52e congrès de la Société Française de

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52e congrès de la Société Française de
52e congrès
de la Société Française
de Psychologie
Cognition, émotion et Société
Lille, du 7 au 9 septembre 2010
Organisé en partenariat avec le PRES Lille Nord de France
Université de Lille III, la Maison Européenne des Sciences de
l’Homme et de la Société, l’Ufr de Psychologie, les laboratoires
Psitec et Ureca.
Coordination : Conseil Scientifique de l’Université Charles-de-Gaulle – Lille 3
collection
UL3
travaux &
recherches
Congrès psycho.indb 1
22/07/10 16:09
Comité de Programme
Président : Yann Coello
Co-présidents : Antoine Molleron (Vice-Présidents DAIP) et Odile Mallick† (DOA)
Histoire de la psychologie : A. Blanchet, I. Saillot
Psychologie clinique & psychothérapies: P. Antoine, C. Bungener, S. Carton
Psychopathologie: M.C. Castillo, J.L. Nandrino, A. Plagnol
Psychologie de la santé : V. Christophe, B. Quintard, E. Spitz
Psychologie cognitive : D. Brouillet, J.M. Gallina, S. Nicolas, L. Sparrow
Psychologie ergonomique : F. Anceaux, A. Chevalier, P. Plenacoste
Psychologie différentielle et de l’évaluation : K. Gana, P. Sockeel, P. Vrignaud
Psychologie du développement: E. Gentaz, C. Monnier, B. Vilette
Neuropsychologie : A. Bartolo, C. Moroni, V. Quaglino
Psychologie sociale : A. Durand, A. Somat, A. Mignon
Psychologie du langage : I. Bonnotte, S. Casalis, P. Colé, L. Perre
Psychologie du travail et des organisations : P. Desrumaux, C. Lemoine, P.H. François
Psychologie de l’éducation : J. Clerc, A. Guerrien
Psychologie de l’orientation et de l’insertion : Y. Forner, O. Mallick†, C. Remermier
Psychologie du sport : M. Allès-Jardel, Y. Delevoye, G. Lecocq
Psychologie de la justice et criminologique : N. Przygodzki-Lionet, J. Py, M. Vandamme
Psychologie de l’environnement : B. Bonnefoy, M. Felonneau
Analyse expérimentale du comportement : J.C. Darcheville, L. Madelain
Psychologie du handicap : Y. Courbois, B. Facon, A. Roby-Brami
Psychologie des émotions : A. Channouf, G. Delelis
Thérapies cognitives et comportementales : C. Douilliez, A. Rousseau, S. Rusinek
Psychologie des conduites addictives : K. Doba, I. Varescon
Psychologie transculturelle : A. Molleron, M.Y. Govindamaatchanaguirama
Psychologie du vieillissement : P. Lemaire, L. Taconnat
Comité d’organisation
Présidents : Séverine Casalis et Mikael Molet
Ont participé à l’organisation : Pascal Antoine, Constantina Badea, Angela Bartolo, Isabelle Bonnotte,
Séverine Casalis, Véronique Christophe, Yvonne Delevoye, Jean Marie Gallina, Laurent Madelain, Astrid
Mignon, Christine Moroni, Laetitia Perre, Patricia Plénacoste, Amélie Rousseau, Pascal Sockeel, Jérémy
Ringard et Michel Vandamme.
Le Comité remercie Guillaume Berna, Bourgeois Jeremy, Richez Adrien, Xavier Corveleyn, Antoine
De Plancke, Cousin Stéphanie, Marion Janiot, Armelle Desauw, Christelle Duprez, Marie Buttitta, Claudie
Bobineau, Céline Paeye, Delphine Rommel, Emmanuelle Fournier, Célènie Brasselet, Vincent Leleu,
Véronique Tzakoura et Pauline Quemart.
Congrès psycho.indb 2
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Lille 2010. Un congrès scientifique, un congrès
électif et un congrès de vigilance.
La lecture du programme du Congrès de Lille ne laisse aucun doute quant à
sa qualité scientifique. Les conférences comme les communications y seront à la fois
variées et de haute tenue scientifique. Il est important de rappeler que la psychologie
est une discipline scientifique et qu’elle fonde ses modèles explicatifs et ses modèles
d’intervention sur des faits. Les recherches sont nombreuses et trop peu médiatisées. Le
congrès est un temps qui permet de se tenir au courant, un temps d’échange et aussi un
temps de formation continue à tous les niveaux. La confrontation des points de vue, des
idées originales est un facteur essentiel de l’innovation et du progrès.
Le congrès est un moment important de la vie d’une association quelle qu’en soit
la nature. Au-delà des individus il s’agit d’imprimer une dynamique, de définir un projet.
Qu’est ce que l’on veut de et pour la psychologie ? Quelle doit être sa place dans la société
et les débats qui l’animent ? Quelle psychologie ? Celle des plateaux de télévision, celle
des laboratoires, celle des corporatismes, celle des chapelles, celle des gourous ? Toutes les
associations voient leurs effectifs d’actifs diminuer. C’est dangereux et nous devons nous
mobiliser. Le congrès annuel de la SFP doit aussi servir cet objectif. Cette année la SFP élit
un nouveau Président. Les adhérents doivent être présents, nombreux et concernés, pour
participer à cette élection. La psychologie n’existera et ne vivra que dans la mesure où des
sociétés savantes comme la SFP seront assez fortes et représentatives pour l’imposer et la
développer.
Le dernier rapport 2009 de la MIVILUDE décrit le glissement de l’activité des sectes
du religieux vers la santé, le bien-être et le développement personnel. Une « psychologie »
que l’on peut qualifier d’ésotérique sert très souvent de base, d’accroche à l’adresse des
personnes fragiles ou en difficulté. Il est de notre devoir de lutter contre de tels usages
pervers de la psychologie. D’autant plus que le 20 mai 2010 est (enfin ?) paru le décret
relatif à l’usage du titre de psychothérapeute. Défini par la loi de 2004 et opérationnalisé,
en quelque sorte, par ce décret, ce titre de psychothérapeute ouvre une boîte de Pandore
dont on peut penser qu’elle nous réserve des surprises aux conséquences non négligeables
pour la discipline certes mais surtout pour les praticiens. Nous avons obtenu, en 1985 la
reconnaissance et la protection du titre de psychologue sur la base d’un cursus complet
(licence, master) en psychologie. On pouvait penser que la psychothérapie, si du moins
l’étymologie a un sens, reposait sur une connaissance approfondie des processus
psychologiques et psychiques. La lecture du texte permet maintenant d’en douter. Que
dirait-on d’un chirurgien spécialisé qui n’aurait pas auparavant validé des connaissances
approfondies en physiologie ? Par ailleurs, nous avons toujours défendu, pour des
raisons éthiques et de protection de l’usager, le principe de formation en psychologie
comme en psychothérapie attestée par des diplômes nationaux. La lecture du texte laisse
à penser que nous pourrions assister à une « certaine » ouverture au marché dont on peut
imaginer les conséquences. C’est aussi pour cela que notre congrès doit être un congrès
de vigilance.
Gérard GUINGOUAIN
Président de la Société Française de Psychologie
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© Université Charles-de-Gaulle – Lille 3
En application de la loi du 1er juillet 1992, relative au code de la propriété intellectuelle, il est
interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de
l’éditeur ou du Centre Français d’Exploitation du Droit de copie (20, rue des Grands Augustins,
75006 Paris).
Livre imprimé en France
Congrès psycho.indb 4
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PROGRAMME
Société Française de Psychologie
Lille – 7-9 septembre 2010
Mardi, 9 heures
Ouverture du congrès
Mardi, 9 h 45
Conférence invitée :
Michel Denis
(Directeur de Recherche, LIMSI-CNRS, UPR3251, Université Paris-Sud XI)
Penser l’espace, dire l’espace : des enjeux scientifiques pour la psychologie d’aujourd’hui
Mardi, 11 h 15
Symposium-Flux Structurés sur Variétés : un cadre dynamique général pour la cognition
Organisation de la session : Huys, Raoul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Morphodynamique cognitive : la catégorisation sémantique vue comme un processus de
formation de motifs dans des systèmes neuronaux complexes
Doursat, René, Petitot, Jean.
Acquisition et altération de la dynamique de la graphomotricté et de l’écriture
Zanone, Pier-Giorgio.
Flux structurés de variabilité : expressions comportementales
Huys, Raoul, Jirsa, Viktor.
Une architecture cognitive dynamique pour le comportement séquentiel : flux structurés
de variabilité dans la hiérarchie des échelles temporelles
Perdikis, Dionysios, Jirsa, Viktor.
L’exploration du langage dans le cadre de la dynamique non linéaire
Tuller, Betty.
Mardi, 11 h 15
Symposium-La cognition multimodale : les indices sensori-moteurs dans la récupération
mnésique
Organisation de la session : Versace, Rémy, Brouillet, Denis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Chewing-gum et effet de dépendance de la mémoire au contexte : une perspective
incorporée
Heurley, Loïc, Brouillet, Denis.
Activation, interaction et intégration multisensorielles en catégorisation et
reconnaissance
Vallet, Guillaume, Lesourd, Mathieu, Versace, Rémy.
Cognition multimodale : traitement spatial de type egocentré avec mise à jour et accès à
un état de conscience autonöétique
Gomez, Alice, Rousset, Stéphane, Baciu, Monica.
Mardi, 11 h 15
Symposium-Stress et Situations Ordinaires : Regards Croisés
Organisation de la session : Battaglia, Nicole, Berjot, Sophie, Roland-Lévy, Christine . . . . . 48
Introduction du symposium stress et situations ordinaires : regards croisés
Battaglia, Nicole, Berjot, Sophie, Roland-Levy, Christine.
Face à la vie, toute la vie, rien que la vie : arguments pour un réexamen de la structure du
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faire-face et de ses méthodes d’évaluation.
Girault-Lidvan, Noëlle.
Stigmatisation et discrimination : stress ordinaire ou extraordinaire ?
Berjot, Sophie, Girault-Lidvan, Noëlle, Battaglia, Nicole.
Les interférences « vie au travail – vie privée » chez les chirurgiens-dentistes : leurs
relations avec l’épuisement professionnel et la satisfaction au travail
Mouda, Farida, Gana, Kamel, Trouillet, Raphaël, Fort, Isabelle, Lourel, Marcel.
Situations ordinaires – stress ordinaire – addictions ordinaires…
Battaglia, Nicole, Décamps, Greg, Bruchon-Schweitzer, Marilou, Boujut, Émilie.
Mardi, 11 h 15
Symposium-Cognition, émotion, religion
Organisation de la session : Sabatier, Colette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Perspectives et actualités de janet sur les possessions et les extases mystiques
Saillot, Isabelle.
À quoi sert (ou pas) la religion dans l’adversité ? Étude qualitative sur les victimes du
conflit armé en Colombie
Sistiva, Diana.
Le coping religieux : validation d’une échelle
Trouillet, Raphaël.
Religion et valeurs familiales chez les adolescents, perspectives françaises et
interculturelles
Sabatier, Colette.
La disposition à pardonner à autrui : une structure ternaire universelle ?
Gauché, Mélanie, Mullet, Étienne.
Mardi, 11 h 15
Symposium-Espace et émotion
Organisation de la session : Honoré, Jacques, Sequeira, Henrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
Un cas de négligence spatiale d’origine hystérique, étude en imagerie fonctionnelle.
Saj Arnaud, Shahar, Arzy, Vuilleumier, Patrick.
Dynamique temporelle des effets émotionnels et attentionnels dans l’amygdale :
contribution des potentiels évoqués intracrâniens chez l’homme
Pourtois, Gilles, Vuilleumier, Patrick.
L’émotion influence le phénomène de pseudonégligence.
Honoré, Jacques, Coeugnet, Stéphanie, Di Pastena, Angela, Henrique Sequeira.
Rôle modulateur de l’anxiété dans la stabilisation du corps dans l’espace après atteinte
vestibulaire
Borel, Liliane, Bernard-Demanze, Laurence, El Ahmadi, Abdessadek, Dumitrescu, Michel, Magnan,
Jacques, Devèze, Arnaud, Liberge, Martine.
Mardi, 11 h 15
Session Neuropsychologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
Exploration irmf d’un processus exécutif élémentaire chez les patients schizophrènes
Grillon, Marie-Laure, Charbonneau, Frédérique, Varoquaux, Gaël, Thirion, Bertrand, Oppenheim,
Catherine, Huron, Caroline.
Traumatisme crânien et schizophrénie : perturbations similaires de l’attention sélective
Colliot, Pascale, Bacon, Elisabeth, Masson, Marjolaine, Desert, Jean-François, Rhein, François,
Foubert, Lucie, Offerlin-Meyer, Isabelle, Michael, George A.
Neuroscience et neuropsychologie sociales de l’empathie
Narme, Pauline, Mouras, Harold, Roussel, Martine, Godefroy, Olivier.
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Déficits visuels dans les maladies à syndrômes extra-pyramidaux
Bordaberry, Pierre, Allard, Michèle, Delord, Sandrine.
Mardi, 11 h 15
Session Psychologie sociale 1
Certitude – incertitude : rôle dans les processus de conformité
Font, Hélène, Brauer, Markus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Effet de la déterminabilité sociale sur le goût pour l’humour et le politiquement correct
Joossen, Lionel, Mignon, Astrid.
Influence des contextes compétitif et coopératif sur la perception de l’avenir : étude
situationnelle et positionnelle de l’optimisme comparatif
Krzeminski, Aurélie, Milhabet, Isabelle, Clerico, Jean-Baptiste.
J’ai peur donc j’échoue : le rôle de la peur dans l’effet de menace du stéréotype
Chateignier, Cindy, Chekroun, Peggy, Nugier, Armelle, Dutrévis, Marion.
Les modes de connaissance des objets usuels conditionnent-ils la connaissance des
personnes ?
Schiffler, Frédéric, Dubois, Nicole, Mollaret, Patrick.
Mardi, 14 h 00
Conférence invitée :
Alain Blanchet
(Professeur des Universités, Université Paris V3)
Les psychothérapies sont-elle rationnelles ?
Axel Cleeremans
(Directeur de recherche, FNRS et Université Libre de Bruxelles)
Associations et dissociations entre comportement et conscience
Mardi, 14 h 45
Symposium-La cognition multimodale : ré-activation automatique d’expériences sensorimotrices
Organisation de la session : Brouillet, Denis, Versace, Rémy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Quand la fluence des processus sensori-moteurs de simulation génère une émotion
positive.
Brouillet, Thibaud, Brouillet, Denis.
La manipulation des objets influence leur catégorisation : études chez l’enfant
Bonthoux, Françoise, Blaye, Agnès.
Ré-activation de la taille « mnésique » et détection de cibles sur la base de leur taille
perceptive
Riou, Benoit, Labeye, Élodie, Versace, Rémy.
Mardi, 14 h 45
Symposium-Développement du lexique
Organisation de la session : De Cara, Bruno . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
Contrôle cognitif et sélection lexicale au cours du développement
Alario, F.-Xavier, De Cara, Bruno, Massol, Stéphanie, Ziegler, Johannes.
Acquisition de la consistance orthographique : du lexique empirique au lexique
théorique
Hazard, Marie-Claire, De Cara, Bruno, Chanquoy, Lucile.
Temporalité des traitements infra-lexicaux et lexicaux lors de la production écrite de
textes narratifs.
Maggio, Séverine, Lete, Bernard, Chenu, Florence, Jisa, Harriet, Fayol, Michel.
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Apprentissage statistique de l’orthographe et unités de traitement
Peereman, Ronald, Lete, Bernard.
Nature de l’influence de la lecture sur la reconnaissance de mots à l’oral
Perre, Laetitia, Pattamadilok, Chotiga, Montant, Marie, Dufau, Stéphane, Ziegler, Johannes.
Mardi, 14 h 45
Symposium-Actualité de la prise en charge de la schizophrénie
Organisation de la session : Castillo, Marie-Carmen, Blanchet, Alain . . . . . . . . . . . . . . 110
Le statut de « pairs aidants » : l’expertise des usagers au service du rétablissement.
Koenig, Marie.
Rééducation des fonctions exécutives : utilité d’une approche écologique du traitement
de l’information
Mangematin, Caroline.
Expérience de thérapie cognitive de groupe dans le traitement des hallucinations
auditives résistantes
Braha-Zeitoun, Sonia, Wojakiewicz-Faivre, Annie, Januel, Dominique.
La place de la famille dans l’accompagnement des patients souffrant de schizophrénie
Escaig, Bertrand.
Psychoéducation et tcc comme outils de réinsertion des patients schizophrènes
Rousselet, Anne-Victoire.
Mardi, 14 h 45
Symposium-La psychologie environnementale : des territoires d’identification quotidiens à
la préoccupation pour l’environnement global.
Organisation de la session : Felonneau, Marie-Line . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Évaluer la satisfaction envers l’espace de travail : développement d’une échelle et
première validation.
Fleury-Bahi, Ghozlane, Marcouyeux, Aurore.
Approche psycho-environnementale de l’adaptation dans des situations extrêmes
d’isolement et de confinement
Weiss, Karine, Nicolas, Michel.
Menace identitaire et identités spatiales emboîtées
Parant, Aymeric, Felonneau, Marie-Line.
L’orientation et les comportements pro-écologiques comme norme sociale
Lopez, Alexia, Rateau, Patrick, Charles, Maxime.
L’amorçage de valeurs environnementales influence-t-il l’intention d’adopter des
comportements écologiques ?
Bonnefoy, Barbara, Maze, Corinne.
Mardi, 14 h 45
Session Psychologie cognitive 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Anticipation perceptive lors de mouvement d’atteinte : effet des aspects cinématiques,
biomécaniques et de l’origine du mouvement
Martel, Ludivine, Bidet-Ildei, Christel, Coello, Yann.
Planification, évaluation, régulation, trois processus impliqués dans la recherche
d’informations : une étude auprès d’internautes jeunes et âgés
Chevalier, Aline, Dommes, Aurélie, Le Gars, Baptiste.
Emosem : un modèle d’identification automatique de la coloration émotionnelle des
textes
Denhière, Guy, Leveau, Nicolas, Jhean-Larose, Sandra.
Les séquences de vues rapides facilitent la représentation 3-d des visages dans
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l’hémisphère droit
Arnold, Gabriel, Siéroff, Éric.
First-borns at a disadvantage ? later-borns surpass first-borns in kinship detection of
strAngers’ faces
Kaminski, Gwenaël, Ravary, Fabien, Graff, Christian, Gentaz, Edouard.
Mardi, 14 h 45
Session Psychopathologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
Étude des dimensions de personnalité chez des usagers de psychostimulants en milieu
festif techno
Lillaz, Caroline, Pr. Varescon, Isabelle.
Facteurs prédictifs au développement d’un syndrome post-traumatique (spt) suite à un
accident de la voie publique (avp) : perspective dimensionnelle et mesures longitudinales.
Berna, Guillaume, Vaiva, Guillaume, Nandrino, Jean-Louis.
Analyse dynamique des communications verbales et non-verbales chez les mères
dépendantes à l’héroïne et leur bébé
Bochand, Laure, Doba, Karyn, Pezard, Laurent, Nandrino, Jean-Louis.
Le rôle de variables cognitivo-émotionnelles dans la dépression, en lien avec l’addiction
à internet.
Gaetan, Sophie, Bonnet, Agnès, Laurens, Élodie, Pedinielli, Jean-Louis.
Contribution à la compréhension du processus suicidaire lié au travail
Hanique, Pauline.
Mardi, 14 h 45
Symposium-Sélection et apprentissage
Organisation de la session : Madelain Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
Neurobiologie du conditionnement : De la psychologie aux neurosciences et vice versa
Jozefowiez Jeremie.
Approche comportementale du développement des mouvements finalisés des membres
Darcheville Jean-Claude.
Analyse comportementale de l’attention conjointe : importance dans le développement
des conduites sociales chez le bébé et chez l’enfant avec autisme
Rivière, Vinca, Cousin, Stéphanie, Becquet, Mélissa, Peltret, Émilie.
(23)50 ans d’intelligence artificielle
Preux, Philippe.
Comportement, mouvement et conduite : implications épistémologiques.
Freixa I. Baqué, Esteve.
Mardi, 16 h 45
Session Poster 1 (posters numéro pair)
Mardi, 16 h 45
Table ronde-Les licences professionnelles en psychologie : un débouché pour les étudiants
de psychologie ? Une concurrence pour les psychologues ?
Modérateur de la session : Dantzer, Cécile
Intervenants : Dantzer, Cécile, Gély-Nargeot, Marie-Christine, Quaderi, André, Albarracin, Dolorès,
Guingouin, Gérard, Mate, Marie-Claire
Mercredi, 08 h 30
Conférence invitée :
Elisabeth Pacherie
(Directeur de Recherche CNRS, Institut Jean-Nicod, École Normale Supérieure-Paris)
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Société Française de Psychologie, LILLE 2010
Intentions prospectives et mémoire épisodique
Florence Pasquier
(Professeur des Universités, Neurologue, Service de Neurologie et Université Lille Nord de France)
Maladie d’Alzheimer actualités et enjeux ?
Mercredi, 09 h 15
Symposium-Psychothérapie et psychologie : quels liens autour de 1900 ?
Organisation de la session : Saillot, Isabelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
Historique de la prise en charge du trauma
Kédia, Marianne.
Aux origines de la psychologie du sport : la volonté, la solidarité, l’aliénation et la
gynécomastie
Lecocq, Gilles.
Psychologie et psychothérapie selon Pierre Janet en 1919
Saillot, Isabelle.
La médecine psychologique après Charcot
Rojo, Agueda.
Mercredi, 09 h 15
Symposium-Prise en charge médico-psycho-sociale de la personne cérébro-lésée : quel
accompagnement après la sortie de l’hôpital ?
Organisation de la session : Parache, Marianne, Chartaux-Danjou, Laurence, Delecroix, Hélène,
Leger-d’Angelo, Stéphanie, Schrevel-Berlinson, Stéphanie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Dépistage des troubles cognitifs et comportementaux lors d’un entretien individuel à
distance de l’accident cérébral
Parache, Marianne.
Pourquoi compléter l’évaluation neuropsychologique classique à distance du
traumatisme crânien ? adaptation du test mnésique rl/ri 16 items pour un rappel à 7
jours.
Chartaux-Danjou, Laurence, Delecroix, Hélène, Moroni, Christine.
Quelle évaluation pour l’autonomie chez une personne cérébro-lésée lors de la reprise
du cours de la vie. exemple du questionnaire « danel ».
Delecroix, Hélène, Schrevel-Berlinson, Stéphanie, Chartaux-Danjou, Laurence, Danel-Gronier,
Delphine, Coello, Yann.
Évaluation des situations de handicap chez la personne traumatisée crânienne et
organisation du projet d’accompagnement individualisé après le retour à domicile
Leger-d’Angelo, Stéphanie.
Applications concrètes pour limiter les répercussions du handicap invisible dans la vie
quotidienne.
Schrevel-Berlinson, Stéphanie.
Mercredi, 09 h 15
Symposium-Métacognition et Confiance
Organisation de la session : Proust, Joëlle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
Métamémoire et confiance en soi
Michaelian, Kirk.
Déférence et confiance métacognitive
Coubray, Anne.
Vigilance épistémique et métacognition
Proust, Joëlle.
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Mercredi, 09 h 15
Symposium-Megastudies : A new approach in word recognition studies
Organisation de la session : Brysbaert, Marc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
Introduction to megastudies
Pallier, Christophe.
Lemma frequency vs. word form frequency
New, Boris.
Virtual experiments with mega-study lexical decision data : what you can and can not
expect
Diependaele, Kevin.
Using machine-learning algorithms for word/non-word discrimination to detect
decision biases in lexical decision tasks
Keuleers, Emmanuel.
Mercredi, 09 h 15
Symposium-Représentations de l’espace et contrôle de l’action
Organisation de la session : Bringoux, Lionel, Sarlegna, Fabrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
Le référentiel égocentré comme origine de nos perceptions visuelles
Ceyte, Hadrien, Cian, Corinne.
Effet oblique en modalité haptique et caractéristiques de la tâche
Thouvarecq, Régis, Lejeune, Laure.
Rotations sagittales d’une scène visuelle et/ou du vecteur gravito-inertiel et influences
dynamiques sur le suivi manuel d’une cible
Scotto Di Cesare, Cécile, Bringoux, Lionel, Bourdin, Christophe, Sarlegna, Fabrice, Mestre, Daniel.
Relations entre réponses motrices et perceptives aux stades précoces du traitement
visuel : effet de distracteurs au seuil perceptif.
Deplancke, Antoine, Madelain, Laurent, Chauvin, Alan, Coello, Yann.
Contrôle exécutif de l’action chez l’adulte jeune et vieillissant
Sarlegna, Fabrice.
Mercredi, 09 h 15
Session Psychologie clinique et psychothérapie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
Fonctions et logique du délire dans la psychose
Flémal, Simon.
Les processus de coping mis en place lors de l’annonce de son homosexualité
Charbonnier, Élodie, Graziani, Pierluigi, Rouan, Georges.
Personnalité, émotions, et violences au sein du couple
Vandamme, Michel J.
Évolution des communications non-verbales et verbales au cours de la thérapie familiale
d’adolescentes présentant une anorexie mentale
Doba, Karyn, Nandrino, Jean-Louis, Berna, Guillaume, Charpentier, Anne, Pezard, Laurent.
Mercredi, 09 h 15
Session Psychologie cognitive 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
Une approche linguistique des apprentissages moteurs
Louis, Fabrice.
Langage, communication et maladie d’Alzheimer : état de l’art
Lefebvre, Laurent.
Sensibilité à l’information latérale au cours de l’identification de mots chez les lecteurs
de ce2 et cm2
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Société Française de Psychologie, LILLE 2010
Khelifi, Rachid, Sparrow, Laurent, Casalis, Séverine.
Effet du voisinage orthographique émotionnel dans la reconnaissance visuelle des mots :
étude en potentiels évoqués
Gobin, Pamela, Mathey, Stéphanie, Faïta-Aïnseba, Frédérique.
La surgénéralisation des souvenirs autobiographiques chez les poly­consommateurs de
substances : déficit des fonctions éxecutives ou stratégie de régulation des émotions
Gandolphe, Marie-Charlotte, Nandrino, Jean-Louis, Hancart, Sabine, Vosgien, Véronique, Bochand,
Laure.
Mercredi, 11 h 15
Symposium-Cognition du Primate Non Humain
Organisation de la session : Fagot, Joël . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .202
Les singes traitent-ils prioritairement les informations de contour ou de surface des
objets représentés en 2d ?
Parron, Carole.
Les prosimiens peuvent-ils maîtriser leurs impulsions ? Étude du « self-control » chez
deux espèces de lémuriens (Eulemur Fulvus et E. Macaco)
Genty, Émilie, Roeder, Jean Jacques.
Déficits comportementaux et cognitifs liés à l’âge chez un primate non humain, le
microcèbe : quels apports pour l’étude du vieillissement chez l’homme ?
Aujard, Fabienne.
Raisonnement analogique chez le babouin ?
Fagot, Joel
Apprentissage social et individuel chez l’homme et le singe
Monfardini, Elisabetta, Hadj-Bouziane, Fadila, Gaveau, Valérie, Boussaoud, Driss, Meunier,
Martine.
Mercredi, 11 h 15
Symposium-Neuropsychologie clinique : évolutions actuelles des outils
Organisation de la session : Moroni, Christine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
Mise au point de deux tests de mémoire dans une population de sujets ayant un faible
niveau d’éducation ou de maîtrise de la langue française.
Maillet, Didier.
Évaluation de la cognition sociale dans la pratique clinique
Delbeuck, Xavier.
Rôle des structures sous-corticales dans le langage : recherche d’indices comportementaux
latéralisateurs
Ehrlé, Nathalie.
Élaboration d’une batterie brève d’évaluation des praxies gestuelles
Moroni, Christine, Mahieux, Florence.
Évaluation des fonctions exécutives de la personne âgée : stroop victoria et hayling.
Bayard, Sophie, Erkes, Jérôme, Moroni, Christine.
Mercredi, 11 h 15
Symposium-L’impulsivité
Organisation de la session : Billon, Alexandre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
Motivations sub-liminales et sub-personnelles : mise en évidence expérimentale
Pessiglione, Mathias.
Les choix impulsifs ont-ils une valeur adaptative ?
Bourgeois-Gironde, Sacha.
Les neurosciences ont-elles vengé la notion d’inconscient freudien ?
Congrès psycho.indb 12
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Société Française de Psychologie, LILLE 2010
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Billon, Alexandre.
Mercredi, 11 h 15
Symposium-À quoi servent les représentations (en 2010) ?
Organisation de la session : Gallina, Jean-Marie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
Les représentations : enjeu et problème de la psychologie cognitive
Gallina, Jean-Marie.
Représentations mentales et dynamique cérébrale
Sequeira, Henrique.
Approche externaliste de la cognition : représentation mentale ou constitution énactive
des inscriptions spatiales.
Lenay, Charles.
Comment les situations du monde sont représentées dans notre esprit
Bonnotte, Isabelle.
Univers subjectifs et psychopathologie
Plagnol, Arnaud.
Mercredi, 11 h 15
Symposium-L’apprentissage de la lecture : quelles aides auprès des apprentis lecteurs ?
Organisation de la session : Ecalle, Jean, Magnan, Annie, Foulin, Jean-Noël . . . . . . . . . . 225
Le traitement visuo-attentionnel et l’apprentissage de la procédure lexicale
d’identification des mots.
Bosse, [email protected].
Le développement précoce des habiletés de compréhension orale et l’apprentissage de
la lecture
Bianco, Maryse.
Entraînement morphologique : un outil efficace pour l’acquisition du lexique ?
Marec-Breton, Nathalie, Lang, Emmanuelle.
Effet d’un entraînement au traitement grapho-syllabique chez des faibles lecteurs
scolarisés en cp.
Kleinsz, Nina, Liger, Chloé, Ecalle, Jean, Magnan, Annie.
Mercredi, 11 h 15
Symposium-Sport, émotions, et qualité de vie
Organisation de la session : Legrand, Fabien, Castanier, Carole, Chaouloff, Francis, Dechamps,
Arnaud, Marcel, Julie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
La transaction entre l’individu et son environnement en contexte sportif : application à
l’étude de l’état d’anxiété précompétitive
Marcel, Julie, Gillet, Nicolas, Legrain, Pascal.
L’alpinisme un contexte privilégié de régulation de l’anxiété : le role modérateur de la
fuite de la conscience de soi
Castanier, Carole, Lescanff, Christine, Woodman, Tim.
Rôle des endocannabinoïdes dans les effets anti-stress de l’exercice physique
Chaouloff, Francis.
Programmes de réhabilitation et d’exercice pour la promotion de la qualité de vie de la
personne âgée en institution gériatrique
Dechamps, Arnaud.
Le rôle modérateur de la fréquence d’entraînement hebdomadaire dans l’effet
antidépresseur de l’activité physique
Legrand, Fabien.
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Société Française de Psychologie, LILLE 2010
Mercredi, 11 h 15
Session Psychologie cognitive 3
Perception du temps dans l’appréciation de la musique Érudite occidentale
Cocenas Da Silva, Raquel, Oliveira Bueno, José Lino, Bigand, Emmanuel, Moulin, Paul . . . . . 246
La métacognition de la perception du temps : construction d’un outil
Lamotte, Mathilde, Chakroun, Nadia, Droit-Volet, Sylvie, Izaute, Marie.
Résolution d’opérations arithmétiques : stratégie algorithmique ou récupération en
mémoire ?
Fanget, Muriel, Thevenot, Catherine, Castel, Caroline, Fayol, Michel
Emoval : comment evaluer automatiquement la valence affective des textes sans lexique
emotionnel ?
Jhean-Larose, Sandra, Leveau, Nicolas, Denhière, Guy.
Mercredi, 14 h 00
Conférence invitée :
Klaus Scherer
(Professeur émérite Université de Genève, directeur du Swiss Center for Affective Sciences)
L’architecture dynamique de l’émotion
François-Xavier Alario
(Chargé de Recherche CNRS, Université Aix-Marseille)
Les bases cognitives de la sélection lexicale
Mercredi, 14 h 45
Session Poster 2
(posters numéro impair)
Mercredi, 14 h 45
Table ronde-Psychologie en mutation : Nouveaux secteurs, nouvelles applications
Modérateur de la session : Alles Jardel, Monique.
Intervenants : Saillot, Isabelle, Alles Jardel, Monique, Lidvan, Noëlle . . . . . . . . . . . . . . . 256
Table ronde-La psychologie de la santé, quelle formation pour quels métiers ?
Modérateur de la session : Apostolidis, Themis
Intervenants : Apostolidis, Themis, Desrichard, Olivier, Terrade, Florence, Navet, Jérôme, Milhau,
Manuelle, Gilliard, Jérôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257
Mercredi, 16 h 45
Symposium-Approches actuelles de l’intégration entre les sens
Organisation de la session : Lagarde, Julien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258
L’intégration toucher-vision chez le nouveau-né : une perspective cognitiviste
Sann, Coralie, Streri, Arlette.
