Démocraties endanger

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Démocraties endanger
N° 146 – 10 mars 2016
* ACCENT AIGU:
* LITTÉRATURES:
* CINÉMA:
* MUSIQUES:
* ICI ET AILLEURS:
* À PROPOS:
* BY GADO:
Photo: Wiki Commons
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Mensuel culturel et socio-politique
Paraît le deuxième jeudi du mois
In the air. Walls; Ostmitteleuropa. Demokratieverständnis in den
Visegrad-Staaten; Bildungsoffensive gegen Fremdenangst. Demokratiekunde
als Werteunterricht; Crise de régime et marche forcée vers l’Etat autoritaire et
discriminatoire. France: La déchéance; Démocratie en danger. Science de la
propagande et son remède; Billet de Crète. Où va l’Europe? Que fait l’Europe?;
Afrique: La logique de la fraude électorale en Afrique subsaharienne
Chroniques parisiennes. L’art et l’acte politique oubliés; Savannah Bay au TNL.
Sublime, forcément sublime; Livres. Mettre en sourdine la nature excessive du
réel; Der Atheist, der was vermisst … Lichtenberg. Der nicht ganz vergessene
Gnom
Perspektiv(en): Das „Hôtel Budapest“ im neuen Zeitalter der Virtual Reality
Zum 80. Geburtstag von Eliahu Inbal. „Inbal, komm zurück zu Deiner wilden
Natur.“ Starke Gefühle in tristem Schwarz-Weiß. Szenisch problematisch,
musikalisch überzeugend: Puccinis „Tosca“ im Trierer Theater
Letter from England. Ill Wind; Brief aus Wien. Die hässliche Jahreszeit; Gramma
apo tin Ellada. Es bebt und regnet; Über Preußen und Deutschland (LXIV)
Partner Nazi-Deutschlands (2)
Hausemers Kulturreisen (83). Portugal. Auch „Shelfies“ haben ihren Preis.
(Georges Hausemer)
M7 and Burundi Peace Talks
S. 2
Mensuel culturel et socio-politique
n° 146 – 10 mars 2016
Dans cette édition:
La pensée du mois: „La démocratie est une technique qui nous garantit de
ne pas être mieux gouvernés que nous le méritons.“ (Bernard Shaw)
page 2: Editorial (Alvin Sold)
Accent aigu:
page 3: In the air. Walls (Ariel Wagner)
pages 4, 5: Ostmitteleuropa. Demokratieverständnis in den Visegrad-Staaten
(Jim Schumann)
pages 6-8: Bildungsoffensive gegen Fremdenangst. Demokratiekunde als
Werteunterricht. (Carlo Kass)
pages 9-11: Crise de régime et marche forcée vers l’Etat autoritaire et discriminatoire. France: La déchéance (Robert Mertzig)
pages 12, 13: Démocratie en danger. Science de la propagande et son remède.
(Michel Decker)
pages 14, 15: Billet de Crète. Où va l’Europe? Que fait l’Europe? (Iraklis Galanakis)
page 16: Afrique. La logique de la fraude électorale en Afrique subsaharienne
(Dieudonné Enoh)
Littératures:
page 17: Chroniques parisiennes. L’art et l’acte politique oubliés. (Clotilde Escalle)
page 18: Savannah Bay au TNL. Sublime, forcément sublime. (Paul Rauchs)
page 19: Livres. Mettre en sourdine la nature excessive du réel. (Jeff Schinker)
pages 20, 21: Der Atheist, der was vermisst … Lichtenberg. Der nicht ganz
vergessene Gnom. (Frank Bertemes)
Cinéma:
pages 22, 23: Perspektiv(en): Das „Hôtel Budapest“ im neuen Zeitalter der
Virtual Reality. (Luc Belling)
Musiques:
pages 24, 25: Zum 80. Geburtstag von Eliahu Inbal. „Inbal, komm zurück zu
Deiner wilden Natur.“ (Alain Steffen)
page 26: Starke Gefühle in tristem Schwarz-Weiß. Szenisch problematisch,
musikalisch überzeugend: Puccinis „Tosca“ im Trierer Theater. (Martin Möller)
Ici et ailleurs:
page 27: Letter from England. Ill Wind. (Diana White)
page 28: Brief aus Wien. Die hässliche Jahreszeit (Michèle Thoma)
page 29: Gramma apo tin Ellada. Es bebt und regnet (Linda Graf)
page 30: Über Preußen und Deutschland (LXV), Partner Nazi-Deutschlands
(2). (Tino Ronchail)
A propos:
page 31: Hausemers Kulturreisen (83) Portugal. Auch „Shelfies“ haben ihren
Preis. (Georges Hausemer)
page 32: By Gado. M7 and Burundi Peace Talks
Impressum
Editeur: Editpress Luxembourg S.A.
Coordination générale: Alvin Sold
Coordination technique: Julien Primout, Christine Klauner
Coordination extérieure: Ian De Toffoli, Luc Belling
Toute correspondance est à adresser exclusivement à
[email protected]
Supplément du Tageblatt du 10 mars 2016
Site internet: http://www.kulturissimo.lu
Prochain numéro: le 14 avril 2016 – Clôture rédact.:
20 mars 2016
Sommaire - Editorial
La démocratie,
cette mal pratiquée
Elien, fort bon écrivain en grec attique (Rome, vers
200), n’apprécie pas certaines pratiques de la démocratie athénienne. Il s’étonne, par exemple, de la décision d’Athènes de faire couper le pouce droit à tous les
Eginètes, après la conquête de l’île, afin qu’ils ne puissent plus tenir de lance. Et fallait-il qu’eux, les démocrates, tuent tous les hommes mytéliniens après la victoire, qu’ils marquent du fer rouge au front leurs prisonniers de Samos?
Le message d’Elien, dont l’Histoire variée, riche en
anecdotes, mérite toujours une lecture politique aussi,
est clair: le régime démocratique n’est pas une garantie
contre des pratiques indéfendables.
Elien, le Romain de l’empire à l’apogée, avait six siècles de recul par rapport à la démocratie athénienne, il
en voyait les défauts; nous vivons la nôtre au jour le
jour: en percevons-nous les insuffisances?
Si peu, hélas! Nous avons tendance à penser que, si
les formes sont respectées, tout est légitime, à commencer par le système économique qui se nourrit de
l’exploitation de la planète et de milliards d’humains.
Nous admettons volontiers que les guerres ouvertes et
larvées auxquelles l’Occident participe (s’il ne les a pas
provoquées) sont conduites pour défendre „nos valeurs“. Si, en l’an 4000, un Elien prenait la peine de jeter un regard sur 2016, il ne pourrait que s’interroger
sur les populations politiquement amorphes qui ont
laissé leurs dirigeants abuser de la démocratie.
L’abus est évident, puisque l’objectif sociétal a cessé
d’être la communauté sociale et solidaire où règnent la
liberté, l’équité et la paix, mais une sorte de marché affairiste où les plus forts imposent leurs produits et
leurs vues ... comme en Europe, terre du rêve brisé.
Et si cette dégénérescence de la démocratie était simplement, bêtement, la conséquence du non-respect
d’une exigence fondamentale, celle de former les citoyens? On les oblige certes à suivre quelques leçons
d’éducation civique à l’école, sans vérifier si leurs
connaissances de la société et de l’Etat sont à la hauteur des responsabilités portées par l’électeur.
En démocratie, on est électeur, donc souverain,
donc décideur, même si on ne connaît rien à rien en
politique, si on passe son temps à s’amuser, à consommer, à s’abêtir. Jamais les dossiers politiques ne furent
aussi compliqués, jamais les électeurs ne leur consacraient moins de temps. On élit les belles ou les grandes gueules. Lincoln, qui n’avait ni l’une ni l’autre, ne
serait pas président aux Etats-Unis de nos jours,
Trump le sera peut-être, à la suite d’une campagne pro,
dont le coût se calcule en dizaines de millions de dollars.
Qui étaient les gens qui avaient porté au pouvoir
Hitler, de façon parfaitement démocratique? Mais ...
des gens comme ...
Oui, des gens comme la société en produit en masse,
partout où l’on ne fait pas assez pour les intéresser aux
problèmes, enjeux, risques et chances de la politique.
Attention: le Luxembourg et ses habitants sont pris,
comme les voisins, dans la spirale de la dépolitisation.
Il y a des cyniques et des milliardaires qui s’en réjouissent.
Alvin Sold
Accent aigu
S. 3
In the air
Walls
Ariel Wagner-Parker
Walls are back in fashion. They’ve been
going up everywhere in the last year, in
breezeblock, barbed wire, razor-fencing, or a combination of all these
things, sometimes with a second fence
to reinforce the first. These new walls
are the concrete expression of
Europe’s mindless panic in the face of
large numbers of refugees seeking a
safe haven from wars we have helped
create.
The wall between Macedonia and Greece
This recent spate of wall-building
shouldn’t surprise us. We humans have always feared invasion or attack by potential
enemies and predators – a life-saving instinct for our earliest ancestors. And since
we moved out of the defined and defendable safety of the cave, we have built walls to
protect the space we call home - be it citystate, settlement, castle, town or kingdom from those who might do us harm. Meaning
anyone who wasn’t a friend or kinsman.
„Homo homini lupus“, goes the saying; and
nothing in our history has ever proved the
contrary.
In Robert Frost’s poem „Mending Wall“,
the man from the next-door farm believes
„Good fences make good neighbours“. But
the narrator wonders: „’Why do they make
good neighbours? (…) Before I built a wall
I’d ask to know/What I was walling in or
walling out, /And to whom I was like to give offence.“
Walling in or walling out. The vast majority of walls have been built to keep people
out rather than in. The great exception was
the „Iron Curtain“ that descended across
Europe after World War Two. Its heavily
policed frontiers divided the countries of
the Warsaw Pact from those of NATO and
were designed to keep citizens of the USSR
and its satellites inside (though fear of attack by NATO was real). The Berlin Wall
(1961-1989), known simply as „The Wall“,
was the physical synecdoche of that political division, its purpose similar.
Most other walls were built against invasion and some are the subject of myth and legend. Homer sings of the Greeks‘ ten-year
siege and cunning penetration of the walls
of Troy; the Bible tells of Jericho, whose
walls came tumbling down when Joshua
and the Israelites circled them seven times,
blowing on the Shofar. Among the bestknown historical walls are those of Babylon
the Fair, with its stupendous Ishtar Gate;
the Great Wall of China, thousands of kilo-
metres of wall, designed to ward off attacks
by nomadic tribes from the north; and in
Europe, two walls built to defend the northern borders of the Roman province of Britannia: Hadrian’s Wall, inspired, according
to tradition, by travellers‘ tales of the Great
Wall of China, and the Antonine Wall –
both finally overwhelmed by the enemies
they were meant to keep out, and abandoned. Israel’s „Sion Curtain“ (my name) is
one of the first defensive walls of modern times, built to keep out enemies, real or perceived; another is the 3000 km border wall
between the US and Mexico – which presidential clown-candidate Trump wants to
see reinforced….
Walls have served not just to improve security but also to control people’s movements: The right to travel around and settle
down freely is a modern phenomenon - and
seems likely to prove short-lived. Until relatively recently, cities and towns in Europe
(including several in Luxembourg) were
surrounded by walls and you couldn’t move
from one to another without a permit. After
the gates were closed for the night, even citizens couldn’t enter or leave at will. These
days, cities are no longer walled, but instead, gated communities have sprung up within them - residential areas where the very
rich live, securely walled in and policed to
keep out intruders. The greater grows the
gulf between rich and poor, the more these
communities proliferate.
And now we are seeing all these new border walls being thrown up around and between the nations of Europe, in a desperate
attempt to keep the refugees out. Walls have
been, or are being built between Austria,
Italy, Slovenia, Hungary, Croatia, Serbia,
Romania, Greece, Macedonia, Turkey and
Bulgaria…. and still counting: the hardliners of the Visegrad Group (Poland, Hungary, Czech Republic and Slovakia) are demanding the closure of frontiers along the
„Balkan Route“. As Yannis Varoufakis has
said, the walls reflect insecurity and only
serve to spread insecurity. The result will
probably be the de facto destruction of one
of Europe’s great conquests: freedom of
movement.
Walls have always been associated with
conflict; and in Europe, the periods when
the dogs of war were unleashed, locally or
generally, have been longer that the times of
peace. In the last century, two world wars
and the Shoah reduced to rubble both our
continent and our conviction that civilisation and culture could protect us against barbarism. In the aftermath, a handful of countries banded together and decided to try cooperation instead, with the aim of outlawing wars and eventually walls. A majority
of EU countries finally signed up to Schengen and brought down the walls that divided them. A revolutionary attempt to vanquish fear and create a shared space of trust
and freedom…
Alas, the refugee „crisis“, the EU’s first
major challenge, has destroyed European
solidarity. The voices raised in protest
against the imminent loss of our hard-won
freedom of movement are being drowned
out by the discourse of the far-right, which
fans ancient fears with terms like „invading
hordes“ and „swarms“… against whom, obviously, defensive walls must be built. And
everywhere craven politicians are caving in.
So up they go again, the walls, more and
more of them: physical, legislative, mental…
Frost’s poem begins: „Something there is
that doesn’t love a wall…“. His narrator believes nature rejects walls, wants them
down. He may be right - literally: razor-wire
barriers also entangle and kill wild animals
and destroy their natural migration patterns.
Nature doubtless does not love walls. Humans unfortunately do.
Accent aigu
S. 4
Ostmitteleuropa
Demokratieverständnis
in den Visegrad-Staaten
Jim Schumann
In einer Studie zur politischen Kultur
Ostmitteleuropas beschrieb Istvan Bibo bereits 1946 den Typus des „falschen Realisten“, der in der politischen
Arena dieser Gesellschaften auftritt.
Charakteristisch für diesen Typus sei
„zweifellos neben Talent eine gewisse
Bauernschläue und Brutalität“, die dazu befähigt „zum Verwalter und Hüter
antidemokratischer Regierungsformen
oder
gewaltförmiger
politischer
Scheinkonstruktionen zu werden“.
„Falsche Realisten“
monstrative moralische Verantwortungslosigkeit aus: eine Politik des reinen nationalen Egoismus, der Konfrontation und der
Geringschätzung der EU-Partner. Die politischen Slogans unterscheiden sich dabei
nur punktuell und sind Teil einer inszenierten politischen Hysterie. Politische Hysterie und Verschwörungsphantasien haben
die Öffnung und Modernisierung nach
1989 überdauert – es sind Haltungen, die
die neuen Führungsgruppen über die politischen Lager hinweg verbinden.
Gegenüber Europa entfalten die „falschen Realisten“ Strategien der Konfrontation, die Ritualen des Parteienkampfs entsprechen – immer auf der Suche nach
Feindbildern. Einmal getroffene Vereinbarungen bleiben dagegen im Ungefähren,
Fragen zur Krisenbewältigung werden ausgeblendet. Diese Politik des Taktierens und
Lavrierens steht nicht für Lösungen zur
Überwindung der Krisen. Statt Lösungen
werden negative historische Stereotypen
erzeugt.
Diese Politik mit Angst, in der Tradition
der
Zwischenkriegsgesellschaften,
ist
Kennzeichen einer deformierten politischen Kultur: Die Länder Mittel- und Ost-
Auf diese Weise, eben mit Bauernschläue
und Brutalität, verschafften sich Orban
(Ungarn), Kaczynski (Polen) und Klaus
(Tschechien) das Renommee der „großen
Realisten“ und verdrängten den „westeuropäischen“ Politikertypus, der als „dokrinär“
oder „idealistisch“ abgewertet wurde.
Vor diesem Hintergrund erklären sich die
Verdikte von Jaroslaw Kaczynski über „Lügen-Eliten“, von Viktor Orban über „modernen Liberalismus als Form der Heuchelei“ sowie von Vaclav Klaus über „grüne
Ideologen“ und „etatistische Intellektuelle“. Durchgängig spielen hier Verweise auf
„fremde“ Einflüsse eine Rolle, die sich gegen „Ungarntum“, „Polentum“ oder
„Tschechentum“ richten.
Seit Anfang der 90er Jahre werden immer
wieder neue Kampfwörter gegenüber Minderheiten in Umlauf gebracht und Losungen skandiert, die auf nationalen Interessen
beharren und die auch von der Mehrheit
der Bevölkerung und den Politikern geteilt
werden. Dieses Beharren auf nationalen Interessen verdeckt aber nur die Ambivalenz
des politischen Charakters der Akteure. Sie
schwanken zwischen übertriebener Selbstdarstellung in der nationalen Arena und
Leisetreterei auf der europäischen Bühne.
Dem heimischen Publikum wird das Image
des tatkräftigen Politikers im Dienst „nationaler Interessen“ geboten. In den Brüsseler
Verhandlungsrunden wird dagegen die
Strategie des taktischen Machtopportunismus gepflegt.
In der Flüchtlingskrise zeichnen sich die
ostmitteleuropäischen Politiker durch de- Immer mehr Grenzzäune
europas haben Angst, weil sie keine entwickelten und gefestigten Demokratien waren
und sind, und eben wegen dieser Angst
werden sie auch sobald keine werden.
Fehlende politische Kultur
Noch in den 90er Jahren verband die neuen
politischen Eliten in Ostmitteleuropa eine
Forderung: die der „Rückkehr nach
Europa“. Dieser Slogan war als Wiederbelebung europopäischer Werte gemeint und
für sich selbst wurde mit der „Rückkehr
nach Europa“ ein Recht auf Teilhabe an
Wohlfahrt und Lebensstandard als selbstverständlich gefordert.
In der Auseinandersetzung mit Flüchtlingen und Fremden wird nicht nur ersichtlich, dass davon heute nichts mehr übrig ist,
sondern auch worin die heutige Krise der
ostmitteleuropäischen Demkoratien besteht: Die voreilig angenommene Konsolidierung des parlamentarischen Rahmens
wurde bis heute nicht durch eine liberale
politische Kultur gestützt. Im Gegenteil:
Der Elitenkampf ist gekennzeichnet durch
die Erosion der nach 1989 nur schwach
Accent aigu
Geschlossene Gesellschaften
An der herrschenden Kultur in Osteuropa
prallt diese Entwicklung jedoch völlig ab.
Was dominiert, ist die Mentalität geschlos-
sener Gesellschaften. Sie gründet auf
der Vorliebe für enge soziale Bindungen,
persönliche
Loyalitäten
und
Nutzenkalküle, von
der lokalen bis zur
europäischen Ebene.
Zwar wird in der
Regierungsrhetorik
Polens und Ungarns
aus
taktischen
Gründen der Begriff
der „europäischen
Soldarität“ verwendet, doch vertragliche Vereinbarungen
und rechtsstaatliche
Normen werden im
jeweiligen Machtspiel wieder relativiert.
Populismus
und Elitismus, eng
verknüpft mit einer
Kultur der Verantwortungslosigkeit
und dem Verständnis von Politik als
Kampf kennzeichnen das heutige politische Milieu. Ob
Orban in Ungarn,
Zeman in Tsche- Visegrad-Staaten
chien oder Kaczynski in Polen, sie alle
inszenieren sich als Politiker des Volkes. In
Wirklichkeit verfolgen sie ihre eignen
Machtkalküle ohne Rückbindung durch
Wahlen. Im Gegenteil: Die liberale Demokratie soll zugunsten eines „starken“ Staats
überwunden werden. Toleranz, Pluralismus, Konsens und Kompromissbildung werden als
Anzeichen
politischer
Schwäche betrachtet.
An dieser Stelle ergeben
sich deutlich Übergänge
zum präfaschistischen Autoritarismus der 1930er Jahre. So überrascht es nicht,
dass der Antiliberalismus
und Antipluralismus Carl
Schmitts - und insbesondere dessen Parlamentarismuskritik - heute im Milieu
der neuen Machteliten Ostmitteleuropas eine hohe
Anziehungskraft besitzen.
Autoritarismus
versus Solidarität
Die Hauptakteure der Visegrad-Staaten: Viktor Orban, Va- Das aktuelle Spiel mit der
Fremdenfeindlichkeit
ist
clav Klaus, Milos Zeman und Jaruslaw Kaszynski
Foto: merkur.de
entfalteten demokratischen politischen
Kultur. Die neuen politischen Führungsgruppen pflegen eine Sprache der Konfrontation.
In Ungarn nutzen die Fidesz-Eliten „völkische“ Rahmendeutungen, die auch zum
Repertoire der rechtsradikalen Jobbik-Partei zählen. Angeblich steht die „Reinheit“
des ungarischen Volks und der ungarischen Nation auf dem Spiel.
In Polen reicht die Vision der ethnisch
reinen Gemeinschaft von katholisch-nationalen Gruppenverbänden über nationalpopulistische Parteien bis zur rechtsextremen Szene. Dabei fallen Kampfwörter wie
„Poeln zuerst!“ oder „Wir sind für Nation
und Heimat“.
In Tschechien und der Slowakei grassiert
sogar eine Fremdenfeindlichkeit ohne
Fremde. Demonstrationen gegen Migranten fügen sich in ein schon länger von nationalpopulistischen und rechtsextremen
Gruppen gewähltes Mobilisierungsschema. Kulturelle Homogenität und christliche Grundlagen der Nation werden hierbei
wie in Ungarn und Polen als Worthülsen
herangezogen.
Über Geschichtspolitik „von oben“ wird
so eine resolute Politik der ethnischen
Reinheit und Solidarität verkündet, die es
in Wirklichkeit gar nicht gibt. Kaum einer
der nach Westeuropa abgewanderten Polen und Ungarn kehrt zurück. Dabei ist insbesondere die Zahl der Jüngeren unter den
Auswanderern hoch - und das in allen ostmitteleuropäischen Ländern.
S. 5
somit Ausdruck einer tiefen Krise der politischen Kultur dieser Länder die sich nicht
nur im Versagen der politischen Führungsgruppen in der Flüchtlingskrise ausdrückt.
Die Rückkehr zum Autoritarismus und die
Zuwendung hin zum Populismus verweisen auf eine tiefer gehende Legitimitätskrise.
Während die Visegrad-Regierungen (Slowakei, Polen, Tschechien und Ungarn)
sich über das „Diktat“ aus Brüssel und den
„moralischen Imperialismus“ (Orban) empören, engagieren sich zahlreiche freiwillige Helfer für Flüchtlinge. Dieses Engagement erinnert daran, worauf sich Flüchtlinge aus Ostmitteleuropa vor 1989 ihrerseits
verlassen konnten: Die 1956, 1968 und
1980 in Not geratenen ungarischen, tschechischen, slowakischen und polnischen
Emigranten erfuhren im Westen Hilfe und
politische Sympathien.
Als Beata Szydlo kürzlich Polens Unternehmer umwarb, betonte sie in seltener Offenheit, das nächste Jahrzehnt sei besonders wichtig, da es wohl das letzte Mal sei,
dass Polen so viel Geld von der EU bekomme.
