) ; Here Comes the Girl (1953, Paramount) ; Anything Goes (1956, Paramount) ; That’s Entertainment (1974-1976, MGM). CATA Alfonso (1937-1990). Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie cubain, puis de nationalité américaine. Fils de diplomate, il débute dans le giron de R. *Petit en 1956 puis danse pour R. *Joffrey et à Stuttgart avant d’entrer en 1965 au *NYCB. De 1969 à 1973, il assure la direction du Ballet du Grand-Théâtre de *Genève, mettant tout particulièrement à l’honneur le répertoire balanchinien. En 1983, après un nouveau séjour aux États-Unis, il prend la tête du *Ballet du Nord, inscrivant à son répertoire des pièces de G. *Balanchine ainsi que des oeuvres personnelles. Ses chorégraphies de facture classique sont marquées par une écoute musicale certaine. Sachant aborder sous un angle nouveau des classiques comme le ballet de *Faust (1970) ou *Coppélia, il signe des oeuvres plus originales comme Douce Carmen (1975, mus. *Chtchedrine) où l’on retrouve les germes d’une exubérance toute latino-américaine. JCD AUTRES CHORÉGRAPHIES. Rosamunda (1968, mus. *Schubert) ; la Nuit transfigurée (1973, mus. *Schönberg). CATON Edward (1900-1981). Danseur, maître de ballet, chorégraphe et pédagogue américain. Élève de Lydia Nelidova à Moscou et d’A. *Vaganova à Petrograd, il danse dans la compagnie de *Pavlova (1924-1925), et poursuit sa carrière aux États-Unis (Chicago, compagnies de C. *Littlefield et de M. *Mordkin, *Ballet Theatre). Il devient maître de ballet au Ballet russe de *Monte-Carlo (1943), puis chez *Cuevas à plusieurs reprises, et en 1974 chez P. *Sanasardo. Il compose plusieurs ballets dont *Sébastien (1944), Lola Montez (1946), Triptyque (1950), Sérénade (1958), Fête polonaise (1959). Il enseigne aux États-Unis et en Europe, en particulier à l’École de R. *Hightower. GP CATTE Efisio (1806-1876). Danseur et chorégraphe italien. La longue carrière de cet élève de C. *Blasis, danseur de *demicaractère, se déroule exclusivement à la *Scala (1827-1870), où il se produit aux côtés de nombreuses étoiles de l’époque dont M. *Taglioni, F. *Cerrito, S. *Fuoco et F. *Elssler (*Faust, 1848, J. *Perrot). Il se consacre ensuite à la reprise des ballets de G. *Galzerani (Il Cambio del cosctritto, 1858), G. *Rota (Cleopatra, 1859), P. *Borri (Rodolfo, 1858 ; Un’avventura di carnevale, 1860). NSca CAVALAZZI Malvina (?-1924). Danseuse et pédagogue italienne. Prima ballerina à la *Scala en 1875, à l’*Alhambra en 1879 et au *Metropolitan Opera (1883-1887), elle réussit une brillante carrière à l’*Empire (1888-1899). Elle se consacre ensuite à des rôles de *pantomime dramatique et à l’enseignement, comptant parmi ses élèves P. *Bedells. Premier professeur de l’École du Metropolitan (1909-1914), elle y enseigne la technique *classique et la pantomime. PV CAVOS Catterino (1776-1840). Compositeur italien. Élève de Francesco Bianchi, il occupe un poste d’organiste à la basilique Saint-Marc de Venise, avant de s’installer, des 1798, en Russie, où il travaille pour les théâtres impériaux. Il y enseigne aussi le chant, de 1803 jusqu’à sa mort, et compose ou arrange avec succès des opéras russes. Nommé maître de chapelle de la troupe impériale d’opéra, il ne cesse d’écrire pour la scène en s’inspirant notamment du folklore russe dans Ilya Bogatiyr (1807), Kazak-stikhotvorets (1812) et Ivan Susanin (1822) qui anticipe la Vie pour le tsar de M. *Glinka, oeuvre dont Cavos assure la création en 1836. Pendant plusieurs années, il entretient des relations privilégiées avec Ch.-L. *Didelot, alors directeur du ballet de *SaintPétersbourg, qui attache une importance particulière à la correspondance entre musique et danse. Selon certains, cette exigence expliquerait la qualité des ballets de Cavos, composés sur des arguments de Didelot, comme Zéphire et Flore (1808), Amour et *Psyché (1809), Raoul de Créquis ou le Retour des croisades (1819) et le *Prisonnier du Caucase (1823). JCB AUTRE COMPOSITION. L’Amour de la patrie (1812, *Valberkh). CÉBRON Jean Maurice (né en 1927). Danseur, chorégraphe et pédagogue français. Né à Paris, fils de Mauricette *Cébron, il crée seul ses premières danses. Son père s’opposant à sa vocation, il s’initie à la musique et à la peinture. Sa mère l’amènera à la danse après la guerre. Étudiant avec C. *Zambelli, il rencontre K. *Jooss, qu’il suit à Londres. L’aspect créatif du style Kw. Jooss- S. *Leeder trouve en lui un terrain rendu propice par ses compositions précoces et lui révèle, à posteriori, la cohérence de son travail solitaire. Dès 1948, engagé au *Ballet national du Chili, il aborde l’oeuvre de Jooss et donne une forte interprétation du rôle de la mort dans la *Table verte. En 1954, il retourne étudier avec S. *Leeder à Londres, et y présente ses premiers soli. Invité au *Jacob’s Pillow, il reste aux États-Unis étudier avec T. *Shawn, abordant la méthode *Cecchetti avec M. *Craske et Alfredo Corvino. Il danse avec L. *Goslar et tourne ses soli. En 1961, Jooss l’invite à rejoindre son équipe à l’École Folkwang d’*Essen. Il crée alors des duos, tel Recueil (1964), dévoilant à sa partenaire P. *Bausch les arcanes d’une technique toute en nuances. Son talent unique de pédagogue fait parfois oublier qu’il fut un danseur d’une maîtrise parfaite. On l’a surnommé « le Paul Klee de la danse «, et ses danses, véritables modèles de *danse abstraite, font partie du répertoire du Folkwang Tanz Studio d’ *Essen et de la compagnie J. *Limón. MIB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Model for a mobile (1957) ; Poème dansé (1962, mus. Edgar Varèse). CECCHETTI Enrico (1850-1928). Danseur et pédagogue italien. Né de parents danseurs, il apparaît pour la première fois sur scène à l’âge de 5 ans. Il étudie à Florence auprès de Baratti et G. *Lepri et fait ses débuts professionnels dans la même ville au Teatro Pagliano dans Niccolo de Lapi en 1868. Il danse ensuite dans divers théâtres en Europe et aux Etats-Unis et se produit pour la première fois en Russie en 1874 à Saint-Pétersbourg dans un jardin avec café-concert, le «Demidov sad» [Jardin Demidov] ou «Demidron». A partir de 1885, il est premier danseur à La *Scala où il danse dans les ballets de L. *Manzotti *Excelsior (1881) et *Amor (1886). En 1887, il est de nouveau en Russie à Saint-Pétersbourg travaillant au café-concert «Arcadia» où il monte les ballets Le Pouvoir de l’Amour et L’Illusion du Peintre (d’après J. *Perrot) et de courtes versions des ballets de Manzotti Sieba et Excelsior. En 1890, il danse au *Mariinski dans La TudownloadModeText.vue.download 99 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 82 lipe de Harlem de L. *Ivanov et devient la même année premier danseur de ce théâtre puis aussi répétiteur à partir de 1892. Chorégraphe avec M. *Petipa et Ivanov de *Cendrillon (1893), il enseigne la pantomime (à partir de 1893) et la danse classique (à partir de 1896) à l’Ecole théâtrale de Saint-Pétersbourg. Il tient des rôles importants dans de nombreux ballets dont ceux de M. Petipa Le Talisman (1889) où il interprète le dieu Vayou ou La *Belle au Bois dormant (1890) où il assure à la fois le rôle mimé de la Fée Carabosse et le rôle virtuose de l’Oiseau bleu faisant la preuve aussi bien de ses talents de mimes que de sa prodigieuse technique en danse classique. En 1902, par la suite d’un conflit avec la Direction des Théâtres Impériaux, il part enseigner à l’Ecole de Varsovie. De retour à Saint-Pétersbourg en 1906, il ouvre une école où viennent travailler de nombreux danseurs du *Mariinski. De 1911 à 1921, il enseigne aux *Ballets Russes de *Diaghilev, tenant également des rôles de *caractère, dont Le Magicien dans *Petrouchka, l’Eunuque dans *Schéhérazade, Kachtchei dans L’*Oiseau de Feu, L’Astrologue dans Le Coq d’or (chor. *Fokine), Le Marquis di Luca dans Les Femmes de Bonne Humeur (chor. *Massine) et pour la dernière fois de sa carrière La Fée Carabosse en 1922. Comme pédagogue, il travaille aussi dans la compagnie d’A. *Pavlova. En 1918, il ouvre une école à Londres puis rentre en Italie en 1923 où il ouvre également une école en 1925. Considéré comme l’un des plus grands pédagogues en danse classique, il crée son propre système d’enseignement qu’il décrit dans son livreA manual of theory and practice of classical theatrical dancing (rédigé avec S. *Idzikovsky, Londres, 1922), et établit un véritable cursus de formation en danse. La méthode Cecchetti allie justesse kinésiologique et rigueur rythmique. Plus que la forme ou l’extension extrème, c’est le flux continu qui est privilégié. Le travail se fait au plus près de la ligne centrale gravitaire. Ainsi dans les relevés ou le travail sur *pointes, les orteils glissent sous soi grâce à un léger rebond. Tête, bras et torse sont continuellement engagés dans des torsions et inclinaisons précises en coordination avec le travail des jambes. Chorégraphiant, en difficulté croissante, des *ports-de-bras, des *adages et des allegros, il en prévoit une programmation hebdomadaire équitable. Son apport pour la Russie est d’une importance considérable : grâce à lui l’élégance traditionnelle de l’*école française y a été transformée par la virtuosité italienne. Tous les grands danseurs des années 1900-1920 figurent parmi ses élèves. ESou-ESch CEÉBRON Mauricette (1897-1992). Danseuse et pédagogue française. Formée à l’École de danse de l’Opéra de *Paris, elle travaille aussi avec Raymond et L. *Duncan, et suit des cours de comédie. Elle fait sa carrière dans le ballet (1911-1936), atteignant le grade de grand *sujet. Elle tient des rôles de mime ou de danseuse soliste et participe à de nombreuses créations, puis elle est professeur à l’École de danse de l’Opéra (1934-1956). Elle est la mère de J. *Ceébron. MFB CELLI, JACULLO James, dit (1901-1988). Danseur et pédagogue italien. Il émigre enfant à Chicago et revient en Europe en 1917. Jusqu’en 1920, il participe à différentes expériences, dont la reprise d’*Excelsior par la famille Biancifiori. Élève d’E. *Cecchetti à Milan, primo ballerino à la *Scala (1926-1932), professeur invité au *Ballet russe de Monte-Carlo de S. *Denham en 1939, il devient ensuite un enseignant réputé de la méthode Cecchetti à New York. PV CENSI Giannina (1913-1995). Danseuse italienne. Après une formation classique (E. *Cecchetti, L. *Egorova), elle s’oriente vers une danse *libre d’inspiration futuriste. Choisie par Filippo T. Marinetti pour le rôle dansant de Pif dans sa comédie Simultanità (1931), elle danse ensuite à Milan dans les cercles futuristes, mais paraît également dans d’autres styles de ballet et des *revues. Elle reste célèbre pour ses aerodanze, danses qu’elle improvise pieds nus dans les années 1930 sur le thème de l’avion cher au *futurisme. Dans les années 1970, période de revival futuriste, des danses s’inspirant de son travail ont été montées, dont l’authenticité est hautement discutable. PV CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL (CCN). Statut type de compagnie française bénéficiant d’un soutien conventionné de l’État et de la ville, du département ou de la région où elle est basée. Ce statut, institué en 1984, fait suite à la politique de décentralisation culturelle qui débute pour la danse par la création du *Ballet Théâtre contemporain (1968) et dont le véritable prototype sera l’installation à La Rochelle du Théâtre du Silence dirigé par B. *Lefèvre et J. *Garnier (1974-1984). Conçu pour permettre à un chorégraphe-directeur de développer son projet créatif dans des conditions pérennes, il impose en contrepartie à celui-ci certaines obligations concernant la création, la diffusion et l’animation du territoire concerné. Fers de lance de la politique de l’État en faveur de la danse, les centres chorégraphiques nationaux présentent de grandes disdownloadModeText.vue.download 100 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 83 parités, du noyau de danseurs réunis autour d’un chorégraphe au grand ballet classique, les budgets variant de 3 à 20 millions de francs (456 600 à 3 044 000 euros). Les collectivités locales n’y sont pas impliquées de la même façon. Certains des premiers centres créés comme ceux de Toulouse ou Nevers n’existent plus. Une association regroupe les centres chorégraphiques depuis 1995. JP CENTRE NATIONAL DE DANSE CONTEMPORAINE (CNDC). École supérieure à vocation professionnelle fondée en 1978, basée à Angers (France). La disparition du *BTC installé à Angers depuis 1972 laissant la place à une nouvelle initiative, ce centre de formation voit le jour afin de répondre à un besoin naissant pour lequel il n’existe à l’époque aucune réponse institutionnelle : former des artistes à la danse contemporaine en mettant l’accent sur la création. La direction en est tout d’abord confiée à A. *Nikolais qui met l’accent sur la formation des chorégraphes. V. *Farber qui lui succède en 1981, oriente les objectifs du CNDC vers la formation des danseurs, axe qu’il a conservé depuis. Sous les directions successives de Michel Reilhac (1983-1988) et Nadia Croquet (1988-1991) sont inaugurées des résidences de création, ouvertes à 2 ou 3 compagnies par an (en « quartier libre » avec mise à disposition des studios et hébergement, ou en coproduction avec aussi un budget pour la création). En 1993, sous la direction de J. *Bouvier et R. *Obadia, qui y attachent leur compagnie, le centre devient le CNDC-l’Esquisse, *CCN d’Angers. Une vingtaine d’élèves âgés de dix-huit à vingt-deux ans sont admis chaque année sur audition. Les études, réparties en deux périodes de neuf mois à temps complet durent deux ans. À côté des enseignants attitrés, tels Marie-France Delieuvin et D. *Petit, d’autres professeurs et des chorégraphes invités viennent y enseigner. Outre le travail technique, *kinésiologie, musique, chant, histoire de l’art, anatomie font partie des études qui se concluent par un spectacle, « Avant-premières », composé d’oeuvres du répertoire contemporain et de créations. Institution essentielle du développement de la danse contemporaine en France, le CNDC compte, entre autres, Ph. *Decouflé, M. *Monnier et A. *Preljocaj parmi ses anciens élèves. JP CENTRE NATIONAL DE LA DANSE, (CND). Établissement public français dont l’activité, sous des formes multiples, est entièrement dédiée à la danse. Situé à Pantin, dans la proche banlieue parisienne, il s’étend sur près de 7 000 m2. Ouvert au cours de la saison 2000-2001, il comprend onze studios de danse pour les compagnies (dont trois équipés pour accueillir le public), une galerie d’exposition, une médiathèque de la danse et une cinémathèque. Il est organisé en cinq départements. La Maison des compagnies et des spectacles reprend en l’élargissant et avec des moyens accrus l’action développée par Théâtre contemporain de la danse (TCD) de 1974 à 1999. Elle a en charge la création et la diffusion des pièces, l’accueil et la résidence des compagnies ainsi qu’une assistance logistique et administrative. L’Institut de pédagogie et de recherche chorégraphique, assure la formation des danseurs au métier de professeur de danse et la formation professionnelle continue. Il dispose également d’une antenne à Lyon. Le département du développement de la culture chorégraphique est destiné à rassembler et mettre à disposition des professionnels et du public la documentation et l’information consacrées à la danse sous forme d’un service de prêt d’un large fonds documentaire et d’un centre d’information. Il intervient également dans les domaines de la conservation, de la recherche et de l’édition. Le département des métiers poursuit la mission du Centre d’information et d’orientation du danseur (CIOD) créé en 1991 au sein du TCD, en l’ouvrant à toutes les professions de la danse. Ses missions : conseiller, orienter, informer, proposer des formations et organiser une réflexion sur les statuts et la reconversion. Une Cinémathèque de la danse constitue le cinquième département. JP CERNOVITCH Nicolas. Éclairagiste américain. Il collabore avec A. *Ailey dès la fondation de sa compagnie jusqu’au début des années 1970, signant pour lui les éclairages d’une vingtaine de créations de *Blues Suite (1958) et *Revelation (1960) à *Ariadne (1965) et Flowers (1971). En 1977, il travaille en deux occasions avec M. *Graham (O Thou Desire Who Art About To Sing et Shadows) réaffirmant un trait décisif de l’oeuvre grahamienne : celui d’un espace où les ombres ont le droit, presque mythique, d’exister. Pas de corps sans ombre, pas de danse sans ombre portée : M. Graham attend de la lumière qu’elle soit aussi l’illumination d’un noir dont le corps est l’issue et l’énigmatique point de désir. La lumière de Cernovitch est le désir second de l’espace, celle qui enveloppe son compagnonnage « infaillible «. Infaillibilité où la lumière décline toutes ses nuances. DD CERRITO Fanny, C. Francesca, dite (1817-1909). Danseuse italienne. Formée à l’École du Teatro *San Carlo de Naples, elle se perfectionne auprès des plus grands professeurs, J. *Perrot, C. *Blasis et A. *Saint-Léon. Remarquée dès ses débuts en 1832, elle commence en Italie une brillante carrière qu’elle poursuit sur les plus prestigieuses scènes européennes : Vienne (1836), Milan (1838), Londres (1840), Paris (1847), Saint-Pétersbourg (1855) et Moscou (1856). Elle quitte la scène en 1857 après avoir été l’une des danseuses les plus adulées d’une époque riche en talents féminins. Elle connaît la consécration à Londres, devenant l’interprète privilégiée de Perrot : il crée pour elle Alma (1842), *Ondine (1843) dont le « pas de l’ombre « est resté légendaire, Lalla Rookh (1846). Elle est la seule à participer aux quatre *divertissements qu’il compose pour mettre en valeur la personnalité des plus grandes danseuses du moment : le *Pas de quatre (1845), le Pas des déesses (1846), les *Éléments (1847) et les *Quatre Saisons (1848). À Paris, elle connaît la gloire aux côtés de SaintLéon (son mari de 1845 à 1851), en particulier dans la Fille de Marbre (1847), le Violon du diable (1849), Stella (1850), Pâquerette (1851). Ayant souvent collaboré à la chorégraphie des oeuvres qu’elle a interprétées, comme la *Vivandière (1844), elle est l’auteur de plusieurs ballets. Le plus célèbre est Gemma (1854), dont elle compose également le livret en collaboration avec Th. *Gautier. Très séduisante, blonde aux yeux bleus, petite, elle enthousiasme le public par son style de danse : elle est dotée d’une force physique qui se traduit dans la grâce pleine d’abandon de ses *adages, mais surtout dans la précision de ses *pointes, la vivacité de ses *tours, le jaillissement de ses *sauts comparés à ceux d’une gazelle, et la rapidité de ses parcours. Paraissant voleter plutôt que danser, elle réalise ses exploits avec tant d’aisance et de naturel qu’ils semblent le fruit de l’improvisation plutôt que celui du travail. Plus danseuse que comédienne, c’est particulièrement dans le registre des danses de *caractère, très en vogue à l’époque, que F. Cerrito a imposé son talent. MFB CHABRIER Alexis-Emanuel (1841-1894). Compositeur français. En 1856 il s’établit à Paris où il poursuit ses études musicales. Il travaille comme fonctionnaire de 1861 à 1879 avant de prendre en 1881 la direction du choeur des Nouveaux Concerts LamoudownloadModeText.vue.download 101 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 84 reux. Très actif dans la vie culturelle de l’époque, il développe un style brillant, témoignant d’une imagination surprenante, qui essaie de dissoudre les influences wagnériennes dans une élégante légèreté, ce qui le consacre comme le vrai précurseur de l’impressionnisme. Sa musique ne sera prise en considération que par la génération suivante, surtout par M. *Ravel et C. *Debussy. Il ne compose pas pour la danse mais sa verve, atteignant parfois des accents comiques, inspirera souvent les chorégraphes. Sa Bourrée fantasque, notamment, sera chorégraphiée par A. *Sakharoff (1931), W. *Christensen (1937) et G. *Balanchine (1949). EQ SUR LA MUSIQUE DE CHABRIER. *Ashton (Foyer de la danse, 1932) ; Balanchine (*Cotillon, 1932 ; Trois Valses romantiques, 1967) ; de *Valois (Bar aux Folies-Bergère, 1934) ; R. *Petit (Ballabile, 1950 ; España, 1961 ; Six Dances, 1981) ; *Gore (Light Fantastic, 1953 ; Marionetten Flirt, 1958) ; *Joffrey (le Bal, 1956 ; Chabriana, 1957) ; *Feld (Cortège burlesque, 1969 ; Cortège parisien, 1970) ; *Cranko (Fête polonaise, 1969 ; Ariel, 1972) ; *Arpino (Chabriesque, 1972). CHAGALL Marc (1887-1985). Peintre et décorateur français d’origine russe. Issu d’une famille juive très religieuse, il étudie la peinture à Saint-Pétersbourg, notamment avec L. *Bakst. Après un séjour à Paris où il se lie avec Apollinaire et Cendrars, il retourne en Russie et réalise ses premiers décors pour le Théâtre d’Art juif Karmeni. Exilé pendant la Seconde Guerre mondiale aux États-Unis, il crée son premier décor de ballet pour L. *Massine (Aleko, 1942). Il s’installe définitivement en France en 1947. Chagall reconstitue, selon son imaginaire pétri de croyances et de traditions, un monde où objets et personnages sont saisis dans une simultanéité d’impression selon un processus analogue à celui des rêves. En parfaite adéquation avec ce cheminement créatif, ses fonds de scène sont des jaillissements de couleurs primaires rivalisant d’énergie et de poésie. En 1945, pour l’*Oiseau de feu remonté par A. *Bolm, il peint à même les costumes et collants des danseurs ; les décors et costumes de ce ballet seront repris en 1949 pour une nouvelle version réglée par G. *Balanchine. Il en ira de même de ceux du *Daphnis et Chloé réglé par S. *Lifar en 1958 à l’Exposition universelle de Bruxelles, qui seront repris l’année suivante pour la nouvelle version de G. *Skibine créée au palais Garnier (Opéra de *Paris), théâtre auquel le nom de Chagall reste intimement lié depuis qu’il en a repeint le plafond, en 1964, à la demande du ministre français de la Culture, André Malraux. CD, PLM CHALIF Louis (1876-1948). Danseur et pédagogue américain d’origine russe. Il est formé à l’École de l’Opéra d’Odessa où il devient premier danseur puis *maître de ballet (1903) après avoir dansé entre autres dans la troupe de Thomas Nijinski, père de V. *Nijinski, et avec l’Opéra impérial russe. En 1904, il part aux États-Unis, et danse au *Metropolitan Opera. Dès 1905 il se consacre à l’enseignement : il ouvre à New York en 1907 une école de danse réputée qui forme de nombreux danseurs et professeurs américains. Auteur d’un manuel de danse maintes fois réédité et mondialement diffusé, il a publié un grand nombre de danses et de ballets académiques et de caractère. MFB CHAMPION Gower (1919-1980). Danseur, chorégraphe, metteur en scène américain. Formé dès l’enfance à la danse de *société puis à diverses techniques à l’école d’E. *Belcher, il débute sur la scène des cabarets et se produit à *Broadway avec sa partenaire Jeanne Tyler (Streets of Paris, 1939 ; Count Me, 1942). En 1946, il crée une nouvelle équipe avec Marjorie Belcher, sa future épouse. Le couple va atteindre la renommée nationale grâce aux spectacles de variétés télévisées où il paraît très souvent de 1948 à 1966. Leur succès les propulse à Hollywood en 1950, où Gower chorégraphie leurs séquences dansées pour des films de la *MGM, dont Mr. Music (1950), *Showboat (1951), Three for the Show (1953). Après une carrière cinématographique réussie, Gower Champion retourne à Broadway et figure au nombre des grands chorégraphes metteurs en scène. Récompensé de nombreux Tony Awards, il meurt le soir de la première de 42nd. Street, son dernier spectacle, en 1980. Dans la lignée des grands couples dansants, M. et G. Champion présentent des story ballets qui combinent une grande variété de techniques de danse aux danses de société traditionnelles. Leur formation pluridisciplinaire, le style inventif de Gower, qui enchaîne de façon fluide et coulée dessins et *portés dans l’espace, leur permettent de présenter un flot ininterrompu de mouvements et de grâce qui évolue vers un travail d’*adage classique. Champion est l’un des rares chorégraphes metteurs en scène des années 1960 qui ne soit pas de la lignée de G. *Abbott. Il se rapproche de J. *Cole, dont il partage le goût pour la simplicité des décors et le petit nombre d’accessoires. À son instar, il met en scène des séquences de mouvements clairs, précis, vigoureux et pleins d’humour, mais il en diffère par l’exubérance musculaire de son travail. Si les actions de Cole sont toujours très contrôlées, soigneusement construites et exécutées sans heurt, celles de Champion semblent retenir l’enthousiasme de la jeunesse et une étincelle de spontanéité. Son énergie et sa créativité en font l’un des grands chorégraphes metteurs en scène des années 1960 et 1970. ESe AUTRES CHORÉGRAPHIES POUR LE THÉÂTRE MUSICAL. Make a Wish (1951) ; Bye Bye Birdie (1960, chor. et m. en sc.) ; Carnival (1961, chor. et m. en sc.) ; Hello Dolly (chor. et m. en sc.) ; I do, I Do (1966, chor. et m. en sc.) ; The Happy Time (1968, chor et m. en sc.) ; Sugar (1972, chor. et m. en sc.) ; A Broadway Musical (1978, chor et m. en sc.)Pour le cinéma. Everything I Have Is Yours (1952, MGM) ; Give a Girl a Break (1953, MGM). CHAPERON Philippe Marie (1823-1906). Décorateur de théâtre français. Il est l’un des peintres les plus cultivés dans cette discipline. Prix de Rome, il est formé par Baltard pour l’architecture et par Riesener pour la peinture, puis il entre dans les ateliers de Ferri et de *Ciceri qui l’initient à la décoration théâtrale. Il s’associe à *Rubé et ensemble ils signent leur premier décor pour l’Opéra de *Paris en 1864. Rompu à tous les styles et à toutes les techniques, il se spécialise plutôt, et pour les ballets seulement, dans les décors champêtres et les paysages. NW COLLABORATIONS. *Saint-Léon (la *Source, 1866) ; *Mérante (Gretna-Green, 1873 ; *Sylvia, 1876 ; La Korrigane, 1880 ; la Farandole, 1883 ; les *Deux Pigeons, 1886), L. *Petipa ( Namouna, 1882). CHAPLIN Charles Spencer (1889-1977). Mime, acteur et réalisateur de cinéma américain d’origine britannique. Né dans la banlieue de Londres, il passe son enfance dans Kennington Road souvent livré à lui-même : son père, chanteur, est mort peu après sa naissance et sa mère, danseuse, est plusieurs fois internée en raison de troubles mentaux. A dix ans, il s’essaye au music-hall comme boy, puis danse des *gigues dans la compagnie des Lancashire Lads, avant d’intégrer la célèbre troupe de *pantomime Karno à Londres. Il y apprend le mime, l’acrobatie, le rire funèbre, la danse, la mélancolie désopilante, la jonglerie. En tournée aux États-Unis avec Karno, il est remarqué par Mack Sennett, qui lui propose de faire du cinéma. En 1914, downloadModeText.vue.download 102 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 85 il joue pour la Keystone sous la direction de Sennett et devient également réalisateur ; la même année naît le personnage de Charlot dans l’Étrange aventure de Mabel : son apparence se fixe trois mois plus tard dans Charlot et le Chronomètre, mais il faudra attendre 1917 pour qu’il accède à toutes ses subtilités rythmiques. C’est dans le rythme infernal de la farce anglaise que Chaplin a forgé les armes qu’il affine au cinéma. Film après film, il compose son personnage dans un véritable tourbillon synthétique : multipliant les courses, les poursuites, les coups, les esquives, il intègre la misère et l’agilité par rapport à celle-ci, la crudité sociale, les habits du dandy-vagabond empruntant à Karno les gros godillots, le pantalon large. Il élague, dépouille, remanie, stylise. Après 1917, tout commence à voltiger autour de Charlot, des briques de Pay Day (1922) aux liasses de billets de Monsieur Verdoux (1947) : il devient un personnage rythmique, peuplé d’une multitude de forces déliées, qui change les gravitations et le monde autour de lui. Mêlant danse et posture, Chaplin est le premier à inventer une silhouette cinématographique reconnaissable par le monde entier. Signée par la moustache qui se change en trait, elle résulte surtout d’un véritable cadrage corporel. Le fameux dandinement du derrière, la haussement et le relâché rapide des épaules, la course dans un virage où une jambe freine tandis que l’autre se tend à angle droit, la démarche en dehors, légèrement claudicante, une façon de se recroqueviller dans les moments d’émotion offrent des gestes bornes, des gestes limites, comme autant de ritournelles, cadrant un corps peuplé de petites forces fluides qui entretiennent entre elles des relations acrobatiques intimes. Trois grandes figures chorégraphiques apparaissent dans ses films. Le chassé-croisé, tout d’abord, notamment dans Charlot boxeur (1915), Charlot chef de rayon (1916), Charlot patine (1916), The Cure (1917). En second lieu, le rêve, l’amour comme ouverture à la danse, soit à partir d’un choc, d’un coup, libérant une sorte d’automate aérien dans Sunnyside (1919) ou déclenchant la danse du trottoir dans le Dictateur (1940), soit à partir de l’éveil d’un sentiment que la danse prolonge, comme dans la fameuse danse des patins à roulettes dans le grand magasin des Temps modernes (1935). La manipulation, enfin, qui, survoltée, intègre dans un seul flux corps, mobile et objet : dans Charlot patine, préparant un cocktail, il ne fait qu’un avec le shaker, il devient shaker, une seule secousse traversant l’objet et les jointures du corps ; de même, c’est un seul mouvement qui passe à travers les petits pains, les fourchettes et les bras, dans la célèbre danse des petits pains de la Ruée vers l’or (1925), suivant la forme des entrecroisements d’un ballet miniature. Plusieurs chorégraphes rendront hommage à cette figure légendaire, dont L. *Massine, qui l’invoque dans *Gaîté parisienne et adopte sa moustache dans les *Chaussons rouges, ainsi que L. *Yakobson (Chaplin, 1931), R. *Petit (Chaplin parmi nous, 1991) et M. *Béjart (M. C., 1992). BR CHAPPELL William (1908-1994). Danseur, décorateur et producteur britannique. Etudiant à la Chelsea School of Art, il devient l’élève de M. *Rambert et fait ses débuts sur scène dans Jew Süss (1929) dont F. *Ashton assure la chorégraphie. Il danse ensuite dans la compagnie d’I. *Rubinstein (1929-1930) puis au Ballet Club de Rambert et dans des *revues de Charles B. Cochran. En 1931 il crée des rôles dans *Job et *Façade à la *Camargo Society et rejoint en 1934 le *Vic Wells Ballet où il participe notamment aux créations de The *Rake’s Progress (1935) et *Checkmate (1937) de N. de *Valois. Il cesser de danser après la guerre mais continue pendant plusieurs années à régler des danses pour des *revues, des pièces de théâtre et des opéras. Sa carrière de décorateur se développe parallèlement. C’est pour Ashton qu’il signe sa première réalisation (Leda and the Swan, 1928), collaborant régulièrement avec lui pendant les années 1930 et le retrouvant en 1980 pour Rhapsody puis en 1985 pour La Chatte métamorphosée en femme, son dernier décor. Parmi ses réalisations pour Ashton se distinguent Capriol Suite (1930), Lady of Schalott (1931), Foyer de la danse (1932), les Rendez-vous (1933) et surtout les *Patineurs (1937), pour lequel il conçoit un jardin public en hiver particulièrement poétique. Figure marquante des premières heures du ballet britannique, il est également l’auteur d’ouvrages, dont Studies in Ballet (1948) et Fonteyn : Impressions of a Ballerina (1951). PLM AUTRES COLLABORATIONS. De *Valois (Cephalus et Procris, 1931 ; Narcisse and Echo, 1932 ; Bar aux Folies-Bergère, 1934) ; *Tudor (Lysistrata, 1932 ; Atalanta of the East, 1933 ; Paramour, 1934) ; *Romanov (*Casse-Noisette, 1936, *Ballets russes de Monte-Carlo) ; *Inglesby (Amoras, 1942 ; Everyman, 1943). CHARISSE Cyd, FINKLEA Tula Ellice, dite (née en 1923). Danseuse et actrice américaine. Elle étudie la danse classique avec A. *Bolm et Nico Charisse (son premier mari) avant de débuter dans le *Ballet russe de Monte-Carlo en 1939 sous le nom de Felia Sidorova et de travailler avec B. *Nijinska, L. *Massine, M. *Fokine. En 1943, elle tourne son premier film, Something to Sing About (Grand National Pictures), et se produit par la suite à la *MGM dans des classiques musicaux des années 1940-1950, avec deux partenaires : G. *Kelly et F. *Astaire (*Ziegfeld Follies, 1946), puis alternativement avec l’un ou l’autre . Elle quitte le cinéma en 1967 pour apparaître sur scène et à la télévision. Au cinéma, elle est rendue célèbre par ses prestations qui sont de véritables petits scénarios autonomes à l’intérieur des films : par exemple, dans « Broadway Melody Ballet « (*Singing in the Rain, 1952, MGM) avec G. Kelly, voluptueuse séquence onirique typique des années 1940, ou dans « The Girl Hunt Ballet « (*The Band Wagon, 1953, MGM), où elle incarne pour Astaire le double rôle de la victime et de la vamp fatale. Danseuse élégante, elle représente, pour le public de l’époque, le concept du mouvement et la femme idéale. Bien que sa technique classique soit évidente dans des films chorégraphiés par C. *Loring (notamment Meet Me in Las Vegas, 1956, MGM) ; Silk Stockings, 1957, MGM), elle combine sensualité et beauté lyrique. Surnommée « Beautiful Dynamite « par Astaire, elle semble, par sa seule présence, apporter à l’écran une vision moderne de la danse. ESe FILMOGRAPHIE. The Harvey Girls (1946, chor. *Alton, MGM) ; Fiesta (1947, MGM) ; Easy to Love (1953) ; Brigadoon (1955) ; *It’s Always Fair Weather (1955) ; Black Tights (1962, chor. R. *Petit, Magna). CHARLIP Remy (né en 1929). Danseur, chorégraphe, auteur, illustrateur, metteur en scène, scénographe, costumier américain. Diplômé en beaux-arts (Cooper Union) et formé à la danse auprès d’A. *Tudor et M. *Craske à la *Juilliard School, il danse et crée des costumes pour la compagnie *Cunningham (19501961), tout en se produisant avec le Living Theater (1950-1962). Cofondateur (1958) et directeur des Paper Bag Players, compagnie de théâtre pour enfants, il participe au *Judson (1964-1970) et fonde sa compagnie en 1977. Il se partage entre le théâtre et la danse (*London Contemporary D. Co., *Joffrey B., Welsh D. Th., B. de Sydney, Gamelan Orchestra de L. *Harrison, Kronos Quartet, etc.) sans jamais abandonner les arts plastiques. Deux Obie Awards et trois Isadora Duncan Awards le récompensent au titre de la création, de l’interprétation et de la scénographie. Fasciné par le langage des signes, les gestes quotidiens et le travail sur le rythme, il lance en 1972 le projet Air Mail Dances, consistant à envoyer par la poste des chorégraphies retranscrites downloadModeText.vue.download 103 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 86 dans son propre système à des danseurs du monde entier. Il enseigne également au Mills College, à Harvard et au Sarah Lawrence College. Talent protéiforme, il mène parallèlement et avec succès depuis 1967 une carrière d’auteur et illustrateur dans la littérature enfantine. DL CHARMATZ Boris (né en 1973). Danseur et chorégraphe français. Il étudie l’histoire de l’art le violon et se forme aux danses classique (École de l’Opéra de *Paris, 1986-1989) puis contemporaine (*CNSMD de Lyon). Interprète chez R. *Chopinot (19901991) et, depuis 1992, chez O. *Duboc, il signe sa première chorégraphie en 1993 (À bras le corps). S’il emprunte la voie de la confrontation aux arts plastiques (les dDsparates, 1994 ; Aatt enen tionon, 1996) ou à la musique (Herses, une lente introduction , 1997), maintes fois explorée par la *postmodernité, c’est pour mettre en évidence que celle-ci et ses utopies appartiennent définitivement à l’Histoire, et pour faire appel à une nouvelle densité du geste et du regard : la nudité, très présente dans son travail, se veut un vecteur de cette refondation. IF CHARPENTIER Marc Antoine (v. 1645/50-1704). Compositeur français. Après des études en Italie, il devient le compositeur le plus réputé à Paris avec J.-B. *Lully et M. *Delalande. Suite à la rupture entre Lully et *Molière, il est chargé par ce dernier de composer la musique des intermèdes dansés pour la reprise de la Comtesse d’Escarbagnas et du Mariage forcé à Paris en 1672, puis d’écrire celle du *Malade imaginaire (1673). Principalement auteur de musique sacrée, il écrit deux *tragédies lyriques sur des livrets de Th. *Corneille (David et Jonathas, 1688 ; *Médée, 1693). SZ CHARRAT Janine (née en 1924). Danseuse et chorégraphe française. Élève de Jeanne Ronsay, spécialiste de danses orientales, elle travaille aussi avec O. *Preobrajenska, L. *Egorova et A. *Volinine. À douze ans, elle est l’héroïne du film la Mort du cygne (1936, Jean-Benoît Levy). Enfant prodige, elle devient très jeune une danseuse et chorégraphe réputée, présentant en récital des danses d’une stupéfiante maturité. Protégée de S. *Lifar, elle forme pendant la guerre avec R. *Petit le couple vedette de la vie chorégraphique française. En 1945 elle crée aux *Ballets des Champs-Élysées son premier ballet, *Jeu de cartes. Sa carrière se déroule ensuite en Europe et sur le continent américain, comme danseuse et chorégraphe invitée, ou à la tête des Ballets Janine Charrat créés en 1951 (appelés un moment Le Ballet de France). En 1961 elle cosigne avec M. *Béjart les Quatre Fils Aymon. Grièvement brûlée sur un plateau de télévision la même année, elle trouve l’énergie de revenir à la scène, et, de 1962 à 1964, elle dirige le ballet de l’Opéra de *Genève. En 1978, elle devient conseillère pour la danse au Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou où elle programme la jeune danse française et étrangère de l’époque. Figure singulière, indépendante et passionnée, elle crée une oeuvre foisonnante, portée par son talent de danseuse au lyrisme intense, d’une grande *musicalité. Revendiquant l’héritage de Lifar (Concerto, 1951, mus. S. *Grieg), et marquée par l’*expressionnisme (les *Algues, 1953), elle impose un style très personnel, dans un univers grave qui est celui de l’élite intellectuelle de l’époque : J. *Genet pour ‘Adame Miroir (1948, mus. D. *Milhaud). Elle traite la mythologie ou la légende sur le mode tragique, dans un style puissant et visionnaire (le *Massacre des Amazones, 1951 ; Tu auras nom... Tristan, 1963, mus. Maes). Elle signe des ballets abstraits, comme les Liens (1957, mus. Semenoff) où elle utilise des lanières élastiques que l’on retrouvera chez A. *Nikolais. Elle privilégie les compositeurs de son temps, et crée en 1973 Offrandes et Hyperprisme d’E. *Varèse à l’Opéra de *Paris. MFB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Abraxas (1948, mus. *Egk, *Städtische Oper de Berlin ; Diagramme (1957, mus. J.-S. *Bach, Grand B. du marquis de *Cuevas) ; Alerte... Puits 21 (1964, mus. Pierre Wissmer, Grand Th. de Genève) ; Pâris (1964, mus. *Sauguet) ; les Collectionneurs (1972, mus. I. Malec, Opéra-Comique) ; Bach Preludes (1988, mus. J.-S. Bach). BIBLIOGRAPHIE. J. Baril, Janine Charrat, la tentation de l’impossible, Éd. Michel Brient, Paris, 1964 ; M. Humbert, Janine Charrat, Antigone de la danse, Éd. d’art Piazza, Paris, 1970. CHASE Alison. Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine. Née à Saint Louis (Missouri), elle obtient ses diplômes d’histoire et de philosophie à l’université de Washington et sa licence de danse à l’université de Californie (Los Angeles). Elle enseigne à l’université de Darmouth et c’est dans sa classe de chorégraphie que se rencontrent M. *Pendleton et Jonathan Wolken, fondateurs du *Pilobolus Dance Theater (1971). En 1973 elle rejoint le groupe, puis fonde avec M. Pendleton le groupe *Momix (1980). GV CHASE Lucia (1907-1986). Danseuse et directrice de compagnie américaine. D’abord formée pour être actrice, elle danse des rôles principaux avec la *Mordkin Ballet Company (1938-1939) : la *Fille mal gardée, *Giselle et Goldfish. En 1940, elle contribue financièrement à la création du *Ballet Theatre où elle poursuit sa carrière d’interprète. En 1945, elle prend, avec O. *Smith, la direction de la compagnie qui devient bientôt l’*American Ballet Theatre : décidant des distributions et du répertoire, elle contribue à établir les principes de fonctionnement de l’ABT, dont elle assure aussi la survie par des dons généreux prélevés sur sa fortune personnelle, avant d’en transmettre la direction à M. *Baryshnikov en 1980. Directrice éminente, elle reste aussi une remarquable interprète dramatique, apportant son talent aux oeuvres d’A. *Tudor telles le *Jugement de Pâris (1938) dont elle est une magnifique Minerve, *Pillar of Fire (1942) dans le rôle de la soeur aînée ou encore *Dark Elegies (1940) ainsi qu’à celles d’A. *De Mille (*Three Virgins and a Devil, 1941 ; Tally-Ho, 1944 ; *Fall River Legend, 1948), D. *Lichine (Helen of Troy, 1942 ; Fair at Sorochinsk, 1943), E. *Loring (Great American Goof, 1940), A. *Dolin (Pas de quatre, 1941) et de M. *Fokine dont elle crée Barbe-Bleue (1941) et danse les *Sylphides, *Petrouchka et le *Carnaval. MK CHATEL Krisztina de (née en 19? ?). Danseuse et chorégraphe néerlandaise d’origine hongroise. Formée à la Folkwangschule d’*Essen, elle s’installe aux PaysBas. Sa danse se caractérise par la répétitivité d’une gamme limitée de mouvements déployés dans une énergie cadencée, parfois jusqu’à épuisement. Le corps y est souvent amené à se confronter à des obstacles : murs de pierre ou de verre, énormes ventilateurs actionnés dans Typhoon (1985). JMA CHAUVIRÉ Yvette (née en 1917). Danseuse et pédagogue française. Élève de l’École de danse de l’Opéra de *Paris, elle parfait ensuite sa formation avec B. *Kniasseff et V. *Gsovski. Entrée dans la troupe en 1931, nommée étoile en 1941, elle engage, en suivant S. *Lifar au Nouveau Ballet de *Monte-Carlo en 1946, une série de départs et de retours à l’Opéra de Paris (1947-1949, puis 1953-1963), s’échappant pour tourner à travers le monde (1949-1952). À partir de 1963, elle se produit en invitée dans de grandes compagnies, tout en étant sous contrat avec l’Opéra. Elle fait ses adieux officiels à la scène en 1972, préside l’AcadédownloadModeText.vue.download 104 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 87 mie internationale de danse à Paris (1970-1977) et enseigne à l’Opéra où elle fait travailler les étoiles. Auteur de Je suis ballerine (1960), elle se raconte à Gérard Mannoni dans Yvette Chauviré. Autobiographie (1998). Danseuse élégante, précise et raffinée, elle incarne la quintessence de l’école française. Sa carrière est surtout marquée par la création de nombreux ballets de Lifar (*Alexandre le grand, *David triomphant, le *Chevalier et la Damoiselle, *Joan de Zarissa, *Suite en blanc). Elle y impose sa superbe plastique et son tempérament dramatique, particulièrement dans le rôle titre d’Istar en 1943 et l’Ombre des *Mirages. Oiseau racé dans la *Mort du cygne (1949) et le Cygne (1953) aussi bien que brillante protagoniste du Grand pas classique (mus. D. *Auber) réglé pour elle par V. *Gsvoski en 1949, elle se révèle une diaphane et inoubliable Giselle. Professeur d’interprétation, elle sait magnifiquement expliquer et transmettre la dimension psychologique des rôles, tant féminins que masculins, comme en témoigne le film Une étoile pour l’exemple (1988, réal. Dominique Delouche). GP, NL CHÁVEZ Carlos (1899-1978). Compositeur et chef d’orchestre mexicain. Très précoce, il écrit sa première symphonie à l’âge de seize ans. Ses origines indiennes et le contexte culturel et politique de la révolution mexicaine le disposent à explorer les ressources du folklore, notamment aztèque, à partir de son ballet El Fuego nuevo (1921), et surtout avec Caballos de vapor (Horsepower, 1932, C. *Littlefield) qui joue sur le contraste des tropiques et leurs danses avec le monde industriel américain. Il compose pour M. *Graham la musique de *Dark Meadow (1946). BT SUR LA MUSIQUE DE CHÁVEZ. *Sokolow (Antigone, 1940) ; *Limón (Los Cuatros Soles, v. 1950) ; *Tetley (Mountain Way Chant, 1959 ; rep. 1962, A. *Ailey D. Co) ; *Aráiz (Sinfonia india, 1967) ; *Macdonald (Canto indio, 1967) ; *Kylián (*Stamping Ground, 1983). CHICAGO OPERA BALLET. Compagnie fondée en 1910, attachée au Lyric Opera of Chicago. Constitué pour participer aux productions lyriques, il est surtout connu par les nombreuses troupes plus ou moins durables et autonomes auxquelles il donne naissance au fil du temps et qui se produisent sous différents noms en tournées internationales avec des artistes invités. Serge Oukrainsky, un de ses premiers directeurs constitue ainsi le Pavley-Oukrainsky Ballet, puis A. *Bolm fonde le Chicago Allied Arts (1924-1927) avec R. *Page comme prima ballerina. Celle-ci, épouse d’un avocat de Chicago, devient maîtresse de ballet des saisons lyriques estivales de l’opéra, le Ravinia Opera (1926-1931), puis directrice et prima ballerina de la Chicago Grand Opera Company (19341937 et 1944-1947), pour laquelle elle chorégraphie en 1946 The *Bells et Billy Sunday tandis que, de 1938 à 1942, C. *Littlefield dirige la Chicago Civic Opera Company. C’est en 1955, que naît l’« authentique » Chicago Opera Ballet avec lequel R. *Noureev fera ses débuts aux États-Unis en 1962. Également appelé Ruth Page’s International Ballet à partir de 1966, il aura R. Page pour unique directrice pendant 15 ans, ses créations (surtout celles inspirées par des opéras) constituant l’essentiel du répertoire des tournées qui fournissent aux interprètes, issus pour la plupart de la célèbre École *StoneCamryn, des occasions vitales pour leur carrière de se produire et de bâtir une expérience qui dépasse le Midwest. MK CHICHKOV Matveï (1831 ou 1832-1897). Peintre décorateur russe. Élève d’A. *Roller puis F. *Cheniane, il travaille pour les théâtres impériaux de Moscou à partir de 1849, puis de SaintPétersbourg à partir de 1852, devenant le décorateur en titre dès 1857. Connaisseur de l’architecture russe, il est l’un des plus importants spécialistes des décors architecturaux : intérieurs de palais, façades de bâtiments, etc. dont il restitue avec fidélité les caractéristiques historiques et nationales. Bien que ce soit le théâtre et l’opéra qui lui permettent surtout de déployer ce talent, il collabore à presque tous les ballets de M. *Petipa de 1874 (le Papillon) à 1893 (*Cendrillon). Sa contribution à la *Belle au bois dormant (1890) - l’esplanade du palais de Versailles (acte III et apothéose) reste particulièrement célèbre. O. *Allegri, C. *Ivanov, P. *Lambine se forment auprès de lui. ESou CHILDS Lucinda (née en 1940). Danseuse et chorégraphe américaine. Elle s’initie dès le lycée à la danse classique et au théâtre, puis découvre la danse moderne à l’université auprès de H. *Holm. Prenant des cours avec M. *Cunningham, elle comprend toute l’importance des concepts qu’il partage avec J. *Cage et s’inscrit avec Y. *Rainer aux cours de R. *Dunn. Elle danse alors avec Y. Rainer, S. *Paxton, Robert Morris dans des spectacles expérimentaux au *Judson Dance Theater où elle crée ses premières pièces personnelles (Pastime, 1963 ; Geranium, 1965). Elle fonde sa compagnie en 1973. Utilisant parfois à ses débuts le monologue comme le fait Rainer, elle s’oriente délibérément vers un *minimalisme *répétitif qui, dansé dans le silence, souhaite « donner à voir et à entendre la danse «. Les déplacements des corps tracent des figures de plus en plus complexes dont le parcours est donné par des dessins géométriques qu’elle imagine. Rythme, énergie et répétition et sensation d’espace créent par leur continuum un véritable mouvement perpétuel qui rejoint la fascination cosmique (*Radial Courses, 1976). Cette même année elle danse également un solo très remarqué dans *Einstein on the Beach de R. *Wilson dont A. *Degroat règle la chorégraphie. *Dance (1979), sa plus belle pièce, marque le début de sa collaboration avec des musiciens (Ph. *Glass d’abord, puis Jon Gibson, S. *Reich, J. *Adams) et des plasticiens comme Sol Lewitt ou Tadashi Kawamata. Après Available Light (1983), son style devient plus académique (Calyx, 1987). Un retour à la simplicité semble s’être amorcé dans certaines pièces depuis Concerto (1993). Elle a collaboré avec la claveciniste Elisabeth Chojnacka, et, pour le théâtre, avec Simone Benmussa (Camera oscura, 1982, sur des textes de Gertrude Stein), Luc Bondy (1992 et 1993), Peter Stein (1995), R. *Wilson (I Was Sitting on My Patio, 1977 ; la Maladie de la mort, 1996) et créé des chorégraphies pour plusieurs compagnies de ballet. LB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Particular Reel (1973) ; Relative Calm (1981) ; Portraits in Reflection (1986) ; One and One (1993) ; Commencement (1995) ; Solstice (1995).Filmogaphie. Unguided Tour (1983, réal. Susan Sontag). CHIRIAEFF Ludmilla, ndn. OTZUP L. (1924-1996). Directrice artistique, pédagogue, chorégraphe et danseuse canadienne. Née en Lettonie de parents russes, élevée à Berlin où des membres des Ballets russes du Colonel de *Basil sont des amis de sa famille, elle étudie avec Alexandra Nikolaïeva, Xenia Borovansky et Eugenia Edouardova ainsi qu’auprès de *Fokine, *Massine et *Lichine, puis Sabine Ress, T. *Gsovska et Rousanne Baku. Elle se forme aussi à la danse *moderne avec A. von *Swaine, Margot Rewendt, H. *Kreutzberg et M. *Wigman. Elle fait l’apprentissage de la scène sous le nom de Ludmilla Gorny dès 1936 dans la compagnie du Colonel de Basil, avant de rejoindre en 1939 le Nollendorf Theatre de Berlin puis l’Opéra de *Berlin en tant que soliste. Internée en camp de travail en 1941 jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en 1946 elle s’installe en Suisse à Lausanne, puis en 1948, à Genève : elle y fonde plusieurs écoles et crée sa première compagnie, le Ballet downloadModeText.vue.download 105 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 88 des Arts, en 1949. Dès son arrivée au Canada où elle émigre en 1952, elle fonde une école de ballet et commence à danser et chorégraphier pour le tout nouveau projet de télévision de la Canadian Broadcasting Corporation : chaque semaine sont diffusés les ballets qu’elle crée par dizaines avec sa compagnie, Les Ballets Chiriaeff, qui deviendra, en 1957, Les *Grands Ballets Canadiens. Réputée pour ses qualités de danseuse de *caractère et l’efficacité de ses chorégraphies, elle se dédie avant tout à faire aimer le ballet par le grand public : elle crée des programmes qui mêlent délibérément les genres, associant par exemple une pièce illustrant l’histoire de la danse (les Clowns, 1955), un ballet inspiré du folklore québecois (Suite canadienne, 1957) et un pas de deux du *Lac des cygnes. Tout en dirigeant sa compagnie et en soutenant les talents de B. *MacDonald ou F. *Nault, notament, elle développe son école, l’Académie des Grands Ballets Canadiens. En 1975, elle quitte sa compagnie pour créer une série d’écoles : en onze ans elle parvient à mettre sur pied un système de formation pré-professionelle en ballet pour élèves de 9 à 19 ans, subentionnée par l’État. Elle dirige ces écoles jusqu’à sa retraite en 1992. Sujet de nombreux articles et films de télévision, Chiriaeff écrit abondamment sur son rôle dans la danse canadienne. LHB CHLADEK Rosalia (1905-1995). Danseuse, chorégraphe et pédagogue autrichienne. Née en Moravie, elle suit, dès seize ans, l’enseignement pluridisciplinaire dispensé à la Neue Schule *Hellerau. Rapidement, elle y rejoint le groupe de danse dirigé par V. *Kratina ainsi que l’équipe pédagogique. Dès son premier engagement, à Bâle (1928-1930), comme chorégraphe et professeur, elle pose les bases de sa méthode pédagogique. Rappelée à Vienne, elle se voit confier la direction de l’école *Hellerau-Laxenburg (1930-1938), puis la responsabilité de la danse au Conservatoire (1942-1952) et à l’Académie de musique et des arts dramatiques (1952-1970). Parallèlement à ses activités pédagogiques, elle développe une carrière de danseuse *libre soliste (dès 1924) et de chorégraphe, signant plus de 150 oeuvres, dont 70 solos, qu’elle fait tourner dans toute l’Europe jusqu’en Indonésie et à New York. Interprète hors pair (2e prix au Concours de Varsovie en 1933), elle possède un registre d’expression et des qualités physiques exceptionnelles. Ses solos sont bien souvent déclinés en cycles. Celui des marches dansées, débuté en 1925 par la Heroischer Marsch, se clôt en 1936 par *Totengeleite. Composés autour de thèmes divers (Suite im alten Stil, 1925 ; Elemente-Zyklus et Rythmen-Zyklus, 1930), ils illustrent aussi la vie de personnages mythiques ou religieux (Marienleben, 1934 ; Sancta Trinitas, 1954). À la fin de sa vie, elle en transmettra quelques-uns à de jeunes interprètes : en 1985, Afro-Amerikanische Lyrik (1951) et Luzifer (Erzengel-Suite, 1938) ; en 1986, Jeanne d’Arc (1934) ; en 1988, Slawischer Tanz (1923), Intrade (1930), Michael (Erzengel-Suite), Die Kameliendame (1943) ; en 1990, Narcissus (Mythologische-Suite, 1936). Composée pour le groupe de Hellerau, sa Gläserne Suite obtient, en 1932, le 2e prix de chorégraphie au concours des Archives internationales de la danse de Paris (le 1er revenant à la *Table verte de K. *Jooss). En 1936, elle crée Österreichische Suite à la salle Pleyel (Paris) et en 1940 Höfische Suite, dans laquelle danse la jeune D. *Hoyer, aux *Meisterwerkstätten für Tanz de Berlin. À maintes reprises, elle est appelée en tant que chorégraphe ou metteur en scène dans des festivals de théâtre en Italie (1933-1952) ou à celui de Salzbourg (Jerdermann, 1947), ainsi qu’à l’Opéra de *Vienne (Orpheus und Eurydike, 1940) et à celui de Salzbourg (Julius Cäsar, 1959). Elle travaille aussi pour le cinéma, et la télévision. Sa méthode éducative, dénommée « System Chladek «, est née d’une interrogation : « comment former le corps pour en faire un instrument riche de possibilités, qui soit à même de concrétiser le besoin d’expression en dehors de tout style d’école ? «. Les principes de son travail reposent sur les lois universelles qui régissent le mouvement. En fonction de l’état de tension du corps (« actif «, « passif «, ou « neutre «), en relation à la gravité, le mouvement est déterminé par son point de départ, l’énergie déployée, sa direction, son amplitude et sa durée. L’originalité de son approche pédagogique réside dans le fait qu’elle est basée sur la non-imitation et qu’elle met l’élève dès le départ en situation de prise de conscience et d’étude réflexive. Parmi ses élèves figurent F. *Lüdin, Zora Semberova (professeur de J. *Kylián) ainsi qu’Hélène Carlut, professeur de F. *Dupuy. Hébergés par la ville de Strasbourg de 1972 à 1993, les stages d’été préparant au diplôme d’études complémentaires de l’Internationale Gesellschaft Rosalia Chladek (IGRC) sont, depuis 1994, organisés à Vienne. Simplicité, rigueur et *musicalité hors du commun font d’elle une des figures les plus marquantes de l’*Ausdruckstanz d’Europe centrale. Son triple talent, profondément ancré dans la danse européenne, lui vaut de nombreuses récompenses officielles dans son pays ainsi qu’en Italie. CF-MIB BIBLIOGRAPHIE. R. Chladek, « Éducation par le mouvement et la danse expressive « in Actes des rencontres européennes « Activités physiques vers l’harmonie de l’Être «, Danse ma joie, Meudon-Bellevue, 1989 ; G. Alexander et Dr H. Groll (sous la dir. de), Tänzerin, Choregraphin, Pädagogin Rosalia Chladek, ÖBV Pädagogischer Verlag, Vienne, 1995 (4e éd.). FILMOGRAPHIE. Rosalia Chladek Momente aus ihren Gestaltungen (1988, réal. Eva Stanzl, Televisfilm, Vienne) ; Aus meinen Leben (1996, réal. Eva Stanzl, Televisfilm, Vienne). CHO LEE Ming (né en 1930). Scénographe américain. Né à Shangaï, il arrive aux Etats-Unis en 1949. Diplômé de l’Occidental College (Los Angeles) en 1953, il devient l’assistant de J. *Mielziner pendant cinq ans. Il débute en réalisant des costumes à *Broadway. Scénographe du New York Shakespeare Festival de John Papp de 1961 à 1973, il collabore parallèlement avec B. *Aronson. Entre 1962 (A Look at Lightning) et 1986 (Tangled Night), il conçoit à plusieurs reprises des décors pour M. *Graham. C’est le caractère mobile de ses décors, parfois réduits à des éléments sculptés squelettiques, qui attire la chorégraphe : ils intensifient la scène sans l’occuper indûment ; ils relêvent de l’action dramatique plus qu’ils ne la fixent. Cho Lee maintient, farouchement, une dimension empirique dans son travail, liée à l’idée que toute scène est «ouverte», hantée par un vide que le décor conjure un temps, presque miraculeusement. DD AUTRES COLLABORATIONS. *Limón (*Missa Brevis, 1958), *Arpino (Sea Shadow, 1962 ; Olympics, 1966), A. *Tudor (The Leaves are Fading, 1975). CHOPIN Frédéric (1810-1849). Compositeur polonais. Pianiste virtuose dès cinq ans, compositeur à quinze ans (Rondo op. 1), il découvre la musique folklorique lors de séjours à la campagne, tandis que, à Varsovie, il se familiarise avec le répertoire lyrique le plus moderne. Il s’installe en 1831 dans le Paris romantique, où il se fait d’abord connaître comme interprète, avant de se partager entre la composition et l’enseignement. Les années 1837-1846, passées à Nohant auprès de George Sand, sont les plus fécondes, mais la maladie met un terme précoce à son existence. Esprit classique dans une âme romantique, Chopin est non seulement parvenu à transposer au piano la tradition vocale italienne, mais aussi le reflet du sentiment patriotique. Aucune de ses oeuvres n’est composée pour la danse, pas même ses *valses, *mazurkas et *polonaises qui, a priori, n’ont pas vocation à être dansées. Elles le seront pourtant souvent, dès les premiers pas de la danse *libre : I. *Duncan (*Prélude downloadModeText.vue.download 106 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 89 op. 28, v. ? 