économie - Matin Equatorial
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MAtin N°71 du 3 juin 2015 500F CFA EquAtoriAl Journal d’information et d’analyses. [email protected] / [email protected]. Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10 Réforme salariale Le gouvernement pris au piège de la PIP L e projet consiste à «supprimer» la PIP dans sa version actuelle, pour qu’elle réapparaisse «autrement» dans le bulletin de salaire. Concrètement, l’agent qui perçoit 350.000 FCFA de solde mensuelle va, en plus, recevoir dans le cadre de la réforme salariale imminente 200.000 FCFA à 300.000 FCFA environ correspondant à la PIP de sa catégorie et du groupe auquel appartient son administration dans le classement de trois groupes. A la fin sa rémunération oscillera entre 550.000 FCFA à 650.000 FCFA. Mais cette vision simpliste de la réforme salariale ignore plusieurs autres paramètres connexes. D’abord, la grille salariale est unique pour tous les fonctionnaires de l’Etat, abstraction faite des corps (statuts particuliers). Donc, l’ouverture des salaires sur cette base n’intègre pas à pro- prement parler le relèvement du point d’indice attendu. Le projet consiste à «supprimer» la PIP dans sa version actuelle, pour qu’elle réapparaisse «autrement» dans le bulletin de salaire. Concrètement, l’agent qui perçoit 350.000 FCFA de solde mensuelle va, en plus, recevoir dans le cadre de la réforme salariale imminente 200.000 FCFA à 300.000 FCFA environ correspondant à la PIP de sa catégorie et du groupe auquel appartient son administration dans le classement de trois groupes. A la fin sa rémunération oscillera entre 550.000 FCFA à 650.000 FCFA. Mais cette vision simpliste de la réforme salariale ignore plusieurs autres paramètres connexes. D’abord, la grille salariale est unique pour tous les fonctionnaires de l’Etat, abstraction faite des corps (statuts particuliers). Donc, l’ouverture des salaires sur cette base n’intègre pas à proprement parler le relèvement du point Lire en pg. 2 d’indice attendu. Le PDG et la politique dans la Ngounié La ‘’Ngounié forte’’ met « Guy Louis Bertrand » aux abois T out le monde croyait le débat sur le dossier clos, et « l’agitateur » de Fougamou et ses ‘’non-alignés’’ renvoyés à leurs chères études. Voilà que des journaux, travestissant sans scrupules les faits, lui attribuent une victoire sur un adversaire évoluant plutôt dans une arène plus importante. Dans la mare politique gabonaise, c’est une réalité qui crève désormais les yeux. Elle met en évidence, preuves à l’appui, et en dépit de sa longévité aux affaires, l’éclatante déculottée de Guy Louis Bertrand », «Poutine» pour son fan club, dans les joutes politiques dont la Ngounié est devenue un terreau fertile. En témoigne le fiasco populaire de la manifestation organisée par le ministre de l’Intérieur le 10 mai à Mouila, à l’occasion de la célébration en différé des 47 ans du PDG. Lire en pg. 6 2 Economie MAtin EquAtoriAl L’éditorial de Paul Nzogh Bam D ans sa pratique, le football est un sport collectif par excellence. Le jeu est collectif, tout comme la victoire ou la défaite est collective. Un joueur a beau sortir de la mêlée en illuminant le jeu, se montrer décisif dans les actions de but ou au contraire s’illustrer par une piètre performance au risque d’annihiler les efforts de ses coéquipiers, au terme du match la victoire ou la défaite ne sera jamais son héritage. Sans doute, elle portera son empreinte, mais sera toujours attribuée à toute l’équipe. Plus qu’un match, l’organisation du football est une œuvre collective. Elle requiert davantage une implication collective dès lors qu’il s’agit d’une compétition, en l’occurrence la CAN, l’événement footballistique voire sportif africain le plus populaire. Le plus couru, le plus prestigieux. Se voir attribuer son organisation constitue déjà une victoire en soi. Une victoire qui ne saurait être sportifs d’envergure, les nations taisent leurs égoïsmes, transcendent leurs divisions ou querelles internes et s’unissent afin de préserver non pas des honneurs individuels, mais la réputation ou l’image collective. Celle de tout un pays. Comme sous d’autres cieux, le Gabon doit faire chorus pour réussir sa CAN 2017. Comme on ne change pas l’esprit d’une équipe qui gagne, le COCAN qui a réussi le pari en 2012 a été reconduit. Bien sûr, le succès ou l’échec de la CAN 2017 portera l’estampille des artisans ou des architectes qui constituent le nouveau COCAN. Mais au bout du compte, les dirigeants du football africain, les télévisions du monde et leurs consultants retiendront que c’est le Gabon qui a raté ou réussi sa CAN. L’échec ou le succès sera donc national. Tout comme l’opprobre ou la gloire. Il faut donc un esprit d’équipe, une mobilisation collec- Victoire collective, dividendes collectifs individuelle, mais collective. Elle peut porter la marque d’un capitaine ou d’un dirigeant qui, pour ce faire, a pu peser de tout son entregent ou de son rayonnement. Mais ces apports individuels n’occultent pas la mobilisation collective. Loin de là. Mais organiser une CAN est loin d’être une sinécure. Elle suppose des capacités d’organisation. Même des pays développés, donc disposant des infrastructures et surtout d’une expertise éprouvée, déploient encore des trésors d’imagination, de créativité, etc. pour réussir le pari d’une bonne organisation. En la matière, le Gabon revendique une expérience. Le pays a prouvé en 2012 qu’il est capable d’accueillir la plus grande fête du football africain. Mais l’organisation de chaque compétition est un nouveau défi. Elle exige donc un esprit d’équipe. Pour accueillir des événements tive pour accompagner le COCAN dans sa tâche. Organiser une compétition comme la CAN n’est pas une œuvre caritative ou de charité. Car elle charrie de gros enjeux financiers, publicitaires, etc. Grâce à la CAN, de nouvelles infrastructures voient le jour, les touristes affluent dans le pays, les affaires fleurissent, les restaurants et les hôtels connaissent leur haute saison, etc. En somme, elle apporte, à tout le moins pour un temps, une bouffée d’air pour toute l’économie. Il n’est qu’à voir comment se battent les pays pour décrocher l’organisation des Jeux olympiques ou de la coupe du monde de football. Et à la fin, les dividendes ne reviennent ni à un parti politique, ni à un individu, ni à une classe mais à tout le pays. Autant dire que la victoire du Gabon à la CAN 2017 sera collective, les dividendes aussi. Il en est de même dans l’autre cas de figure.n N° 71 du mercredi 3 juin 2015 Réforme salariale Le gouvernement pris au piège de la PIP Le projet consiste à «supprimer» la PIP dans sa version actuelle, pour qu’elle réapparaisse «autrement» dans le bulletin de salaire. Concrètement, l’agent qui perçoit 350.000 FCFA de solde mensuelle va, en plus, recevoir dans le cadre de la réforme salariale imminente 200.000 FCFA à 300.000 FCFA environ correspondant à la PIP de sa catégorie et du groupe auquel appartient son administration dans le classement de trois groupes. M AGB ais cette vision simpliste de la réforme salariale ignore plusieurs autres paramètres connexes. D’abord, la grille salariale est unique pour tous les fonctionnaires de l’Etat, abstraction faite des corps (statuts particuliers). Donc, l’ouverture des salaires sur cette base n’intègre pas à proprement parler le relèvement du point d’indice attendu. Le plus incohérent et par ricochet improbable, sera la hausse salariale pour les fonctionnaires des autres groupes, notamment des régies financières. Car la suppression de la PIP et son intégration dans leurs salaires constituera une entorse à l’uniformité de la fonction publique et de sa grille salariale. Dans cette hypothèse, les fonction- naires des régies financières auront une autre grille salariale spécifique calquée sur celle du secteur pétrolier qui octroie des salaires variant entre 1.500.000 et 10.000.000 FCFA par mois. Ce qui consacrera alors des inégalités salariales plus fragrantes que celles décriées jusqu’ici. La suppression signifie surtout la mise à mort de la performance recherchée à travers son institution par le chef de l’Etat. L’inclusion de la PIP dans la grille salariale rend impossible l’évaluation de la performance des agents publics. Ce qui traduirait ni plus ni moins l’inconsistance voire l’amateurisme de la démarche du gouvernement qui a imposé une réforme avant de réaliser par la suite toute la difficulté à la mettre en œuvre. Les échéances fixées obligent aujourd’hui le gouvernement à décider sans délai du sort de la PIP : sa suppression ou son maintien. En optant pour le premier choix, il devra tenir compte de son impact au sein de l’opinion (fonctionnaires, forces de défense, syndicats) pour qui la PIP est un « acquis ». Et mesurer le risque d’une mesure aussi socialement salutaire. Avec la relative reprise du cours du pétrole et les réformes structurelles sur les dépenses de l’Etat, le Premier ministre Ona Ondo et ses deux ministres de l’Economie et du Budget ont peut-être une plus grande marge de manœuvre. Surtout qu’ils pourraient aussi se tourner vers d’autres niches budgétaires à l’instar des comptes spéciaux du Trésor qui accumulent d’année en année des reports de crédits qui sont utilisés à d’autres fins. Voilà qui serait plus ambitieux et populairement acceptable.n PIP/Nouvelle grille salariale Ona Ondo dans une impasse budgétaire L’équipe dirigée par Daniel Ona Ondo craint une hausse de la masse salariale qui passerait des 732 milliards actuels par an pour atteindre un pic de 900 à 1000 milliards de FCFA dès cette année. L AGB a réforme de la grille salariale que mène le gouvernement depuis janvier 2015, sous la pression des syndicats, doit être dévoilé le 25 juillet prochain. L’enjeu est de créer dans le bulletin de salaire un nouvel élément prouvant cette hausse promise par le chef de l’Etat le 31 décembre 2014. L’une des pistes très suivie en ce moment conduit à la « suppression » de la PIP. L’institution de la prime d’incitation à la performance (PIP) est une initiative volontaire du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, pour améliorer les conditions de vie des Gabonais. Elle a été justifiée à trois niveaux : un objectif de justice sociale, afin d’étendre le bénéfice de la manne financière de 210 milliards de FCFA qui était partagée seulement à 9000 fonctionnaires (régies financières) chaque année, la volonté d’instituer une culture de performance en récompensant les agents les plus méritants, et obéissait à un impératif de transparence budgétaire et d’unicité des caisses. La réforme de la PIP a permis à l’Etat de réaliser des économies substantielles pour remédier aux déficits chroniques observés sur les comptes des fonds communs et de limiter ainsi l’impact sur le budget de l’Etat. Pour réaliser ces économies, il avait été décidé de supprimer les perceptions multiples et injustifiées et de revoir à la baisse le niveau des primes des principales fonctions de gestion dans les régies financières, de supprimer la perception par des agents qui, soit n’étaient plus en service, soit avaient été appelés à d’autres fonctions ou, plus grave encore, avaient été appelés à faire valoir leurs droits à la retraite. Les économies ont également été réalisées sur les ressources utilisées en dehors de toutes prescriptions règlementaires, à des fins d’investissement ou de fonctionnement. De 210 milliards en 2013, l’enveloppe a réduite en 2014 à 100 milliards, avec un dépassement budgétaire de 30 % en raison de la paix sociale (grèves multisectoriels) qui était devenue nécessaire (extension de la PIP de 30.000 à près de 90.000 agents publics y compris la main d’œuvre non permanente. Cet élargissement a été autorisé en faveur des secteurs sociaux (santé, éducation) et des forces de défense et de sécurité (FDS). Observé par le FMI, et confronté à une baisse des revenus pétroliers (pertes de plus de 450 milliards depuis le début de l’année), le gouvernement Ona Ondo craint une hausse de la masse salariale qui passerait des 732 milliards actuels par an pour atteindre un pic de 900 à 1000 milliards de FCFA dès cette année. En repoussant à juillet la réforme alors que les syndicats avaient immobilisé le pays durant près de trois (grèves multisectoriels) pour faire pression afin d’obtenir la hausse immédiate des salaires, le gouvernement a gagné du temps… et surtout de l’argent en ne commençant pas « si tôt » à payer les fonctionnaires selon la réforme promise par le président Ali Bongo. La suppression de la PIP permettrait des économies budgétaires importantes et la soutenabilité de la masse salariale. En