Ces sophistes qui orientent les politiques des Ãtats
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Ces sophistes qui orientent les politiques des Ãtats
Cahiers d' information politique de Monsieur Paul Ces sophistes qui orientent les politiques des États 1 avril 2015 1 «L'art de la politique économique consiste à ne pas considérer uniquement l'aspect immédiat d'un problème ou d'un acte, mais à envisager ses effets plus lointains ; il consiste essentiellement à considérer les conséquences que cette politique peut avoir, non seulement sur un groupe d'hommes ou d'intérêts donnés, mais sur tous les groupes existants. ». Henri Hazlitt, 1946 Philosophe, essayiste, journaliste américain 2 Introduction Depuis les années '70, le pouvoir représentatif s'affaiblit. Au fur et à mesure des lustres qui défilent, cela se voit comme le nez au milieu du visage. Cela est visible d'abord parce que les citoyens ne savent plus très bien qui décide quoi. A titre d'exemple, les décisions relatives aux dettes des États sont prises par la Banque Européenne ou Mondiale, par le FMI ou lors de rencontres comme celles de Davos1. On se demande ce que peuvent encore décider nos parlementaires et nos élus locaux. Les citoyens ne savent plus très bien si quelqu'un décide encore quelque chose. Chaque instance cherche par n'importe quel moyen à boucler son budget, en changeant les règles en court de partie, en licenciant, en taxant. Bref, il n'y a plus que cela qui compte. Les élus oublient que derrière leurs décisions il y a des gens, des familles, des communautés. Il est tout aussi visible que l'économie réelle est en recul face à l'essor de l'industrie financière2. D'ailleurs le PIB représente davantage les opérations financières que l'échange de biens et de services. 1 2 Commune de Suisse réputée grâce au Forum Économique Mondial (WEF World Economic Forum) qui s'y déroule chaque année. Voir mon cahier « Ces faux-monnayeurs qui dirigent la Belgique et le Monde ». 3 Le drame, c'est que nos élus ne savent même pas exprimer ce qui est en train de se passer puisqu'ils ne sont pas présents aux discussions et négociations et que personne ne les tient au courant des tenants et aboutissants. Il faudrait pour cela qu'ils recherchent personnellement l'information. Aujourd'hui, ce sont les médias qui organisent des rencontres et débats sur les plateaux de télévision en invitant des personnalités issues de la Société Civile, car les députés et sénateurs sont moins au courant de l'actualité que les journalistes. Par voie de conséquence, ces derniers incarnent la vérité absolue pour la plupart des citoyens, y compris pour nos élus qui, avant l'interview, parcourent la presse quotidienne. La passion du pouvoir fait que nos élus croient qu'ils ont la science infuse, et comme ils aiment croire qu'ils l'ont réellement, ils pratiquent la démagogie en allant au devant du désir des gens et en leur faisant miroiter ce qu'ils n'osent même pas espérer. C'est ce qu'on appelle des sophistes. Et ces sophistes politiques se laissent même abuser par d'autres sophistes qui, grâce à des mécanismes particulièrement ingénieux, orientent les stratégies économiques, fiscales et sociales. Les gens en sont de plus en plus conscients. Pourtant la majorité d'entre nous continue à voter comme avant, sans trop s'informer...et on a toujours de bonnes raisons pour zapper l'information. Si on assiste parfois à un transfert d'électorat vers des partis peu connus, cela reste marginal. 4 Dans les pages qui suivent, je tente de dresser un portrait du sophiste et les dangers qu'il fait courir aux citoyens qui n'ont bien souvent d'autre choix que de l'écouter et de rire de ses balivernes pour ne pas en pleurer. Les gens de mon pays doivent savoir qu'a défaut, d'une part, de rechercher l'information la plus juste possible et d'autre part de voter pour des formations qui présentent des projets et non des programmes, nous provoquons des événements dont les conséquences s'avèrent déjà tragiques pour le plus grand nombre. L'information est une arme redoutable. En s'informant nous nous engageons déjà. C'est le premier moyen de pirater les dysfonctionnements. Pour cela il