Quelles villes en 2030
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Quelles villes en 2030
Nos valeurs exigence engagement audace cohésion Quelles villes en 2030 ? 1 place Samuel de Champlain 92 930 Paris la Défense - France Tél. : +33 (0)1 44 22 00 00 gdfsuez.com ê tre utile aux hommes Quelles villes en 2030 ? profil GDF SUEZ inscrit la croissance responsable au cœur de ses métiers (électricité, gaz naturel, services à l’énergie) pour relever les grands enjeux énergétiques et environnementaux : répondre aux besoins en énergie, assurer la sécurité d’approvisionnement, lutter contre les changements climatiques et optimiser l’utilisation des ressources. Le Groupe propose des solutions performantes et innovantes aux particuliers, aux villes et aux entreprises en s’appuyant sur un portefeuille d’approvisionnement gazier diversifié, un parc de production électrique flexible et peu émetteur de CO2 et une expertise unique dans quatre secteurs clés : la production indépendante d’électricité, le gaz naturel liquéfié, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. 4 138 200 collaborateurs dans près de 50 pays 82 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2012 1 producteur indépendant d’électricité dans le monde er À quoi ressembleront les villes de demain ? Introduction Quelle gouvernance politique les animera ? Quel choix énergétique ferontelles ? Quelles seront les attentes de leurs habitants ? C’est pour répondre à ces questions que GDF SUEZ a mené à bien un exercice de prospective urbaine et a constitué une équipe d’experts réunissant toutes les facettes métiers du Groupe. Ils ont établi une méthode de travail rigoureuse pour définir plusieurs scénarios d’évolution des villes. De ce travail sont nés quatre scénarios, reflets des transformations urbaines à l’échelle mondiale, dont ce document dresse le portrait. Ils dessinent un éventail d’évolutions possibles, à l’horizon 2030, des cités actuelles ou à venir. Cette quadruple projection ne décrit pas la ville précisément mais offre des pistes de réflexions sur la future organisation urbaine et les attentes en termes de services à l’énergie et à l’environnement qu’elles induisent. Elles sont autant de clés pour permettre à tous, élus, partenaires, de mieux appréhender les multiples enjeux des villes de demain et d’y répondre de manière pertinente. 5 Une accélération de l’urbanisation depuis l’ère industrielle 1700 8% de la population mondiale vit en ville 1900 : 19% 1950 : 33% 2008 : 50% 2030 : 60% Méthodologie 4 scénarios cohérents et contrastés Comment penser la ville de demain pour mieux anticiper ses enjeux futurs ? Pour réaliser cet exercice de prospective urbaine, GDF SUEZ a constitué une équipe d’experts issus de différents métiers du Groupe qui a choisi de s’inspirer d’une méthode scientifique éprouvée, élaborée par le professeur Michel Godet du CNAM1. Car si l’objectif était de porter un regard aussi large que possible sur l’avenir de la cité, la pertinence de ces différents scénarios dépendait d’abord d’une approche rigoureuse. La première étape consiste à délimiter le champ de l’étude : qu’est-ce qu’une ville ? Elle est ici définie par ses dimensions géographique – une aire urbaine produite par la continuité de son bâti – et politique – un territoire administré, communauté urbaine ou encore communauté de communes. Villes de plus de 10 millions d’habitants ghiabcd 1975 3 villes abcdeghijklm 2011 23 villes abcdeghijklmnop 2025 37 villes De multiples variables d’évolution 1 Manuel de prospective stratégique – L’art de la méthode, Éd. 2004 Ce périmètre établi, la ville est alors appréhendée comme un système, soumis à des variables d’évolution à l’horizon 2030. Celles-ci sont identifiées avec précision, en examinant la ville sous toutes ses facettes : territoire, organisation politique, Pour comprendre et anticiper la ville de demain, il est indispensable d’identifier et d’appréhender les attentes et l’évolution des comportements des acteurs de la ville (élus, citoyens, acteurs économiques…) afin de construire des solutions innovantes adaptées et acceptées. Joëlle Gitton, Responsable du programme Ville et Bâtiment de demain de la Recherche & Innovation de GDF SUEZ Source : ONU Habitat 2012 7 Méthodologie communauté humaine, réseau d’intérêts, force économique, carrefour de pensées économiques, sociales et culturelles, engagement environnemental, somme de services proposés à ses habitants, etc. L’analyse repose alors sur ce panel étendu de variables, de la place de la nature dans la cité au contexte extérieur ou au mode de financement de la ville, en passant par l’accessibilité des ressources. Degré d’autonomie politique et