convertissant les 130 milliards de FCFA de PIP annuel en une augmentation salariale, le gouvernement réaliserait un tour de passe « subtile ». Il ne créera aucune nouvelle ressource, mais piochera seulement dans l’existant pour « redistribuer ». Si cette option était choisie, il faudra s’attendre à un nouveau bras de fer entre les syndicats et le gouvernement.n Politique 3 MAtin EquAtoriAl Politique Le résultat du recensement 2013 suscite la polémique L’opposition radicale doute que le Gabon compte aujourd’hui 1,8 million d’habitants et soupçonne une manœuvre devant faciliter la fraude électorale. Pour prouver sa bonne foi et par souci d’objectivité, le conseil des ministres du 28 mai a ordonné des contrôles. Alban Moussavou L es résultats préliminaires présentés par le ministère de l’Economie et qui seront examinés par la Cour constitutionnelle estiment la population gabonaise actuelle (nationaux et étrangers) à 1 802 728 habitants. Comparé au dernier recensement de 2003, qui chiffrait la population gabonaise à 1 011 710 habitants, avec environ 419 596 habitants pour la seule ville de Libreville, l’on constate une forte augmentation de quasiment 80 % en dix ans seulement. Où, quand et comment sont nés autant de Gabonais en l’espace de quelques années seulement? Autant de questions qui taraudent les esprits des Gabonais et des observateurs politiques avisés. Les statistiques sur la population gabonaise ont toujours été l’objet de controverse politique et sociale. Pour le premier recensement organisé 3 ans après la conférence nationale de 1990, le résultat évaluait la population du pays à un million d’habitants. Même si d’autres sources tablaient sur un peu moins de 700.000 habitants. En 2003, alors que le résultat du recensement avançait toujours le chiffre d’un million, les estimations d’autres sources caracolaient à 2.000.000 habitants. Alors que l’élection présidentielle se profile à l’horizon, ces chiffres n’emportent pas l’assentiment de l’opposition radicale. Pour cette dernière, ces chiffres sont « faux » et viseraient à préparer la « fraude « électorale » en 2016. Le PDG au pouvoir et le gouvernement, dont les membres sont déjà visiblement actifs sur le terrain politique appelant le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba à se présenter pour un second mandat, sont fortement suspectés. D’autres mauvaises langues soutiennent que ce chiffre « inimaginable » ne vise qu’à préparer l’inclusion de la population étrangère dans le fichier électoral biométrique testé aux locales de 2013. Selon elles, le SIDA, la pauvreté, les maladies tropicales, les crimes rituels et l’incivisme des conducteurs de voitures continuent à faire des ravages dans les familles gabonaises réduisent forcément la population. Au-delà de ces points de vue somme toute politiques et partisans, un fait doit être pris en compte. Le Gabon est petit à petit redevenu depuis Le PDG et la baronnie locale Ntoutoume Emane se fait-il désirer? Plusieurs fois annoncée, puis reportée, la démission de Jean-François Ntoutoume Emane du PDG ne serait plus à l’ordre du jour, si l’on en croit certaines indiscrétions. Une délégation de haut niveau se serait récemment rapprochée de celui qu’on appelait encore le « doyen politique » de Lalala pour lui demander de surseoir à son projet. J Vincent Eyi acky finira-t-il par franchir le Rubicond? Ou plutôt, comme il se murmure ici et là, finirat-il par renoncer à sa démission? L’affaire est dans l’air depuis plusieurs mois : Jean-François Ntoutoume Emane serait sur le point de quitter le Parti démocratique gabonais (PDG). Chaque weekend, on attend qu’il passe à l’acte. En vain. La tension est même montée d’un cran il y a une semaine. L’entourage de cet idéologue du parti affirme alors que tout est fin prêt, et qu’il ne reste plus qu’à choisir le jour. Puis, subitement, tout s’est dégonflé. Tant et si bien que la démission de Jean-François Ntoutoume Emane ne serait même plus à l’ordre du jour. Info ou intox, toujours est-il qu’on met sur le compte des émergents la nouvelle attitude de Jacky. Ces derniers l’auraient convaincu d’abandonner son projet. Ce qui explique la valse-hésitation de l’homme le plus en vue de Lalala, qui, jadis, y faisait la pluie et le beau temps. Tant, là-bas, rien ne se décidait son avis. Mais c’est devenu de moins en moins évident ces jours-ci. On en veut pour preuve la récente manifestation organisée en l’honneur de Jean-Jacques Ndong Ekouaghe pour fêter sa promotion comme nouveau président de l’Eglise évangélique du Gabon. En apprenant la nouvelle, Jacky serait entré dans une colère noire, vilipendant au passage « ces ingrats » de Lalala qui ont tout reçu de lui. Et depuis que sa menace de quitter le PDG est devenue un secret de polichinelle, Jacky est regardé avec méfiance dans son ancien fief politique où son nouveau positionnement fait débat. Même s’il n’a encore rien officialisé, mais ses intentions sont prises très au sérieux et l’on ne comprend pas qu’un homme qui a tout obtenu du pouvoir se laisse aller à de telles extrémités. Autre fait notable : la célébration du 12-Mars dernier au cinquième arrondissement de Libreville où Simon Ntoutoume Emane a tenu la vedette. Le fils adoptif de Jacky a même appelé Ali Bongo Ondimba à se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce n’est sûrement pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Et l’ancien Premier ministre et ancien maire de Libreville a probablement été très touché, se disant que décidément, bon chien chasse de race. C’est lui, Jacky, qui avait tenu le bras d’Ali Bongo au congrès d’investiture en 2009. La photo avait fait le tour du Gabon et tout le long de la route nationale, on ne voyait que cette affiche géante. À cette époque, il fallait un sacré courage pour adouber un candidat dont le père avait dirigé le pays quarante-deux ans durant. Jacky, lui, l’a fait et attendait logiquement un retour d’ascenseur. Non seulement Ali Bongo n’a pas pu le maintenir à la mairie, mais en plus, sa liste aux dernières locales n’a pas été validée par le PDG. Ce qui peut expliquer ses menaces de démission, Jacky estimant avoir tout donné au parti. Pourtant, depuis des mois qu’on en parle, Ntoutoume Emane hésite, se disant sûrement qu’à son âge, il vaut mieux encore prendre son temps. Trop sans doute, disent ses détracteurs, très nombreux à Lalala à penser qu’il est temps pour lui de passer la main. Hélas, Jacky, nommé président du Comité des sages au dernier congrès, réfléchit encore et toujours. Aux dernières nouvelles, il a fait changer tous ses numéros de téléphone. Il est donc très difficile de le joindre en ce moment. Un homme prudent ou excédé, c’est selon. Bientôt, on présume qu’on saura le fin mot. Pour sûr, il est peu probable qu’il démissionne de sitôt. Et le suspense continue…n quelques années, avec la relance économique impulsée par le chef de l’Etat, un pays de forte attraction de l’immigration clandestine dans une sous-région marquée par le conflit en Centrafrique, dont une partie des habitants, transitant par le Cameroun voisin, a trouvé refuge en territoire gabonais. Pratiquement, dans toutes les provinces frontalières (WoleuNtem, Estuaire, OgoouéIvondo, Haut-Ogooué, et Ngounié), les villages sont écumés par des pêcheurs, planteurs, braconniers et autres débrouillards (peintre, menuisiers) et même des cadres en quête de travail (éducation, santé, affaires). En l’absence de moyens adéquats de surveillance des frontières, on pourrait approcher cette barre de 1.800.000 âmes. De plus, avec un taux moyen de fécondité de 5 enfants par Gabonaise et un taux d’accroissement naturel de 2,5% par an, la population gabonaise devrait relativement augmenter. Mais pour plus d’objectivité et par souci de démontrer sa bonne foi, le gouvernement, sous la houlette du président Ali Bongo Ondimba, a ordonné, au terme du conseil des ministres du 28 mai 2015, que des contrôles soient effectués en vue d’obtenir des résultats définitifs sincères et plausibles. Ces contrôles consistent notamment en l’envoi des équipes sur le terrain, l’exploitation du questionnaire et l’examen des fiches de synthèse. Les résultats définitifs permettront de mieux apprécier les grandes tendances de l’évolution de la population gabonaise depuis 2003. En ligne de mire, une élection présidentielle apaisée et crédible en 2016.n N° 71 du mercredi 3 juin 2015 4 Politique MAtin EquAtoriAl Chronique politique Il n’y a pas de quoi ruer Moyen-Ogooué/ Bifoun/Abanga Quand Davin Akoure chasse sur dans les brancards L e débat à propos de la dissolution ou non de l’Assemblée nationale alimente toujours les conversations dans les milieux politiques du pays. Si certains prennent fait et cause pour notre rédaction qui, la première, en a fait écho et dénoncé le complot en cours au parlement contre le tenant du pouvoir, d’autres par contre estiment, surtout dans le camp de la majorité, cette simple évocation suicidaire, voire comme de la provocation. Comme argument, ils mettent en exergue l’incapacité du pouvoir actuel à s’assurer une majorité confortable en cas de mise en œuvre de cette éventualité qui ne serait pas sans conséquence pour l’actuelle majorité. À les entendre, et à lire les supports mis à profit pour faire passer leur message qui n’est pas loin du chantage politique, cela condamnerait Ali Bongo à une cohabitation avec, cette fois, un Premier ministre issu des rangs de l’opposition. N’est-ce pas là un aveu d’impuissance et une manière de reconnaître, maladroitement, que bon nombre de nos élus à l’Assemblée, qui affirment pourtant haut et fort détenir des fiefs électoraux sur lesquels certains prétendent avoir obtenu jusqu’au titre foncier, n’ont l’honneur d’y siéger, et par défaut s’il vous plait, qu’en raison justement de l’absence de cette opposition, notamment l’Union nationale, à l’époque dissoute? Faut-il percevoir dans cette agitation un second message ? Celui notamment dont le contenu circulerait sous cape dans le pays et selon lequel les émergents détiendraient une liste secrète de candidats déjà investis pour les prochaines législatives qui s’annoncent mortelles. Liste dans laquelle nombreux de nos élus de 2011 n’émargeraient pas? Sans faire dans la polémique, ou avoir la faiblesse de s’aligner un seul instant sur cette thèse du « suicide politique », comme certains confrères, au cas où elle s’avérait fondée, la solution ne peut que surprendre quand on sait surtout leur coloration politique et l’aversion qu’ils ont pour le régime qu’ils vouent à chaque parution aux gémonies. Sans revenir sur l’aspect du complot ourdi contre Ali depuis le parlement, on note simplement des drôles d’accointance et d’union contre nature dans un climat de tension comme celui que connait le pays. Pour notre part, loin de nous l’idée d’envoyer certains en chômage politique, il s’agit simplement, comme dans toute démocratie parlementaire, qui a ses us et coutumes, de recadrer les choses. De rappeler aux « frondeurs » de l’Assemblée nationale, puisqu’il y en a toujours eu, et à chaque législature, qu’il existe en leur sein des tribunes autorisées pour ce genre de sortie suffisamment osée au sein d’une majorité, fût-elle écrasante. Qu’il revenait, en application de cette discipline de groupe, que chaque acteur, notamment les élus qui seraient tentés, par « esprit de déviation » enfoui jusque-là dans leur subconscient, et pour des raisons multiples, de prendre effectivement leurs responsabilités et de jouer franc jeu afin que dans la sérénité et l’unité retrouvées, ils puissent regarder dans une même direction en dépit des aléas électoraux à venir. Encore que, malgré cette levée de boucliers pratiquement inutile dans un parlement monocolore et ennuyeux, certains de nos députés présentés peutêtre abusivement comme des poids lourds de la scène politique nationale, gagneraient à prouver face justement à cette opposition derrière laquelle ils se murent pour distiller leur crainte de la « sanction populaire ». Il n’y a donc pas de quoi ruer dans les brancards et parler de suicide politique. Le cas de la France de Jacques Chirac, avec dans le rôle de Néron un certain Alain Juppé qui précipita le régime dans la cohabitation, n’existe pour l’instant que dans la tête des « froussards » qui n’ont toujours pas compris que les choses ont changé.n N° 71 du mercredi 3 juin 2015 les terres de «Pablo Escobar» Si dans les grosses écuries politiques, la tête est dans la présidentielle, pour les petits partis l’heure est plutôt au positionnement. Principalement dans la perspective des prochaines législatives. L Jacques Okeng’ ’Alliance pour le nouveau Gabon (ANG) de Davin