Travaux scientifiques associés à la réalisation des - Infoterre
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Travaux scientifiques associés à la réalisation des trois puits d’exploration géothermique dans la plaine du Lamentin (Martinique) Convention BRGM - Ademe n° 99.05.026 Rapport final Étude réalisée dans le cadre du projet de recherche Géothermie aux Antilles 2001-ENE-R04 juin 2002 BRGM/RP-51671-FR 0 Travaux scientifiques associés à la réalisation des trois puits d’exploration géothermique dans la plaine du Lamentin (Martinique) Convention BRGM - Ademe n° 99.05.026 Rapport final Étude réalisée dans le cadre du projet de recherche Géothermie aux Antilles 2001-ENE-R04 B. Sanjuan, A. Genter, H. Correia, J-P. Girard, J-Y. Roig, M. Brach juin 2002 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Mots clés : Géothermie, Martinique, Lamentin, Pointe Desgras, Habitation Carrère, Californie, Absalon, Didier, Puits, Géologie structurale, Failles, Température, Pression, Profils, Géochimie, Hydrothermalisme, Sources thermales, Eau, Gaz, Carottes, Géologie structurale, Fracturation, Altérations hydrothermales. En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante : Sanjuan B., Genter A., Correia H., Girard J.P., Roig J.Y., Brach M. (2002) - Travaux scientifiques associés à la réalisation des trois puits d’exploration géothermique dans la plaine du Lamentin (Martinique). Convention BRGM - Ademe n° 99.05.026. Rapport final. BRGM/RP-51671-FR, 253 p., 46 fig., 17 tabl., 10 ann. © BRGM, 2002, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM. 2 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Synthèse Cadre L a demande croissante en énergie dans les îles de la Caraïbe et la volonté politique de rechercher des solutions à l’indépendance énergétique ont poussé le conseil régional de La Martinique avec le soutien financé de l’ADEME, l’Union européenne, EDF Services Martinique et le BRGM à reprendre des recherches géothermiques dans la plaine du Lamentin, en Martinique. La nouvelle phase d’exploration géothermique menée dans cette zone a abouti à la réalisation par la Compagnie française de géothermie (CFG), de trois puits de reconnaissance, entre novembre 2000 et avril 2001. Ces puits ont été effectués en petit diamètre, en mode destructif de 0 à environ 400 m, puis en carottage jusqu'à des profondeurs autour de 1000 m. Le BRGM, dans un projet cofinancé par l’ADEME, était chargé de réaliser les travaux d’accompagnement scientifique de ces trois puits (géologie, géochimie des fluides et mesures physico-chimiques en forage). Ces puits d’exploration géothermique ont livré plusieurs centaines de mètres de carottes, qui ont permis de reconnaître le soubassement géologique de l’île. Ils ont offert l’opportunité exceptionnelle de mener des travaux de recherche, qui ont apporté un nouvel éclairage scientifique sur l’origine et la nature du système géothermal du Lamentin, mis en évidence il y a une trentaine d’années par des travaux antérieurs. D’un point de vue géologique, en plus de l’étude sur place des carottes, les travaux ont essentiellement porté sur la caractérisation (1) des réseaux de fractures, drains potentiels pour les fluides, (2) des altérations hydrothermales, c’est-à-dire des transformations de la roche dues aux fluides, (3) de la lithologie traversée (laves, formations volcanoclastiques), (4) de la géochimie des laves saines et altérées et (5) sur la comparaison avec les données géologiques de surface. D'un point de vue géochimique, les travaux ont été axés sur le suivi des fluides de foration et des venues d'eau recoupées par les puits. Afin d'avoir des caractéristiques aussi représentatives que possible de ces venues d'eau, les puits d'Habitation Carrère et de Californie ont fait l'objet d'une campagne spéciale de mise en production et de prélèvements d'eau, en décembre 2001 et mars 2002. Néanmoins, l'absence d'autorisation de rejet et le coût élevé de citernage du fluide produit vers une décharge nous ont contraints à limiter la production à de faibles volumes d'eau (de 20 à 30 m3). Pour pouvoir établir des comparaisons à l’échelle régionale et mieux comprendre le système géothermal de la plaine du Lamentin, les eaux des sources thermales avoisinantes ont également été étudiées. Deux campagnes de mesures de profils de pression et de température en statique ont été effectuées sur les puits après la phase de foration, en juillet 2001 et en mars 2002. BRGM/RP-51671-FR 3 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Les forages d’exploration géothermique ♦ Le puits de la pointe Desgras, situé dans une zone considérée comme le centre d’un système hydrothermal par des études antérieures (observations de travertins de silice et des principales anomalies locales de gaz et de mercure), montre, néanmoins, des conditions de température faibles (58 °C, à 930 m de profondeur) et l’absence de perméabilité actuelle. Ce puits suggère donc une activité hydrothermale fossile, qui pouvait être de haute température (présence d’épidote) mais qui a peu développé d’altération dans la matrice (absence d’effet d’épontes). Les fractures sont majoritairement représentées par des fentes et des failles à pendage élevé, ce qui favorise les transferts verticaux. Dans la partie supérieure (392-450 m), deux familles directionnelles orthogonales à fort pendage s’individualisent ainsi qu’un réseau horizontal. Dans la partie profonde (460-850 m), une seule famille oblique à verticale domine. Les failles sont majoritairement des failles normales et semblent spatialement associées aux fentes. Les carbonates de type calcite représentent le remplissage dominant. La densité de fracturation est 1 fracture/m et le pourcentage des failles est de l’ordre de 18 %. La zone située vers 710 m avec ses épontes hydrothermalisées représente un drain significatif, qui a pu jouer un rôle géothermique. La zone située vers 918 m, où trois mètres de carottes ont été perdus, représenterait également une structure importante. La présence simultanée des failles normales et des fentes de traction serait compatible avec la structuration en graben du Lamentin. Au niveau structural, il y a peu d’indice de réactivations tectoniques. On serait, donc, en présence d’un système plutôt monophasé, qui s’est ouvert à un moment donné avec des fluides en équilibre avec l’encaissant. En effet, on observe une bréchification hydraulique qui n’altère pas l’encaissant andésitique. Ces fluides ont précipité de manière ubiquiste, principalement de la calcite, et plus discrètement du quartz et des argiles, qui ont complètement colmaté le milieu fracturé. Au niveau lithologique, le forage de pointe Desgras montre dans sa partie profonde du volcanisme sous-marin, recouvert par des dépôts issus de l’érosion de reliefs volcaniques. Un puissant ensemble de laves massives andésitiques recouvrent les formations profondes. Dans la partie superficielle, les alluvions anciennes recouvrent des formations détritiques liées à l’érosion des reliefs volcaniques. Les andésites massives pourraient se rattacher à l’épisode volcanique de Ducos – rivière Pilote connu à l’affleurement quelques kilomètres plus au sud et daté aux alentours de 10 Ma. Le suivi chimique des fluides de foration a seulement mis en évidence quelques petites venues d’eau relativement froides et minéralisées avec très probablement une influence marine. Aucune arrivée d’eau chaude significative n’a été observée. Les mesures du profil de température en statique, effectuées 6,5 mois après la fin de la réalisation du puits, confirment les données extrapolées obtenues pendant la foration de ce puits et sont caractéristiques d'un régime thermique conductif tout le long du puits. Ceci est en bon accord avec l'absence de venues d'eau chaude. Le gradient thermique estimé est un gradient normal (3 °C/100 m). L'absence d'anomalies thermiques et le manque de perméabilité constaté tout le long du puits mènent à la conclusion qu'il n'existe pas, actuellement, de ressource géothermique exploitable sur le site de pointe Desgras. 4 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) ♦ Le puits d'Habitation Carrère, situé près de plusieurs sources thermales, est sensiblement plus chaud que le premier (température maximale mesurée de 58 °C ; 56 °C à 814 m de profondeur) et montre des indices de perméabilité actuelle. La zone la plus chaude correspond spatialement au passage d’une faille perméable vers 390 m de profondeur. Outre les nombreux plans de fractures associés, cette faille développe un halo d’altération hydrothermale très important (laves très altérées). De la kaolinite et de la sidérite semblent associées au drain perméable. La présence d’épidote traduit également des conditions de paléo-températures élevées. Plusieurs générations de dépôts ont été mises en évidence, la calcite étant le remplissage dominant. Le système ancien quartz-sulfures correspond à des accidents tectoniques importants minéralisés. Le puits d'Habitation Carrère, qui est composé principalement de laves fracturées, montre donc deux milieux géologiques en terme de fracturation : - des fentes à calcite mm à cm qui forment des familles pentées à sub-verticales : ces fentes, qui évoluent localement en brèches hydrauliques, seraient compatibles avec une cinématique en faille normale. L’assemblage chlorite, pyrite et épidote est fréquemment associé à la calcite ; - des failles minéralisées (pyrite, sulfures) à silice géodique et colmatage partiel : ces failles très redressées sont de taille pluri-centimétrique et développent un halo d’altération hydrothermale d’amplitude métrique (370-400 m). En effet, les laves encaissantes sont, en général, complètement hydrothermalisées, lessivées, blanchies et deviennent poreuses. La densité de fracturation est plus forte que dans le forage de pointe Desgras avec 1,5 fracture/m. De plus, le pourcentage de faille est également plus fort avec 21 %. Les failles essentiellement normales seraient également cohérentes avec une structuration en graben de la plaine du Lamentin. Le forage d'Habitation Carrère présente presque toujours dans les tronçons analysés au moins une famille à très fort pendage composée de fentes et de failles. Dans la partie supérieure entre 407 et 442 m, on observe en plus, la présence d’une famille sub-horizontale composée de fentes à calcite. Comparé au puits de la pointe Desgras, on constate que le puits de Carrère a recoupé principalement des formations de laves massives, qui pourraient se rattacher au volcanisme andésitique de Ducos - rivière Pilote d’âge miocène. La venue d’eau, associée à la faille recoupée vers 390 m de profondeur, a été directement prélevée pendant et après foration. Cette venue d'eau est relativement froide mais est portée au moins à 90-130 °C en profondeur, d'après les résultats des géothermomètres chimiques. Elle possède des caractéristiques chimiques semblables à celles du fluide de l’ancien puits d’exploration géothermique LA-101 et des eaux des sources thermales avoisinantes, analysées dans des études antérieures et, au cours de cette étude, par le BRGM. Le suivi géochimique du fluide de foration a également permis de mettre en évidence, entre 60 et 200 m de profondeur, plusieurs petites venues d'eau froide, relativement minéralisées et indiquant une influence marine. BRGM/RP-51671-FR 5 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Aucune venue d’eau chaude significative n'a été observée dans la partie plus profonde du puits mais, d'après les résultats des analyses du fluide de foration, une autre venue d'eau de composition chimique semblable à celle trouvée vers 390 m de profondeur semble également avoir été recoupée vers 600-700 m de profondeur. Afin d'obtenir des caractéristiques aussi représentatives que possible de ces venues, le puits a été mis en production, en décembre 2001. Cette opération a montré qu'un pompage avec un débit d'environ 1 m3/h était nécessaire pour faire produire le puits sans trop affecter le niveau d'eau. Une vingtaine de m3 d'eau fut déchargée et deux échantillons d’eau furent prélevés pour analyses chimiques et isotopiques. Les mesures du profil de température en statique, effectuées environ cinq mois après la fin de la réalisation du puits, confirment également les données extrapolées obtenues pendant la foration de ce puits. Elles sont en bon accord avec les données du suivi géochimique du fluide de foration dans la mesure où elles mettent en évidence l'existence de deux aquifères principaux : l'un, certain, entre 300 et 425 m de profondeur (zone isotherme à 50 °C) et l'autre, hypothétique, entre 600 et 650 m de profondeur (zone isotherme à 46 °C). Les cimentations réalisées ont très probablement réduit la perméabilité du premier aquifère. En dessous de 650 m de profondeur, le régime thermique redevient conductif et le gradient thermique estimé entre 650 et 814 m de profondeur est proche de celui mesuré entre 0 et 300 m de profondeur. L'extrapolation de la température mesurée de 650 m à 2 000 m de profondeur, en considérant un régime thermique purement conductif et le gradient thermique indiqué, donne une valeur de température de 128 °C. On peut, donc, conclure qu'il n'existe pas sur le site de Carrère un système géothermique haute enthalpie. ♦ Le puits de Californie, situé au nord de la plaine du Lamentin, montre des conditions de température moyennes (90-100 °C) associées à la présence de perméabilité actuelle. La température maximale extrapolée est d’environ 92 °C entre 400 et 500 m de profondeur et la température au fond du trou, à 997 m, est de 83 °C. La zone la plus chaude correspondrait spatialement au passage d’une faille perméable vers 390 m de profondeur. L’absence de carottes dans cette zone perméable (faible taux de récupération), même s’il traduit probablement le passage d’un accident structural, n’a pas permis d’en préciser la nature ni la géométrie. Jusqu’à 1 000 m, il n’y a pas d’évidence d’un système actuel haute température. Comme à Carrère, l’assemblage kaolinite-sidérite semble associé au drain perméable. Comparé aux deux autres forages de la pointe Desgras et de Carrère, le puits de Californie se singularise par la quasi-absence d'intrusions, l'abondance des formations rapportées du volcanisme explosif sous-marin, et une épaisse série de formations détritiques volcano-clastiques (257-539 m). La forte épaisseur des dépôts détritiques implique un remplissage et/ou une subsidence importante, probablement en liaison avec l’individualisation de la partie nord du graben du Lamentin. L’épidote n’a pas été observée. La nature des colmatages semble fonction de la lithologie avec de la calcite dans les formations bréchiques riches en éléments volcaniques et des argiles dans les formations bréchiques de type lahar. L’absence de minéralisation intra-remplissage est relativement commune, la fracturation s’exprimant sous la forme d’un diaclasage « sec ». 6 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Une seule famille directionnelle oblique à sub-verticale se développe dans le puits. Dans la zone de faille située entre 426 et 435 m, les failles présentes s’organisent autour d’une famille directionnelle à pendage oblique de l’ordre de 50°. Le forage Californie montre une densité de fracturation relativement modérée distribuée de manière hétérogène mais avec une proportion de failles élevée de 25 %. Bien que quelques failles décrochantes aient été observées, les failles essentiellement normales semblent cohérentes avec la structure du graben du Lamentin. Les carottes n’ayant pas été réorientées, la comparaison succincte avec des données structurales de surface ou extraites de travaux antérieurs montre que le système NW-SE voire WNW-ESE serait dominant en surface. Le suivi géochimique du fluide de foration a permis de mettre en évidence, de nouveau, plusieurs petites venues d'eau, relativement minéralisées et indiquant une influence marine entre 40 et 200 m de profondeur. Il montre également qu'à partir de 400 m de profondeur, plusieurs venues d’eau chaude ont été recoupées par ce puits. La principale, observée autour de 400 m et correspondant à la température extrapolée la plus élevée, a pu être directement prélevée et analysée. Les résultats des analyses indiquent, malgré la différence de température, une composition chimique et isotopique assez proche de la venue d’eau, plus froide, recoupée vers 390 m de profondeur, par le puits d’Habitation Carrère. En raison d’une obstruction rencontrée à 286 m de profondeur, les mesures du profil de température en statique, entreprises environ 3,5 mois après la fin de la réalisation du puits, n’ont pu être effectuées que jusqu’à cette profondeur. Ces mesures ont confirmé, encore une fois, les données extrapolées obtenues au cours de la foration du puits. La zone correspondant à la couverture de l'aquifère de 400 m de profondeur indique très logiquement un gradient thermique élevé. Un nouveau profil de température en statique a été réalisé en mars 2002, après l'élimination de l'obstruction, et a confirmé les données antérieures. La mise en production de ce puits, également en mars 2002, a permis de montrer que ce puits est artésien et que des arrivées importantes de CO2 sont associées à l'eau déchargée. Une trentaine de m3 d'eau a pu ainsi être produite avec un débit moyen d'environ 9 m3/h. Un échantillon d'eau a été prélevé pour analyses chimiques et isotopiques. Néanmoins, la production de ce puits ayant été très faible, sa capacité de production mériterait d'être testée et évaluée lorsqu'une autorisation de rejet aura été obtenue. Caractérisation géochimique des laves et des fractures Neuf échantillons de laves de nature andésitique ont fait l’objet d’une caractérisation géochimique (majeurs, traces). Ces échantillons représentent à la fois des faciès sains et des faciès ayant subi une altération hydrothermale prononcée de manière à mettre en évidence les transferts de matières se produisant en liaison avec les épisodes de circulations. Les zones de failles percolées par les fluides hydrothermaux se distinguent géochimiquement des faciès de laves saines par des fortes valeurs en Al2O3 et en perte au feu dans les épontes (argiles, porosité secondaire) et des enrichissements en SiO2 (dépôts de quartz) et en métaux de base dans les paléodrains. Des analyses de chimie isotopique (δ13C, δ18O, 87Sr/86Sr) ont été réalisées sur les dépôts de calcite tapissant les fractures. Les résultats de ces analyses indiquent que les dépôts de calcite des puits BRGM/RP-51671-FR 7 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) pointe Desgras et Californie se seraient formés dans les conditions de température actuelles. Pour Carrère, les dépôts de calcite semblent être liés à un épisode de paléocirculations de fluides plus chauds. Géologie profonde, géochimie des fluides et origine de l’anomalie géothermique Les forages profonds montrent un substratum composé essentiellement de laves et d’intrusions volcaniques au sud-est (forage de Carrère) rapportées au volcanisme de Ducos. Au nord-ouest, le forage de Californie se caractérise par la présence de formations détritiques volcano-sédimentaires dans la partie supérieure et des formations bréchiques rapportées au volcanisme explosif sous-marin probablement remanié dans la partie profonde. Cette zone septentrionale où se développe un important remplissage détritique par des formations de type grès varvés, silts, et conglomérats a été probablement le siège d’une certaine subsidence en liaison est probable avec la structuration en graben. Ces formations rappellent celles connues en surface ; en particulier, le conglomérat polygénique et les tuffites de Fort-de-France datés vers 5 Ma. On note l’absence de coulées de laves massives au nord-est. Au centre du dispositif, le forage de pointe Desgras montre des formations rapportées au volcanisme sous-marin dans la partie inférieure comme à Californie et des coulées de laves et intrusions dans la partie supérieure comme à Carrère. Les trois forages d’exploration ont recoupé soit des failles perméables, soit des zones fracturées colmatées entre la surface et 1 000 m de profondeur. Les failles perméables sont principalement localisées entre 300 et 400 m de profondeur dans les forages de Californie et de Carrère, le forage de pointe Desgras étant complètement colmaté. Il n’y a pas d’évidence d’un système actuel haute température profond. En revanche, la présence de minéraux de haute température (épidote) et l’intensité de la fracturation suggèrent le développement d’un réservoir fossile fracturé aujourd’hui colmaté. La présence de failles normales et de fentes de traction observée sur les carottes non orientées serait en accord avec une cinématique en faille normale et donc la structure en graben du Lamentin. Des fluides hydrothermaux ont circulé dans les zones de faille. La distribution spatiale des sources thermales alignées sur un axe NW-SE semble indiquer que l'écoulement de ces fluides est contrôlé, en général, par le système de failles NWSE à WNW-ESE du graben du Lamentin (faille de Petit-Bourg) et en particulier un système de failles N115E connues sur la carte géologique située à proximité du puits de Californie. Cela suggère que la faille Nord-Lamentin, orientée N60E, soit relativement « transparente » d’un point de vue hydrogéologique à cet écoulement régional. L'étude géochimique des venues d'eaux rencontrées par les puits d'Habitation Carrère et de Californie indique que ces eaux, à l'origine, sont constituées, approximativement, de 30-35 % d'eau de mer et 70-65 % d'eau douce d'origine météorique. Ces eaux acquièrent leur composition chimique et isotopique définitive par interaction avec les roches volcaniques comme les andésites et les gaz tels que le CO2. Ce sont des eaux chlorurées sodiques carbo-gazeuses (PCO2 minimale d’au moins 1 bar), avec une salinité de l'ordre de 12-13 g/l et un pH mesuré autour de 6,0-6,1. La valeur de ce pH est, très probablement, plus basse dans la formation si on considère qu'un dégagement de CO2 a pu avoir lieu avant le prélèvement de ces eaux. Au cours de cette étude, il est montré 8 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) que les émanations gazeuses observées dans la plaine du Lamentin sont essentiellement constituées de CO2 d’origine magmatique et que les valeurs de PCO2 en profondeur peuvent être relativement importantes (> 1 bar). Par rapport au fluide du puits LA-101 ou aux eaux des sources thermales avoisinantes, qui possèdent des caractéristiques chimiques et isotopiques semblables, il apparaît que les venues d'eau des deux puits d'exploration, prélevées au cours de la réalisation de ces puits, ont été légèrement diluées par le fluide résiduel de foration. Les prélèvements d'eau réalisés après la mise en production de ces puits montrent que la venue d'eau du puits Californie a une salinité comparable à celle de l'eau du puits LA-101 ou de certaines sources thermales avoisinantes. La venue d'eau du puits d'Habitation Carrère a une salinité légèrement plus faible et semble subir un léger processus de mélange avec une eau douce superficielle, tout comme d’autres sources thermales avoisinantes. La signature isotopique en soufre-34 et oxygène-18 des sulfates dissous, dans la plupart des échantillons d’eau des puits d’exploration et des sources thermales avoisinantes, témoigne de l’origine marine de ces eaux mais aussi de la présence d’un processus de réduction bactérienne des sulfates (transformation des sulfates en sulfures). Ce processus est faiblement visible sur les échantillons d’eau provenant du puits Californie et des sources thermales avoisinantes. Probablement favorisé par les conditions modérées de température, il est nettement plus important sur l’un des échantillons prélevé au cours de la mise en production du puits d'Habitation Carrère, où une baisse anormale de la concentration en sulfates est également observée. Les températures en profondeur de ces venues d'eau sont estimées être de l'ordre de 90130 °C au moyen des géothermomètres chimiques, qui peuvent être utilisés dans le contexte de la plaine du Lamentin. Ces valeurs de température sont concordantes avec celles obtenues à partir des compositions chimiques des eaux des sources avoisinantes. Les concentrations relativement élevées en magnésium et en sulfates de ces eaux ainsi que leur absence d'enrichissement net en oxygène-18 des roches sont plutôt en accord avec l'estimation modérée de température donnée par les géothermomètres chimiques. Le fait que la venue d'eau du puits d'Habitation Carrère, traversée environ à la même profondeur que l'une des venues d'eau du puits de Californie (400 m), soit beaucoup plus froide que cette dernière et celle rencontrée par le puits LA-101 (environ 50 °C contre 90 °C), semble indiquer que la source de chaleur se situerait probablement au nord de la plaine du Lamentin et qu'il s'agirait d'un écoulement latéral de sens général plutôt NW-SE. L'inversion de gradient de température que l'on retrouve sur les deux puits en dessous de la zone correspondant à la présence de l'aquifère est en bon accord avec l'hypothèse de l'écoulement latéral. La composante eau de mer du fluide géothermal suggère que le réservoir dont il est issu n'est pas trop éloigné de la mer. Les données isotopiques de deutérium et d’oxygène-18 montrent que le pôle eau douce de ce fluide a une aire de recharge semblable à celle des eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon, situées au nord-ouest de la plaine du Lamentin. Cette aire pourrait, très probablement, être localisée sur le versant sous le vent du massif des pitons du Carbet, qui est localisé à une quinzaine de kilomètres de cette plaine. Le contexte géologique (direction générale des failles NW-SE, mise en BRGM/RP-51671-FR 9 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) place des coulées, distribution spatiale des sources thermales de la plaine du Lamentin) est en bon accord avec une alimentation en eau douce du réservoir géothermique de ce type. L’absence d’origine marine des eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon suggère que le mélange entre l’eau de mer et l’eau douce s’opère dans une zone plutôt située au sud-est de ces sources et au nord-ouest de la plaine du Lamentin. Le système hydrothermal actuel serait lié à un système de failles NW-SE à WNW-ESE (N140°E - N120°E), qui détermine probablement la structure profonde du Lamentin. Les indices de l’activité hydrothermale de moyenne température sont concentrés dans la partie nord du Lamentin là où le remplissage volcano-sédimentaire est le plus important, c’est-à-dire dans la zone ayant été probablement la plus subsidente. En revanche, aucun indice de réservoir haute enthalpie n’a été mis en évidence à partir des compositions chimiques et isotopiques des eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon, qui suggèrent plutôt des températures en profondeur de l’ordre de 100130 °C, semblables à celles estimées dans la plaine du Lamentin. Cette étude a permis de confirmer, de mieux localiser et de mieux connaître le système géothermal de moyenne température (90-130 °C) de la plaine du Lamentin. Aucun indice de l'existence actuelle d'un système porté à plus haute température n'a été mis en évidence dans cette zone. Il semble important, à l'avenir, de mieux caractériser la capacité de production de la ressource géothermique de moyenne température en menant des tests de production sur les puits d'Habitation Carrère et de Californie mais aussi sur de nouveaux ouvrages, plus adaptés, dont le choix du nombre et de la localisation doit faire l'objet de travaux complémentaires. 10 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Sommaire 1. Introduction .......................................................................................................... 19 2. Étude géologique des puits d’exploration géothermique et de leur environnement ..................................................................................... 21 2.1. Introduction ............................................................................................................ 21 2.2. Synthèse géologique et travaux antérieurs ............................................................. 21 2.2.1. 2.2.2. 2.2.3. 2.2.4. 2.2.5. 2.2.6. 2.2.7. 2.2.8. Le contexte géologique de La Martinique.................................................. 21 Le contexte géologique de la plaine du Lamentin...................................... 23 Le contexte tectonique du Lamentin .......................................................... 31 Matériel et méthodes .................................................................................. 34 Le forage de pointe Desgras ....................................................................... 36 Le forage d'Habitation Carrère ................................................................... 46 Le forage de Californie............................................................................... 57 Les données structurales de surface............................................................ 66 2.3. Caractérisation géochimique des laves................................................................... 69 2.3.1. Les données géochimiques ......................................................................... 69 2.3.2. Les données isotopiques ............................................................................. 72 2.4. Comparaison avec les affleurements de surface..................................................... 76 2.4.1. Comparaison inter-forage ........................................................................... 76 2.4.2. Origine de l’anomalie géothermique .......................................................... 78 2.5. Conclusion.............................................................................................................. 80 3. Étude géochimique des fluides des puits d’exploration géothermique et des sources thermales avoisinantes .................................................................... 81 3.1. Suivi géochimique du fluide de foration des trois puits d’exploration .................. 81 3.1.1. Puits d'exploration géothermique de la pointe Desgras.............................. 82 3.1.2. Puits d'exploration géothermique d’Habitation Carrère ............................. 83 3.1.3. Puits d'exploration géothermique de Californie ......................................... 88 BRGM/RP-51671-FR 11 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 3.2. Résultats des analyses chimiques et isotopiques des échantillons d’eau................ 92 3.2.1. Venues d’eau recoupées par les deux puits d’exploration géothermique au cours de leur foration .............................................................................. 92 3.2.2. Eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin et des sources de Didier et d’Absalon................................................................................. 92 3.3. Interprétation et discussion des résultats .............................................................. 100 3.3.1. Caractéristiques chimiques des eaux ........................................................ 100 3.3.2. Origine des eaux et temps de transit......................................................... 102 3.3.3. Processus d’interaction eau-roche-gaz et géothermométrie ..................... 109 3.4. Travaux de géochimie ultérieurs à la réalisation des trois puits........................... 122 3.4.1. Puits d'Habitation Carrère......................................................................... 123 3.4.2. Puits de Californie .................................................................................... 129 3.5. Conclusion............................................................................................................ 133 4. Profils de mesures de température et de pression en statique dans les trois nouveaux puits d'exploration géothermique................................ 135 4.1. Antécédents .......................................................................................................... 135 4.2. Objectifs ............................................................................................................... 135 4.3. Résultats du logging statique de mesures de température .................................... 136 4.4. Profil statique de mesures de température dans le puits LA-01 (pointe Desgras)..... 136 4.5. Profil statique de mesures de température dans le puits LA-02 (Habitation Carrère) .... 137 4.6. Profil statique de mesures de température dans le puits LA-03 (Californie) ....... 139 4.7. Profils de mesures de pression hydrostatique....................................................... 139 4.8. Conclusions .......................................................................................................... 141 5. Conclusion ............................................................................................................... 143 Références bibliographiques...................................................................................... 147 12 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Liste des figures Fig. 1 - Localisation des trois sondages d'exploration géothermique (pointe Desgras, Habitation Carrère et Californie) de la plaine du Lamentin (document CFG, 2001) ainsi que celle des sources thermales avoisinantes échantillonnées par le BRGM en mars 2001............................. 20 Fig. 2 - La Martinique dans l’archipel des Petites Antilles (in Bouysse et al., 1985). ............................................................................................................ 22 Fig. 3 - La plaine du Lamentin sur l’île de La Martinique. ........................................ 23 Fig. 4 - Vue vers le nord-est de la baie du Lamentin.................................................. 24 Fig. 5a - Reproduction de la carte géologique de La Martinique au 1/50 000 (Westercamp et al., 1989, 1990). ................................................................... 27 Fig. 5b - Géologie de la baie du Lamentin. Extrait de la Carte géologique de La Martinique au 1/ 50 000 (Westercamp et al., 1990). ..................................... 28 Fig. 6 - Carte structurale des grands édifices volcaniques de La Martinique (Westercamp et al., 1989, 1990) ..................................................................... 29 Fig. 7 - Les nouveaux forages d’exploration géothermique du Lamentin (CFG, 2001).. ............................................................................................................ 35 Fig. 8 - Exemples de carottes prélevées dans les forages du Lamentin...................... 37 Fig. 9 - Profils des températures extrapolées obtenus dans les deux sondages LA10 et LA-101 par EURAFREP et dans les trois puits d'exploration géothermique de pointe Desgras, Habitation Carrère et Californie (CFG, 2001)............................................................................................................... 38 Fig. 10 - Log géologique du forage de reconnaissance de la pointe Desgras............... 40 Fig. 11 - Log du forage de reconnaissance de la pointe Desgras. Densité de fractures, épaisseur du colmatage, localisation des failles, ouverture libre, taux de récupération des carottes, évolution verticale des remplissages de fractures. .... 42 Fig. 12 - Histogramme des pendages vrais des fractures relevées sur les carottes du forage de pointe Desgras........................................................................... 44 Fig. 13 - Section carottée fracturée et altérée dans une zone perméable ...................... 48 Fig. 14 - Log géologique du forage de reconnaissance d'Habitation Carrère............... 50 Fig. 15 - Log de la partie supérieure du forage de reconnaissance d'Habitation Carrère............................................................................................................ 51 Fig. 16 - Log du forage de reconnaissance d'Habitation Carrère..................................... 52 Fig. 17 - Histogramme des pendages vrais des fractures relevées sur les carottes du forage d'Habitation Carrère....................................................................... 54 BRGM/RP-51671-FR 13 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Fig. 18 - Position des indices de perméabilité et des anomalies de conductivité observées dans le fluide de foration reportées le long de la colonne lithologique du puits Californie. Profils de température mesurés pendant le forage (CFG) et après (BRGM). ................................................................ 59 Fig. 19 - Log géologique du forage de reconnaissance de la Californie. ..................... 61 Fig. 20 - Log du forage de reconnaissance de Californie ............................................. 64 Fig. 21 - Histogramme des pendages vrais des fractures relevées sur les carottes du forage de Californie. ................................................................................. 65 Fig. 22 - Projection stéréographique (Schmidt, hémisphère inférieur) des données structurales relevées sur le terrain à proximité du forage de pointe Desgras (Lamentin, Martinique ..................................................................... 67 Fig. 23 - Projection stéréographique (Schmidt, hémisphère inférieur) des données structurales relevées sur le terrain dans le quartier Dillon au nord du Lamentin (Martinique)................................................................................... 68 Fig. 24 - Projection stéréographique (Schmidt, hémisphère inférieur) des données structurales relevées sur le terrain dans le quartier Chateaubœuf au nord du Lamentin (Martinique).............................................................................. 68 Fig. 25 - Diagramme SiO2 en fonction de Na2O+K2O. En haut, champs théoriques des faciès de laves. ....................................................................... 70 Fig. 26 - Compositions isotopiques δ13C-δ18O des calcites de fracture des forages du Lamentin. .................................................................................................. 74 Fig. 27 - Rapports 87Sr/86Sr des calcites de fracture des forages du Lamentin présentés en fonction de l’inverse de la teneur en Sr..................................... 74 Fig. 28 - Reconstruction des conditions de formation des calcites de fracture des forages Californie et Desgras, calculées à partir du fractionnement calcite-eau des isotopes de l’oxygène (Freidman et O’Neil, 1977) et du δ18O (-2,0 ‰) mesuré pour l’eau de production du forage. ........................... 75 Fig. 29 - Position des anciens forages d’exploration géothermiques du Lamentin. ..... 76 Fig. 30 - Coupe géologique schématique NW-SE passant par le forage Californie au nord-ouest, le forage de pointe Desgras au centre et le forage de Carrère au sud-est........................................................................................... 77 Fig. 31 Carte interprétative de la région du Lamentin (CFG, 2001, modifiée).......... 79 Fig. 32 - Profils des valeurs de conductivité et de pH du fluide de foration du puits d'exploration géothermique de pointe Desgras en fonction de la profondeur...................................................................................................... 82 Fig. 33 - Suivi géochimique du fluide de foration du puits de pointe Desgras ............ 84 Fig. 34 - Profils des valeurs de conductivité et de pH du fluide de foration du puits d'exploration géothermique d'Habitation Carrère en fonction de la profondeur...................................................................................................... 85 Fig. 35 - Suivi géochimique du fluide de foration du puits d'Habitation Carrère ........ 86 14 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Fig. 36 - Profils des valeurs de conductivité et de pH du fluide de foration du puits d'exploration géothermique de Californie en fonction de la profondeur...................................................................................................... 89 Fig. 37 - Suivi géochimique du fluide de foration du puits de Californie .................... 90 Fig. 38 - Positionnement des venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique, des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées dans le diagramme ternaire Cl-HCO3-SO4 de Giggenbach (1991).............. 101 Fig. 39 - Concentrations en sodium et en bromure en fonction de celles en chlorure pour les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique, les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées......... 103 Fig. 40 - Diagrammes δD-δ18O, δD-Cl et δ18O-Cl pour les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique, les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées................................................................... 104 Fig. 41 - Concentrations en potassium, sulfates, calcium, magnésium, bicarbonates et silice en fonction de celles en chlorure pour les venues d’eau des puits d’exploration géothermique, les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées.............................................................................................. 107 Fig. 42 - Concentrations en bore, arsenic, strontium, baryum, fer et manganèse en fonction de celles en chlorure pour les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique, les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées. ............................................................................................ 108 Fig. 43 - Concentrations en lithium, rubidium, césium et germanium en fonction de celles en chlorure pour les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique, les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées.............................................................................................. 109 Fig. 44 - Positionnement des venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique, des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que des eaux de surface échantillonnées dans le diagramme ternaire Na-K-Mg de Giggenbach (1988)..................... 118 Fig. 45 - Diagrammes K-Na et Li-Na pour les venues d’eau des puits d’exploration géothermique, des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que des eaux de surface échantillonnées............................................................................................. 121 Fig. 46 - Report des profils de température mesurés dans le puits de Californie pendant et après la réalisation du puits (CFG, 2002). .................................. 140 BRGM/RP-51671-FR 15 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Liste des tableaux Tabl. 1 - Chronologie des épisodes de déformations au Lamentin............................... 34 Tabl. 2 - Analyses chimiques des éléments majeurs des laves (faciès sain, faciès altérés) prélevées dans les forages du Lamentin............................................ 69 Tabl. 3 - Analyses chimiques des éléments traces des laves (faciès sain, faciès altérés) prélevées dans les forages du Lamentin............................................ 71 Tabl. 4 - Composition isotopique (δ13C, δ18O, 87Sr/86Sr) des calcites de fracture des forages Desgras, Californie et Carrère..................................................... 73 Tabl. 5 - Prélèvements d'échantillons de la venue d'eau de formation (380-420 m de profondeur) lors de la fracturation hydraulique de fond de trou du 24 janvier 2001 sur le puits d'Habitation Carrère et mesures des paramètres les plus pertinents afin de sélectionner les échantillons les plus représentatifs de cette venue d'eau pour analyses chimiques et isotopiques ..................................................................................................... 87 Tabl. 6 - Résultats des analyses chimiques et isotopiques effectuées sur les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique d'Habitation Carrère et de Californie, au cours de leur foration .................... 93 Tabl. 7 - Campagne de géochimie des eaux du 13 au 16 mars 2001 : mesures sur site et prélèvements des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, d'Absalon et de Didier ainsi que de certaines eaux de surface ..... 95 Tabl. 8 - Résultats des analyses chimiques des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que des eaux de surface, prélevées au cours de la campagne d'échantillonnage, réalisée du 13 au 16 mars 2001 ....................................................................................................... 97 Tabl. 9 - Résultats des analyses isotopiques des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que des eaux de surface, prélevées au cours de la campagne d'échantillonnage, réalisée du 13 au 16 mars 2001 ................................................................................... 99 Tabl. 10 - Calcul des indices de saturation (IS) des eaux de quelques sources thermales et du puits d'exploration géothermique de Californie vis-à-vis de certains minéraux, réalisés à température d'émergence au moyen du code géochimique EQ3NR........................................................................... 114 Tabl. 11 - Calcul des indices de saturation (IS) des eaux de quelques sources thermales et du puits d'exploration géothermique de Californie vis-à-vis de certains minéraux, réalisés à 90 et 120 °C au moyen du code géochimique Q3NR ........................................................................................................... 117 16 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Tabl. 12 - Estimation des températures en profondeur à partir des géothermomètres chimiques pour les venues d’eau des puits d'exploration géothermique d'Habitation Carrère et de Californie, les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d'Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées.............................................................................................. 120 Tabl. 13 - Données obtenues sur le fluide produit par le puits d'Habitation Carrère au cours de sa mise en production par pompage.......................................... 124 Tabl. 14 - Mesures des paramètres physico-chimiques effectuées sur site concernant le fluide produit par le puits d'Habitation Carrère ..................... 125 Tabl. 15 - Composition chimique des gaz libres et dissous sur les puits d'exploration d'Habitation Carrère et de Californie ..................................... 128 Tabl. 16 - Données obtenues sur le fluide produit par le puits de Californie au cours de sa mise en production .................................................................... 130 Tabl. 17 - Mesures des paramètres physico-chimiques effectuées sur site concernant le fluide produit par le puits de Californie................................. 130 Liste des annexes Ann. 1 - Liste des génératrices relevées sur les forages du Lamentin de pointe Desgras, d'Habitation Carrère et de Californie ............................................ 155 Ann. 2 - Projection stéréographique (Schmidt, hémisphère inférieur) des données structurales relevées dans le forage de pointe Desgras (Lamentin, Martinique)................................................................................................... 161 Ann. 3 - Projection stéréographique (Schmidt, hémisphère inférieur) des données structurales relevées dans le forage d'Habitation Carrère (Lamentin, Martinique)................................................................................................... 