Dédicase brek
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Dédicase brek
Z Je dédie cette thèse à …? Je dédie cette thèse à : A la mémoire de mon cher père Driss Brek Tu m’as toujours soutenu physiquement et moralement, tu m’as aidé tout au long de mon parcours. C’est grâce à ton amour et aux valeurs que tu m’as inculquées que j’ai pu arriver jusque là. Tu seras toujours mon unique exemple. Puisse le très miséricordieux t’accorder le plus haut degré de son paradis «Amine». Je t’aime fort Papa A ma très très très chère mère Latifa M’rhraoui Ton immense tendresse, ta remarquable bonté et ta présence, physique et morale, à chaque moment où j’ai besoin de toi, sont exemplaires. Pour cela et pour beaucoup d’autres innombrables et belles choses, je voudrais te dire que tous les mots, toutes les phrases et même tous les textes du monde, ne sauraient exprimer l’amour, le respect et la reconnaissance que j’ai pour toi. En ce moment solennel, je voudrais te remercier et surtout remercier ALLAH, en le priant, le suppliant et l’invoquant, par sa grâce infinie, de te donner santé, longévité et bonheur éternel, «Amine». Je t’aime beaucoup Mama A mon Epouse, la femme et l’amie Magali Ton amour immense, ton affection, ta tendresse, ta générosité et ton grand cœur ne cessent d’illuminer ma vie, d’embellir mon existence et de donner une raison à ce que je suis.(Ajinibouti) Je serais sans doute ingrat si je ne dis pas que grâce au Bon Dieu et après à toi, ce travail a pu voir le jour et que sans toi et sans les sacrifices que tu ne cesses de déployer, mon cursus en médecine serait autrement. En toi j’ai trouvé le réconfort, l’encouragement et le soutien pour persévérer et continuer dans ce métier. En ce moment je voudrais prier Allah pour qu’il renforce notre amour et qu’il te procure, foi, santé et bonheur. « Amine » Je t’aime A mes frères Adil, Nabil et Oussama Nulle expression ne saurait exprimer l’amour, la tendresse, et l’attachement que j’ai pour vous. Adil, le plus gentil grand frère du monde, merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Je t’en suis très reconnaissant. Je te souhaite beaucoup de bonheur avec ta charmante femme Myriem. Nabil (Jimy), grâce à ton soutien et ton encouragement, j’ai tous mes «boulons». (Allay3awen) Oussama (3llilouch), toi aussi petit frère tu m’as beaucoup aidé, mais … dima Barça. Veuillez trouver ici l’expression de mes souhaits les plus sincères de santé, de foi et de réussite. A ma belle mère Dominique et à mon beau père Jacques Votre tendresse et votre générosité m’apportent beaucoup de réconfort. A Mireille et Jeannot Merci pour votre soutien permanent. A toute la famille Monteil A ma très chère grand-mère Kenza Je ne saurais jamais qualifier ta noble tendresse qui m’accompagne depuis mon plus jeune âge. A mes oncles et tantes A mes cousins et cousines A toute la famille Brek, M’rhraoui, El Saqui, Karama, Amhaouech J’espère que vous trouverez dans ce travail l’expression de mon profond respect et de mon grand amour. A ceux qui me sont chers et que, par inattention, je n’ai pas cité … A mes très chers amis : Adil (Patcha), Adil (Chennanex), Taoufik (Toutou), Abdou (Weld khalti), Mohamed (Cool), Mustapha, Nezzar (Chouchou), Karima, Amine (Dabdoub), Hicham (Lekre3), Simo (Souloumou), Oussama (Myosine), Alae (Guitarista), Amine (Mama’s), Hassan (Roquita), Hassan et Wiame, Ibrahim et Myriem, Khalid et Kaoutar, Boutheina, Narjiss, Ilham, Manar. A tous ceux qui m’aiment et que j’ai oublié de citer. Merci pour tous les encouragements, les conseils qui m’ont étés d’une aide précieuse et les bons moments passés ensemble. A tous ceux qui mon aider à la réalisation de cette thèse. (Nabil, Badr …) REMERCIEMENTS A mon maître, et Président de thèse Monsieur EL FAIZ MOHAMMED CHAOUI Professeur de Neurochirurgie CHU HASSAN II DE FES Nous avons eu le privilège de travailler parmi votre équipe et d’apprécier vos qualités et vos valeurs. Votre sérieux, votre compétence et votre sens du devoir nous ont énormément marqués. Veuillez trouver ici l’expression de notre respectueuse considération et notre profonde admiration pour toutes vos qualités scientifiques et humaines. Ce travail est pour nous l’occasion de vous témoigner notre profonde gratitude. A mon maître et Rapporteur de thèse Madame TIZNITI Siham Professeur agrégé de Radiologie CHU HASSAN II DE FES Je vous remercie pour la spontanéité avec laquelle vous avez bien voulu m’encadrer et l’amabilité avec laquelle vous m’accorder une partie de votre temps précieux. Votre gentillesse, votre compétence, votre sagesse, et votre sympathie inspirent une grande estime. En choisissant de travailler sous votre direction, je rends hommage à votre savoir, à votre loyauté et à votre admirable humanisme. Veuillez croire, cher maître, en l’expression de ma profonde gratitude et de ma très sincère considération. A mon maître et Juge de thèse Monsieur CHAKOUR KHALID Professeur d’Anatomie CHU HASSANII DE FES Votre présence au sein de ce jury constitue pour moi un très grand honneur. Votre immense compréhension, votre grande modestie, vos qualités humaines et professionnelles sont dignes d’un grand respect. Je vous prie de trouver ici, le témoignage de ma vive reconnaissance et de mon respect. . A mon maître et Juge de thèse Monsieur BELEHSSEN MOHAMMED FAOUZI Professeur agrégé de Neurologie CHU HASSAN II DE FES En m’accordant généreusement votre attention et en acceptant d’être parmi ce jury, vous me faites un grand honneur. Très sensible à votre amabilité et à vos qualités professionnelles, je vous exprime toute mon admiration et mon estime. Veuillez croire, cher maître, en ma sincère gratitude et mon profond respect. SOMMAIRE 1 INTRODUCTION…………………………………………………………………………...… 9 PREMIERE PARTIE : RAPPELS FONDAMENTAUX……………………….……………… 12 1. RAPPELS ANATOMIQUES : ………………………………………………………… 13 1.1. Le canal rachidien cervical : …………………………………………………. 13 1.1.1. La paroi antérieure : ……………………………………….……..……… 14 1.1.1.1. La charpente osseuse…………………………………..…… 14 1.1.1.2. Le ligament vertébral commun postérieur…………..…. 17 1.1.1.3. Le disque intervertébral…………………………..………… 18 1.1.2. La paroi postérieure :……………………………………………..……… 19 1.1.2.1. Les lames………………………………………………….…… 19 1.1.2.2. Les ligaments jaunes……………………….……………….. 19 1.1.3. Les parois latérales :………………………………………………...…… 20 1.1.3.1. Les pédicules……………………………………..…………… 20 1.1.3.2. Les massifs articulaires…………………………..…………. 20 1.2. Le contenu : ……………………………………….…………………………… 20 1.2.1. Les enveloppes méningées :………………….……………………..… 20 1.2.1.1. L’espace épidural…………………………………..………… 20 1.2.1.2. La dure-mère………………………………………….…......... 21 1.2.1.3. L’arachnoïde…………………………………..………………. 22 1.2.1.4. La pie-mère…………………………………………..……….. 22 1.2.2. La moelle cervicale………………………………………..……………… 22 1.2.3. Les racines nerveuses ………………………………………….………… 26 1.2.4. La vascularisation de la moelle :……………………………………..… 28 1.2.4.1. L’artère spinale antérieure………………………….….…… 28 1.2.4.2. Les artères spinales postérieures………….…………..….. 29 2 2. RAPPELS PHYSIOLOGIQUES : …………………………………………….……… 30 2.1. La physiologie du rachis cervical :………………………………….……… 30 2.1.1. Le rôle statique du rachis cervical………………………….………… 30 2.1.2. Le rôle cinétique du rachis cervical…………………………………… 31 2.2. La physiologie de la moelle cervicale :……………………………….…… 33 2.2.1. La mobilité de la moelle cervicale …………………………….……… 33 2.2.2. La fonction de la moelle cervicale……………………………..……… 33 3. LES LÉSIONS CERVICARTHROSIQUES : ………………………………………..… 34 3.1. Les lésions discales …………………………………………………………… 34 3.2. Les lésions osseuses et articulaires : …………………………….…..…… 35 3.2.1. Les lésions osseuses…………………………………………..………… 35 3.2.2. Les lésions articulaires………………………………………..………… 37 3.3. Les lésions ligamentaires :…………………………………………………… 38 3.3.1. Le ligament jaune………………………………………………………… 38 3.3.2. Le ligament vertébral commun postérieur ……………….………… 39 3.4. Les lésions méningées……………………………………………………..… 39 4. LA PHYSIOPATHOLOGIE DE LA MYÉLOPATHIE DANS LA CERVICARTHROSE:………………………………………………………..………… 40 4.1. La théorie mécanique……………………………………………….………… 41 4.2. La théorie vasculaire…………………………………………………..……… 41 4.3. La théorie dynamique………………………………………………………… 42 4.4. Les conséquences sur les tissus nerveux ………………………………… 43 3 DEUXIEME PARTIE : MATERIEL, METHODES ET RESULTATS………………….…… 44 1. 2. EPIDEMIOLOGIE :…………………………………………………………………… 61 1.1. L’âge……………………………………………………………………..……… 61 1.2. Le sexe…………………………………………………………………..……… 62 1.3. La profession……………………………………………………………………62 CLINIQUE :…………………………………………………………………………… 63 2.1. L’interrogatoire :………………………………………………………..……… 63 2.1.1. Antécédents pathologiques……………………………………..……… 63 2.1.2. Facteurs déclenchants…………………………………………………… 64 2.1.3. Motif de consultation………………………………………….………… 64 2.1.4. Mode de début……………………………………………………..……… 64 2.1.5. Signes fonctionnels……………………………………………….……… 65 2.2. L’examen clinique :…………………………………………………………… 66 2.2.1. Le syndrome rachidien :…………………………………….…………… 66 2.2.2. Le syndrome lésionnel :…………………………………….…………… 66 2.2.2.1. La névralgie cervico-brachiale ……………………….……… 66 2.2.2.2. Les troubles sensitifs…………………………………….……… 67 2.2.2.3. Les troubles moteurs…………………………….……………… 67 2.2.2.4. L’aréflexie localisée………………………………….……………67 2.2.3. Le syndrome sous-lésionnel :……………………..…………………… 68 2.2.3.1. Le syndrome pyramidal…………………………………………. 68 2.2.3.2. Les troubles sensitifs……………………………………….…… 69 4 3. LES EXAMENS RADIOLOGIQUES :……………………………………………..…… 70 3.1. Les radiographies standards du rachis cervical :…………………………70 3.1.1. Des troubles de la statique vertébrale…………………………………70 3.1.2. Des anomalies disco-vertébrales………………………………….…… 72 3.1.3. Les mensurations du canal cervical……………………………….……74 3.1.4. Autres anomalies observées…………………………………….……… 75 3.2. L’IRM cervicale :………………………………………………………………… 78 3.2.1. Les lésions osseuses cervicarthrosiques…………………..………… 78 3.2.2. L’atteinte du disque intervertébral……………………………..……… 80 3.2.3. Les lésions ligamentaires…………………………………………………81 3.2.4. Les mensurations du canal cervical…………………………………… 82 3.2.5. Le retentissement de la cervicarthrose sur la moelle……………… 85 3.3. La TDM cervicale………………………………………………………...……… 86 4. LE BILAN ELECTROPHYSIOLOGIQUE :………………………………………………87 4.1. L’électromyogramme (EMG)…………………………………………..……… 87 4.2. Les potentiels évoqués somesthésiques et moteurs…………….………87 5. LE TRAITEMENT :……………………………………………………………………… 87 5.1. Le traitement médical………………………………………………..…………87 5.2. Le traitement chirurgical……………………………………………………… 88 6. L’EVOLUTION :………………………………………………………………………… 88 6.1. L’évolution à court terme :…………………………………………………… 88 6.1.1. Après traitement médical……………………………………..………… 88 6.1.2. Après traitement chirurgical……………………………….…………… 89 6.2. L’évolution à long terme………………………………………..…..………… 89 5 TROISIEME PARTIE : DISCUSSION…………………………………….………………… 90 1. ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE :…………………………………………..………………91 1.1. L’âge……………………………………………………………….……………… 91 1.2. Le sexe…………………………………………………………….……………… 92 1.3. La profession………………………………………………….………………… 92 2. ETUDE CLINIQUE :…………………………………………………….………………93 2.1. Facteurs déclenchants…………………………………………….……………94 2.2. Mode de début……………………………………………..…………………… 94 2.3. Signes cliniques de début………………………………….………………… 95 2.4. Examen clinique ……………………………………………..………………… 96 2.4.1. Le syndrome rachidien…………………………………………………… 96 2.4.2. Le syndrome lésionnel…………………………………….……………… 97 2.4.3. Le syndrome sous-lésionnel…………………………………………… 97 2.5. Formes cliniques ………………………………………………….…………… 98 2.5.1. La forme typique…………………………………………………..……… 98 2.5.2. La forme radiculo-médullaire…………………………………..……… 98 2.5.3. La forme douloureuse………………………………………….………… 98 2.5.4. La forme motrice pure…………………………………………….……… 98 2.5.5. La forme réalisant un syndrome sensitif médullaire organisé…... 99 2.5.6. La MCA décompensée par un traumatisme cervical…….………… 100 3. ETUDE RADIOLOGIQUE : ………………………………………………………… 101 3.1. Les radiographies standards…………………………………………………101 3.1.1. Indications………………………………………………..……………… 101 3.1.2. Technique……………………………………….……………………… 101 3.1.3. Résultats ………………………………………………….……………… 102 6 3.1.4. Limites …………………………………………………….………………106 3.2. La TDM cervicale……………………………………………………………… 111 3.2.1. Indications…………………………………………..…………………… 111 3.2.2. Technique…………………………………………………………………111 3.2.3. Résultats …………………………………………..…………………… 112 3.2.4. Limites ……………………………………………….………………… 118 3.3. L’IRM cervicale………………………………………………………………… 118 3.3.1. Indications ………………………………………..…………………… 118 3.3.2. Technique…………………………………………….………………… 119 3.3.3. Limites …………………………………………………..……………… 123 3.3.4. Sémiologie normale du rachis cervical…………………………… 124 3.3.5. Résultats ……………………………………………..………………… 127 3.3.5.1. Les anomalies osseuses …………………………..………… 127 3.3.5.2. Les anomalies discales ……………………………………… 131 3.3.5.3. Les anomalies ligamentaires……………………..………… 140 3.3.5.4. Les dimensions du canal rachidien cervical……….…..… 143 3.3.5.5. Les anomalies du cordon médullaire……………………… 145 3.3.6. Corrélation entre les signes cliniques et le degré de souffrance médullaire…………………………………………….………… 157 3.3.7. Corrélation le degré de sténose du canal rachidien cervical et la souffrance médullaire………………………………………………… 159 3.3.8. Les lésions cervicarthrosiques les plus pathogènes…………..… 160 4. LES EXPLORATIONS NEUROPHYSIOLOGIQUES……………………….……… 162 7 5. TRAITEMENT :……………………………………………………………………… 163 5.1. Le traitement médical………………………………………………..……… 163 5.2. Le traitement chirurgical…………………………………………….……… 164 6. EVOLUTION ET PRONOSTIC :…………………………………………………… 165 6.1. L’évolution………………………………………………………………..…… 165 6.1.1. Résultats du traitement médical……………………………………… 165 6.1.2. Résultats du traitement chirurgical……………………………..…… 166 6.2. Les facteurs pronostiques …………………………………………….…… 167 6.2.1. L’âge………………………………………………………………..…… 167 6.2.2. La durée des symptômes pré-opératoires…………………..…… 167 6.2.3. La sévérité du déficit neurologique………………………………… 168 6.2.4. La statique du rachis cervical…………………………………………168 6.2.5. Le nombre d’étages cervicaux atteints…………………….……… 168 6.2.6. La sténose canalaire cervicale…………………………..…………… 168 6.2.7. L’hypersignal intra-médullaire………………………….……………169 CONCLUSION………………………………………………………………….…………… 170 RESUME……………………………………………………………………………………… 173 BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………..……… 180 8 INTRODUCTION 9 L’arthrose cervicale est un processus de dégénérescence articulaire lié au vieillissement. C’est une affection banale et, le plus souvent, parfaitement bien tolérée sur le plan clinique. En effet, 50% de la population à partir de 50 ans et 75% après 65 ans en présentent les manifestations radiologiques, sans être cependant gênés dans leur vie quotidienne. La myélopathie cervicarthrosique est une atteinte médullaire consécutive à la compression de la moelle par des processus dégénératifs qui réduisent le canal rachidien. Elle est segmentaire ou globale et sera symptomatique d’autant plus tôt que le canal est étroit de façon constitutionnelle. Le diagnostic de myélopathie cervicarthrosique est évoqué en présence d’anomalies cliniques et électrophysiologiques. L’installation de la maladie est très lente et insidieuse et le diagnostic à un stade précoce est très difficile à faire. Ainsi, le diagnostic et le traitement sont souvent retardés, à un stade où les possibilités de récupération neurologique sont alors hypothéquées. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet d’évaluer de façon atraumatique les relations entre le canal cervical osseux, les structures ligamentaires et la moelle épinière. 10 La myélopathie par cervicarthrose présente un intérêt tout particulier en raison de l’efficacité de la chirurgie décompressive, alors que la plupart des autres myélopathies cervicales évoluent inexorablement vers l’aggravation. Dans ce travail, nous tenterons d’apprécier la valeur des différents examens radiologiques et notamment de l’IRM dans l’étude des myélopathies cervicarthrosiques, de préciser l’intérêt et les limites de chacun et de répondre aux questions suivantes : Existe-t-il une corrélation significative entre la sévérité des lésions rachidiennes et la symptomatologie clinique ? Existe-t-il une corrélation entre la sténose rachidienne et la souffrance médullaire ? Quelles sont les lésions arthrosiques les plus pathogènes ? Pour cela, nous avons étudié les dossiers cliniques de 36 patients explorés dans le service de radiologie et suivis dans les services de neurologie et de neurochirurgie du CHU Hassan II de Fès. 11 RAPPELS FONDAMENTAUX 12 1. RAPPELS ANATOMIQUES : (1; 2; 3) 1.1. LE CANAL RACHIDIEN CERVICAL : Le canal osseux cervical présente une section sensiblement triangulaire et mesure environ 13 à 14 cm de hauteur. Il est constitué par la superposition de sept vertèbres cervicales et répond : • En haut, au trou vertébral atloïdien qui communique avec le trou occipital. • En bas, au trou vertébral situé à hauteur de l’espace C7-D1. Les dimensions du canal rachidien varient selon le niveau, elles sont représentées dans le tableau 1 : Niveau Diamètre antéro- Diamètre transverse postérieur (mm) (mm) C1 18,1 + / - 0,3 28,1 + / - 0,3 C2 15,9 + / - 0,3 22,4 + / - 0,3 C3 13,3 + / - 0,2 22,3 + / - 0,2 C4 13,1 + / - 0,2 23,2 + / - 0,2 C5 13,1 + / - 0,2 24,2 + / - 0,2 C6 13,4 + / - 0,2 24,4 + / - 0,2 C7 13,6 + / - 0,2 23,5 + / - 0,2 Tableau 1 : Les dimensions du canal rachidien (4) 13 Ce canal rachidien présente une paroi antérieure, deux parois latérales et une paroi postérieure. 1.1.1. La paroi antérieure : Elle est constituée par la face postérieure des corps vertébraux alternant avec les disques et est revêtue du ligament vertébral commun postérieur (LVCP). 