la gestion des déchets

Transcription

la gestion des déchets
Magazine
Suez Environnement
Numéro 04_Février 2010
| P02 USINE DE Recyclage « Bottle to bottle » | P12 éthique et déontologie pour améliorer la performance |
| P17 SUEZ ENVIRONNEMENT et LES PAYS du Moyen-Orient | P42 Amadou HAMA Maïga |
la gestion
des déchets
recycler
et valoriser
02
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SUEZ Environnementmagazine
N°4 - février 2010
portfolio_
03
Grâce à son caractère multimodal, le site de Limay recevra, chaque année, 5 000 à 10 000 tonnes
de balles plastiques par péniche, soit l’équivalent de 300 à 600 camions.
L’usine de
Limay
promouvoir le
recyclage
est une volonté
EUROPéENNE.
l’objectif de
valorisation des
déchets ménagers
s’accroît
et La législation encourage une responsabilité
plus forte des industriels. En région parisienne,
une unité de recyclage D’un nouveau genre
pour les bouteilles plastiques et répondant
aux exigences européennes les plus strictes,
a vu le jour. Enquête.
300 000 tonnes
de PET utilisées chaque année pour la production de bouteilles en France.
reportage photos : PIERRE-EMMANUEL RASTOIN
04
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SUEZ Environnementmagazine
N°4 - février 2010
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05
01_La livraison par péniche
devrait s’effectuer à une
fréquence d’une à deux fois
tous les quinze jours.
02_Silos permettant le stockage
de la matière première.
03_Le temps estimé pour
le déchargement des matières
premières est de dix heures.
80
01
02
03
L’unité « Bottle to Bottle » de France Plastiques Recyclage, située à
Limay (Yvelines), devrait créer à terme 75 à 80 emplois.
06
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SUEZ Environnementmagazine
N°4 - février 2010
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01
01_Le tri optique est automatisé
mais il est doublé par un
contrôle visuel des opérateurs.
02_L’usine occupe une surface
de 40 000 m2.
Les balles sont extraites d’une barge fluviale arrivant du centre de tri. Chaque barge transporte 220 tonnes de plastiques, soit l’équivalent de 16 camions.
50 %
Dans le futur, les bouteilles en plastique neuves
seront composées de 25 à 50 % de matières premières recyclées.
02
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SUEZ Environnementmagazine
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01
01_ La bouteille plastique
passe par le stade de
paillettes avant d’être
valorisée en granulés r-PET.
2010
L’objectif de l’usine, à cette échéance,
est de traiter 40 000 tonnes de bouteilles plastique pour
produire 30 000 tonnes de matière recyclée.
02_Tout au long de la chaîne
de valorisation, des contrôles
qualité sont effectués...
03_ ... Jusqu’à l’obtention de
granulés adaptés à de nouvelles
applications alimentaires.
02
03
f
rance Plastiques Recyclage (FPR), créée en 2008 par
SITA France, filiale de SUEZ ENVIRONNEMENT, et
le Groupe PAPREC, leader indépendant du recyclage,
a inauguré, le 23 juin dernier, sa première unité de
recyclage de bouteilles PET (polyéthylène téréphtalate) à Limay. Cet investissement de 40 millions
d’euros s’inscrit pleinement dans les résolutions du Grenelle de
l’Environnement. Cette nouvelle filière est d’ailleurs une illustration concrète du concept d’économie circulaire, et le site est
optimisé pour une gestion durable et responsable des bouteilles
en plastique.
L’usine permet de produire, au moyen d’un procédé de traitement et de purification, des granulés de PET recyclés (r-PET),
issus des bouteilles plastique collectées auprès des particuliers. Petite révolution, ces r-PET ont les mêmes propriétés que
la matière première vierge et sont conformes aux exigences
sanitaires les plus strictes. En effet, l’Afssa (Agence française
Sécurité sanitaire des Aliments) a autorisé leur réemploi dans
la fabrication de nouvelles bouteilles, et plus généralement pour
le contact alimentaire. Ainsi les bouteilles en plastique neuves
pourront être, à l’avenir, composées de 25 à 50 % de matière
première recyclée, ce qui explique le nom donné au procédé :
« bottle to bottle ».
Cet investissement répond à une demande croissante des
minéraliers, qui doivent réduire leur empreinte industrielle sur
l’environnement et prouver que leurs eaux en bouteille sont des
produits écologiquement responsables et les emballages écoconçus. évian Volvic Sources est devenu le premier client de FPR
(le contrat portant sur une production proche de 35 % de la capacité de l’usine), concrétisant ainsi ses objectifs environnementaux
ambitieux : intégrer progressivement jusqu’à 50 % de r-PET dans
ses bouteilles dès 2010 et atteindre la neutralité carbone sur la
marque évian en 2011.
Cette unité pionnière a également bénéficié de la volonté
du SICTOM de l’agglomération parisienne* de développer une
filière de recyclage en Île-de-France (les bouteilles valorisées à
Limay proviennent des collectes sélectives du Grand Ouest et de
l’Île-de-France) et de l’impulsion positive du Port autonome de
Paris puisqu’elle est située en son enceinte. Ainsi le site multimodal combine transports ferré, routier et fluvial – tant pour les
matières entrantes que sortantes – et minimise de fait sa propre
empreinte environnementale.
Compte tenu des objectifs ambitieux des clients, le marché
est prometteur. Alors que la régénération de bouteilles trouvait
principalement des applications dans la production de fibres
synthétiques, son élargissement au contact alimentaire représente un potentiel estimé, par les industriels, à 750 000 tonnes
en Europe.
* Le syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères
de l’agglomération parisienne regroupe 84 communes.
09
_sommaire
02 PORTFOLIO
L’usine de Limay
Présentation de l’usine
de Limay, pionnière du
recyclage des bouteilles
plastique.
32
© mark power/magnum
12 ENJEUX
« Le secteur des
déchets est en pleine
mutation. »
édito_
N°4 - février 2010
éthique et déontologie,
valeurs fondamentales et
facteurs de performance
Décryptage des enjeux pour
une bonne collaboration.
16 ­TALENTS
Portrait de Edmund
De Veaux, vice-président
de United Water
en charge des relations
publiques, états-Unis
Rencontre avec
un homme engagé.
17 continents
31 TALENTS
Portrait de Stefan
Zahn, superviseur au
Département bâtiment
de Sita Suède
Aider les entreprises
à gérer leurs déchets.
32 dossier Recycler, traiter,
valoriser : les nouveaux
enjeux de la gestion
des déchets
Comment traiter et
valoriser les déchets, en
accord avec les normes
environnementales.
40 INNOVATIONS
egrés Bleus : une
D
nouvelle source de chaleur
Récupérer la chaleur
des eaux usées.
etour sur l’actualité
R
de SUEZ ENVIRONNEMENT
1
7 Dans les pays
du Moyen-Orient
24 À travers le monde
41 repères
27 iNNOVATIONS
Amadou Hama Maïga :
Mobilisation pour un accès
à l’eau au Burkina Faso
et au Mali.
Citybiose :
un éco-calculateur
Calculer sa performance
environnementale pour
orienter ses investissements.
28 LE témoin
Benoît Petitprez :
gestion des déchets
et amélioration
de la performance
Gestion des déchets
et recyclage dans la région
de Rambouillet.
Livres, films, manifestations :
l’actualité verte.
42 vu par
Magazine
Suez Environnement
est une publication
de Suez Environnement.
1, rue d’Astorg,
75379 Paris CEDEX 08 - France.
Directeur de la publication :
Jean-Louis Chaussade.
DirecteurS de la rédaction :
Frédérique Raoult
& Nathalie Parinaud-Gouédard.
Rédacteurs en chef :
Anne-Christine Béon & Gérald Bonnard
Téléphone : 01 58 18 51 57
Fax : 01 58 18 51 68.
numéro issn : en cours.
COUVERTURE : Site de Limay,
France Plastique Recyclage.
Photo : Pierre-Emmanuel Rastoin.
Conception :
55, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.
Téléphone : 01 53 32 55 88.
Rédaction : Nelly Buffon,
Alain Chauveau, Patrick Coupechoux,
Frédéric Marcou, Cécile Perrin,
Matthieu Perrotin, Fabiola Sustendal.
Rédacteur EN CHEF DÉLÉGUÉ :
Laure Lapert.
Rédacteur EN CHEF DÉLÉGUÉ
ADJOINT : Ophélie Fautrel.
Ont participé à ce numéro :
Laurent Berthier, Catherine Chevauché,
Anne Couderc, Anne-Sophie Depoux,
Jean-Claude Dessienne, Olivier Grimm,
Rich Henning, Adrien Henry, Kara Kennedy,
Mathieu de Kervenoael, Muriel Leroy,
Khadija Mouhaddab, Anne-Laure Paté,
Deb Rizzi, Ann Wulf.
Traduction : Pro-fusion.
Chef de fabrication :
Yann Vaternelle.
Tirage : 23 000 exemplaires.
IMPRIMEUR : Desbouis Grésil Imprimeur
91230 Montgeron
Téléphone : 01 69 83 44 66.
Jean-louis Chaussade /
Directeur Général
de suez environnement
“nous avons
toujours privilégié
une approche
partenariale avec des
entreprises
locales
bien
implantées”
11
— J’ai souhaité évoquer dans ce numéro la question de la gestion
des déchets. C’est une activité qui est au cœur de la nouvelle
économie et au cœur de la vie de chacun, mais c’est aussi une
activité méconnue, dont on ne perçoit pas toujours le dynamisme,
la formidable diversité des métiers et le savoir-faire des femmes
et des hommes qui y travaillent.
Aujourd’hui, nous souhaitons aller au-delà de notre expertise
métiers : trouver et développer des solutions capables de réduire
notre impact environnemental et aider nos clients à réduire le leur.
Dans ce numéro, nous faisons aussi le point sur notre activité
au Moyen-Orient. Les pays de la région du golfe Persique ont connu
une croissance économique sans précédent ces dix dernières
années. Ils doivent de ce fait répondre à de nombreux défis, comme
celui de la croissance démographique avec des villes, telle Doha,
qui ont doublé de taille en dix ans. Ces mégapoles, qui s’étendent
parfois jusqu’aux portes du désert, obligent à concevoir les services
essentiels de manière différente, en particulier l’accès à l’eau.
Parce que nous apportons des services publics de proximité
et parce que chaque pays a une histoire et une culture qui
le rendent unique, nous avons toujours privilégié une approche
partenariale avec des entreprises locales bien implantées.
C’est ce que nous faisons dans la région depuis près de 60 ans,
en accompagnant le développement d’un nombre croissant
de pays, notamment en matière de gestion des services d’eau
et de propreté, mais également au travers de solutions innovantes
de gestion de la ressource, comme le dessalement d’eau de mer
ou la réutilisation des eaux usées.
Ce document est imprimé
sur papier PEFC. 10-31-1444
Je profite également de ce premier numéro de 2010
pour vous présenter, à toutes et à tous, mes meilleurs vœux
pour cette nouvelle année.
Imprimé sur du papier provenant
de forêts gérées durablement,
par un imprimeur certifié Imprim’Vert.