suffit d'un peu d'audace. Paul THUNISSEN 5 Définition Pour Platon, à l'époque de la Démocratie Athénienne, le 'sophiste' était un faiseur de beaux jours. La racine se retrouve encore dans l’attribut 'sophistiqué'. Quelque chose de sophistiqué s’apparente à quelque chose de perfectionné, quelque chose de complexe. Le sophiste est un beau-parleur dont l'art est de faire prendre des vessies pour des lanternes…. Dit comme çà, on comprend mieux. Le discours du sophiste est si convainquant qu'il parvient à brouiller les âmes les plus claires, lesquelles finissent par y perdre leur grec. Les sophistes sont d'autant plus crédibles qu'ils sortent des meilleures universités, qu'ils sont médiatisés, et qu'ils s'adressent à des gens qui sont peu ou mal informés, ou qui croient tout savoir, en faisant appel à un discours très bien construit. Du haut de leur estrade, les sophistes présentent leurs erreurs aux médias, aux gouvernements ou aux citoyens avec beaucoup plus d'ingéniosité et de vraisemblance que les esprits avisés ne présentent leurs vérités. Il faut dire que la vérité n'a jamais eu besoin de beaucoup d 'explication. En revanche, quand il est nécessaire de démontrer la tromperie d'un sophiste, il faut parfois une longue suite de raisonnements qui deviennent difficiles à suivre pour le commun des mortels qui finit par s'ennuyer et s'endormir….et le sophiste en retire encore avantage. 6 De la maternelle à l'université, dans les milieux socio-culturels ou professionnels, dans les salles de sports… sont distillées de fausses vérités, qui s'impriment dans les cerveaux aussi sûrement qu'une goutte d'eau s'imprime dans la roche la plus dure à son contact répété et incessant. Dans la plupart des disciplines, les sophismes n'ont que peu de conséquences néfastes. Toutefois dans les sciences humaines en général, et en économie politique en particulier, les effets à long terme peuvent s'avérer désastreux. Objectif détourné L'objectif des économistes devrait être de déterminer les conséquences générales d'une action d'une part et d'autre part d'en déceler les conséquences secondaires et les effets pervers. Deux facteurs influent sur ce noble objectif : les intérêts particuliers et partisans : Si chacun d'entre nous a des intérêts identiques à son voisin, il en existe une multitude qui s'y oppose. De même en politique, il est des politiques qui assurent le bien commun à longue échéance, tandis que d'autres servent à court terme les intérêts d'un seul groupe d'individus au détriment de tous les autres. Ceux-là défendent bec et ongles leur thèses fallacieuses par des arguments plausibles coulés dans le béton. La tendance humaine naturelle à n'être capable de considérer que les conséquences immédiates d'un seul groupe, le sien : D'instinct, l'homme n'a le réflexe de 7 considérer ni les conséquences sur les autres groupes humains, ni même les conséquences secondaires, parfois lointaines, sur son propre groupe. Chacun a déjà certainement entendu cette réflexion : « boaf, d'ici là, on verra bien » ou encore « d'ici là, je serai mort ». Le mauvais politicien ne voit que les conséquences immédiates, les conséquences à court terme, les conséquences qui sont de nature à garantir sa réélection, c'est à dire les effets de son action sur un groupe déterminé ou ciblé. Il prendra conseil auprès des économistes ou des lobbyistes qui apporteront de l'eau à son moulin et il se détournera, peut-être même sans en avoir vraiment conscience, de la cause qu'il prétend défendre. Le politicien avisé réfléchit davantage et partage la certitude d' Émile de Girardin que «gouverner, c'est prévoir ». Il envisage les effets indirects, parfois pervers, qui pourraient se profiler dans un horizon lointain. Il prend en compte les effets que son action pourrait avoir sur les autres groupes que le sien. De la rumeur à l'imposture 1. Rumeur « Il est plus difficile, disait Einstein, de désagréger une rumeur qu'un atome », et c'est ce qui la rend si dangereuse. Elle est comparable à une simple dépression qui, en un temps très bref évolue en tempête, cyclone, ouragan, typhon. Médisances ou calomnies, les rumeurs sont de nature à détruire 8 une carrière ou