la danse à biarritz # 60 - Malandain Ballet Biarritz

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la danse à biarritz # 60 - Malandain Ballet Biarritz
JANVIER > MARS 2015
ÉDITO
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ACTIVITÉ
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DANSE À BIARRITZ #60
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SENSIBILISATION
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LE LABO
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JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL D’AQUITAINE EN PYRÉNÉES ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ
BALLET T
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DE CHOSES
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... ET D’ AUTRES
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CALENDRIER
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Nuria Lopez Cortes & Raphaël Canet, Nocturnes © Olivier Houeix
ÉDITO
Même s’il est aujourd’hui de règle de se faire valoir
pour attirer tous les regards, nous ne déroulerons
pas le tapis rouge à propos du Taglioni European
Ballet Award remporté récemment outre-Rhin.
Disons simplement à la manière de cet artiste
marseillais qui rentrait dans ses foyers, qu’à Berlin
on a mis mon nom tellement grand sur les affiches
qu’il dépassait du papier. Plus sérieusement, cette
saison, les Centres chorégraphiques nationaux
(CCN) ont 30 ans et parmi plusieurs rendez-vous,
le 19 février prochain, une soirée festive marquera
l’évènement au Théâtre national de Chaillot. Si l’on
fait quelques pas en arrière, en avril 1984, époque
où la culture était une des clefs pour « changer la
vie », Jack Lang annonçait « dix mesures » visant
au développement de la danse en France. Onze
compagnies implantées en région et le Centre
national de danse contemporaine d’Angers seront
ainsi labellisés CCN. Le réseau s’élargira par la suite
à dix-neuf, les CCN de Rillieux-la-Pape et Biarritz
étant les derniers créés depuis 1998.
2 3
Frederik Deberdt, Silhouette © Olivier Houeix
Compagnies de créateurs ou Ballets de création et
de répertoire, tous ardents à la besogne, les CCN
mènent les missions qui leurs sont confiées par
l’État et les collectivités territoriales : la création,
la diffusion, la sensibilisation, la formation et le
développement des publics, ainsi que le soutien à
d’autres compagnies à travers « l’accueil-studio » ;
le CCN de Biarritz étendant de surcroît ces actions
au Pays basque espagnol grâce au projet eurorégional Ballet T. Autrement dit, si trentenaire rime
avec « pépère », c’est uniquement pour l’oreille.
En application des lois également trentenaires
de la décentralisation, aux côtés des autres
compagnies, les CCN participent à la vitalité
chorégraphique et culturelle du territoire. Cela dit,
la décentralisation est un principe que la danse
caressa aussi naguère. Et, si les morts pouvaient
sortir de leurs tombeaux, ils raconteraient que
« partout, à l’est, à l’ouest, au nord, au sud, au
printemps, en été, en hiver, on dansait » (1). Car sans
considérer les troupes « ambulantes », nombre
de théâtres municipaux entretenaient un corps
de ballet. Quinze à trente personnes obtenant
« quelques succès » dans de « vrais » ballets quand
la direction n’avait rien de plus sérieux à offrir.
Ordinairement dans les ouvrages lyriques, puisque
dans la tradition du XVIIe siècle, l’opéra français du
XIXe siècle ne se concevait pas sans divertissements
chorégraphiques. Après 1870, avec la vogue des
établissements privés genre Folies-Bergère où la
création était plus féconde, même si cette inflation
frisait parfois l’anarchie, certaines villes abriteront
jusqu’à trois troupes. Ainsi pour ne parler que de
Paris, la ville sainte, où il est encore besoin de se
faire sacrer pour être reconnu, sans compter les
danseurs mâles rejetés par l’élite intellectuelle, il y
avait en 1889, selon Théodore Massiac (2), plus de
4.000 danseuses dans les théâtres de la capitale.
Aujourd’hui, on estime en France le nombre des
artistes chorégraphiques à 4.500 : 500 permanents
contre 4.000 intermittents, majoritairement en
situation précaire en raison d’un marché du travail
plus que tendu.
Généralement fondés sur la figure d’auteurs
chorégraphiques, les CCN en respirant un peu à
leur aise grâce à leur autonomie, s’abandonnent
depuis 30 ans aux penchants d’un programme
rêvé depuis Mathusalem : faire de la danse un art
souverain, libre sous le ciel. Car si hier, les danseurs
n’étaient pas en assez grand nombre, tant l’on en
demandait de partout, leur art chargé de tous
les péchés, donc immoral et inquiétant pour le
bourgeois, était sous la tutelle de la musique et de
la littérature. Son salut et son supplice. En effet, la
tradition ecclésiastique ayant retenu que le Diable
exerce son pouvoir par le bas, c’est-à-dire par les
pieds et les jambes, principalement depuis 1830,
jour où la classe bancaire et industrielle l’emporta
définitivement sur l’aristocratie d’ancien régime,
l’usage fut de valoriser les arts se réclamant du
geste intellectuel, de l’écriture en premier chef,
puisque selon la théologie chrétienne, Dieu en est
l’auteur premier.
Malgré l’œuvre de Jack Lang, cette tradition
est encore vive si l’on garde l’œil ouvert, car
seulement quatre artistes de la danse sont aux
commandes des 440 établissements du réseau
des conservatoires de musique, danse et d’art
dramatique, tandis que les Centres dramatiques
nationaux (CDN), deux fois plus nombreux que
les CCN, disposent de budgets largement plus
importants. Et quand au cœur des politiques
européennes d’austérité, une scène légendaire
comme le Théâtre-royal de la Monnaie à Bruxelles
est contrainte aux économies, c’est la danse qu’on
supprime d’un trait radical. Tout un symbole. Mais
ne cherchons pas à ternir cet anniversaire et pour
motif d’espérance : « prenons la danse pour ce
qu’elle est à l’origine: l’une des plus spontanées
manifestations des joies humaines » (3) disait sans
rugir et sans bouger d’une patte, Clémenceau, le
tigre populaire.
n Thierry Malandain, décembre 2014
(1)
Gil Blas, Théodore Massiac,
3 Juillet 1889
(2)
Gil Blas, Théodore Massiac,
3 Juillet 1889
(3)
Au fil des jours, Georges Clemenceau,
1900
ACTIVITÉ
ACTIVITÉ
LA PRESSE EN PARLE
Malandain,
insensible aux modes
Création
de Nocturnes
et de Estro
à Donostia San Sebastián
et Reims
En complément de Silhouette et de
Estro, Nocturnes a été créé au Teatro
Victoria Eugenia de Donostia - San
Sebastián, les 8 et 9 novembre dans
le cadre du projet euro-régional
Ballet T, puis représenté à l’Opéra de
Reims les 15 et 16 novembre.
Avec Nocturnes, le Ballet de Biarritz
s’enrichit d’une nouvelle chorégraphie
de son directeur, Thierry Malandain.
Depuis trente ans, et on va le voir encore
dans Nocturnes, créé le 9 novembre à
Saint-Sébastien, en Espagne, Malandain
trace son sillon sans mollir, sur un
terrain pourtant vague, celui de la danse
française, laquelle ne sait à qui se vouer,
des influences américaines aux allemandes
et aux belges. En fait, en France, ils sont
trois à mener le jeu : le spectaculaire et
sulfureux Preljocaj, le vif et piquant Maillot
et enfin Malandain, âpre, rigoureux et
totalement insensible aux modes. À 55
ans, le chorégraphe est maître d’une
compagnie en plein essor. L’ascension en
fut difficile, ses ballets n’étant ni assez
provocateurs pour créer l’événement, ni
assez classiques pour être passe - partout.
De plus, l’homme ne sait pas se vendre,
ne cherche pas à séduire et se dit souvent
vidé par ses propres exigences. Mais la
renommée a pris le rythme : tandis que
la troupe impose, de tournée en tournée,
ce style ardent et puissant, le Théâtre de
Chaillot lui a offert des triomphes, comme
Versailles, où fut créée sa Cendrillon, et
qui verra, la saison prochaine, la Belle et
la Bête, tandis que l’Opéra populaire de
Vienne présente son Mozart à deux et
son Don Juan. Encore une avancée, donc,
avec Nocturnes — cinq pièces de Chopin
jouées par Claudio Arrau —, œuvre dans
laquelle Malandain cherche une résonance
abstraite aux longs soupirs du compositeur,
s’éloignant de la vision trop gracieuse que
les chorégraphes en ont parfois donnée.
« Le sens, dit-il, viendra après, tant la
musique porte » : et là, elle le porte à
une sorte de danse macabre où l’espace
est réduit à « une longue bande où les
danseurs seront ramenés à la dimension
d’une fresque ». Contraste subtil avec
Estro, où l’irrésistible exultation de Vivaldi
se tempère d’une réflexion puisée dans des
extraits de son Stabat Mater. Malandain y
fait vivre son amour intense de la musique,
autre bienfait.
n Valeurs actuelles, Jacqueline Thuilleux,
10 novembre 2014
L’âme de Chopin
dévoilée
Arnaud Mahouy, Michaël Garcia,
Hugo Layer & Fabio Lopez, Nocturnes
© Olivier Houeix
C’est une facette inhabituelle du
chorégraphe et directeur du Malandain
Ballet Biarritz qui nous a été donné de
découvrir dernièrement au Teatro Victoria
Eugenia de Donostia / San Sebastian,
en Espagne, au travers de trois courtes
pièces très différentes, réunies pour
la circonstance. La soirée s’ouvrait sur
un solo intitulé Silhouette, petit bijou
chorégraphique sur quelques fragments
musicaux de Beethoven, inspiré par un
personnage étrange, Etienne de Silhouette,
dont le père, Arnaud, était originaire de
Biarritz. Etienne fut contrôleur général des
finances sous Louis XV mais, curieusement,
il n’exerça son mandat que de mars à
novembre 1759 : en effet, durant son
passage éclair à ce poste, il se mit dans
l’idée de restaurer les finances de l’Etat...
en taxant les plus riches (refrain encore bien
connu aujourd’hui), nobles contribuables
auxquels, d’après l’Histoire, il ne laissa
que l’ombre de leur fortune ! Son grand
tort fut celui de s’attaquer également à
la Cour, ce qui engendra, on s’en doute,
son éviction rapide... Or, comme nous le
rapporte Balzac, son nom fut à l’origine du
terme éponyme, lequel fut utilisé plus tard
pour évoquer une vision furtive ou une
ombre projetée, ce que Thierry Malandain
reprit à son compte pour raviver le
souvenir de Nijinski : « un portrait «à la
silhouette» découpé dans Le spectre de la
rose, Pétrouchka, Narcisse et L’après-midi
d’un faune », un portrait tout en finesse,
peut-être un tantinet mélancolique, en
tous cas magnifiquement servi par Frederik
Deberdt, mettant magistralement en
valeur l’idée que Malandain se fait du
célèbre danseur. Un solo bien sûr conçu
dans un style néoclassique duquel émane
une grande poésie.
D’une toute autre facture, le second
ballet, pièce maîtresse de la soirée,
est une création sur les Nocturnes de
Chopin, de courtes pièces pour piano
composées entre 1827 et 1846. Ce sont
sans doute les œuvres de ce compositeur
les plus empreintes de nostalgie, celles qui
reflètent le mieux le romantisme introverti
de l’époque. Un chant intérieur souvent
méditatif au sein duquel se déchiffre une
multitude d’élans passionnés et de rêves
infinis dans lesquels Thierry Malandain
a puisé la substantifique moelle de
son ballet, des visions tourmentées de
douleur et de mort. Une mater dolorosa
uniquement issue de la musique dont
la force dramatique a traversé l’âme du
chorégraphe qui a rendu visible l’émotion
qu’elle renferme. La construction de
l’œuvre s’avère fort originale, Malandain
ayant établi un parallèle avec les danses
macabres du Moyen-âge, sarabandes qui
mêlent morts et vivants au sein de fresques
peintes le plus souvent sur le mur des
églises. Aussi imagina-t-il de faire défiler
ses danseurs de cour à jardin comme dans
une fresque, toujours dans le même sens
sur un étroit tapis, le chemin de l’existence
sans doute, à l’image des frises de basreliefs. Un ballet certes plein d’élégance où
l’on retrouve le savoir-faire du chorégraphe
mais surtout bouleversant par le pathos qui
en jaillit. Tout dans cette œuvre est d’une
précision sans faille et d’une musicalité
extrême, apanage d’un chorégraphe qui ne
laisse rien au hasard : des pas et des figures
plus originales et plus puissantes les unes
que les autres, lourdes de sens car issues
des tréfonds de son âme, laissant entendre
au bout du compte que tous les hommes
s’avèrent égaux devant la mort.
