Mise en page 1 - Matin Equatorial
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Mise en page 1 - Matin Equatorial
MAtin Faut-il dissoudre l’Assemblée nationale? L N°69 du 20 Mai 2015 500F CFA EquAtoriAl Journal d’information et d’analyses. www.matinequatorial.com / [email protected]. Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10 Parlement/Complot contre Ali Bongo a charge sonnée par Idriss tielle de 2016, mais aussi de se dans la mise en œuvre du PSGE, Ngari à l’Assemblée nationale contre le Premier mi- doter d’une nouvelle majorité à et ce faisant de jauger les capacinistre continue d’alimenter les même de mieux l’accompagner tés réelles de l’opposition. Lire en pg.2 commentaires. Qui privilégient la thèse d’un complot de la majorité parlementaire qui ne ciblait Daniel Ona Ondo que pour finalement mieux viser le président de la République. En témoignent les confidences troublantes faites par le chef du gouvernement devant le groupe parlementaire PDG au lendemain de la passe d’armes du palais Léon Mba, tendant à rendre Ali Bongo Ondimba responsable e 16 mai dernier, les mi- locaux du PDG, figure en prede l’échec de ses gouvernements litants et sympathisants mière ligne Fidèle Pango, le successifs. D’après des observadu Parti démocratique patron du parti dans la proteurs avertis, cet épisode offre gabonais (PDG) ont célébré vince, accompagné pour la avec faste le 47ème anniver- circonstance des membres du une bonne fenêtre de tir au chef saire de leur parti, dans une bureau politique Martin de l’Etat, qui pourrait ainsi saisir mobilisation populaire sans Moussavou et Léon Nzouba, et cette occasion pour renvoyer les précédent qui fera forcément le ministre de la Culture, Rufin députés devant les électeurs. date. La célébration improvi- Martial Moussavou. La manisée le 10 mai n’était donc festation est rehaussée par les Une option qui lui permettrait qu’un avant-goût. En atten- présences d’autres membres non seulement de tâter le terdant la démonstration de du bureau politique de la prorain en prévision de la présidenforce du 16 mai dans la même vince, parmi lesquels Serge cité. Samedi dernier à Mouila, Mboula de Fougamou et Sé12-Mars dans le 4ème arrondissement de Libreville Mamboundou les militants et sympathisants bastien 12-Mars en différé à Mouila La «Ngounié forte» fait une démonstration de force L ABC entretient l’espoir autour des réformes A lexandre Barro Chambrier, député frondeur du parti au pouvoir, a appelé le 16 mai 2015 les militants et autres sympathisants venus au stade de Basket d’Awendjé pour la célébration des 47 ans du PDG à garder espoir face aux réformes engagées par le gouvernement pour sortir la population de la pauvreté. « N’en déplaise aux professionnels de la diversion, nous avons espoir pour la poursuite des chantiers ouverts». Lire en pg.6 du PDG, venus cette fois-ci en masse, ont célébré en grandes pompes le 47ème anniversaire du parti créé par Omar Bongo le 12 mars 1968. Cette célébration en différé a eu lieu en présence des hiérarques locaux du parti et des «camarades» venus d’autres localités de la province, tous guidés par «la dynamique unitaire» pour une «Ngounié forte». Parmi les hiérarques Mouyama de Malinga, mais aussi et surtout Yves Fernand Manfoumbi, en sa qualité de membre du comité permanent du bureau politique. D’autres personnalités, en l’occurrence le ministre délégué à la Santé, Yussuf Sidibé Nzengue Akassa et le secrétaire général du ministère du Budget, Yolande Nyonda, ont tenu à effectuer le déplacement de Mouila. Lire en pg.5 2 Politique MAtin EquAtoriAl Parlement Complot contre Ali Bongo : faut-il dissoudre l’Assemblée nationale ? La charge sonnée par Idriss Ngari à l’Assemblée nationale contre le Premier ministre continue d’alimenter les commentaires. Qui privilégient la thèse d’un complot de la majorité parlementaire qui ne ciblait Daniel Ona Ondo que pour finalement mieux viser le président de la République. O Vincent Eyi n n’a pas fini de supputer sur la charge du général Idriss Firmin NGari sur le Premier ministre au palais Léon Mba. Pour certains connaisseurs des arcanes de l’Assemblée nationale, le député du Nguon n’a été que l’amplificateur ou le porte-voix des choses qui se disent tout bas dans ce cénacle. La preuve : pendant que Ngari dévoilait sa litanie, les autres députés de la majorité riaient tous à gorge déployée et applaudissaient à tout rompre. Même Nzouba Ndama contenait à peine son rire. Si d’aucuns pensent à un complot ourdi par le président de l’Assemblée nationale pratiquement soumis à un régime financier sec, pour d’autres il s’agit simplement de l’expression d'une revendication de 5 millions de f CFA formulée par les députés du PDG pour voter la loi de finances modifiée. Pour eux, cette tradition entretenue depuis Omar Bongo Ondimba prenne fin. Après la charge sonnée par les députés de la majorité à l'Assemblée nationale lors du passage du Premier ministre, le lendemain les députés du groupe parlementaire PDG se sont retrouvés autour du chef du gouvernement au ministère des Eaux et Forêts pour tirer les choses au clair. Là encore, le Premier ministre subit les foudres des élus. Pour construire sa ligne de défense, le Premier ministre raconte une anecdote. «Dans un village, évoque-t-il, un jeune homme alla un jour se plaindre auprès de son frère aîné de la légèreté de la cuisse de sa femme, qu’il avait de ce fait décidé de répudier. Le deuxième jour, N° 69 du mercredi 20 Mai 2015 après avoir exposé le même problème au même interlocuteur, ce dernier lui conseille de prendre son mal en patience. Las de supporter les humiliations infligées par les infidélités et autres manquements de son épouse, il repart le troisième jour avec cette fois à la clé une menace de mort. En prenant la parole, l’aîné lui demande si, à la fin, ce n’est pas lui-même le problème ». A travers cette anecdote, le Premier ministre a voulu, implicitement, établir un parallèle avec le président de la République, qui se plaint de l’incompétence de tous ses Premiers ministres. En s'expriment ainsi devant la représentation nationale, Daniel Ona Ondo a opté de décocher des flèches en di- rection du Palais du bord de mer. Comme pour dire que les errements que les députent reprochent au gouvernement sont en réalité le résultat d’une mal-gouvernance imputable au premier chef à Ali Bongo Ondimba. Une vue que ne partage pas cet observateur bien