Ehrlicher lässt sich die Abkehr Ostmitteleuropas von der Idee Europas als einer
Wertegemeinschaft wohl nicht auf den
Punkt bringen.
Accent aigu
S. 6
Bildungsoffensive gegen Fremdenangst
Demokratiekunde als Werteunterricht
Carlo Kass
Demokratie kann das Spagat zwischen
Individuum und Kollektiv erträglich gestalten. Doch ist sie als vielschichtiger
Begriff auf ständige Bildung angewiesen. Wenn die Schule diesem Anspruch
entsprechen und das demokratische
Verständnis als Herrschafts-, Gesellschafts- und Lebensform vermitteln
würde, könnte Luxemburg sich die
Streitereien um einen Werteunterricht
ersparen.
kämpfen muss“.
Und diese „Grande Guerre“, die bis heute
geschichtlich nicht einmal andeutend bewältigt ist und in dem der Tod omnipräsent
war, hat viele seelische Wunden in den
Menschen gerissen, die im Zweiten Weltkrieg wieder aufbrachen. Zurückgeblieben
waren Wracks, die sich existentielle Fragen
stellten, zu denen sie nie erzogen worden
waren. Wie haben die Überlebenden den
Tod vor Augen verarbeitet?
Mit Millionen Menschen, die bis zum
Sommer 1914 während mehr als 40 Jahren
ohne Angst gelebt hatten, waren auch ihr
Glaube, ihre Hoffnungen und Träume zerstört worden. Ihnen drängten sich Fragen
auf, mit denen sie allein gelassen wurden
und die bis heute nicht zufriedenstellend
Auch wäre dies ein großer Schritt zu Kants beantwortet sind. Eine davon ist wohl, waLeitspruch der Aufklärung: „Sapere aude“, rum sich Menschen gegenseitig solche
habe den Mut, dich deines eigenen Verstan- Qualen zufügen!?
Das oft genug im Namen Gottes, der heudes zu bedienen! Diesen könnte man heute
dahingehend umschreiben, dass es nicht te jedoch meist nur noch von postpubertänur Mut, sondern auch Wissen braucht. rer Gewaltbereitschaft als allmächtiges AliUm das Originalzitat des Horaz zu bemü- bi im Kampf gegen die ungerechte Verteihen: „Frisch gewagt ist halb gewonnen! lung von Lasten und Erträgen in unserer
Entschließ dich zur Einsicht! Fange nur Gesellschaft vorgeschoben wird. Und auch
wenn den meisten Westlern noch die relian!“
Doch wie schon erwähnt, darf man den giöse Indoktrination in den Knochen
einzelnen Menschen mit seiner Existenz- steckt, dürfen sie ihre Kinder mit diesen
angst nicht allein lassen. Denn wie lästerten Dämonen nicht allein lassen.
Auf dem schwierigen Weg zum Erwachdie einfachen Soldaten aller Herrenarmeen
als Kanonenfutter in den Schützengräben senendasein muss ihnen mit werktätiger
von Verdun über ihre Offiziere, die in ihren Liebe und kognitiver Akkuranz klar geKommandozentralen weit hinter den macht werden, dass sie trotz unberechenFrontlinien Champagner soffen: „Niemand barer Lebenszufälle in einer freien und offeist blutrünstiger, als derjenige, der nicht nen Gesellschaft ihres eigenen Glückes und
fühl bei unserem Nachwuchs derart gestärkt werden, dass sich niemand mehr
überflüssig fühlt und sich dem Islamischen
Staat an den Hals wirft.
Und da laut dem Neurobiologen Gerald
Hüther „heute junge Menschen schon zwei
Jahre nach dem Abitur oder der Matura nur
noch zehn Prozent von dem wissen, was sie
in der Schule gelernt haben“, sollten auch
die Lehrkräfte postschulischer Ausbildung
dieses auf Erfahrung in der Lebenswelt im
politischen Umfeld aufbauende Lernen der
Kunstsparte Demokratie immer wieder aufgreifen.
Ehe wir uns dem Einzelnen und dann der
Geschichte der Demokratie und anderer
Staatsformen zuwenden, wollen wir Gerhard Himmelmann zitieren, der mit John
Dewey Oskar Negt u. v. a. der Demokratie
den pädagogischen Stempel aufdrückte.
Für ihn fokussiert Demokratie auf die
Funktionen und Aufgaben des Staates. Ihre
Kernziele sind Freiheit, Gleichheit, Gerechtigkeit, Sicherheit und Wohlfahrt.
Damit die Bürger ihre politischen Rechte
und Pflichten aber tatsächlich wahrnehmen können, muss ihnen der Staat eine
grundlegende soziale Abicherung gewährleisten. Vom soziologischen Standpunkt
her gesehen bedingt Demokratie eine starke Zivilgesellschaft, in der Pluralismus und
soziale Differenz Raum haben und anstehende Konflikte, auch wirtschaftliche,
friedlich geregelt werden.
Besonders interessant sein Blick aus der
politischen Forschung auf die Rolle des Demokratie-Verständnis‘ in der Kultur des sozialen Zusammenlebens im Alltag. Dabei
geht es Himmelmann um die Mikro-Ebene
Familie und Schule als eine von Fairness
und Toleranz geprägten Grundlage für ein
politisches Engagement. In der Schule sollte diese Demokratie-Kompetenz stufenweise vermittelt werden.
Angefangen bei der Einübung kooperativer, verantwortlicher, toleranter und gewaltfreier Verhaltensweisen über die Stärkung der sozialen und gesellschaftlichen
Kompetenz bis zur Erweiterung des Bewusstseins für Demokratie als Herrschaftsform, was nur mit systematisch erworbenen
Kenntnissen gelingt, die auch zur Festigung
der politischen Urteils-, Kritik- und Handlungsfähigkeit führen.
Würden diese aus beruflicher Lebenserfahrung gewonnenen pädagogischen Überlegungen in Sachen Demokratie, natürlich
aufbauend auf die kindlichen und jugendlichen Entwicklungsphasen, in schulische
Praxis umgesetzt, könnte das Selbstwertge- An der Demokratie gestrandet
„Nutze deinen Verstand!“
Accent aigu
S. 7
Ohne Anspruch auf
Vollständigkeit wollen
wir uns in den nächsten Abschnitten an den
Spekulationen um den
Tod und darüber hinaus beteiligen.
Nehmen wir einmal
an, der Tod wäre als
Prämisse der Geburt
nur der Übergang vom
Bewusstsein zum Unbewussten. Dann würde sich jedem am Ende
die Frage stellen, ob er
sein Leben richtig geführt hat. Eine Gewissensfrage, die einige
Religionen an sich binden, während andere
daraus einen karmiWarum wohl hat Sokrates die „Majestät des Volkes“ (Hegel) schen Impetus ableiten, mit dem der
nicht anerkannt?
Mensch sein Konto guter und böser Taten
Leides Schmied sind, was nicht zu persön- selbst verwalten darf.
Wobei wir bei Odo Marquards Kompenlichem Übermut führen sollte. Und ? sehr
wichtig! ? dass Jenseitsglaube die Angst vor sationsgedanken wären, aus dem er die Inkompetenzkompensationskompetenz
dem Tod nur vor sich herschiebt.
schöpfte, mit der er in seinem Vortrag „Abschied vom Prinzipiellen“ die Geschichte
der Philosophie von ihrer universellen Allkompetenz in der Antike zur heutigen InEs ist wie mit der Füchtlingswelle. Wir Eu- kompetenz beschrieb. Und zwar, weil die
ropäer können sie kollektiv verdrängen, „Liebe zur Weisheit“ drei ihr gestellten Hedoch schwemmt sie immer wieder tote Kin- rausforderungen nicht genügte.
der an unsere Ferienstrände. Individuell
Die soteriologische zum Heil des Menaber „werden Erfahrungen mit dem Tod schen, bei der die Christen sie ausbootete,
immer einzigartig bleiben. Da man sie nicht die sie als „Magd der Theologie“ neben sich
eins zu eins duplizieren kann, wird es nie dulden. Dann die technoligische zum Nutnur eine Antwort auf die Frage nach einem zen des Menschen, bei der sie von der
geeigneten Umgang geben“, meint die jun- exakten Forschung zur Wissenschaftstheoge Anne Schaaf.
rie verdammt wurde. Und schließlich die
Die Moderatorin eines rezenten, von der politische „zum gerechten Glück der MenZeitschrift forum organisierten Rundtisch- schen“, bei der sie als hochspekulative Gegesprächs, erfuhr dies kurz vor ihrem Se- schichtsphilosophie endete.
kundarabschluss, als eine noch jüngere
Mitschülerin beschlossen hatte, nicht mehr
leben zu wollen. „Diese Information war
ohne öffentliches Medium plötzlich da.
Raum zum Verdrängen blieb folglich aus.
Doch wie soll man damit umgehen?“
Da für die junge Frau ein Konsens wegen Was lernen wir daraus? Nun, dass die Geder empirischen Einzigartigkeit nicht mög- schichte der Philosphie nichts mit Gelich ist, das Schweigen jedoch keine sinn- schichtsphilosophie zu tun hat, deren Bevolle Alternative darstellt, kann nur der griff im Zeitalter der Aufklärung von VolAustausch und die Diskussion über ver- taire geprägt wurde. Und wie bei Religion
schiedene Interpretationsansätze den Ein- und Evolution gibt es in ihr offene und gezelnen und das Kollektiv weiterbringen. schlossene Modelle. Linear determinierte,
Auf die Volksherrschaft bezogen wäre ihr die von einem Anfang und einem Ende der
damit der erste Lehrstuhl der Demokratie- Geschichte ausgehen, stehen zyklisch unkunde sicher!
determinierten Modellen gegenüber.
Mit dem Auftreten des Christentums hat
Ermutigend ist es schon, wenn junge
Menschen über den Umgang mit dem Tod sich das geschichtliche Denken grundlein der Öffentlichkeit diskutieren. Und das gend verändert. Für Christen ist Geschichauch noch in mehreren Öffentlichkeiten: te identisch mit Heilsgeschichte. Mit der
Schule, Medien, spezialisierte Dienstleis- Menschwerdung und Auferstehung Christi
tungen, Kirche, Medizin und Betreuung. begann die Geschichte der Kirche, die mit
Einzigartiger Tod
Selbstmörderischer
Gottesstaat
seiner Wiederkehr vollendet wird. Gegen
ihre Widersacher nutzen ihre Kleriker diese Geschichte als ewige Kontinuität des
Willens „ihres“ Gottes.
Augustinus ließ sich in seinem „Gottesstaat“ denn auch nicht zweimal bitten, das
Märchen von Kain und Abel zum Anspruch seines Gottes auf die Herrschaft
über die „civitas dei“ und die „civitas terrena“ zu verdichten. Sein Fazit war so einfach wie eigennützig: Weil sie dem unerforschlichen Ratschlag Gottes unterliegt,
braucht sich der Mensch um die Gestaltung der Geschichte nicht zu kümmern.
Auf der anderen, der offenen Seite verloren die Denkschulen vom Kierkegaardschen Radikalindividualismus über Poppers kritischen Rationalismus und Husserls Phänomenologie bis zu Sartres Existenzialismus ihre Kompetenz. Es blieb Camus‘ einzig wirklich ernstes philosophisches Problem: der schon erwähnte Selbstmord. Sich entscheiden, ob das Leben es
wert ist, gelebt zu werden oder nicht.
Wobei wir wieder bei der zweiten Pforte
unserer Existenz wären, zu der wir mysteriöserweise über den Schlüssel verfügen:
dem Tod. Fragt sich nur, ob der Mensch
zum Schloss seiner ersten Lebenspforte
auch die Kombination besitzt. Doch gibt
allein schon die Frage lediglich spiritistischen Perspektiven einer Seelenwanderung und anderen reinkarnationistischen
Verschwörungstheorien Aufwind.
Und so lange er keine eindeutigen Beweise für all diese Spekulationen hat, bleibt
dem Menschen mit dem Herannahen eines
natürlichen Abgangs zum Schluss einer
hoffentlich ausgefüllten Existenz die schon
angedeutete Frage: Habe ich mein einziges
Leben nicht in den Sand gesetzt? War ich
ein weltloser In-der-Welt-Seiender, dem
das Wahre, das Eine, das Gute und das
Schöne gleich gültig war?
War ich das unabhängige Individuum,
das sich für andere partikular Unteilbare
eingesetzt hat und mit dieser Mitmenschlichkeit seine ontologische Charakteristika
überspielte, nicht zur gleichen Zeit an verschiedenen Orten sein zu können. Habe
ich nicht das Ende der Metaphysik gefordert, sondern bin mit dem in Königsberg
begrenzten Kant für ein kritisch reflektiertes Denken eingetreten?
Rechtsextreme Deserteure
Und wenn dem so gewesen wäre, setze ich
mich denn heute auch noch stark genug für
eine lebhaft ehrliche Demokratie mit einzelmenschlichen Zügen ein, die nur siebzig
Jahre nach den größten Humankatastrophen in Auschwitz und Hiroshima erneut
unter die Räder zu kommen droht, die da
rollen müssen für den Sieg? Damals sollte
der Freizeitverkehr dem „Fronturlauber“
Platz machen.
Accent aigu
S. 8
Bis auf einige Ausrutscher in der Kubakrise oder der verrückten Aufrüstung unter
dem idiotischen Nato-Doppelbeschluss,
die beide dem bipolaren Kalten Krieg zwischen den USA und der Sowjetunion geschuldet waren, blieb es im sogenannten
Westen nach Auschwitz und Hiroshima
ziemlich friedlich, bis sich heute wieder
geopolitische Gräben zwischen Kreml und
Weißem Haus aufgetan haben.
Heute kreuzen sich Flüchtlingstrecks
und Ferienreisende auf der Balkanroute.
Und obwohl es die meisten „Deserteure“
aus den vom Westen befeuerten Kriegsgebieten in die deutschen, österreichischen
und schwedischen Ballungsgebiete und
nicht in die menschenleere Provinz zieht,
machen andere Länder dicht. Die neuen
EU-Mitglieder aus dem Osten sogar mit
rechtsextremer Energie.
Abgesehen von der akuten Gefahr für das
junge Pflänzchen Demokratie, will man in
der früheren Deutschen Demokratischen
Republik (allein diese Bezeichnung war
Realsatire pur) sogar wieder an der Grenze
auf unschuldige Flüchtlinge und deren
Kinder ballern. Soweit kommt wohl nur
ein Volk, das während einer Generation
von den Wurzeln seiner transzendentalen
Hoffnungen abgeschnitten war.
Das ist das Resultat, wenn ein ungelernter saarländischer Bergarbeitersohn und
kommunistische Scheuklappen tragender
Funktionär das Wohl des Volkes im Namen einer realsozialistischen Parteidiktatur in die Hand nimmt, die jede Art von
kirchlicher Zusammenarbeit ablehnt. Einer dieser zahlreichen unbedarften Atheisten eben, die Goethe zitieren, als hätte
Faust ihn geschrieben.
Doch auch die sogenannten westlichen
Dichters Wort in Demokratenhand
Demokratien, obwohl sie auf den Menschenrechten fußen, die Ende des 18. Jahrhunderts durch die beiden atlantischen Revolutionen in Frankreich und den USA definiert wurden, kommen den Rechten des
einzelnen Bürgers nicht immer entgegen,
weil derjenige, der in ihnen die politische
Entscheidungsebene anstrebt, auf Mehrheiten angewiesen ist.
Wehret der Pöbelrepublik!
Und wie jeder weiß, sind diese Mehrheiten
ohne Probleme zu manipulieren. Sei es
durch Geld oder andere Vorteile. Auch haben sowohl diese konservativen wie auch
progressiven Konsumenten immer wieder
das Bedürfnis, ihre persönliche Freiheit gegen kollektive Sicherheit einzutauschen.
So entstanden nicht nur Parteien und Fraktionen, sondern in ihnen auch demokratische Dynastien.
Von Roosewelt über Bush bis Clinton
werden diese Politiker jedoch von einer per
Volksentscheid zustande gekommenen
Verfassung in demokratischen Bahnen gehalten. In autoritäreren Systemen entstand
durch dieses kollektive Sicherheitsbedürfnis oft ein familiär paternalistischer Drang
zu weltlichen Führern, die „ohne Gott und
Gebott“ von einer Gräueltat in die nächste
stolperten.
Es ist ungeheuer bedauerlich, dass man
heute, wo der Westen doch die Menschenund vor allem auch die Frauen- und Kinderrechte vorangetrieben hat, noch derart
primitiv argumentieren muss, um die materiell konsumverwöhnten und transzendental orientierungslosen Bürger dazu zu bewegen, ihrer Wahlpflicht mit bestem Wis-
sen und Gewissen nachzukommen, damit
dies wenigstens auch so bleibt.
Natürlich läuft man auch Gefahr, schlafende Hunde zu wecken, die Kandidaten
ihre Stimme geben, die das „Waterboarding
und noch grausamere Foltermethoden“
wieder einführen wollen. Und hier liegt die
Betonung auf „wieder“, hat doch schon die
kriminelle Vereinigung im Weißen Haus
um Bush und Cheney eine solch unmenschliche wie ineffiziente Vernehmungspraxis ausdrücklich befürwortet.
Und dass solche Praktiken leider auch in
einer Demokratie über Wahlen hinaus Bestand haben, davon zeugt das Unvermögen
Obamas, das illegale Gefängnis Guantanamo auf Kuba zu schließen. Auch das Beibehalten der unsäglichen Waffengesetze in
den USA zeugt davon, wie gefährlich eine
in Europa oft in den höchsten Tönen gelobte Basisdemokratie sein kann. Man
denke nur an die Todesstrafe.
Eine Demokratie, die sich derart vom
Volk erpressen läßt, ist im Grunde längst
aus den ideologischen Stiefeln seiner
Gründerväter gekippt. Gründerväter, deren Ansprüche auch nicht immer frei von
Widersprüchen waren, wenn sie zum Beispiel als Sklavenhalter von „We the
people“ schrieben. So stehen sowohl das
Recht auf Waffenbesitz wie das Verbot
grausamer Bestrafung in der Verfassung.
Eine derartige Abkehr von den demokratischen Idealen nannten die alten Griechen, die den Begriff des „Volkes“ sehr eng
fassten und damit nur Bürger mit politischen Partzipationsrechten meinten, den
Weg in die Ochlokratie („Herrschaft des
Pöbels“). Dies soll natürlich kein Aufruf
zum alten Zensuswahlrecht sein, wo doch
heute schon die 62 Reichsten unser politisches Schicksal zu bestimmen scheinen.
Diese Schere zwischen Arm und Reich
war seit jeher ein Hindernis für eine gerechte und pluralistische Demokratie.
Doch besonders schwierig gestaltet sich die
öffentliche Wahrnehmung dieses Phänomens, da sich im Westen nur einige wenige
Milliardäre den Großteil der Stammaktien
an den Massenmedien teilen, während im
Rest der Welt politautokratische Propaganda auf dem Programm steht.
Und da eine Demokratie bekanntlich den
Wettstreit um die öffentliche Wahrheit organisieren muss, sie aber nicht vorgeben
kann, sind die folgenden Worte von NatoGeneralsekretär Stoltenberg zu begrüßen:
„Wir glauben, dass kritischer Journalismus
und eine offene politische Debatte die besten Arten sind, Propaganda entgegenzuwirken.“ Ihm steckt wohl Breiviks Schießerei auf der Ferieninsel Utøya noch in den
Knochen.
Doch sollte er nie vergessen, dass er einem „Verteidigungs“bündnis vorsteht und
in der Weltgeschichte bisher das erste Opfer in jedem Krieg immer wieder die Wahrheit war.
Accent aigu
S. 9
Crise de régime et marche forcée vers l’Etat autoritaire et discriminatoire
France: La déchéance
Robert Mertzig
dans toutes les couches de la société. Il de- parti bourgeois comme les autres. Au centre
vient électoralement majoritaire chez les du programme FN, il n’y a certes pas, comRéforme constitutionnelle liberticide en ouvriers et les employés (au moins chez me dans les années trente, la mobilisation
France et déchéance de la nationalité ceux qui votent). La bourgeoisie globalisée de la petite bourgeoisie au travers de milices
chère au régime de Vichy. La vraie dé- ne fait certes pas le choix du Front national fascistes pour liquider le mouvement ouchéance qui semble se nouer au- ? en particulier de sa politique de sortie de vrier; mais il y a la „préférence nationale“,
jourd’hui est bien celle de la gauche. Et l’Euro ?, mais le patronat est maintenant di- opposée à plusieurs millions d‘étrangers et
tout particulièrement de la social-dé- visé. L’option FN ne correspond pas au- de français d’origine étrangère, ainsi qu‘à
mocratie.
jourd’hui aux intérêts bien pensés des clas- tous ceux qui les protègeraient.
Il y a bien des similitudes entre le Front
ses dominantes; cependant, la crise politiA moins que tous „les déchus“ de la gau- que est telle, les appareils sont si affaiblis, national et d’autres forces du système, mais
che au pouvoir redressent la tête, sortent de que l'„accident électoral“, même si ce n’est le FN n’est pas pour autant intégré au systèleur propre état de sidération, et parlent pas la „variante la plus probable“, ne peut me. L’orientation de Marine Le Pen, n’est
d’une même voix, au-delà des différences plus être rejeté d’un revers de main.
pas un projet à la Gianfranco Fini, en Italie.
Le Front national n’est pas un parti fascis- La majorité du Front national ne veut pas
des uns et des autres. Nombreux sont ceux
qui souhaitent un sursaut civil, social et po- te comme dans les années trente parce que passer des alliances où leur parti se retroulitique qui enraye ce sempiternel glissement nous ne sommes pas dans les années trente. verait en position subordonnée. Ses dirigeà droite de la classe politique. En France et L’origine de sa direction est fasciste, ses thè- ants veulent casser la droite dite classique et
mes nationaux-socialistes reprennent les la remplacer. Ils ne peuvent donc franchir
ailleurs...
thématiques classiques de l’extrême droite: aujourd’hui un certain seuil électoral. Ils
la préférence nationale, le racisme anti-im- parient cependant sur l’aggravation de la
migré et en particulier antimusulman res- crise, sur la division et l’explosion de la
tent au centre de sa politique. Ce n’est pas droite. Est-ce une hypothèse qu’on peut
Cette marche vers l’Etat policier tous azi- un parti fasciste classique, mais n’est pas un écarter ?
muths (voire l’Etat militarisée), sous l‘égide
des „socialistes“ en déchéance politique et
morale, justifie et donc renforce le discours
du FN et lui prépare le terrain institutionnel
et idéologique. Ainsi lors des élections régionales de décembre 2015 une nouvelle
poussée du Front national a eu lieu : près de
7 millions de voix, plus que le nombre de
suffrages obtenus par Marine Le Pen lors de
la dernière présidentielle. Election après
élection, depuis 2012, les votes FN augmentent. Il est devenu, sur le plan électoral,
le premier parti du pays. Faute d’alliances, il
reste en deçà d’une majorité absolue, mais
avec l’approfondissement de la crise de régime que traverse la France, la donne peut
changer. On ne peut plus écarter la possibilité d’une victoire de Marine Le Pen à la
prochaine élection présidentielle, en 2017.