1.1.1.1. La charpente osseuse : A hauteur de C1, la face postérieure de l’apophyse odontoïde présente une facette articulaire répondant au ligament transverse, qui est tendu d’un massif latéral de l’atlas à l’autre. A partir de C3, la face postérieure du corps vertébral présente une crête médiane et verticale et se prolonge en haut et en bas par le bourrelet marginal sur lequel se fixe l’anneau fibreux du disque intervertébral. Les apophyses unciformes se développent aux deux extrémités latérales du plateau supérieur et s’articulent avec les deux échancrures qui leur correspondent à la face inférieure du corps vertébral sus-jacent. Leur orientation sagittale de C3 à C6 permet des mouvements de glissement en flexion et en extension, alors qu’en C7 et D1, elles se rapprochent du plan frontal. (Fig.1; 2; 3) 14 Foramen transverse Corps v ertébrale Pédicule Processus transverse Surface articulaire supérieure lame Processus épineux Fig. 1 : Face supérieure de C4 (5) 15 Fig. 2 : Rachis osseux cervical de profil (6) Fig. 3 : Vue antérieure des vertèbres C3, C4, C5 (6) 16 1.1.1.2. Le ligament vertébral commun postérieur (LVCP) : C’est l’élément le plus antérieur du canal rachidien. (Fig.4; 5) Il recouvre la surface médiane du mur postérieur et du disque et adhère intimement aux fibres externes de l’annulus. Son rôle consiste à : • Freiner la flexion cervicale. • Limiter l’expansion discale vers l’arrière ou vers le foramen. Son renforcement médian explique la plus grande fréquence des hernies discales latérales par rapport aux hernies médianes. Ligament vertébral commun postérieur Fig. 4 : Ligament vertébral commun postérieur (paroi antérieur du canal rachidien) (5) 17 Capsule articulaire Ligament vertébral commun antérieur Ligament interépineux Ligament vertébral commun postérieur Ligament jaune Fig. 5 : Ligament vertébral commun postérieur et ligament jaune (5) 1.1.1.3. Le disque intervertébral : C’est un système autonome permettant d’absorber les chocs, autorisant ainsi un déplacement aisé de la colonne cervicale. Il est épais, en forme de lentille biconvexe, s’interpose entre les corps vertébraux et comprend : (Fig.6) • Le nucleus pulposus : complexe central sous forme d’une bille gélatineuse, très hydratée, qui peut se déformer mais qui est incompressible. • L’annulus : périphérique, composé d’un réseau intimement mêlé de fibres élastiques. Avec l’âge, ces fibres deviennent plus épaisses et perdent leur élasticité. 18 Fig. 6 : Vue schématique axiale d’un disque (7) 1.1.2. La paroi postérieure : Elle est constituée de l’empilement des lames vertébrales réunies entre elles par les ligaments jaunes. 1.1.2.1. Les lames : Obliques de haut en bas et d’avant en arrière, de forme quadrilatère et plus larges que hautes, leurs extrémités internes se fusionnent en apophyse épineuse, bifide à l’étage cervical. (Fig.1) 1.1.2.2. Les ligaments jaunes : Au nombre de deux, ils sont essentiellement formés de fibres élastiques longitudinales. Ils s’étendent du bord antéro-inférieur de la lame sus-jacente au bord postéro-inférieur de la lame sous-jacente, de la ligne médiane jusqu’au foramen intervertébral. (Fig.5) 19 1.1.3. Les parois latérales : Elles sont constituées d’avant en arrière par : 1.1.3.1. Les pédicules : Obliques en dehors et en arrière, ils limitent entre eux, par leurs bords supérieur et inférieur, le trou de conjugaison d’où s’échappent les racines rachidiennes et pénètrent les artères radiculaires. Les apophyses transverses sont rattachées aux pédicules par une racine antérieure et une racine postérieure qui délimitent le trou transversaire dans lequel cheminent l’artère et le nerf vertébral, enveloppés dans un plexus veineux. (Fig.1; 2) 1.1.3.2. Les massifs articulaires : Les facettes articulaires supérieures regardent en arrière et en haut, et inversement pour les inférieures (Fig.1; 2). Ces articulations sont unies par une capsule fibreuse, lâche et richement innervée à laquelle adhère, en arrière, le ligament jaune. 1.2. LE CONTENU : 1.2.1. Les enveloppes méningées : On note de dehors en dedans : 1.2.1.1. L’espace épidural : Il sépare la dure-mère des parois du canal vertébral (Fig.7), tapissé en avant par le LVCP et en arrière par le ligament jaune et les capsules 20 articulaires. Cet espace est large en C1-C2 et étroit au niveau du rachis cervical inférieur. Il permet le transit des racines rachidiennes vers les trous de conjugaison, constituant ainsi un deuxième matelas liquidien protecteur de la moelle épinière, de par sa richesse en veines et en tissu cellulograisseux. Fig. 7 : Coupe transversale de la moelle épinière et des méninges (8) 1.2.1.2. La dure-mère : Elle est fibreuse, épaisse de 0.5mm, unie au LVCP par des prolongements fibreux. Latéralement, elle engaine et accompagne les racines des nerfs rachidiens pour se poursuivre à hauteur du canal de conjugaison. En haut, l’étui dural se fixe à la face postérieure du corps de l’axis et se continue par la dure-mère intracrânienne en regard du trou occipital. 21 C’est une membrane solide qui enveloppe la moelle et le liquide céphalorachidien (LCR). Elle est séparée et protégée des parois du canal par l’espace tampon épidural (ou extradural). 1.2.1.3. L’arachnoïde : C’est une membrane fine et translucide qui tapisse la face interne de la dure-mère. Elle est reliée à la pie-mère par des tractus fibreux qui délimitent les espaces sous-arachnoïdiens. 1.2.1.4. La pie-mère : Elle adhère intimement par sa face interne à la surface de la moelle et aux racines, dont elle est indissociable. Sa face externe, reliée à la duremère, donne des prolongements latéraux qui constituent les ligaments dentelés. 1.2.2. La moelle cervicale : Elle succède au bulbe à hauteur de l’anneau atloïdien. Elle occupe environ 3/5ème du canal vertébral et est aplatie d’avant en arrière, avec un diamètre antéro-postérieur de 8 mm, un diamètre transversal de 12 mm en moyenne et une longueur de 15 cm. Il existe un renflement cervical caractéristique, de C4 à D1, qui correspond aux métamères destinés aux membres supérieurs (plexus brachial). (Fig.8) 22 Substance grise Substance blanche Radicelle postéri eure Ganglion spinal Nerf spinal Filaments de la radicelle antéri eure Fig. 8 : La moelle épinière et ses racines sur une vue antérieure (9) La moelle est mobile dans le canal vertébral, mais cette mobilité est limitée par le ligament dentelé et les adhérences de la dure-mère au rachis, ainsi que par les nerfs rachidiens destinés aux membres supérieurs, dont la direction antérieure a tendance à plaquer la moelle contre les corps vertébraux. Dans le canal rachidien, les rapports de la moelle sont : • En avant : le mur postérieur, les disques et le LVCP. • En arrière : les lames et les ligaments jaunes. • Latéralement : les pédicules et les trous de conjugaison par où passent les nerfs rachidiens. 23 En coupe transversale de la moelle, on constate l’existence de deux régions : • La substance grise centrale, qui contient les corps cellulaires, et dont on distingue la corne postérieure sensitive et la corne antérieure motrice. • La substance blanche périphérique, constituée par les axones qui parcourent la moelle longitudinalement. La moelle est divisée en cordons : • Dans le cordon postérieur cheminent les axones de la sensibilité épicritique (sensibilité discriminative permettant de reconnaître les objets par le toucher) et la sensibilité proprioceptive (sensibilité osseuse et position des segments du corps dans l’espace). • Dans le cordon antéro-latéral chemine le faisceau spinothalamique, assurant la sensibilité nociceptive (thermique et douloureuse) et le faisceau pyramidal croisé, assurant 80% de la motricité volontaire. (Fig.9) 24 Fig. 9 : Systématisation de la substance blanche médullaire (10) 1. Faisceau gracile 7. Faisceau pyramidal antérieur 2. Faisceau cunéiforme 8. Fascicule longitudinal médian 3. Faisceau pyramidal latéral 4. Faisceau spino-cérébelleux postérieur 5. Faisceau spino-cérébelleux antérieur comprenant : - Faisceau vestibulo-spinal - Faisceau réticulo-spinal - Faisceau tecto-spinal - Faisceau interstitio-spinal 6. Fascicule antéro-latéral comprenant : S : sacré - Faisceau spino-réticulé L : lombaire - Faisceau spino-tectal TH : thoracique - Faisceau spino-thalamique C : cervical - Faisceau spino-olivaire 25 1.2.3. Les racines nerveuses : (11) La racine ventrale se détache du sillon latéral ventral de la moelle par quatre ou sept radicules (radicelles). Elle constitue la racine motrice. La racine dorsale se divise en trois à dix radicules avant de pénétrer dans le sillon latéral dorsal de la moelle. Elle constitue la racine sensitive. Cette racine dorsale présente un renflement fusiforme, appelé ganglion spinal, qui contient les corps cellulaires des neurones sensitifs (cellules en T) et qui est situé dans la partie médiale du foramen intervertébral. Les racines ventrale et dorsale convergent et fusionnent au niveau de la partie latérale du foramen intervertébral. (Fig.10) La longueur des racines spinales augmente considérablement de la partie craniale à la partie caudale de la colonne vertébrale. Le nerf spinal (nerf rachidien) quitte le foramen intervertébral, entouré des méninges spinales et se divise presque aussitôt en un rameau dorsal et un rameau ventral. Le rameau dorsal, assez grêle, se porte en arrière et se distribue aux muscles et à la peau de la partie dorsale du tronc. Le rameau ventral, plus gros, chemine dans la paroi latérale puis antérieure du tronc. Il peut demeurer isolé ou s’anastomoser avec ses homologues sus et sous-jacents. Il innerve la paroi antéro-latérale du tronc ainsi que les membres. Il donne des rameaux communicants le reliant au tronc sympathique (Fig.11). Il donne la racine spinale du nerf qui assure l’innervation des méninges spinales : le nerf méningé (l’autre racine de ce nerf est végétative). 26 Fig. 10 : Coupe de la moelle épinière montrant les racines nerveuses d’un côté (12) Fig. 11 : Les relations entre le nerf sympathique et les nerfs spinaux (12) 27 1.2.4. La vascularisation de la moelle : La moelle est vascularisée par plusieurs artères radiculaires qui constituent l’axe spinal antérieur et les deux axes spinaux postérieurs. (Fig.12) 1.2.4.1. L’artère spinale antérieure : Elle chemine dans le sillon médian antérieur et est formée par les artères radiculo-spinales antérieures, qui confluent régulièrement vers la ligne médiane, se bifurquent en branches supérieures et inférieures pour constituer ainsi l’artère spinale antérieure, et les artères radiculo-spinales postérieures confluentes. Les artères radiculo-spinales antérieures et postérieures ont pour origine l’artère vertébrale, l’artère carotide externe et l’artère sous-clavière. On dénombre souvent trois artères radiculo-spinales antérieures (une en C4, une en C7 et une en T2) et trois ou quatre artères radiculo-spinales postérieures. Les deux branches spinales se réunissent, prennent une direction descendante et se fusionnent sur la ligne médiane. Dès lors, les artères perforantes de l’artère spinale antérieure cheminent dans le sillon médian antérieur, se divisent en branches droite et gauche puis se divisent de façon dichotomique pour assurer la vascularisation des 2/3 antérieurs de la moelle épinière. 28 1.2.4.2. Les artères spinales postérieures : Elles cheminent de part et d’autre de la ligne médiane, à la face postérieure de la moelle qu’elles longent sur toute sa hauteur. Elles vascularisent ainsi le 1/3 postérieur de la moelle. Elles sont issues de l’artère vertébrale qui donne de nombreuses artères radiculaires, donnant ellesmêmes de nombreuses artères radiculo-médullaires, confluentes pour donner les artères spinales postérieures. Enfin, il existe de nombreuses branches spinales qui naissent des artères spinales antérieures et postérieures et forment un réseau anastomotique superficiel péri-spinal, dont sont issues des branches perforantes qui participent à la vascularisation périphérique de la moelle (substance blanche). 1. Artère radiculo-médullaire antérieure 2. Artère radiculo-médullaire postérieure 3. Voie spinale antérieure 4. Voie spinale postérieure 5. Artères sulco-commissurales 6. Réseau péri-médullaire Fig. 12 : Représentation schématique de la vascularisation de la moelle épinière (13) 29 2. RAPPELS PHYSIOLOGIQUES : 2.1. LA PHYSIOLOGIE DU RACHIS CERVICAL : Le segment cervical est le segment le plus mobile du rachis. Il est parfaitement adapté pour soutenir et mouvoir la tête. Ceci est du au nombre élevé des articulations intervertébrales, comparé à la faible hauteur du rachis cervical, ainsi qu’à la mobilité des vertèbres entre elles et à la facilité du disque intervertébral à s’adapter aux différents mouvements du rachis. Parallèlement et de manière paradoxale, le rachis cervical est une structure rigide grâce à sa constitution osseuse, destinée à protéger la moelle et les racines nerveuses, ainsi qu’à la vascularisation artérielle du cerveau postérieur. Ces deux qualités lui confèrent un double rôle : statique et dynamique (14). 2.1.1. Le rôle statique du rachis cervical : Il consiste en : • Le support et le soutien aux structures voisines qui pèsent sur lui. En effet, le rachis cervical est soumis en permanence à plusieurs facteurs expliquant l’installation prématurée et rapide de l’arthrose cervicale : ü la pesanteur ü le tonus des muscles paravertébraux ü les traumatismes, conséquence de charges brutales sur le cou et la tête • La protection de l’axe vasculo-nerveux qui le loge. 30 2.1.2. Le rôle cinétique du rachis cervical : Le rachis cervical est le plus mobile des segments axiaux, dans toutes les directions et dans tous les axes. Cette mobilité est due à : • L’étroitesse des lames. • La forme des épineuses. • La facilité du disque intervertébral à s’adapter aux différents mouvements axiaux. Cette mobilité est maximale de C4 à C7, assurée essentiellement grâce à trois systèmes articulaires qui peuvent être le siège de lésions dégénératives : • En avant : l’articulation disco-vertébrale. • En arrière : l’articulation inter-apophysaire postérieure. • Les articulations unco-vertébrales. Ainsi, le rachis cervical est considéré comme une articulation à cinq degrés de liberté, suivant trois axes : transversal, sagittal et vertical. La moitié de la rotation du rachis cervical se consomme dans l’articulation atlas-axis. La rotation est importante entre chacune des vertèbres cervicales grâce aux facettes articulaires presque horizontales. La rotation globale est de 160°. La flexion-extension globale est normalement de 120°. Les inclinaisons latérales sont de 45°. (Fig.13) 31 Fig. 13 : La mobilité du rachis cervical avec ses différentes amplitudes (15) L’extension est principalement due aux masses musculaires para-vertébrales (splénius capitis, spinaux). La flexion est principalement due aux muscles sterno-cléido-mastoïdiens et secondairement aux muscles scalènes. La rotation est due aux muscles sterno-cléido-mastoïdiens et aux spinaux. L’inclinaison latérale est due aux muscles scalènes. Ces amplitudes varient avec l’âge et le morphotype du sujet. Cette grande mobilité cervicale et les contraintes auxquelles elle est soumise expliquent, en grande partie, la fréquence de la cervicarthrose, mode habituel du vieillissement (16). 32 2.2. LA PHYSIOLOGIE DE LA MOELLE CERVICALE : 2.2.1. La mobilité de la moelle cervicale : Elle se fait dans un double sens, transversal et longitudinal : (14; 17) • La mobilité transversale : la moelle se situe en avant en procubitus et en arrière en décubitus. Cette mobilité est favorisée par la pesanteur, mais limitée par les racines, les nerfs rachidiens et les ligaments dentelés. • La mobilité longitudinale : en flexion, la moelle s’allonge et vient au contact des disques; par contre, en extension, elle se raccourcit (9mm/12mm) et vient au contact des ligaments jaunes. 2.2.2. La fonction de la moelle cervicale : La moelle cervicale joue un double rôle : (18) • Le rôle de conduction : il est assuré par la substance blanche et par le biais des voies longues, motrices et sensitives. Ainsi, la moelle assure la conduction de la commande nerveuse venant du cerveau et du tronc cérébral et destinée aux membres et au tronc (19). • Le rôle de centre nerveux : la moelle est le siège des neurones moteurs et sensitifs des membres supérieurs et de la région cervico-scapulaire et des neurones moteurs du diaphragme. Grâce à ces données physio-anatomiques, certaines constatations cliniques au cours de la MCA peuvent être expliquées : le syndrome lésionnel par l’atteinte des formations grises qui possèdent une expression sémiologique sensitive et/ou motrice, et le syndrome sous-lésionnel par l’atteinte des voies centrifuges et/ou centripètes. 33 3. LES LÉSIONS CERVICARTHROSIQUES : 3.1. LES LÉSIONS DISCALES: (20) Elles passent par différents stades : • Détachement des fibres de collagène de l’annulus des plateaux cartilagineux, responsables de sa fissuration, se traduisant par une protrusion discale. • Démarrage d’une réaction de prolifération accélérée de groupes isogéniques de chondrocytes. L’hyperactivité cellulaire entraîne une hyperactivation des enzymes protéolytiques qui endommagent la matrice, responsable d’hernie discale aigue ou protrusion discale. • Une fois que l’altération de l’annulus a rompu l’intégrité du disque, l’association d’hyperactivité cellulaire et de néoangiogénèse provoque la calcification et l’ossification « entésiale », premier stade de la formation d’ostéophytes marginaux. • Ces lésions discales intéressent principalement les étages C4-C5, C5-C6 et C6-C7, qui correspondent aux niveaux où l’amplitude des mouvements est la plus importante. 34 3.2. LES LÉSIONS OSSEUSES ET ARTICULAIRES : Ces lésions retentissent différemment sur les éléments de voisinage et ont une traduction anatomo-pathologique particulière. 3.2.1. Les Les lésions osseuses : (11) lésions dégénératives discales sont responsables d’une diminution de l’épaisseur du disque. Ainsi, le système de fissuration devient plus évident. A cela, s’ajoutent également des altérations des surfaces de contact entre os et fibrocartilage des corps vertébraux, ainsi que des altérations des ligaments vertébraux antérieur et postérieur, accompagnées d’un début de sclérose sur les bords vertébraux. (Fig.14) La diminution de l’épaisseur du disque détermine un rapprochement des plateaux vertébraux et une déviation de l’uncus vers l’extérieur, vers le trou de conjugaison, qui peut être responsable de la compression sur l’artère vertébrale ou sur le plexus sympathique péri-vasculaire (syndrome de l’artère vertébrale) et sur les racines nerveuses dans le trou de conjugaison. Cette dégénérescence arthrosique se manifeste aussi par l’apparition d’ostéophytes sur les bords antérieurs et postérieurs des corps vertébraux. Avec l’épaississement, les ostéophytes peuvent provoquer le détachement de fragments de l’annulus qui restent englobés dans le LVCP, causant ainsi une protrusion postérieure qui touche le tissu médullaire antérieur et les racines. Ce processus représente la base anatomo-pathologique de ce que l’on appelle les hernies dures. Ces dernières se différentient des hernies molles, plus rares, formées par le tissu du nucléus expulsé et qui occupent l’espace du canal vertébral, déterminant une compression neurologique. 