175 Ann. 4 - Projection stéréographique (Schmidt, hémisphère inférieur) des données structurales relevées dans le forage de Californie (Lamentin, Martinique)................................................................................................... 187 Ann. 5 - Programme des travaux de géochimie des eaux à réaliser sur les trois puits d'exploration géothermique pointe Desgras, Carrère et Californie ..... 197 Ann. 6 - Tableaux des données brutes obtenues au cours du suivi géochimique des fluides de foration des trois puits d'exploration géothermique pointe Desgras, Carrère et Californie...................................................................... 201 BRGM/RP-51671-FR 17 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Ann. 7 - Tableau présentant les résultats des analyses chimiques et isotopiques effectuées au cours d'études antérieures sur la venue d'eau recoupée par l'ancien puits LA-101, l'eau de mer locale et les eaux thermales de quelques sources de la plaine du Lamentin et des sources de Didier et d'Absalon. Ces résultats sont comparés à ceux obtenus sur les venues d'eau des deux nouveaux puits d'exploration géothermique ........................ 215 Ann. 8 - Représentation des données géochimiques précédentes (ann. 7) sur diagrammes binaires .................................................................................... 219 Ann. 9 - Estimation des températures en profondeur à partir des géothermomètres chimiques appliqués sur les données de l'annexe 7 ..................................... 223 Ann. 10 - Carte d'implantation des trois puits d'exploration géothermique pointe Desgras, Carrère et Californie et données, sous forme de tableaux et de figures, obtenues au cours de la campagne de profils de mesures de températures et de pression en statique, effectuée en juillet 2001, sur ces puits.............................................................................................................. 227 Pl. photo - 18 Source thermale dite de la Lézarde dans la plaine du Lamentin (échantillon LA-M5) ............................................................................... 253 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 1. Introduction L a demande croissante en énergie dans les îles de la Caraïbe et la volonté politique de rechercher des solutions à l’indépendance énergétique ont poussé le conseil régional de La Martinique avec le soutien financé de l’Ademe, l’Union européenne, EDF Services Martinique et le BRGM à reprendre des recherches géothermiques dans la plaine du Lamentin, zone de mangrove située à proximité et au sud de Fort-de-France. La première phase d’exploration géothermique, qui a eu lieu entre 1966 et 1971 dans la plaine du Lamentin, en Martinique, avait mis en évidence l’existence d’un aquifère de basse température (environ 94 °C) entre 150 et 180 m de profondeur dans le seul puits de reconnaissance géothermique (LA-101 ; 772 m de profondeur), réalisé dans cette zone. À la suite de plusieurs travaux de prospection géothermique menés entre 1971 et 1985, la Compagnie française de géothermie (CFG) a entrepris une nouvelle phase d’exploration dans la plaine du Lamentin en faisant réaliser par la société FORACO, entre novembre 2000 et avril 2001, trois sondages de type slim-hole (fig. 1). Ces ouvrages ont été effectués en petit diamètre (diamètre final HQ ou NQ), en mode destructif de 0 à environ 400 m, puis en carottage jusqu'à des profondeurs autour de 1 000 m. Le but de cette nouvelle phase d’exploration géothermique était (1) de compléter la connaissance et la compréhension de l’aquifère superficiel de basse température, déjà identifié et (2) de reconnaître les niveaux plus profonds pour vérifier l’existence d’une ressource géothermique profonde à haute température. La réalisation de ces forages carottés, les plus profonds de la Caraïbe, offrait l’opportunité exceptionnelle d’acquérir des nouvelles connaissances sur le soubassement volcanique de La Martinique et donc de les intégrer pour la compréhension du système géothermal de la plaine du Lamentin. Le projet mené par le BRGM et cofinancé par l’ADEME a eu pour objectif de réaliser les travaux d’accompagnement scientifique des trois puits d’exploration. Ces travaux se répartissent suivant trois domaines principaux : - travaux d’accompagnement en géologie ; - travaux d’accompagnement en géochimie des fluides, complétés d’une campagne de mesures sur site et d’échantillonnage d’eaux des sources thermales avoisinantes (fig. 1) ; - mesures physico-chimiques en forage (essentiellement température et pression). Ce rapport présente les travaux réalisés suivant les trois domaines cités auparavant et vient compléter les rapports précédents (CFG, 2001 ; Sanjuan et al., 2001a). L’étude fine des altérations hydrothermales menée en collaboration avec le laboratoire Hydrasa de l’université de Poitiers, est présentée dans un rapport indépendant (Mas et al., 2001). Les résultats scientifiques majeurs ont été présentés dans le congrès annuel de géothermie de Stanford (Genter et al., 2002 ; Sanjuan et al., 2002). BRGM/RP-51671-FR 19 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Localisation des sondages d'exploration géothermique dans la Plaine du Lamentin N 1618 1618 Vers sources thermales Absalon et Didier Enveloppe des anomalies gaz S2 et (As, Hg ) dans les sols Californie 1616 la11 1616 sour la10 la03 LAM4 sour la12 La101 LAM5 la02 sour sour sources thermales disparues la01 1614 Pte Desgras Qr Bac 1614 sour LAM2 LAM3 LAM1 sourla09 la05 LAM9 la04 Carrère la07 la06 1612 1612 Baie du Lamentin Cocotte Campagne BRGM d’échantillonnage eaux thermales mars 2001 la08 1610 1610 EURAFREP C FG Puits chauds Puits tièdes Puits froids 1608 1608 Sources 710 712 714 0 716 718 2 KM Fig. 1 - Localisation des trois sondages d'exploration géothermique (pointe Desgras, Habitation Carrère et Californie) de la plaine du Lamentin (document CFG, 2001) ainsi que celle des sources thermales avoisinantes échantillonnées par le BRGM en mars 2001. 20 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 2. Étude géologique des puits d’exploration géothermique et de leur environnement 2.1. INTRODUCTION Ce chapitre rassemble l’ensemble des données géologiques acquises lors des travaux d’accompagnement géoscientifiques réalisés sur place par le BRGM ainsi que leur interprétation replacée dans le contexte plus général de La Martinique. Les travaux réalisés sur site ont consisté principalement en une description lithologique des formations carottées, une analyse des réseaux de fractures, des remplissages hydrothermaux associés et des photographies en caisses des carottes. L’absence de mesures d’orientation des carottes par des outils d’imageries de paroi du type BHTV (Borehole Televiewer) et de relevé de structural de terrain autour des forages, nous a conduits à intégrer quelques informations structurales d’études antérieures. La caractérisation géochimique des laves du substratum ou de certains remplissages de fractures (chimie roche, chimie isotopique), est également présentée dans ce rapport. 2.2. SYNTHÈSE GÉOLOGIQUE ET TRAVAUX ANTÉRIEURS 2.2.1. Le contexte géologique de La Martinique La Martinique est une île principalement volcanique appartenant à l’arc des Petites Antilles qui dessine une courbe de 850 km de long (fig. 2). Au niveau géodynamique, La Martinique, qui appartient à l’archipel des Antilles, tire son origine de grands mouvements lithosphériques commencés il y a 100 millions d’années (Andreieff et al., 1989). Cette marge active qui résulte de la superposition de plusieurs phases de subduction depuis la limite Jurassique terminal - Crétacé inférieur jusqu’à nos jours correspond actuellement à une subduction de la plaque atlantique sous la plaque caraïbe avec un taux de convergence de l’ordre de 2,2 cm/an selon un axe ESE-WNW (Stein et al., 1982). La répartition des foyers des séismes permet de préciser que le plan de subduction, qui plonge de 60°, se situerait à 120 km environ de profondeur sous l’île de La Martinique (Godefroy et al., 1991). Au niveau structural, deux grands domaines se distinguent (Chabellard et al., 1986) : - un domaine externe en compression situé vers l’est de l’île correspondant au prisme d’accrétion de la Barbade où se développent des plis, failles inverses et décrochements ; - un domaine en distension situé vers l’ouest correspondant à la plaque caraïbe, caractérisé par des failles normales. Des travaux de microtectonique de terrain suggèrent un régime d’extension radiale généralisée du Miocène à l’Actuel. L’île de La Martinique située à la frontière entre ces grands domaines pourrait être le siège d’un régime décrochant compressif ou décrochant (Chabellard et al., 1989). BRGM/RP-51671-FR 21 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Fig. 2 - La Martinique dans l’archipel des Petites Antilles (in Bouysse et al., 1985). 1 : volcans sous-marins. 2 : volcans terrestres. 3 : arc externe. 4 : limite des plates-formes insulaires à l’isobathe -200 m. 5 : isobathes tous les 1000 m. 22 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 2.2.2. Le contexte géologique de la plaine du Lamentin a) Le fossé du Lamentin La région du Lamentin qui se situe à cheval sur les arcs volcaniques intermédiaire à interne, s’étend sur la partie centre ouest de l’île de La Martinique, au sud-est de Fortde-France et constitue une zone alluviale et marécageuse couvrant une surface de 100 km2 environ (fig. 3). Dans cette plaine alluviale, bordée par la mer des Caraïbes, coule la rivière la Lézarde qui la traverse selon un axe E-W pour aller se jeter dans la baie de Fort-de-France (fig. 4). La géologie de surface, largement masquée par les mangroves et les alluvions, est connue par les levers de terrain de la carte géologique au 1/50 000 (Westercamp et al., 1989 et 1990) et des travaux de reconnaissance effectués par EURAFREP dans les années soixante-dix et le BRGM dans les années quatre-vingts (Chovelon, 1984a, b). La structuration de l’île de La Martinique correspondrait à un système de horsts et grabens d’orientation principale NE-SW mais où des accidents de direction NW-SE sont également présents. Il est donc admis que la région du Lamentin correspond à une zone majeure d’effondrement limitée par des accidents importants mais dont l’expression de surface n’est pas clairement reconnue (Westercamp, 1972 in Godefroy et al., 1991). Une bande NE-SW traverserait toute la zone du Lamentin en même temps qu’une zone faillée NW-SE. Le réseau de fractures NW-SE jouerait en extension et constituerait la principale structure de contrôle de mise en place des magmas martiniquais depuis le Miocène moyen (Andreieff et al., 1989). La direction NE-SW qui jouerait en décrochement depuis le Miocène supérieur se marque par des grandes failles transverses qui compartimentent le réseau précédent. Martinique Island Montagne Pelée Carbet Fort-de-France Le Lamentin 0 20 km Fig. 3 - La plaine du Lamentin sur l’île de La Martinique. BRGM/RP-51671-FR 23 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Fig. 4 - Vue vers le nord-est de la baie du Lamentin. Les pitons du Carbet au centre de la photo, surplombent Fort-de-France et le nord de la baie. Sur la carte géologique de Martinique, les principales failles cartographiques sont : - au nord-est, la faille Nord-Lamentin orientée N60°E est une faille cartographique d’extension plurikilométrique. Cette faille à jeu normal probable est masquée sous des sédiments plio-quaternaires. Elle est très redressée et aurait son compartiment nordouest abaissé. On ne connaît pas son rejet vertical ; - toujours au nord-est, à proximité de la baie, on note la présence de deux failles parallèles N115°E qui affectent la série miocène d’andésites ραm2f du quartier de Californie. Ces failles ne sont pas visibles dans les alluvions et les dépôts de mangroves ni dans les tuffites notées 1tf. Plus au nord (ZAC rivière Roche), une faille décrochante à inverse a été mise en évidence d’après des levers de terrain dans une tranchée (Genna, 1994). Cette faille qui affecte les terrains d’âge plio-pléistocène a une direction moyenne N120°E et plonge de 45° vers le nord. Sa strie est orientée N165°E et son rejet vertical est pluri-métrique. D’après Genna (1994), cette faille pourrait avoir eu une activité d’âge quaternaire. Cette faille est située dans le prolongement nord des deux failles portées sur la carte géologique N115°E ; - au nord-ouest du Lamentin, deux failles cartographiques supposées orientées N140°E affectent les formations andésitiques ραm2b de la série du Vauclin-Pitault : - au sud et à l’est, les failles les plus proches correspondent au réseau N140°E de PetitBourg et de rivière Salée d’une part et de Ducos - Saint-Esprit d’autre part. Quelques failles N60°E sont également présentes au niveau de rivière Salée - Petit-Bourg. Il n’y a pas d’autres accidents reportés sur la carte géologique, notamment dans la partie centrale du Lamentin en raison de la présence de la couverture d’alluvions et de mangroves. La structuration de la zone du Lamentin semble surtout liée aux accidents NW-SE. Le jeu de la faille nord Lamentin orientée au nord-est semble surprenant car il met en position « haute », c’est-à-dire de horst, la plaine alluviale du Lamentin. 24 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) b) Les indices d’activité hydrothermale du Lamentin Les indices actuels d’activité hydrothermale qui existent au niveau de la plaine du Lamentin avaient conduit à des travaux de reconnaissance géothermiques par forage de gradient par la compagnie EURAFREP (Surcin, 1969). Douze sondages relativement superficiels de 80 à 180 m de profondeur, La1 à La12, avaient été réalisés selon un maillage plus ou moins régulier totalisant environ 1300 m de forage (fig. 1). Les forages localisés sur un axe NWSE qui relie le quartier de Californie à la zone aéroportuaire (La1, La2, La10, La11, La12) présentent les anomalies thermiques les plus intéressantes. De plus, l’existence de nombreuses sources chaudes localisées dans le même secteur laissait supposer qu’une cible géothermique potentielle était présente. En effet, les sources thermales dont les températures d’émergence s’étendent entre 34 et 52 °C, bien que concentrées autour de l’aéroport (fig. 1), s’organisent selon une bande NNW-SSE à NW-SE. Leur débit est généralement faible et leur composition chimique est de type NaCl riche en CO2. Le forage profond LA-101 réalisé par EURAFREP en 1969 dans le but de rechercher un réservoir de vapeur a atteint la profondeur de 771 m (Surcin et al., 1970). Il est localisé dans la zone d’anomalie géothermique mise en évidence par les forages de gradient c’est-à-dire le long de la rivière la Lézarde, près de son embouchure. Il a rencontré entre 155 et 250 m de profondeur une zone productrice avec un fluide voisin de 90 °C riche en CO2, dont la composition chimique est équivalente à celle des sources thermales de surface. Cette zone réservoir est décrite par EURAFREP comme un drain formé de réseau de fractures inclinées, silicifiées et recoupées par le sondage. Les fluides produits par des éruptions liées à de forts dégagements de CO2 sont riches en bore et ont déposé des travertins carbonatés. Des études géochimiques de surface ont mis en évidence des anomalies en As, Hg et gaz dans les sols (radon, CO2, hélium) qui forment une enveloppe allongée selon la direction structurale NW-SE (fig. 1). Au sud, l’anomalie suit également la direction NE-SW. Des études géophysiques de terrains ont permis de définir la profondeur du substratum résistant ainsi que l’épaisseur des alluvions à quartz de l’ancienne rivière de la Lézarde. Il apparaît donc que les indices actuels de l'activité hydrothermale sont concentrés dans la partie nord du fossé tectonique du Lamentin. Les manifestations thermales de surface actuelles sont contrôlées par les failles de direction NW-SE, qui déterminent la structuration du fossé du Lamentin. La synthèse des travaux réalisés au Lamentin a permis de proposer que la branche nord de la faille de Petit-Bourg soit responsable de cette activité hydrothermale (CFG, 2001). En effet, c’est cette faille qui fait la limite entre la mangrove au sud-ouest et les reliefs volcaniques anciens au nord-est, et le long de laquelle s'alignent les sources chaudes du Lamentin et les anomalies géochimiques dans les sols. c) Les indices d’activité hydrothermale fossiles du Lamentin Des indices d'une activité hydrothermale intense mais plus ancienne ont également été reconnus au sud de la zone aéroportuaire. Il s'agit notamment de dépôts de travertins siliceux formant les petits reliefs de morne Doré, Château-Lézard, pointe Desgras, BRGM/RP-51671-FR 25 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) morne Rouge et Petit morne. Les dépôts de ce dernier site ont été datés entre 250 000 et 300 000 ans. Ils attestent donc de l'existence d'un système géothermique sous la plaine du Lamentin, dès cette époque, avec des fuites en surface de fluides hydrothermaux haute température. Chovelon (1984b) propose que le système géothermal du Lamentin soit un système ancien polyphasé, en cours de refroidissement, ce qui se traduirait par une réduction de la taille et un enfouissement de l'anomalie thermique. Surcin et al. (1970) et Chovelon (1984b) s'accordent à dire que le système géothermique actuel et récent est localisé dans la partie nord du fossé tectonique du Lamentin, depuis le quartier Californie jusqu'à l'Hon Cocotte, plus ou moins centré sur le Cohé du Lamentin, sans toutefois donner d'information précise sur la position actuelle de l'anomalie thermique. Trois hypothèses sont avancées pour expliquer la source de chaleur à l'origine de l'activité hydrothermale : une origine distale liée aux pitons du Carbet situés au nord-est, un stock magmatique en profondeur situé à l’aplomb de la baie du Lamentin, le volcanisme récent de rivière Salée situé plus au sud et daté à 0,63 Ma. d) Les édifices volcaniques La baie du Lamentin se situe donc au carrefour de nombreux appareils volcaniques qui ont participé à l’édification du Centre et du Sud martiniquais (fig. 5). Il s’agit principalement des reliefs anciens de morne Pitault, de la montagne du Vauclin et des formations volcaniques ceinturant la baie de Fort-de-France. Les formations géologiques formant le substratum sont principalement de nature volcanique ou volcano-sédimentaire (coulées de laves, intrusions, dykes, tuffites). Les différents édifices qui bordent la zone du Lamentin ont fonctionné entre 15 et 1 Ma environ (Westercamp et al., 1989). Dans l’optique de corréler les levers géologiques faits dans les forages d’exploration géothermique avec les informations de surface, on examine quelle est la nature des formations géologiques, qui affleurent autour de la baie du Lamentin. On rencontre du plus ancien au plus jeune : • La chaîne du Vauclin-Pitault C'est une grande structure volcanique allongée et orientée N160°E qui affleure au nord et à l’est du Lamentin. Cette chaîne a été édifiée en cinq grandes phases volcaniques interrompues par des épisodes de sédimentation carbonatée entre -15,5 et -10 Ma. Cette chaîne d’âge miocène caractérisée par un volcanisme sous-marin principalement effusif, montre dans la région du Lamentin : Au nord et à l’est : - des formations volcaniques anciennes, correspondant à une première phase effusive généralisée. Il s’agit de coulées de basaltes porphyriques (notés ρβm2a dans la carte géologique, fig. 5) et des hyaloclastites primaires (Hm2a) qui affleurent vers l’est à 2 km du site d'Habitation Carrère et vers le nord à environ 5 km de la baie (quartier Chambord) ; - ensuite, les formations les plus proches du Lamentin correspondent principalement à des andésites porphyriques (ραm2b) notées parfois andésites basaltiques à clinopyroxène du morne Doré datées à 12,5 Ma (Westercamp, 1982) ou d’andésites 26 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) peu porphyriques à augite et olivine et des hyaloclastites (Hm2b) remaniées ou non en tuffites stratifiées (conglomérats, grès, silts) ou tuf du Vauclin. Ces formations appartiennent à la phase majeure d’édification de cette chaîne du Vauclin-Pitault c’està-dire à une activité explosive sous-marine. Plusieurs petits affleurements d’andésite à augite et olivine (αm2b) s’étendent en bordure de la baie au nord de l’exutoire de la rivière la Lézarde, à proximité du forage EURAFREP LA11 et vers Fort-de-France (plantation Dillon). Fig. 5a - Reproduction de la carte géologique de La Martinique au 1/50 000 (Westercamp et al., 1989, 1990). BRGM/RP-51671-FR 27 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Vers l’est et le sud, on rencontre des formations qui appartiennent à la phase effusive du volcanisme de rivière Pilote. Il s’agit du conglomérat dit de rivière Pilote (Cm2c) et des coulées massives d’andésites porphyriques à hypersthène et augite (ραm2c), qui affleurent à moins de 2 km à l’est du site d'Habitation Carrère. Ces andésites (ραm2c) affleurent également, largement au sud, dans la région des Trois-Ilets ainsi que des brèches pyroclastiques (ρβm2c). Le système volcanique du Vauclin-Pitault est constitué de reliefs alignés N-S. Sur le plan tectonique, cette structure volcanique a les caractéristiques d’un rift orienté NNWSSE avec les couches plongeant vers l’extérieur de la structure (Westercamp, 1989). Structuralement, un faisceau de failles NNW-SSE découpe la chaîne de Vauclin-Pitault dont la bordure occidentale (faille de Saint-Esprit) correspondrait à une faille qui délimiterait la partie orientale de la plaine du Lamentin. • Le volcanisme miocène fissural du sud et sud-ouest martiniquais (Californie, Ducos). Après le cycle volcanique sous-marin du Vauclin-Pitault, on rencontre des formations qui découlent d’un épisode volcanique fissural miocène bien développé vers l’est et le sud de la baie du Lamentin : - dans le quartier de Californie, des andésites aphyriques (ραm2f) datées à 7,15 Ma affleurent localement. Le sondage de Californie est implanté dans cette zone ; - à Ducos, on trouve des coulées massives d’andésites porphyriques plus ou moins basiques à augite et hypersthène (ραm2e). Ces formations affleurent vers l’est à 3 km du site d'Habitation Carrère et ont été datées à 8,82 Ma (carrière au nord-ouest de Ducos) ; Fig. 5b - Géologie de la baie du Lamentin. Extrait de la Carte géologique de La Martinique au 1/50 000 (Westercamp et al., 1990). 28 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Fig. 6 - Carte structurale des grands édifices volcaniques de La Martinique (Westercamp et al., 1989, 1990) 1 : plaine du Lamentin. 2 : volcanisme actif de la Montagne Pelée. 3 : volcanisme pliocène terminal-pléistocène. 4 et 5 : volcanisme du morne Jacob. 6 : volcanisme effusif du morne Pavillon. 7 : volcanisme effusif de Ducos. 8 : volcanisme sous-marin du VauclinPitault. 9 : complexe volcanisme de base. 10 : front volcanique pléistocène. 11 : accident. 12 : principales élévations à terre. 13 : volcan sous-marin de Schoelcher. BRGM/RP-51671-FR 29 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - au sud-est, on rencontre ces coulées andésitiques à Trois-Ilets (ραm2f). Ce volcanisme montre également une structuration NNW-SSE. • Le volcanisme dacitique à grenat du Gros-Ilet (6 à 6,5 Ma) Au sud de la baie du Lamentin, on rencontre des formations dacitiques (ραm2g) dans la région de Trois-Ilets et du Gros-Ilet. Ces dacites en dôme ou en coulée-dôme sont porphyriques à quartz, biotite et grenat almandin. Leur mise en place serait associée à un système de failles majeures orientées NE-SW (Westercamp et al., 1989). • Les tuffites de Fort-de-France Il s’agit de formations sédimentaires affleurant au nord du Lamentin, à l’est de Fort-deFrance et mises en place à la limite miocène-pliocène (6,2 Ma). Deux faciès caractérisent ces tuffites : (1) des tuffites calcaires (m3-p) correspondant à un affleurement très limité spatialement et (2) des tuffites terrigènes azoïques affleurant plus largement. Ce niveau de tuffites est épais de quelques centaines de mètres et correspond à une émersion marquée des reliefs volcaniques miocènes (Chovelon, 1984a). Sa base est fossilifère et rapportée au passage miocène-pliocène (Westercamp, 1982). • Le volcanisme sous-marin du morne Jacob Dans la partie nord du Lamentin, des coulées andésitiques ont été datées entre 4 et 2 Ma et se rapportent au volcan bouclier du morne Jacob, dont le point d’émission est situé à au moins 20 km au nord du Lamentin. À la base, la première phase de mise en place de ce volcan bouclier est caractérisée par des coulées de laves aphyriques (aα), des dépôts de type hyaloclastite (H) et des dykes qui affleurent entre 5 et 10 km au nord du Lamentin. Ensuite, lors de la seconde phase d’édification de ce volcanisme sous-marin, des coulées massives d’andésites peu porphyriques (1α) et porphyriques sombres à hypersthène et augite (2α) se mettent en place. Elles affleurent au nord et au nord-est du Lamentin sous la forme de vastes épanchements orientés selon un axe NW-SE. Des conglomérats polygéniques grossiers (2-5 C), qui marquent la fin du volcanisme du morne Jacob, affleurent à l’ouest de Fort-de-France sous la forme d’une crête de direction N-S, soulignant la trace d’une paléovallée. Les coulées d’andésites, partiellement remaniées sous forme de conglomérats torrentiels, proviennent d’appareils volcaniques situés au nord et venant combler des dépressions préexistantes. Il en résulte des variations d’épaisseur significative de ces formations. 30 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) • Le volcanisme du Carbet Les pitons du Carbet correspondent à un volcan composite situé à 15 km au nord-est du Lamentin. La dernière phase d’activité volcanique est datée à 0,7 Ma. Au nord-ouest de la baie du Lamentin (région de Fort-de-France), et au nord-est au niveau de la ville du Lamentin, des formations volcaniques (andésites sombres à deux pyroxènes de Fort-deFrance, α1) et volcano-sédimentaires à dominante sédimentaire affleurent (conglomérats grossiers de base 6C, conglomérat 9C). On classe les conglomérats sous la rubrique des dépôts boueux à blocs anguleux (anciens glissements de terrain ?). • Les alluvions à quartz de l’ancienne rivière Lézarde La destruction des laves (dacitiques) du volcan des pitons du Carbet est à l’origine de ces alluvions notées Fz. Ces alluvions couvrent la majorité de la baie du Lamentin avec les mangroves côtières (RFM). L’épaisseur de ces matériaux détritiques peut atteindre 100 m. Des forages effectués dans cette zone montrent l’existence d’une nappe phréatique au sein de cette formation perméable (Chovelon, 1984b). La carte des isobathes (BRGM, 1973) montrent des paléovallées aux contours accentués avec des bordures très marquées (100 m) individualisant des fossés N-S à NNW-SSE. • Le volcanisme acide plio-pléistocène de rivière Salée Dans la région de rivière Salée, au sud de la baie, un dôme de dacites est daté à 0,63 Ma. Il s’agit de brèche ponceuse à blocs massifs arrachés au substratum (Bq) et des coulées de laves massives d’andésites à hornblende (αhb). Ces produits volcaniques se localisent à la croisée de deux directions tectoniques majeures NE-SW et NW-SE (Chovelon, 1984a). 2.2.3. Le contexte tectonique du Lamentin La région du Lamentin bien que recouverte par des dépôts de type mangrove ou alluvions présente une structuration qui correspondrait à la croisée de deux directions structurales majeures à l’échelle de l’île de La Martinique. Les différentes études dans ce secteur de l’île ont toujours insisté sur l’existence de plusieurs systèmes de failles (Chovelon, 1984a, b ; Andreieff et al., 1989 ; Westercamp et al., 1989) : (1) un système de failles NE-SW et (2) un système de failles NW-SE. En plus de ces directions majeures, deux directions secondaires, interprétées comme plus anciennes, s’individualisent. Il s’agit des failles N-S et des failles E-W. a) Les failles NE-SW Ces failles individualisent un système complexe représenté par deux types de cinématique : des failles à mouvements verticaux ou failles normales et des failles décrochantes dextres (Westercamp, 1972). Cette direction NE-SW correspondrait également à un axe gravimétrique lourd, et donc à une direction profonde régionale. BRGM/RP-51671-FR 31 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Dans la zone du Lamentin, le système NE-SW est peu documenté, voire jamais clairement observé sur le terrain. Il apparaît plus clairement sur le terrain, au sud, dans la région des Trois-Ilets et de rivière Salée. Le faisceau de failles qui coupe Anses d’Arlets - Trois-Ilets affecte les dacites à grenats ce qui lui donne un âge au moins de 6 Ma. Ce faisceau NE-SW se prolongerait en mer dans la baie du Lamentin (Westercamp, 1982 ; Chovelon, 1984) ainsi qu’au niveau de la plaine du Lamentin en changeant, peut-être, d’orientation (tracé N-S). La faille normale nord-est de Trois-Ilets, qui passe à la poterie industrielle, montrerait, d’après des profils géophysiques, un rejet vertical de 80 m, le compartiment sud étant abaissé. Cette direction se poursuivrait vers le nord-est avec en particulier, la rive gauche de l’ancienne rivière la Lézarde. Ces failles cartographiques montrent des espacements kilométriques sur la carte géologique. À terre, au nord du quartier de Californie du Lamentin, une faille normale N60°E coupe les formations andésitiques miocènes et probablement les tuffites de Fort-de-France mais est masquée par le Plio-quaternaire. Les formations du volcan bouclier du morne Jacob semblent donc postérieures à son fonctionnement. Cette faille serait donc post 4 Ma et ante 7 Ma, ce qui lui donnerait un âge assez semblable à celui du faisceau de Trois-Ilets. Cette faille à jeu normal abaisserait le compartiment nord (quartier Chateaubœuf) relativement au compartiment sud qui remonte (quartier Californie). Ce dispositif est surprenant dans la mesure où c’est la zone alluviale déprimée du Lamentin qui se trouve en position moins effondrée de horst. On pourrait également évoquer que le jeu apparent normal de la faille Nord-Lamentin, s’il elle existe, est lié à un épisode ancien et ne traduit pas le dispositif actuel. Westercamp et al. (1989) indiquent, par exemple, un effondrement de 140 m du bloc nord par rapport au bloc sud le long de l'accident transverse NE-SW qui domine la plaine du Lamentin au sud. Ils estiment que ce graben s'est individualisé autour de 6,5 Ma, contemporainement à la mise en place du dôme dacitique de Gros-Ilet. La terminaison sud de ce graben a été le siège d'une activité volcanique mineure datée à 0,63 ± 0,10 Ma (dacite de rivière Salée). Sur le terrain, les relevés de microtectoniques (Chovelon, 1984b) montrent des failles de direction N50-60°E avec des pendages variant entre 65° et 75° vers le nord-ouest. Leur localisation est surtout dans la partie centrale à méridionale de la plaine du Lamentin. Ces fractures sont rarement minéralisées (hydroxydes de fer) et leur espacement est métrique. b) Les failles NW-SE À l’échelle de l’île de La Martinique, la direction structurale NW-SE, voire NNW-SSE, est une direction majeure (front volcanique) bien exprimée par exemple dans la chaîne « ancienne » du Vauclin-Pitault. Dans la région du Lamentin, où à l’affleurement on observe essentiellement des alluvions anciennes et récentes et des mangroves, il est difficile d’observer directement sur le terrain des failles. 32 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Cependant, Chovelon (1984b) montre à partir de relevés de terrain la coexistence de deux directions différentes : des failles N110-130°E et des failles N140-150°E. Il en conclut que : - la direction N120°E se retrouve sur la presque totalité du prospect, tandis que la direction N140°E est plus spatialement limitée à une bande étroite ; - à l'échelle de l'affleurement, les failles N120°E sont mieux développées et antérieures aux fractures N140°E ; - et enfin, les minéralisations siliceuses occupent préférentiellement les fractures N120°E, tandis que les hydroxydes de fer tapissent les fractures N140°E, et d'une manière générale dans toutes les directions de fracturation existantes au Lamentin. Les failles N140°E sont quelquefois stériles et montrent des rejets verticaux apparents plus importants que pour les failles N120°E en raison d’un âge supposé plus récent. c) Les failles N-S À l’échelle des photos aériennes, les failles N-S c’est-à-dire N170°E, ne sont présentes qu'au nord et au sud du Lamentin. À l’échelle du terrain, le relevé structural effectué sur vingt stations indique qu'elles sont en fait quasi-ubiquistes. La direction de fracturation N170°E visible en photo aérienne est conjuguée à une autre direction de fracturation, moins développée, orientée N20°E uniquement mesurable à l'affleurement. Ces deux familles de failles sont verticales ou subverticales. Chovelon (1984b) propose que les failles N170°E et N20°E sur lesquelles des stries horizontales sont observées, forment un système conjugué indicateur d’une compression N-S. Une telle organisation impliquerait que les failles N20°E soient senestres et les failles N170°E soient dextres. Consécutivement à cette première étape de fracturation, Chovelon (1984b) imagine une réactivation de ces plans, toujours par une compression N-S sur ces plans préexistants, qui se traduirait par un cisaillement senestre sur les plans N20°E et une ouverture en pull-apart sur les plans N170°E. Les fractures N170°E formeraient des couloirs rectilignes à forte densité de fracturation. Les failles N170°E, jouant en traction, seraient donc susceptibles de favoriser l’injection de matériel hypovolcanique (dyke) ou d’être le siège de circulations hydrothermales. d) Les failles E-W Pour Chovelon (1984b), les failles E-W correspondent à des directions anciennes surtout visibles sur la périphérie du Lamentin. Ces failles ont une orientation comprise entre N80°E et N90°E montrant des pendages variables. Des indices de réactivations tectoniques sont suspectés. e) Chronologie des épisodes tectoniques Une chronologie des systèmes de fracturation a été proposée par Chovelon (1984b) qui souligne le caractère tardif des épisodes distensifs NW-SE (tabl. 1). BRGM/RP-51671-FR 33 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Orientation N80-90°E N170°E et N20°E Système ? Compression N-S N50-60°E N120°E N140°E Compression ? Distension Distension Mouvement ? Ouverture sur N170°E et cisaillement sur N20°E Cisaillant Ouverture selon N120°E Ouverture selon N140°E Tabl. 1 - Chronologie des épisodes de déformations au Lamentin. À la lumière des connaissances sur la structuration de la plaine du Lamentin, la direction NW-SE c’est-à-dire N120° à N140°E semble la mieux exprimée. 2.2.4. Matériel et méthodes a) Relevé géologique Les études géologiques ont essentiellement porté sur les carottes collectées dans les trois sondages de pointe Desgras, d'Habitation Carrère et de Californie (fig. 7). Les cuttings ou déblais de forage ont été examinés succinctement à la loupe binoculaire sur place et ont été utilisés pour compléter le log lithologique entre la surface et 400 m de profondeur environ. Pour chaque forage une description lithologique des différents faciès traversés a été réalisée. Elle donne le type de formation traversée ainsi que l’emplacement des zones de failles avec leurs épontes. Parallèlement, le Rop, ou vitesse d’avancement des foreurs (FORACO) exprimé en m/h est une courbe qui permet d’apprécier l’aptitude de la roche vis-à-vis de la foration. En considérant les paramètres de forage constants, les avancements rapides traduisent généralement des zones altérées et fracturées tandis que les avancements lents traduisent un milieu plus compact et relativement peu altéré. Le Rop n’était pas disponible dans le forage de Californie. La prise continue de carottes permet d’apprécier la qualité du carottage ou taux de récupération. Ce pourcentage de carottes récupérées est en général proche de 100 %, ce qui signifie qu’il y a eu peu de pertes de matière. Lorsqu’il y a des pertes de carottage, cela correspond, généralement, à des failles importantes qui, dans certains cas, peuvent être perméables. b) Relevé structural Sur les carottes, un relevé structural des fractures rencontrées a été réalisé en continu sur les trois forages d’exploration. Les carottes sont non-orientées et les mesures ont été réalisées carottes posées horizontalement, tête au nord. Les mesures de direction et pendage ont été effectuées à la boussole et au clinomètre. Au moment de la collecte des données structurales, nous nous sommes mis dans la configuration de pouvoir réorienter 34 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) a posteriori les carottes au cas où nous disposerions de mesures de type imagerie de paroi. Les forages étaient donc non-orientés au moment de la collecte de données. Pour réaliser le log structural, on a donc tracé en continu une génératrice supérieure ou ligne horizontale sur les carottes et fait toutes les mesures par rapport à ce référentiel. N 1618 1618 Californie 1616 1616 LA-101 Piste aéroport 1614 1614 Pointe Desgras Carrère 1612 1612 Baie du Lamentin 1610 1610 1608 1608 710 712 714 0 716 718 2 KM Fig. 7 - Les nouveaux forages d’exploration géothermique du Lamentin (CFG, 2001). L’enveloppe de l’anomalie des teneurs en Hg et As, et des gaz (CO2, Rn, He) dans les sols est tracée en rouge. BRGM/RP-51671-FR 35 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) À chaque fois qu’une structure a été observée, sa position dans le forage (cote profondeur en m), son type (faille, fente, fracture, dyke, etc.), son orientation, son pendage, le numéro de génératrice qui la porte, l’épaisseur du colmatage hydrothermal exprimée en millimètres, la présence de vides résiduels ou ouverture libre exprimée également en millimètres, la nature des dépôts hydrothermaux qui colmatent la fracture (quartz, silice, calcite, argiles, chlorite, illite, oxydes de fer, épidote, sulfures) et sa cinématique (jeu normal, jeu décrochant) ont été codifiés et rentrés ensuite sur support informatique. Les carottes n’étant pas orientées, il est tout de même possible de déduire une information structurale sur les pendages des fractures. En effet, après avoir corrigé les mesures faites à l’horizontale de la déclinaison magnétique de l’ordre de 15°, l’ensemble des données collectées a été basculé à la verticale de manière à les ramener dans leur position de vie, les forages étant eux-mêmes verticaux. En effet, les relevés structuraux ainsi positionnés permettent d’obtenir la valeur du pendage réel des fractures. De plus, sur les tronçons de carottes où la génératrice est suffisamment longue, il a été possible également d’examiner les relations géométriques entre les familles de fractures. En effet, même en l’absence de l’orientation des fractures, il est possible de préciser combien il y a de familles de fractures sur un tronçon donné et quels sont les angles entre ces familles. Ces éléments géométriques sont susceptibles d’être importants pour apprécier à la fois la connectivité géométrique des fractures (deux familles de fractures qui se recoupent) et les possibilités de transferts des fluides géothermaux dans des fractures verticales par exemple. Dans les logs synthétiques, la distribution verticale des colmatages hydrothermaux permet d’apprécier l’évolution des phases minérales qui tapissent les fractures. L’épaisseur cumulée du colmatage exprimée en mm traduit quantitativement l’importance des paléo-circulations ou des circulations actuelles. À partir de la position des fractures observées dans le forage, une densité linéaire de fracturation a été déterminée par mètre de forage. Lorsqu’elle est forte, elle traduit des zones de failles ou couloirs de fractures, pièges potentiels pour les fluides. En complément de cette approche globale à l’échelle du puits, des échantillonnages plus ponctuels réalisés sur les trois forages en collaboration avec l’université de Poitiers font l’objet d’un examen approfondi en termes de pétrographie des altérations hydrothermales (lames minces, diffraction de rayons X). Les résultats sont présentés dans une étude séparée (Mas et al., 2001). 2.2.5. Le forage de pointe Desgras a) Généralités Le premier sondage d’exploration a été réalisé au lieu-dit pointe Desgras, en bord de mer et au bout de la piste de l’aéroport du Lamentin. Ce sondage a été arrêté à la profondeur de 939,55 m le 5 janvier 2001. Il a été foré en destructif jusqu’à 392,10 m puis carotté jusqu’au fond. Cent sections carottées ont été réalisées. La qualité du 36 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) carottage a été excellente et la récupération est pratiquement de 100 %. Les carottes ont un diamètre de 76 mm. Aucun indice de perte de circulation n’a été observé pendant la foration, même pendant la traversée de la zone de faille majeure à 710 m, qui était complètement colmatée (fig. 8A). De la même manière, aucune venue de fluide significative ni anomalie de température n’ont été enregistrées dans le puits de pointe Desgras. La température mesurée à 931 m à la fin des opérations de forage est de 58,7 °C. Le profil thermique réalisé étant quasi-rectiligne suggère un gradient thermique purement conductif de l’ordre de 4 °C/100 m (fig. 9). A C B D Fig. 8 - Exemples de carottes prélevées dans les forages du Lamentin. A - Andésite massive recoupée par une fracture sub-verticale remplie de carbonate dans pointe Desgras. B - Zone de faille géodique complètement colmatée par de la calcite dans pointe Desgras. C - Éponte de lave altérée dans Carrère. D - Faille montrant des stries verticales dans Carrère. BRGM/RP-51671-FR 37 120 100 80 60 40 Température (°C) 20 Prof. (m) Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 50 La10 100 150 200 250 Californie 300 Carrère La101 350 400 450 Pointe Desgras 500 550 600 650 700 750 800 850 900 950 1000 Fig. 9 - Profils des températures extrapolées obtenus dans les deux sondages LA-10 et LA-101 par EURAFREP et dans les trois puits d'exploration géothermique de pointe Desgras, Habitation Carrère et Californie (CFG, 2001). b) Log géologique La colonne lithologique synthétique du forage de la pointe Desgras est présentée sur la figure 10. Les principales formations traversées du haut vers le bas sont : - entre 0 et 35 m, le forage a traversé en mode destructif des formations de sables grossiers et cailloutis assimilées aux alluvions récentes et anciennes de la rivière la Lézarde ; - entre 35 et 188 m, le forage a traversé, toujours en mode destructif, des formations détritiques où alternent des horizons sableux et conglomératiques de teinte variable (ocre, gris, blanchâtre). La présence de niveaux sableux voire conglomératiques, bien marqués sur la courbe Rop par de faibles valeurs, indique un environnement côtier à marin. Ces dépôts sont assimilés à des formations sédimentaires détritiques alluviales et/ou marines provenant du démantèlement des édifices volcaniques entourant la baie du Lamentin ; - entre 188 et 608 m, le forage a traversé, d’abord en destructif puis en carottage, une épaisse série de laves massives, andésitiques porphyriques, de teinte sombre, avec des intercalations locales d'horizons de lahars comme entre 347-360 m et 589-597 m. Il 38 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) s’agit de formation bréchique polygénique varicolore parfois grossière à matériel volcanique. Les formations de laves massives sont probablement à rattacher à l'activité éruptive de l'un des édifices volcaniques anciens qui entourent la baie du Lamentin ; - entre 608 et 659 m, le forage a traversé des formations bréchiques polygéniques grossières de type lahar, hétérométriques et non classées, alternant avec des formations détritiques fines à grossières comportant de nombreuses stratifications à granoclassement normal et figures syn-sédimentaires. Ces formations sont fracturées et hydrothermalisées, avec des teintes variables (beige, verdâtre, chocolat). Il s’agit de formation bréchique allant vers des horizons argileux jusqu’à des horizons grésoconglomératiques traduisant une période de sédimentation en milieu marin. Des figures synsédimentaires d’activité tectonique sont observées dans les faciès les plus fins où la stratification horizontale et des petits rejeux en faille normale sont bien individualisés. Ces dépôts sont interprétés comme résultant d'une phase de sédimentation dans un milieu marin où alternent des apports grossiers torrentiels et des apports plus fins. Il est à noter que les contacts de cet ensemble bréchique avec les laves massives sus-jacente et sous-jacente se font par failles ; - entre 659 et 691 m, le forage a traversé un horizon de lave massive aphyrique de teinte gris clair, traversé par quelques fissures à remplissage de calcite-quartz et de minéraux argileux ; - entre 691 et 739 m, le forage a traversé un ensemble où alternent des horizons de laves massives andésitiques porphyriques gris clair, des horizons de laves bréchiques à scoriacées, et des horizons bréchiques polygéniques grossiers de type lahar, ayant une teinte rougeâtre. Une zone de faille importante a été recoupée entre 705-716 m, avec un cœur à remplissage géodique de calcite, quartz et sulfures, et des épontes argilisées et localement bréchifiées. Cet ensemble est interprété comme un épisode de transition entre le volcanisme sous-marin sous-jacent et l'épisode de sédimentation détritique sus-jacent ; - de 739 à 939,55 m (fonds du puits), le forage a traversé un ensemble de formations volcaniques et volcano-clastiques diverses avec des horizons de laves massives andésitiques microporphyriques à porphyriques, de laves bréchifiées, des agglomérats de blocs plus ou moins scoriacés, des brèches polygéniques rougeâtres de granulométrie fine à grossière, et des intrusions de laves (dyke, sill) intrusifs dans les autres horizons. Cet ensemble est attribué à une période d'activité volcanique sousmarine. De 803 à 872 m et de 920 à 934,9 m, la densité des dykes est importante et l'ensemble prend l'aspect d'un complexe intrusif. Une zone de faille relativement importante a été recoupée entre 910-920 m de profondeur. c) Les zones de failles Au niveau des accidents majeurs recoupés par le forage de pointe Desgras, trois zones de faille (335, 360, 386 m) ont été identifiées dans les cuttings et sur la courbe du Rop par une vitesse rapide de l’avancement. Elles affectent principalement des niveaux de laves massives. Des remplissages de fractures de type carbonates sont suspectées ainsi qu’une décoloration de la roche. BRGM/RP-51671-FR 39 Prof. (m) Faille Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Log Description Commentaires Alluvions grossières polygéniques récentes et anciennes de la Rivière la Lézarde 50 100 Formations détritiques volcano-sédimentaires de granulométrie variable (sables à conglomérats), de teinte ocre à blanchâtre, déposées en milieu côtier ou marin. 