On connait les raisons de cette poussée
du Front national : dégradation globale des
rapports de force au détriment du mouvement ouvrier, politique néolibérale endossée par les gouvernements de droite et de
gauche, retombées persistantes de la domination postcoloniale, nouvelle place du
pays (marginalisée) dans la globalisation
capitaliste. La conjonction des effets d’une
dépression économique longue en Europe,
de la crise politique liée aux choix du gouvernement, des conséquences des attentats
terroristes perpétrés par l’Etat islamique et
d’une nouvelle vague de racisme dans les
classes populaires offre un terreau nourricier au FN.
Le Front national est maintenant présent Certains libraires gardent leur humour caustique
Photo: www.actualite.com
Le FN: un vrai danger
Accent aigu
Notabene.formeractif.com
S. 10
Compte tenu de la situation internationale actuelle, du désarroi politique, de l’absence d’alternative solidaire crédible au
système, de la pression raciste interne, le
Front national peut s’appuyer sur certaines
couches de la société pour justifier les discriminations, la répression, voire l’expulsion des étrangers et en particulier les étrangers musulmans. C’est un ferment de guerre
civile qui implique une liquidation radicale
des libertés démocratiques. Il y aura une
différence notable entre toutes les formules
politiques, autoritaires, bonapartistes, initiées par la social-démocratie ou le centre
droit, et un régime dominé par l’extrême
droite.
La déchéance du PS
Souligner le danger spécifique que représente le Front national, ce n’est pas accorder au gouvernement et à la présidence
Hollande un satisfécit quelconque ! L‘état
d’urgence à la Valls vise déjà à habituer la
société à vivre en état d’exception, à délégitimer le contrôle de la justice sur l’appareil
répressif et sur l’exécutif, à placer sous surveillance générale les citoyennes et citoyens, à restreindre de fait les libertés civiques, à rendre atones les mouvements sociaux. Ce dont rêvait Le Pen Hollande l’a
fait! L‘état d’urgence de Valls-Hollande
crée ainsi les conditions politiques et les
conditionnements mentaux qui pourraient
favoriser demain l’imposition d’un état
d’urgence „bleu marine“. L’attaque contre
les libertés démocratiques d’aujourd’hui est
extrêmement grave, sans précédent en
France depuis la guerre d’Algérie.
Le Parti socialiste subit une détérioration
continue depuis 2012. Il est passé de
280.000 adhérents (chiffre officiel) en 2006
à 130.000 en décembre 2014. Seulement
70.000 „militants“ ont voté pour le dernier
congrès. Cependant, ce parti ne connaît
pas de „pasokisation“. Il compte encore
plus de 20 % des suffrages, ne s’effondre
pas brutalement. La crise est loin d’atteindre en France son niveau grec. L’affaiblissement de la social-démocratie est néanmoins considérable.
Plus important encore, le PS, comme ses
confrères européens, connaît un changement profond de nature. Il y a ce qu’on
pourrait appeler une accélération dans la
transformation bourgeoise de la social-démocratie. Un processus qui vient de loin et
qui se traduit par une intégration sans précédent des appareils sociaux-démocrates
dans les sommets de l’État, les institutions
mondiales (FMI, OMC…) et dans l‘économie globalisée. Les partis socialistes sont
devenus „de moins en moins ouvriers et de
plus en plus bourgeois“. La brutalité des
politiques néolibérales sape leurs bases sociales et politiques.
Sous des formes différentes, les partis socialistes se transforment en partis bourgeois. Deviennent-ils pour autant des partis
bourgeois comme les autres ? Pas tout à
fait, le fonctionnement de l’alternance exi-
ge des PS qu’ils marquent leur différence
avec les autres partis bourgeois. Ils restent
liés, par leur origine historique, au mouvement ouvrier, mais ce ne sont plus que des
traces qui s’effacent dans la mémoire des
militants. Cela crée néanmoins des contradictions et des oppositions au sein de ces
partis. Ils peuvent garder un certain rapport
au „peuple de gauche“, même s’il est de
plus en plus distendu. Cette mutation qualitative, si elle allait jusqu’au bout, transformerait ces partis en „partis démocrates à
l’américaine“.
La nouvelle situation internationale, la
durée de la dépression économique néolibérale, l’intégration dans les politiques de
l’Union européenne, la marche à un régime
autoritaire poussent à une évolution interne au Parti socialiste, à des changements
qui progressivement le dévitalisent Il n’en
demeure pas moins que, pour les Valls, Macron et autres, le PS n’est toujours pas suffisamment à droite : il faut accélérer le pas. Y
aura-t-il des résistances ? De quelle ampleur ? Sous quelles formes…? La surprise
britannique indique que, même là où on ne
l’attendait pas, il y a des réactions imprévisibles. Ce qui ne remet pas en cause la domination du „blairisme“ sur le Labour Party, en particulier dans sa représentation
parlementaire, mais cela indique que les
changements de paysage politique traversent aussi des formations comme le Labour.
La spirale infernale
Les causes profondes de la montée du FN
sont multiples mais toutes s’aggravent.
L’une d’elles est à l‘évidence la désespérance sociale née de la conjonction des crises
du capitalisme, des bouleversements profonds du monde et de la société française,
des politiques néolibérales, destructrices
d’emplois, de droits et de protection sociale
menées depuis 35 ans par les gouvernements successifs. Le fait que les coups décisifs soient portés par le Parti socialiste en
accroît les effets dévastateurs, achevant de
désespérer les salariés, les chômeurs, les retraités et les précaires, celles et ceux que
l’on appelait le „ peuple de gauche „ et parmi lesquels le FN fait désormais ses meilleurs scores.
Là encore la responsabilité du PS est
écrasante, en poursuivant, voire accentuant les politiques discriminatoires menées
par la droite, en durcissant les conditions
d’accueil et de séjour, en manipulant lui
aussi une prétendue „laïcité“ mais une
vraie stigmatisation, il ne fait que légitimer
le discours du FN et le vote pour ses candidats. Dans le même sens, le cours répressif
et sécuritaire des politiques gouvernementales donne raison aux réponses autoritaires de l’extrême droite. Une fois admis que
la répression policière est la réponse à tous
Accent aigu
les maux pourquoi ne pas voter pour ceux
qui poussent jusqu’au bout cette logique ?
Sur ce terrain ni un Valls, pourtant particulièrement zélé, ni même un Sarkozy qui
l’apprend à ses dépens, ne seront aussi crédibles qu’un ou une Le Pen.
Dans ce contexte déjà terriblement dégradé, l’horreur des tueries du 13 novembre a
dramatiquement accéléré la spirale périlleuse. Le choc causé par les attentats a fait
basculer vers le FN la fraction des électeurs
de la droite traditionnelle les plus sensibles
aux thématiques sécuritaires et racistes. Les
actes islamophobes se sont multipliés. Hollande l’a joué „chef de guerre“ à l’extérieur
en intensifiant la guerre en Syrie et à l’intérieur en décrétant l‘état d’urgence. Des décisions aussi inefficaces l’une que l’autre
contre le terrorisme de l‘État islamique.
Imposé pour 12 jours, puis prolongé finalement pour 6 mois (!), l‘état d’urgence, ce
régime d’exception issu de l’histoire coloniale que le gouvernement cherche à pérenniser en modifiant la Constitution, est
prioritairement utilisé contre les quartiers
populaires toujours plus stigmatisés et contre les résistances, en interdisant les manifestations et assignant des militants à résidence. Le gouvernement fait le choix délibéré d’instrumentaliser les attentats pour livrer une partie de la population à la méfiance et au rejet, rendre durable l‘état policier
et criminaliser les mobilisations. Il détruit
ainsi préventivement tout ce qui permettrait de résister à la fois au terrorisme et à
l’extrême droite.
Dans le paquet-cadeau de la réforme constitutionnelle, qui vise à vivre selon les
codes de l‘état d’urgence permanent, le président Hollande n’a pas oublié de glisser la
déchéance de la nationalité pour les binationaux nés en France, qui se seraient rendus coupables d’actes terroristes. La déchéance de la nationalité appartient précisément à la catégorie de lignes rouges à ne
pas dépasser. A telle enseigne que, en 2010,
lors du projet de loi sur l’immigration présenté par l’ancien président Sarkozy, qui
proposait déjà la déchéance de nationalité
pour les personnes d’origine étrangère ayant volontairement porté atteinte à la vie de
policiers et de gendarmes, toute la gauche
s‘était exprimée vent debout contre cette
aberration ? François Hollande inclus.
Lors de ce débat, nombreux sont ceux qui
ont tenu à rappeler l’historique de ce sinistre projet politique : d’abord porté par l’extrême droite française dans les années trente, la déchéance de la nationalité a été mise
en application par le régime de collaboration avec l’occupation nazie du Maréchal
Pétain. Cette mesure a été effacée en quasitotalité à la Libération.
La déchéance de nationalité établit, en effet, l’idée selon laquelle il y aurait „deux catégories de Français“. Or, quelle que soit
l’atrocité des actes dont il peut être question, lorsque cette sélection est autorisée, on
S. 11
Deux notes collatérales:
1) Certains s’indignent de l‘état d’urgence sans condamner les interventions
françaises ou d’autres pays européens (au Moyen-Orient, en Afrique...). C’est là
une bien courte vue limitée au confort des libertés publiques „chez nous“. Mais
comment refuser l‘état d’urgence et sa constitutionnalisation sans dénoncer la
guerre qui les autorise? Comment accepter cette guerre qui, de coalitions en
connivences, de confrontations de forces en réactions en chaîne, étendra fatalement le périmètre des belligérants, en suscitant, ailleurs, d’autres conflits armés? La guerre provoque et provoquera davantage de migrations douloureuses. Lesquelles sont utilisées pour justifier aussi bien la généralisation des équipements de surveillance que toutes les formes de racisme qui, à leur tour, minent les relations sociales. Il faut donc être cohérent: dire non à l‘état d’urgence, c’est dire non à la guerre. Car la guerre extérieure entraîne quasi automatiquement le renforcement des contrôles à l’intérieur du pays. Et presque toujours, la guerre produit un rassemblement nationaliste autour d’une supposée
identité menacée, ce qui légitime toutes les restrictions de liberté. Elle engendre un état d’urgence permanent qui finit par servir de prétexte pour criminaliser toutes les résistances au néolibéralisme, qui, lui-même, se nourrit de la
guerre.
2) Pour des raisons de délai rédactionnel ce texte a été finalisé le 20 février. Cependant la crise politique en France est telle que bien des événements nouveaux peuvent aussi bien surgir à tous moments que couver sous la cendre politique politicienne encore un certain temps, gravide d’explosions/d’implosions à
moyen terme. Il est néanmoins peu probable que les tendances lourdes ici invoquées et analysées soient invalidées d’une manière ou d’une autre. Au contraire.
sait quand elle commence et jamais, ni
quand, ni comment, elle s’arrête.
Quant à la prétendue efficacité de la mesure dans la lutte contre Daech, qui peut
encore y croire ? Jusqu‘à preuve du contraire, le terrorisme n’est pas une nationalité.
Parmi les Français qui se revendiquent de
l’Etat islamique, il semblerait qu’un quart,
peut-être un tiers, soient des convertis, nés
en France, et qui ne possèdent par conséquent qu’une seule nationalité: la nationalité française. C’est une preuve supplémentaire qui montre l’absurdité de cette mesure, qui dissimule mal une portée idéologique nauséabonde, que seule l’extrême droite portait il y a peu : établir un corollaire improbable et révoltant entre terrorisme et
immigration. Ce corolaire nocif, qui légitime dans l’opinion l’idée selon laquelle notre insécurité et l’immigration sont deux
phénomènes contigus.
Les nouveaux convertis à cette mesure
justifient ce ralliement au nom du fait
qu’on serait désormais en guerre. Argument déjà entendu au printemps dernier,
suite aux attentats de janvier, pour rendre
plus présentable une loi relative au renseignement controversée. Or, ce projet de loi,
tout comme les appels lancinants à un „Patriot Act à la française“, était largement antidaté et remontait à bien avant les attentats. Dans son livre la „stratégie du choc“
(Actes Sud, 2007), la militante altermondialiste Naomi Klein avait déjà évoqué la
manière dont les pouvoirs s’y entendaient
pour instrumentaliser l‘émotion de l’opinion, lorsqu’elle est placée, de fait, dans un
état de sidération suite à des grands chocs
sociaux, économiques, écologiques ou militaires, tels des révoltes, des révolutions,
des guerres, des attentats ou des catastrophes naturelles. C’est ainsi que bien des
gouvernements saisissent l’opportunité de
faire passer des réformes néolibérales et sécuritaires concoctées de longue date. Stratégie couchée sur le papier, le 26 octobre
2001, aux Etats-Unis lorsque George
W.Bush présentait un texte long de 132 pages, restreignant les libertés fondamentales
et déléguant un pouvoir d’exception aux
agences et officines gouvernementales.
Stratégie mise en application dans la guerre
en Irak de 2003.
A l‘époque les critiques de la classe politique française ne manquaient pas. Elles
étaient même nourries pour déplorer le bilan d’un épisode „va-t-en-guerre et arbitraire“. Aujourd’hui, c’est un François Hollande, prisonnier de ses calculs politiciens
pour 2017, autant que de la crise politique
qui l‘éloigne toujours plus de la réalité, qui
utilise les mêmes peurs, le même choc,
pour justifier ses guerres, son Etat d’urgence, ses mesures sécuritaires et la déchéance
de la nationalité. Et comme à l’accoutumée, chacun de constater que le renforcement de l’Etat pénal accompagne le démantèlement de l’Etat social.
Accent aigu
S. 12
La Démocratie en danger
Science de la propagande
et son remède
Photo: joshualightningwarrior.wordpress.com
Michel Decker
Qu’est-ce que deux grands scientifiques
comme Sigmund Freud et Jacques Testart ont à voir avec la démocratie en
danger? Beaucoup plus que l’on ne pense à priori, comme nous allons le voir. Et
pourtant, Sigmund Freud (1856-1939)
est médecin de formation, le père de la
psychanalyse, et Jacques Testart (1939) est biologiste et le père scientifique du
premier bébé éprouvette français en
1982.
Le célèbre Sigmund Freud intervient dans
notre réflexion surtout par personne interposée, c. à d. par son neveu Edward Bernays, aussi peu connu que son oncle est célèbre. Fait curieux, Edward Bernays (18911995) est même doublement le neveu de
Freud: sa mère était la sœur de Sigmund,
Anna, et son père était Ely Bernays, frère de
l‘épouse de Freud, Martha Bernays. La famille Bernays a émigré en 1892 de Vienne à
New York. Et si l’oncle est connu comme
étant le père de la psychanalyse, le neveu
pourrait passer comme le père des relations
publiques et de la propagande. Propagande,
tel est d’ailleurs le titre de son livre, célèbre
parmi les spécialistes, édité en 1928 aux
Etats-Unis. La traduction française date de
2007 et a comme titre: Propagande / Comment manipuler l’opinion en démocratie
(1). Dans ce livre, Bernays a combiné les
théories sur la psychologie des foules de
Gustave Le Bon et de Wilfred Trotter (2)
avec les découvertes de son oncle Sigmund,
à qui il rendait visite en Europe régulièrement et dont il ne se privait pas d’utiliser le
nom, une fois de retour à New York. Bernays était un personnage dont l’influence
croissait rapidement, surtout depuis qu’il
faisait partie de la Creel Commission, ou
Commission on Public Opinion (CPI), du
président étatsunien Woodrow Wilson. En
effet, lorsque les Etats-Unis décident le 6
avril 1917 d’entrer dans la première guerre
mondiale, la population est largement opposée à cette décision. Et c’est avec la mission explicite de la faire changer d’avis que le
président Wilson crée cette CPI. Cette commission qui accueille une foule de journalistes, d’intellectuels et de publicistes, est un
vrai laboratoire de propagande moderne,
ayant recours à tous les moyens de diffusion
Edward Bernays, neveu de Sigmund Freud, pense que le peuple doit être manipulé par
une minorité éclairée
d’idées alors connus. Edward Bernays faisait partie de cette commission. La commission a atteint son objectif auprès de la population en martelant que l’entrée en guerre
était essentiellement pour apporter la démocratie en Europe. Et à la fin de la guerre,
Bernays faisait partie de la délégation étatsunienne aux négociations de paix à Versailles. Après cette expérience remarquable
et d’autres qui ont suivi dans le monde du
„big business“, Bernays publie donc en
1928 son livre Propagande. Et à partir de là,
il a encore devant lui une très longue carrière qui le rend extrêmement riche et influent.
Rappelons-nous qu’il meurt seulement en
1995, âgé de 103 ans.
Un livre peu connu
Afin de bien se rendre compte de quoi il est
question, il n’y a pas mieux que de lire les
quelques premières lignes de ce livre. Les
voici : „La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans
la société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige
véritablement le pays. Nous sommes pour
une large part gouvernés par des hommes
dont nous ignorons tout, qui modèlent nos
esprits, forgent nos goûts, nous soufflent
nos idées. C’est là une conséquence logique
de l’organisation de notre société démocratique. Cette forme de coopération du plus
grand nombre est une nécessité pour que
nous puissions vivre ensemble au sein
d’une société au fonctionnement bien huilé. Le plus souvent, nos chefs invisibles ne
connaissent pas l’identité des autres membres du cabinet très fermé auquel ils appartiennent. Ils nous gouvernent en vertu de
leur autorité naturelle, de leur capacité à
formuler les idées dont nous avons besoin,
de la position qu’ils occupent dans la
structure sociale.“
Heureusement que c’est le neveu de Sigmund Freud qui a écrit ce texte, ce qui ne l’a
pas empêché de faire une très longue et glorieuse carrière, bien que extrêmement discrète pour le grand public. Nous n’avons
pas lu qu’on l’ait accusé de conspirationnisme, argument massue souvent à la main de
nos jours pour éviter des discussions critiques. Par contre, il a été très efficace pour
des grands groupes comme la Amercian Tobacco Company, Procter & Gamble, General Electric, la United Fruit Company au
Guatemala, l’industrie de l’automobile contre les tramways, entre autres.
Critique de science
Est-ce que la description de Bernays correspond encore au fonctionnement démocratique de nos jours? Beaucoup de gens sem-
Accent aigu
poser des solutions en rapport direct avec
les besoins de la société.
Pourquoi une convention
de citoyens?
Une conférence de citoyens apparaît aujourd’hui comme la méthode démocratique
la plus à même d’aider les élus à faire les
choix qui correspondent au bien général.
Et les innovations suscitent des controverses qui ne peuvent être tranchées par des
élus, sous la seule pression de lobbies industriels ou d’experts, souvent en conflit
d’intérêts. Il y a eu plus d’une centaine
d’expériences mondiales de conférences de
citoyens depuis vingt ans. Afin que ces conférences disposent de plus de crédibilité, il
est important qu’elles suivent un cahier des
charges suffisamment précis et rigoureux,
documents qui existent. Les expériences
faites en France notamment ont été plus
que satisfaisantes, dit JT, notamment pour
débattre des grands choix technologiques
comme le nucléaire ou les OGM. Comme
on vient de vivre la conférence internationale pour le climat à Paris, sous le nom de
COP21, JT rappelle qu’en 2002, la conférence citoyenne conviée à Paris sur le thème „Changements climatiques et citoyenneté“ a produit les propositions suivantes:
réduire la consommation d‘énergie et sortir
du nucléaire, taxer le kérosène, créer un
fonds mondial d’indemnisation des catastrophes naturelles, la prise en charge financière par les pays du Nord des transferts de
technologie vers les pays défavorisés, et
plein d’autres propositions de bon sens.
Sans doute à des frais moindres que la
grand messe du COP21 qui n’a produit aucun engagement concret, vérifiable à court
terme et qui était donc inefficace.
Comme exemples allant dans le sens des
conventions de citoyens, on peut mention-
(photo: chouard.org)
blent le croire, à en juger d’après le nombre
toujours croissant de citoyens qui, désabusés, refusent de participer aux élections démocratiques. Alors, que pouvons-nous faire pour revenir vers les idéaux d’un fonctionnement démocratique de la société?
C’est ici qu’intervient notre deuxième
docteur en sciences, Jacques Testart. Le
même qui a donné une conférence en juin
2014 à Luxembourg, invité par l’Institut
des Etudes Européennes et Internationales
et Les Amis du Monde Diplomatique.
Jacques Testart (JT), après avoir fait une
carrière brillante dans le domaine expérimental de la procréation médicalement assistée, avec des centaines de publications
internationales, est devenu Critique de science. Critique de la marchandisation de la
vie, à laquelle il est formellement opposé.
En quittant son domaine de spécialisation,
il se tourne vers la société dans son ensemble pour y constater un grave manque de
démocratie. Et afin d’y remédier, il travaille
et fait des propositions pour améliorer la situation existante, notamment par son dernier livre (3). Une solution qu’il nous soumet est celle de la convention des citoyens.
Pour JT, la convention des citoyens est une
procédure qui consiste à sélectionner au
hasard un nombre limité de citoyens, quinze en l’occurrence. La préparation du groupe au problème à traiter combine une formation préalable où les citoyens étudient,
une intervention active où les citoyens interrogent et un positionnement collectif où
les citoyens rendent un avis. Tout sujet
d’intérêt général, sans limitation du champ
géographique, est susceptible de faire l’objet d’une convention de citoyens dès lors
que les connaissances en la matière ont
acquis un certain niveau de maturation.
Cette méthode repose sur la certitude
qu’un groupe de citoyens tirés au sort est
capable d’appréhender tout sujet, quelle
que soit sa complexité, en se dégageant des
seuls enjeux locaux et immédiats, pour pro-
S. 13
Jacques Testart, père scientifique du premier bébé éprouvette en France, propage l’implication directe des citoyens dans les choix de société
ner le Conseil danois de la technologie depuis 1986. Et, d’ailleurs, les jurys d’assises
fonctionnent depuis très longtemps selon
ce principe. Les jurés sont des citoyens tirés
au sort qui participent, aux côtés des magistrats professionnels, au jugement des crimes au sein de la cour d’assises. Les jurés
sont des juges à part entière. Donc, ce qui
fonctionne pour des questions de vie ou de
mort d‘êtres humains devrait pouvoir
fonctionner pour des choix politiques concernant le bien de la société. Les intérêts
des grands groupes de lobbying seraient
par contre peut-être moins bien servis.