Bonne lecture.
Pour nous faire part de vos remarques,
écrivez-nous : [email protected]
Vous pouvez nous retrouver sur :
w Web : www.suez-environnement.fr
w Blog : www.waterblog.suez-environnement.com/fr/
w Twitter : http://twitter.com/suezenv
w YouTube : http://www.youtube.com/user/SUEZenvironnement
© GOVIN SOREL­­­
10
12
_enjeux
ENJEUX_
SUEZ Environnementmagazine
éthique et
déontologie
facteurs de performance globale
de l’entreprisE
On les appelle « ethics officers » dans le monde anglo-saxon et déontologues
en France... Ce sont des personnes plutôt discrètes car elles traitent de sujets
souvent confidentiels : corruption, fraude, harcèlement, espionnage industriel, etc.
Mais leur rôle est primordial car si l’éthique touche aux valeurs fondamentales d’un
groupe, elle est aussi un facteur important de compétitivité. Entretien.
Secrétaire générale et déontologue DE SUEZ ENVIRONNEMENT
Quels sont les domaines couverts par l’éthique
et la déontologie dans l’entreprise ?
On a souvent tendance à réduire l’éthique et la déontologie aux
problèmes de corruption, mais elles couvrent bien d’autres champs :
problèmes de harcèlement, du travail des enfants et d’éthique
personnelle, de la lutte contre la fraude comptable et les malversations financières. Elles peuvent concerner par ailleurs l’ensemble
des parties prenantes de l’entreprise, avec des sujets aussi divers que,
par exemple, l’espionnage industriel par les concurrents, ou encore
l’application des règles de droit social pour les fournisseurs ou au
sein même de l’entreprise.
Pourquoi ce sujet est-il primordial pour l’entreprise ?
Avec son entrée en Bourse en 2008, SUEZ ENVIRONNEMENT
bénéficie d’une visibilité accrue, et ses responsabilités vis-à-vis de
ses parties prenantes, notamment en matière de gouvernance,
sont importantes. L’éthique est essentielle dans les contrats dans
lesquels nous intervenons, elle est la base de toute collaboration
“Suez Environnement
A FAIT DE l’éthique
un axe majeur
réussie, avec les fournisseurs comme avec les clients. Suez
Environnement a fait de l’éthique un axe majeur d’amélioration de sa performance globale.
Quels sont les grands piliers de la politique éthique ?
D’AMÉLIORATION
DE SA
PERFORMANCE
GLOBALE”
SUEZ avait depuis longtemps mis en place des initiatives dans le
domaine de l’éthique. Et il nous a paru logique de nous inspirer
des principes établis par GDF SUEZ pour formaliser nos objectifs,
tout en prenant en compte les problématiques propres à l’entreprise.
Notre politique repose sur trois piliers : une gouvernance constituée
du Comité d’éthique et développement durable et du réseau des
déontologues ; une charte et des procédures ; des instruments de
reporting ou d’alerte.
Quels sont les points principaux de la Charte d’éthique
de Suez Environnement ?
C’est un document d’une dizaine de pages qui reprend les grands
principes et l’organisation du Groupe en matière d’éthique qui a été
approuvé et endossé par le Comité de Direction et le Comité éxécutif. Notre Charte est fondée sur quatre principes fondamentaux
qui guident nos comportements : agir en conformité avec les lois
et les réglementations, ancrer une culture d’intégrité, faire preuve
de loyauté et d’honnêteté, respecter les autres. Ces quatre principes
w
© Rafaël Trapet­­­
Marie-Ange Debon /
11
14
_enjeux
SUEZ Environnementmagazine
15
Quelles peuvent être les conséquences de la corruption
pour une entreprise internationale de premier plan comme
SUEZ ENVIRONNEMENT ?
fondamentaux s’appliquent concrètement aux trois
cercles au sein desquels notre entreprise exerce ses activités : le
Groupe lui-même (collaborateurs, actionnaires, filiales), le marché
(clients, fournisseurs, concurrents), enfin le cercle de l’environnement qui nous entoure dans les pays où nous sommes présents.
w
Elles peuvent être dévastatrices sur le plan de l’image et de la
réputation, notamment auprès des clients, des salariés ou encore
des jeunes diplômés qui souhaiteraient rejoindre le Groupe. Au
niveau financier aussi, l’entreprise encourt des amendes et des
interdictions d’accès à des marchés publics. Enfin, cela peut avoir
des conséquences pour les individus, impliqués dans ces affaires,
aux niveaux pénal, financier et professionnel (interdiction d’exercice
par exemple).
Nous avons rejoint le Water Integrity Network (WIN), qui vise
à stimuler les initiatives anti-corruption dans le secteur de l’eau au
niveau mondial, et nous avons adhéré au Global Compact (Pacte
mondial) de l’ONU. Nous refusons par ailleurs de travailler dans
certains pays où nous estimons que le risque est trop important.
Ces pays ne sont pas forcément les moins bien positionnés dans le
classement sur la corruption de Tranparency International. C’est
un peu plus compliqué que cela… Pour mieux comprendre, il faut
regarder les pays où nous ne sommes pas implantés. Nous sommes
très sélectifs sur les zones d’exposition forte où il est très difficile de
gérer des contrats.
Comment est-elle diffusée aux collaborateurs ?
Son déploiement passe obligatoirement par l’implication du
management, et nous avons défini les modalités pratiques pour la
présenter à l’ensemble des collaborateurs : support papier, électronique, nombre de langues de traduction…
La Charte est complétée par des documents plus techniques,
plus concrets, plus proches du terrain, sur des thèmes relatifs aux
principes à respecter en matière de concurrence ou sur les nouvelles procédures de choix des prestataires de services... Elle est
également accompagnée d’un guide explicitant la conduite à tenir
dans certains cas concrets : quelles sont les pratiques « loyales » ?
Par exemple, dans le cadre d’un appel d’offres, comment traiter le
recueil d’information sur la concurrence ? Des formations pourront également être mises en œuvre. La stakeholder session, qui
s’est tenue en octobre dernier à Paris, a réuni nos parties prenantes
(ONG, élus, spécialistes…) pour leur soumettre les principes de la
nouvelle charte et recueillir leurs avis, leurs attentes, notamment sur
la manière dont ils nous perçoivent en matière d’éthique.
En revanche, en quoi, une politique d’éthique peut-elle être
un facteur de performance globale de l’entreprise ?
Quel est le rôle du réseau de déontologues
et comment ce réseau est-il constitué ?
Si vous regardez le parcours des entreprises qui réussissent
dans la durée, elles ont en commun d’avoir une culture et des
valeurs fortes entraînant une fierté d’appartenance. Chez Suez
Environnement, les collaborateurs sont fiers de leur
métier, de leurs valeurs et de leur éthique. Cela est important dans
les moments de croissance forte et de dynamisme commercial,
mais aussi dans les périodes difficiles de crise économique ou de
difficulté passagère.
Le réseau se compose de 25 à 30 déontologues dans nos différentes
filiales et entités juridiques. Le profil du déontologue varie. Sa personnalité compte autant que sa fonction : il peut donc être directeur
juridique, DRH, patron opérationnel ou encore directeur du développement durable. Son rôle est d’animer la politique éthique du
groupe : transmettre le référentiel, les principes, assurer la formation
des managers. Mais aussi de traiter les cas portés à sa connaissance
et d’assurer le reporting vis-à-vis de la direction. En fait, il est un
correspondant-clé au sein des entités du Groupe.
© Rafaël Trapet­­­
“Chez Suez Environnement,
les collaborateurs
sont fiers de leur métier, de leurs
valeurs et de leur éthique”
également une campagne de
sensibilisation interne utilisant
des posters, brochures et
cartes électroniques.
En quoi consiste votre
fonction de déontologue ?
En tant que déontologue,
je participe aux réunions
du Conseil d’administration,
où je rends compte des activités
liées à l’éthique. De plus,
je conduis souvent des
3 questions à
discussions sur des sujets
robert gerber,déontologue
concernant l’éthique, lors de
la réunion mensuelle des
united water (éTATS-UNIS)
managers exécutifs de United
Water. Mon objectif principal
Avez-vous mis en place un
Comment mettez-vous
programme de formation pour est de m’assurer que nos
en pratique la politique
les collaborateurs sur la Charte collaborateurs comprennent
éthique du Groupe chez
bien qu’ils sont responsables
d’éthique et les procédures
United Water ?
de leur conduite et qu’ils ne
du Groupe ?
Le Conseil d’administration
doivent pas tolérer des actes
Nous avons utilisé les outils
a créé le Comité d’éthique,
de formation de e-learning mis contraires à l’éthique. Ils sont
composé de managers
d’ailleurs encouragés à
à disposition par le Groupe.
seniors. Ce comité a pour
signaler les manquements
En avril 2009, le module online
mission de mettre en place et
à cette règle via un numéro
« Éthique et valeurs : la prise
de superviser le Programme
de téléphone gratuit.
de décision éthique » a connu
éthique conforme à la Charte
un taux de participation de 74 %.
d’éthique du Groupe. En tant
En 2010, nous présentons
que directeur juridique, je suis
l’éthique dans le module
membre de ce comité avec le
d’intégration des nouveaux
DRH et le directeur de l’audit
collaborateurs. Nous lançons
interne.
Pour en savoir plus :
w www.suez-environnement.fr > Profil> Éthique
Quel est le rôle du Comité d’éthique et développement durable ?
Suez Environnement est l’un des rares groupes cotés
qui, en plus des organes de gouvernance classiques – Comité
d’audit, Comité des nominations et des rémunérations, Comité
stratégique –, s’est doté, depuis juillet dernier d’un Comité d’éthique et développement durable. Il est actuellement présidé par
Guillaume Pépy, président de la SNCF et administrateur indépendant de Suez Environnement. Ce Comité a pour rôle
d’impulser des actions sur ces deux thèmes, de donner des orientations, éventuellement de traiter des questions d’éthique. Il s’est déjà
réuni à plusieurs reprises et a, en particulier, regardé attentivement
les principales orientations de la Charte d’éthique.
ENJEUX_
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16
_Talents
SUEZ Environnement ­­­­magazine
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continentS_
17
Moyen-Orient
« Vous êtes l’avenir de cette entreprise ! » C’est
sans doute à cause de cette petite phrase qu’Edmund De Veaux
est revenu en 2007 chez United Water, après une première
expérience de 1995 à 2001. Une phrase prononcée en 1995 par
Joseph Simunovich, l’actuel vice-président du Conseil. Preuve
que le talent de celui qui allait devenir en 2008 vice-président en
charge des relations publiques avait été remarqué. Il faut dire
que le parcours d’Edmund De Veaux a quelque chose d’exemplaire. Il a d’abord travaillé pour le gouvernement de l’état du
New Jersey. Puis, durant sept ans, en tant que collaborateur
de United Water, il a fait le lien entre le gouvernement local et
l’entreprise.