imprégné des réalités de la gestion de l’Etat qui rappelle que les prérogatives que la Constitution confère au Premier ministre sont sans équivoque et font de lui le principal gestionnaire de l'administration. A la vérité, souffle une source, le Premier ministre, conscient de sa proche éviction, voudrait justifier son départ par la présumée incompétence qu'on colle à tous les Premiers ministres qui défilent au 2-Décembre. Pour Ona Ondo, il est évident que ces évictions cachent plutôt les carences du bord de mer. Pour éviter beaucoup de cacophonie d'ici la présidentielle de 2016, estime qu’il est aujourd’hui souhaitable de dissoudre l'Assemblée nationale. Le départ de Nzouba Ndama de la présidence de cette chambre du parlement laisse les coudées franches au président de la république pour la nomination d’un nouveau Premier ministre. Et la dissolution de l’Assemblée nationale présente beaucoup d'enjeux. D’abord, elle permet au chef de l'État de tâter le terrain, afin de savoir où se trouvent les véritables poches de résistance. Une telle option offre la possibilité de rectifier le tir en attendant la présidentielle de 2016. Cerise sur le gâteau : la reconstitution d’une nouvelle majorité à l'Assemblée nationale plus apte et disposée à accompagner la mise en œuvre du PSGE. En outre, en dehors de jauger les capacités réelles de l’opposition, une telle démarche permet de traduire en acte le souci d'apaisement prôné par le chef de l'État avec en prime l'opération de charme à l'endroit de la communauté internationale.n Politique 3 MAtin EquAtoriAl Politique/Célébration en différé du 12-Mars à Oyem Ona Ondo échoue son test de la popularité Pour cet événement pourtant déjà reporté, le Premier ministre n’a pu rassembler que 500 personnes le week-end dernier dans la capitale régionale du Woleu-Ntem. Emmanuelle Massa L e décès d’André Mba Obame a milité en faveur du renvoi de la célébration des 47 ans du Parti démocratique gabonais (PDG) à Oyem. Soucieux de ne pas paraître comme celui qui recule devant l’opposition, Daniel Ona Ondo, le leader autoproclamé du Grand-Nord, a imposé le 16 mai pour éviter un deuxième report. Quitte à aller à l’encontre de l’avis de certains hiérarques du PDG, à l’instar d’Ebooué, plutôt favorables à un second renvoi imposé par le délai de décence qu’il fallait observer après les obsèques d’Amo. Samedi dernier à Oyem, le Premier ministre a donc pris la pleine mesure de son option. A la maison du parti, la mobilisation populaire n’aura pas été celle des grands jours. A peine 400 à 500 militants, d’après des statistiques de différentes sources. Et encore, pour parvenir à ce chiffre, il a fallu l’activisme du secrétaire communal du PDG à Oyem, le concours des fidèles d’Ona Ondo (chargés de missions, parents, etc.) et de quelques autres responsables locaux du parti pour éviter de justesse que les fortes délégations venues de Libreville se retrouvent seules à la maison du parti au quartier Tougou-Tougou. Pour justifier ce fiasco populaire, d’aucuns invoquent la vive tension suscitée par la disparition d’AMO qui tarde encore à retomber. Sous prétexte qu’elles portent encore le deuil de leur leader, les populations du Woleu-Ntem et d’Oyem en particulier ne se sont pas senties concernées véritablement par la célébration des ‘’Pédégistes’’. Un argument spécieux, de l’avis de certains observateurs avertis de la scène politique, qui rappellent que le Nord, et plus encore Oyem, n’ont jamais fait mystère de leur attitude frondeuse à l’égard du pouvoir et davantage envers le fils du canton Nyé, Daniel Ona Ondo. Dès lors, relèvent-ils, mobiliser 400 à 600 personnes relève déjà d’un « exploit ». Surtout dans la ville d’Oyem acquise à l’opposition radicale (Union nationale). En témoigne la ferveur populaire qui a marqué les obsèques d’Amo quelques jours plus tôt. Cohésion de façade et absence de moyens Certains militants disent ne pas être surpris par ce peu d’engouement populaire, au regard de l’unité de façade que les « barons » PDG de la province affichent. Des sources soufflent que le jour, ils apparaissent en militants disciplinés et la nuit appellent leurs troupes à la démobilisation. Par cette duplicité, il s’agit d’éviter qu’Ona Ondo passe pour celui qui a pu mobiliser le Grand-Nord autour du pouvoir émergent. Même si d’autres cadres du PDG, pour justifier la démobilisation, accusent le parti de ne plus mettre plus suffisamment de ressources financières à disposition pour la mobilisation des militants. D’après eux, la mobilisation populaire est tributaire des efforts financiers consentis. Toutes choses qui ont aidé le Premier ministre à rater son test de popularité dans le Grand-Nord.n 12-Mars en différé à Oyem Daniel Ona Ondo dans ses petits souliers Il était pourtant prévenu depuis Libreville. Mais le Premier ministre n’a pas voulu entendre raison et les quarante-sept ans du PDG en différé, à Oyem, ont été le premier clou dans son cercueil. Vincent Eyi U n signe des temps. François Engongah Owono, l’homme qui a fait annuler les festivités marquant les 47 ans du PDG la veille de l’arrivée de la dépouille d’Amo à Oyem, n’était pas présent aux côtés de Daniel Ona Ondo ce week-end à la maison du parti. Depuis Libreville, Eboué avait déjà attiré l’attention du membre du Bureau politique permanent sur la faible mobilisation qui s’ensuivrait. Et comme lui, d’autres hiérarques du parti, réunis ce jour-là à la Chambre de commerce de Libreville, avaient établi le même constat. Mais Bill Dany voulait absolument organiser sa fête. Peu importe qu’elle ait finalement tourné au fiasco, la maison du parti n’ayant pas pu faire son plein. L’échec populaire aurait été plus retentissant, si les organisateurs avaient pris le risque de jeter leur dévolu sur la place des fêtes d’Oyem, qui accueille d’ordinaire de telles manifestations. Cette faible mobilisation en dit long sur le désamour des Oyémois avec l’ex-parti unique. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, d’autres membres du Bureau politique originaires du coin, ont tout de même effectué le déplacement d’Oyem. A l’instar de Christiane Bitougat et François OwonoNguéma, pourtant très réservés à l’issue de la réunion préparatoire de la Chambre de commerce, le lundi 11 mai dernier. Le discours au vitriol contre les Woleu-Ntémois, coupables de ne porter pas le PDG dans leur cœur, a sans doute été le sermon de trop pour Ona Ondo. Tout indiquait pourtant que l’échec était prévisible. Les véhicules réquisitionnés pour transporter les militants des campagnes en ville rentraient désespérément vides. Et Bill Dany ne pouvait guère compter sur les citadins d’Oyem à l’indifférence affichée à l’égard de l’exparti unique. Aussi, l’homme bouillonnait intérieurement de colère. Le PDG a souvent essuyé des échecs à Oyem, jamais à ce point. Et si Ali Bongo devait le juger à travers ces festivités, le « beau » Daniel devrait plutôt se faire du mauvais sang. Avec ça, il vient de planter le premier clou dans son cercueil D’autant que la station provinciale de la RTG à Oyem n’a rien fait pour promouvoir la communication du PDG, son chef ayant exigé 10.000 francs par diffusion. Tant et si bien qu’à l’intérieur du département, très peu étaient au courant des festivités décrétées par le Premier ministre. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, le décès à trois jours de la fête de Gabriel Ndong Mbeng alias Gaby, grandfrère de Christiane Bitougat, a été vécu comme le deuil de trop. Gaby était aussi un membre influent du PDG à Oyem. Certains ne comprenaient donc pas qu’on n’ait rien fait à cette occasion, pour plutôt célébrer les agapes en différé du parti. Autant dire un mauvais concours de circonstances. Bill Dany assumera. Il a même commencé à en avoir l’habitude depuis l’affaire Amo, lui qui était capable de marcher sur son cadavre pour tenir sa fête, de peur de croiser le regard du « distingué camarade ». Faustin Boukoubi lui-même avait justifié le report de la première manche par le décès d’Amo. Le chef de l’Etat ne lui en a pas tenu grief. Le secrétaire général du parti pouvait accorder une seconde rallonge si Ona Ondo avait expliqué que la douleur était encore trop vive à Oyem et que les festivités des 47 ans du PDG pouvaient attendre quelques jours de plus. « Qui va prendre la responsabilité d’un second report, Faustin Boukoubi étant absent de Libreville !» s’était exclamé le Premier ministre, qui donnait ainsi l’impression que sa vie en dépendait. Ce qui était probablement le cas. Maintenant qu’il a échoué, il ne lui reste plus qu’à se mettre en robe de bure devant Ali Bongo et implorer sa pitié.n N° 69 du mercredi 20 Mai 2015 4 Politique MAtin EquAtoriAl Chronique politique Et maintenant ? L e rideau tombe progressivement sur les manifestations marquant le 47e anniversaire de la création du plus vieux parti de la République : le Parti démocratique gabonais, au pouvoir depuis 1968. L’opinion reconnaîtra, et à l’unanimité, que jamais depuis sa création, et surtout de l’instauration de la décentralisation dans la tenue de cette célébration à travers la République, ces cérémonies qui se veulent toujours comme une période festive exceptionnelle et de réjouissances populaires, n’ont été aussi longues et surtout éprouvantes. Longues, parce qu’u moment où nous mettions sous presse, la fête, initialement programmée pour le 12 mars pour se terminer en avril, bat toujours son plein, avec tout ce que cela comporte comme moment de joie, mais aussi de perspective politique dans le temps , donc dans la durée, dans certains coins de la République. Et cela, commence non seulement à agacer l’opinion, mais aussi à amuser et à donner l’impression de« folkloriser » malheureusement une date pourtant historique, avec des symboles et des moments clés pour l’histoire de la République. Eprouvantes, parce que malheureusement, ces moments de joie ont été entachés de deuil, tant pour le parti au pouvoir que pour son opposition, qui ont perdu à tour de rôle qui un dignitaire qui aura marqué la République, qui un leader charismatique dont la disparition sème encore la panique dans les rangs de sa famille politique. Deux évènements intervenant dans un climat d’incertitude et de grogne sociale qui interpellent la République. Des symboles et des signes qui interpellent surtout les « politiques de la République », hier encore sous la bannière de la pensée unique. Une tare politique dont certains ont du mal et de la nostalgie à s’en départir, et surtout à s’adapter au nouveau concept de l’Emergence parfois galvaudé, mais désormais en cours au Gabon sous l’ère de la démocratie renaissante ou retrouvée. Des politiques de tous bords qui sont, à la lecture des faits et des évènements, les plus concernés par ce qui se trame actuellement dans le pays. Au regard du spectacle que nous offre le voisinage, et des conséquences que la haine, le rejet de l’autre ou le refus de toute concertation ou de toute concession engendre, en lieu et place des manifestations festives et onéreuses, nombreux sont les Gabonais à penser que le parti au pouvoir qui joue à se faire peur depuis le congrès d’avril 2013, gagnerait à recentrer le débat en son sein. A discipliner ses troupes au niveau de sa base qui s’effrite chaque jour, et à recadrer ses cadres dans un élan commun vi- sant à trouver des solutions justes et équitables aux problèmes qui les divisent et compromettent sérieusement les victoires prochaines. A commencer par la prochaine présidentielle qui se joue maintenant et non demain. La politique, faut-il le répéter, et surtout en démocratie, c’est avant tout l’art du « compromis». Des « concessions », même dans la douleur. De l’application judicieuse de la stratégie universelle du « donné et du recevoir ». C’est à ce prix que les grands esprits, et les grands hommes d’Etat ont construit leurs empires politiques ou préservé leur pouvoir parfois en déclin. Rarement les « irréductibles » et autres adeptes de la « bunkérisation » du pouvoir à des fins personnelles, notamment l’égoïsme dans tout système politique, fûtil fort ou dominant, survivent ou l’emportent dans la durée. Dans tous les cas, ils sont toujours rattrapés par l’histoire. Leur histoire. D’où la nécessité de cultiver pour tout pouvoir, qui vient avant tout de Dieu, et par Dieu seul, en consolidant en même temps l’entente, la cohésion, la paix et à la tolérance, gage de stabilité et de tout développement harmonieux de la République. Et le Gabon, quels que soient les aléas politiques, économiques ou sociaux du moment, reste un et indivisible. C’est donc l’occasion de s’interroger, au moment où les lampions vont s’éteindre sur les fameuses manifestations du parti présidentiel, sur ce que le militant de base retiendra de ce 12-Mars qui aura été dans bien des provinces de la République «cauchemardesque », à l’exemple