orientation de la ville Afin de permettre à la fois la construction et la compréhension des scénarios d’évolution des villes, deux «axes structurants» de positionnement ont été retenus. Le premier concerne l’autonomie politique de la ville par rapport aux échelons administratifs et politiques supérieurs : est-elle forte ou faible ? En cas d’autonomie forte, la cité peut, par exemple, décider de sa réglementation économique, urbanistique et environnementale, lancer des opérations d’aménagement de son territoire ou encore choisir son approvisionnement en ressources et ses systèmes énergétiques. Quant au deuxième «axe structurant», il traduit l’orientation qui s’applique à la ville : est-elle à dominante économique ou environnementale ? C’est à partir de ce «schéma directeur» que sont conçus les quatre scénarios de ville de demain. La logique des scénarios Les scénarios sont alors construits autour des hypothèses associées aux deux axes structurants. Ces hypothèses constituent des «drivers», tendances clefs qui déterminent le déroulement du scénario et influencent toutes les autres variables. Si plu- Cette approche prospective permet de comprendre les évolutions urbaines de demain. C’est une manière pertinente d’anticiper les changements de nos marchés et d’adapter nos business models aux attentes des collectivités locales. Stéphane Quéré, Directeur Développement Urbain de GDF SUEZ 8 sieurs hypothèses d’évolution des variables sont envisagées, seule la plus cohérente est sélectionnée au regard du positionnement de la ville par rapport aux deux axes structurants. Cette construction s’inscrit dans sept grandes thématiques en lien avec la ville : le contexte extérieur – national, supranational ou mondial du territoire ; la politique appliquée au territoire ; sa société, c’est-à-dire sa population, aussi bien en termes d’attentes que d’implication dans la vie du territoire ; son économie – le type d’activités et de modèle dominant, public ou libéral ; l’aménagement du territoire ; les systèmes mis en œuvre, en précisant notamment ceux centralisés et décentralisés ; et enfin, les attentes des administrés vis-à-vis des sevices déployés. L’ambition de la Recherche & Innovation de GDF SUEZ est d’imaginer et de développer les services et les technologies qui vont permettre d’accompagner la transformation des villes tout en préservant les ressources de la planète et en mettant le citoyen au cœur de la conception de l’habitat et de la ville de demain. Marc Florette, Membre du Comité Exécutif de GDF SUEZ, en charge de la Recherche & Innovation Une identité pour une histoire en devenir Ainsi munies d’une «carte d’identité», les quatre scénarios de villes déroulent leurs histoires respectives, cohérentes et contrastées. Chacun a sa logique propre et ses priorités pour atteindre ses objectifs. Chacun, en fonction de son positionnement sur les deux «axes structurants» et des «drivers» qui marquent son évolution, renvoie à un tableau possible à l’horizon 2030. Ces quatre scénarios sont des «modèles» de développement, mais en aucun cas la projection de villes existantes ou le portrait détaillé d’une ville future. Ce travail a pour ambition d’éclairer l’avenir des possibles pour mieux s’y préparer, car aujourd’hui est déjà demain. 9 Structuration des 4 scénarios Autonomie politique de la ville forte Drivers l Société sobre et engagée en faveur du développement durable l Autonomie politique de la ville forte Dominante environnementale self CITY PLANET CITY Drivers l Conscience du développement durable et gouvernance éclairée l Réglementation (supra)nationale environnementale qui s’applique à la ville Drivers l Volonté de la ville de préserver son activité économique l Autonomie politique de la ville forte castle CITY PATChWORK CITY Dominante économique Drivers l Considération économique des administrés l Mondialisation peu régulée (politique nationale ou locale faible) Autonomie politique de la ville faible 10 11 Les 4 scénarios en bref 12 Self city Planet City Castle city Patchwork city Contexte extérieur Émergences d’économies locales fortes et de systèmes solidaires internationaux Une gouvernance supranationale éclairée et active qui met en place une réglementation environnementale Un contexte extérieur incertain qui pousse les villes à se positionner entre celui-ci et leurs administrés Une mondialisation peu régulée Politique Une ville participative et autonome avec une politique de développement durable active La réglementation environnementale mise en place par la gouvernance supranationale s’applique à toutes les villes Une ville autonome qui souhaite préserver son attractivité économique notamment par un accès garanti et