52e congrès de la Société Française de
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52e congrès de la Société Française de
52e congrès de la Société Française de Psychologie Cognition, émotion et Société Lille, du 7 au 9 septembre 2010 Organisé en partenariat avec le PRES Lille Nord de France Université de Lille III, la Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société, l’Ufr de Psychologie, les laboratoires Psitec et Ureca. Coordination : Conseil Scientifique de l’Université Charles-de-Gaulle – Lille 3 collection UL3 travaux & recherches Congrès psycho.indb 1 22/07/10 16:09 Comité de Programme Président : Yann Coello Co-présidents : Antoine Molleron (Vice-Présidents DAIP) et Odile Mallick† (DOA) Histoire de la psychologie : A. Blanchet, I. Saillot Psychologie clinique & psychothérapies: P. Antoine, C. Bungener, S. Carton Psychopathologie: M.C. Castillo, J.L. Nandrino, A. Plagnol Psychologie de la santé : V. Christophe, B. Quintard, E. Spitz Psychologie cognitive : D. Brouillet, J.M. Gallina, S. Nicolas, L. Sparrow Psychologie ergonomique : F. Anceaux, A. Chevalier, P. Plenacoste Psychologie différentielle et de l’évaluation : K. Gana, P. Sockeel, P. Vrignaud Psychologie du développement: E. Gentaz, C. Monnier, B. Vilette Neuropsychologie : A. Bartolo, C. Moroni, V. Quaglino Psychologie sociale : A. Durand, A. Somat, A. Mignon Psychologie du langage : I. Bonnotte, S. Casalis, P. Colé, L. Perre Psychologie du travail et des organisations : P. Desrumaux, C. Lemoine, P.H. François Psychologie de l’éducation : J. Clerc, A. Guerrien Psychologie de l’orientation et de l’insertion : Y. Forner, O. Mallick†, C. Remermier Psychologie du sport : M. Allès-Jardel, Y. Delevoye, G. Lecocq Psychologie de la justice et criminologique : N. Przygodzki-Lionet, J. Py, M. Vandamme Psychologie de l’environnement : B. Bonnefoy, M. Felonneau Analyse expérimentale du comportement : J.C. Darcheville, L. Madelain Psychologie du handicap : Y. Courbois, B. Facon, A. Roby-Brami Psychologie des émotions : A. Channouf, G. Delelis Thérapies cognitives et comportementales : C. Douilliez, A. Rousseau, S. Rusinek Psychologie des conduites addictives : K. Doba, I. Varescon Psychologie transculturelle : A. Molleron, M.Y. Govindamaatchanaguirama Psychologie du vieillissement : P. Lemaire, L. Taconnat Comité d’organisation Présidents : Séverine Casalis et Mikael Molet Ont participé à l’organisation : Pascal Antoine, Constantina Badea, Angela Bartolo, Isabelle Bonnotte, Séverine Casalis, Véronique Christophe, Yvonne Delevoye, Jean Marie Gallina, Laurent Madelain, Astrid Mignon, Christine Moroni, Laetitia Perre, Patricia Plénacoste, Amélie Rousseau, Pascal Sockeel, Jérémy Ringard et Michel Vandamme. Le Comité remercie Guillaume Berna, Bourgeois Jeremy, Richez Adrien, Xavier Corveleyn, Antoine De Plancke, Cousin Stéphanie, Marion Janiot, Armelle Desauw, Christelle Duprez, Marie Buttitta, Claudie Bobineau, Céline Paeye, Delphine Rommel, Emmanuelle Fournier, Célènie Brasselet, Vincent Leleu, Véronique Tzakoura et Pauline Quemart. Congrès psycho.indb 2 22/07/10 16:09 Lille 2010. Un congrès scientifique, un congrès électif et un congrès de vigilance. La lecture du programme du Congrès de Lille ne laisse aucun doute quant à sa qualité scientifique. Les conférences comme les communications y seront à la fois variées et de haute tenue scientifique. Il est important de rappeler que la psychologie est une discipline scientifique et qu’elle fonde ses modèles explicatifs et ses modèles d’intervention sur des faits. Les recherches sont nombreuses et trop peu médiatisées. Le congrès est un temps qui permet de se tenir au courant, un temps d’échange et aussi un temps de formation continue à tous les niveaux. La confrontation des points de vue, des idées originales est un facteur essentiel de l’innovation et du progrès. Le congrès est un moment important de la vie d’une association quelle qu’en soit la nature. Au-delà des individus il s’agit d’imprimer une dynamique, de définir un projet. Qu’est ce que l’on veut de et pour la psychologie ? Quelle doit être sa place dans la société et les débats qui l’animent ? Quelle psychologie ? Celle des plateaux de télévision, celle des laboratoires, celle des corporatismes, celle des chapelles, celle des gourous ? Toutes les associations voient leurs effectifs d’actifs diminuer. C’est dangereux et nous devons nous mobiliser. Le congrès annuel de la SFP doit aussi servir cet objectif. Cette année la SFP élit un nouveau Président. Les adhérents doivent être présents, nombreux et concernés, pour participer à cette élection. La psychologie n’existera et ne vivra que dans la mesure où des sociétés savantes comme la SFP seront assez fortes et représentatives pour l’imposer et la développer. Le dernier rapport 2009 de la MIVILUDE décrit le glissement de l’activité des sectes du religieux vers la santé, le bien-être et le développement personnel. Une « psychologie » que l’on peut qualifier d’ésotérique sert très souvent de base, d’accroche à l’adresse des personnes fragiles ou en difficulté. Il est de notre devoir de lutter contre de tels usages pervers de la psychologie. D’autant plus que le 20 mai 2010 est (enfin ?) paru le décret relatif à l’usage du titre de psychothérapeute. Défini par la loi de 2004 et opérationnalisé, en quelque sorte, par ce décret, ce titre de psychothérapeute ouvre une boîte de Pandore dont on peut penser qu’elle nous réserve des surprises aux conséquences non négligeables pour la discipline certes mais surtout pour les praticiens. Nous avons obtenu, en 1985 la reconnaissance et la protection du titre de psychologue sur la base d’un cursus complet (licence, master) en psychologie. On pouvait penser que la psychothérapie, si du moins l’étymologie a un sens, reposait sur une connaissance approfondie des processus psychologiques et psychiques. La lecture du texte permet maintenant d’en douter. Que dirait-on d’un chirurgien spécialisé qui n’aurait pas auparavant validé des connaissances approfondies en physiologie ? Par ailleurs, nous avons toujours défendu, pour des raisons éthiques et de protection de l’usager, le principe de formation en psychologie comme en psychothérapie attestée par des diplômes nationaux. La lecture du texte laisse à penser que nous pourrions assister à une « certaine » ouverture au marché dont on peut imaginer les conséquences. C’est aussi pour cela que notre congrès doit être un congrès de vigilance. Gérard GUINGOUAIN Président de la Société Française de Psychologie Congrès psycho.indb 3 22/07/10 16:09 © Université Charles-de-Gaulle – Lille 3 En application de la loi du 1er juillet 1992, relative au code de la propriété intellectuelle, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre Français d’Exploitation du Droit de copie (20, rue des Grands Augustins, 75006 Paris). Livre imprimé en France Congrès psycho.indb 4 22/07/10 16:09 PROGRAMME Société Française de Psychologie Lille – 7-9 septembre 2010 Mardi, 9 heures Ouverture du congrès Mardi, 9 h 45 Conférence invitée : Michel Denis (Directeur de Recherche, LIMSI-CNRS, UPR3251, Université Paris-Sud XI) Penser l’espace, dire l’espace : des enjeux scientifiques pour la psychologie d’aujourd’hui Mardi, 11 h 15 Symposium-Flux Structurés sur Variétés : un cadre dynamique général pour la cognition Organisation de la session : Huys, Raoul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Morphodynamique cognitive : la catégorisation sémantique vue comme un processus de formation de motifs dans des systèmes neuronaux complexes Doursat, René, Petitot, Jean. Acquisition et altération de la dynamique de la graphomotricté et de l’écriture Zanone, Pier-Giorgio. Flux structurés de variabilité : expressions comportementales Huys, Raoul, Jirsa, Viktor. Une architecture cognitive dynamique pour le comportement séquentiel : flux structurés de variabilité dans la hiérarchie des échelles temporelles Perdikis, Dionysios, Jirsa, Viktor. L’exploration du langage dans le cadre de la dynamique non linéaire Tuller, Betty. Mardi, 11 h 15 Symposium-La cognition multimodale : les indices sensori-moteurs dans la récupération mnésique Organisation de la session : Versace, Rémy, Brouillet, Denis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Chewing-gum et effet de dépendance de la mémoire au contexte : une perspective incorporée Heurley, Loïc, Brouillet, Denis. Activation, interaction et intégration multisensorielles en catégorisation et reconnaissance Vallet, Guillaume, Lesourd, Mathieu, Versace, Rémy. Cognition multimodale : traitement spatial de type egocentré avec mise à jour et accès à un état de conscience autonöétique Gomez, Alice, Rousset, Stéphane, Baciu, Monica. Mardi, 11 h 15 Symposium-Stress et Situations Ordinaires : Regards Croisés Organisation de la session : Battaglia, Nicole, Berjot, Sophie, Roland-Lévy, Christine . . . . . 48 Introduction du symposium stress et situations ordinaires : regards croisés Battaglia, Nicole, Berjot, Sophie, Roland-Levy, Christine. Face à la vie, toute la vie, rien que la vie : arguments pour un réexamen de la structure du Congrès psycho.indb 5 22/07/10 16:09 6 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 faire-face et de ses méthodes d’évaluation. Girault-Lidvan, Noëlle. Stigmatisation et discrimination : stress ordinaire ou extraordinaire ? Berjot, Sophie, Girault-Lidvan, Noëlle, Battaglia, Nicole. Les interférences « vie au travail – vie privée » chez les chirurgiens-dentistes : leurs relations avec l’épuisement professionnel et la satisfaction au travail Mouda, Farida, Gana, Kamel, Trouillet, Raphaël, Fort, Isabelle, Lourel, Marcel. Situations ordinaires – stress ordinaire – addictions ordinaires… Battaglia, Nicole, Décamps, Greg, Bruchon-Schweitzer, Marilou, Boujut, Émilie. Mardi, 11 h 15 Symposium-Cognition, émotion, religion Organisation de la session : Sabatier, Colette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Perspectives et actualités de janet sur les possessions et les extases mystiques Saillot, Isabelle. À quoi sert (ou pas) la religion dans l’adversité ? Étude qualitative sur les victimes du conflit armé en Colombie Sistiva, Diana. Le coping religieux : validation d’une échelle Trouillet, Raphaël. Religion et valeurs familiales chez les adolescents, perspectives françaises et interculturelles Sabatier, Colette. La disposition à pardonner à autrui : une structure ternaire universelle ? Gauché, Mélanie, Mullet, Étienne. Mardi, 11 h 15 Symposium-Espace et émotion Organisation de la session : Honoré, Jacques, Sequeira, Henrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Un cas de négligence spatiale d’origine hystérique, étude en imagerie fonctionnelle. Saj Arnaud, Shahar, Arzy, Vuilleumier, Patrick. Dynamique temporelle des effets émotionnels et attentionnels dans l’amygdale : contribution des potentiels évoqués intracrâniens chez l’homme Pourtois, Gilles, Vuilleumier, Patrick. L’émotion influence le phénomène de pseudonégligence. Honoré, Jacques, Coeugnet, Stéphanie, Di Pastena, Angela, Henrique Sequeira. Rôle modulateur de l’anxiété dans la stabilisation du corps dans l’espace après atteinte vestibulaire Borel, Liliane, Bernard-Demanze, Laurence, El Ahmadi, Abdessadek, Dumitrescu, Michel, Magnan, Jacques, Devèze, Arnaud, Liberge, Martine. Mardi, 11 h 15 Session Neuropsychologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Exploration irmf d’un processus exécutif élémentaire chez les patients schizophrènes Grillon, Marie-Laure, Charbonneau, Frédérique, Varoquaux, Gaël, Thirion, Bertrand, Oppenheim, Catherine, Huron, Caroline. Traumatisme crânien et schizophrénie : perturbations similaires de l’attention sélective Colliot, Pascale, Bacon, Elisabeth, Masson, Marjolaine, Desert, Jean-François, Rhein, François, Foubert, Lucie, Offerlin-Meyer, Isabelle, Michael, George A. Neuroscience et neuropsychologie sociales de l’empathie Narme, Pauline, Mouras, Harold, Roussel, Martine, Godefroy, Olivier. Congrès psycho.indb 6 22/07/10 16:09 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 7 Déficits visuels dans les maladies à syndrômes extra-pyramidaux Bordaberry, Pierre, Allard, Michèle, Delord, Sandrine. Mardi, 11 h 15 Session Psychologie sociale 1 Certitude – incertitude : rôle dans les processus de conformité Font, Hélène, Brauer, Markus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Effet de la déterminabilité sociale sur le goût pour l’humour et le politiquement correct Joossen, Lionel, Mignon, Astrid. Influence des contextes compétitif et coopératif sur la perception de l’avenir : étude situationnelle et positionnelle de l’optimisme comparatif Krzeminski, Aurélie, Milhabet, Isabelle, Clerico, Jean-Baptiste. J’ai peur donc j’échoue : le rôle de la peur dans l’effet de menace du stéréotype Chateignier, Cindy, Chekroun, Peggy, Nugier, Armelle, Dutrévis, Marion. Les modes de connaissance des objets usuels conditionnent-ils la connaissance des personnes ? Schiffler, Frédéric, Dubois, Nicole, Mollaret, Patrick. Mardi, 14 h 00 Conférence invitée : Alain Blanchet (Professeur des Universités, Université Paris V3) Les psychothérapies sont-elle rationnelles ? Axel Cleeremans (Directeur de recherche, FNRS et Université Libre de Bruxelles) Associations et dissociations entre comportement et conscience Mardi, 14 h 45 Symposium-La cognition multimodale : ré-activation automatique d’expériences sensorimotrices Organisation de la session : Brouillet, Denis, Versace, Rémy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 Quand la fluence des processus sensori-moteurs de simulation génère une émotion positive. Brouillet, Thibaud, Brouillet, Denis. La manipulation des objets influence leur catégorisation : études chez l’enfant Bonthoux, Françoise, Blaye, Agnès. Ré-activation de la taille « mnésique » et détection de cibles sur la base de leur taille perceptive Riou, Benoit, Labeye, Élodie, Versace, Rémy. Mardi, 14 h 45 Symposium-Développement du lexique Organisation de la session : De Cara, Bruno . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 Contrôle cognitif et sélection lexicale au cours du développement Alario, F.-Xavier, De Cara, Bruno, Massol, Stéphanie, Ziegler, Johannes. Acquisition de la consistance orthographique : du lexique empirique au lexique théorique Hazard, Marie-Claire, De Cara, Bruno, Chanquoy, Lucile. Temporalité des traitements infra-lexicaux et lexicaux lors de la production écrite de textes narratifs. Maggio, Séverine, Lete, Bernard, Chenu, Florence, Jisa, Harriet, Fayol, Michel. Congrès psycho.indb 7 22/07/10 16:09 8 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 Apprentissage statistique de l’orthographe et unités de traitement Peereman, Ronald, Lete, Bernard. Nature de l’influence de la lecture sur la reconnaissance de mots à l’oral Perre, Laetitia, Pattamadilok, Chotiga, Montant, Marie, Dufau, Stéphane, Ziegler, Johannes. Mardi, 14 h 45 Symposium-Actualité de la prise en charge de la schizophrénie Organisation de la session : Castillo, Marie-Carmen, Blanchet, Alain . . . . . . . . . . . . . . 110 Le statut de « pairs aidants » : l’expertise des usagers au service du rétablissement. Koenig, Marie. Rééducation des fonctions exécutives : utilité d’une approche écologique du traitement de l’information Mangematin, Caroline. Expérience de thérapie cognitive de groupe dans le traitement des hallucinations auditives résistantes Braha-Zeitoun, Sonia, Wojakiewicz-Faivre, Annie, Januel, Dominique. La place de la famille dans l’accompagnement des patients souffrant de schizophrénie Escaig, Bertrand. Psychoéducation et tcc comme outils de réinsertion des patients schizophrènes Rousselet, Anne-Victoire. Mardi, 14 h 45 Symposium-La psychologie environnementale : des territoires d’identification quotidiens à la préoccupation pour l’environnement global. Organisation de la session : Felonneau, Marie-Line . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 Évaluer la satisfaction envers l’espace de travail : développement d’une échelle et première validation. Fleury-Bahi, Ghozlane, Marcouyeux, Aurore. Approche psycho-environnementale de l’adaptation dans des situations extrêmes d’isolement et de confinement Weiss, Karine, Nicolas, Michel. Menace identitaire et identités spatiales emboîtées Parant, Aymeric, Felonneau, Marie-Line. L’orientation et les comportements pro-écologiques comme norme sociale Lopez, Alexia, Rateau, Patrick, Charles, Maxime. L’amorçage de valeurs environnementales influence-t-il l’intention d’adopter des comportements écologiques ? Bonnefoy, Barbara, Maze, Corinne. Mardi, 14 h 45 Session Psychologie cognitive 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 Anticipation perceptive lors de mouvement d’atteinte : effet des aspects cinématiques, biomécaniques et de l’origine du mouvement Martel, Ludivine, Bidet-Ildei, Christel, Coello, Yann. Planification, évaluation, régulation, trois processus impliqués dans la recherche d’informations : une étude auprès d’internautes jeunes et âgés Chevalier, Aline, Dommes, Aurélie, Le Gars, Baptiste. Emosem : un modèle d’identification automatique de la coloration émotionnelle des textes Denhière, Guy, Leveau, Nicolas, Jhean-Larose, Sandra. Les séquences de vues rapides facilitent la représentation 3-d des visages dans Congrès psycho.indb 8 22/07/10 16:09 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 9 l’hémisphère droit Arnold, Gabriel, Siéroff, Éric. First-borns at a disadvantage ? later-borns surpass first-borns in kinship detection of strAngers’ faces Kaminski, Gwenaël, Ravary, Fabien, Graff, Christian, Gentaz, Edouard. Mardi, 14 h 45 Session Psychopathologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 Étude des dimensions de personnalité chez des usagers de psychostimulants en milieu festif techno Lillaz, Caroline, Pr. Varescon, Isabelle. Facteurs prédictifs au développement d’un syndrome post-traumatique (spt) suite à un accident de la voie publique (avp) : perspective dimensionnelle et mesures longitudinales. Berna, Guillaume, Vaiva, Guillaume, Nandrino, Jean-Louis. Analyse dynamique des communications verbales et non-verbales chez les mères dépendantes à l’héroïne et leur bébé Bochand, Laure, Doba, Karyn, Pezard, Laurent, Nandrino, Jean-Louis. Le rôle de variables cognitivo-émotionnelles dans la dépression, en lien avec l’addiction à internet. Gaetan, Sophie, Bonnet, Agnès, Laurens, Élodie, Pedinielli, Jean-Louis. Contribution à la compréhension du processus suicidaire lié au travail Hanique, Pauline. Mardi, 14 h 45 Symposium-Sélection et apprentissage Organisation de la session : Madelain Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144 Neurobiologie du conditionnement : De la psychologie aux neurosciences et vice versa Jozefowiez Jeremie. Approche comportementale du développement des mouvements finalisés des membres Darcheville Jean-Claude. Analyse comportementale de l’attention conjointe : importance dans le développement des conduites sociales chez le bébé et chez l’enfant avec autisme Rivière, Vinca, Cousin, Stéphanie, Becquet, Mélissa, Peltret, Émilie. (23)50 ans d’intelligence artificielle Preux, Philippe. Comportement, mouvement et conduite : implications épistémologiques. Freixa I. Baqué, Esteve. Mardi, 16 h 45 Session Poster 1 (posters numéro pair) Mardi, 16 h 45 Table ronde-Les licences professionnelles en psychologie : un débouché pour les étudiants de psychologie ? Une concurrence pour les psychologues ? Modérateur de la session : Dantzer, Cécile Intervenants : Dantzer, Cécile, Gély-Nargeot, Marie-Christine, Quaderi, André, Albarracin, Dolorès, Guingouin, Gérard, Mate, Marie-Claire Mercredi, 08 h 30 Conférence invitée : Elisabeth Pacherie (Directeur de Recherche CNRS, Institut Jean-Nicod, École Normale Supérieure-Paris) Congrès psycho.indb 9 22/07/10 16:09 10 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 Intentions prospectives et mémoire épisodique Florence Pasquier (Professeur des Universités, Neurologue, Service de Neurologie et Université Lille Nord de France) Maladie d’Alzheimer actualités et enjeux ? Mercredi, 09 h 15 Symposium-Psychothérapie et psychologie : quels liens autour de 1900 ? Organisation de la session : Saillot, Isabelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152 Historique de la prise en charge du trauma Kédia, Marianne. Aux origines de la psychologie du sport : la volonté, la solidarité, l’aliénation et la gynécomastie Lecocq, Gilles. Psychologie et psychothérapie selon Pierre Janet en 1919 Saillot, Isabelle. La médecine psychologique après Charcot Rojo, Agueda. Mercredi, 09 h 15 Symposium-Prise en charge médico-psycho-sociale de la personne cérébro-lésée : quel accompagnement après la sortie de l’hôpital ? Organisation de la session : Parache, Marianne, Chartaux-Danjou, Laurence, Delecroix, Hélène, Leger-d’Angelo, Stéphanie, Schrevel-Berlinson, Stéphanie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 Dépistage des troubles cognitifs et comportementaux lors d’un entretien individuel à distance de l’accident cérébral Parache, Marianne. Pourquoi compléter l’évaluation neuropsychologique classique à distance du traumatisme crânien ? adaptation du test mnésique rl/ri 16 items pour un rappel à 7 jours. Chartaux-Danjou, Laurence, Delecroix, Hélène, Moroni, Christine. Quelle évaluation pour l’autonomie chez une personne cérébro-lésée lors de la reprise du cours de la vie. exemple du questionnaire « danel ». Delecroix, Hélène, Schrevel-Berlinson, Stéphanie, Chartaux-Danjou, Laurence, Danel-Gronier, Delphine, Coello, Yann. Évaluation des situations de handicap chez la personne traumatisée crânienne et organisation du projet d’accompagnement individualisé après le retour à domicile Leger-d’Angelo, Stéphanie. Applications concrètes pour limiter les répercussions du handicap invisible dans la vie quotidienne. Schrevel-Berlinson, Stéphanie. Mercredi, 09 h 15 Symposium-Métacognition et Confiance Organisation de la session : Proust, Joëlle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166 Métamémoire et confiance en soi Michaelian, Kirk. Déférence et confiance métacognitive Coubray, Anne. Vigilance épistémique et métacognition Proust, Joëlle. Congrès psycho.indb 10 22/07/10 16:09 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 11 Mercredi, 09 h 15 Symposium-Megastudies : A new approach in word recognition studies Organisation de la session : Brysbaert, Marc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 Introduction to megastudies Pallier, Christophe. Lemma frequency vs. word form frequency New, Boris. Virtual experiments with mega-study lexical decision data : what you can and can not expect Diependaele, Kevin. Using machine-learning algorithms for word/non-word discrimination to detect decision biases in lexical decision tasks Keuleers, Emmanuel. Mercredi, 09 h 15 Symposium-Représentations de l’espace et contrôle de l’action Organisation de la session : Bringoux, Lionel, Sarlegna, Fabrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172 Le référentiel égocentré comme origine de nos perceptions visuelles Ceyte, Hadrien, Cian, Corinne. Effet oblique en modalité haptique et caractéristiques de la tâche Thouvarecq, Régis, Lejeune, Laure. Rotations sagittales d’une scène visuelle et/ou du vecteur gravito-inertiel et influences dynamiques sur le suivi manuel d’une cible Scotto Di Cesare, Cécile, Bringoux, Lionel, Bourdin, Christophe, Sarlegna, Fabrice, Mestre, Daniel. Relations entre réponses motrices et perceptives aux stades précoces du traitement visuel : effet de distracteurs au seuil perceptif. Deplancke, Antoine, Madelain, Laurent, Chauvin, Alan, Coello, Yann. Contrôle exécutif de l’action chez l’adulte jeune et vieillissant Sarlegna, Fabrice. Mercredi, 09 h 15 Session Psychologie clinique et psychothérapie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184 Fonctions et logique du délire dans la psychose Flémal, Simon. Les processus de coping mis en place lors de l’annonce de son homosexualité Charbonnier, Élodie, Graziani, Pierluigi, Rouan, Georges. Personnalité, émotions, et violences au sein du couple Vandamme, Michel J. Évolution des communications non-verbales et verbales au cours de la thérapie familiale d’adolescentes présentant une anorexie mentale Doba, Karyn, Nandrino, Jean-Louis, Berna, Guillaume, Charpentier, Anne, Pezard, Laurent. Mercredi, 09 h 15 Session Psychologie cognitive 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192 Une approche linguistique des apprentissages moteurs Louis, Fabrice. Langage, communication et maladie d’Alzheimer : état de l’art Lefebvre, Laurent. Sensibilité à l’information latérale au cours de l’identification de mots chez les lecteurs de ce2 et cm2 Congrès psycho.indb 11 22/07/10 16:09 12 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 Khelifi, Rachid, Sparrow, Laurent, Casalis, Séverine. Effet du voisinage orthographique émotionnel dans la reconnaissance visuelle des mots : étude en potentiels évoqués Gobin, Pamela, Mathey, Stéphanie, Faïta-Aïnseba, Frédérique. La surgénéralisation des souvenirs autobiographiques chez les polyconsommateurs de substances : déficit des fonctions éxecutives ou stratégie de régulation des émotions Gandolphe, Marie-Charlotte, Nandrino, Jean-Louis, Hancart, Sabine, Vosgien, Véronique, Bochand, Laure. Mercredi, 11 h 15 Symposium-Cognition du Primate Non Humain Organisation de la session : Fagot, Joël . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .202 Les singes traitent-ils prioritairement les informations de contour ou de surface des objets représentés en 2d ? Parron, Carole. Les prosimiens peuvent-ils maîtriser leurs impulsions ? Étude du « self-control » chez deux espèces de lémuriens (Eulemur Fulvus et E. Macaco) Genty, Émilie, Roeder, Jean Jacques. Déficits comportementaux et cognitifs liés à l’âge chez un primate non humain, le microcèbe : quels apports pour l’étude du vieillissement chez l’homme ? Aujard, Fabienne. Raisonnement analogique chez le babouin ? Fagot, Joel Apprentissage social et individuel chez l’homme et le singe Monfardini, Elisabetta, Hadj-Bouziane, Fadila, Gaveau, Valérie, Boussaoud, Driss, Meunier, Martine. Mercredi, 11 h 15 Symposium-Neuropsychologie clinique : évolutions actuelles des outils Organisation de la session : Moroni, Christine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207 Mise au point de deux tests de mémoire dans une population de sujets ayant un faible niveau d’éducation ou de maîtrise de la langue française. Maillet, Didier. Évaluation de la cognition sociale dans la pratique clinique Delbeuck, Xavier. Rôle des structures sous-corticales dans le langage : recherche d’indices comportementaux latéralisateurs Ehrlé, Nathalie. Élaboration d’une batterie brève d’évaluation des praxies gestuelles Moroni, Christine, Mahieux, Florence. Évaluation des fonctions exécutives de la personne âgée : stroop victoria et hayling. Bayard, Sophie, Erkes, Jérôme, Moroni, Christine. Mercredi, 11 h 15 Symposium-L’impulsivité Organisation de la session : Billon, Alexandre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210 Motivations sub-liminales et sub-personnelles : mise en évidence expérimentale Pessiglione, Mathias. Les choix impulsifs ont-ils une valeur adaptative ? Bourgeois-Gironde, Sacha. Les neurosciences ont-elles vengé la notion d’inconscient freudien ? Congrès psycho.indb 12 22/07/10 16:09 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 13 Billon, Alexandre. Mercredi, 11 h 15 Symposium-À quoi servent les représentations (en 2010) ? Organisation de la session : Gallina, Jean-Marie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216 Les représentations : enjeu et problème de la psychologie cognitive Gallina, Jean-Marie. Représentations mentales et dynamique cérébrale Sequeira, Henrique. Approche externaliste de la cognition : représentation mentale ou constitution énactive des inscriptions spatiales. Lenay, Charles. Comment les situations du monde sont représentées dans notre esprit Bonnotte, Isabelle. Univers subjectifs et psychopathologie Plagnol, Arnaud. Mercredi, 11 h 15 Symposium-L’apprentissage de la lecture : quelles aides auprès des apprentis lecteurs ? Organisation de la session : Ecalle, Jean, Magnan, Annie, Foulin, Jean-Noël . . . . . . . . . . 225 Le traitement visuo-attentionnel et l’apprentissage de la procédure lexicale d’identification des mots. Bosse, [email protected]. Le développement précoce des habiletés de compréhension orale et l’apprentissage de la lecture Bianco, Maryse. Entraînement morphologique : un outil efficace pour l’acquisition du lexique ? Marec-Breton, Nathalie, Lang, Emmanuelle. Effet d’un entraînement au traitement grapho-syllabique chez des faibles lecteurs scolarisés en cp. Kleinsz, Nina, Liger, Chloé, Ecalle, Jean, Magnan, Annie. Mercredi, 11 h 15 Symposium-Sport, émotions, et qualité de vie Organisation de la session : Legrand, Fabien, Castanier, Carole, Chaouloff, Francis, Dechamps, Arnaud, Marcel, Julie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234 La transaction entre l’individu et son environnement en contexte sportif : application à l’étude de l’état d’anxiété précompétitive Marcel, Julie, Gillet, Nicolas, Legrain, Pascal. L’alpinisme un contexte privilégié de régulation de l’anxiété : le role modérateur de la fuite de la conscience de soi Castanier, Carole, Lescanff, Christine, Woodman, Tim. Rôle des endocannabinoïdes dans les effets anti-stress de l’exercice physique Chaouloff, Francis. Programmes de réhabilitation et d’exercice pour la promotion de la qualité de vie de la personne âgée en institution gériatrique Dechamps, Arnaud. Le rôle modérateur de la fréquence d’entraînement hebdomadaire dans l’effet antidépresseur de l’activité physique Legrand, Fabien. Congrès psycho.indb 13 22/07/10 16:09 14 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 Mercredi, 11 h 15 Session Psychologie cognitive 3 Perception du temps dans l’appréciation de la musique Érudite occidentale Cocenas Da Silva, Raquel, Oliveira Bueno, José Lino, Bigand, Emmanuel, Moulin, Paul . . . . . 246 La métacognition de la perception du temps : construction d’un outil Lamotte, Mathilde, Chakroun, Nadia, Droit-Volet, Sylvie, Izaute, Marie. Résolution d’opérations arithmétiques : stratégie algorithmique ou récupération en mémoire ? Fanget, Muriel, Thevenot, Catherine, Castel, Caroline, Fayol, Michel Emoval : comment evaluer automatiquement la valence affective des textes sans lexique emotionnel ? Jhean-Larose, Sandra, Leveau, Nicolas, Denhière, Guy. Mercredi, 14 h 00 Conférence invitée : Klaus Scherer (Professeur émérite Université de Genève, directeur du Swiss Center for Affective Sciences) L’architecture dynamique de l’émotion François-Xavier Alario (Chargé de Recherche CNRS, Université Aix-Marseille) Les bases cognitives de la sélection lexicale Mercredi, 14 h 45 Session Poster 2 (posters numéro impair) Mercredi, 14 h 45 Table ronde-Psychologie en mutation : Nouveaux secteurs, nouvelles applications Modérateur de la session : Alles Jardel, Monique. Intervenants : Saillot, Isabelle, Alles Jardel, Monique, Lidvan, Noëlle . . . . . . . . . . . . . . . 256 Table ronde-La psychologie de la santé, quelle formation pour quels métiers ? Modérateur de la session : Apostolidis, Themis Intervenants : Apostolidis, Themis, Desrichard, Olivier, Terrade, Florence, Navet, Jérôme, Milhau, Manuelle, Gilliard, Jérôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257 Mercredi, 16 h 45 Symposium-Approches actuelles de l’intégration entre les sens Organisation de la session : Lagarde, Julien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258 L’intégration toucher-vision chez le nouveau-né : une perspective cognitiviste Sann, Coralie, Streri, Arlette. Cécité aux changements et multimodalité Auvray, Malika, Gallace, Alberto, Spence, Charles. Intégration visuo-auditive : des données au modèle Besson, Patricia. Spécification et prélèvement d’une information inter-modale sur la distance d’un objet Mantel, Bruno, Bardy, Benoît, Stoffregen, Thomas. Stabilisation d’une habileté complexe par une stimulation multimodale Zelic, Grégory, Lagarde, Julien, Mottet, Denis. Mercredi, 16 h 45 Symposium-Psychologie et neuropsychologie de l’attention Organisation de la session : Congrès psycho.indb 14 22/07/10 16:09 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 15 Michael, George A. (Laboratoire EMC – Université Lyon 2) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264 Inhibition, inhibitions et ressources attentionnelles Michael, George A., Roussel, Martine, Godefroy, Olivier. Rapidité de l’action et maintien de l’alerte Godefroy, Olivier, Bailon, Olivier, Périn, Bertille, Demarco, Giovanni, Boucart, Muriel, Krystowiak, Pierre, Roussel, Martine. Le développement des capacités visuo-attentionnelles au cours de l’acquisition de la lecture Ducrot, Stéphanie, Lété, Bernard. L’attention préparatoire : aperçu de ses mécanismes, de son développement et de ses troubles Siéroff, Éric. Mercredi, 16 h 45 Symposium-À quoi servent les représentations (en 2010) ? Organisation de la session : Gallina, Jean-Marie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272 Le développement des représentations numériques chez l’enfant Vilette, Bruno. Représentations sociales : une étude sur la religion, la violence et l’intelligence chez des adolescents. Marqueze, Eduardo. Genre et représentation des sexes ; quand la différence devient prétexte à l’inégalité Marro, Cendrine. Les representations de la maternité et de la paternite pèsent-elles sur l’expression du vécu parental ? Coulon, Nathalie. Mercredi, 16 h 45 Symposium-Rôle du système moteur dans la Cognition Organisation de la session : Bidet-Ildei, Christel, Palluel-Germain, Richard . . . . . . . . . . 281 Compétences motrices et attention lors de l’observation de mouvements humains Bidet-Ildei, Christel, Bouquet, Cédric. Le rôle différencié de deux types de gestes sur les conduites catégorielles des enfants Ambrosi, Solène, Bonthoux, Françoise, Blaye, Agnès. Flexibilité de la perception spatiale : l’influence de nos expériences sensorimotrice sur l’organisation de l’espace perçu Dupierrix, Eve. Le rôle de la motricité dans le traitement des nombres Badets, Arnaud. Mercredi, 16 h 45 Symposium-Apprentissage de la lecture : connaissances et habiletés précurseurs Organisation de la session : Foulin, Jean Noël, Ecalle, Jean, Magnan, Annie . . . . . . . . . . . 291 Connaissance des lettres chez les enfants pré-lecteurs : quelle relation entre la connaissance du nom et la connaissance de la forme des lettres ? Bouchière, Blandine, Balthazar, Véronique, Atzeni, Thierry, Foulin, Jean Noël. L’effet des compétences en orthographe inventée en grande section de maternelle sur l’entrée dans le langage écrit. Doyen, Anne Lise, Lambert, Éric. Le développement des compétences morphologiques précoces Congrès psycho.indb 15 22/07/10 16:09 16 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 Reder, Fanny, Demont, Elisabeth, Marec-Breton, Nathalie, Royer, Carine. Capacités de compréhension de récits chez l’enfant de 5 ans : analyse des déterminants et perspective différentielle. Potocki, Anna, Ecalle, Jean, Magnan, Annie. Mercredi, 16 h 45 Symposium-Psychopathologie de l’affectivité : les souffrances actuelles Organisation de la session : Bonnet, Agnès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 299 Adolescence, régulation émotionnelle et expressions symptomatiques Bréjard, Vincent, Pedinielli, Jean-Louis. Les conduites « aux limites » : exemple du body-art. Rochaix, Delphine, Bonnet, Agnès, Bejaoui, Moez, Pedinielli, Jean-Louis. Réalité et répercussion psychologique des violences sexuelles chez les sportifs Afflelou, Sabine, Décamps, Greg. Souffrance depressive et regulation émotionnelle en situation sociale Pasquier, Aurélie. Relation transférentielle et engagement du praticien : la question actuelle de l’amour. Benhaim, Michèle, Salvadero, Jérémie. Mercredi, 16 h 45 Session Psychologie cognitive 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 309 La spécificité de l’utilisation d’outils chez les humains. Vers une théorie dialectique. Osiurak, François, Jarry, Christophe, Le Gall, Didier. Émotion, cognition, intercation. Vers de nouveaux paradigmes de l’intervention robotique Schweitzer, Marc, Puig-Verges, Nielle. Récursion, langage et cerveau Lowenthal, Francis Effets de l’apprentissage de voix et de visages sur le rappel d’informations sémantiques à partir de noms de personnes. Barsics, Catherine. Mémoire, représentation sémantique probabiliste et extraction automatique de thèmes Denhière, Guy, Leveau, Nicolas, Jhean-Larose, Sandra. Mercredi, 16 h 45 Session Psychologie de la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318 Croyances associées à la douleur et évolution du vécu douloureux chez des patients douloureux chroniques Roussel, Philippe, Dauvier, Bruno, Dany, Lionel Étude de la conscience émotionnelle et des processus de régulation émotionnelle chez les parents de patients schizophrènes. Baracca-Delahaye, Margaret, Nandrino Jean-Louis, Bydlowski Sarah. Douleurs lombaires chroniques et rebelles, repercussions psychologiques sur les conjoints (aidants) : une analyse interprétative phénoménologique (iap) Aïni, Kheira, Antoine, Pascal, Rusinek, Stéphane. Déficit de la reconnaissance des émotions dans la sclérose en plaques (sep) Lenne, Bruno, Nandrino, Jean-Louis, Gallois, Philippe, Hautecoeur, Patrick, Sequeira, Henrique. Les déterminants de l’adaptation à la condition de santé des patients atteints de mici. Banovic, Ingrid, Gilibert, Daniel, Jebrane, Ahmed, Cosnes, Jacques. Jeudi, 08 h 30 Conférence invitée : Jean-Michel Hoc Congrès psycho.indb 16 22/07/10 16:09 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 17 (Directeur de Recherche CNRS, Institut de recherche en communications et en cybernétique, École Centrale-Nantes) Pour une synergie entre la Psychologie ergonomique et la Psychologie du Travail et des Organisations Robert Vincent Joule (Professeur des Universités, Laboratoire de Psychologie Sociale-Université de Provence) De la communication persuasive à la communication engageante Jeudi, 09 h 15 Symposium-Les Faux Souvenirs Organisation de la session : Mahé, Aurélia, Payoux, Mélany . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330 Importance du temps d’intégration dans le paradigme drm Brouillet, Denis. Effet de l’apprentissage sur les faux souvenirs Dubuisson, Jean-Baptiste, Fiori, Nicole, Nicolas, Serge. Effet de la modalité de présentation sur les faux souvenirs Gras, Doriane, Tardieu, Hubert, Piolino, Pascale, Nicolas, Serge. Effets de l’introduction d’informations erronées sur la création de faux souvenirs chez l’adulte Mahé, Aurélia, Corson, Yves, Verrier, Nadège. Effets du type de suggestions sur la création de faux souvenirs chez les enfants de 5 / 6 ans Payoux, Mélany, Verrier, Nadège, Corson, Yves. Jeudi, 09 h 15 Symposium-Apprentissage de la lecture et pathologies du langage oral Organisation de la session : Colé, Pascale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 340 Apprendre à lire avec un implant cochléaire Bouton, Sophie, Colé, Pascale. Conscience phonémique et conscience morphologique des étudiants dyslexiques Martin, Jennifer, Colé, Pascale, Frauenfelder, Uli. Nature des traitements morphologiques chez les dyslexiques : une étude en amorçage masqué Quémart, Pauline, Casalis, Séverine. Conscience morphologique, conscience phonologique et lecture chez les enfants dysphasiques Casalis, Séverine, Macchi, Lucie, Boidein, Françoise. Capacités de lecture, capacités phonologiques et capacités morphosyntaxiques chez des enfants dyslexiques ou dysphasiques, et chez des normolecteurs de même âge chronologique ou lexique Talli, Ioanna, Sprenger-Charolles, Liliane. Jeudi, 09 h 15 Symposium-Processus de régulation des émotions dans les conduites addictives Organisation de la session : Nandrino, Jean-Louis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 350 La « mesure » de l’alexithymie en question : exemples à partir de recherches dans les addictions Carton, Solange. Régulation émotionnelle chez des patientes souffrant de binge eating disorder Rommel, Delphine, Antoine, Pascal, Nandrino, Jean-Louis. Déficit émotionnel et addictions sans substance Congrès psycho.indb 17 22/07/10 16:09 18 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 Varescon, Isabelle. Dissociation physiologique et cognitive des réponses aux signaux émotionnels chez les patientes anorexiques Nandrino, Jean-Louis, Berna, Guillaume, Casiez, Nicolas, Doba, Karyn, Dodin, Vincent, Vignau, Jean, Sequeira, Henrique. Jeudi, 09 h 15 Symposium-Nouvelles dimensions d’étude des usages : technologies, cognition et émotion Organisation de la session : Tijus, Charles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 355 L’analyse automatisée des textes expressifs : apports complémentaires de deux outils (liwc et emotAix) Piolat, Annie, Pennebaker, James. Topic : extraction automatique des thèmes d’un texte Denhière, Guy, Leveau, Nicolas, Jhean-Larose, Sandra. EMOVAL et EMOSEM : deux modèles cognitivement pertinents d’identification automatique des émotions véhiculées par les textes Jhean-Larose, Sandra, Leveau, Nicolas, Denhière, Guy. Confusus, une méthode pour la conception et l’évaluation basée sur l’utilisation de matrices de confusion et sur la notion d’utilisateur idéal Tijus, Charles, Visonneau, Antoine, Leger, Laure. Les living labs : théorie, méthodes, pratiques et technologies cognitives Barcenilla, Javier, Tijus, Charles. Jeudi, 09 h 15 Symposium-Langage et motricité Organisation de la session : Longcamp, Marieke, Velay, Jean-Luc . . . . . . . . . . . . . . . . . 362 Études par la méthode des potentiels évoqués de la production écrite versus orale Jucla, Mélanie, Démonet, Jean François. Quand le système moteur vient à la rencontre du langage : interactions entre traitement des verbes d’action et contrôle moteur Boulenger, Véronique. Pourquoi dénommer des dessins prend plus de temps que de lire des mots ? contribution des processus articulatoires Riès, Stéphanie, Legou, Thierry, Malfait, Nicole, Burle, Boris, Alario, F.-Xavier. Analyse de l’intervalle entre deux lettres dans l’écriture manuscrite : influence motrice et/ou linguistique ? Lagarrigue, Aurélie, Longcamp, Marieke, Nespoulous, Jean-Luc, Velay, Jean-Luc. Troubles de la parole dans la maladie de parkinson : intérêt de l’imagerie cérébrale fonctionnelle pour une meilleure compréhension de la physiopathologie de la dysarthrie hypokinétique Pinto, Serge. Jeudi, 09 h 15 Symposium-Soi et l’école : déterminants et effets sur les représentations de soi Organisation de la session : Desombre, Caroline, Delelis, Gérald, Pansu, Pascal . . . . . . . . 368 La classe et le sentiment de compétence à l’école : l’effet du regard de l’enseignant Pansu, Pascal, Bressoux, Pascal. Le jugement des enseignants à l’égard de la difficulté scolaire sert-il au maintien des inégalités sociales ? Desombre, Caroline, Delelis, Gérald, Durand-Delvigne, Annick. Les professeurs de lycée professionnel et la perception des élèves : une approche Congrès psycho.indb 18 22/07/10 16:09 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 19 sociologique de la relation entre « jugement social » et pratiques pédagogiques Jellab, Aziz. Le rôle du contrôle perçu et de l’identification à une cible comme modérateurs de la relation entre les processus de comparaison sociale et l’évaluation de sa compétence scolaire Boissicat, Natacha, Bouffard, Thérèse, Pansu, Pascal, Vezeau, Carole. Jeudi, 09 h 15 Session Psychologie du développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 376 À propos de la méthode des groupes appariés dans l’étude des troubles du développement de l’enfant. Facon, Bruno, Nuchadee, Marie-Laure. Nouvelle perspective thérapeutique pour le tda/h : Évaluation de l’adaptation française d’un programme d’entraînement aux habiletés parentales Hauth-Charlier, Stéphane, Finck, Sonja, Fischbach, Michel, Clément, Céline. La catégorisation spatiale chez l’enfant Richez, Aurélien, Coello, Yann. Apprentissage spatial et déficience intellectuelle : apport des environnements virtuels. Mengue Topio, Hursula, Courbois, Yannick, Leconte, Claire. Comment et pourquoi aider les enfants hospitalisés et leur famille à mettre des mots sur leurs émotions ? Témoignage d’une pratique de psychologue en évolution. Derome, Muriel. Jeudi, 09 h 15 Session Psychologie du vieillissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 387 Modification des émotions au cours du vieillissement et comparaison de deux types de matériel Legrand, Aurore, Quaglino, Véronique, Czternasty, Gérard, Vandromme, Luc. « À part la tête, je n’ai pas tellement changée » : grounded theory et approche compré hensive de la conscience dans la maladie d’Alzheimer Billiet, Caroline, Antoine, Pascal, Nandrino, Jean-Louis. Étude des processus visuels cognitifs précoces dans le vieillissement normal à l’aide d’une tâche de discrimination de luminance Lenoble, Quentin, Amieva, Hélène, Delord, Sandrine. Effet de l’âge sur le feeling-of-knowing en mémoire épisodique : hypothèse d’un déficit de récupération des indices de remémoration Sacher, Mathilde, Taconnat, Laurence. Émotion, faux souvenirs et vieillissement normal. Dehon, Hedwige, Larøi, Frank, Van der Linden, Martial. Jeudi, 13 h 15 Table ronde-Impacts de l’émotion et de la conation sur la scolarité : que peut en faire le psychologue ? Modérateur de la session : Vrignaud, Pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 398 Intervenants : Vrignaud, Pierre, Molleron, Antoine, Boudjemaa, Karim, Guillemard, Jean-Claude, Desaubry, Christine, Turminel-Maniev, Jennifer, Remermier, Catherine. Jeudi, 14 h 00 Conférence invitée : Pierre Phillipot (Professeur des Universités, Institute of Psychological Sciences-Université de Louvain) Émotion et psychothérapie: de la recherche fondamentale aux interventions psychologiques Congrès psycho.indb 19 22/07/10 16:09 20 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 François Jouen (Directeur d’Etudes à l’École Pratique des Hautes Études, Directeur du Laboratoire Développement et Complexité de l’EPHE-Paris) La cognition chez le nouveau-né Jeudi, 14 h 45 Symposium-La stimulation cérébrale transcrânienne cognitive et clinique : enjeux pour la psychologie Organisation de la session : Marendaz, Christian, Valero-Cabre, Antoni . . . . . . . . . . . . . 400 (r)tms comme outil d’exploration du langage normal et pathologique De Boissezon, Xavier. (r)tms et la rééducation de l’héminégligence : un exemple de recherche translationelle en cours Valero-Cabre, Antoni. (r)tms et ses effets sur le vieillissement normal et pathologique chez la souris et l’homme Sherrard, Rachel. (r)tms comme thérapeutique des troubles de l’humeur : quel enjeu pour la psychologie ? Marendaz, Christian. (r)tms et modulation de la plasticité corticale : du normal au pathologique Meunier, Sabine. Jeudi, 14 h 45 Symposium-Développement normal et déviant de la reconnaissance des mots écrits : unités de traitement et organisation des représentations lexicales Organisation de la session : Quemart, Pauline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401 Effets de la fréquence du voisinage dans la reconnaissance de mots écrits chez des enfants de CE2 et CM2 : étude en amorçage masqué Janiot, Marion, Casalis, Séverine. Acquisition des représentations orthographiques dans une langue seconde : étude d’amorçage chez des élèves francophones apprenant l’anglais au collège Commissaire, Eva, Duncan, Lynne G., Casalis, Séverine. Effet d’amorçage syllabique en reconnaissance visuelle de mots chez le jeune lecteur Chetail, Fabienne, Mathey, Stéphanie. Rôle de la fréquence syllabique à l’écrit : étude auprès d’enfants dyslexiques Maïonchi-Pino, Norbert, Magnan, Annie, De Cara, Bruno, Ecalle, Jean. Traitement des unités morphémiques lors de la reconnaissance des mots écrits chez les jeunes lecteurs Quemart, Pauline, Casalis, Séverine. Jeudi, 14 h 45 Symposium-Les étudiants en France : Stress, adaptation et réussite Organisation de la session : Brisset, Camille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 412 Le parcours des étudiants entrants en psychologie : un suivi de deux ans à l’Université Bordeaux 2 Koleck, Michèle, Lannegrand-Willems, Lyda, Cosnefroy, Olivier. Étude sur le stress et les souffrances des étudiants en pharmacie. Impact psychique des études Bonnaud-Antignac, Angélique, Chaillou, Amandine, Boudoukha, Abdel Halim. Facteurs psychosociaux et réussite universitaire : étude longitudinale chez des étudiants de L1 des filières « classiques » et « à concours » Boujut, Émilie. Congrès psycho.indb 20 22/07/10 16:09 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 21 Impact des facteurs de vulnérabilités psychologiques sur la santé mentale des étudiants Grondin, Olivier. L’adaptation socioculturelle des étudiants internationaux en France : background culturel et monitorage de soi Piolat, Michel. Jeudi, 14 h 45 Symposium-Rôle du geste dans l’organisation des connaissances Organisation de la session : Olivier, Gérard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 417 Les vertus perceptives du mouvement Bardy, Benoit. Parler pour (se) faire « entendre » : la théorie des actes corpori-mentaux langagiers Bottineau, Didier. Perception de l’espace péripersonnel suite à une recalibration motrice dynamique Bourgeois, Jérémy, Coello, Yann. Influences de la direction et de la destination de mouvements manuels ou oculaires préparés sur des recherches visuelle ou tactile Coutté, Alexandre, Faure, Sylvane, Olivier, Gérard. Jeudi, 14 h 45 Symposium-Vieillissement cognitif normal et pathologique Organisation de la session : Taconnat, Laurence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 424 Procédures cognitive, mémoire de travail et variations stratégiques au cours du vieillissement normal. Ergis, Anne-Marie. Vieillissement et mémoire épisodique : hypothèse de la réserve cognitive Isingrini, Michel. Vieillissement et stratégies arithmétiques; rôle du contrôle exécutif Lemaire, Patrick. Déficits d’inhibition dans le vieillissement normal et la maladie d’Alzheimer : conséquences de l’atteinte de processus distincts ? Collette, Fabienne. Épidémiologie du déclin cognitif dans le vieillissement normal Amieva, Hélène. Jeudi, 14 h 45 Symposium-Psychologie interculturelle Organisation de la session : Molleron, Antoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 431 Psychologie interculturelle en situation humanitaire et enjeux éthiques et déontologiques Molleron, Antoine. Contacts culturels et processus d’interculturation Denoux, Patrick. Identités exilées a la lumière de la psychanalyse Boyer Schneider, Martine. Du sujet moderne aux prises avec l’histoire ; des transmissions en impasse et en déplacement. Douville, Olivier. Jeudi, 14 h 45 Session Psychologie des émotions Émotions et conduite automobile sous pression temporelle Congrès psycho.indb 21 22/07/10 16:09 22 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 Coeugnet, Stéphanie, Anceaux, Françoise, Naveteur, Janick . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 435 Influence des expressions faciales de figurants obèses et normo-pondéraux sur le désir de manger Barthomeuf, Laetitia. Honte endogène et altruisme dans un jeu du dictateur Petit, Emmanuel, Tcherkassof, Anna. Vulnérabilité émotionnelle et biais attentionnel chez les personnes alcoolo-dépendantes. Freydier, Chloé, Bastien-Toniazzo, Mireille. Reconnaissance des émotions et transfert interhémisphrique (tih) dans la sclérose en plaques (sep) Lenne, Bruno, Nandrino, Jean-Louis, Sequeira, Henrique, Gallois, Philippe, Hautecoeur, Patrick. Jeudi, 14 h 45 Session Psychologie sociale 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 445 Améliorer la validité des mesures composites de la satisfaction au travail Castel, Davy, Durand-Delvigne, Annick, Lemoine, Claude. Processus défensifs versus développement de l’activité : une intervention en clinique de l’activité auprès de juges d’instruction Kostulski, Katia. Harcèlement moral au travail : quels effets de la gravité des agissements du harceleur et des comportements pro/anti organisationnels de la victime sur les émotions, la perception de responsabilité et l’aide ? Desrumaux, Pascale, Djazayeri, Hossein. Effet du type d’information sur l’âgisme implicite Boudjemadi, Valerian, Gana, Kamel. Lorsqu’une évaluation a priori rationnelle provoque une décision discriminante dans le recrutement… hypothèse d’activation de stéréotypes ? Le Floch, Valérie, Py, Jacques, Brunel, Maïté, Lauterbach, Iris. Jeudi, 16 h 45 Cérémonie de clôture, remise du prix Pierre Janet Congrès psycho.indb 22 22/07/10 16:09 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 23 Liste des Posters Les posters resteront affichés pendant des deux sessions. Les posters pairs seront présentés lors de la session 1 et les posters impairs lors de la session 2. 1. Jeunes Belgo-Marocain(e)s et pratiques matrimoniales : quand le mariage est aussi une affaire d’identité(s) Heine, Audrey (Université libre de Bruxelles – Unité de psychologie sociale), Licata, Laurent (Université libre de Bruxelles – unité de psychologie sociale). 2. La perception du temps chez l’enfant : le rôle du développement cognitif Zelanti, Pierre (Université Blaise Pascal, lapsco, CNRS, UMR 6024), Droit-Volet, Sylvie (Université Blaise Pascal, lapsco, CNRS, UMR 6024). 3. Appropriation de la temporalité et maladie d’Alzheimer : méthodologie d’analyse d’entretiens centrés sur la vie quotidienne Rivasseau Jonveaux, Thérèse (Cmrr de lorraine groupe de recherche sur les communications laboratoire interpsy (EA 4432)), Batt, Martine (Groupe de recherche sur les communications (grc), laboratoire interpsy (EA 4432) Université Nancy 2), Trognon, Alain (Groupe de recherche sur les communications (grc), laboratoire interpsy (EA 4432) Université Nancy 2). 4. Interférence associative et catégorielle dans la dénomination de visages : premiers résultats de potentiels évoqués Germain Mondon, Véronique (Lapsco CNRS UMR 6024), Silvert, Laetitia (Lapsco CNRS UMR 6024), Izaute, Marie (Lapsco CNRS UMR 6024). 5. Développement socio-affectif de l’enfant de 4 à 12 ans en résidence alternée : relation coparentale et facteurs organisationnels Baude, Amandine (Université de Toulouse 2 Le Mirail, laboratoire pdps), Zaouche Gaudron, Chantal (Université de Toulouse 2, Le Mirail, laboratoire pdps). 6. La reconnaissance des expressions faciales émotionnelles et le ressenti des émotions dans la maladie d’Alzheimer Macaret, Anne-Sophie (Upjv – clea), Quaglino, Véronique (Upjv – clea), Czternasty, Gérard (Upjv – clea), Vandromme, Luc (Upjv – clea). 7. Étude du trouble lexical dans la maladie d’Alzheimer : évaluation et comparaison de batteries Henrard, Sébastien (Université de Mons), Lefebvre, Laurent (Université de Mons). 8. Difficultés à l’écrit : les représentations des enseignants face aux compétences de leurs élèves Majaji, Sara (Institut de psychologie – Université Lyon 2). 9. Facilitation de l’apprentissage par la cognition incarnée Thuaire, Flavien (Lapsco, UMR 6024 CNRS), Izaute, Marie (Lapsco, UMR 6024 CNRS). 10. Apprentissage de la lecture : étude de l’influence des méthodes d’enseignement sur les fonctions cognitives de l’enfant Trappeniers, Julie (Université de Mons (Belgique)), Lefebvre, Laurent (Université de Mons (Belgique)). Congrès psycho.indb 23 22/07/10 16:09 24 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 11. Motivations à accepter ou à refuser d’entrer dans un protocole d’essai clinique lié à la transplantation Goasdoué, Marion (Master 2 recherche « psychopathologie et psychologie de la santé », Université Toulouse 2 Le Mirail), Guedj, Myriam (Maitre de conférences, Octogone-cerpp, chercheur associé inserm u558), Cambon thomsen, Anne (Directrice de recherche au CNRS, UMR inserm 558, Université Paul Sabatier-Toulouse 3), Munoz Sastre, Maria Teresa (Octogone-cerpp, directrice du pôle psychologie de la santé, Toulouse 2 Le Mirail). 12. Vacances de 10 jours, vacances de 15 jours et incidences sur les performances attentionnelles Saada, Yael (Université Victor Segalen Bordeaux 2), Gana, Kamel (Université Victor Segalen Bordeaux 2). 13. Les traits émotionnels spécifiques des étudiants en art et leur performance créative Botella, Marion (Université Paris Descartes), Lubart, Todd (Université Paris Descartes), Zenasni, Franck (Université Paris Descartes). 14. Motifs d’orientation interpersonnelle : une analyse multidimensionnelle Delelis, Gérald (Université Lille Nord de France – Université de Université Lille Nord de France, URECA – EA 1059), Antoine, Pascal (Université Lille Nord de France – Université de Université Lille Nord de France, URECA – EA 1059), Demerval, René (Université Lille Nord de France – Université de Université Lille Nord de France, URECA – EA 1059), Christophe, Véronique (Université Lille Nord de France – Université de Université Lille Nord de France, URECA – EA 1059). 15. L’abord mystérieux du phénomène religieux dans la pathologie psychiatrique Devos, Antoine (CHU Caen). 16. Rémission, rétablissement et schizophrénie : de nouveaux enjeux théoriques et cliniques Koenig, Marie (Laboratoire de psychopathologie et neuropsychologie (e.a. 2027) Université Paris 8), Castillo, Marie-Carmen (Laboratoire de psychopathologie et neuropsychologie (e.a. 2027) Université Paris 8), Blanchet, Alain (Laboratoire de psychopathologie et neuropsychologie (e.a. 2027) Université Paris 8). 17. Représentations catégorielles des enfants de 3 à 6 ans dans les domaines du vivant et du non-vivant Megalakaki, Olga (Université de Picardie), Fouquet, Nathalie (Université de Picardie). 18. Les réactions des gens face aux comportements incivils et immoraux Moisuc, Alexandrina (Lapsco – CNRS – univ. Blaise Pascal, Clermont-Ferrand), Brauer, Markus (Lapsco – CNRS – univ. Blaise Pascal, Clermont-Ferrand). 19. Pratique de prévention en population âgée : le rôle des croyances Coniasse Brioude, Delphine (Université Toulouse 2), Igier, Valérie (Université Toulouse 2). 20. Étude des stratégies de coping chez les parents d’enfants atteints du syndrome Gilles de la Tourette Flores, Angèle (Université Paris 8), Hartmann, Andreas (Pitié-salpetrière), Goussé, Véronique (Université Paris 8). Congrès psycho.indb 24 22/07/10 16:09 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 25 21. Le développement de la métacognition par la relaxation Wagener, Bastien (Université d’Angers, laboratoire de psychologie, upres EA 2646), Boujon, Christophe (Université d’Angers, laboratoire de psychologie, upres EA 2646), Fromage, Benoît (Université d’Angers, laboratoire de psychologie, upres EA 2646). 22. Les bébés prématurés sont-ils capables de transférer des informations sur la forme des objets d’une main à l’autre ? Lejeune, Fleur, Berne-Audeoud, Frédérique, Marcus, Leïla, Debillon, Thierry, Gentaz, Edouard (Université Grenoble 2) 23. Développement des sois possibles : étude longitudinale auprès d’élèves de cycle 3 Lefer, Gaelle (Université de Nantes, laboratoire de psychologie « Éducation, cognition, développement »), Florin, Agnès (Université de Nantes, laboratoire de psychologie « Éducation, cognition, développement »), Guimard, Philippe (Université de Nantes, laboratoire de psychologie « Éducation, cognition, développement »). 24. Le rôle du craving dans la dépendance au cannabis Chauchard, Emeline (Octogone-cerpp, Université de Toulouse), Chabrol, Henri (Octogone-cerpp, Université de Toulouse). 25. Étude de l’effet d’amorçage orthographique selon les caractéristiques émotionnelles des individus Mathey, Stéphanie (Université Bordeaux2), Gobin, Pamela (Université Bordeaux 2), Dorot, Delphine (Université Bordeaux 2), Rascle, Nicole (Université Bordeaux 2). 26. Décours temporel de l’effet de distinctivité Gounden, Yannick (Laboratoire de psychologie et neuropsychologie cognitives, Université Paris Descartes, institut de psych), Nicolas, Serge (Laboratoire de psychologie et neuropsychologie cognitives, Université Paris Descartes, institut de psych). 27. Caractériser l’émotionnalité du langage : Valence, activation et/ou controle ? Leveau, Nicolas (Ephe – École pratique des Hautes Études équipe chart – cognition humaine et artificielle EA 4004), Jhean-Larose, Sandra (Ephe – École pratique des hautes Études Équipe chart – cognition humaine et artificielle EA 4004). 28. Explorer les lettres pour apprendre à lire et à écrire avec des enfants de 5 ans Labat, Hélène (Laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs), Ecalle, Jean (Laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs), Magnan, Annie (Laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs). 29. Quand la différence devient un handicap : le cas de l’étudiant en situation de handicap Hanafi, Manel (Université Lille Nord de France), Anegmar, Souad (Université Lille Nord de France), Drelon, Marine (Université Lille Nord de France), Desombre, Caroline (Iufm), Delelis, Gérald (Université Lille Nord de France – URECA). 30. La pratique des jeux de rôles en ligne une enquête exploratoire de l’usage des mmorpg’s Fynes, Matthieu (Laboratoire URECA, équipe fase, Univ. Lille Nord de France), Antoine, Pascal (Laboratoire URECA, équipe fase, Univ. Lille Nord de France). Congrès psycho.indb 25 22/07/10 16:09 26 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 31. Effets de trois entraînements moteurs séquentiels sur des activités langagières chez l’enfant Marchandise, Patrice, Mansy-Dannay, Annie, Clerc, Jérôme, Guerrien, Alain (Université Lille Nord de France) 32. Perfectionnisme, recherche de sensations, dysmorphophobie et prise de risques dans la modification corporelle Rochaix, Delphine (Laboratoire psycle, Université de Provence Aix-Marseille i), Bonnet, Agnès (Laboratoire psycle, Université de Provence Aix-Marseille I), Bejaoui, Moez (Laboratoire psycle, Université de Provence Aix-Marseille I), Pedinielli, Jean-Louis (Université de Provence Aix-Marseille I). 33. Étudiants en situation de handicap : auto- et hétéro- stéréotypie Anegmar, Souad (Université Lille Nord de France), Hanafi, Manel (Université Lille Nord de France), Delelis, Gérald (Université Lille Nord de France – URECA), Desombre, Caroline (Iufm). 34. La motivation scolaire : effet d’une orientation basée sur les intérêts, les résultats scolaires ou le projet Brasselet, Célénie (PSITEC EA 4072, Université Lille Nord de France), Guerrien, Alain (PSITEC EA 4072, Université Lille Nord de France). 35. Effet du rehaussement mnésique par des émotions sur la mémoire à moyen terme Vert-Pré, Mélissa (Université Lyon 2, laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs), Plasson, Amandine (Université Lyon 2, laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs), El kamash, Radwan (Université Lyon 2, laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs), Michael, George (Université Lyon 2, laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs), Chainay, Hanna (Université Lyon 2, laboratoire d’Étude des mécanismes cognitifs). 36. Influence de mots émotionnels négatifs dans une tâche de génération en français et en anglais Faurous, William (Université Bordeaux 2), Dumay, Nicolas (Kent Université), Mathey, Stéphanie (Université Bordeaux 2). 37. Signification morpho-sémantique des mots et compréhension globale du sens de l’énonciation Fleury, Arnaud (Université de la Sorbonne-Nouvelle Paris 3 – LACITO) 38. Détection du changement des objets dans une scène visuelle et identification consciente Chauche, Florent (Université Victor Segalen Bordeaux 2), Delord, Sandrine (Université Victor Segalen Bordeaux 2). 39. L’émotion attire l’attention et facilite l’inhibition : effets bottom-up et effets topdown Lamblot, Angéline (Laboratoire EMC – Université Lyon 2), Richard, Salomé (Laboratoire EMC – Université Lyon 2), Chainay, Hanna (Laboratoire EMC – Université Lyon 2), El kamash, Radwan (Laboratoire EMC – Université Lyon 2), Michael, George A. (Laboratoire EMC – Université Lyon 2). 40. Comparaison entre France et États-Unis des effets de l’acculturation sur l’estime de soi des populations cambodgiennes à la lumière des politiques des pays d’accueil. Congrès psycho.indb 26 22/07/10 16:09 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 27 Nann, Stéphanie (Université de Caen). 41. Évocation mentale d’un couplage perception-action chez les enfants Guilbert-Hericher, Jessica (Laboratoire palm, je 2528, Université de Caen), Molina, Michèle (Laboratoire palm, je 2528, Université de Caen), Jouen, François (Laboratoire chart, ephe). 42. Approche non médicamenteuse de la maladie d’Alzheimer : une psychothérapie institutionnelle ? Quadéri, André (Aix-Marseille Université). 43. Effet de l’orientation de l’attention et des afférences visuelles sur la perception des sensations spontanées chez les droitiers Deleuze, Amélie (Laboratoire EMC – Université Lyon 2), Humblot, Margaux (Laboratoire EMC – Université Lyon 2), Simon, Bilitys (Laboratoire EMC – Université Lyon 2), Naveteur, Janick (Université de Lille Nord de France et uvhc, Lamih-Percotec), Michael, George A. (Laboratoire EMC – Université Lyon 2). 44. Perception de l’espace péripersonnel et ataxie optique Angela, Bartolo (URECA, Université Lille Nord de France), Coello, Yann (URECA, Université Lille Nord de France). 45. Le développement du comptage chez l’enfant préscolaire Delrieu, Emmanuelle (EA 4425 laboratoire de psychologie. adaptation à la complexité, Université Paul Valéry, Montpellier), Lehalle, Henri (EA 4004/ums CNRS 2809 laboratoire chart ephe et Paris 8), Vilette, Bruno (Laboratoire PSITEC, Université Lille Nord de France, EA 4072). 46. Le dégoût : une émotion complexe Abitan, Audrey (Université Paris Descartes), Krauth-Gruber, Silvia (Université Paris Descartes). 47. Rôle de la motricité dans l’intégration sensorielle Corveleyn, Xavier (URECA, Université Lille Nord de France), Lopez-Moliner, Joan (Grnc, Université de Barcelone), Coello, Yann (URECA, Université Lille Nord de France). 48. Aspects particuliers des comportements des conducteurs dans les pays à faibles et moyens revenus : cas de la Côte d’Ivoire Meite, Amadou (Université François Rabelais de Tours. EA 2114 « psychologie des âges de la vie »), Berdoulat, Émilie (Université Toulouse le Mirail), Hassan Guy Roger Tieffi, Hassan Guy Roger (Université d’Abidjan, laboratoire de psychologie génétique différentielle), Antoine Kouadio Kouadio, Antoine Kouadio (Université d’Abidjan, laboratoire de psychologie génétique différentielle), François Testu, François (Université François Rabelais, laboratoire EA 2114 : psychologie des âges de la vie). 49. Effet de l’action évoquée dans une tâche de discrimination de couleur Clauzon, Perle (Université Paul Valéry Montpellier 3), Ferrier, Laurent, P. (Université Paul Valéry Montpellier 3). 50. Intensité de l’affect et préférences sensorielles : approche différentielle et approche expérimentale Kergoat, Marine (Université Paris Ouest), Giboreau, Agnès (Institut Paul bocuse), Nicod, Huguette (Adriant), Faye, Pauline (Psa peugeot citroën), Diaz, Emmanuelle (Psa peugeot citroën), Beetschen, Marie-Agnès (Unilever), Meyer, Thierry (Université Paris Ouest). Congrès psycho.indb 27 22/07/10 16:09 28 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 51. Catégorisation spatiale et simulation mentale de l’action chez l’enfant Richez, Aurélien (Doctorant), Coello, Yann (Professeur de psychologie cognitive). 52. Comparaison des profils de réponses à un test de vocabulaire d’enfants typiques et d’adolescents porteurs du syndrome de down Nuchadee, Marie Laure Joelle (Université Lille Nord de France), Facon, Bruno (Université Lille Nord de France). 53. Renforcement de la variabilité des amplitudes des saccades oculaires Paeye, Céline (Laboratoire URECA – Université Lille Nord de France), Madelain, Laurent (Laboratoire URECA – Université Lille Nord de France). 54. Capacités spatiales et performance motrice : analyse des processus de rotation mentale tridimensionnelle chez des lutteurs de haut niveau. Moreau, David (Université Lille Nord de France), Mansy-Dannay, Annie (Université Lille Nord de France), Clerc, Jérôme (Université Lille Nord de France), Guerrien, Alain (Université Lille Nord de France). 55. Développement de la compréhension du sarcasme et des effets émotionnels sur la cible du sarcasme chez les enfants de 8 et 10 ans Clee, Christel (EA 4431 Paris 10), Garitte, Catherine (EA 4431 Paris 10). 56. Émotion et production argumentative en fle : effets de la L1 et de la congruence culturelle Bounouara, Yamina (Université de Batna et laboratoire chart-Paris 8), Legros, Denis (Iufm Créteil / Paris 12 et laboratoire chart-Paris 8). 57. Effet des modalités de guidage dans l’apprentissage de la catégorisation des êtres vivants Tanguy, Franck (Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie » EA 4139 Université de Bordeaux 2), Foulin, Jean Noël (Université de Bordeaux 4), Tricot, André (Laboratoire « travail et cognition », CNRS UMR 5263, clle Université de Toulouse 2). 58. Rééducation par la modalité haptique des troubles visuels et praxiques présentés par les infirmes moteurs cérébraux Sanche, Claire-Lise (Laboratoire PSITEC Université Lille Nord de France), Courbois, Yannick (Laboratoire PSITEC Université Lille Nord de France). 59. Input et développement du lexique émotionnel chez un enfant monolingue français de 14 à 42 mois Maillochon, Isabelle (Laboratoire structures formelles du langage). 60. Du jugement moral au jugement pénal : quelles influences des variables légales et extra-légales ? Patard, Guisela (Laboratoire PSITEC, Université Lille Nord de France), Przygodzki-lionet, Nathalie (Laboratoire PSITEC, Université Lille Nord de France), Durand-Delvigne, Annick (Université Lille Nord de France), Humez, Christine (Laboratoire PSITEC, Université Lille Nord de France). 61. Pour une prévention des maltraitances et abus sexuels sur les enfants : méthodes et pratiques en France et en Iran Gerami, Elham (Université Lille Nord de France – PSITEC), Leconte, Claire (Université Lille Nord de Congrès psycho.indb 28 22/07/10 16:09 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 29 France – PSITEC) 62. Effet de l’orientation de l’attention et de la latéralité manuelle sur la perception des sensations spontanées Simon, Bilitys (Laboratoire EMC, Université Lyon 2), Margaux, Humblot (Laboratoire EMC, Université Lyon 2), Deleuze, Amélie (Laboratoire EMC, Université Lyon 2), Naveteur, Janick (Université Lille Nord de France – Lamih), Michael, George (Laboratoire EMC, Université Lyon 2). 63. La gastroplastie à l’épreuve du dessin de la personne Bouteyre, Evelyne (Université de Rouen), De Charry, Wioletta (Hôpital Poissy-Saint-Germain), Benzaken-Carlier, Catherine (Hôpital Poissy Saint-Germain). 64. Amorçage phonologique et orthographique en lecture de mots chez les 3e et 5e année Sauval, Karinne (Laboratoire URECA, EA-1059, Université Lille Nord de France), Casalis, Séverine (Laboratoire URECA, EA-1059, Université Lille Nord de France). 65. Traitement attentionnel des séquences de lettres chez les enfants Leclercq, Virginie (Université Paris Descartes – LPNCOG), Siéroff, Éric (Université Paris DescartesLPNCOG). 66. Témoignage oculaire : exploration de la sensibilité aux aspects perceptifs et sémantiques dans le développement Vanootighem, Valentine (Université de Liège), Dehon, Hedwige (Université de Liège), Taconnat, Laurence (Université François Rabelais – Tours), Rémy, Philippe (Université François Rabelais – Tours). 67. Rôle des représentations dans l’adaptation à une distorsion visuo-motrice chez des enfants de 5 ans Tahej, Pierre-Karim (Centre de recherches sur le sport et le mouvement – Université Paris Ouest Nanterre – La Défense), Rolland, Jean-Pierre (Centre de recherches sur le sport et le mouvement – Université Paris Ouest Nanterre – La Défense), Ferrel-Chapus, Carole (Centre de recherches sur le sport et le mouvement – Université Paris Ouest Nanterre – La Défense). 68. Recherche de différence individuelle et stratégies de présentation de soi Causse, Elsa (Laboratoire de psychologie ea4139, Université Victor Segalen, Bordeaux 2). 69. Effets de l’âge, du changement de stratégie mnesique et du support environmental sur une tache de rappel libre Tocze, Capucine (UMR CNRS 6 234 CERCA), Taconnat, Laurence (UMR 6 234 CERCA), Bouazzaoui, Badiaa (UMR CNRS 6 234 CERCA), Isingrini, Michel (UMR CNRS 6 234 CERCA). 70. L’activité empêchée, source du mal être au travail : clinique de l’activité d’instrumentistes de bloc opératoire Bonnefond, Jean Yves (CNAM crtd). 71. Étude comparative du bien-être entre chefs de famille sans emploi et travailleurs Ntsame Sima, Murielle Nadia (Université Lille Nord de France), Desrumaux, Pascale (Université Lille Nord de France). 72. Le savoir et la mort… une question pour la vérité Marie, David (Unité de psycho-oncologie. Service d’oncologie médicale et soins palliatifs. CHU Congrès psycho.indb 29 22/07/10 16:09 30 Société Française de Psychologie, LILLE 2010 Timone, ap-hm), Reichling, Camille (Unité de psycho-oncologie. Service d’oncologie médicale et soins palliatifs. CHU Timone, ap-hm), Dudoit, Éric (Unité de psycho-oncologie. service d’oncologie médicale et soins palliatifs, CHU Timone, ap-hm). 73. Noter pour communiquer le mode d’emploi d’un appareil : analyse des productions d’enfants âgés de 8 à 12 ans Bouchafa, Houria (Ceripsa, Université catholique de l’Ouest, Angers, France, Université d’Angers, laboratoire ppi), Marti, Eduardo (Universitat de Barcelona, Espagne), Tantaros, Spirydon (Université d’Athènes, Grèce). 74. L’épreuve des trois arbres : un nouvel outil possible pour accompagner le processus d’exploration de soi dans une démarche d’orientation Gautier, Julien (Laboratoire de Psychologie (EA 2646), Université d’Angers) Barbe, Valérie, (Laboratoire de Psychologie (EA 2646), Université d’Angers), Fromage, Benoît (Laboratoire de Psychologie (EA 2646), Université d’Angers). 75. Impact d’une intervention d’éducation à la sexualité sur la perception et la connaissance des risques de grossesse et d’infection chez les adolescents Ruet, Mathieu (Université de Bordeaux 2), Décamps, Greg (Université de Bordeaux 2), Duvinage, Marie Paule (Pavillon de la mutualité). 76. Amorçage subliminal des émotions, pied-dans-la-porte et reconnaissance au service de la sécurité routière Skandrani-Marzouki, Inès (Université de Provence). 77. Les comportements de compensation chez une population d’alcoolo-dépendants abstinents Mirabel, Liza (étudiante master professionnel psychologie de la santé, Université Victor Segalen Bordeaux 2), Décamps, Greg (Laboratoire de psychologie EA 4139 « santé et qualité de vie », Université Victor Segalen Bordeaux X 2), De Gaulejac, Fabienne (Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, bergerac), Quintard, Bruno (Laboratoire de psychologie EA 4139 « santé et qualité de vie », Université Victor Segalen Bordeaux 2). 78. La visualisation mentale dans l’apprentissage des sciences : contribution de la psychologie du sport Trindade, Jorge (Instituto politécnico da guarda et centro de física computacional – Coimbra, Portugal), Fonseca, Teresa (Instituto politécnico da Guarda et c.i.d.e.s.d. – Vila Real, Portugal). Congrès psycho.indb 30 22/07/10 16:09 Conférence invitée : Michel Denis (Directeur de Recherche, LIMSI-CNRS, UPR3251, Université Paris-Sud XI) Penser l’espace, dire l’espace : des enjeux scientifiques pour la psychologie d’aujourd’hui Congrès psycho.indb 31 mardi matin Mardi matin 22/07/10 16:09 32 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin Symposium-Flux Structurés sur Variétés: un cadre dynamique général pour la cognition Organisation de la session : Huys, Raoul (UMR 6233 CNRS & Université de la Méditerranée faculté des sciences du sport). Morphodynamique cognitive : la catégorisation sémantique vue comme un processus de formation de motifs dans des systèmes neuronaux complexes Doursat, René (Institut des Systèmes Complexes, Paris Ile-de-France–CREA, École Polytechnique-CNRS), Petitot, Jean (Cams, EHESS, Paris-CREA, École Polytechnique-CNRS). Acquisition et altération de la dynamique de la graphomotricté et de l’écriture Zanone, Pier-Giorgio (Université Paul Sabatier lapma - UFR STAPS Toulouse). Flux structurés de variabilité: expressions comportementales Huys, Raoul (CNRS & Institute of movement sciences, UMR 6233, Université of mediterranean, Marseille), Jirsa, Viktor (CNRS & institute of movement sciences, UMR 6233, Université of mediterranean, Marseille). Une architecture cognitive dynamique pour le comportement séquentiel: flux structurés de variabilité dans la hiérarchie des échelles temporelles Perdikis, Dionysios (Institute of movement sciences, UMR 6233, Université of mediterranean, Marseille), Jirsa, Viktor (CNRS & institute of movement sciences, UMR 6233, Université of mediterranean, Marseille). L’exploration du langage dans le cadre de la dynamique non linéaire Tuller, Betty (National science foundation, Arlington, va 22230). Résumé Huys, Raoul (Umr 6233 cnrs & université de la Méditerranée faculté des sciences du sport). Alors que la signification du terme ‘‘cognition” est en partie dépendante de la discipline, un dénominateur commun est bien le fait qu’il fait référence à des processus et à une fonction. Fonctionnellement, il implique que les unités de notre cognition sont structurées d’une façon ou d’une autre, en effet nos perceptions, actions et pensées apparaissent toujours comme étant en cohérence. Depuis ces dernières années, les concepts et outils de la théorie des systèmes dynamiques et les théories de l’auto-organisation ont été utilisés dans le contexte de la recherche sur la cognition et, malgré d’importantes contestations récurrentes, ces théories ont incité une nouvelle vision selon laquelle la cognition pourrait être comprise selon un processus de formation d’un patron auto-organisé. Des exemples bien connus, comme le report du bruit 1/f dans la cognition, et les oscillations entre percepts lorsque nous regardons des figures ambigües peuvent alors être cités. Il semble donc juste de dire donc que les concepts et les outils empruntés aux théories de formation d’un patron auto-organisé sont principalement appliqués et que jusqu’à présent une structure théorique de référence fait défaut. Dans ce symposium, nous présentons une structure générale, qui fera référence à des flux structurés sur variété (structured flows on manifolds). Le concept de base de cette théorie repose sur les notions de flux de phase et topologie de flux de phases, concepts qui sont enracinés dans la théorie des systèmes dynamiques et qui fournissent une description univoque et une classification (une structure) des processus évoluant dans le temps. Nous proposons cinq présentations individuelles dont deux présenteront la théorie SFM et comment elle permet la construction d’architectures cognitives. Enfin, dans les trois autres présentations, un exposé dynamique (compatible avec le cadre SFM) sera donné sur une habilité humaine typique, à savoir le langage, avec un ancrage particulier sur l’écriture, la perception du langage et la syntaxe. Congrès psycho.indb 32 22/07/10 16:09 33 Morphodynamique cognitive : la catégorisation sémantique vue comme un processus de formation de motifs dans des systèmes neuronaux complexes Doursat, René (Institut des systèmes complexes paris Ile-de-France – crea, École polytechnique / cnrs), Petitot, Jean (Cams, ehess, Paris – crea, École polytechnique / cnrs). mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Résumé La linguistique cognitive (LC) réfute l’autonomie formelle de la syntaxe et se concentre sur les structures conceptuelles sous-jacentes de la catégorisation sémantique, notamment les représentations spatiales. Par exemple, un schéma verbal comme « donner » implique trois participants, sujet, objet et destinaire, qui interagissent dans un espace topologico-temporel (transfert de propriété, etc.). Il représente donc beaucoup plus qu’un simple nœud dans un arbre d’analyse syntaxique. Le point de vue de la LC, cependant, est demeuré jusqu’à présent empirique et descriptif, ses quelques tentatives de théorisation étant essentiellement cantonnées à un niveau abstrait symbolique et iconique. Ainsi, de réelles avancées ne pourront être accomplies qu’en s’éloignant de la logique formaliste et en important une modélisation topologique et dynamique dans la LC. L’enjeu est d’expliquer comment des structures linguistiques et conceptuelles peuvent émerger d’un système complexe sous-jacent, c’est-à-dire un réseau récurrent d’unités neuronales à spikes capables d’auto-organisation collective et de synchronisation. Ce défi est donc de nature physique, plutôt que logique. Dans ce but, nous proposons une approche dynamique nouvelle de la LC pour comprendre les mécanismes cognitifs cruciaux de la schématisation spatiale à l’interface entre vision et langage. Elle est basée sur des transformations morphodynamiques (dilatations, érosions, etc.) qui effacent les détails des images et génèrent des structures virtuelles (frontières, domaines, squelettes), révélant une “signature” caractéristique de la scène observée. Ces transformations peuvent être implémentées dans des automates cellulaires ou par des ondes progressives sur des réseaux de neurones à spikes. Notre objectif est d’élucider la façon dont le langage traite l’espace par son étonnante capacité à catégoriser une infinie diversité de scènes visuelles en un groupe réduit d’éléments grammaticaux. Comment la même relation ‘dans’ peut-elle s’appliquer à des situations aussi qualitativement différentes que « la chaussure dans la boîte » (petit volume creux et clos), « l’oiseau dans l’arbre » (volume large, dense et ouvert) ou « le fruit dans le bol » (surface courbe) ? Comment la topologie cognitive peut-elle être à la fois plus souple (en permettant des discontinuités et des trous) et plus métriquement contrainte (en limitant les déformations et les proportions) que la topologie mathématique ? Références Doursat, R., Petitot, J. (2005). Dynamical systems and cognitive linguistics: Toward an active morphodynamical semantics. Neural Networks, 18: 628-638. Petitot, J., Doursat, R. (2010). Cognitive Morphodynamics: Dynamical Morphological Models for Constituency in Perception and Syntax, Peter Lang. Congrès psycho.indb 33 22/07/10 16:09 34 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin Acquisition et altération de la dynamique de la graphomotricté et de l’écriture Zanone, Pier-Giorgio (Université Paul Sabatier Lapma - ufr staps 118 route de Narbonne 31062 Toulouse cedex 9, France). Résumé À l’instar de ce qui s’est fait au cours des deux dernières décennies relativement à la coordination intersegmentaire, en particulier bimanuelle, l’exposé présentera un ensemble de travaux qui ont posé les premières bases pour comprendre comment la trace graphique est générée. Certaines formes de bases, les traits les cercles et des ellipses d’excentricité intermédiaire, qui sont produites préférentiellement correspondent à des attracteurs ou des répulseurs d’une dynamique sous-jacente (Athènes et al, 2004). Des contraintes assez fortes, comme une vitesse importante d’exécution ou l’utilisation de la main non-dominante, déstabilisent cette dynamique, effaçant un des ces attracteurs et rendant la moins stable des coordinations inopérante (Sallagoïty et al. 2004). D’autres contraintes plus subtiles, comme l’orientation ou l’excentricité de la forme produite, ne font qu’altérer la dynamique en surface, sans en changer le régime global (Danna et al, soumis). La dynamique telle qu’elle se manifeste chez l’adulte semble être globalement acquise dès 5 ans, laissant à penser que l’apprentissage de l’écriture manuscrite proprement dite fait en âge scolaire a une influence relativement faible sur les coordinations impliquées (Danna et al., en préparation). Des liens peuvent être mis en évidence entre ces capacités motrices et les facultés de discrimination de ces formes graphiques, allant dans le sens des théories motrices de la perception (Danna et al., en révision). Références Athènes, S., Sallagoïty, I., Zanone, P.G., Albaret, J.M. (2004). Evaluating the coordination dynamics of handwriting. Human Movement Science, 23(5), 621-641. Sallagoïty, I., Athènes, S., Zanone, P.G., Albaret, J.M. (2004). Stability of coordination patterns in handwriting: Effects of speed and hand. Motor Control, 8(4), 405-421. Danna, J., Athènes, S., Zanone, P.G. (soumis). Coordination dynamics of elliptic shape drawing: Effects of orientation and eccentricity. Human Movement Science. Danna, J., Wamain, Y., Kostrubiec, V., Longcamp, M., & Zanone, P.G (en révision). Psychologie Française. Congrès psycho.indb 34 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 35 Huys, Raoul, Jirsa, Viktor (Cnrs & institute of movement sciences, umr 6233, university of mediterranean, Marseille, France). Résumé Alors que la signification du terme ‘‘cognition’ est dans une certaine mesure dépendante de la discipline, un dénominateur commun est le fait qu’elle fasse la distinction entre processus et fonction. La fonctionnalité implique que les unités de la cognition sont en quelque sorte structurées – nos perceptions, actions, pensées sont cohérentes. Au cours de la dernière décennie, les concepts et les outils de la dynamique des systèmes dynamiques et les théories de l’auto-organisation sont entrées dans la recherche sur la cognition et, malgré le fait que cela soit toujours discuté, elles ont donné lieu à une nouvelle description de la cognition comme pouvant être comprise comme un processus de formation de patrons auto-organisés. Cependant, les concepts et les outils empruntés aux théories de la formation de patrons auto-organisés sont appliqués la plupart du temps de façon fragmentaire et jusqu’à présent aucun cadre théorique n’est disponible. Dans cette étude, nous présentons un cadre dynamique général (Flux structurés de variabilité) pour les unités élémentaires du comportement. La clef de cette approche est le fait que durant un processus, la dynamique d’un système à haute dimension se contracte rapidement sur un sous-espace (une variabilité) sur lequel le flux de phase est gravé. Le flux de phase permet une description non ambiguë et, via cette topologie, permet la classification des processus évoluant dans le temps. Nous illustrons l’approche computationnelle à travers des exemples dans le contexte du contrôle moteur ainsi que la dynamique d’équipe. mardi matin Flux structurés de variabilité: expressions comportementales Introduction La notion que le comportement complexe, pouvant être moteur, perceptuel ou cognitif est composée de plus petites et plus élémentaires unités qui sont en quelque sorte reliés pénètre dans les sciences biologiques et de la vie. Alors que différentes tentatives d’identification des unités élémentaires ont été entreprises [1, 5, 6], aucune structure générale permettant une définition non ambigüe des unités élémentaires n’existe. Nous proposons alors les flux structurés de variabilité comme un cadre général pour décrire les unités élémentaires fonctionnelles des processus comportementaux [4]. La théorie des systèmes dynamique postule que les flux de phase permettent une description non ambigüe des systèmes déterministes, continus dans le temps et autonomes. C’est à dire, que pour chaque point de l’espace de phase (ou d’état), le flux décrit le comportement qualitatif du système fournissant alors un schéma de classification non ambigu. En d’autres termes, il détermine l’invariance séparant les classes (cf [2,3,7]). Les espaces de phase peuvent, en principe, démontrer un nombre de dimensions infini (variables d’état), et le nombre de classes comportementales évolue avec la dimensionnalité du système. Tout en étant générés pas un système à haute dimension (comme le système neural), les processus fonctionnels sont cependant typiquement de faible dimension. L’approche des SFM postule que le flux de phase de faible dimension émerge de la dynamique intrinsèque (neurale) de haute dimension et que durant un processus fonctionnel, le flux s’effondre sur une variabilité de faible dimension (i.e. un sous espace). L’effondrement sur la variabilité se produit bien plus rapidement que l’évolution des processus fonctionnels gouvernés par le flux. Méthode Les équations soulignant un SFM sont les suivantes : = − ( ) + ( ) = − + ( ) Pour 0<μ<<1,ƒ(.) contraint la dynamique dans un sous espace particulier (i.e. il définit la variabilité); g(.) définit la dynamique lente qui gouverne le flux sur la variabilité; et s˘ représente la dynamique rapide tombant rapidement sur la variabilité. La dynamique de g(.) étant lente relativement à ceux afférant à si et au segment de trajectoire transitant vers la variabilité attractive, l’échelle temporelle de la séparation est une conséquence du choix de μ comme étant petit. Congrès psycho.indb 35 22/07/10 16:09 36 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Nous illustrons notre approche à travers des simulations de 40 essais d’un système à 16 dimensions dans une sphère mardi matin ( ( = ( − ) ( ) + ) ) = − − − + + + + τ = − − − + − ( − + − ) τ − − = − Avec a = b = 0, produisant un cycle limite sur une variabilité sphérique en 3D. D’autres flux structurés peuvent être générés à travers la manipulation de a, b incluant des flux monostable, bistable et multistable (voir [3]). Afin de reconstruire les trajectoires sur la variabilité nous soumettons nos simulations à des analyses en composante principale (PCA ; [4]). La dynamique d’équipe du nettoyage de la place (militaire) des équipes de différents niveaux d’analyse était analysée de façon similaire (voir [4] pour plus de détails). De plus, nous avons reconstruit des flux de phase à partir de données du mouvement humain (dans une tâche de pointage réciproque [2]). Les résultats de ces deux dernières analyses seront brièvement discutées dans la présentation (mais non dans ce résumé). Résultats Les séries temporelles simulées ainsi que les trajectoires reconstruites dans la sphère 3D sont représentées dans la figure 1. Discussion Figure 1: Séries temporelles correspondant aux trois premières dimensions sur les 40 simulations sphériques du SFM (figure de gauche) et les trois premières dimensions des trajectoires reconstruites (figure de droite ; voir la méthode). La forme de la variabilité est plutôt bien représentée dans les reconstructions. Figure 1 : Séries temporelles correspondant aux trois premières dimensions sur les 40 simulations sphériques du SFM (figure de gauche) et les trois premières dimensions des trajectoires reconstruites (figure de droite ; voir la méthode). La forme de la variabilité est plutôt bien représentée dans les reconstructions. Nous avons exposé les grandes lignes du SFM comme un cadre général d’émergence de processus fonctionnels (de faible dimension) à partir de systèmes à haute dimension. Le SFM peut exposer de multiples dimensions, mais comme ils sont typiquement de faible dimension, ils sont également limités dans le nombre. Les SFM sont qualitativement différents si leur topologie n’est pas équivalente, et si c’est le cas, l’identification des classes de processus fonctionnels ne peut pas être réduite à une autre. A l’intérieur d’une classe, cependant, des différentes qualitatives importantes peuvent exister, c’est à dire que les processus peuvent varier selon différentes caractéristiques partageant toutefois des propriétés de classe invariantes. Pour illustrer l’importance de cela via un exemple de mouvement biologique, nous savons que les observateurs humains sont capables de reconnaître des marcheurs bien connus (amis, membres de la famille, etc) mais dans tous les cas ils identifieront l’action de marcher (plutôt que, disons que l’action de frapper une balle de tennis). Les SFM correspondent à des états élémentaires fonctionnels qui typiquement sont de courte durée. Des fonctions séquentielles et plus complexes peuvent être reconstruites sur la base de SFM (voir le résumé de Perdikis). Références 1.Bizzi E., d’Avella A., Saltiel P., & Tresch, M.C. (2002) Modular organization of spinal motors systems. The Neuroscientist 8: 437-442 2.Huys R., Fernandez L., Bootsma R.J. & Jirsa, V.K. (2010) Fitts’ Law is not continuous in reciprocal aiming. Proc. R. Soc. B. doi: 10.1098/rspb.2009.1954 3.Jirsa, V.K. & Kelso, J.A.S. (2005). The excitator as a minimal model for the coordination dynamics of discrete and rhythmic movement generation. J. Mot. Behav. 37:35–51. 4.Pillai, A.S. (2008). Structured flows on manifolds: Distributed functional architectures (http://purl.fcla.edu/fau/77649). Ph.D. thesis, Florida Atlantic University. 5.Schmidt, R.A. & Lee, T.D. (2005) Motor Control and Learning: A Behavioral Emphasis. Urbana, IL: Human Kinetics. 6.Sternad, D. (2008). Towards a unified framework for rhythmic and discrete movements: Behavioral, modeling and imaging results. In A. Fuchs & V. Jirsa (Eds.), Coordination: Neural, behavioral and social dynamics (pp. 105-136). New York: Springer. Strogatz, S.H. (1994) Nonlinear dynamics and chaos. With applications to physics, biology, chemistry, and engineering. Cambridge Massachusetts, Perseus. Congrès psycho.indb 36 22/07/10 16:09 37 Une architecture cognitive dynamique pour le comportement séquentiel: flux structurés de variabilité dans la hiérarchie des échelles temporelles Perdikis, Dionysios (Institute of movement sciences, umr 6233, university of mediterranean, Marseille, Fance), Jirsa, Viktor (Cnrs & institute of movement sciences, umr 6233, university of mediterranean, Marseille, France). mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Résumé Nous proposons une architecture cognitive dynamique pour rendre compte de l’émergence de comportements complexes comme le processus d’auto-organisation. Nous modélisons les processus élémentaires par leur représentations dynamiques sous formes de flux dans l’espace d’état, appelés alors Flux structurés de variabilité (Structured Flows on Manifolds SFMs) lesquels servent de primitives pour des mouvements plus complexes. Une seconde couche des systèmes dynamiques agissant à une échelle temporelle plus lente permet de composer des comportements complexes comme l’écriture selon une forme dynamique. Nous discutons alors les extensions possibles de notre architecture proposée ici, vers d’autres fonctions humaines. Introduction Dans de récentes approches basées sur les principes de la théorie des systèmes dynamiques et la synergétique [5; voir aussi 4] le cerveau est considéré comme un système loin de l’équilibre pour lequel des patrons de faible dimension émergent comme résultant de ségrégation et d’intégration neuronale basés sur des exigences fonctionnelles. Au cours de ce travail, nous considérons la fonction cognitive comme un processus de formation de patron. Cependant, plutôt qu’une conceptualisation des patrons comme des états statiques cognitifs (comme dans les approches traditionnelles [1-3]), nous modélisons les processus cognitifs dynamiques, et nous proposons une avancée par rapport à des précédents travaux sur la synergétique des ordinateurs [6]. Nous conceptualisons les processus de base comme des flux structurés de variabilité (SFMs) [7] (voir aussi le résumé de Huys), qui sont des représentations mathématiques de patrons dynamiques de faible dimension, émergeant d’un réseau dynamique de haute dimension. Nous émettons alors l’hypothèse que la série de SFMs accessibles constitue la dynamique humaine et son répertoire fonctionnel. Un second mécanisme opérant à une échelle de temps plus lente active les SFMs pour composer des fonctions plus complexes. Les sous-systèmes lents et rapides définissent une architecture fonctionnelle permettant de nouvelles formes pour l‘inspiration d’analyse biologique. Matériel et Méthode Nous formulons les SFMs comme des unités fonctionnelles (voir le résumé de Huys). À chaque instant, seulement un SFMs gouverne la dynamique ( ) = ∑ ξ ( ) ( ) où u est l’état du vecteur et fi est le champ vectoriel du ième SFM, F dénote le champ vectoriel du SFM exprimé en fonction du temps t. ξi agissent comme le poids des coefficients pour le ième SFM et opère généralement à une échelle temporelle plus lente que les SFMs (sauf pour des transitions rapides entre des SFMs). Donc, ils sélectionnent séquentiellement une composante particulière du flux fi (quand ξi = 1 et tous les autres ξi = 0, pour j ≠ i) pendant sa phase d’activation. Les lents ξi suivent une dynamique autonome, souvent une séquence hétéroclinique avec une compétition non-gagnant (‘winner-less’) [8], bien que d’autres options soient possibles (e.g., les non-autonomes ξi (t) ou les compétitions synergétiques [6]). Ici, nous illustrons les principes d’une architecture fonctionnelle au travers de l’exemple de l’écriture, où chaque caractère est modélisé comme un SFM : Congrès psycho.indb 37 22/07/10 16:09 38 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin ( ( )( )( ( ( )) )) = − − − − ( ) ⇔ = − + − = ( ) = Où u=[x, y, z] représente l’état du vecteur. x et− y obéissant à la dynamique de l’excitateur >> a, (monostable ou cycle limite) [11], avec les paramètres y*0-3, b et k >> 1, où le dernier garantit la − séparation de l’échelle temporelle. fx (y, y) donne la forme de la lettre désirée dans l’espace de travail de l’écriture (le plan s - y). Résultats La figure 1 démontre ‘‘l’écriture” du mot ‘‘flow” générée par l’architecture cognitive. Les flux monostables sont utilisés pour générer les lettres ‘‘f”, ‘‘l” et ‘‘o” et le cycle limite pour la lettre ‘‘w”. ‘‘f” est initiée avec des conditions initiales appropriées, bien que le signal de contrôle déclenche un cycle par stimulus pour les lettres ‘‘l” et ‘‘o”. y � 1-4 x x y z z x I Figure 1 : Le mot ‘‘flow” est écrit par une architecture fonctionnelle. (a) Trajectoire dans l’espace de travail de l’écriture, le plan x - y (figure en haut à gauche). (b) Trajectoire dans l’espace de phase (de l’état) tridimensionnel représenté par x, y et z (figure en bas à gauche). (c) Séries temporelles sur les figures de droites du haut vers le bas : dynamique séquentielle lente ξ1-4, sortie x, y et z, et signal de contrôle I(t). Différents styles de lignes sont utilisés pour distinguer les segments temporels lorsque différents flux sont exprimés. -y Discussion Notre architecture fonctionnelle proposée ici postule l’existence d’un répertoire comportemental composé de SFMs et une hiérarchie d’au moins deux séries de systèmes dynamiques opérant à différentes échelles temporelles. Comme le système dynamique lent évolue dans le temps, il active séquentiellement des sous-processus plus rapides via les SFMs. Le codage des sous-processus en flux a l’avantage que toutes les propriétés de ces sous-processus peuvent être comprises comme des moyens géométriques de la structure du flux. Cela ne permet pas seulement une plus grande complexité dans les sous-processus (comme un comportement seuil, multistabilité, etc.) mais fournit aussi un moyen pour des opérations quantitatives pertinentes pour des opérations cognitives plus complexes comme la formation de catégories. La modélisation des processus cognitifs plutôt que des états est pleinement compatible avec l’approche représentée de la cognition, où des différents patrons de l’interaction homme-environnement formés par les propriétés du corps humain, forment les unités de base du comportement. Références Newell, A. (1990). Unified theories of cognition. Harvard University Press Cambridge, MA, USA. Carpenter, G. A., Grossberg, S. (1994). Adaptive Resonance Theory. Boston University, Center for Adaptive Systems and Dept. of Cognitive and Neural Systems. Sun, R., Alexandre, F. (1997). Connectionist-Symbolic Integration: From Unified to Hybrid Approaches. Lawrence Erlbaum Associates. Jirsa, V. K., Kelso, J. A. S. (2004). Coordination Dynamics: Issues and Trends. Springer. Haken, H. (2004). Synergetics: Introduction and Advanced Topics. Springer. Haken, H., Editor, (1991). Synergetic Computers and Cognition, Springer, Berlin. Pillai, A.S. (2008). Structured flows on manifolds: Distributed functional architectures (http://purl.fcla.edu/ fau/77649). Ph.D. thesis, Florida Atlantic University. Rabinovich, M., Huerta, R., Varona, P., Afraimovich, V.S. (2008). Transient cognitive dynamics, metastability, and decision making. PLoS Computational Biology, 2008:4:e1000072. Jirsa, V.K., Kelso, J.A.S. (2005). The excitator as a minimal model for the coordination dynamics of discrete and rhythmic movement generation. Journal of Motor Behavior 37, 35–51. Congrès psycho.indb 38 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 39 Tuller, Betty (National science foundation, 4201 Wilson blvd, suite 995, Arlington va 22230). Résumé La communication sous-entend que celui qui parle et celui qui entend catégorisent identiquement un processus dynamique par nature. La catégorisation et les transitions entre catégories se produisent sur de nombreux niveaux, allant des segments de son à la syntaxe jusqu’à l’évolution temporelle du langage. Nous proposons que la catégorisation des sons du langage se fait par des transitions entre attracteurs dans un système dynamique. Ce système est structuré par le système phonologique natif, non pas comme un système formel mais comme instancié chez chaque auditeur. L’apprentissage phonologique résulte de l’émergence d’attracteurs dans le système dynamique existant. Des modèles non-linéaires validés à partir des données empiriques, sont utilisés pour guider nos recherches. mardi matin L’exploration du langage dans le cadre de la dynamique non linéaire Introduction La perception de la parole regorge de phénomènes non-linéaires dans les liens entre l’acoustique et la perception permettant la communication stable malgré les variations acoustiques entre orateurs, le bruit de fond etc. En outre, la gamme des signaux acoustiques perçus comme équivalent est plus importante pour les sons parlés que pour les non parlés. Exemple : les premiers sons dans « kit » et dans « key » sont généralement perçus identiques, mais le son global extrait de « kit » et « key » forme une acoustique différente. Le changement acoustique minimal détectable dans les segments de la parole n’est pas non plus identique dans la gamme des paramètres acoustiques. Lorsque les stimuli parlés appartiennent au même segment linguistique, les sujets ont des difficultés à les distinguer. Quand le changement du paramètre acoustique est continu, la détection du changement est brusque à proximité des bords des catégories d’une manière déterminée par les catégories linguistiques. Ces non-linéarités permettent d’observer la nature des transitions entre les catégories. Notre but est de mettre en évidence les conditions qui permettent l’émergence des catégories d’une façon auto-organisée. Le comportement à l’approche des transitions révèle un processus de formation du patron avec sa propre dynamique perceptuelle (multistabilité, perte de stabilité, etc.). L’objectif ici est de caractériser la dynamique non linéaire de la perception du langage et d’analyser sa stabilité et le changement de percepts. Ces percepts sont considérés comme des attracteurs, qui permettent la discrétisation de l’espace perceptif associée à des catégories abstraites de perception. Les premières expériences sur la mise en évidence d’une dynamique de la catégorisation du discours ont utilisé l’acoustique comme paramètre de contrôle et montrent que l’hystérésis (la tendance pour la réponse de l’auditeur à persister dans la séquence de stimuli) domine la catégorisation. Cela implique que deux perceptions soient possibles pour une même propriété acoustique (bistabilité). L’instabilité perceptive n’a augmenté que dans la région bistable lorsque le niveau sonore était plus élevé. La variabilité augmente juste avant la transition et diminue fortement après. Ces résultats ont été modélisés comme un système dynamique non linéaire avec transition entre les catégories phonologiques (stables) provoquées par l’instabilité de l’attracteur initial. Ce modèle a prédit la catégorisation perceptive de sujets natifs français et américains [1-2] ce qui n’était pas prédictible par les théories précédentes. Ce cadre théorique, et le statut particulier des transitions, peuvent-ils aider à comprendre l’émergence de nouveaux attracteurs ? L’un des obstacles à l’apprentissage d’une autre langue à l’âge adulte est que certains sons de la parole dans la langue cible qui ne se produisent pas dans la langue maternelle sont difficiles à percevoir. Par exemple, les Japonais ont du mal à distinguer les « r » et « l » en anglais. L’hypothèse ici est que la théorie des systèmes dynamique offre la possibilité de montrer comment les sujets apprennent à percevoir un son exprimé dans une langue non maternelle. Matériel et Méthode Des sujets monolingues de langue maternelle américaine avaient appris à percevoir la différence entre la consonne sonore /d/ alvéolaire occlusive et la consonne sonore /d/ dentale occlusive [3]. Ces sons sont perçus comme équivalent en anglais, alors qu’ils sont distincts dans Congrès psycho.indb 39 22/07/10 16:09 40 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin d’autres langues (ex : le Malayalam, une langue d’Inde). Les sujets étaient entraînés à détecter la différence de sons en écoutant des natifs Malayalam prononcer des mots contenant soit le son /d/ ou le son /d/ pendant une heure par jour pendant 15 jours. Au cours de chaque session, ils devaient signaler si le mot entendu possédait le /d/ anglais ou le /d/ étranger. Un retour sur leur performance leur était donné. Un continuum de 11 sons de synthèse allant du /d/ anglais au /d/ étranger a été construit et utilisé pour tester si les sujets avaient appris la distinction entre les sons et comment l’apprentissage de la distinction s’était déroulé au cours des 15 jours. Les sujets rapportaient la différence entre deux stimuli voisins avant la première session d’apprentissage, au cours de chaque session, et après la dernière session. Cette différence était utilisée pour déterminer la déformation (le cas échéant) des changements dans la composition linéaire acoustique des stimuli dans l’espace « perceptif » et si l’arrangement de stimuli dans cet espace changeait au cours de l’apprentissage. La matrice des différences perçues a été utilisée pour étudier l’évolution de la structure de l’espace perceptif dans le temps. Résultats et Discussion Les résultats montrent qu’il existe un mode basé sur l’apprentissage d’une catégorie phonologique et un autre basé sur un accroissement de la sensibilité aux différences acoustiques. Seuls les apprenants phonologiques correspondent à une modification auto-organisée de l’espace perceptif dans lequel une bifurcation crée un point d’attraction supplémentaire correspondant à l’apprentissage d’une nouvelle catégorie. La théorie des systèmes dynamiques offre un cadre théorique adapté pour comprendre comment les auditeurs identifient les différentes catégories de sons parlés, leur transition ainsi que l’apprentissage de nouvelles catégories. La stabilité relative des attracteurs est fondamentale dans cette approche. Les propriétés acoustiques, la fréquence d’occurrence des catégories perçues, la trajectoire des sons perçus dans l’espace sonore, l’entraînement, etc. sont des facteurs pouvant affecter la stabilité relative des catégories et provoquer des phénomènes caractéristiques des systèmes dynamiques. Ces outils théoriques et méthodologiques peuvent être utilisés pour identifier les principes fondamentaux de la catégorisation du langage, reliant les changements qui surviennent de façon individuelle chez chaque sujet et ceux qui modifient, dans le temps, la structure globale des langues elles-mêmes. Références Nguyen, N., Lancia, L., Bergounioux, M., Wauquier-Gravelines, S., Tuller, B. (2005). Role of training and short-term context effects in the identification of /s/ and /st/ in French. In V. Hazan and P. Iverson eds. ISCA Workshop PSP2005, A38–39. London, UK. Tuller, B., Case, P., Ding, M., Kelso, J.A.S. (1994). The nonlinear dynamics of speech categorization. Journal of Experimental Psychology: Human Perception & Performance, 20,1‑14. Tuller, B., Jantzen, M.G., Jirsa, V. (2008). À dynamical approach to speech categorization: Two routes to learning. New Ideas in Psychology, 26,208-226. Congrès psycho.indb 40 22/07/10 16:09 41 Symposium-La cognition multimodale : les indices sensori-moteurs dans la récupération mnésique Organisation de la session : mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Versace, Rémy (Université Lyon 2), Brouillet, Denis (Université Montpellier 3). Chewing-gum et effet de dépendance de la mémoire au contexte : une perspective incorporée Heurley, Loïc (Université Montpellier 3), Brouillet, Denis (Université Montpellier 3). Activation, interaction et intégration multisensorielles en catégorisation et reconnaissance Vallet, Guillaume (Université Lyon 2), Lesourd, Mathieu (Université Lyon 2), Versace, Rémy (Université Lyon 2). Cognition multimodale : traitement spatial de type egocentré avec mise à jour et accès à un état de conscience autonöétique Gomez, Alice (Université Grenoble 2), Rousset, Stéphane (Université Grenoble 2), Baciu, Monica (Université Grenoble 2). Résumé Il est maintenant admis que les connaissances émergent de la réactivation de traces mnésiques d’expériences passées gardant la marque des situations dans lesquelles elle se sont élaborées. Des données issues de la psychologie cognitive, des neurosciences, mais aussi de la neuropsychologie, semblent montrer que les traces mnésiques reflètent l’ensemble des composants des expériences de l’individu (composants sensoriels, moteurs, émotionnels…). Ainsi, les connaissances, et plus largement le fonctionnement cognitif, émergent de mécanismes d’activation, intégration, et synchronisation multimodales impliquant de multiples zones du cerveau (voir les perspectives cognition « située » et cognition « incarnée »). L’objectif de ce symposium sera de présenter des travaux démontrant le rôle essentiel de ces mécanismes dans la cognition humaine, en nous centrant plus particulièrement sur le rôle des indices sensori-moteurs dans la récupération mnésique. Congrès psycho.indb 41 22/07/10 16:09 42 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin Chewing-gum et effet de dépendance de la mémoire au contexte : une perspective incorporée Heurley, Loïc (Université Montpellier 3), Brouillet, Denis (Université Montpellier 3). Résumé Mâcher un chewing-gum en apprentissage et en récupération améliore les performances de rappel. Néanmoins, certains travaux ne répliquent pas ce résultat en rappel immédiat. Notre hypothèse est que l’inconsistance de cet effet peut être liée au matériel verbal utilisé. Dans notre expérience, les mots à restituer en rappel immédiat impliquent de simuler la mastication (e.g., viande) ou non (e.g., ballon). Les résultats montrent que mâcher un chewing-gum favorise les performances de rappel immédiat uniquement pour les mots qui entretiennent un lien avec l’action de mastiquer. Nous discutons ces résultats aux regards des théories de la cognition incarnée. Introduction Appliqué à la mémoire, la conception incorporée de la cognition (Barsalou, 1999) permet de mettre en évidence le rôle de l’activité motrice sur les performances mnésiques d’un individu. Un exemple d’un tel phénomène a été apporté par Wilkinson, Scholey et Wesnes (2002). Afin de mettre à l’épreuve l’hypothèse selon laquelle la mastication d’un chewing-gum influence nos capacités mnésiques, les participants avaient pour consigne, de mastiquer un chewing-gum constamment et naturellement durant la phase d’apprentissage et de rappel. Qu’il y ait un délai ou non entre la phase d’apprentissage et celle de rappel, les participants qui mâchaient un chewinggum rappelaient plus de mots que ceux qui ne mâchaient pas de chewing-gum. Cependant, dans ces expériences les participants mâchent un chewing-gum à l’apprentissage ainsi qu’à la récupération. Dès lors, Baker, Bezance, Zellaby et Aggleton (2004) ont émis l’hypothèse que cette amélioration des performances peut être envisagée comme « un effet de dépendance au contexte » (Smith & Vela, 2001). Baker et al. (2004) ont validé cette hypothèse : les participants qui mâchent un chewing-gum lors de l’apprentissage et lors de la récupération, obtiennent de meilleures performances à une tâche de rappel, par rapport aux participants qui mâchent un chewing-gum seulement à l’apprentissage ou seulement à la récupération. Mais, ce résultat n’est obtenu que lorsque le délai entre apprentissage et rappel est de 24 heures, et non lorsque le rappel est immédiat. Néanmoins, Miles, Charig et Eva (2008) ont obtenu l’effet en rappel immédiat en favorisant le stockage des items directement en mémoire à long-terme. Dans ce travail, nous nous proposons de rendre compte de l’effet de dépendance au contexte, observé par Miles et al. (2008), en nous appuyant sur la théorie incorporée du langage (Barsalou, 2008). Lorsqu’un participant lit la phrase « il ferme le tiroir », il simule spontanément l’action correspondante à une telle activité : « tendre le bras ». Ainsi, la lecture d’un matériel verbal induit des processus procéduraux analogues à ceux mis en jeu lors de notre interaction réelle avec l’objet (Glenberg & Kaschak, 2002). Par conséquent, il nous a semblé pertinent de considérer le lien qui pouvait exister entre l’activité de mastiquer un chewing-gum et l’action simulée à la lecture des mots à apprendre (Scorolli & Borghi, 2007 ; Tettamanti et al., 2005). Dès lors que ce lien est manipulé expérimentalement, nous nous attendons à ce que les performances mnésiques, à une tâche de rappel immédiat, soient plus élevées lorsque l’action à réaliser (mastiquer un chewing-gum) est similaire à l’action simulée à la lecture des mots à apprendre (e.g., PAIN, STEAK, ou encore GATEAU). Matériel et expérience Participants. Cent vingt étudiants (dont 100 filles) de l’Université Paul Valéry (Montpellier, France) dont l’âge moyen du groupe est de 21 ans (s = 2). Matériels. Dix mots sans lien avec l’activité de mâcher ont été sélectionnés (i.e., ballon, chaise), puis dix mots en relation avec l’action de mastiquer un (i.e., viande, vache). Ce choix a été réalisé par l’expérimentateur lui-même et validé auprès de 5 juges, le critère utilisé était l’existence d’un rapport avec l’action de mastiquer (e.g., la viande nous la mâchons ; la vache est un ruminant). Nous avons utilisé des chewing-gums Freedent® Tabs™ à la menthe verte, sans sucre, de la marque Wrigley’s. Congrès psycho.indb 42 22/07/10 16:09 43 Procédure. L’expérience a consisté à faire apprendre une liste de mots à des participants qu’ils devront rappeler sans délai. Les participants devront mâcher un chewing-gum à l’apprentissage et à la récupération (i.e., groupe GUM) ou ne devront pas mâcher de chewing-gum du tout (i.e., groupe NO GUM). Cependant, une liste de mots entretiendra un lien avec l’action de mâcher (i.e., liste CHEW) et l’autre non (i.e., liste NO CHEW). Chaque participant voyait défiler, les uns après les autres, quatorze mots durant une seconde chacun (ISI = 1 seconde). Parmi ces 14 mots, les deux premiers étaient du remplissage, ainsi que les deux derniers pour contrôler les effets d’antériorité et de récence. Ensuite, lors de la phase test, le rappel se faisait par écrit. Pour les participants des groupes qui devaient mastiquer, le chewing-gum leur était fourni quelques secondes avant que la phase d’apprentissage ne commence. Attentes. Nous nous attendons à des performances de rappel plus élevées pour le « groupe GUM » par rapport au « groupe NO GUM » dans la condition où ils ont dû apprendre des mots en lien avec l’action à réalisée (i.e., liste CHEW), et aucun effet lorsque les mots de la liste n’entretiennent aucun lien avec l’action (i.e., liste NO CHEW). Autrement dit, nous nous attendons à une interaction entre la variable type d’action (groupe GUM vs. groupe NO GUM) et la variable type de mots (liste CHEW vs. liste NO CHEW). mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Résultats et discussion L’analyse de variance a révélé un effet d’interaction. Les participants qui effectuent l’activité motrice consistant à mâcher un chewing-gum, rappellent plus de mots en lien avec l’action de mastiquer, tels que viande ou vache, par rapport à des mots sans lien avec cette action, tels que ballon. À l’inverse, les participants passifs ne rappellent significativement pas plus de mots en lien avec l’action que ceux sans lien. Cette expérience met en exergue le rôle bénéfique de l’activité motrice sur nos capacités à nous remémorer les connaissances qui sont en lien avec cette activité. Les conséquences de ce travail, pour l’étude de la mémoire, sont importantes. Les données que nous avons obtenues remettent en question le postulat que les processus mnésiques sont seulement dépendants des processus perceptifs et conceptuels. Par ailleurs, l’adoption d’une perspective incorporée amène à se poser la question de l’interaction entre le langage et les processus sensorimoteurs, interaction ignorée dans la perspective computo-symbolique de la cognition. Références Baker, J. R., Bezance, J. B., Zellaby, E., Aggleton, J. P. (2004). Chewing-gum can Produce Context-Dependent Effects upon Memory. Appetite, 43, 207-210. Barsalou, L. W. (2008). Grounded Cognition. Annual Review of Psychology, 59, 617-645. Glenberg, A. M., Kaschak, M. P. (2002). Grounding Language in Action. Psychonomic Bulletin & Review, 9, 558-565. Miles, C., Charig, R., Eva, H. (2008). Chewing-gum as Context: Effects in Long-Term Memory. Journal of Behavioral and Neuroscience Research, 6, 1-5. Congrès psycho.indb 43 22/07/10 16:09 44 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin Activation, interaction et intégration multisensorielles en catégorisation et reconnaissance Vallet, Guillaume (Université Lyon 2), Lesourd, Mathieu (Université Lyon 2), Versace, Rémy (Université Lyon 2). Résumé L’objectif de ces travaux est de démontrer la spécificité des activations multi-sensorielles en mémoire, et d’éclairer leur rôle dans l’émergence de connaissances catégorielles et dans la récupération explicite. Trois expériences sont décrites. Dans les deux premières, nous utilisons un paradigme d’amorçage intersensoriel avec des items familiers bimodaux (son-image). La première expérience comprend une phase d’étude suivie d’une phase test. L’amorçage était testé en visuel-auditif (24 participants) ou en auditifvisuel (24 participants). L’expérience 2 utilise une version à court terme du paradigme (24 participants). Les résultats des deux expériences montrent un effet d’amorçage inter-sensoriel visuel-auditif et auditif-visuel, sauf lorsque l’amorce est présentée avec un masque lors de la phase d’encodage (bruit blanc pour les amorces visuelles et masque visuel pour les amorces auditives). La troisième expérience comprenait une phase d’encodage suivie d’une phase test consistant en une épreuve de reconnaissance ou de catégorisation. Lors de l’encodage, les participants devaient catégoriser (vivant/non vivants) 42 images d’objets ou d’animaux présentées seules, simultanément avec le son correspondant, ou avec un bruit-blanc. En reconnaissance comme en catégorisation, les performances sont supérieures pour les items anciens encodés en bimodal (visuel/auditif) que pour les items encodés en visuel seul, qu’ils aient été masqués et non. Introduction La plupart des travaux étudiant l’aspect multimodal de nos connaissances ont pu montrer régulièrement que l’activation d’une modalité d’une connaissance pouvait activer les autres modalités associées (e.g., Brunel et al., 2009 et sous presse). Toutefois, la spécificité de cette activation aux items impliqués est plus rarement rapportée et le rôle de ces activations multimodales dans l’efficacité des mécanismes mnésiques est loin d’être clair. L’objectif de cette série de travaux sera alors à la fois de démontrer la spécificité des activations multimodales, et d’éclairer le rôle qu’elles jouent dans l’émergence de connaissances catégorielles et dans la récupération explicite. Trois expériences seront décrites. Expériences 1 et 2 Dans les deux premières expériences, nous avons utilisé un paradigme d’amorçage intersensoriel avec des items familiers bimodaux (son-image). L’originalité et la force de ce paradigme résident dans l’ajout d’un masque perceptif lors de la présentation des amorces. Il faut noter que ce masque est dans la modalité de la cible et non dans celle l’amorce (par ex., masque visuel lors d’amorces sonores). La première expérience (voir Vallet et al., sous presse) définie une phase d’étude (amorces) suivie d’une phase test (cibles). L’amorçage a été testé dans les deux sens possibles depuis la modalité visuelle vers celle auditive (24 participants) puis de celle auditive vers celle visuelle (24 participants). Les résultats permettent de démontrer un effet d’amorçage inter-sensoriel, et ce, dans les deux sens de l’amorçage. Toutefois, le principal résultat provient des items dont un masque a été associé à l’amorce lors de la phase d’étude. Dans ce cas, il n’y pas plus d’effet d’amorçage. Autrement dit, les items masqués sont traités de manières similaires à ceux nouveaux (pas d’amorce). Cet effet du masque indiquerait que lors de la présentation de l’amorce (par ex. le rugissement du lion), le traitement sensoriel d’un autre objet, le masque, est venu interférer avec l’activation automatique de la représentation visuelle associée (ici l’image du lion). Ce résultat est d’autant plus remarquable que lors de la phase d’amorçage, il n’existe pas de différence significative entre les items masqués et ceux non masqués. L’expérience L’Expérience 2 utilise une version à court terme (SOA = 1500 ms) du paradigme avec des amorces auditives masquées ou non masquées visuellement et des cibles visuelles. Le fait que la cible soit immédiatement précédée de l’amorce définit une condition congruente (l’amorce = la cible), non congruente (l’amorce ¹ de la cible) ainsi qu’une condition invalide Congrès psycho.indb 44 22/07/10 16:09 45 (l’amorce appartient à une catégorie différente de la cible ; non traité ici). Les résultats montrent encore une fois un effet d’amorçage pour les items non masqués, mais pas pour les items masqués dans la condition valide seulement. Cette interaction démontre bien que le masque a eu un effet sur l’activation d’une dimension sensoriel en mémoire et non pas un effet attentionnel sur la présentation de l’amorce. Ainsi, la perception et la mémoire seraient très liées. Ces deux premières expériences montrent donc bien que les traces mnésiques conservent les propriétés sensorielles spécifiques des objets, qu’il s’agit bien d’un codage sensoriel et non pas abstrait des propriétés des objets, et que le poids de ces propriétés dans la trace peut être renforcer de manière indirecte par des activations intermodales. mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Expériences 3 La troisième expérience avait pour objectif d’étudier le rôle spécifique de ces activations et interactions multimodales dans l’émergence de connaissances sémantiques et épisodiques. Elle comprenait une phase d’encodage suivie d’un phase test. Lors de la phase d’encodage, les participants devaient catégoriser (vivant/non vivants) 42 images d’objets ou d’animaux (idem exp. 1 et 2). Un tiers de ces images étaient présentées seules, un tiers étaient présentés simultanément avec le son habituellement associé à l’item (image d’un lion et rugissement d’un lion), un tiers étaient présentées avec un masque auditif (un bruit-blanc). Lors de la phase test, la moitié des participants étaient invités à reconnaître parmi une série d’images, les images déjà vues lors de l’encodage, et l’autre moitié des participants devaient catégoriser ces mêmes images de la même manière que lors de l’encodage (vivant/non vivant). Les 42 images présentées lors de l’encodage étaient présentées en test avec autant d’images nouvelles. Les résultats montrent que, en reconnaissance comme en catégorisation, des performances supérieures pour les items anciens encodés en bimodal (visuel/auditif) par rapport aux items encodés en visuels seul, qu’ils aient été masqués et non, ces derniers ne différant pas significativement. Toutefois, en reconnaissance, en dissociant par sujet les réponses rapides des réponses lentes, nous constatons que pour les réponses rapides, la reconnaissance est meilleure pour les items encodés en visuel seul sans masque auditif que pour les items encodés en visuel seul avec un masque auditif. Les résultats de ces 3 expériences seront discutés en termes d’activation et l’intégration de composants sensoriels, en essayant de préciser les mécanismes communs et les mécanismes spécifiques à la récupération implicite et explicite en mémoire. Références Brunel, L. , Labeye, E, Lesourd, M., & Versace, R. (2009). The sensory nature of knowledge: Sensory priming effects due to memory traces activation. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, 35, 1081-1088. Brunel, L., Lesourd, M., Labeye, E. & Versace, R. (sous presse). The sensory nature of knowledge: sensory priming effects in semantic categorisation. Quarterly Journal of Experimental Psychology. Vallet, G., Brunel, L. & Versace, R. (sous presse). The Perceptual Nature of the Cross-modal Priming: Arguments in Favour of Sensory-Based Memory Conception. Experimental Psychology. Versace, R., Labeye, E., Badard, G. & Rose, M. (2009). The contents of long-term memory and the emergence of knowledge. European Journal of Cognitive Psychology, 21, 522-560. Congrès psycho.indb 45 22/07/10 16:09 46 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin Cognition multimodale : traitement spatial de type egocentré avec mise à jour et accès à un état de conscience autonöétique Gomez, Alice (Université Grenoble 2), Rousset, Stéphane (Université Grenoble 2), Baciu, Monica (Université Grenoble 2). Résumé Nous avons d’abord comparé les performances de mémoire épisodique (rappel et reconnaissance) de mots appris pendant deux tâches spatiales contextuelles maximisant un traitement spatial allocentré ou Egocentré avec mise à jour. Les résultats comportementaux indiquent que maximiser le traitement Egocentré avec mise à jour durant l’apprentissage améliore les performances épisodiques, particulièrement pour les réponses de type autonoétique. L’étude IRMf complémentaire indique elle que les mots appris en maximisant ce traitement spatial activent d’avantage, le réseau cérébral correspondant au « Default Mode », et à la représentation mentale de soi. L’ensemble de ces résultats suggèrent un rôle particulier de ce traitement spatial dans la mémoire épisodique lié au sentiment de conscience de soi. Introduction De nombreuses modélisations proposent que la mémoire épisodique et la mémoire spatiale sont intimement reliées. Généralement, on distingue 2 types de traitements spatiaux durant l’apprentissage: ceux qui prennent comme référence le corps de l’observateur, dit « Egocentré », et ceux qui sont indépendant de la localisation de l’observateur, dit « Allocentré ». Les représentations de l’espace dites égocentrées proviennent directement des systèmes perceptifs et sont utilisés par les effecteurs impliqués dans l’action. Mais leur centre de référence leur confère une rigidité qui ne leur permet pas de rendre compte des déplacements de l’observateur. Cette limitation a rapidement compromis leur théorisation en lien avec la mémoire épisodique. Au contraire, la représentation allocentré permettrait de tenir compte de ces déplacements puisqu’elle définit la relation entre chacun des objets. Le modèle de Nadel et Moscovitch (1998) est fondé sur cette représentation, et propose de plus des correspondances anatomiques. Les éléments non spatiaux d’un épisode seraient stockés au niveau du néocortex sous forme sémantisé (i.e. concept) et spécifique à la modalité d’entrée (visuelle, auditif…). La représentation spatiale allocentrée stockée dans l’hippocampe permettrait de relier ces différents éléments non spatiaux en un épisode. Cependant, ce modèle peine à rendre compte du fait qu’un souvenir est vécu puis revécu depuis un point de vue égocentré (e.g. Crawley & French, 2005). Burgess et collaborateurs (2001) résolvent ce problème en conservant la notion de référentiel allocentré. Pour cela, ils supposent que le rôle de l’hippocampe dans la récupération épisodique est dû à la capacité à transformer la perception égocentré en une mémoire allocentré. Pour récupérer un souvenir ou pour imaginer un événement, le système de transformation effectuerait le processus inverse: construire un point de vue égocentré à partir d’une information stockée en mémoire sous forme allocentré. Cependant, un troisième type de codage spatial a récemment été proposé. Le cadre de référence « Egocentré avec mise à jour automatique » (Farrell, 1998) serait centré sur l’observateur, caractéristiques du référentiel égocentrée, mais permettrait de tenir compte des déplacements et de faire une mise à jour automatique. Ce référentiel permettrait donc de sous-tendre le fonctionnement de la mémoire par sa flexibilité, tout en conservant les informations sensori-motrices pouvant être porteuse de sens pour l’accès à un état de conscience autonoetique. Nous avons évalué si l’utilisation d’un référentiel allocentré durant l’encodage d’un événement avait une influence différente d’un encodage Egocentré avec mise à jour automatique sur la récupération subséquente en mémoire épisodique. Études Expérimentales Le principe général des expérimentations repose sur l’apprentissage de mots dans le contexte de tâche spatiale maximisant soit le traitement Allocentré, soit le traitement Egocentré avec mise à jour. À l’apprentissage chaque essai comporte quatre parties: Une présentation d’un film Congrès psycho.indb 46 22/07/10 16:09 47 correspondant à un environnement spatial pendant 20s, la présentation du mot à mémoriser, le test spatial sur l’environnement, et le rappel du mot. Six heures après l’apprentissage des mots, chaque individu est amené à réaliser un test de rappel et de reconnaissance des mots. Le rappel et la reconnaissance sont associés à une tâche de « Remember-Know-guess », afin d’évaluer l’accès à un état de conscience autonoetique. Les résultats comportementaux indiquent que maximiser la navigation améliore les performances à long terme en rappel et en reconnaissance et ce plus spécifiquement pour les réponses de type « Remember ». L’étude IRMf correspondante met en relief des activations plus importantes pour les mots qui ont été appris en maximisant le traitement « Egocentré avec mise à jour », sans effet dans le contraste inverse. Ces activations sont observées dans les réseaux cérébraux impliqués dans le « Default mode », et de la représentation mentale de soi, réseaux qui sont de bons candidats pour supporter la conscience autonoëtique. mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Discussion Ces résultats indiquent qu’une dimension perceptivo-motrice spécifique, le traitement spatial de type Egocentré avec mise à jour, contribue au caractère autonoétique des souvenirs épisodiques. La contribution de ce traitement est mise en évidence comportementalement, et est étayée par des indices congruents obtenus au niveau cérébral. Cette supériorité sur le traitement allocentré n’est pas conforme au modèle modal supposant que le seul rôle du traitement spatial est de constituer un cadre allocentrique permettant de relier les différents éléments d’un épisode en une trace contextualisée. Les résultats sont en revanche compatibles avec deux interprétations. Selon la première, dans la lignée du modèle de Burgess (2001), le traitement Egocentré avec mise à jour pourrait faciliter la recréation de points de vue égocentrés spécifiques à partir du système allocentré. Le traitement Egocentré avec mise à jour favoriserait la mémorisation du processus de transformation, mémorisation cruciale pour distinguer un souvenir épisodique réel d’une production imaginaire. Pour la seconde conception, l’information perceptivo-motrice du traitement Egocentré avec mise à jour existerait en mémoire sans transformation. La conscience autonoétique pourrait alors être dépendante de la recréation de cette information. Elle correspondrait à une sensation d’insertion du sujet dans un environnement qui n’est pas l’actuel, ou autrement dit à un réel voyage mental du sujet dans le passé selon Tulving. Le point commun de ces deux conceptions est qu’elles mettent en avant le rôle d’indices dépendant du traitement perceptivo-moteur pour le souvenir épisodique, par la reconstruction d’un point de vue égocentré spécifique et/ou l’évocation d’information perceptivo-motrice Egocentré avec mise à jour. Références Burgess, N., Becker, S., King, J. A., & O’Keefe, J. (2001). Memory for events and their spatial context: models and experiments. Philosophical Transcript of the Royal Society 356(1413), 1493-1503. Farrell, M. J., & Robertson, I. H. (1998). Mental Rotation and the Automatic Updating of Body-centered Spatial Relationships. