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oct09 Nr.251 La roach p p a n o he-uni oup d’etat t f o e l The Who sé après le c a u M a l i polari u r g e o i s e s 2009 y a n p o i n o t u a b m : ér H o n d u r a sr a t i o n l u x es e s d e l a c o o p s i n E c u a d o r g i coopé Les ass ündnis unterwe mab Das Kli Brennpunkt Sommaire 04 Nr.251 octobre 2009 Éditorial Entre le Mali et le Luxembourg.................................................................................... 1 Edité par: Action Solidarité Tiers Monde 55, avenue de la Liberté L-1931 Luxembourg Tél: 400 427-20 Fax: 400 427-27 e-mail: [email protected] web: www.astm.lu Responsable de la redaction: Marc Keup Ont participé à ce numéro: Birgit Engel, Dilcia Figueroa, Monique Langevin, Mike Mathias, Jacqueline Rippert, Marie Anne Robberecht, Kristy Schank, Julie Smit, David Thommes, Rainer Werning, ea. Photo de couverture: Martha de Jong-Lantink Impression: CA-Press Esch/Alzette. Abonnements: Jeanny Peffer Tél: 400 427-63 e-mail: [email protected] Vous pouvez vous abonner à la revue Brennpunkt en versant 15 EUR (au Luxembourg) ou 25 EUR (à l’étranger) sur le compte CCP LU 71 1111 0102 3550 0000 (BIC : CCPLLULL) avec mention „abo bp3w“ en n’oubliant pas votre nom et adresse complete. Cet abonnement vous donne droit à 8 numéros qui apparaissent en général tous les deux mois. Reproduction/Nachdruck La reproduction des articles est autorisée à condition que la source soit mentionnée. Der Nachdruck ist frei unter der Bedingung, dass die Quelle angegeben wird. Interview Mike Mathias über die neue “wholeof-the-union”Strategie der EU. 10 International The “whole-of-the-union approach”: Richtungsänderung ohne Richtungsanzeige... 2 Interview mit Mike Mathias.......................................................................................... 4 Kugeln statt Reis........................................................................................................... 6 Honduras: un pays polarisé après le coup d’état du 28 juin...................................... 10 Niger: Genug Macht für dritte Amtszeit?.................................................................... 14 Kurznachrichten......................................................................................................... 15 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali Interventions multiples au Mali.................................................................................. 16 Stratégies croisées....................................................................................................... 19 Contre le dénouement................................................................................................ 21 Métier assuré............................................................................................................... 22 La santé au féminin.................................................................................................... 23 Eduquer, pas exploiter!............................................................................................... 24 Faire confiance au femmes......................................................................................... 25 Etre au plus près des populations............................................................................... 26 Les pionniers de la gratuité......................................................................................... 27 Soutenir les écoles communautaires.......................................................................... 28 La banque des pauvres................................................................................................ 29 Goutte à goutte........................................................................................................... 30 Villages d’avenir.......................................................................................................... 31 Honduras Le coup d’état du 28 juin a polarisé la société hondurienne. 16 Dossier La coopération luxembourgeoise est active au Mali depuis 1998. 32 Luxembourg Petit, Paris et participation citoyenne......................................................................... 32 “Wer Nachhaltigkeit umsetzen will, braucht die Gemeinden”................................... 36 Das Klimabündnis unterwegs in Ecuador.................................................................. 38 Conférence avec François Houtart............................................................................. 42 Le coin des lectures..................................................................................................... 44 Assises Bernard Petit était invité aux Assises de la coopération 2009. 38 Réalisé grâce à un appui financier de la Coopération luxembourgeoise. Le contenu de la présente publication relève de la seule responsabilité de l'ASTM et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant l‘avis du gouvernement luxembourgeois. Ecuador Le Brennpunkt Drëtt Welt est une revue luxembourgeoise, éditée par l'Action Solidarité Tiers Monde. www.astm.lu Vertreter aus KlimabündnisGemeinden unterwegs in Ecuador. Entre le Mali et le Luxembourg En tout cas la qualité du travail fait que l’aide luxembourgeoise est apréciée au Mali, d’autant plus que les besoins sont énormes. En 2008, le pays rangeait à la 168e place sur 179 pays classés à l’indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement : le Mali compte donc parmi les pays les moins avancés du monde. Si les raisons pour cette situation sont multiples, on peut certainement invoquer quelques événements de son passé récent pour l’expliquer. Pendant mille ans, des empires rayonnants se sont succédés au Mali, carrefour important entre les peuples nomades du Sahara et les peuples de l‘Afrique noire équatoriale. Mais l’invasion de l’armée française au XIXe siècle mettait une fin abrupte à l’indépendance du peuple malien, engendrant des dégâts matériaux et imatériaux considérables. Après la décolonisation, la prise de pouvoir du dictateur Moussa Traoré n’a pas arrangé les choses, tout comme la dégringolade des prix des matières premières au début des années 1980, le cercle vicieux de l’endettement et les tristement célèbres plans d’ajustement structurel de la Banque Mondiale. Depuis 1998, année où a débuté la collaboration entre le Mali et le Luxembourg, des relations amicales se sont tissés entre les deux nations. Une collaboration qui pourrait d’ailleurs bien être élargie par une dimension plus réciproque, car le peuple malien possède des richesses hors normes à mettre en valeur: comme peu d’autres nations en Afrique, le Mali a su conserver les éléments importants de sa culture traditionnelle, tout en l’adaptant aux exigences de la société moderne. Des musiciens comme Amadou et Mariam Bagayogo, Ali Farka Touré, Salif Keïta, des écrivains comme Amadou Hampâté Bâ ou bien des cinéastes comme Cheick Oumar Sissoko et Souleymane Cissé témoignent d’une fertilité culturelle extraordinaire, dont nous pourrions bien nous en inspirer. Malheureusement, l‘échange culturel ne fait pas (encore) partie du Programme Indicatif de Coopération entre le Mali et le Grand-Duché. Marc Keup éditorial En mars 2009, l’ONG Unity Foundation prenait l’initiative d’envoyer une jeune journaliste, MarieAnne Robberecht, au Mali. Elle devait rencontrer son partenaire, l’ONG Victoire, qui travaille avec des écoles communautaires, ainsi que les partenaires des dix autres ONG luxembourgeoises soutenant des projets de développement dans ce pays du Sahel. L’occasion également de se rendre dans la plaine de San, où LuxDevelopment, l’agence d’exécution du Ministère de la coopération luxembourgeoise a mis en place un vaste projet d’aménagement des parcelles rizicoles. Le voyage de Marie Anne nous a donné l’occasion de vous présenter dans ce numéro du Brennpunkt une vue d’ensemble des activités de la coopération du Grand-Duché au Mali, avec un accent particulier sur le travail des onze ONG luxembourgeoises actives sur place. Le dossier vous permettra également d’entrevoir la complexité des interventions en matière d’aide au développement implémentées par Lux-Development, qui au Mali suit de plus en plus une approche „programmes“. International International Mitteilung der EU-Kommission Die „whole-of-the-union approach“ : Richtungsänderung ohne Richtungsanzeige Seit einigen Jahren wird die Politikkohärenz von der EU als ein zentrales Element der Entwicklungsdebatte anerkannt. Nun stellte die Kommission in einer Mitteilung1 einen Strategiewechsel vor und löst damit eine europaweite Kontroverse aus. Was nutzen die sinnvollsten Entwicklungsprojekte der europäischen Staaten wenn Aktionen in anderen Bereichen, wie zum Beispiel in der Handels- oder Agrarpolitik, die erzielten Fortschritte in den ärmeren Ländern wieder zunichte machen? Diese grundlegende Frage der Politikkohärenz (PCD – policy coherence for development) gehört mittlerweile zu den zentralen Bausteinen der Entwicklungspolitik. Doch das war nicht immer so: Noch bis vor zehn Jahren stießen die ONGs mit ihren Forderungen in diesem Bereich auf taube Ohren und es bedurfte enormer Anstrengungen, damit sich die EU-Kommission endlich dieser Frage annahm. Spätestens seit 2005 wurden von den EU-Mitgliedsstaaten PCD-Verpflichtungen in bestimmten Bereichen eingegangen. Der EU-Kommission kommt dabei die Rolle der Koordinierung dieser Bemühungen zu. Sie soll die Umsetzung der Verpflichtungen überwachen, sich um positive Synergieeffekte im Hinblick auf die Entwicklungsziele bemühen und außerdem alle zwei Jahre einen PCDFortschrittsbericht vorlegen. Die bisherigen Fortschritte in Sachen Politikkohärenz sind allerdings äußerst bescheiden, was die EU-Kommission auch bereitwillig zugibt. Erschwert wird die Arbeit in diesem Bereich durch fehlenden politischen Willen und die Tatsache, dass in Sachen Außenbeziehungen jedes EU-Mitgliedsland immer noch sein eigenes Süppchen kocht: Unterschiedliche Interessen in der 2 Außenpolitik beeinträchtigen die Kohärenz der vertretenen Standpunkte und die Leistungen der EU. Strategiewechsel in der PCD-Politik In einer Mitteilung an den Rat und das Europäische Parlament vom 15. September umreißt die EU-Kommission jetzt die Konturen einer neuen PCD-Politik. Ob die EU-Kommission eine Richtungsänderung aufgrund der Unwirksamkeit des bisherigen Konzeptes vorschlägt, bleibt fraglich. Sie argumentiert die Notwendigkeit einer Reform durch den zunehmende Einfluss der internen Politik auf die Außenbeziehungen, die Zunahme der Finanzströme in die Entwicklungsländer aus anderen Quellen als der öffentlichen Entwicklungshilfe, die gestärkten Mechanismen aus den bisherigen PCD-Maßnahmen und durch die Notwendigkeit, die Entwicklungsländer stärker in die Debatte einzubinden. Um ein stärker strategisch, systematisch und partnerschaftlich ausgerichtetes Konzept für die PCD zu verfolgen, schlägt die Kommission ein 3-PunkteProgramm vor. In der Mitteilung heißt es: „Aus den bisherigen Erfahrungen müssen drei wichtige Lehren gezogen und bei der Anpassung der PCD an die sich wandelnde politische Realität berücksichtigt werden. Erstens muss die EU die Umsetzung ihres Konzepts verbessern, indem sie sich auf einige wenige PCD-Prioritäten konzentriert und die Entwicklungsziele bei der Formulierung ihrer ausgewählten Initia- Photo:Wikimedia Commons Marc Keup Der Belgier Karel De Gucht ist seit Juli EUKommissar für Entwicklung. tiven proaktiv einbezieht. Zweitens muss die EU ihre Bemühungen um die Mobilisierung von Nicht-ODA2-Ressourcen verstärken und das Potenzial dieser öffentlichen und privaten Finanzströme für die Entwicklung besser ausschöpfen. Drittens sollte die EU ihren Dialog mit den Entwicklungsländern über PCDFragen intensivieren.“ Prioritäten festlegen Wurden bisher mindestens zwölf Bereiche3 auf ihre Kohärenz mit den Entwicklungsstrategien untersucht, soll BP 251 - octobre 2009 International das neue PCD-Arbeitsprogramm sich laut EU-Kommission prioritär auf fünf Themen konzentrieren. Wie es zu dieser Entscheidung kommt, wird jedoch nicht weiter ausgeführt. Offen bleibt auch die Frage, ob die anderen Bereiche weiterhin nach bisherigen Verfahren untersucht werden sollen, oder ob sie angesichts der prioritären Themen in den Hintergrund geraten. Bei den fünf Themengebieten, die die EU-Kommission vorschlägt, handelt es sich um die Bekämpfung des Klimawandels, die Gewährleistung der globalen Ernährungssicherheit, die Nutzung der Migration für die Entwicklung, die Suche nach Möglichkeiten für die der öffentlichen Entwicklungshilfe sind noch andere Finanzströme für die Entwicklung von Bedeutung, doch ihre Auswirkungen auf die Entwicklungsländer hängen von den politischen Rahmenbedingungen ab. Das PCDArbeitsprogramm wird den politischen Rahmen für die Nutzung des Potenzials dieser Finanzströme für die Entwicklung und für die Erhöhung ihres entwicklungspolitischen Werts auf Ebene der Gemeinschaft wie der Mitgliedstaaten liefern.“ Die EU-Kommission will also jene Nord-Süd-Finanzströme, die von privaten und marktwirtschaftlichen Akteuren ausgehen, stärker in den Die schwammigen Formulierungen sorgen für einen breiten Interpretationsspielraum, der auch prompt von den verschiedensten Akteuren besetzt wird. Nutzung der Rechte des geistigen Eigentums im Interesse der Entwicklung und die Förderung der Sicherheit und Friedensbildung. Die Auswahl dieser Bereiche erfolgte auf Basis von fragwürdigen Kriterien. Laut der Mitteilung sollten die prioritären PCD-Themen folgende Kriterien erfüllen: sie sollten weit oben auf der EU-Agenda stehen, für die Entwicklungsländer und die Verwirklichung der MDG4 wichtig sein, konkrete Möglichkeiten für die Einbeziehung von Entwicklungszielen bieten und mit einer langfristigen Agenda verknüpft sein. Auffallend bei dieser Liste ist die Abwesenheit der Handelspolitik. Sie gilt immerhin als Paradebeispiel dafür, wie die Politik der reichen Staaten sich negativ auf die Lebensbedingungen in den ärmeren Ländern auswirken kann. Das ODA-Plus-Konzept Auch die Ausführungen zum zweiten Programmpunkt, der Mobilisierung von Nicht-ODA-Ressourcen, lassen mehr Fragen offen als beantwortet werden. In der Mitteilung heißt es hier: „Neben BP 251 - octobre 2009 Dienst der Entwicklung stellen : „Das PCD-Arbeitsprogramm wird eine Orientierungsgrundlage für ein ODA-plusKonzept sowie für die Bereitstellung und Identifizierung von Finanzierungsmitteln bieten, die zur nachhaltigen Entwicklung und zu den globalen öffentlichen Gütern beitragen, aber keine ODA darstellen.“ Solche Formulierungen lassen natürlich bei den europäischen ONGs sämtliche Alarmglocken läuten. Viele EU-Mitgliedsstaaten sind derzeit weit hinter dem Zeitplan zurück, wenn es darum geht ihr Versprechen einzulösen, bis 2015 0,7% ihres Bruttoinlandproduktes für die Entwicklungszusammenarbeit bereitzustellen. Man befürchtet, dass die EU-Kommission mit ihrem ODA-Plus-Konzept einen Weg aufmacht, der es den Mitgliedländern erlauben würde, private Finanzströme als Entwicklungshilfe auszuweisen und somit weniger öffentliche Gelder investieren zu müssen. Diese Möglichkeit wird zwar in der Mitteilung nicht ausdrücklich erwähnt, aber eben auch nicht ausgeschlossen. Der nachfolgende Satz aus der Mitteilung ist jedenfalls nicht dazu angetan, die Befürchtungen der ONGs zu zerstreuen: „Das Programm wird außerdem Informationen für die Beratungen über den nächsten Finanzrahmen der EU liefern, vor allem über die Struktur der externen Ausgaben und die Mittel, die über Finanzierungsinstrumente der internen Politik in die Entwicklungsländer fließen“. Vage Formulierungen Wie bereits erwähnt, wirft die Mitteilung der Kommission zu ihrem „whole–of–the-Union approach“, wie die neue PCD-Strategie inoffiziell heißt, mehr Fragen auf als sie beantwortet. Auf gerade einmal 9 Textseiten sorgen die überaus vagen und schwammigen Formulierungen für einen breiten Interpretationsspielraum, der auch prompt von den verschiedensten Akteuren besetzt wird. Länder, die sich der lästigen ODA-Verpflichtungen von 2005 entledigen wollen, werden in dieser Mitteilung sicherlich Elemente finden, die ihnen als Argumentationsstütze dienen können. Der Kommission scheint es in der ganzen Debatte offensichtlich nur um die Umsetzung einer Devise des OxfordProfessors Paul Collier zu gehen, die am Ende des Dokumentes zitiert wird: „We need to narrow the target and broaden the instruments“. Marc Keup ist Mitglied der ASTM. Siehe auch Interview Seite 4. (1) Mitteilung der Kommission an den Rat, das Europäische Parlament, den Europäischen Wirtschafts- und Sozialausschuss und den Ausschuss der Regionen : Politikkohärenz im Interesse der Entwicklung – politischer Rahmen für ein gemeinsames Konzept der Europäischen Union. KOM(2009) 458. Brüssel, den 15.9.2009. (2) A.d.Red. : ODA (Overall Development Assistance - Öffentliche Entwicklungshilfe). (3) Handel, Umwelt, Klimawandel, Sicherheit, Landwirtschaft, Fischerei, soziale Dimension der Globalisierung, Beschäftigung und menschenwürdige Arbeit, Migration, Forschung, Informationsgesellschaft, Verkehr und Energie. (4) A.d.Red. : MDG (Millenium Development Goals - Milleniumsziele der Vereinten Nationen). 3 International Interview mit Mike Mathias Das fortschrittliche Kohärenzkonzept der EU darf nicht aufgeweicht werden Das kürzlich von der EU-Kommission vorgestellte „whole-of-the-union“-Konzept hat in der Kooperationsszene europaweit für Diskussionen gesorgt. Der Brennpunkt unterhielt sich darüber mit Mike Mathias in seiner Funktion als Vorsitzender des politischen Forums von Concord1. Mike Mathias : Wir sind wirklich beunruhigt! Diese Kommunikation verbindet auf eine fatale Art und Weise die Forderungen nach mehr Kohärenz der verschiedensten EU-Politikbereiche mit den Milleniumszielen und das 40 Jahre alten Versprechen der reichen Länder, dass sie 0,7% ihres PIBs in Entwicklungszusammenarbeit (EZA) investieren wollen. Gerade dieses letzte Ziel wurde 2005 nochmals bekräftigt und unter dem Luxemburger Ratsvorsitz mit einem konkreten Zeitplan versehen. Es gab also in beiden Bereiche einige Fortschritte in den letzten Jahren. Wir befürchten jetzt einen substantiellen Rückschritt. Wie kam es denn zu dieser Mitteilung? Das Konzept „Whole of a country“ entstand im letzten Winter in Italien. Jetzt muss man wissen, dass Italien bei den Anstrengungen für mehr Kohärenz kein Vorreiter ist und seinen Haushalt für die Entwicklungszusammenarbeit auf 0,09 % zusammengestrichen hat. Als Kompensation dafür wurde angeregt, alle anderen Geldflüsse die von Italien in Entwicklungsländer fließen mit einzuberechnen. Das wird dann eben als ein Ganzes verkauft. Die Idee wurde von anderen Ländern aufgegriffen, die auch eher zu den Schlusslichtern der europäischen EZA zählen. Das ist ein 4 wichtiges Signal, das in der Diskussion nicht vergessen werden darf. Aber es ist doch auch eine langjährige Forderung der ONGs, dass Politikkohärenz an der EZA orientiert werden soll. Warum also jetzt so kritisch? Politikkohärenz soll sich an der EZA orientieren, das stimmt, aber das steht nicht in dieser Mitteilung... Sondern? Hier werden zwei Konzepte wild durcheinander geworfen. Beispielsweise die Kriterien was zur EZA gerechnet werden darf und was nicht wird im Entwicklungshilfekomitee der OCDE definiert. Die ONGs sind sich bewusst, dass diese Definitionen weiter entwickelt werden müssen, besonders mit Bezug auf die Klimadebatte. Aber diese Diskussion soll die EU auch in der OCDE führen und nicht einseitig neue Konzepte kommunizieren. Bei der ODA2-Plus Idee, wie sie in dieser Kommunikation propagiert wird, geht es darum eben auch andere Gelder, die in den Süden fließen einzurechnen, beispielsweise ausländische Direktinvestitionen, private Kredite, Exportkredite, Rücküberweisungen der MigrantInnen usw. Es stimmt, dass diese Gelder wichtig sind und auch zur Armutsbekämpfung beitragen können. Sie tun es aber nicht notwendigerweise, eben deshalb gibt es die Kriterien der OCDE. Wenn die EU sich wirklich auf diesen Weg begeben will, dann muss sie auch akzeptieren, dass gegen die ODA-Plus- Photo: ASTM Brennpunkt: Welche Reaktionen hat die Publikation dieser Mitteilung der Kommission bei Concord und den ONGs hervorgerufen? Geldflüsse all jene Beträge aufgerechnet werden, die aus dem Süden in Form von Gewinntransfers der Unternehmen, Kredittilgungen, usw in den Norden fliessen. Und wir wissen, dass diese Beträge wesentlich höher sind als die Hilfsgelder. ODA-Plus darf nicht nur in eine Richtung schauen, sonst ist es eine schlechte Buchhaltung. Die Kommunikation sagt ja auch einiges zur Politikkohärenz. Auch hier wird eine neue Herangehensweise gefordert. Was sagt Concord dazu? Es gibt einige positive Passagen. So wird beispielsweise die Bedeutung einer systematischen Herangehensweise an die Thematik der Politikkohärenz BP 251 - octobre 2009 International hervorgehoben und es wird zudem vorschlagen, die Entwicklungsländer verstärkt in die Diskussion einzubinden. Die Mitteilung ist ehrlich genug um einzugestehen, dass der politische Wille angesichts dieser großen Herausforderung nicht immer ausreichend war und unterstreicht noch einmal, dass die Politikkohärenz ein zentrales Element der Entwicklungsdebatte ist. der Finanzmärkte und der Kampf gegen illegitimer Finanzabfluss. Andererseits, und das scheint mir fast noch gravierender, hat die Kommission in dieser Kommunikation das Konzept der Politikkohärenz neu definiert. Es geht ihr darum Synergien zwischen diesen 5 Politikbereichen und dem Kampf gegen Armut zu finden und nicht mehr darum zu verhindern, dass Entscheidungen Wir werden alles dafür tun, damit die EU-Mitgliedsstaaten diese neuen Ansätzen verwerfen. Allerdings wird dieser Aussage im Nachhinein widersprochen. Die Kommission will den breiten Ansatz, den sie bisher in der Kohärenzdebatte verfolgt hat aufgeben und sich auf 5 Themen beschränken. Zuerst müssen wir uns fragen, warum das Thema TRIPS3 dazugehört. Hier gibt es sehr unterschiedliche Ansätze. Die UNCTAD4 hat kürzlich gefordert dieses Konzept grundlegend zu überdenken, weil es dem massiven Technologietransfer behindert, den wir angesichts des Klimawandels unbedingt brauchen. Die Industrie beharrt aber weiterhin auf diesen oft fragwürdigen Pfründen. In welche Richtung will die EU hier gehen? Aber wenn Politikkohärenz nicht sofort erreicht werden kann, ist es dann nicht richtig sich auf diese 5 Themen zu beschränken? Das ist die Frage! Ich glaube ehrlich gesagt, dass dieser Ansatz falsch ist. Die Mitteilung besagt ganz klar, dass die Auswahl der „prioritären Themen“ daran gebunden ist, ob sie oben auf der EU-Agenda steht. Das ist Indiz dafür, dass die EU die Entwicklungsdebatte in eine Richtung führen will, die eher ihren eigenen Interessen folgt, als jenen der ärmeren Länder. Einerseits fehlen so lebenswichtige Themen wir Landwirtschaft, Fischerei, internationaler Handel und natürlich die Regulierung BP 251 - octobre 2009 in anderen Bereichen dahingehen überprüft werden ob sie den Zielen der Entwicklungspolitik zuwiderlaufen. Das ist ein wesentlicher Richtungswechsel! Inwiefern? Weil die Kommission nur noch in ausgewählten Bereichen SynergieEffekte suchen will und nicht mehr grundlegend alle ihre Politik auf negative Nebeneffekte untersucht. Es ist so, als würde auf den Beipackzetteln der Medikamente nichts mehr über die negativen Nebenwirkungen stehen, sondern nur die verschiedenen Anwendungsmöglichkeiten aufgelistet. Wenn die Mitgliedsstaaten hier mitmachen, wäre das ein fataler Rückschritt. Wie wird es denn weitergehen? Wir hatten noch keine Zeit, dies mit ihr zu diskutieren. Aber wenn sie der Linie ihres Vorgängers folgt, müsste sie sich vehement gegen diese neuen Konzepte aussprechen. Allerdings hatte ja auch JeanLouis Schiltz bereits angekündigt, dass darüber nachgedacht werden müsste, wie der Kampf gegen den Klimawandel in den Entwicklungsländern mit der EZA verknüpft werden soll. Das stimmt. Man könnte fast den Eindruck gewinnen als wolle sich die Luxemburger Regierung hier aus der Verantwortung stehlen, indem sie auf die großzügige EZA verweist. Aber nicht alle Entwicklungsprojekte sind auch Projekte gegen die Folgen des Klimawandels. Wir müssen also zusätzliches Geld aufbringen, entsprechend unserer historischen Verantwortung. Das wird nicht leicht werden, aber die Diskussion muss geführt werden. Mike Mathias ist Sekretär des Cercle de Coopération und hat seit 2007 den Vorsitz des politischen Forum von Concord inne. (1) Concord: Europäische Konfederation der ONGs im Entwicklungsbereich. (2) A.d.Red. : ODA (Overall Development Assistance - Öffentliche Entwicklungshilfe). (3) A.d.Red.: TRIPS (Trade Related Aspects od Intellectual Property Rights : Handelsbezogene Aspekte des Geistigen Eigentums, beispielsweise Urheberrecht, Markenrecht und Patente). (4) A.d.Red.: UNCTAD (Konferenz der Vereinten Nationen für Handel und Entwicklung). Diese Mitteilung ist an den Rat und an das Parlament gerichtet. Diese werden reagieren müssen. Wir werden alles dafür tun, damit die EU-Mitgliedsstaaten diese neuen Ansätzen verwerfen. Dies Diskussion um die DAC Kriterien müssen in der OCDE geführt werden und das sehr fortschrittliche Kohärenzkonzept der EU darf nicht aufgeweicht werden, auch wenn es nicht von heute auf morgen umgesetzt werden kann. Wie steht denn die Luxemburger Ministerin zu diesen Fragen? 