certainement de la situation dans laquelle se trouve structurellement et sociologiquement le parti démocratique gabonais luimême. Depuis six ans en effet, c’est au su et au vu de tous, que le phénomène rétrograde et rampant du «complot permanent », des « intrigues » et autres « chaussetrappe» que l’on croyait enfouis dans nos lointains souvenirs, et surtout de l’époque révolue, reviennent en surface. Ils n’ont donc nullement connu de « rupture ». Ils sont plutôt comme entretenus. Ont repris du service qui n’a jamais été interrompu mais suspendu le temps de s’installer, et prennent depuis quelque temps le pas sur les préoccupations légitimes des populations, qui attendent leur heure pour s’exprimer et les dénoncer. Que dit le parti au pouvoir au regard du constat fait dans la Ngounié et le Woleu-Ntem, voire l’Estuaire qui en sont aujourd’hui l’illustration parfaite de cette situation des plus déplorables? Que dit Faustin Boukoubi, face à ce qui ressemble à s’y méprendre à de la trahison, alors que les auteurs, pour ne pas dire les traîtres, sont clairement identifiés?n N° 69 du mercredi 20 Mai 2015 PDG/Guerre de leadership Quand la Ngounié fait des émules La situation qui prévaut dans la Ngounié est sujette à deux lectures. La première se fait l’écho de l’instabilité notoire des cadres de la province, qui se déchirent pour le contrôle politique de la province et surtout pour la domination de certains au détriment d’autres. Alban Moussavou A première vue, cette manière de voir renvoie à l’inconsistance, à l’indiscipline, à la fragilisation et à l’affaiblissement du parti sur le plan local. Mais, à y regarder de près, au-delà de l’aspect sensationnel ou conflictuel, l’on arrive à comprendre qu’il y au fond de vrais enjeux qui, ailleurs, doivent faire des émules. Autant le PDG a souvent été critiqué de favoriser une culture politique prônant une hégémonie de la hiérarchie, qui seule décide et impose au reste du parti et des démembrements ses résolutions, autant il faut reconnaître que l’on assiste depuis quelques années à un mouvement de démocratisation du parti (sélection des candidats aux scrutins législatives, municipaux et sénatoriaux par la base), mais aussi et surtout à la « professionnalisation » de la politique. Qu’entend-on par là ? Il fut un temps où il suffisait de savoir applaudir, d’avoir un nom, des bonnes affinités avec un ou des hiérarques du parti pour être « parrainé » à une élection au sein du PDG, pour briguer un poste au bureau politique ou au gouvernement. De même, quelles que soient leur impopularité et leur faible ardeur militante, des individus accédaient à des postes de confiance et de responsabilité au sein du gouvernement et du parti. Mais lorsque le PDG affrontait des crises ou des tensions, ces militants de la 25è heure répondaient aux abonnés absents. Tout comme la hiérarchie du parti constatait qu’elle a misé sur les mauvais chevaux lorsqu’arrivait le moment de montrer ce qu’on lui a apporté en retour. Sous son magistère, c’est davantage Omar Bongo qui a fabriqué la plupart des «hommes politiques ». Très peu d’entrepreneurs politiques pouvaient alors se targuer d’être entrés dans le parti ou en politique par conviction et sans avoir au préalable reçu une ‘’enveloppe’’ bien garnie censée susciter la ‘’vocation’’. De même, d’autres, après avoir vu leur vie transformée par « décret » du président de la République « au titre des mesures individuelles du conseil des ministres », se montraient radins envers le parti et la base. Aucun investissement local (marchés, dispensaires, routes, écoles, infrastructures collectifs ou économiques), quand bien même ils étaient aux affaires et en profitaient personnellement. Cette époque semble aujourd’hui révolue. Dans l’environnement politique actuel, marqué par l’existence d’un côté d’une opposition radicale, de l’autre d’une société civile tout aussi radicale et qui brille par un activisme débordant, appelant parfois ouvertement à l’alternance, le PDG ne peut plus se permettre de continuer à promouvoir des personnalités qui ne lui assurent pas un retour sur investissement. En d’autres termes, la promotion à de hautes fonctions tant au sein du parti que dans l’appareil de l’Etat des militants du PDG doit s’accompagner d’actes concrets prouvant son soutien au projet de société du président de la République. Ces actions en faveur du développement socio-économique du département, du village, du canton, etc. du ministre ou du haut fonctionnaire constituent l’argument massue susceptible de conduire à l’adhésion des populations à la politique du chef de l’Etat. Dès lors, les luttes de leadership, au lieu d’être le levain de la division, devraient plutôt stimuler une saine concurrence. Concrètement, deux personnalités d’une même localité se disputant le contrôle d’une province doivent recevoir l’onction du parti au regard de leur capacité de mobilisation des masses, condition sine qua non de la popularité du parti dans cette localité. Le leadership doit échoir à celui dont les actions réalisées dans l’intérêt socioéconomique des populations et du développement de cette localité constituent un témoignage éloquent de sa force et de ses qualités de meneur d’hommes. La promotion ne devrait donc pas être une prime à l’affinité ou aux spécialistes des intrigues et autres coups bas. De ce point de vue, la célébration en différé des 47 ans du PDG dans la Ngounié constitue une parfaite illustration. L’on aura assisté à Mouila à deux célébrations du « 12Mars » aux facettes différentes. D’un côté une qui a connue une faible mobilisation, et de l’autre une manifestation organisée le weekend dernier qui a tourné en une véritable démonstration de force : des navettes terrestres et aériennes pour convoyer depuis Libreville et localement les militants et populations intéressés par l’évènement, l’achat des pagnes, la restauration, un concert géant…Et, cerise sur le gâteau, une organisation qui n’a pas attendu le financement du parti, et qui a déployé des moyens largement au dessus de la subvention politique accordée par le PDG. Cette entreprise politique de la Ngounié forte devrait faire tache d’huile. Tant elle démontre qu’on n’est pas « général politique » dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, ni dans un bureau de « DG » ou de ministre à Libreville, loin des contingences villageoises et locales. Mais par des sacrifices financiers