Si, après une parenthèse de quelques années, il est revenu
en 2007, c’est « parce que United Water est une entreprise
progressiste. Aujourd’hui, je joue un rôle de lobbyiste auprès
des parties prenantes de l’entreprise, tant aux niveaux local
que fédéral sur des sujets de réglementation et de législation.
Par exemple, si une des parties prenantes ou un officiel du
gouvernement ne comprend pas un de nos nouveaux projets,
je les rencontre pour leur expliquer notre stratégie dans le détail. La politique publique de United Water permet ainsi de créer
une situation gagnant-gagnant avec les consommateurs ».
Mais si Edmund De Veaux se sent attaché à United Water,
c’est en particulier pour sa politique de développement durable,
forte notamment sur le plan social. En 2009, l’équipe dirigeante
s’est en effet engagée en signant une charte de la diversité.
Le but est d’aider United Water à se positionner comme une
entreprise de référence dans l’industrie de l’eau reconnue pour
son engagement en matière de diversité et d’intégration.
Un point essentiel pour Edmund De Veaux, qui s'est personnellement investi dans diverses organisations qui défendent l’environnement ou encore l’égalité pour tous en matière
d’éducation et de santé. « Un jour, ma fille a remarqué : "Dis
donc papa, tu aides beaucoup de gens". C’est vrai, et il est
important pour moi de partager mes convictions personnelles
avec l’entreprise pour laquelle je travaille. » C’est pourquoi
il aime partager son enthousiasme avec les enfants issus
des minorités en leur répétant : « Il n’y a rien que vous ne
puissiez faire. »
— Au Moyen-Orient, le développement économique et la forte
croissance démographique augmentent considérablement
la demande en eau. Or la région manque d’eau douce :
les ressources, inférieures à 2 000 m³ par habitant et par an,
devraient tomber à moins de 500 m³ d’ici à 2050. Afin de faire
face aux défis du développement durable, le Moyen-Orient se
tourne aujourd’hui vers les ressources alternatives que sont
le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées.
SUEZ ENVIRONNEMENT, en tant qu’acteur majeur du secteur
de l’eau, est un partenaire essentiel dans la région.
En 2008, le chiffre d’affaires du Groupe au Moyen-Orient,
notamment à travers ses filiales Safege, Degrémont et Trashco,
était de 170 millions d’euros.
Pour en savoir plus :
w www.unitedwater.com
Edmund De Veaux / Vice-président de United Water en charge
des Relations Publiques, États-Unis
© CORBIS
© DR
“Il est important pour moi de partager
mes convictions personnelles avec l’entreprise
pour laquelle je travaille”
_continents
Moyen-orient
SUEZ Environnement ­­­­magazine
85 %
de m3 par an, c'est la capacité
de production d'eau traitée par
l'usine d'As Samra.
continentS_
19
1 980 mg/l
C’est le taux de salinité de l’eau brute
traitée par l’usine de Wadi Ma’in.
L’eau distribuée à sa sortie affiche un
taux de salinité de seulement 150 mg/l,
très inférieur au seuil de 250 mg/l
recommandé par l’OMS.
de réduction d’émissions de méthane
et de CO2 par rapport au lagunage
grâce au système de désodorisation
et de traitement de la pollution de l’air
d’As Samra.
100 M
Moyen-orient
N°4 - Février 2010
325 km
de pipelines et 55 puits de 600 mètres
permettront d’acheminer l’eau
de Disi, dans le désert, vers Amman
d’ici à 2014.
01_De 1999 à 2008, la population
d’Amman, la capitale jordanienne,
est passée de 1,8 million à environ
2,5 millions d’habitants.
01
— La Jordanie est un cas typique du Moyen-Orient, en
rassemblant l’ensemble des problématiques liées à l’eau.
Située dans l’une des zones les plus arides de la planète avec
ses 2,5 millions d’habitants, Amman, la capitale du royaume,
est confrontée à une grave pénurie d’eau douce.
L’eau en Jordanie est un enjeu primordial pour répondre à la
croissance démographique, économique, mais aussi en termes
géostratégiques pour l’équilibre et la paix dans la région. Acteur
mondial dans les métiers de l’eau, SUEZ ENVIRONNEMENT
est présent en Jordanie depuis 1999, notamment au travers
d'un contrat de management pour la gestion de la distribution
d’eau du Grand Amman. Le Groupe a également réalisé la station
d’épuration d’As Samra et l’usine de dessalement de Wadi Ma’In.
La Jordanie lance aujourd’hui de nouveaux projets, comme
celui de Disi Amman, qui prévoit l’extraction de 100 millions
de mètres cubes d’eau dans le désert, et le projet dit « de la Paix »,
qui devrait relier la mer Rouge à la mer Morte.
01
Amman
la plus grande usine
d’épuration au
Moyen-orient
Inaugurée en 2008, l’usine d’As Samra, d’une
capacité de 267 000 m3 par jour, traite les eaux
usées des 2,5 millions d’habitants du Grand
Amman et affiche une autonomie énergétique de
95 % ! Le contrat de 105 millions d’euros sur 22 ans
revient à la Samra Plant Company (SPC), créée par
SUEZ ENVIRONNEMENT, Infilco Degrémont Inc.
et the Morganti Group Inc.
à l’horizon 2025, l’usine d'As Samra sera dotée
d’une extension qui permettra de traiter les eaux
usées de 3,3 millions d’habitants, soit une capacité
de 420 000 m3 par jour.
AMMAN
c
UP
+12,2 %
c’est la croissance
estimée du marché
de l’eau en Jordanie
entre 2007 et 2016,
correspondant à une
augmentation annuelle
de 104 à 330 millions
d’euros, selon Global
Water Intelligence.
Down
,
© W.Lyons/Abacapress
02
02_L’usine d'As Samra est
la première station d'épuration
de la région à être quasiment
autonome en énergie.
© Yann Arthus-Bertrand/CORBIS
jordanie /
© DR
18
La pénurie d’eau s’aggrave
d’année en année, passant
de 224 m3 par personne
et par an en 1990 à 145 m3
en 2009.
Disi, un projet vital pour Amman
— Lancé en 2008, un vaste projet de près
d’un milliard de dollars (620 millions d’euros)
consiste à extraire et à transporter 100 millions
de mètres cubes d’eau depuis l’aquifère de Disi,
situé en plein désert, jusqu’à Amman, à 325 km.
SUEZ ENVIRONNEMENT et ses partenaires prévoient
son achèvement en 2014.
AMMAN
un verre d’eau sur deux vient
de l’usine de Wadi Ma’In
En 2006, Degrémont a livré l’usine de dessalement de Wadi Ma’In d’une capacité de 128 000 m3 par jour. L’eau brute utilisée pour la production d’eau potable
provient de trois sources principales, uniques ressources disponibles dans la
région : Wadi Zarqa Ma’In, Zara Springs et Wadi Mujib. Leur taux de salinité atteint
1 980 mg/l. Grâce au procédé d’osmose inverse avec filtration membranaire
qui retient plus de 99 % du sel, l’usine assure à Amman près de la moitié de sa
production en eau potable.
Mais l’une des problématiques du dessalement est son taux de rendement,
assez faible. Or, dans la région, il est primordial d’optimiser des ressources rares.
Ainsi Degrémont, sur cette usine, a réussi à augmenter le ratio pour arriver à
89 % de taux de conversion. Ce rendement extrêmement important augmente
d’autant le volume d’eau distribué à la capitale jordanienne.
MOT-CLÉ
STRESS HYDRIQUE
En dessous de 1 700 m3
par personne et par an,
une région est considérée
en situation de stress
hydrique. Elle est en
situation de pénurie d’eau
lorsque ses ressources
en eau tombent sous
le seuil de 1 000 m3
par personne et par an.
Selon le ministère de
l’Eau et de l’Irrigation
de Jordanie, en 2009
la ressource en eau du
pays, est de 145 m3 par
an et par personne.
La problématique de
l’eau est un enjeu majeur
pour le pays qui met
en place des solutions
innovantes pour assurer,
à 97 % de la population
jordanienne, un accès
direct à l’eau courante.
20
_continents
Moyen-orient
SUEZ Environnement ­­­­magazine
N°4 - Février 2010
Moyen-orient
continentS_
101 %
JEDDAH EN CHIFFRES
5 513 km
C’est la croissance estimée du secteur
du dessalement entre 2005 et 2015,
qui devrait passer d’une capacité
de 30 millions à 62 millions de mètres
cubes par jour.
de canalisations d’eau potable
et 1 400 km de réseaux d'assainissement
1 400
170 000
59 %
employés locaux formés
foyers connectés aux réseaux
MOYEN-ORIENT /
01_Le Moyen-Orient concentre
5 % de la population mondiale,
mais ne bénéficie que de 1 % des
ressources en eau.
Bahreïn
Qatar
Al Dur 1, la plus grande unité
de dessalement par osmose
inverse du Moyen-Orient
— En août 2008, GDF SUEZ Energy
International, associé à Degrémont,
a remporté le contrat de construction,
de propriété et d’exploitation de l’unité
de production d’électricité et de
dessalement d’eau de mer Al Dur 1,
au royaume de Bahreïn. Dotée d’une
capacité de 218 000 mètres cubes d’eau
par jour, l’usine fournira de l’eau potable
aux 273 000 habitants de la zone de
Manama,la capitale du royaume. Cette
nouvelle installation au gaz naturel
produira en outre 1 234 MW d’électricité.
Al Dur 1 devrait être achevée en 2011.
Ce contrat représente un montant de
226 millions de dollars.
c
UP
Il est prévu que Degrémont
commence début 2010
l'exploitation de la station
d'épuration de Doha
West au Qatar pour une
période de dix ans. Cette
installation pourra traiter
135 000 m3 par jour.
Elle est constituée d'un
traitement biologique
conventionnel suivi d'un
traitement tertiaire
permettant de garantir
une très bonne qualité de
l'eau traitée en alliant une
filtration sur sable à un
traitement d'ultrafiltration
membranaire. L'eau
traitée produite est ensuite
utilisée par la municipalité
pour l'irrigation des
espaces verts ainsi que
celle des zones agricoles.
Réutiliser les eaux
usées de Lusail,
la ville nouvelle
Degrémont va traiter et recycler les
eaux usées de la ville nouvelle de
Lusail. Ce vaste projet immobilier résidentiel et commercial de 35 km2 est situé
en front de mer.
Degrémont a conçu, construit et
exploitera pendant dix ans la station
d’épuration pour un contrat de 188 millions de dollars. équipée du premier
réacteur biologique membranaire
dans le Golfe, l’usine traitera 60 000 m3
d’eaux usées par jour, pour une population d'environ 200 000 habitants. Les
eaux recyclées permettront notamment
la végétalisation de parcelles désertiques. Par ailleurs, ce contrat comporte
l'installation d'un réseau de collecte de
plus de 10 km afin d'acheminer les eaux
usées de la ville nouvelle vers la station
d'épuration.
02
/ MOYEN-ORIENT
02_Les stations compactes
de traitement de l’eau du Grand
Bagdad, en Irak, fournissent
l’équivalent journalier de la
consommation de 400 000 habitants.