Cécité aux changements et multimodalité
Auvray, Malika, Gallace, Alberto, Spence, Charles.
Intégration visuo-auditive : des données au modèle
Besson, Patricia.
Spécification et prélèvement d’une information inter-modale sur la distance d’un objet
Mantel, Bruno, Bardy, Benoît, Stoffregen, Thomas.
Stabilisation d’une habileté complexe par une stimulation multimodale
Zelic, Grégory, Lagarde, Julien, Mottet, Denis.
Mercredi, 16 h 45
Symposium-Psychologie et neuropsychologie de l’attention
Organisation de la session :
Congrès psycho.indb 14
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Société Française de Psychologie, LILLE 2010
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Michael, George A. (Laboratoire EMC – Université Lyon 2) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264
Inhibition, inhibitions et ressources attentionnelles
Michael, George A., Roussel, Martine, Godefroy, Olivier.
Rapidité de l’action et maintien de l’alerte
Godefroy, Olivier, Bailon, Olivier, Périn, Bertille, Demarco, Giovanni, Boucart, Muriel, Krystowiak,
Pierre, Roussel, Martine.
Le développement des capacités visuo-attentionnelles au cours de l’acquisition de la
lecture
Ducrot, Stéphanie, Lété, Bernard.
L’attention préparatoire : aperçu de ses mécanismes, de son développement et de ses
troubles
Siéroff, Éric.
Mercredi, 16 h 45
Symposium-À quoi servent les représentations (en 2010) ?
Organisation de la session : Gallina, Jean-Marie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272
Le développement des représentations numériques chez l’enfant
Vilette, Bruno.
Représentations sociales : une étude sur la religion, la violence et l’intelligence chez des
adolescents.
Marqueze, Eduardo.
Genre et représentation des sexes ; quand la différence devient prétexte à l’inégalité
Marro, Cendrine.
Les representations de la maternité et de la paternite pèsent-elles sur l’expression du
vécu parental ?
Coulon, Nathalie.
Mercredi, 16 h 45
Symposium-Rôle du système moteur dans la Cognition
Organisation de la session : Bidet-Ildei, Christel, Palluel-Germain, Richard . . . . . . . . . . 281
Compétences motrices et attention lors de l’observation de mouvements humains
Bidet-Ildei, Christel, Bouquet, Cédric.
Le rôle différencié de deux types de gestes sur les conduites catégorielles des enfants
Ambrosi, Solène, Bonthoux, Françoise, Blaye, Agnès.
Flexibilité de la perception spatiale : l’influence de nos expériences sensori­motrice sur
l’organisation de l’espace perçu
Dupierrix, Eve.
Le rôle de la motricité dans le traitement des nombres
Badets, Arnaud.
Mercredi, 16 h 45
Symposium-Apprentissage de la lecture : connaissances et habiletés précurseurs
Organisation de la session : Foulin, Jean Noël, Ecalle, Jean, Magnan, Annie . . . . . . . . . . . 291
Connaissance des lettres chez les enfants pré-lecteurs : quelle relation entre la
connaissance du nom et la connaissance de la forme des lettres ?
Bouchière, Blandine, Balthazar, Véronique, Atzeni, Thierry, Foulin, Jean Noël.
L’effet des compétences en orthographe inventée en grande section de maternelle sur
l’entrée dans le langage écrit.
Doyen, Anne Lise, Lambert, Éric.
Le développement des compétences morphologiques précoces
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Société Française de Psychologie, LILLE 2010
Reder, Fanny, Demont, Elisabeth, Marec-Breton, Nathalie, Royer, Carine.
Capacités de compréhension de récits chez l’enfant de 5 ans : analyse des déterminants
et perspective différentielle.
Potocki, Anna, Ecalle, Jean, Magnan, Annie.
Mercredi, 16 h 45
Symposium-Psychopathologie de l’affectivité : les souffrances actuelles
Organisation de la session : Bonnet, Agnès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 299
Adolescence, régulation émotionnelle et expressions symptomatiques
Bréjard, Vincent, Pedinielli, Jean-Louis.
Les conduites « aux limites » : exemple du body-art.
Rochaix, Delphine, Bonnet, Agnès, Bejaoui, Moez, Pedinielli, Jean-Louis.
Réalité et répercussion psychologique des violences sexuelles chez les sportifs
Afflelou, Sabine, Décamps, Greg.
Souffrance depressive et regulation émotionnelle en situation sociale
Pasquier, Aurélie.
Relation transférentielle et engagement du praticien : la question actuelle de l’amour.
Benhaim, Michèle, Salvadero, Jérémie.
Mercredi, 16 h 45
Session Psychologie cognitive 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 309
La spécificité de l’utilisation d’outils chez les humains. Vers une théorie dialectique.
Osiurak, François, Jarry, Christophe, Le Gall, Didier.
Émotion, cognition, intercation. Vers de nouveaux paradigmes de l’intervention
robotique
Schweitzer, Marc, Puig-Verges, Nielle.
Récursion, langage et cerveau
Lowenthal, Francis
Effets de l’apprentissage de voix et de visages sur le rappel d’informations sémantiques
à partir de noms de personnes.
Barsics, Catherine.
Mémoire, représentation sémantique probabiliste et extraction automatique de thèmes
Denhière, Guy, Leveau, Nicolas, Jhean-Larose, Sandra.
Mercredi, 16 h 45
Session Psychologie de la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318
Croyances associées à la douleur et évolution du vécu douloureux chez des patients
douloureux chroniques
Roussel, Philippe, Dauvier, Bruno, Dany, Lionel
Étude de la conscience émotionnelle et des processus de régulation émotionnelle chez
les parents de patients schizophrènes.
Baracca-Delahaye, Margaret, Nandrino Jean-Louis, Bydlowski Sarah.
Douleurs lombaires chroniques et rebelles, repercussions psychologiques sur les
conjoints (aidants) : une analyse interprétative phénoménologique (iap)
Aïni, Kheira, Antoine, Pascal, Rusinek, Stéphane.
Déficit de la reconnaissance des émotions dans la sclérose en plaques (sep)
Lenne, Bruno, Nandrino, Jean-Louis, Gallois, Philippe, Hautecoeur, Patrick, Sequeira, Henrique.
Les déterminants de l’adaptation à la condition de santé des patients atteints de mici.
Banovic, Ingrid, Gilibert, Daniel, Jebrane, Ahmed, Cosnes, Jacques.
Jeudi, 08 h 30
Conférence invitée :
Jean-Michel Hoc
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Société Française de Psychologie, LILLE 2010
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(Directeur de Recherche CNRS, Institut de recherche en communications et en cybernétique, École
Centrale-Nantes)
Pour une synergie entre la Psychologie ergonomique et la Psychologie du Travail et des
Organisations
Robert Vincent Joule
(Professeur des Universités, Laboratoire de Psychologie Sociale-Université de Provence)
De la communication persuasive à la communication engageante
Jeudi, 09 h 15
Symposium-Les Faux Souvenirs
Organisation de la session : Mahé, Aurélia, Payoux, Mélany . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330
Importance du temps d’intégration dans le paradigme drm
Brouillet, Denis.
Effet de l’apprentissage sur les faux souvenirs
Dubuisson, Jean-Baptiste, Fiori, Nicole, Nicolas, Serge.
Effet de la modalité de présentation sur les faux souvenirs
Gras, Doriane, Tardieu, Hubert, Piolino, Pascale, Nicolas, Serge.
Effets de l’introduction d’informations erronées sur la création de faux souvenirs chez
l’adulte
Mahé, Aurélia, Corson, Yves, Verrier, Nadège.
Effets du type de suggestions sur la création de faux souvenirs chez les enfants de 5 / 6
ans
Payoux, Mélany, Verrier, Nadège, Corson, Yves.
Jeudi, 09 h 15
Symposium-Apprentissage de la lecture et pathologies du langage oral
Organisation de la session : Colé, Pascale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 340
Apprendre à lire avec un implant cochléaire
Bouton, Sophie, Colé, Pascale.
Conscience phonémique et conscience morphologique des étudiants dyslexiques
Martin, Jennifer, Colé, Pascale, Frauenfelder, Uli.
Nature des traitements morphologiques chez les dyslexiques : une étude en amorçage
masqué
Quémart, Pauline, Casalis, Séverine.
Conscience morphologique, conscience phonologique et lecture chez les enfants
dysphasiques
Casalis, Séverine, Macchi, Lucie, Boidein, Françoise.
Capacités de lecture, capacités phonologiques et capacités morphosyntaxiques chez
des enfants dyslexiques ou dysphasiques, et chez des normolecteurs de même âge
chronologique ou lexique
Talli, Ioanna, Sprenger-Charolles, Liliane.
Jeudi, 09 h 15
Symposium-Processus de régulation des émotions dans les conduites addictives
Organisation de la session : Nandrino, Jean-Louis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 350
La « mesure » de l’alexithymie en question : exemples à partir de recherches dans les
addictions
Carton, Solange.
Régulation émotionnelle chez des patientes souffrant de binge eating disorder
Rommel, Delphine, Antoine, Pascal, Nandrino, Jean-Louis.
Déficit émotionnel et addictions sans substance
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Société Française de Psychologie, LILLE 2010
Varescon, Isabelle.
Dissociation physiologique et cognitive des réponses aux signaux émotionnels chez les
patientes anorexiques
Nandrino, Jean-Louis, Berna, Guillaume, Casiez, Nicolas, Doba, Karyn, Dodin, Vincent, Vignau,
Jean, Sequeira, Henrique.
Jeudi, 09 h 15
Symposium-Nouvelles dimensions d’étude des usages : technologies, cognition et émotion
Organisation de la session : Tijus, Charles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 355
L’analyse automatisée des textes expressifs : apports complémentaires de deux outils
(liwc et emotAix)
Piolat, Annie, Pennebaker, James.
Topic : extraction automatique des thèmes d’un texte
Denhière, Guy, Leveau, Nicolas, Jhean-Larose, Sandra.
EMOVAL et EMOSEM : deux modèles cognitivement pertinents d’identification
automatique des émotions véhiculées par les textes
Jhean-Larose, Sandra, Leveau, Nicolas, Denhière, Guy.
Confusus, une méthode pour la conception et l’évaluation basée sur l’utilisation de
matrices de confusion et sur la notion d’utilisateur idéal
Tijus, Charles, Visonneau, Antoine, Leger, Laure.
Les living labs : théorie, méthodes, pratiques et technologies cognitives
Barcenilla, Javier, Tijus, Charles.
Jeudi, 09 h 15
Symposium-Langage et motricité
Organisation de la session : Longcamp, Marieke, Velay, Jean-Luc . . . . . . . . . . . . . . . . . 362
Études par la méthode des potentiels évoqués de la production écrite versus orale
Jucla, Mélanie, Démonet, Jean François.
Quand le système moteur vient à la rencontre du langage : interactions entre traitement
des verbes d’action et contrôle moteur
Boulenger, Véronique.
Pourquoi dénommer des dessins prend plus de temps que de lire des mots ? contribution
des processus articulatoires
Riès, Stéphanie, Legou, Thierry, Malfait, Nicole, Burle, Boris, Alario, F.-Xavier.
Analyse de l’intervalle entre deux lettres dans l’écriture manuscrite : influence motrice
et/ou linguistique ?
Lagarrigue, Aurélie, Longcamp, Marieke, Nespoulous, Jean-Luc, Velay, Jean-Luc.
Troubles de la parole dans la maladie de parkinson : intérêt de l’imagerie cérébrale
fonctionnelle pour une meilleure compréhension de la physiopathologie de la dysarthrie
hypokinétique
Pinto, Serge.
Jeudi, 09 h 15
Symposium-Soi et l’école : déterminants et effets sur les représentations de soi
Organisation de la session : Desombre, Caroline, Delelis, Gérald, Pansu, Pascal . . . . . . . . 368
La classe et le sentiment de compétence à l’école : l’effet du regard de l’enseignant
Pansu, Pascal, Bressoux, Pascal.
Le jugement des enseignants à l’égard de la difficulté scolaire sert-il au maintien des
inégalités sociales ?
Desombre, Caroline, Delelis, Gérald, Durand-Delvigne, Annick.
Les professeurs de lycée professionnel et la perception des élèves : une approche
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Société Française de Psychologie, LILLE 2010
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sociologique de la relation entre « jugement social » et pratiques pédagogiques
Jellab, Aziz.
Le rôle du contrôle perçu et de l’identification à une cible comme modérateurs de la
relation entre les processus de comparaison sociale et l’évaluation de sa compétence
scolaire
Boissicat, Natacha, Bouffard, Thérèse, Pansu, Pascal, Vezeau, Carole.
Jeudi, 09 h 15
Session Psychologie du développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 376
À propos de la méthode des groupes appariés dans l’étude des troubles du développement
de l’enfant.
Facon, Bruno, Nuchadee, Marie-Laure.
Nouvelle perspective thérapeutique pour le tda/h : Évaluation de l’adaptation française
d’un programme d’entraînement aux habiletés parentales
Hauth-Charlier, Stéphane, Finck, Sonja, Fischbach, Michel, Clément, Céline.
La catégorisation spatiale chez l’enfant
Richez, Aurélien, Coello, Yann.
Apprentissage spatial et déficience intellectuelle : apport des environnements virtuels.
Mengue Topio, Hursula, Courbois, Yannick, Leconte, Claire.
Comment et pourquoi aider les enfants hospitalisés et leur famille à mettre des mots sur leurs
émotions ? Témoignage d’une pratique de psychologue en évolution.
Derome, Muriel.
Jeudi, 09 h 15
Session Psychologie du vieillissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 387
Modification des émotions au cours du vieillissement et comparaison de deux types de
matériel
Legrand, Aurore, Quaglino, Véronique, Czternasty, Gérard, Vandromme, Luc.
« À part la tête, je n’ai pas tellement changée » : grounded theory et approche compré­
hensive de la conscience dans la maladie d’Alzheimer
Billiet, Caroline, Antoine, Pascal, Nandrino, Jean-Louis.
Étude des processus visuels cognitifs précoces dans le vieillissement normal à l’aide
d’une tâche de discrimination de luminance
Lenoble, Quentin, Amieva, Hélène, Delord, Sandrine.
Effet de l’âge sur le feeling-of-knowing en mémoire épisodique : hypothèse d’un déficit
de récupération des indices de remémoration
Sacher, Mathilde, Taconnat, Laurence.
Émotion, faux souvenirs et vieillissement normal.
Dehon, Hedwige, Larøi, Frank, Van der Linden, Martial.
Jeudi, 13 h 15
Table ronde-Impacts de l’émotion et de la conation sur la scolarité : que peut en faire le
psychologue ?
Modérateur de la session : Vrignaud, Pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 398
Intervenants : Vrignaud, Pierre, Molleron, Antoine, Boudjemaa, Karim, Guillemard, Jean-Claude,
Desaubry, Christine, Turminel-Maniev, Jennifer, Remermier, Catherine.
Jeudi, 14 h 00
Conférence invitée :
Pierre Phillipot
(Professeur des Universités, Institute of Psychological Sciences-Université de Louvain)
Émotion et psychothérapie: de la recherche fondamentale aux interventions psychologiques
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Société Française de Psychologie, LILLE 2010
François Jouen
(Directeur d’Etudes à l’École Pratique des Hautes Études, Directeur du Laboratoire Développement et
Complexité de l’EPHE-Paris)
La cognition chez le nouveau-né
Jeudi, 14 h 45
Symposium-La stimulation cérébrale transcrânienne cognitive et clinique : enjeux pour la
psychologie
Organisation de la session : Marendaz, Christian, Valero-Cabre, Antoni . . . . . . . . . . . . . 400
(r)tms comme outil d’exploration du langage normal et pathologique
De Boissezon, Xavier.
(r)tms et la rééducation de l’héminégligence : un exemple de recherche translationelle
en cours
Valero-Cabre, Antoni.
(r)tms et ses effets sur le vieillissement normal et pathologique chez la souris et l’homme
Sherrard, Rachel.
(r)tms comme thérapeutique des troubles de l’humeur : quel enjeu pour la psychologie ?
Marendaz, Christian.
(r)tms et modulation de la plasticité corticale : du normal au pathologique
Meunier, Sabine.
Jeudi, 14 h 45
Symposium-Développement normal et déviant de la reconnaissance des mots écrits : unités
de traitement et organisation des représentations lexicales
Organisation de la session : Quemart, Pauline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401
Effets de la fréquence du voisinage dans la reconnaissance de mots écrits chez des enfants
de CE2 et CM2 : étude en amorçage masqué
Janiot, Marion, Casalis, Séverine.
Acquisition des représentations orthographiques dans une langue seconde : étude
d’amorçage chez des élèves francophones apprenant l’anglais au collège
Commissaire, Eva, Duncan, Lynne G., Casalis, Séverine.
Effet d’amorçage syllabique en reconnaissance visuelle de mots chez le jeune lecteur
Chetail, Fabienne, Mathey, Stéphanie.
Rôle de la fréquence syllabique à l’écrit : étude auprès d’enfants dyslexiques
Maïonchi-Pino, Norbert, Magnan, Annie, De Cara, Bruno, Ecalle, Jean.
Traitement des unités morphémiques lors de la reconnaissance des mots écrits chez les
jeunes lecteurs
Quemart, Pauline, Casalis, Séverine.
Jeudi, 14 h 45
Symposium-Les étudiants en France : Stress, adaptation et réussite
Organisation de la session : Brisset, Camille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 412
Le parcours des étudiants entrants en psychologie : un suivi de deux ans à l’Université
Bordeaux 2
Koleck, Michèle, Lannegrand-Willems, Lyda, Cosnefroy, Olivier.
Étude sur le stress et les souffrances des étudiants en pharmacie. Impact psychique des
études
Bonnaud-Antignac, Angélique, Chaillou, Amandine, Boudoukha, Abdel Halim.
Facteurs psychosociaux et réussite universitaire : étude longitudinale chez des étudiants
de L1 des filières « classiques » et « à concours »
Boujut, Émilie.
Congrès psycho.indb 20
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Société Française de Psychologie, LILLE 2010
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Impact des facteurs de vulnérabilités psychologiques sur la santé mentale des étudiants
Grondin, Olivier.
L’adaptation socioculturelle des étudiants internationaux en France : background
culturel et monitorage de soi
Piolat, Michel.
Jeudi, 14 h 45
Symposium-Rôle du geste dans l’organisation des connaissances
Organisation de la session : Olivier, Gérard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 417
Les vertus perceptives du mouvement
Bardy, Benoit.
Parler pour (se) faire « entendre » : la théorie des actes corpori-mentaux langagiers
Bottineau, Didier.
Perception de l’espace péripersonnel suite à une recalibration motrice dynamique
Bourgeois, Jérémy, Coello, Yann.
Influences de la direction et de la destination de mouvements manuels ou oculaires
préparés sur des recherches visuelle ou tactile
Coutté, Alexandre, Faure, Sylvane, Olivier, Gérard.
Jeudi, 14 h 45
Symposium-Vieillissement cognitif normal et pathologique
Organisation de la session : Taconnat, Laurence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 424
Procédures cognitive, mémoire de travail et variations stratégiques au cours du
vieillissement normal.
Ergis, Anne-Marie.
Vieillissement et mémoire épisodique : hypothèse de la réserve cognitive
Isingrini, Michel.
Vieillissement et stratégies arithmétiques; rôle du contrôle exécutif
Lemaire, Patrick.
Déficits d’inhibition dans le vieillissement normal et la maladie d’Alzheimer :
conséquences de l’atteinte de processus distincts ?
Collette, Fabienne.
Épidémiologie du déclin cognitif dans le vieillissement normal
Amieva, Hélène.
Jeudi, 14 h 45
Symposium-Psychologie interculturelle
Organisation de la session : Molleron, Antoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 431
Psychologie interculturelle en situation humanitaire et enjeux éthiques et déontologiques
Molleron, Antoine.
Contacts culturels et processus d’interculturation
Denoux, Patrick.
Identités exilées a la lumière de la psychanalyse
Boyer Schneider, Martine.
Du sujet moderne aux prises avec l’histoire ; des transmissions en impasse et en
déplacement.
Douville, Olivier.
Jeudi, 14 h 45
Session Psychologie des émotions
Émotions et conduite automobile sous pression temporelle
Congrès psycho.indb 21
22/07/10 16:09
22
Société Française de Psychologie, LILLE 2010
Coeugnet, Stéphanie, Anceaux, Françoise, Naveteur, Janick . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 435
Influence des expressions faciales de figurants obèses et normo-pondéraux sur le désir
de manger
Barthomeuf, Laetitia.
Honte endogène et altruisme dans un jeu du dictateur
Petit, Emmanuel, Tcherkassof, Anna.
Vulnérabilité émotionnelle et biais attentionnel chez les personnes alcoolo-dépendantes.
Freydier, Chloé, Bastien-Toniazzo, Mireille.
Reconnaissance des émotions et transfert interhémisphrique (tih) dans la sclérose en
plaques (sep)
Lenne, Bruno, Nandrino, Jean-Louis, Sequeira, Henrique, Gallois, Philippe, Hautecoeur, Patrick.
Jeudi, 14 h 45
Session Psychologie sociale 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 445
Améliorer la validité des mesures composites de la satisfaction au travail
Castel, Davy, Durand-Delvigne, Annick, Lemoine, Claude.
Processus défensifs versus développement de l’activité : une intervention en clinique de
l’activité auprès de juges d’instruction
Kostulski, Katia.
Harcèlement moral au travail : quels effets de la gravité des agissements du harceleur
et des comportements pro/anti organisationnels de la victime sur les émotions, la
perception de responsabilité et l’aide ?
Desrumaux, Pascale, Djazayeri, Hossein.
Effet du type d’information sur l’âgisme implicite
Boudjemadi, Valerian, Gana, Kamel.
Lorsqu’une évaluation a priori rationnelle provoque une décision discriminante dans le
recrutement… hypothèse d’activation de stéréotypes ?
Le Floch, Valérie, Py, Jacques, Brunel, Maïté, Lauterbach, Iris.
Jeudi, 16 h 45
Cérémonie de clôture, remise du prix Pierre Janet
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Liste des Posters
Les posters resteront affichés pendant des deux sessions. Les posters pairs seront présentés
lors de la session 1 et les posters impairs lors de la session 2.
1.
Jeunes Belgo-Marocain(e)s et pratiques matrimoniales : quand le mariage est aussi une
affaire d’identité(s)
Heine, Audrey (Université libre de Bruxelles – Unité de psychologie sociale), Licata, Laurent
(Université libre de Bruxelles – unité de psychologie sociale).
2.
La perception du temps chez l’enfant : le rôle du développement cognitif
Zelanti, Pierre (Université Blaise Pascal, lapsco, CNRS, UMR 6024), Droit-Volet, Sylvie (Université
Blaise Pascal, lapsco, CNRS, UMR 6024).
3.
Appropriation de la temporalité et maladie d’Alzheimer : méthodologie d’analyse
d’entretiens centrés sur la vie quotidienne
Rivasseau Jonveaux, Thérèse (Cmrr de lorraine groupe de recherche sur les communications laboratoire
interpsy (EA 4432)), Batt, Martine (Groupe de recherche sur les communications (grc), laboratoire
interpsy (EA 4432) Université Nancy 2), Trognon, Alain (Groupe de recherche sur les communications
(grc), laboratoire interpsy (EA 4432) Université Nancy 2).
4.
Interférence associative et catégorielle dans la dénomination de visages : premiers
résultats de potentiels évoqués
Germain Mondon, Véronique (Lapsco CNRS UMR 6024), Silvert, Laetitia (Lapsco CNRS UMR 6024),
Izaute, Marie (Lapsco CNRS UMR 6024).
5.
Développement socio-affectif de l’enfant de 4 à 12 ans en résidence alternée : relation coparentale et facteurs organisationnels
Baude, Amandine (Université de Toulouse 2 Le Mirail, laboratoire pdps), Zaouche Gaudron, Chantal
(Université de Toulouse 2, Le Mirail, laboratoire pdps).
6.
La reconnaissance des expressions faciales émotionnelles et le ressenti des émotions dans la maladie d’Alzheimer
Macaret, Anne-Sophie (Upjv – clea), Quaglino, Véronique (Upjv – clea), Czternasty, Gérard (Upjv –
clea), Vandromme, Luc (Upjv – clea).
7.
Étude du trouble lexical dans la maladie d’Alzheimer : évaluation et comparaison
de batteries
Henrard, Sébastien (Université de Mons), Lefebvre, Laurent (Université de Mons).
8.
Difficultés à l’écrit : les représentations des enseignants face aux compétences de
leurs élèves
Majaji, Sara (Institut de psychologie – Université Lyon 2).
9.
Facilitation de l’apprentissage par la cognition incarnée
Thuaire, Flavien (Lapsco, UMR 6024 CNRS), Izaute, Marie (Lapsco, UMR 6024 CNRS).
10.
Apprentissage de la lecture : étude de l’influence des méthodes d’enseignement sur
les fonctions cognitives de l’enfant
Trappeniers, Julie (Université de Mons (Belgique)), Lefebvre, Laurent (Université de Mons (Belgique)).
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11.
Motivations à accepter ou à refuser d’entrer dans un protocole d’essai clinique lié
à la transplantation
Goasdoué, Marion (Master 2 recherche « psychopathologie et psychologie de la santé », Université
Toulouse 2 Le Mirail), Guedj, Myriam (Maitre de conférences, Octogone-cerpp, chercheur associé
inserm u558), Cambon thomsen, Anne (Directrice de recherche au CNRS, UMR inserm 558,
Université Paul Sabatier-Toulouse 3), Munoz Sastre, Maria Teresa (Octogone-cerpp, directrice du
pôle psychologie de la santé, Toulouse 2 Le Mirail).
12.
Vacances de 10 jours, vacances de 15 jours et incidences sur les performances attentionnelles
Saada, Yael (Université Victor Segalen Bordeaux 2), Gana, Kamel (Université Victor Segalen
Bordeaux 2).
13.
Les traits émotionnels spécifiques des étudiants en art et leur performance créative
Botella, Marion (Université Paris Descartes), Lubart, Todd (Université Paris Descartes), Zenasni,
Franck (Université Paris Descartes).
14.
Motifs d’orientation interpersonnelle : une analyse multidimensionnelle
Delelis, Gérald (Université Lille Nord de France – Université de Université Lille Nord de France,
URECA – EA 1059), Antoine, Pascal (Université Lille Nord de France – Université de Université Lille
Nord de France, URECA – EA 1059), Demerval, René (Université Lille Nord de France – Université de
Université Lille Nord de France, URECA – EA 1059), Christophe, Véronique (Université Lille Nord de
France – Université de Université Lille Nord de France, URECA – EA 1059).
15.
L’abord mystérieux du phénomène religieux dans la pathologie psychiatrique
Devos, Antoine (CHU Caen).
16.
Rémission, rétablissement et schizophrénie : de nouveaux enjeux théoriques et
cliniques
Koenig, Marie (Laboratoire de psychopathologie et neuropsychologie (e.a. 2027) Université Paris 8),
Castillo, Marie-Carmen (Laboratoire de psychopathologie et neuropsychologie (e.a. 2027) Université
Paris 8), Blanchet, Alain (Laboratoire de psychopathologie et neuropsychologie (e.a. 2027) Université
Paris 8).
17.
Représentations catégorielles des enfants de 3 à 6 ans dans les domaines du vivant
et du non-vivant
Megalakaki, Olga (Université de Picardie), Fouquet, Nathalie (Université de Picardie).
18.
Les réactions des gens face aux comportements incivils et immoraux
Moisuc, Alexandrina (Lapsco – CNRS – univ. Blaise Pascal, Clermont-Ferrand), Brauer, Markus
(Lapsco – CNRS – univ. Blaise Pascal, Clermont-Ferrand).
19.
Pratique de prévention en population âgée : le rôle des croyances
Coniasse Brioude, Delphine (Université Toulouse 2), Igier, Valérie (Université Toulouse 2).
20.
Étude des stratégies de coping chez les parents d’enfants atteints du syndrome
Gilles de la Tourette
Flores, Angèle (Université Paris 8), Hartmann, Andreas (Pitié-salpetrière), Goussé, Véronique
(Université Paris 8).
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21.
Le développement de la métacognition par la relaxation
Wagener, Bastien (Université d’Angers, laboratoire de psychologie, upres EA 2646), Boujon,
Christophe (Université d’Angers, laboratoire de psychologie, upres EA 2646), Fromage, Benoît
(Université d’Angers, laboratoire de psychologie, upres EA 2646).
22.
Les bébés prématurés sont-ils capables de transférer des informations sur la forme
des objets d’une main à l’autre ?
Lejeune, Fleur, Berne-Audeoud, Frédérique, Marcus, Leïla, Debillon, Thierry, Gentaz, Edouard
(Université Grenoble 2)
23.
Développement des sois possibles : étude longitudinale auprès d’élèves de cycle 3
Lefer, Gaelle (Université de Nantes, laboratoire de psychologie « Éducation, cognition,
développement »), Florin, Agnès (Université de Nantes, laboratoire de psychologie « Éducation,
cognition, développement »), Guimard, Philippe (Université de Nantes, laboratoire de psychologie
« Éducation, cognition, développement »).
24.
Le rôle du craving dans la dépendance au cannabis
Chauchard, Emeline (Octogone-cerpp, Université de Toulouse), Chabrol, Henri (Octogone-cerpp,
Université de Toulouse).
25.
Étude de l’effet d’amorçage orthographique selon les caractéristiques émotionnelles des individus
Mathey, Stéphanie (Université Bordeaux2), Gobin, Pamela (Université Bordeaux 2), Dorot, Delphine
(Université Bordeaux 2), Rascle, Nicole (Université Bordeaux 2).
26.
Décours temporel de l’effet de distinctivité
Gounden, Yannick (Laboratoire de psychologie et neuropsychologie cognitives, Université Paris
Descartes, institut de psych), Nicolas, Serge (Laboratoire de psychologie et neuropsychologie
cognitives, Université Paris Descartes, institut de psych).
27.
Caractériser l’émotionnalité du langage : Valence, activation et/ou controle ?
Leveau, Nicolas (Ephe – École pratique des Hautes Études équipe chart – cognition humaine et
artificielle EA 4004), Jhean-Larose, Sandra (Ephe – École pratique des hautes Études Équipe chart –
cognition humaine et artificielle EA 4004).
28.
Explorer les lettres pour apprendre à lire et à écrire avec des enfants de 5 ans
Labat, Hélène (Laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs), Ecalle, Jean (Laboratoire d’étude des
mécanismes cognitifs), Magnan, Annie (Laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs).
29.
Quand la différence devient un handicap : le cas de l’étudiant en situation de handicap
Hanafi, Manel (Université Lille Nord de France), Anegmar, Souad (Université Lille Nord de France),
Drelon, Marine (Université Lille Nord de France), Desombre, Caroline (Iufm), Delelis, Gérald
(Université Lille Nord de France – URECA).
30.
La pratique des jeux de rôles en ligne une enquête exploratoire de l’usage des
mmorpg’s
Fynes, Matthieu (Laboratoire URECA, équipe fase, Univ. Lille Nord de France), Antoine, Pascal
(Laboratoire URECA, équipe fase, Univ. Lille Nord de France).
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31.
Effets de trois entraînements moteurs séquentiels sur des activités langagières
chez l’enfant
Marchandise, Patrice, Mansy-Dannay, Annie, Clerc, Jérôme, Guerrien, Alain (Université Lille Nord
de France)
32.
Perfectionnisme, recherche de sensations, dysmorphophobie et prise de risques
dans la modification corporelle
Rochaix, Delphine (Laboratoire psycle, Université de Provence Aix-Marseille i), Bonnet, Agnès
(Laboratoire psycle, Université de Provence Aix-Marseille I), Bejaoui, Moez (Laboratoire psycle,
Université de Provence Aix-Marseille I), Pedinielli, Jean-Louis (Université de Provence Aix-Marseille
I).
33.
Étudiants en situation de handicap : auto- et hétéro- stéréotypie
Anegmar, Souad (Université Lille Nord de France), Hanafi, Manel (Université Lille Nord de France),
Delelis, Gérald (Université Lille Nord de France – URECA), Desombre, Caroline (Iufm).
34.
La motivation scolaire : effet d’une orientation basée sur les intérêts, les résultats
scolaires ou le projet
Brasselet, Célénie (PSITEC EA 4072, Université Lille Nord de France), Guerrien, Alain (PSITEC EA
4072, Université Lille Nord de France).
35.
Effet du rehaussement mnésique par des émotions sur la mémoire à moyen terme
Vert-Pré, Mélissa (Université Lyon 2, laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs), Plasson,
Amandine (Université Lyon 2, laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs), El kamash, Radwan
(Université Lyon 2, laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs), Michael, George (Université Lyon
2, laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs), Chainay, Hanna (Université Lyon 2, laboratoire
d’Étude des mécanismes cognitifs).
36.