La soirée se terminait par une œuvre plus
alerte et plus gaie, Estro, sur 3 des 12
concerti pour violon de l’Estro armonico
de Vivaldi, qui a déjà été présentée à
deux reprises à Biarritz. On se souvient
peut-être que John Cranko avait créé en
1963 une pièce éponyme pour le ballet
de Stuttgart, œuvre qui fut interprétée 16
ans plus tard par les danseurs du Ballet du
Théâtre Français de Nancy auquel Thierry
Malandain appartenait. Or, ce ballet, truffé
de difficultés techniques enchaînées les
unes aux autres, était devenu la hantise
de ses interprètes. Est-ce pour effacer ce
mauvais souvenir que Malandain voulut
reprendre cette œuvre en y laissant sa
griffe ? Ou, au contraire, restait-il hanté par
les harmonies de cette fantaisie musicale
pleine d’allant et d’entrain ? C’est en fait
une autre raison qui l’a conduit à se fixer
sur un thème inspiré par une musique
additionnelle, celle du Stabat mater de
Vivaldi dont il utilisa certains fragments
en complément des 3 concerti du même
compositeur. Or, le Stabat mater « qui
célèbre la compassion de la Vierge aux
douleurs de son fils crucifié » a conduit les
scénographes Frédéric Vadé et Christian
Grossard à transformer d’anciens seaux
de peinture en lanternes du plus bel effet,
conférant à la scène une atmosphère
religieuse convenant particulièrement bien
au ballet. Inutile de préciser que les 20
danseurs de la compagnie se sont emparés
q
Baptiste Fisson & Mickaël Conte,
Nocturnes © Olivier Houeix
de cette création d’une très grande
légèreté avec une joie non dissimulée et
qu’ils sont parvenus à sublimer la richesse
et le lyrisme de la danse.
n Critiphotodanse, Jean-Marie Gourreau,
13 novembre 2014
...
4 5
q
ACTIVITÉ
...
Magnifique
« Soirée Malandain »
Avec trois pièces dont deux créations, le
chorégraphe Thierry Malandain, prouve
une fois de plus que son style unique
engendre une danse splendide. Dans le
superbe théâtre Victoria Eugenia de San
Sebastián (Espagne) totalement réhabilité
et réouvert en 2007, Thierry Malandain,
(directeur du CCN de Biarritz) a proposé
trois pièces dont deux créations qui
ACTIVITÉ
s’inscrivent à son répertoire. On sait que
l’histoire et l’art pictural inspirent très
souvent le chorégraphe. C’est le cas pour
« Silhouette ». Car Etienne de Silhouette,
contrôleur général des finances sous Louis
XV, donna son nom aux portraits découpés
d’après l’ombre du visage. Ce solo est une
miniature à travers laquelle passe l’ombre
du danseur Nijinski. Sur la musique de
Beethoven, Frederik Deberdt danse entre
des barres d’échauffement avec une
présence féline et une parfaite maîtrise de
son corps. C’est d’une incroyable pureté,
d’une infinie délicatesse et d’une étrange
beauté.
Sur les Nocturnes de Chopin, musique
qui a toujours habité Thierry Malandain,
cette création dont le titre est tout
simplement « Nocturnes » se dessine
comme une fresque mouvante où la danse
une chorégraphie de John Cranko et se
souvient : « Les difficultés imposées par
le chorégraphe n’étaient pas simples
à maîtriser, se lancer était parfois une
épreuve, une sorte de chemin de croix. Un
soir, incapable de dépassement, j’éclatais
en sanglot ». Il aura fallu 34 ans pour que
Thierry exorcise ce souvenir en créant
son « Estro ». Sur scène vingt danseurs
vêtus de noir et autant de boites noires
lumineuses comme des photophores qui
vont permettre de dessiner les différentes
scènes et états d’âmes des artistes. Car ici
on parle de la mort. Pas de la tristesse,
ni de la mélancolie, mais de la lumière
engendrée par une sorte de survivance et
d’un rituel parfois joyeux et enfantin qui
se raconte avec raffinement. Des pas très
travaillés, un tableau mirifique où le corps
roule entre les bras de femmes alignées les
unes derrière les autres, des chapelets de
jeux, de l’émotion et surtout la vie dansée
dans un rythme inlassable avec des chutes,
des portés et des pas qui semblent être si
aisés à exécuter tant la compagnie possède
une technique infaillible.
Avec ces trois opus, Thiery Malandain ne
se consacre pas à des œuvres narratives
et pourtant, ses interprètes possèdent
une telle intériorité qu’ils semblent nous
raconter à chaque fois une histoire. Une
soirée qui fait la différence entre des pas
mis à la suite des autres sans aucune
forme de dramaturgie, donc terriblement
ennuyeux, et ces trois pièces courtes du
programme « Soirée Malandain » qui
donnent vie à l’imagination, aux émotions
et prouve que, lorsqu’elle est parfaite, la
danse a toujours le mot juste.
n Toute la culture, Sophie Lesort,
13 novembre 2014
Claire Lonchampt et Irma Hoffren,
Nocturnes © Olivier Houeix
extrêmement fluide ne s’arrête jamais
afin de composer une œuvre qui semble
vouloir être éternelle. Entre les solos,
duos, trios… aux ensembles avec les vingt
danseurs, cette sorte de ronde infinie est
non seulement très belle mais surtout
très intelligemment mise en espace. Des
bases de la danse classique à l’écriture
très élaborée de Malandain, ce court
ballet parfaitement bien interprété par la
troupe est lié, enrobé. L’idée des entrées
et sorties de scène qui sont toujours
linéaires associée à des lumières de JeanClaude Asquié provenant de cour et jardin
est d’une rare intelligence. Les costumes
font songer à l’Amérique des années 60
et la dynamique de la chorégraphie est
digne d’un Jerome Robbins, avec bien
entendu, la signature très personnelle de
Thierry qui signe ici une pièce magistrale
qui ne ressemble à aucune autre de ses
réalisations.
q
En 1980, Thierry Malandain danse
« L’Estro armonico » de Vivaldi dans
6 7
N ous devons le mot familier de
silhouette à un… contrôleur général
des finances de Louis XV, Etienne de
Silhouette, qui donna donc son nom
aux portraits découpés d’après l’ombre
du visage, probablement parce qu’il ne
laissait aux contribuables que l’ombre de
leur fortune. Ce solo, dansé par Frederik
Deberdt, se veut miniature à travers
laquelle passe l’ombre de Nijinski et de
ses œuvres, découpées, « à la silhouette »
dans Le Spectre de la rose, Petrouchka,
Narcisse et l’Après-midi d’un faune. Mais,
avec ce dispositif scénique qui fait évoluer
le danseur entre quatre barres mobiles,
d’autres références viennent s’insinuer
dans ce solo d’une rigueur toute classique,
comme le célèbre Études, ou même Life,
créé par Jean Babilée. Le corps de Frederik
Deberdt, lui, n’a rien d’une ombre,
musculeux et délié, il a cette animalité
délicate qui fait le danseur. Et, à travers sa
silhouette, c’est tout le travail que la danse
fait au corps qui est l’objet final de ce solo.
Nijinski ne devenant que l’autre mot pour
danseur, ou peut-être sa quintessence.
Nocturnes, est un curieux croisement
entre les œuvres éponymes de Chopin,
empreintes d’une sorte de « romantisme
noir et « gothique » selon Thierry Malandain,
et les danses macabres développées à la
fin d’un Moyen-Âge en proie à la peste,
représentées le plus souvent en farandoles
unissant le mort aux vivants, dans une
sorte de Carpe Diem. La pièce de Thierry
Malandain est ténébreuse et pleine de
mystère. Les danseurs défilent de Jardin
à Cour se tenant parfois par la main, ou
par l’épaule, laissant un pas derrière eux,
comme la solidification d’une ombre,
mort qui plane et s’insinue dans la course
des vivants. Ce cortège mélancolique
et obscur déroule une gestuelle tout en
échappées contrariées, en extensions qui
semblent inverser vers le haut le poids de
la gravité. Les groupes se font, solidaires
et même soudés, et se défont, reprenant
en miroir leurs mouvements comme une
fugue inversée. Il sourd une présence
spirituelle dans le silence qui émane de
ces Nocturnes, la mort fauche les vivants
sans prévenir. Et toujours la ligne continue
sa danse, éternelle comme la mort, infinie
comme la vie. Thierry Malandain signe là
un bijou de chorégraphie, que les éclairages
de Jean-Claude Asquié réhaussent d’une
lueur sombre, ciselé dans sa dramaturgie,
finement musical, intelligent.
Thierry Malandain, pour sa dernière
création, Nocturnes, s’est approprié cette
interprétation et a chorégraphié avec une
grande intuition cinq Nocturnes de Chopin
(n°20 en do dièse ; n°1 en si bémol Op
9 n°1 ; n°10 en la bémol Op. 32 n° 2
; n°8 en ré bémol Op.27 n° 2 ; n° 13 en
do mineur Op. 48 n° 1) en s’inspirant de
danses macabres, matière de l’Art Macabre
du Moyen Age, qui ouvrait une réflexion
sur le sens de la vie et de la mort. Ce type
de danses était représenté sur les murs des
églises et des cimetières d’Europe, avec
un format rectangulaire allongé. Le même
type de scénographie a été repris par le
chorégraphe, qui fait défiler ses danseurs
sur scène toujours de droite à gauche
sur un espace qui ne prend même pas la
moitié de la profondeur du plateau. Les
mouvements des danseurs sont exécutés
avec une grande force et leur interprétation
q
MicKaël Conte & Claire Lonchampt,
Estro © Olivier Houeix
Estro, que nous avons déjà chroniqué
ici clôturait cette soirée d’inspiration,
finalement, assez spirituelle, avec son
allure d’étude sur l’élévation, qui mêle au
Stabat Mater (la Mère se tenait debout)
l’Estro Armonico, partition qui incite à tous
les dépassements et permet d’approcher
les cimes de l’être. Néanmoins, les parties
du Stabat Mater, ne peuvent que nous
faire regretter que Thierry Malandain n’ait
pas consacré toute sa chorégraphie à cette
œuvre belle et tragique. Ajoutons que
cette soirée est magnifiquement servie par
une troupe de danseurs plus excellents les
uns que les autres.
n Dansercanalhistorique, Agnès Izrine, 14
novembre 2014
D ans les Lettres à l’étrangère Balzac
affirmait : « le Polonais est un
ange, le Hongrois un démon » en faisant
allusion aux deux pianistes compositeurs
les plus représentatifs du romantisme,
Chopin et Liszt. Effectivement, concernant
Chopin, certains ont souvent été tentés
de trouver un aspect mélancolique,
presque faible, dans sa musique, sans tenir
compte de la force dont ses compositions
sont imprégnées. Si l’on considère
particulièrement ses Nocturnes, composés
entre 1827 et 1846 et caractérisés par le
tempo rubato, on peut constater que les
musiques du musicien polonais révèlent
au contraire des sentiments troublés et
expriment des états d’âme sombres, qu’on
pourrait presque qualifier de gothiques.
est profonde. Depuis le début, on entre
dans un monde d’obscurité où l’on ressent
un sentiment de solitude. Arnaud Mahouy
est le protagoniste d’un solo prégnant qui
se déroule pour la plupart du temps au
sol. Les autres passages de la chorégraphie
sont dansés en duo ou en groupe de quatre
ou huit danseurs, tous avec une grande
énergie et valorisent les sonorités les plus
ténébreuses de la musique. Ils défilent
comme sur un tapis imaginaire sans
cesse, ils volent le temps. Cela rappelle
justement le tempo rubato qui altère la
mesure ou le mouvement pour renforcer
le pouvoir expressif de certaines notes. Ce
...
...
ACTIVITÉ
ballet est un autre exemple de la grande
sensibilité musicale de Thierry Malandain,
déjà constatée dans ses autres œuvres.
Cette fois, il utilise souvent des attitudes
qui s’éloignent de la technique classique
car elles ne respectent pas la ligne que
ces figures de la danse exigent. Elles ne
se terminent pas avec le pied tendu de la
jambe levée, mais en flex, et cette image est
marquante et riche d’expressivité. A la fin
de la pièce tous les danseurs se retrouvent
alignés sur scène, pour transmettre au
public un grand sens de communion et de
partage de leurs sentiments. En fait, c’est
comme si chacun d’entre eux avait dansé
pour raconter une histoire personnelle.
Malandain, Chopin :
l’accord parfait
Dans la même soirée, au Théâtre Victoria
Eugenia de Saint Sébastien, le Malandain
Ballet Biarritz a présenté Silhouette et
Estro. La première pièce, créée en 2012,
porte le nom d’un ancien contrôleur
de finances de Louis XV et avait été
représentée pour la première fois à l’hôtel
Silhouette de Biarritz en 2012. Il s’agit
d’un solo de douze minutes, dansé par
Frederick Debert. Il s’inspire de la tradition
et fait particulièrement référence à la
figure de Vaslav Nijinsky. Comment ne pas
reconnaître la pose célèbre de l’Aprèsmidi d’un Faune ? Le protagoniste est
seul face à la barre, un des instruments
qui accompagnent la vie d’un danseur.
Un rapport intime avec elle se dévoile,
prend corps, comme un dialogue entre
amis. Dans un espace carré délimité, le
danseur exécute ses pliés et ses autres
exercices d’échauffement pour assumer
une corporéité presque animale. A la
fin seulement, il retrouve sa grâce et se
soumet à la discipline de la danse.