une vie. Lorsqu'elles sont lancées à dessein, elles exploitent le plus souvent une faiblesse de la victime. Les citoyens qui s'informent peu ou qui choisissent de ne pas s'informer sont les premiers à les colporter. Ce n'est que bien plus tard que sont démêler les nœuds serrés qu'elles ont provoqués. On sait depuis des siècles qu'en politique les mensonges sont les vérités du pouvoir. Dans l'esprit des hommes et femmes politiques c'est salutaire de tromper le peuple pour son bien en lançant des fausses rumeurs. La meilleure école du mensonge est de l'exercer. C'est ainsi qu'ils/elles apprennent sur le tas à respecter certaines règles telles que • • • • soustraire les mensonges à toute vérification possible ; ne jamais outrepasser les bornes du vraisemblable ; faire varier les illusions à l'infini ; rationaliser la production des contrefaçons politiques en instituant des " sociétés de menteurs ". 2. Corruption Il arrive que le politicien se laisse impressionner par des économistes apparemment au faîte de leur art. Il oublie de recouper ses sources et se fie naïvement à ceux qui le conseillent… et il est fréquent que les conseilleurs soient des acteurs non élus. La vérité cachée derrière des argumentaires souvent très élaborés, 'sophistiqués' ne saute pas aux yeux. Ils doivent donc s'informer. En se laissant convaincre facilement, ils se laissent corrompre. 9 Il ne faut pas croire que la corruption est l'apanage de la classe politique, car chacun et chacune d'entre nous pourrait être tour à tour corrupteur et corrompu. Combien d'employés désireux de quitter leur entreprise n'ont-ils pas tenté d'obtenir un C4 pour avoir droit au chômage, combien d'entre nous ont déjà tenté d'actionner des « pistons » ou de s'offrir sexuellement pour obtenir un poste, combien sommesnous à promettre notre suffrage à un politicien afin d'obtenir un logement social ? Peut-être n'en avons-nous pas conscience, mais c'est bel et bien de la corruption. L'utilisation de la monnaie ex-nihilo engendre la plus grande corruption de tous les temps puisque, même si les états sont les premières victimes des accords de la Jamaïque3, aucun d'entre eux ne dénonce cette arnaque mondiale. Pire, les états signataires ont traduits ces accords dans leur législation nationale en prenant soin de ne pas les ébruiter auprès des populations. La monnaie ex-nihilo permet à l'industrie financière à se saisir des leviers de décision économique, fiscale, sociale. Mais il en est une multitude d'autres notamment dans 3 Les accords de la Jamaïque, signés en 1976 remplacent les Accords de Bretton Woods. Selon ces accords, la monnaie ne doit plus être garantie par son équivalent en or. A partir de ce moment, la monnaie scripturale a remplacé peut à peu la monnaie fiduciaire (voir mon carnet « Ces faux-monnayeurs qui dirigent la Belgique et le monde. ») 10 l'attribution des marchés publics, le rachat d'entreprises par l'état ou vice versa, les accords de dumping social, … 3. Statistiques Disraeli, premier ministre britannique au XIXème siècle avait déclaré : "il y a trois sortes de mensonges : les petits mensonges, les gros mensonges et les statistiques!" . Chaque jour, on nous parle de sondage, d'enquêtes, indices, moyennes,... Même si ces travaux se basent sur des recherches scientifiques, l'analyse qu'en font les acteurs de terrain sont subjectives et donc sujettes à caution. De plus elles ont un grand pouvoir d'influence, notamment à l'approche des électeurs. 4. Imposture Si les hommes et femmes politiques ne semblent apparemment pas des imposteurs, leur action relève parfois de l'imposture : Lorsque la promesse électorale ou la parole donnée n'est pas respectée, lorsque le contrat tacite avec le peuple est remis en cause (par exemple, les prépensions, les pensions), lorsqu'on modifie les règles en court de partie (les primes à la construction ou à l'installation…), lorsqu'ils n'hésitent pas à mentir aux gens simplement pour maintenir la cohésion sociale. Mais ne sommes-nous pas tous des imposteurs. Quel imposteur suis-je lorsque je tente de jouer un rôle en société, lorsque je masque ma peur, mes sentiments, mes faiblesses. C'est une attitude tout