35 Fig. 14 : De haut en bas : aspects de la dégénérescence discale progressive avec perte graduelle du contenu polysaccharidique, de l'épaisseur du disque au début de la formation d'ostéophytes antérieurs et postérieurs (20) 36 Les lésions articulaires : (20) 3.2.2. La dégénérescence discale est souvent associée à la dégénérescence des articulations unco-vertébrales, dont la déformation peut produire une compression myélo-radiculaire latérale. L’évolution du processus arthrosique des articulations inter-apophysaires est identique à celles dégénérescence des autres cartilagineuse, articulations formation du de type grands « diarthrodie » : ostéophytes, déformation et hypertrophie des facettes articulaires qui peuvent comprimer le canal et causer des altérations de la membrane synoviale et la compression extrinsèque de la racine nerveuse. Les altérations dégénératives des articulations inter-apophysaires ne sont pas toujours accompagnées d’altérations discales de même intensité. Il existe en effet une étroite corrélation fonctionnelle entre le disque et l’uncus, plus importante que celle existant entre le disque et l’articulation apophysaire. On peut donc avoir des disques et des uncus gravement dégénérés et des articulations inter-apophysaires indemnes. On peut également avoir un disque pincé, avec l’uncus en bon état, et avoir par contre une très grave arthrose inter-apophysaire, indépendante des lésions du disque. Les tableaux cliniques correspondants sont différents. 37 Les trois systèmes articulaires pouvant être le siège des lésions arthrosiques sont : • L’articulation disco-vertébrale, en avant, siège de fréquentes lésions de discarthrose. • Les articulations inter-apophysaires postérieures, en arrière, sièges de lésions d’arthrose inter-apophysaire postérieure. • Les articulations unco-vertébrales. 3.3. LES LÉSIONS LIGAMENTAIRES : L’appareil ligamentaire (4; 21) s’hypertrophie, perd ses propriétés mécaniques, s’épaissit et se calcifie. 3.3.1. Le ligament jaune : Sa dégénérescence ne fait strictement pas partie du processus arthrosique, mais ce ligament a tendance à s’hypertrophier, ce qui contribue ainsi à la sténose de la portion postérieure du canal cervical (Fig.15). Il a tendance à perdre son élasticité avec le vieillissement et quand ce phénomène s’associe à un épaississement, cela forme une masse protubérante qui, surtout en hyperextension, envahit le canal vertébral, réduisant ainsi son diamètre antéro-postérieur. 38 3.3.2. Le ligament vertébral commun postérieur : Ses calcifications rétrécissent le canal rachidien et irritent la moelle. Elles peuvent être secondaires à des causes traumatiques, à des atteintes du métabolisme phosphocalcique ou à une irradiation cervicale haute. Ces étiologies sont exceptionnellement retrouvées (22). Fig. 15 : Section histologique montrant la sténose de composante mixte, discarthrose et hypertrophie des ligaments jaunes (20) 3.4. LES LÉSIONS MÉNINGÉES : Elles se manifestent par : • Un épaississement de la dure-mère et son adhérence au LVCP. • Une fibrose des gaines méningées péri-radiculaires et une adhérence de la dure-mère radiculaire. • Un feutrage dense de l’arachnoïde. 39 4. LA PHYSIOPATHOLOGIE DE LA MYÉLOPATHIE DANS LA CERVICARTHROSE : Les processus dégénératifs sus-décrits aboutissent au rétrécissement du contenant rachidien vis-à-vis du contenu médullaire, responsable d’une souffrance radiculo-médullaire, dont la genèse peut être expliquée selon plusieurs théories : (Fig.16) Fig. 16 : Les flèches indiquent les différentes façons de développer une compression sur la moelle et sur les racines (20) 40 4.1. LA THÉORIE MÉCANIQUE : (23) Les lésions dégénératives peuvent réduire le diamètre antéropostérieur et/ou transversal du canal rachidien. Il s’agit le plus souvent d’épaississements ligamentaires, de protrusions discales, de becs discoostéophytiques saillant dans le canal rachidien et comprimant les éléments radiculo-médullaires. L’apparition de cette compression est d’autant plus précoce que les dimensions du canal rachidien sont constitutionnellement réduites. Cette atteinte mécanique, directe et répétée par la pression permanente exercée sur les axones et la microcirculation sanguine locale, entraîne un fonctionnement médullaire anormal : d’abord une myélomalacie, puis une nécrose et enfin une cavité kystique. 4.2. LA THÉORIE VASCULAIRE : (24; 25 ; 26) L’artère spinale antérieure peut être comprimée derrière les disques vertébraux par une ostéophytose médiane ou un rétrolisthésis. L’artère vertébrale peut être sténosée par la déformation du rachis ou par une uncarthrose. Les artères radiculaires accompagnant les racines dans le trou de conjugaison peuvent être menacées par des protrusions discales latérales ou par une unco-discarthrose (14). La conséquence d’une telle compression est éminemment variable car le nombre d’artères radiculo-médullaires et leurs origines sont variables d’un individu à l’autre. 41 Toutefois, une compression de l’artère spinale antérieure ou un engainement fibreux des artères radiculaires pourrait entraîner une ischémie dans les territoires jonctionnels; en se souvenant que l’âge de l’arthrose est celui de l’athérome (4; 27). La stase veineuse en relation avec une compression du drainage veineux intramédullaire due à la sténose canalaire a un rôle physiopathologique important car elle peut constituer un facteur aggravant, entraînant une ischémie chronique et un œdème médullaire. 4.3. LA THEORIE DYNAMIQUE : (23) Lors des mouvements de flexion, le canal rachidien s’allonge et la moelle s’ascensionne. S’il existe des ostéophytes antérieurs, la moelle peut être irritée par des mouvements sur le billot ostéophytique. Lors des mouvements d’extension, le canal se raccourcit mais le ligament jaune a tendance à faire saillie dans le canal, venant comprimer la moelle, étranglée entre les ostéophytes antérieurs et le ligament jaune postérieur. Ces mouvements pouvant se répéter jusqu’à cinq cent fois par heure, la répétition des microtraumatismes médullaires peut engendrer un dysfonctionnement médullaire. C’est en fait l’association de ces trois mécanismes à des degrés variables qui est à l’origine du développement des signes neurologiques. 42 4.4. LES CONSEQUENCES SUR LES TISSUS NERVEUX : (22) Les lésions touchent à la fois la substance blanche et la substance grise. • Dans la substance blanche, on note des atteintes de degré variable : - Altération de la myéline. - Prolifération de la macroglie, destruction myélinique totale avec disparition des cylindraxes et formation d’une cicatrice gliale. - Formation de microcavités nécrotiques. • Dans la substance grise, on observe : - Soit de simples altérations des cellules nerveuses. - Soit une disparition de cellules nerveuses avec gliose et apparition de petits foyers nécrotiques. Toutes ces lésions prédominent dans les cordons latéraux et dans la portion intermédiaire de la substance grise intramédullaire, entre les cornes antérieure et postérieure. NB : La myélopathie s’aggraverait selon deux facteurs : (28; 29) • L’augmentation du contenu liquidien extracellulaire par transudation à partir des cellules gliales. • La pénétration intramédullaire du LCR à partir des espaces de Virchow-Robin ou par d’autres voies de passage, notamment au niveau des cornes postérieures. 43 MATERIEL, METHODES ET RESULTATS 44 Notre étude porte sur 36 patients atteints de myélopathie cervicarthrosique, hospitalisés dans les services de neurochirurgie et de neurologie du CHU Hassan II de Fès, sur une période allant de Janvier 2001 à Décembre 2007. Nous avons retenu uniquement les dossiers contenant une IRM du rachis cervical (avec ou sans traumatisme associé). L’étude des dossiers a été faite selon une fiche d’exploitation, remplie pour chaque patient et comprenant les informations étudiées ci-dessous (voir fiche). Dans le but d’une meilleure exploitation des dossiers, nous avons procédé à une relecture des explorations radiologiques avec un radiologue expérimenté. 45 Fiche d’exploitation : 1- Identité : NE : NO : Nom : Prénom : Age : Sexe : F M Profession: 2- Examen clinique : - Interrogatoire : ATCD pathologiques : Médicaux : Chirurgicaux : Facteurs déclenchants : Traumatisme du rachis : Notion de port de charges lourdes : Association des deux facteurs : Motif de consultation : Mode du début : Brutal : Rapidement progressif : Progressif : 46 Signes fonctionnels : NCB : Cervicalgie : Sciatalgie : Lombalgie : Troubles de la marche : Paresthésies : Troubles génito-sphinctériens : Autres : - Tableau clinique : Examen neurologique : Syndrome rachidien : . Signe de la sonnette : . Raideur cervicale : . Autres : Syndrome lésionnel : . NCB : Unilatérale : Bilatérale : . Troubles sensitifs : Hypoesthésie : Topographie : Anesthésie : . Troubles moteurs : . Aréflexie localisée : Syndrome sous-lésionnel : . Syndrome pyramidal : Déficit moteur Vivacité des ROT Signe de Babinski Signe de Hoffman 47 . Troubles sensitifs : Sensibilité superficielle : Sensibilité profonde : Niveau sensitif : Examen somatique : 3-Examens paracliniques : - Bilan radiologique : Radiographies standards : Cliché de profil : . Troubles de la statique vertébrale : Cyphose : Rectitude cervicale : Hyperlordose : . Anomalies de la morphologie des vertèbres : Ostéophytes : Bloc vertébraux : Antérieurs : Postérieurs : Pincement articulaire : Autres : . Niveau d’atteinte arthrosique : Arthrose localisée : Arthrose étendue : Cliché de face : . Uncarthrose : . Autres : 48 Cliché des ¾ : . Rétrécissement des foramens de conjugaison : . Fracture : . Luxation : . Autres : IRM cervicale : Lésions osseuses du rachis cervical : . Les signes d’arthrose : Ostéophytes : Hypertrophie articulaire postérieure : Les niveaux atteints : Lésions ligamentaires : L’atteinte du disque intervertébral : Hernie unique : Hernies multiples : Les mensurations du canal cervical : Canal cervical étroit : Retentissement de la cervicarthrose sur la moelle épinière (hypersignal intramédullaire en T2) . Type du signal : Liquidien : Hémorragique : Autres : . Siège du signal : Souffrance médullaire localisée : Souffrance médullaire étagée : Les empreintes médullaires : Diminution des espaces sous-arachnoïdiens : Autres : 49 TDM cervicale : Uncarthrose : Protrusion disco-ostéophytique : Hernie discale : Sténose canalaire : Autres : - Bilan électrophysiologique : EMG : Souffrance radiculaire : Normal : PES et PEM : 4-Traitement : Traitement médical : Immobilisation du rachis cervical : Anti-inflammatoires : Antalgiques : Vitaminothérapie : Décontracturants et myorelaxants : Traitement chirurgical : Voie d’abord : Voie antérieure : Voie postérieure : Durée d’hospitalisation : 50 5- Evolution : Sous TRT médical : A court terme A long terme Amélioration : Stabilisation : Aggravation : Décès : Sous TRT chirurgical : A court terme A long terme Amélioration : Stabilisation : Aggravation : Décès : Nous rapportons ci-dessous l’ensemble des résultats épidémiologiques, cliniques, radiologiques, thérapeutiques et évolutifs. 51 52 ATCD RAS Diabète Diabète Hernie inguinal e Sexe/ Age F / 42 F / 43 H/ 66 H/ 56 Cas 1 2 3 4 RAS Port de charges lourdes Port de charges lourdes RAS Facteurs déclenchants - Paraparésie - Troubles sphinctériens - Troubles de la marche - Paresthésies - Paraparésie - Troubles sphinctériens - NCB bilatérale - Troubles de la marche - Paresthésies - NCB unilatérale - Cervicalgies Signes Fonctionnels - S. pyramidal - Troubles de la sensibilité superficielle niveau xiphoïdien - Sd tétrapyramidal - Sd tétrapyramidal - Sd pyramidal - Hypoesthésie C6 Examen clinique Non retrouvées - Arthrose localisée C5-C6, C6-C7 - CCE - Pincement C5-C6, C6-C7 - Uncarthrose Non retrouvées - Rectitude - Arthrose étendue - Pincement C4-C5 - CCE - Uncarthrose standards Radiographies _ _ _ _ TDM - Arthrose étendue - CCE - Hypersignal discret étendu - Arthrose C5-C6, C6-C7 - Hypertrophie LJ - Protrusion C5-C6, C6-C7 - CCE - Hypersignal C5-C6 - Hypertrophie du LVCP - Hernie unique C5-C6 - CCE - Hypersignal T2 C5-C6 - Arthrose étendue - Hernies multiples - CCE - Hypersignal C4-C5 IRM Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure TRT Amél iorati on Amél iorati on Amél iorati on Amél iorati on Evol utio n 53 ATCD - Otite chroniq ue bilatéral e RAS Sinusite chroniq ue Choléc ystecto mie Diabète Age /Sexe H/ 54 H/60 F / 54 F / 40 Cas 5 6 7 8 Traumatisme récent du rachis RAS RAS RAS Facteurs déclenchants - Tétraparésie - Troubles sphinctériens - Troubles de la marche - Cervicalgies - Torticolis - NCB - Tétraparésie - Troubles de la marche - Paraparésie - Paresthésies Signes Fonctionnels - Sd. rachidien - Troubles de la sensibilité superficielle niveau susmamelonnaire - Globe vésical - Sd. rachidien - Hypoesthésie C6 bilatérale - Sd. pyramidal - Sd. tétrapyramidal - Sd tétrapyramidal - Troubles de la sensibilité superficielle niveau sternal supérieur Examen clinique Non retrouvées - Arthrose localisée C5C6 - CCE - Pincement C5C6 - Hyper lordose - Arthrose étendue - MCCO : dislocation C1C2, impression basilaire - Pincement C5C6 - Uncarthrose - Rectitude - Arthrose étendue C3C4, C5C6, C6C7 - Pincement interapophysaire C6C7, C7D1 - CCE - Pincement C3C4, C5C6, C6C7 Radiographies standards _ _ _ _ TDM - Arthrose étendue C3C4, C4C5 - Hypertrophie LJ - CCE - Discret hypoT1 + hyperT2 en C5, avec halo autour - Arthrose localisée C5C6 - Hernie unique C5C6 - Pas d’anomalies de signal - Arthrose étendue - Hypertrophie LVCP - Hypertrophie LJ - Hernies multiples - CCE - Plage floue Hypersignal C3C4 - Arthrose étendue de C3 à C6 - Hypertrophie LJ - Hernies multiples C3C4, C4C5, C5C6 - CCE - Plage floue d’hyperT2 en C4C5 IRM Chiru rgical Doubl e dissec tomie Chiru rgical Disse ctomi e simpl e Chiru rgical - voie postér ieure. Lami necto mie Chiru rgical - voie antéri eure TRT Décès Troubles neurovégé tatifs Améliorati on Améliorati on Améliorati on Evolution 54 ATCD RAS Prostate ctomie RAS Diabète Age /Sexe H/ 60 H/69 F / 83 H /75 Cas 9 10 11 12 RAS Traumatisme ancien RAS Traumatisme récent du rachis Facteurs déclenchants - NCB bilatérale - Marche impossible - Hémiparésie - Cervicalgies - Troubles de la marche - Paresthésies - NCB - Monoparésie - Tétraparésie Signes Fonctionnels - Hypertonie des 4 membres - Paraparésie spastique - Sd. tétrapyramidal - Sd. rachidien Sans particularité - Sd. rachidien - Troubles sensibilité superf niveau sussternal Examen clinique - Ossification du LVCA de C3 à C5 - Hypertrophie étagée des massifs articulaires postérieurs - Uncarthrose - Rectitude - Arthrose localisée C5C6 - CCE - Pincement C5C6 - Rectitude - Arthrose étendue, de C3 à D1 - Pincement étagé de C3 à C7 - Hypertrophie des massifs articulaires - Uncarthrose De mauvaise qualité Radiographies standards _ _ _ _ TDM - Ossification du LVCA - Hypertrophie LJ - Hernies multiples de C3 à C5 - CCE - IsoT1, HyperT2 punctiforme, multifocal - Arthrose localisée C5C6 - Hernies multiples C4C5, C5C6, C6C7 - CCE - HyperT2, IsoT1 en C5C6 - Arthrose étendue de C3 à C7 - Hypertrophie LVCP - Hypertrophie LJ - Protrusions étagées - CCE - HyperT1, IsoT2 en C4C5 - Pincement C3C4, C4C5 - Protrusion C3C4, C4C5,C5C6 - CCE - HypoT1 et HyperT2 en C3C4 IRM Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure TRT Aggravati on post opératoire Améliorati on Stabilisati on Améliorati on Evolution 55 ATCD RAS RAS RAS RAS Age /Sexe F / 60 H/50 F / 58 H /50 Cas 13 14 15 16 Traumatisme ancien RAS RAS RAS Facteurs déclenchants - Paraparésie - Parésie membre sup gauche - Troubles de la marche - NCB - Sciatalgie - Paresthésies - NCB - Parésie des membres supérieurs - Paraparésie - Troubles de la marche - NCB - Paresthésies Signes Fonctionnels - Sd. pyramidal - Troubles sensibilité superf hémicorps gauche - Hypoesthésie des 2 membres - Tétraparésie à prédominance brachiale - Amyotrophie palmaire - Sd. pyramidal - Sd. rachidien - Signes d’irritation pyramidale - Troubles sensibilité superf niveau sus-pubien - Sd. rachidien - Sd. tétrapyramidal - Troubles sensibilité superf niveau sternal supérieur Examen clinique - Rectitude - Arthrose étendue - Pincement C3C4 - CCE - Uncarthrose - Hyperlordose - Arthrose étendue - Pincement C5C6 - Bâillement post du disque C6C7 - Uncarthrose - Rectitude - Arthrose localisée C5C6 - Pincement C5C6 - Uncarthrose C5C6 - Cyphose - Arthrose étendue - Pincement de C3 à C7 - Uncarthrose Radiographies standards _ _ _ _ TDM - Arthrose étendue de C3 à C6 - Hypertrophie LJ - Hernies multiples C3C4, C4C5, C5C6, C6C7 - CCE - HyperT2, IsoT1 en C3C4 - Arthrose étendue de C3 à C6 - Hypertrophie LJ - Hernie C3C4 - Pas d’anomalies du signal - Arthrose localisée C5C6 - Hernies multiples C3C4, C4C5, C5C6, C6C7 - CCE - HypoT1, HyperT2 en C5C6 - Arthrose étendue de C3 à C7 - CCE - Hernies multiples : C3C4, C4C5 - IsoT1, discret HyperT2 en C3C4 IRM Chiru rgical - voie antéri eure Médic al, foncti onnel Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure TRT Améliorati on Stabilisati on Stabilisati on _ Evolution 56 ATCD RAS RAS -Hernie ombilic ale RAS Age /Sexe H/ 34 H/28 H/ 69 H /42 Cas 17 18 19 20 Traumatisme récent Traumatisme récent du rachis cervical RAS RAS Facteurs déclenchants - Tétraparésie - Cervicalgies - Tétraparésie - Cervicalgies - Troubles de la marche - Paraparésie - Tétraparésie Signes Fonctionnels - Sd. rachidien - Sd. tétrapyramidal - Troubles de la sensibilité superf niveau crural - Troubles sensibilité profonde - Globe vésical - Sd. rachidien - Anesthésie D2 - Paraparésie MS - Paraplégie MI - Hypotonie anale - Globe vésical - Sd. tétrapyramidal - Troubles de la sensibilité superf niveau sus mamelonnaire - Sd. tétrapyramidal - Troubles de la sensibilité superf niveau sussternal Examen clinique - CCE - Uncarthrose - Rectitude - Arthrose localisée - Pincement C5C6 - Rétrolisthésis de C3 sur C4 - Rectitude - Pincement C3C4, C4C5 - CCE - Légère cyphose - Pincement C4C5, C5C6 - CCE - Uncarthrose Radiographies standards _ Arthr ose C5C6 _ _ TDM - Hernies multiples C5C6, C6C7 - CCE - HypoT1, hyperT2 de C5 à C7 - Arthrose étendue C2C3, C3C4, C5C6 - Hypertrophie LJ - CCE - HypoT1, hyperT2 bifocal : C3C4, C5C6 - Protrusion C3C4 - Discrète hernie C4C5 - CCE - Plage hypoT1, hyperT2 de la substance grise du bulbe à D1 - Tuméfaction de la moelle - Arthrose étendue de C4 à C6 - Protrusion C6C7 - Hernies multiples : C4C5, C5C6 - CCE - IsoT1, plage hyperT2 C4C5C6 IRM Chiru rgical - voie antéri eure Disse ctomi e Chiru rgical - voie antéri eure Disse ctomi e Chiru rgical - voie antéri eure doubl e Disse ctomi e Chiru rgical - voie antéri eure TRT Améliorati on Améliorati on Améliorati on Améliorati on Evolution 57 ATCD RAS - Ulcère gastriqu e - HTA Thyroïd ectomie RAS Age /Sexe F / 48 H/54 F / 64 F / 33 Cas 21 22 23 24 RAS Traumatisme ancien RAS RAS Facteurs déclenchants - Paraparésie - Troubles de la marche - Cervicalgies - Tétraparésie - Cervicalgies - Lombalgies - Troubles de la marche - Troubles génito sphinctériens - NCB - Cervicalgies - Parésie MI droit - Paresthésies Signes Fonctionnels - Sd. tétrapyramidal - Hypoesthésie D10 - NCB droite - Diminution flexion 2 genoux - Diminution force musculaire du MS droit - Sd. rachidien - Hypoesthésie des 4 membres, à prédominance droite - Vivacité ROT - Sd. rachidien - Sd. rachidien - Sd. pyramidal prédominant au MI droit Examen clinique - Rectitude - Arthrose localisée - Bloc vertébral C2C3 antérieur et postérieur - Pincement C6C7 - CCE - Uncarthrose C6C7 - Cyphose - Arthrose étendue de C4 à C7 - Pincement de C4 à C7 - CCE - Uncarthrose - Rectitude - Arthrose étendue C4C5C6 - Pincement C4C5 - CCE - Uncarthrose - Rectitude cervicale - CCE Radiographies standards _ _ _ _ TDM - Arthrose localisée C6C7 - Hernie unique C6C7 - CCE - HypoT1, hyperT2 en C6C7 - Arthrose étendue de C4 à C7 - Hernies multiples de C2 à C7 - IsoT1, hyperT2 multifocal - Arthrose étendue C3C4C5 - Hernies multiples C3C4, C4C5 +++ - IsoT1, hyperT2 en C4C5 - Hernie unique C6C7 - CCE - IsoT1, hyperT2 en C6C7 IRM SCAM Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure TRT _ Aggravati on post opératoire Améliorati on _ Evolution 58 ATCD RAS RAS RAS RAS Age /Sexe H/ 54 H/44 H/ 42 F / 59 Cas 25 26 27 28 RAS Port de charges lourdes RAS RAS Facteurs déclenchants - Paraparésie - Cervicalgies - Troubles de la marche - Paraparésie - Lombalgies - Troubles de la marche - NCB - Cervicalgies - Paresthésies - Hémiparésie gauche - Paresthésies Signes Fonctionnels - Sd. tétrapyramidal - Sd. rachidien - Sd. pyramidal - Sd. syringomyélique - Troubles de la sensibilité profonde et superficielle - Déficit sensitivomoteur membre sup gauche - Signes d’irritation pyramidale - Sd. cordonal postérieur - Sd. tétrapyramidal Examen clinique - CCE Non retrouvées - Rectitude - Pincement C5C6 - Uncarthrose - Rectitude cervicale - Arthrose localisée C3C4 - CCE Radiographies standards _ _ _ _ TDM - Hypertrophie LJ - Hernies multiples C2C3, C3C4 - CCE - Pas d’anomalies de signal - Arthrose étagée de C3 à C6 - Hernie unique C4C5 - Protrusions de C3 à C7 - Pas d’anomalies de signal - Arthrose localisée C6C7 - Hernies multiples C5C6, C6C7 - Pas d’anomalies du signal - Arthrose étagée - Hernies multiples C3C4, C4C5, C5C6 - CCE - IsoT1, hyperT2 en C3C4 IRM Chiru rgical - voie antéri eure Médic al et foncti onnel Médic al et foncti onnel Chiru rgical - voie antéri eure Disse ctomi e TRT _ Améliorati on Améliorati on Améliorati on Evolution 59 ATCD RAS RAS RAS RAS Age /Sexe H/ 65 H/33 H/ 48 F / 46 Cas 29 30 31 32 RAS RAS RAS Traumatisme cervical ancien Facteurs déclenchants - Paraparésie - Paresthésies - Troubles de la marche - Tétraparésie - NCB - Troubles sphinctériens - Hémiparésie gauche - Paresthésies - NCB - Paraparésie - Cervicalgies - Troubles de la marche - Troubles génito sphinctériens Signes Fonctionnels - Sd. tétrapyramidal - Sd. cordonal postérieur - Sd. neurogène périphérique - Sd. tétrapyramidal - Sd. pyramidal gauche - Sd. rachidien - Sd. cordonal postérieur gauche Hémihypoesthési e thermoalgique droite niveau D3 - Sd. rachidien - Sd. pyramidal - Troubles de la sensibilité superf niveau pli de l’aine Examen clinique - CCE - Rectitude - Pincement C5C6, C6C7 - CCE - CCE - Rectitude - Ossification du LVCA et ostéophytes exubérants en C3C4 Radiographies standards _ _ _ _ TDM - Hernies multiples C5C6, C6C7 non compressives - CCE - IsoT1, hyperT2 discret, bifocal en C4C5 - Hypertrophie LJ - Hernies multiples C5C6, C6C7 - IsoT1, hyperT2 en C5C6 - Hernies multiples C4C5, C5C6 - IsoT1, hyperT2 en C4C5 - Arthrose étagée de C3 à C7 - Hypertrophie LJ - Anthélisthésis C6C7 - Hernies multiples C3C4, C6C7 - Pas d’anomalies de signal IRM Médic al et foncti onnel Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure TRT Améliorati on Améliorati on Améliorati on _ Evolution 60 ATCD RAS RAS RAS - HTA Age /Sexe F / 50 F /64 H/ 55 H/ 58 Cas 33 34 35 36 RAS Traumatisme récent Traumatisme récent Traumatisme récent Facteurs déclenchants - NCB - Paraparésie - Cervicalgies - Troubles de la marche - Troubles génito sphinctériens - Tétraplégie - Tétraparésie - Cervicalgies - Lombalgies - Troubles de la marche - Troubles génito – sphinctériens - Tétraparésie - Troubles génito sphinctériens Signes Fonctionnels - Sd. rachidien - Sd. tétrapyramidal - Tétraplégie flasque - Tétraplégie flasque - Globe vésical - Tétraplégie flasque - Hypoesthésie MS - Anesthésie MI Examen clinique - Arthrose étendue - Arthrose étendue - Pincement C5C6 - Baillement des articulations postérieures C4C5, C5C6 - Uncarthrose Non retrouvées - Rectitude - Arthrose étendue de C3 à C6 - Pincement C5C6 - Uncarthrose Radiographies standards _ Fractu re du corps de C6 Cervi carthr ose étagée Fractu re du corps de C6 TDM - Arthrose étagée de C3 à C7 - Hernie unique en C6C7 - CCE - IsoT1, hyperT2 - Souffrance médullaire étagée de C3 à C7 - Arthrose étagée - Hernies multiples C5C6, C6C7 - CCE - IsoT1, hyperT2 de C5 à C7 - Hernie unique C5C6 - CCE - Hypert2 de C3 à C5 (contusion) - IsoT1, hyperT2 en C5C6 - Arthrose étagée C3 C5 C6 - Hernie unique C5C6 - CCE - Plage isoT1, hyperT2 de C4 à C6 IRM Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure Chiru rgical - voie antéri eure Médic al et foncti onnel TRT Décès _ Décès par troubles neuro végétatifs Améliorati on Evolution 1. ÉPIDÉMIOLOGIE : 1.1. L’AGE : L’âge moyen de nos patients était de 55.5 ans, avec des extrêmes de 28 ans et 83 ans. La majorité des patients présentant une myélopathie cervicarthrosique avait un âge entre 41 et 70 ans, avec un pic entre 51 et 60 ans, représenté par 12 cas, soit 33%. (Graphique 1) NOMBRE DE CAS 12 10 8 6 4 2 0 21-30 31-40 41-50 51-60 61-70 71-80 81-90 TRANCHES D’AGE Graphique 1 : Répartition des cas par tranche d’âge 61 1.2. LE SEXE : Dans notre série, nous avons noté une prédominance masculine, représentée par 61% des cas, soit 22 hommes et 14 femmes. (Graphique 2) Femmes Hommes 39% 61% Graphique 2 : Répartition des cas par sexe 1.3. LA PROFESSION : Dans notre étude, nous avons distingué, parmi les professions qu’occupaient nos patients, les professions dites « à risque » (professions astreignantes, manuelles). Ainsi, nous avons retrouvé : • 13 professions « à risque » (menuisier, agriculteur, maçon, couturier, coiffeur, marchant ambulant) : 36% des cas • 2 fonctionnaires : 5,5% des cas • 15 patients sans profession : 41,7% des cas • Profession non précisée dans 6 cas : 16,7% des cas 62 2. CLINIQUE : 2.1. L’INTERROGATOIRE : 2.1.1. Antécédents pathologiques : L’analyse anamnestique de nos observations nous a permis de retrouver : • Des antécédents médicaux : Ø HTA : 2 cas (5,55%) Ø Diabète : 4 cas (11,1%) Ø Otite chronique : 1 cas (2,7%) Ø Sinusite chronique : 1 cas (2,7%) Ø Ulcère gastrique : 1 cas (2,7%) • Des antécédents chirurgicaux : Ø Traumatisme du rachis cervical (dont quatre remontant à plus de 4 ans) : 11 cas (30,5%) Ø Cholécystectomie : 1 cas (2 ,8%) Ø Prostatectomie : 1 cas Ø Hernie inguinale : 1 cas Ø Hernie ombilicale : 1 cas Ø Acte sur les hémorroïdes : 1 cas Ø Acte sur la thyroïde : 1 cas 63 2.1.2. Facteurs déclenchants : Nous avons trouvé un ou deux facteurs déclenchants chez 14 patients, soit 38,9% des cas : • Traumatisme du rachis cervical, dans 11 cas (30,5%) • Notion de port de charges lourdes, dans 3 cas (8,3%) 2.1.3. Motif de consultation : Les malades se présentaient à la consultation pour : • Névralgie cervico-brachiale (NCB) : 9 cas (25%) • Tétraparésie : 9 cas • Paraparésie : 9 cas • Hémiparésie : 3 cas (8,3%) • Cervicalgies : 2 cas (5,5%) • Tétraplégie : 2 cas • Parésie des deux membres supérieurs : 1 cas (2,7%) • Monoparésie : 1 cas 2.1.4. Mode de début : Dans notre série, nous avons remarqué une prédominance du mode progressif, noté chez 26 patients, soit 72,2% des cas. (Tableau 2) 64 Mode de début Brutal Rapidement progressif <1 semaine 1semaine-3mois Progressif >3mois Nombre de cas 7 3 26 Pourcentage % 19,4 8,3 72,2 Tableau 2 : Répartition des cas en fonction du mode de début 2.1.5. Signes fonctionnels : Ils regroupaient : • Cervicalgie : 13 cas (36,1%) • NCB : 11 cas (30,5%) • Sciatalgie : 1 cas (2,7%) • Lombalgie : 2 cas (5,4%) • Troubles de la marche : 14 cas (38,9%) ; sous forme d’une fatigabilité voire même une tendance aux chutes, une réduction du périmètre de marche, des troubles de l’équilibre. • Paresthésies : 12 cas (33,3%) à type de fourmillements, picotements et froideur des extrémités • Troubles génito-sphinctériens notés dans 9 cas (25%) : Ø Rétention urinaire : 3 cas Ø Incontinence urinaire : 5 cas Ø Impériosité mictionnelle : 1 cas Ø Dysurie : 2 cas 65 2.2. Ø Constipation : 3 cas Ø Incontinence anale : 3 cas Ø Dysfonctionnement érectile : 2 cas L’EXAMEN CLINIQUE : 2.2.1. Le syndrome rachidien : Il a été retrouvé chez 15 patients (41,6%). Il regroupait : • Le signe de la sonnette : 10 cas (27,7%) • La raideur cervicale :9 2.2.2. cas (25%) Le syndrome lésionnel : Il traduit le niveau du conflit radiculaire à l’étage cervical et est retrouvé dans 27 cas, soit 75%. Il comportait : 2.2.2.1. La névralgie cervico-brachiale : Elle a été retrouvée dans 14 cas (38,9%). (Tableau 3) • NCB bilatérale : 9 cas (25%) • NCB unilatérale : 5 cas (13,9%) 66 Radiculalgies Nombre de cas Pourcentage (%) C6 3 21,4 C8 1 7,1 C4C6C7 1 7,1 Mal systématisées 4 28,5 Non précisées 5 35,7 Tableau 3 : Répartition des atteintes radiculaires 2.2.2.2. Les troubles sensitifs : Ils correspondent à une hypoesthésie, rarement à une anesthésie au niveau du dermatome correspondant : • Une hypoesthésie localisée au niveau du dermatome sensitif C6 : 2 cas (5,5%) • Au niveau du dermatome D10 : 1 cas (2,7%) • Anesthésie au niveau du dermatome D2 : 1 cas 2.2.2.3. Les troubles moteurs : Ils regroupent un déficit moteur localisé au membre supérieur, unilatéral ou bilatéral, avec ou sans troubles trophiques : 4 cas (11,1%). 2.2.2.4. L’aréflexie localisée : Elle a été retrouvée dans 3 cas (8,3%). 67 2.2.3. Le syndrome sous-lésionnel : Il a été retrouvé dans 35 cas, soit 97,2 %. (Tableau 4) 2.2.3.1. Le syndrome pyramidal : Il a été retrouvé chez 26 patients (72,2%). Il comprenait : • Déficit moteur • Vivacité des ROT • Signe de Babinski ⊕ et/ou Hoffman ⊕ Sd sous-lésionnel Nombre Pourcentage de cas % Déficit moteur : Tétraplégie 3 8,3% 17 47,2% Paraparésie 6 16,6% Monoparésie 2 5,5% Hémiparésie 1 2,7% Vivacité des ROT 25 69,4% Signe de Babinski + 22 61,1% Hoffman + 19 52,7% Tétraparésie spastique Tableau 4 : Le syndrome sous-lésionnel dans notre série 68 2.2.3.2. Les troubles sensitifs : Ils ont été retrouvés chez 15 patients (41,6%) : • • Sensibilité superficielle diminuée chez 12 patients (33,3%) : Ø Niveau sus-sternal : 4 cas (11%) Ø Niveau sus-mamelonaire : 2 cas (5,5%) Ø Niveau xiphoïdien : 1 cas(2,7%) Ø Niveau sus-pubien : 1 cas Ø Niveau crural : 2 cas Ø Hémi hypoesthésie : 2 cas Sensibilité profonde atteinte chez 5 patients (13,8%) 69 3. LES EXAMENS RADIOLOGIQUES : 3.1. LES RADIOGRAPHIES STANDARDS DU RACHIS CERVICAL : Les incidences réalisées étaient des clichés de face et de profil. Les clichés de 3/4 n’ont été réalisés chez aucun patient de notre étude. Les radiographies ont permis de montrer : 3.1.1. Des troubles de la statique vertébrale : • Une cyphose (Fig.17) : 3 cas (8,3%) • Une rectitude cervicale (Fig.18) : 16 cas (44,4%) • Une hyperlordose (Fig.19) : 2 cas (5,5%) Fig. 17 : Radiographie standard de profil montrant une cyphose du rachis cervical avec une arthrose étendue et des pincements discaux de C3 à C7 (cas n°13) 70 Fig. 18 : Radiographie standard de profil montrant une rectitude cervicale (cas n°1) Fig. 19 : Radiographie standard de profil montrant une hyperlordose du rachis cervical, une arthrose étendue, un pincement discal C5-C6 et un bâillement postérieur du disque (flèche blanche) C6-C7 (cas n°15) 71 3.1.2. • Des anomalies disco-vertébrales : Des ostéophytes (Fig.21) : Antérieurs Postérieurs : 17 cas(47,2%) : 20 cas (55,5%) • Une uncarthrose (Fig.22) : 16 cas (44,4%) • Un pincement discal (Fig.17; 18; 19; 20) : 23cas (63,9%) • Des blocs vertébraux (Fig.20) : 2 cas (5,5%) Ces anomalies arthrosiques étaient localisées dans 6 cas (16,6%) (Fig.23) et étendues dans 15 cas (41,6%). (Fig.17; 18; 19; 21) Fig. 20 : Radiographie standard de profil montrant un bloc vertébral C2-C3 (flèche rouge) avec un pincement discal C6-C7 (flèche blanche) (cas n°24) 72 Fig. 21 : Radiographie standard de profil montrant des ostéophytes antérieurs et postérieurs et des pincements discaux étagés (cas n°5) Fig. 22 : Radiographie standard de face montrant une uncarthrose étagée (flèches blanches) (cas n°17) 73 Fig. 23 : Radiographie standard de profil montrant un pincement discal en C5-C6 (flèche rouge) (cas n°7) 3.1.3. Les mensurations du canal cervical : (Fig.24) Dans notre étude, les mensurations du canal cervical étaient estimées par l’indice de Pavlov (rapport entre le diamètre antéro-postérieur du canal (flèche bleue) et le diamètre antéro-postérieur de la vertèbre (flèche rouge)); la valeur normale est autour de 1, entre C4 et C7. En dessous de 0.8, le canal est généralement considéré étroit, et par l’espace de sécurité (entre la ligne spino-laminaire et le bord postérieur du massif articulaire (flèche verte)); cet espace mesure entre 3 et 6 mm sur un rachis normal de profil strict. En dessous de cette valeur, le canal est considéré étroit. Dans 18 cas, nous avons trouvé un canal cervical étroit, soit dans 50% des cas. 74 Fig. 24 : Radiographie standard de profil montrant un canal cervical étroit (cas n°20) 3.1.4. Autres anomalies observées : • Malformation de la charnière cervico-occipitale (Fig.25) : 1 cas(2,7%) • Ossification du ligament vertébral commun antérieur (LVCA) (Fig.26) : 2 cas (5,5%) • Bâillement postérieur du disque (Fig.19) : 2 cas • Antélisthésis (Fig.27) : 1 cas 75 Fig. 25 : Radiographie standard de profil montrant une malformation de la charnière cervico-occipitale : dislocation C1-C2 attestée par un diastasis de l’espace C1-C2 (*) et impression basilaire (flèche bleue) (cas n°6) Fig. 26 : Radiographie standard de profil montrant une ossification du LVCA de C3 à C5 (flèche blanche) (cas n°12) 76 Fig. 27 : Radiographie standard de profil montrant un antélisthésis de C4 sur C5 (flèche rouge) (cas n°19) Il faut noter que les clichés de radiographies standards n’ont pas été retrouvés chez 5 patients (cas n° 2; 4; 8; 27; 34). Chez 1 patient, ils étaient ininterprétables (cas n°9). 77 3.2. L’IRM CERVICALE : Réalisée chez tous les malades de notre série, l’IRM cervicale a permis d’apprécier : 3.2.1. Les lésions osseuses cervicarthrosiques : L’étude a porté essentiellement sur la recherche d’ostéophytes et d’uncarthrose, retrouvés dans 26 cas (72,2 %) : (Fig.28; 29) Fig. 28 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale médiane, en séquence pondérée T1 montrant des ostéophytes postérieurs en C5-C6 (cas n°7) 78 Fig. 29 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale médiane pondérée T2 montrant une cyphose cervicale, des remaniements arthrosiques étendus faits d’ostéophytes antérieurs de C3 à C7 (flèches blanches) et de pincements discaux étagés (cas n°13) Les niveaux atteints sont le plus souvent C4-C5 et C5-C6 : (Tableau 5) Etage cervical Nombre de patients Pourcentage (%) C2 C3 1 2,7 C3 C4 15 41,6 C4 C5 18 50 C5 C6 20 55,5 C6 C7 11 30,5 Tableau 5 : La fréquence des atteintes dégénératives selon le niveau 79 3.2.2. L’atteinte du disque intervertébral : L’étude a porté sur la recherche de pincements, de hernies et de protrusions discales (Fig.30; 31). On a retrouvé 10 hernies uniques (27,7%) et 28 hernies étagées (77,8%). Fig. 30 : IRM du rachis cervical en coupe axiale pondérée T2 montrant une hernie discale paramédiane droite en C6-C7 (flèche blanche), responsable d’une compression de la moelle (cas n°24) 80 Fig. 31 : IRM du rachis cervical en coupe axiale pondérée T2 montrant une protrusion globale du disque C3-C4 (flèche rouge) (cas n°18) 3.2.3. Les lésions ligamentaires : Elles ont consisté en les anomalies suivantes : • Hypertrophie du ligament jaune (Fig.32) : 11 cas (30,5%) • Hypertrophie du LVCP (Fig.32) : 3 cas (8,3%) • Ossification du LVCA : 1 cas (2,7%) 81 Fig. 32 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale pondérée T2 montrant une hypertrophie du LVCP (flèche rouge) et du ligament jaune (flèche blanche), associées à un canal cervical étroit, le tout responsable d’une compression sévère médullaire (cas n°6) 3.2.4. Les mensurations du canal cervical : L’appréciation des dimensions du canal cervical était réalisée par la mesure de l’axe antéro-postérieur, depuis la face postérieure de la vertèbre, en avant, jusqu’à la face antérieure de l’apophyse épineuse, en arrière. Nous avons considéré comme étroit un canal cervical mesurant moins de 12 mm, retrouvé chez 26 patients (72,2%). (Fig.33; 34) 82 Fig. 33 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale pondérée T1 montrant un canal cervical étroit mesurant moins de 10 mm dans l’axe antéro-postérieur (cas n°5) 83 Fig. 34 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale pondérée T2 montrant un canal cervical étroit avec effacement des espaces sous-arachnoïdiens et compression médullaire en regard (cas n°17) 84 3.2.5. Le retentissement de la cervicarthrose sur la moelle : La souffrance médullaire compressive était attestée chez nos malades par la présence d’un hypersignal intra-médullaire en séquence pondérée T2. Il était localisé dans 19 cas (52,7%) (Fig.35) et étendu dans 11 cas (30,5%) (Fig.36). Un signal normal T2 a été retrouvé chez 6 cas, soit 16,6%. Fig. 35 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées T2 montrant un hypersignal médullaire localisé en regard d’une hernie discale C4-C5 (flèche blanche) (cas n°1) 85 Fig. 36 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale pondérée T2 montrant une plage d’hypersignal médullaire étendu de C5 à C7 (flèches blanches), secondaire à un canal cervical étroit à ce niveau (cas n°20) 3.3. LA TDM CERVICALE : Elle a été réalisée chez 5 malades. Elle a montré des signes d’arthrose cervicale et des fractures des corps vertébraux. Les signes scannographiques n’ont pu être analysés du fait de l’absence de clichés dans les dossiers des patients. Les TDM ont été réalisées en complément de l’IRM pour mieux étudier les facteurs osseux, en cas de traumatisme associé du rachis cervical. 