5 International Süd-Philippinen Kugeln statt Reis Im Süden der Philippinen leben Hunderttausende Flüchtlinge im Belagerungszustand – vor einem Jahr eskalierten erneut Kämpfe zwischen Regierungstruppen und dem Moro-Widerstand. Rainer Werning Vereiteltes Abkommen Der 5. August 2008 hätte endlich den Durchbruch in Richtung Frieden Photo: flickr.com Auf den südphilippinischen Inseln Mindanao, Basilan und Jolo, Südostasiens ältester Konfliktregion, herrscht seit einem Jahr vielerorts wieder Krieg. Mehrfach musste dort die Zivilbevölkerung die ebenso paradoxe wie schmerzliche Erfahrung machen, immer dann tiefer in Deckung zu gehen, wenn mal wieder lauthals von Frieden die Rede war. „Heute leben wir erneut in einem Frieden, der jedoch dem Zustand einer dauerhaften Belagerung gleicht“, sagt Mohaiya M.1. Die Mitfünfzigerin und ausgebildete Sozialarbeiterin ist seit Jahren in unterschiedlichen Nichtregierungsorganisationen auf Mindanao und Jolo engagiert. Bereits 1976 und 1996 konnte sie miterleben, wie nach langen Verhandlungen zwischen der Regierung in Manila und der damals größten Widerstandsorganisation der muslimischen Bevölkerung im Süden des Inselstaates, der Moro Nationalen Befreiungsfront (MNLF), feierlich Friedensabkommen unterzeichnet wurden. Die Krux: Beide Abkommen wurden rasch zur Makulatur. Im Sommer 2000 erklärte der damalige Präsident Joseph E. Estrada dem Moro-Widerstand gar „den totalen Krieg“ und drohte ihn – so wörtlich – „zu pulverisieren“. Unvergesslich die Szenen, da der in Khakiuniform gekleidete Präsident mit dem Helikopter einschwebte, um seine Soldaten auf den Trümmern zerbombter Moscheen und Schulen mit gekühltem Bier und gegrilltem Schweinefleisch bei Laune zu halten. Guerillia-Kämpfer der MILF auf der philippinischen Insel Mindanao. 6 bringen können. An jenem Augusttag, so sah es die Etikette vor, sollte in der malaysischen Hauptstadt Kuala Lumpur zeremoniell das sogenannte MoA-AD (siehe Kasten) unterzeichnet werden. Jahrelang hatten Emissäre Manilas und der Moro Islamischen Befreiungsfront (MILF), der gegenwärtig bedeutendsten Organisation des muslimischen Widerstands, unter der Schirmherrschaft Malaysias an dem Vertragstext gefeilt. Die Vertragspartner und hochrangige ausländische Gäste, unter ihnen mehrere Botschafter und ein Sondergesandter der Organisation der Islamischen Konferenz, weilten bereits in Kuala Lumpur, als der Oberste Gerichtshof der Philippinen im letzten Moment qua einstweiliger Verfügung die offizielle Vertragsunterzeichnung kippte. Das Gericht in Manila begründete seinen Last Minute-Akt damit, es müsse prüfen, ob kurzfristig eingereichten Petitionen einflussreicher Regionalpolitiker und Geschäftsleute, das MoA-AD verstoße gegen geltendes Recht, stattzugeben sei. Die neualte Pattsituation lenkte rasch Wasser auf die Mühlen jener Kräfte, denen langwierige Verhandlungen eh suspekt waren und die sich bitter enttäuscht darüber zeigten, dass trotzdem keine greifbaren Ergebnisse erzielt wurden. Bereits Mitte August 2008 lieferten sich Einheiten der regulären philippinischen Streitkräfte (AFP) und der Bangsamoro Islamischen Streitkräfte (BIAF), des bewaffneten Arms der MILF, zunächst Scharmützel, dann offene Gefechte in den Provinzen Nordcotabato und Lanao del Norte. Während im fernen Manila die Nationalpolizei in höchste Alarmbereitschaft versetzt wurde, da man Anschläge der MILF gegen öffentliche Einrichtungen befürchtete, weiteten BP 251 - octobre 2009 International sich die Kampfhandlungen schrittweise auf Mindanaos Provinzen Lanao del Sur, Maguindanao, Shariff Kabunsuan und Sarangani weiter aus. Am 21. August sprach das Welternährungsprogramm (WFP) der Vereinten Nationen schon von über 220.000 Menschen, die angesichts der Kampfhandlungen in Mindanao auf der Flucht waren. Bis zur Jahreswende 2008/09 wurden die Zahlen ständig nach oben bis über die eine halbe Million-Marke korrigiert, während die Sicherheitsvorkehrungen für das in- wie ausländische Hilfspersonal laut Stephen Anderson, dem WFP-Repräsentanten im Lande, drastisch erhöht werden mussten. Aufstandsbekämpfung auf Jolo ... Vor allem für die Zivilbevölkerung hat sich die Lage innerhalb des vergangenen Jahres dramatisch verschlechtert. Das Gros der zwischen die Fronten geratenen Menschen muss in behelfsmäßigen Notunterkünften ausharren, wenn sie es überhaupt bis dahin geschafft hatten. Vergleichsweise glücklich können sich Flüchtlinge schätzen, wenn sie ein Dach über dem Kopf haben und in Schulen oder ähnlichen festen Gebäuden untergebracht sind. Das bietet wenigstens halbwegs Schutz vor Taifunen und Schlammmassen infolge heftiger Regenfälle. Wiederholt wurden gegen ganze Ortschaften zeitweilige Nahrungsmittelblockaden verhängt, wenn das Militär oder die Nationalpolizei meinte, deren Bevökerung könne heimlich „Rebellen und Terroristen“ unterstützen. In Zentralmindanao, vor allem in Teilen der Provinzen Maguindanao und Nordcotabato, gibt es Familien, die seit Sommer 2000 auf der Dauerflucht sind. Damals mussten sie fliehen, weil Präsident Estrada dem Moro-Widerstand den „totalen Krieg“ erklärt hatte. Und in der Zeit danach konnten sie nicht in ihre angestammten Gebiete zurückkehren, weil diese zwischenzeitlich zu militärischen Frontlinien oder Sperrzonen geworden waren. Oberst Jonathan BP 251 - octobre 2009 Ponce, Sprecher der 6. Infanteriedivision der Philippinischen Armee, bezeichnete die Flüchtlinge kürzlich in einer offiziellen Stellungnahme als „Reserve feindlicher Truppen”. Von Anfang des Jahres bis zum Juni/ Juli verlagerten sich die militärischen Hauptfrontlinien auf die südlich von Mindanao gelagerte Insel Jolo. Dort hatten Mitglieder der auf Kidnapping und Lösegelderpressung spezialisierten Abu Sayyaf-Gruppe (diese war auch für die Entführung der Göttinger Familie Wallert im Sommer 2000 verantwortlich) am 15. Januar drei Mitarbeiter des Internationalen Komitees des Roten Kreuzes (IKRK) – die Filipina Mary Jean Lacaba, den Schweizer Andreas Notter sowie den Italiener Eugenio Vagni – Zankapfel MoA-AD in der Nähe der Hauptstadt Jolo City entführt. Während Lacaba und Notter am 2. und 18. April wieder freikamen, zog sich die Freilassung des 62-jährigen Vagni bis zum Morgengrauen des 12. Juli hin. Innerhalb dieses halben Jahres herrschte auf Jolo der Ausnahmezustand und die Insel bildete wie schon häufiger seit den frühen 1970er Jahren, als dort faktisch Bürgerkrieg herrschte, die mit Abstand höchstmilitarisierte Region des Landes. Sehr zum Vorteil des umtriebigen Gouverneur Abdusakur M. Tan. Der nämlich konnte – wie es in der Vergangenheit mehrfach, so bei den Wallert-Geiseln, geschah – auch im Falle des IKRK seine Privatresidenz als eine Art Clearingstelle nutzen, im Hintergrund Lösegeldzahlungen einfädeln und Zoom 1997 begannen erste Waffenstillstandsgespräche zwischen Vertretern der philippinischen Regierung und der Moro Islamischen Befreiungsfront (MILF), die ab 2001 als Friedensverhandlungen aufgewertet wurden. Nach mühsamer Verständigung über Sicherheitsaspekte und Fragen von Hilfs- und Rehabilitationsmaßnahmen kam als dritter „Korb“ das von beiden Seiten ausgehandelte Memorandum über die Vereinbarung des Landes der Ahnen (Memorandum of Agreement-Ancestral Domain – kurz: MoA-AD) als letzte Vorstufe einer umfassenden friedensvertraglichen Regelung zustande. Es handelt sich mithin um Konsenspunkte zwischen den Vertragspartnern beziehungsweise um eine Art Roadmap in Richtung Frieden, worüber letztlich auch Nicht-Muslime und Angehörige der indigenen Völker (Lumad) mitentscheiden sollen. Kernpunkte des MoA-AD sind: Der muslimischen Bevölkerung in Mindanao, Sulu und Palawan wird das Recht zugestanden, als „Bangsamoro” (wörtlich: Moro-Nation) ihre eigene Identität zu wahren und ihre eigenen Rechte auszuüben, indem sie eine ihren Vorstellungen entsprechende Selbstregierung schafft, die innerhalb ihres Gebietes die dort vorhandenen Ressourcen schützt und nutzt. Diese Selbstregierung trägt den vorläufigen Namen „Bangsamoro Rechtseinheit“ (Bangsamoro Juridical Entity – kurz: BJE) und soll mit größerer Autonomie und mehr Befugnissen ausgestattet sein und über ein größeres Territorium verfügen als die bislang lediglich aus fünf Provinzen und einer Stadt bestehenden Autonomen Region in Muslim Mindanao (ARMM). Diese entstand Ende der 1980er Jahre und ist wesentlich eine Domäne der Moro Nationalen Befreiungsfront (MNLF), von der sich die MILF 1977 abgespalten hatte und der sie vorwirft, mit ihrem am 2. September 1996 unterzeichneten Endgültigen Friedensabkommen mit Manila das Selbstbestimmungsrecht der Moros preisgegeben zu haben. 7 International sich politisch in Szene setzen. „Gouverneur Tan“, sagt Mohaiya M., die seit Jahren mit der Situation auf Jolo bestens vertraut ist, „trägt Mitverantwortung für die prekäre Sicherheitslage in diesem Armenhaus. Kidnapping ist ein lukratives Business und Menschenrechtsverletzungen sind an der Tagesordnung. Schnell werden Personen als Kriminelle oder Terroristen gebrandmarkt, wenn sie den Mächtigen in Politik und im Militär suspekt sind. Schätzungsweise 95 Prozent aller begangenen Menschenrechtsverletzungen bleiben dort unaufgeklärt. Es herrscht ein Klima aus Gewalt und Straffreiheit sowie eine Kultur des (Ver-)Schweigens. Allein im Januar und Februar dieses Jahres mobi- des amerikanischen Oberst William Coultrup, um mit der Abu Sayyaf einen vermeintlich integralen Bestandteil der Jemaah Islamiyah (JI) „zu eliminieren“, die Militärstrategen als südostasiatischer Ableger des al-Qaeda-Netzwerks gilt. Laut Coultrup und JSOTFP-Sprecher Major John Hutcheson geht es vorrangig um zweierlei: „Ausländischen Terroristen” (gemeint sind damit im wesentlichen malaysische oder indonesische JI-Mitglieder) sollen sichere Unterschlupf- und Ausbildungsmöglichkeiten auf Jolo verwehrt und die unzureichend patroullierten Seewege diesseits und jenseits der Sulu-See intensiver kontrolliert werden. Nach US-amerikanischen Angaben sind dauerhaft etwa 100 ameri- Am 21. August kündigte US-Verteidigungsminister Robert Gates an, insgesamt 600 Mitglieder amerikanischer Spezialeinheiten permanent im Süden der Philippinen zu belassen. Während Politiker und Militärs in Manila und Washington immer wieder beteuern, es handele sich dabei nicht um Kampfeinsätze der GIs, sehen das Kritiker vor Ort und Militärexperten anders. lisierte der Gouverneur annähernd 1.500 sogenannte Zivile Freiwilligenverbände (CVO), eine Art paramilitärische Bürgerwehr, um auf seine Weise für Ruhe und Ordnung zu sorgen. Genau das Gegenteil trat ein; es herrschte wochenlang Krieg.“ ... mit Rückendeckung aus Washington Auf Jolo operieren außerdem Marinebrigaden, Sondereinsatzkommandos der Philippinischen Nationalpolizei und Rangerverbände gemeinsam mit US-Spezialeinheiten (U.S. Joint Special Operations Task Force-Philippines, kurz: JSOTFP) unter dem Kommando 8 kanische GIs auf Jolo stationiert, wo sie lediglich in humanitären Projekten engagiert seien und ihren philippinischen Kameraden bei der Aufstandsbekämpfung assistierten. Am 21. August kündigte US-Verteidigungsminister Robert Gates an, insgesamt 600 Mitglieder amerikanischer Spezialeinheiten permanent im Süden der Philippinen zu belassen. Während Politiker und Militärs in Manila und Washington immer wieder beteuern, es handele sich dabei nicht um Kampfeinsätze der GIs, sehen das Kritiker vor Ort und Militärexperten wie der an der staatlichen University of the Philippines lehrende Professor Roland G. Simbulan anders. Für sie steht außer Frage, dass US-Soldaten sporadisch direkt in Kampfhandlungen involviert sind und ansonsten die sicherheitssowie entwicklungsrelevanten Aspekte im Rahmen der Aufstandsbekämpfung koordinieren. Das geschieht mittels Aufstellung Mobiler Trainingteams (MTT), kleiner beweglicher Einheiten, die in Kooperation mit lokalen Kräften beim Aufbau bürgernaher Projekte (z.B. Brunnenbau), bei der Durchführung (zahn-)medizinischer Reihenuntersuchungen und von psychologischer Kriegführung behilflich sind – getreu der traditionellen Devise „Herzen und Hirne der Bevölkerung zu gewinnen“. Flankiert wird all das mit „nicht-traditionellen Elementen“, worunter das Einbinden von entwicklungspolitischen Organisationen und konservativen Think Tanks verstanden wird. Jolo und Mindanao waren und bleiben in der Region Hochburgen des Einsatzes solcher Institutionen und Organisationen wie der United States Agency for International Development (USAID), des U.S. Institute for Peace (USIP), der National Endowment for Democracy und des Peace Corps, die auf je unterschiedliche Weise dafür sorgen sollen, selbst die entlegensten Orte gegen das „Einsickern von Aufständischen und Terroristen“ zu feien. Wenngleich die USA in ihrer einzigen und einstigen Kolonie in Südostasien Ende 1992 ihre größten außerhalb des nordamerikanischen Kontinents gelegenen Militärstützpunkte schließen mussten, ermöglichte es das vom philippinischen Senat Ende Mai 1999 ratifizierte Visiting Forces Agreement (VFA), dass seitdem über 40.000 US-Soldaten die Philippinen im Rahmen gemeinsamer Balikatan(Schulter an Schulter)Manöver betreten und dort eine Zeitlang verweilen konnten. Gegen das VFA und die geltende Landesverfassung verstoßen unter anderen die Anlandung von US-Schiffen mit Nuklearwaffen an Bord und die Installierung US-amerikanischer Militäreinrichtungen. Doch solche existieren bereits außer auf Jolo BP 251 - octobre 2009 International in den Städten General Santos, Davao, Cotabato und Zamboanga auf Mindanao. Nach Recherchen des Focus on the Global South (Bangkok) hat das Pentagon beispielsweise die Global Contingency Services LLC beauftragt, für 14,4 Mio. Dollar ein „base development”-Projekt in Mindanao zu errichten. Im Militärjargon handelt es sich um „forward operating bases” oder „advance operating bases”, die der JSOTFP jederzeit zur Verfügung stehen und meist auf Militärgeländen der philippinischen Streitkräfte angesiedelt sind. Diese für eine Vorwärtsverteidigung geeigneten Einrichtungen dienen als Schaltstellen zur Umsetzung der Aufstandsbekämpfung Manilas. Friedenspolitik im Zickzack Während Manila zwischenzeitlich mit Rafael Seguis einen neuen Emissär benannte, um den Gesprächsfaden mit der MILF wieder zu knüpfen, und öffentlich bekundete, sich nunmehr intensiver um die zwischen den Fronten geratenen Flüchtlinge in Mindanao zu kümmern, machten Entwicklungen auf der zwischen Mindanao und Jolo gelegenen Insel Basilan mit einem Schlag alle guten Vorsätze zunichte. Am 12. August waren dort 23 Regierungssoldaten während eines Feuergefechts gegen die Abu Sayyaf in den Hinterhalt geraten und erschossen worden. Noch bevor der genaue Hergang dieses Massakers bekannt war, machten die Behörden dafür umgehend die MILF verantwortlich. Als direkte Reaktion auf den Tod der 23 Soldaten rührte der Exgeneral und Senatsvorsitzende des Nationalen Verteidigungs- und Sicherheitskomitees, Rodolfo G. Biazon, am lautesten die Kriegstrommel. Mit dem von ihm eingebrachten Resolutionsentwurf 1281 setzt er sich dafür ein, fortan jedwede Verhandlung mit der MILF auszusetzen! „Der Resolutionsentwurf 1281 des Senats unterstreicht die Tatsache, dass diese Regierung über kein Konzept einer nationalen Friedenspolitik in Mindanao verfügt“, erklärte Pastor Reu Montecillo BP 251 - octobre 2009 Buchtipp Conflict in Moro land. Prospects for peace? The civil war in the Islamic southern Philippines is one of the longest-lasting conflicts in Southeast Asia. This book dates back to a workshop on that conflict at the Department of Political Science of the University of Göttingen, Germany. Although the geographical and cultural background of most of the contributor‘s to this volume differ from the parties involved in the conflict, the editors hope that this volume offers adequate views, theoretical approaches, and methodologies, which prove helpful in understanding and eventually ameliorating the conditions of the people living in Moro land. (Arndt Graf, Peter Kreuzer, Rainer Werning. ISBN 978-983-881-408-5) während einer am 28. August in Zamboanga City durchgeführten öffentlichen Anhörung über das Ansinnen Biazons. Der beredte Pastor, Vorstandsvorsitzender des Mindanao Peoples’ Caucus (MPC), fügte namens seiner und zahlreicher anderer in Mindanao tätiger Friedensorganisationen hinzu: „Wenn immer dort Provokationen, bewaffnete Konflikte und Bombenexplosionen stattfinden, weicht diese Regierung unverzüglich von einem Friedenskurs ab und gibt sich martialisch. Da hatten sich gerade mal am 23. Juli die Präsidentin auf eine zeitweilige Suspendierung militärischer Offensivoperationen (SOMO) und zwei Tage später die MILF auf die Aussetzung militärischer Aktionen (SOMA) verständigt, als diese relative Ruhe an den Fronten erneut jäh in eine neue Runde von Feindseligkeiten mündete.