à fait humaine de ne pas dévoiler ses côtés obscurs à la société. Cette attitude est encouragée et valorisée par la recherche de la 11 performance à un point tel qu'on ne sait plus choisir l'essentiel de l'accessoire, ni différencier le vrai du faux, le profane du sacré ? Nous n'osons même plus limiter notre liberté d'expression sur base volontaire ou défendre notre point de vue lors d' un débat où la majorité est hostile, de peur du « qu'en dira-t-on ? » L'imposture est un mensonge ou une dissimulation qui revêt bien des facettes. Du petit mensonge qui permet de cacher un moment de plaisir interdit aux grandes falsifications obligeant tout un peuple à vivre à genoux, la gamme d'impostures est très large. Si l'imposture permet de manipuler ses camarades de classe ou ses collègues de bureau, elle permet en effet de faire ployer les peuples qui s'informent mal malgré les moyens audio-visuels impressionnants dont ils disposent. Où se cachent les sophistes? 1. Dans la population Comme je le disais, nous sommes des beaux parleurs lorsque nous diffusons des rumeurs sans fondement, lorsque nous argumentons pour obtenir un passe-droit, lorsque nous développons des théories sur base de statistiques d'une fausseté avérée, lorsque nous mentons effrontément pour obtenir un avantage. Actuellement, je mets en garde les jeunes qui se sentent perdus contre les discours véreux des islamistes qui leur proposent de 12 troquer leurs idéaux héréditaires contre un peu d'argent ou une vie meilleure. 2. Dans le monde politique et syndical Soyons conscients que, si la politique est l'affaire de tous, elle l'est essentiellement pour une minorité assoiffée de pouvoir. Les propagandes menées par les syndicats, le patronat ou les politiciens finissent par conditionner les citoyens et nous absorbons leurs vérités parce que d'une part, leurs discours sont construits avec finesse, et d'autre part, on ne prend pas le temps de consulter d'autres sources. Certains candidats pensent sincèrement que le mensonge politique apporte une contribution essentielle, tout en restant modeste, aux débats politiques et aux campagnes électorales. Les politiciens nous mentent et c'est pas nouveau. Tous les belges en sont conscients , mais nous continuons à vaquer à nos occupations comme si de rien n'était. Au moment de leur accorder nos suffrages, nous consentons à être trompés à nouveau. Au début du XVIème siècle déjà, Nicolas Machiavel affirmait que : 'Les hommes sont si aveugles, si entraînés par le besoin du moment, qu’un trompeur trouve toujours quelqu’un qui se laisse tromper'4. Il ne faut pas perdre de vue que les pots de vins augment considérablement la facture fiscale. 4 Extrait de l’œuvre 'le Prince' de Machiavel 13 2. Dans le monde économique Les pots de vins d'autrefois sont les subventions d'aujourd'hui. Les entreprises tentent de démontrer que les subventions, les subsides… sont indispensables à leur survie. Subsides ou pas, si les entreprises veulent licencier, elles le font, et si les PME sont contraintes de mettre la clé sous le paillasson, rien n'y fera, même pas les subsides reçus. La corruption est présente dans la fraude aux subventions, la fraude au chômage (avec notre consentement), la fraude dans l'attribution des marchés publics, dans le secteur de l'eau, de l'électricité et du gaz, des télécommunications, de la publicité. La corruption peut être affective ou émotionnelle, comme les passe-droits, les pistons,… Les belges ont-ils seulement conscience que la corruption augmente la facture fiscale et réduit le confort social. 3. Dans les lobbies Le lobbyisme et la corruption sont les caractéristiques essentielles de maintes sociétés et systèmes politiques. Ils constituent les principaux moyens, autres que le scrutin, par lesquels des citoyens non élus peuvent influencer des décisions d''état5. 