150 Episode de démantèlement et d'érosion des édifices volcaniques entourant la baie du Lamentin 200 250 Epaisse série de laves sombres massives andésitiques porphyritiques 300 350 Formation bréchique polygénique à matériel volcanique de nature variée assimilée à un horizon de lahar 400 rattachée à l'activité de l'une des chaines volcaniques entourant la baie du lamentin 450 Epaisse série de laves massives andésitiques porphyritiques de teinte grise 500 550 600 650 Formation bréchique polygénique grossière assimilée à un horizon de lahar Formation bréchique volcano-sédimentaire de granulométrie variable allant de Episode d'érosion des reliefs puis des horizons argileux jusqu'à des horizons gréso-conglomératiques volcaniques autour de la Baie traduisant des épisodes de sédimentation marine en milieu calme du Lamentin Horizon de laves massives andésitiques aphyriques de teinte gris clair 700 750 800 850 900 Transition entre volcanisme Zone de faille majeure avec épontes altérées à la périphérie. sous-marin et un épisode de Ensemble où alternent des horizons de laves massives andésitiques de teinte sédimentation (?) grise avec des horizons bréchiques polygéniques grossiers (lahars). Ensemble de laves massives, de laves bréchifiées, des brèches rougeâtres de granulométrie fine à grossière (hyaloclastites), de tufs fins, et d'intrusions (dykes, sills) métriques intrusifs dans les autres formations Ensemble attribué à un épisode de volcanisme sous-marin et d'intrusions Zone de faille majeure Fig. 10 - Log géologique du forage de reconnaissance de la pointe Desgras. 40 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Dans la section carottée, les principales zones de failles reportées dans le log synthétique sont (fig. 11) : - une zone de faille mineure vers 409,35 m d’épaisseur cm à calcite ± quartz, ± épidote, ± chlorite ; - une zone de faille bréchifiante géodique montrant un relais apparent de faille normale vers 421 m, avec des remplissages polygéniques de 4 cm de calcite, ± argiles, ± chlorite, ± quartz, ± épidote ; - épaisseur de colmatage de 3 cm avec des remplissages polygéniques (calcite, argiles, ± quartz, ± épidote) ; - une zone de faille verticale géodique de 4 cm d’épaisseur vers 627 m, avec des remplissages polygéniques (calcite, argiles, quartz, silice, oxyde de fer) ; - une zone composée de petites failles synsédimentaires et de niveaux calcédonieux vers 632 m. Cette zone reste mineure ; - une zone de faille très importante verticale bréchifiante et géodique localisée entre 692 et 715 m de profondeur. Le cœur de la faille est située entre 709 et 712 m et la périphérie constitue ses épontes plus ou moins fracturées et altérées. Les dépôts hydrothermaux blanc verdâtre sont géodiques à dominante de calcite avec sulfures ± argiles. L’épaisseur cumulée des remplissages atteint environ 30 cm (fig. 8B). L’ouverture libre avoisine le centimètre dans la partie géodique du remplissage carbonaté. L’éponte de cette faille majeure se développe aux dépens d’une lave andésitique altérée, gris clair à verdâtre avec des « globules » noires probablement d’hématite disséminés dans la masse et localement de la pyrite. La teinte verdâtre pourrait correspondre à des minéraux argileux ; - une zone de faille verticale géodique vers 878 m à remplissage polygénique à quartz-calciteépidote et sulfures. On note la présence de minéraux blancs pouvant correspondre à des zéolites. Son épaisseur varie de 1 à 5 cm. La chronologie des remplissages observée est : (1) calcite-quartz et (2) épidote vacuolaire. L'encaissant montre un effet d'éponte sur quelques centimètres ; - une zone de faille verticale vers 902 m avec stries verticales à remplissage de calcite blanche centimétrique. On observe de nombreux plans striés qui se traduisent par une bréchification de la lave encaissante ; - une zone de faille verticale est identifiée vers 910-920 m. Cette faille géodique plurimillimétrique à calcite-quartz montre des stries verticales dans le dip suggérant un jeu normal. Dans cette zone, 3,35 m de carottes ont été perdus pendant le carottage entre 914,65 et 918,55 m, ce qui tend à renforcer l’importance de cette zone de failles. d) Log structural Au niveau structural, les structures relevées sur les carottes du forage de la pointe Desgras sont essentiellement des fissures infra-millimétriques (52), des fentes mm à cm (392) ou structures en traction présentant des épontes non parallèles et des failles mm à cm de différentes cinématiques : à mouvement indéterminé (76), à jeu normal (19) ou BRGM/RP-51671-FR 41 400 Brèche Sulfures Epidote Pyrite Barytine Illite Oxyde fer Argiles Chlorite Silice Calcite Quartz Prof (m) 50 0 Carotte perdue Ouverture libre mm 8 Failles 0 4 50 Epaisseur Colmatage mm 10 0 0 Prof (m) 5 Densité Fract/m Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 400 FAIL FAIL 450 450 FAIL 500 500 550 550 FAIL 600 600 FAIL FAIL 650 650 FAIL 700 700 FAIL 750 750 800 800 850 850 FAIL 900 FAIL 900 FAIL Fig. 11 - Log du forage de reconnaissance de la pointe Desgras. Densité de fractures, épaisseur du colmatage, localisation des failles, ouverture libre, taux de récupération des carottes, évolution verticale des remplissages de fractures. 42 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) décrochant senestre (2). Le ratio du nombre de failles par rapport à l’ensemble des structures est de l’ordre de 18 %. L’essentiel des failles observées correspond donc à des failles normales redressées. Les fentes à calcite montrent également une géométrie compatible avec des ouvertures en faille normale apparente (fig. 8A). Les deux failles décrochantes observées ne sont pas très caractéristiques (stries obliques). D’un point de vue structural, on observe une tendance assez systématique à la bréchification hydraulique pour les plus grosses structures faillées. Les paléofluides ont destructuré l’encaissant composé essentiellement de laves massives andésitiques, ont précipité essentiellement des carbonates mais sans altérer la matrice, compte tenu de l’absence d’effet d’éponte significatif. On note, également, l’absence de rejeu tectonique important, ce qui militerait en faveur d’un système plutôt monophasé. On observe donc une petite fracturation de type fente colmatée à calcite dominante montrant une densité linéaire moyenne légèrement en dessous de 1 fract./m. La densité de fracturation est légèrement plus forte au début de la section carottée entre 390 et 430 m, puis décroît très légèrement ou reste stable avec la profondeur à l’exception de quelques rares concentrations de fractures comme à 650 m. On observe donc une densité de fractures relativement bien répartie avec la profondeur suggérant une répartition assez homogène. La répartition des épaisseurs de remplissage des fractures semble également assez homogène en fonction de la profondeur. En revanche, la zone située vers 710 m s’individualise et correspond à une faille sub-verticale au colmatage calcitique important (fig. 8B). De la même manière mais avec une intensité moindre, la zone située vers 878 m montre également un colmatage plus prononcé. Pour ces deux structures majeures, des ouvertures libres traduisant un colmatage incomplet ont été observées (fig. 11). Les fractures sont systématiquement colmatées par des dépôts hydrothermaux à calcite dominante avec ± de quartz. L’épidote apparaît très localement dans les fractures vers 430 m mais est mieux représentée en dessous de 725 m. L’albite n’ayant pas été observée en association avec l’épidote, il est difficile de préciser dans quelle gamme de températures l’épidote a précipité. Cependant, sa température de cristallisation n’est pas en dessous de 200 °C. Dans les fractures majeures, des argiles et de la pyrite sont associées à la calcite et au quartz. Vers 625 m, de la silice calcédonieuse associée à des structures syn sédimentaires a été observée. Il s’agit probablement davantage d’un dépôt d’origine volcano-clastique à dominante sédimentaire que d’un remplissage hydrothermal proprement dit. Des argiles de type chlorite sont bien représentées en fonction de la profondeur. Elles ne semblent pas spécifiquement associées aux zones de fractures. La calcite est absente dans les zones où le forage a traversé des horizons gréso-silteux volcano-clastiques riches en silice (630 m). e) Géométrie des fractures La mise de nos données structurales dans un repère vertical permet d’apprécier dans quelle gamme de pendage se situe les structures rencontrées sur les carottes (fig. 12). L’histogramme des pendages présenté par classe de 10° montre une distribution des pendages caractérisée par un maximum dans les grandes valeurs de pendage. Étant BRGM/RP-51671-FR 43 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) donné que plus de 80 % des fractures ont un pendage supérieur à 45°, le réseau de fractures recoupé est donc très redressé. 25% 20% 15% 10% 5% 0% 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Fig. 12 - Histogramme des pendages vrais des fractures relevées sur les carottes du forage de pointe Desgras. f) Projection stéréographique Le report des données structurales dans des diagrammes de Schmidt (hémisphère inférieur) permet d’apprécier les relations angulaires entre les différentes familles de fractures. Les fractures ne sont pas orientées, donc le nord indiqué sur les diagrammes correspond à un nord fictif. Seules les génératrices portant suffisamment de fractures ont fait l’objet d’un traitement par projection stéréographique. Dans ces diagrammes, lorsque les pôles des fractures se regroupent, on parle de famille directionnelle de fractures individualisant des directions préférentielles d’anisotropie dans le milieu. L’ensemble des projections stéréographiques, présenté dans les annexes 1, 2, 3 et 4, permet de tirer quelques enseignements sur la fracturation de pointe Desgras : - génératrice 1 (391-392 m) : les fissures présentes ont des pendages variables mais une seule famille s’individualise avec un pendage moyen de l’ordre de 60°; - génératrice 3 (394-418 m) : trois familles directionnelles s’individualisent (une famille subhorizontale de fissures millimétriques, et deux familles orthogonales de fentes et de failles à fort pendage 60 à 90°) ; - génératrice 4 (418-450 m) : deux familles perpendiculaires à fort pendage se distinguent (une famille verticale, composée de fentes et de failles, et une famille moins pentée composée de fissures et de fentes) ; - génératrices 8 et 9 (463-524 m) : on observe une assez forte dispersion des fentes et des failles. Une seule famille à pendage fort peut être mise en évidence ; - génératrice 10 (525-538 m) : les fentes et les failles associées sont relativement groupées et forment une famille à fort pendage ; 44 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - génératrice 11 (538-548 m) : beaucoup de failles dont quelques failles normales sont présentes dans cette section. Malgré une légère dispersion, la famille qui s’individualise est à pendage oblique entre 40 et 70°; - génératrices 12 et 14 (549-567 et 570-581 m) : les fentes et les failles sont groupées et déterminent principalement deux familles à pendage fort ; - génératrices 15 et 18 (582-625 et 628-655 m) : les fentes, les failles, et failles normales sont mieux groupées et définissent une famille sub-verticale ; - génératrice 20 (669-708 m) : les fentes et les failles sont dispersées. Une famille à pendage 70° s’individualiserait ; - génératrice 21 (708-710 m) : cette génératrice porte la faille principale à calcite recoupée dans le sondage de pointe Desgras. Les failles sont très bien groupées et organisées autour d’un plan majeur à pendage élevé (70°) ; - génératrice 22 (710-744 m) : les fentes et les failles sont dispersées. Une famille à pendage 60° est présente ; - génératrice 23 (744-786 m) : les failles et les fentes déterminent une famille à pendage élevé ; - génératrice 30 (837-854 m) : les fentes, relativement dispersées, définissent une famille à pendage élevé (60°). La partie supérieure du forage de pointe Desgras entre 390 et 450 m est marquée par la présence de deux familles sub-verticales de fentes et failles. Ces familles sont orthogonales entre elles. Une famille subhorizontale composée de fissures est également présente. En dessous, entre 463 et 854 m, la fracturation est surtout marquée par la présence d’une seule famille qui est soit à pendage vertical soit oblique. La famille plate n’apparaît plus. La zone située à 540 m (génératrice 11), composée de nombreuses failles, a un pendage entre 30 et 50°. g) Synthèse pointe Desgras Ce forage de la pointe Desgras montre des conditions de température faibles, l’absence de perméabilité actuelle et suggère donc une activité hydrothermale fossile, qui pourrait être de haute température (présence d’épidote), mais qui a peu développé d’altération dans la matrice (absence d’effet d’éponte). Au niveau structural, il y a peu d’indice de réactivations tectoniques. On serait, donc, en présence d’un système plutôt monophasé, qui s’est ouvert, à un moment donné, avec des fluides en équilibre avec l’encaissant. En effet, on observe une bréchification hydraulique qui n’altère pas l’encaissant andésitique. Ces fluides ont précipité, de manière ubiquiste, principalement de la calcite et, plus discrètement, du quartz et des argiles qui ont complètement colmaté le milieu fracturé. Les fractures sont majoritairement représentées par des fentes et des failles, spatialement associées, à pendage élevé ce qui favorise les transferts verticaux. Dans la partie supérieure (392-450 m), deux familles directionnelles orthogonales à fort pendage s’individualisent ainsi qu’un réseau horizontal. Dans la partie profonde BRGM/RP-51671-FR 45 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) (460-850 m), une seule famille oblique à verticale domine. Les failles sont majoritairement des failles normales et semblent associées aux fentes. Les carbonates de type calcite représentent le remplissage dominant. La densité de fracturation est 1 fract./m et le pourcentage des failles est de l’ordre de 18 %. La zone située vers 710 m avec ses épontes hydrothermalisées représente un drain significatif, qui a pu jouer un rôle géothermique. La zone située vers 918 m, où 3 m de carottes ont été perdus, représenterait également une structure importante. La présence simultanée des failles normales et des fentes de traction est compatible avec la structuration en graben du Lamentin. Au niveau lithologique, le forage de pointe Desgras montre, dans sa partie profonde, du volcanisme sous-marin, recouvert par des dépôts issus de l’érosion de reliefs volcaniques. Un puissant ensemble de laves massives andésitiques recouvrent les formations profondes. Dans la partie superficielle, les alluvions anciennes recouvrent des formations détritiques liées à l’érosion des reliefs volcaniques. Les andésites massives pourraient se rattacher à l’épisode volcanique de Ducos - rivière Pilote connu à l’affleurement quelques kilomètres plus au sud et daté aux alentours de 10 Ma. 2.2.6. Le forage d'Habitation Carrère a) Généralités Le second sondage de reconnaissance a été réalisé au lieu-dit Habitation Carrère, au sud de l’aéroport du Lamentin, derrière l’hippodrome. Ce sondage a été arrêté à la profondeur de 816,15 m le 23 février 2001. Il a été foré en mode destructif jusqu’à 386,70 m puis carotté jusqu’au fond. 129 sections carottées ont été réalisées. La qualité du carottage a été excellente (96 %) à l’exception des zones fracturées et argilisées ; en particulier, celle rencontrée dès le début du carottage, vers 386,7 m, a occasionné des problèmes importants (fig. 13). En effet, le forage carotté jusqu’à 426,47 m a été arrêté en raison des difficultés pour traverser une zone de faille. La reprise du forage dans la faille a nécessité un side trick (déviation), qui a démarré plus haut à 392,73 m. De ce fait, la première section 386,7-426,47 m a été baptisée Carrère-a dans les levers géologiques, tandis que la section comprise entre 392,73 et le fond, a donné le forage Carrère-b. Ces « deux » forages réalisés au même endroit ont donc été regroupés dans le même log synthétique. La présence de cette zone faillée importante a contraint les foreurs à effectuer un changement de diamètre à 431,23 m. Les carottes ont un diamètre de 76 mm entre 386,70 et 431,23 m puis 55 mm jusqu’au fond. b) Les indices de perméabilité et les températures Des indices de perméabilité (pertes partielles ou totales, variations de température de la boue) ont été enregistrés pendant la foration du puits d'Habitation Carrère. Les pertes se résument comme suit (CFG, 2001) : - perte de ciment lors de la cimentation du tubage 4 ½ dans une zone fracturée au fonds du puits (386 m), qui traduit une perméabilité comme en témoigne la venue de 5 m3 de fluides dans le puits ; 46 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - perte partielle à totale de la circulation lors du carottage de l'intervalle 386-393 m qui confirme à nouveau la perméabilité de cette zone entre 384-401 m (fig. 13) ; - perte partielle de la circulation lors du carottage de l'intervalle 408-425 m corrélée avec la présence d'une zone de fracture importante entre 412-428 m ; - perte totale de circulation à 469,45 m corrélée avec la traversée d'une zone fracturée ; - pertes partielles de la circulation entre 498-690 m en relation avec la traversée de plusieurs zones fracturées perméables montrant des circulations de fluides. Parallèlement, les variations de température de la boue de forage mesurées à la sortie de la goulotte, constituent une autre source d'information sur la perméabilité en cours de forage. Dès la fin du forage en diamètre 8 ½ à 97,3 m de profondeur, la température de la boue atteint 40 °C (contre 30 °C à la même profondeur à pointe Desgras). Ensuite, la température se situe entre 40 et 42 °C jusqu'à 326 m, puis augmente légèrement mais significativement durant le forage de l'intervalle 326-360 m pour atteindre 44,6 °C. Cette augmentation traduit la traversée d'un milieu localement plus chaud et le mélange du fluide de foration avec un fluide chaud. Les résultats des mesures de température ont été effectués dans le puits de Carrère par la CFG pendant le forage (CFG, 2001) et par le BRGM environ cinq mois après la fin du forage (Sanjuan et al., 2001a ; chap. 4). Les variations de température au long du puits de Carrère sont faibles mais néanmoins significatives. La température à 100 m de profondeur est de l'ordre de 40 °C, ce qui traduit déjà un gradient de température anormal. Ensuite la température croit régulièrement jusqu'à 350-375 m où elle atteint 50 °C (fig. 9). Plus bas, le gradient s'inverse et la température décroît régulièrement avant de se stabiliser vers 47 °C à 700 m de profondeur. Les valeurs extrapolées obtenues au fond du puits pendant le forage indiqueraient que le gradient redevient positif. Ce profil de température est cohérent avec les indices de perméabilité observés dans le puits au cours du forage. Il semble donc que le forage de Carrère ait recoupé des drains perméables entre la surface et 400 m de profondeur, avec une zone perméable prépondérante correspondant à la zone fracturée recoupée entre 384-401 m dans laquelle circule un fluide minéralisé ayant une température de l'ordre de 50 °C. En dessous de 400 m, des indices de perméabilité au niveau des zones fracturées suggèrent l'existence de circulations de fluides à température légèrement inférieure. Comme pour le forage de la pointe Desgras, le forage de Carrère n'a pas mis en évidence une ressource géothermique profonde à haute température. c) Log géologique La colonne lithologique synthétique du forage d'Habitation Carrère est présentée sur la figure 14. Les principales formations traversées par ce forage sont les suivantes : - entre 0 et 42 m, le forage a traversé en mode destructif des formations de sables grossiers, cailloutis et conglomérats polygéniques plus ou moins argileux, assimilées aux alluvions récentes et anciennes de la rivière la Lézarde (identiques à celles traversées par le forage de la pointe Desgras) ; BRGM/RP-51671-FR 47 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) A B Fig. 13 - Section carottée fracturée et altérée dans une zone perméable. A - Forage de Carrère (400 m de profondeur). B - Forage de Californie (396-402 m de profondeur). - entre 42 et 61 m, le forage a traversé un horizon fortement minéralisé en sulfures de fer (pyrite, galène) et renfermant de nombreuses cristallisations géodiques de quartz automorphe. Cet horizon est interprété comme une zone fracturée fossile au sein de laquelle ont circulé des fluides hydrothermaux responsables de la minéralisation en sulfures ; - entre 61 et 150 m, le forage a traversé des formations détritiques où alternent des horizons sableux et conglomératiques de teinte variable (ocre, gris clair, orangé). Ces dépôts sont assimilés à des formations sédimentaires détritiques alluviales et/ou marines provenant du démantèlement des édifices volcaniques entourant la baie du Lamentin (identiques à celles traversées par le forage de la pointe Desgras). La pyrite est disséminée dans la masse et en remplissage de fissures, en quantité parfois abondante (133 m). Sur la courbe d’avancement, le passage entre la zone minéralisée et ces formations semble assez bien marqué par des faibles vitesses à la base de la zone minéralisée (dépôts de quartz ?) ; - entre 150 et 386,7 m, le forage a traversé, toujours en mode destructif, une épaisse série de laves massives andésitiques porphyriques de teinte sombre. Elles sont affectées par la présence de nombreuses zones de failles d'épaisseur métrique à plurimétrique. Aux épontes de ces failles, les laves sont altérées et acquièrent un faciès verdâtre à gris clair. La pyrite est ubiquiste tout au long de cet intervalle. Ces laves 48 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) sont probablement à rattacher au fonctionnement de l'un des édifices volcaniques anciens entourant la baie du Lamentin. Le contact à 150 m de profondeur entre les formations détritiques et ces niveaux d’andésites se marque sur la courbe d’avancement, les laves étant probablement plus dures ; - entre 386,7 et 558,4 m, le forage a traversé un ensemble de laves massives andésitiques aphyriques, microporphyriques et porphyriques. La variabilité pétrographique de ces laves suggère qu'elles appartiennent à un complexe intrusif. Ces laves sont généralement altérées, en relation avec la présence de nombreuses zones de failles. Ces zones de failles sont caractérisées par des effets d’éponte et des phénomènes intenses d’hydrothermalisation de la lave encaissante. La pyrite est toujours présente ; - entre 558,4 et 816,15 m (fonds du puits), le forage a traversé des horizons de laves massives que l'on peut considérer comme faisant partie d'un complexe intrusif. Il s'agit d'un ensemble d'intrusions ayant des épaisseurs décimétriques à plurimétriques présentant des contacts sub-verticaux. Le faciès pétrographique dominant est celui d'une lave andésitique microporphyrique de teinte gris clair. Les autres faciès sont des laves aphyriques à sub-aphyriques ainsi que des laves porphyriques à très porphyriques riches en phénocristaux millimétriques à centimétriques de plagioclase et pyroxène. La pyrite est toujours présente. D'après la carte géologique de la Martinique au 1/50 000 (Westercamp et al., 1989), il pourrait s'agir d'un complexe intrusif en relation avec le fonctionnement de l'axe volcano-structural de Ducos-rivière Pilote daté aux alentours de 10 Ma. Comparé au forage de la pointe Desgras, on constate que le puits de Carrère a recoupé principalement des formations de laves massives dont certaines appartenant à un complexe intrusif. d) Les zones de failles Au niveau des accidents majeurs recoupés par le forage de Carrère (fig. 14, 15, 16), de nombreuses zones de failles ont été identifiées dans les cuttings (61, 192, 226, 235, 250, 268, 294, 325, 386 m). Sur la courbe d’avancement, elles se distinguent également par une vitesse d’avancement rapide. Elles se développent principalement dans les niveaux de laves massives. Des remplissages de fractures de type carbonate et pyrite sont suspectés ainsi qu’une décoloration de la roche (192, 226, 235, 250, 268, 294, 325 m). Deux zones plus minéralisées à quartz géodique-pyrite sont localisées à 61 et 387 m. L’éponte de la zone de faille majeure située vers 390 m démarre dès 350 m. Dans la section carottée, les principales zones de failles reportées dans le log synthétique sont : - des zones minéralisées géodiques à silice - sulfures (pyrite, galène) et ± calcite comme entre 368 et 401 m. Cette zone perméable se corrèle avec les pertes de ciment, la mauvaise récupération et les venues de fluide observées pendant la foration. L’effet d’éponte sur la lave provoque un blanchiment de la roche et livre un faciès très poreux et argilisé (fig. 13A) ; BRGM/RP-51671-FR 49 Prof. (m) Faille Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Log Description Commentaires Alluvions très grossières polygéniques récentes et anciennes de la Rivière la Lézarde 50 100 Horizon fortement minéralisé en sulfures Faille minéralisée fossile Formations détritiques volcano-sédimentaires de granulométrie variable (sables à conglomérats), de teinte ocre, déposées en milieu cotier ou marin. Pyrite abondante. Episode de démantèlement et d'érosion des édifices volcaniques entourant la Baie du Lamentin Epaisse série de laves massives andésitiques aphyriques de teinte gris-sombre; altérées et argilisées aux épontes des nombreuses zones de failles. Rattaché à l'activité de l'une des chaines volcaniques entourant la Baie du Lamentin Ensemble de laves massives andésitiques à faciès pétrographiques variés (aphyrique, microporphyrique, porphyrique à très porphyrique avec des phénocristaux et megacristaux de plagioclase et pyroxène); altérées et argilisées aux épontes des nombreuses zones de failles. Rattaché à un complexe intrusif (?) 150 200 250 300 350 400 450 500 550 600 650 700 Ensemble de laves massives intrusives, avec un faciés andésitique Complexe intrusif rattaché à microporphyrique dominant, des faciès aphyriques et porphyriques riches en l'axe volcano-tectonique de Phénocristaux de plagioclas et pyroxène; Intrusions décimétriques à Ducos-Rivière Pilote plurimétriques. 750 800 Fig. 14 - Log géologique du forage de reconnaissance d'Habitation Carrère. 50 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - de 413 à 428 m, des failles à silice blanche avec un effet d’éponte se traduisant par un blanchiment de la lave encaissante (fig. 8C). De nombreuses stries indiquant une cinématique inverse sont observées. Cette zone se caractérise également par des problèmes de récupération de carottes ; - entre 471 et 473 m, une faille géodique minéralisée avec des plans de dissolutions intra-remplissages qui donnent une texture « caverneuse » à la roche altérée. On note la présence de silice, d’argiles et de sulfures et l’absence de calcite ; - entre 496 et 502 m, une faille géodique composée de petites failles normales avec des stries dans le dip, de taille pluricentimétrique à silice géodique - pyrite au cœur et argiles sur la périphérie (fig. 8D). Cette zone se caractérise par 2 mm d’ouverture libre, l’absence de calcite et des problèmes de récupération ; - à 645 m, une zone faillée bréchifiante à remplissage de calcite-argiles ; - vers 724-725 m, une zone de faille normale avec plans striés et bréchification hydraulique à ciment calcitique et pyrite localement ; 400 Sulfures Brèche Epidote Barytine Pyrite Oxyde fer Illite Chlorite Argiles Calcite Silice Quartz Prof (m) 50 0 Carotte perdue Ouverture libre mm 8 0 4 Failles 50 Epaisseur Colmatage mm 10 0 0 Prof (m) 5 Densité Fract/m - vers 776-777 m, une zone de faille verdâtre avec bréchification hydraulique à ciment calcitique. 400 Fig. 15 - Log de la partie supérieure du forage de reconnaissance d'Habitation Carrère. Densité de fractures, épaisseur du colmatage, localisation des failles, ouverture libre, taux de récupération des carottes, évolution verticale des remplissages de fractures. Des failles ou des fentes de taille centimétrique à ciment calcitique occasionnant une bréchification hydraulique de l’encaissant volcanique (clastes de roche non altérés) s’observent tout au long du forage. Il s’agit souvent de failles montrant un jeu normal apparent (432, 442-443, 515, 615, 627, 645, 650, 729, 790 m). Une faille à calcite géodique montre un colmatage partiel et une ouverture libre résiduelle vers 584 m. BRGM/RP-51671-FR 51 Sulfures Brèche Epidote Barytine Pyrite Oxyde fer Illite Chlorite Argiles Calcite Silice Quartz Prof (m) 50 0 Carotte perdue Ouverture libre mm 8 0 4 Failles 50 Epaisseur Colmatage mm 10 0 0 Prof (m) 5 Densité Fract/m Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) FAIL FAIL 450 450 FAIL 500 FAIL 500 550 550 600 600 650 FAIL FAIL 700 650 700 FAIL 750 750 FAIL 800 800 Fig. 16 - Log du forage de reconnaissance d'Habitation Carrère. Densité de fractures, épaisseur du colmatage, localisation des failles, ouverture libre, taux de récupération des carottes, évolution verticale des remplissages de fractures. 52 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Des chronologies relatives entre les différents systèmes de fractures ont été observées sur les carottes. Relativement, on distingue plusieurs générations de la plus ancienne à la plus récente : - des filonnets de quartz précoce ou des petits dykes siliceux ; - un réseau sub-vertical de fentes millimétriques à pyrite-chlorite ; - un réseau de fentes millimétriques à calcite-épidote ; - un réseau de fentes millimétriques à calcite ; - des failles minéralisées silice-pyrite-calcite géodique ; - des failles à calcite avec bréchification hydraulique des laves encaissantes ; - des fentes millimétriques à calcite. e) Log structural Au niveau structural, les structures relevées sur le forage de Carrère sont essentiellement des fentes (475) et des failles de différentes cinématiques : à mouvement indéterminé (104), à jeu normal (12), à jeu inverse (6) et à jeu décrochant senestre (5). Le ratio du nombre de failles par rapport à l’ensemble des structures est de 21 %. L’essentiel des failles où on a pu déterminer la cinématique correspond à des failles normales à pendage élevé. Les fentes colmatées à calcite montrent également une géométrie compatible avec des ouvertures en faille normale apparente. Les failles décrochantes observées sont toutes localisées vers 517 m de profondeur en dehors des grandes zones d’accident. Les failles inverses sont groupées vers 414 m dans une zone d’éponte de faille majeure ou dans l’encaissant non-altéré à l’extérieur de cette même zone (431 m). D’un point de vue structural, on observe une tendance assez systématique à la bréchification hydraulique pour les fentes et les failles. Les paléofluides ont déstructuré l’encaissant, composé essentiellement de laves massives andésitiques, et ont précipité essentiellement des carbonates mais sans altérer la matrice (absence d’effet d’éponte notable). En revanche, dans les zones minéralisées, on observe au cœur des drains composés de failles géodiques à silice-sulfures ± argiles, sans calcite et à la périphérie des laves hydrothermalisées blanchies poreuses peu fracturées (fig. 8C, 13A). Dans le forage d'Habitation Carrère, la répartition de la fracturation en fonction de la profondeur (fig. 16) montre des zones peu fracturées, qui alternent avec des zones où les fractures sont plus concentrées. L’essentiel des fractures correspond à une petite fracturation de type fente colmatée à calcite dominante montrant une densité moyenne linéaire d'un peu moins de 1,5 fract./m. Les zones les plus fracturées correspondent globalement aux zones qui présentent les fractures les plus épaisses (500, 610, 645, 730 m). Le colmatage par de la calcite des fentes plus ou moins bréchifiantes est ubiquiste dans les laves massives (fig. 16). Ces réseaux de fentes colmatées à calcite millimétrique à centimétrique, pyrite-chlorite-épidote, sont caractérisés par un jeu apparent normal pour les fentes à calcite seule. Ces réseaux sont verticaux à fortement pentés. Ils peuvent être BRGM/RP-51671-FR 53 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) horizontaux dans la partie supérieure du puits. La chlorite apparaît au début du carottage (400-500 m) et plus sporadiquement en profondeur vers 670 et entre 770 et 800 m. La pyrite est abondante et semble prépondérante quand la chlorite est absente, sauf dans la zone profonde où ces minéraux sont associés dans de nombreuses microfissures. L’épidote apparaît dès 510 m de profondeur. Dans les zones de failles, la calcite est absente, et la silice associée à des argiles et des sulfures domine dans les fractures. Au niveau de la zone perméable située vers 390 m de profondeur, des études minéralogiques en cours montrent le présence systématique de kaolinite et de sidérite (Mas et al., 2001). f) Géométrie des fractures La mise de nos données structurales dans un repère vertical permet d’apprécier dans quelle gamme de pendage se situe les structures rencontrées sur les carottes (fig. 17). L’histogramme des pendages présenté par classe de 10 ° montre que plus de 80 % des fractures ont un pendage supérieur à 45°. Le réseau de fractures recoupé est donc très redressé. 25% 20% 15% 10% 5% 0% 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Fig. 17 - Histogramme des pendages vrais des fractures relevées sur les carottes du forage d'Habitation Carrère. g) Projection stéréographique Le report des données structurales dans des diagrammes de Schmidt (hémisphère inférieur), permet d’apprécier les relations angulaires entre les différentes familles de fractures dans le forage d'Habitation Carrère. Dans la section LA-02A du forage, on observe : - génératrice 7 (407,5-410,7 m) : les fentes se répartissent autour d’une famille peu pentée, entre 0 et 20° de pendage, et d’une famille secondaire à pendage fort (70°) ; 54 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - génératrice 8 (410,7-414 m) : une famille à pendage faible (< 20°) s’individualise qui correspond à des fentes ; - génératrice 9 (414-415 m) : les structures sont groupées autour d’un pôle à pendage fort, qui correspond à des failles indéterminées, normales et dextres. Dans la section LA-02B du forage, on observe : - génératrice 4 (407-412 m) : une famille perpendiculaire, composée de fentes subverticales, se distingue. Une seconde famille secondaire à pendage fort est également présente, ainsi qu’une famille sub-horizontale composée de fentes ; - génératrice 5 (413,85-414,90 m) : une seule famille, composée de failles indéterminées et de failles inverses à pendage fort, peut être mise en évidence ; - génératrice 11 (436,2-442,65 m) : les fentes se répartissent autour d’une famille peu pentée, entre 0 et 30 ° de pendage, et d’une famille à pendage fort (70 °). On note une certaine dispersion ; - génératrice 12 (442,65-455,6 m) : deux familles, relativement dispersées, composées de fentes à fort pendage, s’individualisent ; - génératrice 13 (455,6-466 m) : les fentes sont dispersées et déterminent deux groupes de structures à pendage fort ; - génératrice 19 (502,1-513,3 m) : les fentes forment une famille bien marquée à pendage fort ; - génératrices 20 et 21 (513-545 et 545-573,7 m) : les fentes et les failles sont dispersées mais correspondent à des structures à pendage oblique à fort (50 à 70°) ; - génératrice 29 (605,1-608,1 m) : les fentes déterminent une famille à pendage très redressé ; - génératrice 30 (608,65-610,65 m) : les fentes et les failles indéterminées et normales définissent deux familles à pendage oblique (40 °) ; - génératrice 35 (619,9-646,8 m) : les fentes et les failles indéterminées et normales définissent deux familles bien marquées à pendage fort (60 à 70 °). On note une certaine dispersion des fentes ; - génératrice 42 (676,8-715,7 m) : les fentes et les failles indéterminées sont relativement dispersées. Au moins une famille à pendage fort s’individualise ; - génératrice 43 (716,2-733,5 m) : les fentes et les failles indéterminées et normales déterminent une famille à pendage fort. Une famille secondaire composée de fentes est orthogonale à la famille principale. Une autre famille secondaire composée de failles est suspectée ; - génératrice 49 (759-769,8 m) : les fentes déterminent une famille bien marquée à pendage oblique. Les failles sont très regroupées autour d’un pôle sub-vertical ; - génératrice 50 (772,6-776,9 m) : les fentes et les failles indéterminées individualisent une famille bien marquée à pendage oblique ; BRGM/RP-51671-FR 55 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - génératrice 52 (779,5-814,4 m) : une seule famille composée de fentes et de failles indéterminées à très fort pendage s’individualise. Cette famille, composée de deux groupes de pôles à plongement opposé, pourrait constituer un système conjugué. Le forage d'Habitation Carrère présente presque toujours dans les tronçons analysés au moins une famille à très fort pendage composée de fentes et de failles à cinématique indéterminée. Dans la partie supérieure entre 407 et 442 m, on observe, en plus, la présence d’une famille sub-horizontale composée de fentes à calcite. Des familles à pendage oblique sont également présentes (415, 455, 610, 678 m). h) Synthèse Ce forage d'Habitation Carrère montre des conditions de température faibles mais la présence de perméabilité actuelle. La zone la plus chaude correspond spatialement au passage d’une faille perméable vers 390 m de profondeur. Outre les nombreux plans de fractures associés, cette faille développe un halo d’altération hydrothermale très important. De la kaolinite et de la sidérite semblent associées au drain perméable. La présence d’épidote traduit également des conditions de paléo-températures élevées. Plusieurs générations de dépôts ont été mises en évidence, la calcite étant le remplissage dominant. Le système ancien quartz-sulfures correspond à des accidents importants minéralisés. Le forage d'Habitation Carrère, qui est composé principalement de laves fracturées, montre donc deux milieux géologiques en terme de fracturation : - des fentes à calcite millimétrique à centimétrique qui forment des familles pentées à sub-verticales et sub-horizontales dans la partie supérieure du forage. Ces fentes qui évoluent localement en brèches hydrauliques seraient compatibles avec une cinématique en faille normale. L’assemblage chlorite, pyrite et épidote est fréquemment associé à la calcite ; - des failles minéralisées (pyrite, sulfures) à silice géodique et colmatage partiel. Ces failles très redressées sont de taille pluricentrimétrique et développent un halo d’altération hydrothermale d’amplitude métrique (370-400 m). En effet, les laves encaissantes sont en général complètement hydrothermalisées, lessivées, blanchies et deviennent poreuses. La densité de fracturation est plus forte que dans le forage de pointe Desgras avec 1,5 fract./m. De plus, le pourcentage de faille est également plus fort avec 21 %. Les failles essentiellement normales sont cohérentes avec la structure du graben du Lamentin. Comparé au forage de la pointe Desgras, on constate que le puits de Carrère a recoupé principalement des formations de laves massives qui pourraient se rattacher au volcanisme andésitique de Ducos - rivière Pilote d’âge miocène. 56 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 2.2.7. Le forage de Californie a) Généralités Le troisième sondage de reconnaissance a été réalisé dans le quartier Californie, au nord de la plaine du Lamentin, dans la zone commerciale derrière le magasin « Monsieur Bricolage », dans un terrain marécageux. Ce sondage a été arrêté à la profondeur de 1 000,25 m le 6 avril 2001. Il a été foré en mode destructif jusqu’à 398,14 m puis carotté jusqu’au fond. 166 sections carottées ont été réalisées. La qualité du carottage a été excellente (97 %), à l’exception des zones fracturées et argilisées ; en particulier, celle rencontrée dès le début du carottage entre 398 et 413 m a occasionné des problèmes importants (fig. 13B). La présence d’une zone de faille a obligé les foreurs à réduire le diamètre du carottage entre 700 et 800 m. Les carottes ont un diamètre de 76 mm dans la partie supérieure puis 55 mm jusqu’au fond. b) Les indices de perméabilité et les températures Les indices de perméabilité ont été synthétisés et confrontés aux données géologiques par la CFG (2001). Le forage de Californie est le plus chaud et le plus perméable des trois forages d’exploration réalisés lors de cette campagne de reconnaissance. Les principales zones de pertes sont localisées dans la partie supérieure vers 300 m de profondeur, et au droit de zones de failles où la récupération a été médiocre, comme entre 398 et 413 m (fig. 13B). Ce drain perméable serait caractérisé par une température de l’ordre de 85-90 °C et est interprété comme correspondant à un aquifère de moyenne température (fig. 9). Celui-ci avait été mis en évidence par EURAFREP dans le forage LA-101, situé plus au sud, entre 150 et 250 m de profondeur. Les résultats des mesures de température ont été effectués dans le puits de Californie par la CFG pendant le forage (CFG, 2001) et par le BRGM environ trois mois après la fin du forage (Sanjuan et al., 2001a ; chap. 4). Sur la figure 18, on constate que la température à 100 m atteint déjà 41,5 °C. Puis, elle croît régulièrement jusqu'à 400 m où elle atteint environ 85-90 °C. Ensuite, le gradient s'inverse et la température redescend à environ 75-80 °C à 650 m de profondeur. Plus bas, le gradient redevient nul ou légèrement positif. La température en fond de puits doit se situer aux environs de 80-85 °C. Il semble qu’il y ait une bonne correspondance entre les indices de perméabilité observés pendant la foration et l'allure de la courbe de température. Le maximum de température (85-90 °C) est observé dans une zone fracturée vers 400 m de profondeur où des arrivées de fluides ont été mises en évidence. L'inversion de gradient entre 400 et 650 m correspond à une zone relativement peu perméable. En dessous de 650 m, le gradient nul à légèrement positif correspond à une zone marquée par des indices de perméabilité, voire même un léger artésianisme, reliés à la présence de zones fracturées localisées à 692,35 m et entre 733 et 782 m. BRGM/RP-51671-FR 57 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) c) Log géologique La colonne lithologique synthétique du forage de Californie est présentée figure 19. Les principales formations traversées par ce forage sont les suivantes : - entre 0 et 27 m, le forage a traversé des formations de sables grossiers et cailloutis de teinte ocre à rougeâtre, et des conglomérats polygéniques plus ou moins argileux, assimilés aux alluvions récentes et anciennes de la rivière la Lézarde (identiques à celles traversées par le forage de la pointe Desgras). Un niveau de tourbes plus ou moins sableuses a été recoupé entre 8 et 15 m de profondeur ; - entre 27 et 106 m, le forage a traversé une alternance d'horizons de laves et de formations bréchiques. Les horizons de laves ont une épaisseur de 5 à 10 m. Il s'agit de laves sombres aphyriques, qui acquièrent une teinte gris verdâtre lorsqu'elles sont altérées et argilisées. La pyrite est localement observée. Les horizons bréchiques ont une épaisseur de 5 à 15 m. II s'agit probablement de dépôts détritiques volcanosédimentaires à éléments de laves altérés et oxydés dans un ciment rougeâtre à beige. Pyrite et opale sont localement observées. Cet ensemble est interprété comme une succession de coulées de laves alternant avec des périodes de sédimentation détritique ; - entre 106 et 257 m, le forage a également traversé une alternance d'horizons de laves et de formations bréchiques. Les horizons de laves ont une épaisseur de 5 à 20 m. Il s'agit toujours de laves sombres aphyriques, qui acquièrent une teinte gris verdâtre lorsqu'elles sont altérées et argilisées. Les horizons bréchiques ont une épaisseur de 5 à 30 m. Ils sont relativement homogènes et sont constitués par des éléments de laves sombres dans un ciment rougeâtre. Il pourrait s'agir de dépôts hyaloclastiques intercalés avec les horizons de laves massives. Il est possible également qu'il s'agisse pour partie de dépôts volcano-sédimentaires identiques aux dépôts rencontrés plus bas. Cet ensemble est interprété comme un épisode de volcanisme côtier et/ou sous-marin, effusif et explosif, au sein duquel s'intercaleraient éventuellement quelques périodes de sédimentation détritique ; - de 257 à 398 m, le forage a traversé (en mode destructif) des formations bréchiques de teinte rougeâtre à beige, plus ou moins argilisées, avec des éléments rougeâtres à blanchâtres, des fragments de carbonates et d'opale. Ces formations sont corrélées avec les formations volcano-sédimentaires sous-jacentes observées sur les sections carottées ; - de 398 à 539 m, le forage a traversé (en mode carottage) un ensemble de formations détritiques volcano-sédimentaires, composé d'horizons de conglomérats grossiers polygéniques, d'horizons de grès, cinérites, silts et argiles varvées présentant de nombreuses figures syn-sédimentaires. La teinte générale de cet ensemble est lie-devin à beige, avec quelques passées verdâtres. Cet ensemble est interprété comme témoignant d'une période prolongée de sédimentation détritique dans un milieu marin. Un dyke de lave andésitique porphyrique à phénocristaux millimétriques de plagioclase recoupe cet ensemble entre 444 et 447 m ; 58 BRGM/RP-51671-FR 50 100 Températures statiques mesurées le 19/07/01 Temp. extrapolée d'après mesures pendant forage 30 40 50 60 70 80 Prof. (m) Anomalies conduc. dans fluide foration Temp. fluide foration Indices perméabilité Log Failles Prof. (m) Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 90 50 37° fluide froid 100 150 150 200 200 45° 250 250 300 300 47,5° 350 400 350 51° fluide géoth. 400 450 450 500 500 550 550 600 fluide géoth. 600 650 650 700 700 750 750 800 fluide géoth. 