86 4. LE BILAN ELECTROPHYSIOLOGIQUE : 4.1. L’ELECTROMYOGRAMME (EMG) : Deux malades ont bénéficié de cet examen. Nous avons trouvé : • Un ralentissement des conductions motrices aux quatre membres chez 1 patient. • Un résultat normal chez 1 patient. 4.2. LES POTENTIELS EVOQUES SOMESTHESIQUES ET MOTEURS Réalisés chez deux malades, ils ont permis de mettre en évidence : • Une abolition des potentiels évoqués aux deux modes chez 1 patient • Résultats normaux chez 1 patient. 5. LE TRAITEMENT : 5.1. LE TRAITEMENT MEDICAL : Il a associé : • La mise au repos du rachis cervical par son immobilisation par un collier cervical rigide. • Les anti-inflammatoires (AINS, corticothérapie à dose de 2mg/kg/j). • Les antalgiques • La vitaminothérapie • Les décontracturants musculaires et les myorelaxants Dans notre série, 5 malades soit 13,8% ont bénéficié d’un traitement médical seul. 87 5.2. LE TRAITEMENT CHIRURGICAL : Dans notre étude, 30 malades soit 83,3% ont été opérés, dont 12 femmes (33,3%) et 18 hommes (50%). Les abords chirurgicaux réalisés étaient de deux types : • L’abord antérieur : strict ou antéro-latéral, dans 28 cas, soit 77,7 %. Cette voie a permis de réaliser des discectomies simples ou étagées et des corporectomies. • L’abord postérieur : chez 2 malades, soit 5,5%. Cette voie a permis de réaliser des laminectomies plus ou moins étagées. A noter qu’un patient est sorti contre avis médical à J2 de son hospitalisation (cas n° 24). 6. L’EVOLUTION : 6.1. L’EVOLUTION A COURT TERME : 6.1.1. Après traitement médical : Parmi les 5 patients traités médicalement, nous avons pu distinguer trois situations cliniques : • Amélioration : sur ces 5 malades, nous avons noté 3 malades améliorés. • Etat clinique stationnaire : retrouvé chez 1 malade. • Cas non précisés : l’évolution à court terme n’a pas été précisée dans 1 cas. 88 6.1.2. Après traitement chirurgical : Parmi les 30 malades traités chirurgicalement, nous avons pu distinguer quatre situations cliniques : • Amélioration : nous avons noté une amélioration de l’état neurologique dans 18 cas, soit 60%. • Etat clinique stationnaire : constaté chez 2 patients. • Aggravation : constatée chez 2 malades. • Décès : survenu chez 3 patients, suite à des troubles neurovégétatifs. • Cas non précisés : l’évolution à court terme n’a pas été précisée chez 5 patients. 6.2. L’ EVOLUTION A LONG TERME : Nous n’avons pas pu préciser l’évolution des malades à long terme (défaut de documents dans les dossiers médicaux). 89 DISCUSSION 90 1. ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE : 1.1. L’AGE : La myélopathie cervicarthrosique désigne un syndrome médullaire chronique, en rapport avec des lésions dégénératives du rachis cervical. Cette affection touche donc le sujet d’âge moyen-avancé, après 50 ans (20). En effet, dans la majorité des séries (3; 21; 30; 31; 32), la moyenne d’âge est de 58 ans, avec des extrêmes allant de 36 ans à 82 ans. (Tableau 6) Les auteurs Moyenne d’âge Min Max Bournik (21) 58,5 36 81 Goubier (30) 55 28 82 Chagas (31) 62,5 44 81 ELMansouri (32) 55,5 30 81 Ouadi (3) 59,5 43 76 Notre série 55,5 28 83 Tableau 6 : Comparaison de l’âge des malades de notre série avec la littérature 91 1.2. LE SEXE : Cette maladie touche beaucoup plus l’homme que la femme, avec un sex-ratio qui varie entre 2/1 et 7/1. Cette prédominance masculine, rapportée par plusieurs auteurs (3; 21; 30; 31; 32; 33), est également constatée dans notre série (Tableau 7). Cette prédominance masculine s’explique par les facteurs qui conditionnent la maladie (professions à risque) (21). Les auteurs Masculin Féminin Sex ratio ELMansouri (32) 35 5 7/1 Goubier (30) 23 7 3/1 Haroldo Chagas (31) 28 11 2/1 Mousselard (33) 25 17 2/1 Bournik (21) 59 11 5/1 Ouadi (3) 34 3 11/1 Notre série 22 14 2/1 Tableau 7 : Répartition des malades par sexe 1.3. LA PROFESSION : Certaines activités professionnelles peuvent constituer des facteurs favorisants pour la MCA (professions astreignantes, manuelles), car elles obligent le sujet à effectuer des efforts violents et répétés des membres supérieurs, ou parfois parce qu’elles nécessitent le maintien de positions 92 anormales ou forcées du rachis cervical (menuisier, agriculteur, maçon, marchand ambulant, boucher). La notion de profession exposée signalée par plusieurs auteurs (21; 32; 34) se confirme dans notre série (13 professions à risque : menuisier, agriculteur, couturier, coiffeur). (Tableau 8) Les auteurs Nombre de cas Pourcentage des patients présentant une profession exposée ou à risque Ibrahimi (34) 38 30% ELMansouri (32) 40 55% Bournik (21) 70 39% Ouadi (3) 37 51% Notre série 36 36% Tableau 8 : Pourcentage des professions à risque dans des séries différentes 2. ÉTUDE CLINIQUE : Les premiers symptômes de la MCA apparaissent progressivement et de manière spontanée dans la majorité des cas. Dans certains cas, ces signes cliniques apparaissent brutalement à la suite d’un facteur déclenchant. (21; 32; 35; 36; 37; 38) 93 2.1. FACTEURS DECLENCHANTS : Le facteur déclenchant le plus fréquent est le traumatisme du rachis cervical, que nous avons retrouvé dans 38,9% des cas dans notre étude (14 cas) (Tableau 9). D’autres facteurs peuvent être incriminés : port de charges lourdes, quintes de toux…. (21; 32; 34) Les auteurs Nombre Pourcentage de cas de de cas traumatisme cervical Ibrahimi (34) 38 28,3% ELMansouri (32) 40 12,5% Bournik (21) 70 31% Ouadi (3) 37 43,24% Notre série 36 38,9% Tableau 9 : Illustration des pourcentages de cas de traumatisme cervical signalé par les autres auteurs 2.2. MODE DE DÉBUT : Le début des symptômes cliniques dans la MCA est le plus souvent progressif et insidieux. Cependant, un début brutal, quoique rare, a été signalé dans plusieurs travaux (20; 32; 34; 35). (Tableau 10) 94 Les auteurs Brutal Rapide Progressif Ibrahimi (34) 13,2% ELMansouri (32) 2,5% 22,5% 76% 13% 9% 64% Ouadi (3) 24,3% 13,5% 62,2% Notre série 19,4% 8,3% Bournik (21) 30,2% 56,6% 72,2% Tableau 10 : Comparaison du mode de début de la maladie de notre série avec la littérature 2.3. SIGNES CLINIQUES DE DEBUT : Les premiers signes cliniques de la maladie sont variables. Ils peuvent être d’ordre moteur ou sensitif et touchent aussi bien les membres supérieurs que les membres inférieurs (4 ; 21; 36; 39). Ces signes cliniques de début sont dominés par les névralgies cervico-brachiales (NCB) et les troubles de la marche. Dans notre série, les troubles de la marche arrivent au second plan après les NCB; avec 14 cas de troubles de la marche (38,9%) contre 20 cas de NCB (55,5%), ce qui concorde avec plusieurs études (21; 32; 39). 95 2.4. EXAMEN CLINIQUE : Les manifestations cliniques de la MCA sont polymorphes et inconstantes. Dans notre étude, nous avons distingué essentiellement trois syndromes cliniques, pouvant être associés et qui traduisent la souffrance médullaire dans la cervicarthrose : • le syndrome rachidien • le syndrome radiculaire lésionnel • le syndrome sous-lésionnel Nous comparons nos résultats avec ceux de la littérature. (Tableaux 11 et 12) 2.4.1. Le syndrome rachidien : Dans ce syndrome, nous avons trouvé des cervicalgies spontanées, un signe de la sonnette et une raideur cervicale. (Tableau 11) Symptômes Nombre Ibrahimi(34) 38 ELMansouri (32) 40 Machkour (39) 60 Bournik (21) 70 24,2% 22,8% 17% Ouadi 37 32,4% 59,5% 35% 36% 36% 27,7% 25% (3) Notre série de cas Cervicalgies spontanées - Signe de la sonnette Raideur cervicale 10,5% 26,3% 17,5% 27,5% 32,5% 53,3% 36,6% 30% Tableau 11 : Comparaison des signes du syndrome rachidien de notre série avec ceux de la littérature 96 2.4.2. Le syndrome lésionnel : Il constitue, avec le syndrome rachidien, les signes physiques les plus évocateurs de la maladie arthrosique. Ce syndrome a été retrouvé dans 28 % des cas par IBRAHIMI (34), 17 % des cas par ELMANSOURI (32), 46 % des cas par BOURNIK (21), 59,45 % des cas par OUADI (3), et dans 75% des cas de notre série. 2.4.3. Le syndrome sous-lésionnel : Ce syndrome est fait de signes pyramidaux constants, auxquels s’associent inconstamment des troubles sensitifs et parfois génito- sphinctériens. L’atteinte pyramidale est au premier plan de la maladie puisqu’elle a été retrouvée chez 82,5 % des cas par ELMANSOURI (32), 63,15 % des cas par MACHKOUR (39), 60 % des cas par BOURNIK (21), 75,67 % des cas par OUADI (3), et dans 72,2% des cas dans notre série. (Tableau 12) Le syndrome pyramidal ELMansouri (32) Machkour (39) Bournik (21) Ouadi Notre série (3) -Déficit moteur 82,5% 63,2% 27% 89,2% 80,5% -Vivacité des ROT 82,5% 57,9% 50% 70,3% 69,4% 40% 56% 73% 56,9% 40 60 -Babinski/Hoffman Nombre de cas 22,8% 70 37 36 Tableau 12 : Comparaison des signes pyramidaux de notre série avec la littérature 97 2.5. FORMES CLINIQUES : 2.5.1. (32 ; 40 ; 41 ; 42) La forme typique : Elle associe des paresthésies au niveau des membres supérieurs et des troubles de la manipulation des petits objets, sans douleur, ni NCB, ni niveau sensitif, mais il existe un syndrome pyramidal aux membres inférieurs, avec des troubles de la sensibilité profonde, sans troubles sphinctériens. Cette forme a été retrouvée dans notre série chez 3 patients, soit 8,3% des cas. 2.5.2. La forme radiculo-médullaire : Elle associe aux signes pyramidaux des membres inférieurs de la forme typique, une atteinte radiculaire des membres supérieurs. Elle a été retrouvée chez 19 patients, soit 52,7% des cas. 2.5.3. La forme douloureuse : Il existe une symptomatologie aigue à type de douleur cordonale, siégeant davantage aux membres supérieurs qu’aux membres inférieurs. Cette forme a été retrouvée dans 1 cas, soit 2,7%. 2.5.4. La forme motrice pure : Elle est faite essentiellement d’un syndrome pyramidal prédominant aux membres inférieurs, retrouvée dans 7 cas, soit 19,4%. 98 2.5.5. La forme réalisant un syndrome sensitif médullaire organisé: Il existe une hypoesthésie avec niveau sensitif supérieur, faisant évoquer une compression médullaire cervicale ou dorsale, avec un déficit thermo-algésique suspendu aux membres supérieurs. Cette forme a été notée chez 6 patients, soit 16,6% des cas. Nous comparons dans le tableau 13 nos résultats avec ceux de la littérature : Forme clinique A. BAZIN (41) -Typique : Y.CHOUAT (42) ELMANSOURI (32) OUADI (3) Notre série 67% 12% 25% 21,6% 8,3% -Radiculo-médullaire : 5,5% 57% 57% 45,9% 52,7% -Douloureuse : 12,5% 11% 11% 5,4% 2,7% médullaire organisé : 7,5% 15% 2,5% 10,8% 16,6% 5% 10% 16,2% 19,4% 35 40 37 36 -Syndrome sensitif -Purement motrice : Nombre de cas 7,5% 121 Tableau 13 : Comparaison des différentes formes cliniques de notre série avec la littérature Nous constatons, d’après ces résultats, que la forme radiculomédullaire est de loin la forme la plus fréquente selon CHAOUAT (42), ELMANSOURI (32) et OUADI (3), ce qui concorde avec nos résultats. 99 2.5.6. La MCA décompensée par un traumatisme cervical : Elle réalise un tableau de tétraplégie post-traumatique d’installation brutale, retrouvée dans 3 cas de notre série. La décompensation d'une cervicarthrose ou d'une sténose cervicale lors d'un traumatisme du rachis cervical est un évènement certes rare mais non exceptionnel. La littérature qui lui est consacrée est très peu fournie (43). Dans cette littérature, il s'agit le plus souvent de traumatismes mineurs et concernant des sujets âgés. Des auteurs (44) rapportent une série de 7 cas diagnostiqués chez des patients âgés de 26 à 63 ans, dont 6 hommes et 1 femme, l’objectif étant d'inciter le praticien recevant le blessé vertébro-médullaire à rechercher systématiquement ce mode de révélation de la cervicarthrose et de la sténose canalaire cervicale (interrogatoire bien mené et analyse correcte des clichés radiologiques). C'est de cette façon que l'on prendra en charge correctement cette catégorie de patient. 100 3. ÉTUDE RADIOLOGIQUE : Les buts de l'imagerie en cas de suspicion de myélopathie cervicarthrosique sont avant tout d'éliminer une pathologie autre que dégénérative, de rechercher des signes de sténose canalaire constitutionnelle et enfin, d’étudier les caractéristiques de cette cervicarthrose (45) : • Mesures canalaires et foraminales • Eléments et causes de la sténose canalaire et foraminale • Etendue des lésions osseuses, discales et ligamentaires • Retentissement de la sténose sur la moelle. 3.1. LES RADIOGRAPHIES STANDARDS : 3.1.1. Indications : (46; 47; 48) Les radiographies standards représentent le premier pas vers l’exploration des complications de l’arthrose cervicale (cervicalgie, névralgie ou myélopathie). C’était un examen de première intention dans notre étude. Nous rappellerons cependant que l’arthrose cervicale reste, dans la grande majorité des cas, asymptomatique. 3.1.2. Technique : (45; 46; 47) L’exploration comporte habituellement des clichés de face avec rayon ascendant, de profil dégageant la charnière cervico-dorsale et la charnière cervico-occipitale, et de trois quarts (oblique antéro-postérieur). Parfois, d’autres clichés peuvent être réalisés, tels que les clichés 101 dynamiques en flexion-extension et les clichés centrés sur la charnière cervico-occipitale, de profil et de face. 3.1.3. Résultats : (45; 46; 47; 48; 49) L’étude de ces radiographies est morphologique, statique et parfois mensuratrice. 3.1.3.1. Incidence de profil : C’est celle qui apporte le plus d’informations. Elle permet d’analyser : • La morphologie des vertèbres : la forme du corps vertébral, l’espace discal, les processus articulaires. (Fig.37) • La statique cervicale : lordose, cyphose ou rectitude cervicale. • Les mensurations : une approximation rapide de la taille du canal rachidien est souvent faite avec l’index de Pavlov (Fig.38) qui correspond au rapport entre le diamètre antéro-postérieur du canal (B) et le diamètre antéro-postérieur de la vertèbre (A) : la valeur normale est autour de 1, entre C4 et C7. En dessous de 0.8, le canal est généralement considéré étroit. On mesure aussi l’espace de sécurité entre la ligne spino-laminaire et le bord postérieur du massif articulaire (Fig.38); cet espace mesure entre 3 et 6 mm sur un rachis normal de profil strict. En dessous de cette valeur, le canal est considéré étroit. A noter qu’une erreur d’incidence peut faire disparaître cette espace; une arthrose inter-apophysaire postérieure se projetant sur les lames peut également l’effacer. • La hauteur discale est normalement égale au 1/3 de la hauteur vertébrale. 102 3 1 4 2 Fig. 37 : Radiographie standard du rachis cervical de profil (1-espace discal ; 2-corps vertébral ; 3-apophyse épineuse de C2 ; 4-articulation inter-apohysaire) A B Fig. 38 : Radiographie de profil montrant les différentes méthodes pour mesurer le canal rachidien (flèches blanches B/A = indice de Pavlov, flèche rouge=espace de sécurité) 103 3.1.3.2. Incidence de face : Son seul intérêt est de rechercher l’uncarthrose. (Fig.39) Fig. 39 : Radiographie standard du rachis cervical de face (flèche rouge montrant l’uncus) 104 3.1.3.3. Incidence oblique : Elle permet d’analyser les foramens intervertébraux. (Fig.40) Fig. 40 : Radiographie standard du rachis cervical de 3/4 (flèches rouges montrant les foramens intervertébraux) 3.1.3.4. Clichés dynamiques : En extension ou en flexion, ils permettent d’analyser les modifications de la courbure rachidienne et les déplacements des vertèbres (spondylolysthésis ou rétrolysthésis), pouvant majorer l’étroitesse canalaire. La compression médullaire est habituellement majorée en extension et persiste en flexion (50). 105 3.1.4. Limites : (5; 26) C’est une technique irradiante et cause de retard diagnostique fréquent. Elle méconnaît totalement le contenu intra-canalaire et l’atteinte médullaire, et l'absence de lésions osseuses ne permet pas d'affirmer l'intégrité des structures disco-ligamentaires, ce qui justifie le recours à d’autres moyens d’investigation. En effet, il y a peu de parallélisme entre les signes cliniques et les images radiologiques (27; 51), ce qui est bien corrélé avec notre étude où nous avons trouvé une discordance entre les signes cliniques et l’étendue des lésions dégénératives à la radiographie standard, dans 72% des cas. Ceci est illustré par les cas suivants : • Cas n° 20 : patient âgé de 42 ans, présentant une tétraparésie et des cervicalgies, et chez qui l’examen clinique retrouve un syndrome rachidien et pyramidal, ainsi que des troubles de la sensibilité superficielle et profonde. Ses radiographies du rachis cervical montrent une simple uncarthrose (flèche rouge) et des signes de canal cervical étroit. Ceci veut dire que même avec des lésions peu étendues au niveau des radiographies, on peut avoir une symptomatologie clinique sévère. (Fig.41) 106 Profil Face Fig. 41 • Cas n°26 : patient âgé de 44 ans, présentant une NCB avec des paresthésies et des cervicalgies, et chez qui l’examen clinique retrouve des signes d’irritation pyramidale, avec un syndrome cordonal postérieur; avec une radiographie standard montrant un pincement discal C5-C6 (flèche blanche) et une uncarthrose (flèche rouge) (Fig.42). Ce cas illustre également la non concordance entre les images radiographiques et la symptomatologie clinique. 