Un changement
En tout cas, la démocratie a tout à gagner
en se libérant du système actuel, système
qui a tendance à reproduire une classe politique, comme cela se produit devant nos
yeux aux Etats-Unis avec les Bush (papa
Bush, puis G.W. Bush, et maintenant le frère comme candidat) et les Clinton (d’abord
monsieur, ensuite madame, en attendant la
progéniture), mais également en Russie
avec les alternances Putin-Medvedev.
Dans notre petit pays, nous pourrions trouver facilement des cas pareils de transmission générationnelle. Ce qui est transmis en
fin de compte, ne serait-ce surtout la connaissance des arcanes du système et des
rouages? Une preuve de l‘éloignement du
système politique des citoyens se manifeste
dans la (non)position de la grande majorité
des politiciens devant des monstres antidémocratiques comme les traités CETA, TTIP
et TiSA. Dans ce cas particulier, comme
pour d’autres, afin de contribuer au choix
de solutions pour le bien de la majorité, la
participation citoyenne via des conférences
de citoyens serait nettement plus démocratique, et plus efficace.
Ce serait le contraire de ces „salles de
lecture“ hyper restrictives, récemment ouvertes pour les représentants du peuple
dans le cadre d’une campagne de transparence pour TTIP par la Commission de
Bruxelles (et ici, nous retrouvons les techniques de propagande de Edward Bernays,
voir ci-dessus!), avec interdiction de parler
ensuite au peuple de ce qu’ils ont pu voir
dans ces salles de lecture. Un changement
fondamental de nos systèmes de gouvernement s’impose, si nous voulons sauver un
reste de démocratie.
(1) Voici le lien pour accéder au livre de
E. Bernays sur la Propagande en français:
https://avicennesy.files.wordpress.com/2013/10/bernays-propaganda.pdf
(2) W. Trotter : Instincts of the Herd in
Peace and War. 1916
(3) J. Testart : L’Humanitude au pouvoir. Comment les citoyens peuvent décider du bien commun. Seuil, 2015
Accent aigu
S. 14
Billet de Crète
Où va l’Europe? Que fait l’Europe?
Iraklis Galanakis
Où va l’Europe? L’Europe du respect mutuel et de la solidarité
qu’ont voulus ses bâtisseurs pour
éviter le retour aux égoïsmes nationaux et aux désastres causés
par les guerres: Cette Europe-là,
existe-t-elle encore? La construction européenne, se fait-elle
toujours selon la même logique et
avec les mêmes objectifs depuis
la chute des régimes communistes, qu’avant 1989? Ne va-t-elle
pas droit dans le mur, comme
pendant des périodes qui ont
précédé et préparé les deux guerres mondiales?
Politiques des mémorandums et solidarité
Six ans de mémorandums imposés
ont complètement démoli la Grèce au
lieu de la sauver: 24,5% de la population, dont 60% des jeunes, au chômage; une dette montée en 2016 à plus
de 300 milliards d’euros contre 120
milliards en 2010; 800.000 entreprises fermées et 250.000 expatriées;
350.000 jeunes de 25 à 35 ans, instruits et formés, partis à l‘étranger; perte
de 40% de la valeur des biens des
Grecs; 3,5 millions de Grecs sous le
seuil de la pauvreté; diminution des
dépenses dans les domaines de la santé, de l‘éducation, de la sécurité, de la
protection et de l’aide sociale; douze
réductions des pensions depuis 2010,
alors que des familles entières au chômage sont obligés de vivre sur la retraite des parents; manque de médecins, de personnels soignants, de lits
d’hôpital, d’instruments et de médicaments; augmentation du nombre de
malades sans moyens qui ne peuvent
plus se soigner; augmentation de la
mortalité enfantine et des suicides…
Seul point positif: nulle part ailleurs
n’ont été créés autant de réseaux de
solidarité avec les démunis, malades
et nécessiteux: par l’Eglise orthodoxe,
les pouvoirs locaux, les organisations
humanitaires, les associations d’enseignants et des parents, les fédérations ouvrières, les organisations volontaires créées spontanément…
C’est ainsi qu’ont vu le jour des hôpitaux sociaux, des pharmacies sociales, des restaurants sociaux, des épiceries sociales, des murs de la générosité, où chacun peut accrocher un sac
contenant de la nourriture, afin que
ceux qui par fierté ne veulent pas aller
aux restos sociaux puissent se nourrir.
Par contre, grâce à l’emprunt accordé par le FMI à la Grèce, les grandes
banques de certains pays européens
ont été sauvées!
Problème des réfugiés
et des émigrés
sangue. Mais un seul pays, même s’il
n‘était pas affaibli comme l’est la Grèce, pourrait-il empêcher seul le passage de centaines de milliers d‘êtres humains désespérés? Et surtout quand
ce pays se trouve en face d’un pays où
la mafia s’est emparée du trafic d’humains et où le gouvernement veut
profiter du problème pour mieux servir ses intérêts économiques, politiques et géostratégiques. Pour preuve:
la visite de Mme Merkel en Turquie et
sa rencontre avec le président Erdogan juste avant les récentes élections
législatives; la décision de l’UE d’offrir à ce dernier trois milliards
d’euros; et l’engagement de l’OTAN
dans la mer d’Egée au lieu de renforcer le Frontex.
La Grèce et les réfugiés
Depuis des années, la Grèce voit des
émigrés rejetés sur ses côtes par des
passeurs. Mais, depuis l’an passé, ce
A cause des conflits qui déstabilisent flux a pris des dimensions énormes.
des pays en Asie, au Moyen Orient et Selon Nikos Xydakis, ministre chargé
en Afrique, la fuite des peuples vers des affaires européennes, il y a eu
des pays où ils espèrent vivre en sécu- 851.319 arrivées de réfugiés et émirité ne cesse de s’accroître. L’aggrava- grés en 2015, pour 41.074 en 2014.
tion de la guerre en Syrie, les atrocités Même après l’accord entre l’UE et la
d’ISIS, les bombardements, ont ainsi Turquie les flux continuent: en février
conduit des millions de Syriens à se 2016, il y a eu plus de 4.000 arrivées
déplacer à l’intérieur de leur pays ou par jour. Anthi Karaggeli, coordinavers les pays voisins. La Grèce n’a été trice du hotspot de Lesbos, parle
impliquée dans aucun de ces conflits, d’entre 8.500 et 10.000 personnes qui
mais pour certains „partenaires“ eu- seraient passées chaque jour en août
ropéens, elle présente quelques „pro- et en octobre.
blèmes“: ses frontières - dans leur vasUne mère syrienne, à qui Mme Kate majorité maritimes et insulaires - raggeli avait demandé où elle avait
sont aussi celles de l’Europe et avoisi- trouvé la force pour quitter la Syrie,
nent la Turquie, pays d’accueil de plus traverser la Turquie et la mer avec
trois enfants pour aller en Europe, a
de deux millions de réfugiés.
Les réfugiés veulent échapper à tout répondu: „Mon mari est mort dans la
prix à l’insécurité et la mort. Et rien ne guerre, notre ville a été bombardée,
peut les en empêcher. Les émigrés plusieurs personnes ont été massaéconomiques rêvent aussi d’une vie crées par l’ISIS. Vous êtes au 3e étage
meilleure. Et rien ne peut les en em- et vous avez le choix de rester, de
pêcher non plus. Et sur leur route vers vous faire brûler ou de sauter par le
le „paradis“ se trouve une Grèce ex- balcon, en y voyant une chance de
Accent aigu
survivre. J’ai fait ce choix pour mes
enfants“.
Selon Stratis Valianos, un de ceux
proposés pour le Nobel de la Paix, les
pêcheurs, au lieu de ramasser des
poissons, ramènent désormais des
naufragés ou des morts (cf. „k“,
12.2015). Dans les îles, dans le port
du Pirée, à Thessalonique ou à la
frontière nord de la Grèce, l’Eglise,
les pouvoirs locaux, les organisations
humanitaires, le Corps marin des côtes apportent de l’aide, selon leurs
moyens: Une association de mères,
par exemple, tricote des chapeaux,
des écharpes et des pullovers pour les
enfants qui arrivent dans les îles ou
les villes...
Malgré un courant anti-émigrés,
mené par le parti d’extrême-droite
Aube dorée, la majorité des Grecs est
activement solidaire. A Héraklion, en
février dernier, un enfant afghan de
12 mois a été transféré en urgence à
l’hôpital universitaire afin d‘être soigné pour une pneumonie très grave.
Pendant un mois et demi, tous - médecins, personnel soignant, membres
de „L’initiative pour les réfugiés et les
émigrés“, de l’Association des enseignants „Dominicos Theotokopoulos“
et de „L’hôpital social“ - ont accompagné sa famille, en finançant leur séjour en ville et leur transport jusqu‘à
la frontière nord de la Grèce, d’où ils
voulaient rejoindre des parents en
Allemagne.
La Grèce accusée
Pourtant la Grèce est accusée par
Bruxelles et certains responsables
politiques de ne pas en faire assez. Elle est même menacée d’exclusion de
la zone Schengen, reprochée de ne
pas bien garder ses côtes, avec l’arrivée jusqu’en septembre 2015 de plus
de 814.000 réfugiés, dont seuls
250.000 auraient été enregistrés.
Le ministre chargé de l’immigration
Yiannis Mouzalas proteste que la
Grèce a fait de son mieux pour protéger ses frontières maritimes; que ses
accusateurs, comme la Hongrie,
n’ont offert aucune aide. La Grèce ne
peut tout de même pas rejeter les réfugiés en mer, comme on lui a suggéré! Et le ministre de souligner que le
S. 15
coût de la crise des réfugiés se monte
à un milliard d’euros et de reprocher
à l’UE de ne pas avoir versé à la Grèce les 600 millions d’euros promis. Il
demande enfin comment on peut faire face lorsque, comme à Lesbos, on
construit un „hotspot“ pour 5.000
personnes alors que 17.000 réfugiés
arrivent. Olga Gerovassili, porte parole du gouvernement, rappelle par
ailleurs que contrairement à la décision du Conseil européen de répartir
dans les pays de l’UE 160.000 réfugiés qui se trouvent en Grèce, moins
que 500 ont été en réalité réinstallés.
Selon le premier ministre Alexis
Tsipras, le „blame game“ ne sert à
rien; au lieu de chercher des coupables, il serait plus utile de répartir la
charge qui devrait être portée par
chacun. La solution se trouve en Syrie et elle passe par une discussion de
fond avec la Turquie. En recevant le
ministre de l’intérieur français, Bernard Cazeneuve, le 5 février dernier,
le président grec, Prokopis Pavlopoulos, a affirmé que la Grèce remplira
entièrement ses obligations, mais
qu’il faudra aussi que ses partenaires
européens et la Turquie remplissent
les leurs, pour faire face au problème.
Selon François Hollande, les pays
membres de la zone Schengen
devraient réfléchir de façon rationnelle, au lieu de laisser un seul pays
porter toute la responsabilité d’un
problème commun. Le premier ministre portugais, Antonio Costa, se
déclare prêt à offrir l’hospitalité à des
réfugiés et souhaite une Europe qui
n’aura qu’une frontière extérieure et
aucune frontière intérieure.
La Grèce et les Grecs félicités
Le président du groupe socialiste du
Parlement européen, Gianni Pitella,
estime qu’il vaudrait mieux aider la
Grèce que l’accuser. Comme l’Italie,
la Grèce fait un énorme effort et réussit à sauver des vies. Laura Boldrini,
président du Parlement italien, a visité la Grèce et l‘île de Lesbos pour remercier les gens, de la part de
l’Europe, de ce qu’ils font pour tous
ceux qui y arrivent et y souffrent. Elle
a déclaré que „Cette bouée de sauvetage qu’utilisent les réfugiés, symbole de Skala, de Sikamias et de Lesbos,
doit devenir un symbole pour toute
l’Europe. Elle représente la volonté
de ces gens de vivre, et toute l’Europe
doit être à leurs cotés“. A trois grandmères elle a dit: „Nous avons vu que
vous avez aidé les petits enfants, et
toute l’Europe est fière de vous“.
Des groupements européens ont
fait une collecte de signatures pour
que le Nobel de la Paix soit décerné
aux habitants des îles et des organisations humanitaires qui aident les réfugiés et les émigrés. 560.000 signatures avaient été réunies avant la date
du dépôt de candidature.
Lors du dernier Conseil Européen
du 19 février, Jean-Claude Juncker a
exprimé à Alexis Tsipras sa satisfaction des progrès réalisés par la Grèce
dans le domaine de l’accueil des réfugiés, avec la création des hotspots
dans les îles qui longent les côtes turques.
La question en suspens…
La menace de fermeture de la route
vers l’Europe centrale reste en suspens, malgré les affirmations de François Hollande et d’Angela Merkel.
Selon Alexis Tsipras, l’UE ne devrait
pas s’occuper seulement de sa partie
nord-est, mais aussi de sa partie sudest. La Grèce porte un fardeau disproportionné - et cela rien que pour
préserver le visage humain de
l’Europe.
La montée des nationalismes, des
forces de la droite et de l’extrême
droite xénophobes et racistes dans
les pays membres de l’UE, la volonté
de certains pays membres, dont l’adhésion à l’UE a été précipitée et mal
préparée, d’une Union à la carte, la
cupidité et la volonté de dominer de
certaines forces néolibérales, les problèmes de la Turquie avec ses voisins
et sa volonté de tirer profit du problème des réfugiés… tout cela ne permet
pas beaucoup d’optimisme.
La Grèce, où ce problème devrait
inciter à l’union des forces politiques
– à l’exception d’Aube dorée – a
beaucoup de soucis à se faire. Elle ne
devrait pas les supporter seule.
Accent aigu
S. 16
Afrique
La logique de la fraude électorale
en Afrique subsaharienne
Dieudonné Enoh
„En Afrique, un chef d’Etat ne perd pas
les élections“ : telle est la logique qui
habite les régimes politiques africains.
Leurs défenseurs poussent d’avantage
leur raisonnement : „…imagine-t-on un
chef humilié ? Il est un personnage sacré“. Naturellement, un parallèle est rapidement établi avec l’Europe. „Les
rois, en Europe, sont inamovibles ;
pourquoi voulez-vous qu’il n’en soit
pas de même pour un président de la
République en Afrique où les pays se
construisent encore ?“
D’autres défenseurs du régime affirment
que la longévité au pouvoir, c’est-à-dire la
stabilité politique (ils font sciemment
l’amalgame entre longévité et stabilité) d’un
chef d’Etat en Afrique est gage de progrès
pour le pays. „Les pays occidentaux peuvent se permettre de changer de présidents
fréquemment, ils sont déjà développés,
nous, nous ne le sommes pas encore“ entend-t-on également dans la bouche des
propagandistes de chaque régime. Tout ceci
aboutit à un fait, la fraude électorale, au bénéfice du président de la République, doit
être pratiquée pour le bien du pays. En conséquence, les gens fraudent aux élections la
conscience totalement tranquille. Telle est
la justification de la fraude électorale en général. Mais, il y existe d’autres justifications
de la fraude électorale au Cameroun.
Nous fraudons pour le bien
de la Communauté ethnique
De nombreuses personnes pratiquent la
fraude électorale pour le compte, affirmentelles, de la communauté ethnique à laquelle
elles appartiennent. Elles estiment en effet
que, les élections sont l’occasion pour le
président de la République de découvrir les
régions qui lui sont hostiles tout comme
celles qui ne le sont pas. Si jamais une région venait à être classée dans la catégorie
„hostile“, celle-ci ne bénéficiera, pendant
toute la durée du mandat, d’investissements de l’Etat. Elle sera marginalisée. En
conséquence, il faut tout faire pour barrer la
route, dans la région, à cette mauvaise graine qu’est l’opposition. Voter pour elle n’apporte rien. Au contraire, plutôt des ennuis.
Pour cette raison fondamentale, les „élites“ d’un département, d’un arrondissement, d’une région, préparent méticuleusement la fraude à chaque scrutin. Il ne faudrait pas que leur région, département ou
arrondissement soit marginalisé, montré du
doigt comme étant opposé au président de
la République.
On s’explique par cette logique les récriminations rocambolesques et extravagantes
qui surgissent de partout, au Cameroun,
après chaque scrutin : „…telle région a accordé moins de voix que nous au président
de la République ou à son parti politique,
mais tel poste important lui est revenu ;
c’est injuste..“
Les fameuses „élites“ africaines sont ainsi
passées maîtres dans le tribalisme. Elles estiment qu’un poste important dans l’administration publique ou une entrée au gouvernement est un cadeau à la tribu. En conséquence, si la tribu désire en acquérir d’avantage, il faudrait que ses résultats électoraux, en faveur du président de la République, soient „irréprochables“. Ces personnes
en arrivent ainsi à rivaliser en fraude électorale au nom des voix à apporter au président de la République pour pouvoir ramener des postes importants à la région, à l’arrondissement, au département. On s’explique également ainsi le fait qu’elles constituent le plus grand ennemi de la démocratie et
des partis politiques de l’opposition à travers le territoire.
La fraude par gratitude
envers le chef de l’Etat.
Une autre justification de la fraude électorale est basée sur la „gratitude à au chef de
l’Etat“. Gratitude au nom d’une nomination ou d’in investissement de l’Etat dans la
région.
La perversion de la politique en Afrique a
fait que les nominations soient, avant tout,
dans l’esprit de la population, et très probablement dans celui des présidents africains
des „cadeaux“ de ce dernier aux régions,
aux départements, aux arrondissements,
ainsi que nous venons de l'évoquer plus
haut. En conséquence, les „élites“, tout
comme du reste la population, s’estiment
être dans l’obligation de les „remercier“
pour quelle que sordide nomination que ce
soit, en se livrant à la fraude électorale. Elles doivent, à cet effet, coûte que coûte réaliser des scores proches de 100% en sa faveur ou de son parti politique.
Littérature
S. 17
Chroniques parisiennes
L’art et l’acte politique oubliés
Clotilde Escalle
Il était un temps, pas si loin que cela,
où le théâtre se voulait, entre autres,
expérimental, où la performance était
un acte rare, un geste artistique dans le
plein élan de sa créativité et de sa
transgression. Aujourd’hui, de tels événements ont pratiquement disparu, et
outre le fait d’aller applaudir des produits assez formatés – le cinéma aussi
d’ailleurs a perdu ses réalisateurs au
profit de films consensuels qui finiront
à la télévision – nous n’avons plus la
mémoire d’une telle culture.
Au point de balbutier des évidences et de
revoir certains classiques, comme finalement on inventerait l’eau chaude. J’oubliais: la littérature, elle non plus, ne fait pas exception, et l’on se demande, là encore, ce
qu’il faudra pour reprendre le chemin de
l’art, comme un acte engagé dans un processus qui le dépasse. A ce propos, Ludwik
Flaszen, né en 1930 à Cracovie, Pologne,
dramaturge et cofondateur avec Grotowski
du Théâtre-Laboratoire, vivant à présent à
Paris, a publié un livre remarquable, Gro-
towski et compagnie (Editions l’Entretemps, septembre 2015), dans lequel il retrace l’expérience d’abord polonaise puis
internationale du Théâtre-Laboratoire, ainsi que la vie du jeune Polonais qu’il était,
lorsqu’il a débarqué en France, plus particulièrement à Paris, fou de culture.
Ludwik Flaszen est un monstre d‘érudition et d’exigence. Il a été un temps mon maître au théâtre, lorsque je me croyais destinée à brûler les planches. Mais ce que j’ai
vécu avec lui était si fort, c‘était un tel état
de grâce, que j’ai préféré m’en tenir là, à cette formation artistique qui passait par le
corps et privilégiait l‘être au plus profond de
sa créativité, dans une grâce absolue. Je portais donc cette utopie en moi, qui m’a permis d’avancer. C‘était une telle folie, ce
Théâtre-Laboratoire, il engageait aussi bien
les acteurs que les spectateurs, Peter Brook
en a repris les fondamentaux, avec notamment l’entraînement de l’acteur. Car le
corps de l’acteur est un instrument fait de
muscles et de nerfs qu’il s’agit d’amadouer,
pour que monte enfin le souffle qui lui est
unique, ce don aux autres de ce qui le dépasse.
„Au service de la Parole“
Aujourd’hui donc, tout cela semble
désuet, tant les acteurs posent, jouent aux stars - „nous assisterions
plutôt à un défilé de mode“, a pour
coutume de dire, avec ironie, Ludwik Flaszen, tant certains acteurs
sont soucieux de la perception que
l’on aura d’eux, du moins dans le
système français, où hormis les
grandes institutions comme le Conservatoire ou la Comédie-Française
qui ont toujours su qu’il y avait un
corps à la clé, il ne s’agit ici que
d’une image à cadrer au plus loin. Et
comme l‘écrit si bien Ludwik Flaszen dans son ouvrage: „Notre époque n’a pas de théâtre, notre époque
a des représentations. Pour qu’existe le théâtre, il ne suffit pas de produire des représentations, faibles,
convenables ou remarquables. Les
époques théâtrales sont celles où on
se demande: pourquoi le théâtre?
Et on y répond sans faire l’acte qui
serait à la fois art du théâtre et autre
chose qui le transcenderait. Les
époques non théâtrales, comme la
nôtre, ne se posent pas de questions
fondamentales, elles tombent à ge-
noux devant le dieu de la Production. Elles
pratiquent un acte qui n’est qu’un acte théâtral, sans son contraire dynamique qui est
sa transgression. Et elles produisent des représentations par la force de l’inertie en se
référant à des valeurs éternelles et des pratiques traditionnelles, ou à des valeurs éternelles et à des pratiques modernes, en
comptant sur l’instinct de jeu, de fête et
d’imitation. Il peut en sortir quelque chose:
une soirée joyeuse ou émouvante, à moins
que ne triomphe le service de la Parole.“
Alors si vous replacez ces propos dans un
contexte plus général, celui de notre société, de ce qu’on appelle encore démocratie,
avec aujourd’hui pour les qualifier des appellations aux variantes inquiétantes, qui
ont néanmoins le mérite de nous avertir
d’une dérive dangereuse, pour ne pas dire
terrifiante – des variantes comme „démocratie autoritaire“ (!) ?, vous obtenez ce que
nous vivons, c’est-à-dire une Parole triomphante, une époque qui ne se pose plus de
questions fondamentales. Une époque qui
se berce de l’illusion de ses représentations
démocratiques et ressasse le même discours, en l’habillant de tradition ou d’une
fausse modernité - réforme française de l’orthographe à l’appui, par exemple.
Et le constat est une fois de plus affligeant.
Plus aucune parole, à part la Parole toutepuissante et aveugle à tout sauf à elle-même. Et depuis cette Parole aseptisée, les catastrophes humanitaires, les peuples en déroute, nous font perdre peu à peu notre
qualité privilégiée de citoyen pour nous
fondre dans cet abîme, celui de la fin d’une
égalité et d’une fraternité au moins recherchées.
Et si nous réinventions la
démocratie, cela donnerait quoi?
