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120 Dossier I Diasporas indiennes dans la ville I Les Indo-Mauriciens en France Au carrefour des diasporas Par Anouck Carsignol, Doctorante à l’Institut universitaire des hautes études internationales (IUHEI), Genève, et à l’Inalco, Paris Rue du faubourg Saint-Denis à Paris, juillet 2007 © Dominique Champion La population indienne, majoritaire dans l’île Maurice, est porteuse d’un pluralisme culturel qui permet aux migrants non seulement de s’intégrer facilement à la société française mais aussi de jouer un rôle de médiation avec les autres communautés issues de l’immigration. I hommes & migrations n° 1268-1269 Chacune des quatre communautés mauriciennes a suivi une trajectoire migratoire spécifique, et si celle des créoles a fait l’objet de plusieurs études(1), le parcours des Indo-Mauriciens reste encore méconnu. Bien que majoritaires dans l’île et bénéficiant d’un accès privilégié au pouvoir politique, ils sont nombreux à se porter candidats à l’émigration et à choisir la France comme principale destination. Peu visibles, souvent assimilés aux membres des communautés indienne, pakistanaise ou sri-lankaise installées en France, les Indo-Mauriciens passent inaperçus au sein de la diaspora indienne. Ils conservent néanmoins leurs spécificités, notamment une identité à la fois insulaire et à dimension universelle, imprégnée des multiples influences indienne, européenne, africaine et chinoise. La population indienne de l’île Maurice : au contact de la France, de l’Inde et du monde Véritable mosaïque culturelle, la société mauricienne est parvenue à concilier des influences tant européenne qu’indienne, africaine et chinoise, et offre un mode de sociabilisation pluriel particulièrement propice à l’intégration des immigrants mauriciens hors de leur pays d’origine. L’héritage culturel français, conséquence d’un siècle de colonisation de 1715 à 1810, se manifeste aujourd’hui encore dans les domaines linguistique, culturel, religieux et touristique. La francophonie, l’Église catholique, les chaînes de télévision réunionnaises et métropolitaines, la littérature, les journaux en langue française ainsi que l’arrivée massive de plus de 200 000 vacanciers français par an jouent un rôle majeur dans l’orientation des flux migratoires des IndoMauriciens. Au lendemain de l’indépendance de l’île, les conditions de vie difficiles poussent le gouvernement mauricien et l’Église à faire de l’île Maurice une société d’émigration. Alors que les pays d’accueil traditionnels tels que l’Angleterre ou l’Australie ferment leurs frontières, les candidats au départ se tournent vers la France. L’ancien ministre des Affaires étrangères et de l’Émigration, Gaëtan Duval, expliquait en 1975 : “Est-ce de notre faute à nous, si, dans nos écoles, on nous fait écouter et chanter Péguy ? Tout homme a deux patries, la sienne et puis la France.” Les liens historiques entre ces deux pays expliquent la présence d’environ 60 000 Mauriciens aujourd’hui en France. Surnommée Chota Bharat (“La petite Inde”), l’île Maurice est marquée par l’influence du sous-continent d’où sont originaires les deux tiers de sa population. Les langues indiennes sont enseignées à l’école, les fêtes religieuses sont célébrées dans toute l’île, et le cinéma, la nourriture et le mode vestimentaire 121 122 Dossier I Diasporas indiennes dans la ville I indiens permettent aux Indo-Mauriciens de rester profondément attachés à leurs racines. En France, les Indo-Mauriciens en contact avec les membres de la diaspora indienne leur font bénéficier de leur connaissance de la langue et de la culture française, et contribuent en retour à valoriser la culture indienne auprès d’un public élargi. La cohabitation des communautés créole, chinoise, européenne et indienne à Maurice donne par ailleurs à la “nation arc-en-ciel” une véritable dimension multiculturelle que la diaspora indo-mauricienne a intégrée dans son mode de vie. En contact permanent avec une multitude de référents religieux, linguistiques ou culturels, les Indo-Mauriciens sont en effet familiers de la notion d’“unité dans la diversité”. Leur capacité à se mouvoir dans un environnement pluriel tout en préservant leur identité indienne constitue un atout majeur lors de leur installation en France, en élargissant leur champ d’interactions sociales et en multipliant leurs opportunités économiques. La présence indo-mauricienne en France L’arrivée en France des premiers Indo-Mauriciens à partir des années soixante-dix a été marquée par un fort activisme politique, suivi par un repli identitaire éphémère. Depuis les années quatre-vingt, les associations mauriciennes se distinguent par une volonté d’ouverture sur la société française et d’échanges avec les autres groupes issus de l’immigration, au