107 Profil Face Fig. 42 En revanche, il semble exister une plus grande incidence des discopathies C5-C6 et C6-C7 chez les patients symptomatiques (4; 46). Ceci a été clairement démontré dans notre étude par la fréquence des lésions dégénératives à ces deux niveaux (60%) (Fig.43; 44; 45). Cette fréquence est expliquée par la grande mobilité de ce segment, ce qui l’expose en permanence à des contraintes mécaniques majorées par les mouvements. 108 Fig. 43 : Radiographie standard de profil montrant un pincement et des ostéophytes marginaux localisés en C5-C6 et C6-C7 (flèches blanches) (cas n°3) Fig. 44 : Radiographie standard de profil montrant une rectitude cervicale avec arthrose localisée et pincement C5-C6 (flèche blanche) (cas n°14) 109 Fig. 45 : Radiographie standard du rachis cervical de profil montrant un pincement C5-C6 et C6-C7 (flèches blanches) (cas n°31) Les clichés standards gardent aussi leur intérêt en post-opératoire où ils sont très utiles pour contrôler la position d’un éventuel greffon ou l’ostéosynthèse par plaques fixantes (aucun cliché post-opératoire n’a été retrouvé dans les dossiers de nos patients). 110 3.2. LA TDM CERVICALE : 3.2.1. Indications : (20; 22; 23; 47; 52) L’examen est justifié en cas de syndrome radiculaire rebelle à un traitement médical bien conduit. En cas de syndrome médullaire, il est plutôt réalisé, si nécessaire, en complément de l’IRM dans le but de mieux étudier les facteurs osseux dans la sténose cervicale arthrosique. La TDM garde son intérêt en post-opératoire où elle est utile pour contrôler l’état osseux et la position d’un éventuel greffon. 3.2.2. Technique : (51; 52; 53) L’examen est centré sur un nombre limité d’étages, en fonction du niveau clinique précis (syndrome radiculaire) ou d’une anomalie discale. L’examen est en général réalisé avec injection de produit de contraste iodé afin de mieux silhouetter le rebord discal du fourreau dural dont le contraste spontané est souvent insuffisant. Les coupes sont les plus fines possibles (1mm), jointives d’un pédicule à l’autre ou en hélice, afin de permettre des reconstructions (en particulier sagittales). 111 3.2.3. Résultats : (52; 53; 54) La Figure 46 (A, B, C, D) montre l’aspect d’un examen tomodensitométrique cervical normal. A : Coupe foraminale sans injection de produit de contraste (flèche rouge=uncus; flèche verte=moelle; flèche bleue=articulation postérieure; flèche blanche=foramen) B : Coupe foraminale après injection de produit de contraste (flèche rouge=corps vertébral) C : Coupe discale en fenêtre tissus mous (flèche rouge=disque; flèche verte=moelle; flèche blanche=uncus) 112 D : Coupe discale en fenêtre osseuse (flèche blanche=uncus; flèche rouge=articulation postérieure) Fig. 46 : Aspect d'un examen tomodensitométrique cervical normal La TDM permet de visualiser les saillies discales (Fig.47) et les protrusions disco-ostéophytiques et uncarthrosiques. C’est une méthode fiable pour effectuer les mensurations de la sténose canalaire et pour en préciser l’origine lésionnelle. En TDM, l’uncus arthrosique apparaît épaissi et condensé, surtout sur les reconstructions frontales, mais également sur les coupes axiales. (Fig.48) Les protrusions disco-ostéophytiques, habituellement associées, se traduisent par une saillie postérieure irrégulière des corps vertébraux et par un débord discal global, bien analysable sur les reconstructions sagittales. (Fig.49) 113 Fig. 47 : TDM du rachis cervical en coupe axiale montrant une hernie discale médio-latérale gauche C5-C6 (flèche rouge) (54) Fig. 48 : TDM du rachis cervical en coupe axiale montrant un débord unco-disco-ostéophytique foraminal droit comblant le trou de conjugaison (flèche rouge) (54) 114 Fig. 49 : Reconstruction sagittale de TDM du rachis cervicale montrant des saillies disco-ostéophytiques (flèches blanches) (54) L’arthrose zygomatique se traduit par un massif articulaire épaissi avec remaniements des interlignes articulaires à type de pincement, des irrégularités des berges, un vide articulaire, des géodes sous-chondrales et une ostéophytose marginale. (Fig.50) 115 Fig. 50 : Coupe axiale de scanner cervical montrant une arthrose inter-apophysaire (flèches rouges) (54) Les coupes axiales de scanner permettent de différencier une hernie discale molle du débord unco-disco-ostéphytique. (Fig.51) 116 Fig. 51 : Images scannographiques en coupes axiales montrant une hernie discale molle (flèche rouge) et un débord unco-disco-ostéophytique (flèche bleue) (54) La TDM reste une méthode fiable pour effectuer les mensurations de la sténose canalaire et en préciser l'origine lésionnelle. 117 3.2.4. Limites : (5; 22) • C’est un examen irradiant. • C’est un examen segmentaire. • Il existe des artéfacts au niveau de la charnière cervico-dorsale par superposition des épaules. • Elle a une faible performance dans l’analyse des parties molles, en particulier disco-ligamentaires. • Elle permet une mauvaise étude du contenu intra-rachidien (moelle, racines et espaces intra-rachidiens). 3.3. L’IRM CERVICALE : C’est l’examen radiologique idéal pour l’étude du rachis (structures osseuses et ligamentaires) et de la moelle. Il permet non seulement de visualiser la compression et son origine, mais il analyse également le parenchyme médullaire. 3.3.1. Indications : (55) La principale indication de l’IRM est la présence de signes neurologiques radiculaires et/ou médullaires. 118 3.3.2. Technique (56; 57; 58) L’examen comprend habituellement : • Des séquences pondérées en écho spin T1, sagittales : elles analysent la morphologie médullaire et évaluent les empreintes sur le cordon médullaire, générées par les ostéophytes postérieurs. • Des séquences pondérées en écho spin T2, sagittales : elles permettent l'étude de l'hydratation discale, la mise en évidence de l'incongruence entre diamètres canalaire et médullaire, l'origine des sténoses et l'amputation des espaces sous-arachnoïdiens antérieurs et postérieurs, les déformations de la moelle et les signes de souffrance médullaire. Elles permettent d'apprécier la hauteur et le degré de sténose. • Des coupes pondérées en écho de gradient T2, axiales au niveau lésionnel : elles montrent les saillies discales et la déformation de la moelle dans le plan transversal et peuvent confirmer l'existence d'un signal médullaire anormal. • L’injection de Gadolinium n’est réalisée que s’il existe un doute sur la nature de l’anomalie du signal de la moelle. Certaines nouvelles techniques ont montré leur importance dans l’étude de la pathologie rachidienne cervicale : • L’IRM dynamique : permise par certains appareils plus récents, elle permet d’objectiver des sagittales écho de spin T2 sténoses positionnelles. en position neutre, En coupes hyperflexion et hyperextension, c’est devenu l’examen d’imagerie pré-opératoire de référence dans la MCA (59; 60). 119 Le cliché en hyperextension montre le maximum du rétrécissement canalaire et guide le chirurgien (61). (Fig.52) Neutre Flexion Extension Fig. 52 : IRM dynamique du rachis cervical en coupes sagittales médianes pondérées en T2 montrant la majoration de la sténose canalaire en hyperextension (flèche rouge) et sa réduction en hyperflexion (flèche blanche) (59) Néanmoins cette technique présente des limites notamment : - La difficulté de réalisation de manœuvres de flexion/extension chez des patients présentant une raideur rachidienne importante. - Le mouvement dû à la douleur et la distance trop importante par rapport à l’antenne, particulièrement en hyperextension, peuvent donner des images de mauvaise qualité. (59) 120 • L’imagerie de diffusion : elle est déjà utilisée dans la détection précoce des lésions ischémiques, au niveau cérébral. Des études préliminaires en situations pathologiques indiquent que l’on pourrait mettre en évidence des lésions intra-médullaires dans les myélopathies débutantes à un stade où l’IRM classique est normale. Les séquences de diffusion avec mesure de l’ADC et de la FA sensibilisent la détection de lésions médullaires. Les figures 53 et 54 illustrent l’amélioration de la détection avec l’IRM de diffusion par rapport à l’IRM pondérée en T2. (62; 63) A B C Fig. 53 : A : IRM du rachis cervical en coupe sagittale pondérée en T2 montrant un canal cervical étroit, avec un rétrécissement disco- ostéophytique en C5-C6 (flèche blanche), sans anomalies de signal. B-C : IRM de diffusion montrant un hypersignal sur la séquence pondérée en diffusion en C5-C6 (trait rouge), avec un ADC augmenté et une FA diminuée. (63) 121 A B C Fig. 54 : A : IRM du rachis cervical en coupe sagittale pondérée en T2 montrant une compression médullaire C5-C6, sans anomalie de signal. B : IRM pondérée en séquence de diffusion montrant une augmentation de l’ADC de C5 à C6 (flèche) C : ADT montrant un changement de la diffusion entre C5 et C6 (bleu). (62) NB : Imagerie de diffusion : imagerie par résonance magnétique permettant de visualiser les mouvements de translation de l’eau à l’échelle du voxel. ADC : Coefficient Apparent de Diffusion : constante de diffusion modifiée par l’influence des structures environnantes par unité de temps. ADT : Tenseur de Diffusion Apparente : constante de diffusion avec une composante d’amplitude (lambda) et une composante directionnelle (facteur d’anisotropie=FA) permettant la caractérisation de la diffusion sur une même image. 122 3.3.3. • Limites : (64; 65) C’est un examen qui n’est pas disponible dans toutes les structures hospitalières. • Le coût reste à l’heure actuelle encore élevé. • L’examen nécessite la coopération du patient. • La longue durée de l’examen peut être responsable de mouvements des patients, avec l’obligation de sédation chez certains d’entre eux. • Il identifie mal les structures calciques (ostéophytes ou calcifications) car le calcium n'émet pas de signal en IRM. Ce défaut est actuellement moins handicapant que par le passé, probablement en raison d'une plus grande expérience de la sémiologie magnétique. • La petite taille des foramens et des racines, qui implique l'utilisation de coupes minces et jointives, leur intime proximité avec des structures osseuses potentiellement compressives mais également génératrices d'artéfacts, la minceur des disques, la pulsatilité du liquide céphalo-spinal, sont autant de handicaps pour l'IRM. Ces problèmes sont en voie de résolution sur les machines actuelles, dotées d'antennes performantes dédiées au rachis cervical et de nouvelles séquences autorisant des coupes fines, jointives et peu artéfactées. • Les explorations dynamiques sont encore de réalisation difficile; les explorations en charge impossibles. 123 • Enfin, cet examen a des contre-indications générales : pacemaker, clip chirurgical sur une artère cérébrale, corps étranger métallique intra-oculaire, prothèse auditive. 3.3.4. Sémiologie normale du rachis cervical : 67; 68; 69) : (7; 56; 58; 66; (Fig.55; 56) 3.3.4.1. Les vertèbres : L’os spongieux vertébral est habituellement riche en moelle graisseuse mais aussi en moelle rouge chez l’adulte, et présente un hypersignal en T1 et un hyposignal en T2. La corticale est en hyposignal franc sur l’ensemble des séquences. 3.3.4.2. Les disques : Leur signal est fonction de leur concentration en eau et en collagène. Ils sont de signal intermédiaire en T1, contrastant avec le signal plus élevé des corps vertébraux. En pondération T2, on peut distinguer le complexe central (nucléus et annulus interne) qui présente un hypersignal et le complexe périphérique qui présente un hyposignal. 3.3.4.3. La dure-mère : Rarement visible, elle présente un hyposignal sur toutes les séquences. 124 3.3.4.4. Les ligaments : Ils sont en hyposignal sur toutes les séquences et sont donc mieux visibles par contraste myélographique en pondération T2. 3.3.4.5. La moelle épinière : Elle apparait en isosignal au tissu cérébral sur toutes les séquences. 3.3.4.6. Le liquide céphalo-rachidien : Il apparaît en hyposignal en T1 où il est mal dissociable des ligaments et des corticales osseuses. Il est en hypersignal en T2, avec cependant fréquemment des zones d’hyposignal d’artéfacts de flux mal limitées. 3.3.4.7. Les racines : Elles présentent en T1 un signal d'intensité intermédiaire, semblable au signal du disque intervertébral et légèrement supérieur au signal du LCR. En T2, elles se distinguent au sein de l'hypersignal du LCR par leur signal d'intensité intermédiaire. Dans leur portion foraminale, elles sont silhouettées par la graisse. 125 A B C 5 2 1 3 4 Fig. 55 : IRM du rachis cervical et dorsal en coupes sagittales médianes pondérées en T1 (A) et T2 (B) et en coupe sagittale paramédiane en T1 (C). 1. Os spongieux du corps vertébral; 2. Disque intervertébral; 3. Ligament longitudinal antérieur; 4. Ligament longitudinal postérieur; 5. Moelle épinière (56) 126 Fig. 56 : IRM du rachis cervical en coupes axiales pondérées en T2 en écho de gradient. 1. Moelle épinière; 2. Substance grise en forme de «H»; 3. Racines postérieures sensitives; 4. Gaine radiculaire; 5. Foramen intervertébral; 6. Apophyse articulaire supérieure; 7. Lame; 8. Disque intervertébral en signal hyperintense en T2 en écho de gradient; 9. Uncus; 10. Artère vertébrale (56). 3.3.5. Résultats : 3.3.5.1. Les anomalies osseuses : 3.3.5.1.1. Les ostéophytes et l’uncarthrose (70 ; 71) : Ils ont été retrouvés dans 72,2% des cas de notre série. Les ostéophytes sont souvent mieux vus sur les séquences T2 (en particulier en écho de gradient qui cependant majore la taille de ceux-ci, en raison des artéfacts de susceptibilité magnétique plus importants sur cette séquence) que T1. Les niveaux atteints sont le plus souvent C4-C5 et C5-C6 (Fig.28; 29). Le signal des formations ostéophytiques dépend de la présence d'os spongieux en leur sein. Les gros ostéophytes contenant de l’os spongieux 127 ont un centre graisseux qui apparaît en hypersignal en T1. Les autres, constitués uniquement d'os compact, n'émettent pas de signal. Ils peuvent donc passer inaperçus, noyés dans l'hyposignal global de la saillie discale. 3.3.5.1.2. Les remaniements dégénératifs des plateaux vertébraux (72 ; 73) : Les remaniements dégénératifs des plateaux vertébraux on été classés par Modic en 3 types : • Le type I correspond à l'inflammation et l’œdème de l'os spongieux, de signal faible en T1 et élevé en T2. (Fig.57) • Le type II correspond à la dégénérescence graisseuse de l'os spongieux avec signal élevé spontané en T1 et T2. (Fig.58) • Le type III de Modic correspond à la sclérose osseuse, hypointense en T1 et T2. (Fig.59) 128 SAG T1 SAG T2 Fig. 57 : IRM du rachis cervical en séquences pondérées T1 et T2 montrant un hyposignal T1 et un hypersignal T2 des plateaux C5-C6 (flèches) (cas n° 7) 129 SAG T1 SAG T2 Fig. 58 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées en T1 et T2 montrant un hypersignal des plateaux vertébraux C6-C7 (cas n°26) 130 Fig. 59 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées en T1 et T2 montrant un hyposignal des plateaux C4-C5 en T1 et T2 (flèches) (cas n°10) 3.3.5.2. Les anomalies discales : 3.3.5.2.1. La hernie discale (74 ; 75 ; 76 ; 77 ; 78) : Dans notre série, nous avons noté une hernie unique dans 10 cas (28%) et multiple dans 28 cas (78%). Sur les coupes IRM sagittales, une hernie discale se présente comme une masse épidurale antérieure, rétro-discale, en général triangulaire à sommet postérieur (Fig.60; 61; 62; 63). Rarement, on peut mettre en évidence une discontinuité de l'annulus postérieur, signant sa perforation. Comme en TDM, il n'a pas été décrit de signes certains de solution de continuité du ligament longitudinal postérieur. Il est donc le plus souvent 131 impossible d'affirmer le caractère exclu et/ou transligamentaire d'une hernie, voire son caractère intra-dural, éventualité exceptionnelle, mais connue. Les hernies exclues (rupture du ligament vertébral commun postérieur) peuvent être suspectées sur des arguments indirects : diamètre sagittal de la hernie supérieur à 75% du diamètre du canal, migration de plus de 6 mm vers le haut, fragment libre, angle de raccordement aigu avec la face postérieure du disque. Fig. 60 : IRM du rachis cervical en séquence pondérée T2 montrant une volumineuse hernie discale C5-C6 (flèche blanche) comprimant la moelle en regard, avec souffrance focale de celle-ci (cas n°31) 132 SAG T1 SAG T2 Fig. 61 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées en T1 et T2 montrant des hernies discales multiples C4-C5; C5-C6 et C6-C7 (flèches blanches) laminant l’espace sous-arachnoïdien antérieur, avec hypersignal focal médullaire localisé en regard de C4-C5 (flèche rouge) (cas n°1) 133 Fig. 62 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale pondérée en T2 montrant des hernies discales multiples C3-C4; C4-C5; C5-C6 (flèches blanches) avec un rétrécissement et un hypersignal médullaire en regard de C4-C5; C5-C6 (flèches rouges) et une hypertrophie du ligament jaune (flèche bleue) (cas n°5) 134 Fig. 63 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale médiane pondérée en T2 montrant une double hernie discale C3-C4; C4-C5 (flèches blanches) avec un discret hypersignal médullaire T2 (flèche rouge) et des ostéophytes antérieurs (flèches bleues). Noter les pincements discaux étagés depuis C4 jusqu’à C7 et l’inversion de la courbure cervicale (cas n°13) Sur les coupes IRM axiales, l’hernie se présente comme une masse épidurale antérieure ou antéro-latérale, de même intensité ou plus intense que le disque, refoulant, en fonction de sa taille, la racine, le sac dural, voire la moelle (Fig.64; 65; 66; 67; 68; 69). Il est habituellement difficile d'affirmer sur une IRM la nature purement molle, non calcifiée, d'une hernie. Un hypersignal des plexus veineux sous-jacents (sorte d'équivalent IRM du signe TDM de la stase veineuse) a été décrit comme signe indirect de hernie (88). 