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, 24(1), 227-233. Nadel, L., & Moscovitch, M. (1998). Hippocampal contributions to cortical plasticity. Neuropharmacology, 37(4-5), 431439. Congrès psycho.indb 47 22/07/10 16:09 48 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin Symposium-Stress et Situations Ordinaires : Regards Croisés Organisation de la session : Battaglia, Nicole (L.p.a Université de Reims & IUT b Lille3), Berjot, Sophie (L.p.a Université de Reims & URECA-Université Lille Nord de France), Roland-Lévy, Christine (Laboratoire de psychologie appliquée, Université de Reims Champagne-Ardenne). Introduction du symposium stress et situations ordinaires : regards croisés Battaglia, Nicole (Laboratoire de psychologie appliquée Université de Reims & IUT b Université Lille Nord de France), Berjot, Sophie (Laboratoire de psychologie appliquée de l’Université de Reims ChampagneArdenne), Roland-Lévy, Christine (Laboratoire de psychologie appliquée, Université de Reims Champagne-Ardenne). Face à la vie, toute la vie, rien que la vie : arguments pour un réexamen de la structure du faire-face et de ses méthodes d’évaluation. Girault-Lidvan, Noëlle (Laboratoire de psychopathologie et processus de santé, Université Paris Descartes). Stigmatisation et discrimination : stress ordinaire ou extraordinaire ? Berjot, Sophie (L.p.a Université de Reims & Université Reims Champagne-Ardenne), Girault-Lidvan, Noëlle (Laboratoire de psychopathologie et processus de santé, Université Paris Descartes), Battaglia, Nicole (L.p.a Université de Reims & IUT b Université Lille Nord de France). Les interférences « vie au travail - vie privée » chez les chirurgiens-dentistes : leurs relations avec l’épuisement professionnel et la satisfaction au travail Mouda, Farida (Laboratoire psy-nca & département de psychologie, Université de Rouen), Gana, Kamel (Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie », Université de Bordeaux 2), Trouillet, Raphaël (Laboratoire epsylon, Université de Montpellier), Fort, Isabelle (Centre psyclé, Université de Provence), Lourel, Marcel (Laboratoire psy-nca Université de Rouen). Situations ordinaires - stress ordinaire – addictions ordinaires… Battaglia, Nicole (Laboratoire de psychologie appliquée Université de Reims & IUT b Lille3), Décamps, Greg (Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie », Université Bordeaux 2), Bruchon-Schweitzer, Marilou (Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie », Université Bordeaux 2), Boujut, Émilie (Laboratoire de psychopathologie et processus de santé, Université Paris Descartes). Congrès psycho.indb 48 22/07/10 16:09 49 Introduction du symposium stress et situations ordinaires : regards croisés Battaglia, Nicole (Laboratoire de psychologie appliquée université de Reims & iut b de l’université de Lille3), Berjot, Sophie (Laboratoire de psychologie appliquée de l’université de Reims ChampagneArdenne), Roland-Lévy, Christine (Laboratoire de psychologie appliquée, université de Reims ChampagneArdenne). mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Brève Communication Introductive Depuis les travaux princeps de Lazarus et de ses collaborateurs (Lazarus, R., 1984 ; Lazarus, R.,1991), la nécessaire prise en considération de la dynamique transactionnelle et processuelle du stress s’est imposée dans la littérature (Bruchon-Schweitzer, 2002). Cette conception dynamique du processus de transaction, ce souci d’articulation entre le « psychologique » et le social, l’incidence présupposée de variables psychologiques et psychosociales sur l’évaluation de situations potentiellement stressantes, les options de faire-face et l’ajustement social possibles ont orienté les travaux actuels vers l’étude plus approfondie des déterminants, des processus et des conséquents du stress chez la personne ordinaire en situation quotidienne (Lassarre, D., 2002). Cette intervention introductive consistera à présenter d’une part, l’évolution des « représentations expertes » de la notion de stress en situation ordinaire dans la littérature en psychologie et, d’autre part, les communications présentées dans le cadre de ce symposium. Les travaux réunis dans le cadre de cette session thématique sont théoriques ou empiriques , relèvent de la psychologie sociale et/ou du champ de la psychologie de la santé et posent, d’une part, la question de la pertinence des méthodologies employées dans le cadre des recherches sur le stress et l’ajustement tout en soulevant, d’autre part, de nouveaux questionnements spécifiques à l’étude de ces processus en situations ordinaires. Ces travaux se proposent de : 1. contribuer à éclaircir certains composants du construit de Stress (enjeux, évaluation cognitive primaire, faire-face) tant du point de vue de leurs conceptualisations que de leur opérationnalisation (Noëlle Girault-Lidvan « Face à la vie, toute la vie, rien que la vie : arguments pour un réexamen de la structure du faire-face et de ses méthodes d’évaluation ». Sophie Berjot et al. « Stigmatisation et discrimination : stress ordinaire ou extraordinaire ? ») et, 2. mettre en évidence les liens pouvant unir la psychologie du Stress, ses corrélats psychologiques et sociaux et, leurs incidences sur la qualité de vie et l’état de santé des personnes (Farida Mouda et al. « Les interférences « vie au travail - vie privée » chez les chirurgiensdentistes : leurs relations avec l’épuisement professionnel et la satisfaction au travail » ; Nicole Battaglia & al. « Situations Ordinaires - Stress ordinaire – Addictions Ordinaires… ». Enfin, au fil des exposés, les résultats des travaux présentés inviteront également à proposer des applications de terrain en matière de prise en soin sociale et/ou en matière de santé. Références Bruchon-Schweitzer, M. (2002). Psychologie de la santé: modèles, concepts et méthodes. Paris : Dunod. Lassarre, D. (Ed.) (2002), Stress et société. Presses Universitaires de Reims. Lazarus, R. (1984). Puzzles in the study of daily hassles. Journal of Behavioral Medicine, 7(4), 375-389. Lazarus, R. (1991). Emotion and adaptation. New York: Oxford University Press. Congrès psycho.indb 49 22/07/10 16:09 50 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin Face à la vie, toute la vie, rien que la vie : arguments pour un réexamen de la structure du faire-face et de ses méthodes d’évaluation. Girault-Lidvan, Noëlle (Laboratoire de psychopathologie et processus de santé, université Paris Descartes). Résumé Depuis l’apparition du concept de « coping », les méthodes pour l’évaluer se sont développées de façon considérable, et dans des directions diverses. Ces méthodes se fondent essentiellement sur trois dimensions des stratégies de faire-face : « centrées sur le problème/centrées sur l’émotion », « approche/ évitement », « cognitives/comportementales ». Or il ressort de l’ensemble des recherches que les stratégies ainsi évaluées sont, soit trop générales, soit trop spécifiques pour rendre compte de la complexité du processus de transaction, et pour être réellement prédictives de l’ajustement final. Dans une démarche de mise en question des typologies et catégorisations diverses qui fondent la mesure du faire-face, nous proposons d’examiner les apports des méthodes qui, à partir de la notion de stresseurs quotidiens, se centrent sur l’enregistrement au jour le jour des réponses apportées aux événements quotidiens ressentis comme problématiques. Communication Depuis son apparition, le concept de « coping » est apparu comme un élément fondamental pour la compréhension de la façon dont des événements perçus comme stressants peuvent affecter le fonctionnement des individus à court et à long terme, à l’occasion des événements les plus forts aussi bien que les plus quotidiens de leur vie. Or force est de constater que 30 ans de recherches ne permettent pas à ce jour à la communauté scientifique de s’accorder, tant sur la conceptualisation que sur la mesure des modes de faire-face. Notre objectif est ici de faire le point sur deux problèmes essentiels soulevés par la recherche sur le faire-face : celui de la structure du « coping », et celui des méthodes d’évaluation des stratégies. La structure, quelle structure ? S’il est un point sur lequel l’accord se fait entre chercheurs, c’est celui de la multi-dimensionnalité du concept de coping, qui apparaît au moment de sa définition même. Elle ressort clairement des travaux fondateurs de Lazarus et de ses collaborateurs ( Lazarus, 1966 ; Lazarus, Averill, et Opton, 1974), et ne cessera par la suite d’être soulignée par de multiples auteurs (Pearlin et Schooler, 1978 ; Carver, Scheier et Weintraub, 1989). Mais cette multi-dimensionnalité va rapidement s’exprimer au travers de la définition de structures différentes, dont les principaux inconvénients sont qu’elles ne sont pas conceptuellement claires, et que les stratégies qu’elles permettent de définir ne sont pas exclusives les unes des autres. En amont de ce constat de multidimensionnalité, le problème central réside dans le fait que la notion de coping recouvre tout l’espace conceptuel entre les instances concrètes de l’expression du faire-face et les processus adaptatifs dans leur globalité. Dès lors il apparaît essentiel d’établir « un ensemble complet et cohérent de catégories de niveau intermédiaire », qui soit à même d’organiser « les innombrables réponses très personnelles et spécifiques des situations au regard de leur fonction dans la médiation des effets du stress » (Skinner, Edge, Altman et Sherwood, 2003, p. 217). La première partie de notre intervention est donc consacrée au réexamen de la question de la structure du coping en tant qu’elle constitue une étape essentielle pour l’étude de son rôle dans l’ajustement des individus. À la recherche de la méthode La méthode idéale n’existe pas. C’est le constat auquel semblent pousser les innombrables tentatives réalisées dans le but d’élaborer la méthode qui permettra de rendre compte de relations spécifiques entre certaines situations perçues comme stressantes et certains critères d’ajustement, tout en ayant des qualités suffisantes pour autoriser une généralisation (même relative) de son usage. Mais structure et mesure sont indissociablement liées. Car ce constat, qui renvoie à la question abordée plus haut de la définition d’une structure cohérente organisant des catégories Congrès psycho.indb 50 22/07/10 16:09 51 subordonnées (qui rendent compte de comportements de faire-face hautement spécifiques) en catégories de niveau intermédiaire et en catégories supra-ordonnées, implique avant tout de répondre à un obstacle majeur. C’est celui du foisonnement des méthodes d’évaluation, qui vont de l’observation directe à l’inventaire de comportements définis à partir de conceptions théoriques et/ou de l’analyse factorielle de comportements auto-rapportés, rendu plus complexe encore par la variété des domaines, des types de stresseurs et des populations relativement auxquels ces méthodes ont été définies. Ainsi, les méthodes destinées à évaluer le coping se sont développées dans des directions diverses, le plus souvent sans articulation visible entre ces recherches. Parmi les multiples dimensions qui sous-tendent les stratégies de faire-face, le lieu (stratégies « centrées sur le problème / centrées sur l’émotion »), la dynamique (« approche / évitement »), et la nature (stratégies « cognitives / comportementales ») qui les caractérisent apparaissent comme les plus stables et les plus pertinentes. Or il ressort de la plupart des recherches que les stratégies ainsi évaluées sont, soit trop générales, soit trop spécifiques pour rendre compte de la complexité du processus de transaction, et pour être réellement prédictives de l’ajustement final. Le débat entre le faire-face « Trait » et le faire-face « Spécifique des situations » peut constituer un cadre théorique adapté à notre tentative de clarifier le problème de la mesure des stratégies. Nous présenterons différentes recherches mettant en évidence des différences importantes dans le recours aux stratégies de faire-face en fonction de facteurs tels que le genre (Hamilton et Fagot, 1988) ou le contexte (Reiser, Black et Abelson, 1985). Puis nous développerons les questions liées aux méthodes d’évaluation permettant de comparer les résultats obtenus à partir d’évaluations rétrospectives, en termes de trait, et en temps réel, du faire-face à des situations quotidiennes (Ptacek, Smith, Espe et Rafferty, 1994 ; Todd, Tennen, Carney, Armeli et Affleck, 2004), et mettant en évidence des disparités notables entre ces différents types d’évaluation. mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Références Carver, C.S., Scheier, M.F., & Weintraub, J.K. (1989). Assessing coping strategies: A theoretically based approach. Journal of Personality and Social Psychology, 56, 267-283. Hamilton, S., & Fagot, B.I. (1988). Chronic stress and coping styles: A comparison of males and females undergraduates. Journal of Personality and Social Psychology, 55, 819-823. Lazarus, R.S. (1966). Psychological stress and the coping process. New-York: McGraw-Hill. Lazarus, R.S., Averill, J.R., & Opton, E.M., Jr. (1974). The psychology of coping: Issues of research and assessment. In G.V. Coelho, D.A. Hamburg, and J.E. Adams (Eds), Coping and Adaptation (p. 249-315). New-York: Basic Books. Pearlin, L.I., & Schooler, C. (1978). The structure of coping. Journal of Health and Social Behavior, 19, 2-21. Ptacek, J.T., Smith, R.E., Espe, K., & Raffety, B. (1994). Limited correspondence between daily coping reports and retrospective coping recall. Psychological Assessment, 6, 41-49. Reiser, B.J., Black, J.B., & Abelson, R.P. (1985). Knowledge structures in the organization and retrieval of autobiographical memories. Cognitive Psychology, 17, 89-137. Skinner, E.A., Edge, K., Altman, J., & Sherwood, H. (2003). Searching for the structure of coping: A review and critique of category systems for classifying ways of coping. Psychological Bulletin, 129 (2), 216-269. Todd, M., Tennen, H., Carney, M.A., Armeli, S., & Affleck, G. (2004). Do we know how we cope ? Relating daily coping reports to global and time-limited retrospective assessments. Journal of Personality and Social Psychology, 86(2), 310-319. Congrès psycho.indb 51 22/07/10 16:09 52 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin Stigmatisation et discrimination : stress ordinaire ou extraordinaire ? Berjot, Sophie (L.p.a université de Reims & département de psychologie université Reims ChampagneArdenne), Girault-Lidvan, Noëlle (Laboratoire de psychopathologie et processus de santé, université Paris Descartes), Battaglia, Nicole (L.p.a université de Reims & i.u.t b de l’université Charles-de-Gaulle-Lille3). Résumé Etre stigmatisé, c’est être porteur d’une marque, d’une caractéristique, visible ou invisible, qui en ellemême a la capacité de conférer à celui qui en est porteur une identité négative, dévaluée, spoliée (Crocker, Steele, & Aronson, 1998). C’est donc aussi une occasion de se trouver plus ou moins fréquemment discriminé, c’est-à-dire traité en fonction de cette marque et des caractéristiques qui y sont associées. La question de savoir si la stigmatisation et la discrimination qui l’accompagne souvent sont sources de stress n’est pas nouvelle (Crocker et al., 1998). Mais est-ce qu’elles peuvent être pour autant considérées de la même manière que d’autres sources, plus fréquentes, de stress ? C’est à cette question que cette présentation tentera de répondre en proposant un modèle de stress et de faire-face aux menaces liées à la stigmatisation (Berjot, Girault-Lidvan, Battaglia, 2008). Une phase de ce modèle, les évaluations cognitives primaires, sera développée et illustrée à l’aide de 2 études. L’étude 1 s’attachera à comparer la façon dont 4 groupes stigmatisés évaluent la discrimination eut égard à leur identité. La seconde s’attachera à étudier ces évaluations primaires à la suite d’une induction expérimentale chez des femmes menacées ou non sur leur identité personnelle ou sociale. Introduction Si l’ensemble des situations difficiles que peuvent rencontrer les individus sont variées et sollicitent des ressources multiples pour y faire face, toutes n’ont pas le même statut. Certaines, parce qu’impliquant l’identité des personnes, sont à notre sens, d’une nature différente. C’est le cas de la stigmatisation et de la discrimination, qui, en plus d’impliquer des difficultés liées à un accès moindre aux ressources (Allison, 1998), menacent également les individus dans leur identité. Cette identité est potentiellement dévaluée, spoliée (Crocker, Major, & Steele, 1998). Les modèles du stress et du faire face proposés pour comprendre les réactions des individus stigmatisés à ce type de situation (Major & O’Brien, 2005 ; Miller & Major, 2000), doivent donc, à notre avis, être ajustés pour inclure les spécificités des menaces impliquant l’identité, tant personnelle que sociale. Pour ce faire, nous proposons de nous inspirer du modèle transactionnel de Lazarus & Folkman (1984), en modifiant chacune de ses phases pour y intégrer les spécificités des menaces liées à l’identité. Ainsi, proposons-nous : Des antécédents spécifiques liés à la situation (légitimité, stabilité, etc.), à l’individu (conscience du stigma, sensibilité au rejet) ou aux caractéristiques du stigma (contrôlabilité, visibilité) Une phase d’évaluation cognitive primaire qui s’applique à identifier comment l’individu perçoit une situation en tant que menace et/ou défi à son identité personnelle et/ou sociale Des stratégies de faire-face spécifiques et adaptées aux situations impliquant l’identité et répondant au type d’évaluation effectuée dans une situation. Illustrations : l’évaluation cognitive primaire de l’identité Étude 1 - Participants et procédure Soixante quatre homosexuels, 57 personnes souffrant d’obésité, et 70 personnes d’origine nord africaine ont décrit une situation de discrimination, puis ont répondu à l’ECI (échelle d’évaluation cognitive primaire) construite pour identifier les évaluations de la situation en termes de menace et/ ou défi de l’identité personnelle et/ou sociale (Berjot, Girault-Lidvan, Gillet & Bétremont, soumis). - Résultats Eut égard aux spécificités des groupes sociaux (en terme de contrôlabilité du stigma, accès au soutien de son groupe, etc.), nos résultats sont conformes aux prédictions : les personnes souffrant d’obésité l’évaluent principalement comme une menace de leur identité personnelle, alors que les Congrès psycho.indb 52 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 53 Étude 2 Participants et procédure Soixante six femmes doivent réaliser une tâche (reproduire la figure de Rey après avoir fait une rotation mentale), présentée soit comme étant en général mieux réussie par les hommes (condition menace de l’identité sociale), soit comme un test de mathématique (condition menace de l’identité personnelle), soit comme un exercice de motivation (condition non menace). Elles doivent ensuite répondre au questionnaire ECI (évaluation primaire) puis à un questionnaire mesurant deux stratégies de gestion de l’identité : l’auto-handicap (stratégie en général mise en place pour faire face a une menace personnelle) et la dévaluation des dimensions (stratégie en général mise en place pour répondre à une menace de l’identité sociale). Résultats Les résultats sont cohérents avec les prédictions. Face à une menace de leur identité personnelle, les femmes évaluent la situation davantage comme une menace personnelle et mettent davantage en place l’auto-handicap. Face à une menace de leur identité sociale, les femmes évaluent la situation comme une menace liée à leur identité sociale et mettent en place davantage la stratégie de dévaluation du domaine. mardi matin personnes d’origine nord africaine l’évaluent comme une menace de leur identité sociale en même temps qu’un défi de cette même identité sociale. Les homosexuels se trouvent entre les deux. Discussion Si la stigmatisation et la discrimination qui l’accompagne souvent sont effectivement des sources importantes de stress, il est toutefois nécessaire de distinguer ce qui relève de stresseurs extérieurs, tangibles, de ses implications pour l’identité. Les modifications apportées au modèle transactionnel vont dans ce sens et représentent une tentative pour améliorer la compréhension du vécu des populations stigmatisées. Une première application se trouve dans le repérage de la façon dont ces individus évaluent une situation potentiellement menaçante pour leur identité. Ceci permet, comme le montre l’étude 1 de mettre en évidence que la discrimination n’a pas le même sens et le même impact pour tous les groupes stigmatisés (et surement aussi pour les membres d’un même groupe). Ceci permet également de montrer que les situations que peuvent vivre les personnes appartenant à ces groupes peuvent, même de façon subtile, être évaluées différemment et engendrer la mise en place de stratégies distinctes. Références Allison, K.W. (1998). Stress and oppressed social category membership. In J.K. Swim & C. Stangor (Eds.), Prejudice: The Target’s perspective (pp.145-170). San Diego, CA: Academic Press. Berjot, S., Girault-Lidvan, N., & Battaglia, N. (2008). Stress et faire-face à la stigmatisation et à la discrimination : vers un modèle du faire-face aux menaces de l’identité. In S. Berjot & B. Paty (Eds.). Stress et faire-face aux menaces de l’identité et du soi. Stress, Santé & Société, Vol. 4. Reims : Espur. Berjot, S., Girault-Lidvan, N., Bétremont, L. & Gillet, N. (soumis). The Primary Appraisal of Identity scale (PAI): toward a new measure of identity threats. Crocker, J., Major, B., & Steele, C. (1998). Social Stigma. In D.T. Gilbert, S.T. Fiske, & G. Lindzey (Eds.), Handbook of Social Psychology (4th ed., Vol. 2, pp 504-553). Boston: McGraw-Hill. Lazarus, R.S., & Folkman, S. (1984). Stress, appraisal and coping. New York: Springer Publisher Company. Major, B., & O’Brien, L. T. (2005). The social psychology of stigma. Annual Review of Psychology, 56, 393-421. Miller, C. T., & Major, B. (2000). Coping with stigma and prejudice. In T. F. Heatherton, R. E. Kleck, M., R. Hebl, & J. G. Hull, (Eds.), The Social Psychology of stigma (Chap. 9, 243-272). New York, The Guilford Press. Congrès psycho.indb 53 22/07/10 16:09 54 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin Les interférences « vie au travail – vie privée » chez les chirurgiensdentistes : leurs relations avec l’épuisement professionnel et la satisfaction au travail Mouda, Farida (Laboratoire psy-nca & département de psychologie, université de Rouen), Gana, Kamel (Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie », université de Bordeaux 2), Trouillet, Raphaël (Laboratoire epsylon, université de Montpellier), Fort, Isabelle (Centre psyclé, université de Provence), Lourel, Marcel (Laboratoire psy-nca & département de psychologie, université de Rouen). Résumé L’objectif de cette étude était de soumettre à l’épreuve des faits des modèles compétitifs en analyses acheminatoires mettant en relation l’interface « vie au travail » « vie privée », l’épuisement professionnel (« burnout ») et la satisfaction professionnelle. Le modèle qui offre la meilleure adéquation à nos données était celui qui faisait l’hypothèse selon laquelle l’épuisement professionnel jouait un rôle médiateur entre l’interface « vie privée » « vie au travail » et la satisfaction professionnelle globale. Les données ont été obtenues auprès de 95 chirurgiens-dentistes. Le rôle médiateur a été démontré en utilisant la procédure suggérée par Holmbeck (1997). Ce résultat a été discuté à la lumière de la littérature sur l’épuisement professionnel et ses conséquences sur la santé mentale et physique. Introduction L’objectif de cette recherche est de soumettre à l’épreuve des faits trois modèles alternatifs en analyses acheminatoires (Path analysis) mettant en relations les interférences vie privée/vie travail, l’épuisement professionnel et la satisfaction au travail. Le premier modèle, fait l’hypothèse que les interférences vie privée/vie travail jouent un rôle médiateur entre l’épuisement professionnel et la satisfaction au travail, comme l’envisagent Peeters et al. (2005). On voit dans cette étude que les interférences privées/professionnelles sont liées à l’épuisement au travail via l’interface vie privée/ vie au travail. Le second modèle fait l’hypothèse que l’épuisement professionnel joue le rôle de médiation entre les interférences vie privée/vie travail et la satisfaction au travail. En effet, certaines études (Brummelhuis et al., 2008 ; Innstrand et al., 2008) rapportent que les effets positives ou négatives de l’interface vie privée/vie au travail prédisent le degré d’épuisement professionnel des participants. Demerouti et al. (2005) montrent que les exigences privées/familiales/professionnelles sont reliées à la satisfaction via l’épuisement des individus. Pour explorer la nature de cette médiation, c’est-à-dire son caractère total ou partiel (Baron et Kenny, 1986), nous avons suivi les recommandations de Holmbeck (1997). Ainsi, un modèle de la médiation partielle et qui fait l’hypothèse que les interférences vie privée/vie travail ont un effet aussi bien direct qu’indirect (via l’épuisement professionnel) sur la satisfaction. L’âge, le sexe, le statut marital ainsi que l’ancienneté étaient introduits dans le modèle en tant que variables contrôles. Matériel et méthode Participants L’étude a été réalisée en France auprès des chirurgiens-dentistes du département du Nord. Les données ont été obtenues par l’entremise de la liste de diffusion de l’Ordre du département visé durant le premier trimestre 2007. De ce fait, 627 courriers ont été adressés par voie postale. Sur les 627 chirurgiens-dentistes qui ont été contactés, 95 ont répondu. L’âge moyen de l’ensemble des répondants est de 43.86 ans (SD = 9.70) (32 femmes et 63 hommes). L’ancienneté des femmes dans l’emploi actuel est de 11.24 ans (SD = 9.42) tandis qu’elle est de 18.29 ans (SD = 8.93) pour les hommes. Matériel SWING : L’échelle de mesure des interférences entre la vie privée et la vie travail (« Survey Work-home Interaction-Nijmegen ») de Geurts (2000), Wagena et Geurts (2000) en version française et validée par Lourel, Gana et Wawrzyniak (2005). BMS-10 en version courte (« Burnout Measure Short version ») de Malach-Pines (2005). Cet outil a été adapté et validé en version française par Lourel, Guéguen et Mouda (2007). Cette échelle Congrès psycho.indb 54 22/07/10 16:09 55 est censée évaluer le degré d’épuisement psychologique qui est ressenti par l’individu à l’égard des exigences rencontrées dans son l’environnement. ESVP : L’échelle de satisfaction globale de vie professionnelle adaptée et validée par Fouquereau et Rioux (2002). Cet évalue le degré de satisfaction globale des individus à l’égard de leur vie professionnelle. Résultats mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Dans le but d’éprouver l’hypothèse de la médiation totale, il est recommandé de comparer le modèle précédent avec un modèle de la médiation partielle. Les résultats de ce dernier modèle, à savoir un CFI = 1.00 et un RMSEA = .0001 sont équivalents à ceux du modèle de la médiation totale. Le rajout des 2 paramètres exprimant l’effet direct des interférences sur la satisfaction professionnelle n’a pas amélioré l’adéquation globale du modèle (Dc²= 2.68, Ddl=2). En outre, ces 2 effets se sont révélés nuls (l’effet du HWIneg = -.12ns, et celui de WHIneg = -.08ns). Ces résultats plaident en faveur du rôle médiateur de l’épuisement professionnel entre les interférences négatives et la satisfaction globale de vie professionnelle. En effet, la présence de la variable « épuisement professionnel » dans le modèle a annulé l’effet de ces interférences alors que cet effet existait en l’absence de ladite variable (épuisement professionnel). Discussion Rappelons que l’objectif de cette étude était de soumettre à l’épreuve des faits des modèles compétitifs en pistes causales mettant en relation l’interface « vie au travail » « vie privée », le burnout et la satisfaction au travail. Les analyses statistiques effectués mettent en évidence l’adéquation d’un des modèles testés selon lequel le burnout serait un médiateur entre l’interface « vie privée » « vie au travail » et la satisfaction professionnelle globale. De plus, il est important de souligner que la médiation observée est totale puisque le modèle de médiation partielle n’offre pas de meilleure adéquation. En d’autres termes, l’épuisement professionnel semble donc réguler l’effet des interférences négatives entre la vie privée et la vie professionnelle (et inversement) sur la satisfaction au travail. Les résultats de cette étude permettent de générer des connaissances dans le domaine de la psychologie de la santé appliqué au travail, et plus précisément dans la prise en considération de l’interface « vie privée » « vie au travail » dans l’étude de l’ajustement psychosocial des professionnels de santé. Références Demerouti, E., Bakker, A.B., Schaufeli, W.B., 2005. Spillover and crossover of exhaustion and life satisfaction among dual-earner parents. Journal of Vocational Behavior 67 (2), 266-289. Lourel, M., Guéguen, N., Mouda, F., 2007. L’évaluation du burnout de Pines : Adaptation et validation en version française de l’instrument ”Burnout Measure Short version” (BMS-10), Pratiques Psychologiques 13 (3), 353-364. Congrès psycho.indb 55 22/07/10 16:09 56 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 « Situations ordinaires - stress ordinaire – addictions ordinaires… » mardi matin Battaglia, Nicole (1 : laboratoire de psychologie appliquée, université de Reims Champagne-Ardenne), Décamps, Greg (Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie », université Bordeaux 2.), Boujut, Émilie (Laboratoire lpps, Paris V), Bruchon-Schweitzer, Marilou (Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie », université Bordeaux 2). Cette communication se propose de mettre en évidence, sur la base d’une revue de question de la littérature en psychologie des conduites addictives (Battaglia, & al. 2010) et d’études empiriques menées par les auteurs de 2005 à 2010 (Battaglia, et al, 2008 ; Battaglia, & al. 2005; Boujut & BruchonSchweitzer, 2010 ; Décamps, & al. 2010 ; Décamps, & al., 2009), les liens pouvant unir syndrome d’addiction et composants de « l’épisode de stress » (Lassarre, 2002) en situation ordinaire. Nous situons nos travaux en psychologie de la santé et, nous montrons qu’envisager l’addiction dans les liens qui l’unissent à la psychologie du stress (Al’Absi, 2007) agrémente avantageusement notre compréhension des processus impliqués dans l’apparition et le maintien des addictions. À cet effet, la littérature sur le stress nous enjoint de considérer que parfois, face aux exigences variées et multiples de la vie sociale (i.e : tracas quotidien, événements de vie importants), la personne utilise des stratégies de réponse (coping) dont l’issue adaptative est variable : adaptation, ajustement vs. pathologie (Bruchon-Schweitzer, 2002). De ce fait, pour faire face au stress, parfois, la personne s’engage dans des pratiques compulsives de type toxicomaniaque. En effet, le stress apparaît comme un important facteur vulnérabilisant des addictions (Battaglia et al., 2005 ; Battaglia et al., 2008). Le processus de sensibilisation peut être initié par des facteurs stressants mais aussi entretenu par des assuétudes comportementales ou l’usage de substances psychoactives. Ainsi, les conduites addictives peuvent-elles accélérer le processus de sensibilisation au stress. En effet, les expositions récurrentes aux « objets » d’addiction prennent place dans une dynamique processuelle, c’est-à-dire dans une transaction « individu-environnement » dans laquelle, la consommation ou l’exposition initiale (dont l’objectif était l’apaisement d’un état de stress), entraîne finalement d’autres consommations ou d’autres expositions au même « objet » ou à d’autres « objets », expositions réputées soulager un nouvel état de stress. Dès lors, si le mode d’ajustement choisi par les personnes face aux situations stressantes ordinaires est la conduite addictive, cette conduite addictive, selon son degré d’intensité et ses conséquences « bio-psychosociales », pourrait elle-même devenir source de stress. Dans ce cas, la personne développe encore des stratégies de faire-face à cette nouvelle situation de stress liée à l’addiction et, à cet effet, il n’est pas rare d’observer des conduites de compensations entre addictions ou des conduites polyaddictives (Décamps, Scroccaro, & Battaglia, 2009). Pour donner corps à ces options théoriques nous présenterons une synthèse de résultats de travaux de recherches en psychologie du stress et des conduites addictives menées conjointement dans le cadre du laboratoire de Psychologie Appliquée de l’Université de Reims et du laboratoire de Psychologie Santé et Qualité de Vie de l’université de Bordeaux 2, résultats qui en fin d’analyse, permettent d’envisager la place de la conduite addictive dans la dynamique transactionnelle d’un épisode de stress mais également, d’envisager le processus unissant situations ordinaires, stress et addictions ordinaires. En effet, les résultats de ces travaux, mettent en évidence les liens entre intensité des addictions (addictions à substances ou addictions comportementales), composants de l’épisode de stress (évaluation du stress, faire-face, issues), corrélats psychologiques (dimensions personnologiques, contenu des représentations sociales et valence attitudinale associées à l’addiction) et, en fin d’analyse, permettent d’isoler quelques prédicteurs de vulnérabilité ou de protection à l’addiction à substances ou comportementales chez des adultes ( Battaglia, N., Décamps, G., & Idier. L., 2008 ; Décamps, G., Idier, L. & Battaglia, N. 2009). Enfin, au-delà de la promotion d’une approche intégrative des concepts d’addiction et de stress, émane de ces travaux de recherche, un ensemble de facteurs prédictifs de l’ajustement psychologique des personnes confrontées à des situations de stress ordinaire. La prise en considération de ces facteurs pourrait permettre d’orienter davantage la communication sociale et les actions en faveur de la promotion de comportements dits de santé en population ordinaire, cela avant que les personnes ne développent une pathologie addictive. Congrès psycho.indb 56 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 57 AL’Absi, M. (2007). Stress and Addiction: Biological and Psychological Mechanisms. London: Academic Press, Elsevier. Battaglia, N., Bruchon-Schweitzer, M., & Décamps,G. (2010). Esquisse d’une approche intégrative du construit d’addiction : regards croisés. Psychologie Française (à paraître). Battaglia, N., Décamps, G., & Idier. L. (2008). Etude des liens entre pratiques addictives, représentations sociales des addictions, et facteurs psychologiques de vulnérabilité ou de protection chez de jeunes adultes. Congrès National de la SFP, Bordeaux, 10-12 septembre. Battaglia, N. ; Nahama, V. ; Cadot, M. & Clément, Y. (2005). Syndrome d’addiction à la pratique sportive, stress et facteurs psychologiques de vulnérabilité chez des sportifs de meilleurs niveaux. III Congrès International de Psychologie de la Santé, Aix-en-Provence, 23-25 juin. Boujut, E. & Bruchon-Schweitzer, M. (2010). Les troubles des comportements alimentaires chez des étudiants de première année : une étude prospective multigroupes. Psychologie Française (à paraître). Bruchon-Schweitzer, M. (2002). Psychologie de la santé: Modèles, concepts et méthodes. Paris : Dunod. Davies, J. (1990). Life stress and the use of illicit drugs, alcohol and tobacco: Empirical findings, methodological problems and attributions. Addiction controversies (pp. 283-295). Amsterdam Netherlands: Harwood Academic Publishers. Décamps,G., Battaglia, N. & Idier, L. (2010). Validation d’échelles de mesure de consommations de substances et d’addictions comportementales en population étudiante. Psychologie Française (à paraître). Décamps, G., Scroccaro, N. & Battaglia, N. (2009). Stratégies de coping et activités compensatoires chez les alcooliques abstinents. Annales Médico-Psychologiques, Revue Psychiatrique, Volume 167, Issue 7, 491-496. Décamps, G., Idier, L. & Battaglia, N. (2009). Evaluation et prédiction de l’addiction à Internet. 5ème Congrès de Psychologie de la Santé de Langue Française. Rennes, 24-26 juin. Décamps, G., Dominguez, N. & Battaglia, N. (2007). Etude des corrélats dispositionnels et transactionnels de l’addiction à la pratique sportive. Journées nationales d’étude de la Société Française de Psychologie du Sport. Montpellier, 15-16 mars. Lassarre, D. (2002). Stress et Societé. Reims : Presses Universitaires de Reims. Scroccaro, N., Décamps, G. & Battaglia, N. (2007). Etude des liens entre stratégies de coping et activités compensatoires chez les patiens abstinents à l’alcool en situation de rechute. 4 ème Congrès de Psychologie de la santé de langue française . Toulouse, 19-22 juin. Congrès psycho.indb 57 mardi matin Références 22/07/10 16:09 58 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Symposium-Cognition, émotion, religion mardi matin Organisation de la session : Sabatier, Colette (Université Victor Segalen). Perspectives et actualités de janet sur les possessions et les extases mystiques Saillot, Isabelle (Institut Pierre Janet). À quoi sert (ou pas) la religion dans l’adversité ? Étude qualitative sur les victimes du conflit armé en colombie Sistiva, Diana (Centre de psychotrauma). Le coping religieux : validation d’une échelle Trouillet, Raphael (Université Montpellier 3). Religion et valeurs familiales chez les adolescents, perspectives françaises et interculturelles Sabatier, Colette (Université Victor Segalen). La disposition à pardonner à autrui : une structure ternaire universelle ? Gauché, Mélanie (Institut catholique, Toulouse), Mullet, Étienne (École pratique des hautes Études). Résumé La religion est une dimension de la vie humaine qui structure la vie psychique et les relations humaines. C’est un phénomène complexe aux multiples facettes et multiples fonctions qui ne saurait être réduit à l’une ou l’autre de ces aspects. Bien que les sociétés européennes soient de plus en plus laïques avec un nombre de croyants et de pratiquants en diminution, la religion reste pour des grands pans des sociétés un élément important et structurant de leur vie, elle est également un enjeu dans la structuration des rapports sociaux, notamment intergroupes. Les cinq présentations de ce symposium porteront sur un des aspects de la contribution de la religion dans la vie psychique : les états altérés de la conscience selon la perspective de Janet, le soutien social et moral (notion de coping religieux), les relations sociales notamment la disposition à pardonner et la structuration du sens de la vie et des valeurs. Chacune des communications présentera son cadre théorique de références concernant les liens entre psychisme et religion et des données de recherche avec une mise en perspective interculturelle Congrès psycho.indb 58 22/07/10 16:09 59 Perspectives et actualités de janet sur les possessions et les extases mystiques Saillot, Isabelle (Institut Pierre Janet). Pierre Janet, fondateur de la Société Française de Psychologie en 1901, s’est intéressé tout au long de sa carrière à la psychologie de la religion. Après des décennies d’oubli, de récentes recherches cliniques internationales offrent une nouvelle actualité à ses résultats, posant de pertinentes questions à nos travaux expérimentaux contemporains. Les éléments biographiques en notre possession (H. Pichon-Janet, C. Prévost, H. Ellenberger) enracinent dans l’enfance la passion de Janet pour la psychologie de la religion. Très croyant semble-t-il jusqu’à ses 15 ans (1874), une douloureuse crise le métamorphose soudainement : il en ressort athée, mais surtout, passionné par la psychologie de la croyance, ce qui scelle le choix de ses études supérieures. Sitôt agrégé, il entreprend l’étude des aliénés de l’Hôpital du Havre. En six ans, ses travaux allaient édifier la synthèse de référence sur la « dissociation de la personnalité ». Or, le processus de dissociation est étroitement corrélé aux caractéristiques de « la croyance » (L’Automatisme psychologique, 1889). Selon Janet, plusieurs types de dissociation se présentent avant tout comme une modification de la croyance : c’est le cas des possessions. L’exposé de son célèbre cas Achille (1891-1898), possédé par « le diable », constituera pour Janet un cas d’école sur la dissociation à contenu religieux, son traitement faisant figure de nouvel « exorcisme » (Névroses et idées fixes, 1898). Pourtant la fameuse mystique Madeleine ne souffre pas de dissociation (De L’angoisse à l’extase, 1926-1928), mais de psychasténie. Ses « oscillations » entre tortures, vides et extases, relèvent de variations de sa force ou de sa tension, modifiant sa croyance (pour Janet Madeleine est le modèle du cas maniaco-dépressif, « bipolaire » dans la terminologie actuelle). Dans une deuxième phase de sa carrière Janet va finalement réduire la distinction entre ces deux formes de la croyance religieuse : la dissociation (d’Achille) devient le terme de l’évolution morbide de la psychasténie (de Madeleine). C’est sous cette perspective gradualiste que Janet brosse sa grande fresque évolutionniste de l’individuation (L’Évolution psychologique de la personnalité, 1929) : étendu dans le temps et l’espace chez les populations traditionnelles, le « moi » ne devient confiné au présent et au corps que dans nos civilisations individualistes. En 1980, le DSM-III intègre des « troubles dissociatifs » s’inspirant directement de Janet (Putnam 1989, Van der Hart 1989, Van der Kolk & al. 1996, Garrabé 1999). D’intenses recherches cliniques internationales exhument alors son modèle et ses résultats (sauf en France). En 1994 le DSM-IV y ajoute la catégorie des Troubles de transe dissociative (DTD), incluant la possession. Les recherches internationales en psychologie de la religion se multiplient alors dans le cadre transculturel. Ces nouveaux axes de recherche, d’inspiration historiquement janétienne, n’épuisent pourtant pas encore les travaux princeps du grand psychologue : sa relecture permettrait certainement d’éclaircir des questions actuelles récurrentes comme : en quoi les DTD se distinguent-ils des DID ou des PTSD complexes (cas Achille) ? Tous les troubles de possession relèvent-ils réellement de la dissociation (cas Madeleine) ? Congrès psycho.indb 59 mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 22/07/10 16:09 60 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin À quoi sert (ou pas) la religion dans l’adversité ? Étude qualitative sur les victimes du conflit armé en colombie Sistiva, Diana (Centre de psychotrauma). L’objectif de cette recherche est d’explorer les rôles de la religion dans le processus pour faire face à une situation particulièrement adverse, telle que la violence politique en Colombie. Ce pays, où la religion occupe une place culturellement importante, connaît depuis plusieurs décennies un conflit armé ayant comme conséquence le déplacement forcé massif des populations à l’intérieur du pays. Avec une approche de psychologie culturelle, l’étude se sert d’une méthodologie qualitative, avec des entretiens semi-structurés. Les participants comprennent 51 adultes déplacés et deux informants clés. Quatre thèmes sont explorés : a) leur déplacement forcé b) la religion au quotidien, c) les changements dans leur religion suite au déplacement, et d) les rôles de la religion dans l’expérience du déplacement. Les résultats montrent que la religion joue de multiples rôles dans ce processus, et ce en impliquant plusieurs dimensions (cognitive, comportementale, phénoménologique, émotionnelle, morale, relationnelle, sociale). Les rôles repérés ont été regroupés par leur fonctionnalité en cinq catégories : a) pourvoyeur de sens, b) conservateur d’une stabilité, c) catalyseur de transformations, d) source de soutien social, et e) aspects potentiellement nocifs. Ces résultats sont discutés, en faisant le lien théorique avec la psychologie de la religion, et en soulignant la pertinence d’étudier la religion d’un point de vue fonctionnel. Enfin, quelques pistes pour de futures recherches sont proposées. Le coping religieux : validation d’une échelle Trouillet, Raphaël (Université Montpellier 3). Afin de faire face à des événements stressants, les croyances et pratiques religieuses peuvent être employées dans les stratégies d’adaptation. Nous parlons alors de coping religieux. Parmi les nomenclatures actuelles, l’une des plus utilisée est celle distinguant les patterns positifs et négatifs de coping religieux. De plus, cette dernière est associée à une mesure valide et rapide de ces patterns : le Brief RCOPE. L’objectif de cette étude est alors de proposer une traduction française de cet outil. Les résultats de l’analyse factorielle (ACP) confirme une structure à deux dimensions correspondant aux patterns positif et négatif du coping religieux. Les résultats incluant les mesures de transcendance, psychopathologie et des manifestations religieuses indiquent une bonne validité de critères. En outre, la cohésion interne et la stabilité temporelle sont satisfaisantes. En somme, notre étude indique que la version française du Brief RCOPE fournit une mesure valide et fidèle des patterns de coping religieux. Religion et valeurs familiales chez les adolescents, perspectives françaises et interculturelles Sabatier, Colette (Université Victor Segalen). L’adolescence est une période où se forment et se réinterrogent les valeurs sociétales et les engagements citoyens. Elle n’est pas toujours une rupture avec le milieu social et le milieu familial. L’adolescent est attaché à sa famille et aux valeurs de solidarité familiale, c’est pour lui un élément structurant de sa vie et un point d’ancrage qui lui permet d’explorer son identité. Au cours de deux recherches internationales comprenant plusieurs pays occidentaux et plusieurs populations d’origine immigrée (première et seconde génération), nous avons analysé les liens entre l’importance de la religion pour les adolescents et l’importance des valeurs familiales. Si les comparaisons entre les pays soulignent une très grande diversité dans l’importance accordée à la religion, dans tous les pays les données soulignent le rôle de la religion dans la satisfaction de la vie et la structuration des valeurs familiales et de solidarité, le pourcentage de la variance expliquée pouvant rester néanmoins modeste. Congrès psycho.indb 60 22/07/10 16:09 61 La disposition à pardonner à autrui : une structure ternaire universelle ? Gauché, Mélanie (Institut catholique, Toulouse), Mullet, Étienne (École pratique des hautes études). Le pardon a été étudié de deux manières. La première manière est celle où le pardon est envisagé concrètement comme réponse possible à une situation donnée. Dans ce cas, il est, par exemple, naturel de se poser la question des raisons qui font que dans une situation on sera plus enclin à pardonner que dans une autre. La seconde manière est celle où le pardon est considéré comme une façon de vivre, comme une habitude, comme un trait de personnalité. Il a été montré que le pardon comme trait de personnalité n’est en fait pas un concept unitaire. Trois aspects au moins doivent être considérés. Le premier aspect concerne la réaction immédiate après offense. Chez certaines personnes, cette réaction est forte et particulièrement durable. On dit de ces personnes qu’elles tendent à éprouver un ressentiment durable. On assimile cette réaction à une réaction de stress après agression. Ce facteur de ressentiment durable caractérise ce que l’on peut considérer comme le coté psychophysiologique du pardon. Il tend à s’hériter d’une génération l’autre. Le second aspect concerne la capacité que peut avoir la victime d’analyser la situation dans son ensemble et de peser le pour et le contre. Ce facteur de sensibilité aux circonstances personnelles et sociales de l’offense caractérise le coté cognitif du pardon. On sait que cet aspect est assez lié aux pratiques de pardon dont on a fait l’expérience en famille, au cours du développement. Le troisième aspect correspond à la volonté de pardon inconditionnel. Ce facteur traduit un certain niveau de maturation personnelle, philosophique ou religieux. Il n’est pas lié aux pratiques du pardon dans l’enfance. Il apparaît lié, chez les croyants, à la représentation que ceux-ci peuvent avoir du pardon divin. Il est également lié à la tradition religieuse dans laquelle on a été éduqué. Ces trois aspects sont liés mais pas au point qu’on les confonde. Ils peuvent entrer en tension l’un avec l’autre. Une personne peut souffrir d’une forte capacité de ressentiment et en même temps avoir mûri suffisamment pour souhaiter pardonner chaque fois que cela semble approprié, surtout si par ailleurs, elle a développé une foi religieuse la portant au pardon. Par ailleurs, des travaux à caractère développemental ont montré que cette structure ternaire – ressentiment durable, sensibilité aux circonstances et pardon inconditionnel – est déjà en place chez les jeunes adolescents. On présentera au cours de ce symposium des données nouvelles montrant que cette structure ternaire est retrouvée dans de multiple cultures autres que les cultures Occidentales marquées par la Christianisme, notamment chez les Bouddhistes Chinois, chez les Hindouistes et chez les Sikhs de l’Inde, et chez les Musulmans Indonésiens et du Moyen-Orient. Congrès psycho.indb 61 mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 22/07/10 16:09 62 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Symposium-Espace et émotion mardi matin Organisation de la session : Honoré, Jacques (Laboratoire Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies, CNRS et Université de Lille 2), Sequeira, Henrique (Laboratoire Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies, CNRS et Université de Lille 2 et Lille 1) Un cas de négligence spatiale d’origine hystérique, étude en imagerie fonctionnelle. Arnaud Saj (Laboratory for Behavioral Neurology and Imaging of Cognition, Department of Neurology, University Hospital, and Department of Neurosciences, University Medical Center, Faculty of Medicine, University of Geneva, Geneva, Switzerland), Shahar Arzy (Department of Neurology, Hadassah Hebrew University Hospital, Jerusalem, Israel), Patrik Vuilleumier (Laboratory for Behavioral Neurology and Imaging of Cognition, Department of Neurology, University Hospital, and Department of Neurosciences, University Medical Center, Faculty of Medicine, University of Geneva, Geneva, Switzerland). Dynamique temporelle des effets émotionnels et attentionnels dans l’amygdale : contribution des potentiels évoqués intracrâniens chez l’homme Gilles Pourtois (Département de psychologie clinique expérimentale et de la santé, Faculté de Psychologie et des Sciences Pédagogiques, Université de Gand, Gand, Belgique) & Patrik Vuilleumier (Laboratoire de Neurologie & Imagerie de la Cognition, Faculté de Médecine, Université de Genève, Genève, Suisse). L’émotion influence le phénomène de pseudonégligence. Jacques Honoré (Laboratoire Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies, CNRS et Université de Lille 2), Stéphanie Coeugnet (Laboratoire d’Automatique, de Mécanique et d’Informatique Industrielles et Humaines, CNRS et Université de Valenciennes), Angela Di Pastena (Laboratoire PSITEC, Université de Lille 3), Henrique Sequeira (Laboratoire Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies, CNRS et Université de Lille 2 et Lille 1). Rôle modulateur de l’anxiété dans la stabilisation du corps dans l’espace après atteinte vestibulaire Liliane Borel (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille), Laurence Bernard-Demanze (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille), Abdessadek El Ahmadi (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille), Michel Dumitrescu (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille), Jacques Magnan (Service d’Oto-rhino-laryngologie et Chirurgie Cervicofaciale, CHU Nord, Marseille), Arnaud Devèze (Service d’Oto-rhino-laryngologie et Chirurgie Cervicofaciale, CHU Nord, Marseille), Martine Liberge (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille). Résumé L’analyse conjointe des dimensions cognitives et affectives des comportements et de leurs soubassements neuronaux est l’un des enjeux majeurs des neurosciences cognitives. Dans ce cadre, les travaux en cognition visuelle spatiale montrent que la performance peut être modulée par le trait émotionnel de l’individu ou encore par la valence émotionnelle du stimulus. Ainsi, l’anxiété pourrait induire une distribution spatiale de l’attention davantage contrainte par les données contextuelles, qu’elles soient pertinentes pour la tâche, comme les instructions définissant le champ spatial où elle s’effectue, ou non, comme la congruence émotionnelle du stimulus. De façon plus générale, les informations émotionnelles bénéficient souvent d’une sélection perceptive et attentionnelle prioritaire grâce à laquelle l’individu peut privilégier la capture et l’encodage d’éléments spatiaux pertinents permettant d’assurer des buts, le bien-être ou la survie. Jusqu’à quel point le traitement des informations émotionnelles est-il privilégié ? Peut-on distinguer les manifestations des traitements attentionnels et émotionnels dans le fonctionnement de structures-clés Congrès psycho.indb 62 22/07/10 16:09 63 telles que l’amygdale ? La valence émotionnelle peut-elle modifier la métrique de l’espace des objets ? L’anxiété influence-t-elle la restauration de la stabilité corporelle après atteinte vestibulaire ? Faire le point sur ces questions d’actualité sera l’objectif de la session ‘Espace et Émotion’, qui se terminera par l’exposé d’un cas unique de négligence spatiale attribuée à une hystérie de conversion. Congrès psycho.indb 63 mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 22/07/10 16:09 64 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin Un cas de négligence spatiale d’origine hystérique, étude en imagerie fonctionnelle. Arnaud Saj (Laboratory for Behavioral Neurology and Imaging of Cognition, Department of Neurology, University Hospital, and Department of Neurosciences, University Medical Center, Faculty of Medicine, University of Geneva, Geneva, Sw, Pitzerland), Shahar Arzy (Department of Neurology, Hadassah Hebrew University Hospital, Jerusalem, Israel). Vuilleumier, Patrick (Laboratory for Behavioral Neurology and Imaging of Cognition, Department of Neurology, University Hospital, and Department of Neurosciences, University Medical Center, Faculty of Medicine, University of Geneva, Geneva, Switzerland) Introduction Abondamment discutée depuis les travaux de Charcot au 19e siècle, l’hystérie (ou trouble de conversion) est un trouble neurologique survenant dans un contexte de stress psychologique et qui ne peut pas être attribué à une maladie organique (Vuilleumier, 2005). Les patients hystériques présentent le plus souvent un déficit moteur ou sensoriel, plus rarement une amnésie, des troubles du langage, ou une pseudo-démence. Nous décrivons ici le cas d’une patiente qui a développé comme trouble de conversion une négligence spatiale gauche, syndrome caractérisé une attention spatiale déficitaire (fréquent après des lésions de l’hémisphère droit, Mesulam, 1999). C’est à notre connaissance le premier cas de négligence spatiale d’origine hystérique. Nous avons pu en étudier l’activité cérébrale de cette patiente par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Matériel et Méthode La patiente est une femme de 56 ans d’origine turque, vivant en Suisse depuis 25 ans. Sa relation avec son mari, dont elle dépend, s’est dégradée depuis longtemps. Peu avant son hospitalisation, le dernier de leurs 5 enfants a quitté le foyer familial. L’examen neurologique a montré une hypoesthésie sévère ainsi qu’une faiblesse du bras gauche et de la jambe épargnant le visage. Les examens de laboratoire étaient normaux. L’IRM et l’EEG étaient normaux, sans signe de lésion aiguë ou ancienne. L’évaluation neuropsychologique, au 11e jour après l’apparition des troubles, met en évidence la présence d’une négligence spatiale gauche au test de bissection de ligne et au test de barrage (tableau). Le reste de l’examen neuropsychologique est normal. Une deuxième évaluation neuropsychologique, au 22e jour, montre une amélioration des signes de la négligence, ainsi qu’une amélioration des déficits sensori-moteurs. La patiente a été examinée en IRMf lors d’un test de bissection (Landmark test) dans lequel des lignes présentées à l’écran étaient marquées à différentes distances du centre. La tâche consistait à indiquer si la marque coupait la ligne en son centre ou non. Résultats et Discussion La comparaison de l’activité cérébrale (IRMf) au cours de la tâche de Landmark à celle enregistrée au repos (activité corticale de référence) a montré une activation dans le lobe pariétal postérieur, bilatéralement, semblable à celle observée chez les sujets sains (Fink et al., 2000), ainsi que dans le cortex cingulaire antérieur. La comparaison des essais avec marque déviée (vers la droite ou vers la gauche) à ceux avec marque au centre faisait ressortir une forte activation du cortex pariétal droit. Ces données suggèrent que les régions cérébrales impliquées dans l’attention spatiale étaient bien recrutées différemment par une déviation du marquage des lignes à gauche ou à droite (par rapport aux marques centrales), ce qui contraste avec les réponses de la patiente qui a rapporté percevoir toutes les marques comme déviées. Tous les éléments du dossier de la patiente sont cohérents avec le diagnostic d’une négligence spatiale d’origine hystérique. Cette observation suggère qu’un conflit psychologique pourrait donc aussi être ‘converti’ en une forme de ‘négligence’ attentionnelle, et non seulement en terme de Congrès psycho.indb 64 22/07/10 16:09 65 paralysie, anesthésie, ou cécité, comme classiquement décrit dans la littérature. De plus, le fait que cette patiente n’avait pas de connaissance particulière des syndromes neurologiques suggère également que certaines fonctions du cerveau semblent être sélectivement affectées par des mécanismes responsables de l’hystérie psychogène, comme elles le sont après des lésions cérébrales focales. En particulier, cette atteinte pourrait résulter de la possibilité d’une déconnexion entre la conscience du sujet et les opérations fonctionnelles des systèmes corticaux affectés, expliquant ainsi pourquoi des troubles neurologiques les plus fréquemment associés à une anosognosie (négligence, paralysie, cécité, amnésie) sont aussi souvent affectés par un trouble de conversion hystérique . Nos données en IRMf étaient cette hypothèse, en montrant une activation préservée du cortex pariétal conservée, apparemment déconnectée de la conscience de la patiente mais accompagnée d’une activation du cortex cingulaire antérieur signant un conflit entre instructions et intentions (Vuilleumier, 2005 ; Aybek et al., 2008) ou un processus d’inhibition spécifiquement lié à l’hystérie (Halligan et al., 2000). La présente étude met en évidence pour la première fois l’existence de symptômes de négligence spatiale due à une conversion, en documente les corrélats neuroanatomiques fonctionnels, et confirme l’hypothèse antérieure d’une augmentation de l’activité du cortex cingulaire lors d’une hystérie de conversion (Halligan et al., 2000). mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Références Vuilleumier, P. (2005). Hysterical conversion and brain function. Prog Brain Res, 150, 309-329. Mesulam, M.M. (1999). Spatial attention and neglect: parietal, frontal and cingulate contributions to the mental representation and attentional targeting of salient extrapersonal events. Philos Trans R Soc Lond B Biol Sci, 354, 1325-1346. Fink, G.R., Marshall, J.C., Shah, N.J., Weiss, P.H., Halligan, P.W., Grosse-Ruyken; M., Ziemons, K., Zilles, K., Freund, H.J. (2000). Line bisection judgments implicate right parietal cortex and cerebellum as assessed by fMRI. Neurology, 54, 1324-1331. Aybek, S., Kanaan, R.A., David, A.S. (2008). The neuropsychiatry of conversion disorder. Curr Opin Psychiatr, 21, 275280. Halligan PW, Athwal BS, Oakley DA, Frackowiak RS. Imaging hypnotic paralysis: implications for conversion hysteria. Lancet 2000; 355, 986-7. Dynamique temporelle des effets émotionnels et attentionnels dans l’amygdale : contribution des potentiels évoqués intracrâniens chez l’homme Gilles Pourtois(Département de psychologie clinique expérimentale et de la santé, Faculté de Psychologie et des Sciences Pédagogiques, Université de Gand, Gand, Belgique) & Patrik Vuilleumier(Laboratoire de Neurologie & Imagerie de la Cognition, Faculté de Médecine, Université de Genève, Genève, Suisse) Résumé Le traitement automatique des émotions dans l’amygdale est controversé, car plusieurs études IRMf ont montré que les réponses émotionnelles différentielles dans l’amygdale peuvent être abolies en l’absence d’attention dirigée vers les stimuli émotionnels. Dans cette étude, des potentiels évoqués intracrâniens ont été enregistrés dans l’amygdale chez l’homme afin de déterminer la latence des effets émotionnels et attentionnels dans cette région mésio-temporale profonde. Les résultats corroborent l’hypothèse selon laquelle effets émotionnels et attentionnels coexistent dans l’amygdale, mais à des latences différentes. Un effet automatique précoce de l’émotion est mis en évidence dans l’amygdale (150-200 ms), alors que l’attention module le traitement sensoriel du stimulus à une latence plus tardive (700-1000 ms). Introduction La conception théorique selon laquelle le contenu émotionnel d’un stimulus visuel est traité de manière rapide et automatique par l’amygdale, n’est étayée que par peu de données empiriques à ce jour. Alors qu’une littérature neuroscientifique, abondante chez l’animal, a permis de démontrer que l’amygdale joue un rôle central dans le traitement perceptif rapide des émotions, les résultats obtenus chez l’homme pour cette région méso-limbique sont moins nombreux, et restent controversés. En effet, plusieurs études récentes ont mis en évidence un certain degré Congrès psycho.indb 65 22/07/10 16:09 66 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin d’automaticité des réponses émotionnelles dans l’amygdale (i.e. l’amygdale réagit au contenu émotionnel, même si celui-ci n’est pas traité de manière attentive), alors que d’autres ont montré à l’inverse que ces réponses émotionnelles dans l’amygdale ne sont pas automatiques, mais qu’elles dépendent de l’attention portée au stimulus émotionnel. En l’absence d’attention portée au stimulus émotionnel, l’amygdale ne réagirait pas de manière sélective au contenu émotionnel du stimulus. Toutefois, ce débat semble aussi en partie lié à la technique d’imagerie cérébrale non-invasive qui est actuellement dominante dans le domaine des neurosciences cognitives et affectives, à savoir l’Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle (IRMf). En effet, l’IRMf ne permet pas de déterminer avec précision le décours temporel précis des processus émotionnels ou attentionnels qui prennent place dans une région profonde comme l’amygdale. Cependant, il est possible que cette région méso-limbique soit sensible à la fois à des effets émotionnels et attentionnels, mais à des latences différentes, bien que l’IRMf avec sa résolution temporelle limitée ne permette pas de mettre en lumière une telle dynamique temporelle fine. Une modèle théorique récent (Vuilleumier, 2005) fait toutefois l’hypothèse que l’amygdale est sensible au contenu émotionnel du stimulus rapidement après sa présentation (durant les 200 premières millisecondes après l’apparition du stimulus), alors que l’attention modulerait le traitement du stimulus émotionnel dans l’amygdale à une latence plus tardive (~500-1000 ms). Pour tester cette hypothèse, nous avons donc eu recours à des enregistrements invasifs de potentiels évoqués intracrâniens chez l’homme, afin de déterminer si l’amygdale est sensible aux deux effets (émotionnels et attentionnels), mais à des latences différentes après l’apparition du stimulus. À l’inverse de l’IRMf, les potentiels évoqués intracrâniens permettent d’étudier la dynamique temporelle précise de ces processus mentaux cibles, grâce à une excellente résolution temporelle. Matériel et Méthode À l’occasion d’un monitoring EEG invasif pré-chirurgical, nous avons testé un patient épileptique implanté temporairement avec des électrodes profondes dans la partie latérale de l’amygdale gauche. Ce patient effectuait une série de tâches visuelles simples, pendant que nous enregistrions les potentiels de champs locaux générés à proximité de ces électrodes profondes en réponse aux stimuli visuels présentés. Nous avons sélectionné un paradigme expérimental validé précédemment (Vuilleumier, 2005) qui permet de manipuler les effets émotionnels et attentionnels de manière orthogonale. Pour chaque essai, la tâche du patient consistait à discriminer deux objets cibles (deux visages ou deux maisons en présentation aléatoire) présentés simultanément avec deux objets distracteurs (si les visages étaient les objets cibles, alors les maisons étaient les distracteurs, et vice versa). La présentation des quatre objets était brève (750 ms). Par ailleurs, les deux visages étaient neutres ou émotionnels (expression de peur). Avec ce paradigme, nous pouvions donc étudier à quelle latence l’amygdale était sensible (i) à la catégorie des stimuli présentés (visages vs. maisons ; effet de l’attention portée à l’objet) indépendamment du contenu émotionnel ; et (ii) au contenu émotionnel des stimuli (visages de peur vs. neutre ; effet du contenu émotionnel) indépendamment du focus attentionnel (celui-ci étant porté soit sur les visages, soit sur les maisons). Résultats et Discussion Les résultats obtenus corroborent l’hypothèse selon laquelle effets émotionnels et attentionnels coexistent dans l’amygdale, mais à des latences différentes (Vuilleumier, 2005). Le contraste entre les visages neutres et visages de peur a révélé un effet précoce dans l’amygdale, à une latence de 150-200 ms après l’apparition du stimulus. Toutefois, cet effet était de même magnitude que le patient porte attention aux visages (quand il ignorait les maisons), ou qu’il porte attention aux maisons (quand il ignorait les visages) ; ce qui suggère un effet automatique de l’émotion dans l’amygdale à une latence précoce après l’apparition du stimulus. Par comparaison, le contraste entre les essais où l’attention était portée sur les visages vs. les maisons révélait un effet attentionnel plus tardif dans l’amygdale, à une latence de 700-1000 ms après l’apparition du stimulus. Toutefois, cet effet tardif était clairement modulé par le contenu émotionnel des visages. Durant cette latence tardive (700-1000 ms après l’apparition du stimulus), une différence était observée entre visages de peur et visages neutres quand ceux-ci étaient au centre de l’attention, alors qu’une telle différence était absente quand les visages devaient être ignorés et que l’attention était portée aux maisons. Ce Congrès psycho.indb 66 22/07/10 16:09 67 résultat est donc compatible avec un effet de « gating » de la réponse émotionnelle par l’attention dans l’amygdale, à une latence tardive. Dans l’ensemble, ces résultats de potentiels évoqués intracrâniens chez l’homme suggèrent que des effets émotionnels précoces et automatiques peuvent prendre place dans l’amygdale, alors que l’attention module aussi l’activité neurale enregistrée dans cette même région, mais à une latence plus tardive. Ces résultats confirment la complémentarité des potentiels évoqués intracrâniens à l’égard de l’IRMf, dont la résolution temporelle n’est probablement pas suffisante pour révéler des différences dans le décours temporel fin des processus mentaux qui prennent place dans l’amygdale. mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Références Pourtois, G., Spinelli, L., Seeck, M. & Vuilleumier, P. (2010). Temporal precedence of emotion over attention modulations in lateral amygdala: Intracranial ERP evidence from a patient with temporal lobe epilepsy. Cognitive Affective and Behavioral Neuroscience, 10(1):83-93. Vuilleumier, P. (2005). How brains beware: neural mechanisms of emotional attention. Trends in Cognitive Science, 9(12), 585-594. L’émotion influence le phénomène de pseudonégligence. Jacques Honoré (Laboratoire Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies, CNRS et Université de Lille 2), Stéphanie Coeugnet (Laboratoire d’Automatique, de Mécanique et d’Informatique Industrielles et Humaines, CNRS et Université de Valenciennes), Angela Di Pastena (Laboratoire PSITEC, Université de Lille 3), Henrique Sequeira (Laboratoire Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies, CNRS et Université de Lille 2 et Lille 1). Introduction Lorsqu’ils marquent le milieu d’un objet tel qu’une ligne horizontale, les individus sains commettent une erreur vers la gauche. Ce phénomène de pseudonégligence signerait la supériorité de l’hémisphère droit pour les tâches visuo-spatiales et témoignerait d’une meilleure résolution spatiale dans l’hémi-espace gauche (Savazzi et al., 2009). L’erreur en bissection de ligne est influencée par divers facteurs tels que les habitudes culturelles ou les caractéristiques physiques du stimulus à partager (revue dans Jewell et al., 2000). Les émotions, qui se caractérisent par l’activation qu’elles engendrent et par leur valence, plaisante ou déplaisante (Lang, 1994), pourraient également influencer la perception des propriétés spatiales des objets. Ainsi, dans une tâche de bissection de lignes de caractères, Mohr et Leonards (2007) constatent que l’erreur est modulée par la valeur activatrice de mots insérés dans la ligne. La valence reste sans effet dans leur expérience, mais la modulation possible des effets de valence par des caractéristiques émotionnelles de la personnalité comme l’anxiété (Mathews et McLeod, 1994) n’y est pas prise en compte. Ce manque est comblé dans la présente étude, qui compare par ailleurs les effets de visages et de mots émotionnels, considérant que chaque hémisphère contribue différemment au traitement de ces types de stimuli. Matériel et Méthode Trente-deux droitiers (âge moyen : 20,3 ans) ont marqué le milieu de lignes horizontales de 20 cm. Un visage ou un mot figurait ou non au-dessus des lignes, du côté gauche ou droit. Ces stimuli inducteurs étaient de valence plaisante (mot ‘joie’ ou visage ‘souriant’, par exemple), neutre (mot ‘cour’ ou visage inexpressif) ou déplaisante (mot ‘cancer’ ou visage effrayé). Les erreurs ont fait l’objet d’une analyse de variance prenant en compte la nature du stimulus inducteur (mot, visage), sa position (gauche, droite) et sa valence (plaisante, neutre, déplaisante). De plus, pour chaque valence et chaque participant, un index d’attraction-répulsion (IAR) a été calculé, à savoir la différence entre les erreurs mesurées selon la position du stimulus, à gauche ou à droite. Un IAR négatif indique une répulsion relative (le milieu subjectif ‘s’éloigne’ du stimulus inducteur), un IAR positif une attraction. La corrélation entre cet index et l’anxiété évaluée (Spielberger Trait Anxiety Inventory) à la fin de l’expérience a été testée. Congrès psycho.indb 67 22/07/10 16:09 68 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Résultats et Discussion mardi matin En accord avec la littérature, les participants tendent à marquer les lignes simples (ni visage, ni mot) à gauche du milieu réel (-0,7 ± 3,6 mm). Cette tendance reflèterait l’implication plus forte de l’hémisphère droit dans cette tâche visuo-spatiale. L’analyse de variance indique un effet d’activation significatif. Le signe de l’erreur s’inverse pour les stimuli émotionnels, qu’ils soient plaisants ou déplaisants. De plus, cet effet ne diffère pas significativement selon le matériel, ce qui généralise les observations faites par Mohr et Leonards (2007) avec un matériel verbal. D’une part, des visages sont aussi efficaces que des mots pour induire un effet d’activation ; d’autre part, ces stimuli inducteurs sont aussi efficaces lorsqu’ils sont dans l’environnement immédiat du stimulus à traiter que lorsqu’ils sont intégrés au stimulus à traiter. Comme dans l’expérience de Mohr et Leonards, aucun effet significatif de la valence n’émerge de l’analyse de variance. Cependant, l’IAR corrèle positivement avec l’anxiété-trait : le même matériel déplaisant induit une répulsion chez les participants non anxieux et une attraction chez les anxieux (p = 0,01). Ce résultat est en accord avec l’idée que l’état émotionnel de l’organisme conditionne la façon dont le cerveau traite l’information émotionnelle. En conclusion, les événements émotionnels pourraient affecter la perception des propriétés de l’espace dans lequel ils s’inscrivent. La compréhension des biais spatiaux paraît ainsi nécessiter la prise en compte des dimensions affectives de la personnalité. Références Jewell, G., Mark E. McCourt, M.E. (2000). Pseudoneglect: a review and meta-analysis of performance factors in line bisection tasks. Neuropsychologia, 38, 93-110. Lang, P.J. (1994). The varieties of emotional experience: a meditation on James-Lange theory. Psychological Review, 101, 211-221. Mathews, A.M., McLeod, C. (1994). Cognitive approaches to emotion and emotional disorders. Annual Reviews of Psychology, 45, 25-50. Mohr, C., Leonards, U. (2007). Rightward bisection errors for letter lines: The role of semantic information. Neuropsychologia, 45, 295–304. Savazzi, S. Posteraro, L., Veronesi, G., Mancini, F. (2007). Rightward and leftward bisection biases in spatial neglect: two sides of the same coin ? Brain, 130, 2070-2084. Rôle modulateur de l’anxiété dans la stabilisation du corps dans l’espace après atteinte vestibulaire. Liliane Borel (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille), Laurence Bernard-Demanze (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille), Abdessadek El Ahmadi (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille), Michel Dumitrescu (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille), Jacques Magnan (Service d’Oto-rhino-laryngologie et Chirurgie Cervicofaciale, CHU Nord, Marseille), Arnaud Devèze (Service d’Oto-rhino-laryngologie et Chirurgie Cervicofaciale, CHU Nord, Marseille), Martine Liberge (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille). Introduction La perte des entrées vestibulaires induit un ensemble de symptômes qui participent à un changement de la relation corps-espace. En particulier, une atteinte vestibulaire unilatérale conduit à une asymétrie de l’orientation du corps dans l’espace, une perturbation de la stabilisation des différents segments corporels, de la stabilisation de l’environnement sur la rétine, des changements d’appréciation et d’utilisation des référentiels spatiaux ainsi que des changements de représentation spatiale. Chez la plupart des patients, ces symptômes spectaculaires régressent naturellement au cours du temps selon un processus dénommé compensation vestibulaire. Certains patients récupèrent totalement de sorte que seuls des tests cliniques sophistiqués permettent de détecter Congrès psycho.indb 68 22/07/10 16:09 69 la perte vestibulaire initiale. D’autres cependant, compensent mal ou ne compensent pas malgré une perte vestibulaire apparemment identique. Le but de ce travail a été de comprendre les causes de cette restauration fonctionnelle incomplète ou inadaptée. Deux hypothèses de travail sont avancées. La première se fonde sur une mauvaise recalibration sensorielle. Elle s’appuie sur l’existence de processus vicariants idiosyncrasiques. En effet, la plasticité post-lésionnelle fait intervenir des phénomènes de substitution visuels et somatosensoriels, variables selon les individus. L’utilisation excessive ou inadaptée de certaines informations pourrait expliquer en partie les déficits de compensation. Ainsi, les patients qui présentent une dépendance visuelle exacerbée semblent compenser plus difficilement. En se basant quasi exclusivement sur la vision, ils seraient fortement perturbés par des environnements visuels mouvants. Cette hypothèse ne suffit cependant pas à expliquer l’instabilité résiduelle observée dans le cas d’une compensation incomplète. Une deuxième hypothèse attribue un rôle majeur à l’anxiété dans les déficits de compensation. Son implication dans l’altération du contrôle postural a été décrite chez l’individu non pathologique. Des effets accrus pourraient survenir au cours de la compensation fonctionnelle consécutive à une atteinte vestibulaire. Dans cette étude, nous avons considéré simultanément le rôle de l’anxiété et du stress et celui de la dépendance visuelle dans la compensation des fonctions de stabilisation du corps dans l’espace après atteinte vestibulaire. mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Matériel et Méthode Les analyses ont été réalisées chez 30 patients atteints de la maladie de Menière testés 2 à 4 ans après neurotomie vestibulaire unilatérale à visée curative. Les changements de stabilisation du corps dans l’espace ont été évalués dans des conditions posturales statiques (en absence de tout mouvement de la tête et du corps, i.e. lorsque aucune stimulation vestibulaire n’est appliquée autre que la force de gravité) et dynamiques (lors de l’initiation ou de l’exécution des mouvements de la tête et du corps dans son ensemble) grâce à une plate-forme permettant de déclencher des réajustements posturaux lors de translations antéro-postérieures. La récupération posturale a également été évaluée par des échelles subjectives d’évaluation (European Evaluation of Vertigo et Dizziness Handicap Inventory). Le niveau de stress a été caractérisé par la concentration plasmatique de certaines neurohormones du stress et l’anxiété par une échelle d’évaluation de l’anxiété (Spielberger Trait Anxiety Inventory). La dépendance visuelle a été appréciée par le test de la baguette et du cadre (Rod and Frame Test). Résultats et Discussion Les résultats de cette étude mettent en évidence le rôle modulateur de l’anxiété sur la récupération posturale après atteinte vestibulaire. Plus spécifiquement, l’anxiété module les effets de la dépendance visuelle : plus son niveau est élevé, moins bonne est la compensation ; cette corrélation est observée uniquement chez les patients dépendants à l’égard du champ visuel. L’anxiété pourrait intervenir dans l’intégration des informations sensorielles impliquées dans la stabilisation posturale et l’orientation spatiale. En modulant la prise d’information sensorielle, les émotions pourraient perturber les processus adaptatifs impliqués dans la relation corps-espace après atteinte vestibulaire. En revanche, aucune relation entre les concentrations plasmatiques d’hormones du stress et le niveau de restauration fonctionnelle n’est observée à ce délai postopératoire. Congrès psycho.indb 69 22/07/10 16:09 70 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Session Neuropsychologie mardi matin Exploration irmf d’un processus exécutif élémentaire chez les patients schizophrènes Grillon, Marie-Laure (Université de Reims), Charbonneau, Frédérique (Département de neuroradiologie, ch Sainte Anne, Paris), Varoquaux, Gaël (Lnao, i2bm, CEA, Saclay), Thirion, Bertrand (Lnao, i2bm, CEA, Saclay), Oppenheim, Catherine (Département de neuroradiologie, ch Sainte Anne, Paris), Huron, Caroline (Unicog, inserm/CEA, Saclay). Traumatisme crânien et schizophrénie : perturbations similaires de l’attention sélective Colliot, Pascale (Laboratoire EMC, Lyon 2), Bacon, Elisabeth (Inserm U666, Strasbourg), Masson, Marjolaine (Laboratoire EMC, Lyon 2), Desert, Jean-François (Cmpr, coubert), Rhein, François (Cmpr, Coubert), Foubert, Lucie (Cmpr, coubert), Offerlin-Meyer, Isabelle (Clinique psychiatrique, hospices civils, Strasbourg), Michael, George A. (Laboratoire EMC, Lyon 2). Neuroscience et neuropsychologie sociales de l’empathie Narme, Pauline (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160), Mouras, Harold (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160), Roussel, Martine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160 - CHU Amiens Nord), Godefroy, Olivier (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160 - CHU Amiens Nord). Déficits visuels dans les maladies à syndrômes extra-pyramidaux Bordaberry, Pierre (Université Bordeaux 2 Victor Segalen), Allard, Michèle (Laboratoire d’imagerie fonctionnelle (UMR 5231-CNRS)), Delord, Sandrine (Université Bordeaux 2 Victor Segalen). Congrès psycho.indb 70 22/07/10 16:09 71 Exploration irmf d’un processus exécutif élémentaire chez les patients schizophrènes Grillon, Marie-laure (Université de Reims), Charbonneau, Frédérique (Département de neuroradiologie, ch Sainte Anne, Paris), Varoquaux, Gaël (Lnao, i2bm, CEA, Saclay), Thirion, Bertrand (Lnao, i2bm, CEA, Saclay), Oppenheim, Catherine (Département de neuroradiologie, ch Sainte Anne, Paris), Huron, Caroline (Unicog, inserm/CEA, Saclay). mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Résumé Les études en neuroimagerie associent le trouble des fonctions exécutives des patients schizophrènes à un dysfonctionnement du cortex préfrontal (CPF). Pour mieux comprendre ce dysfonctionnement, nous avons exploré en IRMf (Imagerie par Résonnance Magnétique fonctionnelle) les bases cérébrales d’un processus exécutif élémentaire, le rafraîchissement, chez les patients schizophrènes. 15 patients schizophrènes et 15 sujets contrôles ont participé à l’étude. Placés dans un imageur, les participants devaient lire silencieusement des mots présentés sur un écran d’ordinateur. Les mots cibles étaient présentés une seule fois dans la condition de lecture, immédiatement répétés dans la condition de répétition, ou suivis par un point (•) signalant au participant de penser au mot qui précédait le point dans la condition de rafraîchissement. Nous observons une hyperfrontalité et une hyoconnectivité intrafrontale et fronto-pariétale en condition de rafraîchissement chez les patients par comparaison aux sujets contrôles. L’ensemble de ces données suggèrent que les hyper-activations préfrontales observées dans la schizophrénie ne témoignent pas de la mise en jeu de stratégies de compensation mais sont consécutives d’une moindre connectivité cortico-corticale. Introduction La schizophrénie est une pathologie mentale invalidante relativement fréquente puisqu’elle concerne environ 1% de la population. Elle se caractérise par des symptômes positifs tels que les délires et les hallucinations et des symptômes négatifs tels que l’émoussement affectif ou l’avolition. Ces dernières années, de nombreux travaux mettent en évidence des troubles cognitifs, et en particulier un trouble des fonctions exécutives, chez les patients schizophrènes (Heinrichs & Zakzanis, 1998). Ces troubles cognitifs sont fréquents et ont un impact crucial sur le devenir des patients schizophrènes. Notre approche vise à caractériser les bases cérébrales de ces perturbations cognitives en utilisant des moyens d’investigation issus de la psychologie cognitive expérimentale associés à de l’imagerie cérébrale. Les études en neuroimagerie associent le trouble des fonctions exécutives des patients schizophrènes à un dysfonctionnement du cortex préfrontal (CPF). Les résultats concernant ce dysfonctionnement préfrontal sont divergents : certaines études mettent en évidence une hyperactivation du CPF (e.g., Manoach et al., 2003) et d’autres études une hypo-activation du CPF (Curtis et al, 1999 ; Volz et al, 1999). Ceci-dit, les tâches utilisées dans l’ensemble de ces études sont complexes et impliquent la mise en jeu combinée d’un ensemble de processus. Or, chacun de ces processus est susceptible de participer de manière différentielle aux dysfonctionnements préfrontaux. Johnson et al (1992) ont développé un modèle MEM (Multiple-Entry-Modular memory framework) qui décompose les fonctions exécutives en opérations mentales élémentaires. Au sein de ce modèle, l’opération la plus simple est le processus de rafraîchissement, qui permet de prolonger et/ou augmenter l’activation d’une représentation en l’absence d’entrée perceptive. Rafraîchir une information consiste à penser brièvement à cette information alors qu’elle n’est plus perceptivement présente. Il s’agit d’un processus réflexif élémentaire mis en jeu dans de multiples activités quotidiennes tels que lors de la résolution de problème, la compréhension de texte, ou encore pour maintenir une continuité dans l’évolution du cours de la pensée. Johnson et al (2002) ont développé un paradigme expérimental pour explorer spécifiquement ce processus de rafraîchissement. Les sujets doivent lire à haute voix le plus vite possible des mots présentés un à un au centre d’un écran d’ordinateur. Les mots cibles sont présentés une seule fois dans la condition de lecture, immédiatement répétés dans la condition de répétition, ou suivis par un point (•) signalant au sujet de penser au mot qui précède le point et de le dire le plus vite possible dans la Congrès psycho.indb 71 22/07/10 16:09 72 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin condition de rafraîchissement. En associant cette procédure à un protocole IRMf, ils montrent que le rafraîchissement de l’information s’accompagne d’activations fronto-pariétales (Johnson et al, 2005). Dans cette étude, nous avons cherché à déterminer les bases cérébrales du rafraîchissement chez les patients schizophrènes. Matériel et Méthode 15 patients schizophrènes et 15 sujets contrôles ont participé à l’étude. Les participants sont placés dans une IRM 1.5 Teslas. Ils doivent lire silencieusement des mots présentés un à un sur un écran d’ordinateur. Les mots cibles sont présentés une seule fois dans la condition de lecture, immédiatement répétés dans la condition de répétition, ou suivis par un point (•) signalant au sujet de penser au mot qui précédait le point dans la condition de rafraîchissement. Les scans fonctionnels sont acquis parimagerie echo planar (EPI) puis traités avec SPM5. Résultats et Discussion Les analyses de contraste montrent que le réseau cérébral associé au rafraîchissement de l’information inclue des régions frontales bilatérales plus importantes chez les patients schizophrènes que chez les sujets sains. Ces résultats sont en accord avec les travaux de Manoach (2003) qui mettent en évidence des hyper-activations préfrontales chez les patients par comparaison aux sujets contrôles dans les situations où la tâche utilisée, bien que complexe, implique une faible charge cognitive. D’après Callicott (2003), ces hyper-activations témoignent de la mise jeu de stratégies de compensation. Or, contrairement aux études précédentes qui utilisaient des tâches complexes susceptibles de pouvoir être résolue de différentes manières, la tâche utilisée dans notre étude implique la mise en jeu d’un processus isolée qui consiste simplement à penser brièvement à une représentation qui vient d’être activée. Dans ces conditions, il est difficile d’interpréter ces hyper-activations préfrontales par la mise en place de stratégies de compensation. Par ailleurs, les analyses de connectivité mettent en évidence une moindre connectivité intrafrontale et frontopariétale en condition de rafraîchissement chez les patients par comparaison aux sujets contrôles. L’ensemble de ces résultats suggèrent donc que les hyperactivations observées dans la schizophrénie peuvent en partie s’expliquer par des hypoconnectivités intrafrontale et fronto-pariétale. Références Callicott, J. H., et al. (2003). Am J Psychiatry 160(12), 2209-15. Curtis, V.A., et al. (1999). Schizophr Res 37(1), 35-44 Johnson, M. K., & Hirst, W. (1992). J of Cog Neurosc, 4, 268-280 Johnson, M. K., et al. (2005). Cognitive, Affective, & Behavioral Neuroscience 5, 339-361. Johnson, M. K., et al. (2002). Psychol Sc 13, 64-67. Heinrichs, R. W., Zakzanis, K. K. (1998). Neuropsychology 12(3), 426-45. Manoach, D. S. (2003). Schizophr Res 60(2-3), 285-98. Volz, H., et al. (1999). Eur Psychiatry 14(1), 17-24. Congrès psycho.indb 72 22/07/10 16:09 73 Traumatisme crânien et schizophrénie : perturbations similaires de l’attention sélective Colliot, Pascale (Laboratoire EMC, Lyon 2), Bacon, Elisabeth (Inserm U666, Strasbourg), Masson, Marjolaine (Laboratoire EMC, Lyon 2), Desert, Jean-François (Cmpr, coubert), Rhein, François (Cmpr, coubert), Foubert, Lucie (Cmpr, coubert), Offerlin-Meyer, Isabelle (Clinique psychiatrique, hospices civils, Strasbourg), Michael, George A. (Laboratoire EMC, Lyon 2). mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Résumé La présente étude vise à étudier les effets d’un traumatisme crânien et de la schizophrénie sur différentes mesures de l’attention à l’aide d’un test original de barrage de cibles visuelles mettant en jeu de multiples sous-composants de l’attention (Test of Focused Attention : TFA 2000 ; Michael et al, 2007). Introduction Des données récentes suggèrent des mécanismes neurochimiques communs aux traumatismes crâniens et à la schizophrénie (Bennouna et al, 2007). Ces données laissent supposer que les patients traumatisés crâniens et les schizophrènes pourraient présenter des désordres cognitifs similaires. Cette similarité a fait l’objet de plusieurs études dont les résultats suggèrent des profils de performances identiques chez les traumatisés crâniens et les schizophrènes dans de nombreux tests neuropsychologiques (Fujii et al, 2004). Néanmoins, ces résultats restent difficiles à interpréter en termes de processus préservés et processus déficitaires. En fait, de multiples fonctions sont mises en jeu dans les tests neuropsychologiques classiques et il devient difficile d’interpréter les performances obtenues et de comprendre les déficits sous-jacents. Les troubles de l’attention sont très souvent évoqués en référence à ces deux populations de patients (Bowie & Harvey, 2006 ; Van Denkolaar et al, 2005). Mais, là encore, la diversité des tests utilisés, les différences de méthode et de critères attentionnels considérés rendent la comparaison difficile. Méthode Lors d’une tâche originale de barrage de cibles visuelles permettant de mettre en évidence les sous-composants déficitaires et intacts de l’attention sélective, la présente étude propose une analyse détaillée des performances : - d’un groupe de dix patients traumatisés crâniens sans désordre psychiatrique. Ce groupe est constitué d’individus de sexe masculin dont la moyenne d’âge est de 32,2 ans (ET=13,4 ans) et dont l’accident remonte en moyenne à 9,3 mois (ET=6,6 mois). - d’un groupe de vingt et un patients schizophrènes sans antécédent neurologique. Ce groupe est constitué de 8 femmes et de 13 hommes dont l’âge moyen est de 40 ans (ET=10 ans) et dont la maladie remonte à 12,9 ans en moyenne (ET=6,8 ans). - et de leur groupe contrôle respectif. La tâche utilisée (Taf 2000) est une épreuve chronométrée lors de laquelle les participants sont invités à barrer, le plus rapidement possible, toutes les cibles rencontrées dans un dispositif en lignes qu’ils explorent de gauche à droite. Les participants sont avertis qu’à chaque ligne leur recherche sera interrompue par un signal les invitant à passer à la ligne suivante. Les résultats sont analysés uniquement dans la portion explorée du dispositif, c’est-à-dire la partie comprise entre le premier item de chaque ligne et le dernier item barré avant le changement de ligne. A l’intérieure de la portion explorée, différents paramètres sont analysés : (a) la proportion d’items traités nous indiquant la vitesse de traitement de l’information, (b) la proportion de « hits » (cibles correctement barrées) et (c) la proportion de rejets corrects (distracteurs non barrés). Ces deux derniers paramètres nous renseignent respectivement sur le traitement de la cible et des distracteurs. Finalement (d) la proportion de « hits » et de faux positifs (distracteurs barrés) nous permet de réaliser un traitement du signal nous renseignant sur la détectabilité de la cible (état du système sensoriel) et les critères de décision du participant. Résultats et discussion Les résultats montrent que comparativement à leur groupe contrôle les deux groupes de patients présentent (a) un ralentissement de la vitesse de traitement de l’information (b) une Congrès psycho.indb 73 22/07/10 16:09 74 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin diminution de l’efficience du traitement de la cible (proportion de hits) et (c) et un affaiblissement de la sensibilité sensorielle (index de sensibilité d’ lors du traitement du signal). De plus, aucun des groupes ne présente (d) de surcharge attentionnelle (pas de déclin des performances au cours du temps) ou (e) de changement de critères de réponse. La comparaison directe entre les deux groupes révèle uniquement le fait que les patients schizophrènes sont plus lents que les patients traumatisés crâniens. Mis à part le ralentissement cognitif, classiquement décrit chez les patients traumatisés crâniens et les patients schizophrènes, le déficit majeur mis en évidence auprès de ces deux groupes de patients concerne le traitement de la cible (nombreuses omissions). Au regard des caractéristiques des stimuli utilisés (grande similarité physique entre la cible et les distracteurs favorisant l’interférence), de la méthode (stratégie d’exploration contrôlée), des mécanismes impliqués (pro-saccades oculaires, fixation, et attention focale) et des données de la littérature, ce résultat est interprété comme un déficit du filtrage attentionnel. Les patients auraient des difficultés pour se focaliser sur les stimuli pertinents en laissant de côté les informations non pertinentes. En accord avec des données de la littérature, ces résultats suggèrent donc des patterns de performance hautement similaires chez les patients schizophrènes et les patients traumatisés crâniens. Les deux groupes de patients utilisent des stratégies similaires pour réaliser la tâche et les difficultés rencontrées semblent en lien avec des sous-composants spécifiques de l’attention sélective (filtrage). Une origine commune à ces difficultés attentionnelles est discutée en termes de dysfonctionnements cérébraux diffus et de changements neurochimiques importants. D’autres investigations à l’aide de tests ciblant des sous-composants spécifiques du fonctionnement cognitif sont à envisager. Références Bennouna M., Greene V.B., Defranoux L. (2007). Théorie cholinergique dans les psychoses après un traumatisme crânien et dans la schizophrénie : un lien ?. Encephale, 33: 616-620. Bowie C.R., Harvey P.D. (2006). Schizophrenia from a neuropsychiatric perspective. Mt. Sinai J. Med., 73, 993-998. Fujii D., Ahmed I., Hishinuma E. (2004). À neuropsychological comparison of psychotic disorder following traumatic brain injury, traumatic brain injury without psychotic disorder, and schizophrenia. J. Neuropsychiatr. Clin. Neurosci., 16, 306-314. Michael G.A., Bacon E., Offerlin-Meyer I. (2007). Lorazepam induces multiple disturbances in selective attention: Attentional overload, decrement in target processing efficiency, and shifts in perceptual discrimination and response bias. J. Psychopharmacol, 21: 684-690. Van Donkelaar P., Langan J., Rodriguez E., Drew A., Halterman C., Osternig L.R. et al. 2005). Attentional deficits in concussion. Brain Inj., 19, 1031-1039. Congrès psycho.indb 74 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 75 Narme, Pauline (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160), Mouras, Harold (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160), Roussel, Martine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160 - CHU Amiens Nord), Godefroy, Olivier (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160 - CHU Amiens Nord). mardi matin Neuroscience et neuropsychologie sociales de l’empathie Résumé L’empathie, capacité à comprendre et ressentir les émotions d’autrui, a un rôle central dans les interactions sociales. L’empathie serait un phénomène non unitaire, composée de (1) l’empathie émotionnelle, reflet d’une contagion émotionnelle entre l’observateur et la cible, (2) l’empathie cognitive impliquant la conscience de soi, les capacités de prise de perspective, d’inhibition et de régulation. Une première étude avait pour objectif d’examiner à quelle étape du traitement intervient la régulation, montrant que la proximité affective module la réponse empathique de l’observateur lorsqu’il doit évaluer l’intensité d’une douleur à partir de photos selon différentes perspectives (soi, proche, inconnu). Les mesures électromyographiques de la face et électroencéphalographiques suggèrent que cette modulation est tardive, sous la dépendance de processus contrôlés. D’autre part, une seconde étude a été menée afin d’explorer les processus empathiques dans la dégénérescence lobaire fronto-temporale (DLFT), caractérisée par des troubles du comportement. Les composantes émotionnelle et cognitive de l’empathie étaient déficitaires, justifiant le développement de tâches permettant l’évaluation des processus socio-émotionnels en pratique clinique. Expérience 1 Introduction L’empathie implique deux systèmes : 1) contagion émotionnelle (automatique) ; 2) prise de perspective (contrôlé)1. Différents facteurs peuvent moduler la réponse empathique, tels que les relations sociales entre l’observateur et la cible2. Toutefois, peu d’études en neurosciences se sont intéressées à la manière dont la proximité affective de la cible peut moduler cette réponse, et au moment auquel cette modulation prend place. Méthode : 37 participants (19 hommes, âge moyen = 20,6±2,9) évaluaient l’intensité de la douleur à partir de photos représentant des membres dans des situations de la vie quotidienne selon trois perspectives : a) ils s’imaginent eux-mêmes dans la situation (Soi) ; b) ils imaginent qu’il s’agit d’une personne qu’ils ne connaissent pas (Inconnu) ; c) ils imaginent qu’il s’agit d’une personne qui leur est proche (Proche). L’activité électromyographique (EMG) de deux muscles faciaux [corrugator supercilii (CS) et zygomatique majeur (ZM)] était enregistrée, étant un marqueur de la réponse empathique émotionnelle et automatique. Résultats : Sur le plan comportemental, les évaluations de la douleur étaient plus élevées pour un proche (p<.01) par rapport à soi et avaient une tendance à être plus élevées pour soi que pour un inconnu (p=.08). L’enregistrement EMG montrait une activité supérieure du CS pour les photos douloureuses par rapport aux photos neutres, alors que cet effet n’existait pas pour le ZM. L’enregistrement des deux muscles n’était pas modulée selon la perspective adoptée. Conclusion : La proximité affective module la réponse empathique et les résultats vont à l’encontre du biais égocentrique bien connu de l’être humain. L’absence de modulation de l’EMG selon la perspective suggère que l’effet précédent pourrait être le reflet d’un biais de désirabilité sociale ou que la modulation ne prend pas place à l’étape émotionnelle automatique de l’empathie. Expérience 2 Introduction Les études réalisées en imagerie cérébrale fonctionnelle ne permettent pas de savoir à quelle étape intervient la régulation, du fait de sa faible résolution temporelle. À l’inverse, l’EEG permet d’étudier la temporalité des phénomènes, et donc de dissocier les processus automatiques des processus contrôlés3. Méthode : 13 participants ont réalisé une tâche similaire à celle décrite dans l’expérience 1 alors qu’un enregistrement EEG était réalisé grâce à un système de 128 électrodes actives. L’enregistrement EEG a été analysé de manière a extraire les potentiels évoqués par les photos neutres et douloureuses. Congrès psycho.indb 75 22/07/10 16:09 76 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin Résultats : Les résultats comportementaux répliquent les résultats de l’expérience 1. Les résultats préliminaires en EEG montrent que passer de la perspective de soi à la celle d’un inconnu réduit l’amplitude des ERP tardives –et non les composantes précoces– dans une fenêtre temporelle de 350-600 ms post-stimulus pour des électrodes frontales antérieures droits. Cette réduction n’existe pas pour la perspective d’un proche. Conclusion : La prise de perspective est caractérisée par des composantes tardifs top-down ou contrôlées. De plus, les caractéristiques de la cible, telle que le lien affectif avec celle-ci peuvent moduler ces composantes tardives. Expérience 3 Introduction Un déficit d’empathie a été rapporté dans la dégénérescence lobaire frontotemporale (DLFT)4, caractérisée par des changements comportementaux. Or les deux processus impliqués dans l’empathie (contagion émotionnelle ou empathie émotionnelle et prise de perspective ou empathie cognitive) seraient dissociables1. Cette étude a pour but de déterminer si la perte d’empathie dans la DLFT est liée à une atteinte sélective de l’un de ces processus. Méthode : 24 participants ont été inclus : 6 patients DLFT (3 DLFT forme frontale et 3 forme temporale) (Age=59,5±7,1 ans ; Scolarité= 10,5±2,2 ans) et 18 participants contrôles appariés en âge et scolarité (Age=58,2±6,2; Scolarité= 10,6±3,7). Les patients ont bénéficié d’un bilan neuropsychologique montrant un score inférieur au MMS (p=0,02) et un syndrome dysexécutif exécutif et/ou comportemental. L’empathie a été mesurée par l’Index de Réactivité Interpersonnelle (IRI) et une épreuve d’empathie à la douleur. L’empathie émotionnelle a été explorée par une tâche de reconnaissance des émotions faciales et l’empathie cognitive a été explorée par deux tâches de théorie de l’esprit (« Faux pas » ; « Yoni »). Résultats: Les patients DLFT montrent : 1) une diminution significative de l’empathie cognitive présente depuis la maladie sur le score à l’IRI (p=0,04) ; 2) une altération à la tache des faux pas témoignant également d’un déficit d’empathie cognitive ; 3) un déficit de la reconnaissance des émotions faciales (p=0,001), non expliqué par une atteinte perceptive (p=0,24), témoignant d’un déficit d’empathie émotionnelle ; 4) une préservation de l’empathie pour la douleur. Conclusions: Les patients DLFT sont déficitaires dans les composantes « émotionnelle » et « cognitive » de l’empathie, sans dissociation entre les deux groupes de DLFT dans la présente étude. Ces résultats vont à l’encontre d’une atteinte sélective de l’empathie cognitive dans la variante frontale, comme suggéré par les résultats de l’IRI4. Ces résultats indiquent que l’évaluation de l’empathie requiert une investigation plus complète que le seul questionnaire IRI. Références Shamay-Tsoory, S.G., Aharon-Peretz, J., Perry D. (2009). Two systems for empathy: a double dissociation between emotional and cognitive empathy in inferior frontal gyrus versus ventromedial prefrontal lesions. Brain, 132, 61727. Hein, G., & Singer, T. (2008). I feel how you feel but not always: the empathic brain and its modulation. Current Opinion in Neurobiology, 18, 153-8. Li, W., & Han, S. (2010). Perspective taking modulates event-related potentials to perceived pain. Neurosciences Letters, 469, 328-332. Rankin, K.P., Kramer, J.H., Miller, B.L. (2005). Patterns of cognitive and emotional empathy in frontotemporal lobar degeneration. Cognitive and Behavioral Neurology, 18, 28-36. Congrès psycho.indb 76 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 77 Bordaberry, Pierre (Université Bordeaux 2 Victor Segalen), Allard, Michèle (Laboratoire d’imagerie fonctionnelle (UMR 5231-CNRS)), Delord, Sandrine (Université Bordeaux 2 Victor Segalen). Résumé L’objectif de cette étude était d’étudier l’intégrité des systèmes parvocellulaire et magnocellulaire dans les maladies à syndrômes extra-pyramidaux. 21 personnes âgées (m=58,7 ans ; α= 6.5) et 24 patients (m= 60.2 ans; α=9.7) ont participé à cette expérience. L’expérience consistait en la passation de deux tâches (catégorisation sémantique et localisation). Une cible était présentée pendant 200 ms au dessus/ au dessous d’un point de fixation en trois versions différentes (normal, passe-bande, passe-bas). Les résultats révèlent une interaction significative entre le type de tâche, le type d’image et la population. Les patients montrent un accroissement des temps de réponse et des taux d’erreur pour les conditions impliquant le système magnocellulaire quelque soit la tâche demandée. Ces résultats ouvrent la voie à de nouveaux marqueurs visuels de ces maladies et ainsi à la possibilité d’outils diagnostiques supplémentaires. mardi matin Déficits visuels dans les maladies à syndrômes extra-pyramidaux Introduction Cette étude de neuropsychologie cherche à évaluer l’intégrité des processus visuels dans les maladies à syndrôme extra-pyramidal. Une meilleure connaissance des déficits visuels chez ces patients devrait permettre d’une part d’améliorer nos connaissances sur une partie de la physiopathologie des syndromes extra-pyramidaux mais aussi d’ouvrir la voie à de futurs outils diagnostiques. La prise en compte de la fonction visuelle a déjà permis d’améliorer la prise en charge de ces maladies : par exemple, les troubles visuels spécifiques à la maladie de Parkinson permettent de la différencier de la paralysie supranucléaire progressive, ces deux pathologies partageant certains symptômes à un stade précoce (Amstrong, 2008). La fonction visuelle est un sens majeur chez l’Homme et il ne faut pas négliger son incidence sur notre autonomie, la plupart des symptômes visuels étant associés à des difficultés à exécuter les activités de la vie quotidienne. Par exemple, on peut se demander si les chutes fréquentes dans ce type de maladie sont seulement dues aux problèmes moteurs inhérents à cette pathologie ou bien si des troubles visuels peuvent amplifier les difficultés motrices (l’appréciation correcte des distances est cruciale pour descendre un escalier). Un grand nombre de troubles visuels plus ou moins marqués ont déjà été décrits plus particulièrement dans la maladie de Parkinson. On observe, par exemple, des difficultés motrices, comme un ralentissement du clignement des yeux et une dégradation du contrôle oculomoteur (ralentissement des saccades oculaires). Des perturbations à des étapes précoces (discrimination des couleurs…) ou tardives (perception dans l’espace, déficits visuo-spatiaux…) du traitement visuel ont également été constatées. On notera que les difficultés visuo-spatiales et la discrimination des couleurs sont fortement associées aux difficultés rencontrées dans la vie quotidienne (Davidsdottir, Cronin-Golomb et Lee, 2005). Si plusieurs types de troubles visuels ont été mis en évidence (Amstrong, 2008 ; Davie & al., 2008) leur caractérisation fine au plan cognitif reste imparfaite et les tentatives d’interprétation de ces résultats au niveau des modèles de la vision sont rares (Silva et al., 2005) et méritent d’être complétées au plan cognitif. Nous proposons d’évaluer ces troubles dans le cadre de la dissociation entre système parvocellulaire (P), responsable de l’identification consciente des objets, et magnocellulaire (M), responsable des compétences visuo-spatiales, à l’aide d’une approche comportementale en neuropsychologie cognitive. Méthode 21 personnes âgées (m=58,7 ans ; α= 6.5) et 24 patients (m= 60.2 ans; α=9.7) ont été recrutés pour participer à cette expérience. Les patients ont été recrutés dans le service de médecine nucléaire de l’Hôpital Pellegrin de Bordeaux dans le cadre d’un examen d’imagerie du système dopaminergique. Tous les patients souffraient d’un syndrome extrapyramidal. Le diagnostic est posé dans l’année qui suit l’examen d’imagerie et l’examen neuropsychologique. En outre, obtenir les résultats avant l’établissement du diagnostic permettra d’évaluer leurs capacités prédictives. Congrès psycho.indb 77 22/07/10 16:09 78 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin Tous les patients présentant d’autres pathologies visuelles (cataracte, glaucome, DMLA…) étaient exclus de l’étude. L’expérience était composée des deux tâches de 120 essais. Un essai se déroulait de la manière suivante : un point de fixation était présenté pendant 500 ms au centre de l’écran afin de focaliser l’attention du participant, puis la cible décalée de 1° au dessus ou au dessus du point de fixation, dans l’une de ses trois versions, était affichée jusqu’à la réponse du participant. Le participant exécutait alors le plus précisément et le plus rapidement possible soit la tâche de catégorisation sémantique (animaux/outils), soit la tâche de localisation (haut/bas). Résultats et discussion Le résultat principal de cette étude est l’interaction significative entre le type de tâche, le type d’image et la population. Les temps de réponse à la tâche de catégorisation sémantique, pour le groupe contrôle, étaient plus longs lors de la présentation des images filtrées (passe-bande; m= 726 ms et passe-bas; m= 721 ms) que pour les images non filtrées (m= 653 ms). Les patients, quant à eux, avaient des temps de réponses inférieurs pour les images normales (m=875 ms) que pour les images passe-bande (m= 995 ms), eux-mêmes plus longs que pour les images passe-bas (m= 1052 ms). Pour la tâche de localisation, les personnes âgées répondaient plus rapidement pour les images non-filtrées (m= 442 ms) et les images passe-bas (m=443 ms) que pour les images passe-bande (m=513 ms) alors que pour les patients les temps de réponse étaient identiques dans les trois conditions. Ces résultats indiquent clairement un déficit magnocellulaire dans les maladies à syndrômes extra-pyramidaux. Les temps de réponses des patients augmentent plus fortement dans les conditions impliquant les informations magnocellulaires. Il reste à déterminer en analysant le suivi des patients si ce déficit est exclusif à un certain type de maladie ou se retrouvent chez toute les personnes souffrant de syndrômes extra-pyramidaux Références Amstrong, R.A. (2008). Visual signs and symptoms of Parkinson’s disease. Clin ExpOptom, 91, 2, 129-138. Davie C.A. (2008). À review of Parkinson’s disease. British medical bulletin, 89, 109-127. Davidsdottir., S., Cronin-Golomb, A. & Lee, A. (2005). Visual and spatial symptoms in Parkinson’s Disease. Vision Research, 45, 1285-1896 Silva, F., Faria, P., Regateiro, F., Forjaz, V., Januario, C., Freire, A., & Castelo-Branco, M. (2005). Independent patterns of damage within magno-, parvo- and koniocellular pathways in Parkinson ’s disease. Brain, 128, 2260-2271. Congrès psycho.indb 78 22/07/10 16:09 79 mardi après-midi SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Congrès psycho.indb 79 22/07/10 16:09 80 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Session Psychologie sociale 1 mardi matin Certitude – incertitude : rôle dans les processus de conformité Font, Hélène (Université Blaise Pascal-Clermont Fd, lapsco, CNRS UMR 6024), Brauer, Markus (Université Blaise Pascal-Clermont Fd, lapsco, CNRS UMR 6024). Effet de la déterminabilité sociale sur le goût pour l’humour et le politiquement correct Joossen, Lionel (Université Lille Nord de France), Mignon, Astrid (Université Lille Nord de France, URECA). Influence des contextes compétitif et coopératif sur la perception de l’avenir : étude situationnelle et positionnelle de l’optimisme comparatif Krzeminski, Aurélie (Université de Nice Sophia-Antipolis, lpcs EA 1189), Milhabet, Isabelle (Université de Nice Sophia-Antipolis, lpcs EA 1189), Clerico, Jean-Baptiste (Université de Nice Sophia-Antipolis, lpcs EA 1189). J’ai peur donc j’échoue : le rôle de la peur dans l’effet de menace du stéréotype Chateignier, Cindy (Université Paris Ouest Nanterre- la Défense), Chekroun, Peggy (Université Paris Ouest Nanterre- la Défense), Nugier, Armelle (Université de Clermont), Dutrévis, Marion (Université de Genève). Les modes de connaissance des objets usuels conditionnent-ils la connaissance des personnes ? Schiffler, Frédéric (Université Nancy 2), Dubois, Nicole (Université Nancy 2), Mollaret, Patrick (Université Champagne-Ardennes). Congrès psycho.indb 80 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 81 Font, Hélène (Université Blaise Pascal-Clermont Fd, lapsco, CNRS UMR 6024), Brauer, Markus (Université Blaise Pascal-Clermont Fd, lapsco, CNRS UMR 6024). Résumé Etre incertain, en proie aux doutes, sans savoir comment agir ou penser est un état psychologique aversif. Une importante motivation consiste donc à réduire l’incertitude ressentie, notamment en se conformant aux normes sociales. Nous pourrions aussi être motivés à conserver un degré de certitude suffisant. Pour cela, les individus pourraient chercher à maintenir la cohérence de l’environnement et à effectuer davantage de pression à la conformité. Afin de tester l’effet du degré de certitude – incertitude sur ces processus de conformité, une étude en ligne a été menée. Après induction de divers états (certitude, incertitude et condition contrôle), trois mesures étaient effectuées : échelles de pression à la conformité, d’inquiétude vis-à-vis de la convenance et de conformité. Les résultats indiquent que les individus certains se conforment moins mais effectuent davantage de pression à la conformité que les individus contrôles et incertains. Il semble donc que le degré de certitude – incertitude soit lié de manière complexe aux processus de conformité, que ce soit du côté du « suiveur » qui se conforme que du côté du « leader » qui impose les normes sociales. mardi matin Certitude – incertitude : rôle dans les processus de conformité Introduction Selon la théorie de la réduction de l’incertitude, les individus sont motivés à réduire leur état d’incertitude (Hogg, Mullin, Abrams, & Hogg, 1999) et pourraient donc être aussi motivés à maintenir un état de certitude. Pour réduire l’incertitude, les individus incertains auraient davantage tendance à suivre les normes du groupe (Smith, Hogg, Martin, & Terry, 2007). En effet, en accord avec les caractéristiques de l’influence informationnelle (Deutsch & Gerard, 1955), les individus tendraient à se conformer pour avoir une compréhension plus précise et une réponse plus adaptée, notamment en cas d’incertitude (Cialdini & Goldstein, 2004). À l’inverse, les individus certains pourraient être motivés à éviter toute information susceptible de remettre en cause leurs certitudes, afin de maintenir un niveau de certitude élevé. Ainsi, ils seraient davantage consistants avec leurs valeurs personnelles (Lönnqvist, Leikas, Paunonen, Nissinen, & Verkasalo, 2006) et motivés à conserver une congruence entre comportements et standards personnels (Roney & Sorrentino, 1995), permettant le maintien du niveau élevé de certitude. Ces deux éléments les amèneraient à vouloir préserver la cohérence dans l’environnement social selon leurs valeurs et normes personnelles. Ainsi, notre étude a pour but de montrer que les individus certains se conforment moins mais en revanche qu’ils effectuent davantage de pression à la conformité que les individus incertains. Méthode Cent-six participants ont répondu à cette expérience menée en ligne et présentée comme une série d’études indépendantes. Les participants étaient tout d’abord aléatoirement répartis dans trois conditions par une méthode d’induction adaptée de l’expérience de Van Den Bos (2001) et De Cremer, Bredels et Sedikides (2008). Les participants étaient ainsi induits dans un état de certitude, d’incertitude et un état contrôle, en décrivant respectivement les émotions et réactions physiologiques ressenties quand ils se sentent certains, incertains ou quand ils regardent la télévision. Par la suite, différentes mesures étaient effectuées : les deux sous-échelles de préoccupation à la convenance (attention portée aux informations de comparaison sociale et variabilité inter-situationnelle ; Lennox & Wolfe, 1984) mesurant les tendances à se conformer aux demandes sociales d’une situation, une échelle de pression à la conformité créée et validée dans une étude préliminaire, et l’échelle de conformité (Mehrabian & Stefl, 1995) mesurant la volonté d’imiter autrui en termes d’idées, de valeurs et de comportements. Résultats et Discussion Les résultats obtenus soutiennent nos hypothèses pour les deux premières mesures. D’une part, la tendance linéaire significative pour l’échelle de variabilité inter-situationnelle (F(1,100) = 4.16, p = .044, PRE = .04) en association avec un contraste résiduel non significatif (F(1,100) = .01, ns, PRE < .001) indique que les participants certains rapportaient moins de variabilité Congrès psycho.indb 81 22/07/10 16:09 82 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi matin inter-situationnelle que les participants de la condition contrôle, eux-mêmes rapportant moins de variabilité inter-situationnelle que les participants incertains. Ainsi, les individus certains montrent une moindre tendance à la conformité que les individus contrôle et incertains. Ces résultats vont au-delà des travaux antérieurs, principalement limités à une comparaison entre les conditions incertitude et contrôle. En effet, l’incertitude augmente la conformité, mais la certitude diminue la conformité. D’autre part, la tendance linéaire significative pour la mesure de pression à la conformité (F(1,100) = 4.93, p = .028, PRE = .05) et le contraste résiduel non significatif (F(1,100) = .04, ns, PRE < .001) montrent que plus les participants sont certains, plus ils rapportent avoir tendance à exercer une pression à la conformité sur autrui. Ainsi, nous avons montré que le degré de certitude est lié à l’intensité des pressions normatives que l’on exerce sur ceux qui ne suivent pas les normes du groupe. Il semble que le niveau de certitude-incertitude intervienne à deux niveaux dans les processus de conformité. D’une part, les participants incertains se conforment davantage aux normes sociales. D’autres part, les participants certains exercent plus de pression à la conformité. En élargissant ces données à un contexte inter-individuel ou inter-groupe, ces aspects pourraient contribuer à un équilibre des rôles entre leaders et suiveurs et devront donc être étudiés plus en détails. Références De Cremer, D., Brebels, L., & Sedikides, C. (2008). Being uncertain about what ? Procedural fairness effects as a function of general uncertainty and belongingness uncertainty. Journal of Experimental Social Psychology, 44(6), 15201525. Cialdini, R. B., & Goldstein, N. J. (2004). Social influence: Compliance and conformity. Annual Review of Psychology, 55, 591-621. Deutsch, M., & Gerard, H. B. (1955). A study of normative and informational social influences upon individual judgment. The Journal of Abnormal and Social Psychology, 51(3), 629-636. Hogg, M. A., Mullin, B.-A., Abrams, D., & Hogg, M. A. (1999). Joining groups to reduce uncertainty: Subjective uncertainty reduction and group identification. In Social identity and social cognition. (pp. 249-279). Malden: Blackwell Publishing. Lönnqvist, J.-E., Leikas, S., Paunonen, S., Nissinen, V., & Verkasalo, M. (2006). Conformism Moderates the Relations Between Values, Anticipated Regret, and Behavior. Personality and Social Psychology Bulletin, 32(11), 1469-1481. Roney, C. J. R., & Sorrentino, R. M. (1995). Reducing self-discrepancies or maintaining self-congruence ? Uncertainty orientation, self-regulation, and performance. Journal of Personality and Social Psychology, 68(3), 485-497. Smith, J. R., Hogg, M. A., Martin, R., & Terry, D. J. (2007). Uncertainty and the influence of group norms in the attitudebehaviour relationship. British Journal of Social Psychology, 46(4), 769-792. Van Den Bos, K. (2001). Uncertainty management: The influence of uncertainty salience on reactions to perceived procedural fairness. Journal of Personality and Social Psychology, 80(6), 931-941. Congrès psycho.indb 82 22/07/10 16:09 83 Effet de la déterminabilité sociale sur le goût pour l’humour et le politiquement correct Joossen, Lionel (Université Lille Nord de France), Mignon, Astrid (Université Lille Nord de France, URECA). Résumé mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Notre but est d’étudier l’effet de la déterminabilité sociale sur le goût pour la provocation et l’humour. En phase 1, la moitié des sujets était rendue déterminable et l’autre moitié non déterminable. En phase 2, ils composaient un journal en plaçant des dessins, variant sur leurs caractères politiquement correct et humoristique, à des emplacements plus ou moins visibles. Comparativement aux sujets « non déterminables », les sujets socialement déterminés préfèrent exposer les dessins peu politiquement corrects aux dessins très politiquement corrects. Il n’y a pas d’effet de la déterminabilité sociale sur l’exhibition de l’humour. Introduction D’après Schadron et Morchain (1999 ; Morchain & Schadron, 2001), savoir qu’une personne possède des informations sur nous, nous donne l’impression d’être jugeable par elle. Le concept de déterminabilité sociale a été introduit pour désigner le fait que quand nous nous sentons jugeables, nous sommes davantage sensibles à différentes formes d’influences. Il a été montré qu’un individu placé en situation de déterminabilité sociale (quand il croit que l’expérimentateur détient des informations sur lui) se montre plus sensible à toute forme d’influence sociale présente dans une situation. Il est davantage sensible à l’influence des stéréotypes, soumis à l’autorité représentée par l’expérimentateur, et plus important pour la suite de notre propos, conforme aux attentes d’autrui, autrui pouvant être l’expérimentateur. Dans le cadre expérimental, l’expérimentateur incarne plutôt le savoir académique et des opinions qui ne dérangent pas l’ordre établi, i.e. des opinions politiquement correctes. Partant de cette idée, nous avons fait l’hypothèse qu’en situation de déterminabilité, les sujets se conforment implicitement à ce qu’ils pensent de ce que sont les préférences de l’expérimentateur. Pour tester cette hypothèse, nous avons utilisé une tâche originale : amener les sujets (déterminés vs. non déterminés) à effectuer un choix entre exhiber des dessins provocateurs versus politiquement corrects. Nous avons aussi manipulé le caractère humoristique des dessins. L’humour étant une dimension moins reliée à ce que représente l’expérimentateur, les sujets devraient avoir moins d’attentes sur ses préférences. Aussi, les sujets déterminables devraient davantage choisir d’exhiber les dessins politiquement corrects que les dessins politiquement incorrects tandis que l’exhibition de dessins drôles ne devrait pas être affectée par le niveau de déterminabilité sociale. Matériel et méthode L’expérience se déroule en 2 phases (paradigme des expériences indépendantes). Elle est présentée aux sujets comme une recherche portant sur la manière dont on peut créer un journal. En ph. 1, les sujets (N=43) répondent à un questionnaire présenté soit comme un test de psychologie permettant à l’expérimentateur de saisir certaines caractéristiques personnelles du sujet (condition « déterminable ») soit comme une enquête anonyme réalisée dans le cadre d’une étude réalisée par des étudiants de L3 (condition « non déterminable »). En ph. 2, ils sont tous invités à se mettre dans la peau d’un technicien d’illustration devant finaliser un journal de 6 pages. Ils sélectionnent 4 dessins, parmi les 6 proposés, qu’ils positionnent dans le journal dans 4 encadrés réservés à l’illustration. Nous avons manipulé la visibilité des encadrés en indiquant dans chaque encadré qu’il s’agissait d’un emplacement d’une visibilité soit très forte (première page), soit forte (dernière page), soit faible (une page intérieure), soit très faible (une page intérieure). Les dessins ont été sélectionnés à partir d’un prétest : 110 dessins jugés sur des échelles mesurant leurs aspects humoristique et politiquement correct. 4 dessins ont été retenus: 1. très drôle et très politiquement correct (D-PC), 2. peu drôle et très politiquement correct (ND-PC) 3. très drôle et peu politiquement correct (D-NPC) et 4. peu drôle et peu politiquement correct (ND-PC). Pour que les sujets ne perçoivent les variations sous tendant ces 4 dessins, 2 autres dessins fillers neutres (des paysages) sur les deux dimensions étaient proposés. Le journal complété, les sujets Congrès psycho.indb 83 22/07/10 16:09 84 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 répondaient à une série de questions permettant de vérifier qu’aucun lien n’était perçu entre les deux phases de la recherche. mardi matin Résultats et discussion Seules les données des sujets qui n’ont pas perçu le lien entre les 2 phases font l’objet d’un traitement statistique. Calcul des variables dépendantes. Un score d’exposition du politiquement correct a été calculé pour chaque sujet. Plus le score est positif, et plus le sujet a exhibé des dessins politiquement corrects; plus le score est négatif et plus le sujet a exhibé des dessins non politiquement corrects. Il varie de +7 à -7, 0 signifiant que les 2 types de dessins ont le même niveau de visibilité. Il correspond à la somme des rangs de visibilité pondérés par un coefficient (dessin politiquement correct : coefficient +1, non politiquement : -1). Chaque dessin est associé à un rang de visibilité variant de 1 (non inséré dans le journal) à 5 (en position de très forte visibilité). Nous avons testé l’effet de la déterminabilité sur chacun de ces scores. Les résultats montrent que la manipulation de la déterminabilité n’a aucun effet sur l’exposition de l’humour (p>.90). On observe un effet de la déterminabilité sur le score d’exposition du politiquement correct indiquant que les sujets déterminables exhibent davantage les dessins peu politiquement corrects (M=2.43) que les sujet non déterminables (M=+0.32), t(1,42)=2.98; p<.005 Seul le score du groupe déterminable est statistiquement différent du point neutre (0) de l’échelle (p<.001). Nous observons effet de la déterminabilité sociale sur l’exhibition du politiquement correct inverse à celui prédit. Nous avons pu sous estimer l’idée que cette tâche particulière de création de journal peut mobiliser deux types de norme : se montrer original vs. conformiste. Le score des sujets non déterminables appuie cette interprétation: il correspond au point neutre de l’échelle, ils sont plus mitigés quant à l’exhibition du politiquement correct. Ils feraient un compromis entre les 2 normes. Les sujets non déterminables ont pu implicitement inférer que l’expérimentateur attendait d’eux de l’originalité. La déterminabilité sociale renforçant la conformité aux attentes de l’expérimentateur, les sujets ont choisi d’exhiber des dessins provocateurs pour faire preuve d’originalité. Cette interprétation est d’autant plus plausible que l’expérimentateur était jeune, se présentait comme un étudiant faisant une étude pour son M1. Il n’a peut être pas été perçu comme un représentant du monde académique. Par la suite, il faudra définir précisément ce que pensent les sujets des attentes de l’expérimentateur et manipuler les caractéristiques de l’expérimentateur afin d’assoire cette interprétation. Références Morchain, P., & Schadron, G. (2001). Devenir ce que je crois que vous croyez de moi : un effet de confirmation comportementale de l’image que l’on croit avoir auprès de l’interlocuteur. Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 50, 27-41. Schadron, G., & Morchain, P. (1999, septembre). De la jugeabilité sociale à la déterminabilité sociale. Communication présentée à la 8ème Table Ronde « Perspectives cognitives et conduites sociales ». Université de Nice Sophia Antipolis. Congrès psycho.indb 84 22/07/10 16:09 85 Influence des contextes compétitif et coopératif sur la perception de l’avenir : étude situationnelle et positionnelle de l’optimisme comparatif Krzeminski, Aurélie (Université de Nice Sophia-Antipolis, lpcs EA 1189), Milhabet, Isabelle (Université de Nice Sophia-Antipolis, lpcs EA 1189), Clerico, Jean-Baptiste (Université de Nice Sophia-Antipolis, lpcs EA 1189). mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Résumé L’optimisme comparatif (OC) consiste à percevoir son avenir comme meilleur que celui des autres. Parmi les nombreux facteurs explicatifs de l’OC, les caractéristiques de la situation de la comparaison ou du groupe d’appartenance ont peu été examinées. Toutefois, Verlhiac, Desrichard, Milhabet et Arab (2005) ont montré que l’émergence de l’OC est sensible à la situation concurrentielle ou compétitive que peut générer la comparaison entre soi et autrui en tant qu’appartenant à un groupe. Dans cette voie, notre objectif était d’étudier le lien entre l’OC et la compétitivité ou également entre l’OC et la coopération. Nos résultats confirment que les caractéristiques de la comparaison influencent la perception de l’avenir pour soi et pour autrui. Contrairement à la coopération, la compétition augmente l’expression d’OC. Plus encore, en situation compétitive, l’avenir attribué à un membre d’un hors groupe homogène est plus favorable que celui attribué à un membre d’un hors groupe hétérogène. Nos résultats conduisent à mettre en évidence la dimension compétitive de l’expression de l’OC. Ils seront confrontés à l’explication en termes d’éloignement ou proximité à la cible et plus largement discutés dans le cadre compétitif de nos sociétés occidentales. Introduction L’OC, impliquant une comparaison entre soi et autrui relative à l’avenir, est l’expression d’une perception auto-avantageuse (Harris & Middleton, 1994). Cette tendance, massive et robuste, varie toutefois selon de nombreux facteurs : les caractéristiques des événements futurs, des sujets, de la cible de comparaison (soit autrui) et de la nature des relations entre le sujet et la cible (e.g., familiarité, éloignement) (pour une revue, Helweg-Larsen et Shepperd, 2001). Par exemple, lorsqu’ autrui est proche ou familier au sujet, l’expression d’OC diminue alors qu’elle augmente lorsqu’autrui est éloigné ou vague. Ces comparaisons entre soi et autrui, le plus souvent interpersonnelles, prennent quelquefois la tournure de comparaisons intergroupes comme, par exemple, l’appartenance au groupe des fumeurs vs non fumeurs (Gibbons, MacGovern & Lando, 1991). Pourtant, la comparaison intra-inter-groupes dans le cadre de la perception de l’avenir a rarement été examinée en tant que telle. L’étude de Verlhiac et al. (2005), impliquant une comparaison avec l’intragroupe et l’intergroupe de collégiens d’un groupe scolaire réputé et d’un groupe scolaire peu réputé, montre par exemple qu’en comparaison symétrique (i.e., intragroupe) la relation compétitive qui s’instaure entre soi et autrui participe davantage à l’expression d’OC que la comparaison asymétrique (i.e., entre l’intragroupe et le hors groupe). Dans ce contexte, notre objectif était de tester la dimension compétitive de l’OC. Nous nous interrogions sur l’influence de la situation de comparaison compétitive ainsi que sur le rôle des caractéristiques du hors groupe sur l’expression d’OC. Nous faisions l’hypothèse qu’en condition coopérative, le rapprochement qui s’opère avec autrui, doit diminuer l’OC. En revanche, la condition compétitive, dans laquelle autrui serait perçu comme plus éloigné, doit conduire à l’augmentation de l’OC (H1). Les caractéristiques du hors-groupe sont également susceptibles d’influencer l’expression d’OC. Par exemple, le hors-groupe peut être un groupe homogène, soit un groupe fonctionnel (i.e., choix de travailler ensemble, pouvant échanger leurs idées,…), ou un groupe hétérogène, soit un groupe dysfonctionnel (i.e., pas le choix de travailler ensemble, difficultés à communiquer et à échanger leurs idées,…). Dans cette voie, nous suggérions que la comparaison à un membre d’un groupe hétérogène conduit à davantage d’OC que la comparaison à un membre d’un groupe homogène (H2) et que les sujets jugent plus favorablement le groupe homogène que le groupe hétérogène sur la perception de l’avenir (H3). Congrès psycho.indb 85 22/07/10 16:09 86 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Matériel et Méthode mardi matin Deux expérimentations ont été réalisées. La première manipulait la compétition et la coopération à l’aide d’une tâche dite « perdu sur la lune ». Les sujets devaient coopérer, afin de résoudre la tâche, entre eux au sein de leur groupe et étaient placés en situation de compétition avec les membres d’un autre groupe clairement identifié. À l’issue de l’exercice, ils estimaient la probabilité d’occurrence d’événements positifs et négatifs pour eux et pour une autre personne en lien, ou pas, avec la tâche réalisée. Le type de comparaison (coopération vs compétition) X les cibles de comparaison (soi vs autrui) étaient traitées selon un plan intrasujet. La seconde étude était centrée sur l’analyse du lien entre compétition et OC en fonction des caractéristiques du groupe. En passation individuelle, ils devaient se projeter comme étant en compétition avec un membre d’un autre groupe (homogène vs hétérogène). Puis, ils devaient comparer leur avenir à cet autrui avec lequel ils étaient en compétition. Le groupe de comparaison (homogène vs hétérogène) X les cibles de comparaison (soi vs autrui) étaient traitées selon un plan intersujets. Résultats et Discussion Dans l’étude 1, les sujets expriment davantage d’OC en situation compétitive qu’en situation coopérative. Ces résultats appuient l’hypothèse 1 selon laquelle les caractéristiques de la comparaison influencent la perception de l’avenir. L’étude 2 montre qu’en situation compétitive la perception de l’avenir exprimée par les sujets varie selon les caractéristiques du groupe de comparaison. Si les sujets expriment, sans distinction, de l’OC pour le groupe de comparaison homogène ou hétérogène (H2 non confirmée), ils jugent l’avenir du groupe homogène meilleur que celui du groupe hétérogène (H3 confirmée). Les résultats montrent que les sujets sont optimistes par rapport à autrui en situation compétitive alors qu’ils le sont moins en situation coopérative. Deux interprétations, complémentaires, de ces résultats sont discutées. 1) La compétition peut conduire à concevoir l’autre comme éloigné et différent de soi alors que la coopération le rapproche et le rend plus similaire ; hypothèse traitée dans une troisième étude en cours. 2) L’OC particulièrement fort dans nos sociétés occidentales serait le reflet de l’environnement compétitif dans lequel il s’exprime (Le Barbenchon & Milhabet, 2005). Et, dans ce contexte, le groupe de compétition le plus homogène serait plus apte à vivre un avenir favorable que le groupe hétérogène. Références Gibbons, F. X., McGovern, P. G., & Lando, H. A. (1991). Relapse and risk perception among members of a smoking cessation clinic. Health Psychology, 10, 42-45. Harris, P. & Middleton, W. (1994). The illusion of control and optimism about health: On being less at risk but no more in control than others. British Journal of Social Psychology, 33, 369-386. Helweg-Larsen, M. & Shepperd, J.A. (2001). Do moderators of the optimistic bias affect personal or target risk estimates ? À review of the literature. Personality and Social Psychology Review, 5, 1, 74-95. Le Barbenchon, E. & Milhabet, I. (2005). L’optimisme : réponse désirable et/ou socialement utile ?. Revue internationale de psychologie sociale, 3, 153-181. Verlhiac, J-F., Desrichard, O., Milhabet, I. & Arab, N. (2005). Effets de la réputation du groupe scolaire d’appartenance et des facteurs de vulnérabilité personnelle sur l’Optimisme Comparatif. L’Orientation Scolaire et Professionnelle, 34, 119-141. Congrès psycho.indb 86 22/07/10 16:09 87 J’ai peur donc j’échoue : le rôle de la peur dans l’effet de menace du stéréotype Chateignier, Cindy (Université Paris Ouest Nanterre- la Défense), Chekroun, Peggy (Université Paris Ouest Nanterre- la Défense), Nugier, Armelle (Université de Clermont), Dutrévis, Marion (Université de Genève). Résumé mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 La recherche présentée vise à étudier le rôle des émotions – plus spécifiquement liées à la peur- dans la menace du stéréotype (Steele & Aronson, 1995). Nous postulons que ces émotions ressenties par les individus stigmatisés en situation menaçante, pourraient être à l’origine de la chute de performance classiquement observée dans ce contexte. Cinquante huit étudiants français dont 25 étaient issus de l’immigration maghrébine, ont participé à cette étude. La tâche de performance était présentée comme diagnostique des capacités intellectuelles versus non diagnostique. Tout d’abord, les résultats valident l’hypothèse selon laquelle la situation de menace du stéréotype inhibe les performances : les participants d’origine maghrébine en condition diagnostique obtiennent des performances inférieures à tous les autres participants. De plus, ils ressentent davantage de peur que les participants soumis aux trois autres conditions. En effet, les analyses montrent que la situation de menace du stéréotype génère chez les individus stigmatisés, de la peur dont résulte une inhibition des performances. Les résultats de cette étude seront discutés en termes d’adhésion au stéréotype et des émotions dont il en découle. Introduction L’effet de menace du stéréotype correspond à la chute de performance que subissent les individus stigmatisés lorsqu’ils se trouvent dans une situation évaluative rendant saillant le stéréotype négatif de leur groupe d’appartenance. Outre les explications de cette chute de performance en termes de réduction des capacités de la mémoire de travail (Bonnot & Croizet, 2007), d’autres auteurs avancent que les émotions générées par cette situation menaçante pourraient en être à l’origine (Steele & Aronson, 1995). En effet, l’anxiété a été mise en évidence chez les individus stigmatisés dans ce contexte (Osborne, 2001), cette émotion étant par ailleurs un potentiel inhibiteur des capacités de traitement des individus (Mackie & Worth, 1989). De plus, d’après la théorie fonctionnelle des émotions (Frijda, 2005), la tendance d’action associée à la peur –et aux émotions de sa catégorie- est un évitement de la cible tant physique que cognitif (Alexopoulos & Ric, 2007). Ceci pourrait alors contribuer à la chute de performance observée en situation de menace du stéréotype. Cependant, les études ayant mis en évidence la présence d’anxiété en situation de menace présentent des limites quant aux moyens utilisés (échelles auto-rapportées) ainsi qu’au niveau du temps de mesure (après la tâche de performance) pour saisir les émotions ressenties par les individus. Ainsi, la présente étude a comme objectif de tester le rôle des émotions liées à la peur dans l’effet de menace du stéréotype, en utilisant une mesure implicite des émotions immédiatement après la consigne afin de saisir avec davantage d’objectivité et de précision l’activation émotionnelle suscitée par ce contexte menaçant. En utilisant une tâche de décision lexicale, basée sur la théorie de la congruence émotionnelle (Gerrig & Bower, 1982), nous nous attendions à ce que les étudiants français issus de l’immigration maghrébine en situation menaçante identifient plus rapidement les mots liés à la peur que les mots neutres comparativement aux trois autres groupes expérimentaux, indice d’un ressenti de peur chez ces individus. Nous faisions également l’hypothèse d’un effet délétère de cette émotion sur la performance intellectuelle qui suit. Méthode Cinquante huit étudiants de l’Université Paris Ouest ont participé à cette étude. Nous avions un plan expérimental 2(Origine : Issus de l’immigration maghrébine vs Non) *2(Consigne : Diagnostique vs Non Diagnostique) interparticipants. Ainsi, pour la moitié des participants, qu’ils soient d’origine maghrébine ou non, la tâche était décrite comme évaluative des capacités intellectuelles (cette condition diagnostique rendait saillant le stéréotype) tandis que pour l’autre moitié, celle-ci était présentée comme un prétest pour une future recherche. Après l’énoncé de la consigne, les émotions des participants étaient mesurées au Congrès psycho.indb 87 22/07/10 16:09 88 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 moyen d’une tâche de décision lexicale. Puis ils devaient exécuter en temps limité (10 minutes) une tâche de performance tirée de la section verbale du G.R.E (test standardisé). mardi matin Résultats et Discussion L’ANOVA montre l’effet d’interaction attendu entre la consigne de présentation du test et l’origine des participants sur la performance, t(54)= -3.249, p<.002. En effet, les étudiants issus de l’immigration maghrébine en condition diagnostique obtiennent une performance inférieure (M = 7.84 ; SD = 2.57) à celle des trois autres conditions expérimentales (M = 9.93 ; SD = 1.52, M = 8.91 ; SD = 2.74, M = 10.64 ; SD = 1.83 respectivement pour les étudiants français non issus de l’immigration maghrébine en condition diagnostique, et les étudiants français d’origine maghrébine et ceux non issus de cette immigration, en condition non diagnostique de l’intelligence ). De plus, comme attendu, ces étudiants identifient plus rapidement les mots émotionnels liés à la peur que les mots neutres par rapport à l’ensemble des autres participants, t(51) = -2.003; p = .05. L’analyse de régression montre l’effet délétère attendu de la peur sur la performance au test, B = - .275, t(54) = -2.085; p < .04. Ces résultats nous ont permis de mettre en évidence les émotions de peur générées par la situation de menace chez les individus stigmatisés et l’impact délétère que celles-ci entraînent sur leur performance. L’émotion générée étant dépendante de l’évaluation faite de la situation par les participants (Scherer, 1999), on peut supposer que l’adhésion au stéréotype par la population cible favorise l’apparition de la peur. En effet, la population issue de l’immigration maghrébine, sans pour autant adhérer à ce stéréotype négatif les concernant, n’exprime pas d’opinion opposée à ce dernier (Chateignier, Dutrévis, Nugier, & Chekroun, 2009). Cependant, on pourrait supposer que chez une population dont l’opinion irait à l’encontre du stéréotype, on noterait davantage l’apparition de l’émotion de colère, du fait de l’injustice perçue de la situation par les individus. Il serait intéressant d’introduire ce facteur d’adhésion au stéréotype dans une prochaine recherche afin de comprendre plus précisément l’impact et les conditions d’apparition des émotions dans ce phénomène de menace du stéréotype. Références Alexopoulos, T., & Ric, F. (2007). The evaluation- behavior link :Direct and beyond valence. Journal of Experimental Social Psychology, 43, 1010- 1016. Bonnot, V., & Croizet, J.-C. (2007). Stereotype internalization and women’s math performance:The role of interference in working memory. Journal of Experimental Social Psychology, 43, 857-866. Chateignier, C., Dutrevis, M., Nugier, A., & Chekroun, P. (2009). French- Arab students and verbal intellectual performance:Do they really suffer of a negative intellectual stereotype ? European Journal of Psychology of Education, 24, 219-234. Frijda, N. H. (2005). Emotion experience. Cognition & Emotion, 19, 473-497. Gerrig, R. J., & Bower, G. H. (1982). Emotional influences on word recognition. Bulletin of the Psychonomic Society, 19, 197-200. Mackie, D. M., & Worth, L. T. (1989). Processing deficits and the mediation of positive affect in persuasion. Journal of Personality and Social Psychology, 57, 27-40. Osborne, J. W. (2001). Testing stereotype threat:Does anxiety explain race and sex differences in achievement ? Contemporary Educational Psychology, 26, 291-310. Steele, C.M., & Aronson, J. (1995). Stereotype threat and the intellectual test performance of African Americans. Journal of Personality and Social Psychology, 69, 797-811. Congrès psycho.indb 88 22/07/10 16:09 89 Les modes de connaissance des objets usuels conditionnent-ils la connaissance des personnes ? Schiffler, Frédéric (Université Nancy 2), Dubois, Nicole (Université Nancy 2), Mollaret, Patrick (Université Champagne-Ardennes). Résumé mardi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 La conception de la double connaissance (Dubois et Beauvois, 2002) confère un rôle central aux rapports sociaux dans l’élaboration de toute connaissance d’un objet social (une personne, un objet). Ces rapports sociaux engendrent des modes de connaissance spécifiques conduisant à saisir directement certains aspects de l’objet social, tantôt relevant de la connaissance descriptive, tantôt relevant de la connaissance évaluative. Deux expérimentations, visant à tester cette hypothèse, ont consisté à induire, dans une première tâche, un mode de connaissance (descriptif vs évaluatif). Cette tâche portait soit sur des photos de visages (Etude 1), soit sur des photos d’objets (Etude 2). Elle consistait à les classer en fonction de critères descriptifs (couleur, forme, etc.) vs évaluatifs (potentiel à être apprécié, à réussir, etc.). Dans une seconde tâche expérimentale, perçue comme indépendante de la tâche d’induction, les sujets devaient caractériser 12 autres photos de visages à l’aide de couples d’informations (Descriptives, ex : yeux bleus vs Evaluatives ex : dynamique) accompagnant chaque photo. Les résultats montrent que les informations les plus saillantes en tâche expérimentale correspondent au mode de connaissance préalablement induit. Introduction La conception de la double connaissance (Dubois et Beauvois, 2002) argue que les rapports sociaux déterminent le mode de connaissance qu’on a d’un objet social, qu’il soit une personne ou un objet usuel. Par exemple, dans un rapport social d’observation scientifique, on connaît directement les objets sociaux par la connaissance descriptive qui est faite pour livrer leurs propriétés (couleur, forme…). Dans tous les autres rapports sociaux (rapports professionnels, de cooptation amicale, de consommation…) on connaît directement les objets sociaux par la connaissance évaluative qui est faite pour livrer directement leur valeur sociale. La théorie bicomponentielle de la valeur (Beauvois, 1995 ; Beauvois et Dubois, 2008) apprend que la valeur sociale d’une personne relève de deux aspects du fonctionnement social, s’exprimant soit par la désirabilité sociale (DS), soit par l’utilité sociale (US). Il a été montré (Schiffler, 2009) que ces deux aspects de la valeur personnologique avaient leurs correspondants pour la valeur des objets usuels, correspondants qui ont été appelés respectivement agréabilité (A) et poids économique (PE). Ces deux aspects sont plus ou moins fortement mobilisés dans les rapports sociaux et sous-tendent deux modes fondamentaux de la connaissance évaluative, l’un focalisant davantage sur le (dé) plaisir que communiquent les objets sociaux, l’autre focalisant davantage sur la plus ou moins forte valeur marchande qu’ils communiquent. Deux études récentes (Schiffler, Dubois et Mollaret, 2009) ont montré que l’induction d’un rapport social donné, mobilisant soit un mode de connaissance descriptive, soit un mode de connaissance évaluative, entraînait, dans une tâche expérimentale ultérieure perçue comme indépendante de la première et consistant à choisir les adjectifs les plus saillants pour décrire des objets (voitures, fauteuils, stylos présentés en photos), le choix préférentiel des adjectifs relevant du même mode de connaissance que celui induit. De tels résultats, obtenus aussi bien lorsque l’induction portait sur des objets (étude A) que lorsqu’elle portait sur des personnes (étude B), montrent, non seulement qu’un mode de connaissance donné peut être induit expérimentalement, mais aussi que l’effet de l’induction fonctionne aussi bien à partir d’objets sociaux de même nature que ceux de la tâche expérimentale (objet-objet) que d’objets sociaux de nature différente (personne-objet). Il restait à savoir si ces résultats s’observent lorsque les objets sociaux de la tâche expérimentale sont cette fois-ci des photos de personnes, ceux de la tâche d’induction étant rigoureusement identiques à ceux des deux études antérieures. Ce sont ces deux nouvelles expérimentations qui sont présentées. Congrès psycho.indb 89 22/07/10 16:09 90 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Matériel et Méthode mardi matin 166 étudiants de l’université de Nancy 2 ont participé. Dans l’étude 1, 73 sujets étaient induits à un rapport social mobilisant soit la valeur sociale (DS vs US), soit la description de personnes. Dans l’étude 2, 69 sujets étaient induits à un rapport mobilisant soit la valeur sociale (A vs PE), soit la description d’objets (DE). La tâche d’induction consistait, comme dans les recherches A et B, à classer les photos en fonction de critères mobilisant le mode de connaissance correspondant à la situation expérimentale à laquelle était affectés aléatoirement les sujets. Dans la condition contrôle, 24 sujets étaient directement confrontés à la tâche expérimentale. Dans cette tâche, présentée comme une étude indépendante de la première, on présentait 12 photos de visages, chacune étant associée à un couple d’informations (prétestées tout aussi pertinentes l’une que l’autre pour s’appliquer à la photo qu’elles accompagnent). Ces informations étaient soit des traits de personnalité communiquant la DS (ex : chaleureuse, désagréable, etc.), ou l’US (ex : ambitieux, négligeant, etc.), soit des informations descriptives (ex : yeux bleus, barbu, etc.). Les couples ont été générés de façon à obtenir les combinaisons suivantes : DS-US, DS-DE, US-DE. Pour chaque photo, les sujets devaient entourer l’information la plus saillante. Résultats et Discussion Pour chaque sujet, nous avons calculé 3 scores correspondant à la moyenne de choix des informations désirables (score DS), utiles (score US) et Descriptives (score DE). Chaque score varie entre 0 et 1. Les résultats ont été traités par ANOVA, correspondant au plan factoriel suivant : MODE (7 : DS ; US ; DE-visage ; A ; PE ; DE-objet ; Contrôle / intersujet) X INFO 3 (DS ; US ; DE / intrasujet). Ils montrent que l’induction d’un mode de connaissance entraîne le choix préférentiel d’adjectifs du même mode que celui mobilisé dans la tâche d’induction, qu’elle ait été réalisée avec des personnes ou des objets. Par exemple, ils montrent que les informations communiquant la valeur marchande (US) sont plus choisies lorsque les sujets étaient induits à un mode de connaissance mobilisant l’US des personnes (m=0.57) ou des objets (m=0.59) que dans les autres conditions (contrôle, m=0.47 ; DS, m=0.51 ; A, m=0.51 ; DE-objet, m=0.39 ; DE-visage, m=0.43). Ce pattern est globalement observé pour les trois types d’informations. Des analyses par contrastes tendent à confirmer ces résultats. Nous discuterons quelques hypothèses alternatives, les implications théoriques et les applications possibles de ces résultats. Références Beauvois, J.-L. (1995). La connaissance des utilités sociales. Psychologie Française, 40, 375-387. Beauvois, J.-L. & Dubois, N. (2008). Deux dimensions du jugement personnologique : approche évaluative vs approche psychologique ; Psihologia Sociala, 21, 105-119. Dubois, N. & Beauvois, J.-L. (2002). Evaluation et connaissance évaluative. Une théorie dualiste de la connaissance. Nouvelle revue de psychologie sociale, 1, 103-111. Schiffler, F. (2009). La connaissance des objets est-elle analogue à la connaissance des personnes ? -Communication orale, Psychologie et enjeux de société, Congrès de la SFP, Toulouse, 17-19/06/2009. Schiffler, F. Dubois, N. & Mollaret, P. (soumis). Modes de connaissances des objets sociaux : leur induction et leur généralisation. 8ème congrès international de psychologie sociale de l’ADRIPS, Nice, 25-28/08/2010. Congrès psycho.indb 90 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 91 Mardi après midi Conférences invitées : Alain Blanchet (Professeur des Universités, Université Paris V3) Axel Cleeremans (Directeur de recherche, FNRS et Université Libre de Bruxelles) Associations et dissociations entre comportement et conscience Congrès psycho.indb 91 mardi après-midi Les psychothérapies sont-elle rationnelles ? 22/07/10 16:09 92 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Symposium-La cognition multimodale : ré-activation automatique d’expériences sensori-motrices Organisation de la session : Brouillet, Denis (Université Montpellier 3), Versace, Rémy (Université Lyon 2). mardi après-midi Quand la fluence des processus sensori-moteurs de simulation génère une émotion positive. Brouillet, Thibaud (Université Montpellier 3), Brouillet, Denis (Université Montpellier 3). La manipulation des objets influence leur catégorisation : études chez l’enfant Bonthoux, Françoise (Université Grenoble 2), Blaye, Agnès (Université de Provence). Ré-activation de la taille « mnésique » et détection de cibles sur la base de leur taille perceptive Riou, Benoit (Université Lyon 2), Labeye, Élodie (Université Lyon 2), Versace, Rémy (Université Lyon 2). Résumé Il est maintenant admis que les connaissances émergent de la réactivation de traces mnésiques d’expériences passées gardant la marque des situations dans lesquelles elle se sont élaborées. Des données issues de la psychologie cognitive, des neurosciences, mais aussi de la neuropsychologie, semblent montrer que les traces mnésiques reflètent l’ensemble des composants des expériences de l’individu (composants sensoriels, moteurs, émotionnels…). Ainsi, les connaissances, et plus largement le fonctionnement cognitif, émergent de mécanismes d’activation, intégration, et synchronisation multimodales impliquant de multiples zones du cerveau (voir les perspectives cognition « située » et cognition « incarnée »). L’objectif de ce symposium sera de présenter des travaux démontrant le rôle essentiel de ces mécanismes dans la cognition humaine, en nous centrant plus particulièrement sur la ré-activation automatique d’expériences sensori-motrices Congrès psycho.indb 92 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 93 Quand la fluence des processus sensori-moteurs de simulation génère une émotion positive. Brouillet, Thibaud (Université Montpellier 3), Brouillet, Denis (Université Montpellier 3). Les auteurs s’attachent ici à défendre la thèse, proposée par Winkielman et al. (1998, 2001, 2003, 2006, 2007), selon laquelle la fluence (i.e., la facilité de traitement) est hédoniquement marquée et qu’elle engendre une émotion positive. De plus, les auteurs cherchent à mettre en évidence que la fluence, initialement décrite comme perceptive (Jacoby & Brooks, 1984), puis comme conceptuelle (Whittlesea, 1993), peut aussi être éprouvée via nos processus de simulation d’expériences sensorimotrices (Barsalou, 2008 ; Fadiga, Fogassi, Pavesi & Rizzolatti, 1995 ;) avec une Tucker & Ellis, 1998). L’expérience présentée utilise le paradigme d’amorçage affectif (Fazio & al., 1986tâche d’évaluation de valence. Les résultats montrent que lorsque l’amorce est une situation de compatibilité perceptivomotrice (i.e., fluence sensori-motrice), l’évaluation d’un mot cible de valence positive est plus rapide que lorsque l’amorce est une situation d’incompatibilité perceptivo-motrice (i.e., interférence sensorimotrice). Ce résultat met en évidence que la dynamique des processus de bas niveau génère une émotion positive. mardi après-midi Résumé Cadre théorique Il est communément admis que le fait de répéter une même information conduit à un traitement plus rapide de celle-ci et que cette facilitation conduit à son tour à nous faire préférer les stimuli qui auront été répétés. En nous appuyant sur les travaux de Winkielman, nous défendons la thèse selon laquelle les propriétés affectives que nous attribuons à des objets du monde sont le produit de la dynamique des processus sensori-moteurs de simulation. Problématique Depuis sont l’origine le concept de fluence est décrit comme perceptif ou comme conceptuelle. Toutefois, nous considérons que la fluence peut aussi être éprouvée via nos processus de simulation d’expériences sensori-motrices. Par exemple, les travaux de Tucker et Ellis (1998) montrent que lorsque l’anse d’une tasse apparaît du même côté que celui de la main de réponse (compatibilité perceptivo-motrice), l’identification de l’objet est plus rapide que lorsque la main de réponse est du côté opposé à celui de l’anse. Selon les perspectives de la « grounded cognition » (Barsalou, 2008, 2009), la perception de l’anse d’une tasse active automatiquement une simulation sensori-motrice : saisir l’objet. Cette simulation sensori-motrice a pour fonction d’anticiper les conséquences de la situation présente : saisir l’anse avec la main appropriée. De ce constat, nous sommes en droit de penser que la génération de la fluence peut être soustendue par des processus sensori-moteurs de simulation et, qu’ils génèrent par leur dynamique une émotion. Si tel est le cas, nous pouvons nous attendre à ce que l’évaluation affective d’un mot cible de valence positive soit réalisée plus rapidement après que nous ayons provoqué un épisode de fluence perceptivo-motrice, qu’après un épisode dépourvu de fluence sensori-motrice. Expérience Participants. Quatre-vingts étudiants ont volontairement participé à cette expérience. Tous sont droitiers et ont été équitablement répartis dans deux groupes. Pour 40 participants la réponse « agréable » est donnée de la main droite et « désagréable » de la main gauche. Les 40 autres avaient la consigne inverse. Matériel. Nous avons sélectionné de la norme de Syssau et Font (2003) 24 mots de valence positive et 24 mots de valence négative. Nous avons contrôlé leur fréquence, leur concrétude et leur nombre de lettres. Procédure. Nous nous sommes librement inspirés du paradigme d’amorçage. La phase d’amorçage se déroule en deux temps : 1/ Au centre d’un premier écran apparaît une tasse à café pendant 70 ms. Pour la moitié des présentations, l’anse de la tasse est à droite et pour l’autre moitié à gauche. Les participants n’ont pas de réponse à donner. Congrès psycho.indb 93 22/07/10 16:09 94 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi après-midi 2/ dans un second écran apparaît une étoile, soit à droite soit à gauche de l’écran. Nous avons sélectionné cet objet car il n’implique pas a priori l’acte simulé d’attraper et parce que l’utilisation d’un objet très différent perceptivement d’une tasse évite que nos résultats soient imputables à un quelconque effet de première exposition. La consigne pour les participants était d’indiquer la position de l’étoile à l’écran. Soit en serrant leur main droite lorsque l’étoile était à droite, soit en serrant leur main gauche lorsque l’étoile était à gauche. En phase cible, un mot de valence positive ou négative apparaît après un délai de 250 ms (SOA le plus fréquemment utilisé dans le cadre de l’amorçage affectif). La tâche pour les participants était d’indiquer le plus rapidement possible le caractère agréable ou désagréable du mot. Au final, nous avons deux conditions expérimentales identiques. Soit la moitié des mots est présentée après une amorce où il y a compatibilité perceptivo-motrice entre la position de l’anse de la tasse et la position de l’étoile, soit la moitié des mots est présentée après une amorce où il y a incompatibilité perceptivo-motrice entre la position de l’anse et celle de l’étoile. Nous enregistrons les temps de réaction pour l’évaluation des mots. Attentes. Nous nous attendons à observer que les mots positifs soient plus vite évalués comme agréable lorsqu’il y a compatibilité perceptivo-motrice entre la position de l’anse et celle de l’étoile que lorsqu’il n’y a pas de compatibilité. La compatibilité perceptivo-motrice étant la marque de la fluence dans cette procédure. Résultats Le résultat principal que nous présenterons ici est l’interaction que nous observons entre la compatibilité perceptivo-motrice de l’amorce et l’évaluation de la valence des mots [F(1-78) = 15,7; p<.01]. Les participants sont plus rapides pour juger le caractère agréable d’un mot après un épisode de compatibilité perceptivo-motrice qu’après un épisode ou il n’y a pas de compatibilité. Discussion Ce résultat va dans le sens de Winkielman : la fluence est hédoniquement marquée et génère une émotion positive. De plus, il renforce l’idée que la dynamique des processus de simulation sensori-moteur peut être responsable des propriétés affectives que nous conférons aux objets du monde. Enfin, comme le suggèrent les théories de la cognition incorporée ce résultat laisse entrevoir que les processus de haut niveau, tel que le jugement affectif d’un item, sont enchâssés dans les processus de bas niveau, tel que les processus sensori-moteurs de simulation. Ainsi, à la question du comment les propriétés affectives que nous attribuons à un objet nous viennent à l’esprit nous répondons qu’elles y arrivent par ce qu’elles sont construite par la dynamique des processus sensori-moteurs de simulation. Références Barsalou, L. W. (2008). Grounded Cognition. Annual Review of Psychology, 59, 617-645. Tucker, M., & Ellis, R. (1998). On the Relations Between Seen Objects and Components of Potential Actions. Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance, 24, 830-846. Winkielman, P & Cacioppo, J. T. (2001). Mind at Ease Puts a Smile on the Face. Psychophysiological Evidence That Processing Facilitation Elicits Positive Affect. Journal of Personality and Social Psychology, 6, 989-1000. Congrès psycho.indb 94 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 95 La manipulation des objets influence leur catégorisation : études chez l’enfant Bonthoux, Françoise (Université Grenoble 2), Blaye, Agnès (Université de Provence). Dans le cadre de la cognition incarnée, traiter un concept consiste, en partie, à réactiver certains aspects - sensoriels, moteurs, émotionnels - des expériences antérieures avec les objets (Barsalou, 2008). Les travaux rapportés visent à tester l’influence de la manipulation sur la catégorisation d’objets chez des enfants de 5, 7 et 9 ans. Lors d’une première phase, les enfants manipulent (saisissent ou font rouler) des sphères d’aspects divers. Ils voient ensuite des paires de dessins d’objets non réels en 3 D (Exp. 1) ou de photos d’objets familiers (Exp. 2). Un des 2 objets a le même volume que les sphères ou la même fonction (rouler) tandis que l’autre ne partage pas de propriété commune avec elles. L’enfant doit choisir le plus vite et le plus correctement possible l’objet de même sorte que les sphères. Les résultats indiquent que les informations obtenues lors de la manipulation influent sur la catégorisation des objets dès l’âge de 5 ans. Introduction mardi après-midi Résumé Selon l’approche de la cognition incarnée, traiter un concept consiste, en partie, à réactiver certains aspects - sensoriels, moteurs, émotionnels - des expériences antérieures avec les objets (Barsalou, 2008 ; Gallese & Lakoff, 2005 ; Versace, Labeye, Badard, & Rose, 2009). Notamment les actions seraient activées automatiquement lors du traitement conceptuel d’objets. Chez l’adulte, Tucker & Ellis (2004) rapportent des effets de compatibilité entre le geste de saisie d’objets et celui impliqué dans la réponse manuelle lors de la catégorisation d’objets à partir de photos ou de noms présentés très brièvement tandis que Myung, Blumstein et Sedivy (2006) observent un effet d’amorçage en décision lexicale dû à la similarité du geste d’utilisation entre amorces et cibles. Weisberg, Van Turennout et Martin (2007) montrent qu’apprendre à utiliser des objets inconnus comme des outils conduit les adultes, lors de l’identification de nouveaux objets, à activer des réseaux neuronaux dédiés au mouvement et à la manipulation des outils. Chez l’enfant, quelques études montrent l’implication de la manipulation dans le traitement catégoriel des objets (Kalenine & Bonthoux, 2008 ; Kalenine, Bonthoux & Borghi, 2009 ; Smith, 2005). Par exemple chez des enfants de 7 ans, Kalenine et al. (2009) rapportent un effet d’amorçage par des photos de main lorsque la position de saisie est compatible avec la taille de l’objet à catégoriser. Smith (2005) observe que les gestes réalisés par des enfants de 3 ans sur un objet inconnu contraignent ensuite la catégorisation d’objets nouveaux du même type. En adaptant cette dernière procédure, notre objectif est de déterminer si les gestes effectués influencent la catégorisation d’objets très différents de ceux manipulés auparavant : a) des objets non réels (Exp. 1), b) des objets familiers (Exp. 2). Nous attendons que le traitement conceptuel soit influencé différemment par le type de geste : les gestes de saisie devraient favoriser une catégorisation basée sur la similarité de volume tandis que les gestes d’utilisation devraient conduire à privilégier un critère fonctionnel. Méthode Les participants sont des enfants de 5, 7 et 9 ans. Chaque enfant a passé 2 phases successives : 1) manipulation d’objets nouveaux, 2) catégorisation d’objets non réels (Exp. 1) ou d’objets familiers (Exp. 2). Phase de manipulation Les objets sont des sphères transparentes remplies de divers matériaux, présentant donc des aspects variés. À chaque nouvelle sphère présentée, l’expérimentateur indiquait qu’il s’agissait d’un objet de la « même famille ». Une procédure go/no go était proposée de manière à ce que chaque enfant effectue 48 fois soit un geste de saisie des sphères avec la main entière (Groupe Saisie), soit un geste d’utilisation consistant, main à plat, à pousser les sphères pour les faire rouler sur un plan incliné (Groupe Pousser-Rouler). Phase de catégorisation Congrès psycho.indb 95 22/07/10 16:09 96 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi après-midi Sur un écran d’ordinateur, étaient présentés 2 par 2 des dessins d’objets non réels construits à l’aide d’un logiciel de dessin en 3 D (Exp. 1) ou des photos noir et blanc d’objets familiers (Exp. 2). Un des 2 objets de la paire a le même volume que les sphères manipulées auparavant (e.g., une ampoule) ou bien la même fonction « rouler » (e.g., rouleau à pâtisserie) mais en diffère sur toutes les autres caractéristiques (objet compatible Saisie ou compatible Pousser-Rouler) ; l’autre objet de la paire ne partage aucune propriété avec les sphères (objet non compatible). Les enfants devaient choisir le plus vite et le plus correctement possible « l’objet de même famille » que les objets manipulés. Nous attendions que les choix soient plus nombreux pour les objets compatibles partageant la propriété expérimentée durant la manipulation (même volume pour le Groupe Saisie, même fonction pour le Groupe Pousser-Rouler). Résultats Une ANOVA a été effectuée sur le nombre de choix selon le type de réponse (compatible vs. non compatible), la condition de manipulation (Saisir vs. Pousser-Rouler) et l’âge. Dans les 2 expériences, on observe un seul effet principal : il y a plus de choix compatibles avec la manipulation que non compatibles. Le type de réponse interagit avec l’âge de façon différente dans les 2 expériences : l’effet de compatibilité est présent dès l’âge de 5 ans avec les objets familiers mais n’apparaît qu’à 9 ans pour les objets non réels. Enfin, l’interaction avec la condition de manipulation indique que seuls les gestes de saisie influencent la catégorisation. Discussion Les enfants sont capables, dès l’âge de 5 ans, d’extraire des attributs des objets manipulés, qu’ils utilisent ensuite pour catégoriser des objets très différents, notamment familiers. Nos résultats appuient ainsi l’approche de la cognition incarnée, les attributs fonctionnels et volumétriques seraient des constituants des concepts d’objets, réactivés lors du traitement conceptuel. Cependant, les deux conditions de manipulation n’ont pas la même influence sur la catégorisation. Les données seront discutées d’un point de vue développemental. Références Ambrosi, S., Blaye, A., & Bonthoux, F. (en préparation). Grasping and Rolling: different gestures influence children’s categorization. Barsalou, L. W. (2008). Grounded Cognition. Annual Review of Psychology, 59, 617-645. Gallese, V., & Lakoff, G. (2005). The brain’s concepts: The role of the sensory–motor system in conceptual knowledge. Cognitive Neuropsychology, 22, 455–479. Kalenine, S., & Bonthoux, F. (2008). Object manipulability affects children’s and adults’ conceptual processing. Psychonomic Bulletin & Review, 15, 667-672. Kalenine, S., Bonthoux, F., & Borghi, A. M. (2009). How action and context priming influence categorization: a developmental study. British Journal of Developmental Psychology, 27, 717-730. Myung, J., Blumstein, S. E., & Sedivy, J. C. (2006). Playing on the typewriter, typing on the piano: manipulation knowledge of objects. Cognition, 98, 223-243. Smith, L. B. (2005). Action alters shape categories. Cognitive Science, 29, 665-679. Tucker, M., & Ellis, R. (2004). Action priming by briefly presented objects. Acta Psychologica, 116, 185-203. Versace, R., Labeye, E., Badard, G., & Rose, M. (2009). The contents of long-term memory and the emergence of knowledge The European Journal of Cognitive Psychology, 21, 522 - 560. Weisberg, J., van Turennout, M., & Martin, A. (2007). À neural system for learning about object function. Cerebral Cortex, 17, 513-521. Congrès psycho.indb 96 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 97 Ré-activation de la taille « mnésique » et détection de cibles sur la base de leur taille perceptive Riou, Benoit (Université Lyon 2), Labeye, Élodie (Université Lyon 2), Versace, Rémy (Université Lyon 2). Cette série d’expérience étudie les relations entre mémoire et perception dans le but de mettre en évidence le rôle des dimensions sensorimotrices mnésiques sur le processus perceptif. Nous avons utilisé une tâche de recherche visuelle dans laquelle les sujets devaient déterminer si une image était présentée à l’écran plus grande (Expérience 1) ou plus petite (Expérience 2) que les autres parmi 2, 6 ou 10 items. Nous avons manipulé la taille typique des distracteurs. Soit ils avaient la même taille typique que la cible (grande) soit une taille typique différente (petite). Nous supposions que, si la taille typique et mnésique sont fonctionnellement équivalentes, l’ajout d’une différence de taille typique à une différence de taille perceptive devrait, dans l’Expérience 1, faciliter la détection de la cible et, dans l’Expérience 2, perturber la détection de la cible. Les résultats confirment nos hypothèses et montrent que la réactivation automatique des dimensions mnésiques lors de la perception est capable d’influencer le processus perceptif. mardi après-midi Résumé Introduction De nombreuses études montrent que notre mémoire se forme à partir de notre perception (pour une revue Versace et coll. ; 2009). Il existerait un chevauchement des processus mnésiques et perceptifs impliquant alors que les connaissances sensorimotrices émergentes d’un système de mémoire unique pourraient avoir en retour une influence sur la perception. Cette idée est en accord avec l’idée d’une « simulation » d’expériences sensori-motrices, déclenchées par les stimuli de l’environnement, simulation susceptible de modifier le fonctionnement cognitif de manière précoce. Cette étude se base sur l’hypothèse que la perception de la taille représentant un objet est influencée par la taille typique (mnésique) de l’objet. La taille perceptive de l’image d’un objet typiquement grand devrait être plus grande que la taille perceptive d’un objet typiquement petit, et inversement. Matériel et méthode Nous avons adapté un paradigme de recherche visuelle (Treisman et Gormican ; 1988). Les sujets devaient détecter si une image (de taille typique grande) était présentée plus grande (Expérience 1) ou plus petite (Expérience 2) que les distracteurs. Ceux-ci pouvaient être de taille typique grande ou petite et le display pouvait contenir 2, 6 ou 10 items. Le matériel était composé de 20 objets typiquement grands et 20 objets typiquement petits. La moitié des objets typiquement grands et petits était des cibles (images présentées plus grandes ou plus petites que les distracteurs), et l’autre moitié était des distracteurs. Un contre balancement cible/distracteurs a été effectué. 36 sujets volontaires ont participé à chacune des deux expériences. Ils étaient tous étudiants à l’Université Lumières Lyon 2, et avaient tous une vue normale (avec ou sans correction). Hypothèses opérationnelles Selon notre hypothèse, à une différence de taille perceptive entre cible (typiquement grande) et distracteurs, devrait s’ajouter une différence de taille typique lorsque les distracteurs sont typiquement petits. Lorsque l’image cible est entourée de distracteurs typiquement petits plutôt que grands, dans l’Expérience 1, cet ajout d’une différence de taille typique à une différence perceptive devrait faciliter la détection (rapidité et précision) d’une image présentée plus grande ; alors que dans l’Expérience 2, ce même ajout devrait perturber la détection (rapidité et précision) d’une image présentée plus petite. Résultats Nous observons, dans le cas de l’Expérience 1, un effet principal du facteur taille typique des distracteurs (petits ou grands) pour les temps de réaction (F(1, 35) = 15 ; p<.05), et pour le pourcentage de bonnes réponses F(1, 35) = 8 ; p<.05) respectivement de 1323 ms et 81 % de bonnes réponses pour la condition où les distracteurs ont une taille typique grande et 1256 ms et 86 % de bonnes réponses lorsque la taille typique des distracteurs est petite. Nous observons aussi une Congrès psycho.indb 97 22/07/10 16:09 98 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi après-midi interaction entre le facteur taille typique des distracteurs et le facteur nombre d’item (2, 6, 10) pour les temps de réaction (F(2, 70) = 5 ; p<.05) et une tendance pour le pourcentage de bonnes réponses (F(2, 70)=3 ; p=0,58), révélant une diminution des performances avec le nombre de distracteurs plus importante lorsque les distracteurs ont une taille typique grande que lorsqu’ils ont une taille typique petite. De manière globale dans cette expérience, l’ajout d’une différence de taille typique à une différence de taille perceptive facilite la détection de la cible. Pour l’Expérience 2, les résultats montrent un effet principal de la taille typique des distracteurs pour les temps de réaction(F(1, 35) = 27 : p<.05) ainsi que le pour le pourcentage de bonnes réponses respectivement de 1260 ms et 90% de bonnes réponses pour la condition où les distracteurs ont une taille typique grande et 1394 ms et 86% de bonnes réponses lorsque les distracteurs ont une taille typique petite. Nous n’observons pas d’interaction entre les facteurs taille typique des distracteurs et nombre d’items pour les temps de réaction. Des comparaisons locales post-hoc avec un test de Tuckey montrent des différences significatives quel que soit le nombre d’items. Cette interaction est significative pour le pourcentage de bonnes réponses (F(2,70)<1). La détection de la cible est d’autant plus perturbée que le nombre de distracteurs augmente lorsque ceux-ci sont petits plutôt que grands. De manière générale, cette expérience montre que l’ajout de la différence de taille typique à la différence de taille perceptive perturber la détection de la cible. Discussion Nous avons vu dans l’Expérience 1 que la différence de taille typique entre cible et distracteurs facilite la détection de la cible sur la base de sa taille perceptive, ceci d’autant plus que le nombre de distracteurs est important. C’est donc bien la détection de la cible qui est facilitée par une propriété mnésique. Dans l’Expérience 2, la cible est à la fois perceptivement petite et typiquement grande. Dans ce cas, elle est détectée plus facilement lorsque les distracteurs sont eux aussi typiquement grands, ceci quel que soit le nombre de distracteurs. On voit donc que la taille perceptive et la taille mnésique sont fonctionnellement équivalentes. En effet, la cible est détectée plus rapidement lorsque l’ajout de la différence de taille mnésique est congruent avec la différence de taille perceptive (Expérience 1), alors que lorsque cet ajout est non congruent avec la différence de taille perceptive la détection de la cible est perturbée (Expérience 2). Ces résultats sont en accord avec l’idée que dès la perception, les dimensions sensorielles associées en mémoire sont automatiquement activées, et que ces dimensions viennent influencer la perception. Ils sont aussi en accord avec l’idée d’une « simulation » automatique d’expériences sensori-motrices, déclenchées par les stimuli de l’environnement, simulation susceptible de modifier le fonctionnement cognitif de manière précoce. Références Treisman, A., & Gormican, S. (1988). Feature analysis in early vision: Evidence from search asymmetries. Psychological Review , 95, 15-48. Versace, R., Labeye, E., Badard, G. & Rose, M. (2009).The contents of long-term memory and the emergence of knowledge. European Journal of Cognitive Psychology, 21, 522-560. Congrès psycho.indb 98 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 99 Symposium-Développement du lexique Organisation de la session : De Cara, Bruno (Lpcs, EA 1189, Université de Nice). Alario, Xavier (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), De Cara, Bruno (Lpcs, EA 1189, Université de Nice), Massol, Stéphanie, Ziegler, Johannes (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille). Acquisition de la consistance orthographique : du lexique empirique au lexique théorique Hazard, Marie-Claire, De Cara, Bruno, Chanquoy, Lucile (Lpcs, EA 1189, Université de Nice). Temporalité des traitements infra-lexicaux et lexicaux lors de la production écrite de textes narratifs. mardi après-midi Contrôle cognitif et sélection lexicale au cours du développement Maggio, Séverine (Lapsco, UMR CNRS 6024, Université Blaise Pascal, Clermont fd), Lete, Bernard (EMC, EA 3082, Université Lyon 2), Chenu, Florence (Ddl, UMR CNRS 5596, Université Lyon 2), Jisa, Harriet (Ddl, UMR CNRS 5596, Université Lyon 2), Fayol, Michel (Lapsco, UMR CNRS 6024, Université Blaise Pascal, Clermont fd). Apprentissage statistique de l’orthographe et unités de traitement Peereman, Ronald (Lpnc, UMR CNRS 5105, Université Pierre Mendès France, Grenoble), Lete, Bernard (EMC, EA 3082, Université Lyon 2). Nature de l’influence de la lecture sur la reconnaissance de mots à l’oral Perre, Laetitia (URECA, EA 1059, u. Université Lille Nord de France), Pattamadilok, Chotiga (Unescog, u. libre de Bruxelles), Montant, Marie (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), Dufau, Stéphane (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), Ziegler, Johannes (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille). Résumé Une fois entré dans l’écrit, l’enfant entame un processus de « restructuration lexicale » à partir du feedback fourni par l’information orthographique (Ziegler & Goswami, 2005). L’objet de ce symposium est principalement d’examiner ce processus à travers cinq contributions. Dans une première communication, Xavier Alario (CNRS & U. de Provence) abordera la question de la sélection des informations lexicales. La production verbale exige un certain nombre de décisions relatives au choix des mots. Un débat actuel porte sur les relations existantes entre les capacités de contrôle spécifiques au langage et les capacités de contrôle cognitif en général. Deuxièmement, Marie-Claire Hazard (U. de Nice) se penchera sur l’assimilation de l’inconsistance de l’orthographe chez l’enfant. La langue écrite présente de nombreuses irrégularités du point de vue des correspondances entre sons et lettres. Ces irrégularités peuvent être mesurées statistiquement dans le lexique. Elles peuvent aussi se mesurer dans « l’esprit de l’enfant » graduellement au cours de son apprentissage de l’orthographe. C’est ce concept de consistance « empirique », et les implications qui en découlent, que M-C. Hazard présentera. Troisièmement, Séverine Maggio (CNRS & U. Blaise Pascal, Clermont Fd.) exposera un ensemble de données chronométriques concernant la production de textes narratifs chez l’enfant. L’enjeu de son travail a été d’étudier les influences entre mots contigus dans la temporalité des processus. Ces influences proviennent, en partie, des caractéristiques statistiques des mots selon des dimensions lexicales et infralexicales. Toujours concernant les régularités statistiques de l’orthographe, Ronald Peereman (CNRS & U. Pierre Mendès France, Grenoble) rapportera une étude sur l’apprentissage implicite de ces régularités. Très tôt, l’enfant est exposé au lexique écrit. La distribution des formes orthographiques liée à cette exposition évolue avec l’âge. R. Peereman montrera que des « préférences » orthographiques émergent, dès le CE1, en faveur des séquences de lettres les plus fréquemment associées dans la langue. Enfin, Laetitia PERRE (U. Lille 3) examinera les influences orthographiques dans la perception de la parole chez l’adulte. A partir de l’enregistrement des potentiels évoqués, des effets précoces (300 ms) liés à la consistance orthographique des mots ont été mis en évidence aussi bien en décision lexicale qu’en catégorisation sémantique. Ces résultats plaident en faveur d’une « contamination automatique » de l’orthographe sur le système phonologique. Congrès psycho.indb 99 22/07/10 16:09 100 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Toutes ces données suggèrent qu’apprendre à lire et à écrire modifie les représentations lexicales, en ellesmêmes, ainsi que les relations de similarité entre celles-ci. Références Ziegler, J. C., & Goswami, U. C. (2005). Reading acquisition, developmental dyslexia and skilled reading across languages: A psycholinguistic grain size theory. Psychological Bulletin, 131(1), 3-29. mardi après-midi Congrès psycho.indb 100 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 101 Contrôle cognitif et sélection lexicale au cours du développement Alario, Xavier (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), De Cara, Bruno (Lpcs, EA 1189, Université de Nice), Massol, Stéphanie (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), Ziegler, Johannes (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille). Nous étudions le rôle que peuvent jouer les capacités de contrôle cognitif en général dans la capacité spécifique à choisir des mots (i.e. sélection lexicale). Nous avons demandé à des enfants tout venants (N~80) issus de deux niveaux scolaires (CE1 et CM2) de réaliser quatre tâches requérant la discrimination de réponses sur des bases perceptives, de conflit de réponse ou de compétence verbale. Les analyses comparatives de ces différentes tâches montrent peu de relations entre les capacités à choisir chacun de ces types de réponses. Cette absence de relations est discutée dans le contexte de modèles de sélection lexicale. Introduction Le processus de choix des mots est souvent décrit comme la récupération en mémoire de représentations lexicales. Cette récupération implique un choix, ou sélection, autrement dit elle se fait au détriment de représentations alternatives, moins appropriées au contexte, à la situation ou bien au message à exprimer (Roelofs, 1992). Cette description suggère que la capacité à choisir des mots pour parler pourrait s’appuyer sur une compétence plus générale de choix de réponse (i.e. contrôle cognitif). Une telle interprétation est appuyée par des observations relativement récentes faites dans le cadre de comparaisons de sujets bilingues et monolingues. Les sujets bilingues présentent souvent de meilleures performances dans des tâches mettant en jeu un contrôle cognitif et attentionel (comme, par exemple, la tâche de Simon; Simon, 1990; Bialystok et al, 2008). Cette supériorité est attribuée au fait que les bilingues, qui connaissent deux langues, doivent consentir plus d’efforts quotidiens lorsqu’ils choisissent des mots pour communiquer. Ils doivent, en effet, exclure les mots de l’autre langue (celle qui ne convient pas au contexte de communication). Compte tenu de ce cadre général, nous rapportons une étude comparée du développement de la capacité à sélectionner des informations linguistiques (e.g., représentations lexicales) et de la capacité à sélectionner des informations non lexicales (e.g., réponses manuelles). Des locuteurs enfants (N~80) issus de deux niveaux scolaires (classes CE1 et CM2) devaient sélectionner des informations lexicales dans deux tâches verbales (dénomination d’images et décision lexicale). Ils devaient aussi sélectionner des informations non-lexicales et arbitraires dans des tâches de discrimination perceptive et de conflit (cf. aussi Davidson et al., 2006). mardi après-midi Résumé Matériel et Méthode Les participants étaient des enfants (N~80) inscrits dans quatre classes de Primaire (deux classes de CE1 et deux classes de CM2) de la région niçoise. Tous les enfants ont rapporté ne pas être bilingues et ne parler qu’une seule langue (le français) dans leur environnement familial et scolaire. Chaque sujet a participé à quatre tâches pilotées par ordinateur. Ces tâches étaient administrées de façon individuelle au cours de la journée, en marge des activités pédagogiques usuelles. Dans un essai type de la première tache (discrimination perceptive), les sujets voyaient deux carrés de couleur verte. Ils devaient sélectionner, grâce à une manette, le carré leur paraissant le plus clair. Deux conditions étaient comparées: une condition de fort contraste entre les carrés et une condition plus difficile de faible contraste. Dans un essai type de la deuxième tâche (tâche de Simon, 1990), les participants voyaient un disque coloré (bleu ou orange) présenté à gauche ou à droite d’un point de fixation. Ils devaient associer la couleur du disque à un bouton réponse (main gauche ou main droite), quelle que soit la position du disque à l’écran Deux conditions étaient comparées : une condition congruente où la position du disque et la main de réponse étaient identiques, et une condition interférente où la position du disque et la main de réponse étaient différentes. Dans un essai type de la troisième tâche (décision lexicale), les sujets voyaient une séquence de lettres cible et devaient décider, en donnant une réponse manuelle, si cette cible correspondait ou non à un mot du français. Avant la présentation de la cible, une amorce présentée de façon sous-liminaire et masquée (même paramètres de présentation pour tous les sujets) pouvait Congrès psycho.indb 101 22/07/10 16:09 102 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 être orthographiquement reliée (e.g. barbe-BARRE) ou non reliée à la cible (e.g. plume-BARBE). Les mots utilisés étaient tous réputés connus d’enfants de cet âge d’après la base de données lexicale MANULEX (Lété, 2004). Dans un essai type de la quatrième tâche (dénomination de dessins), les sujets voyaient un dessin d’objet usuel qu’ils devaient dénommer à voix haute. Ces dessins étaient présentés individuellement, en courtes séquences impliquant la répétition de cinq items (Damian et al. 2001). Deux conditions étaient comparées : une condition homogène où les dessins de la séquence appartenaient tous à la même famille sémantique (e.g. fruits) et une condition hétérogène où les dessins appartenaient à des familles sémantiques distinctes (e.g. fruits, outils, vêtements). mardi après-midi Résultats et Discussion Les résultats montrent des effets de sélection sur les temps de réponse dans la tâche de dénomination de dessins (allongement des TR pour la condition homogène) mais pas dans la tâche de décision lexicale amorcée. Les deux tâches non-linguistiques (discrimination perceptive et Simon) montrent des difficultés pour les conditions exigeant un niveau élevé de discrimination (contraste faible et condition interférente). La comparaison de la performance des sujets ne montre pas de corrélations entre les effets de discrimination à travers les tâches. En bref, les sujets qui ont mieux discriminé les réponses dans une tâche ne discriminent pas nécessairement mieux les réponses dans les autres tâches. Nous observons de clairs effets de difficulté de discrimination des réponses dans trois tâches sur quatre. Contrairement à nos attentes, nous n’observons pas de relations statistiques entre ces effets à travers les individus. Ce dernier résultat contraste avec l’observation répétée de meilleures performances en traitement non-verbal chez des sujets confrontés à de fortes contraintes de sélection verbale (en particulier, bilingues comparés à monolingues). Nous discuterons de la portée et des limites de ces observations, dans le cadre de modèles de sélection lexicale au service de la production de mots. Références Bialystok, E., Luk, G. & Craik, F. (2008). Cognitive Control and Lexical Access in Younger and Older Bilinguals. Journal of Experimental Psychology : Learning, Memory, and Cognition, Volume 34 (4), 859-873. Damian, M. F, Vigliocco, G. & Levelt, W. J. M. (2001). Effects of semantic context in the naming of pictures and words. Cognition, 81, B77-B86. Davidson, M.C., Amso, D., Anderson, L.C. & Diamond, A. (2006). Development of cognitive control and executive functions from 4 to 13 years : Evidence from manipulations of memory, inhibition, and tasks switching. Neuropsychologia, 44, 2037-2078. Congrès psycho.indb 102 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 103 Acquisition de la consistance orthographique : du lexique empirique au lexique théorique Hazard, Marie-Claire (Lpcs, EA 1189, Université de Nice), De Cara, Bruno (Lpcs, EA 1189, Université de Nice), Chanquoy, Lucile (Lpcs, EA 1189, Université de Nice). Cette étude développementale examine la façon dont l’élève (6-15 ans) assimile l’inconsistance des relations entre phonologie et orthographe, c’est-à-dire la consistance orthographique. Une mesure de « consistance empirique » a été élaborée afin de mesurer la fidélité de l’élève pour transcrire deux fois le même son. Les études conduites avec des mots ou des pseudomots montrent que les enfants reproduisent précocement l’inconsistance orthographique de leur langue. Leur propre consistance empirique est plus élevée pour écrire des rimes orthographiquement consistantes (dune/lune) que pour transcrire des rimes inconsistantes (reine/peine ; femme/dame). L’intérêt de la consistance empirique est alors de permettre de suivre la dissociation progressive que font le élèves entre traitements sous-lexicaux (rimes consistantes) et lexicaux (rimes inconsistantes) dans l’acquisition de l’orthographe lexicale. Introduction mardi après-midi Résumé Bien que l’orthographe du français soit considérée comme fortement inconsistante (Caravolas, 2006), relativement peu de travaux concernent l’impact de cette inconsistance sur l’acquisition de l’orthographe. Elle pose pourtant aux élèves le problème du choix de la bonne transcription d’un son (e.g., landau et non lendau, landeau). Pour ces mots inconsistants, le scripteur doit faire appel à leur représentation lexicale en mémoire. Comment l’enfant élabore-t-il ces représentations et construit-il son lexique écrit ? Cette construction peut être évaluée par l’évolution du nombre de mots auxquels l’enfant est exposé dans ses livres (Manulex : Lété, Sprenger-Charolles, & Colé, 2004). Il est aussi possible de se baser sur l’évolution de la structure de l’environnement linguistique auquel l’enfant est soumis (Manulex-infra : Peereman, Lété, & Sprenger-Charolles, 2007). L’analyse des corpus révèle que le calcul de la consistance phonographémique varie peu avec le niveau scolaire. Ce calcul de la consistance orthographique, bien qu’objectif, repose toutefois sur un lexique théorique. Or tout au long de l’acquisition de l’écrit, et spécialement au cours de la première année (CP), l’enfant construit son lexique orthographique en fonction de l’enseignement reçu et de connaissances plus générales sur la langue acquises implicitement (Pacton, Fayol, & Perruchet, 2005) selon sa propre exposition à la langue. Le but de ce travail a été de suivre l’acquisition individuelle de la consistance orthographique par l’enfant. Outre la mesure de l’exactitude orthographique des mots en fonction de leur degré de consistance orthographique théorique, les effets ont été mesurés sur une variable dépendante originale appelée « consistance empirique » (CE). Cette variable exprime, pour un même individu, la fidélité de la transcription d’une même rime phonologique incluse dans deux mots ou pseudomots différents. La CE est cotée 1 lorsque les rimes sont écrites de la même façon, que l’orthographe soit exacte (dune/lune) ou non (fame/dame). Elle est égale à 0 lorsque les rimes sont écrites différemment que l’orthographe soit exacte (femme/dame) ou non (dunne /lune). Matériel et Méthode Trente paires de mots monosyllabiques appariés sur la rime de consistance orthographique théorique variable (calculée d’après la base Novlex : Lambert & Chesnet, 2001) ont été constituées. La moitié des paires correspondait à deux mots fréquents, l’autre moitié à deux mots rares. Les mots ont été dictés collectivement à des élèves français âgés de 6 à 15 ans (7 niveaux scolaires : CP-CM2, 5e, 3e), ainsi qu’à un groupe adulte. Les deux mots d’une paire étaient dictés séparément à une semaine d’intervalle. Résultats et Discussion La première étude a montré un effet de l’inconsistance orthographique théorique dès le milieu du CP. La consistance empirique des enfants de CP était plus élevée pour écrire des paires de mots consistants (dune/lune : CE = 0.57) que des paires de mots inconsistants (femme/dame : CE = 0.37), même lorsque les deux mots de la paire étaient de même voisinage orthographique (reine/peine : Congrès psycho.indb 103 22/07/10 16:09 104 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi après-midi CE = 0.43). L’effet était maximal au CM2 (paires consistantes : CE = 0.88 ; inconsistantes : CE = 0.14 ; inconsistantes de même rime orthographique : CE = 0.59) et était encore significatif chez les adultes. Comme attendu, ces effets ont été modulés par la fréquence lexicale : la convergence entre consistance orthographique théorique et consistance empirique s’est révélée plus rapide pour les mots fréquents que pour les mots rares. Dans une deuxième étude, la consistance empirique a été étudiée sur des paires de pseudomots dérivés des mots de la première étude. Les enfants ont manifesté une consistance empirique plus faible pour les pseudomots que pour les mots réels. Cependant, dès le CP les participants ont utilisé moins de graphies différentes (légales ou inventées) pour écrire les pseudomots à la rime consistante (/vyn/ et /fyn/) que pour écrire des pseudomots à la rime orthographiquement inconsistante (/bam/ et /vam/). La différence entre rimes consistantes et inconsistantes est maximale en 5ème. Ces élèves ont en effet produit un grand nombre de graphies compliquées pour les rimes inconsistantes (e.g., /pok/ : pôckque, pokhe) mais sans transgresser la plausibilité phonologique des transcriptions, manifestant ainsi une bonne méta-connaissance de leur langue. Dans une dernière étude (CP, CE1, CM2, adultes), la consistance empirique a été mesurée pour des paires de mots identiques (dune/dune ; reine/reine) comparativement à des paires de mots différents (dune/lune ; reine/peine). Quels que soient le niveau scolaire et la consistance orthographique théorique des rimes, les participants ont manifesté une consistance empirique plus forte pour deux mots identiques par rapport à deux mots différents. Ces résultats indiquent une bonne stabilité de la représentation orthographique des mots. Pour conclure, que ce soit pour des mots ou des pseudomots, ces résultats montrent que la consistance empirique de l’enfant reflète rapidement la consistance orthographique théorique de sa langue. La précocité de cette influence (CP) laisse supposer que l’acquisition de la consistance orthographique est largement implicite. Références Caravolas, M. (2006). Learning to spell in different languages: How orthographies variables might affect early literacy. In R.M., Joshi & P.G. Aaron (Eds.), Handbook of orthography and literacy (pp. 498-511). Mahwah, NJ: Lawrence Erlbaum Publishers. Lambert, E. & Chesnet, D. (2001). Novlex: une base de données lexicales pour les élèves de primaire. L’Année Psychologique, 101, 277-288. Lété, B., Sprenger-Charolles, L., & Colé, P. (2004). MANULEX: A grade-level database from French elementary-school readers. Behavior Research Methods, Instruments, & Computers, 36, 156-166. Pacton, S., Fayol, M., & Perruchet, P. (2005). Children’s implicit learning of graphotactic and morphological regularities. Child Development, 76 (2), 324-339. Peereman, R., Lété, B., & Sprenger-Charolles, L. (2007). Manulex-infra: Distributional characteristics of graphemephoneme mappings, and infralexical and lexical units in child-directed written material. Behavior Research Methods, 39(3), 579-589. Congrès psycho.indb 104 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 105 Temporalité des traitements infra-lexicaux et lexicaux lors de la production écrite de textes narratifs. Maggio, Séverine (Lapsco, UMR CNRS 6024, Université Blaise Pascal, Clermont fd), Lété, Bernard (EMC, EA 3082, Université Lyon 2), Chenu, Florence (Ddl, UMR CNRS 5596, Université Lyon 2), Jisa, Harriet (Ddl, UMR CNRS 5596, Université Lyon 2), Fayol, Michel (Lapsco, UMR CNRS 6024, Université Blaise Pascal, Clermont FD). A l’aide d’un corpus de mesures chronométriques de production de textes narratifs, nous étudions la temporalité des traitements infra-lexicaux et lexicaux sur trois VD : 1°) la durée de pause avant l’écriture d’un mot n, 2°) le débit d’écriture de ce mot et 3°) la durée totale des pauses pendant l’écriture de ce mot. Des effets de débordement des traitements sont observés uniquement sur les pauses avant l’écriture du mot, des effets d’immédiateté sont observés sur le débit d’écriture et sur les pauses intramots et des effets d’anticipation sont observés sur le débit d’écriture. Introduction mardi après-midi Résumé La plupart des études traitant de la production écrite en temps réel (Chanquoy, Foulin & Fayol, 1990; Schilperoord, 1996) ont analysé la localisation des pauses, leur durée et leurs variations mais très peu ont pris en compte les variations des débits d’écriture des différents segments. De plus, les études conduites jusqu’à maintenant ont supposé que les pauses étaient essentiellement dédiées aux activités de planification et, donc, que leurs durées dépendaient essentiellement des caractéristiques des segments suivants. Une telle perspective apparaît cependant trop sommaire pour élucider la complexité des processus cognitifs engagés dans la production écrite. Un certain nombre de travaux suggèrent, en effet, que les modulations des durées des pauses et des débits d’écriture pourraient résulter des caractéristiques du mot n (Delattre et al., 2006) mais aussi de celles du mot précédent (n–1 ; effet de débordement ; Schilperoord, 1996) et/ou de celles du mot à venir (n+1 ; effet d’anticipation). Pour tenter de clarifier la dynamique de la production écrite, nous avons analysé l’influence des caractéristiques infra-lexicales et lexicales du mot n-1 (effets de débordement), n (effets d’immédiateté) et n+1 (effets d’anticipation), sur trois mesures chronométriques : la pause avant l’écriture du mot n, le débit d’écriture de ce mot et la durée totale des pauses pendant l’écriture de ce mot. Méthode Cent trente neuf enfants âgés de 10 à 15 ans ont été invités à produire des textes narratifs sur le thème des situations conflictuelles à l’école. Les données chronométriques ont été collectées à l’aide du logiciel Eye & Pen (Chesnet & Alamargot, 2005) et d’une tablette graphique. La séquence temporelle de l’écriture d’un mot n a déterminé les trois VD à expliquer dans les modèles de régression : 1°) la durée (en ms) de la pause avant le mot n ; 2°) la durée (en ms) des pauses à l’intérieur du mot n ; 3°) le débit d’écriture (en ms/lettre) du mot n. Trois lieux d’influence ont été étudiés : les influences du mot n (effets d’immédiateté), celles du mot n-1 (effets de débordement) et celles du mot n+1 (effets d’anticipation). Les caractéristiques infra-lexicales et lexicales de chaque mot produit ont été extraites de Manulex-infra (Peereman et al., 2007). Les prédicteurs retenus étaient les suivants : la longueur du mot, la fréquence de la forme orthographique, la fréquence moyenne des syllabes, la consistance orthographique de la fin du mot, la fréquence du voisinage phonographique et la nième position du mot dans le texte. Pour étudier la dynamique des processus cognitifs engagés dans l’écriture d’un mot, nous avons testé un modèle de régression pour chaque VD en entrant en même temps les valeurs des prédicteurs du mot n, du mot n-1 et du mot n+1 (en Stepwise Model sous SPSS). Résultats et Discussion Contrairement à ce qui a pu être avancé jusqu’ici, les durées de pause avant chaque mot sont uniquement sensibles à des effets de débordement du mot précédent (notamment sa longueur) et il n’existe aucun impact des caractéristiques du mot qui va être écrit juste après. Le débit d’écriture Congrès psycho.indb 105 22/07/10 16:09 106 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi après-midi du mot n n’est pas contaminé par des effets de débordement du traitement du mot n-1. Par contre, des effets d’immédiateté des prédicteurs infra-lexicaux sont observés sur cette VD : il existe un effet facilitateur de la fréquence des syllabes et de la consistance orthographique de la fin du mot (le débit s’accélère pour les syllabes fréquentes et pour les mots consistants) et un effet inhibiteur pour le voisinage phonographique (le débit ralentit lorsque le mot a un voisinage phonographique élevé). Le débit d’écriture est également sensible à des effets d’anticipation : le débit s’accélère si le mot suivant a des syllabes fréquentes mais il ralentit si la fréquence de la forme orthographique du mot suivant est élevée. La durée totale des pauses intra-mots est également sensible à des effets d’immédiateté mais le coût/bénéfice est inversé par rapport au débit d’écriture : la fréquence des syllabes augmente la durée des pauses intra-mot et la fréquence de la forme orthographique la diminue. Sur cette VD, aucun effet de débordement n’est observé et seul un très faible effet d’anticipation lié à la longueur du mot suivant est significatif. Dans leur ensemble, nos données font apparaître la complexité de la dynamique de la production écrite et la difficulté de révéler sans ambiguïté la nature des processus cognitifs censés être captés dans nos trois mesures chronométriques. Pour progresser, le champ d’étude de la production écrite doit développer ses propres paradigmes expérimentaux afin de révéler si la chronométrie mentale appliquée à la production écrite est aussi viable et utile que celle appliquée à l’étude de la réception de l’écrit. En d’autres termes, il s’agit de valider que la main peut être un indicateur aussi sensible que l’œil pour étudier la cognition du langage. Les données dont nous disposons, notamment les faibles pourcentages de variance expliquée, ne permettent pas de conclure : d’autres recherches sont nécessaires. Références Chanquoy, L., Foulin, J.-N., & Fayol, M. (1990). Temporal management of short text writing by children and adults. European Bulletin of Cognitive Psychology, 10, 513-540. Chesnet, D., & Alamargot, D. (2005). Analyse en temps réel des activités oculaires graphomotrices du scripteur. Intérêt du dispositif Eye and pen. L’Année Psychologique, 105, 477-520. Delattre, M., Bonin, P. & Barry, C. (2006). Written spelling to dictation: Sound-to- spelling regularity affects both writing latencies and durations. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, 32, 1330-1340. Peereman, R., Lété, B., & Sprenger-Charolles, L. (2007). Manulex-infra: Distributional characteristics of graphemephoneme mappings, infra-lexical and lexical units in child-directed written material. Behavior Research Methods, 39, 593-603. Schilperoord, J. (1996). It’s about time: Temporal aspects of cognitive Processes in text production, Amsterdam/Atlanta: Rodopi. Congrès psycho.indb 106 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 107 Apprentissage statistique de l’orthographe et unités de traitement Peereman, Ronald (Lpnc, UMR CNRS 5105, Université Pierre Mendès France, Grenoble), Lété, Bernard (EMC, EA 3082, Université Lyon 2). Plusieurs données indiquent que le développement du lexique orthographique s’accompagne de l’apprentissage de caractéristiques distributionnelles de l’orthographe qui ne sont pas enseignées explicitement. L’étude des caractéristiques distributionnelles apprises ou non apprises offre une ouverture intéressante sur la manière dont l’enfant aborde l’acquisition de la lecture/écriture, et en particulier sur la façon dont il structure les séquences orthographiques. Dans cette présentation, j’envisagerai les contraintes d’organisation syllabique et intrasyllabique des mots sur l’apprentissage des caractéristiques distributionnelles de l’orthographe chez l’enfant. Les résultats devraient en retour nous renseigner sur l’implication ou non d’unités de traitement spécifiques lors de l’apprentissage orthographique. Introduction Plusieurs données indiquent que le développement du lexique orthographique s’accompagne de l’apprentissage de caractéristiques distributionnelles de l’orthographe qui ne sont pas enseignées explicitement. Par exemple, confrontés à de nouveaux mots (pseudomots), les enfants anglophones préfèrent l’orthographe EE à EA pour représenter le phonème /i/ lorsque celui-ci est suivi de /p/ ou de /d/ (comme dans REED, DEEP), alors que l’inverse est observé lorsqu’il est suivi de /m/ (BEAM ; Treiman & Kessler, 2006). L’étude des caractéristiques distributionnelles apprises ou non apprises offre une ouverture intéressante sur la manière dont l’enfant aborde l’acquisition de la lecture/écriture, et en particulier sur la façon dont il structure les séquences orthographiques. Ainsi, la structuration des chaînes orthographiques en unités de traitement particulières devrait déterminer quelles caractéristiques distributionnelles seront apprises, et quelles autres ne le seront pas. Par exemple, l’apprentissage des caractéristiques distributionnelles de l’orthographe devrait être sensible à la structure syllabique des mots si, dès le départ, l’enfant aborde la lecture/ écriture en recourrant à des unités syllabiques de traitement. Dans cette présentation, j’envisagerai les contraintes d’organisation syllabique et intrasyllabique des mots sur l’apprentissage des caractéristiques distributionnelles de l’orthographe chez l’enfant. Les résultats devraient en retour nous renseigner sur l’implication ou non d’unités de traitement spécifiques lors de l’apprentissage orthographique. L’hypothèse d’unités particulières dans le traitement du langage écrit a suscité de nombreux débats, essentiellement concernant la rime (voyelle et consonnes suivantes dans la syllabe) et la syllabe. Une première approche est que la saillance particulière de ces unités dans le flux de parole pourrait conduire à un rôle particulier au début de l’acquisition du code écrit. Selon une seconde approche, l’importance de certaines unités dans le traitement résulterait du contact répété avec l’orthographe des mots. Ainsi, les lecteurs anglophones pourraient accorder une importance toute particulière à l’unité rime du fait que l’incertitude de prononciation de la voyelle y est souvent réduite. Enfin, selon une troisième approche, aucune unité particulière de traitement serait privilégiée, l’enfant exploitant toute régularité statistique de l’orthographe dès lors que celle-ci est suffisamment fréquente pour être apprise. Deux études évaluent cette hypothèse auprès d’enfants de CE1, CE2 et CM2. Les résultats sont comparés aux prédictions d’un réseau connexionniste apprenant à associer les formes phonologiques des mots à leurs formes orthographiques. mardi après-midi Résumé Méthode Des pseudomots tri-syllabiques (e. g., /pidylâR/), incluant une voyelle orthographiquement ambiguë (/â/) ont été présentés auditivement aux enfants ; leur tâche consistait à choisir parmi deux alternatives écrites (PIDULANRE ou PIDULENRE) l’orthographe qu’ils préféraient. La connaissance des caractéristiques distributionnelles a été examinée en manipulant le contexte phonologique environnant la voyelle. Par exemple, du fait que l’orthographe des mots français favorise AN après /l/ et EN après /m/, l’enfant devrait préférer la graphie AN à la graphie EN pour écrire le pseudomot PIDULANRE (contre PIDULENRE) alors que la graphie EN devrait être préférée pour PUDOMENRE (contre PUDOMANRE). Nos données portent sur cette préférence Congrès psycho.indb 107 22/07/10 16:09 108 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi après-midi de graphie (e.g., EN) entre les deux contextes (lorsque /l/ ou /m/ précèdent). Une telle sensibilité de l’enfant au contexte témoignerait d’un apprentissage des interdépendances orthographiques. Les cas d’interdépendances contextuelles utilisés sont issus d’une analyse distributionnelle de l’orthographe des mots apparaissant dans les manuels scolaires (Manulex ; Lété et al., 2004 ; Peereman et al., 2007). La première étude examine la connaissance des caractéristiques distributionnelles intra-syllabiques : le contexte influençant l’orthographe de la voyelle inconsistante correspondant soit à l’attaque de la syllabe (consonne précédant la voyelle dans la syllabe), soit à la coda (consonne suivant la voyelle et formant avec elle la rime de la syllabe ; e. g., AN est favorisé par /t/ dans /kalibât/ mais pas par /s/ dans /pidobâs/). La seconde étude compare la connaissance des interdépendances lorsque le contexte influent se situe soit dans la même syllabe que la voyelle, soit dans une syllabe adjacente. Dans ce dernier cas, le phonème contextuel est soit adjacent (e.g. /d/ dans /bivâdo/, /g/ dans /lyvâgo/) soit non-adjacent à la voyelle ambiguë (e. g. la voyelle /ô/ dans /dâkôti/ vs. la voyelle /a/ dans /dâkalo/). Cent quarante enfants ont participé à l’étude 1 (N= 45, 52, et 43, par grade, respectivement) et 140 à l’étude 2 (N= 46, 49, 45). Résultats et Discussion Les deux études indiquent un apprentissage des caractéristiques distributionnelles de l’orthographe. Dans la première étude, ces connaissances se manifestent dès le CE1 et ne diffèrent pas selon que le contexte corresponde à l’attaque ou la coda de la syllabe. Dans la seconde étude, la connaissance des interdépendances porte tout autant entre les phonèmes de la même syllabe qu’entre des phonèmes de syllabes différentes, et ceci même lorsque les phonèmes ne sont pas directement adjacents. Ces résultats paraissent inconciliables avec l’hypothèse que des unités particulières de traitement telle que la syllabe ou la rime structurent les connaissances orthographiques. Dans ce cas, la connaissance des interdépendances aurait dû être plus marquée au sein des unités de traitement. Les simulations connexionnistes produisent des résultats très similaires à ceux des enfants en dépit de l’absence d’unités syllabiques ou sous-syllabiques particulières dans le réseau. Les résultats suggèrent donc qu’aucune unité particulière de traitement n’est privilégiée, l’enfant exploitant toute régularité statistique de l’orthographe dès lors que celle-ci est suffisamment fréquente pour être apprise. Des estimations réalisées sur la base Manulex indiquent que la connaissance de l’orthographe de près de 90% des mots pourrait bénéficier de cette sensibilité aux caractéristiques distributionnelles. Références Lété, B., Sprenger-Charolles, L., & Colé, P. (2004). MANULEX: A grade-level lexical database from French elementaryschool readers. Behavior Research Methods, Instruments, & Computers, 36, 156-166. Peereman, R., Lété, B., & Sprenger-Charolles, L. (2007). Manulex-infra: Distributional characteristics of graphemephoneme mappings, infra-lexical and lexical units in child-directed written material. Behavior Research Methods, 39, 593-603. Treiman, R., & Kessler, B. (2006). Spelling as statistical learning: Using consonantal context to spell vowels. Journal of Educational Psychology, 98, 642–652. Congrès psycho.indb 108 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 109 Nature de l’influence de la lecture sur la reconnaissance de mots à l’oral Perre, Laetitia (URECA, EA 1059, u. Université Lille Nord de France), Pattamadilok, Chotiga (Unescog, U. Libre de Bruxelles), Montant, Marie (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), Dufau, Stéphane (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), Ziegler, Johannes (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille). De nombreux travaux ont montré que la lecture modifie profondément le traitement et la conceptualisation du langage parlé. Néanmoins, la nature des changements qui surviennent fait l’objet de nombreuses discussions. Dans cet exposé nous présenterons des données récentes en potentiels évoqués qui offrent des éléments de réponse quant au décours temporel de l’influence orthographique au cours de la reconnaissance de mot mais aussi concernant la nature profonde de cette influence. En s’appuyant sur les résultats obtenus au cours de trois tâches auditives, nous démontrerons que les informations orthographiques sont engagées précocement dans la reconnaissance des mots à l’oral, dès les processus d’accès au lexique phonologique. Par ailleurs, une analyse des sources corticales qui soutiennent les effets orthographiques a permis d’identifier une région cérébrale classiquement associée au traitement de la phonologie. Ce résultat suggère que l’apprentissage de la lecture impose une restructuration des réseaux neuronaux qui supportent les traitements phonologiques. mardi après-midi Résumé Introduction La reconnaissance de mot à l’oral est souvent envisagée comme un phénomène purement auditif. Il est pourtant clair que les informations de nature visuelle fournies par le visage d’un locuteur sont intégrées dans le traitement de la parole. Aujourd’hui, un intérêt croissant est porté à un autre composant visuel de la parole : sa représentation écrite. Bien que moins naturel, l’écrit est extrêmement important dans les sociétés contemporaines et plusieurs équipes se sont intéressées aux conséquences de l’apprentissage de la lecture sur le traitement de la parole. De nombreux travaux ont montré que la lecture modifie profondément le traitement et la conceptualisation du langage parlé (Morais, Cary, Alegria, Bertelson, 1979 ; Seidenberg & Tanenhaus, 1979 ; Ziegler & Ferrand, 1998). Néanmoins, la nature intime des changements qui surviennent fait l’objet de nombreuses discussions. Deux questions majeures sont actuellement posées. La première est de savoir si l’influence des connaissances orthographiques affecte les étapes précoces de la reconnaissance de mots à l’oral ou, au contraire, si cette influence est de nature stratégique et ne concerne que les étapes décisionnelles de traitement. La seconde question, quant à elle, cherche à savoir si l’influence de l’orthographe est la conséquence d’une mise en jeu active des informations visuelles orthographiques pendant le traitement des mots à l’oral ou si cette influence est supportée par le système phonologique lui-même. Trois expériences utilisant la technique des potentiels évoqués seront décrites dans cet exposé afin d’apporter un nouvel éclairage sur ces questions. Méthode et Résultats Expérience 1 : Une tâche de décision lexicale auditive au cours de laquelle les potentiels évoqués (ERPs) étaient enregistrés a été conduite auprès de 20 participants français. Les propriétés orthographiques des mots ont été manipulées via la consistance orthographique des mots (i.e. le fait qu’une unité phonologique puisse avoir plusieurs réalisations orthographiques). La différence ERPs la plus précoce entre les mots consistants et inconsistants a été observée à 320 ms suivie d’une différence plus large à 500 ms (N400). Expérience 2 : Dans une seconde expérience, nous avons tenté de répliquer les effets obtenus avec la décision lexicale au cours d’une tâche sémantique avec un nouveau jeu d’items (mots bisyllabiques). Conjointement à la manipulation de la consistance orthographique, nous avons manipulé la fréquence des mots afin d’indexer le processus d’accès lexical. Les résultats ont montré que les effets de consistance précédaient les effets lexicaux (300 ms vs 400 ms respectivement). Expérience 3 : Dans la 3ème expérience, nous avons à nouveau utilisé une tâche de décision lexicale dans laquelle la consistance orthographique était manipulée et nous avons utilisé une méthode de localisation de sources (sLORETA, Pascual-Marqui, 2002) de façon à accéder aux générateurs corticaux qui supportent cet effet précoce. Grâce à cette méthode, nous Congrès psycho.indb 109 22/07/10 16:09 110 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 avons pu mettre en évidence une différence d’activité selon la consistance des mots au niveau de la jonction temporo-pariétale gauche. Discussion mardi après-midi L’objectif de ce travail était d’étudier la nature de l’influence de l’orthographe sur le traitement de la parole. Les trois expériences réalisées nous ont permis d’explorer le décours temporel des effets orthographiques au cours de la reconnaissance de mots à l’oral. Nous avons observé un effet des connaissances orthographiques dès 300 ms après la présentation des mots parlés. La latence d’apparition de cet effet et la comparaison de cette latence avec celle des effets de la fréquence des mots soutiennent l’idée que l’orthographe est mise en jeu dès les processus d’accès au lexique des mots parlés. Enfin, l’observation de cet effet orthographique dans la tâche sémantique est un résultat tout à fait fondamental car il démontre que les informations orthographiques sont engagées dans le traitement des mots parlés dans une situation plus proche des conditions naturelles pour laquelle il semble exclu que les effets orthographiques reposent sur des processus stratégiques. Par ailleurs, nous avons identifié une région corticale au niveau de la jonction temporo-pariétale gauche dont l’activité était modifiée selon les propriétés orthographiques des mots. Dans la littérature, cette région a été associée au traitement de la phonologie dans des contextes purement auditifs (Hickock & Poeppel, 2000) mais aussi à la récupération des informations phonologiques au cours de la lecture. Par ailleurs, des études d’imagerie comparant des participants illettrés et lettrés ont révélé des différences dans cette région à la fois au point de vue anatomique et fonctionnel (Castro-Caldas et al., 1998). L’implication de cette région dans notre expérience est donc en faveur de l’hypothèse selon laquelle les propriétés orthographiques auraient contraint les réseaux qui supportent le traitement du langage oral pendant l’apprentissage de la lecture. Ainsi, le système phonologique aurait intégré certaines propriétés de l’écrit (Muneaux & Ziegler, 2004). Références Castro-Caldas, A., Petersson, K. M., Reis, A., Stone-Elander, S., & Ingvar, M. (1998). The illiterate brain. Learning to read and write during childhood influences the functional organization of the adult brain. Brain, 12, 1053-1063. Hickok, G., Poeppel, D. (2000). Towards a functional neuroanatomy of speech perception. Trends in cognitive sciences, 4(4), 131-138. Muneaux, M., & Ziegler, J. (2004). Locus of orthographic effects in spoken word recognition: Novel insights from the neighbor generation task. Language and Cognitive Processes, 19, 641-660. Morais, J., Cary, L., Alegria, J., Bertelson, P. (1979). Does awareness of speech as a sequence of phones arise spontaneously ? Cognition, 7, 323-331. Pascual-Marqui, R. D. (2002). Standardized low-resolution brain electromagnetic tomography (sLORETA): technical details. Methods Find. Exp. Clin. Pharmacol., 24D, 5-12. Seidenberg, M. S., & Tanenhaus, M. K. (1979). Orthographic effects on rhyme monitoring. Journal of Experimental Psychology: Human Learning and Memory, 5, 546-554. Ziegler, J. C., & Ferrand, L. (1998). Orthography shapes the perception of speech: The consistency effect in auditory word recognition. Psychonomic Bulletin and Review, 5, 683-689. Congrès psycho.indb 110 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 111 Symposium-Actualité de la prise en charge de la schizophrénie Organisation de la session : Le statut de « pairs aidants » : l’expertise des usagers au service du rétablissement. Koenig, Marie (Université Paris 8, laboratoire de psychopathologie et de neuropsychologie). Rééducation des fonctions exécutives : utilité d’une approche écologique du traitement de l’information Mangematin, Caroline (Hôpital de jour « François Villon » - Cergy Saint-Christophe). Expérience de thérapie cognitive de groupe dans le traitement des hallucinations auditives résistantes mardi après-midi Castillo, Marie-Carmen (Université Paris 8, laboratoire de psychopathologie et de neuropsychologie), Blanchet, Alain (Université Paris 8, laboratoire de psychopathologie et de neuropsychologie). Braha-Zeitoun, Sonia (Eps Ville-Evrard), Wojakiewicz-Faivre, Annie (Eps Ville-Evrard), Januel, Dominique (Eps Ville-Evrard). La place de la famille dans l’accompagnement des patients souffrant de schizophrénie Escaig, Bertrand (Unafam - Nord). Psychoéducation et tcc comme outils de réinsertion des patients schizophrènes Rousselet, Anne-Victoire (Psychologue, CHU Mondor-Chenevier). Résumé Le paysage de la prise en charge de la schizophrénie est depuis ces dernières années en pleine mutation. Les avancées thérapeutiques et le renouvellement des approches théorico-cliniques ont permis de reconsidérer les conceptions du trouble schizophrénique. Ce symposium a pour objectif de rendre compte des différentes facettes de ces évolutions. Durant ces trente dernières années, le regard porté sur les sujets atteints de schizophrénie s’est considérablement modifié. D’un point de vue psychopathologique, de récentes études attestent d’un nombre croissant de patients diagnostiqués schizophrènes connaissant une évolution clinique favorable et significative. Ceci vient interroger les descriptions classiques d’une détérioration inéluctable associée à la schizophrénie et l’aspect déterministe de certains modèles de l’évolution du trouble. D’un point de vue clinique, les patients sont aujourd’hui considérés comme des sujets acteurs de leur prise en charge thérapeutique et la notion d’alliance thérapeutique a été reconnue comme fondamentale dans l’amélioration de l’observance thérapeutique et de la qualité de vie du patient atteint de schizophrénie. Les usagers en tant qu’experts de leur trouble tendent ainsi à être considérés comme de véritables partenaires de soins. Cette préoccupation témoigne d’une reconnaissance de leur compétence dont ils ont longtemps été privés. Cette relation de partenariat se traduit notamment par l’importance grandissante du principe de « pairs aidants ». Les témoignages d’usagers faisant l’expérience du rétablissement sont porteurs d’optimisme et représentent en cela de véritables piliers thérapeutiques. Parallèlement à cela, l’entourage des patients est désormais considéré comme un allié thérapeutique et comme une source précieuse d’informations. Tous ces éléments s’inscrivent dans de nouvelles stratégies thérapeutiques de réhabilitation psychosociale telles que la psychoéducation et la remédiation cognitive. Ces dispositifs de soins visent à avoir une action sur les symptômes positifs et négatifs du trouble dans la finalité première de diminuer la souffrance qu’ils engendrent. Ces nouvelles stratégies soulignent l’importance accordée au fonctionnement social des sujets vivant avec la schizophrénie. Si l’on ne peut que se féliciter de ces évolutions, il reste néanmoins encore un important travail d’information à faire, gage d’une « déstigmatisation » de cette maladie, nécessaire pour rendre au sujet atteint de schizophrénie sa place de citoyen. Congrès psycho.indb 111 22/07/10 16:09 112 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Le statut de « pairs aidants » : l’expertise des usagers au service du rétablissement. Koenig, Marie (Université Paris 8, laboratoire de psychopathologie et de neuropsychologie). Résumé mardi après-midi Les avancées théorico-cliniques de ces dernières décennies ont progressivement permis de reconsidérer les conceptions thérapeutiques et évolutives de la schizophrénie. L’émergence en France du principe de « pair aidant » nous semble témoigner au mieux de ces évolutions. L’objectif de cette communication est de proposer une réflexion sur les bénéfices portés par ces « experts d’expérience » et ainsi de mieux comprendre les facteurs favorisant le processus subjectif de rétablissement. Revue de la littérature Les patients atteints de schizophrénie sont désormais considérés comme des acteurs à part entière de leur prise en charge. La loi du 4 mars 2002 rendant obligatoire l’annonce diagnostique de la maladie dont souffre le patient semble avoir contribué à ces avancées. L’expertise de la maladie du patient représente un véritable levier thérapeutique, comme en atteste la multiplication des dispositifs thérapeutiques tels que la psychoéducation s’étayant sur le vécu au quotidien de la maladie. Considérer les patients comme des « experts d’expérience » permet également de situer ces derniers comme des partenaires de soins. C’est dans ce contexte que s’inscrit la notion de « pair aidant ». Cette expression caractérise les personnes venant en aide à d’autres personnes sur la base de l’expérience d’une situation commune, comparable (Rummel-Kluge et al., 2008). Ce principe se retrouve dans de multiples situations de la vie courante. Plus particulièrement, ses bénéfices sont démontrés dans le cadre de troubles chroniques telles que les pathologies cancéreuses, les problématiques addictives mais aussi, les pathologies psychiatriques. Dans le champ de la schizophrénie, cette capacité des usagers à venir en aide à d’autres patients a progressivement été mise en évidence, initialement en Amérique du Nord. Un programme québécois a été élaboré depuis 2006 afin de promouvoir l’embauche et l’intégration de pairs-aidants à un poste de travail dans les services de santé mentale. Ces expériences Nord-Américaines commencent à essaimer en France, en particulier à Lille, où une recherche-action est menée depuis 3 ans intégrant des usagers en tant qu’experts d’expérience (Le Cardinal et al., 2007). Objectifs de la communication Cette communication vise à promouvoir une réflexion théorico-clinique sur cette notion émergente du « pair aidant » et ses bénéfices dans la prise en charge thérapeutique de la schizophrénie. L’expansion des recherches qualitatives atteste d’un changement majeur des préoccupations scientifiques. Alors que durant ces vingt dernières années, les études s’orientaient vers la recherche d’une étiologie génétique et/ou neurodéveloppementale du trouble, la littérature actuelle tend à reconsidérer l’importance des facteurs psychosociaux acquis plus tardivement. La recherche étiologique de facteurs précoces fait désormais place à la recherche d’éléments susceptibles d’influencer l’évolution du cours de la pathologie schizophrénique. En outre, de récentes études attestent d’un nombre croissant de patients diagnostiqués schizophrènes connaissant une évolution clinique favorable et significative (Davidson et al. 2007 ; Rabinowitz et al. 2007). Ceci contribue à l’émergence de nouvelles notions associées à une évolution dite « positive » du trouble, telles que le rétablissement. La notion de « pair aidant » ne peut être pensée qu’à l’aune de ces nouvelles considérations, plaçant les témoignages des patients au centre des reconceptualisations évolutives du trouble. Le rétablissement en tant que processus psychologique n’implique pas nécessairement la disparition des manifestations du trouble. Ainsi, cette notion permet de se décentrer de la psychopathologie en promouvant un ensemble d’« expériences » n’appartenant pas exclusivement au registre médico-social. Dans cette optique, le pair aidant est porteur d’espoir puisqu’il a luimême affronté et franchi les obstacles inhérents au trouble schizophrénique et qu’il a développé des stratégies facilitant le processus de rétablissement. Le pair aidant en tant que membre à part entière de l’équipe soignante apporte son expertise et maintient présentes dans l’institution la réduction de la stigmatisation et la nécessité de redonner l’espoir. Dès lors, un travail d’information Congrès psycho.indb 112 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 113 autour de ces nouvelles pratiques s’impose afin de favoriser leur émergence en France et de mieux comprendre les facteurs favorisant le processus de rétablissement de nos patients. Davidson, L., Schmutte, T., Dinzeo, T., Raquel, A.H. (2007). Remission and Recovery in Schizophrenia: Practitioner and Patient Perspectives. Schizophrenia Bulletin, 34, 1, pp. 5-8. Le Cardinal., P., Ethuin, C., Thibaut, M-C. (2007) Quand la conquête de la citoyenneté renverse le cycle de la stigmatisation. L’information psychiatrique, vol 83, n°10, pp. 807-814. Rabinowitz, J., Levine, S.Z., Haim, R., Häfner, H. (2007). The course of schizophrenia: Progressive deterioration, amelioration or both ? Schizophrenia Research, 91, 254-258. Rummel-Kluge, C. Stiegler-Kotzor, M., Schwarz, C., Hansen, W-P., Kissling, W. Peer-counseling in schizophrenia: Patients consult patients. Rééducation des fonctions exécutives : utilité d’une approche écologique du traitement de l’information Mangematin, Caroline (Hôpital de jour « François Villon » - Cergy Saint-Christophe). mardi après-midi Références Résumé Plusieurs travaux récents mettent en avant une perturbation précoce du traitement pertinent de l’information dans la schizophrénie : catégorisation, filtrage de l’info, rejet des distracteurs, organisation du traitement, analyse optimale des données. Cette défaillance du traitement de l’information entraine ou majore les difficultés multiples et a un impact direct sur la réinsertion sociale et/ou professionnelle des patients. L’activité RFE vise à optimiser et faciliter le traitement de l’information afin d’exploiter l’environnement de manière efficace. Rappel sur les troubles cognitifs dans la schizophrènie Les troubles cognitifs sont souvent les premiers symptômes qui apparaissent, précurseurs de la schizophrénie. Ils peuvent persister longtemps après la résorption des symptômes aigus. Ce sont ces troubles qui entraînent les difficultés de socialisation. Une méta-analyse de 204 études portant sur 7 420 patients a tenté de déterminer un profil caractéristique des déficits cognitifs chez les schizophrènes : Prédominance de l’atteinte de l’attention/ vigilance/ MDT, des fonctions exécutives et de la mémoire épisodique. Les fonctions exécutives regroupent un ensemble de fonctions essentielles à tout comportement dirigé, autonome et adapté. Plusieurs travaux récents mettent en avant une perturbation précoce du traitement pertinent de l’information dans la schizophrénie : catégorisation, filtrage de l’information, rejet des distracteurs, organisation du traitement, analyse optimale des données. Cette défaillance du traitement de l’information entraine ou majore les difficultés de planification, d’organisation des séquences pour réaliser un but, de flexibilité, de discernement, de vérification. Elle peut entrainer de l’anxiété et donc décourager l’action et favoriser l’apragmatisme (1). L’activité Rééducation des Fonctions Executives (RFE) Objectif : L’activité RFE vise à redonner au patient les structures d’un projet à entreprendre, à les ordonner tout en contrôlant les comportements inadaptés. Il faut qu’il puisse s’adapter à de nouvelles situations c’est à dire qu’il se serve des ses expériences passées et de ses connaissances en les adaptant au nouveau contexte. La présentation et l’explication de nombreuses situations et documents courants de la vie quotidienne doit aussi permettre de rassurer, dédramatiser et habituer les patients à les utiliser et les manipuler facilement. Pour viser une réinsertion sociale et/ou professionnelle, le patient doit parvenir à distinguer les informations pertinentes de celle qui ne le sont pas et les traiter à bon escient. Il est donc important de travailler cette notion fondamentale qui vise à réhabiliter le contrôle, l’organisation et la gestion des informations. Traiter l’information efficacement permet de rendre compréhensibles et donc utilisables les outils environnants. Cela permet de lutter contre l’incompréhension génératrice d’anxiété, donc de réduire la perte de motivation et l’apragmatisme. La méthode : La méthodologie selon laquelle les exercices de revalidation sont proposés utilise l’indiçage et l’application concrète. L’indiçage est nécessaire au début de prise en charge car la difficulté des patients est souvent d’utiliser tous les outils proposés pour mener à bien un projet. Cette aide par l’indiçage va permettre de se réapproprier les étapes de réalisation efficace d’une tache, voire effectuer un apprentissage sans erreur. L’application dite Congrès psycho.indb 113 22/07/10 16:09 114 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi après-midi concrète permet de travailler sur des documents existants dans notre environnement et de multiplier des situations plausibles, réelles et concernant la majorité des adultes autonomes.Le but de cette méthode de prise en charge est d’estomper progressivement ces indices et de multiplier les applications concrètes pour aboutir dans la limite du possible à une situation où le patient pourra mener à bien ses projets sans aide extérieure et donc retourner vers une autonomie satisfaisante. Description de l’activité RFE : Nous avons élaboré cette activité à partir : - D’un manuel de « prise en charge des syndromes dysexécutifs » créé par une équipe du CHU de La Timone de Marseille (2) proposant des exercices « écologiques » de recherche et d’organisation avec des documents tirés de la vie quotidienne. Ces exercices visent à permettre au patient de se questionner et de résoudre des problèmes du quotidien. Différents supports sont proposés pour permettre l’adaptation des stratégies apprises à de nouveaux documents, et ainsi vérifier le transfert des acquis. Ces exercices permettent de travailler la sélection des informations, la recherche et l’organisation. Ce sont des exercices de difficulté croissante avec un estompage progressif de l’indiçage. - De La création de 20 scénarios d’applications concrètes tirées de la vie quotidienne, des outils actuels (multimédia) et des difficultés communes décrites par les participants. Nous utilisons donc des documents réels et des situations concrètes telles que : réaliser la commande d’un ensemble de meubles sur catalogue, établir un budget de voyage en tenant compte de certaines contraintes, extraire des informations précises dans des brochures touristiques ou de loisirs etc. Cette partie « pratique » de l’activité consiste à appliquer sur du matériel de la vie quotidienne et/ou directement sur le terrain les différents modes de traitement de l’information travaillés précédemment. Hypothèse de travail Le réentrainement du traitement efficace de l’information tiré de documents et situations concrètes permet une application et un transfert directs des acquis dans la vie quotidienne (VQ) et par conséquent un bénéfice rapide pour l’adaptation sociale, personnelle ou professionnelle. Dans cette optique, l’activité RFE a été créée afin d’améliorer de manière tangible la qualité de vie sociale, personnelle et professionnelle des patients. Objectif de l’étude Évaluer l’efficacité et l’impact de cette modalité de prise en charge écologique des troubles des fonctions exécutives. Méthode Comparaison d’évaluations pré et post prise en charge dans l’activité RFE au moyen de 2 questionnaires. - Questionnaire d’autoévaluation des difficultés rencontrées dans la vie quotidienne. Evaluation qualitative des troubles rencontrés dans les grands domaines de la VQ tels que : administration et gestion du quotidien, loisirs et communauté, transports, achats et enfin utilisation de l’outil multimédia. - Echelle des répercussions fonctionnelles (« ERF », Pascal Vianin). Evaluation quantitative de l’impact des troubles cognitifs dans la VQ du patient. Elle reprend les domaines évalués lors du bilan neuropsychologique préalable : mémoire verbale, mémoire et attention visuo-spatiale, mémoire de travail, attention sélective et raisonnement. Chacun des questionnaires étant proposé avant RFE et après la session. Résultats Les résultats attendus sont : - Une amélioration qualitative des difficultés rencontrées au quotidien puisque les applications concrètes sont axées sur les difficultés pointées par les patients eux mêmes. - Une amélioration quantitative dans certains secteurs cognitifs à l’« ERF », tels que la MDT, l’attention visuo-spatiale et sélective ainsi que le raisonnement. Ces capacités sont particulièrement sollicitées lors du traitement de l’information; Or, suivant le principe de répétition positive et hiérarchisée, classique dans les procédures de revalidation cognitive, on peut s’attendre à ce qu’un entrainement bihebdomadaire en RFE en améliore les performances. Références (1)Heinrichs et al. Neuropsychology 1998 ;12 :426-445 (2)Tcherniack, Barielle, Kasprzac, Martinod, 2007 ; « Travailler les fonctions exécutives, exercices écologiques », coll. Tests&Matériels en orthophonie. Ed Solal. Congrès psycho.indb 114 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 115 Braha-Zeitoun, Sonia (Eps Ville-Evrard), Wojakiewicz-Faivre, Annie (Eps Ville-Evrard), Januel, Dominique (Eps Ville-Evrard). Les hallucinations se définissent comme une perception sans objet entrainant la même sensation immédiate de réalité mais en l’absence de stimulation externe réelle. Une des hypothèses cognitive la plus communément admise est que les hallucinations seraient des pensées verbales non perçues comme venant de soi mais attribuées à une source extérieure. L’expérience psychotique se caractériserait par une certaine vulnérabilité du cerveau à gérer le stress et ainsi, par une augmentation de la sensibilité à l’environnement. Dans la littérature, il est mis en évidence que 60 à 70% des patients schizophrènes présenteraient des hallucinations et 25% des patients souffriraient d’hallucinations résistantes (Sherguill et al., 1998). À l’heure actuelle, un certain nombre d’approches thérapeutiques connues, des hallucinations auditives existent dans le cadre du traitement de la schizophrénie, comme le traitement médicamenteux, la sismothérapie, la Stimulation Magnétique Transcrânienne mais aussi des approches psychothérapeutiques individuelles de type psychanalytique ou cognitive et comportementale en groupe. Cette dernière semblerait avoir déjà fait preuve d’efficacité selon certaines études menées avec des patients schizophrènes (Gould et al., 2001; Favrod et al., 2004). L’intérêt de cette proposition de communication est de partager l’expérience de la mise en place d’une prise en charge de groupe d’une durée de 4 mois ciblée sur l’efficacité d’une approche cognitive des hallucinations auditives résistantes. Cette approche est née de l’expérience d’un psychologue suisse, souffrant lui-même de schizophrénie, Dominique Scheder. Celui-ci est désireux de travailler de manière spécifique sur l’hallucination, symptôme handicapant et engendrant un certain nombre de questionnements, de tabou et de souffrance chez les patients. L’objectif principal de ce groupe thérapeutique est d’aider les personnes qui entendent des voix, à faire face en devenant plus autonome face à celles-ci par l’intermédiaire de stratégies cognitives. Ces stratégies permettent de travailler sur les croyances sous-tendant ces voix, le pouvoir de contrôle et l’autonomie du patient face à ce phénomène. mardi après-midi Expérience de thérapie cognitive de groupe dans le traitement des hallucinations auditives résistantes La place de la famille dans l’accompagnement des patients souffrant de schizophrénie Escaig, Bertrand (Unafam - Nord). Le rôle de l’entourage dans la prise en charge des patients souffrant de schizophrénie est désormais reconnu comme fondamental. Le statut de la famille des patients s’est en effet peu à peu dégagé d’une conception culpabilisante pour acquérir le statut d’aidant et donc d’allié thérapeutique (Winefield, 1996). Ainsi, les recommandations pour la pratique prônent une relation de partenariat entre l’entourage des patients et les soignants. De nombreuses études montrent en effet qu’une alliance thérapeutique de qualité entre ces acteurs diminuerait le taux de rechute et favoriserait l’adaptation sociale et la qualité de vie des patients (Dixon & Lehman, 1995). Toutefois, cette relation de partenariat n’est envisageable que si chacun des acteurs parvient à se positionner et se reconnaître dans son rôle propre. Ainsi, la famille en tant qu’aidant quotidien ne se substitue pas au rôle de soignant mais apporte un appui dans la continuité et une considération affective. Les bénéfices pour le patient diffèrent de ceux inhérents à une relation thérapeutique. Pour favoriser son rôle auprès du patient, la famille doit se protéger et être protégée. En effet, les conséquences au long cours de la vie à domicile du malade pourraient être de fragiliser l’état de santé des proches. Par là-même, ceci risque d’influer négativement sur l’état clinique du patient (Réveillère et al., 2001). L’objectif de cette communication est de proposer une réflexion sur les conditions d’instauration d’une alliance thérapeutique avec la famille de patients souffrant de schizophrénie. L’intégration de l’entourage dans la prise en charge du patient ne s’apparente pas à une mise en concurrence des acteurs. L’implication de ces aidants quotidiens doit passer par le respect de leur limite et la considération de leur vécu. Congrès psycho.indb 115 22/07/10 16:09 116 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Références Dixon L, Lehman A. Family interventions for schizophrenia. Schizophr Bull 1995 ; 21 : 631-43. Réveillère, C., Dutoit, D., Beaune, D., Nandrino, J.L., Goudemand, M. (2001). Schizophrénie et famille. Contribution à la prévention de l’état de surcharge. Ann Méd Psycho 2001 ; 159 : 455-460. Winefield HR. Barriers to an alliance between family and professional caregivers in chronic schizophrenia. J Ment Health 1996;5(3):223-232. Psychoéducation et TCC comme outils de réinsertion des patients schizophrènes mardi après-midi Rousselet, Anne-Victoire (Psychologue, CHU Mondor-Chenevier). Introduction Qu’il s’agisse de formes déficitaires ou productives, la prise en charge des patients atteints de schizophrénie est complexe, pluridisciplinaire et nécessite une certaine intensité. Le modèle stressvulnérabilité ainsi que les études récentes concernant le fonctionnement notamment cognitif et social des patients schizophrènes ont permis de développer des outils adaptés et spécifiques à cette population. De même la notion de case management conditionne aujourd’hui la prise en charge des patients au cas par cas et souligne la nécessité de disposer d’un grand nombre d’outils en fonction des difficultés rencontrées (cognitives, sociales, comportementales et/ou émotionnelles). Nous présenterons ici les différents éléments qui doivent intervenir dans l’évaluation du patient schizophrène et les modalités de recueil des informations. Nous évoquerons ensuite les différents outils thérapeutiques possibles qu’ils soient éducatifs, cognitifs ou comportementaux, en groupe ou en individuel ; ainsi que leurs bases théoriques et études de validation. Nous nous intéressons ici aux stratégies mises en œuvre par les patients en fonction de la forme clinique du trouble, de variables cliniques (symptomatologie) et psychologiques (évaluation du fonctionnement psychosocial) ainsi que Nous illustrerons nos propos par deux cas cliniques. Méthodologie Sujets : - deux patients présentant une schizophrénie diagnostiquée selon les critères du DSM-IV, - Le premier patient est âgé de 30 ans et présente une forme déficitaire du trouble, la symptomatologie étant marquée notamment par l’apragmatisme - le second patient est âgé de 29 ans et présente une forme positive du trouble, la symptomatologie étant marquée notamment par une activité délirante et des hallucinations Outils d’évaluation : Axe qualitatif : nous présenterons le canevas de trois entretiens structurés permettent de comprendre le fonctionnement général et d’évaluer la symptomatologie clinique (idées délirantes, hallucinations auditives, cénesthésiques, apragmatisme…) et son intensité (fréquence d’apparition, contexte…). Axe quantitatif : des échelles d’insight, d’humeur, de qualité de vie mais aussi des échelles d’assertivité, de « coping », de gestion du stress, d’estime de soi permettent de prendre en compte l’individu dans sa globalité et de mieux comprendre ainsi le fonctionnement psychosocial et les difficultés rencontrées par les sujets atteints de schizophrénie. Nous discuterons en conclusion des effets attendus et observés des prise en charge comportementales et cognitives sur le fonctionnement spécifique et global du patient. Congrès psycho.indb 116 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 117 Symposium-La psychologie environnementale : des territoires d’identification quotidiens à la préoccupation pour l’environnement global Organisation de la session : Évaluer la satisfaction envers l’espace de travail : développement d’une échelle et première validation. Fleury-Bahi, Ghozlane (Université de Nantes, laboratoire de psychologie éducation, cognition, développement (labécd, EA), Marcouyeux, Aurore (Université de Nantes, laboratoire de psychologie éducation, cognition, développement (labécd, EA). Approche psycho-environnementale de l’adaptation dans des situations extrêmes d’isolement et de confinement mardi après-midi Felonneau, Marie-Line (Université Bordeaux 2- laboratoire psychologie, santé et qualité de vie, EA 4139). Weiss, Karine (Université de Bourgogne, laboratoire spms, campus montmuzard, Dijon), Nicolas, Michel (Université de Bourgogne, laboratoire spms, campus montmuzard, Dijon). Menace identitaire et identités spatiales emboîtées Parant, Aymeric (Université Bordeaux 2- laboratoire psychologie, santé et qualité de vie, EA 4139), Felonneau, Marie-Line (Université Bordeaux 2- laboratoire psychologie, santé et qualité de vie, EA 4139). L’orientation et les comportements pro-écologiques comme norme sociale Lopez, Alexia (Université de Nîmes, laboratoire de psychologie sociale de l’Université de Provence-AixMarseille 1), Rateau, Patrick (Université de Nîmes, laboratoire de psychologie sociale de l’Université de Provence-Aix-Marseille 1), Charles, Maxime (Université de Nîmes, laboratoire de psychologie sociale de l’Université de Provence-Aix-Marseille 1). L’amorçage de valeurs environnementales influence-t-il l’intention d’adopter des comportements écologiques ? Bonnefoy, Barbara (Lapps Paris Ouest Nanterre, équipe de recherche en psychologie sociale, laboratoire Parisien de ps), Maze, Corinne (Lapps Paris Ouest Nanterre, équipe de recherche en psychologie sociale, laboratoire Parisien de ps). Résumé Classiquement, la psychologie environnementale étudie « l’individu dans son contexte physique et social en vue de dégager la logique des interrelations entre l’individu et son environnement en mettant en évidence les perceptions, attitudes, évaluations et représentations environnementales d’une part, et les comportements et conduites qui les accompagnent d’autre part » (Moser, 1991). Ce symposium s’adosse directement sur cette définition en abordant successivement les niveaux attitudinal et comportemental. Moser (2010) distingue 4 niveaux d’analyse sociospatiaux. Du micro-environnement (niveau 1) qui renvoie aux espaces privatifs et de travail jusqu’au niveau 4 de l’environnement global traitant de l’environnement dans son ensemble, en passant par les niveaux 2 (méso-environnement) et 3 (macro-environnement), chaque échelle ouvre à l’appréhension des processus individuels de perception, d’identification, d’appropriation tout en permettant d’interroger le contexte idéologique des représentations et des valeurs dans lesquels ils s’inscrivent. Les deux premières communications se situent au niveau 1 : G. Fleury-Bahi et A. Marcouyeux appréhendent le sujet dans son environnement de travail et proposent de construire et de valider un outil de mesure de la satisfaction. Sur quelles dimensions repose la satisfaction liée à l’espace de travail ? K. Weiss et M. Nicolas mettent en évidence, dans une situation que l’on peut qualifier d’extrême par son niveau élevé de contraintes socio- Congrès psycho.indb 117 22/07/10 16:09 118 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi après-midi spatiales, la relation entre bien-être, stress ressenti et évaluation des caractéristiques physiques de l’environnement. La troisième communication (A. Parant et M.L. Félonneau) appréhende le sujet au travers des processus de construction des identités de lieu, à un niveau macroenvironnemental. Comment s’emboîtent les différentes identités topologiques ? Dans quelles mesures, le concept de menace identitaire peut-il être opératoire dans ce champ théorique ? Les quatrième et cinquième communications introduisent explicitement le niveau de l’environnement global en appréhendant le registre idéologique des normes et des valeurs environnementales. A partir d’une manipulation expérimentale, B. Bonnefoy et C.Maze analysent le lien entre intention et comportements pro-écologiques. En quoi le fait d’amorcer expérimentalement des valeurs proenvironnementales influence-t-il l’adoption d’un comportement qui va dans le même sens ? Enfin, A. Lopez, P. Rateau, M. Charles inscrivent la question des comportements pro-écologiques dans le registre des normativités en utilisant des outils classiques de la psychologie sociale, la zone muette (i.e. amener les individus à « démasquer » leurs opinions négatives en leur demandant de répondre à la place d’autrui) et le paradigme d’autoprésentation (répondre pour se faire bien vs mal voir). Au travers de la présentation de ces travaux, ce symposium a l’ambition de donner un aperçu de l’étendue théorique du questionnement que propose la psychologie environnementale dans les recherches actuelles en même temps que la pluriméthodologie sur laquelle elle repose. Congrès psycho.indb 118 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 119 Fleury-Bahi, Ghozlane (Université de Nantes, laboratoire de psychologie éducation, cognition, développement (labécd, EA), Marcouyeux, Aurore (Université de Nantes, laboratoire de psychologie éducation, cognition, développement (labécd, EA). Les environnements de travail sont définis comme des espaces instrumentaux qui répondent à une fonctionnalité propre. Mais au-delà de leur aspect purement fonctionnel, ces espaces peuvent également être pris en compte comme des territoires individuels et sociaux porteurs de sens qui peuvent contribuer au bien-être de l’individu ou conduire à l’insatisfaction et au stress (Fischer & Vischer, 1997 ; Veitch et al., 2007). Cette étude a pour objectif de construire, ainsi que de tester la structure factorielle et la validité interne d’une échelle de satisfaction des employés envers leur lieu de travail. Cet outil est destiné à être utilisé auprès d’employés de tous statuts, exerçant leur activité professionnelle dans des espaces de travail diversifiés (espaces de bureaux, espaces de production, organisations…). Deux principaux facteurs de satisfaction ont été isolés dans une étude exploratoire conduite auprès de 214 participants : les facteurs Contrôle/Privacité (7 items qui renvoient à la satisfaction visà-vis des possibilités de contrôle et de privacité offertes par l’environnement de travail) et Confort/ Fonctionnalités (7 items qui renvoient à la satisfaction envers le confort et les fonctionnalités de l’espace de travail). Ces deux domaines de satisfaction, ainsi que le facteur général présentent chacun un niveau de consistance interne tout à fait satisfaisant (L’alpha de Cronbach s’élève à .93 pour le facteur général, à .89 pour la dimension Contrôle/Privacité et à.87 pour la dimension Confort/Fonctionnalité). Par ailleurs, le constat de corrélations positives élevées entre les deux composantes suggère la pertinence d’un construit agrégeant les 2 dimensions de l’échelle. Une seconde étude (N = 261) visant une contre-validation confirme la structure bifactorielle de secondordre de l’échelle. De plus, la validité critérielle concomitante de l’échelle est testée à partir des corrélations entre les trois mesures de satisfaction environnementale et une mesure de satisfaction professionnelle (DeVellis, 2003). L’examen de la validité interne et de la stabilité de la structure factorielle assure de bonnes qualités psychométriques à l’outil. mardi après-midi Évaluer la satisfaction envers l’espace de travail : développement d’une échelle et première validation. Références DeVellis, R. F. (2003). Scale development: Theory and applications (2nd ed.). Newbury Park, CA: Sage Publications. Fischer, G. N., & Vischer, J. (1997). L’évaluation des environnements de travail. Paris, Bruxelles: DeBoeck Université. Veitch, J. A., Charles, K. E., Farley, K. M. J., & Newsham, G. R. (2007). À model of satisfaction with open-plan office conditions: COPE field findings. Journal of Environmental Psychology, 27(3), 177-189. Congrès psycho.indb 119 22/07/10 16:09 120 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Approche psycho-environnementale de l’adaptation dans des situations extrêmes d’isolement et de confinement mardi après-midi Weiss, Karine (Université de Bourgogne, laboratoire spms, campus montmuzard, Dijon), Nicolas, Michel (Université de Bourgogne, laboratoire spms, campus Montmuzard, Dijon). La recherche présentée s’intéresse aux facteurs susceptibles de jouer un rôle dans le processus d’adaptation dans des situations de confinement et d’isolement extrêmes: un hivernage dans la station Antarctique franco-italienne Concordia et une situation d’alitement prolongé (60 jours) visant à simuler les effets physiologiques de l’apesanteur lors de vols spatiaux (WISE : Women International Space Simulation for Exploration Study) . Le but et l’intérêt de la psychologie environnementale est alors de mettre l’accent sur les relations individu-environnement comme facteurs déterminants non seulement du niveau de stress, mais aussi du bien-être et du confort expérimenté par les sujets. Nous faisons alors l’hypothèse que l’évaluation de la situation (c’est-àdire l’environnement physique et social, les buts, le rôle et le statut des sujets dans cette situation) joue un rôle important dans le processus d’adaptation. Par exemple, d’un point de vue psychoenvironnemental, la monotonie et la sous-stimulation constituent des contraintes importantes et ont souvent été relevées comme sources de stress. Il en est de même d’une sur-stimulation. Mais il est plus pertinent de se pencher sur la relation individu-environnement, car c’est précisément la signification associée au niveau de stimulations qui est importante dans le processus d’adaptation. Nous nous sommes donc penchés sur l’évaluation de l’environnement, comprenant les processus d’appropriation et d’attachement au lieu (Proshansky, 1978; Gustafson, 2001) comme des indicateurs potentiels de l’adaptation dans ces situations extrêmes : l’évaluation de l’environnement devrait refléter le niveau de confort expérimenté, et par conséquent pourrait être un indicateur du niveau de bien-être ressenti. Par ailleurs, à partir des observations de Gustafson (2001), nous avons émis l’hypothèse qu’un équilibre entre besoin de mobilité et attachement pourrait être un déterminant de l’adaptation dans ce type de situation. Enfin, le besoin d’intimité a été relevé comme une variable médiatrice du bien-être (Newell, 1998). A partir de ces hypothèses, nous avons élaboré des questionnaires visant à relever les perceptions de ces dimensions socio-environnementales par les sujets (évaluation, intimité, appropriation, attachement, mobilité). Ces questionnaires ont été testés au cours de l’expérience WISE et au cours d’un hivernage dans la station Concordia. Pour WISE, nous avons eu accès aux mesures d’anxiété et de stress relevées tout au long de l’expérience. Les résultats montrent que ces dimensions socio-environnementales sont corrélées avec le niveau de bien-être ressenti par les sujets et que leur évaluation évolue tout au long des expériences d’isolement et de confinement conformément au niveau de stress habituellement relevé. Une implication importante de ces résultats est que ces questionnaires permettant de relever des indicateurs indirects du bien-être peuvent être utilisés plus facilement que des questionnaires portant directement sur l’humeur ou le niveau de stress ressenti. Ils permettent en outre de dépasser le biais de désirabilité sociale très présent dans ces situations. Ces outils seront utilisés dans la prochaine simulation d’un vol spatial vers Mars : Mars 500. Références Gustafson, P. (2001). Roots and routes. Exploring the relationships between place attachment and mobility. Environment and Behavior, 33(5), 667-686. Newell, P.B. (1998). A cross-cultural comparison of privacy definitions and functions: a systems approach. Journal of Environmental Psychology, 18, 357-371. Proshansky, H. M. (1978). The city and self-identity. Environment and Behavior, 10(2), 147-169. Congrès psycho.indb 120 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 121 Menace identitaire et identités spatiales emboîtées Parant, Aymeric (Université Bordeaux 2- laboratoire psychologie, santé et qualité de vie, EA 4139), Felonneau, Marie-Line (Université Bordeaux 2- laboratoire psychologie, santé et qualité de vie, EA 4139). Quelle est l’influence de la menace identitaire dans les processus d’identification topologique ? En définissant la menace identitaire comme une représentation anticipatoire sur une identité sociale qui postule une incompatibilité entre les composantes de cette dernière et celles d’une autre identité sociale d’un sujet, on pose que la compréhension des interrelations entre les différentes identités de lieu est primordiale tant d’un point de vue théorique (structuration du Soi) que pragmatique. Dans une approche psycho-environnementale, il est question de traiter ces identités spécifiques selon les caractéristiques des lieux et des liens qu’ils entretiennent entre eux, tels qu’ils sont perçus par les sujets. Matériel et méthodes L’étude 1 visait à établir les modalités d’identification à une supracatégorie potentiellement perçue comme menaçante. Pour ce faire, le niveau d’identification à l’Europe d’étudiants polonais et français (N = 243) a été observé à la lumière de leur identité nationale et de la menace de l’identité européenne pour l’identité nationale et pour l’individu. Les niveaux d’identification sociale ont été mesurés à l’aide de l’échelle d’identité nationale de Cinnirella adaptée par Becker (2003). Les menaces respectives de l’identité européenne sur l’identité nationale et sur l’individu ont été mesurées par des questionnaires ad hoc. L’étude 2, en cours, auprès d’étudiants wallons (N = 401) a pour objectif de complexifier le modèle en intégrant trois niveaux identitaires (région, pays, Europe) et la menace de chaque niveau pour les deux autres. Les interrelations entre les identités et la menace qu’elles représentent sont modélisées par équations structurales. mardi après-midi Introduction Résultats et Discussion Pour l’étude 1, les résultats des analyses en régressions linéaires multiples ont montré que l’identification à la nation était un prédicteur positif de l’identification à l’Europe, b = 0,28, p < 001, et la menace de l’Europe pour l’individu un prédicteur négatif, b = -0,51, p < .001. De plus, la menace que peut représenter l’Europe pour l’identité nationale n’était un frein à l’identification à l’Europe que chez les sujets qui s’identifiaient plus à leur nation qu’à l’Europe, b = -0,20, p < .05. Dans l’étude 2, on s’attend à ce que la menace n’ait d’impact que lorsqu’elle est dirigée vers une identité plus investie par le sujet. Ainsi, les scores d’identification à chaque niveau seront prédits positivement par les scores d’identification aux autres niveaux et négativement par la menace qu’ils représentent pour les niveaux plus investis. Ces deux études, qui s’inscrivent en psychologie environnementale dans la mesure où elles examinent le rapport du sujet à ses espaces de vie, révèlent la pertinence de penser l’identité topologique (Félonneau, 2004) comme la résultante d’identités spatiales multiples. Ainsi, valoriser une identité au détriment des autres, ne peut qu’exacerber les nationalismes, et conforter l’europhobie. Références Becker, M. (2003). Identité européenne. Étude psychosociologique sur l’identité européenne chez des étudiants français et suédois. Mémoire de Maîtrise, Bordeaux, Université Victor Segalen Bordeaux II. Félonneau, M.L.,(2004). Love and Loathing of the City: Topological Identity and Perceived Incivilities. Journal of Environmental Psychology, 24, 43-52.) Hornsey, M. J., & Hogg, M. A. (2000). Assimilation and diversity: an integrative model of subgroup relations. Personality and Social Psychology Review, 4(2), 143-156. Licata, L. (2003). Representing the future of the European Union: Consequences on national and European identifications. Papers on Social Representations, 12, 5.1-5.22. Congrès psycho.indb 121 22/07/10 16:09 122 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 L’orientation et les comportements pro-écologiques comme norme sociale mardi après-midi Lopez, Alexia (Université de Nîmes, laboratoire de psychologie sociale de l’Université de Provence-AixMarseille 1), Rateau, Patrick (Université de Nîmes, laboratoire de psychologie sociale de l’Université de Provence-Aix-Marseille 1), Charles, Maxime (Université de Nîmes, laboratoire de psychologie sociale de l’Université de Provence-Aix-Marseille 1). Depuis les années 70, de nombreuses recherches tentent d’estimer les modalités de la relation homme-environnement. C’est dans ce cadre qu’a été proposée l’échelle du Nouveau Paradigme Environnemental (NEP scale, Dunlap & al., 2000) qui vise à mesurer le degré d’orientation proécologique des individus et des groupes. Dans la majorité des recherches utilisant cette échelle, le degré d’orientation pro-écologique est toutefois largement envisagé comme une variable de personnalité, les facteurs contextuels et situationnels apparaissant comme secondaires. Or, à l’instar de Stern et ses collègues (1995), nous pensons que ce point de vue est trop simpliste et que l’orientation pro-écologique constitue surtout, relativement au modèle de l’architecture de la pensée sociale proposé par Rouquette (1996 ; Flament & Rouquette, 2003), une norme idéologique dominante qui détermine des effets de pression sociale se manifestant aussi bien au niveau des représentations sociales, qu’à celui des attitudes et des comportements. Afin de tester cette hypothèse, nous nous sommes théoriquement et méthodologiquement appuyés à la fois sur les travaux de Guimelli et Deschamps (2000) relatifs à la « zone muette » des représentations sociales (i.e. le masquage verbal des opinions négatives en situation de recueil standard) et sur ceux proposé par Jellison and Green (1981) dans le cadre du paradigme de l’auto-présentation. Quatre échantillons d’étudiants de psychologie (N = 110) ont ainsi été amenés à répondre à l’échelle NEP soit selon une consigne standard (pour soi), soit selon une consigne de substitution (pour les français en général), soit selon une consigne pro-normative (donner la meilleure image de soi), soit selon une consigne contre-normative (donner la plus mauvaise image de soi). À la suite, les participants devaient répondre à une seconde échelle (Félonneau & Becker, 2008) visant à mesurer leur degré de comportements pro-environnementaux auto-rapportés. Les résultats indiquent un effet important de la pression sociale sur l’ensemble des réponses des individus et sont discutés relativement aux liens entre dimension idéologiques et dimension comportementale. Références Dunlap, R.E., Van Liere, K.D., Mertig, A.G., & Jones, R.E. (2000). Measuring endorsement of the new ecological paradigm: A revised NEP scale. Journal of Social Issue, 3, 425-442. Félonneau, M-L., & Becker, M. (2008). Pro-environmental attitudes and behavior: Revealing perceived social desirability. Revue Internationale de Psychologie Sociale, 21(4), 25-53. Flament, C., & Rouquette, M.L. (2003). Anatomie des idées ordinaires. Paris : Dunod. Guimelli, C., et Deschamps, J.C. (2000). Effets de contexte sur la production d’associations verbales : le cas des représentations sociales des Gitans. Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 47-48, 44-54. Jellison, J., & Green, J. (1981). À self presentation approach to the fundamental attribution error : The norm of internality. Journal of Personality and Social Psychology, 40, 643-649. Rouquette, M.L. (1996). Représentations et idéologie. In J.C. Deschamps & J.L. Beauvois (Eds.),Des attitudes aux attributions (pp. 163-173), Grenoble : Presses Universitaires de Grenoble. Stern, P.C., Dietez, T., Kalof, L., & Guagnagno, G.A. (1995). Values, beliefs and proenvironmental action: Attitude formation toward emergent attitudes objects. Journal of Applied Social Psychology, 25(18), 1611-1636. Mots-clés : Pro-écologisme – Norme sociale – Comportement. Congrès psycho.indb 122 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 123 L’amorçage de valeurs environnementales influence-t-il l’intention d’adopter des comportements écologiques ? L’amorçage de valeurs environnementales influence-t-il l’intention d’adopter des comportements écologiques ? En nous basant sur les travaux de Verplanken (2002) nous avons étudié l’effet de l’amorçage environnemental et de la centration sur le soi sur l’intention comportementale pro-environnementale et sur un comportement (éteindre la lumière en quittant une pièce). En effet, le soi est une composante importante des relations valeurs-comportements (Scheier & Carver, 1980). Le plan expérimental se résume ainsi : 2 (Valeurs environnementales : faibles vs fortes) x 2 (Centration sur soi : avec miroir vs sans miroir) x 2 (Amorçage : environnemental vs non environnemental) facteurs intersujets. Nous attendons une augmentation de l’intention et du comportement pro-environnementaux sous l’effet de l’activation de la valeur et de la centration sur le soi. L’intention et le comportement devraient également être dépendants des valeurs environnementales des participants. Procédure 1- L’ensemble des participants répondait dans un premier temps à l’Echelle de Valeur de Schwartz. Trois des 56 items permettaient de mesurer l’importance des valeurs environnementales chez le participant. Sur la base de la médiane, les sujets étaient répartis en 2 groupes (faibles vs fortes valeurs). 2- 4 semaines plus tard, les participants revenaient au laboratoire. Nous amorcions alors la valeur environnementale à l’aide d’un test de reconstitution d’une série de phrases (mots mélangés à remettre dans l’ordre). Dans la condition amorçage de valeurs environnementales, 20 des 30 phrases à reconstituer portaient sur des attitudes ou des comportements écologiques, dans la condition non amorçage de valeurs environnementales), les phrases à reconstituer ne portaient pas sur des attitudes ou comportements de ce type. 3- La centration sur soi était manipulée à l’aide de la présence (vs absence) d’un miroir apposé sur le mur au moment du travail de reconstitution. 4- Le travail effectué, le participant devait rejoindre l’expérimentateur dans une autre salle. Un compère venait vérifier si le participant avait ou non éteint la lumière après avoir fermé la salle. 5- Dans la salle connexe, les participants remplissaient un questionnaire d’intentions comportementales pro environnementales. Résultats : D’une part, nous observons bien un effet des valeurs et de la centration sur soi sur les intentions comportementale mais pas sur le comportement observé. D’autre part, l’amorçage environnemental et la centration sur soi semblent efficaces chez les participants dont la valeur environnementale n’est pas centrale, alors qu’ils ne le sont plus chez les participants dont cette valeur est centrale. Nous supposons une sorte de seuil d’instance à ne pas dépasser chez ces participants, déjà sensibilisés aux questions d’environnement. Ces résultats seront discutés au regard des travaux portant sur les messages incitant à adopter des comportements favorables à l’environnement. mardi après-midi Bonnefoy, Barbara (Lapps Paris Ouest Nanterre, équipe de recherche en psychologie sociale, laboratoire Parisien de ps), Maze, Corinne (Lapps Paris Ouest Nanterre, équipe de recherche en psychologie sociale, laboratoire Parisien de ps). Références Scheier, M. F., Carver, C. S. (1980). Private and Public Self-Attention, Resistance to Change, and Dissonance Reduction. Journal of Personnality and Social Psychology, 39, 390 – 405. Verplanken, B., Holland, R. W. (2002) Motivated Decision Making: Effects of Activation and Self-Centrality of Values on Choices and Behavior. Journal of Personality and Social Psychology, Vol.82, No.3, 434-447. Congrès psycho.indb 123 22/07/10 16:09 124 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Session Psychologie cognitive 1 Anticipation perceptive lors de mouvement d’atteinte : effet des aspects cinématiques, biomécaniques et de l’origine du mouvement Martel, Ludivine (URECA, Université Lille Nord de France), Bidet-ildei, Christel (Université de Poitiers), Coello, Yann (URECA, Université Lille Nord de France). mardi après-midi Planification, évaluation, régulation, trois processus impliqués dans la recherche d’informations : une étude auprès d’internautes jeunes et âgés Chevalier, Aline (Clle-ltc UMR CNRS 5263), Dommes, Aurélie (Inrets-lpc), Le Gars, Baptiste (Université Paris Ouest). Emosem : un modele d’identification automatique de la coloration emotionnelle des textes Denhière, Guy (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin – UMS CNRS 2809), Leveau, Nicolas (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin), Jhean-Larose, Sandra (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin – UMS CNRS 2809). Les séquences de vues rapides facilitent la représentation 3-d des visages dans l’hémisphère droit Arnold, Gabriel (Université Paris Descartes- LPNCOG), Siéroff, Éric (Université Paris DescartesLPNCOG). First-borns at a disadvantage ? later-borns surpass first-borns in kinship detection of strAngers’ faces Kaminski, Gwenaël (Lpnc, CNRS, UMR 5105, Université Pierre Mendès France, Grenoble), Ravary, Fabien (Department of entomology, national taiwan Université, Taiwan.), Graff, Christian (Centre de biologie du comportement, Université Pierre Mendès France, Grenoble), Gentaz, Edouard (Lpnc, CNRS, UMR 5105, Université Pierre Mendès France, Grenoble). Congrès psycho.indb 124 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 125 Anticipation perceptive lors de mouvement d’atteinte : effet des aspects cinématiques, biomécaniques et de l’origine du mouvement Martel, Ludivine (URECA, Université Lille Nord de France), Bidet-Ildei, Christel (Université de Poitiers), Coello, Yann (URECA, Université Lille Nord de France). La capacité à anticiper les mouvements d’autrui implique de la part de l’observateur une mise en relation des informations visuelles avec ses propres connaissances motrices (théorie motrice de la perception). Cette hypothèse a été validée entre autres par des données neuropsychologiques, comportementales et d’imagerie cérébrale. Notre objectif consistera à analyser l’influence des compétences motrices sur la capacité à anticiper perceptivement la distance de mouvements de pointage discrets présentés visuellement. Les participants devront estimer la position finale d’un mouvement coupé à 62% de sa trajectoire. Les résultats vont dans le sens de l’hypothèse, la relation entre perception et action est basée sur la dynamique du mouvement. Introduction mardi après-midi Résumé Attribuer une signification aux mouvements humains est une composante essentielle de toute interaction sociale. Cette capacité se base sur notre habileté à anticiper la finalité des mouvements d’autrui. Dans ce dessein, l’organisme s’appuie sur une information extraite du mouvement en cours d’exécution. En effet, « la théorie motrice de la perception » stipule que nos propres compétences motrices interviendraient dans la perception visuelle des mouvements humains. L’existence de relations fortes entre perception et action a en effet été suggérée lors d’études comportementales, en neuropsychologie ou en imagerie cérébrale (Chary et al, 2004 ; Chaminade et al, 2001, Casile & Giese, 2006). Les représentations communes entre les systèmes perceptif et moteur se baseraient sur les informations cinématiques et biomécaniques du mouvement (Shiffrar & Freyd, 1993, Bidet-Ildei et al, 2006). L’étude effectuée par Pozzo et al. (2006) va en effet dans ce sens. L’estimation de la position finale du mouvement du bras était affectée par les modifications cinématiques introduite dans l’exécution du mouvement. Les participants étaient moins précis et avaient des performances plus variables lorsque la cinématique était non naturelle. Notre objectif est de montrer qu’en plus de ces facteurs cinématiques, la perception d’un mouvement humain peut également être influencée par les propriétés biomécaniques du stimulus (Shiffrar & Freyd, 1993) ainsi que la familiarité du mouvement (Loula et al, 2005). Plus particulièrement, nous avons étudié la capacité d’observateurs à anticiper la position finale d’un mouvement discret en testant si la précision de la prédiction dépend à la fois des informations cinématiques, biomécaniques et du répertoire gestuel individuel. Matériel et Méthode Les stimuli consistaient en une séquence animée de points lumineux matérialisant les articulations du bras droit (index, poignet, coude et épaule) et représentant un mouvement de pointage vers des cibles non visibles (technique du point-light display, Johansson, 1973). Lors d’une session pré-expérimentale, chacun des 14 participants devait effectuer 5 mouvements de pointage spontanés vers des cibles placées à trois distances différentes (10, 20 et 30 cm). Les paramètres temporels et spatiaux ont été enregistrés par un système de capture (Zébris) et ont été utilisés pour recréer, pour chaque distance et pour chaque participant, une séquence animée en condition naturelle pour laquelle les mouvements respectaient à la fois la forme de la trajectoire ainsi que sa cinématique. À partir de ces mêmes coordonnées spatio-temporelles, trois conditions non naturelles ont été produites sur la base d’une modification du profil de vitesse. Ainsi, les trajectoires étaient effectuées avec soit un profil de vitesse constant, soit une accélération constante soit une inversion du profil cinématique naturel. Par ailleurs, les séquences animées présentaient soit l’ensemble des articulations, soit l’index uniquement avec dans ce cas une présentation pendant 300 ms avant le mouvement de l’ensemble des articulations. Les différentes conditions de mouvement étaient présentées soit à partir des mouvements produits par le participant lui même, soit à partir des mouvements produits par une autre personne. La tâche pour le participant était d’indiquer, à l’aide du curseur de la souris, la position finale du mouvement interrompu après Congrès psycho.indb 125 22/07/10 16:09 126 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 62% d’exécution de sa trajectoire. Ainsi, le participant devait juger ses propres mouvements, qu’il s’agisse de mouvements naturels ou non naturels (vitesse constante, croissante ou inversée), et ceux d’autrui dans les mêmes conditions cinématiques. Outre l’origine du mouvement (soi ou autrui), le jugement s’effectuait soit en présence de toute l’information biomécanique (présence des 4 articulations) soit avec une seule information (index seul). Les participants devaient donc déterminer la position finale du mouvement lors de 192 essais (4 essais * 4 conditions cinématiques * 2 conditions biomécaniques * 2 origines du mouvement * 3 distances). Résultats et Discussion mardi après-midi Les résultats concernant l’erreur spatiale de jugement (différence de position du curseur et du point final du mouvement) montrent une surestimation globale, variant selon les modifications cinématiques du vecteur de vitesse. Les erreurs sont plus importantes dans la condition croissante que dans la condition constante, avec une perturbation intermédiaire qu’est la condition inversée, marquant une gradation dans la perturbation. Les mouvements naturels sont plus précisément estimés que les mouvements non naturels. En outre, les erreurs de jugement augmentent quand la distance augmente ; et ce d’autant plus que les profils de vitesse du mouvement sont non naturels. Les jugements perceptifs basés sur les propres mouvements du participant sont plus précis que les jugements basés sur les mouvements d’autrui, et cet effet est plus marqué pour les mouvements non naturels. En conclusion, ces données confortent les études antérieures sur la perception du mouvement biologique en montrant une implication forte de la cinématique dans l’anticipation perceptive des mouvements humains (Pozzo et al. 2006). Par ailleurs, les capacités d’anticipation sont plus précises lorsqu’elles portent sur notre propre motricité que sur celle d’autrui, validant l’existence d’interaction entre traitement visuel et représentation motrice (Loula et al. 2005). Il apparaît également que les informations biomécaniques ne représentent pas une caractéristique pertinente des anticipations perceptives. Ces données valident ainsi l’existence d’un couplage entre systèmes perceptif et moteur, couplage s’appuyant sur les informations dynamique du mouvement davantage que sur ses aspects structurels. Références Bidet-Ildei C., Orliaguet J-P., Sokolov A., & Pavlova M. (2006). Perception of biological motion of elliptic form, Perception, 1137-1147. Casile A., & Giese M. A. (2006). Non visual motor training influences biological motion perception, Current Biology, 16(1), 69-74. Chaminade T., Meary D., Orliaguet J. P., & Decety J. (2001). Is perceptual anticipation a motor simulation ? A PET study, Neuroreport, 12(17), 3669-3674. Chary C., Meary D., Orliaguet J. P., David D., Moreaud, O., & Kandel S. (2004). Influence of motor disorders on the visual perception of human movements in a case of peripheral dysgraphia, Neurocase, 10(3), 223-232. Johansson G. (1973). Visual perception of biological motion and a model for its analysis, Perception & Psychophysics, 14, 201-211. Loula F., Prasad S., Harber K., & Shiffrar M. (2005). Recognizing people from their movement, Journal of Experimental Psychology. Human Perception and Performance, 31(1), 210-220. Pozzo T, Papaxanthis C, Petit JL, Schweighofer N, Stucchi N (2006). Kinematic features of movement tunes perception and action coupling. Behavioral Brain Research, 169(1):75-82. Shiffrar M., & Freyd J. J. (1993). Timing and apparent motion path choice with human body photographs, Psychological Science, 4(6), 379-384. Congrès psycho.indb 126 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 127 Planification, évaluation, régulation, trois processus impliqués dans la recherche d’informations : une étude auprès d’internautes jeunes et âgés Chevalier, Aline (Clle-ltc UMR CNRS 5263), Dommes, Aurélie (Inrets-lpc), Le Gars, Baptiste (Université Paris Ouest). La recherche d’informations (RI) sur le Web avec un moteur de recherche est une activité cognitive complexe, mobilisant de nombreuses ressources cognitives en mémoire de travail (MDT), des processus attentionnels particulièrement coûteux et certaines habiletés cognitives (cf. le modèle de RI proposé par Sharit et al., 2008). Rechercher des informations à partir d’un moteur de recherche (tels que Google ou Yahoo!) implique que l’individu produise et utilise des mots-clés pertinents par rapport à sa requête. L’individu doit ensuite consulter et évaluer la pertinence des informations fournies par le moteur de recherche. Au fur et à mesure qu’il progresse dans sa recherche, il doit maintenir en MDT le but de sa requête et comparer celui-ci avec les informations fournies par le moteur de recherche jusqu’à l’atteinte de l’information escomptée. Cette activité se complexifie dès lors qu’aucun résultat ne satisfait la requête et le but. Dans ce cas, l’individu doit reformuler sa requête, soit partiellement (en ajoutant, en supprimant ou en modifiant des mots-clés) soit totalement (en changeant tous les mots-clés utilisés dans le moteur de recherche). Ainsi, la reformulation d’une requête infructueuse par la modification des mots-clés requerrait que l’individu dispose d’un vocabulaire riche (pour pouvoir générer des synonymes ou des termes sémantiquement proches), et/ou une certaine flexibilité pour modifier sa représentation du but à atteindre et/ou sa stratégie. Le vieillissement est souvent associé à un accroissement des connaissances lexicales et sémantiques ; les adultes âgés obtenant des scores plus élevés que les adultes jeunes aux échelles de vocabulaire (Verhaeghen, 2003). La flexibilité cognitive est définie comme l’aptitude à considérer simultanément plusieurs représentations d’un même objet, d’un évènement ou d’une tâche, et de basculer entre ces représentations pour répondre de manière adaptée aux changements de l’environnent (Chevalier & Chevalier, 2009 ; Kray & Eppinger, 2006). Les travaux relatifs au vieillissement cognitif montrent que les adultes âgés sont moins flexibles que les adultes jeunes (par ex., Dommes, Chevalier, & Rossetti, sous presse ; Kray & Eppinger, 2006). Ainsi, nous nous sommes demandé si le niveau de vocabulaire, habituellement plus élevé chez les adultes âgés que jeunes, pouvait compenser la diminution de leurs capacités de flexibilité cognitive lors de la reformulation de requêtes pour une tâche de RI. Une précédente étude a mis en évidence que les adultes âgés, malgré un niveau de vocabulaire supérieur aux jeunes, ont des performances en RI inférieures à celles des jeunes (Dommes, Chevalier, & Lia, en révision). Des analyses de régressions ont permis de montrer que la flexibilité cognitive est davantage impliquée dans la RI que le vocabulaire : les adultes âgés ayant les plus hauts scores de flexibilité sont ceux qui obtiennent les meilleures performances. A l’issue de cette étude, nous avons souhaité (1) reproduire ces résultats et (2) déterminer de façon plus précise quel(s) processus de la RI étaient les plus touchés par le vieillissement cognitif. Dans cette direction, nous avons conduit repris le protocole expérimental de l’étude de Dommes et al. (en révision) en analysant en plus la répartition de leur activité de RI en fonction de 4 processus (en référence aux modèles de Tricot et Rouet, 2004 ; Sharit et al., 2008) : La planification : l’individu établit un plan qui permettra d’atteindre l’information. Il s’agit du premier plan que le participant met en place, il formalise sa première requête. L’évaluation de la pertinence de l’information par rapport à la question posée. La régulation : l’individu modifie sa requête. Si la première requête n’aboutit pas, le participant va la modifier pour tenter d’accéder à une réponse. Le contrôle : le participant se remémore le problème à résoudre et compare si la tâche accomplie correspond au but visé. Congrès psycho.indb 127 mardi après-midi Introduction 22/07/10 16:09 128 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Méthode et matériel mardi après-midi 10 adultes jeunes de 21 à 27 ans (M=24,6; s=1, 78) et 10 adultes âgés de 60 à 68 ans (M=62,6 ; s=2,12) ont participé à cette étude. Tous étaient de langue maternelle française avec une audition et une vision normales ou corrigées. Le niveau d’étude ainsi que le niveau d’expérience dans le maniement d’Internet ont été contrôlés de sorte d’avoir échantillon homogène quant à ces deux variables. Les participants ont répondu à 3 épreuves psychométriques : —Le test de vocabulaire du Mill-Hill de Raven dans son adaptation française (Deltour, 1998). —Deux épreuves de flexibilité cognitive : Le Trail Making Test (partie B ; Spreen & Strauss, 1991) et le Plus-Minus (Jersild, 1927). Les participants devaient également réaliser 9 RI (l’ordre étant contrebalancé d’un participant à l’autre). Ces recherches se distinguaient de par leur complexité : 3 recherches simples (les motsclés à entrer dans Google pour obtenir une réponse correcte correspondaient aux mots-clés de la question), 3 recherches difficiles (les questions ne contiennent pas les mots-clés à entrer dans Google pour trouver l’information correcte ; il était nécessaire de générer des synonymes ou des termes sémantiquement proches) et 3 recherches insolubles (aucune réponse n’était possible). Les questions difficiles et impossibles visaient à étudier le rôle du vocabulaire et de la flexibilité cognitive. Pendant qu’ils effectuaient leur RI, ils devaient faire part à voix haute de tout ce qu’ils pensaient (technique des verbalisations concomitantes ; cf. Ericsson & Simon, 1993) afin d’identifier les stratégies de RI développées en référence aux processus cognitifs présentés en introduction. Résultats et Discussion Concernant les performances, les mêmes patterns de résultats que ceux obtenus précédemment ont été observés (Dommes et al., en révision). Les adultes jeunes ont de meilleures performances que les adultes âgés. La flexibilité cognitive serait davantage impliquée dans l’activité de RI avec moteur de recherche que le vocabulaire. Par ailleurs, les adultes jeunes planifient plus que les adultes âgés, quel que soit le type de questions. En revanche, les adultes âgés évaluent plus fréquemment la pertinence des informations trouvées que les jeunes. Cette évaluation est plus importante pour les questions difficiles et impossibles que pour les questions simples. Ces évaluations peuvent traduire pour les participants âgés à la fois une confiance moindre en leurs stratégies de RI et aux informations qu’ils trouvent sur Internet par comparaison aux jeunes. Les adultes âgés font plus souvent référence à leur manque de connaissances relatives à Internet que les jeunes. Ils semblent sous-estimer leurs compétences (cf. aussi Marquié et al., 2002). Les jeunes régulent également plus leur activité que les âgés ; ces régulations sont plus importantes face aux questions difficiles et impossibles que simples. Concernant le contrôle, aucune différence significative n’a été obtenue. Ces résultats semblent montrer que les difficultés des internautes âgés seraient principalement dues à des difficultés de planification de leur activité de RI, mais également pour changer de stratégies (la flexibilité interviendrait à ce niveau). Même si les âgés essaient de compenser ces difficultés par une évaluation de la pertinence des informations plus fréquente que les jeunes, ils auraient des difficultés à mettre en place des stratégies adaptées. Congrès psycho.indb 128 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 129 Emosem : un modèle d’identification automatique de la coloration émotionnelle des textes Denhière, Guy (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin – UMS CNRS 2809), Leveau, Nicolas (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin), Jhean-Larose, Sandra (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin – UMS CNRS 2809). EMOSEM est un modèle psychologique et un système d’analyse automatique de la coloration émotionnelle de textes. EMOSEM associe à l’analyse de la sémantique latente (LSA), les ressources lexicales des catégories émotionnelles proposées par Mathieu (2000) et Piolat et Bannour (2009). Les résultats de l’analyse de huit textes-tests décrivant quatre émotions « dominantes » (« désir, surprise, peur, tristesse ») sont présentés. Introduction L’identification automatique de la coloration émotionnelle d’un texte constitue un double défi pour le psychologue puisqu’il doit pouvoir représenter non seulement sa signification mais également sa valence affective, positive ou négative, et identifier, à chacun de ces deux pôles, l’émotion décrite. De plus, la « tristesse » peut devenir « dépression » ou « torpeur » et se colorer selon les cas, de « dégoût », « d’amertume » ou de « consternation ». Une approche statistique commode et largement utilisée de représentation de la signification, l’Analyse de la Sémantique Latente (Jhean-Larose & Denhière, 2010 ; Landauer, McNamara, Dennis, & Kintsch, 2007) consiste à utiliser de vastes corpus textuels, à les transformer en matrices de cooccurrences mots*paragraphes, à soumettre ces matrices à une décomposition en valeurs singulières et à réduire le nombre de dimensions de manière à représenter la signification d’un mot par un vecteur à n dimensions. La similitude entre deux éléments (mots, phrases, textes) est obtenue en calculant le cosinus de l’angle que forment leurs vecteurs respectifs. Pour évaluer la valence affective de textes, Turney & Litman (2002) ont utilisé deux vecteurs formés de 7 adjectifs, l’un de valence positive (« good, nice, etc. »), l’autre négatif (« bad, poor, etc. »). (Sahlgren, Karlgen & Eriksson (2007) ont construit deux vecteurs formés de huit mots, l’un de valence positive, l’autre de valence négative. Dans les deux cas les évaluations automatiques et les annotations humaines étaient significativement corrélées. Le dépassement de l’évaluation dichotomique au profit de la catégorisation émotionnelle exige de se référer aux catégories émotionnelles et au lexique associé à chaque catégorie pour construire les vecteurs correspondants. Mathieu (2000) propose une liste de 38 prédicats sémantiques, 21 négatifs (i.e. peur, tristesse …), 15 positifs (i.e. désir sexuel, amusement, etc.), et 2 « ni négatif ni positif » (indifférence, étonnement) pour classer les sentiments (verbes et noms). Dans EMOTAIX, Piolat et Bannour (2009) proposent une catégorisation hiérarchique et symétrique en deux classes (« agréable vs désagréable ») divisées en trois classes (« bienveillance/malveillance, bien-être/mal-être, sang-froid/anxiété »), à leur tour divisées respectivement en 2, 5 et 2 classes qui se redistribuent chacune en 28 émotions (Ressentiment, dégoût, etc.) auxquelles sont associés 2014 termes « référents ». Nous avons retenu quatre émotions : « Désir », « Surprise », « Peur » et « Tristesse ». Pour chacune d’elle, nous avons sélectionné deux textes reconnus comme représentatifs. Nous avons construit deux vecteurs, l’un à partir des termes fournis par Mathieu (2000), l’autre à partir des référents d’EMOTAIX (Leveau, Denhière & Jhean-Larose, 2009). Puis, nous avons calculé le cosinus entre les vecteurs « textes » et les vecteurs « émotions » dans l’espace sémantique « FrançaisTotal » (lsa.colorado.edu). mardi après-midi Résumé Résultats Les résultats obtenus avec les vecteurs issus des catégorisations émotionnelles de Mathieu et Piolat et al. autorisent à conclure à une bonne identification de la couleur émotionnelle des textes-tests. Dans les deux cas, les vecteurs « Amour », «Désir » et « Amour + Désir » sont plus fortement liés aux textes « Désir » qu’avec les autres textes ; les vecteurs « Peur », « Terreur », et « Peur+Terreur » sont plus fortement liés aux texte « Peur » qu’aux autres textes ; les vecteurs Congrès psycho.indb 129 22/07/10 16:09 130 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 « Tristesse », « Fatigue », « Torpeur » et leur somme « Dépression » sont plus fortement liés aux textes « Tristesse » qu’aux autres. La catégorie « Surprise » est, comme prévu, hétérogène. Au-delà des différences notionnelles entre les auteurs, la comparaison des résultats présentés dans les tableaux 1 et 2 conduit à souligner l’importance de la « composition » émotionnelle des textes car un texte est rarement « mono-émotionnel ». Ainsi, les textes « Tristesse » apparaissent colorés de « Fatigue » et de « Déprime » plus que de « Torpeur ». Tableau 1 : Cosinus entre les vecteurs émotionnels construits à partir d’EMOTAIX et les textes-tests. Note : Pour chaque vecteur le nombre de mots est indiqué entre parenthèses. mardi après-midi Vecteurs Amour (33) Désir (15) Amour + Désir (48) Surprise (14) Peur (17) Terreur (8) Terreur + Peur (25) Tristesse (26) Fatigue (46) Torpeur (23) Dépression (95) .31 .43 .42 .14 .00 .02 .01 .20 .30 .18 .31 T1 Désir .29 .27 .34 .15 .02 .02 .00 .07 .14 .08 .13 T2 .09 .01 .07 .17 .04 .00 .02 .03 .15 .01 .08 - Surprise .20 .14 .22 .43 .04 .04 .05 .13 .17 .01 .15 + .12 .06 .12 .16 .16 .20 .22 .23 .07 .08 .18 T1 Peur .06 .06 .07 .16 .23 .20 .26 .19 .10 .05 .18 T2 .26 .08 .24 .20 .05 .03 .05 .43 .28 .14 .40 Tristesse T1 T2 .28 .14 .28 .23 .04 .19 .15 .49 .32 .21 .48 Tableau 2 : Cosinus entre les vecteurs émotionnels construits à partir des prédicats sémantiques de Mathieu et les textes-tests. Note : Pour chaque vecteur le nombre de mots est indiqué entre parenthèses. Vecteurs Amour (39) Désir sexuel (39) Amour + Désir sexuel (78) Étonnement (30) Émerveillement (18) Étonnement + emerveillement (48) Peur (48) Déprime (33) Tristesse (35) Déprime + Trsitesse (68) Conclusion .29 .32 .35 .09 .13 .13 .11 .21 .10 .17 T1 Désir .25 .28 .31 .00 .09 .06 .04 .03 .05 .05 T2 .07 .14 .11 .13 .07 .14 .07 .04 .07 .07 - Surprise .14 .11 .15 .21 .28 .30 .10 .11 .14 .16 + .03 .16 .09 .12 .02 .06 .23 .14 .20 .22 T1 Peur .07 .14 .11 .11 .09 .11 .25 .08 .34 .31 T2 .15 .13 .17 .11 .08 .10 .12 .23 .26 .31 Tristesse T1 T2 .11 .18 .15 .01 .07 .05 .18 .31 .33 .40 Associé aux ressources d’EMOTAIX (Piolat & Bannour, 2009) ou aux prédicats sémantiques de Mathieu (2000), l’Analyse de la Sémantique Latente offre la possibilité de caractériser automatiquement la coloration émotionnelle des textes. Demeure le problème de la pertinence cognitive du nombre et de la nature des catégories émotionnelles à partir desquelles sont construits les vecteurs. Références Jhean-Larose, S., & Denhière, G. (2010). Apprentissage, mémoire, analyse de la sémantique latente - LSA. Vol. 8.1., Studia Informatica Universalis, Paris : Hermann. Landauer, T. K., McNamara, D. S., Dennis, S., & Kintsch, W. (2007). Handbook of Latent Semantic Analysis. London: Laurence Erlbaum Associates. Leveau, N., Denhière, G. & Jhean-Larose, S. (2009). Vectorisation des émotions. Rapport de Recherche N° D3-2-5, Projet DoXa. Pôle de Compétitivité. Cap Digital. Paris. Mathieu, Y. Y. (2000). Les verbes de sentiment - De l’analyse linguistique au traitement automatique. Paris: CNRS Editions. Piolat, A., & Bannour, R. (2009). EMOTAIX : Un scénario de Tropes pour l’identification automatisée du lexique émotionnel et affectif. Année psychologique, 109(4), 657-700. Sahlgren, M., Karlgren, J., & Eriksson , G. (2007, june 23-24). SICS : Valence annotation based on seeds in word space. Paper presented at the SemEval 2007, Prague, Czech Republic. Congrès psycho.indb 130 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 131 Les séquences de vues rapides facilitent la représentation 3-d des visages dans l’hémisphère droit Arnold, Gabriel (Université Paris Descartes- LPNCOG), Siéroff, Eric (Université Paris DescartesLPNCOG). La reconnaissance des visages sous de nouveaux angles est meilleure après les séquences de vues que les vues statiques. Les séquences rapides de vues permettraient la formation d’une représentation 3-D, soit par un avantage du mouvement, soit par un nombre de vues et un timing adéquats. Dans une tâche de comparaison séquentielle, nous avons testé l’effet de changement d’angle après la présentation de visages en rotation horizontale rapide et lente autour d’un angle de 45° (gauche ou droit), avec des séquences de vues et des vidéos. L’analyse des temps de réponse montre un avantage des séquences de vues par rapport aux vidéos, contre l’hypothèse d’un avantage du mouvement, et un avantage des séquences rapides de vues sur les séquences lentes de vues qui montre l’importance du nombre de vues et d’un timing adéquats. La succession rapide de vues faciliterait une attention vers une représentation 3-D globale. Enfin, l’avantage des séquences rapides de vues n’est observé que pour une rotation autour du 45° gauche, pour lequel les informations faciales sont localisées dans la partie gauche, suggérant un rôle de l’hémisphère droit. mardi après-midi Résumé Introduction La reconnaissance des visages à partir de vues statiques est moins bonne après un changement d’angle que lorsque l’angle est le même (Patterson & Baddeley, 1977). Toutefois, l’effet du changement d’angle est moins important après la présentation de séquences rapides de vues. Celles-ci faciliteraient la formation d’une représentation 3-D, améliorant la reconnaissance de nouveaux angles (Busey & Zaki, 2004). Cette facilitation ne se retrouve pas pour les séquences lentes. L’avantage des séquences rapides de vues pourrait être dû au mouvement, plus apparent pour les séquences de vues rapides que lentes, ou à la succession de différentes vues dans une fenêtre temporelle réduite, ce qui dirigerait l’attention vers une représentation 3-D globale. Nous avons testé ces deux hypothèses en comparant l’effet de changement d’angle après la présentation de séquences de vues et de vidéos dans une tâche de comparaison séquentielle. Un premier visage était présenté en rotation rapide ou lente autour d’une vue de 45°, gauche ou droite, suivi d’un deuxième visage, statique, avec le même angle ou un angle nouveau (45° symétrique ou face). Si la formation d’une représentation 3-D dépend du mouvement, nous devrions observer un avantage des vidéos sur les séquences de vues. Si cette formation repose sur la présentation des vues dans une fenêtre temporelle réduite, nous devrions observer un avantage des séquences rapides sur les séquences lentes. Méthode Participants. 96 étudiants en psychologie ont participé à cette étude. Matériel. 24 comédiens ont été filmés dans des conditions d’éclairage identiques. Ils étaient assis sur un siège tournant et l’expérimentateur faisait tourner le siège à vitesse constante. Des vidéos de rotation de la tête à 180° ont été obtenues. Des photos de différents angles ont été extraites de ces vidéos. Pour le premier visage, des séquences de vues et des vidéos présentant un visage en rotation horizontale autour de la vue de 45° (gauche ou droit) ont été créées (rotation comprise entre 60° et 30°). Pour les séquences de vues, cinq angles étaient utilisés : 60°, 52,5°, 45°, 37,5° et 30°. Un cycle de rotation complet présentait 8 vues dans l’ordre suivant : 45°, 37,5°, 30°, 37,5°, 45°, 52,5°, 60°, 52,5°. Les séquences rapides de vues ont été créées en présentant ces 8 vues pendant 180 ms, avec 4 cycles successifs. Les séquences lentes de vues ont été créées en présentant chaque vue 720 ms, avec un seul cycle. Les séquences vidéos présentaient le même cycle de rotation et la même vitesse apparente que les séquences de vues : 40° et 10° par seconde respectivement pour les séquences rapides et lentes. La durée de chaque séquence était toujours de 5760 ms. Pour le deuxième visage, les vues de -45° (gauche), +45° (droit) et 0° (face) ont été sélectionnées. Congrès psycho.indb 131 22/07/10 16:09 132 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Procédure. Dans une tâche de comparaison séquentielle, deux visages étaient présentés successivement. Le premier visage, présenté en rotation, était suivi d’un délai de 1000 ms, après lequel le deuxième visage, statique, était présenté jusqu’à la réponse du sujet. Les participants devaient indiquer le plus rapidement possible si les deux visages étaient les mêmes. Résultats et Discussion mardi après-midi Le taux d’erreurs était inférieur à 5%. Nous avons conduit une ANOVA sur les temps de réponses (TRs), avec le Côté du premier visage (gauche, droit) comme facteur emboîté, et la Fluidité (séquences de vues, vidéos), la Vitesse (rapide, lente) et l’Angle du deuxième visage (même, symétrique, face) comme facteurs croisés. Nous avons obtenu un effet de Fluidité [F(1,92) = 6,32 ; p < .05], montrant un avantage des séquences de vues (moyenne = 748 ms) sur les vidéos (764 ms), et un effet de Vitesse [F(1,92) = 4,19 ; p < .05], montrant un avantage des séquences rapides (747 ms) sur les séquences lentes (765 ms). Nous avons également obtenu une interaction significative entre Fluidité et Vitesse [F(1,92) = 6,21 ; p < .05] avec des TRs plus rapides pour les séquences rapides de vues (731 ms) que pour les séquences lentes de vues (764 ms), mais pas de différence entre les vidéos rapides (763 ms) et lentes (765 ms). L’avantage des séquences de vues par rapport aux vidéos permet d’écarter l’hypothèse d’un avantage du mouvement. L’avantage des séquences rapides par rapport aux séquences lentes est en faveur de l’hypothèse d’une représentation 3-D dépendant d’une contrainte temporelle. Toutefois, la formation d’une représentation 3-D pourrait dépendre à la fois d’un nombre de vues (effet de Fluidité) et d’un timing (effet de vitesse) adéquats. Ainsi, l’avantage des séquences rapides de vues sur toutes les autres séquences pourrait s’expliquer par un nombre suffisant mais limité de vues combiné à la présentation de ces vues dans une fenêtre temporelle réduite. Cette succession rapide des angles permettrait à l’attention de former une représentation globale 3-D plutôt qu’une représentation dépendante de chaque angle. Enfin, nous avons obtenu une interaction significative entre Fluidité, Vitesse et Côté du premier visage [F(1,92) = 4,94 ; p < .05], montrant un avantage des séquences rapides de vues sur toutes les autres séquences uniquement lorsque le premier visage est centré sur l’angle de 45° gauche. Etant donné que les informations faciales principales sont localisées dans la partie gauche pour les vues de trois-quarts gauche, elles seraient traitées plus rapidement par l’hémisphère droit (Siéroff, 2001). Ainsi, l’avantage des séquences de trois-quarts gauche suggère un rôle de l’hémisphère droit dans la formation d’une représentation 3-D. En conclusion, cette étude met en évidence l’importance du nombre de vues adéquats (suffisant mais limité) dans une fenêtre temporelle réduite pour la formation d’une représentation 3-D des visages et suggère un rôle de l’hémisphère droit dans cette formation. Références Busey, T. A., Zaki, S. R. (2004). The contribution of symmetry and motion to the recognition of faces at novel orientations. Memory & Cognition, 32, 916-931. Patterson, K., Baddeley, A. (1977). When face recognition fails. Journal of Experimental Psychology: Human Learning & Memory, 3, 406-417. Siéroff, E. (2001). Feature processing and superiority of three-quarter views in face recognition. Brain & Cognition, 46, 272-276. Congrès psycho.indb 132 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 133 First-borns at a disadvantage ? later-borns surpass first-borns in kinship detection of strAngers’ faces Kaminski, Gwenaël (Lpnc, CNRS, UMR 5105, Université Pierre Mendès France, Grenoble), Ravary, Fabien (Department of entomology, national taiwan Université, Taiwan.), Graff, Christian (Centre de biologie du comportement, Université Pierre Mendès France, Grenoble), Gentaz, Edouard (Lpnc, CNRS, UMR 5105, Université Pierre Mendès France, Grenoble). The ability to assess genetic ties is key to first, defining one’s own family, then, in a broader context, to understanding relationships in groups of strangers. To recognize younger siblings as such, human firstborns can rely on the perinatal association of the mother with her new baby. Later-borns, who cannot rely on such an association, will by necessity actuate alternate strategies. The effects of such differential early experiences deserve consideration; the development of matching abilities may be used throughout an individual’s lifetime to detect other kinship types outside the family. In simple cognitive tasks based on matching face pictures, later-borns surpassed firstborns in detecting kinship among strangers, in populations of different ages across countries. This birth-order effect contrasts with the traditional firstborns’ cognitive advantage, as explained by the confluence model. The drive of inclusive fitness can explain how early life history promotes specific strategies that permanently enhance certain human performances. mardi après-midi Résumé Introduction Inclusive fitness theory predicts that the closer relatives are, the stronger the cooperation enhancement and sexual inhibition among them will be. These two adaptive behaviours require some ability to recognize kin. In humans, Lieberman et al.1 proposed an estimate of self-target relatedness based on more than one “implicit system” of kin detection. Indeed, specific kin types (e.g., parents, siblings, or grandparents) are generally associated with different clues. Focusing on siblings, their model assumes two distinct, ancestrally relevant cues to assess relatedness among them. One of these, maternal perinatal association (MPA), is specific to older siblings. MPA applies when the biological mother is caring for a new baby, allowing the first-born to mentally tag that baby as a sibling. MPA, however, does not apply to the last sibling, who does not witness his or her mother’s previous pregnancies and nursing. To recognize sibship, the later-born may then rely on default cues such as childhood co-residence duration. If first- and later-born siblings recognize each other using different cues and develop different cognitive strategies in early childhood as a result, their respective experiences may also help prepare them to assess other types of kinship. We investigate whether Lieberman et al.’s1 architecture of sibling detection can also support kin detection in unknown individuals. We anticipate that first-born individuals are less efficient than other siblings in detecting kinship among unknown faces. Indeed, first-borns who used MPA cues to detect kinship between their mother and their younger siblings did not develop any other specific cognitive strategy, and thus should not presumably be experts in other types of kinship detection. Conversely, later-born individuals have shared parental investment and interacted with their siblings since birth. For them, detecting kinship between their parents and their oldest siblings is crucial. Later-borns’ early experience should allow them to detect kin resemblance more efficiently. Matériel et Méthode In humans, facial features appear to be a prominent kinship cue3 for ascribing relatedness among individuals4-8. Caucasian faces of unknown related and unrelated individuals were presented on photo sets in forced-choice tests. Participants were given either a face-matching task5-7 or a facecomparison task4,8. Approximately 210 participants were chosen from two countries (French and Taiwan) and from two age groups (children and adults). Résultats et Discussion In both tasks and in all study populations, later-borns detected kinship among strangers’ faces more efficiently than did first-born siblings. Caucasian participants were not more efficient than Congrès psycho.indb 133 22/07/10 16:09 134 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mardi après-midi Asian ones, and adults performed slightly better than children. Lieberman et al.1 propose that MPA plays a role in sibling recognition, as a keystone of kinship building during childhood. Our finding that later-borns perform more accurate kin detection than first-born siblings substantiates their model and extends its significance outside the family sphere. Young children’s incomplete explicit understanding of biological inheritance9-10 may explain why the effect on them is less visible. In firstborns, the MPA effect may prevent the actuating of a kin detection strategy that may operate again later outside of the family group. The general advantage of first-borns in cognitive tasks, as exemplified by higher IQ scores, has also been attributed to their early experience11-12. According to the confluence model2, older children often teach their siblings, and derive greater benefit from this intellectual practice than do the learners. This prominent model is not easily applied to kin detection abilities. Early experiences viewing specific faces affect the ability to process similar faces later on13-14. Viewing baby faces of younger siblings should predict an advantage for first-borns in processing baby faces15, which is not apparent in our parent-neonate matching task dealing with kin detection. In general, in interaction with abilities, motivation is a crucial component of performance16-17. Because first-born children have no problem tagging their younger siblings as kin, they have little motivation to develop elaborate processing strategies for surrounding faces. Moreover, they remain less dependent on their parents than their younger siblings, with whom they share parental investment18. A finelytuned kin recognition mechanism is less vital for older siblings. Inclusive fitness theory explains how later-born children’s greater motivation for kin recognition may lead them to develop more efficient facial processing of other kinship types. The sibship in which humans are born fundamentally shapes their personality, social attitude, educational achievement11-12, 19-20, and the architecture of their kin-detection system1. Implicit motivation driven by inclusive fitness may play a crucial role in both the expression and the development of abilities leading to differential performance. Références 1. Lieberman, D., Tooby, J. & Cosmides, L. Nature 445, 727-731 (2007) 2. Zajonc, R. B., Markus, H. & Markus, G. B. J. Pers. Soc. Psychol. 37, 1325-1341 (1979) 3. DeBruine, L. M. et al. Arch. Sex Behav. 37, 64-77 (2008) 4. Maloney, L. T. & Dal Martello, M. F. J. Vis. 6, 1047-1056 (2006) 5. Bressan, P. & Dal Martello, M. F. Psychol. Sci. 13, 213-219 (2002) 6. Alvergne, A., Faurie, C. & Raymond, M. Evol. Hum. Behav. 28, 135-144 (2007) 7. Kaminski, G. et al. Perception (in press) 8. Kaminski, G. et al. Proc. R. Soc. B 276, 3193-3200 (2009) 9. Carey, S. Conceptual change in childhood (Cambridge, MA, MIT Press, 1985) 10. Solomon G. E. A. et al. Child Dev. 67, 151-171 (1996) 11. Sulloway, F.J. Science 316, 1711-1772 (2007) 12. Kristensen, P. & Bjerkedal, T. Science 316, 1717 (2007) 13. Pascalis, O. et al. Science 296, 1321-1323 (2002) 14. Kelly, D. J. et al. Psychol. Sci. 18, 1084-1089 (2007) 15. Macchi Cassia, V. et al. Psychol. Sci. 20, 853-859 (2009) 16. Vroom, V. H. Work and Motivation (New York, Wiley, 1964) 17. Shizgal, P. Motivation. (Cambridge, MA, MIT Press, 1999) 18. Hertwig, R., Davis, J. N., and Sulloway, F. J. Psychol. Bull. 128, 728-45. (2002) 19. Sulloway, F.J. Born to rebel: Birth order, family dynamics, and creative lives (New York, Pantheon, 1996) 20. Salmon, C. Human Nat. 17, 73-88 (2003) Congrès psycho.indb 134 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 135 Session Psychopathologie Étude des dimensions de personnalité chez des usagers de psychostimulants en milieu festif techno Facteurs prédictifs au développement d’un syndrome post-traumatique (spt) suite à un accident de la voie publique (avp) : perspective dimensionnelle et mesures longitudinales. Berna, Guillaume (URECA, Université Lille Nord de France, Maison européenne des sciences de l’homme et de la société (meshs)), Vaiva, Guillaume (CNRS, UMR 8160, Lille, France), Vaiva, Guillaume (Département de psychiatrie, hôpital Fontan, chru Lille, France), Nandrino, Jean-Louis (URECA, Université Lille Nord de France, Maison européenne des sciences de l’homme et de la société (meshs)). mardi après-midi Lillaz, Caroline (Univesité Paris Descartes,laboratoire de psychopathologie et des processus de santé, ea4057), Pr. Varescon, Isabelle (Univesité Paris Descartes,laboratoire de psychopathologie et des processus de santé, ea4057). Analyse dynamique des communications verbales et non-verbales chez les mères dépendantes à l’héroïne et leur bébé Bochand, Laure (URECA, Université Lille Nord de France), Doba, Karyn (URECA, Université Lille Nord de France), Pezard, Laurent (laboratoire UMR6149, Université de Provence), Nandrino, Jean-Louis (URECA, Université Lille Nord de France). Le rôle de variables cognitivo-émotionnelles dans la dépression, en lien avec l’addiction à internet. Gaetan, Sophie (Université d’Aix-Marseille 1, centre de recherche psycle), Bonnet, Agnès (Université d’AixMarseille 1, centre de recherche psycle), Laurens, Elodie (Université d’Aix-Marseille 1, centre de recherche psycle), Pedinielli, Jean-Louis (Université d’Aix-Marseille 1, laboratoire de psychopathologie clinique et psychanalyse). Contribution à la compréhension du processus suicidaire lié au travail Hanique, Pauline (Epsm Lille métropole). Congrès psycho.indb 135 22/07/10 16:09 136 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Étude des dimensions de personnalité chez des usagers de psychostimulants en milieu festif techno Lillaz, Caroline (Univesité Paris Descartes,laboratoire de psychopathologie et des processus de santé, ea4057), Pr. Varescon, Isabelle (Univesité Paris Descartes,laboratoire de psychopathologie et des processus de santé, ea4057). Résumé mardi après-midi Cette recherche a pour objectif principal d’identifier certaines dimensions de personnalité à savoir, la recherche de sensations de Zuckerman, les trois traits de personnalité identifiés par Eysenck (psychoticisme, neuroticisme, extraversion), l’alexithymie et la conscience émotionnelle de Lane et Schwartz chez 37 sujets consommateurs de psychostimulants en milieu festif techno appareillés à 37 sujets témoin.Nous suivons les hypothèses que les sujets de l’échantillon clinique présenteraient un niveau de recherche de sensations élevé (scores de recherche de sensations et d’extraversion élevés) et des déficits dans la régulation des émotions (scores d’alexithymie et de symptomatologie dépressive élevés et de conscience émotionnelle bas). Les résultats montrent des scores significativement plus élevés pour le groupe de recherche pour la recherche de sensations (SSS-IV) (score total, sous-dimensions désinhibition, recherche d’expériences, susceptibilité à l’ennui), aux dimensions extraversion, psychoticisme et neuroticisme (EPQ-R); d’alexithymie (TAS-20) (score total, dimensions difficultés à décrire et identifier ses sentiments) ; au BDI. Ils présentent également des scores plus bas de conscience émotionnelle (LEAS). Introduction Cette étude étudie une forme de consommation de substances psychoactives : les drogues de synthèse en milieu festif techno. Figure emblématique de ces nouvelles drogues, l’ecstasy s’est développée à partir des années 90 dans les contextes festifs, principalement ceux des « raveparty », tout en y étant de moins en moins circonscrite. Utilisées par de jeunes consommateurs, ces nouvelles drogues sont choisies pour atteindre un type de sensations précis et ce, dans un contexte récréatif. Bien que ces usages s’inscrivent dans le cadre de pratiques festives, ils sembleraient occasionner pour certains utilisateurs des consommations problématiques, de type abus ou dépendance. L’approche dimensionnelle de la personnalité permet de mieux comprendre les raisons pour lesquelles les sujets vont rechercher des effets physiologiques et psychologiques induits par les produits. Cette recherche a pour objectif principal d’identifier certaines dimensions de personnalité à savoir, la recherche de sensations de Zuckerman, les trois traits de personnalité identifiés par Eysenck (psychoticisme, neuroticisme, extraversion), l’alexithymie et la conscience émotionnelle de Lane et Schwartz chez des consommateurs de drogues de synthèse en milieu festif techno. Par ailleurs, il s’agit d’explorer les substances psychoactives consommées et d’identifier les différentes pratiques de consommation au sein du milieu festif techno. Matériel et Méthode Nous suivons les hypothèses que les sujets de l’échantillon clinique présenteraient un niveau de recherche de sensations élevé (scores de recherche de sensations et d’extraversion élevés) et des déficits dans la régulation des émotions (scores d’alexithymie et de symptomatologie dépressive élevés et de conscience émotionnelle bas). Ces hypothèses ont été testées chez 37 sujets de sexe masculin présentant un abus de psychostimulants selon le DSM-IV-TR et fréquentant l’espace festif techno. Ils ont été appareillés à 37 sujets témoin. Les outils respectivement utilisés sont un questionnaire élaboré pour la recherche visant à recueillir les données socio-démographiques (âge, niveau d’études, situation familiale et professionnelle), évaluer la consommation de substances psychoactives (type de produits consommés et modalités de consommation) ainsi que les raisons et les motivations quant à l’usage de substances psychoactives ;l’échelle de recherche de sensations de Zuckerman à 40 items (SSS) ; le questionnaire de personnalité d’Eysenck (l’EPQ-R); l’échelle d’alexithymie de Toronto à 20 items (TAS-20), l’échelle de conscience émotionnelle de Lane et Schwartz (LEAS), l’inventaire abrégé de dépression de Beck (BDI), et enfin le MINI. Concernant la procédure, les sujets ont été contactés directement sur le terrain dans le cadre de « rave -party » et de teknivals. Les personnes souhaitant participer à l’étude nous ont communiqué leurs coordonnées. Congrès psycho.indb 136 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 137 Après un appel téléphonique, un rendez-vous était fixé dans un lieu neutre, un café à proximité du domicile des sujets. Les résultats montrent des scores significativement plus élevés pour le groupe de recherche comparativement au groupe témoin à la SSS pour le score total (t=4,876 ; p<0,000) et aux sousdimensions « désinhibition » (t=7,065 ; p<0,000), «recherche d’expériences » (t=3,21 ; p<0,001), «susceptibilité à l’ennui » (t=2,352 ; p<0,01) ; à l’EPQ-R pour les dimensions psychoticisme (t=3,49 ; p<0,005), extraversion (t=1,84 ; p<0,038), neuroticisme (t=3,17 ; p<0,001) ; à la TAS-20 pour le score total (t=1,91 ; p<0,003) et pour les dimensions « difficultés à décrire ses sentiments » (t=2,25 ; p<0,018), et « difficulté à identifier ses émotions » (t=1,90 ; p<0,003) ; et enfin au BDI (t=3,03 ; p<0,002). Les résultats montrent des scores significativement plus bas pour les sujets du groupe de recherche à la LEAS pour le score total (t=-2,75 ; p<0,04), le score « sujet » (t=-2,66 ; p<0,005), et le score « autre personne » (t=-2,82 ;p<0,0003). Concernant les principales corrélations, nous observons des corrélations significatives positives entre la sous dimension « recherche d’expériences » de la recherche de sensations et la symptomatologie dépressive (r=0,375 ; p<0,5) ; ainsi qu’entre la sous dimension « susceptibilité à l’ennui » de la recherche de sensations et le psychoticisme (r=0,484 ; p<0,01). Le neuroticisme corrèle positivement et significativement avec l’échelle d’alexithymie pour le score total (r=0,345 ; p<0,05). Concernant les motivations quant à l’usage de substances psychoactives, le plaisir comme raison première rassemble la totalité des participants interrogés. En revanche pour certains, la consommation dépasse les propriétés hédoniques dans la rencontre avec le produit et représente un affrontement délibéré du risque, ou semble être utilisée en guise d’automédication. Les hypothèses sont validées. Les sujets du groupe de recherche ne semblent pas avoir accès à des émotions complexes et différenciées. La recherche de sensations pourrait être comprise d’une part, comme un moyen de lutter contre une dépressivité sous-jacente et d’autre part, comme une recherche émotionnelle de type impulsive. Cette étude témoigne également de l’évolution des pratiques de consommation au sein du milieu festif techno. mardi après-midi Résultats et Discussion Références Carton S. (2007). Au cœur de la problématique de la dépendance. Neuropsy news, 6, (2), 53-55. Leung KS, Addallah AB, Copeland J, Cottler LB. (2010). Modifiable risk factors of ecstasy use : risk perception, current dependance, perceived control, and depression.Addictive Behaviors, 35(3), 201-208. Reynaud-Maurupt C, Cadet-Tairou A. (2007). Substances psychoactives chez les amateurs de l’espace festif électro. Tendances, OFDT, n°56. Varescon I. (2007). Les consommateurs de drogues de synthèse en milieu festif : en quête de sensations nouvelles ?. Neuropsy news, 6, (2), 70-73. Zuckerman M, Cloninger C. (1996). Relationships between Cloninger’s, Zuckerman’s, and Eysenck’s dimension of personality. Personnality and individual differences,21(2), 282-285. Congrès psycho.indb 137 22/07/10 16:09 138 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Facteurs prédictifs au développement d’un syndrome posttraumatique (spt) suite à un accident de la voie publique (avp) : perspective dimensionnelle et mesures longitudinales. Berna, Guillaume (URECA, Université Lille Nord de France ; Maison européenne des sciences de l’homme et de la société (meshs)), Vaiva, Guillaume (CNRS, UMR 8160, Lille, France ; Département de psychiatrie, hôpital Fontan, chru Lille, France), Nandrino, Jean-Louis (URECA, Université Lille Nord de France ; Maison européenne des sciences de l’homme et de la société (meshs)). mardi après-midi Résumé L’objectif de cette étude est d’évaluer les facteurs prédictifs au développement d’un Syndrome PostTraumatique (SPT) au sein d’une population ayant vécu un accident de la voie publique (AVP). Ses originalités reposent sur une approche dimensionnelle des symptômes du SPT et sur l’étude d’une population subsyndromique évaluée par la Clinician-Administrated PTSD Scale (CAPS(1)). Les résultats mettent en évidence l’absence d’effet des variables caractérisant l’événement traumatique et soulignent l’importance de la menace vitale perçue dans la prédiction à 6 mois du développement du SPT complet ou subsyndromique. De plus, chaque dimension du SPT est corrélée à la perception des facteurs péri-traumatiques. Introduction Dans les situations d’accidents de la voie publique (AVP), les recherches rapportent une prévalence de SPT comprise entre 7 et 40 %(2)(3)(4) dont une majorité serait mal identifiée et peu traitée pour les troubles psychologiques associés(5). De plus, la dernière étude épidémiologique française(6) relève une prévalence de 0,7% de SPT durant le mois précédant l’entretien avec un sex-ratio proche de 1. Par ailleurs, cette étude montre que la population subsyndromique, définie ici comme tout sujet confronté à un trauma et présentant dès lors au moins un élément de retentissement psychopathologique, représente 5% de la population générale. Dès lors, de nombreuses études soulignent la pertinence d’un regroupement syndromique(7)(8) et un intérêt croissant pour l’évaluation dimensionnelle afin de permettre une meilleure compréhension des processus sous-jacents(9)(10)(11). Actuellement, plusieurs facteurs prédisposant à la survenue d’un SPT sont avancés : présence de troubles de l’humeur ou de troubles anxieux au moment du trauma, existence d’un trouble mental sur l’Axe I du DSM-IV, développement antérieur d’un SPT, ou encore perception subjective des conditions traumatiques et péri-traumatiques(12). Dans la mesure où la population subsyndromique représente en réalité la majeure partie des complications du trauma, on se propose 1) d’étudier à la fois chez les patients subsyndromiques et SPT les facteurs prédictifs péritraumatiques, cliniques et socio-démographiques et 2) d’analyser à 6 mois les effets de ces facteurs prédictifs sur la fréquence et l’intensité des 3 dimensions du SPT : la reviviscence, l’évitement et l’hyperarousal. Matériel et méthode 155 adultes blessés physiquement et admis en service de traumatologie suite à un AVP ont été recrutés pendant trois ans. Durant la semaine suivant l’accident, les patients remplissaient des questionnaires évaluant leur situation sociale (sexe, âge, culture, situation familiale et professionnelle, enfants, antériorité d’un AVP ou d’un trauma). Une évaluation clinique mesurait d’éventuelles comorbidités (MINI) et la détresse ressentie pendant et immédiatement après le traumatisme (Peritraumatic Distress Inventory : PDI(13) et Peritraumatic Dissociative Experience Questionnaire : PDEQ). Enfin, six mois après le traumatisme, une évaluation utilisant la CAPS était proposée afin de mesurer la symptomatologie post-traumatique et de créer des groupes a posteriori selon les règles suivantes : 1. un item est considéré comme positif lorsque sa fréquence et son intensité sont supérieurs ou égales à 2. 2. le groupe subsyndromique est caractérisé par au moins 1 item positif pour la dimension reviviscence, 2 pour l’évitement et 1 pour l’hyperarousal. Congrès psycho.indb 138 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 139 3. le groupe SPT complet est caractérisé par 1 item positif supplémentaire pour l’évitement et l’hyperarousal. Enfin, il est important de rappeler qu’une originalité de l’étude repose sur la constitution du groupe contrôle qui correspond aux individus blessés suite à un AVP mais qui n’ont pas développé de SPT. À six mois, 25,8% des sujets (n=40) développent des symptômes subsyndromiques et 7,74% (n=12) présentent un SPT complet. Les résultats obtenus avec le MINI confirment la présence chez les SPT complets : d’un épisode dépressif et d’une anxiété généralisée, et chez les 2 groupes cliniques : de troubles de l’humeur et de troubles anxieux. Les seules variables discriminant les groupes sont : les facteurs 1 (émotions négatives) et 2 (perception d’une menace vitale) de la PDI et le score au PDEQ. Le meilleur prédicteur du développement d’un SPT est le facteur 2 de la PDI. L’approche dimensionnelle met en avant des corrélations significatives entre 1) le score au PDI et les reviviscences et l’hyperarousal, 2) le score au PDEQ et les stratégies d’évitement. Enfin, la présence d’un événement traumatique antérieur renforce les stratégies d’évitement. mardi après-midi Résultats Discussion Nos résultats soulignent que les caractéristiques péri-traumatiques, en particulier la perception d’une menace vitale, sont de bons prédicteurs au développement d’un SPT. En outre, l’approche dimensionnelle permet de mieux identifier les complications psychologiques qui font suite à un AVP. Références (1) Blake, D. D., Weathers, F. W., Nagy, L.M., Kaloupek, D. G., Gusman, F.D., Charney, D.S. et al. (1995). The development of a clinician-administrated PTSD scale. Journal of Traumatic Stress, 8, 75-90. (2) O’Donnell, M. L., Creamer, M. C., Parslow, R., Elliott, P., Holmes, A. C., Ellen, S., et al. (2008). À predictive screening index for posttraumatic stress disorder and depression following traumatic injury. J Consult Clin Psychol, 76(6), 923-932. (3) O’Donnell, M. L., Creamer, M., Pattison, P., & Atkin, C. (2004). Psychiatric morbidity following injury. Am J Psychiatry, 161(3), 507-514. (4) Bryant, R. A., & Harvey, A. G. (1996). Initial posttraumatic stress responses following motor vehicle accidents. J Trauma Stress, 9(2), 223-234. (5) Zatzick, D. F., Russo, J. E., & Katon, W. (2003). Somatic, posttraumatic stress, and depressive symptoms among injured patients treated in trauma surgery. Psychosomatics, 44(6), 479-484. (6) Roelandt, J.-L., Caria, A., Mondiere, G. (2000). La santé mentale en population générale : Images et réalités. Présentation générale de l’enquête. L’information Psychiatrique, (76), 279-292. (7) Elklit, A., & Shevlin, M. (2007). The structure of PTSD symptoms: a test of alternative models using confirmatory factor analysis. Br J Clin Psychol, 46(Pt 3), 299-313. (8) Brewin, C. R. (2005). Systematic review of screening instruments for adults at risk of PTSD. J Trauma Stress, 18(1), 53-62. (9) Jeavons, S., Greenwood, K. M. (2000). Patterns of posttraumatic stress over 12 months following rural road accidents. Australian Psychiatry, 8(2), 137-141. (10) Vaiva, G., Ducrocq, F., Jehel, L., Genest, P., Duchet, C., Omnes, C., et al. (2007). Psychotraumatismes et risqué suicidaire en France. Stress Et Trauma, 7(2), 69-77. (11) Vaiva, G., Jehel, L., Cottencin, O., Ducrocq, F., Duchet, C., Omnes, C., et al. (2008). Prevalence of trauma-related disorders in the French WHO study: Sante mentale en population generale (SMPG). Encephale, 34(6), 577-583. (12) Ozer, E. J., Best, S. R., Lipsey, T. L., & Weiss, D. S. (2003). Predictors of posttraumatic stress disorder and symptoms in adults: a meta-analysis. Psychol Bull, 129(1), 52-73. (13) Brunet, A., Weiss, D. S., Metzler, T. J., Best, S. R., Neylan, T. C., Rogers, C., et al. (2001). The Peritraumatic Distress Inventory: a proposed measure of PTSD criterion A2. Am J Psychiatry, 158(9), 1480-1485. Congrès psycho.indb 139 22/07/10 16:09 140 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Analyse dynamique des communications verbales et non-verbales chez les mères dépendantes à l’héroïne et leur bébé Bochand, Laure (URECA, Université Lille Nord de France), Doba, Karyn (URECA, Université Lille Nord de France), Pezard, Laurent (laboratoire UMR6149, Université de Provence), Nandrino, Jean-Louis (URECA, Université Lille Nord de France). Résumé mardi après-midi De récentes études ont souligné l’importance des échanges émotionnels entre la mère et son bébé pour comprendre la relation qui s’établit entre les mères dépendantes à l’héroïne et leur enfant. L’étude propose d’analyser la dynamique des communications entre les mères héroïnomane et leur bébé durant une séquence de nourrissage. Deux groupes de 15 dyades mères/bébés appariés (dépendantes sous traitement substitutif et contrôles) ont été inclus dans l’étude. Des mesures auto-évaluatives de l’anxiété, de la dépression post-partum, des stratégies de régulation émotionnelle et de la qualité de soins parentaux ont été réalisées chez les mères. Des séquences de nourrissage de bébés âgés de 4 semaines ont été filmées. Nous avons mesuré au moyen d’une grille de codage les stimulations verbales, comportementales et alimentaires de la mère ainsi que les comportements de nourrissage, les comportements vocaux et non-verbaux du bébé. La fréquence des états des partenaires, la prédictibilité et les probabilités de transitions entre les états codés ont été mesurées à partir des méthodes d’analyse de dynamique symbolique. Les résultats montrent une pauvreté des stimulations verbales chez les mères héroïnomanes. L’analyse dynamique des communications non-verbales montre que les mères héroïnomanes présentent des patterns des stimulations comportementales moins prédictibles et un déficit de l’ajustement dyadique. Introduction Un ensemble de données montrent que les enfants de parents dépendants aux substances psychoactives ont un risque accru de développer des troubles interpersonnels et comportementaux ou des troubles mentaux et des conduites addictives (Chassin et al 2004). Certains chercheurs ont fait l’hypothèse que le développement futur de conduites addictive chez les enfants de parents dépendants serait lié à une fréquence élevée de comportements agressifs, à une prédominance de recherche de sensations (Edwards, Eiden, Coldel, & Leonard, 2006) et à des troubles de l’auto-régulation (Ellis et al, 2004). Les observations d’interactions de dyades mère/bébé lorsque la mère présente une dépendance aux substances psychoactives ont mis en évidence des schémas de réponses maternelles caractérisés d’une part par une faible sensibilité et une faible réactivité aux signaux émotionnels de l’enfants et d’autre part une activité physique accrue et un comportement intrusif (Hans et al 1999). Globalement les enfants montrent des niveaux d’éveil renforcé par une activité motrice maternelle élevée (Lagasse et al 2003). Peu d’études se sont intéressées au couplage entre les réponses comportementales maternelles et celles du bébé. Nous proposons d’utiliser des méthodes d’analyse de dynamique symbolique (à partir d’indices linéaires et non-linéaires) pour quantifier la succession temporelle des communications entre les mères dépendantes à l’héroïne et leur bébé. Méthode L’échantillon est composé de 30 dyades mère/bébé : 15 dyades dont la mère présente une dépendance à l’héroïne et 15 dyades dont la mère ne présente pas de comportement de dépendance. La séquence de nourrissage (allaitement ou biberon) est filmée au domicile lorsque le bébé est âgé de 4 semaines. Les séquences sont codées en fonction de l’orientation du regard, des stimulations verbales, comportementales, alimentaires de la mère ainsi que des mouvements du bébé, ses comportements verbaux et alimentaires. L’anxiété (STAI état), la dépression post partum (EPDS), les soins parentaux reçus (PBI) et les stratégies de régulations émotionnelles (DERS) sont évaluées par auto questionnaires chez la mère. L’analyse de la dynamique des séquences à partir des indices linéaire et non linéaires permet d’étudier les effets combinés des séquences de comportements émis par les deux partenaires et d’identifier l’organisation temporelle des interactions et les probabilités de transition d’état entre les mères dépendantes à l’héroïne et leur bébé. Résultats Les résultats montrent que les mères dépendantes à l’héroïne présentent des niveaux d’anxiété et de dépression plus élevés que les mères ne présentant pas de comportements de dépendance. De même, Congrès psycho.indb 140 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 141 Discussion Nos résultats permettent de montrer que la consommation de substances a des conséquences sur la nature des interactions entre les mères et leur bébé. L’analyse fréquentielle ne permet pas de dégager un profil d’interaction spécifique et dysfonctionnel chez les mères toxicomanes. En revanche, l’analyse dynamique distingue des profils différents entre les mères toxicomanes et les mères contrôles en ce qui concerne les stimulations comportementales et verbales et l’ajustement dyadique. Le faible niveau de prédictibilité et les comportements désorganisés observés chez les mères toxicomanes pourraient renforcer le déficit de l’ajustement dyadique entre les mères toxicomanes et leur bébé. Nos résultats rejoignent les observations issues de la théorie de l’attachement en soulignant que les dysfonctionnements interactionnels entre les mères toxicomanes et leur bébé apparaissent précocement au cours du développement (dès le premier mois de naissance). mardi après-midi les mères toxicomanes présentent des stratégies de régulation émotionnelle dysfonctionnelles et une pauvreté des soins parentaux perçus. Nous n’observons pas de différence significative entre les deux groupes de mères concernant la fréquence des stimulations alimentaires. En revanche, les bébés des mères toxicomanes sont plus agités, pleurent davantage et rencontrent plus de difficultés alimentaires. Les analyses dynamiques montrent que les stimulations comportementales et verbales sont faiblement prédictives et très désorganisées chez les mères toxicomanes. On observe également un déficit d’ajustement dyadique entre les stimulations verbales et comportementales des mères et les comportements vocaux et comportementaux du bébé. Références Chassin L, Flora DB, King KM. Tragectories of alcohol and drug use and dependence from adolescence to adulthood : the effects of familial alcoholism and personality. Journal of Abnormal Psychology. 2004 Nov;113(4):483-98. Ellis LK, Rothbart MK, Posner MI. Individual differences in executive attention predict self-regulation and adolescent psychosocial behavior. Annals of the New York Academy of Sciences. 2004 Jun ;1021 :337-40. Edwards EP, Eiden RD, Colder C, Leonard KE. The development of aggression in 18 to 48 month old children of alcoholic parents. Journal of Abnormal Child Psychology. Farrar J, Fasig L, & Welch-Ross M. Attachment and emotion autobiographical memory development. Journal of Experimental Child Psychology, 67 : 389-408. Hans SL, Berntein J, Henson LG. The role of psychopathology in the parenting of drug-dependant women. Development and Psychopathology. 1999 Fall ;11(4) :957-77. LaGasse LL, Messinger D, Lester BM, Seifer R, tronick EZ, Brauer CR, Shankaran S, Bada HS, Wright LL, Smeriglio VL, Finnegan LP, Maza PL, Liu J. Prenatal drug exposure and maternal and infant feeding behavior. Arch Dis Child Fetal Neonatal Ed. 2003 Sep;88(5):F391-9 Sanders-Philips K. Infant feeding behavior and caretaker-infant relationships in Black families. Journal of Comparative Family Studies 1998;29:161-71 Weiss SJ, Wilson P, Hertenstein MJ, et al. The tactile context of mother’s caregiving for attachment of low birth weight infants. Infant Behavior and Development 200;23:91-111. Congrès psycho.indb 141 22/07/10 16:09 142 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Le rôle de variables cognitivo-émotionnelles dans la dépression, en lien avec l’addiction à internet. Gaetan, Sophie (Université d’Aix-Marseille 1, centre de recherche psycle), Bonnet, Agnès (Université d’AixMarseille 1, centre de recherche psycle), Laurens, Elodie (Université d’Aix-Marseille 1, centre de recherche psycle), Pedinielli, Jean-Louis (Université d’Aix-Marseille 1, laboratoire de psychopathologie clinique et psychanalyse). Résumé mardi après-midi La dépression est une comorbidité de l’addiction (Van damme, P., 2006), y compris des addictions comportementales (Adès, J., 2001). Sa prévalence est importante auprès de la population étudiante (Guagliardo, V., 2009), comme l’addiction aux nouvelles technologies. En outre, les troubles anxieux et dépressifs sont en lien avec le fonctionnement émotionnel (Watson, D., et coll., 1984), la régulation des émotions et leur intensité (Pasquier, A., et coll., 2009). Il nous semble exister dans les addictions au virtuel un fonctionnement pouvant se rapprocher de celui observé dans les conduites à risques (Bonnet, A. et coll., 2003), à savoir un moyen de régulation des émotions. L’objectif de ce travail est de mettre en lien l’addiction à Internet et la dépression en tant que trouble émotionnel comorbide, au travers de variables cognitivo-émotionnelles. Les résultats mettent en lien l’addiction à Internet et la gestion des émotions: une plus grande expressivité ainsi qu’une régulation plus importante chez les sujets addictés. Les résultats montrent une plus grande expressivité du sujet dépressif, et notamment concernant les émotions négatives, ainsi qu’une tendance à éviter voire supprimer l’émotion sans un traitement cognitif de la situation. Nous pouvons penser que le monde virtuel apporterait de nouvelles possibilités au sujet en termes d’éprouvés et de traitement de ces éprouvés. Un tel processus expliquerait la mise en place d’une conduite addictive et permettrait de poser des éléments de réflexion concernant la cooccurrence entre le dépression et l’addiction. Introduction Les nouveaux média prennent une place importante dans nos sociétés et peuvent parfois occuper une place considérable dans la vie de sujets, lorsqu’une conduite addictive se met en place. La dépression et l’anxiété sont des comorbidités de l’addiction (Van damme, 2006), avant tout liée à une substance selon l’O.M.S, mais également des addictions comportementales (Adès, J., 2001). Par ailleurs, l’anxiété et la dépression font partie des troubles psychiques que l’on retrouve fréquemment au sein des populations étudiantes (prévalence de la dépression: 8,9%; prévalence de l’anxiété: 15,7%; Enquête Inserm, Guagliardo, V., 2009). De la même manière l’addiction aux nouvelles technologies, et notamment les jeux vidéo ou Internet, concerne d’avantage les 18-25 ans. Des études ont mis en évidence la relation entre troubles anxieux et dépressif et fonctionnement émotionnel (Watson, D., & Clark, L.A., 1984). L’intensité émotionnelle et la régulation des émotions semblent jouer un rôle notable dans ce fonctionnement (Pasquier, A., et coll., 2009). Il nous semble exister dans les addictions au virtuel un fonctionnement pouvant se rapprocher de celui-ci observé dans les conduites à risques (Bonnet, A. et coll., 2003; Bonnet, A. et coll., 2004). Ces dernières apparaissent être un moyen de régulation des émotions pour le sujet, une solution actée pour faire face à des éprouvés subjectifs insupportables pour le sujet. Le virtuel permettrait au sujet de s’extraire de sensations corporelles et d’éprouvés subjectifs inélaborables. La mise à distance par le monde virtuel lui permettrait de maîtriser voire de réguler ses émotions. L’objectif de ce travail est de questionner le lien entre l’addiction au virtuel et la dépression au travers du fonctionnement émotionnel du sujet. Méthodologie Cette recherche a été menée auprès de 267 étudiants, âgés de 17 à 56 ans (moyenne: 22,23 et écart type: 5,454). La méthode quantitative nous a permis d’évaluer le niveau de l’addiction à Internet (Internet Addiction Test, Young et coll., 2004), le niveau actuel de la symptomatologie dépressive et anxieuse (The Hospital Anxiety and Depression scale, Zigmond, A.S., & Snaith, R.P., 1983), l’intensité affective (Affect Intensity Measure, Larsen, J., Diener, E., 1987), la régulation émotionnelle (Emotional Regulation Questionnaire, Gross, J.J., & John, O.P., 2003), l’expressivité émotionnelle (Emotional Expressivity Scale, Kring, A.M., et coll., 1994). Congrès psycho.indb 142 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 143 Nous avons effectué des analyses descriptives et inférentielles (corrélation et analyse de la variance) ainsi que des analyses factorielles (régression linéaire) afin de comparer les moyennes de nos échantillons et d’étudier les interactions entre des variables cognitivo-émotionnelles et des troubles psychiques et émotionnels comorbides. Ces analyses ont été effectuées à l’aide du logiciel PAWS Statistics 18 (SPSS 18.0). Notre échantillon est constitué de 3% de sujets addictés à Internet (8/267), cette proportion correspond à la prévalence de ce trouble en France (entre 1,5 et 3%). L’analyse des résultats a tout d’abord mis en avant le lien entre l’addiction à Internet et la gestion des émotions. En effet, les sujets addictés se perçoivent comme plus expressifs (corrélation r=.305 et p=.020), et présentent une régulation de leurs émotions plus élevée (test-t p=.048). Par ailleurs, l’analyse des résultats a mis en avant la place des différents processus de traitement des émotions (traitement cognitif et/ou émotionnel) comme facteurs explicatifs de la symptomatologie dépressive. Ainsi les sujets dépressifs se perçoivent comme plus expressifs (p=.013), et notamment concernant les émotions négatives (p=.008), ils recourent d’avantage aux processus de suppression de l’émotion (p=.000) mais ils ont moins tendance à réévaluer cognitivement la situation (p=.000). Par ailleurs, ces variables expliquent 47,5% du trouble dépressif (régression linéaire r=.475 et p=.000). À travers cette étude, et conformément à la littérature (Pasquier, A., et coll., 2009) nous avons montré qu’il existe un type de traitement de l’émotion spécifique en fonction de la symptomatologie du sujet. Ainsi, la symptomatologie dépressive pourrait être expliquée par une vulnérabilité émotionnelle du sujet, et notamment de son fonctionnement cognitivo-émotionnel. Par ailleurs, le traitement des émotions semble également jouer un rôle dans l’addiction au virtuel. Nous pensons que le monde virtuel pourrait amener de nouvelles possibilités au sujet en termes d’éprouvés et de traitement de ces éprouvés, ce qui pourrait expliquer la mise en place d’une conduite addictive. Cette approche permettrait également de poser des éléments de réflexion concernant la cooccurrence entre le dépression et l’addiction. Le virtuel en tant que nouveau rapport aux éprouvés, en dehors de toute sensation corporelle, serait une solution à la vulnérabilité du sujet. Dans un second temps, ce processus addictif conduirait à la mise en place de troubles dépressifs de par ses effets pathogènes dans la vie du sujet. mardi après-midi Résultats et Discussion Références Adès, J., Lejoyeux, M. (2001). Encore plus! Jeux, sexe, travail, argent. Paris: Odile Jacob. Bonnet, A., Pedinielli, J.L., Romain, F., Rouan, G. (2003). Bien -être subjectif et régulation émotionnelle dans les conduites à risque. Cas de plongée sous-marine. Encéphale, 29, 488-497. Pasquier, A., Bonnet, A., Pedinielli, J.L. (2009). Fonctionnement cognitivo-émotionnel: le rôle de l’intensité émotionnelle chez les individus anxieux. Annales Médico-Psychologiques, 167, 649-656. Van damme P. (2006). Dépression et addiction. Revue de la Société Française de Gestalt, 2(31), 121-135. Watson, D., & Clark, L.A. (1984). Négative affectivity: the disposition to experience unpleasant emotionale states. Psychological bulletin, 95, 465-490. Congrès psycho.indb 143 22/07/10 16:09 144 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Contribution à la compréhension du processus suicidaire lié au travail mardi après-midi Hanique, Pauline (Epsm Lille métropole). En France, aujourd’hui, la presse quotidienne estime près de 300 à 400 salariés qui se suicideraient sur leur lieu de travail chaque année (Lauer, 2007). Dejours (2005) dénonce encore le manque d’explication convaincante, et donc inquiétant, pour les cas de suicide au travail, véritable révélateur du mal-être social. En effet, la littérature sur ce sujet porte majoritairement sur l’analyse du travail et de son organisation et moins sur la clinique du sujet souffrant qui sera mise au centre de notre recherche. C’est au titre de notre expérience de psychologue clinicien que nous sommes allés à la rencontre de patients qui ont traversé une partie du processus suicidaire (fortes idées suicidaires, planification du suicide, tentative de suicide) et dont ils imputent subjectivement la cause à leur travail. En légitimant le pouvoir de la parole, nous tentons de comprendre, à travers leur discours, de quelle manière le passage à l’acte suicidaire est-il à relier au contexte ou aux conditions de travail. Dans le cadre de suivis psychologiques et longitudinal de 19 patients venant de catégories socioprofessionnelles diverses, nous avons réalisé des entretiens non-directifs d’environ 45 minutes, dans le cadre de suivis psychologiques d’une durée d’un an à trois ans. Des prises de notes ont été effectuées durant les rencontres ainsi qu’une retranscription immédiate dans l’après-coup. Nous utilisons l’analyse qualitative des travaux de Giorgi (1988) en psychologie phénoménologique qui consiste à plusieurs relectures et au regroupement, en unités de sens, des thèmes principaux évoqués durant les entretiens dans l’objectif de relever les essences (invariants). Nous avons pu identifier trois sphères indissociables: personnelle, professionnelle et sociale. Nous cherchons, à travers notre étude, à identifier la sphère qui fragilise le plus l’individu de celle qui déclenche la tentative de suicide. Face aux nouvelles organisations de travail, les conditions, le type de management et les relations interpersonnelles dans le collectif induisent bien souvent une détresse psychique chez le travailleur. Ils touchent le sentiment identitaire du sujet, notamment dans le cas d’un fort engagement dans le travail, amenant à un sentiment de non-appartenance au collectif et peut réveiller une faille narcissique déjà présente depuis l’enfance. Si celle-ci n’a pas pu être élaborée, cette souffrance peut amener jusqu’à des conduites suicidaires. Le travail faisant rejouer à l’individu, sur la scène du faire, la difficile construction de l’estime de soi, ses enjeux et ses impasses (Huez, 2003). Quand les conflits mal vécus au travail résonnent avec des soucis dans l’histoire subjective, ils peuvent alors devenir des décompensations personnelles (Clot, 2002). Le sentiment d’injustice (Adams, 1965) vécu dans la sphère professionnelle est rapporté par l’individu comme étant la « goutte d’eau » les amenant à tenter de se suicider, traduisant l’impasse psychique, la sphère personnelle ayant déjà été précédemment effondrée. La sphère sociale agit comme pression sur les autres sphères (personnelle et professionnelle) avec l’idée que les conditions sociétales ne permettent plus le rêve, du fait du système économique actuel (hausse du prix du pétrole, baisse du pouvoir d’achat etc. ), elles peuvent, par conséquent, engendrer une véritable angoisse sociale fragilisant l’individu. Notre recherche met, de plus, en exergue que les pratiques de harcèlement moral au travail (Leymann, 1996; Einarsen et Raknes, 1997; Hirigoyen, 1998) suffisent à déstabiliser l’individu sans qu’aucune autre sphère n’ait été préalablement touchée, et que la planification ou le mode de passage à l’acte est également plus violent, en fonction du sentiment d’injustice ressenti (Gilliland, Steiner et Skarlicki, 2001; Cohen-Charash et Spector, 2001; Colquitt, 2001). Notre recherche apporte un regard essentiellement clinique et souligne la nécessité des actions de prévention dans ce domaine, et d’actualisation des formations des services de santé au travail à la prise en charge des troubles psychologiques. Congrès psycho.indb 144 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 145 Symposium Sélection et apprentissage Organisation de la session : Madelain Laurent (URECA, Université Lille Nord de France) Jeremie Jozefowiez (Escola de Psicologia, Universidade do Minho, Portugal) Approche comportementale du développement des mouvements finalisés des membres Jean-Claude Darcheville, (URECA, Université de Lille Nord de France) Analyse comportementale de l’attention conjointe : importance dans le développement des conduites sociales chez le bébé et chez l’enfant avec autisme mardi après-midi Neurobiologie du conditionnement: de la psychologie aux neurosciences et vice versa Rivière, Vinca (URECA, Université de Lille Nord de France), Cousin, Stéphanie (URECA, Université de Lille Nord de France), Becquet, Mélissa (Service d’Accompagnement Comportemental Spécialisé, Villeneuve d’Ascq), Peltret, Emilie (Service d’Accompagnement Comportemental Spécialisé, Villeneuve d’Ascq) (23)50 ans d’intelligence artificielle Preux, Philippe (INRIA, Lille) Comportement, mouvement et conduite : implications épistémologiques. Freixa i Baqué, Esteve (Université de Picardie) Résumé Cette session a pour objectif d’illustrer le concept d’apprentissage par renforcement et plus généralement l’utilisation de la notion de sélection pour l’étude des comportements. La session comportera cinq exposés complémentaires où seront présentés des travaux qui visent à présenter des recherches actuelles mettant en œuvre l’apprentissage par renforcement. Le premier exposé, par Jérémie Josefowiez, portera sur la neurobiologie du conditionnement. Il montrera en quoi les avancées récentes de la neurobiologie sont influencées par les travaux sur les modifications comportementales et comment, en retour, celles-ci peuvent enrichir les sciences du comportement. Le second exposé, par Jean-Claude Darcheville, traitera des liens entre les approches dynamique et opérante du contrôle des comportements moteurs. Le troisième exposé, par Vinca Riviére, portera sur l’analyse comportementale du concept d’attention conjointe chez le jeune enfant. Cette analyse décrira les fonctions des stimuli renforçateurs générés par le comportement de l’adulte et les renforçateurs sociaux qui peuvent maintenir le comportement d’attention conjointe. Le quatrième exposé, par Philippe Preux, présentera la mise en œuvre du concept de sélection par renforcement dans le cadre des théories modernes de l’intelligence artificielle. Enfin, l’exposé de Esteve Freixa i Baqué se propose d’analyser les erreurs catégorielles à l’origine de la confusion entre les concepts de mouvement, comportement et conduite. Ce symposium, dans sa diversité et sa complémentarité, incitera à un renforcement des interactions entre chercheurs en sciences du comportement. Congrès psycho.indb 145 22/07/10 16:09 146 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Neurobiologie du conditionnement: De la psychologie aux neurosciences et vice versa mardi après-midi Jeremie Jozefowiez (Escola de Psicologia, Universidade do Minho, Portugal) Cette communication passera en revue les avancées récentes dans l´élucidation des bases neurobiologiques du conditionnement. Nous nous attarderons en particulier sur la découverte de zones semblant codées les erreurs de prédictions au cours du conditionnement au niveau des neurones dopaminergiques du mésencéphale et sur comment la similarité entre les réponses de ces neurones et les signaux postulés par les modèles comportementaux de l’apprentissage associatif (notamment le modèle Rescorla-Wagner) ont permis une réinterprétation de l’organisation du striatum. En retour, ces nouvelles connaissances neurophysiologiques permises par les modèles comportementaux ouvrent de nouvelles pistes pour tester ces mêmes modèles. Approche comportementale du développement des mouvements finalisés des membres Jean-Claude Darcheville, (URECA, Université de Lille Nord de France) L’idée que la manipulation des objets, du déplacement du corps, de ses parties sont des réponses à des ordres et règles d’exécution issues d’un système de représentation de l’espace, est contestée. La contestation propose que l’organisation des conduites résulte de leurs dynamiques imposées par les propriétés du système bio-physique dans l’interaction organisme-environnement. La dynamique non linaire [1] permettrait de formaliser la complexité des conduites observées particulièrement chez l’humain. La richesse comportementale humaine est un ensemble partagé de conduites pesant significativement sur la vie des individus. Mais on ne voit pas comment la seule dynamique des activités peut aboutir à cette multitude de formes stables d’actions identiques pour tous et pour toutes les générations. Pour la saisie des objets, on comprend que la dynamique soit en mesure de rendre compte du couplage des systèmes sensori-moteurs, mais difficillement comment elle privilégierait cette forme de l’interaction avec un objet. Il faut une théorie non téléologique rendant compte de la finalité du comportement, intègrant les contraintes de la dynamique de l’interaction organisme-environnement . Admettre que les issues de l’action sur l’environnement participent au façonnage des conduites fournit le premier principe d’une telle théorie [2]. Une série d’expériences [3] s’est focalisée sur la pertinence d’une procédure de sélection du positionnement de la main par une de ses issues chez des enfants ne le maîtrisant pas encore. Pour la généralité du processus, on a contrôlé qu’il vaut aussi pour d’autres membres [4]. Cette généralisation a imposé aussi de vérifier que tout stimulus peut être un agent renforçateur. Dans le cas du positionnement de la main, le choix a été la voix de la mère. Nous confirmons [4] que ce positionnement n’exige en rien la mise en place de la coordination sensori-motrice nécessaire au pilotage de l’action. Par contre la coordination se manifeste autrement. La contingence opérante exige la contiguïté temporelle issue sensorielle-forme d’action du sujet. L’indifférenciation du stimulus renforçateur est un atout pour la variabilité des conditions d’installation d’une conduite. Des sujets en déficit de stimulations ne sont pas définitivement privés de moyens de renforcement. Ainsi pour les aveugles la transformation d’un événement lumineux en un événement tactile suffit s’il satisfait à cette condition de la contingence de renforcement Cette exigence en éclaire une autre. On sait que la stimulation tactile chez l’aveugle est d’autant plus efficace qu’il est maître de l’action en cours. Dans ces conditions les issues sont celles des comportements en cours favorisant la contiguïté. L’efficacité de la contingence requiert aussi le respect de propriétés corrélationnelles. Elle consiste en la maximisation la probabilité conditionnelle émission de la réponse et distribution du renforçateur. La manipulation améliore cette probabilité. Cette indifférenciation du stimulus a un versant défavorable. Pour les enfants aveugles les stimulations distales sont hors de portée tant que les déplacements du corps ne permettent pas de se rapprocher des sources de stimulation. On s’attend à ce que ces déplacements s’imposent rapidement, ce qui est contraire aux observations. Pourquoi ?. La contingence de renforcement induit la discrimination, l’engagement Congrès psycho.indb 146 22/07/10 16:09 147 des réponses par des stimulus. Les déplacements du sujet sont contrôlés par cette fonctionnalité des contingences. Les voyants n’ont pas l’avantage de disposer de la source de discrimination des stimulus visuels des voyants. Cette discrimination opérante sur le comportement d’atteinte a été mise en évidence [5]. Pour un sujet voyant non mobile l’environnement est composé d’objets discriminant le comportement de saisie mais distants. Il favorise alors les aménagements de l’environnement pour l’émergence de la mobilité. Privés de cette source d’aménagement de l’environnement incitateur aux déplacements, il leur en faudra d’autre. Il reste à débrouiller le jeu subtil de l’interaction de l’exercice des contingences de renforcement avec les changements dans ces structures qui les rendent possible. On peut objecter que la contingence exige la présence d’un comportement, donc impossible de comprendre l’apparition de comportements nouveaux par l’invocation d’un mécanisme nécessitant la présence du comportement. En est-il vraiment ainsi ? Pour s’en convaincre comparons les données de l’expérience sur le battement des jambes citées plus avec celles de Rovee et al. [7] entre-autres par la distribution du renforçateur. Dans le cas de ces deux auteurs le battement de la jambe produit le mouvement du mobile placé au-dessus de l’enfant. Par contre chez Segond et al. [4] le renforçateur n’apparaît que pour une position particulière dans l’espace. Les enfants tendent à « pointer » avec leur jambe la position de la cible sur la paroi, chez Rovee et Fagen ils augmentent les battements. Une contingence façonne une classe de comportements. Le constat du polymorphisme du façonnage est-il contraire à la réalité du développement du comportement. Ce développement n’est-il que la mise en place d’une séquence invariable d’action ? Un patron stable de mouvements n’est que la construction de synergies d’actions. Les expériences de Thelen et Smith sur le comportement d’atteinte confirment la variabilité intra et interindividuelle de cette conduite, son origine dans les contraintes du moment de l’action. La réalité de la production de la contingence de renforcement est conforme à celle de l’émergence naturelle des conduites. Le cours des comportements stables semble suivre un apparent, favorisant l’idée d’un développement. Les contingences de renforcement peuvent elles induire un ordre alors que le hasard des situations suffit à la mise en place de contingences ? Y a-t-il alors un hasard dans l’agencement des contingences de renforcement efficaces ? Pas vraiment, à un moment ti l’organisme est à la fois sensible à certaines propriétés de l’environnement et dispose d’un répertoire comportemental. Ces deux conditions contraignent les possibles. Aux conditions d’efficience des contingences évoquées, s’ajoute l’établissement des valeurs renforçatrices des issues naturelles ou sociales des comportements. mardi après-midi SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Références 1 Thelen, E . & Smith, L.B. (1994) A dynamic systems approach to the development of cognition and action. Cambridge MA : MIT Press 2 Bijou, S.W. & Baer, D.M. (1978) Behavior Analysis of child development . Englewood Cliffs, NJ :Prentice Hall. 3 Darcheville, J.C. (2005) Comment les enfants parviennet ils à atteindre un objet dans l’espace. In C; Tihinus Blanc & j. Bullier (EdS) Agir dans l’espace (pp 57-72). Paris: Editions de la Maison des Sciences de l’Homme 4 Segond, H., Sampaio, E., & Weiss, D. (2002). Les stimulations tactilo-somesthésiques issues du TVSS peuventelles motiver les comportements d’exploration du bébé ? Colloque du CERRALP, Recherche et Handicap. Lyon, Université Lyon 2, 5-6 déc. 5 Clifton, R.K., Muir, D., Ashmead, D.H., & Clarkson, M.G. (1993). Is visually guided reaching in early infancy a myth ? Child Development, 64, 1099-1110. 6 Gewirtz, J.L., & Peláez-Nogueras, M. (1992a). Infant social referencing as a learned process. In S. Feinman (Ed.), Social referencing and the social construction of reality in infancy (pp. 151-173). New York: Plenum Publishing Co. 7 Rovee ,C.K. & Fagen, F.W. (1976) Extended conditioning and 24-hour retention in infants. Journal of Expérimental child Psychology, 21, 1-11 Congrès psycho.indb 147 22/07/10 16:09 148 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Analyse comportementale de l’attention conjointe : importance dans le développement des conduites sociales chez le bébé et chez l’enfant avec autisme Rivière, Vinca (URECA, Université de Lille Nord de France), Cousin, Stéphanie (URECA, Université de Lille Nord de France), Becquet, Mélissa (Service d’Accompagnement Comportemental Spécialisé, Villeneuve d’Ascq), Peltret, Emilie (Service d’Accompagnement Comportemental Spécialisé, Villeneuve d’Ascq) L’attention conjointe non verbale apparait chez le bébé typique entre 9 et 12 mois (Bakeman et al., mardi après-midi 1984). Les premières formes topographiques de ce type de comportement sont les regards entre un objet ou un événement de l’environnement du bébé et une personne familière. Au fur et à mesure, les regards sont combinés avec des gestes vers l’objet ou l’événement et le bébé émet éventuellement différentes combinaisons de verbalisation, de contacts oculaires, de pointage, d’approche ou le fait de montrer un objet à une personne (Tomasello, 1995). Selon la perspective cognitiviste, une caractéristique importante de l’attention conjointe est que les actions de l’enfant sont dirigées vers le résultat du « partage de l’expérience » ou « partage de la conscience » d’un objet ou d’un événement. Par contre, des comportements très similaires (regard, gestes, vocalisations, etc.) ne peuvent être considérés comme de l’attention conjointe s’ils ne sont pas dirigés vers le résultat d’un objet obtenu. Une analyse comportementale de l’attention conjointe Selon une perspective comportementale, l’item ou l’événement intéressant à partager peut être vu comme un stimulus discriminatif pour les comportements d’initiations de l’enfant vers le parent à propos de cet objet (par exemple, l’enfant pointe l’objet) et la conséquence de l’attention sociale du parent (par exemple, regarder l’objet et ensuite l’enfant et sourire) peut être considérée comme ayant une fonction de renforçateur positif pour le comportement d’initiation de l’enfant (Taylor et al., 2008). De plus, le suivi de l’attention de l’adulte par l’enfant pour l’objet ou l’événement intéressant est maintenu de la même façon par des renforçateurs sociaux positifs généralisés (par exemple, sourire, approbation, verbalisations positives) ou par des renforçateurs négatifs (par exemple, dans le cas d’une situation potentiellement aversive ou provoquant de l’anxiété, la réponse de l’adulte indiquant à l’enfant que quelque chose n’est pas adapté) (Dube et al., 2004). Ainsi, la définition de l’attention conjointe proposée peut être interprétée comme un « mand » (Skinner, 1957) pour obtenir que l’adulte prête attention à un objet, à distinguer d’un « mand » pour obtenir l’objet lui-même. Le développement des conduites sociales chez le bébé Le rôle de l’environnement dans la mise en place de comportements sociaux a été bien étudié dans le champ de l’analyse du comportement (Bijou & Baer, 1965). Ces comportements de discrimination des indices perceptifs semblent essentiels au bon développement des comportements sociaux (Bartrip et al., 2001). Nous savons que le bébé, très tôt, possède une capacité remarquable à discriminer parmi un grand nombre de stimuli (par exemple pour les visages, Pascalis et al., 2002). Un exemple caractéristique concerne l’expérience de Pascalis et al. (2005) que nous présenterons. Un autre exemple étudie l’effet de l’expérience sur le développement de comportements de discrimination chez des patients avec une cataracte congénitale, privés d’entrées sensorielles visuelles pendant les premiers mois de leur vie. Ces sujets présentent des performances visuelles correctes pour les objets mais perturbées pour les visages (Le Grand et al., 2001). Le développement des conduites sociales chez l’enfant avec autisme Certains troubles développementaux neurologiques, comme le spectre d’autisme, sont définis par des critères comportementaux concernant l’altération des interactions sociales, l’altération de la communication verbale et non verbale, ainsi que la présence de centres d’intérêt et d’activités limités. Les perturbations observées au niveau des contacts oculaires et de la discrimination des expressions faciales chez les enfants avec autisme peuvent être reliées à des perturbations de la perception qui engendrent une altération de la communication sociale (Derrington et al., 2004). Actuellement, les recherches en analyse du comportement appliquées aux troubles du développement mettent en évidence l’apprentissage d’un nombre de réponses associées à l’attention conjointe (Bruinsma et al., 2004). Nous présenterons différentes procédures utilisées pour développer ces comportements (Kasari et al., 2006 ; MacDuff et al., 2007 ; Rivière et al. 2006). De plus, plusieurs études mettent en évidence une relation entre une attention conjointe correcte et l’acquisition du répertoire de vocabulaire (Morales et al., 2000) aussi bien que le développement général du langage (Bono et al., 2004). Chez l’enfant avec autisme, ces types d’interactions réciproques Congrès psycho.indb 148 22/07/10 16:09 149 sont considérablement perturbés (MacDonald et al., 2006). En fait, les déficits de l’attention conjointe sont des éléments de diagnostics importants chez de jeunes enfants dont un membre de la fratrie est touché par l’autisme (Baron-Cohen, et al., 1992). L’absence de ces réponses semble révélatrice d’un trouble spécifique : l’impossibilité de présenter des échanges réciproques peut engendrer des troubles du développement des interactions sociales plus complexes et des compétences langagières. Les compétences d’attention conjointe sont des compétences fondamentales permettant la mise en place d’autres topographies de comportements sociaux. L’analyse comportementale qui est proposée dans la littérature scientifique a permis de développer des traitements comportementaux pour des sujets présentant des troubles spécifiques des interactions sociales. Nous recréons ainsi les conditions de mise en place des compétences sociales qui faisaient défaut, compétences fondamentales qui s’observent chez le bébé dès l’âge de 9 mois. Références Bakeman, R., & Adamson, L. B. (1984). Coordinating attention to people and objects in mother-infant and peer-infant interaction. Child Development, 55, 1278-1289. Baron-Cohen, S., Allen, J., & Gillberg, C. (1992). Can autism be detected at 18 months ? The needle, the haystack, and the CHAT. British Journal of Psychiatry, 161, 839-843. Bartrip, J., Morton, J., & De Schonen, S. (2001). Responses to mother’s face in 3-week to 5-month-old infants. British Journal of Developmental Psychology, 19 (2), 219-232. Bijou, S. W., & Baer, D. M. (1965). Child Development II: Universal stage of infancy. Englewood Cliffs, NJ: Prentice-Hall. Bono, M. A., Daley, T., & Sigman, M. (2004). Relations among joint attention, amount of intervention and language gain in autism. Journal of Autism and Developmental Disorders, 34, 495-505. Bruinsma, Y., Koegel R. L., & Koegel, L. K. (2004). Joint attention and children with autism: A review of the literature. Mental Retardation and Developmental Disabilities, 10, 169-175. Dawson, G., Munson, J., Estes, A., Osterling, J., McPartland, J., Toth, K., et al. (2002). Neurocognitive function and joint attention ability in young children with autism spectrum disorder versus developmental delay. Child Development,73, 345-358. Derrington, A.M., Allen, H.A., & Delicato, L.S. (2004). Visual mechanisms of motion analysis and motion perception. Annual Review of Psychology, 55, 173-193. Dube, W. V., MacDonald, R. P. F., Mansfield, R. C., Holcomb, W. L., & Ahearn, W. H. (2004). Toward a behavioral analysis of joint attention. The Behavior Analyst, 27, 197-207. Kasari, C., Freeman, S., & Paparella, T. (2006). Joint attention and symbolic play in young children with autism: A randomized controlled intervention study. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 47, 611-620. Le Grand, R., Mondloch, C.J., Maurer, D., & Brent, H.P. (2001). Early visual experience and face processing. Nature, 410, 890. MacDonald, R., Anderson, J., Dube, W. V., Geckeler, A., Green, G., Holcomb, W., Mansfield, R., & Sanchez, J. (2006). Behavioral assessment of joint attention: A methodological report. Research in Developmental Disabilities, 27, 138150. MacDuff, J. L., Ledo, R., McClannahan, L. E., & Krantz, P. J. (2007). Using scripts and script-fading procedures to promote bids for joint attention by young children with autism. Research in Autism Spectrum Disorders, 1,281-290. Morales, M., Mundy, P., Delgado, C. E. 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Teaching children with autism to respond to and to initiate bids for joint attention. Journal of Applied Behavior Analysis, 41, 377-391. Tomasello, M. (1995). Joint attention in social cognition. In C. Moore & P J. Dunham (Eds.), Joint attention (pp. 103130). Hillsdale, NJ: Erlbaum. Congrès psycho.indb 149 mardi après-midi SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 22/07/10 16:09 150 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 (23)50 ans d’intelligence artificielle mardi après-midi Preux, Philippe (INRIA, Lille) L’intelligence artificielle (IA) a officiellement un peu plus de 50 ans ; néanmoins, l’idée d’une IA remonte au moins à Platon, soit environ 2300 ans de plus. Régulièrement des IA ont été construites au fur et à mesure de l’avancement des technologies ; l’ordinateur basé sur des composants électroniques n’est ainsi que la mécanique la plus récente hébergeant ce rêve. Il est également notable combien l’idée de processus dynamiques en interaction et celle d’équivalence entre « adaptation » et « intelligence » étaient courantes aux origines de l’IA sous le nom de cybernétique. Ce courant de pensée a été éclipsé pendant près d’une trentaine d’années par le courant cognitif. La notion d’adaptation est revenue en force dans les années 1990 : les réseaux de neurones formels (RNF) renaissent alors qu’ils avaient été laissés pour une impasse en 1969, les algorithmes bio-inspirés s’y sont largement développés (alors qu’ils sont nés dans les années 1960 également), ainsi que l’apprentissage par renforcement (AR). RNF et AR ont pris leur essor car des algorithmes d’apprentissage ont été exhibés à partir de 1986. Assez rapidement, G. Tesauro a réalisé une impressionnante synthèse de ces travaux dans son programme de joueur de Backgammon auto-apprenant, TD-Gammon : TD-Gammon apprend par renforcement en suivant les principes de la loi de l’effet et de la loi de Rescorla-Wagner, et l’apprentissage est « stocké » dans un RNF ; TD-Gammon a battu des experts humains et il a même eu une influence sur le jeu des humains qui ont observé son style ! À côté de cela, la victoire de Deep Blue sur Khasparov en 1998 est totalement anedoctique : TD-Gammon a appris à jouer, alors que Deep Blue applique des règles. L’essence de l’intelligence et de l’adaptation est le principe d’induction. On lit régulièrement que l’intelligence requiert avant tout la capacité de détecter des régularités, c’est-à-dire, observer des faits, et en tirer des règles générales, donc d’induire des règles générales à partir de faits. Cette capacité de détection de régularités a connu une révolution depuis une dizaine d’années avec l’apparition de l’apprentissage statistique consistant à utiliser les mathématiques, en particulier les statistiques, pour apprendre, autrement dit estimer, ces régularités. Science de l’estimation, la statistique est naturellement un outil conceptuel et une technique clé pour atteindre cet objectif. TD-Gammon est un premier succès de cette approche basée sur les statistiques. Aujourd’hui, cette approche basée sur les statistiques a permis d’avancer de manière très significative sur de nombreux objectifs que s’était initialement fixé l’IA : compréhension de texte, traduction automatique de texte, reconnaissance des formes, … Une application phare de l’apprentissage statistique est le programme auto-apprenant de go Crazy Stone qui en quelques années a complétement transformé le paysage des programmes de jeu de plateau, mais aussi des applications très populaires telles le moteur de recherche Google, ou les systèmes de recommendation initialement proposés par Amazon. Après 50 ans, l’IA a donc (re-)découvert la voie de l’apprentissage et de l’adaptation qui se basent sur des principes qui peuvent être considérés comme des formalisations de processus biologico-psychologiques. Les mathématiques sont ici l’outil permettant d’observer, décrire et fabriquer des machines apprenantes. Bien compris et bien manié, cet outil a permis d’obtenir récemment, et rapidement, des résultats très significatifs en terme d’applications, mais aussi il propose un éclairage renouvelé de ce qu’est l’intelligence ou au moins, comment on peut la simuler dans des systèmes artificiels. Congrès psycho.indb 150 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 151 Comportement, mouvement et conduite : implications épistémologiques. La définition des concepts de mouvement, comportement et conduite sont au centre d’une série de malentendus, notamment entre les deux approches les plus importantes de la psychologie expérimentale actuelle : le cognitivisme et le comportementalisme, l’expression même de « cognitivocomportementale » en étant l’exemple le plus paradigmatique. Le présent travail se propose d’analyser les flagrantes erreurs catégorielles à l’origine de cette confusion et de recadrer, sous un angle épistémologique, ces trois termes qui, à l’heure actuelle, renvoient à des concepts différents lorsqu’ils sont définis par un cognitiviste ou par un comportementaliste. Dans une optique traditionnelle, reprise (bien que reformulée) par le cognitivisme, le comportement est considéré comme un mouvement, externe, public, objectif et mesurable, peu important en soi, mais indispensable pour pouvoir étudier expérimentalement, par voie inférentielle, les processus cognitifs, internes, privés et non directement observables, auxquels on réserve, par opposition à comportement, le noble terme de « conduite ». Le comportement est donc la résultante visible d’un processus cognitif invisible, et on est donc forcés d’y avoir recours en attendant qu’un jour, peut-être, les « miraculeuses » techniques d’imagerie cérébrale permettent d’objectiver ces processus internes. Le comportement n’est donc pas étudié par-lui même (il ne présente, aux yeux des cognitivistes, guère d’intérêt) mais en tant que simple moyen d’investigation du processus de traitement de l’information, dont il est le témoin objectif. La frontière qui sépare donc ces deux concepts (comportement et cognition) est celle de l’observabilité vs non-observabilité. On notera par ailleurs que, dans cette optique, les processus cognitifs sont la cause et les comportements la conséquence. Autrement dit, les premiers sont l’explication des seconds. Dans une optique comportementale, le mouvement ne constitue pas un comportement, mais sa seule composante topographique, sans grand intérêt. L’aspect essentiel du comportement est sa fonction, c’est-à-dire, les changements qu’il va opérer dans l’environnement. De ce fait, deux erreurs catégorielles principales sont mises à jour. La première est celle qui consiste à créer deux catégories distinctes (cognition et comportement) là où il n’y en a qu’une seule dans la mesure où, la ligne de démarcation de l’observabilité ne constitue qu’une limitation de l’observateur et n’a pas, de ce fait, le pouvoir de générer deux catégories distinctes (la réalité est indifférente aux limitations perceptives humaines et ne peut en aucun cas être catégorisé en fonction de ces limites). Nous utiliserons la métaphore de l’iceberg, avec sa partie visible et sa partie invisible, pour soutenir l’idée que les deux parties n’appartiennent pas à deux catégories différentes du fait de leur observabilité vs non-observabilité. On notera par ailleurs que, dans cette optique, les processus cognitifs ne font pas partie de l’explication mais de ce qui doit être expliqué. La seconde erreur catégorielle est celle qui consiste à considérer que le comportement possède un caractère spatial, une propriété d’extension, une res extensa, pour le dire avec les mots d’Aristote. C’est cette prétendue res extensa qui permet de parler d’intérieur (cognition) ou d’extérieur (comportement). Mais, dans la mesure où le comportement n’est pas conceptualisé par les comportementalistes comme un mouvement, mais comme une interaction, il ne possède pas de res extensa et ne peut, par voie de conséquence, être situé nulle part (pas plus à l’intérieur qu’à l’extérieur des organismes. En d’autres termes, le comportement n’est pas une propriété essentielle des organismes (pas plus que le poids n’est pas une propriété essentielle des corps) mais une propriété relationnelle, une interaction, en somme. De la même manière qu’on ne confond pas la masse (propre à un corps) et son poids (résultante de l’interaction entre la masse et une variable de l’environnement : la gravitation universelle) il est une erreur fondamentale de confondre le mouvement (propre à un organisme) et le comportement (résultante de l’interaction entre le mouvement et une variable environnementale). Dans cette optique, l’expression même de « cognitivo-comportementale » constitue un non-sens et traduit une confusion ontologique, épistémologique et méthodologique qu’il convient de lever au plus vite pour faire avancer les connaissances, théoriques et appliquées, d’une science du comportement (au sens comportementaliste du terme), dépassant ainsi des querelles stériles fondées sur des malentendus qui pourraient (et devraient) être aisément levés. Puisse cette communication humblement y contribuer. Congrès psycho.indb 151 mardi après-midi Freixa I. Baqué, Esteve (Université de Picardie) 22/07/10 16:09 152 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Mercredi matin Conférences invitées : Elisabeth Pacherie (Directeur de Recherche CNRS, Institut Jean-Nicod, École Normale Supérieure-Paris) Organisé avec la SOPHA. Intentions prospectives et mémoire épisodique Florence Pasquier (Professeur des Universités, Neurologue, Service de Neurologie et Université Lille Nord de France) Maladie d’Alzheimer actualités et enjeux ? mercredi matin Congrès psycho.indb 152 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 153 Symposium-Psychothérapie et psychologie : quels liens autour de 1900 ? Organisation de la session : Saillot, Isabelle (Ipj). Historique de la prise en charge du trauma Kédia, Marianne (Université Paris X). Aux origines de la psychologie du sport : la volonté, la solidarité, l’aliénation et la gynécomastie Lecocq, Gilles (Ileps). Psychologie et psychothérapie selon Pierre Janet en 1919 Saillot, Isabelle (Ipj). Rojo, Agueda (Hôp de Pontevedra, Espagne). Résumé Pour Pierre Janet (Les médications psychologiques, 1919) la psychothérapie est une « application » de la psychologie. Il entend par là l’utilisation thérapeutique de « lois psychologiques » établies par la recherche. Par exemple les approches par « économies » (repos, isolement, influence…), utilisent les lois de l’équilibre entre force et tension, dont dépendent nombre de symptômes de la psychasténie, tandis que les approches par « acquisitions » (rééducation, hypnotisme, excitation…) utilisent les lois du relèvement de la tension, qui régissent des troubles de la personnalité et troubles dissociatifs (« hystérie »). Cette vision des liens entre psychologie et psychothérapie a été sensiblement réduite, ultérieurement, par la critique bachelardienne de toute notion d’« application » et par le double avènement d’une physique et d’une psychologie statistiques rompant avec les « lois » du déterminisme laplacien. Pourtant il reste instructif de comparer les perspectives qu’offraient ces réflexions il y a un siècle, avec notre situation actuelle, sa lointaine héritière. En quoi par exemple se distingue une « psychologie appliquée » d’une « recherche finalisée », et dans quelle mesure les psychothérapies contemporaines se rattachent à ces deux notions. Notre symposium d’Histoire de la Psychologie tentera aussi d’éclairer ces débats actuels. Congrès psycho.indb 153 mercredi matin La médecine psychologique après Charcot 22/07/10 16:09 154 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Historique de la prise en charge du trauma mercredi matin Kédia, Marianne (Université Paris X). Étudier l’histoire de la prise en charge du trauma en psychiatrie permet d’observer la difficulté de cette discipline à faire face à l’idée que la réalité peut durablement et profondément altérer le psychisme et la biologie des sujets. Cela permet également de mettre en relief la profonde influence exercée par le contexte social, historique et souvent politique, sur les théories psychologiques. Les premières études scientifiques sur le traumatisme remontent à la fin du 19ème siècle et portent alors souvent sur les victimes d’accidents de chemin de fer. D’emblée, la question de l’étiologie des troubles se pose : est-elle organique ou psychologique ? est-ce l’événement luimême ou son interprétation qui provoque les symptômes ? certains individus présentent-ils des vulnérabilités ? Oppenheim en 1889 est le premier à parler de la « névrose traumatique », qu’il décrit dans une perspective organiciste. En France, Charcot (1887) de son côté rapproche le « choc nerveux » traumatique de l’hystérie, et de l’état hypnotique. Ce sujet est développé par Pierre Janet dont les travaux influencent de très nombreux chercheurs, parmi lesquels Sigmund Freud. Freud reconnaît l’importance du trauma sur le développement psycho-affectif, mais c’est au complexe d’Œdipe qu’il accorde finalement le premier rôle dans l’étiologie des névroses. À l’exception notable de Ferenczi, la psychiatrie a alors eu tendance à ignorer les traumas réels au profit de la théorie du fantasme. Les avancées notables dans le champ du psychotraumatisme apparaissent alors dans le domaine de la psychiatrie militaire, à la suite des deux guerres mondiales et de la guerre du Vietnam. Dans les années 1970, avec l’émergence des mouvements féministes, les premières études sur le viol voient le jour. À la même époque, d’autres auteurs s’intéressent aux enfants battus. Dans les années 1980, avec le DSM, une synthèse des différents syndromes traumatiques (« du viol », « des femmes battues » et « des vétérans du Vietnam ») est proposée sous le nom de Post-Traumatic Stress Disorder, et raccordée de façon discutable à la catégorie des troubles anxieux. À l’heure actuelle, certains spécialistes du psychotraumatisme se battent pour la reconnaissance du diagnostic de « trauma complexe », c’est-à-dire d’une modification profonde de la personnalité, observable chez les sujets ayant vécu des expériences traumatiques de longue durée, telle que la maltraitance infantile ou l’inceste. Cet historique met donc en lumière le fait que la conceptualisation du trauma à travers les âges est extrêmement dépendante des contextes culturels, sociaux, historiques et politiques. Notre début de 21ème siècle n’échappe pas à cette règle, et nous essaierons de réfléchir à l’impact de ces conceptions sur les prises en charge proposées aux patients. Aux origines de la psychologie du sport : la volonté, la solidarité, l’aliénation et la gynécomastie Lecocq, Gilles (Ileps). Lorsque la France obtient la sixième place au classement général des Jeux Olympiques de Stockholm en 1912, des voix s’élèvent pour s’interroger sur les raisons d’un tel classement et sur les effets de la pratique sportive sur la santé des sujets humains. Des voix s’élèveront pour comparer les Jeux Olympiques à une exhibition foraine mondiale du « double muscle gynécomaste » en reprenant la notion de gynécomastie développée quelques années auparavant (Laurent, 1894). La recherche du record à tout prix et de l’homme rare nécessitent la création d’écuries d’athlètes professionnels qui sont sélectionnés sur leurs monstruosités qui distinguent les hommes entre eux plutôt que de les rapprocher. L’exaltation de la musculation atténue la cérébration et ne permet donc pas de former les athlètes intellectuels qui font les grandes nations (Tissié, 1912). C’est à partir de cette vision critique du sport que nous nous intéresserons à la façon dont deux événements, la création de la Ligue Girondine de l’éducation physique en 1888 et la renaissance de l’idée des Jeux Olympiques en 1894, vont permettre l’émergence de deux conceptions radicalement Congrès psycho.indb 154 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 155 opposées de la psychologie du sport et de l’exercice physique. Ce sera ainsi l’occasion d’apprécier de quelles manières, entre l’eugénisme et le délit de faciès, la motricité humaine va devenir à l’aube du vingtième siècle le fleuron d’une société qui souhaite être fière de sa jeunesse et d’elle-même (Lecocq & Pociello, 2004). Ainsi, entre des essais de psychologie sportive (Coubertin, 1913) et des thèses à propos des aliénés-voyageurs (Tissié, 1887), nous préciserons dans un premier temps la place que tiennent les pratiques sportives dans la ré-éducation des corps des personnes ab-normales à l’aube du XXème siècle. C’est dans un deuxième temps que nous identifierons les liens que la psychologie du sport et de l’exercice a entretenu dès ses origines avec une psychologie politique développant la notion de solidarité (Bourgeois, 1896) et une psychologie scientifique développant la notion de volonté (Ribot, 1883). C’est dans un dernier temps que nous préciserons en quoi le processus de l’automatisme psychologique développé par P. Janet peut favoriser l’émergence conjointe de performances et de contre-performances sportives (Janet, 1889). Saillot, Isabelle (Ipj). « La médecine psychologique », 1923, constitue la version résumée du livre « Les médications psychologiques » publiées en 1919. Cette version abrégée, récemment rééditée, est remarquable par sa concision, sa densité et son humour, c’est elle qui sera citée ici. Centrés sur les principes, les indications et l’efficacité des psychothérapies, ces deux ouvrages réservent néanmoins une large part à l’histoire érudite des différents traitements, construisant naturellement un cadre épistémologique des liens entre psychologie et psychothérapie. Pour Janet, l’histoire de la psychothérapie est celle d’un progrès. Mais ce progrès ne réside pas tant dans la découverte de nouveaux traitements que dans la prise de conscience des lois psychologiques qui étaient depuis longtemps à l’œuvre dans des traitements déjà anciens, à l’insu du thérapeute et du patient. Par exemple, l’hypnotisme dérivant historiquement du mesmérisme, Janet remarque que « le magnétisme et l’hypnotisme […] portent en somme sur le même phénomène […] mais ce qui caractérise l’hypnotisme c’est d’abord […] qu’il cherche à éliminer le merveilleux, l’occulte, […] et ensuite qu’il explique les faits par des phénomènes et par des lois psychologiques » (p. 13). Par conséquent selon Janet les progrès de la psychothérapie ont jusqu’à présent surtout consisté à extraire des lois psychologiques de pratiques déjà en cours, mais qui méconnaissaient leurs propres facteurs d’efficacité : « La thériaque […] était un médicament universel que l’on pouvait employer dans tous les cas possibles, parce qu’on y faisait entrer par centaines toutes les substances actives que l’on connaissait […] Les méthodes de thérapeutique que je viens d’étudier me semblent identiques à une sorte de thériaque psychologique, […] il ne faut pas être étonné si elles ne réussissent pas toujours » (p. 75 – 76). Par l’utilisation qu’elle fait des « lois psychologiques », la psychothérapie se définit pour Janet, finalement, comme « une application de la science psychologique », ou ainsi que nous le dirions aujourd’hui, comme une « psychologie appliquée ». En effet, « la psychothérapie est un ensemble de procédés thérapeutiques […] aussi bien physiques que moraux, applicables à des maladies aussi bien physiques que morales, procédés déterminés par la considération de faits psychologiques […] et des lois qui règlent le développement de ces faits » (p. 157). Dès les années 1930 Bachelard amorçait sa critique radicale de la notion d’« application », montrant toutes les insuffisances de ce concept. Pour autant Janet est-il tout à fait prisonnier de cette ancienne « division classique qui séparait la théorie de son application » (Bachelard, 1938, La formation de l’esprit scientifique, p. 61) ? Autrement dit pour Janet le savoir psychologique ne peut-il que « descendre » de la psychologie à la psychothérapie ? Il n’en est rien et Janet place l’expérimentation psychothérapeutique au centre de l’élaboration d’un savoir psychologique par la psychothérapie, lequel « remonte » ensuite de l’appliqué au fondamental : « Les tentatives thérapeutiques constituent souvent de véritables expériences psychologiques […] les recherches sur […] les hypnotismes ont précisé la notion des tendances et celle de Congrès psycho.indb 155 mercredi matin Psychologie et psychothérapie selon Pierre Janet en 1919 22/07/10 16:09 156 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 l’automatisme psychologique, d’autres thérapeutiques semblent avoir mis en évidence des notions importantes relatives aux forces psychologiques et à la dépense de ces forces » (p. 78). On assiste donc là au mouvement inverse, celui selon lequel la psychologie pourrait être vue comme de la « psychothérapie appliquée ». Ces conceptions janétiennes impliquent que les psychothérapies publient leurs méthodes et leurs résultats dans des revues de recherche, de sorte d’alimenter les savoirs que la psychologie pourra exploiter. Une question qui ne manquerait pas d’éclairer certains de nos débats contemporains. mercredi matin Congrès psycho.indb 156 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 157 Rojo, Agueda (Hôp de Pontevedra, Espagne). Suite à la mort de Charcot en 1893, dans le milieu médical européen, il existait déjà un changement de mentalité, en faveur des idées de Bernheim. Ce fait supposa un coup dur à la construction théorique de l’école de la Salpêtrière, un échec dans l’explication de l’hystérie à partir des suppositions de la mentalité anatomo-clinique basée sur l’hypothèse de la « lésion dynamique ». Suite à ce que le propre Charcot dénomma les « paralysies hystéro-traumatiques » de nouvelles perspectives s’ouvrirent aux études de la conception psychogénique de la maladie mentale et le vide laissé à la suite de l’effondrement de la doctrine charcotienne fut comblé. Janet fut le principal auteur de cette nouvelle conception des névroses, et on constate tout au long de son œuvre un changement dans ses théories conduisant à l’usage de l’automatisme de la psychothérapie des névroses hystériques. En revanche, d’autres auteurs ne firent que reprendre les formulations de l’étape antérieure, Gilles de la Tourette notamment. Babinski fut l’instigateur de l’épuration du champ clinique de l’hystérie et la rénovation de son traitement de la médecine en langue française fut représentée par Paul Dubois et Jules Joseph Déjerine. Grasset[1] fut le chef de file des auteurs qui cherchaient à concilier les nouvelles théories psychogéniques avec une formulation neurologique. D’autre part nous pouvons mentionner le neurologue P.Solier[2], qui s’efforça de souligner le caractère purement organique de l’hystérie. Dans sa thèse de philosophie, L’Automatisme psychologique (1889)[3], Janet utilise l’hypnotisme comme un domaine de recherche plus approprié, le considérant un phénomène pathologique, identique aux manifestations des hystériques. Il s’oppose aux hypothèses de Binet et Féré et défend, en se basant sur la conception dynamique de Maine de Biran[4], que la suggestibilité est plutôt un signe de faiblesse que de force des phénomènes psychologiques. Il faut attendre 1898 pour qu’il affirme que la recherche psychologique était bien plus avancée que la recherche biologique pour expliquer les symptômes de l’hystérie. Janet recommande même l’utilisation thérapeutique de l’hypnotisme et la suggestion. Défenseur dans Les Médications psychologiques, de l’hypnotisme et de la suggestion comme instruments de psychothérapie, Janet reconnaît que les accidents qui lui ont permis d’obtenir de meilleurs résultats sont les crises d’hystérie et particulièrement les attaques délirantes sous forme de somnambulisme. Il affirme que “la suggestion nous permet d’entrer pleinement dans la période scientifique de la psychothérapie[5]”. mercredi matin La médecine psychologique après Charcot Références Grasset, J. Le psychisme inferieur. Etude de physiopathologie des centres psychiques. Paris (1906) Sollier, P. Faits nouveaux relatifs à la nature de l’hystérie. Rev. Neurol., II (1894) [3] Janet, P (1889/1989). L’Automatisme psychologique. 