D’un autre point de vue, il convient d’en
remarquer les aspects positifs. Lesquels
sont de l’ordre de l’excellence du rendu
technique ; c’est bien le moins. Mais pas
que. Ainsi l’observation de Nocturnes,
n Note di Danza, Antonella Poli,
novembre 2014
pièce récemment créée au Teatro Victoria
Eugenia de San Sebastiàn (Pays basque
espagnol), donne à ressentir la qualité
profonde d’une intelligence collective au
travail à même les corps. Leur énergie,
leur saisie de l’espace, leurs combinaisons
denses et subtiles. Ce serait question
d’accordance, d’écoute de soi, des autres
et du monde, avec souci d’accord parfait.
Nocturnes découle directement de
l’écoute, là musicale, des pièces pour piano
que Frédéric Chopin composa entre 1827
et 1846. Elles sont pétries de mélancolie. La
réduction à un seul instrument en renforce
la sensation de ligne mélodique très claire
dans sa modulation discursive. Le sombre
romantisme développé par le compositeur,
a par ailleurs donné au chorégraphe l’idée
de se tourner vers les danses macabres
du Moyen-Âge. Soit, en termes de
composition chorégraphique, une forme
de marche processionnaire dansée, à la
façon d’une farandole morbide, par un
grand nombre de participants, danseurs
q
La dernière pièce du programme,
Estro, est un tourbillon de créativité. Le
chorégraphe s’approprie les musiques de
l’Estro Armonico et du Stabat Mater de
Vivaldi. La qualité du travail de Thierry
Malandain est saisissante car il a réussi
aussi à faire vivre ensemble, sans aucune
dissonance, ces deux types de musique : la
première caractérisée par des Allegro et la
deuxième plus douloureuse. Le lyrisme et
la religiosité des passages sur les notes de
Stabat Mater laissent harmonieusement la
place à la joie et la vivacité dégagées par les
danseurs sur les notes de l’Estro Armonico.
En plus de mêler parfaitement les
techniques classiques et contemporaines,
le chorégraphe introduit des éléments de
jazz et de salsa. Les protagonistes aiment
danser cette pièce et le public le ressent.
Espérons pouvoir encore revoir dans les
théâtres ces trois pièces touchantes, car les
programmateurs de spectacles devraient
plus souvent s’intéresser à autre chose
que les contes ou les grandes œuvres du
répertoire.
Le Malandain Ballet Biarritz est une maison
de longue histoire. On n’y pratique guère
le turn-over, à l’inverse de certains ballets
de répertoire. Il y aurait à développer une
critique toute contemporaine, qui pourrait
questionner le principe même d’une
troupe ainsi coulée dans la stabilité, quasi
exclusivement vouée à l’interprétation
des seules pièces d’un auteur unique, son
directeur. Quel rétrécissement d’horizon
n’est-il pas à craindre, chez des artistes
chorégraphiques soumis à pareil régime ?
q
Claire Lonchampt, Nocturnes
© Olivier Houeix
Estro © Olivier Houeix
se succédant dans leur diversité de motifs,
quoique dans une grande homogénéité
rythmique.
Thierry Malandain s’en saisit avec
l’intelligence d’opérer toute une vaste
distribution
savante,
constamment
relancée, de solos ici, ou de duos, de
trios, de quatuors, etc, dans une grande
variété combinatoire de démultiplications,
enchaînements, et répliques. Sur ce
principe, il convient d’observer à présent
la qualité des danseurs, qui se coulent
dans cette logique, en produisant, par-delà
leurs performances singulières et morceaux
de bravoure, une méta-matière d’énergie
généralement partagée.
...
8 9
LA DANSE À BIARRITZ # 60
ACTIVITÉ
Tout en finesse
Ce qu’il faut souligner avant tout est la
très belle qualité de la compagnie. Le
Ballet Biarritz parvient à renouveler ses
effectifs, jouant la carte de la jeunesse
chaque fois qu’un plus ancien doit se
retirer, et cela fonctionne à la perfection
car l’homogénéité du groupe n’en pâtit
pas. La précision du travail de base assure
Estro, sur des extraits de l’Estro armonico
et du Stabat Mater de Vivaldi, est un écho
du ballet que Malandain dansa dans la
compagnie de John Cranko sur la même
musique et une approche totalement
différente, une manière très intime de
revivre ces pages et ce que l’on peut
imaginer qu’elles nous racontent.
Cette danse renonce à flamboyer en
élévations. Elle se préserve de toute
exposition virtuose. Elle se déroule,
dans la dynamique horizontale des
traversées du plateau, en résonance
sourde, plutôt proche du sol, comme
rabattue par la conscience des destinées.
Elle diffuse sa musicalité d’ensemble,
d’interprète à interprète, reliant les termes
de sa discursivité interprétante. On y
entraperçoit l’idée d’un classicisme qui
résonnerait avec le goût contemporain
(ici de la série, d’une certaine démocratie
au plateau, ou encore d’une vibration
intériorisée du mouvement.
On le sait en s’y rendant : il ne faut
attendre de Thierry Malandain aucun
acte révolutionnaire. Il faut en admettre
le sobre et simple projet de donner à
voir la traduction dansée d’une écoute
musicale. Reste qu’il y en a de fort
diverses. Certaines travaillent en surface
et dans l’éclat – et ce péril semble guetter
Estro, autre grande pièce en création
dans ce même programme, composée
sur Vivaldi (qui se prête bien, du reste, à
pareils emportements). Dans Nocturnes,
cette écoute paraît emprunter les voies
(les voix?) de l’intérieur, des corps comme
des sons, faisant chanter les fibres, dans
l’attirance des profondeurs. Osons le gros
mot : c’est beau.
n Ballroom, Gérard Mayen, 25 novembre
2014
10 11
q
q
Laurine Viel & Frederik Deberdt,
Nocturnes © Olivier Houeix
Irma Hoffren & Arnaud Mahouy,
Estro © Olivier Houeix
Charles
Holtzer
C omme nombre d’artistes qui
usèrent leur vie au service de la
danse et n’attachèrent leur nom
à aucune œuvre durable, Charles
Holtzer est tombé dans l’oubli. Le
« fils de l’air » eut pourtant son
heure de succès, mais nul n’en
perpétua la mémoire. En somme
tout était bon pour le laisser dans
l’ombre et le silence. Sauf « qu’on
trouve quelquefois, à force de
chercher, ce qu’on ne trouve pas
d’abord » (1). En témoigne les
deux clichés illustrant ces pages.
Découverts inopinément, à défaut
de pouvoir réveiller tous les
souvenirs endormis, ils redonnent
un visage à celui qui fut maître
de ballet au Casino municipal de
1912 à 1914.
engagés sous la condition de subir cette
épreuve. En clair, ils étaient évalués lors de
trois représentations à l’issue desquelles
le public décidait par scrutin ou par
applaudissements ou sifflets de leur avenir
dans la troupe. Au dernier vote du 12 août
1858, alors que Marie Maury « chuta »
comme 1ère danseuse avant d’être admise
au second rang, seul William Holtzer fut
reçu au grade suprême. Aussitôt, lui arriva
cette mésaventure : « Le 15 août, on jouait
E aux nouveaux arrivants des conditions
parfaites pour se fondre immédiatement
dans le groupe, tout y apportant leur
dynamisme individuel.
Silhouette, la première pièce du spectacle,
est un solo, en référence à la fois à
Étienne de Silhouette, contrôleur général
des Finances sous Louis XV, dans l’hôtel
de qui la pièce fut créée, et à cet art du
découpage de silhouettes qui se développa
au XVIIIe siècle en portant son nom. Ici,
un danseur, Frederick Deberdt, entre
quatre barres, illustre un peu l’essentiel de
l’austère travail de base de tout danseur,
solitaire, intérieur, comme l’avait aussi fait
Neumeier dans son Vaslaw.
Avec la création de Nocturnes, sur la
musique de Chopin, Malandain joue un jeu
complexe, inspiré par ces œuvres au climat
nostalgique et poétique, mais en portant
plus loin leur message qu’il rapproche
de celui des danses macabres du Moyen
Âge. Point d’allusion historique précise
dans les costumes, mais un rapport des
corps dont les rigoureuses structures sont
On y retrouve une scénographie à la
Malandain, c’est-à-dire simple mais
très spectaculaire, avec ces tabourets
incroyables, pots de peinture éclairés
de l’intérieur qui servent aux danseurs à
s’asseoir mais aussi à animer et peupler
l’espace scénique de mille manières.
C’est beau, efficace, très intelligemment
utilisé. L’ensemble de la pièce a
de l’élan, de la spiritualité, de très
brillants passages de danse individuelle
et collective, avec cette musicalité
permanente du geste et du mouvement
qui caractérise les grandes réussites du
chorégraphe. On admire l’engagement
de tous les danseurs qui prennent un
plaisir évident à relever le défi de ces
figures en apparence si simples mais qui
ne le sont pas du tout et qui exigent
rapidité, élégance, décontraction aussi,
et surtout un sens exact de ce que tout
cela signifie. Un moment tout aussi
jubilatoire que poussant à la réflexion.
n Altamusica, Gérard Mannoni,
16 novembre 2014
nfant de la balle, Pierre Charles
Holtzer naquit à Bordeaux, le 9
février 1864. Sa mère, Marie Julie
Maury, dite âgée de 37 ans sur l’acte de
décès de son conjoint en 1882, serait
née en 1845. Ce qui laisse supposer
qu’elle avait 12 ans lorsque les bordelais
la classèrent 1ère danseuse en 1856. Une
hypothèse vraisemblable, puisque d’autres
adolescentes figuraient dans le corps de
ballet, mais il pourrait aussi s’agir d’une
erreur du copiste. Quant à son père,
les investigations de Patrick Ramseyer,
bibliothécaire à la BnF, révèlent que Philip
Johan Wilhelm Holtzer, dit William ou
Guillaume, vit le jour à La Haye, le 16 avril
1830 de Piternella Paternotte et d’Ernst
Wilhelm Holtzer, cordonnier originaire de
Breslau (Silésie).
2ème danseuse au Grand-Théâtre de
Bordeaux en 1854-55, puis 2ème et
1ère danseuse demi-caractère la saison
suivante, Marie Maury entra au Capitole
de Toulouse en 1857-58 sous la conduite
de Marie Guichard. Enfant de l’Opéra,
Marie Guichard avait été remarquée
l’année d’avant à Bruxelles dans Giselle et
La Sylphide. Quittant Toulouse, elle fera sa
rentrée parisienne à la Porte-Saint-Martin
dans Yanko le bandit (22 avril 1858) de
Théophile Gautier et Charles Honoré. De
son côté, Marie Maury signa au GrandThéâtre de Nantes. Connaissait-elle déjà
William Holtzer, 1er danseur à Montpellier
où il laissa de bons souvenirs ? On
l’ignore. Reste qu’ils se soumettront
ensemble à la formalité des « débuts »
sur la scène nantaise : recrutés le plus
souvent par le biais d’agences théâtrales,
les artistes de premier plan étaient en effet
Le Désespoir de Pornic. Pendant qu’on
dansait, M. Holzer a touché une arme à
feu, placée dans la coulisse, et a reçu la
décharge de poudre dans l’avant-bras ; la
représentation a dû être suspendue. La
blessure n’est pas grave. M. Holzer pourra
sous peu de jours reprendre son service » (2).
A l’expiration de la saison 1858-59, les
échos faisant ressortir leur attachement
au Covent-Garden de Londres et au
Théâtre-royal de la Haye, l’un et l’autre
signèrent manifestement à l’étranger. La
Lorgnette, les signale toutefois à Bordeaux
q
...
Trois pièces au programme de ce spectacle
du Malandain Ballet Biarritz en tournée et
accueilli à l’Opéra de Reims. Trois aspects
d’un travail toujours renouvelé mais fidèle
à des données de base d’une grande
rigueur. Le néo-classicisme personnel de
Thierry Malandain reste un langage vivant,
apte à exprimer les propos les plus variés.
quasiment une contre-lecture savante de
l‘évanescence, assez morbide il est vrai, des
Nocturnes de Chopin. Point de romantisme
apparent, mais l’angoisse d’enchaînements
menant inéluctablement vers notre fin
dernière. Malandain ne cherche ici rien de
spectaculaire ni d’extérieur mais reste dans
une sobriété de geste et de mouvement
volontairement assez glaçante, au-delà des
réactions de surface que cette musique
éveille en général.
Charles Holtzer
...
...
LA DANSE À BIARRITZ # 60
en 1862-63. Effectivement, ils débuteront
en septembre dans le pas hongrois et le
pas noble de Lucia di Lammermoor de
Donizetti, tandis que Marie Maury dansera
deux nouveautés d’Ernest Gontié : Frantzia
(5 décembre 1862) et Nénaha, reine des
fées (3 mars 1863) ; en mars de l’année
suivante, leur fils Charles verra le jour sur
les bords de la Garonne. Après plusieurs
années sans information, les engagements
signalés à Lille, Berlin et Londres n’ayant
pu être vérifiés, le couple paraît au Théâtreroyal de Liège en 1868-69. Elle comme 1ère
danseuse, lui au titre de 1er danseur, maître
de ballet : « l’on a beaucoup applaudi M.