économique aux ressources/services Une ville libérale, sans autonomie et sans politique Société Une société sobre et engagée en faveur du développement durable avec un mode de vie social et solidaire Une société individualiste et consommatrice de services, adepte du cocooning Une société qui fait face à des difficultés économique et sociale Une société inégalitaire et individualiste à la recherche d’autosubsistance et de sécurité Économie Un scénario de croissance raisonnée, fondé sur le développement durable et la relocalisation des activités Une économie de marché et de la connaissance orientée vers une croissance verte Une forte intervention de la puissance «publique» dans un contexte de crise économique et sociale urbaine Une économie très libérale Aménagement Une ville aux multiples villages mixtes Une ville étalée et connectée où la localisation n’a plus d’importance Une ville planifiée et dense Une ville privatisée, étalée et ségréguée avec des quartiers spécialisés Systèmes L’avènement du décentralisé renouvelable et mutualisé Des systèmes centralisés prédominants qui améliorent leur performance environnementale et deviennent «intelligents» Réduction des coûts et sécurité d’approvisionnement définissent le meilleur compromis centralisé/décentralisé Une coexistence de systèmes dépendants des revenus : centralisé générique et décentralisé spécifique Services Un ancrage territorial profond nécessitant une conception intégrée mutualisée et une approche environnementale globale Une approche intégrée et multiservices reposant principalement sur la capacité de pilotage et de supervision des systèmes Des solutions d’efficacité énergétique et hydrique standardisées couplées à un pilotage et une supervision spécifique de la ville Une diversité de services corrélée aux revenus des administrés 13 Autonomie politique de la ville forte Dominante environnementale Self City Autonomes, villes et régions tissent entre elles des liens de solidarité et produisent local et durable, en accord avec les attentes des habitants impliqués dans la vie au quotidien de la cité. Circuits courts, réemploi et recyclage génèrent de nouvelles activités économiques territoriales. Très réglementé, le tissu urbain se structure autour d’éco-villages qui privilégient la mixité sociale et fonctionnelle et cherchent à mutualiser les services urbains. 14 La production et la gestion décentralisées des ressources locales favorisent leur valorisation et la réduction des impacts environnementaux. 15 Autonomie politique de la ville forte Dominante environnementale Self City Une ville durable, autonome et solidaire Dotée d’une forte autonomie politique, Self City met le développement durable et local au cœur de son action, au service de citoyens très impliqués. Priorité à l’environnement et à l’économie locale, sociale et solidaire ! Dans ce scénario, les citoyens, soucieux de maîtriser leur destin, optent pour la proximité. Valorisant leur territoire, villes et régions s’affirment comme des pôles politiques et économiques autonomes forts, qui tissent entre elles un réseau international d’entraide. Produire local et durablement, consommer moins et partager pour vivre mieux : c’est le credo de Self City et de ses habitants, qui participent pleinement à la construction de leur cité. Mixité et convivialité Self City met ainsi en œuvre une politique active de développement durable, s’appuyant sur des citoyens responsables très engagés. Cette démarche s’accompagne d’une urbanisation maîtrisée et réglementée, structurée autour d’éco-villages, incités eux-mêmes à accroître leur autonomie. La mixité sociale et fonctionnelle (agriculture urbaine, commerces, artisanat, tertiaire, services publics) est au cœur de leur aménagement, tout comme la convivialité, favorisée par l’habitat collectif, la place des associations et les nombreux espaces publics. Dans ce contexte, les habitants multiplient les instants partagés avec la communauté et s’emploient à valoriser leur développement personnel. 16 Développement durable et solidarité L’écologie régit le quotidien : développement des ressources locales et renouvelables, mutualisation à l’échelle du quartier, économie d’eau et d’énergie, potagers bio… La population vit en symbiose avec la nature, se déplaçant par des modes de transport doux – à pied ou à vélo dans l’éco-village, par voies ferrées voire fluviales. En quête de cohésion sociale, les habitants de Self City privilégient la qualité de vie et le temps libre, plutôt que la seule prospérité économique. Cette société solidaire prend en charge les plus démunis, en inventant de nouvelles formes de liens sociaux. Circuits courts et seconde main Les valeurs défendues par la ville et ses citoyens portent ainsi sur une croissance raisonnée. La volonté de consommer moins, mieux et local engendre de nouveaux business models, favorisant les relations directes entre producteurs et consommateurs et, bien sûr, l’économie verte. L’activité se déploie à travers des circuits courts, la seconde vie des produits est vivement encouragée, et le recyclage devient la norme, les déchets des uns constituant les ressources des autres. 