IRAK
19 stations
compactes d’eau
potable installées
PAR DEGRéMONT
à bagdad
En 2009, Degrémont Technologies a fourni
19 stations de traitement d’eau potable pour
le Grand Bagdad, dans le cadre d'un contrat
d’un montant de 20 millions d’euros. Ces UCD®
(Unités Compactes Degrémont) de 200 m3 par
heure présentent une capacité de production
totale de 91 200 m3 par jour, soit l’équivalent de
la consommation de 400 000 habitants.
En parallèle, Degrémont a signé en
décembre 2008 un contrat de 150 millions
d’euros pour la conception, l’achat des équipements et la formation des équipes d'exploitation de l’usine de Al Rusafa, qui devrait fournir
chaque jour 910 000 m³ d’eau potable.
© DR
© DR
© dr
de la capacité nouvellement installée
sera de l’osmose inverse.
01
21
arabie saoudite
JEDDAH modernise sa gestion de l’eau
— à Jeddah, sur les bords de la mer Rouge, 98 % de l’eau consommée provient
d’usines de dessalement d'eau de mer. Il faut donc préserver la ressource et éviter
les gaspillages pour assurer un approvisionnement en eau satisfaisant pour
les 3,5 millions d’habitants.
C’est dans ce contexte que SUEZ ENVIRONNEMENT et ACWA Power Development,
son partenaire local, ont signé en mai 2008 un contrat de management des
services d’eau et d’assainissement de la ville. Ce contrat, premier du genre au
Moyen-Orient, s’élève à 61 millions de dollars (38 millions d’euros) sur sept ans.
Après un an, les résultats sont déjà là : deux fois plus de fuites réparées,
un nouveau centre d’appel et 98 % de clients satisfaits après le pic d’activité
du ramadan 2009. Un beau succès quand on sait que Jeddah est la porte
d’entrée de La Mecque qui attire chaque année plus de 3 millions de pèlerins !
arabie saoudite
Premier ramadan sans pénurie d'eau !
Jeddah consomme traditionnellement plus d’eau lors du ramadan. Jusqu’à présent, il était
nécessaire de passer commande dans un centre de distribution pour être livré à domicile
par camion-citerne. Pendant le mois de jeûne, l’attente pouvait durer toute la nuit.
Dorénavant, les commandes (+ 312 % par rapport à 2008) peuvent être passées auprès
d'un centre d'appels qui fonctionne 24h/24 et 7j/7. Le paiement peut être différé, les fuites
sont réparées plus vite et les tournées de camion-citerne sont optimisées pour réduire
le délai d’attente (environ 3 heures). La prise en charge des demandes à distance a entraîné
une baisse de la fréquentation des agences de 80 %. Cette modernisation de la gestion
permet aux habitants d'envisager le ramadan avec plus de sérénité !
22
_continents
Moyen-orient
SUEZ Environnement ­­­­magazine
Moyen-orient
N°4 - Février 2010
15 ans
14 000 MW
C’est la capacité de production
d’électricité de GDF SUEZ dans la région.
400 000 m par jour, c’est le volume d’eau
recyclée et réutilisée géré par GDF SUEZ
dans la région.
prospection de GNL
— GDF SUEZ vient d’acquérir une
participation de 60 % sur le Bloc 4,
une zone offshore de 3 132 km2
au large du Qatar. Cette acquisition
s’inscrit dans la stratégie de croissance
des réserves du Groupe. Premier pays
exportateur de GNL au monde,
le Qatar dispose d’importantes
réserves d’hydrocarbures.
2,5 M
01_Al Ezzel au Bahreïn assure une
production électrique de 966 MW.
© dr
© dr
de m³ par jour : c’est la capacité
de dessalement de GDF SUEZ
dans la région.
01
02
GDF SUEZ au Moyen-Orient /
Dirk Beeuwsaert /
Directeur Général Adjoint de GDF SUEZ
en charge de la branche Energie Europe
& International
© s. DE BOURGIES/Abacapress
« Comme les hommes, l’industrie
a besoin d’eau pour vivre et d’énergie
pour fonctionner. Cette
complémentarité des métiers
de l’énergie et de l’environnement est
particulièrement marquée dans les pays
du Moyen-Orient, où la construction
d’une centrale de production d’électricité
est très souvent couplée à une usine
de dessalement d’eau de mer. C’est là
aussi que se trouve la valeur ajoutée
de notre Groupe : être capable de faire
d’une pierre deux coups ! »
Arabie Saoudite
électricité/
dessalement :
lancement du plus
grand projet combiné
GDF SUEZ a lancé l’exploitation commerciale
des premières unités de production d’électricité
et de dessalement d’eau de l’IWPP (Independent
Water and Power Project) de Marafiq.
L’installation offrira une capacité de production d’électricité de 2 750 MW et permettra
le dessalement de 800 000 m³ d’eau de mer par
jour, devenant ainsi la plus grande unité de ce
type au monde.
Le rendement exceptionnellement élevé
de la production d’eau permettra de couvrir les
besoins quotidiens de 5,5 millions de personnes ; tandis que la capacité électrique de la centrale représente environ 10 % de la puissance
installée actuelle du pays, laquelle s’élève à
29 000 MW. Cette puissance devrait d’ailleurs
être portée à 60 000 MW à l’horizon 2020 pour
permettre de répondre à la croissance rapide
de la demande en énergie du Royaume.
Le projet Marafiq, dont l’investissement total
est de 3,4 milliards de dollars, sera entièrement
opérationnel courant 2010.
23
Qatar
C’est la présence de GDF SUEZ dans
la région du Golfe.
3
continentS_
02_La centrale électrique de Sohar,
Oman, permet la production de
586 MW. Elle est couplée à une
unité de dessalement d’eau de mer
de 6 250 m3/h.
GDF Suez au moyen-orient
jordanie
Services à l'énergie :
une étude de
site pour la
construction
de la première
centrale nucléaire
de Jordanie
La Commission jordanienne de l'énergie atomique a attribué à Tractebel
Engineering, filiale de GDF SUEZ, un
contrat de $12 millions pour procéder à
une étude de site de 24 mois. Cette étude
devrait couvrir de nombreux aspects
comme la santé publique et la sécurité,
la stabilité géologique ou encore l'impact
environnemental.
c
Une présence forte et diversifiée
UP
GDF SUEZ a récupéré
sa première cargaison
de gaz naturel liquéfié
(GNL) en provenance
de l’usine de liquéfaction
Yémen LNG, située
à Balhaf, sur la côte
est du Yémen.
Cette livraison fait suite
à l’accord entre GDF
SUEZ et Yémen LNG pour
l’achat, pendant 20 ans,
de 2,55 millions de tonnes
de GNL par an. Grâce à
sa position géographique
à l’Est du Canal de Suez,
cette nouvelle source
de GNL permettra à
GDF SUEZ de desservir
les marchés américains,
européens et la région
Asie-Pacifique.
Bagdad
IRAK
Amman
Ras Laffan
JORDANIE
QATAR
Marafiq
Golfe Persique
Abou Dhabi
Al Hidd / Al Ezzel
Al Dur
Jumeirah
Shuweihat II
Lusail
ARABIE SAOUDITE
Jeddah
E.A.U
Sohar
Doha
Barka II
Al Taweelah A1
Al Manah
OMAN
Mer Rouge
Al Rusail
YEMEN
Balhaf
Eau potable et / ou assainissement
Gestion des déchets
Usine de réutilisation des eaux usées
Centrale électrique et usines
de dessalement en construction
Exploration & Production
de gaz naturel
Gaz naturel liquéfié
Centrale électrique et usines
de dessalement en exploitation
Centrale électrique en exploitation
Monde
_continents
MONDE
SUEZ Environnement ­­­­magazine
MONDE
N°4 - Février 2010
Chine
Première usine de
traitement des boues dans
la province du Jiangsu
c
UP
L’énergie nécessaire
à la production et à la livraison
de l’eau potable de la nouvelle
usine de dessalement de
Melbourne en Australie,
sera à 100 % renouvelable.
Elle proviendra notamment
d’un nouveau parc éolien situé
dans l’état de Victoria.
continentS_
25
SUEZ ENVIRONNEMENT décroche un contrat pour la conception, la construction et l’exploitation de l’usine de traitement de boues du China-Singapore Suzhou
Industrial Park. La partie construction sera prise en charge par Degrémont et générera
un chiffre d'affaires d'environ 11 millions d'euros. Grâce à la technologie Innodry 2 de
Degrémont, l’usine sera en mesure de traiter 300 tonnes de boues par jour d’ici à la fin
2010. L’exploitation de l’usine génèrera un chiffre d’affaires de 280 millions d’euros
sur une durée de 30 ans et sera confiée à SIP Sino French Environmental Technology
Co. Ltd., une entreprise partiellement détenue par SUEZ ENVIRONNEMENT.
© DR
24
ACTUALITÉS /
CHINE
Australie
états-Unis
Le plus important
PPP Du monde pour
UNE usine de
La Californie
au top du
recyclage
des eaux usées
dessalement
Degrémont a remporté la construction et l'exploitation de la plus importante usine de dessalement d'Australie pour un chiffre d'affaires
global de 1,2 milliard d'euros.
Ce projet d'usine de dessalement d'eau de
mer mené par l'état de Victoria, permettra de
répondre à environ un tiers des besoins en eau
de l'agglomération de Melbourne dès la fin de
l'année 2011. Ce contrat est le plus important
projet de partenariat public-privé au monde
dans le secteur du dessalement. Il prévoit le
financement, la conception, la construction
de l'usine d'une capacité de 450 000 m3 d'eau
potable par jour et du réseau d'acheminement
de l'eau de 85 km, puis l'exploitation de l'usine
jusqu'en 2039. Le contrat a été remporté par
le consortium AquaSure composé de SUEZ
ENVIRONNEMENT/Degrémont, de Thiess et de
Macquarie Group, pour un chiffre d'affaires total
de 1,2 milliard d'euros sur 30 ans.
Pour en savoir plus :
w www.degremont.com
­© dr
United Water, filiale de SUEZ
ENVIRONNEMENT, renouvelle
un contrat d’exploitation et
de maintenance avec West
Basin Municipal Water District.
Ce contrat de cinq ans
reconductible constitue le
plus important programme
de recyclage d’eaux usées
aux états-Unis.
Il doit répondre aux problèmes
de sécheresse que connaît la
Californie du Sud et limiter les
transferts d’eaux, jugés peu
fiables. L’usine de recyclage
des eaux usées du West Basin
s’inscrit dans cette stratégie
en produisant quotidiennement
189 millions de litres d’eau.
Avec cinq qualités différentes
d’eau recyclée, l’usine répond
à des besoins liés à des activités
commerciales, industrielles
et d’irrigation.
Le China-Singapore Suzhou
Industrial Park s’étend sur 288 km²
et accueille environ 610 000 habitants,
ainsi que de nombreuses entreprises
industrielles.
c
UP
SITA Environmental Solutions
(Australie) a été élue meilleure
entreprise de gestion des
déchets en 2009 par le Frost &
Sullivan Asia Pacific Industrial
Technologies Award. Son
engagement à réduire
les déchets et les gaz à effets
de serre a été salué.