Holtzer, notre habile maître de ballet, ainsi
que nos danseuses Mmes Maury, Noelly
et Rey » (3) dit La Comédie, à propos du
Prophète de Meyerbeer dont nous allons
reparler. En 1869-70, Marie Maury signe
à Paris aux Menus-Plaisirs et se distingue
en plaidant contre son directeur. Il s’agira
d’appointements non payés, de refus de
rôle. La saison d’après les retient à Bruxelles
au Théâtre-royal de la Monnaie. Holtzer y
met au point, Giselle, Une Fête hongroise,
Le Nid d’amour, tout en signant Estella,
the queen of the stars à Londres. Puis à
nouveau plus de trace, « la toute gracieuse
et piquante Marie Maury » (4) reparaissant
en juin 1874 à Paris aux Folies-Marigny
dans Les Filles de l’air, pièce d’Henri
Buguet imitée de La Sylphide. En 1880, le
couple se fixe au Skating-Théâtre, haut-lieu
du patinage à roulettes.
Né en Belgique vers 1760, le patin à
roulettes fut amélioré à Paris en 1819
par Charles-Louis Petibled, qui déposa
le brevet d’un patin à trois roues en
ligne munis d’un « arrêtoir ». « Pour faire
réussir cette nouveauté, la Porte-SaintMartin donna une pièce dans laquelle le
danseur Dumas et sa femme patinaient
sur roulettes » (5) note Eugène Chavette.
Le « patineur dramatique » se produira
assurément au Cirque Olympique dans La
Vivandière en 1824. Après, le « cingar »
de Jean Garcin, célèbre patineur à glace
de la Restauration, en 1849, le modèle
à deux roues de Louis Legrand fit naître
un engouement qui gagna les théâtres,
à l’exemple de l’Opéra, où le 16 avril
1849, Auguste Mabille régla le ballet des
patineurs du Prophète : « une de ces jolies
choses qui assurent la vogue d’un opéra »
écrit alors Berlioz (6). Louis Legrand ayant
fourni les patins et enseigné la pratique
aux danseurs, sur une toile représentant la
glace, des lames de métal dissimulant les
roulettes, par sa fantaisie, ce ballet désarma
les défenseurs de la danse noble, car les
patins d’alors préférant la ligne droite, on
12 13
n’évita pas les chutes. L’américain, James
Plimpton, résolut en partie ce problème,
mais lorsqu’il dévoila ses « rocking skate »
à l’Exposition Universelle de 1867, ses
quatre roues sur essieux mobiles ne
s’imposèrent que timidement. Venu
d’Amérique et d’Angleterre, le chic du «
skating » ne s’affirma en France qu’une
décennie plus tard. On établit alors un
peu partout des salles de patinage, des
planchers bitumés, comme à Biarritz, où
en 1876, le théâtre du Casino Bellevue fut
converti en « skating-rink ».
A Paris, après le Skating-Palais, sous la
direction d’Aymard Dignat, le SkatingConcerts de la rue Blanche ouvrit le 6
janvier 1877. Une piste admirable, un
large promenoir, le temps presse pour
décrire cette salle immense dont on ferma
les portes en 1878 afin de l’embellir et
l’augmenter d’une scène. Dignat, qui
avait puisé aux Folies-Bergère son amour
pour les attractions de tous genres,
désirant en plus des séances de patinage
et des fêtes offrir des ballets. « Craignant
sans doute d’être, comme Sodome et
Gomorrhe, dévoré par le feu du ciel et
voulant faire amende honorable » (7) il
proposera aussi des concerts spirituels.
Le 6 octobre 1878, à la réouverture du
lieu rebaptisé Skating-Théâtre, les ballets
portèrent la marque de Henri Justamant,
puis de Mariquita. En janvier 1880, Dignat
prenant la tête du Trianon d’Asnières, son
successeur, le cornettiste Jean-Baptiste
Arban, qui jouissait d’une grande vogue
comme chef d’orchestre de bal, s’attacha
William Holtzer. Il ne fera appel au « talent
classique » (8) de Marie Maury qu’en
LA DANSE À BIARRITZ # 60
septembre 1880. Alors certains purent
croire qu’elle était la sœur de Rosita
Mauri, l’étoile du Palais Garnier. Elle n’était
sa parente à aucun degré, en revanche
était-elle alliée à Hyppolite Maury, cornet
solo à l’Opéra et successeur d’Arban au
Conservatoire de Paris ? Car sans prétendre
à d’obscurs procédés, on ignore si Mariquita
laissa le Skating-Théâtre de son plein gré
ou si elle fut remerciée, Holtzer obtenant
la place grâce aux relations de son épouse.
Quoiqu’il en soit, avec grand succès, il
régla Les Cruches cassées (19 mars 1880)
ballet pour lequel le livret fut commandé
à Pedro Garcias, la musique à Charles
Hubans. Après cet ouvrage, qui permit au
chorégraphe « de composer des ensembles
d’un effet merveilleux » (9) vint Le Triomphe
de Vénus (20 avril 1880). En juillet 1880,
la salle subit de nouvelles transformations.
On continua à y patiner, mais les spectacles
prirent plus d’importance. « Placé au
premier rang parmi les maîtres de ballet
de la capitale » (10), Holtzer se vit confier la
direction d’une école de danse gratuite :
40 jeunes filles de 12 à 15 ans s’ajouteront
aux 32 danseuses du corps de ballet ayant
à sa tête Marie Maury et Eléonore Rozé,
l’épouse du danseur Antoine Ajas. Pour
l’anecdote, en 1869, leur union avait été
la cause d’un incident qui fit du bruit dans
le monde du théâtre : la veille, les futurs
conjoints étaient allés régler la cérémonie
chez le vicaire et lorsque la danseuse
exprima le désir d’être mariée à l’autel de
la Sainte-Vierge, l’ecclésiastique prenant
connaissance de sa profession lui répondit :
« Mais savez-vous qu’il faut faire beaucoup
de choses pour être mariée à cet autel ;
en êtes-vous digne ? » (11). Sauf que pour
exprimer sa répulsion à l’égard des artistes,
l’abbé avait fait un mauvais choix, car en
vertu de son honnêteté et de sa piété, la
danseuse était médaillée d’honneur de la
Société d’encouragement au bien. Pour
retourner à la vie ordinaire, le 16 septembre
1880, plus de 4.000 personnes assistèrent
à la réouverture du Skating devenu le
Palace-Théâtre : « un immense bazar, écrit
Eugène Hubert, où l’on pouvait tout voir,
tout entendre, excepté le spectacle. On
aperçoit bien dans le fond quelque chose
comme une toile peinte qui représente
un décor. On se doute aussi, à certaines
formes féminines ayant l’air de s’agiter
en mesure, qu’il s’agit d’un ballet. Mais
l’attention est ailleurs, le spectacle n’est là
que l’accessoire. Pour moi, je le regrette.
J’ai entendu de plus vilaine musique que
celle de M. Genin ( à propos du ballet,
Le Foyer de la danse ) et j’ai rarement vu
un ensemble plus soigné que celui des
exhibitions du Palace-Théâtre » (12).
Malgré ces désagréments, on afficha La
Perle du Guadalquivir, divertissement
espagnol mettant en vedette Marie Maury,
puis Monseigneur le Bailli, ballet-comique
de Charles Solié, qui conduisait l’orchestre
dans un brouhaha constant, d’où les
cuivres écrasant les violons. William
Holtzer fit ensuite applaudir Danéa, (10
octobre 1880) ballet-féerique de Léonce
Ferret, musique de Rosemberg et Solié.
Les costumes étaient d’Alfred Grévin,
les décors peints par Eugène Fromond,
avec trucs et machines d’Eugène Godin,
car tout comme au Châtelet, « les fées
descendaient des nuages ». Danéa :
« de la vraie chorégraphie qui fait le plus
grand honneur à M. Holtzer » (13) dépassa
la 100ème, Marie Maury faisant « des
prodiges ; ses pointes sont inimitables » (14)
note Le Figaro. Entre temps, sur des airs
de Simon Dennery, William Holtzer créa
Stella (5 décembre 1880), « ballet plus
poétique que compréhensible » (15). Puis
s’inspirant des mœurs flamandes, La
Kermesse (16 janvier 1881), « un petit
drame plein d’originalité » (16) pour lequel
Adolphe Godefroy livra la partition.
S’essayant « aux pompes couteuses » de
la féerie, le Palace-Théâtre donna ensuite
les 3 actes de La Fée cocotte (1er février
1881) de Gaston Marot et Edouard
Philippe, musique d’Emile Bourgeois
et Raoul Pugno. Le grand ballet de l’Ile
joyeuse mettait en avant Eléonore Rozé,
Marie Maury et sa rivale, Giuseppina
Bajetta, du Théâtre-royal de Madrid.
Chacune avait ses partisans, il y avait les
« Bajettistes » et les « Mauristes ». C’est
pourquoi, s’inspirant d’un duel pour
rire qui avait eu lieu au Cercle des Arts
Libéraux entre le baron Athos di San
Malato et Edouard Philippe, Léon Marx
fournira le livret de Foyer de la Danse
(6 mai 1881), musique de Paul Génin.
Mais avant, Holtzer imagina Pongorillo (8
avril 1881) musique d’Eugène Antiome.
« Quelque chose comme le Dernier des
Mohicans, compliqué d’un nègre et
d’un singe » (17) dit Le Gaulois. Au vrai,
ce ballet rappelant, Jocko ou le Singe du
Brésil (1825) de Frédéric-Auguste Blache,
Holtzer en tant que librettiste connaissait
manifestement ses classiques, mais pour
priver les littérateurs de leurs privilèges, la
presse « scalpera » Pongorillo. Le temps de
se remettre de cette opération capillaire,
escorté de Jean-Baptiste Arban, Holtzer se
rendra en Italie recruter le personnel de la
saison 1881-82. Ainsi, le 2 octobre 1881,
renforcé d’un bataillon de milanaises, il
créa La Maschera, musique de Paul Génin
et La Farandole, musique de Rosemberg.
En 1882, l’année s’ouvrit avec La
Kermesse et Fiorellina (14 février 1882),
musique de Paul Génin. Vint ensuite, La
Mexicaine (10 septembre 1882) de Félix
Ribeyre, musique d’Adolphe Godefroy ;
La Fête de la rosière (27 septembre
1882), musique de Solié, enfin sur des
airs de Louis Goudesone, La Bayadère (27
octobre 1882) Pour ainsi dire, le succès
posthume de William Holtzer, car atteint
d’un cancer, il mourut à son domicile,
passage de Clichy, le 16 octobre 1882 à
l’âge de 52 ans. Afin de ne pas reléguer
dans les cartons les projets de son époux
et assurer la suite, Marie Maury signa
son premier opus : Paquita (22 décembre
1882) musique d’Edouard Deransart.
Puis, sous le nom de Maury-Holtzer,
Les Poupées électriques (8 mars 1883)
musique de Frédéric Barbier. « Ce ballet est
monté du reste, avec beaucoup de soin » (18)
observe Le Ménestrel. Mais, Arban ayant
traité avec Henri Justamant, la débutante
s’effaça. En 1885, le terrain occupé par
le Palace-Théâtre fut vendu pour y élever
de nouveaux édifices dont un théâtre, qui
après restauration par Édouard Niermans
deviendra le Casino de Paris. Il ouvrira
avec un ballet, Le Capitaine Charlotte (18
octobre 1890) de Carlo Coppi, musique de
Marenco dans lequel dansera Nina Bricca,
future épouse de Charles Holtzer. Sans
quoi, après le Casino de Paris, l’architecte
Édouard Niermans rénovera à Biarritz le
Casino Bellevue en 1902, puis l’Hôtel du
Palais en 1903. Cette année-là, Charles
Holtzer danse et règle les ballets à Anvers.