“ Verhandlungen zwischen der Regierung und der MILF ausgerechnet jetzt zu kappen, halten der MPC und andere Friedens- und Menschenrechtsorganisationen für fatal. Dazu Pastor Reu Montecillo: „Letzte Berichte zeigen, dass infolge anhaltender bewaffneter Auseinandersetzungen annähernd 600.000 Menschen in Zentralmindanao auf der Flucht sind. Das in Genf ansässige Internal Displacement Monitoring Center hat ermittelt, dass die Philippinen im vergangenen Jahr infolge des bewaffneten Konflikts im Süden die weltweit höchste Zahl an Binnenflüchtlingen, sogenannten intern vertriebenen Personen (IDP), aufwies – mehr noch als in den Konfliktregionen in Afrika.” Dringend riet der Geistliche dem Exgeneral: „Als General i.R. und Mindanao-Kriegsveteran sollte gerade Senator Biazon besser als jedes andere Senatsmitglied wissen, dass der Konflikt in Mindanao mitnichten militärisch zu lösen ist”. Dr. Rainer Werning, Politikwissenschaftler & Publizist mit dem Schwerpunkt Südost-/Ostasien, ist u.a. Ko-Herausgeber des kürzlich in 3. Auflage erschienenen „Handbuch Philippinen – Gesellschaft, Politik, Wirtschaft, Kultur“ (Bad Honnef: Horlemann Verlag). – Das Manuskript wurde am 22. September, dem 37. Jahrestag der Verhängung des Kriegsrechts, abgeschlossen. (1) Name geändert.A 9 International Honduras Un pays polarisé après le coup d’état du 28 juin Le 28 juin dernier à l’aube, le Président hondurien, Manuel Zelaya Rosales, a été arrêté par l’armée à son domicile et ensuite expatrié de force au Costa Rica. Zelaya a été investi en janvier 2006 et devait finir son mandat constitutionnel en janvier 2010, après des élections prévues en novembre prochain. Il n‘a pas le droit de se représenter, car la constitution actuelle interdit la réélection du Président de la République. Le coup d’état au Honduras du 28 juin a été le résultat d‘un conflit institutionnel, s‘articulant autour de la mise en place d‘une consultation populaire qui devait avoir lieu le jour même. La tentative de Zelaya de consulter le peuple pour tenter de modifier la Constitution moyennant un referendum postérieur, lequel aurait lieu en profitant des prochaines élections présidentielles et législatives du 29 novembre, a été perçue par les cercles ultraconservateurs honduriens comme une violation de la constitution, ainsi qu’une présumée manœuvre politique du Président pour accéder ainsi à la réélection, ce qui est actuellement interdit de façon formelle. Sur la base de cette „violation constitutionnelle“, l‘armée, soutenue par la Cour Suprême et le Congrès, a arrêté et expulsé le Président Manuel Zelaya dans la plus pure tradition des coups d’état en Amérique Latine. L‘expulsion a d’abord été justifiée par une lettre de démission de Zelaya „pour des motifs de santé“, qui s‘est révélée être falsifiée, et plus tard par une procédure exceptionnellement rapide du Congrès, quelques heures après son expulsion. Celui-ci a legitimé la destitution de Zelaya et la proclamation comme nouveau Président du Honduras de Roberto Micheletti, président du Congrès et ancien et principal rival politique de Zelaya. C’est ainsi que le gouvernement de facto essaye depuis lors d’expliquer au monde sa vision des faits, en parlant toujours d’une „succes- 10 Photo: flickr.com Dilcia Figueroa sion constitutionnelle“ et en refusant de la considérer comme un coup d’état, comme si la constitution prévoyait vraiment l’expulsion d’un Président de la République. Mais, malgré les efforts de Micheletti pour défendre son point de vue personnel, le reste du monde n’y voit qu’un coup d’état. Ou comment peut-on nommer sinon l’expulsion d’un président démocratiquement élu par la force des armes ? Certes, les militaires se sont fait l’instrument d’autres institutions contrôlées par les cercles les plus conservateur du pays, qui considèrent que Zelaya est allé trop loin avec son adhé- sion à l’ALBA (Alternative bolivarienne pour les Amériques) de Hugo Chavez et son prudent alignement avec la nouvelle gauche antilibérale d’Amérique latine. Ceci a affolé certains secteurs, notamment le patronat, qui a commencé à craindre une annulation des accords de libre-échange signés avec les États-Unis. Sur la foi de leurs bonnes relations historiques avec l’armée américaine, les militaires honduriens ont cru que les ÉtatsUnis fermeraient les yeux. Il s’agissait d’un mauvais calcul fait sur une vision du monde de guerre froide déjà obsolète. Les secteurs à la base de ce coup d’état ont certainement cru qu’ils obtiend- BP 251 - octobre 2009 International BP 251 - octobre 2009 été mis en place qu’après le départ du pouvoir de Zelaya. Par conséquent, il n’y avait aucune possibilité de réélection pour Zelaya. Cette manipulation politique et médiatique a généré une forte confrontation entre, d’un côté, le pouvoir législative et la Cour Suprême et, de l’autre côté, l’exécutif. Argumentant que l’actuelle constitution contient des articles inchangeables, le Congrès, en complicité avec le pouvoir judiciaire, a démarré des procédures juridiques pour invalider la consultation, augmentant ainsi la tension politique et la „guerre médiatique“. De cette façon, un problème politique a été géré de façon juridique, mettant en évidence l’alliance des tribunaux de justice avec le Congrès et les élites politiques, économiques et médiatiques, issues pour la plupart des mêmes familles. De son côté, le gouvernement utilisait les medias dont il disposait pour défendre l’enquête. Cette tension, ainsi que les intérêts politiques particuliers en vue des prochaines élections, ont abouti au coup d’état qui a mis fin à 29 ans d’alternance démocratique du gouvernement. Les actes du Congrès et de la Cour Suprême présentent de flagrantes contradictions. Si Zelaya avait commis tant de délits, comme le prétendent ses ennemis, pourquoi a-t-il été expulsé au lieu d’être jugé dans le pays? Pourquoi n’ont-ils pas permis le retour de Zelaya pour qu’il soit jugé pour ses soi-disant délits? L’argumentation offerte par le gouvernement de facto est simplement intenable. Vue la situation, on peut se demander quelles sont les vraies raisons pour cette confrontation qui a mis fin à la fragile démocratie hondurienne, générant ainsi une grave crise politique? Pourquoi le coup d’état a-t-il bénéficié du soutien de toutes les institutions politiques, ainsi que de l’armée et de l’hiérarchie catholique ? Quelle est l’origine du coup d’état ? Au-delà de la fragilité de la démocratie dans un pays ou la séparation des pouvoirs n’est pas encore garantie, ainsi que du manque de culture démocratique des dirigeants politiques, incapables de résoudre leurs problèmes si ce n’est que par la force des armes, on trouve Photo: flickr.com raient l’appui de son puissant allié du nord. Cependant, dès le lundi 29 juin, Barack Obama s’est rangé du côté de l’indignation internationale, en dénonçant le caractère „illégal“ du renversement de Manuel Zelaya. Il a répété que les États-Unis étaient „du côté de la démocratie“, et précisé que cette affaire ne devait pas „créer un précédent“. Le déclencheur formel du coup d’état a été une simple consultation populaire non contraignante auprès des citoyens, et non pas un referendum sur un changement de la constitution en vue de permettre au président de se représenter pour un 2ème mandat, comme l’a prétendu le gouvernement de facto et les medias contrôlés par celui-ci. En fait, pour le jour même de l’expulsion, sur la base de 400.000 signatures et selon l’article 5 de la loi de participation citoyenne (approuvée par le Congrès en 2006), Zelaya avait convoqué la population à se prononcer sur la possibilité d‘installer une urne supplémentaire lors des élections générales prévues en novembre prochain, par laquelle les citoyens pourraient voter pour ou contre la convocation d’une assemblée nationale constituante en 2010. C’est-à-dire, si en novembre les électeurs se seraient prononçés en faveur de cette proposition, le nouveau gouvernement issu de ce processus électoral aurait pu ou non convoquer cette assemblée et mener ensuite les débats sur une réforme de la constitution. À signaler, que la constitution actuelle, datant de 1982, ne considère pas de mécanismes de reforme, ni de participation citoyenne comme le réferendum ou le plébiscite, raison pour laquelle la „consultation populaire“ mentionnée plus haut était non contraignante. Dès le début, cette „enquête“ a été refusée par les secteurs ultra-conservateurs du pays en l’interprétant comme un instrument illégal, utilisé par Zelaya afin de rester au pouvoir, malgré le fait que celui avait publiquement, et à plusieurs reprises, nié ces affirmations et que l’assemblée constituante n’aurait 11 au fond du problème la même lutte qui existe actuellement dans plusieurs pays de l’Amérique latine. Il s’agit de la lutte entre les élites économiques qui défendent le modèle néolibéral et par ceci leurs propres intérêts, et ceux qui ont une vision progessiste et essayent de résoudre la situation d’exclusion et d’appauvrisement d’une bonne partie de la population. Zelaya, loin d’être une personne de gauche, s’est vu opposé dès le début de son mandat aux élites économiques et politiques du pays, y compris à l’appareil de son propre parti, le Parti Liberal (du centre-droit), auquel appartient aussi Micheletti. La situation économique et sociale du pays, où 70% de la population vit sous le seuil de la pauvreté, l’a poussé à abandonner certains principes de son parti. Quelques mois après être arrivé au pouvoir en 2006 et dans le contexte de la crise énergétique, Zelaya a lancé un marché public international pour l’achat de pétrole, afin de diminuer le prix de consommation, ce qui a généré une forte contestation auprès des secteurs qui contrôlaient depuis toujours l’importation et la commercialisation du pétrole. Puis, en août 2008, après de multiples entraves et l’opposition acharnée de plusieurs partis politiques, le Honduras a adhéré à l’Alliance bolivarienne des peuples de notre Amérique (ALBA), initiative lancée par Hugo Chavez qui préconise la rupture avec le néolibéralisme. Cette adhésion a fortement augmenté la température politique à l’intérieur du Honduras. D’autres mesures furent également contestées par la droite, comme par exemple l’augmentation du salaire minimum de 65% (jusqu’à 289 $ par mois, soit environ 195 euros) en janvier dernier, ce qui lui avait valu la reconnaissance des nombreux pauvres du pays et la colère des élites économiques du pays, qui le considèrent comme un communiste. Finalement, la consultation populaire sur l’assemblée constituante a déclenché le coup d’état. D’après le dirigeant syndical Carlos H. Reyes, la convo- 12 Photo: flickr.com International cation de celle-ci aurait pu changer la relation des forces dans le pays et impliquer la perte de certains privilèges des élites. D’où la peur de ceux-ci de laisser le peuple s’exprimer. Parallèlement, au fur et à mesure que Zelaya s’éloignait de son propre parti, il gagnait le soutien des organisations sociales qui voyait en lui de plus en plus un allié pour faire avancer leurs revendications, dont celle de l’élaboration d’une nouvelle constitution. Quelles sont les conséquences du coup d’état? Après presque trois mois, la crise politique générée par le coup d’état reste non-résolue et s’est même empiré, car les autorités illégitimes continuent à s’obstiner à rester au pouvoir. Malgré la condamnation unanime par la communauté internationale, y compris par le gouvernement du Président Obama, et malgré la suspension des crédits et de la coopération de par les organismes internationaux et des efforts de médiation de l‘Organisation des États Américains (OEA), ainsi que de la forte contestation sociale interne, le gouvernement de facto et ses alliés continuent à ignorer toute pression pour un retour à l’ordre constitutionnel. Le coup a généré une forte polarisation de la société à l’intérieur du pays, risquant d’aggraver la violence, la répression et la violation des droits humains, déjà dénoncées par des organismes de droits humains. En dépit d’une forte répression et du couvre-feu installé par Micheletti tout de suite après l’expulsion de Zelaya, limitant ainsi les libertés constitutionnelles des citoyens, l’opposition interne s’est organisée autour du „Frente Nacional de Resistencia Popular contra el Golpe de Estado“ (front national de résistence contre le coup d’état). Ceci constitue quelque chose d’inédit dans l’histoire du pays, habitué aux coups d’état dans le passé récent. Ce front d’opposition, qui intègre les syndicats nationaux des paysans, des ouvriers, des indigènes, des instituteurs et la majorité des organisations sociales, a décidé de faire usage de leur droit constitutionnel à l’insurrection BP 251 - octobre 2009 International appels à la solidarité de la communauté internationale. D’après le Frente Nacional, des élections sans la restitution du président Zelaya donneraient une légitimité à la rupture de l’ordre constitutionnel, ce qui est inacceptable. En plus, il argumente que, dans un contexte de crise politique, il n’ y a pas de garanties pour un processus électoral transparent, indépendant et autonome, vu que le Tribunal Suprême Électoral se positionne ouvertement à côté des putschistes. La lutte du mouvement social Dans ce contexte, la lutte actuelle des organisations sociales est de pousser la communauté internationale à ne pas reconnaître ces élections qui font partie de la stratégie du gouvernement de facto pour sortir de la crise et légitimer ainsi leur action. À l’intérieur du pays, le peuple hondurien lutte pour construire une société démocratique et semble avoir compris que le bipartisme traditionnel, qui a favorisé le coup d’état, n’est Le Gouvernement de facto semblait parier sur les prochaines élections de novembre pour résoudre la crise, en espérant que les fait accomplis vont calmer la situation et lui procurer la reconnaissance internationale. Le retour de Zelaya le 21 septembre dernier a donné une tournure inattendue à la situation. Son arrivée par surprise au pays, qui semblait difficile, a fait basculer le contexte électoral et impose une négociation qui devrait venir à bout du gouvernement de facto. Le Frente National a tout de suite entouré le président constitutionnel à son retour au Honduras, ce qui a déclenché à nouveau une forte répression envers des milliers de sympathisants de Zelaya. La situation actuelle concernant le respect des droits humains est très délicate et il y a des BP 251 - octobre 2009 pas une solution aux graves problèmes du pays. Dans les premiers jours de la campagne, il y a déjà eu des confrontations entre ceux qui boycottent les élections et ceux qui participent aux campagnes électorales pour soutenir les candidats des partis traditionnels. Dans le cas où les élections se développent dans une situation de légalité (ce qui implique le retour de Zeleya au pouvoir), une candidature indépendante pourrait, pour la première fois dans l’histoire hondurienne, avoir la possibilité de canaliser le mécontentement social du Photo: flickr.com et à faire face de manière pacifique au pouvoir illégitime. C’est ainsi que des milliers de personnes manifestent tous les jours dans les rues des principales villes du pays pour montrer leur refus du coup d’état et leur détermination à aller jusqu’au bout pour obtenir l’installation de l’assemblée constituante, ce qui est devenu la revendication principale et inconditionnelle. Cette revendication, que les putschistes voulaient empêcher par la force, a maintenant pris une telle ampleure qu’il sera difficile de l’arrêter. Le Gouvernement de facto semblait parier sur les prochaines élections de novembre pour résoudre la crise, en espérant que les faits accomplis vont calmer la situation et lui procurer la reconnaissance internationale. C’est ainsi que la campagne électorale pour les élections du 29 novembre a débuté le 1er septembre dernier, mais la communauté internationale et El Frente Nacional de Resistencia Popular ont manifesté leur détermination à ne pas accepter les résultats des élections organisées par un gouvernement illégitime. Roberto Micheletti occupe la Présidence du Honduras depuis le coup d‘Etat du 28 juin. pays. Dans le cas contraire, la situation risque de s’aggraver. Le coup d’état a dévoilé aux honduriens les intérêts en jeu et a permis un changement dans la valorisation de la politique traditionnelle. Tout n’est donc pas négatif dans cette histoire et on peut espérer que quelque chose a changé dans la conscience collective pour avancer dans la construction d’une démocratie participative. Pour l’instant, le Honduras reste isolé et on peut se demander comment un pays, dont 20 % du budget dépend de la coopération internationale, va survivre si M. Micheletti s’obstine à défier le reste du monde. Il reste à maintenir la pression politique sur le gouvernement de facto et à exprimer la solidarité avec le mouvement social, afin d’éviter de retourner aux vieux temps où les armes et non pas la parole décidaient du destin du peuple. Dilcia Figueroa est membre de l‘ASTM. 13 International Niger Genug Macht für dritte Amtszeit? Niger, ein Staat in Westafrika und langjähriges Partnerland der luxemburgischen Entwicklungszusammenarbeit, bezieht seinen Namen vom großen Strom Niger, dessen Oberlauf den relativ dicht besiedelten und daher fruchtbaren Südwesten des Landes durchfließt. Der Staatspräsident wird auf fünf Jahre gewählt und ist mit weitgehenden Vollmachten ausgestattet. David Thommes Wie viele seiner Nachbarländer, ist auch Niger seit der Unabhängigkeit 1960 von einer Reihe von Staatsstreichen, Aufständen und Militärputsches betroffen gewesen. Erst 1990 wird nach einer Welle von Streiks und Demonstrationen das Mehrparteiensystem eingeführt, jedoch finden die ersten demokratischen Wahlen erst 3 Jahre später, also 1993 statt. Nach weiteren Militärputschen und Neuwahlen, wird 1999 schließlich der ehemalige Oberst Tandja Mamadou zum neuen Staatsoberhaupt bestimmt. Trotz Schuldenerlass, internationalen Entwicklungsgeldern, zahlreichen Bewässerungs- und Elektrifizierungsprogrammen (2001/2002) bleibt die wirtschaftliche Situation während Mamadous erster Amtszeit sehr kritisch. Für die Entwicklung des Landes, ist Niger auf den Export von Uran angewiesen. Wichtigster Handelspartner bleibt bis heute Frankreich: nach 40 Jahren Urangewinnung durch den französischen Atomkonzern AREVA, plant das Unternehmen 2009 den Bau der zweitgrößten Uranmine der Welt im Norden Nigers. Nach der Fertigstellung sollen hier mehr als 5.000 Tonnen Uran im Jahr gefördert werden. Anfang 2007 reichen Tuareg-Politiker, wie bereits in der Vergangenheit, Klage ein wegen Enteignung, Vertreibung und Landdegradierung, und es kommt erneut zu Kämpfen zwischen den Tuareg (Mouvement des Nigériens pour la Justice, MNJ) und Anhängern Mamadous. Menschenrechtsorganisati- 14 onen und NGOs berichten in den letzten Jahren zudem immer wieder über Zwangsarbeit, Unterdrückung der Frauenrechte, Korruption und Verschleppung politischer Oppositionsführer worauf hin die Pressefreiheit durch die Regierung weiter eingeschränkt wird. Verfassungsänderung Im Juni 2009 rief Präsident Mamadou zu einer Volksabstimmung auf, die über eine Abänderung der Verfassung abstimmen sollte, mit dem Ziel eine dritte Amtszeit des Präsidenten zu ermöglichen. Das Anliegen wird schlussendlich durch das Referendum bestätigt, allerdings kann laut Beobachtern von einer fairen Wahl keine Rede sein. Mit seinem Sieg in dem Referendum vom 4. August hat Mamadou sich zu den elf Präsidenten gesellt, die sich in Afrika durch eine Verfassungsänderung eine weitere Amtszeit (in diesem Fall 3 Jahre) verschafft haben. Mittlerweile hat die EU ihre Entwicklungshilfe zeitweilig eingestellt. Auch das luxemburgische Außen- und Kooperationsministerium hat die nigerische Regierung breits darauf hingewiesen, dass die Lage im Land zurzeit auf EU-Ebene stark diskutiert wird und bis auf weiteres keine weiteren Verträge mit dem Niger mehr abgeschlossen werden. Während die Westafrikanische Wirtschaftsunion (CEDEAO) Anfang September der nigerischen Regierung ihre Bedenken über die aktuelle politische Situation mitteilt, bleibt die Afrikanische Union gegenüber der Verfassungsänderung im Niger schweigsam. Bereits vor dem Referendum wurden politische Oppositionsführer und Journalisten entführt und verschleppt. Mamadou lässt harte Strafen gegen die Medien vollziehen, welche Beiträge publizieren oder ausstrahlen, die gegen „die nationale Sicherheit und öffentliche Ordnung“ gerichtet sind. Anfang September werden 30 Parlamentsabgeordnete (allesamt Mitglieder von Oppositionsparteien) wegen Unterschlagung öffentlicher Gelder festgenommen. Das „Mouvement des Nigériens pour la Justice“ (MNJ), die Organisation der Tuareg-Rebellen, fordert daraufhin die Freilassung zahlreicher verschleppter Journalisten und Oppositionspolitiker, und rufen die Zivilgesellschaft auf, weiterhin für die 5. Republik zu kämpfen. Seit Mitte August befindet sich ihr Anführer Marou Amadou in Gefangenschaft, weil dieser zum Boykott der neuen 6. Republik aufgerufen hatte. Die wenigen Journalisten, welche sich noch trauen über die Geschehnisse in Niamey zu berichten, schreiben, dass Mamadous dritte Amtszeit jetzt schon einer Diktatur gleicht: Mamadou ist gleichzeitig Staatsoberhaupt, Regierungschef und Oberbefehlshaber der Streitkräfte und dank der Verfassungsänderung für mindestens weitere 3 Jahre im Amt. David Thommes ist Diplom-Geograf BP 251 - octobre 2009 International Senegal: Wade strebt dritte Amtszeit an Der senegalesische Präsident Abdoulaye Wade hat seine Kandidatur für eine dritte Amtszeit angekündigt. Der 83-Jährige erklärte, er wolle bei den Präsidentschaftswahlen 2012 erneut antreten. Möglich wurde dies durch eine Verfassungsänderung vor drei Jahren, mit der die bisherige Begrenzung der Präsidentschaft auf maximal zwei Amtszeiten aufgehoben wurde. Gleichzeitig wurde damals die Dauer der Amtszeit von sieben auf fünf Jahre verkürzt. Wade wurde im Jahr 2000 erstmals ins Amt gewählt. Im Jahr 2007 setzte er sich bereits im ersten Wahlgang mit 55,79% der Stimmen durch. UN: Sonderbeauftragter gefordert Der Weltsicherheitsrat fordert die Ernennung eines UN-Sonderbeauftragten, der sich für mehr Schutz von Frauen und Kindern in Konfliktsituationen einsetzt. Der Appell richtet sich an UN-Generalsekretär Ban Ki-moon. Der Sondergesandte soll die Umsetzung der beiden Resolutionen 1325 und 1820 von 2000 und 2008 kontrollieren. In seiner Resolution 1325 fordert der UN-Sicherheitsrat mehr Schutz und eine stärkere Beteiligung von Frauen auf allen Ebenen der institutionellen Verhütung, Bewältigung und Beilegung von Konflikten, Resolution 1820 bekräftigt diese Anliegen. Klimawandel: Neuer UN-Bericht schlägt Alarm Drei Monate vor Beginn der Klimakonferenz in Kopenhagen warnt das Umweltprogramm der Vereinten Nationen (UNEP) in einer neuen Untersuchung, dass die negativen Folgen des Klimawandels noch schneller als erwartet eintreten werden. Wie aus der 68-seitigen Untersuchung ‚Climate Change Science Compendium 2009‘ hervorgeht, der auf rund 400 neusten wissenschaftlichen Studien beruht, steuert die Erde auf einen Punkt zu, der die Zerstörung der weltweiten Ökosysteme unweigerlich mit sich bringt, die das Überleben Millionen von Menschen sichern. EU: Sison von der EU-Terrorliste entfernt Nach gut sieben Jahren wurde am 30. September der ehemalige Führer der kommunistischen Partei der Philippinen, José Maria Sison, von der „Terrorliste“ der Europäischen Union entfernt. In einer Entscheidung des Europäischen Gerichtshofes in Luxemburg wurden sämtliche Anschuldigungen gegen BP 251 - octobre 2009 ihn fallen gelassen. Für die Richter des Europäischen Gerichtshofes war die Begründung des Rates zu vage, um die Plazierung Sisons auf die Terrorliste zu gerechtfertigen. Professor Sison wird jetzt auf Entschädigung klagen, da diese Affäre erhebliche finanzielle Probleme für ihn mit sich brachte. 15 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali Coopération luxembourgeoise Interventions multiples au Mali La République du Mali est surtout connue pour son histoire très riche et sa diversité culturelle extraordinaire, ce qui malheureusement ne met pas la population à l‘abri de la pauvreté. Le Luxembourg soutient l‘Etat ouestafricain depuis 1998 dans ses efforts de développement. Cinq empires ou royaumes importants se sont succédés au Mali depuis le huitième siècle, avant que l‘invasion française en 1883 ne mette fin à l‘autodétermination de sa population. Après le retour à l‘indépendance en 1960, c‘est surtout la dictature du général Moussa Traoré qui a marqué l‘histoire du Mali pendant de longues décennies, avant qu’il ne soit renversé en 1991 par le général Amadou Toumani Touré, lequel a mené le pays à la démocratie. Touré est aujourd‘hui le Président en exercice, puisqu‘il a été élu après son départ de l‘armée en 2002 et réélu en 2007. La stabilité politique est néanmoins défiée depuis de longues années par les rebellions touarègues au nord du pays. Actuellement, des officiels algériens tentent de faire la médiation entre Bamako et les rebelles, mais le processus de paix s‘avère lent et difficile. Avec 65 % de son territoire en région désertique ou semi-désertique, l‘activité économique se concentre surtout autour de la région irriguée par le fleuve Niger. Le premier produit d‘exportation du Mali reste le coton : le pays est donc un des principaux perdants de l‘impasse dans laquelle se trouvent actuellement les négociations à l‘Organisation Mondiale du Commerce (OMC). En effet, celle-ci promet depuis des années de s‘attaquer aux subventions que les pays occidentaux accordent à leurs producteurs de coton et qui ruinent les filières en Afrique de l‘Ouest. À part la fibre végétale, le Mali exporte également du bétail, de l‘or et en moindre mesure des mangues et des arachides. 