Biographie de Maurice MENDJIZKY

Transcription

Biographie de Maurice MENDJIZKY
Sommaire
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
PARCOURS DE L’EXPOSITION Accueil | Serge MENDJISKY Photographies marouflées sur toile
Biographie de Serge MENDJISKY
Sous-sol | La Figure Humaine par Maurice MENDJIZKY Biographie de Maurice MENDJIZKY
La Figure Humaine par Francis POULENC
Paul ELUARD | Liberté
1er étage | Peintres de la Première École de Paris
La Première École de Paris
Henri HAYDEN
Simon MONDZAIN
Lazare VOLOVICK
2ème étage et mezzanine | Maurice MENDJIZKY (1890-1951)
PRÉSENTATION DU MUSÉE
Une architecture signée MALLET-STEVENS
Une rénovation désirée par Yvon POULLAIN
Le XVème arrondissement
LES MISSIONS DU MUSÉE
Soutenir nos actions
Privatisation
Exemples de déductions fiscales
Revue de presse Informations pratiques
Communiqué de presse
EXPOSITION
Maurice Mendjizky
et la Figure Humaine
8 Septembre – 12 novembre 2014
15 Square de Vergennes
Paris XV
+ 33 (0)1 45 32 37 70
www.fmep.fr
Qui voit la figure humaine correctement ?
Le photographe, le miroir ou le peintre ?
Picasso
Le Musée Mendjisky- Écoles de Paris dévoilera
à partir du 8 septembre une partie de son Fonds
permanent dans le cadre d’une exposition
intermédiaire intitulée :
Maurice MENDJIZKY et la FIGURE HUMAINE
autour des dessins préparatoires sur le Ghetto
(1947-1950), ainsi que des dessins faits pendant la
guerre (femmes, enfants, scènes de guerre, dessins
satiriques), un ensemble d’une qualité et d’une force
impressionnante avec l’encre comme métaphore du
sang et des larmes.
Cette exposition rimera sur le plan musical et
poétique avec une cantate du compositeur
FRANCIS POULENC FIGURE HUMAINE : une
œuvre symbolique, écrite en 1943 et, chantée en
France en 1947 par un double chœur à capella sur
des poèmes de Paul Eluard, dont le plus célèbre
hymne de la résistance, «Liberté».
Cette œuvre, ample et sensible, entre en parfaite
résonance avec le travail discret et exceptionnel de
Maurice Mendjizky qui exprima pendant cette période
tragique le plus fort de son génie de dessinateur.
« Tout est sauvé » le poème écrit par Eluard qui
accompagne le recueil sur les Combattants Martyrs
du Ghetto de Varsovie est de la même veine poétique
surréelle, nous plongeant à la fois dans un climat de
détresse et d’espérance.
A travers le dessin, le chant et la poésie, la Figure
Humaine prend tout son sens et s’impose à travers
le temps puisqu’encore en 2014 elle est martyrisée
partout dans le Monde.
Contact Presse :
[email protected]
Référence musicale : Figure humaine de Francis
Poulenc (38 mn) Laurence Equilbey, chef d’orchestre, Chœur : Accentus (Naïve).
Le premier étage est consacré aux peintres de
la Première École de Paris avec des œuvres
de Henri HAYDEN (1883-1970), Maurice
MENDJIZKY (1890-1951), Simon MONDZAIN
(1887-1979), Lazare VOLOVICK (1902-1977).
Au cours de ce mois de septembre les visiteurs
seront aussi introduits à l’œuvre du fils de
Maurice, Serge MENDJISKY. Ils découvriront
à travers peintures, dessins et collages
photographiques, comment l’œuvre admirée du
Père résonne dans celle du fils.
On y retrouve la même curiosité pour tous les
courants proposés à leurs époques et la même
exigence à exprimer la réalité avec sensibilité et
imagination.
En hommage Serge revisite parfois les sujets de
son père et perpétue sa quête :
« Trouver la couleur de l’air ».
Maurice MENDJIZKY avait coutume de dire à son
fils « Un don sans travail, n’est qu’une mauvaise
habitude ». Malgré une transmission écourtée par
la guerre, la leçon fut influente. La conformité de
goûts et l’attachement à la peinture de chevalet fit
le reste. Ainsi, le culte humaniste de la beauté fut
poursuivi, et alors les œuvres riment comme les
deux vers d’un poème.
Accueil | Serge MENDJISKY
Photographies marouflées sur toile
Biographie de Serge MENDJISKY
Serge Mendjisky est né en 1929 à Paris. Son père, Maurice Mendjizky, était
peintre de l’Ecole de Paris, c’est ainsi que Serge fait connaissance avec le monde
des Arts dés son enfance. Après avoir suivi ses études aux Beaux Arts de Paris, il
devient vite un artiste reconnu et expose en Europe, au Japon et aux Etats-Unis.
Déjà, il utilise la photographie pour faire ses études préliminaires en peinture.
© Laurence Friconneau
En 2000, il décide d’utiliser la photographie comme unique moyen d’ expression.
Il emprunte la technique du collage afin de modifier les images photographiques et
d’articuler sa vision multi-dimensionnelle du monde. Les perspectives multiples,
exprimées dans ses collages évoquent très clairement la phase analytique du
Cubisme. Pablo Picasso, bien connu de Serge Mendjisky grâce aux activités de
son père sur la scène artistique de l’époque, lui a dit que le Cubisme proprement dit
serait pleinement atteint à travers la photographie.
Serge Mendjisky a toujours gardé cette vision à l’esprit, et après de nombreuses années d’exploration technique,
il a trouvé un moyen de questionner non seulement l’apparence du monde, mais aussi notre comportement
perceptuel.
En décomposant et recomposant les horizons de certaines des plus célèbres cités du monde, tels New York
et Paris, Serge Mendjisky crée de nouveaux paysages urbains qui interrogent nos facultés perceptives.
Volumes, lumières et couleurs créent des rythmes visuels différents qui établissent de nouveaux rapports entre
Temps et Espace. A travers l’objectif créatif de Serge Mendjisky, Broadway devient une explosion de lumières
multicolores, tandis que le “Down Town” new-yorkais valse poétiquement aux sons d’un violoncelle. Des paysages
urbains reconnaissables sont redéfinis et leur réalité reformulée devient tridimensionnelle.
L’œuvre de Serge Mendjisky est représentée dans des collections publiques aussi bien que privées, dont celles
du Musée d’Art Moderne de Paris, du Musée d’Art de la Philadelphie et du Musée des Beaux-Arts de Pouchkine
à Moscou.