Pour reprendre le parallèle avec le théâtre,
nécessaire espace de liberté, voici ce qu’en
dit avec justesse Ludwik Flaszen, et que
nous pourrions encore appliquer à notre
vie, à nos sociétés: „Ou bien sa destinée
(celle du théâtre) est-elle de se soustraire à
l’avalanche de spectacles dont nous bombarde notre temps? Et d’annoncer l’entracte. Ne pas être un art du spectacle mais
l’art de suspendre le spectacle. Un art de
l’entracte. De l’entracte dans le spectacle
général.“
Aujourd’hui, alors que nous sommes nus,
et certains plus que d’autres, le silence
devrait s’imposer…
Littérature
S. 18
Savanah Bay au TNL
Sublime, forcément sublime
Paul Rauchs
Elles sont sur une île. Leur terre est féminine,
fortement féminine. Car il est absent, il est simplement venu féconder la femme, il n’a pas de
nom. Il est parti. Et il est devenu omniprésent. Il
est l’Atlas, l’il où elles se donnent la réplique, sur
les pierres de la baie où la jeune femme force la
vieille dame de détromper sa mémoire en trempant dans l’eau du souvenir.
Détruis, dit-elle, à son aînée, celle qu’elle admire,
celle qu’elle aime, celle dont elle ne sait pas qu’elle lui
en veut. Détruis les chimères de ta vie, détruis tes illusions qui nourrissent ta culpabilité. Et Madeleine se
met à jouer le jeu, à se laisser prendre au jeu de la psychanalyse. La grande dame a été une actrice célèbre,
elle est restée une comédienne touchante qui a raté sa
rencontre avec le metteur en scène de sa vie. Rivée sur
les planches de son théâtre qui était sa vie, sa grandeur, sa vanité, elle n’a pas su offrir de planche de salut à sa fille qui s’est jetée dans les eaux turquoises de
la mer chaude après avoir accouché de sa fille. Les
pas de danse qu’elle esquisse avec celle qu’on devine
être sa petite-fille, leur affrontement teinté d’amour
et de ressentiment font ressurgir les ombres d’une vie
qui ont assombri il y a bien longtemps les lumières
des projecteurs.
Les parleuses se la jouent moderato cantabile, car
Savannah n’est pas Gregory, et la mouette tropicale
n’a rien du corbeau lorrain. Les eaux limpides des
baies du Pacifique ne charrient pas les boues de la
Vologne et c’est ainsi que nous avons assisté à un superbe récital de deux immenses comédiennes, nous
avons failli écrire cantatrices. Car il y a comme un air
de musique de chambre dans la mise en scène de
Stéphane Ghislain Roussel, lui même musicien et
musicologue, assisté par Marylène Andrin-Grotz.
Marja-Leena Junker campe la grande dame qui
pourrait s’appeler Marjaa comme celle de Dame Renaud s’appela Madeleine. Tour à tour vaniteuse et
narcissique, mélancolique et résignée, elle déploie
avec volupté ses talents de tragédienne, face à une
Ludmilla Klejniak qui excelle tout autant dans les registres de l’espièglerie et de la tendresse, mais aussi
d’une curiosité quasi existentielle. Le spectateur,
tout à sa jouissance esthétique, se laisse emporter
par des réminiscences de la tragédie grecque, suggérée par la froide géométrie masculine du décor, dont
seule l’eau qui donne et reprend la vie, l’eau d’ici et
l’eau delà, l’eau amniotique et l’eau du Styx ajoute
une note de complicité féminine aux deux actrices.
Les robes dessinées par Annabelle Locks, aussi dépouillées que belles, sont en fait le troisième personnage de la pièce, tant elles semblent parfois prendre
vie à leur tour. On l’aura compris, le Savannah Bay
du TNL est un spectacle esthétique mais jamais esthétisant, un hymne au théâtre et au texte, si loin et si
proche de cet autre texte célèbre : Il y avait bien des
années que, de la baie, tout ce qui n‘était pas le théâ-
tre et le drame de son jeu, n’existait plus pour elle. Et
elle se met à chercher. Pas seulement : à créer. Quand
d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des
êtres, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la
saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à
se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le
reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque
impalpable, l’édifice immense du souvenir.
Mais la beauté pure et idéale n‘étant pas de ce monde, fusse-t-il celui du théâtre, la réalité avec son ironie
cruelle et tragique, puis comique et anecdotique, finit
par la défigurer : Bulle Ogier, qui créa la pièce aux côtes de Madeleine Renaud perdit sa fille qui se suicida
entre deux représentations, quand Marja-Leena Junker se fractura le poignet pendant les répétitions. Son
discret plâtre ajoute un contrepoint de Verfremdung
toute brechtienne à ce spectacle sublime, forcément
sublime.
Littérature
S. 19
Mettre en sourdine la nature
excessive du réel
En principe, on en a un peu marre de
ces narrateurs omniscients qui démontent les ficelles du jeu en dévoilant le
côté artificiel et construit du monde
fictionnel. On nous les a passés à toutes les sauces, prenant leur origine
chez le fataliste de Diderot pour se
conjuguer sous toutes les formes possibles à l‘ère déconstructionniste et
postmoderne. On se dit que c’est bon,
on a compris, le monde d’un roman
n’est pas le monde réel, et ces techniques ont fini par nous lasser.
qui semble faire dire à Echenoz
que, si la paranoïa dérivée de
tous ces constats devient une
condition contemporaine de notre être-aumonde, autant l’embrasser avec cette calme
ironie qui est la sienne.
Constamment relancée, rythmée par les
interventions de la voix narrative, qui fait
s’agencer les scènes selon des techniques cinématographiques, orchestrant des changements de plans et de séquences aussi désinvoltes que brillamment assouplis par des
parallélismes situationnels, l’intrigue risque
parfois d‘être comme noyée sous les éclats
Le nouveau roman de Jean Echenoz, avec protéiformes de techniques narratives et
ses innombrables et malicieuses intrusions stylistiques impressionnantes. Ce qu’Echedu narrateur-auteur sous forme de clin noz commente en attribuant la parole à son
d‘œil, pourrait en être un bon exemple. confrère Pierre Michon à qui l’on demande,
Seulement, Echenoz nous pond, avec En- lors d’une émission télévisuelle, si c’est son
voyée spéciale, un roman tellement jouissif style qui conditionne le propos ou vice veret maîtrisé, qui regorge de trouvailles dans sa, et qui s’apprête à répondre quand le
tous les paragraphes, qu’elles soient stylisti- nouvel amant de notre „ envoyée spéciale „
ques, sémantiques, narratologiques ou, rentre avant de se jeter sur elle, Echenoz ansouvent, tout cela ensemble, que cela pour- nulant ainsi de façon malicieuse le comrait en devenir aussi gênant que ce premier mentaire métatextuel pour replonger - dans
de classe qui, levant le doigt à toute occasi- son propos et son style.
on, dépasse d’ores et déjà en maîtrise ses
Pourtant, bien que la distanciation ironiprofesseurs, que cela énerve. Seulement, que par rapport aux agissements des perEchenoz n’a rien de ce premier de classe : il sonnages soit, à travers les choix focaux,
serait plutôt celui qui, installé au fond de la constante, il n’en est pas moins que l’histoisalle, s’en moquerait d’un air serein et dis- re d’Envoyée spéciale a de quoi intriguer : si
tancié. Car c’est d’une telle position les fils narratifs emmêlés évoluent parfois
qu’Echenoz, dans son roman, observe les de façon convenue - la voix narrative est
agissements des personnages qu’il met en d’ailleurs la première à s’en désoler - c’est
scène, ressemblant en cela quelque peu aux pour instaurer un arrière-fond de pastiche
frères Coen, Envoyée spéciale étant un peu sur lequel les péripéties méticuleusement
son Burn After Reading à lui. On y retrouve construites peuvent se dérouler selon la méle pastiche de la fiction d’espionnage, la canique du hasard et des rebondissements
mort arbitraire de certains personnages, la déjantés. Evoquons-la donc brièvement,
bêtise souvent hilarante d’une grande partie cette intrigue, sans trop en dévoiler : tout
du personnel romanesque, l’adultère et, d’abord, il y a Paul Objat et le général Boursurtout, les scènes où les services de rens- geaud, qui ont besoin d’une femme pour
eignement semblent quelque peu dépassés une opération secrète dont on n’apprend
par l’imprévisibilité des actes dénués de rien jusqu’au troisième acte, hormis le fait
fondements rationnels qu’accomplissent que cette femme, il faut d’abord la préparer,
ceux qu’ils sont censés surveiller, voire con- la laisser mijoter. Peu après, Constance, oitrôler. Par un tour de pirouette, la voix nar- sive et lassée par son époux, se fait enlever
rative omnisciente, de par le fait que l’his- par le charmant Victor et ses deux acolytes
toire se déroule dans les milieux des ser- Christian et Jean-Pierre, dont la bouffonnevices secrets et de l’espionnage, que la troi- rie attachante rehausse grandement le posième partie du roman se déroule en Corée tentiel humoristique d’un roman par aildu Nord, où la délation est un procédé na- leurs déjà très drôle. Enfin, entre Lou
turel et qu‘à l‘ère de la connectivité totale, Tausk, l‘époux en question qui, musicien
tous nos gestes sont enregistrés et observa- auteur d’un tube mondial intitulé Excessif,
bles, trouve une légitimation sémantique essaie en vain de reproduire ce succès et
Photo: Roland Allard
Livres
qui, sur les conseils blasés de son demi-frère
Hubert, ne réagit aucunement aux rançons
et menaces classiques de prélèvement de
membres dignes de The Big Lebowski.
Le talent descriptif d’Echenoz lui fait inspecter avec minutie le comportement codifié du monde, de la société et des individus :
il est peut-être le seul auteur chez qui on attend avec impatience les séquences narratives dans le métro parisien. Et en effet, après
l’analyse comparative des banquettes et des
strapontins, c’est l’intonation en écho des
voix préenregistrés annonçant les différentes stations qui forme cette fois-ci le point
de départ d’un passage où l’auteur se trouve
au sommet de son inventivité loufoque. Si
ce souci du détail ne s’apparente en rien à
une simple reproduction mimétique insipide des „ petits plaisirs de la vie „ d’un Philippe Delerm, c’est parce que, chez Echenoz,
la mise à nu descriptive d’automatismes
nous révèle l’incongruité inhérente à nos rituels sociaux, que nous tendons à prendre
pour argent comptant sans nous interroger
sur leur bienfondé. C’est ensuite parce que,
chez Echenoz, ces menus détails donnent
lieu à une construction en réseau rhizomique, qui les intègre dans une dissémination
parfois ironique, comme quand, après la
description des tentatives vaines de Lou
Tausk d‘écrire à nouveau une chanson à
succès, la voix narrative s‘évertuera d’abord
à détecter le potentiel tubesque du chant
d’un „ oiseau vespéral „ s’adonnant à un „
apéritif-concert „, puis de détailler „ l’invention modale „ d’une perceuse qui, semblant
perturber le potentiel érotique de la première rencontre entre Tausk et la secrétaire de
son demi-frère, passe en revue différentes
cantiques et chansons à succès, suggérant
malicieusement que l‘écriture d’un tube est
à la portée de tout un chacun. Enfin, l’usage
métaphorique de ces détails quotidiens
aboutit à un réinvestissement poétique et
distancié du réel, montrant que l’art romanesque d’Echenoz consiste avant tout à
mettre en sourdine les excès du réel.
Jean Echenoz
Envoyée spéciale
Minuit, 2016, 320p.
ISBN : 9782707329226
Littérature
S. 20
Der Bürger, der was vermisst….
Lichtenberg ?
Der nicht ganz vergessene Gnom*
Frank Bertemes
Es ist immer interessant, sich mit besonders bemerkenswerten Persönlichkeiten auseinanderzusetzen. Das soll
auch für diesen Beitrag des kulturissimo gelten, der sich mit einem wahrlich
außergewöhnlichen Mann ? klein von
Gestalt, jedoch groß als Person – beschäftigt. Es geht in diesen Zeilen um
Georg-Christoph Lichtenberg, einem
besonderen Menschen der Geschichte,
ein Mann, der heuer durchaus aktuell
ist. Auch wenn er längst nicht jedem
von uns bekannt sein dürfte, seine Arbeit, in diverser Hinsicht, jedoch durchaus. Auch ohne seinen Namen unbedingt zu kennen.
Zur Person: Georg Christoph Lichtenberg (* 1. Juli 1742 in Ober-Ramstadt bei
Darmstadt; † 24. Februar 1799 in Göttingen) war ein Mathematiker und der erste
deutsche Professor für Experimentalphysik.
Lichtenberg gilt als Begründer des deutschsprachigen Aphorismus. Er war ein verwachsener, zeitlebens an einer Wirbelsäulenverkrümmung leidender Mann – klein
von Gestalt, doch groß in Taten, wie ein
Sprichwort sagt. Der Göttinger Hofrat und
Professor der Physik und der Astronomie
war seinen Zeitgenossen als Gelehrter mit
besonderem Wissen und als Forscher auf
dem neueren Gebiet der Elektrizität, mit
nachhaltiger Wirkung, wie man ob der Resultate seiner auch rein wissenschaftlichen
Arbeit heute noch behaupten kann, aber
auch allgemein als „witziger Kopf“ (so Goethe über Lichtenberg) bekannt. Er war einer der führendsten Aufklärer im Deutschland des 18. Jahrhunderts. Georg Christoph
Lichtenberg führte als Professor der Göttinger Universität Georgia-Augusta nicht nur
die Experimentalphysik auf anschauliche
Weise in den akademischen Unterricht ein,
sondern war obendrein ein bekannter Kalenderschreiber, Satiriker und exzellenter
Briefliterat im Sinne der Aufklärer. Auf ihn
gehen nicht nur die Lichtenbergischen Figuren, Grundlage des heutigen Xerokopierverfahrens, zurück, sondern ebenso die Benennung der Elektrizität als + und - sowie
der deutsche Aphorismus als literarische
Gattung. Seine Beiträge, die er unter anderem in den von ihm bekannten Sudelbü-
chern festhielt, hatten zu seiner Zeit heiße
Eisen aufgegriffen und diese in satirischer
Schärfe und unmittelbar kritischem Blick
auf die herrschenden Gesellschaftszustände in beziehungsreichem Zusammenhang
behandelt. Auch wenn er nicht viel veröffentlichte – und dies in voller Absicht, wie
er betonte – gehört sein Name erstaunlicherweise in der deutschen Literatur zu den
großen, den bedeutenden. Er hielt sich, was
die erwähnten Veröffentlichungen betrifft,
absichtlich im Zaum, dies aus Misstrauen
gegen oberflächlichen Witz, gegen die
Leichtigkeit, mit der in jedem Zeitalter in
einer (Zitat) „gewissen Modeschreibart“
produziert werden kann. Er deutete an,
dass im Nichtschreiben ebenso viel Vernunft liegen könnte als im Gutschreiben.
Eine pikante Aussage, in der Tat!
Sein Erfolg gab ihm jedenfalls recht, dies
deutlich veranschaulicht an der Qualität
seiner Schriften und des Nachruhms, der
auf den Kladden ruht, die er seit seinem
23ten Lebensjahr geführt hatte, seinen berühmten Sudelbüchern, in denen er seine
Beobachtungen, Überlegungen und Maximen zu allen möglichen Dingen eingetragen hatte. Oder auch, anders berichtet,
handelt es sich hierbei um eine Auswahl,
der 15 Notizbücher und Bücher sowie einige andere Hefte zugrunde liegen. Seine Sudelbücher, auch Schmier- oder Gedankenbücher genannt, in die Lichtenberg Zitate
und Beobachtungen eintrug, Einfälle und
Gedanken, Kurzfragmente oder skizzierte
Themen, die ihn der Nachwelt berühmt
machten. So verwundert es kaum, dass
Georg Christoph Lichtenberg als eine brillante Persönlichkeit bekannt wurde. Auch
wenn er uns in Mariens beschaulichem
Ländle - mit dessen Mentalität dieser kleine
Mann in Gestalt, doch riesig im Geiste,
wohl sehr wenig anzufangen gewusst hätte
- wenn überhaupt und dann höchstens
durch geistreiche Aphorismen bekannt ist.
Doch dieser Mann ist sehr aktuell, besonders wenn man sich als kritischer Bürger,
der so vieles in unserer ach so modernen,
hochtechnisierten Welt und einer Gesellschaft, in der der Mensch als Mensch und
soziales Wesen immer mehr den Irrungen
und Wirrungen der neoliberalen Wirtschaftsdoktrin und seiner fatalen Konsequenzen unterliegt und (eben) als Mensch
immer mehr auf der Strecke bleibt, sich
auch so seine Gedanken macht und sie niederschreibt. In aller Bescheidenheit des
kleinen Erdenbürgers eines kleinen Landes, versteht sich. In seinem persönlichen
Sudelbuch.
Georg Christoph Lichtenberg, Aphoristiker, Kunstkritiker und Naturwissenschaftler, war einer der brillantesten, witzigsten,
aber auch kritischsten Köpfe der Aufklärung – und eine der skurrilsten Persönlichkeiten seiner Zeit. Der Aufklärungsprozess,
um dieses Zeitalter der Aufklärung (die
längst noch nicht abgeschlossen ist, nebenbei bemerkt) in diesem Kontext der Person
Lichtenbergs auch sofort aufzugreifen,
schien Lichtenberg allerdings, wie er sich
sehr klar ausdrückte, durch die unüberwindliche menschliche Borniertheit bedroht. Auch das heuer durchaus immer
noch aktuell. „Man spricht viel von Aufklärung, und wünscht mehr Licht. Was hilft
aber alles Licht, wenn die Leute entweder
keine Augen haben, oder die, die sie haben,
vorsätzlich verschließen?“, so der Gelehrte
und Menschenkenner wörtlich im Sudelbuch 1, 918 (L 472). Oder auch: „Man muss
die Menschen lehren, wie sie denken sollten, und nicht ewig hin, was sie denken sollen.“ Heuer ein gezielter Seitenhieb an jene,
die „fir de Choix“ ihren „fait religieux“ mit
allen Mitteln in dieser reaktionären Richtung mittels total unzeitgemäßem Religionsunterricht weiterführen wollen. Ein Totalreinfall für den mündigen Bürger, der so
einiges kaum versteht, ein Irrweg, wie Lichtenberg, der Aufklärer wohl laut auflachend
(lol) feststellen würde. So verwundert es
auch wenig, dass man Lichtenberg und seine Gedankenwelt durchaus in den Kontext
der sozialen Frage stellen kann. Dazu die
Vorbemerkungen des Vorsitzenden der
Lichtenberg-Gesellschaft zur Jahrestagung
2015, sehr aktuell also. Die LichtenbergGesellschaft e. V. , die übrigens ausschließlich gemeinnützige Zwecke mit den Zielen
der Pflege und der Verbreitung des Andenkens an Georg Christoph Lichtenberg verfolgt, sowie die Erforschung seines literarischen und wissenschaftlichen Werkes, seiner Wirkung und Nachwirkung, verbunden
mit der Erforschung der Kultur- und Wissenschaftsgeschichte in der zweiten Hälfte
des achtzehnten Jahrhunderts.
Also durchaus ein Mann, an den man im
kulturissimo erinnern und den man auch
Littérature
kulturell thematisieren kann. Besonders im
Kontext der literarischen Gattung der Satire. Das Programm der 38. Jahrestagung der
eben erwähnten Lichtenberg-Gesellschaft
in Göttingen, das auf den thematischen
Schwerpunkt ‚Lichtenberg und die Satire
im Deutschland und England des 18. Jahrhunderts‘ ausgerichtet ist, steht unter dem
Motto: „Die Kinder und die Narren reden
die Wahrheit, sagt man; ich wünsche dass
jeder gute Kopf, der Neigung zur Satyre bei
sich verspürt, bedenken möchte, dass der
beste Satyriker immer etwas von beiden
enthält.“ (Sudelbuch J 746). Dieser Aphorismus greift einiges von dem auf, was die
Satire im 18. Jahrhundert auszeichnet:
Zum einen hebt er auf den Begriff der
Wahrheit ab, den Lichtenberg des Öfteren
als Kern-Intention des Satirikers (kehren
wir vom y zum heuer in unserer Rechtschreibung richtigen Buchstaben i zurück)
angemahnt hat, werde sie nun naiv-spielerisch und ohne Beachtung von Konventionen wie bei Kindern oder mit einem Hang
zum Anarchischen, Unkontrollierten nach
Art der Narren ausgesprochen. Indem sie
„etwas von beiden“ aufnimmt, trägt die Satire, die (ebenso wie z.B. die Fabel) auch im
Zeitalter der Aufklärung noch zu den didaktischen Gattungsarten zählte - und
auch heute noch zählen müsste, eigentlich
der Kern dieses kulturissimo-Beitrages bekanntlich dazu bei, „Menschen-Verstand und Zweifel einzuschärfen“ (Sudelbuch F 441), notwendige Bedingungen für
Aufdeckung und Anprangerung persönlicher Macken und sozialer Missstände.
Schön bemerkt jedenfalls. Und hochaktuell, wenn man das so sehen will. Und die
Person Georg-Christoph Lichtenberg in
seiner Eigenschaft als satirischer Schriftsteller lädt uns ein, die Satire als solche näher zu beleuchten. Die Merkmale dieser literarischen Kunstgattung, so der Duden,
die durch Übertreibung, Ironie, und (beißenden) Spott an Personen respektive Ereignissen Kritik übt, sie der Lächerlichkeit
preisgibt, Zustände anprangert oder mit
scharfem Witz geißelt, einer besonderen
Form, sich schriftlich mitzuteilen, führen
regelmäßig dazu, dass wir nachdenklich
werden oder lachen müssen - sofern sich
der Satiriker ihrer geschickt bedient.
Die Satire als Kunstform, die politischgesellschaftliche, oder auch allgemeinmenschliche Missstände und Unzulänglichkeiten verspottet und kritisiert. Eine
eher lockere literarische Form, die der Bürger, der was vermisst, besonders gerne liest
und lächelnd genießt. Denn der Satiriker
liebt die Übertreibung, den grotesken, doch
entlarvenden Vergleich und die Offenlegung von Widersprüchen in Lebensführung und Gesellschaft, er oder sie ist ironisch, sarkastisch und manchmal pathetisch. Die Satire parodiert, travestiert und
persifliert, will meinen sie verspottet, zieht
ins Lächerliche und „pfeift aus“, verspottet
S. 21
also fein. Sie ist durchaus und beabsichtigt
einseitig, polemisch, nicht selten auch aggressiv. Kurzum: es ist nicht ihre Aufgabe,
ihrem Gegenstand Gerechtigkeit widerfahren zu lassen. Oder, wie es der bestbekannte Satiriker Kurt Tucholsky, deutscher
Journalist und Schriftsteller (* 1890 in Berlin †1935 in Göteborg) klar und deutlich
auszudrücken verstand: „Was darf Satire?