16 Graphique: ASTM Marc Keup Avec ses 1 241 238 km2, le Mali est le plus vaste État d‘Afrique de l‘Ouest après le Niger. Malgré cela, l‘Etat est aujourd‘hui hautement dépendant de l‘extérieur. Les transferts d‘argent de la diaspora malienne sont une source de revenu importante (234 millions d‘euros en 2008), tout comme l‘aide au développement (près de 600 millions d‘euros en 2007), laquelle compte pour environ 10% du Produit National Brut (PNB). Sur une population de 12,5 millions d‘habitants, près de 70% vivent avec moins d‘un dollar US par jour. Le Mali est classé parmi les Pays les Moins Avancés (PMA) et sur l‘indice de développement humain, il se range à la 168e place sur 179 pays classés en total (2008). Stratégies de développement Les stratégies du Mali en matière de lutte contre la pauvreté s‘orientent depuis quelques années sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), c‘est-à-dire sur le cadre de déve- BP 251 - octobre 2009 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali loppement global que les États membres de l‘ONU ont convenus en l’an 2000. En 2003, un atelier avait permis d‘analyser la pertinence des OMD par rapport au contexte malien et de les adapter à celui-ci. Le cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP) a par la suite été harmonisé avec les OMD et donné lieu à un plan décennal pour la période allant de 2006 à 2015. Les enseignements du dernier rapport OMD sur le Mali montrent que ses performances sont très contrastées selon les 8 objectifs. Le rapport relève de bonnes perspectives dans certains domaines, mais des scénarios tendanciels très pessimistes à l’horizon 2015 en ce qui concerne la réduction de la pauvreté et l’amélioration dans le domaine de la santé, pour lesquelles les performances sont très faibles. La coopération luxembourgeoise au Mali La coopération entre le Grand-Duché du Luxembourg et le Mali a débuté en 1998 avec la signature d‘un Accord Général de Coopération sous l‘impulsion de Lydie Err, à l‘époque secrétaire d‘Etat luxembourgeoise pour la coopération. Celui-ci constituait le cadre général régissant la coopération entre les deux pays jusqu‘à la signature du premier Programme Indicatif de Coopération (PIC I) en janvier 2003, lequel a amélioré l‘approche de la collaboration Luxembourg-Mali en proposant un meilleur alignement sur les stratégies nationales en matière de lutte contre la pauvreté. Le montant total du PIC I pour la période de 2003 à 2006 s‘élevait à 19,4 millions d’euros et a permis d’atteindre des résultats probants. Le PIC I s‘est notamment traduit par un appui aux dynamiques communautaires dans les quartiers de Bamako et aux services sociaux de base à travers la décentralisation dans les cercles de Bla et de San, ainsi que par une amélioration de l‘hydraulique villageoise dans le cercle de Barouéli et un BP 251 - octobre 2009 Lux-Development et autres partenaires 12.000.000 € Agences ONU/spécialisées 10.000.000 € 8.000.000 € 6.000.000 € 4.000.000 € 2.000.000 € 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Evolution de la coopération bilatérale Luxembourg-Mali (source: rapport annuel 2008 de la coopération luxembourgeoise). appui à l’extension et à l’aménagement de la plaine rizicole de San Ouest. Les résultats encourageants du PIC I ont conduit en janvier 2007 à la signature d’un deuxième Programme indicatif de coopération entre le Mali et le Luxembourg pour la période 2001-2011, avec cette fois-ci un montant global de 55,2 millions d‘euros. Le PIC II constitue une réelle innovation par rapport à son prédécesseur, en passant graduellement d‘une approche projets vers un programme d‘appui multisectoriel (six programmes sectoriels). Ces programmes doivent bien sûr tenir compte de la politique de décentralisation et de déconcentration, que le gouvernement du Mali poursuit depuis 1999. Pour cela, un accent particulier est mis sur le renforcement des capacités des acteurs locaux, qui devront assumer le bon fonctionnement des différentes politiques. Du point de vue organisationnel, la coopération luxembourgeoise au Mali est coordonnée depuis le bureau de mission situé à Dakar, lequel est également en charge des activités au Sénégal. Dans ce bâtiment inauguré en 2006, on trouve également la délégation de l‘agence d‘exécution Lux-Development, qui supervise d’ici la formulation, la mise en oeuvre et l’évaluation des projets et programmes bilatéraux pour les deux pays. Des commissions de partenariat sont tenues régulièrement entre les deux pays pour permettre un échange politique au niveau ministériel. Deux secteurs prioritaires Les interventions de la coopération bilatérale avec le Mali se concentrent sur deux secteurs prioritaires: 1) la santé de base avec ses deux composantes, „hydraulique rurale, assainissement et aménagement urbain“ et „sécurité alimentaire“, ainsi que 2) l’enseignement technique, la formation professionnelle et l’insertion socio-professionnelle. La mise en cohérence des interventions du PIC II est assurée par une composante d’accompagnement, qui intervient également en appui aux acteurs de la décentralisation et de la déconcentration. La zone de concentration géographique de ce PIC est constituée de la région de Ségou, du cercle de Yorosso dans la région de Sikasso et du district de 17 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali Mali 2007 2008 Evolution Coopération bilatérale 9.834.657 11.728.284 19,25 % ONG 2.196.745 1.968.157 -10,41 % 250.000 250.000 0,00 % Appui aux programmes 44.353 30.633 -30,93 % Divers 10.663 34.994 228,18 % TOTAL 12.336.418 14.012.068 13,58 % Action humanitaire et aide alimentaire Liste de l‘ensemble des activités de la coopération luxembourgeoise au Mali (source: Rapport annuel 2008 de la coopération luxembourgeoise). 18 Une intervention aux acteurs multiples L‘exemple de la coopération luxembourgeoise au Mali montre que l‘architecture de l‘aide au développement contemporaine est composée d‘une multitude de différents acteurs: responsables politiques nationaux et locaux, agences d‘exécution, organisations internationales, bureaux d‘études, ONG, etc. Si on prend en compte le fait que le Luxembourg n‘est bien sûr pas l‘unique bailleur de fonds actif au Mali, on comprend à quel point l‘harmonisation et la coordination des différentes interventions sont des facteurs déterminants pour le développement du pays bénéficiaire. Marc Keup est membre de l‘ASTM Photo: SIP Bamako (zone de concentration Sud), ainsi que de la région de Kidal (zone de concentration Nord). Tandis que LuxDevelopment est surtout actif dans la zone de concentration Sud, c‘est la firme privée Proman, un bureau d‘études international basé au Luxembourg, qui travaille au nord dans la région de Kidal. Proman s‘occupe d‘un programme de développement durable qui est actuellement entré en sa troisième phase. À part les interventions de Lux-Development et de Proman, la coopération bilatérale luxembourgeoise avec le Mali comprend également un nombre important d‘interventions qui sont conçues et mises en oeuvre en partenariat avec les agences onusiennes. La quote-part de ce volet „multi-bilatéral“ a d‘ailleurs fortement augmenté ces dernières années, comme on peut le constater sur le graphique à la page 18. Il s‘agit entre autres de projets du PNUD (Programme des Nations Unis pour le Développement), du UNFPA (United Nations Population Fund) et de l‘OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Ce dispositif de la coopération bilatérale est complété par l‘action d‘Organisations Non Gouvernementales. En ce moment, 11 ONG luxembourgeoises sont actives au Mali, surtout dans les secteurs de la santé, de l‘éducation et de la microfinance (voire page 21 à 31). Additionnellement, un budget d‘aide humanitaire est tenu à disposition pour répondre à des cas d‘urgence, comme les catastrophes naturelles. Le bâtiment de la Mission de la coopération du Grand-Duché de Luxembourg à Dakar, d‘où sont coordonnés les interventions au Mali et au Sénégal. BP 251 - octobre 2009 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali Luxdevelopment en coopération au Mali Stratégies croisées L‘agence d‘exécution luxembourgeoise gère momentanément 12 projets au Mali, pour la plupart situés dans la région de Ségou, à l‘Est de la capitale, Bamako. En 2008, Lux-Development a monté des activités au Mali pour un total de 4,6 millions d‘euros, dont 46% des déboursements ont été affectés au secteur „agriculture et développement rural“. Le projet phare de l’agence LuxDevelopment au Mali, qui vient de se terminer il y a quelques semaines, est certainement l’aménagement de la plaine de San. Dans un délai d’exécution de 42 mois et pour un budget total de 6,3 millions d’euros, il a permis d’aménager plus de 800 ha de terres arables et 775 ha de périmètres rizicoles pour aider à assurer la sécurité alimentaire, tout en amorçant des retombées économiques dans toute une région (voire encadré page 19). Toutefois, les interventions de LuxDevelopment au Mali ne se limitent pas au secteur agricole. Depuis l’année dernière, un vaste programme dans le domaine de la santé a été lancé dans la région de Ségou et dans le cercle de Yorosso de la région de Sikasso. Le PASAB (Appui à la Santé de Base) aide le gouvernement malien à réaliser son Programme national de Développement Socio-Sanitaire, tout en recherchant des synergies avec les agences onusiennes compétentes en la matière et avec d’autres bailleurs de fonds internationaux. Visant en priorité l’amélioration et la restauration des infrastructures nécessaires, le programme contient également des composantes de renforcement des capacités, qui aideront à assurer une gestion efficace de la santé de base dans les régions concernées. Un autre programme d’ampleur en cours depuis 2008 concerne l’appui à la formation et l’insertion professionnelle, un domaine qui depuis 2004 constitue l’un des secteurs d’intervention prio- BP 251 - octobre 2009 Photo:Marie Anne Robberecht Marc Keup Repiquage des plants de riz dans les parcelles aménagées de la plaine de San. ritaires de la coopération luxembourgeoise. Se basant sur les stratégies nationales en la matière, Lux-Development travaille étroitement avec les acteurs régionaux et locaux, se trouvant ainsi en phase avec la politique de décentralisation du Mali. Il s’agit notamment de soutenir l’Assemblée régionale de Ségou dans sa mission de planification de la formation professionnelle et dans la mise en œuvre de son plan d’action. Des moyens sont également déployés pour le renforcement des capacités d’autres institutions en charge de la formation technique et professionnelle. Préserver le patrimoine culturel Le projet MLI/015 de Lux-Development s’inscrit en dehors des secteurs d’interventions habituels de l’agence, puisqu’il vise à préserver une partie très importante du patrimoine culturel malien. Tombouctou, ville légendaire aux confins du Sahara, fut un centre culturel et scientifique remarquable, surtout à son apogée, au XVIe siècle. Ce passé glorieux est toujours vivant à travers les fameux „manuscrits de Tombouctou“, dont on estime le nombre à environ 300.000. Ces documents, fragiles à cause de leur âge, font partie du patrimoine du Mali en matière d’astronomie, de sciences et d’histoire. Afin de préserver ces manuscrits, l’UNESCO avait débuté en 1999 un programme de sauvegarde, soutenu à partir de 2004 par la coopération luxembourgeoise. Le nouveau projet de Lux-Development, entré en exécution en avril 2009, poursuit cette 19 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali tâche, en appuyant la conservation physique et numérique des manuscrits et l’exploitation scientifique de leur contenu. Le passage de l’approche „projets“ vers l’approche plus holistique des programmes, entraîne un mode de travail multi-acteurs. Lux-Development s’emploie ainsi à intégrer toutes les institutions concernées dans le programme. Il en résulte une certaine complexité au niveau de l’intervention dans le pays, puisque les résultats dépendent désormais en grande partie de la capacité des autorités locales à s’approprier la gestion des secteurs visés. Pour cette raison, les différentes parties du Programme Indicatif de Coopération de deuxième génération (PIC II) sont complétées par la Composante d‘Accompagnement des Programmes du PIC (CAPPIC). Son objectif est de favoriser un environnement institutionnel facilitant la maîtrise des programmes par les acteurs pour en assurer la pérennisation. De plus, il s’agit d’oeuvrer pour une bonne gouvernance et de faciliter la participation citoyenne. Le CAPPIC constitue ainsi un programme transversal essentiel à la bonne réalisation du PIC II. Les quelques exemples décrits plus haut démontrent bien la complexité des nouveaux programmes de Lux-Development au Mali, lesquelles émanent directement du contenu du PIC II. Sous l’impulsion de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, l’architecture de la coopération internationale est en train de changer et de devenir de plus en plus performante, même s‘il reste encore du chemin à faire. En tout cas avec ses programmes de nouvelle génération, Lux-Development travaille plus étroitement avec les acteurs locaux, tout en partant sur une vision plus holistique des secteurs d‘intervention, ce qui finalement augmente considérablement l‘appropriation de la population autochtone. Projet MLI/004 „San reste un projet mythique” Dans le cadre du premier Programme Indicatif de Coopération, signé entre le Mali et le Grand-Duché en 2003, Lux-Development, Agence luxembourgeoise pour la Coopération au Développement, s’est vue mandatée par le gouvernement luxembourgeois pour la formulation et l’exécution du projet bilatéral pour l’aménagement de la plaine de San Ouest (projet MLI/004). Objectif: l’augmentation de la production agricole irriguée et des revenus des producteurs. Vendredi 20 mars 2009: la plaine de San retient son souffle. Et pour cause: si le test fonctionne, à compter de ce jour, les cinq pompes qui puisent leur eau dans la rivière Bani et chargées d’irriguer les 2000 hectares de parcelles aménagées de la plaine seront alimentées par l’Electricité du Mali. Le test est probant: c’en est fini du gazoil, trop cher. L’alimentation électrique de la station de pompage va désormais garantir une répartition égalitaire du débit dans le réseau d’adduction d’eau, entraînant un rendement plus égalitaire dans les parcelles ainsi qu’un meilleur respect du calendrier agricole. Pour Lux-Development et l’Association des Riziculteurs de la Plaine de San Ouest (ARPASO), il s’agit-là d’une belle victoire. Depuis 2004, année de lancement du projet bilatéral d’aménagement de la plaine, un long chemin a été parcouru. Avec une contribution luxembourgeoise de 6 300 000 euros, le projet a aménagé 829 ha de plaine rizicole en maîtrise totale de l’eau, en a réhabilité 775 et amélioré le réseau de circulation des eaux. Ce budget a également permis, outre la consolidation des capacités des services techniques décentralisés du Ministère de l’Agriculture malien, un appui au développement des capacités et de l’équipement du partenaire ARPASO. En découle le renforcement des capacités des producteurs, à travers des cours d’alphabétisation et de gestion. L’ARPASO est l’interlocuteur direct des producteurs, qui lui versent la redevance pour l’eau, l’engrais et la cotisation annuelle de location (1400 FCFA par ha et par an). Un système de micro-crédit leur facilite considérablement la tâche. Souveraineté alimentaire Alors que dans les années 1970, 40 ha permettaient de cultiver 40 tonnes de riz “paddy” (non décortiqué) par an, l’exploitation d’une même surface avoisine une production de 240 tonnes! Mais si la ville de San se trouve aujourd’hui en auto-suffisance alimentaire, on retiendra de cette abondance qu’elle lui permet d’exporter, fait rare en Afrique en matière de produits agricoles! Le président de l’ARPASO, le très respecté Allaye Daou, s’enthousiasme: “la donne à changé. Grâce à un travail en étroite collaboration avec Lux-Development depuis 2004, nous sommes parvenus à combattre la faim à San”. Dans le cercle, on a donc atteint le premier Objectif du Millénaire pour le Développement, (“réduire l’extrême pauvreté et la faim d’ici à 2015”). Le nonagénaire ajoute avec fierté: “Et ce n’est pas tout! La production permet aujourd’hui également la prise en charge sanitaire et éducative des enfants”. Toutefois, pour Michel Cadalen, conseiller technique principal du projet, “il existe encore de gros besoins au niveau du Cercle: beaucoup de producteurs n’ont pas de parcelle dans la plaine. Mais San reste un projet mythique.” Marie Anne Robberecht Marc Keup est membre de l‘ASTM. 20 BP 251 - octobre 2009 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali www.microfinance.lu Contre le dénuement Analyser la demande pour adapter l’offre. C’est ainsi que Nyèsigiso, Institution de Microfinance partenaire de l’ONG ADA (Appui pour le Développement Autonome) a identifié un nouveau marché: la micro-assurance. Marie Anne Robberecht Photo: Guy Wolff euros) aux ayants-droit de la victime. Ce système est ingénieux à bien des égards: il évite non seulement aux proches des “Il s’agit d’une garantie supplémenbénéficiaires de s’endetter à cause d’un taire offerte aux membres emprunteurs crédit non remboursé mais leur permet pour couvrir le risque de décès ou également de faire face, dans un premier temps, à l’absence d’entrée d’argent en d’invalidité”, explique Bakary Camara, cas d’invalidité d’un tuteur économique. responsable de l’unité administrative En cas de décès, dans la plupart des cas, spécialisée dénommée “régime prévocette somme est destinée à financer les yance crédit” (RPC) funérailles. Pour en bénéficier, les adhérents Attention toutefois! Nyèsigiso ne peut versent 1500 Francs CFA (1,4 euro) à ni s’engager à payer le solde contracté ni l’ouverture du dossier, puis cotisent au versement de la couverture de base mensuellement à hauteur de 0,075% du dans deux cas de figure: un retard de crédit contracté, ce qui leur garantit une plus de trois mois dans la procédure de couverture totale sur un an. remboursement du crédit...et les décès Nyèsigiso, qui veut dire “maison de provoqués par un suicide. Car au Mali, la prévoyance”, s’engage alors, en plus “il ne faut pas encourager les mauvaises du remboursement du crédit contracté moeurs”, déclare M. Camara. par le bénéficaire décédé ou invalide, Si Nyèsigiso veut rester exemplaire à offrir une “couverture de base” de en matière de morale, elle souhaite 100.000 Francs CFA (l’équivalent de 150 également s’avancer plus avant en matière de micro-assurance. L’IMF se fixe ainsi comme objectif à court terme de la rendre obligatoire pour tous les bénéficiaires de crédits. A long terme, elle vise la création d’une compagnie d’assurance pour la Confédération des Institutions Financières, composée de six réseaux dans cinq pays: le Mali, le Sénégal, Le Burkina-Faso, le Grâce à la micro-assurance, cet homme n‘a pas eu besoin de Bénin et le Togo. Il rembourser le crédit que son père défunt avait contracté. s’agit d’introduire BP 251 - octobre 2009 ce service financier dans toutes les IMF de la Confédération, et même davantage! M. Camara songe notamment à la retraite complémentaire pour tous les employés des réseaux, à l’assurance maladie, au “risque d’épargne”, “qui permet à l’épargnant de ne pas être lésé par rapport à son comportement d’épargne habituel”, explique-t-il. Et d’ajouter: “ce sont des idées d’avenir, mais elles peuvent être élargies!” Heureux bénéficiaire Diakité Issa, directeur d’école, s’est trouvé bénéficiaire de la “protection de base” proposée par Nyèsigiso. Son neveu, Daouda Konaté, avait contracté un crédit auprès de l’IMF pour acheter une mobylette et un téléviseur. Décédé prématurément, il lui restait 8 mois de crédit à rembourser. Bien qu’il n’ait que 26 ans, il avait également cotisé pour le RPC. M. Issa, que M. Konaté avait indiqué comme personne de référence, s’est du jour au lendemain trouvé en possession de plus de 100.000 FCFA : “Mais je me demandais comment gérer sa dette! raconte M. Issa. Nyèsigiso m’a expliqué que je ne devais rien payer. Je suis entièrement satisfait.” Qu’est-il alors advenu des 100.000 FCFA? “Konaté étant également professeur, le personnel de l’école s’est cotisé pour financer ses funérailles, poursuit M. Issa. J’ai donc remis l’argent à son oncle maternel, qui m’a signé une décharge. Sachant que la mère de Konaté était malade, j’ai une idée de ce qu’il a fait. Mais le miel ne se dit pas doux...” 21 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali www.cathol.lu Métier assuré Tout d’abord, il faut les identifier. Puis les sélectionner. Pas facile, quand on sait que la majorité d’entre eux sont susceptibles, dans un pays pauvre comme le Mali, d’être un jour en grande difficulté. “Quand un parent n’a pas de ressources, l’enfant devient un jeune à risques”, constate Drahmane Coulibaly, directeur exécutif d’Action Jeunesse Rurale (AJR). “Nous relayons les parents”, explique-t-il. C’est donc sur base d’enquêtes que les plus vulnérables sont retenus. Commence alors la phase de “socialisation”: les jeunes réfléchissent à un futur métier pendant que les animateurs s’attachent à renouer les liens avec les parents. Si cela s’avère impossible, les jeunes peuvent loger dans les deux maisons appartenant à l’association. Dans ces locaux sont également organisées des activités de sensibilisation sur des problèmes tels l’alcoolisme ou le Sida. Puis vient l’alphabétisation: ceux qui n’ont jamais été à l’école ou ont abandonné les cours font l’apprentissage de la langue nationale, le bambara, pendant 45 jours répartis sur trois mois. Les autres, pendant une même période, bénéficient d’un renforcement de leurs notions d’écriture et de calcul ainsi que de cours de gestion des activités artisanales. Cette étape accomplie, AJR entre en négociation avec des maîtres-artisans ainsi que des directeurs de centres formels, c’est-à-dire des ateliers dont le programme est reconnu par le ministère de l’emploi, où les jeunes feront leur apprentissage pendant trois ans. Les possibilités sont multiples: menuiserie, couture, beauté féminine, plomberie, carrelages...Notons qu’AJR assume 22 Photo: Marie Anne Robberecht A Ségou, Action Jeunesse Rurale, association partenaire de l’ONG luxembourgeoise Bridderlech Deelen, n’en est pas à ses premiers pas en matière d’accompagnement des jeunes vers l’autonomie socio-professionnelle. Son quatrième programme, qui s’étend de 2007 à 2010, vise 75 jeunes de 18 à 22 ans. En proposant diverses formations, elle redonne espoir à ceux qui sont en décrochage scolaire ou dont les liens familiaux se délitent. Des jeunes en formation dans un atelier de soudure soutenu par AJR à Bamako. l’entièreté des frais engendrés: inscription et formation, salaires des maîtres, matériel d’apprentissage, consultation médicale, transport, nourriture... Lorsque la formation est achevée, AJR dote ses protégés d’un “starter kit”, qui leur permet de s’installer à leur propre compte. Développement durable La solidarité est un des piliers de l’association: il est fréquent que d’anciens jeunes en difficulté devienne des formateurs. “Nous essayons de cultiver la continuité entre les jeunes”, explique M. Coulibaly. De même, l’association échange régulièrement avec d’autres ONG spécialisées dans la réinsertion des jeunes, afin de partager leurs bonnes pratiques. La Fondation pour l’Enfance et Le Bureau International Catholique pour l’Enfance, qui s’engagent en faveur des enfants ayant des antécédents avec la justice, sont autant de partenaires d’Action Jeunesse Rurale. L’association souhaite toutefois que l’Etat s’implique davantage pour la cause qu’elle défend, et notamment financièrement.