Akoure, un parti de la majorité républicaine pour le social et l’émergence, qui a pignon sur rue dans la province du MoyenOgooué, a décidé de se déployer depuis quelques temps dans le stratégique district de Bifoun/Abanga, dans le département de l’Abanga-Bigne. Ainsi donc, après avoir croisé le fer avec le parti présidentiel dans la commune de Lambaréné, puis celle de Ndjolé, avec des fortunes diverses lors des locales et des sénatoriales, Akoure s’active désormais dans les zones frondeuses de Bifoun et d’Ebel Abanga, 2e siège de député à Ndjolé. Cela ne poserait peut-être pas de problème s’il n’y avait pas sur son passage l’ombre d’un certain Paul Ndong Nguema. Plus connu sous son nom de guerre « Pablo Escobar », acquis au moment où il trônait comme ministre de la Communication, l’actuel député du siège est présenté comme le président du puissant « cartel » de Bifoun. Certes, souffle une source digne de foi, le « vieux lion » présente des signes de fatigue, comme rongé par un mystérieux mal qui, lors des obsèques de Rose Francine Rogombé en avril dernier à Lambaréné, avait inquiété plus d’un observateur. Mais, au regard de la réputation de l’homme et surtout de ses relais sur le terrain, tout porte à croire que la « gueule du puissant prédateur, par ailleurs très redouté, ne saurait devenir le Les législatives en ligne de mire À Bifoun comme à Ebel, depuis le passage de l’Union nationale et de l’Alliance pour le Gabon, on ne parle plus que de la prochaine présidentielle et surtout des législatives à venir. Si personne n’indique la moindre date, encore moins la période, les supputations par contre vont bon train concernant les éventuels candidats, titulaires ou suppléants. Et c’est à ce niveau que le débat vire parfois à l’affrontement entre les deux cantons composant le 2e siège de l’Abanga-Bigne. Une localité où un candidat a rarement fait plus d’un mandat, en dehors justement de Ndong Nguema qui appartient au canton cosmopolite de Bifoun/Weliga, et qui a rompu un accord non écrit qui imposait la rotation entre les deux entités. En toute logique donc, suite à ce passage en force, c’est du canton Ebel Abanga que devrait venir le candidat titulaire pour le prochain scrutin. Mais sur ce point, personne ne veut lâcher le morceau. Les cadres d’Ebel Abanga, convaincus d’être en droit de revendiquer le poste de titulaire dans la conception du prochain ticket, accusent déjà ouvertement le député en poste de vouloir s’accrocher une nouvelle fois. Donc, c’est partie pour une passe de trois, à moins qu’il ne cherche à positionner un de ses proches fidèles.Ce qui alimente les débats et ajoute à la confusion déjà ambiante.n passage sans risque de toutes les proies qui s’agitent ou écument désormais son territoire ». Et Davin Akoure vient, à son tour, de se jeter dans la mêlée des agitateurs en dehors des partisans de l’Union nationale, parti de l’opposition radicale, qui ont décidé de contester sa mainmise sur le fief et qui le mettent dans tous ses états, y compris l’administration et ses démembrements, dont la chefferie accusée d’être réceptive à leurs messages. Voilà qui complique la donne politique pour le pauvre Pablo Escobar qui a déjà du mal à mobiliser dans son propre fief où il a maille à partir avec pratiquement tous les cadres membres de sa formation politique. Homme politique doublé d’un sens aigu des affaires, Davin Akoure, partisan de la lutte contre la pauvreté à travers son activité agricole sur la base de coopératives, a presque fait mouche. L’homme met en place, depuis lors, des structures à Ebel Abanga et dernièrement à Bifoun où, malheureusement, il s’est heurté aux partisans de Ndong Nguema. À l’origine de la chamaillerie, le refus de céder la partie du marché que voulait occuper le leader de l’ANG pour l’installation de ses cellules. Une opération que les responsables du parti au pouvoir n’arrivent plus à réaliser dans la zone depuis plus d’un an. C’est donc chez un habitant qu’Akoure a procédé à la mise en place de sa machine à Bifoun.n suppléMEnt éConoMiE MAtin N°71 du 3 juin 2015 500F CFA EquAtoriAl Journal d’information et d’analyses. [email protected] / [email protected]. Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10 La Ngounié et l’émergence, 5 ans après Sommaire Leader par décret ou par onction populaire Lire en pg. III Leader par décret ou par onction populaire Lire en pg. III L’idylle de la Ngounié avec Ali Bongo Lire en pg. IV A lors que la fin du mandat du président de la République n’interviendra que dans moins de 20 moins, déjà le pays semble peu à peu gagné par une fièvre pré-électorale marquée par un remue-ménage au sein du PDG et de l’opposition. Une ambiance propice à toutes sortes de surenchères politiques et de projections conjecturales. Surtout dans une province comme la Ngounié, répu- Le match du PDG contre l’opposition tée difficile. Afin d’offrir les clés d’un choix lucide, il importe de revisiter le chemin parcouru entre les attentes légitimes de départ, à l’arrivée d’Ali Bongo Ondimba au pouvoir, et les actions en faveur des populations réalisées depuis lors. Considérée comme l’une des provinces les moins avancées du pays avant 2009, la Ngounié est passée, en quelques années seulement, de l’« enfant pauvre » du pays à une « jeune demoiselle parée de colliers ». Depuis l’élection du président Ali Bongo Ondimba, la province a bénéficié d’une attention accrue de l’Etat. En témoignent les multiples promotions de ses cadres au sein des institutions républicaines et dans la haute administration (Sénat, gouvernement, entreprises et administrations publiques). Lire en pg. II Lire en pg. V En attendant le boom des banques et de la microfinance Lire en pg. VIII II économie MAtin EquAtoriAl La Ngounié cueille les fruits de l’émergence Alors que la fin du mandat du président de la République n’interviendra que dans moins de 20 moins, déjà le pays semble peu à peu gagné par une fièvre pré-électorale marquée par un remueménage au sein du PDG et de l’opposition. Une ambiance propice à toutes sortes de surenchères politiques et de projections conjecturales. Surtout dans une province comme la Ngounié, réputée difficile. A P.N fin d’offrir les clés d’un choix lucide, il importe de revisiter le chemin parcouru entre les attentes légitimes de départ, à l’arrivée d’Ali Bongo Ondimba au pouvoir, et les actions en faveur des populations réalisées depuis lors. Les principaux acquis Considérée comme l’une des provinces les moins avancées du pays avant 2009, la Ngounié est passée, en quelques années seulement, de l’« enfant pauvre » du pays à une « jeune demoiselle parée de colliers ». Depuis l’élection du président Ali Bongo Ondimba, la province a bénéficié d’une attention accrue de l’Etat. En témoignent les multiples promotions de ses cadres au sein des institutions républicaines et dans la haute administration (Sénat, gouvernement, entreprises et administrations publiques). L’action du chef de l’Etat s’est aussi et surtout traduite par la réalisation de nouveaux projets, la modernisation des infrastructures (routes, pont) et l’aménagement urbain, dans la ville de Mouila notamment. La construction du pont sur la Banio, inauguré le 20 juin 2014 par le chef de l’Etat en personne, a ouvert la voie au désenclavement de cette partie du pays, au-delà même de la Ngounié, et par ricochet à sa vitalité et à sa compétitivité économiques. En effet, la lagune qui sépare le chef-lieu du département éponyme et les contrées situées sur l’autre rive ne constitue plus une barrière aux échanges entre les populations des deux bords. Ce pont offre de réelles perspectives pour la circulation des biens et des personnes. Car, pour la petite histoire, ce projet, qui constituait l’une des principales doléances des populations, est resté à l’état végétatif depuis le milieu des années 1970. Avec la mise en service de cet ouvrage, Ali Bongo Ondimba marque des points dans la consolidation de ses liens avec le «Grand Sud». La route Ndendé-Mouila constitue l’autre projet phare de la province. Cette infrastructure, longue de 70 km et réalisée à près de 90 %, per- N° 71 du mercredi 3 juin 2015 mettra de partir de Bitam à Mayumba (Nord-Sud) et de Libreville à Franceville (EstOuest) sur des axes entièrement bitumés d’ici à 2016. Dans le cadre de l’intégration sous-régionale, elle facilite le raccordement entre le Cameroun, le Gabon et le Congo. En bonne place dans l’actif économique de l’émergence au bénéfice de la Ngounié, figurent les trois plantations d’Olam, disséminées sur les sites de Moutassou, Mandji et Mboukou. Avec une superficie de 26 000 ha à ce jour, les plantations atteindront 41 000 ha à terme. La pépinière de Moutassou s’étendra sur 9000 ha et Mandji, avec 10 000 ha plantés et 200 salariés actuellement, aura 16 000ha. La construction d’une usine sur le site, prévue pour mai 2015, permettra de transformer sur place les récoltes et ainsi, à terme, de créer 5 000 emplois supplémentaires au profit des jeunes de la contrée et des provinces voisines. D’une portée économique locale peu ou mal comprise du grand public, la construction de l’École de formation des officiers de Fougamou est déjà achevée. Elle sera opérationnelle avec l’envoi, d’ici à la rentrée, des premiers élèves officiers des forces armées gabonaises. Non seulement cette structure contribue à la modernisation de la ville de Fougamou, mais en plus elle entraîne un regain de la consommation locale et de l’offre (plantations, chasse, pêche, services, loyers indirects). Toutes ces réalisations, prévues par le PSGE, déclinaison pratique de « L’Avenir en confiance », le projet de société d’Ali Bongo Ondimba, s’inscrivent dans le cadre de la diversification de l’économie et participent au développement de la province de la Ngounié. C’est dans cette optique que, en juin 2013, a été organisé un forum qui a connu une forte mobilisation de la population ainsi que la participation des opérateurs économiques, cadres et étudiants de la province, et des partenaires au développement, afin d’élaborer des plans de développement communautaire en phase avec le PSGE. Il s’agissait finalement d’unir l’ensemble des fils et des filles de la localité autour d’une orientation consensuelle du développement de la Ngounié, qui prenne en compte l’essor socioéconomique de tous les départements de la province. Un nécessaire rattrapage social Si les projets économiques et infrastructurels en cours de réalisation laissent penser que la Ngounié est de loin l’une des provinces qui attirent le plus les investissements de l’Etat depuis 2009, tout n’est cependant pas rose. Des défis sociaux qui limitent encore la qualité de la vie des 110.000 habitants de la province sont indéniables et interpellent le pouvoir émergent et les acteurs politiques de la majorité présidentielle originaires de la province. Les préoccupations concernent essentiellement la lutte contre la pauvreté, les épidémies et certaines maladies dont le VIH/Sida qui connait un taux inquiétant dans la province (populations rurales), la scolarisation et la formation professionnelle pour les jeunes, la réduction du chômage en dépit des efforts actuels déployés par l’Etat, l’accès à l’eau et à l’électricité et l’impact des minimas sociaux prévus dans le Pacte social pour les compatriotes économiquement faibles.n économie III MAtin EquAtoriAl Leader par décret ou par onction populaire ? Il existe actuellement dans la Ngounié deux tendances politiques qui s’affrontent au sein du PDG. L’inimitié politique ayant conduit à une déchirure entre camarades d’un même bord alimente articles de presse, débats passionnés parfois aux relents communautaires, s’invitant jusque dans les salons feutrés et sous les chaumières de Libreville. Vincent Eyi E t elle s’est publiquement manifestée lors de la célébration en différé des 47 ans du parti à Mouila. A cette occasion, le petit ‘’clan’’ régenté par Guy Bertrand Mapangou, ministre de l’Intérieur, a contre l’avis consensuel organisé sa fête du PDG le « 9 mai », comme pour couper l’herbe sous le pied de son principal adversaire. Mais mal lui en a pris, sa manifestation s’étant soldée par un fiasco de la mobilisation. Et puis, le 16 mai, les militants et sympathisants du PDG de la Ngounié ont eu droit à une autre célébration du 12-Mars. Celle-ci, ayant pour chef d’orchestre Yves Fernand Manfoumbi, qui s’est conformée aux directives de l’administration du parti au pouvoir, aura manifestement rallié aussi bien les officiels du parti, dont la présidente du Sénat, que plusieurs milliers de Ngounis venus des quatre coins de la province. Mais la bataille fait tellement rage que chaque faction