5 Peu avant sa mort, Jef Houthuys révéla comment toute la politique d'austérité des années '80 fut organisée lors des «rencontres de Poupehan »dans la maison de vacances de Fons Verplaetse réunissant quatre amis : Jef Houthuys (président de la CSC), le Vicomte Fons Verplaetse (gouverneur de la Banque Nationale), Wilfried 14 Malgré la littérature importante des économistes autour de ces deux phénomènes, la claire compréhension des similitudes et différences entre eux semble nous échapper, probablement parce que le citoyen s'en inquiète assez peu. Un exemple très récent : En avril 2014, dans le cadre du « paquet télécoms », le parlement européen avait approuvé la fin des surcoûts d'itinérance6 pour le 15 décembre 2015, pour tous les européens qui utilisent leur téléphone mobile dans un autre pays européen que le leur. Mais voilà, la marge bénéficiaire d'une communication en roaming est parfois supérieure à 60 % et les frais d'itinérance représentent 8 à 10 % du chiffre d'affaire mobile7. Quand on sait que les principaux actionnaires des opérateurs historiques sont les États8, les groupes de télécommunication n'ont pas du faire grand-chose pour convaincre les parlementaires européens de refuser le texte proposé. La prochaine discussion sur ce thème n'est pas prévue avant 2018. Martens (premier Ministre), Hubert Detremmerie (directeur de BACOB, aujourd'hui Belfius) 6 Roaming, en anglais 8 Depuis la libéralisation du marché des télécoms en 1998, les États sont toujours 7 Source : Oddo Securities détenteurs de 50 % et plus des opérateurs historiques. 15 Cinq exemples de sophismes9. 1. Certains économistes réputés déconseillent l'épargne et prônent l'emprunt pour sauver l'économie. Vous aurez sans doute déjà entendu cette réflexion : « Il vaut mieux faire un emprunt que d'utiliser son propre argent ». Ceux qui lancent la rumeur ne peuvent ignorer que c'est la dette qui engraisse le capital et enrichit l'industrie financière. Leur thèse est relayée par les gouvernements. Ces marchands de discours savent qu'au moment ou le désastre arrivera, ils seront retraités et/ou à l'abri du besoin. Il est vrai que ceux qui nous ont promis plus de beurre que de pain dans les années '60 sont retraités ou morts. L'industrie financière a capitalisé lors des belles années et lors des crises elle mutualise ses pertes, ce qui a un impact sur les politiques économiques (pertes d'emploi, vente de son unique habitation), fiscales (taxation outrancière) et sociale (exclusion des chômeurs, révision du statut de prépensionné, retardement de l'âge de la retraite, expulsion des étrangers...). De plus en plus de citoyens n'ont plus que leurs yeux pour pleurer : un citoyen sur sept vit aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté10. Les citoyens les plus avertis ont eu une vision à long terme, ont 9 J'ai trouvé l'inspiration de cette partie dans le syllabus « Économie politique en une leçon » de Henry Hazlitt(1894-1993) écrite en 1946 et révisée en 1978. Cette leçon me paraît aujourd'hui encore d'une consternante réalité. 10 Le seuil de pauvreté peut-être calculé de façon absolue en tenant compte du coût du panier de la ménagère, ou de façon relative en prenant en compte un pourcentage (généralement 60%) du revenu médian des citoyens. 16 investi en bon père de famille, ont légué un patrimoine à leurs enfants. D'autres citoyens avaient une vision à court terme et ont emprunté pour profiter immédiatement de biens de consommation. Lorsque nous avons commencé à connaître de plus en plus de périodes de vaches maigres, les gouvernements ont fait croire que la belle époque reviendrait. Ils on a incité les citoyens à continuer à vivre au dessus de leurs moyens sans se rendre compte qu'on courait au-dessus du vide. Des citoyens d'aujourd'hui subissent plus que d'autres les conséquences des actions politiques d'un passé parfois lointain. Les politiciens d'alors ne se sont pas projeté sur le long terme. Ils ont incité les gens à consommer. A l'inverse, nous ne devons pas nous focaliser sur les effets lointains d'une politique au risque de heurter les gens qui vivent aujourd'hui. Nul ne sait si, à long terme, l'exclusion des chômeurs portera ses fruits, mais on sait, en revanche, que plus de vingt-mille familles belges sont plongées immédiatement dans la précarité. Les mauvais économistes et les mauvais politiciens n'envisagent qu'un résultat hypothétique à une échéance lointaine et restent insensibles à la détresse immédiate des citoyens. Malgré les expériences du passé, le monde politique ne considère toujours que les conséquences immédiates sur quelques groupes particuliers et n'envisage pas les conséquences à long terme sur l'ensemble des citoyens. 