“L’Etat a tendance à considérer AJR et les ONG, de manière générale, comme des bailleurs de fond à part entière pour le développement, parce que nous percevons de l’argent des partenaires étrangers,” déplore Tidiani Kanouté, coordinateur de projets. “C’est à l’Etat d’aider les ONG dans leur mission de développement et non l’inverse”, s’exclame-t-il. “Le gouvernement pourrait faire un geste pour que les choses soient plus simples, notamment en matière d’exonérations fiscales. Il faut créer les mécanismes pour que le développement soit durable!” Chez AJR, on reste optimiste! “Ségou est en train d’émerger du lot en ce qui concerne l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement,”poursuit M. Kanouté. L’association peut-être fière d’apporter sa pierre à l’édifice! Car, comme le rappelle M. Coulibaly, “pour s’atteler à la lutte contre la pauvreté, il est indispensable de travailler à l’insertion socio-professionnelle des jeunes.” BP 251 - octobre 2009 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali www.caritas.lu La santé au féminin Il reste beaucoup à faire pour la santé des femmes au Mali. Chez Danaya So, association partenaire de l’ONG Caritas Luxembourg, la prévention sanitaire auprès des prostituées est une priorité. Autonomiser les femmes Au-delà de la prévention, Danaya So a développé une politique plus proactive, avec, notamment, la mise en place d’une mutuelle „assurance maladie“. Les frais de santé des femmes qui cotisent 500 FCFA pendant six mois sont ainsi pris en charge à 75%. Et parce qu’il s’agit d’un groupe marginalisé, l’intégration socio- BP 251 - octobre 2009 économique de ces femmes tient une encore à un service du gouvernement place importante. L’instauration d’une dénommé „développement social“ qui caisse d’épargne et de crédit leur permet veille à ce que les enfants sans tuteurs de débuter des activités génératrices de soient enregistrés. revenus. En cotisant 1000 FCFA (1,52 Ce soutien se révèle toutefois insufEuro) pendant six mois, les femmes fisant. Alima Dialla, animatrice à Ségou, peuvent accéder à un prêt, faisant l’objet explique : „travailler avec le personnel du d’un suivi mensuel par les animatrices. sexe est difficile. Cela signifie qu’il faut L’adhésion à cette caisse permet égaletravailler avec l’ensemble de la populament aux femmes de participer à des tion. Car les clients, ce sont nos parents, formations professionnelles en teinture, nos frères, nos cousins…Le gouvercouture, etc, synonyme d’une éventuelle nement devrait nous féliciter pour nos sortie de la prostitution. Mme Fofana, activités! Les autorités administratives la présidente, insiste : „on ne peut pas doivent nous soutenir davantage, au forcer une femme à sortir de la prostimoins pour aller vers une reconnaistution, explique-t-elle. Mais on peut lui sance de la carte de membre et du donner des clefs“. L’alphabétisation des carnet de santé dans tous les hôpitaux et femmes libres en bambara, la langue centres de santé du Mali.“ nationale ainsi qu’en français est également au programme de Danaya So, 90% de ses membres étant analphabètes. Enfin, l’association s’engage à offrir une protection juridique à ses membres : en cas de problème, c’est elle qui négocie avec les autorités. Danaya So peut donc se vanter de travailler activement à la réalisation des troisième et sixième Objectif du Millénaire pour le Développement: l’autonomisation des femmes et la lutte contre le VIH/Sida. Ses partenaires au Mali sont nombreux : on pense notamment à la Direction Régionale de la Santé, qui habilite les centres Le théâtre reste un moyen efficace pour sensibiliser le grand de santé à collaborer avec l’association ou public à l‘usage du préservatif. Photo: Marie Anne Robberecht Si le regard de la société est pesant lorsque l’on est prostituée au Luxembourg, il est encore plus difficile à soutenir au Mali : la pratique y est plus que taboue. Dans la majorité des cas, elle fait suite au décès d’un „tuteur de famille“, à une répudiation ou un divorce. La santé de celles que l’on appelle pudiquement les „femmes libres“ est sans aucun doute le premier sujet d’inquiétudes de Danaya So, qui dispose de cinq antennes et dont le siège se trouve à Bamako, la capitale. Cette association, partenaire de Caritas Luxembourg, propose des services adaptés à des besoins très spécifiques. Un mot d’ordre : „la santé avant tout !“ Ainsi, toute femme cotisant 500 FCFA (76 cents) devient membre et se voit remettre un carnet de santé valable un an. Ce véritable carnet de bord leur permet de bénéficier de consultations gratuites dans les quatre centres partenaires de l’association. La première menace qui plane sur ces femmes est bien sûr le Sida. Avec sa politique de prévention, les deux animatrices de l’association vont à la rencontre des travailleuses du sexe. Deux groupes sont visés. Il y a celles qui travaillent dans les bars, et les autres, moins visibles, et donc plus vulnérables : il s’agit des „clandestines“, celles qui travaillent dans les quartiers plus reculés. 23 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali www.ecpat.lu Eduquer, pas exploiter! Au Mali, pays majoritairement musulman, les écoles coraniques représentent la première forme d’éducation organisée, en ceci qu’elles existaient avant la colonisation française. Elles évoluent toutefois en plein secteur informel. “La colonisation n’a pas restructuré les écoles coraniques et le Mali indépendant, depuis 1960, ne s’en est pas occupé non plus”, déplore Abdoulaye Sissoko, coordinateur du programme développé par ECPAT Luxembourg. Ainsi, le programme des écoles coraniques n’est pas reconnu par le Ministère de l’éducation nationale malien. Et pour cause: l’enseignement s’y limite à la mémorisation de hadits et sourates en arabe ancien, le tout dans l’obéissance, la souffrance et l’humilité. Si ces écoles trouvent encore leur place dans la société malienne, c’est qu’elles font écho à la grande pauvreté de la population: l’explosion démographique amène les parents à se séparer de bouches qu’ils ne parviennent à nourrir. Les maîtres coraniques se retrouvent donc avec des dizaines, voire des centaines d’enfants à charge. Ne pouvant subvenir à leurs besoins, une partie de l’emploi du temps des élèves, appelés “talibés” ou “garibous” consiste donc à aller mendier dans la rue, les exposant à toutes sortes d’abus. “Avant, la tradition voulait que les enfants obtiennent de la nourriture en aumône”, explique M. Diallo, chargé de projet pour Mali Enjeu. “Aujourd’hui, ils obtiennent de l’argent et par conséquent, les besoins augmentent. Au Mali, on s’occupe des enfants en termes de besoins et non de droits. Nous essayons de faire le lien entre les deux”. 24 Photo: Marie Anne Robberecht Si l’exploitation des enfants est une triste réalité, elle reste très difficile à combattre. Ainsi, au Mali, pays qui a pourtant ratifié la convention internationale des droits de l’enfant en 1992, nombreux sont les enfants en situation de vulnérabilité. Parmi les activités de l’ONG Mali Enjeu, que soutient l’ONG luxembourgeoise ECPAT, le travail en partenariat avec des maîtres coraniques a notamment pour objectif de soutirer les enfants aux dangers de la rue. La cour d‘une école coranique, où les maîtres dispensent leur enseignement. L’ONG a ainsi réussi à introduire des séances d’alphabétisation dans les écoles coraniques et leur rend régulièrement visite afin de s’assurer de la santé des enfants, dont elle prend les ordonnances en charge. De même, Mali Enjeu organise des séances de sensibilisation en rapport aux droits de l’enfant, dans les écoles. On parle alors des risques de la rue, de l’hygiène... “L’important est que les maîtres coraniques adhèrent à nos activités”, déclare Fabienne Grojean, représentante d’ECPAT au Mali. “Si aujourd’hui ECPAT peut entrer dans une école coranique, c’est grâce au travail de Mali Enjeu, qui a permis de tisser une relation de confiance avec les maîtres, qui sont ainsi ouverts à la notion de développement et amenés à comprendre comment mieux protéger les enfants.” Un travail très délicat, compte-tenu des pesanteurs socio-culturelles. Six animateurs détachés par Mali Enjeu interviennent dans 10 écoles coraniques sur l’ensemble du territoire. A Bamako, Mahamadou Doucouré est le maître coranique d’une école qui accueillait 121 enfants au 24 février 2009. Leur nombre évolue si vite qu’un recensement trimestriel est nécessaire. Ressent-on, dans cette école, l’influence de Mali Enjeu? “Dans tout le Mali, aucune structure ne nous appuie autant qu’eux en matière de droits de l’enfant”, déclare Siacka Sacko, l’un des premiers élèves de cette école. “Grâce aux activités génératrices de revenus qu’a instauré l’ONG, les enfants vont moins mendier dans la rue,” se réjouit-il. L’objectif principal de l’ONG reste d’aller vers une reconnaissance des écoles coraniques par le ministère de l’éducation. Mali Enjeu est ainsi membre d’un réseau “lobby-plaidoyer” menant campagne afin de convaincre l’Etat de déployer une ligne budgétaire pour les ONG travaillant avec des écoles coraniques. BP 251 - octobre 2009 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali www.ffl.lu Faire confiance aux femmes La Coopérative des Femmes pour l’Assainissement et la Santé Familiale (COFESFA), que soutient la Fondation Follereau Luxembourg, s’engage pour l’amélioration des conditions de vie des populations en octroyant des crédits à des groupements de femmes. Elle s’est tout récemment investie pour l’amélioration de la santé maternelle, en supervisant la construction d’une maternité. BP 251 - octobre 2009 famille”, résume Kady Sanagho, chargée de projet. Flambant neuve A Kamélé-Kakélé, village rattaché à la commune de Mandé, la coopérative s’est directement attaquée au cinquième Objectif du Millénaire pour le Développement, „l’amélioration de la santé maternelle“. Depuis février, elle supervise la construction d’une maternité, porteuse d’une forte symbolique : ce n’est pas seulement un groupement de femme, mais l’ensemble du village qui a participé à son financement ! Ce bâtiment combine désormais maternité et centre de santé. Dans ce village proche de la Guinée, l’accoucheuse se réjouit : ce ne sont donc pas seulement des villageoises maliennes qui pourront donner la vie dans de meilleures conditions, mais également des guinéennes frontalières ! „Les femmes représentent plus de 50% de la population malienne, et sont toute- fois la couche la plus vulnérable de la population”, déclare Fatim Daou. “Cette maternité leur permettra d’accoucher dans de meilleures conditions sanitaires.“ Mme Daou ne saurait toutefois s’en contenter : „la Fondation Follereau Luxembourg a accepté d’équiper cette belle infrastructure de matériel, pour en rehausser l’éclat.“ Ce qui présuppose du personnel formé aux techniques modernes, autre investissement de taille. Mais qui à ses yeux en vaut la peine : „un adage en Bambara, notre langue locale, dit que quand tu formes une femme, tu formes toute la famille, le village, la communauté et le pays !“ L’inauguration officielle de la maternité a eu lieu le 8 juillet en présence de nombreuses autorités politiques et religieuses ainsi que de la Première Dame du Mali. Mais l’histoire ne s’arrête pas là... à l’avenir, la Cofesfa continuera d’évaluer les impacts de la nouvelle structure. Photo: Marie Anne Robberecht La Cofesfa est responsable d’un programme de promotion des services sociaux de base dans 25 villages de 3 communes: Mandé, Dialakorodji et Safo. La santé et l’éducation sont à l’honneur. La coopérative accorde ainsi des crédits à des femmes constituées en groupement, à la condition qu’elles poursuivent un objectif lié au développement de la communauté. Pourquoi les femmes sont-elles les uniques bénéficiaires de ce programme? “En milieu rural, les femmes sont les soutiens de famille. En les appuyant en temps que piliers, nous résolvons indirectement bon nombre de problèmes dans les foyers” explique Fatim Daou, chargée de projet. Pour obtenir un prêt, le groupement doit être constitué depuis cinq ans et compter au moins 40 membres. La Cofesfa se réserve le droit de mener une enquête en parallèle pour vérifier la motivation et la crédibilité du groupe. Souvent, les femmes souhaitent équiper leurs villages de plateformes multifonctionnelles (moulins à décortiquer ou à moudre, pompe hydraulique..), de manière à gagner du temps qu’elles peuvent ensuite consacrer à des activités génératrices de revenu. Dans le cadre de son volet “Information, Education et Communication”, la Cofesfa déploit un animateur par commune, vivant sur place et ayant pour mission de travailler quotidiennement avec les groupements de femmes et les villageois. Lors de “causeries”, on aborde les questions d’assainissement, les maladies nutritionnelles, les maladies liées à l’insalubrité, le Sida, l’excision, la contraception...“On cause de tout ce qui peut améliorer le bien-être social de la Construction de la maternité à Kamélé-Kakélé. 25 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali www.handicap-international.lu Etre au plus près des populations A Bamako, les victimes de poliomyélite, d’accidents vasculaires cérébraux, d’amputations liées au diabète, les accidentés de la circulation ou du travail, les nouveaux-nés souffrant d’un pied-bot, tous peuvent bénéficier des services spécialisés du centre de référence nationale en matière de fabrication d’orthèses, de prothèses et „d’aides de marche“, (tricycles à moteur ou équipé d’un volant, cannes et béquilles, fauteuils roulants…). Le CNAOM a en effet pour objectif de rendre l’appareillage et la rééducation accessible à tous les Maliens, les plus démunis ayant la possibilité d’avoir recours à un système de tierspayant, grâce au Fonds Commun pour l’Appareillage et la Rééducation au Mali (Focarem). Pour Soumaïla Maïga, directeur adjoint du Centre, on touche un double-enjeu: „une personne en situation de handicap appareillée et éduquée peut participer à son propre épanouissement et par extension, au développement de son pays. Chaque Malien doit avoir les moyens d’apporter sa pierre à l’édification du pays“. La prestation doit donc être de qualité. Pour ce faire, le Centre investit constamment dans le renforcement des capacités, notamment au moyen de la formation continue de ses techniciens, chercheurs et psychologues. Toucher le plus grand nombre Si Handicap International, à travers le CNAOM, s’engage à rendre l’appareillage accessible à tous les budgets et ce dans une démarche qualitative, il lui tient également à cœur de toucher le plus grand nombre de 26 bénéficiaires. Ainsi, dans le cadre de la décentralisation administrative du pays, des centres d’appareillages, qui sont autant d’antennes du Centre, sont présents dans six régions du Mali depuis le début des années 2000. Cette politique de proximité se décline également par l’identification géographique des personnes-cibles, grâce au travail concerté des différentes associations d’aide aux personnes handicapées. Handicap International sait ainsi où déployer l’un de ses cinq „chargés de suivi“, répartis dans les antennes de Bamako, Ségou, Tombouctou et Sikasso. „Nous allons chercher les personnes qui ont besoin d’un appareillage ou de rééducation jusqu’au fin fond des quartiers“ déclare fièrement Konaté Casséni, agent de suivi. Ce travail de sensibilisation et d’identification est notamment possible grâce à une étroite collaboration de Handicap International avec des associations telles que „Carrefour pour la Réinsertion Sociale des Handicapés“. Si ce travail concerté permet de repérer plus aisément les bénéficiaires, Handicap International souhaite que le Ministère de l’urbanisme et de l’habitat s’investisse davantage dans l’accessibilité des infrastructures, qui restent mal adaptées. L’ONG place donc beaucoup d’espoirs en la „Fédération des Associations des Personnes Handicapées“ (FEMAPH), son partenaire privilégié et médiateur des personnes handicapées devant les institutions. Clémentine, bénéficiaire du Focarem Photo: Marie Anne Robberecht Fournir des prestations spécialisées en matière d’appareillage orthopédique et d’éducation au plus grand nombre: telle est la mission que se fixe le Centre National d’Appareillage Orthopédique du Mali (CNAOM), partenaire de Handicap International Luxembourg. Fabrication d‘une prothèse pour enfant au CNAOM, partenaire de Handicap International, à Bamako. main, elle se fait amputer. Pendant deux ans, elle se déplace à l’aide de béquilles artisanales (cannes que l’on place sous les aisselles). Puis, par le biais de Handicap International, elle bénéficie d’une première prothèse. Clémentine inaugure sa quatrième prothèse, toutes financées à 98% par Le Fonds Commun pour l’Appareillage et la Rééducation. Aujourd’hui, elle fait le chemin de l’école quatre fois par jour. Sa maman raconte: „Clémentine apprécie beaucoup la qualité de sa prothèse. Il y a une nette amélioration avec la précédente, nous voyons que c’est un domaine en évolution permanente.“ Clementine a 16 ans. Il y a neuf ans, un minibus la renverse. Le lende- BP 251 - octobre 2009 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali www.msf.lu Pionniers de la gratuité Sud-Ouest du Mali, région de Koulikouro, à la frontière avec la Guinée Conakry, district de Kangaba. Un petit paradis de brousse verdoyante, qui a son pendant infernal : le moustique, unique vecteur de transmission du paludisme. Cette infection, également connue sous le nom de malaria, est la première cause de mortalité des enfants de moins de 5 ans au Mali. C’est ce fléau, que seul le fait de dormir sous une moustiquaire peut prévenir, que l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a décidé d’anéantir. Photo: Marie Anne Robberecht Avant l’arrivée de l’ONG dans la région, en 2005, l’Organisation Mondiale de la Santé estime la population se rendant une fois par an dans un Centre de Santé Communautaire (CSCOM), structure de base pour les premiers soins, à 0,23%. Quinze mois plus tard, ce chiffre s’éleve à 0,27%. Une trop faible augmentation, qui conduit MSF à en analyser les raisons. Diagnostic? Deux barrières, de taille, séparent les habitants de l’accès aux soins. La première est financière: alors que 80% de la population malienne vit sous le seuil de pauvreté , le traitement d’un paludisme dit “simple” s’élève à 4,60 Euros. Une somme colossale. La seconde concerne le profond enclavement de nombreux villages du district, isolement qui s’accroît avec la saison des pluies, les routes étant alors impratiquables. Or, c’est justement durant cette période, de juillet à décembre, que la transmission du palu- Fernando Medina et le personnel de MSF Mali. BP 251 - octobre 2009 disme est la plus forte. La réponse de MSF ne s’est pas faite attendre. Priorité : protéger d’urgence les couches les plus vulnérables de la population. L’ONG a ni plus ni moins instauré, dans les 11 CSCOM du disctrict, la gratuité de tous les soins pour les enfants de moins de 5 ans ainsi que pour les femmes enceintes atteintes de fièvre (paludique ou autre). Quant au reste de la population fiévreuse, un forfait de 0,30 cents lui garantit une consultation, un traitement ainsi qu’une éventuelle hospitalisation. En cas de paludisme grave,. les enfants de zéro à 13 ans sont pris en charge gratuitement dans l’unique Centre Communautaire de Reference (CSREF) du district. Faire valoir les acquis Seconde mesure de taille: les personnes géographiquement trop éloignées des centres de soins voient la thérapie venir à eux. MSF a ainsi organisé le déploiement d’un réseau d’agents communautaires, chargés du dépistage et des premiers soins antipaludiques. Alphabétisés et formés par MSF, ils sont choisis par la communauté, et jouissent ainsi d’une pleine légitimité morale. En période de haute transmission, ces “agents palu” font le tour des villages situés à plus de 5 km d’un CSCOM, en vélo, moyen de transport le mieux adapté à l’état des routes. Equipés de “paracheck”, ce bâtonnet sur lequel on dépose une goutte de sang leur permet de détecter la malaria en quelques secondes seulement. En cas de test positif, l’agent distribue une première dose de traitement et explique comment le poursuivre. Un traitement assez simple, composé de trois comprimés, qui met le doigt sur l’incapacité gouvernementale à enrayer ce problème de santé publique. Alors qu’en 2005, 46 enfants sur 10.000 mouraient dans les centres du district de Kangaba, en 2008, deux morts étaient à déplorer. La même année, en avril, l’ONG présente ses résultats lors d’un séminaire à Bamako, et plaide pour la suppression de la barrière financière sur l’ensemble du territoire malien pour tous les enfants de moins de 5 ans. “L’échantillon de la population est certes petit mais nous capitalisons les résultats avec la gratuité. insiste Fernando Medina, chargé de mission à Bamako. Toutefois, MSF n’a pas la force financière de l’implémenter seule. Il faut que d’autres partenaires nous appuient auprès des autorités locales, pour davantage d’engagement politique” Un soutien qui s’avère effectivement urgent, si l’on se penche sur l’Objectif du Millénaire pour le Développement numéro 4 :“réduire la mortalité infantile de deux-tiers d’ici à 2015 par rapport à 1990”. Or, “au rythme où l’on va aujourd’hui, au niveau du Mali, on peut y arriver en 2040”, rappelle M. Medina. 