Contrat d'un milliard d'euros à Macao
— Macao Water, filiale de SUEZ ENVIRONNEMENT, renouvelle
son contrat de concession pour la fourniture de services d’eau
dans la région administrative spéciale de Macao. Prolongé pour
20 ans, ce contrat permettra à Macao Water de continuer à
approvisionner en eau chaque année plus de 540 000 résidents
locaux et 27 millions de touristes. Macao Water est détenue
à 85 % par Sino-French Holdings, une coentreprise établie
entre SUEZ ENVIRONNEMENT et le groupe NWS Holdings
de Hong Kong.
Down
,
66 %
de l’eau de la zone côtière
de Los Angeles provient
d’importations, les autorités
souhaitent réduire ce chiffre
à 33 % d’ici à 2020, notamment
grâce au recyclage.
PANAMA
Une nouvelle station d’épuration
Le groupement Degrémont-Odebrecht a signé avec la Ville de Panama un contrat de conception,
de construction et d’exploitation d’une station d’épuration des eaux résiduaires urbaines d'un million
équivalent habitants pour assainir la baie de Panama grâce au traitement des effluents avant leur rejet.
D’une durée trois ans pour la construction et de quatre ans pour l'exploitation, ce contrat représente
un montant de 162 millions d’euros.
26
_continents
MONDE
espagne
Enquête sur les déchets
en Europe
56,5 %
UP
des déchets d'emballages sont recyclés
dans l'Union européenne. En moyenne,
les déchets d'emballages représentent
5 % de la génération totale de déchets.
Entre 35 et 180 euros par habitant
et par an, c’est l’écart du coût de
traitement des déchets en Europe.
522 kg
de déchets municipaux
sont produits en moyenne, chaque année,
par un citoyen européen.
En République tchèque, ce chiffre
est de 300 kg et, au Danemark, de 800 kg.
Comment calculer au plus près la performance environnementale afin d’orienter au mieux les choix d’investissements ? C’est la question que se posent de plus en plus les
maires et les élus lorsqu’il s’agit, par exemple, de mettre en
place et d’évaluer un “Plan Climat” pour leurs communes. Avec
CityBiose®, Safege, filiale de SUEZ ENVIRONNEMENT, leur
fournit l’outil dont ils ont besoin. « Ou plus exactement une
prestation de service complète », précise Catherine Chevauché,
la responsable du projet pour Safege. En fait, il s’agit de calculer cette performance à partir d’indicateurs concernant trois
grands domaines : le climat, la préservation des écosystèmes
et le service public.
Les indicateurs couvrent les prestations des collectivités
que constituent l’eau potable, l’assainissement, la propreté,
l’éclairage public, les transports publics et la consommation
d’énergie dans les bâtiments.
Pour le climat, trois paramètres ont été définis : l’impact
sur l’effet de serre, l’efficacité énergétique et la part d’utilisation des énergies renouvelables. Pour la protection des écosystèmes, CityBiose® intègre la consommation et la valorisation
des ressources, les consommations évitées, la pression physique et chimique sur l’environnement. Enfin, pour le service public, l’accessibilité, la conformité aux règlements, le coût et la
SUEZ ENVIRONNEMENT
RENFORCE SES POSITIONS
eN ESPAGNE
c
SUEZ ENVIRONNEMENT
réalise trois chantiers de
dépollution pour un montant
de 100 millions d'euros.
Au Royaume-Uni, une friche
industrielle de Chesterfield
va être réhabilitée. En France,
le Parc naturel de la Crau,
en Provence, et le plateau
des Capucins, à Brest, seront
dépollués.
innovations_
N°4 - Février 2010
SUEZ Environnement ­­­­magazine
— SUEZ ENVIRONNEMENT,
grâce à un accord préliminaire
avec CRITERIA CAIXACORP,
va prendre le contrôle des activités
Eau et Environnement d’Agbar
(Aguas de Barcelona), premier
opérateur du cycle complet de
l'eau en Espagne. Cette transaction
s’est faite avec le soutien total
du management d’Agbar.
ACTUALITÉS /
satisfaction des usagers sont pris en compte.
Toutes les informations recueillies – dans les rapports des
délégataires, auprès des services techniques des collectivités
– sont entrées dans un logiciel afin de calculer la performance
environnementale. Cet outil permet, en outre, de varier les données et de simuler des changements. Par exemple, quelle sera
la performance environnementale si l’on construit un tramway
ou si l’on remplace le fuel des bus par du gaz naturel ?
CityBiose® a été développé voici un an et demi et il est actuellement expérimenté sur le Grand Dijon. « Cette prestation
s’inscrit dans les objectifs du Grenelle de l’Environnement,
poursuit Catherine Chevauché, et dans ceux de la Charte environnementale de l’Association des Maires de France. »
Pour en savoir plus :
w www.safege.fr
“CityBiose® aide à la décision
pour les missions de service public
à l’échelle locale”
CityBiose®
Lyonnaise des Eaux propose
de nouveaux services aux
particuliers comme aux
professionnels de l'habitat
et offre des solutions plus
économiques et écologiques.
Safege a été retenue, par
la Commission européenne
pour le contrat cadre
européen 2009-2013, en
tant que chef de file pour les
lots Transport & Infrastructures
et Environnement, et en
association avec le consortium
Transtec pour les lots
Développement Rural
et Bonne Gouvernance.
Ces quatre contrats généreront
un chiffre d’affaires global
estimé à 40 millions d'euros
de prestations de services,
représentant plus
de 400 missions dans
plus de 100 pays.
© dr
La Commission
européenne
sélectionne
Safege
FRANCE
Avec Dolce Ô, Lyonnaise des Eaux
lance une nouvelle gamme de
services à l’habitat
Objectif : rendre l’habitat confortable, plus économique et écologique
et répondre à la demande des consommateurs qui veulent plus de services personnalisés, une meilleure maîtrise de leur consommation et des
solutions respectueuses de l’environnement.
Lyonnaise des Eaux propose également des nouveaux services aux
professionnels de l’habitat et aux gestionnaires de parcs immobiliers avec
la gamme Lyonnaise des Eaux PRO : outils d’alerte et d’analyse, gestion
multicompteur, répartition précise des charges, etc. On y trouve également
l’alerte fuite, ainsi qu’une série de services additionnels, tels que la décarbonatation, la gestion multifluide ou la récupération de l'eau de pluie.
Mesurer la performance
environnementale des services publics
rse
SUEZ
ENVIRONNEMENT
socialement
responsable
SUEZ ENVIRONNEMENT
rejoint les indices Dow
Jones Sustainability World
Index et Dow Jones STOXX
Sustainability Index,
la référence mondiale des
investisseurs socialement
responsables. Depuis 1999,
ces indices évaluent les
performances en matière
de développement durable
des 2 500 premières
entreprises mondiales.
Seules les 250 les plus
performantes deviennent
membres de l’indice. Pour
SUEZ ENVIRONNEMENT,
l’entrée dans ce premier
indice extra-financier
souligne l’engagement
du Groupe en matière
de gouvernance et de
développement durable.
© Jean-Pierre Lescourret/Corbis
Union européenne
27
28
_le témoin
SUEZ Environnementmagazine
LA GESTION DES DÉCHETS
AMéLIORER LES
PERFORMANCES
01
02
Faut-il encore sensibiliser le public
à l’importance du tri sélectif ?
Comment la collecte et le recyclage des
déchets sont-ils organisés dans la région
de Rambouillet ?
Le SICTOM1 que je préside agit sur un secteur
de 41 communes : 40 dans les Yvelines et une en
Eure-et-Loir. Les 90 000 habitants de la région
produisent environ 50 000 tonnes de déchets par
an. Ils bénéficient d’une collecte à leurs portes des
ordures ménagères, des emballages, des journaux
et des magazines, ainsi que du verre. Dans deux
communes, une collecte en porte-à-porte des végétaux a lieu d’avril à octobre. À cela s’ajoutent
plusieurs déchetteries et des points d’apport volontaire installés à la demande des municipalités et
selon leurs besoins. Enfin, un service se déplace
sur un simple coup de fil pour débarrasser les
encombrants et l’électroménager. Quant au traitement et à la valorisation des déchets, ils sont
confiés au Sitreva2, qui regroupe quatre syndicats,
dont le nôtre. Le verre est expédié aux usines de
Saint-Gobain. L’incinération des ordures ménagères produit de l’énergie revendue à EDF et les
végétaux servent à faire du compost.
Oui, mais pas trop, pour éviter de lasser ! Communiquer afin d’inciter l’usager à adopter des gestes
citoyens, c’est inscrit dans nos gènes. Outre l’affichage sur les camions et les conteneurs, nous informons via les journaux municipaux et notre site
www.sictomregionrambouillet.com. Nous avons
aussi quatre « ambassadeurs du tri », qui font des
animations dans les écoles, les centres de loisirs
et les galeries marchandes. Lors de campagnes
spécifiques, ils jouent les professeurs auprès des
personnes qui trient mal leurs déchets. En 2003,
le SICTOM enregistrait 1 000 réclamations par
mois. Ce chiffre est tombé à 250 en 2008. C’est
encourageant. Reste à poursuivre nos efforts au
niveau de l’habitat collectif, où l’on rencontre
encore des réticences. En plaçant les conteneurs
à l’extérieur des immeubles, à la vue de tout le
monde, les comportements changent. Il suffit
d’étendre ce système qui marche.
Est-il possible de mettre en place une
politique encore plus incitative ?
Aux entreprises privées qui jouent déjà bien le jeu,
nous proposons un service payant de collecte sur
place en complément de la taxe sur les ordures ménagères. Par ailleurs, nous amenons les habitants à
réduire le volume de leurs déchets, en particulier
des déchets bio-dégradables, comme les végétaux.
C’est pourquoi nous avons déjà
w
© dr
Communiquer auprès du public,
réduire le volume des déchets
et les recycler au maximum : tels sont
les trois axes prioritaires que dégage
Benoît Petitprez.
© T.Duvivier/Trilogi’c
PRÉSIDENT DU SICTOM DE LA RÉGION DE RAMBOUILLET
© dr
BENOÎT PETITPREZ /
01_Dans la région
de Rambouillet, 50 000 tonnes
de déchets sont produites par an.
02_Bac de recyclage pour
emballages, journaux,
cartons, bouteilles, etc.
w
_le témoin
distribué 5 400 composteurs depuis 2003. Enfin,
à moyen terme, le Grenelle de l’Environnement a
prévu une redevance incitative qui remplacera la
taxe sur les ordures ménagères, mais les modalités
restent à définir. Il s’agira notamment de mettre
en place un système efficace de recouvrement
des factures.
Comment la gestion des déchets
doit-elle évoluer aux niveaux national
et international ?
01_Pour sensibiliser les citoyens,
petits et grands, des animations
sont organisées par le SICTOM sur
les tris des déchets.
31
Quel rôle des entreprises comme
Suez Environnement peuvent-elles jouer ?
Un rôle de communication auprès des usagers, de
conseil auprès des collectivités, et d’innovation.