800 850 850 900 900 950 950 1000 1000 Fig. 18 - Position des indices de perméabilité et des anomalies de conductivité observées dans le fluide de foration reportées le long de la colonne lithologique du puits de Californie. Profils de température mesurés pendant le forage (CFG) et après (BRGM). BRGM/RP-51671-FR 59 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - de 539 à 613 m, le forage a traversé des formations bréchiques de teinte grise à rougeâtre, à éléments pluricentimétriques de lave dans un ciment constitué lui-même de matériel volcanique finement fragmenté, intercalées avec quelques passées de laves massives. Ces formations représenteraient un épisode de volcanisme explosif sousmarin (?) ; - de 613 à 733,6 m, le forage a traversé des brèches polygéniques de nature volcanosédimentaire, homogènes en grand, composées de fragments de laves centimétriques à décimétriques argilisés et de clastes beiges dans une matrice sombre rougeâtre argileuse. Ces brèches sont interprétées comme résultant du remaniement de matériaux d'origine volcanique sous forme de lahars. Deux horizons de laves porphyriques altérées recoupés entre 677-688 m et 730-731 m sont interprétés comme des intrusions ; - de 733 à 782 m, le forage a recoupé une zone fracturée majeure complexe constituée de plusieurs zones de failles sub-verticales à remplissages de carbonates et minéraux argileux et à épontes argilisées. Quelques passages sont bréchifiés. Cette zone fracturée affecte des brèches identiques à celles rencontrées entre 613 et 733 m ainsi que des laves massives porphyriques (intrusions ?) ; - de 782 à 1 000,25 m, le forage a traversé un ensemble composé de laves andésitiques massives à bréchifiées, de teinte grise à rougeâtre, porphyriques à phénocristaux et mégacristaux centimétriques de plagioclase et ferromagnésiens, alternant avec des horizons bréchiques (grès, conglomérats) polygéniques à éléments de laves de nature variée dans un ciment grossier plus ou moins argileux. Cet ensemble est interprété comme un témoin d'un épisode volcanique sous-marin avec bréchifïcation de laves (hyaloclastites) et remaniement consécutif ou postérieur à leur mise en place. Comparé aux deux autres forages de la pointe Desgras et de Carrère, le puits de Californie se singularise par la quasi-absence d'intrusions, l'abondance des formations rapportées à des épisodes de volcanisme explosif sous-marin et une épaisse série de formations détritiques volcano-sédimentaires (257-539 m). d) Les zones de failles Au niveau des accidents majeurs recoupés par le forage de Californie (fig. 19), zones de failles ont été identifiées dans les cuttings (110-130 m, 292-312 m). La supérieure est hydrothermalisée argilisée. Des remplissages de fractures de carbonate et pyrite sont suspectés ainsi qu’une argilisation de la roche dans la localisée à 300 m. deux zone type zone Dans la section carottée, les principales zones de failles reportées dans le log synthétique sont situées à : - 396,15-409,30 m. Cette zone de mauvaise récupération (50 %) et de venue d’eau est complètement blanchie en liaison probable avec de l’altération hydrothermale. Les fractures présentes sont mal exprimées. Elles correspondent à des fractures verticales soulignées par une pellicule blanchâtre à jaunâtre ; 60 BRGM/RP-51671-FR Prof. (m) Faille Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Log Description Commentaires Alluvions grossières récentes et anciennes de la Rivière la Lézarde 50 100 Alternance d'horizons de laves massives sombres aphyriques (5-10 m) et d'horizons détritiques volcano-sédimentaires à éléments de laves altérées dans un ciment ocre à rougeâtre Mise en place de coulées alternant avec des épisodes de sédimentation Zone de faille majeure hydrothermalisée 150 200 Alternance d'horizons de laves massives gris-sombre aphyriques et d'horizons bréchiques à éléments de laves dans un ciment rougeâtre interprétés comme des dépôts hyaloclastiques. Episode de volcanisme côtier/sous-marin, mi-effusif mi-explosif. 250 300 350 400 Formation volcano-sédimentaire de teinte lie de vin composée de conglomérats polygéniques, de grès, silts et argiles varvés. Nombreuses figures synsédimentaires. Période prolongée de sédimentation détritique en milieu côtier/marin calme Formation bréchique grise à rougeâtre, à éléments pluri cm de lave dans un ciment de nature volcanique comportant quelques passées de laves massives d'épaisseur métrique. Episode de volcanisme explosif sous-marin 450 500 550 600 650 700 750 Ensemble bréchique volcano-sédimentaire homogène en grand composé de Episode de remaniement de brèches grossières varicolores à éléments anguleux et argilisés dans un matériaux volcaniques sous ciment brun-rougeâtre argileux. 2 dykes de lave entre 677-688 m et 730-731 forme de lahars m. Zone fracturée complexe composée de plusieurs failles sub-verticales à remplissage cm de calcite Zone faillée majeure Ensemble de laves andésitiques massives et de laves bréchifiées (hyaloclastites), porphyriques à megacristaux de plagioclase, alternant avec des horizons bréchiques (grès à conglomérat) polygéniques à éléments de laves dans un ciment argileux. Episode de volcanisme sous-marin avec remaniements consécutifs des formations bréchiques. 800 850 900 950 1000 Fig. 19 - Log géologique du forage de reconnaissance de Californie. BRGM/RP-51671-FR 61 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - 425,69-425,78 m. Il s’agit d’une faille bréchifiante oblique avec des géodes aux épontes. On note la présence d’altération argileuse blanchâtre et la présence d'oxydes de fer ; - 434,09-434,36 m. Cette faille bréchifiante est géodique à ciment siliceux blanc laiteux. De nombreux plans striés s’individualisent (faille normale, faille dextre) ; - 435,06-435,24 m. Il s’agit d’une faille bréchifiante géodique gris-brun. Localement, la bréchification hydraulique se caractérise par un ciment blanchâtre de silice ; - 603,77-604,35 m. La faille est à calcite et argiles verdâtres ; - 637,90-641,90 m. Il s’agit d’une zone de faille brun-beige avec plusieurs structures verticales et géodiques correspondant à des cavités de dissolution. Des fissures et une dissolution dans la masse se développent également. Des stries dans le dip à oblique sont présentes ; - 751,62-756,80 m. Cette zone faillée et argilisée est composée par une succession de failles sub-verticales centimétriques à calcite dans un encaissant altéré constitué de lave altérée gris-vert à mégacristaux de plagioclases totalement argilisés. L’éponte de cette zone est largement hydrothermalisée entre 739,55 et 751,62 m ; - 760,48-782,10 m. Cette zone faillée se développe dans une lave fortement argilisée et blanchie. Il y a une succession de failles sub-verticales, centimétriques à calcite. Cette zone correspond à une zone de perte probable et a été le siège de problèmes de récupération. Le forage de Californie a également recoupé des zones peu fracturées mais fortement argilisées, voire hydrothermalisées comme à 688-690,45 m, à 693,80-695,25 m, à 727,20-729,90 m, et à 798,80-800,25 m. e) Log structural Au niveau structural, les structures relevées sur le forage de Californie sont essentiellement des fentes (380), des fractures souvent non remplies (25) et des failles de différentes cinématiques : à mouvement indéterminé (115), à jeu normal (14), à jeu décrochant senestre (3) et à jeu dextre (3). Le ratio du nombre de failles par rapport à l’ensemble des structures est de 25 %. L’essentiel des failles où on a pu déterminer la cinématique correspond à des failles normales à pendage élevé. 10 failles normales sont localisées entre 432,4 et 433 m et associées aux failles dextres. 34 failles indéterminées montrent des stries dans le dip. Les fentes colmatées à calcite montrent également une géométrie compatible avec des ouvertures en faille normale apparente. Les trois failles senestres sont localisées entre 566 et 605 m. Il n’y a pas de faille inverse mise en évidence. On observe également la présence de nombreuses structures synsédimentaires caractérisées par des petites failles normales au rejet centimétrique et des figures sédimentaires de type slump. Dans la partie carottée, la densité de fracturation est la plus faible des trois forages d’exploration géothermique du Lamentin avec 0,92 fract./m. La distribution de la fracturation est hétérogène en fonction de la profondeur. Il y a des zones moyennement à faiblement fracturées (505-800, 925-1 000 m) qui alternent avec des zones 62 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) complètement dépourvues en fracture (450-505, 800-880, 900-925 m). La zone la plus fracturée, composée de nombreuses failles normales, située vers 430 m, montre les épaisseurs de colmatage les plus significatives. Les épaisseurs de fractures sont relativement faibles et d’amplitude millimétrique. Certaines fractures, qui correspondent à une sorte de diaclasage, ne présentent pas de remplissage hydrothermal ; en particulier, dans la partie profonde du sondage, en dessous de 800 m de profondeur. La distribution des fractures est hétérogène et une relation avec la nature des roches (lithologie) semble prépondérante. En effet, il se dégage une zonation verticale entre la présence des fractures et la lithologie. Cette zonation est illustrée sur le log des remplissages de fractures en fonction de la profondeur (fig. 20). On observe donc successivement des intervalles de profondeur à calcite (390-410, 540-600, 740-820, 885-1 000 m), puis à silice (450-530, 850-885 m), et à argiles (445-450, 600-740 m). Les fractures mm à argiles blanchâtres à jaunâtres ne s’observent que dans les formations volcano-sédimentaires du type brèche entre 611 et 673 m et 687 à 735 m, tandis que les fentes à calcite millimétrique-centrimétrique subverticales se trouvent dans les formations bréchiques à éléments de laves entre 540 et 611 m et 735 et 1 000 m ou dans des dykes de laves entre 677 et 687 m. Les fractures sans remplissage se trouvent dans les brèches à éléments de clastes altérés jaunes. Des plans striés indiquant un déplacement (micro-failles) s’observent sur des clastes ou sur des plans argileux dans les formations volcano-sédimentaires. Sur la première partie du sondage, la fracturation est relativement faible (0,15 fract./m) et mal exprimée dans les séries à dominante gréso-silteuse à conglomératique. La zone de venue d’eau où la récupération du carottage a été faible (396,15-402,70 m) correspond à des grès altérés. Les études minéralogiques montrent la présence d’argiles de type kaolinite spécifique, dans ces failles perméables, associées à de la sidérite (Mas et al., 2001). Les observations sont difficiles et limitées dans ces niveaux en raison de la mauvaise qualité du carottage et de la mauvaise récupération. Une autre venue d’eau est suspectée avant 770 m. Elle pourrait correspondre à une zone de faille, située entre 760 et 782 m, comme le montre le log de la figure 20. f) Géométrie des fractures Le basculement des données structurales dans un repère vertical permet d’apprécier dans quelle gamme de pendage se situe les fractures rencontrées sur les carottes (fig. 21). L’histogramme des pendages présenté par classe de 10 ° montre que de 75 % des fractures ont un pendage supérieur à 45 °. Le réseau de fractures recoupé est donc essentiellement vertical. BRGM/RP-51671-FR 63 400 FAIL Brèche Sulfures Epidote Pyrite Barytine Illite Oxyde fer Argiles Chlorite Silice Calcite Quartz Carotte perdue Ouverture libre mm Prof (m) 50 0 8 Failles 0 4 50 Epaisseur Colmatage mm 10 0 0 Prof (m) 5 Densité Fract/m Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 400 FAIL FAIL FAIL 450 FAIL 450 500 500 550 550 600 FAIL 600 FAIL 650 650 FAIL FAIL 700 700 FAIL 750 FAIL 750 FAIL 800 FAIL 800 850 850 900 900 950 950 1000 1000 Fig. 20 - Log du forage de reconnaissance de Californie. Densité de fractures, épaisseur du colmatage, localisation des failles, ouverture libre, taux de récupération des carottes, évolution verticale des remplissages de fractures. 64 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 25% 20% 15% 10% 5% 0% 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Fig. 21 - Histogramme des pendages vrais des fractures relevées sur les carottes du forage de Californie. g) Projection stéréographique Le report des données structurales dans des diagrammes de Schmidt (hémisphère inférieur), permet d’apprécier les relations angulaires entre les différentes familles de fractures dans le forage de Californie : - génératrice 1 (426,6-432 m) : des failles normales et indéterminées montrent une certaine dispersion directionnelle correspondant à des valeurs de pendage obliques à élevées (70°) ; - génératrice 2 (432,15-433,75 m) : les données sont assez dispersées. Des failles normales et indéterminées se regroupent autour des valeurs de pendage faibles à obliques (20 à 50°) ; - génératrice 3 (433,9-435,4 m) : des failles normales et indéterminées montrent une famille directionnelle bien exprimée ayant un pendage oblique (60°) ; - génératrice 4 (441,55-449,59 m) : les fentes et les failles sont trop dispersées pour former une famille directionnelle ; - génératrice 9 (539,8-552,5 m) : des fentes forment une famille sub-verticale très bien marquée ; - génératrices 11, 12, et 13 (555,5-573,5 m, 573,7-586,2 m, 588,1-603,6 m) : des fentes parfois dispersées forment une famille bien marquée à pendage oblique ; - génératrice 14 (605,6-610 m) : les fentes s’organisent autour d’une famille directionnelle verticale bien marquée ; - génératrice 16 (678-682,6 m) : des fentes parfois dispersées forment une famille oblique bien marquée ; BRGM/RP-51671-FR 65 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - génératrice 19 (735,1-749,8 m) : 16 fentes et deux failles (normale, indéterminée) forment une famille verticale très bien marquée ; - génératrice 20 (749,8-760,85 m) : des fentes et deux failles indéterminées forment une famille sub-verticale très bien marquée ; - génératrice 24 (957,7-973,5 m) : les fentes plutôt verticales sont relativement dispersées. Les failles indéterminées sont peu pentées et ne définissent pas de famille. Le forage Californie présente dans les tronçons analysés une seule famille directionnelle à très fort pendage composée de fentes seules et/ou de failles à cinématique indéterminée. Dans la partie supérieure (426-435 m), de nombreuses failles à cinématique principalement indéterminée définissent une famille oblique. Cette zone, localisée juste en dessous la zone de perte, pourrait correspondre à la branche inférieure du drain perméable recoupé par le sondage. h) Synthèse Ce forage de Californie montre des conditions de température moyennes associées à la présence de perméabilité actuelle. La zone la plus chaude correspondrait spatialement au passage d’une faille perméable vers 390 m de profondeur. Jusqu’à 1 000 m, il n’y a pas d’évidence d’un système actuel haute température. Comme à Carrère, l’assemblage kaolinite-sidérite semble associé au drain perméable. Comparé aux deux autres forages de la pointe Desgras et de Carrère, le puits de Californie se singularise par la quasiabsence d'intrusions, l'abondance des formations rapportées du volcanisme explosif sous-marin et une épaisse série de formations détritiques volcano-clastiques (257-539 m). La forte épaisseur des dépôts détritiques implique un remplissage et/ou une subsidence importante probablement en liaison avec l’individualisation de la partie nord du graben du Lamentin. L’épidote n’a pas été observée. La nature des colmatages semble fonction de la lithologie avec de la calcite dans les formations riches en éléments volcaniques et des argiles dans les formations bréchiques de type lahar. Parfois, il n’y a même pas de remplissage clairement exprimé, la fracturation s’exprimant sous la forme d’un diaclasage sec. Une seule famille directionnelle oblique à sub-verticale se développe dans le puits. Dans la zone de faille située entre 426 et 435 m, les failles présentes s’organisent autour d’une famille directionnelle à pendage oblique de l’ordre de 50°. Le forage Californie montre une densité de fracturation relativement modérée distribuée de manière hétérogène mais avec une proportion de failles élevée de 25 %. Bien que quelques failles décrochantes aient été observées, les failles essentiellement normales semblent cohérentes avec la structure du graben du Lamentin. 2.2.8. Les données structurales de surface a) Pointe Desgras À proximité du site du forage de pointe Desgras, un affleurement de dimension hectométrique montre un réseau principal de fractures sub-verticales, orienté N110°E à plongement sud dominant (fig. 22). Une deuxième famille, moins bien exprimée, est 66 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) orientée N010°E 80°E. Ces fractures sans marque apparent de déplacement ont été échantillonnées dans les travertins siliceux fossiles. Elles sont donc censées représenter une fracturation tardive qui affecte cette zone. La direction dominante correspondrait le mieux à la famille NE-SW. Lamentin Affleurement pointe Desgras pointe Desgras – Relevé de Surface 46 data Fig. 22 - Projection stéréographique (Schmidt, hémisphère inférieur) des données structurales relevées sur le terrain à proximité du forage de pointe Desgras (Lamentin, Martinique). Les projections stéréographiques sont présentées en diagramme polaire avec la trace cyclographique des plans (à gauche) et en isodensité (à droite). b) Cité Dillon Les structures mises en évidence à l’affleurement quartier Dillon (Sauret, 1991), c’est-à-dire au nord-est de notre secteur d’intérêt montrent un regroupement de tous les types de fractures (failles, diaclase) autour d’une famille conjuguée orientée N20°E 70°W. Cette direction correspondrait à une direction secondaire ancienne décrite par Chovelon (1984b). c) Quartier Chateaubœuf Les failles relevées sur le terrain dans le quartier Chateaubœuf (Genna, 1994), c’est-àdire à moins de deux kilomètres à l’est du forage de Californie, montrent une famille principale N120°E 45°E. Cette direction est la même que les deux failles cartographiques présentes sur la carte géologique au 1/50 000 dans le quartier de Californie. Cette structuration se situe dans le prolongement septentrional du système dominant N120°-N140°E correspondant à l’alignement des sources thermales par BRGM/RP-51671-FR 67 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Affleurement Dillon 51 data Fig. 23 - Projection stéréographique (Schmidt, hémisphère inférieur) des données structurales relevées sur le terrain dans le quartier Dillon au nord du Lamentin (Martinique). Les projections stéréographiques sont présentées en diagramme polaire avec la trace cyclographique des plans (à gauche) et en isodensité (à droite). Affleurement Chateaubœuf 28 data Fig. 24 - Projection stéréographique (Schmidt, hémisphère inférieur) des données structurales relevées sur le terrain dans le quartier Chateaubœuf au nord du Lamentin (Martinique). Les projections stéréographiques sont présentées en diagramme polaire avec la trace cyclographique des plans (à gauche) et en isodensité (à droite). 68 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) exemple. Le passage proche de la faille Nord-Lamentin orientée N60°E ne semble pas avoir d’influence sur ces données de terrain. 2.3. CARACTÉRISATION GÉOCHIMIQUE DES LAVES 2.3.1. Les données géochimiques Les échantillons prélevés dans les forages de reconnaissance ont fait l’objet d’analyses chimiques réalisées par le Service ANA du BRGM par spectrométrie de fluorescence X pour les éléments majeurs (tabl. 2). Il s’agit de cinq échantillons de laves de roche saine et de quatre échantillons de laves altérées. Les résultats sont présentés en pourcentage d’oxydes avec une précision moyenne de 2 % relative en milieu de gamme. Les échantillons sont repérés par le nom du forage et la profondeur en mètres (tabl. 2). Forage Pointe Desgras Habitation Carrère Californie SiO2 % 53,6 55,1 52,2 52 51,9 69 81,3 55 46,4 TiO2 % 1,11 1,11 0,74 0,79 0,92 -0,05 0,18 0,97 1,16 Al2O3 % 17,1 16,2 18,1 23,4 20,7 3,3 5,8 18,3 19,2 Fe2O3t % 9,57 8,55 8,43 5,57 9,9 12,41 6,35 9,54 9,81 MnO % 0,16 0,2 0,13 0,13 0,31 0,21 0,14 0,21 0,16 MgO % 3,1 2,5 3,9 1,1 1,1 2,3 1 2,8 3,2 CaO % 3,7 7,7 7,9 1 0,8 -0,1 0,1 8 10,4 Na2O % 2,3 2,6 2,5 1,5 0,2 0,8 0,3 2,6 2,6 K2O % 0,58 0,99 0,54 1,11 0,33 0,07 1,04 0,92 0,53 P2O5 % 0,19 0,2 0,1 0,11 0,13 -0,05 -0,05 0,15 0,13 PF % Total % Faciès Prof. (m) 2,8 3,7 4,5 12,1 13,8 5,7 3,9 1,3 5,5 94,21 98,85 99,04 98,81 100,09 93,59 100,06 99,79 99,09 Sain Sain Sain Altéré Altéré Altéré Altéré Sain Sain 583,15 406,30 414,45 426,00 470,70 472,10 767,80 758,20 535,80 Tabl. 2 - Analyses chimiques des éléments majeurs des laves (faciès sains, faciès altérés) prélevées dans les forages du Lamentin. Les laves les plus saines sont de couleur grise à gris sombre et présentent des phénocristaux de plagioclases, opaques et chlorite et plus localement des clinopyroxènes. Il s’agit principalement d’andésites. Les éléments majeurs, en particulier les alcalins (Na2O, K2O), permettent de classer les roches volcaniques en utilisant la classification et la nomenclature associées au diagramme TAS (Total Alkali Silica). Cette classification s’applique aux roches volcaniques peu altérées (fig. 25). BRGM/RP-51671-FR 69 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 16 PHONOLITE 14 12 TRACHYTE Na2O+K2O (%) TEPHRITE 10 8 6 RHYOLITE TRACHYANDESITE BASALTIC BASANITE TRACHYBAS ALK BAS 4 BASALT PICRO BASALT 2 BASALTIC ANDESITE DACITE 0 40 45 50 55 60 65 70 75 80 65 70 75 80 SiO2 (%) 16 14 Na2O+K2O (%) 12 10 8 6 4 2 0 40 45 50 55 60 SiO2 (%) Fig. 25 - Diagramme SiO2 en fonction de Na2O + K2O. En haut, champs théoriques des faciès de laves ; en bas, projection des échantillons des laves saines prélevées dans les forages du Lamentin. Les laves rencontrées dans les forages sont essentiellement de nature andésitique. Le diagramme SiO2 en fonction de la somme Na2O + K2O permet de préciser la nature exacte des roches analysées (fig. 25). Il s’agit principalement d’andésites basaltiques caractérisant les roches intermédiaires pour les échantillons provenant des forages de pointe Desgras et de Carrère. Pour le forage de Californie, l’échantillon analysé, plus basique, est caractérisé par une faible teneur en SiO2 et correspond au champ des basaltes. L’ensemble des échantillons qualifiés de sain sur la base d’un examen macroscopique montre une perte au feu relativement élevée suggérant que ces laves ont subi l’effet d’une altération hydrothermale. Une synthèse sur le volcanisme de Martinique (Pelletier, 1976) a contribué à mettre en évidence la présence d’un arc externe ancien et d’un arc interne récent sur la base de la compilation d’analyses chimiques de roches. 70 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) La comparaison entre la chimie des faciès sains et altérés montre des variations pour les éléments majeurs : - un lessivage du sodium et du calcium, lié probablement à l’altération des plagioclases. Une partie du calcium se retrouve dans des carbonates secondaires ; - un enrichissement de la perte au feu, ce qui traduit une augmentation de la porosité des faciès altérés ; - une relative stabilité pour le fer et le magnésium et un faible lessivage du phosphore, du titane et du magnésium ; - un comportement très contrasté (lessivage ou enrichissement) pour le potassium, l’aluminium et la silice. Ces variations traduisent une altération des alumino-silicates primaires en argiles (illite-kaolinite) et des précipitations de silice ou quartz secondaire géodique. La comparaison entre la chimie des faciès sains et altérés montre des variations pour les éléments traces (tabl. 3) : - un lessivage du baryum, du strontium, du vanadium et de l’yttrium ; Forage Pointe Desgras Habitation Carrère Californie Elément Unité Sb mg/Kg 16 -10 16 16 18 Ag mg/Kg 0,2 -0,2 -0,2 -0,2 -0,2 As mg/Kg 24 -20 42 36 62 Ba mg/Kg 190 378 124 220 40 Bi mg/Kg 18 17 12 -10 13 B mg/Kg 12 -10 -10 132 Cd mg/Kg -2 -2 -2 -2 Ce mg/Kg 26 30 12 Cr mg/Kg 36 30 50 Co mg/Kg 24 24 28 32 36 24 14 20 32 Cu mg/Kg 86 94 106 116 168 1632 106 114 796 Li mg/Kg 12 18 16 74 62 12 10 -10 10 Mo mg/Kg -5 -5 -5 -5 -5 8 8 -5 -5 Ni mg/Kg -10 -10 12 -10 -10 -10 -10 -10 12 Pb mg/Kg 16 28 18 14 18 6000 1922 24 -10 36 -10 -10 -10 22 1,6 -0,2 -0,2 88 292 -20 -20 -10 78 208 248 27 -10 -10 -10 36 -10 -10 -10 -10 -2 316 34 -2 -2 -10 22 20 -10 -10 -10 30 26 40 22 38 42 Sr mg/Kg 158 192 186 110 24 16 16 130 282 V mg/Kg 174 188 230 290 272 -10 50 168 296 20 -20 -20 -20 24 122 20000 5490 130 100 20 66 86 583,15 406,30 414,45 426,00 470,70 472,10 767,80 758,20 Y mg/Kg 28 34 -20 -20 Zn mg/Kg 90 114 100 60 Zr mg/Kg 104 138 Au mg/t Prof. (m) Faciès 535,80 Sain Sain 70 82 114 -20 -100 -100 -100 140 Sain Altéré Altéré Altéré Altéré Sain Sain Tabl. 3 - Analyses chimiques des éléments traces des laves (faciès sain, faciès altérés) prélevées dans les forages du Lamentin. BRGM/RP-51671-FR 71 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - une stabilité du chrome et du cobalt ; - un enrichissement en antimoine, argent, or, lithium et molybdène ; - un fort enrichissement en arsenic, bore et cuivre et une très forte concentration en cadmium, plomb et zinc. Ces enrichissements sont principalement liés à la présence de sulfures associés au quartz secondaire. Tous les échantillons analysés dans les faciès altérés sont localisés dans le forage de Carrère. L’échantillon localisé à 414,45 m correspond à une éponte blanchie hydrothermalisée de failles. Cette éponte se marque par une porosité élevée comme en témoigne la forte valeur de la perte au feu et par un enrichissement important en aluminium lié à la présence d’argiles secondaires de type illite. L’échantillon localisé à 426 m montre des variations géochimiques analogues. Il correspond également à une éponte de faille blanchie mais encore plus altérée. Il se caractériserait par moins d’illite, donc moins de potassium, mais davantage de kaolinite. Ces deux échantillons sont également très riches en bore. Les échantillons localisés à 470,70 et 472,1 m sont plus directement des drains marqués sur les carottes par des dépôts de silice et de sulfures (pyrite, blende?, galène?). Ceci se confirme par la géochimie des majeurs avec les plus fortes valeurs en SiO2 et en fer et les plus faibles valeurs en CaO. Sur la géochimie des traces, les échantillons renferment des sulfures qui portent des minéralisations à Cu-PbZn, Cd, Ag-Au-As et Sb. Les zones de failles percolées par les fluides hydrothermaux se distinguent donc géochimiquement des faciès de laves saines par des fortes valeurs en Al2O3 et en perte au feu dans les épontes (argiles, porosité secondaire) et des enrichissements en SiO2 (dépôts de quartz) et en métaux de base dans les drains proprement dit. 2.3.2. Les données isotopiques Les fractures à carbonates, principalement calcite, sont ubiquistes dans les forages du Lamentin. Il existe différentes générations de calcite comme l’a montré l’étude des fractures sur les carottes. Certaines d’entre elles colmatent partiellement, voire complètement, le réseau fissural comme celle observée à 710 m dans le forage de pointe Desgras. Dans l’optique de chercher des relations entre les fluides circulant actuellement, des analyses de chimie isotopique ont été réalisées sur huit échantillons prélevés dans les forages Desgras, Californie et Carrère. Il s’agit de calcites ayant cristallisé dans des fractures (tabl. 4), deux échantillons de fractures à calcite ayant été analysés par forage. La fracture géodique d’épaisseur pluri-centimétrique située à 710 m dans le forage de pointe Desgras a fait l’objet de plusieurs prélèvements pour voir s’il y avait des variations à l’intérieur d’un même drain (éponte externe, cœur, éponte interne). Les compositions isotopiques de l’oxygène, du carbone et du strontium des calcites échantillonnées, ainsi que leur teneur en Sr et Rb, ont été déterminées. Les résultats sont compilés dans le tableau 4 et illustrés dans les figures 26 à 28. Les observations suivantes peuvent être faites : 72 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - les valeurs de δ18O et δ13C des calcites analysées varient de -20 à -10 ‰ pour le δ18O et de -8 à -3 ‰ pour le δ13C sur l’ensemble des trois forages et sont corrélées linéairement (fig. 26). Les calcites d’un même forage montrent des compositions isotopiques assez homogènes, tandis que les compositions isotopiques moyennes sont distinctes d’un forage à l’autre. Les résultats obtenus sur l’échantillon Desgras, 2-710, montrent, en revanche, qu’il n’y a pas de variations significatives des compositions isotopiques à l’intérieur d’une même veine/fracture ; - les rapports isotopiques 87Sr/86Sr des calcites analysées sont très homogènes et bas (0,70505 à 0,70536). Ces rapports sont très inférieurs à celui de l’eau de mer (0,707 0,709) et typiques de ceux des roches volcaniques (0,704 - 0,706). Ils sont très proches de celui mesuré pour l’eau de production (0,70506 - 0,70507). La figure 27 montre l’absence de corrélation linéaire entre le rapport 87Sr/86Sr et 1/Sr. Forage Desgras-LA01 Echantillon Taille veine 13 δ C ‰ PDB ±0.1‰ 18 δ O ‰ PDB ±0.1‰ δ O ‰ SMOW ±0.1‰ 525 710 710 710 -6.3 -3.1 -2.9 -3.3 -12.9 -10.1 -9.9 -10.8 Localisation Profondeur intra-veine m 18 87 Sr/86Sr ±0.00001 Rb ppm ±5% Sr ppm ±5% 17.6 20.5 20.7 19.7 0.70534 0.70527 0.70523 0.70505 4.32 0.16 <0.04 0.06 153.0 45.5 45.0 83.3 1-254 2-710a 2-710b 2-710c cm cm cm cm Carrère-LA02 5-637 6-712 mm mm 638 713 -8.1 -7.2 -20.4 -18.7 9.8 11.6 0.70522 0.70534 2.29 8.23 166.0 241.0 Californie-LA03 7-753 8-799 mm mm 753 799 -4.2 -6.3 -14.1 -16.0 16.4 14.3 0.70514 0.70536 2.76 0.24 192.0 75.8 externe milieu interne Tabl. 4 - Composition isotopique (δ13C, δ18O, 87Sr/86Sr) des calcites de fracture des forages Desgras, Californie et Carrère. Les observations résumées ci-dessus, et en particulier les valeurs de δ18O-δ13C, suggèrent que les calcites des trois forages étudiés se sont formées dans des conditions différentes et spécifiques à chaque forage. A priori, la corrélation linéaire entre δ18O et δ13C (fig. 26) ne reflète pas un mélange binaire de deux générations de calcite, puisque cette corrélation n’existe pas dans la figure 27. L’homogénéité des rapports 87Sr/86Sr reflète une interaction eau-roche poussée entre le fluide calcitisant et les roches volcaniques encaissantes. En combinant le δ18Ocalcite mesuré et la composition isotopique de l’oxygène de l’eau de production (δ18Oeau), on peut calculer la température de formation de chacune des calcites analysées. Cet exercice est illustré dans la figure 28, qui montre que les calcites de fractures se seraient formées à des températures de 90-110 °C dans le forage Californie, et de 60-80 °C dans le forage Desgras. Ces températures calculées sont en bon accord avec les conditions de températures actuelles (mesurées et/ou estimées à partir des géothermomètres chimiques) dans ces deux puits, et suggèrent que les calcites y sont d’âge récent à actuel. En revanche, les compositions isotopiques des calcites de Carrère ne sont pas compatibles avec les conditions actuelles (δ18Oeau, T°C). Ces calcites sont donc nécessairement d’âge plus ancien, et les valeurs de δ18O suggèrent des températures anciennes plutôt chaudes (140-160 °C). BRGM/RP-51671-FR 73 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 18 -30 -25 δ O (‰ PDB) -20 -15 -10 -5 0 0 Desgras-LA01 -2 Carrère-LA02 même veine -4 -6 13 δ C (‰ PDB) Californie-LA03 -8 -10 Fig. 26 - Compositions isotopiques δ13C-δ18O des calcites de fracture des forages du Lamentin. 0.7070 eau de mer 0.709 Desgras-LA01 Carrère-LA02 0.7065 Californie-LA03 86 Sr / Sr 0.7060 87 0.7055 0.7050 même veine 0.7045 manteau 0.704 0.7040 0 5 10 15 1/Sr x10 20 25 30 -4 Fig. 27 - Rapports 87Sr/86Sr des calcites de fracture des forages du Lamentin présentés en fonction de l’inverse de la teneur en Sr. 74 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 15 Temperature d'équilibre => 88 - 108°C 18 δ O eau (‰ smow) 10 18 δ O = 16.4 ‰ 18 δ O eau de production forage Californie 5 18 δ O = 14.3 ‰ 0 -5 calcite Californie en équilibre avec eau-T°C actuelle => âge récent -10 -15 50 70 90 110 130 150 170 190 Temperature de formation (°C) 15 Temperature d'équilibre => 58 - 80°C 18 δ O = 20.7 ‰ 18 δ O eau (‰ smow) 10 18 δ O eau de production forages Carrère-Californie 5 18 δ O = 17.6 ‰ 0 -5 calcite Desgras en équilibre avec eau-T°C actuelle => âge récent -10 -15 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 Temperature de formation (°C) Fig. 28 - Reconstruction des conditions de formation des calcites de fracture des forages Californie et Desgras, calculées à partir du fractionnement calcite-eau des isotopes de l’oxygène (Freidman et O’Neil, 1977) et du δ18O (-2,0 ‰) mesuré pour l’eau de production du forage. BRGM/RP-51671-FR 75 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Si la variation de δ18O observée dans la figure 26 est principalement attribuable à un effet de température (et d’âge), il faut alors concevoir que la variation corrélative de δ13C reflète la contribution plus ou moins grande d’une source de carbone autre que le carbone marin. Il s’agirait vraisemblablement de carbone mantellique (CO2 profond, δ13C ≈ -7 ‰), plutôt que de carbone organique (δ13C ≤ -9 ‰), ce qui indiquerait que des fluides profonds chauds auraient existé dans le passé à Carrère. 2.4. COMPARAISON AVEC LES AFFLEUREMENTS DE SURFACE 2.4.1. Comparaison inter-forage La région du Lamentin a fait l’objet de travaux de reconnaissance géothermique par EURAFREP dans les années soixante-dix. Les forages réalisés à l’époque sont positionnés sur une carte de localisation (fig. 29). À l’exception du forage S2 excentré vers le nordouest, le forage de Californie représente la limite la plus septentrionale du dispositif, le forage de pointe Desgras la limite la plus occidentale tandis que le forage de Carrère est situé au sud. L’enveloppe des forages dessinent un axe NW-SE qui suit l’allongement du fossé du Lamentin. La synthèse de EURAFREP (Surcin, 1969) permet d’intégrer ces trois nouveaux forages et de les comparer géologiquement avec les forages existants. Les sondages du Lamentin S2 N 1617 1617 Cali La11 1616 1616 La10 La03 L101 1615 1615 La02 La01 1614 1614 Desg Carr La09 La04 La05 1613 La07 1613 La06 1612 1612 1611 1611 La08 1610 1610 710 711 712 713 714 0 715 716 717 718 1 KM Fig. 29 - Position des anciens forages d’exploration géothermique du Lamentin. 76 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) S2 Cali La11 La10 Desg L101 La01 Carr La07 La02 0 La09 0 -200 -400 -400 -600 -600 -800 -800 0 200 M -200 -1000 -1000 0. 2.0 4.0 6.0 0. 8.0 2.0 10.0 KM Fig. 30 - Coupe géologique schématique NW-SE passant par le forage de Californie au nord-ouest, le forage de pointe Desgras au centre et le forage de Carrère au sud-est. La couche jaune illustre l’épaisseur des alluvions traversée par les différents ouvrages, la couche verte présente le substratum. La coupe géologique NW-SE qui passe par les forages récents de Californie, de pointe Desgras et de Carrère (fig. 30) montre une épaisseur variable des alluvions ; en particulier au nord-ouest, avec les alluvions de la rivière la Lézarde qui s’épaississent brusquement suggérant l’individualisation d’une vallée plus prononcée. Les forages profonds montrent un substratum composé essentiellement de laves et d’intrusions volcaniques au sud-est (forage de Carrère) rapportées au volcanisme de Ducos. Au nord-ouest, le forage de Californie se caractérise par la présence de formations détritiques volcano-sédimentaires dans la partie supérieure et des formations bréchiques rapportées au volcanisme explosif sous-marin probablement remanié dans la partie profonde. Cette zone septentrionale où se développe un important remplissage détritique BRGM/RP-51671-FR 77 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) par des formations de type grès varvés, silts et conglomérats a été probablement le siège d’une certaine subsidence en liaison probable avec la structuration en graben. Ces formations rappellent celles connues en surface en particulier le conglomérat polygénique et les tuffites de Fort-de-France datés vers 5 Ma. Le forage profond LA-101 avait montré des faciès analogues à ceux du forage de Californie. On note l’absence de coulées de laves massives au nord-est. Au centre du dispositif, le forage de pointe Desgras montre des formations rapportées au volcanisme sous-marin dans la partie inférieure comme à Californie et des coulées de laves et intrusions dans la partie supérieure comme à Carrère. 2.4.2. Origine de l’anomalie géothermique Cette campagne d’exploration réalisée à partir de trois forages dans la baie du Lamentin a amélioré les connaissances du système géothermal superficiel mis en évidence il y a trente ans par EURAFREP. Les trois forages d’exploration ont recoupé, soit des failles perméables, soit des zones fracturées colmatées entre la surface et 1 000 m de profondeur. Les failles perméables sont principalement localisées entre 300 et 400 m de profondeur dans les forages de Californie et de Carrère, le forage de pointe Desgras étant complètement colmaté. Il n’y a pas d’évidence d’un système actuel haute température profond. En revanche, la présence de minéraux de haute température (épidote) et l’intensité de la fracturation suggèrent le développement d’un réservoir fossile fracturé aujourd’hui colmaté. La présence de failles normales et de fentes de traction observée sur les carottes non orientées serait en accord avec une cinématique en faille normale et donc la structure en graben du Lamentin. Des fluides hydrothermaux ont circulé dans les zones de faille. La distribution spatiale des sources thermales alignées sur un axe NW-SE et la forme des isothermes 40 et 80 °C à 100 m de profondeur indiquent la présence d’un écoulement latéral (CFG, 2001). Les profils de température mesurés dans les puits suggèrent la présence d’une alimentation latérale issue de la partie nord du système (fig. 31). Le forage de pointe Desgras semble situé en dehors de cette zone d’écoulement. Cet écoulement semble être contrôlé, en général, par le système de failles NW-SE du graben du Lamentin (faille de Petit-Bourg) et, en particulier, un système de failles N115°E connues sur la carte géologique, situées à proximité du puits de Californie (Westercamp et al., 1989). Cela signifie que l’écoulement se ferait du nord-ouest vers le sud-est, suggérant que la faille NordLamentin, orientée N60°E, soit relativement « transparente » d’un point de vue hydrogéologique à cet écoulement régional. De plus, les données géologiques du forage de Carrère (présence de sulfures riches en As) suggèrent que les travertins siliceux fossiles et les anomalies géochimiques (As, Hg) connues dans les sols seraient liés à un système hydrothermal ancien. Le système hydrothermal actuel est lié à un système de failles NW-SE (N120°E) qui détermine probablement la structure profonde du Lamentin. Les indices de l’activité hydrothermale de moyenne température sont concentrés dans la partie nord du Lamentin là où le remplissage volcano-sédimentaire est le plus important, c’est-à-dire dans la zone ayant été probablement la plus subsidente. 78 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) N Pitons du Carbet 1620 1620 La r té al ou ? o tfl w 1618 ? 1618 S2 LAMENTIN 40°C Chateauboeuf Californie la11 80°C 1616 1616 la10 la03 La101 Fort-deFrance la02 la01 1614 1614 Pointe des Grives Pointe Desgras la09 la04 la05 Carrère la06 la07 1612 1612 Baie du Lamentin la08 Température Bottom hole EURAFREP ille Fa 1610 CFG 1610 de Puits T>80°C t it Pe Puits T>40°C g ur Bo Puits T>40°C Source Thermale 1608 1608 710 712 714 0 716 718 2 KM Fig. 31 - Carte interprétative de la région du Lamentin (CFG, 2001, modifiée). Les isothermes 40 °C et 80 °C représentent les températures à 100 m de profondeur. BRGM/RP-51671-FR 79 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 2.5. CONCLUSION Le BRGM a mené des travaux d’accompagnement scientifiques sur les trois forages d’exploration géothermique (pointe Desgras, Carrère, Californie) réalisés dans la plaine du Lamentin (Martinique). L’étude géologique réalisée a permis de préciser, sur chaque forage, les caractéristiques des réseaux de fractures, la nature des terrains traversés ainsi que d’apporter des données sur la composition géochimique des laves prélevées en profondeur et sur la nature des altérations hydrothermales. Il n’a pas été mis en évidence de système haute enthalpie actuel. En revanche, l’examen des carottes montre que le substratum géologique de la plaine du Lamentin a bien été le siège d’une intense fracturation (réservoir fracturé) mais qui a eu tendance à se colmater par des dépôts hydrothermaux lors de paléo-épisodes de circulations de fluides. En effet, à pointe Desgras où aucune perméabilité actuelle n’a été mise en évidence, des minéraux de haute température (épidote) ont été rencontrés mais la quasi-totalité des fractures observées est bouchée par des carbonates parfois géodiques. À Carrère, des failles importantes, soulignées par un important halo d’altération, sont le siège de circulations actuelles mais avec des conditions de température basses. À Californie, un système géothermique basse à moyenne enthalpie a été mis en évidence (90 °C). L’absence de laves massives comme celles observées à pointe Desgras ou à Carrère, montre que les formations géologiques traversées à Californie traduisent l’individualisation d’un fossé et son remplissage par des dépôts volcano-clastiques. Le système hydrothermal basse à moyenne température du Lamentin reconnu par forage est contrôlé par un système de failles NW-SE à WNW-ESE, qui détermine la structure profonde probable en graben de cette zone. Les indices de l’activité hydrothermale (alignements des sources, structures des isothermes, outflow dans Californie) sont concentrés dans la partie septentrionale du prospect en relation avec une alimentation des fluides originaires du nord-ouest, c’est-à-dire à l’échelle régionale du piton des Carbets. Ce système hydrothermal actuel se superpose à un système fossile de haute température. 80 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 3. Étude géochimique des fluides des puits d’exploration géothermique et des sources thermales avoisinantes 3.1. SUIVI GÉOCHIMIQUE DU FLUIDE DE FORATION DES TROIS PUITS D'EXPLOITATION Le suivi géochimique accompagnant la réalisation des trois puits d’exploration géothermique de pointe Desgras, d'Habitation Carrère et de Californie dans la plaine du Lamentin a été réalisé conformément au programme établi (ann. 5). Les mesures, en fonction de la profondeur, de la conductivité et du pH du fluide de foration (boue faite avec eau du réseau), prélevé en entrée et en sortie des trois puits, sont disponibles (ann. 6A, 6B et 6C). Les valeurs de la totalité des sels dissous (TDS) ont été estimées à partir des mesures de conductivité (conversion et lecture des données réalisées automatiquement par le conductimètre) mais ne restent que des valeurs approximatives. Les mesures de conductivité et de pH ont été effectuées sur échantillon brut pour le premier puits. Sur les deux autres puits, en raison de problèmes techniques dus à la composition de la boue, qui a endommagé la cellule de conductivité, ces deux paramètres ont été mesurés sur échantillons filtrés à 0,45 µm. Pour améliorer l’interprétation des résultats, des analyses chimiques complémentaires ont été réalisées dans les laboratoires du BRGM, à Orléans, sur échantillons conditionnés sélectionnés (filtration à 0,45 µm pour toutes les analyses + acidification HNO3 pour cations). Les espèces Na, Mg, Cl, SO4, SiO2, Li ont été déterminées sur tous les puits tandis que les éléments K, Ca, Br ont été analysés uniquement sur les deux derniers, en raison du plus grand intérêt porté aux résultats obtenus sur ces puits. Les techniques analytiques utilisées ont été la chromatographie ionique, l’électrophorèse capillaire, l’absorption atomique flamme (absorption et émission) et la colorimétrie. Pour les espèces majeures (Na, K, Ca, Mg, Cl, SO4 et SiO2), l’incertitude analytique relative est de l’ordre de 5 %. Pour les traces (Br, Li), elle est de l’ordre de 10 à 15 %. Les résultats des analyses chimiques obtenus pour les échantillons de fluide sélectionnés sont reportés dans les annexes 6A, 6B et 6C. Le suivi de telles espèces dans le fluide de foration doit permettre de détecter des mélanges éventuels de ce fluide avec des venues d’eau de formation recoupées par les puits. Des espèces telles que les chlorures et les bromures, qui ne réagissent pas ou réagissent peu avec la roche, sont considérés comme de bons indicateurs de ces mélanges à condition de vérifier en entrée de puits leurs concentrations. Pour les autres espèces, les variations observées peuvent également être dues à des interactions chimiques du fluide de foration avec les roches rencontrées, à des changements de pH du milieu (ajout de soude, cimentation par exemple) ou bien encore de température. Des concentrations élevées en lithium et en silice dissoute sont généralement indicatrices de l’existence de fluides portés à température relativement élevée. BRGM/RP-51671-FR 81 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 3.1.1. Puits d'exploration géothermique de la pointe Desgras Ce puits, foré le premier et situé au nord-ouest du puits d'Habitation Carrère et au sud du puits de Californie (fig. 1), a une profondeur de 939,55 m et a été carotté depuis la cote 392. Le suivi géochimique du fluide de foration s’est déroulé du 17 novembre 2000 au 3 janvier 2001. Sur la figure 32, on peut distinguer trois zones de valeurs de conductivité plus élevées : l’une située entre 350 et 410 m de profondeur, l’autre à environ 680 m et enfin, la dernière vers 930 m. Aucune de ces zones ne peut être reliée à une variation significative de température observée pendant la foration (fig. 9). Les valeurs de pH sont relativement variables (gamme de pH comprise entre 7 et 10) et sont fortement dépendantes de la fabrication de la boue de foration ainsi que du mélange avec d'éventuelles venues d'eau. Une légère baisse du pH est associée aux valeurs de conductivité plus élevées observées à 350-410 m et à 930 m de profondeur qui, comme nous le verrons plus tard, peuvent être reliées à des venues d'eau. Seule l’anomalie de conductivité située à environ 680 m de profondeur peut être associée à l’existence d’un accident tectonique (faille sub-verticale) observée dans les échantillons de carottes. Les valeurs élevées de pH de la boue de foration prélevée à Puits Pointe Desgras Puits Pointe Desgras (cercle bleu : entrée de boue cercle rouge : sortie de boue) (cercle bleu : entrée de boue cercle rouge : sortie de boue) Conductivité (µS/cm) 0 2000 4000 pH 6,00 0 6000 100 100 200 200 300 300 400 500 Prof. (m) Prof. (m) 0 7,00 8,00 9,00 10,00 400 500 600 600 700 700 800 800 900 900 1000 1000 Fig. 32 - Profils des valeurs de conductivité et de pH du fluide de foration du puits d'exploration géothermique de pointe Desgras en fonction de la profondeur. 82 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) cette profondeur ainsi que les valeurs légèrement plus fortes observées sur les concentrations en sodium et en sulfates (fig. 33) suggèrent : - soit la présence d’une toute petite venue d’eau de formation de type sulfato-sodique, - soit une interaction de la boue de foration avec des arrivées probables de H2S. L’odeur caractéristique de la présence de H2S perçue lors de l'ouverture du flacon fait plutôt pencher pour la seconde hypothèse. L’absence de concentrations élevées en lithium et en silice dissoute écarte l’existence de venues d’eau chaude (fig. 33). Pour les deux zones de conductivité anomales restantes, les analyses chimiques des autres espèces suggèrent la présence de petites venues d’eau relativement froides et minéralisées, avec très probablement une influence marine (fig. 33 ; valeurs plus fortes en Na, Cl, Mg, SO4). Les concentrations en lithium sont plus élevées que dans le reste du profil mais ne sont pas, néanmoins, très importantes (fig. 33). On ne constate pas non plus d’anomalie particulière en silice dissoute pour les profondeurs situées entre 350 et 410 m (fig. 33). Vers 930 m, la concentration de cette espèce est légèrement plus élevée mais reste faible. Dans ces conditions, on ne peut pas évoquer l'existence de venues d'eau chaude d'autant plus qu'on peut remarquer une augmentation progressive des concentrations de silice dissoute de la boue de foration en fonction de la profondeur (fig. 33), très probablement causée par l'élévation régulière de la température du puits (fig. 9). En conclusion, ce puits, qui est situé dans une zone où de fortes anomalies de gaz, mercure et arsenic avaient été mesurées en surface et où la présence de travertins de silice est observée, est plutôt froid et sec. Cette zone correspond très probablement à une activité hydrothermale ancienne. Le suivi géochimique de la boue de foration a permis de mettre en évidence des petites venues d’eau relativement froides et minéralisées, qui n’auraient jamais été détectées sans cette opération. 