27 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali www.unityfoundation.lu Soutenir les écoles communautaires En s’engageant pour une éducation de qualité dans les écoles communautaires de plusieurs villages dans la région de Bamako, l’ONG Victoire est en totale adéquation avec la politique que poursuit son partenaire luxembourgeois Unity Foundation: promouvoir l’éducation pour tous. 28 à leur écoute, il vient répondre à leurs interrogations et apporter des conseils pédagogiques. Plus de contenu moral Les écoles communautaires suivent le “curriculum” édité par le Ministère de l’éducation malien. Toutefois, l’ONG ne saurait s’en satisfaire. “Le problème du système éducatif au Mali réside en la trop basse qualité de la documentation, qui, de surcroît, est faible en contenus moraux,” déplore Chahine Rassekh, co-directrice de Victoire. “Nous souhaitons insérer une méthode d’apprentissage actif, où l’élève est au centre, et non un tonneau vide qu’il faut remplir”, ajoute-t-elle. Victoire met ainsi à disposition des écoles, pour chaque niveau, deux documents pour l’enseignant ainsi qu’un livre et un cahier de l’élève. “Basés sur des valeurs universelles, spirituelles et morales, ces manuels abordent de grands problèmes de société comme le Sida, encouragent au développement de la communauté et préparent les enfants à l’avenir”, explique Mme Rassekh. Et d’ajouter: “il faut canaliser les esprits vers quelque chose de positif, afin de construire une nouvelle société, capable de développer ses capacités.” Dans les villages, les habitants ressentent le changement. Tant dans les mentalités que dans les comportements. Même si la modeste contribution des familles aux frais de scolarité reste toujours difficile à rassembler, les parents sont convaincus des bienfaits de l’éducation. “Nos enfants savent lire et écrire, connaissent les mesures d’hygiène et savent manipuler le matériel d’usage courant, déclarait un père de famille. Ils pourront, mieux que nous, contribuer au développement du pays.” Photo: Marie Anne Robberecht A Bamako, nombreux sont les jeunes qui connaissent “Victoire”. Et pour cause: une salle informatique y est toute à leur disposition, fait rare au Mali. Depuis 2004, l’ONG propose aux jeunes une formation à Word, Excel et Internet, deux fois par semaine. Le reste du temps, la salle reste ouverte et les écoliers et étudiants peuvent venir s’entraîner sous l’eoil attentif et les conseils avisés de Jean-Baptiste Moutsinga. La demande est forte. Il faut donc s’inscrire au préalable, la salle étant équipée de dix ordinateurs. Mais, bonne nouvelle: sous peu, l’ONG bénéficiera d’un nouvel arrivage en provenance du Luxembourg. Si Victoire se mobilise pour la formation informatique des jeunes, son engagement principal consiste en un soutien appuyé à treize écoles communautaires, c’est-à-dire construites par les villageois, parmi lesquels on retrouve le corps enseignant. “Les villageois doivent être les acteurs de leur développement”, déclare Toussaint Kasongo, formateur des enseignants. “Notre priorité n’est pas d’avoir de beaux bâtiments, mais d’avoir des enseignants qui ne partiront pas, qui n’abandonneront pas les enfants. Les écoles doivent survivre à notre projet.” Dans le cadre de cette approche participative, Victoire s’engage à fournir aux écoles du matériel pédagogique, à condition que les enseignants suivent les formations que l’ONG propose pendant trois mois, l’été. Deux sessions de “recyclage”, lors des vacances de Noël et Pâques, permettent aux instituteurs de se maintenir à niveau. De plus, tout au long de l’année, Ngolo Coulibaly, responsable du suivi logistique, engloutit les kilomètres sur sa mobylette pour aller à la rencontre des enseignants. Tout Ngolo Coulibaly, formateur des enseignants pour Victoire et les enfants de l‘école de Diran. BP 251 - octobre 2009 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali www.sosfaim.org La banque des pauvres Dans un pays où seule 3% de la population a accès aux services financiers classiques, la microfinance dispose d’un vaste terrain d’action. Sa mission: permettre aux populations à revenus modestes d’avoir accès à l’épargne, au crédit, aux transferts de fonds. Kafo Jiginew, institution de microfinance et partenaire de l‘ONG SOS Faim Luxembourg, s‘y emploie. Photo: Guy Wolff membre, il suffit de souscrire à la part sociale de 7,5 euros. La contribution, pour les plus pauvres, est de 3 euros et de 1,5 euros pour les femmes en milieu rural. Apparaît dès lors la lumière au bout du tunnel: les adhérents peuvent commencer à épargner (sur une base minimale de 15 Cueillette du coton au Mali. Kafo Jiginew, „l‘union des greniers“ cents) et obtenir un soutient les paysans en leur octroyant des micro-crédits. crédit. Mais ce n’est pas tout: Kafo veut mettre à mal la répu“La crise financière est internatitation de corruption qui pèse sur les onale: le Mali n’est pas épargné” conssystèmes financiers africains, en se positate Alou Sidibe, directeur du premier tionnant comme un modèle de transparréseau de banques de microfinance du ence et de démocratie. C’est pourquoi pays, Kafo Jiginew. “Le pays souffre de ses membres ont la possibilité d’être mauvaise gouvernance, il manque de élus au sein des organes de gestion, tels vision” poursuit-il. “Il faut commencer le conseil d’administration, le comité de par trouver des solutions locales à nos crédit, le conseil de surveillance... problèmes locaux.” Alors que l’agriculture, qui contribue Expansion à 40% du PIB, devrait supposer l’autosuffisance, comment se fait-il que le pays importe des produits alimentaires Si seulement 3% de la population en masse? Ainsi, si cette crise est celle malienne a accès à des services financiers de tout un pays, elle touche tout particuclassiques, Kafo peut se vanter d’avoir lièrement les producteurs. C’est vers eux permis, en 22 ans d’existence, d’ouvrir que Kafo Jiginew se tourne en priorité. les portes de l’épargne et du crédit à 5% Son nom l’indique: “Kafo Jiginew”, en supplémentaires. “Nous voyons que nos bambara, la langue nationale, signifie membres améliorent leur conditions “l’union des greniers”. de vie de manière substantielle, déclare Depuis 1987, cette institution de M. Sidibe. C’est pour eux un moyen microfinance (IMF), partenaire de l’ONG de créer des activités génératrices de SOS Faim, se tient à une rigoureuse revenus. Il y a là un énorme potentiel politique d’accessibilité: pour devenir pour le développement économique et BP 251 - octobre 2009 social du pays.” Kafo ne saurait donc s’arrêter en si bon chemin. De 158 guichets, dont 128 en milieu rural, l’IMF veut passer à 200 caisses, dans le cadre du nouveau plan d’affaires 2009-2014. Objectif: couvrir l’ensemble du territoire. “Nous avons une vision de bancarisation de masse”, insiste le directeur. Par extension, les publics-cibles vont se diversifier. Il faut en effet songer aux membres de longue date, dont l’accompagnement vers le système financier classique se solde trop souvent par un échec, parce que trop habitués à la microfinance. L’IMF souhaite donc concevoir de nouveaux services financiers, pour satisfaire les clients se trouvant dans la “mésofinance”, à l’intersection entre PME et grandes entreprises. “Pour une IMF, ils constituent de gros clients,” assure M. Sidibe. Et donc la garantie du développement de Kafo, pour le bien du plus grand nombre. Notons enfin que SOS Faim s’est fait remettre, en avril dernier, un mandat du gouvernement à hauteur de 5,8 millions d’euros pour la mise en place et la gestion du Fonds D’Appui aux Initiatives Rurales (FAIR), ce qui en fait le plus important projet luxembourgeois d’appui direct à une IMF. Elaboré par SOS Faim pour répondre aux défis du monde rural africain, le FAIR est géré par Kafo. En étroite collaboration avec le syndicat paysan Sexagon, Kafo proposera des crédits adaptés aux besoins des paysans de la région, majoritairement riziculteurs. Objectif : lutter contre l’insécurité alimentaire. 29 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali www.sossahel.lu Goutte à goutte Photo: Marie Anne Robberecht Dans une région aussi désertique que le Sahel, la diversification des cultures relève du défi. Pourtant, une bonne maîtrise de la gestion de l’eau permet de réaliser de petits miracles. Partant de ce postulat, SOS Sahel Mali, avec l’aide de son partenaire SOS Sahel International Luxembourg, soutient, entre autres, des projets de maraîchage en région rurale. Les résultats sont plus qu’encourageants. A Kolotomo, SOS Sahel Luxembourg a financé la construction de cette réserve d‘eau. Depuis quelques temps, à Kolotomo, dans la région de Ségou, les villageois lèvent plus souvent les yeux vers le ciel. Ils n’attendent pas la pluie. Ce qui les fascinent, c’est cette haute tour surmontée d’une réserve d’eau de 12 mètres cube, financée par SOS Sahel Luxembourg et porteuse d’espoir. En effet, la pompe installée dans le forage et activée par des panneaux solaires va puiser l’eau nécessaire pour remplir la réserve, qui elle-même alimente de fins tuyaux venant déposer l’exacte quantité d’eau nécessaire au développement de cultures maraîchères. Cette technique, dénommée “irrigation par le goutte à goutte”, est très intéressante en ceci qu’elle empêche le gaspillage d’eau et le développement de mauvaises herbes. De plus, elle nécessite peu de surveillance. A Diakoro, l’ONG a financé une seconde réserve, flanquée de deux puits. L’eau est directement pompée dans le 30 fleuve Niger, à proximité. Les habitants ont plusieurs raisons de se réjouir: ce projet augure moins de pénibilité et la réduction du temps de travail, puisqu’il ne faudra plus transporter l’eau à la force des bras. Mais avant tout, le goutte à goutte augure la diversification des cultures. Ses effets positifs sont nombreux: l’oignon, la tomate, le concombre, la courge et le maïs s’inviteront désormais dans les assiettes pour une alimentation plus équilibrée à moindre coût, les produits allant directement du producteur au consommateur. Et surtout, le développement de la production garantira l’augmentation des revenus. Mobilisation des ressources Ce nouveau volet de la vie agricole nécessite une gestion parfaitement orchestrée, dont l’association commu- nautaire “Jigiseme” se charge, à Diakoro. Si son comité de gestion est composé uniquement de villageoises bénévoles, les hommes ne peuvent se résoudre à reconnaître leur indépendance décisionnelle. “Les femmes ont des responsabilités propres qu’elles doivent gérer, explique un villageois. Mais le comité technique ne compte que des hommes: il faut vérifier ce que font les femmes, pour ne pas que tout parte à la dérive.” Cette autorité masculine relève toutefois davantage de la tradition orale que de la réalité. Ainsi, lors des réunions du comité technique, aucun homme ne se risquerait à oublier de consulter son épouse avant la délibération. Ce qu’ils résument par :“la nuit porte conseil”. Il faut donc travailler main dans la main et répartir les compétences, les villageois en sont persuadés. C’est d’ailleurs l’une des conditions pour que SOS Sahel Mali retienne les projets que lui soumettent les villageois, pour ensuite faire une demande de soutien financier auprès de SOS Sahel Luxembourg. Yamoussa Coulibaly, maire de Pelengana, est fier des projets développés par ces deux villages: “ils disposent désormais non seulement d’un périmètre maraîcher mais aussi d’adductions en eau potable!, se réjouit-il.” “Le développement est revenu à la page depuis la décentralisation, mais tout n’est pas rose, explique-t-il. La décentralisation concentre deux défis principaux: le transfert des compétences du centre vers les collectivités et la mobilisation interne des ressources” Si l’on doit la mise en place de ces projets aux sections luxembourgeoises et maliennes de SOS Sahel, seule la population locale pourra en assurer la pérennité. BP 251 - octobre 2009 Dossier: la coopération luxembourgeoise au Mali www.sosve.lu Villages d’avenir „Assurer l’éducation primaire pour tous d’ici 2015“: ne nous leurrons pas, ce deuxième Objectif du Millénaire pour le Développement ne sera pas atteint dans les délais. Toutefois, l’ONG SOS Villages d’Enfants Monde Mali, soutenue par son partenaire luxembourgeois, vient réhausser le tableau avec la mise à disposition d’une école dans la région de Mopti, assortie d’un “Village d’enfants”. BP 251 - octobre 2009 et retenus sur proposition des chefs de village, le but du programme est de faire en sorte que ces enfants puissent poursuivre leur évolution dans le cadre familial, grâce à une politique d’autonomisation des parents: accompagnement à l’alphabétisation, accès au micro-crédit... Et après? Une fois le Diplôme d’Etudes Fondamentales en poche, vers l’âge de 14 ans, le jeune peut quitter le village. Il peut se diriger vers une formation ou, s’il en a le niveau, faire le choix de poursuivre ses études. Mais attention! “Tu peux quitter le village à 14 ans mais tu ne quittes pas SOS,” prévient Yaya Sylla, directeur du village SOS depuis 2008. Les jeunes qui font donc le choix de partir à 14 ans restent sous la responsabilité d’une cellule d’encadrement, dont le siège se trouve à Bamako. Ce n’est qu’à 23 ans qu’un jeune a l’obligation de quitter le village. Vers quel type de structures d’accueil se dirigent-ils alors? Il arrive que les jeunes retournent au sein de leur famille biologique. “Nous savons qu’il est indispensable pour un jeune de savoir d’où il vient”, déclare M. Sylla.“Nous épuisons toutes les pistes à la recherche de liens de parenté et si nous les trouvons, tissons de bonnes relations avec eux afin de préserver l’équilibre psychologique des enfants. Si les parents d’un enfant sont des malades mentaux, nous cherchons au sein de la famille si un oncle ou une tante seraient susceptibles de les accueillir à leur Photo: Marie Anne Robberecht Même si le système économique du Mali s’est constamment stabilisé au cours des années quatre-vingt dix, le système éducatif s’est détérioré, conséquence de l’explosion démographique. A Socoura, un magnifique bâtiment a ouvert ses portes le 6 octobre 2008. L’école Hermann Gmeiner, du nom du fondateur des villages SOS, est un véritable petit bijou d’architecture, livré clef en main et financé par l’ONG SOS Villages d’Enfants Monde Luxembourg, à travers son partenaire SOS Villages d’Enfants Monde Mali. Cette école, qui couvre les cycles primaire (six ans) et secondaire (trois ans), se conforme au programme d’enseignement du Ministère de l’éducation nationale malien. Pourtant, ses frais de fonctionnement sont pris en charge par l’ONG. Pourquoi? Son objectif consistant notamment à relever le taux de scolarisation dans les environs du Village d’Enfants de Socoura et plus particulièrement celui des filles, c’est elle qui a pris l’initiative de construire cette école. “Nous sommes une école à vocation sociale,” déclare M. Modibo, son directeur. Ainsi, parmi les 684 élèves, 97 sont directement issus du village d’enfants SOS, attenant à l’infrastructure scolaire. Ces villages, qui accueillent des orphelins, des enfants abandonnés ou de parents indigents, ont pour objectif d’offrir à chacun d’entre eux une mère, des frères et soeurs, une maison et un village. 115 élèves sont quant à eux concernés par le Programme de Renforcement Familial, mis en oeuvre par SOS Villages d’Enfants. Issus de familles démunies Atelier de couture dans l‘école „SOS Villages d‘Enfants“ de Socoura, près de Mopti. sortie.” La réintégration d‘un jeune dans sa propre famille reste toutefois assez rare. Le personnel SOS recherche alors une famille d’accueil. Le cas échéant, cette famille aura été trouvée dès le plus jeune âge de l’enfant, et ses contacts avec elle, privilégiés. Il arrive également que les “mères SOS” accueillent un jeune dans leurs propres familles biologiques. Ce qui, souvent, reste la meilleure des solutions. Marie Anne Robberecht séjournait pendant un mois au Mali afin de réaliser un reportage de sensibilisation quant aux activités de développement menées par 11 ONG luxembourgeoises. 31 Luxembourg Luxembourg Assises de la coopération 2009 Petit, Paris et participation citoyenne Comme chaque année, les assises 2009 ont permis aux protagonistes de la coopération luxembourgeoise de s’échanger sur les défis futurs. Pour la nouvelle ministre Marie-Josée Jacobs, c’était l’occasion de se familiariser avec les débats et de rencontrer les acteurs de ce secteur, dont elle assume dorénavant la responsabilité politique. Depuis plusieurs années, les Assises marquent le début de la rentrée en matière de coopération au développement au Luxembourg. Ce séminaire, qui dure pendant deux jours et qui cette année se déroulait au Centre Culturel de Rencontre Abbaye de Neumünster, rassemble tous les acteurs de la coopération luxembourgeoise, dont les représentants du Ministère des Affaires étrangères, de la Chambre des députés, des bureaux régionaux, des ONG, de l’agence d’exécution Lux-Development, ainsi que des ambassadeurs du Luxembourg auprès des institutions internationales à Rome, Genève et Bruxelles et les ambassadeurs des pays-partenaires. Les thèmes sont divers et généralement fixés par la direction de la coopération. Cette année, c’est surtout la présentation de Bernard Petit qui était attendue avec beaucoup d‘intérêt. Ancien Directeur Général adjoint à la Direction Générale Développement de la Commission Européenne, il compte a son actif une trentaine d’années d’expérience dans le domaine, surtout en ce qui concerne les relations entre l’Union européenne et les pays ACP (AfriqueCaraïbes-Pacifique). Après le discours d’ouverture des Assises de Madame la Ministre, c’était donc à lui d’engager le vif du sujet avec une présentation qui portait le titre „Le rôle de la coopération au développement d’ici 2015 et au-delà“. Bernard Petit commençait en parlant de la centralité du développement, c’està-dire que celui-ci ne constitue pas un domaine politique comme les autres, 32 Photo: flickr.com Marc Keup Les Assises de la coopération luxembourgeoise se déroulaient cette année au Centre Culturel de Rencontre Abbaye de Neumünster à Luxembourg-Grund. mais qu’il doit bien se trouver au cœur de toutes les politiques. Dans cette lignée, on ne peut espérer favoriser le développement uniquement par le financement de projets de coopération, la réponse à ses défis étant profondément politique. D’ailleurs les pays riches devraient considérer qu’investir dans le développement des pays du Sud, c’est également investir dans le propre futur. À côté des ressources endogènes et des investissements étrangers, l’aide publique au développement (APD) reste néanmoins un des piliers du développement dans les pays pauvres. Selon Bernard Petit, il est d’autant plus regrettable, que la plupart des pays industrialisé n’arrivent pas satisfaire leurs engagements au niveau international, c’est-à-dire de fournir 0,7% de leur revenu national brut (RNB) à la coopération. Bernard Petit regrettait en même temps ce qu’il appelle „la banalisation technocratique de l’aide“. La coopération est souvent conçue comme un processus bureautique qui aboutit à des procédures peu efficaces. Ainsi ont peu avoir plus de 600 projets dans un seul pays où chaque bailleur fait ses propres missions de suivi et demande ses propres comptes au pays bénéficiaire, ce qui résulte dans un vrai cauchemar pour l’administration locale. Il faudrait donc redéfinir fondamentalement la coopération internationale en lassant plus d’espace pour les politiques, au lieu d’abandonner ce domaine aux BP 251 - octobre 2009 seuls technocrates. La division du travail et l’aide budgétaire seraient des instruments importants dans ce contexte. Dans son intervention, il ne laissait d’ailleurs aucun doute qu’il est un fervent défenseur de l’appui budgétaire, contrairement aux responsables de la coopération luxembourgeoise, qui sont plutôt réticents quant à l’utilisation de cette nouvelle modalité de l’aide. Autre défi important identifié par Bernard Petit est l’impact du changement climatique. D’énormes sommes seront nécessaires dans les prochaines décennies pour aider les pays pauvres à surmonter les conséquences du réchauffement planétaire. L’expert français soulignait dans ce contexte la nécessité absolue que ses fonds devront êtres fournis par les Etats industrialisés au-delà des engagements qu’ils ont pris quant à l’aide publique au développement; qu’il ne devrait donc pas être question de recycler l’APD dans des engagements post-Kyoto. En ce qui concerne les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), Bernard Petit est convaincu que ce concept demeure utile et important. Une mise en cause de celui-ci serait une grave erreur politique. D’ailleurs il rappelait que si l’objectif d’une réduction de la pauvreté mondiale jusqu’en 2015 serait vraiment atteint (dont on peut fortement douter à ce stade), il resterait toujours l’autre moitié dont il faudra s’occuper. Cependant, il plaidait dans son discours pour une adaptation des OMD. Il faudrait y intégrer davantage des notions plus politiques comme les droits humains ou la bonne gouvernance. Le dernier point de l’intervention concernait la légitimité et l’efficacité des institutions internationales. La crise aurait démontré que la gouvernance mondiale présente de graves lacunes. Le G8, qui prend des décisions qui ont des répercussions sur toute la planète, ne défend que ses propres intérêts à court terme, tandis que les institutions Bretton-Woods se seraient beaucoup trompées dans le passé avec la prolifé- BP 251 - octobre 2009 Photo: flickr.com Luxembourg Bernard Petit intervenait au Assises de la