Influence de mots émotionnels négatifs dans une tâche de génération en français
et en anglais
Faurous, William (Université Bordeaux 2), Dumay, Nicolas (Kent Université), Mathey, Stéphanie
(Université Bordeaux 2).
37.
Signification morpho-sémantique des mots et compréhension globale du sens de
l’énonciation
Fleury, Arnaud (Université de la Sorbonne-Nouvelle Paris 3 – LACITO)
38.
Détection du changement des objets dans une scène visuelle et identification
consciente
Chauche, Florent (Université Victor Segalen Bordeaux 2), Delord, Sandrine (Université Victor Segalen
Bordeaux 2).
39.
L’émotion attire l’attention et facilite l’inhibition : effets bottom-up et effets topdown
Lamblot, Angéline (Laboratoire EMC – Université Lyon 2), Richard, Salomé (Laboratoire EMC –
Université Lyon 2), Chainay, Hanna (Laboratoire EMC – Université Lyon 2), El kamash, Radwan
(Laboratoire EMC – Université Lyon 2), Michael, George A. (Laboratoire EMC – Université Lyon 2).
40.
Comparaison entre France et États-Unis des effets de l’acculturation sur l’estime
de soi des populations cambodgiennes à la lumière des politiques des pays d’accueil.
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Nann, Stéphanie (Université de Caen).
41. Évocation mentale d’un couplage perception-action chez les enfants
Guilbert-Hericher, Jessica (Laboratoire palm, je 2528, Université de Caen), Molina, Michèle
(Laboratoire palm, je 2528, Université de Caen), Jouen, François (Laboratoire chart, ephe).
42. Approche non médicamenteuse de la maladie d’Alzheimer : une psychothérapie institutionnelle ?
Quadéri, André (Aix-Marseille Université).
43. Effet de l’orientation de l’attention et des afférences visuelles sur la perception des sensations spontanées chez les droitiers
Deleuze, Amélie (Laboratoire EMC – Université Lyon 2), Humblot, Margaux (Laboratoire EMC
– Université Lyon 2), Simon, Bilitys (Laboratoire EMC – Université Lyon 2), Naveteur, Janick
(Université de Lille Nord de France et uvhc, Lamih-Percotec), Michael, George A. (Laboratoire EMC
– Université Lyon 2).
44. Perception de l’espace péripersonnel et ataxie optique
Angela, Bartolo (URECA, Université Lille Nord de France), Coello, Yann (URECA, Université Lille
Nord de France).
45. Le développement du comptage chez l’enfant préscolaire
Delrieu, Emmanuelle (EA 4425 laboratoire de psychologie. adaptation à la complexité, Université
Paul Valéry, Montpellier), Lehalle, Henri (EA 4004/ums CNRS 2809 laboratoire chart ephe et Paris
8), Vilette, Bruno (Laboratoire PSITEC, Université Lille Nord de France, EA 4072).
46. Le dégoût : une émotion complexe
Abitan, Audrey (Université Paris Descartes), Krauth-Gruber, Silvia (Université Paris Descartes).
47. Rôle de la motricité dans l’intégration sensorielle
Corveleyn, Xavier (URECA, Université Lille Nord de France), Lopez-Moliner, Joan (Grnc, Université
de Barcelone), Coello, Yann (URECA, Université Lille Nord de France).
48. Aspects particuliers des comportements des conducteurs dans les pays à faibles et
moyens revenus : cas de la Côte d’Ivoire
Meite, Amadou (Université François Rabelais de Tours. EA 2114 « psychologie des âges de la vie »),
Berdoulat, Émilie (Université Toulouse le Mirail), Hassan Guy Roger Tieffi, Hassan Guy Roger
(Université d’Abidjan, laboratoire de psychologie génétique différentielle), Antoine Kouadio Kouadio,
Antoine Kouadio (Université d’Abidjan, laboratoire de psychologie génétique différentielle), François
Testu, François (Université François Rabelais, laboratoire EA 2114 : psychologie des âges de la vie).
49. Effet de l’action évoquée dans une tâche de discrimination de couleur
Clauzon, Perle (Université Paul Valéry Montpellier 3), Ferrier, Laurent, P. (Université Paul Valéry
Montpellier 3).
50. Intensité de l’affect et préférences sensorielles : approche différentielle et approche expérimentale
Kergoat, Marine (Université Paris Ouest), Giboreau, Agnès (Institut Paul bocuse), Nicod, Huguette
(Adriant), Faye, Pauline (Psa peugeot citroën), Diaz, Emmanuelle (Psa peugeot citroën), Beetschen,
Marie-Agnès (Unilever), Meyer, Thierry (Université Paris Ouest).
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51. Catégorisation spatiale et simulation mentale de l’action chez l’enfant
Richez, Aurélien (Doctorant), Coello, Yann (Professeur de psychologie cognitive).
52. Comparaison des profils de réponses à un test de vocabulaire d’enfants typiques et
d’adolescents porteurs du syndrome de down
Nuchadee, Marie Laure Joelle (Université Lille Nord de France), Facon, Bruno (Université Lille Nord
de France).
53. Renforcement de la variabilité des amplitudes des saccades oculaires
Paeye, Céline (Laboratoire URECA – Université Lille Nord de France), Madelain, Laurent
(Laboratoire URECA – Université Lille Nord de France).
54. Capacités spatiales et performance motrice : analyse des processus de rotation mentale
tridimensionnelle chez des lutteurs de haut niveau.
Moreau, David (Université Lille Nord de France), Mansy-Dannay, Annie (Université Lille Nord de
France), Clerc, Jérôme (Université Lille Nord de France), Guerrien, Alain (Université Lille Nord de
France).
55. Développement de la compréhension du sarcasme et des effets émotionnels sur la cible
du sarcasme chez les enfants de 8 et 10 ans
Clee, Christel (EA 4431 Paris 10), Garitte, Catherine (EA 4431 Paris 10).
56. Émotion et production argumentative en fle : effets de la L1 et de la congruence culturelle
Bounouara, Yamina (Université de Batna et laboratoire chart-Paris 8), Legros, Denis (Iufm Créteil /
Paris 12 et laboratoire chart-Paris 8).
57. Effet des modalités de guidage dans l’apprentissage de la catégorisation des êtres vivants
Tanguy, Franck (Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie » EA 4139 Université de Bordeaux
2), Foulin, Jean Noël (Université de Bordeaux 4), Tricot, André (Laboratoire « travail et cognition »,
CNRS UMR 5263, clle Université de Toulouse 2).
58. Rééducation par la modalité haptique des troubles visuels et praxiques présentés par
les infirmes moteurs cérébraux
Sanche, Claire-Lise (Laboratoire PSITEC Université Lille Nord de France), Courbois, Yannick
(Laboratoire PSITEC Université Lille Nord de France).
59. Input et développement du lexique émotionnel chez un enfant monolingue français
de 14 à 42 mois
Maillochon, Isabelle (Laboratoire structures formelles du langage).
60. Du jugement moral au jugement pénal : quelles influences des variables légales et extra-légales ?
Patard, Guisela (Laboratoire PSITEC, Université Lille Nord de France), Przygodzki-lionet, Nathalie
(Laboratoire PSITEC, Université Lille Nord de France), Durand-Delvigne, Annick (Université Lille
Nord de France), Humez, Christine (Laboratoire PSITEC, Université Lille Nord de France).
61. Pour une prévention des maltraitances et abus sexuels sur les enfants : méthodes et
pratiques en France et en Iran
Gerami, Elham (Université Lille Nord de France – PSITEC), Leconte, Claire (Université Lille Nord de
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France – PSITEC)
62. Effet de l’orientation de l’attention et de la latéralité manuelle sur la perception des
sensations spontanées
Simon, Bilitys (Laboratoire EMC, Université Lyon 2), Margaux, Humblot (Laboratoire EMC,
Université Lyon 2), Deleuze, Amélie (Laboratoire EMC, Université Lyon 2), Naveteur, Janick
(Université Lille Nord de France – Lamih), Michael, George (Laboratoire EMC, Université Lyon 2).
63. La gastroplastie à l’épreuve du dessin de la personne
Bouteyre, Evelyne (Université de Rouen), De Charry, Wioletta (Hôpital Poissy-Saint-Germain),
Benzaken-Carlier, Catherine (Hôpital Poissy Saint-Germain).
64. Amorçage phonologique et orthographique en lecture de mots chez les 3e et 5e année
Sauval, Karinne (Laboratoire URECA, EA-1059, Université Lille Nord de France), Casalis, Séverine
(Laboratoire URECA, EA-1059, Université Lille Nord de France).
65. Traitement attentionnel des séquences de lettres chez les enfants
Leclercq, Virginie (Université Paris Descartes – LPNCOG), Siéroff, Éric (Université Paris DescartesLPNCOG).
66. Témoignage oculaire : exploration de la sensibilité aux aspects perceptifs et sémantiques dans le développement
Vanootighem, Valentine (Université de Liège), Dehon, Hedwige (Université de Liège), Taconnat,
Laurence (Université François Rabelais – Tours), Rémy, Philippe (Université François Rabelais –
Tours).
67. Rôle des représentations dans l’adaptation à une distorsion visuo-motrice chez des
enfants de 5 ans
Tahej, Pierre-Karim (Centre de recherches sur le sport et le mouvement – Université Paris Ouest
Nanterre – La Défense), Rolland, Jean-Pierre (Centre de recherches sur le sport et le mouvement –
Université Paris Ouest Nanterre – La Défense), Ferrel-Chapus, Carole (Centre de recherches sur le
sport et le mouvement – Université Paris Ouest Nanterre – La Défense).
68. Recherche de différence individuelle et stratégies de présentation de soi
Causse, Elsa (Laboratoire de psychologie ea4139, Université Victor Segalen, Bordeaux 2).
69. Effets de l’âge, du changement de stratégie mnesique et du support environmental sur
une tache de rappel libre
Tocze, Capucine (UMR CNRS 6 234 CERCA), Taconnat, Laurence (UMR 6 234 CERCA), Bouazzaoui,
Badiaa (UMR CNRS 6 234 CERCA), Isingrini, Michel (UMR CNRS 6 234 CERCA).
70. L’activité empêchée, source du mal être au travail : clinique de l’activité d’instrumentistes de bloc opératoire
Bonnefond, Jean Yves (CNAM crtd).
71. Étude comparative du bien-être entre chefs de famille sans emploi et travailleurs
Ntsame Sima, Murielle Nadia (Université Lille Nord de France), Desrumaux, Pascale (Université Lille
Nord de France).
72. Le savoir et la mort… une question pour la vérité
Marie, David (Unité de psycho-oncologie. Service d’oncologie médicale et soins palliatifs. CHU
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Timone, ap-hm), Reichling, Camille (Unité de psycho-oncologie. Service d’oncologie médicale et
soins palliatifs. CHU Timone, ap-hm), Dudoit, Éric (Unité de psycho-oncologie. service d’oncologie
médicale et soins palliatifs, CHU Timone, ap-hm).
73.
Noter pour communiquer le mode d’emploi d’un appareil : analyse des productions d’enfants âgés de 8 à 12 ans
Bouchafa, Houria (Ceripsa, Université catholique de l’Ouest, Angers, France, Université d’Angers,
laboratoire ppi), Marti, Eduardo (Universitat de Barcelona, Espagne), Tantaros, Spirydon (Université
d’Athènes, Grèce).
74.
L’épreuve des trois arbres : un nouvel outil possible pour accompagner le processus d’exploration de soi dans une démarche d’orientation
Gautier, Julien (Laboratoire de Psychologie (EA 2646), Université d’Angers) Barbe, Valérie,
(Laboratoire de Psychologie (EA 2646), Université d’Angers), Fromage, Benoît (Laboratoire de
Psychologie (EA 2646), Université d’Angers).
75.
Impact d’une intervention d’éducation à la sexualité sur la perception et la
connaissance des risques de grossesse et d’infection chez les adolescents
Ruet, Mathieu (Université de Bordeaux 2), Décamps, Greg (Université de Bordeaux 2), Duvinage,
Marie Paule (Pavillon de la mutualité).
76.
Amorçage subliminal des émotions, pied-dans-la-porte et reconnaissance au service de la sécurité routière
Skandrani-Marzouki, Inès (Université de Provence).
77.
Les comportements de compensation chez une population d’alcoolo-dépendants
abstinents
Mirabel, Liza (étudiante master professionnel psychologie de la santé, Université Victor Segalen
Bordeaux 2), Décamps, Greg (Laboratoire de psychologie EA 4139 « santé et qualité de vie »,
Université Victor Segalen Bordeaux X 2), De Gaulejac, Fabienne (Centre de soins, d’accompagnement
et de prévention en addictologie, bergerac), Quintard, Bruno (Laboratoire de psychologie EA 4139
« santé et qualité de vie », Université Victor Segalen Bordeaux 2).
78.
La visualisation mentale dans l’apprentissage des sciences : contribution de la psychologie du sport
Trindade, Jorge (Instituto politécnico da guarda et centro de física computacional – Coimbra,
Portugal), Fonseca, Teresa (Instituto politécnico da Guarda et c.i.d.e.s.d. – Vila Real, Portugal).
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Conférence invitée :
Michel Denis
(Directeur de Recherche, LIMSI-CNRS, UPR3251, Université Paris-Sud XI)
Penser l’espace, dire l’espace : des enjeux scientifiques pour la
psychologie d’aujourd’hui
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mardi
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
mardi
matin
Symposium-Flux Structurés sur Variétés: un
cadre dynamique général pour la cognition
Organisation de la session :
Huys, Raoul (UMR 6233 CNRS & Université de la Méditerranée faculté des sciences du sport).
Morphodynamique cognitive : la catégorisation sémantique vue comme un
processus de formation de motifs dans des systèmes neuronaux complexes
Doursat, René (Institut des Systèmes Complexes, Paris Ile-de-France–CREA, École Polytechnique-CNRS),
Petitot, Jean (Cams, EHESS, Paris-CREA, École Polytechnique-CNRS).
Acquisition et altération de la dynamique de la graphomotricté et de l’écriture
Zanone, Pier-Giorgio (Université Paul Sabatier lapma - UFR STAPS Toulouse).
Flux structurés de variabilité: expressions comportementales
Huys, Raoul (CNRS & Institute of movement sciences, UMR 6233, Université of mediterranean, Marseille),
Jirsa, Viktor (CNRS & institute of movement sciences, UMR 6233, Université of mediterranean, Marseille).
Une architecture cognitive dynamique pour le comportement séquentiel: flux
structurés de variabilité dans la hiérarchie des échelles temporelles
Perdikis, Dionysios (Institute of movement sciences, UMR 6233, Université of mediterranean, Marseille),
Jirsa, Viktor (CNRS & institute of movement sciences, UMR 6233, Université of mediterranean, Marseille).
L’exploration du langage dans le cadre de la dynamique non linéaire
Tuller, Betty (National science foundation, Arlington, va 22230).
Résumé
Huys, Raoul (Umr 6233 cnrs & université de la Méditerranée faculté des sciences du
sport). Alors que la signification du terme ‘‘cognition” est en partie dépendante de la discipline,
un dénominateur commun est bien le fait qu’il fait référence à des processus et à une fonction.
Fonctionnellement, il implique que les unités de notre cognition sont structurées d’une façon ou
d’une autre, en effet nos perceptions, actions et pensées apparaissent toujours comme étant en
cohérence. Depuis ces dernières années, les concepts et outils de la théorie des systèmes dynamiques
et les théories de l’auto-organisation ont été utilisés dans le contexte de la recherche sur la cognition
et, malgré d’importantes contestations récurrentes, ces théories ont incité une nouvelle vision
selon laquelle la cognition pourrait être comprise selon un processus de formation d’un patron
auto-organisé. Des exemples bien connus, comme le report du bruit 1/f dans la cognition, et les
oscillations entre percepts lorsque nous regardons des figures ambigües peuvent alors être cités. Il
semble donc juste de dire donc que les concepts et les outils empruntés aux théories de formation
d’un patron auto-organisé sont principalement appliqués et que jusqu’à présent une structure
théorique de référence fait défaut. Dans ce symposium, nous présentons une structure générale,
qui fera référence à des flux structurés sur variété (structured flows on manifolds). Le concept de
base de cette théorie repose sur les notions de flux de phase et topologie de flux de phases, concepts
qui sont enracinés dans la théorie des systèmes dynamiques et qui fournissent une description
univoque et une classification (une structure) des processus évoluant dans le temps. Nous
proposons cinq présentations individuelles dont deux présenteront la théorie SFM et comment
elle permet la construction d’architectures cognitives. Enfin, dans les trois autres présentations, un
exposé dynamique (compatible avec le cadre SFM) sera donné sur une habilité humaine typique, à
savoir le langage, avec un ancrage particulier sur l’écriture, la perception du langage et la syntaxe.
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Morphodynamique cognitive : la catégorisation sémantique vue
comme un processus de formation de motifs dans des systèmes
neuronaux complexes
Doursat, René (Institut des systèmes complexes paris Ile-de-France – crea, École polytechnique / cnrs),
Petitot, Jean (Cams, ehess, Paris – crea, École polytechnique / cnrs).
mardi
matin
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Résumé
La linguistique cognitive (LC) réfute l’autonomie formelle de la syntaxe et se concentre sur les structures
conceptuelles sous-jacentes de la catégorisation sémantique, notamment les représentations spatiales.
Par exemple, un schéma verbal comme « donner » implique trois participants, sujet, objet et destinaire,
qui interagissent dans un espace topologico-temporel (transfert de propriété, etc.). Il représente donc
beaucoup plus qu’un simple nœud dans un arbre d’analyse syntaxique. Le point de vue de la LC,
cependant, est demeuré jusqu’à présent empirique et descriptif, ses quelques tentatives de théorisation
étant essentiellement cantonnées à un niveau abstrait symbolique et iconique. Ainsi, de réelles avancées
ne pourront être accomplies qu’en s’éloignant de la logique formaliste et en important une modélisation
topologique et dynamique dans la LC. L’enjeu est d’expliquer comment des structures linguistiques
et conceptuelles peuvent émerger d’un système complexe sous-jacent, c’est-à-dire un réseau récurrent
d’unités neuronales à spikes capables d’auto-organisation collective et de synchronisation. Ce défi est
donc de nature physique, plutôt que logique. Dans ce but, nous proposons une approche dynamique
nouvelle de la LC pour comprendre les mécanismes cognitifs cruciaux de la schématisation spatiale
à l’interface entre vision et langage. Elle est basée sur des transformations morphodynamiques
(dilatations, érosions, etc.) qui effacent les détails des images et génèrent des structures virtuelles
(frontières, domaines, squelettes), révélant une “signature” caractéristique de la scène observée.
Ces transformations peuvent être implémentées dans des automates cellulaires ou par des ondes
progressives sur des réseaux de neurones à spikes. Notre objectif est d’élucider la façon dont le langage
traite l’espace par son étonnante capacité à catégoriser une infinie diversité de scènes visuelles en un
groupe réduit d’éléments grammaticaux. Comment la même relation ‘dans’ peut-elle s’appliquer à des
situations aussi qualitativement différentes que « la chaussure dans la boîte » (petit volume creux et
clos), « l’oiseau dans l’arbre » (volume large, dense et ouvert) ou « le fruit dans le bol » (surface courbe) ?
Comment la topologie cognitive peut-elle être à la fois plus souple (en permettant des discontinuités
et des trous) et plus métriquement contrainte (en limitant les déformations et les proportions) que la
topologie mathématique ?
Références
Doursat, R., Petitot, J. (2005). Dynamical systems and cognitive linguistics: Toward an active morphodynamical
semantics. Neural Networks, 18: 628-638.
Petitot, J., Doursat, R. (2010). Cognitive Morphodynamics: Dynamical Morphological Models for Constituency in
Perception and Syntax, Peter Lang.
Congrès psycho.indb 33
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
mardi
matin
Acquisition et altération de la dynamique de la graphomotricté et
de l’écriture
Zanone, Pier-Giorgio (Université Paul Sabatier Lapma - ufr staps 118 route de Narbonne 31062 Toulouse
cedex 9, France).
Résumé
À l’instar de ce qui s’est fait au cours des deux dernières décennies relativement à la coordination intersegmentaire, en particulier bimanuelle, l’exposé présentera un ensemble de travaux qui ont posé les
premières bases pour comprendre comment la trace graphique est générée. Certaines formes de bases,
les traits les cercles et des ellipses d’excentricité intermédiaire, qui sont produites préférentiellement
correspondent à des attracteurs ou des répulseurs d’une dynamique sous-jacente (Athènes et al, 2004).
Des contraintes assez fortes, comme une vitesse importante d’exécution ou l’utilisation de la main
non-dominante, déstabilisent cette dynamique, effaçant un des ces attracteurs et rendant la moins
stable des coordinations inopérante (Sallagoïty et al. 2004). D’autres contraintes plus subtiles, comme
l’orientation ou l’excentricité de la forme produite, ne font qu’altérer la dynamique en surface, sans en
changer le régime global (Danna et al, soumis). La dynamique telle qu’elle se manifeste chez l’adulte
semble être globalement acquise dès 5 ans, laissant à penser que l’apprentissage de l’écriture manuscrite
proprement dite fait en âge scolaire a une influence relativement faible sur les coordinations impliquées
(Danna et al., en préparation). Des liens peuvent être mis en évidence entre ces capacités motrices et
les facultés de discrimination de ces formes graphiques, allant dans le sens des théories motrices de la
perception (Danna et al., en révision).
Références
Athènes, S., Sallagoïty, I., Zanone, P.G., Albaret, J.M. (2004). Evaluating the coordination dynamics of handwriting.
Human Movement Science, 23(5), 621-641.
Sallagoïty, I., Athènes, S., Zanone, P.G., Albaret, J.M. (2004). Stability of coordination patterns in handwriting: Effects of
speed and hand. Motor Control, 8(4), 405-421.
Danna, J., Athènes, S., Zanone, P.G. (soumis). Coordination dynamics of elliptic shape drawing: Effects of orientation
and eccentricity. Human Movement Science.
Danna, J., Wamain, Y., Kostrubiec, V., Longcamp, M., & Zanone, P.G (en révision). Psychologie Française.
Congrès psycho.indb 34
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Huys, Raoul, Jirsa, Viktor (Cnrs & institute of movement sciences, umr 6233, university of mediterranean,
Marseille, France).
Résumé
Alors que la signification du terme ‘‘cognition’ est dans une certaine mesure dépendante de la discipline, un
dénominateur commun est le fait qu’elle fasse la distinction entre processus et fonction. La fonctionnalité
implique que les unités de la cognition sont en quelque sorte structurées – nos perceptions, actions, pensées
sont cohérentes. Au cours de la dernière décennie, les concepts et les outils de la dynamique des systèmes
dynamiques et les théories de l’auto-organisation sont entrées dans la recherche sur la cognition et, malgré
le fait que cela soit toujours discuté, elles ont donné lieu à une nouvelle description de la cognition comme
pouvant être comprise comme un processus de formation de patrons auto-organisés. Cependant, les concepts
et les outils empruntés aux théories de la formation de patrons auto-organisés sont appliqués la plupart du
temps de façon fragmentaire et jusqu’à présent aucun cadre théorique n’est disponible. Dans cette étude,
nous présentons un cadre dynamique général (Flux structurés de variabilité) pour les unités élémentaires
du comportement. La clef de cette approche est le fait que durant un processus, la dynamique d’un système à
haute dimension se contracte rapidement sur un sous-espace (une variabilité) sur lequel le flux de phase est
gravé. Le flux de phase permet une description non ambiguë et, via cette topologie, permet la classification des
processus évoluant dans le temps. Nous illustrons l’approche computationnelle à travers des exemples dans le
contexte du contrôle moteur ainsi que la dynamique d’équipe.
mardi
matin
Flux structurés de variabilité: expressions comportementales
Introduction
La notion que le comportement complexe, pouvant être moteur, perceptuel ou cognitif est
composée de plus petites et plus élémentaires unités qui sont en quelque sorte reliés pénètre dans
les sciences biologiques et de la vie. Alors que différentes tentatives d’identification des unités
élémentaires ont été entreprises [1, 5, 6], aucune structure générale permettant une définition non
ambigüe des unités élémentaires n’existe. Nous proposons alors les flux structurés de variabilité
comme un cadre général pour décrire les unités élémentaires fonctionnelles des processus
comportementaux [4].
La théorie des systèmes dynamique postule que les flux de phase permettent une description
non ambigüe des systèmes déterministes, continus dans le temps et autonomes. C’est à dire, que
pour chaque point de l’espace de phase (ou d’état), le flux décrit le comportement qualitatif du
système fournissant alors un schéma de classification non ambigu. En d’autres termes, il détermine
l’invariance séparant les classes (cf [2,3,7]). Les espaces de phase peuvent, en principe, démontrer
un nombre de dimensions infini (variables d’état), et le nombre de classes comportementales
évolue avec la dimensionnalité du système. Tout en étant générés pas un système à haute
dimension (comme le système neural), les processus fonctionnels sont cependant typiquement de
faible dimension. L’approche des SFM postule que le flux de phase de faible dimension émerge de
la dynamique intrinsèque (neurale) de haute dimension et que durant un processus fonctionnel, le
flux s’effondre sur une variabilité de faible dimension (i.e. un sous espace). L’effondrement sur la
variabilité se produit bien plus rapidement que l’évolution des processus fonctionnels gouvernés
par le flux.
Méthode
Les équations soulignant un SFM sont les suivantes :
  = −  (     )   +   (     )
 = −  +  (     )

Pour 0<μ<<1,ƒ(.) contraint la dynamique dans un sous espace particulier (i.e. il définit la
variabilité); g(.) définit la dynamique lente qui gouverne le flux sur la variabilité; et s˘ représente
la dynamique rapide tombant rapidement sur la variabilité. La dynamique de g(.) étant lente
relativement à ceux afférant à si et au segment de trajectoire transitant vers la variabilité attractive,
l’échelle temporelle de la séparation est une conséquence du choix de μ comme étant petit.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Nous illustrons notre approche à travers des simulations de 40 essais d’un système à 16
dimensions dans une sphère

mardi
matin
(
(
=  ( −
) (
)
+ )
)
 =  − −  −  +  +   +  +    τ
 =  − −  −  +  − (  −  +  −  )  τ




−  − 

 = − 
Avec a = b = 0, produisant un cycle limite sur une variabilité sphérique en 3D. D’autres flux
structurés peuvent être générés à travers la manipulation de a, b incluant des flux monostable, bistable
et multistable (voir [3]). Afin de reconstruire les trajectoires sur la variabilité nous soumettons nos
simulations à des analyses en composante principale (PCA ; [4]). La dynamique d’équipe du nettoyage
de la place (militaire) des équipes de différents niveaux d’analyse était analysée de façon similaire (voir
[4] pour plus de détails). De plus, nous avons reconstruit des flux de phase à partir de données du
mouvement humain (dans une tâche de pointage réciproque [2]). Les résultats de ces deux dernières
analyses seront brièvement discutées dans la présentation (mais non dans ce résumé).
Résultats
Les séries temporelles simulées ainsi que les trajectoires reconstruites dans la sphère 3D sont
représentées dans la figure 1.
Discussion
Figure
1:
Séries
temporelles
correspondant
aux
trois
premières
dimensions sur les 40 simulations
sphériques du SFM (figure de gauche) et
les trois premières dimensions des
trajectoires reconstruites (figure de droite ;
voir la méthode). La forme de la variabilité
est plutôt bien représentée dans les
reconstructions.
Figure 1 : Séries temporelles correspondant aux trois
premières dimensions sur les 40 simulations sphériques du
SFM (figure de gauche) et les trois premières dimensions des
trajectoires reconstruites (figure de droite ; voir la méthode).
La forme de la variabilité est plutôt bien représentée dans les
reconstructions.
Nous avons exposé les grandes lignes du SFM comme un cadre général d’émergence de
processus fonctionnels (de faible dimension) à partir de systèmes à haute dimension. Le SFM peut
exposer de multiples dimensions, mais comme ils sont typiquement de faible dimension, ils sont
également limités dans le nombre. Les SFM sont qualitativement différents si leur topologie n’est
pas équivalente, et si c’est le cas, l’identification des classes de processus fonctionnels ne peut pas être
réduite à une autre. A l’intérieur d’une classe, cependant, des différentes qualitatives importantes
peuvent exister, c’est à dire que les processus peuvent varier selon différentes caractéristiques
partageant toutefois des propriétés de classe invariantes. Pour illustrer l’importance de cela via
un exemple de mouvement biologique, nous savons que les observateurs humains sont capables
de reconnaître des marcheurs bien connus (amis, membres de la famille, etc) mais dans tous les
cas ils identifieront l’action de marcher (plutôt que, disons que l’action de frapper une balle de
tennis). Les SFM correspondent à des états élémentaires fonctionnels qui typiquement sont de
courte durée. Des fonctions séquentielles et plus complexes peuvent être reconstruites sur la base
de SFM (voir le résumé de Perdikis).
Références
1.Bizzi E., d’Avella A., Saltiel P., & Tresch, M.C. (2002) Modular organization of spinal motors systems. The Neuroscientist
8: 437-442
2.Huys R., Fernandez L., Bootsma R.J. & Jirsa, V.K. (2010) Fitts’ Law is not continuous in reciprocal aiming. Proc. R. Soc.
B. doi: 10.1098/rspb.2009.1954
3.Jirsa, V.K. & Kelso, J.A.S. (2005). The excitator as a minimal model for the coordination dynamics of discrete and
rhythmic movement generation. J. Mot. Behav. 37:35–51.
4.Pillai, A.S. (2008). Structured flows on manifolds: Distributed functional architectures (http://purl.fcla.edu/fau/77649).
Ph.D. thesis, Florida Atlantic University.
5.Schmidt, R.A. & Lee, T.D. (2005) Motor Control and Learning: A Behavioral Emphasis. Urbana, IL: Human Kinetics.
6.Sternad, D. (2008). Towards a unified framework for rhythmic and discrete movements: Behavioral, modeling and
imaging results. In A. Fuchs & V. Jirsa (Eds.), Coordination: Neural, behavioral and social dynamics (pp. 105-136).
New York: Springer.
Strogatz, S.H. (1994) Nonlinear dynamics and chaos. With applications to physics, biology, chemistry, and engineering.
Cambridge Massachusetts, Perseus.
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Une architecture cognitive dynamique pour le comportement
séquentiel: flux structurés de variabilité dans la hiérarchie des
échelles temporelles
Perdikis, Dionysios (Institute of movement sciences, umr 6233, university of mediterranean, Marseille,
Fance), Jirsa, Viktor (Cnrs & institute of movement sciences, umr 6233, university of mediterranean,
Marseille, France).
mardi
matin
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Résumé
Nous proposons une architecture cognitive dynamique pour rendre compte de l’émergence de
comportements complexes comme le processus d’auto-organisation. Nous modélisons les processus
élémentaires par leur représentations dynamiques sous formes de flux dans l’espace d’état, appelés alors
Flux structurés de variabilité (Structured Flows on Manifolds SFMs) lesquels servent de primitives pour
des mouvements plus complexes. Une seconde couche des systèmes dynamiques agissant à une échelle
temporelle plus lente permet de composer des comportements complexes comme l’écriture selon une
forme dynamique. Nous discutons alors les extensions possibles de notre architecture proposée ici, vers
d’autres fonctions humaines.
Introduction
Dans de récentes approches basées sur les principes de la théorie des systèmes dynamiques et
la synergétique [5; voir aussi 4­] le cerveau est considéré comme un système loin de l’équilibre pour
lequel des patrons de faible dimension émergent comme résultant de ségrégation et d’intégration
neuronale basés sur des exigences fonctionnelles. Au cours de ce travail, nous considérons la
fonction cognitive comme un processus de formation de patron. Cependant, plutôt qu’une
conceptualisation des patrons comme des états statiques cognitifs (comme dans les approches
traditionnelles [1-3]), nous modélisons les processus cognitifs dynamiques, et nous proposons
une avancée par rapport à des précédents travaux sur la synergétique des ordinateurs [6]. Nous
conceptualisons les processus de base comme des flux structurés de variabilité (SFMs) [7] (voir
aussi le résumé de Huys), qui sont des représentations mathématiques de patrons dynamiques de
faible dimension, émergeant d’un réseau dynamique de haute dimension. Nous émettons alors
l’hypothèse que la série de SFMs accessibles constitue la dynamique humaine et son répertoire
fonctionnel. Un second mécanisme opérant à une échelle de temps plus lente active les SFMs
pour composer des fonctions plus complexes. Les sous-systèmes lents et rapides définissent une
architecture fonctionnelle permettant de nouvelles formes pour l‘inspiration d’analyse biologique.
Matériel et Méthode

Nous formulons les SFMs comme des unités fonctionnelles (voir le résumé de Huys). À
chaque instant, seulement un SFMs gouverne la dynamique
   (   ) = ∑ ξ (  )  (  ) 

où u est l’état du vecteur et fi est le champ vectoriel du ième SFM, F dénote le champ vectoriel
du SFM exprimé en fonction du temps t. ξi agissent comme le poids des coefficients pour le ième
SFM et opère généralement à une échelle temporelle plus lente que les SFMs (sauf pour des
transitions rapides entre des SFMs). Donc, ils sélectionnent séquentiellement une composante
particulière du flux fi (quand ξi = 1 et tous les autres ξi = 0, pour j ≠ i) pendant sa phase d’activation.