17 «Repenser la ville comme une métro-région» Self City DR Nicholas You Profil énergétique et environnemental Des infrastructures décentralisées et mutualisées alimentées par des ressources renouvelables Pour optimiser ses ressources, locales et renouvelables, et en réduire la consommation, Self City met en place des réseaux et des installations décentralisés. Biomasse, éolien, solaire, ou encore géothermie sont privilégiés pour produire de l’énergie. À chaque usage (vaisselle, douche, toilettes, etc.) est désormais associé une qualité d’eau spécifique et la potabilisation tout comme le traitement des eaux usées sont réalisés selon des méthodes non chimiques. Quant aux déchets, ils diminuent grâce au réemploi ou sont valorisés, par le compostage notamment. Pour répondre à ses priorités environnementales et territoriales, Self City recherche donc des solutions locales et mutualisées, en matière de conception et d’aménagement d’infrastructures. Dans une volonté d’autonomie, les habitants prennent en charge l’exploitation de leurs installations et équipements à l’échelle du logement, du bâtiment ou du quartier. Nicholas You est Président du groupe d’Assurance pour l’Initiative d’Infrastructure Urbaine du Conseil Mondial des Affaires pour le Développement Durable (WBCSD) et Président du Conseil de Stratégie Urbaine de GDF SUEZ. D’ici 2050, la population urbaine de la planète devrait doubler, soit quelque 3,5 milliards d’habitants de plus dans les villes. Si la marche du monde se poursuit comme aujourd’hui, combien parmi eux seront sans emploi ? Combien vivront dans des conditions précaires et privés des services de base ? À ces enjeux majeurs, économiques et sociaux, s’en ajoute un autre, lié aux premiers, d’ordre environnemental. L’urbanisation, telle qu’elle se développe actuellement, entraîne des changements irréversibles dans notre exploitation des ressources naturelles, qu’il s’agisse de l’eau, de la terre, ou encore de l’énergie. Riches ou pauvres, ces 3,5 milliards de citadins supplémentaires vont consommer plus, générer davantage de pollution, et dégrader encore nos écosystèmes fragilisés. Aussi, il est urgent de repenser la ville, en s’appuyant sur des technologies et des choix politiques adaptés. Nos systèmes de gouvernance ne suffisent plus. Il faut concevoir la ville comme une région métropolitaine comprenant la cité et son arrière-pays. Cette métrorégion doit se doter d’objectifs de développement durable intégrés, mis en œuvre avec cohérence, lesquels englobent dans une même réflexion l’eau, l’énergie, les déchets, l’utilisation des terres et la mobilité. Cette ville doit en outre faire preuve d’un certain degré d’autonomie dans la planification et le processus de prise de décision. Car les meilleures idées, innovations et pratiques, n’auront de sens que si elles s’appliquent avec pertinence au contexte local. La vraie promesse du développement durable et de l’économie verte est ainsi étroitement liée à la prise en compte de la spécificité du territoire. Un défi qui exige la pleine participation des acteurs locaux concernés. 18 19 Autonomie politique de la ville faible Dominante environnementale Planet City Majoritairement centralisée, la production d’énergie provient principalement de sources renouvelables. Les réseaux de distribution intelligents favorisent une réduction de la consommation et l’amélioration des performances environnementales. Smart sweet home : uniformément connectées sur le territoire, les habitations, plus spacieuses, favorisent le cocooning, le télétravail et les loisirs virtuels. Le passage à l’économie verte a redynamisé le tissu industriel local et créé de nombreux emplois qualifiés. Les déplacements diminuent, tandis que la gestion publique des transports privilégie les véhicules électriques et la mobilité partagée. 