1895 ; Valses et Mazurka, 1903 ; *Mazurka n° 4, 1903), L. *Fuller (Danse funèbre, 1902 ; Danse des martyrs, 1902), M. *Allan (Marche funèbre, 1903), R. *Sacchetto (Compositions, v. 1907). Études, Nocturnes et Préludes seront ainsi régulièrement mis à contribution isolément (Étude op. 10 n° 3, 1913, R. *Page ; Prélude, 1915, M. *Fokine ; Nocturne, 1919, B. *Nijinska ; Préludes, 1982, O. *Aráiz) ou réunies ensemble avec d’autres pages : avec Chopiniana (1907) devenu les *Sylphides en 1909, Fokine inaugure ainsi un modèle repris par I. *Clustine (Suite de danses, 1915), R. *Petit (Ballet blanc, 1944) et, plus tard, par J. *Robbins (The Concert, 1956 ; *Dances at a Gathering, 1969 ; *In the Night, 1970 ; Other Dances, 1976). Que ce soit sous cette forme abstraite, ou plus figurée (le Vol des papillons, 1906, Fokine ; Feuilles d’automne, 1918, A. *Pavlova ; Rêverie lunaire, 1930, B. *Kniaseff ; Moment romantique, 1936, C. *Littlefield ; Suite romantique, 1950, Y. *Chauviré ; Rêverie romantique, 1956, A. von *Milloss), la musique de Chopin reste l’emblème d’un romantisme chorégraphique moderne et des « dames blanches » auxquelles K. *Saporta rendra hommage à sa manière dans le Spectre ou les Manèges du ciel (1996). NC, PLM Sur la musique de Chopin. *Gorski (Eunice et Petronius, 1915) ; *Börlin (Pas de deux, 1920) ; *Balanchine (Marche funèbre, 1923) ; *Dolin (Revolution, 1927) ; *Goleïzovski (Chopin, 1933 ; Non à la guerre, 1953) ; A. *Dollar (Constantia, 1944) ; *Taras (Élégie, 1948) ; L. *Massine (les Dryades, 1954) ; *Robbins (The *Concert, 1956) ; *Smuin (l’Éternelle Idole, 1969) ; *Limón (Dances for Isadora, 1972) ; *Ashton (A Month in the Country, 1976) ; *Béjart (Isadora, 1976) ; *Trisler (Concerto en mi, 1979) ; J. *Butler (George Sand, a Landscape, 1981) ; *Degroat (Portrait of American Dancers, 1985) ; S. *Laerkersen (Polacca, 1992). CHOPINOT Régine, ndn. PRÉLONGE R. (née en 1952). Danseuse et chorégraphe française. Née en Algérie, elle commence la danse classique à l’âge de cinq ans et poursuit sa formation en France auprès de C. *Bessy. Elle découvre la danse *contemporaine au studio de Marie Zighera, dont elle intègre la compagnie en 1974 et où elle enseigne. Elle crée sa première pièce en 1978, avec un groupement d’artistes baptisé Compagnie du Grèbe. En 1981, Halley’s comete, primé à *Bagnolet, lance sa carrière. Très vite, elle enchaîne les créations avec de jeunes collaborateurs encore inconnus comme Ph. *Decouflé, D. *Larrieu et sa soeur Michèle Prélonge, l’une des interprètes les plus remarquables de la danse contemporaine française (Grand Écart, 1982). En 1984, elle signe les Rats pour le *GRCOP et, en 1986, sa compagnie succède à celle de B. *Lefèvre à La Rochelle, devenant par la suite *CCN de PoitouCharentes. Souhaitant associer création et répertoire contemporain, en 1993 elle réorganise sa compagnie, qui devient le Ballet Atlantique-Régine Chopinot. Anticonformiste avec une pointe d’insolence et d’humour, R. Chopinot fait des débuts tapageurs. Nourrie de l’air du temps des années 1980, elle décline des images choc à partir de thèmes éclectiques : narration et cinéma dans Délices (1983) dont Hervé Gauville signe le livret ; vertige du vide dans Rossignol (1985) où les danseurs sont suspendus dans les airs ; mode dans le Défilé (1985) avec J.-P. *Gaultier qui créera tous ses costumes jusqu’en 1993 ; univers de la boxe revisité dans K.O.K (1988) ; jeux d’échec, de miroir et de contre-plongée dans AnA (1990). À partir de Saint Georges (1991), ses pièces excentriques - stigmatisées comme des caprices par certains - cèdent la place à des chorégraphies plus abstraites, recentrées sur le mouvement et son architecture propre (*Végétal, 1995), pour déboucher sur une recherche épurée dont témoigne son solo Chant de lune (1999). IF, PLM AUTRES CHORÉGRAPHIES. Appel d’air (1981) ; Via (1984) ; Façade (1993) ; les *Quatre Saisons (1998). FILMOGRAPHIE. Articules (1982, réal. Chopinot et Charles Picq) ; Rude raid (1984, réal Marc Caro). BIBLIOGRAPHIE. Coll., Régine Chopinot - Rosella Hightower, Armand Colin, Paris, 1990. CHOSTAKOVICH Dmitri (1906-1975). Compositeur russe. Il fait ses études au conservatoire de Leningrad où A. *Glazounov l’encourage à composer. En 1926, sa Symphonie n° 1 remporte un succès populaire international. Au contact de Maïakovski et de *Meyerhold, pour lesquels il compose les musiques de scène de la Punaise (1929), il fréquente les mouvements de l’avant-garde révolutionnaire. Au cours de ces années se précise le style mordant, désinvolte et rythmiquement exubérant du jeune Chostakovitch, alors très attentif aux expériences musicales du moment. L’usage sans préjugé de la dissonance, de la polytonalité, le recours à des thèmes populaires et au jazz, une agressivité rythmique marquée qui souvent tombe dans la caricature s’ajoutent à sa volonté de traduire par un langage communicatif les idéaux révolutionnaires. Au théâtre musical, il défend la pièce le Nez (1930) et la très crue Lady Macbeth du district de Mzensk, accusées de « formalisme bourgeois » par la critique du régime. Le changement et les mutations politiques qui suivent l’arrivée de Staline le contraignent à freiner ses élans expérimentaux. En 1948, censuré par Jdanov, contraint à une seconde autocritique, il amende son style dans le sens d’un romantisme tardif, créant des oeuvres de circonstance, mais réussissant plusieurs fois à maintenir un certain équilibre entre les pressions du régime et sa propre poétique. Les oeuvres de la dernière période s’éloignent des modules formels classiques pour osciller entre des élans paroxystiques et une sombre désolation. Avec ses quinze symphonies, ses quinze quatuors pour cordes, ses concertos, ballets, musiques de scène et de film, il est reconnu comme l’un des compositeurs et symphonistes les plus remarquables du XXe siècle. Trois de ses partitions originales sont dédiées au ballet. L’*Âge d’or (1930) présenté comme une critique de l’Occident (les versions ultérieures dépolitiseront le sujet, telle celle de Y. *Grigorovitch en 1984) lui vaut quelques déboires avec les autorités soviétiques en raison de l’ambiguïté du portrait qu’il fait du peuple russe. Il en ira de même avec le Boulon (1931, F. *Lopoukhov), d’après V. F. Smirnov, qui se déroule dans une usine et avec *Clair ruisseau (1935, Lopoukhov) qui se présente comme une comédie-ballet. Pour ce dernier le compositeur utilise la musique de ses deux précédents ballets, principe qui présidera également à la production de la Dame et le Hooligan (1962, *Boyarski ; 1967, Totova ; 1971, Serebrovskaïa), pastiche d’un montage cinématographique de Maïakovski. Sa place dans la danse tient en fait tout autant à l’utilisation qui sera faite très tôt de sa musique de concert. Dès les années 1930, L. *Yakobson l’utilise pour ses *miniatures, et certaines de ses symphonies, notamment, seront régulièrement chorégraphiquées : la première (l’Étrange Farandole, 1939, L. *Massine ; Symphony, 1963, K. *MacMillan), la septième dite Symphonie Leningrad (1945, Massine ; 1961, I. *Belski), la neuvième (1964, P. *Van Dijk), la dixième (1967, A. *Carter) et la onzième (1966, I. Belski). ESpe SUR LA MUSIQUE DE CHOSTAKOVITCH. *Morrice (The Wise Mon- keys, 1960) ; A. *Messerer (Leçon de danse, 1961) ; *Cranko (The Catalyst, 1961) ; *Mitchell (*Fête noire, 1971) ; *Kylián (Elegia, 1976) ; *Panov (l’Idiot, 1979 ; *Hamlet, 1984) ; *Béjart (Trois Études pour Alexandre, 1987) ; F. *Flindt (The Overcoat, 1989) ; Youri Vamos (Vathek, 1991). downloadModeText.vue.download 107 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 90 CHOUINARD Marie (née en 1955). Danseuse et chorégraphe canadienne. Elle abandonne très vite les techniques de danse classique et moderne pour une pratique globale du mouvement intégrant ses expériences occidentales (New York, Berlin) et orientales (Bali, Népal). De 1979 à la fondation de la compagnie M. Chouinard en 1990, elle crée des solos-*performances et des danses aux allures de rituel, sans tabou d’aucune sorte, forgeant peu à peu un corps dansant féminin qui use de tous ses sens, affirme sa sensualité et n’occulte aucune de ses manifestations possibles : son, gémissement, chant, excrétion, écriture (Marie Chien Noir, 1982). Son style de mouvement est marqué par des ondulations profondes sollicitant rachis, ventre et souffle. Gestualité et sonorité à connotation organique sont parfois modifiées par des artifices : ajouts corporels (corne, rembourrage, pilosité), comme dans STAB (Space Time and Beyond) (1986), l’*Après-midi d’un faune (1987), les Trous du ciel (1991), des procédés d’amplification ou des déclencheurs de sons comme dans l’Amande et le Diamant (1996). L’ensemble engendre un bestiaire de créatures étranges et érotisées aux dimensions mythologiques. L’univers de M. Chouinard, son bouger unique teinté de primitivisme, désignent la pérennité des pulsions, l’antériorité du désir sur la Loi. Revisiter *Nijinski et *Stravinski (le *Sacre du printemps , 1993) tient alors autant de l’hommage que de la connivence. MFe AUTRES CHORÉGRAPHIES. Cristallisation (1979, mus. R. Racine) ; Earthquake in the Heartchakra (1985) ; Biophilia (1988) ; Lettre ouverte à Terpsichore (1990). FILMOGRAPHIE. Marie Chien Noir (1982, réal. M. Chouinard) ; J’aurais aimé vous voir danser, Madame Akarova (1991, réal. M. Jakar, avec K. *Saporta, N. *Mossoux, T. de *Mey, P. *Kuypers, M. *Noiret). CHRISTENSEN Lew (1909-1984). Danseur, chorégraphe et directeur artistique américain. Il étudie la musique avec son père et la danse classique avec ses oncles. A la fin des années 1920 et pendant les années 1930 il se produit avec son frère Willam dans un numéro de *vaudeville qui met en évidence « sa prouesse technique, sa taille et son impressionnante présence scénique ». Engagé dans une *comédie musicale de *Broadway en 1934, il se forme auprès de G. *Balanchine et Pierre Vladimiroff, à la *School of American Ballet. Membre de la compagnie résidente du *Metropolitan Opera (1935-1937), il est inoubliable dans Orphée d’*Orphée et Eurydice et Apollon d’*Apollon Musagète. qu’il marque de son empreinte indélébile de magnifique danseur noble. Entre ses apparitions dans des opéras, il est maître de ballet du Ballet Caravan dirigé par L. *Kirstein. Il chorégraphie pour cette compagnie Pocahontas (1936) et Filling Station (1938), injectant dans ces créations son expérience du music hall (*claquettes, acrobatie). et danse pour la création de *Billy the Kid (1938, E. *Loring). Avec G. *Caccialanza, qu’il épouse, il participe à la tournée sud-américaine du Ballet Caravan en 1941. Il rejoint ensuite les Dance Players d’E. Loring et chorégraphie *Jinx (1942). Incorporé dans l’armée (1942-1946), il se produit ensuite avec la *Ballet Society, dont il est aussi maître de ballet, et danse pour la création des *Quatre Tempéraments (1946). Mais la guerre ayant émoussé sa technique, il rejoint ses frères, Harold et Willam, à San Francisco. Assistant de ce dernier à la direction du *San Francisco Ballet à partir de 1949, il lui succède en 1951 et conserve ce poste jusqu’à sa mort. La faible activité du San Francisco Ballet au début des années 1950, lui permettant d’être en même temps maître de ballet du *NYCB (jusqu’en 1954), L. Christensen lance un programme d’échange entre les deux compagnies, contribuant ainsi le premier à la diffusion de la technique Balanchine à travers le pays. Entre 1951 et 1984, il chorégraphie plus de soixante-dix ballets qui font souvent appel à la technique masculine. Sa « Hoop Dance » de Scarlatti Portfolio (1979) remporte la même année la médaille de bronze de la chorégraphie au concours international de Jackson (Mississippi). Son action pendant plus de trente ans à la tête du San Francisco Ballet aura contribué à en faire une compagnie de réputation internationale. MK CHRISTENSEN Willam (né en 1902). Danseur, chorégraphe et pédagogue américain. Frère aîné de Lew et Harold, il se forme à la musique et à la danse auprès de membres de sa famille. Il partage avec Lew un numéro dans des tournées de *vaudeville, avant de s’installer en 1932 à Portland (Oregon) où il enseigne et fonde une compagnie avec ses élèves. Engagé au *San Francisco Opera Ballet en 1937, il en devient maître de ballet en 1938 puis directeur lorsque la compagnie devient indépendante de l’opéra pendant la guerre ; il confie la responsabilité de l’école à son frère Harold en 1946 et fait appel à Lew en 1949 pour l’assister à la direction. Tout en continuant à chorégraphier pour le San Francisco Opera jusqu’en 1955, il quitte la direction du ballet en 1951 pour fonder un département de ballet à l’université de l’Utah. Celui-ci donne bientôt naissance au *Ballet West qu’il anime jusqu’en 1976. Premier chorégraphe américain à monter l’intégrale de *Coppélia (1939), le *Lac des cygnes en quatre actes (1940) et l’intégrale de *Casse-Noisette (1944) dont il fait une tradition pour les fêtes, il concourt activement au développement du San Francisco Ballet. À l’université de l’Utah, il s’emploie à lancer un programme de conservatoire au sein du département de théâtre à un moment où la plupart des universités proposent un enseignement de danse moderne dans leur programme d’éducation physique. Également auteur de chorégraphies pour le théâtre et l’opéra, il contribue à révéler de futures étoiles, notamment Finis Jhung, Kent Stowell, Bart Cook, Jay Jolley ainsi que M. *Smuin. MK CHTCHEDRINE Rodion (né en 1932). Compositeur russe Il étudie le piano et la composition au conservatoire de Moscou, où il devient professeur de composition en 1965. Son style présente des traces de différentes influences, entre autres, de l’aléa et du jazz. Il compose cinq ballets pour la danse, notamment, le Petit Cheval bossu (1960, A. *Radounski), *Carmen Suite (1977, Alberto *Alonso), Anna Karénine (1971, Natalia Rijenko et Victor Smirnov-Golovanov) ainsi que la Mouette (1980) et la Dame et le petit chien (1985) chorégraphiés par son épouse M. *Plissetskaïa. B. *Eifman a créé plusieurs pièces sur ses musiques. SZ CHUJOY Anatole (1894-1969). Écrivain et critique américain d’origine lettone. Né à Riga, il fait ses études dans les universités de Riga et de Saint-Pétersbourg, puis émigre aux États-Unis en 1920. Il collabore à la rédaction du magazine American Dancer avant de cofonder et de diriger Dance Magazine (1936). Il fonde Dance News en 1942, revue pour laquelle il travaille jusqu’à sa mort. Homme cultivé et curieux, il est à la fois écrivain, éditeur et traducteur de travaux théoriques sur la danse. Il conçoit et rédige la Dance Encyclopedia publiée à New York en 1949 et rééditée en 1967 (Simon and Schuster, New York), et publie plusieurs autres ouvrages : The New York City Ballet (A. Knopf, New York, 1953), Fokine, Memoirs of a Ballet Master (A. Knopf, New York, 1961). GV CHUMA Yoshiko (née en 1950). Danseuse et chorégraphe japonaise. Née à Osaka (Japon), elle s’installe à New York en 1977. Considérée comme l’une des plus importantes artistes d’avant-garde, downloadModeText.vue.download 108 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 91 s’entourant de collaborateurs de différentes disciplines, elle crée des pièces qui sont à la fois des concerts, du théâtre, des *performances de rue, et intègrent souvent des danseurs non professionnels. Dans les années 1990, elle inaugure à l’espace Dixon, à New York, des performances mensuelles nommées Brand New Dance, où elle invite divers chorégraphes à créer des pièces expérimentales. Elle se produit dans des festivals internationaux et des biennales d’art contemporain, et crée des pièces pour d’autres compagnies, dont Charleroi-Dance en Belgique. GV CICERI Pierre (1782-1868). Décorateur de théâtre français. Il entre à l’Opéra de *Paris en 1804 et l’année suivante, il est appointé comme peintre de paysage. Il travaille sous la direction de Degotti et de J.-B. Isabey , puis il est nommé peintre en chef (1816). Avec Daguerre (1820-1822), il utilise les nouvelles ressources de l’éclairage au gaz. L’arrivée du Dr *Véron, en 1831, lui permet de réaliser ses plus beaux décors : le fameux cloître de *Robert le Diable (1831) et la forêt de la *Sylphide (1832), dont la poésie s’accordait à la grâce de M. *Taglioni, sont salués comme les chefs-d’oeuvre de l’école romantique. Pourtant, sous la monarchie de Juillet, Ciceri est progressivement évincé au profit de ses élèves, et seuls lui sont confiés les paysages dans lesquels il montre une originalité unanimement reconnue. Ainsi, Th. *Gautier exprime toute son admiration pour le second décor de *Giselle (1841) avec un lever de soleil « d’une vérité prestigieuse » et des effets nouveaux comme le vol transversal ou des disparitions subites. Ciceri quitte l’Opéra en 1848, après avoir réalisé son dernier décor pour Nisida (? *Mabille). NW CIEPLINSKI Jan (1900-1972). Danseur, chorégraphe et pédagogue polonais. Formé à l’École du Grand Théâtre de *Varsovie, où il est danseur de 1917 à 1921, il se produit ensuite avec la compagnie A. *Pavlova avant de fonder sa propre troupe (1922-1925). Après deux années au sein des *Ballets Russes, il devient directeur du *Ballet royal suédois (1927-1931) puis du Ballet du Théâtre national de *Budapest (1931-1934). Il travaille ensuite comme chorégraphe au *Teatro Colón ainsi que pour le Ballet polonais (1938-1939), compagnie dépendant du ministère des Affaires étrangères polonais. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il continue à chorégraphier à Varsovie, ce qui lui vaut d’être condamné par le gouvernement polonais, ainsi qu’à Budapest. En 1948, il s’installe à Londres où il ouvre une école et chorégraphie pour diverses compagnies, puis se fixe à New York en 1959, continuant à enseigner tout en donnant des conférences. En rupture avec le style classique traditionnel, il crée des oeuvres très personnelles, débordantes d’imagination, souvent à partir de partitions de compositeurs polonais tels Moniuszko, Moszkowski et surtout Szymanowski. PLM BIBLIOGRAPHIE. J Cieplinski, Outline of Polish Ballet History, Londres, 1956. CINCINNATI BALLET COMPANY. Compagnie américaine basée à Cincinnati (Ohio), fondée en 1962. En tant que compagnie régionale non professionnelle, elle partage à ses débuts ses interprètes et ses représentations avec le New Orleans Ballet. Intimement liée à l’École de danse du Conservatoire de musique de l’université de Cincinnati, où enseignent notamment A. *Markova, J. *Truitte, Phyllis Manchester et Oleg Sabline, elle devient professionnelle en 1971. Placée sous la direction artistique de David McLain, elle se constitue un répertoire d’oeuvres de son directeur ainsi que de Sabline, Truitte, Roman Jasinski. En 1984, F. *Franklin succède à McLain, suivi d’Iván Nagy à partir de 1986. MK CINTOLESI Ottavio (né en 1924). Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie chilien. Il étudie au conservatoire de l’université du Chili avec E. *Uthoff, K. *Jooss, Elena Poliakova et Vadim Sulima. En 1946, il rejoint le *Ballet national chilien dont il devient premier danseur en 1948 puis maître de ballet en 1950. Après avoir occupé le même poste dans la compagnie J. *Charrat (1955-1956), il fonde en 1959 le Ballet municipal de *Santiago qu’il dirige jusqu’en 1966 puis à nouveau de 1979 à 1982. Entre temps il travaille en Europe, notamment avec le *BTC et comme directeur du Ballet municipal de Bonn (1973-1979). Auteur de nombreuses chorégraphies, il est aussi un pédagogue confirmé et enseigne aussi bien au Chili qu’aux États-Unis ou en France. PLM CIRUL Mila (1901-1977). Danseuse, chorégraphe et pédagogue lettone. Elle se forme à Moscou avec E. *Tels, dans le sillon isadorien, et suit sa troupe à Vienne en 1919. Danseuse exaltée et théâtrale, elle multiplie les rôles de soliste à la fin des années 1920 (Op. de Berlin, groupe *Wallmann) et présente avec succès ses créations (Salomé au théâtre des Champs-Élysées). L’école qu’elle ouvre à Paris en 1932 séduit tant les modernes que les classiques. LGui CITO Marion. Danseuse et costumière allemande. Elle rejoint le Tanztheater de *Wuppertal comme interprète, participant en 1977 aux créations de *Blaubart, Komm, tanz mit mir et Renate wandert aus, et danse pour G. *Bohner notamment dans sa version de Café Muller (1978). À partir de 1980, elle conçoit, cherche et réalise les costumes des pièces de P. *Bausch. M. Cito porte à une conscience aigüe l’idée chère à la chorégraphe que si « les vêtements meurent «, le tissu de la vie qui est la trame de ses oeuvres ne peut se déchirer. Assumant ce travail de deuil et de résurrection, elle constitue une inépuisable garde-robe qui permet d’attribuer, de faire passer dans le temps et circuler entre les corps, des robes et costumes, pardessus et sous-vêtements, apprêtés ou défraichis, que les corps, à tout moment, peuvent désirer impérativement, capricieusement, organiquement. Il s’agit de répondre à l’impulsive et urgente découpe d’un temps où chaque personnage, pour se définir, doit disposer du vêtement qui lui revient afin qu’une sensation ne meurre pas parce que privée d’étoffe et donc de temps ; une nécessité justement perçue par Christian Lacroix lorsqu’il dit, évoquant l’oeuvre de P. Bausch : « Je crois que, si j’étais danseur, c’est dans un costume qui a vécu que j’aimerais danser... «. DD CIVIC BALLET. Voir Regional Ballet. MK CLARKE Martha (née en 1944). Danseuse et chorégraphe américaine. Formée à l’école de M. *Graham, et auprès d’A. *Sokolow, dont elle fait une sorte de modèle, elle fréquente aussi l’*American Dance Festival où elle rencontre J. *Limón et A. *Ailey. Membre du *Pilobolus Dance Theater (1973-1978), elle y compose de nombreux solos et participe aux oeuvres collectives. En 1977 elle rencontre F. * Blaska et fonde avec lui et R. *Barnett le *Crowsnest Trio en 1978. Ses chorégraphies sont empreintes d’une grande théâtralité où l’utilisation du costume est primordiale. Qualifiant sa danse d’ « art du mouvement imaginaire », passionnée par les arts plastiques, elle s’inspire notamment des peintures de Jérôme Bosch pour The Garden of Earthly Delights (1984) ou de celles d’Egon Schiele et de Gustav Klimt pour Vienna Lusthaus (1986). GV downloadModeText.vue.download 109 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 92 AUTRES CHORÉGRAPHIES. 10 Haikus (1979) ; Fallen Angel (1979) ;Garden of Villandry (1979, repr. 1988, *ABT) ; It Means a Thing (1981) ; Miracolo d’Amore (1988). CLAUSS Heinz (né en 1935). Danseur et pédagogue allemand. Il se forme à Stuttgart avec Hans von Kousserov et Robert Mayer, puis à Paris auprès de N. *Kiss. Élève au Ballet de *Stuttgart (1951-1957), puis danseur jusqu’en 1959 à l’Opéra de *Zurich, où il interprète surtout des rôles classiques, il rejoint comme soliste l’Opéra de *Hambourg (1959-1967), où il travaille le répertoire *Balanchine, grâce auquel il acquerra une renommée internationale, en particulier dans le rôle-titre d’*Apollon Musagète. À partir de 1967, il danse à nouveau au Ballet de Stuttgart, interprétant notamment Roméo dans le *Roméo et Juliette de J. *Cranko et créant celui de la nouvelle version d’*Onéguine (1967), ainsi que des rôles importants dans d’autres ballets de Cranko (Présence, 1968 ; Der Widerspenstigen Zähmung [la Mégère apprivoisée], 1969 ; *Poème de l’extase, 1970 ; Brouillards, 1970) ou de K. *MacMillan (Die Sphinx, 1968 ; Fräulein Julie, 1970). Il dirige ensuite l’École de ballet John Cranko de Stuttgart (1976-1990). Sa brillante technique classique et sa constante réflexion sur les enjeux du mouvement le conduisent à des interprétations épurées et pénétrantes qui le classent au rang des plus grands interprètes de Balanchine. TW CLAVÉ Antoni (né en 1913). Peintre, illustrateur et scénographe espagnol. Il s’initie au dessin à Barcelone. En 1939, à la suite de la guerre d’Espagne, il se réfugie à Paris. C. *Bérard, découvrant ses illustrations, l’introduit aux *Ballets des Champs-Élysées, où il réalise les décors et costumes de Los Caprichos (1946, Ana Nevada), Revanche (1951, R. *Page) et signe pour R. *Petit ceux de *Carmen (1949) puis de Ballabile (1950), où il crée un espace scénique finement hachuré : échelles comme suspendues aux ténèbres, fenêtres mi-closes, toile zébrée qui se déploie comme une parure de baldaquin. Il retrouve Petit sur le film Hans Christian Andersen (1952, réal. Charles Vidor), puis pour les ballets Deuil en 24 heures (1953) et la Peur (1956), concevant pour ce dernier ballet un rideau qui, par ses enchevêtrements, révèle la relation de violence toujours latente entre le mouvement et l’espace. Scénographe de la complexité, il tend vers une épure magnifiée par des rouges et noirs soutenus de blancs. CD, PLM CLERC Florence (née en 1951). Danseuse et pédagogue française. Formée à l’École de danse de l’Opéra de *Paris, elle entre dans le ballet en 1967. Promue première danseuse en 1975, elle se voit confier les « classiques » sollicitant sa technique (la *Belle au bois dormant, la *Vivandière, *Conservatoire), ainsi que ceux demandant une personnalité lyrique (*Boléro de M. *Béjart, *Ivan le Terrible d’Y. *Grigorovitch). En 1976, elle est invitée par M. *Barychnikov à l’*ABT pour être la Clara de son **CasseNoisette. Nommée étoile en 1978 dans *Giselle, elle danse G. *Balanchine, Béjart, R. *Petit, mais aussi P. *Taylor (*Auréole), D. *Dunn (*Pulcinella), et crée Manfred (1979) de R. *Noureev, dont elle sera souvent l’interprète (*Don Quichotte, *Raymonda), au côté de son partenaire et mari C. *Jude. Depuis 1996, elle est professeur à l’Opéra, et transmet ses rôles aux jeunes solistes. JLB CLERICI Fabrizio (1913-1993). Peintre et décorateur italien. Diplômé d’architecture, il manifeste très tôt une conception de l’espace subtilement théâtrale dans son oeuvre de peintre. Il débute comme décorateur de théâtre en 1947, mais c’est par A. von *Milloss qu’il atteint la renommée dès 1948 : il collabore avec lui pour deux opéras et sept ballets dont *Orpheus (1948), *Armida (1950), Estro barbarico (1963), Salade (1963), Dedalo (1972), auxquels il apporte sa poétique d’« archéologue du rêve » dont les paysages fragmentés atteignent au surréel. PV CLERICI Milly Wanda (1926-1990). Danseuse et pédagogue ita- lienne. Diplômée de l’École de la *Scala en 1943, nommée prima ballerina, elle danse dans les ballets d’ A. von *Milloss dont Visioni (1943) et ses versions de *Petrouchka et *Coppélia, ainsi que dans la *Valse (1948, chor. S. *Lifar). En 1950, elle rejoint le *Teatro San Carlo de Naples comme prima ballerina y travaillant par la suite comme enseignante. ATes CLERICO Francesco (v. 1755-apr. 1838). Danseur, chorégraphe et compositeur italien. Il est interprète dans la reprise par C. *Lepicq (1773, Milan) du Jason et *Médée de J.-G. *Noverre. Chorégraphe prolifique, compositeur des musiques de ses ballets, il travaille dans les principaux théâtres italiens de 1776 (Diane et Endymion, Gênes) à 1830 (le Barde de Scandinavie, *Scala), ainsi qu’à Vienne entre 1798 et 1800. Comptant parmi les principaux représentants du retour au classicisme qui marque son époque, il présente en 1800 la Mort de *Cléopâtre au Hofoper de *Vienne puis à la Scala (1801). Composant avec autant d’aisance des ballets tragiques que comiques, il sait mettre à profit les talents de son frère Gaetano et de sa soeur Rosa (qui épousera le chorégraphe Lorenzo Panzieri). Bien que les chorégraphes de la génération suivante, surtout S. *Viganò, éclipsent sa renommée, il continue à signer des ballets jusque dans les années 1820 comme la Mort d’Hector (1821, Scala) et Adelaïde Duguesclin (1822, *Fenice). CC CLEVELAND-SAN JOSE BALLET. Compagnie américaine fondée en 1976. Lancée en 1976 à Cleveland (Ohio) par deux danseurs de l’*ABT, Ian Horvath et Dennis Nahat, la compagnie se veut « de formation classique, de style contemporain et de nature éclectique ». Son répertoire est basé sur les chorégraphies de Nahat, notamment ses reprises des grands ballets dramatiques. Au départ de Horvath, en 1986, Nahat devient directeur artistique. La même année, la compagnie est réunie avec le San Jose Ballet dans un même lieu. En 1993, les compagnies de Cleveland-San Jose et d’Atlanta joignent leurs forces pour présenter le Lac des cygnes. MK CLIFFORD John (né en 1947). Danseur et chorégraphe américain. Adolescent, il se produit à la télévision dans sa ville natale, Hollywood, puis il intègre le *NYCB en 1967 après deux étés à la *School of American Ballet. Il crée de nombreux rôles, mais il est surtout réputé pour ses attaques enflammées dans Rubies, la seconde partie de *Jewels, Harlequinade (G. *Balanchine) et *Dances at a Gathering (J. *Robbins). Il chorégraphie huit ballets pour la compagnie pendant les sept années qu’il y passe, dont on retient surtout Fantasies (1969, mus. *Vaughan Williams). Il devient en 1974 directeur artistique et chorégraphe attitré du Los Angeles Ballet, pour lequel il crée un grand nombre de ballets populaires, dont In a Goddadavida. À la dissolution de cette compagnie, il se consacre à des reprises d’oeuvres de Balanchine à travers le monde. MK CLUSTINE Ivan (1862-1941). Danseur, chorégraphe et maître de ballet russe. Formé à l’École de danse de Moscou, il entre au *Bolchoï en 1878. Il est premier danseur en 1886, puis maître de ballet en 1898. Il émigre en 1903, ouvre une école à Paris, et devient maître de ballet à l’Opéra (1909-1914) où il crée plusieurs chodownloadModeText.vue.download 110 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 93 régraphies : la Rousalka (1911), les Bacchantes (1912), *Suite de danses (1913), et en 1914 Philotis danseuse de Corinthe et Hansli le Bossu. De 1914 à 1931, maître de ballet de la compagnie A. *Pavlova, il compose pour elle de nombreuses chorégraphies, parmi les préférées de la danseuse : The Fairy Doll, Amaryllis, Snowflakes, Dionysos, la Nuit de Walpurgis, Visions, la Momie égyptienne, les Fresques d’Ajanta. À l’Opéra, où son arrivée (1909) coïncide avec le départ du directeur, Pedro Gailhard, qui a laissé le ballet dans un état désastreux, il est l’artisan du relèvement. Il rétablit la discipline de travail, supprime l’usage du *travesti, et améliore la condition des danseurs masculins. La grève sans précédent du corps de ballet (1912) est brisée, mais est suivie d’une revalorisation notable des salaires. Clustine remplace aussi le traditionnel *tutu par des costumes adaptés aux sujets des ballets. Comme chorégraphe, il n’est pas révolutionnaire, mais, formé en Russie et ouvert aux innovations gestuelles des *Ballets Russes, il introduit des mouvements qui insufflent un peu de nouveauté à l’Opéra. Chez Pavlova, il fait peu de créations, reprenant plutôt des fragments de ballets antérieurs ou des sujets déjà traités, pour lesquels il compose de nouvelles chorégraphies dans des styles très variés, le plus souvent sur des musiques de ballet russes. MFB, GP COCTEAU Jean (1889-1963). Écrivain, librettiste, décorateur et dessinateur français. Fasciné dès 1909 par les *Ballets Russes, dont il devient un fervent admirateur, il décrit et dessine avec une verve éblouissante les métamorphoses de V. *Nijinski, auquel il dédie l’affiche célèbre du *Spectre de la rose (1911) et le livret exotique du *Dieu bleu (1912). S. de *Diaghilev, qui pressent en son fidèle « Jeanchik » l’étincelle prometteuse de nouveaux feux d’artifice, lui lance en 1912 son célèbre : « Étonne-moi ! » En réponse, cinq ans après, il suscite avec P. *Picasso, É. *Satie et L. *Massine le scandale de *Parade, imaginant de transporter pour la première fois « des gestes réels jusque dans la danse ». Il poursuit sa révolution esthétique avec les clowns Fratellini dans la farce burlesque le Boeuf sur le toit (1920), puis aux *Ballets suédois, en collaboration étroite avec J. *Börlin et le groupe des Six pour les *Mariés de la tour Eiffel (1921), première oeuvre, écrit-il, où en réhabilitant le lieu commun il ne doive rien à personne. Désormais, il s’efforce d’introduire le monde moderne dans le ballet et, inspiré par les acrobaties d’A. *Dolin sur la plage de Monte-Carlo, imagine pour Diaghilev le *Train bleu (1924), opérette dansée de D. *Milhaud. La même année, aux Soirées de Paris du comte de *Beaumont, il présente une mise en scène chorégraphique de *Roméo et Juliette, dont A. *Levinson goûte les trouvailles plastiques et dynamiques. Séduit en 1942 par les débuts de J. *Charrat et R. *Petit, en étroite collaboration avec ce dernier et J. *Babilée, il conçoit son chef-d’oeuvre, le *Jeune Homme et la Mort (1946). Il fait un retour éclatant à la tragédie antique avec *Phèdre (1950) dont il conçoit découpage, décor et costumes, S. *Lifar réglant la chorégraphie, comme celle de son Bel Indifférent (1957), puis élabore avec H. *Rosen la médiévale Dame à la licorne (1953, Munich ; rep. 1959, Op. de *Paris). Son dernier livret-poème, le Fils de l’air, est créé par les élèves de *Mudra en 1972. Avide de découvrir sans cesse personnalités et courants esthétiques nouveaux, Cocteau met ses dons multiples au service du spectacle. Prince du verbe, pour traverser le miroir d’Orphée, il a besoin de la danse, « langage international dans lequel chacun s’exprime avec la singularité de son style », et donne « la traduction directe d’une poésie que les termes trahissent ». MFC BIBLIOGRAPHIE. E. Aschengreen, Jean Cocteau and the Dance, Gyldendal, Copenhague, 1986. COCTEAU Jean (1889-1963). Écrivain, librettiste, décorateur et dessinateur français. Fasciné dès 1909 par les *Ballets Russes, dont il devient un fervent admirateur, il décrit et dessine avec une verve éblouissante les métamorphoses de V. *Nijinski, auquel il dédie l’affiche célèbre du *Spectre de la rose (1911) et le livret exotique du *Dieu bleu (1912). S. de *Diaghilev, qui pressent en son fidèle « Jeanchik » l’étincelle prometteuse de nouveaux feux d’artifice, lui lance en 1912 son célèbre : « Étonne-moi ! » En réponse, cinq ans après, il suscite avec P. *Picasso, É. *Satie et L. *Massine le scandale de *Parade, imaginant de transporter pour la première fois « des gestes réels jusque dans la danse ». Il poursuit sa révolution esthétique avec les clowns Fratellini dans la farce burlesque le Boeuf sur le toit (1920), puis aux *Ballets suédois, en collaboration étroite avec J. *Börlin et le groupe des Six pour les *Mariés de la tour Eiffel (1921), première oeuvre, écrit-il, où en réhabilitant le lieu commun il ne doive rien à personne. Désormais, il s’efforce d’introduire le monde moderne dans le ballet et, inspiré par les acrobaties d’A. *Dolin sur la plage de Monte-Carlo, imagine pour Diaghilev le *Train bleu (1924), opérette dansée de D. *Milhaud. La même année, aux Soirées de Paris du comte de *Beaumont, il présente une mise en scène chorégraphique de *Roméo et Juliette, dont A. *Levinson goûte les trouvailles plastiques et dynamiques. Séduit en 1942 par les débuts de J. *Charrat et R. *Petit, en étroite collaboration avec ce dernier et J. *Babilée, il conçoit son chef-d’oeuvre, le *Jeune Homme et la Mort (1946). Il fait un retour éclatant à la tragédie antique avec *Phèdre (1950) dont il conçoit découpage, décor et costumes, S. *Lifar réglant la chorégraphie, comme celle de son Bel Indifférent (1957), puis élabore avec H. *Rosen la médiévale Dame à la licorne (1953, Munich ; rep. 1959, Op. de *Paris). Son dernier livret-poème, le Fils de l’air, est créé par les élèves de *Mudra en 1972. Avide de découvrir sans cesse personnalités et courants esthétiques nouveaux, Cocteau met ses dons multiples au service du spectacle. Prince du verbe, pour traverser le miroir d’Orphée, il a besoin de la danse, « langage international dans lequel chacun s’exprime avec la singularité de son style », et donne « la traduction directe d’une poésie que les termes trahissent ». MFC BIBLIOGRAPHIE. E. Aschengreen, Jean Cocteau and the Dance, Gyldendal, Copenhague, 1986. COHAN George Michael (1878-1942). Danseur, acteur, metteur en scène, auteur et producteur américain. Né dans une famille d’artistes, il se produit avec ses parents jusqu’à son adolescence dans la grande tradition des *vaudevilles alors en plein essor et il acquiert un sens inhabituel du spectacle. Ambitieux, agressif, mordant, il va, pendant trente ans, danser, jouer, mettre en scène, produire, écrire ses spectacles musicaux, dont Little Johnny Jones (1904), Forty Five Minutes from Broadway (1906) et diriger ses propres théâtres. Il paraît également dans quelques films muets : The Phantom President (1923) ou Broadway Jones (1926), seuls témoins de son style de danse, une sorte de *buck and wing excentrique. De 1901 à 1919, avec sa soeur Josephine, il présente des danses de *société pimentées de *pas excentriques. James Cagney, incarnant son personnage au cinéma dans Yankee Doodle Dandee (1942, WB), reprend peut-être un style similaire (*claquettes athlétiques et rapides avec des pauses et *strut impudent, buste penché en avant, jambes tendues). Personnalité explosive et égocentrique, doté d’une assurance exubérante, chauvin, énergique, pensant et planifiant à grande échelle, il est représentatif du début du XXe s. américain. Surnommé « l’homme qui possédait Broadway «, il est considéré comme l’un des hommes de spectacle dominants de sa génération, sachant utiliser toutes les ficelles du métier pour subjuguer le public. ESe downloadModeText.vue.download 111 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 94 COHAN Robert (né en 1925). Danseur et chorégraphe américain. Né à New York, il se destine à la recherche en sciences naturelles. La deuxième guerre mondiale interrompt son parcours. En permission en Angleterre, il assiste à une représentation de *Miracle in the Gorbals de R. *Helpmann et décide de changer de carrière. De retour aux États-Unis, il suit les cours de M. *Graham. Quatre mois après, il entre dans la compagnie et devient son partenaire. De 1957 à 1962, il tente de travailler seul, enseigne, chorégraphie et fonde, sa propre compagnie. De retour dans la compagnie de M. Graham en 1966, il en devient le codirecteur. En 1967, Robin Howard, qui admire la danse grahamienne, lui propose la direction artistique du *London Contemporary Dance Trust qu’il vient de fonder. Arrivé en Angleterre, il forme immédiatement une compagnie, le *London Contemporary Dance Theatre avec les élèves de la nouvelle école qui lui est associée et développe un répertoire contemporain ainsi qu’un public. Ses chorégraphies, comme sa pédagogie, sont fortement influencées par la technique grahamienne qu’il agrémente d’un complément de danse *jazz. Son travail, moins émotionnel que celui de Graham, soulève souvent des questions sociales ou politiques comme Cell 1969, étude philosophique sur la perte de l’identité. Durant sa carrière, il sera le guide de toute une génération de chorégraphes dont R. *Alston, S. *Davies et R. *North. Il contribue à libérer la danse anglaise des traditions du classique en la portant à développer sa propre modernité. OD AUTRES CHORÉGRAPHIES. Perchance To Dream (1954) ; Streams (1971) ; People Alone (1972) ; Class (1975) ; Stabat Mater (1975) ; Ice (1978) ; Field (1980) ; Agora (1984) ; Video Life (1986) ; Crescendo (1989) ; A Midsummer Night’s Dream (1993) ; Four Seasons (1995) ; Pandora Liberante (1997). COHEN Frederic, C. FRITZ Alexander, dit (1904-1967). Compositeur et chef d’orchestre allemand. Il commence sa carrière comme metteur en scène d’opéra et chef d’orchestre au théâtre municipal de Münster (1924-1927) où il rencontre K. *Jooss et compose les premières musiques de ballet de la Neue Tanzbühne. De 1932 à 1942, il est directeur musical, premier pianiste et codirecteur artistique des Ballets Jooss, avec lesquels il quitte l’Allemagne en 1933. Après la dissolution de la compagnie, il s’installe aux États-Unis où il travaille comme metteur en scène pour des festivals et des théâtres d’été. En 1946, il rejoint la *Juilliard School et y fonde l’Opera Studio qu’il dirige jusqu’en 1963. Il est l’auteur de nombreux ballets pour Jooss, dont Tragedie (1926), Illusions (1930), la *Table verte (1932), le *Fils prodigue (1933), *A Spring Tale (1939) et d’arrangements, notamment pour *Bal dans le vieux Vienne (1932). PS COHEN Selma Jeanne (née en 1920). Critique et historienne de la danse américaine. Née à Chigago, elle suit un cursus à l’université de Chicago et étudie la danse avec M. *Graham, H. *Holm et J. *Limón. Elle enseigne l’histoire de la danse et l’esthétique dans de nombreuses universités et écoles sur tout le territoire américain. Esprit brillant et encyclopédique, auteur de nombreux articles dans des publications américaines ou européennes, elle a dirigé la publication de plusieurs ouvrages fondamentaux sur la *modern dance américaine, dont The Modern Dance : Seven Statements of Belief (Wesleyan Univ. Press, 1965), Next Week, Swan Lake (Wesleyan Univ. Press, 1982), ainsi que celle de l’International Encyclopedia of Dance (Oxford Univ. Press, 1998). Elle a également complété et publié l’autobiographie de D. *Humphrey (Doris Humphrey : An artist First, Wesleyan, 1972). GV COLE Jack, RICHTER John Ewing, dit (1911-1974). Danseur, chorégraphe et pédagogue américain. Il fait son apprentissage et ses débuts professionnels au sein du *Denishawn en 1930, puis avec le groupe masculin de T. *Shawn, qu’il va quitter pour le *Humphrey Weidman Dance Group. C’est dans leur chorégraphie de School for Husbands qu’il débute à *Broadway en 1933. Il continue de perfectionner sa technique classique avec Luigi Albertieri et étudie les danses *ethniques avec *La Meri et U. *Shankar. En 1934 commence pour lui une carrière commerciale qu’il poursuivra toute sa vie entre night-clubs huppés, Broadway et Hollywood. Après avoir formé sa première compagnie, en 1936, il ne cessera de réunir d’excellents danseurs qui interpréteront son style unique dans les théâtres et les night-clubs de tout le pays. De Caviar (1934) à Mata Hari (1967), Jack Cole chorégraphie et met en scène plus d’une douzaine de spectacles pour le théâtre musical, dont Magdalena (1948), pour lequel il reçoit le Dance Magazine Award. Ses succès de Broadway l’amènent à Hollywood en 1941. Il y travaille pour de nombreuses firmes, mais son nom reste associé à celui de la *Columbia, où, de 1944 à 1948, il dirige le fameux Dance Workshop, pépinière de jeunes et talentueux danseurs aguerris à toutes les techniques, tels R. *Alexander, C. *Haney, M. *Mattox, G. *Verdon. À partir de 1939, il apparaît régulièrement avec son groupe dans des émissions de variétés télévisées. Après sa mort, de nombreux hommages lui seront rendus. J. Cole a créé son style légendaire par l’association de danses *ethniques et d’accompagnement musical jazz, théâtralisés au moyen d’effets spectaculaires ; à Broadway ou à Hollywood, son travail apporte des changements radicaux à la danse des années 1940 et 1950. Il forme toute une génération de danseurs dans le style « ballet jazz de Broadway «, acrobatique et angulaire, caractérisé par un grand sens de la dynamique, des changements d’énergie, de directions et de niveaux aussi rapides qu’inattendus, en réaction contre le style classique alors en faveur. Insistant beaucoup sur l’origine intérieure du mouvement (sensations et émotions), il fonde son travail sur l’extrême précision et la clarté du mouvement et accorde une place importante à l’*isolation et à la dissociation de chaque partie du corps. Au cinéma, il s’oppose à l’utilisation décorative de la danse et insiste pour l’intégrer à l’action, parallèlement au travail mené à Broadway par A. *De Mille avec *Oklahoma !. Il aide à rehausser l’image de certaines stars, telles R. Hayworth, B. *Grable, et façonne le personnage de Marilyn Monroe avec Gentlemen Prefer Blondes (1953, 20 th. Cent. *Fox) ou Some Like It Hot (1959, *Paramount). Il conçoit le mouvement comme le véhicule de la totalité de l’être et demande à ses danseurs d’utiliser leur bassin, d’engager leur libido - intransigeance qui se heurte fréquemment à la censure de l’époque. Par ailleurs, il prône la simplicité des décors comme des accessoires, et utilise beaucoup la fragmentation chorégraphique en se servant de petits groupes plutôt que de grandes compagnies. Perfectionniste, reconnu comme un chorégraphe sérieux par les critiques, surnommé le « rebelle « ou « l’innovateur «, il est aussi considéré comme le « père du modern *jazz «. On lui attribue une influence sur tous les chorégraphes qui lui ont succédé. ESe AUTRES CHORÉGRAPHIES POUR LE THÉÂTRE MUSICAL. Keep Them Laughin’ (1942) ; Ziegfeld Follies (1943) ; Allah Be Praised (1944) ; Alive and Kicking (1950) ; Kismet (1953) ; Candide (1956) ; Jamaica (1957) ; Donnybrook (1961, chor. et m. en sc.) ; Kean (1961, chor. et m. en sc.) ; Zenda (1963) ; Foxy (1965) ; Man of La Mancha (1965).Chorégraphies pour le cinéma. Moon Over Miami (1941, cochor. *Pan, 20th Cent. Fox) ; Cover Girl (1944, cochor. *Kelly, *Donen, F. Seymour, Columbia) ; Gilda (1946, Columbia) ; Tars and Spars (1946, Columbia) ; The Thrill of Brazil (1946, Columbia) ; Meet Me After the Show (1951, Fox) ; On the Riviera (1951, Fox) ; Lydia Bailey (1952, Fox) ; downloadModeText.vue.download 112 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 95 Kismet (1955, MGM) ; Three for the Show (1955, Columbia) ; les Girls (1957, MGM) ; Let’s Make Love (1960, 20th Cent. Fox). BIBLIOGRAPHIE. G. Loney, Unsung Genius, Franklin Watts, 1984. COLIN Paul (1892-1985). Peintre, décorateur et affichiste français. Il participe, dans les années 1925-1930, à la création de l’affiche moderne, défendant un style pictural qui privilégie le travail de la couleur sur celui du graphisme. Sa première affiche, en 1925, pour les *Ballets suédois, au théâtre des Champs-Élysées, remporte un tel succès que, la même année, il se voit commander le décor de la *Revue nègre, spectacle qui révèle J. *Baker. Il réalise ensuite de nombreuses affiches de danse ainsi que des scénographies pour S. *Lifar (l’Orchestre en liberté, 1931 ; Prélude dominical, 1931 ; le Cantique des cantiques, 1938) à l’Opéra de *Paris, J.-J. *Etchevery (Casse-Noisette, 1947) à l’Opéra-Comique, et pour les Ballets J. *Börlin (Sculpture nègre, 1929). VR COLKER Debora. Danseuse et chorégraphe brésilienne. Elle commence sa carrière de danseuse en 1979 avec le groupe Coringa et mène une carrière internationale. En tant que chorégraphe, elle travaille pour le théâtre (notamment avec Werner Herzog pour A Midsummer Night’s Dream ou Antonio Abrujamra), la télévision (elle est notamment chercheur en gestuelle à TV Globo pour l’émission TV Colosso), tourne des vidéoclips et participe à plusieurs spectacles de rock. Depuis 1987, elle est chargée des chorégraphies acrobatiques du cirque l’Intrepida Trupe. Elle fonde sa propre compagnie en 1995. Son travail est considéré comme révélateur de la danse contemporaine de Rio. OMB COLLIER Lesley (née en 1947). Danseuse et pédagogue britannique. Après la *Royal Ballet School, elle intègre, en 1965, le *Royal Ballet, où elle interprète les rôles principaux du répertoire, d’A. *Bournonville à D. *Bintley, à l’exception, curieusement, de N. de *Valois, dont le style élégant et sobre lui aurait pourtant convenu idéalement. Sa seule création majeure encore inscrite au répertoire est Rhapsody (1980) de F. *Ashton, qu’elle interprète avec M. *Baryshnikov. Extrêmement douée dans tous les styles, elle reste dans beaucoup de mémoires comme le dernier avatar du style poétique de M. *Fonteyn. Elle quitte la scène en 1995 et enseigne depuis à la Royal Ballet School. JS, LK COLLIN Darja (1902-1967). Danseuse, pédagogue et directrice de compagnie néerlandaise. Elle étudie avec G. *Leistikov, O. *Preobrajenska, M. *Wigman et B. *Trümpy. Dans les années 1930, elle se produit régulièrement en récital, occasionnellement avec A. von *Swaine comme partenaire. Ses nombreuses tournées font d’elle une des premières danseuses néerlandaises à atteindre une notoriété internationale. Elle travaille également avec K. *Jooss lors de son passage aux Pays-Bas après le succès remporté par la *Table Verte à Paris en 1932. Comme Jooss, elle s’emploie à réduire la fracture qui existe alors entre danse moderne et ballet classique ; elle contribue à introduire ce dernier dans le pays, au moyen des écoles qu’elle ouvre à Amsterdam et La Haye ou par l’activité de sa propre compagnie, puis par son rôle à la tête du Ballet de l’Opéra des *Pays-Bas qu’elle fonde à Amsterdam en 1947. Remplacée à ce poste par F. *Adret en 1951, elle s’installe ensuite à Florence où elle ouvre une école. PLM COLLINS Janet (né en 1917). Danseuse et chorégraphe américaine. Née à La Nouvelle-Orléans, elle grandit à Los Angeles et commence sa carrière dans le *vaudeville, puis intègre la première compagnie de K. *Dunham. Après s’être produite avec L. *Horton, elle s’installe à New York en 1948, où elle obtient une bourse de la Fondation Rosenwald pour présenter ses propres chorégraphies dans une tournée à travers les États-Unis. Pour ses débuts new-yorkais en 1949, elle présente un solo dramatique en trois parties, Spirituals (1949) ; sa personnalité frappante et un mélange éclectique de danse moderne et classique déclenchent des réactions enthousiastes. Elle obtient une Donaldson Award pour son interprétation de Out of This World (1951) de C. *Porter. Elle est l’une des premières interprètes afro-américaines intégrées dans une compagnie de ballet, et devient célèbre en tant que prima ballerina du *Metropolitan Opera Ballet de 1951 à 1954, se produisant dans Aida (1951), La Gioconda (1952), et Samson et Dalila (1953). TDF AUTRES CHORÉGRAPHIES. Canticle of the Elements (1974). COLOGNE (Académie internationale de danse d’été / Concours chorégraphique de). Dans la continuité des Congrès de la danse de 1927 à 1930, la ville de Krefeld accueille, en 1955, des rencontres qui aboutissent, en 1957, à la première Sommerakademie, sous la direction de Heinz Laurenzen. Délogée de Krefeld, l’Académie d’été est accueillie par Cologne dès 1961 (à cette époque, Berlin, coupée en deux par le mur, cède aux grandes villes de l’Ouest allemand sa place de capitale de l’art dans certains domaines). R. *Chladek, D. *Hoyer et tous les danseurs de la *modern dance américaine viennent y enseigner. Elle s’ouvre à des expériences multiples : *improvisations, *performances, rencontres dans tous les styles de danse, et participe intensément au développement de la danse en Allemagne. En 1968, l’Académie d’été instaure un concours chorégraphique où se distinguent des jeunes créateurs tels P. *Bausch et G. *Bohner. Avec le prix Folkwang attribué à *Essen, ce concours sera, pendant deux décennies, le seul moyen pour les chorégraphes indépendants d’intégrer le circuit professionnel. MIB BIBLIOGRAPHIE. K. Peters, 25 Jahren Internationale Sommerakademie Köln, 1981. COLOMBO Vera (née en 1931). Danseuse italienne. Diplômée de l’École de la *Scala en 1952, elle est nommée prima ballerina en 1954 puis étoile en 1955. Elle se distingue dans les ballets de G. *Balanchine (Ballet impérial) et se fait aussi apprécier comme interprète de *caractère dans le *Sacre du printemps de L. *Massine en 1961 et dans *Graduation Ball de D. *Lichine ainsi que dans des ballets de R. *Petit et A. von*Milloss. Dans les années 1970, elle se produit avec de nombreuses compagnies. ATes COLUMBIA. Firme cinématographique américaine créée en 1924. Elle se développe dans les années 1930 sans jamais donner une place importante à la *comédie musicale. C’est pourtant là qu’au cours des années 1940, on verra G. *Kelly danser avec R. *Hayworth dans Cover Girl (1944) et F. *Astaire évoluer, après la *RKO et avant la *MGM, dans You’ll Never Get Rich [L’amour vient en dansant] (1941, chor. R. *Alton) et You Were Never Lovelier [Ô toi ma charmante](1942, chor. Raset). Mais ces expériences ne pousseront pas pour autant la firme d’Harry Cohn à poursuivre dans cette voie. Restent quelques brillantes réussites éparses : My Sister Eileen (1955) de Richard Quine, *Pal Joey (1957) et Bye Bye Birdie (1963, chor. O. *White) deux films de G. *Sidney ainsi que Funny Girl (1968, chor. H. *Ross), puis Funny Lady (1975, chor. Ross) avec Barbra Streisand. La Columbia produira aussi par la suite *All That Jazz (1979) et *A Chorus Line (1985). PBr downloadModeText.vue.download 113 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 96 COMARESI Santino (fin XVI e s.-déb. XVII e s.). Danseur et maître à danser italien. Créateur de ballets, il travaille à Florence, et exerce son art à la cour grand-ducale des Médicis, où il vit comme familier et pédagogue de 1612 à 1623. En collaboration avec les plus célèbres scénographes et musiciens de l’époque, il y conçoit ballets, mascarades et intermèdes, dont le Ballo di Donne turche (1615) sur des musiques de Marco da Gagliano. MN COMPAN Charles (mort apr. 1787). Théoricien de la danse français. Avocat au parlement de Paris, il est l’auteur du premier Dictionnaire de danse (Caillau, Paris, 1787) dont l’ambition est à la fois de faire l»’ histoire « de la danse, de formuler des «réflexions critiques» et de raconter des «anecdotes». Interprétant mal la notion d’encyclopédisme alors en vogue, Compan réalise un ouvrage composite, à l’intérieur duquel il fait coexister sans aucun ordre raisonné la Grèce antique et Rome, la Chine, les «sauvages du Canada», la France, etc. L’absence de réflexion personnelle et les longs développements, empruntés presque mot pour mot à des ouvrages déjà vieux de plusieurs décennies (Ph. *Rameau, J. *Bonnet, L. de *Cahusac, J. G. *Noverre, J.