Mojé Assefjah - Galerie Tanit
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Mojé Assefjah - Galerie Tanit
Mojé Assefjah “On The Other Side Of The Grape Gardens” Mojé Assefjah “On The Other Side Of The Grape Gardens” Une invitation au Voyage Face aux toiles de Mojé Assefjah tout spectateur ne peut qu’être touché par une force de saisissement. D’un seul regard le visible éclot là. Dans les courbes entrelacées de la matière, nous est révélée la mystérieuse beauté de « l’impalpable des sensations ». Chaque toile est une vision, une vue, une scène éveillant nos intuitions enfouies, exaltant nos émotions. Elles sont une invitation, où l’œil est appelé à s’élancer à travers cette fameuse fenêtre ouverte sur le monde tant évoquée par nombre de théoriciens. Tout autant ouvertes sur l’histoire que sur les cultures plurielles qui les composent, ces fenêtres laissent l’enlacement des formes et des lignes trouver leur propre langage visuel. Au cœur de l’espace pictural offert, les cultures d’orient et d’occident en effet se mêlent. Née à Téhéran en 1970, Mojé Assefjah émigre en Allemagne en 1986, c’est dans ce pays d’adoption qu’elle étudiera la peinture pour formuler une approche artistique singulière. Au regard d’une formation largement influencée par l’Expressionnisme Abstrait, l’artiste se réapproprie l’utilisation traditionnelle de la tempera à l’œuf. Son intérêt pour la Renaissance italienne tant d’un point de vue technique que théorique, teinté de la beauté mystique des productions visuelles de l’ancienne Perse créent une multiplicité de questionnements lyriques et plastiques, réunissant les ordres de perception du monde. Le geste libre de l’artiste s’inscrit à travers d’amples rubans colorés, la palette choisie oscille entre ombre et lumière. Ici et là une ouverture se crée, un vide médian laisse la toile nue comme une seule percée lumineuse dans un paysage nocturne. La souplesse du mouvement des pleins et déliés impose aux formes étreintes un caractère scriptural non sans rappeler la graphie persane. Dans une recherche spatiale constante et grâce à la maitrise parfaite de la dialectique entre opacité et transparence, proche et lointain, l’artiste juxtapose Invitation to the Voyage les plans, superpose les couches colorées pour mieux construire la profondeur. La dimension verticale des ses toiles qui successivement l’emporte sur l’horizon tient d’une structure à étagement, propre à l’organisation de l’espace plastique des peintures extrême-orientales. Des lois de la perspective albertienne, elle retient ces dispositifs de lignes conductrices. Ils deviennent des fils tendus dans le dos des scènes où parfois le drame se profile. Ils se meuvent en linéament d’un cours d’eau sans nom. Toujours réminiscence, ces tracés se font guides définissant un ultime espace prolongeant le regard en arrière plan. L’écriture picturale de Mojé Assefjah anime nos projections imaginaires, s’y laissent lire tour à tour des formes végétales aux nervures charnelles, le drapé d’une étoffe évoquant la virtuosité des plis baroques. L’artiste raconte des paysages rêvés, crée des espaces de paysages entre abstraction et figuration. Toile après toile, chaque rêve se donne isolé, mais participe cependant d’une possible architecture commune où le spectateur est invité à multiplié les points de vues. Une invitation oui, au voyage jusqu’à des horizons de jade, une flânerie solitaire à travers le théâtre du contiuum du visible et du sensible, une fenêtre d’où le monde se regarde et où, « tout y parlerait 1». 1 Charles Baudelaire, L’Invitation au Voyage, in Les Fleurs du Mal, 1857 6 Looking at Mojé Assefjah’s paintings we can only be in awe of the clarity of her expression. Interlaced curved lines of material reveal the mysterious beauty of “the intangible”. Each painting is a vision, a view, a scene, awakening deep intuitions, elating emotions. They are an invitation for the eye to look through this famous window opened on the world often mentioned by theorists - a window opened on history and on the various cultures that belong to it. Here lines and shapes find their own visual language. In the heart of the pictorial space, oriental and occidental cultures are combined. Born in Teheran in 1970, Mojé Assefjah immigrates to Germany in 1986; there she studied painting and conceived an original artistic vocabulary. Because of an education largely influenced by Abstract Expressionism, the artist uses the traditional egg tempera medium. Her interest for the Italian Renaissance, be it technical or theoretical, is infused with the mystical beauty of the visual production of Ancient Persia. This creates a multiplicity of lyrical and visual questions, bringing together different pictorial interpretations of reality. The free gesture of the artist inscribes itself through wide ribbons that vary between dark and light colors. Sometimes a void leaves a part of the canvas unpainted, a ray of light in the darkness. The flexibility of the movements and the strokes calls to mind Persian calligraphy. Based on a constant research about space and with a mastership of the dialectic between opacity and transparency, closeness and distance, the artist superimposes layers over layers to construct the depth. The vertical dimension of her canvases, which often overrides the horizontal, has a tiered structure specific to the organization of the visual space of Far Eastern paintings. In the back of her sceneries, the main thrusts become threads that sometimes profile tragedy but always guide the on-looker to a nostalgic space. Mojé Assefjah’s visual scripts bring to life our imagination; the spectator might sometimes see plant forms and other times, baroque drapery. The artist tells stories of dream landscapes, between abstraction and figuration. The exhibition is an invitation to a journey toward the horizon, a solitary stroll across the visible and sensible continuum’s theater, a window in which the world is seen and there “all would whisper1”. 1 Charles Baudelaire, Invitation to the Voyage, The Flowers of Evil, 1857 8 L’ alba, 2010, egg tempera on canvas 120 x 150 cm 10 Oasis, 2013, egg tempera on canevas 180 x 85 cm 12 Blue Blossom, 2008, egg tempera on canevas 180 x 140 cm 14 Gole Sefid, 2014, egg tempera on canevas 100 x 50 cm 16 Chaman, 2011, egg tempera on canvas 100 x 70 cm 18 Pathway, 2014, egg tempera on canevas 60 x 50 cm 20 River Bed, 2010, egg tempera on canevas 105 x 185 cm 22 To Fra Angelico, 2014, egg tempera on canevas 60 x 100 cm 24 L’Incontro, 2012, egg tempera on canevas 100 x 60 cm 26 A vista d’occhio, 2011, egg tempera on canvas 135 x 105 cm 28 Ferner als fern, 2014, egg tempera on canevas 100 x 50 cm 30 Grape Garden, 2015, egg tempera on canvas 100 x 180 cm 32 Leise neigend, 2014, egg tempera on canvas 100 x 50 cm 34 Beyond my window, 2015, egg tempera on canvas 80 x 120 cm 36 Whisper, 2014, egg tempera on canevas 160 x 130 cm 38 Covered, 2014, egg tempera on canevas 50 x 100 cm 40 Lucid, 2015, egg tempera on canevas 150 x 170 cm 42 We would like to thank Isabel Kunigh for her collaboration in editing the text. Photos credits: © The artists and the Galerie Tanit Munich-Beirut Text: Clémence Cottard Conception: Galerie Tanit Published by Galerie Tanit Beirut Beirut 2015