20 21 Autonomie politique de la ville faible Dominante environnementale Planet City Une ville verte, connectée et adepte du cocooning Sous l’impulsion d’un pouvoir politique supranational éclairé, Planet City s’appuie sur la croissance verte pour développer et déployer des services innovants. Priorité au confort et à la croissance verte dopée par les nouvelles technologies. Dans un paysage de mondialisation accélérée, Planet City s’appuie sur une gouvernance nationale ou supranationale, qui met l’écologie, la connaissance et l’innovation au cœur de son action. Une orientation environnementale à laquelle adhèrent des éco-citoyens responsables, mais aussi individualistes et consommateurs de services. Une cité maillon du «village global» Dans cette planète «intégrée», grandes organisations (ONU, Banque mondiale) et structures supranationales appuient et influencent de manière certaine la politique des villes. Ces acteurs collaborent à la mise en place d’une réglementation environnementale incitative sur tout le territoire, pour les habitants comme pour les entreprises. Le principe pollueur-payeur se généralise ; les investissements verts se multiplient en faveur d’une smart city éco-responsable, et la démocratie participative numérique contribue à améliorer les services. Enfin, l’intervention forte des pouvoirs publics supranationaux assure la diffusion des innovations et la cohésion des territoires entre eux. 22 Économie rime avec écologie qui rime avec technologie S’appuyant sur les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), la mondialisation favorise les échanges internationaux de ressources, de biens et de savoirs. Sur le marché local comme international, très actif, c’est l’économie verte qui tire la croissance : agriculture bio, activités en lien avec les biotechnologies (par exemple, le recyclage des eaux usées par micro-algues) et les TIC (par exemple, des services de mobilité reposant sur de l’open et big data) ou encore le verdissement des industries actuelles (capture du CO2, recyclage des produits en fin de vie et des déchets). Quant aux personnes, bien dans leur vie et leurs villes interconnectées, elles se déplacent peu et ont recours si besoin à des véhicules électriques ou hybrides, conformément aux standards internationaux pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Bien chez soi, où qu’on soit Individualiste, adepte du cocooning et du confort, l’habitant de Planet City est acquis au «tout à domicile» : télétravail, télé-enseignement, commerce en ligne, jeux et loisirs virtuels... À part quelques expériences exceptionnelles partagées dans la cité, même les communautés se constituent à distance, à travers les réseaux sociaux notamment. Un mode de vie et une société du temps libre qui impliquent des logements plus spacieux, fonctionnels et connectés (smart home). Cette ville technophile étant uniformément équipée et connectée, la localisation dans la cité n’a plus d’importance, et les enjeux environnementaux ne sont plus liés à l’aménagement du territoire. 23 «Le smart habitera la ville» Planet City ARCEP Nicolas Curien Profil énergétique et environnemental Clés en main En matière d’eau, d’énergie et de déchets, les infrastructures de Planet City restent majoritairement centralisées et irriguent uniformément les villes connectées. Mais ces installations deviennent «intelligentes» et améliorent leurs performances environnementales. De plus, les tarifications sont individualisées. Bien sûr, la politique verte priorise les énergies renouvelables et la ville développe un important service de mobilité électrique. Mais surtout, les habitants de Planet City, exigeants, aspirent à des services intégrés innovants. Ils attendent en outre de leurs opérateurs une exploitation intelligente et intégrée des installations, incluant leur gestion, supervision, et pilotage. Une logique «clés en main» qui doit avant tout leur faciliter la vie. Nicolas Curien est Professeur émérite au Conservatoire national des arts et métiers, membre de l’Académie des technologies et membre du Conseil Scientifique de GDF SUEZ. Un grand enjeu de la ville de demain est de bénéficier pleinement des apports de la révolution numérique, en exploitant la myriade de traces informationnelles qu’engendre la vie urbaine. Cet enjeu ne consiste pas seulement en un foisonnement de services à forte composante électronique et informationnelle : la ville n’est pas un jeu vidéo ! La pénétration des technologies de l’information doit libérer dans la cité un processus d’innovation et de démocratie techno-participative, dans lequel le phénomène big data, d’explosion des données, ne prendra son sens qu’accompagné du mouvement open data, de production et d’utilisation partagées de ces données. La ville «intelligente» doit en outre concilier une double logique d’optimisation environnementale et de convivialité sociale. Le «bien-être ensemble» ne saurait être sacrifié sur l’autel de la performance écologique, sans laquelle, en retour, il ne pourrait être durable. Les aménageurs doivent donc tout à la fois décliner une