-J. *Rousseau, etc.), ne permettent pas de dégager une image fidèle de la danse à la fin du XVIIIe siècle. ERou COMPASSO Lutio (XVIe s.). Danseur, théoricien et maître à danser italien. C. *Negri le compte parmi les plus célèbres de son temps. D’après la devise du frontispice qui orne le Ballo della Gagliarda (1560, rééd. Fa-Gisis, Fribourg, 1995), dont il est l’auteur, il est romain de naissance ou d’adoption. Ce traité, le premier du nouveau style italien de l’époque F. *Caroso et Negri, comprend trente-deux variations simples de *gaillardes, cinquante-trois doubles et huit « difficiles « dont il se dit « l’inventeur «. Ces variations sont construites en combinant des pas et des sauts sur une ou plusieurs mesures de gaillarde. MN CONDOS BROTHERS (The). Danseurs américains. Autodidacte, Frank (1906-?) apprend à danser en regardant les grandes stars des claquettes, rejoint les Dan Fitch Minstrels en 1922, puis forme un numéro avec Mateo Olvera qui paraît à *Broadway dans Artists and Models (1927). En 1929, il crée les Condos Brothers avec son frère Nick (1915-1988) ; leur duo paraît dans Earl Carol Vanities (1932) et tourne en Europe. En 1933, Frank quitte le numéro pour une carrière solo et se retire en 1937. Le jeune Steve (1918-1990) rejoint alors Nick ; la nouvelle équipe connaît le succès et se produit dans de nombreux films. Puis, en 1943, Steve fait équipe avec Jerry Brandow jusqu’au milieu des années 1950 et paraît dans des films, danse dans des cabarets, à la télévision. Il continue de se produire à Broadway (Say Darling , 1958 ; Sugar, 1972, où le chorégraphe G. *Champion lui donne l’opportunité d’improviser son solo de claquettes à chaque représentation) et il apparaît dans le film Tap (1989). Créateurs de leurs propres chorégraphies, les Condos sont des spécialistes renommés des *wings, où ils peuvent produire jusqu’à cinq sons avec chaque pied. Steve, élégant et puriste, travaille sur des musiques jazz et s’intéresse davantage à la percussion qu’au déplacement dans l’espace. Ils représentent l’un des rares groupes de claquettistes blancs à être acceptés et honorés par les grands artistes afro-américains. ESe FILMOGRAPHIE. Dancing Feet (1936, Rep) ; In the Navy (1941, *Universal) ; Moon Over Miami (1941, *Fox) ; Hey Rookie! (1944,*Columbia) ; Pin Up Girl (1944, Fox) ; Call Me Mister (1951, Fox) ; Meet Me After The Show (1951, Fox) ; She’s Back On Broadway (1953, *Warner Bros.). CONGO SQUARE. Place de La Nouvelle-Orléans (Mississippi, ÉtatsUnis), aujourd’hui le square Beauregard. Située au nord-ouest de la ville, elle est réputée dès le début du XIXe s. pour l’un de ses spectacles les plus pittoresques : les danses d’esclaves. Commencée au lendemain de l’acquisition de la Louisiane (colonie française depuis 1699) par les États-Unis en 1803, cette pratique résulte, semble-t-il, d’un désir des Américains de contrôler une population noire très différente de celle qui vit alors dans les autres États esclavagistes de l’Union. Dès 1817, chaque dimanche, sur des terrains vagues rebaptisés « Congo Square », les esclaves, peuvent s’assembler en foule et retrouver, la journée durant, des liens directs avec l’Afrique en dansant au son des tambours les plus divers. Les danses, devenues l’attraction d’un grand nombre de badauds blancs, sont vraisemblablement issues de la même tradition africaine que les danses de Pinkster à New York et sont similaires à celles des Antilles : *bamboula, *calenda, chica, counjaille, *congo. Cet usage prend fin dans les années 1880 avec la modification de l’urbanisme, l’ouverture des premiers dancings noirs et l’émigration des populations de couleur vers le nord. ESe CONNOLLY Bobby, C. Robert, dit (1895-1944). Danseur, *dance director, cinéaste américain. Il débute dès l’enfance avec les *Cohan and Harris Minstrels, poursuit sa carrière à *Broadway dans Hitchy Koo (1920) puis assiste Ned Wayburn qui lui apprend le métier de dance director et lui offre l’opportunité d’enseigner dans sa fameuse école à New York. Il met en scène de nombreux spectacles de Broad- way dont Funny Face (1927, avec F. *Astaire) avant de partir à Hollywood en 1933. Dance director à la *Warner Bros. jusqu’en 1938, il travaille avec R. *Keeler et B. *Berkeley sur plusieurs films dont Flirtation Walk en 1934, et Go Into Your Dance, Shipmates Forever, Stars Over Broadway en 1935, puis il rejoint la *MGM jusqu’en 1944. Il y travaille avec F. *Astaire, E. *Powell (*Broadway Melody of 1940), G. *Kelly, Berkeley, For Me and My Gal (1942). Artisan talentueux, il demeure surtout célèbre pour les séquences dansées du fameux Wizard of Oz (1939, MGM). ESe CONSERVATOIRE NATIONAL DE MUSIQUE ET DE DANSE DE LYON (CNSMDL). Établissement de formation français, créé en 1984. Le département danse de ce conservatoire propose deux formations distinctes qui sont organisées autour d’une dominante non exclusive (options classique et contemporaine). L’enseignement comprend toutes les matières complémentaires (musique, histoire de la danse, anatomie, langues, etc.) auxquelles s’ajoutent séminaires et master classes réguliers. Le concours d’entrée est annuel. Les études durent trois ans, la troisième année se constituant en ensemble chorégraphique. Les études sont sanctionnées par le diplôme national d’études supérieures chorégraphiques. GM CONSERVATOIRE NATIONAL SUPÉRIEUR DE MUSIQUE ET DE DANSE DE PARIS (CNSMDP). Établissement de formation français, créé en 1795 sur les bases d’une école fondée en 1784 et devenue Institut de musique en 1789. Le Conservatoire ouvre sa première classe de danse pour filles en 1925 et une classe de garçons en 1946. Installé d’abord rue Bergère puis rue de Madrid, il se fixe en 1990 à la Cité de la musique dans un bâtiment regroupant lieux de travail et salles publiques. Il est placé depuis sous la direction de Q. *Rouiller. Deux formations sont proposées : danseur interprète et *notateur. Parallèlement aux études de danse, les élèves suivent un enseignement général à horaires aménagés. La formation est assurée en classique et en contemporain. Recrutés par concours, après avoir effectué entre trois et six ans d’études sous contrôle downloadModeText.vue.download 114 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 97 continu avec examens annuels, les élèves obtiennent un diplôme de formation supérieure. Le Junior Ballet donne aux élèves de cinquième année une formation à la scène avec le travail d’oeuvres de toutes époques et de créations. Ses spectacles sont donnés au Conservatoire et en tournée. GM CONSTANT Marius (né en 1925). Compositeur français d’origine roumaine. Élève au conservatoire de Bucarest, prix Enesco en 1944, il s’installe à Paris pour étudier avec O. *Messiaen et A. *Honegger. Malgré son lien avec le Groupe de recherches musicales de la Radio Télévision française, il n’est pas tenté par le sérialisme. Son intérêt pour la musique aléatoire et l’improvisation l’amènent à s’associer à des musiciens de jazz. Il s’intéresse à la musique dramatique, compose des opéras et des ballets. Directeur musical des Ballets de Paris de R. *Petit, il est directeur musical de la danse à l’Opéra de Paris de 1973 à 1978. Il remporte ses premiers succès avec un ballet, le Joueur de flûte (J. *Charrat, 1956). Son attrait pour la danse se manifeste aussi dans ses oeuvres concertantes, comme en témoigne le choix d’un chef d’orchestre-danseur pour diriger ses Chants de Maldoror (1962 ). Il commence alors une collaboration suivie avec Petit, d’abord avec Cyrano de Bergerac (1959), puis le Paradis perdu (1967), une célébration de l’imaginaire et de l’irrationnel qui, pour lui, est l’occasion d’appliquer à la composition musicale les principes surréalistes d’écriture automatique. BT AUTRES COMPOSITIONS. *Béjart (Haut Voltage, 1956, avec P. *Henry) ; Petit (la Peur, 1956; Éloge de la folie, 1966 ; Formes, 1967 ; Septentrion, 1975 ; Nana, 1976 ; Symphonie, 1984 ; l’Ange Bleu, 1985) ; *Ashton (Tirésias, 1951). CONTÉ Pierre (1891-1971). Chorégraphe, compositeur et théoricien du mouvement français. Formé très tôt à la musique et à la danse populaires des environs de Toulouse, il suit, adolescent, l’enseignement d’un disciple de M. *Petipa. En 1919, il entre à l’École de Joinville, haut lieu du sport où il découvre les recherches d’Étienne Jules Marey et de Georges Demenÿ sur la *chronophotographie et sur la *biomécanique. Devenu professeur d’éducation physique, il développe ses propres travaux sur le mouvement. Il analyse particulièrement les rapports entre musique et danse et parvient à une vision synthétique de ces deux arts dynamiques. En 1931, il publie un système de *notation du mouvement. Il signe une oeuvre chorégraphique, dont il compose aussi la musique (Nuit de sabbat, 1952 ; Messe noire, 1952 ; les Sept Péchés capitaux, 1964 ; Athéna, 1966). MD AUTRES CHORÉGRAPHIES. Variations chromatiques (1945, mus. *Bizet) ; la Valse (1963, mus. *Ravel). BIBLIOGRAPHIE. P. Conté, Écriture du mouvement et de la danse, Arts et Mouvement, Paris, 1931, rééd. 1998 ; la Danse et ses lois, Paris, 1952 ; Technique générale du mouvement, Paris, 1954. CONTRERAS Gloria (née en 1934). Danseuse, chorégraphe et pédagogue mexicaine. Enfant, elle étudie la danse classique. En 1954, elle commence une carrière importante à New York où elle étudie à l’*ABT et danse au *Royal Winnipeg Ballet. Elle fonde aussi son propre groupe et travaille directement avec G. *Balanchine, qui sera son professeur et conseiller artistique. En 1959, elle revient au Mexique et se fait remarquer comme danseuse passionnée et chorégraphe brillante (Vitalitas, Huapango), avec un travail qui provoque une puissante sensation visuelle dans laquelle le corps est l’élément déterminant et suffisant de l’oeuvre. Depuis 1970, elle dirige la compagnie et l’école qu’elle a fondées : le Taller Coreografico. IC COPLAND Aaron (1900-1990). Compositeur américain. Après des études musicales à New York, il est l’élève de Nadia Boulanger (1921-1924) à Paris. Il rencontre alors A. *Roussel, S. *Prokofiev, D. *Milhaud ainsi que le chef d’orchestre Serge Koussevitzky qui crée, avec l’Orchestre symphonique de Boston, sa Music for the Theatre (1925), et surtout son Concerto pour piano et orchestre (1927) qui fait scandale en raison de l’emploi de techniques empruntées au jazz. Soucieux de la portée sociale et de l’enracinement de sa musique dans la culture américaine (Fanfare of the Common Man, 1942), il utilise des mélodies du folklore pour illustrer des événements décisifs de l’histoire américaine (Lincoln Portrait, 1942). Il contribue aussi a émanciper la musique de film hollywoodienne de ses modèles romantiques. Ses activités de chef d’orchestre, d’enseignant, de conférencier, et d’organisateur de festivals et d’associations de compositeurs lui valent tous les honneurs. Son intérêt pour la danse se fait sentir jusque dans ses oeuvres concertantes telles que Dance Symphony de 1929 (1963, *Koner), El *Salòn Mexico de 1936 (1943, D. *Humphrey) et Danzòn Cubano de 1944 (1978, *Feld) inspirées respectivement de danses mexicaines et cubaines. Hear Ye HearYe ! (1934), son premier ballet écrit en collaboration avec R. *Page, accompagne une intrigue policière avec des accents jazz. *Billy the Kid (1938, *Loring) ressuscite la mythologie de l’Ouest américain grâce à l’utilisation subtile d’éléments folkloriques, de même que *Rodeo (1944), écrit pour A. *De Mille en s’inspirant cette fois des rythmes du ragtime. M. *Graham lui fournit le scénario de *Appalachian Spring (1944), qu’il conçoit lui même comme un portrait de la grande chorégraphe. Ses oeuvres instrumentales inspirent également les chorégraphes notamment la Sonate pour piano de 1941, qui devient *Day on Earth (1947) pour D. *Humphrey, et le Concerto pour clarinette de 1948 qui inspire le Pied Piper (1951) de J. *Robbins. En 1959, il compose pour celui-ci Dance Panels, son dernier ballet qui ne sera finalement créé qu’en 1962 par H. *Rosen. BT SUR LA MUSIQUE DE COPLAND. R. Page (Sentimental Melody, 1929) ; A. *Tudor (Time Table, 1941) ; *McKayle (Wilderness, 1966) ; *Feld (Tzaddik, 1974 ; Scenes for the Theater, 1980) ; *Lang (Plain Song, 1975) ; *Neumeier (*Hamlet : Connotations *North (Dances to Copland, 1985). COPLANDE Robert. Maître à danser (présumé) anglais. Son unique production écrite intitulée Here Followeth the Manner of Dancing of Bace Dances After the Use of France and Other Places Translated out of French in English by Robert Coplande, paraît sous forme de supplément à un dictionnaire français-anglais The Introductory to Write and to Pronounce Frenche par A. Barclay (1521). Consacré à la *basse danse, l’ouvrage contient l’explication des figures et la description des pas qui, bien que brèves, révèlent l’influence de M. *Toulouse. L’auteur donne les séquences de pas pour sept danses illustrées par deux gravures représentant un couple en habit de la haute Renaissance qui renseignent sur les formes tardives de la *basse danse. MI COPPI Carlo (seconde moitié du XIXe s.). Danseur, chorégraphe et pédagogue italien. Il fait partie des interprètes des créations d’*Excelsior (1881) et *Amor (1886) de L. *Manzotti à la *Scala. Sa carrière de chorégraphe et de pédagogue se déroule principalement à Londres, où il ouvre sa propre école de danse, travaille à l’*Alhambra et remonte, entre autres, Excelsior. Il chorégraphie aussi à la Scala (Nel Giapone, 1903 ; La Canzone del Filo, 1904). NSca downloadModeText.vue.download 115 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 98 CORALLI, C. PERACINI Jean, dit (1779-1854). Danseur et maître de ballet d’origine italienne. Formé à l’École de danse de l’Opéra de *Paris, il débute dans ce théâtre en 1802, où la plus flatteuse réputation de chorégraphe gagnée dans les grandes capitales européennes, Vienne, Milan, Lisbonne, l’a précédé. Engagé en 1825 comme *maître de ballet au *théâtre de la Porte-Saint-Martin, il y crée avec succès des ballets variés, des vaudevilles conventionnels comme des adaptations de pièces à la mode, ou des ouvrages plus originaux inspirés par les danseurs de marque qui débutent à ses côtés, C. *Mazurier, J. *Mazilier et J. *Perrot. Les rumeurs de faillite de la Porte-Saint-Martin, en 1829, le poussent à chercher d’autres engagements. Il part à Vienne, avant d’être appelé à l’Opéra de Paris par *Véron, en 1831. Outre les nombreux divertissements d’opéra qu’il règle, il monte neuf ballets, de l’Orgie (1831), reprise de Léocadie (1828, Porte-Saint-Martin), à Ozaï (1847). Homme de théâtre complet, il attache une importance particulière aux divertissements des mélodrames qu’il met lui-même en scène (Marino Faliero, 1829). Il tient à ce que danse et action s’intègrent en toute logique. En 1828, il contribue à l’un des événements fondateurs du romantisme en assurant à la PorteSaint-Martin, avec le comédien Frédéric Lemaître, la mise en scène de la première version théâtrale du Faust de Goethe traduit par Nerval. Fort de son expérience acquise à l’étranger et à la Porte-Saint-Martin, où il a dû se plier aux exigences du théâtre privé, imprégné de romantisme, il apporte à l’Opéra de Paris le renouveau du spectacle chorégraphique que recherchent alors direction et public. Il sait mettre en valeur les grandes ballerines de l’époque, C. *Grisi dans la *Péri (1843) et surtout F. *Elssler avec la Cachucha du *Diable boiteux (1836). Il reste célèbre pour sa chorégraphie des groupes de *Giselle (1841). SJM AUTRES CHORÉGRAPHIES. La Neige (1827, Porte-Saint-Martin) ; les Artistes (1829, Porte-Saint-Martin) ; la Tentation (1831, Op. de Paris) ; la Tempête (1834, Op. de Paris) ; la Chatte métamorphosée en femme (1837, Op. de Paris) ; la Tarentule (1839, Op. de Paris) ; Eucharis (1844, Op. de Paris). Divertissements. Ali-Baba (Luigi Cherubini, 1833) ; les Martyrs (Gaetano Donizetti, 1840). CORNALBA Elena (fin XIXe s.-début XXe s.). Danseuse italienne. Milanaise, elle est de la même génération que C. *Brianza, P. *Legnani et V. *Zucchi, avec lesquelles elle est élève de l’École de danse de la *Scala. Elle se produit en Italie (Rome, Venise, Milan, Turin), puis à l’Éden-Théâtre, à Paris, en 1883, dans *Excelsior de L. *Manzotti, ainsi que dans les ballets de L. *Danesi et d’Achille Balbiani. Elle est aussi interprète de M. *Petipa à *Saint-Pétersbourg (1887-1889) dans la Vestale et le Talisman. Elle travaille à Londres entre 1888 et 1895. Qualifiée de « prêtresse de la danse » par S. *Mallarmé, elle est douée pour les sauts et les *pirouettes, possède des *pointes puissantes sans cependant avoir le charme de ses rivales. RZ CORNAZZANO Antonio (v.1430-1484). Poète et homme politique italien, auteur d’un traité de danse. Né à Plaisance, de famille noble, il reçoit une éducation humaniste et étudie la danse avec *Domenico da Piacenza. Il développe une activité politique et de conseiller militaire dans différentes cours d’Italie. Après 1454, il est à la cour de Milan, où il occupe des fonctions politiques et enseigne aux enfants de Francesco Sforza. De la première édition (1455) de son Libro dell’ arte del danzare ne reste que le sonnet dédié à Ippolita Sforza, son élève. La seconde édition (1465) nous est parvenue sous forme manuscrite (Bibl. Vaticane, cod. Capponiano 203). Sur le modèle de celui de Domenico da Piacenza, dont il reprend bon nombre de notions théoriques et techniques, le traité est divisé en deux parties. Outre la description des mouvements « naturels « et « accidentels « employés pour la danse, la première comprend des observations théoriques sur l’art de la danse et ses règles, la seconde des descriptions chorégraphiques de huit « ballitti « (voir *balletto) et trois *basses danses, complétées par un accompagnement musical en notation mensuraliste utilisée à l’époque. MN CORNEILLE Pierre (1606-1684). Poète et auteur dramatique français. Auteur du récit pour le Ballet du Château de Bicêtre dansé au Louvre en 1632, il écrit trois pièces à machine : Andromède (1650, mus. Charles Coypeau d’Assouci, machines G. *Torelli), la Toison d’or (1660) et *Psyché (1671). En 1714, la scène des imprécations de Camille (Horace, acte IV) est mise en musique par J.-J. *Mouret pour les fêtes de Sceaux. Quelques-unes de ses pièces seront par la suite adaptées à la scène lyrique : Chimène (1784, Guillard et Antonio Sacchini) et les Horaces (1786, Guillard et Antonio Salieri). Répugnant à écrire pour la musique (Excuse à Ariste), qu’il considère comme un obstacle « à l’intelligence de la pièce » (Examen d’Andromède), Corneille est opposé à l’opéra proprement dit en raison du continuum musical, et lui préfère une forme de théâtre musical. Il fournit pourtant au théâtre lyrique et au ballet de la France des XVIIe et XVIIIe siècle l’axe fondamental de leur poétique. En effet, ses trois Discours sur le poème dramatique (1660) élaborent, notamment, une théorie générale de la vraisemblance. Alors que le théâtre est gouverné par la vraisemblance naturelle et historique, le monde des pièces à machine (et par la suite, celui de l’opéra et du ballet) obéit à la vraisemblance merveilleuse et fabuleuse, et cette seconde espèce de vraisemblance observe des degrés et des règles rigoureusement analogues à la première. Les théories plus tardives du merveilleux d’opéra et de son rapport à la danse (G. B. de *Mably, L de *Cahusac) sont visiblement inspirées de la réflexion cornélienne. CK CORNEILLE Thomas (1625-1709). Auteur dramatique français. Frère de Pierre Corneille, il est reçu à l’Académie en 1685. Il écrit une quarantaine de pièces tant comiques que tragiques, dont les Engagements du hasard (1647), Timocrate (1656), la Comtesse d’Orgueil (1670), Ariane (1672), le Comte d’Essex (1678), Bradamante (1695). Il travaille pour la musique et la danse à partir de 1675 avec la tragédie Circé (mus. M. A. *Charpentier) pour la nouvelle troupe du théâtre Guénégaud, puis l’Inconnu (mus. Charpentier), comédie avec des divertissements. La disgrâce momentanée de Ph. *Quinault en 1677 l’amène à écrire pour J.-B. *Lully : en 1678, en collaboration avec Fontenelle, il transforme la *Psyché de 1671 en opéra, suivie de Bellérophon (1679). Après le retour de Quinault, il écrit la *tragédie lyrique Médée (1693, mus. Marc Antoine Charpentier). CK CORSINO Norbert et Nicole (nés en 1951). Chorégraphes et réalisateurs français. Parallèlement à des études scientifiques, ils se forment à la danse auprès de J. *Andrews, F. et D. *Dupuy, H. *Yano et H. *Zullig, entre autres. En 1980, ils fondent la compagnie N+N Corsino à Marseille et développent un travail qui glisse progressivement de l’espace de représentation habituel, la scène théâtrale, vers celui de l’écran, signant leur première réalisation en 1986 avec Anna de la côte.Chorégraphes de l’image, ils explorent des champs où la danse intègre dans son écriture et son énergie, d’autres paysages, d’autres expériences. Cette démarche induit un style de narration vidéochorégraphique unique, un genre nouveau de fiction dansée dans des espaces réels, scénographies urbaines ou paysages naturels, qui trouve un aboutissement dans les sept épisodes de Circumnavigation (1993-1995), voyage métadownloadModeText.vue.download 116 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 99 phorique par le monde, où les villes sont corps et décors que révèlent les danseurs. Dès 1988, avec le Pré de madame Carle, ils intègrent des séquences en images numériques, abordant ensuite le champ de l’infographie dans Totempol (1992) et Captives (1998-1999). En même temps, leur travail sur le mouvement, l’espace, la vitesse et la lumière, trouve dans l’installation vidéo un nouveau théâtre, où les écrans eux-mêmes deviennent éléments chorégraphiques (211 Jours après le printemps, 1991 ; Traversée, 1996). L’approche plus documentaire de Forwards and Backwards (1994), hommage émouvant à J. *Andrews, est une de leurs rares productions qui s’écarte de leur recherche sur les virtualités offertes à la représentation de la danse par les nouvelles technologies. GC, PLM CORSO Rinaldo (1525-1580). Homme de loi, notaire en droit canon et inquisiteur italien. À partir de 1536, il vit à Correggio (Émilie-Romagne). Polygraphe d’occasion auprès des cours italiennes, il est l’auteur du Dialogo del ballo (Venise, 1555), qui se déroule durant une fête de cour. L’invitation à la danse que fait le courtisan Cirneo à la dame Phrigia devient une étude sur l’honnêteté du *bal, nourrie d’érudition et d’anecdotes anciennes et modernes sur le ton du « divertissement « littéraire de genre érotico-chevaleresque. MN CORTE-REAL Nuno (1944-1993). Peintre et décorateur portugais. Déjà connu par ses expositions, il entre dans le monde du spectacle en 1977 et travaille avec G. *Caciuleanu (Pour ou contre, 1977 ; Rhapsodies roumaines, 1977 ; le *Sacre du printemps, 1978). À partir de 1981 (Divine , Light), il signe dans un style sobre décors et costumes de plusieurs créations de M. *Béjart dont Cinq Nô modernes (1985), Mouvement, Rythme, Étude (1985), la Chauve-souris (1985), Arepo (1986), Kabuki (1986). GM CORTESI Antonio (1796?-1879). Danseur, chorégraphe et compositeur italien. Il débute avec sa soeur Giuseppa à Ravenne et se produit ensuite avec succès dans de nombreux théâtres italiens en interprétant les ballets de son père Giuseppe, de Giovanni Monticini, G. *Galzerani et G. *Gioja. En 1822, il est à Lisbonne où, à la suite d’un accident, il abandonne sa carrière de danseur et présente au théâtre Saõ Carlos son premier travail chorégraphique d’importance : Gabriela de Vergy (1823, d’apr. G. Gioja). En 1825, il est chorégraphe et enseigne au *Teatro Regio de Turin. Avec sa femme, Giuseppa Angiolini, il travaille aussi à Milan et dans d’autres villes italiennes ainsi qu’à Londres, Lisbonne et Vienne. Ses dernières créations importantes datent de 1859. Son chef-d’oeuvre Ines di Castro (1827, Turin) dont il compose en partie la musique, est repris en 1831 à la *Scala avec A. *Pallerini dans des décors d’A. *Sanquirico. Le sujet sanglant de ce ballet témoigne du goût italien de l’époque pour les images fortes : à Londres en 1833, l’Ines campée par Pallerini sera jugée excessivement réaliste. Sensible aux nouveaux sujets des ballets romantiques français, Cortesi présente la *Sylphide à Gênes en 1837 (reprise en 1841 à la Scala avec F. *Cerrito) puis, en 1843 à la Scala, *Giselle ou les Wilis (mus. Giovanni Bajetti) en les adaptant au goût italien. En 1845, les deux grandes rivales de la période romantique, F. *Elssler (Giselle, Scala) et M. *Taglioni (la *Fille du Danube, Venise), dansent pour lui. Chorégraphe fécond, ses ballets vont de thèmes patriotiques (L’Ultimo giorno di Missolungi, 1832, *Fenice ; Masaniello, 1836, id.) à la littérature feuilletonesque : Fior di Maria (1859, la Pergola de Florence), d’après les Mystères de Paris d’Eugène Sue. CC COSI Liliana (née en 1941). Danseuse et pédagogue italienne. Diplômée de l’École de la *Scala en 1958, elle se rend au *Bolchoï à plusieurs reprises à partir de 1963 pour se perfectionner notamment avec G. *Oulanova, M.*Semionova et *Messerer. En 1965, elle débute au Bolchoï dans le *Lac des cygnes et, l’année suivante, danse dans *Giselle. Nommée étoile à la Scala en 1970, elle est invitée par la suite à Moscou, Londres, au *Ballet du XXe siècle, au festival de Nervi; elle tourne aussi avec R. *Noureïev, dont elle crée les chorégraphies à la Scala ainsi que celles de G. *Skibine, U. *Dell’Ara et Enrique Martínez. En 1978, elle quitte la Scala pour fonder, avec Marinel Stefanescu, une compagnie et une école à Reggio Emilia. ATes COSIMI Enzo (né en 1958). Danseur et chorégraphe italien. Formé à Rome puis à *Mudra et chez M. *Cunningham, il fonde le groupe Occhesc en 1982. Chef de file de la *nouvelle danse italienne, il place son travail sous le signe de la sensualité (Calore, 1982 ; Stato di grazia, 1983 ; La Fabbrica tenebrosa del corpo, 1985). Avec le vidéaste F. Plessi, il crée Sciame (1987) et collabore avec l’Américain T. O’Connor de 1985 à 1989 pour Vicinissimi alle tracce, Esercizi et Studi. Dans les années 1990, il aborde des thèmes comme l’hermaphrodisme et la ritualité tragique, développant un vocabulaire minimal qui marie rigueur formelle et sensualité. EV AUTRES CHORÉGRAPHIES. Suite orfiche (1991) ; La Stanza di Aldo (1995) ; Climax non stop (1998). COTTON CLUB. Cabaret new-yorkais de la 142e rue (Harlem) puis de *Broadway, ouvert en 1923, fermé en 1940. Racheté par Owney Madden, un des rois de la pègre, et inauguré pendant la Renaissance de Harlem, c’est le plus célèbre des trois grands cabarets de l’ère du jazz avec Connie’s Inn et Small’s Paradise. Dans un cadre luxueux et exotique (décor « jungle « et palmiers), il propose à un public essentiellement blanc, venu s’encanailler sans danger, des revues similaires à celles de L. *Leslie. Les danseuses y sont recrutées en fonction de leur plastique et de leur peau très claire, et les plus grands noms s’y succèdent, nourrissant le jazz d’inventions chorégraphiques et musicales : D. *Ellington , Cab Calloway, Ethel Waters, B. *Robinson, E. *» Snakehips « Tucker, les *Nicholas Brothers, les *Berry Brothers, *Buck and Bubbles. Après son déplacement à Broadway en 1936, sa fermeture définitive en 1940 marque la fin d’une époque. ESe COULON Jean-François (1764-1836). Danseur et professeur français. Après une carrière de danseur à l’Opéra de *Paris, il fonde son école au début du siècle et devient l’un des professeurs les plus réputés d’Europe. Bien que son cours soit privé, il reste en bons termes avec l’Opéra, où il est nommé professeur de la classe de perfectionnement en 1807. On compte parmi ses élèves, G. *Gosselin, L. *Henry et sa femme, Marie Quériau, *Albert, Philippe puis M. *Taglioni, et son fils Antoine. Sa classe est le passage obligé des grands artistes et surtout des ballerines étrangères désireuses de débuter à l’Opéra. C’est chez lui que se passent des examens officieux qui décident de certains engagements. Dès les années 1810, il a vraisemblablement contribué au développement de la technique des *pointes. Son fils, Antoine C.(1796-1849), danseur et professeur, est aussi célèbre à Londres qu’à Paris, où il est premier sujet de l’Opéra de 1822 à 1833. De 1847 à sa mort, il est professeur de la classe de perfectionnement et régisseur de ce théâtre. Élégant technicien dont le public apprécie la virtuosité maîtrisée, il se voit reprocher d’être un mime un peu froid. A. *Bournonville le downloadModeText.vue.download 117 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 100 décrit ainsi : « Danseur doué de beaucoup d’aplomb, de légèreté et de moelleux. « SJM COUPERIN François (1668-1733). Compositeur français. Organiste à Saint-Gervais (Paris) et à la chapelle Royale, claveciniste de la Chambre, il publie quatre livres de pièces de clavecin (1713, 1717, 1722, 1730) qui marquent un sommet de l’école française. Dans ces suites (qu’il nomme « ordres »), les danses tendent à s’effacer devant des pièces aux titres évocateurs comme le Rossignol en amour ou les Barricades mystérieuses. Il laisse également de la musique de chambre (les Concerts royaux, les Nations, les Pièces de viole) et des motets, dont trois Leçons de ténèbres. Aucune de ses oeuvres n’est prévue pour une chorégraphie, mais la rythmique de la danse y est omniprésente. Son art délicat et tendre, proche de l’esthétique d’un Antoine Watteau, inspire à M. *Ravel son Tombeau de Couperin, suite pour piano chorégraphiée par J. *Börlin en 1920 et G. *Balanchine en 1975, ainsi qu’à R. *Strauss sa Suite Couperin, musique de ballet montée par H. *Kröller (Höfische Tänze im Stil Ludwigs XIV, 1923) reprise par la suite par les *Mlakar (Verklungene Feste, 1941), E. *Hanka (1944), V. *Gsovski (1950), A. von *Milloss (Hommage à Couperin, 1970). RL SUR LA MUSIQUE DE COUPERIN. *Cranko (School for Nightingales, 1949) ; *Skibine (Pastorale, 1961 ; Sarabande, 1966) ; *Bagouet (Suite pour viole, 1977) ; *Marin (Leçons des ténèbres, 1987). COVAN Willie (1898-1989). Danseur, chorégraphe et pédagogue américain. Enfant, il débute dans les *minstrels shows, puis se produit dans les *vaudevilles avec son partenaire Leonard Ruffin. En 1917, il fonde le groupe The Four Covans, avec lequel il danse à *Broadway (Shuffle Along, 1921), paraît dans des films (On With the Show, 1929) et tourne internationalement. À la fin des années 1930, il enseigne les *claquettes et chorégraphie pour des stars de la *MGM, dont E. *Powell, Vera-Ellen, M. *Rooney. À partir de 1970, il se consacre à l’enseignement. Star renommée, il produit avec Ruffin un numéro de *soft shoe élégant et annonciateur des *class acts, surnommé « Every Move a Picture «. Considéré comme le créateur du rhythm waltz *clog, il apporte classe, style et mouvement total aux claquettes. ESe COWELL Henry D. (1897-1965). Compositeur américain. Liée de très près à l’avant-garde américaine, son activité créative et critique est marquée par une expérimentation éclectique. Professeur de composition, il compte parmi ses élèves G. *Gershwin et J. *Cage. Il est l’auteur de musiques pour M. *Graham (Four Casual Developments, 1934 ; Deep Song, 1936 ; Immediate Tragedy, 1936). EQ SUR LA MUSIQUE DE COWELL. M. *Morris (Prelude and Prelude, 1984 ; Mosaic and Untitled, 1992) ; E. *Feld (Paean, 1996). CRAGUN Richard (né en 1944). Danseur et directeur de ballet américain. Après une formation au Canada (Banff School of Fine Arts), puis à Londres (*Royal Ballet School) et au Danemark (auprès de V. *Volkova), il arrive à Stuttgart en 1962, au moment où J. *Cranko met en place une nouvelle compagnie. Avec Opus 1 (1965) commence une longue série de ballets importants que Cranko chorégraphie pour lui, comme Présence (1968), Brouillards (1970), *Poème de l’extase (1970), Initialen R.B.M.E. (1972) et Spuren (1973) ou des rôles tel celui de Petrucchio dans la Mégère apprivoisée (1969). D’autres chorégraphes créent pour lui, notamment K. *MacMillan (Lied von der Erde, 1965) et G. *Tetley (*Voluntaries, 1974, et Daphnis et Chloé, 1975), J. *Neumeier (Kameliendame [la *Dame aux camélias], 1978 ; *Endstation Sehnsucht, 1983), W. *Forsythe (*Orpheus, 1979) et J. *Kylián (Vergessenes Land, 1981), ou encore sa partenaire de toujours, M. *Haydée, qui lui confie le rôle de Carabosse dans sa *Belle au bois dormant (1987) et, la même année, crée pour lui et B. *Keil son second ballet, ENAS, qui lui vaut un grand succès. En 1990, il renoue avec sa passion de jeunesse pour les *claquettes, dans la *comédie musicale On Your Toes montée par Marcia Haydée. À partir de 1996, il est directeur du Ballet du Deutsche Oper *Berlin. Il se produit à travers le monde avec le Ballet de Stuttgart et comme invité dans des grandes compagnies, dansant avec des partenaires remarquables, comme M. *Fonteyn, C. *Fracci, N. *Makarova, L. *Seymour, V. *Verdy, D. *Khalfouni, G. *Kirkland, E. *Evdokimova, Joyce Cuoco et L. *Savignano. Il se voit décerner le titre de Kammertänzer par le président du Land de Bade-Wurtemberg pour ses services rendus à la danse, ainsi que la croix fédérale du Mérite en 1985 et, la même année, le Dance Magazine Award. BvJ BIBLIOGRAPHIE. W. Terry et F. Höver, Richard Cragun, Neske, Pfullingen, 1982. CRAIG Edward Gordon (1872-1966). Scénographe et théoricien britannique. Fils d’un architecte et d’une actrice, il travaille à Londres, Florence, Berlin et Moscou en qualité d’acteur et de metteur en scène, avant de définir dans l’Art du Théâtre (1905) et « l’Acteur et la surmarionnette » (texte publié dans le deuxième numéro de la revue The Mask, créée en 1908 à Florence) sa conception d’un animateur capable d’assumer la totalité du spectacle. Craig s’inscrit contre les conventions de la scène traditionnelle à deux dimensions qui, selon lui, est en dysharmonie avec le corps, volume à trois dimensions. Il entend par « décor » tout ce qui se voit : costumes, éclairages et décors proprement dits, auxquels il assigne pour fonction de former des jeux de lignes et de couleurs très épurés. Cherchant à affranchir le spectacle de l’imitation de la nature, il place au centre de son travail le mouvement dégagé de tout réalisme social et psychologique. Craig confère au metteur en scène le statut de « régisseur d’un spectacle total ». Pour lui, l’état d’âme et la pensée de l’artiste doivent faire naître une succession de formes changeantes qui vivent un instant, se modifient sans cesse, même imperceptiblement, afin d’arriver à rendre sensible leur état ultime. Il s’agit ainsi d’inventer une nouvelle forme, de donner lieu à une nouvelle vie. Un soir de 1904, la danse va entrer dans sa vie : il assiste à un spectacle d’I. *Duncan. La passion amoureuse qui les lie est aussi source d’inspiration mutuelle : Craig est frappé, chez elle, par le mouvement à l’état pur, ce mouvement naturel qui est l’une des composantes essentielles de l’art du théâtre tel qu’il le conçoit ; I. Duncan intégrera ses concepts d’harmonie, d’équilibre, de solennité et de silence qui viendront comme recueillir et soutenir la pulsion, le rythme passionnel de ses danses. CD CRAMER Ivo (né en 1921). Danseur, chorégraphe et directeur de ballet suédois. Élève de S. *Leeder et disciple de B. *Cullberg, il développe une méthode personnelle influencée par la technique *Laban-*Jooss. En 1946, il fonde une première compagnie, itinérante, avec B. Cullberg et obtient le second prix au Concours chorégraphique de Copenhague en 1947. Directeur du ballet *Verde Gaio à Lisbonne (1948-1949), il travaille ensuite pendant une dizaine d’années comme metteur en scène et chorégraphe pour des opérettes et des comédies musicales. En 1957, il signe pour le *Ballet royal suédois le *Fils prodigue (1957, mus. Hugo Alfven), ballet inspiré de peintures rurales du XVIIIe siècle considéré comme un chef-d’oeuvre « national » et toujours inscrit au répertoire de downloadModeText.vue.download 118 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 101 la compagnie. Avec sa femme Tyyne Talvo, il fonde une compagnie (1967-1986) qui sillonne le pays avec leurs productions, sans exclure les scènes modestes. Il dirige ensuite le Ballet royal suédois (1975-1980). Chorégraphe fécond, habile, doté d’un grand sens théâtral, il aborde souvent des thèmes liés à l’Histoire, à la vie populaire ou encore empreints d’une profonde religiosité. Dans les années 1980, il se spécialise dans la *reconstruction de ballets anciens, dont Arlequin, magicien d’amour (1984, d’apr. Marcadet), la *Dansomanie (1985, d’apr. P. *Gardel), *Médée et Jason (1992, d’apr. *Noverre), présentés au Théâtre historique de Drottningholm, mais aussi en France, grâce à R. *Noureev, tel la *Fille mal gardée (1989) remonté à Nantes sur la musique d’origine. BH CRANE Henrietta, ndn. KNAPP H. (1849-1918). Pédagogue américaine. Connue aussi sous le nom de ses deux autres époux (Russell, Hovey), elle est une disciple de J. S. *MacKaye et du fils de F. *Delsarte, Gustave. Enseignant auprès de cercles sociaux fréquentés par la haute bourgeoisie, elle est la première, aux ÉtatsUnis, à divulguer la méthode Delsarte en dehors du milieu artistique. Elle exerce une influence directe sur le développement de la *modern dance américaine en travaillant comme professeur au *Denishawn à partir de 1915. SF CRANKO John (1927-1973). Danseur, chorégraphe et directeur de ballet britannique. Né en Afrique du Sud, il étudie à l’École de danse de l’université du Cap, où il signe sa première chorégraphie dès 1942 (Histoire du soldat, mus. I. *Stravinski). Venu étudier à Londres à la *Sadler’s Wells Ballet School en 1946, il entre dans la compagnie la même année et crée Trisch-Trasch Polka. Le succès rencontré par son remarquable Children’s Corner (1947, mus. C. *Debussy) le décide à se consacrer exclusivement à la chorégraphie. Il signe alors, de Sea Change (1949) à Antigone (1960), une impressionnante série d’oeuvres pour le Sadler’s Wells et le *Royal Ballet, dont le *Prince des pagodes (1957, mus. B. *Britten), premier ballet en 3 actes d’un compositeur britannique. Il chorégraphie aussi pour d’autres compagnies tels le *New York City Ballet (The Witch, 1950), le *Ballet Rambert (Variations on a Theme, 1954), l’Opéra de *Paris (la Belle Hélène, 1955), la *Scala (*Roméo et Juliette, 1958) et monte deux *revues, Cranks (1955) et New Cranks (1960). Venu au Ballet de *Stuttgart en 1960 pour une reprise de son Prince des pagodes, il en devient directeur l’année suivante, poste qu’il occupe jusqu’à son décès lors d’un accident d’avion au retour d’une tournée. Il est également chorégraphe en chef à l’Opéra de Munich de 1968 à 1971 et chorégraphe invité dans de nombreuses compagnies (Cologne, Berlin, * Batsheva Dance Co., etc.). Au cours de sa présence à Stuttgart, il donne une impulsion novatrice et durable à la danse, dont bénéficie le reste du pays, au point qu’il sera crédité d’avoir accompli le « miracle du ballet allemand ». Grâce à un travail de fond avec la troupe et à une judicieuse politique de répertoire, il parvient à hisser le Ballet de Stuttgart au rang des compagnies internationales majeures. Basé sur la technique classique et la virtuosité, son style se caractérise par des sauts et des pirouettes très acrobatiques. Exigeant de ses interprètes une excellente technique ainsi qu’un fort tempérament, il sait créer des univers contrastés et des personnages nuancés, notamment pour les femmes, comme dans *Poème de l’extase , *Carmen ou encore *Onéguine. BvJ AUTRES CHORÉGRAPHIES. La Belle et la Bête (1949) ; Pineapple Poll (1951) ; Harlequin in April (1951) ; Bonne Bouche (1952) ; The Shadow (1953) ; The Lady and the Fool (1954) ; Katalyse (1961) ; L’Estro Armonico (1963) ; le Lac des cygnes (1963) ; l’*Oiseau de feu (1964) ; Jeu de cartes (1965) ; Opus 1 (1965, mus. *Webern) ; Brandenburg Nr 2 und 4 (1966), Konzert für Flöte und Harfe (1966, mus. *Mozart) ; *Casse-Noisette (1966) ; Die Befragung (1967) ; Oiseaux exotiques (1967) ; Quatre Images (1967) ; Fragmente (1968) ; Présence (1968) ; la Mégère apprivoisée (1969) ; Brouillards (1970) ; Ebony Concerto (1970) ; Die Jahreszeiten (1971) ; Into the Cool (1971) ; Initialen R.B.M.E. (1972) ; 1+8 (1972) ; Spuren (1973). BIBLIOGRAPHIE. J. Cranko, W. E. Schäfer, Über den Tanz, édi- teur, Francfort-sur-le-Main, 1974 ; N. de *Valois et W. E. Schäfer, John Cranko und das Stuttgarter Ballet, éditeur, Stuttgart, 1973 ; H. Kilian et K. Geitel, John Cranko, Ballett für die Welt, éditeur, Sigmaringen 1977 ; J. Percival, John Cranko, éditeur, Londres 1983. FILMOGRAPHIE. Cranko’s Cast. (1967, BBC). CRASKE Margaret (1892-1990). Danseuse et pédagogue britannique. Après un bref passage aux *Ballets Russes de Diaghilev où elle étudie avec E. *Cecchetti, elle devient l’une des grandes figures de l’enseignement classique. Pédagogue de référence de la méthode Cecchetti, elle enseigne à Londres avant de s’installer aux ÉtatsUnis en 1946, où A. *Tudor l’invite comme maîtresse de ballet à l’*ABT. En 1950, elle commence à enseigner à la *Juilliard School et au *Metropolitan Opera Ballet de New York, dont elle est aussi directrice adjointe. Elle dirige son propre studio à la Manhattan School of Dance, de 1968 à 1983, puis enseigne à la Ballet School de New York. Elle cosigne deux ouvrages sur la méthode Cecchetti : The Theory and Practice of Allegro in Classical Ballet (avec C. *Beaumont, 1930), Practice of Advanced Allegro in Classical Ballet (avec F. *Derra De Moroda, 1956). CH CRAWFORD Joan, LE SUEUR Lucille Fay, dite (1904-1977). Actrice américaine. C’est en remportant un concours de *charleston qu’elle attire l’attention sur elle, réussissant à se faire engager dans des cabarets puis à la *MGM comme chorus girl. Elle apparaît alors dans divers films (Our Dancing Daughters, 1928 ; Our Modern Maidens, 1929 ; The Hollywood Revue of 1929, Dancing Lady, 1933) dans lesquels elle danse le charleston et symbolise souvent la jeune femme insouciante de l’époque, la flapper. Devenue une grande actrice hollywoodienne, c’est presque par accident qu’elle sera de nouveau l’interprète d’un film musical, Torch Song (la Madone gitane) de Ch. *Walters (1953). PBr CREMONA Kilina (née en 1947). Danseuse, chorégraphe et pédagogue française. Elle étudie à Paris (K. *Waehner) et New York (M. *Graham, M *Cunningham, V. *Farber) et danse pour *D. Wagoner, D. *Gordon, T. *Tharp. Elle enseigne à Montréal et au studio Cunningham à New York où elle crée, en 1977, la compagnie Cremona-Meguin qui, après son retour en France en 1980, poursuit son activité à Lyon. Primée à *Bagnolet avec Symphonie solitude (1990), elle dissout sa compagnie en 1993 et s’installe à Zagreb (Croatie) en 1995. Très marquée par Cunningham, elle signe des créations d’une grande rigueur formelle de Boivre (1980), pièce sans musique, à Alphard (1985, mus. Lubomir Melnyk), atteignant une danse plus légère et émotive avec Nuvol blanc (1990, mus. Luis Llach). Pédagogue exigeante, elle poursuit son travail de recherche à Zagreb, où elle fonde en 1996 le centre de danse Athena qui se veut un « espace de liberté, de tolérance et de partage «. LB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Corne d’Est (1984) ; Escia (1985) ; Copernic opéra (1986) ; l’Éloge de la gourmandise (1996). downloadModeText.vue.download 119 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 102 CROSSET Ann (née en 1956). Danseuse et chorégraphe danoise d’origine américaine. Originaire de Cincinnati, elle se forme à la *Juilliard School de New York et arrive à Copenhague en 1977. Avec Cher Geurtze, également formée aux États-Unis, elle fonde le groupe Uppercut. Sa recherche sur le mouvement, qui laisse place à l’humour, joue un rôle précurseur pour la *nouvelle danse au Danemark. De 1989 à 1993, elle travaille à Los Angeles où elle se fait remarquer par un *danse-théâtre provocant. De retour au Danemark, elle collabore avec différents théâtres et se consacre beaucoup à l’enseignement. EA CROWSNEST TRIO. Groupe de chorégraphes-danseurs formé en 1979. Les deux fondateurs, M. *Clarke et R. *Barnett, transfuges du *Pilobolus Dance Theater, sont rejoints par F. *Blaska en 1981 puis par la danseuse française Marie Fourcaut en 1983. Dès 1979, le groupe crée une série de pièces (10 Haikus ; Gibus Gibbous? Moon ; Nocturne ; Fallen Angel ; Garden of Villandry) données en tournées internationales (notamment au Théâtre de la Ville à Paris). Dominé par de fortes performances techniques, son travail oscille entre des univers purement théâtraux et une danse plus abstraite. GV CRUMB George (né en 1929). Compositeur américain. Élève de B. *Blacher, entre autres, auteur éclectique, il puise à diverses sources : musique médiévale, *comédie musicale, tradition orientale et folklore européen. Sa musique laconique, aux sonorités originales (Vox Balenae, 1971), a souvent un caractère théâtral, voire mystique, la tension dramatique dont elle est empreinte étant parfois même mise en scène au concert (Star Child, 1977). Il ne compose pas pour la danse : « La musique est en soi une chorégraphie », dit-il. Ses oeuvres reflètent de fait une sensibilité particulière au mouvement, comme Makrokosmos, chorégraphié en partie par J. *Neumeier (Die Stille, 1975). C’est toutefois Ancient Voices of Children, composé sur des poèmes de F. *García Lorca, qui inspire le plus les chorégraphes - de Jan Stripling (Voices From the Past, 1971) à E. *Loring (The Voice, 1976) - ainsi que Black Angels. MJS SUR LA MUSIQUE DE CRUMB. J. *Butler (According to Eve, 1965 ; *Othello, 1976) ; *Tetley (Stationary flying, 1973) ; Ch. *Bruce (Echoes of a Night Sky, 1976 ; Night with Waning Moon, 1979) ; *Bohner (Café Müller, 1978) ; *Butcher (Landscape, 1979) ; *Graham (Phaedra’s dream, 1983). CUBA (Ballet national de). Compagnie classique cubaine fondée en 1959 et basée à La Havane. En 1959, après la prise du pouvoir par Fidel Castro, la compagnie, fondée en 1948 par Alicia *Alonso et son mari Fernando Alonso, devient nationale. Ambassadeur de la culture chorégraphique de l’île, le Ballet national se développe sur le modèle soviétique mais avec des spécificités qui apparaissent dans son répertoire. À côté des grands classiques du XIXe s., les oeuvres d’Alberto *Alonso, A. *Méndez, Jorge Lefèbre, José Parès, Gustavo Herrera ou Ivan Tenorio apportent une couleur plus locale. Des artistes cubains tels le compositeur Ernesto Lecuona, véritable gloire nationale, et Leo Brouwer, un maître de la guitare, sont sollicités pour ces productions ainsi que des décorateurs comme Salvador Fernández ou Ricardo Reymena. Une génération d’étoiles brillantes naît dans le sillage d’Alicia Alonso parmi lesquelles L. *Araujo, Aurora Bosch, Joséfina Méndez, Mirta Pla, Marta García, Maria Elena Llorente, Amparo Brito, Rosario Suárez pour les femmes, Jorge Esquivel, Orlando Salgado, Lazaro Careno, Andres Williams pour les hommes. Tous se distinguent par la qualité de leur style, la vigueur de leur technique, la force de leur tempérament dramatique. D’innombrables tournées font connaître la danse cubaine à travers le monde et les récompenses remportées par ses étoiles dans les compétitions internationales (*Varna, *Moscou, *Paris) contribuent aussi à son renom. La compagnie possède son propre établissement scolaire où se transmet la tradition pédagogique et d’où sont issues toutes les étoiles. Grâce à l’action d’Alicia Alonso, on peut dire qu’il existe une véritable école cubaine, comparable aux écoles russe, italienne, danoise et française. JCD CUBA (Danza nacional de). Compagnie de danse cubaine fondée en 1959, basée à La Havane. Elle voit le jour après le succès de la révolution cubaine, et entame une brillante carrière internationale, paraissant dès la première année à Paris au Théâtre des Nations. La compagnie se démarque de la danse *académique et défend un répertoire spécifique qui souligne le métissage culturel à Cuba tout en se démarquant de la danse académique. Les oeuvres d’Arnaldo Patterson, Eduardo Rivero, Victor Cuellar ou Ramiro Guerra s’inspirent ainsi le plus souvent des folklores et des légendes des différentes ethnies qui ont composé la mosaïque cubaine. JCD CUCCHI Claudina (1934-1913). Danseuse italienne. « Élève émérite « de l’École de la *Scala, elle étudie avec les époux C. *Blasis et A. *Hus. En 1855, elle débute à l’Opéra de *Paris dans le rôle du Printemps des *Quatres Saisons (Vêpres siciliennes de *Verdi). En 1856, elle crée le rôle de Gulnare dans le *Corsaire (*Mazilier). Dans les années 1860, elle effectue de nombreuses tournées dans les théâtres italiens et à l’étranger (Vienne, Londres, Prague, Berlin, Budapest, Varsovie, SaintPétersbourg), interprétant les ballets de P. *Borri, G. *Casati, P. *Taglioni, G. *Rota, A. *Pallerini, J. *Perrot et M. *Petipa. Son excellente technique et ses qualités d’actrice font merveille dans les rôles-titre de *Catarina ou la Fille du bandit et d’*Esméralda. En 1872, elle danse encore au Caire et finit sa carrière en 1874 à Rome. Elle publie ses mémoires sous le titreVinti anni di palcoscenico (Éd. Voghera, Rome, 1904). CC CUEVAS marquis George de, PIEDRABLANCA DE GUANA DE CUEVAS DE CUEVAS G. DE (1885-1961). Mécène et directeur de troupe américain d’origine chilienne. Il fonde à New York le Ballet Institute en 1943, puis sa première compagnie, le Ballet international qui présente une saison de trois mois (1944). En 1947, il rachète le Nouveau Ballet de *Monte-Carlo, qu’il rebaptise Grand Ballet de Monte-Carlo. À partir de 1948, la troupe tourne dans le monde entier tout en ayant Paris pour port d’attache privilégié. Devenue le Grand Ballet du marquis de Cuevas en 1951, puis l’International Ballet of the Marquis de Cuevas en 1958, elle est dissoute en 1962 après la mort de son directeur. Le marquis mène par ailleurs une brillante vie mondaine, organisant de sompteuses réceptions, dont l’extraordinaire « bal du siècle « sur le lac Chiberte en 1953. Personnage haut en couleur, il régale le tout-Paris d’un médiatique duel l’opposant à S. *Lifar en 1958. Grâce à la fortune de son épouse, Margaret Rockfeller-Strong, il assouvit la passion qu’il voue à la danse classique, prolongeant à sa manière la tradition instaurée par les *Ballets russes de *Diaghilev. Il finance ainsi fastueusement sa compagnie qui, sous la houlette des maîtres de ballets N. *Beriozoff, W. *Dollar, L. *Massine, B. *Nijinska et J. *Taras, présente une centaine d’ouvrages en quinze ans. Peu soucieux d’avant-garde, Cuevas propose un répertoire reflétant ses goûts, composé de reprises (grandes oeuvres classiques du XIXe s., dont *Giselle, la *Fille mal gardée, le *Lac des cygnes et une féerique version de la *Belle au bois dormant ; ballets de G. *Balanchine, dont la downloadModeText.vue.download 120 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 103 *Somnanbule, de M. *Fokine et Nijinska) et de créations signées par E. *Caton (*Sebastian), J. *Charrat (Diagramme, 1957), Dollar (Constantia, 1944, Ballet international), A. *Eglevski, D. *Lichine, Lifar (Noir et Blanc, 1948), Massine (Tristan fou, 1944, Ballet International), Nijinska (les Tableaux d’une expo- sition et les Variations de Brahms, 1944, Ballet international), G. *Skibine (Annabel Lee et le *Prisonnier du Caucase, 1951 ; Idylle, 1954) et Taras (le Piège de lumière). Cosmopolite, sa compagnie est la première basée en Europe qui soit composée majoritairement d’artistes américains. Elle se caractérise surtout par la constellation de solistes d’un exceptionnel éclat qui alternent et rivalisent en tête des distributions. L. *Daydé, S. *Golovine, R. *Hithtower, Lichine, A. *Markova, A. *Prokovski, Skibine, V. *Skouratoff, Marjorie *Tallchief, T. *Toumanova, N. *Vyroubova figurent parmi les étoiles et R. *Noureïev y trouve son premier engagement à l’Ouest. GP, NL CULLBERG BALETTEN. Compagnie suédoise fondée en 1967. Il est créé par le gouvernement suédois, soucieux d’offrir à B. *Cullberg un outil personnel, permanent et indépendant, ainsi que de promouvoir des tournées sur le territoire suédois qui alors n’a guère accès aux spectacles de danse de qualité. Dès ses débuts, la compagnie recrute internationalement des artistes de niveau soliste, tels N. *Ek, A. *Laguna, Yvan Auzely, Marc Hwang. Administrée pendant les 20 premières années par Bengt Häger, la compagnie se produit très vite à l’étranger et les tournées deviennent de plus en plus internationales. Le répertoire est d’abord dominé par les oeuvres de Cullberg puis par celles de son fils M. *Ek qui lui succède à la direction artistique en 1982. Parallèlement, la compagnie propose une large palette de styles, avec des oeuvres de K. *Jooss, A. *Ailey, T. *Beatty, M. *Cunningham, M. *Béjart, F. *Flindt, C. *Bruce, N. *Duato, W. *Forsythe et, surtout, J. *Kylián. Cette politique est poursuivie par les directeurs successifs : C. *Carlson (1993-1995) et, depuis 1955, Lena Wennergren et Margareta Lidström, deux anciennes danseuses de la compagnie. Devenu le fleuron de la danse suédoise dont il a profondément renouvelé l’identité, le Cullberg Baletten, constitué au départ de huit danseurs, en compte vingt en 1999. PBoh CULLBERG Birgit (née en 1908). Danseuse et chorégraphe suédoise. Elle étudie le dessin, la musique ainsi que la littérature à l’université (1931-1935), tout en suivant des cours de danse *moderne avec Vera Alexandrova. À vingt-sept ans, elle part à *Dartington pour étudier avec K. *Jooss (1935-1939). De retour en Suède, elle commence une carrière en soliste et s’engage sur les pas de son maître dans la lutte contre le nazisme : en 1941, alors que la Suède est envahie, elle crée un solo amer et satirique sur la psychologie des dictateurs, intitulé Kulturpropaganda. Développant un langage de mouvement original, notamment à partir de l’observation des animaux, elle signe des solos pleins d’humour et commence à s’entourer d’un groupe variable pour créer des drames dansés, tragiques ou poétiques, dont *Roméo et Juliette (1944) et Livsrytmen [le Rythme de la vie], qui lui vaut le second prix du Concours organisé par R. de *Maré à Stockholm en 1945. Elle continue à se former, abordant la danse classique avec L. *Karina et découvrant la danse moderne américaine avec Donya Feuer, une élève de M. *Graham. En 1950, elle crée *Mademoiselle Julie, son premier grand drame psychologique et érotique, qui lui ouvre les portes de l’Opéra royal, où elle est engagée comme chorégraphe résidente jusqu’en 1957 : le *Ballet royal danois lui commande alors Månrenen ([le Renne de lune], mus. K. *Riisager), qui lui vaut un succès international. Sollicitée de toute part, elle obtient en 1967 du gouvernement suédois les moyens de constituer sa propre compagnie, le *Ballet Cullberg, qu’elle dirige jusqu’en 1985, avant de passer le relais à son fils M. *Ek, dans les oeuvres duquel elle continue à danser occasionnellement (la Vieille et la Porte, 1991). Créatrice dramatique, soucieuse de rendre ses oeuvres compréhensibles, elle n’est jamais abstraite. Elle met en application le principe de Jooss : «jamais un mouvement qui ne soit pas au service de l’argument, pas de pas ornemental», et trouve souvent l’inspiration dans sa propre expérience : ses complexes (Skugga