1ère Réimpression. Paris: Éditions Odile Jacob [4] Maine de Biran, P (2001). Œuvres inédites, II. Essai sur les fondements de la psychologie. Paris: Librairie Philosophique J. Vrin [5] Janet, P (1919/1986). Les Médications Psychologiques. Études historiques, psychologiques et cliniques sur les méthodes de la psychothérapie. Paris: Félix Alcan, p. 343. [1] [2] Congrès psycho.indb 157 22/07/10 16:09 158 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Symposium-Prise en charge médico-psychosociale de la personne cérébro-lésée : Quel accompagnement après la sortie de l’hôpital ? Organisation de la session : Parache, Marianne (Centre hospitalier de réadaptation et de psychiatrie du Brabant Wallon), ChartauxDanjou, Laurence (Unité d’evaluation de réentraînement et d’orientation socio-professionnelle, Lille), Delecroix, Hélène (Unité d’evaluation de réentraînement et d’orientation socio-professionnelle, Lille), Leger-d’angelo, Stéphanie (Service « auprès TC » - eps les Érables –La Bassée – France), Schrevel-Berlinson, Stéphanie (Service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés r’éveil –Lille). Dépistage des troubles cognitifs et comportementaux lors d’un entretien individuel à distance de l’accident cérébral Parache, Marianne (Chrpbw Wavre). mercredi matin Pourquoi compléter l’évaluation neuropsychologique classique à distance du traumatisme crânien ? adaptation du test mnésique rl/ri 16 items pour un rappel à 7 jours. Chartaux-Danjou, Laurence (Unité d’evaluation, de réentraînement et d’orientation socio-professionnelle, Lille), Delecroix, Hélène (Unité d’evaluation, de réentraînement et d’orientation socio-professionnelle, Lille), Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies CNRS UPR 8140 Université Lille Nord de France). Quelle évaluation pour l’autonomie chez une personne cérébro-lésée lors de la reprise du cours de la vie. exemple du questionnaire « danel ». Delecroix, Hélène (Unité d’evaluation, de réentraînement et d’orientation socio-professionnelle, Lille), Schrevel-Berlinson, Stéphanie (service d’accompagnement médico-social pour adulte handicapé, Lille), Chartaux-Danjou, Laurence (Unité d’evaluation, de réentraînement et d’orientation socioprofessionnelle, Lille), Danel-Gronier, Delphine (Unité d’evaluation, de réentraînement et d’orientation socio-professionnelle, Lille), Coello, Yann (UREA, Université Lille Nord de France ). Évaluation des situations de handicap chez la personne traumatisée crânienne et organisation du projet d’accompagnement individualisé après le retour à domicile Leger-d’Angelo, Stéphanie (Neuropsychologue, eps les erables, service médico-psycho-social « auprès-tc », Lille). Applications concrètes pour limiter les répercussions du handicap invisible dans la vie quotidienne. Schrevel-Berlinson, Stéphanie (Service d’accompagnement médico-social pour adulte handicapé, Lille). Résumé Ce symposium a pour objectif de présenter l’accompagnement médico-psycho-social de la personne cérébro-lésée après la sortie de l’hôpital, au stade séquellaire. Les différentes interventions individuelles ont été pensées chronologiquement afin d’évoquer initialement le dépistage des problématiques spécifiques de cette population, puis de présenter les moyens d’évaluation (leurs limites et la création de nouveaux outils), la mise en place des équipes de professionnels dans le cadre d’un accompagnement personnalisé, et enfin, les techniques concrètes et pragmatiques utilisées sur le terrain par les professionnels. Congrès psycho.indb 158 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 159 Parache, Marianne (Chrpbw Wavre). Dépister les troubles cognitivo-comportementaux chez des patients cérébrolésé à distance de leur lésion cérébrale lors d’un entretien particulier que ce soit en médecine générale, lors d’un entretien psychologique ou voire chez un kinésithérapeute peut s’avérer particulièrement difficile. La première chose indispensable est la recherche volontaire de telles séquelles. L’outil principal permettant d’identifier des signes évocateurs de difficultés d’ordre cognitivo-comportementale est l’interrogatoire du cérébro-lésé complété d’une hétéroanamnèse de l’entourage quand cela est possible. Certains items sont plus spécifiques que d’autres à savoir tout ce qui traduit une modification voire une rupture avec la situation préalable. Exemples : agressivité, apathie, dépression, nouvelles dépendances (alcool, drogues), divorce, décrochage scolaire, perte d’emploi, … En effet on rappellera que l’individu fonctionne dans un système familial, social, professionnel et que la recherche des nouvelles interactions au sein des différents systèmes permet une approche plus globale des séquelles invisibles d’une cérébrolésion. L’objectif ultime étant d’accompagner au mieux la personne cérébrolésée dans son parcours de vie, de l’aider à avoir un projet cohérent avec ses capacités actuelles et ce quelque soit notre orientation professionnelle. Pouvoir la référer à une consultation spécialisée ou faire un relais avec une équipe d’accompagnement à domicile, pouvoir la réorienter de manière précise dans la sphère socioprofessionnelle ou tout simplement répondre à ses nombreuses interrogations sont là autant d’éléments qu’il convient de ne pas négliger. Quant aux outils plus d’ordre métrique, le seul davantage connu et utilisable facilement est le MMS. Toutefois il n’a pas été créé pour ce profil de personne (plutôt pour les démences) et n’évalue qu’une partie des troubles cognitifs. Par ailleurs on rappellera également qu’il n’existe pas toujours une corrélation entre les performances à un bilan psychométrique et celles d’une évaluation plus écologique. En conclusion il nous revient d’être vigilant lorsque nous sommes amenés à rencontrer une personne cérébrolésée aux éléments évocateurs de séquelles cognitivocomportementales pas toujours identifiables au premier coup d’œil et ce afin de proposer à cette personne un accompagnement performant. Congrès psycho.indb 159 mercredi matin Dépistage des troubles cognitifs et comportementaux lors d’un entretien individuel à distance de l’accident cérébral 22/07/10 16:09 160 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Pourquoi compléter l’évaluation neuropsychologique classique à distance du traumatisme crânien ? adaptation du test mnésique rl/ri 16 items pour un rappel à 7 jours. Chartaux-Danjou, Laurence (Unité d’évaluation, de réentraînement et d’orientation socioprofessionnelle Lille), Delecroix, Hélène (Unité d’évaluation , de réentraînement et d’orientation socioprofessionnelle Lille), Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies cnrs upr 8140 université Lille 3). Résumé mercredi matin Cette étude porte sur l’évaluation de la consolidation mnésique à long terme chez des personnes victimes d’un traumatisme crânien. Cette évaluation, envisagée comme un complément au test mnésique RL/ RI 16 items, propose l’ajout d’un rappel différé à sept jours. Les résultats indiquent, d’une part, que l’interprétation clinique faite à partir des scores bruts peut être différente de celle réalisée à partir du calcul des taux d’oubli et, d’autre part, que l’interprétation clinique de la consolidation mnésique à une semaine peut être différente de celle initialement effectuée à trente minutes, ces résultats concernant plus d’un tiers des patients. Les bilans cognitifs étant utilisés pour la reconnaissance du handicap des traumatisés crâniens au stade séquellaire, le développement de ce type d’outil vise à objectiver plus précisément les difficultés de ces patients, lesquelles peuvent être rencontrées en vie quotidienne. Introduction Classiquement, après la sortie du milieu hospitalier, l’évaluation cognitive d’une personne victime d’un traumatisme crânien se déroule sur quelques heures. La consolidation des apprentissages en mémoire épisodique est alors évaluée par un rappel d’informations apprises dans l’heure précédente. Hors les plaintes des patients et les observations cliniques questionnent sur l’existence de difficultés de consolidation mnésique à plus long terme. L’amnésie à long terme (ALT), qui est l’oubli anormalement rapide d’informations correctement apprises provoqué par un déficit des capacités de consolidation mnésique dû au temps, a notamment été décrite chez un patient traumatisé crânien et épileptique (Mayes et al., 2003). Les patients souffrant d’ALT oublient les informations apprises au delà d’un délai de quelques jours ou quelques semaines. Cet oubli est préférentiellement observé lors d’une tâche de rappel libre et s’apparente à un déficit de consolidation. Lors d’une précédente étude (Danjou et al., 2006) nous avons proposé à des personnes traumatisées crâniennes des rappels différés à trente minutes puis sept jours comme extension du test d’évaluation de la mémoire épisodique verbale RL/RI 16items (Van der Linden et al.,2004) montrant l’existence d’une ALT chez les patients TC. Notre présente étude vise à évaluer les répercussions en terme d’interprétation clinique de ces données, en se référant à la norme des sujets sains pour les rappels à trente minutes et à une semaine du test RL/RI 16items (Moroni et al, soumis). Méthode et Matériel Quatre-vingt personnes traumatisées crâniennes (TC) âgées de 18 à 49 ans ont participé à une épreuve de rappels libres et indicés immédiatement, trente minutes puis sept jours après l’épisode d’apprentissage. Les taux d’oubli à trente minutes et à sept jours, ont été calculés. L’analyse non paramétrique compare, premièrement, les effectifs de patients ayant une performance normale ou pathologique aux scores bruts obtenus en rappels (libre et total) versus aux taux d’oubli correspondants et, deuxièmement, les effectifs de patients ayant une performance normale ou pathologique à 7 jours versus à 30 minutes, ceci pour les scores en rappels (libres et total) et les taux d’oubli correspondants. Résultats - Concernant la comparaison de l’utilisation des taux d’oubli versus les scores bruts en terme de décision clinique : Selon les variables, la différence d’interprétation clinique concerne jusqu’à 30 % des patients. Les patients ayant un taux d’oubli dans la norme tandis que le score brut était pathologique sont significativement plus nombreux que ceux présentant un taux d’oubli pathologique avec une Congrès psycho.indb 160 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 161 performance brute normale, ceci pour les rappels libres (30 minutes, 7 jours) et le rappel total à 30 minutes. - Concernant la comparaison des rappels à 7 jours versus ceux réalisés à 30 minutes : Selon les mesures, la différence d’interprétation clinique concerne jusqu’à 37 % des patients. Les patients ayant une performance déficitaire à 7 jours tandis qu’elle était dans la norme à 30 minutes sont significativement plus nombreux que ceux présentant une performance déficitaire à 7 jours mais normale à 30 minutes, ceci pour le score en rappel total et les taux d’oubli (en rappels libre et total). En se basant sur la qualité de l’apprentissage initial, le calcul des taux d’oubli apparaît une mesure pertinente de la consolidation mnésique à long terme. L’évaluation complémentaire à 7 jours met en évidence des défauts de consolidation mnésique chez des patients dont les scores à 30 minutes étaient dans la norme. L’amnésie à long terme peut donc être sous-évaluée lors de la passation d’un bilan cognitif se déroulant sur une seule séance. Dans la mesure où les bilans neuropsychologiques de personnes victimes d’un traumatisme crânien peuvent être utilisés à différentes fins (reprise d’une activité professionnelle, expertise dans le cadre de procédures judiciaires liées à l’accident…), il apparaît nécessaire d’utiliser des outils pour évaluer la consolidation mnésique à plus long terme. L’intérêt de compléter ainsi l’évaluation cognitive est d’objectiver davantage les plaintes des traumatisés crâniens dans leur vie quotidienne, afin d’améliorer la prise en charge de leurs séquelles relevant du « handicap invisible ». Références Danjou, L., Delecroix, H., & Moroni, C. (2006), Traumatisme crânien et amnésie à long terme. Société de neuropsychologie de langue Française, session d’hiver, Paris, 1 décembre 2006 Mayes, A.R., Isaac, C.L., Holdstock, J.S., Cariga, P., Gummer, A. & Roberts, N. (2003). Long-term amnesia : a review and detailed illustrative case study. Cortex, 39, 567 – 603. Moroni, C., Chartaux-Danjou, L., Mecheri, H., Delecroix, H., & Noulhiane, M. (2009). Extension to One Week of Memory Consolidation Assessment, soumis. Van der Linden, M., Coyette, F., Pointrenaud, J., Kalafat, M., Calicis, F., Wyns, C. & Adam, S. (2004). L’épreuve de rappel libre/rappel indicé à 16 items (RL/RI 16 items). In M. Van der Linden et les membres du GREMEM (Eds), L’évaluation des troubles de la mémoire (pp 25-47). Marseille : Solal. Congrès psycho.indb 161 mercredi matin Discussion 22/07/10 16:09 162 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Quelle évaluation pour l’autonomie chez une personne cérébrolésée lors de la reprise du cours de la vie. Exemple du questionnaire « danel ». Delecroix, Hélène ((1) unité d’évaluation, de réentraînement et d’orientation socioprofessionnelle pour personnes céréb), Schrevel-Berlinson, Stéphanie ((2) service d’accompagnement médico-social pour adulte handicapé (samsah) – centre Vauban – 199-201), Chartaux-Danjou, Laurence ((1) unité d’évaluation, de réentraînement et d’orientation socioprofessionnelle pour personnes céréb), Danel-Gronier, Delphine ((3) unité d’évaluation, de réentraînement et d’orientation socioprofessionnelle pour personnes céréb), Coello, Yann ((4) université Charles-de-Gaulle – Lille III – ufr de psychologie - laboratoire ureca – 59653 Villeneuve d’Ascq). Résumé mercredi matin Le but de cette recherche a été d’évaluer la capacité des tests neuropsychologiques à prédire l’autonomie à long terme des personnes cérébrolésées (Traumatisme Crânien, Accident Vasculaire Cérébral). Les résultats suggèrent que les tests neuropsychologiques classiquement utilisés ne permettent pas toujours de déterminer les capacités d’autonomie de la personne cérébrolésée. Des évaluations écologiques ou des questionnaires comme le DANEL doivent venir compléter le bilan neuropsychologique. Le DANEL, nouveau questionnaire de dépistage d’une autonomie modifiée, représente un outil approprié pour déterminer le besoin d’évaluation écologique. Ces résultats préliminaires nous encouragent actuellement à augmenter l’effectif de notre population et de réaliser par ailleurs, une étude des qualités métrologiques du questionnaire. Présentation de l’outil / Historique Né d’un constat empirique des Unités d’Evaluation, de Réentraînement et d’Orientation Socioprofessionnelle (UEROS) pour personnes cérébro-lésées, le questionnaire DANEL est un outil de dépistage de problèmes d’autonomie consécutifs à une pathologie neurologique au stade séquellaire, autrement dit après le retour à domicile. Originalité de l’outil : prise en compte du trouble de l’initiative Dans notre approche (Poupet, 1997), l’autonomie se définit comme la capacité d’une personne de « POUVOIR » faire une activité, mais aussi de « VOULOIR » la réaliser, dans le sens d’une prise d’initiative par la personne elle-même. Ainsi, le DANEL a pour but d’apprécier si la personne a besoin de l’aide d’autrui pour la superviser, pour effectuer tout ou partie d’une activité mais aussi pour l’initier dans une action. L’originalité du DANEL réside dans sa cotation qui prend en compte le défaut d’initiative pouvant être fréquemment rencontré après une lésion cérébrale, notamment après atteinte des lobes frontaux ou des boucles fronto-striées (Le Gall et al ; 1987 ; Bathia et al ; 1994). Le trouble de l’initiative encore appelé « absence de comportement volontaire » peut se définir comme « une réduction du champ comportemental et de la communication en situation auto-générée pouvant être en tout ou partie renversée par l’hétéro-stimulation » (Litvan et al ; 1998 ; Aarsland et al ; 2001 ; Laplane et al ; 1992). Choix des items Les items ont été sélectionnés après une première étude visant le recensement des problèmes d’autonomie les plus souvent évoqués (Danel-Gronier et al, 2003). Le DANEL se centre davantage sur les items « élaborés » qui sont plus nombreux et fréquemment évoqués par les intéressés ou leurs proches comme étant problématique au quotidien. Dans l’étude en cours qui nous intéresse (2009-2010), il s’agit d’obtenir à moyen terme des chiffres montrant que l’impact d’un handicap sensori-moteur et/ou cognitif autrement appelé la réduction de participation (Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF), publiée par l’Organisation Mondiale de la Santé en 2001) ne se situent pas uniquement au niveau des actes élémentaires. L’entourage peut être sollicité, et parfois dans des proportions importantes, au quotidien, pour aider à réaliser tout ou partie de ces activités élaborées. Congrès psycho.indb 162 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 163 En 2003, Danel-Gronier et collaborateurs (étude berckoise) proposent une première étude de validité en comparant le DANEL (appelé à l’époque la QAGA : Questionnaire d’Autonomie Générale et Approfondi) avec l’IADL-E/ADL-E (Lawton et al ; 1969). Sur les vingt personnes évaluées aux deux questionnaires, aucune n’apparaît complètement autonome, et ceci se vérifie dans chacun des deux questionnaires. Par ailleurs, une étude récente (Delecroix, Coello ; 2008 ; Delecroix & al ; 2009) sur 47 personnes cérébrolésées a pu montrer la validité de notre outil (Alpha de cronbach à 0,87). Cette étude a également objectivé d’une part une bonne corrélation entre la GOS (Jennett B, Bond M, 1975) et les résultats au DANEL ; en revanche, elle a montré une faible corrélation entre les performances aux tests neuropsychologiques classiquement utilisés et les résultats à notre questionnaire pour mesurer les problèmes d’autonomie. Ce dernier résultat doit encourager les professionnels à choisir des outils adaptés en orientant l’évaluation davantage vers un bilan cognitif ou vers une évaluation de l’autonomie en fonction du projet de la personne cérébrolésée. Ces résultats préliminaires nous encouragent actuellement à augmenter l’effectif de notre population et de réaliser par ailleurs, une étude des qualités métrologiques du questionnaire. Les résultats qui seront présentés prochainement concerneront notamment la fidélité interjuges, la fidélité test-retest, la cohérence interne et la validité concourante. L’étude corrélationnelle sera à nouveau réalisée avec un plus grand nombre de sujets. Références Aarsland D., Ballard C., McKeith I., Perry RH., Larsen JP. (2001). Comparison of extrapyramidal signs in dementia with Lewy bodies and Parkinson’s disease. J Neuropsychiatry Clin Neurosci. 13:374-379. Bathia, K.P., Marsden, C.D. (1994). The behavioural and motor consequences of local lesions of the basal ganglia in man. Brain, 117 : 859-76. Danel-Gronier, D., Czternasty, G. (2003). Le QAGA : Questionnaire d’Autonomie Générale et Approfondie – Mémoire de DEA – Université d’Amiens. Delecroix, H., Coello, Y. (2008). Bilan neuropsychologique et questionnaire d’autonomie de la personne cérébrolésée : étude du potentiel de réinsertion à partir d’une approche corrélationnelle – Mémoire de M2– Université d’Amiens Delecroix, H., Schrevel-Berlinson S., Chartaux-Danjou, L., Danel-Gronier, D. & Coello, Y. (2009). Autonomie dans les actes élaborés de la vie quotidienne de la personne cérébro-lésée : quelle évaluation ? (Bilan neuropsychologique VS nouveau questionnaire d’autonomie) – Congrès SOFMER – Annales de médecine physique et de réadaptation. Dutil, E., Bottari, C., & Gaudreault, C. (2003). Profil des AVQ – version 3 – Éditions Emersion, Québec. Jennett, B., Bond, M. “Assessment of outcome after severe brain damage.” Lancet 1975 Mar 1 ;1(7905) :480-4 Laplane, D., Baulac, M., Pillon, B., & al (1982) Perte d’Auto-Activation Psychique et activités compulsives d’allures obsessionnelles par lésions bilatérales des noyaux lenticulaires. Revue Neurologique, 138, 137-141 Lawton, M.P. & Brody, E. (1969). Assessment of older people : self maintaining and instrumental activities of daily living. Gerontologist ; 9 : 179-86. Le Gall D., Joseph, P.A., Truelle J.L. (1987). Le syndrome frontal post-traumatique : lésions frontales et troubles psychocomportementaux secondaires aux traumatismes cranio-cérébraux. Neuro-Psy, vol. 12, n°4, pp. 257-265. Litvan I, Cummings JL, Mega M., (1998) Neuropsychiatric features of corticobasal degeneration. J Neurol Neurosurg Psychiatry. 1998 Nov ;65(5) :717-21 Poupet, JY. La grille AGGIR, outil moderne d’évaluation de l’autonomie des personnes âgées, les dossiers du RNR, 1997, 19 : 39-43. Congrès psycho.indb 163 mercredi matin Études préalables, résultats et recherches en cours 22/07/10 16:09 164 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Évaluation des situations de handicap chez la personne traumatisée crânienne et organisation du projet d’accompagnement individualisé après le retour à domicile mercredi matin Leger-d’Angelo, Stéphanie (Neuropsychologue, eps Les Érables, service médico-psycho-social « auprès-tc », Lille). L’évolution du cadre législatif et la complexité des situations de handicap rencontrées dans le cadre du traumatisme crânien grave amènent les établissements et services médico-sociaux à mettre en place des projets de vie personnalisés en direction des personnes prises en charge. Les résultats aux évaluations spécifiques des difficultés (cognitives, physiques, comportementales et psychologiques), mettant en avant les capacités et incapacités de la personne, s’associent à ses aspirations, envies et besoins pour dessiner son projet de vie. La mise en avant des situations de handicap, par les évaluations d’abord dans un but de dépistage puis de manière approfondie, devient des pistes d’orientation et organise le projet de la personne après son retour à domicile. Concrétiser un projet de vie ou Projet d’Accompagnement Individualisé (PAI), en collaboration avec l’entourage familial de la personne, c’est le décomposer en sous-ensemble à accomplir pour atteindre un objectif final et mettre en forme des moyens pour parvenir à sa résolution : accueil de jour, atelier thérapeutique collectif, suivi individuel au domicile, en dehors du milieu de vie… Ce n’est que sous la mobilisation d’une équipe pluridisciplinaire et la mise à disposition de spécialisation professionnelle et d’hyper-technicité des réponses que le PAI se dessine. Les professionnels apportent leurs expertises dans la part du projet qui lui revient. Le référent professionnel, garant de l’accompagnement, identifie les intervenants professionnels, les coordonne autour des actions à conduire, dans leur champ respectif de connaissances et de compétences. La réussite de l’accompagnement dépend fortement de la dynamique d’élaboration précise et collective du PAI. Ce PAI se doit d’être régulièrement réévalué et réactualisé pour qu’il reste adapté, personnalisé et individualisé. Références KOZLOWSKI, O., DANZE, F., PARACHE, M., DELECROIX, H., ROUSSEAUX, M. (2007). Contribution du réseau regional Nord – Pas-de-Calais au suivi des blessés crâniens. In: Prise en charge des traumatisés cranio-encéphaliques De l’éveil à la réinsertion (Masson ed.), pp. 210-219. Paris. Congrès psycho.indb 164 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 165 Applications concrètes pour limiter les répercussions du handicap invisible dans la vie quotidienne. Schrevel-Berlinson, Stéphanie (Service d’accompagnement médico-social pour adulte handicapé, Lille). Les lésions cérébrales sont souvent sources de séquelles cognitives, comportementales et psychoaffectives se répercutant dans la vie quotidienne. La plupart des incapacités du handicap invisible sont des comportements « normaux » devenus invalidants par leur fréquence et leur durée. Au niveau cognitif, les personnes cérébro-lésées souffrent principalement de troubles mnésiques, de déficit attentionnel, de troubles de l’orientation temporo-spatiale, de perturbation des fonctions exécutives. À distance de l’accident neurologique, des améliorations sont possibles notamment conditionnées par l’environnement familial, social et professionnel. Des stratégies de compensations peuvent être mises en place efficacement en prenant soin de faire une évaluation préalable des difficultés et besoins de la personne cérébro-lésée et de connaître les raisons de ces difficultés (troubles cognitifs, acquis antérieur). La réussite de la mise en place de ces stratégies nécessite une collaboration de la personne elle-même et de son entourage. Concrètement, afin de faciliter la recherche des informations, les tableaux véléda sont efficaces, les stratégies de couleurs selon les personnes ou activités ainsi que les alarmes. La liste de courses adaptée aux habitudes alimentaires et organisée en fonction du rayonnage du supermarché ainsi que les photographies des trajets et appareils électroniques sont également intéressants. Description de la problématique exposée Le SAMSAH R’EVEIL accompagne des personnes cérébro-lésées principalement traumatisées crâniennes. Ces personnes présentent des déficits soit modérés soit sévères, entrainant une dépendance dans la vie quotidienne. Les troubles neuropsychologiques sont principalement centrés sur des altérations de la mémoire, des fonctions exécutives et de l’attention associés à une lenteur du traitement de l’information ainsi que des modifications du comportement et de la personnalité (Azouvi et al . 2004). Si les difficultés que génèrent ces séquelles neuropsychologiques dans les activités de la vie quotidienne ne perturbent pas systématiquement les personnes cérébro-lésées; elles sont en revanche sources de souffrances pour l’entourage. Nous utilisons au sein du SAMSAH R’EVEIL le questionnaire DANEL, nouveau questionnaire de dépistage d’une autonomie modifiée, afin d’être au plus proche de la réelle dys-autonomie de la personne et de pouvoir déterminer les stratégies de compensations qui pourraient être utiles à la personne cérébro-lésées et son entourage (Delecroix et al ; 2009). Au stade séquellaire, l’autonomie est principalement modifiée dans les actes élaborés. Les actes élaborés identifié dans le questionnaire sont les suivants : - Gérer son emploi du temps / Se rendre dans un lieu connu / Lire / Utiliser un ordinateur / Rédiger un courrier / Préparer un repas / Entretenir la maison / Entretenir le linge / Gérer son budget / Se rendre dans un nouveau lieu / Faire les courses / Réaliser des démarches administratives / Réaliser des activités de loisirs / Passer du temps avec des personnes (en dehors des proches du domicile) / Gérer son traitement médical/ Gérer son sommeil en fonction de l’activité prévue le lendemain. Il existe différentes stratégies de compensation à utiliser en fonction de l’atteinte ou de la préservation des systèmes de mémoire ou des autres fonctions cognitives (Coyette et al ; 1999). Ces stratégies sont également à utiliser en fonction des besoins, des attentes mais aussi de l’intérêt de la personne et de son entourage à vouloir modifier son quotidien. Les prothèses mnésiques et les aides prothétiques (fiches) sont des supports intéressants.(Van der Linden et al ; 2000). Afin de faciliter l’acceptation à utiliser des aides externes, nous transmettons aux personnes cérébro-lésées et à leur proche dès le début de la prise en charge, un cahier de liaison (présentation power point) ainsi qu’un tableau blanc aimanté effaçable appelé tableau Velleda (présentation Congrès psycho.indb 165 mercredi matin Résumé 22/07/10 16:09 166 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 power point). Etant donné que l’arrivée de nouveaux intervenants génèrent inévitablement quelques perturbations dans l’organisation initiale, ces outils ont l’intérêt de faire comprendre rapidement comment il est possible d’organiser dans un même espace la gestion des nouveaux rendez-vous. Les autres stratégies découlent du projet de vie réalisé avec la personne et son aidant principale. Ces stratégies sont identifiées lors de la passation du questionnaire DANEL. Ces stratégies peuvent être les suivantes : - Se rendre dans un lieu inconnu (explications et présentation de fiches trajets) - Aide à l’utilisation d’ordinateur ou de télécommandes (explications et présentation de fiches) - Faire les courses (explications et présentation de fiches) - Gérer son traitement médical (explications et présentation de fiches) (Simon et al ; 2006). Références mercredi matin Azouvi, P., Vallat, C.,Agar, N., Couillet, J. (2004). Traumatismes crâniens sévères : Quelles séquelles cognitives ? In Neurologies. Février 2004-vol 7. (pp 67-69). Coyette, F., Van der Linden, M. (1999). La rééducation des troubles de la mémoire: Les stratégies de facilitation. In La rééducation en neuropsychologie: Etude de cas (pp.209-225). Marseille. Solal. Delecroix, H., Schrevel-Berlinson S., Chartaux-Danjou, L., Danel-Gronier, D. & Coello, Y. (2009). Autonomie dans les actes élaborés de la vie quotidienne de la personne cérébro-lésée : quelle évaluation ? (Bilan neuropsychologique VS nouveau questionnaire d’autonomie) – Congrès SOFMER – Annales de médecine physique et de réadaptation. Simon, N., Parent, M-C. (2006). S.A.I.C.O.M.S.A. Support Alternatif de Communication Médicale et Sociale pour les Aphasiques. Mémoire d’orthophonie. Université de Lille. Van der Linden, M., Coyette, F., Seron, X. (2000). La rééducation des troubles de la mémoire. In Traité de neuropsychologie clinique (Tome II) (pp. 81-103). Marseille. Solal. Congrès psycho.indb 166 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 167 Symposium-Métacognition et Confiance Organisation de la session : Proust, Joëlle (Institut Jean Nicod). Organisé avec la SOPHA. Métamémoire et confiance en soi Michaelian, Kirk (Institut jean-nicod, ENS, EHESS). Déférence et confiance métacognitive Coubray, Anne (Institut Jean Nicod). Vigilance épistémique et métacognition Proust, Joëlle (Institut Jean Nicod, ENS, EHESS). Nous nous proposons dans ce symposium d’explorer quelques-unes des implications épistémologiques et sémantiques que l’on peut tirer de l’analyse de la métacognition. Ce terme désigne la capacité d’assurer le contrôle et le suivi de ses dispositions cognitives, sur la base de sentiments de confiance et de croyances au sujet de ses propres aptitudes. L’atelier s’intéressera plus particulièrement à la manière dont la confiance en soi et la confiance en autrui interagissent dans la prise de décision épistémique. Il conjuguera trois types de perspectives. Ø Kirk Michaelian étudiera en épistémologue le rôle de la métacognition des sources d’information (« source monitoring »), dans l’acceptation d’informations issues de sources imparfaites. Ø Anne Coubray étudiera l’interaction entre la métacognition et la vigilance épistémique dans la déférence à autrui, à partir de l’étude de la cognition religieuse. Ø Joëlle Proust défendra l’hypothèse de la complémentarité fonctionnelle entre métacognition individuelle et vigilance épistémique, en analysant la variété des normes épistémiques pertinentes auxquelles les individus doivent être sensibles, individuellement et conjointement, dans toute communication d’information. Congrès psycho.indb 167 mercredi matin Résumé 22/07/10 16:09 168 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Métamémoire et confiance en soi mercredi matin Michaelian, Kirk (Institut Jean Nicod, ENS, EHESS). Les agents doivent, quand ils forment leurs croyances, faire confiance à des informations reçues de sources imparfaites. Ils rencontrent donc un «problème d’acceptation » : comment peut-on former des croyances justifiées quand on accepte des informations provenant de sources imparfaites ? et comment peut-on former des croyances de manière épistémologiquement vertueuse quand on accepte des informations provenant de telles sources ? Me concentrant sur la mémoire, et faisant usage des recherches sur la métamémoire, je soutiens que la métacognition constitue une aide importante à la capacité des agents à résoudre les deux aspects du problème d’acceptation : bien qu’une capacité métacognitive ne soit pas toujours nécessaire pour résoudre l’aspect du problème relatif à la justification, la surveillance métacognitive peut en principe rendre possible l’accomplissement d’un niveau de justification qui suffit à la connaissance même quand l’agent fait confiance à une source absolument non-fiable ; et, en raison des conditions plus exigeantes pour la formation vertueuse des croyances, il est probable que la métacognition est généralement nécessaire à l’accomplissement de la vertu par des agents qui doivent faire confiance à des sources imparfaites. J’examine le cas de la mémoire épisodique, où le suivi de la source (« source monitoring ») fournit une illustration concrète de la manière dont la métacognition contribue à une solution du problème d’acceptation. Déférence et confiance métacognitive Coubray, Anne (Institut Jean Nicod). On se propose de s’appuyer sur la cognition religieuse pour étudier le rôle des concepts de déférence et de confiance métacognitive dans l’analyse des problèmes d’épistémologie sociale. Les croyances religieuses constituent le paradigme de croyances collectives qui semblent exercer une contrainte sur les membres du groupe qui les entretient (Durkheim, 1912). Comment rendre compte, de manière psychologiquement plausible, de la constitution de telles croyances ? La psychologie du développement suggère que l’acceptation d’un témoignage ne repose pas sur une confiance par défaut, mais plutôt sur des mécanismes de vigilance épistémique qui visent à évaluer la fiabilité de la source d’information et à calibrer la confiance à lui accorder (Mascaro et Sperber, 2009). On ne peut donc pas comprendre la constitution des croyances collectives comme résultant d’une pure et simple confiance sociale. L’acceptation d’une représentation culturelle dépend plutôt d’une double évaluation de la confiance en soi (évaluation métacognitive) et de la confiance en la source (vigilance épistémique). Dans la mesure où l’intelligibilité des représentations religieuses est limitée, elles impliquent des mécanismes de déférence sémantique (Récanati, 1997), ce qui pourrait rendre compte à la fois de la faible confiance des sujets en leur capacité à évaluer ces représentations et de leur confiance élevée en la source de ces représentations (Chaiken et al., 1994). Nous faisons l’hypothèse qu’à la source des croyances religieuses se trouverait un « engagement conjoint » (Gilbert, 2003) à considérer le point de vue de celui à qui tous les autres défèrent comme le point de vue du groupe dans son ensemble. Vigilance épistémique et métacognition Proust, Joëlle (Institut Jean Nicod, ENS, EHESS). La vigilance épistémique est la capacité de reconnaître, dans les contenus communiqués, ceux qui émanent d’une source incompétente ou malveillante. Selon une hypothèse récemment défendue (Mascaro & Sperber, 2009), détecter les cas de mésinformation suppose d’identifier les caractéristiques épistémiques, affectives et, le cas échéant, intentionnelles, des témoins non fiables. Mais la vigilance épistémique dépend aussi de la manière dont le sujet évalue ses propres dispositions cognitives. Dès 16 mois, les enfants acceptent le témoignage d’autrui sur la nature d’un objet en fonction de la confiance qu’ils ont dans leurs propres jugements perceptifs (Koenig et Echols, 2003). Ils ne peuvent apprécier l’importance du conflit entre ses croyances et le Congrès psycho.indb 168 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 169 mercredi matin message, l’autorité de la source et la confiance qu’elle manifeste en exprimant son témoignage, que s’ils exercent un certain suivi de leurs propres états épistémiques, et son capables d’évaluer leur confiance relative dans leurs propres croyances. Deux questions, dès lors, doivent être posées. Comment le jeune enfant peut-il calibrer la confiance en ses propres capacités ? L’auto-évaluation dépend-elle nécessairement d’un jugement raisonné ? En réponse à la première question, nous avancerons l’hypothèse selon laquelle plusieurs normes épistémiques interviennent dans la calibration de la confiance en soi et en autrui, comme la fluence relative du témoignage, (qui peut être perceptive, mémorielle ou conceptuelle), son caractère consensuel, la qualité et la qualité de l’évidence fournie, sa saillance et sa pertinence. En réponse à la deuxième question, nous montrerons que la sensibilité à ces normes n’exige pas le recours à des métareprésentations. Elle peut être modélisée par une relation d’expression entre les sentiments ressentis (comme les sentiments de familiarité et de rapidité de traitement que peut susciter un témoignage) et les propriétés normatives de l’état mental évalué. L’apport de l’analyse métacognitive consiste à pouvoir rendre compte de l’intégration, par le sujet en vigilance épistémique, de divers indices expressifs au sein d’un état émotionnel composite, sans le secours d’une théorie de l’esprit. Congrès psycho.indb 169 22/07/10 16:09 170 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Symposium-Megastudies: A new approach in word recognition studies Organisation de la session : Brysbaert, Marc (Ghent Université). Introduction to megastudies Pallier, Christophe (Inserm et service hospitalier Frédéric Joliot, Paris). Lemma frequency vs. word form frequency New, Boris (CNRS et Université Paris Descartes). Virtual experiments with mega-study lexical decision data: what you can and can not expect Diependaele, Kevin (Ghent Université). mercredi matin Using machine-learning algorithms for word/non-word discrimination to detect decision biases in lexical decision tasks Keuleers, Emmanuel (Ghent Université). Résumé Psycholinguistic research on word processing has traditionally made use of small-scale factorial designs. In these designs, one or two variables are manipulated and the conditions are matched on a number of control variables. Recently, the correlational approach has regained in importance. In these studies, called megastudies, word processing times (lexical decision or naming latencies) are gathered for thousands of words and researchers estimate the importance of different variables by means of regressions and mixed effects models. In this session we will discuss some of the latest findings in particular with respect to the recently developed French Lexicon Project (Ferrand et al., BRM, in press). Congrès psycho.indb 170 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 171 Introduction to megastudies Pallier, Christophe (Inserm et service hospitalier Frédéric Joliot, Paris). The French Lexicon Project provides lexical decision times for a large proportion of the French vocabulary. We will describe in detail how the corpus was constructed, from the selection of words to the creation of pseudowords, and how reaction time data were collected and analysed. We will demonstrate how to access this information from the lexique.org web site in order to test simple hypotheses. Finally, we will present a comparison of the English Lexicon Project and the French Lexicon Project. New, Boris (CNRS et Université Paris Descartes). An important question in word research is which word frequency measure to use. For instance, when estimating the frequency of the word “mangeraient”, is it best to use the frequency of this particular word or the total frequency of the verb “manger” (the latter is called the lemma frequency) ? Previous research has shown that recognition times of singular nouns (e.g. “chaussure”) are influenced by the frequency of the plural form (“chaussures”; New et al., JML, 2004), indicating that lemma frequency may be more important than word form frequency. However, in several megastudies word form frequencies explain more variance in lexical decision times than lemma frequencies. We will analyse the data of the French Lexicon Project to decide whether and when lemma frequencies are informative. Virtual experiments with mega-study lexical decision data: what you can and can not expect mercredi matin Lemma frequency vs. word form frequency Diependaele, Kevin (Ghent Université). Large-scale lexical decision databases, which are now available for English, French as well as Dutch, provide the opportunity to run virtual experiments within seconds. Like in any empirical study it is important to know, however, what effect sizes one can expect to capture with these experiments. We approach this issue by examining virtual replications of a large sample of published small-scale lexical decision experiments in English. Our analysis provides insight in the power of the mega-study approach. At the same time, it allows us to evaluate the quality of the individual findings by comparing their replicability with that of studies with a similar effect size and number of stimuli. Using machine-learning algorithms for word/non-word discrimination to detect decision biases in lexical decision tasks Keuleers, Emmanuel (Ghent Université). One of the most common experimental methods in psycholinguistics, lexical decision, is crucially dependent on the non-words used in the task. Any non-lexical information enabling participants to discriminate words from non-words reduces the reliability of the task in estimating word recognition times. For instance: if the letter s occurs more often at the end of words than at the end of non-words, a new stimulus ending with the letter s may be recognized faster as a word stimulus. Especially in longer studies, where participants respond to thousands of word and nonword stimuli (e.g. Balota et al., 2004), systematic differences between word and non-word stimuli can introduce an unwanted bias. We developed a machine-learning algorithm that detects such biases in a particular set of stimuli. For each stimulus that is presented in an experiment, the distance is computed to all the other stimuli presented before. Then, the word/non-word distribution is examined among the 10 most similar previously presented stimuli. For instance, if the neighborhood contains 7 words and 3 non-words, the probability that the stimulus is a word is 0.7. Distance between stimuli is computed Congrès psycho.indb 171 22/07/10 16:09 172 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 by either the Levensthein distance metric, which measures string similarity as the number of substitutions, replacements, and deletions required to transform one string into another, or the Jaccard distance metric, which measures the ratio of the number of n-grams shared between two strings to their total number of n-grams. The algorithm keeps track of the average correct classification probability for words and nonwords throughout an experiment. When there is no bias, the correct classification probabilities for words and non-words should average 0.5 (chance level) throughout the experiment. Using this algorithm we show that there is a significant bias for the stimuli used for the English Lexicon project (Balota et al., 2004) and the French Lexicon project (Ferrand et al,. in press), but not for a more recent large experiment in Dutch (Keuleers et al., submitted). We discuss these results in the light of the different stimulus construction procedures. Using regression analysis on several large studies we show that the word/non-word probabilities predicted by the machine learning algorithms are also significant predictors for participants’ reaction times. However, we find that when stimuli are well constructed, the effect is not very large. Moreover participants seem to use non-lexical information more to reject non-word stimuli than to accept word stimuli. Références mercredi matin Balota, D. A., Yap, M. J., Cortese, M. J., Hutchison, K. A., Kessler, B., Loftis, B., et al. (2007). The English lexicon project. Behavior Research Methods, 39(3), 445-459. Ferrand L., New B., Brysbaert M., Keuleers E., Bonin P., Meot A., & Augustinova, M. (in press), The French Lexicon Project: Lexical decision data for 38,840 French words and 38,840 pseudowords. Keuleers, E., Brysbaert, M., & Diependaele, K. (submitted). Are there untoward practice effects in lexical decision megastudies ? Congrès psycho.indb 172 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 173 Symposium-Représentations de l’espace et contrôle de l’action Organisation de la session : Bringoux, Lionel (Institut des sciences du mouvement (Marseille)), Sarlegna, Fabrice (Institut des sciences du mouvement (Marseille)). Le référentiel égocentré comme origine de nos perceptions visuelles Ceyte, Hadrien (Centre de recherches du service de santé des armées & faculté du sport, Université Nancy), Cian, Corinne (Centre de recherches du service de santé des armées, la tronche). Effet oblique en modalité haptique et caractéristiques de la tâche Thouvarecq, Régis (Cetaps EA 3832, UFR STAPS – Université de Rouen), Lejeune, Laure (EA 4260 “information, organisation, et action”, UFR STAPS, Université de Caenbasse- normandie). Scotto di Cesare, Cécile (Institut des sciences du mouvement,Marseille), Bringoux, Lionel (Institut des sciences du mouvement, Marseille), Bourdin, Christophe (Institut des sciences du mouvement, Marseille), Sarlegna, Fabrice (Institut des sciences du mouvement, Marseille), Mestre, Daniel (Institut des sciences du mouvement, Marseille). Relations entre réponses motrices et perceptives aux stades précoces du traitement visuel : effet de distracteurs au seuil perceptif. mercredi matin Rotations sagittales d’une scène visuelle et/ou du vecteur gravito-inertiel et influences dynamiques sur le suivi manuel d’une cible Deplancke, Antoine (Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France), Madelain, Laurent (Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France), Chauvin, Alan (Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France), Coello, Yann (Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France). Contrôle exécutif de l’action chez l’adulte jeune et vieillissant Sarlegna, Fabrice (Institut des sciences du mouvement, Marseille). Résumé Le langage ou l’écriture repose sur des fonctions cognitives de haut niveau qui ne peuvent s’exprimer que par le biais de l’activité motrice. En fait, la motricité est à la base d’une majorité de nos actions quotidiennes et pourtant, aujourd’hui encore, on comprend mal comment on réalise effectivement ce que l’on souhaite faire. Comment les informations sensorielles, ou l’intention, sont-elles transformées pour aboutir aux représentations de l’action à produire ? Quel(s) cadre(s) de référence sont utilisées pour la perception et l’action ? L’objectif de ce symposium sera de confronter les travaux actuels dans les champs de la Psychologie, des Sciences du Mouvement Humain et des Neurosciences pour débattre du rôle des informations spatiales ainsi que de l’influence des référentiels dans la production de l’action. En plus de l’interdisciplinarité affichée, ce symposium offrira la possibilité à une doctorante, un doctorant et un post-doctorant de présenter leurs travaux ou ligne de recherche, aux côtés de deux Maîtres de Conférences. Enfin, on peut noter que les orateurs représentent aussi bien des thématiques et des techniques variées que des régions variées puisqu’ils viennent de Lille, Marseille et Nancy et Rouen. Une originalité de notre symposium est que chaque orateur conclura sa présentation sur une diapositive de perspectives. L’objectif de celle-ci est de proposer à l’auditoire des pistes de recherche qui devraient permettre des avancées théoriques substantielles. Nous espérons ainsi favoriser le développement de collaborations au niveau national. L’axe fort de ce symposium est le continuum entre les représentations perceptives et les cadres de référence utilisés et les corrélats moteurs de ces représentations. Hadrien Ceyte discutera du référentiel égocentré constituant une des bases fondamentales de l’organisation du comportement orienté vers l’espace extra-corporel. Congrès psycho.indb 173 22/07/10 16:09 174 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Régis Thouvarecq parlera de la perception de l’orientation d’objets dans l’environnement, en discutant essentiellement du lien entre effet oblique haptique et tâche à réaliser, et évoquera également les difficultés théoriques à définir la modalité haptique. Cécile Scotto présentera des travaux sur les interactions entre cadres de référence qui peuvent être utilisés pour définir les représentations de l’action et générer un mouvement dirigé. Antoine Deplancke discutera des relations perception-action dans le cadre d’une analyse de réponses motrice et perceptive en référence à des stimuli visuels présentés au seuil perceptif. Fabrice Sarlegna parlera essentiellement du contrôle exécutif de mouvements d’atteinte manuelle vers des cibles visuelles afin de mieux comprendre comment le cerveau traite des informations sensorielles pour générer des actions motrices adaptées au contexte. mercredi matin Congrès psycho.indb 174 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 175 Le référentiel égocentré comme origine de nos perceptions visuelles Ceyte, Hadrien (Centre de recherches du service de santé des armées & faculté du sport, Université Nancy), Cian, Corinne (Centre de recherches du service de santé des armées, La Tronche). Cette intervention consiste en une revue de question autour du concept d’égocentre en tant que référentiel spatial. En introduction, il sera discuté de la définition de ce concept à partir de notions abondamment utilisées dans la littérature telle que celles « de juste devant soi », « d’axe-Z » ou encore « de plan médian ». À l’issue de cette discussion, il sera présenté une série de données expérimentales suggérant que l’établissement de ce référentiel égocentré ne peut plus être compris comme étant indépendant de la position du corps dans l’espace. Les processus à l’origine de la perception des coordonnées égocentrées d’un objet visuel prendraient en compte l’ensemble des stimulations sensorielles, endogènes mais également exogènes. Ces résultats indiqueraient également qu’une perception visuelle égocentrée est dépendante de la caractéristique spatiale de l’objet à estimer. En d’autre terme, à partir d’un même référentiel spatial, ici égocentré, les processus de traitement des informations sensorielles différeraient suivant que nous serions en train d’estimer l’orientation ou la localisation horizontale d’un même objet visuel. En conclusion, le rôle joué par cette construction cognitive égocentrée dans la perception visuelle géocentrée sera discuté. Revue de questions Le référentiel égocentré constituerait une des bases de l’organisation du comportement orienté vers l’espace extra-corporel (Jeannerod, 1988). Dans la littérature, on utilise de nombreux concepts comme l’axe-Z, le plan sagittal corporel, le plan médian ou encore le ‘juste ou droit devant soi’ pour nommer ce référentiel égocentré. Par définition, ce référentiel est indépendant de la position du corps dans l’espace. Cependant, les choses ne seraient pas aussi simples. Ce processus de positionnement spatial par rapport au corps nécessite la prise en compte de l’ensemble des indices sensoriels disponibles, et nécessite la transformation de ces indices afférents en coordonnées spatiales afin de reconstruire la position égocentrée de l’objet à partir de sa position rétino-centrée (Jeannerod, 1988 ; Howard, 1982 ; Wade, 1992). Cependant, diverses données expérimentales (Bauermeister, 1964 ; Prieur et al., 2005) supposent que les processus à l’origine de la perception des coordonnées égocentrées reflèteraient la prise en compte de l’ensemble des stimulations sensorielles notamment celles exogènes. Plus précisément, lors d’une inclinaison corporelle réelle ou simulée par centrifugation dans l’espace gravitaire, différentes stimulations graviceptives peuvent être engendrées (Bronstein, 1999 ; Shilder, 1950). D’une part, des stimulations otolithiques sont induites engendrant un réflexe vestibulo-oculaire caractérisé par une torsion du globe oculaire vers le côté opposé à l’inclinaison céphalique (contre-cyclotorsion oculaire), accompagnée d’une translation horizontale des yeux vers le côté opposé à l’inclinaison céphalique et d’une élévation de l’œil ipsilatéral à l’inclinaison de la tête en synergie avec un abaissement de l’œil controlatéral (Pansell et al., 2003). D’autre part, la distribution et l’intensité des pressions sur les parties latérales du corps en présence de support latéral sont modifiées (Trousselard et al., 2003). Par ailleurs, la synthèse de ces résultats met en évidence des déviations opposées lors de perceptions visuelles égocentrées d’orientation (Bauermeister, 1964) et de localisation latérale (Prieur et al., 2005). Le ‘juste devant soi’ n’étant qu’un point particulier de l’axe-Z, on aurait pu s’attendre à des déviations de sens identique. Leurs résultats suggèrent que la représentation de l’orientation et celle de la localisation égocentrées ne mettent pas en jeu le même traitement des informations sensorielles. Il semble dès lors qu’une ré-évaluation de l’influence des stimulations gravitaires sur la localisation et l’orientation égocentrées d’un objet visuel soit nécessaire. La première question qui se pose est de savoir si toute inclinaison corporelle par rapport à la gravité induit une altération de la perception égocentrée de la position spatiale d’un objet visuel ou si ce sont les modifications sensorielles engendrées par l’orientation du corps par rapport au champ gravitaire qui induisent cette altération (Ceyte et al., 2007). Dans le cas d’une origine sensorielle des différentes déviations observées, la question de la contribution des informations sensorielles dans la construction de la perception visuelle d’orientation et de localisation latérale égocentrées devront être soulevées (Ceyte et al., 2008). Enfin, il a été montré qu’un décalage illusoire de la référence égocentrée Congrès psycho.indb 175 mercredi matin Résumé 22/07/10 16:09 176 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 engendre des erreurs dans la perception exocentrée de la localisation et du mouvement d’un objet visuel (Lackner & DiZio, 2005). Ces résultats suggèrent que les perceptions égocentrée et exocentrée de la position spatiale d’un objet visuel sont étroitement liées. On tentera d’éclaircir le rôle joué par la référence égocentrée dans la perception visuelle de la direction gravitaire (Ceyte et al., 2009). mercredi matin RéférencesBauermeister M. Effect of body tilt on apparent verticality, apparent body position, and their relation. Journal of Experimental Psychology. 1964;67:142-147. Bronstein AM. The interaction of otolith and proprioceptive information in the perception of verticality. The effects of labyrinthine and CNS disease. In Cohen B, Hess BJM (Eds.), Otolith function in spatial orientation and movement (vol.871:pp.324-333). Annals of the New York Academy of Sciences, 1999. Ceyte H, Cian C, Nougier V, Olivier I, Trousselard M. Role of gravity-based information on the orientation and localization of the perceived body midline. Experimental Brain Research, 2007; 176:504-509. Ceyte H, Trousselard M, Barraud PA, Roux A & Cian C. Perceived head-trunk angle during microgravity produced by parabolic flight. Aviation, Space and Environmental Medicine, 2008; 79:420-423. Ceyte H, Trousselard M, Barraud PA, & Cian C. Influence of perceived eogocentric co-ordinates on the Subjective Visual Verticale. Neuroscience Letters, 2009;462(1):85-8. Howard IP. Human visual orientation. New-York: Willey, 1982. Jeannerod M. The neural and behavioural organization of goal-directed movements. New York, US: Clarendon Press/ Oxford University Press, 1988. Lackner JR, DiZio P. Vestibular, proprioceptive, and haptic contributions to spatial orientation. Annual Review of Psychology, 2005;56:115-147. Pansell T, Ygge J, Schworm HD. Conjugacy of torsional eye movements in response to a head tilt paradigm. Investigative Ophthalmology & Visual Science, 2003;44:2557-2564. Prieur JM, Bourdin C, Vercher JL, Sares F, Blouin J, Gauthier GM. Accuracy of spatial localization depending on head posture in a perturbed gravitoinertial force field. Experimental Brain Research, 2005;161:432-440. Schilder P. The image and appearance of the human body. International Universities Press, New York, 1950. Trousselard M, Cian C, Nougier V, Pla S, Raphel C. Contribution of somesthetic cues to the perception of body orientation and subjective visual vertical. Perception & Psychophysics, 2003;65:1179-1187. Wade NJ. The representation of orientation in vision. Australian Journal of Psychology, 1992;44:139-145. Congrès psycho.indb 176 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 177 Effet oblique en modalité haptique et caractéristiques de la tâche Thouvarecq, Régis (Cetaps EA 3832, UFR STAPS – Université de Rouen), Lejeune, Laure (EA 4260 “information, organisation, et action”, UFR STAPS, Université de Caenbasse- Normandie). Résumé L’objet de cette étude était d’explorer l’expression de l’effet oblique dans une nouvelle tâche haptique, à savoir en production bi-manuelle. Les participants, privés de vision, devaient, dans le plan frontal, ajuster une baguette à l’horizontale, la verticale ou l’oblique, chaque index étant placé à une extrémité de la baguette. Les résultats indiquent une sous estimation systématique et significative de l’orientation à atteindre et un effet oblique caractérisé par des sous estimations plus importantes et une plus grande variabilité pour cette orientation que pour les deux orientations principales. Ces résultats confirment la robustesse de l’effet oblique mais suggèrent également que la représentation des orientations implique des mécanismes spécifiques à la modalité sensorielle sollicitée et à la tâche mise en jeu. L’effet oblique qui se caractérise par une meilleure précision de l’estimation des orientations principales (verticale et horizontale) que de l’orientation oblique, apparaît en modalités visuelle (Gentaz et Ballaz, 2000) et haptique (Gentaz et Coll., 2008), bien qu’il s’avère moins robuste dans cette dernière. Néanmoins, la question de son origine reste débattue. Après avoir mis en évidence l’existence d’un effet oblique dans les modalités visuelle, haptique et somato-vestibulaire mais une absence de corrélation des erreurs d’ajustements entre ces trois modalités, Gentaz et Coll. (2001) ont proposé que les mécanismes mis en jeu étaient propres à chaque modalité. Parallèlement, Lejeune et Coll. (2004) se sont intéressés à la perception des orientations principales dans une tâche haptique bi-manuelle. Dans celle-ci, les participants devaient ajuster une baguette à la verticale et l’horizontale physiques dans le plan frontal. La baguette était déplacée en maintenant chacun des index à une extrémité de celle-ci (minimisant ainsi l’exploration tactile). Une sous estimation des orientations apparaît de manière systématique et significative. Cette sous estimation, spécifique à cette tâche, conforte l’idée que des processus spécifiques à chaque modalité sont mis en jeu dans le traitement des orientations. L’effet oblique est il présent dans cette tâche haptique particulière ? Une réponse affirmative conforterait l’idée selon laquelle le traitement des informations implique des mécanismes dépendants à la fois de la modalité et la tâche utilisées. mercredi matin Introduction Matériel et méthodes Quatorze participants droitiers, en position debout et vision occultée, devaient, dans le plan frontal, replacer le plus précisément possible une baguette (36 X 0.5 cm) pouvant pivoter autour de son centre, à la verticale, l’horizontale ou l’oblique. Pour chaque orientation, deux positions initiales étaient proposées : 35°en sens horaire et anti-horaire. Cinq ajustements pour chacune des conditions étaient réalisés sans contrainte temporelle. En plus du pourcentage de sous-estimation, trois variables dépendantes ont été relevées. L’erreur constante (EC) caractérise l’ampleur de l’erreur en fonction de la position de départ et était codée négativement lorsque l’orientation à atteindre était sous-estimée et positivement dans le cas contraire. L’erreur variable (EV) représente l’écart type autour de l’EC moyenne pour une condition et l’erreur absolue (EA) correspond à la taille de l’erreur sans tenir compte de l’orientation de celle-ci. Résultats Quelles que soient l’orientation et la position initiale de la baguette, un pourcentage significatif et au moins égal à 89% de sous-estimations a été relevé. De plus, quelle que soit l’orientation considérée, les t à la norme 0° sur l’EC indiquaient l’existence d’une sous-estimation significative. L’analyse de variance (ANOVA), incluant deux facteurs avec mesures répétées (Orientation (3) X Position initiale de la baguette (2)), n’a révélé d’effet significatif que pour la variable Orientation. Les tests post-hoc ont montré une sous-estimation significativement plus importante pour l’orientation oblique que pour l’orientation horizontale. Une ANOVA analogue sur l’EA et l’EV indiquent, dans les deux cas, un effet significatif de l’orientation et les tests post-hoc montrent par ailleurs que l’erreur est significativement plus importante pour l’orientation oblique que pour les orientations principales. Congrès psycho.indb 177 22/07/10 16:09 178 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Discussion mercredi matin L’examen de l’erreur absolue indique clairement l’existence de l’effet oblique dans cette tâche. Dans celle-ci, comme le proposent Cecala et Garner (1986), les références aux orientations verticale, gravité ou axe Z (Luyat et coll., 2001) et horizontale par l’appariement de la position des mains (Lejeune et Coll., 2004), sont directement accessibles; ce qui n’est pas le cas pour l’orientation oblique. De plus, les pourcentages de sous-estimation et le fait que l’erreur constante soit significativement différente des orientations physiques (quelle que soit l’orientation) illustrent la robustesse de l’erreur d’ajustement dans cette tâche haptique. Enfin, en plus d’une moins bonne précision, la plus grande variabilité des ajustements à l’orientation oblique semble indiquer que la représentation de cette orientation est moins stable que celle des orientations principales. Ainsi, dans cette tâche haptique de production bimanuelle, les références utilisées pour estimer les orientations principales sont distinctes mais directement disponibles. Par contre, l’estimation de l’orientation oblique suppose un traitement supplémentaire et par conséquent plus d’erreur potentielle. De plus, les mécanismes qui amènent à sous-estimer l’orientation sont amplifiés pour l’oblique, semblant indiquer que les deux erreurs concernent un niveau de traitement analogue, cognitif. En conclusion, l’expression de l’effet oblique varie en fonction des caractéristiques de la tâche suggérant que le traitement des orientations implique des mécanismes qui sont probablement dépendants à la fois de la modalité et la tâche. Références Cecala, A. J., & Garner, W. R. (1986). Internal frame of reference as a determinant of the oblique effect. J Exp Psychol Hum Percept Perform, 12(3), 314-323. Essock, E. A. (1980). The oblique effect of stimulus identification considered with respect to two classes of oblique effects. Perception, 9(1), 37-46. Gentaz, E., & Ballaz, C. (2000). La perception visuelle des orientations et l’effet oblique. Ann Psychol, 100, 715-744. Gentaz, E., Baud-Bovy, G., & Luyat, M. (2008). The haptic perception of spatial orientations. Exp Brain Res, 187(3), 331-348. Gentaz, E., Luyat, M., Cian, C., Hatwell, Y., Barraud, P. A., & Raphel, C. (2001). The reproduction of vertical and oblique orientations in the visual, haptic, and somato-vestibular systems. Q J Exp Psychol A, 54(2), 513-526. Lejeune, L., Thouvarecq, R., Anderson, D. I., & Jouen, F. (2004). Kinesthetic estimation of the main orientations from the upright and supine positions. Acta Psychol (Amst), 117(1), 13-28. Luyat, M., Gentaz, E., Corte, T. R., & Guerraz, M. (2001). Reference frames and haptic perception of orientation: body and head tilt effects on the oblique effect. Percept Psychophys, 63(3), 541-554. Congrès psycho.indb 178 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 179 Rotations sagittales d’une scène visuelle et/ou du vecteur gravitoinertiel et influences dynamiques sur le suivi manuel d’une cible Scotto Di Cesare, Cécile (Institut des sciences du mouvement, Marseille), Bringoux, Lionel (Institut des sciences du mouvement, Marseille), Bourdin, Christophe (Institut des sciences du mouvement, Marseille), Sarlegna, Fabrice (Institut des sciences du mouvement, Marseille), Mestre, Daniel (Institut des sciences du mouvement, Marseille). Résumé Introduction L’intégration d’informations sensorielles multiples est une nécessité pour coder la position d’objets ou du corps dans l’environnement. Ces processus perceptifs peuvent s’élaborer à partir de référentiels spatiaux composés chacun d’une origine et de 3 axes définissant les 3 dimensions de l’espace (Howard, 1982). Un même élément peut ainsi être codé par rapport à des éléments corporels (référentiel égocentré), à des directions terrestres invariantes de l’environnement comme la gravité (référentiel géocentré) et/ou à des repères présents dans l’environnement (référentiel allocentré ; Berthoz, 1991). De récents travaux ont montré l’interdépendance de ces référentiels égocentré, géocentré et allocentré mais à l’heure actuelle, l’évolution temporelle des relations entre les différents référentiels est inconnue. L’objectif de la présente étude a été de questionner les conséquences de la manipulation dynamique de deux référentiels spatiaux (allocentré et géocentré) sur le suivi manuel d’une cible. Plus précisément, il s’agissait de manipuler des directions visuellement induites (références allocentrées) et/ou la direction du vecteur gravito-inertiel (référence géocentrée). mercredi matin Cette étude s’est intéressée aux effets de la rotation d’une scène visuelle et/ou du vecteur gravito-inertiel (Gi ; modifié par centrifugation) dans le plan sagittal sur le suivi manuel d’une cible visuelle. Le but de ces manipulations expérimentales était de déterminer les influences respectives et combinées des référentiels allocentré et géocentré sur la localisation spatiale égocentrée. Trois conditions expérimentales ont été présentées : GI rotation du vecteur gravito-inertiel sans scène visuelle. S : rotation de la scène. GIS : rotation conjointe du vecteur gravito-inertiel et de la scène visuelle. Les résultats suggèrent une différence entre les conditions GI et S, tant dans l’erreur finale que dans la dynamique d’évolution de cette erreur. La condition « mixte » GIS semble correspondre à une combinaison des influences singulières observées dans les conditions GI et S. Matériel et méthode L’expérimentation a été réalisée sur un échantillon de 18 sujets sains droitiers (8 femmes et 10 hommes, âge moyen : 25.2 ans ±4.0). Ces volontaires ont été assis face à l’axe de rotation d’une plateforme centrifuge, distants d’1.90m de cet axe. La centrifugation produite provoquait une modification non linéaire de la direction du vecteur gravito-inertiel (Gi) de 0 à -40deg par l’addition des forces centrifuge et gravitaire. Des lunettes virtuelles (HMD Cybermind Hi-Res 900®) permettaient aux sujets de voir une scène visuelle tridimensionnelle structurée ainsi qu’une cible référée à la hauteur des yeux. Le système de capture du mouvement (Codamotion Cx1®) permettait l’enregistrement à 200Hz de la position de la tête et du doigt grâce à des marqueurs actifs infrarouges. Trois conditions expérimentales principales ont été manipulées. Les effets « singuliers » ont été questionnés grâce à une condition de rotation de la scène sans centrifugation (S) et une condition de rotation du vecteur gravito-inertiel sans scène (GI). La condition de rotation « mixte » (GIS) impliquait à la fois une rotation de Gi et de la scène visuelle. Pour l’ensemble des conditions, les profils de rotation de la scène et/ou de Gi étaient identiques (de 0 à -40deg, i.e dans le sens anti-horaire). Pendant toute l’expérimentation, les sujets avaient pour consigne de fixer la cible du regard et de la suivre avec l’index. Cette cible était néanmoins immobile par rapport au sujet pendant l’ensemble des stimulations. Au total 16 essais ont été présentés (4 essais par condition) dans un ordre pseudo-aléatoire contrebalancé. On notera qu’une situation contrôle (sans centrifugation, scène visuelle fixe ; C) a été proposée en marge de l’expérimentation. Les données Congrès psycho.indb 179 22/07/10 16:09 180 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 enregistrées ont permis de calculer l’erreur angulaire entre l’horizon et l’index en fonction de la position de référence du sujet enregistrée juste avant la/les rotation(s). Résultats et Discussion mercredi matin Des analyses préliminaires ont été effectuées sur l’erreur angulaire atteinte à la fin de la phase de rotation(s), c’est-à-dire à 37s. Une Anova à mesure répétées comparant les résultats obtenus pour les conditions S, GI, GIS et la situation contrôle (C) montre un effet de la condition (F(3,48)=8.02 ; p<.001). Une analyse post-hoc (Newman-Keuls) suggère l’existence d’effets spécifiques dans les conditions « singulières » (S et GI) par rapport à la situation contrôle (p<.05 pour les 2 comparaisons). En outre, la condition « mixte » GIS induit une influence sur l’erreur angulaire qui apparait comme la combinaison des deux influences obtenues en présence de chaque condition singulière. L’erreur angulaire dans la condition singulière de rotation du vecteur Gi (GI) peut être interprétée en termes de compensation de l’illusion somatogravique. En effet, la centrifugation face à l’axe provoque une sensation illusoire de rotation du corps vers l’arrière (Welch et Post, 1996) alors que les indices égocentrés et allocentrés confortent l’idée que la cible est fixe dans l’espace, d’où l’abaissement de l’index afin de compenser cette inclinaison illusoire. D’autre part, l’élévation positive de l’erreur angulaire en condition S semble conforme aux conséquences motrices provoquées par une illusion de mouvement induit par le déplacement d’une scène visuelle et précédemment mise en évidence lors de pointages discrets (Bacon et coll., 1982). Enfin, l’erreur angulaire observée lors de la combinaison mixte GIS se situe à mi-chemin entre les 2 conditions singulières et pourrait résulter des influences mutuelles entre les référentiels spatiaux décrites récemment dans la littérature (Bringoux et coll., 2008). Références Bacon J. H., Gordon A., & Schulman P. H. (1982). The effect of two types of induced-motion displays on perceived location of the induced target. Perception & Psychophysics, 32(4):353-359. Berthoz, A. (1991). Reference frames for the perception and control of movement. In: Paillard, J. (ed). Brain and Space. Oxford University Press, Oxford, New York, Tokyo, 82-111. Bringoux, L., Robic, G., Gauthier, G.M., & Vercher, J.L. (2008). Judging beforehand the possibility of passing under obstacles without motion: The influence of egocentric and geocentric frames of reference. Experimental Brain Research, 185: 673-680. Howard, I.P. (1982). Human visual orientation. New-york: Willey. Welch R.B. & Post R.B. (1996). Accuracy and adaptation of reaching and pointing in pitched visual environments. Perception & Psychophysics, 58(3):383–389. Congrès psycho.indb 180 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 181 Relations entre réponses motrices et perceptives aux stades précoces du traitement visuel : effet de distracteurs au seuil perceptif. Deplancke, Antoine (Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France), Madelain, Laurent (Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France), Chauvin, Alan (Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France), Coello, Yann (Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France). Résumé Introduction La question des relations entre réponses motrice et perceptive a été largement débattue au cours des dernières décennies. Dans ce contexte, l’approche dominante propose une indépendance entre le traitement perceptif des informations visuelles et leur utilisation dans le cadre de l’action (Milner & Goodale, 1995). Cette théorie a notamment été soutenue par des travaux sur les illusions visuelles et par des études visant à étudier l’influence de stimulations non conscientes sur le contrôle moteur (pour une revue, voir Goodale, 2008). Ces travaux ont notamment souligné la capacité du système moteur à traiter les stimulations visuelles indépendamment de l’état perceptif (i.e., sans prise de conscience). Des études récentes ont toutefois conduit à la proposition d’un modèle alternatif où les décisions perceptives et motrices seraient basées sur un même signal mais seraient prises en fonction de seuils de décision différents (Waszak & Gorea, 2004). L’analyse de l’impact de stimulations visuelles au seuil perceptif (temps de présentation court et contraste faible) sur le système moteur a notamment permis de mettre en évidence un couplage fort entre réponses motrice et perceptive. Cardoso-Leite et Gorea (2009) ont ainsi montré que la déviation des trajectoires des saccades oculaires à l’opposé de distracteurs visuels était dépendante de la perception consciente de ces distracteurs. Cette déviation, typiquement observée lorsque la localisation spatiale d’un distracteur est inhibée au moment du codage de la position terminale d’une saccade (pour une revue, voir Van der Stigchel et al., 2006), témoigne de relations étroites entre état perceptif et contrôle moteur aux premiers stades du traitement visuel. Le but de cette étude était d’étudier les relations entre réponses motrice et perceptive à un stade plus précoce du traitement visuel, lorsque le distracteur n’a pas encore été inhibé et provoque une déviation des mouvements oculaires (Van der Stigchel et al., 2006) ou manuels (Tipper et al. 1997) en direction du distracteur. Cette étude visait également à étendre les résultats obtenus pour le contrôle saccadique au contrôle moteur manuel. mercredi matin L’une des théories dominantes en psychologie cognitive propose l’indépendance des traitements perceptif et moteur (Milner & Goodale, 1995), mais l’utilisation de stimulations visuelles au seuil perceptif a suggéré l’absence d’une dissociation stricte entre réponses perceptive et motrice. Dans cette étude, 8 participants ont réalisé 300 mouvements de pointage manuel vers une cible visuelle précédée par l’apparition d’un distracteur au seuil perceptif que les participants devaient détecter. Les résultats montrent une déviation des trajectoires manuelles vers le distracteur uniquement lorsque ce distracteur était perçu consciemment. Ces données vont dans le sens d’un signal visuel unique pour les décisions motrice et perceptive (Waszak & Gorea 2004) et suggèrent l’absence de dissociation stricte entre les traitements visuels pour la perception et l’action (Milner & Goodale, 1995). Méthode 8 participants ont chacun réalisé 300 mouvements de pointage manuel vers une cible visuelle située à une distance de 10° et à une excentricité de 45° à droite ou à gauche du point de fixation. Dans 50% des essais, un ou deux distracteurs au seuil perceptif apparaissai(en)t 80ms avant la cible à une distance de 10° par rapport au point de fixation et à un angle de 30° à droite ou/et à gauche de la cible. Après chaque mouvement de pointage vers la cible, les participants devaient déterminer s’ils avaient perçu le distracteur à droite (présent, absent) et à gauche (présent, absent) de la cible. Les réponses motrices des participants (latence et erreur de position au point terminal) étaient ensuite classées en fonction des catégories de réponse utilisées dans la cadre de la Théorie de la Détection du Signal (Green & Swets, 1966) : Hit (distracteur présent et détecté), Miss (présent, non détecté), Fausse Alarme (Absent mais détecté) et Rejet Correct (Absent, non détecté), les réponses motrices obtenues lors de Rejets Corrects étant considérées comme ligne de base. Lorsque deux Congrès psycho.indb 181 22/07/10 16:09 182 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 distracteurs étaient présentés simultanément de chaque coté de la cible, les participants effectuaient un Hit Simple (un seul distracteur perçu parmi les deux distracteurs présentés) ou un Hit Double (deux distracteurs présents et détectés). Résultats Les principaux résultats montrent une diminution des latences des mouvements de pointage manuel pour les Hits (-39.65ms; p<.01), pour les Hits Simples (-40.79ms; p<.01) et Hits Doubles (-39.30ms; p<.01). Les trajectoires des mouvements étaient également déviées vers le distracteur pour les Hits (1.85deg; p<.02) et Hits Simples uniquement (1.44deg en direction du distracteur perçu; p<.05). Une forte corrélation entre les Hits (un seul distracteur) et les Hits Simples (deux distracteurs) a été observée pour les temps de réaction (r=.94, p<.01) et les erreurs angulaires (r=.91, p < .01) des mouvements. Discussion mercredi matin Dans cette étude, la présence d’un distracteur au seuil perceptif a influencé les mouvements d’atteinte manuelle de cible visuelle en diminuant leur latence et en déviant leur trajectoire vers le distracteur uniquement lorsque ce distracteur était à la fois présent et perçu (Hits et Hits Simples). Lorsque deux distracteurs étaient présentés et perçus consciemment (Hits Doubles), l’absence de déviation de trajectoire semble avoir résulté d’une annulation des effets d’attraction des deux distracteurs – considérant la réduction significative des temps de réaction dans cette condition. Ces résultats, en désaccord avec une indépendance stricte des traitements visuels pour la perception et l’action, suggèrent que l’influence d’une stimulation visuelle sur le contrôle moteur manuel est conditionnée par la perception consciente de cette stimulation. Cette étude est en accord avec le modèle proposé par Waszak & Gorea, (2004) qui suggère que les systèmes moteur et perceptif emploient des indices décisionnels distincts appliqués à un signal unique. Références Cardoso-Leite, P., &. Gorea, A. (2009). Comparison of perceptual and motor decisions via confidence judgments and saccade curvature. Journal of Neurophysioly, 101: 2822-2836. Goodale, M. A. (2008). Action without perception in human vision. Cognitive Neuropsycholy, 25, 891-919. Green, D. M., & Swets, J. A. (1996). Signal detection theory and psychophysics. New York: Wiley. Milner, A. D., & Goodale, M. A. (1995). The visual brain in action. Oxford : Oxford University Press. Tipper, S. P., Howard, L. A., & Jackson, S. R. (1997). Selective reaching to grasp: Evidence for distractor interference effects. Visual Cognition, 4, 1-38. Van der Stigchel, S., Meeter, M., & Theeuwes, J. (2006). Eye movement trajectories and what they tell us. Neuroscience and Biobehavioral Reviews, 30, 666-679. Waszak, F., & Gorea, A. (2004). À new look at the relationship between perceptual and motor responses. Visual Cognition, 11, 947-963. Congrès psycho.indb 182 22/07/10 16:09 183 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Contrôle exécutif de l’action chez l’adulte jeune et vieillissant Sarlegna, Fabrice (Institut des sciences du mouvement, Marseille). Résumé Le mouvement sert à communiquer, à percevoir, et à agir. Le mouvement est donc essentiel pour survivre… et représente en plus une formidable fenêtre d’entrée sur le cerveau pour mieux comprendre son fonctionnement. Lors de cette présentation, je parlerai essentiellement du contrôle exécutif de mouvements d’atteinte manuelle vers des cibles visuelles (pour revues, Jeannerod 1988 ; Paillard 1996) qui permet de mieux comprendre comment le cerveau traite des informations sensorielles pour générer des actions motrices adaptées au contexte. Je montrerai notamment comment le contrôle exécutif (ou contrôle en ligne) nous permet de corriger rapidement d’éventuelles erreurs de programmation du geste ou encore de répondre très vite à des changements soudains dans l’environnement. Ces résultats attestent de la capacité de notre cerveau à rapidement mettre à jour les représentations de l’espace et du corps pour un contrôle optimal de nos interactions avec l’environnement. De récents travaux indiquent que, malheureusement, le contrôle exécutif est affecté de façon significative par le vieillissement. Ceci indique que les personnes âgées ont encore moins le droit à l’erreur que des personnes plus jeunes car leur système de correction d’erreur présente des déficiences. mercredi matin Revue de questions Tous les jours, nous réalisons des mouvements et tous les jours, nous réalisons des erreurs dans la programmation du mouvement. De plus, nous vivons dans un environnement instable. Heureusement, nous sommes dotés de puissants mécanismes de détection et de correction d’erreur pour pallier à nos erreurs propres et ou à des modifications soudaines de notre environnement ou de notre corps. Pour tester ces mécanismes de correction, il est désormais courant de modifier la position vue de la cible ou de la main au début du mouvement, de manière aléatoire (Goodale et al. 1986 ; Danion & Sarlegna 2007 ; Sarlegna & Blouin sous presse). Grâce à l’enregistrement des mouvements des yeux, ces changements peuvent être réalisés sans que le sujet ne s’en aperçoive consciemment, c’està-dire sans que le sujet ne puisse en rendre compte verbalement. Il est à noter que des ajustements de trajectoire sont observés qu’il y ait perception consciente ou non de la perturbation, ce qui souligne le caractère automatique, quasi-réflexe de ces mécanismes de régulation du mouvement (Goodale et al. 1986 ; Day & Lyon 2000 ; Johnson et al. 2002). En tant qu’expérimentateurs, il nous a paru intéressant d’utiliser des perturbations non consciemment perçues de façon à s’affranchir de possibles stratégies cognitives. Chez le jeune adulte sain, nos analyses cinématiques ont montré que l’information visuelle de position de cible est utilisée de façon plus importante et plus rapide que l’information visuelle de main pour ajuster un mouvement rapide durant son exécution (Sarlegna et al. 2003). Ainsi, le cerveau est capable de reconnaître très rapidement si une information visuelle correspond à un objet extérieur ou à notre propre main. Ceci pourrait être réalisé grâce à des mécanismes très rapides d’intégration multi-sensorielle, de la vision et de la proprioception notamment (Sarlegna 2007). La proprioception (sens de la position et du mouvement des segments corporels) est, comme la vision, importante pour le contrôle en ligne du mouvement. Ceci a notamment été mis en évidence à partir de l’étude d’une patiente proprioceptivement désafférentée (Sarlegna et al. 2006). En effet, cette patiente a présenté des déficits notables de coordination. Nous avons également observé que le vieillissement affecte le traitement des informations sensorielles. En effet, les ajustements de trajectoire chez la personne âgée sont en général plus tardifs et plus variables, ce qui affecte la précision finale (Sarlegna 2006). De façon surprenante, ces déficits sont observables dès l’âge de 50 ans : c’est donc précocement que sont touchés les mécanismes rétroactifs de régulation du mouvement dont l’efficacité est principalement basée sur la rapidité du traitement de l’information. Références Danion F & Sarlegna F (2007) Can the human brain predict the consequences of arm movement corrections when transporting an object ? Hints from grip force adjustments. J Neurosci 27: 12839–12843. Congrès psycho.indb 183 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 184 mercredi matin Day BL & Lyon IN (2000) Voluntary modification of automatic arm movements evoked by motion of a visual target. Exp Brain Res 130: 159-168. Goodale MA, Pélisson D & Prablanc C (1986) Large adjustments in visually guided reaching do not depend on vision of the hand and perception of target displacement. Nature 320: 748-750. Jeannerod M (1988) The neural and behavioural organization of goal-directed movements. Oxford: Clarendon Press/ Oxford University Press. Johnson H, van Beers RJ & Haggard P (2002) Action and awareness in pointing tasks. Exp Brain Res 146: 451-459. Paillard J (1996) Fast and slow feedback loops for the visual correction of spatial errors in a pointing task: a reappraisal. Can J Physiol Pharmacol 74: 401-417. Sarlegna F, Blouin J, Bresciani, JP, Bourdin C, Vercher, JL & Gauthier GM (2003) Target and hand position information in the online control of goal-directed arm movements. Exp Brain Res 151: 524-535. Sarlegna F (2006) Impairment of online control of reaching movements with aging: a double-step study. Neurosci Lett 403: 309-314. Sarlegna F, Gauthier GM, Bourdin C, Vercher, JL & Blouin J (2006) Internally driven control of reaching movement: a study on a proprioceptively deafferented subject. Brain Res Bull 69: 404-415. Sarlegna F (2007) La main vers la cible : intégration multi-sensorielle et contrôle en ligne du mouvement. L’Année Psychologique 107: 297-332. Sarlegna FR & Blouin J (sous presse) Visual guidance of arm reaching: online adjustments of movement direction are impaired by amplitude control. Journal of Vision. Congrès psycho.indb 184 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 185 Session Psychologie clinique et psychothérapie Fonctions et logique du délire dans la psychose Flémal, Simon (Université libre de Bruxelles - Université lumière-Lyon 2). Les processus de coping mis en place lors de l’annonce de son homosexualité Charbonnier, Élodie (Université de Provence, laboratoire psyclé), Graziani, Pierluigi (Université de Provence, laboratoire psyclé), Rouan, Georges (Université de Provence, laboratoire psyclé). Personnalité, émotions, et violences au sein du couple Vandamme, Michel j (Université Lille Nord de France). Doba, Karyn (URECA, Université Lille Nord de France), Nandrino, Jean-louis (URECA, Université Lille Nord de France), Berna, Guillaume (URECA, Université Lille Nord de France), Charpentier, Anne (Université Lille Nord de France), Pezard, Laurent (UMR 6149, Université de Provence). Congrès psycho.indb 185 mercredi matin Évolution des communications non-verbales et verbales au cours de la thérapie familiale d’adolescentes présentant une anorexie mentale 22/07/10 16:09 186 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Fonctions et logique du délire dans la psychose mercredi matin Flémal, Simon (Université Libre de Bruxelles - Université Lumière-Lyon 2). À l’heure où la problématique des psychoses continue d’alimenter de nombreux débats cliniques, il pourrait s’avérer pertinent de se questionner sur la logique potentielle de certaines de ses manifestations symptomatologiques. Ainsi, trop souvent dépeint comme une production mentale déviante ou déficitaire, le délire pourrait se révéler porteur d’un sens et d’une fonctionnalité particulière dans l’expérience de la psychose. En s’étayant sur des théories issues de l’épistémologie psychanalytique, l’auteur proposera certaines pistes de réflexion permettant une lecture clinique des formations délirantes ainsi que des fonctions que ces dernières tendent à accomplir au sein des structures psychotiques. En effet, au regard des événements traumatiques ayant inauguré la psychose, le délire constituerait la solution ultime du sujet en proie à l’effondrement de sa réalité psychique. Confronté à la résurgence d’éprouvés catastrophiques, la personne en souffrance pourrait recourir au délire comme modalité de traitement des expériences archaïques n’ayant jamais pu être assimilées subjectivement. Dans ces conditions, moins d’apparaître comme un phénomène purement pathologique, le délire témoignerait d’une opérativité psychique s’efforçant de représenter l’impensable. À partir de l’étude qualitative de données cliniques issues d’entretiens psychologiques avec des personnes psychotiques, l’auteur mettra en évidence trois principales propriétés fonctionnelles du délire. La première, conceptualisée sous le terme de « fonction contenante », procèderait à la conservation et à la transformation signifiante de ce qui ne put être symbolisé de la situation traumatique antérieure. La seconde, nommée « fonction localisante », tenterait de localiser à l’extérieur du sujet l’envahissement pulsionnel inhérent à l’expérience catastrophique. La troisième, appelée « fonction identifiante », permettrait au sujet délirant de retrouver une consistance narcissique à travers un principe identitaire à l’allure exceptionnelle. De plus, l’examen des données cliniques tend à indiquer que ces trois fonctionnalités du délire psychotique ne se réaliseraient pas de façon aléatoire mais s’articulerait selon une logique pulsionnelle particulière. En effet, à travers sa triple fonction, le délire concourrait, d’une part, à maîtriser le débordement affectif associé à l’évènement traumatique et, d’autre part, à compenser les effets pathogènes de ce dernier en repositionnant le sujet au sein d’une illusion primaire d’omnipotence narcissique. De cette manière, la personne délirante pourrait regagner dans son univers imaginaire la position du « Moi Idéal » par laquelle serait recouvré le sentiment de complétude subjective mis à mal par l’expérience catastrophique. Afin de rendre compte de l’agencement de ces trois fonctions du délire et de la logique à laquelle elles président, l’auteur proposera le concept de « processus délirant ». Il s’agira finalement de s’interroger sur les enseignements cliniques retirés de cette étude sur le processus délirant et de proposer certains modes d’intervention thérapeutique avec des personnes psychotiques. Congrès psycho.indb 186 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 187 Les processus de Coping mis en place lors de l’annonce de son homosexualité Charbonnier, Élodie (Université de Provence, laboratoire psyclé), Graziani, Pierluigi (Université de Provence, laboratoire psyclé), Rouan, Georges (Université de Provence, laboratoire psyclé). Les homosexuels présentent un risque suicidaire élevé. Leur souffrance peut être mise en lien avec leur coming-out, l’annonce de leur homosexualité pouvant les confronter à des réactions de rejet. Cette étude se propose d’interroger les processus de coping que les jeunes homosexuels mettent en place au cours de leur coming-out le plus stressant, c’est-à-dire les stratégies qu’ils utilisent pour faire face à cette situation. Sur le plan méthodologique, cette recherche est constituée de 200 homosexuels ayant entre 16 et 26 ans. Nous avons utilisé la version française de la « Ways of Coping Check-list », à laquelle nous avons ajouté 7 items. Nos résultats illustrent la prévalence des conduites addictives et suicidaires au cours de cette situation stressante. L’analyse factorielle des résultats nous a permis de dégager un certain nombre de facteurs rendant compte des stratégies utilisées par les jeunes homosexuels pour faire face à leur coming-out. Ces résultats constituent une étape préalable à l’élaboration de pistes de prise en charge adaptée. Leur proposer un accompagnement correspondant aux difficultés qu’ils rencontrent au cours de leur comingout pourrait favoriser la prévention du suicide au sein de cette communauté. Introduction Les jeunes homosexuels constituent une population à risque. Ils ont entre 1,5 et 3 fois plus de risque d’avoir des idées suicidaires, et sont entre 1,5 et 7 fois plus susceptibles de tenter de suicider que leurs pairs hétérosexuels (Suicide Prevention Resource Center, 2008[1]). Peu de professionnels sont sensibilisés et formés à la prise en charge du suicide en lien avec l’orientation sexuelle. Par conséquent, le suicide chez les jeunes homosexuels s’avère être un réel problème de santé publique. La sursuicidalité de ces jeunes peut être liée à leur coming-out (l’annonce de leur homosexualité), d’autant plus lorsque cette annonce est réalisée à un âge précoce, certains jeunes n’ayant pas les ressources suffisantes pour faire face à un éventuel rejet (Remafadi, 2001[2]). Par ailleurs, les jeunes homosexuels ayant fait leur coming-out auraient quatre fois plus de risque de tenter se suicider que ceux qui n’ont pas divulgué leur homosexualité (D’Augelli et al., 1998[3]). Au cours de leur coming-out, les homosexuels s’exposent au regard de l’autre et à un éventuel rejet. Des attitudes négatives peuvent les conduire à s’engager dans un passage à l’acte suicidaire. Cette étude se propose d’interroger les processus de coping que les jeunes homosexuels mettent en place au cours de leur coming-out le plus stressant, c’est-à-dire les stratégies qu’ils utilisent pour faire face à cette situation. mercredi matin Résumé Méthodologie Cette recherche est constituée de 200 homosexuels (131 hommes et 69 femmes) ayant entre 16 et 26 ans. Nous nous sommes basés sur la « Way of Coping Check-list » de Folkman et Lazarus (1988) traduite et adaptée (Graziani et al., 1998[4]). Cette échelle est composée de 68 items évaluant les stratégies de coping misent en œuvre. Nous avons demandé aux sujets de se souvenir du coming-out qui a été le plus stressant pour eux, et de répondre aux items sur une échelle de Likert en allant de “pas du tout” à “beaucoup”. Nous avons ajouté 7 items concernant les idéations et conduites suicidaires, ou encore les conduites addictives. Résultats Au cours de leur coming-out le plus stressant, 65% des sujets déclarent avoir eu l’intention de se tuer, 28% affirment avoir imaginé un scénario pour le faire, et 17% sont passés à l’acte. Ces résultats illustrent l’importance des idéations et des passages à l’acte suicidaires au cours du coming-out. Par ailleurs, 41% des sujets affirment avoir tenté de se sentir mieux en augmentant leur consommation de cigarettes, 33,5% en consommant plus d’alcool, 28,5% en prenant des drogues Congrès psycho.indb 187 22/07/10 16:09 188 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 et 24,5% en mangeant plus. 32,5% déclarent s’être lancés dans des conduites risquées suite à leur coming-out. Les conduites addictives et les conduites à risque s’avèrent donc être prégnantes dans les processus mis en place par les homosexuels pour faire face à l’annonce de leur homosexualité. La préparation du coming-out est liée aux stratégies mises en place. Lorsque cette annonce est préparée, elle favorise la mise en place de stratégies permettant une évolution personnelle et une meilleure gestion du stress. À l’inverse, lorsque le coming-out est peu préparé les stratégies de culpabilisation et de confrontation sont privilégiées, tout comme les conduites addictives et les idéations suicidaires. Conclusion et perspectives mercredi matin Cette étude rend compte des processus de coping employés par les jeunes homosexuels au cours de leur coming-out le plus stressant. Lors de cette annonce, les stratégies d’anticipation, de culpabilité, d’isolement, se mêlent au coping d’évolution personnelle, de demande de soutien et d’affirmation de soi. Certaines stratégies apparaissent à première vue plus « adaptées » que d’autres. Mais il est complexe de juger de la valeur des stratégies utilisées, certaines pouvant être efficaces à court terme mais déficitaires sur le long terme, et vice versa. Il est donc intéressant d’interroger la stabilité et/ou la variabilité des styles de coping employés par les jeunes homosexuels dans d’autres situations stressantes que leur coming-out. Nos résultats illustrent la souffrance pouvant être présente chez les jeunes homosexuels au cours de leur coming-out. Ces données amènent à se questionner sur leur risque suicidaire associé à d’autres événements stressants de leur vie. Qui plus est, nos résultats illustrent l’importance de préparer son coming-out. Il apparait nécessaire de fournir aux jeunes homosexuels un espace où ils puissent préparer et réfléchir à leur coming-out, de les aider à explorer les opportunités et les conséquences de leur divulgation. En leur proposant un accompagnement adapté nous pourrions favoriser la prévention du suicide au sein de cette communauté. L’analyse des processus de coping employés lors de leur coming-out constitue donc une étape préalable à l’élaboration de pistes de prise en charge adaptées aux difficultés rencontrées par les jeunes homosexuels. Références 1. 2. 3. 4. Suicide Prevention Resource Center. (2008). Suicide risk and prevention for lesbian, gay, bisexual, and transgenres jeunes. Newton, MA: Education Development Center, Inc. Remafedi, G., Farrow, J. A., Deisher, R. W. (1991). Risk factors for attempted suicide in gay and bisexual youth. Pediatrics, 87(6), 869-875. D’Augelli, A. R., Hershberger, S. L., Pilkington, N. W. (1998). Lesbian, gay, and bisexual youth and their families: Disclosure of sexual orientation and its consequences. American Journal of Orthopsychiatry, 68(3), 361-371. Graziani, P., Rusinek, S., Servant, D., Hautekèete-Sence, D., Hautekèete, M. (1998). Validation Française du Questionnaire de Coping « Ways of Coping Check-list Revised (W.C.C.-R.) et analyse des événements stressants du quotidien. Journal de Thérapie Cognitivo-Comportementale, 8(3), 100-112. Congrès psycho.indb 188 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 189 Personnalité, émotions, et violences au sein du couple Vandamme, Michel J. (Université Lille Nord de France). Introduction De nombreuses études anglo-saxonnes tendent à décrire les dimensions psychologiques particulières des auteurs de violences au sein du couple [1-2]. Des troubles de la personnalité [3], et l’abus d’alcool [4] seraient régulièrement diagnostiqués. Les études les plus récentes portent sur des difficultés de communication [5] et sur l’expression des émotions comme la colère [1, 6], des troubles émotionnels [7], un faible niveau d’intelligence émotionnelle [8], ou encore une forte réactivité émotionnelle automatique [9]. Quatre-vingt douze hommes mis en cause dans des violences conjugales mineures ont été rencontrés dans le cadre d’une mesure alternative aux poursuites (classement sous condition d’enquête sociale rapide, de rappel à la loi par délégué du procureur, et engagement dans une démarche de soins médico-psychologiques) Dans un premier temps, un entretien semi-structuré permettant de constituer l’anamnèse des participants permet l’hétéro-évaluation clinique de leurs habitudes de consommation d’alcool. Dans un deuxième temps, plusieurs auto-questionnaires régulièrement utilisés auprès d’échantillons violents leurs ont été proposés. 1) le Bermond and Vorst Alexithymia Questionnaire (BVAQ : [10]) mesure cinq dimensions décrivant l’alexithymie : Verbalisation des émotions, Vie fantasmatique, Identification des émotions, Excitabilité émotionnelle, et Analyse des émotions. 2) le Buss et Perry Aggressiveness Questionnaire (BPAQ, [11]) évalue quatre dimensions : Colère, Agression Physique, Agression verbale, et Hostilité. 3) la Barratt Impulsiveness Scale (BIS 11, [12]) évalue trois dimensions : Impulsivité Motrice, Impulsivité Cognitive, et Difficulté de planification. 4) la Sensation Seeking Scale (SSS-5, [13]) évalue quatre dimensions : Désinhibition, Danger / Aventure, Recherche de sensation, et Ennui / Susceptibilité. 5) le Parenting Bonding Instrument (PBI, [14]) évalue trois dimensions : soins apportés, déni d’autonomie et encouragement à la liberté. 6) le Temperament and Character Inventory – Revised (TCI-R, [15]) évalue 7 dimensions (quatre dimensions de tempérament : Recherche de Nouveauté, Évitement du Danger, Dépendance à la Récompense et Persistance, et trois dimensions de caractère Auto-Détermination, Coopération, et Auto-Transcendance). Les conduites d’alcoolisation seront évaluées avec le DETA (quatre questions portant sur la Diminution, l’Entourage, la consommation excessive -Trop, et le sevrage – besoin d’Alcool) dans le cadre de l’entretien clinique initial. mercredi matin Méthode Résultats Les scores moyens des participants ont été comparés à des standards disponibles dans la littérature. Enfin, parce que l’évaluation des conduites d’alcoolisation a permis de constituer deux groupes d’hommes auteurs de violences au sein du couple : avec problématique alcoolique et sans, des comparaisons ont été effectuées. Globalement, les participants présentent des scores significatifs à différentes dimensions de personnalité, à la dimension d’alexithymie (p. < .005) et l’ensemble de ses sous-dimensions (Verbalisation des émotions : p. < .005 ; Vie fantasmatique : p. < .005 ; Identification des émotions : p. < .005 ; Excitabilité émotionnelle : p. < .005 ; Analyse des émotions : p. < .05). Il présentent des scores significatifs à trois sous-dimensions d’agressivité (Colère : p. < .05 ; Agression Physique : p. < .005 ; Hostilité : p. < .005). Ils présentent des scores significatifs à l’ensemble des dimensions de styles éducatifs maternels (p. < .005) et deux sous dimensions de styles éducatifs paternels (Déni d’autonomie : p. < .005 ; Encouragement : p. < .005). Congrès psycho.indb 189 22/07/10 16:09 190 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Les participants présentant une problématique de consommation d’alcool ont des scores significativement plus élevés pour une sous-dimenstion d’alexithymie : Identification des émotions (p. < .05), et l’ensemble des sous-dimensions d’agressivité (Colère : p. < .005 ; Agressions physique : p. < .005 ; Agression verbales: p. < .005 ; et Hostilité : p. < .005). Discussions Nos résultats montrent que des hommes auteurs de violences au sein du couple sont alexithymiques (défaut de vie imaginaire, défaut d’identification et de verbalisation des émotions, défaut d’excitabilité émotionnelle et d’analyse des émotions), agressifs (agression physique, colère et hostilité), et ont eu des parents maltraitants (défaut de soins et infantilisation). Les participants présentant une problématique de consommation d’alcool sont davantage agressifs et ont davantage de difficulté d’identification des émotions. Ces résultats sont les premiers obtenus en France et orientent la compréhension des violences au sein du couple, et devraient pouvoir orienter la prise en charge. Références mercredi matin [1] Dixon L., Browne K. (2003). The heterogeneity of spouse abuse: a review. Aggression and Violent Behavior, 8: 107–130 [2] Capaldi DM., Kim HK. (2007). Typological approaches to violence in couples: A critique and alternative conceptual approach Clinical Psychology Review, 27: 253–265 [3] Dutton DG. (1994). Behavioral and affective correlates of Borderline Personality Organization in wife assaulters. Int J Law Psychiatry. 17(3):265-77 [4] O’Leary, KD. (1993). Through a psychological lens: Personality traits, personality disorders, and levels of violence. In R. J. Gelles, & D. R. Loseke (Eds.), Current controversies on family violence (pp. 7–30). Newbury Park, CA7 Sage [5] Ronan, GF., Dreer, LE., Dollard, KM., Ronan, DW. (2004). Violent Couples: Coping and Communication Skills. Journal of Family Violence, 19(2): 131-137 [6] Eckhardt CI, Samper RE, Murphy CM. (2008). Anger disturbances among perpetrators of intimate partner violence: clinical characteristics and outcomes of court-mandated treatment. J Interpers Violence.;23(11):1600-17 [7] Carraud L. Jaffé P-D, Sillitti-Dokic F. (2008). Attachement amoureux, agressivité émotionnelle et instrumentale chez des auteurs de violence conjugale. Pratiques psychologiques, 4: 481-490 [8] Winters J, Clift RJW., Dutton DG. (2004). An Exploratory Study of Emotional Intelligence and Domestic Abuse. Journal of Family Violence, 19(5): 255-267 [9] Babcock, JC, Green, CE, Webb, SA. (2005). Psychophysiological Profiles of Batterers: Autonomic Emotional Reactivity as It Predicts the Antisocial Spectrum of Behavior Among Intimate Partner Abusers. Journal of Abnormal Psychology, 114(3): 444-455 [10] Vorst H, Bermond B. (2001). Validity and reliability of the Bermond-Vorst Alexithymia Questionnaire. Pers Indiv Diff 30(3):413-434 [11] Buss AH, Perry M. The aggression questionnaire. J Pers Soc Psychol. 1992 Sep;63(3):4529. [12] Barratt ES, Patton JH. Impulsivity: cognitive, behavioral, and psychophysiological correlates. In: Zuckerman M, ed. Biological bases of sensation seeking, impulsivity, and anxiety. 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St Louis, Missouri: Washington University Congrès psycho.indb 190 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 191 Evolution des communications non-verbales et verbales au cours de la thérapie familiale d’adolescentes présentant une anorexie mentale Doba, Karyn (URECA, Université Lille Nord de France), Nandrino, Jean-Louis (URECA, Université Lille Nord de France), Berna, Guillaume (URECA, Université Lille Nord de France), Charpentier, Anne (Université Lille Nord de France), Pezard, Laurent (UMR 6149, Université de Provence). L’étude des processus de régulation des échanges familiaux impliquant les communications émotionnelles verbales et les communications non-verbales représente une étape importante pour comprendre les mécanismes de changements thérapeutiques dans la thérapie familiale. L’étude propose d’évaluer l’évolution des communications non-verbales et des communications émotionnelles verbales entre les membres des familles d’adolescentes présentant une anorexie mentale au cours de séances de thérapie familiale. 20 familles ont participé pendant 6 mois à des séances de thérapie familiale basées sur le modèle structural. Les séances de thérapie familiale ont été filmées et les comportements des membres de la famille ont été codés par des grilles mesurant les comportements non-verbaux d’affiliation et les communications conflictuelles. Les résultats montrent une diminution de la durée des contacts oculaires entre les membres de la famille en situation de communication conflictuelle. La thérapie familiale dans l’anorexie mentale permet de mettre en place de nouveaux mécanismes interpersonnels de régulation émotionnelle caractérisés par une modification des stratégies d’évitement conflictuel et des processus d’affiliation non-verbaux en situation conflictuelle. L’ensemble des résultats permet de discuter de l’intérêt des opérationnalisations empiriques des hypothèses cliniques et thérapeutiques dans la thérapie familiale. Introduction mercredi matin Résumé Un ensemble d’études empiriques a montré l’efficacité des thérapies familiales sur l’évolution symptomatique et clinique des patientes présentant une anorexie mentale (Dare & Eisler, 2000 ; Eisler et al., 2000; Wallin & Kronvall, 2002). Les résultats indiquent que la thérapie familiale est plus efficace dans le traitement de sujets dont l’anorexie mentale a débuté avant l’âge de 18 ans et d’évolution récente de moins de 3 ans (Dare & Eisler, 1997). La thérapie familiale diminue les degrés d’insatisfaction familiale, d’enchevêtrement intergénérationnel et de dépendance interpersonnelle (Eisler et al., 2000 ; Wallin &Kronvall, 2002). Ces études ont permis de dégager des critères plus précis d’indications de thérapie familiale et de clarifier la nature des composantes efficaces à l’intervention familiale dans l’anorexie. Cependant, les validations empiriques sur les mécanismes de changements thérapeutiques dans la thérapie familiale des patientes anorexiques ont principalement mis l’accent sur des mesures auto-évaluatives des processus relationnels au détriment des mesures comportementales des processus interpersonnels et émotionnels (Doba & Nandrino, 2008). L’étude quantitative des communications émotionnelles verbales et des communications non-verbales au cours des séances de thérapie familiale représente une étape importante pour la compréhension des mécanismes de changements thérapeutiques et pour le développement d’une nouvelle méthodologie permettant d’étudier les interactions complexes entre les membres de la thérapie familiale au cours du temps. L’étude propose d’évaluer l’évolution des communications non-verbales et des communications émotionnelles verbales entre les membres des familles d’adolescentes présentant une anorexie mentale au cours de séances de thérapie familiale. L’objectif est d’identifier les changements engendrés par la thérapie familiale sur les mécanismes de régulation interpersonnelle et d’affiliation familiale en situation émotionnelle. Méthode L’étude a porté sur 20 familles bi-parentales vivant dans le même foyer. Les 20 jeunes filles volontaires (âge moyen: 20.8 ans, SD: 2.85) présentaient une anorexie mentale de type restrictif selon les critères du DSM-IV (APA, 1994). Les critères d’exclusion concernaient la présence d’un trouble dépressif ou anxieux (Axe 1 du DSM-IV) et d’antécédents récents d’abus de drogues ou d’alcool. L’indice de masse corporelle (IMC) lors de l’inclusion dans l’étude des patientes Congrès psycho.indb 191 22/07/10 16:09 192 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 anorexiques s’étendait de 12.11 ‚16.81 (moyenne: 14, SD: 1.81) et les troubles alimentaires évoluaient depuis au moins six mois (moyenne: 3.32, SD: 2.15). Les familles ont participé à des séances de thérapie familiale basées principalement sur le modèle structural (Minuchin1998). Dans les séances de thérapie familiale, seuls les parents et l’adolescente présentant une anorexie restrictive ont été inclus. Le système thérapeutique se composait de 4 participants : la patiente, la mère, le père et le thérapeute familial. La première séance de thérapie familiale a été réalisée lors de l’hospitalisation de la patiente anorexique. Les séances ont été poursuivies en dehors de la période d’hospitalisation pendant une durée de 6 mois en raison d’une séance par mois. L’enregistrement des séances de thérapie familiale s’est fait sur support vidéo et les films ont ensuite été codés à partir de grilles d’observations (Simoneau et al., 1996). Les grilles d’observation ont permis de coder les comportements de chaque membre de la famille : comportements non-verbaux d’orientation du regard et les comportements verbaux conflictuels et non conflictuels. Résultats mercredi matin Les résultats montrent une augmentation de la fréquence des communications conflictuelles entre les membres de la famille au cours des séances de thérapie familiale. Les résultats mettent également en évidence une diminution de la durée des contacts oculaires entre les membres de la famille en situation de communication conflictuelle. Discussion La thérapie familiale dans l’anorexie mentale permet de mettre en place de nouveaux mécanismes interpersonnels de régulation émotionnelle caractérisés par une modification des stratégies d’évitement conflictuel et des processus d’affiliation non-verbaux en situation conflictuelle. Enfin, l’ensemble des résultats permet de discuter de l’intérêt des opérationnalisations empiriques des hypothèses cliniques et thérapeutiques dans la thérapie familiale. Références Dare, C. & Eisler, I. (2000). A multi-family group day treatment programme for adolescent eating disorder. European Eating Disorders Review, 8 :4-18 Eisler, I., Dare, C., Hodes, M., Russell, G., Dodge, E., & Le Grange, D. (2000). Family therapy for adolescent anorexia nervosa. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 41(6) :727-736 Wallin, U. & Kronvall, P. (2002). Anorexia nervosa in teenagers : Change in family function after family therapy, at 2-year follow-up. Nordic Journal of Psychiatry, 56(5) :363-369 Doba K. & Nandrino J. L. (2008) Dérèglements émotionnels dans l’anorexie mentale : Une perspective interactionniste. Bulletin de Psychologie, 61(2) : 145-157 Congrès psycho.indb 192 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 193 Session Psychologie cognitive 2 Une approche linguistique des apprentissages moteurs Louis, Fabrice (Archives Poincare). Langage, communication et maladie d’alzheimer : état de l’art Lefebvre, Laurent (Université de Mons). Sensibilité à l’information latérale au cours de l’identification de mots chez les lecteurs de CE2 et CM2 Khelifi, Rachid (URECA, Université Lille Nord de France), Sparrow, Laurent (URECA, Université Lille Nord de France), Casalis, Severine (URECA, Université Lille Nord de France). Effet du voisinage orthographique émotionnel dans la reconnaissance visuelle des mots : étude en potentiels évoqués La surgénéralisation des souvenirs autobiographiques chez les polyconsommateurs de substances : déficit des fonctions éxecutives ou stratégie de régulation des émotions Gandolphe, Marie-Charlotte (Université de Lille Nord de France), Nandrino, Jean-louis (URECA, Université de Lille Nord de France), Hancart, Sabine (Centre hospitalier Dr Schaffner, département d’addictologie “Le Square”, Lens.), Vosgien, Véronique (Centre hospitalier Dr Schaffner, département d’addictologie “Le Square”, Lens), Bochand, Laure (Université Lille Nord de France). Congrès psycho.indb 193 mercredi matin Gobin, Pamela (Université Bordeaux 2), Mathey, Stéphanie (Université Bordeaux 2), Faïta-Aïnseba, Frédérique (Université Bordeaux 2). 22/07/10 16:09 194 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Une approche linguistique des apprentissages moteurs Louis, Fabrice (Archives Poincare). Résumé Je fais ici l’hypothèse qu’on peut rapprocher l’analyse du processus psychologique qui conduit à affirmer une certaine proposition de celle que l’on peut élaborer lorsqu’on s’intéresse à la capacité d’agir, de manière à mieux cerner la nature des résistances qui existent lors de certains apprentissages moteurs. Introduction mercredi matin Pour simplifier, comparons l’expression du mot à une unité motrice de base que l’on peut assimiler à un geste simple, accessible à toute personne au sortir de l’enfance. De même, comparons la proposition (combinaison de mots constituant une affirmation) à une coordination de gestes simples. Postulons enfin qu’être en situation de répondre à quelqu’un nous adressant la parole équivaut à agir lorsque notre environnement nous y incite. Remarquons au préalable, que le rapprochement n’a rien de nouveau : pour créer des robots capables d’effectuer certaines tâches, il a été nécessaire de s’interroger sur le langage. Malheureusement, il nous semble que parfois cet exemple constitue aussi un obstacle épistémologique pour la compréhension de l’apprentissage. Car, nous réduisons implicitement ce processus à une combinaison de calculs et d’automatismes. S’il paraît vain de nier l’intérêt de concevoir la pensée comme un processus de calculs issu du fonctionnement des neurones, il n’en reste pas moins qu’il semble efficace parfois de l’oublier et dans une sorte de changement d’échelle d’observation, de chercher à « résumer » cet aspect algorithmique dans une description qui intègre l’intentionnalité de l’acte. Argumentation Lorsqu’un enfant confronté à une des difficultés majeures du volley est en échec : doit-on affirmer que cet échec est du à des erreurs ? Ne vaut-il pas mieux tenter de trouver un sens au comportement pour éviter de le réduire à un disfonctionnement ? Voici ce qui constitue le cœur de cet essai : dans la perspective que nous adopterons, tout ce qui dans un comportement apparaît à un observateur comme pouvant être éventuellement volontaire doit être traité avec autant d’attention que s’il l’était. Si notre objectif est de réaliser des prédictions sur le comportement d’un homme ou de le transformer, il n’y aura alors plus lieu de distinguer un comportement volontaire d’un comportement qui aurait pu l’être. En effet seuls l’intention et le sens qu’on peut donner au comportement doivent être pris en compte. La psychanalyse semble nous inciter à tenir cette position lorsqu’elle considère que le lapsus est chargé de sens. Car si le lapsus révèle que l’acte de langage peut être organisé sans qu’une intention consciente de lui donner le sens qu’il a, soit présente, c’est que le lapsus révèle aussi une disjonction possible entre le processus qui produit des comportements sensés et la volonté ou l’intention consciente. Ce qu’on admet dans l’échange verbal, le nierait-on dans l’échange moteur ? N’est-il peut être judicieux de considérer qu’il réside dans l’acte moteur quelque chose qui s’apparente à une forme de croyance, même quand l’homme qui agit n’a pas conscience de cette croyance ? Pour distinguer l’une de l’autre, j’appellerai proto-croyance la première. Or, dans une compétition, « la pression du résultat », expression bien connue des milieux sportifs, influence l’importance qu’on attribue à certaines croyances aux détriments d’autres et modifie parfois de façon « catastrophique » le comportement. C’est là un phénomène qui a de l’intérêt pour nous car la transformation d’un comportement moteur peut être perçue, au sens où R. Thom l’entend, comme une catastrophe. Cela signifie que contrairement à ce qu’on pense habituellement, les transformations comportementales liées aux apprentissages moteurs peuvent apparaître très rapidement (en moins d’une minute par exemple). Nous envisagerons donc ce qui nous semble être une triple contrainte psychologique s’exerçant sur une personne qui agit : 1) elle se condamne à réussir : implicitement la motricité mise en œuvre se doit d’être réalisée, qu’elle conduise ou non au but recherché. 