Vu qu’elles disposent de chercheurs et d’experts
de qualité, elles sont en mesure de proposer des
solutions permettant aux communes d’améliorer
leurs résultats sur le plan économique et environnemental. À 55 ans, je suis optimiste car la
prise de conscience et la recherche ne cessent
de progresser.
1
Syndicat intercommunal de collecte et de traitement
des ordures ménagères.
Syndicat intercommunal de traitement et de valorisation
des déchets.
2
© dr
01
02
talents_
N°4 - février 2010
afin de favoriser le recyclage. Les pays pauvres ont
hélas ! d’autres priorités. Pas question de retomber
dans les erreurs du passé et d’imposer des modèles qu’ils ne pourraient pas suivre. Je pense que
chaque pays doit trouver des solutions adaptées
à ses problématiques.
© Paul Souders/Corbis
Dans des pays très organisés comme la France
ou très disciplinés comme l’Allemagne, il faut
agir pour réduire les déchets, les recycler au
maximum et enrayer les nuisances. Dans notre
région, nous nous sommes donc inscrits dans un
schéma à long terme d’amélioration des outils
SUEZ Environnementmagazine
© dr
02_De telles campagnes portent
déjà leurs fruits puisque les
réclamations pour mauvais tri ont
été divisées par quatre en cinq ans.
propos de
Thomas Forgacs /
directeur général de SITA
El Beida et SITA Maroc
« L’entreprise est présente
au Maroc à travers deux
structures : SITA El Beida,
qui assure la gestion
déléguée des déchets pour
les collectivités, et SITA
Maroc qui s’adresse aux
industriels. De plus en
plus, nous proposons à ces
derniers de récupérer leurs
déchets non dangereux
(cartons, plastiques ou
ferrailles) en vue de les
trier et de les expédier vers
des filières de valorisation.
Certains s’appuient aussi
sur SITA pour définir leur
politique environnementale,
par exemple afin d’obtenir
une certification qui les
aidera à exporter leurs
produits. Pour les marchés
municipaux, les standards
sont encore loin de ceux
des Européens : le tri
sélectif n’a pas été mis en
place. Cependant, nous
nous démarquons de la
concurrence par l’innovation
et la réactivité. à Oujda, par
exemple, nous avons mis
en place des balayeuses
adaptées au nettoyage des
places publiques. à Rabat,
notre valeur ajoutée réside
dans la valorisation des
gravats et des déchets verts.
à Casablanca, notre capacité
d’adaptation nous permet
de gérer différents types
d’espaces urbains : médina,
quartiers de haut standing,
littoral touristique… C’est
ainsi que SITA El Beida a
doublé son chiffre d’affaires
en deux ans ! »
Stefan Zahn / superviseur au département Bâtiment, SITA Suède
“Nos équipes sont sur
les chantiers au quotidien
pour récolter
et sélectionner les déchets”
Aider les acteurs du bâtiment à gérer leurs déchets sur les chantiers de construction afin de bien les trier
et les préparer pour le recyclage, c’est la mission principale
du Département bâtiment de SITA en Suède. « Nos équipes
sont sur les chantiers au quotidien pour récolter et sélectionner les déchets, explique Stefan Zahn, un des superviseurs
de ce département. Et nous fournissons à nos clients toutes les données de tri sous forme de rapports statistiques
hebdomadaires. »
Stefan Zahn est arrivé chez SITA en 2004, en tant que
consultant en déchets industriels ; avant cela, il a débuté
sa carrière comme agent de collecte. Devenu superviseur
en 2006, il sait maintenant que les entreprises de BTP peuvent facilement oublier leurs déchets sur le terrain, et que
sa fonction est donc essentielle. « C’est tout de même plus
évident aujourd’hui, avec la nouvelle génération qui a entendu
parler des problèmes environnementaux et qui se sent plus
concernée que ses aînés, avoue-t-il. Désormais, dans chaque entreprise de bâtiment, il y a une personne en charge du
développement durable. » Pourtant, sur le terrain, la réalité
est parfois tout autre. Il se souvient ainsi d’un contrat gagné
après qu’un concurrent ait échoué à remplir ses missions sur
un chantier. « Les sous-traitants, particulièrement hostiles,
estimaient que le tri prenait bien trop de temps. Mais nous
avons tenu bon et, finalement, 95 % des déchets de ce chantier
ont été triés. Quant au plus hostile des sous-traitants, c’est en
fin de compte celui qui s’est le plus investi dans le tri. »
Le défi de Stefan Zahn est donc sans cesse renouvelé :
sensibiliser et éduquer les entreprises de BTP sur l’importance du tri et du recyclage. « Il est fondamental de parler
la même langue qu’eux, d’utiliser leur vocabulaire pour leur
montrer qu’on les comprend et qu’on est proches d’eux, ajoute-t-il. Il faut également être flexibles pour avoir de bonnes
relations et, bien sûr, gagner de futurs contrats ! » De nouveaux chantiers, il y en a régulièrement, et son équipe se doit
de nouer des relations sur le long terme avec les acteurs
du secteur. « Grâce à cette collaboration, les constructeurs
peuvent se concentrer sur leur cœur de métier sans penser
aux déchets qu’ils génèrent. C’est là notre valeur ajoutée. »
Pour en savoir plus :
w www.sita.se
© DR
30
32
_dossier
SUEZ Environnementmagazine
dossier_
N°4 - février 2010
33
COLLECTER,
TRIER, VALORISER,
éLIMINER :
les nouveaux
enjeux
de la gestion
des
© Pierre-emmanuel rastoin
Réglementations, recyclage, valorisation et développement durable : le secteur des déchets est en pleine mutation.
déchets
34
_dossier
dossier_
SUEZ Environnementmagazine
35
des marchés
de plus en plus
complexes et prometteurs
Organisé en marchés où cohabitent de nombreuses filières, tourné vers
la gestion des ressources rares, encadré par des réglementations
en constante évolution : le secteur des déchets est en pleine mutation.
Pour y faire face, les opérateurs travaillent à réduire la part non valorisable
des déchets, dans le respect de l’environnement et à un coût maîtrisé.
Une dimension industrielle
renforcée
Nouvelles exigences réglementaires, importance
des volumes de déchets, augmentation du prix des
matières premières... Les conditions semblent actuellement réunies pour privilégier les procédés de
traitement les plus élaborés et renforcer la dimension industrielle du métier. Déjà, les unités de déconstruction des véhicules en fin de vie, avec leur
succession de robots automatisés, offrent le même
type de spectacle qu’une chaîne de montage. Pour
construire et exploiter les futures installations, il
faudra pouvoir mobiliser des investissements importants et des compétences techniques adaptées.
Dans ce nouveau contexte, les opérateurs devront
non seulement maîtriser l’ensemble de la chaîne
de valeur, mais aussi être capables d’innover en
permanence pour rester présents sur ce marché
de plus en plus exigeant.
01
© HARRY GRUYAERT/magnum
Il appartient aux États membres de déterminer
les moyens adaptés pour appliquer cette politique européenne. Plusieurs types d’instruments
sont à leur disposition : instauration de dispositifs financiers incitant à la valorisation, taxation
des tonnages éliminés, détermination de standards contraignants, comme l’obligation du tri
préalable, etc.
02
03
18,5 millions
de tonnes
C’est le nombre de déchets traités
par SUEZ ENVIRONNEMENT
dans le monde, dont 12,5 millions
de tonnes sont valorisées.
S’adapter aux particularités
locales
à l’instar de la plupart des pays occidentaux,
les pays émergents (Europe centrale et de l’Est,
Afrique du Nord, Moyen-Orient, Chine) met01-02_Chaque français produit
en moyenne 354 kg/an d’ordures
ménagères. Ce chiffre est de 450 kg/an
aux états-Unis et de 270 kg/an au Japon.
03_Dans l’Union européenne, 22 % des
déchets municipaux sont recyclés, 20 %
sont incinérés et 17 % sont compostés.
La mise en décharge concerne encore
42 % des déchets municipaux.
© mark power/magnum
Les ambitions européennes
Le cadre réglementaire est un autre élément
déterminant de la nature des activités de traitement des déchets et donc des services proposés
par les opérateurs. à ce titre, l’Union européenne
a joué un rôle précurseur en établissant, dès 1975,
un cadre de gestion coordonnée des déchets dans
les états membres. Une nouvelle directive a été
adoptée en 2008 afin de stimuler l’effort de valorisation. Elle confirme ainsi une hiérarchie des
modes de gestion des déchets en recommandant,
par ordre de priorité : la prévention, la réutilisation, le recyclage, la valorisation biologique ou
énergétique et l’élimination. Elle fixe également
des objectifs chiffrés concernant notamment le
réemploi et le recyclage des déchets des ménages.
Fabrice Rossignol,
Directeur Général
Adjoint Zone Europe
Centrale, Méditerranée,
Moyen-Orient
© mark power/magnum
Dans les pays développés, la prise en charge
des déchets a suivi une progression en trois temps.
Pendant des centaines d’années, la relative simplicité des activités humaines s’est traduite par des rebuts essentiellement organiques. Par conséquent,
les autorités locales se contentaient généralement
de les éloigner des lieux d’habitation, dans une
logique de salubrité publique.
à partir de la seconde moitié du xxe siècle, la
préoccupation grandissante pour la préservation
de l’environnement a donné lieu à de nouvelles
pratiques visant à minimiser les impacts de l’élimination des déchets sur les zones d’habitation.
La plupart des pays développés sont désormais
entrés dans une troisième ère, dans laquelle l’enjeu est de contribuer à la gestion de ressources
devenues rares.
L’Europe
centrale,
un marché
stratégique
5,75 millions
de teq co2*
C’est le volume d’émissions de gaz
à effet de serre évitées grâce à
l’action de SUEZ ENVIRONNEMENT.
* tonnes équivalent CO2
tent en place, petit à petit, en fonction de leur
croissance, un marché organisé de la propreté,
instaurant une politique volontariste, une réglementation environnementale et une stabilité contractuelle. L’une des conséquences est
généralement la mise en place d’une autorité
compétente pour le traitement des déchets.
Celle-ci peut choisir de déléguer tout ou partie
de sa responsabilité à un opérateur privé comme
SITA. Les entreprises qui sont responsables des
déchets issus de leurs activités ont également cette
possibilité.
Dans chaque pays, les opérateurs doivent
tenir compte des particularités géographiques
et culturelles. Les Pays-Bas, par exemple, où le
sol se situe fréquemment au-dessous du niveau
de la mer, ont choisi de privilégier l’incinération
plutôt que l’enfouissement. SITA s’adapte à ces
spécificités en confiant le pilotage et la réalisation des projets à des équipes recrutées sur place
sous la forme d’une organisation s’apparentant
à une confédération d’entreprises locales.
« Dans les pays d’Europe
centrale, la réglementation
évolue notamment sous
l’impulsion du droit
communautaire. Cette
tendance contribue à la
sophistication des filières et
permet à SITA de faire valoir
son expérience et sa maîtrise
technologique auprès des
donneurs d’ordres, communes
ou clients industriels.