Les lents ξi suivent une dynamique autonome, souvent une séquence hétéroclinique avec une
compétition non-gagnant (‘winner-less’) [8], bien que d’autres options soient possibles (e.g., les
non-autonomes ξi (t) ou les compétitions synergétiques [6]). Ici, nous illustrons les principes d’une
architecture fonctionnelle au travers de l’exemple de l’écriture, où chaque caractère est modélisé
comme un SFM :
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mardi
matin
( ( )( )(
( ( ))
))
  =   −  −   −   − 





   (  ) ⇔   = −  +   − 


  =   (    )

  =                  
Où u=[x, y,
z] représente l’état du vecteur. x et− y obéissant
à la dynamique de l’excitateur
    >> 

  a,




  

    
 

(monostable ou 
cycle limite)
[11],
avec les
paramètres
y*0-3,
b et
k >>
1,
où le dernier
garantit la
  −  
séparation de l’échelle temporelle. fx (y, y) donne la forme de la lettre désirée dans l’espace de travail
de l’écriture (le plan s - y).
Résultats
La figure 1 démontre ‘‘l’écriture” du mot ‘‘flow” générée par l’architecture cognitive. Les flux
monostables sont utilisés pour générer les lettres ‘‘f”, ‘‘l” et ‘‘o” et le cycle limite pour la lettre ‘‘w”.
‘‘f” est initiée avec des conditions initiales appropriées, bien que le signal de contrôle déclenche un
cycle par stimulus pour les lettres ‘‘l” et ‘‘o”.
y
�
1-4
x
x
y
z
z
x
I
Figure 1 : Le mot ‘‘flow” est écrit par une architecture
fonctionnelle. (a) Trajectoire dans l’espace de travail de l’écriture, le
plan x - y (figure en haut à gauche). (b) Trajectoire dans l’espace de
phase (de l’état) tridimensionnel représenté par x, y et z (figure en bas
à gauche). (c) Séries temporelles sur les figures de droites du haut vers
le bas : dynamique séquentielle lente ξ1-4, sortie x, y et z, et signal de
contrôle I(t). Différents styles de lignes sont utilisés pour distinguer les
segments temporels lorsque différents flux sont exprimés.
-y
Discussion
Notre architecture fonctionnelle proposée ici postule l’existence d’un répertoire
comportemental composé de SFMs et une hiérarchie d’au moins deux séries de systèmes
dynamiques opérant à différentes échelles temporelles. Comme le système dynamique lent évolue
dans le temps, il active séquentiellement des sous-processus plus rapides via les SFMs. Le codage
des sous-processus en flux a l’avantage que toutes les propriétés de ces sous-processus peuvent
être comprises comme des moyens géométriques de la structure du flux. Cela ne permet pas
seulement une plus grande complexité dans les sous-processus (comme un comportement seuil,
multistabilité, etc.) mais fournit aussi un moyen pour des opérations quantitatives pertinentes
pour des opérations cognitives plus complexes comme la formation de catégories. La modélisation
des processus cognitifs plutôt que des états est pleinement compatible avec l’approche représentée
de la cognition, où des différents patrons de l’interaction homme-environnement formés par les
propriétés du corps humain, forment les unités de base du comportement.
Références
Newell, A. (1990). Unified theories of cognition. Harvard University Press Cambridge, MA, USA.
Carpenter, G. A., Grossberg, S. (1994). Adaptive Resonance Theory. Boston University, Center for Adaptive Systems
and Dept. of Cognitive and Neural Systems.
Sun, R., Alexandre, F. (1997). Connectionist-Symbolic Integration: From Unified to Hybrid Approaches.
Lawrence Erlbaum Associates.
Jirsa, V. K., Kelso, J. A. S. (2004). Coordination Dynamics: Issues and Trends. Springer.
Haken, H. (2004). Synergetics: Introduction and Advanced Topics. Springer.
Haken, H., Editor, (1991). Synergetic Computers and Cognition, Springer, Berlin.
Pillai, A.S. (2008). Structured flows on manifolds: Distributed functional architectures (http://purl.fcla.edu/
fau/77649). Ph.D. thesis, Florida Atlantic University.
Rabinovich, M., Huerta, R., Varona, P., Afraimovich, V.S. (2008). Transient cognitive dynamics, metastability, and
decision making. PLoS Computational Biology, 2008:4:e1000072.
Jirsa, V.K., Kelso, J.A.S. (2005). The excitator as a minimal model for the coordination dynamics of discrete and rhythmic
movement generation. Journal of Motor Behavior 37, 35–51.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Tuller, Betty (National science foundation, 4201 Wilson blvd, suite 995, Arlington va 22230).
Résumé
La communication sous-entend que celui qui parle et celui qui entend catégorisent identiquement un
processus dynamique par nature. La catégorisation et les transitions entre catégories se produisent sur
de nombreux niveaux, allant des segments de son à la syntaxe jusqu’à l’évolution temporelle du langage.
Nous proposons que la catégorisation des sons du langage se fait par des transitions entre attracteurs
dans un système dynamique. Ce système est structuré par le système phonologique natif, non pas comme
un système formel mais comme instancié chez chaque auditeur. L’apprentissage phonologique résulte
de l’émergence d’attracteurs dans le système dynamique existant. Des modèles non-linéaires validés à
partir des données empiriques, sont utilisés pour guider nos recherches.
mardi
matin
L’exploration du langage dans le cadre de la dynamique non linéaire
Introduction
La perception de la parole regorge de phénomènes non-linéaires dans les liens entre
l’acoustique et la perception permettant la communication stable malgré les variations acoustiques
entre orateurs, le bruit de fond etc. En outre, la gamme des signaux acoustiques perçus comme
équivalent est plus importante pour les sons parlés que pour les non parlés. Exemple : les premiers
sons dans « kit » et dans « key » sont généralement perçus identiques, mais le son global extrait de
« kit » et « key » forme une acoustique différente.
Le changement acoustique minimal détectable dans les segments de la parole n’est pas non
plus identique dans la gamme des paramètres acoustiques. Lorsque les stimuli parlés appartiennent
au même segment linguistique, les sujets ont des difficultés à les distinguer. Quand le changement
du paramètre acoustique est continu, la détection du changement est brusque à proximité des
bords des catégories d’une manière déterminée par les catégories linguistiques.
Ces non-linéarités permettent d’observer la nature des transitions entre les catégories. Notre
but est de mettre en évidence les conditions qui permettent l’émergence des catégories d’une façon
auto-organisée. Le comportement à l’approche des transitions révèle un processus de formation du
patron avec sa propre dynamique perceptuelle (multistabilité, perte de stabilité, etc.). L’objectif ici
est de caractériser la dynamique non linéaire de la perception du langage et d’analyser sa stabilité et
le changement de percepts. Ces percepts sont considérés comme des attracteurs, qui permettent la
discrétisation de l’espace perceptif associée à des catégories abstraites de perception.
Les premières expériences sur la mise en évidence d’une dynamique de la catégorisation
du discours ont utilisé l’acoustique comme paramètre de contrôle et montrent que l’hystérésis
(la tendance pour la réponse de l’auditeur à persister dans la séquence de stimuli) domine la
catégorisation. Cela implique que deux perceptions soient possibles pour une même propriété
acoustique (bistabilité). L’instabilité perceptive n’a augmenté que dans la région bistable lorsque
le niveau sonore était plus élevé. La variabilité augmente juste avant la transition et diminue
fortement après. Ces résultats ont été modélisés comme un système dynamique non linéaire avec
transition entre les catégories phonologiques (stables) provoquées par l’instabilité de l’attracteur
initial. Ce modèle a prédit la catégorisation perceptive de sujets natifs français et américains [1-2]
ce qui n’était pas prédictible par les théories précédentes.
Ce cadre théorique, et le statut particulier des transitions, peuvent-ils aider à comprendre
l’émergence de nouveaux attracteurs ? L’un des obstacles à l’apprentissage d’une autre langue à
l’âge adulte est que certains sons de la parole dans la langue cible qui ne se produisent pas dans la
langue maternelle sont difficiles à percevoir. Par exemple, les Japonais ont du mal à distinguer les
« r » et « l » en anglais. L’hypothèse ici est que la théorie des systèmes dynamique offre la possibilité
de montrer comment les sujets apprennent à percevoir un son exprimé dans une langue non
maternelle.
Matériel et Méthode
Des sujets monolingues de langue maternelle américaine avaient appris à percevoir la
différence entre la consonne sonore /d/ alvéolaire occlusive et la consonne sonore /d/ dentale
occlusive [3]. Ces sons sont perçus comme équivalent en anglais, alors qu’ils sont distincts dans
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mardi
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d’autres langues (ex : le Malayalam, une langue d’Inde). Les sujets étaient entraînés à détecter la
différence de sons en écoutant des natifs Malayalam prononcer des mots contenant soit le son /d/
ou le son /d/ pendant une heure par jour pendant 15 jours. Au cours de chaque session, ils devaient
signaler si le mot entendu possédait le /d/ anglais ou le /d/ étranger. Un retour sur leur performance
leur était donné.
Un continuum de 11 sons de synthèse allant du /d/ anglais au /d/ étranger a été construit et
utilisé pour tester si les sujets avaient appris la distinction entre les sons et comment l’apprentissage
de la distinction s’était déroulé au cours des 15 jours. Les sujets rapportaient la différence entre
deux stimuli voisins avant la première session d’apprentissage, au cours de chaque session, et après
la dernière session. Cette différence était utilisée pour déterminer la déformation (le cas échéant)
des changements dans la composition linéaire acoustique des stimuli dans l’espace « perceptif » et
si l’arrangement de stimuli dans cet espace changeait au cours de l’apprentissage. La matrice des
différences perçues a été utilisée pour étudier l’évolution de la structure de l’espace perceptif dans
le temps.
Résultats et Discussion
Les résultats montrent qu’il existe un mode basé sur l’apprentissage d’une catégorie
phonologique et un autre basé sur un accroissement de la sensibilité aux différences acoustiques.
Seuls les apprenants phonologiques correspondent à une modification auto-organisée de l’espace
perceptif dans lequel une bifurcation crée un point d’attraction supplémentaire correspondant à
l’apprentissage d’une nouvelle catégorie.
La théorie des systèmes dynamiques offre un cadre théorique adapté pour comprendre
comment les auditeurs identifient les différentes catégories de sons parlés, leur transition ainsi
que l’apprentissage de nouvelles catégories. La stabilité relative des attracteurs est fondamentale
dans cette approche. Les propriétés acoustiques, la fréquence d’occurrence des catégories
perçues, la trajectoire des sons perçus dans l’espace sonore, l’entraînement, etc. sont des facteurs
pouvant affecter la stabilité relative des catégories et provoquer des phénomènes caractéristiques
des systèmes dynamiques. Ces outils théoriques et méthodologiques peuvent être utilisés pour
identifier les principes fondamentaux de la catégorisation du langage, reliant les changements
qui surviennent de façon individuelle chez chaque sujet et ceux qui modifient, dans le temps, la
structure globale des langues elles-mêmes.
Références
Nguyen, N., Lancia, L., Bergounioux, M., Wauquier-Gravelines, S., Tuller, B. (2005). Role of training and short-term
context effects in the identification of /s/ and /st/ in French. In V. Hazan and P. Iverson eds. ISCA Workshop
PSP2005, A38–39. London, UK.
Tuller, B., Case, P., Ding, M., Kelso, J.A.S. (1994). The nonlinear dynamics of speech categorization. Journal of
Experimental Psychology: Human Perception & Performance, 20,1‑14.
Tuller, B., Jantzen, M.G., Jirsa, V. (2008). À dynamical approach to speech categorization: Two routes to learning. New
Ideas in Psychology, 26,208-226.
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Symposium-La cognition multimodale :
les indices sensori-moteurs
dans la récupération mnésique
Organisation de la session :
mardi
matin
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Versace, Rémy (Université Lyon 2), Brouillet, Denis (Université Montpellier 3).
Chewing-gum et effet de dépendance de la mémoire au contexte : une perspective
incorporée
Heurley, Loïc (Université Montpellier 3), Brouillet, Denis (Université Montpellier 3).
Activation, interaction et intégration multisensorielles en catégorisation et
reconnaissance
Vallet, Guillaume (Université Lyon 2), Lesourd, Mathieu (Université Lyon 2), Versace, Rémy (Université
Lyon 2).
Cognition multimodale : traitement spatial de type egocentré avec mise à jour et
accès à un état de conscience autonöétique
Gomez, Alice (Université Grenoble 2), Rousset, Stéphane (Université Grenoble 2), Baciu, Monica
(Université Grenoble 2).
Résumé
Il est maintenant admis que les connaissances émergent de la réactivation de traces mnésiques
d’expériences passées gardant la marque des situations dans lesquelles elle se sont élaborées. Des
données issues de la psychologie cognitive, des neurosciences, mais aussi de la neuropsychologie,
semblent montrer que les traces mnésiques reflètent l’ensemble des composants des expériences de
l’individu (composants sensoriels, moteurs, émotionnels…). Ainsi, les connaissances, et plus largement
le fonctionnement cognitif, émergent de mécanismes d’activation, intégration, et synchronisation
multimodales impliquant de multiples zones du cerveau (voir les perspectives cognition « située » et
cognition « incarnée »). L’objectif de ce symposium sera de présenter des travaux démontrant le rôle
essentiel de ces mécanismes dans la cognition humaine, en nous centrant plus particulièrement sur le
rôle des indices sensori-moteurs dans la récupération mnésique.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
mardi
matin
Chewing-gum et effet de dépendance de la mémoire au contexte :
une perspective incorporée
Heurley, Loïc (Université Montpellier 3), Brouillet, Denis (Université Montpellier 3).
Résumé
Mâcher un chewing-gum en apprentissage et en récupération améliore les performances de rappel.
Néanmoins, certains travaux ne répliquent pas ce résultat en rappel immédiat. Notre hypothèse est
que l’inconsistance de cet effet peut être liée au matériel verbal utilisé. Dans notre expérience, les mots
à restituer en rappel immédiat impliquent de simuler la mastication (e.g., viande) ou non (e.g., ballon).
Les résultats montrent que mâcher un chewing-gum favorise les performances de rappel immédiat
uniquement pour les mots qui entretiennent un lien avec l’action de mastiquer. Nous discutons ces
résultats aux regards des théories de la cognition incarnée.
Introduction
Appliqué à la mémoire, la conception incorporée de la cognition (Barsalou, 1999) permet
de mettre en évidence le rôle de l’activité motrice sur les performances mnésiques d’un individu.
Un exemple d’un tel phénomène a été apporté par Wilkinson, Scholey et Wesnes (2002). Afin
de mettre à l’épreuve l’hypothèse selon laquelle la mastication d’un chewing-gum influence nos
capacités mnésiques, les participants avaient pour consigne, de mastiquer un chewing-gum
constamment et naturellement durant la phase d’apprentissage et de rappel. Qu’il y ait un délai ou
non entre la phase d’apprentissage et celle de rappel, les participants qui mâchaient un chewinggum rappelaient plus de mots que ceux qui ne mâchaient pas de chewing-gum.
Cependant, dans ces expériences les participants mâchent un chewing-gum à l’apprentissage
ainsi qu’à la récupération. Dès lors, Baker, Bezance, Zellaby et Aggleton (2004) ont émis l’hypothèse
que cette amélioration des performances peut être envisagée comme « un effet de dépendance au
contexte » (Smith & Vela, 2001). Baker et al. (2004) ont validé cette hypothèse : les participants
qui mâchent un chewing-gum lors de l’apprentissage et lors de la récupération, obtiennent de
meilleures performances à une tâche de rappel, par rapport aux participants qui mâchent un
chewing-gum seulement à l’apprentissage ou seulement à la récupération. Mais, ce résultat n’est
obtenu que lorsque le délai entre apprentissage et rappel est de 24 heures, et non lorsque le rappel
est immédiat. Néanmoins, Miles, Charig et Eva (2008) ont obtenu l’effet en rappel immédiat en
favorisant le stockage des items directement en mémoire à long-terme.
Dans ce travail, nous nous proposons de rendre compte de l’effet de dépendance au contexte,
observé par Miles et al. (2008), en nous appuyant sur la théorie incorporée du langage (Barsalou,
2008). Lorsqu’un participant lit la phrase « il ferme le tiroir », il simule spontanément l’action
correspondante à une telle activité : « tendre le bras ». Ainsi, la lecture d’un matériel verbal induit
des processus procéduraux analogues à ceux mis en jeu lors de notre interaction réelle avec l’objet
(Glenberg & Kaschak, 2002).
Par conséquent, il nous a semblé pertinent de considérer le lien qui pouvait exister entre
l’activité de mastiquer un chewing-gum et l’action simulée à la lecture des mots à apprendre (Scorolli
& Borghi, 2007 ; Tettamanti et al., 2005). Dès lors que ce lien est manipulé expérimentalement,
nous nous attendons à ce que les performances mnésiques, à une tâche de rappel immédiat, soient
plus élevées lorsque l’action à réaliser (mastiquer un chewing-gum) est similaire à l’action simulée
à la lecture des mots à apprendre (e.g., PAIN, STEAK, ou encore GATEAU).
Matériel et expérience
Participants. Cent vingt étudiants (dont 100 filles) de l’Université Paul Valéry (Montpellier,
France) dont l’âge moyen du groupe est de 21 ans (s = 2).
Matériels. Dix mots sans lien avec l’activité de mâcher ont été sélectionnés (i.e., ballon, chaise),
puis dix mots en relation avec l’action de mastiquer un (i.e., viande, vache). Ce choix a été réalisé
par l’expérimentateur lui-même et validé auprès de 5 juges, le critère utilisé était l’existence d’un
rapport avec l’action de mastiquer (e.g., la viande nous la mâchons ; la vache est un ruminant).
Nous avons utilisé des chewing-gums Freedent® Tabs™ à la menthe verte, sans sucre, de la marque
Wrigley’s.
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Procédure. L’expérience a consisté à faire apprendre une liste de mots à des participants qu’ils
devront rappeler sans délai. Les participants devront mâcher un chewing-gum à l’apprentissage
et à la récupération (i.e., groupe GUM) ou ne devront pas mâcher de chewing-gum du tout (i.e.,
groupe NO GUM). Cependant, une liste de mots entretiendra un lien avec l’action de mâcher (i.e.,
liste CHEW) et l’autre non (i.e., liste NO CHEW).
Chaque participant voyait défiler, les uns après les autres, quatorze mots durant une seconde
chacun (ISI = 1 seconde). Parmi ces 14 mots, les deux premiers étaient du remplissage, ainsi que les
deux derniers pour contrôler les effets d’antériorité et de récence. Ensuite, lors de la phase test, le
rappel se faisait par écrit. Pour les participants des groupes qui devaient mastiquer, le chewing-gum
leur était fourni quelques secondes avant que la phase d’apprentissage ne commence.
Attentes. Nous nous attendons à des performances de rappel plus élevées pour le « groupe
GUM » par rapport au « groupe NO GUM » dans la condition où ils ont dû apprendre des
mots en lien avec l’action à réalisée (i.e., liste CHEW), et aucun effet lorsque les mots de la liste
n’entretiennent aucun lien avec l’action (i.e., liste NO CHEW). Autrement dit, nous nous attendons
à une interaction entre la variable type d’action (groupe GUM vs. groupe NO GUM) et la variable
type de mots (liste CHEW vs. liste NO CHEW).
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matin
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Résultats et discussion
L’analyse de variance a révélé un effet d’interaction. Les participants qui effectuent l’activité
motrice consistant à mâcher un chewing-gum, rappellent plus de mots en lien avec l’action de
mastiquer, tels que viande ou vache, par rapport à des mots sans lien avec cette action, tels que
ballon. À l’inverse, les participants passifs ne rappellent significativement pas plus de mots en lien
avec l’action que ceux sans lien.
Cette expérience met en exergue le rôle bénéfique de l’activité motrice sur nos capacités à nous
remémorer les connaissances qui sont en lien avec cette activité. Les conséquences de ce travail,
pour l’étude de la mémoire, sont importantes. Les données que nous avons obtenues remettent
en question le postulat que les processus mnésiques sont seulement dépendants des processus
perceptifs et conceptuels. Par ailleurs, l’adoption d’une perspective incorporée amène à se poser la
question de l’interaction entre le langage et les processus sensorimoteurs, interaction ignorée dans
la perspective computo-symbolique de la cognition.
Références
Baker, J. R., Bezance, J. B., Zellaby, E., Aggleton, J. P. (2004). Chewing-gum can Produce Context-Dependent Effects
upon Memory. Appetite, 43, 207-210.
Barsalou, L. W. (2008). Grounded Cognition. Annual Review of Psychology, 59, 617-645.
Glenberg, A. M., Kaschak, M. P. (2002). Grounding Language in Action. Psychonomic Bulletin & Review, 9, 558-565.
Miles, C., Charig, R., Eva, H. (2008). Chewing-gum as Context: Effects in Long-Term Memory. Journal of Behavioral and
Neuroscience Research, 6, 1-5.
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mardi
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Activation, interaction et intégration multisensorielles en
catégorisation et reconnaissance
Vallet, Guillaume (Université Lyon 2), Lesourd, Mathieu (Université Lyon 2), Versace, Rémy (Université
Lyon 2).
Résumé
L’objectif de ces travaux est de démontrer la spécificité des activations multi-sensorielles en mémoire,
et d’éclairer leur rôle dans l’émergence de connaissances catégorielles et dans la récupération explicite.
Trois expériences sont décrites. Dans les deux premières, nous utilisons un paradigme d’amorçage intersensoriel avec des items familiers bimodaux (son-image). La première expérience comprend une phase
d’étude suivie d’une phase test. L’amorçage était testé en visuel-auditif (24 participants) ou en auditifvisuel (24 participants). L’expérience 2 utilise une version à court terme du paradigme (24 participants).
Les résultats des deux expériences montrent un effet d’amorçage inter-sensoriel visuel-auditif et
auditif-visuel, sauf lorsque l’amorce est présentée avec un masque lors de la phase d’encodage (bruit
blanc pour les amorces visuelles et masque visuel pour les amorces auditives). La troisième expérience
comprenait une phase d’encodage suivie d’une phase test consistant en une épreuve de reconnaissance
ou de catégorisation. Lors de l’encodage, les participants devaient catégoriser (vivant/non vivants) 42
images d’objets ou d’animaux présentées seules, simultanément avec le son correspondant, ou avec un
bruit-blanc. En reconnaissance comme en catégorisation, les performances sont supérieures pour les
items anciens encodés en bimodal (visuel/auditif) que pour les items encodés en visuel seul, qu’ils aient
été masqués et non.
Introduction
La plupart des travaux étudiant l’aspect multimodal de nos connaissances ont pu montrer
régulièrement que l’activation d’une modalité d’une connaissance pouvait activer les autres
modalités associées (e.g., Brunel et al., 2009 et sous presse). Toutefois, la spécificité de cette activation
aux items impliqués est plus rarement rapportée et le rôle de ces activations multimodales dans
l’efficacité des mécanismes mnésiques est loin d’être clair. L’objectif de cette série de travaux sera
alors à la fois de démontrer la spécificité des activations multimodales, et d’éclairer le rôle qu’elles
jouent dans l’émergence de connaissances catégorielles et dans la récupération explicite. Trois
expériences seront décrites.
Expériences 1 et 2
Dans les deux premières expériences, nous avons utilisé un paradigme d’amorçage intersensoriel avec des items familiers bimodaux (son-image). L’originalité et la force de ce paradigme
résident dans l’ajout d’un masque perceptif lors de la présentation des amorces. Il faut noter que
ce masque est dans la modalité de la cible et non dans celle l’amorce (par ex., masque visuel lors
d’amorces sonores).
La première expérience (voir Vallet et al., sous presse) définie une phase d’étude (amorces)
suivie d’une phase test (cibles). L’amorçage a été testé dans les deux sens possibles depuis la modalité
visuelle vers celle auditive (24 participants) puis de celle auditive vers celle visuelle (24 participants).
Les résultats permettent de démontrer un effet d’amorçage inter-sensoriel, et ce, dans les deux sens
de l’amorçage. Toutefois, le principal résultat provient des items dont un masque a été associé à
l’amorce lors de la phase d’étude. Dans ce cas, il n’y pas plus d’effet d’amorçage. Autrement dit,
les items masqués sont traités de manières similaires à ceux nouveaux (pas d’amorce). Cet effet
du masque indiquerait que lors de la présentation de l’amorce (par ex. le rugissement du lion), le
traitement sensoriel d’un autre objet, le masque, est venu interférer avec l’activation automatique
de la représentation visuelle associée (ici l’image du lion). Ce résultat est d’autant plus remarquable
que lors de la phase d’amorçage, il n’existe pas de différence significative entre les items masqués
et ceux non masqués.
L’expérience L’Expérience 2 utilise une version à court terme (SOA = 1500 ms) du paradigme
avec des amorces auditives masquées ou non masquées visuellement et des cibles visuelles.
Le fait que la cible soit immédiatement précédée de l’amorce définit une condition congruente
(l’amorce = la cible), non congruente (l’amorce ¹ de la cible) ainsi qu’une condition invalide
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(l’amorce appartient à une catégorie différente de la cible ; non traité ici). Les résultats montrent
encore une fois un effet d’amorçage pour les items non masqués, mais pas pour les items masqués
dans la condition valide seulement. Cette interaction démontre bien que le masque a eu un effet
sur l’activation d’une dimension sensoriel en mémoire et non pas un effet attentionnel sur la
présentation de l’amorce. Ainsi, la perception et la mémoire seraient très liées. Ces deux premières
expériences montrent donc bien que les traces mnésiques conservent les propriétés sensorielles
spécifiques des objets, qu’il s’agit bien d’un codage sensoriel et non pas abstrait des propriétés des
objets, et que le poids de ces propriétés dans la trace peut être renforcer de manière indirecte par
des activations intermodales.
mardi
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Expériences 3
La troisième expérience avait pour objectif d’étudier le rôle spécifique de ces activations
et interactions multimodales dans l’émergence de connaissances sémantiques et épisodiques.
Elle comprenait une phase d’encodage suivie d’un phase test. Lors de la phase d’encodage, les
participants devaient catégoriser (vivant/non vivants) 42 images d’objets ou d’animaux (idem exp.
1 et 2). Un tiers de ces images étaient présentées seules, un tiers étaient présentés simultanément
avec le son habituellement associé à l’item (image d’un lion et rugissement d’un lion), un tiers
étaient présentées avec un masque auditif (un bruit-blanc). Lors de la phase test, la moitié des
participants étaient invités à reconnaître parmi une série d’images, les images déjà vues lors de
l’encodage, et l’autre moitié des participants devaient catégoriser ces mêmes images de la même
manière que lors de l’encodage (vivant/non vivant). Les 42 images présentées lors de l’encodage
étaient présentées en test avec autant d’images nouvelles.
Les résultats montrent que, en reconnaissance comme en catégorisation, des performances
supérieures pour les items anciens encodés en bimodal (visuel/auditif) par rapport aux
items encodés en visuels seul, qu’ils aient été masqués et non, ces derniers ne différant pas
significativement. Toutefois, en reconnaissance, en dissociant par sujet les réponses rapides des
réponses lentes, nous constatons que pour les réponses rapides, la reconnaissance est meilleure
pour les items encodés en visuel seul sans masque auditif que pour les items encodés en visuel seul
avec un masque auditif. Les résultats de ces 3 expériences seront discutés en termes d’activation
et l’intégration de composants sensoriels, en essayant de préciser les mécanismes communs et les
mécanismes spécifiques à la récupération implicite et explicite en mémoire.
Références
Brunel, L. , Labeye, E, Lesourd, M., & Versace, R. (2009). The sensory nature of knowledge: Sensory priming effects due to
memory traces activation. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, 35, 1081-1088.
Brunel, L., Lesourd, M., Labeye, E. & Versace, R. (sous presse). The sensory nature of knowledge: sensory priming effects
in semantic categorisation. Quarterly Journal of Experimental Psychology.
Vallet, G., Brunel, L. & Versace, R. (sous presse). The Perceptual Nature of the Cross-modal Priming: Arguments in
Favour of Sensory-Based Memory Conception. Experimental Psychology.
Versace, R., Labeye, E., Badard, G. & Rose, M. (2009). The contents of long-term memory and the emergence of
knowledge. European Journal of Cognitive Psychology, 21, 522-560.
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mardi
matin
Cognition multimodale : traitement spatial de type egocentré avec
mise à jour et accès à un état de conscience autonöétique
Gomez, Alice (Université Grenoble 2), Rousset, Stéphane (Université Grenoble 2), Baciu, Monica
(Université Grenoble 2).
Résumé
Nous avons d’abord comparé les performances de mémoire épisodique (rappel et reconnaissance)
de mots appris pendant deux tâches spatiales contextuelles maximisant un traitement spatial
allocentré ou Egocentré avec mise à jour. Les résultats comportementaux indiquent que maximiser le
traitement Egocentré avec mise à jour durant l’apprentissage améliore les performances épisodiques,
particulièrement pour les réponses de type autonoétique. L’étude IRMf complémentaire indique
elle que les mots appris en maximisant ce traitement spatial activent d’avantage, le réseau cérébral
correspondant au « Default Mode », et à la représentation mentale de soi. L’ensemble de ces résultats
suggèrent un rôle particulier de ce traitement spatial dans la mémoire épisodique lié au sentiment de
conscience de soi.
Introduction
De nombreuses modélisations proposent que la mémoire épisodique et la mémoire spatiale
sont intimement reliées. Généralement, on distingue 2 types de traitements spatiaux durant
l’apprentissage: ceux qui prennent comme référence le corps de l’observateur, dit « Egocentré », et
ceux qui sont indépendant de la localisation de l’observateur, dit « Allocentré ».
Les représentations de l’espace dites égocentrées proviennent directement des systèmes
perceptifs et sont utilisés par les effecteurs impliqués dans l’action. Mais leur centre de référence leur
confère une rigidité qui ne leur permet pas de rendre compte des déplacements de l’observateur.
Cette limitation a rapidement compromis leur théorisation en lien avec la mémoire épisodique. Au
contraire, la représentation allocentré permettrait de tenir compte de ces déplacements puisqu’elle
définit la relation entre chacun des objets.
Le modèle de Nadel et Moscovitch (1998) est fondé sur cette représentation, et propose de
plus des correspondances anatomiques. Les éléments non spatiaux d’un épisode seraient stockés
au niveau du néocortex sous forme sémantisé (i.e. concept) et spécifique à la modalité d’entrée
(visuelle, auditif…). La représentation spatiale allocentrée stockée dans l’hippocampe permettrait
de relier ces différents éléments non spatiaux en un épisode.
Cependant, ce modèle peine à rendre compte du fait qu’un souvenir est vécu puis revécu
depuis un point de vue égocentré (e.g. Crawley & French, 2005). Burgess et collaborateurs (2001)
résolvent ce problème en conservant la notion de référentiel allocentré. Pour cela, ils supposent
que le rôle de l’hippocampe dans la récupération épisodique est dû à la capacité à transformer la
perception égocentré en une mémoire allocentré. Pour récupérer un souvenir ou pour imaginer un
événement, le système de transformation effectuerait le processus inverse: construire un point de
vue égocentré à partir d’une information stockée en mémoire sous forme allocentré.
Cependant, un troisième type de codage spatial a récemment été proposé. Le cadre de
référence « Egocentré avec mise à jour automatique » (Farrell, 1998) serait centré sur l’observateur,
caractéristiques du référentiel égocentrée, mais permettrait de tenir compte des déplacements et de
faire une mise à jour automatique. Ce référentiel permettrait donc de sous-tendre le fonctionnement
de la mémoire par sa flexibilité, tout en conservant les informations sensori-motrices pouvant être
porteuse de sens pour l’accès à un état de conscience autonoetique.
Nous avons évalué si l’utilisation d’un référentiel allocentré durant l’encodage d’un événement
avait une influence différente d’un encodage Egocentré avec mise à jour automatique sur la
récupération subséquente en mémoire épisodique.
Études Expérimentales
Le principe général des expérimentations repose sur l’apprentissage de mots dans le contexte
de tâche spatiale maximisant soit le traitement Allocentré, soit le traitement Egocentré avec
mise à jour. À l’apprentissage chaque essai comporte quatre parties: Une présentation d’un film
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correspondant à un environnement spatial pendant 20s, la présentation du mot à mémoriser, le
test spatial sur l’environnement, et le rappel du mot.
Six heures après l’apprentissage des mots, chaque individu est amené à réaliser un test de
rappel et de reconnaissance des mots. Le rappel et la reconnaissance sont associés à une tâche de
« Remember-Know-guess », afin d’évaluer l’accès à un état de conscience autonoetique.