Sous le ciel de Paris - 2001 - 146 x 97 cm - Photographies marouflées sur toile
La Figure Humaine
Sous-sol - Maurice MENDJIZKY (1890-1951)
A droite en bas de l’escalier
L’assaut - 1948-49
Encre sur papier - 28.5 x 44 cm
Etudes de roses 1945-49
Crayon sur papier - 31 x 23 cm
L’embarquement d’un prisonnier - 1948-49
Encre sur papier - 28.5 x 44 cm
Femme et enfant 1946-1950
Encre sur papier - 31 x 21 cm
Etude de caractère, homme hurlant - 1946/50
Crayon sur papier - 31 x 21 cm
Femme et enfant sur un banc 1948-49
Fusain sur papier - 42 x 32 cm Portrait d’un homme chauve de ¾ - 1946/50
Encre et fusain sur papier 31 x 21 cm
Vieille femme 1955
Fusain sur papier - 28 x 12,5 cm
L’exil - 1948-49
Encre sur papier - 28.5 x 44 cm
Femme réconfortant ses enfants 1945-1946
Encre sur papier - 31 x 23 cm
Portrait d’un cardinal de trois quart - 1946-1950
Fusain sur papier - 31 x 21 cm
Maman 1945/46
Crayon sur papier - 35 x 26 cm
Maman 1945/46
Crayon sur papier - 35 x 26 cm
Enfant cousant 1945/46
Crayon sur papier - 30 x 21, 5 cm
Prisonnier 1949-50
Encre sur papier 44 x 28.5 cm
Etude de main en raccourcis 1945-46
Crayon sur papier - 31 x 23 cm
Femme protégeant son bébé 1949/50
Encre sur papier - 44 x 28.5 cm
Repas du Chabat 1939
Encre sur papier - 31x21 cm
Femme lisant et tête d’homme 1936-37
Encre sur papier - 28.5 x 44 cm
Serge bébé 1929
Crayon sur papier - 34 x 24 cm
Le pape pactisant avec le régime nazi 1949-50
Encre sur papier - 28.5 x 44 cm
Nu plantureux 1935-36
Fusain sur papier - 44 x 28.5 cm
Mère et son enfant terrorisés 1949/1950
Encre sur papier - 44 x 28,5 cm
Nu assis en appui 1936-37
Crayon sur papier - 28.5 x 44 cm
Femme devant un jeune homme inanimé 1950
Encre et crayon de couleurs - 28,5 x 44 cm
Nu de dos esquissé 1946
Encre sur papier - 28,5 x 44 cm
Militaire assaillant une jeune femme 1949-50
Encre sur papier - 28.5 x 44 cm
Croquis d’après statue 1935-39
Encre sur papier - 38 X 25 cm Portrait de petite fille 1948-49
Sanguine sur papier - 45 x 34 cm
Femme nue dans un paysage 1935-36
Fusain sur papier - 48 x 32 cm
Scène d’accouchement 1949-50
Encre sur papier- 28.5 x 44 cm
Jeux nus féminins 1938-39
Crayon sur papier - 28.5 x 44 cm
Série de têtes d’enfant 1932-1933
Encre sur papier - 20,5 x 16,5 cm
Femme assise 1945
Crayon sur papier - 41,5 x 24,5 cm
Petite Fille 1932-1933
Sanguine sur papier - 21 x 14,5 cm
Nu debout (coupé genoux) 1940
Crayon sur papier - 47 x 38 cm
6 dessins femme et enfant 1945/46
Encre sur papier - («14 x 12 cm) x 6
Kiki de Montparnasse 1921
Encre/papier - 33 x 23 cm
Femme lisant et tête d’homme 1936-37
Encre sur papier - 28.5 x 44 cm Nu accoudé stylisé 1946-1950
Encre sur papier - 31 x 21 cm
N° inventaire prêteurs 173
N° inventaire prêteurs 175
N° inventaire prêteurs 189
N° inventaire prêteurs 190
N° inventaire prêteurs 174
N° inventaire prêteurs 82
N° inventaire prêteurs 191
N° inventaire prêteurs 172
N° inventaire prêteurs 192
N° inventaire prêteurs 186
N° inventaire prêteurs 179
N° inventaire prêteurs 111
N° inventaire prêteurs 171
N° inventaire prêteurs 194
N° inventaire prêteurs 183
N° inventaire prêteurs 178
N° inventaire prêteurs 95
N° inventaire prêteurs 93
N° inventaire prêteurs 197
N° inventaire prêteurs 186
N° inventaire prêteurs 195
N° inventaire prêteurs 85
N° inventaire prêteurs 177
N° inventaire prêteurs 92
N° inventaire prêteurs 91
N° inventaire prêteurs 191
N° inventaire prêteurs 198
N° inventaire prêteurs 187
N° inventaire prêteurs 204
N° inventaire prêteurs 337
N° inventaire prêteurs 182
N° inventaire prêteurs 184
N° inventaire prêteurs 116
N° inventaire prêteurs 180
N° inventaire prêteurs 117
N° inventaire prêteurs 176
N° inventaire FMEP 70
N° inventaire FMEP 39
N° inventaire FMEP 75
N° inventaire prêteurs 84
Biographie de Maurice MENDJIZKY
Maurice Mendjizky est né le 20 juillet 1890 à Lodz en Pologne.
Ses parents sont d’origine modeste, son père est ferblantier. Il apprend
le dessin dans l’école Katsenelagoïn et rencontre Monsieur Landau, un
ami architecte, qui l’aide financièrement à partir étudier à Paris. En 1906, il
quitte donc sa patrie natale, il a dix-sept ans à peine.
1906 - 1907
Il étudie à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Fernand Cormon,
maître notamment de Matisse.
UN PEINTRE AMI DE PICASSO ET DE RENOIR
1911 - 1913
Il part faire son service militaire dans l’armée du Tsar. Il déserte, revient à Paris
en 1912, et fait sa première exposition chez Georges Petit. Le catalogue est
préfacé par André Salmon. En 1913, il rencontre Renoir, qui l’invite chez lui aux
Collettes, à Cagnes-sur-Mer. Enthousiasmé par l’atmosphère et la lumière de
la Côte d’Azur, il pousse ses camarades, Modigliani, Soutine à le rejoindre.
1914 - 1918
Cette amitié est temporairement interrompue par la guerre. Blessé, il reste deux longues années cloué sur un lit
d’hôpital à Nîmes. Une fois rétabli, il retourne à Paris en 1918. Il y rencontre un ancien élève d’Hector Berlioz,
Maguerre, et renoue avec sa passion pour la musique. Maurice Mendjizky se rend à Berlin avec ce dernier, pour
étudier la composition. Mais le peintre se rend vite compte qu’il est trop âgé pour percer dans ce milieu.
