Université de Tlemcen – Faculté des lettres et langues

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Université de Tlemcen – Faculté des lettres et langues
Université de Tlemcen – Faculté des lettres et langues – département de
français.
Examen du Semestre II – Master I
Mai 2015
Madame GUELLIL Nahida
L’HOMME ET SA CULTURE
« Les humains ne sont pas seulement eux-mêmes ; ils sont aussi
le milieu où ils sont nés, (Le contexte de vie)
le foyer dans la ville ou la ferme où ils ont appris à faire leurs premiers pas,
les jeux qui ont amusé leur enfance, (la société)
les contes de vieilles femmes qu’ils ont entendu, (le patrimoine, l’Histoire)
la nourriture qu’ils ont mangée, (le contexte culturel à travers le culinaire)
les écoles qu’ils ont fréquentées,
les sports qu’ils ont pratiqués,
les poètes qu’ils ont lu,
le Dieu qu’ils ont adoré. » (l’éducation sous toutes ses formes, le savoir acquis…)
W. SOMERSET MAUGHAM : Le fil du rasoir
Questions au choix :
1. A partir de ce qu’on a vu jusque-là en ce qui concerne la Méditerranée, plus
précisément en ce qu’elle peut engendrer comme attitudes et représentations auprès
des peuples qui y habitent, étant un lieu de croisement des hommes, des
civilisations, des identités et des cultures, précisez ce qui pourrait justifier le
sentiment d’appartenance que partagent communément les peuples de la
Méditerranée en croisant les données acquises en cours avec la citation de W.
SOMERSET MAUGHAM, extrait du texte Le fil du rasoir, sans oublier de faire
référence au contexte immédiat (spatio-temporel) qui nous environne.
Une proposition de réponse à la question 1 :
De nombreuses études et recherches nous ont montré que les peuples appartenant à
l’espace euro-méditerranéen partagent communément un sentiment d’appartenance
très remarquable à la région. Une perception qui s’explique notamment par les
images communes que ces mêmes individus associent à la Méditerranée, telles qu’un
mode de vie particulier, un sens profond de l’hospitalité et un vaste patrimoine
historique, civilisationnel et culturel commun. Certains évoquent même une certaine
«attitude méditerranéenne», voire l’existence d’un « sentiment d’être chez soi»,
reflet d’un état d’esprit commun permettant à ces habitants de se sentir membres
d’un espace commun avec des valeurs spécifiques différentes de celles existantes
dans d’autres groupements régionaux.
Au croisement des trois continents (Asie, Afrique, Europe), dans la région euroméditerranéenne, l’interrelation humaine, sociale et culturelle est de plus en plus
croissante. Les échanges ont depuis des millénaires marqués cet espace, considéré à
l’époque comme le « centre du monde connu ». Ce fut, et c’est toujours, un
carrefour de rencontres et d’échanges, malgré tous les conflits, pour les personnes
de divers milieux culturels, en particulier sur les rives de la Méditerranée.
Cet espace est d’autant plus marqué par les flux migratoires plus orientés vers les
pays de la rive Nord émanant de la rive Sud et Est de la Méditerranée. Ces
migrations construisent un pont permettant la transmission des informations,
opinions et perceptions sur des personnes de cultures différentes. Les migrants
assurent ainsi le rôle de médiateur en faveur du dialogue et de la sensibilisation
culturelle entre les communautés autour de la Méditerranée.
Par ailleurs, les nouveaux outils de communication jouent un rôle croissant dans
l’interaction interindividuelle et sociale autour de la Méditerranée. Ils sont utilisés en
tant que plates-formes de dialogue en faveur du développement interculturel.
C’est dire que la circulation des hommes et l’essor des nouvelles technologies
contribuent à favoriser les contacts entre les cultures et de là entraînent un véritable
brassage culturel qui est le résultat du croisement d’influences culturelles.
Tous les passages surlignés au niveau de la citation sont à exploiter dans
la dissertation
2. Pensez-vous que notre identité soit définitivement fixée ? Justifiez votre réponse.
Par ailleurs, quelle part de notre identité reste immuable ?
Une proposition de réponse à la question 2 :
Non, notre identité n’est pas définitivement fixe !!! Mais soulignons tout de même les
composantes identitaires « données », qui restent immuables :
Nous sommes toutes et tous nés quelque part sans choisir ni d’être humain, ni nos
nationalités, sexe, prénom, famille, ni notre niche développementale (Dasen,
2000 :52), et par conséquent nos milieux et modes de socialisation et
d’enculturation. Ces données, bien qu’elles ne soient que partielles, et qu’elles ne
soient pas toujours, à notre sens, les plus pertinentes ou significatives, constituent ce
que l’on pourrait appeler des assignations identitaires qui s’imposent à nous avec
plus ou moins de force et de prégnance : elles nous catégorisent, nous classent
(sexe, date de naissance, nom, couleur de peau, nationalités…) en même temps
qu’elles nous particularisent en nous définissant comme différents d’autres.
Ainsi par exemple, le nom et le prénom constituent sans doute les premières
assignations identitaires qui permettent d’inscrire un enfant dans une lignée (par le
patronyme), dans une histoire familiale (par exemple en donnant le prénom d’un des
grands-parents), dans une tradition religieuse …
Comme exemple, nous pouvons citer Kaufmann :
« L’identité, concept attrape-tout, a bénéficié toutefois d’une définition consensuelle
minimaliste, s’appuyant sur deux points essentiels. Primo, elle est une construction
subjective. Secundo, elle ne peut cependant ignorer le donne, l’objectif, le naturel,
qui constituent une assignation inéluctable. » (Kaufmann, 2004 : 89.)
3. Pourquoi parle-t-on de construction sociale et interactive de l’identité ? Quel
rapport avec l’altérité ?
Une proposition de réponse à la question 3 :
Selon Erik H. Erikson (1902-1994): « L’étude de l’identité devient aussi centrale à
notre époque (…)». Associant les approches psychanalytique et psychosociale, il
considère que l’identité présente deux faces : d’une part, le « sentiment conscient de
spécificité individuelle » d’autre part l’ « effort inconscient tendant à rétablir (...) la
solidarité de l’individu avec les idéaux du groupe ».
Pour E.H. Erikson, l’identité est un processus qui s’élabore au cours de l’existence au
contact de l’autre.
Selon George H. Mead (1863-1931), l’un des fondateurs de la psychologie sociale, le
moi est l’ensemble des rôles que l’individu apprend à tenir dans la société qui est la
sienne. Le comportement individuel ne peut donc être compris qu’en fonction du
comportement collectif.
Le sociologue Erving Goffman (1922-1982), quant à lui, a mis en évidence
l’importance que l’individu accorde au regard de l’autre sur le maintien de sa propre
identité.
Notons dans toutes ces citations la relation identité/altérité, le rapport entre le Même
et l’Autre comme donnée incontournable dans la construction de soi.
Nous parlons de construction sociale et interactive de l’identité dans la mesure où
l’identité devrait être vue comme un système en équilibre dynamique et évolutif, plus
ou moins stable, plus ou moins sujet à renégociation (le changement de profession,
la reprise d’étude, le changement de statut social – mariage, paternité / maternité,
chômage de longue durée – et migration, pour n’en citer que quelques exemples)...