17 2. Nos dirigeants nous font croire que la croissance reviendra. Le gouvernement actuel persiste et signe. Il invite les citoyens, dont 240 milliards d'euros dorment sur des comptes virtuels, à dépenser et emprunter pour sauver l'économie. Rien n'est plus mensonger. Ils mentent car il y a urgence. Il est impératif de limiter et résorber rapidement une partie de la dette publique et dégager des moyens pour relancer l'économie. Il y a belle lurette que la croissance n'a plus qu'un impact marginal sur l'économie réelle, raison pour laquelle une pléthore de mouvements citoyens préconise un autre mode d'économie que la croissance à tout prix11. Face à la timidité des épargnants, ils n'hésitent pas à changer les règles du jeu en cours. AR du 4.07.2004 : 'Activation du comportement de recherche d'emploi'12 : Des milliers de chômeurs exclus à cause de cette mesure depuis 2004. • A.R. du 23.07.2012 : 'dégressivité renforcée des allocations de chômage' : Les indemnités d'insertion13 sont limitées à trois ans depuis le 1er novembre 2012. • A.R. du 30.12.2014 : ' Accord de gouvernement : Arrêté • 11 Voir mon cahier « Une Trilogie politique pour le XXIème siècle » 12 Pour ou contre l'activation des chômeurs ? Une analyse critique du débat – Daniel Dumont, chargé de cours à l'Université Libre de Bruxelles et aux Facultés Universitaires Saint-Louis. 13 Allocations de chômage obtenues sur base des études et après un stage d'attente 18 royal concernant le régime de chômage avec complément d'entreprise14 : Les prépensionnés qui n'ont pas atteint l'âge de 60 ans au 1er janvier 2015 doivent se rendre disponibles sur le marché de l'emploi...et tant pis pour ceux qui vivent aujourd'hui à l'étranger, qu'ils reviennent ! • Accord du gouvernement du 7 octobre 2014 : le relèvement progressif de la pension légale à 67 ans. Pour atteindre un objectif budgétaire, le monde politique continue à mentir aux citoyens en affirmant que ces mesures permettront d'assainir les finances publiques et que la croissance reviendra. Et si l'argent des épargnants ne retourne pas dans l'économie, l’État le leur prendra15. 3. Le monde politique fait croire que les plans d'embauche résorbent le chômage. Rien n'est plus faux. Ce n'est pas parce que l'état subventionne les entreprises qu'elles embauchent. Elles n'embauchent que si le rapport entre l'embauche et la croissance de leur entreprise leur convient. Alors, elles embauchent juste pour obtenir la prime, et puis…. Les plans d'embauche permettent aux entreprises 14 Maintenant on ne dira plus ' prépension', mais 'chômage avec complément d'entreprise' 15 Lire mon article : « l’État Belge n'hésitera plus longtemps à faire main basse sur notre épargne ». (http://paulthunissen.be/article_13_06_2013.html) 19 • d'obtenir un avantage fiscal en ne payant pas de lois sociales pendant une période déterminée • d'obtenir des subventions pour chaque emploi créé. • dans le cas des multinationales, d'octroyer à leurs cadres dirigeants des revenus honteux. Par ailleurs. Au terme du temps prévu dans le plan d'embauche (1, 2 ou 3 ans), les salariés retournent à la case chômage et doivent recommencer leur parcours. Les salariés sous « plans d'embauche » ne peuvent pas obtenir de crédit hypothécaire, prêt voiture, … et ne peuvent pas se projeter dans l'avenir. 4. Certains économistes font croire que le lobbyisme est nécessaire à l'expression de la société civile. C'est la demi-vérité qui est mise en lumière par les défenseurs du lobbyisme. On admet généralement que la Société Civile, (c'est à dire chaque citoyen dans son identité et ses particularités autant que l'ensemble des citoyens dans leur diversité), est nécessaire en ce sens qu'elle agit comme contre-pouvoir et, dans certains cas, influe sur des décisions politiques. Dès lors qu'on admet ce qui précède, on doit également admettre que les personnes morales (sociétés de biens ou de services) puissent se faire représenter pour aboutir aux mêmes fins. Apparemment, ce n'est que justice. Ces sociétés de biens ou de services font donc appel à des représentants appelés lobbys16 . 