Né sur les planches, sans doute profita-t-il
des leçons de son père avant de récolter
ses premiers bravos. La carence de traces
fait supposer qu’il débuta à Nantes en
1883-84 comme danseur demi-caractère
...
auprès de François Rougier. Deux ans
après, avec le titre de 1er danseur comique
de l’Eden-Théâtre, il parcourt la province
dans Les Bibelots du diable (21 août
1858) féerie de Théodore Cogniard et
Clairville, musique de Julien Nargeot
et Jules Boucher dont « la plus grande
part du succès revient aux ballets réglés
par Mme Maury-Holtzer » (19) écrit de
Roanne le correspondant de L’Europe
artiste, qui ajoute : « Charles Holtzer a été
chaleureusement accueilli, sa variation des
pirouettes a été enlevée avec une force
et une légèreté qui prouvent le danseur
de bonne école. » La saison suivante on
dira à Clermont-Ferrand : « l’Ami Holtzer,
a réellement mérité le surnom d’Homme
toupie qui lui a été donné à Paris par les
habitués de l’Eden-Théâtre » (20), tandis
qu’à Rochefort on trouvera digne « de le
faire surnommer fils de l’air » (21).
q
14 15
L’Eden-Théâtre
Le 16 septembre 1886, au café-concert
des Bateaux-Omnibus, quai d’Auteuil,
lors d’une soirée au bénéfice du baryton
Bénézit, un grand ballet fantastique est
dansé sous la direction de « Mlle Marie
Maury et de M. Charles Holtzer. » Pour
dire que mère et fils régleront en duo
plusieurs ouvrages, tel Défense de danser
à l’Eden-Théâtre. Avant, s’inspirant d’une
gravure de Gustave Doré intitulée : Un
anglais à Mabille, en mars 1887, Marie
Maury signe Milord à Mabille à l’Alcazar
d’Hiver. Ce « gracieux divertissement très
bien réglé et dansé fort élégamment par
Mlle Macaro et M. Holtzer, fils » (22) sera
repris aux Délassements-Comiques en
avril avant une féérie-ballet titrée : Un
Voyage aux étoiles (15 mai 1887). En
juillet, « l’éminente maîtresse de ballet » (23)
investit l’Eden-Théâtre.
Près de l’Opéra, l’ouverture de l’EdenThéâtre fut l’évènement de l’année 1883.
Au moyen de grands ballets italiens
montés avec luxe et large personnel, il
connut de brillants débuts, mais n’étant
pas subventionné et le public se lassant
de tout, après trois ans, il parut impuissant
à remplir sa salle et sa caisse. Il fut alors
décidé de marquer une pause avec les
ballets importés d’Italie et de faire des
économies tout en faisant valoir les droits
des artistes français. La direction songea à
Mariquita avant d’appeler Edouard Pluque.
Entré à l’Opéra en 1849, après son service
militaire, Pluque était revenu comme
mime et régisseur de la danse. De haute
taille, lorsque la conscription l’appela
sous les drapeaux, il servit sept ans dans
les Cent-Gardes, l’escadron d’honneur
de Napoléon III. A ce titre, on présume
qu’il escorta le couple impérial à Biarritz.
A l’Eden, Pluque régla sans trop de frais
Djemmah (16 février 1886), ballet persan
du bayonnais Léonce Détroyat, musique
de Francis Thomé et du même musicien,
La Folie parisienne. Tout laisse croire que
c’est à cet instant que Charles Holtzer entra
dans la troupe, même s’il ne figure pas dans
les rôles principaux. Après les proportions
ordinaires de ces deux titres, en mai 1886,
la scène fut rendue aux masses italiennes
avec la reprise de Brahma, ballet-féerie en
3 actes, de Costantino Dall’Argine, réglé
par Achille Balbiani d’après le bordelais
Hyppolite Montplaisir. Pour l’anecdote, en
ouverture de 1886-87, Balbiani mettra en
scène : « un très vieux ballet français qui
nous revient d’Italie » (24). Il s’agira de La
Fille mal gardée de Jean Dauberval créée
à Bordeaux en 1789. En juin 1887, L’Eden
fut loué pour trois mois à Emile Comy.
Comme aux Folies-Bergère dont il avait
été l’administrateur, il mêla les attractions
aux ballets. Ainsi après Blondes ivresses
(16 juin 1887) de Balbiani, vint Défense
de danser (2 juillet 1887) de Marie Maury,
musique de Jean-Baptiste Faissol. Un
détail, enregistrant le succès de ce titre
paradoxal, la presse l’attribuera à William
Holtzer : « L’auteur, M. Holtzer, est mort
LA DANSE À BIARRITZ # 60
depuis déjà quatre ans, et c’est sa veuve
qui, secondée par son fils, un adroit
danseur, a réglé et dirigé les répétitions de
cet ouvrage » (25). Après Défense de danser,
principalement interprété par Cilli Czerné,
Effisia Foriani, Silène de Gaspari et Charles
Holtzer, sur une autre partition de Faissol,
Marie Maury créa Les Recrues (19 juillet
1887). Entre temps, Comy, qui se trouvait
dans l’incapacité de payer ses artistes,
lâcha les rênes de l’Eden. Sans faillir, la
troupe continua l’exploitation estivale du
théâtre, en chargeant le chef d’orchestre,
Léopold de Wenzel, de ses intérêts. Ainsi,
dès le 23 juillet, on revint au genre italien
avec La Cour d’Amour qui avait déjà
connu 250 levers de rideau. Ovations,
cascades de fleurs, Charles Holtzer ne
participa qu’aux premières soirées de cet
opus de Balbiani et Wenzel, puis quitta
l’Eden avec le désir de créer à son tour. A
ce stade, nous nous bornerons à quelques
titres, car à l’encontre d’une idée établie,
l’activité chorégraphique était en plein
essor et malgré la déficience des sources,
on pourrait réserver plusieurs pages aux
œuvres de Charles Holtzer et de sa mère.
Chez certains artistes de ce temps, la tâche
de retrouver les airs anciens et de faire
revivre les danses de jadis était à l’honneur.
Marie Maury réglera ainsi Menuet-Gavotte
(3 février 1888) à l’Alcazar ou encore
Une Soirée sous Louis XV (14 novembre
1889) à l’Alhambra. Dans un autre genre,
tout en œuvrant au Prado-Nouveau, aux
Délassement-Comiques et à l’Alhambra,
en mars 1890, succédant à Mariquita, élue
aux Folies-Bergère après le décès de Henri
Justamant, Marie Maury entra au Théâtre
de la Galerie Vivienne. Sur scène et dans la
salle, les jeudis, dimanches et fêtes étaient
consacrés aux enfants. Ainsi à la tête d’une
troupe de « Taglioni en herbe », elle régla
La Belle et la Bête, féerie d’Alphonse de
Jestières et Charles Morin, musique de
Maurice Mirecki ; Aladin ou la lampe
merveilleuse, opérette-féerie d’Ernest
Depré, musique d’Albert Renaud en 1891 ;
Le Chat botté, opérette-féerie d’Alphonse
de Jestières, musique d’Adrien Bérou en
1892. L’année d’après, outre remonter Le
Seigneur du village aux Folies-Belleville
(août 1893), elle agence les ballets des
revues équestres du Cirque Fernando.
Laissé à l’Eden en juillet 1887, son fils
disparait des annales avant d’être signalé
en 1888-89 comme 1er danseur, maître
de ballet au Grand-Théâtre de Gand.
L’exercice suivant, la salle étant concédée
à une troupe allemande, son nom s’efface
pour ne ressurgir qu’en 1892-93 au GrandThéâtre de Montpellier. Au tableau de
la troupe figure alors Marie Carrère, 1ère
danseuse noble et Holtzer, 2ème danseuse
demi-caractère. Sa mère s’étant retirée de
la scène, tout mène à croire qu’il s’agissait
de son épouse. Ainsi, suivant les recherches
de Patrick Ramseyer, après publication des
bans à Paris le 24 juillet 1892, c’est-à-dire
avant de s’établir à Montpellier, Holtzer
avait épousé Catherine Vincente Bricca,
dite Nina Bricca. Elue 1ère danseuse demicaractère à Montpellier en 1893-94, dans
La Juive de Jacques Halévy, elle sera ainsi
saluée : « le ballet de M. Holtzer marche à
souhait et Mlles Carrère et Holtzer, qui en
sont le plus bel ornement, font applaudir
leur grâce et leur sveltesse » (26).
partitions de Gussem : Les Villageoises
et Les Naïades (9 juillet 1899). L’exercice
suivant, les nantais apprécieront, Nedja
(15 mars 1900), musique de Sélim ; Abeille
et Mimosa (30 mars 1900) de Gussem. A
la fin de la saison 1899-00, cédant sa place
à Céline Rozier, Holtzer retourne à Anvers,
où il s’établira de 1900 à 1905.
En 1894, quittant Montpellier pour
succéder le temps d’un été à Auguste
Cluzeau, Holtzer donne les preuves de
son savoir-faire au Casino d’Arcachon.
Outre les ballets liés à Faust, Le Chalet, La
Mascotte, etc., il créé Les Cosmopolites
(12 août 1894) et reprend Le Seigneur du
village, musique de Faissol, monté avec sa
mère à l’Alhambra en 1889. On le retrouve
ensuite à Gand avec son épouse dans la
troupe formée par Horace Martini. Parmi
les 49 œuvres jouées en 1894-95, il est
honoré « pour les soins intelligents qu’il
apporte à la partie chorégraphique » (27) de
l’Africaine et du Trouvère. En revanche, Le
Seigneur du village ne passe pas aux yeux
de la critique : « ce hors-d’œuvre d’un goût
douteux n’est franchement pas à sa place
sur notre première scène » (28). A la fin de
son contrat, remplacé par Linda Pastore,
Holtzer signe pour l’été au Kursaal de
Dunkerque. En octobre 1895, alors que
son épouse est reçue 1ère danseuse noble à
Toulouse, il rejoint Nantes sous la direction
de Henri Jahyer, qui mettra fin à ses jours
en janvier. On parle de dettes de jeux, on
dit aussi que les artistes se réuniront en
société pour finir la saison. Ne sollicitant
pas le renouvellement de sa charge, en juin
1896, Charles Holtzer quitte Nantes pour
Dunkerque.
Passé l’été, tandis que sa mère occupe
l’affiche de salles parisiennes (Bataclan,
Bouffes du Nord, Théâtre Déjazet, de la
République, de la Renaissance, Moncey,
etc.) prenant la suite d’Adelina Gedda
applaudit à Biarritz dès 1907, il enchaîne
au Théâtre-royal d’Anvers de 1896 à 1898.
La danse n’étant pas le but souverain des
scènes lyriques, entre Le Cid, Samson et
Dalila, Le Roi d’Ys et Sigurd, pour les jours
où il n’a rien d’autre à présenter, il créé et
danse Merveilleux (23 mars 1897), PierrotJoujou (22 novembre 1898) et Djamileh (4
mars 1898) d’Antoine de Graef, musique
Théo Charlier. Parallèlement, il signe les
pas de Paris pour le Tsar (24 décembre
1896) au Théâtre Dejazet et en mars 1898
avec sa mère ceux du Grand Mongol au
Théâtre de Montparnasse et des Gobelins.
Vie errante et vagabonde, en 189899, il retrouve Nantes pour une seule
nouveauté : Les Sultanes (12 février 1899),
musique d’Adolphe de Gussem. L’été
appelant la troupe au Casino des Pins
des Sables-d’Olonne, entre Mam’zelle
Nitouche, Le Petit Duc, Les Mousquetaires
de la Reine et Mignon, il reprend Défense
de danser, Les Cosmopolites et créé deux
Sous la direction du chef d’orchestre
Constantin Bruni, après Les Sultanes et
Nedja, Charles Holtzer mettra au point
à Anvers les divertissements lyriques et
plusieurs ballets inédits : L’Intrigue galante
(6 mars 1901), musique de Louis Barras ;
Les Naïades (2 décembre 1901), musique
de Franz Andelhof ; Milord et gommeuses
(26 mars 1902), musique de Jacques
Martin ; La Fée des Ondes (12 mars 1903),
musique de Franz Andelhof ; L’Epreuve (26
mars 1903), musique de Louis Hillier ; Une
q
...
LA DANSE À BIARRITZ # 60
Charles Holtzer
...
...
LA DANSE À BIARRITZ # 60
Fête galante (22 février 1904), musique de
Jacques Martin. Dans le même temps, il
revisite les succès de collègues : Fleur des
neiges (5 avril 1888) de Théodore Joseph
Charansonney, musique d’Albert Cahen ;
Cigale (4 février 1904) de Mariquita,
musique de Jules Massenet ; Coppélia (25
mai 1870) d’Arthur Saint-Léon, musique
de Léo Delibes. Du même musicien, il
existe aux USA une partition de Sylvia
que Louis Mérante créa à l’Opéra le 14
LA DANSE À BIARRITZ # 60
relevé dans les théâtres royaux de Belgique
avant Liège en 1907. Tout comme n’a
pas été enregistré sa reprise à Toulouse
la même année semble-t-il. En attendant,
remplacé à Anvers par Elvira Viola, c’est
au Grand-Casino de Vichy que Holtzer
passe l’été 1905. Outre, Cigale, Coppélia
et le ballet de Henry VIII de Saint-Saëns,
il monte La Korrigane (1er décembre 1880)
de Louis Mérante et Charles-Marie Widor,
Les Sphinx (11 août 1903) de Georges
Saracco, son devancier à Biarritz, mais
aussi Sylvia. A cette occasion, il interprète
le rôle d’Orion auprès de Carlotta Brianza.