Alles!“ Aber sie muss nicht komisch oder
witzig sein, die Satire ist nicht mit (heuer
modern) der Comedy zu verwechseln. Die
oft alles andere als niveauvolle Comedy (in
modern times) will primär witzig sein, will
das Publikum zum Lachen bringen. Mon
oeil… Die Satire dagegen will primär Missstände anprangern und Unzulänglichkeiten aufzeigen, also auf ihre Art und Weise
die Menschen zum Nachdenken bewegen.
Sie ist kritisch, will Bewusstsein schaffen
und zu Veränderungen drängen. Satire
möchte belehren und bessern - direkt oder
indirekt. Die Satire bewegt sich in einem
Spannungsfeld, das die gesellschaftlichen
Werte einerseits und die oft triste Realität
andererseits abstecken. Sie kritisiert die
Wirklichkeit im Namen eines mehr oder
weniger ausgesprochenen Ideals, kann diese Ideale oder Normen allerdings auch
selbst dem Hohn preisgeben und sie so
eben auch in Frage stellen. Vor der Satire
ist eben nichts sicher - im Sinne Tucholskys
und Lichtenbergs (jeder zu seiner Zeit).
Und so muss es auch sein, denn sonst hätte
die Satire ihren Sinn verloren.
Der Satiriker steht gewöhnlich im Widerspruch zum Zeitgeist, sind also weltanschaulich meist im politisch linken Lager
verwurzelt. Der Satiriker lebt jedenfalls gefährlich – und wie gefährlich Satiriker leben können, dürfte (siehe Charlie Hebdo)
heuer sehr bekannt sein. Der Satiriker
muss immer damit rechnen, dass er sanktioniert wird. Und das kann sehr gefährlich, gar tödlich für ihn sein. Totalitarismen
erlauben die Satire höchstens, insofern sie
dem Volk ein Ventil bietet, ihm ermöglicht,
punktuell (und ohne Risiko für das Regime
wohlverstanden) Dampf abzulassen. Manche Regime missbrauchen politische Kabaretts und Ähnliches auch propagandistisch
als angeblichen Beweis bestehender Kunstund Meinungsfreiheit, in einer gesunden
Demokratie eine Selbstverständlichkeit.
Jedoch auch in Demokratien – wie wir auf
drastische und grausame Art und Weise erleben mussten – die für Satiriker sicher angenehmer sind, auch wenn sie dort regelmäßig anecken, sehen sie sich Klagen und
anderen Repressalien, bis hin zur Ermordung, ausgesetzt. Ein klarer Angriff auf die
Grundfesten der Demokratie und der garantierten Meinungsfreiheit, die uns sakrosankt ist! Egal wie: die Satire war, ist und
bleibt Ausdruck der Pressefreiheit – Demokratie pur! Im Sinne Georg-Christoph
Lichtenbergs und aller Satiriker, folgendes
Zitat, Tucholsky ergänzend:
„Die Satire darf alles, bloß eines nicht:
Die Schnauze halten!“ So Wolfgang J. Reus
(1959-2006), deutscher Journalist, Satiriker, Aphoristiker und Lyriker). Genau!
*Henning Boëtius - Der Gnom: Ein Lichtenberg-Roman
- also durchaus keine Frechheit….
Cinéma
S. 22
Perspektive(n)
Das ‚Hôtel Budapest‘ im
neuen Zeitalter der Virtual Reality
Luc Belling
Während im Februar in Hollywood die
wichtigsten Filmpreise des Jahres verliehen wurden und in Europa die Stars
und Sternchen sich in Berlin zur Berlinale trafen, stand Ende des Monats
auch in Luxemburg ein mittlerweile fest
etabliertes und groß angelegtes Ereignis im Event-Kalender: die sechste Edition des Luxembourg City Film Festival
(25/02-06/03/2016).
Das Filmfestival besitzt derweil ein so
großes Renommee, dass neben den luxemburgischen (Ko-)Produktionen ? im Besonderen ‚Colonia‘ von Florian Gallenberger
mit Emma Watson und Daniel Brühl in den
Hauptrollen sowie der luxemburgischen
Vicky Krieps ? auch einige hochkarätige internationale Produktionen zum Programm
gehörten, wie beispielsweise der Eröffnungsfilm ‚Demolition‘ (Regie: Jean-Marc
Vallée) mit u. a. den Schauspielern Jake
Gyllenhaal und Naomi Watts oder auch
‚Maggie’s Plan‘ (Regie: Rebecca Miller) mit
Ethan Hawke und Julianne Moore. Wäh-
vom Markt genommen wurde und als Verkaufsflop eingestuft wird, sowie die Ende
2015 präsentierte ‚Microsoft Hololens‘, mit
der im Sommer 2016 gerechnet wird. Für
die heutige Film- und vor allem auch Videospieleindustrie ist aber vor allem die Entwicklung des ‚Oculus Rift‘-Geräts der Firma ‚OculusVR‘ zu nennen, das mittels eines
Crowdfunding-Projekts im Jahre 2012 vom
Programmierer Palmer Luckey entwickelt
und vorgestellt wurde, woraufhin Facebook
im Jahre 2014 dessen Firma für rund 2 Milliarden US-Dollar erwarb. Seit dem 6. Januar 2016 ist diese VR-Brille für die Konsumenten erhältlich, wobei jedoch darauf verwiesen wird, dass die Entwicklung von Filmen und Videospielen noch in den Kinderschuhen steckt, so dass wohl noch einige
Jahre vergehen werden bis dieser neue technologische Trend groß vermarktet wird. Im
‚Magic Mirrors‘-Zelt bestand während des
Luxembourg City Film Festivals dann auch
die Möglichkeit sich mit der ‚Oculus Rift‘Brille vertraut zu machen.
Neben diesen kostspieligen VR-Geräten
existieren aber auch günstigere Alternativprodukte, die ein Stück weit ein 360°-Visualisierungserlebnis ermöglichen und jedem Besucher am Abend des 24. Februars
zur Verfügung gestellt wurden. Mithilfe eines Smartphones sowie eines Google Cardboards (eine Halterung aus Karton mit zwei
Die Virtual Reality-Forschung mit der Ent- integrierten Biconvex-Linsen) ist es mögwicklung von sogenannten ‚Head-Moun- lich, Filme im 360°-Modus abzuspielen
ted Displays‘ (visuelle Geräte, meist brillen- (siehe Foto 1). Auch wenn das Erlebnis
ähnlich, die am Kopf befestigt werden und nicht vergleichbar mit ausgereiften VR-BrilBilder bzw. Videos abspielen) hat ihren Ur- len ist, so wurden an dem Abend trotzdem
sprung in den 1960er Jahren. Forscher ent- erste Einblicke in das neuartige technologiwickelten die ersten VR-Helme, die jedoch sche Phänomen ermöglicht.
von solcher Größe waren, dass sie an der
Raumdecke befestigt werden mussten, da
ein einzelner Mensch die Last nicht alleine
tragen konnte. Besonders die Industrien
der Raumfahrt und des Militärs investierten
anfangs viel Geld in die Forschung, wodurch z. B. Helme für Helikopterpiloten Die Gäste konnten nach dem Studieren der
entwickelt wurden bzw. auch Fallschirm- detaillierten und teils komplexen Bedienungsanleitung sowie den nötigen Vorbesprünge simuliert werden konnten.
Heutzutage werden die stark weiterentwi- reitungen auf dem Smartphone (Herunterckelten und verkleinerten Brillen haupt- laden einer iPhone-kompatiblen App, Susächlich für Entertainment-Zwecke ver- che der Videos, Einstellung des richtigen
wendet, wobei mittlerweile virtuelle 360°- Modus) das Video auf dem Smartphone abProjektionen möglich sind. Populäre VR- spielen ? Besucher, die kein Smartphone
Brillen stellen zum einen die ‚GoogleGlass‘ besitzen, konnten demnach den Film nicht
dar, die vom Unternehmen jedoch wieder abspielen bzw. Schlange stehen, um sich
rend Perspektive(n) in der KulturissimoAusgabe vom April 2014 die Geschichte
und Entwicklung der Filmfestivals in Luxemburg und die jetzige Ausrichtung des
Luxembourg City Film Festival thematisierte, steht in dieser Ausgabe ein innovatives
Projekt im Vordergrund, das auf dem Filmfestival Premiere feierte: das Virtual RealityErlebnis ‚Hôtel Budapest‘ von Regisseur
Eric Lamhène und Produzent Bernard Michaux (in Zusammenarbeit mit dem ‚Oeuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse
Charlotte‘). Im neu errichteten Headquarter ‚Magic Mirrors‘ auf der Place de la Constitution wurde für das Filmfestival eine
360°-Filminstallation eingerichtet (in Zusammenarbeit mit Orange, Samsung und
A_Bahn), wo neben der Vorstellung von
‚Hôtel Budapest‘ zudem eine Konferenz organisiert wurde, bei der die Möglichkeiten
von Kinoproduktionen in Virtual Reality
debattiert wurden. Perspektive(n) war am
24. Februar im Headquarters bei der Premiere von ‚Hôtel Budapest‘ und der Vorstellung der dazu gehörigen Virtual Reality
(VR) Software.
Neue Möglichkeiten
der virtuellen Realität
Foto: Luc Belling
Weg vom Zuschauer
hin zum Akteur
Cinéma
cherlich die Möglichkeit bzw. Gefahr, dass
die VR-Technologie zu großen Suchterscheinungen führen kann, wodurch sich
Menschen mehr und mehr zu Hause isolieren werden, da sie viele ihrer Bedürfnisse
in der virtuellen Realität erfüllen können.
Auch Bernard Michaux, der Produzent des
Films war sich sicher, dass diese Technologie die Zukunft für die gesamte Entertainment-Branche darstellt und uns das Ausmaß an Möglichkeiten heute noch nicht
bewusst ist. So scheint es daher auch nicht
verwunderlich, dass besonders die Videospiel- und die Pornoindustrien Hunderte
von Millionen in die Weiterentwicklung
der Technologien investieren.
Neuer Empfindungsraum
durch Hôtel Budapest
Bei medialen Vorstellungen und Werbekampagnen der VR-Brillen werden häufig
Musikkonzerte vorgestellt, die man hautnah und mit einem völlig neuen Empfinden
miterleben kann. Das bereits thematisierte
aktive Teilnehmen versetzt den Zuschauer
in neue Erlebniswelten. Dass die 360°Technik der virtuellen Realität jedoch auch
für Dokumentarfilme ganz neue Blickwinkel eröffnet, beweist eindrucksvoll Regisseur Eric Lamhène mit seinem kurzen Video ‚Hôtel Budapest‘. Er greift das noch
immer brandaktuelle und viel diskutierte
Thema der Flüchtlingspolitik auf und
nimmt den Zuschauer mit auf eine ganz besondere Reise in den Alltag eines Flüchtlings.
Seit Herbst letzten Jahres sind die täglichen Berichterstattungen gefüllt mit den
neuesten Nachrichten, Bildern und Videos
der Flüchtlingsströme, so dass man auf den
ersten Blick den Mehrwert einer weiteren
Reportage über dieses Thema nicht erkennt. Die neuartige technologische Möglichkeit der 360°-Kameras eröffnet jedoch
eine neue Dimension des Miterlebens, das
vielleicht nochmals die Dramatik der bedrückenden Situation dieser Menschen
verstärkt. Eric Lamhène hat zwei kurze
Videos
gedreht:
Zum einen die eigentliche
‚Hôtel
Budapest‘-Reportage, in der er die Situation an der serbo-ungarischen
Grenze
aufzeigt.
Hier versuchen auf
der serbischen Seite
die
syrischen
Flüchtlinge
nach
Ungarn weiterzureisen und auf der anderen Seite sieht
man die ungarische
Foto: Marc Zuckerberg
den Film auf dem einzigen Oculus-Gerät
anzusehen. Für jemanden der sich mit dieser Technologie nicht auskennt, ist die erste Erfahrung mit der 360° abspielbaren virtuellen Realität sicherlich aufregend, aber
auch konfus. Der Zuschauer sieht sich mit
einer vollkommen neuen Situation konfrontiert, die irritierend und teils beklemmend sein kann. Man verfällt nämlich zu
Beginn in bekannte Zuschauermuster und
verfolgt das projizierte Video. Erst langsam
wird einem bewusst, dass durch Bewegen
des Kopfes bzw. des Smartphones sich das
Sichtfeld verändert und man sich nicht
mehr in einem vordefinierten Film befindet, sondern man sich seinen eigenen ganz
individualisierten Blickwinkel des Films
zusammenstellen kann.
Damit beginnt die Entdeckungsreise in
der virtuellen Realität und man dreht sich
um die eigene Achse, kuckt in die Höhe
und auf den Boden, um die gesamten 360°
auszuschöpfen. Dass man z. B. im Film den
Protagonisten, der mit einem redet, ignoriert, um sich jedem unwichtigen Detail eines Büroraums zu widmen, ist hierbei nebensächlich. Im Endeffekt musste ich den
Film in der Tat 3-mal anschauen, um auch
sicher zu sein, dass ich alles gesehen habe.
Durch diese neuen visuellen Möglichkeiten bleibt nämlich stets das Gefühl, dass
man etwas Wichtiges verpasst. Die Szene,
die sich Externen geboten haben muss, die
an diesem Abend das Zelt betraten, hatte
sicherlich einen gewissen Slapstick-Charakter: Rund 70 Anwesende, die größtenteils noch nie mit dieser Form von Technik
konfrontiert wurden, liefen irrend und taumelnd mit einem Kartongehäuse und ihrem Smartphone vor Augen durch den
Raum.
Diese Technologie der virtuellen Realität
wird wohl wahrscheinlich eher ein Phänomen bleiben, das von jüngeren Generationen genutzt wird, denn obwohl die beiden
Kurzfilme insgesamt nur rund 10 Minuten
dauern, musste ich die Brille mehrmals absetzen, da leichte Schwindelerscheinungen
und Orientierungslosigkeit auftraten. Bei
jüngeren Generationen besteht jedoch si-
S. 23
Polizei, die die Grenze mit aller Macht bewacht. Diese Menschenmassen trennt nur
ein schmaler Zaun und genau dieser Zaun
stellt den Ausgangspunkt für den Zuschauer im virtuellen Erlebnis dar. Man erlebt
hautnah die Beklemmung und Enge, die an
diesen Grenzkontrollen herrscht und die
bedrückte Stimmung, die in der Luft liegt.
Man wandert mit Hilfe seines technischen
Geräts zwischen Flüchtlingsmassen und
schwer bewaffneten Polizisten hin und her
und erlebt Interviews mit syrischen Flüchtlingen, die durch diesen dünnen und doch
so unüberwindbaren Zaun geführt werden.
Der Film begleitet einen weiter durch die
spärlich errichteten Zeltlager der Flüchtlinge, die teils auf nacktem Beton einer Straße
übernachten müssen und doch ihre gute
Stimmung und ihre Hoffnung scheinbar
nicht verlieren, da man inmitten von ihnen
tanzen kann.
Zum anderen hat Lamhène noch einen
weiteren Film gedreht, der die Einreise eines Flüchtlings nach Luxemburg beschreibt und in dessen Haut man mithilfe
der VR-Brille schlüpfen kann. Man erlebt
die Begrüßung in der Expo-Halle, wird mitgenommen in die Kantine des Flüchtlingslagers und bekommt einen Einblick in die
Schlafplätze.
Quo vadis VR?
Insgesamt ist das Projekt von Lamhène äußerst interessant und ermöglicht neue Perspektiven auf ein aktuelles Thema, die so
bisweilen noch nicht nachverfolgt werden
konnten. Sicherlich bleibt stets der Vorwurf der Effekthascherei, da durch die neuartige technologische Spielerei das ernste
Thema der Dokumentation etwas in den
Hintergrund rückt. Auch wird hier nur ein
sehr kurzer, singulärer Einblick in die komplexe Situation der Flüchtlingsströme ermöglicht, der das gesamte Ausmaß der
Dramatik und Hoffnungslosigkeit nicht
vermitteln kann. Das war jedoch auch
nicht Lamhènes Anliegen; vielmehr versuchte er mithilfe der neuartigen VR-Technologie neue Blickwinkel und allgemeiner
auch die Möglichkeiten dieser Technologie
für die Filmemacher vorzustellen.
Für Leute, die die neue Technologie noch
nicht ausprobiert haben, ist das Filmerlebnis sicherlich schwer nachzuverfolgen, jedoch kann nur jedem empfohlen werden,
sich wenigstens einmal mit der virtuellen
Realität auseinanderzusetzen. Inwieweit
die VR-Technologie die EntertainmentBranche langfristig verändern wird, kann
zu diesem Zeitpunkt noch nicht beantwortet werden. Jedoch konnte die Präsentation
von ‚Hôtel Budapest‘ auf unterhaltsame
Weise verdeutlichen, inwiefern die Angebotspalette von Videospielen und Filmen
durch die VR-Technologie erweitert werden kann.
Musiques
S. 24
Zum 80. Geburtstag von Eliahu Inbal:
„Inbal, komm zurück
zu Deiner wilden Natur.“
kulturissimo: Herr Inbal, Sie waren einer der ersten Dirigenten überhaupt,
die sich für die Erstfassungen der
Bruckner-Symphonien interessiert hat.
Eliahu Inbal: Ja, das was während meiner
Frankfurter Zeit Anfang der siebziger Jahre.
Da kam der Chef von Bärenreiter mit einem
ganzen Stapel Partituren zu mir ins Büro.
Als ich die Partituren öffnete, war das fast
wie ein Schock für mich. War das Bruckner
oder war das Stravinsky? Was ich sah, war
so revolutionär, war so unerhört modern,
dass ich später verstand, warum niemand
das spielen wollte. Besonders in der 3. Symphonie, da gibt es Stellen, die fast unspielbar sind. Diese Erkenntnisse haben meine
ganze Perzeption von Bruckner verändert.
Bis dahin hat man Bruckner immer von
diesen älteren Dirigenten gehört, die ein Vivace wie ein Andante und ein Allegro wie
ein Adagio dirigierten, also sehr breit, pathetisch und schwerfällig. Doch in diesen
Partituren erkannte ich einen komplett anderen Bruckner. Es war rhythmisch, sehr
strukturiert und vor allem sehr klar. Und
weil ich der erste Dirigent war, der diese
Ur-, Original- oder Erstfassungen, wie man
sie auch immer nennen will, spielte, hat das
damals eine sehr große Resonanz gefunden.
Und so kam das CD-Projekt für TELDEC
zustande.
Foto: Cred ZChrapek
Alain Steffen
eine Erstfassung, die ich regelmäßig aufgeführt habe und die auch sehr gut. In seiner
späteren Fassung hat Bruckner dann verschiedene Teile verändert, hat beispielsweise ein fortissimo durch ein pianissimo ersetzt. Diese Änderungen sind aber von
Bruckner selbst gewollt und nicht auf
Druck irgendeines anderen entstanden. Somit kann man auch die Endfassung der
Achten ohne Bedenken spielen.
k.: Und bei den frühen Symphonien?
E.I.: Bei der Ersten muss man aufpassen.
Da gibt es in der ersten Version sehr viele
Fehler und schlechtkomponierte Stellen.
Wodurch das Werk auch schwieriger zu
spielen ist. Diese Fehler hat er dann später
korrigiert, so dass heute in den meisten Fälen die zweite Fassung gespielt wird. Bei der
3. Symphonie ist die erste Fassung die richk.: Sie führen heute Abend die 4. Sym- tigere. Und bei der Vierten ist die erste Verphonie auf. Für welche der drei existie- sion sicherlich die modernere und avantrenden Fassungen haben Sie sich denn gardistischere und auch sehr schwer zu
entschieden?
spielen. Die letzte Fassung ist viel angenehE.I.: Wir haben uns für die dritte Version mer und runder.
entschieden. Bei anderen Endfassungen
hat immer wieder jemand Bruckner dazu
k.: Warum hat er denn wirklich immer
gedrängt, er solle dies oder jenes ändern.
wieder an seinen Symphonien herumUnd Bruckner hat dem immer nachgegeben
gebastelt?
und korrigiert und hinzugefügt. Am Ende
E.I.: Das lag an der Persönlichkeit von
ist das Endresultat dann weniger überzeu- Bruckner. Hätte er ein starkes Ego gehabt,
gend als das Original. Bei der 4. Symphonie so wie Gustav Mahler, hätte er sich nicht
ist das nicht so. Da hat Bruckner selbst eine darum geschert, was andere über seine Muganz andere Version komponiert, die dann sik gedacht hätten. Er hätte seine ursprüngauch wirklich hundertprozentiger Bruck- lichen Versionen durchgeboxt. Aber Bruckner ist. Er hat das gleiche Material genom- ner ließ sich viel zu sehr von anderen beeinmen und einfach verbessert. Mit Ausnahme flussen.
des Scherzo, das er komplett neu komponiert hat. Und deshalb sind alle drei Fassunk.: Was ist das Spezifische, das Andere
gen der Vierten legitim. Genauso verhält es
bei Bruckner?
sich bei der 8. Symphonie. Da gibt es auch
E.I.: Man nennt beide oft in einem Atem-
zug, aber Bruckner und Mahler könnten
nicht verschiedener sein, genauso wie es
wenig Ähnlichkeit bei Ravel und Debussy
gibt, die auch immer zusammen genannt
werden. Bruckner kommt von der Linie eines Berlioz, Liszt und Wagner, die nach
Bruckner weiter zu Stravinsky und später
zu Messiaen geht. Sie alle arbeiten nicht
motivisch wie die klassischen Komponisten. Mahler dagegen folgt genau dieser klassischen Schiene mit Haydn, Mozart oder
Beethoven. Er ist romantisch im Ausdruck,
aber die Methode ist klassisch. All diese
Komponisten haben gemeinsam, dass sie
eine Symphonie oft auf ein Thema, ein Motiv aufbauen. Das beste Beispiel dafür sind
die Anfangstakte von Beethovens 5. Symphonie. Aus diesem Motiv baut er die ganze
Symphonie auf. Auch Brahms arbeitet motivisch, allerdings viel subtiler als Beethoven. Bruckner und Berlioz machen es ganz
anders. Sie zeigen Seelenzustände. Nehmen Sie beispielsweise die Symphonie Fantastique. Berlioz präsentiert seinen Helden
und ist diese Präsentation einmal abgeschlossen, beginnt er mit etwas Neuen. Genauso Bruckner. In seinen Symphonien
zeigt er uns einen bestimmten Seelenzustand und im nächsten Moment kann er zu
einem ganz anderen Ausdruckszustand
übergehen.