3.1.2. Puits d'exploration géothermique d’Habitation Carrère Ce puits (fig. 1) a atteint une profondeur de 816,15 m et a été carotté à partir de la cote 386 m. Le suivi géochimique du fluide de foration a été mené du 12 janvier au 18 février 2001. Sur la figure 34, le profil de conductivité de la boue de foration prélevée en entrée et en sortie du puits en fonction de la profondeur indique l’existence de trois zones de valeurs de conductivité plus élevées : une située entre 60 et 200 m de profondeur, une autre vers 380-420 m et la dernière vers 600 m. Les valeurs de pH sont très variables puisqu'elles vont de 6,20 jusqu'à 12 et dépendent fortement de la fabrication de la boue, des opérations réalisées pendant la foration (augmentation du pH associée aux phases de cimentation du puits) ainsi que du mélange avec d'éventuelles venues d'eau (plutôt baisse du pH). Par exemple, les valeurs élevées de pH correspondant à l'anomalie de conductivité située à 380-420 m sont causées par la réalisation d’une cimentation du puits dans cette zone. Pour la zone située vers 600 m, la baisse du pH est très probablement liée à l'existence d'une venue d'eau. BRGM/RP-51671-FR 83 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Na (mg/l) 500 Cl (mg/l) 1000 1500 2000 0 0 0 100 100 200 200 300 300 400 400 Prof. (m) Prof. (m) 0 500 600 500 600 700 700 800 800 900 900 1000 1000 SO4 (mg/l) Mg (mg/l) 20 40 60 0 80 0 0 100 100 200 200 300 300 400 400 Prof. (m) Prof. (m) 0 500 600 800 800 900 900 1000 1000 SiO2 (mg/l) 30 0 0 100 100 200 200 300 300 400 400 500 600 300 Li (mg/l) 0 40 Prof. (m) Prof. (m) 20 200 600 700 10 100 500 700 0 500 1000 1500 2000 0,05 0,1 500 600 700 700 800 800 900 900 1000 1000 Fig. 33 - Suivi géochimique du fluide de foration du puits de pointe Desgras (les cercles bleus représentent les entrées de boue et les rouges, les sorties). 84 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Puits Habitation Carrère Puits Habitation Carrère (cercle bleu : entrée de boue, cercle rouge : sortie de boue) (cercle bleu : entrée de boue, cercle rouge : sortie de boue) Conductivité (µS/cm) 2000 4000 6000 pH 8000 6,00 0 0 100 100 200 200 300 300 400 Prof. (m) Prof. (m) 0 8,00 10,00 12,00 14,00 400 500 500 600 600 700 700 800 800 Fig. 34 - Profils des valeurs de conductivité et de pH du fluide de foration du puits d'exploration géothermique d'Habitation Carrère en fonction de la profondeur. Les valeurs du rapport pondéral Cl/Br de la plupart des échantillons de fluide de foration (ann. 6B) sont proches de celui de l'eau de mer (300). Elles indiquent une influence marine de la boue, qui est pourtant, initialement, préparée avec de l'eau douce (eau du réseau). Cette boue entre donc assez vite, lors de la foration, en contact avec de l'eau de mer ou un fluide d'origine partiellement marine. Le fait que les concentrations en Cl, Br et autres espèces telles que Na, Ca, Mg, SO4, présentes en quantité importante dans l'eau de mer, soient généralement plus fortes dans les trois zones de valeurs élevées de conductivité (fig. 35) suggère, dans ces trois zones, des venues d'eau de formation avec une influence marine marquée. Les valeurs du rapport Cl/Br observées aux autres profondeurs pourraient alors correspondre uniquement à une légère contamination du fluide de foration par ces venues d'eau, étant donné que la boue, en sortie de puits, retourne dans le bac à boue et est réutilisée pour la foration. La zone anomale de conductivité superficielle, située entre 60 et 200 m de profondeur, correspond très probablement à des petites venues d'eau, relativement minéralisées et froides, d'origine marine ou partiellement marine, qui viennent se mélanger au fluide de foration. Ceci n'est guère surprenant dans une région où la mer est proche et la mangrove abondante. Entre 100 et 200 m, on observe un appauvrissement très prononcé en magnésium du fluide de foration (fig. 35), qui est à relier aux très fortes valeurs de pH mesurées à ces profondeurs (entre 9 et 12) et qui est sans doute causé par la précipitation d'hydroxydes de magnésium. BRGM/RP-51671-FR 85 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Na (mg/l) Cl (mg/l) 1000 2000 0 0 100 100 100 200 200 200 300 300 300 400 500 Prof. (m) 0 400 500 600 700 700 700 800 800 800 200 Mg (mg/l) 300 400 0 20 60 0 100 100 100 200 200 200 300 300 300 Prof. (m) 0 Prof. (m) 0 500 400 500 600 700 700 700 800 800 800 SiO2 (mg/l) 0 10 20 40 0,00 0 100 100 200 200 200 300 300 300 500 500 Prof. (m) 100 Prof. (m) 0 400 500 750 1000 Li (mg/l) 30 0 400 250 500 600 Br (mg/l) 200 400 600 0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 150 SO4 (mg/l) 40 0 400 100 500 600 100 50 400 600 Ca (mg/l) Prof. (m) K (mg/l) 1000 1500 2000 0 0 Prof. (m) 500 0 Prof. (m) Prof. (m) 0 0,10 0,20 0,30 400 500 600 600 600 700 700 700 800 800 800 Fig. 35 - Suivi géochimique du fluide de foration du puits d'Habitation Carrère (les cercles bleus représentent les entrées de boue et les rouges, les sorties). 86 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) L'anomalie de conductivité observée à 380-420 m, qui est associée sur la figure 35 à des concentrations plus élevées en Na, Cl, K, Ca, Br, SiO2 et Li, suggère l'existence d'une venue d'eau, relativement minéralisée et également d'origine marine. Même si les températures mesurées à cette profondeur ne sont pas très importantes (< 55 °C ; fig. 9), les concentrations en SiO2 et en Li analysées sont les plus élevées. Compte tenu de la dilution de la venue d'eau par le fluide de foration, elles laissent présager que cette eau a été portée à des températures relativement élevées. Cette zone anomale correspond à une zone de fracturation perméable, qui a posé de nombreux problèmes techniques de foration (difficulté de cimentation, perte du laitier, etc.). La fracturation hydraulique accidentelle de la formation géologique sous le poids du laitier a montré qu’il existe des fractures ouvertes, capables d’absorber rapidement des volumes importants de fluide. Par ailleurs, le fait que 4 m3 de laitier aient été remplacés, dans leur intégralité, par de l'eau de formation indique qu’il existe une circulation de fluides. Les hypothèses réalisées à partir des anomalies observées sur le fluide de foration ont pu être confirmées par les prélèvements directs de cette venue d'eau effectués par M. Degouy, avant la cimentation de cette zone. Le suivi de la conductivité et du pH de ces différents prélèvements a permis de sélectionner les deux échantillons les plus représentatifs de la venue d’eau de formation (tabl. 5 ; pH les moins élevés et conductivités les plus fortes) pour réaliser les analyses chimiques des espèces majeures et traces ainsi que les analyses isotopiques du deutérium, de l’oxygène-18 et du rapport 87 Sr/86Sr dans les laboratoires du BRGM, à Orléans. Malheureusement, les faibles quantités d’eau prélevée n’ont pas permis d’effectuer toutes les analyses isotopiques souhaitées (tritium, carbone-13, carbone-14, soufre-34 et oxygène-18 des sulfates dissous, bore-11). Echantillon pH T labo °C Cond. µS/cm TDSestimé mg/l HABCAR-0 HABCAR-1 HABCAR-2 HABCAR-3 HABCAR-4 HABCAR-5a HABCAR-5b HABCAR-6 6,35 12,30 6,29 6,33 9,04 7,75 7,77 12,10 26,0 31,4 32,9 33,6 34,6 36,5 36,5 37,5 136 12780 15070 12890 2670 3730 3860 9060 90 7625 8990 7691 1600 2220 2320 5408 Alc. méq/l SiO2 mg/l 29,94 23,08 112 78 Tabl. 5 - Prélèvements d'échantillons de la venue d'eau de formation (380-420 m de profondeur) lors de la fracturation hydraulique de fond de trou du 24 janvier 2001 sur le puits d'Habitation Carrère et mesures des paramètres les plus pertinents afin de sélectionner les échantillons les plus représentatifs de cette venue d'eau pour analyses chimiques et isotopiques. L’ensemble des résultats analytiques obtenus sera présenté dans le chapitre 3.2 et sera discuté plus en détail dans le chapitre 3.3. Mais, d’ores et déjà, on peut affirmer que cette venue d’eau (salinité de l’ordre de 10-11 g/l, pH proche de 6,3, concentration en BRGM/RP-51671-FR 87 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) silice dissoute de 112 mg/l) a des caractéristiques semblables à celles du fluide géothermal trouvé entre 150 et 180 m de profondeur dans l’ancien puits LA-101, qui avait une température de l’ordre de 90 °C et une salinité d’environ 12-13 g/l. Les fluides de certaines sources thermales de la plaine du Lamentin, portés à des températures allant jusqu’à 58 °C à l’émergence, indiquent également des caractéristiques sensiblement identiques (Lopoukhine et Mouret, 1977 ; Iundt, 1984 ; Fabriol et Ouzounian, 1985 ; cette étude). Un faible nombre d’échantillons de boue de foration a été prélevé au cours de la réalisation du puits en dessous de 460 m de profondeur car le puits, après avoir traversé des laves peu altérées et peu fracturées, est retombé dans des zones fracturées ouvertes et le carottage a été réalisé en perte totale de la boue à partir de 470 m de profondeur. Néanmoins, trois prélèvements de fluide ont pu être effectués au cours de la foration du puits à 588, 656 et 678 m de profondeur. Le prélèvement correspondant à la cote 656 m, qui indique une anomalie de conductivité, de pH, de Na, Cl, Mg, Br et Li (fig. 35) et possède un rapport Cl/Br, proche de celui de l'eau de mer (ann. 6B), est, sans doute, celui d’une venue d'eau semblable à celle rencontrée vers 400 m de profondeur mais très diluée par le fluide de foration (environ 83 % de fluide de foration). Les résultats obtenus sur les deux autres prélèvements, pour lesquels seules les mesures de conductivité et de pH ainsi que l’analyse de la silice dissoute ont été réalisées, suggèrent une origine de l’eau semblable à celle de l’échantillon précédent (mélange d’une venue d’eau chaude avec le fluide de foration). Après avoir installé une ligne de dégazage, l’hélium a été suivi en continu pendant les travaux de foration de ce puits. L’absence d’un technicien géochimiste sur site en permanence et de nombreux problèmes techniques ont rendu cette expérience peu probante. Les quelques suivis en continu obtenus ne montrent aucune anomalie en hélium. En raison des résultats obtenus et des problèmes rencontrés, il a été décidé de ne pas renouveler cette expérience sur le troisième puits. En conclusion, plusieurs petites venues d'eau froide, relativement minéralisées et indiquant une influence marine, ont été très probablement recoupées par le puits d'Habitation Carrère entre 60 et 200 m de profondeur. Une venue d'eau rencontrée vers 380-400 m de profondeur, relativement froide mais portée au moins à 90 °C en profondeur, a pu être prélevée directement dans ce puits et a été analysée. Cette venue d’eau a des caractéristiques chimiques semblables à celle recoupée par le puits LA-101 ou au fluide de la plupart des sources thermales de la plaine du Lamentin. Ces caractéristiques seront discutées plus en détail dans le chapitre 3.2. Les résultats des analyses chimiques du fluide de foration, prélevé au cours de la foration entre 600 et 700 m de profondeur, suggèrent un mélange d’une venue de fluide géothermal, similaire à celle rencontrée à 400 m de profondeur, avec des proportions relativement importantes de fluide de foration, qui peuvent aller jusqu’à 83 %. 3.1.3. Puits d'exploration géothermique de Californie Ce puits (fig. 1) a une profondeur de 1 000,25 m et a été carotté à partir de 396,15 m de profondeur. En raison de difficultés de foration, le diamètre est passé de HQ à NQ à la 88 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) cote 770 m. Le suivi géochimique du fluide de foration s’est déroulé du 3 mars au 7 avril 2001. Sur la figure 36, le profil de conductivité, en fonction de la profondeur, de la boue de foration, prélevée en entrée et en sortie du puits, indique l’existence de quatre zones de valeurs de conductivité plus élevées : une située entre 40 et 200 m de profondeur, une autre vers 400 m, une troisième vers 620 m et la dernière vers 800 m. Les profondeurs des trois premières zones sont semblables à celles observées sur le puits d'Habitation Carrère. Puits Californie (cercle bleu : entrée de boue, cercle rouge : sortie de boue) Conductivité (µS/cm) pH 2000 4000 6000 8000 4,00 10000 0 0 100 100 200 200 300 300 400 400 500 600 Prof. (m) Prof. (m) 0 Puits Californie (cercle bleu : entrée de boue, cercle rouge : sortie de boue) 6,00 8,00 10,00 12,00 500 600 700 700 800 800 900 900 1000 1000 Fig. 36 - Profils des valeurs de conductivité et de pH du fluide de foration du puits d'exploration géothermique de Californie en fonction de la profondeur. Les valeurs de pH sont toujours très variables puisqu'elles sont comprises entre 6 et 11. Là encore, elles sont fortement dépendantes de la fabrication de la boue, des opérations réalisées pendant la foration et des éventuels mélanges de la boue de foration avec des venues d’eau de formation. Pour les zones situées autour de 400, 620 et 800 m de profondeur, on constate une baisse du pH vers une valeur de 6,2. Comme cela a été observé dans le précédent puits, les valeurs du rapport pondéral Cl/Br de la plupart des échantillons de fluide de foration sont proches de celui de l'eau de mer (ann. 6C) alors que le fluide de foration a été, initialement, préparé avec de l'eau douce (eau du réseau). Là encore, on constate que les quatre zones de valeurs de conductivité plus élevées indiquent généralement des concentrations en Cl, Br, Na, Ca, Mg et SO4 plus élevées (fig. 37), ce qui suggère des venues d'eau avec une influence marine marquée. BRGM/RP-51671-FR 89 14,00 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Na (mg/l) 2000 0 2000 0 200 200 200 400 400 400 600 Prof. (m) 0 600 800 800 1000 1000 1000 1200 1200 1200 100 200 400 0 20 40 60 100 200 200 400 400 400 600 Prof. (m) 200 Prof. (m) 0 600 800 800 1000 1000 1000 1200 1200 1200 Br (mg/l) 6 0 10 20 40 60 80 100 0,00 0 200 200 400 400 400 Prof. (m) 200 Prof. (m) 0 600 200 300 400 Li (mg/l) SiO2 (mg/l) 8 0 600 100 200 600 800 4 0 100 150 SO4 (mg/l) 80 0 2 50 Mg (mg/l) 300 0 0 0 600 800 Ca (mg/l) Prof. (m) 4000 0 0 Prof. (m) K (mg/l) Cl (mg/l) 1000 Prof. (m) Prof. (m) 0 0,50 1,00 600 800 800 800 1000 1000 1000 1200 1200 1200 Fig. 37 - Suivi géochimique du fluide de foration du puits de Californie (les cercles bleus représentent les entrées de boue et les rouges, les sorties). 90 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Comme pour le puits d'Habitation Carrère, on peut penser que les valeurs du rapport Cl/Br observées aux autres profondeurs pourraient alors correspondre uniquement à une légère contamination du fluide de foration par les venues d'eau rencontrées dans ces quatre zones. La zone anomale de conductivité, située entre 40 et 200 m de profondeur, correspond très probablement à des petites venues d'eau, relativement minéralisées et froides, d'origine marine ou partiellement marine, qui viennent se mélanger au fluide de foration. L'anomalie de conductivité observée vers 400 m de profondeur, qui est associée sur la figure 37 à des concentrations plus élevées en Na, Cl, K, Ca, Br, SiO2 et Li, suggère l'existence d'une venue d'eau, relativement minéralisée et également d'origine marine. La température extrapolée de l’ordre de 90 °C (fig. 9), maximum observé dans le puits, explique les fortes concentrations en silice dissoute et en lithium analysées, malgré la dilution de la venue d'eau par le fluide de foration. Cette zone anomale correspond à une zone de fracturation perméable où la venue d’eau chaude mise en évidence par le suivi géochimique de la boue de foration a pu être prélevée directement. Le suivi de la conductivité et du pH des différents prélèvements de cette venue d’eau a permis de sélectionner l’échantillon le plus représentatif de cette venue (pH le moins élevé et conductivité la plus forte) pour réaliser les analyses chimiques des espèces majeures et traces ainsi que les analyses isotopiques du deutérium, de l’oxygène-18 et du rapport 87Sr/86Sr dans les laboratoires du BRGM, à Orléans. Là encore, les faibles quantités d’eau prélevée n’ont pas permis d’effectuer toutes les analyses isotopiques souhaitées (tritium, carbone-13 et carbone14, soufre-34 et oxygène-18 des sulfates dissous, bore-11). L’ensemble des résultats analytiques obtenus sera présenté dans le chapitre 3.2 et sera discuté plus en détail dans le chapitre 3.3 avec les données de la venue d’eau analysée dans le puits d’Habitation Carrère. Néanmoins, on peut déjà dire que cette venue d’eau chaude (de l’ordre de 90 °C) a une composition chimique très proche de celle prélevée dans le puits d’Habitation Carrère, malgré une différence de température dans les puits assez marquée entre les deux venues d’eau. Peu d’échantillons de boue de foration ont été prélevés en dessous de 400 m de profondeur car le puits a traversé de nombreuses zones fracturées, qui ont occasionné des pertes de boue de foration partielles ou totales. Vers 620 et 800 m de profondeur, les valeurs de conductivité élevées, confirmées par les fortes concentrations en Na, Cl, K, Ca, Mg, SiO2 et Li (fig. 37) et les rapports Cl/Br (ann. 6C), proches de celui de l’eau de mer, suggèrent des venues d’eau chaude de composition chimique similaire à celle de la venue d’eau chaude recoupée vers 400 m de profondeur. En résumé, plusieurs petites venues d'eau froide, relativement minéralisées et indiquant une influence marine, ont été très probablement recoupées par le puits Californie entre 40 et 200 m de profondeur. Une venue d'eau chaude, rencontrée vers 400 m de profondeur, portée au moins à 90 °C, a pu être prélevée directement dans ce puits et a été analysée. D'autres venues d'eau de caractéristiques chimiques similaires mais plus diluées par le fluide de foration ont également été observées vers 620 et 800 m de profondeur. Malgré sa différence de température, la venue d’eau recoupée vers 400 m de profondeur dans le puits de Californie a des caractéristiques chimiques très proches BRGM/RP-51671-FR 91 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) de celle rencontrée dans le puits d'Habitation Carrère vers 380-400 m de profondeur. On constate ainsi un processus de refroidissement de ce fluide géothermal entre le puits de Californie et le puits d'Habitation Carrère, situé au sud-est du premier. 3.2. RÉSULTATS DES ANALYSES CHIMIQUES ET ISOTOPIQUES DES ÉCHANTILLONS D'EAU 3.2.1. Venues d’eau recoupées par les deux géothermique au cours de leur foration puits d’exploration En plus des techniques analytiques citées dans le chapitre précédent pour l’analyse des espèces majeures, des bromures et du lithium, celles utilisées pour la détermination des espèces traces, infra-traces (B, Sr, Ba, Mn, Fe, Rb, Cs, As, Al, Cr, Co, Ni, Cu, Zn, Ag, Cd et Pb) et des isotopes (deutérium, oxygène-18 et rapport 87Sr/86Sr) dans les venues d’eau rencontrées par les deux puits d’exploration géothermique, au cours de leur foration, sont, respectivement, l’ICP-MS (plasma à couplage inductif + spectrométrie de masse) et la spectrométrie de masse. Des conditionnements d’échantillonnage spécifiques à chaque type d’analyses ont été effectués sur place. L’incertitude analytique relative sur l’analyse des traces est de l’ordre de 10 à 15 %, suivant la concentration des espèces en solution. L’incertitude absolue sur la détermination des valeurs de deutérium et d'oxygène-18 est autour de 0,8 ‰ et de 0,1 ‰. Celle sur la détermination du rapport isotopique 87Sr/86Sr est de l’ordre de 0,00001. Les fluorures ont été analysés par électrode spécifique et les phosphates par chromatographie ionique. L’incertitude analytique relative est de l’ordre de 5 à 10 %. Les résultats de toutes les analyses chimiques et isotopiques effectuées sur la venue d'eau recoupée vers 380-400 m de profondeur dans le puits d'Habitation Carrère et autour de 400 m dans le puits de Californie, pendant la phase de foration, sont présentés dans le tableau 6. 3.2.2. Eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin et des sources de Didier et d’Absalon Une analyse critique des résultats obtenus au cours des campagnes précédentes effectuées sur les sources thermales de la plaine du Lamentin (Lopoukhine et Mouret, 1977 ; Iundt, 1984 ; Fabriol et Ouzounian, 1985) et l’acquisition de nouvelles données sur certains éléments traces et certains isotopes (tritium, carbone-13, carbone-14, soufre-34 et oxygène-18 des sulfates dissous, 87Sr/86Sr) étaient nécessaires. Croisés avec les données géochimiques obtenues sur les venues d’eau de l’ancien puits LA-101 et des nouveaux puits d’exploration géothermique, ces résultats doivent permettre de mieux connaître et comprendre le fonctionnement du système géothermique de la plaine du Lamentin, en ce qui concerne : - la température à laquelle ces eaux sont portées en profondeur, dans le réservoir, - l’origine des eaux, leur temps de résidence et leur mode de circulation, - la nature des roches constituant ce réservoir, - les processus qui peuvent avoir lieu pendant la remontée et le refroidissement des eaux (dépôts de minéraux, dissolution, dégagement de gaz). 92 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) BRGM/RP-51671-FR Tabl. 6 - Résultats des analyses chimiques et isotopiques effectuées sur les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique d'Habitation Carrère et de Californie, au cours de leur foration. 93 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) À cette fin, une campagne d'échantillonnage des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, voisines des puits d'exploration (fig. 1 ; photos en fin de rapport), ainsi que des sources thermales de Didier (dans l'usine d'embouteillage Fontaine Didier) et d'Absalon, situées au nord-ouest de la plaine du Lamentin et sur le versant sous le vent du massif des pitons du Carbet, a été menée en mars 2001. Le massif des pitons du Carbet se trouve à une quinzaine de kilomètres, au nord-ouest de la plaine du Lamentin. Les sources thermales localisées au niveau de la zone aéroportuaire du Lamentin n’ont pas pu être retrouvées en raison des travaux d’aménagement effectués lors de la réalisation du nouvel aérogare. La plupart des sources thermales de la plaine du Lamentin se caractérise par de faibles débits à leur émergence. De plus, ces émergences peuvent être relativement nombreuses et diffuses, ce qui rend difficile toute tentative de mesure de débit et de prélèvements corrects de gaz associés à ces sources. Deux échantillons d’eau (eau de la rivière Caleçon et eau provenant d’un sondage de 135 m de profondeur, à Habitation Carrère, qui appartient à un particulier, M. Daniel Libon) ont été pris comme échantillons de référence des eaux douces superficielles locales. L’eau de mer locale n’a pas été analysée, de nouveau, dans la mesure où des analyses chimiques et isotopiques avaient déjà été effectuées en 1985 (Fabriol et Ouzounian, 1985) et où la composition chimique et isotopique de cette eau est relativement stable et constante pour de nombreuses espèces. Les résultats des mesures physico-chimiques sur site telles que celles de la température, la conductivité, le pH, le potentiel d’oxydo-réduction (Eh), l’oxygène dissous et l’alcalinité sont reportés dans le tableau 7. L’incertitude absolue sur les mesures de température et de pH est de 0,1 °C et 0,05 unité pH, respectivement. Pour les autres paramètres, l’incertitude relative est de l’ordre de 5 %. Les conditionnements d’échantillonnage requis pour chaque type d’analyses ont été effectués sur place : - filtration à 0,45 µm pour analyse des anions majeurs et quelques anions traces (F, PO4…), - filtration à 0,45 µm + acidification à l’acide nitrique Suprapur pour analyse des cations majeurs, - filtration à 0,1 µm + acidification à l’acide nitrique Suprapur pour analyse des espèces traces et infratraces et du rapport isotopique 87Sr/86Sr, - échantillon brut pour les autres analyses isotopiques. Les échantillons ont été récupérés dans des flacons en polyéthylène de différents volumes (de 100 ml à 2 l) suivant le type d’analyses demandé. À l’exception des analyses isotopiques en carbone-13 et en carbone-14, qui ont été effectuées dans un laboratoire des États-Unis (BETA ANALYTIC, Floride), toutes les analyses chimiques et isotopiques ont été réalisées dans les laboratoires du BRGM, à Orléans. 94 BRGM/RP-51671-FR n° Date Témerg. (°C) pH Cond. 25°C (mS/cm) TDSestimé (g/l) Eh (mV) O2 (mg/l) O2 (%) Alc. Alc. (méq/l) (mg/l HCO3) Source Ferme Perrine (sud canal Carrère) LAM1 13/03/01 15:50 37,0 6,30 18,6 9,3 -33 3,29 50 13,60 830 Source située au nord de la ferme Perrine à côté de plusieurs bassins d'eau ; dégazage CO2 et M.O. ; eau du bassin d'eau le plus proche : T = 29,1°C - cond. = 9,50 mS/cm TDS = 4,8 g/l - pH = 7,90 - Eh = -23 mV Source Habitation Carrère (nord canal Carrère, plus proche de l'aéroport que la suivante) LAM2 14/03/01 07:15 53,3 5,90 17,37 (34,6°C) 8,7 -45 1,39 26 13,60 830 Présence de plus de 4 émergences dont T comprise entre 48 à 58°C sur un terrain de chasse ; très faibles débits pour la plupart (< 0,01 l/s) ; hydroxydes Fe + calcite ; dégazage de CO2 Source Habitation Carrère (nord canal Carrère, plus proche de la ferme Perrine que la précédente) LAM3 14/03/01 07:20 58,0 5,87 17,31 (28,8°C) 8,6 -109 0,68 12 12,10 738 Source située sur le même terrain de chasse que la précédente ; débit d'environ 0,04 l/s ; source la plus chaude ; hydroxydes Fe + calcite ; dégazage CO2 Source Ancienne voie ferrée LAM4 14/03/01 14:30 51,0 6,08 16,72 (38,7°C) 8,3 -82 1,11 22 15,54 948 Actuellement au bord d'une route, bordée par la mangrove ; plus fort dégazage de CO2 que sur les sources précédentes ; présence de M.O. Source Rivière Lézarde LAM5 14/03/01 15:30 48,7 6,11 17,17 (36,3°C) 8,6 -32 1,84 32 13,80 842 Source proche de rivière Lézarde et du chemin, qui la longe, berge droite, à environ 500 m de la mer ; plus fort dégazage de CO2 que sur toutes les autres sources et présence d'hydroxydes Fe + calcite Fontaine Didier LAM6 15/03/01 14:20 32,3 6,29 1,92 0,96 -15 1,50 30 24,59 1500 Source captée ; dégazage de CO2 ; précipitation du fer et du manganèse Source Absalon LAM7 15/03/01 15:30 33,1 6,30 1,57 0,79 -4 1,28 28 20,93 1277 Source au bord de la rivière Dumauzé (2 émergences) ; dégazage de CO2 et précipitation d'hydroxydes Fe Source Absalon LAM8 15/03/01 16:37 36,3 6,12 1,58 0,79 -2 0,81 11 22,05 1345 Source captée proche de l'établissement thermal, échantillonnée au bout d'un tuyau ; dégazage de CO2 et précipitation Commentaires 3 d'hydroxydes Fe ; débit = 0,24 m /h Rivière Dumauzé Forage Habitation Carrère LAM9 Rivière Lézarde Rivière Caleçon LAM10 15/03/01 16:00 23,5 7,40 0,236 0,11 40 8,17 95 1,05 64 Prélèvement proche des émergences 14/03/01 08:00 27,1 5,76 0,342 0,17 76 1,35 17 2,37 145 16/03/01 09:00 25,0 6,10 29,0 13,0 0 Forage réalisé par le BRGM, équipé d'une pompe ; 135 m de profondeur ; propriétaire : Daniel Libon Ferraillerie proche 16/03/01 09:20 25,2 7,08 0,454 0,22 45 3,31 40 2,48 151 En dessous du pont et en face de l'hyppodrome Tabl. 7 - Campagne de géochimie des eaux du 13 au 16/03/2001 : mesures sur site et prélèvements des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, d'Absalon et de Didier ainsi que de certaines eaux de surface. Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) BRGM/RP-51671-FR Point de prélèvement 95 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Les analyses des espèces majeures et des éléments traces et infra-traces ont été réalisées sur toutes les eaux échantillonnées. Les techniques d'analyse utilisées sont toutes des méthodes classiques en analyse des eaux (plasma à couplage inductif + spectrométrie de masse : ICP-MS, spectrophotométrie par absorption atomique, chromatographie ionique, colorimétrie, titration, électrode spécifique). Les cations majeurs K, Ca, Mg ainsi que les éléments traces Sr, Ba, Mn, Li, B, As, Fe, Al, Rb, Cs, Ge, U, Cu, Co, Ni, Zn, Cr, Pb, Cd et Ag ont été analysés par ICP-MS. L'ion Na a été déterminé par absorption atomique en flamme. Les anions majeurs Cl, SO4, NO3, NO2, PO4 et l'anion trace Br ont été analysés par chromatographie ionique. L'ion F a été analysé au moyen d'une électrode spécifique. La silice dissoute a été déterminée par colorimétrie (heptamolybdate). Suivant la valeur des concentrations des espèces en solution, les incertitudes analytiques relatives varient de 2 à 5 % pour les espèces majeures et de 10 à 15 % pour les éléments traces et infra-traces. En ce qui concerne l'analyse de la silice dissoute, l'incertitude est de 2 %. Les résultats analytiques obtenus sont reportés dans le tableau 8. Les valeurs de la balance ionique (B.I.) toutes inférieures à 5 % suggèrent une bonne qualité des analyses des espèces majeures. Des données analytiques sur l’eau de mer locale, sur le fluide du puits LA-101 ainsi que sur les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon, provenant des études précédentes (Lopoukhine et Mouret, 1977 ; Iundt, 1984 ; Fabriol et Ouzounian, 1985 ; Chéry, 1994), ont été reportées dans le tableau de l’annexe 7. Les analyses isotopiques en deutérium, en oxygène-18, en tritium, en soufre-34 et en oxygène-18 des sulfates dissous, ont été seulement effectuées sur cinq échantillons d’eau sélectionnés (LAM3, LAM5, LAM8, LAM9 et LAM10). Ce type d’analyses n’a pas été réalisé sur l’eau de la source thermale Didier dans la mesure où ces dernières avaient déjà été faites en 1994 (Chéry, 1994). Les teneurs en carbone-13 du carbone dissous et l'activité du carbone-14 ont été analysées sur les échantillons sélectionnés LAM3, LAM5, LAM6, LAM9 et LAM10. Les rapports isotopiques 87Sr/86Sr ont été déterminés sur les échantillons LAM3, LAM5, LAM6 et LAM10. Toutes ces analyses isotopiques ont été réalisées par spectrométrie de masse. Les incertitudes absolues sur les mesures des teneurs en deutérium, oxygène-18 et tritium sont, respectivement, de 0,8 ‰, 0,1 ‰ et 1 UT. Sur les analyses des rapports isotopiques 87Sr/86Sr, des teneurs en soufre-34 et oxygène-18 des sulfates dissous ainsi que des teneurs en carbone-13 du carbone dissous, elles sont, respectivement, de 0,00001, 0,3 ‰, 0,3 ‰ et 0,1 ‰. L'incertitude relative sur la détermination de l'activité en carbone-14 est autour de 1 à 2 %. Les résultats obtenus sont reportés dans le tableau 9. 96 96 BRGM/RP-51671-FR n° Date Témerg. (°C) pH Eh Na K Ca Mg Cl Alc. NO3 SiO2 TDS SO4 (mV) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l HCO3) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) B.I. % Source Ferme Perrine (sud canal Carrère) LAM1 13/03/01 15:50 37,0 6,30 -33 3692 191 924 150 7250 830 301 <1 66,9 13,40 -0,19 Source Habitation Carrère (nord canal Carrère, plus proche de l'aéroport que la suivante) LAM2 14/03/01 07:15 53,3 5,90 -45 3523 185 879 139 6700 830 310 <1 80,2 12,65 2,01 LAM3 Source Habitation Carrère (nord canal Carrère, plus proche de la ferme Perrine que la précédente) 14/03/01 07:20 58,0 5,87 -109 3523 175 853 138 6730 738 311 <1 79,1 12,55 1,54 0,98 14/03/01 14:30 51,0 6,08 -82 3439 193 777 141 6520 948 166 <1 124 12,31 LAM5 14/03/01 15:30 48,7 6,11 -32 3510 192 901 144 6810 842 316 <1 82,8 12,80 0,91 Fontaine Didier LAM6 15/03/01 14:20 32,3 6,29 -15 128 17,3 200 112 28,9 1500 5,9 < 0,1 155 2,15 -1,27 Source Absalon LAM7 15/03/01 15:30 33,1 6,30 -4 97,7 12,9 208 82,7 16,0 1277 2,6 < 0,1 145 1,84 1,52 Source Absalon LAM8 15/03/01 16:37 36,3 6,12 -2 113 15,6 209 90,0 16,0 1345 2,8 < 0,1 161 1,95 2,58 Forage Habitation Carrère LAM9 14/03/01 08:00 27,1 5,76 76 30,5 0,8 29,8 11,6 34,7 145 10,9 1,7 78,6 0,34 4,83 Rivière Caleçon LAM10 16/03/01 09:20 25,2 7,08 45 31,0 2,3 37,1 12,1 54,7 151 3,5 < 0,1 51,4 0,34 3,80 Point de prélèvement n° Date NH4 (mg/l) Source Ferme Perrine (sud canal Carrère) LAM1 13/03/01 15:50 Source Habitation Carrère (nord canal Carrère, plus proche de l'aéroport que la suivante) LAM2 Source Habitation Carrère (nord LAM3 canal Carrère, plus proche de la ferme Perrine que la précédente) i i LAM4 Source Rivière Lézarde ( Source Ancienne voie ferrée B (µg/l) As Al Fe Sr Ba (µg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (µg/l) 0,7 < 0,1 0,02 23,5 0,4 44055 < 10 < 0,3 0,06 17,2 14/03/01 07:15 3 <5 < 0,01 21,8 0,5 41838 383 < 0,3 1,45 14/03/01 07:20 2,5 <5 < 0,01 22,4 0,3 40988 555 < 0,3 < 0,02 Mn (µg/l) Li (mg/l) Cs (µg/l) Rb (µg/l) Ge (µg/l) 148 330 0,84 267 642 9 16,7 140 265 0,79 293 605 9 19,4 183 332 0,91 285 603 12 Source Ancienne voie ferrée LAM4 14/03/01 14:30 6,0 < 0,1 < 0,01 21,9 < 0,1 48778 59 0,32 1,80 17,2 322 453 0,64 201 562 2 Source Rivière Lézarde LAM5 14/03/01 15:30 2,3 <5 < 0,01 23,0 0,4 44493 172 < 0,3 0,79 15,6 197 351 0,67 272 586 9 Fontaine Didier LAM6 15/03/01 14:20 < 0,1 < 0,1 < 0,01 0,055 < 0,1 493 38 0,06 0,99 0,77 115 295 0,05 1 41 3 Source Absalon LAM7 15/03/01 15:30 < 0,1 < 0,1 < 0,01 0,035 < 0,1 266 27 0,05 2,22 0,75 120 773 0,04 1 35 1 Source Absalon LAM8 15/03/01 16:37 < 0,1 0,1 < 0,01 0,041 < 0,1 349 35 0,06 4,82 0,74 104 388 0,04 1 35 2 Forage Habitation Carrère LAM9 14/03/01 08:00 < 0,1 < 0,1 < 0,01 0,118 < 0,1 45 < 10 < 0,03 0,03 0,10 13 39 < 0,01 <1 1 <1 LAM10 16/03/01 09:20 < 0,1 < 0,1 < 0,01 0,105 < 0,1 55 < 10 < 0,03 0,04 0,09 10 46 < 0,01 <1 3 <1 Rivière Caleçon 97 Tabl. 8 - Résultats des analyses chimiques des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que des eaux de surface, prélevées au cours de la campagne d'échantillonnage, réalisée du 13 au 16 mars 2001. ) PO4 NO2 Br F (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) BRGM/RP-51671-FR Point de prélèvement 98 n° Date Ag (µg/l) Be (µg/l) Cd (µg/l) Co (µg/l) Cr (µg/l) Cu (µg/l) Ni (µg/l) Pb (µg/l) Zn (µg/l) Source Ferme Perrine (sud canal Carrère) LAM1 13/03/01 15:50 < 50 < 50 < 20 < 20 88 < 20 < 50 < 20 88 Source Habitation Carrère (nord canal LAM2 Carrère, plus proche de l'aéroport que la suivante) 14/03/01 07:15 < 50 < 50 < 20 < 20 126 < 20 < 50 < 20 80 Source Habitation Carrère (nord canal LAM3 Carrère, plus proche de la ferme Perrine que la précédente) 14/03/01 07:20 < 50 < 50 < 20 < 20 150 < 20 < 50 < 20 102 Source Ancienne voie ferrée LAM4 14/03/01 14:30 < 50 < 50 < 20 < 20 122 < 20 < 50 < 20 83 Source Rivière Lézarde LAM5 14/03/01 15:30 < 50 < 50 < 20 < 20 82 < 20 < 50 < 20 84 Fontaine Didier LAM6 15/03/01 14:20 <5 <5 <2 4 29 4 <5 <2 11 Source Absalon LAM7 15/03/01 15:30 <5 <5 <2 7 20 3 <5 <2 8 Source Absalon LAM8 15/03/01 16:37 <5 <5 <2 5 31 3 <5 <2 11 LAM9 14/03/01 08:00 LAM10 16/03/01 09:20 <5 <5 <2 <2 8 7 <5 <2 31 <5 <5 <2 <2 6 <2 <5 <2 <5 Forage Habitation Carrère BRGM/RP-51671-FR Rivière Caleçon Tabl. 8 - Suite. Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Point de prélèvement -5,2 H (UT) <1 LAM5 14/03/01 15:30 -1,4 -4,2 <1 LAM6 LAM8 15/03/01 14:20 15/03/01 16:37 -2,8 -6,7 <1 20,8 12,2 14/03/01 08:00 -2,2 -8,3 2 12,9 LAM10 16/03/01 09:20 -1,8 -4,6 2 17,4 n° Date Source Habitation Carrère (nord canal Carrère, plus proche de la ferme Perrine que la précédente) Source Rivière Lézarde LAM3 Fontaine Didier Source Absalon Forage Habitation Carrère LAM9 Rivière Caleçon 3 δ34S (SO4) δ18O (SO4) (‰) (‰) 20,2 10,9 20,5 11,4 δ13C (‰) -3,5 14 C (%) 0,9 Age 14C (ans) 38000 87 Sr/86Sr 0,704944 -2,4 0,6 41380 0,704930 -2,1 2,5 29740 0,704609 12,5 -8,0 108,7 moderne 11,6 -13,9 111,0 moderne 0,706023 Tabl. 9 - Résultats des analyses isotopiques des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que des eaux de surface, prélevées au cours de la campagne d'échantillonnage, réalisée du 13 au 16 mars 2001. 99 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) BRGM/RP-51671-FR δD (‰) 14/03/01 07:20 δ18O (‰) -1,7 Point de prélèvement Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 3.3. INTERPRÉTATION ET DISCUSSION DES RÉSULTATS 3.3.1. Caractéristiques chimiques des eaux Malgré la différence de température des venues d'eau observée au cours de leur prélèvement dans chacun des puits (fluide plus chaud dans le puits de Californie), les compositions chimiques de ces eaux sont très proches et très homogènes (tabl. 6). Ce sont des eaux chlorurées sodiques, qui possèdent une salinité de l'ordre de 10-11 g/l et un pH mesuré autour de 6,2-6,3. La valeur de ce pH dans la formation est, très probablement, plus basse si on considère qu'un dégagement de CO2 (gaz acide) peut avoir eu lieu avant le prélèvement de ce fluide. De nombreux dégagements de gaz, constitués essentiellement de CO2, sont observés dans la plaine du Lamentin (Fabriol et Ouzounian, 1985) et des venues de gaz se sont échappées du puits de Californie, en fin de foration. Les compositions chimiques de ces venues d’eaux sont aussi semblables à celles du fluide recoupé par le puits LA-101 (dont on n'a qu'une analyse chimique partielle, ann. 7) et à celles des fluides des sources thermales avoisinantes de la plaine du Lamentin (tabl. 8 ), qui présentent des salinités de l’ordre de 12-13 g/l et des valeurs de pH allant de 5,8 à 6,3. Là encore, ces valeurs de pH sont, en réalité, probablement plus basses car un dégagement de CO2 a pu se produire avant ou à l’émergence des sources. Des dépôts de carbonates et d’hydroxydes de fer, observés aux émergences de la plupart de ces sources, témoignent de ces phénomènes de dégazage de CO2 et d’oxydation des fluides au contact de l’atmosphère. Pour la plupart des espèces chimiques des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, qui avaient déjà été analysées au cours d’études antérieures (Lopoukhine et Mouret, 1977 ; Iundt, 1984 ; Fabriol et Ouzounian, 1985 ; ann. 7), on peut constater que les résultats analytiques obtenus, au cours de cette étude, sont semblables aux précédents. Le diagramme de Giggenbach (1991) de la figure 38 montre que les venues d’eau des trois puits d’exploration et les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin appartiennent au même groupe d’eaux (eaux géothermales chlorurées dites « matures », dont la composition chimique reflète un degré d’interaction avec les roches non négligeable). Ce diagramme suggère également une influence marine marquée de ces eaux. Les eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon ont des compositions chimiques très voisines. Ce sont des eaux moyennement minéralisées (environ 2 g/l), bicarbonatées calco-magnésio-sodiques, qui possèdent des valeurs de pH comprises entre 6,10 et 6,30. Comme pour les eaux précédentes, ces valeurs sont probablement plus basses car ces eaux sont également très riches en CO2. Des dépôts de carbonates et d’hydroxydes de fer sont aussi observés aux émergences de ces sources. 100 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Fig. 38 - Positionnement des venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique, des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées dans le diagramme ternaire Cl-HCO3-SO4 de Giggenbach (1991). Les compositions chimiques des eaux de ces sources sont très différentes de celles des sources thermales de la plaine du Lamentin et les classent, dans le diagramme de Giggenbach (1991), près du pôle bicarbonate, parmi le groupe des eaux considérées comme des eaux thermales périphériques d’un système géothermique (fig. 38). Les résultats des analyses chimiques obtenus au cours de cette étude sont semblables à ceux des études antérieures (Lopoukhine et Mouret, 1977 ; Iundt, 1984 ; Chéry, 1994 ; ann. 7), ce qui démontre une certaine stabilité, dans le temps, de la composition chimique de l’eau de ces sources et une faible influence des processus de mélange par des eaux très superficielles, qui peuvent intervenir au cours de la remontée des eaux thermales en surface. Les eaux de surface choisies comme eaux de référence (échantillons LAM9 et LAM10) sont des eaux faiblement minéralisées (environ 340 mg/l), bicarbonatées chlorurosodiques. La valeur du pH de l’échantillon LAM10 est relativement basse pour une eau de rivière. Celle de l’échantillon LAM9 est également faible. Ces valeurs sont probablement dues aux nombreuses émanations de CO2, qui sont répertoriées dans cette zone. Les concentrations en chlorure relativement élevées pour des eaux de surface, qui les éloignent du pôle bicarbonate dans le diagramme triangulaire de Giggenbach (1991 ; fig. 38), ont probablement une origine marine. BRGM/RP-51671-FR 101 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 3.3.2. Origine des eaux et temps de transit a) Origine des eaux Les ions chlorure, bromure, sodium, espèces très solubles, ainsi que le deutérium, voire l’oxygène-18, peuvent être souvent utilisés comme indicateurs d’origine des eaux. Les concentrations de ces espèces chimiques ainsi que les valeurs de deutérium et d’oxygène18 analysées dans les différentes venues d’eau des puits d’exploration géothermique et dans les eaux thermales des sources de la plaine du Lamentin (fig. 39 et 40) indiquent que tous ces fluides sont issus d’un processus de mélange entre l’eau de mer et une eau douce d’origine météorique. Sur les diagrammes de la figure 40, on peut constater que le pôle eau douce appartiendrait plutôt à la droite des eaux d’origine météorique locale obtenue par Benauges (1981). Cette droite est sensiblement différente de celle des eaux d’origine météorique mondiales (Craig, 1961). L’eau de mer est représentée par l’échantillon prélevé et analysé par Fabriol et Ouzounian (1985). Bien que les résultats des analyses chimiques effectuées sur cet échantillon indiquent des concentrations en chlorure et en sodium légèrement supérieures à celles qui caractérisent une eau de mer, on peut remarquer que les concentrations des espèces majeures de l’eau de mer sont relativement constantes à travers le monde. Il n’en est pas de même pour les valeurs des teneurs en deutérium et, dans une moindre mesure, pour celles de l’oxygène-18, qui peuvent varier de façon relativement importante, notamment suivant le degré d’évaporation, qui affecte l’eau de mer. Ainsi, l’échantillon d’eau de mer analysé par Fabriol et Ouzounian (1985) montre des écarts relativement importants par rapport à l’eau de mer de référence (SMOW ; δD = 0 ‰ et δ18O = 0 ‰). Par conséquent, sur les diagrammes de la figure 40, il est difficile de choisir la valeur de la teneur en deutérium représentative du pôle eau de mer, qui constitue, en partie les venues d’eau des puits d’exploration géothermique et les eaux thermales de la plaine du Lamentin. On peut seulement avancer que cette valeur se situe entre 0 et 5,2 ‰. Pour l’oxygène-18, les problèmes de représentativité sont moins importants dans la mesure où les variations sont beaucoup plus faibles (de 0 à 0,5 ‰). Par ailleurs, les valeurs des teneurs en oxygène-18 semblent bien suivre le comportement des concentrations en chlorure, en sodium et en bromure, espèces en solution, qui ne sont pas apportées par les roches. Ceci suggère une très faible activité des échanges isotopiques entre oxygène-18 des eaux, des roches encaissantes et des émanations gazeuses de CO2. Par conséquent, soit les processus d’interaction eau-rochegaz ont lieu à des températures relativement modérées, soit le rapport eau-roche est important, ou bien encore, les deux hypothèses coexistent. 