Les résultats comportementaux indiquent que maximiser la navigation améliore les
performances à long terme en rappel et en reconnaissance et ce plus spécifiquement pour les
réponses de type « Remember ». L’étude IRMf correspondante met en relief des activations plus
importantes pour les mots qui ont été appris en maximisant le traitement « Egocentré avec mise à
jour », sans effet dans le contraste inverse. Ces activations sont observées dans les réseaux cérébraux
impliqués dans le « Default mode », et de la représentation mentale de soi, réseaux qui sont de bons
candidats pour supporter la conscience autonoëtique.
mardi
matin
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Discussion
Ces résultats indiquent qu’une dimension perceptivo-motrice spécifique, le traitement spatial
de type Egocentré avec mise à jour, contribue au caractère autonoétique des souvenirs épisodiques.
La contribution de ce traitement est mise en évidence comportementalement, et est étayée par des
indices congruents obtenus au niveau cérébral. Cette supériorité sur le traitement allocentré n’est
pas conforme au modèle modal supposant que le seul rôle du traitement spatial est de constituer
un cadre allocentrique permettant de relier les différents éléments d’un épisode en une trace
contextualisée.
Les résultats sont en revanche compatibles avec deux interprétations. Selon la première, dans
la lignée du modèle de Burgess (2001), le traitement Egocentré avec mise à jour pourrait faciliter
la recréation de points de vue égocentrés spécifiques à partir du système allocentré. Le traitement
Egocentré avec mise à jour favoriserait la mémorisation du processus de transformation,
mémorisation cruciale pour distinguer un souvenir épisodique réel d’une production imaginaire.
Pour la seconde conception, l’information perceptivo-motrice du traitement Egocentré avec mise
à jour existerait en mémoire sans transformation. La conscience autonoétique pourrait alors être
dépendante de la recréation de cette information. Elle correspondrait à une sensation d’insertion
du sujet dans un environnement qui n’est pas l’actuel, ou autrement dit à un réel voyage mental du
sujet dans le passé selon Tulving.
Le point commun de ces deux conceptions est qu’elles mettent en avant le rôle d’indices
dépendant du traitement perceptivo-moteur pour le souvenir épisodique, par la reconstruction
d’un point de vue égocentré spécifique et/ou l’évocation d’information perceptivo-motrice
Egocentré avec mise à jour.
Références
Burgess, N., Becker, S., King, J. A., & O’Keefe, J. (2001). Memory for events and their spatial context: models and
experiments. Philosophical Transcript of the Royal Society 356(1413), 1493-1503.
Farrell, M. J., & Robertson, I. H. (1998). Mental Rotation and the Automatic Updating of Body-centered Spatial
Relationships. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, 24(1), 227-233.
Nadel, L., & Moscovitch, M. (1998). Hippocampal contributions to cortical plasticity. Neuropharmacology, 37(4-5), 431439.
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mardi
matin
Symposium-Stress et Situations Ordinaires :
Regards Croisés
Organisation de la session :
Battaglia, Nicole (L.p.a Université de Reims & IUT b Lille3), Berjot, Sophie (L.p.a Université de Reims &
URECA-Université Lille Nord de France), Roland-Lévy, Christine (Laboratoire de psychologie appliquée,
Université de Reims Champagne-Ardenne).
Introduction du symposium stress et situations ordinaires : regards croisés
Battaglia, Nicole (Laboratoire de psychologie appliquée Université de Reims & IUT b Université Lille Nord
de France), Berjot, Sophie (Laboratoire de psychologie appliquée de l’Université de Reims ChampagneArdenne), Roland-Lévy, Christine (Laboratoire de psychologie appliquée, Université de Reims
Champagne-Ardenne).
Face à la vie, toute la vie, rien que la vie : arguments pour un réexamen de la
structure du faire-face et de ses méthodes d’évaluation.
Girault-Lidvan, Noëlle (Laboratoire de psychopathologie et processus de santé, Université Paris Descartes).
Stigmatisation et discrimination : stress ordinaire ou extraordinaire ?
Berjot, Sophie (L.p.a Université de Reims & Université Reims Champagne-Ardenne), Girault-Lidvan,
Noëlle (Laboratoire de psychopathologie et processus de santé, Université Paris Descartes), Battaglia,
Nicole (L.p.a Université de Reims & IUT b Université Lille Nord de France).
Les interférences « vie au travail - vie privée » chez les chirurgiens-dentistes :
leurs relations avec l’épuisement professionnel et la satisfaction au travail
Mouda, Farida (Laboratoire psy-nca & département de psychologie, Université de Rouen), Gana, Kamel
(Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie », Université de Bordeaux 2), Trouillet, Raphaël
(Laboratoire epsylon, Université de Montpellier), Fort, Isabelle (Centre psyclé, Université de Provence),
Lourel, Marcel (Laboratoire psy-nca Université de Rouen).
Situations ordinaires - stress ordinaire – addictions ordinaires…
Battaglia, Nicole (Laboratoire de psychologie appliquée Université de Reims & IUT b Lille3), Décamps,
Greg (Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie », Université Bordeaux 2), Bruchon-Schweitzer,
Marilou (Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie », Université Bordeaux 2), Boujut, Émilie
(Laboratoire de psychopathologie et processus de santé, Université Paris Descartes).
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Introduction du symposium stress et situations ordinaires : regards
croisés
Battaglia, Nicole (Laboratoire de psychologie appliquée université de Reims & iut b de l’université de
Lille3), Berjot, Sophie (Laboratoire de psychologie appliquée de l’université de Reims ChampagneArdenne), Roland-Lévy, Christine (Laboratoire de psychologie appliquée, université de Reims ChampagneArdenne).
mardi
matin
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Brève Communication Introductive
Depuis les travaux princeps de Lazarus et de ses collaborateurs (Lazarus, R., 1984 ; Lazarus,
R.,1991), la nécessaire prise en considération de la dynamique transactionnelle et processuelle
du stress s’est imposée dans la littérature (Bruchon-Schweitzer, 2002). Cette conception
dynamique du processus de transaction, ce souci d’articulation entre le « psychologique » et le
social, l’incidence présupposée de variables psychologiques et psychosociales sur l’évaluation de
situations potentiellement stressantes, les options de faire-face et l’ajustement social possibles ont
orienté les travaux actuels vers l’étude plus approfondie des déterminants, des processus et des
conséquents du stress chez la personne ordinaire en situation quotidienne (Lassarre, D., 2002).
Cette intervention introductive consistera à présenter d’une part, l’évolution des
« représentations expertes » de la notion de stress en situation ordinaire dans la littérature en
psychologie et, d’autre part, les communications présentées dans le cadre de ce symposium.
Les travaux réunis dans le cadre de cette session thématique sont théoriques ou empiriques ,
relèvent de la psychologie sociale et/ou du champ de la psychologie de la santé et posent, d’une part,
la question de la pertinence des méthodologies employées dans le cadre des recherches sur le stress
et l’ajustement tout en soulevant, d’autre part, de nouveaux questionnements spécifiques à l’étude
de ces processus en situations ordinaires.
Ces travaux se proposent de : 1. contribuer à éclaircir certains composants du construit
de Stress (enjeux, évaluation cognitive primaire, faire-face) tant du point de vue de leurs
conceptualisations que de leur opérationnalisation (Noëlle Girault-Lidvan « Face à la vie,
toute la vie, rien que la vie : arguments pour un réexamen de la structure du faire-face et de ses
méthodes d’évaluation ». Sophie Berjot et al. « Stigmatisation et discrimination : stress ordinaire
ou extraordinaire ? ») et, 2. mettre en évidence les liens pouvant unir la psychologie du Stress, ses
corrélats psychologiques et sociaux et, leurs incidences sur la qualité de vie et l’état de santé des
personnes (Farida Mouda et al. « Les interférences « vie au travail - vie privée » chez les chirurgiensdentistes : leurs relations avec l’épuisement professionnel et la satisfaction au travail » ; Nicole
Battaglia & al. « Situations Ordinaires - Stress ordinaire – Addictions Ordinaires… ».
Enfin, au fil des exposés, les résultats des travaux présentés inviteront également à proposer
des applications de terrain en matière de prise en soin sociale et/ou en matière de santé.
Références
Bruchon-Schweitzer, M. (2002). Psychologie de la santé: modèles, concepts et méthodes. Paris : Dunod.
Lassarre, D. (Ed.) (2002), Stress et société. Presses Universitaires de Reims.
Lazarus, R. (1984). Puzzles in the study of daily hassles. Journal of Behavioral Medicine, 7(4), 375-389.
Lazarus, R. (1991). Emotion and adaptation. New York: Oxford University Press.
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Face à la vie, toute la vie, rien que la vie : arguments pour
un réexamen de la structure du faire-face et de ses méthodes
d’évaluation.
Girault-Lidvan, Noëlle (Laboratoire de psychopathologie et processus de santé, université Paris Descartes).
Résumé
Depuis l’apparition du concept de « coping », les méthodes pour l’évaluer se sont développées de
façon considérable, et dans des directions diverses. Ces méthodes se fondent essentiellement sur trois
dimensions des stratégies de faire-face : « centrées sur le problème/centrées sur l’émotion », « approche/
évitement », « cognitives/comportementales ». Or il ressort de l’ensemble des recherches que les stratégies
ainsi évaluées sont, soit trop générales, soit trop spécifiques pour rendre compte de la complexité du
processus de transaction, et pour être réellement prédictives de l’ajustement final. Dans une démarche
de mise en question des typologies et catégorisations diverses qui fondent la mesure du faire-face, nous
proposons d’examiner les apports des méthodes qui, à partir de la notion de stresseurs quotidiens, se
centrent sur l’enregistrement au jour le jour des réponses apportées aux événements quotidiens ressentis
comme problématiques.
Communication
Depuis son apparition, le concept de « coping » est apparu comme un élément fondamental
pour la compréhension de la façon dont des événements perçus comme stressants peuvent affecter
le fonctionnement des individus à court et à long terme, à l’occasion des événements les plus forts
aussi bien que les plus quotidiens de leur vie. Or force est de constater que 30 ans de recherches ne
permettent pas à ce jour à la communauté scientifique de s’accorder, tant sur la conceptualisation
que sur la mesure des modes de faire-face. Notre objectif est ici de faire le point sur deux problèmes
essentiels soulevés par la recherche sur le faire-face : celui de la structure du « coping », et celui des
méthodes d’évaluation des stratégies.
La structure, quelle structure ?
S’il est un point sur lequel l’accord se fait entre chercheurs, c’est celui de la multi-dimensionnalité
du concept de coping, qui apparaît au moment de sa définition même. Elle ressort clairement des
travaux fondateurs de Lazarus et de ses collaborateurs ( Lazarus, 1966 ; Lazarus, Averill, et Opton,
1974), et ne cessera par la suite d’être soulignée par de multiples auteurs (Pearlin et Schooler, 1978 ;
Carver, Scheier et Weintraub, 1989). Mais cette multi-dimensionnalité va rapidement s’exprimer
au travers de la définition de structures différentes, dont les principaux inconvénients sont qu’elles
ne sont pas conceptuellement claires, et que les stratégies qu’elles permettent de définir ne sont pas
exclusives les unes des autres.
En amont de ce constat de multidimensionnalité, le problème central réside dans le fait que la
notion de coping recouvre tout l’espace conceptuel entre les instances concrètes de l’expression du
faire-face et les processus adaptatifs dans leur globalité. Dès lors il apparaît essentiel d’établir « un
ensemble complet et cohérent de catégories de niveau intermédiaire », qui soit à même d’organiser
« les innombrables réponses très personnelles et spécifiques des situations au regard de leur
fonction dans la médiation des effets du stress » (Skinner, Edge, Altman et Sherwood, 2003, p. 217).
La première partie de notre intervention est donc consacrée au réexamen de la question de
la structure du coping en tant qu’elle constitue une étape essentielle pour l’étude de son rôle dans
l’ajustement des individus.
À la recherche de la méthode
La méthode idéale n’existe pas. C’est le constat auquel semblent pousser les innombrables
tentatives réalisées dans le but d’élaborer la méthode qui permettra de rendre compte de relations
spécifiques entre certaines situations perçues comme stressantes et certains critères d’ajustement,
tout en ayant des qualités suffisantes pour autoriser une généralisation (même relative) de son
usage.
Mais structure et mesure sont indissociablement liées. Car ce constat, qui renvoie à la
question abordée plus haut de la définition d’une structure cohérente organisant des catégories
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subordonnées (qui rendent compte de comportements de faire-face hautement spécifiques)
en catégories de niveau intermédiaire et en catégories supra-ordonnées, implique avant tout de
répondre à un obstacle majeur. C’est celui du foisonnement des méthodes d’évaluation, qui vont
de l’observation directe à l’inventaire de comportements définis à partir de conceptions théoriques
et/ou de l’analyse factorielle de comportements auto-rapportés, rendu plus complexe encore
par la variété des domaines, des types de stresseurs et des populations relativement auxquels ces
méthodes ont été définies.
Ainsi, les méthodes destinées à évaluer le coping se sont développées dans des directions
diverses, le plus souvent sans articulation visible entre ces recherches. Parmi les multiples
dimensions qui sous-tendent les stratégies de faire-face, le lieu (stratégies « centrées sur le problème
/ centrées sur l’émotion »), la dynamique (« approche / évitement »), et la nature (stratégies
« cognitives / comportementales ») qui les caractérisent apparaissent comme les plus stables et
les plus pertinentes. Or il ressort de la plupart des recherches que les stratégies ainsi évaluées sont,
soit trop générales, soit trop spécifiques pour rendre compte de la complexité du processus de
transaction, et pour être réellement prédictives de l’ajustement final.
Le débat entre le faire-face « Trait » et le faire-face « Spécifique des situations » peut constituer
un cadre théorique adapté à notre tentative de clarifier le problème de la mesure des stratégies.
Nous présenterons différentes recherches mettant en évidence des différences importantes dans
le recours aux stratégies de faire-face en fonction de facteurs tels que le genre (Hamilton et Fagot,
1988) ou le contexte (Reiser, Black et Abelson, 1985). Puis nous développerons les questions liées
aux méthodes d’évaluation permettant de comparer les résultats obtenus à partir d’évaluations
rétrospectives, en termes de trait, et en temps réel, du faire-face à des situations quotidiennes
(Ptacek, Smith, Espe et Rafferty, 1994 ; Todd, Tennen, Carney, Armeli et Affleck, 2004), et mettant
en évidence des disparités notables entre ces différents types d’évaluation.
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Références
Carver, C.S., Scheier, M.F., & Weintraub, J.K. (1989). Assessing coping strategies: A theoretically based approach.
Journal of Personality and Social Psychology, 56, 267-283.
Hamilton, S., & Fagot, B.I. (1988). Chronic stress and coping styles: A comparison of males and females undergraduates.
Journal of Personality and Social Psychology, 55, 819-823.
Lazarus, R.S. (1966). Psychological stress and the coping process. New-York: McGraw-Hill.
Lazarus, R.S., Averill, J.R., & Opton, E.M., Jr. (1974). The psychology of coping: Issues of research and assessment. In
G.V. Coelho, D.A. Hamburg, and J.E. Adams (Eds), Coping and Adaptation (p. 249-315). New-York: Basic Books.
Pearlin, L.I., & Schooler, C. (1978). The structure of coping. Journal of Health and Social Behavior, 19, 2-21.
Ptacek, J.T., Smith, R.E., Espe, K., & Raffety, B. (1994). Limited correspondence between daily coping reports and
retrospective coping recall. Psychological Assessment, 6, 41-49.
Reiser, B.J., Black, J.B., & Abelson, R.P. (1985). Knowledge structures in the organization and retrieval of autobiographical
memories. Cognitive Psychology, 17, 89-137.
Skinner, E.A., Edge, K., Altman, J., & Sherwood, H. (2003). Searching for the structure of coping: A review and critique of
category systems for classifying ways of coping. Psychological Bulletin, 129 (2), 216-269.
Todd, M., Tennen, H., Carney, M.A., Armeli, S., & Affleck, G. (2004). Do we know how we cope ? Relating daily coping
reports to global and time-limited retrospective assessments. Journal of Personality and Social Psychology,
86(2), 310-319.
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Stigmatisation et discrimination : stress ordinaire ou
extraordinaire ?
Berjot, Sophie (L.p.a université de Reims & département de psychologie université Reims ChampagneArdenne), Girault-Lidvan, Noëlle (Laboratoire de psychopathologie et processus de santé, université Paris
Descartes), Battaglia, Nicole (L.p.a université de Reims & i.u.t b de l’université Charles-de-Gaulle-Lille3).
Résumé
Etre stigmatisé, c’est être porteur d’une marque, d’une caractéristique, visible ou invisible, qui en ellemême a la capacité de conférer à celui qui en est porteur une identité négative, dévaluée, spoliée (Crocker,
Steele, & Aronson, 1998). C’est donc aussi une occasion de se trouver plus ou moins fréquemment
discriminé, c’est-à-dire traité en fonction de cette marque et des caractéristiques qui y sont associées.
La question de savoir si la stigmatisation et la discrimination qui l’accompagne souvent sont sources de
stress n’est pas nouvelle (Crocker et al., 1998). Mais est-ce qu’elles peuvent être pour autant considérées
de la même manière que d’autres sources, plus fréquentes, de stress ?
C’est à cette question que cette présentation tentera de répondre en proposant un modèle de stress et de
faire-face aux menaces liées à la stigmatisation (Berjot, Girault-Lidvan, Battaglia, 2008). Une phase de
ce modèle, les évaluations cognitives primaires, sera développée et illustrée à l’aide de 2 études. L’étude
1 s’attachera à comparer la façon dont 4 groupes stigmatisés évaluent la discrimination eut égard à
leur identité. La seconde s’attachera à étudier ces évaluations primaires à la suite d’une induction
expérimentale chez des femmes menacées ou non sur leur identité personnelle ou sociale.
Introduction
Si l’ensemble des situations difficiles que peuvent rencontrer les individus sont variées et
sollicitent des ressources multiples pour y faire face, toutes n’ont pas le même statut. Certaines,
parce qu’impliquant l’identité des personnes, sont à notre sens, d’une nature différente. C’est le cas
de la stigmatisation et de la discrimination, qui, en plus d’impliquer des difficultés liées à un accès
moindre aux ressources (Allison, 1998), menacent également les individus dans leur identité. Cette
identité est potentiellement dévaluée, spoliée (Crocker, Major, & Steele, 1998).
Les modèles du stress et du faire face proposés pour comprendre les réactions des individus
stigmatisés à ce type de situation (Major & O’Brien, 2005 ; Miller & Major, 2000), doivent donc,
à notre avis, être ajustés pour inclure les spécificités des menaces impliquant l’identité, tant
personnelle que sociale.
Pour ce faire, nous proposons de nous inspirer du modèle transactionnel de Lazarus &
Folkman (1984), en modifiant chacune de ses phases pour y intégrer les spécificités des menaces
liées à l’identité. Ainsi, proposons-nous :
Des antécédents spécifiques liés à la situation (légitimité, stabilité, etc.), à l’individu (conscience
du stigma, sensibilité au rejet) ou aux caractéristiques du stigma (contrôlabilité, visibilité)
Une phase d’évaluation cognitive primaire qui s’applique à identifier comment l’individu
perçoit une situation en tant que menace et/ou défi à son identité personnelle et/ou sociale
Des stratégies de faire-face spécifiques et adaptées aux situations impliquant l’identité et
répondant au type d’évaluation effectuée dans une situation.
Illustrations : l’évaluation cognitive primaire de l’identité
Étude 1
- Participants et procédure
Soixante quatre homosexuels, 57 personnes souffrant d’obésité, et 70 personnes d’origine nord
africaine ont décrit une situation de discrimination, puis ont répondu à l’ECI (échelle d’évaluation
cognitive primaire) construite pour identifier les évaluations de la situation en termes de menace et/
ou défi de l’identité personnelle et/ou sociale (Berjot, Girault-Lidvan, Gillet & Bétremont, soumis).
- Résultats
Eut égard aux spécificités des groupes sociaux (en terme de contrôlabilité du stigma, accès au
soutien de son groupe, etc.), nos résultats sont conformes aux prédictions : les personnes souffrant
d’obésité l’évaluent principalement comme une menace de leur identité personnelle, alors que les
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Étude 2
Participants et procédure
Soixante six femmes doivent réaliser une tâche (reproduire la figure de Rey après avoir fait une
rotation mentale), présentée soit comme étant en général mieux réussie par les hommes (condition
menace de l’identité sociale), soit comme un test de mathématique (condition menace de l’identité
personnelle), soit comme un exercice de motivation (condition non menace). Elles doivent ensuite
répondre au questionnaire ECI (évaluation primaire) puis à un questionnaire mesurant deux
stratégies de gestion de l’identité : l’auto-handicap (stratégie en général mise en place pour faire
face a une menace personnelle) et la dévaluation des dimensions (stratégie en général mise en place
pour répondre à une menace de l’identité sociale).
Résultats
Les résultats sont cohérents avec les prédictions. Face à une menace de leur identité
personnelle, les femmes évaluent la situation davantage comme une menace personnelle et mettent
davantage en place l’auto-handicap. Face à une menace de leur identité sociale, les femmes évaluent
la situation comme une menace liée à leur identité sociale et mettent en place davantage la stratégie
de dévaluation du domaine.
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personnes d’origine nord africaine l’évaluent comme une menace de leur identité sociale en même
temps qu’un défi de cette même identité sociale. Les homosexuels se trouvent entre les deux.
Discussion
Si la stigmatisation et la discrimination qui l’accompagne souvent sont effectivement des
sources importantes de stress, il est toutefois nécessaire de distinguer ce qui relève de stresseurs
extérieurs, tangibles, de ses implications pour l’identité. Les modifications apportées au modèle
transactionnel vont dans ce sens et représentent une tentative pour améliorer la compréhension
du vécu des populations stigmatisées. Une première application se trouve dans le repérage de la
façon dont ces individus évaluent une situation potentiellement menaçante pour leur identité. Ceci
permet, comme le montre l’étude 1 de mettre en évidence que la discrimination n’a pas le même
sens et le même impact pour tous les groupes stigmatisés (et surement aussi pour les membres
d’un même groupe). Ceci permet également de montrer que les situations que peuvent vivre les
personnes appartenant à ces groupes peuvent, même de façon subtile, être évaluées différemment
et engendrer la mise en place de stratégies distinctes.
Références
Allison, K.W. (1998). Stress and oppressed social category membership. In J.K. Swim & C. Stangor (Eds.), Prejudice:
The Target’s perspective (pp.145-170). San Diego, CA: Academic Press.
Berjot, S., Girault-Lidvan, N., & Battaglia, N. (2008). Stress et faire-face à la stigmatisation et à la discrimination : vers
un modèle du faire-face aux menaces de l’identité. In S. Berjot & B. Paty (Eds.). Stress et faire-face aux menaces de
l’identité et du soi. Stress, Santé & Société, Vol. 4. Reims : Espur.
Berjot, S., Girault-Lidvan, N., Bétremont, L. & Gillet, N. (soumis). The Primary Appraisal of Identity scale (PAI): toward
a new measure of identity threats.
Crocker, J., Major, B., & Steele, C. (1998). Social Stigma. In D.T. Gilbert, S.T. Fiske, & G. Lindzey (Eds.), Handbook of
Social Psychology (4th ed., Vol. 2, pp 504-553). Boston: McGraw-Hill.
Lazarus, R.S., & Folkman, S. (1984). Stress, appraisal and coping. New York: Springer Publisher Company.
Major, B., & O’Brien, L. T. (2005). The social psychology of stigma. Annual Review of Psychology, 56, 393-421.
Miller, C. T., & Major, B. (2000). Coping with stigma and prejudice. In T. F. Heatherton, R. E. Kleck, M., R. Hebl, & J.
G. Hull, (Eds.), The Social Psychology of stigma (Chap. 9, 243-272). New York, The Guilford Press.
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Les interférences « vie au travail – vie privée » chez les chirurgiensdentistes : leurs relations avec l’épuisement professionnel et la
satisfaction au travail
Mouda, Farida (Laboratoire psy-nca & département de psychologie, université de Rouen), Gana, Kamel
(Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie », université de Bordeaux 2), Trouillet, Raphaël
(Laboratoire epsylon, université de Montpellier), Fort, Isabelle (Centre psyclé, université de Provence),
Lourel, Marcel (Laboratoire psy-nca & département de psychologie, université de Rouen).
Résumé
L’objectif de cette étude était de soumettre à l’épreuve des faits des modèles compétitifs en analyses
acheminatoires mettant en relation l’interface « vie au travail » « vie privée », l’épuisement professionnel
(« burnout ») et la satisfaction professionnelle. Le modèle qui offre la meilleure adéquation à nos données
était celui qui faisait l’hypothèse selon laquelle l’épuisement professionnel jouait un rôle médiateur
entre l’interface « vie privée » « vie au travail » et la satisfaction professionnelle globale. Les données
ont été obtenues auprès de 95 chirurgiens-dentistes. Le rôle médiateur a été démontré en utilisant la
procédure suggérée par Holmbeck (1997). Ce résultat a été discuté à la lumière de la littérature sur
l’épuisement professionnel et ses conséquences sur la santé mentale et physique.
Introduction
L’objectif de cette recherche est de soumettre à l’épreuve des faits trois modèles alternatifs en
analyses acheminatoires (Path analysis) mettant en relations les interférences vie privée/vie travail,
l’épuisement professionnel et la satisfaction au travail. Le premier modèle, fait l’hypothèse que les
interférences vie privée/vie travail jouent un rôle médiateur entre l’épuisement professionnel et la
satisfaction au travail, comme l’envisagent Peeters et al. (2005). On voit dans cette étude que les
interférences privées/professionnelles sont liées à l’épuisement au travail via l’interface vie privée/
vie au travail. Le second modèle fait l’hypothèse que l’épuisement professionnel joue le rôle de
médiation entre les interférences vie privée/vie travail et la satisfaction au travail. En effet, certaines
études (Brummelhuis et al., 2008 ; Innstrand et al., 2008) rapportent que les effets positives ou
négatives de l’interface vie privée/vie au travail prédisent le degré d’épuisement professionnel des
participants. Demerouti et al. (2005) montrent que les exigences privées/familiales/professionnelles
sont reliées à la satisfaction via l’épuisement des individus. Pour explorer la nature de cette
médiation, c’est-à-dire son caractère total ou partiel (Baron et Kenny, 1986), nous avons suivi
les recommandations de Holmbeck (1997). Ainsi, un modèle de la médiation partielle et qui fait
l’hypothèse que les interférences vie privée/vie travail ont un effet aussi bien direct qu’indirect (via
l’épuisement professionnel) sur la satisfaction. L’âge, le sexe, le statut marital ainsi que l’ancienneté
étaient introduits dans le modèle en tant que variables contrôles.
Matériel et méthode
Participants
L’étude a été réalisée en France auprès des chirurgiens-dentistes du département du Nord.
Les données ont été obtenues par l’entremise de la liste de diffusion de l’Ordre du département
visé durant le premier trimestre 2007. De ce fait, 627 courriers ont été adressés par voie postale.
Sur les 627 chirurgiens-dentistes qui ont été contactés, 95 ont répondu. L’âge moyen de l’ensemble
des répondants est de 43.86 ans (SD = 9.70) (32 femmes et 63 hommes). L’ancienneté des femmes
dans l’emploi actuel est de 11.24 ans (SD = 9.42) tandis qu’elle est de 18.29 ans (SD = 8.93) pour
les hommes.
Matériel
SWING : L’échelle de mesure des interférences entre la vie privée et la vie travail (« Survey
Work-home Interaction-Nijmegen ») de Geurts (2000), Wagena et Geurts (2000) en version
française et validée par Lourel, Gana et Wawrzyniak (2005).
BMS-10 en version courte (« Burnout Measure Short version ») de Malach-Pines (2005). Cet
outil a été adapté et validé en version française par Lourel, Guéguen et Mouda (2007). Cette échelle
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est censée évaluer le degré d’épuisement psychologique qui est ressenti par l’individu à l’égard des
exigences rencontrées dans son l’environnement.
ESVP : L’échelle de satisfaction globale de vie professionnelle adaptée et validée par
Fouquereau et Rioux (2002). Cet évalue le degré de satisfaction globale des individus à l’égard de
leur vie professionnelle.
Résultats
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Dans le but d’éprouver l’hypothèse de la médiation totale, il est recommandé de comparer
le modèle précédent avec un modèle de la médiation partielle. Les résultats de ce dernier modèle,
à savoir un CFI = 1.00 et un RMSEA = .0001 sont équivalents à ceux du modèle de la médiation
totale. Le rajout des 2 paramètres exprimant l’effet direct des interférences sur la satisfaction
professionnelle n’a pas amélioré l’adéquation globale du modèle (Dc²= 2.68, Ddl=2). En outre, ces
2 effets se sont révélés nuls (l’effet du HWIneg = -.12ns, et celui de WHIneg = -.08ns). Ces résultats
plaident en faveur du rôle médiateur de l’épuisement professionnel entre les interférences négatives
et la satisfaction globale de vie professionnelle. En effet, la présence de la variable « épuisement
professionnel » dans le modèle a annulé l’effet de ces interférences alors que cet effet existait en
l’absence de ladite variable (épuisement professionnel).
Discussion
Rappelons que l’objectif de cette étude était de soumettre à l’épreuve des faits des modèles
compétitifs en pistes causales mettant en relation l’interface « vie au travail » « vie privée »,
le burnout et la satisfaction au travail. Les analyses statistiques effectués mettent en évidence
l’adéquation d’un des modèles testés selon lequel le burnout serait un médiateur entre l’interface
« vie privée » « vie au travail » et la satisfaction professionnelle globale. De plus, il est important
de souligner que la médiation observée est totale puisque le modèle de médiation partielle n’offre
pas de meilleure adéquation. En d’autres termes, l’épuisement professionnel semble donc réguler
l’effet des interférences négatives entre la vie privée et la vie professionnelle (et inversement) sur la
satisfaction au travail. Les résultats de cette étude permettent de générer des connaissances dans
le domaine de la psychologie de la santé appliqué au travail, et plus précisément dans la prise en
considération de l’interface « vie privée » « vie au travail » dans l’étude de l’ajustement psychosocial
des professionnels de santé.
Références
Demerouti, E., Bakker, A.B., Schaufeli, W.B., 2005. Spillover and crossover of exhaustion and life satisfaction among
dual-earner parents. Journal of Vocational Behavior 67 (2), 266-289.
Lourel, M., Guéguen, N., Mouda, F., 2007. L’évaluation du burnout de Pines : Adaptation et validation en version
française de l’instrument ”Burnout Measure Short version” (BMS-10), Pratiques Psychologiques 13 (3), 353-364.
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« Situations ordinaires - stress ordinaire – addictions ordinaires… »
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Battaglia, Nicole (1 : laboratoire de psychologie appliquée, université de Reims Champagne-Ardenne),
Décamps, Greg (Laboratoire de psychologie « santé et qualité de vie », université Bordeaux 2.), Boujut,
Émilie (Laboratoire lpps, Paris V), Bruchon-Schweitzer, Marilou (Laboratoire de psychologie « santé et
qualité de vie », université Bordeaux 2).
Cette communication se propose de mettre en évidence, sur la base d’une revue de question de
la littérature en psychologie des conduites addictives (Battaglia, & al. 2010) et d’études empiriques
menées par les auteurs de 2005 à 2010 (Battaglia, et al, 2008 ; Battaglia, & al. 2005; Boujut & BruchonSchweitzer, 2010 ; Décamps, & al. 2010 ; Décamps, & al., 2009), les liens pouvant unir syndrome
d’addiction et composants de « l’épisode de stress » (Lassarre, 2002) en situation ordinaire.
Nous situons nos travaux en psychologie de la santé et, nous montrons qu’envisager l’addiction
dans les liens qui l’unissent à la psychologie du stress (Al’Absi, 2007) agrémente avantageusement
notre compréhension des processus impliqués dans l’apparition et le maintien des addictions. À cet
effet, la littérature sur le stress nous enjoint de considérer que parfois, face aux exigences variées et
multiples de la vie sociale (i.e : tracas quotidien, événements de vie importants), la personne utilise
des stratégies de réponse (coping) dont l’issue adaptative est variable : adaptation, ajustement vs.
pathologie (Bruchon-Schweitzer, 2002).