Das führt dann in seiner Musik zu diesen
gewaltigen Blöcken. Bruckners allererste
Symphonien, die Nullte und die NullteNullte sind sehr an Berlioz angelehnt. Das
vergisst man gerne. Und Wagner macht es
wieder anders. Er arbeitet zwar mit Leitmotiven, aus diesen entwickelt er aber die unendliche Melodie. Also auch eine ganz andere Vorgehensweise als bei Haydn und
Beethoven.
Musiques
k.: Ihre Aufnahmen der Mahler-Symphonien mit dem Radio- Symphonieorchester Frankfurt haben heute noch
immer Referenzcharakter. Sie haben
damals ebenfalls die Zehnte in der
vollendeten Fassung von Deryk Cooke
eingespielt, eine Version, die ja viele
Mahler-Dirigenten grundsätzlich ablehnen.
E.I.: Die erste Symphonie, die ich von
Mahler dirigiert habe, war seine Erste. Die
zweite, die ich aufgeführt habe, war seine
Zehnte. Und die habe ich schon in der ganzen Welt dirigiert, bevor ich überhaupt all
die anderen aufgeführt habe. Ich habe
mich damals komplett auf diese Zehnte
konzentriert, nur manchmal, ja fast nebenbei habe ich ebenfalls die Zweite und Fünfte dirigiert. Die Zehnte ist ein Werk, was
unglaublich viel über Mahler aussagt und
sozusagen die Quintessenz seines Schaffens ist. Obwohl er sie unvollendet hinterlassen hat. Doch Deryk Cooke, in meinen
Augen die beste aller Bearbeitungen, bleibt
so nahe an Mahlers Geist, dass man glauben könnte, die ganze Orchestrierung sei
tatsächlich von Mahler. Sicher hätte Mahler einiges anders gemacht, aber trotzdem
ist diese Fassung absolut authentisch.
k.: Sie sind ein Dirigent, der gerne zyklisch arbeitet.
E.I.: Ja, ich finde, wenn man die Werke
eines Komponisten als Zyklus aufführt,
kann man alles viel besser vertiefen und begreifen. Sowohl der Dirigent, wie auch das
Orchester und das Publikum. Durch einen
Zyklus wird man komplett in die musikalische Welt eines bestimmten Komponisten
hereingezogen und lernt somit die unendlichen Facetten seiner Musik viel besser kennen. Auch wenn ich als Dirigent alle Werke
aufführe, begreife ich als Interpret viel
schneller die Zusammenhänge, sowohl
emotionaler wie auch architektonischer
Art. Der Interpretationsprozess entwickelt
sich dann konsequent von einer Symphonie zur anderen weiter. Und wir ich bei der
letzten angelangt bin, klingt sie garantiert
komplett anders, wie wenn ich sie isoliert
aufgeführt hätte.
k.: Wenn man es aus dieser Sichtweise betrachtet, sind Gastdirigate dann
nicht frustrierend?
E.I.: Nein, auf keinen Fall! Das ist eine
ganz andere Situation. Dirigent und Musiker haben sehr wenig Zeit um miteinander
zu arbeiten. Da muss man sich auf das Wesentliche beschränken. Ich muss als Dirigent meine Ideen dann ganz effizient und
klar erklären und vor allem dirigieren. Und
das ist das Mysteriöse und auch Interessante.
Man begibt sich quasi zu zweit aufs Glatteis und versucht die ideale Balance zu finden, indem man sich völlig aufeinander
konzentriert und einlässt. Man hört aufeinander und die Musiker gehen mit. Dann
kann ich auch während des Konzerts spontan mal etwas ändern, anders phrasieren,
das Tempo anziehen oder drosseln, bei einer solchen Konzentration hat ein gutes
Orchester normalerweise keine Schwierigkeiten, flexibel zu reagieren und sich sofort
anzupassen. Gastkonzerte leben von einer
ganz besonderen, oft sehr spontanen Atmosphäre.
k.: Sie waren Schüler von Sergiu Celibidache und Franco Ferrara....
E.I.: .... der ein fantastischer Dirigent war.
Sein Wirken beschränkte sich um die Zeit
kurz vor und kurz nach dem 2. Weltkrieg.
Er hatte eine spezifische Krankheit, die eine wirkliche Karriere tragischerweise verhinderte. Diese Krankheit ähnelte der Epilepsie, ohne dass es allerdings eine Form
der Epilepsie war. Besonders in Momenten
höchster Ergriffenheit hat er urplötzlich
Zweifel bekommen, ob das was er tat, auch
richtig sei. Das war solch ein emotionaler
Stress für ihn, dass er während dem Dirigieren das Bewusstsein verloren hat und
wie ein Sandsack umgefallen ist. Und das
Foto: Cred ZChrapek
k.: War diese Entwicklung eigentlich
ein bewusster Prozess?
E.I.: Ich denke nicht. Ich glaube, das ist
einfach ein schleichender und ganz normaler Entwicklungsprozess. Bedingt durch
die Zeit. Es ist ein Einfluss aus der Ferne.
S. 25
immer wieder. Und dann hat er beschlossen, keine öffentlichen Konzerte mehr zu
dirigieren. Ich selbst habe ihn nur einmal
als Student selber dirigieren sehen. Es war
die Ouvertüre zu Norma. Als er dann zu
der wunderschönen langsamen Stelle kam,
sahen wir seine Ergriffenheit... und schon
hatte er das Bewusstsein verloren. Das war
tragisch, insbesondere weil man ihn damals als einen noch größeren Dirigenten
als Karajan gehalten hat. So hat er am Ende
nur noch am Konservatorium unterrichtet
und Meisterklassen gegeben.
k.: Und Celibidache?
E.I.: Franco Ferrara und Celibidache waren sein grundsätzlich verschiedene Pole.
Bei Celibidache musste alles wissenschaftlich begründet sein, sogar die Gestik mussten seine Schüler ganz genau einproben.
Alles war festgelegt. Ferrara war genau das
Gegenteil. Er ist immer ohne festgelegte
Konzepte gekommen und hat jeden Studenten als Individuum gesehen und aufgrund seiner persönlichen Charakteristika
mit ihm gearbeitet. Ein Beispiel. Ich hatte
bei Ferrara in Hilversum eine Meisterklasse
belegt und ging danach 2 Jahre nach Siena,
um bei Celibidache zu studieren. Danach
nahm ich am Cantelli-Dirigierwettbewerb
teil und Ferrara war in der Jury. Und er sagte zu mir.“Inbal, komm zurück zu Deiner
wilden Natur.“ Er hat gesehen, dass ich in
dem Moment zu sehr von Celibidache geprägt war. Zu intellektuell, zu kontrolliert.
Ich habe dann auf ihn gehört und den
Wettbewerb gewonnen.
k.: In einer solch langen Dirigentenkarriere gibt es doch sicherlich viele Höhepunkte?
E.I.: Was ist ein Höhepunkt? Als ich zum
allersten Mal dirigiert habe ? es war Schuberts Unvollendete ? war das ein Höhepunkt? Die Momente mit Franco Ferrara?
Seine Überzeugung, dass ich ein talentierter Dirigent sei? Kann man das als Höhepunkt bezeichnen? Der Cantelli-Preis?
Der Eintrag Celibidaches in sein Dirigiertagebuch: Inbal: großer Dirigent. Ich weiß es
nicht. Ich weiß auch nicht, ob ich in der
Musik von Höhepunkten sprechen soll. Jede Begegnung, jedes Konzert ist einmalig,
etwas Besonderes. Und so lange ich mir
dessen bewusst bin und diese nicht wiederholbaren Momente immer noch zu schätzen weiß, bin ein sehr, sehr glücklicher
Mensch.
k.: Eine Anekdote zum Schluss?
E.I.: (lacht) Da fällt mir sofort wieder Celibidache ein. Er hatte einige seiner Schüler
zu einem Spaghetti-Abend eingeladen. Auf
einmal hat er mich beiseite genommen und
gesagt: „Inbal, Sie werden einmal ein großer Dirigent sein, aber Sie müssen noch
zehn Jahre mit mir studieren. Sonst werden
Sie so jemand wie Bernstein.“ (lacht)
Musiques
S. 26
Starke Gefühle in tristem Schwarz-Weiß
Szenisch problematisch, musikalisch überzeugend:
Puccinis „Tosca“ im Trierer Theater
Martin Möller
„Diese Tosca erlebt man am besten mit
geschlossenen Augen“, sagte jemand
aus dem Trierer Publikum. Das ist etwas übertrieben. Immerhin: Musikalisch
ist die Trierer Produktion der PucciniOper zweifellos ein Gewinn.
Es geht doch nichts über eine attraktive
Frau auf der Opernbühne. Kaum hatte sich
im Trierer Theater mit heftigen Nebengeräuschen der Eiserne Vorhang gehoben, da
steht sie im Mittelpunkt. Yannick-Muriel
Noah als Tosca, im hautengen Kostüm und
eleganten Pumps. In Alexander Charims
„Tosca“-Regie ist sie nicht nur die zentrale
Figur, sondern mehr: die Regisseurin, die
sich und andere in Szene setzt. Dabei allerdings bleibt sie ein vereinzelter Farbfleck in
einförmigem Grau. Die kahlen Wände von
Ivan Bazaks Einheitsbühnenbild verbreiten
nichts als Nüchternheit. Und Tosca ausgenommen, spiegeln Tal Shachams Kostüme
dazu etwas ausgeprägt Alltägliches. Und
die ohnehin wenig originelle Idee einer
Szene auf der Szene hat zwar einige theaterpraktische Vorteile, weil die Akteure
auch als Kulissenscheiber eingesetzt werden. Das führt allerdings dazu, dass Personen auf der Bühne stehen, die gar nicht zur
aktuellen Handlung gehören. Wenn Scarpia seine Adjutanten zur Suche nach Angelotti und Cavaradossi losschickt, dann bleiben die einfach da, weil sie noch Tische verrücken müssen.
Nüchtern, allzu nüchtern
Hat da keiner gemerkt, dass sich bei solch
einer Konzeption die starke Gefühlswelt
dieser Oper verlieren kann? Alexander
Charim präsentiert dieses optisch, akustisch und emotional höchst farbenreiche
Bühnenstück in einer tristen SchwarzWeiß-Version. Die ganz konkrete Handlung dieser Oper, die auf einen bestimmten
Ort (Rom) und ein bestimmtes Datum (17.
Juni 1800) zugespitzt ist, verliert sich im
blass Allgemeinen. So geht die Spannung
der Glocken- und Hirtenjungen-Szene im
dritten Akt (für die sich Puccini persönlich
in Rom einen Eindruck vom realen Klangbild verschaffte) unter in der dominierenden Stimmungslosigkeit. Und den bewegenden Schluss des Musikdramas hat Cha-
rim glatt verschenkt. Statt sich mutig-verzweifelt von der Engelsburg zu stürzen
bleibt Tosca einfach wo sie ist. „Da fehlte
doch was“, sagte eine theatererfahrene Besucherin. Nun ist der Besucher im Trierer
Theater ja seit der Intendanz von Karl Sibelius Kummer gewohnt. Da ist vielleicht die
Anmerkung doch nicht überflüssig, dass
Charims Regie immerhin Ego-Trips und
szenische Mätzchen vermeidet. Mit Ausnahme einer ziemlich irritierenden Filmsequenz zu Beginn hat sich das Theater auf
den Versuch, dieses Stück zu demontieren,
gar nicht erst eingelassen. Dass Cavaradossi
mit Tosca auf dem Tisch eine Art Mund-zuMund-Beatmung praktiziert, gehört wohl
nur zu den Konzessionen an ein Regietheater das sich selber für modern hält.
Vielleicht tut es bei Opern ohnehin gut,
gelegentlich die Augen zu schließen und die
Ohren zu spitzen (Wagner wusste das und
erfand seine schönsten Orchesterstücke zu
Szenenwechseln mit geschlossenem Vorhang). Gerade wenn die Optik mal nicht
ablenkt, entfaltet die Trierer Tosca ihre musikalischen Vorzüge. Bei Dirigent Victor
Puhl geht wenig aus dem Leim, die Tempi
stimmen, die Koordination Bühne-Graben
funktioniert zum allergrößten Teil, und
wenn oben jemand einen Spitzenton ein
wenig länger aushält, dann ist das Philharmonische Orchester im Graben hellhörig
dabei. Zudem trumpft im zweiten und dritten Akt das Blech heftig auf heftig auf und
mit ihm schärfen sich die Klangkonturen.
Und doch: Die musikalische Realisierung
verlässt sich nicht blindlings auf pralle Italianità. Bei Puhl klingt in Puccini der De-
bussy mit, dessen „Pelleas“ etwa zeitgleich
mit der „Tosca“ entstand: die organische
Melodieführung, die Präsenz der Holzbläser, die Flexibilität bei Klangfarben, und dazu eine Tendenz zum Beweglichen, gelegentlich fast Leichtfüßigen.
Angela Händels Opernchor gibt dazu
dem „Te Deum“ im ersten Akt eine bemerkenswert starke Statur mit, obwohl der Auftritt optisch die Parodie streift. Der Kinderchor Cantarella (Vera Ilieva) hält sich tapfer und ohne Ausfälle. Und bei allen Solisten sind Defizite überschaubar und Qualitäten durchweg überzeugend.
Für den Cavaradossi ist der Tenor von
Marko Jentzsch schmal, sehr „deutsch“ und
in der Mittelage diffus. Aber ihm klingen
trotz allem die Sensibilität, die Noblesse
und die Tapferkeit des zwangsweise politisierten Künstlers mit. Christian Sist als Polizeioffizier Scarpia verwechselt allzu oft
die Bösartigkeit der Rolle mit sängerischer
Lautstärke. Völlig überflüssig. Wenn er sich
tatsächlich einmal zu geschärfter Artikulation entschließt, trägt seine Stimme auch
ohne vollen Einsatz. Und in den Nebenrollen überzeugen Laszlo Lukas (der vor 25
Jahren in Trier einen exzellenten Scarpia
sang), Rainer Scheerer, Bonko Karadjov
und Fritz Spengler.
Nicht Schönklang,
sondern Gefühlskraft
Und dann die Tosca der Yannick-Muriel
Noah. Es ist einfach, in der Umsetzung dieser Rolle, die von der Callas ein für alle Mal
geprägt worden ist, Defizite auszumachen.
Es mag also sein, dass Noah in der Mittellage das Legato fehlt und mit ihm der Ausdruck von Intimität und Versonnenheit,
der auch zur Figur gehört. Aber die Callas
hat es vorgemacht: Nicht der Schönklang
entscheidet, sondern die emotionale Stärke. Und wenn bei Noah die Tosca immer
bedrohlicher in eine seelische Grenzsituation gerät, dann verblassen alle Einwände.
Dann singt Noah sich aus: stark, offen, hingebungsvoll, völlig frei von aller Reserviertheit. Nein, durch die Musik ist Puccinis
„Tosca“ auch in Trier ein Stück größter Gefühlskraft. Der Jubel unter den knapp 600
Besuchern galt Solisten, Chor, Orchester
und Dirigent. Die Regie bekam etliche
Buhs ab.
Ici et ailleurs
S. 27
Letter from England
Ill Wind
Diana White
Blighty has a saying probably familiar
to many cultures in some form: „It’s an
ill wind that blows nobody any good.“
The wind lately has been gale force
and very destructive and so has the
rainfall. Climate change is very much
on everyone’s mind and these frequent
catastrophic freaks of weather add fuel
to the argument that planet earth is in
serious trouble.
However, rather like Polyanna of the
„glad“ books, climate change appears to offer one small advantage for the UK. Eleanor
Porter’s famous character, who spawned
the term „the Polyanna Principle,“ the ability to find good in bad, began when the hoped-for Christmas present of a doll failed to
materialize and instead, a pair of crutches
arrived. Polyanna’s father, in an attempt to
lessen the disappointment, encouraged his
daughter to see the crutches as a bonus, as
she didn’t need them. I’m not sure many
children even then would have been placated like that, but Polyanna was clearly exceptional. So, in the Polyanna spirit of optimism: the increase in Britain’s temperatures
has meant the flourishing of English and
Welsh vineyards which, for the wine lovers
amongst us, is good news.
The UK doesn’t immediately spring to
mind when it comes to wine-growing, although we’ve been producing it for many years quite successfully and have vineyards as
far north as Yorkshire. However, the wetter
and warmer weather has given a tremendous boost to wine- growers, who are now
producing it on a scale probably not seen
since Romans times: farmers are even able
to grow dessert grapes good enough for one
of the big supermarkets to stock. And although they might not have quite the same
caché as those from the great vine in Hampton Court palace, those who buy them this
autumn will certainly earn themselves
brownie points when they consider their
carbon footprint: I predict an awful lot of
smug faces come September.
However, I did say it was only a small advantage as, whilst the wine-growers are
congratulating themselves on being able to
cash in on the changing climate, there are
others less buoyant, with Brits up and
down the country fed up with the weather.
It’s not just the howling gales or the rain like stair-rods; it’s the constant flooding for
those living near water. There are towns up
north that have been flooded three times in
as many weeks. Neither is this the time of
year to be seeing daffodils laid low by the
blasts: the „Polyanna Principle“ is definitely
falling on deaf ears.
Also, in a rain-sodden island, spare a
thought for the animals. The downside to
the arrival of British dessert grapes is the
unhappy consequence of the warmer weather for our dogs and horses. Animals require exercise (unless you’re a cat, when a few
exploratory mice-hunting sorties will be
enough activity for the next twenty-four
hours,), and exercise is not just about allowing them time for their natural functions.
Exercise is also about using their little grey
cells, as Agatha Christie’s famous detective,
Hercule Poirot, would say. But global warming, with its wet and warmer weather, has
dealt horses and dogs a severe blow. Grassy
fields have been turned into mud slides
where hooves slip, making anything more
than a sedate walk dangerous, and the rain
and gales have kept lazy, couch-potato, wine-swilling Brits indoors.
Dogs are not normally encouraged to take
themselves off walkabout on their own, so
being escorted to the local fields or parks
for some exercise is essential, or they suffer
stress. And, according to recent statistics, as
if being denied their daily walk isn’t bad
enough, they are routinely fed crisps, chocolate and cake, amongst other things, all of
which are obviously bad for them. However, veterinary surgeons, used to dealing
with physical problems caused by an unhealthy diet, are now seeing an increase in
animals whose behaviour is indicative of
boredom and depression.
Walking your dog is not just about giving
them time for their natural functions, it’s
just as much about mental stimulation. Catching a ball (sticks are dangerous as they
can stick in a dog’s throat), meeting other
dogs and socialising, chasing squirrels or pi-
geons and sniffing which for a dog is apparently like reading a book, are all vital
aspects of keeping your pet happy and healthy, mentally as well as physically. And recent research has shown how important
their mental welfare is.
A study done by the London School of
Economics in conjunction with Edinburgh
University, has concluded it might be possible to study diseases like dementia using
dogs, whose intelligence apparently works
the same way as ours, and could be used to
pave the way for better understanding of
this disease. The added bonus is that dogs,
unlike humans, don’t normally smoke, use
drugs or drink alcohol... although researchers will have to ensure the animals
used haven’t been drinking beer, as alcohol
is something else owners foolishly give
them!
For centuries people have been saying
their pets have intellect and emotions in
much the same way as we do. What has generally been considered anthropomorphic
nonsense must, now there is scientific evidence for dogs‘ intelligence, be seen differently: this evidence goes a long way towards
vindicating all those who’ve insisted their
pets know what they’re thinking and can
empathize with their troubles. Having a dog
as a companion can be therapeutic, but it’s
a commitment requiring an owner to give
them regular walking come rain or shine,
even for smaller breeds.
I may like a glass of wine, but apart from
my earnest hope that politicians will act fast
and in unison to confront climate change, I
cannot truly welcome the small bonus the
warmer weather brings wine production in
Blighty as I am also a dog lover. I know a
depressed dog when I see one and I’d rather
have a park full of happy, tail-wagging canines than home-grown wine and dessert grapes on supermarket shelves.
Ici et ailleurs
S. 28
Brief aus Wien
Die hässliche Jahreszeit
Michèle Thoma
Heute geht es um das hässliche Wien.
Um das echt hässliche, harte, abweisende Wien. Um das Wien ohne alles.
Ohne alles, was das Leben lebens- und
liebenswert macht, Schönheit, Witz,
das Überflüssige. Um das Wien, aus
dem Wien zu 2/3 besteht. Das Wien,
das Wien während der Hälfte des Jahres ist. Es legt nicht mal ein bisschen
Make up auf, es blättert nicht mal ein
bisschen ab, es ist ihm egal, es ist sich
selber egal.
Die Hässlichkeit, wie sie einem an einem
ungemildert an einem bleiernen Februartag
entgegenschlägt, wenn man, von Wind und
Regen geohrfeigt, durch irgendwelche Straßen geht, in irgendeinem Bezirk. Und es
gibt nicht mal mehr Punschbuden und im
Wind wehender Weihnachtskitsch, der das
Grauen der Nüchternheit mildern könnte.
Also mittendrin, rundherum, da, wo die
meisten wohnen, in und aus Bussen steigen, in die Schule gehen, irgendwohin hasten, zu einem Termin, einem Amt, einem
Arzt, einer Arbeit, die es zunehmend gar
nicht gibt. Da, wo die Welt funktionell ist,
und man funktioniert. Oder eben nicht,
und dann schlurft man in Jogginghosen
zum Zigarettenautomaten und zum Chinesen, um sich seinen Futter-Karton zu holen,
in die Apotheke um die Methadon-Ration
zu tanken oder die Anti- Depressiva-Dosis.
Die Häuser sind Kästen, Bunker, Festungen. Oder Zinskasernen, wie die großen
Mietshäuser so treffend genannt wurden,
die in den Außenbezirken um 1900 überall
entstanden. Hier wurde das Proletariat gestapelt, das zu dieser Zeit aus sämtlichen
Kronländern, vor allem aber aus Böhmen
und Mähren ins boomende Kaiserreich
strömte. Greis_innen erinnern sich an jene
Zeit, als die kinderreiche Familie in einem
feuchten Zimmer lebte, alle in einem Bett
schliefen, und wer ein zusätzliches Bett
sein eigen nannte, vermietete es an Bettgeher, Arme, die abwechselnd, stundenweise
den Schlafplatz belegten. Heute ziehen
skrupellose Eigentümer Kapital aus der
Notlage so vieler hier Gelandeter und Gestrandeter, immer wieder werden Absteigen
bekannt, in denen Migrant_innen zu Horrorpreisen auf verschimmelten Matratzen
logieren. Ausbeutung light unter Armen
gibt es natürlich auch, die slowakische
Putzfrau, die um 200.- ein Bett im Kinderzimmer einer türkischen Familie ergattert
hat. Auch heute noch gibt es in Wien genug
sg. Substandardwohnungen, in denen das
Klo am Gang ist. Jene Zinshäuser, die nicht
saniert und teuer vermietet werden, verkommen meist vor sich hin, werden überteuert an jene Zugezogene vermietet, die
noch keinen Anspruch auf eine Gemeindebauwohnung haben, wie die Sozialwohnungen heißen. Eine solche ist das Ziel eines jeden, der eine günstige und einigermaßen stressfreie Bleibe anvisiert.