coopération 2009. ration d’une libéralisation incontrôlée et souffriraient d’un manque de légitimité. Une réforme de la gouvernance mondiale devrait donc figurer en haut de l’agenda international. L’efficacité de l’aide L’après-midi de la première journée des Assises 2009 était consacré à l’amélioration de l’efficacité de l’aide et à la mise en pratique des deux documents de référence dans ce domaine, c’està-dire la Déclaration de Paris de 2005 et l’Agenda d’action d’Accra de 2008. Le processus lancé par la Déclaration de Paris vise entre autres à harmoniser l’action des bailleurs de fonds, à permettre aux pays bénéficiaires de définir eux-mêmes leurs priorités de développement et d’aligner les aides sur leurs systèmes administratifs et budgétaires. Pour mesurer l’avancement dans l’implémentation, la Déclaration de Paris contient une série d’indicateurs. Le directeur de la coopération luxembourgeoise, Marc Bichler, présen- tait le bilan des deux évaluations dans ce domaine, auxquelles le Luxembourg s’était soumis en 2006 et en 2008 (baseline surveys). S’il insistait sur le fait que les deux évaluations sont difficilement comparables, compte tenu du nombre différent des pays y participant, il admettait néanmoins que les avancées sont loin d’être spectaculaires. En guise d’exemple : l’indicateur sur l’utilisation des systèmes de passation des marchés des pays bénéficiaires était de 0% en 2006 et de 4% en 2008. Marc Bichler concluait d’ailleurs qu’il restait du pain sur la planche, mais que la coopération luxembourgeoise avait la ferme volonté de mettre en œuvre les dispositions de la Déclaration de Paris. Robert Kremer, consultant auprès de la direction à la coopération, expliquait par la suite la stratégie du ministère pour cette mise en œuvre. Pour débuter on a entre autres lancé des questionnaires auprès des différents acteurs, fait une enquête sur l’appui budgétaire, entamé un dialogue avec les responsables des pays partenaires et demandé aux chefs de bureaux de contribuer avec des propositions. Ce processus de consultation a permis d’établir un programme qui a amorcé certains changements dans l’architecture de la coopération luxembourgeoise. Si auparavant le siège à Luxembourg décidait et le personnel sur place exécutait les projets, l’essentiel de la planification se fait dorénavant dans les pays partenaires et avec les autres bailleurs de fonds. Dans le futur, le rôle de l’hôtel Saint-Augustin pourrait bien se limiter au contrôle et à la coordination de la coopération bilatérale. Gwénaëlle Corre, experte en la matière auprès de ECDPM (European Centre for Development Policy Management), résumait dans son intervention les progrès dans la mise en œuvre générale de la Déclaration de Paris. Jusqu’à présent, le bilan est plutôt mitigé. En outre, elle regrettait que les acteurs aient souvent une conception trop technique du processus. La différence ne viendrait finalement pas de l’élaboration de jolis 33 Luxembourg documents, mais d’un dialogue fructueux avec le pays partenaire. En même temps, il n’existe que peu d’analyses des pays bénéficiaires, alors qu’une forte demande et une pression de leur part seraient nécessaires pour continuer à légitimer l’agenda. Selon Corre, il faut revenir à une interprétation politique de la Déclaration de Paris, rejoignant ainsi les propos de Bernard Petit. Formation professionnelle et citoyenneté La matinée de la deuxième journée des Assises de la coopération 2009 était animée par l’agence d’exécution Luxdevelopment et portait sur le thème de la formation professionnelle, qui a pour objectif de fournir une qualification pour l’exercice d’un métier et qui constitue depuis 2004 un des secteurs privilégiés de la coopération luxembourgeoise. D’un total de 145 interventions de Luxdevelopment en 2008, 18 ont porté sur la formation professionnelle, pour un montant de près de 8 millions d’euros, comme l’expliquait le directeur Gaston Schwartz. Le défi majeur consiste en ce moment de passer d’une approche „projets“ vers une approche „programmes“, qui permet une vue plus holistique du secteur d’intervention, prenant par exemple en compte les structures institutionnelles ou le renforcement des capacités. L’intervention de l’expert Alexis Hoyaux, qui vient de rejoindre l’équipe de Luxedevelopment, montrait toute la complexité d’une telle approche, détaillant tous les aspects à prendre en compte, tandis que les équipes intervenants au Nicaragua et au Sénégal donnaient un compte rendu de leurs expériences sur le terrain. A la fin, Luc Vandeweerd de l’ONG ADA complétait le dossier en présentant l’outil du „Crédit aux Jeunes Artisans“, qui permet un appui financier afin de permettre aux apprentis de s’insérer dans le monde du travail. L’après-midi de la deuxième journée avait été organisée par le Cercle des ONG 34 Coopération luxembourgeoise Le rapport annuel 2008 En marge des Assises, la ministre Marie-Josée Jacobs présentait à la presse le rapport 2008 de la coopération luxembourgeoise. Selon les calculs du gouvernement, l‘aide publique au développement du Grand-Duché aurait atteint l‘année dernière 287.679.785 euros, soit 0,946% du revenu national brut (RNB), alors qu‘en 2007 ce chiffre de référence n‘atteignait que 0,9%. Le pays est donc sur la bonne voie d‘atteindre son objectif, c‘est-à-dire de consacrer à moyen terme 1% de son RNB au développement. Plus de 86% de cette somme a été géré par le Ministère des Affaires Etrangères et 7% par le Ministère des Finances. La plus grande part des dépenses ont été effectués dans le cadre de l‘aide bilatérale (58,97%), suivie par la coopération multilatérale (30,6%) et l‘aide humanitaire (10,44%). Des dépenses consacrées au pays partenaires privilégiés, c‘est le Sénégal et le Mali qui ont reçu le plus d‘aides (13%), suivi par le Cap Vert (12%), le Vietnam (11%) et le Nicaragua (10%). En ce qui concerne les secteurs d‘intervention, la coopération bilatérale continue de se concentrer sur la santé et l‘éducation. La contribution luxembourgeoise à la coopération multilatérale a atteint 88 millions d‘euros en 2008, dont les organismes des Nations Unis ont reçu plus de 46 %. C‘est surtout l‘OMS (Organisation mondiale de la santé), le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), le FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population) et l‘UNICEF (Fonds des Nations unies pour l‘enfance) qui ont reçu les plus d‘argent. Le montant alloué aux organisations non gouvernementales s‘élève à 46.787.807 euros, c‘est-à-dire à 16% de l‘aide publique au développement. Actuellement 88 ONG disposent de l‘agrément ministériel, ce qui leur permet de solliciter le cofinancement public pour leurs projets ou programmes. En 2008, 15 ONG disposaient d‘un accord-cadre, les autres ONG ayant recours aux cofinancements par projets. Pour la sensibilisation et l‘éducation au développement, le ministère a déboursé un peu moins de 1,8 millions d‘euros, lesquels sont presque entièrement alloués en tant que subsides aux ONG, principaux acteurs dans ce secteur. Ce chiffre signifie que le Luxembourg n‘investit que 0,62% de son aide publique au développement dans la sensibilisation, ce qui est largement inférieur au 3% recommendés par le Programme des Nations unies pour le développement et la Confédération des ONGD européennes ou encore aux 2% exigés par le Cercle de coopération Luxembourg. (Le rapport 2008 de la coopération luxembourgeoise est disponible au Centre d‘Information Tiers Monde, 55 avenue de la liberté). BP 251 - octobre 2009 Luxembourg et portait sur le thème „Citoyenneté et développement“. Pour cela, les responsables avaient invité Emmanuel Seyni Ndione de l’ONG sénégalaise ENDA Graf-Diapol et Andrea Maksimovic de SOLIDAR, un réseau européen d’ONG qui travaillent sur le thème de la justice sociale. Emmanuel Ndione donnait un aperçu sur le fonctionnement du budget participatif, experimenté au Sénégal. Face à la faiblesse des structures étatiques, ce processus permet de mieux intégrer les citoyens dans l’administration locale. L’intervenant ne se contentait d’ailleurs pas de faire un simple récit de ses experiences, mais accompagnait son exposé d’une multitude de réflexions métaphysiques, qui ne manquaient pas à captiver l’attention du public. Andrea Maksimovic quant à elle jetait un regard critique sur le rôle de la société civile dans le développement. Sur un ton volontairement provoquateur, elle développait des réflexions sur la légitimité des organisations non gouvernementales et sur le sens et le non-sens de leur participation dans le processus politique. Sa critique portait entre autres sur les structures de participation de la société civile mises en place par l’Union européenne. Selon Andrea Maksimovic, on peut se demander si ce processus de consultation sert à quelque chose, puisque l’avis de la société civile n’est que rarement pris en compte. Après l’atelier organisé par le Cercle des ONG, la ministre Marie-Josée Jacobs clôturait l’édition 2009 des Assises de la coopération par un bilan positif. En effet, la qualité des interventions et des débats était sensiblement superieure par rapport aux éditions précédentes. Il reste à regretter que la discussion sur la politique de coopération au Luxembourg se limite à ce rendez-vous annuel. Marc Keup est membre de l‘ASTM. Les présentations de divers intervenants sont à télécharger sur: http://cooperation.mae.lu/fr/Actualites-Cooperation/Edition-2009des-Assises-de-la-Cooperation-luxembourgeoise BP 251 - octobre 2009 Aide d‘urgence pour le Burkina Faso et l‘Asie Suite aux inondations causées au Burkina Faso par une pluie diluvienne le 1er septembre, ainsi que par les catastrophes en Asie début octobre, la coopération luxembourgeoise a débloqué des aides d‘urgence. D‘après le gouvernement burkinabé, les inondations du 1er septembre ont coûté la vie à au moins 7 personnes, tandis que 150 000 personnes ont perdu leur logement et autres biens. De nombreuses infrastructures publiques ont été sérieusement affectées, surtout dans la capitale Ouagadougou et à Tougan. Face à l‘ampleur de la catastrophe, le gouvernement du Burkina Faso a lancé un appel à la solidarité internationale „pour une assistance d‘urgence afin de faire face à cette situation douloureuse et d‘entreprendre des actions de réhabilitation appropriée“. La coopération luxembourgeoise a réagi à l‘urgence humanitaire du pays partenaire et débloqué 500.000 euros à l‘aide d‘urgence et aux efforts de réhabilitation. Plus récemment, le gouvernement a alloué un montant total de 575.000 euros à ses partenaires en matière d’aide humanitaire pour venir en aide aux populations affectées par les catastrophes naturelles en Asie de début octobre. Il s‘agit des victimes de la tempête tropicale „Ketsana“ aux Philippines et au Vietnam, des victimes du Tsunami ayant dévasté l’État insulaire de Samoa et des victimes du tremblement de terre à Sumatra en Indonésie. Des stratégies sectorielles pour la coopération luxembourgeoise En marge des Assises de la coopération, la Ministre Marie-Josée Jacobs a présenté des plans de stratégie sectorielle pour dix secteurs d‘intervention. Suivant les recommandations du Conseil d‘aide au développement de l‘OCDE, la Ministre de la coopération luxembourgeoise à présenté dix documents contenant les orientations stratégiques pour les secteurs agriculture et sécurité alimentaire, action humanitaire, développement local, eau et assainissement, éducation, environnement et changement climatique, genre, gouvernance, microfinance et santé. Comme le mentionnait la Ministre, ces documents ne sont pas immuables, mais pourraient être adaptés en fonction des réactions des divers acteurs, comme par exemple des ONG. L‘objectif des plans sectoriels est une augmentation de l‘efficacité et de la transparence. Ils contiennent notamment l‘approche opérationnelle et le plan d‘action pour chaque secteur. En termes de transparence, la publication des stratégies sectorielles est certainement un avancement, même si leur valeur pratique sera probablement très limitée. Suivant la Déclaration de Paris, ce sont les pays partenaires qui sont dorénavant responsables de la définition des stratégies - ils n‘ont donc aucune obligation de suivre les plans sectoriels luxembourgeois. De plus, la situation est différente dans chaque pays, nécessitant une adaptation au cas par cas. 35 Luxembourg Oekofoire 2009 „Wer Nachhaltigkeit umsetzen will, braucht die Gemeinden“ „Global denken – lokal handeln“: Das Motto der Klimabündnisgemeinden passte sich hervorragend in das Konzept der Oekofoire ein, wo das Klimabündnis Luxemburg mit neun der Mitgliedsgemeinden (Mamer, Lorentzweiler, Luxemburg, Steinsel, Walferdange, Contern, Niederanven, Beckerich und Tandel) sowie den beiden koordinierenden Organisationen ASTM und Mouvement Ecologique vertreten war. Birgit Engel Photo: ASTM Vom 18.-20. September konnten sich interessierte Bürger, Verantwortliche aus Politik und Vertreter von Organisationen vor Ort über beispielhafte lokale Klimaschutzprojekte und NordSüdBildungsarbeit informieren. Photovoltaikanlagen, Holzhackschnitzel, Energieberatung, Trinkwasserversorgung in Burkina Faso, Biogas, sanfte Mobilität: Die Projekte der Klimabündnisgemeinden sind so unterschiedlich wie die Voraussetzungen in den Gemeinden selbst. Was sie jedoch auszeichnet, ist ihr gemeinsames Ziel, CO2-Emission zu reduzieren, internationale Solidarität über Aufklärungsarbeit in ihrer Gemeinde, sowie finanzielle Hilfen zu unterstützen und eine nachhaltige Energieversorgung zu fördern. In der offiziellen Eröffnungsfeier wiesen die beiden für das Ressort „nachhaltige Entwicklung und Infrastrukturen“ zuständigen Vertreter, Minister Claude Wiseler und der ihm beigeordnete Wohnungsbauminister Marco Schank auf den durch die Zusammenlegung mehrerer Ressorts gestiegenen Stellenwert des Umweltschutzes hin, nachdem zuvor Blanche Weber, Präsidentin des Mouvement Ecologique, ihrer Sorge nach dem nunmehr „fehlenden“ Der Stand des Klimabündnisses Luxemburg auf der Oekofoire 2009. 36 Umweltministerium Ausdruck verliehen hatte. Schank betonte vor allem auch die besondere Rolle der Gemeinden in diesem Kontext: „Wenn ich Nachhaltigkeit umsetzen will, brauche ich die Gemeinden. Altbausanierung, Wohnraum schaffen und Landesplanung gehen nicht, ohne die Regionen, die Städte und auch die kleinen Gemeinden mit im Boot zu haben.“ Laut Wiseler gehören der internationale Klimaschutz, die Raumplanung, Verbesserungen und Ausbau des öffentlichen Transports, der nationale Nachhaltigkeitsplan und die Frage der Energieeffizienz zu den Prioritäten der kommenden Legislaturperiode : „Die Kopenhagen-Konferenz im Dezember muss ein Erfolg werden“. Die ergänzende Anmerkung, dass die Regierung diese Konferenz zusammen mit dem Parlament und der Zivilgesellschaft vorbereiten will, werden die entwicklungs- und umweltpolitischen Organisationen im Land beim Wort nehmen. Sofern diesen Ankündigungen im Regierungsprogramm die entsprechenden politischen Taten folgen, werden auch die Klimabündnisgemeinden ihr Memorandum vom 29. Juni diesen Jahres richtig verstanden wissen, in dem sie „in partnerschaftlicher Vorgehensweise zwischen Staat und Gemeinden eine neue Ära des aktiven Klimaschutzes“ fordern. Unter anderem geht es dabei um eine verbesserte Kohärenz in öffentlichen Strukturen, Energieeinsparung und -effizienz sowie eine dezentrale Energieversorgung, die BP 251 - octobre 2009 Photo: ASTM Luxembourg Dietmar Mirkes von der ASTM (Mitte) animierte auf der Oekofoire das „Kyoto-Spiel“. Die Aufgabe bestand darin verschiedenen Ländern auf einer Weltkarte Bauklötze zuzuordnen, die die CO2-Pro-Kopfwerte darstellen. Erschließung neuer Potentiale bei den erneuerbaren Energien, eine verbesserte Mobilitätsplanung, die Erfüllung der Kyoto-Verpflichtungen im eigenen Land, ein Engagement zum Schutz der Regenwälder auf allen Ebenen sowie die Einbeziehung der Gemeinden in die Bildungsund Entwicklungszusammenarbeit. Weber bemängelte trotz etlicher, in das aktuelle Koalitionsprogramm aufgenommenen Anregungen des Mouvement Ecologique, das offensichtliche Missverhältnis in der politischen und öffentlichen Wahrnehmung zwischen der Finanz- und der Umweltkrise, sowie die entsprechenden (oder fehlenden) Reaktionen darauf. Auch ein weiteres Thema, das bereits das politische Sommerloch in Aufruhr brachte, sprach sie in ihrer Rede an: die fehlende Kohä- BP 251 - octobre 2009 renz zwischen Entwicklungs- und Finanzpolitik, die sich in den Reaktionen auf die vom Cercle des ONGD durchgeführte Studie „Steueroasen aus entwicklungspolitischer Sicht: Der Fall Luxemburg“ ausdrückte. Blanche Weber meinte dazu: „Über die Gewinntransfers auf Kosten der Dritten Welt muss man doch diskutieren können.“ Der Mouvement Ecologique und die ASTM ergänzten das Angebot der Gemeinden im Rahmen der Oekofoire mit verschiedenen Neuerungen, wie einem Amazonasdorf, das künftig Bildungsaktivitäten zum Thema Regenwald begleiten wird oder der Ausstellung „Klimaschutz geht durch den Magen“, zu der auch eine zweisprachige Broschüre beim Mouvement Ecologique erhältlich ist. Über 100 Bilder des amazonischen Regenwaldes, die Grundschulkinder aus den Klimabündnisgemeinden Mersch, Esch/Alzette, Walferdange und Lorentzweiler gemeinsam mit dem Berliner Künstler Michael Arantes Müller gemalt hatten, bildeten mit dem beeindruckenden Wandtuch ebenfalls ein Werk Müllers - die Kulisse des Klimabündnisstandes. Insbesondere das „Kyoto-Spiel“, das im Rahmen des EU-Projektes Energy Bridges von der ASTM entwickelt wurde und bei dem die Teilnehmer verschiedenen Ländern ihre entsprechenden CO2-Emissionen zuordnen müssen, fand reges Interesse und sorgte für so manche Überraschung. Birgit Engel ist Mitglied der ASTM. 37 Luxembourg Klima, Kanu, Chicha Das Klimabündnis unterwegs in Ecuador Zwölf TeilnehmerInnen aus fünf europäischen Ländern reisten Anfang September als Klimabündnisdelegation nach Südamerika. Während der zehntägigen Studientour machten sich die VertreterInnen der Klimabündnisgemeinden und Organisationen vor Ort ein Bild über die Erdölförderung und das Potential Erneuerbarer Energien in Ecuador. Angefangen hatte alles in Amsterdam. Mehr oder weniger kurz vor dem Transatlantikflug fand sich die gesamte Gruppe hier erstmals zusammen. Die Gruppe setzte sich aus zwölf TeilnehmerInnen aus Ungarn, Tschechien, Österreich, Deutschland und Luxemburg zusammen. Die Luxemburger Klimabündnisgemeinden waren mit Camille Gira, Bürgermeister der Gemeinde Beckerich, Abgeordneter und gleichzeitig Vorstandsmitglied des internationalen Klimabündnisses sowie mit Guy Lambert, Mitglied der Umweltkommission der Gemeinde Tandel und der luxemburgischen Biobauernvereinigung BIONA, vertreten. Weitere TeilnehmerInnen waren Holger Matthäus aus Rostock, der aktuelle Klimabündnispräsident Joachim Lorenz aus München, Michael Vesely und Zbysek Podhrázsky aus Brno, Judit Bari und Eszter Kovach aus Budapest sowie Peter Molnar aus Wien. Die beiden ReferentInnen des EU-Projektes „Energy Bridges“ Dietmar Mirkes und Silke Lunnebach organisierten und leiteten die gesamte Reise. Von den Niederlanden aus flogen wir dann gemeinsam nach Ecuador, wo wir spät abends in Quito ankamen. Auftakt in Quito Am ersten Tag hieß uns Ecuadors Hauptstadt mit strahlend blauem Himmel willkommen. Etwas langsamer als gewohnt, aufgrund des Jetlags und der dünnen Luft auf 2800m Höhe, machten wir uns morgens auf in Rich- 38 Photo: ASTM Kristy Schank tung Stadtzentrum. Der ecuadorianische Anthropologe Victor Lopez, unabhängiger wissenschaftlicher Mitarbeiter im EU-Projekt „Energy-Bridges“, führte uns durch Quitos Altstadt. Die Straßen, Plätze und Bauten spiegeln bis heute das koloniale Erbe Ecuadors wieder. Quito galt bereits während der Conquista als ein wichtiges politisches Zentrum im Inkaimperium. Im Jahr 1451 begann von hier aus die „Entdeckung“ Amazoniens“ durch den spanischen Eroberer Francisco de Orellana, der auf der Suche nach Zimtbäumen und der sagenumwobenen Goldstadt Eldorado, den Amazonas von West nach Ost durchquerte. Anfang des 19. Jahrhunderts erlangten Quito und später die Republik Ecuador, die Unabhängigkeit von der spanischen Krone. Wir hätten noch stundenlang durch Quito laufen und Victors Ausführungen zuhören können, doch das erste Arbeitstreffen mit der COICA stand auf dem Programm. Die COICA ist der 1984 gegründete Dachverband der indigenen Organisationen des Amazonasbeckens. Sie ist langjährige Partnerorganisation des internationalen Klimabündnisses, in dessen Komitee sie auch einen ständigen Sitz inne hat. Der Präsident Egberto Tabo präsentierte uns die allgemeinen Arbeitsfelder der COICA und ihre bestehenden internationalen Allianzen und Partner. Im Vordergrund des Rundgesprächs standen die aktuellen Herausforderungen in Sachen Klimawandel im Vorfeld der UN-Klimakonferenz in Kopenhagen im Dezember dieses Jahres. BP 251 - octobre 2009 Luxembourg Am Ende der Begegnung wurden neue Wege gesucht, wie die Zusammenarbeit mit der COICA im Klimabündnis in Zukunft noch ausgebaut und gestärkt werden kann. Entlang der Pipelines Bereits am nächsten Tag brach unsere Gruppe in Richtung Osten des Landes auf. Per Flugzeug verließen wir Quito, überflogen die Andenkette mit atemberaubendem Blick auf schneebedeckte Vulkane und näherten uns dem östlichen Tiefland Ecuadors, dem so genannten Oriente. Bei der Landung in Nueva Loja warteten bereits Mitglieder der Frente de Defensa de la Amazonia (kurz FDA oder Frente) mit einem Bus auf uns. Donald, Carmen und ihr Sohn Humberto brachten uns über Lago Agrio nach Puerto Francisco de Orellana, kurz Coca genannt. Unterwegs berichteten sie von ihrer alltäglichen Arbeit. Die Frente de Defensa de la Amazonia ist ein Zusammenschluss aus verschiedenen Basisorganisationen und indigenen und mestizischen Gemeinschaften aus der Amazonasregion. Sie koordiniert seit 1994 die Klage gegen die Ölfirma Texaco (heute Chevron-Texaco), vertritt die Interessen der KlägerInnen und organisiert die 30 000 Betroffenen in der Region. Sie ist seit 2007 Partnerorganisation der ASTM und der luxemburgischen Klimabündnisgemeinden. An mehreren Zwischenstopps zeigten die drei uns die desaströsen Folgen der Erdölproduktion, die mit Texaco 1964 in der Region begann. An verschiedenen Erdölbrunnen wurden die Arbeitsschritte und Schäden der Ölförderung für Mensch und Umwelt deutlich. Unweit der Straße sahen wir brennende Fackeln die das bei der Förderung vom Öl getrennte Methangas einfach vor Ort verbrennen. Am