1919
Il revient à Paris et à la peinture. C’est à cette époque qu’il rencontre la jeune Alice Prin qui deviendra plus tard
la sulfureuse Kiki de Montparnasse. Amoureux, ils vivent pendant trois ans au 17 rue de Perceval, près de la
rue Vercingétorix, une rue qui a été démolie. La belle doit son surnom à Foujita. Arrivant du Japon et à Paris
depuis peu, il a en effet du mal à prononcer le nom de Mendjizky, et lui préfère « Kiki ».
1920
Il séjourne en Belgique, et à Beaucaire dans le Gard.
1921
Le 8 avril, il participe à la première exposition organisée au Café du Parnasse par Auguste Clergé et Serge Romoff
aux côtés de 46 autres artistes. Grâce à son ami André Salmon, Maurice Mendjizky expose pour la deuxième
fois à la galerie Georges Petit. L’exposition, préfacée par Maximilien Gauthier, a un succès retentissant.
1922
Après trois ans de vie commune, Mendjizky se sépare de Kiki, tombée dans les bras de Man Ray. Très affecté
par cette rupture, il retourne dans le midi de la France. La même année, Léon Zamaron, commissaire de police et
grand amateur d’art, qui favorisait l’intégration des peintres étrangers à Paris en échange de tableaux, lui signe un
contrat de quatre ans, où il s’engage à lui acheter 50% de sa production. Maurice Mendjizky est l’un des premiers
à signer un contrat avec lui. Il s’engage initialement à soixante-dix numéros pour mille-deux-cents francs par mois.
Zamaron a aussi conclu des contrats avec Zadkine, Mondzain, Marevna, Landau…
Il peint sur le motif à Saint Tropez, à Antibes, à Cagnes-sur-Mer. A Nice, il s’installe au Negresco et réalise une
belle galerie de portraits dont celui de l’Aga Khan. Visitant Saint Paul de Vence, il tombe amoureux de ce petit
village provençal, loge dans l’auberge « A Robinson », (future Colombe d’Or) et devient un habitué. Il y rencontre
Rose Rajbaut, 18 ans, et l’épouse l’année suivante. De cette union naîtront deux fils : Claude né en 1924, et Serge
en 1929.
1925 – 1926 - 1930
Expositions particulières à la Galerie Georges Petit.
6
1933
Maximilien Gauthier lui organise une exposition à la galerie Kleiman à Paris.
A cette période, Maurice Mendjizky est sollicité pour une grande exposition à l’Institut
Français de Prague, l’un des plus prestigieux d’Europe, inauguré en 1920 par Ernest
Denis. Il fonctionne alors comme une « université française ». Lieu très réputé, Hubert
Beuve-Méry y enseignait le droit international et Vladimir Jankélévitch la philosophie.
André Breton et Paul Eluard y ont prononcé un discours célébrant « les séductions
légendaires de Prague » en 1935. Le Musée d’Art Moderne lui achète son œuvre phare.
Mendjizky séjourne quelques temps en Tchécoslovaquie et rentre définitivement en France.
1934 - 1939 : UN HOMME ENGAGE POUR LA PAIX
Le peintre vit intensément les évolutions politiques de l’époque. La montée du fascisme en 1933 l’ébranle
beaucoup. Avec Signac, Langevin, et Frédéric Joliot-Curie, il fonde le Mouvement des Intellectuels pour la
Paix qui rassemble des écrivains, des musiciens, des peintres, Picasso, Prévert, Wiener, Leger, Signac etc.
1937 - 1938
Expositions à la Galerie Kleiman.
1937 - 1939
Entre 1937 et 1939, Mendjizky retourne très souvent à Saint-Paul de Vence où il rencontre son ami Léon
Weissberg. Ses liens avec Picasso se renforcent. En 1939, la guerre éclate et la famille Mendjizky s’engage
dans la lutte contre le régime nazi.
1940
En octobre, sur dénonciation, la Gestapo arrête sa femme Rose à Paris dans l’imprimerie familiale. Maurice doit
s’enfuir le jour même avec ses enfants et part se réfugier en zone libre à Nice, chez sa belle-sœur Claudine.
1942
De Nice il organise la Résistance dans les Alpes Maritimes et fonde la 8e Compagnie des Francs-Tireurs et
Partisans Français (FTPF). Il diffuse dans la région un journal clandestin, les Lettres Françaises.
1944 - 1946
En juillet, huit jours avant la libération, Claude son fils ainé, âgé de vingt ans, résistant dans le Maquis d’Utelle près
de Nice, est arrêté au cours d’un parachutage. Affreusement torturé, il est fusillé le 22 juillet à l’Ariane. Effondré,
Maurice retourne à Paris en novembre pour retrouver son fils Serge hospitalisé au Val de Grâce pour blessure de
guerre et sa femme qui vient d’être libérée par les américains. La mort de Claude et la longue séparation de Rose
et de Maurice provoque leur divorce en 1946. Le peintre poursuit sa carrière malgré tout.
1947
Il expose à la Galerie de l’Elysée, la préface du catalogue est de Jean Bouret.
1947 - 1951 : LA TRAGEDIE DE LA GUERRE LUI INSPIRE UNE SERIE DE DESSINS EXCEPTIONNELS
Peu réceptif aux sirènes de la gloire, il consacre son énergie à la création de dessins sur
le Ghetto de Varsovie où sont morts son père, sa mère et ses deux sœurs. L’assassinat
de son fils l’obsède, il lui dédie cette série de dessins. Un premier recueil de 31 dessins
est publié pour la première fois par Maurice Mendjizky avec en introduction un poème
d’Eluard. Il existe également une version en Yiddish. Picasso, après avoir vu les dessins
du Ghetto de Varsovie écrira : « c’est un chef-d’œuvre, c’est une véritable symphonie
du noir et blanc ».
1948
Atteint d’un cancer de la langue, il est opéré une première fois.
Maurice Mendjizky-1950
Dessin du ghetto de Varsovie
1951
Mais le cancer se généralise et il succombera le 8 mai après une intervention chirurgicale,
jour anniversaire de son fils Claude, il vivait alors à Saint Paul de Vence.
La Figure Humaine par Francis POULENC
Figure Humaine de FRANCIS POULENC est une cantate pour double chœur mixte
composée en 1943 sur des textes du poète Paul Éluard.
Considérée comme un véritable chef-d’œuvre par les critiques musicaux, la cantate est un hymne à la liberté.