över leken [le Jeu ombragé], 1939 ; nouvelles vers. 1944, 1947 ; Oscarsbalen [le Bal d’Oscar], 1950), son divorce (*Medea, 1950), ses amours (Frun från havet [la Femme de la mer], 1960). Elle est aussi une des premières chorégraphes à réfléchir sur les possibilités nouvelles qu’apporte à la danse la télévision, pour laquelle elle crée Den elaka drottningen [la Reine méchante], qui lui vaut le prix Italia en 1961, ou encore Rött vin i gröna glas [*Vin rouge dans des verres verts] (1970). Auteur de Baleten och vi [le Ballet et nous] en 1952, elle développe ses théories dans Dans i nya dimensioner [Danse en de nouvelles dimensions], publié en 1987. BH AUTRES CHORÉGRAPHIES. Occupation (1944) ; *Adam et Ève (1961) ; *Eurydice est morte (1968) ; Révolte (1973, mus. *Bartók) ; l’École des femmes (1974, d’apr. *Molière) ; Rapport (1976). BIBLIOGRAPHIE. « Birgit Cullberg », Dance Perspectives, 1967 (en anglais). CUMMINGS Blondell (née en 1945). Danseuse et chorégraphe américaine. Élevée à Harlem, formée aux écoles de M. *Graham, J. *Limón et A. *Ailey, elle se produit ensuite avec Richard Bull, K. *Takei et R. *Rodgers. Membre dès l’origine de la compagnie The House de M. *Monk, elle obtient un grand succès avec elle dans *Education of the Girlchild (1973). En 1978, elle crée la Cycle Arts Foundation, et organise des ateliers de travail, notamment sur des problèmes sociaux. Pendant les années 1980, elle se fait remarquer par ses solos saisissants et ses projets multimédia. TDF AUTRES CHORÉGRAPHIES. The Ladies and Me (1979) ; Chicken Soup (1981) ; The Art of War/Nine Situations (1984) ; Omadele and Giuseppe (1991). CUNNINGHAM Merce, C. Mercier, dit (né en 1919). Danseur, chorégraphe et pédagogue américain. Originaire de la côte ouest, il se produit dès l’âge de douze ans dans des spectacles de *vaudeville avec son premier pro- fesseur, Mrs. Barrett. Il intègre la Cornish School de Seattle (1937-1939) en section théâtre, puis choisit de se former en danse ; élève de Bonnie Bird (technique *Graham et composition, méthode *Horst), il rencontre alors J. *Cage (1938) qui accompagne les classes au piano. Leur association de plus d’un demi-siècle, nourrie de M. *Duchamp, de James Joyce et du zen, va influencer radicalement les arts vivants. De 1939 à 1945, Cunningham se produit avec M. Graham. Décrit par E. *Denby comme « l’un des plus beaux danseurs américains », il crée de nombreux rôles, notamment dans Every Soul Is a Circus (1939), El Penitente (1940), *Letter to the World (1940), *Appalachian Spring (1944). Outre des solos (avec Cage, pour la première fois en 1944), il chorégraphie des pièces de groupe pour divers interprètes, jusqu’à la fondation de sa compagnie en 1953 au *Black Mountain College (avec V. *Farber, C. *Brown, R. *Charlip, P. *Taylor, etc.). Cage en est le directeur musical, entouré régulièrement de compositeurs interprétant en direct des partitions de musique électronique dont ses deux successeurs : D. *Tudor (1994-1996) et T. *Kosugi (depuis 1996). R. *Rauschenberg en devient le plasticien attitré jusqu’en 1964, suivi de conseillers artistiques permanents (J. *Johns, M. *Lancaster, W. *Anastasi, D. *Bradshaw) ou invités (A. *Warhol, Frank Stella, etc.). La downloadModeText.vue.download 121 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 104 compagnie effectue sa première tournée mondiale en 1964, se produisant notamment en France - pays qui jouera un rôle important dans la carrière de Cunningham - et en Autriche où est donné le premier *event. Auteur de plus de cent cinquante oeuvres présentées dans le monde entier, parfois intégrées au répertoire d’autres compagnies (*NYCB, *ABT, *Boston B., *Cullberg B., *Op. de Paris, *Rambert D. Co., notamment), il reçoit de nombreux prix et distinctions, dont la Guggenheim Fellowship dès 1954. Dans les années 1940, Cunningham crée avec Cage des oeuvres parfois qualifiées de « dadaïstes » à partir de structures rythmiques communes à la danse et à la musique. Au début des années 1950, il commence à utiliser les procédés *aléatoires (Yijing [Livre des mutations], la plupart du temps) pour déterminer les éléments et l’organisation de sa chorégraphie (parties du corps en mouvement, directions, déplacements, continuités, durées). Dorénavant la danse et la musique coïncideront simplement dans le temps et l’espace, et très rares seront les cas où la musique préexistera à la danse (Septet, 1953, mus. E. *Satie ; *Roaratorio, 1983, mus. Cage). À partir des années 1970, Cunningham aborde la vidéo et le cinéma : ses collaborations avec des réalisateurs attitrés, Ch. *Atlas de 1973 à 1983 (*Channels / Inserts ; *Locale ; etc.) et Elliot Caplan à partir de 1985 (*Points in Space ; Beach Birds for Camera, 1991 ; etc.), lui permettent de dépasser les limites imposées par la scène. Dans les années 1990, il se saisit de l’ordinateur pour trouver des mouvements et des enchaînements inconcevables autrement, notamment dans Windows (1995). Alors qu’il danse encore pour Graham, Cunningham commence à élaborer sur lui-même la technique qui convient à son emploi de l’aléatoire et à son appétit de liberté : libérant les membres et le torse en axant le mouvement sur la colonne vertébrale, elle favorise la virtuosité et la vélocité. Dispensée par lui-même et les danseurs de la compagnie dans ses studios successifs à New York, puis transmise à travers le monde, elle devient bientôt une référence dans la formation en danse contemporaine. Son oeuvre, indissociable de son travail avec Cage, marque une rupture radicale avec le ballet et la *modern dance dont, *postmoderne avant la lettre, il rejette les codes. Il bannit toute expressivité du chorégraphe ou de l’interprète : « S’il y a un désir d’expression personnelle, la psychanalyse est le domaine qui convient. » Se référant fréquemment à la circulation des oiseaux ou des piétons, Cunningham est le premier à utiliser des gestes de tous les jours comme le mouvement pur (Excerpts from Symphonie pour un homme seul, 1952) et ; si, pour lui, « n’importe quel mouvement peut être de la danse », l’aléatoire en propose d’inimaginables. Il juxtapose les disciplines sur la scène, multiplie les centres et les points de vue, rejette le diktat de la frontalité, bouleversant ainsi le regard du spectateur. Selon C. Brown, Cunningham ouvre toutes les portes sans forcément choisir de s’y engager ; par exemple, amoureux de la scène depuis son enfance, il ne remettra jamais en question la notion de spectacle (ce que lui reprocheront les artistes du *Judson). Exposant le spectateur à de multiples niveaux de lecture, son oeuvre extraordinairement impressionniste, parmi les plus originales du XXe s., échafaude une véritable cosmogonie basée sur le changement permanent, dans une intimité profonde avec la pensée de Joyce manifeste dès le premier récital avec Cage et qui culmine dans *Roaratorio (1983) et *Ocean (1994). Ni le beau ni l’émotion ne sont à inventer : il suffit de les laisser émerger. Cunningham continue à se produire jusqu’à plus de soixante-dix ans, malgré les atteintes de l’arthrose, donnant par là-même à ses chorégraphies toute leur dimension poétique et cocasse, humaine et grandiose. DL AUTRES CHORÉGRAPHIES. The Seasons (1947, *Ballet Society, mus. Cage, déc. *Noguchi) ; *Summerspace (1958) ; *Antic Meet (1958) ; *Winterbranch (1964) ; *Walkaround Time (1968) ; *Canfield (1969) ; *Un jour ou deux (1973) ; *Changing Steps (1975) ; Sounddance (1975) ; *Inlets (1977) ; Duets (1980; repr. 1982, *ABT) ; Pictures (1984) ; *Enter (1992) ; Scenario (1997, mus. Kosugi).BIBLIOGRAPHIE. F. Starr, avec M. Cunningham, Changes: Notes on Choreography, Something Else Press, New York, 1968 ; le Danseur et la Danse (entretiens avec Jacqueline Lesschaeve), Belfond, Paris, 1980 et 1988 ; R. de Gubernatis, Merce Cunningham, Bernard Coutaz, Paris, 1990 ; Merce Cunningham / Dancing in Space and Time (sous. la dir. de R. Kostelanetz), Da Capo, ville,1998 ; D. Vaughan, Merce Cunningham, un demi-siècle de danse, Plume, Paris, 1997 ; Merce Cunningham (sous. la dir. de Germano Celant), Charta, ville,1999. FILMOGRAPHIE. Variations V (1966, réal. Arne Arnbom) ; Merce Cunningham and Co. (1982, réal. B. Jacquot et H. Gauville) ; Cage / Cunningham. (1991, réal. E. Caplan) ; CRWDSPCR (1996, réal. E. Caplan). CUNZ Rolf, RIENECK Conrad, dit (1890-?). Musicologue, critique de danse, administrateur de la danse allemand. Élève de R. *Laban, il enseigne la critique de spectacle à l’École Folkwang d’*Essen et organise les jeux de danse de la Mer du Nord en 1927. Nazi de la première heure, il seconde Laban dans la préparation des Jeux olympiques, puis profite de la radicalisation du régime en 1936 pour prendre la direction de l’ensemble des institutions de la danse au ministère de la Propagande. Il tente notamment d’accélerer la formation de danseurs völkisch aux *Deutsche Meisterwerkstätten für Tanz et achève la nazification des *Bewegungschöre. Il est remplacé par H. *NiedeckenGebhard en 1940. LGui BIBLIOGRAPHIE. R. Cunz (éd.), Deutsche Musikjahrbuch, 1923-1925 ; R. Cunz et G. Fischer-Klamt (éd.), Jahrbuch deutscher Tanz, Berlin, Dorn, 1937. CURRIER Ruth, ndn. MILLER R. (née en 1926). Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine. Formée auprès de D. *Humphrey et J. *Limón, dont elle intègre la compagnie (1949-1964), elle crée des rôles notamment dans Night Spell (1951) et Ritmo Jondo (1953) de D. Humphrey, The *Exiles (1953) et *Missa Brevis (1958) de J. Limón. Assistante chorégraphique de Humphrey (1952-1958), elle termine en 1959 le Concerto brandebourgeois, inachevé lors de la mort de la chorégraphe. Dès 1957, elle crée de nombreuses pièces pour son groupe, avant de prendre la direction artistique de la compagnie J. Limón (1973-1977). Brillante soliste, elle est surtout une enseignante de marque, qui débute son activité pédagogique aux côtés de Limón, notamment à la *Juilliard School (1953-1958) et au *Bennington College. Son enseignement s’inscrit dans la tradition Humphrey-Limón, en faisant preuve d’un grand respect pour le danseur. Cette influence marque ses propres créations d’un goût prononcé pour les dynamiques contrastées et les attaques rapides. MDS AUTRES CHORÉGRAPHIES. Epiphanies (1969) ; Salutations (1970) ; Rubocajara (1973).BIBLIOGRAPHIE. D. Dobbels, « Entretien avec R. Currier », in Nouvelles de Danse, 24, 1995. CZERNY Carl (1791-1857) . Pianiste et compositeur autrichien. Ancien élève de L. van *Beethoven, et maître de F. *Liszt, il est l’une des figures centrales de la vie musicale européenne au début du XIXe siècle. Il compose quantité d’oeuvres didactiques qui sont encore de nos jours à la base de l’enseignement du piano : études, sonates et sonatines, danses, fantaisies, variations et rondeaux. F. *Staff lui a rendu un hommage chorégraphique avec Czernyana (3 vers. : 1939, 1941, 1966). SZ downloadModeText.vue.download 122 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 105 Sur la musique de Czerny. H. *Lander (*Études, 1948) ; *Hoving (Incidental Passage, 1964) ; *Golovine (Akademia, 1967) ; *Farber (Mildred, 1971), Mark *Morris (Canonic 3/4 Studies, 1982). CZOBEL Lisa (1906-1992). Danseuse hongroise et allemande. Elle étudie et danse avec Berthe Trümpy et V. *Skoronel à Berlin, puis avec O. *Preobrajenska et L. *Egorova à Paris. En 1930, elle commence un double parcours de soliste de théâtre et de danseuse indépendante. Demie juive, elle suit *Jooss en exil, avant d’être engagée à Florence (1934-1938), Bern et Basel (1940-1944). En 1948, elle rejoint son compagnon, Karl Bergeest, aux théâtres de Heidelberg et de Cologne. Danseuse de sensibilité lyrique, on retient son interprétation de la Jeune Fille dans *la Table verte et de la princesse dans *Histoire du soldat ainsi que le duo contrasté et mondialement célèbre qu’elle forme avec A. von *Swaine (1950-1965). LGui downloadModeText.vue.download 123 sur 803 D DA COSTA Cidalia (née en 1954). Costumière portugaise. Après une formation universitaire en arts plastiques à Paris, elle travaille dans l’atelier de costumes de Marie Grontseff (théâtre et cinéma). À partir de 1988, elle devient la collaboratrice régulière de la compagnie C. *Diverrès, tout en travaillant également pour d’autres chorégraphes dont Jean Gaudin et Loïc Touzé. Son intérêt principal se porte sur les matières et les couleurs. Sa production pour C. Diverrès semble guidée par le désir de vêtir le couple fondateur de la compagnie : comme si elle rêvait de cintrer l’évanescence du corps de Diverrès, le costume féminin devient l’enveloppe d’une étrange irréalité jusque dans ses incarnations baroques ; à l’opposé, elle crée des costumes d’hommes sans qualités comme pour contenir la stature et l’énergie d’une danse que B. *Montet porte à l’excès. À partir de 1993, elle réalise également les costumes pour les créations de ce dernier. PC, PLM DAFORA Asadata (1890-1965). Danseur et chorégraphe américain. Né en Sierra Leone, il voyage à travers l’Afrique de l’Ouest en étudiant danses, musiques, contes populaires et dialectes. Il se rend en Europe, où il se produit dans des cabarets à Berlin (1910-1912), puis il sert dans l’armée britannique. Il étudie ensuite le chant à la *Scala et tourne dans diverses productions d’opéras, dont Aïda. En 1929, il émigre aux États-Unis pour commencer une carrière de chanteur d’opéra, qui se solde par un échec. Convaincu de la beauté particulière de l’art et de la culture africains, il décide alors de consacrer sa vie à les présenter et à les faire accepter de la critique et du public américains. Avec d’autres immigrés africains, il fonde la compagnie Shologa Oloba, qui poursuivra ses activités jusqu’à son retour en Sierra Leone, en 1960. Exclusivement masculine à l’origine, la compagnie se produit en 1933 au Communist Party Bazaar à New York. En 1934, des femmes entrent dans sa compagnie et Dafora présente Kykunkor, or the Witch Woman, opéra dansé africain qui fait date. Cette oeuvre, dont Dafora signe le livret, la musique, les danses et dont il supervise la production, raconte l’histoire d’un marié poursuivi par la malédiction d’une amoureuse dépitée en mêlant les conventions opératiques à la danse et au chant africains. Premier spectacle à révéler aux danseurs noirs le potentiel de leur héritage ethnique, Kykunkor obtient un succès retentissant qui conduira Dafora à créer par la suite plusieurs oeuvres de la même veine, dont Bassa Moona (1937) et Zunguru (1938), données à *Broadway, au Carnegie Hall et au *YM-YWHA. Le groupe participe également au Federal Theatre Project (1935), au célèbre Voodoo *Macbeth (1936, m. en sc. Orson Welles), dont Dafora règle les danses, et au Negro Dance Evening de 1937 avec E. *Guy et K. *Dunham. Responsable de l’African Academy of Arts and Science, Dafora en organise le second festival (1945), qui présente, entre autres, la *Meri, Norman Coker (percussionniste africain), J. *Premice, M. *Dehn. Il forme de nombreux danseurs et percussionnistes, dont Ismay Andrews, Alphonse Cimber, J.-L. *Destiné, Alice Dinilizu, Michael Olatunji et C. *Moore. Homme de grande culture, il est considéré comme l’un des pionniers majeurs de la danse noire de concert aux États-Unis. TDF, ESe AUTRES CHORÉGRAPHIES. Awassa Astrige/Ostrich (1932) ; Batanga (1949). DAHRENDORF Sabine (née en 19? ?). Danseuse et chorégraphe allemande. Après des études de théâtre et de danse classique et des débuts professionnels à Cologne, elle s’installe à Barcelone, où elle crée, en 1984, avec Alfonso Ordoñez, la compagnie Danat. En s’inspirant de danses et de musiques traditionnelles de la province de León, elle invente, avec Bajo Cantos Rodados hay una Salamadras (1989), un certain folklore contemporain. JMA DALÍ Salvador (1904-1988). Peintre espagnol. Formé à l’école des Beaux-Arts de Madrid, il devient à partir de 1929, date de son deuxième séjour à Paris, l’une des personnalités les plus en vue du mouvement *surréaliste. Il développe une iconographie originale en utilisant sa méthode « paranoïaquecritique », qui, fondée sur les associations visuelles, lui permet de donner une forme identifiable à ses obsessions. Très vite célèbre, il travaille pour les Ballets russes de *Monte-Carlo et pour le Ballet international du marquis de *Cuevas. Ses scénographies, comme celle de Mad Tristan (1950, ? ? ? ? ? *Massine), sont belles et inquiétantes, mais écrasent la scène en enfermant la danse dans une réalité pétrifiée. VR AUTRES COLLABORATIONS. *Massine (Bacchanale, 1939; Labyrinth, 1941) ; la *Argentinita (Café de Chinitas, 1944) ; *Eglevsky (Colloque sentimental, 1944) ; *Béjart (Gala, 1961; le Chevalier romain et la Dame espagnole, 1962, avec ? ? ? Rhallys). downloadModeText.vue.download 124 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 2 DALL’ARGINE Costantino (1842-1877). Compositeur italien. Il étudie au Conservatoire de Milan et commence à composer pour le ballet avec Fantasie di un poeta a Roma d’A. *Pallerini (carnaval 1862-1863) avec qui il collabore encore pour Attea (1863), Nyssa e Saib (1867), Nerone (1877). Sa notoriété est surtout liée au succès des ballets écrits pour H. *Montplaisir (La Devâdâci, 1866 ; Brahma, 1868 ; La Semiramide del Nord, 1869 ; Le Figlie di Chèope, 1871 ; Lorelei, 1877). Il compose aussi pour G. *Rota, Ph. *Taglioni, G. *Casati, F. *Pratesi et L. *Danesi. ATos DALLAS BALLET. Compagnie américaine fondée en 1957. Elle débute sous le nom de Dallas *Civic Ballet, comme une institution pédagogique municipale à but non lucratif. En 1969, G. *Skibine est nommé directeur et M. *Tallchief directrice adjointe. La Dallas Civic Ballet Academy est fondée en 1971. Skibine contribue par ses chorégraphies à un répertoire basé sur les grands classiques et des oeuvres de G. *Balanchine, A. *Dolin, J. *Taras, M. *Miskovitch et Milenko Banovitch. À la mort de Skibine, en 1981, F. *Flindt lui succède jusqu’en 1989, la compagnie devenant le Dallas Ballet Youth Dancers. Elle disparaît ensuite et fait place en 1993 au Fort West -Dallas Ballet placé sous la direction de Paul Meija. MK DAMASE Jean-Michel (né en 1928). Compositeur français. Il commence très tôt le piano puis étudie la composition. Prix de Rome en 1947, il enseigne le piano à l’École normale de musique de Paris (1961-1964) et devient directeur du Conservatoire de Boulogne en 1967. Compositeur au style élégant et léger, il est l’auteur plusieurs ballets, notamment pour R. *Petit (la Croqueuse de diamants, 1950 ; Lady in the Ice, 1953, m. en sc. Orson Welles ; les Belles Damnées, 1955 ; Chemins de la création, 1963), J. *Taras (Piège de lumière, 1952 ; les Baladins, 1955), J. * Babilée (Balance à trois, 1955 ; la Boucle, 1957), et P. *Lacotte (le Roi de la nuit, 1973). EQ DANCE THEATER WORKSHOP. Théâtre situé dans le quartier de Chelsea à New York (États-Unis). Fondé en 1965 par un collectif de chorégraphes - J. *Duncan, Art Bauman et Jack Moore -, sa mission est d’emblée le soutien et l’entraide pour de jeunes chorégraphes. Depuis, le théâtre a étendu ses activités à la programmation, l’attribution de bourses, le développement de réseaux professionnels. Haut lieu de la danse contemporaine à New York, aujourd’hui dirigé par David White, il a vu passer nombre des grands noms de la scène new-yorkaise dont M. *Morris, D. *Gordon, B. T. *Jones, M. *Fenley, D. *Elkins. IG DANCE THEATRE OF HARLEM. Compagnie américaine fondée en 1969 par A. *Mitchell. Première compagnie permanente de ballet classique constituée d’interprètes de couleur, elle voit le jour dans un garage de Harlem. Ancien premier danseur du *NYCB, c’est à la suite de l’assassinat de Martin Luther King Jr. en 1968, que Mitchell décide d’oeuvrer en faveur de sa communauté d’origine et pour que les danseurs noirs auxquels l’accès aux compagnies « blanches » de ballet classique est généralement interdit, puissent trouver leur place. Commençant par proposer des classes gratuites pour les enfants du quartier, en 1971 il crée la surprise en faisant débuter les jeunes qu’il a formé au Musée Guggenheim de New York. Très soutenu par G. *Balanchine, il va dès lors se battre sans relâche pour assurer la survie économique de sa compagnie Alors que des Noirs du monde entier intègrent la troupe, Mitchell, après quelques contributions personnelles inégales, diversifie le répertoire principalement balanchinien, en invitant des chorégraphes noirs, notamment L. *Johnson et G. *Holder, donnant à la compagnie sa nouvelle ligne : des danseurs de formation classique capables de tout interpréter. Le groupe est remarquable dans des oeuvres de jazz ou inspirées par la négritude telles Dougla (1974, Holder), et Mitchell, en tant que répétiteur, parvient à lui faire interpréter des chorégraphies de Balanchine de manière impressionnante. Sa création la plus marquante reste la version créole de *Giselle, créée spécialement par F. *Franklin. Applaudie par la critique, tournant régulièrement aux ÉtatsUnis et à l’étranger, la compagnie reçoit un accueil particulièrement chaleureux en Union Soviétique (1990) et en Afrique du sud (1992). Malgré son niveau exceptionnel, elle connaît toutefois des hauts et des bas financiers, ne pouvant parfois pas se produire pendant de longues périodes. Cependant, ses divers programmes à l’intention de la communauté se poursuivent sans faiblir, notamment les représentations gratuites mensuelles offertes aux habitants de Harlem et l’attribution de bourses d’études. MK DANCHET Antoine (1671-1748). Poète dramatique et lyrique français.* Il travaille comme professeur et précepteur, avant de vivre de sa plume, à partir de 1698. Admis à l’Académie française en 1709, il est directeur du Mercure de France à partir de 1727. Il est l’auteur de livrets de *tragédies lyriques, dont Tancrède (1702) et Idoménée (1712), et de plusieurs *opéras-ballets, dont l’*entrée la Sérénade vénitienne intégrée aux *Fragments de Monsieur de Lully (1702) et les *Fêtes vénitiennes (1710), ouvrages mis en musique par A. *Campra. CK DANDRÉ Victor (1870-1944). Imprésario d’origine russe. Balletomane, compagnon d’A. *Pavlova à partir de 1906, il devient le manager de la ballerine. À la mort de celle-ci en 1931, il forme une compagnie qui se produit en Europe, Amérique du Sud, Inde et Australie et contribue à relever les *Ballets russes du colonel de *Basil à Londres (1938-1939). Il est l’auteur d’Anna Pavlova in Art and Life publié à Londres en 1932. GP DANESI Luigi (1832-1908). Danseur et chorégraphe italien. De 1858 à 1857, il est primo mimo à la *Scala. Chorégraphe au théâtre la Canobbiana de Milan en 1867, il travaille à Lisbonne en 1869-1870 puis dans de nombreux théâtres italiens jusque dans les années 1890. Parmi ses ballets, où la danse prévaut sur l’action dramatique, Fada Nix (1869), Gretchen (1869), Il Telegrafo elettrico (1873), Messalina (1877) remportent un vif succès. CC DANILOVA Alexandra Dionisevna (1904-1997). Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine d’origine russe. Formée à l’École de danse du *Mariinski, engagée dans le corps de ballet du *GATOB en 1921, elle participe en 1923 aux Soirées du Jeune Ballet organisées par G. *Balanchine. Elle quitte avec lui l’Union soviétique en 1924 et fait carrière aux *Ballets Russes de *Diaghilev (1925-1929). Elle est ensuite soliste au ballet de l’Opéra de *Monte-Carlo (1929-1930), puis dans la troupe du colonel de *Basil (1933-1938) et au *Ballet russe de Monte-Carlo (1938-1952). Artiste invitée par des compagnies internationales (1952-1954), elle dirige sa propre troupe (1954-1956) et fait ses adieux à la scène à New York en 1957. Elle enseigne à partir de 1953 à Dallas et à la *School of American Ballet de 1964 à 1989. Elle signe quelques chorégraphies de *divertissements d’opéra pour le New York *Metropolitan Opera House et remonte quelques ballets pour le *NYCB. downloadModeText.vue.download 125 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 3 Élégante, raffinée sans maniérisme, elle interprète les grands rôles du répertoire classique (Odette-Odile, le *Lac des cygnes ; Swanilda, *Coppélia). Sa féminité et sa musicalité inspirent Balanchine, dont elle interprète les premières chorégraphies et crée, notamment, *Danses concertantes (1944) et la *Somnambule (1946). Sa vivacité et son charme piquant conjugués à une danse brillante font merveille lors des reprises du Beau Danube et de *Gaîté parisienne de L. *Massine. Comme pédagogue et chorégraphe, elle est l’un des derniers maillons qui relient la danse classique américaine à la tradition russe pétersbourgeoise, transmettant dans ses classes les *variations de M. *Petipa et de M. *Fokine, et coréalisant avec Balanchine les productions de *Raymonda (1946) et Coppélia (1974). NL DANILOVA Maria (1793-1810). Danseuse russe. Elle étudie avec Ch.-L. *Didelot dont elle est l’élève préférée. Dès 1802, elle crée des rôles importants dans ses ballets Apollon et Daphné (1802), *Zéphire et Flore (1808), Amour et Psyché (1809) et dans ceux de L. *Duport, dont le Barbier de Séville (1808) et Pygmalion (1809), ainsi que des danses russes dans des divertissements. Sa mort à dix-sept ans (probablement de phtisie) a été attribuée à son amour malheureux pour L. A. Duport qui fut souvent son partenaire. De nombreux poètes lui ont consacré des vers. ESou DANOVSCHI Oleg (1917-1996). Danseur et chorégraphe roumain. Initié à la danse par sa mère, il étudie auprès de B. *Kniaseff, Roman Romanovski et Floria Capsali. Dès 1932, il se produit au théâtre Alhambra (Bucarest) avant de rejoindre en 1938 le Théâtre national de *Bucarest dont il devient premier danseur et, par la suite, directeur jusqu’en 1970. En 1979, il fonde à Constanza la compagnie Fantasio, première compagnie indépendante roumaine qui devient vite un des meilleurs ensembles de ballet du pays et se produit régulièrement à l’étranger. Auteur de versions remarquées de grands classiques, il explore aussi chorégraphiquement le répertoire musical du XXe s. (*Bartók, *Hindemith, *Berg, *Varèse, *Gershwin) et signe de nombreux ballets sur des partitions de compositeurs roumains dont Georges Enesco et Mihail Jora. Exigeant une grande précision technique de ses danseurs, ses oeuvres, souvent épiques, témoignent d’un sens aigu de la mise en scène. Il reste une des figures majeures du développement de la danse dans son pays. PLM DANZAHOY. Compagnie vénézuélienne fondée en 1980, basée au Teatro Teresa Carreño de Caracas. Placées sous la responsabilité de sa fondatrice et directrice artistique, Adriana Urdaneta (née en 1955), figure majeure de la danse latino-américaine, ainsi que de Luz Urdaneta (née en 1959) et Jacques Broquet (né en 1960), directeurs artistiques associés, aux talents singuliers, Danzahoy et son école appartiennent au Centre latino-américain de Danza (CLADA) qui bénéficie du soutien des organismes culturels nationaux et latino-américains. Orientée vers la danse contemporaine, elle développe une esthétique audacieuse faisant place à une poétique du quotidien latino-américain. Réunissant, pour la première fois au Venezuela, des artistes majeurs d’autres disciplines artistiques, elle propose en saisons régulières ainsi qu’en tournées nationales et internationales (Amérique, Europe) un répertoire varié de plus de cinquante chorégraphies parmi lesquelles Selva (1981, création collective), Momentos hostiles (1987, chor. L. Urdaneta), Orejas de tigre (1992, chor. J. Broquet), Huespédes (1994, A. Urdaneta) et Oto el pirata (1994, A. Urdaneta) oeuvre couronnée par le prix du meilleur spectacle pour enfant (Programme jeunesse télév., 1994). Ses nombreuses récompenses nationales et internationales témoignent de son succès qui fait dire en 1990 au critique mexicain R. Fernández S. que « son histoire apparaîtra pour quelques-uns comme le rêve de bien des groupes de danse ». CU DAPRON Louis (1913-1987). Danseur, chorégraphe et pédagogue américain. Issu d’une famille de claquettistes, il débute à l’âge de cinq ans sur la scène des *vaudevilles et passe son adolescence à enseigner dans l’école de danse familiale. Découvert à vingt-deux ans par la *Paramount, il fait ses débuts cinématographiques en créant et en interprétant ses propres numéros dans Three Cheers for Love (1937, réal. Ray McCarrey) puis travaille avec L. *Printz et devient son assistant. Il signe sa première chorégraphie à part entière pour R. *Keeler dans Sweetheart of the Campus (1941, *Columbia) et collabore à une cinquantaine de films pour *Universal Studio, où il se spécialise dans la mise en scène de numéros pour D. *O’Connor (1941-1950). À partir des années 1950, il participe également à de nombreux spectacles télévisés. Interprète et chorégraphe renommé des années 1920 aux années 1980, créateur de séquences de *claquettes pleines d’énergie et de vitalité, ce professeur recherché a formé de grands noms de la danse dont R. *Keeler, A. *Miller, M. *Mattox. ESe AUTRES CHORÉGRAPHIES POUR LE CINÉMA. What’s Cooking (1942, réal. , Universal) ; Follow the Band (1943 réal. Jean Yarbrought) ; Hey Rookie (1944, réal. Charles Barton, Columbia). DARRELL Peter, SKINNER P., dit (1928-1987). Danseur, chorégraphe et directeur artistique britannique. Formé au *Sadler’s Wells, membre fondateur du *Sadler’s Wells Theatre Ballet (1946), il travaille ensuite à Paris et en Suède. Chorégraphe au Mercury Theatre de Londres (1951-1955), il obtient sa première commande du London Festival Ballet en 1952 pour Harlequinade. En 1957, il fonde le Western Theatre Ballet avec Elizabeth West. À la mort de celle-ci, en 1962, il prend seul en charge la compagnie qui s’implante ensuite à Glasgow et devient finalement le *Scottish Ballet. Par son travail à Glasgow, il dote l’Écosse d’une véritable compagnie nationale dont la réputation permet d’inviter des célébrités comme M. *Fonteyn, N. *Makarova ou R. *Noureïev. Utilisant la technique classique pour exprimer des thèmes contemporains, il cherche une nouvelle approche de la musique. Il sollicite des compositeurs britanniques majeurs pour de nouvelles partitions et des écrivains pour de nouveaux sujets de ballet. Ses propres idées lui fournissent l’occasion de quelques premières marquantes : The Prisoners (1957 ; rep. 1970, *Northern Th. ; 1976, Irish B.) qui met en scène les émotions passionnées d’une femme et de deux condamnés en cavale ; A Wedding Present (1962), sympathique traitement de l’homosexualité ; Mods and Rockers (1963), premier ballet sur la musique des Beatles ; Chéri (1980, d’après Colette). Sondant l’intimité de soi avec *Five Rückert Songs (1978), il propose aussi des relectures radicales de *Giselle (1971), du *Lac des cygnes (1977) et de *Cendrillon (1979). NG AUTRES CHORÉGRAPHIES. Midsummer Watch (1951) ; Chiaroscuro (1959) ; Jeux (1963) ; Sun into Darkness (1966) ; Beauty and the Beast (1969) ; Herodias (1970) ; The Tales of Hoffmann (1972 ; rep. 1998, Scottish B.) ; O Caritas (1974) ; Scarlet Pastorale (1975) ; Mary, Queen of Scots (1976) ; Carmen (1985). BIBLIOGRAPHIE. N. Goodwin, A Ballet for Scotland, Canongate, Édimbourg, 1979. DARSONVAL Lycette, ndn. PERRON ALICE (1912-1996). Danseuse, chorégraphe, pédagogue et maître de ballet française. Soeur de S. *Perrault, formée à l’École de l’Opéra de *Paris, elle entre dans le Ballet en 1926, et le quitte en 1931. En 1933, elle reçoit le 1er prix au concours de Varsovie, et en 1934 danse aux downloadModeText.vue.download 126 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 4 États-Unis avec S. *Lifar, puis dans les Ballets *russes d’Esprilova. Revenue à l’Opéra en 1935, elle est la première (avec S.? J.? *Schwar[t]z) à recevoir officiellement le titre de danseuse *étoile (1940). De 1956 à 1960, elle dirige l’École de danse, dont elle demande, en 1958, le transfert dans un bâtiment spécial, projet qui ne sera réalisé qu’en 1987 par C. *Bessy. Elle fait ses adieux à l’Opéra en 1959, et danse jusqu’en 1967 dans le monde entier. En 1964-1965 et de 1971 à 1974, elle est maître de ballet et directrice de l’École de danse à Nice. En 1979, elle remonte *Sylvia à l’Opéra en se référant à des documents de l’époque de la création (version montée en 1980 à Pékin). Avec sa technique éblouissante (elle est alors la seule à faire les *fouettés doubles dans *Suite en blanc) et ses qualités dramatiques, Lycette Darsonval est une artiste exceptionnelle, de renommée internationale. Elle est une des danseuses préférées de Lifar, dont elle crée Elvire (1937), *Oriane et le prince d’amour, *Joan de Zarissa, Suite en blanc, *Roméo et Juliette, *le Chevalier errant, *Phèdre. Elle crée également à l’Opéra le *Palais de cristal, la Tragédie de *Salomé, *Pas de quatre, et brille dans les grands rôles du répertoire (*Giselle, *Sylvia, *Coppélia, les *Deux Pigeons, le *Lac des cygnes) et les oeuvres de M. *Fokine (*Petrouchka, *Daphnis et Chloé, le *Spectre de la rose). Elle est l’auteur de Ma vie sur les pointes, Paris, 1988 GP, MFB DARTINGTON COLLEGE OF ARTS. Ecole anglaise fondée en 1961. Il trouve son origine dans le Dartington Hall Trust, fondation constituée par Dorothy et Leonard Elmhurst afin d’aider la communauté rurale dans son développement économique et artisanal. K. *Jooss et sa compagnie sont hébergés au Dartington Hall dans les années 1930 mais ce n’est qu’en 1961 que se structure en son sein un collège d’enseignement des arts du spectacle. Les activités intègrent à la pédagogie, l’expérimentation et la présentation de travaux. S. *Paxton y enseigne à temps plein de 1978 à 1980 et nombre d’artistes et de professeurs étrangers y sont invités. De 1973 à 1987, un festival y est organisé par M. *Fulkerson sous le nom de Dance at Dartington, regoupant élèves, amateurs, enseignants et des artistes notoires comme R. *Alston. Cette émulation confère à l’école un rôle important dans le développement de la *nouvelle danse anglaise, mouvement proche de la danse *postmoderne américaine à l’origine duquel se trouvent plusieurs anciens étudiants dont R. *Butcher, L. *Booth et Y. *Snaith. OD DAUBERVAL Jean, BERCHER J., dit (1742-1806). Danseur, chorégraphe et pédagogue français. Fils d’un acteur de la Comédie-Française, il est formé à l’École de danse de l’*Académie royale de musique (ARM) à Paris. Il se produit à Bordeaux, Lyon (où il travaille avec J. G. *Noverre) et Turin avant de débuter sur la scène de l’ARM en 1761. S’il rejoint Noverre à Stuttgart (1762-1764) puis à Londres (1764), il fait l’essentiel de sa carrière d’interprète à l’ARM, où il est nommé premier danseur de *demi-caractère en 1763, puis premier danseur *noble en 1770. Devenu *maître de ballet de l’ARM conjointement avec M. *Gardel en 1781, il démissionne en 1783, faute de pouvoir s’entendre avec celui-ci. Il est engagé comme maître de ballet au King’s Theatre de Londres (17831784) puis au Grand Théâtre de Bordeaux, où il crée, de 1785 à 1790, un répertoire mettant en vedette son épouse, la danseuse Mlle Théodore, et au Pantheon Theatre de Londres en 17911792, où il signe son dernier ballet. Danseur fort apprécié de Noverre, qui le juge doté d’esprit, de goût et d’intelligence, il excelle dans les danses allègres. Partenaire de J.-B. *Lany, de Mlles *Allard et *Guimard, il paraît dans de nombreux *divertissements d’opéras (dont ceux de J.-Ph. *Rameau et de C. *Gluck ) et participe à la création de *ballets pantomimes de M. Gardel (la Chercheuse d’esprit, 1777) et Noverre (les *Petits Riens, 1778). Il règle sa première chorégraphie en 1759 à Turin (Il Trionfo di Bacco in Tracia), mais donne toute sa mesure à partir de 1785 à Bordeaux. Il commence par créer des oeuvres de genre sérieux puis s’oriente vers des sujets plus légers, *anacréontiques (*Pygmalion, 1785 ; *Psyché, 1788 ; Télémaque dans l’île de Calypso, 1791) ou mettant en scène des personnages ordinaires sur le mode comique (le *Page inconstant et l’Épreuve villageoise, 1787 ; la *Fille mal gardée, 1789 ; la Foire de Smyrne ou les Amants réunis, 1792). Plutôt que d’éblouir les spectateurs, il cherche à toucher leur coeur. Habile à caractériser les personnages, il entremêle danse et *pantomime, exigeant de ses interprètes une technique solide alliée à des dons expressifs variés. S. *Viganò, C.-L. *Didelot, J.-P. *Aumer et E. *Hus figurent parmi ses élèves. NL DAVIES Peter Maxwell (né en 1934). Compositeur britannique. Il étudie à Rome avec G. *Petrassi et aux États-Unis puis rentre en Grande-Bretagne. Sa musique est caractérisée par un suggestif mélange entre les techniques des avant-gardes, même sérielles, et celles typiques de la polyphonie médiévale. EQ SUR LA MUSIQUE DE DAVIES. *Louther (Vesalii Icones, 1969) ; R. *Petit (Barres parallèles, 1978) ; F. *Flindt (*Salomé, 1978 ; Caroline Mathilde, 1991) ; *Alston (Bell High, 1980 ; Hymnos, 1988). DAVIES Siobhan (née en 1950). Danseuse et chorégraphe britannique. Elle est un des premiers étudiants de *LCDSch. Membre fondateur du *LCDTh. en 1967 elle présente sa première chorégraphie, Relay, en 1972. Chorégraphe associée à la compagnie en 1974, puis en résidence en 1983, elle y crée dix-sept pièces jusqu’à sa démission en 1987. En 1982, en marge de son travail au LCDTh., elle participe à la fondation du collectif Second Stride et y crée six pièces. En 1988, de retour d’un voyage aux Etats-Unis, elle fonde la Siobhan Davies Co. Ses créations souvent réalisées avec l’éclairagiste P. *Mumford et le scénographe David Buckland, font appel à des compositeurs contemporains (M. *Nyman, J. *Adams ou Brian Eno). Influencée par R. *Cohan et R. *Alston, elle s’en différencie par une forme de théâtralité dont le mode narratif reste implicite. OD AUTRES CHORÉGRAPHIES. Pilot (1974) ; Rushes (1982) ; White Man Sleeps (1988) ; Different Trains (1990) ; White Bird Featherless (1991) ; Wanting to tell stories (1993) ; The Art of Touch (1995) ; Trespass (1996) ; Winnsboro Cotton Mill Blues, Eighty Eight (1998). DAVIS Chuck, D. Charles Rudolph, dit (né en 1937). Danseur, choré- graphe et pédagogue américain. Élevé à Raleigh (Caroline du Nord), protégé du poète et critique Owen Dodson, il danse dans les troupes du percusionniste Olatunji, d’E. *Pomare, Raymond Sawyer, Bernice Johnson et Joan Miller. En 1968, il fonde le Chuck Davis Dance Company of New York, première compagnie de danse africaine venue d’Amérique à tourner en Europe sous les auspices du Département d’État américain. Il présente avec celle-ci une palette complète de la danse noire, depuis ses origines africaines jusqu’à ses formes contemporaines. En 1977, il lance un festival annuel de danse africaine, Dance Africa, et crée, en 1980, l’African American Dance Ensemble à Durham (Caroline du Nord). Présence dynamique, il donne des ateliers de danse africaine basés sur ses fréquents voyages à travers le monde. Il conçoit son travail chorégraphique à la fois comme un moyen de préserver l’héritage africain et comme une force de changement social, mission dont les trois mots clés seraient paix, amour et respect. TDF, ESe downloadModeText.vue.download 127 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 5 AUTRES CHORÉGRAPHIES. Drought (1985) ; Saturday Night, Sunday Morning (1985). DAVIS John. Éclairagiste américain. Transfuge de chez A. *Nikolais, de 1972 à 1978 il est l’éclairagiste inspiré des créations de C. *Carlson. Offrant une lumière à la fois indirecte et tamisée, quelle que soit son intensité, il nimbe la part de rêve que la danse de C. Carlson invoque : lumière douce et pénétrée, protectrice et amoureuse, elle double l’espace du geste carlsonien d’une puissance enveloppante et dissipative, où les bleus et d’infimes violets, rouges ou orangés accompagnent et emportent avec eux le secret d’un corps en suspens constant, d’une danse au dessin parfois si net qu’il en devient coupant. DD DAYDÉ Bernard (1921-1986).. Scénographe et costumier français. Il commence sa carrière de décorateur en 1944 et organise sa première exposition personnelle de peinture en 1945. L’année suivante, il signe la scénographie du ballet Sérénité de J. *Babilée. Commence alors un long compagnonnage avec la danse, lequel marquera le ballet français des années 1950-1960 (J. *Charrat, M. *Béjart, J. *Lazzini, etc.). De 1971 à 1977, il dirige les services artistiques et techniques de la scène à l’Opéra de *Paris, contribuant à leur réorganisation. Ses scénographies n’imposent pas un style personnel, mais sont élaborées en fonction de l’originalité de l’oeuvre. Du trompe-l’oeil au décor abstrait, il a une approche éclectique et sans a priori, qui privilégie l’efficacité décorative. Dans les Liens de Charrat (1957), il compose une scène traversée exclusivement de cordes qui relient les danseurs, alors que pour Haut Voltage de Béjart (1963), il s’inspire de la dimension symbolique des tours de radio célébrées par les *constructivistes russes. Soucieux de modernité, il travaille ses costumes dans les matériaux les plus récents, comme le plastique qu’il utilise dans Bacchus et *Ariane (1968, M. *Descombey) pour donner aux danseurs un aspect luisant et vernissé. VR AUTRES COLLABORATIONS. Babilée (Danse et Poésie, 1946) ; Charrat (la Légende et la Licorne, 1948 ; la Dryade, 1956 ; l’Enfant et les Sortilèges, 1964 ; Rencontres, 1966) ; Béjart (Arcane I, 1955 ; Prométhée, 1956; l’Étranger, 1957; *Pulcinella, 1957 ; Métamorphoses, 1966) ; Michel Descombey (Symphonie concertante, 1962 ; Essais, 1966) ; Joseph Lazzini (Illuminations, 1963 ; le *Mandarin merveilleux, 1965 ; le *Fils prodigue, 1966) ; *Skibine(Danses brèves, 1963) ; F. *Flindt (Tango chicane, 1968 ; Sommerdanse, 1970 ; *Salomé, 1978) ; *Biagi (Siegfrid Idyll, 1971) ; *Darsonval (*Sylvia, 1979) ;*Balanchine (Gaspard de la nuit, 1975) DAYDÉ Liane (née en 1932). Danseuse et pédagogue française. Formée à l’École de l’Opéra de *Paris, elle entre dans le Ballet en 1946. Nommée *étoile en 1951, elle interprète le répertoire (*Giselle, *Coppélia) et participe à de nombreuses créations, comme Blanche-Neige ou *Roméo et Juliette de S. *Lifar. Elle quitte l’Opéra en 1959 et danse la *Belle au bois dormant pour G. *Cuevas en 1960-1961. En 1963, elle organise le Grand Ballet classique de France, qui diffuse en France et dans le monde un éventail représentatif de la danse française, et dans lequel elle danse et invite les plus grands interprètes. Depuis 1979, elle se consacre à l’enseignement. GP, MFB DE CHIRICO Giorgio (1888-1978). Peintre et décorateur italien. Il s’inspire, à ses débuts, des paysages de Florence et Turin pour représenter des places désertées, entourées d’arcades sombres et habitées de statues démesurées. Cette période, dite « métaphysique », influence les *surréalistes que l’artiste côtoie peu après son arrivée à Paris en 1911. Ceux-ci continueront longtemps à le revendiquer comme l’un des leurs malgré la rupture avec l’« esprit moderne » qu’il amorce dès les années 1920 et qui va le conduire à travailler d’après les grands maîtres de la Renaissance italienne (Raphaël, Michel-Ange, Botticelli). Cette mutation se retrouve dans les styles de ses décors successifs : contribution avant-gardiste pour la Jarre ( 1924, J. *Börlin, *Ballets suédois), sa première réalisation pour la scène ; approche fantastique qui doit encore beaucoup au surréalisme pour le Bal (1929, G. *Balanchine, *Ballets Russes), cette influence s’estompant au cours des années 1930 pour céder la place à la veine académique qui domine ses dernières oeuvres. PC AUTRES COLLABORATIONS. *Lifar (*Bacchus et Ariane, 1931, Op. de *Paris ; Apollon Musagète, 1956) ; *Romanov (Pulcinella, 1931, Op. *Basil) ; *Wallmann (Poème de de Paris) ; *Lichine (Protée, 1938, B. du colonel de *Milloss (Amphion, 1942 ; Danses de Galanta, 1945) ; (la Légende de *Joseph, 1951, *Scala) ; R. *Petit l’extase, 1968). DE FRUTOS Javier (né en 1963). Danseur et chorégraphe vénézuélien. Il se forme au Vénézuela puis à la *LCDSch. À New York, de 1987 à 1992, il étudie chez M.*Cunningham, crée ses propres chorégraphies et danse chez L. *Dean. Puis il travaille deux ans en Espagne. Chorégraphe résident du Chisenhale Dance Space de Londres en 1994, il est lauréat à *Bagnolet en 1996. Iconoclaste, il travaille souvent en solo. Ses danses qui évoquent la solitude, l’homosexualité, la maladie, sont aussi jouissives et provocantes. OD AUTRES CHORÉGRAPHIES. The Palace Does Not Forgive (1994) ; Sweetie J (1995) ; Meeting J (1995) ; Out of J (1996) ; Transatlantic (1996) ; The Hypochondriac Bird (1998). DE GROOT Pauline (née en 19? ?). Danseuse, chorégraphe et pédagogue néerlandaise. À la fin des années 1950, elle part étudier à New York (école *Graham, M. *Cunningham, J. *Limón, E. *Hawkins). Pionnière de la danse moderne aux Pays-Bas restée fidèle aux principes acquis aux États-Unis dans les années 1970, elle privilégie dans ses solos et pièces de groupe le sens d’une «expérience» plutôt que la recherche d’illusion. JMA DE KEERSMAEKER Anne-Teresa (née en 1960). Danseuse et chorégraphe belge. Après avoir étudié à *Mudra (1978-1980), elle complète sa formation à la Tisch School of Arts, à New York. De retour à Bruxelles, elle crée en duo avec M.-A. *De Mey Fase, Four Movements on the Music of Steve Reich (1982). Le spectacle *Rosas danst Rosas (1983), « tracé de véhémence « avec lequel elle fonde sa compagnie, Rosas, lui assure d’emblée une consécration internationale. Figure de proue de la «nouvelle vague» flamande, elle devient à partir de 1992 « compagnie en résidence « au Théâtre royal de la Monnaie, à Bruxelles. Depuis 1995, elle dirige un nouveau centre de formation, *PARTS (Performing Arts Training Research). Elle signe une oeuvre protéiforme et exigeante, essentiellement articulée à des choix musicaux explorés avec une rare vigueur compositionnelle. Marquée par l’enseignement de Fernand Schirren à Mudra, elle cisèle une musicalité de la danse qui sait creuser son tourbillon nerveux dans l’énergie des corps conducteurs de rythmes, de tensions, de silences et de syncopes. L’énergie cyclique et répétitive qui caractérisait Fase et Rosas danst Rosas s’est diversifiée dans des formes plus complexes, avec les quatuors à corde de B. *Bartók pour Bartok Aante- keningen (1986), un opéra de Cl. *Monteverdi pour *Ottone, Ottone (1988), des sonates d’Eugène Ysaye et des oeuvres de G. *Ligeti dans Achterland (1990), la grande fugue de L. van downloadModeText.vue.download 128 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 6 *Beethoven pour Erts (1994), ou encore une composition de S. *Reich pour Drumming (1998). Autour de cette ligne musicale, elle incorpore des matériaux dramaturgiques tels que texte et voix, film et vidéo. Dès 1986, elle signe une mise en scène, surprenante et magistrale, d’une pièce de Heiner Müller. Dans Stella ((1990), des textes de Johann Wolfgang Goethe, de Tennessee Williams, et des dialogues d’un film d’Akira Kurosawa émaillent la chorégraphie d’éclats qui portent l’interprétation à son point d’incandescence. L’acuité de ses chorégraphies relève d’une tension permanente entre structure et émotion : la maîtrise formelle permet à Anne-Teresa De Keersmaeker de s’aventurer dans un art de danser au-dessus de l’abîme. JMA AUTRES CHORÉGRAPHIES. Asch (1980) ; Elena’s Aria (1984) ; Mikrokosmos (1987) ; Mozart/Concert Arias (1992) ; Amor constante mas allá de la muerte (1994) ; Kinok (1994) ; Erwartung/Verklärte Nacht (1995, mus. A. *Schoenberg, m. en sc. Klaus Michael Grüber) ; Toccata (1995) ; Just Before (1997) ; Woud-Three Movements to the Music of Berg, Schoenberg and Wagner (1997). FILMOGRAPHIE. Hoppla ! (1989, réal. Wolfgang Kolb) ; Ottone, Ottone/1991 (1991, réal. Walter Verdin) ; Rosa (1992, réal. Peter Greenaway). DE LAVALLADE Carmen (née en 1932). Danseuse et comédienne américaine. Élevée en Californie, elle hésite entre le théâtre et la danse, avant de suivre les traces de sa cousine, J. *Collins, la première prima ballerina noire du *Metropolitan Opera. En 1949, elle obtient une bourse pour se former auprès de L. *Horton, et devient bientôt la danseuse principale de la compagnie reformée par ce dernier, où elle rencontrera A. *Ailey. Elle fait ses débuts dans le rôle-titre de *Salomé (1950), où elle est applaudie pour son lyrisme et son talent dramatique, et crée des rôles dans Brown County (1950), Indiana (1950), Another Touch of Klee (1951), *Medea (1951), Liberian Suite (1952) et *To José Clemente Orozco (1953). Elle danse dans plusieurs films, notamment dans Carmen Jones (1954) avec Ailey pour partenaire. Installée à New York, elle le retrouve à *Broadway pour la *comédie musicale House of Flowers (1954, H. *Ross). C’est à ce moment qu’elle rencontre G. *Holder, qui devient son époux. Son association scénique avec Ailey se poursuit avec succès et sa technique se renforce ; elle se produit en artiste invitée avec le *Metropolitan Opera, l’*ABT, le New York City Opera, compagnies d’Ailey et de J. *Butler. Au Proche-Orient, en 1962, elle est tête d’affiche d’une tournée de quatre mois, « Carmen de Lavallade - Alvin Ailey and Company », financée par le gouvernement américain. Pendant les années 1960, elle forme à la danse les acteurs de la Yale Drama School, tout en interprétant *Shakespeare, des classiques et du théâtre expérimental. Jusque dans les années 1990, elle se produit à l’écran et en artiste invitée. TDF DE MEY Michèle Anne (né en 1959). Danseuse et chorégraphe belge. Formée à *Mudra, elle participe aux débuts d’A.-T. *De Keersmaeker, puis crée deux duos, Balatum (1984) et Face à face (1986), évocations d’espaces intimes. Elle aborde ensuite des oeuvres au format plus imposant où, à l’image de Sinfonia eroïca (1990), elle crée sur des musiques classiques à des ambiances pleines d’énergie, généreuses et gaies qui communiquent le plaisir ludique de la danse et du corps, avec un zeste de nonchalance. JMA AUTRES CHORÉGRAPHIES. Passé simple (1981, Cie Serge Keuten) ; Trois Danses hongroises (1989) ; Vendredi 10 mars : Angers (1989, CNDC d’Angers) ; Châteaux en Espagne (1991) ; Sonatas (1992) ; *Pulcinella (1994) ; Katamênia (1997). FILMOGRAPHIE. Face à face (1987, réal. Éric Pauwels). DE MEY Thierry (né en 1956). Compositeur et réalisateur belge. Élève de F. *Schirren, il aborde très tôt la composition en rapport avec la danse. Ses études cinématographiques, son intérêt pour les mathématiques et l’informatique musicale enrichissent aussi sa pensée compositionnelle qui tend vers un équilibre entre formalisme et expressivité. Son travail avec A. T. *De Keersmaeker (Rosas danst Rosas, 1983 ; Kinok, 1994) et W. *Vandekeybus (What the Body Does not Remember, 1987 ; les Porteuses de mauvaises nouvelles, 1989 ; The Weight of the Hand, 1990) explore les rapports possibles entre danse et musique, de l’indépendance à l’interpénétration. MJS DE MILLE Agnes (1905-1993). Danseuse, chorégraphe et écrivain américaine. Fille d’un producteur de cinéma et nièce du cinéaste Cecil B. De Mille, elle fait des études à l’université de Los Angeles. Elle commence en 1918 sa formation à la danse classique auprès de Koslov qu’elle parfait plus tard avec M. *Rambert et A. *Tudor. À partir de 1928, elle se produit en soliste à New York, puis en tournée aux États-Unis, faisant ses débuts de chorégraphe dès 1929 (The *Black Crook, Hoboken, New Jersey). Elle tourne aussi en Europe, travaille en Grande-Bretagne pour le Ballet Club (1933) et le Tudor’s Dance Theatre (futur *ABT), compagnie pour laquelle elle règle la plupart de ses ballets, de Black Ritual (1940, mus. D. *Milhaud) à The Other (1992, mus. F. *Schubert). Elle fonde et dirige l’Agnes De Mille Dance Theatre (1953-1954). Le succès de Rodeo (1942) lui ouvre les portes de *Broadway, où elle chorégraphie et parfois met en scène une série de *comédies musicales à succès (*Oklahoma, 1943 ; *Carousel, 1945 ; Brigadoon et Allegro, 1947 ; Gentlemen Prefer Blondes, 1949 ; Paint Your Wagon, 1951 ; Girl in Pinktights, 1954). Elle écrit de nombreux livres sur la danse, dont quatre de souvenirs (Dance to the Piper, 1952; And Promenade Home, 1956 ; Speak to Me, Dance with Me, 1973 ; Where the Wings Grow, 1977), ainsi qu’une biographie de M. *Graham publiée en 1991. Conférencière et militante pour la défense des professions artistiques, elle est jusqu’à sa mort l’une des personnalités influentes de la vie culturelle américaine. À l’instar de la première génération de chorégraphes classiques américains (L. *Christensen, M. *Kidd, C. *Littlefield, E. *Loring, R. *Page), elle puise ses sources de création dans le patrimoine de son pays ; une page d’Histoire (The *Harvest According), un fait divers (*Fall River Legend), les coutumes de l’Ouest (*Rodeo) lui inspirent ses pièces maîtresses, tandis que chants et musiques populaires font naître The Wind in the Mountains (1965) et Texas Fourth (1976). Son intérêt pour le folklore anglo-saxon s’exprime aussi dans les ballets où elle retravaille la gestuelle traditionnelle (écossaise dans The Bitter Weird, 1962 ; irlandaise dans The Informer, 1988). Possédant le sens de la mise en scène, elle signe des oeuvres d’un réalisme parfois âpre, souvent humoristique (The Three Virgins and a Devil, 1941, mus. O. *Respighi ; The Four Marys, 1965 ; A Rose for Miss Emily, 1970). Dans le champ du théâtre musical, elle révolutionne la fonction de la danse en l’intégrant complètement à l’intrigue, concevant ses chorégraphies pour révéler la psychologie des personnages et faire progresser l’action, modifiant le rôle du chorus, pour lequel elle utilise de véritables danseurs. On lui attribue également les premières séquences de ballets oniriques et son *Oklahoma est considérée comme l’étape marquant les débuts de la comédie musicale moderne. En nourrissant la danse classique d’emprunts à la danse *moderne, aux *claquettes et aux danses folkloriques américaines et en introduisant à l’occasion des gestes de la vie quotidienne, elle réussit à créer, dans ses ballets comme dans ses comédies musicales, un style assez proche downloadModeText.vue.download 129 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 7 du spectateur pour que ce dernier puisse se sentir concerné et se trouver d’autant plus touché par le spectacle. NL, ESe BIBLIOGRAPHIE. M. Speaker-Yuan, Agnes De Mille, Chelsea House, New York, 1996 DEAN Dora, BABBIGE D., dite (1872-1950). Danseuse américaine. Il est probable qu’elle n’ait suivi aucune véritable formation de danseuse avant son premier succès dans The*Creole Show en 1889 où elle se fait remarquer par sa prestation de *cake-walk théâtralisé et où elle rencontre son futur époux Charles Johnson (1873-1958). Avec lui, elle constitue un duo qui se produit par la suite dans les *vaudevilles et tourne très régulièrement en Europe. Après leur séparation professionnelle et privée, D. Dean retourne aux États-Unis en 1914. Pendant quatre ans, elle paraît avec succès dans les circuits de vaudeville noir notamment avec Dora Dean and Co., Dora Dean and her Phantoms avant de se retirer définitivement dans les années 1920. Le couple Dean-Johnson, premier *class act engagé dans les circuits blancs de vaudeville, présente le *cake-walk de façon scénique et professionnelle. Dans une grande parade marchée où les qualités de « strutter « (voir *strut) de Johnson et la grâce de Dean font merveille, leur numéro établit l’image du couple afro-américain raffiné. Leur grande élégance - elle, arborant robes onéreuses, lui, haut-de-forme, queue-de-pie, gants et monocle - leur popularité, leur présence scénique, leur technique et leur sophistication aideront à lancer le cake-walk dans la société blanche américaine. ESe DEAN Laura (née en 1945). Chorégraphe et compositrice américaine. Elle étudie le piano et la danse (L. *Hoving, P. *Sanasardo, M. *Slavenska, M. *Cunningham) et travaille avec P. *Taylor, K. *King, M. *Monk et R. *Wilson. Elle fonde sa compagnie en 1971 et collabore de 1972 à 1975 avec le groupe de musiciens de S. *Reich. Gardant l’idée de musique « live «, elle décide alors de la composer elle-même. Après un Bessie Award en 1985, elle reçoit des commandes pour d’autres compagnies : *Joffrey Ballet, 1986 ; *NYCB, 1988 ; American Indian Dance Theatre (*Jacob’s Pillow, 1998). Ses premières créations utilisent la voix et une danse répétitive sur des parcours géométriques simples (Dance Concert, 1971). Ses chorégraphies évoluent ensuite vers des phrases de mouvements issues d’une base rythmique commune à la musique et à la danse. Sur le mode répétitif allié à une large gamme de vitesse, la danse fait appel à des pas élémentaires : *marches, *courses, *sauts, frappements de pieds, tournoiements (Phase Patterns, 1972 ; Spinning Dance, 1973). Plus complexes, Dance (1976) et Tympani (1980) paraissent cependant d’une infinie simplicité, la danse retrouvant là l’essence même du mouvement humain. LB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Song (1976) ; Night (1982) ; Shaman (1987) ; Equator (1988). DEANE Derek (né en 1953). Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie britannique. Formé à la *Royal Ballet School, il intègre le *Royal Ballet en 1972, devenant principal dancer en 1978. Il y crée des rôles pour K. *MacMillan (*Mayerling, 1978 ;Valley of Shadows, 1983) et signe sa première chorégraphie (Fleeting Figures, 1984). Il quitte le Royal Ballet en 1989 et devient directeur artistique adjoint et chorégraphe attitré de l’Opéra de *Rome (1990-1992). Depuis 1993, il assure la direction artistique de l’*English National Ballet et de son École. Il chorégraphie également en Italie, en France, en Australie, en Afrique du Sud, aux États-Unis et au Japon. Il adapte le *Lac des cygnes (1997) et *Roméo et Juliette (1998) pour la scène circulaire du Royal Albert Hall. CH AUTRES CHORÉGRAPHIES. Giselle (1994) ; Alice au pays des merveilles (1995). DEBUSSY Claude (1862-1918). Compositeur français. Exceptionnellement doué, il entre à dix ans au Conservatoire de Paris, où il passe douze ans, fréquentant les classes de Marmontel (piano) et de Giraud (composition). Puis il voyage avec la baronne von Meck, qui l’a engagé comme pianiste accompagnateur. En 1884, la cantate l’Enfant prodigue lui ouvre les portes de la villa Médicis, où il écourte son séjour, ne supportant pas l’académisme qui y règne. Devenu parisien dès 1887, il est un habitué des « mardis » de S. *Mallarmé et se lie avec des représentants de la peinture impressionniste. Il découvre R. *Wagner lors de deux séjours à Bayreuth (1888-1889), mais s’en détourne après une période de maturation pendant laquelle il assimile les influences de l’opéra de M. *Moussorgski Boris Godounov et de l’Extrême-Orient à travers l’Exposition universelle. *Prélude à l’après-midi d’un faune (1894), son premier vrai succès, et *Pelléas et Mélisande (1904), qui lui assure la célébrité, sont suivis d’une production incessante où, en avance d’un demi-siècle sur son temps, il innove tant au piano (Études, 1915) qu’en musique symphonique - P. *Boulez parle de Jeux (1914) comme d’une « oeuvre capitale de l’histoire de l’esthétique contemporaine ». Les relations du compositeur avec la danse sont paradoxales. Si le Martyre de saint Sébastien (1911), composé pour I. *Rubinstein, connaît de nombreuses reprises, son ballet Khamma (1912), commande d’A. *Maud, ne retrouvera la scène qu’en 1947 (J.-J. *Etchevery) et 1986 (U. *Scholz). L’accueil par le public de *Jeux (1913, V. *Nijinski), « quelque chose qui tient du guignol et du cirque », est franchement hostile, et lorsque Debussy écrit la Boîte à joujoux (1919, Andrée Hellé), dont J. *Börlin (1921), M. *Froman (1927), A. *Milloss (1950) donneront par la suite leur propre version, il voudrait que le ballet soit interprété par des marionnettes qui, seules, ont « l’intelligence du texte et l’expression de la musique ». Quant à la Création (1918, Ph.*Quinault ; 1921, Börlin), ce sera un succès posthume. Pourtant, ses oeuvres seront abondamment chorégraphiées. À commencer par le Prélude à l’après-midi d’un faune, qui n’a pas été écrit pour la scène : chorégraphié par Nijinski en 1912 à l’instigation de S. *Diaghilev, il donne lieu à un retentissant scandale auprès du public, mais aussi des musiciens, qui ont le sentiment que l’oeuvre est ridiculisée, avant de devenir une pièce majeure du répertoire. En fait, son oeuvre entière est exploitée, qu’il s’agisse de pièces de grande envergure comme Pelléas et Mélisande, dont il existe de nombreuses versions chorégra- phiques, ou de pages courtes dont L. *Fuller est la première à se saisir pour déployer ses danses symbolistes (Petite Suite, 1909 ; Nocturnes : Nuages, Fêtes, Sirènes, 1913 ; Children’s Corner, 1914 ; la Mer, 1925). La musique de Debussy se révélera ensuite source d’inspiration régulière, notamment pour R. *Page (Snow Is Dancing, 1927 ; Moonlight Sailing, 1928 ; Night Melody, 1933 ; Night of the Poor, 1933), S. *Lifar (*David triomphant, 1937 ; Persée, 1943 ; Syrinx, 1943 ; Danseuses de Delphes, 1953 ; les Pas et les Lignes, 1954 ; Nuages et Fêtes, 1955), J. *Cranko (Primavera, 1945 ; Jeu de vagues, 1965 ; Brouillards, 1970 ; Green, 1973) et M. *Béjart (les Fleurs du mal, 1971 ; Clair de lune, 1977 ; la Plus que lente, 1977). NC, PLM SUR LA MUSIQUE DE DEBUSSY. *Goleïzovski (Cake-walk, 1921 ; Danse sacrée, 1921) ; *Terpis (Totentänze, 1925) ; *Graham (Arabesque n° 1, 1926 ; Soirée dans Grenade, 1926) ; de *Valois (Poisson d’or, 1927 ; Danses sacrées et profanes, 1930) ; *Littlefield (The Minestrel, 1935) ; *Yakobson (Valse, 1938) ; *Lichine (Protée, 1938) ; *Erdman (Hamadryad, 1948 ; Sailor in the Louvre, 1951 ; The Burning Thirst, 1952) ; *Robbins (Ballade, downloadModeText.vue.download 130 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 8 1952 ; Antique Epigraphs, 1984) ; *Skibine (l’Ange gris, 1953) ; *Bolender (*Still Point, 1956) ; *Ailey (Ariette oubliée, 1959) ; *Butler (Chansons de Bilitis, 1965) ; J. *Neumeier (Haiku, 1966) ; *Walter (la Demoiselle élue, 1966) ; *Taylor (Fêtes, 1971 ; Guest of May, 1972 ; Images, 1977) ; R. *Cohan (Nympheas, 1976) ; *Kylián (la Cathédrale engloutie, 1975 ; Nuages, 1976 ; Silent Cries, 1986) ; S. *McKayle (The Last Minstrel Show, 1978) ; *Van Manen (Variations pour piano V, 1984) ; *Eagling (Nijinski, 1989) ; *Petit (Children’s Corner, 1984 ; Debussy pour sept danseurs, 1990) ; S. *Feld (Evoe, 1992). DECINA Paco (né en 1955). Danseur et chorégraphe italien. Il étudie la danse classique, auprès de V. *Biagi notamment, et afro-cubaine avec Bob Curtis, chorégraphes dont il devient aussi l’interprète. Il se forme ensuite aux techniques contemporaines américaines (1979-1984) avant de s’installer en France où il fonde la compagnie Post-Retroguardia en 1986. Dans ses oeuvres, les corps oscillent entre sensualité et rêverie, inclinant vers la lenteur dans une esthétique raffinée qui passe par l’image et les stigmates pour traiter de la mémoire, du sens du religieux et du désarroi social. IF CHORÉGRAPHIES. Palm Trees on Colva Beach (1986) ; Circumvesuviana (1988) ; Vestigia di un corpo (1991) ; Ciro Esposito fu Vincenzo (1993) ; Fessure (1994) ; Infini (1997). DECOUFLÉ Philippe (né en 1961). Danseur, chorégraphe et metteur en scène français. Adolescent, rêvant de devenir clown, il choisit l’École nationale du cirque. Il poursuit sa formation à l’école du mime Marceau et entre au *CNDC. Ses qualités d’interprète retiennent l’attention d’A. *Nikolais qui l’engage à l’âge de dix-huit ans dans sa compagnie. Il suit également des cours avec M. *Cunningham à New York, danse pour R. *Chopinot et K. *Armitage. En 1983, il est primé au Concours de *Bagnolet pour Vague Café et fonde sa compagnie, DCA. Enchaînant les créations aussi bien pour la scène que pour l’image filmée, collaborant à la réalisation de spot publicitaires, il atteint bientôt une renommée internationale à l’occasion de deux manifestations spectaculaires : « Bleu Blanc Goude », défilé parade conçu par Jean-Paul Goude pour le 14 juillet 1989 (centenaire de la Révolution française), dans lequel il chorégraphie la Danse des sabots ; les jeux Olympiques d’hiver d’Albertville et de Savoie (1992) dont il met en scène les cérémonies d’ouverture et de clôture. En 1995, sa compagnie s’installe définitement à la Chaufferie (Seine-Saint Denis), ancienne usine thermo-électrique où il accueille aussi d’autres chorégraphes et interprètes. Au fil de ses productions, Decouflé fait naître un monde improbable, peuplé de personnages poétiques aux corps élastiques, mi pantins, mi acrobates. Cet univers magique, sans haut ni bas, sans queue ni tête, prend ses racines dans des fascinations anciennes (le rock et la bande dessinée, les ballets d’O. *Schlemmer et les prestations des *Nicholas Brothers) que sa formation diversifiée va lui permettre de structurer : de Nikolais il retient l’importance de la lumière ainsi que des costumes ; des ateliers de M. *Cunningham, dont ceux consacrés au travail de la vidéo, il tire la maîtrise des problèmes de distance et de géométrie, des règles de l’optique et du mouvement ; les techniques des arts du cirque vont, elles, féconder sa danse pour engendrer les qualités flexibles et insaisissables qui la caractérisent. Glissé, désarticulé, le mouvement chez lui se gondole, tangue, se plie aux délires et à l’humour de son imaginaire nourri par ses propres dons de graphiste et les idées de ses collaborateurs tels Ph. *Guillotel pour les costumes ou Jean Rabasse pour les décors. Attaché au principe de plaisir, il se refuse à opposer formes spectaculaires et danse contemporaine, parvenant à faire de celle-ci un art populaire. IF, PLM AUTRES (1986) Triton Shazam CHORÉGRAPHIES. Tranche de cake (1984) ; *Codex ; Technicolor (1988) ; Tutti (1987, pour le *GRCOP) ; (1990) ; *Petites Pièces montées (1993) ; Denise (1995) ; ! (1998). AUTRE MISE EN SCÈNE. Cérémonie des 50 ans du festival de Cannes (1997). RÉALISATION DE FILMS. La Voix des légumes (1983), Jump (1984), Caramba (1986), Codex le film (1987), le P’tit Bal (1993), Shazam ! (1998). FILMOGRAPHIE. Planète Decouflé (1998, réal. François Rousillon). DEGAS Edgar (1834-1917). Peintre français. Il naît dans une famille de la grande bourgeoisie parisienne. Son père, passionné de peinture, lui fait découvrir les grands maîtres de l’histoire de l’art lors de voyages en France et en Italie. Le jeune artiste subit ainsi l’influence d’Ingres auquel il voue une admiration sans borne. Il abandonne ses études de droit pour s’inscrire à l’École des beaux-arts de Paris et fréquente le milieu artistique de Montmartre. Dès 1874, ses tableaux d’histoire et des portraits classiques sont présentés dans les expositions impressionnistes. Influencé par le peintre japonais Hokusai, Degas évolue rapidement vers une peinture nouvelle et trouve dans l’objectivité de la photographie des sujets d’études privilégiés. Il abandonne la perception classique, peint la vie moderne ; très vite, la représentation du mouvement devient sa principale obsession, nourrie par un sens de l’observation quasi scientifique dans le traitement et la décomposition du mouvement humain et animal. Habitué du monde hippique et théâtral, Degas pénètre dans l’univers de la danse en 1866, faisant son atelier du foyer de l’Opéra de *Paris, alors accessible au public. Fasciné par le corps dansant, il s’immisce dans les coulisses pour capturer les danseuses au repos ou en répétition, priviliégiant ces instants privés sur la danse en représentation. Respectant, dans un premier temps, les effets de perspective classique, il bascule progressivement vers des angles de vision plus originaux. Avec une rare maîtrise des raccourcis, il adopte gros plans, contre-plongées, contre-jours et joue avec les éclairages colorés du théâtre. La cécité le gagnant, il poursuit avec la sculpture et le pastel : évoluant vers une technique plus libre, il modèle les volumes par le seul stratagème de la lumière et relève l’ensemble par quelques touches de couleur pure. F. *Ashton (Foyer de la danse, 1932) et S. *Lifar (Entre deux rondes, 1940) rendront hommage à son oeuvre qui, dans le souci permanent du geste exact, tente de saisir, à la manière d’un étrange instantané, le mouvement de la danse. PC BIBLIOGRAPHIE. P. Valéry, Degas Danse Dessin, Gallimard, Paris, 1938. FILMOGRAPHIE. La Petite Danseuse de Degas (1987, réal. Henri Alekan, chor. E. *Pagava, prod.musée d’Orsay). DEGROAT Andy (né en 1947). Danseur et chorégraphe américain. De racines européennes, il étudie aux Beaux-Arts de New York avant de découvrir la danse à vingt ans. Spectateur assidu de M. *Cunningham, Y. *Rainer, J. *Robbins, G. *Balanchine, K. *King, A. *Halprin, il collabore avec R. *Wilson, danse dans le Regard du sourd (1971), Lettre à la reine Victoria (1974) et compose la partie chorégraphique d’Einstein on the Beach (1976). Après avoir fondé, en 1978, une compagnie à New York, il vient à Paris en 1982, travaille avec le *GRCOP et le groupe W. *Piollet, J. *Guizerix, J.-C. *Paré, puis crée la compagnie Red Notes en 1982. Se tournant également vers des créations pour enfants, il est installé depuis 1997 en France à Montauban. Après avoir commencé par des danses giratoires (Rope Dance, 1974), il passe par le *minimalisme *répétitif (notam- ment sa Danse des éventails, 1978) avant d’aborder le mode downloadModeText.vue.download 131 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 9 comique (May Meets Marie, 1989) pour composer ensuite des oeuvres plus élaborées sous influence classique. Parmi ses soixante créations, certaines sont des relectures très personnelles du répertoire : le *Lac des cygnes (1982), la *Bayadère (1987-1992), *Giselle (1992), *Casse-Noisette (1993-1995). Il a participé aussi à des oeuvres lyriques. Son humour et sa fantaisie le rendent définitivement inclassable. LB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Portraits de danseurs (1979) ; Nouvelle Lune (1983) ; le Faune dévoilé (1993). DEHESSE Jean-Baptiste François ou DE HESSE ou DESHAYES (17051779). Acteur, danseur, chorégraphe et pédagogue français. Né de parents français à La Haye, il est maître à danser et acteur à Valenciennes (1729-1734). Engagé à la Comédie-Italienne à Paris en 1734, il fait une brillante carrière au sein de ce théâtre jusqu’en 1762 : comédien (emplois de valet et personnages comiques), il danse dans les *divertissements et assume la fonction de maître de ballet de 1738 à 1757. La marquise de Pompadour le choisit pour régler les danses des spectacles donnés dans son Petit Théâtre des Appartements à Versailles et Bellevue de 1747 à 1753. Associé en 1758 à la direction de l’Opéra-Comique à *Paris, il assume divers tâches administratives jusqu’en 1779. Il s’affirme comme un chorégraphe inventif et prolixe, réglant les divertissements d’innombrables comédies ainsi qu’une soixantaine de *ballets pantomimes à succès. Brodant autour d’un thème simple et visuel, il enchaîne des petites scènes avant de conclure sur une *contredanse générale. Créés pour la Comédie-Italienne, ces ballets laissent peu de place aux sujets de genre sérieux. Dehesse privilégie au contraire la veine cocasse et pittoresque (l’*Opérateur chinois, 1748 ; les Quatre Âges en récréation, 1749 ; les Pilots bouffis, 1751). Il affectionne les intrigues champêtres (les Enfants vendangeurs, 1749 ; le Mai, 1751 ; la Matinée villageoise, 1755 ; la Bergère, 1756), mettant en scène une foule de gens du petit peuple dans l’exercice de leur métier (les Bûcherons, 1750 ; les Meuniers, 1751 ; les Jardiniers, 1755). Il forme de nombreux élèves, dont Mlle *Puvigné, qui font carrière à la Comédie-Italienne et à l’*Académie royale de musique. Jugé par ses contemporains comme l’un des meilleurs chorégraphes de l’époque, il contribue, avec ? ? *Billioni, F. *Pitrot et P. *Sodi, à l’émergence ainsi qu’à la diffusion du ballet-pantomime à Paris. NL AUTRES CHORÉGRAPHIES. Les Amants trompés (1738) ; le Pédant (1748) ; la Guiguette (1750) ; les Niais (1754) ; les Noces chinoises (1756) ; la Mariée de Village (1757). BIBLIOGRAPHIE. N. Lecomte, « Jean-Baptiste François Dehesse » in Recherches XXIV, Paris, 1986. DEHN Mura, TSIPEROVITSCH Maria, dite (1902-1987). Danseuse et chorégraphe américaine. D’origine russe, formée selon les principes de F. *Delsarte et É. *Jaques-Dalcroze, elle étudie avec E. *Tels à Vienne, devient son assistante et tourne dans toute l’Europe avec son groupe, tout en se produisant elle-même en soliste sous des noms divers. Très influencée par un spectacle de J. *Baker à Paris, elle commence d’introduire le *jazz dans ses chorégraphies dès la fin des années 1920. Après son mariage avec Adolf Dehn, devenue citoyenne américaine en 1932, elle se produit en duo la même année avec J. *Dudley, puis se tourne définitivement vers le jazz. Elle fréquente régulièrement le *Savoy Ballroom, travaille avec Shorty G. *Snowden et Herbert White, consolidant ainsi un engagement de cinquante ans envers la danse jazz, dont elle se fera l’avocat passionné. En 1943, elle crée l’Academy du Swing, avec A. *Dafora pour assembler et classifier les pas, les danses et les styles, étudie les racines de la danse jazz, publie des articles et se transforme en imprésario, collaborant pendant une quinzaine d’années avec les meilleurs danseurs du Savoy : P. *Bethel, Al Minns, L. *James. En 1954, elle fonde un groupe avec J. *Berry (produit sous différents noms, dont The Traditional Jazz Dance Theater) et ajoute à ses articles des documentaires filmés (notamment The Spirit Moves, réalisé en 5 parties entre 1950 et 1985), reconnu comme sa plus importante contribution à la danse. Envisageant le jazz comme le reflet de la société contemporaine, consciente de son influence sur les autres formes de danse et sur la conception du corps dansant dans les danses de société, elle focalise son attention sur ce qu’elle considère le secret de son attraction : le rythme. Spécialiste de la danse noire américaine, elle est considérée comme un pionnier dans la documentation des styles des différentes danses sociales. ESe DELALANDE Michel Richard ou LALANDE M. R. de (1657-1726). Compositeur français. Compositeur officiel à la cour de France, il est surtout célèbre pour sa production de musique sacrée. Auteur des musiques du Ballet de la Jeunesse (1686, P. *Beauchamps), ses compositions ultérieures pour C. *Balon s’inscrivent dans l’émergence du genre *opéra-ballet : l’Inconnue (1720), les Folies de Cardenio (1720), ou encore les Éléments (1721), composés avec André Cardinal Destouches. SZ DELDEVEZ Édouard (1817-1897). Compositeur et chef d’orchestre français. Très jeune, il se fait connaître comme violoniste tout en étudiant la composition au Conservatoire de Paris. Chef d’orchestre de l’Opéra de *Paris de 1873 à 1877, il écrit principalement de la musique de chambre et des opéras dans le sillage d’*Auber. Il reste surtout connu comme le compositeur de *Paquita (1846). EQ AUTRES COMPOSITIONS. Eucharis (1844, *Coralli) ; Vert-Vert (1851, *Mazilier). DELENTE Maryse (née en 1949). Danseuse et chorégraphe française. Formée au Conservatoire de Bordeaux, elle débute en 1970 au ballet du Capitole de Toulouse. Après deux ans au Ballet royal de *Wallonie, elle entre comme soliste en 1973 à l’Opéra de *Lyon. C’est là qu’elle fait ses débuts de chorégraphe, recevant pour Automne le 1er prix au Concours de *Cologne 1982 . Elle est alors invitée à créer des oeuvres dans plusieurs ballets français, puis à l’étranger. Menant dans la banlieue lyonnaise un travail de sensibilisation des jeunes à la danse, elle fonde en 1985 à Vaulx-en-Velin sa compagnie uniquement composée de danseuses, pour laquelle elle crée une douzaine d’oeuvres. Depuis 1995, elle dirige le *Ballet du Nord. Tout en poursuivant ses actions auprès du public, elle construit, pour une compagnie désormais mixte, un répertoire composé de ses propres reprises ou créations, mais aussi de celles d’invités comme Nils Christe, Renatus Hoogenraad, M. *Marin, J. *Bouvier et R. *Obadia. Danseuse classique ancrée dans son époque, elle développe comme chorégraphe une forme contemporaine de la technique académique. Dans une tonalité lyrique et expressionniste, elle construit une oeuvre qui explore avec une ardeur incisive les grands thèmes universels, la vie, l’amour, la mort, excluant toute narration, même lorsqu’elle revisite des oeuvres du répertoire, comme *Giselle (1992). Sa gestuelle ample, violente, à la sensualité exacerbée, n’est pas sans évoquer M. *Graham, dont Steps in the Street figure au répertoire de sa compagnie. MFB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Symphonia de Requiem (1983) ; le *Sacre du printemps (1993, mus. *Stravinski) ; *Roméo et Juliette (1996, mus. *Berlioz) ; Nous n’irons plus au bois (1998, mus. P. A. Mati). downloadModeText.vue.download 132 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 10 DELFAU André (né en 1914). Scénographe français. Collaborateur des ballets du marquis de *Cuevas, il est apprécié pour le dépouillement et la simplicité de ses scénographies. Réduites à l’essentiel sans jamais être neutres, elles préservent l’harmonie des ensembles, des couleurs entre elles, et mettent en valeur le danseur. Soucieux de servir le style de l’oeuvre, il crée des décors très variés. Sa célèbre scénographie pour la reprise d’Apollon Musagète (1947, G. *Balanchine) à l’Opéra de *Paris marque un retour vers le classicisme, dans des lignes pures et nettes. Dans sa collaboration suivie avec G. *Skibine, il utilise habilement le lyrisme, l’humour et la grandeur tragique des chorégraphies, pour créer de belles compositions plastiques. VR AUTRES COLLABORATIONS. Skibine (l’Ombre de la nuit, 1945 ; Tragédie à Vérone, 1950 ; Annabel Lee, 1951 ; Concerto, 1957 ; Conte cruel, 1959 ; le Coq d’or, 1974, chor. d’après *Fokine, recréation du décor d’après *Gontcharova) ; Balanchine (Serenade, repr. 1947 ; la Somnambule, repr. 1948) ; S. *Golovine (la Mort de Narcisse, 1958). DELIBES Léo, D. Clément-Philibert Léo (1836-1891). Compositeur français. Des études de composition menées avec A. *Adam avivent son goût du théâtre. Organiste à Saint-Pierre de Chaillot et accompagnateur au Théâtre lyrique, il compose vaudevilles et opérettes à une vive allure. Chef de choeur à l’Opéra de *Paris en 1864, il se fait un nom avec *Coppélia, ou la Fille aux yeux d’émail (1870, *Saint-Léon) et *Sylvia, ou la Nymphe de Diane (1876, L. *Mérante). Il met fin à sa carrière de professeur de composition en 1881. En 1883, il donne son célèbre opéra Lakmé à l’Opéra Comique ; l’année suivante, il devient membre de l’Institut. Impressionniste avant l’heure, la musique de Delibes est toute de couleurs. Elle combine avec un égale facilité le sens du détail et les mouvements d’ensemble. Mélodies, rythmes et allusions au folklore sont servis par une subtile orchestration et d’un usage accompli du leitmotiv. Entre 1830 et 1870, malgré la contribution d’Adam, la musique de ballet en France peine à s’affirmer. Delibes va contribuer à en rehausser les mérites. Dès 1866, il collabore brillamment avec L. *Minkus pour la *Source ou Naila (Saint-Léon) puis compose, en 1867, un « Pas des fleurs » pour la reprise du *Corsaire (J. *Mazilier, mus. Adam), avant de poser les fondements du « ballet symphonique » avec Coppélia et Sylvia. Pour Coppélia, Delibes travaille en étroite collaboration avec Saint-Léon : il suit dans les moindres détails les directives du chorégraphe, qui va jusqu’à transférer l’action en Galicie pour y introduire des danses populaires du pays ; danse et musique sont créées simultanément et comme moulées l’une sur l’autre. Pour Sylvia, Delibes, associé à *Mérante, se plie surtout aux exigences de la créatrice du rôle R. *Sangalli : celle-ci lui fait récrire de nombreuses pages afin qu’elles correspondent mieux à ses qualités d’interprète. Ces deux partitions possèdent toutefois un équilibre parfaitement indépendant de la chorégraphie et présentent un intérêt musical constant. JRou Sur la musique de Delibes. *Saint Denis (*Dance of the Five Senses, 1906) ; *Pavlova (la Naissance du papillon, 1912) ; *Kyasht (The Reaper’s Dream, 1913) ; *Staats (Soir de fête, 1925) ; *Martins (Delibes divertissement, 1982). DELL’ARA Ugo (né en 1921). Danseur, chorégraphe et pédagogue italien. Élève de T. Battaggi et E. *Caorsi à l’Opéra de *Rome, il débute comme primo ballerino avec A. *Radice dans La Giara (1939, A. von *Milloss). Primo ballerino (1946-1949) puis *maître de ballet et chorégraphe (1952-1959) à la *Scala, il fonde le Festival de Nervi en 1955 avec M. Porcile. Il est ensuite directeur du ballet et chorégraphe au *Teatro San Carlo de Naples (1960-1963 et 1980-1984) et au Teatro Massimo de Palerme (1965-1976). Par sa technique et son tempérament, il est considéré comme le plus grand danseur italien de sa génération. Chorégraphe fécond et de valeur, il crée notamment en 1949 les danses de Carosello napoletano, une comédie musicale très populaire (reprise plus tard au cinéma dans une chorégraphie de L. *Massine) et crée une nouvelle version d’*Excelsior de L. *Manzotti à Florence, en 1965. PV AUTRES CHORÉGRAPHIES. Laudes Evangelii (1967) ; L’Urlo (1967) ; Es (1970) ; le *Sacre du printemps (1972) ; Portrait de *Don Quichotte (1976) ; Fragmentation (1977, mus. *Bussotti). DELLER Florian Johann (1729-1773). Compositeur allemand. Les débuts de sa carrière restent inconnus. En 1756, après avoir étudié avec Ignaz Holzbauer et Niccolo Jommelli à Stuttgart, il commence sa collaboration avec J.-G. *Noverre, pour lequel il compose plusieurs ballets, dont Admète et Alceste (1761), *Orphée et Eurydice (1763), chef-d’oeuvre du genre *ballet pantomime, le Triomphe de Neptune (1763), les Fêtes de l’Hymen (1766), ainsi que des danses pour les opéras de Jommelli. SZ DELL’ERA Antonietta ou DELLERA ou DALL’ERA (1860-?). Danseuse italienne. Elle se produit en Italie (Milan, sa ville natale, et Messine) et à l’étranger (Barcelone, Le Caire, Berlin), se rend à Saint-Pétersbourg en 1886 où elle débute dans un café-concert avant d’être engagée comme première danseuse au *Mariinski. Elle quitte la Russie en 1893 pour Berlin où elle danse jusqu’en 1909. Créatrice du rôle de la Fée dragée dans *Casse-Noisette (1892, L. *Ivanov), elle interprète Aurore dans la *Belle au bois dormant (1893, Mariinski) et Swanilda dans *Coppélia (1889, Op. de *Paris). Bonne technicienne, notamment pour les *sauts, elle possède un remarquable *aplomb. RZ DELLO JOIO Norman (1913). Organiste et compositeur américain. Après ses études à la *Juilliard School, il se consacre à la direction d’orchestre et compose souvent pour la télévision et la scène. Il écrit plusieurs pièces pour M. *Graham (Diversion of Angels, 1948 ; Seraphic Dialogue, 1955 ; A Time of Snow, 1968). MJS AUTRES COMPOSITEURS. *On Stage! (1945, *Kidd) ; Triumph of St. Joan (1951, Graham ; 1989 ; Reflection on St. Joan, *Tomasson) ; *There Is a Time (1956, *Limón). DELOATCH Gary (1953-1993). Danseur américain. Il se forme à la Settlement School of Music, à Philadelphie, puis au *Dance Theater of Harlem. Il débute avec le George *Faison Universal Dance Experience, puis rejoint en 1978 l’Alvin *Ailey American Dance Theater. Remarqué par sa grande taille et pour son talent dramatique, il devient vite danseur principal et se distingue dans des oeuvres remontées pour lui, dont Hermit Songs (Alvin Ailey) et Suite Otis (George Faison), ou dans des rôles créés pour lui, comme celui du petit trafiquant dans The *Stack Up (1983, T. *Beatty). Son impressionnante interprétation de For Bird - With Love (1983, A. Ailey) allie une passion dramatique intense à une technique de danse qui sait élégamment se faire oublier. TDF DELSARTE François (1811-1871). Chanteur, théoricien du mouvement et pédagogue français. Inscrit au Conservatoire de Paris (1826-1829), il reste insatisfait de la formation qu’il reçoit, estimant qu’elle n’est pas suffisante pour affronter la scène. Il se passionne alors pour les cours d’A. J.-J. *Deshayes, professeur de « tenue théâtrale « et héritier de downloadModeText.vue.download 133 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 11 l’école de J.-G. *Noverre, qui le sensibilise à l’observation de la mimique en oeuvre dans la vie quotidienne. Il abandonne sa carrière de chanteur et, à partir de 1831, donne des cours particuliers de chant, d’art dramatique et de mimique théâtrale selon une méthode qu’il a élaborée lui-même mais sur laquelle il publie peu d’écrits. Disciple du saint-simonisme, il fonde en 1839 la confrérie Famille trinitaire, qui vise à appliquer les principes du catholicisme à l’enseignement de l’art et de l’éloquence. Outre les membre de la confrérie, chanteurs, musiciens, acteurs, orateurs, hommes politiques, prêtres, peintres et lettrés suivent ses cours. La pensée de Delsarte s’inscrit dans le courant de la physiognomonie, mais elle investit la sphère tout entière de la communication, en privilégiant cependant le langage gestuel considéré comme l’expression la plus directe de l’âme. Élaborée à partir de l’observation systématique des gestes, des inflexions de voix, des mouvements et des expressions humaines dans la vie quotidienne, sa méthode se réfère aux lois naturelles qui selon lui président aux actes d’expression. Le principe fondamental réside dans l’idée que les composantes constitutives de l’homme (la vie, l’âme et l’esprit) reflètent la triple nature divine et influencent respectivement son état sensible (les sensations), son état moral (les sentiments) et son état intellectuel (la pensée). Par ailleurs, à chaque état intérieur il associe une modalité d’expression extérieure : la voix aux sensations, le geste aux sentiments et la parole à la pensée. Le corps humain est analysé comme une figure géométrique divisible en sections : les membres sont soumis à l’influence de la composante vitale (dans la mesure où ils sont en contact avec le monde environnant), le buste (où siège le coeur) à celle de l’âme et la sphère de la tête à celle de l’esprit. Chacune de ces macro-zones se divise à son tour en autant de sections, placées sous l’influence d’une de ces trois composantes principales. En s’appuyant sur cette structure, on peut ainsi décomposer tout geste ou expression pour en déduire la signification, en tenant compte toutefois du fait que le corps tout entier participe à chaque mouvement. Ses théories sont introduites aux États-Unis par son élève et assistant, J. S. *MacKaye, qui les simplifie et les modifie partiellement, et sont transmises à la génération suivante par les élèves de ce dernier, G. *Stebbins et H. *Crane. En Europe, ce sont surtout les milieux du théâtre qui s’en saisissent en les réélaborant. Bien que Delsarte n’ait aucun rôle direct dans la genèse de la danse moderne, les conceptions des pionniers tant américains (T. *Shawn, R. *Saint-Denis) qu’européens (*Jaques-Dalcroze, R. *Laban) ne sont pas sans lien avec le delsartisme : en faisant passer d’une tradition axée sur la représentation à une tradition reposant sur l’expression l’approche du théâtre et de la danse, il lègue l’idée d’une dynamique corporelle capable d’exprimer les parcours de l’âme. SF BIBLIOGRAPHIE. A. Porte, François Delsarte : une anthologie , IPMC, Paris, 1992. DENARD Michaël (né en 1944). Danseur et comédien français. Il découvre la danse à dix-sept ans et, après ses premiers contrats à Toulouse et à Nancy, les cours de Solange Golovine le mènent à l’Opéra de *Paris (1965-1989, *étoile en 1971). Ce théâtre reste son port d’attache, mais dès les années 1970, il danse avec des troupes très éclectiques (*Jeunesses Musicales de France, *Théâtre du Silence, *ABT) et dans des contextes variés (festivals d’été) explorant avec bonheur tous les genres chorégraphiques. Lorsqu’il quitte l’Opéra, il devient directeur du ballet de l’Opéra de *Berlin (1993) et poursuit une carrière de comédien (Horace, Pierre Corneille, 1984 ; Un mari idéal, Oscar Wilde, 1998). Sa personnalité apollinienne attire les créateurs : M. *Béjart (l’*Oiseau de feu, 1970), R. *Petit, J. *Garnier, L. *Childs). Prince romantique idéal (*Giselle), il renouvelle le répertoire en imposant des interprétations très personnelles, comme lorsqu’il fait de Siegfried (le *Lac des cygnes) un avatar de Louis II de Bavière. Il aime les rôles de composition (la *Pavane du Maure, J. *Limón) et la modernité (*Densité 21,5, C. *Carlson). Avec G. *Thesmar, il forme un couple à l’accord idéal. Ensemble, ils incarnent l’âme du romantisme dans les reconstructions de P. *Lacotte (la *Sylphide, 1971). Amoureux de leurs lignes et de leur musicalité, G. *Balanchine leur confie plusieurs de ses ballets (*Apollon Musagète) et crée pour eux Chaconne (*Orphée et Eurydice, C.-W. *Gluck, Op. de Paris, 1974). J. *Robbins leur donne *Afternoon of a Faune et Concerto en sol. Sa carrière illustre la plénitude artistique du danseur classique au XXe siècle. SJM BIBLIOGRAPHIE. S. Chaban, Michaël Denard, Étoile de l’Opéra de Paris, Somogy, Paris, 1991. DENBY Edwin (1903-1983). Critique de danse et poète américain. Né en Chine, formé à l’université de Harvard et à *HellerauLaxenburg, il danse dans les années 1930 dans une compagnie de Darmstadt. Il écrit sur la danse pour la revue Modern Music (1936-1942) et dans le quotidien New York Herald Tribune (1942-1945). Proche également des arts plastiques, poète, il collabore à de nombreux magazines et fait figure de référence dans l’histoire de la critique américaine. Trois ouvrages compilent des décennies d’articles et d’essais : Looking at the Dance (Horizon Press, New York, 1968), Dancers, Buildings and People in the Streets (Horizon Press, New York, 1965) et Dance Writings (A. Knopf, New York, 1986). Plusieurs entretiens avec Denby dans Ballet Review révèlent sa complexe personnalité. GV DENHAM Serge (1897-1970). Homme d’affaires et directeur de compagnie américain d’origine russe. Vice-président de la World Art Inc., groupe financier américain, il participe à la réorganisation de la troupe créée par R. *Blum et devient en 1938 le directeur administrateur du *Ballet russe de Monte-Carlo. Il occupe cette fonction jusqu’à la dissolution de la compagnie, en 1963, et fonde en 1954, à New York, la Ballet Russe School. NL DENISHAWN. École et compagnie de danse américaine basée à Los Angeles (1915-1931). L’école est fondée et dirigée par R. *Saint Denis et T. *Shawn, qui en deviendra l’animateur principal. Noyau de la compagnie Denishawn Dancers, qui entreprend des tournées à travers les États-Unis dès 1915, elle attire un grand nombre d’élèves : des studios dirigés par d’anciens élèves sont bientôt ouverts dans différentes villes sous le même label. Après une fermeture provisoire en 1918, le Denishawn, reconstitué, connaît de 1921 à 1925 sa période la plus féconde, couronnée par une tournée de dix-huit mois qui mène la compagnie du Japon jusqu’en Inde. *Ishtar of the Seven Gates (1923) marque l’apogée de ce style décoratif et imposant, où l’orientalisme rejoint le *vaudeville. À l’issue des saisons d’été du Lewisohn à New York, (1925-1931), la séparation définitive du couple Shawn-Saint Denis (1931) met aussi fin aux activités du Denishawn. Première institution de la danse moderne américaine, d’où émerge la génération historique de la relève (notamment M. *Graham, D. *Humphrey, C. *Weidman), le Denishawn offre, sous la direction musicale de L. *Horst, une formation de base éclectique, comprenant des cours de danse moderne, classique, « orientale » et ethnique, et une expérience scénique précieuse. Les music visualisations de R. Saint Denis et les théories de F. *Delsarte enseignées par T. Shawn - notamment la maîtrise des « principes jumeaux de tension et de relaxation » et la notion de l’équilibre « au repos ou en mouvement » - seront décisives pour l’avenir de la *modern dance. Les nombreuses tournées initient downloadModeText.vue.download 134 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 12 le public américain à la danse, tandis que celle en Orient contribue à ressusciter l’intérêt pour la danse indienne en Inde même. MDS BIBLIOGRAPHIE. J. Sherman, The Drama of Denishawn Dance, Middletown (Conn.), 1979 ; U. A. Coorlawala, « R. St. Denis and India’s Dance Renaissance », in Dance Chronicle 15, 2, 1992. FILMOGRAPHIE. Denishawn. The Birth of Modern Dance (1988, New Jersey Center Dance Collective) DERAIN André (1880-1954). Peintre et décorateur français. Élève de l’École des mines, il s’initie à l’art du paysage dès l’âge de quinze ans. Il étudie ensuite à l’Académie Carrière, où il rencontre H. *Matisse. Plus tard, il se lie d’amitié avec Maurice Vlaminck et P. *Picasso. De 1905 à 1908, il est un des représentants du fauvisme. Travaillant sous contrat pour plusieurs galeries, avant de devenir indépendant, en 1916, il laisse derrière lui une oeuvre très éclectique. Choisi par S. de *Diaghilev en 1919 pour réaliser les décors et les costumes de la *Boutique fantasque (L. *Massine), il signera aussi pour les *Ballets russes ceux de Jack in the box (1926, G. *Balanchine). Ces premières collaborations contribueront à lancer sa carrière : « C’est grâce aux Ballets Russes que des oeuvres comme celles de Derain connurent les feux de la rampe », écrira M. *Larionov. Son oeuvre témoigne d’un sens de la figure en accord avec le corps stylisé que la danse fait émerger en son temps. CD AUTRES COLLABORATIONS. L. Massine (Gigue, 1924 ; Mam’zelle Angot, rep. 1947 ; Valse, 1950) ; Balanchine (la Concurrence, 1932 ; Fastes, 1933 ; les Songes, 1933) ; *Lifar (Salade, 1935) ; *Fokine (l’Épreuve d’amour, 1936) ; *Ashton (Harlequin in the Street, 1938) ; *Petit ( Que le diable m’emporte, 1948). DERP Clotilde von, von DER PLANITZ C., dite (1892-1974). Danseuse et chorégraphe allemande. Elle débute comme danseuse *libre en 1910 à Munich et travaille avec M. *Reinhardt de 1910 à 1912. À partir de 1917, elle forme avec A. *Sakharoff (qu’elle épouse en 1919) l’un des couples les plus célèbres de l’histoire de la danse. Leurs carrières sont dès lors indissociables. Interprète d’une exquise *musicalité selon A. *Levinson, elle reste très proche du style expressif de Sakharoff en tant que chorégraphe, signant de superbes solos, comme Chanson nègre, Danseuses de Delphes et l’*Après-midi d’un faune. PV DERRA DE MORODA Friderica (1897-1978). Danseuse, chorégraphe, pédagogue, choréologue britannique d’origine gréco-hongroise. Élève de P. Jakobleff et de E. *Cecchetti, elle débute à Vienne en 1912 et mène une carrière itinérante, avant de s’installer à Londres. Elle est la cofondatrice de la Cecchetti Society (1922), absorbée en 1924 par The Imperial Society of Teachers of Dancing. À partir de 1925, elle écrit des articles notamment sur la danse du XVIIIe siècle, pour Dancing Times, Dance Journal, Archives internationales de la danse et Der Tanz. Sujet britannique depuis 1936, elle est directrice (1940 à 1944) du KDF (Kraft durch Freude) Ballet, qui se produit surtout à l’Opéra de *Berlin. En 1945, elle enseigne au Mozarteum de Salzbourg, avant de fonder sa propre école, qu’elle dirige de 1952 à 1967. Ses recherches en danse lui valent, en 1977, un docteur honoris causa de l’université de Salzbourg, à laquelle elle fait don de son imposante collection de livres sur la danse (Derra de Moroda Dance Archives). EL BIBLIOGRAPHIE. Derra de Moroda Dance Archives / the Dance Libray / A Catalogue, compilation et annotations de D. de Moroda, éd. Sibylle Dahms et Lotte Roth-Wölfle, R. Wölfle, Munich, 1982. - S. Dahms et S. Schroedter, Der Tanz - ein Leben / In memoriam Friderica Derra de Moroda, Selke, Salzbourg, 1997 DESCHAMPS Didier (né en 1954). Délégué à la danse à la Direction nationale de la musique et de la danse. Élève de Michel Hallet-Eghayan, il travaille aussi avec Myriam Berns et *Yuriko. Formé aux techniques contemporaines américaines, il danse aux États-Unis avec B. *Jones. En France, il travaille dans les compagnies de M. Hallet-Egayan, Josette Baïz et R. *Chopinot. Engagé en 1981 au *CNDC d’Angers auprès de V. *Farber, il crée en 1985 le département danse du CNSM de *Lyon. Appelé à l’inspection de la danse au ministère de la Culture en 1990, il est promu inspecteur général en 1992 et délégué à la danse en 1995. GM DESCOMBEY Michel (né en 1930). Danseur, chorégraphe et maître de ballet français. Formé à l’École de l’Opéra de *Paris, il entre dans le Ballet en 1947. *Premier danseur en 1959, il est maître de ballet de 1962 à 1969, poste qu’il occupe ensuite à Zurich (1971-1973) et au Ballet Teatro del Espacio de Mexico, dont il est, depuis 1977, codirecteur et chorégraphe principal. Il compose aussi des chorégraphies pour le *BTC. Danseur de *caractère, il est très remarqué dans les Caprices de *Cupidon (1952), *Daphnis et Chloé (1959), *Pas de dieux, *Qarrtsiluni, et dans le rôle du bouffon du *Lac des cygnes (1960). Chorégraphe, s’il ne réussit pas à imposer sa tentative de relecture de *Coppélia et de *Bacchus et Ariane, il crée des oeuvres dans un style moderne et dynamique de danse académique. Il choisit des musiques contemporaines : Symphonie concertante de F. *Martin (1962), Zyklus de K. *Stockhausen (1968), Sequenza, Visage et Laborintus de L. *Berio (1970), Déserts d’E. *Varèse (1968). Il s’inspire du monde actuel (But, en 1963, qui évoque la gestuelle sportive), et de questions existentielles (Sarracenia, en 1964, qui traite de l’angoisse de la mort). Il compose également une oeuvre pleine d’humour et de légèreté, Piccolo et Mandoline (1962), pour le Ballet national des Jeunesses musicales de France. GP, MFB DESHAUTEURS Reney (né en 1935). Danseur, chorégraphe et pédagogue français. Il étudie la danse *jazz à Paris avec G. *Robinson, puis à New York avec M. *Mattox et E. *Luigi. En 1961, il commence une carrière internationale d’interprète, de chorégraphe et de professeur. Il danse et collabore avec D. *Sanders sur différentes émissions télévisées et chorégraphie pour des stars de la chansons et des étoiles de la danse *classique, dont C. *Bessy. Il se produit dans des comédies musicales aux États-Unis (West Side Story, 1963) et en France (Jésus-Christ Superstar, 1972, également chor.). Professeur renommé, il enseigne une danse jazz fluide, coulée, tellurique et féline. ESe DESHAYES André Jean-Jacques (1777-1846). Danseur et chorégraphe français. Fils de P. D. *Deshayes, il est formé au sein de l’École de danse de l’*ARM, où il danse de 1794 à 1802. Il se produit ensuite à Madrid, à Naples, à Vienne et en Allemagne. Il fait l’essentiel de sa carrière au King’s Theatre et au Her Majesty’s à Londres, où, de 1806 à 1842, il s’impose aussi comme chorégraphe. Danseur virtuose, malgré ses « longues pirouettes » et ses « entrechats surprenants », il n’arrive pas à éclipser son rival A. *Vestris. Chorégraphe réputé pour son sens de la mise en scène, il exprime l’intrigue avec clarté, faisant prévaloir la mimique sur la danse. Il contribue au développement du ballet romantique en Grande-Bretagne, créant en 1833 une version de *Faust et réalisant avec J. *Perrot la première production de *Giselle à Londres downloadModeText.vue.download 135 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 13 en 1842. La même année, il signe le livret d’*Alma ou la Fille de feu (chor. F. *Cerrito et Perrot). NL AUTRES CHORÉGRAPHIES. Masaniello (1829) ; Kenilworth(1831) ; Beniowsky (1836) ; le Brigand de Terra- cina(1837) ; la Fête des nymphes (1842) DESHAYES Prosper Didier (mort en 1815). Danseur, chorégraphe, compositeur et pédagogue français. Il fait carrière à la Comédie-Italienne à Paris comme danseur, puis de 1763 à 1790 comme compositeur et maître de ballet. Il signe la musique d’opéras-comiques (dont le Faux serment, 1785 et Zélia ou le Mari à deux femmes, 1791) et devient en 1780 maître à l’École de danse de l’*Académie royale de musique. Il est le père d’A. J.-J. *Deshayes. NL DESMOND Olga (1890-1964). Danseuse, théoricienne allemande. Danseuse nue, célèbre à Berlin dès 1907 pour ses « soirées de beauté «. Avec ses tableaux dansés, inspirés de la statuaire antique (Sculptures de marbre vivantes), elle tente de libérer la nudité de ses taboux moraux et d’en faire l’élément fondateur d’une nouvelle culture corporelle. Elle invente un système de notation, la *rythmographie, qui annonce l’*Ausdruckstanz. LGui DESPLÉCHIN Édouard (1802-1871). Décorateur de théâtre français. Il est formé dans l’atelier de P. *Ciceri. Il débute à l’Opéra de *Paris en 1832 avec la Tentation (J. *Coralli). De 1834 à 1849, il travaille en association avec Ch. *Séchan, Jules Diéterle, et Léon ?Feuchère? (ce dernier jusqu’en 1842). Il constitue ensuite son propre atelier et s’associe à Jean-Baptiste Lavastre. Jusqu’à sa mort, il fournit régulièrement des décors pour des ballets, dont les plus représentatifs sont la Péri (1843) le *Papillon (1860, M. *Taglioni), la *Source (1866) et *Coppélia (1870). Spécialisé dans les extérieurs, il aime jouer avec la transparence de l’eau (fontaines, pièces d’eau) et des feuillages finement découpés dans des tons bleutés. Th. *Gautier le tenait pour l’un des meilleurs décorateurs de sa génération pour les paysages. NW DESPRÉAUX Jean-Etienne (1748-1820). Danseur français Mari de M. M. *Guimard, il fait carrière à l’Opéra de *Paris où son père est musicien. Chansonnier, comme il aime à le faire remarquer, il est aussi l’auteur de l’Art de la Danse (Paris, 1806), poème humoristique calqué sur l’Art Poétique de Boileau. Rédigé vers 1790, il contient bon nombre de notes sur la technique, l’histoire et la biographie des danseurs mentionnés. Par ailleurs, Despréaux met au point un système de *notation du mouvement qui ne semble pas avoir eu de succès. ERou DESRAT Georges (vers 1830-apr. 1895). Danseur et pédagogue français. Il est l’auteur d’un Dictionnaire de danse (Paris, 1895 ; fac-sim. Slatkine, 1980) qu’il dédie à son père dont il fut l’élève. Ouvrage historique, encyclopédique et technique, il présente un panorama de la danse depuis les Grecs jusqu’à son époque. Pas tou- jours exempt d’erreurs, surtout en ce qui concerne les danses des XVIe, XVIle et XVIIIe s. que l’on venait de redécouvrir, son contenu a néanmoins le mérite de faire l’objet d’une réflexion personnelle. Cependant, l’incontestable valeur de l’ouvrage réside dans la vaste bibliographie, historique, technique et esthétique, réunie en fin de volume et commentée par l’auteur dans le but de « planter les jalons de l’histoire de la danse «. À ses autres écrits sur le *cotillon et le *quadrille (1855) s’ajoutent une Méthode de danse complète (1863) et un Nouveau Traité de danse historique et pratique (1883). ERou DESROSIERS Robert Guy (né en 1953). Danseur, chorégraphe et directeur artistique canadien. Il étudie à la National Ballet School de Toronto, chez R. *Franchetti et F. *Blaska à Paris, et chez Maggie Black et Stanley Williams à New York. Danseur exceptionnel (Ballet national du *Canada, *Grands Ballets Canadiens, *Toronto Dance Theatre), il est toutefois mieux connu comme chorégraphe (il fonde le Desrosiers Dance Theatre en 1980). Ses oeuvres sont des tableaux surréalistes hallucinatoies mêlant poésie, provocation, tai chi, mime, acrobatie et music-hall en autant de visions allégoriques étranges dont le meilleur exemple est l’extravagant Blue SnakeBlue Snake (19841984). À partir de 1990, les effets spectaculaires cèdent le pas à un travail plus chorégraphique. LHB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Incognito (1988), White Clouds (1993). DESTINÉ Jean-Léon (né en 1928). Danseur et chorégraphe haïtien. Il se forme à Saint-Marc (Haïti), auprès de Lina Mathon-Blanchet, fondatrice de la première compagnie professionnelle haïtienne, avec laquelle il danse à New York, où, par la suite, il s’installera. En 1946, il rejoint la troupe de K. *Dunham, où il est très applaudi pour son interprétation du jeune homme possédé dans Shango. Il fonde l’Afro-Haitian Dance Company en 1949 et crée, la même année, l’opéra dansé Troubled Island. Sa chorégraphie est une synthèse réussie de mouvements empruntés à l’Afrique, aux Caraïbes et au *vaudou. En 1960, il fonde la First National Folk Troupe, puis devient attaché culturel de la république d’Haïti aux États-Unis. TDF DEUTSCHE MEISTERWERKSTÄTTEN FÜR TANZ [ATELIER ALLEMAND DES MAÎTRES DANSEURS]. Premier centre national de formation professionnelle créé à Berlin à l’initiative de R. *Laban en avril 1936. Inspiré du projet d’École supérieure de danse élaboré au congrès des danseurs de 1930, il offre une quatrième année de formation aux diplômés des écoles privées souhaitant se spécialiser dans la chorégraphie, l’interprétation ou la pédagogie. Y enseignent, entre autres : R. *Bode, T. *Gsovski, J. *Klamt, A. *Knust, H. *Kreutzberg, G. *Palucca, M. *Terpis et M. *Wigman. Placé sous la tutelle du ministère de la Propagande, il consacre l’ascen- sion institutionnelle et culturelle de la danse sous le IIIe Reich. Chacun des directeurs successifs tente de faire de cette académie un laboratoire d’émergence de la « danse allemande « et modèle en conséquence les programmes de formation. Rudolf *Laban (1936-1937) promeut l’*Ausdruckstanz dans un ensemble interdisciplinaire axé sur les arts de la scène. R. *Cunz (1937-1939) privilégie la synthèse völkisch des styles moderne, classique, social et folklorique. H. *Niedecken-Gebhard (19401941) entend dépasser le dualisme du classique et du moderne à travers le Tanzdrama. Rudolf Kölling (1941-1944) privilégie le ballet et le folklore. À défaut de continuité artistique, l’académie aura toutefois assuré une continuité idéologique, avec ses cours d’histoire de la danse et de « science de la race « dispensés par F. *Böhme et G. *Fischer-Klamt. LGui DIAGHILEV Serge de (1872-1929). Directeur de compagnie russe. Issu d’une famille noble aux titres modestes, élevé dans un milieu qui pratique la musique, il apprend le piano et s’initie à l’art lyrique. Tout en faisant des études de droit à Saint-Pétersbourg de 1890 à 1894, il est l’élève de N. *Rimski-Korsakov au Conservatoire, mais il renonce à ses ambitions de compositeur et de chanteur et se tourne vers les arts plastiques. Lié dès cette époque à A. *Benois et à L. *Bakst, il devient critique et organise des expositions en Russie. En 1898, il fonde une revue, Mir Iskousstva [le Monde de l’art], qui paraît jusqu’en 1904. Il y défend la peinture impressionniste et post-impressionniste, et downloadModeText.vue.download 136 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 14 fait redécouvrir le patrimoine pictural russe. Nommé « attaché de mission spéciale « auprès du prince Volkonski, directeur des théâtres impériaux, il est chargé, en 1900, de la publication de l’Annuaire de ces théâtres, dont il rénove la forme en y joignant un supplément littéraire illustré par les meilleurs artistes du moment. En 1901, alors qu’il projette de monter le ballet *Sylvia, il est destitué de ses fonctions. Il s’emploie alors à révéler aux Parisiens le meilleur de l’art russe, méconnu à l’époque hors de Russie : il présente une exposition de peinture (1906, Salon d’automne), organise cinq concerts (1907) et produit l’opéra Boris Godounov de M. *Moussorgski, avec le chanteur Chaliapine (1908, Opéra de *Paris). En 1909, il propose la première saison des *Ballets Russes au théâtre du Châtelet. De cette expérience couronnée de succès naît une compagnie régulière dont il assure la direction avec passion jusqu’à sa mort. Homme cultivé et d’esprit curieux, parlant couramment le français et l’allemand, il sait détecter les jeunes talents. Mais son rôle ne se résume pas à celui d’imprésario : ni danseur ni chorégraphe, il est pourtant à l’origine de tous les projets des Ballets Russes et du choix de ceux qui sont appelés à y collaborer. Rompant avec la tradition, il sollicite des compositeurs non spécialistes de la musique de ballet et des peintres au lieu de décorateurs de théâtre. Préférant des oeuvres courtes aux grands ballets en plusieurs actes, il invente la « soirée de danse «. Enfin, il en confie la réalisation à des chorégraphes qui bouleversent les schémas hérités du XIXe siècle : M. *Fokine, V. *Nijinski, L. *Massine, B. *Nijinska et G. *Balanchine. Plaçant la rencontre de tous les arts au coeur de son projet, il catalyse l’essentiel de la création de son temps et marque profondément la conception du ballet au XXe siècle. NL BIBLIOGRAPHIE. R. Buckle, Diaghilev, Jean-Claude Lattès, Paris, 1980. DIAMOND John (1823-1857). Danseur américain. Après avoir sans doute dansé en blackface dans les spectacles de Phineas Taylor Barnum, il est surtout connu pour être le concurrent malheureux de Master Juba (W. H. *Lane) dans la série de concours qui les a opposés à partir de 1844. Possédant un vocabulaire de *pas très étendu dans les registres propres aux Noirs comme aux Blancs, il a été décrit comme l’un des plus grands danseurs de *gigue des débuts de la *minstrelsy. ESe DIASNAS Hervé (né en 1957). Danseur, chorégraphe et pédagoque français. Très tôt, il travaille la prestidigitation et le jonglage avant de commencer la danse en 1975. Il étudie un an à *Mudra (1977) puis rejoint la compagnie de F. *Blaska et participe à la dernière création du *GRTOP (1980). Il étudie ensuite la danse *classique et le tai-chi-chuan aux États-Unis. À son retour, il danse pour F. *Verret (1982) et pousuit son propre parcours de création. Remarquable danseur, doué d’une rare présence scénique, d’un subtil touché des objets et du sol, il place ses créations sous l’empire de puissances mystérieuses - magie, alchimie, animalité - tel le solo Naï ou le Cristal qui songe (1983), son succès incontesté. Artiste exigeant et rebelle, pédagogue inventif, il suit un parcours, jalonné de rencontres, qui le conduit, notamment, à enseigner aux sourds-muets et dans les prisons. IF, PLM AUTRES CHORÉGRAPHIES. Goutte d’émeraude (1979) ; Une nuit de clous d’or dans l’étain (1988) ; Une journée blanche (1990, cochor. C. *Ikeda) ; Mort d’un papillon (1992) ; Cocagne (1999). DIDELOT Charles Louis (1767-1837). Danseur, chorégraphe et pédagogue français. Formé à Stockholm par son père Charles Didelot et Louis Frossard, il est envoyé dès 1776 à Paris, par le roi Gustave III, pour se perfectionner. Il est alors l’élève de J. *Dauberval, J. B. *Lany et J.