du parti au pouvoir revendique le succès de sa manifestation. D’aucuns vont même jusqu’à travestir la réalité, alors que les faits sont têtus. La question de fond qui taraude dès lors tous les esprits est celle de savoir pourquoi une lutte de leadership politique peut conduire à une telle déchirure, si tant est que la finalité demeure la mobilisation et le vote massif de la Ngounié pour Ali Bongo Ondimba en 2016. C’est que, aussi bien dans la Ngounié et qu’au sein du PDG en général, l’acte de nomination à une haute fonction publique a souvent été interprété comme une onction au leadership politique local. Or, les « mesures individuelles » ne suf- fisent pas à combler le déficit de connaissance du terrain politique de son bénéficiaire. Tout comme elles ne rehaussent pas par la seule magie du décret la cote d’amour ou de popularité de l’heureux élu. ‘’La Ngounié forte’’, artifice politique ou réalité fédératrice? De tout temps, la politique a toujours cherché à mobiliser, à fédérer, à unir autour d’un idéal ou d’un objectif spécifique. Mais à une échelle plus grande, d’un pays par exemple, la politique est rendue complexe par la diversité ethnique ou culturelle, les particularismes, les différences, les ambitions, etc. T P.N out le défi consiste alors à trouver des hommes à la hauteur de l’idéal, aptes à tenir des discours fédérateurs qui nourrissent le rêve, à poser des actes ou des actions qui stimulent l’enthousiasme, confortent les convictions et emportent finalement l’adhésion. Or l’adhésion butte souvent sur des écueils, à l’instar des divisions, des égoïsmes, des inégalités, des incompréhensions, etc. D’où la pertinence d’un concept comme la « Ngounié forte », qui a vocation à être le ciment de l’unité des fils et filles de la province de la Ngounié. D’après son initiateur, Yves Fernand Manfoumbi, la ‘’Ngounié forte’’ constitue un appel aux populations de la province du même nom afin de regarder ensemble dans la même direction. Une manière de constituer une force par l’union afin de prendre le relais de l’Etat pour impulser le développement non seulement de Mouila, le cheflieu de la province, mais aussi de l’ensemble des neuf départements (Tsamba Magotsi, Douya-Onoye, Dola, Mougalaba, Boumi-Louetsti, LouetsiWano, Louetsi-Bibaka, Mandji-Dolou, Ogoulou) qui forment la province de la Ngounié. Or, pour ses détracteurs, la « Ngounié forte » n’est qu’un artifice destiné à la mobilisation des populations du Sud au profit du pouvoir. En d’autres termes, elle tient d’une stratégie de soutien à Ali Bongo Ondimba en dehors des canaux classiques du PDG (UFPDG, UJPDG). Ces mauvaises langues réduisent davantage la « Ngounié forte » à une pure manœuvre politicienne qu’à une réelle volonté d’unité des filles et des fils de la Ngounié. Pour autant, ces critiques n’entament pas l’engouement de ceux et de celles qui se recon- naissent dans ce concept. La dynamique unitaire qu’il prône se veut elle-même critique de l’héritage politique, partisan et militant de la province au cours des vingt dernières années. En effet, ‘’la Ngounié forte’’ naît du constat que la province a longtemps pâti d’une option trop marquée par la radicalité à l’égard du pouvoir, le refus de concession et du dialogue. Pour cette raison, la province ne s’est véritablement jamais mise sur la voie du développement (infrastructures, économie, emplois, urbanisation). Pour confondre ses contemp- teurs, l’on souligne que la conversion au PDG n’a jamais constitué un critère d’adhésion à la ‘’Ngounié forte’’, qui se veut une plateforme de discussions sans exclusive pour que la Ngounié occupe la place qui lui convient et joue son rôle dans le processus d’émergence du pays. Une mission qui passe notamment par la valorisation de son potentiel économique (mines, énergie, forêt-bois…) et la captation des projets structurants porteurs d’opportunités de nouveaux emplois qui redistribuent les revenus et améliorent les conditions de vie des populations (alimentation, construction, mariage, santé, éducation, aides familiales). Dans cette optique, la « Ngounié forte » a organisé en juillet 2013 un forum visant à définir un plan local de développement sur la base du PSGE. Il s’agissait d’apporter des réponses appropriées aux difficultés socio-économiques des communes et villages à partir d’un ensemble de projets communautaires. Car, tout compte fait, le développement de la province n’est pas incompatible avec l’engagement des populations de la Ngounié à soutenir la vision stratégique d’émergence du Gabon prônée par le chef de l’Etat.n Mais elles permettent d’entretenir une illusion de supériorité. Or tout le monde convient que le leadership ne se décrète pas. Il se construit, patiemment, par la force de l’engagement et l’investissement pour une « cause », en l’occurrence le projet politique d’Ali Bongo Ondimba pour le Gabon. Le leader ne s’improvise pas, mais s’impose par la force de ses actes et de sa capacité de mobilisation en faveur de la vision commune. On reconnait l’arbre à ses fruits. Si les réalisations d’un acteur politique s’expriment pour lui, les meetings constituent le baromètre de l’adhésion à ses discours. La Ngounié, depuis des lustres, a vu des générations d’acteurs politiques défiler. Et ce qu’elle a retenu de chaque génération ou de chaque leader de ces différentes générations, ce sont évidemment les « actes » ou les « réalisations » en faveur de son envol socioéconomique. A la lumière de ces considérations, pourquoi continuer de se demander s’il existe encore aujourd’hui dans la Ngounié des militants du PDG fidèles à la politique du distingué camarade Ali Bongo. L’objectif « zéro opposition » dans la Ngounié commande que tout le peuple des militants du parti de mases, sans exclusive, fasse bloc autour des cadres qui maîtrisent et contrôlent la base militante. Une base qui aura répondu massivement présente à l’«appel» du «16 mai 2015» à Mouila. Car, de la qualité des hommes parlant au nom du parti et du chef de l’Etat va dépendre la victoire ou l’échec lors des échéances à venir. Et toute posture dissidente est de nature à ouvrir une brèche à une opposition en perte de vitesse.n N° 71 du mercredi 3 juin 2015 IV économie MAtin EquAtoriAl L’idylle de la Ngounié avec Ali Bongo Certains observateurs parlent d’une idylle entre la Ngounié et le chef de l’Etat depuis le début de son septennat. Et la sollicitude du président de la République pour cette partie du pays semble se confirmer avec les différents déplacements qu’il y a effectués depuis 2010. Pierre Ndoumou L a première visite présidentielle s’effectue dans le cadre du conseil des ministres délocalisé tenu le 6 octobre 2011 à Mouila. Ce conseil des ministres, intervenant après ceux de Port-Gentil, d’Oyem, de Tchibanga, de Makokou, de Koula-Moutou, de Lambaréné et de Franceville, permet à Ali Bongo Ondimba de toucher du doigt les réalités profondes de la province. Comme réponse aux préoccupations de la Ngounié, le conseil des ministres entérine des mesures à forte tonalité administrative, sociale et économique, destinées à insuffler une nouvelle dynamique au développement de cette partie du pays. Il s’agit, entre autres, du lancement des travaux d’adduction d’eau potable à Ngouassa (Fougamou) et de Massika, de la construction d’une microcentrale de 8 MW à Dibwangui pour renforcer la capacité de production de la vallée de la Louetsi et remédier à la faible capacité de la centrale de Bongolo. À Malinga, la construction d’une microcentrale hydroélectrique de 450 KW sur la rivière Bibaka et d’une ligne de transport d’énergie électrique associée va assurer l’alimentation sécurisée en électricité de cette localité et des villages environnants. La réhabilitation de la microcentrale de Mbigou permettra en outre de porter la puissance installée de 340 à 500 KW. Pour connecter davantage la Ngounié aux autres provinces du Gabon, notamment à l’Ogooué Lolo et la Nyanga, le conseil des ministres décide de la réhabilitation du réseau routier, carrossable en toute saison, et d’une connexion vers le Congo dans le cadre de la route transafricaine (Route NdendéMouila, Ndendé-Doussala, Ndendé-Tchibanga, MbigouPopa). La dernière mesure porte sur la création d’une palmeraie dans la Ngounié, sur la base d’un partenariat entre l’Etat gabonais et Olam (emploi des jeunes en milieu rural), qui s’étend sur un corridor partant de Mayumba et devant rejoindre la voie du chemin de fer Transgabonais. À ces mesures, le chef de l’Etat ajoute la réouverture de l’Ecole nationale vétérinaire de Ndendé, le lancement des études pour la création d’un port sec à Ndendé et la réouverture du Bureau des Douanes de Doussala. Une pléthore de projets visant le désenclavement infrastructurel de la province en vue de son décollage économique. Les visites spéciales Le président Ali Bongo On- Renaissance comme relais de l’émergence dans la Ngounié En écho à l’engagement du président Ali Bongo Ondimba sur les valeurs du travail, du partage et du développement, l’association Renaissance a été créée par Yves Fernand Manfoumbi afin de mobiliser autour du chef de l’Etat et de réaliser des actions concrètes visant à promouvoir la solidarité et le développement local sur l’ensemble du pays. D A.M e plus, l’association a pour mission l’éducation des populations gabonaises dans l’optique d’une meilleure perception de leur environnement social, économique et politique. En d’autres termes, il s’agit de promouvoir des valeurs morales sûres au sein de la société dans le but d’assurer la « renaissance » des Gabonais, aux prises avec les préjugés, le repli identitaire, l’oisiveté, le découragement, etc. Groupement politique d’envergure nationale et internationale, Renaissance se déploie à travers le Gabon et auprès de la diaspora. La province de la Ngounié, principalement, a déjà bénéficié, depuis la création de cette association, d’actions fédératrices et solidaires. Un engagement derrière le chef de l’Etat Résolument engagée derrière le chef de l’Etat, Renaissance a pour crédo l’accompagnement de ce dernier dans l’autonomisation des populations à travers le changement des mentalités. Parmi ses faits d’armes, figurent sa participation à la marche de soutien au président Ali Bongo Ondimba en novembre 2014, l’initiation en juin 2013 d’un «forum sur le développement local de la Ngounié» ayant débouché sur la mise sur pied de la dynamique «Ngounié forte», la sensibilisation des femmes et des jeunes de la province sur la nécessité de rompre avec la politique des clans, des départements et des personnalités pour rallier celle du développement, N° 71 du mercredi 3 juin 2015 gage d’une Ngounié forte et pleinement intégrée dans le processus de l’émergence du Gabon prônée par le président de la République. Cependant, le combat de cette structure associative n’est pas un long fleuve tranquille. Notamment au regard de ses détracteurs tapis dans l’ombre. Pour lever toute équivoque, Alban M., membre de la section locale de Renaissance, explique que l’« objectif n’est pas de faire ombrage à qui que ce soit. Mais, par notre discours, notre approche solidaire, nous voulons tisser des réseaux dans tous les départements de la province pour fédérer les personnes de bonne volonté autour d’une Ngounié qui ouvre les yeux pour saisir les opportunités de l’émergence ». Lors de la récente célébration en différé du « 12-Mars 2015 » le 16 mai à Mouila, puisant dans tous les recoins de la province, l’association a démontré sa force de mobilisation sur le terrain. Le soutien aux activités génératrices de revenus A côté de ce volet politique, Renaissance dans la Ngounié s’affirme aussi comme un maillon de la chaîne de solidarité et de développement. Refusant l’« assistanat» en ce qu’elle ne permet pas aux personnes démunies de sortir définitivement de la pauvreté, l’association œuvre particulièrement dans la création d’activités génératrices de revenus. Son appui est matérialisé par le financement de microprojets porteurs en milieu rural et le don de matériel agricole (tracteurs…) auprès des femmes et des jeunes principalement.n dimba qui a fait de l’action sur le terrain son cheval de bataille a effectué depuis 2011 des visites spéciales dans la province de la Ngounié. Entre sa tournée de 2011 et la visite du 10 septembre 2012, il a pu s’enquérir de l’effectivité et de la qualité des travaux de modernisation de la voirie de Mouila, ainsi que de l’avancement des projets de palmeraie de la société Olam. Ces descentes sur le terrain ont également permis au chef de l’Etat d’évaluer les problèmes de santé des populations. Près de deux ans après sa visite de 2012, Ali Bongo Ondimba revient