2) elle fait un pari, résultat d’une certaine forme d’induction : celui de valeur de la motricité choisie. Congrès psycho.indb 194 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 195 3) elle simplifie son environnement pour le comprendre : nous identifierons cette ressource comme la découverte d’une certaine forme d’analogie entre les expériences présentes et passées. Nous étudierons l’interdépendance de ces trois facteurs et leurs conséquences pour l’enseignement en Education Physique et Sportive. Conclusion L’introduction de ces deux nouveaux concepts que nous appellerons « proto-analogie » et « proto-induction » doivent nous aider à cerner ce qui oriente la motricité. Nous devons faire apparaître donc la nature opératoire de ces concepts. Ce n’est pas la seule caractéristique que doivent posséder en commun la proto-analogie et la proto-induction. En les faisant dériver à la fois d’une conception physiologique et psychologique de l’apprentissage, nous proposons dans cette communication d’illustrer la possibilité d’envisager des intersections entre des théories considérées habituellement comme opposées. Ces deux concepts devront aussi apparaître comme le résultat d’une combinaison entre l’approche externaliste élaborée par L. Wittgenstein et l’approche internaliste des sciences. Références Langage, communication et maladie d’alzheimer : état de l’art Lefebvre, Laurent (Université de Mons). Avec le vieillissement de nos sociétés occidentales, l’intérêt porté aux pathologies liées à l’âge, et au premier chef les démences, n’a cessé de croître. Bien que les troubles mnésiques soient généralement évoqués lorsqu’il est question de diagnostic dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, des perturbations au niveau du langage sont également très souvent relevées (Eustache et Lechevalier, 1993). Ainsi, certains patients peuvent présenter comme trouble inaugural des problèmes langagiers, notamment si le début de la maladie s’avère précoce (avant 65 ans ; Boller et al., 1996) ou s’il s’agit d’une forme familiale (Juillerat et al., 2000)., Mickes et al. (2007) avancent même que les troubles du langage peuvent être mis en évidence à un stade préclinique, jusqu’à deux ans avant la pose du diagnostic. L’examen de ce genre de troubles offre donc potentiellement une très grande valeur diagnostique. Pourtant force est de constater que le domaine du langage, et plus largement de la communication chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer (MA), a fait l’objet d’un intérêt moindre de la part du monde scientifique que le domaine de la mémoire. L’un des premiers modèles tentant de rendre compte de l’évolution du langage dans la maladie d’Alzheimer est proposé en 1988 par Huff. Celui-ci affirme que les trois stades de la maladie d’Alzheimer, habituellement diagnostiqués sur base de tests généraux comme le MMSE de Folstein et al. (1975), peuvent également se caractériser chez le patient par des troubles du langage de degrés de gravité différents. Dans un travail récent, nous avons vérifié, et partiellement confirmé, la pertinence d’une vision selon laquelle la dégradation des fonctions langagières serait corrélée à la dégradation cognitive des patients francophones (Lefebvre 2007, 2009). Nos résultats ont confirmé que les aptitudes à la production (à l’exception des activités de répétition, relativement préservées jusqu’au terme de la maladie) et la compréhension orale tendent à se dégrader au fur et à mesure de l’avancée de la maladie. Par contre, les activités de lecture sont préservées jusqu’à un stade avancé, alors même que la production écrite est altérée précocement. Nous procéderons ci-après à un état de l’art concernant les observations faites dans chaque sphère langagière, à savoir les aspects phonologiques, lexico-sémantiques, syntaxiques et pragmatiques. Les altérations phonologiques Les altérations phonologiques, et articulatoires, sont peu rencontrées chez les patients MA jusqu’au début du troisième stade (Patel et Satz, 1994). Cette observation est d’ailleurs cohérente avec le constat d’une préservation des capacités de répétition jusqu’à un stade avancé de la maladie, ceci excluant l’atteinte de la programmation et de l’articulation (Lefebvre, 2008). Toutefois, une étude de Croot et al. (2000) montre que ces altérations peuvent être aussi présentes très tôt chez ces mêmes patients. Les altérations lexicosémantiques Les phénomènes anomiques, et plus généralement lexico-sémantiques chez le patient Congrès psycho.indb 195 mercredi matin R.Thom, Apologie du Logos, Hachette (1990) L.Wittgenstein, Recherches Philosophiques, Gallimard (2001) 22/07/10 16:09 196 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mercredi matin MA sont très fréquemment relevés et relativement bien documentés (Cardebat et al., 1991). Il existe un foisonnement de résultats portant sur les tâches de dénomination/reconnaissance d’objets et de fluences verbales, nous discuterons de la portée de ceux-ci dans la compréhension des mécanismes cognitifs préservés et altérés. Les altérations syntaxiques Au niveau phrastique, un consensus existe sur la préservation de la compétence chez les patients MA (e.g. Hier et al., 1985). Toutefois, un autre ensemble d’études rapporte un déclin chez les patients Alzheimer au niveau dedits processus (Bickel et al., 2000 ; Small et al., 1997a). Les altérations pragmatiques Très tôt, l’hypothèse d’un déficit des processus discursifs et pragmatiques à la base des troubles du langage chez les personnes MA a été avancée (Hutchinson et Jensen, 1980). Des résultats ont été rapportés tant lors d’activités de production que de compréhension du langage, qu’il soit parlé ou écrit. Concernant le versant productif, le discours se caractérise par un appauvrissement sémantique amenant de nombreuses périphrases (Forbes et al., 2002), un ralentissement du débit, la présence de persévérations et un usage parfois fréquent de pronoms sans référents décelables (Hier et al., 1985). Concernant la lecture, nous avons pu montrer (Lefebvre, 2007) que comparativement aux autres habiletés langagières, la lecture était relativement bien préservée, même au stade terminal de la maladie, mais dans ses aspects les plus simples (lecture et compréhension de lettres, de mots). Les aspects plus globaux, relevant de la cohérence de texte, s’altèrent à un stade intermédiaire de la maladie, voire à un stade précoce (Croot et al., 1999). Ainsi, Hudon et al. (2006) constatent une difficulté chez les patients Alzheimer à aussi bien relever les points importants d’un texte qu’à se souvenir des détails. Toutefois la production n’est en rien altérée, mais seulement la compréhension. Quant à la production écrite, il semble y avoir une altération très précoce de cette compétence, voir préclinique (Lutz et al., 2009). Les textes sont ainsi plus courts, contiennent moins d’informations, les phrases sont moins complexes syntaxiquement, bien que les patients ne commettent pas plus d’erreurs grammaticales (Croisile et al., 1996). Croisile et al. (1996, voir également Glosser et Kaplan, 1989) constatent également un grand nombre de substitutions ou d’intrusions sémantiques, ainsi qu’une altération de l’orthographe (Croisile, 2005). Le type de difficulté le plus rencontré chez les patients est la présence d’une dysgraphie de surface : ainsi, écrire des mots ambigus ou irréguliers constitue très précocement une difficulté majeure (Croisile, 1999). Enfin, un champ nouveau dans l’étude de la pragmatique chez les patients MA concerne l’étude de la prosodie dans les pathologies neurodégénératives. Il semble que la production et la compréhension de la prosodie, tout particulièrement émotionnelle, soient précocement altérées chez ceux-ci (Roberts et al., 1996 ; Taler et al., 2008). Toutefois, une confirmation de l’intérêt de ce champ de recherche reste nécessaire, vu la relative absence de travaux dans ce domaine. L’ensemble de ces résultats indique que l’étude du langage dans la maladie d’Alzheimer est complexe, certaines altérations étant précoces, d’autres compétences étant maintenues longtemps. Le défi que nous nous proposons de relever est d’intégrer l’ensemble de ces résultats afin de proposer un modèle unifié des comportements langagiers des patients MA, qui permettra d’affiner tant le versant diagnostique que celui de la prise en charge. Congrès psycho.indb 196 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 197 Sensibilité à l’information latérale au cours de l’identification de mots chez les lecteurs de ce2 et cm2 Khelifi, Rachid (URECA, Université Lille Nord de France), Sparrow, Laurent (URECA, Université Lille Nord de France), Casalis, Severine (URECA, Université Lille Nord de France). Résumé Introduction Lorsque nous lisons un texte, nous prélevons des informations issues des mots fixés mais également une partie de l’information des mots situés immédiatement à leur droite. Nous exploitons ainsi à chaque fixation une région de texte qui peut s’étendre de 3-4 caractères à gauche du point de fixation jusqu’à 14-15 caractères à droite du point de fixation. La région à partir de laquelle nous prélevons de l’information, appelée aussi empan perceptif, est asymétrique. Davantage d’informations sont extraites à droite qu’à gauche du point de fixation. La taille de cette région varie selon la difficulté du mot traité en position fovéale. Elle est moins étendue lorsque nous identifions un mot difficile qu’un mot facile (Henderson & Ferreira, 1990). La majorité des recherches sur l’acquisition de l’information latérale ont été menées chez le lecteur expert (Rayner, 1998). Peu de données ont été obtenues chez l’apprenti lecteur, laissant ainsi les aspects développementaux peu documentés. Jusqu’à présent, les seules études menées dans ce domaine ont montré que la taille de l’empan perceptif était plus petite chez l’apprenti lecteur que chez le lecteur expert. La quantité totale d’information extraite au cours d’une fixation augmente au fur et à mesure du développement des habilités en lecture (Häikiö & al., 2009; Rayner, 1986). Nous proposons d’utiliser une tâche d’identification de mots présentés avec ou sans distracteurs latéraux qui sont soit lexicaux (mots), soit non lexicaux (symboles). La détérioration du taux d’identification des mots observée en présence de distracteurs est utilisée comme indice d’une prise effective d’information latérale. Dans notre étude, quatre questions sont posées. Premièrement, l’apprenti lecteur est-il capable d’extraire de l’information latérale lorsqu’il identifie des mots en région fovéale ? Deuxièmement, l’apprenti lecteur prélève-il davantage d’information à droite du point de fixation qu’à gauche du point de fixation ? Troisièmement, la complexité du traitement de l’information fovéale diminuet-elle la quantité d’information latérale extraite par le lecteur apprenti ? Quatrièmement, les perturbations observées sur le traitement fovéal sont-elles la conséquence d’un traitement lexical de l’information latérale ou simplement le résultat d’une perturbation des ressources attentionnelles liée à la présence de cette information ? mercredi matin Notre étude examine chez les lecteurs apprentis la sensibilité à l’information latérale lorsque des mots sont identifiés en vision centrale. Une tâche d’identification de mots fréquents ou peu fréquents est proposée à des lecteurs de CE2 et de CM2. Ces mots sont présentés seuls, ou avec un distracteur latéral, celui-ci étant un mot ou une suite de symboles. La détérioration du taux d’identification des mots en présence de distracteurs est utilisée comme indice d’une extraction effective de l’information latérale. Les résultats révèlent que dès le CE2, l’identification de mots en région fovéale s’accompagne d’une extraction de l’information latérale. Moins d’information latérale est extraite par les lecteurs apprentis lors de l’identification de mots peu fréquents que lors de l’identification de mots fréquents. La présence d’information latérale entraîne une détérioration du traitement de l’information fovéale. Si cette détérioration peut s’expliquer en partie par un traitement lexical réalisé sur l’information latérale, elle est aussi la conséquence d’une diversion des ressources attentionnelles chez l’apprenti lecteur. Matériel et Méthode 120 participants de CE2 et 120 participants de CM2 sont répartis aléatoirement dans une des quatre expériences proposées dans cette étude. Dans chaque expérience, le sujet doit identifier un mot présenté seul ou avec un distracteur. Les cibles peuvent être fréquentes (expériences 1 & 3) ou rares (expériences 2 & 4). Les distracteurs sont soit des mots de HF (expériences 1 & 2), soit des suites de symboles sans signification (expériences 3 & 4). Les cibles ont été sélectionnées à partir de la base Manulex-Infra (Peereman & al., 2007). Deux listes de 128 items ont été constituées, l’une avec des mots de haute fréquence, l’autre avec des Congrès psycho.indb 197 22/07/10 16:09 198 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mots de basse fréquence. Dans chaque liste, 64 items sont composés de cibles présentées seuls et 64 items de cibles présentées avec un distracteur. Lorsqu’il est présent, le distracteur apparaît dans le champ visuel gauche ou droit, en étant proche ou éloigné du mot cible. Une tâche d’identification perceptive de mots est proposée. Les items sont présentés avec une durée inférieure à 175ms. Les participants doivent identifier la cible présentée au centre de l’écran en la nommant, sans tenir compte des distracteurs et en évitant tout mouvement oculaire. On relève dans chaque catégorie d’items le pourcentage d’identification correcte. Résultats et Discussion mercredi matin Chez les CE2 et les CM2, le taux d’identification des cibles présentées avec un distracteur est moins élevé que celui des cibles présentées seules. Ce taux n’est pas davantage détérioré par les distracteurs en champ visuel droit que ceux en champ visuel gauche. Lorsque la cible est fréquente, son identification est perturbée par les distracteurs proches mais également par les distracteurs éloignés. En revanche, lorsque la cible est peu fréquente, seuls les distracteurs proches perturbent son identification. Dans le cas où les distracteurs sont non lexicaux, seuls ceux qui sont proches perturbent l’identification des cibles, que ces dernières soient fréquentes ou non. Les deux groupes de lecteurs prélèvent de l’information latérale au cours de l’identification de mots en région fovéale. Ils extraient autant d’information à gauche qu’à droite du point de fixation. Contrairement à ce qui est observé lors de l’identification des mots fréquents, l’identification des mots peu fréquents s’accompagne d’une prise d’information latérale à partir d’une région plus restreinte. Par conséquent, moins d’information latérale est extraite lorsque le traitement fovéal est rendu difficile. Les mots peu fréquents étant plus difficiles à identifier que les mots fréquents, davantage de ressources attentionnelles leurs sont consacrées, rendant ainsi moins probable le traitement de l’information latérale dont le rôle reste ici accessoire. L’effet perturbateur de l’information latérale chez l’apprenti lecteur n’est pas uniquement le résultat d’un traitement lexical tel que cela a été mis en évidence chez l’adulte (Lee & Kim, 2009), mais également le résultat d’une diversion des ressources attentionnelles. Références Lee, C.H. & Kim, K. (2009). Word processing in the parafoveal region. International Journal of Psychology, Vol. 44, (5), 369-377. Häikiö, T., Bertram, R., Hyönä, J., & Niemi, P. (2009). Development of the letter identity span in reading: Evidence from the eye movement moving window paradigm. Journal of Experimental Child Psychology, 102, 167-181. Henderson, J. M., & Ferreira, F. (1990). The effects of foveal difficulty on the perceptual span in reading: Implications for attention and eye movement control. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, 16, 417-429. Rayner, K. Eye movements in reading and information processing: Twenty years of research. Psychological Bulletin, 1998, 124, 372-422. Rayner, K. (1986). Eye movements and the perceptual span in beginning and skilled readers. Journal of Experimental Child Psychology, 41, 211-236. Congrès psycho.indb 198 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 199 Effet du voisinage orthographique émotionnel dans la reconnaissance visuelle des mots : étude en potentiels évoqués Gobin, Pamela (Université Bordeaux 2), Mathey, Stéphanie (Université Bordeaux 2), Faïta-Aïnseba, Frédérique (Université Bordeaux 2). L’étude a pour objectif d’examiner la précocité de l’activation du système affectif médié par le lexique orthographique dans la reconnaissance visuelle des mots, en observant les corrélats électrophysiologiques du voisinage orthographique émotionnel. Les paires créées étaient composées d’un mot amorce, négatif ou neutre, qui était le voisin orthographique le plus fréquent d’une cible neutre (ex. : poisonTOISON ; salon-TALON).L’activité cérébrale était enregistrée lors d’une tâche de décision lexicale amorcée. L’amorce, qui correspondait au voisin plus fréquent ou à une amorce contrôle, était présentée pendant 66 ms (Expérience 1) ou 166 ms (Expérience 2). Les résultats montrent un effet d’amorçage orthographique sur deux positivités précoces (P150/P300) et sur deux négativités plus tardives (N300/ N400). Cet effet interagit avec la valence émotionnelle du voisin plus fréquent : la différence d’amplitude de la P150 n’apparaît que lorsque le voisin plus fréquent est négatif alors que la modulation d’amplitude de la N400 n’est significative que s’il est neutre. L’apparition de ces composantes dépend de la durée de présentation de l’amorce. Ces résultats suggèrent que l’augmentation d’amplitude de la N400 serait un corrélat de l’inhibition orthographique exercée par les voisins et soulignent l’influence affective précoce lors de la reconnaissance visuelle de mots. Introduction L’objectif de cette étude est de préciser l’activation du système affectif via le lexique orthographique en examinant les corrélats électrophysiologiques du voisinage orthographique émotionnel. Dans le domaine de la reconnaissance visuelle des mots, un ralentissement a été observé lorsque les mots possèdent des voisins orthographiques plus fréquents (mots de même longueur différant par une seule lettre ; ex. : talon et salon). Plusieurs études ont ainsi montré un effet d’amorçage orthographique inhibiteur pour un voisin amorce présenté 60 ms (Segui & Grainger, 1990 ; voir aussi Mathey, Robert & Zagar, 2004) ou 175 ms (Burt, 2009) et 200 ms (Robert & Mathey, 2007). Des données électrophysiologiques récentes ont permis de préciser le décours temporel de l’accès au lexique. Ainsi, une N250 serait plus ample pour des amorces non reliées orthographiquement que pour des amorces voisins orthographiques mots ou pseudomots alors que l’amplitude de la N400 serait réduite uniquement pour des amorces voisins orthographiques pseudomots (Massol, Grainger, Dufau & Holcomb, 2010). D’autre part, la reconnaissance visuelle des mots est influencée par leur valence émotionnelle. Les mots négatifs ont un seuil d’accès à la conscience plus faible que les mots neutres (Gaillard et al., 2006). Plusieurs études en potentiels évoqués mettent en évidence que la valence négative des mots influencerait des composantes précoces (pour une revue voir Kissler, Assadollahi & Herbert, 2006). Dans la présente étude, les corrélats électrophysiologiques ont ainsi été recueillis pour déterminer si la valence émotionnelle négative des voisins plus fréquents pourrait influencer la reconnaissance visuelle des mots. mercredi matin Résumé Matériel et Méthode 19 étudiants (Expérience 1) et 20 étudiants (Expérience 2), de langue maternelle française et droitiers, ont participé à l’étude. Les 88 mots cibles neutres avaient un voisin orthographique plus fréquent qui était neutre (ex. : salon pour TALON) ou négatif (ex. : poison pour TOISON). Les mots cibles ont été appariés notamment en fonction de leur fréquence, de la différence de fréquence avec leur voisin plus fréquent et de leur valence émotionnelle. Les mots ont été présentés dans deux tâches de décision lexicale Go/NoGo amorcées. Après la présentation d’un masque (500 ms), l’amorce en minuscules était affichée pendant 66 ms (Expérience 1) ou 166 ms (Expérience 2). Elle correspondait soit au voisin orthographique plus fréquent, soit à une amorce contrôle non alphabétique (&&&&&) fournissant une condition de base identique pour les mots cibles possédant un voisin neutre ou émotionnel. La cible en majuscules était enfin projetée jusqu’à la réponse du participant ou pendant 2500 ms. Les participants devaient Congrès psycho.indb 199 22/07/10 16:09 200 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 appuyer sur la touche de réponse uniquement si l’item était un mot de la langue française. Durant la tâche, l’activité cérébrale était enregistrée à l’aide d’un casque à 19 électrodes. Résultats et Discussion mercredi matin Les résultats de l’Expérience 1 (SOA=66 ms) montrent un effet d’amorçage significatif sur la P150, la N200 (p<.05) et la N400 (p<.05) qui interagit avec la valence du voisin plus fréquent (p<.05). La P150 est plus importante pour un mot amorce voisin plus fréquent alors que la N200 apparaît pour une amorce contrôle. Cet effet n’apparaît que si le voisin plus fréquent est négatif. La N400 est plus ample pour les mots précédés de leur voisin mais cet effet n’est significatif que si ce voisin est neutre. Les résultats de l’Expérience 2 (SOA=166 ms) révèlent un effet significatif d’amorçage orthographique sur la N200 (p<.05) et sur la P300 (p<.01), leur amplitude étant plus importante pour les mots précédés d’une amorce contrôle. Par ailleurs, le pic de la négativité consécutive à la P300 est plus précoce pour les mots précédés de leur voisin plus fréquent (p<.01). Dans l’ensemble, les résultats suggèrent une influence affective précoce de mots amorces voisins plus fréquents avant même que le traitement orthographique des mots cibles ne soit achevé. Par ailleurs, une N400 précoce pourrait correspondre au corrélat électrophysiologique de l’inhibition exercée par ces voisins orthographiques plus fréquents. Enfin, l’apparition des composantes précoces serait dépendante de la durée de présentation de l’amorce. Le système affectif pourrait donc être activé précocement via le lexique orthographique. Cette activation affective modifierait alors deux composantes précoces sous-tendant le traitement orthographique des mots. Le rôle des différents types d’amorce est discuté dans le cadre d’un modèle de reconnaissance des mots adapté au traitement affectif. Références Burt, J. S. (2009). Identifiable orthographically similar word primes interfere in visual word identification. Journal of Memory and Language, 61, 259-284. Gaillard, R., Del Cul, A., Naccache, L., Vinckier, F., Cohen, L., & Dehaene, S. (2006). Non conscious semantic processing of emotional word modulates conscious accesss. Proceedings of the National Academy Sciences of the United States of America, 103, 7524-7529. Kissler, J., Assadollahi, R., & Herbert, C. (2006). Emotional and semantic networks in visual word processing: insights from ERP studies, Progress in Brain Research, 156, 147-183. Massol, S., Grainger, J., Dufau, S., & Holcomb, P. (2010). Masked priming from orthographic neighbors: an ERP investigation. Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance, 36, 162-174. Mathey, S., Robert, C., & Zagar, D. (2004). Neighbourhood distribution interacts with orthographic priming in the lexical decision task. Language and Cognitive Processes, 19, 533-559. Robert, C., & Mathey, S. (2007). La distribution du voisinage influence l’amorçage orthographique non masqué des mots écrits. Psychologie française, 52, 171-181. Segui, J., & Grainger, J. (1990). Priming word recognition with orthographic neighbors: effects of relative prime-target frequency. Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance, 16, 65-76. Congrès psycho.indb 200 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 201 La surgénéralisation des souvenirs autobiographiques chez les polyconsommateurs de substances : déficit des fonctions éxecutives ou stratégie de régulation des émotions Gandolphe, Marie-Charlotte (Université de Lille Nord de France), Nandrino, Jean-Louis (URECA, Université de Lille Nord de France), Hancart, Sabine (Centre hospitalier Dr Schaffner, département d’addictologie “Le Square”, Lens.), Vosgien, Véronique (Centre hospitalier Dr Schaffner, département d’addictologie “Le Square”, Lens), Bochand, Laure (Université Lille Nord de France). Cette recherche vise à déterminer si les troubles des fonctions exécutives observés chez les polyconsommateurs entrent en jeu dans la surgénéralisation des souvenirs autobiographiques et si ce phénomène peut également être envisagé comme une stratégie de régulation de l’émotion dans cette population. 60 patients dépendants et 60 individus contrôles ont été soumis à des tests mesurant l’utilisation de stratégies d’évitement cognitifs (WBSI, TCAQ, AAQ II, QEC) et la mémoire autobiographique (AMT, AMT-R) Les scores à l’AMT dénotent l’existence d’un lien entre la surgénéralisation des souvenirs et l’utilisation de stratégies d’évitement, appuyant l’hypothèse d’une fonction d’évitement émotionnel de la surgénéralisation. En revanche, les scores à l’AMT R minimisent l’impact d’un trouble des fonctions exécutives en jeu dans la surgénéralisation chez les polyconsommateurs. Introduction La récupération des souvenirs autobiographiques est un processus qui requiert l’utilisation des fonctions exécutives dont le déficit aboutit à une plus grande difficulté dans la reconstruction des souvenirs spécifiques et à une prévalence du rappel de souvenirs généraux [2, 10]. Selon le modèle caRFAX de Williams et al. (2007), la surgénéralisation des souvenirs autobiographiques correspond également à un processus d’évitement fonctionnel permettant de réduire la survenue de l’émotion associée à la spécification du souvenir et peut être envisagé comme une stratégie d’évitement cognitif [10]. Chez les individus dépendants, de nombreuses recherches ont mis en évidence l’effet délétère des substances sur les fonctions exécutives [9] mais aussi des perturbations émotionnelles au niveau de l’identification des émotions ou de leur régulation [1]. Dans cette population, la surgénéralisation des souvenirs a déjà été observée [3]. Le but de cette étude est de déterminer si les troubles des fonctions exécutives entrent en jeu dans ce phénomène et si celui-ci peut également être envisagé comme une stratégie de régulation de l’émotion dans cette population. La surgénéralisation sera étudié au cours d’une tâche de rappel de souvenirs autobiographiques classique ou inversée: les patients doivent rappeler des souvenirs spécifiques (test classique) ou généraux (test inversé) en réponse à des mots cibles. En situation classique, un phénomène de surgénéralisation du rappel des souvenirs devrait être observé chez les patients dépendants. En revanche en situation inversée, une plus grande spécificité des souvenirs indiquerait une difficulté à inhiber les informations parasites (les souvenirs spécifiques), et révèlerait un trouble des fonctions exécutives en jeu dans le phénomène de surgénéralisation [2]. mercredi matin Résumé Matériel et méthode 60 patients dépendants à plusieurs substances selon les critères du DSM-IV et 60 individus contrôles ont été inclus dans cette étude. Ils ont été soumis au White Bear Suppression Inventory (WBSI) [8], au Thought Control Ability Questionnaire (TCAQ) [4], à l’Acceptance and Action Questionnaire 2 (AAQ II) [8] et au questionnaire d’évitement cognitif (QEC) [5] afin de mesurer l’utilisation de stratégies d’évitement. La mémoire autobiographique des participants a été évaluée à partir de l’Autobiographical Memory Test (AMT) [7] au cours duquel il leur est demandé de rappeler des souvenirs spécifiques en réponse à 20 mots cibles émotionnels. De façon aléatoire, la moitié des participants passaient la version classique de l’AMT, et l’autre moitié la version inversée (AMT-R) [2] dont la consigne est de rappeler des souvenirs généraux en réponse aux mêmes 20 mots cibles. Congrès psycho.indb 201 22/07/10 16:09 202 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Résultats Les scores au WBSI, au TCAQ, à l’AAQ II et au QEC démontrent une plus grande utilisation des stratégies d’évitement cognitif par les individus dépendants que par les individus contrôles. Les résultats à l’AMT-R montrent une prévalence de souvenirs généraux rappelés pour l’ensemble des participants, tandis que les résultats à l’AMT dénotent un nombre de souvenirs généraux rappelés significativement plus important pour les individus dépendants que pour les individus contrôles. Enfin, pour l’ensemble des participants, le niveau de généralité des souvenirs est corrélé aux scores des tests mesurant l’utilisation de stratégies d’évitement. Discussion mercredi matin Les résultats à l’AMT-R suggère qu’un trouble des fonctions exécutives ne serait pas le facteur majeur entrant en jeu dans le phénomène de surgénéralisation chez les individus dépendants. En effet, il apparaît que lorsque la consigne de l’AMT est inversée, les individus dépendants sont capables de fournir une réponse appropriée. A contrario, l’hypothèse d’un évitement émotionnel fonctionnel sous-tendant le phénomène de généralisation est renforcée par nos résultats au test mesurant les stratégies d’évitement cognitif. Ces derniers attestent de la prévalence de l’utilisation de stratégies d’évitement cognitif chez les individus dépendants et de l’existence d’un lien entre leur utilisation et la surgénéralisation des souvenirs. Ces résultats soutiennent l’hypothèse d’une fonction d’évitement émotionnel dans le phénomène de surgénéralisation des souvenirs autobiographiques chez les individus dépendants. Références [1] Carton, S., Bayard, S., Paget, V., Jouanne, C., Varescon, I., Edel, Y., Detilleux, M. (2010). Emotional awareness in substance-dependent patients. Journal of Clinical Psychology, 66, 1-12. [2] Dalgleish, T., Williams, J. M. G., Golden, A. J., Perkins, N., Barrett, L. F., Barnard, P. J., Au Yeung, C., Murphy, V., Elward, R., Tchanturia, K., & Watkins, E. (2007). Reduced specificity of autobiographical memory and depression: the role of executive control. Journal of Experimental Psychology, 136(1), 23-42. [3] Gandolphe, M. C., Nandrino, J.L. (in press). Stratégies de surgénéralisation des souvenirs autobiographiques chez les consommateurs de cannabis et les polyconsommateurs de substances psychoactives. L’Encéphale. [4] Gay, P., d’Acremont, M., Schmidt, R., & Van der Linden, M. (2008) Validation of a french Adaptation of the thought Control Ability Questionnaire (TCAQ). European Journal of Psychological Assessment, 24, 101-107. [5] Gosselin, P., Langlois, F., Freeston, M.H., Ladouceur, R, Dugas, M. J. & Pelletier, O. (2002). Le Questionnaire d’Évitement Cognitif (QEC) : Développement et validation auprès d’un échantillon d’adultes et d’adolescents. Journal de Thérapie Comportementale et Cognitive, 12, 24-37. [6] Monestès, JL, Villate, M, Mouras, H, Loas, G & Bond, FW. (2009). Traduction et validation française du questionnaire d’acceptation et d’action (AAQ II). Revue européenne de psychologie appliquée 5 (4), 301-308. [7] Puffet, A., Jehin-Marchor, D., Timsit-Berthier, M., & Timsit, M. (1991). Autobiographical memory and major depressive states. European Psychiatry, 6, 141 - 145. [8] Schmidt RE, Gay P, Courvoisier D, Jermann F, Ceschi G, David M, Brinkmann K & Van der Linden M (2009). Anatomy of the White Bear Suppression Inventory (WBSI): A review of previous findings and a new approach. Journal of Personnality Assessment, 91(4) 323-30. [9] Verdejo-Garcia, A., & Perez-Garcia, M. (2006). Profile of executive deficits in cocaine and heroin polysubstance users: common and differential effects on separate executive components. Psychopharmacology, 190, 517-530. [10] Williams, J. M. G., Barnhofer, T., Crane, C., Herman, D., Raes, F., Watkins, E., & Dalgleish, T. (2007). Memory Specificity and Emotional Disorder. Psychological Bulletin, 133(1), 122-148. Congrès psycho.indb 202 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 203 Symposium-Cognition du Primate Non Humain Organisation de la session : Fagot, Joël (Laboratoire de psychologie cognitive, CNRS-Université de Provence, Marseille). Les singes traitent-ils prioritairement les informations de contour ou de surface des objets représentés en 2d ? Parron, Carole (Laboratoire de psychologie cognitive, Marseille). Les prosimiens peuvent-ils maîtriser leurs impulsions ? Étude du « self-control » chez deux espèces de lémuriens (Eulemur Fulvus et E. Macaco) Genty, Émilie (Centre de primatologie de l’Université de Strasbourg), Roeder, Jean Jacques (2 iphc, CNRSuds, UMR7178, Strasbourg). Déficits comportementaux et cognitifs liés à l’âge chez un primate non humain, le microcèbe : quels apports pour l’étude du vieillissement chez l’homme ? Raisonnement analogique chez le babouin ? Fagot, Joel (Laboratoire de psychologie cognitive, CNRS-Université de Provence). Apprentissage social et individuel chez l’homme et le singe Monfardini, Elisabetta (Espace et action, inserm u864 & Université Claude Bernard Lyon 1), HadjBouziane, Fadila (Espace et action, inserm u864), Gaveau, Valérie (Espace et action, inserm u864 & Université Claude Bernard Lyon 1, France), Boussaoud, Driss (Neurosciences cognitives de la Méditerranée, UMR61 93, CNRS & Université Aix-Marseille, France), Meunier, Martine (Espace et action, inserm u864 & Université Claude Bernard Lyon). mercredi matin Aujard, Fabienne (UMR7179 CNRS-mnhn, Brunoy). Résumé Cette session a pour objectif principal d’illustrer l’intérêt des recherches de psychologie cognitive sur le primate non humain pour comprendre la cognition humaine, et de présenter les avancées récentes du domaine. La session « Cognition du primate non humain » comportera cinq exposés complémentaires où seront présentés des travaux qui visent à la fois à identifier les similarités entre cognition humaine et celle des primates non humains, et à caractériser un certain nombre de différences qui interrogent l’évolution des processus cognitifs. Le premier exposé, par Carole Parron (Laboratoire de Psychologie Cognitive, Marseille) portera sur la prise en compte des informations de contour ou de surface lors de la discrimination d’objets chez le macaque. Il montrera l’intérêt de l’approche comparative pour tester les limites de validité des théories de la perception humaine. Le second exposé, par Emilie Genty du centre de Primatologie de l’Université de Strasbourg, traitera du contrôle du comportement via les fonctions exécutives. Lors de cet exposé, Emilie Genty nous apprendra que les phénomènes de « self control » que l’on pensait propres à l’homme ou aux grands singes peuvent être mis en évidence chez les lémuriens, permettant ainsi de mieux comprendre l’importance des facteurs sociaux-écologiques et phylogénétiques ayant contribué à l’émergence d’une telle faculté au sein de l’ordre des primates. Le troisième exposé, par Fabienne Aujard du Muséum D’Histoire Naturelle (Brunoy) montrera que l’étude d’un petit lémurien, le microcèbe, permet des avancées significatives sur la compréhension des phénomènes de vieillissement cognitif, en rapport notamment avec le régime alimentaire. Le quatrième exposé, par Joël Fagot du Laboratoire de Psychologie Cognitive de Marseille, questionnera la capacité de babouins à résoudre des problèmes d’analogie. On y découvrira des travaux suggérant que les compétences humaines d’analogie trouvent leur origine chez les primates non humains. Enfin, Elisabetta Monfardini (INSERM U864, Bron) présentera une série de recherches sur l’apprentissage par observation chez le singe macaque. Elle illustrera en quoi ce type de recherche sur le primate non humain ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine de la pédagogie et des sciences de l’éducation. Ce symposium, dans sa diversité et sa complémentarité, incitera à un renforcement des interactions entre chercheurs en sciences cognitives humaines et ceux du domaine de la psychologie de l’animal. Congrès psycho.indb 203 22/07/10 16:09 204 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Les singes traitent-ils prioritairement les informations de contour ou de surface des objets représentés en 2d ? mercredi matin Parron, Carole (Laboratoire de psychologie cognitive, Marseille). La capacité des primates non-humains à percevoir et reconnaître des objets représentés en deux-dimensions a été largement démontrée dans de nombreuses expériences (e.g. Sackett, 1966 ; Schrier & Brady, 1987; Jitsumori, 1994). Cependant, les résultats de ces études n’apportent que peu d’informations quant à l’importance relative des caractéristiques picturales, telles que les informations de couleur, de texture, et d’ombrage, qui sont indispensables à la mémorisation et à la reconnaissance d’objet. Cette question fondamentale a été abordée chez l’homme et a conduit à l’élaboration de deux théories distinctes de reconnaissance d’objet : une première théorie basée sur la reconnaissance de l’objet à partir de sa description structurale (Biederman, 1987) ; et une deuxième théorie basée sur une reconnaissance de l’objet dépendante du point de vue de l’observateur (Tarr & Pinker, 1990), et dans laquelle les informations présentes à la surface de l’objet sont mémorisées par l’observateur. Afin de tester si les singes utilisent davantage les informations de contour et d’arêtes internes (première théorie) ou des caractéristiques de surface (deuxième théorie) d’un objet représenté, nous avons réalisé une série d’expériences. Cinq macaques étaient entraînés à discriminer des geons (objets représentés en trois dimensions adaptés de Biederman, 1987) puis testés à reconnaître ces mêmes geons avec trois types de modifications possibles. Premièrement, la surface du geon était effacée pour ne laisser que les contours et les arêtes de l’objet : dessin de geon ; ensuite, la surface du geon était grisée, ne laissant que les informations de contour : silhouette du geon; enfin, un changement de la direction d’éclairage créait une modification des informations de surface : geon avec changement d’éclairage. Globalement, les résultats de ces deux premières expériences montrent que les macaques sont capables de reconnaître les trois types de geons modifiés au-delà de la chance, selon une gradation des performances allant dans le sens : geon avec changement d’éclairage > geon silhouette = geon dessiné. Ces deux expériences confirment également que pour les macaques, la représentation des objets appris ne repose pas sur la présence des arêtes internes. En revanche, les informations de surface semblent jouer un rôle prépondérant dans la représentation d’objet. De plus, une troisième expérience montre que les singes sont capables de discriminer correctement les geons tests remplis d’une nouvelle texture. L’ensemble de ces résultats souligne d’une part qu’un changement radical des informations de surface n’empêche pas les macaques de discriminer correctement les geons ; et d’autre part que les informations de surface de l’objet d’origine sont effectivement stockées dans la représentation que les macaques se font d’un objet, puisque plus les informations de surface sont proches de celles de l’objet d’origine, mieux l’objet est reconnu. En conclusion, la reconnaissance d’objet chez les macaques semble reposer davantage sur une théorie basée sur les informations de surface, plutôt que sur la position des arêtes. Cependant, nos données démontrent également que les macaques possèdent une capacité adaptative à utiliser les informations de contour pour reconnaître un objet lorsque seules ces informations sont disponibles. Les prosimiens peuvent-ils maîtriser leurs impulsions ? Étude du « self-control » chez deux espèces de lémuriens (Eulemur Fulvus et E. Macaco) Genty, Émilie (Centre de primatologie de l’Université de Strasbourg), Roeder, Jean Jacques (2 iphc, CNRSuds, UMR7178, Strasbourg). Cet exposé offrira un bilan de l’ensemble des recherches menées dans le domaine du « selfcontrol » chez les lémuriens en se plaçant dans une perspective de comparaison interspécifique. Le « self-control » est communément testé à l’aide d’une tâche de renforcement inversé qui consiste à présenter au sujet le choix entre deux quantités de nourriture et à le récompenser par l’inverse de son choix. Lors d’études précédentes, nous avons mis en évidence que les lémuriens, à l’instar de nombreuses autres espèces, présentaient des difficultés à maîtriser leur impulsivité et persistaient à sélectionner la plus grande quantité de nourriture. Cependant, après l’application d’une procédure Congrès psycho.indb 204 22/07/10 16:09 205 de renforcement « tout-ou-rien », où seul le choix de la plus petite quantité est récompensé, tous les sujets ont appris à sélectionner significativement plus souvent la plus petite quantité pour être récompensés par la plus grande. Les sujets ont ensuite maintenu ce choix significatif lors du retour à la procédure de renforcement inversé. Ils ont également été capables de généraliser leur apprentissage lors de la présentation de nouvelles paires de quantités. Une fois acquise, la faculté de « self-control » semble être robuste puisque les sujets ont maintenu leurs performances plusieurs mois après la fin de l’expérience. Ils ont également été capables de transférer leur apprentissage au choix entre deux aliments de valeur appétitive différente. En effet, les lémuriens ont sélectionné significativement plus souvent l’aliment le moins appétant pour recevoir le plus appétant en récompense. Nous avons également testé la possibilité que, comme les macaques rhésus et les mangabeys, des lémuriens pourraient maîtriser la tâche de renforcement inversé, sans recours à des procédures de facilitation (comme le renforcement « tout-ou-rien »), si l’on appliquait simplement un nombre d’essais suffisant. Seul un sujet sur cinq a réussi à comprendre la tâche après 1300 essais. Les autres sujets ont, quant à eux, rapidement développé un biais de position face au dispositif expérimental et présenté ainsi des choix proches du hasard. Finalement, nous avons testé l’hypothèse selon laquelle la valeur appétitive de la nourriture ou la présence d’un compétiteur (auquel l’option choisie était offerte en récompense) faciliteraient l’acquisition de la tâche. L’approche comparative permet de mieux comprendre l’importance des facteurs sociauxécologiques et phylogénétiques ayant contribué à l’émergence d’une telle faculté au sein de l’ordre des primates. Déficits comportementaux et cognitifs liés à l’âge chez un primate non humain, le microcèbe : quels apports pour l’étude du vieillissement chez l’homme ? mercredi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Aujard, Fabienne (UMR7179 CNRS-mnhn, Brunoy). Le vieillissement est souvent associé chez l’homme à des déficits cognitifs. À l’heure actuelle, l’utilisation de modèles primates non humains du vieillissement est nécessaire pour améliorer les connaissances sur la nature et l’importance du déclin cognitif normal lié à l’âge, et sur les liens possibles entre vieillissement normal et vieillissement pathologique. En outre, la restriction calorique modérée chronique est actuellement un des rares protocoles connus pour allonger significativement l’espérance de vie chez des espèces à courte durée de vie. La restriction calorique retarderait les manifestations d’un certain nombre de pathologies liées à l’âge tout en conservant l’intégrité des grandes fonctions physiologiques. L’étude de l’évolution avec l’âge des performances cognitives chez un primate non humain malgache, le Microcèbe (durée de vie : 8 ans), a montré un déficit de certaines fonctions cognitives chez les individus âgés, associé à une atrophie cérébrale régionale spécifique. Cette caractérisation précise des déficits cognitifs liés à l’âge chez le Microcèbe permet de tester l’impact d’une restriction calorique ou d’un mimétique potentiel, le Resvératrol, sur l’évolution du vieillissement cérébral. Les résultats de 3 années d’exposition à ces deux traitements alimentaires seront présentés, en comparaison d’animaux contrôles vieillissants ou d’animaux âgés témoins. Ces résultats pourraient à terme donner des indications précieuses pour définir des protocoles nutritionnels ou pharmacologiques adaptés à des stratégies limitant les effets du vieillissement sur les fonctions cognitives. Raisonnement analogique chez le babouin ? Fagot, Joel (Laboratoire de psychologie cognitive, CNRS-Université de Provence). Je présenterai succinctement les données de la littérature sur la capacité des singes à résoudre des problèmes d’analogie, en discutant l’hypothèse de Premack (1982) selon laquelle cette capacité n’est accessible qu’aux singes « entraînés au langage ». Mon exposé se focalisera les performances manifestées par les singes dans la tâche d’appariement relationnel traditionnellement utilisée Congrès psycho.indb 205 22/07/10 16:09 206 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 dans ce domaine. Dans cette tâche, le sujet perçoit une première paire de stimuli (par exemple la paire A A) composée d’éléments identiques ou différents. Il perçoit ensuite deux nouvelles paires, constituées d’éléments différents de la première paire, mais qui illustrent des relations d’identité (par exemple la paire B B) ou de différence (paire C D). Le singe doit apparier les paires en fonction des relations représentées (dans ce cas apparier A A avec B B car ces deux paires illustrent une relation d’identité). Cette tâche a été récemment proposée à un groupe de babouins qui avaient la possibilité d’interagir librement avec les systèmes expérimentaux. L’examen de leurs performances montre qu’un sous ensemble de ces animaux peuvent apprendre à résoudre cette tâche et qu’ils continuent à répondre correctement lors de tests de transfert impliquant de nouvelles formes comme stimuli. Cette capacité ne semble cependant pas accessible à tous les sujets, et n’apparaît qu’après des dizaines de milliers d’essais d’apprentissage. Ces données suggèrent une origine phylogénétique du raisonnement analogique chez l’homme. Apprentissage social et individuel chez l’homme et le singe mercredi matin Monfardini, Elisabetta (Espace et action, inserm u864 & Université Claude Bernard Lyon 1), Hadjbouziane, Fadila (Espace et action, inserm u864), Gaveau, Valérie (Espace et action, inserm u864 & Université Claude Bernard Lyon 1, France), Boussaoud, Driss (Neurosciences cognitives de la Méditerranée, UMR61 93, CNRS & Université Aix-Marseille, France), Meunier, Martine (Espace et action, inserm u864 & Université Claude Bernard Lyon). Résumé Quand ils choisissent leurs comportements, les primates humains et non-humains savent se baser sur leurs propres expériences passées. Mais ils savent aussi apprendre par l’expérience d’autrui. Malgré la pléthore d’études sur le sujet, la question de savoir si l’apprentissage social est vraiment plus efficace que l’apprentissage individuel n’a pas été abordée. Dans l’étude que je vais vous présenter nous avons comparé directement l’efficacité d’un seul succès ou échec selon qu’il est exécuté ou simplement observé, chez l’homme et chez le singe macaque. Les résultats révèlent une forte influence du type d’apprentissage sur l’efficacité des erreurs et des succès. Hommes et singes tirent beaucoup plus de bénéfice des échecs des autres que des leurs propres. À l’inverse, ils ont tendance à apprendre mieux de leurs propres succès que de ceux d’autrui. Ces résultats montrent qu’une erreur ou un succès initial n’a pas les mêmes conséquences selon que l’apprentissage est social ou individuel, et que cette différence n’est pas unique à l’homme. Ils ouvrent ainsi de nouvelles perspectives dans le domaine de la pédagogie et des sciences de l’éducation. Introduction Les primates humains et non humains savent élaborer, à partir de leurs succès et échecs, les prédictions qui orienteront leurs décisions futures. Cependant, la plupart des primates vivent en groupe, et une grande partie de leurs décisions sont affectées par l’observation du comportement des autres. Apprendre par observation d’autrui est vital pour l’homme, et ceci vaut aussi certainement pour les singes. En effet, longtemps considérés comme piètre imitateurs de gestes et actions (Visalberghi&Fragaszy, 2002), les singes sont aujourd’hui reconnus comme capables de profiter spontanément de l’observation d’un congénère pour apprendre de nouvelles règles plus vite (Meunier et al, 2007; Subiaul et al, 2004). L’apprentissage individuel, et le traitement de la récompenses qu’il nécessite, dépend d’un réseau cérébral reliant les cortex orbital et cingulaire antérieur, l’amygdale, le striatum et les noyaux dopaminergiques du mésencéphale (Schultz, 2006). Récemment, nous avons démontré que ce réseau est également impliqué dans l’apprentissage social de nouvelles règles chez l’homme (Monfardini et al, 2008 ; Monfardini et al., soumis). Notre cerveau ne semble donc pas faire la différence entre voir recevoir une récompense ou la recevoir, subir un échec ou le voir subir. Mais est-ce que cela est vrai aussi d’un point de vue comportemental ? Bien que la valeur adaptative de l’apprentissage ait conduit plusieurs disciplines à l’élaboration de modèles et théories sur des nombreuses espèces (Galef&Laland, 2005), aucune étude a directement comparé l’efficacité de ces deux formes d’apprentissage: apprend-on plus vite en faisant ou en voyant faire ? Quand ils apprennent seuls, les humains, enfants et adultes, (van Duijvenvoorde et al, 2008), les macaques (Riopelle et al, 1954), ainsi que les babouins et les pigeons Congrès psycho.indb 206 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 207 (Cook&Fagot, 2009) retiennent mieux une association stimulus-récompense s’ils ont obtenu une récompense au premier essai. Cela est-il vrai aussi pour l’apprentissage social ? Nous utilisons une approche comparative homme-singe pour répondre à cette question. Les résultats obtenus jusqu’à présent concernent 8 hommes et 8 macaques rhésus. Les sujets étaient testés en dyade. A l’intérieur de chaque session expérimentale, les deux membres de la dyade jouaient tour à tour le rôle de modèle et celui d’observateur. La tâche utilisée était une tâche d’apprentissage associatif stimulus-récompense (Meunier, Monfardini & Boussaoud, 2007). Plusieurs paires d’objets étaient présentées, l’une après l’autre. Dans chaque paire, seul un objet, toujours le même, cachait une récompense (une friandise pour les singes, une pièce de monnaie pour les hommes). Le but était d’apprendre à sélectionner l’objet positif pour obtenir la récompense. Plusieurs listes étaient administrées, chacune pendant 2 essais. Pour certaines paires de la liste, le sujet effectuait les 2 essais seul. Pour les autres, il observait un congénère effectuer le 1er essai avant d’exécuter lui même le 2nd essai. Dans les deux cas, les choix au 1er essai étaient manipulés pour comporter autant d’erreurs que de succès. Nous avons comparé le pourcentage de réponses correctes à l’essai 2 en fonction de la source de l’information obtenue à l’essai 1 (Apprentissage Individuel vs. Social) et de sa nature (Erreur vs. Succès). Résultats et Discussion Les résultats chez les singes révèlent une forte influence du type d’apprentissage sur le traitement des erreurs et des succès. Les singes apprennent mieux de leurs propres succès que de ceux d’autrui. Voir un congénère obtenir une récompense au premier essai conduit à 54% de bonnes réponses à l’essai suivant, alors que l’obtenir soi-même amène à 70% de réponses correctes. À l’inverse, les singes tirent beaucoup plus de bénéfice des échecs des autres que des leurs. Après avoir observé une seule erreur d’un congénère, les singes ont 64% de chance de la corriger à l’essai suivant, alors qu’ils ont seulement 34% de chance de corriger leur propre erreur. Les résultats préliminaires chez huit sujets humains révèlent un pattern similaire, c’est-à-dire, une tendance à mieux tirer profit des succès personnels que des succès des autres avec, à l’inverse, une propension marquée à mieux apprendre des erreurs des autres que des erreurs personnelles. L’ensemble de ces résultats suggère qu’après une erreur ou un succès initial, apprentissage social et individuel ne suivent pas les mêmes règles: l’homme et le singe ont du mal à corriger leurs propres erreurs, mais sont très efficaces pour corriger les erreurs d’autrui. A l’opposé, ils apprennent facilement une action qui leur a apporté une récompense, mais ils sont moins efficaces quant il s’agit de retenir une action pour laquelle quelqu’un d’autre a été récompensé. mercredi matin Matériel et Méthode Références Cook R, Fagot J. (2009). First trial rewards promote 1-trial learning and prolonged memory in pigeon and baboon. PNAS 106: 9530-3. Galef BG, Laland KN. (2005). Social learning in animals: empirical studies and theoretical models. Bioscience 55: 489– 499. Meunier M, Monfardini E, Boussaoud D. (2007). Learning by observation in rhesus monkeys. Neurobiology of Learning and Memory 88: 243-8. Monfardini E, Brovelli A, Boussaoud D, Takerkart S, Wicker B. (2008). I learned from what you did: Retrieving visuomotor associations learned by observation. Neuroimage 42: 1207- 13. Monfardini E, Gazzola V, Boussaoud D, Brovelli A, Keysers C, Wicker B (soumis). Vicarious coding of actions and rewards during social learning. Riopelle A.J., Francisco E.W., Ades H.W. (1954) Differential first-trial procedures and discrimination learning performance. Journal of Comparative and Physiological Psychology, 47 (4): 293-297. Schultz W (2006). Behavioral theories and the neurophysiology of reward. Annual Review of Psychology 57: 87-115. Subiaul F, Cantlon JF, Holloway RL, Terrace HS. (2004) Cognitive imitation in rhesus macaques. Science 305: 407-410. Van Duijvenvoorde, A.C.K., Zanolie, K., Rombouts, S.A.R.B., Raijmakers, M. & Crone, E.A. (2008). Neural Mechanisms Supporting Feedback-Based Learning across Development. Journal of Neuroscience, 28, 9495-9503. Visalberghi E, Fragaszy DM. (2002). Do monkeys ape ? Ten years later. In Imitation in animals and artifacts (eds. K Dautenhahn & C Nehaniv). Cambridge, MA: MIT Press. Congrès psycho.indb 207 22/07/10 16:09 208 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Symposium-Neuropsychologie clinique : évolutions actuelles des outils Organisation de la session : Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140, ulnf). Mise au point de deux tests de mémoire dans une population de sujets ayant un faible niveau d’éducation ou de maîtrise de la langue française. Maillet, Didier (CHU avicenne, ap-hp). Évaluation de la cognition sociale dans la pratique clinique Delbeuck, Xavier (Cmrr de Lille, EA 2691, Université Lille Nord de France). Rôle des structures sous-corticales dans le langage : recherche d’indices comportementaux latéralisateurs Ehrlé, Nathalie (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140, Université Lille Nord de France). mercredi matin Élaboration d’une batterie brève d’évaluation des praxies gestuelles Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140, Université Lille Nord de France), Mahieux, Florence (Cegap, hôpital Charles-Foix, ap-hp, Ivry-sur-Seine). Evaluation des fonctions exécutives de la personne âgée : stroop victoria et hayling. Bayard, Sophie (Service de neurologie, hôpital Gui-de-Chauliac, inserm u888), Erkes, Jérôme (Inserm u 888), Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140, Université Lille Nord de France). Résumé C’est en bénéficiant des études de groupes de patients cérébrolésés victimes d’une des guerres mondiales et des paradigmes de la psychologie expérimentale qu’ont été élaborés les outils classiques de la neuropsychologie clinique (exemples : Trail making Test, Stroop). Ces outils s’inscrivaient dans une approche anatomo-clinique permettant de latéraliser et/ou localiser l’atteinte cérébrale d’un patient. Il est indispensable d’actualiser les outils employés en pratique clinique avec une fréquence régulière (Crawford, 2004). Ces outils doivent évoluer en fonction des caractéristiques démographiques de la population générale, de l’évolution des connaissances théoriques concernant le fonctionnement cognitif normal et de l’émergence de nouvelles pathologies cérébrales. Cette session thématique aborde plusieurs évolutions actuelles des outils employés en neuropsychologie clinique. Adoptant une démarche anatomo-clinique, Nathalie Ehrlé présentera des épreuves de langage construites pour latéraliser et localiser un dysfonctionnement cognitif assuré par des structures sous-corticales. Cette approche est innovante puisque jusqu’à présent la démarche anatomoclinique était appliquée uniquement pour des capacités cognitives dites « corticales ». Didier Maillet insistera sur l’importance du niveau d’étude des patients pour interpréter leurs performances cognitives et cela grâce à la présentation de deux nouveaux outils (TMA93, TNI93). Ces outils qui faisaient défaut jusqu’à présent évaluent les capacités mnésiques de personnes illettrées ou non francophones. Sophie Bayard abordera l’intérêt d’adapter les outils cliniques aux caractéristiques d’âge des patients. Elle illustrera son propos à l’aide de son expérience dans l’adaptation et la normalisation, pour des participants âgés de plus de 50 ans, de deux outils évaluant les capacités d’inhibition : le Stroop Victoria et l’épreuve de Hayling. Les outils employés en pratique clinique doivent également permettre l’évaluation de concepts récemment décrits dans la littérature. Xavier Delbeuck abordera l’intérêt de l’étude Congrès psycho.indb 208 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 209 de la cognition sociale en neuropsychologie et son apport pour une meilleure connaissance de certaines pathologies neuropsychologiques rencontrées chez l’enfant, l’adulte traumatisé crânien et les patients présentant potentiellement un processus dégénératif. Pour conclure cette session thématique, j’aborderais l’intérêt de l’évaluation des praxies gestuelles en consultation mémoire. Cette évaluation reste le « parent pauvre » des bilans neuropsychologiques alors c’est une évaluation déterminante à l’appui de certains diagnostics neuro-dégénératifs (dégénérescence cortico-basale, paralysie supranucléaire progressive). Crawford, J.R. (2004). Psychometric foundations of neuropsychological assessment. In L.H. Goldstein & J.E. McNeil. Clinical neuropsychology : A pratical guide to assessement and managment for clinicians. Chichester : John Wiley & Sons. Maillet, Didier (CHU Avicenne, ap-hp). L’évaluation des fonctions cognitives chez un sujet illettré est particulièrement difficile. La plupart des tests neuropsychologiques évaluant la mémoire épisodique du sujet âgé a été validée dans des populations ayant été scolarisées et fait appel à un matériel verbal nécessitant une bonne maîtrise de la langue. Deux tests de mémoire épisodique employant des images - le TNI93 (Test des Neuf Images du 93) et le TMA93 (Test de Mémoire Associative du 93) - pouvant être utilisés pour le repérage des troubles de la mémoire chez les sujets illettrés ont été étudiés au sein d’une population multiculturelle ayant un faible niveau d’éducation (Dessi et al., 2009). La validation de ces deux tests est en cours afin de pouvoir les utiliser dans une optique de repérage des troubles mnésiques du sujet âgé au sein d’une population ayant un faible niveau d’éducation ou de maîtrise de la langue. mercredi matin Mise au point de deux tests de mémoire dans une population de sujets ayant un faible niveau d’éducation ou de maîtrise de la langue française. Références Dessi, F., Maillet, D., Metivet, E., Michault, A., Le Clesiau, H., Ergis, A. M., et al. (2009). Evaluation des capacités de mémoire épisodique de sujets âgés illettrés. Psychol Neuropsychiatr Vieil, 7(4), 287-296 Évaluation de la cognition sociale dans la pratique clinique Delbeuck, Xavier (Cmrr de Lille, EA 2691, Université Lille Nord de France). Le terme de cognition sociale regroupe différentes aptitudes (connaissance des règles sociales, capacité à se représenter l’état mental cognitif et affectif d’autrui, …) permettant la mise en place de relations sociales harmonieuses. Ces dernières années, l’évaluation de la cognition sociale a pris sa place dans la pratique clinique à différents niveaux. Chez l’enfant, cette évaluation permet de mieux caractériser le développement des aptitudes sociales et en détecter des déficits. Auprès d’adultes, notamment victimes de traumatismes crâniens, elle permet de mieux caractériser les troubles consécutifs à leur accident, dans un but d’évaluation et de compréhension mais également pour des objectifs d’expertise ou encore de réinsertion professionnelle. L’évaluation de patients présentant une affection neurodégénérative s’est vue également enrichie par cette évaluation, plus particulièrement pour le diagnostic de la démence fronto-temporale. Pour ces différents objectifs, des outils d’évaluation ont été développés offrant une meilleure compréhension des relations entre comportement, émotion et cognition. Rôle des structures sous-corticales dans le langage : recherche d’indices comportementaux latéralisateurs Ehrlé, Nathalie (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140, Université Lille Nord de France). Congrès psycho.indb 209 22/07/10 16:09 210 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Le langage est supporté par un vaste réseau cérébral largement distribué du côté de l’hémisphère majeur. Depuis une cinquantaine d’années, les études comportementales et de neuroimagerie ont conduit à une conception hémisphérique interactive des capacités linguistiques. En pratique neuropsychologique, l’existence d’indices comportementaux reflétant l’implication unilatérale de structures cérébrales reste un élément-clé de certains bilans, préchirurgicaux notamment. Si plusieurs indices cliniques sont disponibles pour les structures corticales et temporales mésiales, la spécificité fonctionnelle des ganglions de la base (GDB) reste obscure. L’objectif de ce travail a été de tester l’hypothèse d’une spécialisation hémisphérique linguistique des GDB. Deux tâches de langage explorant les automatismes verbaux et la dérivation morphologique ont été construites. Nous faisions l’hypothèse qu’une atteinte unilatérale gauche des GDB perturberait l’accès aux automatismes alors qu’une lésion controlatérale entraînerait un déficit de dérivation. Des patients présentant une maladie de Parkinson ainsi que des patients présentant des lésions vasculaires unilatérales des GDB ont été testés. Élaboration d’une batterie brève d’évaluation des praxies gestuelles mercredi matin Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140, Université Lille Nord de France), Mahieux, Florence (Cegap, hôpital Charles-Foix, ap-hp, Ivry-sur-Seine). L’évaluation des praxies gestuelles est encore souvent négligée au cours de l’évaluation neuropsychologique. Or une apraxie gestuelle est un des critères cliniques à renseigner pour évoquer un diagnostic de démence que ce soit la maladie d’Alzheimer, la dégénérescence corticobasale ou la paralysie supranucléaire progressive. Seules deux batteries cliniques francophones sont disponibles toutefois leur passation ainsi que l’analyse des performances obtenues nécessitent énormément de temps. Il nous a semblé indispensable d’élaborer un outil dit de « screening » portant sur les praxies gestuelles. Pour cela, nous avons construit une batterie brève d’évaluation des praxies gestuelles qui explorent trois types de gestes : des gestes symboliques, des mimes d’action et des gestes abstraits. Cette batterie a été normalisée auprès de 419 participants témoins et la confrontation de performances obtenues par plusieurs groupes de patients présentant un processus dégénératifs a permis de définir la sensibilité et la spécificité de ce nouvel outil à la maladie d’Alzheimer (Mahieux et al., 2009). Références Mahieux, F., Fabre, C., Galbrun, E., Dubrulle, A., Moroni, C. et le groupe de réflexion sur les praxies du CMRR Ile de France-Sud (2009). Validation d’une batterie brève d’évaluation des praxies gestuelles pour Consultation Mémoire. Evaluation chez 419 témoins, 127 MCI et 320 patients souffrant d’une démence. Revue Neurologique, 165, 560-67. Évaluation des fonctions exécutives de la personne âgée : stroop victoria et hayling. Bayard, Sophie (Service de neurologie, hôpital gui-de-chauliac, inserm u888), Erkes, Jérôme (Inserm u 888), Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140, Université Lille Nord de France). L’inhibition fait partie des processus exécutifs les plus sensibles au vieillissement normal et aux pathologies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson, par exemple. Au sein du bilan neuropsychologique d’un sujet âgé, l’évaluation des fonctions exécutives revêt donc une place d’importance. En pratique clinique gériatrique, le psychologue est très souvent confronté à un manque réel de temps ainsi qu’à la fatigabilité des patients. Par ailleurs, les tâches évaluant les fonctions exécutives sont souvent longues à administrer et, par définition, coûteuses au plan attentionnel en particulier auprès de patients âgés, dont les capacités attentionnelles peuvent être réduites. Nous proposons la présentation de données normatives des adaptations francophones du Test de Stroop Victoria et de Hayling ainsi que de l’étude de leur validité dans l’évaluation des fonctions exécutives. Il s’agit de deux épreuves d’administration très rapide destinées à mesurer l’inhibition de la réponse automatique. Notre travail constitue une illustration que la collaboration chercheurs/cliniciens est possible et fructueuse. Congrès psycho.indb 210 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 211 Symposium-L’impulsivité Organisation de la session : Billon, Alexandre (Université de Lille Nord de France / STL). Organisé avec la SOPHA. Motivations sub-liminales et sub-personnelles : mise en évidence expérimentale Pessiglione, Mathias (Institut du cerveau et de la moelle épinière (inserm UMR975) hôpital de La PitiéSalpêtrière, Paris). Les choix impulsifs ont-ils une valeur adaptative ? Sacha, Bourgeois-Gironde (Institut Jean Nicod). Les neurosciences ont-elles vengé la notion d’inconscient freudien ? Billon, Alexandre (STL / Université Lille Nord de France). Selon une conception traditionnelle de l’action que l’on peut faire remonter à Hume, nos actions s’expliquent très généralement par nos évaluations rationnelles. Nous choisirions normalement à chaque instant l’action qui satisfait le mieux nos désirs les plus chers, celle qui maximise nos préférences. Cette conception serait, selon de nombreux philosophes, au cœur de la « psychologie populaire ». Elle est au cœur de la théorie du choix rationnel (TCR), et d’une bonne partie de la psychologie cognitive et de l’économie. Cette conception traditionnelle de l’action est pourtant confrontée à une difficulté importante. Les situations sont courantes, en effet, où des sujets semblent systématiquement choisir une action qu’ils ne jugent pas pour autant conforme à leur intérêt. Je pense par exemple aux comportements addictifs, aux compulsions ou encore à ces situations banales où nous disons, avoir cédé à une tentation. On peut caractériser comme impulsifs ces comportements qui impliquent une dissociation apparente entre intérêt perçu et action. L’interprétation de ce type de comportement a suscité, ces dernières années, un programme de recherche interdisciplinaire regroupant psychologues, économistes et philosophes. Trois grands types d’interprétations ont été proposées. 1. Certains ont cherché à montrer qu’en dépit des apparences, de tels comportements pouvaient être expliqués sans que l’on ait à abandonner ni la conception classique de l’action ni même la TCR. Becker a défendu une théorie de l’« addiction rationnelle ». 2. D’autres ont suggéré qu’il fallait, sinon renoncer à la conception classique de l’action, au moins aménager la théorie du choix rationnelle pour rendre compte de l’irrationalité inhérente aux choix impulsifs. Ainslie a ainsi montré qu’en renonçant à certains postulats de la TCR, on pouvait comprendre les choix impulsifs comme des formes d’incohérences temporelles des préférences (nos préférences s’inverseraient quand le moment du choix approche) (Yaffe (2001)). 3. D’autres pour finir, comme Watson (2008) ou Loewenstein (1996) ont renoncé la conception traditionnelle de l’action. La motivation déborde selon eux largement l’évaluation. Elle ne serait que l’une des dimensions de la motivation, la dimension rationnelle, à laquelle s’ajouterait une dimension que l’on peut qualifier de viscérale ou pulsionnelle. Plusieurs études récentes, qui suggèrent l’existence de systèmes distincts impliqués dans la prise de décision semblent confirmer cette dernière hypothèse (Sanfey et al. (2006)). Les contributions de ce symposium s’inscrivent dans le cadre général de ce débat. Une conception populaire des facteurs pulsionnels les assimile aux aspects motivationnels inconscients. Les contributions de M. Pessiglione et de M. Billon interrogent cette notion de motivation inconsciente. Si l’impulsivité est l’œuvre d’un système distinct, il est légitime d’interroger sa valeur évolutive. C’est à cette question que se consacre M. Bourgeois-Gironde. Congrès psycho.indb 211 mercredi matin Résumé 22/07/10 16:09 212 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Motivations sub-liminales et sub-personnelles : mise en évidence expérimentale mercredi matin Pessiglione, Mathias (Institut du cerveau et de la moelle épinière (inserm UMR975) hôpital de La PitiéSalpêtrière, Paris). « Mangez du pop-corn » est sans doute un des messages subliminaux les plus célèbres. En 1957, les propriétaires d’un cinéma américain l’avaient intercalé entre les images d’un film, de sorte que les spectateurs ne pouvaient pas le détecter. Lorsqu’ils annoncèrent que leurs ventes de popcorn avaient décuplé, on salua l’invention d’une méthode révolutionnaire : la publicité subliminale. En réalité le chiffre des ventes était tout simplement fabriqué, et personne ne put démontrer par la suite le moindre effet des messages subliminaux sur les choix des électeurs ou des consommateurs. Mais le mythe était né, entraînant une réaction paranoïaque de grande ampleur. Celle-ci était alimentée par les théories freudiennes suggérant qu’on ne peut pas se défendre contre les publicités subliminales, parce qu’elles s’adressent directement à l’inconscient. L’objet de ce travail est de revisiter le concept de motivation subliminale avec une approche expérimentale croisant des techniques de masquage perceptuel et de motivation par incitation monétaire. La quête du limen, c’est-à-dire du seuil en dessous duquel les stimuli ne sont pas perçus mais influencent néanmoins le comportement, est aussi vieille que la psychologie expérimentale. Aux commencements le critère retenu était subjectif : on demandait simplement aux sujets de dire s’ils avaient perçu le stimulus. Il renvoie à une définition réflexive de la conscience : le sujet doit juger s’il a eu ou non l’expérience de percevoir le stimulus. Ce critère a ensuite été critiqué car il dépend beaucoup de la façon dont les sujets interprètent la question. Les chercheurs se sont donc tournés vers un critère objectif : la perception était dite consciente si les sujets parviennent à discriminer les stimuli mieux que le hasard. Cela correspond à la conscience au sens de l’accès : le sujet est conscient du stimulus s’il peut rapporter son contenu (verbalement ou non). Le problème est qu’on risque d’éliminer avec ce critère contraignant les phénomènes subconscients qu’on cherche à mettre en évidence. Pour démontrer l’existence d’un traitement subliminal, il faut en effet pouvoir observer un effet du stimulus non détecté sur le comportement. Autrement dit, même si la performance du sujet reste au niveau du hasard sur une mesure directe de discrimination, elle doit s’en écarter sur une autre mesure, moins directe. Cette dissociation entre mesures directes et indirectes est aujourd’hui la méthode standard pour démontrer l’existence d’un traitement subliminal. Cette méthode, alliée au progrès des techniques de masquage perceptif, a connu de nombreux succès, et l’existence de perceptions subliminales est maintenant largement reconnue. En neurosciences, la théorie dominante est celle de l’espace de travail global (Dehaene et al., 2006). Celle-ci suppose que les traitements opérés par des modules cérébraux isolés restent non-conscients. Leur contenu devient accessible à la conscience si les modules se connectent à un espace commun, implémenté dans un large réseau fronto-pariétal, qui rend la représentation disponible pour différentes utilisations. Dans la hiérarchie des traitements perceptifs, le niveau atteint par les représentations subliminales reste sujet à controverses. Les études récentes suggèrent cependant que les traitements non conscients sont beaucoup plus riches qu’on ne le pensait au départ, et incluent notamment des aspects sémantiques. Curieusement, les aspects motivationnels des stimuli subliminaux ont été assez peu étudiés. La motivation est un concept du sens commun, qui peut avoir de nombreuses significations et qui est donc difficile à opérationnaliser. On parlera ici de motivation par incitation, un concept utilisé en expérimentation animale, où on utilise des récompenses pour motiver un effort (Berridge, 2004). Chez l’homme, on utilise volontiers l’argent comme récompense, parce qu’il fonctionne de manière universelle, parce qu’il est facile à quantifier et parce qu’il n’engendre pas de satiété. Cela permet également d’établir un lien avec les incitations monétaires dont on parle en économie. Dans notre paradigme, on propose au sujet différentes sommes d’argent, induisant ainsi différents états motivationnels. On informe le sujet que plus il serre fort la poignée qu’il a en main, plus grande sera la fraction de l’enjeu monétaire qu’il pourra garder. Dans ces conditions, les sujets adaptent leur effort à la somme d’argent proposée, selon le phénomène attendu de motivation par incitation. Congrès psycho.indb 212 22/07/10 16:09 213 Afin de masquer les enjeux, nous les avons présenté très brièvement, sous forme de pièces de monnaie photographiées et affichées sur un écran d’ordinateur. Ces photographies étaient précédées et suivies de masques, c’est-à-dire d’images qui leur ressemblent sur le plan de la forme et de la couleur. Si on les interroge sur leurs perceptions (critère subjectif), les sujets disent ne pas voir les pièces de monnaie. Dans les tests de discrimination (critère objectif), où il s’agit de dire par exemple si l’enjeu est d’un centime ou d’un euro, les sujets ne faisaient pas mieux que le hasard. Pourtant ils exerçaient significativement plus de force pour les euros que pour les centimes (Pessiglione et al., 2007). On a donc bien un phénomène de motivation subliminale : même lorsqu’ils ne percevaient pas consciemment les enjeux, les sujets fournissaient davantage d’effort pour des montants plus importants. Cet effet était accompagné d’une augmentation de la réponse électrodermale pour les enjeux les plus importants, témoignant d’une participation émotionnelle des sujets. L’IRM fonctionnelle a montré que cette motivation pour un effort physique, qu’elle soit consciente ou inconsciente, recrute de façon bilatérale les régions limbiques des ganglions de la base. En termes d’activation cérébrale comme en termes d’effet comportemental, la différence entre motivation subliminale et consciente est essentiellement quantitative. Nous avons ensuite cherché à savoir si on pouvait motiver la moitié d’un sujet, et donc constituer la preuve du concept de motivation subpersonnelle. Les pièces de monnaie annonçant les enjeux étaient présentées dans l’un des deux hémichamps visuels, et selon la session expérimentale les sujets devaient serrer la pince soit avec leur main droite soit avec leur main gauche. Les résultats ont montré qu’en conditions subliminales l’effet motivationnel, c’est-à-dire la différence de force entre les euros et les centimes, ne s’exprimait que lorsque les pièces étaient flashées du côté ipsilatéral à la main produisant l’effort (Schmidt et al., sous presse). Ainsi il est possible de motiver un hémisphère indépendamment de l’autre, à l’encontre des conceptions philosophiques classiques pour lesquelles la motivation est un processus central qui s’adresse au niveau du sujet. Cette observation peut être rapprochée du syndrome manifesté par les patients dont les hémisphères ont été déconnectés, où les deux mains semblent obéir à des motivations différentes. Lorsque les enjeux étaient parfaitement visibles en revanche, l’effet motivationnel s’exerçait quelle que soit la main utilisée. Ces résultats s’accordent bien avec la théorie de l’espace de travail global, selon laquelle les incitations non conscientes resteraient encapsulées dans des modules locaux, tandis que les incitations conscientes pourraient être partagées par l’ensemble des modules. Ils ouvrent ainsi la voie à une conception modulaire de la motivation. Congrès psycho.indb 213 mercredi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 22/07/10 16:09 214 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Les choix impulsifs ont-ils une valeur adaptative ? mercredi matin Bourgeois-Gironde, Sacha (Institut Jean Nicod). Les choix intertemporels que les économistes classiques (Samuelson 1937) avaient modélisés en termes d’escompte exponentiel se sont avérés, d’un point de vue empirique, plus justement capturés par une fonction d’utilité décroissant de manière hyperbolique selon le passage du temps. Cette forme hyperbolique de la fonction d’utilité permet de rendre compte de l’inversion des préférences des agents au cours du temps, de leur incohérence dynamique, de l’abandon impulsif de leurs projets et résolutions à long terme. Un tel comportement impulsif et contradictoire avec ses projections dans le futur est souvent considéré comme irrationnel. On a souvent débattu des stratégies individuelles (Elster 1989) ou collectives (Thaler et Sunstein 2003) qui permettraient d’échapper à la tentation et de surmonter ses pulsions afin de rester sur le chemin mentalement anticipé de son moi futur. La question de l’intérêt individuel pour son moi futur a également été posée d’un point de vue métaphysique et moral. Quelle relation de continuité peut-on envisager entre cette phase présente de ma personne, une phase passée et une phase future ? Les modalités de connexion mémorielle qui me font hériter d’une configuration psychologique, cognitive, biologique, autobiographique des phases antérieures de ma personne ont-elles leur contrepartie dans l’imagination du futur ? Sur quelle base puis-je me sentir lié à ce moi futur ? Sur le plan moral, les choix impulsifs et une préférence forte pour le présent me détournent-ils nécessairement des responsabilités et des engagements vis-à-vis de mon moi futur ? Nous pouvons analyser l’escompte hyperbolique du futur et du phénomène caractéristique d’inconsistance dynamique dans le contexte de la notion de « rationalité de la règle » (rule rationality) proposée par Aumann (2008). Par opposition à l’irrationalité d’un acte donné – qui est la plupart du temps le focus adopté par une évaluation d’un comportement décisionnel – un comportement agrégé à partir d’actes isolément irrationnels peut être rationnel du point de vue de la règle qu’il exemplifie. Les individus ne maximisent pas nécessairement leur utilité dans chacune de leurs décisions et actions ; on peut plutôt penser qu’ils adoptent des règles comportementales qui leur permettent de maximiser une utilité agrégée pour un ensemble de décisions auxquelles ces règles peuvent s’appliquer. Les individus maximiseraient leur utilité relativement à ces règles plutôt que relativement à des décisions ponctuelles isolées. Cette conception « règle-dépendante » de la maximisation de l’utilité (et donc de la rationalité dans un sens classique auquel nous ne renonçons pas) permet de spéculer sur les bases évolutionnaires de l’escompte hyperbolique du futur. Notre hypothèse sera que bien que les choix hyperboliques puissent présenter certains aspects autodestructeurs pour l’individu, leur valeur adaptative peut être de plusieurs ordres, à savoir : i) permettre d’assurer des gains sûrs dans un environnement où les gains futurs sont trop incertains : ii) conférer des biens intermédiaires ou immédiats qui ne rentrent pas nécessairement en contradiction avec des buts à long terme qui peuvent être repris et poursuivis ; l’irrationalité n’apparaissant que lorsque la consommation de ces biens immédiats peut conduire à une révision endogène durable des buts futurs ; iii) permettre le cas échéant de renoncer à des plans à long terme en réalité néfastes ; l’adoption endogène de contre-buts par l’intermédiaire de choix impulsifs s’avérant dans ce cas adaptative. Nous envisagerons la question du caractère potentiellement adaptatif des choix intertemporels hyperboliques sous trois angles complémentaires : 1) En cherchant plus avant à fournir une réponse générale à cette question de la valeur adaptative d’un comportement d’escompte hyperbolique du futur. 2) En réfléchissant sur les bases biologiques de notre imagination du futur et de nos projections identitaires en relation avec les comportements intertemporels (Boyer 2009, Schacter et al. 2007, Spuznar et al. 2007). La simulation mentale du futur (qui semble activer les mêmes circuits neuronaux que ceux de la mémoire épisodique) permet-elle de résister aux choix présents impulsifs ? Il semble que soit nécessaire une projection identitaire dans le futur sur une base émotionnelle pour contrecarrer une préférence impulsive pour le présent. 3) En analysant et interprétant le phénomène de dépendance contextuelle ou séquentielle des préférences temporelles qui fait apparaître que les choix hyperboliques sont peut-être dus en priorité à une forme de décontextualisation des options envisagées. Les phénomènes de préférence Congrès psycho.indb 214 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 215 temporelle négative (Loewenstein et Prelec 1991) montrent que la patience peut être générée si l’option donnant lieu à un escompte habituellement hyperbolique est située à l’intérieur d’une séquence progressive d’options. Références Aumann, R. (2008). “Rule-rationality vs. act-rationality”, discussion paper #497. Centre for Rationality, HUJI. Boyer, P. (2009), Evolutionary economics of mental time travel ? Trends in Cognitive Sciences, 12, 219-224. Loewenstein, G. & Prelec, D. (1991) Negative time preference, American Economic Review: Papers and Proceedings, 82(2), 347-352. Samuelson, P. (1937), “À Note on Measurement of Utility”, Review of Economic Studies, 4, pp. 155-161. Schacter, D. L., Addis, D. R., & Buckner, R. L. (2007). Remembering the past to imagine the future: The prospective brain. Nat. Rev. Neurosci., 8, 657–661. Szpunar, K. K., Watson, J. M., & McDermott, K. B. (2007). Neural substrates of envisioning the future. Proc. Natl. Acad. Sci. U.S.A., 104, 642–647. Thaler, R. and Sunstein, C., (2003) “Libertarian Paternalism”, American Economic Review, 93(2), 175-192. Billon, Alexandre (STL / Université Lille Nord de France). Ce titre est une accroche. Je ne vais pas parler de Freud ou alors très peu ou alors dans les notes. Ce qui va m’intéresser ici est à la fois plus général et plus ancien. Il s’agit d’un concept d’inconscient dont Freud fut sans doute l’un des plus grands théoriciens, mais qu’il ne fut sans doute pas le premier à introduire, et dont certaines traditions peu redevables à la psychanalyse continuent à se réclamer. Ce concept, c’est celui d’un inconscient motivationnel. On peut définir l’inconscient motivationnel en le distinguant de qu’on a coutume d’appeler l’« inconscient cognitif ». La psychologie cognitive a toujours étudié les processus mentaux qui échappent à la conscience. Les progrès de l’imagerie médicale permettent désormais d’isoler avec précision le rôle de tels processus dans le fonctionnement de l’esprit. On aurait tort, cependant, d’y voir un lien significatif avec les travaux de Freud. L’inconscient des sciences cognitives, n’est pas, d’abord et en tant que tel, un inconscient motivationnel. L’inconscient cognitif échappe à la conscience, mais il lui manque en général certaines caractéristiques propres à un inconscient freudien ou motivationnel (nous utiliserons dorénavant ces deux appellations de manière synonyme) : l’inconscient freudien est dynamique : un état inconscient au sens dynamique peut directement influer sur le comportement du sujet l’inconscient freudien est personnel et non pas subpersonnel ou parapersonnel : la modification qu’il induit sur le sujet par l’inconscient motivationnel doit être décrite comme une action (plutôt qu’un simple évènement subpersonnel) que le sujet (plutôt qu’un homoncule en lui mais différent de lui) accomplit. Autrement dit si l’état inconscient influe sur le comportement du sujet c’est parce qu’il constitue une intention et une intention du sujet. Ces deux contraintes définissent déjà une notion d’inconscient freudien relativement féconde. Il faut cependant mentionner une troisième contrainte qui lie l’inconscient motivationnel à la notion de refoulement. Beaucoup considèrent que cette dernière contrainte est plus fondamentale que les deux autres. Le caractère inconscient de l’inconscient freudien peut résulter d’un processus de refoulement, lequel est également un processus motivationnel. Autrement dit, un état peut être inconscient parce que le sujet le maintient intentionnellement en dehors de sa conscience (j’attire l’attention sur le fait que mon usage du terme « intentionnel » est relativement large, tout comportement régi par une intention, fût-elle irréfléchie ou inconsidérée, est intentionnel). On peut résumer les deux premières caractéristiques en disant que l’inconscient freudien doit être motivant. La dernière en disant que l’inconscient freudien doit pouvoir être motivé. J’ai dit que l’inconscient et le refoulement freudiens étaient personnels et non pas subpersonnels ou parapersonnels. Il faut insister sur ce dernier point. Lorsque le comportement du sujet est Congrès psycho.indb 215 mercredi matin Les neurosciences ont-elles vengé la notion d’inconscient freudien ? 22/07/10 16:09 216 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mercredi matin modifié sous l’influence d’états inconscients c’est le sujet qui agit : pas « son cerveau » (évènement subpersonnel) ni une instance en lui mais distincte de lui (action parapersonnelle). Selon certains chercheurs, de nombreux résultats neuroscientifiques contemporains auraient vengé l’idée freudienne d’un inconscient motivationnel. Les découvertes suivantes sont, par exemple, souvent mentionnées : Anderson and Green (2001) ont montré que la simple volonté d’oublier une association de mots aléatoire préalablement apprise pouvait, tendanciellement, porter ses fruits. Longtemps considéré comme neutre, le contenu des « constructions » des patients confabulateurs semblerait globalement connoté positivement. Certains y ont vu la marque d’une forme de refoulement (Fotopoulou et al., 2008; Levy, 2008). Pessiglione et al. (2007) ont montré l’existence de facteurs motivationnels subliminaux. Je montre qu’aucun de ces résultats ne permet de défendre l’existence d’un inconscient motivationnel. Je montre par ailleurs que la notion même d’inconscient motivationnel est confrontée à un paradoxe. Très sommairement, ce paradoxe tient au fait qu’on ne peut refouler intentionnellement un état mental sans véritablement contrôler celui-ci et que tout contrôle véritable suppose une forme de conscience (il s’agit d’un paradoxe proche, mais strictement distinct des paradoxes dits « statiques » et « dynamiques » posés par la notion de duperie de soi (self-deception) (Mele, 2001, ch. 1)). La seule solution à ce paradoxe consiste à admettre que l’inconscient motivationnel doit être en un certain sens du terme conscient. Je distingue différents sens de la conscience et je conclus que l’inconscient freudien ne peut consister en rien d’autre, s’il existe, qu’en des facteurs pulsionnels ou viscéraux (Loewenstein, 1996) phénoménalement conscients mais cognitivement inaccessibles. S’il fallait trouver une confirmation empirique de ce type d’inconscient, elle serait donc à chercher dans les études qui suggèrent l’existence de deux systèmes neuroanaotomiques distincts impliqués dans la prise de décision (Sanfey et al., 2003; Berridge and Robinson, 2003). Références Anderson, M. and Green, C. (2001). Suppressing unwanted memories by executive control. Nature, 410 :366–369. Berridge, K. C. and Robinson, T. E. (2003). Parsing reward. Trends in Neurosciences, 26(9) :507 – 513. Fingarette, H. (1983). Self-deception and the ‘splitting of the ego’. In Wollheim, R. and Hopkins, J., editors, Philosophical Essays on Freud, chapter 13, pages 212–227. Cambridge University Press, Cambridge. Fotopoulou, A., Conway, M. A., Tyrer, S., Birchall, D., Griffith, P., and Solms, M. (2008). Is the content of confabulation positive ? an experimental study. Cortex, 44 :764–772. Levy, N. (2008). Self deception without thought experiments. In Bayne, T. and Fernández, J., editors, Delusions and Self deception : Affective and Motivational Influences on Belief-Formation, pages 227–242. Psychology Press. Loewenstein, G. (1996). Out of control : Visceral influences on behavior. Organizational Behavior and Human Decision Processes, 65(3) :272 – 292. Mele, A. R. (2001). Self-deception unmasked. Princeton University Press. Pessiglione, M., Schmidt, L., Draganski, B., Kalisch, R., Lau, H., Dolan, R., and Frith, C. (2007). How the brain translates money into force : a neuroimaging study of subliminal motivation. Science, 316(5826) :904. Sanfey, A. G., Rilling, J. K., Aronson, J. A., Nystrom, L. E., and Cohen, J. D. (2003). The Neural Basis of Economic Decision-Making in the Ultimatum Game. Science, 300(5626) :1755–1758. Congrès psycho.indb 216 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 217 Symposium À quoi servent les représentations (en 2010) ? Organisation de la session : Gallina, Jean-Marie (Laboratoire PSITEC (EA 4072)- Université Lille Nord de France). Les représentations: enjeu et problème de la psychologie cognitive Gallina, Jean-Marie (PSITEC EA 4072- Université Lille Nord de France). Représentations mentales et dynamique cérébrale Sequeira, Henrique (Lnfp CNRS fre 3291, et Université de Lille 1). Approche externaliste de la cognition : représentation mentale ou constitution énactive des inscriptions spatiales. Lenay, Charles (Ea2223 costech Université technologique de Compiègne). Bonnotte, Isabelle (URECA - EA 1059, Université Lille Nord de France). Univers subjectifs et psychopathologie Plagnol, Arnaud (Lpn, & UMR 8590-ihpst, Université Paris 8). Résumé Nous proposons, dans le cadre de ce symposium consacré aux « représentations mentales », de questionner d’une part le statut épistémologique de cette notion traditionnelle de la psychologie, et d’autre part sa fécondité actuelle dans les différents champs de la psychologie contemporaine. La première session aura pour objet d’apporter des éléments de réflexion théorique et épistémologique, et de montrer dans quelles conditions l’existence des représentations mentales, si elle n’a pas un caractère purement ontologique, peut être rendue légitime du seul point de vue de leur pouvoir explicatif dans la réalisation des phénomènes mentaux. A cet égard, différentes acceptions de la notion de représentation peuvent être pensées. Toutefois, l’approche dite « représentationniste » doit être confrontée à une approche externaliste de la cognition qui prétend, pour sa part, sans faire l’économie conceptuelle de la notion de représentation, lui contester son caractère interne. Des points de vue historique, philosophique, neuroscientifique et psychologique seront successivement présentés, en les confrontant à l’état des recherches empiriques. La légitimité épistémologique des représentations sera ainsi discutée et leur pertinence interrogée au regard des disciplines qui concourent, chacune à leur manière, à une meilleure compréhension du fonctionnement cognitif,qu’il soit normal ou pathologique. La seconde session viendra illustrer, à travers la relation de recherches empiriques actuelles, les diverses acceptions de la notion de représentation aujourd’hui pertinentes, aussi bien en psychologie de la cognition qu’en psychologie sociale, de l’éducation ou de la santé. L’adoption, au moins pragmatique, de cette notion dans un champ d’application relativement large, allant de l’action anticipée à celui des représentations sociales, semble pouvoir justifier, tout au moins sur un plan opératoire, la pérennité de son usage dans la communauté des chercheurs en cognition. Il semble par conséquent, qu’en dépit des critiques parfois formulées à l’égard de la notion de représentation, cette dernière conserve malgré tout une pertinence certaine, à la fois sur le plan de la réflexion théorique et dans l’activité quotidienne de nombreux chercheurs. Elle constitue en effet, aujourd’hui encore, un enjeu central des sciences cognitives, et l’illustration quasi parfaite qu’une notion aussi ancienne peut jouir d’une intense actualité. Congrès psycho.indb 217 mercredi matin Comment les situations du monde sont representees dans notre esprit 22/07/10 16:09 218 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Les représentations: enjeu et problème de la psychologie cognitive Gallina, Jean-Marie (PSITEC EA 4072- Université Lille Nord de France). Description de la problématique proposée mercredi matin Malgré -ou peut-être à cause de- l’usage parfois abusif qui en est fait en psychologie, évoquer la notion de représentation mentale présente des difficultés d’ordre théorique et épistémologique auxquelles tout chercheur en science de la cognition doit se confronter. Il est nécessaire, si l’on veut pallier ces difficultés, d’entreprendre une forme de généalogie de cette notion, et pour cela, invoquer à la fois la question (ancienne) des relations esprit-cerveau, et celle (fondamentale au sens étymologique) de ce à quoi prétend la discipline traditionnellement nommée « psychologie ». Fautil définir cette dernière comme « science de l’esprit » ou comme « science des comportements » (autrement dit, Geisteswissenschaften ou Naturwissenschaften pour évoquer la distinction faite par Dilthey, 1894); ou, pour reprendre la définition qu’en donnait William James en 1890 (reprise dans le titre de la Leçon inaugurale au Collège de France de Stanislas Dehaene en 2007), comme « science de la vie mentale » ? La psychologie cognitive, entendue comme une analyse scientifique de la cognition , a hérité d’un certain nombre de questions non résolues. L’une des premières consiste à interroger la pertinence du niveau d’analyse correspondant à ce que l’on désigne coutumièrement comme étant le « mental ». Est-il légitime, d’un point de vue épistémologique, de concevoir une science de « la vie mentale » ? Et, si oui, qui peut faire cette science ? Les neuroscientifiques bénéficient-ils sur ce point, d’une légitimité plus grande que les psychologues, et ces derniers sont-ils plus légitimes que les spécialistes de l’intelligence artificielle ou que les philosophes de l’esprit de tradition anglosaxonne ? L’émergence des sciences cognitives a bouleversé l’ordre traditionnel des sciences et permis d’apporter concepts et méthodes nouveaux pour définir et actualiser les problématiques relevant d’une approche rationnelle de l’esprit. Dans cette perspective, et en raison notamment du développement exponentiel des sciences du cerveau, le psychologue se voit sommé de répondre aux questions des liens entre connaissance du cerveau et connaissance de l’esprit: celles qui, naturellement et inévitablement, font problème. Parmi ces questions, celles concernant les représentations mentales, leur statut, leur rôle dans le fonctionnement cognitif sont cruciales, étant donné le caractère central de cette notion en psychologie et au sein des sciences cognitives. La notion de représentation mentale peut constituer un point de départ fécond. Elle suscite en effet une réflexion qui permet à la fois de revenir sur les problèmes constitutifs de la psychologie cognitive, et dans une perspective plus générale, de considérer les problèmes engendrés par la description (voire l’explication) des réalisations possibles de l’esprit. Par exemple, la thèse, avancée notamment par Fodor et Pylyshyn (1988), d’une multiréalisabilité du mental, caractéristique du cognitivisme princeps, est-elle aujourd’hui encore féconde. N’est-elle pas supplantée par une conception plus biologisante de la cognition, conception inspirée par les remarquables progrès de l’imagerie médicale, et l’évolution des paradigmes en psychologie ? Qu’en est-il, dès lors, du statut des représentations mentales ? Trois niveaux d’analyse nous semblent être nécessaires et pertinents pour définir une science de la cognition, tout au moins de la cognition humaine: 1/le niveau d’analyse neuronale (celui des neurosciences), appuyé notamment par les techniques d’imagerie cérébrale, 2 et 3/ au niveau de l’activité cognitive, un premier niveau d’analyse qui correspond aux caractéristiques intrinsèques des représentations, à savoir leurs qualités structurales et fonctionnelles, et un second, celui des propriétés sémantiques sans lesquelles la notion de représentation perd tout son sens. Les dernières avancées des neurosciences et les techniques nouvelles d’imagerie cérébrale, si elles nous renseignent de manière précise sur le fonctionnement du cerveau biologique, ne permettent pas à elles seules de répondre à toutes les questions et ne sauraient dispenser la psychologie de traiter les questions traditionnelles de la conscience, de la perception ou de la représentation dans des termes spécifiques. Autrement dit, entre cerveau et comportement y a Congrès psycho.indb 218 22/07/10 16:09 219 t-il une place pour une analyse des états “mentaux” ? Une analyse qui réponde aux exigences de la psychologie telle qu’elle se pratique aujourd’hui en laboratoire et sur le terrain. Les réponses apportées à ces questions vont du dualisme ontologique classique jusqu’à une forme de matérialisme que l’on qualifie d’éliminativiste, avec toutes les nuances qu’il est permis d’envisager (entre ces deux pôles) pour définir les phénomènes mentaux. Le fonctionnalisme, entendu ici comme une position épistémique qui, dans le cadre des sciences cognitives, caractérise les théories qui accordent un statut particulier aux états mentaux, entend décrire ces derniers à partir de leurs états fonctionnels et non pas à partir des états physiques du cerveau. Le dualisme des propriétés constitue le point commun sur lequel se rejoignent les différentes théories que l’on peut ranger dans cette catégorie. Les deux caractéristiques principales en sont, d’une part, le refus du réductionnisme caractéristique de certaines formes du matérialisme, et d’autre part l’affirmation qu’il est nécessaire de distinguer dans l’étude et l’analyse de cette réalité complexe qu’on appelle la cognition plusieurs niveaux de description. Cette perspective conduit tout naturellement à distinguer entre des propriétés dites de second ordre, faisant explicitement référence au contenu des états mentaux, et des propriétés de premier ordre correspondant aux propriétés physiques de l’état cérébral concomitant. Ce qui fait cependant encore débat au sein même des théories fonctionnalistes, c’est la question du rapport entre structure et fonction. Dans le cas de l’agent cognitif humain, quels liens entretiennent le cerveau et ce qui relève de ses propriétés fonctionnelles, et se manifeste dans le comportement de l’individu ? Il nous semble qu’une science unifiée de la cognition ne peut se définir que comme une science du cérébral et du mental, c’est-à-dire une science qui rende compte des interactions entre états cérébraux et états mentaux. Donc, une science qui ne peut échapper à l’examen des représentations mentales. Références Dehaene, S. (2007). Vers une science de la vie mentale. Leçon inaugurale du Collège de France, Paris, Fayard. Descombes, V. (1995). La denrée mentale, Paris, Minuit. Dilthey, W. (1894). Ideen über eine beschreibende une zergliedernde Psychologie. Sitzungsberichte der Berliner Akademie der Wissenschaften, Ges. Schriften, Band V. Fodor, J.A. & Pylyshyn, Z.W. (1988). Connectionnism and cognitive architecture: a critical analysis. Cognition, 28, 3-71. Gallina, J.M. (2006). Les représentations mentales, Paris, Dunod. James, W. (1890). Principles of psychology (2 vol), New York, Henry Holt. Kosslyn, S.M. & Koenig, O. (1992). Wet Mind: The new cognitive neuroscience. New York, Free Press. Le Ny, J.F. (2005). Comment l’esprit produit du sens ?. Paris, Odile Jacob. Tiberghien, G.(2007). Entre neurosciences et neurophilosophie: la psychologie cognitive et les sciences cognitives. Psychologie Française, 52, 279-297. Congrès psycho.indb 219 mercredi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 22/07/10 16:09 220 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Représentations mentales et dynamique cérébrale mercredi matin Sequeira, Henrique (Lnfp CNRS fre 3291, et Université de Lille 1). Du point de vue des neurosciences, les représentations mentales (RM) peuvent être considérées comme des configurations particulières d’activation cérébrale. Elles semblent traduire les multiples dimensions d’entités réelles ou fictives, considérées comme stables dans les conditions spatiales et temporelles les plus diverses. Les RM sont au cœur même des neurosciences cognitives dans la mesure où l’objet de cette discipline est l’étude « des bases neurobiologiques des comportements dont la description la plus complète met en jeu la notion de représentation » (Delacour, 1997). Dans ce cadre, l’objectif de la présente communication est double : d’abord, réunir des éléments de la dynamique cérébrale sur les fondements neuronaux des représentations ; ensuite, considérer leur devenir et expression dans des situations relevant souvent de la pathologie. En premier lieu, nous aborderons l’émergence des représentations en lien avec les indicateurs de complexité et de hiérarchie du système nerveux et leur aboutissement intégré, notamment en termes de conscience. La contribution des informations issues des différents systèmes sensoriels et leur intégration dans les aires associatives les plus évoluées seront éclairées par les techniques spatio-temporelles de la dynamique cérébrale. Les RM seront alors discutées en tant que sources viables d’intention, de planification, de mise en œuvre de l’action ou encore de prise de décision. En second lieu, notre analyse portera sur le rôle des représentations dans l’évolution de la perception de soi, du monde et d’autrui, sur la base de données neurobiologiques et neuropsychologiques du fonctionnement cérébral normal et pathologique. Dans ce contexte, il convient toutefois de souligner que la notion de RM, née au sein du courant cognitif, désigne seulement la part conceptuelle des connaissances alors que la composante affective demeure négligée. En conséquence, seront également discutées les modulations neurophysiologiques et temporelles permettant le codage privilégié des représentations de nature affective. Aussi, sera abordé l’impact de l’information émotionnelle sur des marqueurs neuroélectriques cérébraux associés à des représentations typiquement cognitives. Lors d’un questionnement final, des modèles neuro-computationnels seront considérés en tant qu’interface probable de nouvelles formes de représentation. En conclusion, nous viserons à faire la synthèse entre représentations cognitives vs affectives, adaptées vs inadaptées, issues de la cognition naturelle vs artificielle. Références Delacour, J. (1997). Neurobiology of consciousness : an overview. Behav. Brain Res., 85, 127-141. Congrès psycho.indb 220 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 221 Approche externaliste de la cognition : représentation mentale ou constitution énactive des inscriptions spatiales. Lenay, Charles (Ea2223 costech Université technologique de Compiègne). Résumé Texte Classiquement on oppose science et technique : la science étudie les phénomènes naturels et la technique applique ces connaissances pour réaliser du nouveau. Les technologies cognitives seraient des sciences cognitives appliquées. La connaissance de la « cognition naturelle » servirait pour construire des technologies qui la mimeraient ou la modifieraient[1]. Or, bien qu’une telle science n’existe pas encore, nous sommes entourés de multiples supports techniques pour nos activités cognitives de perception, orientation spatiale et temporelle, mémorisation, déduction, imagination, interaction, etc. Les technologies cognitives sont donc plutôt un fait anthropologique, un fait susceptible d’une étude scientifique. La cognition humaine est toujours une cognition artificielle, c’està-dire culturelle et historique, portée par les outils et milieux techniques que nous lèguent nos parents et que nous transmettons à nos enfants (Stiegler 1994). Plutôt que d’être un moyen pour le déploiement de fonctions internes indépendantes, la technique est constitutive des opérations cognitives. Par exemple, parmi les technologies de l’écriture, le tableau organise la pensée et semble enjoindre à remplir les cases vides qu’il définit. Mais d’où vient cette nécessité ? Si les opérations cognitives s’effectuent par des représentations mentales internes, il faut admettre que le tableau soit d’abord représenté de façon interne, pour pouvoir servir à organiser les activités cognitives de déduction et de recherches. Si au contraire, l’existence d’une case vide correspond seulement à la structure de l’espace physique, pourquoi devrait-elle s’imposer à la pensée comme un manque à remplir ? La psychologie est classiquement considérée comme une science « spéciale » régionale (Fodor 1981). Elle viendrait en dernier lieu, après la physique et la biologie qui chacune aurait dit ce qu’il en est du monde et de l’homme, ajouter à ce dernier des états mentaux. Au contraire, la physique serait une science générale parce que toute chose qui existe appartient au monde physique et doit obéir à ses lois. Cette position épistémologique conduit nécessairement à une conception représentationaliste en psychologie pour expliquer l’existence et le fonctionnement d’états mentaux localisés dans des organismes, eux-mêmes inclus dans un espace où préexistent les objets. Pour la perception, il faut expliquer comment un organisme situé ici peut percevoir des choses là-bas, hors de lui. On est alors conduit à chercher un répondant des états de conscience (états mentaux, représentations) dans des états du cerveau contenu dans cet organisme localisé. C’est une position « internaliste » dont on peut montrer les apories et difficultés. Surtout, elle ne permet pas de comprendre l’efficacité et le rôle historique des technologies cognitives. Si la cognition et la perception consistent en l’activation et la manipulation de représentations internes, comment comprendre qu’une nouvelle médiation technique puisse réellement transformer l’expérience vécue, qu’elle puisse soulager ou augmenter notre activité cognitive. Congrès psycho.indb 221 mercredi matin La question des représentations mentales est cruciale pour la compréhension des technologies cognitives. En effet, l’un des enjeux d’une psychologie scientifique est de pouvoir rendre compte de l’efficacité de supports externes de notre pensée, comme les technologies de l’écriture qui rendent possibles, entre autre, les mathématiques et les sciences de la nature. Ces inscriptions externes doivent-elles être comprises comme le reflet ou le modèle de représentations mentales internes ? Ou bien faut-il plutôt considérer que l’activité cognitive s’étend dans l’espace même des inscriptions ? Dans ce cas, il est nécessaire de proposer une explication de la constitution de l’espace de perception qui permette de rendre compte de l’extension de l’activité cognitive à même les supports matériels. Il devient aussi nécessaire de se refuser l’emploi de la notion de représentation mentale interne à l’organisme. La cohérence d’un tel programme de recherche en cognition située engage une réforme épistémologique de la psychologie qui doit acquérir le statut de science générale et non plus simplement spéciale. 22/07/10 16:09 222 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mercredi matin Nous adoptons donc une approche externaliste au sens fort, pour laquelle les supports techniques externes sont partie intégrante de l’activité cognitive (Clark & Chalmers 1998). Cependant, la cohérence d’un tel programme de recherche exige une position épistémologique forte prenant la psychologie comme une science fondamentale générale. Tous les phénomènes, qu’ils soient physiques, biologiques, sociologiques, historiques ou linguistiques sont toujours pour une conscience. Ils doivent donc tous être susceptibles d’une description psychologique. Dans ce cas, la psychologie est une science générale, ce qui ne veut cependant pas dire qu’elle soit dominante ou totalisante. Plutôt que de fragmenter le monde en diverses régions suivant les disciplines, nous défendons que chaque discipline est comme un point de vue sur la totalité du réel, et que ces points de vue peuvent se croiser. La physique est tout autant une partie de la psychologie que la psychologie est une partie de la physique. Mais pour qu’une telle approche soit possible, il faut en premier lieu que la psychologie rende compte de la constitution de l’objectivité, donc de l’espace de la physique. Nous proposons donc une explication de la façon dont se constitue l’espace de perception ouvert par le couplage entre l’organisme et son milieu (Lenay, Sebbah 2001). Chaque position, chaque forme correspond à un invariant sensori-moteur permis par le couplage. Si l’objectivité est constituée par et pour une conscience, réciproquement les opérations et contenus de cette conscience peuvent être expliqués par des opérations concrètes dans cette objectivité. Si je perçois ce livre posé sur ma table, ce n’est pas parce que j’en aurai une représentation dans le cerveau (comment un état neurophysiologique interne pourrait porter un contenu de conscience différent de lui), mais parce que, à l’aide de mon cerveau, de mes yeux, de mes mains, et de la causalité du milieu, je dispose d’un savoir faire sensorimoteur pour agir en fonction de cet objet. Dans ma relation concrète avec ce livre, je le constitue comme contenu de ma conscience. Un contenu qui n’est pas dans ma tête mais bien là sur la table. Ma conscience de la localisation d’un objet se trouve là où est cet objet. Il y a co-extensivité de l’espace de ma conscience et de l’espace physique. Les inscriptions matérielles (écriture, dessin, carte,…) en spatialisant la pensée, la force à satisfaire aux contraintes de la constitution de l’espace (Lenay 2004). Les mêmes opérations de déplacement servent à constituer cet espace et à comparer les items qui y sont inscrits. [1] C’était l’ambition de l’intelligence artificielle qui pour cela s’appuyait sur la théorie computationnelle de la cognition comme manipulation interne de représentations formelles. Références Clark, A. & Chalmers, D. (1998). The Extended Mind. Analysis, 58, 10-23. Fodor, J. (1981). Representations: Philosophical Essays on the Foundations of Cognitive Science. Cambridge, Mass.: The MIT Press. Lenay, C., Sebbah, F. (2001). La constitution de la perception spatiale. Approches phénoménologique et expérimentale, Intellectica, 2001/1, n°32, pp. 45-86. Lenay, C. et Pfaender, F. (2004). Sens de la spatialisation de l’information et prothèses perceptives, Parole, 2004, 29-30, pp. 63-86 Stiegler, B. (1994). La technique et le temps, t.1. Paris : Galilée. Congrès psycho.indb 222 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 223 Comment les situations du monde sont représentées dans notre esprit Bonnotte, Isabelle (URECA - EA 1059, Université Lille Nord de France). Je discuterai la notion de représentation à partir des perspectives de Le Ny (2005) et de Plaut et Booth (2000). Les représentations seront alors considérées comme des configurations de connexions apprises, la plupart de manière implicite. Je fixerai mon attention sur les traitements sémantiques en analysant comment nos connaissances conceptuelles des objets et des situations de notre monde affectent le traitement des noms et des verbes. Les données (latences de décision et erreurs) recueillies dans des tâches de décision sémantique ou lexicale associées au paradigme de l’amorçage sémantique permettent de tester l’hypothèse selon laquelle des représentations stables des connaissances sémantiques relatives aux objets exprimés par les noms (Bonnotte & Casalis, 2009) ou aux situations exprimées par les verbes (Bonnotte, 2008) sont disponibles et accessibles en mémoire à long terme. Les représentations sémantiques sont considérées comme étant « constituées d’atomes de connaissances ». Ainsi, les notions de traits et de valeurs de traits apparaissent centrales. La question de leur saillance est également posée. Les représentations, qu’elles soient nominales ou verbales, sont alors envisagées sous la forme de réseaux d’unités sous-tendues par l’activation de patrons de micro-unités. À partir de ce cadre général, ma présentation ciblera les travaux sur les représentations de situations. Introduction Mes travaux sur les représentations des situations de notre monde (Bonnotte, 2008) visent à tester l’hypothèse générale proposée par Le Ny (1995, 1998, 2005) selon laquelle les propriétés classificatoires des verbes pourraient être interprétées comme des propriétés sémantiques. Ainsi, comme pour les noms, des représentations stables des connaissances sémantiques à propos des situations exprimées par les verbes seraient disponibles et accessibles en mémoire à long terme. L’amorçage sémantique permettrait alors d’accéder à la signification des verbes comme à la signification des noms. Les associations régulières entre les verbes et les temps du passé chez les adultes français (e.g., Bonnotte & Fayol, 1997) permettent d’extraire de la représentation de la signification des verbes deux propriétés sémantiques superordonnées : la durativité et la résultativité. mercredi matin Résumé Matériel Une étude préliminaire a été réalisée afin de sélectionner des items typiques dans deux catégories verbales : (1) des représentants de la catégorie des activités : des verbes duratifs et nonrésultatifs (par ex : circuler, discuter) ; (2) des représentants de la catégorie des achèvements : des verbes non-duratifs et résultatifs (par ex : allumer, ajouter). Procédure Une étude expérimentale a alors été conduite chez de jeunes adultes avec le paradigme de l’amorçage sémantique associé à deux tâches de décision sémantique visuelle afin d’évaluer les effets d’amorçage sous les SOAs de 200 ms et 100 ms. Dans la tâche de décision de durativité, les participants devaient décider si la cible évoquait une situation durable ou non-durable (i.e., dont la durée est extrêmement brève). Dans la tâche de décision de résultativité, ils devaient décider si elle se rapportait à une situation avec un résultat directement observable ou sans résultat externe clair. Les cibles étaient précédées d’amorces similaires, opposées ou neutres. Résultats Les données sur les latences de décision ont montré que l’amorçage sémantique permet d’accéder à la signification des verbes aux SOAs de 200 ms et 100 ms, avec une restriction toutefois : seule la valeur positive de chaque propriété bénéficie de l’amorçage (i.e., les valeurs durative et résultative). En outre, les traitements de la durativité et de la résultativité sont loin d’être comparables. En effet, sur la durativité, une facilitation est mise en évidence avec un amorçage similaire ou opposé. En revanche, sur la résultativité, une facilitation est mise en évidence uniquement avec un amorçage similaire. Congrès psycho.indb 223 22/07/10 16:09 224 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Discussion Ces résultats confortent l’hypothèse générale proposée par Le Ny (1995, 1998, 2005) selon laquelle les propriétés classificatoires des verbes pourraient être interprétées comme des propriétés sémantiques et la perspective selon laquelle l’amorçage sémantique permet d’accéder à la signification des verbes, comme à la signification des noms. En outre, les effets d’amorçage contrastés sur les deux propriétés sémantiques superordonnées nous conduisent à considérer la durativité comme un trait continu et la résultativité comme un trait binaire. Nous faisons l’hypothèse que les variations des traitements sémantiques effectués sur ces deux traits pourraient en partie être expliquées par des formats de représentation différents sachant que l’activation se propagerait plus efficacement (en termes de rapidité et d’exactitude) sur un trait continu que sur un trait binaire. Références mercredi matin Bonnotte, I. (2008). The role of semantic features in verb processing. Journal of Psycholinguistic Research, 37, 199217. Bonnotte, I., & Casalis, S. (iFirst article, 2009). Semantic priming in French children with varying comprehension skills. European Journal of Developmental Psychology. Bonnotte, I., & Fayol, M. (1997). Cognitive representations of predicates and the use of past tenses in French: A developmental approach. First Language, 17, 75-101. Le Ny, J. F. (1995). Mental lexicon and machine lexicon: Which properties are shared by machine and mental word representations ? Which are not ? In P. Saint-Dizier & E. Viegas (Eds.), Computational Lexical Semantics (pp. 50-67). Cambridge, New-York, Melbourne: Cambridge University Press. Le Ny, J. F. (1998). La sémantique des verbes et la représentation des situations. Cahier de Recherche Linguistique LanDisCo, 12, 85-100. Le Ny, J. F. (2005). Comment l’esprit produit du sens. Paris: Odile Jacob. Plaut, D. C., & Booth, J. R. (2000). Individual and developmental differences in semantic priming: Empirical and computational support for a single-mechanism account of lexical processing. Psychological Review, 4, 786-823. Univers subjectifs et psychopathologie Plagnol, Arnaud (Lpn, & UMR 8590-ihpst, Université Paris 8). Résumé Si la psychologie expérimentale a développé des outils rigoureux pour aborder les représentations mentales, il persiste un fossé pour les opérationnaliser de façon pertinente pour la clinique, notamment pour rendre compte de la genèse d’un syndrome en relation avec une histoire singulière inscrite dans des contenus de représentation en mémoire. Pour éclairer l’expérience subjective des troubles, il semble nécessaire de disposer d’un cadre conceptuel dans lequel aborder dans sa globalité l’univers subjectif qui se déploie à partir de la mémoire, c’est-à-dire l’espace de représentation dans lequel un sujet « navigue ». Une ébauche de la construction des espaces de représentation sera ici proposée en l’étayant sur la perspective de la « cognition fondée » (grounded cognition). La topologie d’un espace de représentation sera abordée en décrivant quelques contraintes qui s’exercent sur sa structure. Les correspondances possibles entre syndromes et reconfigurations défensives de l’espace de représentation seront évoquées. Les questions soulevées par la validation d’une telle approche pourraient ouvrir de nouveaux horizons pour les collaborations entre expérimentalistes et cliniciens. Description de la problématique exposée Même si d’importantes controverses ontologiques et épistémologiques persistent quant à l’existence et au contenu des représentations mentales, cette notion a toujours été utilisée avec fécondité en psychopathologie. La psychologie expérimentale a permis le développement d’un ensemble de concepts et de méthodes pour aborder les représentations, mais comment les opérationnaliser de façon pertinente pour la clinique (Le Ny, 2005) ? Par exemple, les altérations cognitives évoquées dans les troubles schizophréniques relèvent de dysfonctionnements du traitement de l’information sans qu’une telle perspective ne permette de décrire les univers subjectifs fragmentés au cœur de la clinique de ces troubles (e.g., Plagnol et al., 2003). Il est alors difficile de rendre compte de la genèse d’un syndrome en relation avec une histoire singulière inscrite dans des Congrès psycho.indb 224 22/07/10 16:09 225 contenus de représentation en mémoire. En fait, pour éclairer l’expérience subjective des troubles, par exemple le poids traumatique de certaines situations qui semble s’exercer sur la vie entière, il semble nécessaire de disposer d’un cadre conceptuel unifié dans lequel aborder dans sa globalité l’univers subjectif qui se déploie à partir de la mémoire, c’est-à-dire l’espace de représentation dans lequel un sujet « navigue », tel qu’il reflète sa vie psychique (Plagnol, 2004). Dans cette communication, une ébauche de la construction des espaces de représentation sera proposée à partir du cadre conceptuel de la grounded (ou situated) cognition (Barsalou, 1999, 2008 ; Glenberg, 1997 ; Mayberrry et al., 2009) et des nombreux travaux qui l’étayent empiriquement (e.g., Richter & Zwann, 2009 ; van Dantzig et al., 2008 ; Vermeulen et al., 2008). La topologie d’un espace de représentation sera ensuite abordée en évoquant quelques contraintes qui s’exercent sur sa structure. On montrera comment l’interaction entre un évènement et une mémoire subjective peut être analysée dans cette perspective, puis l’on esquissera la redéfinition de certaines notions-clefs de la psychopathologie comme celles de traumatisme et de processus de défense. On montrera enfin comment un syndrome peut correspondre dans ce cadre conceptuel à un certain type de reconfiguration défensive de l’espace de représentation. Par exemple, l’état dépressif peut correspondre à une rétraction, l’état maniaque à une dilatation, la schizophrénie à une fragmentation persistante… L’exemple de la dépression sera traité de façon plus approfondie. En enrichissant certaines modélisations classiques, il est donc possible de proposer une approche des représentations mentales assez riche pour éclairer des contextes cliniques : les questions soulevées par la validation d’une telle approche pourraient ouvrir de nouveaux horizons pour les collaborations entre expérimentalistes et cliniciens. Références Barsalou, L. W. (1999). Perceptual symbol systems. Behavioral and Brain Sciences, 22(4), 577-660. Barsalou, L. W. (2008). Grounded cognition. Annual Review of Psychology, 59, 617-645. Glenberg, A. M. (1997). What memory is for. Behavioral and Brain Sciences, 20, 1-55. Le Ny, J.-F. (2005). Comment l’esprit produit du sens ? Notions et résultats des sciences cognitives. Paris, Odile Jacob. Mayberry, M. R., Crocker, M. W., Knoeferle, P. (2009). Learning to attend: A connectionist model of situated langage comprehension. Cognitive Science, 33, 449-496. Plagnol, A., Oïta, M., Montreuil, M., Granger, B., Lubart, T. (2003). La fragmentation de l’espace de représentation dans les schizophrénies. L’Encéphale, XXIX, 401-411. Plagnol, A. (2004). Espaces de représentation : théorie élémentaire et psychopathologie. Paris, Editions du CNRS. Richter, T., Zwaan, R. A. (2009). Processing of color words activates color representations. Cognition, 111, 383-389. van Dantzig, S., Pecher, D., Zeelenberg, R., Barsalou, L. W. (2008). Perceptual processing affects conceptual processing. Cognitive Science, 32, 579-590. Vermeulen, N., Corneille, O., Niedenthal, P. M. (2008). Sensory load incurs conceptual processing costs. Cognition, 109, 287-294. Congrès psycho.indb 225 mercredi matin SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 22/07/10 16:09 226 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Symposium-L’apprentissage de la lecture: quelles aides auprès des apprentis lecteurs ? Organisation de la session : Ecalle, Jean (Lab EMC Université Lyon2), Magnan, Annie (Lab EMC Université Lyon2), Foulin, Jean-Noel (Université Bordeaux2). Le traitement visuo-attentionnel et l’apprentissage de la procédure lexicale d’identification des mots. Bosse, [email protected] (Université Grenoble2). Le développement précoce des habiletés de compréhension orale et l’apprentissage de la lecture Bianco, Maryse (Université Grenoble2). Entraînement morphologique : un outil efficace pour l’acquisition du lexique ? Marec-Breton, Nathalie (Université Rennes2), Lang, Emmanuelle (Rennes2). mercredi matin Effet d’un entraînement au traitement grapho-syllabique chez des faibles lecteurs scolarisés en CP. Kleinsz, Nina (Lyon2), Liger, Chloé (Lyon2), Ecalle, Jean (Lyon2), Magnan, Annie (Lyon2). Résumé Ce symposium s’inscrit directement dans la ligne du symposium « Apprentissage de la lecture et connaissances précoces ». Les travaux en psychologie cognitive du développement et de l’éducation menés sur la thématique de l’apprentissage de la lecture ont souvent comme objectif de saisir l’état des connaissances nécessaires à l’apprenti lecteur et de comprendre les processus en jeu; mais peu sont consacrés aux aides qui pourraient être proposées au début de l’apprentissage de la lecture. L’objectif ici est de rapporter 4 études qui présentent des pistes d’intervention auprès d’enfants au début de l’apprentissage de la lecture. Dans la première, M-L Bosse (Grenoble2) présentera les liens entre traitement visuo-attentionnel et identification de mots écrits dans le cadre d’un suivi longitudinal, étude qui conclura sur une aide à envisager dans le domaine. Les 3 autres études testent directement l’effet d’un entraînement dans différents domaines. M. Bianco (Grenoble2) s’attachera à montrer les effets d’une intervention précoce dès la maternelle visant à développer les habiletés de compréhension orale sur la compréhension en lecture. L’approche de N. Marec-Breton (Rennes2) s’appuie sur les travaux montrant le poids de la morphologie dans l’apprentissage de la lecture. Elle propose un entraînement à la conscience morphologique chez des enfants de CP comparativement à un groupe contrôle (les analyses sont en cours). Enfin, des travaux depuis une dizaine d’années montrent que le jeune lecteur en français semble utiliser très tôt la syllabe pour identifier les mots écrits. Dans ce cadre, N. Kleinsz et al. (Lyon2) ont mené un entraînement grapho-syllabique auprès de enfants faibles lecteurs en CP (les analyses sont en cours). Congrès psycho.indb 226 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 227 Le traitement visuo-attentionnel et l’apprentissage de la procédure lexicale d’identification des mots. Bosse, [email protected] (Université Grenoble2). Résumé La relation entre le traitement visuo-attentionnel et l’apprentissage de la lecture, suggérée par le modèle MTM (Ans, Carbonnel, & Valdois, 1998), a été essentiellement mise en évidence dans des études transversales et corrélationnelles auprès d’enfants dyslexiques ou tout-venant (Bosse, Tainturier, & Valdois, 2007, Bosse, & Valdois, 2009). Dans l’étude présentée, l’existence d’un lien causal entre l’empan visuo-attentionnel et l’acquisition des connaissances lexicales orthographiques a été évaluée par un suivi longitudinal. Les capacités de traitement phonologique et visuo-attentionnel précoces ont été mesurées en maternelle et les connaissances lexicales orthographiques en CE1. Les analyses de trajet montrent que l’empan visuo-attentionnel précoce prédit le niveau des connaissances lexicales en fin de cycle 2. Les recherches scientifiques, dans le domaine de l’apprentissage de la lecture et ses mécanismes cognitifs, ont depuis longtemps démontré l’importance de développer chez l’enfant des capacités de conscience phonologique pour pouvoir apprendre à identifier les mots (e.g., Ehri, 2005). Aujourd’hui, la plupart des méthodes et des enseignants de cycle 2 ont intégré cette donnée scientifique et s’attachent à développer chez les enfants des capacités à identifier, segmenter ou manipuler les phonèmes. Cependant, l’apprentissage de la lecture reste difficile pour une part non négligeable des enfants. L’identification des mots étant un exercice très complexe, il est fort probable que d’autres mécanismes cognitifs, encore peu étudiés ou difficiles à mettre en évidence, soient également responsables de certaines difficultés des enfants dans ce domaine. Nos propres travaux portent sur la relation entre l’apprentissage de la lecture et la capacité de traitement visuo-attentionnel, définie comme la capacité à traiter simultanément une suite d’éléments distincts lors d’une fixation oculaire. L’empan visuo-attentionnel, évalué lors d’épreuves de report d’éléments présentés simultanément pendant un temps court, peut être considéré comme un estimateur de la capacité maximale de traitement visuo-attentionnel. Nous avons montré que cet empan visuo-attentionnel est très déficitaire chez certains enfants dyslexiques et il semble que ce déficit puisse être la cause de leur difficulté d’apprentissage de la lecture (Bosse & Valdois, 2003, Bosse et al, 2007). Dans la population générale, l’empan visuo-attentionnel varie d’une personne à l’autre et est corrélé aux capacités d’apprentissage de la lecture (Bosse & Valdois, 2009). Enfin, une étude longitudinale suggère l’existence d’une relation causale entre le traitement visuoattentionnel précoce et la lecture au CP (Bosse, Valdois, & Dompnier, 2009). Nous présenterons la suite de ce suivi longitudinal, qui démontre l’importance du traitement visuo-attentionnel sur l’acquisition des connaissances lexicales orthographiques et la mise en place de la procédure lexicale d’identification des mots. mercredi matin Introduction Matériel et Méthode 122 enfants ont été testés en grande section et CP sur un ensemble d’épreuves de conscience phonologique (intrus, omission, et inversion de syllabes en maternelle ; segmentation, omission et acronymes sur phonèmes en CP), de traitement visuo-attentionnel (report de suites de chiffres en maternelle, de suites de lettres non prononçables en CP, présentées visuellement et simultanément pendant 200ms), et de mémoire verbale (report de suites de chiffres présentées auditivement). En fin de CE1, les mêmes enfants ont été évalués sur leurs connaissances lexicales orthographiques (dictée de mots irréguliers) et leurs capacités d’encodage phono-graphémique (dictée de pseudomots). Résultats et Discussion Des analyses de trajets incluant les mesures prises en maternelle, en CP et en CE1 ont été effectuées. Ces analyses permettent de tester des hypothèses de relations causales entre les variables longitudinales, en prenant en compte l’ensemble des mesures et leurs liens. Notre hypothèse Congrès psycho.indb 227 22/07/10 16:09 228 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 principale était que les mesures d’empan visuo-attentionnel sont causalement reliées aux capacités d’acquisition des connaissances lexicales orthographiques, mais pas aux capacités d’encodage phono-graphémique. Les analyses confirment notre hypothèse. En effet, dans l’analyse de trajets incluant la dictée de mots irréguliers en CE1, le lien entre les mesures d’empan visuo-attentionnel et la dictée de mots irréguliers a un poids significatif (ß=.28, p<.05), et le fait d’exclure ce lien du modèle fait baisser la parcimonie du modèle (indice AIC[1] = +.29 pour le modèle sans ce lien, -11.39 pour le modèle avec ce lien). Au contraire, dans l’analyse de trajets incluant la dictée de pseudo-mots en CE1, le lien entre les mesures d’empan visuo-attentionnel et la dictée de pseudomots a un poids négligeable (ß=.04, NS), et le fait d’exclure ce lien du modèle améliore la parcimonie du modèle (indice AIC = -8.43 pour le modèle sans ce lien, -6.73 pour le modèle avec ce lien). De plus, les analyses de trajet confirment que le lien entre empan visuo-attentionnel et dictée de mots irréguliers est indépendant du lien existant entre le traitement phonologique et cette même dictée. Ces résultats seront discutés dans le cadre des connaissances actuelles sur l’apprentissage de la procédure lexicale d’identification des mots. Des implications pratiques pour l’apprentissage de la lecture seront envisagées. [1] Plus l’indice AIC est bas, plus la parcimonie du modèle est importante Références mercredi matin Ans, B., Carbonnel, S., & Valdois, S. (1998). À connectionist multi-trace memory model of polysyllabic word reading. Psychological Review, 105, 678-723. Bosse M-L. & Valdois S. (2003). Patterns of developmental dyslexia according to a multi-trace memory model of reading. Current Psychology Letters, Special Issue on Language Disorders and Reading Acquisition, 10(1). http://cpl.revues. org/document92.html Bosse M-L., & Valdois S. (2009). Influence of the visual attention span on child reading performance: A cross-sectional study. Journal of Research in Reading, 32, 230-253. Bosse M-L., Tainturier M-J., & Valdois S. (2007). Developmental dyslexia: the visual attention span hypothesis. Cognition, 104(2), 198-230. Bosse M-L., Valdois, S., & Dompnier, B. (2009). Acquisition du langage écrit et empan visuo-attentionnel: une étude longitudinale. In J.