rationalisation coordonnée des bâtiments, des transports, ainsi que des utilités urbaines, et concevoir une plateforme technologique ouverte que les habitants pourront s’approprier, afin d’inventer de manière auto-organisée leur vie dans la cité. Quant à l’équilibre des pouvoirs entre échelons territoriaux, notamment l’autonomie politique des métropoles, il variera sans doute selon les contextes nationaux et institutionnels. Mais il est presque certain que la percée des technologies de l’intelligence transférera du pouvoir vers la base citoyenne, un pouvoir politique au sens premier du terme, celui d’habiter la cité d’une façon à la fois plus responsable et plus hédonique : si le pari est réussi, le smart habitera la ville, il ne fera pas que l’habiller ! 24 25 Castle City Tours verticales, habitat collectif, colocation : très planifié, l’aménagement du territoire vise à la densification urbaine et à la mixité fonctionnelle et sociale afin de réduire les consommations de ressources. Dans un contexte incertain, Castle City se positionne pour renforcer son attractivité économique, protégeant ainsi ses populations. Autonomie politique de la ville forte Dominante économique L’accès incertain aux ressources et la précarité engendrent un nouveau paradigme sociétal axé sur l’attractivité économique, la cohésion sociale et la mutualisation. Les habitants adaptent leurs pratiques de consommation. La ville met en place un accès de qualité aux ressources et aux services publics reposant notamment sur un suivi des consommations du territoire. 26 27 Autonomie politique de la ville forte Dominante économique Castle City Une ville forte, active et attractive L’union fait la force Dans un paysage incertain, Castle City se positionne pour renforcer son attractivité économique, protégeant ainsi ses populations. Priorité à la compétitivité et à l’attractivité économique. Dans un contexte économique difficile, Castle City veille à maîtriser les coûts supportés par ses administrés, à favoriser les entreprises locales et l’emploi, et à assurer la sécurité d’approvisionnement de ses ressources en eau, énergie et alimentation. Une politique active qui implique aussi une gestion très planifiée du territoire. Le prix de la sécurité Le contexte difficile fragilise économies et populations, tandis que les ressources se raréfient. Pour y faire face, Castle City se dote d’un pouvoir politique fort. La ville s’emploie ainsi à préserver et renforcer ses activités, et à garantir son approvisionnement en ressources au moindre coût possible. La mondialisation n’est pas remise en cause, mais l’autonomie locale est recherchée, pour éviter de subir les aléas du marché. La cité, qui se garantit désormais un accès à un stock de sécurité, peut s’allier avec d’autres villes pour faire baisser les coûts. Enfin, les risques de pénurie alimentaire légitiment une agriculture technologique intensive qui recourt aux OGM, pesticides et à la culture hors-sol. 28 L’accès incertain aux ressources et la précarité engendrent un nouveau paradigme sociétal axé sur l’attractivité économique, la cohésion sociale et la mutualisation. Si la santé impose quelques précautions environnementales, le développement durable n’est plus prioritaire. En revanche, les citoyens, solidaires, intègrent à leurs pratiques une dimension sociale : impôt progressif, mixité sociale, consommation sobre et utilitaire, réemploi des produits et recyclage. De son côté, la ville met en place un accès de qualité aux ressources et aux services publics. Une intervention forte d’autant mieux acceptée que la crise est également sociale : vieillissement de la population et difficultés liées aux systèmes de retraites, logement… Une cité dense et fonctionnelle Pour économiser espace et ressources, la ville planifie l’aménagement du territoire et engage une politique de grands travaux. Tours verticales, nouvelle génération d’habitat collectif, colocation : la densification urbaine s’accompagne d’une mixité fonctionnelle et sociale volontariste avec, notamment, des quotas obligatoires de logements sociaux dans tous les projets. De plus, la ville rénove son bâti pour réduire les consommations. Des espaces sont dédiés à l’industrie lourde et à l’agriculture, et la mobilité douce et collective est privilégiée. 