premier rang desquels figure la diaspora originaire du sous-continent indien. Étant donné leur statut socio-économique et leurs aspirations professionnelles, et en l’absence de données chiffrées, il est raisonnable de penser que les IndoMauriciens constituent près de la moitié de la population mauricienne établie en France. Leur répartition spatiale est principalement liée aux réseaux informels d’émigration et aux opportunités d’emploi. La communauté mauricienne tamoule d’Alsace illustre le fonctionnement de ces chaînes migratoires : le premier immigrant mauricien, un médecin tamoul installé à Strasbourg en 1970, a fait venir ses proches qui, à leur tour, ont parrainé parents et amis. Aujourd’hui, les Tamouls constituent la majorité des Mauriciens du Bas-Rhin et se retrouvent notamment à Hautepierre. De la même façon se sont rassemblés hindous et musulmans d’origine mauricienne à Bobigny ou à Drancy, en Seine-Saint-Denis. Peu nombreux, les Indo-Mauriciens sont d’autant moins visibles qu’ils sont souvent pris pour des Sri Lankais, des Indiens ou des Pakistanais. Si les “quartiers mauriciens” de Paris ou de Strasbourg révèlent à l’observateur attentif la présence I hommes & migrations n° 1268-1269 indo-mauricienne, leur vocation reste avant tout commerçante, les lieux d’habitation et les associations étant dispersés en proche banlieue. L’insertion professionnelle des Indo-Mauriciens est, dans une large mesure, facilitée par les compétences qu’ils ont acquises dans l’île. À Maurice, le textile, la confection, l’hôtellerie et la restauration constituent les secteurs clefs du développement économique. Bénéficiant d’un savoir-faire, d’une grande capacité d’adaptation et d’une aisance à travailler en milieu interculturel, les Indo-Mauriciens ont pu se faire embaucher dans les quartiers mixtes tels que le Sentier, dans le 10e arrondissement parisien, ou les quartiers des gares, traditionnels bastions du commerce ethnique. À leur arrivée, ils ont obtenu un emploi dans les services, la restauration et la confection ou dans les usines de production et de transformation de métaux à Strasbourg, Lille, Le Havre et Marseille. Ces emplois leur ont parfois servi de tremplin vers une activité commerciale indépendante, vers l’accès à des postes de responsabilité dans la fonction publique ou le secteur privé. Les femmes ont souvent débuté par une première expérience de couturière auprès d’employeurs juifs ou ont été recrutées comme aides domestiques. Mauritius Bazar, rue du faubourg Saint-Denis à Paris, juillet 2007 © Dominique Champion 123 124 Dossier I Diasporas indiennes dans la ville I Quant aux étudiants indo-mauriciens, ils sont installés à Paris, Lyon, Strasbourg, Bordeaux ou Montpellier, où ils ont développé des associations, comme les Étudiants mauriciens de Lyon-Rhône-Alpes. Elles participent activement à la promotion de la culture mauricienne et visent à faciliter l’intégration des nouveaux venus en France. Du fait des migrations “en chaîne”, du bassin d’emploi de l’Île-deFrance et de l’attractivité des universités de la capitale, la région parisienne regroupe à elle seule les deux tiers de la population mauricienne de France. La mobilisation des premiers immigrés mauriciens Les années qui suivent l’installation des Indo-Mauriciens en France sont marquées par une forte visibilité médiatique, du fait de leur engagement politique en faveur de la régularisation des sans-papiers. En 1973 et 1974, les premiers arrivants, en grande partie clandestins, participent à plusieurs grèves de la faim et contribuent à la fondation du Mouvement des travailleurs mauriciens (MTM). Leur militantisme s’inscrit dans la continuité de leur engagement à Maurice, dans un contexte de lutte pour l’indépendance, de récession économique et de répression politique. En France, dans un élan de solidarité intercommunautaire et de cohésion nationale, les Mauriciens s’unissent et s’associent aux Maghrébins, Africains et Pakistanais pour obtenir un droit de séjour. Les distinctions ethniques et religieuses, si présentes à l’île Maurice, perdent leur intérêt sur le territoire français où tous les immigrés sont traités d’égale manière par les autorités. L’exil, la précarité et la situation de minorité ont fait prendre conscience aux Mauriciens de leur identité commune, comme le constate un internaute sur un cyberforum(2) animé par les Mauriciens de la diaspora. Les associations culturelles et religieuses : un facteur de division ou de cohésion ? À partir de 1981 en France, le droit de fonder une association est étendu aux personnes issues de l’immigration. Cette mesure s’accompagne d’une multiplication du nombre d’associations indo-mauriciennes de type communaliste. Le militantisme politique des primo-arrivants fait place à une mobilisation sur une base