102 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 12000 eau de mer Na (mg/l) 10000 y = 0,5271x - 14,35 R2 = 0,9974 8000 6000 sources thermales 4000 puits LA-101 2000 puits HC et CALIF 0 0 5000 10000 15000 20000 25000 Cl (mg/l) 100 Br (mg/l) 80 eau de mer 60 40 y = 0,0032x + 0,9167 R2 = 0,9946 puits HC et CALIF sources thermales 20 0 0 5000 10000 15000 20000 25000 Cl (mg/l) Fig. 39 - Concentrations en sodium et en bromure en fonction de celles en chlorure pour les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique, les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées. Il est à noter que les valeurs de deutérium et d’oxygène-18 des eaux des sources thermales du Lamentin, obtenues au cours de cette étude, sont plus élevées que celles présentées par Fabriol et Ouzounian (1985 ; ann. 7) et s’accordent mieux avec celles des venues d’eau des deux puits d’exploration géothermique (fig. 40, ann. 8). Les relations linéaires obtenues sur les diagrammes δD-Cl et δ18O-Cl (fig. 40) permettent d’estimer les valeurs isotopiques de deutérium et d’oxygène-18 correspondant à l’eau douce (concentration en Cl proche de zéro), qui se mélange avec l’eau de mer. Ces valeurs sont autour de -8/-6 et -2,4 ‰, respectivement, et sont proches de celles des eaux thermales des sources d’Absalon et de Didier, qui font partie de la BRGM/RP-51671-FR 103 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 10 5 δD (‰) eau de mer locale droite des eaux météoriques locales : y = 8x + 16 0 SMOW (eau de mer de référence) puits HC et CALIF -5 sources thermales droite des eaux météoriques mondiales : y = 8x + 10 -10 -15 -4 -3 -2 -1 0 1 2 δ O (‰) 18 10 eau de mer locale δD (‰) 5 y = 0,0005x - 7,4154 R2 = 0,8757 0 SMOW (eau de mer de référence) -5 -10 0 5000 10000 15000 20000 25000 Cl (mg/l) 6 18 δ O (‰) 4 2 y = 0,0001x - 2,5013 R2 = 0,8325 0 eau de mer locale SMOW (eau de mer de référence) -2 -4 -6 0 5000 10000 15000 20000 25000 Cl (mg/l) Fig. 40 - Diagrammes δD-δ18O, δD-Cl et δ18O-Cl pour les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique, les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées. 104 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) droite des eaux d’origine météorique locales (fig. 40 ; tabl. 9 ; Lopoukhine et Mouret, 1977 ; Iundt, 1984 ; Chéry, 1994 ; ann. 8). Ceci suggère que le pôle eau douce, qui constitue, en partie, les venues d’eau des puits d’exploration géothermique et les eaux thermales de la plaine du Lamentin, a une aire de recharge semblable à celles des eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon. Cette aire pourrait être localisée sur le versant sous le vent du massif des pitons du Carbet. Les forts écarts mensuels observés sur les valeurs des teneurs en deutérium et en oxygène-18 des précipitations à la station du morne Bellevue (Montagne Pelée) et à celle de San-Juan (Porto-Rico ; Chéry, 1994), ainsi que l’absence d’une chronique saisonnière de mesures locales en fonction de l’altitude, rendent impossible l’utilisation d’un gradient isotopique altimétrique et donc, la détermination de l’altitude de l’aire de recharge en eau douce de tous ces fluides. L’eau superficielle recoupée par le sondage d’Habitation Carrère, qui appartient à un particulier (échantillon LAM9), et l’eau de la rivière Caleçon semblent plutôt suivre la droite des eaux d’origine météorique mondiales (fig. 40). Globalement, les eaux d’origine météorique de la zone Caraïbes semblent se distribuer entre les droites locales et mondiales. Ces écarts peuvent être attribués à des recharges sélectives et à des mécanismes de formation différents des pluies suivant les saisons (Benauges, 1981 ; Chéry, 1994). Les diagrammes Na-Cl, Br-Cl, δD-Cl et δ18O-Cl des figures 39 et 40 montrent que les proportions de mélange entre eau de mer et eau douce varient suivant le type d’eau. Ainsi, pour les eaux thermales de la plaine du Lamentin, ces proportions sont de l’ordre de 30-35 % d’eau de mer, 70-65 % d’eau douce. Pour la venue d’eau de l’ancien puits LA-101, elles étaient d’environ 37 % d’eau de mer et 63 % d’eau douce. Pour les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique prélevées au cours de la foration, elles sont plutôt de l’ordre de 20-25 % d’eau de mer et 80-75 % d’eau douce. Le processus de dilution observé pour les venues d’eau des nouveaux puits d’exploration géothermique par rapport au fluide des sources thermales du Lamentin et de l’ancien puits LA-101 peut être expliqué : - soit par la présence de fluide de foration résiduel (eau du réseau), - soit par une proportion plus importante d'eau douce d'origine météorique. Seule une mise en production relativement conséquente de ces puits, qui assurerait l’élimination du fluide de foration, peut permettre de trancher entre ces deux hypothèses. Les relations linéaires obtenues sur les diagrammes Cl-Mg, Cl-SO4, Cl-Sr, Cl-B, Cl-Rb et Cl-Cs (fig. 41, 42 et 43), qui n'ont pas l'eau de mer pour l'un des pôles de mélange, montrent que ce ne sont pas des infiltrations d'eau de mer de surface, qui causent la BRGM/RP-51671-FR 105 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) différence de salinité entre les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, la venue d'eau du puits LA-101 et celles des nouveaux puits d'exploration. C'est bien un processus de dilution par une eau douce, qui est à l'origine de ces différences. Signalons que la concentration en Cl du fluide analysé dans le puits LA-101, comparée aux données des autres fluides (fig. 39 et 41 ou ann. 8), semble avoir été quelque peu surévaluée. Les rapports Cl/Br (concentrations exprimées en mg/l) mesurés sur les eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon et de la rivière Caleçon (entre 400 et 550) sont supérieurs à celui de l’eau de mer (autour de 300), contrairement à celui de l’échantillon LAM9, qui indique une valeur semblable. Malgré la valeur du rapport Cl/Br de l'eau de la rivière Caleçon, il est fort probable que l'essentiel des chlorures de cette eau possède une origine marine. b) Temps de transit Les résultats des analyses de tritium effectuées sur les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin indiquent l’absence de cet isotope dans ces eaux. La période du tritium ou durée de demi-vie (diminution de moitié de l’activité) est de 12,43 années. Par rapport aux valeurs des précipitations mesurées à San-Juan (Porto-Rico) entre 1963 et 1986 (43 UT en 1963, 5-7 UT entre 1975 et 1981, 3-4 UT entre 1982 et 1986 ; Chéry, 1994) et compte tenu de la proportion d’eau de mer (activité en tritium nulle) non négligeable que contiennent ces eaux, il n’est pas possible de conclure sur le temps de transit de ces eaux. Rappelons que les eaux de précipitation antérieures à 1960 indiquent des activités en tritium proches de zéro. Pour les eaux des sources thermales d’Absalon et de Didier, l’activité en tritium mesurée sur l’eau de Didier (3 UT ; Chéry, 1994) et celle analysée sur l’eau d’Absalon (< 1 UT), au cours de cette étude, rendent également difficile toute conclusion sur le temps de transit de ces eaux. Les échantillons d’eau choisis comme eaux de surface de référence indiquent des activités en tritium égales à 2, ce qui semble en bon accord avec les valeurs mesurées sur les précipitations actuelles à San-Juan (Porto-Rico). Les activités en carbone-14 analysées sur ces derniers échantillons d’eau confirment bien que ce sont des eaux actuelles (tabl. 9). Par contre, pour les eaux thermales des sources de la plaine du Lamentin et de la source de Didier, les activités en carbone-14, étant influencées, comme nous allons le voir, de façon significative par les émanations de CO2 d’origine essentiellement magmatique (activité en carbone-14 nulle), les âges estimés de ces eaux (tabl. 9) ne peuvent pas être considérés comme représentatifs. Ces activités reflètent plutôt l’abondance du carbone du CO2 d’origine magmatique, qui s’est dissout dans l’eau. 106 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 500 3000 y = 0,0196x + 19,309 2 R = 0,9159 300 2500 eau de mer sources thermales 200 puits HC et CALIF 100 puits LA-101 SO4 (mg/l) K (mg/l) 400 0 2000 1500 1000 500 0 0 5000 10000 15000 20000 25000 0 5000 Cl (mg/l) 2000 2000 1500 1500 Mg (mg/l) Ca (mg/l) Cl (mg/l) 1000 500 0 1000 500 0 0 5000 10000 15000 20000 25000 0 5000 Cl (mg/l) 2000 400 1500 300 1000 500 0 10000 15000 20000 25000 Cl (mg/l) SiO2 (mg/l) HCO3 (mg/l) 10000 15000 20000 25000 200 100 0 0 5000 10000 15000 20000 25000 Cl (mg/l) 0 5000 10000 15000 20000 25000 Cl (mg/l) Fig. 41 - Concentrations en potassium, sulfates, calcium, magnésium, bicarbonates et silice en fonction de celles en chlorure pour les venues d’eau des puits d’exploration géothermique, les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées. BRGM/RP-51671-FR 107 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 50000 500 As (µg/l) 40000 B (µg/l) 600 sources thermales 30000 puits HC et CALIF 20000 10000 eau de mer 400 300 200 100 0 0 0 5000 0 10000 15000 20000 25000 2000 40 1000 30 800 20 10 8000 600 400 200 0 0 0 5000 10000 15000 20000 0 25000 2000 Cl (mg/l) 4000 6000 8000 6000 8000 Cl (mg/l) 200 4000 150 3000 Mn (µg/l) Fe (mg/l) 6000 Cl (mg/l) Ba (µg/l) Sr (mg/l) Cl (mg/l) 4000 100 50 0 2000 1000 0 0 2000 4000 Cl (mg/l) 6000 8000 0 2000 4000 Cl (mg/l) Fig. 42 - Concentrations en bore, arsenic, strontium, baryum, fer et manganèse en fonction de celles en chlorure pour les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique, les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées. 108 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 1000 4 800 Rb (µg/l) Li (mg/l) 3 2 1 eau de mer 600 y = 0,084x + 26,528 R2 = 0,9825 400 200 0 0 0 5000 10000 15000 20000 25000 0 2000 400 20 300 15 200 6000 8000 6000 8000 Cl (mg/l) Ge (µg/l) Cs (µg/l) Cl (mg/l) 4000 y = 0,0348x - 8,4414 2 R = 0,8781 100 0 10 5 0 0 2000 4000 6000 8000 Cl (mg/l) 0 2000 4000 Cl (mg/l) Fig. 43 - Concentrations en lithium, rubidium, césium et germanium en fonction de celles en chlorure pour les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique, les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées. 3.3.3. Processus d’interaction eau-roche-gaz et géothermométrie a) Processus d'interaction eau-roche-gaz Par rapport à une eau de mer diluée par de l'eau douce, les venues d'eau des puits d’exploration géothermique ainsi que les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin sont enrichies en calcium, bicarbonates, silice dissoute, strontium, baryum, bore, arsenic, fer, manganèse, lithium, rubidium, césium et germanium (fig. 41, 42 et 43). Elles sont appauvries en magnésium et en sulfates (fig. 41). Ces résultats sont caractéristiques de processus d'interactions eau - roches volcaniques (basaltes, andésites…), qui ont été observés en laboratoire (Bischoff and Dickson, 1975) et en milieu naturel (Tomasson et al., 1972 ; Edmond et al., 1982 ; Michard et al., 1984 ; Von Damm et al., 1985 ; Sanjuan et al., 1990 ; Houssein et al., 1993 ; Sanjuan et Brach, 1997 ; Sanjuan et al., 2001b). BRGM/RP-51671-FR 109 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Les concentrations encore assez importantes en magnésium et en sulfates dissous mesurées (tabl. 6 et 8 ; fig. 41), comparées à celles d'un fluide porté à très haute température (concentrations proches de zéro), laissent, cependant, envisager des températures d'interaction modérément élevées. L'absence d'enrichissement net de l'eau en oxygène-18 des roches (fig. 40) conforte cette hypothèse mais peut aussi être un indice d'un rapport eau-roche élevé. Les mesures d’alcalinité plus élevées des venues d’eau des deux nouveaux puits d'exploration par rapport aux eaux thermales de la plaine du Lamentin (fig. 41) ne sont peut être pas constituées uniquement d’espèces carbonatées aqueuses. Une partie de cette alcalinité pourrait provenir de la contribution du fluide résiduel de foration en espèces organiques dissoutes. Ce fluide résiduel, qui dilue, peut être, ces venues d’eau à raison de 30 à 40 %, pourrait également les contaminer en ce qui concerne quelques espèces. Pour avoir des échantillons plus représentatifs de ces venues d’eau de formation, une mise en production des puits avec des volumes de décharge relativement importants est nécessaire. D’autres hypothèses pour expliquer ces valeurs d'alcalinité plus élevées dans les venues d’eau des puits d’exploration géothermique pourraient être : - la présence de pressions partielles de CO2 plus importantes en profondeur, accompagnées d’un dégagement de CO2 en surface plus abondant (valeurs de pH plus élevées que celles des eaux des sources thermales du Lamentin) ; - la précipitation de minéraux carbonatés au cours du dégagement de CO2, avant ou à l’émergence des sources thermales du Lamentin. Les valeurs des rapports Cl/B (concentrations exprimées en mg/l) mesurés sur la venue d’eau du puits de Californie et les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin sont comprises entre 134 et 165. Elles sont très différentes du rapport de l’eau de mer actuelle (≈ 4 100) et proches des valeurs habituellement mesurées sur la plupart des eaux géothermales (valeurs comprises entre 10 et 100). Par ailleurs, elles sont plus basses que celles trouvées sur l’eau géothermale à 250-260 °C, en profondeur, des puits BO-2 et BO-4 du champ géothermique de Bouillante (valeurs autour de 800-1 000 ; Sanjuan et al., 1999 ; 2000). Une partie de ces écarts est probablement due à la proportion en eau douce plus importante dans les fluides du Lamentin, qui a pour effet de diminuer les concentrations en chlorure, mais cette explication n’est pas suffisante. Le reste des écarts pourrait être expliqué par une différence de composition chimique des roches au contact des eaux (roches plus riches en bore dans le Lamentin) ou bien alors, par la présence d’émanations plus importantes en acide borique dans la plaine du Lamentin. Les venues d’eau du puits d’Habitation Carrère sont plutôt appauvries en bore par rapport aux eaux précédentes. Un essai de mise en production de ce puits et un prélèvement d’eau plus représentatif des venues d’eau que celui dont nous disposons devraient permettre de valider les valeurs de concentration en bore obtenues et connaître le facteur responsable des différences de concentration observées en bore. 110 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Les concentrations élevées en arsenic de certaines des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin (fig. 42) pourraient également être dues à un enrichissement de cet élément dans les roches encaissantes ou dans les émanations gazeuses au contact de ces eaux. Les valeurs du rapport Cl/B des eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon (proches de 60), encore plus basses que celles des venues d’eau des nouveaux puits et des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin (mais les concentrations en chlorure sont également beaucoup plus faibles), entrent dans l’intervalle de valeurs couramment observées pour les eaux géothermales. Les échantillons d’eau de surface LAM9 et LAM10, qui ont une légère influence marine et qui, comme nous allons le voir, subissent les effets des émanations gazeuses observées dans la plaine du Lamentin, montrent un enrichissement en bore incontestable par rapport à l’eau de mer actuelle. Les valeurs des rapports isotopiques en strontium des venues d'eau des deux puits d'exploration sont légèrement plus élevées que celles mesurées sur les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin et de Didier (tabl. 6 et 9), qui sont proches des valeurs des rapports isotopiques en strontium des roches encaissantes (andésites : 0,7040,705 ; Sanjuan et Brach, 1997). Cette différence est probablement due à la présence d'une eau superficielle (fluide résiduel de foration, par exemple) dans les venues d'eau des deux nouveaux puits, qui n'a pas interagi avec les roches encaissantes. Ainsi, comme exemple de valeur de rapport isotopique en strontium caractérisant une eau superficielle locale, on peut donner celui de la rivière Caleçon, qui affiche une valeur supérieure à celles des eaux thermales (0,706023) et qui semble subir une légère influence marine (rapport isotopique en strontium de l’eau de mer actuelle proche de 0,709 ; Sanjuan et al., 1990). Le fait que les rapports isotopiques en strontium des venues d'eau des deux nouveaux puits et des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, constituées d'eau de mer, soient proches de celui des andésites, suggère que ces eaux ont un degré d'interaction avec les roches encaissantes relativement important et que le temps de transit doit être assez long. Ceci confirme, par ailleurs, qu'il n'y a pas d'infiltration d'eau de mer en surface et que les concentrations relativement élevées en magnésium et en sulfates observées sur les venues d'eaux et les eaux thermales sont plutôt des indices de température modérée. Les valeurs des isotopes du soufre et de l'oxygène-18 des sulfates dissous mesurées sur les eaux thermales de la plaine du Lamentin montrent que les sulfates dissous, malgré des réactions qui tendent à faire diminuer leurs concentrations en solution, ont encore gardé l’essentiel de leur signature marine (δ 34S ≈ 20 ‰ et δ 18O ≈ 9,7 ‰ pour l’eau de mer actuelle ; Faure, 1986) et que les échanges isotopiques entre oxygène-18 des sulfates dissous et de l'eau ont été plutôt rares. Néanmoins, la présence d’un processus de réduction bactérienne (transformation des sulfates en sulfures), relativement faible, peut être évoquée (Fouillac et al., 1990). BRGM/RP-51671-FR 111 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Les valeurs des isotopes du soufre et de l'oxygène-18 des sulfates dissous mesurées sur l’eau de la source thermale d'Absalon (tabl. 9) indiquent également une origine principalement marine. Dans ce cas, il devrait probablement s'agir d'une dissolution d'évaporites marins tels que l'anhydrite ou le gypse, qui a mis les sulfates en solution. Ces valeurs sont différentes, surtout pour le soufre-34, de celles trouvées en 1994 sur l’eau de la source thermale de Didier (8,6 et 9,4 ‰, respectivement ; Chéry, 1994), qui avait, pourtant, une composition chimique comparable à celle analysée au cours de cette étude et à celle de la source thermale d'Absalon. Le soufre-34 des sulfates avait dû probablement subir une perturbation au cours de la remontée de l’eau en surface. Les échantillons d'eau superficielle LAM9 et LAM10 montrent également une influence marine marquée en ce qui concerne la signature isotopique des sulfates dissous. Afin de mieux comprendre les processus d’interaction eau-roche-gaz, des calculs de spéciation et d’indices de saturation (IS) des eaux thermales représentatives de chaque groupe (échantillon LAM3, échantillon CALIF-1A, échantillon LAM8) vis-à-vis des principaux minéraux silicatés, carbonatés et sulfatés, ont été réalisés au moyen du code géochimique EQ3NR et de la base de données data0.com.R2 (Wolery, 1995). En raison des faibles contraintes sur les mesures de Eh, de leur signification et de leur complexité, les réactions d’oxydo-réduction n’ont pas été prises en compte. La concentration en aluminium dissous a été considérée être contrôlée par une réaction d’équilibre de l’eau vis-à-vis de la kaolinite. Dans un premier temps, les températures utilisées ont été celles mesurées à l’émergence des deux sources thermales ou à la sortie du puits de Californie. Les résultats obtenus sont reportés dans le tableau 10. Dans ce tableau, on peut constater que les valeurs minimales de pression partielle de CO2 (PCO2) calculées pour les eaux étudiées sont comprises entre 0,7 et 1,2 bar. Ces valeurs sont proches et représentatives de toutes celles qui peuvent être estimées à partir des mesures de pH et d’alcalinité sur les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique et les eaux thermales. Dans la mesure où des dégagements de CO2 ont pu avoir lieu avant la mesure du pH (avant ou à l’émergence des sources thermales, à la sortie des puits d’exploration), les valeurs de pH peuvent être plus basses et celles des PCO2 en profondeur encore plus élevées. Pour les venues d’eau des nouveaux puits, les valeurs de PCO2 estimées pourraient être légèrement plus basses si l’alcalinité mesurée concerne d’autres espèces que les bicarbonates. Toutes ces fortes valeurs de PCO2 confirment les observations d’émanations gazeuses faites dans la plaine du Lamentin et à l’émergence des sources thermales de Didier et d’Absalon. Même les valeurs de PCO2 estimées pour les eaux de surface (échantillons LAM9 et LAM10), à partir des mesures de pH et d’alcalinité (0,26 et 0,013 bar, respectivement), sont beaucoup plus élevées que la valeur de PCO2 atmosphérique (0,34 mbar). Les émanations gazeuses associées aux sources thermales ou aux deux nouveaux puits n’ont pas pu être analysées au cours de cette étude. Néanmoins, d’après les résultats des analyses de gaz effectuées dans des études précédentes sur les sources thermales de la plaine du Lamentin (sources de la Voie ferrée, de la Lézarde, aéroport civil ; Iundt, 1984 ; 112 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Fabriol et Ouzounian, 1985 ; ann. 9) ou de Didier (Chéry, 1994), on peut constater que ces émanations sont essentiellement constituées de CO2 (de 97 à 100 % en volume). Si on tient compte des équations de fractionnement entre espèces aqueuses (CO2 aqueux et HCO3) et CO2 gaz libre, aux températures d'émergence des eaux des sources thermales, qui ont été analysées (tabl. 9), les signatures isotopiques en carbone-13 du carbone dissous de ces eaux aboutissent à des valeurs en carbone-13 des émanations de gaz CO2 comprises entre -6 et - 4,5 ‰, qui sont caractéristiques d'une origine magmatique (- 8,6 ‰ < δ 13C < - 2,3 ‰ ; Faure, 1986 ; Marty et al., 1993). Toutes ces données sont en bon accord avec celles en carbone-13, comprises entre - 9,5 et - 6 ‰, et en 3He/4He, trouvées sur les gaz des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon par Pedroni et al. (1999) qui, néanmoins, suggèrent l’existence d’une légère contamination de ces émanations par des sédiments organiques locaux. Cela confirme bien l'origine magmatique prépondérante de toutes les émanations de gaz observées dans la plaine du Lamentin et celles associées aux sources thermales de Didier et d'Absalon. Cette conclusion écarte l’hypothèse suggérée par Lopoukhine et Mouret (1977) d’une origine éventuellement sédimentaire des émanations gazeuses de CO2 de la plaine du Lamentin (dissolution de carbonates et dégazage des eaux). Les valeurs isotopiques en carbone-13 mesurées sur les échantillons d'eau superficielle LAM9 et LAM10 suggèrent plutôt une signature mixte biogénique-magmatique. L'origine biogénique est, bien sûr, plus marquée dans l'échantillon d'eau de rivière (LAM10). Les calculs des indices de saturation effectués au moyen du code géochimique EQ3NR, à la température d’émergence des sources thermales ou à la sortie du puits de Californie, montrent que toutes les eaux sont saturées ou sursaturées vis-à-vis des minéraux carbonatés (tabl. 10) tels que la calcite (CaCO3), la dolomite désordonnée (CaMg(CO3)2), la strontianite (SrCO3) ou la withérite (BaCO3). Ceci explique que l'on observe la formation de minéraux de ce type à l'émergence de nombreuses sources. Les fortes valeurs de PCO2 et le dégagement de ce gaz, en surface, sont, en grande partie, responsables de ces précipitations. La sursaturation observée sur la venue d’eau du puits de Californie vis-à-vis de la plupart des minéraux carbonatés peut provenir du fait que l’on ait considéré que l’alcalinité était constituée essentiellement de bicarbonates alors que des composés organiques provenant des travaux de foration peuvent également être présents en solution. BRGM/RP-51671-FR 113 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Echantillon Sce Hab. Carrère LAM3 Puits Californie CALIF-1A Sce Absalon LAM8 Date T (°C) pH Alc. (mg/l HCO3) 04/03/01 58,0 5,87 738 15/03/01 48,0 6,27 1351 15/03/01 36,3 6,12 1345 PCO2 (bar) 1,2 0,7 1,1 Alcalculé (µg/l) IS Albite IS Anhydrite IS Anorthite IS Aragonite IS Barytine Beidellite-Ca Beidellite-Mg IS Calcédoine IS Calcite IS Célestite IS Cristobalite β IS Dolomite IS Dolomite Désord. IS Epidote IS Fluorite IS Gypse IS Heulandite IS Illite IS Kaolinite IS K-feldspar IS Magnésite IS Montmorillonite-Ca IS Montmorillonite-K IS Montmorillonite-Mg IS Montmorillonite-Na IS Muscovite IS Pyrophyllite IS Quartz IS Sidérite IS Smectite-high-Fe-Mg IS Smectite-low-Fe-Mg IS Strontianite IS Wairakite IS Withérite 0,076 -0,52 -0,86 -7,62 0,01 (sat.) -0,19 (sat.) -0,09 (sat.) -0,09 (sat.) 0,37 0,16 (sat.) -1,72 -0,24 (sat.) 1,09 -0,24 (sat.) -8,31 -2,86 -1,00 -0,78 -0,36 0,00 (sat.) 0,49 -0,51 0,71 0,39 0,77 0,64 0,26 (sat.) -0,10 (sat.) 0,62 -2,87 -4,33 -2,46 -0,03 (sat.) -5,90 0,06 (sat.) 0,038 0,02 (sat.) -0,99 -7,56 0,50 0,34 0,20 (sat.) 0,18 (sat.) 0,59 0,65 -1,80 -0,05 (sat.) 2,05 0,66 -3,17 -2,32 -1,03 0,71 0,17 (sat.) 0,00 (sat.) 1,27 -0,10 (sat.) 1,39 1,13 1,44 1,32 0,57 0,27 (sat.) 0,84 1,09 -0,54 0,34 0,55 -5,38 1,19 0,006 -0,92 -2,19 -9,18 -0,05 (sat.) -0,60 0,40 0,44 0,96 0,10 (sat.) -3,64 0,28 (sat.) 1,30 -0,17 (sat.) -7,65 -3,48 -2,12 0,59 -0,33 (sat.) 0,00 (sat.) 0,85 -0,36 1,76 1,32 1,86 1,37 -0,63 0,92 1,22 -0,40 -2,64 -0,98 -0,61 -6,23 0,88 Tabl. 10 - Calcul des indices de saturation (IS) des eaux de quelques sources thermales et du puits d'exploration géothermique de Californie vis-à-vis de certains minéraux, réalisés à température d'émergence au moyen du code géochimique EQ3NR. 114 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Toutes les eaux thermales sont sous-saturées vis-à-vis de l'anhydrite (CaSO4), de la fluorite (CaF2) et de la célestite (SrSO4). L’eau de la source thermale de la plaine du Lamentin est saturée vis-à-vis de la barytine (BaSO4) tandis que la venue d’eau du puits de Californie est sursaturée vis-à-vis de ce minéral et l’eau thermale d’Absalon est soussaturée. En considérant que les eaux sont à l'équilibre avec la kaolinite à la température d’émergence, comme cela a été supposé, on s'aperçoit que la plupart des eaux est soussaturée vis-à-vis de l’albite (NaAlSi3O8) mais est saturée ou sursaturée vis-à-vis du feldspath potassique (KAlSi3O8), des beidellites et des montmorillonites (smectites). Par rapport aux observations faites sur certaines des sources thermales de la région de Bouillante, en Guadeloupe (Sanjuan et Brach, 1997 ; Traineau et al., 1997) ou à La Réunion (Sanjuan et al., 2001c), la formation de smectites à l'émergence des sources thermales de cette étude est fortement probable. La venue d’eau du puits de Californie et l’eau de la source thermale du Lamentin sont saturées ou sursaturées vis-à-vis de la muscovite (KAl3Si3O10(OH)2) alors que l’eau de la source d’Absalon est sous-saturée vis-à-vis de ce minéral (tabl. 10). Dans un deuxième temps, des calculs d’indices de saturation ont été réalisés à 90 °C pour tous les fluides, voire à 120 °C pour l’eau de la source thermale de la plaine du Lamentin. Pour ces calculs, on a supposé que l’équilibre des eaux vis-à-vis de la calcite et de la kaolinite était atteint à ces températures. Nous verrons que les valeurs de température ont été choisies en fonction des résultats obtenus avec les géothermomètres chimiques. Les résultats de ces calculs (tabl. 11) montrent que : - les valeurs de PCO2 en profondeur peuvent être relativement élevées (de l'ordre de 7 à 24 bar sur la source thermale de la plaine du Lamentin, d’une vingtaine de bar sur le puits d’exploitation géothermique, de 17 bar sur la source thermale d’Absalon). Si les valeurs des températures choisies avaient été plus élevées, les pressions partielles de CO2 seraient encore supérieures, ce qui rend improbable l'existence de températures en profondeur supérieures à 120-130 °C ; - toutes les eaux sont saturées vis-à-vis de la dolomite désordonnée, de la calcédoine (voire du quartz, si les calculs avaient été effectués à 120 °C) et des beidellites calciques et magnésiennes ; - la venue d’eau du puits de Californie et l’eau thermale de la plaine du Lamentin sont à l’équilibre vis-à-vis des montmorillonites calciques, magnésiennes et sodiques ainsi que de la muscovite tandis que l’eau thermale d’Absalon n’est à l’équilibre que vis-àvis des montmorillonites sodiques et potassiques ; - toutes les eaux sont sous-saturées vis-à-vis de l’albite, du feldspath potassique et de la strontianite ; - elles restent toutes sous-saturées vis-à-vis de l'anhydrite, de la fluorite et de la célestite. À l’exception de l’eau de la source thermale d’Absalon, qui est saturée vis-àvis de la magnésite (MgCO3) et de la sidérite (FeCO3), toutes les eaux sont soussaturées vis-à-vis de ces minéraux ; BRGM/RP-51671-FR 115 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - à l’exception de la venue d’eau du puits de Californie, qui est à l’équilibre avec la barytine et la withérite, et de l’eau thermale d’Absalon, qui est saturée avec la withérite, les autres eaux sont sous-saturées vis-à-vis de ces deux minéraux. Nous verrons que la plupart de ces résultats a une incidence forte sur le choix de l'utilisation des géothermomètres chimiques. Le fait que toutes ces eaux soient sous-saturées vis-à-vis de l'albite et du feldspath potassique et qu'elles atteignent, aux températures choisies pour les calculs de saturation, l’équilibre soit avec la montmorillonite sodique et la muscovite (venues d’eau des deux nouveaux puits, eaux thermales de la plaine du Lamentin), soit avec les montmorillonites sodiques et potassiques (eaux thermales d’Absalon et de Didier), qui sont des minéraux argileux, semble confirmer les conditions de température relativement faible estimées en profondeur. b) Géothermométrie Le diagramme triangulaire de Giggenbach (1988) de la figure 44 indique que toutes les eaux étudiées sont situées dans la zone classée comme celle des « eaux immatures », hors d'un équilibre complet avec la roche. Ceci n'est pas un indice de forte température en profondeur. Néanmoins, les venues d’eau des puits d’exploration géothermique et les eaux thermales du Lamentin sont plus proches de la zone qualifiée d’équilibre partiel que les eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon, qui sont près du pôle magnésium. Ces propriétés caractérisent souvent les eaux carbo-gazeuses et se traduisent par une discordance importante entre les résultats des différents géothermomètres chimiques. L’application de ces derniers doit donc être effectuée avec beaucoup de précaution. La plupart des géothermomètres chimiques connus a été appliquée sur les résultats de cette étude (tabl. 12) et ceux d’études précédentes (ann. 9). • Venues d’eau des nouveaux puits d’exploration géothermique D'après les relations géothermométriques, les concentrations en silice dissoute mesurées sur les venues d'eau des deux puits d'exploration (100-112 mg/l) correspondent à celles d’un équilibre de la solution avec la calcédoine autour de 80-120 °C (tabl. 12), qui sont des températures proches de la valeur mesurée sur le puits de Californie, ou avec le quartz à 140 °C. Néanmoins, d’après Arnorsson (1975) et Michard (1990), en milieu basaltique, la silice dissoute est plutôt contrôlée par le quartz à des températures supérieures à 150-170 °C et par la calcédoine à des températures inférieures. Si on estime que ces venues d'eau sont diluées par 30 % de fluide résiduel de foration (eau du réseau), on obtient des concentrations en silice dissoute d’environ 130-145 mg/l en prenant une concentration en silice dissoute de 34 mg/l pour le fluide de foration. Les températures estimées sont alors autour de 90-130 °C en considérant l'équilibre de ces eaux avec la calcédoine et de 150-160 °C pour le quartz. 116 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Echantillon Sce Hab. Carrère LAM3 Sce Hab. Carrère LAM3 Puits Californie CALIF-1A Sce Absalon LAM8 Date T (°C) pHcalculé 04/03/01 90 5,33 04/03/01 120 5,00 15/03/01 90 5,10 15/03/01 90 5,33 Alc.calculée (mg/l HCO3) 770 783 1366 1462 PCO2 (bar) 6,9 23,9 20,2 16,7 Alcalculé (µg/l) IS Albite IS Anhydrite IS Anorthite IS Aragonite IS Barytine Beidellite-Ca Beidellite-Mg IS Calcédoine IS Calcite IS Célestite IS Cristobalite IS Dolomite IS Dolomite Désord. IS Epidote IS Fluorite IS Gypse IS Heulandite IS Illite IS Kaolinite IS K-feldspar IS Magnésite IS Montmorillonite-Ca IS Montmorillonite-K IS Montmorillonite-Mg IS Montmorillonite-Na IS Muscovite IS Pyrophyllite IS Quartz IS Sidérite IS Smectite-high-Fe-Mg IS Smectite-low-Fe-Mg IS Strontianite IS Wairakite IS Withérite 0,491 -1,14 -0,52 -6,60 -0,14 (sat.) -0,45 -0,25 (sat.) -0,21 (sat.) 0,07 (sat.) 0,00 (sat.) -1,54 -0,45 0,85 -0,31 (sat.) -8,48 -2,94 -0,92 -2,30 -0,83 0,00 (sat.) -0,50 -0,46 0,11 (sat.) -0,37 0,19 (sat.) -0,07 (sat.) -0,05 (sat.) -0,48 0,30 (sat.) -2,90 -4,92 -3,22 -0,44 -5,55 -0,67 2,434 -1,54 -0,17 -5,59 -0,15 (sat.) -0,57 -0,33 -0,28 (sat.) -0,16 (sat.) 0,00 (sat.) -1,32 -0,63 0,87 -0,15 (sat.) -7,58 -2,43 -0,82 -3,33 -1,09 0,00 (sat.) -1,19 -0,32 -0,29 (sat.) -0,88 -0,19 (sat.) -0,55 -0,17 (sat.) -0,78 0,04 (sat.) -2,44 -4,77 -3,39 -0,64 -5,08 -1,11 0,387 -1,28 -0,55 -7,07 -0,14 (sat.) -0,03 (sat.) -0,19 (sat.) -0,15 (sat.) 0,18 (sat.) 0,00 (sat.) -1,57 -0,35 0,86 -0,30 (sat.) -6,49 -2,46 -0,96 -2,35 -0,96 0,00 (sat.) -0,54 -0,44 0,12 (sat.) -0,36 0,21 (sat.) -0,09 (sat.) -0,28 (sat.) -0,28 (sat.) 0,40 0,62 -3,21 -2,14 -0,43 -5,81 -0,21 (sat.) 0,215 -1,92 -1,70 -6,99 -0,14 (sat.) -1,16 0,10 (sat.) 0,21 (sat.) 0,38 0,00 (sat.) -3,41 -0,14 (sat.) 1,28 0,12 (sat.) -6,69 -3,63 -2,11 -1,92 -1,01 0,00 (sat.) -0,83 -0,03 (sat.) 0,78 0,06 (sat.) 0,93 0,21 (sat.) -0,99 0,13 (sat.) 0,60 -0,27 (sat.) -2,93 -1,80 -1,12 -5,31 -0,19 (sat.) Tabl. 11 - Calcul des indices de saturation (IS) des eaux de quelques sources thermales et du puits d'exploration géothermique de Californie vis-à-vis de certains minéraux, réalisés à 90 et 120 °C au moyen du code géochimique EQ3NR. BRGM/RP-51671-FR 117 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Fig. 44 - Positionnement des venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique, des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que des eaux de surface échantillonnées dans le diagramme ternaire Na-K-Mg de Giggenbach (1988). Les géothermomètres Na/K et Na/K/Ca (Fournier, 1979 ; Michard, 1979 ; Fournier and Truesdell, 1973) peuvent être difficilement appliqués sur ces eaux pour estimer leur température en profondeur. En effet, les concentrations en Na et K semblent être fortement influencées par le mélange entre l'eau de mer et l'eau douce (fig. 45), même si un léger enrichissement en K est observé par rapport à une eau de mer diluée. Or, ces géothermomètres donnent des températures surévaluées avec l'eau de mer (de l'ordre de 140-180 °C). L'application du géothermomètre Na/Li de Fouillac et Michard (1981) pour ces venues d'eau dont les concentrations en chlorure sont inférieures à 11 g/l aboutit à des températures de l'ordre de 40-50 °C (tabl. 12) tandis que celles du Na/Li de Kharakha et al. (1982), du Na/K/Ca (Mg), du K/Mg, du Na/Rb, du F-K et du Mn/K permettent d'estimer des températures de l'ordre de 90-130 °C (tabl. 12), qui sont plus proches des valeurs mesurées. Le fait que seul le géothermomètre Na/Li de Kharakha et al. (1982), qui a été établi en utilisant les compositions chimiques des eaux de bassins sédimentaires pétroliers, soit utilisable montre l'importance du système carbonaté sur la composition chimique de ces eaux. Rappelons que l'autre géothermomètre Na/Li (Fouillac et Michard, 1981), qui donne de mauvais résultats dans le cas présent, a été créé à partir d'une étude statistique de données obtenues en milieu granitique et volcanique acide. 118 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Le géothermomètre K/Mg semble être applicable sur ces venues d’eaux car il est plutôt basé sur une réaction d'équilibre entre minéraux alumino-silicatés et, dans le cas présent, le potassium et le magnésium en solution, comme le suggèrent les calculs de saturation, sont plutôt contrôlés par une réaction d'équilibre de ces eaux avec la muscovite et des smectites. • Eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin Des valeurs de température semblables sont estimées à partir de la composition chimique du fluide du puits LA-101 et des eaux des sources thermales avoisinantes de la plaine du Lamentin (tabl. 12 ; ann. 9). Notons, néanmoins, que le géothermomètre Sr/K, comme pour les venues d’eau des puits d’exploration géothermique, donne des résultats trop élevés sur les eaux de ces sources. Le géothermomètre isotopique oxygène-18 (H2O-SO4), appliqué aux eaux thermales, aboutit à des valeurs de température légèrement supérieures (tabl. 12). Néanmoins, comme la signature marine de ces isotopes reste encore très marquée, il est peu probable que l’équilibre isotopique a été atteint. Les géothermomètres à gaz (CO2/H2/CH4 : Marini, 1987 ; H2/Ar : Giggenbach and Goguel, 1989 ; CO2/CH4 : Giggenbach, 1991), utilisés sur les résultats obtenus au cours d’études précédentes sur les sources thermales de la plaine du Lamentin (Iundt, 1984 ; Fabriol et Ouzounian, 1985), donnent des valeurs de température peu concordantes (ann. 9) et suggèrent que l’état d’équilibre ne soit pas atteint à une température donnée. Les géothermomètres à gaz (CO2/H2/CH4 : Marini, 1987 ; H2/Ar : Giggenbach and Goguel, 1989 ; CO2/CH4 : Giggenbach, 1991), utilisés sur les résultats obtenus au cours d’études précédentes sur les sources thermales de la plaine du Lamentin (Iundt, 1984 ; Fabriol et Ouzounian, 1985), donnent des valeurs de température peu concordantes (ann. 9) et suggèrent que l’état d’équilibre ne soit pas atteint à une température donnée. Les valeurs des concentrations en lithium des eaux des sources thermales sont légèrement plus basses que celles observées sur les venues d’eau des nouveaux puits d’exploration (fig. 45 ; tabl. 6 ; tabl. 8 ; ann. 8). Il se pourrait qu’un peu de lithium soit adsorbé ou précipité (sur des dépôts de carbonates ou d’argiles ?) au cours de la remontée des eaux thermales en surface, de leur refroidissement et de leur dégagement de CO2. Des observations similaires sont faites sur les concentrations en fer, manganèse et baryum en solution (fig. 42). Ces tendances peuvent, très probablement, être rattachées au comportement de l’alcalinité (fig. 41). BRGM/RP-51671-FR 119 120 Tδ18O(H2O-SO4) : Mizutani and Rafter (1969). BRGM/RP-51671-FR Tabl. 12 - Estimation des températures en profondeur à partir des géothermomètres chimiques pour les venues d’eau des puits d'exploration géothermique d'Habitation Carrère et de Californie, les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d'Absalon ainsi que les eaux de surface échantillonnées. Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) TQz, TSiO2am, : Fournier and Rowe (1966) ; TCalcéd.(1) : Arnorsson and Gunnlaugsson (1983) ; TCalcéd.(2) : Truesdell (1975). TNa/K (1) : Michard (1979) ; TNa/K (2) : Fournier (1979). TNa/K/Ca : Fournier and Truesdell (1973), TNa/K/Ca (Mg) : correction avec Mg (Fournier and Potter, 1979). TK/Mg : Giggenbach (1988). TCa/K, TK/Sr, TNa/Rb, TNa/Cs, TFK , TFe/K and TMn/K : Michard (1990). TNa/Li (1) : Kharaka et al. (1982) ; TNa/Li (2) : Fouillac et Michard (1981). TMg/Li : Kharaka and Mariner (1989). Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 500 y = 0,0372x + 19,929 R2 = 0,9168 K (mg/l) 400 300 eau de mer sources thermales 200 puits LA-101 100 puits HC et CALIF 0 0 5000 10000 15000 Na (mg/l) Li (mg/l) 2 1,5 puits HC et CALIF 1 sources thermales 0,5 eau de mer 0 0 5000 10000 15000 Na (mg/l) Fig. 45 - Diagrammes K-Na et Li-Na pour les venues d’eau des puits d’exploration géothermique, des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, de Didier et d’Absalon ainsi que des eaux de surface échantillonnées. Il est intéressant de noter que les géothermomètres Na-Rb, F-K, voire Mn-K, de Michard (1990), créés en milieu granitique, donnent des températures en profondeur concordantes avec les autres valeurs (tabl. 12 ; ann. 9). Les concentrations en rubidium présentées par Fabriol et Ouzounian (1985) pour les eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin semblent plutôt basses par rapport à celles trouvées par Lopoukhine et Mouret (1977), Iundt (1984) et au cours de cette étude. Du coup, les valeurs de température qui s’en déduisent sont beaucoup trop faibles (ann. 9, valeurs entre parenthèses). BRGM/RP-51671-FR 121 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) • Eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon L'application des géothermomètres chimiques sur les eaux carbo-gazeuses des sources thermales de Didier et d’Absalon aboutit à des valeurs de température en profondeur assez différentes (tabl. 12). Néanmoins, certaines valeurs comme celles données par les géothermomètres Na/K et Na/K/Ca peuvent être écartées. En effet, comme l’indiquent les calculs de saturation effectués au moyen du code géochimique EQ3NR, le rapport Na/K ne semble pas être contrôlé par une réaction d’équilibre de l’eau vis-à-vis des feldspaths sodiques et potassiques, réaction qui est à la base du fonctionnement de ce géothermomètre. Seules les valeurs estimées à partir des géothermomètres silice (calcédoine), Na/Li de Kharakha, Ca/K, Sr/K, Na/Rb et oxygène-18 (H2O-SO4) donnent des valeurs de température convergentes, comprises entre 100 et 130 °C (tabl. 12 ; ann. 9). Dans la mesure où il a été montré que ces eaux ne sont pas saturées vis-à-vis de la muscovite, contrairement aux eaux thermales de la plaine du Lamentin, on constate que le géothermomètre K-Mg n’est pas applicable sur ces eaux. Par contre, le géothermomètre Ca/K semble être relié à une réaction d’équilibre entre l’eau et les smectites (montmorillonites sodiques et potassiques). L’hypothèse, pour ces eaux, d’un réservoir géothermique haute enthalpie (> 200 °C), en commun avec les venues d'eau des puits du Lamentin et les eaux des sources thermales avoisinantes, est très peu probable. En effet, la plupart des géothermomètres indique plutôt des températures modérées (< 130-140 °C). Par ailleurs, ces eaux ont de faibles concentrations en lithium tandis qu’elles possèdent des concentrations relativement importantes en silice dissoute. Les valeurs beaucoup plus élevées en Li des fluides du Lamentin impliquerait pour les eaux thermales d’Absalon et de Didier un facteur très important de dilution du pôle chaud profond par des eaux superficielles (au moins de l'ordre de 1/20). Ceci est en quelque sorte en contradiction avec les valeurs élevées de silice dissoute observées sur ces eaux thermales (jusqu'à 130 mg/l) et leurs températures à l'émergence (35 °C), qui limitent plutôt l'importance de ce facteur de dilution. En revanche, les valeurs isotopiques en deutérium et en oxygène-18 mesurées ne sont pas en désaccord avec une éventuelle alimentation en eau douce des venues d’eaux des nouveaux puits d’exploration géothermique et des sources thermales de la plaine du Lamentin par des eaux du type de celles des sources thermales de Didier et d’Absalon. 3.4. TRAVAUX DE GÉOCHIMIE ULTÉRIEURS À LA RÉALISATION DES TROIS PUITS Dans la mesure où le puits de la pointe Desgras s’est avéré être sec et froid, seuls les puits d'Habitation Carrère et de Californie ont fait l’objet d’opérations complémentaires sur les venues d’eau recoupées par ces puits. Compte tenu de l’absence d’autorisation de déversement de ces fluides dans le milieu environnant proche, la mise en production de ces puits a été relativement limitée en raison du coût important engendré par 122 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) l’évacuation de ces fluides en camion citerne (société de nettoiement - assainissement SOMANET) vers une décharge agréée. Les objectifs principaux de ces travaux ont été : - d’améliorer la caractérisation chimique et isotopique des venues d’eau profondes en effectuant les analyses sur ces fluides, qui n’avaient pas pu être réalisées en raison du faible volume prélevé pendant les travaux de foration (en particulier, analyses isotopiques du carbone, du soufre et du bore) ; - d’obtenir une composition chimique et isotopique de ces venues d’eau aussi représentative que possible en s’affranchissant, au maximum, d’une influence probable du fluide de foration résiduel (eau du réseau + boue). 3.4.1. Puits d'Habitation Carrère a) Prélèvement d’échantillons de fluide et mesures sur site après mise en production du puits (du 20 novembre au 5 décembre 2001) Les travaux de mise en production du puits d'Habitation Carrère, effectués par M. Brach (BRGM) et J. Bruisson (ANTEA-Martinique), ont démarré le 20 novembre 2001. Ce jour-là, la cave a été vidangée afin d’accéder aux vannes de la tête de puits et une pompe MP1 a été installée. Le puits s’est avéré être légèrement artésien, uniquement à son ouverture. Le volume du puits étant de 4,10 m3 et compte tenu des conditions d’évacuation du fluide produit, l’objectif fixé était de pomper une vingtaine de m3. La mise en production du puits s’est fait sur plusieurs jours avec de nombreuses interruptions de production et des évacuations successives, par camion citerne, de fluide produit. Le débit de pompage utilisé au cours de cette opération, autour de 900 l/h (voire, parfois, des valeurs inférieures) a été réglé afin de ne pas trop perturber le niveau hydrostatique du puits au cours du pompage. L’essentiel du fluide produit provient très probablement de la venue d’eau principale observée autour de 350 - 400 m de profondeur. Les données obtenues sur le fluide au cours de la mise en production du puits sont reportées dans le tableau 13. On peut constater une certaine stabilité de la conductivité et du pH du fluide après une production cumulée d’environ 6 m3. Deux prélèvements de fluide et les mesures sur site correspondantes ont été effectués, après une production cumulée respective de 6,5 m3 et de 20,7 m3. Les mesures obtenues sur site sont reportées dans le tableau 14. Des conditionnements spécifiques tels que décrits dans le chapitre 3.2. ont été réalisés pour chaque type d’analyses recherchées (cations et anions majeurs, espèces traces et infratraces, deutérium, oxygène-18, tritium, carbone-13, carbone-14, soufre-34 et oxygène-18 des sulfates dissous, bore-11 et rapport isotopique 87Sr/86Sr). BRGM/RP-51671-FR 123 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Jour Heure 20/11/01 14 h 35 15 h 05 15 h 35 16 h 00 16 h 30 21/11/01 8 h 50 9 h 10 9 h 30 10 h 10 10 h 30 11 h 00 11 h 30 12 h 00 12 h 30-13 h 15 13 h 40 14 h 00 22/11/01 28/11/01 29/11/01 30/11/01 5/12/01 T Cond, 25°C (°C) (mS/cm) 35,2 1,62 38,2 1,68 39,5 1,72 39,9 2,00 39,8 3,23 31,2 3,16 38,2 7,39 38,6 11,08 39,7 11,92 40,1 12,09 40,8 12,20 41,2 12,88 41,5 16,60 pH Vcumulé Niveau (m3) statique (m) 0,00 8,54 8,55 1,80 pompage par M. Brach - J. Bruisson 7,54 7,55 apparition gaz libre arrêt de la production 19,00 19,69 6,07 6,08 5,85 15 h 00 15 h 45 8 h 00 41,1 19,62 6,08 6,50 8 h 50 9 h 50 10 h 50 15 h 30 8h h 15 14 h 00 15 h 15 7 h 30 8 h 30 14 h 30 9 h 45 9 h 55 10 h 10 11 h 00 11 h 30 31,8 37,9 38,3 41,0 34,3 40,6 40,7 34,5 38,1 40,9 18,40 20,00 19,60 20,00 19,62 19,57 19,72 19,14 19,80 19,80 6,28 35,8 37,3 39,6 40,1 19,90 6,20 6,15 6,09 6,12 11 h 30-14 h 30 14 h 45 15 h 00 pompage par M. Brach - J. Bruisson 0,90 40,7 41,0 prélèvement eau + gaz et mesures sur site fin du prélèvement 2,15 2,47 19,63 Remarques 6,03 6,12 6,05 6,06 6,09 5,98 6,07 6,07 6,50 7,10 7,70 10,7 10,7 2,42 pas de pression en tête de puits - fermeture du puits pompage par J. Bruisson 2,10 2,42 pompage par J. Bruisson 14,9 2,13 2,39 pompage par J. Bruisson 15,5 19,1 19,1 2,11 2,45 20,7 20,8 2,15 pompage par M. Brach - B. Sanjuan prélèvement d’eau et mesures sur site arrêt de la production mesure GLR (débit de pompage = 450 l/h) fermeture du puits Tabl. 13 - Données obtenues sur le fluide produit par le puits d'Habitation Carrère au cours de sa mise en production par pompage. 