encore dans la province s’assurer lui-même de l’effectivité des projets initiés depuis 2010 pour favoriser l’essor du Grand Sud afin de permettre aux populations d’envisager l’avenir en toute confiance. Justement, ces visites présidentielles ont toujours été porteuses d’espoir pour les populations du Sud, dans la mesure où elles ont chaque fois offert une opportunité pour donner un coup d’accélérateur aux projets en cours de réalisation dans la région. Et comme preuve d’une réconciliation après l’épisode de l’élection présidentielle de 2009 au terme de laquelle la Ngounié s’est offerte à l’opposition, lors de ces visites Ali Bongo Ondimba a toujours été accueilli dans la ferveur populaire. Ce qui, pour d’aucuns, représente les prémices d’une alliance gagnante pour 2016. Normal dès lors que les uns et les autres s’accordent que le président de la République a, depuis son arrivée au pouvoir, établi une relation privilégiée avec la Ngounié.n économie V MAtin EquAtoriAl Le match du PDG contre l’opposition Pour les connaisseurs du Gabon profond et les observateurs avertis de la vie politique gabonaise, la province de la Ngounié est aussi frondeuse que le Woleu-Ntem. Avec ses 110.000 habitants et sa mosaïque ethnique (Eshira, Apindji, Punu, Mitsogo, Nzebi, Massango, Vungu et Éviya), elle est l’une des provinces les plus « compliquées » politiquement à gérer. C Pierre Ndoumou e « front » du Grand Sud apparait donc comme une équation électorale à plusieurs inconnues pour le pouvoir dans la perspective de 2016. Et pour cause : de 1993 à 2009, le vote de la province aux élections présidentielles n’a pas souvent été totalement acquis au PDG. Lors de l’élection présidentielle de 2009 par exemple, le « Grand Sud » a jeté son dévolu sur l’enfant du pays Pierre Mamboundou. Autant dire que la province a toujours constitué un vivier de candidats de l’opposition à l’élection présidentielle, à l’image aussi de Didjob ou de Maganga. De plus, la Ngounié est aujourd’hui l’épicentre des ten- sions politiques (PDGPDG/PDG-Opposition/Opposition-Opposition). D’après un politologue, cette province est l’une des plus politisées du pays. Elle a donné naissance à plusieurs formations de l’opposition: l’ADERE de Didjob Divungi Di Dingue (ancien vice-président de la République et membre du Front radical/UN), le PSD de Maganga Moussavou, l’UPNR de Mayila, le PGP de Mouity Nzamba, l’UPG de MoukagniIwangou (front radical/UN), le MORENA de Kombila Koumba, etc. Cette ferveur politique trahit une tradition de la contestation quasi historique et culturelle des populations du Grand Sud. Difficile, dans un tel environnement, pour le PDG de mobiliser tout le monde au- tour de son candidat naturel Ali Bongo Ondimba. D’autant que le jeu des alliances se révèle pratiquement impossible. L’UPNR apparait, pour certains, comme le seul parti avec lequel le PDG peut éventuellement faire route. Autre obstacle pour le PDG dans la province, le parti des abstentionnistes ou encore des « mécontents ». Sociologiquement, il regroupe les frustrés du PDG, c’est-à-dire ceux que l’émergence (hauts cadres ou élus) a laissé sur le côté et qui ruminent leur rancœur en attendant le jour-j pour ne pas se mobiliser. De jour, ils apparaissent comme des militants encore estampillés officiellement PDG, mais de nuit appellent leurs proches et réseaux locaux à la démobilisation, sinon au vote sanction. Mais depuis quatre ans, la Ngounié sort progressivement la tête de l’eau. Elle a pratiquement fait le plein des voix en faveur du PDG lors des législatives de 2011 et des locales de 2013 boycottées par l’opposition. Petite ombre sur le tableau, Mouila est tombée dans l’escarcelle du PSD. Un signal fort qui prouve qu’aujourd’hui la Ngounié, à une exception près, est loin d’être une citadelle de l’opposition imprenable par le PDG. Le pari n’est cependant pas gagné à l’avance pour les têtes d’affiche du PDG de la province que sont Manfoumbi, Nzoumba, Nyonda, Milébu, Manpangou, etc. Même si certains, à travers des instruments comme Renaissance ou ‘’La Ngounié forte’’, font montre d’un engagement à toute épreuve afin d’améliorer les performances des dernières consultations électorales et faire triompher Ali Bongo Ondimba en 2016. Pour ce faire, l’on met en avant les réalisations du PSGE en faveur de la province. De ce point de vue, elle peut même s’estimer la fille bien aimée du nouveau pouvoir. Qui bénéficie aussi des multiples actions de certains de ses fils en faveur de son développement. Cette sollicitude mérite bien un retour d’ascenseur.n N° 71 du mercredi 3 juin 2015 VI économie MAtin EquAtoriAl Niche d’opportunités d’investissements La Ngounié regorge plusieurs atouts dont la forêt, des sites touristiques et un écosystème favorable à l’agriculture et à l’élevage. En outre, elle abonde de richesses minières exploitables (or, diamant, pierre de Mbigou, etc.), d’une hydrographie exceptionnelle et… du pétrole. Elle dispose donc de nombreux avantages pouvant contribuer à dynamiser son économie et participer activement à l’essor économique du Gabon. S.M.E. P ourtant, au cours des dernières décennies, ces atouts n’ont pas été suffisamment exploités. Mieux, la province a souvent été présentée comme l’une des moins avancées du pays, particulièrement au plan économique et infrastructurel. Mais dès l’élection d’Ali Bongo Ondimba en 2009, elle a bénéficié d’une certaine attention. Résultat, sous le haut patronage du président de la République, des forums économiques dédiés au désenclavement de la province et à l’amélioration de son réseau routier se sont tenus afin de renforcer l’attrait de la Ngounié auprès des investisseurs et capter des projets structurants. La Ngounié, terre d’opportunités d’investissements Ses principaux secteurs d’activités à fort potentiel de rentabilité sont l’agriculture, le bois, le tissu foncier urbain, les secteurs marchand et touristique qui demeurent sous-exploités. L’analyse économique par secteur démontre que la province a fortement besoin d’investissements privés et publics. Dans le secteur forestier, la Ngounié tire faiblement profit de l’exploitation des grumes. Et depuis quelques années, l’on observe un recul de la production (49% en 2012) cantonnée à Mouila, Ndendé et Yetsu, avec seulement sept opérateurs. L’agriculture, elle, enregistre une quarantaine de coopératives agricoles spécialisées dans les cultures vivrières et maraîchères, localisées essentiellement dans les départements de la Louetsi Wano et la Boumi Louétsi. Le secteur agro-industriel, tirée par la Société des brasseries de la Ngounié (SBN), est pour sa part en forte croissance (+4) ces dernières années. La province développe également d’autres filières (tourisme, banque, pêche, aquaculture, cultures vivrières et de rente) qui nécessitent des partenariats pour générer davantage d’emplois locaux et de recettes fiscales pour l’Etat et les conseils élus de la région (municipaux et départementaux). S’agissant de la fourniture de services de première nécessité comme l’eau et l’électricité, la SEEG a réalisé, sous l’impulsion de la politique du chef de l’Etat, des efforts d’extension dans la desserte de certains départements. Le fait que les populations rurales utilisent de l’eau des pompes hydrauliques et des puits est une opportunité d’affaires pour les établisse- ments des secteurs eau et énergie (énergie solaire). A côté de ses acquis, on peut ajouter d’autres facteurs de compétitivité: une population (60%) qui affectionne l’activité agricole, une bonne couverture en structures scolaires avec des cycles professionnels et techniques, l’existence de grands espaces pouvant favoriser l’extension ou la diversification d’activités industrielles et commerciales. Les défis à relever La route passe…le développement suit La Ngounié dispose d’immenses superficies agricoles, d’importants gisements miniers, des réserves naturelles forestières ainsi qu’un fort potentiel touristique jusque-là sous-exploités à cause, principalement, du mauvais état des routes dans cette partie du pays. lancé, dès 2011, la densifi- banga, Mbigou-Popa). cation du réseau routier Ces nouvelles infrastruc’amélioration de la dans la province de la Ngou- tures routières contribuent qualité des infrastruc- nié, afin de connecter da- à hauteur de 80 % au moutures routières et la ré- vantage cette région aux vement des biens et des duction des coûts de autres provinces du Gabon, personnes, et soutiennent transport visent, à terme, à notamment l’Ogooué-Lolo ainsi les échanges commercréer les conditions favora- et la Nyanga. Ce réseau vise ciaux et le tourisme au bles à la commercialisation également à établir une Gabon. De 1995 à 2009, le de ces ressources dont l’ex- connexion avec le Congo Gabon comptait 817 km de ploitation induira une diver- dans le cadre de la route routes asphaltées. Entre sification de l’économie et transafricaine (routes 2009 et 2014, sous le présiune croissance verte et in- Ndendé-Mouila, Ndendé- dent Ali Bongo Ondimba, clusive au profit des popula- Doussala, Ndendé-Tchi- 634 km de routes ont été tions, non seulement du « Grand Sud », mais égaleTronçons Km ment du reste du pays. L’axe Libreville-Mouila et le corri- Route Fougamou-Mouila 85 Km dor Libreville-Pointe NoireBrazzaville se trouve au Route Mouila-Ndendé, 71 km 71 km centre d’enjeux politiques, sociaux, économiques et in- Route Ndendé-Doussala 46 km tégrateurs au niveau de l’Afrique centrale et même (connexion à la route NgongoDolisie (Congo)) sur l’échelle continentale. Dans cette optique, le prési- Route Fougamou-Mouila 111 km dent de la République a Vincent Eyi L N° 71 du mercredi 3 juin 2015 goudronnés et 771 km sont en cours de bitumage. Et le rythme de bitumage de ces routes connait une accélération sensible. L’année 2014 aura été la plus riche en termes de réalisations avec 208 km bitumés. Un bilan routier largement positif qui constitue une preuve tangible de la volonté d’apporter des solutions concrètes aux attentes des populations.n Etat Livrée en 2012 Achevé à 90% Financement acquis 53 milliards Livrée en 2012 Déjà identifiés au terme de multiples journées économiques sur la Ngounié tenues ces dernières années, plusieurs facteurs limitent encore le décollage économique de cette province. Les économistes relèvent que l’extraordinaire potentiel économique de la Ngounié a jusqu’alors été handicapé par l’insuffisance des techniques agricoles (la production étant encore largement archaïque ou traditionnelle), un circuit de commercialisation encore inexistant, une population vieillissante en milieu rural (exode des jeunes vers les centres urbains) et le déclin des cultures de rente comme le café, cacao et le palmier à huile. De même, le transport routier intra et interurbain est encore faiblement organisé, même si la tendance est à sa modernisation grâce aux agences de voyage en pleine expansion, encouragées par l’amélioration du réseau routier (Mouila-Libreville). L’absence de vols aériens systématiques desservant la province et le manque de stations-services dans plusieurs départements freinent également l’essor de cette localité. D’un point de vue économique, il existe aujourd’hui des «niches» d’activités, des secteurs dans lesquels les investisseurs gabonais et étrangers peuvent s’engager dans la région avec un retour sur investissement garanti. La Ngounié, au regard de la planification du PSGE, pourrait à terme devenir un puissant levier économique dans le « Grand Sud ».n économie VII MAtin EquAtoriAl La ‘’GRAINE’’ de la relance agricole Dans son projet de société, le président Ali Bongo Ondimba accorde une place de choix au développement de l’agriculture. Le Programme agricole de sécurité alimentaire et de croissance (PASAC), mis en place en novembre 2010, vise à accroître considérablement la contribution de l’agriculture dans l’économie gabonaise. Estimée aujourd’hui à 5 % du PIB, le gouvernement espère, à l’avenir, la porter à 20 %. Des perspectives heureuses pour des provinces à vocation agricole comme la Ngounié. D V.E e par son histoire économique et le mode de vie de ses habitants, la province de la Ngounié est souvent présentée comme un bassin agricole. Avec une terre fertile et une excellente pluviométrie, les populations s’appuient essentiellement sur une agriculture de subsistance basée sur des cultures vivrières (manioc, banane plantain, arachide, taro, igname, patate douce, maïs, etc.) qu’elles vendent également au niveau local ou dans la capitale par le biais des coopératives. Mais la superficie des plantations reste faible, variant entre 1 et 5 hectares en moyenne. Le café et le cacao constituent les cultures de