De ce fait, pour faire face au stress, parfois, la personne s’engage dans des pratiques compulsives
de type toxicomaniaque. En effet, le stress apparaît comme un important facteur vulnérabilisant
des addictions (Battaglia et al., 2005 ; Battaglia et al., 2008). Le processus de sensibilisation peut
être initié par des facteurs stressants mais aussi entretenu par des assuétudes comportementales
ou l’usage de substances psychoactives. Ainsi, les conduites addictives peuvent-elles accélérer
le processus de sensibilisation au stress. En effet, les expositions récurrentes aux « objets »
d’addiction prennent place dans une dynamique processuelle, c’est-à-dire dans une transaction «
individu-environnement » dans laquelle, la consommation ou l’exposition initiale (dont l’objectif
était l’apaisement d’un état de stress), entraîne finalement d’autres consommations ou d’autres
expositions au même « objet » ou à d’autres « objets », expositions réputées soulager un nouvel état
de stress. Dès lors, si le mode d’ajustement choisi par les personnes face aux situations stressantes
ordinaires est la conduite addictive, cette conduite addictive, selon son degré d’intensité et ses
conséquences « bio-psychosociales », pourrait elle-même devenir source de stress. Dans ce cas,
la personne développe encore des stratégies de faire-face à cette nouvelle situation de stress liée
à l’addiction et, à cet effet, il n’est pas rare d’observer des conduites de compensations entre
addictions ou des conduites polyaddictives (Décamps, Scroccaro, & Battaglia, 2009).
Pour donner corps à ces options théoriques nous présenterons une synthèse de résultats de
travaux de recherches en psychologie du stress et des conduites addictives menées conjointement
dans le cadre du laboratoire de Psychologie Appliquée de l’Université de Reims et du laboratoire
de Psychologie Santé et Qualité de Vie de l’université de Bordeaux 2, résultats qui en fin d’analyse,
permettent d’envisager la place de la conduite addictive dans la dynamique transactionnelle d’un
épisode de stress mais également, d’envisager le processus unissant situations ordinaires, stress et
addictions ordinaires.
En effet, les résultats de ces travaux, mettent en évidence les liens entre intensité des addictions
(addictions à substances ou addictions comportementales), composants de l’épisode de stress
(évaluation du stress, faire-face, issues), corrélats psychologiques (dimensions personnologiques,
contenu des représentations sociales et valence attitudinale associées à l’addiction) et, en fin
d’analyse, permettent d’isoler quelques prédicteurs de vulnérabilité ou de protection à l’addiction
à substances ou comportementales chez des adultes ( Battaglia, N., Décamps, G., & Idier. L., 2008 ;
Décamps, G., Idier, L. & Battaglia, N. 2009).
Enfin, au-delà de la promotion d’une approche intégrative des concepts d’addiction et de
stress, émane de ces travaux de recherche, un ensemble de facteurs prédictifs de l’ajustement
psychologique des personnes confrontées à des situations de stress ordinaire. La prise en
considération de ces facteurs pourrait permettre d’orienter davantage la communication sociale et
les actions en faveur de la promotion de comportements dits de santé en population ordinaire, cela
avant que les personnes ne développent une pathologie addictive.
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AL’Absi, M. (2007). Stress and Addiction: Biological and Psychological Mechanisms. London: Academic Press,
Elsevier.
Battaglia, N., Bruchon-Schweitzer, M., & Décamps,G. (2010). Esquisse d’une approche intégrative du construit
d’addiction : regards croisés. Psychologie Française (à paraître).
Battaglia, N., Décamps, G., & Idier. L. (2008). Etude des liens entre pratiques addictives, représentations sociales des
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Battaglia, N. ; Nahama, V. ; Cadot, M. & Clément, Y. (2005). Syndrome d’addiction à la pratique sportive, stress et facteurs
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Boujut, E. & Bruchon-Schweitzer, M. (2010). Les troubles des comportements alimentaires chez des étudiants de
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française . Toulouse, 19-22 juin.
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Références
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Symposium-Cognition, émotion, religion
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Organisation de la session :
Sabatier, Colette (Université Victor Segalen).
Perspectives et actualités de janet sur les possessions et les extases mystiques
Saillot, Isabelle (Institut Pierre Janet).
À quoi sert (ou pas) la religion dans l’adversité ? Étude qualitative sur les
victimes du conflit armé en colombie
Sistiva, Diana (Centre de psychotrauma).
Le coping religieux : validation d’une échelle
Trouillet, Raphael (Université Montpellier 3).
Religion et valeurs familiales chez les adolescents, perspectives françaises et
interculturelles
Sabatier, Colette (Université Victor Segalen).
La disposition à pardonner à autrui : une structure ternaire universelle ?
Gauché, Mélanie (Institut catholique, Toulouse), Mullet, Étienne (École pratique des hautes Études).
Résumé
La religion est une dimension de la vie humaine qui structure la vie psychique et les relations
humaines. C’est un phénomène complexe aux multiples facettes et multiples fonctions qui ne
saurait être réduit à l’une ou l’autre de ces aspects. Bien que les sociétés européennes soient de
plus en plus laïques avec un nombre de croyants et de pratiquants en diminution, la religion
reste pour des grands pans des sociétés un élément important et structurant de leur vie, elle est
également un enjeu dans la structuration des rapports sociaux, notamment intergroupes. Les cinq
présentations de ce symposium porteront sur un des aspects de la contribution de la religion dans
la vie psychique : les états altérés de la conscience selon la perspective de Janet, le soutien social et
moral (notion de coping religieux), les relations sociales notamment la disposition à pardonner
et la structuration du sens de la vie et des valeurs. Chacune des communications présentera son
cadre théorique de références concernant les liens entre psychisme et religion et des données de
recherche avec une mise en perspective interculturelle
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Perspectives et actualités de janet sur les possessions et les extases
mystiques
Saillot, Isabelle (Institut Pierre Janet).
Pierre Janet, fondateur de la Société Française de Psychologie en 1901, s’est intéressé tout
au long de sa carrière à la psychologie de la religion. Après des décennies d’oubli, de récentes
recherches cliniques internationales offrent une nouvelle actualité à ses résultats, posant de
pertinentes questions à nos travaux expérimentaux contemporains.
Les éléments biographiques en notre possession (H. Pichon-Janet, C. Prévost, H. Ellenberger)
enracinent dans l’enfance la passion de Janet pour la psychologie de la religion. Très croyant
semble-t-il jusqu’à ses 15 ans (1874), une douloureuse crise le métamorphose soudainement : il en
ressort athée, mais surtout, passionné par la psychologie de la croyance, ce qui scelle le choix de ses
études supérieures.
Sitôt agrégé, il entreprend l’étude des aliénés de l’Hôpital du Havre. En six ans, ses travaux
allaient édifier la synthèse de référence sur la « dissociation de la personnalité ». Or, le processus
de dissociation est étroitement corrélé aux caractéristiques de « la croyance » (L’Automatisme
psychologique, 1889). Selon Janet, plusieurs types de dissociation se présentent avant tout comme
une modification de la croyance : c’est le cas des possessions. L’exposé de son célèbre cas Achille
(1891-1898), possédé par « le diable », constituera pour Janet un cas d’école sur la dissociation à
contenu religieux, son traitement faisant figure de nouvel « exorcisme » (Névroses et idées fixes,
1898).
Pourtant la fameuse mystique Madeleine ne souffre pas de dissociation (De L’angoisse
à l’extase, 1926-1928), mais de psychasténie. Ses « oscillations » entre tortures, vides et extases,
relèvent de variations de sa force ou de sa tension, modifiant sa croyance (pour Janet Madeleine est
le modèle du cas maniaco-dépressif, « bipolaire » dans la terminologie actuelle).
Dans une deuxième phase de sa carrière Janet va finalement réduire la distinction entre ces
deux formes de la croyance religieuse : la dissociation (d’Achille) devient le terme de l’évolution
morbide de la psychasténie (de Madeleine). C’est sous cette perspective gradualiste que Janet brosse
sa grande fresque évolutionniste de l’individuation (L’Évolution psychologique de la personnalité,
1929) : étendu dans le temps et l’espace chez les populations traditionnelles, le « moi » ne devient
confiné au présent et au corps que dans nos civilisations individualistes.
En 1980, le DSM-III intègre des « troubles dissociatifs » s’inspirant directement de Janet
(Putnam 1989, Van der Hart 1989, Van der Kolk & al. 1996, Garrabé 1999). D’intenses recherches
cliniques internationales exhument alors son modèle et ses résultats (sauf en France). En 1994 le
DSM-IV y ajoute la catégorie des Troubles de transe dissociative (DTD), incluant la possession.
Les recherches internationales en psychologie de la religion se multiplient alors dans le cadre
transculturel.
Ces nouveaux axes de recherche, d’inspiration historiquement janétienne, n’épuisent pourtant
pas encore les travaux princeps du grand psychologue : sa relecture permettrait certainement
d’éclaircir des questions actuelles récurrentes comme : en quoi les DTD se distinguent-ils des
DID ou des PTSD complexes (cas Achille) ? Tous les troubles de possession relèvent-ils réellement
de la dissociation (cas Madeleine) ?
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À quoi sert (ou pas) la religion dans l’adversité ? Étude qualitative
sur les victimes du conflit armé en colombie
Sistiva, Diana (Centre de psychotrauma).
L’objectif de cette recherche est d’explorer les rôles de la religion dans le processus pour faire
face à une situation particulièrement adverse, telle que la violence politique en Colombie. Ce pays,
où la religion occupe une place culturellement importante, connaît depuis plusieurs décennies un
conflit armé ayant comme conséquence le déplacement forcé massif des populations à l’intérieur
du pays.
Avec une approche de psychologie culturelle, l’étude se sert d’une méthodologie qualitative,
avec des entretiens semi-structurés. Les participants comprennent 51 adultes déplacés et
deux informants clés. Quatre thèmes sont explorés : a) leur déplacement forcé b) la religion au
quotidien, c) les changements dans leur religion suite au déplacement, et d) les rôles de la religion
dans l’expérience du déplacement.
Les résultats montrent que la religion joue de multiples rôles dans ce processus, et ce en
impliquant plusieurs dimensions (cognitive, comportementale, phénoménologique, émotionnelle,
morale, relationnelle, sociale). Les rôles repérés ont été regroupés par leur fonctionnalité en cinq
catégories : a) pourvoyeur de sens, b) conservateur d’une stabilité, c) catalyseur de transformations,
d) source de soutien social, et e) aspects potentiellement nocifs. Ces résultats sont discutés, en
faisant le lien théorique avec la psychologie de la religion, et en soulignant la pertinence d’étudier
la religion d’un point de vue fonctionnel. Enfin, quelques pistes pour de futures recherches sont
proposées.
Le coping religieux : validation d’une échelle
Trouillet, Raphaël (Université Montpellier 3).
Afin de faire face à des événements stressants, les croyances et pratiques religieuses peuvent
être employées dans les stratégies d’adaptation. Nous parlons alors de coping religieux. Parmi les
nomenclatures actuelles, l’une des plus utilisée est celle distinguant les patterns positifs et négatifs
de coping religieux. De plus, cette dernière est associée à une mesure valide et rapide de ces patterns
: le Brief RCOPE.
L’objectif de cette étude est alors de proposer une traduction française de cet outil. Les résultats
de l’analyse factorielle (ACP) confirme une structure à deux dimensions correspondant aux
patterns positif et négatif du coping religieux. Les résultats incluant les mesures de transcendance,
psychopathologie et des manifestations religieuses indiquent une bonne validité de critères. En
outre, la cohésion interne et la stabilité temporelle sont satisfaisantes. En somme, notre étude
indique que la version française du Brief RCOPE fournit une mesure valide et fidèle des patterns
de coping religieux.
Religion et valeurs familiales chez les adolescents, perspectives
françaises et interculturelles
Sabatier, Colette (Université Victor Segalen).
L’adolescence est une période où se forment et se réinterrogent les valeurs sociétales et
les engagements citoyens. Elle n’est pas toujours une rupture avec le milieu social et le milieu
familial. L’adolescent est attaché à sa famille et aux valeurs de solidarité familiale, c’est pour lui
un élément structurant de sa vie et un point d’ancrage qui lui permet d’explorer son identité. Au
cours de deux recherches internationales comprenant plusieurs pays occidentaux et plusieurs
populations d’origine immigrée (première et seconde génération), nous avons analysé les liens
entre l’importance de la religion pour les adolescents et l’importance des valeurs familiales. Si les
comparaisons entre les pays soulignent une très grande diversité dans l’importance accordée à la
religion, dans tous les pays les données soulignent le rôle de la religion dans la satisfaction de la vie
et la structuration des valeurs familiales et de solidarité, le pourcentage de la variance expliquée
pouvant rester néanmoins modeste.
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La disposition à pardonner à autrui : une structure ternaire
universelle ?
Gauché, Mélanie (Institut catholique, Toulouse), Mullet, Étienne (École pratique des hautes études).
Le pardon a été étudié de deux manières. La première manière est celle où le pardon est
envisagé concrètement comme réponse possible à une situation donnée. Dans ce cas, il est, par
exemple, naturel de se poser la question des raisons qui font que dans une situation on sera plus
enclin à pardonner que dans une autre. La seconde manière est celle où le pardon est considéré
comme une façon de vivre, comme une habitude, comme un trait de personnalité.
Il a été montré que le pardon comme trait de personnalité n’est en fait pas un concept unitaire.
Trois aspects au moins doivent être considérés. Le premier aspect concerne la réaction immédiate
après offense. Chez certaines personnes, cette réaction est forte et particulièrement durable. On dit
de ces personnes qu’elles tendent à éprouver un ressentiment durable. On assimile cette réaction
à une réaction de stress après agression. Ce facteur de ressentiment durable caractérise ce que l’on
peut considérer comme le coté psychophysiologique du pardon. Il tend à s’hériter d’une génération
l’autre.
Le second aspect concerne la capacité que peut avoir la victime d’analyser la situation dans son
ensemble et de peser le pour et le contre. Ce facteur de sensibilité aux circonstances personnelles
et sociales de l’offense caractérise le coté cognitif du pardon. On sait que cet aspect est assez lié aux
pratiques de pardon dont on a fait l’expérience en famille, au cours du développement. Le troisième
aspect correspond à la volonté de pardon inconditionnel. Ce facteur traduit un certain niveau de
maturation personnelle, philosophique ou religieux. Il n’est pas lié aux pratiques du pardon dans
l’enfance. Il apparaît lié, chez les croyants, à la représentation que ceux-ci peuvent avoir du pardon
divin. Il est également lié à la tradition religieuse dans laquelle on a été éduqué.
Ces trois aspects sont liés mais pas au point qu’on les confonde. Ils peuvent entrer en tension
l’un avec l’autre. Une personne peut souffrir d’une forte capacité de ressentiment et en même
temps avoir mûri suffisamment pour souhaiter pardonner chaque fois que cela semble approprié,
surtout si par ailleurs, elle a développé une foi religieuse la portant au pardon. Par ailleurs, des
travaux à caractère développemental ont montré que cette structure ternaire – ressentiment
durable, sensibilité aux circonstances et pardon inconditionnel – est déjà en place chez les jeunes
adolescents.
On présentera au cours de ce symposium des données nouvelles montrant que cette structure
ternaire est retrouvée dans de multiple cultures autres que les cultures Occidentales marquées par
la Christianisme, notamment chez les Bouddhistes Chinois, chez les Hindouistes et chez les Sikhs
de l’Inde, et chez les Musulmans Indonésiens et du Moyen-Orient.
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Symposium-Espace et émotion
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Organisation de la session :
Honoré, Jacques (Laboratoire Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies, CNRS et Université de Lille 2),
Sequeira, Henrique (Laboratoire Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies, CNRS et Université de Lille
2 et Lille 1)
Un cas de négligence spatiale d’origine hystérique, étude en imagerie
fonctionnelle.
Arnaud Saj (Laboratory for Behavioral Neurology and Imaging of Cognition, Department of Neurology,
University Hospital, and Department of Neurosciences, University Medical Center, Faculty of Medicine,
University of Geneva, Geneva, Switzerland), Shahar Arzy (Department of Neurology, Hadassah Hebrew
University Hospital, Jerusalem, Israel), Patrik Vuilleumier (Laboratory for Behavioral Neurology and
Imaging of Cognition, Department of Neurology, University Hospital, and Department of Neurosciences,
University Medical Center, Faculty of Medicine, University of Geneva, Geneva, Switzerland).
Dynamique temporelle des effets émotionnels et attentionnels dans l’amygdale :
contribution des potentiels évoqués intracrâniens chez l’homme
Gilles Pourtois (Département de psychologie clinique expérimentale et de la santé, Faculté de Psychologie
et des Sciences Pédagogiques, Université de Gand, Gand, Belgique) & Patrik Vuilleumier (Laboratoire de
Neurologie & Imagerie de la Cognition, Faculté de Médecine, Université de Genève, Genève, Suisse).
L’émotion influence le phénomène de pseudonégligence.
Jacques Honoré (Laboratoire Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies, CNRS et Université de Lille
2), Stéphanie Coeugnet (Laboratoire d’Automatique, de Mécanique et d’Informatique Industrielles et
Humaines, CNRS et Université de Valenciennes), Angela Di Pastena (Laboratoire PSITEC, Université de
Lille 3), Henrique Sequeira (Laboratoire Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies, CNRS et Université
de Lille 2 et Lille 1).
Rôle modulateur de l’anxiété dans la stabilisation du corps dans l’espace après
atteinte vestibulaire
Liliane Borel (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de
Provence/CNRS, Marseille), Laurence Bernard-Demanze (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences
Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille), Abdessadek El Ahmadi (UMR
6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille),
Michel Dumitrescu (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université
de Provence/CNRS, Marseille), Jacques Magnan (Service d’Oto-rhino-laryngologie et Chirurgie Cervicofaciale, CHU Nord, Marseille), Arnaud Devèze (Service d’Oto-rhino-laryngologie et Chirurgie Cervicofaciale, CHU Nord, Marseille), Martine Liberge (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et
Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille).
Résumé
L’analyse conjointe des dimensions cognitives et affectives des comportements et de leurs soubassements
neuronaux est l’un des enjeux majeurs des neurosciences cognitives. Dans ce cadre, les travaux en
cognition visuelle spatiale montrent que la performance peut être modulée par le trait émotionnel de
l’individu ou encore par la valence émotionnelle du stimulus. Ainsi, l’anxiété pourrait induire une
distribution spatiale de l’attention davantage contrainte par les données contextuelles, qu’elles soient
pertinentes pour la tâche, comme les instructions définissant le champ spatial où elle s’effectue, ou non,
comme la congruence émotionnelle du stimulus. De façon plus générale, les informations émotionnelles
bénéficient souvent d’une sélection perceptive et attentionnelle prioritaire grâce à laquelle l’individu
peut privilégier la capture et l’encodage d’éléments spatiaux pertinents permettant d’assurer des buts,
le bien-être ou la survie.
Jusqu’à quel point le traitement des informations émotionnelles est-il privilégié ? Peut-on distinguer les
manifestations des traitements attentionnels et émotionnels dans le fonctionnement de structures-clés
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telles que l’amygdale ? La valence émotionnelle peut-elle modifier la métrique de l’espace des objets ?
L’anxiété influence-t-elle la restauration de la stabilité corporelle après atteinte vestibulaire ? Faire le
point sur ces questions d’actualité sera l’objectif de la session ‘Espace et Émotion’, qui se terminera par
l’exposé d’un cas unique de négligence spatiale attribuée à une hystérie de conversion.
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Un cas de négligence spatiale d’origine hystérique, étude en
imagerie fonctionnelle.
Arnaud Saj (Laboratory for Behavioral Neurology and Imaging of Cognition, Department of Neurology,
University Hospital, and Department of Neurosciences, University Medical Center, Faculty of Medicine,
University of Geneva, Geneva, Sw, Pitzerland), Shahar Arzy (Department of Neurology, Hadassah Hebrew
University Hospital, Jerusalem, Israel). Vuilleumier, Patrick (Laboratory for Behavioral Neurology and
Imaging of Cognition, Department of Neurology, University Hospital, and Department of Neurosciences,
University Medical Center, Faculty of Medicine, University of Geneva, Geneva, Switzerland)
Introduction
Abondamment discutée depuis les travaux de Charcot au 19e siècle, l’hystérie (ou trouble de
conversion) est un trouble neurologique survenant dans un contexte de stress psychologique et
qui ne peut pas être attribué à une maladie organique (Vuilleumier, 2005). Les patients hystériques
présentent le plus souvent un déficit moteur ou sensoriel, plus rarement une amnésie, des troubles
du langage, ou une pseudo-démence. Nous décrivons ici le cas d’une patiente qui a développé
comme trouble de conversion une négligence spatiale gauche, syndrome caractérisé une attention
spatiale déficitaire (fréquent après des lésions de l’hémisphère droit, Mesulam, 1999). C’est à notre
connaissance le premier cas de négligence spatiale d’origine hystérique. Nous avons pu en étudier
l’activité cérébrale de cette patiente par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).
Matériel et Méthode
La patiente est une femme de 56 ans d’origine turque, vivant en Suisse depuis 25 ans.
Sa relation avec son mari, dont elle dépend, s’est dégradée depuis longtemps. Peu avant son
hospitalisation, le dernier de leurs 5 enfants a quitté le foyer familial. L’examen neurologique a
montré une hypoesthésie sévère ainsi qu’une faiblesse du bras gauche et de la jambe épargnant le
visage. Les examens de laboratoire étaient normaux. L’IRM et l’EEG étaient normaux, sans signe
de lésion aiguë ou ancienne. L’évaluation neuropsychologique, au 11e jour après l’apparition des
troubles, met en évidence la présence d’une négligence spatiale gauche au test de bissection de ligne
et au test de barrage (tableau). Le reste de l’examen neuropsychologique est normal. Une deuxième
évaluation neuropsychologique, au 22e jour, montre une amélioration des signes de la négligence,
ainsi qu’une amélioration des déficits sensori-moteurs. La patiente a été examinée en IRMf lors
d’un test de bissection (Landmark test) dans lequel des lignes présentées à l’écran étaient marquées
à différentes distances du centre. La tâche consistait à indiquer si la marque coupait la ligne en son
centre ou non.
Résultats et Discussion
La comparaison de l’activité cérébrale (IRMf) au cours de la tâche de Landmark à celle
enregistrée au repos (activité corticale de référence) a montré une activation dans le lobe pariétal
postérieur, bilatéralement, semblable à celle observée chez les sujets sains (Fink et al., 2000), ainsi
que dans le cortex cingulaire antérieur. La comparaison des essais avec marque déviée (vers la
droite ou vers la gauche) à ceux avec marque au centre faisait ressortir une forte activation du
cortex pariétal droit. Ces données suggèrent que les régions cérébrales impliquées dans l’attention
spatiale étaient bien recrutées différemment par une déviation du marquage des lignes à gauche ou
à droite (par rapport aux marques centrales), ce qui contraste avec les réponses de la patiente qui a
rapporté percevoir toutes les marques comme déviées.
Tous les éléments du dossier de la patiente sont cohérents avec le diagnostic d’une négligence
spatiale d’origine hystérique. Cette observation suggère qu’un conflit psychologique pourrait donc
aussi être ‘converti’ en une forme de ‘négligence’ attentionnelle, et non seulement en terme de
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paralysie, anesthésie, ou cécité, comme classiquement décrit dans la littérature. De plus, le fait
que cette patiente n’avait pas de connaissance particulière des syndromes neurologiques suggère
également que certaines fonctions du cerveau semblent être sélectivement affectées par des
mécanismes responsables de l’hystérie psychogène, comme elles le sont après des lésions cérébrales
focales. En particulier, cette atteinte pourrait résulter de la possibilité d’une déconnexion entre
la conscience du sujet et les opérations fonctionnelles des systèmes corticaux affectés, expliquant
ainsi pourquoi des troubles neurologiques les plus fréquemment associés à une anosognosie
(négligence, paralysie, cécité, amnésie) sont aussi souvent affectés par un trouble de conversion
hystérique . Nos données en IRMf étaient cette hypothèse, en montrant une activation préservée
du cortex pariétal conservée, apparemment déconnectée de la conscience de la patiente mais
accompagnée d’une activation du cortex cingulaire antérieur signant un conflit entre instructions
et intentions (Vuilleumier, 2005 ; Aybek et al., 2008) ou un processus d’inhibition spécifiquement
lié à l’hystérie (Halligan et al., 2000).
La présente étude met en évidence pour la première fois l’existence de symptômes de négligence
spatiale due à une conversion, en documente les corrélats neuroanatomiques fonctionnels, et
confirme l’hypothèse antérieure d’une augmentation de l’activité du cortex cingulaire lors d’une
hystérie de conversion (Halligan et al., 2000).
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Références
Vuilleumier, P. (2005). Hysterical conversion and brain function. Prog Brain Res, 150, 309-329.
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Fink, G.R., Marshall, J.C., Shah, N.J., Weiss, P.H., Halligan, P.W., Grosse-Ruyken; M., Ziemons, K., Zilles, K., Freund, H.J.
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Aybek, S., Kanaan, R.A., David, A.S. (2008). The neuropsychiatry of conversion disorder. Curr Opin Psychiatr, 21, 275280.
Halligan PW, Athwal BS, Oakley DA, Frackowiak RS. Imaging hypnotic paralysis: implications for conversion hysteria.
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Dynamique temporelle des effets émotionnels et attentionnels dans
l’amygdale : contribution des potentiels évoqués intracrâniens chez
l’homme
Gilles Pourtois(Département de psychologie clinique expérimentale et de la santé, Faculté de Psychologie
et des Sciences Pédagogiques, Université de Gand, Gand, Belgique) & Patrik Vuilleumier(Laboratoire de
Neurologie & Imagerie de la Cognition, Faculté de Médecine, Université de Genève, Genève, Suisse)
Résumé
Le traitement automatique des émotions dans l’amygdale est controversé, car plusieurs études IRMf ont
montré que les réponses émotionnelles différentielles dans l’amygdale peuvent être abolies en l’absence
d’attention dirigée vers les stimuli émotionnels. Dans cette étude, des potentiels évoqués intracrâniens
ont été enregistrés dans l’amygdale chez l’homme afin de déterminer la latence des effets émotionnels et
attentionnels dans cette région mésio-temporale profonde. Les résultats corroborent l’hypothèse selon
laquelle effets émotionnels et attentionnels coexistent dans l’amygdale, mais à des latences différentes.
Un effet automatique précoce de l’émotion est mis en évidence dans l’amygdale (150-200 ms), alors que
l’attention module le traitement sensoriel du stimulus à une latence plus tardive (700-1000 ms).
Introduction
La conception théorique selon laquelle le contenu émotionnel d’un stimulus visuel est traité
de manière rapide et automatique par l’amygdale, n’est étayée que par peu de données empiriques
à ce jour. Alors qu’une littérature neuroscientifique, abondante chez l’animal, a permis de
démontrer que l’amygdale joue un rôle central dans le traitement perceptif rapide des émotions,
les résultats obtenus chez l’homme pour cette région méso-limbique sont moins nombreux,
et restent controversés. En effet, plusieurs études récentes ont mis en évidence un certain degré
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d’automaticité des réponses émotionnelles dans l’amygdale (i.e. l’amygdale réagit au contenu
émotionnel, même si celui-ci n’est pas traité de manière attentive), alors que d’autres ont montré à
l’inverse que ces réponses émotionnelles dans l’amygdale ne sont pas automatiques, mais qu’elles
dépendent de l’attention portée au stimulus émotionnel. En l’absence d’attention portée au stimulus
émotionnel, l’amygdale ne réagirait pas de manière sélective au contenu émotionnel du stimulus.
Toutefois, ce débat semble aussi en partie lié à la technique d’imagerie cérébrale non-invasive qui
est actuellement dominante dans le domaine des neurosciences cognitives et affectives, à savoir
l’Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle (IRMf). En effet, l’IRMf ne permet pas de
déterminer avec précision le décours temporel précis des processus émotionnels ou attentionnels
qui prennent place dans une région profonde comme l’amygdale. Cependant, il est possible que
cette région méso-limbique soit sensible à la fois à des effets émotionnels et attentionnels, mais à
des latences différentes, bien que l’IRMf avec sa résolution temporelle limitée ne permette pas de
mettre en lumière une telle dynamique temporelle fine. Une modèle théorique récent (Vuilleumier,
2005) fait toutefois l’hypothèse que l’amygdale est sensible au contenu émotionnel du stimulus
rapidement après sa présentation (durant les 200 premières millisecondes après l’apparition du
stimulus), alors que l’attention modulerait le traitement du stimulus émotionnel dans l’amygdale
à une latence plus tardive (~500-1000 ms). Pour tester cette hypothèse, nous avons donc eu
recours à des enregistrements invasifs de potentiels évoqués intracrâniens chez l’homme, afin de
déterminer si l’amygdale est sensible aux deux effets (émotionnels et attentionnels), mais à des
latences différentes après l’apparition du stimulus. À l’inverse de l’IRMf, les potentiels évoqués
intracrâniens permettent d’étudier la dynamique temporelle précise de ces processus mentaux
cibles, grâce à une excellente résolution temporelle.
Matériel et Méthode
À l’occasion d’un monitoring EEG invasif pré-chirurgical, nous avons testé un patient
épileptique implanté temporairement avec des électrodes profondes dans la partie latérale de
l’amygdale gauche. Ce patient effectuait une série de tâches visuelles simples, pendant que nous
enregistrions les potentiels de champs locaux générés à proximité de ces électrodes profondes en
réponse aux stimuli visuels présentés. Nous avons sélectionné un paradigme expérimental validé
précédemment (Vuilleumier, 2005) qui permet de manipuler les effets émotionnels et attentionnels
de manière orthogonale. Pour chaque essai, la tâche du patient consistait à discriminer deux
objets cibles (deux visages ou deux maisons en présentation aléatoire) présentés simultanément
avec deux objets distracteurs (si les visages étaient les objets cibles, alors les maisons étaient les
distracteurs, et vice versa). La présentation des quatre objets était brève (750 ms). Par ailleurs,
les deux visages étaient neutres ou émotionnels (expression de peur). Avec ce paradigme, nous
pouvions donc étudier à quelle latence l’amygdale était sensible (i) à la catégorie des stimuli
présentés (visages vs. maisons ; effet de l’attention portée à l’objet) indépendamment du contenu
émotionnel ; et (ii) au contenu émotionnel des stimuli (visages de peur vs. neutre ; effet du contenu
émotionnel) indépendamment du focus attentionnel (celui-ci étant porté soit sur les visages, soit
sur les maisons).
Résultats et Discussion
Les résultats obtenus corroborent l’hypothèse selon laquelle effets émotionnels et attentionnels
coexistent dans l’amygdale, mais à des latences différentes (Vuilleumier, 2005). Le contraste entre
les visages neutres et visages de peur a révélé un effet précoce dans l’amygdale, à une latence de
150-200 ms après l’apparition du stimulus. Toutefois, cet effet était de même magnitude que le
patient porte attention aux visages (quand il ignorait les maisons), ou qu’il porte attention aux
maisons (quand il ignorait les visages) ; ce qui suggère un effet automatique de l’émotion dans
l’amygdale à une latence précoce après l’apparition du stimulus. Par comparaison, le contraste
entre les essais où l’attention était portée sur les visages vs. les maisons révélait un effet attentionnel
plus tardif dans l’amygdale, à une latence de 700-1000 ms après l’apparition du stimulus. Toutefois,
cet effet tardif était clairement modulé par le contenu émotionnel des visages. Durant cette latence
tardive (700-1000 ms après l’apparition du stimulus), une différence était observée entre visages de
peur et visages neutres quand ceux-ci étaient au centre de l’attention, alors qu’une telle différence
était absente quand les visages devaient être ignorés et que l’attention était portée aux maisons. Ce
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résultat est donc compatible avec un effet de « gating » de la réponse émotionnelle par l’attention
dans l’amygdale, à une latence tardive. Dans l’ensemble, ces résultats de potentiels évoqués
intracrâniens chez l’homme suggèrent que des effets émotionnels précoces et automatiques
peuvent prendre place dans l’amygdale, alors que l’attention module aussi l’activité neurale
enregistrée dans cette même région, mais à une latence plus tardive. Ces résultats confirment
la complémentarité des potentiels évoqués intracrâniens à l’égard de l’IRMf, dont la résolution
temporelle n’est probablement pas suffisante pour révéler des différences dans le décours temporel
fin des processus mentaux qui prennent place dans l’amygdale.
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Références
Pourtois, G., Spinelli, L., Seeck, M. & Vuilleumier, P. (2010). Temporal precedence of emotion over attention modulations
in lateral amygdala: Intracranial ERP evidence from a patient with temporal lobe epilepsy. Cognitive Affective
and Behavioral Neuroscience, 10(1):83-93.
Vuilleumier, P. (2005). How brains beware: neural mechanisms of emotional attention. Trends in Cognitive Science,
9(12), 585-594.
L’émotion influence le phénomène de pseudonégligence.
Jacques Honoré (Laboratoire Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies, CNRS et Université de Lille
2), Stéphanie Coeugnet (Laboratoire d’Automatique, de Mécanique et d’Informatique Industrielles et
Humaines, CNRS et Université de Valenciennes), Angela Di Pastena (Laboratoire PSITEC, Université de
Lille 3), Henrique Sequeira (Laboratoire Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies, CNRS et Université
de Lille 2 et Lille 1).
Introduction
Lorsqu’ils marquent le milieu d’un objet tel qu’une ligne horizontale, les individus sains
commettent une erreur vers la gauche. Ce phénomène de pseudonégligence signerait la supériorité
de l’hémisphère droit pour les tâches visuo-spatiales et témoignerait d’une meilleure résolution
spatiale dans l’hémi-espace gauche (Savazzi et al., 2009). L’erreur en bissection de ligne est
influencée par divers facteurs tels que les habitudes culturelles ou les caractéristiques physiques du
stimulus à partager (revue dans Jewell et al., 2000).