-F. *Deshayes. Il figure parmi les élèves danseurs à la Comédie-Française (1782) et à l’Opéra de *Paris (1783). Rappelé à Stockholm en 1786, il y fait ses premières chorégraphies. À Paris en 1787, il prend des leçons avec G. et A. *Vestris, et rejoint J. G. *Noverre à Londres, figurant dans nombre de ses ballets. Malgré des débuts prometteurs à l’Opéra de Paris, en 1788 puis en 1790, il n’est pas engagé. Il poursuit alors une vie itinérante, retrouvant Dauberval à Bordeaux (1789-90). C’est à Londres, en 1796, qu’il devient un chorégraphe célèbre. Invité par le tsar, il part en 1801 pour *Saint-Pétersbourg, qu’il quitte en 1811. On le retrouve à Londres, et il réussit à monter un ballet à l’Opéra de Paris malgré l’hostilité de *Gardel. En 1816, il revient en Russie où il reste jusqu’à la fin de sa vie. En délicatesse avec les autorités, il est mis à la retraite en 1830. Malgré de réelles qualités de danseur, c’est son talent de chorégraphe qui apporte la gloire à Didelot, égal de ses maîtres Noverre et Dauberval (dont il monte en Russie la production de 1818 de la *Fille mal gardée). Compositeur de ballet fécond et exigeant, il donne à ses oeuvres unité de forme et de style en développant le sujet par une *pantomime liée à la danse, en intégrant à l’action le corps de ballet, et en utilisant la scénographie de manière signifiante. Héritier de la tradition, il compose des oeuvres *anacréontiques, comme *Télémaque, Amour et *Psyché, et *Flore et Zéphire qui lui vaut sa renommée internationale. Mais il se lie en Russie à la vie intellectuelle d’avant-garde autour de A. *Pouchkine, auquel il emprunte le sujet du *Prisonnier du Caucase, et annonce le romantisme avec un répertoire exotique (le Calife de Bagdad, 1818 ; Ken-si et Tao, 1819) ou inspiré de légendes médiévales (Raoul de Créquis, 1819). Pédagogue et maître de ballet irascible mais efficace, il forme des danseurs (entre autres E. *Kolossova, M. *Danilova, A. *Istomina, Iekaterina Telechova, Anastasia Likhoutina, A. *Glouchkovski, Nikolaï Goltz), qui donnent au ballet russe une importance qu’il n’avait jamais connue. MFB, ESou BIBLIOGRAPHIE. Y. Slonimski, Vekhi tvortcheskoï biografii [Didelot, Étapes de sa biographie artistique], Leningrad-Moscou, 1958 ; M.-G. Swift, A Loftier Flight : The Life and Accomplishments of C.-L. D., Middletown (Conn.), 1975 DIDEROT Denis (1713-1784). Écrivain et philosophe français. Ardent propagateur des idées philosophiques du XVIIIe s., il consacre une partie de sa vie à diriger avec d’Alembert l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, ouvrage monumental en 33 volumes, publié entre 1751 et 1772. Passionné d’esthétique, il y accorde une large place aux arts et confie à L. de *Cahusac la plupart des articles consacrés à la danse, qui contribuent à la vulgarisation des connaissances techniques en la matière et à la diffusion des théories du *ballet d’action. Ses propres écrits touchant aux questions de la vérité dans la représentation picturale ou scénique et à celles de l’expression du corps, exercent par ailleurs une influence directe sur la pensée chorégraphique de son temps, sensible notamment dans les Lettres sur la danse de J. G. *Noverre qui doit à Diderot notamment sa conception de la danse comme tableau en mouvement et celle de l’obéissance des gestes, des costumes et des décors à une « vérité qui est simple et naturelle ». Pour Diderot, la danse au théâtre est, comme la peinture, un art d’imitation : elle doit rendre compte, dans sa captation de l’instant, de la vérité d’un personnage, d’un caractère, d’une action. Imiter au théâtre, c’est exprimer une idée ou un sentiment justes dans un contexte et un temps singuliers à travers les gestes et le caractère du corps en mouvement. Dans le Neveu de Rameau (1760), dialogue entre le philosophe (Moi) et un musicien-acteur-danseur-pantomime (Lui), neveu imaginaire de J.-Ph. *Rameau, Diderot montre en quoi l’artiste comme individu, à travers l’originalité de son caractère et de ses gestes, downloadModeText.vue.download 137 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 15 est capable de renvoyer à la totalité de l’environnement social de son temps. Trouvant le matériau de son art dans la rue et les salons, le Neveu danse la « pantomime des gueux », pantomime d’essence courtisane, codifiée socialement par « la posture contrainte où nous tient le besoin ». Sa danse est alors l’expression d’une vérité sociale et pour être naturelle ne s’en réfère pas moins à des codes : « - Moi : Qu’est-ce que des positions ? - Lui : Allez le demander à Noverre. Le monde en offre bien plus que son art n’en peut imiter. » La philosophie de l’expression artistique de Diderot développe une conception de la *mimésis de la représentation qui, au-delà de son époque, concerne l’ensemble de l’art moderne. L’art est pour Diderot à la fois l’expression de la nature et de la société. L’artiste est un individu impliqué dans une histoire, une époque, des moeurs. Il doit en tenir compte. Il en va de l’authenticité de son geste. Ainsi, pour être authentique, le théâtre doit donner l’illusion de la réalité. C’est ce qui conduit Diderot à inventer la notion de « quatrième mur » : « Imaginez sur le bord du théâtre un grand mur qui vous sépare du par-terre. Jouez comme si la toile ne se levait pas » (Discours de la poésie dramatique, 1758). Cette conception ouvre sur la possibilité de mises en scène ou de chorégraphies non frontales, comme perçues dans un espace naturel. L’authenticité n’exclut pas pour autant le recours à l’artifice : le fameux « paradoxe du comédien » réside dans le fait que, pour être juste, il ne doit pas être dupe des sentiments qu’il exprime en les maîtrisant par une technique corporelle. Pour Diderot, le geste juste est à la fois beau et vrai. Il pose ainsi le principe à la fois esthétique et éthique d’une responsabilité individuelle de l’artiste. Enfin, il développe l’idée du geste sublime qui, transcendant la signification du discours, touche aux fondements même d’une poésie qui « veut quelque chose d’énorme, de barbare et de sauvage » (Entretiens sur « le Fils naturel », 1757) : une conception qui semble déjà évoquer le projet d’A. *Artaud. AF DIENES Valéria (1878-1978). Philosophe et chorégraphe hongroise. Diplômée en philosophie, mathématiques et esthétique de l’université de Budapest en 1905, traductrice des oeuvres d’Henri Bergson, dont elle est l’élève à la Sorbonne, à Paris (1908-1912), elle y travaille aussi avec R. *Duncan en 1912 et 1921. Elle crée un système de mouvement corporel, l’orchestique, basé sur quatre disciplines : plastique, rythmique, dynamique et symbolique, correspondant respectivement au travail de l’espace, du temps, de la force et de l’expression du mouvement. Ce système, qu’elle développe de 1912 à 1944 au sein de son École d’orchestique à Budapest, conduit à une analyse de l’expression humaine qu’elle désigne sous le nom d’« évologique » et qui se décline selon quatre axes : la conservation du passé, l’absence d’identité, le devenir permanent, l’irréversibilité. Elle crée sa première grande chorégraphie en 1925 (l’Attente de l’aube), suivie de nombreuses autres, dont des paraboles bibliques (les Huit Béatitudes, 1926 ; le Semeur, 1933), des contes populaires (la Princesse Blanche, 1929 ; *Cendrillon, 1934) et surtout des drames historiques (le Mystère de saint Émeric, 1930 ; le Chemin de l’enfant, 1935 ; Patrona Hungariae, 1938), pour la musique desquelles elle collabore souvent avec Lajos Bárdos. GD DIETRICH Urs (né en 1958). Danseur et chorégraphe suisse. Formé à l’école Folkwang d’*Essen, il y crée Hiob en 1984 et, pour le *FTS, Das kalte Gloria (1987). Dès 1988, il collabore avec S. *Linke pour Affekte et assume avec elle la direction du Tanztheater de Brême en 1994. Son style sobre et très dansant s’affirme dans sa chorégraphie Da war plötzlich Herzkammern (1995). MF BIBLIOGRAPHIE. U. Dietrich, Eine Choregraphie ensteht : Das kalte Gloria, Essen, 1990. DILL Gerlinde (née en 1933). Danseuse et maîtresse de ballet autrichienne. Elle étudie à l’École de l’Opéra de *Vienne ainsi qu’à Paris notamment. En 1949, elle rejoint le Ballet de l’Opéra de Vienne, où elle interprète des rôles de soliste très variés. Parallèlement, elle travaille comme chorégraphe assistante, répétitrice, et enseigne à l’École de ballet. Maîtresse de ballet (1980-1990), puis directrice (1990-1991) du Ballet de l’Opéra de Vienne, elle dirige ensuite le Ballet de l’Opéra de Graz (1991-1994). En 1983, elle remonte Die Puppenfee de J. *Hassreiter. Elle est également responsable des chorégraphies des concerts de nouvel an du Philharmonique de Vienne pour la télévision autrichienne de 1976 à 1995. GOS DIOBONO Pompeo (XVI e s.). Danseur et maître à danser italien. Il fonde en 1545, à Milan, une célèbre école de danse où se forment de nombreux maîtres (dont, peut-être, B de *Beaujoyeulx) qui exporteront ensuite le style italien dans les cours d’Europe. En 1554, il est invité à Paris par le maréchal de Brissac, gouverneur français du Piémont, et s’y rend accompagné d’une bande de violons. Il est alors chargé de l’éducation de Charles, duc d’Orléans, fils d’Henri II, puis reste au service de la cour comme danseur et valet de chambre conservant ces charges durant près de trente ans. C. *Negri s’en souvient comme d’un danseur « doté par la nature d’une taille svelte, belle et proportionnée «. MN DIVERRÈS Catherine (née en 1959). Danseuse et chorégraphe française. Elle commence sa formation par la danse classique dès l’âge de cinq ans, abordant notamment la technique *Vaganova avec Suzan Oussov. À partir de 1975, elle s’initie au différentes techniques modernes (*Limón, *Graham, *Cunningham, *Nikolais), puis entre à *Mudra. Elle danse ensuite chez F. *Blaska et D. *Bagouet. En 1979, elle rencontre B. *Montet, avec qui elle se rend au Japon (1983) pour suivre l’enseignement de K. *Ôno. Ils y créent alors *Instance , duo fondateur de leur langage chorégraphique, courroné ensuite du 1er prix du Concours de *Nyon. À nouveau primés à *Bagnolet en 1984 pour le Rêve d’Helen Keller , ils poursuivent leur travail au sein de leur compagnie, le Studio DM. En 1994, ils prennent conjointement la direction du *CCN de Rennes, que Diverrès assure seule depuis 1998. Déterminante, la rencontre avec K. Ôno permet à C. Diverrès d’ouvrir une voie qui se détache aussi bien du modèle *expressionniste allemand que des courants *minimalistes américains. Basé sur un déploiement de l’espace intérieur, son travail de création a pour point de départ une approche du vide qui suscite l’émergence d’images mentales profondes. Ce processus contribue à créer un univers commun à l’ensemble de ses danseurs et nourrit la qualité du geste. Chez elle, la danse est duelle, soumise au doute, à la contradiction. Le mouvement est en tension vibratile ou nerveux, marqué de troubles, de ruptures d’où naissent de purs moments de fluidité et de grâce. Danseuse d’une rare qualité, elle associe ses interprètes au processus de création et s’emploie à ce que chacun devienne auteur de sa propre danse. Pour C. Diverrès, le corps est chargé d’une conscience d’être qui circule du collectif à l’individu et ouvre le regard sur le monde. L’acte chorégraphique revêt chez elle une sorte de gravité éthique. IF, PLM AUTRES CHORÉGRAPHIES. Lie (1985) ; l’Arbitre des élégances (1986) ; le Printemps (1988) ; Fragment (1989) ; Concertino (1990) ; Tauride (1992) ; Ces poussières (1993) ; l’*Ombre du ciel ( 1995, scéno. Anish Kapoor ; Fruits (1996) ; Stances I et II (1997) ; Corpus (1998). downloadModeText.vue.download 138 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 16 DIVOIRE Fernand (1883-1950). Écrivain et journaliste français. Chroniqueur et journaliste dans de nombreuses revues et journaux, notamment la Semaine à Paris, il est également rédacteur en chef du quotidien l’Intransigeant pendant 25 ans. Fasciné par I. *Duncan à qui il consacrera un de ses ouvrages (Isadora Duncan, fille de Prométhée), il est un des défenseurs majeurs de la danse *moderne en France durant la première moitié du XXe siècle. PLM BIBLIOGRAPHIE. F. Divoire, Découvertes sur la danse, éditeur, ville, 1924 ; Pour la danse, Éditions de la Danse, Paris, 1935. DLUGOSZEWSKI Lucia (née en 1931). Compositeur américain. Étudiant parallèlement le piano et la physique, elle est passionnée par les aspects mathématico-scientifiques de la musique mis en évidence par E. *Varèse, dont elle est l’élève. Directrice musicale de la compagnie E. *Hawkins, elle y perfectionne et applique ses découvertes (notamment un « piano de timbres ») et signe pour lui de nombreuses musiques, dont Openings of the Eye (1958), *Cantilever (1963), Geography of Noon (1964), *Black Lake (1968), Angels of the Inmost Heaven (1972). BT DMITRIEV Vladimir (1900-1948). Peintre décorateur russe. À Petrograd, il collabore avec G. *Balanchine en 1922-1924, puis avec F. *Lopoukhov au Théâtre d’opéra et de ballet pendant les années 1920 (*Pulcinella, *Renard, *Casse-Noisette). Il est également auteur des livrets de *Flammes de Paris (1932, V. *Vaïnonen), Illusions perdues (1935, R. *Zakharov), les Jours des partisans (1937, Vaïnonen) dont il réalise aussi les décors ainsi que ceux de Clair ruisseau (1935, Lopoukhov). ESou DOBOUJINSKI Mstislav (1875-1957). Décorateur américain d’origine russe. Il étudie les arts plastiques ainsi que le droit à Saint-Pétersbourg. Proche de la revue Mir Iskousstva [le Monde de l’art] de S. de *Diaghilev, il crée des décors pour K. *Stanislavski au Théâtre d’Art de Moscou avant de collaborer avec les *Ballets Russes pour les Papillons (1913) et Midas (1914) de M. *Fokine. En 1924 il émigre en Lituanie puis aux États-Unis en 1939, signant de nombreux décors pour le ballet jusque dans les années 1950. À la différence d’A. *Benois, M. *Larionov ou N. *Gontcharova, Doboujinski restera toute sa carrière très proche de l’imagerie populaire russe y compris dans ses contributions pour *Coppélia (1936, Ballets de *Monte-Carlo ; 1956, *Ballet Rambert). PLM AUTRES COLLABORATIONS. *Clustine (Die Puppenfee, 1915, Cie *Pavlova) ; *Balanchine (Ballet Imperial, 1941, American B.) ; Fokine (Russian Soldier, 1942, *Ballet Th.) ; *Massine (Mam’zelle Angot, 1943, Ballet Th.) ; *Lichine (Le *Bal des cadets, repr. 1944) ; *Skibine (le *Prisonnier du Caucase, 1951). DODGE Roger Pryor (1898-1974). Danseur et écrivain américain. Impliqué dans la danse au milieu des années 1920 et du début à la fin des années 1930, il se produit en 1925 avec A. *Bolm, puis dans le ballet Skyscraper de Sammy Lee, où le rôle qu’il tient est considéré comme la première interprétation importante de *jazz combiné à la technique classique. De 1935 à 1938, il participe au mouvement de danse sponsorisé par le Worker’s Project Authority, travaille avec M. *Dehn, interprète des soli de claquettes dans des programmes qu’il partage, entre autres, avec J. *Limón et C. *Weidman. Jazz Toccata (1936) et Black and Tan Fantasy (1938) comptent parmi ses oeuvres les plus connues. ESe Decadence (1935) ; Saint Louis Blues (1935) ; Boogie-Woogie (1936) ; Black and White Blues (1938) DOHNÁNYI Erno (1877-1960). Compositeur hongrois. Très connu comme pianiste, il est aussi un compositeur fécond, lié à la tradition de l’Europe centrale, même si dans ses compositions il n’utilise que rarement le patrimoine folklorique de son pays. Émigre aux États-Unis en 1948, il s’emploie toute sa vie à valoriser la musique hongroise de son temps. EQ SUR LA MUSIQUE DE DOHNÁNYI. *Balanchine (Columbine’s Veil, 1923) ; *Cranko (The Shadow, 1953) ; *Chiriaeff (Contes de Perrault, 1955) ; *Taras (Dohnányi Suite, 1974) ; *Seregi (Variation sur un thème enfantin, 1978). DOLGOUCHINE Nikita (né en 1938). Danseur, chorégraphe et pédagogue russe. Il étudie à l’École de danse de *Leningrad puis danse au *Kirov (1959-1961) et à *Novossibirsk (1961-1966) où il tient les rôles principaux dans tous les grands classiques (dont les trois ballets sur la musique de P. *Tchaïkovski ainsi que *Giselle, le *Corsaire, les *Sylphides) ou dans *Cendrillon et *Roméo et Juliette de O. *Vinogradov, etc. Premier prix à *Varna (1964), prix de l’Université de la danse à Paris (1966), il danse ensuite avec le Molodoï Balet [Jeune Ballet] de I. *Moïsseïev (1966-1968) et au *Maly de Leningrad (1968-1983) notamment dans les ballets de Vinogradov (le Prince Igor dans Yaroslavna), de I. *Belski (*Casse-Noisette) et de N. *Boïartchikov (le Tsar Boris, 1975 ; les Brigands, 1982). Danseur classique, admiré pour son élégance, sa légèreté et son style raffiné, acteur de talent, il ne s’extériorise jamais et ne cherche pas à attirer l’attention par de grands effets, ce qui lui a valu d’être surnommé le « danseur intellectuel ». Depuis 1983, il dirige la faculté des chorégraphes du Conservatoire de Leningrad (*Saint-Pétersbourg) ainsi que l’Atelier de l’Opéra de cette ville où il monte quelques ballets (dont le Roi Lear, 1990, cochor. G. *Alexidze, mus. Soulkhan Nassidze), reprenant aussi des chorégraphies de V. *Nijinski (l’*Aprèsmidi d’un faune), M. *Fokine, J. *Limón (la *Pavane du Maure) et des pièces du répertoire d’A. *Pavlova. ESou BIBLIOGRAHIE. V. Krassovskaïa, N. Dolgouchine, Leningrad, 1985. FILMOGRAPHIE. Tantsouyet Nikita Dolgouchine [Nikita Dolgouchine danse], film TV, 1982 ; Filosofiya tantsa [la Philosophie de la danse], 1996. DOLIN sir Anton, HEALEY-KAY Patrick, dit (1904-1983). Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie britannique. Il étudie à la Cone-Ripman School et la Conti School, puis avec S. *Astafieva à partir de 1917. Il danse en 1921 dans la *Belle au bois dormant montée par les *Ballets russes de *Diaghilev et se produit ensuite avec cette compagnie (1923-1925, 1929), créant des rôles pour L. *Massine et B. *Nijinska. Il danse entre-temps dans des revues, des tournées et avec la compagnie *Nemtchinova-Dolin (1927-1928). À la mort de S. Diaghilev, Dolin croit suffisamment en l’avenir du ballet britannique pour rejoindre la *Camargo Society, où il crée le rôle de Satan dans *Job (1931, N. de *Valois), probablement son rôle le plus célèbre. Il intègre ensuite le *Vic-Wells Ballet (1931-1935) : sa célébrité au music-hall attire du public à la nouvelle compagnie. Cofondateur, en 1935, du *Markova-Dolin Ballet, avec lequel il donne des ballets du répertoire en tournées et remonte deux pièces de Nijinska, il rejoint les Ballets russes du colonel de *Basil en 1938, puis, en 1940, l’*ABT, où il remonte des extraits des classiques du XIXe siècle. Il reforme ensuite le Markova-Dolin Ballet pour une tournée américaine en 1945. Fondateur, premier danseur et directeur du *Festival Ballet en 1950, il le quitte en 1961 et travaille jusqu’à sa mort comme acteur, professeur et producteur indépendant. Ses chorégraphies ne recevront jamais l’accueil que lui valent ses prestations sur scène : premier Britannique à devenir « premier danseur », il exerce toutefois une influence downloadModeText.vue.download 139 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 17 réelle pendant les années 1930 et fait preuve toute sa vie d’une bienveillance encourageante envers les jeunes danseurs. JS, LK DOLLAR William (1907-1986). Danseur, maître de ballet et chorégraphe américain. Il se forme auprès de C. *Littlefield, M. *Mordkin, A. *Volinine et M. *Fokine. À l’instigation de R. *Alton qu’il a rencontré pendant ses études, il se produit dans des *vaudevilles, et dansera aussi par la suite au *Radio City Music Hall, au cinéma en tant que partenaire de V. *Zorina dans Goldwyn Follies of 1938 et sur *Broadway dans Great Lady. En 1934, il entre à la *School of American Ballet et intègre dès 1935 l’*American Ballet où il crée des rôles en 1937 dans Jeu de cartes et le Baiser de la fée de G. *Balanchine, pour qui il dansera par la suite dans d’autres créations dont *Concerto barocco (1941) au *Ballet Caravan et les *Quatre Tempéraments (1946) à la *Ballet Society. Il se pro- duit aussi avec le Philadelphia Opera Ballet, le Ballet Theatre et le *NYCB. Dès 1936, il signe sa première chorégraphie Promenade ainsi que Concerto en collaboration avec Balanchine pour le Ballet Caravan. Tout en continuant à danser, il fonde en 1943 l’American Concert Ballet avec T. *Bolender et Mary Jane Shea, puis devient maître de ballet à la Ballet Society en 1946 ainsi que du Grand Ballet de Monte Carlo du marquis de *Cuevas en 1948. Il dirige ensuite l’atelier chorégraphique du Ballet Theatre. Lorsque l’arthrite met fin à sa carrière d’interprète, il fonde le Ballet national d’Iran (1956), enseigne et monte des chorégraphies dans le monde entier. Comptant parmi les premiers danseurs *nobles formés aux États-Unis, excellent interprète de Balanchine, il est très marqué par celui-ci en tant que chorégraphe. Son oeuvre la plus célèbre reste le *Combat créé en 1949 pour les Ballets de Paris de R. *Petit, qu’il reprendra en 1950 sous le titre The Duel au NYCB, avec M. *Hayden comme partenaire. MK DOMENICO DA PIACENZA ou D. DA FERRARA (av. 1420-apr. 1470). Maître à danser et théoricien italien. De Plaisance, probablement sa ville d’origine, il se rend à la cour des Estensi à Ferrare, où sa présence est attestée de 1439 à 1475. Décoré du titre honorifique de cavaliere dello Speron d’oro (av. 1465), il assiste au mariage de Béatrice d’Este et Tristano Sforza, en 1455, à Milan et y revient en 1465 pour les fiançailles d’Ippolita Sforza avec le duc de Calabre. *Guglielmo Ebreo et A. *Cornazzano en font l’éloge et le désignent comme leur maître. On lui attribue le De arte saltandi et choreas ducendi (v. 1455, ms. Bibl. nat. de France, f. Ital. 972), qui est le premier manuel connu sur l’art de la danse. Théorique, la première partie du manuel s’ouvre sur une défense de la danse en référence à l’esthétique d’Aristote et se poursuit par un exposé des qualités nécessaires pour bien danser : l’accord entre mouvement et musique, la mémoire des pas et des séquences, l’agilité du corps, la conscience de l’espace et de l’expression. Sont ensuite exposées les relations rythmiques entre les mesures musicales différentes dont se compose le *ballo : *basse danse, *quaternaria, *saltarello et *piva. La seconde partie décrit le vocabulaire technique : aux nouveaux pas « naturels « (*simple, *double, ripresa, *continenza, *révérence, mezza volta, volta tonda, movimento, *saut) viennent s’ajouter trois pas « accidentels « : frappamento [frappements], scossa [secousse] et cambiamento [changement]. Cette énumération et classification des pas de base et des *ornements constitue une première étape dans l’analyse du mouvement à la base de la construction chorégraphique conçue comme art au sens moderne. Suivent enfin les descriptions de cinq basses danses et dix-huit balli, dont quinze avec accompagnement musical en notation mensuraliste utilisée à l’époque. MN DOMINIQUE Madame, ndn. LASSIAT Caroline, dite Mlle Caroline, puis (1820-1885). Danseuse et pédagogue française. Formée à l’École de danse de l’Opéra de *Paris, elle fait carrière sur la scène de ce théâtre avant d’épouser le violoniste et répétiteur de la troupe, Dominique Venettoza. Professeur réputé et recherché, elle enseigne pendant vingt-six ans à l’École de danse de l’Opéra de Paris (1853-1879), transmettant à ses nombreuses élèves (parmi lesquelles L. *Beaugrand, G. *Bozzacchi et R. *Mauri) un style harmonieux et rigoureux typique de l’école française. NL DONAUBALLETT. Association internationale fondée en 1993. Elle voit le jour à l’initiative des services culturels autrichiens et regroupe autour de productions chorégraphiques à géométrie variable divers théâtres d’Europe centrale dont le Ballet du théâtre de *Györ, le Ballet de l’Opéra national de *Budapest, le Ballet national de *Prague, le Ballet de Poznan (Pologne), les ballets des théâtres nationaux de *Zagreb, Rijeka (Croatie), Ljubljana (Slovénie), Maribor (Slovénie), Brno (Slovaquie) et l’Association slovaque pour la danse de Bratislava. Présentées en tournées, ces productions concernent aussi bien le répertoire que des créations dont celles de chorégraphes encore peu connus tels que Martino Müller, Ted Brandsen et Krzysztof Pastor. SA DONEN Stanley (né en 1924). Chorégraphe et réalisateur américain. Danseur depuis l’âge de dix ans, il débute à *Broadway en 1940 comme chorus boy dans *Pal Joey avec G.*Kelly qu’il assiste ensuite pour Best Foot Forward (1941). En 1942, il part pour Hollywood où il devient d’abord chorégraphe pour l’adaptation au cinéma de Best Foot Forward (1943, *MGM) et Cover Girl (1944, *Columb.) puis pour la MGM de Holiday in Mexico (1946), Living in a Big Way (1947), This Time for Keeps (1947), A Date with Judy (1948), The Kissing Bandit (1948), Take me out to the Ball Game (1949). Sa collaboration avec Kelly est de plus en plus parfaite et les deux hommes coréalisent alors pour la MGM *On the Town dont l’originalité surprend. *Royal Wedding (1951), moins convaincant, permet à Donen de devenir réalisateur à part entière et de diriger F. *Astaire, qu’il fait danser au plafond. L’année suivante, c’est l’apothéose avec *Singin’in the Rain, coréalisé et cochorégraphié avec Kelly, film qui propose de superbes numéros musicaux brillamment enlevés par Kelly lui-même, D. *Reynolds, D. *O’Connor et C. *Charisse. Donen prouve par la suite son originalité de réalisateur dans *Give a Girl a Break (1953), Deep in my Heart (1954, chor. E. *Loring), biographie musicale du compositeur Sigmund Romberg interprétée par Jose Ferrer, Kelly, Charisse et la plupart des vedettes du genre sous contrat à la MGM, ainsi que *Seven Brides for Seven Brothers (1954), son premier film en cinémascope. 1954 marque également sa nouvelle et utltime réunion avec Kelly pour *It’s Always Fair Weather. La MGM renonçant en partie à sa politique de comédies musicales, Donen est alors obligé de s’expatrier à la *Paramount (Funny Face, 1957 avec Astaire et Audrey Hepburn) et à la *Warner (The *Pajama Game, 1957 ; *Damn Yankees, 1958). La grande époque du musical est achevée, Donen se contente de mettre en scène des comédies de situation dans lesquelles il ne retrouve presque jamais son talent d’antan. Il reviendra brièvement au genre avec The Little Prince (1974, firme), chorégraphié par B. *Fosse qui y joue également le rôle du serpent, et Movie, Movie (1978, firme) dont les numéros de danse sont dirigés par M. *Kidd. La contribution de Donen à la danse cinématographique est difficilement séparable de celle de Kelly. Créant en relation avec la caméra et les autres éléments techniques du film, les deux hommes prennent des risques, expérimentent et étirent downloadModeText.vue.download 140 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 18 le concept de la danse à l’écran avec quelques innovations telles l’image double (Cover Girl), un danseur réel aux côtés de personnages de dessin animé (Anchors Aweigh, 1945, MGM), la présentation de divers aspects du personnage de l’héroïne par un montage dansé sans parole et le tournage en décors naturels (On the town). Son savoir faire et sa connaissance du mouvement ont également été d’une grande importance dans ses collaborations avec d’autres chorégraphes tels Astaire, N. *Castle, Champion, Fosse, Kidd et Loring pour créer des films colorés et pleins de rythme. PBr-ESe DONIZETTI Gaetano (1797-1848). Compositeur italien. Compositeur d’opéras parmi les plus en vue du XIXe s., il emploie fréquemment dans ses opéras des rythmes de danse qui revêtent souvent une importante fonction dramatique, par exemple dans Lucrezia Borgia.(1833). Dans ses grands opéras composés pour l’Opéra de *Paris, il incorpore des musiques de ballet dont le style reflète les conventions françaises du *divertissement en cours à l’époque (les Martyrs, 1839, chor. J. *Coralli ; la Favorite, 1840, ; Dom Sébastien, 1843, chor. Albert ), mais ces ballets ne sont pas, en général, intégrés à l’action dramatique. FI SUR LA MUSIQUE DE DONIZETTI. *Balanchine (Donizetti variations, 1960) ; *Bolender (Donizettiana, 1967) ; *Eifman (la Nuit des rois, 1984). DONN Jorge (1947-1992). Danseur argentin. Formé à l’École de danse du *Teatro Colón de Buenos Aires, il découvre, en 1963, le *Ballet du XXe siècle venu en tournée en Argentine. Décidant aussitôt de rejoindre cette compagnie, il gagne Bruxelles et se présente à M. *Béjart, qui l’accepte comme stagiaire. Rapidement remplaçant, il se voit bientôt confier les rôles de solistes et s’impose comme l’interprète emblématique du chorégraphe. Excepté la saison d’été 1976 passée à travailler avec G. *Balanchine au *NYCB, sa carrière se déroule au sein du Ballet du XXe siècle, dont il assume la direction artistique en 1980. En 1981, le film de Claude Lelouch les Uns et les Autres contribue à le faire connaître du grand public. Il suit Béjart lors de son installation à Lausanne en 1987, ne le quittant qu’en 1988 pour diriger l’Europa Ballet, qui connaît une existence éphémère. Son style, vigoureux et athlétique, se démarque de la rigueur académique par une interprétation sensible. Comédien autant que danseur, il a attaché son nom à de nombreux spectacles de Béjart, de *Roméo et Juliette (1966) à 1789 et nous... (1989), en passant notamment par Bhakti (1968), Nijinski clown de Dieu (1971), Golestan (1973), *Ce que l’amour me dit (1974), Notre Faust (1975), *Boléro II et III (1979), Léda (1979), Dionysos (1984) et un second Nijinski clown de Dieu, solo mi-pièce de théâtre, mi-ballet (1991). Son exceptionnelle présence en scène doit autant à sa beauté féline et à sa fougue qu’à l’engagement spirituel que représente pour lui la danse. « Mi-nonne, mi-boxeur «, ainsi définit-il le danseur dans le film de Béjart, Je suis né à Venise (1977), reprenant à son compte cette formule de C. *Chaplin. NL, PLM DONOHUE Jack, D. John Francis, dit (1908-1984). Danseur, acteur, *dance director, et réalisateur américain. Venu à la danse pour se rééduquer, il débute en 1927 dans le chorus des *Ziegfeld Follies puis paraît à *Broadway dans d’autres comédies musicales. Assistant de Merriel Abbott, B. *Connolly, A. *Rasch, il devient lui-même dance director pour O. *Hammerstein dans Music in the Air (1932) et dans Ball at the Savoy (1933, Londres). De 1934 à 1936, il travaille principalement à la *Fox avec S. *Temple (Curly Tops, The Little Colonel, The Littlest Rebel, tous trois 1935) puis passe quelques années en Europe à créer des danses pour la scène (Going Greek, 1938, Londres ; White Plaster, 1938, Suède ; Sitting Pretty, 1939, Londres) et pour l’écran. La Seconde Guerre mondiale le ramène à Broadway (Are You With It ?, 1945 ; Jollyana, 1952 ; Mr. Wonderful, 1957) et à Hollywood où il se spécialise dans la création et la mise en scène de numéros musicaux pour Frank Sinatra, Jimmy Durante et d’autres artistes de la *MGM, en marge d’une importante activité à la télévision, avant de se tourner vers la réalisation de films non musicaux. Connu pour sa mise en scène de séquences énergiques et acrobatiques, telles celles créées dans Star Spangled Rhythm (1942, réal. George Marshall, avec G. *Balanchine, *Paramount), Neptune’s Daughter (1949, réal. Edward Buzzell, MGM) et pour sa réussite auprès des acteurs non danseurs, il ne doit pas être confondu avec le chanteur et danseur de Broadway Jack Donahue, mort en 1930. ESe FILMOGAHIE. Best Foot Forward (1943, MGM) ; Girl Crazy (1943, MGM) ; Broadway Rhythm (1944, MGM) ; Anchors Aweigh (1945, réal. George Sidney, MGM) ; Calamity Jane (1953, Warner Bros.). DOPPLER Albert Franz (1821-1883). Flûtiste, compositeur et chef d’orchestre autrichien d’origine hongroise. Formé par son père, c’est avec son frère Karl qu’il fonde l’Orchestre symphonique hongrois, en 1853. Chef de la musique de ballet au Hofoper de *Vienne, il y compose de nombreux ballets qui connaissent un grand succès populaire, dont Juliska (1857, G. *Golinelli), Sardanapale (1865, Paul *Taglioni, mus. avec P.-L. *Hertel), le Chat métamorphosé (1887, *Telle). BT DORAZIO Ralph. Sculpteur et scénographe américain. Né à Detroit (Michigan), diplômé d’histoire de la Wayne State University, il sert comme lieutenant dans la marine américaine, puis s’installe à New York où il étudie la sculpture auprès de Jose De Creeft, ainsi que la peinture et la gravure sur bois avec Louis Schanker. Il ouvre ensuite son propre atelier de sculpture dans le quartier du Village. En 1952, il rencontre E. *Hawkins, dont il devient le collaborateur permanent jusqu’à la mort de de celuici en 1994. Dès Openings of the Eye (1952), leur association marque le passage de la métaphore dramatique à la métaphore poétique qui caractérise tout leur travail futur. Enseignant au Pratt Institute, il continue à travailler pour la Eric Hawkins Dance Company, notamment pour Radical Ardent créé à New York en 1999. MK DORELLA Oriella (née en 1952). Danseuse italienne. Élève de l’École de la *Scala, elle intègre le ballet dont elle devient étoile en 1975. Elle se distingue dans *Roméo et Juliette de J. *Cranko, *Coppélia d’Enrique Martínez, Daphnis et Chloé de G. *Skibine, la Mégère apprivoisée de Cranko et *Afternoon of a Faun de J. *Robbins. Interprète sensible de La Strada (rep. 1984, M. *Pistoni), elle participe aussi à diverses émissions de télévision. ATes DORRER Valeri (né en 1928). Peintre décorateur russe. Travaillant avec les chorégraphes des années 1960-1970 qui cherchent dans leur ballets abstraction et symbolisme, il écarte les détails superflus pour créer sur scène une image générale reflétant le contenu de l’oeuvre. Il collabore avec I. *Belski (le Rivage de l’espoir, 1959; l’OEstre, 1967), L. *Yakobson (Nouvelles d’amour, 1963), B. *Eifman (l’*Oiseau de feu, 1975), N. *Boïartchikov (les Brigands, 1982). Il signe une de ses meilleures oeuvres pour C. *Sergueïev : le Sentier du tonnerre (1957). ESou downloadModeText.vue.download 141 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 19 DOUBROVSKA Félia (1896-1981). Danseuse et pédagogue américaine d’origine russe. Formée à l’École théâtrale de *Saint-Pétersbourg, elle est engagée en 1913 dans la troupe du *Mariinski. Elle rejoint les *Ballets Russes de *Diaghilev (1920-1929), puis fait carrière dans de nombreuses compagnies (dont celles d’A. *Pavlova de 1929 à 1931, de l’*Opéra russe à Paris en 1931, des *Ballets russes de Monte-Carlo en 1932 et ceux du colonel de *Basil en 1937, du *Metropolitan Opera Ballet de New York en 1938-1939). Fixée à New York avec son mari P. *Vladimirov, elle enseigne à la *School of American Ballet de 1948 à 1980. Danseuse longiligne et à la souplesse féline, elle attire l’attention dans *Ode de L. *Massine, et se révèle une interprète idéale de G. *Balanchine, créant les rôles de Polymnie dans *Apollon Musagète et de la sirène dans le *Fils prodigue. GP, NL DOUDINSKAÏA Natalia (née en 1912). Danseuse et pédagogue russe. Elle étudie avec A. *Vaganova à l’École de danse de *Leningrad. Première danseuse au *Kirov de 1931 à 1962, elle danse dans tous les ballets du XIXe siècle encore inscrits au répertoire, notamment *Don Quichotte, la *Belle au bois dormant, la *Bayadère, et crée des rôles dans beaucoup de nouveaux ballets : Diane de Mireille dans *Flammes de Paris (1932, V. *Vaïnonen), Coralie dans Illusions perdues (1936, d’après Balzac, R. *Zakharov) et surtout Laurencia dans le ballet du même nom de V. *Tchaboukiani (1939, d’après Fuente Ovejuna de Lope de Vega) où tout en déployant sa technique prodigieuse elle a su par le moyen de la danse et d’un jeu plein d’émotion traduire à la perfection le drame de son héroïne. Elle danse également dans les ballets de son époux C. *Sergueïev (*Cendrillon, 1946 ; le Chemin du tonnerre, 1958, etc.). À partir de 1951, elle enseigne à l’École de danse de Leningrad (*Saint-Pétersbourg). ESou BIBLIOGRAPHIE. Kremchevskaïa G., N. Doudinskaïa, Éd. Iskousstvo, Leningrad-Moscou, 1964. DOUGLAS William (1953-1996). Danseur, chorégraphe et pédagogue canadien. Architecte avant de découvrir la danse, il danse au *Toronto Dance Theatre (1979-1980), puis avec le groupe Dancemakers (1980-1983). Il étudie auprès de M. *Cunningham et de Maggie Black, et danse pour D. *Dunn, tout en créant ses premières oeuvres. Il fonde une compagnie à New York (1986-1991), puis une autre à Montréal (1991-1996), tout en enseignant la danse à l’université du Québec à Montréal (1992-1996). Ses chorégraphies manifestent un formalisme poussé, une approche rationnelle et précise et une composition spatiale épurée. Deux fois primé à *Bagnolet (1994 et 1996), il reçoit un Bessie Award en 1995 pour Antichambre. IVT DOUSSAINT Pierre (né en 1958). Danseur, chorégraphe et pédagogue français. Il se forme auprès de K.*Waehner, S.*Buirge, K.*Ôno et travaille l’aïkido avec maître Kobayashi. Il commence à chorégraphier en 1979, puis en duo avec Isabelle Dubouloz à partir de 1983. Leur spectacle Fragment 1 est primé à *Bagnolet en 1986. En 1990, il fonde sa propre compagnie installée en banlieue parisienne où, parallèlement à ses créations, il mène un travail suivi auprès des jeunes des quartiers difficiles, organisant pour eux une compagnie amateur : Évidence Métis. IF, PLM CHORÉGRAPHIES. Silence (1979) ; la Beauté des fleurs (1988) ; Mi-ange, mi-démon (1990) ; Vox populi, vox (1996). DOUVILLIER Suzanne, ndn. TAILLANDET S. (1778 ?-1826). Danseuse et chorégraphe française. Enfant, elle danse à l’Opéra de *Paris et dans la troupe de Nicollet sous le nom de Mlle Théodore. Elle part à Haïti (1788-1791) puis aux États-Unis, avec Placide, célèbre danseur dont elle porte alors le nom. Elle y épouse en 1796 le chanteur Douvillier, et fait une brillante carrière de danseuse, pédagogue, et chorégraphe de *ballets pantomimes. MFB DOVE Ulysses (1947-1996). Danseur, pédagogue et chorégraphe américain. Après une formation à la Boggs Academy (Géorgie) et des études à la Howard University, il obtient un diplôme de danse au Bennington College. À New York, il se produit avec les compagnies de Mary Anthony et P. *Lang. Il intègre la compagnie *Cunningham (1970-1973) puis l’Alvin *Ailey Dance Theater (1973), dont il devient bientôt danseur principal avant d’y faire en 1979 ses débuts de chorégraphe avec I See The Moon and The Moon Sees Me. Directeur adjoint du *GRCOP (1980-1983), il entame ensuite une carrière indépendante, chorégraphiant notamment pour le Ballet Théâtre de *Nancy, le *Ballet national suédois. En 1986, il collabore à The Civil Wars (m. en sc., R. *Wilson, mus. P. *Glass). Ses chorégraphies abstraites et dépouillées poussent les danseurs aux frontières de leurs possibilités physiques tout en restant de facture classique. Son art de marier élégamment des émotions puissantes lui vaut un Bessie Award en 1990. DL AUTRES CHORÉGRAPHIES. Episodes (1983, *London Fest. B.) Vespers (1983, *Dayton Contemp. D. Co. ; repr. 1986, Alvin Ailey D. Th.) ; Serious Pleasures (1992, *ABT) ; Red Angels (1994, NYCB) ;Twilight (1996, NYCB). FILMOGRAPHIE. « Two by Dove », in Dance in America, 1995, réal. M. Selby). DOWELL Anthony (né en 1943). Danseur et directeur de compagnie britannique. Formé à la *Royal Ballet School, il intègre le Covent Garden Opera Ballet en 1960, puis le *Royal Ballet en 1961, dont il devient le directeur artistique en 1986, après avoir acquis une expérience précieuse en se produisant comme artiste invité avec l’*ABT (1977-1980), le *Joffrey Ballet (1979) et le National Ballet of *Canada (1981). Dès son arrivée au Royal Ballet, E. *Bruhn le distribue comme principal dancer dans *Napoli (1962) et deux ans plus tard, son interprétation d’Obéron dans The *Dream de F. *Ashton le consacre en une soirée. A. *Tudor lui confie le rôle principal dans *Shadowplay (1967). Superbe danseur classique, il est capable, la même année, de créer le rôle de Des Grieux puis de reprendre celui de Lescaut dans Manon (1974, K. *MacMillan). Selon l’opinion générale, c’est dans *Dances at a Gathering (1970, J. *Robbins) qu’il trouve son plus grand rôle, touchant à la perfection par sa technique onctueuse, souple, et son assurance tranquille. Son action à la direction du Royal Ballet, en revanche, ne fait pas l’unanimité. JS, LK DOWNES Bob (né en 1937). Flûtiste et compositeur britannique. Il évolue dans le milieu du jazz d’avant-garde britannique, enregistrant notamment avec le London Jazz Composers Orchestra en 1972, et se met au chant avec la vague du rock progressiste, au sein des groupes Electric City et Open Music. Ses musiques séduisent N. *Morrice (Blind Sight, 1969 ; Solo, 1971) et C. *Bruce (Wings, 1970), mais ce sont surtout R. *Cohan (People Alone, 1972 ; People Together, 1973 ; Khamsin, 1976) et R. *North (Troy Game, 1974 ; Still Life, 1975 ; Just a moment, 1976) qui y puisent leur inspiration. BT downloadModeText.vue.download 142 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 20 DRAPER Paul (1909-19? ?). Danseur américain. Jeune homme, il enseigne la danse de *société et travaille les *claquettes en autodidacte, mais, goûtant peu les « sons bruyants « des claquettes spectaculaires des années 1930, il décide de danser sur de la musique classique. Il s’initie à la technique classique à la *School of American Ballet. En 1941, il rejoint le musicien Larry Adler ; leurs spectacles, qui mélangent artistiquement W. A. *Mozart, J.-S. *Bach et claquettes, rencontrent un vif succès jusqu’en 1949. Son style a contribué à faire admettre et comprendre cette discipline. ESe DRIGO Riccardo (1846-1930). Chef d’orchestre et compositeur italien. Il étudie avec Antonio Buzzolla et commence sa carrière en dirigeant des opéras de C. F. *Gounod, G. *Donizetti et G. *Verdi. Dès 1879 jusqu’en 1885, il est chef d’orchestre au Théâtre impérial de de Saint-Pétersbourg tout en poursuivant sa carrière dans plusieurs théâtres d’Europe, où il dirige des opéras de G. *Meyerbeer, G. *Verdi, G. *Bizet et G. Puccini. En 1886, il devient directeur de la musique des ballets au *Mariinski. Il compose la même année un pas de deux pour la reprise d’*Esmeralda par M. *Petipa puis en 1887 son premier ballet (la Forêt enchantée, *Ivanov). Il dirige notamment l’orchestre lors des créations des trois ballets de P. *Tchaïkovski la *Belle au bois dormant (1890, *Casse-Noisette (1892) et le *Lac des cygnes (1895). Dans ce dernier ballet, il donne plus d’espace au divertissement en ajoutant plusieurs pièces de Tchaïkovski (nos 11,12 et 15) dont il assure l’orchestration. Il est également l’auteur d’un *pas de deux ajouté à la partition du *Corsaire en 1899 pour P. *Legnani. Représentant d’une tradition théâtrale qui a en Tchaïkovski l’interprète idéal de l’élegie russe et en Petipa un maître des menus plaisirs, il est considéré en Russie comme le précurseur de l’école d’interprétation soviétique de la musique de ballet. RM AUTRES COMPOSITIONS. Le Talisman (1889, Petipa) ; la Flûte magique (1893, Ivanov) ; le Réveil de Flore (1894, Petipa-Ivanov) ; la Perle (1896, Petipa) ; les Millions d’*Arlequin (1900, Petipa) ; le Porte-bonheur (1908, G. *Pratesi). DROTTNEROVÁ Marta (née en 1941). Danseuse et pédagogue tchèque. Elle se forme à Ostrava et rejoint le ballet du Théâtre national de cette ville en 1954. Engagée en 1959 au Théâtre national de *Prague, médaille d’or aux Concours de Rio de Janeiro (1961) et de *Varna (1966), elle devient la plus célèbre ballerine tchèque des années 1960-1970, créant plus de trente rôles et se distiguant particulièrement dans le rôle-titre de *Giselle et celui d’OdetteOdile du *Lac des cygnes. Elle se produit aussi avec le Ballet classique de J. *Charrat et collabore avec T. *Schilling pour des chorégraphies télévisées. Professeur diplômée du *GITIS, elle enseigne à l’Académie des arts de la scène de Prague à partir de 1987 ainsi qu’au Théâtre national. Elle cesse ses activités en 1991. HK DROUET Jean-Pierre (né en 1935). Percussionniste et compositeur français. De formation très éclectique allant du jazz à la musique contemporaine, il aborde tous les domaines du théâtre musical tant comme interprète que comme compositeur, et mène une recherche où l’improvisation tient une large place. Sa collaboration avec F. *Blaska (Ballet pour tam-tam et percussions, 1970 ; Ya Sin, 1972 ; Un conte des Mille et Une Nuits pas comme les autres, 1974) et J. *Garnier (la Nuit, 1971 ; l’Ange, 1974 ; Neuf, 1978) accompagne l’ancrage dans la modernité de la jeune danse française des années 1970. EQ DROULERS Pierre (né en 1951 ). Danseur et chorégraphe francobelge. Issu de la première génération de *Mudra, il complète son apprentissage auprès du metteur en scène polonais Jerzy Grotowski, puis à New York, où sa rencontre avec S. *Paxton se révèle décisive. De retour à Bruxelles, il crée Désert (1976), pièce qui mêle danseurs et acteurs non professionnels, improvise avec le musicien S. *Lacy (Hedges, 1979), travaille avec Sherryl Sutton, actrice de B. *Wilson, s’affirmant comme pionnier d’une nouvelle danse ouverte aux expérimentations, au sein d’une scène belge dominée par les ballets de M. *Béjart. Il interprète deux pièces de M. A. *De Mey (Face à face) et d’A.-T. *De Keersmaeker (*Ottone, Ottone), avant de revenir à la chorégraphie, dans des spectacles où un humour fin le dispute à un travail plus plastique sur la transformation de l’espace (De l’air et du vent, 1997). Sans s’être jamais enfermé dans un style, il trouve d’une pièce à l’autre, autour d’un rigoureux travail de compagnie, de singulières articulations qui composent des flux dynamiques. JMA AUTRES CHORÉGRAPHIES. Dispersion (1977) ; Tips (1981) ; la Jetée (1983) ; Midi-minuit (1985) ; Comme si on était leurs petits poucets (1991) ; Jamais de l’abîme (1993) ; Mountain/Fountain (1995) ; Multum in parvo (1998). DRZEWIECKI Conrad (né en 1926). Danseur, chorégraphe, pédagogue et directeur de compagnie polonais. Il se forme notamment auprès de L. *Woïtzikowski et fait ses débuts à Cracovie en 1946. Engagé au ballet de l’Opéra de Poznán en 1947, il fera l’essentiel de sa carrière d’abord comme danseur (1950-1956) puis comme chorégraphe et directeur de la compagnie (1963-1973). Entre-temps, il danse au *San Carlo (1956-1957), puis dans différentes compagnies en France (19581963) tout en se perfectionnant auprès de L. *Egorova, S. *Peretti, V. *Gsovski et J. *Andrews. En 1973, il fonde à Poznán le Théâtre polonais de la danse qu’il dirige. Pédagogue confirmé, il enseigne à l’École d’État de Poznán ainsi qu’à l’étranger, notamment à la *Juilliard School en 1972. Il chorégraphie pour de nombreuses compagnies dont le Ballet national des *Pays-Bas, l’Opéra de *Berlin, la *Scala et le Théâtre national de *Prague. Interprète de *caractère talentueux, particulièrement dans les rôles grotesques, durant son séjour en France il danse notamment des oeuvres de D. *Lichine, W. *Dollar, S. *Lifar, G. *Skibine, R. *Petit, abordant ainsi différents styles qu’il contribuera en tant que chorégraphe à introduire en Pologne. PLM CHORÉGRAPHIES. La *Valse (1964) ; Rhapsody in blue (1964) ; Tempus Jazz ‘67 (1967) ; Sonate pour deux pianos et percussions (1972, mus. *Bartók) ; les *Biches (1973) ; Épitaphe pour Don Juan (1980) ; Chants immémoriaux (1982). DUATO Nacho (né en 1957). Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie espagnol. Il suit une formation tardive et éclectique à la *Rambert School, à *Mudra et à New York, où il est l’élève de L. *Falco et de l’Alvin *Ailey American Dance Center. Engagé à vingt-trois ans au *Ballet Cullberg, il est remarqué par J. *Kylián. Celui-ci le fait venir un an plus tard au *Nederlands Dans Theater, où il danse dans de nombreuses créations, dont Histoire du soldat (1986), et développe sa sensibilité pudique, son extrême musicalité, son intense rayonnement qui sont distingués en 1987 par le Gouden Dansprij [Prix d’or de la danse]. Ouvert à l’école *classique comme aux recherches et préoccupations contemporaines, épris avant tout de mouvement fluide, de libre parcours, recherchant l’âme plutôt que la cérébralité, Duato fait ses débuts de chorégraphe en 1983 avec Jardi Tancat (1er prix du Concours de *Cologne), bientôt suivi d’une douzaine d’oeuvres, dont Arenal downloadModeText.vue.download 143 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 21 (1988), réglées pour le Nederlands Dans Theater, où il devient chorégraphe résident auprès de Kylián et H. *Van Manen en 1988. Ses ballets entrent au répertoire du Ballet Cullberg, du Ballet de *Francfort, du Ballet *Gulbenkian, des *Grands Ballets canadiens. En 1990, il se voit confier la direction artistique de la Compagnie nationale de danse d’*Espagne, auquel il va vite conférer une identité stylistique latine alliant maîtrise et créativité. À partir de ses bases classiques, il s’ouvre d’une part au folklore espagnol, de l’autre aux courants contemporains, et il exalte de façon originale l’expression gestuelle dans des oeuvres puissantes telles Duende (1991) ou Self (1997), usant d’une langue fluide, exigeante, empreinte d’humanisme, de spiritualité. MFC AUTRES CHORÉGRAPHIES. Converge (1985) ; Dreams of Ether (1986) ; Rassemblement (1990) ; Coming Together (1991) ; Mediterrania (1992) ; Ecos (1994) ; Roméo et Juliette (1998). DUBOC Odile (née en 1941). Danseuse, chorégraphe et pédagogue française. Elle étudie la danse classique dès l’enfance à Aix-en-Provence, puis s’oriente vers le modern *jazz. En 1974, elle ouvre dans cette ville une école qui devient par la suite les Ateliers de la danse. En 1983, elle fonde avec F. *Michel la compagnie Contrejour, basée à Paris. Depuis 1990, elle codirige avec celle-ci le *CCN de Belfort. La période aixoise constitue pour O. Duboc une période de gestation. Au fil des rencontres et de ses recherches person- nelles, son style s’éloigne du modern jazz et prend une orientation clairement contemporaine. Elle explore attentivement l’univers de la rue et de la ville, où elle trouve les ruptures d’espace, les atmosphères sonores et les situations insolites qui, audelà d’une série d’événements chorégraphiques qu’elle crée en extérieur, vont nourrir l’ensemble de son travail. Émaillant ses chorégraphies de gestes *quotidiens, elle développe une danse basée sur une « *musicalité intérieure » qui se refuse au spectaculaire de la performance et s’attache à décentraliser l’espace par des combinaisons complexes qui démultiplient les points de vue - recherche particulièrement aboutie dans *Insurrection (1989). Avec la complicité constante de Michel, qui signe les lumières de toutes ses pièces, elle aborde, depuis 1990, des dispositifs scénographiques plus complexes, tels Projet de la matière (1994, scén. Yves Le Jeune, cost. D. *Fabrègue), véritable confrontation chorégraphique entre les corps et les matériaux, ou Comédie (1998, scén. Le Jeune, cost. Fabrègue), hommage subtil et enjoué à l’univers de la *comédie musicale. Associant constamment l’enseignement à son travail de création, elle propose une approche de l’espace qui n’est pas sans évoquer celle de M. *Cunningham, de même que sa recherche d’une fluidité du mouvement la rapproche de T. *Brown, ce, bien qu’elle n’ait jamais étudié avec eux. PLM AUTRES CHORÉGRAPHIES. Avis de vent d’ouest force 5 à 6 (1984) ; Une heure d’antenne (1985) ; Détails graphiques (1987) ; la Maison d’Espagne (1991) ; Retours de scène (1992, pour le B. de l’Op. de *Paris) ; Prim’hom saltare (1993, pour le *B. du Rhin) ; Trois *boléros (1996) ; Rhapsody in Blue (1998, pour le B. de l’Op. de Paris). BIBLIOGRAPHIE. Coll., Odile Duboc - Roger Eskenazi, Armand Colin, Paris, 1991.FILMOGRAPHIE. Trois Regards intérieurs (1993, réal. Harold Vasselin). DUCHAMP Marcel (1887-1968). Peintre américain d’origine française. Né dans une famille bourgeoise, il aborde très tôt la peinture comme ses frères Jacques Villon et Raymond Duchamp-Villon. Après son baccalauréat, il s’installe à Montmartre et produit des dessins pour quelques journaux humoristiques. S’éloignant progressivement du cubisme et du fauvisme, il place le mouvement au centre de ses préoccupations et s’attache à rendre compte, par la peinture, de l’influence des *chronophotographies d’Étienne Jules Marey et du dynamisme de la vie moderne à l’instar des *futuristes italiens. En 1912, il peint le Nu descendant un escalier n° 2, toile refusée au Salon des indépendants, dans laquelle il montre sur un même plan les différentes phases de l’action de descendre un escalier. Cette oeuvre est présentée, un an plus tard, à l’Armory Show, première grande manifestation d’art moderne à New York. La toile, qui suscite admiration et scandale à la fois, incite l’auteur à adopter une attitude critique à l’égard des productions artistiques et à se détourner de la peinture. Entre 1913 et 1915, il invente le concept de « ready-made » : en choisissant de placer dans un musée un objet manufacturé (urinoir, porte-bouteilles, roue de bicyclette, pelle, etc.), il rend ca- duque la valeur utilitaire de l’objet pour l’élever au rang d’oeuvre d’art. Installé à New-York en 1915, il commence à concevoir son oeuvre majeure la Mariée mise à nu par ses célibataires, mêmes (le Grand Verre). Pour cette composition complexe, peinte sur un vaste panneau de verre de trois mètres de haut, il utilise des matériaux non picturaux et créé des formes libres, suspendues dans l’espace. Duchamp reste l’une des personnalités les plus énigmatiques et influentes de l’art du XXe siècle. S’attachant aux représentations mécaniques, il développe un art où l’idée prévaut sur la réalisation de l’oeuvre et dans lequel l’acte créateur est sans cesse remis en question. Son oeuvre, qui deviendra par la suite la référence majeure de la plupart des démarches *postmodernes, marque très tôt les recherches de J. *Cage et M. *Cunningham. En 1968, ils créeront en son hommage *Walkaround Time, variation chorégraphique sur le Grand Verre, avec la complicité de J. *Johns, alors conseiller artistique de la compagnie, auquel Duchamp confie l’adaptation scénique de son oeuvre. Cet accord est assorti d’une demande : que l’oeuvre originale, éclatée en sept structures mobiles transparentes par Johns, soit approximativement reconstituée à la fin du spectacle. PC DUCK Katie. Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine. Née en Californie, c’est l’une des principales figures du *contactimprovisation en Europe. À Amsterdam depuis 1975, elle collabore avec des musiciens de la scène alternative, se produit avec la Magpie Music Dance Company, et enseigne depuis 1992 à la School for New Dance Development d’Arnhem. En Italie, elle a fondé le Group’O, et a dirigé l’activité de danse du *Dartington College of the Arts, en Grande-Bretagne. JMA DUDLEY Jane (née en 1912). Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine. Née à New York, elle étudie la danse avec H. *Holm et A. *Sokolow, puis avec M. *Graham, dont elle intègre la compagnie (1937-1944). Dès 1934 elle crée ses propres oeuvres, cofonde le Dudley-*Maslow-*Bales Trio (1942-1954) tout en enseignant à l’École Graham (1938-1958). Membre du *New Dance Group, où elle se consacre à l’enseignement à partir de 1954, elle est ensuite professeur à la *London Contemporary Dance School (1971-1991). Son oeuvre est fortement marquée par les conflits politiques et sociaux qui agitent les années 1930-1940. GV DUFORT Giambattista (fin XVIIe s.