Par ailleurs, le nombre de
sociétés sur le marché devrait
progressivement diminuer au
profit d’une concentration de
l’offre et d’entreprises de plus
grande taille. C’est sur ces
bases que nous avons
développé notre présence en
Pologne, République tchèque
et Slovaquie, avec un
doublement du chiffre
d’affaires global au cours des
cinq dernières années.
L’objectif est de maintenir
cette dynamique en
investissant dans de nouveaux
outils de traitement ou de
valorisation. Les pays voisins,
comme la Hongrie, la
Roumanie, la Bulgarie,
la Serbie et la Croatie, offrent
également des perspectives
prometteuses ! »
36
_dossier
SUEZ Environnementmagazine
dossier_
N°4 - février 2010
Christophe Cros
Directeur Général adjoint de SUEZ ENVIRONNEMENT
en charge des activités déchets Europe
Comment SITA est-il devenu un
leader européen de la gestion globale
des déchets ?
C. C. : SITA a fêté son 90e anniversaire en 2009.
C’est l’occasion de revenir sur son parcours. SITA
a d’abord été une entreprise parisienne, dont le
premier fait d’armes a consisté à substituer les
automobiles aux charrettes à cheval pour l’enlèvement des déchets municipaux. Cette activité
de collecte a constitué l’essentiel de son métier
jusque dans les années 1970. Le tournant a eu
lieu un peu plus tard, avec l’avènement de la problématique de l’élimination des déchets. SITA a
alors initié son développement géographique tout
en devenant propriétaire et gestionnaire d’unités
de traitement. Aujourd’hui, SITA cherche à tirer
le maximum du déchet sous forme de matière
première secondaire ou d’énergie. Loin de nous
prendre au dépourvu, cette évolution de statut
nous a donné l’opportunité de développer des
compétences et des outils nouveaux. C’est une
composante importante de notre développement depuis le début des années 2000 et une
présence croissante à l’international. Autre
signe des temps : la collecte des déchets municipaux, même si elle reste une activité importante,
ne compte plus désormais que pour 10 % du total
des prestations que nous réalisons...
La part des déchets valorisés ne cesse
de progresser. Comment l’expliquez-vous ?
C. C. : L’intérêt pour la valorisation des déchets
n’est pas né d’hier. Dès le Moyen âge, les
chiffonniers pratiquaient une forme de recyclage. Et les premières tentatives pour tirer
parti des métaux ou du papier remontent au
début du xixe siècle. Mais, effectivement, il y
a aujourd’hui une tendance lourde qui pousse
à augmenter la proportion de ce qui peut
être valorisé. Je vois deux raisons à ce phénomène. D’une part, la montée en puissance de
la conscience environnementale, avec en particulier l’inquiétude inspirée par le changement
“il y a une tendance lourde qui pousse
à augmenter la proportion de ce qui
peut être valorisé”
© pierre-emmanuel rastoin
© mark power/magnum
Christophe Cros, Directeur Général adjoint en charge des activités
déchets europe, Explique les changements à l’Œuvre pour la valorisation
et l’élimination des déchets ainsi que la stratégie déployée par l’entreprise
pour tirer parti de cette nouvelle donne.
climatique. D’autre part, la raréfaction des matières premières et son corollaire, l’élévation
des prix, qui justifient d’exploiter tout le potentiel – notamment énergétique – contenu dans
les déchets. Pour ne prendre qu’un exemple,
le bois est de plus en plus souvent trié et valorisé : qu’il s’agisse de valorisation biologique,
notamment pour créer des composts, ou de
valorisation énergétique, lorsqu’il est souillé par
des produits chimiques.
Le concept « zéro déchet » vous
semble-t-il envisageable ?
C. C. : à ce jour, aucune filière ne permet de
faire disparaître purement et simplement les déchets, ce qui signifie qu’il reste presque toujours
un déchet résiduel à gérer en bout de chaîne.
Quelques spécialistes, comme SITA, disposent
des compétences pour remplir cette dernière
fonction. Les conditions d’exercice sont très réglementées et, du moins en Europe, obéissent à
trois grands principes : la proximité (les déchets
doivent être éliminés là où ils sont produits), la
concentration (plutôt que dispersion dans l’espace) et la maîtrise des risques dans la durée.
Aujourd’hui, lorsqu’un centre d’enfouissement
dont nous avions la responsabilité ferme ses portes, nous assurons son suivi environnemental
pendant 30 ans.
En France, plus de 25 % des déchets
municipaux sont incinérés, alors que
cette solution est de plus en plus contestée
par le grand public...
© FRANCK TOMPS
UNE APPROCHE RESPONSABLE,
UN EFFORT DE DéVELOPPEMENT
PERMANENT
37
La valorisation des déchets est
entraînée par une conscience
environnementale et la raréfaction
des matières premières.
C. C : Les pays scandinaves, la Belgique, l’Allemagne ou les Pays-Bas – qui sont par ailleurs
très en pointe sur le recyclage – considèrent
que l’incinération est une des modalités de
valorisation énergétique ; et, à ce titre, parfaitement acceptable. La dernière directive-cadre
européenne ne dit d’ailleurs pas autre chose...
En France, les réticences envers l’incinération
tiennent principalement au fait que les autorités et les exploitants ont tardé à mettre leurs
installations aux normes dans les années 1980.
La situation est très différente aujourd’hui. Les
équipements modernes sont beaucoup plus fiables, performants et propres. Tout le monde peut
consulter sur Internet la nature et la quantité
des émissions en temps réel. Fondamentalement,
je crois nécessaire de maintenir une approche
multifilière, car elle permet de raisonner en termes de bilan environnemental global. Prenez les
plastiques, qui constituent une part croissante de
nos déchets. Certains d’entre eux
w
38
_dossier
SUEZ Environnementmagazine
dossier_
N°4 - février 2010
Gestion des déchets
Pour en savoir plus :
w www.sita.fr
98 hectares de friche industrielle
passent au vert
“une
approche
multifilière
permet
de raisonner
en termes de bilan
environnemental
global”
Pour en savoir plus :
w www.suez-environnement.fr > Activités
Depuis août 2009, Sainte-Rose est la
première commune de Guadeloupe
à disposer d’une installation de traitement
des déchets. Avec une capacité de stockage
de 150 000 tonnes par an dans 42 alvéoles
étanches, cette installation reçoit les
déchets ménagers et industriels banals du
territoire Nord Basse-Terre et de l’ancienne
décharge brute de Sainte-Rose, en cours
de dépollution. Dès l’ouverture, l’exploitant,
SITA Espérance, a mis en place une
plateforme de tri afin de diriger les
matériaux valorisables vers les filières
de recyclage agréées. Ce dispositif sera
bientôt secondé par une unité de traitement
mécanobiologique qui permettra de valoriser
les matières organiques. à la clé, une
réduction de 40 % des déchets éliminés.
© FRANCK TOMPS
Pour en savoir plus :
w www.sita.fr
Trier mieux pour valoriser plus :
deux problématiques essentielles
dans la gestion des déchets.
En attaquant la dépollution de l’ancien
complexe industriel « The Avenue »,
à Chesterfield (Royaume-Uni), SITA
Remediation et ses différents partenaires,
réunis en joint-venture, viennent
d’inaugurer un chantier exceptionnel.
Il s’agit en effet d’un des plus grands
projets publics de ce type en Europe.
Et la problématique est complexe puisque
« The Avenue », voué successivement à
l’extraction de charbon puis à la chimie,
renferme des hydrocarbures, des métaux
lourds, des cyanures, etc.
Un vrai défi qui a justifié le développement
de techniques de dépollution adéquates.
D’ici à 2014, les 98 hectares seront
reconvertis et accueilleront alors de
nouvelles activités.
En Guadeloupe, SITA promeut
la gestion intégrée des déchets
© mark power/magnum
C. C : La majorité des affaires dont il est question
relèvent des mêmes circonstances : pour réduire
ses coûts, un producteur confie ses déchets à un
prestataire peu scrupuleux, qui, au lieu de les
éliminer dans les règles, s’en débarrasse n’importe où. Des armes existent contre ce genre de
dérives, et il convient de systématiser leur utilisation. La première, c’est la traçabilité, c’est-à-dire
l’obligation pour tous les acteurs d’identifier et de
faire connaître tous les flux auxquels sont soumis
les déchets. Encore faut-il éviter d’accorder le
statut de « produit » à des déchets qui n’ont pas
encore été transformés : en raison de l’application
du principe de libre circulation, ils deviennent
alors beaucoup plus difficiles à surveiller. La prochaine réglementation européenne devrait introduire des dispositions restrictives sur ce point. En
second lieu, il faut renforcer la mobilisation et la
coordination internationale, dans la mesure où
une bonne part du trafic de déchets s’effectue
de l’Occident vers les pays émergents. Dans les
ports, le contrôle des conteneurs à destination de
l’Asie et de l’Afrique est aujourd’hui nettement
plus fréquent qu’il y a quelques années. J’y vois
un signe encourageant.
C. C : S’agissant de la collecte, l’un des objectifs
est de limiter les désagréments pour les riverains,
particulièrement en milieu urbain. Nous cherchons donc à développer des camions électriques
et à améliorer l’isolation phonique des bennes et
des conteneurs. Nous équipons l’arrière des véhicules de panneaux reliés à un système GPS, afin
de pouvoir indiquer le temps d’attente aux automobilistes qui les suivent. Par ailleurs, nous expérimentons la collecte pneumatique, qui consiste
à acheminer les déchets directement jusqu’aux
centres de tri via un réseau de canalisations sous
pression. Cette solution devrait se révéler très
adaptée pour les nouveaux quartiers. Le tri fait
également l’objet de travaux importants, avec la
conception d’un dispositif de détection fine et
à grande vitesse des différents types de déchets.
évidemment, la valorisation n’est pas en reste.
SITA travaille notamment sur le développement
de biocarburants à partir de déchets. L’esprit d’innovation est un trait commun à l’ensemble de
nos métiers !
© dr
La presse se fait régulièrement l’écho
de pratiques illégales liées notamment
au transport de déchets vers l’étranger.
Quel est votre point de vue ?
Quels sont les projets engagés par SITA pour
améliorer la gestion des déchets ?
© DR
ne pourraient être recyclés qu’en faisant
fonctionner des usines extrêmement énergivores : dans l’état actuel de la technologie, il peut
être plus judicieux de les incinérer, y compris du
point de vue de l’empreinte écologique.
w
39
40
_innovations
SUEZ Environnementmagazine
repères_
N°4 - février 2010
Livres
Cinéma
Manifestations
HABITAT_NAT_230x300_SP.qxd:annonce
Atlas des forêts
dans le monde,
Protéger, développer,
gérer une ressource vitale
Laurent Simon, Joël Boulier
et Wangari Maathai
Éditions Autrement – Avril 2009
Une nouvelle énergie
renouvelable : les eaux usées
“30 à 50 %, c’est la part des
économies réalisées avec Degrés
Bleus sur les coûts
d’exploitation avant même
l’amortissement de l’investissement”
coule un liquide caloporteur*, qui alimente une pompe à chaleur.