Les émotions, qui se caractérisent par l’activation qu’elles engendrent et par leur valence,
plaisante ou déplaisante (Lang, 1994), pourraient également influencer la perception des propriétés
spatiales des objets. Ainsi, dans une tâche de bissection de lignes de caractères, Mohr et Leonards
(2007) constatent que l’erreur est modulée par la valeur activatrice de mots insérés dans la ligne.
La valence reste sans effet dans leur expérience, mais la modulation possible des effets de valence
par des caractéristiques émotionnelles de la personnalité comme l’anxiété (Mathews et McLeod,
1994) n’y est pas prise en compte. Ce manque est comblé dans la présente étude, qui compare par
ailleurs les effets de visages et de mots émotionnels, considérant que chaque hémisphère contribue
différemment au traitement de ces types de stimuli.
Matériel et Méthode
Trente-deux droitiers (âge moyen : 20,3 ans) ont marqué le milieu de lignes horizontales de
20 cm. Un visage ou un mot figurait ou non au-dessus des lignes, du côté gauche ou droit. Ces
stimuli inducteurs étaient de valence plaisante (mot ‘joie’ ou visage ‘souriant’, par exemple), neutre
(mot ‘cour’ ou visage inexpressif) ou déplaisante (mot ‘cancer’ ou visage effrayé). Les erreurs ont
fait l’objet d’une analyse de variance prenant en compte la nature du stimulus inducteur (mot,
visage), sa position (gauche, droite) et sa valence (plaisante, neutre, déplaisante). De plus, pour
chaque valence et chaque participant, un index d’attraction-répulsion (IAR) a été calculé, à savoir
la différence entre les erreurs mesurées selon la position du stimulus, à gauche ou à droite. Un IAR
négatif indique une répulsion relative (le milieu subjectif ‘s’éloigne’ du stimulus inducteur), un IAR
positif une attraction. La corrélation entre cet index et l’anxiété évaluée (Spielberger Trait Anxiety
Inventory) à la fin de l’expérience a été testée.
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Résultats et Discussion
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En accord avec la littérature, les participants tendent à marquer les lignes simples (ni visage, ni
mot) à gauche du milieu réel (-0,7 ± 3,6 mm). Cette tendance reflèterait l’implication plus forte de
l’hémisphère droit dans cette tâche visuo-spatiale.
L’analyse de variance indique un effet d’activation significatif. Le signe de l’erreur s’inverse
pour les stimuli émotionnels, qu’ils soient plaisants ou déplaisants. De plus, cet effet ne diffère pas
significativement selon le matériel, ce qui généralise les observations faites par Mohr et Leonards
(2007) avec un matériel verbal. D’une part, des visages sont aussi efficaces que des mots pour
induire un effet d’activation ; d’autre part, ces stimuli inducteurs sont aussi efficaces lorsqu’ils sont
dans l’environnement immédiat du stimulus à traiter que lorsqu’ils sont intégrés au stimulus à
traiter.
Comme dans l’expérience de Mohr et Leonards, aucun effet significatif de la valence n’émerge
de l’analyse de variance. Cependant, l’IAR corrèle positivement avec l’anxiété-trait : le même
matériel déplaisant induit une répulsion chez les participants non anxieux et une attraction chez
les anxieux (p = 0,01). Ce résultat est en accord avec l’idée que l’état émotionnel de l’organisme
conditionne la façon dont le cerveau traite l’information émotionnelle.
En conclusion, les événements émotionnels pourraient affecter la perception des propriétés
de l’espace dans lequel ils s’inscrivent. La compréhension des biais spatiaux paraît ainsi nécessiter
la prise en compte des dimensions affectives de la personnalité.
Références
Jewell, G., Mark E. McCourt, M.E. (2000). Pseudoneglect: a review and meta-analysis of performance factors in line
bisection tasks. Neuropsychologia, 38, 93-110.
Lang, P.J. (1994). The varieties of emotional experience: a meditation on James-Lange theory. Psychological Review,
101, 211-221.
Mathews, A.M., McLeod, C. (1994). Cognitive approaches to emotion and emotional disorders. Annual Reviews of
Psychology, 45, 25-50.
Mohr, C., Leonards, U. (2007). Rightward bisection errors for letter lines: The role of semantic information.
Neuropsychologia, 45, 295–304.
Savazzi, S. Posteraro, L., Veronesi, G., Mancini, F. (2007). Rightward and leftward bisection biases in spatial neglect: two
sides of the same coin ? Brain, 130, 2070-2084.
Rôle modulateur de l’anxiété dans la stabilisation du corps dans
l’espace après atteinte vestibulaire.
Liliane Borel (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de
Provence/CNRS, Marseille), Laurence Bernard-Demanze (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences
Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille), Abdessadek El Ahmadi (UMR
6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille),
Michel Dumitrescu (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Adaptatives, Université
de Provence/CNRS, Marseille), Jacques Magnan (Service d’Oto-rhino-laryngologie et Chirurgie Cervicofaciale, CHU Nord, Marseille), Arnaud Devèze (Service d’Oto-rhino-laryngologie et Chirurgie Cervicofaciale, CHU Nord, Marseille), Martine Liberge (UMR 6149, Laboratoire de Neurosciences Intégratives et
Adaptatives, Université de Provence/CNRS, Marseille).
Introduction
La perte des entrées vestibulaires induit un ensemble de symptômes qui participent à un
changement de la relation corps-espace. En particulier, une atteinte vestibulaire unilatérale conduit
à une asymétrie de l’orientation du corps dans l’espace, une perturbation de la stabilisation des
différents segments corporels, de la stabilisation de l’environnement sur la rétine, des changements
d’appréciation et d’utilisation des référentiels spatiaux ainsi que des changements de représentation
spatiale. Chez la plupart des patients, ces symptômes spectaculaires régressent naturellement
au cours du temps selon un processus dénommé compensation vestibulaire. Certains patients
récupèrent totalement de sorte que seuls des tests cliniques sophistiqués permettent de détecter
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la perte vestibulaire initiale. D’autres cependant, compensent mal ou ne compensent pas malgré
une perte vestibulaire apparemment identique. Le but de ce travail a été de comprendre les
causes de cette restauration fonctionnelle incomplète ou inadaptée. Deux hypothèses de travail
sont avancées. La première se fonde sur une mauvaise recalibration sensorielle. Elle s’appuie
sur l’existence de processus vicariants idiosyncrasiques. En effet, la plasticité post-lésionnelle
fait intervenir des phénomènes de substitution visuels et somatosensoriels, variables selon les
individus. L’utilisation excessive ou inadaptée de certaines informations pourrait expliquer en
partie les déficits de compensation. Ainsi, les patients qui présentent une dépendance visuelle
exacerbée semblent compenser plus difficilement. En se basant quasi exclusivement sur la vision,
ils seraient fortement perturbés par des environnements visuels mouvants. Cette hypothèse ne
suffit cependant pas à expliquer l’instabilité résiduelle observée dans le cas d’une compensation
incomplète. Une deuxième hypothèse attribue un rôle majeur à l’anxiété dans les déficits de
compensation. Son implication dans l’altération du contrôle postural a été décrite chez l’individu
non pathologique. Des effets accrus pourraient survenir au cours de la compensation fonctionnelle
consécutive à une atteinte vestibulaire. Dans cette étude, nous avons considéré simultanément le
rôle de l’anxiété et du stress et celui de la dépendance visuelle dans la compensation des fonctions
de stabilisation du corps dans l’espace après atteinte vestibulaire.
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Matériel et Méthode
Les analyses ont été réalisées chez 30 patients atteints de la maladie de Menière testés 2 à 4
ans après neurotomie vestibulaire unilatérale à visée curative. Les changements de stabilisation
du corps dans l’espace ont été évalués dans des conditions posturales statiques (en absence de
tout mouvement de la tête et du corps, i.e. lorsque aucune stimulation vestibulaire n’est appliquée
autre que la force de gravité) et dynamiques (lors de l’initiation ou de l’exécution des mouvements
de la tête et du corps dans son ensemble) grâce à une plate-forme permettant de déclencher des
réajustements posturaux lors de translations antéro-postérieures. La récupération posturale a
également été évaluée par des échelles subjectives d’évaluation (European Evaluation of Vertigo
et Dizziness Handicap Inventory). Le niveau de stress a été caractérisé par la concentration
plasmatique de certaines neurohormones du stress et l’anxiété par une échelle d’évaluation de
l’anxiété (Spielberger Trait Anxiety Inventory). La dépendance visuelle a été appréciée par le test
de la baguette et du cadre (Rod and Frame Test).
Résultats et Discussion
Les résultats de cette étude mettent en évidence le rôle modulateur de l’anxiété sur la
récupération posturale après atteinte vestibulaire. Plus spécifiquement, l’anxiété module les effets
de la dépendance visuelle : plus son niveau est élevé, moins bonne est la compensation ; cette
corrélation est observée uniquement chez les patients dépendants à l’égard du champ visuel.
L’anxiété pourrait intervenir dans l’intégration des informations sensorielles impliquées dans la
stabilisation posturale et l’orientation spatiale. En modulant la prise d’information sensorielle, les
émotions pourraient perturber les processus adaptatifs impliqués dans la relation corps-espace
après atteinte vestibulaire. En revanche, aucune relation entre les concentrations plasmatiques
d’hormones du stress et le niveau de restauration fonctionnelle n’est observée à ce délai
postopératoire.
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Session Neuropsychologie
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Exploration irmf d’un processus exécutif élémentaire chez les patients
schizophrènes
Grillon, Marie-Laure (Université de Reims), Charbonneau, Frédérique (Département de neuroradiologie,
ch Sainte Anne, Paris), Varoquaux, Gaël (Lnao, i2bm, CEA, Saclay), Thirion, Bertrand (Lnao, i2bm,
CEA, Saclay), Oppenheim, Catherine (Département de neuroradiologie, ch Sainte Anne, Paris), Huron,
Caroline (Unicog, inserm/CEA, Saclay).
Traumatisme crânien et schizophrénie : perturbations similaires de l’attention
sélective
Colliot, Pascale (Laboratoire EMC, Lyon 2), Bacon, Elisabeth (Inserm U666, Strasbourg), Masson,
Marjolaine (Laboratoire EMC, Lyon 2), Desert, Jean-François (Cmpr, coubert), Rhein, François (Cmpr,
Coubert), Foubert, Lucie (Cmpr, coubert), Offerlin-Meyer, Isabelle (Clinique psychiatrique, hospices civils,
Strasbourg), Michael, George A. (Laboratoire EMC, Lyon 2).
Neuroscience et neuropsychologie sociales de l’empathie
Narme, Pauline (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160), Mouras,
Harold (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160), Roussel, Martine
(Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160 - CHU Amiens Nord),
Godefroy, Olivier (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160 - CHU
Amiens Nord).
Déficits visuels dans les maladies à syndrômes extra-pyramidaux
Bordaberry, Pierre (Université Bordeaux 2 Victor Segalen), Allard, Michèle (Laboratoire d’imagerie
fonctionnelle (UMR 5231-CNRS)), Delord, Sandrine (Université Bordeaux 2 Victor Segalen).
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Exploration irmf d’un processus exécutif élémentaire chez les
patients schizophrènes
Grillon, Marie-laure (Université de Reims), Charbonneau, Frédérique (Département de neuroradiologie,
ch Sainte Anne, Paris), Varoquaux, Gaël (Lnao, i2bm, CEA, Saclay), Thirion, Bertrand (Lnao, i2bm,
CEA, Saclay), Oppenheim, Catherine (Département de neuroradiologie, ch Sainte Anne, Paris), Huron,
Caroline (Unicog, inserm/CEA, Saclay).
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Résumé
Les études en neuroimagerie associent le trouble des fonctions exécutives des patients schizophrènes
à un dysfonctionnement du cortex préfrontal (CPF). Pour mieux comprendre ce dysfonctionnement,
nous avons exploré en IRMf (Imagerie par Résonnance Magnétique fonctionnelle) les bases cérébrales
d’un processus exécutif élémentaire, le rafraîchissement, chez les patients schizophrènes. 15 patients
schizophrènes et 15 sujets contrôles ont participé à l’étude. Placés dans un imageur, les participants
devaient lire silencieusement des mots présentés sur un écran d’ordinateur. Les mots cibles étaient
présentés une seule fois dans la condition de lecture, immédiatement répétés dans la condition
de répétition, ou suivis par un point (•) signalant au participant de penser au mot qui précédait le
point dans la condition de rafraîchissement. Nous observons une hyperfrontalité et une hyoconnectivité
intrafrontale et fronto-pariétale en condition de rafraîchissement chez les patients par comparaison aux
sujets contrôles. L’ensemble de ces données suggèrent que les hyper-activations préfrontales observées
dans la schizophrénie ne témoignent pas de la mise en jeu de stratégies de compensation mais sont
consécutives d’une moindre connectivité cortico-corticale.
Introduction
La schizophrénie est une pathologie mentale invalidante relativement fréquente puisqu’elle
concerne environ 1% de la population. Elle se caractérise par des symptômes positifs tels que
les délires et les hallucinations et des symptômes négatifs tels que l’émoussement affectif ou
l’avolition. Ces dernières années, de nombreux travaux mettent en évidence des troubles cognitifs,
et en particulier un trouble des fonctions exécutives, chez les patients schizophrènes (Heinrichs &
Zakzanis, 1998). Ces troubles cognitifs sont fréquents et ont un impact crucial sur le devenir des
patients schizophrènes. Notre approche vise à caractériser les bases cérébrales de ces perturbations
cognitives en utilisant des moyens d’investigation issus de la psychologie cognitive expérimentale
associés à de l’imagerie cérébrale.
Les études en neuroimagerie associent le trouble des fonctions exécutives des patients
schizophrènes à un dysfonctionnement du cortex préfrontal (CPF). Les résultats concernant ce
dysfonctionnement préfrontal sont divergents : certaines études mettent en évidence une hyperactivation du CPF (e.g., Manoach et al., 2003) et d’autres études une hypo-activation du CPF
(Curtis et al, 1999 ; Volz et al, 1999). Ceci-dit, les tâches utilisées dans l’ensemble de ces études
sont complexes et impliquent la mise en jeu combinée d’un ensemble de processus. Or, chacun
de ces processus est susceptible de participer de manière différentielle aux dysfonctionnements
préfrontaux.
Johnson et al (1992) ont développé un modèle MEM (Multiple-Entry-Modular memory
framework) qui décompose les fonctions exécutives en opérations mentales élémentaires. Au
sein de ce modèle, l’opération la plus simple est le processus de rafraîchissement, qui permet
de prolonger et/ou augmenter l’activation d’une représentation en l’absence d’entrée perceptive.
Rafraîchir une information consiste à penser brièvement à cette information alors qu’elle n’est
plus perceptivement présente. Il s’agit d’un processus réflexif élémentaire mis en jeu dans de
multiples activités quotidiennes tels que lors de la résolution de problème, la compréhension de
texte, ou encore pour maintenir une continuité dans l’évolution du cours de la pensée. Johnson et
al (2002) ont développé un paradigme expérimental pour explorer spécifiquement ce processus de
rafraîchissement. Les sujets doivent lire à haute voix le plus vite possible des mots présentés un à un
au centre d’un écran d’ordinateur. Les mots cibles sont présentés une seule fois dans la condition
de lecture, immédiatement répétés dans la condition de répétition, ou suivis par un point (•)
signalant au sujet de penser au mot qui précède le point et de le dire le plus vite possible dans la
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condition de rafraîchissement. En associant cette procédure à un protocole IRMf, ils montrent que
le rafraîchissement de l’information s’accompagne d’activations fronto-pariétales (Johnson et al,
2005).
Dans cette étude, nous avons cherché à déterminer les bases cérébrales du rafraîchissement
chez les patients schizophrènes.
Matériel et Méthode
15 patients schizophrènes et 15 sujets contrôles ont participé à l’étude. Les participants sont
placés dans une IRM 1.5 Teslas. Ils doivent lire silencieusement des mots présentés un à un sur
un écran d’ordinateur. Les mots cibles sont présentés une seule fois dans la condition de lecture,
immédiatement répétés dans la condition de répétition, ou suivis par un point (•) signalant au
sujet de penser au mot qui précédait le point dans la condition de rafraîchissement. Les scans
fonctionnels sont acquis parimagerie echo planar (EPI) puis traités avec SPM5.
Résultats et Discussion
Les analyses de contraste montrent que le réseau cérébral associé au rafraîchissement
de l’information inclue des régions frontales bilatérales plus importantes chez les patients
schizophrènes que chez les sujets sains. Ces résultats sont en accord avec les travaux de Manoach
(2003) qui mettent en évidence des hyper-activations préfrontales chez les patients par comparaison
aux sujets contrôles dans les situations où la tâche utilisée, bien que complexe, implique une faible
charge cognitive. D’après Callicott (2003), ces hyper-activations témoignent de la mise jeu de
stratégies de compensation. Or, contrairement aux études précédentes qui utilisaient des tâches
complexes susceptibles de pouvoir être résolue de différentes manières, la tâche utilisée dans notre
étude implique la mise en jeu d’un processus isolée qui consiste simplement à penser brièvement
à une représentation qui vient d’être activée. Dans ces conditions, il est difficile d’interpréter ces
hyper-activations préfrontales par la mise en place de stratégies de compensation. Par ailleurs, les
analyses de connectivité mettent en évidence une moindre connectivité intrafrontale et frontopariétale en condition de rafraîchissement chez les patients par comparaison aux sujets contrôles.
L’ensemble de ces résultats suggèrent donc que les hyperactivations observées dans la schizophrénie
peuvent en partie s’expliquer par des hypoconnectivités intrafrontale et fronto-pariétale.
Références
Callicott, J. H., et al. (2003). Am J Psychiatry 160(12), 2209-15.
Curtis, V.A., et al. (1999). Schizophr Res 37(1), 35-44
Johnson, M. K., & Hirst, W. (1992). J of Cog Neurosc, 4, 268-280
Johnson, M. K., et al. (2005). Cognitive, Affective, & Behavioral Neuroscience 5, 339-361.
Johnson, M. K., et al. (2002). Psychol Sc 13, 64-67.
Heinrichs, R. W., Zakzanis, K. K. (1998). Neuropsychology 12(3), 426-45.
Manoach, D. S. (2003). Schizophr Res 60(2-3), 285-98.
Volz, H., et al. (1999). Eur Psychiatry 14(1), 17-24.
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Traumatisme crânien et schizophrénie : perturbations similaires de
l’attention sélective
Colliot, Pascale (Laboratoire EMC, Lyon 2), Bacon, Elisabeth (Inserm U666, Strasbourg), Masson,
Marjolaine (Laboratoire EMC, Lyon 2), Desert, Jean-François (Cmpr, coubert), Rhein, François (Cmpr,
coubert), Foubert, Lucie (Cmpr, coubert), Offerlin-Meyer, Isabelle (Clinique psychiatrique, hospices civils,
Strasbourg), Michael, George A. (Laboratoire EMC, Lyon 2).
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Résumé
La présente étude vise à étudier les effets d’un traumatisme crânien et de la schizophrénie sur différentes
mesures de l’attention à l’aide d’un test original de barrage de cibles visuelles mettant en jeu de multiples
sous-composants de l’attention (Test of Focused Attention : TFA 2000 ; Michael et al, 2007).
Introduction
Des données récentes suggèrent des mécanismes neurochimiques communs aux traumatismes
crâniens et à la schizophrénie (Bennouna et al, 2007). Ces données laissent supposer que les
patients traumatisés crâniens et les schizophrènes pourraient présenter des désordres cognitifs
similaires. Cette similarité a fait l’objet de plusieurs études dont les résultats suggèrent des profils
de performances identiques chez les traumatisés crâniens et les schizophrènes dans de nombreux
tests neuropsychologiques (Fujii et al, 2004). Néanmoins, ces résultats restent difficiles à interpréter
en termes de processus préservés et processus déficitaires. En fait, de multiples fonctions sont
mises en jeu dans les tests neuropsychologiques classiques et il devient difficile d’interpréter les
performances obtenues et de comprendre les déficits sous-jacents. Les troubles de l’attention sont
très souvent évoqués en référence à ces deux populations de patients (Bowie & Harvey, 2006 ; Van
Denkolaar et al, 2005). Mais, là encore, la diversité des tests utilisés, les différences de méthode et
de critères attentionnels considérés rendent la comparaison difficile.
Méthode
Lors d’une tâche originale de barrage de cibles visuelles permettant de mettre en évidence
les sous-composants déficitaires et intacts de l’attention sélective, la présente étude propose une
analyse détaillée des performances :
- d’un groupe de dix patients traumatisés crâniens sans désordre psychiatrique. Ce groupe est
constitué d’individus de sexe masculin dont la moyenne d’âge est de 32,2 ans (ET=13,4 ans) et dont
l’accident remonte en moyenne à 9,3 mois (ET=6,6 mois).
- d’un groupe de vingt et un patients schizophrènes sans antécédent neurologique. Ce groupe
est constitué de 8 femmes et de 13 hommes dont l’âge moyen est de 40 ans (ET=10 ans) et dont la
maladie remonte à 12,9 ans en moyenne (ET=6,8 ans).
- et de leur groupe contrôle respectif.
La tâche utilisée (Taf 2000) est une épreuve chronométrée lors de laquelle les participants
sont invités à barrer, le plus rapidement possible, toutes les cibles rencontrées dans un dispositif
en lignes qu’ils explorent de gauche à droite. Les participants sont avertis qu’à chaque ligne leur
recherche sera interrompue par un signal les invitant à passer à la ligne suivante.
Les résultats sont analysés uniquement dans la portion explorée du dispositif, c’est-à-dire la
partie comprise entre le premier item de chaque ligne et le dernier item barré avant le changement
de ligne. A l’intérieure de la portion explorée, différents paramètres sont analysés : (a) la proportion
d’items traités nous indiquant la vitesse de traitement de l’information, (b) la proportion de « hits »
(cibles correctement barrées) et (c) la proportion de rejets corrects (distracteurs non barrés). Ces
deux derniers paramètres nous renseignent respectivement sur le traitement de la cible et des
distracteurs. Finalement (d) la proportion de « hits » et de faux positifs (distracteurs barrés) nous
permet de réaliser un traitement du signal nous renseignant sur la détectabilité de la cible (état du
système sensoriel) et les critères de décision du participant.
Résultats et discussion
Les résultats montrent que comparativement à leur groupe contrôle les deux groupes de
patients présentent (a) un ralentissement de la vitesse de traitement de l’information (b) une
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diminution de l’efficience du traitement de la cible (proportion de hits) et (c) et un affaiblissement
de la sensibilité sensorielle (index de sensibilité d’ lors du traitement du signal). De plus, aucun des
groupes ne présente (d) de surcharge attentionnelle (pas de déclin des performances au cours du
temps) ou (e) de changement de critères de réponse. La comparaison directe entre les deux groupes
révèle uniquement le fait que les patients schizophrènes sont plus lents que les patients traumatisés
crâniens.
Mis à part le ralentissement cognitif, classiquement décrit chez les patients traumatisés
crâniens et les patients schizophrènes, le déficit majeur mis en évidence auprès de ces deux
groupes de patients concerne le traitement de la cible (nombreuses omissions). Au regard des
caractéristiques des stimuli utilisés (grande similarité physique entre la cible et les distracteurs
favorisant l’interférence), de la méthode (stratégie d’exploration contrôlée), des mécanismes
impliqués (pro-saccades oculaires, fixation, et attention focale) et des données de la littérature, ce
résultat est interprété comme un déficit du filtrage attentionnel. Les patients auraient des difficultés
pour se focaliser sur les stimuli pertinents en laissant de côté les informations non pertinentes.
En accord avec des données de la littérature, ces résultats suggèrent donc des patterns de
performance hautement similaires chez les patients schizophrènes et les patients traumatisés
crâniens. Les deux groupes de patients utilisent des stratégies similaires pour réaliser la tâche et
les difficultés rencontrées semblent en lien avec des sous-composants spécifiques de l’attention
sélective (filtrage). Une origine commune à ces difficultés attentionnelles est discutée en termes
de dysfonctionnements cérébraux diffus et de changements neurochimiques importants. D’autres
investigations à l’aide de tests ciblant des sous-composants spécifiques du fonctionnement cognitif
sont à envisager.
Références
Bennouna M., Greene V.B., Defranoux L. (2007). Théorie cholinergique dans les psychoses après un traumatisme
crânien et dans la schizophrénie : un lien ?. Encephale, 33: 616-620.
Bowie C.R., Harvey P.D. (2006). Schizophrenia from a neuropsychiatric perspective. Mt. Sinai J. Med., 73, 993-998.
Fujii D., Ahmed I., Hishinuma E. (2004). À neuropsychological comparison of psychotic disorder following traumatic
brain injury, traumatic brain injury without psychotic disorder, and schizophrenia. J. Neuropsychiatr. Clin.
Neurosci., 16, 306-314.
Michael G.A., Bacon E., Offerlin-Meyer I. (2007). Lorazepam induces multiple disturbances in selective attention:
Attentional overload, decrement in target processing efficiency, and shifts in perceptual discrimination and
response bias. J. Psychopharmacol, 21: 684-690.
Van Donkelaar P., Langan J., Rodriguez E., Drew A., Halterman C., Osternig L.R. et al. 2005). Attentional deficits in
concussion. Brain Inj., 19, 1031-1039.
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Narme, Pauline (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160), Mouras,
Harold (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160), Roussel, Martine
(Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160 - CHU Amiens Nord),
Godefroy, Olivier (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies-CNRS UMR 8160 - CHU
Amiens Nord).
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Neuroscience et neuropsychologie sociales de l’empathie
Résumé
L’empathie, capacité à comprendre et ressentir les émotions d’autrui, a un rôle central dans les
interactions sociales. L’empathie serait un phénomène non unitaire, composée de (1) l’empathie
émotionnelle, reflet d’une contagion émotionnelle entre l’observateur et la cible, (2) l’empathie cognitive
impliquant la conscience de soi, les capacités de prise de perspective, d’inhibition et de régulation. Une
première étude avait pour objectif d’examiner à quelle étape du traitement intervient la régulation,
montrant que la proximité affective module la réponse empathique de l’observateur lorsqu’il doit
évaluer l’intensité d’une douleur à partir de photos selon différentes perspectives (soi, proche, inconnu).
Les mesures électromyographiques de la face et électroencéphalographiques suggèrent que cette
modulation est tardive, sous la dépendance de processus contrôlés. D’autre part, une seconde étude a
été menée afin d’explorer les processus empathiques dans la dégénérescence lobaire fronto-temporale
(DLFT), caractérisée par des troubles du comportement. Les composantes émotionnelle et cognitive de
l’empathie étaient déficitaires, justifiant le développement de tâches permettant l’évaluation des
processus socio-émotionnels en pratique clinique.
Expérience 1
Introduction L’empathie implique deux systèmes : 1) contagion émotionnelle (automatique) ;
2) prise de perspective (contrôlé)1. Différents facteurs peuvent moduler la réponse empathique, tels
que les relations sociales entre l’observateur et la cible2. Toutefois, peu d’études en neurosciences se
sont intéressées à la manière dont la proximité affective de la cible peut moduler cette réponse, et
au moment auquel cette modulation prend place.
Méthode : 37 participants (19 hommes, âge moyen = 20,6±2,9) évaluaient l’intensité de la
douleur à partir de photos représentant des membres dans des situations de la vie quotidienne
selon trois perspectives : a) ils s’imaginent eux-mêmes dans la situation (Soi) ; b) ils imaginent
qu’il s’agit d’une personne qu’ils ne connaissent pas (Inconnu) ; c) ils imaginent qu’il s’agit d’une
personne qui leur est proche (Proche). L’activité électromyographique (EMG) de deux muscles
faciaux [corrugator supercilii (CS) et zygomatique majeur (ZM)] était enregistrée, étant un
marqueur de la réponse empathique émotionnelle et automatique.
Résultats : Sur le plan comportemental, les évaluations de la douleur étaient plus élevées
pour un proche (p<.01) par rapport à soi et avaient une tendance à être plus élevées pour soi que
pour un inconnu (p=.08). L’enregistrement EMG montrait une activité supérieure du CS pour les
photos douloureuses par rapport aux photos neutres, alors que cet effet n’existait pas pour le ZM.
L’enregistrement des deux muscles n’était pas modulée selon la perspective adoptée.
Conclusion : La proximité affective module la réponse empathique et les résultats vont à
l’encontre du biais égocentrique bien connu de l’être humain. L’absence de modulation de l’EMG
selon la perspective suggère que l’effet précédent pourrait être le reflet d’un biais de désirabilité
sociale ou que la modulation ne prend pas place à l’étape émotionnelle automatique de l’empathie.
Expérience 2
Introduction Les études réalisées en imagerie cérébrale fonctionnelle ne permettent pas de
savoir à quelle étape intervient la régulation, du fait de sa faible résolution temporelle. À l’inverse,
l’EEG permet d’étudier la temporalité des phénomènes, et donc de dissocier les processus
automatiques des processus contrôlés3. Méthode : 13 participants ont réalisé une tâche similaire
à celle décrite dans l’expérience 1 alors qu’un enregistrement EEG était réalisé grâce à un système
de 128 électrodes actives. L’enregistrement EEG a été analysé de manière a extraire les potentiels
évoqués par les photos neutres et douloureuses.
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Résultats : Les résultats comportementaux répliquent les résultats de l’expérience 1. Les
résultats préliminaires en EEG montrent que passer de la perspective de soi à la celle d’un inconnu
réduit l’amplitude des ERP tardives –et non les composantes précoces– dans une fenêtre temporelle
de 350-600 ms post-stimulus pour des électrodes frontales antérieures droits. Cette réduction
n’existe pas pour la perspective d’un proche.
Conclusion : La prise de perspective est caractérisée par des composantes tardifs top-down
ou contrôlées. De plus, les caractéristiques de la cible, telle que le lien affectif avec celle-ci peuvent
moduler ces composantes tardives.
Expérience 3
Introduction Un déficit d’empathie a été rapporté dans la dégénérescence lobaire frontotemporale (DLFT)4, caractérisée par des changements comportementaux. Or les deux processus
impliqués dans l’empathie (contagion émotionnelle ou empathie émotionnelle et prise de
perspective ou empathie cognitive) seraient dissociables1. Cette étude a pour but de déterminer si
la perte d’empathie dans la DLFT est liée à une atteinte sélective de l’un de ces processus.
Méthode : 24 participants ont été inclus : 6 patients DLFT (3 DLFT forme frontale et 3 forme
temporale) (Age=59,5±7,1 ans ; Scolarité= 10,5±2,2 ans) et 18 participants contrôles appariés
en âge et scolarité (Age=58,2±6,2; Scolarité= 10,6±3,7). Les patients ont bénéficié d’un bilan
neuropsychologique montrant un score inférieur au MMS (p=0,02) et un syndrome dysexécutif
exécutif et/ou comportemental. L’empathie a été mesurée par l’Index de Réactivité Interpersonnelle
(IRI) et une épreuve d’empathie à la douleur. L’empathie émotionnelle a été explorée par une tâche
de reconnaissance des émotions faciales et l’empathie cognitive a été explorée par deux tâches de
théorie de l’esprit (« Faux pas » ; « Yoni »).
Résultats: Les patients DLFT montrent : 1) une diminution significative de l’empathie cognitive
présente depuis la maladie sur le score à l’IRI (p=0,04) ; 2) une altération à la tache des faux pas
témoignant également d’un déficit d’empathie cognitive ; 3) un déficit de la reconnaissance des
émotions faciales (p=0,001), non expliqué par une atteinte perceptive (p=0,24), témoignant d’un
déficit d’empathie émotionnelle ; 4) une préservation de l’empathie pour la douleur.
Conclusions: Les patients DLFT sont déficitaires dans les composantes « émotionnelle » et
« cognitive » de l’empathie, sans dissociation entre les deux groupes de DLFT dans la présente
étude. Ces résultats vont à l’encontre d’une atteinte sélective de l’empathie cognitive dans la
variante frontale, comme suggéré par les résultats de l’IRI4. Ces résultats indiquent que l’évaluation
de l’empathie requiert une investigation plus complète que le seul questionnaire IRI.
Références
Shamay-Tsoory, S.G., Aharon-Peretz, J., Perry D. (2009). Two systems for empathy: a double dissociation between
emotional and cognitive empathy in inferior frontal gyrus versus ventromedial prefrontal lesions. Brain, 132, 61727.
Hein, G., & Singer, T. (2008). I feel how you feel but not always: the empathic brain and its modulation. Current Opinion
in Neurobiology, 18, 153-8.
Li, W., & Han, S. (2010). Perspective taking modulates event-related potentials to perceived pain. Neurosciences Letters,
469, 328-332.