Waldrand besuchten wir Becken, so genannte piscinas, die das giftige blei- und salzhaltige Formationswasser auffangen, das jedoch bei kräftigen Regensschauern in BP 251 - octobre 2009 den angrenzenden Wald überläuft und Boden und Grundwasser verschmutzt. In einem kleinen Waldstück entnahm Donald ölhaltige Bodenproben aus 1m Tiefe, in einem Gebiet das vornehmlich als gereinigt gilt. Gesundheitsprobleme innerhalb der lokalen Bevölkerung sind die Folge: Kopfschmerzen, Erbrechen, Hautkrankheiten und Krebs sind in der Ölregion weit verbreitet. Beim gemeinsamen Abendessen in Coca berichteten uns Ermel Chávez, der Präsident der Frente, und Luis Yanza von dem aktuellen Stand des TexacoProzesses. Der Prozess begann 1994 in den USA und wird seit 2001 in Ecuador weiter geführt. Anfang April 2008 bestätigte ein Gutachten eines unabhängigen Experten, dass die Schäden durch die Ölförderung weitaus höher liegen als bisher angenommen. Texaco versucht ihrerseits, den gesamten Prozess auf die lange Bank zu schieben. Dafür ist ihnen kein Mittel zu schade: Wenige Tage vor unserer Ankunft, so Luis Yanza, veröffentlichte der Öl-Multi auf seiner Homepage ein gefälschtes Video, das den zuständigen Richter als korrupt beschuldigt. Die VertreterInnen der Frente zeigten sich besorgt, sowohl darüber ob der Prozess tatsächlich, wie vorgesehen, nächstes Jahr zu einem Abschluss kommt, als auch über die generellen ökologischen und sozialen Entwicklungen in ihrer Region, deren Infrastruktur seit Jahrzehnten vollends auf der Förderung von Erdöl basiert. Tourismus statt Öl Der nachfolgende Tag begann mit einem Frühstück in Begleitung der Bürgermeisterin von Coca, Anita Rivas. Coca ist eine der vier zentralen Erdölstädte im Oriente. Bürgermeisterin Rivas versucht nun, wirtschaftliche Alternativen zur Rohstoffausbeutung zu erschließen. An vorderster Stelle steht deshalb für sie die Förderung des regionalen Tourismus. Etliche Aktivitäten wie z.B. die Vermarktung indigenen Kunsthandwerks und die Errichtung von lokalen Museen wurden bereits umgesetzt oder befinden sich in Planung. Ein weiteres zentrales Anliegen der Bürgermeisterin der indigenen Partei Pachakutik ist der Yasuní-Vorschlag. Der Yasuní-Nationalpark liegt unweit der Stadt Coca im östlichen Amazonasgebiet Ecuadors und wurde 1989 von der UNESCO zum Biosphärenreservat erklärt. Auf dem Gebiet, das eine der welthöchsten Artenvielfalt aufweist, leben verschiedene indigene Gruppen wie die Kichwa, Shuar und Huaorani. Zwei Gruppen indigener Waldnomaden, die Tagaeri und Taroemanane, leben hier in freiwilliger Isolation ohne Kontakt mit der „westlichen“ Zivilisation. Im Osten des Yasuní-Nationalparks befindet sich das Erdölfeld Ishpingo-TambocochaTiputini (ITT) in dem große Ölreserven gefunden wurden. Die Regierung Correa hat jetzt vorgeschlagen dieses Ölfeld nicht auszubeuten, wenn die internationale Gemeinschaft die Hälfte der zu erwartenden Einkünfte erstattet. Der innovative Vorschlag stammt ursprünglich aus der Zivilgesellschaft und vereint den Schutz von Klima, Biodiversität und indigenen Gemeinschaften. Mitte dieses Jahres hat die Bundesrepublik Deutschland als erstes Land feste Mittel in Höhe von 50 Mio. Dollar jährlich zugesagt. Anita Rivas verabschiedete sich von den europäischen Klimabündnisdelegierten mit dem Appell auch in ihren Herkunftsländern die Yasuní-Idee zu unterstützen. Von Coca aus führte unsere Reise entlang der Pipelines weiter nach Puyo. Im überfüllten Kleinbus schaukelten wir durch ein scheinbar unendliches hügeliges Regenwaldgebiet. Der Ausblick auf die riesigen Wälder, entlang an hohen Vulkanen war wunderschön. Erst der Einbruch der Dunkelheit gestaltete sich als schwierig: Die Lichtanlage des Minibus erwies sich als defekt, die kurvige Straße vor uns verlor sich in dunkler Nacht. Mit vereinten Kräften, Blinkanlage und mit Taschenlampe bewaffnetem Beifahrer schafften wir es dann doch bis kurz vor Puyo, von wo aus uns ein intakter Bus zum Hotel brachte. 39 Luxembourg Der nächste Tag versprach bereits frühmorgens abenteuerlich zu werden. Mit einer einmotorigen Cessna flogen wir von Puyo in die indigene Gemeinde Sarayaku. Da in der Maschine jeweils nur Platz für fünf Leute und „so wenig Gepäck wie möglich“ war, flog dasselbe Flugzeug die Strecke dreimal. Bei strahlendem Sonnenschein und aufgrund der geringen Flughöhe bot sich eine wundervolle Aussicht über Wälder, Flüsse und vereinzelte Siedlungen. Erst hier in der Luft wurde vielen von uns das wahre Ausmaß der Regenwaldgebiete bewusst. Nach dem die Gruppe vollzählig gelandet war, ging die Reise per Kanu über den Río Bobonaza weiter. Da der Fluss derzeit sehr wenig Wasser führte, musste die versammelte Mannschaft an mehreren Stellen nasse Füße riskieren, um das Kanu durch besonders niedrige Stellen zu manövrieren. Bei der tropischen Hitze um die Mittagszeit war das kühle Nass in den Gummistiefeln allerdings eine durchaus willkommene Abwechslung. In Sarayaku gestrandet, wurden wir von dem Präsidenten und weiteren Gemeindevorstehern empfangen. Beim gemeinsamen Mittagessen wurden erste Informationen ausgetauscht. Sarayaku ist eine Gemeinde der KichwaIndigenen. In fünf Dörfern leben rund 2 000 Kichwa. Bekannt wurde Sarayaku v.a. durch den Widerstand den sie seit Ende der 80er Jahre gegen das Vordringen der Erdölfirmen in ihrem Gebiet leisteten. Sie konnten bis heute erfolgreich ölfördernde Aktivitäten auf ihrem Land verhindern. Gelungen ist ihnen dies v.a. durch eine starke innere Organisation und ethnische Identität. Die Kichwa aus Sarayaku wollen ein nachhaltiges Entwicklungsmodell das auf indigenen Traditionen und dem Leben im Regenwald basiert. Insbesondere eine gute, selbstbestimmte Bildung sorgt dafür, dass auch junge Indigene ihre Kompetenzen der Gemeinschaft 40 zugute kommen lassen. Auch nach dem gemeinsamen Essen ging der Tag sportlich weiter. Tupac, der junge Öffentlichkeitsreferent aus Sarayaku, führte uns aus der Dorfgemeinschaft heraus in die dichteren Regenwaldgebiete. Er erläuterte uns den Unterschied zwischen sekundärem und primärem Regenwald, den Nutzen verschiedener essbarer und Heilpflanzen und wie seine Gemeinschaft seit Generationen den Wald für „ein gutes und nachhaltiges Leben“ nutzt. Tupacs Ausführungen wurden immer wieder von Schüssen im gegenüberliegenden Waldhang unterbrochen. Er erklärte uns, dass zeitgleich mit uns, eine große Herde von Wildschweinen durch das Gebiet zog. Kurze Zeit später kreuzten zehnjährige Jungs mit lässig geschultertem Jagdgewehr unseren Weg. Nach einer halben Stunde begegnete uns auch das erste Jagdopfer. Wie ein Rucksack baumelte das leblose Wildschwein auf dem Rücken von Dionisio der uns sein Jagdglück in kurzen Sätzen schilderte. Der Blutspur folgend trafen wir auf unserer mehrstündigen Dschungeltour bis zur Abenddämmerung noch mindestens zehn weitere erlegte Wildschweine. Das Abendessen war gerettet. Minga und Chicha Nach einem gemeinsamen Bad im Fluss wurden wir am nächsten Morgen eingeladen an der Dorfminga teilzunehmen. Die Minga ist eine Gemeinschaftsarbeit, bei der es allerdings nicht nur darum geht, zusammen eine oder mehrere größere Arbeiten zu verrichten, sondern es ist zugleich ein Lernprozess, in dem kollektives Wissen von den Älteren zu den Jüngeren weitervermittelt wird. Wichtiger Bestandteil der Minga ist die Chicha. Chicha ist ein Getränk das aus Yucca (Maniok) und ausschließlich von Frauen hergestellt wird. Die Frauen kauen die Yuccapflanzen und spucken das Zerkaute in einen großen bauchigen Keramiktopf, in dem es zusammen mit Wasser über mehrere Tage hinweg fermentiert und Alkohol bildet. Die für unser europäisches Hygieneverständnis ungewohnte Herstellung der Chicha führte dazu, dass unsere Gruppe nur zaghaft an der Chichaschale nippte, es komplett abzulehnen wäre jedoch unhöflich gewesen. Nach dem gemeinsamen Umtrunk durften wir unsere Kräfte dann in den Dienst der Gemeinschaft stellen. Dabei mussten wir feststellen, dass mit einer Machete den Rasen zu mähen, gar Photo: Zbyšek Podhrázský Sportlich nach Sarayaku BP 251 - octobre 2009 Luxembourg nicht so einfach ist wie es aussieht; ganz zur Belustigung der umstehenden DorfbewohnerInnen. Aus den Erklärungen rund um die Arbeits- und Anbauweise der indigenen Landwirtschaft entstand eine ganz allgemeine Diskussionsrunde über das alltägliche Leben in Sarayaku, die noch bis lange nach dem Abendessen andauerte. Am nächsten Tag holte uns das kleine Propellerflugzeug wieder ab und von Puyo aus traten wir den Rückweg nach Quito an. Am letzten Tag fuhren wir mit der ecuadorianischen Umweltorganisation Acción Ecológica von Quito aus in die Hochlandregion Imbabura. Auf den Pick-up-Ladeflächen stehend, wurden wir bis auf 3700m Höhe zu der indigenen Gemeinde Mojandita gekarrt. Die hier vorherrschende Vegetation ist das so genannte Páramo, das sich v.a. durch kleinwüchsige Baumsorten, Farne, Kräuter und Moose auszeichnet. Páramo kann sehr viel Wasser aufnehmen und ist, weil es auch noch in langen Trockenzeiten Quellen speisen kann, als natürliches Wasserreservoir unverzichtbar für die andine Region. Seit einiger Zeit entstehen hier jedoch monokulturelle Pinien- und Eukalyptusplantagen. Diese Bäume sollen als Senken dienen, um Kohlendioxid zu binden. Europäische Firmen lassen hier solche Plantagen anlegen, um sich freiwillige Emissionsrechte gutschreiben zu lassen und sich mit dem Etikett der „Klimaneutralität“ zu schmücken. Die Plantage die wir uns ansahen bestand jedoch lediglich aus verkümmerten kleinen Nadelbäumchen. BewohnerInnen des angrenzenden Dorfes berichteten uns, wie vor zwei Jahren ein Feuer die gesamte Plantage vernichtet hatte. Zu diesem Zeitpunkt wurden die negativen Auswirkungen der Knebelverträge auf die lokalen Dorfgemeinschaften besonders deutlich: Die comunidad erhält zu Beginn eine bestimmte Summe Geld, um die Plan- BP 251 - octobre 2009 Photo: Joachim Lorenz Páramo und Pinien tage anzulegen und über einen Zeitraum von 15 bis 30 Jahren zu unterhalten. Am Ende fällen die BewohnerInnen die Bäume und verkaufen sie. Der Gesamterlös deckt jedoch in keinem Fall die jahrzehntelangen Unterhaltsarbeiten, die von der indigenen Gemeinschaft geleistet werden mussten. Und im Falle eines Feuers, wie auf der von uns besichtigten Plantage, ist die Dorfbevölkerung zur Rückzahlung der dreifachen Summe verpflichtet. Aus diesen Gründen plädiert Acción Ecológica für eine Aufhebung aller bestehenden Verträge und für keine weiteren Plantagenpflanzungen für Senken. Auch die Gruppe war sich auf dem Rückweg nach Quito einig, SO darf internationaler Klimaschutz nicht aussehen. Ausblick in Panama bevor wir gegen Mittag den Rückflug antraten. Im Flughafen von Panama zog die Gruppe eine erste Bilanz der gesamten Reise und besprach, wie die verschiedenen Arbeitsthemen in nächster Zukunft weitergeführt werden können. Trotz unterschiedlicher Arbeitsund Interessensschwerpunkte waren alle TeilnehmerInnen dankbar für die Erfahrung, die oftmals aus der Theorie bereits bekannten Sachverhalte, real vor Ort gesehen zu haben. Dadurch wird es für viele in Zukunft einfacher sein, die komplexen Themenfelder auch bildlich an Dritte weiter zu vermitteln. Dass die Reise nur der Anfang gemeinsamer Arbeitsprozesse war und die eigentliche Sensibilisierungsarbeit „zuhause“ jetzt erst losgeht, darin waren sich alle einig. Kristy Schank ist Mitglied der ASTM. Dann ging alles ganz schnell. Am nächsten Morgen gab es noch eine letzte gemeinsame Diskussionsrunde mit VertreterInnen von Umwelt- und Indigenenorganisationen. Hier konnten nochmals letzte Fragen geklärt und Kontaktdaten ausgetauscht werden 41 Luxembourg Conférence “L’agroénergie: les ravages d’une logique économique néfaste” L‘Institut d‘Etudes Européennes et Internationales du Luxembourg avait invité le mardi 22 septembre, François Houtart, fondateur et actuel président du Centre Tricontinental de Louvain-la-Neuve et cofondateur du Forum Social Mondial, qui nous a démontré que ce projet, à priori plein d’avenir, a d’ores et déjà des conséquences néfastes pour une partie des populations d’Asie, Amérique latine et Afrique. L’agroénergie est une idée des écologistes, il y a de cela une dizaine d’années environ, ce afin de répondre à l’épuisement prévisible des ressources fossiles. Elle était alors vilipendée par „la droite“ qui n’y voyait qu‘„un rêve environnemental dénué de réalisme“1 et qui niait le problème climatique. Maintenant la situation s’est complètement retournée. Ce sont les mouvements de gauche et tout particulièrement les écologistes qui le mettent en cause et la droite qui la soutient, car le système capitaliste a toujours le génie de savoir utiliser les crises à son profit. A l’heure actuelle, le monde est face à une crise non seulement financière, mais aussi énergétique, climatique et alimentaire. Pour faire face aux besoins énergétiques la recherche d’énergies renouvelables est devenue vitale et en même temps, intéressante pour les investissements privés. Mais c’est sans se préoccuper des „externalités“, c’est à dire „des conditions écologiques et sociales de la production des nouveaux carburants et de leurs effets sur la nature et les populations“. F. Houtart voit quatre crises : La crise énergétique est bien réelle car on ne peut plus ignorer que dans une quarantaine d’années les ressources en pétrole et en gaz seront épuisées. Il y a encore pour 200 ans de charbon. Tout cela en supposant que les chinois et les indiens ne se mettent pas à consommer comme nous le faisons! 42 Photo:Wikimedia Commons Monique Langevin François Houtart, prêtre et sociologue marxiste belge, était en visite au Luxembourg. Quant à s’orienter vers le tout nucléaire, il ne faut pas y penser car si tel était le cas, les ressources en uranium nécessaires seraient épuisées en une année et demi. Quid alors des agrocarburants? On estime qu’ils ne peuvent couvrir que 5 à 10% de la demande énergétique. En Europe, même si toutes les terres arables étaient cultivées en de façon à produire des agrocarburants cela ne suffirait pas à la demande. Alors on se tourne vers les pays du sud avec toutes les conséquences écologiques que cela entraine. Destruc- tions des forêts en Indonésie et en Afrique centrale. Expulsions des paysans (60 millions d’ici 2020). Conditions de travail et de santé désastreuses….. Les causes de la crise climatique sont connues de tous et on est maintenant à peu près sûrs qu’elle est le résultat de l’activité humaine. „En Europe, on estime que 22% des émissions de CO2 sont dus à la voiture“. Même si les pays industrialisés commencent à prendre le problème au sérieux, le taux de CO2 continue à y augmenter. Il faut aussi BP 251 - octobre 2009 Luxembourg prendre en considération le fait que les pays émergents veulent aussi se développer et ne sont pas prêts à limiter leur croissance. En parallèle avec les émissions de gaz à effet de serre il y a la diminution de la capacité d’absorption des puits de carbone que sont les mers et les forêts. Le réchauffement de la planète a un impact direct sur l’augmentation de la température des océans. Plus leur température est élevée, moins ils absorbent de CO2 et par contre ils deviennent des sources d ‘émission de carbone. On connaît les effets de ces changements : disparition d’espèces vivantes des océans ; élévation du niveau des mers d’où disparition de territoires entrainant des déplacements de population. On estime qu’il pourrait y avoir 150 à 200 millions de réfugiés climatiques dans les 10 années à venir. Le développement des agrocarburants a un impact direct sur la crise alimentaire qui à 85% est liée à l’agroalimentaire. Pour permettre les cultures intensives de soja, canne à sucre, palme, des terres ont été enlevées aux paysans qui se retrouvent dans l’impossibilité de produire les cultures vivrières nécessaires à leur alimentation. A l’heure actuelle le monde compte près d’un milliard de personnes sous alimentées, des paysans pour la grande majorité. Quant à la crise financière, elle a conduit à un ralentissement des investissements dans les nouvelles technologies. Après ce tour d’horizon, on peut se demander pourquoi on promeut l’agroénergie ? Pour F.Houtart, en soi ce n’est pas un mal mais à condition qu’elle respecte la biodiversité et qu’elle ne soit pas dominée par le grand capital avec son cortège de conséquences désastreuses : concentration des terres ; exploitation du travail des paysans ; ignorance des externalités ; transfert de l’argent public vers le privé ; re-légitimation du capitalisme… Que faire alors ? F. Houtart a des pistes de solutions, mais qui suppose BP 251 - octobre 2009 Livre L’agroénergie. Solution pour le climat ou sortie de crise pour le capital ? L’agroénergie se trouve au cœur de l’actualité. On connait mal ses enjeux. Une intense publicité la présente comme une solution pour le climat et pour la crise énergétique. Il est vrai que le problème climatique est beaucoup plus grave que l’on pense et il est clairement le résultat de l’activité humaine. Il est donc urgent d’agir. D’où, entre autres, la recherche d’énergies renouvelables respectueuses de l’environnement. Mais l’agroénergie est-elle vraiment une solution ? Pourra-t-elle remplacer l’énergie fossile ? Peut-on vraiment parler de solution sans remettre cette dernière dans son cadre global ? Il serait bien étonnant qu’un système économique tel que le capitalisme n’essaie pas d’apporter quelques remèdes à une situation qui le bloque jusque dans sa propre survie. Mais s’agit-il pour autant de mesures favorables à l’humanité dans son ensemble et susceptibles de garantir l’avenir de la planète ? En d’autres mots, cherche-t-on à sauver le genre humain et ses capacités vitales ou à préserver le sort du capitalisme ? Pour cela l’ouvrage examine le rôle de l’énergie dans le développement de l’humanité et ensuite la dégradation du climat et la façon dont le capitalisme a traité du problème. Il aborde ensuite les conditions réelles de l’extension des agrocarburants en révélant les conditions écologiques et sociales de leur production. Il dénonce les catastrophes sociales et naturelles qu’ils provoquent et contre lesquelles des protestations s’expriment en Asie, en Amérique latine et en Afrique. L’ouvrage se termine par une réflexion sur la fonction économique des agrocarburants, sur les solutions fournies par les énergies renouvelables. Il propose des transformations qui rencontrent le fond du problème : changer de modèle de développement. François Houtart Maison, Couleur livres 2009, ISBN 978-2-87003-508-5. que l’on repense entièrement notre modèle de développement : trouver des alternatives à la situation actuelle comme l’énergie solaire; promouvoir une nouvelle logique, celle qui répond aux besoins élémentaires des personnes dans le respect de la nature; favoriser l’organisation collective; accepter la multiculturalité. En tant qu’ASTM nous ne pouvons qu’adhérer à ces propositions, même si personnellement je crains qu’elles ne soient trop utopiques ! Monique Langevin est membre de l‘ASTM. (1) Les citations entre sont extraites du dernier livre de F.Houtard : l’agroénergie – solution pour le climat ou sortie de crise pour le capital ? 43 Le coin des lectures Le coin des lectures Aravind Adiga: Zwischen den Attentaten In Adigas neuem Buch werden mit Witz und Furor, Mitgefühl und Humor, Mut und Leidenschaft Geschichten erzählt, in denen die unbarmherzigen Gegensätze und der unbeugsame Überlebenswille im heutigen Indien plastisch werden. Da ist der zwölfjährige Ziauddin, der in einem Teehaus in der Nähe des Bahnhofs aushilft und, weil er einem hellhäutigen Fremden vertraut, einen großen Fehler macht. Da ist ein privilegierter Schuljunge, der aus Protest gegen das Kastenwesen an seiner Schule Sprengstoff zündet. Und da ist George D’Souza, der Moskitomann, der sich bei der reizenden, jungen Mrs Gomes zum Gärtner und dann zum Chauffeur hocharbeitet und alles verliert, als er die strengen Grenzen zu überschreiten versucht. C.H. Beck, 2009: 384 Seiten Marcel Hänggi: Wir Schwätzer im Treibhaus Das Buch analysiert die wissenschaftlichen Grundlagen der Klimapolitik vom IPCC-Report bis zu Kosten-Nutzen-Analysen à la Stern-Bericht. Es diskutiert Sinn und Unsinn der Strategien vom Emissionshandel über Agrartreibstoffe bis zur Umwelttechnologie. Es fragt, wie eine klimaverträgliche Welt aussehen könnte. Und es kommt dabei zum Schluss, dass die Feinde einer wirksamen Klimapolitik heute nicht mehr in erster Linie die Leugner und Verharmloser sind. Sondern, angeführt von Nobelpreisträger Al Gore, die gutmeinenden Optimisten. Oekom Verlag, 2008: 400 pages Wolfgang Benedek: Menschenrechte verstehen Die zweite deutsche Auflage des in 15 Sprachen übersetzten Handbuchs informiert in 14 Modulen über die wichtigsten Menschenrechte - und zeigt, wie man sie lernen und lehren kann. Das Handbuch beleuchtet schwierige Kontroversen, wie das Verhältnis von Menschenrechten und Religion, und behandelt eingehend aktuelle Probleme, wie die Rolle der Folter im „Krieg gegen den Terrorismus“. Jedes Modul beginnt mit einem Praxisbeispiel für die Anwendung der 13 bearbeiteten Menschenrechte, es folgen Hintergrundinformationen und ein Abschnitt mit aktuellen Entwicklungen. Berliner Wissenschafts-Verlag, 2009: 468 Seiten Le Centre d‘Information Tiers Monde (55, avenue de la Liberté L-1931 Luxembourg) est ouvert aux horaires suivantes: lundi et mardi de 14h à 17h, le mercredi et le jeudi de 10h à 17h et le samedi de 10h30 à 12h30. Contact: Jacqueline Rippert, e-mail: [email protected], tél: 400 427-31. 44 BP 251 - octobre 2009 INE WELT ZUM AUSLEIHE Öffnungszeiten: Montag, Dienstag: 14h-17h Mittwoch, Donnerstag: 10h-17h Samstag: 10h30-12h30 In den Schulferien geschlossen Pädagogische Koffer zu verschiedenen Themen, Unterrichtsmaterialien für alle Schulformen und Centre d‘Information Tiers Monde Altersstufen, Fachliteratur zu verschiedenen 55, avenue de la Liberté Ländern und entwicklungspolitischen Aspekten, Tel. 400 427 31 Kinder- und Jugendbücher, Spiel- und [email protected] www.astm.lu filme, Musik aus aller Welt, Poster, Spiele, u.v.m. s u o n z e d Ai éliorer m a à ! e u v e r e r t vo Participez au sondage en ligne sur la revue Brennpunkt Drëtt Welt! 1) Trouvez le sondage sur notre page web www.astm.lu 2) Répondez en cinq minutes aux dix questions du sondage 3) Appuyer sur le bouton „done“ pour valider vos réponses Votre avis sur la revue Brennpunkt Drëtt Welt nous est précieux. 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