-apr. 1728). Maître à danser et théoricien franco-italien. Français installé à Naples, il y publie en 1728 son Trattato del ballo nobile, consacré à la danse de bal. Après un aperçu historique sur la contribution des Italiens, des Espagnols et des Français à l’évolution de la danse, il décrit les pas en procédant par composition graduelle à partir de leurs éléments simples, en détaillant leur monnayage musical et en présentant leur nodownloadModeText.vue.download 144 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 22 tation en écriture *Feuillet. Un seul chapitre est consacré aux mouvement des bras. L’ouvrage se termine par un exposé sur le *menuet et ses *ornements. Par son plan, sa démarche et par le mode d’exécution de certains pas (demi-*coupé, pas *grave, et en général absence d’intérêt pour les *équilibres en première *position), ce traité n’est pas sans ressemblance avec The Art of Dancing de *Tomlinson. JNL DUFY Raoul (1877-1953). Peintre et décorateur français. Formé à l’École des beaux-arts du Havre, il arrive à Paris en 1900. Influencé par H. *Matisse, il s’oriente vers le fauvisme. En 1920, il collabore au Boeuf sur le toit conçu par J. *Cocteau pour les Fratellini. Après avoir appréhendé le volume comme signe de l’espace, Dufy le réduit à une surface sur laquelle se dessinent les formes dans une grande économie de moyens qui séduira L. *Staats (Frivolant, 1922), L. *Massine (Beach, 1933) et G. *Balanchine (À la Françaix, 1951). CD DUKAS Paul (1865-1935). Compositeur français. Élève du Conservatoire de Paris, il ne publie que peu d’oeuvres, qui restent encore admirées pour leur brillante orchestration. Son poème dansé la *Péri (1911) est chorégraphié pour la première fois par I. *Clustine (1912), puis par A. *Gorski (1918), L. *Staats (1921), F. *Ashton (1931), F. *Staff (1938), S. *Lifar (1946), P. *Lacotte (1963), G. *Skibine (1966), P. *Darell (1973). Insatisfait de lui-même, il détruisit toutes ses compositions ultérieures dont le Sang de Méduse (1912) et Variations chorégraphiques (1930). Les potentialités chorégraphiques de son scherzo symphonique l’Apprenti sorcier (1897) sont révélées pour la première fois par M. *Fokine (1916, Petrograd) puis par H. *Lander (1940), L. *Woitzikowski (1952), N. *Schmucki (1973) et P. Lacotte (1985). ATos DUKELSKY Vladimir ou DUKE Vernon (1903-1969). Compositeur américain d’origine russe. Élève du conservatoire de Kiev, suite à la Révolution de 1917, il transite par Constantinople, avant d’arriver à New York, où il compose un concerto pour piano à l’intention d’Arthur Rubinstein qui incite S de *Diaghilev à lui commander un ballet en 1924 (Zéphyr et Flore, 1925, L. *Massine, déc. Georges Braque). Sur le conseil de G. *Gershwin, il garde son nom russe pour ses oeuvres de concert et adopte un pseudonyme américain pour signer ses chansons et *comédies musicales, dont la plupart sont chorégraphiées par G. *Balanchine : Ziegfeld Folies 1936 (cochor. R. *Alton), Keep off the Grass (1940), Lady Comes Across (1942). Après le film Goldwin Follies (1938, réal. George Marshall), la reprise au cinéma de *Cabin in the Sky (1943, réal. V. *Minnelli) lui vaut son plus grand succès. BT AUTRES COMPOSITIONS. Jardin public (1935, Leonide Massine), le Bal des blanchisseuses (1946, *Petit), Two’s Company (1952, *Robbins), Emperor Norton (1957, L. *Christensen). DUMAS Russell (né en 1946). Danseur et chorégraphe australien. Il étudie la danse classique en Australie et obtient le diplôme de la Royal Academy of Dancing. Danseur à la profonde intelligence *kinesthésique, il travaille dans de nombreuses compagnies européennes, dont le *Ballet Rambert, le *Royal Ballet, le *Nederlands Dans Theater. Membre du groupe Strider (Grande-Bretagne), il se produit également avec les compagnies de T. *Brown et T. *Tharp. Au milieu des années 1970, avec Nanette Hassall, E. *Karczag et Elizabeth Dempster, il forme le groupe Dance Exchange, qui contribue à introduire la danse *postmoderne en Australie. Directeur de ce groupe pendant les années 1980-1990, il développe une pratique chorégraphique qui se distingue par un classicisme sensuel, dépouillé, faisant appel aux gestuelles *quotidiennes. Privilégiant la dimension kinesthésique de la danse, conçue comme art autonome, il fonde son travail sur une relation étroite entre danse et chorégraphie plutôt que sur une théâtralité exprimée visuellement ou par la narration. Cette approche subtile se retrouve dans les films qu’il réalise, dont Approaching Sleipner Junction, qui lui vaut le prix spécial du jury en 1990 aux rencontres de *vidéodanse de Sète, ou encore Double Exposure (1991) et Remembering Ando’s Wall (1997). SG CHORÉGRAPHIES. Rough Cuts (1980) ; Mulambin Beach (1983) ; Circular Quay (1984) ; Dancing Sara’s Phrases (1987) ; Blue Palm / White Lies (1989) ; Through Frames (1994) ; And... Yet (1995) ; Cargo Cult (1997). DUMB TYPE . Collectif de création japonais, fondé en 1984 par des étudiants de différentes sections du Kyoto City Art College. Ce groupe pluridisciplinaire fonctionne sans directeur. Il rassemble aujourd’hui architectes, ingénieurs du son, vidéastes, danseurs, musiciens, informaticiens. Confrontation caustique entre innovation technologique et vie quotidienne, leurs créations (Pleasure Life, 1987 ; pH, 1990 ; S/N, 1992 ; OR, 1997) se déclinent sur le mode de la *performance, du concert et de l’installation plastique. Développant une esthétique qui n’est pas sans rappeler R. *Wilson, apportant une attention toute particulière à la dimension spatiale, Dumb Type exerce une influence certaine sur les jeunes chorégraphes japonais. MG DUMILÂTRE Adèle (1821-1905). Danseuse française. Elle danse à l’Opéra de *Paris entre 1840 et 1848, ainsi qu’à Londres. En 1841, elle reprend le rôle-titre de la *Sylphide. Elle crée Myrtha dans *Giselle (1841) et Lady Henriette de J. *Mazilier (1844). Dotée d’un physique romantique et d’une forte personnalité, élégante mais peu technicienne, elle se voit confier des personnages secondaires auxquels elle sait donner du relief. SJM DUMOULIN ou DU MOULAIN ou DESMOULINS. Famille de danseurs français. Ils sont quatre à se produire à l’*Académie royale de musique (ARM) à Paris dans la première moitié du XVIIIe siècle : trois frères, François D., Pierre D. et David D., auxquels s’ajoute leur demi-frère Henri D., plus âgé et dit « Dumoulin l’aîné ». Henri danse de 1695 à 1730 et devient *maître de ballet à l’Opéra-Comique de 1714 à 1719. Les autres font une carrière parallèle : François et Pierre débutent respectivement en 1700 et 1705, et se retirent en 1748. David, le plus jeune, s’illustre de 1705 à 1751 et figure parmi les membres de l’*Académie royale de Danse (ARD). Tous loués par P. *Rameau pour leur talent, ils sont distribués dans les mêmes ouvrages. Cependant, David se distingue plus particulièrement : soliste de premier plan, dans un style qui rappelle celui de C. *Balon, il est le partenaire de M. *Blondy, L. *Dupré ou de L. *Camargo et M. *Sallé NL DUMPE Inese (née en 1959). Danseuse lettone. Formée à Riga par Irena Strode, médaille d’argent à *Varna en 1976, elle est engagée en 1977 au Ballet de l’Opéra de Riga où elle devient très vite prima ballerina assoluta. Dotée d’une large palette, elle excelle dans les rôles dramatiques tels les rôles-titres de *Schéhérazade (O. *Leimanis) ou *Francesca da Rimini ou encore dans le Tango Jaune (Ann Sigalova). BH DUNCAN Anna, ndn. DENZLER A. (1894-1980). Danseuse et pédagogue américaine d’origine suisse. Ainée des *Isadorables, par son style grave et épuré, elle excelle dans les interprétations des danses religieuses d’Isadora Duncan downloadModeText.vue.download 145 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 23 comme l’Ave Maria (mus. F. *Schubert). A partir de 1914, elle se produit parfois de façon indépendante avec les autres Isadorables, puis seule à partir de 1921 lorsqu’elle quitte I. Duncan. Tout en composant des solos, elle tente une carrière d’actrice au théâtre et au cinéma et apparait dans le film de George Cukor Dinner at Eight (1933). A la mort d’I. Duncan, elle se consacre à la transmission de la danse isadorienne à New York, formant une deuxième génération de danseuses telles J. *Levien et Hortense Kooluris. Esch DUNCAN Elisabeth (1871-1948). Pédagogue américaine. Soeur ainée d’Isadora *Duncan, «Tante Miss», ainsi que l’appellent les *Isadorables enfants, prend en charge l’éducation des élèves de sa soeur lors des nombreuses tournées de cette dernière. Elle se révèle la pédagogue nécessaire et rigoureuse qui dégage à partir de l’art d’Isadora Duncan les bases de l’apprentissage de la danse *libre duncanienne. En 1909, elle ouvre sa propre école à Darmstadt, préconisant cependant un style de vie plus spartiate qu’Isadora, sous l’influence de Max Merx, son mari. En effet, celui-ci rejoint à cette époque le courant germaniste hygiéniste de la Körperkultur. Son école se déplace à Potsdam puis à Salzbourg de 1925 à 1935. Sa danse, quoique plus gymnique que celle de sa soeur, reste au plus près des élans musicaux. Son enseignement influence de nombreux danseurs de par le monde, surtout en Europe Centrale. En France, Yvonne Berge perpétue les éléments essentiels de son enseignement. ESch DUNCAN Erika, ndn. LOHMAN E. (1901-1984). Danseuse allemande. C’est la plus jeune des *Isadorables. Elle abandonne la danse en 1920 pour se consacrer à la peinture. Celle-ci, à contenu naturaliste ou religieux, lui permet d’exprimer différemment sa créativité. Elle mène ensuite une existence retirée dans un couvent du Connecticut (Etats-Unis) où elle s’éteint dans la plus grande simplicité. ESch DUNCAN Irma, ndn. FRICH GRIMME I. (1897-1977). Danseuse, pédagogue, américaine d’origine allemande. Elle est la seule *Isadorable à accepter d’accompagner Isadora Duncan à Moscou en 1921. Alors qu’Isadora Duncan tourne en Russie, Irma prend en charge l’école puis, après le retour d’Isadora en France, la compagnie Russian Duncan Dancers avec laquelle elle effectue des tournées en Union Soviétique (1925-1926), en Chine (1927), et aux Etats-Unis (1928-1930) où elle décide de s’installer et de pousuivre un travail de transmission. En 1930, elle fonde la première compagnie américaine de danseurs duncaniens. Celle-ci participe en 1933 au «Spectacle pour la paix» donné au Madison Square Garden où elle apparaît pour la dernière fois en public. A la fermeture de l’école de Moscou en 1949, les élèves se tournent vers l’enseignement de «la gymnastique plastique», introduisant des éléments stylistiques duncaniens dans la gymnastique artistique russe et centre-européenne. ESch BIBLIOGRAPHIE. Duncan Irma, Duncan Dancer, Wesleyan Univ. Press, 1966 ; The Technique of Isadora Duncan, Dance Horizons, 1970. DUNCAN Isadora (1877-1927). Danseuse et chorégraphe américaine. Née à San Francisco dans une famille de quatre enfants, elle mène une enfance difficile et bohème avec sa mère et ses frères et soeur. En l’absence du père se forme un clan familial qui au-delà des préoccupations matérielles se passionne pour les arts. De 1895 à 1900 elle danse dans quelques *comédies musicales à Chicago et à New York, tout en composant sur des poèmes ses premières danses vraisemblablement de facture encore pantomimique. En 1900, elle quitte les Etats-Unis pour l’Europe afin de réaliser ses aspirations artistiques. Ses premiers récitals lui ouvrent les salons artistiques de Londres, Paris, Munich. En 1903, elle publie à Leipzig son manifeste la Danse du futur. La même année, porté par un héllénisme passionné, le clan Duncan se déplace en Grèce et tente de faire revivre la tragédie grecque avec la pièce d’Eschyle les Suppliants.En 1905, elle ouvre à Berlin sa première école de danse. C’est dans cette ville qu’elle rencontre le metteur en scène G. *Graig dont elle aura une petite fille. Ses tournées la font sillonner l’Europe. Elle quitte Berlin pour Paris. Après sa liaison passionnée mais éprouvante avec Graig, elle trouve bien-être et soutien auprès du millionnaire Paris Singer, dont elle aura un fils. Mère comblée, danseuse vénérée, femme adulée, proche de la pensée d’artistes comme A. *Rodin, K. *Stanislavski, elle en inspire beaucoup d’autres : le scuplteur Antoine Bourdelle, les peintres André Dunoyer de Segonzac, Maurice Denis. La noyade de ses deux enfants en 1913 marque un tournant tragique dans sa vie. Après de nombreuses tournées aux succès inégaux en Amérique du Sud et du Nord, Isadora est invitée à fonder une école de danse à Moscou en 1921. Elle rencontre le poète russe Serge Essenine qu’elle épouse. Epuisée par sa relation tumultueuse avec lui et la dureté des conditions de vie dans une Russie ensanglantée, elle rentre en France en 1924. Elle mène alors une vie instable entre Paris et Nice, donnant quelques spectacles dont Sonate (date, mus. F. *Liszt), dansé sur des poèmes de J. *Cocteau. En 1927 elle meurt accidentellement, en voiture, étranglée par sa propre écharpe. Dans un rapport intuitif à l’histoire qui lui est contemporaine (Première guerre mondiale, révolution en Russie, émancipation de la femme, affaire Sacco et Vanzetti), I. Duncan se laisse brasser dans la vie sociale et politique de son époque. Abolissant l’antagonisme entre être danseuse et être femme, elle aborde la danse à partir de son corps, sa sensualité et son âge. Dès son arrivée en Europe, son style se précise. Elle apparait en simple tunique, sur une scène sans décor devant un fond bleu clair, dansant en osmose avec la musique : F. *Chopin (*Prélude, v. 1900), Ch-W. *Gluck (Iphigénie, 1904), L. van *Beethoven (Septième Symphonie, 1904), offrent des correspondanses musicales au rubato expressif de sa gestuelle et l’éloignent de la pantomime. Après la rencontre avec Craig et la naissance de sa fille, la qualité plastique de sa danse, entre poids et envol, devient plus charnelle : *Bacchanale (1904), *Valses de Brahms, op. 39 et Danses Allemandes (1905, mus. F. *Schubert), *Danses des Furies (1910, mus. Ch.-W. Gluck), Orphée (1911, mus. C. Gluck), extraits des opéras Tristan, Parsifal, les Maîtres chanteurs de R *Wagner (1911). La mort de ses enfants et le début de la guerre entrainent une nouvelle évolution. L’élan se condense dans une gestuelle intensément intériorisée et plus terrienne : Ave Maria (1914), Symphonie inachevée (1915, mus. Schubert), Symphonie n°6 (1916, mus. P. *Tchaïkovski), *Neuvième symphonie (1916, mus. Schubert), Les Funérailles (1918, mus. F. Liszt), *Mazurka lente (1923), Rédemption (1927, mus. C. *Franck). A la suite de son séjour en Russie le contenu politique de certaines de ses danses, présent dès la Marseillaise (1915) puis la *Marche slave (1917), s’accentue : Impressions de Russie (1921, mus. A. *Scriabine), ensemble dont font partie la *Mère et *Étude révolutionnaire ; Chants russes (1924). A l’instar de Jean-Jacques Rousseau, I. Duncan est persuadée que l’homme nait bon et que seule la société le pervertit. Ce n’est donc pas un hasard si elle place au centre de ses préoccupations d’artiste l’éducation des enfants : outre l’école de Grünewald à Berlin que fréquentent les futures *Isadorables, et celle de Moscou, elle fonde aussi une école à Meudon près de Paris en 1913, qu’elle mettra à disposition de la Croix Rouge au début de la guerre. Passionnée et généreuse, simple ou grandiloquente, magnanime ou ridicule, elle est toujours au coeur des mouvements de libération. Sa danse en est la traduction artistique : la libération s’y exprime par le dépouillement des contraintes vestimentaires (pieds nus, tunique) et des contraintes physiques (spontanéité, élan, parcours dans l’espace), le recours aux mouvements élémentaires downloadModeText.vue.download 146 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 24 en relation avec ceux de la nature comme la houle, l’onde. Faite de courbes et de volumes, sa danse expose un jeu dynamique entre l’abandon et la résistance à la gravité. Sa fluidité plastique revivifie le code occidental des expressions. Dans sa recherche de gestes simples elle se situe dans l’héritage des arts plastiques européens, de la Grèce Antique à Botticelli jusqu’aux Impressionnistes. A l’intérieur de son style une métaphysique exacte sous-tend chaque geste. Plus qu’une technique formelle, son art, sans doute influencé par le système d’expression de F. *Delsarte, établit un certain rapport au corps qui, au-delà de la question du mode d’expression, figuratif ou abstrait, privilégie l’émotion au sens large du terme comme source du mouvement. Danseuse de sa vie, au gré des événements extérieurs et de ses tourments personnels, elle est associée à l’élaboration des principes fondamentaux de la danse *moderne en rupture avec la danse *classique occidentale et participe de l’avènement de la modernité : son élan créateur constitue le coeur du courant artistique de la danse *libre dont les recherches de M. *Fokine, E. *Jaques-Dalcroze ou E. *Hawkins, entre autres, portent la marque. Par son esprit libre, elle reste une figure emblématique de la danse du XXe s. comme en témoigne la pérennisation de son répertoire à travers le travail de J. *Levien notamment, et les hommages chorégraphiques que lui rendront, par exemple, J. *Limón (Dances for Isadora, 1972), F. *Ashton (Five Brahms Valses in the Manner of Isadora Duncan, 1975) ou M. *Béjart (Isadora, 1976). ESch BIBLIOGRAPHIE. Duncan Isadora, Ecrits sur la danse, éd. du Grenier, Paris, 1927 ; Ma Vie, Gallimard, Paris, 1932. DUNCAN Jeff (né en 1930). Danseur, chorégraphe et pédagogue américain. À la suite d’études musicales, il découvre la danse *moderne et devient successivement l’élève de H. *Holm, J. *Limón, D. *Humphrey, A. *Nikolais et M. *Cunningham. Débutant comme interprète en 1951, il participe notamment à la reprise de *With My Red Fires de D. Humphrey en 1953. En 1954, il danse dans *Lyric Suite d’A. *Sokolow et devient son assistant, tout en poursuivant une carrière de soliste dans des *comédies musicales de *Broadway. Il fonde ensuite sa compagnie, pour laquelle il compose notamment Three Fictitious Games (1957) et Statement (1966), et signe de nombreux solos, dont Antique Epigrams (1957) et Terrestrial Figure (1959). En 1965, il fonde le *Dance Theater Workshop en collaboration avec Jack Moore et Art Bauman. Ce studio deviendra un important lieu d’expérimentation qui donnera naissance à l’American Theater Laboratory. MDS AUTRES CHORÉGRAPHIES. Frames (1958) ; Outdoors Suite (1960) ; Winesburg Portraits (1963) ; Statement (1966). BIBLIOGRAPHIE. J. Dunning, « Dance Theater Workshop Grows Up », Dance Magazine n_ 3, 1976. DUNCAN Lisa, ndn. MILKER L. (1898-1976). Danseuse, pédagogue et chorégraphe française d’origine allemande. Se distinguant par son style fluide et bondissant, elle est, parmi les *Isadorables, la plus partagée entre l’engagement de perpétuer la tradition isadorienne et la nécessité de développer sa danse. C’est cette dernière orientation qui va finalement primer : après une tournée aux Etats-Unis (1923-1924) avec Anna et Margot *Duncan, elle s’installe à Paris où sa collaboration avec J. *Pomies de 1930 à 1932 lui permet de se produire dans Tango (mus. G. *Auric), Danseuse de Delphes (mus. C. *Debussy), Clair de lune (mus. C. *Debussy). Attachée à la France et opposée au nazisme, elle se réfugie en province durant la guerre. L’après-guerre à Paris s’avère très difficile. Elle repart pour Dresde, sa ville natale, quelques années avant sa mort. ESch DUNCAN Margot, ndn. JEHLE M. (1900-1925). Danseuse allemande. De santé fragile, elle quitte la scène après une dernière tournée aux Etats-Unis en 1923-1924 avec deux autres *Isadorables, Lisa et Anna. Elle commence alors à enseigner à Paris mais meurt prématurément de la tuberculose. ESch DUNCAN Maria-Theresa, ndn. KRUGER M-T. (1895-1987). Danseuse, pédagogue et chorégraphe américaine d’origine allemande. Refusant en 1921 d’accompagner Isadora *Duncan à Moscou pour créer une nouvelle école, elle s’installe à New York. Danseuse d’une musicalité flamboyante, «Feu et Vent» ainsi que la représente le photographe Edouard Steichen, elle contribue à faire connaitre et à perpétuer la danse duncanienne à travers le répertoire et ses propres travaux. Dans les années 1930, elle fonde une nouvelle compagnie, Les Héliconiades. En 1980 elle reforme une compagnie, l’Heritage Dance Company, et rend un hommage émouvant à sa mère sprirituelle en dansant en public à 86 ans. Avec elle disparaît en 1987 la dernière des *Isadorables. ESch DUNCAN Raymond (1874-1966). Pédagogue et metteur en scène américain. Frère d’Isadora *Duncan, animé d’une passion pour la Grèce Antique comme symbole de civilisation, il partage la quête artistique de sa soeur, l’assistant dans ses recherches livresques et picturales. En 1898, il quitte les Etats-Unis pour l’Europe. A la suite d’un voyage en Grèce en 1903, il adopte un mode de vie héllénisant, fabriquant ses propres toges, sandales et se nourrissant de façon frugale. Sa mise en scène d’Electre de Sophocle en 1910 à New York s’appuie sur les mouvements du choeur. En 1914, lors du conflit des Balkans, il part aider les réfugiés grecs. En 1929, il fonde à Paris (rue de Seine) l’Akademia où sont dispensés jusqu’au début des années 1980 cours de danse, ateliers d’artisanat, conférences, concerts. Raymond élabore une gymnastique basée sur les gestes de travail. Sa danse, inspirée de l’art statuaire grec, se fonde sur six positions où se jouent les oppositions naturelles du corps. Plus posturale que fluide, angulaire, le plus souvent offerte de profil, sans accompagnement musical, elle reflète une exigence austère qui sous-tend toute sa vie. ESch DUNHAM Katherine (née en 1912). Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine. Les années 1930 sont pour cette native de Chicago un temps de formation intellectuelle et artistique. Étudiante en ethnologie à l’université de Chicago, elle parfait ses études en danse avec Ludmila Speranzeva et collabore avec Mark Turbyfill et R. *Page du Chicago Opera. Avec le premier, elle fonde le Ballet nègre, pour lequel elle signe sa première chorégraphie, Negro Rhapsody (1931). La seconde lui confie son premier rôle principal dans la Guiablesse (1934). Elle effectue simultanément ses premières armes de pédagogue en enseignant la danse classique et moderne à des élèves qui formeront le noyau du Negro Dance Group créé en 1934. Son travail chorégraphique retenant l’intérêt, elle bénéficie en 1935 d’une bourse d’études pour étudier la danse et la culture caraïbes. Très concernée par les fonctions sociale et psychologique de la danse, souci qui perdure tout au long de sa carrière et qui en fait l’une des danseuses les plus politiquement engagées de son époque, elle s’attache à analyser les liens formels et fonctionnels existant entre la danse et les rites des Caraïbes et leurs origines africaines. Elle y observe également les synthèses opérées entre éléments européens et africains, lesquelles deviendront par la suite l’une des caractéristiques majeures de ses chorégraphies. De retour aux États-Unis en 1936, elle écrit une thèse, publie des articles, donne des conférences, avant de se tourner définitivement vers la danse, utilisant ses connaissances d’anthropologue pour monter des spectacles downloadModeText.vue.download 147 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 25 qui mélangent pour la première fois danse et folklore rituel dans des compositions scéniques modernes. Elle fonde alors sa compagnie et signe *Yanvalou (1937) intégré ensuite à Haitian Suite, travaille à Chicago pour le Federal Theatre Project et crée l’*Ag’Ya (1938), qui lance une forme de spectacle chorégraphique basé sur le folklore authentique, agrémenté d’arrangements orchestraux et de décors et costumes luxueux, habituellement conçu par John Pratt, qu’elle épouse en 1940. Après son installation à New York en 1939, elle crée les chorégraphies de Pins and Needles, produit par le New York Labor Stage, et monte sa première production à *Broadway, la *revue *Tropics and le Jazz Hot : From Haïti to Harlem. Reconnue par la critique et le public comme le premier pionnier de la véritable danse noire, elle se produit dans *Cabin in the Sky (1940), dont elle règle la chorégraphie avec G. *Balanchine, et entame des séries de tournées pour présenter ses créations et son répertoire dans des salles de spectacle, des boîtes de nuit et sur Broadway. Elle crée *Tropical Revue (1943), considérée comme l’une de ses créations majeures, puis *Carib Song (1945), Windy City (1946), Bal Nègre (1946), Caribbean Rhapsody (1948) et, plus tard, Bamboche (1962, avec la Troupe royale du Maroc), qui sont autant de fenêtres sur la culture chorégraphique mondiale revisitée par son sens unique du spectacle. Dans les années 1950, la compagnie multiplie les tournées et les succès au Mexique, en Amérique latine, en Afrique du Nord, à travers les États-Unis ainsi qu’en Europe, où certains de ses danseurs, tels Eugene Robinson, W. *Nicks, V. *Aikens, se fixeront et seront à l’origine de l’enseignement de la danse *jazz. Ses apparitions hollywoodiennes et les chorégraphies qu’elle crée au cinéma pour *Carnival of Rhythm (1941, *Warner Bros.), Star Spangled Rhythm (1942, réal. ? ? ? ? ? ?, *Paramount), *Stormy Weather (1953, *Fox), Mambo (réal. Robert Rossen, 1955) ou pour l’opéra (Aïda, 1964, *Metropolitan Opera) contribuent également à faire accepter la danse ethnique par le grand public. Parmi les membres importants de sa compagnie, dispersée et reformée selon les besoins à partir de la fin des années 1950, figurent A. *Savage, Carmencita Romero, J. *Collins, J.-L.*Destiné, T. *Gomez, Eartha Kitt, Pearl Reynolds ainsi que Vanoye Aikens, T. *Beatty, S. *Fort, W. Nicks et L. *Williams, également enseignants dans son école. Projet éducatif ambitieux, la Dunham School of Dance and Theatre, fondée à Manhattan en 1945 et qui fonctionne jusqu’en 1954, propose des cours de technique, d’histoire de la danse, de *notation, de philosophie, de religion, d’anthropologie, d’esthétique, de théâtre et de langues. Dans sa quête permanente d’une place légitime pour le danseur noir au sein de la danse américaine, K. Dunham met l’accent sur la nécessité pour sa compagnie d’une formation sérieuse et rigoureuse, luttant alors contre l’idée répandue que les Noirs hériteraient dans leurs gènes de la faculté de danser, ce qui les dispenserait de formation. La technique Dunham, codifiée au début des années 1940, intègre des mouvements fluides empruntés au classique à des éléments africains et caraïbes : flexibilité du torse, articulation précise et dissociée du bassin et des membres, opposition contrôlée de certaines parties du corps, complexité rythmique. Militant contre la ségrégation dès les années 1940, prononçant des discours enflammés sur scène, intentant des procès à des hôtels coupables de discrimination, créant le très controversé *Southland (1951), pièce d’une heure sur le thème du lynchage, après avoir été conseiller artistique du premier Festival mondial des Arts nègres au Sénégal (1966), elle s’installe en 1967 à East Saint Louis (Missouri). Elle accepte alors le défi d’être personnellement impliquée avec la jeunesse des ghettos et fonde le Performing Art Training Center (1967), où elle met en pratique quelques-unes de ses idées sur les fonctions sociales de la danse qu’elle utilisera comme facteur essentiel de l’identité et de l’unification culturelles pour bâtir un sens de la communauté. En 1977, elle ouvre le Katherine Dunham Museum, où elle expose ses costumes de scène, des objets réunis lors de ses voyages, des peintures, sculptures et instruments de musique. Auteur de nombreux écrits sur la danse, dont Journey to Accompong (1946), The Dance of Haiti, A Touch Of Innocence (1959), Island Possessed (1969), bardée de diplômes et de distinctions honorifiques, elle démontre par son oeuvre, synthèse réussie de recherche et de divertissement, le rôle essentiel des danses afro-américaines et caraïbes dans l’histoire de la danse américaine. TDF, ESe BIBLIOGRAPHIE. R. Buckle et R. Wood, Katherine Dunham : Her Dancers, Singers, Musicians, Ballet Publication, Londres, 1949 ; Beckford R., Katherine Dunham : A Biography, Marcel Deckher, New York, 1979. DUNN Douglas (né en 1942). Danseur et chorégraphe américain. Après des études à Princeton University, il se produit avec Y. *Rainer (1968-1970) et intègre la compagnie *Cunningham (1969-1973). Membre du *Grand Union (1970-1976), il signe des chorégraphies à partir de 1973, notamment 101 en 1974, où les spectateurs circulent autour d’une estrade sur laquelle il est étendu immobile. Son langage, proche du free jazz, s’adapte au théâtre à l’italienne : Pulcinella (1980, mus. I. *Stravinski, B. de l’Op. de *Paris), Cycles (1981, mus. *Lacy, *GRCOP), Futurities (1984, mus. Lacy) et Landing (1992, mus. Lacy). Il aime les collaborations interdisciplinaires et les lieux non conventionnels (Disappearances, 1994, à Wall Street). DL AUTRES CHORÉGRAPHIES. Nevada (1973) ; Lazy Madge (19761979) ; Foot Rules (1979) ; Sky Eye (1989) ; Rubble Dance. Long Island City (1992) ; Stucco Moon (1992) ;Caracole (1995) ; Spell for Opening the Mouth of N (1996). FILMOGRAPHIE. Secrets of the Waterfall (1983) ; The Myth of Modern Dance (1990, réal. Ch. *Atlas) ; Rubble Dance. Long Island City (1991, réal. Rudy Burckhardt). DUNN Robert Ellis (1928-1996). Pédagogue américain. Diplômé en composition et théorie musicales, il débute comme répétiteur pour le répertoire d’opéra. Au Conservatoire de Boston, il s’initie à la danse de 1955 à 1958 avec un élève de M. *Wigman, et enseigne les percussions aux danseurs. À New York, il étudie jusqu’en 1960 avec J. *Cage à la New School For Social Research. Il gagne sa vie comme pianiste, notamment pour M. *Graham, M. *Cunningham, J. *Limon et J. *Waring. Il cesse de danser, puis s’intéresse au tai-chi-chuan et au yoga. En 1972, I. *Bartenieff lui enseigne l’analyse du mouvement au Laban Institute of Movement. Dunn est surtout connu comme l’initiateur du *Judson Dance Theater : à la demande de Cage, à partir de l’automne 1960, il propose une série d’ateliers de composition, ouverts aux danseurs, mais aussi à d’autres artistes tels que Robert Morris ou R. *Rauschenberg. Très influencé par les recherches iconoclastes de Cage ainsi que par le bouddhisme zen, l’enseignement de Dunn prend le contre-pied de l’autoritaire tradition chorégraphique représentée par L. *Horst et par D. *Humphrey. Il évite tout jugement exprimé en termes de bien ou de mal, ainsi que toute norme chorégraphique, encourageant non seulement l’émancipation de la danse par rapport à la musique, mais aussi la remise en cause des conventions artistiques. La recherche proposée porte sur les modes de conception et la structure d’une pièce, et fait appel aux techniques de l’aléatoire, de l’indétermination et de l’improvisation, offrant un espace de création ouvert à tous les possibles. Il guide ses stagiaires dans leur propre exploration, notamment en privilégiant la discussion, l’analyse, et les questions de perception (quelles sont les règles, quelle est la structure ?). Ses consignes sont minimales : « faire une danse de 5 minutes en une demi-heure », « faire une danse à propos de rien de spécial ». Finalement, son attitude philosophique - ou sa relative passivité pédagogique - se révèle propice à l’émergence de nouvelles idées. Forts de l’esprit rebelle du monde de l’art d’alors, ses étudiants, comme S. *Forti, downloadModeText.vue.download 148 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 26 S. *Paxton ou Y. *Rainer dès juillet 1962 et, plus tard, L. *Childs ou T. *Brown, présentent leurs travaux dans l’église Judson sous le nom de « concert ». Leur recherche esthétique, dégagée du souci du beau, se fonde sur des méthodes démocratiques. Cette explosion de l’expérimental amorce la *post-modern dance. CRey BIBLIOGRAPHIE. « The Legacy of Robert Dunn », Movement Research Performance Journal, n° 14, New York, 1997. DUNOYER Vincent (né en 1962). Danseur français. Venu tardivement à la danse, à vingt-cinq ans, il participe à deux pièces de W. *Vandekeybus, avant de rejoindre A.-T. *De Keersmaeker. Interprète vivace, il fait merveille dans Achterland (1990), rivalisant de malice espiègle avec le violoniste Irvine Arditti. Au sortir de la compagnie Rosas, il danse en solo en 1996 trois compositions de S. *Paxton, De Keersmaeker et Liz Le Compte. JMA DUPOND Patrick (né en 1959). Danseur français. À peine sorti de l’École de danse de l’Opéra de *Paris pour rejoindre le corps de ballet, il est, en 1976, le premier Français à remporter la médaille d’or du Concours de *Varna. Premier danseur en 1979, interprète du *Boléro de M. *Béjart, il est nommé étoile en 1980, dans Vaslaw que J. *Neumeier a créé pour lui. En 1988, il prend la direction du Ballet français de *Nancy. Directeur de la danse à l’Opéra de Paris de 1990 à 1995, il poursuit depuis une carrière de soliste international. Tel un farfadet, Dupond insuffle son énergie débordante au bouffon du *Lac des cygnes (V. *Bourmeister), au Basilio de *Don Quichotte (R. *Noureev), joue le naïf Alain de la *Fille mal gardée (H. *Spoerli), incarne le Puck facétieux du *Songe d’une nuit d’été (J. *Neumeier). Remarquable acteur, pathétique dans le rôle de la star droguée d’Au bord du précipice (1983, A. *Ailey) ou dans le rôle-titre du *Fils prodigue (G. *Balanchine), il se glisse avec aisance dans ceux de *Petrouchka, *Icare, l’*Après-midi d’un faune et, par la suite, dans celui de *Till Eulenspiegel (1994, reconstr. M. *Hodson et Kenneth Archer). R. *Petit lui confie ses rôles de Jeune Homme (le *Jeune homme et la Mort ; le *Fantôme de l’Opéra, 1980), et Noureev celui de Roméo (*Roméo et Juliette, 1984), tandis qu’en 1986 il se transforme en *Salomé (M. *Béjart) dans un numéro de dédoublement virtuose. Son corps élastique le fait adopter par les américains, d’A. *Nikolais (Schéma, 1980) à R. *Wilson (le *Martyre de saint Sébastien, 1988), de M. *Pendleton (Relâche, 1979) à T. *Tharp (*Push Comes to Shove ou Grand Pas, 1991) et M. *Louis (*Déjà vu). Il tourne également plusieurs films, dont Dancing Machine (1990, réal. Gilles Behat). JLB BIBLIOGRAPHIE. La Fureur de danser, éd. Favre, 1985 ; Les années Dupond à Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1990 ; Patrick Dupond, éd. Plume, Paris, 1993. DUPONT Aurélie (née en 1973). Danseuse française. Formée à l’école de danse de l’Opéra de *Paris, engagée dans la troupe en 1989, elle est nommée *étoile en 1998. Technicienne brillante et poétique (médaille d’or à *Varna), représentative de l’*école française (*Soir de Fête, *Staats), inspiratrice des chorégraphes contemporains (Rythmes de valse, 1994, R. *Petit; Casanova, 1998, A. *Preljocaj), elle aborde avec bonheur tous les styles (La *Bayadère, M. *Petipa ou R. *Noureev ; Le *Sacre du printemps, P.* Bausch). SJM DUPONT Jacques (1909-1978). Peintre et décorateur français. Il étudie à l’Académie Ranson. Développant un style très poétique, il intervient dans tous les domaines du spectacle, signant notamment des décors et des costumes pour la reprise des *Indes galantes à l’Opéra de *Paris (1952) et *Carmen de J. *Cranko (1971). GM AUTRES COLLABORATIONS. *Massine (Symphonie allégorique, 1951) ; *Ashton (les Deux Pigeons, 1961) ; R *Petit (Pelléas et Mélisande, 1969) ; *Hightower (la Belle au bois dormant, 1970) ; *Labis (*Coppélia, 1975). DUPORT Louis-Antoine (1783-1853). Danseur et chorégraphe français. Il commence sa carrière en 1800 sur les *Boulevards, à l’Ambigu-Comique, puis rejoint l’Opéra de *Paris, où il danse trois ballets dont il signe aussi la chorégraphie. Sa danse brillante en fait le rival d’Auguste *Vestris et son talent de chorégraphe, celui de P. *Gardel. Cela, ajouté à ses sautes d’humeur et à ses exigences démesurées, le conduit à rompre unilatéralement le contrat qui le lie à l’Opéra de Paris et donc à fuir clandestinement pour Saint-Pétersbourg, en passant par Vienne, où il arrive déguisé en femme chez les Taglioni (Mémoires de M. *Taglioni). En Russie, il remporte un grand succès dont Léon Tolstoï se fait l’écho dans son roman Guerre et Paix. Il travaille au théâtre *Mariinski (1806-1816) et se produit essentiellement dans les oeuvres de C.-L. *Didelot, puis il danse quelque temps à Moscou. En 1817, il devient directeur de théâtre à Naples. Il s’installe ensuite à Vienne, où il est professeur et directeur du théâtre de la Porte de Carinthie. Il signe quelques ballets *anacréontiques, comme Acis et Galatée (1805) et le Volage fixé (1806), sur le thème de *Flore et Zéphire. Cependant, il produit principalement des ballets dans la lignée de ceux de J. *Dauberval et *Blache, comme Figaro (1806), jugé un peu long par J. G. *Noverre, qui déplore aussi que la danse ne puisse rendre la dimension spirituelle de la pièce de Beaumarchais. Il reste surtout célèbre en tant qu’interprète. Jean-Georges Noverre résume ainsi son talent bondissant : « Sa gaîté, sa légèreté, le brillant de sa danse et sa pantomime animée ont enchanté le public. « Les puristes lui reprochent cependant de cultiver une virtuosité « à l’italienne « qui ne serait pas toujours de bon goût. SJM DUPRÉ Louis (v. 1690-1774). Danseur, chorégraphe et pédagogue français. Probablement formé à l’École de danse de l’*Académie royale de musique (ARM) à Paris, c’est sans doute lui qui paraît dans des rôles d’enfants (sous le nom de « petit Dupré ») sur la scène de l’ARM entre 1701 et 1706. Il y fait ses débuts officiels en 1714 et danse en soliste dès 1719. De 1725 à 1730, il se produit à Londres, à Dresde et à la cour de Pologne, avant de faire sa rentrée à l’ARM en octobre 1730. Interprète vedette, largement rétribué, il devient maître de ballet de la troupe en 1739. Il se retire officiellement en 1751, mais se produit encore parfois devant à la cour. Les jésuites l’appellent pour régler les ballets du collège Louis-le-Grand à Paris (Portrait du grand monarque, 1748 ; le Temple de la Fortune, 1750 ; la Prospérité, 1755). Parfois surnommé « le grand Dupré » pour le distinguer de Jean Denis Dupré, qui fait carrière dans le corps de ballet de l’ARM dans les années 1720-1730, il se révèle à l’aise dans les rôles *sérieux aussi bien que dans ceux de *caractère. Il s’impose pourtant comme danseur *noble par excellence : figure emblématique de la *belle danse française, premier à être gratifié du titre flatteur de « dieu de la Danse », il allie admirablement prestesse et harmonie, subjugue par l’élégance de son maintien, la grâce de ses attitudes, la légèreté de ses mouvements et la pureté d’exécution de chacun de ses pas. Son *élévation étonne Casanova, qui le voit danser en 1750, et J. G. *Noverre fait l’éloge de sa parfaite technique, lui reprochant toutefois une certaine uniformité et un manque d’expression. Professeur recherché, il conseille la jeune *Camargo et compte Noverre, G. *Vestris, M. *Gardel et J.-B. *Hus parmi ses élèves. NL downloadModeText.vue.download 149 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 27 DUPUY Dominique (né en 1930). Danseur, chorégraphe et pédagogue français. Initié à plusieurs disciplines (*Ausdrucktanz, danse classique, acrobatie, théâtre), il aborde tous les styles en une symbiose résolument moderne. Engagé par H. *Weidt (la Cellule, 1947), il rencontre à cette occasion Françoise Michaut, qu’il épouse. Sous le nom de « Françoise et Dominique «, ils dansent en récital dans les années 1950, passant du cabaret à l’Opéra de Lyon (Paso, 1954), avant de créer les Ballets modernes de Paris (1955-1978). Fondateur du Festival des Baux-de-Provence (1962-1969), conseiller au Festival d’Arles (1986-1989), il est inspecteur de la danse au ministère de la Culture de 1989 à 1991. Chargé de développer la recherche institutionnelle en danse (Institut de pédagogie musicale et chorégraphique, 1991-1995), il anime depuis le Centre d’études et de recherche en danse contemporaine, qu’il a créé à Fontvielle près d’Arles, tout en poursuivant son activité de créateur. Admirateur de V. *Nijinski, proche de J. *Andrews avec qui il s’initie à la machine J. *Pilates, il se définit comme « artisan de la danse «. Ardent promoteur de la danse contemporaine en France, enseignant par conviction, il reste un grand solitaire, excellant dans ses solos où il entretient un rapport quasi amoureux avec les objets et les tissus : le Cercle dans tous ses états (1978), En vol (1983), Ballum Circus (1986), l’Homme debout, il (1995), Opus 67-97 (1997). LB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Histoire du petit tailleur (1951) ; Mouvement en trois mouvements (1961) ; le Mandarin merveilleux (1965) ; Visages de femmes (1973) ; le Bal des gueux (1976). BIBLIOGRAPHIE. « Françoise et Dominique racontent «, les Saisons de la danse, nos 220 à 231 (1991-1992). DUPUY Françoise, , ndn. MICHAUD F. (née en 1925). Danseuse, chorégraphe et pédagogue française. Pionnière de la danse *moderne française, de formation multidisciplinaire : danse allemande (Hélène Carlut), classique ( N. *Zvereff), M. *Graham et M. *Cunningham, théâtre (Roger Blin), mime (Étienne Decroux). Elle danse avec D. *Dupuy la Cellule de H. *Weidt (1947). Elle participe à l’odyssée « Françoise et Dominique «, interprétant ses propres ballets (Visages de terre, 1951), ceux de Deryk Mendel (Épithalame, 1957) et de D. Dupuy, ou créés en collaboration avec ce dernier (l’Âme et la Danse, 1962). Danseuse complète et poétique (Ana non, 1980), initiatrice du développement de la danse moderne, elle se consacre dès 1969 à la pédagogie. Chargée, en 1985, de l’éveil à la danse en milieu scolaire, inspectrice de la danse au ministère de la Culture (1987), elle se consacre à la formation des professeurs de danse (1991-1998). LB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Marinalda (1956) ; Antigone (1966) ; le Manteau (1972) ; Éclats (1975). DURAN Lin (née en 1928). Danseuse, chorégraphe et pédagogue mexicaine. Fille d’une artiste peintre et d’un brillant intellectuel, elle fait du cinéma et du théâtre dès seize ans à Hollywood et se forme à la méthode *Stanislavski. Elle étudie la danse avec G. *Bravo et danse avec M. *Waldeen au Ballet national du *Mexique. En 1957, elle crée sur la musique de J.-S. *Bach les Concertos brandebourgeois qui témoignent d’une pensée distinguant clairement la composition chorégraphique de l’acte de danser. En 1983, elle fonde le Centro de Investigación Coreografica (CICO) qui forme les chorégraphes les plus importants des années 19801990. En 1993, elle publie le Manual del coreógrafo, texte de pure sensibilité créatrice et d’une grande acuité conceptuelle. IC DURANG John (1768-1822). Danseur et chorégraphe américain. C’est le premier danseur américain célèbre. Passionné de théâtre, il y exerce tous les métiers, d’accessoiriste à directeur, et même danseur de corde. Probablement sans formation sérieuse, il débute à dix-sept ans dans la troupe du comédien L. Hallam qui devient l’Old American Company, collabore avec le cirque Rickett (1796-1800), et jusqu’en 1819 avec le Chestnut Theatre. Le répertoire auquel il doit son extraordinaire succès se compose de danses de *caractère, dont l’arlequinade et la matelote, ses morceaux de bravoure. Son fils Charles (1794-1870) est l’auteur de manuels de danse. MFB DÜSSELDORF (Ballet de l’opéra de). Compagnie allemande attachée à l’Opéra de Düsseldorf jusqu’en 1956. Héritier des fêtes données à la cour dès le XVIe siècle, l’opéra fondé en 1687 connaît une vingtaine d’années florissantes pour le ballet avec l’arrivée, en 1691, de l’épouse du prince électeur Jan Wellem, Anna Maria Lorsia, venue de Florence avec sa suite. Pendant les deux siècles suivants, l’activité chorégraphique se cantonne au divertissement d’opéra et ne connaît un bref essor que sous la direction d’A. von *Milloss (1934-1936). Après la guerre, Y. *Georgi (1951-1954) puis K. *Jooss (1954-1956) relancent la compagnie avant qu’elle ne se transforme, en 1956, en *Ballet de l’Opéra national du Rhin lors de la réunion des opéras de Düsseldorf et de Duisbourg en une seule entité. CR DUVERNAY Pauline (1813-1894). Danseuse française. Élève de Barrez à l’École de danse de l’Opéra de *Paris, elle travaille aussi avec Auguste *Vestris, J.-F. *Coulon, et Ph. *Taglioni. Aussitôt engagée à l’Opéra, elle triomphe dans le rôle de la sulfureuse Miranda du *ballet-opéra la Tentation (J. *Coralli, 1831). Sa très grande beauté, sa technique brillante et expressive séduisent les publics de Paris et de Londres. Elle s’illustre par son interprétation de la Cachucha du *Diable boiteux. En 1837, elle se retire alors qu’elle est au sommet de sa gloire. SJM DVOŸRÁK Antonin (1841-1904). Compositeur tchèque. Né dans une famille pauvre, après une formation discontinue il obtient le diplôme de l’École d’orgue de Prague en 1859. Altiste dans un orchestre de musique de danse puis au Théâtre national de *Prague, il devient organiste de l’église Saint-Adalbert en 1873. Il obtient en 1874 une bourse d’étude qui lui permet de se consacrer à la composition. Ses Danses slaves (1878) lui apportent bientôt une notoriété internationale. Nommé directeur du Conservatoire de New York en 1892, il écrit en 1893 sa célèbre Symphonie du Nouveau monde, où apparaissent des influences de la musique américaine. Rentré à Prague en 1895, il dirige le Conservatoire à partir de 1901. Dans toutes ses oeuvres, Dvoÿrák essaye de trouver un équilibre entre les mélodies d’origine populaire et les structures symphoniques de la tradition allemande. L’utilisation que les chorégraphes ont fait de sa musique relève de cette tension intérieure : d’un côté, ils soulignent l’esprit et les couleurs populaires (Humoresque and Polka, 1922, M. *Fokine ; Slavonica, 1941, I. *Psota ;Village tchèque, 1945, B. *Romanov ; Dumka, 1979, R. *Alston ; Polonaise Defile, 1988, H. *Tomasson) ; de l’autre, le romantisme raffiné des atmosphères sentimentales (Grand Pas de deux, 1958, W. *Gore ; Romantica, 1967, W. * Christensen ; The Leaves Are Fading, 1975, A. *Tudor ; Evenings Songs, 1987, J. *Kylián ; Romance, 1990, J. *Kudelka ; Spring und Fall, 1991, J. *Neumeier). Sa Symphonie « Nouveau Monde » a été chorégraphiée par M. *Ito (1929) et J. *Lefèvre (1971). EQ downloadModeText.vue.download 150 sur 803 E EAGLING Wayne (né en 1950). Danseur et chorégraphe canadien. À seize ans, il se forme à la *Royal Ballet Senior School, puis intègre le *Royal Ballet en 1969, devenant principal dancer en 1975. Bien qu’il danse les rôles principaux de la plupart des grands classiques, c’est dans les oeuvres courtes de K. *MacMillan qu’il déploie le mieux son talent : technicien raffiné, il souffre d’être souvent distribué au Royal Ballet dans des rôles chorégraphiés pour A. *Dowell, C. *Gable et D. *Wall, dont le style et les qualités sont très différents des siens. Il commence à chorégraphier en 1983 et signe, pour le Royal Ballet, Frankenstein, the Modern Prometheus (1985) et la Belle et la Bête (1986), qui emportent l’adhésion du public mais pas des critiques. Il travaille comme chorégraphe indépendant, surtout en Italie, avant de devenir, en 1991, directeur artistique du Ballet national des *Pays-Bas, où il choisit le plus souvent d’inviter d’autres chorégraphes. JS, LK EBBELAAR Han (né en 1943). Danseur néerlandais. Il étudie avec B. *Harkarvy, Hector Zaraspe et P. *Wilde puis rejoint le *Nederlands Dans Theater (1959-1969). Il danse brièvement à l’*American Ballet Theater (1969-1970) avec sa femme A. *Radius puis est engagé au Ballet national des *Pays-Bas dont il devient l’un des plus brillants solistes. Sa carrière est marquée par sa participation à de nombreuses créations de H. *Van Manen (Symphonie en trois mouvements, 1963 ; Essai en silence, 1965 ; Métaphores, 1965 ; Five Sketches, 1966 ; Dualis, 1967 ; Twilight, 1972, Daphnis et Chloé, 1973 ; Adagio Hammerklavier, 1973 ; le *Sacre du printemps, 1974) ou de R. *Van Dantzig (En chemin, 1970 ; Oiseaux colorés, 1971 ; Ramifications, 1973). Il se retire de la scène en 1987. PLM ECK Imre (né en 1930). Danseur et chorégraphe hongrois. Élève de F. *Nádasi, il danse à l’Opéra de *Budapest (19471960). En 1960, avec une douzaine de diplômés de l’Institut national de ballet, il fonde le Ballet Sopianae au Théâtre national de Pécs. Il crée les premiers ballets modernes en Hongrie, dont la Ballade de l’horreur (1961, mus. Sandor Szokolay) sur les camps de concentration, Variations sur une rencontre (1961, mus. T. Vujicsics), évocation de l’amour éphémère des jeunes, Toile d’araignée (1962, mus. L. Gulyás), où la chorégraphie explore les possibilités d’une toile métallique verticale, et As Commanded (1962, mus. V. Bukovy), consacré aux remords du pilote de l’avion qui détruisit Hiroshima. Avec Passacaglia (1965, mus. Emil Petrovics), il commence un travail de *miniatures dans lesquelles scène et salle sont confondues en un seul espace. Débutée en 1965 avec les deux ballets de B. *Bartók (le *Mandarin merveilleux, le Prince de bois) et le Concerto, également sur une musique de Bartók, sa « période hongroise » se poursuit avec le Soir d’été (1971) et Sonate (1972) de Z. *Kodály, et la Symphonie Faust (1973) de F. *Liszt. Son art culmine avec le Requiem de G. *Verdi (1976), la visualisation abstraite des Ve et VIe Symphonies de L. van *Beethoven (1978), ou encore, dans un registre plus narratif, avec son *Salomé (1980, mus. Petrovics). Avec ses dernières chorégraphies, dont Terreur (1987, A. *Vivaldi et mus. copte), Ballet bleu (1987, mus. G. F. *Haendel et L. Vidovzsky) et le ballet en plein air Amour (1988, mus. J.-S. *Bach), il aura composé près de deux cents oeuvres pendant ses trente années comme chorégraphe principal du Ballet Sopianae, qu’il dirige aussi jusqu’en 1968, avant de céder la place à Sándor Toth, auquel succède István Herczog en 1992. GD ECKERLE Christine (née en 1945). Danseuse, notatrice et pédagogue allemande. Formée à l’École Folkwang d’*Essen, elle se spécialise dans la *notation *Laban avec Diana Baddeley et A. *Knust. En 1969, elle prend en charge le cursus de notation de l’École Folkwang, réalisant des reprises d’oeuvres et des notations de cours et pièces de repertoire. Membre de l’International Council of Kinetography Laban et de l’European Seminar for Kinetography Laban, elle publie Einführung in die Kinetographie Laban en 1996, livre d’introduction à l’étude de la notation. En 1998, elle est nommée responsable du cursus danse de l’École Folkwang. MIB EDEL Alfredo (1856 ?