religieuse et communautaire, et les regroupements tels que l’Association des hindous mauriciens de France, l’Association franco- I hommes & migrations n° 1268-1269 hindoue mauricienne, l’Association des musulmans mauriciens de France, l’Association musulmane mauricienne de l’océan Indien, l’association tamoule Lumière reflètent des préoccupations culturelles, confessionnelles – voire politiques – divergentes. La structure des associations incite les IndoMauriciens à reconstituer les clivages socioreligieux en cours à Maurice : musulmans et hindous ne fréquentent plus les mêmes magasins d’alimentation, les uns préférant s’approvisionner dans les boutiques halal négligées par les autres. Les stratégies matrimoniales prennent de plus en plus en compte les affinités religieuses, les médias mauriciens s’adressent exclusivement à certaines communautés, lesquelles tournent le dos à une mauricianité commune pour s’identifier à un groupe confessionnel plus large, qu’il soit musulman, À l’heure où la France hindou, tamoul ou catholique. cherche à (re)définir son Les frontières qui séparent les différentes identité nationale, la diaspora communautés sont néanmoins poreuses indo-mauricienne offre et s’estompent en de nombreuses un modèle de sociabilisation occasions. Le pèlerinage de Pinterville alternatif, fondé sur en l’honneur du père Laval, véritable l’harmonisation des relations intercommunautaires et la héros national, organisé chaque année valorisation de la diversité en Normandie, donne ainsi culturelle. l’opportunité à tous les Mauriciens venus de France mais aussi de Belgique ou d’Allemagne de se retrouver autour d’un pique-nique et d’un concert de sega après la cérémonie religieuse. Si la plupart des participants sont de confession catholique, nombreux sont les musulmans et hindous à venir rendre hommage à l’apôtre de l’île Maurice, à l’instar des membres de l’AMMOI (Association des musulmans mauriciens de l’Océan indien) ou de l’Association franco-hindoue mauricienne. Autre lieu de rassemblement œcuménique, Lourdes attire de nombreux IndoMauriciens, visiteurs ou pèlerins, hindous, musulmans ou catholiques, également fascinés par le miracle de l’Apparition. De même, lors du festival de Ganesh organisé par la communauté tamoule à Paris au début du mois de septembre chaque année, des Mauriciens de toutes confessions se mêlent à la foule de spectateurs et de fidèles venus présenter des pujas (“offrandes”) à la divinité. Les soirées dansantes sont aussi l’occasion de retrouvailles entre Mauriciens. S’il est vrai que les goûts musicaux sont propres à chaque communauté, le sega n’en demeure pas moins fédérateur et apprécié de tous, comme le souligne le président de l’Association franco-hindoue mauricienne : “Chez un Indo-Mauricien, on peut 125 126 Dossier I Diasporas indiennes dans la ville I être sûr de trouver beaucoup de films indiens et de musique indienne. Le sega, au contraire, est purement chrétien, créole, mais nous, les Indiens, on aime ça, on adore ça, on danse là-dessus, c’est mauricien avant tout. Dans les soirées, on met du sega, de la musique européenne, indienne… on met un peu de tout. Dans nos fêtes, il y a des Européens, des Antillais, des Indiens, des Réunionnais, parfois des Malgaches ou des Indiens d’Afrique du Sud.” Nombreuses sont les soirées “océan Indien”, “Sega blues”, ou encore “Bollywood Night”, annoncées sur des sites internet aux noms évocateurs – “allonsbouger”, “brianipoulet”, “mauritius paradise” – qui s’adressent non seulement aux Mauriciens mais aussi à tous les amateurs de musique créole et indienne. Les cyberforums animés par les Mauriciens expatriés contribuent à souder la communauté et alimentent une réflexion sur l’intégration et l’identité mauricienne en diaspora(1). Sur la toile, les internautes tentent de transcender les clivages ethnoreligieux, et nombreux sont ceux qui refusent de divulguer leur identité pour éviter de reproduire en France les stéréotypes communalistes, ethniques ou castéistes en cours à l’île Maurice. Les discussions en ligne débouchent régulièrement sur un rassemblement sous forme de pique-nique, permettant aux adhérents d’ancrer leur communauté virtuelle dans la réalité. “ On est avant tout Européens”… “On est tous un peu Indiens !” Le syncrétisme qui s’opère à l’occasion de rassemblements collectifs religieux ou festifs se manifeste aussi au niveau individuel. Les signes d’appartenances multiples se juxtaposent dans le salon de Christian, où les représentations des divinités hindoues côtoient les statues de la Vierge. Nandini cuisine aussi bien le carry poulet que la tarte aux mirabelles, et Akshay “vit à la française, mais consomme mauricien”. Mahesh ne fait pas exception en portant en pendentif une croix, et au poignet le nada chari, bracelet rouge symbole de vœu