Simultanément, sa mère poursuit son
activité parisienne, avec notamment, Le
Voyage avant la Noce (20 décembre 1902),
opérette de Victor de Cottens et Robert
Charvay, musique de Louis Varney dont elle
règle les danses au Théâtre Trianon. Tous les
soirs, Les Elks s’y faisaient applaudir. Héros
du jour, ils avaient importé d’Amérique
le « cake-walk » dans la revue Les Joyeux
nègres jouée au Nouveau-Cirque le mois
précédent. Profitant de la vogue de cette
« danse du gâteau », sur des motifs de
Louis Varney, Marie Maury publiera La
Théorie du Cake-Walk en mars 1903. En
juillet 1904, pour les matinées lyriques
du Jardin d’acclimatation, elle monte les
ballets de La Juive et ceux de GirofléGirofla de Charles Lecocq, puis disparaît
des rubriques théâtrales. Sa mort passera
inaperçue. Quant à son fils, quitté à Vichy
en 1905, les articles inclus dans la partition
déjà évoquée témoignent d’un séjour à
Liège en 1907 : « servi aux mieux par la
grâce vaporeuse » d’Olga Ghione, il monte
Sylvia avec « son talent accoutumé ». On
situera l’épisode en 1906-07, car la saison
d’après, Olga Ghione rejoint sa sœur Rita à
Rouen. Toujours noté « Sylvia Liège 1907
», un second article évoque son « brio
désinvolte » dans le rôle d’Orion auprès
de Colette Savio. Sinon, un entrefilet le
signale au Théâtre-royal d’Ostende en
juillet 1908, après quoi, Constantin Bruni
nommé en Suisse l’appelle au GrandThéâtre de Genève.
juin 1876. Appartenant à Charles Holtzer,
elle inclut le matériel de production du
ballet, des coupures de presse, des notes
personnelles et des dessins datés 1905,
représentant Carlotta Zambelli et Albert
Aveline de l’Opéra dans les rôles de Sylvia
et d’Orion. A l’instar de nos deux clichés,
cette partition porte le tampon : « Charles
Holtzer - maître de ballet – professeur de
danse ». Elle est aussi timbrée : « Théâtreroyal », mais aucune trace de Sylvia n’a été
16 17
Outre les ballets lyriques, Holtzer y
offrira en 1908-09 : La Korrigane, Sylvia,
Coppélia, Les Villageoises, tout en
revisitant Milenka (3 novembre 1888) de
Georges Saracco, musique de Jan Blockx
et Mimosa (9 février 1904) d’Antoine Van
Hamme, musique de Justin Clérice. Mais
vu que « l’excellent maître de ballet » (29)
œuvra sur les rives du Léman jusqu’au
printemps 1914, oublions les dizaines de
titres qu’il interpréta et porta à la scène.
Toutefois, Le Lac d’Emeraude (26 mars
1910), livret et musique d’Achille Monté,
dit Chillemont, mérite d’être relevé,
puisque ce ballet-légende sera repris par
cinq de ses collègues, dont Josette Garcia
à Cabourg en juillet 1927. Maîtresse de
ballet à l’Opéra d’Alger, elle était la nièce
d’Emma Sandrini, étoile de l’Opéra et
de Biarritz pourrait-on dire. On citera
Pour des motifs que nous ignorons, Charles
Holtzer ne fut pas mobilisé. Remplacé dès
l’automne 1914 à Genève par MichelAnge d’Alessandri, les premiers mois du
conflit le laissèrent semble-t-il désœuvré.
Résidait-il encore en Suisse ? Aujourd’hui
tout est flou et on nage dans l’inconnu. Ce
qui est certain, c’est qu’entre novembre
1915 et octobre 1917, il règlera plusieurs
ballets à Paris au Théâtre Moncey tout en
dansant dès novembre 1916 à l’OpéraComique. Il avait 52 ans.
également, Antoine Van Hamme à Troyes
en mai 1912, car trois mois après, Charles
Holtzer sera engagé à Biarritz pour diriger
la troupe estivale du Casino municipal.
Un « Ballet de tout premier ordre » (30)
se flatte La Gazette de Biarritz tout en
promettant : Thaïs, La Tosca, Werther,
Carmen, Les Contes d’Hoffmann, Orphée
et Eurydice, Manon, Le Roi d’Ys, Samson
et Dalila, La Bohème, etc., sans dire si la
saison composée par Gaston Coste, chef
d’orchestre, offrira de vrais ballets. Au
reste, centré sur les mondanités et les
visites royales, l’organe dévoué à la station
ne rendra compte de rien. Mais, Holtzer
dût donner satisfaction au public et aux
intérêts d’Alfred Boulant, tenancier des
deux casinos biarrots puisqu’il reviendra
en 1913. « D’une rapacité sans exemple,
grand seigneur du tapis vert, réalisant près
de 2 millions de bénéfices par an, Boulant
possédait à lui seul la colossale fortune de
40 millions. Comment-voulez-vous qu’il
ne soit pas le maître absolu de Biarritz ? »
s’interroge Le Progrès théâtral en 1913.
Cet été là, on afficha : Werther, Carmen,
La Navarraise, Paillasse, Manon, etc., mais
de nouveau La Gazette passa sous silence
les ballets. La troupe de 12 danseuses
avait pourtant à sa tête Carlotta Brianza,
la créatrice de La Belle au bois dormant
de Marius Petipa à Saint-Pétersbourg
en 1890. Alors étoile de l’Olympia, elle
enchaînera comme maîtresse de ballet
à Rennes. S’ajoutaient Nina Barbero et
Costante Pietrina, dite Nina Sereni, 1ère
travestie et maîtresse de ballet à Nîmes,
elle venait de paraître au palmarès de la
Légion Violette. Réengagé en 1914 pour
une saison promise comme brillante,
Holtzer ne fit que passer, puisque le 3
août la France entra en guerre. Loin de la
« grande boucherie », début septembre, le
Casino fut aménagé en hôpital militaire.
Dans ses imitations d’artistes de caféconcert, le 20 avril 1915, l’étourdissante
basquaise Louise Balthy et Cléo de Mérode
s’y produiront devant 600 blessés, mais
c’est une autre histoire.
Si l’on revient en arrière, le 30 juin
1914, l’Opéra-Comique administré par
Vincent et Emile Isola et dirigé par PierreBarthélémy Gheusi, qui aussi transforma à
Biarritz son domaine d’Ilbarritz en hôpital
militaire, avait clôt sa saison avec la
création de Mârouf, savetier du Caire (15
mai 1914) de Henri Rabaud. Mariquita,
directrice de la danse avait signé les ballets
avec, en solistes, Sonia Pavlof et Robert
Quinault. Trois mois plus tard, malgré
le départ au front d’une partie de son
personnel, le théâtre rouvrira ses portes.
Gheusi maintenant l’activité tout au long
du conflit, parfois sur son propre argent.
En matière d’anecdote, outre les soirées au
profit des blessés, parmi les dons adressés
par le personnel du théâtre à l’hôpital
temporaire de la rue Saint-Georges, la date
du 7 mai 1914 retient ces noms dansants
: Cléo de Mérode, ouate, bandes pour
pansements ; Jeanne Chasles, boule à eau
chaude ; Mariquita, draps, 400 cigarettes.
Pour revenir à l’essentiel, Robert Quinault,
combattant à Verdun, Charles Holtzer fut
certainement choisi pour le remplacer
dans Mârouf, dès le 9 novembre 1916.
L’œuvre sera programmée par Gheusi
jusqu’en octobre 1918, date à laquelle,
l’auteur de Biarritz-des-Goélands fut
limogé par le Ministre des Beaux-Arts du
gouvernement de Clémenceau. Selon les
uns, Le Tigre son ennemi juré, « un homme
de main et non un chef d’État » (31) avait
été instrumentalisé par les frères Isola,
pour d’autres, tel le ténor Eustase Thomas,
Gheusi était « le roi fainéant » (32). Mais
jetons un voile sur cet épisode, puisque
nous ignorons ce qu’il y a dessous. Reste
que tout se trama à Paris en l’absence
de l’intéressé, c’est à dire entre août et
septembre 1918 durant l’exceptionnelle
saison de l’Opéra-Comique à Biarritz.
Mârouf et Charles Holtzer étaient du
voyage. Au retour, Mariquita ayant d’autres
ballets sur le feu, Holtzer signera ceux de
La Fille de Madame Angot, le 28 décembre
1918. Plus tard, le 20 janvier 1919, lors
d’une réception du Comité musulman
de Paris, avec Albert Aveline et Alice
Wronska, sa partenaire dans Mârouf, il se
produira devant l’émir Feïçal venu assister
à la Conférence de la paix. On notera par
ailleurs qu’une lettre de la danseuse Aïda
Boni, datée du 24 décembre 1918, le fait
clairement apparaître comme maitre de
ballet de l’Opéra-Comique. C’est d’ailleurs
ainsi qu’il se présentera désormais.
La paix retrouvée, en 1919-20, Henri
Villefranck, basse chantante qui se
fit entendre à Bayonne et doyen des
directeurs de théâtres, l’engage au Théâtre
municipal de Strasbourg. A la tête d’un
corps de ballet conduit par Georgine
Opalvens et Thérèse Lirva, Charles Holtzer
œuvra en Alsace jusqu’en 1926. Sans
fracas, ni réclame, car s’il régla le Ballet
égyptien (23 mai 1921) d’Alexandre Luigini
pour clore « dignement » le centenaire du
Théâtre de Strasbourg ou encore Nuit de
mai (29 mars 1924), d’Alphonse Gross,
la presse ne relèvera que ses succès dans
les opéras, telle La Juive : « le joli ballet
aux tutus gracieux fut un poème pour les
yeux comme une toile de Carrier-Belleuse.
Des fleurs et des rappels témoignèrent aux
artistes de la satisfaction du public » (33). A
partir de 1920, Villefranck étant nommé
à Vichy, la troupe prête son concours à la
saison d’été du Casino. En 1905, Holtzer
avait pu y mettre en scène des œuvres de
taille. Cette fois, à l’exception de Ballet
blanc d’Edmond Filippucci, Villefranck,
qu’on suspectera de minorer la danse à
...
LA DANSE À BIARRITZ # 60
pour Suzanne Mante, ex-premier sujet de
l’Opéra, Holtzer disparaît trois saisons des
annales pour ne ressurgir qu’en 1928-29 à
Nice. Succédant à Charles Céfail engagé à
Marseille, il intercale les pas dans Manon,
Hérodiade, Faust, Sigurd, etc., ce qui lui
vaut cet éloge : « La danse, stylisée par M.
Holtzer, est réellement digne de l’Opéra
de Nice » (36). Ultime écho précédant le
silence, car remplacé en 1929-30, par
Laurent Natta, Charles Holtzer s’exilera
dans l’oubli. Alors âgé de 66 ans, peut-être
finit-il ses jours à Turin d’où son épouse
était originaire, en tous cas sa mort ne
provoqua aucun article nécrologique.
© Johan Morin
SENSIBILISATION
Autour des spectacles
en tournée
n TM
Le Perreux - Val de Marne
Centre de Bords de Marne
17 et 18 janvier - Cendrillon
Avant les représentations, diffusion du
documentaire : Cendrillon - Un an de
création.
Pour avoir guidé et éclairé cette
enquête, merci à Patrick Ramseyer,
Bibliothèque nationale de France ;
Franca Stahl, Archives d’Etat
de Genève ; Muriel Hermenjat,
Bibliothèque de Genève ; Pascale
Jacquelin Manoukian, Archives
Municipales de Toulouse ; Mary
Haegert, Houghton Library ; Luc
Bourrousse et Jean-Pierre Pastori.
Transmission du répertoire
Le Médecin malgré lui, Molière, acte I,
scène V
(2)
L’Argus méridional, 12 septembre 1858
(3)
La Comédie, 28 mars 1869
(4)
L’Orchestre, 1er juin 1874
(5)
Le Gaulois, 17 février 1870
(6)
Journal des débats politiques et
littéraires, 20 avril 1849
(7)
Paris-Plaisir, 21 avril 1878
(8)
Gil Blas, 15 octobre 1880
(9)
Le Gaulois, 22 mars 1880
(10)
Le Gaulois, 30 juillet 1880
(11)
Le Mariage religieux d’une danseuse,
Charles Leguay, 1869
(12)
Gil Blas, 7 mai 1881
(13)
Gil Blas, 15 octobre 1880
(14)
Le Figaro, 9 décembre 1880
(15)
Le Gaulois, 24 avril 1881
(16)
Le Temps, 11 janvier 1882
(17)
Le Gaulois, 9 avril 1881
(18)
Le Ménestrel, 18 mars 1883
(19)
L’Europe artiste, 10 janvier 1886
(20)
Lyon s’amuse, 27 janvier 1887
(21)
Le Rigolo, 13 février 1887
(22)
La Justice, 22 mars 1887
(23)
L’Orchestre, 1er février 1891
(24)
Le Temps, 20 septembre 1886
(25)
Gil Blas, 5 juillet 1887
(26)
Le Monde artiste, 19 novembre 1893
(27)
Le Monde artiste, 28 octobre 1894
(28)
Le Monde artiste, 14 octobre 1894
(29)
Journal de Genève, 25 octobre 1911
(30)
La Gazette de Biarritz, 18 août 1912
(31)
Cinquante ans de Paris, PB Gheusi,
1889-1938
(32)
Lyrica, novembre 1922
(33)
La Rampe, 20 octobre 1919
(34)
La Rampe, 15 juin 1926
(35)
Le Matin, 26 juillet 1920
(36)
Le Ménestrel, 16 novembre 1928
(1)
...
travers cet écho alsacien : « On a déploré la
réduction squelettique du corps de ballet;
tout en continuant à apprécier son chef
M. Holtzer » (34) n’affichera que des ballets
détachés d’opéras, tels le ballet Indou
de Lakmé ou le ballet du roy de Manon.