rente de la pro- vince. Depuis les années 19601970, ces cultures se pratiquent notamment dans les départements de la Boumi-Louétsi, de l’Ogoulou et de la Louétsi-Wano. Comme dans le reste du pays, l’activité a connu un déclin dû à plusieurs facteurs endogènes et exogènes. La Caisse de stabilisation et de péréquation a reçu du gouvernement le mandat de réhabiliter les vieilles exploitations grâce à un appui technique aux populations, d’inciter les nouvelles générations à s’intéresser à ce secteur à travers la mise en place de nouvelles plantations et l’achat des produits nécessaires aux paysans. Mais dans les faits, les rares planteurs de cacao et de café attendent toujours les retombées de ces réformes de la CAISTAB. Résultat, les productions et les achats ont chuté de 40,4 % au cours des dernières années dans la province. Aussi, afin de redynamiser le secteur, le président Ali Bongo Ondimba s’est rendu à Mouila en septembre 2012 pour s’enquérir de l’état des besoins et lancer des projets concrets visant à promouvoir et à soutenir les initiatives agri- coles en observation dans la région. Lors de sa dernière visite d’inspection, en avril dernier, le président Ali Bongo Ondimba a décliné sa vision du Gabon de demain, qui veut « que les Gabonais soient eux-mêmes producteurs des produits alimentaires, de manière pérenne. Ainsi, on réduirait l’importation des denrées». Tourisme, secteur de l’avenir Désormais, avec le projet Graine, dans la Ngounié les femmes qui exploitaient seules leurs plantations s’associent pour former des coopératives dans les villages. Dans le même temps, les associations déjà existantes bénéficient d’un renforcement des capacités. Avec des formations sur place ou hors du pays et des dotations financières (5millions de FCFA), la relance agricole est résolument en marche dans la Ngounié. Surtout que la construction de la route et du pont facilite désormais l’écoulement à Libreville du surplus des récoltes que la consommation locale n’absorbe pas. L’économie rurale a pour ainsi dire de beaux jours devant elle. Située au sud du Gabon, à près de 450 km de Libreville, la Ngounié, qui a pour chef-lieu Mouila, est l’une des provinces les plus étendues du pays, avec une superficie de 37 750 km², soit près de 15% du territoire national. Elle est limitée au nord par la province du Moyen-Ogooué, au sud par la province de la Nyanga, à l’ouest par l’Ogooué-Maritime, à l’est par l’Ogooué-loloet au sud-est par la République du Congo. En outre, le projet d’exploitation Vincent Eyi S es populations accueillantes, les Ngounis, à l’instar des autres peuplades du Gabon, ont une légendaire culture de l’hospitalité et de la paix que les conjonctures économiques et sociales n’ont pas réussi à entacher au cours des dernières décennies. La beauté des paysages de la Ngounié et l’immense patrimoine culturel de ses peuples n’ont pas encore été totalement dévoilés. Région en plein essor économique, la province possède l’un des fonds touristiques les plus importants du Gabon. Aujourd’hui, elle tend à s’ouvrir à ce secteur d’activité, spécialement avec l’implantation progressive de structures privées d’accueils comme les hôtels, les restaurants, les bars et autres sites touristiques. L’activité touristique dans la Ngounié est exercée par des opérateurs économiques spécialisés soit dans l’hébergement (hôtels, motels, auberges), soit dans la restauration (restaurants, snackbars, cafétérias), soit dans le tourisme et les loisirs (agences de voyage, sites, parcs nationaux, réserves, centres de loisirs). Du point de vue hôtelier, la province dispose d’une vingtaine de structures. La majorité d’entre elles, de moyenne dimension, sont gérées par des nationaux et offrent un menu riche et varié, constitué de principaux mets du terroir. Seulement, le personnel est souvent sans qualification. Après avoir connu son essor dans les années 1980, l’activité hôte- lière a connu une baisse de régime due à l’absence de liaisons aériennes, le mauvais état du réseau routier interdépartemental, la non revalorisation des sites touristiques et le manque d’entreprises à grande intensité de maind’œuvre. Mais certaines manifestations, notamment politiques (périodes de campagne électorale par exemple), contribuent encore à stimuler le secteur. La Ngounié regorge de sites touristiques intégrés dans le patrimoine mondial de l’UNESCO. Sur les 13 parcs nationaux répertoriés sur l’ensemble du territoire gabonais, trois se trouvent dans cette province : le parc national des Monts Birougou localisé entre Mbigou et Pana sur 69 021 hectares, le parc national de la Waka, accessible par piste routière à partir du débarcadère du bac de Sindara, puis par voie pédestre (106 000 hectares), et le parc national de la Lopé qui couvre une superficie de 491 291 hectares et s’étend, au-delà de la Ngounié, dans l’Ogooué-Ivindo, l’Ogooué-Lolo et le Moyen-Ogooué. Ce dernier a pour spécificité d’être l’une des plus grandes concentrations de mandrills en Afrique et des traces de la présence de l’homme sur ces lieux datant de plus de 400 000 ans. En plus de ces parcs, la région héberge des sites tels que l’hôpital de Bongolo et les majestueuses grottes de Lébamba, ou encore les Chutes de l’Impératrice à Fougamou. Les investisseurs privés pourront ainsi y promouvoir l’écotourisme.n de 50 000 hectares de palmeraies pour une production annuelle de 280 000 tonnes d’huile de palme se poursuit. Il doit générer 700 emplois directs et 21 000 emplois indirects à terme. Le développement de la culture de l’huile de palme dans le cadre du partenariat passé entre l’Etat gabonais et la multinationale Olam s’accompagne d’un ensemble de programmes d’industrialisation de l’ensemble de la filière. L’élevage dans cette partie du pays devrait aussi embrasser son second volet d’industrialisation, principalement en ce qui concerne les fermes agropastorales. Dans la province, six sites ont été retenus dont la ferme agropastorale de Lebamba, spécialisée dans la production de volailles et de légumes au Gabon. Ces fermes assurent la production d’aliments de base à bas prix sur le territoire gabonais et permettent une plus grande disponibilité des produits sur le marché à moindre coût.n N° 71 du mercredi 3 juin 2015 VIII Politique MAtin EquAtoriAl En attendant le boom des banques et de la microfinance Si la région est un peu éloignée des zones les plus peuplées et les plus économiquement actives du Gabon (Libreville, Port-Gentil, Franceville/Moanda), elle partage en revanche sa frontière avec le Congo. Ce qui en fait l’une des régions gabonaises les plus ouvertes à l’exportation sous-régionale des produits « made in Gabon » (matériaux de construction, énergie, produits agricoles, huile, etc.). L Aristide Bidza es investisseurs pourront réellement tirer profit de cette localisation lors de l’ouverture de la route régionale en cours d’érection, qui va du Cameroun (Woleu-Ntem) au Congo (Ngounié). La proximité de la région portuaire de Mayumba (Nyanga) et le corridor prévu d’ici 2017 sur le réseau ferroviaire en font également une alternative crédible pour l’accès aux marché national de Libreville, voire l’importation (évacuation des minerais, café-cacao, huile, bois transformé, cultures de rente, produits agricoles y compris élevage, etc.). Par ailleurs, le développement des infrastructures routières reliant la Ngounié au reste du Gabon (notamment vers Libreville et le Woleu-Ntem) permet de relativiser de plus en plus l’isolement dans lequel était confinée la région. De plus, les investisseurs pourront tirer avantages d’une région que l’on décrit en plein essor (immobilier, services, tourisme), avec un potentiel important et une main d’œuvre compétitive bon marché. Ils pourront de ce fait mesurer les efforts réalisés par le gouvernement pour développer les infrastructures économiques (transformation industrielle du bois, agropole, etc.). Toute chose qui facilite la création des parcs d’affaires adaptés et la mise en œuvre des projets écotouristiques. Surtout que la région est réputée pour sa sécurité et la convivialité des populations. Les services financiers jouent un rôle majeur dans le développement économique. Dans un contexte politique où l’autonomisation des couches sensibles, des femmes et des jeunes constitue la priorité de l’émergence, la province de la Ngounié représente une opportunité économique pour les banques et les établissements de microfinance. En effet, le potentiel économique de la Ngounié est multisectoriel. Dans le cadre du Gabon industriel, il y a les hydrocarbures (champ pétrolifère de Koula), les mines et les matériaux de construction (gisement de manganèse de Mbigou, orpaillage, calcaire). Dans le cadre du Gabon vert, il y a les grands projets d’agro-industrie et d’agriculture (agropole de Ndende, projet agricole de cacao/café) et l’industrie forêtbois (domaine industriel du bois de Mouila, exploitations forestières). En ce qui concerne le Gabon des services, il y a le tourisme (aménagement des sites, ouvertures des hôtels, motels, restaurants) et bien d’autres activités artisanales pour des jeunes moins qualifiés (boulangeries, carrières de sable, pressing, cybercafés, laveries de voiture, couture, quincailleries, scieries, menuiseries, ébénisteries, etc.). Le développement de toutes ces activités nécessite des financements. Les banques et établissements de microfinance, souvent « comprimés» à Libreville, pourraient donc trouver ici des projets à financer garantissant une rentabilité à court, moyen et long termes. Pour preuve de ce dynamisme économique, l’agence provinciale de la BGD, après avoir développé une politique de proximité, a pu atteindre un chiffre d’affaires de 1,5 milliard de FCFA en 2012. C’est dire si les établissements de microfinance et des banques comme LoxiaEmf (BGFI), Ecobank, Finam, UBA, etc. qui ont des critères d’éligibilité au crédit assez souples pour des populations jugées peu « sûres », trouvent dans la Ngounié un terrain plein d’opportunités susceptibles de booster le développement de la province. A côté des opérateurs historiques comme BGD ou BICIG qui ont des représentations dans la province (salaires des fonctionnaires), le secteur financier structuré reste un marché encore largement non couvert. Par ailleurs, le commerce charrie des intérêts pour les banques dans la localité. L’activité commerciale est très développée dans la province. Si les magasins du groupe CécaGadis (Intergros, Gaboprix, et Cécado) y sont bien présents, il existe des centaines d’opérateurs privés à Mouila (plus de 300), formels et informels, dont majoritairement des étrangers, et une bonne partie de Gabonais. En de- hors de Mougalaba qui est encore en net décrochage, le reste des départements de la province (Fougamou, Ndende, Lembamba, Mandji, Mbigou et Mimongo) sont plutôt commercialement très animés.n Les infrastructures sanitaires : une cure de jouvence s’impose La Ngounié, région sanitaire par excellence du sud du Gabon, comprend des centres médicaux, des dispensaires, des centres de santé de district ou urbains et des cases de santé. A.B. Le Centre médical implanté dans le chef-lieu, Mouila, tient lieu de référence. Les cases de santé ont été mises en place dans les villages à la demande des populations et sont tenues par des agents de santé locaux dont la formation est assurée par l’équipe médicale du département. Le dispensaire est l’unité de base du service public. Il couvre plusieurs villages et est, lui aussi, souvent tenu par un agent de santé. L’amélioration de la qualité des soins dispensés aux populations dépend de la qualité du personnel et des équipements roulants et biomédicaux dans les structures d’accueil (service et conditions d’hospitalisation). Ainsi, pour 9 départements et 173 structures, la province compte 477 lits. Avec un ratio d’un lit pour 10000 habitants, la province se situe largement en deçà de la moyenne nationale qui est de 21. À cela s’ajoute une offre de soins limitée, des équipements et infrastructures vétustes et l’absence de maintenance du matériel existant. Lorsque les médicaments sont disponibles, il se pose le problème de la gestion rationnelle des stocks. Le coût élevé des ordonnances et la faible utilisation des géné- N° 71 du mercredi 3 juin 2015 riques constituent autant de facteurs qui inhibent l’accès aux soins de santé des populations. Outre l’équipement des formations sanitaires, le grand défi concerne le renforcement du nombre d’établissements sanitaires existants, notamment dans les départements qui ne disposent pas Structures de véritables structures médicales, et pire encore, d’un personnel soignant qualifié. Du