-1912). Créateur de costume italien. Parallèlement à une activité d’illustrateur pour la grande maison d’édition musicale, Casa Ricordi, il commence à dessiner avec succès les costumes des ballets de L. *Manzotti, dont Sieba (1878), *Excelsior (1881) et *Amor (1886). Il mène une carrière prestigieuse qui le conduit à travailler à Londres avec le cirque Barnum, à Paris avec différents théâtres, dont la Comédie-Française et les Folies-Bergère, et à New York pour quelques *extravaganzas. Son talent versatile et fécond, son goût pour les effets et les détails piquants en font le costumier idéal de ballets historiques à une époque où l’art noble cède le pas aux effets faciles du spectacle à sensation. PV downloadModeText.vue.download 151 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 29 EDOUARDOVA Eugenia (1882-1960). Danseuse et pédagogue russe. Diplômée de l’École de ballet de *Saint-Pétersbourg en 1901, elle rejoint le *Mariinski dont elle est, jusqu’en 1917, une des meilleures danseuses de *demi-caractère. Elle tourne ensuite avec la compagnie d’A. *Pavlova. En 1920, elle ouvre une école à Berlin qui devient vite très réputée. En 1938, elle quitte Berlin pour Paris où elle ouvre une nouvelle école qu’elle anime jusqu’en 1947, année où elle s’installe aux États-Unis. Pédagogue éminente, elle compte parmi ses élèves V. *Zorina, T. *Leskova, A. von *Swaine, G. *Skibine et Y. *Algaroff. PLM EFRATI Moshe (né en 1935). Danseur et chorégraphe israélien. Formé à la Martha *Graham School, il rejoint la *Batsheva Dance Company dès sa fondation. Il en devient l’étoile masculine, interprétant les rôles principaux dans les oeuvres de Graham (Errand into the Maze, Diversion of Angels, The Embattled Garden), R. *Cohan et J. *Robbins. En 1974, il fonde sa propre compagnie, Koldemama (devenue Kolvedmama), et invente un système de « vibrations ressenties » qui, par des coups frappés sur le sol, permet à des danseurs mal-entendants de s’intégrer à des professionnels (Tutot, 1982). Il construit un langage puissant, tirant ses thèmes et son identité de ses origines sépharades (la Folia, 1987 ; Carmina y Turna, 1989). Son action lui vaut le prestigieux prix d’Israël. GA EGK Werner (1901-1983). Compositeur et chef d’orchestre allemand. Il se forme à Augsburg, Frankfurt ainsi qu’à Munich avec C. *Orff. Très attiré par le xviiie s. français, il affirme son indépendance à l’égard des écoles et tendances musicales de son époque. Néanmoins, par l’usage de la polytonalité et de la polyrythmie, sa musique révèle l’influence de I. *Stravinski et de l’école française de l’entre-deux-guerres. Composant essentiellement pour la scène, il est l’auteur de plusieurs opéras et ballets dont il signe aussi les livrets. Son Peer Gynt (1938) est interdit en raison de la satire qu’il y fait du régime nazi. C’est à l’Opéra de *Berlin, dont il dirige les choeurs de 1936 à 1940, qu’il se familiarise avec le ballet, puis à Paris, pendant l’Occupation, où il travaille avec S. *Lifar : celui-ci reprend à l’Opéra de *Paris son *Joan de Zarissa créé à Berlin en 1940 par Lizzie Maudrik. Deux de ses ballets seront par la suite créés en Allemagne par J. *Charrat : Ein Sommertag (1950, Op. de Berlin) et Casanova in London (1969, Op. de *Munich). Il compose également *Abraxas (1948, M. *Luipart), sur le thème de *Faust, Die Chinesische Nacthingall (1953, T. *Gsovska), Danza (1960, H. *Rosen). MJS, PLM SUR LA MUSIQUE DE EGK. *Kreutzberg (Waffentanz, 1936) ; *Lazzini (le Caveau, 1965) ; A. *Tudor (The Divine horseman, 1969) ; *Cranko (Fête galante, 1969). EGLEVSKY André ou EGLEVSKI A. (1917-1977). Danseur et pédagogue américain d’origine russe. Formé à Nice par Julia Sedova, puis, à Paris, auprès de L. *Egorova, M. *Kschessinska et A. *Volinine, il travaille aussi avec N. *Legat à Londres. Après ses débuts aux *Ballets russes de MonteCarlo (1931-1934), il fait carrière en Europe et aux États-Unis : engagé aux Ballets de *Monte-Carlo (1936-1937), au *Ballet russe de Monte-Carlo (1939-1942) et à l’*Original Ballet Russe (1947), il travaille aussi avec le marquis de *Cuevas (Ballet inter- national, 1944 ; Grand Ballet de Monte-Carlo, 1947-1950) et se produit avec l’*American Ballet (1937-1938), le *Ballet Theatre (1942-1943 et 1945-1946) et le *NYCB (1951-1958). Il signe quelques chorégraphies, mais préfère se consacrer à l’enseignement au sein de son école, fondée en 1955 à Massapequa (Long Island), ainsi qu’à la *School of American Ballet (1958-1968). Il dirige, à partir de 1961, l’Eglevsky Ballet, composé de ses élèves (parmi lesquels sa fille Marina Eglevsky et F. *Bujones). Renommé pour sa virtuosité technique (*pirouettes multiples et *cabrioles), sa légèreté et son *ballon exceptionnels, il s’impose par son élégance et son aisance comme l’un des plus grands danseurs nobles de sa génération. Possédant le sens du jeu dramatique, il est un fin interprète du répertoire classique et de M. *Fokine, qui lui fait reprendre les rôles de V. *Nijinski. Il crée de nombreuses pièces de L. *Massine et surtout de G. *Balanchine (À la Françaix, 1951 ; Scotch Symphony, 1952 ; Western Symphony, 1954 ; Waltz Scherzo, 1958) et danse dans le film Limelight de Ch. *Chaplin (1952). Revendiquant l’héritage de l’école russe, il base son enseignement à la fois sur les méthodes de Fokine et Legat. GP, NL EGOROVA Lioubov (1880-1972). Danseuse et pédagogue russe. Formée à l’École de danse de Saint-Pétersbourg, elle travaille avec E. *Cecchetti, E. *Vazem et Ch. Johansson. Engagée en 1898 dans la troupe du *Mariinski, elle s’y produit jusqu’en 1917, année où elle quitte la Russie. Partenaire de P. *Vladimirov à Paris (1920), elle danse dans la *Belle au bois dormant produite par les *Ballets Russes de *Diaghilev (1921-1922). Plus soucieuse d’expressivité que de virtuosité, elle s’impose dans un style lyrique, précis et donnant une impression de simplicité naturelle. Elle enseigne durant quarante-cinq ans dans l’école qu’elle fonde à Paris en 1923, créant et dirigeant le Ballet de la Jeunesse (1937-1938), troupe composée de ses élèves. Dotée d’une mémoire remarquable, elle transmet tous les grands rôles du répertoire classique. Professeur recherché, patiente et intransigeante, elle pousse à la perfection les danseurs qu’elle fait travailler parmi lesquels figurent Y. *Algaroff, J. *Charrat, Y. *Chauviré, L. *Darsonval, P. *Lacotte, E. *Pagava, J. *Rayet, W. *Piollet, G. *Skibine et S. *Schwarz. GP, NL EGRI Susanna (née en 1926). Danseuse, chorégraphe et pédagogue italienne d’origine hongroise. Elle étudie avec F. *Nadasi à Budapest et s’installe en Italie en 1947, donnant à Milan son premier récital en soliste qu’elle tourne ensuite à Paris puis Turin où elle fonde en 1953 le Centro di studio della danza. Avec sa soeur Martha, elle y crée de nombreuses chorégraphies qu’elle tourne aussi à l’étranger. Travailleuse infatigable, pionnière du ballet à la télévision, pour laquelle elle signe en 1952 le Foyer de la danse, elle crée aussi pour le théâtre lyrique. Nombreux sont les danseurs talentueux sortis de son école. Elle est présidente du Conseil national italien pour la danse (CNID-UNESCO) en 1994. ATes CHOR. Instantanée (1953, mus. P. Arma) ; Spirituals (1960) ; Tre parabole evangeliche (1960) ; Progressione (1967) ; Chi sono io ? (1973, solo pour son élève Luigi Bonino) ; Hanystóck (1980, mus. *Bartók) ; Il *Tabacco (1985, d’apr. F. d’*Aglié) ; Il Noce di Benevento (d’après *Viganò, 1983) ;*Jeux (1984) ; Al museo dell’Opera (1989). EGUCHI Takaya, EGUCHI SUTEMATSU, dit (1900-1978). Danseur, chorégraphe et pédagogue japonais. Il commence sa formation en 1929 auprès de Masao et Seiko Takada, deux élèves de Giovanni Rossi, au Théâtre impérial de *Tokyo. En 1931, il entre à l’École *Wigman de Dresde avec Misako Miya, sa partenaire. De retour au Japon en 1934, ils y présentent la première pièce d’*Ausdruckstanz et fondent une compagnie qui forme de nombreux danseurs, dont K. *Ôno. Il signent en 1950 une pièce pour quatre-vingts danseurs construite sur le principe du *Bewegungschor, Puromete no hi [le Feu de *Prométhée], qui reste leur création la plus connue. Enseignant au Japan Women’s College of Physical Education downloadModeText.vue.download 152 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 30 de 1948 jusqu’à sa mort, créateur en 1953, de la revue Gendai Buyô [la Danse moderne], qu’il édite pendant vingt ans, Eguchi contribue d’une manière déterminante au développement de l’enseignement de la danse au Japon. MG AUTRES CHORÉGRAPHIES. Shujutsu-shitu [Salle d’opération] (1933) ; Icosaeder (1950) ; Nihon no Taiko [Tambour japonais] (1951) ; Sakuhin n° 7 [Opus n° 7] (1953). EGVILLE James Harvey d’ (v. 1770-v. 1836). Danseur et chorégraphe britannique. Fils d’un maître de ballet d’origine française, il débute en 1783 au King’s Theatre de Londres. Danseur à l’*Académie royale de musique à Paris (1784-1785), il est l’élève de J. *Dauberval, qui recommande son engagement à Lyon (1788-1789). De retour au King’s Theatre en 1793, il travaille avec J. G. *Noverre, puis devient le maître de ballet de la troupe (1799-1809 et 1826-1827). Influencé par Dauberval, dont il remonte plusieurs ballets, premier chorégraphe britannique d’envergure depuis J. *Weaver, il crée, durant les guerres napoléoniennes, une académie pour la formation de danseurs britanniques. NL EIFMAN Boris (né en 1946). Chorégraphe russe. Directeur du Ballet Théâtre de *Leningrad depuis 1977, il pro- duit des oeuvres qui cherchent à se démarquer de l’académisme officiel, et ce, dès avant la politique de perestroïka [restructuration] instaurée par Mikhaïl S. Gorbatchev. Il trouve son inspiration essentiellement dans la littérature (*Shakespeare, Dostoïevski, Beaumarchais, Boulgakov, Zola). Dans l’Idiot (1980, mus. P. *Tchaïkovski) et les Frères Karamazov (1995, mus. S. *Rachmaninov) sa chorégraphie au lyrisme tragique traduit l’exacerbation maladive des romans de Dostoïevski. Recherchant les effets théâtraux, il joue sur les costumes et les effets scéniques, passant souvent du narratif au symbolique grâce à des tableaux aux compositions spectaculaires, acrobatiques et rigoureuses (le Maître et Marguerite, 1987). Ses chorégraphies exploitent et renouvellent le vocabulaire classique dans des compositions qui, loin de copier ce qui se fait à l’Ouest, gardent un caractère slave (Tchaïkovski, 1993 ;Giselle rouge, 1997 ; Mon Jérusalem, 1998). SJM EINEM Gottfried von (né en 1918). Compositeur autrichien d’origine suisse. Très engagé dans la vie théâtrale autrichienne et allemande (il dirige plusieurs théâtres et festivals musicaux), il est surtout connu comme compositeur d’opéras à matrice néoclassique, parfois touchés par une prudente modernité. Il est l’auteur de plusieurs ballets : Prinzessin Turandot (1944, T. *Gsovska ; 1952, Blank), *Medusa (1957, E. *Hanka ; 1958, Gsovska), Pas de coeur (1952, V. *Gsovski ; 1954, Y. *Georgi). EQ EISNER Igor, E. MAURICE, dit (1922-1994). Créateur du service de la danse au ministère de la Culture français. Journaliste depuis 1945, il est appelé au secrétariat d’État à la Culture en 1974 par Michel Guy. Inspecteur général des spectacles chargé de la danse, il met en place les structures de la future Délégation à la danse, les premiers *Centres chorégraphiques nationaux et contribue à la nommination de R. *Noureev à la tête du ballet de l’Opéra de *Paris. GM EK Mats (né en 1945). Danseur et chorégraphe suédois. Fils de B. *Cullberg, il étudie la danse classique avec L. *Karina, puis la danse *moderne avec Donyia Feuer (1962-1965) et l’art dramatique. Engagé comme metteur en scène au MarionettTeatern de Stockholm, puis au Théâtre royal (1966-1973), ses réalisations lui valent d’être considéré comme un espoir dans le domaine théâtral. En 1973, sa mère le convainc de se tourner vers la danse : rejoignant le *Ballet Cullberg comme danseur, il en devient chorégraphe en 1976 puis seul directeur artistique à partir de 1985. En 1993, il se retire de la compagnie. Devenu un chorégraphe indépendant, très sollicité, il conserve toutefois une influence sur la compagnie. En 1976, il signe sa première chorégraphie (l’Ordonnance) suivie de près de trente créations, originales, innovantes, par- fois étranges, dont plusieurs chefs-d’oeuvre. Reprenant le style dramatique, souvent d’inspiration littéraire, de Cullberg, il le développe vers une expressivité plus aiguë, plus agressive, voire même brutale, évitant l’esthétisme, et propose ses idées, ses visions, souvent surprenantes, parfois choquantes. Après une condamnation de la colonisation (Saint Georges et le Dragon, 1976) puis de l’apartheid (*Soweto, 1977), il explore férocement les obsessions perverses (la *Maison de Bernarda, 1978). Il s’engage ensuite dans un travail de réinterprétation des grands classiques (*Giselle, 1982; le *Lac des cygnes, 1987; la *Belle au bois dormant, 1996), qu’il bouscule allègrement, tournant leur psychologie simple en contes cruels d’aujourd’hui : défi à l’histoire de la danse dont il sort vainqueur en signant des versions revisitées d’une intelligence redoutable. De retour au théâtre, il fait danser les acteurs et parler les danseurs dans un post-surréalisme de son cru (Danse avec autrui, 1993; De Malte, 1996). Entre-temps, il crée pour la télévision, notamment la Vieille et la Porte (1991), où sa mère tient le premier rôle, à quatrevingt-trois ans, dansant même nue (film pour lequel il obtient un Emmy Award), ainsi que Fumée (1996) consacré à son frère Niklas. BH AUTRES CHORÉGRAPHIES. Antigone (1979); Souvenirs de jeunesse (1980); Caïn et Abel (1982); le *Sacre du printemps (1984); Âtre (1985); Sur Norrbotten (1985); Herbe (1987); Comme Antigone (1988); Vieux Enfants (1989); Créatures de lumière (1991); Bocages absurdes (1992); *Carmen (1992); Elle était noire (1995); Solo pour deux (1996); Une sorte (1997). EK Niklas (né en 1943). Danseur suédois. Fils aîné de B. *Cullberg, il vient tardivement à la danse, qu’il étudie avec L. *Karina et Donyia Feuer, et rejoint le *Ballet Cullberg en 1967. Doté d’une personnalité originale et imposante, qui inspirera souvent sa mère, il compense sa technique plutôt faible par un registre corporel subtilement félin et une grande vigueur acrobatique ainsi qu’une rare présence sur scène, timide, presque gauche mais pénétrante. M. *Béjart en fait ensuite son soliste préféré (1972-1976) créant pour lui Héliogabale (1976) d’après l’oeuvre d’A. *Artaud. Souhaitant se rapprocher de sa famille, il revient en Suède, où il est engagé comme soliste au *Ballet royal suédois (1977-1990), trouvant toutefois difficilement sa place dans un répertoire qui lui convient mal. Il travaille depuis en indépendant, principalement dans les oeuvres que son frère M. *Ek compose pour lui, comme Fumée (1996), couronné par un Emmy Award, ou Danse avec autrui (1993) et De Malte (1996), spectacles mêlant théâtre et danse dans lesquels il se révèle un acteur accompli. Il reste incomparable dans les ballets de Cullberg (Jean dans Mademoiselle Julie; Adam dans Adam et Ève) ou de Béjart, notamment dans l’Élu du *Sacre du printemps. BH EKSON Larrio (né en 1948). Danseur, chorégraphe et pédagogue américain. Après un passage au Living Theatre et dans la troupe de La Mama, il étudie la danse aux États-Unis (School of Fine Arts, *Harkness Ballet), puis à Paris, en 1970, avec N. *Vyroubova. Engagé, en 1971, au Ballet de l’Opéra de *Lyon dirigé par V. *Biagi, il entre ensuite dans la compagnie de danse moderne fondée par Anne Béranger, puis travaille avec C. *Carlson, qui downloadModeText.vue.download 153 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 31 l’engage au *GRTOP. Il devient son principal partenaire et assistant : sa puissance mêlée de fluidité, en fait un artiste et un collaborateur idéal, particulièrement dans Il y a juste un instant (1975). À la *Fenice (1980-1983), il crée avec elle Underwood (1983). Interprète de nombreux chorégraphes, dont M. *Béjart (King Lear-Prospero, 1994), chorégraphe lui-même (On Two Two, 1982), il se révèle l’un des danseurs les plus complets de son époque et un excellent professeur. LB AUTRES CHORÉGRAPHIES. Changing Places (1987) ; In Flight (1988) ; Hommage à Man Ray (1992) ; What’s Happening in the World Today ?(1992).FILMOGRAPHIE. Exil-Exil (1984, réal. Luc Mohheim) ; Noroît (1974, réal. Jacques Rivette). ELGAR Edward William (1857-1934). Compositeur britannique. Grande figure de la musique britannique du début du XXe siècle, il reste un compositeur fidèle à la tradition tonale alors que dominent les innovations des avant-gardes. Son oeuvre symphonique *Enigma variations (1899), qui marque sa véritable consécration, sera chorégraphiée par F. *Staff (1940) et F. *Ashton (1968). SZ SUR LA MUSIQUE D’ELGAR. *Valois (Nursery Suite, 1932) ; Ashton (Salut d’amour à Margot Fonteyn, 1979 ; Soupirs, 1981) ; *Taylor (Sunset, 1983). ELISARIEV Valentin (né en 1948). Danseur et chorégraphe biélorusse. Il étudie à Leningrad, d’abord à l’École de danse puis à la Faculté pour chorégraphes dont il sort en 1973 pour devenir la même année chorégraphe en chef du Théâtre d’opéra et de ballet de Minsk. Figure majeure du ballet de son pays où, depuis l’introduction du genre dans les années 1930, les chorégraphies étaient toutes créées par des chorégraphes russes de passage, il signe notamment la Création du monde (1976, mus. Andreï Petrov), *Till Eulenspiegel (1978, mus. E. Glebov), *Carmina burana (1983, mus. C. *Orff), Rogneda (1995). ESou ELKINS Doug (né en date). Danseur et chorégraphe américain. Passionné de *breakdance et de *hip-hop, formé aux arts martiaux et à la *capoeira, il étudie aussi la philosophie et la publicité, et suit les cours de M. *Cunningham. En 1988, il fonde sa compagnie, développant un travail qui mêle *modern dance et break. Chorégraphe, performer, il ne revendique aucune suprématie d’un style par rapport à l’autre. Sa compagnie est imprégnée de cet état d’esprit : danseurs contemporains et classiques y côtoient comédiens, gymnastes, breakers, etc. Son écriture rythmée se prête à des spectacles créés pour des théâtres aussi bien que pour la rue. GV ELLINGTON Duke, KENNEDY E. EDWARD, dit (1899-1974). Pianiste, compositeur et chef d’orchestre américain. Influencé d’abord par les pianistes stride, il monte à New York et fonde, avec quelques amis de Washington, un orchestre qui, engagé au *Cotton Club en 1927, crée la sensation en inventant le jungle style. En 1937, il engage le compositeur Billy Strayhorn, qui, jusqu’à sa mort en 1967, sera son alter ego. Avec Reminiscing in Tempo et Concerto for Cootie (1940), il inaugure une évolution qui le conduira à la conception de longues suites concertantes souvent basées sur un programme narratif, telles Black, Brown and Beige (1943, chorégraphié par T. *Beatty pour la télév. en 1955), qui retrace l’épopée de l’intégration du peuple noir aux États-Unis, ou Such Sweet Thunder (1957), inspirées de personnages shakespeariens (1959, chor. P. *Lacotte ; 1960, la Douceur du tonnerre, M. *Béjart ; 1979, P. *Darrell). Créateur prolifique de plus d’un millier de compositions, colorées, suaves, d’une humanité débordante, devant autant au blues qu’à M. *Ravel et à I.* Stravinski, il est sans conteste le plus important compositeur de musique jazz. Ses liens avec la danse sont riches et variés. Ses concerts au Cotton Club sont accompagnés de revues dansées et, jusque dans les années 1950, son orchestre joue pour des bals à travers les États-Unis. Sachant contourner le déclin du jazz comme musique de danse populaire, il conçoit des partitions destinées expressément au ballet, comme la suite A Drum Is a Woman (1955, chor. Beatty pour la télév.) ou The *River (1970), commande d’A. *Ailey pour le New York State Theater. Aboutissement de son oeuvre, ses différents Sacred Concerts sont accompagnés des claquettes de Bunny Briggs (1965), ou encore par une chorégraphie d’ Ailey (1974). En 1981, D. *MacKayle et M. *Smuin lui dédient la comédie musicale *Sophisticated Ladies. BT Sur la musique d’Ellington. Beatty (The *Road of Phoebe Snow, 1959 ; *Congo Tango Place, 1960 ;The Black Belt, 1967) ; Ailey (Reflections in D, 1962 ; The Mooche, 1974 ; Night Creatures, 1975 ; Pas de Duke, 1976). ELSSLER Fanny, E. FRANZISKA (1810-1884). Danseuse autrichienne. Fille d’un copiste de F. J. *Haydn, elle est, comme ses soeurs Anna et Th. *Elssler, formée à la danse à l’école de *Horschelt à Vienne. Elle débute en 1818 au Kärtnertor Theater où elle est l’élève de J.-P. *Aumer. Engagée au Teatro *San Carlo de Naples (1825-1827), elle y améliore sa technique de pointes. Après un retour à Vienne (1827-1830), elle se produit sur les plus grandes scènes européennes : Berlin (1830), Londres (1833) puis Paris (1834) où elle prend des cours avec A. *Vestris, qui affine sa danse et l’aide à trouver son propre style. C’est à l’Opéra de *Paris en 1836 qu’elle accède à la gloire qui la place, en rivale, au même rang que M. *Taglioni. De 1840 à 1842, elle fait en Amérique une tournée triomphale qui la conduit jusqu’à Cuba. À son retour, elle danse dans l’Europe entière, recevant un accueil délirant en Russie en 1848 et 1850. Elle fait ses adieux à la scène à Vienne en 1851. Elle est l’une des danseuses de référence de l’époque romantique. Travailleuse acharnée, elle ne cesse de perfectionner sa danse, caractérisée par la légèreté et la rapidité précise d’un travail de *pointes *tacqueté, particulièrement mis en valeur dans les danses de *caractère qui ont fait sa gloire, en particulier la *cachucha du *Diable boiteux (1836, J. *Coralli), la *cracovienne dans la Gipsy (1839, J. *Mazilier), et la *tarentelle dans la Tarentule (1840, Coralli). Elle investit ces danses d’une manière nouvelle en y apportant une liberté des mouvements du corps inconnue jusque-là. La sensualité que dégage cette « Espagnole du Nord « déchaîne les passions du public et des critiques, en particulier de Th. *Gautier. Succédant à l’idéal éthéré de M. Taglioni dont une partie du public gardera la nostalgie, s’impose désormais la présence charnelle des danseuses, dont la beauté physique est complaisamment décrite dans la presse. Mais F. Elssler doit tout autant sa gloire à son génie dramatique, qu’elle exprime aussi bien dans l’humour et la gaîté que dans le sérieux et la tristesse. Avec une intelligence remarquable, elle travaille ses personnages dans les moindres détails, leur donnant leur pleine vérité d’expression, et elle étonne le public par sa capacité à tenir son rôle tout au long du ballet, non seulement dans les scènes de *pantomime, mais en mêlant le jeu théâtral à sa danse. En 1836, elle renouvelle avec bonheur le rôle de Lise dans la *Fille mal gardée et le rôle muet de Fenella dans l’opéra de D. *Auber, la Muette de Portici, où H. *Berlioz, enthousiasmé par sa musicalité et la simplicité émouvante de son expression, la compare à E. *Bigottini. Elle se montre bouleversante dans la *Esméralda de J. *Perrot en 1844, et son interprétation du rôletitre de *Giselle à Londres, en 1843, est saluée comme un chefd’oeuvre : elle y exprime un registre tragique jamais vu dans ce ballet : remplie d’un désespoir mortel dans la scène de la folie, downloadModeText.vue.download 154 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 32 pathétique dans l’acte II, elle est comparée aux plus grandes tragédiennes de théâtre de son temps. MFB ELSSLER Thérèse (1808-1878). Danseuse et chorégraphe autrichienne. Comme sa soeur Fanny, elle est formée à l’école de *Horschelt à Vienne, et débute en 1818 au Kärtnertor Theater. Complexée par sa grande taille, elle se consacre surtout à sa soeur, dansant à ses côtés souvent en *travesti, et réglant des chorégraphies qui la mettent en valeur. À l’Opéra de *Paris elle monte la Volière (1838, mus. C. Gide), ballet sans aucun solo masculin, ce dont Th. *Gautier se félicite. MFB ELVIN Violetta, ndn.PROKHOROVA V. (née en 1925). Danseuse britannique d’origine soviétique. Elle se forme auprès d’A. *Vaganova, puis danse à Tachkent et Moscou. En 1946, elle devient principal dancer au *Sadler’s Wells Ballet, où sa technique impeccable et son charisme laissent une impression inoubliable : surpassant M. *Fonteyn dans Don Juan (1948) et Tiresias (1951) de F. *Ashton, elle fait jeu égal avec L *Massine dans le *Tricorne. Ses créations d’oeuvres majeures restent rares, mais elle demeure inégalée dans des rôles créés pour Ashton tels la Fée de l’été de *Cendrillon (1948) et Lykanion de *Daphnis et Chloé (1951). Elle quitte la scène en 1956 et dirige pendant une année le ballet du *San Carlo de Naples. JS, LK EMMANUEL Maurice (1862-1938). Compositeur et musicologue français Il soutient, en 1895, la première thèse de doctorat consacrée à la danse, Essai sur l’orchestique grecque. Dans cette tentative de reconstitution des mouvements dansés fi gurant sur les vases grecs, Emmanuel recourt à la technique de la danse *classique de son temps, lui rendant ainsi hommage à une époque où elle était délaissée. Juste retour des choses, son ouvrage est aujourd’hui apprécié plus en tant que témoignage de l’état réel de la danse et de son vocabulaire technique à la fin du XIXe s., que comme document sur la danse grecque antique. ERou EMMONS Beverly. Éclairagiste américaine. Abordant tous les domaines de la scène (théâtre, la danse, opéra), aux États-Unis et à l’étranger, elle travaille régulièrement à *Broadway (Jekyll & Hyde, The Heiress, Chronicle of a Death Foretold, Stephen Sondheim’s Passion, Abe Lincoln in Illinois, High Rollers, Stepping Out, The Elephant Man, A Day in Hollywood-A Night in the Ukraine, The Dresser, Piaf and Doonesbury). Ses lumières pour Amadeus lui valent un Tony Award. Collaboratrice régulière de M. *Monk (Duet with cat’s scream and locomotive, 1966 ; Title : Title, 1969 ; *Education of a girlchild, 1973 ; Quarry : an opera, 1976 ; Specimen Days : a Civil War Opera, 1981), elle travaille également avec T. *Brown (*Glacial Decoy, 1979 ; Opal Loop, 1980 ; Son of a Gone Fishin’, 1981 ; *Set and Reset, 1983 ; Lateral Pass, 1985), L. *Childs (*Dance, 1979 ; Calyx, 1987) ainsi que M. *Cunningham (Place, 1965), M. *Graham (Lamentations for Andromaque, 1982), notamment. Directrice artistique du Lincoln Center Institute de New York, elle sélectionne le répertoire vivant en danse, théâtre et musique, que les élèves et les enseignants doivent étudier. RS-PLM EMPIRE THEATRE. Établissement de spectacle situé à Londres (Leicester Square). Tout comme l’*Alhambra, il s’adresse à un public désireux de se divertir. De 1887 à 1914, les meilleurs ballets du moment y sont présentés, le genre étant alors considéré comme un art mineur : *Coppélia et *Giselle figurent dès la première saison. A. *Genée y débute dans Monte Cristo (1896, K. *Lanner) et s’y produit comme prima ballerina de 1897 à 1907, suivie par Topsy Sinden, puis par L. *Kyasht et P. *Bedells. Lanner y travaille comme maître de ballet et E. *Cecchetti y est l’un des premiers nommés premier danseur. A. *Bolm y fait ses début en Grande-Betagne. D’autres artistes sont régulièrement engagés : Francesca Zanfretta, E. *Palladino, M. *Cavallazzi et Will Bishop. Décorateur attitré, également costumier, C. Wilhelm y développe des idées qui préfigurent celles de S. *Diaghilev. CH BIBLIOGRAPHIE. I. Guest, Ballet in Leicester Square, éditeur et lieu à compléter, 1992. EMSHWILLER Ed (1925-1990). Réalisateur américain. Après avoir étudié les beaux-arts, il travaille comme illustrateur sous le pseudonyme Emsh. En 1955, il commence à réaliser des films indépendants où il explore le rapport de l’image cinématographique avec la peinture, la musique et la danse. Dance Chromatic (1959) inaugure sa série de films consacrés à la danse parmi lesquels Thanatopsis (1962), tourné en une nuit, où, atteignant une forme de transe, il filme les mouvements d’une danseuse en s’identifiant totalement à la caméra. Suit une étape importante pour le film de danse : sa collaboration avec A. *Nikolais qui débute en 1963 avec Totem et se poursuivra avec Fusion (1967) et Chrysalis (1973). Parallèlement, il réalise des films destinés à être projetés lors de représentations chorégraphiques qu’il intitule Body Works (1965), et explore les relations entre l’image et le corps des danseurs dans des espaces virtuels : Image, Flesh and Voice (1969), Film with Three Dancers (1970), Choice Chance Woman Dance (1971), Scapemates (1972). Sa dernière oeuvre, Hungers (1987), est un opéra mutimédia qui fait appel à l’interactivité avec le public. Considéré comme le technicien et le savant du cinéma d’avant-garde, il est l’un des pionniers de l’image et du son électroniques ainsi que du cinéma par ordinateur. NV ENDICOTT Josephine Ann (née en 1950). Danseuse australienne au Tanztheater de *Wuppertal. Elle est l’une des plus fidèles interprètes du Tanztheater de Wuppertal. Entrée dans la compagnie de P. *Bausch dès 1973, elle porte le rôle de Clytemnestre dans l’opéra dansé *Orphée et Eurydice (1974). Son tempérament fait merveille, entre véhémences et bouderies. Elle compose notamment l’inoubliable rôle de Anna I dans les *Sept Péchés capitaux (1976), où elle campe une jeune femme déchirée entre ses aptitudes au Bien et sa tendance au Mal. Et l’on se souvient encore de sa prestation dans Arien (1979), où elle est en proie au désir de tendresse d’un hippopotame d’une exquise civilité. JMA ENGLISH NATIONAL BALLET (ENB). Compagnie britannique basée à Londres, fondée en 1950. Créée sous le nom de Festival Ballet, il est issu du groupe *Markova-*Dolin fondé en 1949. Il prend ensuite le nom de London’s Festival Ballet puis de London Festival Ballet (1968) et devient l’English National Ballet en 1988. Sous la direction du Dr. Julian Braunsweg et sous la direction artistique d’A. *Dolin, il fait ses débuts au King’s Theatre (Southsea) avec A. Markova, A. Dolin, J. *Gilpin, V. *Krassovska, Anita Landa, Margaret Dale et Louis Godfrey comme solistes et L. *Massine, D. *Lichine et T. *Riabouchinska comme artistes invités. Aux saisons londoniennes (Royal Festival Hall, Coliseum et New Victoria Theatre) succèdent de longues tournées dans le pays et à l’étranger. Lorsque Dolin prend sa retraite, il est remplacé par Gilpin (1962-1964), Braunsweg et Donald Albery (1965-1968), B. *Grey (1968-1979), J. *Field (1979-1984), P. *Schaufuss (19841990), Ivan Nagy (1990-1993) et D. *Deane (depuis 1993). downloadModeText.vue.download 155 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 33 Parmi les principal dancers figurent L. *Aldous, P. *Bart, I. *Borowska, O. *Brianski, E. *Evdokimova, F. *Flindt, M. *Gielgud, T. *Lander, A. *Prokovski, P. *Ruanne, G. *Samsova, P. Schaufuss, E. *Terabust ainsi que Sonia Arova, Alain Dubreuil, Thomas Edur, Andrea Hall, Greg Horsman, Margot Miklosy, Karl Musil, Agnes Oakes, Lisa Pavane, Nicolas Polajenko, Lucia Truglia et Belinda Wright. Sont notamment invités : Y. *Chauviré, A. *Danilova, M. *Haydée, N. *Makarova, T. *Toumanova, V. *Verdy, ainsi que M. *Miskovitch, R. *Cragun et R. *Noureev. Le répertoire est constitué d’oeuvres classiques populaires, provenant souvent du répertoire des *Ballets Russes. Outre *Casse-Noisette , invariablement programmé le jour de Noël, comptent parmi les succès : *Études (1954), The Witch Boy (1957, J. *Carter), Variations for Four (1957, Dolin), la *Belle au bois dormant (1975, Noureev), *Roméo et Juliette (Noureev), The Sanguine Fan (1976, R. *Hynd), la *Sylphide (1979, P. Schaufuss ), *Cendrillon (1996, Michael Corder) et les productions de Deane pour la scène circulaire du Royal Albert Hall. Au nombre des chorégraphes invités figurent notamment M. *Béjart, N. *Beriozoff, V. *Bourmeister, C. *Bruce, L. Massine, V. *Orlikovsko, R. *Petit et Ben Stevenson. CH BIBLIOGRAPHIE. Braunsweg, J. Braunsweg’s Ballet Scandals, éd., lieu, 1973). ÉPOQUE Martine (née en 1942). Chorégraphe, directrice artistique et pédagogue canadienne. Française d’origine, elle émigre au Canada en 1967 avec un diplôme de l’École nationale supérieure d’éducation physique et un certificat de l’Institut *Jaques-Dalcroze. À Montréal, elle fonde avec Rose-Marie Lèbe le groupe Nouvelle Aire (19681982). Elle devient vite la figure principale de ce collectif composé de professeurs et étudiants en éducation physique de l’université de Montréal qui cherchent à promouvoir la création québécoise. Directrice administratrive du département de danse de l’université du Québec à Montréal à trois reprises de 1985 à 1998, elle est l’une des instigatrices du projet de l’Agora de la danse, édifice entièrement dédié à l’art chorégraphique. Elle préside aussi le Regroupement québécois de la danse en 1997. Ayant peu pratiqué les techniques contemporaines, Époque crée sa propre méthode, basée sur la coordination, la dissociation et la complexité rythmique. Des oeuvres comme De profundis (1970) et la Cellule humaine (1970) témoignent de ce style, tandis que Pour conjurer la montagne (1980) propose une gestuelle enrichie, plus fluide, qui reflète sa découverte du style J. *Limón lors d’une année passée aux États-Unis. Au cours des années 1970, le groupe Nouvelle Aire connaît une importante évolution et révèle de nouveaux chorégraphes, tels P.-A. *Fortier, E. *Lock, G. *Laurin et D. *Léveillé, qui réintroduisent la théâtralité, l’émotion et le souffle dans les oeuvres. À partir de 1979, plusieurs danseurs quittent le groupe pour fonder leurs propres compagnies. La redondance créée alors par la prolifération de troupes indépendantes et le fait que M. Époque accepte un poste à l’université du Québec à Montréal conduit, en 1982, à la dissolution de ce groupe qui aura été pendant une dizaine d’années la pépinière de la *nouvelle danse québécoise. IVT ERDMAN Jean (née en 1917). Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine. Née à Honolulu (Hawaii), elle s’initie à la danse avec son professeur de gymnastique adepte d’I. *Duncan, avant de faire le tour du monde et de découvrir les danses balinaises et japonaises. Elle fait ses premières expériences de scène chez M. *Graham (1938-1943), puis fonde sa propre compagnie en 1944, participant parallèlement aux activités du *New Dance Group. Elle mène d’importantes recherches sur les danses ethniques de Polynésie et d’Extrême-Orient, et présente son travail en Orient, notamment ses nombreux solos (Changing Woman, 1951 ; Four Portraits from Duke Ellington’s Shakespeare Album, 1958). Directrice du programme danse et théâtre de l’université de New York jusqu’en 1972, elle ouvre ensuite, à New York, The Open Eye qui lui sert de base pour ses productions telles The Shining House (1980). Son travail s’apparente à une sorte de théâtre total où elle tente une synthèse des différents arts de la scène en affirmant que « le style appartient à la danse plutôt qu’au danseur ». Elle collabore ainsi avec des compositeurs contemporains tels J. *Cage et L. *Harrison avec qui elle crée des pièces dans les années 1940, ou L. *Berio (Voracious, 1969) et explore l’univers du poète William B. Yeats. Pédagogue reconnue, elle transmet ses conceptions de la danse occidentale et orientale dans sa propre école ainsi que dans les universités. GV ERMOLAÏEV Alexeï (1910-1975). Danseur, chorégraphe et pédagogue russe. Elève de V. *Ponomariov à l’École de danse de *Leningrad, il rejoint le *GATOB (1926-1930) puis le *Bolchoï (1930-1958). Technicien virtuose, au style viril et énergique souvent dit « héroïque », il multiplie les prouesses techniques dans les ballets du répertoire (*Don Quichotte, notamment), inventant des mouvements nouveaux auxquels il donne cependant du sens grâce à ses talents d’acteur et à sa présence scénique. Interprète brillant de *Clair ruisseau et *Flammes de Paris, il participe à la création d’I. *Moïsseïev, les Trois Gros (1935). À partir des années 1940, suite à une grave fracture de la jambe, il se tourne peu à peu vers un registre plus théâtral : Tybalt dans le *Roméo et Juliette de L. *Lavrovski (rôle qu’il tient aussi dans le film de *Lavrovski et Arstam), Abderâme dans *Raymonda, Guireï dans la *Fontaine de Bakhtchissaraï, Evguéni dans le Cavalier de Bronze (1949, R. *Zakharov) ou encore Sévériane, rôle qu’il crée dans la Fleur de pierre (1954, L. *Lavrovski). Il monte deux ballets en Biélorussie (le Rossignol, 1939, mus. Mikhaïl Krochner; les Coeurs enflammés, 1953, mus. Vassili Zolotarev) et présente au Bolchoï un spectacle remarquable (La paix vaincra la guerre, 1952) où il chorégraphie et danse seul tous les numéros. À partir de 1958, il est profeseur et répétiteur au Bolchoï. Son enseignement marque profondément le style de la danse masculine dans ce théâtre où il compte notamment pour élèves V. *Vassiliev, M. *Lavrovski et Youri Vladimirov. ESou ESCUDERO Vicente (1885-1980). Danseur espagnol. Né à Valladolid, où il débute à l’âge de treize ans, il s’expatrie en 1908 au Portugal, puis à Paris, où il présente, salle Gaveau, son premier récital de danses espagnoles (1922). Donnant au flamenco un caractère viril, il se produit le plus souvent avec Carmen García, mais aussi avec la *Argentina et Pastora Imperio. En 1926, sur la recommandation de M. de *Falla, il crée à Paris sa version de l’Amour sorcier. Rénovateur du flameco, opposé aux abus de maniérisme, il est le premier à danser la seguiriya, en 1940. Sa réputation internationale se construit lors de tournées en Argentine et aux États-Unis, dans les années 1930, puis dans toute l’Europe, de 1940 à 1969. Artiste complet, figure centrale de la danse espagnole du XXe siècle, il consigne ses pensées dans deux ouvrages essentiels, Mi baile (1947) et Decalogo del baile flamenco (1957). JMA ESCUELA BOLERA. École classique de danse espagnole (XVIIIe-XXe s.). Pratiquée en chaussons (les zapatillas), à la différence du *fla- menco, elle se distingue par le port de costumes spécifiques, par l’utilisation des castagnettes et par des formes particulières de pas (proches de la petite *batterie classique), de « jeux de bras » (braceo) et de danses (variantes de *boléro, *jaleo, panaderos et *seguidillas). Elle apparaît en 1780, quand les *seguidillas downloadModeText.vue.download 156 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 34 boleras triomphent sur les scènes espagnoles dans un contexte puriste de réaction aux *écoles italienne et française, qui se traduit par la publication, sur quelques années, de plusieurs traités. À partir de 1830, la *cachucha, le boléro, le jaleo de Xérès et le olé de Cadix franchissent les frontières espagnoles : M. *Camprubí, D. *Serral, Petra Cámara, Manuela Perea et Pepita de Oliva se produisent en Europe, tandis que F. *Elssler, F. *Cerrito, A. *Bournonville, A. *Saint-Léon et M. *Petipa s’intéressent à ce répertoire. En Espagne, la danse boléra se maintient dans les académies, au *Liceo, au *Teatro Real de Madrid ainsi que dans les cafes-cantantes jusqu’à ce que l’apogée du *flamenco entraîne son déclin. Au tournant du XXe siècle, période de décadence, la tradition de l’escuela bolera est conservée par quelques maîtres, parmi lesquels Coronas (Carlos Pérez Carillo), Francisco Miralles, Paula Pamies et la famille *Pericet, qui la transmettent aux créateurs de ce siècle, permettant à la *Argentina, *Antonio, J. *Magriñá ou *Mariemma de créer à nouveau des chorégraphies de style boléro. L’escuela bolera fait partie, depuis, de l’enseignement officiel de la danse espagnole. BMdF BIBLIOGRAPHIE. F. A. Florencio [J. Fernández de Rojas, dit], Crotalogía [...], Imprenta Real, Madrid, 1792 ; Don Preciso [J. A. Iza Zamacola, dit], Colección de las mejores coplas [...], Madrid, 1802 ; J. J. Rodríguez Calderón, La Bolerología [...], Zacarías Poulson, Philadelphie, 1807 ; A. Cairón, Compendio de las principales reglas de baile [...], Impreta Repullés, Madrid, 1820 ; J. Otero, Tratado de bailes [...], Sevilla, 1912 (éd. fac-sim. Asociación Manuel Pareja Obregón, Madrid, 1987) ; T. Borrull, La Danza española, E. Meseguer, Barcelone, 1954 ; coll., Encuentro Internacional « La Escuela bolera », INAEM, Madrid, 1992 ; J. Suárez-Pajares et X. M. Carreira, « The Origins of the Bolero School », in Studies in Dance History, IV, n° 1, 1993 ; G. Martínez Cabrejas [Mariemma], Mis caminos a través de la danza. Tratado de danza española, Fundación Autor, Madrid 1997. ESHKOL Noa ( née en 1924). Danseuse, chorégraphe, directrice de compagnie et auteur israélienne. Elle se forme d’abord auprès du musicien et pianiste Frank Peleg et de la danseuse Tehila Reussler. Elle se produit et chorégraphie pour le théâtre et pour des festivités dans les kibboutz (Memorial Day, 1954, kibboutz Lochamey Haghetaot). Ses études à Londres (1946-1948) auprès de S. *Leeder la conduisent à développer son propre système de *notation qui permet de composer, d’analyser et de transcrire divers styles de mouvements et qu’elle décrit en 1958 dans un premier ouvrage sur la notation, The Dance Notation Eshkol-Wachman. Dès 1954, elle fonde la Chamber Dance Company, qui se consacre à la recherche, à l’écriture et à la représentation de ses danses en Israël et à l’étranger. De 1972 à 1978, elle enseigne la notation à l’université de Tel-Aviv. Directrice de la Société de notation du mouvement, elle est l’auteur de nombreux ouvrages : Classical Ballet (1968), The Golden Jackal (1969), The Handbook (1971), The Yemenite Dance (1971). GA AUTRES CHORÉGRAPHIES. Right Angled Curves (1975) ; Rubalyat (1975) ; Suites for Dance (1975) ; Angles and Angels (1990). ESPAGNE (Compagnie nationale de danse d’). Compagnie basée à Madrid, fondée en 1979 sous le nom de Ballet Nacional Clásico. Elle est dirigée par V. *Ullate jusqu’en 1983. Puis le ministère de la Culture en confie la direction - ainsi que celle du *Ballet Nacional Español - à M. de *Avila. La compagnie s’ouvre alors à des oeuvres de G. *Balanchine et A. *Tudor. Après le départ d’Avila, M. *Plissetskaïa est invitée en 1987 à la tête de la compagnie qui devient Ballet del Teatro Lírico Nacional avec Ray Barra comme directeur adjoint. En 1990, N. *Duato leur succède et la compagnie prend le nom de Compañía Nacional de Danza. Avec un répertoire comportant de nombreuses créations de N. Duato et des oeuvres de H. *Van Manen, R. *Oller, J. *Kylián, W. *Forsythe, M. *Ek, la compagnie gagne un vaste public international et s’implante solidement dans la vie culturelle espagnole. GM ESPINOSA. Famille de danseurs d’origine espagnole. Léon Espinosa (1825-1903) débute à Paris en 1845, danse aux États-Unis en 1850-1852 et en 1856, puis à Moscou, d’abord dans divers établissements, puis au *Bolchoï (1868-1871) où il tient avec un énorme succès des rôles comiques dans les ballets de M. *Petipa dont le Roi Candaule et *Don Quichotte, et compose des danses et des divertissements. Dans les années 1890, il travaille à l’*Alhambra de Londres. Son fils Édouard Espinosa (1871-1950), qui travaille également à l’Alhambra ainsi qu’à l’Empire, est l’un des fondateurs de la Royal Academy of dancing et de la British Ballet Organisation dont Édouard Espinosa-Kelland (1906-1991), fils du précédent, en est devenu le président en 1950. ESou ESQUIVEL NAVARRO Juan. Maître à danser espagnol. Il est l’auteur d’un ouvrage intitulé Discursos sobre el arte del dançado (Séville, 1642). S’adressant à ceux qui désirent devenir maîtres à danser, Esquivel les renseigne sur l’établissement d’une école et des honoraires ainsi que sur les différentes manières de faire cours. La description détaillée qu’il fait des pas utilisés dans la danse espagnole révèle l’influence à cette époque de la technique italienne malgré la présence de signes avant- coureurs de changement. MI ESSEN (ÉCOLE FOLKWANG D’) [FOLKWANG HOCHSCHULE ESSEN]. École de danse fondée en 1927. K.*Jooss, plaidant pour un compromis entre liberté d’expression et rigueur formelle, exprime le besoin, dès 1927, de perpétuer l’*Ausdrukstanz par un enseignement systématique. Il conçoit un projet d’école avec S. *Leeder et fonde sur cette base, avec le musicien Rudolf Schulz-Dornburg, la Folkwangschule pour musique, danse et parole à Essen-Werden. Jooss dirige la section danse, où l’on enseigne la danse moderne (*eukinétique, *choréutique, *improvisation, composition, *notation), les danses traditionnelles et la danse classique. En 1933, après avoir assuré la fin de l’année scolaire, Leeder rejoint Jooss en Angleterre. La section danse de l’école, intégrée au régime nazi, est dirigée un an par A. *Knust, puis par Trude Pohl. De retour en 1949 à l’école d’Essen, devenue Staatliche Hochschule [École supérieure d’État], Jooss rencontre les plus grandes difficultés pour faire reconnaître son art. Pragmatique, il intensifie les cours de danse classique, tout en invitant des pédagogues de la *modern dance américaine. Leeder, plus puriste, préfère partir : c’est J. *Cébron qui reprendra, plus tard, sa très subtile pédagogie. Successeur de Jooss à la direction de la section danse en 1968, H. *Züllig cède sa place à P. *Bausch en 1983. Le prix Folkwang, concours réservé aux élèves ou anciens élèves, attribué très sélectivement par le mécénat privé associé à l’école, est une récompense appréciée dans le milieu artistique allemand. MIB ESSEN (Folkwang Tanz Studio ou FTS). Groupe chorégraphique allemand attaché à l’École Folkwang d’Essen. Né en 1928, le Folkwang-Tanztheater-Studio, classe d’expérimentation chorégraphique de l’École Folkwang, devient Folkwang Tanzbühne, ensemble professionnel permanent de la ville d’Essen, lors de la nomination de K. *Jooss à la direction du Ballet de l’Opéra En 1932, la troupe se détache downloadModeText.vue.download 157 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 35 de l’Opéra sous le nom de Ballet Jooss et quitte l’Allemagne en 1933. En 1951, le Folkwang-Tanztheater reprend ses activités, sous la direction de H. *Züllig jusqu’en 1953, et devient en 1961 le Folkwang Ballet, associé de façon régulière au travail de l’école. À côté de Jooss et de J. Cébron, des chorégraphes invités étoffent le répertoire. P. *Bausch, qui y crée ses pre- mières pièces, assume la direction du groupe en 1968. En 1972, elle emmène la plupart des danseurs avec elle à Wuppertal. En 1975, encadré par Züllig, le FTS reprend vie grâce à S. *Linke et R. *Hoffmann. Celle-ci partie à Brême en 1978, Linke professionnalise le groupe. Devenu très autonome, tendant vers un collectif, il s’ouvre aux créations de ses membres, dont C. *Brunel, M. *Iglésias-Breuker et M. *Sasaki. Ce fonctionnement hybride cesse en 1983: sous la direction de P. Bausch, le FTS redevient la classe d’expérimentation chorégraphique de l’école. Avec Claudia Lichtblau, Wanda Golonka, Daniel Goldin, Rainer Behr, entre autres, il demeure aujourd’hui la plus grande pépinière de chorégraphes d’Allemagne. MIB BIBLIOGRAPHIE. Ausgangpunkt Folkwang, 1993 (catalogue du fest. Folkwang à Moscou).FILMOGRAPHIE. S. Linke et le FTS (réal. U. Tegeder, 1982) ; Folkwang Tanz (réal. S. Braemer, 1993). ESSEX John (fin XVIIe s.-apr. 1744). Maître à danser anglais. Lié à *Weaver, il publie une traduction du recueil de *contredanses de *Feuillet (For the Further Improvement of Dancing, Londres, 1710), et surtout The Dancing Master (Londres, 1728), traduction fidèle du Maître à danser de P. *Rameau. Cette dernière parution oblige *Tomlinson à différer celle de The Art of Dancing. La comparaison entre les deux ouvrages révèle plusieurs divergences quant à l’exécution des pas. La concurrence ainsi opposée à Tomlinson pourrait donc s’expliquer par le souci d’Essex d’unifier le contenu de l’enseignement des maîtres à danser anglais. C’est ce qu’expriment la préface de son ouvrage, la façon dont est traduite l’approbation de *Pécour à l’original de P. Rameau, puis le libellé de l’approbation de *L’Abbé à la deuxième édition (1731). JNL ETCHEVERY Jean-Jacques, DE PEYRET-CHAPPUIS J.-J., dit (1916-1997). Danseur, chorégraphe et maître de ballet français. Formé par Lydia Karpova, G. *Ricaux et N. *Zverev, il danse au Nouveau Ballet de *Monte-Carlo (1940-1944), où il fait ses premières chorégraphies, dont la *Péri. Il fonde, en 1945, la compagnie des Ballets de l’Oiseau bleu, pour laquelle il crée la Bourrée fantasque. Maître de ballet à l’Opéra-Comique de *Paris (1946-1953), il compose Khamma (1947), la Ballade de la geôle de Reading (1947), son oeuvre la plus célèbre, *CasseNoisette (1949), les Heures (1951), la Chanson du mal-aimé (1951). Au théâtre de la *Monnaie de Bruxelles de 1954 à 1959, où il renouvelle aussi la mise en scène du répertoire lyrique, il chorégraphie, entre autres, les Bals de Paris (1954), Opéras-Ballets (1955), Manet (1956), le Masque de la mort rouge (1956). Sa version de *Pelléas et Mélisande (1953, mus. B. *Bartók) pour le festival d’Enghien est une grande réussite. Comme chorégraphe, il puise son inspiration principalement dans la poésie et la peinture. GP, MFB EVDOKIMOVA Eva (née en 1948). Danseuse américaine. Formée à l’École de danse de l’Opéra de Munich, elle se perfectionne auprès de V. *Volkova et N. *Doudinskaïa. Au cours de sa carrière internationale, elle se produit avec le *Ballet royal danois (1966-1969), l’Opéra de *Berlin (1969-1971 ; *Giselle, 1970) et le *London Festival Ballet (1975-1979 ; la *Belle au bois dormant, 1975, R. *Noureev ; *Roméo et Juliette, 1977, Noureev ; la *Sylphide, 1979, P. *Schaufuss). Technicienne poétique et musicale (médaille d’or à *Varna, 1970), elle sert idéalement le répertoire romantique et les créations néoclassiques (Sphinx, 1979, G. *Tetley ; *Mademoiselle Julie, 1980, B. *Cullberg). SJM EVTEÏEVA Elena (née en 1947). Danseuse et pédagogue russe. Formée à l’École de danse du *Kirov, elle en devient l’une des principales étoiles (1966-1973). Son physique romantique, sa parfaite technique, son style font d’elle une interprète touchante des grands classiques (*Giselle, le *Lac des cygnes, *Esméralda), mais aussi des nouveautés, comme *Hamlet (1969) de N. *Dolgouchine ou *Napoli lors de son entrée au répertoire du Kirov, en 1982. SJM downloadModeText.vue.download 158 sur 803 F FABBRI Flora (1re moitié du XIXe s.). Danseuse italienne. Fille du chorégraphe Giovanni Fabbri, elle étudie notamment avec C. *Blasis, devenant l’une de ses six Pléiades. Elle se produit à la *Scala comme ballerina en 1836, puis, en 1838, elle rencontre Louis (Luigi) Bretin, qu’elle épouse. De 1845 à 1853, elle se produit à Paris, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Espagne. Elle semble faire sa dernière apparition au *théâtre de la Porte-Saint-Martin, à Paris, en 1855. Jugée faible dans l’expression mimique, elle est appréciée pour sa souplesse et sa rapidité, en particulier dans les *pirouettes. RZ FABRE Jan (né en 1958). Plasticien, metteur en scène et chorégraphe belge. Après des études à l’Académie des beaux-arts d’Anvers, il commence à écrire des textes pour le théâtre, puis présente, à la fin des années 1970, des « actions » provocatrices et des « performances privées » dans lesquelles il n’hésite pas à impliquer son propre corps. À partir de 1980, tout en poursuivant une oeuvre de plasticien ponctuée par de nombreuses expositions, il passe à la mise en scène. Signant une oeuvre scénique ambitieuse et protéiforme, entre théâtre, danse et opéra, il se distingue d’emblée par une trilogie tourmentée, où son passé d’artiste de performance contribue à bousculer les genres établis avec une impitoyable liberté. C’est du théâtre comme il était à espérer et à prévoir (1982) libère une énergie physique débridée, où la tension s’installe dans des climats de violence et d’agressivité. Le spectacle dure huit heures. À la Biennale de Venise, en 1984, il crée le Pouvoir des folies théâtrales ; une pièce de quatre heure et demie dédiée à la mémoire du philosophe Michel Foucault. Enfant terrible de la « nouvelle vague » flamande des années 1980, entre discipline et chaos, Jan Fabre ne choisit pas ; il oscille de l’attraction à la répulsion, dans des dramaturgies fouillées au scalpel, où le mouvement (dansé ou non) intervient comme turbulence, panique, frénésie. Dans ses mises en scène chorégraphiques comme dans les textes de théâtre, il pratique une sorte de cynisme métaphysique. Habitué à de tels univers agités, le public est quelque peu décontenancé par son premier ballet, un ensemble de « sections dansées » (1987) pour l’opéra Das Glas im Kopf wird vom Glas (reprises ultérieurement comme pièce indépendante sous le même titre), où s’exprime, au contraire, une imperturbable froideur minimale. Fabre définit lui-même son travail comme une « recherche de la beauté en tant qu’hommage à l’absence et à l’indicible ». JMA AUTRES CHORÉGRAPHIES ET MISES EN SCÈNES. Theater geschreven met een K is een Kater (1980) ; The Sound of One Hand Clapping (1990, chor. pour le Ballet de Francfort) ; Sweet Temptations (1991) ; Silent Screams, Difficult Dreams (1992) ; Da un’altra faccia del tempo (1993) ; Glowing Icons (1997) ; The fin Comes a Little bit Early this Siecle (but business as Usual) (1998).BIBLIOGRAPHIE. J. Fabre, H. Newton, Das Glas im Kopf wird vom Glas, the Dance sections, Imschoot UItgevers, Gand, 1990 ; le Guerrier de la beauté, entretiens avec Hugo De Greef et Jan Hoet, L’Arche, Paris, 1994. - E. Hrvatin, Jan Fabre / la Discipline du chaos, le chaos de la discipline, Armand Colin, « Arts chorégraphiques », Paris, 1994. FABRÈGUE Dominique (1955). Costumière française. Formée par la couturière Geneviève Sevin Doering, au début des années 1980, elle apprend la technique du « un morceau », qui inscrit dans le développement à plat du tissu la posture du corps, puis enroulé autour de celui-ci, en épouse et en révèle le volume. Le costume ne raconte rien, il montre avec force et simplicité l’histoire du corps, sa « géologie », son plissé, son expression. Grâce à sa longue collaboration avec D. *Bagouet, qui débute en 1985, avec le Crawl de Lucien, elle approfondit la rigueur plastique de son travail et personnalise chaque costume, le corps des danseurs impliquant le choix des couleurs, de la forme, des matières. Inspirée par les papiers découpés de H. *Matisse, elle envisage son oeuvre comme un langage qui s’articule autour de la recherche de l’expressivité de la forme colorée. Elle questionne et épure la valeur du costume lors de ses rencontres avec les chorégraphes O. *Duboc, M. *Monnier ou H. *Robbe. VR AUTRES COLLABORATIONS. D. Bagouet (Assaï, 1986 ; Fantasia semplice, 1986 ; le Saut de l’ange, 1987 ; les Petites Pièces de Berlin, 1988 ; Meublé sommairement, 1989 ; Necessito, 1991) ; Duboc (Retour de scène, 1992; Pour mémoire, 1993; Projet de la matière, 1993; Trois *Boléros, 1996; Comédie, 1998) ; Robbe (Factory, 1993) ; Monnier (Arrête, arrêtons, arrêtez, 1997 ; les Lieux de là, 1998). FAGAN Barney (1851-1937). Danseur américain. Il émerge en 1869 comme champion de *clog, qu’il est l’un des premiers à *syncoper. Il se produit dans divers spectacles musicaux et dans sa propre troupe de *minstrel show. En 1891, ses downloadModeText.vue.download 159 sur 803 DICTIONNAIRE DE LA DANSE 37 *claquettes excentriques lui apportent le succès et, jusqu’à sa retraite en 1924, il se partage entre sa carrière d’artiste, la mise en scène de numéros de *revues et la création de scénarios pour la Metro Pictures (1915-1918). ESe FAGAN Garth (né en 1940). Chorégraphe américain. Né à Kingston (Jamaïque), il se forme auprès d’Ivy Baxter et de la Jamaican National Dance Company, puis à New York avec M. *Graham, J. *Limón, M. *Hinkson et A. *Ailey. En 1960, il s’installe à Detroit (Michigan), où il mène des études universitaires tout en travaillant comme soliste et chorégraphe, notamment pour la Detroit Contemporary Dance Company, avant de fonder sa compagnie, en 1970, à Rochester (État de New York). Comme beaucoup de chorégraphes noirs, il trouve souvent son inspiration dans la lutte pour la survie quotidienne. Son style abstrait combine l’utilisation du poids propre à la *modern dance, une grande flexibilité du torse, une mobilisation du bassin et une dynamique qui reflètent l’héritage afro-caraïbe, ainsi que la rapidité et la précision du ballet. Utilisant avec une sensibilité *postmoderne les ralentis intenses, les explosions de virtuosité et les rythmes mélangés de manière imprévisible, il chorégraphie beaucoup de grands sauts pour les femmes, déclarant à ce sujet : «Je ne veux pas de «ladies» dans ma compagnie. » Sa participation au spectacle Griot New York (1991), en collaboration avec le compositeur Wynton Marsalis et le plasticien Martin Puryear, lui apporte la reconnaissance au niveau national. Cette oeuvre en huit parties décrit de manière abstraite et indirecte la survivance de l’Afrique dans l’Amérique urbaine. En 1997, il reçoit un Tony Award pour sa participation à la comédie musicale The Lion King. TDF, ESe AUTRES CHORÉGRAPHIES. Footprints Dressed in Red (1986, *D. Th. of Harlem) ; Scene Seen (1988, Jamison Project) ; Moth Dreams (1992, mus. A. *Jolivet, Thelonious Monk, W. Marsalis) ; Jukebox for Alvin (1993, Alvin Ailey American D. Th.) ; Never No Lament (1994, José *Limón Co.). FAISON George (né en 1945). Danseur, chorégraphe, metteur en scène américain. Il étudie la danse à New York avec E. Hodes, A. *Ailey, L. *Johnson et D. *Williams. En 1967, il intègre l’A. *Ailey Dance Theatre en tant que soliste et interprète divers ballets d’Ailey et T. *Beatty, dont * Blues Suite (1985) et Black Belt (1967). En 1971, il fonde sa propre compagnie, The Universal Dance Experience pour laquelle il crée ses ballets les plus connus Suite Otis (1971) et Poppy (1971). Après sa prestation dans Purlie (1970, L. Johnson), Faison chorégraphie plusieurs spectacles de *Broadway dont The Wiz (1975, également parolier) pour lequel il reçoit un Tony Award. Il se concentre alors sur la mise en scène, et produit également des émissions de télévision (Cosby Salutes Ailey, CBS, 1989). Son style viril et énergique mélange les genres et s’appuie sur la tradition culturelle afro-américaine, ainsi que sur des musiques variées allant du jazz au pop. ESe AUTRES CHORÉGRAPHIES. The Gazelle (1971) ; Slaves (1971) ; Reflections of a Lady (1974) ; Tilt (1975) ; Hoboes (1976). POUR LE THÈME MUSICAL. The Dolls (1971) ; Sheeba (1972) ; 1600 Pennsylvania Avenue (1976, chor. et m. en sc.) ; Porgy and Bess (1983) ; Sweet and Hot (1992) ; C’mon and Hear, Irvin Berlin’s America (1994). FALCO Louis (1942-1993). Danseur et chorégraphe américain. Fils d’immigrants italiens, formé à la *High School of Performing Arts, il s’intéresse au théâtre tout en étudiant la danse avec M. *Graham, C. *Weidman, J. *Limon, A. *Nikolais et fréquente la *School of American Ballet. Débutant chez A. *Ailey, il entre en 1960 dans la compagnie J. *Limon dont il est un brillant interprète jusqu’en 1970 aux côtés de J. *Muller. Avec elle, et dès 1968, il fonde la Louis Falco Dance Co. Aisance et ampleur du mouvement hérités de Limon donnent à sa danse une étonnante vitalité. Entouré de créateurs de son temps comme Keith Jarrett ou Burt Alcantara pour la musique, W. *Katz pour les décors, utilisant parfois les dialogues (The Sleepers, 1971), Falco célèbre la vie, le quotidien et la jeunesse d’alors, assoiffée d’amour et de liberté (Caviar, 1970). Chorégraphe du film Fame (1980), il dissout sa compagnie en 1983 pour faire du cinéma et de la vidéo. LB AUTRES CHORÉGAPHIES. Argot (1967) ; Penny Portrait (1973) ; Pulp (1975) (1973, B. Rambert) ; Journal (1971) pillar (1975, NDT) ; Black and Blue (1986, *Lyon Op. B.). Huescape (1968) ;Two ; Hero (1977) ; Tutti Frutti ; Eclipses (1974) et Cater(1983, *GRCOP) ; l’Escargot FALKE (SOEURS), F. Gertrud. et (1891-1984). et F. Ursula (18961981). Danseuses, chorégraphes et pédagogues allemandes. Artistes à la postérité peu connue, les soeurs Falke jouent un rôle décisif dans les années 1910, préparant le terrain de l’*Ausdruckstanz en Allemagne. Gertrud montre ses premiers solos en 1909 devant le cercle artistique familial avant de rejoindre *Jaques-Dalcroze, puis R. *Laban à *Ascona (avec Ursula). Les deux soeurs enseignent dès 1914 à Hambourg dans leur Nouvelle école pour la danse libre et présentent à partir de 1916 de nombreux duos sur des musiques modernes. Après la guerre, leur destin se sépare. Ursula se renouvelle par le travail des masques, puis se tourne vers le théâtre et le cinéma, et enfin vers la peinture. Gertrud ouvre une école à Leipzig, émigre en Espagne en 1933, puis en Angleterre où elle enseigne avec K. *Jooss (1938-1943), et, enfin, s’installe comme psychothérapeute en Écosse. LGui FALLA Manuel de (1876-1946). Compositeur espagnol. Il étudie au Conservatoire de Madrid. Après un séjour parisien riche en rencontres (C. *Debussy, M. *Ravel, P. *Dukas), et de retour en Espagne il compose l’*Amour Sorcier (1915) pour P. *Imperio et le *Tricorne (1919) à la demande de S. *Diaghilev, deux ballets qui lui vaudront la célébrité. Durant la décennie suivante, il crée le meilleur de sa production. Il meurt en Argentine, où il a émigré en 1939 pour fuir le régime franquiste, laissant inachevé l’opéra Atlántida auquel il travaillait depuis vingt ans. Ses deux partitions de ballet restent les pierres d’angle de la variation chorégraphique sur l’Espagne, autant pour leurs références à la musique traditionnelle de l’Andalousie primitive que pour leur humour. Son Concerto pour harpe inspirera également R. *Joffrey (1955) et G. *Tetley (1963). NC FARABONI. Famille de danseurs, chorégraphes et maîtres de ballets italiens Oreste (1876-1955) danse ave