FRANCIS POULENC et PAUL ELUARD se sont rencontrés dans les années 1916-1917, à la librairie parisienne
d’Adrienne Monnier. C’est le compositeur Georges Auric qui va suggérer, en 1919, à Poulenc de mettre en
musique les textes d’Eluard, en effet, il est le seul surréaliste qui tolère la musique.
Les poèmes de la cantate comptent parmi les plus célèbres d’ELUARD. Ils expriment la « souffrance du peuple
de France » réduit au silence et l’espoir du « triomphe final de la liberté sur la tyrannie ».
La Seconde Guerre mondiale est une période charnière dans la vie du compositeur. Dans les entretiens avec
Claude Rostand, il précise « Quelques privilégiés, dont j’étais, avions le réconfort de recevoir au courrier du matin,
de merveilleux poèmes dactylographiés, en bas desquels, sous des noms d’emprunt, nous devinions la signature
de PAUL ÉLUARD. C’est ainsi que j’ai reçu la plupart des poèmes de Poésie et Vérité 42 ».
La composition de la cantate s’achève à la fin de l’été 1943. La correspondance de POULENC avec son amie
intime Geneviève Sienkiewicz évoque le processus d’écriture de Figure Humaine, retiré à Beaulieu, il écrit à son
amie en août 1943 :
« Je travaille à une cantate a capella sur des poèmes d’ÉLUARD. (…) J’ai déjà fait les trois-quarts de ce cycle
et n’en suis pas mécontent ». Il évoque l’appartement triste où il réside à Beaulieu avec une vue sur le clocher
et précise « C’est en le contemplant, solide et si français, que j’ai conçu la musique de Liberté », qui clôt la
cantate.
L’éditeur Paul Rouart accepte de publier l’œuvre malgré l’Occupation et l’expédie à Londres, ce qui permet son
enregistrement à la BBC dès 1945. La formation requise complique son exécution, mais dans ses Entretiens
avec Claude Rostand, Poulenc déclare souhaiter que cet « acte de la foi puisse s’exprimer sans le secours
instrumental, par le seul truchement de la voix humaine »
La cantate Figure Humaine est enregistrée en anglais par la BBC le 25 mars 1945, puis à Bruxelles en français
le 2 décembre 1946 par les Chœurs de la radiodiffusion flamande sous la direction de Paul Collaer. La version
française a lieu lors du concert de la Pléiade à Paris le 22 mai 1947.
Selon le biographe Henri Hell, c’est dans le domaine choral que FRANCIS POULENC écrit ses œuvres les plus
accomplies, tendant davantage aux œuvres a capella qu’aux pièces accompagnées et qualifie Figure humaine
d’une des œuvres les plus marquantes de la musique chorale contemporaine, « merveilleusement polyphonique,
d’une texture sonore riche et complexe ».
Toutefois, la composition du double chœur rend difficile son exécution, et l’œuvre n’est reprise que le 27 mai 1959
à la salle Gaveau à Paris pour les 60 ans du compositeur.
Dans une lettre du 28 octobre 1943 adressée à son amie la Princesse de Polignac, Poulenc confie « Je crois que
c’est ce que j’ai fait de mieux. C’est en tout cas une œuvre capitale pour moi si elle ne l’est pas pour la musique
française ».
Le huitième et dernier chant, LIBERTÉ, est d’une durée d’exécution de 4 minutes 30 environ.
Ce n’est qu’après la dernière strophe que le mot Liberté éclate, comme pour mieux le souligner. Les émotions
transparaissent dans chacune des strophes, douceur, tendresse, tristesse, force et violence, en passant de « l’un
à l’autre avec une souplesse invisible ».
Renaud Machart, Poulenc, Paris, Seuil,‎ 1995, 252 p.
Francis Poulenc, Journal de mes mélodies, Paris, Cicéro Éditeurs, Salabert,‎ 1993, 159 p.
Henri Hell, Francis Poulenc, Paris, Fayard,‎ 1978, 388 p.
Josiane Mas (dir), Centenaire Georges Auric - Francis Poulenc, Centre d’études du XXe siècle - Université de Montpellier III,‎ 2001, 338 p.
Paul ELUARD | Liberté
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées J’écris ton nom
Sur tous me chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
Sur les sentiers éveillés J’écris ton nom
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives J’écris ton nom
Bien au-dessus du silence
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue J’écris ton nom
Sur les marches de la mort J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer - Liberté
Poésie et vérité 1942
Au rendez-vous allemand de Paul Eluard
© 1945 les Editions de Minuit
1er Étage | Peintres
de la Première École de Paris
Le terme « École de Paris » désigne l’ensemble des artistes étrangers
arrivés au début du XXe siècle dans la capitale, à la recherche de débouchés
artistiques. De 1900 au début de la Première Guerre Mondiale, un afflux
d’artistes arrive à Paris provenant souvent d’Europe centrale. Il se fixe dans
le quartier de Montparnasse.
Nombreux sont ceux d’origine juive. Ils viennent le plus souvent de
Pologne, de Russie, mais aussi d’Allemagne, de Tchécoslovaquie,
Roumanie, Hongrie. A Paris dès 1906, Maurice Mendjizky est donc aux
avant-postes de cette marche vers la capitale. Ce mouvement ne cesse
de s’amplifier et contribue à créer un climat d’entraide et de solidarité
entre les artistes, qui cherchent à outrepasser la précarité de leurs statuts.
Après l’accession d’Hitler au pouvoir en 1933, les peintres juifs délaissent leurs pays et se réfugient à
Paris. L’Entre-deux-guerres, voit notamment entrer André Lanskoy ou Serge Poliakoff dans ce cercle.
Émergent alors de nouvelles tendances stylistiques, marquées par l’abstraction et la toute-puissance de
la couleur en peinture.
Le noyau dur de la première école de Paris peut s’étendre à quelques autres artistes étrangers qui ont
vécu dans l’ambiance bohème du Paris du début du siècle comme l’Italien Amedeo Modigliani (18841920), le Hollandais Kees Van Dongen (1877-1968), le Biélorusse Chaïm Soutine (1893-1943), le
Russe Marc Chagall (1887-1985) et le Polonais Moïse Kisling (1891-1953). On doit associer le Japonais
Léonard Foujita (1886-1968), le Bulgare Jules Pascin (1885-1930) et un certain nombre de sculpteurs
tels que l’Ukrainienne Chana Orloff (1888-1968) ou le Lituanien Jacques Lipchitz (1891-1973). Les
photographes, tels que l’Américain Man Ray (1890-1976) ou le Hongrois André Kertész (1894-1985).
« Qui étaient ces peintres ? S’il faut trouver d’emblée un point commun entre ces artistes, ce serait celui
de croire au vieux proverbe allemand ”vivre comme Dieu en France” que la tradition orale yiddish a
popularisé en ”Heureux comme un juif à Paris”: “Azoy gluckor wi a yid in Paris”.