Sinon, entre Faust, Le Roi d’Ys, La Fille de
Madame Angot, on assistera au triomphe
de Mârouf : « le ballet dansé par M.
Holtzer et Georgine Opalfvens, les décors,
la mise en scène tout est à citer comme
faisant le plus grand honneur à la direction
artistique de M. Villefranck » (35). Mais, sans
que l’on sache pourquoi, dès l’été suivant,
Villefranck, toujours aux commandes en
Alsace, servira à Vichy les intérêts de Jean
Soyer de Tondeur, chef de ballet à Lyon.
Parmi les rares souvenirs que conserve
cette période, notons qu’en 1924 Holtzer
réglera à Londres Une Fête à Pékin, sur une
musique de Willem J.C Hekker.
La saison qui a pris fin en mai 1926 fut
la dernière que Villefranck et Holtzer
passèrent à Strasbourg. Laissant son
fauteuil à André Calmettes et Albert Carré,
le premier prolongea son activité à Vichy
où il mourra en septembre 1928. Changé
Conservatoire à Rayonnement
Départemental d’Argenteuil.
A l’occasion de la programmation de
Cendrillon, le 13 janvier au Figuier
Blanc d’Argenteuil, en collaboration
avec le Conservatoire à Rayonnement
Départemental d’Argenteuil et le Conseil
Général du Val d’Oise, un projet d’actions
culturelles et de transmission du répertoire
de Thierry Malandain se déroulera de
janvier à juin 2015.
Les 10 et 11 janvier
Dominique Cordemans animera des
master-classes et des ateliers de répertoire
destinés aux élèves des 2ème et 3ème cycles
des Conservatoires d’Argenteuil, de
Bezons, de Cergy Pontoise et de Roissy-enFrance, ainsi qu’un atelier « Voulez-vous
dansez avec nous ? » ouvert aux adultes
non-initiés. Parallèlement sera projeté le
documentaire : « Cendrillon - Un an de
création » réalisé par BoiSakré productions.
Le 13 janvier
ces premiers rendez-vous se clôtureront
par une Mégabarre au Centre Commercial
Côté Seine d’Argenteuil et par une
rencontre avec le chorégraphe et les
danseurs à l’issue de la représentation.
âgés de 14 à 20 ans issus des Conservatoires
du Val d’Oise.
Un spectacle restituera l’ensemble des
travaux chorégraphiques le 5 juin au
Figuier Blanc d’Argenteuil.
Conservatoire à Rayonnement Régional
de Toulouse
Du 9 au 14 février et du 9 au 12 avril, à
l’initiative du Conservatoire à Rayonnement
Régional de Toulouse et de Marion Muzac,
responsable du département danse,
Dominique Cordemans transmettra Le
Beau Danube bleu tiré du Sang des Etoiles
(2004) à 16 jeunes danseurs de fin de cycle
3 et cycle spécialisé, âgés de 15 à 18 ans et
élèves de Kay Viola, Carlos Médina Perez
et Anne Frenois.
Ce travail sera présenté à l’Auditorium
Saint-Pierre des Cuisines de Toulouse les
22 et 23 mai.
Avant cela, les élèves du Conservatoire
ont assisté à la classe des danseurs et à
la représentation de Roméo et Juliette,
le 11 octobre au Hall du Comminges
de Colomiers et découvriront L’Amour
Sorcier, interprété par les danseurs du
Ballet du Capitole, lors des spectacles du
mois d’avril à Toulouse.
Evreux – Eure
Le Cadran- Scène Nationale d’Evreux
22 janvier - Cendrillon
Avant la représentation, diffusion du
documentaire : Cendrillon – Un an de
création. Parallèlement des adultes du
Centre Hospitalier Spécialisé d’Evreux
assisteront à la classe et la répétition
des danseurs.
Compiègne – Oise
Théâtre Impérial de Compiègne
23 et 24 janvier - Roméo et Juliette
Avant la représentation, diffusion du
documentaire : « Création d’un ballet Roméo et Juliette » réalisé par BoiSakré
productions et rencontre avec Thierry
Malandain.
Rennes – Ille et Vilaine
Le Triangle
29 et 30 janvier - Cendrillon
Avant la première représentation,
rencontre avec le décorateur de
Cendrillon, Jorge Gallardo et Thierry
Malandain.
Lyon – Rhône-Alpes
Maison de la Danse
23 au 28 février - Cendrillon
Le 22 Barre Itinérante à 15h00 et
16h00 au musée gallo-romain de LyonFourvière, les 24 et 28 Mégabarre à
19h00 à la Maison de la Danse, le 25
Rencontre avec Thierry Malandain
à l’issue du spectacle et le 28 Atelier
chorégraphique en famille à 16h30 à la
Maison de la Danse.
Du 19 au 24 avril
Dominique Cordemans, accompagnée
de Lyane Lamourelle, ex-danseuse du
Malandain Ballet Biarritz et professeur au
Conservatoire d’Argenteuil, remontera des
extraits de ballets de Thierry Malandain
pour une quinzaine de jeunes danseurs
18 19
BALLET T
LE LABO
DE CHOSES...
Taglioni European Ballet Award à Berlin
Projet Eurorégional
Ballet T
En 2015, le projet de coopération
chorégraphique transfrontalier : Regards
croisés – Begirada Gurutzatuak piloté
depuis trois ans par Gaël Domenger et LE
LABO de Malandain Ballet Biarritz gagnera
en force et en soutien en réunissant la
Fundación de Bilbao (direction Laura
Etxebarria, programmation Luque Tagua)
et le Glob Théâtre de Bordeaux (direction
Bruno Lecomte). Cette collaboration
permettra à la nouvelle édition de se
dérouler dans trois villes différentes : les
25, 26 et 27 mars à Biarritz, les 4, 5, 6 et 7
mai à Bordeaux et les 9 et 10 mai à Bilbao.
A l’occasion des représentations de
Silhouette, Nocturnes et Estro au
Teatro Victoria Eugenia de Donostia
- San Sebastián, plusieurs actions de
sensiblisation ont été proposées au
public. Outre une exposition dans
le hall du théâtre comprenant des
photos, des costumes et des vidéos.
L’INSA de Toulouse
Fidèles partenaires de Regards croisés
- Begirada Gurutzatuak, les sections de
danse et musique de l’Institut national des
sciences appliquées de Toulouse, sous la
responsabilité de Laurent Grégoire, seront
en résidence à Biarritz du 29 janvier au 1er
février 2015.
Autre nouveauté,
seront impliquées :
quatre
compagnies
- La Compagnie des Songes de Thibault
Lebert (Bordeaux) avec « Donc en résumé,
je continue à rêver… »
- La Compagnie Traversée de Mizel Theret
(Bayonne) avec « Trois citrons sur le sol
froid - Hiru zitroin lur hotzean »
- La Compagnie Ciento Cincuenta Cuerdas
de Blanca Arrieta (Bilbao) avec « ARGH ! »
- La Compagnie Lasala de Judith Argomaniz
et Diego Hernández (Donostia-San
Sebastián) avec « Hooked » et « Lauesku ».
Comme chaque année Regards croisés Begirada Gurutzatuak sera un moment
d’échange entre chorégraphes, public
et institutions éducatives, à travers
des ateliers, conférences, débats et
projections de documents filmés sur l’art
chorégraphique contemporain.
Ils seront accompagnés du chanteur
Beñat Achiary et du chorégraphe Samuel
Mathieu, déjà impliqué en 2014. A
l’issue de cette résidence les étudiants
proposeront le résultat de leur travail de
recherche chorégraphique et musical
dans les locaux du CCN Malandain Ballet
Biarritz dans le cadre de l’édition 2015 de
Regards croisés.
L’ESA de Biarritz
Depuis le 23 octobre 2014 LE LABO
ouvre ses portes aux Arts plastiques, en
invitant, une fois par mois, les étudiants de
seconde année, de l’Ecole supérieure d’art
des Rocailles à des ateliers de pratiques
conduits par Gaël Domenger.
Ces ateliers s’inscrivent dans une réflexion
proposée par leur professeur Bernard
Hausseguy, qui sous l’intitulé : interface
et sensorialité questionne l’inscription du
corps dans les technologies numériques.
© Johan Morin
Il s’agit pour ces étudiants de comprendre,
par la pratique de la danse, que dans le
« corps à corps » entre le preneur de vue
et celui qui est filmé, jusqu’à la captation
de mouvements à distance, ce sont les
placements et déplacements corporels qui
en constituent le principal médium.
L’ESA des Rocailles sera également
impliquée dans l’édition 2015 de Regards
croisés.
Enfin, le 8 novembre une rencontre
entre le public et Thierry Malandain
a été organisée dans la salle Klub du
Teatro Vitoria Eugenia.
Parallèlement, les master-classes, les
ateliers de répertoire pour jeunes
danseurs ainsi que les ateliers « Voulezvous danser avec nous ? » pour adultes,
dirigés par Dominique Cordemans ont
accueilli plus de 200 participants.
Programmation Ballet T au Teatro
Victoria Eugenia Donostia - San
Sebastián
4 et 5 février 21h
Atalak XXIII / Dantza Klub / Dantzaz
Konpainia 10€
9 au 12 mars 2015
dFERIA / programmation à venir
28 mars 20h
Itzal Galdua / Gero Axular Kultur
Elkartea 18/15 /10€
Renseignements
tél. 0034 943 48 11 60
Dantzaz Konpainia
© Olivier Houeix
Partenariat SLAVI
Le Groupe CLIM dirigé par Romain Rippert
est distributeur dans le Sud Ouest des
marques Mercedes, Smart, Chrysler, Jeep,
Dodge, Mitsubishi Fuso, Honda, Toyota,
Lancia, ou encore Hyundai.
© Ashley Taylor
© Johan Morin
Autres partenaires de
Regards croisés
Begirada Gurutzatuak
Le 7 novembre, pour la première
fois, le Malandain Ballet Biarritz
a proposé au public scolaire de
Donostia - San Sebastián d’assister
à une représentation accompagnée
d’échanges avec les danseurs. Cette
représentation
rassemblant
600
enfants a remporté un vif succès. Le
soir, plus de 700 personnes purent
assister à une répétition publique.
Créé en janvier 2014 par La Fondation
Malakhov, le Taglioni European Ballet
Award décerné par un jury composé
de critiques venus de Russie, Autriche,
Danemark, Allemagne, Italie, Angleterre
et France récompensera tous les deux ans
à Berlin des artistes d’exception. Parmi
les trois artistes nominés en 2014 dans
la catégorie « Meilleur chorégraphe » :
Marco Goecke (On Velvet, Ballet de
Stuttgart) et Ina Christel Johannessen
(Shéhérazade, Ballet national de Norvège),
le 27 septembre, Thierry Malandain a reçu
le Taglioni European Ballet Award pour
Cendrillon.
Mozart à 2 et Don Juan à Vienne
A l’invitation de Manuel Legris, directeur
de la danse du Wiener Staatsoper et du
Wiener Volksoper, Françoise Dubuc,
maîtresse de ballet au Malandain Ballet
Biarritz et Thierry Malandain ont remonté
Mozart à 2 (1997) pour les danseurs du
Wiener Staatsoper et Don Juan (2006)
pour ceux du Wiener Volksoper. La
première s’est déroulée le 16 novembre au
Wiener Volksoper.
Nouveau site internet
Repensé pour permettre une immersion
complète dans l’univers chorégraphique
de Thierry Malandain, le Malandain Ballet
Biarritz a lancé un nouveau site internet
qui fait la part belle à la vidéo et aux
photos. L’objectif de cette nouvelle version
est de permettre à chacun de découvrir de
la richesse du répertoire du chorégraphe
(près de 80 œuvres créées en trente ans)
en donnant accès à plusieurs extraits
vidéo, des galeries photos et des descriptifs
complets de nombreux ballets de Thierry
Malandain. Ce site réalisé par l’agence
Yocom, permet également de suivre les
actualités du CCN, notamment les dates de
tournées, les actions de sensibilisation, du
projet eurorégional Ballet T ou encore du
Labo de recherches chorégraphiques.
www.malandainballet.com
Il est partenaire du Malandain Ballet
Biarritz depuis 2013-14. Le 5 décembre,
sur la scène de la Gare du Midi, profitant
du lancement des nouvelles Smart ForTwo
et ForFour, le Groupe CLIM a convié son
personnel et ses clients à une répétition
publique de Estro.