-E. Gombert (Ed), Approche Cognitive de l’apprentissage de la langue écrite, Rennes, PUR, 167178. Ehri, L. C. (2005). Learning to read words: Theory, findings, and issues. Scientific Studies of Reading, 9, 167-188. Congrès psycho.indb 228 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 229 Le développement précoce des habiletés de compréhension orale et l’apprentissage de la lecture Bianco, Maryse (Université Grenoble2). Résumé Nous présenterons une recherche longitudinale dont l’objectif était d’étudier 1) l’influence du développement langagier précoce sur l’apprentissage de la lecture et 2) les effets d’un entraînement aux habiletés de compréhension à l’école maternelle sur le développement de ces habiletés d’une part et sur l’apprentissage de la lecture d’autre part. Les résultats montrent tout d’abord que les habiletés de compréhension orales précoces expliquent dès le CP une part importante des différences interindividuelles de compréhension en lecture, contrairement à ce qui est généralement admis dans la littérature. Ils montrent ensuite que l’on peut aider les jeunes élèves à améliorer leurs habiletés de compréhension à travers un enseignement explicite et spécifique dont les principes seront détaillés. Au-delà du décodage, l’apprentissage de la lecture soulève la question de la compréhension de ce qui est lu. Le développement de cette activité complexe reste encore mal compris et les dispositifs d’enseignement susceptibles de le favoriser peu étudiés et mal définis. Les habiletés de la compréhension sont communes à l’oral et à l’écrit et plusieurs recherches longitudinales ont montré que leur développement, mesuré à 3 ou 4 ans, prédit très significativement la compréhension en lecture quelques années plus tard. Quelques travaux récents ont aussi montré que ces habiletés expliquent une part significative de la variabilité des performances en décodage dès le cours préparatoire, indépendamment des habiletés d’analyse du code oral (conscience phonologique, NICHD, 2005, par exemple). Nous présenterons une recherche longitudinale dont l’objectif était d’étudier 1) l’influence du développement langagier précoce sur l’apprentissage de la lecture et 2) les effets d’un entraînement aux habiletés de compréhension à l’école maternelle sur le développement de la compréhension orale d’une part et sur l’apprentissage de la lecture d’autre part. mercredi matin Introduction Matériel et Méthode 1170 élèves français ont été suivis de la moyenne section de maternelle jusqu’au cours préparatoire et leurs performances en langage oral (conscience phonologique et compréhension orale) ont été estimées à 4 reprises. Au cours des deux années de maternelle et en fonction des groupes expérimentaux auxquels ils étaient affectés, les élèves ont bénéficié d’entrainements langagiers spécifiques, intégrés aux activités pédagogiques quotidiennes et administrés par les enseignants responsables des classes. Deux groupes ont été entraînés à la compréhension orale à partir de deux programmes distincts (analyse d’albums (programme AA) et enseignement explicite de stratégies (programme CS); ce programme était composé d’exercices spécifiques conçus pour travailler chacun, un aspect précis de la compréhension). Un troisième groupe a suivi un entraînement à la conscience phonologique (programme PHO); un dernier groupe enfin servait de témoin. Les trois groupes expérimentaux étaient scindés en deux sous-groupes afin de manipuler le temps d’entraînement des élèves (une moitié des élèves a été entraînée pendant deux semestres (un semestre en moyenne section et autre en grande section), l’autre moitié a été entraînée en grande section seulement). Les performances en lecture (identification des mots et compréhension en lecture) ont été évaluées au second trimestre du cours préparatoire (en mars), environ 9 mois après la fin de tous les entraînements (mais-juin de l’année précédente). Résultats et Discussion Des modèles de croissance ont permis d’estimer les effets des entraînements sur l’évolution des habiletés langagières des enfants et ont montré que la compréhension orale peut être améliorée par des entraînements spécifiques, dès l’école maternelle : le programme CS, conduit pendant deux semestres, améliore significativement les performances des élèves et cet effet positif reste sensible à moyen terme. Les résultats montrent en outre que les entraînements ont des effets spécifiques : l’entraînement phonologique améliore les performances en conscience phonologique mais pas Congrès psycho.indb 229 22/07/10 16:09 230 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 mercredi matin en compréhension et l’entraînement explicite à la compréhension (programme CS) améliore la compréhension orale mais pas la conscience phonologique. L’influence des habiletés langagières précoces et celle des entraînements sur les performances en lecture au CP ont été analysées par des modèles multiniveaux. Deux résultats principaux sont à souligner : 1) Les habiletés de conscience phonologique et de compréhension orale mesurées à 4 ans, avant tout entraînement, expliquent chacune une part significative de la variabilité des performances en lecture au CP et leur influence est symétrique : les habiletés phonologiques prédisent plus fortement les performances en identification des mots et les habiletés de compréhension prédisent plus fortement la compréhension en lecture au CP. 2) Les entraînements – lorsqu’ils ont été réalisés régulièrement et pendant les deux dernières années de l’école maternelle - ont également un effet positif de moyen terme sur l’apprentissage de la lecture. Dans ce cas, l’entraînement phonologique a un effet positif sur les performances en identification des mots et l’entraînement explicite à la compréhension (programme CS) a un effet positif sur les scores de compréhension en lecture. Ces résultats montrent tout d’abord que les habiletés langagières précoces, liées à la compréhension, interviennent dès le début de l’apprentissage de la lecture et expliquent d’emblée une part importante des différences interindividuelles de lecture et de compréhension en lecture, contrairement à ce qui est généralement admis dans la littérature. Ils montrent ensuite que l’on peut aider les jeunes élèves à améliorer ces habiletés à travers un enseignement explicite et spécifique. Ils fournissent de ce fait quelques éléments de réflexion pour penser un enseignement précoce du langage susceptible de prévenir les difficultés ultérieures d’apprentissage et de compréhension en lecture. Références Bianco, M. (2010, sous presse). La compréhension de textes : peut-on l’apprendre et l’enseigner ? in M. Crahay & M. Dutrevis (eds). Psychologie des apprentissages scolaires, De Boeck. Bianco, M., Bressoux, P., Doyen, A.L., Lambert, E., Lima, L., Pellenq, C., Zorman, M. (sous presse). Early training of oral comprehension and phonological skills at preschool: the results of a 3 years longitudinal study. Scientific Studies of Reading. Bianco, M. & Bressoux, P. (2009). Effets classes et effets maîtres dans l’enseignement primaire : vers un enseignement efficace de la compréhension, in X. Dumay & V. Dupriez (eds), L’efficacité dans l’enseignement : promesses et zones d’ombre, De Boeck. Bianco, M. Coda, M., Gourgue D. (2006). Compréhension MS, éditions de la Cigale, Grenoble. Congrès psycho.indb 230 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 231 Entraînement morphologique : un outil efficace pour l’acquisition du lexique ? Marec-Breton, Nathalie (Université Rennes 2), Lang, Emmanuelle (Rennes 2). Résumé Les effets d’un entraînement morphologique (conçu autour d’activités de manipulation à l’oral et à l’écrit d’unités morphologiques) sur l’acquisition du lexique ont été étudiés auprès d’enfants scolarisés en Cours Préparatoire. A cette fin, soixante-seize enfants ont été répartis en deux groupes expérimentaux appariés à différentes mesures contrôles : un groupe entraîné à la conscience morphologique et un groupe entraîné à la catégorisation. Les analyses montrent qu’à l’instar de ce qui est classiquement observé, l’entraînement morphologique a bien un impact sur les performances aux tâches de conscience morphologique (Casalis et Colé, 2009). En revanche, son effet sur l’acquisition du lexique semble moins important que celui de l’entraînement à la catégorisation. Une explication pourrait être qu’il est nécessaire que les enfants aient atteint un certain niveau de lecture pour que l’on puisse voir apparaître des effets de l’entraînement morphologique sur les mesures du niveau de vocabulaire. Puisqu’une proportion importante des mots que les enfants rencontrent en primaire est construite morphologiquement (Nagy & Anderson, 1984 ; Colé & Fayol, 2000), des recherches se sont intéressées à la façon dont les enfants acquièrent ces mots. Pour l’essentiel, ces recherches évoquent l’influence des connaissances que les enfants ont sur la structure morphologique de leur langue (Wagner, Muse & Tannebaum, 2006). Selon elles, l’augmentation du lexique en primaire pourrait être expliquée par la conscience morphologique des enfants et notamment par l’augmentation de leurs capacités à analyser la structure des mots construits (Anglin, 1993). Prenant appui sur les résultats de ces études, nous faisons l’hypothèse qu’un entraînement à la conscience morphologique pourrait avoir un retentissement sur le développement des compétences lexicales d’enfants de primaire (e.g. Bowers & Kirby, 2010). Notre étude se propose donc d’étudier les effets d’un entraînement visant à augmenter le niveau de conscience morphologique sur l’acquisition du lexique. mercredi matin Introduction Matériel et Méthode Trente-neuf enfants de Cours Préparatoire (CP) âgés en moyenne au début de l’étude de 7 ans et 4 mois ont suivi un entraînement morphologique de 8 heures (entraînement réparti en 16 séances d’une demi-heure conçues autour d’activités de manipulation à l’oral et à l’écrit d’unités morphologiques). L’efficacité de l’entraînement est évaluée par des épreuves administrées avant et après l’entraînement (1 mois puis 6 mois après) : mesures de la conscience morphologique (notamment par le biais d’une tâche de production morphologique : une petite lampe est une…. ? – lampette et d’une tâche de jugement d’intrus morphologique : pommade – pommier - pomme), de la conscience phonologique (ThaPho, Ecalle, 2007), du niveau de vocabulaire (EVIP, Dunn, Thériault-Whalen & Dunn, 1993) et du niveau de lecture (LUM, Khomsi, 1999). Les performances des enfants du groupe entraînement sont comparées à celles d’un groupe témoin de trente-sept enfants de CP (âgés en moyenne de 7 ans et 4 mois) appariés aux différentes mesures réalisées avant l’entraînement, qui n’a pas suivi d’entraînement morphologique mais qui a bénéficié, pendant la même période, d’un entraînement à la catégorisation (entraînement conçu à partir de l’outil Catégo de Cèbe, Paour & Goigoux, 2008). Le choix d’un contraste avec un entraînement à la catégorisation s’appuie sur le fait que certains travaux (voir notamment Clavé, 1997) évoquent des liens entre l’étendue du répertoire lexical et les compétences à catégoriser. Résultats et Discussion Avant de pouvoir étudier les effets de l’entraînement morphologique sur l’acquisition du lexique, il était important, dans un premier temps, de nous assurer que cet entraînement permet bien d’augmenter le niveau de conscience morphologique des enfants. La comparaison statistique des performances de nos deux groupes expérimentaux (Morphologique vs Catégorisation) nous amènent à conclure que les enfants ayant suivi un entraînement morphologique ont une Congrès psycho.indb 231 22/07/10 16:09 232 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 conscience morphologique plus solide que leurs pairs, un mois et six mois après l’entraînement (Casalis & Colé, 2009). Pour autant, les analyses ne révèlent pas d’effets de l’entraînement morphologique sur l’installation du lexique à court terme. En effet, seul l’entraînement à la catégorisation montre des effets positifs sur les mesures du niveau de vocabulaire du premier post-test. Ce résultat est assez surprenant car les dernières études réalisées dans ce champ de recherche évoquaient toutes un tel effet. Cette divergence de résultats pourrait s’expliquer par le fait que notre étude porte sur de jeunes lecteurs de CP alors que les précédentes recherches s’intéressaient pour la plupart à des enfants de niveau CE2, CM1 ou CM2 (Bowers & Kirby, 2010, Wagner, Muse, & Tannebaum, 2006). Une autre explication, non contradictoire avec la précédente, pourrait être que l’influence de la morphologie sur l’acquisition du lexique est plus importante à l’écrit qu’à l’oral. Il faudrait donc que les enfants aient atteint un certain niveau de lecture pour voir apparaître des effets de l’entraînement morphologique sur les mesures du niveau de vocabulaire. Nos résultats semblent aller dans ce sens. Ainsi, des effets sont observés au second post-test réalisé six mois après l’entraînement alors que le niveau de lecture des enfants a progressé. Les résultats d’analyses de régression semblent également appuyer cette hypothèse. Références mercredi matin Anglin, J.M. (1993). Vocabulary development : A morphological analysis (Monographs of the Society for Research in Child Development, 58). Chicago: University of Chicago Press. Bowers, P.N. & Kirby, J.R. (2010). Effects of morphological instructions on vocabulary acquisition, Reading and Writing, vol. 23, n°5, 515-537. Casalis, S. & Colé, P. (2009). On the relationship between morphological and phonological awareness: Effects of training in kindergarten and in first-grade reading. First Language, 29(1), 113-142. Cèbe, S., Paour, J.L. & Goigoux, R. (2008). Catégo : Apprendre à catégoriser, Paris : Hatier. Clavé, C. (1997). Contribution à l’étude des relations entre connaissances lexicales et la catégorisation chez les enfants de 4 à 6 ans, Université de Nantes, Laboratoire de Psychologie Labécd, Thèse de Doctorat. Dunn, L. M., Thériault-Whalen, C. M. & Dunn, L. M. (1993). Echelle de vocabulaire en images Peabody. Toronto: Psycan. Dunn, L. M., Thériault-Whalen, C. M. & Dunn, L. M. (1993). Echelle de vocabulaire en images Peabody. Toronto: Psycan. Ecalle, J. (2007). THaPho : Test d’Habiletés Phonologiques, Mot à mot. Colé, P., & Fayol, M. (2000). Reconnaissance de mots écrits et apprentissage de la lecture : rôle des connaissances morphologiques. In M. Kail & M. Fayol (Eds.), L’acquisition du langage (Vol. 2, pp. 151-181). Paris: Presses Universitaires de France Khomsi, A. (1999). LMC-R. Paris: Les Editions du Centre de Psychologie Appliquée. Nagy, W. E., & Anderson, R. C. (1984). How many words are there in printed school English ? Reading Research Quarterly, XIX 3, 304-330. Wagner, R.K., Muse, A.E. & Tannebaum, K.R. (2006). Vocabulary Acquisition, New-York, Guilford Press. Congrès psycho.indb 232 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 233 Effet d’un entraînement au traitement grapho-syllabique chez des faibles lecteurs scolarisés en cp. Kleinsz, Nina (Lyon2), Liger, Chloé (Lyon2), Ecalle, Jean (Lyon2), Magnan, Annie (Lyon2). Plusieurs études utilisant différents paradigmes expérimentaux telles la détection de syllabe (Colé, Magnan & Grainger, 1999; Maïonchi, Magnan & Ecalle, 2010), les conjonctions illusoires (Doignon & Zagar, 2006) ou la décision lexicale (Chetail, & Mathey, 2009) ont montré que la syllabe est une unité de traitement au début de l’apprentissage de la lecture. Ce constat a conduit à tester l’effet d’un entraînement au traitement grapho-syllabique chez des faibles lecteurs (Ecalle, Magnan, & Calmus, 2009). Un système d’aide à l’apprentissage de la lecture basé sur l’apprentissage des correspondances grapho-syllabiques semble être efficace auprès de faibles lecteurs. Cette étude vise à tester l’effet d’une d’aide informatisée à l’apprentissage de la lecture reposant sur le traitement grapho-syllabique. Elle a été réalisée auprès de 27 enfants faibles lecteurs de CP en suivant un paradigme pré-test/entraînement/ post-test. Les faibles lecteurs ont été repartis en deux groupes homogènes, 14 élèves ont bénéficié du logiciel d’aide au traitement grapho-syllabique et 13 élèves d’un logiciel d’aide à discrimination graphophonémique. On s’attend à des performances en identification de mots supérieures pour le groupe entraîné au traitement grapho-syllabique. Les résultats sont en cours d’analyse. Introduction L’objectif est de tester l’effet d’un outil d’aide à la lecture qui repose sur le traitement graphosyllabique. Le recours à un entraînement grapho-syllabique pour aider les enfants en difficultés repose sur une série d’arguments expérimentaux suggérant que la syllabe est une unité de traitement au début de la lecture. Diverses études utilisant des paradigmes expérimentaux différents telles la détection de cible à l’initiale d’un mot (Colé, Magnan & Grainger, 1999 ; Maïonchi-Pino, Magnan & Ecalle, 2010), les conjonctions illusoires (Doignon & Zagar, 2006), la décision lexicale (Chetail & Mathey, 2009) ou encore une technique d’entraînement grapho-syllabique (Ecalle, Magnan & Calmus, 2009) suggèrent que la syllabe est une unité de traitement au cours de l’apprentissage de la lecture chez les apprenti-lecteurs francophones. L’hypothèse générale de notre travail est que si l’on considère qu’en français les correspondances grapho-phonologiques s’effectuent dès le CP par l’intermédiaire des unités syllabiques alors un entraînement intensif focalisant les enfants sur la segmentation grapho-syllabique devrait aider les plus faibles lecteurs à identifier les mots. L’entraînement vise à renforcer l’utilisation des relations grapho-phonologiques en exerçant les enfants à manipuler conjointement l’unité syllabique orale et orthographique au sein d’un mot ce qui devrait faciliter le traitement grapho-syllabique en lecture et par conséquent le décodage, procédure d’auto-apprentissage dont on connaît l’importance dans le développement du lexique orthographique (Share, 1999). Une procédure classique en 3 phrases principales, pré-test/ entraînement/post-tests et comparaison de deux groupes d’enfants, expérimental et contrôle est utilisé. L’effet de l’entraînement est testé en comparant les performances des enfants avant et après la période d’entraînement et en comparant les scores des groupes expérimental et contrôle. On testera l’interaction Groupe * Test pour les scores aux différentes épreuves d’évaluation en lecture proposés au cours des tests mercredi matin Résumé Matériel et Méthode A partir d’une population de 100 enfants scolarisés dans 5 Classes Préparatoires appartenant à 4 écoles, 27 faibles lecteurs ont été retenus pour participer à l’étude à sur la base des scores au test de lecture Timé2 (Ecalle, 2003). Ils ont été répartis dans deux groupes, expérimental et contrôle, appariés en âge chronologique, en intelligence non-verbale et en âge de lecture. Les épreuves suivantes ont été administrées en pré-test et post-test : une épreuve de lecture à voix haute, une épreuve de détection d’une cible CV ou CVC à l’initiale d’un mot CV ou CVC (Colé et al., 1999 ; Maïonchi-Pino et al., 2010) et une épreuve d’évaluation de la compréhension orale (adaptation de l’ECOSSE, Lecocq et al. 1996) et écrite (LMC-R, Khomsi, 1999). Congrès psycho.indb 233 22/07/10 16:09 234 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 L’entraînement a duré 10 heures à raison d’une séance de 30 minutes, 4 jours par semaine pendant 5 semaines consécutives. Il a eu lieu dans une salle informatique de l’école en présence d’un adulte. Les élèves du groupe expérimental ont bénéficié d’un entraînement au traitement grapho-syllabique : l’enfant entend une syllabe, puis la voit et enfin, entend un mot. La tâche consiste à indiquer la position de la syllabe au sein du mot. Un feed-back est donné immédiatement après la réponse. Les enfants du groupe contrôle ont été entraînés à la discrimination audio-visuelle de phonèmes à l’aide de deux tâches : une tâche de discrimination de paires minimales et une tâche de discrimination audio-visuelle de type « même – différent ». Un feed-back correctif ainsi qu’un contrôle de la qualité des réponses sont donnés par les deux logiciels. Quatre post-tests sont prévus afin de tester l’effet immédiat et différé de l’entraînement. En outre, nous pensons qu’une procédure d’identification des mots plus efficace devrait améliorer les performances en compréhension de phrases. On s’attend ainsi à long terme (post-test 3) à des performances supérieures dans les deux composantes de la lecture (identification et compréhension) pour les enfants du groupe expérimental comparativement aux enfants du groupe contrôle. Seuls les résultats du post-test 1 seront présentés ici. Résultats et Discussion mercredi matin Le traitement de l’ensemble des résultats est en cours. Toutefois, les premiers résultats suggèrent un effet de l’entraînement grapho-syllabique supérieur à celui de l’entraînement graphophonémique. Une étude récente (Maïonchi-Pino, Magnan, & Ecalle (in press) ayant mis en évidence la capacité des enfants dyslexiques à traiter la syllabe au cours de l’identification de mots écrits, l’utilisation d’un tel système d’aide auprès d’enfants dyslexiques est prévue dans une future recherche. Références Chétail, F., Mathey, S. (2009). Activation of syllable units during visual recognition of French words in Grade 2. Journal of Child Language, 36, 883-894. Colé, P., Magnan, A., & Grainger, J. (1999). Syllable-sized units in visual words recognition : evidence from skilled and beginning readers. Applied Psycholonguistics, 20, 507-532. Doignon, N., & Zagar, D. (2006). Les enfants en cours d’apprentissage de la lecture perçoivent-ils la syllable à l’écrit ? Canadian Journal of Experimental Psychology, 60(4), 258-274. Ecalle, J. (2003). Timé-2: Test d’identification de mots écrits pour enfants de 6 à 8 ans. Paris : ECPA. Ecalle, J., Magnan, A., & Calmus, C. (2009). How computer-assisted learning using ortho-phonological units could improve literacy skills in low-progress readers. Computers & Education, 52(3), 554-561. Maïonchi-Pino, N., Magnan, A., & Ecalle, J. (2010). Syllable frequency ans word frequency effects in visual word recognition : Evidence from a developmental approach in French children. Journal of Applied Developmental Psychology, 31(1), 70-82. Maïonchi-Pino, N., Magnan, A., & Ecalle, J. (in press). The nature of the phonological processing in French dyslexic children: Evidence of the phonological syllable and linguistic features’ role in silent reading and speech discrimination. Annals of Dyslexia Share, D.L. (1999). Phonological recoding and orthographic learning: A direct test of the self-teaching hypothesis. Journal of Experimental Child Psychology, 72, 95-129. Congrès psycho.indb 234 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 235 Symposium Sport, émotions, et qualité de vie Organisation de la session : Legrand, Fabien (Laboratoire de psychologie appliquée (EA 4298), Université de Reims, UFR STAPS), Castanier, Carole (Laboratoire de psychologie des pratiques sportives, Université Paris XI, UFR STAPS), Chaouloff, Francis (Unité inserm n°862, Bordeaux), Dechamps, Arnaud (Alzheimer center, umc st Radboud, Nijmegen (Pays-Bas)), Marcel, Julie (Laboratoire de psychologie appliquée (EA 4298), Université de Reims, UFR STAPS). La transaction entre l’individu et son environnement en contexte sportif : application à l’étude de l’état d’anxiété précompétitive L’alpinisme un contexte privilégié de régulation de l’anxiété : le role modérateur de la fuite de la conscience de soi Castanier, Carole (Laboratoire de psychologie des pratiques physiques, je2494, Université Paris XI, UFR STAPS), Lescanff, Christine (Laboratoire de psychologie des pratiques physiques (je2494), Université Paris XI, UFR STAPS), Woodman, Tim (Schoolf of sport, health & exercise science, Université of Bangor -UK). Rôle des endocannabinoïdes dans les effets anti-stress de l’exercice physique Chaouloff, Francis (Unité inserm 862, Bordeaux). mercredi matin Marcel, Julie (Laboratoire de psychologie appliquée (ea4298), Université de Reims, UFR STAPS), Gillet, Nicolas (Laboratoire de psychologie des âges de la vie (ea2114), Université de Tours), Legrain, Pascal (Laboratoire de psychologie appliquée (ea4298), Université de Reims, UFR STAPS). Programmes de réhabilitation et d’exercice pour la promotion de la qualité de vie de la personne âgée en institution gériatrique Dechamps, Arnaud (Alzheimer center, umc stradboud, Nijmegen, Pays bas). Le rôle modérateur de la fréquence d’entraînement hebdomadaire dans l’effet antidépresseur de l’activité physique Legrand, Fabien (Laboratoire de psychologie appliquée (ea4298), Université de Reims, UFR STAPS). Résumé L’étude des relations entre la pratique d’activités physiques (ou sportives) et le fonctionnement émotionnel du pratiquant est à la fois récente, complexe, et riche d’implications technologiques et sociales : a/ récente puisque cette question intéresse principalement la psychologie du sport et de l’activité physique, une discipline scientifique dont l’histoire n’a guère plus de 40 années d’existence en France, b/ complexe car elle concerne l’analyse des effets des facteurs émotionnels sur la performance sportive, mais aussi sa réciproque, à savoir l’étude de l’influence de la pratique sportive sur ces facteurs, et enfin c/ riche d’implications puisque d’abord sur un plan technologique les connaissances scientifiques produites peuvent servir à construire des programmes de préparation mentale destinés à perfectionner le potentiel compétitif de sportifs de haut niveau. Et puis ensuite, sur un plan plus social, l’utilisation de programmes d’activités physiques dans la restauration du fonctionnement émotionnel et la promotion de la qualité de vie de publics fragilisés constitue aujourd’hui une option thérapeutique dont l’efficacité est attestée par la recherche. Ce symposium a pour vocation principale de faire découvrir aux congrèssistes de la SFP une thématique d’étude transversale car la qualité de vie concerne aussi bien les communautés scientifiques de la psychologie et des STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) que les professionnels de la santé (en gériatrie, en cancérologie). Un panorama des travaux de recherche menés sur cette thématique en France sera ainsi dressé au travers des présentations orales de cinq conférenciers bénéficiant pour la plupart d’une reconnaissance scientifique Congrès psycho.indb 235 22/07/10 16:09 236 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 internationale. Julie Marcel donnera une illustration des relations réciproques entre la perception subjective de l’environnement et l’état d’anxiété précompétitive chez des sportifs de compétition. Carole Castanier présentera des données soulignant l’existence d’un mécanisme psychologique jusqu’alors ignoré dans l’explication des effets anxiolytiques de l’activité physique. A partir d’un modèle animal développé auprès de souris, Francis Chaouloff évoquera lui aussi une hypothèse nouvelle permettant de mieux comprendre les bénéfices psychologiques associés à l’exercice physique : l’hypothèse endocannabinoïdergique. Arnaud Dechamps détaillera les résultats de ses dernières publications concernant l’impact de programmes d’exercices physiques sur la qualité de vie de personnes âgées en institution gériatrique. Et enfin, Fabien Legrand soulignera le rôle clé de la fréquence d’entraînement hebdomadaire pour déclencher l’effet antidépresseur classiquement conféré à l’activité physique par la communauté scientifique. Nous souhaitons par ailleurs que ce symposium soit l’occasion d’échanges et de rencontres entre universitaires, praticiens, et étudiants intéressés par la thématique que nous y proposons. mercredi matin Congrès psycho.indb 236 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 237 La transaction entre l’individu et son environnement en contexte sportif : application à l’étude de l’état d’anxiété précompétitive Marcel, Julie (Laboratoire de psychologie appliquée (ea4298), Université de Reims, UFR STAPS), Gillet, Nicolas (Laboratoire de psychologie des âges de la vie (ea2114), Université de Tours), Legrain, Pascal (Laboratoire de psychologie appliquée (ea4298), Université de Reims, UFR STAPS). Résumé Cette communication présente une étude sur les relations réciproques entre la perception des caractéristiques environnementales et l’intensité et la direction de l’état d’anxiété selon une perspective transactionnelle. Les analyses conduites ont confirmé la transaction entre le vécu émotionnel et l’environnement. Ces résultats invitent à poursuivre les travaux sur la base de ce modèle afin de modéliser le vécu anxieux des sportifs et les relations complexes avec l’environnement en situation de compétition. Dans leur conception transactionnelle, Lazarus et Folkman (1984) insistent sur l’importance de la perception de l’environnement pour appréhender le comportement humain en situation de stress. Rosnet (1999) distingue quatre caractéristiques de l’environnement : la nouveauté (absence d’expérience passée dans une situation similaire), l’ambigüité (imprécision ou insuffisance des informations), la prédictibilité (présence de caractéristiques reconnaissables permettant l’anticipation) et la contrôlabilité (degré de contrôle perçu de l’environnement). Cette structure demande à être complétée par les travaux sur l’approche multidimensionnelle du contrôle qui invitent à distinguer le contrôle interne (par soi) des contrôles externes (notamment par les autres favorables et défavorables). Dans ce modèle, l’état d’anxiété figure comme l’une des conséquences émotionnelles possibles en réaction à une situation perçue comme menaçante. Les travaux sur l’anxiété ont conduit à l’adoption d’une conception multidimensionnelle ; distinguant les composantes somatique et cognitive (Martens, Vealey & Burton, 1990). En parallèle, les travaux de Jones (1995) sur la distinction entre l’intensité (évaluation quantitative du ressenti) la direction (évaluation qualitative du ressenti) de l’état d’anxiété ont permis de mieux analyser les conséquences de cette émotion sur la performance sportive. Ainsi, l’objectif de cette étude était de modéliser les relations réciproques entre la perception des caractéristiques environnementales et l’état d’anxiété précompétitive. Conformément aux travaux de Carver et Scheier (1988) puis de Jones (1995), le rôle médiateur des expectations de faire face a été considéré au sein de cette transaction. mercredi matin Introduction Matériel et méthode Au cours d’une passation rétrospective, 156 sportifs âgés de 14 à 30 ans (M = 17,5 ± 2,37) ont complété l’Échelle de Perception de l’Environnement (Marcel, Legrain, Gillet & Rosnet, 2009 ; 23 items ; nouveauté, ambiguïté, prédictibilité et contrôlabilité par soi, les autres favorables et défavorables), le Competitive State Anxiety Inventory – 2 modifié (Debois, 2001 ; Jones & Swain, 1992 ; Martens et al, 1990 ; 27 items ; anxiété somatique, cognitive et confiance en soi) ainsi que des mesures d’expectations de faire face à l’environnement et à l’intensité des manifestations anxieuses. Les alphas de Cronbach (compris entre 0,62 et 0,88) ont révélé des fiabilités acceptables des souséchelles. Résultats et discussion D’une part, une analyse en équation structurelle a confirmé l’influence de la perception des caractéristiques de l’environnement sur l’état d’anxiété (χ2/ddl = 2,33 ; GFI = 0,96 ; CFI = 0,96 ; IFI = 0,96 ; RMSEA = 0,08 ; SRMR = 0,05). Le rôle médiateur partiel du niveau des expectations de faire face à l’environnement et à l’intensité des manifestations anxieuses a été confirmé par des tests de Sobel (z compris entre -2,75 et -2,08 ; p < 0,05). Ces résultats ont confirmé ceux précédemment observés (Carver & Scheier, 1988 ; Hanton & Jones, 1997 ; Lazarus & Folkman, 1984). De plus, ils ont renforcé le rôle fondamental de l’évaluation des ressources dans la compréhension du vécu anxieux (Carver & Scheier, 1988 ; Jones, 1995). D’autre part, et afin de confirmer la réciprocité de la relation, une analyse en cluster a été conduite. Elle a fait émerger trois profils d’anxiété (faible, Congrès psycho.indb 237 22/07/10 16:09 238 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 modéré et élevé). L’analyse de variance multivariée (cluster x perception de l’environnement et évaluation des ressources) s’est révélée significative (F(24, 264) = 2,719 ; p < 0,001). Les résultats univariés ont démontré des différences pour l’ambiguïté, la contrôlabilité par soi et par les autres défavorables ainsi que pour le niveau et la force des expectations de faire face. Ces résultats ont confirmé la réversibilité de la relation entre la perception de l’environnement et l’état d’anxiété précompétitive (Lazarus & Folkman, 1984 ; Rosnet, 1999) et renforcé l’intérêt de l’analyse en cluster afin de considérer la multidimensionnalité de l’état d’anxiété (Hardy & Fazey, 1987 ; Martinent & Ferrand, 2007). Enfin, cette étude invite à approfondir la transaction entre l’environnement et le vécu émotionnel en considérant d’autres variables du modèle transactionnel comme l’évaluation cognitive et les stratégies de faire face. En effet, si l’influence du vécu émotionnel sur la production d’une performance sportive de haut-niveau a largement été démontrée (Martens et al, 1990), la genèse de ces émotions mérite d’être approfondie afin de mieux modéliser leur rôle sur la performance et plus généralement sur la qualité de vie des sportifs au quotidien. Cette thématique, en tant qu’élément central de ce symposium « Sport, Émotions et Qualité de Vie », constitue un enjeu majeur, tant sur le plan de l’optimisation de la performance que pour le maintien de la santé psychologique des sportifs soumis à des épisodes de stress intenses et répétitifs. Références mercredi matin Carver, C. S., & Scheier, M. F. (1988). À control perspective on anxiety. Anxiety Research, 1, 17-22. Debois, N. (2001). Relation entre l’anxiété, les émotions et la performance en contexte compétitif de haut niveau : Contribution des buts d’accomplissement, des perceptions de compétence, et stratégies de contrôle mises en œuvre. Thèse de Doctorat STAPS, Paris X - Nanterre. Hardy, L., & Fazey, J. A. (1987). The inverted-U hypothesis : A catastrophe for sport psychology ? Paper presented at the annual conference of the North American Society for the Psychology of Sport and Physical Activity, Vancouver, Canada. Hanton, S., & Jones, J. G. (1997). Antecedents of intensity and direction dimensions of competitive anxiety as a function of skill. Psychological Reports, 81, 1139-1147. Jones, J. G. (1995). More than just a game : Research developments and issues in competitive anxiety in sport. British Journal of Psychology, 86, 449-478. Jones, J. G., & Swain, A. B. J. (1992). Intensity and direction as dimensions of competitive anxiety and relationships with competitiveness. Perceptual and Motor Skills, 74, 467-472. Lazarus, R. S., & Folkman, S. (1984). Stress, appraisal and coping. New York, Springer Publishing Company. Marcel, J., Legrain, P., Gillet, N., & Rosnet, E. (2009). Construction et validation de l’Échelle de Perception de l’Environnement (ÉPE): Analyse factorielle et examen de ses relations avec l’évaluation cognitive primaire. Communication orale présentée au Congrès International de Psychologie du Sport. Vincennes, France. Martens, R., Vealey R. S., & Burton D. (Eds.) (1990). Competitive Anxiety in Sport. Champaign, IL: Human Kinetics. Martinent, G., & Ferrand, C. (2007). À cluster analysis of precompetitive anxiety: Relationship with perfectionism and trait anxiety. Personality and Individual Differences, 43, 1676-1686. Rosnet, E. (1999). L’adaptation psychologique au stress dans les situations extrêmes. Habilitation à Diriger les Recherches soutenue le 22 janvier, Université de Reims Champagne Ardenne. Congrès psycho.indb 238 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 239 L’alpinisme un contexte privilégié de régulation de l’anxiété : le role modérateur de la fuite de la conscience de soi Castanier, Carole (Laboratoire de psychologie des pratiques physiques, je2494, Université Paris XI, UFR STAPS), Lescanff, Christine (Laboratoire de psychologie des pratiques physiques (je2494), Université Paris XI, UFR STAPS), Woodman, Tim (Schoolf of sport, health & exercise science, Université of Bangor -UK). Résumé Cette recherche vise à tester l’hypothèse selon laquelle la pratique d’un sport à risque (dans le cas présent l’alpinisme) remplirait une fonction de régulation émotionnelle. Ainsi, certains individus s’investiraient dans une telle activité car cela leur permettrait de faire face à leur humeur dysphorique. Les données produites dans notre étude valide cette hypothèse puisque nous trouvons que la diminution d’anxiété rapportée par des alpinistes avant et après une course en montagne est d’autant plus forte qu’ils ont un score de fuite de la conscience d’eux-mêmes élevé. Les études s’intéressant aux déterminants psychologiques de l’engagement dans les sports à risques se sont essentiellement focalisées sur le concept de recherche de sensations (Llewellyn & Sanchez, 2008). Cependant la spécificité de ce type de pratiques pourrait servir d’autres fonctions que la seule régulation de l’état d’activation physiologique du sujet. L’individu pourrait notamment s’engager dans ces comportements à risques dans le but de réduire le ressenti d’affects négatifs (Cooper, Agocha, & Sheldon, 2000). Selon Taylor et Hamilton (1997) ce type de conduites permettrait notamment à certains individus de répondre à une stratégie de type fuite de la conscience de soi (i.e., volonté de détourner son attention de son mal-être). Dans cette lignée un certain nombre d’auteurs postulent que l’engagement dans les sports à risques correspondrait à un moyen de régulation émotionnelle (Taylor & Hamilton, 1997). Néanmoins, peu d’études ont réellement testé l’existence de ce processus de régulation émotionnelle dans les sports à risques (Woodman, Huggins, Le Scanff, & Cazenave, 2009). La présente étude a donc pour objectif d’observer la variation de l’anxiété ressentie entre avant et après la réalisation d’une course en montagne, ainsi que le rôle modérateur des stratégies de fuite de la conscience de soi et la spécificité du contexte des sports à risques dans ce processus. mercredi matin Introduction Matériel et Méthode Participants :105 alpinistes masculins (Mage = 29.07 ans ; ET = 5.46) contactés au sein de l’Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme (ENSA) et 73 judokas évoluant en pôles France (Mage = 18.79 ans; ET = 2.16) ont participé à cette étude. Outils d’évaluation : (a) Inventaire de Risque et d’Activation (IRA ; Lafollie, Le Scanff, & Fontayne, 2008) ; (b) Inventaire d’Emotionnalité Positive et Négative (EPN-31 ; Pelissolo, Rolland, Perez-Diaz, Jouvent, & Allilaire, 2007). Procédure : Les données ont été collectées sur deux temps de mesure : (T1) 30 min avant le début de la pratique (course en montagne ou combat de judo) les participants ont rempli l’IRA et l’EPN-31 ; (T2) Environ 1 h après la fin de leur pratique les sportifs ont à nouveau complété l’EPN-31. Résultats Variation de l’anxiété chez les alpinistes L’analyse de covariance (avec contrôle de l’âge) révèle une diminution significative du niveau d’anxiété des alpinistes entre avant (M = 17.48, ET = 10.57) et après leur course en montagne (M = 11.22, ET = 9.89), F(1, 103) = 4.39, p < .05, h² = .04. Rôle modérateur de la fuite de la conscience de soi La procédure de traitements statistiques suggérée par Judd, Kenny et McClelland (2001) a permis de mettre en évidence un effet d’interaction Fuite ´ Moment de mesure sur l’anxiété. Après contrôle de l’âge, la fuite apparait comme un prédicteur significatif de l’anxiété à T1, t(102) = 3.68, p < .001, h² = .12, mais pas à T2, t(102) = 0.56, p > .50, h² = .00. De plus, la pente de l’équation de régression de T2-T1 sur la fuite est différente de zéro, t(102) = 3.06, p < .01, h² = .08. La mise en Congrès psycho.indb 239 22/07/10 16:09 240 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 évidence de cet effet d’interaction Fuite ´ Moment de mesure révèle ainsi que plus les alpinistes sont orientés vers des stratégies de fuite de la conscience de soi plus ils bénéficieront d’une diminution de leur état d’anxiété après la réalisation de leur course en montagne. Spécificité du contexte des sports à risques En suivant la méthode d’Aiken et West (1991), nous avons pu mettre en évidence un effet d’interaction Type de pratique ´ Fuite sur la variation de l’anxiété. Après contrôle de l’âge, puis introduction de la Fuite et du Type de pratique dans l’analyse de régression, l’ajout en 3ème pas de l’interaction Type de pratique ´ Fuite entraîne une augmentation significative de la variance expliquée au-delà des effet principaux, ΔR² = .04, p < .01. De plus, la fuite apparaît comme un prédicteur significatif de la variation de l’anxiété chez les alpinistes, t(173) = 3.79, p < .01, h² = .08, mais pas chez les judokas, t(173) = 0.06, p > .50, h² < .01. La mise en évidence de cet effet d’interaction Type de pratique ´ Fuite révèle ainsi que plus l’utilisation de stratégies de fuite de la conscience de soi est importante plus la diminution de l’anxiété après la pratique sera conséquente, mais ce uniquement dans le cas de l’alpinisme. Discussion mercredi matin L’objet de ce travail était d’étudier l’impact de la réalisation d’une course en montagne sur le vécu émotionnel des alpinistes, ainsi que le rôle modérateur des stratégies de fuite de la conscience de soi et la spécificité du contexte des sports à risques dans ce processus. Les résultats suggèrent que les individus orientés vers des stratégies d’autorégulation de type fuite de la conscience de soi obtiendraient de la pratique de l’alpinisme un bénéfice émotionnel se caractérisant par une diminution de l’anxiété. Ainsi l’alpinisme servirait une fonction de régulation émotionnelle pour les individus cherchant à détourner leur attention de leur mal être (Taylor & Hamilton, 1997). Par ailleurs, les résultats révèlent que cet effet bénéfique au niveau émotionnel de la pratique d’une activité sportive serait spécifique aux sports à risques. L’aspect incontestablement dangereux de ce type de pratiques permettrait aux individus ayant des difficultés de régulation émotionnelle de transférer leur attention d’une source d’anxiété interne et non-spécifique vers une source externe et bien identifiable (Woodman et al., 2009). Références Aiken, L. S., & West, S. G. (1991). Multiple regression: Testing and interpreting interactions. Newbury Park: CA: Sage. Cooper, M. L., Agocha, V. B., & Sheldon, M. S. (2000). À motivational perspective on risky behaviors: The role of personality and affect regulatory processes. Journal of Personality, 68, 1059-1088. Judd, C. M., Kenny, D. A., & McClelland, G. H. (2001). Estimating and testing mediation and moderation in withinsubject designs. Psychological Methods, 6(2), 115-134. Lafollie, D., Le Scanff, C., & Fontayne, P. (2008). Adaptation française de « l’Inventaire de Risque et d’Activation ». Canadian Journal of Behavioural Science, 40(2), 113-119. Llewellyn, D. J., & Sanchez, X. (2008). Individual differences and risk taking in rock climbing. Psychology of Sport and Exercise, 9(4), 413-426. Pelissolo, A., Rolland, J. P., Perez-Diaz, F., Jouvent, R., & Allilaire, J. F. (2007). Evaluation dimensionnelle des émotions en psychiatrie : validation du questionnaire Emotionnalité positive et négative à 31 items (EPN-31). L’Encéphale, 33(3), 256-263. Taylor, R. L., & Hamilton, J. C. (1997). Preliminary evidence for the role of self-regulatory processes in sensation seeking. Anxiety, Stress, and Coping, 10, 351-375. Woodman, T., Huggins, M., Le Scanff, C., & Cazenave, N. (2009). Alexithymia determines the anxiety experienced in skydiving. Journal of Affective Disorders, 116, 134-138. Congrès psycho.indb 240 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 241 Rôle des endocannabinoïdes dans les effets anti-stress de l’exercice physique Chaouloff, Francis (Unité inserm 862, Bordeaux). De nombreux travaux ont mis en évidence les effets positifs de l’exercice physique sur l’humeur et les émotions. Une hypothèse récente implique le système endocannabinoïde (cible du Δ9tetrahydrocannabinol, le principe actif du cannabis) dans ces effets. Disposant de souris mutantes pour le principal récepteur des endocannabinoïdes, le récepteur CB1, notre travail vise à analyser le rôle de ce récepteur dans les conséquences émotionelles de l’exercice physique. Un exercice volontaire sur roues de 6 semaines a indiqué que le récepteur CB1 contrôle de manière positive la durée et le temps passé par les souris à effectuer cet exercice volontaire. À l’inverse, ce récepteur ne semble pas impliqué dans les effets positifs de l’exercice physique sur la neurogenèse hippocampique. L’exercice physique a modifié de manière CB1-dépendante l’expression et l’extinction d’une peur conditionnée par un appariement son/choc. Nos travaux actuels utilisent un protocole d’exercice induisant une diminution de peurs inconditionnée et conditionnée pour examiner, à l’aide de mutants du récepteur CB1 dans des populations neuronales bien définies (neurones GABAergiques, neurones glutamatergiques), le rôle du système endocannabinoïde dans les conséquences émotionnelles de l’exercice chez des sujets contrôles. Introduction La pratique de l’exercice physique a des effets positifs tant sur le plan cardiovasculaire, métabolique que psychique (Expertise Collective INSERM, 2008). En effet, les effets antidépresseurs et anxiolytiques de l’exercice sont reconnus depuis longtemps chez l’homme. Parmi les hypothèses privilégiées, on peut citer celles impliquant les systèmes monoaminergiques, les systèmes endorphinergiques, ou encore les neurotrophines. Plus récemment, une hypothèse « endocannabinoïdergique » est venue s’ajouter aux précédentes. Elle repose sur l’observation d’une augmentation des taux circulants d’endocannabinoïdes chez l’homme soumis à un exercice physique aigu (Sparling et coll., 2003). De plus, les récepteurs aux endocannabinoïdes CB1 sont la cible du Δ9-tetrahydrocannabinol, le principe actif du cannabis. Le parallèle entre les effets anxiolytiques, euphorisants et de bien-être (« runners high ») de l’exercice physique d’une part, et de l’ingestion de cannabis d’autre part, ont poussé certains auteurs à proposer un rôle clef des systèmes endocannabinoïdes dans les effets positifs de l’exercice sur l’humeur (Dietrich et McDaniel, 2004). Disposant de souris mutantes constitutives et conditionnelles pour le récepteur CB1 (Monory et coll., 2007), nos travaux visent à explorer le rôle des récepteurs CB1 dans les conséquences émotionnelles d’un exercice physique répété sur plusieurs semaines. mercredi matin Résumé Matériel et Méthode Les travaux ont été effectués sur des souris contrôles C57Bl6/N et sur des souris sauvages ou mutantes pour le récepteur CB1. Ces mutants se caractérisent par une perte totale du récepteur CB1 de l’organisme (CB1 KO) ou par une perte spécifique de ce récepteur de certaines populations neuronales, telles celles dépourvues de récepteurs CB1 dans les neurones glutamatergiques corticaux (GLU-CB1 KO), et celles dépourvues de récepteurs CB1 dans les neurones GABAergiques (GABA-CB1 KO). Les souris expérimentales étaient des mâles de 8-12 semaines individuellement isolées dans des cages standard pourvues de roues d’activité (Intellibio, Seichamps, France) laissées libres de tous mouvements (groupe exercice) ou bloquées de manière permanente (groupe sédentaire contrôle). Les souris ont été hébergées avec de la nourriture et de l’eau ad libitum dans une animalerie thermorégulée ayant un cycle 7h00-19h00. Pour chaque animal, le nombre de révolutions (indice de distance parcourue), le temps passé à effectuer ces révolutions ainsi que la vitesse maximale ont été enregistrés quotidiennement via une interface reliée à un ordinateur dévolu à cet effet. Après 3-6 semaines d’exposition aux roues (bloquées ou libres), les souris ont été testées pour leurs niveaux de peur inconditionnée (tests d’open field, du labyrinthe en croix surélevé, et de la boîte noire/blanche) et de peur conditionnée (association son-choc) à la fréquence d’un test/jour. Les données paramétriques ont été analysées par une analyse de variance suivie d’un Congrès psycho.indb 241 22/07/10 16:09 242 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 test de Tukey. Les données non paramétriques étaient comparées par une analyse de variance de Kruskal-Wallis suivie d’un test de Mann-Whitney. Résultats et Discussion mercredi matin Les souris mutantes CB1 KO couvrent des distances hebdomadaires 30 à 40% inférieures à celles de leurs contrôles, en lien avec des performances moindres en termes de durée et de vitesse maximale. L’absence de récepteurs CB1 affecte l’activité physique, ce qui révèle un rôle du système endocannabinoïde dans l’aptitude à l’exercice. Les effets bénéfiques de l’exercice sur l’humeur et la cognition ont été attribués à son impact positif sur la production de neurotrophines (e.g. BDNF) et la neurogenèse hippocampique. Dans nos conditions, 6 semaines d’exercice accroissent la neurogenèse hippocampique, et ce indépendamment du génotype, bien que les souris CB1 KO courent moins et ont une neurogenèse basale diminuée, comparée à leurs contrôles sauvages (Dubreucq et coll., 2010). L’exercice physique n’a pas affecté les réponses de peur inconditionnée mais a diminué les réponses de peur conditionnée exprimées par les souris CB1 KO. L’absence d’effets de l’exercice physique sur la peur inconditionnée témoignant d’un protocole inapproprié, nous l’avons modifié et montré que 3 semaines d’exercice permettent de diminuer la peur inconditionnée dans le labyrinthe en croix surélevé chez des souris C57BL/6N « sauvages », en soulignant l’importance du groupe contrôle (avec ou sans roues bloquées) utilisé. Nos travaux actuels utilisent ce noveau protocole d’exercice physique chez des souris CB1 KO, GLU-CB1 KO et GABA-CB1 KO pour examiner les conséquences émotionnelles de l’exercice physique chez des animaux dépourvus de récepteurs CB1. Les travaux futurs viseront à répéter cette approche chez des souris préalablement soumises à un stress répété par défaites sociales. Références Dietrich, A., & McDaniel, W. F. (2004). Endocannabinoids and exercise. British Journal of Sports Medicine, 38, 536-541. Dubreucq, S., Koehl, M., Abrous, D. N., Marsicano, G., & Chaouloff, F. (in press). CB1 receptor deficiency decreases wheel-running activity: consequences on emotional behaviours and hippocampal neurogenesis. Experimental Neurology. Expertise Collective INSERM (2008). Activité physique - contextes et effets sur la santé, Les éditions INSERM, Paris. Monory, K., Blaudzun, H., Massa, F., Kaiser, N., Lemberger, T., Schütz, G., Wotjak, C.T., Lutz, B., & Marsicano, G. (2007). Genetic dissection of behavioural and autonomic effects of delta9-tetrahydrocannabinol in mice. PLoS-Biology, 5, e269. Sparling, P.B., Giuffrida, A., Piomelli, D., Rosskopf, L., & Dietrich, A. (2003). Exercise activates the endocannabinoid system. Neuroreport, 14, 2209-2211. Congrès psycho.indb 242 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 243 Programmes de réhabilitation et d’exercice pour la promotion de la qualité de vie de la personne âgée en institution gériatrique Dechamps, Arnaud (Alzheimer center, umc Stradboud, Nijmegen, Pays-Bas). Résumé We will describe through two studies how deconditioned old adults with psychiatric disorders or dementia can regain functional autonomy and enhance their health related quality of life. Studies will be explained in details and the structure of the training involved will be highlighted through an ecological approach. Study #1 Recent advancements in cognitive rehabilitation have shown promising results on learning methods in Alzheimer’s dementia about (re)learning instrumental activities of daily living. We aimed to determine whether Errorless Learning (EL), Learning by Modeling (LM) or Trial and Error Learning (TEL) were advantageous learning methods in the acquisition of an instrumental activity of daily living (IADL) in people with mild to moderately severe stage of Alzheimer’s dementia. Study #2 Our objective was to assess the effects of targeted exercise programs on health-related quality of life compared with usual care based on the ability to perform activities of daily living (ADL) and the Neuropsychiatric Inventory scores in geriatric institutionalized persons Matériel et Méthode Study #1 Using a counterbalanced within-subject design, all participants took part in all learning conditions. EL consisted of straightforward prompts before any action, LM focused on the modeling of each step of the tasks by the therapist and standard TEL without cues was used as a control condition. The participants had to (re)learn three instrumental activities of daily living over two weeks (6 sessions of 30 minutes per task). Performance and errors were measured using a comprehensive standardized assessment. Repeated-measure analyses during learning and with one and four weeks follow-up were performed. Study #2 À randomized controlled trial of 2 exercise programs vs usual care was conducted in 160 institutionalized persons 65 years or older who were able to understand basic motor commands and to move from one position to another. Interventions were performed over 6 months and were either an adapted tai chi program (4 times 30 min/wk) or a cognition-action program (2 times 30-45 min/wk) that focused primarily on an adapted guidance of patient-centered communication skills. The control group received usual care. The study was conducted at 4 settings. The main outcomes were changes in healthrelated quality of life based on ADL and Neuropsychiatric Inventory scores after 12 months. mercredi matin Introduction Résultats et Discussion Study #1 Patients who received the LM and the EL procedures had significantly better learning performance compared to Trial and Error at the physical performance, with a mean difference at four-week follow-up of 15.4 CI95%[6.2-24.5], p=0.001 and 13.5 CI95%[4.3-22.7], p=0.004 respectively. So, this pilot study showed that new learning and relearning of IADLs is possible in AD patients using strict EL and using LM. The improvements were maintained at one month after the training. Since both EL and LM are characterized by a reduction of errors during learning compared to TEL, these results provide evidence that errorless learning principles may be beneficial in dementia care. Study #2 Congrès psycho.indb 243 22/07/10 16:09 244 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 The control group experienced a decline in ADL over the 12-month period compared with the adapted tai chi and cognition-action groups, but the differences were not significant (P=.24 and P=.15, respectively). Also, the components of ADL, eg, ability to walk, continence, and nutrition, were maintained better in the intervention groups than in the control group. The total Neuropsychiatric Inventory score also worsened significantly in the control group, while it was unchanged or improved in the intervention groups. The differences between the cognition-action group and the control group were significant (P=.001). Neuropsychiatric diagnosis subgroups (such as dementia and psychosis) did not show a specific response from any intervention. Therefore, it can be concluded that adapted exercise programs can slow down the decline in health-related quality of life among heterogeneous, institutionalized elderly persons. Références mercredi matin Bandura, A. (2006). Psychological Modeling: conflicting theories. New Jersey: Rutgers. Dechamps, A., Alban, R., Jen J., Decamps, A., Traissac, T., & Dehail, P. (2009). Individualized Cognition-Action intervention to prevent behavioral disturbances and functional decline in institutionalized older adults: a randomized pilot trial. International Journal of Geriatric Psychiatry, DOI: 10.1002/gps.2427 Dechamps, A., Diolez, P., Thiaudiere, E., Tulon, A., Onifade, C., Vuong, T., Helmer, C., & Bourdel-Marchasson, I. (2010). Effects of exercise programs to prevent decline in health-related quality of life in highly deconditioned institutionalized elderly persons: a randomized controlled trial. Archives of Internal Medicine, 170(2), 162-169. Graff, M. J., Vernooij-Dassen, M. J., Thijssen, M., Dekker, J., Hoefnagels, W. H., & Rikkert, M. G. (2006). Community based occupational therapy for patients with dementia and their care givers: randomised controlled trial. Bristish Medical Journal, 333(7580), 1196. Kessels, R. P., & Hensken, L. M. (2009). Effects of errorless skill learning in people with mild-to-moderate or severe dementia: a randomized controlled pilot study. NeuroRehabilitation, 25(4), 307-312. Congrès psycho.indb 244 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 245 Le rôle modérateur de la fréquence d’entraînement hebdomadaire dans l’effet antidépresseur de l’activité physique Legrand, Fabien (Laboratoire de psychologie appliquée (ea4298), Université de Reims, UFR STAPS). Résumé Cette communication présente deux recherches de terrain menées en France sur la question du rôle antidépresseur de l’activité physique. Les résultats sont compatibles avec les données issues des travaux menés à l’étranger, mais la place déterminante de la fréquence hebdomadaire d’entraînement est mise en avant. L’impact antidépresseur de l’exercice physique a été démontré à de nombreuses reprises au cours des trente dernières années, et la dernière méta-analyse publiée par Mead et collègues (incluant tous les essais contrôlés randomisés connus) indique que la taille moyenne de cet effet est de -0,82 (Mead et coll., 2009), ce qui peut être qualifié de taille d’effet « élevée » selon la nomenclature de Cohen (1992). Toutefois, des lacunes méthodologiques caractérisent un certain nombre des essais répertoriés par Mead et ses collègues, ce qui rend l’interprétation de cette taille d’effet assez hasardeuse. Par ailleurs, ces essais présentent une telle diversité sur les plans de la durée des programmes (3 à 16 semaines), du type et du contexte de pratique sportive proposés (indoor, plein air, exercices d’endurance, exercices de renforcement musculaire) qu’il est difficile de déterminer quelles conditions permettent d’obtenir la meilleure efficacité. Sur la base d’une synthèse combinant une cinquantaine d’études empiriques utilisant le Profile of Mood States auprès de populations non cliniques, Berger et Motl (2000) ont proposé une liste de recommandations pratiques pour maximiser les bénéfices thymiques associés à la pratique d’une activité physique, dont voici un résumé simplifié: a/ l’activité pratiquée devrait être choisie en fonction des préférences du participant, b/ l’activité devrait solliciter de façon significative le système cardio-respiratoire du participant, c/ la durée de chaque session ne devrait pas excéder 20 à 30 minutes, d/ l’intensité de l’effort devrait être modérée, et e/ la fréquence d’entraînement devrait être d’au moins 3 sessions hebdomadaires. C’est avec l’objectif de mettre à l’épreuve cette dernière recommandation que j’ai mené une série d’études interventionnistes auprès de personnes adultes et âgées, dont je présente ici les principaux résultats. mercredi matin Introduction Matériel et Méthode 1/ Etude de Legrand & Heuze (2007) : Cette recherche a été effectuée à partir d’un échantillon composé de 23 adultes (16 femmes et 7 hommes) d’un âge moyen de 34,3 ans (E.T.= 9,2). Lors de l’entretien précédant le démarrage de l’étude, ces participants présentaient tous une note de dépression supérieure à 16 sur l’inventaire de dépression de Beck à 21 items (BDI-II, Beck, Steer & Brown, 1996). Ils ont été randomisés en 3 groupes d’intervention : a/ un programme d’exercices physiques construit selon les recommandations d’entraînement de Berger et Motl (op.cit.) (3 à 5 séances hebdomadaires de 30 minutes, activités au choix mais mobilisant le système cardio-respiratoire de façon continue à une intensité modérée, ici 65-75% de la FC maximale estimée), b/ un programme identique à celui décrit précédemment mais dans un contexte d’interactions sociales enrichi, ou c/ un programme d’exercices physiques comprenant 1 seule session d’entraînement hebdomadaire de 30 minutes (de même nature et à la même intensité que les programmes décrits en a/ et b/). La durée totale de l’intervention était de 8 semaines consécutives. L’intensité des symptômes dépressifs a été mesurée en milieu de programme (fin de semaine 4), puis à l’arrêt du programme (fin de semaine 8). 2/ Etude de Legrand & Mille (2009) Il s’agit d’un essai contrôlé randomisé incluant 12 femmes d’un âge moyen de 66,8 ans (E.T.= 2,5). Ces femmes avaient un score de dépression supérieur ou égale à 10 points sur l’échelle de dépression gériatrique (Bourque, Blanchard & Vezina, 1990) au moment du démarrage des interventions. Elles ont été affectées aléatoirement à l’un ou l’autre des programmes d’entraînement suivants: a/ 1 séance hebdomadaire d’1h de randonnée pédestre supervisée à allure libre sur un circuit forestier, b/ 1h par semaine de randonnée pédestre sur un circuit forestier répartie en 3 à 5 Congrès psycho.indb 245 22/07/10 16:09 246 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 séances de durée flexible. La durée de cet essai était de 4 semaines consécutives. La symptomatologie dépressive a été évaluée à la fin de chaque semaine de l’intervention ; et une évaluation différée à 1 mois a été effectuée. Résultats et Discussion mercredi matin 1/ Etude de Legrand & Heuze (2007) À la dernière évaluation, 63% des participants ayant réalisé 3 à 5 séances hebdomadaire d’exercice physique ont rapporté un niveau de symptômes dépressifs plus de 2 fois inférieur à leur score initial sur l’échelle de Beck alors que ça n’a été le cas d’aucun des participants qui se sont exercés 1 fois par semaine. L’enrichissement du contexte social de pratique (entrainement collectif, incitation aux échanges verbaux, etc.) n’a pas augmenté l’effet antidépresseur du programme d’exercice dans les deux groupes qui se sont entraînés 3 à 5 fois par semaine (diminution moyenne en nombre de points sur l’inventaire de Beck = 10,3 vs. 9,9). 2/ Etude de Legrand & Mille (2009) À la dernière évaluation, 5 des 6 femmes du groupe qui randonnait 1h par semaine en 3 à 5 séances ont obtenu un score de dépression inférieur à la note syndromique de l’échelle de dépression gériatrique (10), contre seulement 1 seule des participantes du groupe qui randonnait 1 heure en une seule fois. La différence intergroupe de réduction du score de dépression par rapport au score initial (3,8 vs. 6,8 points en moyenne) était toujours présente et de même magnitude lors de l’évaluation différée à 1 mois. Ces deux recherches de terrain démontrent clairement que l’activité physique ne produit pas systématiquement les effets antidépresseurs pourtant si souvent soulignés par la littérature scientifique et grand public. En effet, nous trouvons que les personnes souffrant de symptômes dépressifs élevés ne retirent aucun bénéfice de leur participation à un programme d’exercices physiques si elles ne s’entraînent qu’une fois par semaine. Références Beck, A. T., Steer, R. A., & Brown, G. K. (1996). Inventaire de dépression de Beck-II. Paris: Editions du Centre de Psychologie Appliquée. Berger, B. G. & Motl, R. W. (2000). Exercise and mood: a subjective review and synthesis of research employing the Profile of Mood States. Journal of Applied Sport Psychology, 12, 69-92. Bourque, P., Blanchard, L., & Vézina, J. (1990). Etude psychométrique de l’echelle de dépression gériatrique. Revue Canadienne du Vieillissement, 15, 183–197. Cohen, J. (1992). À power primer. Psychological Bulletin, 112, 155-159. Legrand, F. D., & Heuze, J. P. (2007). Antidepressant effects associated with different exercise conditions in participants with depression: a pilot study. Journal of Sport & Exercise Psychology, 29(3), 348-364. Legrand, F. D., Mille, C. M. (2009). The effects of 60 minutes of supervised weekly walking (in a single vs. 3-5 session format) on depressive symptoms among older women : findings from a pilot randomized trial. Mental Health & Physical Activity, 2(2), 71-75. Mead, G. E., Morley, W., Campbell, P., Greig, C. A., McMurdo, M. E. T., & Lawlor, D. A. (2009). Exercise for depression. Mental Health & Physical Activity, 2(2), 95-96. Congrès psycho.indb 246 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 247 Session Psychologie cognitive 3 Perception du temps dans l’appréciation de la musique érudite occidentale Cocenas Da Silva, Raquel (Faculté de philosophie, sciences et lettres, Université de São Paulo, Brésil), Oliveira Bueno, José Lino (Faculté de philosophie, sciences et lettres, Université de São Paulo, Brésil), Bigand, Emmanuel (Lead-CNRS, Université de Bourgogne, Dijon), Moulin, Paul (Lead-CNRS, Université de Bourgogne, Dijon). La métacognition de la perception du temps : construction d’un outil Lamotte, Mathilde (Lapsco - CNRS UMR 6024), Chakroun, Nadia (Lapsco - CNRS UMR 6024), DroitVolet, Sylvie (Lapsco - CNRS UMR 6024), Izaute, Marie (Lapsco - CNRS UMR 6024). Résolution d’opérations arithmétiques : stratégie algorithmique ou récupération en mémoire ? Emoval : comment évaluer automatiquement la valence affective des textes sans lexique emotionnel ? Jhean-Larose, Sandra (Université Paris Sorbonne / iufm de Paris Équipe chart-ephe, EA 4004), Leveau, Nicolas (Équipe chart-ephe, EA 4004, lutin URS CNRS 2809), Denhière, Guy (Équipe chart-ephe, EA 4004, lutin URS CNRS 2809). Congrès psycho.indb 247 mercredi matin Fanget, Muriel (Université Blaise Pascal et CNRS), Thevenot, Catherine (Université de Genève, Fapse), Castel, Caroline (Université de Genève, Fapse), Fayol, Michel (Université Blaise Pascal et CNRS). 22/07/10 16:09 248 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Perception du temps dans l’appréciation de la musique Érudite occidentale Cocenas Da Silva, Raquel (Faculté de philosophie, sciences et lettres, Université de São Paulo, Brésil), Oliveira Bueno, José Lino (Faculté de philosophie, sciences et lettres, Université de São Paulo, Brésil), Bigand, Emmanuel (Lead-CNRS, Université de Bourgogne, Dijon), Moulin, Paul (Lead-CNRS, Université de Bourgogne, Dijon). Résumé mercredi matin Dans le cadre de la psychologie de la musique, l’objectif de cette étude était d’identifier les facteurs qui influencent l’évaluation du temps de la musique. 48 participants (musiciens et non musiciens) écoutaient 16 extraits musicaux d’une même durée (20 secondes) et devaient les regrouper selon la durée que ces extraits semblaient avoir. Ils devaient ensuite apparier chaque groupe d’extraits musicaux à des sons purs dont la durée était de 16, 18, 20, 22 ou 24 secondes. L’ analyses multidimensionelle de la matrice de co-occurrence a révélé que 2 dimensions principales rendent compte des variations dans l’estimation du temps de la musique: les émotions et le tempi. Pour les émotions, il s’avère que les extraits musicaux d’un niveau d’arousal élevé produisent une surestimation de la durée, la valence émotionnelle ayant peu d’influence. Pour l’analyse des caractéristiques de la musique, la durée est plus surestimée quand le tempi est plus élevé, l’intensité plus élevée, et, dans une moindre mesure, la densité du timbre. En revanche, la tension musicale a peu d’influence. Introduction Il est banal de constater que le temps passe vite avec la musique. Les facteurs qui régissent ce phénomène demeurent néanmoins vagues et restent peu étudiés dans les recherches sur la cognition musicale. La durée est souvent surestimée lorsqu’elle contient un grand nombre d’événements significatifs (Bueno, Firmino & Engelman, 2002), des stimuli émotionnels (Droit-Volet & Meck, 2007; Noulhiane, Samson, Mella, Ragot & Pouthas, 2007), et demande de l’attention (Block, 1990). La question reste à savoir qu’est-ce qui dans la musique influence la perception du temps, sachant que la musique est une structure temporelle complexe qui affecte non seulement les processus attentionnels et mnésiques mais aussi le rythme de l’horloge interne des sujets (Boltz, 1989; Bueno & Ramos, 2007). Nous avons donc réalisé une étude basée sur l’analyse multidimensionnelle fréquemment utilisées pour l’étude de la cognition musicale (Bigand et al., 2005; Cocenas-Silva et al., 2009; Dalla Bella & Peretz, 2005). Notre objectif était d’identifier les facteurs qui régissent les variations de l’évaluation du temps avec la musique. Méthode Participant. 48 étudiants brésiliens (24 musiciens et 24 non musiciens), âgés de 20 à 35 ans, ont participé à cette expérience. Matériaux.16 extraits de différentes pièces instrumentales de musique classique (20 secondes), avec une diversité d’éléments musicaux (timbre, mode, tempi, rythme, mélodie, intensité) ont été utilisés. Les extraits avaient été présélectionnés pour leur induction de 4 catégories d’émotion : joie, colère, tristesse et sérénité (Bigand et al., 2005). Des sons purs d’une durée de 16, 18, 20, 22 et 24 secondes étaient également utilisés. Les extraits musicaux étaient représentés à l’écran de l’ordinateur par de petites icônes (haut-parleur) et présentés dans un ordre aléatoire. Procédure. L’expérience était constituée de 3 phases. Dans la première phase, les sujets écoutaient les sons purs. Dans la seconde phase, ils devaient les ranger par ordre croissant. Puis, dans la phase test, on leur présentait les 16 haut-parleurs représentant les 16 extraits de musique. Ils devaient alors grouper ces extraits selon la durée qu’ils semblaient avoir en les associant à la durée des sons purs. Résultats Afin d’évaluer si les durées estimées variaient selon les qualités émotionnelles, les durées des musiques qui étaient associées aux sons purs ont été analysées avec une ANOVA avec 3 facteurs : l’expertise musicale (Musicien vs. Non musicien), le niveau d’arousal (Bas vs. Elevé) et le niveau de valence (Positif vs. Négatif). Les résultats montrent qu’il y a un effet principal de l’arousal sur la Congrès psycho.indb 248 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 249 durée estimée, F(1, 46) = 18,01, MSE = 2,47, p < 0,001, les extraits de joie et de colère d’un niveau d’arousal élevé conduisant tous les 2 à une durée plus longue. Une analyse multidimensionnelle (programme KRUSKAL) a aussi été réalisée sur les groupes d’extraits effectués par les participants. Cette analyse rend compte des groupements des musiques selon leur durée par un espace en deux dimensions pour les musiciens, comme pour les non musiciens, à savoir les émotions et le tempi. Pour les émotions, il s’avère que les extraits musicaux d’un niveau d’arousal élevé produisent une surestimation de la durée. La valence émotionnelle a peu d’effet. Pour l’analyse des caractéristiques de la musique, plus le tempi est élevé, plus l’intensité est élevée, et, dans une moindre mesure, plus la densité du timbre est élevée, et plus la durée est surestimée. En revanche, la tension musicale a peu d’influence. Le tempi et l’intensité apparaissent ainsi comme des facteurs musicaux modulant l’estimation du temps. Discussion La présente étude montre que des morceaux musicaux de même durée donnent lieu à des biais significatif d’estimation du temps. Ce résultat n’est pas modulé par l’expertise musicale, ce qui suggère que le processus impliqué dans la perception subjective du temps en musique dépend d’un processus cognitif basique peu influencé par l’expérience musicale. De plus, l’étude montre que le contenu émotionnel des extraits musicaux affecte tout particulièrement l’estimation temporelle en musique, les émotions stimulantes rendant la durée musicale subjectivement plus longue. Bigand, E., Dacquet, A., Madurell, F., Marozeau, J. & Vieillard, S. (2005). Multidimensional scaling of emotional responses to music: The effect of musical expertise and of the duration of the excerpts. Cognition and Emotion, 19 (8), 1113-1139. Block, R. A. (1990). Cognitive models of psychological time. Hilldale: New Jersey. Boltz, M. (1989). Time judgments of musical endings: Effects of expectancies on the “filled interval effect”. Perception & Psychophysics, 46 (5), 409-418. Bueno, J. L. O.; Firmino, E. A. & Engelman, A. (2002). Influence of Generalized Complexity of a Musical Event on Subjective Time Estimation. Perceptual and Motor Skills, 94, 541-547. Bueno, J. L. O. & Ramos, D. (2007). Musical Mode and Estimation of time. Perceptual and Motor Skills, 105, 10871092. 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Résumé Cette recherche a pour but la construction d’un outil, sous la forme de questionnaire, destiné à évaluer la métacognition de la perception du temps. Un examen des questionnaires portant sur la métamémoire et des résultats des travaux sur la perception du temps nous a permis de créer une première version de l’outil constituée de 120 items. À l’issu d’un pré-test, nous avons sélectionné 106 items que nous avons soumis à 536 participants. Les analyses statistiques effectuées ont mis en évidence une bonne consistance interne (a = .806) de l’échelle finale composée de 36 questions. Ces questions s’organisent en 11 facteurs expliquant 59.2% de la variance. Ce questionnaire permettra, une fois validé, d’explorer les variations de connaissances que les individus ont de leur perception temporelle selon les contextes. Introduction mercredi après-midi La métacognition se définit à la fois comme la capacité réflexive de la pensée sur elle-même et la capacité de l’individu à gérer son activité cognitive. Certaines recherches de métacognition se sont intéressées à la manière dont l’individu allouait son temps d’étude (Son & al., 2000) sans toutefois s’intéresser directement à la perception du temps. Or les recherches sur la perception temporelle ont montré que les compétences humaines sont relativement précises dès l’enfance bien qu’elles puissent être affectées par divers facteurs. La métacognition de la perception du temps fait donc référence à l’étude des connaissances que les individus possèdent sur les facteurs qui influencent la manière dont ils perçoivent le passage du temps. La recherche en métacognition a permis de mettre au point des questionnaires d’évaluation des connaissances sur la mémoire. Nous avons donc appliqué cette méthodologie à la perception du temps. Les connaissances métacognitives de l’individu se répartissent suivant trois aspects (Boucheron, 1995) : celles à son propre sujet et au sujet d’autrui ; celles sur les conséquences des stimuli de l’environnement ; enfin celles sur les stratégies compensatrices. Méthode Cent trente neuf étudiants de première et deuxième année de psychologie ont répondu à un premier questionnaire lors du pré-test (âge moyen: 21.13 ans) au cours du deuxième semestre universitaire 2008-2009. Lors de l’expérience, 536 étudiants ont répondu à la seconde version du questionnaire (âge moyen: 19.81 ans). Cet échantillon était composé de 368 étudiants de première année, 151 étudiants de deuxième année et 17 étudiants de première année de Master. À partir des compétences temporelles mises en évidence par la recherche sur le temps, nous avons créé 120 questions suivant la forme des items des questionnaires de métamémoire, notamment le M.I.A (Dixon & al., 1988) et le Q.A.M (Van der Lynden & al., 1988). Ces questions, volontairement redondantes, portaient pour la moitié sur les connaissances de l’individu sur sa propre perception du temps et pour l’autre moitié sur les connaissances de l’individu sur la perception temporelle d’autrui. Lors du pré-test, 139 participants non-experts ont répondu à cette première version. A partir de leurs commentaires sur la formulation, nous avons retenu 106 questions que nous avons soumises à un second groupe de sujets. Les 106 questions restantes portaient sur cinq thèmes correspondant à des facteurs qui affectent la perception du temps : l’âge, l’émotion, la santé, la vie quotidienne et l’importance accordée au temps. Dans le but de contrôler la tendance des individus à exprimer un plus grand degré d’accord que de désaccord avec une assertion, un certain nombre de questions étaient redondantes et formulées de manière inversée par rapport à la réponse attendue. La passation s’est effectuée collectivement. Les participants avaient pour consignes de répondre le plus honnêtement et le plus spontanément possible aux questions selon ce qu’ils pensaient personnellement suivant une échelle en cinq points allant de « tout à fait en accord » à « tout à fait en désaccord ». Congrès psycho.indb 250 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 251 Résultats et Discussion Références Blewett, A.E.(1992). Abnormal subjective time experience in depression. British Journal of Psychiatry,161,195-200. Boucheron, C.(1995). Version française du M.I.A. (Metamemory In Adulthood). Revue européenne de Psychologie Appliquée,45,163-170. Chambon, M., Gil, S., Niedenthal, P.M., & Droit-Volet, S.(2005). Psychologie sociale et perception du temps : l’estimation temporelle des stimuli sociaux et émotionnels.Psychologie française,50,167-180. Fermanian, J.(1996). Evaluer correctement la validité d’une échelle : les nombreux pièges à éviter. Revue Epidémiologique et de Santé Publique,44,278-286. Son, L.K.,& Metcalfe, J.(2000). Metacognitive and control strategies in study-time allocation. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory and Cognition,26,204-221. Van der Lynden, M., Wyns, C., Coyette, F., Von Frenckell, R.,& Seron, X.(1988). Le Q.A.M., Questionnaire d’Auto-évaluation de la Mémoire. Bruxelles: Editions Editest. Zakay, D.(2005). Attention et jugement temporel.Psychologie française,50,65-79. Congrès psycho.indb 251 mercredi après-midi Notre but est de ne conserver que les items les plus discriminants parmi les 106. Nous avons donc éliminé à la fois les questions dont les réponses avaient une répartition au hasard et les questions pour lesquelles les participants répondaient « indécis ». Enfin, nous avons traité la redondance sémantique en supprimant parmi les items portant sur des notions similaires les items les moins discriminants. Nous avons testé la fiabilité interne de l’échelle complète constituée des 36 questions restantes, elle s’avère satisfaisante (a = .806). L’exploration de la structure de l’échelle avec une analyse factorielle en composantes principales (ACP) avec rotation varimax nous a permis de dégager 11 facteurs expliquant 59,2% de la variance. Enfin, nous avons vérifié la consistance interne au sein de chaque facteur : elle est également satisfaisante (.558 < a < .749) pour dix des onze facteurs. La très mauvaise consistance interne du onzième facteur pourrait s’expliquer par la formulation inappropriée de l’une des questions. Le but de cette étude est de construire un outil d’évaluation fidèle, fiable et valide de la métacognition de la perception du temps c’est-à-dire un outil permettant de déterminer quelles sont les connaissances des individus sur leur perception du temps. Nous avons donc vérifié la validité de contenu en soumettant le questionnaire à une chercheure en psychologie spécialiste de la perception du temps nous assurant ainsi de la pertinence et de la représentativité des items choisis (Fermanian, 1996). Il est généralement recommandé d’avoir cinq à sept fois plus de participants que d’items, or 536 participants ont répondu au questionnaire pour 106 items. Nous pouvons donc conclure que la consistance interne est bonne tant pour l’échelle totale que pour chacun des facteurs de l’ACP. En outre, l’exploration des données avec l’ACP semble indiquer qu’il existe bien des connaissances à propos des facteurs affectant effectivement la perception du temps. Des chercheurs ont montré que différents facteurs tels que la dépression (Blewett, 1992), le focus attentionnel (Zakay, 2005) ou les émotions (Chambon & al., 2005) affectent la perception du temps. Notre questionnaire vise à mettre en évidence si nous sommes conscients de l’altération de notre perception temporelle dans de telles situations et si nous mettons en place des stratégies afin de la compenser. 22/07/10 16:09 252 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Résolution d’opérations arithmétiques: stratégie algorithmique ou récupération en mémoire ? Fanget, Muriel (Université Blaise Pascal et CNRS), Thevenot, Catherine (Université de Genève, Fapse), Castel, Caroline (Université de Genève, Fapse), Fayol, Michel (Université Blaise Pascal et CNRS). Résumé Nous présentons un paradigme visant à identifier les stratégies de résolution des opérations arithmétiques.Il ne repose ni sur l’analyse de temps de résolution ni sur la production de protocoles verbaux qui biaisent les résultats.Les algorithmes dégradent les traces mémorielles des opérandes il est donc plus difficile de les reconnaître quand la résolution s’effectue à l’aide de stratégies reconstructives plutôt que par récupération du résultat en mémoire. Nous montrons que les adultes recourent à des stratégies de non récupération pour résoudre des additions impliquant des nombres moyens et grands mais que les plus habiles récupèrent les résultats des problèmes moyens.Idem pour les soustractions,les participants différent dans l’utilisation des stratégies selon de leur habileté à résoudre des problèmes impliquant des opérandes moyens. Une dernière étude compare notre paradigme à la méthode des protocoles verbaux quiéchoue à mettre à jour cette différence. Introduction mercredi après-midi Les adultes résolvent de simples problèmes arithmétiques plus ou moins exclusivement par récupération de la réponse dans un réseau stocké en mémoire (Ashcraft, 1992 ;1995 ; Campbell, 1995).Les performances arithmétiques des jeunes enfants sont basées sur des stratégies procédurales peu à peu remplacées par la récupération directe en mémoire.Les premiers résultats étudiaient les temps de résolution mais moyenner des essais impliquant différentes procédures conduit à des conclusions erronées sur la façon dont les problèmes sont résolus. La méthode des protocoles verbaux a donc été préférée mais Kirk et Ashcraft (2001) l’a remette en question. Nous proposons un nouveau paradigme pour étudier la résolution des problèmes arithmétiques.Les procédures de calcul dégradent les traces des opérandes en mémoire (Thevenot, Barrouillet & Fayol, 2001). Le temps nécessaire à l’algorithme pour parvenir à la réponse et son coût cognitif entraînent une baisse d’activation des opérandes. Ce phénomène de déclin mémoriel entraîne une détérioration des traces en mémoire (Towse, Hitch & Hutton, 1998). L’activation concurrente de résultats transitoires provoque un partage attentionnel entre les opérandes leurs composantes et les résultats intermédiaires.Lorsque l’algorithme aboutit à la réponse les traces des opérandes sont dégradées et la récupération en mémoire est difficile. Ce phénomène devrait être plus prononcé pour les grands nombres car la résolution nécessite plus d’étapes et de temps. En contrastant la difficulté de reconnaissance des opérandes après leur implication dans une addition ou soustraction et dans une comparaison avec un troisième nombre nous pourrons déterminer comment l’opération a été résolue. Si la difficulté est la même dans les deux conditions, l’opération aura été résolue par récupération. Méthode Les sujets vérifient le résultat d’opération et de comparaison puis décident si le chiffre présenté ensuite était l’un des opérandes ou l’une des bornes de la comparaison. Résultats 1ère et 2ème étude : 3 tailles d’ additions : petites (somme inférieure à 10) moyennes (supérieure à 10) grandes (supérieure à 40).Les résultats montrent une plus grande difficulté à reconnaître des opérandes grands et moyens après une addition qu’après une comparaison.Certains de ces problèmes sont résolus par des procédures algorithmiques.Aucune différence observée entre addition et comparaison avec des petits nombres donc la récupération du résultat en mémoire est la stratégie adoptée par les participants. Les TR des nombres moyens sont plus longs pour l’addition que pour la comparaison pour les moins habiles alors qu’ils sont identiques pour les plus habiles.3ème et 4ème étude : 3 tailles de soustraction : petites (1er opérande inférieur à 10) moyennes (entre 11 et 17) et grandes (opérandes entre 27 et 67).Il est plus difficile de reconnaître des grands et moyens opérandes après une soustraction qu’après une comparaison.Certains de ces problèmes Congrès psycho.indb 252 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 253 sont donc résolus par des algorithmes contrairement aux petites soustractions pour lesquelles aucune différence avec les comparaisons n’est relevée ce qui permet d’inférer la récupération du résultat en MLT.L’habileté des sujets modulent ces résultats.Pour les nombres moyens les sujets moins habiles utilisent des procédures algorithmiques alors que les plus habiles récupèrent le résultat. Dans la dernière étude les sujets décrivent oralement les procédures utilisées pour résoudre les mêmes problèmes. Nous comparons ces résultats avec ceux obtenus précédemment. La différence de stratégie en fonction de l’habileté des sujets n’apparaît plus lorsque cette méthode est utilisée. Discussion Il est plus long de reconnaître des grands opérandes après une opération qu’après une comparaison alors qu’aucune différence n’est obtenue pour les petits nombres.Ces opérations semblent être résolues par récupération.Nous obtenons des résultats différents en fonction de l’habileté des sujets lorsque les nombres sont moyens.Les sujets habiles récupèrent la réponse alors que les moins habiles décomposent. La méthode des protocoles verbaux ne permet pas à ce résultat d’émerger. Ainsi ce paradigme de reconnaissance des opérandes apparaît comme une méthode plus fiable pour étudier les stratégies arithmétiques des individus plutôt que la méthode des protocoles verbaux. Ashcraft, M.H. (1992). Cognitive arithmetic: A review of data and theory. Cognition, 44,75-106. Ashcraft, M.H. (1995). Cognitive psychology and simple arithmetic: A review and summary of new directions. Mathematical Cognition, 1, 3-34. Campbell, J.I.D. (1995). Mechanisms of simple addition and multiplication: A modified network-interference theory and simulation. Mathematical Cognition, 1, 121-164. Kirk, E. P., & Ashcraft, M. K. (2001). Telling stories: The perils and promise of using verbal reports to study math strategies. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory and Cognition, 27, 157-175. Thevenot, C., Barrouillet, P. & Fayol, M. (2001). Algorithmic solution of arithmetic problems and operands-answer associations in LTM. Quarterly Journal of Experimental Psychology-A, 54 (2), 599-611. Towse, J. N., Hitch, G. J., & Hutton, U. (1998). À reevaluation of working memory capacity in children. Journal of Memory and Language, 39 (2), 195-217. Congrès psycho.indb 253 mercredi après-midi Références 22/07/10 16:09 254 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Emoval : comment evaluer automatiquement la valence affective des textes sans lexique émotionnel ? Jhean-Larose, Sandra (Université Paris Sorbonne / iufm de Paris Équipe chart-ephe, EA 4004), Leveau, Nicolas (Équipe chart-ephe, EA 4004, lutin URS CNRS 2809), Denhière, Guy (Équipe chart-ephe, EA 4004, lutin URS CNRS 2809). Résumé EMOVAL est un modèle d’analyse dimensionnelle de la valence affective des textes. EMOVAL emprunte à la tradition linguistique l’hypothèse selon laquelle tout mot comporte un aspect dénotatif (signification) et un aspect connotatif (« halo affectif ») et utilise une méta-analyse de six normes émotionnelles publiées en français dans le but de caractériser la valence émotionnelle des énoncés en « agréable » ou « désagréable ». La méta-norme résultante comporte 5480 mots ou locutions caractérisés par leur valence (-1 à +1). Ces items sont utilisés par EMOVAL pour juger la valence affective d’un énoncé. Trois tests sont réalisés : évaluation de 702 phrases jugées sur une échelle en 7 points ; textes (« accord/désaccord ») et textes à valence émotionnelle positive (confiance, désir et bonne surprise) et négative (peur, tristesse, mauvaise surprise). Introduction mercredi après-midi L’apprentissage du langage résulte d’expériences personnelles au sein des milieux fréquentés (familial, scolaire, etc.) et chaque mot acquis et représenté en mémoire comporte à la fois une signification et une valeur affective. Si l’on accepte cette hypothèse, de « halo affectif enveloppant le signe linguistique » (Painchaud, 2005, p.18), susceptible de varier d’une époque à l’autre, d’un individu à l’autre, on doit également tenir compte des phénomènes de langue et de la régulation sociale des émotions : nous tendons vers une même perception des réalités de la vie courante : joie, maladie, mort (Channouf, 2006 ; Niedenthal, Krauth-Gruber, & Ric, 2009;), ce qui conduit à s’interroger sur le degré d’accord interindividuel relatif à la valeur affective des mots. Notre démarche a dans un premier temps consisté à rassembler les 6 normes « émotionnelles » de langue française publiées à ce jour (Bonin, Méot, Aubert, Niedenthal, & Capelle-Toczek, 2003 ; Leleu, 1987 ; Messina, Morais, & Cantraine, 1989 ; Painchaud, 2005 ; Syssau & Font, 2003 ; VikisFreibergs, 1976), à comparer leurs résultats et à les confronter à ceux de la norme anglaise ANEW (Bradley & Lang, 1999). Dans un deuxième temps, les corrélations significatives entre les normes françaises (.82 à .94) ainsi qu’avec les normes en langue anglaise (.81 à .90) nous ont conduit à construire une métanorme de 5480 mots ou locutions caractérisés par leur valence (-1 à +1). Enfin, munis de cette méta-norme, nous avons élaboré EMOVAL, un modèle d’analyse dimensionnelle de la valence affective des énoncés (phrases, paragraphes, textes) que nous avons soumis à trois tests successifs. EMOVAL est-il capable : (i) de reproduire les jugements portés sur 702 phrases par des juges humains (Bestgen, Fairon & Kevers, 2004), (ii) d’évaluer correctement des textes « d’accord » vs « désaccord », et (iii) d’extraire la valence émotionnelle dominante de textes calibrés positifs (« confiance, désir et bonne surprise ») et négatifs (« peur, tristesse, et mauvaise surprise ») ? Comparaison des normes et construction d’une méta-norme Les résultats des normes publiées sont, soit présentés sur des intervalles de taille et de position différentes, soit sur une échelle ordinale en précisant le taux de réponse pour chaque niveau. Nous avons normalisé les résultats de chaque norme sur l’intervalle [-1 ; +1] avant de calculer la corrélation entre les valences obtenues. Les corrélations entre les normes sont toutes significatives à p<.01 et supérieures à .81 tant entre les normes de langue française qu’avec ANEW. Un regroupement des résultats de normes françaises est donc possible dans une ressource unifiée établie en calculant la moyenne des valences normalisées des termes et locutions rencontrées dans plusieurs normes. La méta-norme émotionnelle ainsi établie comporte 5480 mots et locutions de la langue française. Congrès psycho.indb 254 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 255 Tests du modèle EMOVAL EMOVAL recherche chaque mot du texte préalablement lemmatisé dans la norme et calcule la moyenne de la valence (positive et négative) des mots retrouvés dans la méta-norme. La corrélation entre l’évaluation d’EMOVAL et les jugements humains (N=10) de 702 phrases utilisées par Bestgen et al. (2004) est significative (r(702)=.296 ; p<.0001). Si l’on s’en tient aux 110 phrases avec l’écart type le plus faible (σ < .53), la corrélation augmente (r(110)=.429 ; p < .0001) et si l’on ne prend que les 110 phrases aux valences extrêmes (> -2 et +2), la corrélation reste significative (r(110)=.478 ; p < .0001). Pour les textes « Accord/Désaccord », les moyennes des valences affectives sont respectivement égales à +.222 et -.259. Pour les textes décrivant des émotions négatives : « peur » : -.263 et -.228, « tristesse » :-.232 et -.174, « mauvaise surprise » : -.144 et pour les textes véhiculant des émotions positives : « bonne surprise » : +.095, « confiance » : +.191 et +.282, « désir » : +.166 et +.216 Conclusion Adoptant l’hypothèse selon laquelle chaque mot représenté en mémoire comporte une signification et une valeur affective stable, nous avons élaboré une méta-norme émotionnelle de 5480 termes et locutions et construit le modèle EMOVAL que nous avons soumis à trois tests de plus en plus contraignants. Les résultats d’EMOVAL sont significativement corrélés avec les performances humaines. EMOVAL sera étendu, tant quantitativement que qualitativement en ajoutant la dimension « activation » (Leleu, 1987) de manière à rendre compte du « noyau affectif » des textes (Russell, 2003). Bestgen, Y., Fairon, C., & Kevers, L. (2004). Un baromètre affectif effectif. Paper presented at the Journées internationales d’Analyse statistique des Données Textuelles. Bonin, P., Méot, A., Aubert, L., Niedenthal, P. M., & Capelle-Toczek, M.-C. (2003). Normes de concrétude, de valeur d’imagerie, de fréquence subjective et de valence émotionnelle pour 866 mots. L’année Psychologique, 104, 655694. Bradley, M. M., & Lang, P. J. (1999). Affective norms for English words (ANEW): Stimuli, instruction manual and affective ratings. Ganesville, FL: The Center for Research in Psychophysiology, University of Florida. Channouf, A. (2006). Les émotions, une mémoire individuelle et collective, Bruxelles : Mardaga. Leleu, S. (1987). Un atlas sémantique de concepts d’émotion: Normes et validation, Mémoire de Licence en Psychologie: Université Catholique de Louvain. Messina, D., Morais, J., & Cantraine, F. (1989). Valeur affective de 904 mots de la langue française. Cahiers de Psychologie Cognitive, 9(2), 165-187. Niedenthal, P. M., Krauth-Gruber, S., & Eric, F. (2009). Comprendre les émotions : perspectives cognitives et psychosociales, Bruxelles, Mardaga. Painchaud, L. (2005). Le Halo Affectif des mots et leur répertoire. Sherbrooke: Productions G.G.C. Piolat, A. & Bannour, R. (2009). EMOTAIX: un scénario de tropes pour l’identification automatisée du lexique émotionnel et affectif, L’Année Psychologique, 109,4, 657-700. Russell, J. A. (2003). Core Affect and the Psychological Construction of Emotion. Psychological Review, 110(1), 145-172. Syssau, A., & Font, N. (2003). Évaluations des caractéristiques émotionnelles d’un corpus de 604 mots. Bulletin de psychologie, 58(3), 361-367. Vikis-Freibergs, V. (1976).Résuméness and emotionality values for 398 French words. Canadian Journal of Psychology, 30, 22-30. Congrès psycho.indb 255 mercredi après-midi Références 22/07/10 16:09 256 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Mercredi après midi Conférences invitées : Klaus Scherer (Professeur émérite Université de Genève, directeur du Swiss Center for Affective Sciences) L’architecture dynamique de l’émotion François-Xavier Alario (Chargé de Recherche CNRS, Université Aix-Marseille) Les bases cognitives de la sélection lexicale mercredi après-midi Congrès psycho.indb 256 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 257 Table ronde-Psychologie en mutation : Nouveaux secteurs, nouvelles applications Modérateur de la session : Alles Jardel, Monique (Université de Toulouse). Intervenants : Saillot, Isabelle (Institut Pierre Janet), Alles Jardel, Monique (Université de Toulouse), Lidvan, Noëlle (Université Paris Descartes), Depuis une vingtaine d’années, la psychologie connaît une mutation importante avec l’émergence de nouvelles préoccupations et de nouveaux secteurs d’intervention. En témoignent les thématiques des publications de la Société Française de Psychologie ; Psychologie Française et Pratiques Psychologiques et la publication en ligne de petits textes de synthèse : « Les réponses de la psychologie aux questions que tout le monde se pose » Un exposé de ces nouveaux « objets » sera l’un des objectifs de cette table ronde. Mais à travers la diversité de ces nouvelles préoccupations, il est possible de repérer des problématiques convergentes et l’utilisation de concepts communs qui peuvent servir de fil conducteur. Ainsi en est-il de la prise en compte du stress (stress et santé, stress au travail ou lors de compétitions sportives, stress post-traumatique) mais aussi de la notion de bien-être au regard de facteurs de risques et de protection, et de la focalisation sur des processus comme la vulnérabilité, le coping, la résilience… D’autres voies de réflexions, d’application et de recherche se font jour également : Psychologie du vieillissement, Psychologie positive, Psychologie communautaire, etc… Ces évolutions mettent en évidence le fait que dès lors, la pluri-disciplinarité apparaît non plus comme une contrainte ou une juxtaposition artificielle de problématiques, mais comme une exigence dans la définition même des problèmes posés et dans la recherche des réponses que la psychologie peut y apporter. Nous évoquerons donc quelques un de ces nouveaux secteurs d’études et d’application ainsi que l’évolution des méthodes ou thérapies proposées : des nouveaux défis en psychologie de la santé aux récents développements de la psychologie du travail, de la psychologie du sport ou encore l’émergence de nouveaux secteurs d’intervention comme la psychologie des risques ou de l’urgence. Congrès psycho.indb 257 mercredi après-midi Résumé 22/07/10 16:09 258 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Table ronde-La psychologie de la santé, quelle formation pour quels métiers ? Modérateur de la session : Apostolidis, Themis (Université d’Aix-en-Provence) Intervenants : Apostolidis, Themis (Université d’Aix-en-Provence), Desrichard, Olivier (Université de Savoie), Terrade, Florence (Université Rennes 2), Navet, Jérôme (Association le Pélican), Gilliard, Jérôme (Institut Bergonié). Résumé La psychologie de la santé est une discipline récente fondée à l’American Psychological Association (section 38) en 1979 dont les objectifs principaux sont selon Sarafino (1990) : 1) la promotion des comportements et styles de vie sains, 2) la prévention et traitement des maladies, et 3) l’amélioration de la prise en charge des patients. Ces champs d’intervention couvrent tous les niveaux de la prévention (primaire, secondaire, tertiaire). En France, la formation en Psychologie de la Santé s’est développée de manière importante en quelques années. En effet, en 2001, il n’y avait que 3 DESS de psychologie de la santé (Aix en Provence, Bordeaux, Metz), on en compte 9 en 2008 répartis sur tout le territoire français adossés à des laboratoires qui développent des recherches dans ce domaine. Quels sont les enjeux de formation et de positionnement pour les psychologues de la santé ? Quelle place pour le psychologue de la santé dans les organismes de santé ? Quels rapports avec les autres sous-disciplines de la psychologie qui investissent le champ de la santé et de la santé publique ? Cette table ronde vise à recontextualiser le développement de la formation en Psychologie de la Santé en France, et son réel intérêt dans le domaine de la santé. mercredi après-midi Congrès psycho.indb 258 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 259 Symposium-Approches actuelles de l’intégration entre les sens Organisation de la session : Lagarde, Julien (Laboratoire EDM EA2991) L’intégration toucher-vision chez le nouveau-né : une perspective cognitiviste Sann, Coralie (Laboratoire palm je2528. Université de Caen), Streri, Arlette (Laboratoire psychologie de la perception UMR8158, Université Paris Descartes). Cécité aux changements et multimodalité Auvray, Malika (Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur, upr 3251, Orsay), Gallace, Alberto (Dipartimento di psicologia, universita’ degli studi di Milano bicocca, Milano), Spence, Charles (Crossmodal research laboratory, department of experimental psychology, Oxford Université, Oxford-uk). Intégration visuo-auditive: des données au modèle Besson, Patricia (Institut des sciences du mouvement, UMR 6233, Université Aix-Marseille 2). Spécification et prélèvement d’une information inter-modale sur la distance d’un objet Mantel, Bruno (Laboratoire informatique, biologie intégrative et systèmes complexes, laboratoire edm, EA 2991) Bardy, Benoît (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1), Stoffregen, Thomas (Apal (Université du Minnesota, États-Unis)). Zelic, Grégory (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1), Lagarde, Julien (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1), Mottet, Denis (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1). Résumé La question des interactions entre les modalités sensorielles (vision, touché, audition, olfaction) est ancienne, mais bénéficie d’un regain d’intérêt en psychologie et dans les neurosciences. Des découvertes récentes ont considérablement renouvelé la conception dominante de l’intégration entre les sens (audition, tactile, vision, olfaction). Après une période de recherche centrée sur l’étude des sens indépendants les uns des autres d’un point de vue anatomique et fonctionnel, il a été montré que les interactions à de multiples niveaux entre les aires corticales uni- sensorielles sont la règle et non l’exception. Il est donc de plus en plus difficile de concevoir une perception dans une situation naturelle qui serait purement uni- modale. De nombreux exemples montrent que ce sont bien souvent les relations entre les propriétés des stimulations de plusieurs modalités qui déterminent les performances et ce qui est effectivement perçu. Ces découvertes récentes, mais aussi celles de nouvelles illusions « multimodales », le rôle potentiel des mécanismes multimodaux dans certaines déficiences et pathologies, mais aussi les succès de nouvelles théories des processus sous jacents de l’intégration, sont autant de raisons de faire le point des approches actuelles de l’intégration multimodale. L’étude psychologique de l’intégration multi- sensorielle se décline selon plusieurs problématiques qui vont animer cette session thématique. On peut identifier la question très large du liage multimodal et de ses limites, qui rend compte de la capacité à établir une perception cohérente et une action adaptée malgré les différences qui existent entre les modalités sensorielles. Cette question dans un cadre sensorimoteur pose le problème de la définition de l’information qui est effectivement extraite et crée, au service de l’action dans l’environnement (B. Mantel & B. Bardy), ainsi que celui de la stabilité du comportement reposant sur un fonctionnement cohérent alliant perception, cognition et action (G. Zelic & J. Lagarde). La question du développement du versant cognitif des capacités multimodales constitue aussi un thème majeur qui fera l’objet d’une communication portant sur l’intégration toucher- vision chez le nouveau-né (C. Sann & A. Streri). Congrès psycho.indb 259 mercredi après-midi Stabilisation d’une habileté complexe par une stimulation multimodale 22/07/10 16:09 260 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 La sensibilité ou au contraire l’invariance de l’adaptation face à des changements multimodaux sera également abordée au travers de la cécité aux changements intermodaux (M. Auvray). Enfin, des solutions de modélisation seront présentées en s’appuyant sur l’intégration visuo- auditive (P. Besson). L’intégration toucher-vision chez le nouveau-né : une perspective cognitiviste mercredi après-midi Sann, Coralie (Laboratoire palm je2528. Université de Caen), Streri, Arlette (Laboratoire psychologie de la perception UMR8158, Université Paris Descartes). Si les relations entre le toucher et la vision chez le bébé ont été bien étudiées ces dernières décennies, peu d’études ont pu être réalisées sur le transfert intermodal à la naissance. Or, une telle connaissance nous permettrait de savoir comment les différentes modalités fonctionnent et interagissent sans apprentissage préalable avec le monde externe. Le transfert intermodal repose sur le principe qu’une information prélevée dans une modalité est transférée et utilisée dans une autre modalité. Une première phase (encodage) implique le prélèvement d’une information dans une modalité sensorielle (toucher ou vision), la mémorisation de cette information et sa reconnaissance dans une seconde phase (décodage) par une modalité différente de la première. Plusieurs mécanismes cognitifs sont donc mobilisés en successif. Une série d’expériences sur le transfert intermodal toucher-vision et vision-toucher chez le nouveau-né de deux propriétés amodales, la forme et la texture d’un objet, ont révélé plusieurs faits : 1. les informations prélevées sur la texture, propriété bien appréhendée par le toucher, sont transférées sans difficulté entre le toucher et la vision : le transfert est bidirectionnel. 2. Par contre, les informations prélevées sur la forme, bien appréhendée par la vision, sont bien transférées du toucher vers la vision mais non l’inverse. Le transfert est unidirectionnel. 3. Ce résultat ne provient pas d’une faiblesse du système visuel du nouveau-né par rapport à son système tactile, mais bien d’une insuffisance d’exploration des objets par la main. En effet, le transfert d’information sur la texture apparaît contraint par les limites du réflexe d’agrippement du nouveau-né à prélever des informations sur cette propriété dans certaines conditions. L’ensemble de nos résultats suggère que le transfert d’information existe dès la naissance, mais il dépend de la propriété de l’objet à traiter et des contraintes de chaque modalité sensorielle. Enfin, nos données chez le nouveau-né sont confortées par des études chez l’adulte pour avancer l’hypothèse d’une séparation de traitement de la forme et de la texture chez le nouveau-né. Cécité aux changements et multimodalité Auvray, Malika (Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur, upr 3251, Orsay), Gallace, Alberto (Dipartimento di psicologia, universita’ degli studi di Milano bicocca, Milano), Spence, Charles (Crossmodal research laboratory, department of experimental psychology, Oxford Université, Oxford-uk). Le paradigme de la cécité aux changements intermodale permet d’étudier les différences et similitudes dans les mécanismes d’encodage des stimuli présentés à travers différentes modalités sensorielles ainsi que le caractère multisensoriel de notre attention spatiale. Le phénomène de cécité aux changements se produit lorsqu’une perturbation introduite au sein de la scène perçue au moment du changement empêche les observateurs de détecter ce changement et ce, bien que cette modification puisse être d’importance et parfaitement détectable dans des conditions normales de perception. Ce phénomène a été mis en évidence pour les modalités visuelles, tactiles et auditives (e.g., Auvray & O’Regan, 2003 ; Gallace, Auvray, Tan, & Spence, 2006 ; Vitevitch, 2003). Nous présentons une série d’expériences montrant que le phénomène de cécité aux changements se produit aussi lorsque les perturbations sont présentées dans une autre modalité sensorielle que le changement. En effet, les participants échouent à détecter la présence d’un changement de position entre deux scènes vibrotactiles présentées sur la surface du corps, non seulement lorsque des perturbations vibrotactiles sont utilisées pour masquer le changement, mais aussi lorsque des Congrès psycho.indb 260 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 261 perturbations visuelles sont utilisées. En revanche, dans les mêmes conditions de présentation, des distracteurs vibrotactiles n’entraînent pas de cécité aux changements visuels et des distracteurs auditifs n’entraînent pas de cécité aux changements tactiles (Auvray, Gallace, Tan, & Spence, 2007 ; Auvray, Gallace, Hartcher-O’Brien, Tan, & Spence, 2008 ; Gallace et al., 2006). Nos travaux ont aussi exploré la possibilité d’une cécité aux changements intermodale ; c’est-à-dire lorsque les deux ensembles de stimulation à comparer sont présentés dans deux modalités sensorielles différentes : l’une visuelle et l’autre tactile. Les résultats montrent qu’en l’absence de masque les participants peuvent détecter avec précision les changements de position, en dépit du fait que les deux ensembles de stimulation à comparer soient présentés dans deux modalités sensorielles différentes. En revanche, lorsqu’un masque est introduit entre ces deux ensembles de stimulation, une cécité aux changements survient de manière similaire que le masque soit visuel ou tactile (Auvray, Gallace, Tan, & Spence, 2007). En résumé, la possibilité de comparer des positions à travers différentes modalités sensorielles suggère que certaines des informations requises pour comparer des emplacements spatiaux sont stockées selon un format amodal. En revanche, les asymétries dégagées dans les mécanismes de détection de changements suggèrent que certaines des informations sont encodées selon un cadre de référence spécifique à chaque modalité sensorielle. Auvray, M., Gallace, A., Hartcher-O’Brien, J., Tan, H. Z., & Spence, C. (2008). Tactile and visual distractors induce change blindness for tactile stimuli presented on the fingertips. Brain Research, 1213, 111-119. Auvray, M., Gallace, A., Tan, H. Z., & Spence, C. (2007). Crossmodal change blindness between vision and touch. Acta Psychologica, 126, 79-97. Auvray, M., & O’Regan, J. K. (2003). L’influence des facteurs sémantiques sur la cécité aux changements progressifs dans les scènes visuelles. Année Psychologique, 103, 9-32. Gallace, A., Auvray, M., Tan, H. Z., & Spence, C. (2006). When visual transients impair tactile change detection: A novel case of crossmodal change blindness ? Neuroscience Letters, 398, 280-285. Vitevitch, M. S. (2003). Change deafness: The inability to detect changes between two voices. Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance, 29, 333-342. Intégration visuo-auditive: des données au modèle Besson, Patricia (Institut des sciences du mouvement, UMR 6233, Université Aix-Marseille 2). L’être humain appréhende son environnement au travers de ses différents sens. Ces informations de multiples natures (ou modalités sensorielles) lui permettent de former un percept cohérent et précis de cet environnement, afin d’interagir avec celui-ci et d’y évoluer de manière pertinente et efficace. Pour étudier les processus complexes intervenant dans le traitement de ces informations multisensorielles, des modèles décrivant les mécanismes à l’oeuvre au travers de relations mathématiques interprétables ont été proposés. Dans l’approche que je propose, la perception multisensorielle est envisagée comme un processus d’induction causal dans lequel l’être humain doit prendre une décision quant à la cause (la source) des observations (stimuli perçus). Il est alors important de déterminer en premier lieu la structure sous-jacente du processus de décision causal. Il s’agit donc principalement de mettre en évidence la structure des relations de dépendance entre les événements ou les facteurs impliqués dans le processus perceptifs, tels que les stimuli émis et perçus, plutôt que de modéliser la force même de ces relations. Je propose pour ce faire une approche permettant de limiter le recours à des hypothèses a priori quant à la structure de ces relations de dépendances. Celle-ci émerge directement des données au travers de l’analyse qui en est faite, analyse reposant sur le formalisme offert par les réseaux bayésiens et la théorie de l’information, autour de la notion centrale d’indépendance conditionnelle [Besson et al. 2009] . Cette analyse permet d’une part de guider le processus d’élaboration du modèle, menant in fine à la définition d’un modèle probabiliste causal par réseau de Bayes, et d’autre part, d’ouvrir de nouvelles perspectives sur la problématique en abordant ce problème sous un angle différent. Ainsi, cette méthode, appliquée à l’exemple particulier d’une tâche de localisation visuo-auditive, a permis de mettre en évidence l’importance du contexte dans la perception multisensorielle, c’est-à-dire, dans ce cas, de l’instruction donnée au sujet et du focus attentionnel Congrès psycho.indb 261 mercredi après-midi Références 22/07/10 16:09 262 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 qu’elle induit. L’indépendance contextuelle [Boutilier et al. 1996] permet de mettre en évidence et d’exploiter les structures d’inférence modélisant la perception multisensorielle dans chacune des deux tâches de localisation acoustique ou visuelle effectuées par le sujet, menant à un modèle tout à la fois complet, précis et efficace du processus physique [Besson and Richiardi 2009]. Références P. Besson and J. Richiardi. À context-specific independence model of multisensory perception. In NeuroComp, Bordeaux, France, September 2009. P. Besson, J. Richiardi, C. Bourdin, L. Bringoux, D. R. Mestre, and J.-L. Vercher. Bayesian networks and information theory for audio-visual perception modeling. Biological Cybernetics, [En révision] 2009. C. Boutilier, N. Friedman, M. Goldszmidt, and D. Koller. Context-specific independence in bayesian networks. In UAI, pages 115–123, 1996. Spécification et prélèvement d’une information inter-modale sur la distance d’un objet mercredi après-midi Mantel, Bruno (Laboratoire informatique, biologie intégrative et systèmes complexes, laboratoire edm, EA 2991) Bardy, Benoît (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1), Stoffregen, Thomas (Apal (Université du Minnesota, États-Unis)). L’essentiel des travaux sur la perception multimodale part du même postulat que chaque sens a accès à sa propre (part d’) information et se concentre par exemple sur la façon dont ces différentes informations sont intégrées au sein du système nerveux. De manière alternative, nous proposons que l’information susceptible d’être perçue et exploitée par un individu ne se limite pas à ces informations modales mais existe également entre les différentes dimensions « modales » de la stimulation. Nous avons identifié et formalisé une structure invariante spécifiant la distance égocentrique d’un objet stationnaire au sein de la relation entre les conséquences optiques et haptiques/gravitoinertielles du mouvement d’un individu. Ce modèle étend au cas plus naturel de mouvements tridimensionnels quelconques les précédents travaux dédiés à des déplacements rectilignes. Afin de tester si cette information inter-modale peut être perçue et utilisée, nous avons conduit deux expérimentations où des participants, assis, devaient juger verbalement s’ils pouvaient atteindre un objet. Afin de pouvoir manipuler la disponibilité de notre invariant ainsi que la distance spécifiée par ce dernier, l’objet est simulé au moyen d’un dispositif de réalité virtuelle. Lors de la première expérimentation, nous utilisons un objet visible, présenté par le biais d’un casque de réalité virtuelle dont l’affichage est asservi aux déplacements du participant. Dans cette condition, les participants peuvent effectuer librement des mouvements de la tête et du buste avant de donner leur réponse et la relation entre les conséquences optiques et non optiques de leur mouvement est préservée. La performance obtenue est comparée à celle issue d’une condition contrôle où les participants demeurent stationnaires pendant que le flux optique est asservi à leur propre mouvement, préalablement enregistré et rejoué en playback pour l’occasion. Partant du constat que les deux flux acoustiques qui stimulent le système auditif véhiculent eux aussi une information sur la direction de l’objet par rapport à l’individu, lors de la seconde expérimentation nous évaluons l’effet de substituer aux paramètres optiques de notre invariant des paramètres acoustiques. Suivant les conditions expérimentales, l’objet simulé est alors soit visible, soit audible, soit simultanément visible et audible, tandis que son rendu est toujours asservi aux mouvements du participant (effectifs ou playback). Dans les deux expérimentations, les résultats confirment que les jugements des participants sont nettement plus exacts et moins variables dans les conditions ou l’invariant intermodal est préservé que lorsqu’il n’est pas disponible. En dépit de variabilités différentes, les participants montrent également une exactitude similaire avec un objet visible et/ou audible, confortant l’idée que l’information sur la distance réside bien dans la relation entre les dimensions de la stimulation et non dans leur nature (modale). Congrès psycho.indb 262 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 263 Zelic, Grégory (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1), Lagarde, Julien (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1), Mottet, Denis (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1). Dans quelle mesure une stimulation multimodale peut engendrer une stabilisation de la coordination motrice, qui le cas échéant pourrait s’appliquer à l’acquisition d’habiletés sensorimotrices complexes ? Le gain effectif de stabilisation d’une coordination bimanuelle par une stimulation sensorielle externe est fonction du paramétrage de cette fonction dite « de forçage », notamment en termes du timing et de la fréquence de la stimulation. Zanone et al. ont montré qu’une stimulation externe favorisait la création et la stabilisation d’un nouveau patron de coordination (Zanone et al, 1992). D’autres part, une stimulation dite paramétrique, à une fréquence égale au double de la fréquence de la coordination, conduirait à un gain de stabilisation plus important qu’un métronome classique (Fink et al, 1999). Enfin, dans l’étude de coordination particulières nécessitant l’exécution de mouvements bimanuels périodiques dits « polyrythmiques », caractérisés pas des fréquences dont le ratio et différent de 1 (1/2, 2/3 , 3/5), Peper et al (1995 ; voir Kelso & DeGuzman, 1988), employaient son et vision pour stabiliser la coordination. Cependant, Lagarde et Kelso (2006) ont montré que l’exécution d’une coordination dans des conditions sensorielles multimodales, vibro-tactile et sonore, pouvait présenter une perte soudaine de stabilité quand la fréquence augmente. Nous avons choisi d’étudier le jonglage, qui propose un problème sensorimoteur complexe, nécessitant de maintenir des relations spatiales entre les deux mains et les balles, mais aussi temporelles, ces dernières étant polyrythmiques. L’apprentissage du jonglage est relativement long (Huys et al, 2003), l’étude de débutants permet de mesurer l’effet stabilisant ou déstabilisant de paires de stimuli multimodales. La vision étant déjà largement sollicitée dans le jonglage (Draganski et al, 2004 ; Driemeyer et al, 2008 ; Huys & Beek, 2002), nous avons choisi de manipuler les paramètres de stimulation vibro-tactiles et sonores (fréquence et timing relatif). Nous avons fait l’hypothèse que des stimulations multimodales permettent de stabiliser la coordination entre les balles et les mains dans le jonglage, mais que le bénéfice apporté dépend de la fréquence et du déphasage entre les modalités. Matériel et méthode Les participants étaient six adultes, âgés de 19 à 26 ans, satisfaisant aux critères d’inclusion définissant un niveau débutant en jonglage. L’expérience consiste à jongler en cascade trois balles durant 30 essais (5 par conditions) de 20 s à 30 s. Six conditions expérimentales ont été définies à partir du choix des fréquences de stimulations auditive et vibrotactile, respectivement en fonction des fréquences des cycles de balle et de main préférées du sujet. Trois conditions multimodales multifréquentielles : Paramétrique mainballe, Non-paramétrique main-balle, Paramétrique antiphase (avec une stimulation vibrotactile en antiphase). Deux conditions dites « monomodales monofréquentielles » ont été définies de manière à préciser le rôle de la multimodalité dans la stabilisation d’un tel pattern de coordination. Une condition contrôle sans stimulation complète le panel expérimental. La stimulation vibrotactile était une série de pulsations de 80 ms et de 4V d’amplitude généré par un moteur placé à proximité de chaque poignet. Une stimulation auditive étaient une série de pulsations de 80 ms (300 Hz) fournie au moyen d’oreillettes. Un casque audio générant du bruit blanc a été fixé par dessus les oreillettes afin d’isoler le sujet des bruits environnementaux. Les trajectoires de balles et la cinématique des membres supérieurs ont été enregistrées à l’aide du système d’analyse du mouvement 3D. Les données ont été filtrées, et les angles des 7 degrés de liberté du bras ont été calculés. Deux types de variables ont étés calculées. Des variables dites globales permettent de caractériser de manière globale l’habileté (Huys et Beek, 2002 ). D’autres variables inspirées par l’étude des coordinations bimanuelles permettent de rendre compte de la stabilisation d’un pattern de coordination tel que le jonglage. Congrès psycho.indb 263 mercredi après-midi Stabilisation d’une habileté complexe par une stimulation multimodale 22/07/10 16:09 264 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Résultats et discussion Les tendances affichées par les premiers résultats semblent montrer un gain de stabilisation engendré par les stimulations multimodales multifréquentielles. En effet les variables dites globales présentent une moyenne et une variablité plus faible pour l’ensemble des essais en conditions multimodales multifréquentielles. Au sein de ces mêmes conditions, il semblerait que les stimulations « paramétrique » et « paramétrique antiphase » soient les plus stabilisatrices alors que la condition « non paramétrique » affiche systématiquement des valeurs de moyenne et de variabilité supérieures. Cette étude confirme que le gain d’une stimulation multimodale pour la stabilisation d’une habileté qui comporte à la fois des composants spatiaux et temporels n’est pas systématique, et que la fréquence et le timing des stimuli constituent des paramètres essentiels qui déterminent la coordination multimodale. Références mercredi après-midi Draganski, B., Gaser, C., Busch, V., Schuierer, G., Bogdahn, U.,May, A. (2004). Neuroplasticity: changes in grey matter induced by training, Nature, 427,311-312. Driemeyer, J., Boyke, J., Gaser,C., Büchel, C., May, A. (2008). Changes in Gray Matter Induced by Learning-Revisited. PLoS ONE, 3: e2669. Fink, P.W., Kelso, J.A.S. , Foo, P. , Jirsa, V.K. (2000). Local and global stabilization of coordination by sensory information. Experimental Brain Research, 134, 9–20. Huys, H., Beek, P.J. (2002). The coupling between point-of-gaze and ball movements in three-ball cascade juggling: the effects of expertise, pattern and tempo, Journal of Sports Sciences, 20, 171-186 Huys, H., Daffertshofer, A., Beek, P.J. (2003). Learning to juggle: on the assembly of functional subsystems into a taskspecific dynamical organization, Biological Cybernetics, 88, 302-318. Kelso, J.A.S., DeGuzman, G.C. (1988) Order in time: how cooperation between the hands informs the design of the brain. In: Haken H (ed) Neural and synergetic computers. Springer, Berlin Heidelberg New York, 180–196. Lagarde, J., Kelso, J.A.S. ‚(2006). The binding of movement, sound and touch: Multimodal coordination dynamics. Experimental Brain Research, 173, 673-88. Peper, C.E., Beek, P.J., Van Wieringen, P.C.W. (1995). Coupling strength in tapping a 2:3 polyrhythm, Human Movement Science, 14, 217-245. Zanone, P. G., Kelso, J. A. S. (1992). Evolution of behavioral attractors with learning: Nonequilibrium phase transitions. Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance, 18, 403-421. Congrès psycho.indb 264 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 265 Symposium Psychologie et neuropsychologie de l’attention Organisation de la session : Michael, George A. (Laboratoire EMC - Université Lyon 2). Inhibition, inhibitions et ressources attentionnelles Michael, George A. (Laboratoire EMC - Université Lyon 2, Lyon), Roussel, Martine (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Godefroy, Olivier (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens). Rapidité de l’action et maintien de l’alerte Godefroy, Olivier (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Bailon, Olivier (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Périn, Bertille (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Demarco, Giovanni (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Boucart, Muriel (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Lille), Krystowiak, Pierre (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Roussel, Martine (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens). Ducrot, Stéphanie (CNRS-lpl et Université de Provence), Lété, Bernard (Laboratoire EMC - Université Lyon 2 et inrp). L’attention préparatoire : aperçu de ses mécanismes, de son développement et de ses troubles Siéroff, Éric (Laboratoire de psychologie et neuropsychologie cognitives Université Paris Descartes/ CNRS fre 3292). Résumé mercredi après-midi Le développement des capacités visuo-attentionnelles au cours de l’acquisition de la lecture Les phénomènes attribuables à l’attention sont fréquemment rencontrés et identifiés en tant que tels dans la vie quotidienne: on est dans ses pensées, on est distractible, on perd le fil d’une conversation… Les mécanismes cognitifs et nerveux sous-jacents à ces phénomènes sont très complexes, leur développement particulier, et leurs perturbations réellement fréquentes dans le cadre de pathologies neurologiques. Cependant, les pratiques cliniques en neuropsychologie restent relativement éloignées de ces conceptions complexes, même si praticiens et chercheurs s’accordent pour dire que l’évaluation et la rééducation de ces troubles devrait avoir des bases théoriques et empiriques solides. Ce symposium cible certains aspects des processus attentionnels en les abordant à la fois d’un point de vue cognitif, neurologique et neuropsychologique. Ainsi, l’utilité de certains modèles pour la recherche et l’application en neuropsychologie sera démontrée à travers des études de groupes et de cas, chez l’adulte et l’enfant. Seront visitées l’alerte, l’attention préparatoire, les ressources et l’inhibition. Congrès psycho.indb 265 22/07/10 16:09 266 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Inhibition, inhibitions et ressources attentionnelles Michael, George A. (Laboratoire EMC - Université Lyon 2, Lyon), Roussel, Martine (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Godefroy, Olivier (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens). Introduction Les capacités d’inhibition sont cruciales pour un comportement adapté. Il existe, cependant, des conceptions diverses les concernant. Pour certains il n’existerait qu’un seul processus d’inhibition, pour d’autres de multiples processus. D’autre part, certains suggèrent que les processus inhibiteurs dépendent des ressources attentionnelles, d’autres proposent que non. Le modèle cognitif MAM de l’attention (Michael et al., 2006), proposé sur la base de données computationnels, cognitives et neuropsychologiques, postule (a) que l’inhibition dépend des ressources disponibles et (b) qu’il existerait probablement un processus inhibiteur général. Deux ensembles de travaux ont donc visé l’évaluation de ces deux postulats. Ressources et Inhibition mercredi après-midi Si l’inhibition requiert des ressources attentionnelles pour atteindre un bon niveau d’efficience, alors la diminution des ressources affecterait la capacité à inhiber des informations interférentes. Cette hypothèse a été évaluée à l’aide de paradigmes de capture attentionnelle dans lesquels les sujets devaient identifier une cible et ignorer un distracteur saillant. Parallèlement, afin de diminuer les ressources disponibles, les sujets devaient réaliser une tâche de détection de cibles auditives. Alors que la difficulté de la tâche visuelle restait constante, celle de la tâche auditive était variable. Le ralentissement provoqué par la présence d’un distracteur dans la tâche visuelle a été choisi comme indicateur d’échec d’inhibition. Chez le sujet sain, il a été montré que l’augmentation de la difficulté de la tâche auditive provoquait un affaiblissement de l’inhibition. Un paradigme adapté a été proposé à des patients traumatisés crâniens (TC) et un groupe de contrôles. Les patients étaient répartis en deux groupes selon la présence ou l’absence d’un déficit des ressources attentionnelles. Il était attendu que les deux groupes de patients, distingués sur la base de l’état de leurs ressources attentionnelles, manifestent des capacités d’inhibition différentes. Il a été montré que les TC avec déficit des ressources manifestaient une inhibition bien plus affaiblie par rapport aux autres groupes. Ce résultat conforte l’idée que l’inhibition dépendrait de la disponibilité des ressources attentionnelles. Lorsque la conception théorique propose l’existence de sous-systèmes hiérarchiques, comme c’est le cas des ressources et de l’inhibition, il devient alors difficile de dissocier les deux. En effet, dans un tel cadre, l’inhibition peut être touchée sans que les ressources le soient, mais est-ce que l’inverse est possible ? Sur la base d’hypothèses anatomiques précises, deux patients thalamiques ont été sélectionnés - lésion du noyau ventrolatéral (VL) et du noyau dorsomédian (DM). Dans des situations où aucun distracteur ne venait interférer avec le traitement de la cible, le patient DM a montré un ralentissement spectaculaire de ses performances dans la tâche visuelle avec l’augmentation de la difficulté de la tâche auditive. Ceci est attribuable à un déficit de la disponibilité des ressources. La présence d’un distracteur visuel ne produisait pas de perturbation particulière en situation de simple tâche témoignant, par là, du bon état des processus inhibiteurs. Enfin, ce même distracteur produisait de fortes perturbations avec l’augmentation de la difficulté de la tâche auditive, suggérant que le déficit en ressources affectait profondément l’état de l’inhibition. Les résultats du premier patient montrent donc une dissociation entre l’inhibition intacte et les ressources réduites, et conforte également l’idée de la hiérarchisation des deux sous-systèmes. Le patient VL a montré un tout autre profil. Dans des situations où aucun distracteur ne venait interférer avec le traitement de la cible, le ralentissement observé dans la tâche visuelle en fonction de l’augmentation de la difficulté de la tâche auditive était moindre que chez le patient précédent. Ceci suggère qu’il arrive à mieux allouer ses ressources. La présence d’un distracteur visuel, en revanche, produisait une perturbation spectaculaire en situation de simple tâche témoignant d’un déficit des processus inhibiteurs. Ce même distracteur produisait des perturbations d’ampleur invariable avec l’augmentation de la difficulté de la tâche auditive, suggérant que l’état des ressources n’affectait en rien le fonctionnement déjà déficitaire de l’inhibition. L’ensemble de ces Congrès psycho.indb 266 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 267 résultats montre une double dissociation entre ressources et inhibition. En revanche, les résultats du patient DM montrent également que ces deux systèmes sont hiérarchisés, ce qui conforte l’ensemble des hypothèses émises sur la base du modèle MAM. Inhibition ou inhibitions ? D’autres travaux ont montré une éventuelle multiplicité des processus inhibiteurs. Selon le modèle MAM, il n’y aurait qu’un seul processus inhibiteur et serait sous la dépendance d’un réseau impliquant l’opercule frontal droit (OFd). Une tâche de capture attentionnelle a été conçue de façon à tester deux types d’inhibition : l’inhibition d’un distracteur saillant et l’inhibition d’une réponse inappropriée. L’hypothèse était que, chez les sujets sains, il y aurait dépendance des deux. Il était donc attendu que (a) la présence d’un distracteur ralentisse les performances (inhibition d’un distracteur), que (b) la présence d’une incompatibilité entre la position spatiale de la cible et de la réponse ralentisse les performances (inhibition de réponses inappropriées), et que (c) l’inhibition de la réponse inappropriée soit d’autant plus difficile qu’un distracteur se présente dans le champ visuel. Les résultats de 18 sujets sains ont confirmé les points a et b, mais pas le point c. Ce profil additif a été complété par une absence complète de corrélation entre les points a et b, témoignant de l’indépendance de ces deux processus. Le même test a été proposé à un patient porteur d’une lésion tumorale sélective de l’OFd et manifestant un déficit d’inhibition dans une variété de tâches (Michael et al., 2001 ; 2006). Ce patient a exhibé un déficit à la fois de l’inhibition des distracteurs et de l’inhibition des réponses inappropriées, témoignant de l’atteinte d’un processus inhibiteur général. Cependant, la première était significativement plus perturbée que la seconde, montrant une simple dissociation forte. Dans leur ensemble, les résultats de ce travail montrent (a) qu’il existerait, en effet, des processus inhibiteurs multiples, (b) qu’ils seraient indépendants, mais (c) qu’ils seraient sous le contrôle d’un processus plus général. Une falsification du modèle MAM est proposée afin de prendre en compte ces résultats. Michael G.A., Kleitz C., Sellal F., Hirsch E., & Marescaux C. (2001). Controlling attentional priority by preventing changes in oculomotor programs ; a job for the premotor cortex ? Neuropsychologia, 39, 1112-1120 Michael G.A., Garcia S., Fernandez D., Sellal F. & Boucart M. (2006). The ventral premotor cortex (vPM) and resistance to interference, Behavioral Neuroscience, 120, 442-467. Congrès psycho.indb 267 mercredi après-midi Références 22/07/10 16:09 268 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Rapidité de l’action et maintien de l’alerte Godefroy, Olivier (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Bailon, Olivier (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Périn, Bertille (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Demarco, Giovanni (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Boucart, Muriel (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Lille), Krystowiak, Pierre (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Roussel, Martine (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens). Rapidité de l’action et temps de réponse mercredi après-midi La rapidité de l’action (RA) conditionne l’adaptation à plusieurs activités quotidiennes. Malgré son importance et la fréquence de ses troubles, les travaux dédiés à la RA sont souvent descriptifs et ne s’intègrent pas dans une approche conceptuelle globale. Nous avons proposé un modèle (Godefroy et al., 2010a) postulant que la rapidité dans une tâche de Temps de Réponse simple (TRS) dépend (1) de la rapidité de processus élémentaires (perceptifs, moteurs et décisionnel), et (2) de l’activation attentionnelle permettant une préparation optimale des processus élémentaires durant toute la réalisation de la tâche. L’activation attentionnelle rendrait compte dans une épreuve de TRS du classique pic de distribution des TR qui témoigne de la proportion importante de réponses rapides. La partie gauche de la distribution (i.e., les TRS les plus rapides) témoigne du temps de traitement minimum des processus perceptifs, cognitifs et moteurs. Cette approche postule donc que le ralentissement des TRS peut être lié soit à un ralentissement d’un des processus élémentaires, soit à un déclin du maintien d’alerte. Dans le premier cas, la distribution sera décalée vers la droite, dans le second cas, elle sera caractérisée par une érosion du pic de distribution. Nous avons testé la prédiction qu’un déficit de maintien d’alerte n’affecterait que le pic de distribution par un paradigme de tâche double. La tâche de TRS utilisait des stimuli visuels élémentaires précédés d’un avertisseur; la réponse était la pression d’un bouton-réponse. L’étude effectuée chez 46 sujets sains a confirmé la prédiction. En outre plusieurs travaux effectués en pathologie ont montré que les deux profils de ralentissement pouvaient être observés. Ces résultats permettent donc de valider les prédictions du modèle de RA et proposent un outil permettant d’extraire la composante attentionnelle (maintien d’alerte) du TRS. Anatomie du maintien de l’alerte De nombreux travaux ont suggéré le rôle prédominant de l’hémisphère droit, des régions frontales et du locus coeruleus (Godefroy et al., 2002 ; Posner et Petersen, 1990). Nous avons examiné en IRMf les régions cérébrales activées durant 3 conditions: TRS avec avertisseur, TRS sans avertisseur, et une condition contrôle où le participant devait appuyer sur un bouton réponse au rythme qu’il choisissait en regardant un écran sur lequel apparaissaient des stimuli lumineux. Les régions activées par le maintien de l’alerte étaient les régions droites thalamique, du lobule pariétal inférieur, préfrontale médiale et dorsolatérale. L’analyse en connectivité effective montrait une majoration de l’interaction entre ces régions lors de la condition avec avertisseur (Périn et al., 2010). Afin de déterminer si ces régions étaient nécessaires au maintien de l’alerte, nous avons examiné l’effet de lésions focales. Le ralentissement des TRS a été observé seulement dans la pathologie frontale et était lié à une érosion du pic sans décalage droit de la distribution confirmant donc l’hypothèse d’un déficit attentionnel. Ces données montrent que le maintien d’alerte dépend principalement des régions fronto-médiales. Ralentissement de l’action et vieillissement Le ralentissement constitue un trait caractéristique du vieillissement. Dans un travail portant des sujets sains de 20-40, 41-60 et > 60 ans, nous avons examiné la rapidité des processus perceptifs visuels par le test de temps d’inspection visuel, moteurs par le tapping digital, perceptivomoteur et attentionnel par le TRS et de choix par un test de TRC. Les tests de temps d’inspection visuelle et de tapping digital ne partageaient pas de processus commun. Toutes les performances chronométriques diminuaient avec l’âge et l’allongement des TRS était lié principalement à un Congrès psycho.indb 268 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 269 décalage vers la droite de la distribution. Toutefois après 60 ans outre le décalage vers la droite, était observée une érosion du pic de distribution. Ces résultats indiquent donc que le ralentissement lié à l’âge est lié principalement à un ralentissement des processus perceptivo-moteurs avec, après 60 ans, la contribution supplémentaire d’un déclin attentionnel. Ralentissement de l’action et pathologie cérébrale: quels mécanismes ? Le ralentissement en pathologie a été largement documenté. Dans la pathologie vasculaire, le ralentissement est le déficit séquellaire le plus fréquent. L’allongement des TR a également été montré dans la pathologie cérébrale diffuse, comme l’encéphalopathie traumatique, la sclérose en plaques, les maladies d’Alzheimer et de Parkinson. Cependant l’origine de ce ralentissement reste méconnue. Le rôle de facteurs extrinsèques comme une fatigabilité, un besoin d’apprentissage supplémentaire ou une faible motivation a été observé dans certaines études et pas dans d’autres. De même le rôle d’une variabilité excessive de réponse ne réduit pas la reproductibilité de la mesure des TRS. Afin d’apporter notre contribution à la compréhension de ce ralentissement, nous avons examiné les profils de patients avec accident vasculaire cérébral (AVC) et de patients avec pathologie diffuse. Pour les patients avec AVC (sauf les AVC médiofrontaux), le ralentissement fut observé pour tous les tests témoignant d’un ralentissement des processus visuels et moteurs en accord avec le décalage de la distribution des TRS vers la droite. Cependant, nous n’avons pas observé de ralentissement chez 11 patients avec un trouble cognitif léger. Dans la maladie d’Alzheimer, un ralentissement perceptivo-moteur et des TRS avec décalage vers la droite de la distribution fut observé et était associé à un ralentissement du processus décisionnel. En revanche dans la démence à corps de Lewy, il était observé un ralentissement visuel associé à un déficit attentionnel au TRS. Les mécanismes du ralentissement de l’action différaient donc selon les pathologies. Les prédictions de notre modèle ont été vérifiées et notamment la présence de deux profils différents, l’un lié à un ralentissement des processus perceptivo-moteurs observé dans la plupart des situations physiologiques et pathologiques et l’autre lié à un déficit de maintien de l’alerte observé jusqu’à présent dans la pathologie médiofrontale et la démence à corps de Lewy. Ces travaux proposent également des outils permettant d’extraire la composante attentionnelle (maintien d’alerte) du TRS et la latence décisionnelle du TRC. Références Godefroy O., Lhullier-Lamy C., Rousseaux M. (2002). SRT lengthening: role of an alertness deficit in frontal damaged patients. Neuropsychologia, 40, 2234-2241. Godefroy O, Roussel M, Despretz P, Quaglino V, Boucart M. Age-related slowing: perceptuo-motor, decision or attention decline ? Experimental Aging Research 2010a; 36: 169-189. Périn B, Godefroy O, Fall S, De Marco G. Exploration of an attentional network in the right hemisphere: an fMRI study of brain interactivity enhanced during phasic alertness. Brain Cogn 2010, 72. 271-281. Posner MI, Petersen SE. The attention system of the human brain. Annu Rev Neurosci. 1990; 13: 25-42. Congrès psycho.indb 269 mercredi après-midi Conclusions 22/07/10 16:09 270 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Le développement des capacités visuo-attentionnelles au cours de l’acquisition de la lecture mercredi après-midi Ducrot, Stéphanie (CNRS-lpl et Université de Provence), Lété, Bernard (Laboratoire EMC - Université Lyon 2 et inrp). Lors de l’apprentissage de la lecture, la confrontation à l’écrit permet de développer des compétences de nature strictement linguistiques (e.g. connaissance des règles de correspondances graphèmes-phonèmes pour acquérir des mots nouveaux, développement de la voie directe permettant la reconnaissance rapide des mots sur la base d’un code purement orthographique, enrichissement du stock de vocabulaire et des connaissances sémantiques). Pour être un bon lecteur et atteindre une lecture fluide, l’enfant doit cependant également maîtriser des activités de nature visuo-attentionnelles. Pour lire, il faut se positionner correctement sur les mots, extraire l’information qui est en train d’être fixée, programmer une saccade pour se positionner sur le mot suivant. L’application de règles de correspondance graphèmes-phonèmes nécessite que l’enfant échantillonne correctement l’information fixée : par exemple, il faut qu’il soit capable de grouper visuellement les graphèmes /p/ + /ou/ + /l/ + /ain/ et non pas /p/ + /ou/ + /la/ + /in/ dans le mot poulain pour le lire. L’apprentissage de la lecture nécessite donc que l’enfant apprenne à percevoir les mots. Bien que fondamental, le développement de ces compétences visuo-attentionnelles reste un domaine de recherche négligé. C’est pourquoi nous avons mis au point une batterie informatisée d’évaluation des capacités visuo-attentionnelles chez l’enfant. Plusieurs tests à la fois simples et sensibles ont été développés et validés auprès de 500 enfants scolarisés de 6 à 12 ans. Nous présentons ici deux épreuves de cette batterie. Dans la première étude, la mise en place des traitements visuo-attentionnels et lexicaux chez des enfants du CP au CM2 est étudiée à l’aide du paradigme de position optimale de fixation (OVP pour Optimal Viewing Position) dans une tâche d’identification perceptive. L’effet de la position du regard est utilisé comme marqueur d’un mode de traitement spécifiquement impliqué dans la lecture des mots isolés. Rappelons, en effet, que la présence d’une courbe-OVP implique qu’il existe une position où toutes les lettres d’un mot peuvent être identifiées en une seule fixation; une fixation sur la gauche du centre du mot permettant un traitement simultané des lettres, sans réorientation du regard ni de l’attention à la recherche des premières lettres (Ducrot & Lété, 2008). Les mots utilisés étaient extraits du niveau CP de la base Manulex (Lété et al., 2004) de façon à manipuler précisément la fréquence lexicale. Les cinq premières lettres du mot étaient imposées comme position initiale de fixation. Les résultats révèlent l’existence d’une courbe typique en J-inversé, avec une OVP au centre gauche des mots, après seulement quelques mois d’apprentissage de la lecture ; ce qui indique que très tôt les enfants sont capables d’extraire, au cours d’une seule fixation, les informations visuelles d’une chaîne de lettres et de les intégrer grâce à un traitement en parallèle. Les résultats montrent en outre, dès le CP, un effet additif de fréquence lexicale sur les performances, illustrant la constitution rapide d’un lexique mental soumis aux mêmes contraintes d’accès que celui de l’adulte. L’émergence de l’effet d’OVP en fonction de la quantité d’exposition à l’écrit plaide en faveur d’un mécanisme spécifique – visuo-attentionnel - lié à l’apprentissage de la lecture (Ducrot et al., 2003). Dans la seconde étude, nous contrôlons expérimentalement la position de 1ère fixation dans le mot à l’aide du paradigme de position variable du regard dans une tâche classique de Stroop. L’objectif de cette étude était de tester l’effet de la position initiale de fixation dans le mot (OVP vs. fin de mot) sur l’amplitude de l’effet Stroop (facilitation et interférence) en fonction du niveau de lecture des enfants. Les résultats ont révélé des performances différentes en fonction du degré d’exposition à l’écrit. Les résultats obtenus chez les enfants plus âgés sont comparables à ceux observés chez le lecteur expert et montrent que les effets d’interférence et de facilitation sont réduits quand la première fixation est imposée à la fin du mot plutôt qu’à l’OVP (Perret & Ducrot, sous presse). Ces données vont dans le sens d’un nombre croissant d’études indiquant que les processus Congrès psycho.indb 270 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 271 oculomoteurs peuvent jouer un rôle dans la modulation des processus cognitifs mis en jeu dans l’effet Stroop. Les résultats obtenus dans ces deux études confortent l’hypothèse d’une relation étroite entre les aptitudes de lecture et l’efficience des traitements visuo-attentionnels. Cette relation apparaît indépendante des traitements linguistiques de plus haut niveau ce qui justifie un dépistage spécifique des troubles dans ce domaine (voir Ducrot et al., 2003 ; Ducrot & Lété, 2005, 2008 ; Lété & Ducrot, 2008). Références mercredi après-midi Ducrot, S. & Lété, B. (2005). Le développement des capacités visuo-attentionnelles au cours de l’acquisition de la lecture. In Y. Coello, S. Casalis, C. Moroni (Eds.), Fonctionnement et dysfonctionnement perceptif et moteur (pp. 181197). Lille: Presses du Septentrion. Ducrot, S., & Lété, B. (2008). Attention et contrôle oculaire en lecture experte. In G.A. Michael (Ed.), Les dimensions de l’attention visuelle (pp. 229-264). Marseille: Solal. Ducrot, S., Lété, B., Sprenger-Charolles, L., Pynte, J., & Billard, C. (2003) The viewing position effect in beginning and dyslexic readers. Current Psychology Letters : Behaviour, Brain and Cognition, 10(1), http://cpl.revues.org/ document99.html. Lété, B. & Ducrot, S. (2008). À Foveal Word-Inferiority Effect in Dyslexics Readers. Current Psychology Letters : Behaviour, Brain and Cognition, 24(1), 25-39. http://cpl.revues.org/document3523.html Lété, B., Sprenger-Charolles, L., & Colé, P. (2004). MANULEX: A grade-level lexical database from French elementary school readers, Behavior Research Methods, Instruments, & Computers, 36 (1), 156-166. Perret, P. & Ducrot, S. (sous presse). Viewing-Position Effects in the Stroop Task: Initial Fixation Position Modulates Stroop Effects in Fully Colored Words. Psychonomic Bulletin & Review. Congrès psycho.indb 271 22/07/10 16:09 272 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 L’attention préparatoire : aperçu de ses mécanismes, de son développement et de ses troubles mercredi après-midi Siéroff, Éric (Laboratoire de psychologie et neuropsychologie cognitives Université Paris Descartes/ CNRS fre 3292). L’attention préparatoire permet d’anticiper un événement, mais elle est plus qu’une simple prévision, car, grâce à l’activation d’une image mentale de l’événement attendu, elle est une sorte de préperception. Selon la théorie de David LaBerge, l‘attention préparatoire ajoute une composante de modulation à la composante de sélection. Cette modulation permet de rehausser (ou d’amplifier) l’information sélectionnée. LaBerge et al. [LaBerge, D., Auclair, L. & Siéroff, E. (2000). Preparatory attention : Experiment and theory. Consciousness and Cognition, 9, 396-434.] ont créé un test d’attention préparatoire, désormais appelé le APT (pour attentional preparatory test). Le APT permet de mesurer la sensibilité à la probabilité d’apparition d’un distracteur (petit carré noir latéral, dans un dispositif comprenant 3 carrés adjacents) apparaissant lors de l’attente d’une cible (petit carré noir central), lors d’une tâche de détection. Contrairement aux tests habituels d’attention sélective, le distracteur et la cible n’apparaissent jamais en même temps dans le APT. Chez des sujets adultes jeunes, les temps de réponse à la cible augmentent graduellement quand le nombre de distracteurs contenus dans les blocs d’essais augmente, comme si la préparation à l’apparition de la cible était abaissée relativement par la préparation à l’apparition d’un distracteur. Une série d’études conduites chez des sujets normaux indique que le renforcement par une consigne demandant aux sujets de se focaliser leur attention sur la cible produit une baisse de la sensibilité à la probabilité d’apparition du distracteur, donc un renforcement de l’attention préparatoire vers la cible. L’attention préparatoire prend du temps, comme l’indique l’effet du décours temporel du distracteur (un distracteur apparaissant 1 sec. après un signal d’alerte a plus d’effet sur l’attente de la cible, apparaissant en moyenne au bout de 2 sec., qu’un distracteur apparaissant 200 ms après le signal d’alerte). De plus, l’attention préparatoire demande une quantité importante de ressources attentionnelles comme le montre l’effet d’une double tâche. Le APT permet de mesurer le développement de l’attention préparatoire avec l’âge. Celle-ci semble se développer relativement tardivement, jusqu’à l’adolescence, puisque la sensibilité à la probabilité d’apparition d’un distracteur n’atteint le niveau adulte que vers l’âge de 14 ans. De plus, cette sensibilité augmente à nouveau après 65 ans montrant que l’attention préparatoire baisse chez les personnes âgées. Deux types de APT ont été utilisés : le APT décrit précédemment, dans lequel le distracteur diffère de la cible par sa localisation, ou APT Localisation, et un autre APT, dit APT Objet, dans lequel distracteur et cible apparaissent au même endroit (mais pas au même moment) et diffèrent par leur forme (croix et carré). En fait, les personnes âgées de plus de 65 ans présentent une augmentation de la sensibilité à la probabilité d’apparition du distracteur par rapport aux adultes jeunes uniquement pour le APT Localisation et non pour le APT Objet. L’attention préparatoire consomme une quantité importante de ressources attentionnelles et dépendrait du contrôle frontal. Nous avons montré, grâce au APT Localisation, que l’attention préparatoire était perturbée chez des patients présentant une démence fronto-temporale de type frontal [Siéroff, E., Piquard, A., Auclair, L. Lacomblez, L., Derouesné, C. & LaBerge, D. (2004). Preparatory attention in frontotemporal dementia. Brain and Cognition, 55, 444-451.] et chez des enfants présentant une épilepsie frontale, alors que les enfants présentant une épilepsie temporale ne sont pas affectés [Auclair, L., Jambaqué, I., Dulac, O., LaBerge, D., Siéroff, E. (2005). Deficit of preparatory attention in children with frontal lobe epilepsy. Neuropsychologia, 43, 1701-1712.]. L’utilisation du APT Localisation et du APT Objet a permis de montrer que les lésions frontales unilatérales perturbaient également l’attention préparatoire. En fait, si le APT Localisation était perturbé par les lésions gauches et droites, il semblerait que le APT Objet soit perturbé essentiellement lors de lésion frontale gauche. Cela indique des différences hémisphériques de l’attention préparatoire quant à l’attention dirigée vers des objets. Congrès psycho.indb 272 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 273 Symposium à quoi servent les représentations (en 2010) ? Organisation de la session : Gallina, Jean-Marie (PSITEC EA 4072-Université Lille Nord de France). Le développement des représentations numériques chez l’enfant Vilette, Bruno (PSITEC EA 4072-Université Lille Nord de France). Représentations sociales : une étude sur la religion, la violence et l’intelligence chez des adolescents. Marqueze, Eduardo (Université de Paris 8, lapps, EA 4386). Genre et représentation des sexes ; quand la différence devient prétexte à l’inégalité Marro, Cendrine (Cref ; EA 1589, équipe « genre, savoirs et éducation » (gse)), Université Paris ouest, Nanterre). Les représentations de la maternité et de la paternité pèsent-elles sur l’expression du vécu parental ? Coulon, Nathalie (URECA - EA 1059-Université Lille Nord de France). Nous proposons, dans le cadre de ce symposium consacré aux « représentations mentales », de questionner d’une part le statut épistémologique de cette notion traditionnelle de la psychologie, et d’autre part sa fécondité actuelle dans les différents champs de la psychologie contemporaine. La première session aura pour objet d’apporter des éléments de réflexion théorique et épistémologique, et de montrer dans quelles conditions l’existence des représentations mentales, si elle n’a pas un caractère purement ontologique, peut être rendue légitime du seul point de vue de leur pouvoir explicatif dans la réalisation des phénomènes mentaux. A cet égard, différentes acceptions de la notion de représentation peuvent être pensées. Toutefois, l’approche dite « représentationniste » doit être confrontée à une approche externaliste de la cognition qui prétend, pour sa part, sans faire l’économie conceptuelle de la notion de représentation, lui contester son caractère interne. Des points de vue historique, philosophique, neuroscientifique et psychologique seront successivement présentés, en les confrontant à l’état des recherches empiriques. La légitimité épistémologique des représentations sera ainsi discutée et leur pertinence interrogée au regard des disciplines qui concourent, chacune à leur manière, à une meilleure compréhension du fonctionnement cognitif,qu’il soit normal ou pathologique. La seconde session viendra illustrer, à travers la relation de recherches empiriques actuelles, les diverses acceptions de la notion de représentation aujourd’hui pertinentes, aussi bien en psychologie de la cognition qu’en psychologie sociale, de l’éducation ou de la santé. L’adoption, au moins pragmatique, de cette notion dans un champ d’application relativement large, allant de l’action anticipée à celui des représentations sociales, semble pouvoir justifier, tout au moins sur un plan opératoire, la pérennité de son usage dans la communauté des chercheurs en cognition. Il semble par conséquent, qu’en dépit des critiques parfois formulées à l’égard de la notion de représentation, cette dernière conserve malgré tout une pertinence certaine, à la fois sur le plan de la réflexion théorique et dans l’activité quotidienne de nombreux chercheurs. Elle constitue en effet, aujourd’hui encore, un enjeu central des sciences cognitives, et l’illustration quasi parfaite qu’une notion aussi ancienne peut jouir d’une intense actualité. Congrès psycho.indb 273 mercredi après-midi Résumé 22/07/10 16:09 274 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Le développement des représentations numériques chez l’enfant Vilette, Bruno (PSITEC EA 4072-Université Lille Nord de France). Résumé Deux systèmes de représentation et de traitement des nombres co-fonctionnent chez l’adulte (Lemer & al., 2003), l’un verbal et exact (le modèle numérique conventionnel), l’autre spatial et approximatif (le modèle de la ligne numérique mentale). Nous soutenons l’hypothèse que l’interaction des deux systèmes conditionne la réussite des apprentissages mathématiques chez l’enfant (Vilette, 2009a). Pour étayer de cette hypothèse, nous présentons des données expérimentales qui soulignent le rôle de cette interaction, d’une part au tout début des apprentissages scolaires (Vilette, 2009b), d’autre part dans la remédiation des troubles du calcul arithmétique (Vilette, 2009c), et enfin dans certaines pathologies d’origine génétique telle que le syndrome de Down (Vilette & al., 2010). Exposé mercredi après-midi Le dénombrement et l’arithmétique, et d’une manière générale les mathématiques, sont généralement considérés comme relevant d’une activité cognitive typiquement abstraite et purement verbale. Cependant, de nombreux arguments permettent d’affirmer que les représentations et les traitements numériques sont étroitement liés à la représentation des objets dans l’espace, et finalement à une représentation spatiale (et même préverbale, Ansari, 2008) des quantités et des transformations (Fias et al. 2005 ; Vilette, 2010b). L’un des arguments qui étayent cette affirmation provient des études en neuro-imagerie fonctionnelle qui montrent que la réalisation d’une tâche numérique active toujours, chez l’adulte, des structures cérébrales impliquées dans les traitements spatiaux, notamment le sillon intrapariétal horizontal (Cappelletti et al., 2007). Ces études neurologiques corroborent certaines modélisations des représentations numériques chez l’homme, notamment le « modèle du triple code » (Dehaene, 1992 ; Dehaene et Cohen, 1995), et indirectement le récent modèle développemental de von Aster et Shalev (2007). Ce dernier modèle, qui s’appuie sur les travaux de Dehaene, vise à expliquer le développement des deux systèmes de représentation numérique, l’un exact et verbal (qui sollicitent les codes auditifs et arabes), l’autre spatial et approximatif (qui implique le code analogique permettant de représenter les quantités, puis les nombres, sur une ligne numérique mentale). Selon ce modèle, les représentations numériques spatiales et approximatives (le code analogique) jouent un rôle crucial car elles détiendraient l’information sémantique, c’est à dire le sens premier des nombres et du calcul à partir duquel se développeraient les habiletés numériques verbales (le code auditif et le code arabe) pour aboutir à une ligne numérique mentale fonctionnelle avec les symboles numériques. Pour vérifier et préciser ce modèle de développement, notamment le rôle de l’interaction des deux systèmes de représentation numérique, nous présentons des résultats expérimentaux issus de plusieurs recherches menées chez des enfants au développement typique et atypique. Nos premiers travaux (Vilette, 2004) ont cherché à démontrer que, non seulement les enfants d’âge préscolaire sont capables de se représenter les quantités et les transformations sur une ligne numérique mentale (LNM), ce qui a été confirmé par la suite (Booth et al., 2006 ; Ebersbach et al., 2008), mais aussi et surtout que la précision des estimations spatiales s’améliore étroitement avec l’acquisition et l’expérience du dénombrement et du calcul (Vilette, 2009). Nous avons ensuite exploité l’hypothèse de la LNM avec l’objectif de pallier les difficultés de certains enfants dans l’acquisition des opérations arithmétiques. Pour cela, un dispositif d’aide à l’apprentissage a été conçu, sous forme de programme informatique, permettant de mettre en relation les représentations analogiques de la ligne numérique mentale (estimations spatiales) avec les représentations verbales du calcul exact. Des enfants potentiellement dyscalculiques ont pu ainsi amélioré significativement leurs capacités de calcul (addition, soustraction), ainsi que d’autres habiletés numériques non directement exercées. Enfin, nos derniers travaux ont porté sur les enfants porteurs du syndrome de Down (Vilette & al., 2010) dont les habiletés numériques et de calcul sont présentées depuis longtemps comme une faiblesse élective par rapport à d’autres habiletés scolaires (Fischer et al., 2005). Toutefois, dans la mesure où les capacités visuo-spatiales des enfants T21 sont relativement préservées en regard de leur déficience intellectuelle (Brock et al., 2005), nous avons cherché à vérifier si leur sens premier (et spatial) du nombre était fonctionnel Congrès psycho.indb 274 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 275 en dépit de leurs capacités numériques verbales très limitées. Les résultats obtenus corroborent nos prédictions. Au final, l’ensemble des recherches présentées confirme l’intérêt de distinguer deux systèmes de représentation numérique, et surtout la nécessité de leur interaction pour réussir les apprentissages mathématiques élémentaires. Ansari, D. (2008). Effects of development and enculturation on number representation in the brain. Nature Reviews Neuroscience, 9, 2008, pp.278-291. Booth, J.L. & Siegler, R.S. (2006). Pure numerical estimation. Developmental Psychology, 42, 189–201. Brock, J. & Jarrold, C. (2005). Serial order reconstruction in Down syndrome : evidence for a selective deficit in verbal short-term memory. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 46, 304-316. Cappelletti, M., Barth, H., Fregni, F., Spelke, E.S., Pascual-Leone, A. (2007). rTMS over the intraparietal sulcus disrupts numerosity processing. Experimental Brain Research, 179, 631-642. Ebersbach, M., Luwel, K., Frick, A., Onghena, P. & Verschaffel, L. (2008). The relationship between the shape of the number line and familiarity with number in 5- to 9-year old children: Evidence for a segmented linear model. Journal of Experimental Child Psychology, 99, 1–17. Fias, W. & Fischer, M.H. (2005). Spatial representation of numbers. In Campbell J.I.D. (Ed), Handbook of Mathematical Cognition (pp.43-54). Hove : Psychology Press. Fischer, J.-P. & Bier, A.C. (2005). La trisomie 21 : Quels développement et apprentissage numérique ? In A. Van Hout, C., Meljac, J.-P , Fischer (Dir.). Troubles du calcul et dyscalculies chez l’enfant (pp.284-289). Paris : Masson (2ème édition). Lemer, C., Dehaene, S., Spelke, E. & Cohen, L. (2003). Approximate quantities and exact number words : Dissociable systems. Neuropsychologia, 41, 1942-1958. Vilette, B. (2004). Construction du nombre et rôle de l’approximation dans le développement du calcul arithmétique. Bulletin de Psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent. Les troubles de l’apprentissage, 55-65. Vilette, B. (2009b). Le comptage et la construction de la ligne numérique mentale chez l’enfant. In J.J. Ducret (Ed.), Construction intra/intersubjective des connaissances et du sujet connaissant. Genève : SRED. Vilette, B. (2009c). L’estimateur : un programme informatique de remédiation des troubles du calcul. A.N.A.E. : Approche Neuropsychologique des Apprentissages chez l’Enfant, 102, 165-170. Vilette B. & Courbois, Y. (2010). Spatial and verbal numerical representations in children with Down’s syndrom. International Conferences on Behavioral, Cognitive, Educational and Psychological Sciences, 28-30 Juin, Paris, France. von Aster, M. & Shalev, R.S. (2007). Number development and developmental dyscalculia. Developmental Medecine & Child Neurology, 49, 868-873. Congrès psycho.indb 275 mercredi après-midi Références 22/07/10 16:09 276 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Représentations sociales : une étude sur la religion, la violence et l’intelligence chez des adolescents. Marqueze, Eduardo (Université de Paris 8, lapps, EA 4386). Résumé En psychologie sociale l’ère de la cognition représentationnelle a ses origines dans le champ de l’école française de sociologie de Durkheim et Tarde (1898), et de l’anthropologie (Levy-Brulh, 1910). La distinction que Durkheim introduit entre représentations mentales et représentation collectives conduit Moscovici (1961) à l’établissement de la notion de Représentations Sociales. Ceci m’invite à rappeler l’hypothèse de Kaufmann et Clement (2003) selon laquelle « l’ordre des choses sociales, plutôt que d’émerger à partir de l’ordre de faits psychologiques, lui préexiste. ». Puisque les représentations sociales s’occupent de la connaissance du sens commun et que celle-ci est organisée et structurée selon certains principes, dans ce travail, nous adressons la question de savoir comment cette organisation et cette structure prennent place. Cette recherche focalise son attention sur les représentations de la violence, la religion et l’intelligence de deux groupes de jeunes adolescents (n = 228 ; m = 12 ans 2 moins) qui, toutes conditions égales par ailleurs, se distinguent par l’origine culturelle familiale : un groupe d’origine franco-française et un groupe d’origine franco-africaine. Basé sur une tâche d’association multiple 3, nous approchons l’organisation des représentations en termes de réseaux sémantiques et en explorons la structure par une analyse de fréquences / rangs, dite « le critère du tiers », des champs représentationnels recueillis. Nous montrons comment ces jeunes adolescents organisent et structurent des représentations des objets (abstraits) sociaux et comment elles se différentient en fonction de la variable culturelle. Les notions d’homogénéité et d’hétérogénéité rendent compte des positions culturelles qui déterminent les représentations des objets étudiés que les deux groupes d’adolescents génèrent. Introduction mercredi après-midi Nous explorons la nature et l’organisation des représentations de trois objets sociaux, la violence, la religion et l’intelligence, chez des jeunes adolescents. Considérant que l’émergence des représentations est le résultat d’un processus d’intégration et d’ancrage (Smith, 1988; Sternberg & Ben-Zeev, 2001), couplé à un fonctionnement où l’enfant construit les représentations du monde en étroite interaction avec l’environnement (Müller, Sokol & Overton, 1998), l’hypothèse que nous avançons ici affirme que l’émergence de ces représentations est un processus non seulement contrôlé par des mécanismes cognitifs mais par les contextes social et culturel dans lesquels les enfants se développent. L’enfant crée, et plus tard transforme, la « réalité » au travers de processus de conceptualisation -ancrage et objectivation-. Méthodologie Participants : 228 jeunes adolescents (scolarisés en ZEP). Moyenne d’âge : 12 ans 2 mois (114 garçons) et 12 ans 2 mois (114, filles). Deux groupes (VI socioculturelle) : G1 : adolescents parents d’origine française. G2 : adolescents parents d’origine étrangère (Maghreb, Afrique Subsaharienne) Matériel et Tâche Trois termes inducteurs : Violence, religion et intelligence. Tâche : TAM3, tâche d’association multiple 3. Questionnaire. Procédure Six (sous)groupes sont constitués. Groupes Indépendants équilibrés par genre : garçon et fille Autres variables contrôlées : Position socioéconomique ; Lieu de résidence (banlieue, cités, HLM) ; Habitat (quasi promiscuité) ; Scolarité : Avoir la moyenne en Français. Ici, je ne présente que la première question (association3) d’un instrument comportant 46 questions. La passation fut collective, en salle de classe avec le professeur. Résultats et Discussion En fonction de la fréquence d’occurrences et du rang moyen de citation, par la technique dite du « critère du tiers » (Márquez & Friemel, 2005) associé à la technique de l’analyse prototypique Congrès psycho.indb 276 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 277 de Vergès (1994) on a repéré la structure du double système des représentations sociales, le système central et le système périphérique (Abric, 2003, 2005). Cette analyse montre l’ensemble d’éléments constitutifs des champs représentationnels recueillis « violence, religion, intelligence »; plus précisément, on constate que les deux groupes de jeunes adolescents évoluent avec des regards contrastés sur la violence, la religion, l’intelligence. Pour approcher l’organisation des représentations, chacun des objets étudiés est illustré en forme graphique, un graphe qui résulte des analyses factorielles appliquées sur les donnée. Ce graphe est proche des principes organisateurs des réseaux sémantiques dont l’histoire en psychologie cognitive remonte aux réseaux sémantiques de Quillians et Collins, mais aussi à la découverte du phénomène de l’amorçage et aux principes fonctionnels et structuraux de l’amorçage sémantique (Marquez, 1989) et de la sémantique psychologique (Le Ny, 1989). À la lumière de ces résultats, nous discutons autour de la détermination, par triangulation méthodologique (Apostolidis, 2003), des éléments candidats au et constitutifs du système central, les éléments centraux de la représentation. Nous proposons une voie de réflexion autour de la notion de groupes (bi)culturels. Apostolidis, T. (2003). Représentations sociales et triangulation : enjeux théoriques et méthodologiques. In : J.C. Abric (dir) Méthodes d’études des représentations sociales. Ramonville Saint-Agne, Eres. Lammel, A. (1998). Mot, concept, processus de catégorisation. In D. Dubois (Ed.), Catégories et systèmes symboliques (pp. 129-149) Paris : Edition Kimé. Kaufmann, L & Clement, F. (2003). La sociologie est-elle un savoir infus ? De la nature sociale de l’architecture cognitive. Intellectica, 36-37, pp. 421-457 Lammel, A. & Marquez, E. (2009). Comparative study on concept construction for violence, intelligence and religion in early adolescence in the Parisian suburbs. In A. Gari & K. Milonas (ed) Q.E.D. From Herodotus’ Ethnographic Journeys to Cross-Cultural Research. Athens, Atrapos Editions. Márquez, E. & Friemel, E. (2005). Activation des schèmes cognitifs de base et actualisation des valeurs associées au travail. Papers on Social Representations. 14, 1-28. Márquez, E., & Lammel A. (2005). Representación social de la violencia en niños de 4 a 14 anos. Estudio descriptivo del campo representacional. 30ème Congrès de la Société Interaméricaine de Psychologie. Buenos Aires. Smith, E. E. (1988). Concepts and thought. In R. J. Sternberg & E. E. Smith (Eds.), The psychology of human thought (pp 19-49). Cambridge, UK: Cambridge University Press. Sternberg, R. J. & Ben-Zeev, T. (2001). Complex Cognition: The Psychology of Human Thought. Cambridge, UK: Cambridge University Press. Congrès psycho.indb 277 mercredi après-midi Références 22/07/10 16:09 278 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Genre et représentation des sexes ; quand la différence devient prétexte à l’inégalité Marro, Cendrine (Cref ; EA 1589, équipe « genre, savoirs et éducation » (gse)), Université Paris ouest, Nanterre). Résumé Conduire des recherches dans le cadre des études genre aujourd’hui, en se situant à un niveau micro individuel ou micro social c’est rechercher des pistes pour lutter contre ce que les « savoirs savants » appellent le genre soit un système hiérarchisant de normes de sexe interdépendantes qui concernent tant des attributs physiques que psychologiques que des conduites et situe l’Un et l’Autre sexe dans un rapport de domination, l’Un (le masculin) dominant l’Autre (le féminin). Dans le sens commun, le support du genre est la croyance en LA différence des sexes, croyance selon laquelle il n’y a que deux sexes qui diffèrent radicalement et « naturellement » à la fois au niveau biologique et psychologique. Cette croyance contamine nos représentions, de nous-mêmes et d’autrui en tant qu’individus séxués ainsi que nos conduites, tout aussi sexuées et ce faisant inégalitaires, que nous performons quotidiennement comme dirait Judith Butler sans en avoir réellement conscience. Le concept de Dépendance-Indépendance à l’égard du Genre (DIG) qui sera au cœur de cette communication constitue un outil que nous proposons afin de formaliser pour mieux l’opérationnaliser, dans une perspective de recherche, ce lien étroit entre genre, représentations et différence/inégalité des sexes. Description de la problématique exposée mercredi après-midi Le champ des études genre qui s’est progressivement structuré en France depuis les années 1980 est devenu un champ de recherche scientifique reconnu et particulièrement dynamique (cf. Laufer et col. (2003)), permettant notamment de mieux comprendre pourquoi et comment, dans notre société qui se veut démocratique, l’égalité des sexes en éducation et formation reste, à plus d’un titre, un défi à relever, « une des promesses les plus inachevées de la modernité » (Varikas, 2000, p. 54 ; cf. Mosconi, 2006). À un niveau d’observation macro social, relever ce défi nécessite, à mon sens, de subvertir cet ordre du genre qui organise notre société en posant la hiérarchie comme fait de nature. À un niveau d’observation plus micro individuel, voire micro social (Desjeux, 2004), niveaux auxquels se situent généralement plus aisément les recherches en psychologie, relever ce défi implique la prise en compte des représentations des uns, des unes et des autres concernant LA différence des sexes soit cette idée selon laquelle il n’y a que deux sexes qui diffèrent « naturellement »[1] à la fois au niveau biologique et psychologique. C’est à cette idée, posée comme source de multiples inégalités « invisibilisées » par une survalorisation trompeuse de différences de sexe censées relever d’un ordre « naturel », que s’intéresse mes travaux sur la Dépendance-Indépendance à l’égard du Genre (DIG) Ce concept récemment proposé (cf. Marro et Collet 2009) articule ma réflexion conceptuelle relative à l’emprise du genre sur nos conduites. Il se situe à l’intersection de mes préoccupations de recherche en termes de représentations de la féminité et de la masculinité (cf. Marro 2002 et 2003) et du fonctionnement de la dialectique différence-mixité-égalité des sexes dans la perpétuation des inégalités de sexe en situations scolaires et professionnelles (cf. Marro et Vouillot, 2004 ; Vouillot et Coll. (2004)). Il s’inspire d’un concept psychologique concernant un style cognitif : la DIC: soit la Dépendance/Indépendance à l’égard du Champ, style cognitif issu de travaux qui s’originent dans la psychologie de la perception visuelle partant des travaux d’Herman Witkin (fin des années 40). Dans le cadre de la DIG, c’est toutefois le concept de perception sociale tel qu’appréhendé en psychologie sociale de la cognition (cf. Hurtig (1998) ; Leyens et Col. (1996)) qui sera particulièrement interpelé. Ainsi, par le biais de la DIG, l’emprise du genre est assimilée à un processus psychosociologique de perception sociale qui fonctionne comme une sorte d’illusion d’optique et nous rend aveugles aux inégalités (constructions sociales) dont sont porteuses les différences de sexe (perçues comme naturelles). Une des spécificités de la DIG est d’avoir pour ambition d’offrir une conceptualisation de l’emprise du genre sur nos représentations et nos conduites en intégrant les effets de la hiérarchie Congrès psycho.indb 278 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 279 des sexes. Ces effets sont conçus comme entraînant une perception des différences de sexe (qu’ils s’agissent de traits de personnalité, de conduites voire de rôles) soit en termes de simples différences « naturelles » souhaitables, ou à défaut acceptables (les inégalités sont perçues comme tout aussi naturelles), soit en termes d’inégalités sociales non souhaitables et non acceptables (les inégalités sont perçues comme des constructions sociales). Le premier type d’effet active la croyance en LA différence des sexes et les savoirs de sens commun qui vont de pair avec celle-ci. Il manifeste le genre dans son acception psychologique et signe une dépendance à l’égard du genre (DG). Le second type d’effet, où sont repéré-e-s valorisation différentielle des différences et enjeux de pouvoir associés, renvoie au genre dans son acception sociopolitique et signe une indépendance à l’égard du genre (IG). Une autre spécificité importante de la DIG dont il sera question dans cette communication est sa variabilité inter-individuelle et intra-individuelle suivant les contextes, variabilité résultant notamment de l’influence d’un certain nombre de contraintes psychosociologiques sur ces contextes (induites par les stéréotypes et préjugés de sexe) ; contraintes qui impliquent des enjeux de reconnaissance en tant qu’être sexué, mais aussi des enjeux de pouvoir, dus à cette appartenance de sexe. L’estimation de la DIG en cours d’élaboration est envisagée à l’aide d’un questionnaire constitué de scénarii interpellant notre représentation de LA différence des sexes. Ces scénarii mettent en jeu des attributs et des conduites sexuées pouvant donner lieu à une lecture en termes d’inégalités de sexe. Cette estimation sera objet de discussion prenant appui sur un certain nombre d’exemples de scénarii. [1]avec toute l’ambiguïté caractérisant cet adverbe qui évoque à la fois la nature et la simplicité, l’absence d’artifices, la logique Desjeux Dominique (2004). Les sciences sociales. Paris : PUF. Hurtig Marie Claude (1998). Catégories de sexe et perception de soi. Connexion, 2, 105-119. Laufer Jacqueline, Marry Catherine, Maruani Margaret (2003). Le Travail du genre. Les sciences sociales à l’épreuve des différences de sexe. Paris : La Découverte. Leyens Jacques-Philippe, Yzerbyt Vincent, Schadron Georges (1996). Stéréotypes et cognition sociale. Bruxelle : Editions Mardaga. Marro Cendrine, Collet Isabelle (2009). Les relations entre filles et garçons en classe : qu’en disent-elles ? Qu’en disentils ? Recherches et Education, 2, 45-71. Marro Cendrine, Vouillot, Françoise (2004). Quelques concepts clefs pour penser et former à la mixité. Carrefours de l’éducation, 17, 3-21. Marro Cendrine (2003). Se qualifier de « fille féminine » ou de « garçon masculin » à l’adolescence. Pratiques Psychologiques, 3, 5-20. Marro Cendrine (2002). Évaluation de la Féminité, de la Masculinité, et auto attribution des caractéristiques « féminin » et « masculin ». Quelle relation ? L’Orientation Scolaire et Professionnelle, 31, 4, 545-563. Mosconi Nicole (2006). La mixité : éducation à l’égalité ? Les temps modernes, 637, Mars-Juin, 175-197 Varikas Eléni (2006). Penser le sexe et le genre. Paris : PUF Vouillot Françoise, Blanchard Serge, Marro Cendrine, Steinbruckner Marie Laure (2004). La division sexuée de l’orientation et du travail : une question théorique et une question de pratiques. Psychologie du travail et des organisations, 10, 277-291. Congrès psycho.indb 279 mercredi après-midi Références 22/07/10 16:09 280 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Les representations de la maternite et de la paternite pesent-elles sur l’expression du vecu parental ? Coulon, Nathalie (URECA - EA 1059-Université Lille Nord de France). Résumé L’arrivée du premier enfant provoque l’accès à un nouveau rôle social, celui de mère ou de père, qui génère une transition développementale. Au cours de ce processus, une conception sexuée des rôles, articulant des représentations issues de la socialisation, s’actualiserait dans les échanges avec l’enfant, les personnes de l’entourage, les professionnels, et contribuerait à la régulation des conduites. Nous avons mené une enquête auprès de parents en explorant le vécu des mères et des pères à partir d’un inventaire de 56 items. L’analyse des données obtenues pour 37 couples au cours du 10e mois de l’enfant met en évidence des similarités et des différences dans l’expression du vécu des mères et des pères. Il apparaît en particulier que le vécu des mères renvoie plus fréquemment que celui des pères à un sentiment de compétence parental, mais aussi à un sentiment d’isolement et des pleurs. Les pères se sentent critiqués par leur partenaire plus fréquemment que les mères. En raison des enjeux psychologiques et sociaux de cette transition, nous présenterons les outils de la mallette « Une communauté autour d’un bébé » qui permettent d’explorer les représentations des rôles parentaux dans une démarche éducative de soutien à la parentalité. Introduction mercredi après-midi Inscrite dans un contexte dynamique où les rapports sociaux de sexe se caractérisent par un rapport de pouvoir en faveur des hommes, où les rôles de sexe sont socio-culturellement (re)définis et (re)construits, la parentalité renvoie inévitablement à la problématique de la division sexuée et inégalitaire du travail dans la société et dans la sphère familiale. En effet, la prise en charge des jeunes enfants revient encore le plus souvent aux mères, qu’elles aient ou non un emploi, même si les bienfaits de l’engagement paternel sont mis en avant dans de nombreuses recherches (Coulon et Cresson, 2007). Divers instances et agents de socialisation contribuent à construire et à véhiculer des représentations et modèles de comportements féminins et masculins qui freinent la mise en place de pratiques égalitaires (Dafflon Novelle, 2006). En outre, certains discours scientifiques relatifs à la parentalité alimentent la croyance en la différence et la complémentarité des deux seules catégories de sexe reconnues (Coulon et Cresson, 2007). En adoptant une perspective socio-écologique (Bronfenbrenner, 2004), nous considérons que l’accès au rôle parental provoque une transition développementale aussi bien pour les femmes que pour les hommes qui se traduit par une restructuration psychologique du sens de soi en relation avec les milieux de vie. Nous faisons l’hypothèse que les représentations des rôles maternels et paternels construites et intériorisées au cours de l’histoire développementale des personnes sont mobilisées dans les échanges avec l’enfant, les personnes de l’entourage, mais aussi dans les relations avec les acteurs professionnels du champ de la parentalité. En exploitant des données recueillies dans le cadre du programme « Être Maman ou Papa pour la première fois » (Coulon et al., 2008), nous analyserons le vécu de parents, neuf mois après la naissance de leur premier enfant, pour tenter de comprendre comment les représentations de soi en tant que mère ou père s’articulent dans des champs psychologiques sexués. Méthode Les données ont été recueillies à partir d’un inventaire de 56 items, fondé sur le concept de microsystème familial de Bronfenbrenner (2004), élaboré pour un bilan de santé réalisé dans le cadre du programme « Être Maman ou Papa pour la première fois ». Pour notre analyse, nous avons retenu les réponses obtenues au cours du 10e mois de l’enfant pour 37 couples bénéficiaires du programme (les futures mères ne devaient pas avoir d’emploi au quatrième mois de grossesse pour être incluses dans le groupe de bénéficiaires). Résultats Les comparaisons de fréquences intra-couples (Khi 2, tests binomiaux et rapports de chance) mettent en évidence des similarités et des différences dans l’expression du vécu des mères et des Congrès psycho.indb 280 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 281 pères. Il apparaît en particulier que le vécu des mères renvoie plus fréquemment que celui des pères à un sentiment de compétence parental (sentiment d’être préparée à la vie avec l’enfant, sentiments de faire face et de savoir faire dans la prise en charge de l’enfant, sentiments de progrès et de développement de compétences). Les pères se sentent critiqués par leur partenaire plus fréquemment que les mères. Mais les mères expriment plus souvent que leurs conjoints un sentiment d’isolement et évoquent plus fréquemment leurs pleurs d’épuisement. Discussion La représentation de la compétence à s’occuper de l’enfant apparaît ici comme une ligne de démarcation des champs psychologiques maternels et paternels. Si les représentations contribuent à la régulation des conduites dans les échanges avec l’enfant et les autres partenaires sociaux (qui ont eux-mêmes leurs propres représentations des rôles maternels et paternels), les représentations idéalisées et les représentations stéréotypées devraient pouvoir être déconstruites dans une perspective de promotion de la santé et de l’égalité. Les bandes dessinées du classeur « Une communauté autour d’un bébé » (Coulon et Dewaele, 2009) élaborées dans cette perspective permettent d’explorer les représentations des rôles parentaux dans une démarche éducative de soutien à la parentalité. Références Bronfenbrenner, U. (2004). Making human beings human : Bioecological perspectives on human development. Thousand Oaks, CA : Sage. Coulon, N., & Dewaele, J. (2009). Une communauté autour d’un bébé. Le classeur pour les animations de groupes et les accompagnements individuels. Meurchin : GRAFPER. Coulon, N., Dewaele, J., Guilloteau, D., Mariage D., & Demerval R. (2008). Le programme “ Etre Maman ou Papa pour la première fois ” : un exemple de renforcement du soutien social pour promouvoir la santé des parents et de leurs enfants. Revue Sociologie Santé, 28, 145-157. Dafflon Novelle Anne (2006). Filles-garçons. Socialisation différenciée ? Grenoble : PUG. Congrès psycho.indb 281 mercredi après-midi Coulon, N., & Cresson, G. (2007). La parentalité et ses genres. Les sciences humaines et la place du père auprès du jeune enfant. In N. Coulon & G. Cresson (Eds.), La petite enfance. Entre familles et crèches, entre sexe et genre (pp.167-224). Paris : L’Harmattan. 22/07/10 16:09 282 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Symposium Rôle du système moteur dans la Cognition Organisation de la session : Bidet-Ildei, Christel (Laboratoire CERCA (CNRS, UMR 6234), Université de Poitiers), Palluel-Germain, Richard (Lpnc Université Grenoble 2). Compétences motrices et attention lors de l’observation de mouvements humains Bidet-Ildei, Christel (Laboratoire CERCA (CNRS, UMR 6234), Université de Poitiers), Bouquet, Cédric (Laboratoire CERCA (CNRS, UMR 6234), Université de Poitiers). Le rôle différencié de deux types de gestes sur les conduites catégorielles des enfants Ambrosi, Solène (Laboratoire de psychologie et neurocognition (CNRS – UMR 5105, Université Pierre Mendès France, gre), Bonthoux, Françoise (Laboratoire de psychologie et neurocognition, CNRS – UMR 5105, Université Pierre Mendès France, gre), Blaye, Agnès (Laboratoire de psychologie cognitive, CNRS –UMR 6146, Université de Provence, Marseille). Flexibilité de la perception spatiale : l’influence de nos expériences sensorimotrice sur l’organisation de l’espace perçu Dupierrix, Eve (Laboratoire de physiologie de la perception et de l’action (lppa CNRS-UMR5105) collège de France). mercredi après-midi Le rôle de la motricité dans le traitement des nombres Badets, Arnaud (Laboratoire CERCA, CNRS, UMR 6234, Université de Poitiers). Résumé Dans l’étude du fonctionnement cognitif et social un grand nombre d’approches ont souvent négligé l’aspect sensori-moteur, considérant ce processus comme secondaire dans la cognition. Les opérations mentales seraient ainsi détachées du corps, celui-ci étant principalement considéré comme une interface avec le monde, et activé par des représentations stockées sous forme abstraites et permanentes. Or depuis quelques années, de nombreux résultats montrent l’implication du système moteur dans des tâches et des processus ne se limitant pas à une simple production motrice. En accord avec une conception non abstractive de la mémoire, ces études envisagent que nos connaissances ne sont pas dissociables des épisodes dans lesquels nous avons interagi avec eux. Les différentes théories sous jacente postulent, de manière générale, que la cognition serait donc ancrée dans les expériences sensori-motrices. A travers des expériences issues de paradigmes comportementaux, ce symposium se propose de présenter des recherches démontrant l’implication du système moteur dans des domaines variés de la psychologie. (A) Afin d’étudier les liens action-perception, la première présentation se propose d’analyser les capacités attentionnelles lors de l’observation de mouvements humains. Les auteurs se donnent entre autre pour objectif de comparer les capacités attentionnelles en fonction des compétences motrices des participants. Les résultats montrent que l’attention portée aux mouvements humains est modulée par le genre du participant (homme/femme). (B) Nos capacités motrices peuvent-elles également avoir une influence sur la perception de l’espace, conférant ainsi à ce traitement un aspect subjectif ? Cette relation semble exister puisque la perception spatiale est influencée par le coût associé aux actions potentielles dans l’espace. Une deuxième présentation approfondie cette idée à l’aide d’un ensemble de travaux montrant que le traitement spatial serait déterminé par des caractéristiques Congrès psycho.indb 282 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 283 mercredi après-midi fines de nos interactions passées avec le monde. (C) Le système moteur interviendrait également dans des domaines où l’action n’est pas directement envisagée. Ainsi, le traitement des concepts d’objets réactiverait automatiquement les expériences sensorimotrices associées à ces derniers. Une troisième présentation teste cette hypothèse en analysant le rôle de la manipulation sur les indices pris en compte pour catégoriser, chez des enfants de 5, 7 et 9 ans. Les résultats appuient une approche incarnée de la cognition puisque que des attributs fonctionnels seraient réactivés lors du traitement conceptuel. (D) Enfin une dernière présentation étudie l’implication du système moteur dans le traitement des nombres. Un ensemble de travaux montre une activation automatique d’un comptage sur les doigts chez des adultes réalisant des opérations arithmétiques simples. Ces résultats sont interprétés dans le cadre des neurones miroirs et selon la théorie de l’acquisition du langage associée. Congrès psycho.indb 283 22/07/10 16:09 284 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Compétences motrices et attention lors de l’observation de mouvements humains Bidet-Ildei, Christel (Laboratoire CERCA (CNRS, UMR 6234), Université de Poitiers), Bouquet, Cédric (Laboratoire CERCA (CNRS, UMR 6234), Université de Poitiers). Résumé L’objectif de cette étude était de rendre compte des capacités attentionnelles lors de l’observation des mouvements humains. Pour cela, nous avons adapté le « paradigme des flankers » d’Eriksen (1974) à la présentation simultanée de trois actions humaines. Les participants devaient juger l’action présentée au centre (cible) et ignorer les actions présentées sur les côtés (flankers). Les résultats montrent une capture attentionnelle différente chez les hommes et les femmes. Chez les hommes, la capture attentionnelle n’est observée que lorsque les compétences motrices des participants sont en adéquation avec l’action présentée. Au contraire, chez les femmes, cette capture attentionnelle est systématique. Ces résultats sont discutés au regard des récentes données montrant des différences homme/femme lors de l’observation de mouvements humains. Introduction mercredi après-midi Depuis plusieurs années, les liens reliant l’observation et l’exécution de mouvements humains sont bien établis (Calvo-Merino, Grezes, Glaser, Passingham, & Haggard, 2006; Casile & Giese, 2006; Chary et al., 2004). Ainsi, on observe fréquemment une augmentation et/ou une diminution concomitante des performances perceptives avec les compétences motrices. D’autre part, plusieurs expériences ont montré que l’observation de mouvements humains attiraient automatiquement le regard (Johansson, 1973; Mather, Radford, & West, 1992; Thornton, Rensink, & Shiffrar, 2002; Thornton & Vuong, 2004) mais ces expériences concernaient l’observation de mouvements biologiques c’est-à-dire de mouvement représentés sous la forme d’une séquence animée de points lumineux. Dans ce contexte, l’objectif de cette étude était d’analyser les capacités attentionnelles concernant l’observation de mouvement réels et les liens existant entre ces capacités et les compétences motrices. Matériel et Méthode Vingt trois volontaires (11 femmes, 12 hommes), âgés de 18 à 27 ans ont donné leur accord pour participer à l’expérience. La tâche utilisée a été adaptée à partir du « paradigme des flankers » développé par Eriksen & Eriksen (1974). Trois vidéos représentant chacune une personne (homme ou femme) en train de courir vers la droite ou vers la gauche étaient présentées simultanément sur un écran d’ordinateur. Chaque essai débutait par la présentation durant 250 ms d’une croix de fixation, puis le stimulus composé des trois vidéos apparaissait durant 600 ms (1 cible présentée au milieu et 2 distracteurs identiques présentés sur les côtés). Les distracteurs pouvaient être compatibles ou non avec la cible en termes de direction et/ou de genre et être plus ou moins reliés aux compétences motrices du participant (équivalence ou non entre le genre du participant et le genre des distracteurs). La tâche des participants consistait à indiquer le plus rapidement et le plus précisément possible la direction de la cible sans se préoccuper des distracteurs. Résultats et Discussion L’analyse a porté sur le pourcentage de bonnes réponses et les temps de réaction. Une ANOVA à mesures répétées prenant en compte la compatibilité des directions entre cible et flankers (compatible, incompatible) * la compatibilité des genres entre cible et flankers (compatible, incompatible) * la compatibilité des compétences motrices entre le genre du participant et les flankers (compatible, incompatible) a été réalisée chez les hommes et chez les femmes. Pour plus de clarté, seuls les effets impliquant la direction sont présentés. Chez les femmes, on observe un effet de compatibilité des directions entre cible et flankers qui se caractérise par une augmentation du temps de réaction (F(1,10)=17.19 ; p<0.01) et une diminution du pourcentage de bonnes réponses (F(1,10)=7.31 ; p<0.05) lorsque la direction des flankers était incompatible avec la direction de la cible. Cet effet était indépendant de la compatibilité des genres et des compétences motrices comme l’indique l’absence d’interaction. Congrès psycho.indb 284 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 285 Chez les hommes, on observe également un effet de compatibilité des directions sur les temps de réaction (F(1,11)=16.85 ; p<0.01) comme sur les pourcentages de bonnes réponses (F(1,11)=6.10 ; p<0.05) mais cet effet est modulé par la compatibilité des compétences motrices entre le participant et les flankers concernant le pourcentage de bonnes réponses (F(1,11)=5.74 ; p<0.05). Des tests post-hoc montrent ainsi que pour les hommes, la direction des flankers n’interfère que si ces flankers représentent des hommes en train de courir (p<0.05), la présentation de distracteurs « femme » n’ayant aucun impact sur les jugements directionnels de la cible (p=0.90). L’ensemble de ces résultats montre clairement une différence entre homme et femme concernant l’attention portée aux mouvements humains. La capture attentionnelle observée systématiquement chez les femmes lors de l’observation de mouvements humains semble être dépendante des compétences motrices chez les hommes. Ces différences attentionnelles pourraient permettre de rendre compte au moins en partie de résultats récents montrant une sensibilité plus importante des femmes concernant l’interprétation des mouvements d’autrui et s’accordent avec les données montrant des différences neurophysiologiques lors de l’observation de mouvements humains chez les hommes et chez les femmes (Cheng et al., 2008; Cheng, Tzeng, Decety, Imada, & Hsieh, 2006; Pavlova, Guerreschi, Lutzenberger, Sokolov, & Krageloh-Mann, 2010). Calvo-Merino, B., Grezes, J., Glaser, D. E., Passingham, R. E., & Haggard, P. (2006). Seeing or doing ? Influence of visual and motor familiarity in action observation. Current Biology, 16(19), 1905-1910. Casile, A., & Giese, M. A. (2006). Nonvisual motor training influences biological motion perception. Current Biology, 16(1), 69-74. Chary, C., Meary, D., Orliaguet, J. P., David, D., Moreaud, O., & Kandel, S. (2004). Influence of motor disorders on the visual perception of human movements in a case of peripheral dysgraphia. Neurocase, 10(3), 223-232. Cheng, Y., Lee, P. L., Yang, C. Y., Lin, C. P., Hung, D., & Decety, J. (2008). Gender differences in the mu rhythm of the human mirror-neuron system. PLoS ONE, 3(5), e2113. Cheng, Y., Tzeng, O. J., Decety, J., Imada, T., & Hsieh, J. C. (2006). Gender differences in the human mirror system: a magnetoencephalography study. Neuroreport, 17(11), 1115-1119. Eriksen, B. A., & Eriksen, C. W. (1974). Effects of noise letters upon the identification of a target letter in a non-search task. Perception & Phychophysics, 16, 143-149. Johansson, G. (1973). Visual perception of biological motion and a model for its analysis. Perception & Psychophysics, 14, 201-211. Mather, G., Radford, K., & West, S. (1992). Low-level visual processing of biological motion. Proc Biol Sci, 249(1325), 149-155. Pavlova, M., Guerreschi, M., Lutzenberger, W., Sokolov, A. N., & Krageloh-Mann, I. (2010). Cortical response to social interaction is affected by gender. Neuroimage, 50(3), 1327-1332. Thornton, I. M., Rensink, R. A., & Shiffrar, M. (2002). Active versus passive processing of biological motion. Perception, 31(7), 837-853. Thornton, I. M., & Vuong, Q. C. (2004). Incidental processing of biological motion. Current Biology, 14(12), 10841089. Congrès psycho.indb 285 mercredi après-midi Références 22/07/10 16:09 286 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Le rôle différencié de deux types de gestes sur les conduites catégorielles des enfants Ambrosi, Solène (Laboratoire de psychologie et neurocognition (CNRS – UMR 5105, Université Pierre Mendès France, gre), Bonthoux, Françoise (Laboratoire de psychologie et neurocognition, CNRS – UMR 5105, Université Pierre Mendès France, gre), Blaye, Agnès (Laboratoire de psychologie cognitive, CNRS –UMR 6146, Université de Provence, Marseille). Résumé Catégoriser est une activité cognitive essentielle qui consiste à regrouper des objets sur la base de propriétés communes. Dans le cadre de la cognition incarnée (Barsalou, 2008), ces propriétés résulteraient des interactions sensori-motrices. Les travaux rapportés visent à déterminer le rôle de la manipulation sur les indices pris en compte pour catégoriser chez les enfants de 5, 7 et 9 ans. Dans une première phase, les enfants manipulent (saisissent ou font rouler) des objets sphériques, expérimentant ainsi des indices liés au volume ou à la fonction des objets. Ensuite des images d’objets non réels en 3D sont présentées simultanément, les enfants doivent choisir celui qui est de la même sorte que les sphères. Parmi les objets à choisir certains ont le même volume ou la même fonction que les sphères tandis que d’autres n’ont pas de propriété commune avec elles. Les résultats, analyse des mouvements oculaires (Exp1.) et analyse des choix (Exp.2) indiquent que les informations obtenues lors de la manipulation influent sur la catégorisation des objets dès l’âge de 5 ans. Introduction mercredi après-midi Selon l’approche de la cognition incarnée, traiter un concept consiste, en partie, à réactiver certains aspects - sensoriels, moteurs, émotionnels - des expériences antérieures avec les objets (Barsalou, 2008 ; Gallese & Lakoff, 2005 ; Versace, Labeye, Badard, & Rose, 2009). Notamment les actions seraient activées automatiquement lors du traitement conceptuel d’objets. Chez l’adulte, Tucker & Ellis (2004) rapportent des effets de compatibilité entre le geste de saisie d’objets et celui impliqué dans la réponse manuelle lors de la catégorisation d’objets à partir de photos ou de noms présentés très brièvement tandis que Myung, Blumstein et Sedivy (2006) observent un effet d’amorçage en décision lexicale dû à la similarité du geste d’utilisation entre amorces et cibles. Chez l’enfant, quelques études montrent l’implication de la manipulation dans le traitement catégoriel des objets (Kalenine & Bonthoux, 2008 ; Kalenine, Bonthoux & Borghi, 2009 ; Smith, 2005). Chez des enfants de 7 ans, Kalenine et al. (2009) rapportent un effet d’amorçage par des photos de main lorsque la position de saisie est compatible avec la taille de l’objet à catégoriser. Smith (2005) observe que les gestes réalisés par des enfants de 3 ans sur un objet inconnu contraignent ensuite la catégorisation d’objets nouveaux du même type. En adaptant cette dernière procédure, nous voulons déterminer comment les gestes effectués influencent la catégorisation d’objets très différents de ceux manipulés auparavant. Nous attendons que le traitement conceptuel soit influencé différemment par le type de geste : la saisie devrait favoriser une catégorisation basée sur la similarité de volume tandis que l’utilisation devrait conduire à privilégier un critère fonctionnel. Ces critères serviraient à catégoriser les objets manipulés (Exp. 1) et aussi à inclure de nouveaux objets dans la catégorie (Exp. 2). Matériel et Méthode Les participants sont des enfants de 5 ans (Exp.1) et de 5, 7 et 9 ans (Exp.2). Chaque enfant a passé 2 phases successives : 1) manipulation d’objets, 2) catégorisation d’objets (tâche de choix forcé). Phase de manipulation Les objets sont des sphères transparentes remplies de divers matériaux, présentant donc des aspects variés. À chaque nouvelle sphère présentée, l’expérimentateur indiquait qu’il s’agissait d’un objet de la « même famille ». Une procédure go/no go était proposée, chaque enfant a effectué 48 fois soit un geste de saisie des sphères avec la main entière (Groupe Saisie), soit un geste d’utilisation consistant, main à plat, à pousser les sphères pour les faire rouler sur un plan incliné (Groupe Pousser-Rouler). Phase de catégorisation Congrès psycho.indb 286 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 287 Sur un écran d’ordinateur, étaient présentés par tétrades (Exp.1) ou par paires (Exp. 2) des images d’objets non réels en 3 D. Dans l’expérience 1, l’objet à choisir était une autre sphère. Il y avait aussi un objet de même volume que les sphères (Congruent Volume ou CV), un objet de même fonction « rouler » (Congruent Fonction ou CF) et un objet ne partageant pas de propriété commune avec elles (Non Congruent ou NC). Les fixations oculaires sur les objets CV et CF étaient enregistrées. Dans l’expérience 2, l’enfant devait choisir entre un objet CV ou CF selon les essais et un objet NC. Si le geste est automatiquement activé, alors l’objet possédant la propriété expérimentée durant la manipulation (CV pour le Groupe Saisie, CF pour le Groupe PousserRouler) sera plus fréquemment regardé que les autres objets (Exp. 1) ou plus fréquemment choisi (Exp. 2). Résultats L’anova sur la fréquence de fixations (Exp. 1) ou le nombre d’objets choisis (Exp. 2) selon le type d’item (CV vs CF), la condition de manipulation (Saisir vs. Pousser-Rouler), et l’âge (Exp. 2 uniquement) montrent un effet principal du type d’objet interagissant avec la condition (Exp. 1 et 2) et l’âge (Exp.2). Le geste de saisie influence la catégorisation des objets : les objets CV sont plus fréquemment regardés à 5 ans et plus souvent choisis à 7 ans et 9 ans que les objets CF ; l’influence du geste de pousser-rouler n’apparaît qu’à 9 ans. Discussion Références Ambrosi, S., Blaye, A., & Bonthoux, F. (en prép.). Grasping and Rolling: different gestures influence children’s categorization. Barsalou, L. W. (2008). Grounded Cognition. Annual Review of Psychology, 59, 617-645. Gallese, V., & Lakoff, G. (2005). The brain’s concepts: The role of the sensory–motor system in conceptual knowledge. Cognitive Neuropsychology, 22, 455–479. Kalenine, S., & Bonthoux, F. (2008). Object manipulability affects children’s and adults’ conceptual processing. Psychonomic Bulletin & Review, 15, 667-672. Kalenine, S., Bonthoux, F., & Borghi, A. M. (2009). How action and context priming influence categorization: a developmental study. British Journal of Developmental Psychology, 27, 717-730. Myung, J., Blumstein, S. E., & Sedivy, J. C. (2006). Playing on the typewriter, typing on the piano: manipulation knowledge of objects. Cognition, 98, 223-243. Smith, L. B. (2005). Action alters shape categories. Cognitive Science, 29, 665-679. Tucker, M., & Ellis, R. (2004). Action priming by briefly presented objects. Acta Psychologica, 116, 185-203. Versace, R., Labeye, E., Badard, G., & Rose, M. (2008). The contents of long-term memory and the emergence of knowledge The European Journal of Cognitive Psychology, 21, 522 - 560. Congrès psycho.indb 287 mercredi après-midi Les enfants sont capables, dès l’âge de 5 ans, d’extraire des indices des objets manipulés, indices utilisés ensuite pour catégoriser. Nos résultats appuient ainsi l’approche de la cognition incarnée, les attributs volumétriques et fonctionnels seraient des constituants des concepts d’objets, réactivés lors du traitement conceptuel. Cependant, les deux conditions de manipulation influencent différemment la catégorisation. Il semblerait que la prise en compte des indices fonctionnels par le biais du geste pousser rouler soit plus tardive. Ces résultats sont discutés d’un point de vue développemental. 22/07/10 16:09 288 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Flexibilité de la perception spatiale : l’influence de nos expériences sensorimotrice sur l’organisation de l’espace perçu Dupierrix, Eve (Laboratoire de physiologie de la perception et de l’action (lppa CNRS-UMR5105) collège de France). Description de la problématique exposée mercredi après-midi Comprendre comment la perception spatiale est transitoirement altérée ou peut-être modifiée (expérimentalement) est aujourd’hui une question centrale des études sur la cognition spatiale. La perception de l’espace qui nous entoure est une capacité essentielle qui nous permet d’interagir avec l’environnement. Grâce à elle, nous pouvons par exemple nous orienter et agir vers les objets qui nous entourent, ainsi que nous déplacer efficacement dans un environnement. Comprendre les phénomènes de formation, déformation et transformation de l’espace subjectif est d’autant plus crucial que la perception spatiale est fréquemment altérée suite à des lésions cérébrales. La Négligence Spatiale Unilatérale (NSU) est un des syndromes les plus fréquents et invalidants survenant après une lésion cérébrale unilatérale. Les patients négligents agissent comme si la moitié contralésionnelle du monde n’existait plus, sans que ce soit la conséquence d’un déficit purement sensoriel ou moteur. Au cours de tâches visuo-spatiales, ces patients ne dessinent par exemple que la partie ipsilésionnelle des objets et marquent le milieu des lignes avec de larges déviations ipsilésionnelles. La complexité apparente de cette pathologie rend le syndrome difficile à diagnostiquer, comprendre et traiter encore aujourd’hui, démontrant notre manque de compréhension des processus au coeur de la perception spatiale. L’espace est aujourd’hui bien connu pour être déterminé par les propriétés de l’environnement aussi bien que par notre activité sensorimotrice potentielle ou en train d’être exécutée (Chokron, Dupierrix, Tabert, & Bartolomeo, 2007). D’après les travaux de Gibson et Rizzolatti (Gibson, 1979; Rizzolatti, Fadiga, Fogassi, & Gallese, 1997), l’espace subjectif serait étroitement lié à l’organisation de l’action. L’espace serait par exemple sous-divisé en secteurs dans lesquels il serait différemment codé ou traité selon la nature des interactions motrices potentielles que l’on peut entreprendre sur l’environnement (Coello et al., 2008; Previc, 1998). Les objets peuvent être atteints et manipulés dans l’espace péri-personnel tandis qu’ils ne peuvent être qu’observés ou manipulés indirectement (via la locomotion par exemple) lorsqu’ils se situent dans l’espace extra-personnel. Dans la continuité de ces travaux, Proffitt et collaborateurs ont montré que la perception spatiale était influencée par le coût associé aux actions potentielles dans l’espace (e.g., la distance séparant un individu d’un objet serait perçue en fonction du coût énergétique nécessaire pour atteindre l’objet par la locomotion, pour revue voir Proffitt, 2006). Etant donné que l’évocation des actions potentielles sur l’environnement s’appuie principalement sur notre expérience sensorimotrice du monde, ces travaux laissent suggérer que la nature et le coût de nos habitudes sensorimotrices déterminent la perception de l’espace. Récemment, nos travaux ont justement permis de montrer qu’en plus d’être influencé par les contraintes issues des interactions présentes entre l’individu et son environnement, l’espace subjectif était également déterminé par nos activités sensorimotrices préalables. Nous avons montré que la manipulation de propriétés très fines de notre expérience sensorimotrice comme ses propriétés spatiales peut induire des modifications prolongées de la perception de l’espace (Dupierrix, Alleysson, Ohlmann, & Chokron, 2008; Dupierrix, Gresty, Ohlmann, & Chokron, 2009). La composante spatiale de l’expérience sensorimotrice des participant était manipulée en latéralisant une tâche très simple de pointage sensorimoteur. Les participants devaient pointer sur des cibles qui apparaissaient seulement dans un hémi-espace (gauche ou droit selon le groupe). Le résultat principal révèle qu’agir pendant seulement 5 minutes dans une partie de l’espace, gauche ou droite, induit des biais post-tests de l’espace subjectif sur des épreuves de bissection de lignes et de droit-devant proprioceptif. Ces biais étaient induits vers l’hémi-espace préalablement investi par la tâche sensorimotrice latéralisée, par exemple vers la droite lorsque la tâche était latéralisée à droite. Les résultats sont d’autant plus surprenants que ces biais latéraux persistent voire augmente 24 heures après le pointage latéralisé (Dupierrix et al., 2009). Ils pourraient expliquer l’influence bien connue des habitudes de lecture sur la perception spatiale puisque la lecture est une activité sensorimotrice à forte composante spatiale du fait de sa Congrès psycho.indb 288 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 289 directionnalité (Kazandjian et al., 2009). Dans une autre série d’expériences, nous avons montré que la cohérence sensorimotrice était également un facteur d’influence de la perception spatiale. Une incohérence sensorimotrice était créée au sein d’un dispositif de réalité virtuelle pendant que les participants réalisaient une tâche très simple consistant à retracer avec un stylo la trajectoire d’une ligne qui apparaissait à la surface d’un support virtuel. L’incohérence était créée dans une partie de l’espace par l’apparition de forces aléatoires sur le stylo qui empêchait la réalisation de la tâche. Les biais post-tests observés sur les épreuves visuo-spatiales suggèrent qu’une rupture latéralisée de la cohérence de nos expériences sensorimotrices pourrait causer une sorte de « négligence » de la partie de l’espace préalablement incohérente. L’idée défendue par ces travaux est que le traitement spatial serait déterminé, au moins en partie, par des caractéristiques fines de nos interactions passées avec le monde. L’ensemble de nos comportements serait intégré en permanence de manière flexible et biaiserait les traitements sensorielles vers des localisations spécifiques de l’espace, causant en retour une plasticité rapide à court- et long-terme de la perception spatiale. Chokron, S., Dupierrix, E., Tabert, M., & Bartolomeo, P. (2007). Experimental remission of unilateral spatial neglect. Neuropsychologia, 45(14), 3127-3148. Coello, Y., Bartolo, A., Amiri, B., Devanne, H., Houdayer, E., & Derambure, P. (2008). Perceiving what is reachable depends on motor representations: evidence from a transcranial magnetic stimulation study. PLoS ONE, 3(8), e2862. Dupierrix, E., Alleysson, D., Ohlmann, T., & Chokron, S. (2008). Spatial bias induced by a non-conflictual task reveals the nature of space perception. Brain Res, 1214, 127-135. Dupierrix, E., Gresty, M., Ohlmann, T., & Chokron, S. (2009). Long lasting egocentric disorientation induced by normal sensori-motor spatial interaction. PLoS One, 4(2), e4465. Gibson, J. J. (1979). The ecological approach to visual perception. Boston: Houghton Mifflin Company. Kazandjian, S., Dupierrix, E., Gaash, E., Love, I. Y., Zivotofsky, A. Z., De Agostini, M., & Chokron, S. (2009). Egocentric reference in bidirectional readers as measured by the straight-ahead pointing task. Brain Res, 1247, 133-141. Previc, F. H. (1998). The neuropsychology of 3-D space. Psychol Bull, 124(2), 123-164. Proffitt, D. R. (2006). Embodied perception and the economy of action. Perspectives on Psychological Science, 1(2), 110-122. Rizzolatti, G., Fadiga, L., Fogassi, L., & Gallese, V. (1997). The space around us. Science, 277(5323), 190-191. Congrès psycho.indb 289 mercredi après-midi Références 22/07/10 16:09 290 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Le rôle de la motricité dans le traitement des nombres Badets, Arnaud (Laboratoire CERCA, CNRS, UMR 6234, Université de Poitiers). Description de la problématique exposée mercredi après-midi La description des habiletés numériques de l’enfant révèle une utilisation précoce et spontanée des doigts lors de l’apprentissage du comptage et des opérations arithmétiques. Chez les enfants de 6 ans, la performance lors des tests de discrimination des doigts est un meilleur indice de la réussite que la performance aux tests arithmétiques qui sont utilisés dans les épreuves standards de développement (Fayol et al. 1998). Ces résultats s’accordent avec l’idée selon laquelle l’usage de stratégies de comptage sur les doigts, au cours de l’enfance, mènerait à un recouvrement des représentations liées aux doigts et de celles liées aux nombres chez l’adulte (Butterworth, 1999). En accord avec cette hypothèse, Pesenti et al. (2000) ont découvert une activation conjointe du gyrus précentral et du sillon intra-pariétal lors de tâches arithmétiques. Nous savons que la région intra-pariétale s’active automatiquement pour les tâches qui nécessitent une utilisation des nombres et/ou un traitement de la quantité (Dehaene et al. 2003), et par conséquent, l’activation précentrale qui est associée à la représentation des doigts pourrait indiquer l’implication d’un « système moteur » pendant le traitement numérique. Nous avons récemment testé cette hypothèse d’une utilisation des doigts durant des additions simples chez les adultes (Badets et al. 2010). Dans cette expérience, les sujets devaient résoudre des additions simples présentées sur un écran d’ordinateur. Leurs réponses verbales étaient associées à une image d’une main ou de bâtons présentant la bonne réponse. Les résultats montrent que les participants répondaient plus rapidement avec l’image de la main. Une expérience supplémentaire démontre que cet effet est spécifique à la perception d’une main présentant un résultat correct. Cependant, plusieurs questions restent en suspens quant au rôle précis de la représentation des doigts dans les processus qui sous-tendent l’estimation des quantités. Une piste intéressante et prometteuse vient du lien qui existe entre l’amplitude numérique et l’amplitude motrice des doigts sans but d’action ou en interaction avec la prise d’un objet (Badets, Andres, Di Luca et Pesenti, 2007). Récemment, nous avons démontré que la perception de mouvements des doigts interférait avec la dénomination verbale d’un nombre arabe (Badets et Pesenti, 2010). Dans cette expérience, les participants devaient nommer un nombre arabe décrivant une petite quantité (2 ou 3) ou une grande quantité (8 ou 9) lors de l’apparition d’une main en mouvement de fermeture (petite amplitude motrice) ou d’ouverture (grande amplitude motrice) des doigts. Les résultats indiquent clairement que la latence de réponse est plus courte lorsque les sujets devaient dire un petit nombre à l’apparition d’une main dont les doigts se fermaient, et inversement pour les grands nombres. Des expériences contrôles utilisant des directions de mouvement identiques démontrent que cet effet est spécifique à la perception d’une main biologique. Compter sur les doigts et estimer la quantité pourraient jouer un rôle important dans l’apprentissage du calcul. Les doigts sont présents dès la naissance, et peuvent représenter aussi bien des objets que des espaces abstraits en lien avec l’environnement. De plus, nos résultats sont en accord avec la théorie de Rizzolatti et Arbib (1998) sur l’acquisition du langage. Pour ces auteurs, le circuit neuronal du langage parlé chez l’homme est une conséquence du fait que, bien avant l’apparition du langage, le précurseur de l’aire de Broca était doté d’un mécanisme de reconnaissance des actions d’autrui. Pour ces auteurs, ce mécanisme est le pré-requis neural pour le développement de la communication interindividuelle, et finalement du langage. Plus exactement, lorsqu’un individu produit une action ou observe un autre individu produire une action, des aires pré-motrices en relation avec l’aire de Broca sont activées communément chez l’acteur et l’observateur (Rizzolatti et Arbib, 1998). Lorsque le mouvement observé est d’un intérêt particulier, le système pré-moteur permettra un bref « préfixe » de mouvement chez l’observateur. Ce préfixe sera reconnu par les autres individus. L’acteur reconnaîtra une intention chez l’observateur, et l’observateur notera que son mouvement involontaire affecte le comportement de l’acteur. Ce dialogue serait la genèse du langage, et marquerait le commencement de la communication. Cette expérience sur l’estimation numérique (Badets et Pesenti, 2010) démontre que la quantité pourrait être l’information à la base de ces interactions interindividuelles. Plus exactement Congrès psycho.indb 290 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 291 nous proposons que l’observation des actions génère du sens lorsque l’observateur est influencé par les quantités d’objets et les quantités motrices qui sont en interaction chez le sujet acteur. Ces quantités offrants des potentialités d’actions sur l’environnement façonnent les liens sémantiques entre les individus sur la base de la perception des mouvements biologiques. Références mercredi après-midi Badets, A., Andres, M., Di. Luca, S., & Pesenti, M. (2007). Number Magnitude Potentiates Action Judgment. Experimental Brain Research, 180, 525–34. Badets, A., & Pesenti, M. (2010). Creating number semantics through finger movement perception. Cognition, 115, 46–53. Badets, A., Pesenti, M., & Olivier, E. (2010). Response-effect compatibility of finger-numeral configurations in arithmetical context. The Quarterly Journal of Experimen-tal Psychology, 63, 16–22. Butterworth, B. (1999). A head for figures. Science, 284, 928–929. Dehaene, S., Piazza, M., Pinel, P., & Cohen, L. (2003). Three parietal circuits for number processing. Cognitive Neuropsychology,20, 487-506. Fayol, M., Barrouillet, P., & Marinthe, C. (1998). Predicting arithmetical achievement from neuropsychological performance: A longitudinal study. Cognition, 68, 63–70. Pesenti, M., Thioux, M., Seron, X., & De Volder, A. (2000). Neuroanatomical substrate of Arabic number processing, numerical comparison and simple addition: A PET study. Journal of Cognitive Neuroscience, 121, 461–479. Rizzolatti, G., & Arbib, M.A. (1998). Language within our grasp. Trends in Neuroscience, 21, 188–194. Congrès psycho.indb 291 22/07/10 16:09 292 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Symposium Apprentissage de la lecture: connaissances et habiletés précurseurs Organisation de la session : Foulin, Jean Noël (Université Bordeaux 2), Ecalle, Jean (Université Lyon 2), Magnan, Annie (Université Lyon 2). Connaissance des lettres chez les enfants pré-lecteurs : quelle relation entre la connaissance du nom et la connaissance de la forme des lettres ? Bouchière, Blandine (Université Bordeaux 2), Balthazar, Véronique (Université de Reims), Atzeni, Thierry (Université Bordeaux 2), Foulin, Jean Noël (Université Bordeaux 2). L’effet des compétences en orthographe inventée en grande section de maternelle sur l’entrée dans le langage écrit. Doyen, Anne Lise (Gdr CNRS 2657), Lambert, Éric (Université de Poitiers - gdr CNRS 2657). Le développement des compétences morphologiques précoces Reder, Fanny (Université Strasbourg), Demont, Elisabeth (Université Strasbourg), Marec-Breton, Nathalie (Université Rennes), Royer, Carine (Iufm versailles). Capacités de compréhension de récits chez l’enfant de 5 ans : analyse des déterminants et perspective différentielle. Potocki, Anna (Université Lyon 2), Ecalle, Jean (Université Lyon 2), Magnan, Annie (Université Lyon2). mercredi après-midi Résumé Les études consacrées à l’apprentissage de l’écrit ont fait ressortir le rôle précurseur de plusieurs acquisitions développées par les enfants avant l’apprentissage formel de la lecture (et de l’écriture) ou au tout-début de cet apprentissage. L’objectif du symposium est de présenter des travaux consacrés aujourd’hui à quatre des connaissances ou habiletés qui sont fondatrices de l’apprentissage de la lecture. L’étude de Bouchière, Balthazar, Atzkeni et Foulin (Bordeaux 2, Bordeaux 4, Reims) est consacrée à la connaissance des lettres chez les pré-lecteurs. Son but est d’explorer le lien entre l’identification des lettres et la connaissance de la forme des lettres à partir d’épreuves de reconnaissance de la forme des lettres. La question critique qui guide cette étude est de savoir si l’incapacité d’identifier les lettres s’accompagne d’une méconnaissance de la forme des lettres. L’étude de Doyen et Lambert (Orléans-Tours et Poitiers) porte sur l’effet des orthographes inventées au cours de l’entrée dans le langage écrit. Les auteurs privilégient une situation de production qui élimine l’activité graphomotrice avec un double objectif : d’une part, étudier les compétences en orthographes inventées chez des élèves de grande section de maternelle ; d’autre part, préciser les liens entre ces compétences orthographiques précoces et la réussite ultérieure en lecture et en écriture. La contribution de Reder, Demont, Marec-Breton et Royer (Strasbourg, Rennes, Versailles) porte sur les compétences morphologiques précoces, un type de compétences peu étudié au début de l’apprentissage de la lecture. Un premier objectif est de préciser le développement de deux aspects de la conscience morphologique, la morphologie dérivationnelle et la morpho-syntaxe. Un autre objectif est de déterminer le rôle respectif de ces deux composantes au début de l’apprentissage formel de la lecture. La dernière contribution, présentée par Potocki, Ecalle et Magnan (Lyon 2), explore les capacités de compréhension orale de récits chez l’enfant de 5 ans. Dans une première étape, les auteurs comparent les facteurs déterminants les processus de compréhension orale chez le jeune enfant à ceux observés en compréhension de l’écrit chez l’enfant plus âgé. Une seconde analyse Congrès psycho.indb 292 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 293 mercredi après-midi porte sur les différences interindividuelles de compréhension orale, en particulier au niveau des capacités de raisonnement inférentiel. Ces quatre études ont été réunies car elles présentent l’intérêt d’offrir une gamme diversifiée de connaissances et habiletés initiales, lesquelles contribuent à des composantes différentes de l’apprentissage de l’écrit : identification des mots écrits, orthographe, compréhension de l’écrit. Si elles ont le projet premier de contribuer à l’explication des étapes initiales de l’apprentissage de la lecture, leurs résultats ne peuvent manquer d’intéresser ceux qui se préoccupent de comprendre et prévenir les difficultés d’apprentissage de l’écrit. Congrès psycho.indb 293 22/07/10 16:09 294 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Connaissance des lettres chez les enfants pré-lecteurs : quelle relation entre la connaissance du nom et la connaissance de la forme des lettres ? Bouchière, Blandine (Université Bordeaux 2), Balthazar, Véronique (Université de Reims), Atzeni, Thierry (Université Bordeaux 2), Foulin, Jean Noël (Université Bordeaux 2). Résumé Cette étude examine les relations entre la connaissance du nom et la connaissance de la forme des lettres. Des élèves des trois sections d’école maternelle ont participé à trois épreuves destinées à comparer leur connaissance de la forme des lettres en fonction de leurs capacités d’identification des lettres. Dans la première, ils devaient distinguer des lettres de notre alphabet de lettres ou signes étrangers. Dans la deuxième, ils devaient reconnaître la forme correcte des lettres présentée à côté d’une version altérée ou symétrique. La troisième était une épreuve de reconnaissance immédiate de lettre. Les résultats ont révélé que les enfants qui savaient identifier les lettres avaient une connaissance et une reconnaissance immédiate de la forme des lettres supérieure à ceux qui échouaient. Ils indiquent que les enfants qui ne connaissent pas le nom des lettres ont également une méconnaissance de la forme des lettres. Présentation mercredi après-midi L’étude présentée examine les relations entre la connaissance du nom des lettres et la connaissance de la forme des lettres chez les enfants pré-lecteurs. La connaissance des lettres est une composante clé de l’apprentissage de la lecture. Dans les étapes initiales, elle aide les pré-lecteurs à progresser dans la manipulation et la compréhension de l’écrit et au moment de l’apprentissage formel, elle joue un rôle décisif dans la réussite de l’identification des mots écrits (Treiman, 2006). Il y a donc un enjeu crucial à s’assurer que les enfants possèdent un haut niveau de connaissance des lettres lorsqu’ils abordent l’apprentissage formel de la lecture (Foulin, 2007). Cette connaissance est évaluée le plus souvent en mesurant les capacités de dénomination ou de reconnaissance des lettres. Réussir à identifier une lettre suppose que l’enfant soit capable de discriminer la forme de la lettre des autres formes tout en lui associant le nom correspondant. De là des interrogations se rapportant aux capacités des enfants : comment les enfants qui réussissent à identifier les lettres et ceux qui échouent se distinguent-ils dans la connaissance de la forme des lettres ? Ces différences se manifestent-elles dans la correction de la reconnaissance des formes et/ou dans la vitesse de reconnaissance, donc dans le temps de traitement ? C’est à ces questions que cette étude a tenté de répondre. Trois épreuves ont été mises au point afin d’évaluer la connaissance de la forme des lettres des enfants et de comparer leurs performances en fonction de leurs capacités d’identification des lettres. Pour chaque épreuve, deux versions ont été construites : l’une « pilotée par ordinateur » afin de recueillir des temps de réaction avec les réponses, l’autre de type « papier » pour les enfants moins habiles à répondre avec le clavier de l’ordinateur. Les participants étaient des élèves d’école maternelle de petite (3.6 ans), moyenne (4.9 ans) et grande section (5.7 ans), de langue maternelle française et non lecteurs. La première épreuve de connaissance de la forme était une épreuve de classification des lettres : les enfants devaient distinguer des lettres de notre alphabet de lettres ou signes étrangers (ex. Φ Ђ Ξ Д Ю). La deuxième épreuve était une épreuve de discrimination : les enfants devaient reconnaître la forme correcte des lettres (capitales et minuscules), présentées chacune à côté d’une version altérée ou d’une version symétrique. La troisième épreuve était une épreuve de reconnaissance immédiate: les enfants devaient reconnaître une lettre cible (capitale ou minuscule) montrée avec deux lettres distractrices, l’une fortement, l’autre modérément ressemblantes, après une présentation préalable de trois secondes. Ces épreuves ont été administrées individuellement, en version « papier » pour les enfants de petite section et quelques-uns de moyenne section et sur ordinateur pour les autres enfants de moyenne section et ceux de grande section. La version informatisée permettait de contrôler le temps de présentation des items et de recueillir le temps de réponse. Pour chaque épreuve, les items expérimentaux étaient précédés d’items d’entraînement. Dans les versions informatisées, les Congrès psycho.indb 294 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 295 Références Foulin, J.N. (2007). La connaissance des lettres chez les pré-lecteurs : aspects pronostiques, fonctionnels et diagnostiques. Psychologie Française, 52, 431-444. Treiman, R. (2006). Knowledge about letters as a foundation for reading and spelling. In R.M. Joshi et P.G. Aaron (Eds.), Handbook of orthography and literacy (pp. 581-599). Mahwah, NJ : Erlbaum. Congrès psycho.indb 295 mercredi après-midi items d’entraînement étaient répétés pour obtenir un temps de réaction de base. L’identification des lettres a été évaluée par la dénomination et la reconnaissance des 26 lettres en capitales et minuscules scriptes. Les capacités d’attention visuelle ont été mesurées par la tâche d’attention visuelle de la NEPSY (Korkman, Kirk & Kemp, 2003) avec l’objectif de contrôler le poids d’une éventuelle différence dans ce domaine entre connaisseurs et non connaisseurs des lettres. L’étude s’est déroulée entre janvier et mars mais sur une période courte pour chaque enfant afin de rapprocher l’évaluation de la connaissance des lettres de la passation des épreuves expérimentales. Les épreuves d’identification des lettres dans lesquelles les lettres correctes étaient présentées ont été administrées en dernier lieu afin de ne pas influencer les réponses aux épreuves de connaissance de la forme des lettres. Avant le début de l’étude, les enfants de moyenne et de grande section ont participé à une séance de manipulation du clavier de l’ordinateur dans le but de sélectionner les enfants suffisamment habiles pour recevoir la version informatisée. Jusqu’ici, seules les performances globales ont été traitées à partir d’analyses des corrélations entre les performances d’identification des lettres et les réponses et temps de réponse aux épreuves de connaissance de la forme des lettres. Ces analyses ont révélé que les enfants qui savaient identifier les lettres avaient une meilleure connaissance des lettres (épreuve 1) et de la forme des lettres (épreuve 2) que ceux qui échouaient : ils identifiaient mieux et plus rapidement les lettres conventionnelles et les leurres ; ils reconnaissaient mieux la forme correcte des lettres par rapport à une forme altérée ou symétrique. En outre, ces enfants avaient des performances de reconnaissance immédiate de la forme des lettres supérieures aux autres enfants (épreuve 3). Ces premiers résultats établissent un lien entre la connaissance du nom des lettres et la connaissance de la forme des lettres. Ils indiquent que la connaissance du nom des lettres est accompagnée d’une meilleure connaissance de la forme des lettres. Ils signalent aussi que les enfants qui ne connaissent pas le nom des lettres ont également une méconnaissance de la forme des lettres. Ces enfants présentent donc une double lacune qui si elle persiste peut compromettre gravement leur apprentissage de la lecture. 22/07/10 16:09 296 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 L’effet des compétences en orthographe inventée en grande section de maternelle sur l’entrée dans le langage écrit. Doyen, Anne Lise (Gdr CNRS 2657), Lambert, Éric (Université de Poitiers - gdr CNRS 2657). L’objet de cette contribution est d’une part d’étudier les compétences en orthographe inventée d’élèves en grande section de maternelle et d’autre part de préciser les liens que ces compétences entretiennent avec la future réussite en lecture et écriture des mêmes élèves en cours préparatoire. La communication s’appuiera sur deux expériences complémentaires. Première expérience mercredi après-midi Matériel et méthodele groupe d’élèves participant était constitué de 86 enfants d’âge moyen 5;6 ans. Les élèves ont été suivis longitudinalement entre la Grande Section (GS) et le Cours Préparatoire (CP). En GS (au mois de décembre), les élèves ont été testés dans quatre épreuves de compétences langagières : conscience phonologique, lecture de lettres et de mots, compréhension orale et orthographe inventée (reconnaissance d’au moins sept cartes-lettres parmi dix, puis si la partie reconnaissance est réussie, écriture successive de dix pseudo-mots à partir de ces carteslettres). En CP (au mois de mars), le niveau des élèves a été évalué dans trois domaines du langage écrit : dictée de mots et de pseudo-mots, lecture de mots et de pseudo-mots, compréhension en lecture. Résultats : en GS, dans l’épreuve d’orthographe inventée (OI), les élèves retranscrivent préférentiellement les voyelles. Le score en OI est significativement corrélé aux niveaux de conscience phonologique et de lecture de mots mesurés au même moment, mais pas au niveau de compréhension orale. Ce score d’OI est significativement corrélé au niveau de lecture de mots et de pseudo-mots, et de compréhension en lecture en CP. L’analyse par régressions linéaires montre que la conscience phonologique et l’orthographe inventée expliquent une part significative et spécifique de la lecture de mots et de la compréhension en lecture en CP. Discussion : l’utilisation de cartes-lettres dans l’épreuve d’orthographe inventée permet d’annuler les élèves du coût cognitif lié à l’acte graphomoteur. Les résultats de GS montrent que les enfants français vont d’abord retranscrire les voyelles, puis les consonnes ; contrairement à ce qui est observé en anglais ou en hébreux (McBride-Chang, 1998). L’orthographe inventée en début de GS bien que corrélée avec la conscience phonologique explique une part de variance spécifique du niveau de lecture de mots et de compréhension en lecture en milieu de CP. Cette épreuve est donc un indicateur pertinent de la future réussite en langage écrit. Seconde expérience La seconde étude a deux objectifs : d’une part il s’agira d’estimer l’importance de l’utilisation de cartes-lettres dans les épreuves d’OI passées par des élèves de GS, eu égard à la non-automatisation de leur geste grapho-moteur ; l’ensemble des études internationales (ex. Shatil, Share & Levin, 2000 ; Alves Martins & Silva, 2006) plaçant les participants dans une situation d’écriture manuscrite. D’autre part de préciser l’impact de la conscience phonologique sur l’OI, en fonction du fait que le français soit langue maternelle ou langue de scolarisation pour les élèves. Les résultats de cette seconde expérience sont en cours d’analyse. Références McBride-Chang, C. (1998). The development of invented spelling. Early Education and Development, 9, 147-160. Shatil, E., Share, D.L. & Levin, I. (2000). On the contribution of kindergarten writing to grade 1 literacy: A longitudinal study in Hebrew. Applied Psycholinguistics, 21, 1-21. Alves Martins, M. & Silva, C. (2006). The impact of invented spelling on phonemic awareness. Learning and Instruction, 16, 41-56. Congrès psycho.indb 296 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 297 Reder, Fanny (Université Strasbourg), Demont, Elisabeth (Université Strasbourg), Marec-Breton, Nathalie (Université Rennes), Royer, Carine (Iufm Versailles). Le rôle fondamental de la conscience phonologique lors de l’apprentissage de la lecture est maintenant clairement attesté depuis près de trois décennies (pour une revue de questions, Demont & Gombert, 2007). Plusieurs études ont souligné plus récemment la contribution de la conscience morphologique dès les premières étapes de l’apprentissage de la lecture (e.g. MarecBreton, Gombert & Colé, 2005). Il reste cependant à préciser d’une part le développement des compétences morphologiques précoces et d’autre part à spécifier leur rôle lors de l’apprentissage de la lecture, en veillant à distinguer les différentes composantes de la morphologie. L’objectif de notre étude était double. Notre premier objectif visait à étudier, à l’aide d’épreuves variées, le développement de différents aspects de la conscience morphologique en nous intéressant plus particulièrement à la morphologie dérivationnelle et à la morpho-syntaxe. Notre deuxième objectif consistait à déterminer leur rôle respectif au tout début de l’apprentissage de la lecture. Cent deux enfants scolarisés en première année d’apprentissage de la lecture ont participé à notre étude (âge moyen : 7;3 ans). Six épreuves de conscience linguistique exigeant toutes une activité réflexive sur la structure morpho-dérivationnelle et/ou morpho-syntaxique du langage leur ont été présentées lors de passations individuelles. L’efficience en lecture a été évaluée à l’aide d’épreuves de lecture de mots en une minute. Enfin, la conscience phonologique des enfants (évaluée à l’aide du ThaPho, Ecalle, 2007) a été simultanément contrôlée ainsi que leur efficience générale et verbale. A l’aide des mêmes épreuves, les enfants ont été évalués au début et au milieu de leur deuxième année d’école élémentaire. La communication présentera les premiers résultats de cette étude longitudinale. Les enfants témoignent dès le CP de compétences morphologiques. À l’instar de ce qui est classiquement observé au niveau de la conscience phonologique, les performances des enfants varient de manière importante en fonction de la nature de la tâche et/ou de l’unité morphémique à manipuler. Enfin, les analyses de corrélations et de régressions à ordre fixé mettent en évidence une contribution spécifique non négligeable des compétences morphologiques à l’efficience en lecture de mots (après contrôle de l’efficience générale et verbale et des compétences phonologiques). Congrès psycho.indb 297 mercredi après-midi Le développement des compétences morphologiques précoces 22/07/10 16:09 298 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Capacités de compréhension de récits chez l’enfant de 5 ans : analyse des déterminants et perspective différentielle. Potocki, Anna (Université Lyon 2), Ecalle, Jean (Université Lyon 2), Magnan, Annie (Université Lyon 2). Résumé Cette étude examine les processus de compréhension orale de récits chez le jeune enfant. Deux analyses ont été menées sur les résultats de 131 enfants de 5 ans. La première montre que les facteurs déterminant les processus de compréhension à l’oral chez le jeune enfant sont globalement similaires à ceux observés en compréhension en lecture chez l’enfant plus âgé. Ainsi, les performances en compréhension orale sont expliquées par les capacités de mise à jour (24%), le vocabulaire (10%), les performances en compréhension de phrases (5%), les connaissances syntaxiques (3%) et morphologiques (2%). Les résultats de la seconde analyse montrent que les enfants dès 5 ans sont capables de produire un raisonnement inférentiel élaboré. Néanmoins, ces capacités font l’objet de fortes différences interindividuelles. Une analyse différentielle montre ainsi l’existence de trois profils de compreneurs. Introduction mercredi après-midi Les processus de compréhension en lecture ont suscité l’intérêt de nombreux chercheurs. De nombreuses études se sont par exemple intéressées à en révéler les facteurs déterminants. Ainsi, on considère que les performances en compréhension de textes à l’écrit sont prédits par les performances en compréhension de phrases (Lecocq et al., 1996), par les capacités de mémoire de travail (Daneman & Merikle, 1996), et notamment celles de mise à jour (Carretti et al., 2005), par les capacités de mémoire à court terme (Vellutino et al., 2007), le vocabulaire (Cain et al., 2004), par les connaissances syntaxiques (Demont & Gombert, 1996) et morphologiques (Casalis & LouisAlexandre, 2000). Les processus de compréhension se développeraient dès le plus jeune âge, bien avant l’apprentissage de la lecture. Les énoncés doivent alors être présentés dans des modalités autres que la modalité visuelle. Dans cette étude une présentation orale a été privilégiée. Les données expérimentales chez l’enfant révèlent de fortes corrélations pour des présentations auditives, visuelles et audio-visuelles des énoncés (Kendeou et al., 2005). D’autre part, ces processus de compréhension précoces seraient fortement similaires à ceux qui se mettent en place par la suite en situation de lecture (van den Broek et al., 2005). Partant de ce postulat, on peut faire l’hypothèse que les déterminants à l’œuvre en compréhension de textes écrits devraient être similaires à ceux observés en compréhension orale chez le jeune enfant. D’autre part, au niveau de la compréhension de textes, on distingue généralement la compréhension littérale (capacité à comprendre les informations explicites du texte) de la compréhension inférentielle (capacité à comprendre les informations implicites du texte). Certains auteurs (Barnes et al., 1996) considèrent que cette seconde capacité se développerait plus tardivement. Selon d’autres auteurs (Kendeou et al. 2008), les enfants seraient capables dès 4 ans de s’engager dans un processus inférentiel. La présente étude viendra interroger cette hypothèse en proposant une épreuve de compréhension dans laquelle compréhensions littérale et inférentielle seront distinguées. Ainsi, nous nous attendons à observer un raisonnement inférentiel pour certains enfants de notre échantillon. Matériel et Méthode Population : 131 enfants de grande section de maternelle (âge moyen: 67,1 mois ; écart-type : 3,8 mois). Matériel : - Compréhension de textes : Récit (131 mots ; Brigaudiot, 2000) lu à l’enfant et suivi de 20 questions de type oui/non. 10 questions portent sur les informations littérales, 10 autres nécessitent la production d’inférences. - Compréhension de phrases : Tâche de jugement d’adéquation sémantique entre deux phrases présentées successivement à l’oral (Ecalle et al., 2009). Congrès psycho.indb 298 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 299 - Mémoire de travail : Épreuve de mise à jour. L’enfant observe et nomme une série d’images défilant sur écran d’ordinateur et doit retenir à chaque essai la dernière (n-1) ou l’avant-dernière (n-2) image vue. - Mémoire à court terme : Épreuve de répétition de non mots (ODEDYS, Jacquier-Roux et al., 2002) - Vocabulaire : Épreuve extraite de l’ELO (Khomsi, 2001). L’enfant désigne l’image parmi 4 correspondant à un mot énoncé oralement. - Connaissances syntaxiques : Tâches de jugement de grammaticalité (traitement épisyntaxique) et de correction des phrases jugées comme agrammaticales (traitement métasyntaxique). - Connaissances morphologiques : Tâche de jugement de relation morphologique (Sanchez et al., 2009). L’enfant décide si deux mots sont de la même famille ou non. - Recherche des déterminants Une analyse de régression pas à pas a été effectuée avec les performances à l’épreuve de compréhension de textes comme VD et les performances dans toutes les autres épreuves comme VI. Les résultats indiquent que les performances en compréhension de textes sont expliquées par les capacités de mise à jour (25%), le vocabulaire (9%), les performances en compréhension orale de phrases (5%), les connaissances épi-syntaxiques (3%) et morphologiques (2%). Ces prédicteurs sont globalement similaires à ceux rapportés dans la littérature concernant la compréhension en lecture. Ce résultat apporte un argument en faveur de l’hypothèse proposée par van den Broek et al. (2005) selon laquelle les processus de compréhension chez le jeune enfant et chez l’enfant plus âgé ou l’adulte sont en partie similaires. - Analyse différentielle Trois profils de compreneurs ont été mis en évidence : les bons compreneurs (bons en littéral et en inférentiel), les moyens compreneurs (bons en littéral mais faibles en inférentiel) et les faibles compreneurs (faibles en littéral et en inférentiel). Une analyse de variance a été réalisée pour savoir quelles épreuves différenciaient ces trois groupes. Des tests post-hoc (Tukey) ont permis d’affiner les résultats en comparant les groupes deux à deux. Ainsi, cinq variables permettent de différencier bons et moyens compreneurs : la compréhension de phrases à l’oral, la mémoire à court terme, le vocabulaire, les connaissances épi-syntaxiques et les connaissances morphologiques. Deux variables supplémentaires viennent expliquer la différence entre moyens et faibles compreneurs : les capacités de mise à jour et les connaissances méta-syntaxiques. Ces résultats montrent que dès 5 ans, certains enfants sont capables de s’engager dans un raisonnement inférentiel. Deux types d’inférences peuvent être distingués : les inférences de cohésion (relier deux informations du texte entre elles) et les inférences d’élaboration (relier les informations textuelles à ses connaissances personnelles). Ces dernières seraient les plus difficiles à produire. Une analyse des questions inférentielles de l’épreuve de compréhension utilisée montre que celles-ci correspondent à des inférences d’élaboration. Ainsi, près d’un tiers des enfants de notre échantillon sont capables de produire précocement un raisonnement inférentiel élaboré. mercredi après-midi Résultats et Discussion Références Kendeou, P., et al. (2008). Children’s inference generation across different media. Journal of Research in Reading, 31(3), 259-272. Van den Broek, P., et al. (2005). Assessment of comprehension abilities in young children. In S.G. Paris & S.A. Stahl (Eds.), Children’s reading comprehension and assessment (pp. 107-130). Mahwah, NJ: Erlbaum. Carretti, B., Cornoldi, C., De Beni, R., & Romano, M. (2005). Updating in working memory: A comparison of good and poor comprehenders. Journal of Experimental Child Psychology, 91, 45-66. Congrès psycho.indb 299 22/07/10 16:09 300 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Symposium Psychopathologie de l’affectivité : les souffrances actuelles Organisation de la session : Bonnet, Agnès (Université Aix-Marseille). Adolescence, régulation émotionnelle et expressions symptomatiques Bréjard, Vincent (Université de Nantes), Pedinielli, Jean-Louis (Université Aix-Marseille). Les conduites « aux limites » : exemple du body-art. Rochaix, Delphine (Université Aix-Marseille), Bonnet, Agnès (Université Aix-Marseille), Bejaoui, Moez (Université Aix-Marseille), Pedinielli, Jean-Louis (Université Aix-Marseille). Réalité et répercussion psychologique des violences sexuelles chez les sportifs Afflelou, Sabine (Université Bordeaux 2), Décamps, Greg (Université Bordeaux 2). Souffrance depressive et régulation émotionnelle en situation sociale Pasquier, Aurélie (Université Aix-Marseille). Relation transférentielle et engagement du praticien : la question actuelle de l’amour. Benhaim, Michèle (Université Aix-Marseille), Salvadero, Jérémie (Université Aix-Marseille). Résumé mercredi après-midi Le champ de la psychopathologie s’intéresse aujourd’hui à la question de l’émotion au sens large, émotion « normale » et pathologique, émotion troublée, dont témoignent différentes manifestations cliniques. L’émotion et les concepts qui s’y rattachent permettent de répondre en partie à la question de l’articulation du psychologique au biologique et au social. De nombreuses conduites, qui ne peuvent être envisagées directement comme pathologiques, questionnent pourtant les processus psychiques qui les soutiennent chez des sujets dont le fonctionnement émotionnel et affectif semble repris par la dynamique subjective. Le comportement est ainsi le produit d’un sujet dont l’organisation psychique soutient le caractère pathogène de la conduite. On peut ainsi poser l’existence, dans notre société post-moderne, d’un certain nombre de conduites aux limites ( i.e. conduites à risques) qui témoignent de ce fonctionnement. Ces manifestations peuvent prendre la forme de symptômes, d’actes, ou de productions individuelles considérées comme traces subjectives ou témoignant d’une construction. Il nous paraît intéressant de situer l’émotion au regard du champ de l’affectivité et des manifestations de souffrance qui s’y rattachent et de la décliner dans ses articulations entre les dimensions cognitives, émotionnelles et subjectives. Nous questionnerons ainsi le champ de la psychopathologie à travers ces différentes formes de souffrances actuelles dont les perturbations de l’affectivité témoignent. Congrès psycho.indb 300 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 301 Adolescence, régulation émotionnelle et expressions symptomatiques Bréjard, Vincent (Université de Nantes), Pedinielli, Jean-Louis (Université Aix-Marseille). Résumé Les conduites à risques à l’adolescence constituent un réel problème de santé publique. Des travaux ont souligné le rôle de dimensions de personnalités dans l’initiation ou le maintien de ces comportements. L’objectif de cette étude était de mieux appréhender les relations entre dépression et conduites à risques, dans une perspective cognitive-développementale. Pour cela, différents outils d’auto-évaluation ont été utilisés : l’échelle d’évaluation des risques chez les jeunes (Aklin, Lejuez, Zvolensky, Kahler, & Gwadz, 2005) l’échelle de dépression du Centre d’études épidémiologiques (Chabrol, Montovany, Chouicha, & Duconge, 2002), le questionnaire tridimensionnel de la personnalité (TPQ) (Lépine, Pelissolo, Téodorescu, & Téhérani, 1994) et l’échelle de niveau de conscience émotionnelle (LEAS) (Bydlowski et al., 2002). Les analyses en corrélations et en régression multiples montrent qu’une articulation spécifique des dimensions du tempérament avec la conscience émotionnelle correspond à différentes expressions symptomatiques. Ce constat conduit à proposer une hypothèse structurale-développementale des relations entre dépression et conduites à risques à l’adolescence. L’inclusion des conduites à risques en tant qu’objet dans la nomenclature psychiatrique et psychopathologique est relativement récente (Ades & Lejoyeux, 2004). Différents travaux ont mis en évidence l’importance des relations des deux grandes tendances constituées par les comportements d’approche ou d’évitement,et ce, que le modèle utilisé soit celui de Cloninger (Wills, Windle, & Cleary, 1998), de Zuckerman (Michel, Le Heuzey, Purper-Ouakil, & MourenSimeoni, 2001) ou d’Eysenck (Bonnet, Pedinielli, Romain, & Rouan, 2003). D’autres insistent sur les relations entre trouble du fonctionnement émotionnel et conduites à risques (Bonnet, 2003; Michel, Carton, & Jouvent, 1997). L’alexithymie, l’anhédonie, ou encore une disposition émotionnelle négative ont ainsi été mises en évidence comme constituant des facteurs de vulnérabilité à s’engager dans des conduites à risques (Bréjard, Pedinielli, & Rouan, 2005). Face à ces différents constats, nous avons fait le choix de tenter de proposer une explication des relations susceptibles d’exister entre conduites à risques et trouble thymique, dans une perspective intégrative (Pedinielli, Rouan, Gimenez, & Bertagne, 2005). Matériel et Méthode mercredi après-midi Introduction 488 adolescents (47,34 Fet 52,66 % G,âge moyen =14,91±1,41) issus de classes de 5e à 3e de collège, de filières 4e et 3e SEGPA et de 2de à terminale de lycée d’enseignement général et de lycée professionnels ont accepté de participer à l’étude. Ils ont complété les échelles suivantes : -l’échelle d’évaluation des risques chez les jeunes (Aklin, Lejuez, Zvolensky, Kahler, & Gwadz, 2005) Il s’agit d’une échelle d’auto-évaluation en dix items à choix forcé de type vrai/faux. -l’échelle de dépression du Centre d’études épidémiologiques (Chabrol, Montovany, Chouicha, & Duconge, 2002). -Les traits de personnalité ont été mesurés avec le questionnaire tridimensionnel de la personnalité (TPQ) (Lépine, Pelissolo, Téodorescu, & Téhérani, 1994)] qui évalue les quatre dimensions du tempérament que sont la Recherche de Nouveauté (RDN), l’Evitement du Danger (ED), la Dépendance à la Récompense (DR) et la Persistance (P), conformément au modèle de Cloninger (Cloninger, 1987) -l’échelle de niveau de conscience émotionnelle (LEAS) (Bydlowski et al., 2002). Les situations impliquant une référence au monde du travail (patron, supérieur, projet à réaliser), ont été modifiées par des situations issues du cadre scolaire (Bréjard, Bonnet, & Pedinielli, 2005). Nous avons réalisé des analyses corrélationnelles et en régression multiples sur deux groupes, l’un constitué d’adolescents présentant un trouble (état dépressif, conduites à risques, ou une association des deux : groupe PB), l’autre constitué d’adolescents sans trouble (groupe SPB). Les analyses ont été réalisées avec SPSS 11.5. Congrès psycho.indb 301 22/07/10 16:09 302 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 Résultats Nous observons une corrélation négative (r=-.42, p<.0001) entre dépression et conduites à risques, mais uniquement dans le groupe PB. De plus, il existe des corrélations significatives entre recherche de nouveauté, évitement du danger, dépendance à la récompense et conduites à risques (r=-.43 à .68), ainsi qu’entre ces dimensions et la dépression (r=-.36 à .52). Des relations significatives sont également retrouvées entre niveau de conscience émotionnelle, dépression (r=.44) et NCE et conduites à risques (.61). Enfin, nous observons des relations significatives entre NCE et RDN (r=-.37), NCE et ED (r=.49) et entre NCE et DR (.60) Un modèle de régression incluant les dimensions du tempérament (RDN et ED) et le niveau de conscience émotionnelle explique 59% de la variance des conduites à risques dans le groupe PB. Un second modèle associant EDD et NCE explique 42 % de la variance de la dépression pour le même groupe, tandis qu’un modèle associant dépendance à la récompense et évitement du danger explique 14% de la variance de la dépression pour le groupe SPB. Discussion Nous avons tenté de montrer l’existence d’une relation entre ces deux pathologies, au regard de facteurs de vulnérabilité tels que les dimensions de personnalité et la capacité à discriminer ses propres états émotionnels à un niveau complexe. Nous avons pu mettre en évidence des relations spécifiques entre personnalité, développement émotionnel et expressions symptomatiques dépressives ou comportementales. Ces résultats nous amènent à proposer une interprétation structurale développementale des relations entre dépression et conduites à risques : le niveau de conscience émotionnelle interviendrait comme un médiateur entre la vulnérabilité (personnalité) et la symptomatologie. De plus, la relation entre conduites à risques et dépression peut être comprise comme s’inscrivant dans un continuum développemental, interprétation qui devra être précisée dans des recherches à venir. Références mercredi après-midi Ades, J., & Lejoyeux, M. (2004). Conduites de risque. EMC - Psychiatrie, 1(3), 201-215. Aklin, W. M., Lejuez, C. W., Zvolensky, M. J., Kahler, C. W., & Gwadz, M. (2005). Evaluation of behavioral measures of risk taking propensity with inner city adolescents. Behaviour Research and Therapy, 43(2), 215-228. Bonnet, A., Pedinielli, J. L., Romain, F., & Rouan, G. (2003). Bien-être subjectif et régulation émotionelle dans les conduites à risque. Cas de la plongée sous-marine. Encephale, 29(6), 488-497. Bréjard, V., Bonnet, A., & Pedinielli, J. L. (2005). Développement cognitivo-émotionnel, régulation des émotions et comportements à risques : une étude exploratoire chez l’adolescent. Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence, 53(8), 395-400. Bréjard, V., Pedinielli, J. L., & Rouan, G. (2005). Hypothèse d’un dysfonctionnement émotionnel chez des adolescents présentant des comportements à risque : une étude exploratoire. Encéphale, 32(4, Part 1), 413-420 Michel, G., Carton, S., & Jouvent, R. (1997). Recherche de sensations et anhedonie dans les conduites de prise de risque. Etude d’une population de sauteurs a l’elastique (benji). Encephale, 23(6), 403-411. Michel, G., Le Heuzey, M. F., Purper-Ouakil, D., & Mouren-Simeoni, M. C. (2001). Recherche de sensations et conduites à risque chez l’adolescent. Annales medico-psychologiques, revue psychiatrique, 159(10), 708-716. Pedinielli, J.-L., Rouan, G., Gimenez, G., & Bertagne, P. (2005). Psychopathologie des conduites a risques. Annales Medico-psychologiques, revue psychiatrique, 163(1), 30-36. Wills, T. A., Windle, M., & Cleary, S. D. (1998). Temperament and novelty seeking in adolescent substance use: Convergence of dimensions of temperament with constructs from Cloninger’s theory. Journal of Personality & Social Psychology, 74(2), 387-406. Congrès psycho.indb 302 22/07/10 16:09 SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010 303 Les conduites « aux limites » : exemple du body-art. Rochaix, Delphine (Université Aix-Marseille), Bonnet, Agnès (Université Aix-Marseille), Bejaoui, Moez (Université Aix-Marseille), Pedinielli, Jean-Louis (Université Aix-Marseille). Introduction La MC semble avoir toujours existé ; mais nous pouvons dater son expansion aux années 70, les techniques ayant évolué depuis. Les personnes qui ont recours à ces modifications touchant leur corps et/ou leur visage se réfèrent souvent à la communauté des bodmoders, sous-culture aux inspirations variées : mouvement de
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