personnels, la proximité avec les jeunes, les femmes, les chefs de villages et de communautés, la réalisation d’actions d’intégration socioéconomique contribuant significativement et durablement à l’amélioration locale des conditions de vie des populations de sa circonscription politique. A la lumière de cet exemple, il importe d’augurer véritablement l’ère de la ‘’professionnalisation’’ de la politique au sein du PDG, en permettant une hiérarchisation et une sélection (promotion) politique objective des cadres sur la base de leur investissement local, de leur capacité réelle de mobilisation des populations derrière le président Ali Bongo Ondimba.n Politique 5 MAtin EquAtoriAl 12-Mars en différé à Mouila La «Ngounié forte» fait une démonstration de force Le 16 mai dernier, les militants et sympathisants du Parti démocratique gabonais (PDG) ont célébré avec faste le 47ème anniversaire de leur parti, dans une mobilisation populaire sans précédent qui fera forcément date. L Mo’Mabike a célébration improvisée le 10 mai n’était donc qu’un avant-goût. En attendant la démonstration de force du 16 mai dans la même cité. Samedi dernier à Mouila, les militants et sympathisants du PDG, venus cette fois-ci en masse, ont célébré en grandes pompes le 47ème anniversaire du parti créé par Omar Bongo le 12 mars 1968. Cette célébration en différé a eu lieu en présence des hiérarques locaux du parti et des «camarades» venus d’autres localités de la province, tous guidés par «la dynamique unitaire» pour une «Ngounié forte». Parmi les hiérarques locaux du PDG, figure en première ligne Fidèle Pango, le patron du parti dans la province, accompagné pour la circonstance des membres du bureau politique Martin Moussavou et Léon Nzouba, et le ministre de la Culture, Rufin Martial Moussavou. La manifestation est rehaussée par les présences d’autres membres du bureau politique de la province, parmi lesquels Serge Mboula de Fougamou et Sébastien Mamboundou Mouyama de Malinga, mais aussi et surtout Yves Fernand Manfoumbi, en sa qualité de membre du comité permanent du bureau politique. D’autres personnalités, en l’occurrence le ministre délégué à la Santé, Yussuf Sidibé Nzengue Akassa et le secrétaire général du ministère du Budget, Yolande Nyonda, ont tenu à effectuer le déplacement de Mouila. Une ferveur militante En ouverture de ces festivités marquant la célébration du 47ème anniversaire du PDG, les militants et sympathisants du parti de masse, qui ont pris d’assaut le carrefour militaire, le point de rassemblement, ont battu le bitume sous un soleil de plomb, dans le sens carrefour militaire-Place de fêtes, où a eu lieu les discours de circonstance et les prestations des groupes d’animations. Telle une vague déferlante sur la ville de Mouila, la marche militante a sans aucun doute donné des sueurs froides au bouvier de Moutassou, qui n’avait plus vu pareille mobilisation des pédégistes depuis son exploit aux locales 2013. Une mobilisation qui passe pour un camouflet à certains cadres du parti à Mouila, qui voient d’un mauvais œil l’irruption des jeunes sur un terrain qu’ils tenaient pour leur chasse-gardée. Tous derrière Ali Bongo Le dénominateur commun de tous les discours prononcés par les différents orateurs à la place de fêtes est bien entendu le vibrant appel au resserrement des rangs autour d’Ali Bongo Ondimba en vue des prochaines joutes électorales. En prenant la parole en premier, le membre du bureau politique Martin Moussavou a invité les militants et sympathisants du PDG de Mouila à «construire un socle au distingué camarade Ali Bongo à partir de l’unité». Même son de cloche chez l’autre membre du bureau poli- tique de Mouila, Léon Nzouba, qui a exhorté les militants «à se mobiliser derrière le distingué camarade Ali Bongo». Leur emboîtant le pas, le ministre Rufin Martial Moussavou a demandé aux Molvilois de prendre exemple sur les aînés que sont Alfred Mabika et Léon Nzouba. Un duo qui donne des cauchemars à leurs rivaux politiques dans la province. Et ce n’est pas Pierre Claver Maganga Moussavou qui dira le contraire. A leur tour, les femmes ont été exhortées tour à tour par Yolande Nyonda, Solange Mbondzi et Solange Itsitsa à se mobiliser derrière le PDG et son illustre chef. Tout en saluant les efforts inlassables d’Ali Bongo Ondimba en faveur de l’épanouissement de la femme gabonaise et de la femme de la Ngounié en particulier, ces dernières ont invité leurs sœurs à soutenir la politique d’Ali Bongo qui s’emploie chaque jour un peu plus pour que cette décennie soit celle de la femme gabonaise. Bouclant la série d’allocutions, Yves Fernand Manfoumbi, cheville ouvrière de cette mobilisation tous azimuts, a tout d’abord invité ses frères et sœurs à réaliser que «la Ngounié est présente au gouvernement et au parlement», avant d’ajouter que «nous devons rendre l’ascenseur au distingué camarade Ali Bongo Ondimba». Ainsi, tels des «canoniques» mandatés par le parti, Yves Fernand Manfoumbi et les siens ont donné une leçon de mobilisation aux «apocryphes» qui se sont essayés une semaine plutôt. Après Mouila, Ndendé attend de faire sa démonstration populaire au moment de boucler les manifestations commémoratives du 12-Mars en différé dans la province de la Ngounié.n La colonne sème la zizanie dans la maison du père A M.A phone depuis que la colonne qui part de Mandilou, pour Lébamba, en passant par Mouila et dont les tentacules atteignent désormais Nzenzélé et Mimongo a décidé de marcher sur ses plates-bandes, Yves Fernand Manfoumbi (Manf ’10) a rompu le mur du silence samedi dernier en répondant à ses détracteurs, en tête desquels Guy Bertrand Mapangou, affectueusement appelé «Guy-B» par ses sbires. «Notre politique ne doit pas être orientée contre le parti, contre la province mais plutôt contre la division», a scandé Manf ’10 avant de déplorer que «matin, midi et soir, on sème la zizanie et la distraction dans la maison du père». En effet, en décidant d’organiser des ma- nifestations parallèles à celles prévues par les instances dirigeantes du parti, Guy Bertrand Mapangou, imbu de ses qualités de ministre de l’Intérieur et de membre du comité permanent du Bureau politique du PDG, et ses sbires ont défié, par cet acte, Ali Bongo et Faustin Boukoubi. Et c’est sa motivation qui est le plus à déplorer dans cette aventure de la colonne. Comme tout observateur averti peut aisément s’en rendre compte, Guy-B et sa