124 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Deux mesures de GLR (Gas-Liquid Ratio, tabl. 14) et un prélèvement de gaz libres en ampoule de verre ont également été effectués, à cette occasion. Echantillon Date 21/11/01 T (°C) 41,0 Cond. 25°C (mS/cm) 19,69 HABCAR-4 (tête de puits) HABCAR-5 (tête de puits) pH 6,08 Eh (mV) -172 5/12/01 40,1 19,63 6,12 -250 Ehcorr. O2 diss. O2 diss. Alc. GLR (mV) mg/l % méq/l volume 23 1,11 19 26,11 0,694 -54 0,37 7 25,60 0,301 Tabl. 14 - Mesures des paramètres physico-chimiques effectuées sur site concernant le fluide produit par le puits d'Habitation Carrère. b) Analyses et interprétation des résultats • Résultats des analyses chimiques et isotopiques effectuées sur le fluide produit par le puits Les deux échantillons d’eau prélevés ont fait l’objet de nombreuses analyses chimiques (cations et anions majeurs, espèces traces et infra-traces) dont les moyens analytiques utilisés et les incertitudes correspondantes ont déjà été décrits auparavant. Par contre, en ce qui concerne les analyses isotopiques, l’échantillon HABCAR-5, considéré comme le plus représentatif de la venue d’eau profonde et dont la composition chimique est, néanmoins, très similaire à celle de l’échantillon HABCAR 4, a été plus sollicité. Toutes les analyses isotopiques effectuées sur cet échantillon ainsi que les incertitudes correspondantes ont déjà également été détaillées auparavant, à l’exception de la détermination du bore-11, qui n’avait pas été réalisée antérieurement. Cette analyse est effectuée dans les laboratoires du BRGM par spectrométrie de masse (analyse sur mono-filaments de Ta en ions positifs). L’incertitude absolue sur les deux mesures, qui ont été réalisées sur l’échantillon HABCAR-5, a été, respectivement, de 0,08 et 0,09 ‰. Tous les résultats analytiques obtenus sur les deux échantillons d’eau prélevés sont reportés dans le tableau 6. Les valeurs de la balance ionique (B.I.), toutes inférieures à 5 %, suggèrent une bonne qualité des analyses des espèces majeures. Les gaz libres ont été analysés par chromatographie en phase gazeuse dans les laboratoires du BRGM. La composition chimique du prélèvement de gaz libres est reportée dans le tableau 15. Les résultats sont donnés avec une précision relative de 3 à 5 % pour des valeurs en milieu de gamme. BRGM/RP-51671-FR 125 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) • Interprétation des résultats Par rapport aux résultats obtenus sur les prélèvements d'eau effectués pendant la réalisation du puits, on peut constater, pour les deux nouveaux échantillons de fluide, que les valeurs des conductivités, des salinités (TDS ≈ 12,5 g/l) ainsi que des concentrations en nombreuses espèces - notamment en chlorure, sodium et bromure sont plus élevées (tabl. 6). Par contre, les valeurs des pH, des teneurs en deutérium et oxygène-18 ainsi que du rapport isotopique en strontium sont légèrement plus faibles. Tous ces résultats indiquent une contribution moins importante d'une eau de surface peu minéralisée. On peut penser que cette eau était le fluide résiduel de foration (eau douce) dont l'essentiel a dû être éliminé pendant la mise en production du puits. À partir des nouvelles valeurs obtenues sur les concentrations en chlorure, bromure et sodium ainsi que sur les teneurs en deutérium et en oxygène-18, on peut déterminer que le fluide de formation, recoupé par le puits d'Habitation Carrère, est alors constitué d'environ 30 % d'eau de mer et de 70 % d'eau douce (contre 20-25 % et 80-75 %, auparavant). On retrouve les proportions observées sur les fluides des sources thermales de la plaine du Lamentin. Les valeurs estimées de deutérium et d'oxygène-18 pour le pôle eau douce, qui se mélange à l'eau de mer, demeurent inchangées (fig. 40). Dans l’ensemble, à l’exception du phénomène de dilution, provoqué par la présence de fluide résiduel de foration, les caractéristiques chimiques et isotopiques du fluide du puits d'Habitation Carrère sont relativement peu modifiées par rapport aux résultats précédents. La position de ce fluide chloruré sodique demeure pratiquement inchangée dans les deux diagrammes de Giggenbach (fig. 38 et 44). Les valeurs des alcalinités obtenues sur les prélèvements d'eau effectués pendant la réalisation du puits sont confirmées et restent toujours élevées par rapport à celles des fluides des sources thermales avoisinantes et du puits de Californie. Combinées aux mesures de pH et des constantes d’équilibre des réactions de spéciation, ces valeurs permettent, en supposant que l’alcalinité soit essentiellement constituée d’ions bicarbonates, d’estimer le nombre minimal de moles de CO2 dissous dans 1 litre d’eau dans les conditions de tête de puits (T = 40 °C). En utilisant la constante de la loi de Henry correspondant à la solubilité du CO2 dans l’eau dans ces conditions, la connaissance de ce nombre aboutit à une valeur minimale de PCO2, en tête de puits, de l'ordre de 1,2 bar pour l’échantillon HABCAR-4 et de 1,1 bar pour l’échantillon HABCAR-5. La composition chimique des gaz libres (tabl. 15) indique que l'essentiel des gaz est composé de CO2. Les teneurs en H2S et en He sont apparemment très faibles. À partir des valeurs de GLR et de la composition chimique des gaz, on peut également calculer le nombre de moles de CO2 libre associé à un litre d’eau du puits. La somme du nombre de moles de CO2 libre ainsi déterminé et du nombre de moles de CO2 dissous permet alors d’estimer le nombre total de moles de CO2 dans l’eau, avant dégazage. À partir de ce nombre et de la loi de Henry, on obtient pour les échantillons HABCAR 4 et HABCAR-5 des valeurs de PCO2, avant dégazage, de l’ordre de 2,2 et 1,5 bar à 40 °C, respectivement. On trouve des valeurs de PCO2 d’environ 5,5 et 3,8 bar, à 100 °C. Ces 126 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) valeurs sont inférieures à celles estimées en supposant que les fluides des sources thermales et du puits de Californie soient à l’équilibre avec la calcite à 90 °C. La mesure du carbone-13 sur l'échantillon d'eau HABCAR-5 (-2,8 ‰) permet d'estimer, grâce aux équations de fractionnement entre espèces aqueuses (CO2 aqueux et HCO3) et CO2 gaz libre, une signature isotopique d'environ -5,2 ‰ à 40 °C ou, -3,1 ‰ à 90 °C, pour les émanations gazeuses de CO2 associées. Comme cela a déjà été évoqué pour les sources thermales avoisinantes, ces valeurs sont caractéristiques d'une origine magmatique des émanations gazeuses. Dans ces conditions, la mesure de carbone-14 ne peut être utilisée pour dater l'eau de formation recoupée par le puits. L’absence de tritium, observée sur les eaux des sources thermales avoisinantes, est également confirmée sur le fluide de ce puits. Tandis que pour la plupart des espèces traces (Sr, Ba, Mn, Li, Rb, Cs, As), les nouvelles valeurs obtenues sont légèrement supérieures aux précédentes et correspondent, le plus souvent, à l'élimination du fluide résiduel de foration pendant la mise en production du puits (fig. 42 et 43), les nouvelles valeurs des concentrations en fer et en bore sont beaucoup plus élevées. Les nouvelles concentrations en bore s'accordent mieux avec les données obtenues sur les fluides des sources thermales avoisinantes et du puits de Californie (fig. 42). Ces concentrations ainsi que les valeurs isotopiques du bore, mesurées sur l'échantillon d'eau HABCAR-5 (tabl. 6), sont caractéristiques d'eaux géothermales mais ne permettent pas de savoir si le bore provient de processus d'interaction entre fluide et roches (signature isotopique, par exemple, des laves d'arc insulaire comprise entre -6,3 et 7,3 ‰) ou entre fluide et gaz (signature isotopique des condensats de fumerolles comprise entre 2 et 8 ‰). Étant donné les proportions d’eau de mer (concentration en B de l’ordre de 4,6 mg/l et δ11B ≈ 40 ‰ ; Mossadik, 1997), qui constituent à l’origine les deux échantillons d’eau, il est évident que le bore apporté par l’eau de mer est négligeable face aux concentrations en bore mesurées. Les concentrations en Ge sont comparables à celles des fluides des sources thermales avoisinantes de la plaine du Lamentin (tabl. 6 et 8). Les mesures isotopiques en soufre-34 et oxygène-18 des sulfates dissous, réalisées sur l'échantillon d'eau HABCAR-5 (tabl. 6), traduisent, non seulement, une origine marine des sulfates dissous du fluide de formation mais également, la présence d'un processus de réduction bactérienne (Fouillac et al., 1990), beaucoup plus importante que celle observée sur les fluides des sources thermales avoisinantes et du puits Californie (voir chapitres 3.3.3 et 3.4.2). Compte tenu de ces résultats et de la diminution importante observée sur la concentration en sulfate dissous de l'échantillon d'eau HABCAR-5 par rapport aux échantillons précédents provenant du même puits, ce processus de réduction bactérienne semble être spécifique à cet échantillon. BRGM/RP-51671-FR 127 Puits Date Débit GLR CO2 (l/h) (en volume) (%) Habitation Carrère 21/11/01 900 Habitation Carrère 05/12/01 450 Californie 26/03/02 9000 O2 (%) N2 (%) Ar (%) He (%) H2 (%) H2S (%) CH4 (%) C2H6 (%) C 3H8 (%) Σ C4H10 (%) n-C4H10 (%) Σ C5 Σ C6 (%) (%) 0,694 0,301 96,5 < 0,001 < 0,001 < 0,001 < 0,005 1,18 < 0,005 1,17 < 0,0002 < 0,0002 < 0,0002 < 0,0002 < 0,0002 < 0,0002 0,994 98,8 < 0,001 < 0,001 < 0,001 < 0,005 2,51 < 0,005 0,28 < 0,0002 < 0,0002 < 0,0002 < 0,0002 < 0,0002 < 0,0002 Les résultats sont donnés avec une précision relative de 5 % pour les valeurs en milieu de gamme de 2 S,HH 2 et He. Les résultats sont donnés avec une précision relative de 3 % pour les valeurs en milieu de gamme des autres gaz. Composition chimique des gaz dissous. Puits Date Débit GLR CO2 O2 N2 Ar (l/h) (en volume) (mol/l) (mol/l) (mol/l) (mol/l) Californie 26/03/02 9000 0,994 He H2 H2S CH4 C2H6 C 3H8 Σ C4H10 n-C4H10 Σ C5 Σ C6 (mol/l) (mol/l) (mol/l) (mol/l) (mol/l) (mol/l) (mol/l) (mol/l) (mol/l) (mol/l) 1,9x10-2 1,4x10-5 2,5x10-4 4,6x10-6 <3,5x10-7 2,4x10-5 <2,2x10-6 4,1x10-6 <1,5x10-6 <1,4x10-8 <1,4x10-8 <1,4x10-8 <1,4x10-8 <1,4x10-8 BRGM/RP-51671-FR Tabl. 15 - Composition chimique des gaz libres et dissous sur les puits d'exploration d'Habitation Carrère et de Californie. Réalisation des trois puits d'exploration géothermique dans la plaine du Lamentin 128 Composition chimique des gaz libres. Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) L'application des géothermomètres chimiques sur les résultats analytiques obtenus pour les échantillons d'eau HABCAR-4 et HABCAR-5 mène à des conclusions semblables aux antérieures et des températures en profondeur de l'ordre de 90-130 °C peuvent être estimées (tabl. 12). L'application du géothermomètre isotopique 18O(H2O)-18O(SO4) aboutit à une température en profondeur de 111 °C, valeur en bon accord avec celles obtenues au moyen de nombreux géothermomètres chimiques. Cependant, il n'est pas du tout certain que l'équilibre isotopique sur lequel est basé ce géothermomètre soit atteint à cette température. L'application des géothermomètres à gaz (D’Amore and Panichi, 1980 ; Marini, 1987 ; Giggenbach, 1991) donne des valeurs de température en désaccord, ce qui suggère que ces gaz n’aient pas atteint l'équilibre thermodynamique à une température donnée. 3.4.2. Puits de Californie a) Prélèvement d’un échantillon de fluide et mesures sur site après mise en production du puits (26 mars 2002) Les travaux de mise en production du puits de Californie, effectués par M. Brach (BRGM) et J. Bruisson (ANTEA-Martinique), ont eu lieu entre le 26 et le 27 mars 2002. Ces travaux font suite à une opération de débouchage du puits menée avec succès par la CFG à la mi-mars 2002. En effet, une obstruction située à environ 286 m de profondeur empêchait de réaliser toute mesure sur ce puits. Après débouchage du puits, la CFG a pu effectuer les profils de mesures de température en fonction de la profondeur, qui n’avaient pas pu être menés à bien en juillet 2001, quelques mois après la réalisation de ce puits. Bien auparavant ces opérations, le 20 novembre 2001, la cave du puits avait été vidangée afin d’accéder aux vannes de la tête de puits et 120 l de fluide avaient été pompés à l’aide d’une pompe MP1. Les valeurs de température, de conductivité et de pH mesurées sur le fluide produit en fin de pompage furent, respectivement, de 33,2 °C, 2,65 mS/cm et 9,16. Le niveau statique à l’ouverture fut de 12,2 m et en fin de pompage de 27,47 m. Le 22 novembre 2001, un niveau statique de 27,13 m fut mesuré. Comme le puits était obstrué, on procéda à sa fermeture en attendant l’élimination de l’obstruction. Après l'installation de l’équipement nécessaire pour faire produire le puits (deuxième vanne de régulation, connexion citernage), sa mise en production s’est déroulée sur une seule journée (le 26 mars). À son ouverture, le puits s’est mis à produire naturellement, après dégazage du CO2 accumulé. Le débit moyen du puits a été de l’ordre de 9 m3/h ; sa production cumulée d’environ 31,2 m3. Plusieurs évacuations, par camion citerne, du fluide produit ont été nécessaires. L’essentiel de ce fluide provient très probablement de la venue d’eau principale observée autour de 400 m de profondeur. Les données obtenues sur le fluide au cours de la mise en production du puits sont reportées dans le tableau 16. On peut constater, au début de la production, une diminution brusque de la conductivité due au départ du fluide plus dense que la CFG avait utilisé pour déboucher le puits. BRGM/RP-51671-FR 129 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Jour Heure 26/03/02 8 h 10 8 h 20 8 h 25 8 h 30 8 h 45 9 h 13 9 h 30 10 h 00 10 h 25 11 h 10 11 h 45 12 h 26 13 h 20 T Cond. 25°C (°C) (mS/cm) 27,6 33,5 34,2 37,6 28,5 44,5 19,7 63,7 22,5 70,5 22,5 70,5 22,8 74,4 23,4 pH Ehbrut Vcumulé Débit (mV) (m3) (m3/h) 0,00 6,47 6,47 6,47 6,59 -150 66,5 72,8 22,3 22,1 6,37 6,35 -134 -141 73,6 20,6 6,04 -38 1,00 12,0 23,0 31,2 9,2 9,2 9,2 9,2 8,7 8,7 8,7 8,9 Tabl. 16 - Données obtenues sur le fluide produit par le puits de Californie au cours de sa mise en production. Le prélèvement du fluide, après passage par un serpentin de refroidissement, à la sortie de la tête de puits, et les mesures sur site correspondantes, ont été effectués en fin de production. Les mesures obtenues sur site sont reportées dans le tableau 17. Des conditionnements spécifiques tels que décrits dans le chapitre 3.2 ont été réalisés pour chaque type d’analyses recherchées (cations et anions majeurs, espèces traces et infratraces, deutérium, oxygène-18, tritium, carbone-13, carbone-14, soufre-34 et oxygène-18 des sulfates dissous, bore-11 et rapport isotopique 87Sr/86Sr). Une mesure de GLR (tabl. 17) et un prélèvement de gaz (gaz libres + gaz dissous) en ampoule de verre ont également été effectués, à cette occasion. Echantillon CALIF-2 (tête de puits) Date T T* Cond. 25°C pH Ehbrut Ehcorr. O2 diss. O2 diss. Alc. (°C) (°C) (mS/cm) (mV) (mV) mg/l % méq/l 26/03/02 73,6 40,0 20,6 6,04 -38 157 0,83 14 16,10 GLR vol. 0,994 * : température à laquelle ont été réalisées les mesures de pH, Eh et O2 dissous. Tabl. 17 - Mesures des paramètres physico-chimiques effectuées sur site concernant le fluide produit par le puits de Californie. b) Analyses et interprétation des résultats • Résultats des analyses chimiques et isotopiques effectuées sur le fluide produit par le puits Le seul échantillon d’eau prélevé a fait l’objet de nombreuses analyses chimiques et isotopiques (cations et anions majeurs, espèces traces et infra-traces, deutérium, 130 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) oxygène-18, tritium, soufre-34 et oxygène-18 des sulfates dissous, carbone-13, carbone-14, bore-11) dont les moyens analytiques utilisés et les incertitudes correspondantes ont déjà été décrits auparavant. Les incertitudes absolues sur l’analyse du bore-11 sont, respectivement, 0,11 et 0,09 ‰. Tous les résultats analytiques obtenus sur cet échantillon sont reportés dans le tableau 6, à l’exception des mesures de carbone-13 et carbone-14, qui ne nous sont pas encore parvenues. La valeur de la balance ionique (B.I.), inférieure à 5 %, suggère une bonne qualité des analyses des espèces majeures. Les gaz libres et dissous ont été analysés par chromatographie en phase gazeuse dans les laboratoires du BRGM. Les compositions chimiques des prélèvements de gaz libres et de gaz dissous sont reportées dans le tableau 15. Les résultats sont donnés avec une précision relative de 3 à 5 % pour des valeurs en milieu de gamme. • Interprétation des résultats Par rapport aux résultats obtenus sur le prélèvement d'eau effectué pendant la réalisation du puits, on peut remarquer, pour le nouvel échantillon, que les valeurs de conductivité, de salinité (TDS ≈ 13,2 g/l) ainsi que des concentrations en de nombreuses espèces - notamment en chlorure, sodium et bromure - sont plus élevées (tabl. 6). Par contre, les valeurs du pH, des teneurs en deutérium et oxygène-18 ainsi que du rapport isotopique en strontium sont légèrement plus faibles. Tout comme pour les derniers prélèvements de fluide du puits d'Habitation Carrère, on constate une contribution moins importante d'une eau de surface peu minéralisée. Cette eau est très probablement le fluide résiduel de foration (eau douce) dont l'essentiel a été éliminé pendant la mise en production du puits. À partir des nouvelles valeurs obtenues sur les concentrations en chlorure, bromure et sodium ainsi que sur les teneurs en deutérium et en oxygène-18, on peut déterminer que le fluide de formation, recoupé par le puits de Californie, est alors constitué d'environ 35 % d'eau de mer et de 65 % d'eau douce (contre 25 % et 75 % auparavant). Les valeurs estimées de deutérium et d'oxygène-18 pour le pôle eau douce, qui se mélange à l'eau de mer, demeurent inchangées (fig. 40). Cette proportion d’eau de mer est l’une des plus élevées parmi celles déterminées pour les échantillons de fluides des sources thermales de la plaine du Lamentin et des puits d’exploration. Elle est semblable à celle trouvée pour le fluide de l’ancien puits LA-101, si on considère que la concentration en chlorure de ce fluide avait été légèrement surestimée, comme semblent en témoigner les concentrations en sodium, potassium et magnésium, qui sont similaires à celles de ce nouvel échantillon. La composition chimique et isotopique de cet échantillon semble, donc, être bien la plus représentative de la venue d’eau chaude profonde recoupée par les puits LA-101 et de Californie. Si on compare ces résultats avec ceux obtenus sur les derniers prélèvements d’eau effectués sur le puits d'Habitation Carrère, il est fort probable que la venue d’eau profonde de ce dernier puits subit un faible processus de mélange avec une arrivée d’eau douce plus superficielle, qui a pour effet de la diluer légèrement et de la refroidir. Ce BRGM/RP-51671-FR 131 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) phénomène concernerait également la plupart des sources thermales de la plaine du Lamentin, dont les eaux indiquent des salinités et des concentrations en chlorure et en sodium comparables à celles du fluide du puits d'Habitation Carrère mais légèrement inférieures à celles du fluide du puits de Californie. Comme pour le puits d'Habitation Carrère, à l’exception du phénomène de dilution, provoqué par la présence de fluide résiduel de foration, les caractéristiques chimiques et isotopiques du fluide du puits de Californie sont, dans l’ensemble, peu modifiées par rapport aux résultats précédents. La position de ce fluide chloruré sodique demeure pratiquement inchangée dans les deux diagrammes de Giggenbach (fig. 38 et 44). La valeur d’alcalinité obtenue sur le nouvel échantillon est inférieure à celle déterminée sur l’échantillon prélevé pendant la réalisation du puits (probable contamination par la boue de foration) et à celles mesurées sur les échantillons de fluide du puits d'Habitation Carrère. Néanmoins, elle est comparable aux mesures effectuées sur les fluides des sources thermales avoisinantes. Tout comme pour le puits d'Habitation Carrère, on peut estimer, à partir des mesures d’alcalinité, de pH et des lois thermodynamiques, une valeur minimale de PCO2 dans les conditions de température de tête de puits (T = 73 °C). La valeur trouvée est de l’ordre de 1,5 bar et est en bon accord avec celle (1,35 bar), qui peut être déterminée à partir de l’analyse directe du CO2 dissous (tabl. 15). Il existe, donc, une bonne cohérence entre les mesures d’alcalinité (essentiellement constituée d’ions bicarbonates), de pH et de CO2 dissous. De même que pour le puits d'Habitation Carrère, la composition chimique des gaz libres (tabl. 15) indique que l'essentiel des gaz est composé de CO2. Les teneurs en H2S et en He sont, de nouveau, très faibles. À partir des mesures de CO2 dissous et de GLR ainsi que de la composition chimique des gaz et des lois thermodynamiques, il est possible d’estimer la valeur de PCO2, avant dégazage. Une valeur de PCO2 d’environ 3,9 bar est trouvée à 73 °C et de 5,1 bar à 100 °C. Ces valeurs sont comparables à celles estimées pour le puits Habitation Carrère et sont légèrement inférieures à celles déterminées en supposant que les fluides des sources thermales (source Habitation Carrère) soient à l’équilibre avec la calcite à 90 °C (tabl. 11). Les mesures de carbone-13 et carbone-14 ne sont pas encore disponibles mais devraient indiquer aussi une origine magmatique du CO2. L’absence de tritium, observée sur les eaux des sources thermales avoisinantes et sur le fluide du puits d'Habitation Carrère, est également confirmée sur le fluide de ce puits. Pour la plupart des espèces traces (Sr, Ba, Li, Rb, Cs, As, B), les nouvelles valeurs obtenues sont légèrement supérieures aux précédentes et correspondent, le plus souvent, à l'élimination du fluide résiduel de foration pendant la mise en production du puits (fig. 42 et 43). La concentration et la valeur isotopique en bore, mesurées sur l'échantillon d'eau CALIF-2 (tabl. 6), sont comparables à celles déterminées sur le fluide du puits d'Habitation Carrère et par conséquent, les mêmes conclusions s’appliquent à ce fluide. Les concentrations en Fe et en Mn sont faibles par rapport aux autres valeurs déjà mesurées et suggèrent la précipitation de phases minérales incorporant ces éléments. La 132 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) concentration en Ge est comparable à celle des autres fluides du puits d'Habitation Carrère et des sources thermales avoisinantes de la plaine du Lamentin (tabl. 6 et 8). Les mesures isotopiques en soufre-34 et oxygène-18 des sulfates dissous, réalisées sur l'échantillon d'eau CALIF-2 (tabl. 6), traduisent surtout une origine marine des sulfates dissous du fluide de formation. Un léger processus de réduction bactérienne (Fouillac et al., 1990), mais beaucoup moins important que celui observé sur l’échantillon HABCAR-5 (les concentrations en sulfates sont, d’ailleurs, beaucoup plus élevées), peut être également évoqué. Compte tenu de la proportion d’eau de mer (concentration en SO4 de l’ordre de 2 700 mg/l) qui constitue, à l’origine, le fluide du puits de Californie, il est évident qu’une partie des sulfates initiaux a disparu. L'application des géothermomètres chimiques sur les résultats analytiques obtenus pour l’échantillon d'eau CALIF-2 mène à des conclusions semblables aux antérieures et des températures en profondeur de l'ordre de 90-130 °C peuvent être estimées (tabl. 12). L'application du géothermomètre isotopique 18O(H2O)-18O(SO4) aboutit à une température en profondeur de 141 °C, ce qui ne semble pas étonnant dans la mesure où l'équilibre isotopique sur lequel est basé ce géothermomètre n’a pas été encore probablement atteint. Tout comme pour le puits d'Habitation Carrère, l'application des géothermomètres à gaz (D’Amore and Panichi, 1980 ; Marini, 1987 ; Giggenbach, 1991) donne des valeurs de température en désaccord, ce qui suggère que ces gaz n’aient pas atteint l'équilibre thermodynamique à une température donnée. 3.5. CONCLUSION En conclusion, les deux venues d'eau prélevées dans les puits d'Habitation Carrère et de Californie se situent à des profondeurs similaires. Malgré la différence de température mesurée dans les puits, elles possèdent des compositions chimiques et isotopiques assez proches. Ce sont des eaux chlorurées sodiques carbo-gazeuses (PCO2 minimale d’au moins 1 bar), avec une salinité de l'ordre de 12-13 g/l et un pH mesuré autour de 6,0 - 6,1. La valeur de ce pH est, très probablement, plus basse dans la formation si on considère qu'un dégagement de CO2 a pu avoir lieu avant le prélèvement de ces eaux. Les émanations gazeuses observées dans la plaine du Lamentin sont essentiellement constituées de CO2 d’origine magmatique. Les valeurs de PCO2 en profondeur peuvent être relativement importantes (> 1 bar). Par rapport au fluide du puits LA-101 ou aux eaux des sources thermales avoisinantes, qui possèdent des caractéristiques chimiques et isotopiques semblables, il apparaît que les venues d'eau des deux puits d'exploration, prélevées au cours de la réalisation de ces puits, ont été légèrement diluées par le fluide résiduel de foration. Les prélèvements d'eau réalisés après la mise en production de ces puits montrent que la venue d'eau du puits de Californie a une salinité comparable à celle de l'eau du puits LA-101 ou de certaines sources thermales avoisinantes. La venue d'eau du puits d'Habitation Carrère a une salinité légèrement plus faible et semble subir un léger processus de mélange avec une eau douce superficielle, tout comme d’autres sources thermales avoisinantes. La signature isotopique en soufre-34 et oxygène-18 des sulfates dissous, dans la plupart des BRGM/RP-51671-FR 133 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) échantillons d’eau des puits d’exploration et des sources thermales avoisinantes, témoigne de l’origine marine de ces eaux mais aussi de la présence d’un processus de réduction bactérienne des sulfates (transformation des sulfates en sulfures). Ce processus est faiblement visible sur les échantillons d’eau provenant du puits de Californie et des sources thermales avoisinantes. Probablement favorisé par les conditions modérées de température, il est nettement plus important sur l’un des échantillons prélevé au cours de la mise en production du puits d'Habitation Carrère, où une baisse anormale de la concentration en sulfates est également observée. Les températures en profondeur de ces venues d'eau sont estimées être de l'ordre de 90-130 °C au moyen des géothermomètres chimiques, qui peuvent être utilisés dans le contexte de la plaine du Lamentin. Ces valeurs de température sont concordantes avec celles obtenues à partir des compositions chimiques des eaux des sources avoisinantes. Les concentrations relativement élevées en magnésium et en sulfates de ces eaux ainsi que leur absence d'enrichissement net en oxygène-18 des roches sont plutôt en accord avec l'estimation modérée de température donnée par les géothermomètres chimiques. Le fait que la venue d'eau du puits d'Habitation Carrère, traversée environ à la même profondeur que l'une des venues d'eau du puits de Californie (400 m), soit beaucoup plus froide que cette dernière et celle rencontrée par le puits LA-101 (environ 50 °C contre 90 °C), semble indiquer que la source de chaleur se situerait probablement au nord de la plaine du Lamentin et qu'il s'agirait d'un écoulement latéral de direction plutôt NW-SE. La composante eau de mer du fluide géothermal suggère que le réservoir dont il est issu n'est pas trop éloigné de la mer. Les données isotopiques de deutérium et d’oxygène- 18 montrent que le pôle eau douce de ce fluide a une aire de recharge semblable à celle des eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon, situées au nord-ouest de la plaine du Lamentin. Cette aire pourrait, très probablement, être localisée sur le versant sous le vent du massif des pitons du Carbet, localisé à 15 km de cette plaine. Le contexte géologique (direction générale des failles NW-SE, mise en place des coulées, distribution spatiale des sources thermales de la plaine du Lamentin) est en bon accord avec une alimentation en eau douce du réservoir géothermique de ce type. L’absence d’origine marine des eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon suggère que le mélange entre l’eau de mer et l’eau douce s’opère dans une zone plutôt située au sud-est de ces sources et au nord-ouest de la plaine du Lamentin. En revanche, aucun indice de réservoir haute enthalpie n’a été mis en évidence à partir des compositions chimiques et isotopiques des eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon, qui suggèrent plutôt des températures en profondeur de l’ordre de 100-130 °C, semblables à celles estimées dans la plaine du Lamentin. 134 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 4. Profils de mesures de température et de pression en statique dans les trois nouveaux puits d'exploration géothermique 4.1. ANTÉCÉDENTS Pour simplifier, les forages de pointe Desgras, Carrère et Californie ont également été numérotés LA-01, LA-02 et LA-03, respectivement (fig. 1 de l’annexe 10C1). Des transitoires de température, thermométries, ont été exécutés lors de la réalisation des trois forages afin de déterminer la distribution des températures en profondeur. La température de formation non perturbée par la circulation des fluides de forage (température extrapolée) a été obtenue par la méthode HORNER. 4.2. OBJECTIFS Pour valider les températures extrapolées obtenues lors des travaux de forage, il a été décidé de réaliser un programme de profils de mesures de température en statique sur les trois puits forés. Ces mesures ont été réalisées à l’aide d’une sonde KUSTER. En outre, ces profils de mesures de température en conditions thermiques non perturbées devaient permettre : - l’analyse des régimes thermiques (conduction, convection et inversion de gradient) ; - le calcul du gradient géothermique dans les intervalles de régime thermique conductif ; - la comparaison des profils de température des trois puits entre eux ainsi qu’avec le puits de référence LA-101. Par ailleurs, ont été effectués des mesures de niveau hydrostatique et des profils de pression hydrostatique dont les données complètent la caractérisation des conditions thermo-hydrauliques rencontrées par les trois forages. Deux campagnes de mesures de température et de pression ont été effectuées : - l’une sur les trois puits, entre le 15 et le 22 juillet 2001, par H. Correia et J. Bruisson (ANTEA) ; - l’autre, uniquement sur le puits de Californie, le 13 mars 2002, par B. Herbrich (CFG), après l’élimination de l’obstruction rencontrée à environ 286 m de profondeur (travaux du 6 au 16 mars 2002 ; CFG, 2002). 1 Les figures sont présentées dans l’annexe 10C. BRGM/RP-51671-FR 135 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 4.3. RÉSULTATS DU LOGGING STATIQUE DE MESURES DE TEMPÉRATURE Lors de la réalisation des opérations de logging, il a été pris en compte la géométrie de complétion de chaque puits afin de positionner (en profondeur) les réductions de diamètre des tubages et le cas échéant, les profondeurs des transitions tubage/découvert (ann. 10A). Les enregistrements bruts de la pression et de la température avec les références de l’élément KPG et KT sont disponibles au BRGM. Les tableaux comportant toutes les données relatives aux mesures de température (et de pression) statiques réalisées sur les trois puits sont présentés dans l’annexe 10B. Dans le souci de réduire le risque de perte d’équipement, il a été initialement prévu de ne pas « logger » les découverts des puits LA-02 et LA-03. Finalement, comme la complétion du puits LA-01 est en « open-hole en diamètre HQ » à partir de 400 m de profondeur, il a été décidé de réaliser le profil jusqu’à 900 m de profondeur afin d’obtenir un recouvrement entre le profil de température statique et celui obtenu lors du forage. En cours d’exécution du profil de température statique du puits LA-01, vers 600 m de profondeur, des doutes sont apparus sur le bon fonctionnement de l’indicateur de profondeur du treuil. La décision de stopper le profil à 700 m de profondeur a donc été prise. Lors de la remontée, on a constaté un décalage de -25 m dans la profondeur indiquée par rapport à la référence « 0 m » en début de descente (0 m élément en butée de stuffing box), ce qui a provoqué l’incident mentionné antérieurement. 4.4. PROFIL STATIQUE DE MESURES DE TEMPÉRATURE DANS LE PUITS LA-01 (POINTE DESGRAS) Le forage LA-01 a été arrêté à la profondeur de 939,55 m, le 5 janvier 2001. Le profil de température statique a été réalisé le 20 juillet 2001, soit 6 mois et 15 jours après la fin de circulation. Cet intervalle de temps garantit que, dans les conditions de réalisation du profil statique de température, le puits LA-01 a récupéré son état thermique naturel. Dans la figure 2 de l’annexe 10C, est présenté le profil de température statique et, pour comparaison, celui obtenu à partir des valeurs de la température extrapolée en cours de forage. Les deux profils sont presque parallèles, le profil de température statique étant décalé de -3 °C environ par rapport au profil obtenu à partir des températures extrapolées. Ce décalage de -3 °C entre les deux profils doit découler d’un problème de « ligne de base ». En effet, l’élément de température utilisé lors de la réalisation des thermométries en cours de forage et pour cette campagne de mesures, a été le même (KT Réf. V1756). 136 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Cet élément couvre une plage de température de 0 à 103 °C. Le montage du stylet et le tracé de la ligne de base à la température ambiante ≅ 30 °C obligent le « forçage en butée 0 °C » du stylet de l’enregistreur lors de son montage sur l’élément de température ainsi que lors du traçage de la ligne de base. Ces manipulations par différents opérateurs sont susceptibles d’erreurs pouvant produire un décalage de quelques °C entre les mesures de température réalisées. Malgré ce décalage, on peut conclure qu’il n’existe pas une différence significative entre les températures des deux profils ; par conséquent, les températures extrapolées, obtenues lors des thermométries réalisées en cours de forage, sont validées. La géométrie du profil de température du puits LA-01, pointe Desgras (fig. 2 de l’annexe 10C), montre que la température augmente peu à peu avec la profondeur. Cette augmentation de la température avec la profondeur est caractéristique des régimes thermiques où le mécanisme de transmission de chaleur se réalise essentiellement par conduction. En géothermie, les transferts thermiques par conduction sont typiques soit des formations imperméables, qui constituent, en général, la couverture thermo-hydraulique (cap rock) d’un aquifère (réservoir), soit en absence de réservoir géothermique. L’augmentation régulière de la température correspond alors au gradient géothermique local. En effet, lors de la réalisation du forage de LA-01, il n’a pas été constaté de pertes de circulations significatives, ce qui indique que le puits n’a pas traversé des formations perméables. Ce fait est en parfait accord avec le régime thermique conductif constaté tout au long du profil statique de température. Par ailleurs, signalons que le gradient géothermique2 de LA-01 est de 2,86 °C/100 m, donc identique au gradient géothermique normal (3 °C/100 m). La faible température (47 °C à 700 m de profondeur) et le manque de perméabilité constaté tout au long du forage LA-01 amènent à conclure, qu’actuellement, il n’existe pas de ressource géothermique exploitable (basse, moyenne ou haute enthalpie) sur le site de pointe Desgras. 4.5. PROFIL STATIQUE DE MESURES DE TEMPÉRATURE DANS LE PUITS LA-02 (HABITATION CARRÈRE) Le puits LA-02 a été arrêté à la profondeur de 816,15 m, le 23 février 2001. Le profil de température statique a été réalisé le 19 juillet 2001, soit environ 4 mois et 24 jours après la fin de circulation. Cet intervalle de temps garantit que, dans les conditions de réalisation du profil statique de température, le puits LA-02 a récupéré son état thermique naturel. 2 La température de base que nous adoptons pour calculer le gradient géothermique en Martinique est de 26 °C. BRGM/RP-51671-FR 137 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Comme on peut le vérifier dans la figure 3 de l’annexe 10C, il y a un excellent accord entre les températures statiques mesurées et les températures extrapolées en cours de forage, donc celles-ci sont validées. Au contraire du profil de température statique du puits LA-01, celui du puits LA-02 montre des perturbations thermiques (fig. 3 de l’annexe 10C), notamment : - un régime thermique essentiellement « par conduction » avec un gradient géothermique relativement élevé jusqu’à 300 m de profondeur, ce qui indiquerait une zone de faible perméabilité, agissant comme couverture d’un aquifère chaud ; - une zone isotherme ≈ 50 °C, qui se développerait de 300 à 425 m de profondeur, indiquant un régime thermique convectif lié à la circulation de fluide dans un horizon perméable (1er aquifère). Il convient de signaler que lors de la foration de cette zone, il a été enregistré des pertes de circulation qui ont posé des difficultés lors de la cimentation du tubage 4 ½ " ; - en dessous de 425 et 600 m de profondeur, la température présente une légère inversion : -4 °C ; - une zone isotherme de 46 °C entre 600 et 650 m de profondeur, indiquant une circulation convective de fluide probable à travers un horizon perméable (2e aquifère ?) ; - en dessous de 650 m, la température augmente pas à pas, indiquant un régime thermique à nouveau du type conduction. Le puits LA-02 a définitivement traversé, entre 300 et 650 m de profondeur, un système aquifère hydrothermal de basse température. Les cimentations réalisées pour permettre la pose du tubage de 4 ½" ont certainement réduit la perméabilité du 1er aquifère. Le 2e aquifère, zone isotherme de 46 °C entre 600 et 650 m de profondeur, est hypothétique. Il faut souligner que le gradient géothermique des deux zones de régime thermique par conduction est du même ordre de grandeur. Entre elles, s’inscrit une zone à régime thermique convectif - aquifère - caractérisé par la circulation de fluide à une température d’environ 50 °C. La réalisation d’essais de production pour évaluation de la capacité de production du système aquifère traversé par le puits LA-02 risque d’amener à des résultats non représentatifs car l’aquifère de 300 m est partiellement couvert par le casing 4 ½ " et sa perméabilité a certainement été endommagée lors de sa cimentation. Si on extrapole la température mesurée à 650 m de profondeur vers 1 000, 1 500 et 2 000 m (en admettant que le régime thermique est de type « conduction »), on obtient respectivement les températures de 67, 98 et 128 °C. Il semble, donc, que, dans la région de Carrère, il n’existe pas un système géothermique profond avec une capacité de production d’électricité en conditions économiquement rentables. L’aquifère identifié est de basse enthalpie. 138 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 4.6. PROFIL STATIQUE DE MESURES DE TEMPÉRATURE DANS LE PUITS LA-03 (CALIFORNIE) Le puits LA-03 a été arrêté à la profondeur de 1 000,25 m, le 6 avril 2001. Le profil de température statique a été réalisé le 19 juillet 2001, soit environ 3 mois et 14 jours après la fin de circulation. Cet intervalle de temps garantit que, dans les conditions de réalisation du profil statique de température, le puits LA-03 a récupéré son état thermique naturel. Lors de la réalisation du profil de température statique, une obstruction a été identifiée à 286 m de profondeur dans le casing de 4 ½ " du puits LA-03. Ceci ne nous a pas permis d’obtenir un profil de température complet du puits. Cependant, pour la zone de recouvrement entre le profil de températures extrapolées et celui de températures statiques mesurées (fig. 4 de l’annexe 10C), on constate que : - le profil de températures extrapolées est similaire à celui des températures statiques mesurées ; - les températures mesurées en dessous de 150 m de profondeur sont non stabilisées sur l’enregistrement (le palier de température à chaque profondeur croît jusqu’à la fin du temps d’enregistrement, soit de 5 ou 10 mn) ; - les deux profils de température (extrapolée et mesurée) montrent un régime conductif à « fort gradient géothermique ». Cette zone correspond à la couverture de l’aquifère de 400 m de profondeur dont la température maximale est proche de 90 °C. À partir de ces données, il est possible d’affirmer que, dans la région de Californie, il existe un système aquifère de basse à moyenne enthalpie dont la capacité de production mérite d’être évaluée afin de définir les possibilités d’utilisation. La réalisation d’essais de production pour évaluer la capacité de production et les paramètres thermo-hydrauliques du système aquifère exigent d’abord que l’obstruction identifiée à 286 m soit éliminée. L’obstruction rencontrée a été éliminée par la CFG du 6 au 16 mars 2002 au moyen d’opérations de nettoyage du puits (CFG, 2002). Les mesures de température effectuées à l’aide de la sonde KUSTER le 13 mars 2002 sont reportées sur la figure 46 et confirment les résultats obtenus pendant la réalisation du puits. En raison de l’absence d’autorisation de rejet du fluide produit par ce puits, un test de production de longue durée n’a pas pu être mené à bien. 4.7. PROFILS DE MESURES DE PRESSION HYDROSTATIQUE Chaque puits a été l’objet d’un profil de pression statique dans le but de : - obtenir la profondeur du niveau hydrostatique ; - pour les puits avec pression en tête de puits, caractériser le type de pression (artésienne ou gaz) ; BRGM/RP-51671-FR 139 50 100 Températures statiques mesurées le 13/03/02 30 Températures statiques mesurées le 19/07/01 Temp. extrapolée d'après mesures pendant forage 40 50 60 70 80 90 Prof. (m) dans fluide foration Anomalies conduc. Temp. fluide foration Indices perméabilité Log Failles Prof. (m) Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 50 37° fluide froid 100 150 150 200 200 45° 250 250 300 300 47,5° 350 400 350 51° fluide géoth. 400 450 450 500 500 550 550 600 fluide géoth. 600 650 650 700 700 750 750 800 fluide géoth. 800 850 850 900 900 950 950 1000 1000 Fig. 46 - Report des profils de température mesurés dans le puits de Californie pendant et après la réalisation du puits (CFG, 2002). 140 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) - déterminer le gradient hydrostatique ; - corréler le gradient hydrostatique avec la température. Les profils de pression hydrostatique des puits LA-01, LA-02 et LA-03 sont représentés respectivement dans les figures 5, 6 et 7 de l’annexe 10C. Sauf le puits LA-2 dont le niveau hydrostatique oscille entre le niveau du sol et une légère influence artésienne, les deux autres puits LA-01 et LA-033 présentent leur niveau hydrostatique à 0,61 m et à 19,60 m de profondeur, respectivement. Le gradient hydrostatique obtenu est de : - 0,1013 kg/cm².m en LA-01 ; - 0,1005 kg/cm².m en LA-02 ; - 0,0977 kg/cm².m en LA-03. Sachant que le gradient de pression hydrostatique dépend4 de la densité du fluide et que celle-ci décroît avec la température et croît avec la salinité, ces gradients, à salinité égale, sont, donc, en accord avec les températures mesurées : le plus fort gradient, 0,1013 kg/cm².m, correspond à la colonne d’eau de plus forte densité, donc de plus faible température (LA-01), et le plus faible gradient hydrostatique, 0,0977 kg/cm².m, à la colonne d’eau de plus faible densité, donc de plus forte température (LA-03). 4.8. CONCLUSIONS Sur l’ensemble des trois puits forés, seul LA-03, localisé sur le site de Californie, révèle des températures légèrement supérieures à celles mesurées dans le puits LA-101 foré par EURAFREP sur le site de la Lézarde (fig. 8 de l’annexe 10C). Le maximum de température dans ces deux puits correspond à un aquifère localisé entre 200 et 300 m de profondeur en LA-101 et 300 et 400 m en LA-03. L’inversion de gradient de température qu’on retrouve sur les deux puits en dessous de l’aquifère (fig. 8 de l’annexe 10C), montre qu’il s’agit d’un système géothermique basse/moyenne température de type « écoulement latéral » (lateral flow), en position certainement distale par rapport au système géothermique principal. Ce système est vraisemblablement plus chaud, mais il est impossible de le localiser avec les données disponibles. Si l’on considère que les pertes thermiques sont essentiellement dues à la dissipation de la chaleur par conduction, la décroissance de température de LA-03 vers LA-02 définit le sens de l’écoulement. 3 Mesuré directement. BRGM/RP-51671-FR 141 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) L’écoulement latéral est certainement contrôlé par un des systèmes de failles cartographiées mais il est impossible d’identifier celle(s) qui sert (servent) de drain. Les résultats obtenus confirment que l’anomalie géothermique dans la zone de la plaine du Lamentin, objet des forages réalisés par EURAFREP et CFG, est localisée entre le puits de gradient LA-2 et le slim-hole LA-03 (voir les localisations dans la figure 1 de l’annexe 10C). 142 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 5. Conclusion L e BRGM a mené des travaux d’accompagnement scientifiques sur les trois forages d’exploration géothermique (pointe Desgras, Carrère, Californie) réalisés par la CFG dans la plaine du Lamentin (Martinique). Ces travaux se répartissent suivant trois domaines principaux : la géologie, la géochimie des fluides, des mesures de profils de pression et de température en statique, après la phase de foration. Le BRGM a également réalisé une campagne de mesures sur site et d'échantillonnage des eaux des sources thermales avoisinantes. L’étude géologique réalisée a contribué à préciser sur chaque forage les caractéristiques des réseaux de fractures, la nature des terrains traversés ainsi que d’apporter des données sur la composition géochimique des laves prélevées en profondeur et sur la nature des altérations hydrothermales. Ces travaux ont permis une meilleure connaissance et compréhension du système géothermique basse à moyenne enthalpie, qui avait été déjà mis en évidence par la réalisation du puits LA-101, en 1969. Par contre, aucun indice de fluide géothermal de haute température n'a été observé. Les conditions de température mesurées au fond des puits ne dépassent pas 80 °C et les gradients thermiques estimés sont relativement faibles. Les gradients les plus forts ont été déterminés dans la zone où se trouvent les puits LA-101 et de Californie. L’absence de laves massives, comme celles observées à pointe Desgras ou à Carrère, montre que les formations géologiques traversées à Californie traduisent l’individualisation d’un fossé et son remplissage par des dépôts volcano-clastiques. L'examen des carottes des puits de pointe Desgras et d'Habitation Carrère témoigne de la présence d'un ou plusieurs systèmes géothermiques haute enthalpie fossiles, dont les indices en surface avaient conduit à retenir le secteur du Lamentin comme cible potentielle pour l'exploration géothermique. On constate que le substratum géologique, dans ces zones, a bien été le siège d’une intense fracturation (réservoir fracturé) mais qui a eu tendance à se colmater par des dépôts hydrothermaux lors de paléo-épisodes de circulations de fluides. En effet, à pointe Desgras où aucune perméabilité actuelle n’a été mise en évidence, des minéraux de haute température (épidote) ont été rencontrés mais la quasi-totalité des fractures observée est bouchée par des carbonates parfois géodiques. À Carrère, des failles importantes soulignées par un important halo d’altération sont le siège de circulations actuelles mais avec des conditions de température basses. Se superposant à un système fossile de haute température, le système hydrothermal basse à moyenne température de la plaine du Lamentin reconnu par forage est contrôlé par un système de failles NW-SE à WNW-ESE, qui détermine la structure profonde probable en graben de cette zone. Les indices de l’activité hydrothermale (alignements des sources, structures des isothermes, outflow dans Californie) sont concentrés dans la partie septentrionale du prospect. BRGM/RP-51671-FR 143 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Le système hydrothermal actuel est constitué d'un fluide géothermal porté à une température autour de 90-130 °C en profondeur, d'après la plupart des géothermomètres chimiques, qui peuvent être utilisés dans le contexte de cette zone. Ce fluide, chloruré sodique, carbo-gazeux (PCO2 minimale d'un bar), d'une salinité d'environ 13 g/l et possédant un pH proche de 6, est composé, à l’origine, d'environ 35 % d'eau de mer et de 65 % d'eau douce d'origine météorique. Les fortes pressions de CO2 en profondeur estimées dans la plaine du Lamentin (> 1 bar), ainsi que les processus d'interaction avec les roches volcaniques telles que les andésites, l'enrichissent, par rapport à une eau de mer diluée, en calcium, bicarbonates, silice dissoute, lithium, bore, rubidium, césium et de nombreux métaux et l'appauvrissent en magnésium et en sulfates. Les concentrations relativement fortes en ces deux dernières espèces et l'absence d'un enrichissement net en oxygène-18 des roches semblent être en bon accord avec les températures modérées estimées en profondeur. Les légères différences de salinité observées sur les fluides des puits d’exploration et des sources thermales avoisinantes peuvent s’expliquer par un degré variable de mélange entre le fluide géothermal profond et une venue d’eau douce superficielle. Les fluides des puits LA-101 et de Californie ne semblent pas être affectés par ce processus de mélange. Ceux du puits d'Habitation Carrère et de certaines sources thermales avoisinantes le sont très légèrement. Le fait que le puits de pointe Desgras soit relativement froid et que la venue d'eau du puits d'Habitation Carrère, traversée environ à la même profondeur que l'une des venues d'eau du puits de Californie (400 m), soit beaucoup moins chaude que cette dernière et celle rencontrée par le puits LA-101 (environ 50 °C contre 90 °C), semble indiquer que la source de chaleur se situerait probablement au nord de la plaine du Lamentin et qu'il s'agirait d'un écoulement latéral de sens général plutôt NW-SE. L'inversion de gradient de température que l'on retrouve sur les deux puits en dessous de la zone correspondant à la présence de l'aquifère est en bon accord avec l'hypothèse de l'écoulement latéral. La composante eau de mer du fluide géothermal suggère que le réservoir dont il est issu n'est pas trop éloigné de la mer. Les données isotopiques de deutérium et d’oxygène-18 montrent que le pôle eau douce de ce fluide a une aire de recharge semblable à celle des eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon, situées au nord-ouest de la plaine du Lamentin. Cette aire pourrait, très probablement, être localisée sur le versant sous le vent du massif des pitons du Carbet, localisé à une quinzaine de kilomètres de cette plaine. Le contexte géologique (direction générale des failles NW-SE, mise en place des coulées, distribution spatiale des sources thermales de la plaine du Lamentin) est en bon accord avec une alimentation en eau douce du réservoir géothermique de ce type. L’absence d’origine marine des eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon suggère que le mélange entre l’eau de mer et l’eau douce s’opère dans une zone plutôt située au sud-est de ces sources et au nord-ouest de la plaine du Lamentin. En revanche, aucun indice de réservoir haute enthalpie n’est observé à partir des compositions chimiques et isotopiques des eaux des sources thermales de Didier et d’Absalon, qui suggèrent plutôt des températures en profondeur de l’ordre de 100-130 °C, semblables à celles estimées dans la plaine du Lamentin. 