coup, certains malades, surtout en milieu rural, renoncent à se tourner vers la médecine moderne. De plus, on note l’insuffisance du personnel médical dans la région, avec 16 médecins pour plus de 100.000 habi2010 2011 2012 Hôpitaux 2 2 2 Centres médicaux 8 8 8 Dispensaires 98 98 99 Infirmeries/Cases de santé 29 29 29 Centre de santé 4 4 4 Pharmacie 1 1 1 Dépôts de pharmacie 28 28 30 Total 170 170 173 tants, un pourcentage élevé de la main-d’œuvre non permanente locale faisant office d’ « infirmiers assistants » et 14 sages-femmes seulement. Dans certains départements, on retrouve uniquement des sages-femmes et quelques infirmiers d’Etat. S’agissant des thérapeutes, les généralistes sont plus représentés que les spécialistes, même si certaines spécialités de la médecine sont inexistantes dans toute la province. D’où le recours aux évacuations sanitaires vers Libreville, avec des coûts supplémentaires « hors CNAMGS » (alimentation, transport, médicaments) pour des populations le plus souvent économiquement faibles. À la faveur de la visite d’Ali Bongo Ondimba dans les provinces du Moyen-Ogooué et de la Ngounié en septembre 2012, le diagnostic des problèmes de santé dans la région a établi la nécessité d’améliorer les pratiques de soins et de développer les nouvelles technologies pouvant bénéficier aux populations, ainsi que la formation d’un personnel médical compétent et qualifié. Si des actions ont bel et bien été initiées dans ce sens, il importe, au regard de la situation, de donner un coup d’accélérateur au rythme de leur mise en œuvre.n Politique 5 MAtin EquAtoriAl Politique/Présidentielle Le Gabon sera-t-il prêt pour 2016 ? On observe un remueménage chez les potentiels candidats. Pour préparer la voie à son candidat, du côté du PDG ou de la majorité présidentielle on s’active depuis plus d’un an à mobiliser les électeurs, à s’assurer de leur inscription sur les listes électorales. Dans le camp de l’opposition, l’heure est plutôt à l’organisation des marches de protestation ou à la guerre de positionnement. Pendant ce temps, les acteurs chargés de l’organisation du scrutin donnent l’impression d’être préoccupés par d’autres priorités. N’Dende A’Ndzik L e principe d’une élection présidentielle est de départager deux ou plusieurs candidats porteurs de projets de société reflétant une idéologie, une vision et des priorités économiques, sociales, culturelles, sécuritaires et environnementales différentes. Le festival des candidats en liste dans les quartiers, les villes et les villages, les piques envoyées entre camps, les slogans, les spots publicitaires, l’emballement des médias positionnés derrière les candidats, etc. participent de l’animation du pays durant des semaines, voire quelques mois avant le jour où l’électeur, seul face à sa conscience, élit le candidat qui l’aura le plus marqué par ses propositions, son style et sa vision du pays pour les années à venir. Si l’ambiance a souvent été bonne enfant lors des présidentielles de 1993, 2005 et 2009, le seul bémol a presque toujours été mis sur l’ «organisation ». Les deux camps en lice se sont très souvent réciproquement accusés de « tricherie », de bourrage des urnes dans des bastions souvent pas ou peu accessibles à l’autre camp, d’achat des consciences, de violence, etc. Mais contrairement aux échéances antérieures, la présidentielle anticipée d’août 2009, a, de l’avis de nombreux observateurs, laissé de nombreux stigmates. Elle a même conduit à une « rupture » de l’équilibre ethnique, régional, politique et idéologique. Six ans plus tard, les forces en lice en 2009 continuent de se regarder en chiens de faïence. Le contexte pré-électoral actuel semble conduire vers le même scénario de 2009. L’impréparation d’un camp et l’anticipation de l’autre pour verrouiller le «vote utile» des Gabonais sont source de polémique. Pour ne rien apaiser, la publication récente du résultat du recensement de 2013 (1. 800.000 habitants), dévoilé par le gouvernement et les réactions qui s’ensuivent dans les états-majors des différents partis politiques, notamment de l’opposition radicale, indiquent que l’on va vers la contestation du processus avant même l’élection. Lassés par ces sempiternels débats parfois sans objet, d’aucuns pensent qu’il convient plutôt de se poser la question fondamentale : le Gabon sera-t-il prêt pour la présidentielle en 2016? Cette question pose avant tout le problème de la mise en place d’un cadre électoral relativement accepté. Or, pour l’heure, rien, ou presque, n’indique que les acteurs concernés par son organisation s’attèlent à la préparation de cette échéance. Pourtant les chantiers à ouvrir sont nombreux : la liste électorale biométrique, la modernisation du processus électoral (ministère Intérieur, CENAP, Cour constitutionnelle), la préparation du budget de l’élection, le code électoral et le CND, etc. Le seul remue-ménage s‘observe chez les potentiels candidats. Dans le camp du pouvoir, depuis un voire deux ans déjà l’on s’active dans les circonscriptions à toiletter les fichiers électoraux, veille à l’inscription de nouveaux électeurs, ou à la radiation des décédés, sonne la mobilisation des militants, etc. Dans le même temps, l’opposition a élu domicile à Rio et à Cocotiers pour organiser des marches de protestation conduisant à la violence ou provoquant une mort d’homme. Elle se contente d’enflammer les réseaux sociaux et la diaspora par l’annonce des forums, ou se déchire entre le bloc pro Sud et le bloc pro Nord. Et ses leaders, divisés entre anciens et nouveaux opposants, se regardent en chiens de faïence. Pire avec la disparition d’André Mba Obame, l’heure est davantage à la guerre de positionnement ou à la course au leadership. Mais moins que ces errements des potentiels candidats, c’est surtout l’impréparation des organisateurs du scrutin qui préoccupe. Ce qui amène certains observateurs avertis à envisager déjà un report de l’élection présidentielle prévue 2016.n N° 71 du mercredi 3 juin 2015 6 Economie MAtin EquAtoriAl Le PDG et la politique dans la Ngounié La ‘’Ngounié forte’’ met « Guy Louis Bertrand » aux abois Tout le monde croyait le débat sur le dossier clos, et « l’agitateur » de Fougamou et ses ‘’non-alignés’’ renvoyés à leurs chères études. Voilà que des journaux, travestissant sans scrupules les faits, lui attribuent une victoire sur un adversaire évoluant plutôt dans une arène plus importante. Constantin Toukoule-Mè D ans la mare politique gabonaise, c’est une réalité qui crève désormais les yeux. Elle met en évidence, preuves à l’appui, et en dépit de sa longévité aux affaires, l’éclatante déculottée de Guy Louis Bertrand », «Poutine» pour son fan club, dans les joutes politiques dont la Ngounié est devenue un terreau fertile. En témoigne le fiasco populaire de la manifestation organisée par le ministre de l’Intérieur le 10 mai à Mouila, à l’occasion de la célébration en différé des 47 ans du PDG. « Guy Louis Bertrand », en bon bwitiste chevronné, a cherché, la torche indigène à la main et le bois sacré (iboga) dans la bouche. Et il a trouvé. Il a rencontré « garçon », comme disent les Ivoiriens. Le voici donc confiné à organiser des procès en sorcellerie, à tenir des conseils de guerre dans son bureau de l’Avenue de Cointe, à battre en permanence le rappel de ses réseaux dans la presse pour inonder le paysage médiatique d’une prose qui dénature les faits pour entretenir l’illusion de la gloire de «Poutine». Ce faisant, il reconnait im- plicitement avoir effectivement perdu non pas une simple bataille, mais la guerre sur le théâtre des opérations dans la Ngounié. Mais l’adepte de la politique de l’autruche poursuit sans scrupule sa campagne médiatique relatant ses exploits professionnels et politiques, tout en entretenant le mystère sur ses ignobles faits d’arme, notamment les trahisons et autres retournements de veste qui ont contribué à construire sa trajectoire. C’est oublier un peu qu’un homme politique, de surcroît autoproclamé leader politique in- contesté d’une province de la dimension de la Ngounié, ne fait pas sa démonstration de force dans la presse. Le leadership se démontre sur le terrain, à travers par exemple sa capacité de mobilisation de Fougamou à Mandilou, en passant par Ikobey et Sindara. En vérité, Il est difficile à « Guy Louis Bertrand » de se conduire en général, parce que justement «Poutine» ne dispose pas de troupes. Sinon d’un groupuscule d’affidés constitué davantage d’«aigris» nostalgiques mus par la haine, qui ont décidé de faire du «chantage politique» l’arme fatale pour se remettre en selle. Autant dire que « Guy Louis Bertrand » n’existe pas au sein du Parti démocratique gabonais, mais certainement au niveau du Parti de l’unité du peuple (PUP) de Louis Gaston Mayila, dont il fut le porte-étendard et candidat Mort à la sortie de Lambaréné Dimanche dernier, au moment où nous quittions Lambaréné, la capitale provinciale du Moyen-Ogooué, personne ne savait exactement le nombre de morts enregistrés dans l’accident de circulation intervenu la veille, juste à la sortie de la ville, en direction de Libreville. O Jacques Okeng’ fficiellement, on avance le chiffre de trois morts : le chauffeur, son aide et une commerçante. Sur place, les populations qui n’ont pas hésité à se servir malgré le drame, parlent d’un seul corps retiré de la ferraille du MAN immatriculé dans la province de la Nyanga, et qui transportait une cargaison de manioc devant servir à la production de ce complément alimentaire très prisé à Libreville, le célèbre « manioc Obamba ». A Moussamoukougou, voire à Mitonet, zone mitoyenne où a eu lieu le choc, on en était encore dimanche dans la journée à s’interroger non seulement sur le nombre de morts, mais surtout sur les causes de ce malheur qui s’est produit curieusement en plein jour, et sans qu’un obstacle visuel ne soit à si- N° 71 du mercredi 3 juin 2015 gnaler. Et à première vue, la thèse du « sommeil au volant » ne semble pas tenir la route. Ce comportement étant enregistré le plus souvent de nuit. Aussi, penche-t-on davantage sur une défaillance mécanique au regard de l’état et surtout de la marque du camion. Car les MAN au Gabon, on en trouve plus roulant entre l’intérieur du pays et Libreville. Et le plus souvent, « lourdement » chargés de produits divers. Sur les lieux mêmes de l’accident, on n’hésite pas non plus à pointer du doigt la présence d’un porte-charge, chargé d’un bulldozer, qui campe depuis des mois à un virage situé à une descente de la voie empruntée par le véhicule. Le conducteur du mastodonte aurait-il perdu le contrôle de son engin juste après avoir franchi l’obstacle en question qui se trouvait à sa droite ?n malheureux à plusieurs reprises. Une poisse qui semble malheureusement lui coller à la peau bien qu’ayant changé de bord. A Fougamou, où il ne représente que lui-même, il se raconte que lors des législatives de 2011, Marcel Doupamby Matoka, le vrai patron de la localité, voulant passer la main, a jeté son dévolu sur « Louis Guy Bertrand ». Pressé de montrer que Doupamby a fait son temps et que le nouveau roi des Gisir c’était désormais lui, « Guy Louis Bertrand » lâche alors dans la ville rénovée par le doyen des hordes de jeunes annoncer la «bonne nouvelle». Et de bonne nouvelle, «Guy Louis Bertrand » en prend à la fin pour sa roublardise. Doupamby Matoka « Ka Dikake » décide de garder son bien en attendant un enfant du village plus poli et respectueux des us et coutumes en pays Gisir. Conséquence : l’actuel ministre de l’Intérieur, qui caresse bien le rêve, n’ira pas à l’Assemblée nationale comme député. Le leader autoproclamé de la Ngounié n’est donc qu’un tigre en papier à Fougamou. Ici, le maître du jeu n’est autre que Marcel Doupamby Matoka, secondé par Yolande Nyonda qui lui a toujours fait voir des vertes et des pas mûres. Le terrain est quadrillé par le couple Mboussou et des jeunes cadres se réclamant de ‘’la Ngounié forte’’. Une véritable machine politique qui a toujours fait les beaux jours du parti au pouvoir dans le département de Tsamba Magotsi. Comment, dans un tel environnement, nourrir le rêve de vaincre son frère ennemi Yves Fernand Manfoumbi, dont la dimension et l’envergure politiques dépassent largement le cadre de la Dola à Ndendé, voire dans la Douya Onoye à Mouila et bien d’autres localité de la province où se signale, sans faire ombrage au PDG, la « Ngounié forte »?n MAtin Société 7 EquAtoriAl Sport/Can 2017 Le Gabon désigne le comité d’organisation Le compte à rebours a commencé pour l’équipe en charge de l’organisation de l’événement sportif africain le plus populaire. En moins de 20 mois, elle