16 Rien qu'autour des Communautés Européennes gravitent trois milles groupes identifiés par le Parlement Européen. dans « Lobbying in the European Union ». En réalité il pourrait y en avoir cinq fois plus. 20 L'autre demi-vérité, restée volontairement dans l'ombre, est que ces lobbys tentent d' interférer sur des décisions démocratiques par le versement de pots de vin(sommes d'argent ou avantages en nature) aux décideurs politiques. Pour élargir leurs actions, les lobbys créent des collectivités territoriales , aux ramifications internationales, dont les missions aux multiples aspects visent exclusivement à défendre les intérêts économiques des multinationales. Prenons l'exemple des compagnies aériennes Low Cost . Les lobbys tentent d'influencer • la commission européenne qui régule les aides, • les collectivités qui ont le pouvoir d' accorder aux compagnies aériennes le droit d'ouvrir des lignes depuis leur territoire, • les collectivités pour qu'elles participent aux financements recherchés. 5. L'austérité est nécessaire pour relancer la croissance. Les gouvernements européens, dont la Belgique, défendent la thèse selon laquelle les plans d'économie sont dictés par une gestion saine. Au gouvernement on ne parle donc pas d'austérité. Les Belges ne sont quand même pas des demeurés. Dans un sondage au sujet des politiques économiques menées en Europe par l'institut Gallup17, il Il apparaît que les Européens sont dans l’ensemble nettement plus lucides que leurs dirigeants et se 17 http://fr.scribd.com/doc/172138343/Gallup-Debating-Europe-Poll-AusterityPolicies 21 rendent bien compte que les politiques d’austérité ne fonctionnent pas. Pourtant il est difficile de nier ce constat : le chômage explose, la pauvreté s’accroît, l'endettement des états augmente18. Ce qui est interpellant, c'est que 38 % des personnes sondées trouvent que la politique poursuivie par les gouvernements est bonne. Manque d'information ou désinformation ? Un peu des deux je pense. L'austérité que nous connaissons aujourd'hui trouve son origine dans l'abandon des accords de Bretton Woods19 et son remplacement par les accords de la Jamaïque. Une sombre histoire de lingots d'or opposant les États-Unis et l'Allemagne fut à l'origine de leur suppression. Et c'est l'Allemagne qui, encore aujourd'hui, voudrait imposer à l'Europe des solutions structurelles « inadéquates pour résoudre la crise », selon Dilma Rousseff, présidente du Brésil, lors de son passage à Bruxelles et en Espagne en novembre 2012. 18 Fin 2011, la dette publique des pays de la zone euro ne s’était accrue que de 2,3 points de produit intérieur brut (PIB) en un an, début 2013 on était monté à 4,9 points de PIB… 19 Accords économiques conclus le 22 juillet 1944 dont l'objectif était de définir les grandes orientations du Système Monétaire International. En mars 1973, le système des taux de change fixe s'écroule. Le 8 janvier 1976, les accords de la Jamaïque confirment que l'or perd son rôle légal international.. C'est le début de l'enrichissement de l'industrie financière au détriment des États qui commencent à s'endetter. 22 Elle ajouta que cette stratégie « conduit à "un appauvrissement des classes moyennes et à une possible récession brutale" et, expliqua clairement qu' « adopter des ajustements fiscaux récessifs ne suffit pas » Il faut dire que le parcours du Brésil qui s'est engagé dans la voie de réformes soutenues par le citoyen peut être qualifié de remarquable. En 1995, le Brésil annonça qu'il ne demanderait pas la prorogation de son accord avec le FMI. Finalement Dilma Rousseff et le peuple belge sont conscients de ce qu'il ne faut pas faire. Seuls les politiciens l'ignorent. 23 A nous de sensibiliser nos proches, nos concitoyens, nos décideurs, nos élites sur les fondements du monde d'aujourd'hui et de faire la promotion d'alternatives économiques, financières et politiques au monde de demain. Vous pouvez m'écrire à l'adresse [email protected] inscrire en objet : Ces sophistes qui orientent les politiques des États http://paulthunissen.be 24