144 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) La mise en production des puits d'Habitation Carrère et de Californie, même si elle a été limitée en raison de l’absence d’autorisation de rejet et du coût élevé de citernage vers une décharge, a permis de prélever des échantillons d’eau aussi représentatifs que possible des venues d’eau profondes et a donné, dans un premier temps, une estimation grossière des débits de décharge de ces puits, qui ne semblent pas être très élevés. Il semble important, à l'avenir, de mieux caractériser la capacité de production de la ressource géothermique de moyenne température mise en évidence dans la plaine du Lamentin en menant des tests de production sur les puits d'Habitation Carrère et de Californie mais aussi sur de nouveaux ouvrages, plus adaptés, dont le choix du nombre et de la localisation doit faire l'objet de travaux complémentaires. Remerciements : Nous tenons à remercier pour leur accueil et leur aimable collaboration : - la Compagnie française de géothermie et, en particulier, M. Degouy et H. Traineau ; - la société FORACO ; - Monsieur R. Verdier (assistant géologue) pour la qualité du travail réalisé sur les carottes et les cuttings ; - Mme Baly de l’usine d’embouteillage de Fontaine Didier ; - M. Daniel Libon, propriétaire du sondage superficiel d’Habitation Carrère ; - M. Luc Closset, directeur du SGR/Antilles. BRGM/RP-51671-FR 145 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 146 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Références bibliographiques Andreieff P., Bouysse Ph., Westercamp D. (1989) - Géologie de l’arc insulaire des Petites Antilles et évolution géodynamique de l’Est Caraïbe. Documents du BRGM n° 171. Arnorsson S. (1975) - Application of the silica geothermometer in low temperature hydrothermal areas in Iceland. Amer. J. Sci., 275, p. 763-784. Arnorsson S. and Gunnlaugsson E. (1983) - The chemistry of geothermal waters in Iceland. III. Chemical geothermometry in geothermal investigations. Geochim. Cosmochim. Acta, 47, p. 567-577. Benauges (1981) - Étude géochimique et isotopique et circulation des eaux de sources chaudes, sources froides et rivières aux abords du volcan de la SoufrièreGuadeloupe. Thèse 3e cycle, Université Paris VI, 85 p. 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394,80 418,55 450,52 453,55 461,72 463,25 498,55 525,30 538,40 549,40 567,59 570,28 582,15 625,55 625,97 628,70 655,08 669,06 708,70 710,75 744,33 786,57 392,10 394,80 418,40 450,20 453,55 461,55 463,02 498,55 524,92 538,05 548,75 567,55 569,92 581,79 625,31 625,92 627,30 655,02 669,06 708,70 710,25 744,33 786,57 786,91 1 1 1 7 16 17 19 19 28 35 39 42 46 47 50 61 61 62 69 73 83 83 92 103 1 1 7 16 17 19 19 28 35 39 41 46 47 50 61 61 62 69 73 83 83 92 103 103 786,71 792,50 795,35 825,55 830,32 834,40 837,55 854,34 868,98 879,67 887,25 891,60 896,53 902,25 903,42 318,50 922,91 937,75 938,54 792,50 793,78 825,55 830,29 832,86 837,55 854,34 868,98 879,67 886,88 891,60 896,48 902,14 902,46 914,09 322,91 927,25 938,31 939,72 103 104 105 113 114 115 116 120 124 127 129 130 131 133 133 136 137 141 141 104 105 113 114 115 116 120 124 127 129 130 131 133 133 136 137 141 141 141 BRGM/RP-51671-FR Génératrices Carottes Forage pointe Desgras Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Problèmes liés à l'extraction dans faciès sain Tronçon cohérent, sans génératrices 23 et 24 continuité possible avec les Morceaux de carotte, Core disking dan sfaciès rouge argileux Morceaux de carotte, cassée sur fracture Morceaux de carotte, Pb de carottage Morceaux de carotte Morceaux de carotte Morceaux de carotte Morceaux de carotte, pb de forage : F=3,90-R=0,55 Morceaux de carotte Morceaux de carotte Fin de forage, Cote foreur 939,55 m 157 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) N° Cote début Cote fin 1 2 3 4 5 6 7 8 9 391,88 393,70 400,60 404,17 404,74 407,01 407,53 410,71 414,60 393,70 396,00 404,17 404,74 407,01 407,53 410,71 413,93 415,32 1 2 3 4 4 5 5 6 7 2 2 4 4 5 5 6 6 7 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 400,40 402,10 402,65 406,99 413,85 417,25 427,82 428,45 429,88 431,43 436,17 442,69 455,63 470,35 471,30 477,15 487,30 496,50 502,10 513,43 545,00 575,15 581,77 586,31 593,70 598,52 602,31 604,15 605,15 608,65 611,98 614,30 615,53 401,96 402,65 406,99 412,32 414,90 418,75 428,45 429,88 431,23 434,50 442,65 455,63 466,04 470,95 472,28 480,02 496,39 496,85 513,32 544,95 573,70 581,19 586,30 588,90 598,05 602,16 604,15 605,15 608,12 610,67 614,30 615,53 616,85 12 12 12 13 15 16 18 18 18 19 20 21 23 27 27 28 30 32 32 35 41 47 48 49 51 52 53 53 53 54 55 55 55 12 12 13 15 15 16 18 18 18 19 21 23 26 27 27 28 31 32 35 41 47 48 49 50 52 53 53 53 54 54 55 55 56 158 Caisse Caisse début fin Génératrices Carottes, Forage Habitation Carrère Roche déstructurée, Argiles blanches Pas de mesure structurale Pas de mesure structurale Morceaux de carottes avec structures Morceaux de carottes, Fin de LA02A, Reprise de LA02B, Morceaux de carottes avec structures Pas de mesure structurale Morceaux de carottes Roche déstructurée, Argiles blanches Roche déstructurée, Argiles blanches Morceaux de carottes, Fin du HQ Pas de mesure structurale, Morceaux de carottes cohérents 1 Morceau de carotte Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes 1 Morceau de carotte Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Pas de mesure structurale Morceaux de carottes Morceaux de carottes Pas de mesure structurale Morceaux de carottes BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) N° 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 Cote début Cote fin 618,70 619,88 647,54 651,60 655,85 660,53 665,25 669,50 676,78 716,16 733,52 735,99 750,16 753,15 755,42 759,03 772,65 777,18 779,50 619,80 646,78 561,58 654,03 660,51 665,15 669,17 671,99 715,65 733,51 735,96 750,16 752,92 755,40 759,03 769,82 776,86 778,91 814,43 Caisse Caisse début fin BRGM/RP-51671-FR 56 56 62 63 64 65 66 67 68 77 80 81 84 84 85 85 88 89 90 56 62 63 63 65 66 67 67 76 80 81 83 84 85 85 88 89 89 97 Génératrices Carottes, Forage Habitation Carrère Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Pas de mesure structurale, Morceaux de carottes Pas de mesure structurale Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Pas de mesure structurale, Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes, Fin du sondage à 816,15 m 159 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) N° 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 Cote début 426,56 432,15 433,86 441,55 499,03 513,55 528,50 537,55 539,75 552,47 555,49 573,69 588,08 605,63 653,25 678,05 682,59 684,48 735,14 749,80 760,90 782,10 801,39 957,70 160 Cote fin Caisse Caisse début fin 432,10 433,75 435,36 449,59 510,30 525,55 531,22 539,75 552,47 555,49 573,51 586,15 609,59 610,80 657,86 682,59 684,48 687,55 749,77 760,85 761,40 788,03 824,87 973,43 8 10 10 12 27 32 36 38 39 42 47 47 51 56 69 76 77 78 92 95 98 103 107 140 10 10 10 13 31 35 36 38 42 43 47 51 55 57 70 77 78 79 95 98 98 105 112 143 Génératrices Carottes, Forage Californie Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes Morceaux de carottes continuité continuité continuité Morceaux de carottes Morceaux de carottes, Pas de mesure sur génératrice cohérente Morceaux de carottes Morceaux de carottes, Pas de mesure sur génératrice cohérente Morceaux de carottes, Pas de mesure sur génératrice cohérente Pas de mesure sur génératrice cohérente Morceaux de carottes Morceaux de carottes Pas de mesure sur génératrice cohérente Pas de mesure sur génératrice cohérente Pas de mesure sur génératrice cohérente Fin du forage 1000,25 m BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) ANNEXE 2 Puits de la pointe Desgras Légende des diagrammes polaires : BRGM/RP-51671-FR 161 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 162 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) LAMENTIN POINTE DESGRAS FORAGE LA01 GENE 1 Fente carré noir, fissure triangle vert GENE 3 LA01 11 data 74 data Fente carré noir, fissure triangle vert, Find rond rouge, BRGM/RP-51671-FR 163 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE4 64 data Rond bleu fsen GENE8 33 data 164 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE9 36 data GENE 10 12 Data BRGM/RP-51671-FR 165 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE 11 16 data GENE12 17 data 166 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE 14 14 Data GENE 15 26 Data BRGM/RP-51671-FR 167 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE18 37 Data GENE20 19 Data 168 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE21 5 Data GENE22 22 Data BRGM/RP-51671-FR 169 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE23 13 data GENE30 16 data 170 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE 11 16 data GENE12 17 data BRGM/RP-51671-FR 171 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE 15 26 Data GENE18 37 Data 172 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE20 19 Data GENE22 22 Data BRGM/RP-51671-FR 173 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE23 13 data GENE30 16 data 174 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) ANNEXE 3 Puits d'Habitation Carrère Légende des diagrammes polaires : BRGM/RP-51671-FR 175 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 176 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) LAMENTIN HABITATION CARRERE LA02A GENE7 15 data GENE8 15 data BRGM/RP-51671-FR 177 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE9 5 data LAMENTIN HABITATION CARRERE LA02B GENE4 17 data 178 LA02B BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE5 9 data GENE11 24 Data BRGM/RP-51671-FR 179 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE12 20 Data GENE13 11 data 180 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE19 30 data GENE20 30 data BRGM/RP-51671-FR 181 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE21 33 data GENE29 14 data 182 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE30 16 data GENE35 66 data BRGM/RP-51671-FR 183 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE42 49 data GENE43 41 data 184 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE49 15 data GENE50 10 data BRGM/RP-51671-FR 185 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE52 186 24 data BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) ANNEXE 4 Puits de Californie Légende des diagrammes polaires : BRGM/RP-51671-FR 187 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 188 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) LAMENTIN CALIFORNIE LA03 GENE1 8 data GENE2 9 data BRGM/RP-51671-FR 189 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE3 12 data GENE4 14 data 190 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE9 22 Data GENE11 38 data BRGM/RP-51671-FR 191 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE12 25 Data GENE13 23 data 192 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE14 13 data GENE16 16 data BRGM/RP-51671-FR 193 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE19 18 data GENE20 17 data 194 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) GENE24 BRGM/RP-51671-FR 12 data 195 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 196 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) ANNEXE 5 Programme des travaux de géochimie des eaux à réaliser sur les trois puits d’exploration géothermique pointe Desgras, Carrère et Californie BRGM/RP-51671-FR 197 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 198 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Orléans, le 16/11/2000 Programme d’échantillonnage des fluides pendant la foration des puits de reconnaissance de la plaine du Lamentin (Martinique) (mi-novembre 2000/avril 2001) M. Brach, B. Sanjuan Principe : Afin d'assurer un suivi géochimique des fluides pendant les deux phases de foration des puits de reconnaissance de la plaine du Lamentin, en Martinique (phase destructive de 0 à 400 m et carottée de 400 à 1 000 m), des échantillons de fluide seront prélevés en entrée et en sortie de puits. Dans les deux cas, les prélèvements se feront le plus près possible du trou. Les mesures de conductivité et de pH de ces échantillons ainsi que les analyses chimiques de certaines espèces (chlorure, sodium, magnésium, sulfate, lithium, silice) sélectionnées pour leur aptitude à différencier d'éventuelles venues d'eau du fluide de foration seront effectuées en laboratoire, à Orléans. Quand cela sera possible (présence d’un géochimiste), les mesures de conductivité et de pH seront réalisées sur site. Ce suivi géochimique a pour objectif principal : - d’identifier des venues d'eau à partir des mesures et des analyses chimiques réalisées en laboratoire sur les fluides de foration ; - de définir les caractéristiques chimiques et isotopiques les plus représentatives de ces venues d'eaux. 1. Prélèvements de fluide pendant la phase destructive Compte tenu de la faible profondeur (0 - 400 m) et du travail posté (le personnel chargé de la collecte des cuttings et donc des prélèvements de fluides n'étant là que dans la journée), un ou deux prélèvements entrée et sortie (soit 2 ou 4 échantillons) dans des flacons en polyéthylène de 250 cc sont envisagés. Pour optimiser la qualité de l’échantillonnage, il conviendra, dans la mesure du possible, de réaliser les prélèvements en cours de foration proprement dit, c’est-àdire ni pendant un ajout de tige, ni pendant une phase de circulation sans foration. Durant cette phase, le lack time étant négligeable, les prélèvements entrée et sortie pourront être simultanés. Si une forte venue d’eau est constatée, des jerricans sont à disposition en vue de prélèvements en sortie uniquement. Des analyses chimiques plus détaillées ainsi que des analyses isotopiques seront réalisées dans les laboratoires d’Orléans. 2. Prélèvements de fluides pendant la phase carottée Pendant cette phase (en théorie, 400 - 1 000 m), deux prélèvements entrée et sortie sont également prévus. Il conviendra d’effectuer les prélèvements de fluide à la mi-introduction d’une tige (6 m) dans le forage et de tenir compte du Lack time pour le fluide de sortie car ce temps dépassera la demi-heure en fin de forage. BRGM/RP-51671-FR 199 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) En cas de venue d’eau, la théorie voulant que la foration se fasse en perte totale, il faudra attendre les essais de stimulation et/ou le nettoyage du puits pour effectuer de nouveaux prélèvements. Cependant, si de l’eau de fond remontait avant la fin de la foration, un échantillonnage en jerrican sera réalisé. Dans ce cas, des analyses chimiques plus détaillées ainsi que des analyses isotopiques seraient réalisées dans les laboratoires d’Orléans. 3. Lieux de prélèvement - Prélèvements entrée (In) : sur la vanne de purge située dans le circuit boue en amont du forage, - Prélèvements sortie (Out) : dans la goulotte sortie cave avant la reprise sur les tamis vibrants. 4. Étiquetage des échantillons et annotations cahier de chantier Sur chaque échantillon, il conviendra de marquer : la date, l’heure, la profondeur et In ou Out, selon le cas. Un cahier récapitulatif « Géochimie » sera à disposition sur site (lieu à définir avec M. Degouy). Toute fabrication de nouvelle boue ou tout changement de composition (ajout de colmatant par exemple) devra faire l’objet d’un prélèvement spécifique et d’une annotation sur le cahier « Géochimie ». 5. Suivi des gaz Des prélèvements ponctuels de gaz et analyses correspondantes seront tentés au cours du premier puits. Un suivi en continu (He, CO2, CH4) devrait être possible sur le deuxième puits (acquisition et installation d’un dégazeur requises, installation d’un spectromètre He et d’un détecteur LFG20). Personnes à contacter si problème ou doute quant aux prélèvements : M. Brach portable : 06 20 75 09 15 ou bureau : 02 38 64 35 83 ou perso : 02 38 64 64 15 (tenir compte des 5 h de décalage horaire), B. Sanjuan bureau : 02 38 64 34 20 ou perso : 02 38 62 87 33 (tenir compte des 5 h de décalage horaire). Destinataires : H. Traineau, M. Degouy (CFG), L. Closset (SGR Antilles). 200 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) ANNEXE 6 Tableaux des données brutes obtenues au cours du suivi géochimique des fluides de foration des trois puits d’exploration géothermique pointe Desgras, Carrère et Californie 6A - Puits de la pointe Desgras 6B - Puits d'Habitation Carrère 6C - Puits de Californie BRGM/RP-51671-FR 201 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 202 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 6A - Puits de la Pointe Desgras BRGM/RP-51671-FR 203 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 204 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Date Heure 28/11/00 8h00 17/11/00 21h15 18/11/00 8h20 18/11/00 10h30 20/11/00 7h20 20/11/00 11h00 22/11/00 19h15 23/11/00 6h30 23/11/00 19h00 24/11/00 8h30 25/11/00 6h00 25/11/00 18h00 27/11/00 18h00 28/11/00 6h30 28/11/00 12h00 08/12/00 8h25 08/12/00 19h00 09/12/00 9h00 10/12/00 7h15 11/12/00 8h45 12/12/00 5h45 14/12/00 6h15 15/12/00 6h45 16/12/00 10h15 18/12/00 9h00 19/12/00 14h30 21/12/00 7h30 03/01/01 4h45 Prof. (m) Point de prélèvement Tpuits (°C) Eau du réseau 25,9 T labo (°C) Cond. 25°C (µS/cm) TDS (mg/l) 6,80 95 67 8,65 8,33 9,69 8,47 8,87 8,47 8,81 8,30 9,00 8,24 9,84 9,76 9,74 9,18 9,50 1410 1760 1400 1808 1403 1808 1360 1780 1405 1894 1480 1990 1350 1750 1370 985 1215 994 1268 965 1248 935 1220 960 1305 1031 1369 945 1203 958 34,0 34,0 82,0 82,0 89,0 89,0 93,0 93,0 98,5 98,5 106,5 106,5 139,5 139,5 195,0 In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In 195,0 Out 24,9 8,80 1750 1230 233,0 In 26,3 9,41 1380 961 233,0 305,0 305,0 334,0 334,0 351,5 351,5 378,0 378,0 387,2 387,2 416,4 416,4 435,6 435,6 462,0 462,0 505,0 505,0 521,0 521,0 564,0 564,0 633,0 Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In 27,8 24,3 24,5 26,0 25,8 23,6 23,4 23,8 24,6 29,0 29,7 23,7 22,9 22,8 23,0 22,9 22,9 22,9 22,6 22,4 22,8 22,9 23,2 27,4 8,75 9,36 8,99 9,00 8,42 7,97 8,04 8,10 8,10 7,92 8,00 7,00 7,34 7,40 7,59 7,52 7,59 7,61 7,47 7,49 7,54 7,48 7,46 8,25 1285 1450 1150 1680 1420 2430 3130 2630 3150 2820 3310 2630 1580 2080 1920 1940 1840 1790 1778 2070 2110 1400 1450 2110 883 1000 795 1250 1000 1660 2125 1818 2138 1950 2244 1537 1077 1517 1486 1525 1500 1482 1508 1763 1827 1200 1228 1250 633,0 681,0 681,0 720,5 720,5 758,5 758,5 816,0 816,0 866,0 866,0 933,5 933,5 Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out 27,3 26,5 26,7 23,6 23,7 26,5 26,7 23,8 23,8 26,7 26,6 27,9 27,7 8,50 9,23 9,54 8,01 7,90 7,31 7,24 7,42 7,48 7,31 7,32 6,96 6,98 2090 2290 2970 1410 1256 1440 1470 1540 1567 1640 1560 4850 4640 1240 1370 1780 840 755 860 883 914 936 984 936 2910 2780 36,0 35,6 35,9 36,0 36,5 33,0 36,0 37,1 31,5 35,5 35,3 36,1 34,9 34,6 33,5 34,6 35,4 33,6 35,9 34,9 34,5 24,0 24,0 24,5 24,6 24,0 24,5 23,8 24,1 24,4 24,5 24,5 24,0 24,9 25,2 24,9 pH Remarques Tout > Tin densité : 1,16 ajout eau, densité : 1,08 arrêt boue bentonitique + polymères AQUA GS circulation de fond avant pluie reprise de foration forage carotté après traversée de faille, odeur H2S odeur H2S fin de forage : 939,55 m Suivi géochimique du puits d'exploration géothermique de la pointe Desgras (plaine du Lamentin) au cours de sa foration. BRGM/RP-51671-FR 205 206 Heure Prof. (m) T puits (°C) pH Na mg/l Mg mg/l Cl mg/l SO4 mg/l SiO2 mg/l In In In 28/11/00 8h00 25,9 6,80 6,89 2,25 25/11/00 25/11/00 27/11/00 28/11/00 28/11/00 08/12/00 11/12/00 12/12/00 14/12/00 15/12/00 16/12/00 18/12/00 21/12/00 03/01/01 6h00 18h00 18h00 6h30 12h00 8h25 8h45 5h45 6h15 6h45 10h15 9h00 7h30 4h45 Eau réseau 305,0 334,0 351,5 378,0 387,2 416,4 521,0 564,0 633,0 681,0 720,5 758,5 866,0 933,5 In In In 7,43 8,15 36,0 36,5 33,0 36,0 37,1 31,5 34,9 34,6 33,5 34,6 35,4 33,6 34,9 34,5 9,36 9,00 7,97 8,10 7,92 7,00 7,49 7,48 8,25 9,23 8,01 7,31 7,31 6,96 520 492 743 761 795 196 201 123 512 568 328 290 369 931 4,30 3,60 31,8 34,1 35,5 2,70 3,70 3,90 1,85 1,00 3,80 5,40 12,0 50,5 238 236 >500 >500 >500 23,7 34,8 15,1 37,8 38,9 93,2 101 184 1135 182 190 160 156 174 2,67 1,65 1,27 6,49 15,5 6,06 3,05 3,70 26,3 Li mg/l pH Na mg/l Mg mg/l Cl mg/l SO4 mg/l SiO2 mg/l Li mg/l In Out Out Out Out Out Out Out <0,02 6,44 5,64 9,25 9,55 8,15 20,6 16,1 17,2 10,5 10,2 15,3 20,5 22,8 22,2 0,02 0,02 0,04 0,04 0,04 <0,02 <0,02 <0,02 <0,02 <0,02 <0,02 <0,02 <0,02 0,07 8,99 8,42 8,04 8,10 8,00 7,34 7,54 7,46 8,50 9,54 7,90 7,24 7,32 6,98 441 392 841 907 940 122 232 119 517 756 284 325 330 889 12,4 13,6 46,4 47,2 43,6 1,80 4,70 3,90 1,10 1,40 2,40 5,30 11,6 46,5 235 156 >500 >500 >500 23,0 34,8 14,3 36,4 47,3 68,5 101 190 1065 150 118 204 246 206 7,95 1,81 1,24 12,6 41,6 7,34 2,13 3,69 4,84 10,0 5,79 6,89 7,36 7,06 15,3 16,4 18,1 11,3 13,9 14,7 20,3 22,8 21,9 0,02 0,02 0,04 0,04 0,04 <0,02 <0,02 <0,02 <0,02 <0,02 <0,02 <0,02 <0,02 0,07 Analyses chimiques sur échantillons de boue de foration sélectionnés, prélevés en entrée (In) et en sortie (Out) du puits de la pointe Desgras (plaine du Lamentin). Prof. (m) Eau réseau 305,0 334,0 351,5 378,0 387,2 416,4 521,0 564,0 633,0 681,0 720,5 758,5 866,0 933,5 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) BRGM/RP-51671-FR Date Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 6B - Puits d'habitation Carrère BRGM/RP-51671-FR 207 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 208 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Date Heure Prof. (m) 24/01/01 12/01/01 17h00 64,00 12/01/01 20h00 76,00 13/01/01 0h45 91,00 14/01/01 16h30 96,00 16/01/01 18h30 120,00 17/01/01 9h00 160,00 17/01/01 17h00 169,50 18/01/01 17h00 203,10 19/01/01 9h45 226,00 19/01/01 17h00 234,93 20/01/01 7h00 270,00 20/01/01 15h00 290,50 21/01/01 7h00 314,00 22/01/01 8h30 336,00 22/01/01 23/01/01 11h15 4h00 382,63 386,70 08/02/01 7h30 425,00 10/02/01 7h00 458,00 14/02/01 17/02/01 18/02/01 11h15 8h00 23h55 588,00 655,85 677,55 Point de prélèvement Eau du réseau Tpuits (°C) In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out 38,5 In Out In Out In Out Out In Out In Out In Out Out Out Out 39,8 39,6 36,5 43,7 43,9 42 36 40,9 41,1 41,6 41,9 42,4 37,5 44,1 36,1 32,6 Tlabo (°C) 26,0 pH TDS (g/l) 0,09 Remarques 6,35 Cond. 25°C (µS/cm) 136 22,2 22,4 22,4 23,1 23,1 22,1 22,2 22,5 22,2 22,3 21,7 21,8 21,4 21,8 21,9 22,4 22,2 22,1 21,8 22,0 22,2 22,3 7,53 7,53 7,50 7,34 7,38 7,25 7,17 7,08 11,15 11,29 10,07 10,17 10,57 9,50 9,24 9,12 7,62 7,61 7,53 7,51 7,64 7,66 2420 2440 2360 2670 2400 2530 2730 3030 2790 2730 2450 2840 2520 2310 2150 2010 1241 898 1152 1094 1416 1366 1,20 1,22 1,17 1,32 1,19 1,27 1,38 1,50 1,39 1,36 1,22 1,40 1,24 1,14 1,07 1,00 0,62 0,45 0,58 0,54 0,70 0,68 destructif 22,2 7,68 1493 0,74 22,2 22,6 22,5 22,3 22,1 22,3 22,7 22,6 22,2 21,9 22,1 21,9 26,0 26,0 26,7 7,58 7,72 7,54 7,66 7,65 11,97 7,72 7,64 12,33 12,37 11,92 12,01 6,41 6,80 7,46 1435 1761 1906 1709 1875 7900 1938 1938 5250 4990 3000 3550 2670 858 814 0,72 0,88 0,95 0,86 0,93 3,95 0,97 0,97 2,62 2,48 1,54 1,76 1,61 0,55 0,53 après cimentation eau claire eau claire + boue eau claire + boue cimentation?, eau claire circulation carottage eau claire eau dans TI " " Suivi géochimique du puits d'exploration géothermique d'Habitation Carrère (plaine du Lamentin) au cours de sa foration. BRGM/RP-51671-FR 209 Heure Prof. (m) Tpuits (°C) pH In In In In In In In In In In 12/01/01 12/01/01 13/01/01 14/01/01 16/01/01 17/01/01 17/01/01 18/01/01 19/01/01 19/01/01 20/01/01 20/01/01 21/01/01 22/01/01 22/01/01 23/01/01 08/02/01 10/02/01 14/02/01 17/02/01 18/02/01 17h00 20h00 0h45 16h30 18h30 9h00 17h00 17h00 9h45 17h00 7h00 15h00 7h00 8h30 11h15 4h00 7h30 7h00 11h15 8h00 23h55 64,00 76,00 91,00 96,00 120,00 160,00 169,50 203,10 226,00 234,93 270,00 290,50 314,00 336,00 382,63 386,70 425,00 458,00 588,00 655,85 677,55 38,5 39,8 39,6 36,5 664 621 589 785 623 479 493 438 274 245 235 321 372 401 13,6 31,9 14,7 14,3 27,4 27,0 25,0 19,3 11,5 7,66 21,0 22,7 24,2 27,2 42,4 56,6 111 195 112 125 111 73,4 90,0 115 112 112 6,54 10,0 11,3 13,2 0,58 0,10 0,08 <0,5 8,46 5,53 15,4 16,7 18,1 16,7 367 423 422 681 600 483 482 244 125 102 104 106 204 178 233 42,5 311 380 666 834 549 346 158 182 222 204 138 186 1,26 43,7 43,9 42 36 40,9 41,1 41,6 41,9 42,4 7,53 7,50 7,38 7,17 11,15 10,07 10,57 9,24 7,62 7,53 7,64 7,68 7,72 7,66 1,34 2,28 1,80 1,64 1,72 1,10 0,40 0,22 0,22 0,30 0,72 0,86 10,9 15,3 9,52 7,37 7,67 4,59 6,96 7,70 12,7 14,0 11,4 13,8 13,4 13,4 0,10 <0,01 0,11 0,07 0,03 0,04 0,03 0,04 0,06 0,04 0,05 0,06 0,06 0,07 44,1 36,1 32,6 7,72 12,33 11,92 389 500 454 33,8 52,1 101 99,6 109 21,1 18,0 <0,5 <0,5 175 439 283 192 170 128 0,78 1,58 1,24 11,9 4,95 13,8 0,06 0,06 Na mg/l K mg/l Ca mg/l Mg mg/l Cl mg/l SO4 mg/l Br mg/l SiO2 mg/l Li Cl/Br mg/l Mg mg/l Cl mg/l SO4 mg/l Br mg/l SiO2 mg/l Li Cl/Br mg/l In Out Out Out Out Out Out Out Out Out Out Out 292 7,53 7,34 7,25 7,08 11,29 10,17 9,50 9,12 7,61 7,51 7,66 7,58 7,54 7,65 11,97 7,64 12,37 12,01 6,41 6,80 7,46 372 834 450 932 559 454 373 219 84 84 77 102 230 214 1365 187 202 401 364 443 279 358 685 774 751 302 131 178 151 190 269 50,2 65,4 261 92,6 172 1,30 0,13 <0,01 0,12 0,07 0,03 0,03 0,03 0,04 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07 0,09 0,15 0,05 <0,01 286 821 73,2 11,8 14,2 1,46 9,38 16,3 1,94 8,29 1,46 4,59 1,42 5,68 0,82 15,1 <0,50 12,7 0,26 13,2 0,18 11,9 0,30 13,9 0,82 9,36 0,76 14,1 5,74 23,0 0,86 10,8 1,04 2,02 1,54 9,36 20,1 3,20 11,7 13,0 315 299 333 295 280 222 312 465 474 355 284 207 224 278 228 pH Na mg/l 622 833 602 848 658 426 492 402 123 216 235 282 351 383 693 319 363 466 661 K mg/l Ca mg/l 13,4 54,6 13,5 49,8 34,2 26,8 34,3 11,5 <1 6,8 19,9 9,71 28,6 26,2 108 21,6 43,9 42,0 151 149 210 132 50,0 61,4 95,9 107 116 102 341 77,8 176 27,6 14,9 35,0 <0,5 33,5 0,12 0,11 0,10 7,00 5,91 5,56 13,3 9,69 19,4 16,7 <0,5 13,9 <0,5 <0,5 24,2 110 26,4 0,29 308 288 263 267 325 428 339 281 282 238 218 195 261 257 Prof. (m) 64,00 76,00 91,00 96,00 120,00 160,00 169,50 203,10 226,00 234,93 270,00 290,50 314,00 336,00 382,63 386,70 425,00 458,00 588,00 655,85 677,55 BRGM/RP-51671-FR Analyses chimiques sur échantillons de boue de foration sélectionnés, prélevés en entrée (In) et en sortie (Out) du puits d'Habitation Carrère (plaine du Lamentin). Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 210 Date Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 6C - Puits de Californie BRGM/RP-51671-FR 211 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 212 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Date Heure Prof. (m) 03/03/01 9h30 03/03/01 17h45 04/03/01 8h00 07/03/01 14h30 08/03/01 6h15 09/03/01 11h00 10/03/01 7h00 10/03/01 18h10 11/03/01 1h00 11/03/01 8h15 Point de prélèvement 51,00 51,00 68,15 68,15 88,50 88,50 101,00 101,00 162,50 162,50 196,00 196,00 247,00 247,00 285,00 285,00 330,00 330,00 355,00 Eau du réseau In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In Out In 355,00 Out In Out Out Out Out Out In Out Out Out Out Out Out Out Out 12/03/01 13h45 15/03/01 15/03/01 15/03/01 15/03/01 19/03/01 16h15 16h20 17h20 19h30 10h00 380,00 380,00 399,20 399,20 400,40 405,00 543,70 20/03/01 21/03/01 22/03/01 22/03/01 01/04/01 06/04/01 07/04/01 0h30 0h45 1h00 3h00 8h00 5h00 3h00 543,70 567,90 606,55 622,15 627,85 798,00 979,75 1000,00 densité Tlabo (°C) pH Cond. 25°C (µS/cm) TDS (g/l) Ehbrut (mV) Alc. (méq/l) 1,00 1,04 23,9 25,0 1,08 25,0 40,0 1,05 25,0 127 4260 4990 4580 4540 4200 3230 4890 6590 6230 5960 5810 2780 3920 1939 3280 1745 1761 1622 1840 0,063 2,12 2,49 2,28 2,26 2,09 1,61 2,44 3,28 3,10 2,97 2,89 1,39 1,95 0,97 1,64 0,87 0,88 0,81 0,92 1,06 40,1 7,15 7,82 7,70 7,69 7,76 7,58 7,68 8,34 10,74 8,59 8,40 8,37 9,11 8,57 8,48 8,80 8,10 7,91 7,84 8,00 410,0 35,5 Tpuits (°C) 38,7 25,0 43,0 25,0 39,9 25,0 43,5 1,06 25,0 46,1 1,07 25,0 47,4 25,0 51,0 25,0 49,0 25,0 48,0 48,0 48,0 32,4 32,5 1,00 7,84 1758 0,88 26,8 28,0 31,6 29,0 25,6 7,94 7,58 6,27(29°C) 6,26 (30°C) 6,18 (38°C) 7,90 8,71 2030 2110 14870 14770 7280 5040 1450 1,01 1,05 7,37 7,36 3,65 2,51 0,72 25,6 25,6 26,2 26,2 22,6 20,0 20,0 7,12 6,39 7,65 6,17 6,50 6,68 7,96 7,54 2390 2820 830 7670 2310 4830 1990 2450 1,20 1,40 0,41 3,84 1,15 2,40 1,00 1,22 Remarques 3 Ajout 2 m d'eau -95 -75 -85 45 0 -63 -25 70 22,15 17,35 Venue d'eau chaude Venue d'eau chaude Venue d'eau chaude Venue d'eau chaude Forage en perte partielle ; ajout d'eau du réseau en permanence dans le bac d'aspiration ; t° sortie goulotte comprise entre 30 et 33°C en fonction de l'ajout Echantillon dans carottier Echantillon dans carottier Forage en éruption Suivi géochimique du puits d'exploration géothermique de Californie (plaine du Lamentin) au cours de sa foration. BRGM/RP-51671-FR 213 214 03/03/01 04/03/01 07/03/01 08/03/01 09/03/01 10/03/01 11/03/01 15/03/01 15/03/01 19/03/01 20/03/01 21/03/01 22/03/01 22/03/01 01/04/01 06/04/01 07/04/01 Heure 9h30 8h00 14h30 6h15 11h00 18h10 8h15 16h20 17h20 10h00 0h30 0h45 1h00 3h00 8h00 5h00 3h00 Prof. (m) Eau réseau 51,00 88,50 101,00 162,50 196,00 285,00 355,00 399,20 400,40 543,70 567,90 606,55 622,15 627,85 798,00 979,75 1000,00 Tpuits (°C) 35,5 40,0 38,7 43,0 39,9 46,1 51,0 48,0 48,0 32,4 32,5 pH Na K Ca Mg Cl Br Li Cl/Br SO4 SiO2 (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) pH Na K Ca Mg Cl Br Li Cl/Br SO4 SiO2 (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) (mg/l) In 7,15 In 8,96 In 1,06 In 9,6 In 4,40 In 12,21 In 2,14 In <0,1 In 34,1 In <0,005 In Out Out Out Out Out Out Out 7,82 7,58 8,34 8,59 8,37 8,80 8,00 807 695 867 1183 1111 686 367 29,0 23,0 55,0 24,0 30,0 15,0 15,0 65,0 141 186 126 93,0 13,8 16,0 26,0 40,0 35,0 6,5 20,5 7,00 4,60 735 1019 1162 1572 1543 680 291 24,1 150 148 178 163 88,0 40,0 4,88 4,24 5,00 6,80 5,72 2,52 1,14 2,13 3,61 1,31 7,71 7,55 6,40 5,74 0,02 0,04 0,04 0,04 0,04 0,04 0,06 151 240 232 231 270 270 255 8,71 353 54,0 5,0 2,00 195 1,10 0,54 19,0 0,04 360 7,70 7,68 10,74 8,40 9,11 8,10 7,84 6,26 6,18 7,12 6,39 7,65 6,17 6,50 6,68 7,96 7,54 872 492 1428 1068 610 364 357 2804 1178 507 434 181 1329 400 975 409 628 25,0 23,0 21,0 28,0 14,0 16,0 11,0 121 62,0 63,0 44,0 48,0 71,0 44,0 30,0 10,0 30,0 107 133 72,0 140 14,6 12,4 11,8 388 170 18,0 135 49,0 164 114 223 122 119 43,0 36,0 1,00 24,0 5,50 8,50 11,5 130 58,0 10,5 30,0 8,00 64,0 22,0 35,5 4,80 5,40 1246 149 722 168 1682 196 1590 203 449 82,00 255 37,2 295 36,6 4682 142 1932 64,4 217 1,93 572 25,3 162 4,52 2108 75,6 450 21,4 1405 64,4 243 5,02 557 4,00 Out Out Out Out 5,68 3,20 6,12 5,24 1,80 1,08 1,00 10,8 6,92 1,34 2,40 0,42 7,60 1,64 4,80 0,82 2,02 1,80 0,49 24,3 10,5 5,58 7,06 6,56 61,4 62,8 28,7 38,6 20,3 56,3 27,1 51,8 20,9 32,3 0,02 0,02 0,01 0,04 0,04 0,06 0,08 0,60 0,56 0,10 0,16 0,06 0,64 0,14 0,36 0,10 0,10 219 226 275 304 250 236 295 434 279 162 238 386 277 275 293 297 276 Analyses chimiques sur échantillons de boue de foration sélectionnés, prélevés en entrée (In) et en sortie (Out) du puits de Californie (plaine du Lamentin). BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Date Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) ANNEXE 7 Tableau présentant les résultats des analyses chimiques et isotopiques effectuées au cours d’études antérieures sur la venue d’eau découpée par l’ancien puits LA-101, l’eau de mer locale et les eaux thermales de quelques sources de la plaine du Lamentin et des sources de Didier et d’Absalon Ces résultats sont comparés à ceux obtenus sur les venues d’eau des deux nouveaux puits d’exploration géothermique BRGM/RP-51671-FR 215 Etude Date prélèv. Tpuits °C Tlabo °C pH δD ‰ δ18O ‰ Na mg/l K mg/l Ca mg/l Mg mg/l Cl mg/l Br SO4 Alc. mg/l méq/l mg/l SiO2 mg/l Li TDScalc. mg/l g/l HABCAR-2 (151,63 m) HABCAR-3 (211,63 m) CALIF-1A (399,20 m) cette étude cette étude cette étude 25/01/01 25/01/01 15/03/01 44,0 44,0 48,0 32,9 33,6 26,8 6,29 6,33 6,27 -5,5 -4,7 -5,3 -2,1 -2,0 -1,9 2504 2120 2650 101 77 168 880 676 824 134 100 138 4715 4000 4915 285 240 274 112 78 100 1,18 1,00 1,55 10,6 8,7 10,4 Puits LA-101 Source L1 (Voie ferrée) Source L1 (Voie ferrée) Source Hab. Carrère (47) Source L2 (Hab. Carrère) Source L4 (Hab. Carrère) Mer Source Absalon Source Absalon Source Didier Source Didier Source Didier Ouzounian et Fabriol (1985) Lopoukhine et Mouret Ouzounian et Fabriol Lopoukhine et Mouret Ouzounian et Fabriol Ouzounian et Fabriol Ouzounian et Fabriol Lopoukhine et Mouret Iundt Lopoukhine et Mouret Chéry (1994) Chéry (1994) 1969 1977 1985 1977 1985 1985 1985 1977 1984 1977 1992 1993 93,0 52,0 52,5 50,0 54,2 43,9 29,0 35,0 35,4 32,0 32,7 32,5 3680 3300 3288 3530 3402 2989 11500 115 98 136 133 132 125 150 131 169 127 110 418 12,6 11,3 14,9 14,4 14,9 882 750 701 750 814 729 421 210 180 90 187 217 146 7800 148 6426 172 14,44 135 6382 167 15,50 155 6940 330 7,20 136 6559 324 13,70 120 6027 330 12,20 1400 21307 2795 2,43 90,4 14,5 22,95 77 15,0 1,9 13,50 116 24,0 4,0 19,00 116 24,2 17,0 24,90 118 25,3 5,4 23,52 120 122 73 72 58 3,0 129 104 124 132 0,85 0,84 1,23 1,26 0,98 0,14 0,08 0,08 0,10 0,05 12,6 11,9 11,9 12,4 12,3 11,1 38,1 2,0 1,3 1,7 2,1 1,9 7,00 6,21 7,10 6,09 6,02 8,19 7,20 6,16 7,40 6,52 7,35 -7,5 -2,8 -7,4 -7,0 5,2 -7,7 -8,1 -8,7 -1,8 -1,7 0,5 -2,8 -3,0 -2,8 -3,9 -3,0 29,94 23,08 22,15 16,5 14,8 18,5 70 Composition chimique et isotopique des différentes venues d'eau rencontrées dans les puits d'Habitation Carrère et de Californie, comparées à celles de l'eau de mer, du fluide du puits LA-101 et des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, d'Absalon et de Didier (ces derniers résultats proviennent de campagnes d'exploration géothermique précédentes). 217 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) BRGM/RP-51671-FR Echantillon Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 218 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) ANNEXE 8 Représentation des données géochimiques précédentes (ann. 7) sur diagrammes binaires BRGM/RP-51671-FR 219 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 220 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 10 droite des eaux météoriques locales (Benauges, 1981) y = 8 x + 16 δ D (mg/l) 5 mer locale 0 puits HC et CALIF -5 sources thermales -10 -4 -3 -2 -1 0 1 δ O (per mil) δ D (per mil) 18 6 4 2 0 -2 -4 -6 -8 -10 mer locale 0 5000 10000 15000 20000 25000 Cl (mg/l) 14000 mer locale Na (mg/l) 12000 10000 8000 6000 4000 puits LA-101 2000 puits HC et CALIF 0 0 5000 10000 15000 20000 25000 Cl (mg/l) Valeurs isotopiques de deutérium en fonction de celles d'oxygène-18, valeurs isotopiques de deutérium et concentrations en sodium en fonction des concentrations en chlorure pour les deux venues d'eau rencontrées dans les puits d'Habitation Carrère et de Californie, comparées à celles de l'eau de mer, du fluide du puits LA-101 et des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, d'Absalon et de Didier (campagnes d'exploration géothermique précédentes : Lopoukhine et Mouret, 1977 ; Iundt, 1984 ; Fabriol et Ouzounian, 1985). BRGM/RP-51671-FR 221 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0 mer K (mg/l) K (mg/l) Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) sources thermales puits LA-101 puits HC et CALIF 0 5000 10000 15000 20000 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0 mer 25000 0 5000 Cl (mg/l) 1000 Mg (mg/l) Ca (mg/l) 800 600 mer 400 200 0 0 5000 10000 15000 20000 1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 0 25000 0 5000 10000 15000 20000 25000 Cl (mg/l) 35 2500 Alcalinité (méq/l) 3000 SO4 (mg/l) 15000 mer Cl (mg/l) mer 2000 1500 1000 500 30 25 20 15 10 mer 5 0 0 0 5000 10000 15000 20000 0 25000 5000 140 120 Li (mg/l) 100 80 60 40 20 mer 0 0 5000 10000 15000 Cl (mg/l) 10000 15000 20000 25000 Cl (mg/l) Cl (mg/l) SiO2 (mg/l) 10000 Na (mg/l) 20000 25000 1,8 1,6 1,4 1,2 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 mer 0 5000 10000 15000 20000 25000 Cl (mg/l) Composition chimique en espèces majeures et en lithium des deux venues d'eau rencontrées dans les puits d'Habitation Carrère et de Californie, comparée à celles de l'eau de mer, du fluide du puits LA-101 et des eaux des sources thermales de la plaine du Lamentin, d'Absalon et de Didier (campagnes d'exploration géothermique précédentes). 222 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) ANNEXE 9 Estimation des températures en profondeur à partir des géothermomètres chimiques appliqués sur les données de l’annexe 7 BRGM/RP-51671-FR 223 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 224 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Echantillon TQtz (°C) TCalcéd, TCalcéd, (1) (2) Tsilice amorphe (°C) (°C) (°C) Puits LA-101 TNa-K TNa-K TNa-K-Ca TNa-K-Ca TK-Mg TNa-Li TNa-Li (Mg) (3) (4) (°C) (°C) (°C) (°C) (°C) 105 139 146 83 95 TNa-Rb (5) (6) (°C) (°C) (°C) Voie Ferrée L1 149 120 87 27 117 148 154 76 98 16 89 82 (66) H, Carrère L2 119 92 60 1 112 144 150 83 97 30 102 81 (18) Absalon (1977) 140 124 78 19 213 229 56 47 68 138 Didier (1977) 149 122 88 28 207 224 82 48 60 130 (1) : Arnorsson and Gunnlaugsson (1983) ; (2) :Truesdell (1975) ; (3) : Michard (1979) ; (4) : Fournier (1979); (5) : Fouillac and Michard (1981) ; (6) : Kharakha et al, (1982). Températures des fluides en profondeur estimées à partir des relations géothermométriques appliquées sur les résultats d’analyses d’eau réalisées au cours d’études antérieures (voir tableau ann. 7). Nom de la source Voie Ferrée (Iundt, 1984) Voie Ferrée (Fabriol et Ouzounian, 1985) Espèce CO2 % en volume 97,1 % en volume 97,8 H2S non déterminé < 0,009 H2 CH4 < 0,001 0,22 < 0,0015 0,22 Ar 0,014 0,010 N2 2,1 2,1 O2 0,25 0,15 He < 0,001 < 0,002 Géothermomètre à gaz TCO2-H2-CH4 (Marini, 1987) T (°C) < 122 T (°C) < 122 TH2-Ar (Giggenbach and Goguel, 1989) < 117 < 117 323 324 TCO2-CH4 (Giggenbach, 1991) Composition chimique représentative des gaz associés aux sources thermales de la plaine du Lamentin, obtenue au cours d’études antérieures. Les températures en profondeur estimées à partir des relations géothermométriques appliquées sur ces résultats sont également présentées. BRGM/RP-51671-FR 225 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 226 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) ANNEXE 10 Carte d’implantation des trois puits d’exploration géothermique pointe Desgras, Carrère et Californie et données, sous forme de tableaux et de figures, obtenues au cours de la campagne de profils de mesures de températures et de pression en statique, effectuée en juillet 2001, sur ces puits 10A - Coupe technique des puits d’exploration géothermique de la plaine du Lamentin 10B - Données de température et de pression en statique 10C - Figures BRGM/RP-51671-FR 227 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 228 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 10A - Coupe technique des puits d'exploration géothermique de la plaine du Lamentin BRGM/RP-51671-FR 229 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 230 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) LA-01 BRGM/RP-51671-FR 231 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) LA-02 232 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) LA-03 BRGM/RP-51671-FR 233 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 234 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 10B - Données de température et de pression en statique BRGM/RP-51671-FR 235 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 236 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) PROJET GEOTHERMIQUE LAMENTIN PROFILS TEMPERATURE STATIQUE Puits: LA-01 (Pointe Desgras) Sabot tubage 4 ½" à 390,6 m Open hole HQ (96 mm) à partir de 390,6 m TDD: 939,55 m Date : 20/07/2001 0pérateur H. CORREIA PROFONDEUR [m] DUREE [mn] 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 275 300 325 350 375 400 500 600 700 10 5 5 6 5 5 5 6 5 5 5 6 5 5 10 6 12 6 6 BRGM/RP-51671-FR Elément Température: Enregistreur: Montre: Lead screw: Zéro KT V 1756 (0_103°C) V 4743 3H V 4304 01:01 3,58 mm TEMPERATURE DEFLECTION [mm] TEMP. [°C] 8,81 30,13 9,59 32,10 10,47 34,24 11,62 13,17 14,77 16,42 36,91 40,37 43,72 46,99 OBSERVATIONS 237 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) PROJET GEOTHERMIQUE LAMENTIN PROFIL TEMPERATURE STATIQUE Puits: LA-02 (Carrère) Sabot tubage 4 ½" à 339,45 m Top liner: Tubing perforé 2 3/8" et 2 7/8" TDD: 816,15 m Date : 19/07/2001 Opérateur H. CORREIA PROFONDEUR [m] TEMPERATURE DUREE DEFLECTION TEMP. [mn] [mm] [°C] 25 10 50 100 150 200 250 300 325 350 375 400 425 450 475 500 525 550 575 600 625 650 675 700 725 750 775 800 5 5 5 5 5 5 5 5 5 10 5 5 5 5 5 5 5 10 5 5 5 5 5 238 Elément Température: Enregistreur: Montre: Lead screw: Zéro 12,57 13,93 14,59 15,89 16,58 17,36 17,71 17,88 17,88 17,76 17,68 17,47 17,02 16,85 16,61 16,42 16,25 16,16 16,16 16,16 16,39 16,52 16,58 39,09 41,97 43,36 45,97 47,30 48,80 49,48 49,80 49,80 49,57 49,42 49,02 48,15 47,82 47,36 46,99 46,67 46,49 46,49 46,49 46,93 47,19 47,30 KT V 1756 Range 0 - 103°C V 4745 3H V4304 HP 01:01 3,46 OBSERVATIONS WHP = 0,25 bar-g Niveau Hydrostatique oscillant 5 cm par rapport à la bride supérieure vanne tête de puits 3". BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) PROJET GEOTHERMIQUE LAMENTIN PROFIL TEMPERATURE STATIQUE Elément Température: Enregistreur: Montre: Lead screw: Zéro Puits: LA-03 (Californie) Top liner: 2 7/8" à 398,14 m TDD: 1 000,25 m Niveau Hydrostatique: En surface Date 19/07/01 Opérateur:H. CORREIA PROFONDEUR [m] DUREE [mn] 25 50 100 150 200 250 286 300 350 375 400 425 450 475 500 525 550 575 600 625 650 675 700 725 750 775 800 825 850 875 900 925 950 975 1000 10 5 5 5 10 5 5 10 5 5 5 5 5 5 10 5 5 5 5 5 10 5 5 5 10 BRGM/RP-51671-FR KT V 1756 Range 0 - 103°C V 4745 3H V4304 HP 01:01 3,28 TEMPERATURE DEFLECTION [mm] TEMP. [°C] 11,72 13,72 17,74 24 28,06 32,72 37,14 41,53 49,53 60,58 66,44 72,56 OBSERVATIONS Non Non Non Non stabilisée stabilisée stabilisée stabilisée Obstruction 282 - 286 m . Fin Logging. Entrée tubage 2 7/8" à 398,14 m Sabot tubage 2 7/8" à 782 m 239 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) PROJET GEOTHERMIQUE LAMENTIN PROFIL PRESSION STATIQUE Elément Pression: Enregistreur: Montre: Lead screw: Zéro Puits: LA-01 (Pointe Desgras) Sabot tubage 4 ½" à 390,6 m Open hole HQ (96 mm) TDD: 939,55 m Date : 20/07/2001 Opérateur H. CORREIA PROFONDEUR [m] 0 25 50 75 100 150 200 250 300 350 400 500 240 DUREE [mn] 10 5 5 5 5 5 5 5 5 10 5 5 KPG 850101 (P. Max. 56 kg/cm²) V 4743 3H V4304 01:01 3,32 PRESSION DEFLECTION [mm] PRESSION [kg/cm² g] OBSERVATIONS Niveau hydrostatique 61 cm en dessous bride supérieur vanne tête de puits 8,68 9,48 17,56 19,55 26,53 29,70 35,47 44,53 39,80 50,00 Début open hole à 390,6 m BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) PROJET GEOTHERMIQUE LAMENTIN PROFIL PRESSION STATIQUE Elément Pression: Enregistreur: Montre: Lead screw: Zéro Puits: LA-02 (Carrère) Top liner: 2 7/8 » à 398,14 m TDD: 816,15 m Date 20/07/2001 Opérateur: H. CORREIA PROFONDEUR [m] DUREE [mn] 0 25 50 75 100 200 300 400 500 600 700 10 5 5 5 5 5 10 5 5 5 10 BRGM/RP-51671-FR KPG 850101 (P.Max. 56 kg/cm²) V4743 3H V4304 HP 01:01 3,24 PRESSION DEFLECTION [mm] PRESSION [kg/cm² g] OBSERVATIONS NH 5 cm en dessous de la bride supérieure de la vanne tête de puits 8,60 17,51 26,26 35,29 44,17 9,39 19,49 29,40 39,60 49,59 241 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) PROJET GEOTHERMIQUE LAMENTIN PROFIL PRESSION STATIQUE Elément Pression: Enregistreur: Montre: Lead screw: Puits: LA-03 (Californie) Top liner: 2 7/8" à 398,14 m TDD: 1 000,25 m Date 18/07/01 Opérateur H. CORREIA PROFONDEUR [m] DUREE [mn] 10 25 50 100 200 270 300 400 500 600 700 750 800 900 1000 10 5 5 5 5 10 10 5 5 5 5 10 242 KPG 850101(P.Max 56 kg/cm²) V4743 3H V4304 01:01 PRESSION DEFLECTION [mm] PRESSION [kg/cm² g] OBSERVATIONS 0 0,55 2,41 7,02 15,72 22,4 0 0,59 2,6 7,6 17,46 25,03 NH entre 10 et 25 m NH MESURE DIRECTE 19,52 m Pas de WHP pas de Gaz Obstruction à 276 m. BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 10C - Figures BRGM/RP-51671-FR 243 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 244 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) LA-03 LA-01 LA-02 Fig. 1 - Localisation des nouveaux puits d’exploration géothermique de la plaine du Lamentin. BRGM/RP-51671-FR 245 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Projet d’exploration géothermique du Lamentin (Martinique) PROJET D'EXPLORATION GEOTHERM IQUE DU LAMENTIN (M ARTINIQUE) FIGURE 2 - PROFIL STATIQUE TEMPERATURE PUITS LA-01 70 TEM PERATURE [°C] 60 50 40 30 20 10 0 0 200 400 600 800 1 000 12 00 PROFONDEUR [m ] T STAT 20/07/01 T EXTRAP HORNER Fig. 2 - Profil statique température puits LA-01. PROJET D' EXPLORATION GEOTHERM IQUE DU LAM ENTIN (MARTINIQUE) FIGURE 3 - PROFIL TEMPERATURE STATIQUE PUITS LA-02 100 90 TEMPERATURE [ °C] 80 70 60 50 40 30 20 10 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 PROFONDEUR [m ] T STAT 19/07/01 T EXTRAP HORNER Fig. 3 - Profil température statique puits LA-02. 246 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Projet d’exploration géothermique du Lamentin (Martinique) PROJET D'EXPLORATION GEOTHERM IQUE DU LAM ENTIN (MARTINIQUE) FIGURE 4 - PROFIL TEMPERATURE STATIQUE PUITS LA-03 100 90 TEM PERATURE [°C] 80 70 60 50 40 30 20 10 0 0 100 200 300 400 50 0 600 700 800 9 00 1000 PROFONDEUR [m ] T STATIQUE 19/07/01 TEMP. EXTRAP. HORNER Fig. 4 - Profil température statique puits LA-03. PROJET D'EXPLORATION GEOTHERMIQUE DU LAMENTIN [ MARTINIQUE] FIGURE 5 - PROFILE DE PRESSION HYDROSTATIQUE PUITS LA-01 100 90 80 70 60 y = 0,1013x - 0,681 R2 = 1 50 40 30 20 10 0 0 100 200 30 0 400 500 600 - 10 PR OF OND EU R [ m] Fig. 5 - Profil de pression hydrostatique puits LA-01. BRGM/RP-51671-FR 247 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Projet d’exploration géothermique du Lamentin (Martinique) PROJET D'EXPLORATION GEOTHERM IQUE DU LAM ENTIN (M ARTINIQUE) FIGURE 5 - PROFIL PRESSION HYDROSTATIQUE PUITS LA- 02 100 PRESSION HYDROSTATIQUE [k g/cm ²] 90 80 70 y = 0,1005x - 0,659 R2 = 1 60 50 40 30 20 10 0 - 10 0 100 200 300 400 5 00 600 700 800 PROFONDEUR [m ] Fig. 6 - Profil pression hydrostatique puits LA-02. PROJET D'EXPLORATION GEOTHERMIQUE DU LAM ENTIN ( M ARTINIQUE) FIGURE 7 - PROFIL DE PRESSION HYDROSTATIQUE PUITS LA- 03 50 y = 0 ,0 9 7 7 x - 1 , 7 8 9 6 2 R = 0 ,9 9 7 5 40 30 20 10 0 0 50 100 150 20 0 250 300 3 50 400 450 50 0 PR OFON D EU R [ m] Fig. 7 - Profil de pression hydrostatique puits LA-03. 248 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Projet d’exploration géothermique du Lamentin (Martinique) PROJET GEOTHERM IQUE DU LAMENTIN (M ARTINIQUE) COM PARAISON DES PROFILS DE TEM PERATURE STATIQUE PUITS LA-01, LA-0 2, LA- 03 ET TEMPERATURES EXTRAPOLEES LA- 101 1 00 90 80 TEMPERATURE [°C] 70 60 50 40 30 20 0 100 200 300 400 5 00 600 700 800 900 1000 PROFONDEUR [m ] LA -0 1 (POI N TE D ESGR A S) LA -0 2 (C A R R ER E) LA - 0 3 ( C ALIFOR N I E) LA - 1 0 1 ( LEZA R D E) Fig. 8 - Comparaison des profils de température statique puits LA-01, LA-02, LA-03 et températures extrapolées LA-101. BRGM/RP-51671-FR 249 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 250 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Planche photographique BRGM/RP-51671-FR 251 Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) 252 BRGM/RP-51671-FR Travaux scientifiques pour l’exploitation géothermique de la plaine du Lamentin (Martinique) Photos de la source thermale dite de La Lézarde (échantillon LAM5) dans la plaine du Lamentin. BRGM/RP-51671-FR 253 BRGM SERVICE ANALYSE ET CARACTÉRISATION MINÉRALE Unité Mesure in situ, expérimentation BP 6009 - 45060 Orléans cedex 2 - France - Tél. : 33 (0)2 38 64 34 34