fratrie ne luttent que pour sauver des strapontins pour certains et un retour grâce pour les autres. Toute chose qui milite contre celui qui détient la clé de leurs petits calculs égoïstes, c’est-à-dire Ali Bongo Ondimba qui les traîne désormais comme un boulet.n N° 69 du mercredi 20 Mai 2015 6 Société MAtin EquAtoriAl 12-Mars dans le 4ème arrondissement de Libreville ABC entretient l’espoir autour des réformes Alexandre Barro Chambrier, député frondeur du parti au pouvoir, a appelé le 16 mai 2015 les militants et autres sympathisants venus au stade de Basket d’Awendjé pour la célébration des 47 ans du PDG à garder espoir face aux réformes engagées par le gouvernement pour sortir la population de la pauvreté. Bound Moussavou « N’en déplaise aux professionnels de la diversion, nous avons espoir pour la poursuite des chantiers ouverts». Déclaration du membre du comité permanent du PDG qui, a saisi l’occasion de la célébration des 47 ans du Parti démocratique gabonais (PDG) pour inviter le gouvernement a mieux définir sa stratégie de résorption du chômage des jeunes, qui touche une partie importante de cette frange de la population. Pour mieux édifier l’assistance sur les perspectives prometteuses des réformes engagées, l’agrégé d’économie a relevé quelques points positifs contenus dans la stratégie d’investissement humain. Cette politique sociale est, selon lui, appropriée pour lutter d’une manière efficiente contre la précarité et la pauvreté. Il a invité tous les Pédégistes à se constituer en coopératives afin de bénéficier de certains avantages octroyés par le Fonds national d’aide sociale (FNAS). Cette rencontre avec les militants de son fief politique a aussi offert à ‘’ABC’’ l’occasion de faire un violent réquisitoire contre certains Pédégistes qui, à son goût, s’illustrent uniquement dans « la course aux postes ou au maintien à des positions de pouvoir dans l’ap- pareil de l’Etat». Or, souligne-t-il, le pragmatisme impose aujourd’hui que la priorité soit accordée aux préoccupations des populations. Car, précise-t-il, 2016 qui marque l’heure du bilan pour le pouvoir, approche à grand pas. L’homme politique a toutefois reconnu qu’il y a encore du temps pour achever certains chantiers qui touchent directement le quotidien des populations. Il s’agit notamment des équipements structurants et socio-collectifs, du logement qu’il souhaite plus social, de l’adduction à l’eau et à l’électricité, des soins de santé pour tous et la suffisance alimentaire avec « trois repas par jour ». Pour mieux redistribuer les fruits de la croissance, Alexandre Barro Chambrier, ancien ministre du Pétrole, a proposé à l’Etat de recréer un climat de confiance vis-àvis des entreprises et des salariés. Il a ainsi mis en évidence le rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur l’encours de la dette publique, passé de 16 % en 2011 à 28 % en 2013. Même si la dette est en nette croissance, notamment en raison du lancement de plusieurs projets structurants gourmands en financements, reste que le Gabon est encore loin d’atteindre les ratios prudentiels prescrits par les normes communautaires et les institutions de Bretton Woods.n N° 69 du mercredi 20 Mai 2015 Canton Ogooué-Avale Régis Immongault en quête d’hégémonie du PDG Le chef politique du département de Mulundu, Lastoursville effectue le week-end prochain pour remobiliser les populations les populations autour du projet de société d’Ali Bongo Ondimba. H.D.M. R égis Immongault Tatangani a parcouru les cantons Ogooué-amont, Lassio-sébé, Poungui et Léyou en 2013 et 2014, pour fixer ses repères politiques. Le weekend prochain, le membre du comité permanent du bureau politique du Parti démocratique Gabonais (PDG) va boucler par le canton Ogooué-avale ses tournées organisées dans l’optique de s’assurer de l’adhésion des populations de ces cantons au projet de société du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba. L’on devine bien que, comme ce fut le cas dans les premiers cantons visités, le ministre de l’Economie aura droit à un accueil de la notabilité pour la remise des clés du canton. Un acte symbolique qui ouvrira inéluctablement la voie aux manifestations socioculturelles, ainsi qu’à des audiences qui serviront de cadre au membre du gouvernement pour recueillir les principales doléances des Ogvalloises et Ogvallois. Au centre des échanges, figureront entre autres le projet d’hydraulique villageoise qui n’est pas encore arrivé à son terme, la sécurité sanitaire, les dévastations permanentes des plantations par des éléphants protégés par la réglementation gabonaise. Les populations de l’Ogooué-Avale pourront aussi joindre leurs voix à celles de leurs compatriotes des autres cantons et de la commune, pour demander la matérialisation de la promesse faite par le chef de l’Etat lors de la session du conseil des ministres délocalisé de Koula-Moutou en 2012, en vue de la création à Lastoursville d’une zone économique spéciale pouvant constituer un réel espoir pour la résorption du chômage dans le coin. Tout en saluant cette initiative qui présente l’avantage de les mettre en contact avec les décideurs, les populations se demandent cependant si effectivement leurs doléances sont effectivement transmises à qui de droit. L’interrogation semble d’autant plus légitime que ces populations restent dans l’attente de la concrétisation des recommandations des journées de réflexion sur le développement de Mulundu tenues en 2010, juste après l’entrée au gouvernement de Régis Immongault Tatangani.n MAtin Economie 7 EquAtoriAl Environnement Le Centre national anti-pollution entretient une trésorerie parallèle Cette caisse est alimentée par le fruit des amendes infligées à des présumés pollueurs en dehors de toute procédure légale. Hortense De Méka O mniprésents sur le terrain ces dernier jours à Libreville, les agents du bureau des inspections du Centre national anti-pollution, un démembrement du ministère de la Forêt, de l’Environnement et de la Protection des ressources naturelles, recouvrent d’importantes amendes auprès des présumés pollueurs. Mais d’après nos sources, cet argent ne serait pas reversé au trésor public. De quoi se demander où va alors tout cet argent collecté par les agents de ce centre situé au carrefour STFO? Le mode opératoire est simple : des convocations assorties parfois de mises en demeure pour infraction au code de l’environnement en