Cette dernière, par un système d’échanges thermo-dynamiques,
extrait la chaleur du fluide, multiplie les calories, fait monter
la température jusqu’à 65 °C et la transfère directement vers
le circuit de chauffage.
L’avantage de la technique est d’abord écologique. « L’un
de mes clients, explique Mathieu de Kervenoael, a réduit sa
consommation de gaz et ses émissions de CO2 par deux. » Ce
qui diminuera d’autant sa taxe carbone l’an prochain… En outre,
les collectivités ou les bailleurs qui choisissent Degrés Bleus®
peuvent bénéficier de subventions du Fonds chaleur renouvelable
de l’ADEME, qui oscillent entre 50 et 80 % de l’investissement.
Bien sûr, le propriétaire du réseau d’assainissement doit donner son accord pour que les travaux soient effectués – ce qui
ne pose pas de problème avec les collectivités qui voient là un
moyen de mettre en œuvre leur politique environnementale – et
le système ne fonctionne que sur un bassin de population suffisant, au minimum de 10 000 habitants. Enfin, Lyonnaise des Eaux
peut proposer à ses clients des solutions de financement et un
suivi technique dans la durée. Degrés Bleus® a reçu la signature
Edelway, qui certifie les offres vertes de SUEZ ENVIRONNEMENT,
puisqu’il répond à deux critères : la baisse des émissions de CO2
et la préservation des ressources naturelles.
* Fluide transportant la chaleur entre deux sources de température au minimum.
Il y a plus de vingt ans, des tonnes de déchets
métalliques et électroniques provenant de
pays développés ont été transportés dans
une ville chinoise appelée Fengjiang, au sud
de Shanghai. Ce documentaire, réalisé par
Huaqing Jin, dépeint le quotidien de cette ville,
où environ 50 000 travailleurs émigrés fuyant
la pauvreté ont rejoint la ville pour former
une véritable armée de démantèlement. Ces
« soldats verts » décomposent, découpent,
morcellent et recyclent près de 2 millions
de tonnes de déchets chaque année, avec
les moyens les plus rudimentaires. Le film
a été présenté lors de la 27e édition du Festival
international du film de l’environnement.
Pour le commander :
w www.environnement-online.com
Les guerres du climat,
Pourquoi on tue au xxie siècle
Harald Welzer
Éditions Gallimard –
Octobre 2009
© P. Ménard - épeus communication
Récemment, une grande ville de la région parisienne
a souhaité mettre en place un système de chauffage, pour
sa piscine municipale, plus économe et respectueux de l’environnement. Elle a choisi Degrés Bleus®, une offre proposée
par Lyonnaise des Eaux, filiale de SUEZ ENVIRONNEMENT.
« C’est un système complet de géothermie clés en main »,
explique Mathieu de Kervenoael, directeur d’affaires énergies
nouvelles de l’entreprise. Le principe est simple : on utilise les
calories portées par les eaux usées – leur température varie
entre 12 et 15 °C – afin de chauffer un bâtiment ou un équipement. Pour cela, on installe à la base intérieure des canalisations
d’assainissement un échangeur constitué de deux plaques en
inox : la plaque du bas est posée au fond du collecteur et sur
celle du dessus circulent les eaux usées. Entre les deux plaques
16/02/09
18:14
Page 1
Métal hurlant
Déchets municipaux
en Europe,
Vers une société européenne
Kanari films
présente
Kanari
Films – Laurent Segal
du recyclage
Association des cités et régions
pour le recyclage et la gestion
durable des ressources (ACR+)
Éditions Victoires – Octobre 2009
DEGrés bleus®
41
Gold Men, résistants
pour la Terre
Un film documentaire réalisé par Cyril Peyramond
D’après l’idée originale et le voyage de Sébastien Viaud
Ce documentaire de 90 minutes réalisé
par Cyril Peyramond est tiré d’une idée
Les guerres de l’eau,
originale de Sébastien Viaud, jeune enseignant
L’eau au cœur des conflits
et photographe. Il a passé un an à parcourir
du xxie siècle
le monde à la rencontre des Gold Men,
Frédéric Lasserre
vainqueurs du prix Goldman, considéré
et Michel Rocard (préface)
comme le Nobel de l’environnement.
Éditions Delavilla – Octobre 2009 Le film emprunte les voies du récit d’aventure,
du portrait militant, du carnet de voyage à la
première personne ou du grand reportage
Les pionniers de l’or vert pour plonger au cœur des enjeux humains
Dominique Nora
et écologiques de notre planète. Gold Men,
Éditions Grasset & Fasquelle –
résistants pour la Terre, propose une réflexion
Octobre 2009
pour notre présent et notre futur.
w www.goldmenlefilm.fr
le salon de la consommation durable
2>5 avril 09
porte de versailles
paris
www.planete-durable.com
Billets en vente : 0 892 692 694
FNAC Carrefour Géant Magasins U Bon Marché www.fnac.com www.francebillet.com www.carrefourspectacles.com
Planète durable
25/03/10 w 28/03/10
Paris, France
Organisé sous le haut
patronage du ministère
du Développement durable,
la 3e édition du salon Planète
durable exposera des produits
alternatifs pour consommer
différemment et des mesures
concrètes pour agir au niveau
écologique.
Assemblée générale
de SUEZ ENVIRONNEMENT
20/05/10
Paris, France
L’assemblée générale
sera présidée par Gérard
Mestrallet, président du
Conseil d’administration
et Jean-Louis Chaussade,
directeur général, qui feront
le bilan de l’année 2009 et
proposeront aux actionnaires
de se prononcer sur les axes
stratégiques pour 2010.
Expo biodiversité marine
w www.planete-durable.com
Exposition
universelle 2010
01/05/10 w 31/10/10
Shanghai, Chine
Placé sous le signe de
l’innovation, de la prospérité
et du métissage des cultures,
ce grand forum sur le thème
« meilleure ville, meilleure
vie » prévoit 100 000 millions
de visiteurs.
w http://fr.expo2010.cn
Cité de la réussite :
« Tout réinventer »
Les 10 et 11/05/10
Paris, France
SUEZ ENVIRONNEMENT sera
partenaire de ce forum de
débats culturels, économiques,
scientifiques et politiques qui
aura lieu à la Sorbonne. C’est
un lieu d’échanges autour de
la place de l’homme dans la
société, l’avenir de l’économie,
les grands défis scientifiques
et techniques de demain.
w www.citedelareussite.com
Exposition Océans de vie
04/2010
Brest, France
Dans le cadre de l’Année
Internationale de la
Biodiversité, Océanopolis
lance une grande exposition
sur le thème de la biodiversité
marine au travers de films,
d’animations 3D, de systèmes
interactifs et de maquettes.
Connaître l’histoire de la
biodiversité des océans,
comprendre ses mécanismes
d’évolution, prendre
conscience des menaces
et des enjeux pour l’avenir
de la planète et de l’homme
en particulier, sont quelquesunes des questions auxquelles
l’exposition apporte
des réponses ludiques
et pédagogiques.
w www.oceanopolis.com
2010 : Année
internationale
de la biodiversité
w www.cdb.int/2010/welcome/
42
_vu par
w
Amadou Hama Maïga / Ingénieur hydraulicien et chercheur
SUEZ Environnementmagazine
vu par_
N°4 - février 2010
43
Je vis
Mobilisation pour
un accès à
à Ouagadougou, au Burkina Faso, où je codirige l’Institut international d’ingénierie de
l’eau et de l’environnement (2IE). Depuis de
nombreuses années, je travaille, en ma qualité d’ingénieur hydraulicien et de chercheur, à améliorer l’accès
à l’eau potable pour les populations urbaines les plus pauvres ;
une problématique qui ici, en Afrique, est au cœur de la vie quotidienne de millions de citadins. Dans les localités pourvues d’un
système d’alimentation en eau potable, le réseau de conduites
ne couvre généralement pas tout le périmètre urbain en raison des investissements trop importants que cela nécessiterait.
à l’origine du problème, la « déséconomie d’échelle » créée par
l’étalement des villes, la faible densité de population et les faibles
revenus des habitants. Résultat : environ un tiers de la population
de ces localités – les personnes les plus pauvres, évidemment –
continue de se rendre à des points d’eau insalubres ou d’acheter
l’eau à une borne fontaine exploitée par une société privée, qui
revend l’eau de trois à cinq fois plus cher. Face à ce constat, j’ai
eu l’idée de créer des Postes de Distributions Collectives d’eau
(PDC), une initiative récompensée, en 2009, par le grand prix Eau
pour tous de la Fondation SUEZ ENVIRONNEMENT.
l’eau
© Frans Lemmens/Corbis
© dr
innovant et équitable
Amadou Hama Maïga
a obtenu son diplôme
d’ingénieur hydraulicien
de l’École nationale
d’ingénieurs de Bamako
(Mali) en 1979. Après un
master et un doctorat
à l’école polytechnique
de Lausanne (Suisse), il
rejoint en 1986 l’Institut
international d’ingénierie
de l’eau et de
l’environnement (2iE)
de Ouagadougou, où il
est aujourd’hui directeur
général adjoint. Il dirige
également un laboratoire
de recherche sur le
contrôle des pollutions
et les systèmes de
traitement des eaux.
Enfin, il contribue à de
nombreux programmes
internationaux de
recherche.
Ces PDC sont des bornes fontaines à robinets multiples – généralement une quinzaine – gérées par la compagnie de distribution
d’eau et branchées sur le réseau communal à partir d’un ouvrage
de maçonnerie et de plomberie installé toutes les quatre ou cinq
rues. Chaque robinet de puisage, protégé par un cadenas, est
équipé d’un compteur et est attribué à un seul foyer, qui règle
directement ses factures auprès de la compagnie à laquelle
il est abonné. Depuis 2006, une quarantaine de PDC équipent
plusieurs quartiers défavorisés de quatre petites villes : Djibo
et Dori, au Burkina Faso, et Bougouni et Mopti, au Mali. Et ça
fonctionne ! Dans ces quatre localités, l’accès direct et durable à l’eau potable au tarif normal a révolutionné le quotidien
de milliers de personnes. à Mopti, par exemple, il n’y a pas eu
d’épidémie de choléra depuis 2007. Cela faisait plus de dix ans
que ce n’était pas arrivé !
Résultat, les gens demandent, un peu partout, que des PDC soient
construits dans leurs quartiers. Ce qui est économiquement réalisable puisqu’un PDC coûte moins de 3 000 euros et peut desservir
directement entre 150 et 200 personnes, soit 15 à 20 familles. Il s’agit
donc d’une alternative innovante, rentable et durable. Mais pour que
cette demande soit satisfaite à grande échelle en Afrique, il faudrait
former des centaines d’ingénieurs hydrauliciens. Ceux-ci sont indispensables au bon fonctionnement des PDC. Les grands groupes,
comme SUEZ ENVIRONNEMENT, peuvent donc nous aider, non
seulement en faisant la promotion des PDC dans les pays en voie
de développement, mais aussi en soutenant localement la formation
d’hydrauliciens.
La création de Postes de Distributions Collectives d’eau est indispensable pour les quartiers les plus
défavorisés d’Afrique.