29 «De formidables opportunités pour la cité» Castle City DR Koenraad Debackere Profil énergétique et environnemental Le mieux à moindre coût En quête du meilleur compromis centralisé/décentralisé, la ville s’emploie à sécuriser son approvisionnement en ressources et à réduire ses coûts en matière d’eau, d’énergie, de déchets ou encore de transport. Elle émerge comme un acteur important sur le marché de l’énergie. Sur son territoire, Castle City déploie des services énergétiques et hydriques standardisés. Options technologiques efficaces, rénovation du bâti, compteurs intelligents pour mieux suivre et piloter la consommation : la cité optimise son fonctionnement. Pour se faire, elle reprend à son compte la gestion des services ou cherche à s’associer à des partenaires privés qui lui proposent des projets innovants, performants et différenciants permettant d’accroître son attractivité. Koenraad Debackere est Professeur d’Économie et Innovation, Administrateur général de l’Université de K.U. Leuven et membre du Conseil Scientifique de GDF SUEZ La ville de demain devra relever d’énormes défis, pour répondre aux attentes conjointes de développement durable, de création de valeurs et de diversité culturelle, dans un contexte de raréfaction des ressources. Par chance, ces challenges constituent aussi de formidables opportunités. C’est l’occasion de développer intelligemment de nouveaux services, en lien avec l’énergie, l’eau, la mobilité, l’aménagement du territoire urbain ou encore l’explosion des données, et de déployer des plateformes de technologies avancées pour appuyer de nouvelles formes de pilotage et de contrôle. Et il ne faudra pas arbitrer, comme ce fut parfois le cas, entre qualité de vie et performance économique, mais bien s’employer à poursuivre ces deux objectifs dans le même mouvement. Il est d’ailleurs temps de penser qu’ils ne s’excluent pas mutuellement. Car loin d’être antagoniques, ils sont si intimement liés que seule leur connexion fait sens pour l’avenir. À cet égard, une évolution vers plus d’autonomie de la ville me paraît inéluctable, pour faire face à ces passionnants enjeux. Car leur complexité exige justement une proximité dans la prise de décision que seule une politique à l’échelle de la cité permettra. Services, environnement, mobilité, etc. : tous ces défis réclameront une consultation globale et un processus participatif de prise de décision dans les villes. C’est pourquoi leur autonomie devra s’affirmer et leur pouvoir se renforcer. 30 31 Patchwork City La ville se fragmente : le centre, cher, est dédié aux bureaux, et autour, les résidences «all included», autonomes et performantes, côtoient des quartiers pauvres médiocrement équipés. 32 Dans un contexte de mondialisation peu régulée, Patchwork City, peu autonome, s’en remet aux acteurs privés. L’accès aux ressources et la qualité de la fourniture dépendent des revenus. La ville se privatise en quartiers gérés par des entreprises proposant des offres de services payantes et intégrées. Autonomie politique de la ville faible Dominante économique Dans cette ville ségréguée, les habitants se regroupent par bâtiment et/ ou quartier en communautés de revenus et/ou de modes de vie : technophiles, écolos, seniors… 33 Autonomie politique de la ville faible Dominante économique Patchwork City Une ville individualiste, privatisée et clivée Dualité de la demande À chacun selon ses moyens. Individualiste et très libérale, Patchwork City subit la loi du marché et en accepte les conséquences en termes d’inégalités. Priorité à l’économie de marché. Dans un contexte de mondialisation peu régulée et faute de moyens, Patchwork City s’en remet aux acteurs privés. Cela favorise le développement d’une société inégalitaire et la montée de tensions menaçant la sécurité. La ville s’organise par quartiers, ségrégués notamment entre riches et pauvres, et l’accès aux ressources dépend des revenus. Le règne du libre-échange Faiblement interventionnistes, les acteurs politiques, locaux, nationaux ou mondiaux, ont confié l’organisation de la ville aux acteurs du secteur privé en leur demandant de respecter des normes internationales et locales. Les missions traditionnelles du service public – éducation, justice, police, fourniture en eau et électricité – sont assurées a minima. Peu autonome, la ville est soumise aux tensions économiques, sans réelle garantie dans l’approvisionnement des ressources (eau, énergie, alimentation). La ville se privatise en quartiers gérés par des entreprises proposant des offres de services payantes et intégrées. 