Paris était alors le centre du monde. Venus de l’est européen, entre 1905 et 1939. Ils fuyaient
l’antisémitisme de leurs pays, cherchant, à Paris une terre d’accueil où leur soif artistique pourrait
s’exprimer librement.
Ces peintres s’installent à Montparnasse, se frottent à l’avant-garde foisonnante de l’époque, recréant
un shtetl d’artistes qui se réunis dans les cafés du quartier, et finissent par former ce qu’on appelle
l’École de Paris.
Dans les nombreux ouvrages consacrés à l’École de Paris, il est rarement fait état de leur judaïsme.
On associe ces peintres à leur pays d’origine qu’ils avaient fui, dont l’accès aux Beaux-Arts leur était
limité voire interdit en raison du “numerus clausus »
Nadine Nieszawer
Dictionnaire des peintres juifs de l’École de Paris
Éditions Somogy
Henri HAYDEN (1883-1970)
Henri Hayden voit le jour dans une famille de négociants en vins.
En 1902, sous la pression parentale il entre à l’École Polytechnique
de Varsovie; parallèlement, il s’inscrit à l’École des Beaux-Arts de
Varsovie où il est rapidement considéré comme un brillant élève.
Grâce à l’aide financière de son père il passe un an à Paris en 1907,
l’année Des Demoiselles d’Avignon de Picasso et ne retournera pas
en Pologne.
Hayden occupe un atelier Boulevard Saint-Michel et mène une vie
solitaire et indépendante.
En 1908, il fréquente La Palette, académie de peinture où enseignent Charles Guérin et Georges Devaslière. Il
se réfère dans un premier temps à Gauguin qu’il découvre, par l’intermédiaire de Wladyslaw Slewinski, lors de
ses fréquents séjours en Bretagne.
A Montparnasse il fait connaissance des principaux intervenants du mouvement cubiste dont Juan Gris, Pablo
Picasso, Jacques Lipchitz et Jean Metzinger.
Hayden expose régulièrement. Les paysages construits et synthétiques qu’il réalise sont un écho de la peinture
de l’École de Pont-Aven.
En 1912, Hayden trouve un support dans l’art solide et mesuré de Cézanne qui le guidera sur la voix du
cubisme.
En 1914, il signe un contrat avec le marchand Léonce Rosenberg puis avec Charles Malpel. Passionné de
musique, il fréquente le «Groupe des six» et illustre pour Erik Satie le programme de la première audition des
“Morceaux en forme de poire”.
Pendant la guerre il se réfugie à Mougins où il retrouve Robert Delaunay puis à Roussillon d’Apt et se lie d’amitié
avec Samuel Beckett.
En 1944, de retour à Paris, Hayden retrouve son atelier pillé.
Durant les vingt dernières années de sa vie, la peinture d’ Hayden fait l’objet de nombreuses expositions, à Paris,
Dublin, Lyon, Caen, Amiens, Aix-en-Provence.
En 1953, Hayden se détache de toutes les références qui hantent sa peinture et devient figuratif.
Nadine Nieszawer, Marie Boyé, Paul Fogel
«Peintres Juifs à Paris 1905-1939 Ecole de Paris»
Éditons Denoël 2000
Simon MONDZAIN (1887-1979)
Simon Mondzain est né en Pologne, à Chelm près de Lublin. Son père était
sellier. Dès son enfance, Mondzain sait qu’il veut être peintre mais se heurte
à sa famille. A la suite d’une dispute, Mondzain quitte son père pour intégrer
l’école des Arts et Métiers de Varsovie et trouve des emplois temporaires
chez un sellier et un retoucheur de photos.
En 1905, il entre à l’École des Beaux-Arts de Varsovie grâce au soutient de
la famille Dabkowski et travaille dans l’atelier de Kazimierz Stabrowski.
En 1908, il part pour Cracovie, aidé par une association juive. Il entre
ensuite à l’Académie Impériale des Beaux-Arts de Cracovie et découvre,
avec Teodore Axentowicz et Josef Pankiewicz, la peinture française
impressionniste.
A la suite de sa première exposition à Cracovie en 1909, il obtient une bourse
et part à Paris.
En 1910, il continue ses études à Cracovie et se lie d’amitié avec Kisling et Waclaw Zawadowski (Zawado).
En 1912, Mondzain s’installe définitivement à Paris et retrouve ses amis, Kisling, Merkel et Zawadowski. Il se loge
dans une chambre de la rue Le Goff.
Mondzain fait la connaissance du critique Adolphe Basler, Max Jacob, André Derain, et Othon Friesz.
En 1913 il séjourne en Bretagne, à Dolëan et termine la rédaction de ses souvenirs.
La Première Guerre mondiale éclate, Mondzain est en Espagne. Il regagne Paris et se porte volontaire
dans la section polonaise de la Légion Étrangère. Entre 1915 et 1918, il dessine sa vie de soldat.
En novembre 1917, il retrouve Paris.
En 1920, il part pour les Etats-Unis, invité par le Fine Arts Club à Chicago.
En 1923, il voyage en France et peint des paysages. Au salon des Indépendants, quatre toiles sont achetées par
le Commissaire de Police Zammaron. Il obtient la nationalité française en 1923 et la même année devient membre
du Salon des Tuileries.
En 1925, Mondzain accompagne le peintre Jean Launois en Algérie, fait la connaissance de sa future femme
Simone, médecin.
En 1927, son ami Jerzy Merkel lui consacre un article intitulé “Von Kunst und Künstlers” dans la revue Menhora
parue à Vienne.
En 1933, la famille Mondzain s’installe à Alger et depuis le peintre partage sa vie entre la France et l’Algérie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il reste à Alger avec ses amis Albert Marquet et Andrè Gide qui trouve en
Mondzain un joueur d’échec hors pair.
Entre 1939 et 1942, il reçoit à Alger de nombreux réfugiés polonais. Il lie d’amitié avec l’Abbé Walzer, bénédictin
allemand antifasciste.
En 1944, à la suite de la mort de son ami Max Jacob dans le camp de Drancy, il rédige ses souvenirs : “Max jacob
et Montparnasse”, paru dans l’Arche.
Après Guerre, Simon Mondzain mène une vie double entre Paris et Alger, jusqu’à l’indépendance de l’Algérie en
1962. La famille Monzain s’installe alors à Montparnasse où il meurt le 30 décembre 1979.
Nadine Nieszawer, Marie Boyé, Paul Fogel
«Peintres Juifs à Paris 1905-1939 Ecole de Paris»
Éditons Denoël 2000
Lazare VOLOVICK (1902-1977)
Lazare Volovick est le fils cadet d’une famille de sept enfants. Son père,
représentant de commerce, initie ses quatre fils à la peinture.