135 Fig. 64 : IRM du rachis cervical en coupes axiales pondérées T2 montrant une hernie discale paramédiane gauche C4-C5 (flèche rouge) et foraminale C5-C6 (flèche verte) (cas n°1) Fig. 65 : IRM du rachis cervical en coupes axiales pondérées en T2 montrant deux hernies discales médiales et paramédianes gauches C3-C4 (flèche rouge) et C4-C5 (flèche bleue), laminant l’espace sous-arachnoïdien antérieur (cas n°5) 136 Fig. 66 : IRM du rachis cervical en coupe axiale pondérée en T2 montrant une hernie discale paramédiane gauche venant au contact d’une racine nerveuse (flèche) (cas n°19) Fig. 67 : IRM du rachis cervical en coupe axiale T2 montrant une protrusion discale globale C5-C6 (flèche blanche) (cas n°3) 137 Fig. 68 : IRM du rachis cervical en coupe axiale pondérée T2 montrant une hernie discale paramédiane droite (flèche blanche) (cas n°6) Fig. 69 : IRM du rachis cervical en coupes axiales pondérées en T2 montrant des hernies discales multiples C3-C4 (flèche rouge), C4-C5 (flèche blanche), C5-C6 (flèche bleue) et C6-C7 (flèche verte) (cas n°16) 138 3.3.5.2.2. Le pincement et les anomalies de signal discal : (78 ; 79) L'IRM étudie l'hydratation du disque, ainsi que ses modifications morphologiques (pincement, modification du contour postérieur). La dégénérescence discale se traduit par un affaissement, une déshydratation et une diminution de l'intensité du signal en pondération T2, avec parfois un signal hypointense franc (Fig.70) Fig. 70 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale pondérée en T2 montrant deux pincements discaux C5-C6 et C6-C7 avec diminution du signal discal (flèches) (cas n°33) 139 3.3.5.3. Les anomalies ligamentaires : (80; 81 ; 82 ; 83) Les lésions ligamentaires responsables d’un tableau de myélopathie sont les hypertrophies et les ossifications du ligament jaune (par compression postérieure de la moelle) et celles du ligament vertébral commun postérieur (par compression antérieure de la moelle). Dans notre série, nous avons noté une hypertrophie du ligament jaune dans 11 cas (30,5%) et une hypertrophie du ligament vertébral commun postérieur dans 3 cas (8,3%). (Fig.71; 72; 73) Les ossifications ligamentaires sont de diagnostic délicat, car elles sont hypointenses sur toutes les séquences, noyées donc dans l’hypointensité normale des ligaments. L’hypertrophie ligamentaire provoque en T2 des empreintes sur l'espace sous-arachnoïdien. 140 Fig. 71 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale pondérée en T2 montrant une hypertrophie focale du ligament jaune effaçant l’espace sousarachnoïdien postérieur en regard (flèche blanche) (cas n°29) 141 Fig. 72 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées en T2 montrant une hypertrophie du ligament jaune associée à un canal cervical étroit, responsable d’un effacement des espaces sous-arachnoïdiens (flèches blanches) (cas n°28) 142 Fig. 73 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées en T2 montrant un canal cervical étroit, une hypertrophie du ligament jaune (flèches blanches) et des hernies discales étagées, le tout responsable d’une compression et d’une souffrance médullaire (cas n°19) 3.3.5.4. Les dimensions du canal rachidien cervical : (84,85 ;86 ;87 ;88) L’IRM donne une idée très proche de la réalité des dimensions du canal rachidien cervical et par conséquent de l'espace disponible pour la moelle épinière. C'est en séquence T2 dite myélographique que cet espace sera apprécié au mieux car les espaces sous-arachnoïdiens apparaissent en hypersignal alors que les éléments osseux et ligamentaires ainsi que la duremère se manifestent par un hyposignal. En séquence T1, la différenciation est moins évidente car tous ces éléments rendent un hyposignal. 143 Le diamètre antéro-postérieur du canal est décrit comme significativement rétréci chez les patients atteints de myélopathie. Cette notion a été notée dans notre étude, avec 72,2% de patients présentant un canal cervical étroit. Dans notre série, l’appréciation des dimensions du canal cervical était réalisée par la mesure de l’axe antéro-postérieur sur les coupes sagittales pondérées en T2, depuis la face postérieure de la vertèbre en avant jusqu’à la face antérieure de l’apophyse épineuse en arrière. Nous avons considéré comme étroit un canal cervical mesurant moins de 12 mm. (Fig.74) Il faut préciser que l’IRM est moins précise que le scanner dans la mesure du canal osseux car l’hyposignal des corticales osseuses, où débute la mesure, se confond avec l’hyposignal des ligaments attenants, pouvant donc majorer l’étroitesse canalaire. Ce canal cervical étroit est responsable d’une diminution d'épaisseur des espaces sous-arachnoïdiens, qui peut être le premier stade lésionnel sans retentissement médullaire (Fig.75). L'effacement de ces espaces en avant et en arrière de la moelle est une situation limite susceptible de se décompenser lors d'un traumatisme en hyperflexion/hyperextension important. C'est dans cette situation que les séquences IRM dans différentes positions (flexion et extension) peuvent montrer une majoration significative de la sténose, c'est-à-dire le stade ultérieur de compression médullaire. 144 Fig. 74 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale pondérée en T2 montrant un canal cervical étroit avec amincissement des espaces sous-arachnoïdiens et hernie discale C3-C4 comprimant la moelle, avec signe de souffrance de celle-ci (cas n°25) 3.3.5.5. Les anomalies du cordon médullaire : Les deux signes sémiologiques majeurs de la myélopathie cervicarthrosique sont : la déformation de la moelle et la présence d'anomalies de signal intra-médullaires. 3.3.5.5.1. La déformation de la moelle : (89 ; 90) C'est en général en regard d'un espace discal, là où les ostéophytes postérieurs sont les plus développés, que la déformation est la plus importante. C'est en coupe sagittale que ces anomalies sont le mieux 145 visualisées. Les lésions disco-ostéophytiques, souvent pluri-étagées, réalisent un aspect festonné de la face antérieure de la moelle. Un aspect similaire peut être observé en arrière de la moelle, lié à l'épaississement et à la plicature du ligament jaune (Fig.76). Selon les cas, les lésions compressives peuvent prédominer en avant ou en arrière de la moelle ou être réparties de part et d'autre. Fig. 75 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale pondérée en T2 montrant un effacement de l’espace sous-arachnoïdien antérieur en regard des disques C5-C6 et C6-C7, sans déformation de la moelle (flèches blanches) (cas n° 26) 146 Fig. 76 : IRM du rachis cervical en coupe sagittale montrant un canal cervical étroit avec une déformation multi-étagée de la moelle et un hypersignal intra-médullaire en regard de C6-C7 (cas n°3) Les coupes axiales transverses en pondération T2 montrent la déformation de la moelle dans le plan transversal et peuvent confirmer l'existence d'un signal médullaire anormal. Dans cette séquence, et surtout en séquence d'écho de gradient, les sténoses canalaires et foraminales sont toujours surestimées. En cas de sténose serrée et centrale, les coupes axiales transverses montrent la déformation de la moelle, refoulée en arrière contre le ligament jaune, en «V ouvert vers l'avant» (Fig.77). En cas de sténose latérale, la moelle refoulée en arrière et latéralement prend un aspect en «virgule» (Fig.78) (93). 147 Fig. 77 : IRM du rachis cervical en coupe axiale pondérée en T2 montrant une déformation antérieure de la moelle (aspect en V ouvert en avant), secondaire à une hernie discale (flèche) (cas n°8) Fig. 78 : IRM du rachis cervical en coupe axiale pondérée en T2 montrant une hernie discale C5-C6 déformant la moelle (aspect en virgule) (cas n°11) 148 3.3.5.5.2. Les anomalies de signal médullaire (91; 92; 93; 94; 95; 96) Les anomalies de signal intra-médullaire sont de deux types : • A limites floues, à type d’hypersignal T2 et de signal normal en T1 (Fig.79; 80; 81). Ce sont des lésions non spécifiques allant de l’œdème à la démyélinisation, en passant par l’ischémie et la gliose. • A limites nettes, à type d’hypersignal franc T2 et d’hyposignal T1 franc (signal liquidien) (Fig.82; 83; 84; 85); il s’agit d’une cavitation liquidienne. La présence d’un hypersignal en pondération T2 au sein du cordon médullaire, en regard du lieu maximum de la compression et/ou de part et d’autre de celui-ci, permet au radiologue de confirmer le diagnostic suspecté cliniquement. L’hypersignal intra-médullaire a été retrouvé chez 80% des cas de notre série, localisé dans 55% des cas, et étendu dans 25% des cas. 149 SAG T2 SAG T1 Fig. 79 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées T1 et T2 montrant une hernie discale C6-C7 (flèche blanche), comprimant la moelle avec un hypersignal en T2 et isosignal en T1 (cas n°21) 150 SAG T2 SAG T1 Fig. 80 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées en T1 et T2 montrant une hernie discale C4-C5 avec un hypersignal T2 en regard (flèche rouge) et un isosignal T1 (cas n°30) 151 SAG T2 SAG T1 Fig. 81 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées en T1 et T2 montrant un canal cervical étroit avec une striction médullaire en regard d’une hernie discale C3-C4 avec hypersignal focal médullaire (flèche blanche) et sans anomalies de signal T1 (cas n°17) 152 SAG T2 SAG T1 Fig. 82 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées en T1 et en T2 montrant des hernies discales multiples (flèches blanches) avec un hypersignal T2 en regard de C5 (flèche rouge) et un discret hyposignal T1 en regard de C5 (flèche bleue) (cas n°8) 153 SAG T2 SAG T1 Fig. 83 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées en T1 et T2 montrant un rétrécissement de la moelle en regard de C3-C4, avec un hypersignal T2 (flèche blanche) et un hyposignal en T1 (flèche rouge) (cas n°9) 154 SAG T2 SAG T1 Fig. 84 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées en T1 et T2 montrant un canal cervical étroit et deux hernies discales C5-C6 et C6-C7 avec compression de la moelle qui présente un hyposignal T1 (flèche rouge) et un hypersignal T2 (flèche blanche) (cas n°14) 155 SAG T2 SAG T1 Fig. 85 : IRM du rachis cervical en coupes sagittales pondérées en T1 et T2 montrant une hernie discale C5-C6 (flèches blanches) comprimant la moelle avec une plage d’hypersignal T2 de C5 à C7 (flèche rouge) et un hyposignal T1 (flèche bleue) (cas n°20) 156 3.3.6. Corrélation entre les signes cliniques et le degré de souffrance médullaire : Les différents auteurs (46; 51; 97; 98; 99; 100; 101) qui se sont intéressés à la présence d’un hypersignal en pondération T2 au sein du cordon médullaire chez des patients ayant un tableau de MCA, se sont également interrogés sur la valeur pronostique de ce signe. Les études ne sont pas toutes concordantes. Certaines (27; 30; 51; 98) ont montré une corrélation significative entre la présence d’un hypersignal en T2 et une symptomatologie plus sévère, voire une mauvaise évolution post-opératoire de ces patients; ce qui tendrait à dire que la présence d’un hypersignal T2 à l’IRM serait un facteur pronostique important (102; 103). D’autres études (24; 104) n’ont pas observé de différence significative dans l’évolution post-opératoire des patients ayant ou non une anomalie de signal intra-médullaire, ni de rapport avec la sévérité clinique pré-opératoire. BUCCIERO (24) a observé que les 35 patients de sa série avaient tous une anomalie de signal centro-médullaire et un rétrécissement canalaire, mais l’évolution post-opératoire était variable, ne permettant pas d’établir une relation de cause à effet. Cependant, WADA et COLL (104) ont observé une corrélation significative entre la présence d’un hypersignal médullaire linéaire et l’atrophie musculaire des membres supérieurs. Dans notre série, nous avons constaté une corrélation entre le degré de souffrance médullaire et la symptomatologie clinique préopératoire. L’ensemble des résultats est présenté dans le tableau 14. 157 Auteurs Nombre de patient Anomalie de signal Evolution clinique Takahashi, 1987 (R) (105) 128 24(18,8%) ? Takahashi, 1989 (R) (103) 668 99(14,8%) corrélée Mehalic, 1990 ( ?) (106) 19 10(52%) corrélée Matsuda, 1991 (R) (107) 29 12(41%) corrélée Yone, 1992 (?) (25) 64 26(41%) non corrélée Bucciero, 1993 (R) (24) 35 35(100%) non corrélée Morio, 1994 (P) (108) 25 22(88%) non corrélée Wada, 1995 (R) (104) 31 23(74%) non corrélée Okais, 1995 (R) (109) 52 23(44%) non corrélée Ouadi (R) (3) 37 20(54%) corrélée Notre étude (R) 36 30(83,3%) corrélée R : étude rétrospective ; P : étude prospective; ? : non précisée. Tableau 14 : Etudes IRM du signal médullaire chez les patients ayant une myélopathie cervicarthrosique L'aire transverse du cordon médullaire au niveau de la compression maximale est bien corrélée avec les altérations histo-pathologiques de la moelle ainsi qu'avec la sévérité de la myélopathie (103). L’IRM permet une évaluation de la gravité, car il existe une corrélation constante entre le pourcentage de rétrécissement du cordon médullaire (sur les coupes axiales) et la répercussion clinique post-opératoire avec un mauvais pronostic lorsque le diamètre antéropostérieur de la moelle est inférieur à 0,6mm (110). 158 3.3.7. Corrélation entre le degré de sténose du canal rachidien cervical et la souffrance médullaire : Une étude (111) a comparé les mesures IRM de 96 patients asymptomatiques et de 74 patients atteints de MCA. Une corrélation significative entre la sévérité de la myélopathie, évaluée par le JAO score (Japanese Orthopedic Association score), et la surface médullaire au lieu maximum de la compression a été observée. La surface médullaire est plus petite de façon significative chez les patients ayant une myélopathie secondaire à une cervicarthrose ou à une ossification du ligament vertébral commun postérieur (LVCP) par rapport a ceux ayant une hernie discale (112). Cette équipe a également étudié un rapport d’intensité de signal en pondération T2 (intensité de signal maximum au lieu de la compression/intensité de signal en région non comprimée). Ce rapport n’était pas corrélé de façon significative avec la clinique pré-opératoire alors qu’il était corrélé à la clinique post-opératoire chez les 23 patients ayant une ossification du LVCP et les 34 patients ayant une myélopathie d’origine cervicarthrosique. Le rapport de compression médullaire (rapport du diamètre antéropostérieur de la moelle sur son diamètre transversal) n’était corrélé de façon significative ni avec la clinique pré-opératoire, ni avec la clinique postopératoire, à l’inverse de la surface médullaire. Dans notre série, nous avons trouvé une corrélation entre le degré de sténose canalaire et la présence d’un hypersignal intra-médullaire T2. Cet hypersignal était présent chez tous les patients présentant une compression antérieure ou postérieure déformant la moelle, soit 83%. 159 Par contre, il n’y avait pas de corrélation entre le degré de la sténose et l’étendue de l’hypersignal (localisé ou étendu). Chez les 6 patients sans anomalies de signal médullaire, nous n’avons pas noté de déformation de la moelle, la compression était responsable de l’effacement des espaces sousarachnoïdiens. Selon OKADA, le rapport d’occupation du canal (surface de la moelle / surface du canal X 100) était corrélé de manière significative avec les signes cliniques (111). La non convergence des résultats de ces différentes études s’explique par une hétérogénéité des populations étudiées; l’âge et la durée du facteur compressif étant des éléments importants. 3.3.8. Les lésions cervicarthrosiques les plus pathogènes : Une étude sur 50 patients (112) a comparé le score fonctionnel pré et post-opératoire (JAO score) avec le rapport de compression antéropostérieure et la surface médullaire. Le rapport de compression antéropostérieure au lieu maximum de la compression n’était pas corrélé avec les scores fonctionnels pré et post-opératoires, à l’inverse de l’étude de MORIO (108). Par contre, la surface médullaire au lieu maximum de la compression était significativement corrélée à ces deux facteurs, tous patients confondus. Parmi les 50 patients atteints d’une myélopathie cervicale, 19 avaient une origine discarthrosique (lésions unco-disco-ostéophytiques et hernies dures), 11 étaient en rapport avec une ossification du LVCP et 20 secondaires 160 à une hernie molle. La surface médullaire était corrélée de façon significative avec l’évolution post-opératoire chez les patients ayant une hernie discale et une ossification de ligament longitudinal postérieur, mais pas chez les patients ayant une myélopathie d’origine cervicarthrosique (tendance à une évolution clinique similaire). Dans notre série, les discarthroses et les anomalies ligamentaires étaient responsables de tableaux cliniques plus sévères que les hernies molles. Rappelons que les traumatismes cervicaux et l’étroitesse canalaire constitutionnelle favorisent les lésions médullaires et donc aggravent le tableau clinique. 161 4. LES EXPLORATIONS NEUROPHYSIOLOGIQUES : L’électromyogramme (EMG) met en évidence des signes de souffrance neurogène périphérique au niveau des membres supérieurs, non spécifiques de l’étiologie. Il est utile au diagnostic différentiel de sclérose latérale amyotrophique (4; 113). L’enregistrement des potentiels évoqués est utile à la fois au diagnostic et au pronostic (114). Les potentiels évoqués moteurs (PEM) du membre supérieur sont les plus sensibles pour faire le diagnostic. La perturbation des potentiels évoqués somesthésiques (PES) du nerf médian et du nerf tibial postérieur est proportionnelle à la sévérité de la maladie. Par contre, la normalité des PES du nerf médian est corrélée à un bon pronostic post-opératoire (115). Dans notre étude, seulement deux patients ont bénéficié d’un EMG dont un était normal, malgré la souffrance médullaire clinique et radiologique très en faveur de la MCA. Son indication ne s’est posée que pour le diagnostic différentiel. Ainsi, l’étude neurophysiologique apporte surtout une aide au chirurgien pour apprécier le retentissement médullaire de la sténose cervicale. Vu le nombre peu significatif de patients ayant bénéficié d’une étude neurophysiologique, dans notre série ou dans celles de la littérature (4; 21), nous ne disposons pas de données statistiques suffisantes pour prouver l’intérêt de ces examens. 162 5. TRAITEMENT : Les critères qui guident le choix thérapeutique sont liés à la durée des symptômes, à la gravité de la myélopathie, au degré de sténose, ainsi qu’à l’âge et à l’état général du patient (116). Les traitements de la MCA pratiqués jusqu’à maintenant visent à éliminer la cause de la sténose (chirurgie). 