République gabonaise sont adressées aux présumés pollueurs qui très souvent sont sans défense. Sur le terrain, les inspecteurs se font accompagner, soit par gendarme soit par un agent des corps habillés, en tout cas par un agent des forces de sécurité requis pour intimider les personnes enquêtées. Une fois au bureau des inspecteurs, les personnes convoquées, généralement des ressortissants étrangers, sont soumises à une parodie d’entretien qui s’achève presque toujours par une menace de transmission du dossier au tribunal qui devrait statuer sur la gravité du délit et l’importance des amendes à payer. Souvent pris de panique et de peur de se voir attribuer d’autres infractions par le parquet, les présumés pollueurs se résolvent à négocier un règlement à l’amiable du différend. A Mindoubé, non loin de la décharge publique, dans le 5ème arrondissement par exemple, un certain Samaké, de nationalité malienne, s’est vu infliger, la semaine dernière, une amende de 200 000 francs à payer à la caisse du bureau du Centre national anti-pollution qui conditionne la délivrance de la quittance de paiement au versement intégral de ladite somme. A plusieurs autres ressortissants maliens, accusés d’incinération de déchets toxiques et dangereux à l’air libre, toujours à Mindoubé 1 et un cer- tain Fofana, exerçant derrière l’église de Nkembo, il a été exigé des paiement d’amendes de 600 000 francs et 100 000 francs respectivement, sous peine d’interdiction de leurs activités sur le territoire Gabonais. La société Averda, héritière de Clean Africa, pourrait également passer à la trappe des inspecteurs de la CNAP, à cause de la pratique d’incinération à ciel ouvert des ordures de tous genres, à la décharge de Mindoubé, exposant ainsi les riverains de ce quartier à la menace de pollution. Selon les articles 149, 152, 153 et 154 de la loi 007/2014 relative à la protection de l’environnement en République gabonaise, les personnes prises en flagrant délit de violation de cette loi s’exposent à de lourdes peines d’amendes et d’emprisonnement ou de l’une de ces deux peines seu- lement. L’article 149, alinéa 3 , indique que «sont punis d’une amende de cinq cent mille francs CFA à quinze millions de francs CFA et d’un emprisonnement de trois à six mois ou de l’une de ces deux peines seulement, les auteurs d’un non-respect des dispositions relatives à la prévention de la pollution de l’air et de l’atmosphère ». L’article 154 ajoute que le fait de ne pas se conformer à la mise en demeure adressée (après trois convocations) par l’administration en charge de l’environnement est réprimé d’une peine maximale de six mois d’emprisonnement et cinquante millions de francs d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement. La brigade anti-pollution opère sans doute conformément à ses missions. Mais le bât blesse lorsque les différentes interventions se font sans ordre de missions. De plus, les agents de cette institution jugent eux-mêmes de la flagrance du délit, sans concertation avec les autres administrations concernées et surtout les infractions sont retenues sans enquête préalable. Le comble, c’est quand le fruit du paiement des amendes n’est pas reversé au trésor public. Pourtant, les instructions présidentielles interdisant l’incinération des herbes et d’ordures de tous ordres à l’in- térieur du périmètre urbain de Libreville sont encadrées par des mesures d’accompagnement, qui prévoient notamment l’utilisation des recettes provenant des amendes au tiers. Une situation qui interpelle la Cour des comptes, qui devrait se saisir de ce dossier afin de s’assurer de l’orthodoxie de la gestion de ces ressources. Surtout aussi que, en principe, de ces statistiques devrait dépendre le paiement de la PIP.n Sécurité routière Des passages pour piétons, passages pour la mort à Libreville A cause notamment de l’incivisme des automobilistes, ces endroits sont devenus mortels pour les piétons. H.D.M. I nitialement, ils ont été conçus pour assurer la sécurité des usagers de la route, en particulier les piétons. Mais aujourd’hui les passages horizontaux pour piétons érigés devant chaque établissement scolaire ou milieu à grande concentration humaine sont considérés comme des endroits plus accidentogènes que sécuritaires. En témoigne le nombre d’accidents de circulation enregistrés sur ces lieux, qui se comptent par centaines par an. Une triste réalité favorisée aussi par le déficit de passerelles pour piétons, notamment sur les voies à très grande circulation automobile. Sous d’autres cieux, en dehors de la signalisation horizontale, il est installé, aux passages pour piétons, des poteaux de feux d’interpellation des automobilistes sur la nécessité de prioriser la traversée des piétons. En Allemagne par exemple, certaines voies de Berlin sont dotées d’une sorte de cloutage automatique, permettant aux automobilistes de ralentir systématiquement à chaque endroit prévu pour la traversée d’enfants et autres piétons et la présence dissuasive des forces de sécurité y est obligatoire. En dépit de l’incivisme de certains automobilistes, qui se croient très souvent seuls usa- gers de la route à Libreville, les autorités du ministère des Transports, très présentes sur les lieux de contrôles routiers déployés çà et là comme planches à billet, pourraient également, comme en France qui nous inspire, instituer des permis à points ou toutes autres mesures visant à mettre hors d’état de nuire tous les apprentis ou chauffeurs n’ayant aucune notion de respect du code de la route. Dans des endroits à grande concentration humaine et de traversée périlleuse, comme à l’armée de l’air, lac bleu, deux poteaux, plein ciel, Fopi, Sogatol, IAI, maternité Joséphine Bongo, carrefours SNI et Sétrag, Bananier, Sobraga et Douanes sur le fameux boulevard périphérique devenu très mortel, des graves accidents de circulation, avec dégâts corporels ou mortels, contribuent malheureusement à l’augmentation du taux de mortalité des citoyens valides pour le développement du pays. Cette situation interpelle les autorités gabonaises jusqu’au plus haut niveau pour une prise des mesures adéquate. Les pouvoirs publics pourraient par exemple réexaminer la possibilité de pérenniser les brigades scolaires à chaque sortie des cours ou envisager la construction des passerelles appropriées à la traversée des piétons dans la capitale gabonaise.n N° 69 du mercredi 20 Mai 2015 8 Société