pieux dans l’hindouisme. De confession hindoue, il se rend souvent à la messe et y emmène ses enfants. Quant à Nandini, elle n’aurait manqué pour rien au monde la venue de Sha Rukh Khan en 2006 à Paris, à l’occasion du festival du film indien au Grand Rex. En affichant leur identité culturelle plurielle, les Indo-Mauriciens offrent non seulement une vitrine de leur pays, mais se font aussi les ambassadeurs du sous-continent. Ils contribuent notamment à dynamiser, en France, le marché des produits culturels, vestimentaires et alimentaires indiens, tant en amont – importation, diffusion – qu’en aval – I hommes & migrations n° 1268-1269 consommation et valorisation. Les Mauriciens restent attachés à la nourriture de leur pays et certains viennent de loin pour se ravitailler dans les épiceries et boutiques du 10e arrondissement parisien ou du quartier de la gare, à Strasbourg. Brèdes-sousoux, gâteaux-piments, mangues confites, dholl puri ou achards, les produits importés de l’île Maurice, du sous-continent indien, d’Afrique ou des Antilles s’adressent à une clientèle variée qui comprend en majorité des insulaires, mais aussi des Français, Pakistanais, Sri Lankais et Indiens, ainsi que des Maghrébins, Africains et Antillais, friands de saveurs exotiques ou nostalgiques des parfums de l’océan Indien. Le cinéma de Bollywood constitue aussi une filière de choix pour les magasins de CD et DVD des quartiers mauriciens. Parmi les nombreux commerces du faubourg Saint-Denis spécialisés dans la distribution de musiques et films indiens, les boutiques tenues par des Indo-Mauriciens sont reconnaissables à leur rayon Sega, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Et si on tend l’oreille, on peut distinguer, au cours des conversations animées en français, en hindi ou en urdu, quelques bribes de créole mauricien qui reviennent comme un refrain. Les mariages mixtes sont sans doute la meilleure illustration du brassage interculturel auquel prennent part les Indo-Mauriciens en France. De nombreuses alliances ont lieu entre des Indo-Mauriciens et des immigrants issus du sous-continent indien. Ce phénomène d’endogamie au sein de la diaspora indienne s’explique non seulement par la proximité linguistique, religieuse et culturelle qui lie les différents groupes d’origine sud-asiatique entre eux, mais aussi par un système de stratégie matrimoniale complexe, hérité du souscontinent indien et duquel dépend la sauvegarde du patrimoine familial. Quant aux mariages entre Indo-Mauricien(ne)s et Français(e)s, ils représentent les unions exogamiques les plus fréquentes. Quoi de plus normal, pour des immigrants qui se considèrent “avant tout comme Européens” ?(3) Depuis la campagne “J’aime mon île”, initiée par Siven Ramsamy depuis la commune de Sarcelles pour redorer le blason de Maurice au lendemain des émeutes intercommunautaires de 1999, l’heure est à la valorisation de l’unité mauricienne. Les regroupements de type communautariste tendent progressivement à disparaître au profit d’associations mauriciennes à vocation d’échanges intracommunautaires et intercommunautaires. Situés au carrefour des diasporas indiennes, africaines et européennes, les Indo-Mauriciens se positionnent, en France, comme de véritables intermédiaires culturels, acteurs privilégiés de l’intégration au local et de l’ouverture au global. À l’heure où la France cherche à (re)définir son identité nationale, la diaspora indo-mauricienne offre un modèle de sociabilisation alternatif, fondé sur l’harmonisation des relations 127 128 Dossier I Diasporas indiennes dans la ville I Références bibliographiques • Ashok B., La Présence des Indiens du Nord en Île-de-France, thèse de doctorat, Paris-IV, 1997. • Halajkann M., “Migration des femmes mauriciennes vers la France. L’originalité d’un processus”, Migrations Société, n° 35, sept.-oct. 1994. • Lehembre B., L’île Maurice, Paris, Karthala, 1984. • Malepa C., “Quelques notes de recherche d’une étude menée sur l’immigration mauricienne dans la région lyonnaise”, Association des ruralistes français, L’étranger à la campagne, 18e colloque national, Nantes, 10-11 juin 1993. • Massamba C., Mobilisations et enjeux identitaires. Ethnographie d’un groupe de jeunes Mauriciens créoles à Paris, mémoire de DESS, université Paris-VII, septembre 2005. • Perrot M., “‘Ici, les gens sont étranges’, L’émigration matrimoniale des Mauriciennes”, Hommes et Migrations, n° 1 176, mai 1994, p. 37-40. • Perrot M., Les Mariées de l’île Maurice, Paris, Grasset, 1983. • Vuddamalay V., Lau Thi Keng J.-Cl., “Quelques aspects de la migration mauricienne”, Hommes et Migrations, n° 1 126, novembre 1989, p. 41-46. Notes 1. Halajkann, 1994, Perrot, 1983, Massamba, 2005. 2. Voir RadioMoris.com, Ile-Maurice.com 3. Entretien avec Akshay, Strasbourg, septembre 2006