Diese nach damaligen modernsten und
sozialsten Gesichtspunkten erbauten Gemeindebauwohnungen, Wahrzeichen des
Roten Wien in den Zwanzigern und Dreißigern, werden von Zeitzeug_innen als wahre
Erlösung vom Proletarierelend gerühmt.
Geht man aber an einem düsteren Februarabend regengepeitscht durch von Gemeindebauten dominierte Straßen, empfindet
man die Festungsatmosphäre nur als erdrückend und beklemmend. Auch wenn der
Baustil über die Dekaden wechselte, pompöser Beton in den Achtzigern, funktionelle Schmucklosigkeit in den Nullerjahren,
auch wenn sie abwechselnd grau, fahl- oder
rostfarben sind, wirken die Gemeindebaudomänen großteils leb- und lieblos. Hier,
wo Ureinwohner_innen und Neo-Wiener_innen mittlerweile Tür an Tür leben,
begegnet man vielleicht jemand, der mit
dem Hunderl Gassi schlurft. Rundherum ist
meist nichts los, Volksschulen in der Farbe
nasser Asche, ab und zu ein Schriftzug der
SPÖ, Schaufenster mit Klodeckel ohne jeden Pfiff, man freut sich über ein Graffiti,
ein Lebenszeichen. Vielleicht gibt es einen
Disconter, oder einen „Fressnapf“, den
Großsupermarkt für alle Bedürfnisse der
Freund_innen mit Pfoten und Federn. Die
meisten Einwohner, vor allem die Ureinwohner, wirken so, als hätten sie vor allem
vierbeinige Freunde, vielleicht eine Kobra
in der Badewanne. Der Friseursalon Helga
wird, so wie er drein schaut, bald schließen.
Vielleicht übernimmt ein Türke. Das Café
Susi, in dem Peter und Horsti in ihr Bier
monologisieren, frustet noch sein Dasein.
Beim „G‘ miatlichen Kurtl“, in dem die letzten Mohikaner_innen eine Eintretende, die
sie aus ihrer Narkose weckt, traditionell mit
den Blicken von Kettenhunden verfolgen,
sind die Scheiben erblindet, Plakate mit
Veranstaltungsbewerbungen in serbischer
Sprache sind aufgeklebt.
Dieses Wien ist nicht morbid, wie es sich
mal früher besang und vermarktete, bevor
es viel lieber jung und cool sein wollte. Dieses Wien ist tot. Ok, es ist die hässliche Jahreszeit, niemand spürt, was die Bäume, die
es in Wien so tröstlich, so gönnerhaft gibt,
was die pudelnackten, mausetoten Bäume
aushecken. Und vielleicht gibt es ja Hoffnung? Selbst wenn es dort keinen vernünftigen Wein gibt, und schon gar keinen unvernünftigen, kündigen die ersten, zwar zunehmend steril und uniform werdenden
Kebab-Pizza-Schnitzel-Lokale Leben auf
dem Planeten an.
Vielleicht gibt es ja irgendwo noch Leben
in den Buden?
Ici et ailleurs
S. 29
Gramma apo tin Ellada
Es bebt und regnet
geblökt, liegt am Boden, ohnmächtig vor
Schreck. Der Metzger
hievt sie auf einen
Stuhl, klatscht ihr mit
seiner Fleischerhand
auf beide Wangen,
steckt ihr ein Bonbon
in den Mund. Nach
dem Beben kommt
der Regen.
Zurück in unserem
Dorf, an die zwanzig
Kilometer von Lefkada entfernt, sitzen wir
in unserem Stammkafenion im Hafen, die
Einheimischen und
wir Hinzugezogenen.
Es blitzt pausenlos, es
donnert, der Regen,
eine grauweiße Wand
nimmt uns die Sicht.
„Das ist erst der Anfang“, sagt Nikos in
bedauernsbedürftigem Ton: Die Panik
Linda Graf
der Männer, denen es trotz ihrer Anstrengungen nicht gelungen ist, eine Frau für die
Im ersten Augenblick schnallt man langen Wintermonate aufzureißen! „Im
nicht, was los ist. Erliegt man einem Winter“, sagt Fischerkosta, „brauchst du
Schwindelgefühl, einer Gleichgewicht- ein Mädchen, yia kuverta, eine warme Destörung? Dann registriert man: die Erde cke. Dauernd glotzt ihr auf die Mobiltelefobebt! Das Epizentrum des Bebens ist in ne. Früher hüstelte ich drei Mal, wenn ich
Lefkada und das stärkste, das ich bis- ein Stelldichein wollte. Dann wusste das
her erlebt habe. Obwohl der Küchen- Mädchen, was Sache ist. Wollte sie das gleiboden solide und mit Steinen ausge- che, hüstelte sie ebenfalls.“ Fiona errötet.
legt, ist mir zumute, als stünde ich auf Sie ist vierundzwanzig, aus Schottland und
einer Scheibe, die wiederum auf einem Single. Der Regen hat aufgehört, es ist an
Ball jongliert.
der Zeit für unseren Spaziergang am Meer.
Was leichter gesagt ist als getan. Die Windstärke ist orkanartig. Bei jedem Schritt ist
Unter den Füßen eigenartige Bewegun- mir zumute, als trete ich gegen eine elastigen: nach oben, rechts, nach unten, nach sche Wand an. Wellen schlagen übers Felslinks, der Boden onduliert. Wie ein Seiltän- gestein am Ufer, spritzen uns nass. Und Fiozer versuche ich, das Gleichgewicht mit nas Hund, der uns stets auf unseren Spaausgestreckten Armen zu halten. Ich gehe ziergängen voraus läuft, hütet sich heute,
in die Knie: mein Herz rast. Geschirr stürzt von unserer Seite zu weichen. Bei diesem
aus dem Schrank zu Boden, die Decken- Sturm überkommt einen Dankbarkeit beim
lampen pendeln, die Katze rennt mit bu- Gedanken ans Gravitationsgesetz, trotzschigem Schwanz durchs wackelnde Haus. dem legt Fiona den Hund an die Leine.
Zwei Stunden später setzt das Nachbeben
Jetzt kommt Panos der Taxifahrer uns
ein. Ich bin mit Joan im Metzgerladen in entgegen gefahren. Die Straße liegt unter
Lefkada. Joan redet kein griechisch, möch- dem heran geschwemmten Meerwasser verte ein Schulterstück vom Hammel, und borgen, Fontänen spritzen zu beiden Seiten
kommuniziert wie so oft auf joaneske Art: des Fahrzeugs auf. Panos hält an, wir sollen
„Mäh, mäh…“, blökt sie, mit der Hand auf einsteigen und mit ihm zurück ins Dorf.
ihre Schulter klopfend. Wir lachen, der Unsere Antwort wird mit den Böen buchMetzger und ich, da setzt das nächste Be- stäblich davon gerissen, wir schüttelnd verben ein. Und Joan, die eben noch fröhlich neinend den Kopf, Fionas Haar steht wie
eine Fahne im Wind. Das tobende Naturphänomen genießend, kämpfen wir uns
weiter voran. Beim Reden fliegen uns Sandkörner zwischen die Zähne, wir geben die
schreiende Unterhaltung auf. Sandkörner
bombardieren unser Gesicht, unsere von
der Regenjacke freigelegten Hände. Am
Strand ist das Rauschen der sich überschlagenden Wellen ohrenbetäubend, auch liegt
viel angeschwemmter Müll herum: Plastikflaschen, Flipflops, Pillenpackungen, tote
Schafe. Keine Menschenseele ist zu sehen,
Meer und Wind gehören uns. Wir spielen,
stellen uns mit gespreizten Beinen und ausgestreckten Armen in Windrichtung. Wir
legen uns in den Wind, er trägt uns. Eine berauschende Erfahrung, doch von der Überdosis eingeatmeten Sauerstoffs setzen bereits leichte Kopfschmerzen ein, die trockenen Nasenhöhlen schmerzen. Der Rückweg ins Dorf ist ein durchaus erschöpfendes Unternehmen. Fiona überwintert in ihrem kleinen Segelboot im Hafen. Es hat weder Dusche noch Klo, Fiona duscht in ihrer
Stammbar. Viele bieten ihr das hauseigene
Bad an, auch dürfe sie die Waschmaschine
benutzen. Mit den Beben und Sturmböen
hat Fiona allerdings nicht gerechnet. Auch
wusste sie nicht, dass das Boot an vielen
Stellen leckt, dass ihr Bettzeug nass, und
Regenwasser beim Schlafen auf ihr Gesicht
tröpfeln würde. Doch Fiona meistert ihre
Lage mit Humor. Ihr Name, abgeleitet von
Fion, ist keltisch und bedeutet Krieger.
Wir sind ihrem Charme längst erliegen.
Sie liebt Poesie, schreibt ein Doktorat über
Vogeltarnung und ist den Sommer über eine beliebte Skipperin. Momentan stellt sie
ihr Talent fürs Zubereiten von Süßspeisen
unter Beweis. Begeisterte Menschen sind
faszinierend. Fiona googelt, ständig auf der
Suche nach neu zu erprobenden Desserts.
Ein schönes Mädchen, kurvenreich, mit roten Wangen. Man sieht ihr an, sie isst gerne.
Gestern gab es Zitronentorte, jetzt bringt
sie eine Riesenschüssel Tiramisu. Sie geizt
nicht, weder mit Zucker noch mit Kahlua.
Yiannis der Kafenionbesitzer kommt
stracks mit Tellern und Löffeln an. Dessert
queen, nennen die Griechen Fiona und geben ihr ständig Fix aus, einheimisches Bier.
Wir scharen uns um die Königin der Süßspeisen, Löffel klappern. Ti-ra-mi-su, intoniert Fischerkosta jede einzelne Silbe, genüsslich. Jetzt, im Winter, geht es ruhig zu
im Dorf. Es ist an der Zeit, in fröhlicher
Vertrautheit mit den Einheimischen zu sitzen. Geschichten werden ausgetauscht, wir
gehen aufeinander ein, jetzt werden
Freundschaften geschmiedet.
Ici et ailleurs
S. 30
Über Preußen und Deutschland (LXV)
Partner Nazi-Deutschlands (2)
Am 20. April 1908 war Bulgarien - nach
Bezahlung einer Entschädigung an die
„Hohe Pforte“ – definitiv unabhängig
geworden. Im selben Jahr hatte sich
Ferdinand I vom Haus Sachsen-Coburg-Gotha zum Zaren des Königreichs
Bulgarien erklärt.
Bulgariens Eintritt in die Außenpolitik
mit dem auf dem Balkan üblichen Feilschen und Kämpfen um Nachbargebiete
hatte mit den Balkankriegen 1912-13 begonnen, die schlussendlich keine eindeutigen Gebietsgewinne gebracht hatten. Am
14. Oktober 1915 war Bulgarien an der Seite der Mittelmächte in den Krieg gegen Serbien eingetreten. Nach der Niederlage hatte
es im Vertrag von Neuilly größere Gebiete
verloren; Ferdinand verzichtete auf den
Thron zugunsten von Boris I.
Nach weiteren Regierungswechseln mit
Perioden der Demokratie oder der uneingeschränkten Diktatur trat Bulgarien am 1.
März 1941 dem faschistischen Dreimächtepakt bei und gewährte einen Tag später den
Durchmarsch deutscher Truppen gegen
Griechenland. Es lehnte die Teilnahme am
Feldzug gegen die Sowjetunion ab, trat jedoch später dem Antikominternpakt bei.
Am 13. Dezember 1941 folgte die Kriegserklärung an Großbritannien und die USA.
Nach der sowjetischen Kriegserklärung
am 5. September 1944 versuchte Bulgarien
mit einer Kriegserklärung an Deutschland
seine aussichtslose Lage zu verbessern und
verzichtete auf seine Eroberungen in Griechenland und Makedonien. Am 28. Oktober 1944 wurde in Moskau ein Waffenstillstand mit den Alliierten unterzeichnet.
Die Unabhängigkeit Albaniens war am
28. November 1912 proklamiert worden.
Im 1. Weltkrieg wurde das Land vorübergehend besetzt und seit 1919 waren die Grenzen und der Bestand Albaniens durch Ansprüche und Übergriffe Italiens, Jugoslawiens oder Griechenlands öfter gefährdet.
1925 wurde das Land eine Republik mit
Präsident Zogu I, der drei Jahre später den
Königstitel annahm und ein autoritär-nationalistisches Regime einführte. 1926-27
wurden zwei Verträge mit Italien abgeschlossen, die das Land wirtschaftlich und
politisch an Italien banden.
Am 7. April 1939 besetzten italienische
Truppen Albanien und der italienische König Viktor Emanuel III übernahm die albanische Krone in Personalunion. Auf die Kapitulation Italiens am 8. September 1943
rückte die Wehrmacht in Albanien ein und es wurde eine
Regentschaft eingesetzt. Nach
dem Abzug der Wehrmacht
am 10. November 1944 wurde
eine von der Sowjetunion,
Großbritannien und den USA
anerkannte kommunistische
Regierung gebildet.
Am 6. April 1941 begann
der Balkanfeldzug der Wehrmacht zur Unterstützung der
Italiener bei ihrer misslungenen Eroberung Griechenlands mit der Bombardierung
Belgrads und dem Durchmarsch durch Jugoslawien.
Vier Tage später wurden die
Auflösung
Jugoslawiens
durch die Unabhängigkeitserklärung Kroatiens (99.000
km², 6,3 Millionen Einwohner) und die Aufteilung des
Restlandes unter die Anrainerstaaten vollendet. Der sich Die Komplizen Pavelic und Stepinac
bildende Widerstand hatte
zwei Zentren: die Reste der
weiterkämpfenden königstreuen Armee antikommunistische
Notverordnungen.
unter Mihailovic, und die kommunistische Der Hass auf den Kommunismus nahm z.B.
Volksbefreiungsarmee unter Tito, der sich mit dem Verbot roter weiblicher Kleidung
gegen Mihailovic dur chsetzte und 1945 ei- bei Volksfesten pathologische Formen an.
ne föderative Volksrepublik einrichtete.
Die Bewegung wurde 1932 nach einem
Der klerikal-faschistische Staat Kroatien Putschversuch aufgelöst. 1933 erfolgte die
wurde von Ante Pavelic - unterstützt vom Gründung der nationalsozialistisch beeinPrimas der kroatischen Katholiken Erzbi- flussten vaterländischen Volkspartei, die
schof Dr. Stepinac, der vom Vatikan zum keinen größeren Erfolg verbuchen konnte.
Militärvikar der Ustascha (die faschistische
Nach der finnischen Ablehnung russiBewegung Kroatiens) ernannt wurde - ge- scher Forderungen von Stützpunkten kam
führt, der ein Schreckensregime aufbaute, es am 30. November 1939 (der Weltkrieg
das mit einer Brutalität und Grausamkeit hatte vor drei Monaten begonnen) zum finohnegleichen zehntausende Serben, Juden, nisch-sowjetischen Winterkrieg, den die
Sinti und Roma bestialisch ermordete. Ab Finnen nicht gewinnen konnten. Im FrieJuni 1941 nahm ein kroatisches Regiment den von Moskau (12.3.1940) trat Finnland
am Ostfeldzug teil.
einige kleinere Gebiete an die Sowjetunion
Die Geschichte Finnlands nach seiner ab. Am 26. Juni 1941 beteiligte sich auch
Unabhängigkeitserklärung durch das finni- Finnland an dem deutschen Angriff gegen
sche Parlament am 6. Dezember 1917 war die Sowjetunion. Seine Armee drang durch
geprägt durch die erdrückende Präsenz des Ostkarelien bis zum Onegasee vor. Am 25.
großen Nachbars und die Auseinanderset- November trat Finnland dem Antikomminzungen im Land zwischen den Roten und ternpakt bei.
den Weißen, die sich zu einem Bürgerkrieg
Im Juni 1944 drohte die finnische Front
entwickelten, in dem das deutsche Hilfs- infolge einer sowjetischen Offensive zukorps „Mannerheim“ und reguläre Truppen sammenzubrechen. Am 19. September
der Reichswehr auf Seiten der Weißen fragte Marschall Mannerheim den Waffenkämpften. Der Frieden von Dorpat 1921 er- stillstand von Moskau, dessen Hauptbedinlaubte in den nächsten Jahren eine Politik gung die Abtretung der schon am 12. März
der nationalen Einheit.
1940 vereinbarten Gebiete war. Am 3. März
Seit Ende der zwanziger Jahre nahm die 1945 erfolgte die finnische Kriegserklärung
Lapua-Bewegung den Kampf gegen den an das Deutsche Reich, mit Rückwirkung
Kommunismus auf und erreichte staatliche auf den 19. September 1944.
Foto: Wikipedia
Tino Ronchail
A propos
S. 31
Hausemers Kulturreisen (83. Etappe): Portugal
Auch „Shelfies“ haben ihren Preis
In Porto gibt es eine spektakuläre
Buchhandlung, die drei Euro Eintritt
verlangt. Den Selfie-Knipsern ist das zu
teuer. Stattdessen kommen nun verstärkt Kunden auf der Jagd nach „shelfies“ – Fotos von Bücherregalen – und
Druckwerken als Souvenir.
Zugegeben, ich habe bislang keine Zeile
Harry Potter gelesen. Doch nachdem ich in
Porto gewesen bin und die dortige „Livraria
Lello & Irmão“ (Lello und Bruder) besucht
habe, könnte sich das ändern. Obwohl ...,
na ja ..., um besagte Bücherstube bewundern zu können, muss man das Werk von
Joanne K. Rowling nicht unbedingt kennen. Man braucht nicht einmal zu wissen,
dass die Britin Anfang der 1990er-Jahre eine Weile als Englischlehrerin in der Stadt
am Douro lebte und offenbar manche Stunde zwischen den Regalen, auf der Wendeltreppe, in der kleinen Bar des „Lello“ verbracht hat.
Zu den schwingenden Treppen von Hogwarts soll sie von der atemberaubenden Innenausstattung dieser einzigartigen Buchhandlung inspiriert worden sein. So wie
Portos Studenten in ihren traditionellen
schwarzen Umhängen sie, Gerüchten zufolge, auf den Gedanken brachten, ihren
britischen Helden mitsamt Gefolge in langen, dunklen Mänteln durch düstere Gassen marschieren zu lassen. – Diese Bilder
und Assoziationen verdanke ich nur der
zeitweise unumgänglichen Werbung für
Harry-Potter-Verfilmungen; von den Streifen selbst habe ich mir keinen einzigen angeschaut. Und kann damit auch nicht beurteilen, ob die gelegentlich geäußerte Behauptung, gleich mehrere Potter-Szenen
seien im „Lello“ gedreht wurden, tatsächlich stimmt.
Neulich jedoch stand ich vor besagter
„livraria“ und beobachtete Leute, die ebenfalls draußen auf dem Bürgersteig ausharrten und die neogotische Fassade des Gebäudes, vor allem aber die Schilder an der
Eingangstür knipsten, die darauf hinwiesen, dass das Fotografieren im Laden verboten sei.
Endlich ins Innere der weltberühmten
Buchhandlung vorgedrungen, offenbarte
sich eine ernüchternde Szenerie. Die regelmäßigen und durchaus lautstarken Zurechtweisungen seitens der Angestellten
hielten kaum jemanden davon ab, über besagte Treppe zu flanieren, sich durch die
schmalen Gänge zwischen den deckenho-
hen Bücherregalen zu quetschen und immer wieder anzuhalten, um die atemberaubende Kulisse zu fotografieren.
ihre Türen öffnete. 1894 erstand José Pinto
de Sousa Lello das Haus. Bereits 1881 hatte
der Ururgroßvater des heutigen Bücherkathedralen-Besitzers einen Verlag samt
Buchhandlung und Druckerei gegründet
und damit begonnen, Bücher aus dem Ausland zu importieren. Nach dem Abriss des
Die Barockdeko, die filigranen Schnitz- Vorgängerbaus wurde das schmale, neogokunstwerke, das bunte Jugendstilfenster in tische Gebäude, wie man es heute kennt,
der Decke, wo Monogramm und Motto der nach Plänen von Xavier Esteves errichtet
Buchhandlung zu entziffern sind: „Decus und am 13. Januar 1906 unter großer Anin Labore“ (Würde in der Arbeit) – all das teilnahme der kulturell interessierten Kreischien die vermeintlichen Kunden wahn- se Portos als Buchhandlung eröffnet.
sinnig zu interessieren. Nur die ausliegenErst in jüngerer Zeit begann deren weltden Bücher beachteten sie kaum. Jahrzehn- umspannende Karriere. Nachdem sie 1995
telang kamen die Besucher nur zum Schau- umfassend renoviert worden war, wählte
en, „doch irgendwann wurden es einfach The Guardian sie 2003 zur drittschönsten
zu viele“, seufzt Inhaber José Manuel Lello, Buchhandlung unseres Planeten – gleich
der sich als Buchhändler und Verleger und hinter dem in einer ehemaligen Kirche unweniger als Museumsdirektor versteht. In tergebrachten Boekhandel Selexzy Domider Hochsaison bis zu 5.000 Gaffer täglich nicanen in Maastricht und El Ateneo in
„kamen nicht aus Kaufinteresse, sondern Buenos Aires. Danach musste „Lello“ nur
aus purer Neugier. Folglich mussten wir, noch fünf weitere Jahre warten, um in Porum nicht im touristischen Massenandrang tugal auf die Liste der umfassend geschützzu ersticken, unbedingt etwas gegen den ten Denkmäler gesetzt zu werden.
Ansturm der Knipser unternehmen“.
Folglich wurde am 23.
Juli 2015 ein Gutscheinsystem eingeführt. Seither
muss jeder „Lello“-Besucher drei Euro Eintritt bezahlen. Diese werden
beim Kauf eines Buches
oder eines anderen Artikels verrechnet; zu den
Spezialitäten des Buchladens zählen seltsamerweise auch edle Parfüms
und handgefertigte Seifen. Mit dem Resultat,
dass die reine Knipsklientel draußen bleibt und
viele andere Kunden sich
durch das holzvertäfelte,
nur spärlich beleuchtete
Interieur treiben lassen,
um anschließend ein
Buch als Andenken mitzunehmen. Und der Umsatz sich seither enorm
gesteigert hat.
Die Geschichte der
„Livraria Lello & Irmão“
begann bereits 1869, als
im heutigen Gebäude auf
Nr. 144 der Rua das Carmelitas die Buchhandlung „Livraria Internatio- Fotografieren verboten! „Lello“ in Porto, eine der schönsten
nal Ernesto Chardron“ Buchhandlungen weltweit
Bücher, Seife und Parfüms
Foto: Georges Hausemer
Georges Hausemer
S. 32