MAtin EquAtoriAl Fin d’année scolaire Les incertitudes d’un avenir sans la Pife De gros nuages s’amoncellent à nouveau dans le ciel scolaire avec la probable suspension du payement de la PIP et de la Pife, à deux mois de la fin officielle de l’année scolaire. C Paul Beyémé ’est le genre d’annonce qui fait froid dans le dos. Mais le porte-parole de la présidence de la République a pris le risque afin que nul n’en ignore : la prime à la performance et celle relative à l’’incitation à la fonction enseignante’’ sont supprimées pour être refondues dans le nouveau système de rémunération des agents de l’Etat. Et pour être plus précis, le gouvernement se propose de faire entrer la nouvelle grille en vigueur dès juillet. C’est-à-dire, dans trois mois. L’affaire est suffisamment préoccupante au point de susciter des inquiétudes. Les agents de l’Etat attendaient la PIP, commune à tous les fonctionnaires, pour fin mars. Après le premier choc consécutif au retard de versement du quatrième trimestre de l’année 2014, on s’attendait à une accélération du mode de paiement de cette prime en 2015. Début mars, on apprenait du reste que des listes étaient formalisées dans chaque département ministériel pour le premier trimestre : celui qui courait de janvier à mars, justement. Les agents publics sont surpris de ne pas être payés jusqu’à ce jour. Mais l’espoir demeure. Dans les bureaux, les collègues se sondent pour savoir si c’est fait. La réponse, chaque fois, tombe tel un couperet : « Il n’y a encore rien ». Voilà que jeudi dernier, dans sa conférence de presse hebdomadaire, le porte-parole de la présidence ruine les derniers espoirs des fonctionnaires : «Il faut mettre définitivement un terme à cette histoire de PIP, le gouvernement ayant promis de mettre en valeur le nouveau mode paiement des agents de l’Etat ». Ce qui sous-entend que celui-ci sera suffisamment avantageux afin que tout le monde trouve son compte. Seul problème, le gouvernement n’a pas communiqué sur la question. Mais le porte-parole de la présidence de la République étant Menace sur les examens ? L P.B a présente année scolaire a certes été prorogée jusqu’en juillet, voire en août, pour tenir compte des longues pauses consécutives aux grèves qui ont paralysé notre système éducatif, mais la menace n’est toujours pas levée. La période qui pointe à l’horizon est particulièrement propice aux arrêts de cours, pour exiger le payement de la Pife (prime d’incitation à la fonction enseignante). C’était déjà le cas l’an dernier à l’approche des examens de fin d’année (CEP, BEPC, bac). Un remake ne serait donc pas exclu. Et pour cause, s’agissant de la PIP (prime d’incitation à la performance), le porte-parole de la présidence de la République a jeté un pavé dans la mare à l’issue d’une de ses récentes conférences de presse en affirmant que cette prime est purement et simplement enterrée. Billié-By-Nzé se référait au nouveau mode de rémunération annoncé par le chef de l’Etat. Mais comme chacun sait, cette nouvelle grille ne prendra effet qu’en juillet prochain. Déjà, les ayants droit commencent à s’agiter et à l’approche des examens, c’est tout, sauf un bon signe. Pour la PIP, ils font valoir la non-rétroactivité de la loi, la MAtin équAtoriAl JOURNAL D’INfORMATION ET D’ANALYSES www.matinequatorial.com [email protected] Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10 N° 69 du mercredi 20 Mai 2015 grille en gestation ne pouvant abroger celle qui existe qu’une fois actée sa mise en application. « Que faisons-nous en attendant ? » s’est interrogé un agent de l’Etat. Pour la Pife, c’est plus compliqué. Les enseignants font valoir que cette prime sort du cadre de la PIP en ce qu’ils la touchaient depuis plusieurs années. Elle avait été négociée sous Omar Bongo et c’est désormais un ac- Directeur de la Publication: Madre NGUIMBY Directeur de la Rédaction: Paul NZOGHBAM Rédacteur en Chef: Roger OKILI Secrétaire de Rédaction: quis irrévocable pour eux. Et c’est justement à dessein qu’ils ont fixé à mai de chaque année le paiement de cette prime afin de mieux tenir le gouvernement. Cette année, les enseignants peuvent être tentés de remettre ça et des rumeurs dans ce sens commencent à circuler. Selon eux, ils peuvent lever le pied sur la PIP, mais jamais sur la Pife. Voilà pourquoi il est probable qu’un retour à la case départ soit observé dans un avenir proche. Les enseignants sont retournés dans les salles de classe tout juste pour mieux piéger le gouvernement. Alain-Claude a dit que la prochaine étape, après la mise sous bons de caisse et la suspension, sera la radiation. On semble tendre irrémédiablement vers cette solution. La pause actuelle pourrait être le prélude à un mouvement beaucoup plus corsé si le pouvoir ne joue pas plus serré.n Arthur MBADINGA Comité de Rédaction : Vincent Eyi Roger Okili, Alban Moussavou Jacques Okeng Constantin Toukoule-Mè Jacqueline Mubokianu dans le secret des dieux, nul doute que sa parole pèse désormais autant qu’un arrêt de la Cour administrative. La question de savoir pourquoi le cabinet Ona Ondo ne va pas lui-même au charbon en devient presque sans objet. Toujours cette rivalité sans fin entre le palais et le 2-Décembre. En d’autres circonstances, c’est le porte-parole du gouvernement qui serait venu annoncer la mauvaise nouvelle. Pourquoi, dans une affaire aussi sensible, c’est celui de la présidence de la République qui a pris les devants? Le mutisme du gouvernement vaut-il approbation tacite? Autant de questions qui taraudent les esprits au moment où les agents de l’Etat attendent de toucher la PIP. Les raisons invoquées par le porte-parole du palais pour justifier les coupes sombres dans certains chapitres budgétaires sont plutôt de nature à jeter de l’huile sur le feu, si cela ne ressemble pas à de la provocation. Depuis que le chef de l’Etat a institué cette prime, elle fait désormais partie du salaire du fonctionnaire qui l’attend fiévreusement tous les trois mois. Le premier trimestre est passé alors que le second est déjà à son beau milieu. En réalité, le plus délicat est à venir. Il s’agit de la Pife (Prime d’incitation à la fonction enseignante) que touchent les enseignants au mois de mai. De peur d’être floués, ils ont fixé son paiement à cette date qui précède la tenue des examens.n Infographes: Marcel OLENDEY Zambo Linus Impression: MULTIPRESS: TIRAGE: 5.000 exemplaires Distribution : SOGAPRESS