5.1. LE TRAITEMENT MEDICAL : Le traitement médical, rigoureusement suivi, peut stabiliser pendant plusieurs années l’affection dans sa forme bénigne et peu évoluée. Il est essentiellement basé sur la mise au repos du rachis cervical et sur l’utilisation de produits médicamenteux à visée symptomatique avec une bonne hygiène de vie (117; 118). Le traitement conservateur reste de mise dans certaines situations : (20; 119) • Sujet âgé et/ou un état général altéré. • Contre-indication à la chirurgie. • Quand il y a possibilité d’aggravation post-opératoire ou quand l’intervention est sans bénéfice pour le patient. • Formes peu évoluées : l’étude de KADANKA et Al (120) a démontré qu’il n’y a pas de différence significative entre une approche conservatrice et le traitement chirurgical des formes modérées et peu sévère de MCA. Dans notre série, 5 malades soit 13,8% ont bénéficié d’un traitement médical seul (un AINS associé à un antalgique, un décontracturant musculaire avec de 163 la vitaminothérapie, parfois des corticoïdes). La durée du traitement et l’évolution des patients n’ont pas été précisées dans les dossiers. 5.2. LE TRAITEMENT CHIRURGICAL : Le traitement chirurgical de la MCA, le seul logique, doit être envisagé à la seule condition que l’origine des troubles ait été rapportée expressément à la cervicarthrose. Le rôle de la chirurgie décompressive est, d’une part, de supprimer l’agent sténosant et, d’autre part, d’éliminer les facteurs dynamiques, responsables de microtraumatismes, plus neuroagressifs que la compression statique elle-même (121; 122). Schématiquement, plusieurs types d’interventions peuvent être décrites, par abord antérieur ou postérieur. Le choix de la technique sera guidé par l’analyse des signes cliniques et de l’imagerie médicale pré-opératoire, en fonction de laquelle sera pratiquée soit une voie antérieure, réalisée dans près de 85% des cas par les chirurgiens européens francophones, soit une voie postérieure, réalisée dans 15% des cas, soit une voie combinée, réalisée de façon exceptionnelle (4). Dans notre série, la voie antérieure a était réalisé chez 77,7% des cas. 164 6. ÉVOLUTION ET PRONOSTIC : 6.1. L’ÉVOLUTION : 6.1.1. Résultats du traitement médical : Le traitement médical ne peut être que symptomatique et peut apporter une amélioration, d’où une évolution capricieuse selon EL MANSOURI (32). Dans notre série, le recours à la chirurgie était seulement réservé aux malades dont l’état neurologique était grave d’emblée, alors que ceux qui ont bénéficié du traitement conservateur seul avaient un état neurologique relativement stable ou s’amélioraient sous traitement médical seul. La comparaison de nos résultats avec ceux de la littérature ne montre pas de différence significative :(Tableau 15) Auteurs Amélioration Stabilisation Aggravation IBRAHIMI (34) 49% 19% 32% ELMANSOURI (32) 36% 36% 27% NURICK (123) 38% 36% 26% MATSUMOTO (97) 60% 40% - BOURNIK (21) 42% 33% - OUADI (3) 54% 38% - Notre série 60% 20% - Tableau 15 : Comparaison des résultats du traitement médical Rappelons que l’évolution à court terme n’a pas été précisée chez un patient. 165 6.1.2. Résultats du traitement chirurgical : Les résultats sont illustrés dans le tableau 16 et concernent les résultats post-opératoires précoces. D’après ce tableau, notre étude montre que l’évolution à court terme des patients opérés était satisfaisante, compte tenu du taux d’amélioration de 60%; ce qui est en parfait accord avec les données de la littérature qui insistent sur l’intérêt du traitement chirurgical comme approche thérapeutique logique. Auteurs Nbre de Amélioration cas (%) Stabilisation Aggravation (%) (%) 16,5 Décès (%) IBRAHIMI (34) 26 83,5 - - GUIOT (124) 56 66 28 5 - ELMANSOURI(32) 28 64,5 28,5 7 - MACHKOUR (39) 39 79,5 18 2,5 5 BOURNIK (21) 52 60 25 10 5 OUADI (3) 24 50 25 2,5 12,5 7 10 Notre série 30 60 7 Tableau 16 : Comparaison de nos résultats post-opératoires précoces avec ceux de la littérature Il faut rappeler que l’évolution post-opératoire précoce n’a pas était précisé chez 5 patients. 166 6.2. LES FACTEURS PRONOSTIQUES : Ces données sont sujettes à une grande controverse dans la littérature. 6.2.1. L’âge : L’âge n’apparaît pas déterminant selon plusieurs études. Mais pour certains auteurs, c’est un facteur de mauvais pronostic (26). Pour MAMORU (125), l’âge n’a pas d’influence sur le taux de récupération chez les malades opérés par voie postérieure, alors que ce taux de récupération est diminué chez ceux opérés par voie antérieure. Tout en tenant compte de l’état général, du degré de handicap et des pathologies associées, le même taux d’amélioration est observé avant et après 65 ans, mais seuls les sujets les plus jeunes peuvent bénéficier d’une récupération complète; ceci a été noté dans notre étude. L’objectif n’est d’ailleurs pas le même : les sujets jeunes veulent reprendre la totalité de leur autonomie et de leurs activités alors que les plus âgés espèrent garder simplement une autonomie suffisante. 6.2.2. La durée d’évolution des symptômes : La durée des symptômes est l’un des facteurs pronostiques les plus importants. En effet, le résultat post-opératoire est meilleur si la durée d’évolution est courte, surtout chez les sujets de plus de 65 ans; ceci pourrait correspondre à une symptomatologie due à une souffrance fonctionnelle de la moelle avant l’installation des lésions anatomiques irréversibles (126). Il est maintenant acquis que les résultats de la chirurgie 167 sont inversement proportionnels au temps écoulé entre l’apparition des symptômes et l’acte chirurgical, pour DENARO et ses collaborateurs (20). 6.2.3. La sévérité du déficit neurologique : La sévérité du handicap pré-opératoire parait paradoxalement un facteur moins important (127). Selon PARKER (26), l’existence d’un syndrome pyramidal pré-opératoire et de troubles sphinctériens est un critère associé à une évolution péjorative. 6.2.4. La statique du rachis cervical : Il existe une relation entre la récupération post-opératoire et le degré de la ré-expansion médullaire. En cas de disparition de la lordose cervicale (rectitude ou cyphose), la ré-expansion est très limitée voire nulle. Donc, l’existence d’une hyperlordose cervicale en pré-opératoire est un facteur de mauvais pronostic (128; 129). 6.2.5. Le nombre d’étages cervicaux atteints : Il affecte les résultats pour les patients opérés, aussi bien pour MAMORU (125) que pour PARKER (26). 6.2.6. La sténose canalaire cervicale : Le diamètre antéro-postérieur du canal rachidien cervical et sa surface, au niveau de sa portion la plus rétrécie, apparaissent déterminants, quel que soit l’âge (26). 168 6.2.7. L’hypersignal intra-médullaire à l’IRM : L’hypersignal centro-médullaire en T2 sur l’IRM n’a pas de signification pronostique importante pour BRUNON (4), alors que pour PARKER (26) et MAMORU (125); c’est un élément de mauvais pronostic. Dans notre étude, nous avons trouvé une corrélation significative entre l’hypersignal retrouvé à l’IRM et la sévérité de l’état neurologique préopératoire des patients. Ces facteurs pronostiques incitent à établir précocement le diagnostic. Dès que les premiers symptômes neurologiques moteurs apparaissent, il faut poser l’indication chirurgicale. 169 CONCLUSION 170 La myélopathie cervicarthrosique est une pathologie fréquente, caractérisée par une souffrance chronique plurifactorielle de la moelle spinale, causée en général par une arthrose qui s'installe chez un patient avec un canal déjà étroit constitutionnellement. La myélopathie est la plus redoutable des complications de l’arthrose cervicale. Il est actuellement admis que la compression de la moelle ou de ses vaisseaux est la principale cause de cette affection. La multiplicité des tableaux neurologiques ainsi réalisés peut être source de difficultés diagnostiques, d’autant plus que le déroulement de la maladie n’est pas univoque. Les signes radiculaires précèdent souvent les signes médullaires et l’expression clinique peut se faire soit sur un versant, soit sur l’autre, sans que ceux-ci ne soient associés ou ne se succèdent dans le temps. Il existe, de même, une discordance radio-clinique : un rétrécissement très important du canal médullaire n’est pas toujours responsable de signes neurologiques graves, alors qu’un déficit neurologique gravissime peut être secondaire à des lésions ostéo-discales mineures. Aucune des hypothèses physiopathologiques jusque-là proposées ne peut permettre, à elle seule, d’expliquer ces deux faits. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la multiplicité évolutive dans la MCA. Nous citons : 171 • Les facteurs de sensibilité propre à chaque individu vis-à-vis d’une sténose directe de l’axe nerveux dans un canal médullaire rétréci, acquis ou congénital. • L’ischémie, qu’elle soit artérielle ou veineuse. • La nécessité professionnelle, quelquefois exagérée, de mouvements de flexion-extension du rachis cervical. Sur le plan radiologique, les clichés standards restent extrêmement utiles pour dépister les sténoses canalaires et évaluer certains facteurs osseux susceptibles d'être pathogènes, notamment les clichés standards avec manoeuvres positionnelles si l'on suspecte une instabilité rachidienne. Le scanner permet de dresser un bilan précis de la morphologie canalaire et estime aussi bien les composantes osseuses que tissulaires responsables de la sténose. L'IRM permet d'objectiver de façon très précise la compression de la moelle et les anomalies de signal intra-médullaire caractérisant une souffrance médullaire (œdème, gliose, nécrose kystique), ou parfois même une cavité syringomyélique secondaire. Elle est également indiquée pour le contrôle post-chirurgical de la moelle spinale. Elle offre des arguments pronostiques tant pré que post-opératoires. Sur le plan thérapeutique, il faut insister sur la nécessité d’une chirurgie précoce, presque « préventive », au stade de myélopathie chronique peu évoluée. Elle consiste à enrayer l’évolution capricieuse de la maladie. 172 RESUME 173 RESUME La myélopathie cervicarthrosique (MCA) est définie par une souffrance radiculo-médullaire secondaire à une cervicarthrose. Nous avons rapporté une série de 36 cas de MCA, colligés au service de neurochirurgie et de neurologie du CHU Hassan II de Fès, entre Janvier 2001 et Décembre 2007. A la lumière de ce travail, il est ressorti que cette pathologie était l’apanage du sujet entre 40 et 70 ans, la tranche d’âge la plus touchée se situant entre 50 et 60 ans, représentée par 33 % des cas. Le sujet masculin restait le plus touché, avec une prédominance de 61 % des cas. Plusieurs circonstances de survenue favorisaient l’installation de cette pathologie, notamment la notion de profession à risque, retrouvée dans 36 % des cas. Aussi nous avons trouvé la notion de cause déclenchante dans 39 % des cas, en l’occurrence un traumatisme du rachis cervical chez plusieurs patients. La symptomatologie clinique était le plus souvent progressive, dans 72,2 % des cas, faite essentiellement de névralgie cervico-brachiale dans 55 % des cas et de troubles de la marche dans 39 % des cas. Les syndromes rachidien, lésionnel et sous-lésionnel, étaient souvent retrouvés, respectivement dans 41,6 %, 75 % et 97 % des cas. Le bilan paraclinique de base était les radiographies standards du rachis cervical et surtout l’IRM cervicale qui reste l’examen clé. Les radiographies standards, de face et de profil, ont montré une prédominance de discopathies au niveau C5-C6 et C6-C7 chez les patients symptomatiques, retrouvées chez 60 % des cas. 174 Ces radiographies ont permis les mensurations du canal cervical qui a été retrouvé étroit dans 50 % des cas. L’IRM, qui était l’examen de référence dans notre série, a montré des hernies discales uniques dans 28 % des cas et multiples dans 78 % des cas. Les niveaux les plus atteints étaient C4-C5 et C5-C6. Les hypertrophies ligamentaires ont été retrouvées dans 30,5 % des cas pour le ligament jaune et dans 8 % des cas pour le ligament vertébral commun postérieur. Cet examen a aussi permis la mesure du canal cervical, retrouvé étroit dans 72,2 % des cas. L’apport principal de l’IRM était l’étude du cordon médullaire en montrant un hypersignal intra-médullaire dans 83,3 % des cas. Dans notre série, 13,8 % des cas ont bénéficié d’un traitement médical seul alors que le traitement chirurgical a été préconisé dans 83,3 % des cas. L’évolution immédiate était marquée : - après le traitement médical, par l’amélioration dans 60 % des cas et par la stabilisation dans 20 % des cas. - après le traitement chirurgical, par l’amélioration dans 60 % des cas, par la stabilisation dans 6 % des cas, par l’aggravation dans 6 % des cas et par le décès dans 10 % des cas. L'imagerie par résonance magnétique reste l'examen de référence pour le diagnostic positif, le bilan d’extension, le bilan pronostique et le suivi post-opératoire. L'étude osseuse est mieux effectuée par le scanner, couplé aux radiographies standards avec clichés dynamiques. 175 SUMMARY The cervical spondylotic myelopathy (CSM) is defined as a radiculomedullary pain after a cervical arthrosis. We reported a series of 36 cases of CSM collected at the CHU Hassan II of Fez service of neurology and neurosurgery, between January 2001 and December 2007. We conclude from this study that persons aged between 40 and 70 years old were prone to this pathology, the most affected age group was the one between 50 and 60 years, representing 33% of cases. Men were the most affected, in 61% of the cases. Several factors lead to the outbreak of this pathology, particulary job at risk in 36 % of the cases. We also find the concept of triggering cause in 39 % of cases; in this case a cervical spine traumatism is noticed among the majority of the patients. Most often the clinical symptoms were progressive in 72.2 % of cases, mainly made of cervico-brachial neuralgia in 55 % of cases and walking difficulties in 39 % of cases. The spinal syndroms, lesionnel and lesionnel subregional syndroms were often found respectively in 41.6 %, 75 % and 97 % of cases. The paraclinal record consisted in basic standard radiographs of the cervical spine and cervical especially MRI, which remains the key test. Standard radiographs, facial and profile, showed a predominance of discopathy in C5-C6 and C6-C7 among symptomatic patients, found in 60% of cases. These x-rays have allowed the measurement of the cervical canal, which was found narrow in 50 % of cases. 176 MRI, which was the reference examination in our series, showed single herniated discs in 28 % and multiple herniated discs in 78 % of cases. The most affected levels were most affected in C4-C5 and C5-C6. The ligament hypertrophy was found in 30.5 % of the cases for the yellow ligament and 8 % for the common posterior spinal ligament. It also enabled the measurement of cervical canal, found narrow in 72.2 % of cases. The MRI main contribution consisted in the study of spinal cord showing a intra-medullary hypersignal in 83,3 % of cases. In our series, 13.8 % of the cases have received medical treatment only, whereas surgical treatment was recommended in 83.3 % of cases. The immediate evolution was marked: - After medical treatment by improvement in 60 % of cases and stabilization in 20 % of cases. - After surgical treatment by improvement in 60 % of cases, stabilization in 6 % of cases, worsening in 6 % of cases and death in 10 %. Magnetic resonance imaging examination remains the reference for positive diagnosis, record extension, prognostic assessment and postoperative monitoring. The bone study is best carried out by the scanner with standard radiographs along with dynamic shots. 177 ﻤﻠﺨﺹ ﺇﻥ ﺇﻋﺘﻼل ﺍﻟﻨﺨﺎﻉ ﺍﻟﻨﺎﺘﺞ ﻋﻥ ﻓﺼﺎل ﺍﻟﺭﻗﺒﺔ ﻴﻌﺭﻑ ﺒﺘﺄﻟﻡ ﺠﺩﺭﻱ ﻨﺨﺎﻋﻲ ﻤﺘﺭﺘﺏ ﻋﻥ ﻓﺼﺎل ﺭﻗﺩﻱ ﻴﺴﺘﻌﺭﺽ ﻓﻲ ﻫﺩﻩ ﺍﻟﺩﺭﺍﺴﺔ ﻤﺠﻤﻭﻋﺔ ﻤﻜﻭﻨﺔ ﻤﻥ 36ﺤﺎﻟﺔ ﺇﻋﺘﻼل ﻨﺨﺎﻋﻲ ﻨﺎﺘﺞ ﻋﻥ ﻓﺼﺎل ﺭﻗﺒﻲِ ﺤﺼﺭﺕ ﺒﻤﺼﻠﺤﺔ ﺠﺭﺍﺤﺔ ﺍﻟﺩﻤﺎﻍ ﻭ ﺍﻷﻋﺼﺎﺏ ﻭ ﺍﻷﻤﺭﺍﺽ ﺍﻟﻌﺼﺒﻴﺔ ﺒﺎﻟﻤﺭﻜﺯ ﺍﻹﺴﺘﺸﻔﺎﺌﻲ ﺍﻟﺠﺎﻤﻌﻲ ﺍﻟﺤﺴﻥ ﺍﻟﺜﺎﻨﻲ ﺒﻔﺎﺱ ﻭﺫﻟﻙ ﺒﻴﻥ ﻴﻨﺎﻴﺭ 2001ﻭﺩﺠﻨﺒﺭ2007 ﻋﻠﻰ ﻀﻭﺀ ﻫﺫﻩ ﺍﻟﺩﺭﺍﺴﺔ ﻴﺴﺘﺨﻠﺹ ﻋﻠﻰ ﺃﻥ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﻤﺭﺽ ﻤﻭﺠﻭﺩ ﺃﻜﺜﺭ ﻓﻲ ﻓﺌﺔ ﻤﺎ ﺒﻴﻥ 40ﻭ 70 ﻋﺎﻤﺎ ﻤﻊ ﺍﻟﺸﺭﻴﺤﺔ ﺍﻷﻜﺜﺭ ﺇﺼﺎﺒﺔ ﻴﺘﺭﺍﻭﺡ ﺴﻨﻬﺎ ﺒﻴﻥ 50ﻭ 60ﻋﺎﻤﺎ ﻭﺍﻟﺘﻲ ﺘﻤﺜل 33%ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ. ﺍﻟﺫﻜﺭ ﻴﺒﻘﻰ ﺍﻷﻜﺜﺭ ﻤﺼﺎﺒﺎ ﺒﻐﺎﻟﺒﻴﺔ ﺘﺘﻤﺜل ﻓﻲ 61%ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ. ﻫﻨﺎﻙ ﺍﻟﻌﺩﻴﺩ ﻤﻥ ﺍﻟﻅﺭﻭﻑ ﺘﺴﺎﻋﺩ ﻋﻠﻰ ﺤﺼﻭل ﺍﻹﺼﺎﺒﺔ ﺨﺎﺼﺔ ﻨﻭﻉ ﺍﻟﻤﻬﻨﺔ ﺍﻟﻤﺤﻔﻭﻓﺔ ﺒﺎﻟﻤﺨﺎﻁﺭ ﻭﺍﻟﻤﻼﺤﻅﺔ ﻓﻲ 36%ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﻜﺫﻟﻙ ﺴﺠﻠﻨﺎ ﻓﻜﺭﺓ ﺍﻟﺴﺒﺏ ﺍﻟﺜﻴﺭ ﻓﻲ 39%ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﻤﻥ ﺫﻟﻙ ﺭﻀﺢ ﺴﻴﺴﺎﺀ ﺍﻟﺭﻗﺒﺔ ﻓﻲ ﺃﻏﻠﺏ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﺍﻟﻌﻼﻤﺎﺕ ﺍﻟﺴﺭﻴﺭﻴﺔ ﺍﻟﺘﻲ ﻏﺎﻟﺒﺎ ﻤﺎ ﺘﻜﻭﻥ ﻓﻲ ﺘﺯﺍﻴﺩ ﻓﻲ 72.2%ﺘﺘﻤﺜل ﺨﺎﺼﺔ ﻓﻲ ﺃﻟﻡ ﻋﺼﺒﻲ ﺭﻗﺒﻲ ﻭﺠﻬﻲ ﻓﻲ 55%ﻭ ﺍﻅﻁﺭﺍﺒﺎﺕ ﻓﻲ ﺍﻟﻤﺸﻲ ﻓﻲ 39%ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﺇﻥ ﺍﻟﻤﺘﻼﺯﻤﺔ ﺍﻟﺴﻴﺴﺎﺌﻴﺔ ﺍﻟﻤﺭﺘﺒﻁﺔ ﺒﺎﻵﻓﺔ ﻭ ﺘﺤﺕ ﺍﻵﻓﺔ ﻟﻭﺤﻅﺕ ﻏﺎﻟﺒﺎ ﻭ ﺒﺎﻟﺘﺘﺎﺒﻊ ﻓﻲ 41.6%ﻭ 75%ﻭ 97%ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﻤﺠﻤﻭﻉ ﺍﻟﻔﺤﻭﺼﺎﺕ ﺍﻟﺸﺒﻪ ﺍﻟﺴﺭﻴﺭﻴﺔ ﺘﻤﺜل ﻓﻲ ﺍﻟﺘﺼﻭﻴﺭ ﺍﻟﻤﻌﻴﺎﺭﻱ ﺒﺎﻷﺸﻌﺔ ﻟﺴﻴﺴﺎﺀ ﺍﻟﺭﻗﺒﺔ ﺍﻟﺘﺼﻭﻴﺭ ﺍﻟﻤﻘﻁﻌﻲ ﻭ ﺨﺎﺼﺔ ﺍﻟﺘﺼﻭﻴﺭ ﺒﺎﻟﺭﻨﻴﻥ ﺍﻟﻤﻐﻨﺎﻁﻴﺴﻲ ﺍﻟﺫﻱ ﻴﺒﻘﻰ ﺍﻷﺴﺎﺴﻲ 178 ﻟﻘﺩ ﺘﺒﻴﻥ ﻤﻥ ﺍﻟﺘﺼﻭﻴﺭ ﺍﻟﻤﻌﻴﺎﺭﻱ ﺒﺎﻷﺸﻌﺔ ﻜﺘﺭﺓ C6 – C5 ﻭ C7 - C6 ﺇﺼﺎﺒﺎﺕ ﺍﻟﻘﺭﺹ ﻋﻨﺩ ﺍﻟﻤﺭﻀﻰ ﺍﻟﻠﺫﻴﻥ ﻴﻅﻬﺭﻭﻥ ﺃﻋﺭﺍﺽ ﻤﺭﻀﻴﺔ ﻭ ﻟﻘﺩ ﻤﻜﻨﻨﺎ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﺘﺼﻭﻴﺭ ﻤﻥ ﺇﻨﺠﺎﺯ ﻗﻴﺎﺴﺎﺕ ﻟﻘﻨﺎﺓ ﺴﻴﺴﺎﺀ ﺍﻟﺭﻗﺒﺔ ﻭ ﻗﺩ ﺘﺒﻴﻥ ﺃﻨﻪ ﻀﻴﻕ ﻓﻲ 50%ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﺇﻥ ﺍﻟﺘﺼﻭﻴﺭ ﺍﻟﻤﻐﻨﺎﻁﻴﺴﻲ ﻭ ﺍﻟﺫﻱ ﻴﻌﺘﺒﺭ ﺍﻷﺴﺎﺴﻲ ﻓﻲ ﻤﺠﻤﻭﻋﺘﻨﺎ ﻓﺘﻕ ﻗﺭﺼﻲ ﻤﻔﺭﺩ ﻓﻲ 28%ﻭ ﻤﺘﻌﺩﺩ ﻓﻲ 78%ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﻭﺍﻟﻤﺴﺘﻭﻯ ﺍﻷﻜﺘﺭ ﺘﻀﺭﺭﺍ ﻜﺎﻥ C5 - C4ﻭ C6 - C5 ﺘﻀﺨﻡ ﺍﻟﺭﺒﺎﻁﺎﺕ ﻭﺠﺩ ﻓﻲ %30.5ﺒﺎﻟﻨﺴﺒﺔ ﻟﻠﺭﺒﺎﻁ ﺍﻷﺼﻔﺭ ﻭ %8ﺒﺎﻟﻨﺴﺒﺔ ﻟﻠﺭﺒﺎﻁ ﺍﻟﻔﻘﺭﻱ ﺍﻟﻤﺘﺤﺩ ﺍﻷﻤﺎﻤﻲ ﻭﻗﺩ ﻤﻜﻥ ﺍﻟﺘﺼﻭﻴﺭ ﺒﺎﻟﺭﻨﻴﻥ ﺍﻟﻤﻐﻨﺎﻁﻴﺴﻲ ﻤﻥ ﻗﻴﺎﺱ ﻗﻨﺎﺓ ﺴﻴﺴﺎﺀ ﺍﻟﺭﻗﺒﺔ ﻭ ﺍﻟﺫﻱ ﻭﺠﺩ ﻅﻴﻘﺎ ﻓﻲ %72.2ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﺍﻟﻤﺴﺎﻫﻤﺔ ﺍﻟﺭﺌﻴﺴﻴﺔ ﻟﻠﺭﻨﻴﻥ ﺍﻟﻤﻐﻨﺎﻁﻴﺴﻲ ﻜﺎﻨﺕ ﺩﺭﺍﺴﺔ ﺍﻟﻨﺨﺎﻉ ﺍﻟﺸﻭﻜﻲ ﺨﺼﻭﺼﺎ ﻭﺠﻭﺩ ﻓﺭﻁ ﻓﻲ ﺍﻹﺸﺎﺭﺓ ﺩﺍﺨل ﺍﻟﻨﺨﺎﻉ ﻭ ﺍﻟﺫﻱ ﻭﺠﺩ ﻓﻲ %83.3ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ٍ ﻓﻴﻤﺎ ﻴﺘﻌﻠﻕ ﺒﻤﺠﻤﻭﻋﺘﻨﺎ %13.8ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﻋﻭﻟﺠﺕ ﻁﺒﻴﺎ ﺒﻴﻨﻤﺎ ﺍﻟﻌﻼﺝ ﺒﺎﻟﺠﺭﺍﺤﺔ ﺨﺼﺹ ل %83.3ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﻭ ﻗﺩ ﺘﻤﻴﺯ ﺍﻟﺘﻁﻭﺭ ﺍﻟﻤﺒﺎﺸﺭ ﺒـ ﺒﻌﺩ ﺍﻟﻌﻼﺝ ﺍﻟﻁﺒﻲ ﺒﺎﻟﺘﺤﺴﻥ ﻓﻲ %60ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ– ﺒﻌﺩ ﺍﻟﻌﻼﺝ ﺍﻟﺠﺭﺍﺤﻲ ﺒﺎﻟﺘﺤﺴﻥ ﻓﻲ %60ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﺍﻟﺘﻔﺎﻗﻡ ﻓﻲ %6ﻭﺍﻟﻭﻓﺎﺓ %10ﻤﻥ ﺍﻟﺤﺎﻻﺕ ﺇﻥ ﺍﻟﺘﺼﻭﻴﺭ ﺒﺎﻟﺭﻨﻴﻥ ﺍﻟﻤﻐﻨﺎﻁﻴﺴﻲ ﻴﺒﻘﻰ ﺃﻫﻡ ﺃﺩﺍﺕ ﻤﻥ ﺃﺠل ﺍﻟﺘﺸﺨﻴﺹ ﺍﻹﻴﺠﺎﺒﻲ ﺘﻘﻴﻴﻡ ﺍﻟﺘﻤﺩﻴﺩ ﺍﻟﻤﺨﺯﻭﻥ ﺘﻘﻴﻴﻡ ﺍﻟﻨﺫﻴﺭ ﻭ ﺍﻟﻤﺘﺎﺒﻌﺔ ﺒﻌﺩ ﺍﻟﻌﻼﺝ ﺍﻟﺠﺭﺍﺤﻲ ﺩﺭﺍﺴﺔ ﺍﻟﻌﻀﺎﻡ ﺘﻜﻭﻥ ﺃﺤﺴﻥ ﺒﺎﻟﺘﺼﻭﻴﺭ ﺍﻟﻤﻘﻁﻌﻲ ﺇﻅﺎﻓﺔ ﺇﻟﻰ ﺍﻟﺘﺼﻭﻴﺭ ﺍﻟﻤﻌﻴﺎﺭﻱ ﺒﺎﻷﺸﻌﺔ ﻤﻊ ﺼﻭﺭ ﺩﻴﻨﺎﻤﻴﺔ 179 BIBLIOGRAPHIE 180 1- LAZRAK Z. 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