34 La loi du marché engendre de fortes fluctuations des prix mettant en difficulté l’approvisionnement et l’entretien des infrastructures. Les inégalités s’accroissent. D’un côté, une partie de la population et des entreprises ont les moyens de développer des installations qui leur sont spécifiques accroissant leur autonomie pour l’eau et l’énergie, devenues rares et chères ; de l’autre, les plus pauvres dépendent d’un système centralisé peu performant, subventionné et rationné dont les coûts augmentent de manière continue. Une dualité de la demande à laquelle répondent des offres spécifiques développées par les entreprises. Dans les deux cas, cependant, le réemploi et le recyclage sont privilégiés. Communautés et ségrégation L’inévitable constitution de ghettos favorise l’insécurité, qui entraîne à son tour le développement de quartiers hautement sécurisés. Les gens se regroupent par communautés de revenus et/ou de modes de vie (technophiles, écolos, seniors…). Dans cette société individualiste, la consommation devient résolument affirmation identitaire. L’espace urbain se fragmente : le centre de la ville, cher, est dédié aux bureaux ; autour, des résidences «tout inclus» accueillent les communautés, alors que plus loin des ghettos se forment. Les transports en commun sont quasi inexistants et l’agriculture et l’industrie, reléguées à l’extérieur de l’aire urbaine. 35 «Une ville mieux équipée, plus sobre et résiliente» Patchwork City DR Dominique Lorrain Profil énergétique et environnemental Du sur mesure En matière d’accès aux ressources et de gestion des installations, Patchwork City voit coexister deux systèmes : l’un, centralisé, ancien et peu efficient, qui fournit des services basiques pour les faibles revenus, l’autre davantage décentralisé, mais toujours connecté au système centralisé, performant et favorisant l’autonomie à l’échelle du quartier, pour les plus aisés. Seul le traitement des déchets est commun à l’échelle de la cité. Dans les zones urbaines résidentielles, les habitants réclament du «sur mesure». Une offre spécifiquement conçue pour leurs besoins et comprenant, outre la sécurité d’approvisionnement en eau et en électricité (à partir de sources renouvelables ou pas), l’efficacité énergétique, et la mutualisation des équipements. Des quartiers gérés de A à Z par des opérateurs privés, de la sécurité aux espaces verts. Dominique Lorrain est Directeur de recherche au CNRS, Directeur de la Chaire Ville École des Ponts ParisTech et membre du Conseil de Stratégie Urbaine de GDF SUEZ. La ville ne correspond plus à une catégorie homogène. La fin du xxe siècle a vu l’apparition de très grandes métropoles de plus de 10 millions d’habitants, essentiellement dans les pays émergents : des mondes en soi. À l’horizon 2030, la cité sera au cœur des enjeux majeurs de la démographie et du changement climatique, lesquels vont engendrer des besoins considérables. Pour relever ces défis, elle devra être mieux équipée, plus sobre en consommation d’énergie et résiliente face à des événements imprévus, dont les déplacements de population. Aussi faudra-t-il imaginer des mécanismes institutionnels pour la gouverner et assurer son approvisionnement. Alors que l’on tend vers une gouvernance de niveau métropolitain et que le poids des grandes métropoles va se renforcer, peut-on envisager une autonomie politique avec des villes détachées de leur hinterland, allant au bout de la logique du HUB ? Aujourd’hui, 60% du PNB mondial est généré par 600 villes. Mais le succès de quelques villes-États montre aussi les conditions qui l’ont rendu possible : Luxembourg, Singapour, Hong Kong et Dubaï entretiennent des liens étroits avec l’Europe, la Malaisie, l’Indonésie, la Chine, ou encore le monde arabe. Ces HUB font partie d’ensembles régionaux. Si l’on admet que la ville représente un lieu de vie total, elle devra, en tout cas, s’organiser selon un principe d’équilibre entre performance économique, qualité des équipements publics et intégration des différents groupes sociaux – ce dosage variant selon les zones du monde. Dans l’Europe, riche, équipée et vieillissante, il faudra concilier croissance lente et progrès, les innovations devant tenir compte de l’existant. Dans les pays émergents, le défi est celui des nombres ; leur horizon est celui de la croissance, avec un stock moins contraignant et donc plus de liberté pour inventer une modernité urbaine. 36 37 Remerciements à : Valentine Agid-Durudaud, Mathieu Baisez, Bernard Blez, Jean-François Caillard, Thierry Chapuis, Ghislain Colom, Bruno Defrasne, Joëlle Gitton, Frédéric Hug, Alexandre Jeandel, Remy Leroy, Laurence Loucadou, Hélène Pierre, Stéphane Quéré et Isabelle Vendeuvre. Ce document a été réalisé par un imprimeur éco-responsable sur du papier d’origine certifiée. Sauf mention contraire, l’ensemble des chiffres sont indiqués au 31 décembre 2012. Ils tiennent compte de 100% des capacités d’actifs détenus par GDF SUEZ quel que soit le taux réel de détention. Crédits : GDF SUEZ/Abacapress, Ribas Ricardo, Antoine Meyssonnier, SUEZ Environnement/Abacapress, Patrick Wack, Marie-Émilie Sonnois. Conception et réalisation : GDF SUEZ. Création et réalisation : 38