En 1917, il entre aux Beaux-Arts de Kharkov, puis de Kiev l’année suivante.
En 1920, il décide avec son ami Kostia Téréchkovitch de rejoindre Paris.
Tous deux s’embarquent sans argent, cachés dans la soute d’un cargo qui les
emmène à Constantinople. Volovick reste un an en Turquie, il y gagne sa vie
en faisant des croquis dans la rue.
Volovick rejoint finalement Paris en 1921. Sans ressource ni relation, il n’a
qu’une indication : «les cafés de Montparnasse».
A la Rotonde, Il fait la connaissance du sculpteur Baïdaroff-Poliakoff, chez
qui il passe ses premières nuits parisiennes.
En 1922, il fréquente l’atelier de la Grande Chaumière et pose comme modèle pour des sculpteurs.
En 1923, il s’installe à la Ruche et y restera jusqu’à la guerre. Son atelier voisine celui de Krémègne, de Kikoïne
et à partir de 1925, celui de Jacques Chapiro.
Entre 1923 et 1925, Volovick voyage à travers la France en compagnie du sculpteur Nachmann Granowsky.
Ils visitent la Corse, le Midi et rencontrent l’écrivain Colette.
A partir de 1927, expositions et bals se succèdent. Volovick et d’autres peintres de Montparnasse réalisent les
décors du Bal Bullier.
En 1930, Volovick visite l’Espagne, il découvre le Musée du Prado et rencontre sa future compagne la danseuse
Lya Grjebina qu’il accompagne lors de ses tournées.
Après un séjour en Bretagne, Volovick et sa femme quittent Paris pour New York pendant six mois. Continuant sa
route, le couple séjourne à Londres avant de regagner Paris.
A cette époque, presque quotidiennement, il se réunit au Dôme ou à la Coupole avec ses amis : Ilya Ehrenbourg
et sa femme, les peintres Naïditch, Robert Pikelny et Jean Pougny. Après guerre, ils iront plutôt au Select.
En 1939, lorsque la guerre éclate, Volovick se trouve au Touquet. Pendant les rafles, il se cache chez sa bellemère à Boulogne-sur-Seine. Ne pouvant peindre, il fait des pastels.
En 1944, il retrouve Montparnasse et s’installe 11, rue Jules Chaplain.
Son atelier de la Ruche a été occupé pendant la guerre et la totalité des œuvres a été détruite et pillé par les
nazis .
En 1946 Volovick travaille dans l’atelier de son ami Vladimir Naïditch, au 51, boulevard Saint-Jacques où il peint
une série de nus et de portraits. Les années d’après guerre sont marquée par plusieurs voyages à Venise.
Nadine Nieszawer, Marie Boyé, Paul Fogel
«Peintres Juifs à Paris 1905-1939 Ecole de Paris»
Éditons Denoël 2000
2ème Étage et mezzanine
Maurice MENDJIZKY (1890-1951)
Hommage aux combattants martyrs du ghetto de Varsovie
« Le deuil unit les murs qui séparaient les hommes »
Paul Eluard
En 1949, Maurice Mendjizky entreprend son œuvre testament : un recueil
de dessins à l’encre en hommage au Ghetto de Varsovie où sont morts ses
parents et ses deux sœurs et dédié à son fils Claude, résistant, assassiné
par les nazis le 22 juillet 1944 à l’Ariane près de Nice. Un poème d’Eluard
intitulé « Tout est sauvé », accompagne la première édition en 1950. Il en
existe une version en Yiddish.
Présentant ses dessins à Chil Aronson, il lui confiait :« Ces personnages
ne me laissent pas en paix. Le fait de les dessiner me fera peut-être du
bien. » On peut saisir combien cette entreprise fut lourde d’émotions pour
le peintre, qui y mit toutes ses dernières forces et son énergie.
Le résultat est un témoignage vibrant et déchirant du combat pour la
liberté de ces hommes et de ces femmes héroïques. On saisit l’entraide et
l’amour dans la détresse, l’extrême souffrance de ces martyrs qui errent
à la frontière du monde des morts et des vivants. L’usage du noir et blanc
accentue le tragique. Picasso, après avoir vu les dessins de Maurice
Mendjizky, se serait exclamé :
“ C’est un chef d’œuvre, une véritable symphonie du noir et du blanc.”
“ Fin mars 1950, Mendjizky m’a invité dans son atelier, 17 avenue
de Tourville, pour découvrir les dessins du ghetto. Ce fut l’une
des plus grandes émotions artistiques de ma vie. Les murs,
les tables, les sols étaient tapissés de dessins représentant les
visions d’horreur du génocide des juifs de Pologne.
Lorsque l’on s’approche de ces scènes, on sent immédiatement
que le jeune héros de la Résistance, qui regarde dédaigneusement
ses bourreaux, est le fils de l’artiste, fusillé par les nazis.”
Chil Aronson, 1963
Une architecture signée Robert Mallet-Stevens
L’immeuble construit pour le maître verrier
BARILLET, offre à ses visiteurs quatre niveaux
d’exposition. La pièce la plus impressionnante
est située au quatrième niveau, inondée de
lumière par une grande verrière, et dotée
d’une mezzanine.
L’architecture accueillait les trois ateliers
de travail du maître verrier et de son
équipe formée par Jacques Le Chevallier
et Théodore-Gérard Hanssen. Comme
dans d’autres projets dirigés par MALLETSTEVENS,
Ce lieu est historiquement attaché à la
naissance des avant-gardes et au renouveau
des arts dans la première moitié du XXe siècle.
Louis BARILLET et MALLET-STEVENS ont
tous deux participé à la naissance de l’Union
des Artistes Modernes en 1929 aux côtés de
grands noms comme Le Corbusier, Prouvé,
Chareau, ou Charlotte Perriand.
Louis BARILLET réalise le décor ornemental:
un vitrail vertical monochrome marquant
l’escalier en façade décrivant les activités de
son atelier et un autre rehaussé de couleur,
qui représente l’histoire de Psyché.
Enfin, il a conçu des mosaïques pour décorer
le sol des paliers à chaque étage, sur le
thème de la chasse ou de la nature.
Les deux artistes ont collaboré étroitement
dès la genèse du mouvement. BARILLET a
notamment participé au premier projet construit
de MALLET-STEVENS, la Villa Noailles à
Hyères (1924-1933). Pour ces artistes, la
transformation de la société ne peut passer
que par un ART TOTAL, par une action qui
implique l’ensemble des activités créatrices.