Dans le cadre du projet euro-régional
Ballet T, Dantzaz Konpainia proposera
un DantzaKlub le 3 février à 19h dans
le Grand Studio de la Gare du Midi à
Biarritz. Le projet DantzaKlub, créé
sous l’impulsion de Dantzaz Elkartea,
Donostia Kultura et la Diputación Foral de
Guipúzcoa, est une fenêtre ouverte sur la
création chorégraphique. Les danseurs de
Dantzaz Konpainia, centre d’insertion pour
l’emploi de jeunes danseurs européens,
interprètent leurs créations mais aussi
celles de chorégraphes basques issus de
diverses esthétiques.
Entrée libre sur réservation
tél. 05 59 24 67 19
Compagnie Gilshamber
Dans le cadre de la mission accueil-studio
du CCN, la compagnie Gilshamber sera
accueillie dans les locaux de Malandain
Ballet Biarritz du 12 au 23 janvier 2015.
Une répétition publique aura lieu le 22
janvier à 19h au Grand Studio de la Gare
du Midi de Biarritz.
Entrée libre sur réservation
tél. 05 59 24 67 19
Merci aux 300 membres
des Amis
du Malandain Ballet Biarritz
À l’issue de la première de Nocturnes et
Estro, le 8 novembre au Teatro Victoria
Eugenia de Donostia - San Sebastián,
Colette
Rousserie,
Présidente
de
l’Association des Amis du Malandain
Ballet Biarritz a remis au Ballet son chèque
annuel de soutien.
Dance Europe
Comme chaque année, le magazine
britannique Dance Europe, propose le
choix des critiques pour la saison 20132014. Le Malandain Ballet Biarritz y figure
en bonne position !
Pour Ali Mahbouba - Rotterdam
Meilleur danseur
Pascal Schut dans l’Après-midi d’un faune
de Thierry Malandain, remonté à Introdans
(Pays-Bas)
Pour François Fargue - Paris
Meilleur danseur
Arnaud Mahouy dans Estro de Thierry
Malandain
© Emmanuel Donny
Regards Croisés
Begirada Gurutzatuak
Répétitions publiques
L’Après-midi d’un faune à Paris
Les 12, 13 et 14 septembre, sous la bannière
d’Incidence Chorégraphique de Bruno
Bouché, chorégraphe et danseur à l’Opéra
national de Paris, Aurélien Houette, sujet
à l’Opéra a interprété L’Après-midi d’un
faune de Thierry Malandain au Théâtre des
Champs-Elysées lors du Gala des Etoiles du
XXIe siècle.
Meilleures compagnies
Ballets de Monte-Carlo, Nederlands Dans
Theater et Malandain Ballet Biarritz.
Meilleure première mondiale
Estro de Thierry Malandain
20 21
... ET D’AUTRES
Aurélie Juret, médecin du sport,
Jean-Baptiste Colombié, masseurkinésithérapeute et Romuald
Bouschbacher, ostéopathe forment
depuis 2011, l’équipe médicale du
Malandain Ballet Biarritz. Outre les
soins apportés aux danseurs grâce
à la mise en place d’un dispositif
de suivi et de prévention, ils sont
devenus des acteurs à part entière
de la vie du Ballet. Le 27 novembre,
ils participaient au premier Forum
International Danse et Santé organisé
par le Centre national de la Danse.
LA PRESSE EN PARLE
Le tabou de la souffrance
dans la danse commence à
tomber.
Le nouveau directeur de la danse de l’Opéra
de Paris Benjamin Millepied a fait changer
cet été tous les planchers pour prévenir
les blessures au sein du corps de ballet :
un signal parmi d’autres que les choses
changent, dans un monde réputé sourd
à la douleur. « C’est un soulagement », a
témoigné la danseuse étoile Dorothée
Gilbert devant le premier forum Danse et
santé organisé en France jeudi et vendredi
au Centre national de la danse. « Quand
on danse sur un plancher trop dur, on a
l’impression le lendemain d’avoir été battu
sur tout le corps ».
La France « est plutôt en retard sur ces
questions », estime Chantal Lagniau,
directrice de la société Harlequin Europe,
qui a changé les planchers de l’Opéra. Ce
n’est pas un hasard si on doit à Benjamin
Millepied, dont l’essentiel de la carrière
s’est déroulée aux Etats-Unis, la petite
révolution engagée à l’Opéra de Paris.
Pilates et Gyrotonic vont faire leur entrée
dans la vénérable maison, pour renforcer la
musculation et la souplesse des danseurs.
Les blessures, qui sont fréquentes, seront
surveillées. « Aujourd’hui on voit des
danseurs disparaître trois semaines sans
qu’on sache ce qui se passe », s’est insurgé
Benjamin Millepied. « Et c’est quand ils
reviennent qu’ils se blessent, par manque
de préparation ». L’ancien danseur du
New York City Ballet a demandé un
audit à l’Américaine Michelle Rodriguez.
Cette
ancienne
danseuse
devenue
physiothérapeute a derrière elle 14 ans
d’expérience auprès de compagnies de
danse new-yorkaises. Un lieu dédié avec
une véritable équipe de soins va être mise
en place à l’Opéra. « Aujourd’hui chacun
fait sa sauce, on se repasse des adresses de
kinés », lance Dorothée Gilbert.
centre chorégraphique national
d’aquitaine en pyrénées atlantiques
A Biarritz, le Ballet Malandain a mis en
place dès 2011 une équipe spécialisée en
médecine du sport. « Venant du monde du
sport, nous avons été surpris par l’absence
de suivi des danseurs par rapport aux
athlètes », a témoigné l’équipe lors du
forum. « Il y a une tradition de douleur
permanente dans la danse: la douleur est
considérée comme normale. Les danseurs
viennent dans l’urgence quand ils n’en
peuvent plus. Tant que ça tient, ça tient
», résume Aurélie Juret, médecin du
sport. « Sur scène, c’était tout sourire, et
passé le rideau, on voyait des danseurs
agoniser en coulisses », raconte le masseurkinésithérapeute de l’équipe. L’équipe
constate que les danseurs respirent mal,
« dansent en apnée », ce qui favorise les
inflammations. Des tests révèlent des
systèmes cardio-respiratoires « comparable
à ceux de personnes de 40 à 60 ans ». Les
danseurs ont été encouragés à varier leur
activité physique pour augmenter leur
capacité respiratoire: vélo, piscine etc. 65%
ont aujourd’hui une activité physique en
dehors du Ballet. La compagnie Malandain
a aussi investi dans une piscine de
cryothérapie, qui favorise la détente après
l’effort. « Les danseurs adorent ». Reste à
mener un important travail sur la nutrition
et ... le tabac. Car la plupart des danseurs,
soumis à un stress intense, fument.
Direction
directeur / chorégraphe Thierry Malandain
directeur délégué Yves Kordian
« Nutrition ? Zéro ! » lance Dorothée
Gilbert, ex-petit rat de l’Opéra, entrée en
2000 dans le Ballet où elle a été nommée
étoile en 2007. Depuis, les choses ont
changé à l’Ecole de danse, où Elisabeth
Platel, directrice depuis 2004 a introduit un
nutritionniste et une infirmière à demeure,
« ce qui, étonnamment, n’était pas le cas ».
Si les écoles nationales, à Londres comme à
Amsterdam, à Angers comme à Marseille,
ont intégré la santé dans leur cursus, «
il en est tout autrement dans certaines
écoles privées, qui produisent dans les
concours de petits phénomènes dont on
sait parfaitement qu’ils seront abîmés plus
tard », déplore-t-elle.
Communication
responsable image Frédéric Néry / Yocom
responsable communication Sabine Lamburu
attaché de presse Yves Mousset / MY Communications
photographes Olivier Houeix, Johan Morin
n Le Parisien, 28 novembre 2014
Gare du Midi
23, avenue Foch • F-64200 Biarritz
tél. +33 5 59 24 67 19 • fax +33 5 59 24 75 40
[email protected]
président Michel Laborde
vice-président Pierre Moutarde
trésorière Solange Dondi
secrétaire Richard Flahaut
président d’honneur Pierre Durand
Artistique / Création
maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc
artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Raphaël
Canet, Mickaël Conte, Ellyce Daniele, Frederik Deberdt,
Romain Di Fazio, Baptiste Fisson, Clara Forgues, Michaël
Garcia, Jacob Hernandez Martin, Irma Hoffren, Miyuki
Kanei, Mathilde Labé, Hugo Layer, Claire Lonchampt,
Fábio Lopez, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy,
Patricia Velazquez, Laurine Viel, Daniel Vizcayo, Lucia
You González
professeurs invités Angélito Lozano, Bruno Cauhapé,
Giuseppe Chiavaro
pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Miyuki Brickle,
Jean - François Pailler
Transmission du répertoire
maîtresse de ballet Françoise Dubuc
Production / Technique
directeur technique Oswald Roose
directeur de production, conception lumière
Jean - Claude Asquié
régie plateau Chloé Bréneur, Jean Gardera
régie lumière Frédéric Eujol, Christian Grossard
régie son Jacques Vicassiau, Nicolas Rochais
réalisation costumes Véronique Murat
régie costumes Karine Prins
construction décors & accessoires Frédéric Vadé
technicien chauffeurs Thierry Crusel, Guy Martial
agent d’entretien Ghita Balouck
Sensibilisation / Relations avec les publics
responsable sensibilisation / transmission du répertoire aux
pré-professionnels Dominique Cordemans
responsable Labo de recherche chorégraphique / médiation / accueil studio Gaël Domenger
Diffusion
chargée de diffusion Lise Philippon
attachée de production Laura Delprat
agents Le Trait d’union / Thierry Duclos,
Creatio 300 / Enrique Muknik, Norddeutsche
Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl,
Internationale Music / Roberta Righi
Nuria Lopez Cortes & Raphaël Canet, Nocturnes © Olivier Houeix
© Agathe Poupeney
Forum
International Danse
et Santé au Cnd
Mission Euro région / Projets transversaux
administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta
Secrétariat général / Mécénat
secrétaire général Georges Tran du Phuoc
Développement & partenariat
chargé de mission Jacques Jaricot
Ressources humaines, finances et juridique
directeur administratif et financier Jean-Paul Lelandais
comptable Arantxa Lagnet
secrétaire administrative Nora Menin
Suivi et prévention médicale des danseurs
Romuald Bouschbacher, Jean-Baptiste Colombié, Aurélie
Juret
San Sebastián
Centre Chorégraphique Transfrontalier
Malandain Ballet Biarritz
Yves Kordian directeur délégué
Carine Aguirregomezcorta suivi du projet
Arantxa Lagnet relations partenaire, traduction basque
Teatro Victoria Eugenia
Amaia Almirall directrice
Norka Chiapuso direction de programmation
Maria Jose Irisarri suivi administratif
Koldo Domán suivi des actions
Numéro
direction de la publication Thierry Malandain
conception & design graphique Frédéric Néry
impression IBL (Hendaye)
ISSN 1293-6693 - juillet 2002
22 23
CALENDRIER
JANVIER > MARS 2015
Représentations en France
Cendrillon
08/01
Narbonne
13/01
Argenteuil
Cendrillon (scolaire et tout public)
15/01
Meudon
Cendrillon
17/01
Le Perreux-sur-Marne
Cendrillon
18/01
Le Perreux-sur-Marne
Cendrillon
22/01
Evreux
Cendrillon
23/01
Compiègne
Roméo et Juliette
24/01
Compiègne
Roméo et Juliette
29/01
Rennes
Cendrillon (scolaire et tout public)
30/01
Rennes
Cendrillon (scolaire et tout public)
01/02
St Quentin dans l’Aisne
Cendrillon
02/02
St Quentin dans l’Aisne
Cendrillon (scolaire)
19/02
Bordeaux
Cendrillon
20/02
Bordeaux
Cendrillon
23/02
Lyon
Cendrillon
24/02
Lyon
Cendrillon
25/02
Lyon
Cendrillon (jeune public et tout public)
26/02
Lyon
Cendrillon
27/02
Lyon
Cendrillon
28/02
Lyon
Cendrillon (2 tout public)
11/03
Thonon Les Bains
Cendrillon
13/03
Versailles
Cendrillon
14/03
Versailles
Cendrillon
15/03
Versailles
Cendrillon
17/03
Vichy
Cendrillon
19/03
Dôle
Cendrillon
21/03
Privas
Cendrillon
24/03
Aix en Provence
Magifique
25/03
Aix en Provence
Magifique
26/03
Béziers
Cendrillon
28/03
Le Creusot
Cendrillon
31/03
Saint Nazaire
Cendrillon
Israël / Herzliya
Magifique
05/02
Israël / Herzliya
Magifique
06/02
Israël / Herzliya
Magifique
07/02
Israël / Herzliya
Magifique
09/02
Israël / Beer Sheva
Magifique
10/02
Israël / Petach Tikva
Magifique (jeune public)
11/02
Israël / Modiin
Magifique
12/02
Israël / Yagur
Magifique
03/03
Slovénie / Ljubljana
Cendrillon
05/03
Italie / Pordenone
Cendrillon
07/03
Italie / Vicenza
Cendrillon
08/03
Italie / Vicenza
Cendrillon
www.malandainballet.com
04/02
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Représentations à l’étranger

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