doit relever de nombreux défis, dont la construction de deux nouveaux stades. Mais en la matière, le Gabon revendique une expérience. Alban Moussavou D ésigné le 08 avril 2015 au Caire en Egypte, par la CAF pour accueillir la 31e édition de la CAN, le Gabon n’aura pas attendu longtemps pour se mettre à l’ouvrage. C’est ainsi que le conseil des ministres du 28 mai a entériné la désignation de l’équipe du Haut-commissariat à l’organisation de la CAN (COCAN). Objectif, assurer la tenue et le succès de ce challenge international, mieux que l’édition de 2012 co-organisée avec la Guinée équatoriale, qui est désormais une des références sur le continent. Le décret pris en conseil des ministres précise que le COCAN a notamment pour mission d’arrêter les projets de budgets nécessaires à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de football, d’assurer l’exécution des budgets arrêtés, de proposer la liste des projets d’infrastructures à construire ou à réhabiliter ou de pourvoir à la réalisation des infrastructures retenues. L’élaboration du chronogramme de réalisation de ces investissements et le suivi de leur exécution, ainsi que le respect des statuts et du cahier des charges de la Confédération africaine de football lui incombent également. Le même conseil des ministres a procédé à la nomination du nouveau staff, qui a pour têtes d’affiche Christian Kerangall (Haut-Commissaire), François Joseph Sickout (Haut-Commissaire adjoint 1), Yves Fernand Manfoumbi (HautCommissaire adjoint 2), Pierre Alain Mounguengui (Haut-Commissaire adjoint 3), Joseph Marie Mounguengui (Secrétaire général), comme Coordinateur général Frédéric Le Corre et pour agent comptable Pacôme Marie Thierry Itsana. Le COCAN se retrouve désormais devant plusieurs défis à tenir en vingt (20) mois. Au plan infrastructurel, il doit mener à bien l’achèvement du stade omnisport Omar Bongo (41.000 places), la réfection des stades utilisés en 2012, Angondjé (40.000 places) et Franceville (22.000 places). Mais, le plus difficile pour le COCAN semble être la construction de deux nouveaux stades à Oyem et à Port-Gentil, auxquels il faut ajouter les infrastructures touristiques ou l’aménagement des voiries. Au plan organisationnel, il s’agit de concevoir une véritable stratégie de promotion de l’évènement susceptible d’attirer les touristes durant toute la durée de la compétition. Objectif : booster la consommation intérieure (hébergement, artisanat, restauration, transport, télécommunications) et avoir des stades pleins à tout moment (succès des matchs et recettes sur la billetterie). Le COCAN doit aussi relever le défi de la sécurité des installations sportives, des visiteurs et des délégations internationales. Comme par exemple en 2012 avec le slo- gan « 3-0 » pour une CAN sans sida. Pour cette édition, le COCAN pourrait ajouter deux autres zéro à ce compteur : un pour le terrorisme et l’autre pour Ebola. Le premier défi est de trouver aussi bien dans les ressources propres (loi de finance rectificative 2015) qu’auprès des sponsors et bail- leurs de fonds, des sources de financements pour les stades, conformément aux engagements du Gabon dans le dossier de candidature qui aura séduit le secrétariat exécutif de la CAF. Sur la maîtrise d’ouvrage publique (construction ou réhabilitation des stades, des hôtels, des voiries des villes hôtes, etc.), le COCAN peut compter sur l’ANGTI (Agence nationale des grands travaux et infrastructures). Ce qui est loin d’être une sinécure surtout pour les nouveaux stades qui doivent être livrés à temps pour permettre aux populations d’Oyem et de Port-Gentil de vivre en direct la CAN.n Société/ Justice L’offre juridictionnelle s’étoffe Le conseil des ministres du 28 mai 2015 a entériné la création de trois juridictions spécialisées dans la répression de la délinquance financière et économique, le travail et le commerce. A M.M la faveur du conseil des ministres du 28 mai 2015, le Gabon vient de se doter de trois nouvelles juridictions spécialisées. Les décisions de cette instance créent un tribunal chargé de la répression de la délinquance financière et économique, un autre en charge du travail et le troisième dédié au commerce. Découlant du plan de modernisation de l’appareil judiciaire prévu dans le PSGE, ces trois nouvelles juridictions abrogent la loi no 7/94 du 16 septembre 1994 portant organisation de la Justice. Ce texte structurait en effet les différentes juridictions des cours judiciaires, administratives et des comptes, mais non la Cour constitutionnelle, la Haute cour de justice et les tribunaux d'exception. Elle consacrait aussi l’existence, au niveau du tribunal de première instance, d’une chambre sociale ou tribunal du travail. Un texte rendu caduc par l’évolution politique, économique et sociale du pays du fait de la mise en œuvre du PSGE qui exige des réformes structurelles pour se mettre dans les standards (spécialisation des juridictions, célérité du service public de la justice, protection des investissements étrangers et des intérêts commerciaux légitimes des acteurs économiques). S’agissant de la juridiction chargée de la répression de la délinquance financière et économique, elle témoigne, après les audits de la fonction publique (2010) et du trésor public (2014), de l’engagement du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba à lutter vigoureusement contre l’impunité (détournement, corruption, surfacturation, blanchiment des capitaux) qui créé des « éléphants blancs » (routes, écoles, hôpitaux) et entretient la pauvreté dans le pays. Cette juridiction va recevoir ou s’autosaisir pour enquêter et punir, conformément à la loi, les déclarations de soupçon transmises de manière anonyme ou pas par des tiers, la Commission nationale de la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF) ou la Brigade des recherches. Elle permettra également de mieux coordonner l'action des services spéciaux, de la police et de la gendarmerie en matière de lutte conte le grand banditisme financier (escroquerie, fausse monnaie). Il n’est pas exclu que cette nouvelle juridiction ait une coopération plus poussée avec Interpol. C’est une véritable guerre contre les atteintes à la fortune publique qui s’annonce. L’annonce de cette juridiction suscite déjà des vagues au sein des leaders de l’opposition cités dans des « affaires », mais aussi au sein du camp politique du président Ali Bongo luimême, qui ne compte pas que des saints. Du coup, cette réforme intervenant à moins de 20 mois de l’élection présidentielle pourrait être interprétée comme une arme dissuasive contre ceux qui dans un camp comme dans l’autre voudraient trop gesticuler. Quoi qu’il en soit, le développement économique et le bienêtre des gabonais exigent, au-delà de la recherche de la création d’emplois (projets et chantiers structurants) et des mesures sociales (Pacte social, GRAINE, CNAMGS), un attelage judiciaire opérationnel et performant. Le tribunal du travail constitue une évolution exigée par le secteur économique, et son absence dans notre système judiciaire valait au Gabon des points en moins dans les classements évaluant l’environnement des affaires (Doing Business, COFACE, Forum économique mondial). C’est une bonne nouvelle donc pour ceux dont les dossiers étaient déjà entassés dans les tribunaux. Enfin, l’avènement du tribunal de commerce va impacter les procédures en les allégeant, en facilitant l’exécution rapide des décisions conservatoires et l’épuisement plus intelligent des affaires au fond. En revanche, pour l’ensemble des trois nouvelles juridictions spécialisées, il se pose, d’une part le problème de l’urgence de la formation ou du recyclage des magistrats dans ces domaines pour sortir des approches anciennes dans le traitement des requêtes (introduction d’instance, appel, administration de la preuve, etc.), et d’autre part celui de la mise à disposition, dans les délais requis, des vrais moyens de travail et de l’indépendance des magistrats.n N° 71 du mercredi 3 juin 2015 8 Société MAtin EquAtoriAl Route de la Sga dans les PK Les bulldozers du Génie militaire font des malheurs L’opération « Libérez les trottoirs » a encore fait des victimes dans les PK de Libreville. Une zone largement touchée par la construction de la route nationale reliant la capitale à l’agglomération de Ntoum, dans la province de l’Estuaire. C J.O ette fois, ce sont les échoppes des commerçants, sur l’axe reliant l’artère principale à celle menant à Sibang, qui ont reçu la visite des pelleteuses et autres engins des services du Génie militaire, finalement retenu pour cette besogne dont l’objectif, à en croire les autorités municipales de Libreville, est de rendre la cité propre et la circulation fluide. Cependant, le problème pour Rose Christiane Ossouka, l’édile de Libreville, pratiquement sur tous les fronts depuis le démarrage de cette opération, c’est qu’on est toujours sans bilan de ce tsunami qui vise essentiellement les quartiers sous intégrés de Libreville. Outre le manque de lisibilité des objectifs de Mme le maire, on note également l’absence de suivi sur le terrain. Une situation qui a pour conséquence des épreuves de force et de défiance vis-à-vis de l’autorité municipale, les déguerpis revenant le plus souvent sur les lieux pour ériger pratiquement les mêmes baraques. Ce qui fait dire au quartier qu’Ossouka «perd son temps » et qu’avec l’élection présidentielle qui approche, elle ne pourtant l’inscription « à démopourra plus toucher à une seule lir ». En attendant, du côté de la planche des huttes portant Sga, on espère qu’elle ne s’ar- rête pas en si bon chemin pour éviter de donner l’impression d’un « déguerpissement ciblé».n Commune de Libreville Socofi remue la voie de Mindoubé 1 Les cris et lamentations des habitants du quartier Mindoubé1, dans le 5ème arrondissement de la commune de Libreville, surtout ceux jouxtant le périmètre de la décharge publique éponyme, ont semble-t-il été entendus par les autorités municipales de la capitale gabonaise. Qui ont commis depuis la semaine dernière la société Socofi pour l’aménagement de la voie conduisant à la décharge qui était devenue un casse-tête public. Hortense De Méka H abituées au bruit de moteur des camions de la société Averda, en charge de la collecte et du ramassage des ordures ménagères et solides dans la commune de Libreville et ses environs, les populations du quartier Mindoubé1 ont été surprises d’être réveillées mercredi dernier par d’autres bruits. Ceux des engins de la société Socofi, commise pour l’aménage- ment, en matériaux durables, de la voie qui mène à l’unique décharge municipale de la capitale gabonaise. Plusieurs tentatives d’aménagement de cette voie, devenue par l’effet de l’usure un parcours du combattant, n’ont jamais amélioré le quotidien des riverains de cette partie de la commune de Libreville qui, ces derniers temps, à l’orée de la saison sèche et comme MAtin équAtoriAl JOURNAL D’INfORMATION ET D’ANALYSES [email protected] [email protected] Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10 N° 71 du mercredi 3 juin 2015 d’habitude, inhalent la poussière, confondue à la fumée émanant du brûlage à ciel ouvert des pneus, câbles et autres objets plastiques. Selon M. Hassan, maître d’œuvre de ce chantier, dont le coût et la durée n’ont pas été révélés, ces travaux d’aménagement concernent un linéaire de près de 1500 mètres, partant du domicile de l’ancien chef du quartier au carrefour de la décharge. Directeur de la Publication: Madre NGUIMBY Directeur de la Rédaction: Paul NZOGHBAM Rédacteur en Chef: Roger OKILI Secrétaire de Rédaction: Les travaux actuels portent sur l’aménagement de la plateforme routière devant accueillir et supporter la charge du béton constituant la couche de roulement de cette voie à grande densité de circulation. En effet, l’on estime, de nuit surtout, qu’environ deux camions défilent toutes les deux minutes, sans compter les autres usagers et les autres gros porteurs, allant ou revenant des multiples ga- Arthur MBADINGA Comité de Rédaction : Vincent Eyi Roger Okili, Alban Moussavou Jacques Okeng Constantin Toukoule-Mè Jacqueline Mubokianu rages qui encombrent cette zone, située entre les quartiers IAI, Akournam1, les PK8, PK9 et la SNI dans la commune voisine d’Owendo. Les riverains de cette partie de Libreville, qui entendaient poser leur problème à la plus haute autorité du pays, restent tout de même dubitatifs dans la mesure où toutes les mesures prises n’ont jusque-là pas rassuré et amélioré leur quotidien.n Infographes: Marcel OLENDEY Zambo Linus Impression: MULTIPRESS: TIRAGE: 5.000 exemplaires Distribution : SOGAPRESS