(Vitrail, peinture, meuble, tissu, laque, étalage,
gravure, architecture, jardin, mosaïque)
Cette maison est donc le fruit d’un programme
ornemental unifié, en conformité avec la
philosophie d’un ART TOTAL.
Le Musée Mendjisky-Écoles de Paris
s’inscrit donc dans la lignée de la vocation
de ce lieu tant par son histoire que par sa
localisation, le XVe arrondissement de
Paris.
1933 - L’Histoire de Psyché - Atelier Louis Barillet, Vitrail verre blanc, opale, noir et miroir (h.147 x 300) © 15 Square de Vergennes
2001-2003 : une rénovation désirée
par Yvon Poullain, ésthète chercheur
UNE MAISON LAISSÉE A L’ABANDON
L’immeuble est resté la propriété de Louis
Barillet jusque dans les années soixante.
Il a ensuite été acquis par une société
civile immobilière, qui l’a laissé longtemps
inoccupé, après avoir effectué de nombreuses
transformations qui ont altéré l’édifice. Les profils
en acier avaient cédé la place à de grossières
menuiseries en aluminium. De plus, le verre
translucide des fenêtres avait été remplacé
par un vitrage en plastique sombre. Enfin, des
cloisons avaient dénaturé les volumes originels.
Il a malgré tout été inscrit à l’Inventaire
supplémentaire des Monuments Historiques
en 1993.
L’immeuble est finalement sauvé par
l’intervention inespérée d’Yvon POULLAIN.
Yvon Poullain est né le 28 décembre 1943
à Hardricourt dans les Yvelines. Son père
fabriquait des pièces détachées en métal
pour l’automobile. Il est passionné par l’œuvre
de Mallet-Stevens depuis son enfance. En
1973, il fonde la société DIAM International,
entreprise spécialisée dans la fabrication de
présentoirs pour l’univers des parfums et des
cosmétiques. Au milieu des années 70, il crée
avec son ami Jean-Pierre Vitrac la société
Co & Co, dédiée au design des produits
manufacturés. Chercheur et expérimentateur,
il veut insuffler créativité et modernité dans
les objets du quotidien. Il a imaginé le briquet
Scripto, la gamme de mobilier Latti, le service
de pique-nique Plack et fabriqué le balai de
voirie en plastique …
En 1999, Yvon POULLAIN
l’immeuble de Mallet-Stevens.
acquiert
En 2001, il charge l’architecte François Lérault
de réhabiliter l’édifice.
Yvon POULLAIN souhaite redonner son lustre
à ce bâtiment dans le but d’exposer les œuvres
de son ami sculpteur Yonel Lebovici (19371998), en créant un lieu dédié au design et à
l’art contemporain.
La tâche se révèle ardue. Faute d’archives,
les architectes se reportent sur les quelques
photographies d’époque dont ils disposent. La
restauration est enfin terminée en 2003.
Yvon Poullain bouscule les codes qui régissent
la conception d’objets utilitaires, du quotidien.
Il veut rompre la monotonie et favoriser la
créativité. A l’occasion de l’exposition « Active
Light », inaugurée en 2003, il lance un appel à
projets avec la société Dézidés sur le thème de
« 30 luminaires à consommer immédiatement
». Une totale liberté a été laissée aux jeunes
créateurs.
Pendant 9 ans, Yvon Poullain et sa compagne
Isabelle Maillard vont insuffler à ce lieu un
esprit résolument tourné vers la modernité et le
progrès technique présentant des expositions
inédites autour de la lumière et des matériaux
innovants. Au sein de l’Espace Vergennes, il a
présenté MateriO un show-room, bibliothèque
de matériaux à destination des métiers de
création.
L’Espace Vergennes se voulait un temple
de l’innovation, ouvert aux nouvelles
technologies.
Mort subitement en 2011, cette « tête
chercheuse » laisse derrière lui une empreinte
indélébile dans le domaine de la création
industrielle et artistique. Le Musée Mendjisky
- Écoles de Paris souhaite, avec le soutien
d’Isabelle Maillard, perpétuer sa mémoire
et son œuvre en continuant de présenter des
expositions dédiées au design, à la création
contemporaine, et aux métiers d’art.
Le XVème arrondissement,
foyer artistique de l’entre deux guerres
MAURICE MENDJIZKY, UN DES PREMIERS HABITANTS DE LA RUCHE
La première rétrospective de Maurice
MENDJIZKY présentée du 11 avril au 30 juillet
2014 au Musée Mendjisky-Écoles de Paris,
dans ce même arrondissement, n’aurait su
mieux évoquer le contexte dans lequel l’artiste
a débuté sa carrière.
MENDJIZKY est l’un des premiers à intégrer la
« Ruche », lieu de toutes les avant-gardes, où
il va pouvoir se nourrir des différents courants
artistiques en vogue au début du XXe siècle,
du cubisme au fauvisme, en passant Cézanne.
Fernand Léger est l’un de ses premiers
habitants en 1905, suivis d’artistes comme
Alexandre Archipenko, puis Ossip Zadkine
en 1910, Robert Delaunay,
Amedeo Modigliani et Marc Chagall en 1912,
Chaim Soutine… mais aussi le poète Blaise
Cendrars. Il y reste deux ans, de 1908 à 1910.
Cité d’artistes au nom évocateur, qui témoigne
de l’effervescence y régnant alors, elle forme
en plein cœur du 15e arrondissement un
foyer artistique multiculturel, accueillant
des artistes de différentes nationalités.
La Ruche est donc un lieu d’échanges
artistiques où les traditions d’Europe de l’Est
rencontrent les avant-gardes parisiennes.
Maurice MENDJIZKY pouvait ainsi se nourrir
des recherches de ses voisins et amis, tout en
conservant son propre univers personnel.
LE QUARTIER DE MONTPARNASSE : MENDJIZKY, UN MONTPARNOS NOTOIRE
Montparnasse remplace Montmartre dans
le cœur des artistes. En effet, alors que
la spéculation immobilière va bon train à
Montmartre, des anciens locaux aménageables
et des remises à chevaux se libèrent pour des
loyers très bas autour du Carrefour Delambre.
Les ateliers d’artistes se multiplient rue de
la Campagne Première, rue de la Grande
Chaumière, ou rue Boissonnade.
Parmi les artistes qui habitent ou fréquentent
le quartier, il y a notamment Georges Braque,
installé rue du Douanier-Rousseau, dans
une maison-atelier qu’il a fait construire sur
les plans d’Auguste Perret. Mais aussi Le
douanier Rousseau, Antoine Bourdelle,
Ossip Zadkine, Moïse Kisling, Marc Chagall,
Fernand Léger, Jacques Lipchitz, Max
Jacob, Blaise Cendrars, Chaïm Soutine…A
cette époque Maurice MENDJIZKY habite
avec Kiki au 17 rue de Perceval, ensuite avec
sa famille au 21 rue Rousselet, et puis jusqu’en
1940 rue de Sèvres.
Cette communauté artistique attire les
collectionneurs, curieux de découvrir la bohême.
Pendant vingt ans, sous le manteau ou sous les
tables des terrasses de La Rotonde, du Dôme,
et de la Coupole, ils achètent et vendent des
tableaux de Derain, des tableaux d’Utrillo, de
Modigliani ou de Picasso. Voisin de la Rotonde,
le Café Vavin, attire également les artistes durant
cette période de renouveau. Il change de nom et
se fait appelé le Café du Parnasse.
C’est alors le seul de Montparnasse à exposer
des tableaux. Le vernissage de la première
exposition, organisée par Auguste Clergé
et Serge Romoff, a lieu le 8 avril 1921.
Quarante-sept jeunes peintres et sculpteurs
y exposent. Parmi eux, le Tout-Montparnasse
: Natalie Gontcharova, Nina Hamnet,
Pinchus Krémègne, Le Scouezec, Maurice
Mendjizky, Ortiz de Zarate, Morgan Russel,
Soutine… Les organisateurs veulent créer un
contact direct entre les jeunes artistes et le
public. André Salmon soutient cette initiative
et affirme que « leur exposition est l’une
des plus attirantes à Paris en ce moment. »
Maurice Mendjizky, dont le premier marchand
a été Léopold Zborowski, celui qui a lancé
Modigliani, a donc fait partie de ce formidable
essor artistique qui éclot dans le quartier de
Montparnasse au tout début du XXe siècle.
Nu de Kiki au drapé rouge
1921 Huile sur toile - 92 x 60 cm
Musée Mendjisky-Écoles de Paris
Les Missions du Musée
Les statuts du Fonds de Dotation ont été déposés à la Préfecture de Police de Paris le
21 août 2012 et promulgués au Journal Officiel de la République Française le
8 septembre 2012. Le Fonds a reçu le numéro d’agrément 1358.
Le Fonds de Dotation est en premier lieu un conservatoire des oeuvres de Maurice
MENDJIZKY qui s’enrichira au fil des acquisitions et des donations. Le Fonds de Dotation
s’inscrit dans une mission d’intérêt général et s’engage pour une durée indéterminée à :
.
Contribuer
à la
recherche
Conserver
&
Enrichir
Constituer
les
catalogues
sur la 1ère et 2ème
école de
Paris
les collections
du
Musée
raisonnés de
Maurice et Serge
Mendjisky
Le Fonds Mendjisky-Ecoles de Paris envisage également de publier des travaux de recherche
sur les deux Ecoles de Paris. Dans ce cadre, le Musée Mendjisky-Ecoles de Paris accueille
des expositions, conférences et colloques contribuant à la divulgation et à la vulgarisation des
connaissances.
Promouvoir
la création
contemporaine
&
les métiers
d’Arts
Doté d’un vaste espace d’exposition, le Fonds de Dotation qui a choisi de s’implanter dans un lieu
chargé d’histoire à l’identité forte, fonctionne aussi comme un lieu d’animation et de création, ouvert
à toutes formes d’art dans l’esprit de l’ART TOTAL pratiqué par Louis Barillet et Robert MalletStevens.
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ou soirée de gala à la carte, qu’il est possible de compléter par une visite privée
des collections permanentes, ou des expositions temporaires assurées par un guide
conférencier.
Accueillis dans des conditions privilégiées, vos invités pourront ainsi partir à la
découverte du Musée sous un angle inédit, dans le cadre d’une expérience rare et
inoubliable.
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Revue de presse
RETROSPECTIVE MAURICE MENDJIZKY (1890-1951)
Du 11 avril- 30 juillet 2014
« Comme ses amis déplacés, migrants venus de l’Est, il joue son destin entre le carrefour Vavin et
la Ruche, dont il est l’un des premiers occupants. Ce qu’il vit dépasse son attente. Il devient un des
espoirs les plus sûrs de la peinture. Son réalisme s’épanouit dans le charme et non dans l’angoisse
qui le rattrapera dans les années douloureuses de la seconde guerre mondiale ; elle lui inspirera
des dessins bouleversants témoignant de son humanisme ».
Lydia HARAMBOURG, La Gazette Drouot - L’hebdo des ventes aux enchères, 27 juin 2014
« Un lieu magique pour un artiste oublié… C’est la première institution en France dédiée aux deux
Ecoles de Paris, l’une désignant les artistes étrangers qui gagnèrent Montparnasse entre 1905 et
1939 pour y inventer la modernité, l’autre regroupant les peintres abstraits et figuratifs de l’aprèsguerre »
Françoise-Aline BLAIN, Beaux-Arts Magazine, mai 2014
« Ses œuvres évoquent tout ce que l’on aime de la peinture de ces années-là : sensualité, foisonnement, couleurs chaudes, audace colorisitique… Il fait partie de ceux, nombreux, tombés amoureux
de Kiki, qu’il a peinte souvent ; de splendides nus débordant d’érotisme ».
Catherine SCHWAAB, Paris-Match, avril 2014
“Premier amour de Kiki de Montparnasse, Maurice réalisa paysages, figures et nus, nourri par
toutes les avant-gardes (fauvisme, cubisme…). Du ghetto de Varsovie et de la guerre, il laisse une
poignante série de dessins ».
Valeurs actuelles, juin 2014
« Picasso, Chagall, Modigliani… chances are that Maurice Mendjizky isn’t the next name in that
lineage that comes to mind when thinking about the two Schools of Paris. Mendjizky was part of this
ecletic artistic circle and now a new museum is setting out to him a place in art history”.
Artnet news, avril 2014
« C’est la salle du dernier étage qui impressionne le plus et qui permet à cet artiste de sortir des
sentiers battus. Tableaux et dessins y rendent hommage aux combattants martyrs du ghetto de
Varsovie… Loin de tomber dans le misérabilisme, ces tableaux sont d’une grande force et représentent des gens dignes, courageux et qui restent solidaires dans l’épreuve. Ces tableaux permettent
d’appréhender les différentes émotions qui ont pu traverser ces hommes et ces femmes dans la
souffrance. Pas que louables du fait de leur intention, ils sont également très beaux, originaux et
parfaitement exécutés ».
Culture J, 19 mai 2014