Rankin, K.P., Kramer, J.H., Miller, B.L. (2005). Patterns of cognitive and emotional empathy in frontotemporal lobar
degeneration. Cognitive and Behavioral Neurology, 18, 28-36.
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Bordaberry, Pierre (Université Bordeaux 2 Victor Segalen), Allard, Michèle (Laboratoire d’imagerie
fonctionnelle (UMR 5231-CNRS)), Delord, Sandrine (Université Bordeaux 2 Victor Segalen).
Résumé
L’objectif de cette étude était d’étudier l’intégrité des systèmes parvocellulaire et magnocellulaire dans
les maladies à syndrômes extra-pyramidaux. 21 personnes âgées (m=58,7 ans ; α= 6.5) et 24 patients
(m= 60.2 ans; α=9.7) ont participé à cette expérience. L’expérience consistait en la passation de deux
tâches (catégorisation sémantique et localisation). Une cible était présentée pendant 200 ms au dessus/
au dessous d’un point de fixation en trois versions différentes (normal, passe-bande, passe-bas). Les
résultats révèlent une interaction significative entre le type de tâche, le type d’image et la population.
Les patients montrent un accroissement des temps de réponse et des taux d’erreur pour les conditions
impliquant le système magnocellulaire quelque soit la tâche demandée. Ces résultats ouvrent la
voie à de nouveaux marqueurs visuels de ces maladies et ainsi à la possibilité d’outils diagnostiques
supplémentaires.
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matin
Déficits visuels dans les maladies à syndrômes extra-pyramidaux
Introduction
Cette étude de neuropsychologie cherche à évaluer l’intégrité des processus visuels dans
les maladies à syndrôme extra-pyramidal. Une meilleure connaissance des déficits visuels chez
ces patients devrait permettre d’une part d’améliorer nos connaissances sur une partie de la
physiopathologie des syndromes extra-pyramidaux mais aussi d’ouvrir la voie à de futurs outils
diagnostiques.
La prise en compte de la fonction visuelle a déjà permis d’améliorer la prise en charge de ces
maladies : par exemple, les troubles visuels spécifiques à la maladie de Parkinson permettent de la
différencier de la paralysie supranucléaire progressive, ces deux pathologies partageant certains
symptômes à un stade précoce (Amstrong, 2008). La fonction visuelle est un sens majeur chez
l’Homme et il ne faut pas négliger son incidence sur notre autonomie, la plupart des symptômes
visuels étant associés à des difficultés à exécuter les activités de la vie quotidienne. Par exemple,
on peut se demander si les chutes fréquentes dans ce type de maladie sont seulement dues aux
problèmes moteurs inhérents à cette pathologie ou bien si des troubles visuels peuvent amplifier les
difficultés motrices (l’appréciation correcte des distances est cruciale pour descendre un escalier).
Un grand nombre de troubles visuels plus ou moins marqués ont déjà été décrits plus
particulièrement dans la maladie de Parkinson. On observe, par exemple, des difficultés motrices,
comme un ralentissement du clignement des yeux et une dégradation du contrôle oculomoteur
(ralentissement des saccades oculaires). Des perturbations à des étapes précoces (discrimination des
couleurs…) ou tardives (perception dans l’espace, déficits visuo-spatiaux…) du traitement visuel
ont également été constatées. On notera que les difficultés visuo-spatiales et la discrimination des
couleurs sont fortement associées aux difficultés rencontrées dans la vie quotidienne (Davidsdottir,
Cronin-Golomb et Lee, 2005). Si plusieurs types de troubles visuels ont été mis en évidence
(Amstrong, 2008 ; Davie & al., 2008) leur caractérisation fine au plan cognitif reste imparfaite et
les tentatives d’interprétation de ces résultats au niveau des modèles de la vision sont rares (Silva
et al., 2005) et méritent d’être complétées au plan cognitif. Nous proposons d’évaluer ces troubles
dans le cadre de la dissociation entre système parvocellulaire (P), responsable de l’identification
consciente des objets, et magnocellulaire (M), responsable des compétences visuo-spatiales, à l’aide
d’une approche comportementale en neuropsychologie cognitive.
Méthode
21 personnes âgées (m=58,7 ans ; α= 6.5) et 24 patients (m= 60.2 ans; α=9.7) ont été recrutés
pour participer à cette expérience. Les patients ont été recrutés dans le service de médecine
nucléaire de l’Hôpital Pellegrin de Bordeaux dans le cadre d’un examen d’imagerie du système
dopaminergique. Tous les patients souffraient d’un syndrome extrapyramidal. Le diagnostic est
posé dans l’année qui suit l’examen d’imagerie et l’examen neuropsychologique. En outre, obtenir
les résultats avant l’établissement du diagnostic permettra d’évaluer leurs capacités prédictives.
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matin
Tous les patients présentant d’autres pathologies visuelles (cataracte, glaucome, DMLA…) étaient
exclus de l’étude.
L’expérience était composée des deux tâches de 120 essais. Un essai se déroulait de la manière
suivante : un point de fixation était présenté pendant 500 ms au centre de l’écran afin de focaliser
l’attention du participant, puis la cible décalée de 1° au dessus ou au dessus du point de fixation,
dans l’une de ses trois versions, était affichée jusqu’à la réponse du participant. Le participant
exécutait alors le plus précisément et le plus rapidement possible soit la tâche de catégorisation
sémantique (animaux/outils), soit la tâche de localisation (haut/bas).
Résultats et discussion
Le résultat principal de cette étude est l’interaction significative entre le type de tâche, le type
d’image et la population.
Les temps de réponse à la tâche de catégorisation sémantique, pour le groupe contrôle, étaient
plus longs lors de la présentation des images filtrées (passe-bande; m= 726 ms et passe-bas; m=
721 ms) que pour les images non filtrées (m= 653 ms). Les patients, quant à eux, avaient des temps
de réponses inférieurs pour les images normales (m=875 ms) que pour les images passe-bande
(m= 995 ms), eux-mêmes plus longs que pour les images passe-bas (m= 1052 ms). Pour la tâche
de localisation, les personnes âgées répondaient plus rapidement pour les images non-filtrées (m=
442 ms) et les images passe-bas (m=443 ms) que pour les images passe-bande (m=513 ms) alors
que pour les patients les temps de réponse étaient identiques dans les trois conditions.
Ces résultats indiquent clairement un déficit magnocellulaire dans les maladies à syndrômes
extra-pyramidaux. Les temps de réponses des patients augmentent plus fortement dans les
conditions impliquant les informations magnocellulaires. Il reste à déterminer en analysant le suivi
des patients si ce déficit est exclusif à un certain type de maladie ou se retrouvent chez toute les
personnes souffrant de syndrômes extra-pyramidaux
Références
Amstrong, R.A. (2008). Visual signs and symptoms of Parkinson’s disease. Clin ExpOptom, 91, 2, 129-138.
Davie C.A. (2008). À review of Parkinson’s disease. British medical bulletin, 89, 109-127.
Davidsdottir., S., Cronin-Golomb, A. & Lee, A. (2005). Visual and spatial symptoms in Parkinson’s Disease. Vision
Research, 45, 1285-1896
Silva, F., Faria, P., Regateiro, F., Forjaz, V., Januario, C., Freire, A., & Castelo-Branco, M. (2005). Independent patterns of
damage within magno-, parvo- and koniocellular pathways in Parkinson ’s disease. Brain, 128, 2260-2271.
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mardi
après-midi
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Session Psychologie sociale 1
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Certitude – incertitude : rôle dans les processus de conformité
Font, Hélène (Université Blaise Pascal-Clermont Fd, lapsco, CNRS UMR 6024), Brauer, Markus (Université
Blaise Pascal-Clermont Fd, lapsco, CNRS UMR 6024).
Effet de la déterminabilité sociale sur le goût pour l’humour et le politiquement
correct
Joossen, Lionel (Université Lille Nord de France), Mignon, Astrid (Université Lille Nord de France,
URECA).
Influence des contextes compétitif et coopératif sur la perception de l’avenir :
étude situationnelle et positionnelle de l’optimisme comparatif
Krzeminski, Aurélie (Université de Nice Sophia-Antipolis, lpcs EA 1189), Milhabet, Isabelle (Université
de Nice Sophia-Antipolis, lpcs EA 1189), Clerico, Jean-Baptiste (Université de Nice Sophia-Antipolis, lpcs
EA 1189).
J’ai peur donc j’échoue : le rôle de la peur dans l’effet de menace du stéréotype
Chateignier, Cindy (Université Paris Ouest Nanterre- la Défense), Chekroun, Peggy (Université Paris Ouest
Nanterre- la Défense), Nugier, Armelle (Université de Clermont), Dutrévis, Marion (Université de Genève).
Les modes de connaissance des objets usuels conditionnent-ils la connaissance
des personnes ?
Schiffler, Frédéric (Université Nancy 2), Dubois, Nicole (Université Nancy 2), Mollaret, Patrick (Université
Champagne-Ardennes).
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Font, Hélène (Université Blaise Pascal-Clermont Fd, lapsco, CNRS UMR 6024), Brauer, Markus (Université
Blaise Pascal-Clermont Fd, lapsco, CNRS UMR 6024).
Résumé
Etre incertain, en proie aux doutes, sans savoir comment agir ou penser est un état psychologique
aversif. Une importante motivation consiste donc à réduire l’incertitude ressentie, notamment en se
conformant aux normes sociales. Nous pourrions aussi être motivés à conserver un degré de certitude
suffisant. Pour cela, les individus pourraient chercher à maintenir la cohérence de l’environnement
et à effectuer davantage de pression à la conformité. Afin de tester l’effet du degré de certitude –
incertitude sur ces processus de conformité, une étude en ligne a été menée. Après induction de divers
états (certitude, incertitude et condition contrôle), trois mesures étaient effectuées : échelles de pression
à la conformité, d’inquiétude vis-à-vis de la convenance et de conformité. Les résultats indiquent que
les individus certains se conforment moins mais effectuent davantage de pression à la conformité que
les individus contrôles et incertains. Il semble donc que le degré de certitude – incertitude soit lié de
manière complexe aux processus de conformité, que ce soit du côté du « suiveur » qui se conforme que
du côté du « leader » qui impose les normes sociales.
mardi
matin
Certitude – incertitude : rôle dans les processus de conformité
Introduction
Selon la théorie de la réduction de l’incertitude, les individus sont motivés à réduire leur
état d’incertitude (Hogg, Mullin, Abrams, & Hogg, 1999) et pourraient donc être aussi motivés
à maintenir un état de certitude. Pour réduire l’incertitude, les individus incertains auraient
davantage tendance à suivre les normes du groupe (Smith, Hogg, Martin, & Terry, 2007). En effet,
en accord avec les caractéristiques de l’influence informationnelle (Deutsch & Gerard, 1955), les
individus tendraient à se conformer pour avoir une compréhension plus précise et une réponse
plus adaptée, notamment en cas d’incertitude (Cialdini & Goldstein, 2004). À l’inverse, les
individus certains pourraient être motivés à éviter toute information susceptible de remettre en
cause leurs certitudes, afin de maintenir un niveau de certitude élevé. Ainsi, ils seraient davantage
consistants avec leurs valeurs personnelles (Lönnqvist, Leikas, Paunonen, Nissinen, & Verkasalo,
2006) et motivés à conserver une congruence entre comportements et standards personnels (Roney
& Sorrentino, 1995), permettant le maintien du niveau élevé de certitude. Ces deux éléments les
amèneraient à vouloir préserver la cohérence dans l’environnement social selon leurs valeurs
et normes personnelles. Ainsi, notre étude a pour but de montrer que les individus certains se
conforment moins mais en revanche qu’ils effectuent davantage de pression à la conformité que
les individus incertains.
Méthode
Cent-six participants ont répondu à cette expérience menée en ligne et présentée comme
une série d’études indépendantes. Les participants étaient tout d’abord aléatoirement répartis
dans trois conditions par une méthode d’induction adaptée de l’expérience de Van Den Bos
(2001) et De Cremer, Bredels et Sedikides (2008). Les participants étaient ainsi induits dans un
état de certitude, d’incertitude et un état contrôle, en décrivant respectivement les émotions
et réactions physiologiques ressenties quand ils se sentent certains, incertains ou quand ils
regardent la télévision. Par la suite, différentes mesures étaient effectuées : les deux sous-échelles
de préoccupation à la convenance (attention portée aux informations de comparaison sociale et
variabilité inter-situationnelle ; Lennox & Wolfe, 1984) mesurant les tendances à se conformer aux
demandes sociales d’une situation, une échelle de pression à la conformité créée et validée dans
une étude préliminaire, et l’échelle de conformité (Mehrabian & Stefl, 1995) mesurant la volonté
d’imiter autrui en termes d’idées, de valeurs et de comportements.
Résultats et Discussion
Les résultats obtenus soutiennent nos hypothèses pour les deux premières mesures. D’une
part, la tendance linéaire significative pour l’échelle de variabilité inter-situationnelle (F(1,100)
= 4.16, p = .044, PRE = .04) en association avec un contraste résiduel non significatif (F(1,100)
= .01, ns, PRE < .001) indique que les participants certains rapportaient moins de variabilité
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inter-situationnelle que les participants de la condition contrôle, eux-mêmes rapportant moins
de variabilité inter-situationnelle que les participants incertains. Ainsi, les individus certains
montrent une moindre tendance à la conformité que les individus contrôle et incertains. Ces
résultats vont au-delà des travaux antérieurs, principalement limités à une comparaison entre les
conditions incertitude et contrôle. En effet, l’incertitude augmente la conformité, mais la certitude
diminue la conformité. D’autre part, la tendance linéaire significative pour la mesure de pression à
la conformité (F(1,100) = 4.93, p = .028, PRE = .05) et le contraste résiduel non significatif (F(1,100)
= .04, ns, PRE < .001) montrent que plus les participants sont certains, plus ils rapportent avoir
tendance à exercer une pression à la conformité sur autrui. Ainsi, nous avons montré que le degré
de certitude est lié à l’intensité des pressions normatives que l’on exerce sur ceux qui ne suivent pas
les normes du groupe.
Il semble que le niveau de certitude-incertitude intervienne à deux niveaux dans les processus
de conformité. D’une part, les participants incertains se conforment davantage aux normes sociales.
D’autres part, les participants certains exercent plus de pression à la conformité. En élargissant ces
données à un contexte inter-individuel ou inter-groupe, ces aspects pourraient contribuer à un
équilibre des rôles entre leaders et suiveurs et devront donc être étudiés plus en détails.
Références
De Cremer, D., Brebels, L., & Sedikides, C. (2008). Being uncertain about what ? Procedural fairness effects as a function
of general uncertainty and belongingness uncertainty. Journal of Experimental Social Psychology, 44(6), 15201525.
Cialdini, R. B., & Goldstein, N. J. (2004). Social influence: Compliance and conformity. Annual Review of Psychology,
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Deutsch, M., & Gerard, H. B. (1955). A study of normative and informational social influences upon individual judgment.
The Journal of Abnormal and Social Psychology, 51(3), 629-636.
Hogg, M. A., Mullin, B.-A., Abrams, D., & Hogg, M. A. (1999). Joining groups to reduce uncertainty: Subjective
uncertainty reduction and group identification. In Social identity and social cognition. (pp. 249-279). Malden:
Blackwell Publishing.
Lönnqvist, J.-E., Leikas, S., Paunonen, S., Nissinen, V., & Verkasalo, M. (2006). Conformism Moderates the Relations
Between Values, Anticipated Regret, and Behavior. Personality and Social Psychology Bulletin, 32(11), 1469-1481.
Roney, C. J. R., & Sorrentino, R. M. (1995). Reducing self-discrepancies or maintaining self-congruence ? Uncertainty
orientation, self-regulation, and performance. Journal of Personality and Social Psychology, 68(3), 485-497.
Smith, J. R., Hogg, M. A., Martin, R., & Terry, D. J. (2007). Uncertainty and the influence of group norms in the attitudebehaviour relationship. British Journal of Social Psychology, 46(4), 769-792.
Van Den Bos, K. (2001). Uncertainty management: The influence of uncertainty salience on reactions to perceived
procedural fairness. Journal of Personality and Social Psychology, 80(6), 931-941.
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Effet de la déterminabilité sociale sur le goût pour l’humour et le
politiquement correct
Joossen, Lionel (Université Lille Nord de France), Mignon, Astrid (Université Lille Nord de France,
URECA).
Résumé
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Notre but est d’étudier l’effet de la déterminabilité sociale sur le goût pour la provocation et l’humour.
En phase 1, la moitié des sujets était rendue déterminable et l’autre moitié non déterminable. En
phase 2, ils composaient un journal en plaçant des dessins, variant sur leurs caractères politiquement
correct et humoristique, à des emplacements plus ou moins visibles. Comparativement aux sujets « non
déterminables », les sujets socialement déterminés préfèrent exposer les dessins peu politiquement
corrects aux dessins très politiquement corrects. Il n’y a pas d’effet de la déterminabilité sociale sur
l’exhibition de l’humour.
Introduction
D’après Schadron et Morchain (1999 ; Morchain & Schadron, 2001), savoir qu’une personne
possède des informations sur nous, nous donne l’impression d’être jugeable par elle. Le concept de
déterminabilité sociale a été introduit pour désigner le fait que quand nous nous sentons jugeables,
nous sommes davantage sensibles à différentes formes d’influences. Il a été montré qu’un individu
placé en situation de déterminabilité sociale (quand il croit que l’expérimentateur détient des
informations sur lui) se montre plus sensible à toute forme d’influence sociale présente dans une
situation. Il est davantage sensible à l’influence des stéréotypes, soumis à l’autorité représentée par
l’expérimentateur, et plus important pour la suite de notre propos, conforme aux attentes d’autrui,
autrui pouvant être l’expérimentateur.
Dans le cadre expérimental, l’expérimentateur incarne plutôt le savoir académique et des
opinions qui ne dérangent pas l’ordre établi, i.e. des opinions politiquement correctes. Partant de
cette idée, nous avons fait l’hypothèse qu’en situation de déterminabilité, les sujets se conforment
implicitement à ce qu’ils pensent de ce que sont les préférences de l’expérimentateur. Pour tester
cette hypothèse, nous avons utilisé une tâche originale : amener les sujets (déterminés vs. non
déterminés) à effectuer un choix entre exhiber des dessins provocateurs versus politiquement
corrects. Nous avons aussi manipulé le caractère humoristique des dessins. L’humour étant une
dimension moins reliée à ce que représente l’expérimentateur, les sujets devraient avoir moins
d’attentes sur ses préférences. Aussi, les sujets déterminables devraient davantage choisir d’exhiber
les dessins politiquement corrects que les dessins politiquement incorrects tandis que l’exhibition
de dessins drôles ne devrait pas être affectée par le niveau de déterminabilité sociale.
Matériel et méthode
L’expérience se déroule en 2 phases (paradigme des expériences indépendantes). Elle
est présentée aux sujets comme une recherche portant sur la manière dont on peut créer un
journal. En ph. 1, les sujets (N=43) répondent à un questionnaire présenté soit comme un test
de psychologie permettant à l’expérimentateur de saisir certaines caractéristiques personnelles
du sujet (condition « déterminable ») soit comme une enquête anonyme réalisée dans le cadre
d’une étude réalisée par des étudiants de L3 (condition « non déterminable »). En ph. 2, ils sont
tous invités à se mettre dans la peau d’un technicien d’illustration devant finaliser un journal de 6
pages. Ils sélectionnent 4 dessins, parmi les 6 proposés, qu’ils positionnent dans le journal dans 4
encadrés réservés à l’illustration. Nous avons manipulé la visibilité des encadrés en indiquant dans
chaque encadré qu’il s’agissait d’un emplacement d’une visibilité soit très forte (première page),
soit forte (dernière page), soit faible (une page intérieure), soit très faible (une page intérieure).
Les dessins ont été sélectionnés à partir d’un prétest : 110 dessins jugés sur des échelles mesurant
leurs aspects humoristique et politiquement correct. 4 dessins ont été retenus: 1. très drôle et très
politiquement correct (D-PC), 2. peu drôle et très politiquement correct (ND-PC) 3. très drôle
et peu politiquement correct (D-NPC) et 4. peu drôle et peu politiquement correct (ND-PC).
Pour que les sujets ne perçoivent les variations sous tendant ces 4 dessins, 2 autres dessins fillers
neutres (des paysages) sur les deux dimensions étaient proposés. Le journal complété, les sujets
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répondaient à une série de questions permettant de vérifier qu’aucun lien n’était perçu entre les
deux phases de la recherche.
mardi
matin
Résultats et discussion
Seules les données des sujets qui n’ont pas perçu le lien entre les 2 phases font l’objet d’un
traitement statistique.
Calcul des variables dépendantes. Un score d’exposition du politiquement correct a été
calculé pour chaque sujet. Plus le score est positif, et plus le sujet a exhibé des dessins politiquement
corrects; plus le score est négatif et plus le sujet a exhibé des dessins non politiquement corrects. Il
varie de +7 à -7, 0 signifiant que les 2 types de dessins ont le même niveau de visibilité. Il correspond
à la somme des rangs de visibilité pondérés par un coefficient (dessin politiquement correct :
coefficient +1, non politiquement : -1). Chaque dessin est associé à un rang de visibilité variant de
1 (non inséré dans le journal) à 5 (en position de très forte visibilité).
Nous avons testé l’effet de la déterminabilité sur chacun de ces scores. Les résultats montrent
que la manipulation de la déterminabilité n’a aucun effet sur l’exposition de l’humour (p>.90). On
observe un effet de la déterminabilité sur le score d’exposition du politiquement correct indiquant
que les sujets déterminables exhibent davantage les dessins peu politiquement corrects (M=2.43) que les sujet non déterminables (M=+0.32), t(1,42)=2.98; p<.005 Seul le score du groupe
déterminable est statistiquement différent du point neutre (0) de l’échelle (p<.001).
Nous observons effet de la déterminabilité sociale sur l’exhibition du politiquement correct
inverse à celui prédit. Nous avons pu sous estimer l’idée que cette tâche particulière de création
de journal peut mobiliser deux types de norme : se montrer original vs. conformiste. Le score des
sujets non déterminables appuie cette interprétation: il correspond au point neutre de l’échelle, ils
sont plus mitigés quant à l’exhibition du politiquement correct. Ils feraient un compromis entre
les 2 normes. Les sujets non déterminables ont pu implicitement inférer que l’expérimentateur
attendait d’eux de l’originalité. La déterminabilité sociale renforçant la conformité aux attentes
de l’expérimentateur, les sujets ont choisi d’exhiber des dessins provocateurs pour faire preuve
d’originalité. Cette interprétation est d’autant plus plausible que l’expérimentateur était jeune, se
présentait comme un étudiant faisant une étude pour son M1. Il n’a peut être pas été perçu comme
un représentant du monde académique. Par la suite, il faudra définir précisément ce que pensent
les sujets des attentes de l’expérimentateur et manipuler les caractéristiques de l’expérimentateur
afin d’assoire cette interprétation.
Références
Morchain, P., & Schadron, G. (2001). Devenir ce que je crois que vous croyez de moi : un effet de confirmation
comportementale de l’image que l’on croit avoir auprès de l’interlocuteur. Les Cahiers Internationaux de
Psychologie Sociale, 50, 27-41.
Schadron, G., & Morchain, P. (1999, septembre). De la jugeabilité sociale à la déterminabilité sociale. Communication
présentée à la 8ème Table Ronde « Perspectives cognitives et conduites sociales ». Université de Nice Sophia
Antipolis.
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Influence des contextes compétitif et coopératif sur la perception
de l’avenir : étude situationnelle et positionnelle de l’optimisme
comparatif
Krzeminski, Aurélie (Université de Nice Sophia-Antipolis, lpcs EA 1189), Milhabet, Isabelle (Université
de Nice Sophia-Antipolis, lpcs EA 1189), Clerico, Jean-Baptiste (Université de Nice Sophia-Antipolis, lpcs
EA 1189).
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Résumé
L’optimisme comparatif (OC) consiste à percevoir son avenir comme meilleur que celui des autres. Parmi
les nombreux facteurs explicatifs de l’OC, les caractéristiques de la situation de la comparaison ou du
groupe d’appartenance ont peu été examinées. Toutefois, Verlhiac, Desrichard, Milhabet et Arab (2005)
ont montré que l’émergence de l’OC est sensible à la situation concurrentielle ou compétitive que peut
générer la comparaison entre soi et autrui en tant qu’appartenant à un groupe. Dans cette voie, notre
objectif était d’étudier le lien entre l’OC et la compétitivité ou également entre l’OC et la coopération.
Nos résultats confirment que les caractéristiques de la comparaison influencent la perception de l’avenir
pour soi et pour autrui. Contrairement à la coopération, la compétition augmente l’expression d’OC.
Plus encore, en situation compétitive, l’avenir attribué à un membre d’un hors groupe homogène est
plus favorable que celui attribué à un membre d’un hors groupe hétérogène. Nos résultats conduisent à
mettre en évidence la dimension compétitive de l’expression de l’OC. Ils seront confrontés à l’explication
en termes d’éloignement ou proximité à la cible et plus largement discutés dans le cadre compétitif de
nos sociétés occidentales.
Introduction
L’OC, impliquant une comparaison entre soi et autrui relative à l’avenir, est l’expression
d’une perception auto-avantageuse (Harris & Middleton, 1994). Cette tendance, massive et
robuste, varie toutefois selon de nombreux facteurs : les caractéristiques des événements futurs,
des sujets, de la cible de comparaison (soit autrui) et de la nature des relations entre le sujet et
la cible (e.g., familiarité, éloignement) (pour une revue, Helweg-Larsen et Shepperd, 2001). Par
exemple, lorsqu’ autrui est proche ou familier au sujet, l’expression d’OC diminue alors qu’elle
augmente lorsqu’autrui est éloigné ou vague. Ces comparaisons entre soi et autrui, le plus souvent
interpersonnelles, prennent quelquefois la tournure de comparaisons intergroupes comme, par
exemple, l’appartenance au groupe des fumeurs vs non fumeurs (Gibbons, MacGovern & Lando,
1991). Pourtant, la comparaison intra-inter-groupes dans le cadre de la perception de l’avenir
a rarement été examinée en tant que telle. L’étude de Verlhiac et al. (2005), impliquant une
comparaison avec l’intragroupe et l’intergroupe de collégiens d’un groupe scolaire réputé et d’un
groupe scolaire peu réputé, montre par exemple qu’en comparaison symétrique (i.e., intragroupe)
la relation compétitive qui s’instaure entre soi et autrui participe davantage à l’expression d’OC que
la comparaison asymétrique (i.e., entre l’intragroupe et le hors groupe).
Dans ce contexte, notre objectif était de tester la dimension compétitive de l’OC. Nous nous
interrogions sur l’influence de la situation de comparaison compétitive ainsi que sur le rôle des
caractéristiques du hors groupe sur l’expression d’OC. Nous faisions l’hypothèse qu’en condition
coopérative, le rapprochement qui s’opère avec autrui, doit diminuer l’OC. En revanche, la
condition compétitive, dans laquelle autrui serait perçu comme plus éloigné, doit conduire à
l’augmentation de l’OC (H1). Les caractéristiques du hors-groupe sont également susceptibles
d’influencer l’expression d’OC. Par exemple, le hors-groupe peut être un groupe homogène,
soit un groupe fonctionnel (i.e., choix de travailler ensemble, pouvant échanger leurs idées,…),
ou un groupe hétérogène, soit un groupe dysfonctionnel (i.e., pas le choix de travailler ensemble,
difficultés à communiquer et à échanger leurs idées,…). Dans cette voie, nous suggérions que la
comparaison à un membre d’un groupe hétérogène conduit à davantage d’OC que la comparaison
à un membre d’un groupe homogène (H2) et que les sujets jugent plus favorablement le groupe
homogène que le groupe hétérogène sur la perception de l’avenir (H3).
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Matériel et Méthode
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Deux expérimentations ont été réalisées. La première manipulait la compétition et la
coopération à l’aide d’une tâche dite « perdu sur la lune ». Les sujets devaient coopérer, afin de
résoudre la tâche, entre eux au sein de leur groupe et étaient placés en situation de compétition
avec les membres d’un autre groupe clairement identifié. À l’issue de l’exercice, ils estimaient la
probabilité d’occurrence d’événements positifs et négatifs pour eux et pour une autre personne
en lien, ou pas, avec la tâche réalisée. Le type de comparaison (coopération vs compétition) X les
cibles de comparaison (soi vs autrui) étaient traitées selon un plan intrasujet. La seconde étude était
centrée sur l’analyse du lien entre compétition et OC en fonction des caractéristiques du groupe.
En passation individuelle, ils devaient se projeter comme étant en compétition avec un membre
d’un autre groupe (homogène vs hétérogène). Puis, ils devaient comparer leur avenir à cet autrui
avec lequel ils étaient en compétition. Le groupe de comparaison (homogène vs hétérogène) X les
cibles de comparaison (soi vs autrui) étaient traitées selon un plan intersujets.
Résultats et Discussion
Dans l’étude 1, les sujets expriment davantage d’OC en situation compétitive qu’en
situation coopérative. Ces résultats appuient l’hypothèse 1 selon laquelle les caractéristiques de la
comparaison influencent la perception de l’avenir. L’étude 2 montre qu’en situation compétitive
la perception de l’avenir exprimée par les sujets varie selon les caractéristiques du groupe de
comparaison. Si les sujets expriment, sans distinction, de l’OC pour le groupe de comparaison
homogène ou hétérogène (H2 non confirmée), ils jugent l’avenir du groupe homogène meilleur
que celui du groupe hétérogène (H3 confirmée).
Les résultats montrent que les sujets sont optimistes par rapport à autrui en situation compétitive
alors qu’ils le sont moins en situation coopérative. Deux interprétations, complémentaires, de ces
résultats sont discutées. 1) La compétition peut conduire à concevoir l’autre comme éloigné et
différent de soi alors que la coopération le rapproche et le rend plus similaire ; hypothèse traitée
dans une troisième étude en cours. 2) L’OC particulièrement fort dans nos sociétés occidentales
serait le reflet de l’environnement compétitif dans lequel il s’exprime (Le Barbenchon & Milhabet,
2005). Et, dans ce contexte, le groupe de compétition le plus homogène serait plus apte à vivre un
avenir favorable que le groupe hétérogène.
Références
Gibbons, F. X., McGovern, P. G., & Lando, H. A. (1991). Relapse and risk perception among members of a smoking
cessation clinic. Health Psychology, 10, 42-45.
Harris, P. & Middleton, W. (1994). The illusion of control and optimism about health: On being less at risk but no more
in control than others. British Journal of Social Psychology, 33, 369-386.
Helweg-Larsen, M. & Shepperd, J.A. (2001). Do moderators of the optimistic bias affect personal or target risk estimates
? À review of the literature. Personality and Social Psychology Review, 5, 1, 74-95.
Le Barbenchon, E. & Milhabet, I. (2005). L’optimisme : réponse désirable et/ou socialement utile ?. Revue internationale
de psychologie sociale, 3, 153-181.
Verlhiac, J-F., Desrichard, O., Milhabet, I. & Arab, N. (2005). Effets de la réputation du groupe scolaire d’appartenance
et des facteurs de vulnérabilité personnelle sur l’Optimisme Comparatif. L’Orientation Scolaire et Professionnelle,
34, 119-141.
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J’ai peur donc j’échoue : le rôle de la peur dans l’effet de menace du
stéréotype
Chateignier, Cindy (Université Paris Ouest Nanterre- la Défense), Chekroun, Peggy (Université Paris Ouest
Nanterre- la Défense), Nugier, Armelle (Université de Clermont), Dutrévis, Marion (Université de Genève).
Résumé
mardi
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
La recherche présentée vise à étudier le rôle des émotions – plus spécifiquement liées à la peur- dans
la menace du stéréotype (Steele & Aronson, 1995). Nous postulons que ces émotions ressenties par les
individus stigmatisés en situation menaçante, pourraient être à l’origine de la chute de performance
classiquement observée dans ce contexte. Cinquante huit étudiants français dont 25 étaient issus de
l’immigration maghrébine, ont participé à cette étude. La tâche de performance était présentée comme
diagnostique des capacités intellectuelles versus non diagnostique. Tout d’abord, les résultats valident
l’hypothèse selon laquelle la situation de menace du stéréotype inhibe les performances : les participants
d’origine maghrébine en condition diagnostique obtiennent des performances inférieures à tous les
autres participants. De plus, ils ressentent davantage de peur que les participants soumis aux trois
autres conditions. En effet, les analyses montrent que la situation de menace du stéréotype génère chez
les individus stigmatisés, de la peur dont résulte une inhibition des performances. Les résultats de cette
étude seront discutés en termes d’adhésion au stéréotype et des émotions dont il en découle.
Introduction
L’effet de menace du stéréotype correspond à la chute de performance que subissent
les individus stigmatisés lorsqu’ils se trouvent dans une situation évaluative rendant saillant
le stéréotype négatif de leur groupe d’appartenance. Outre les explications de cette chute de
performance en termes de réduction des capacités de la mémoire de travail (Bonnot & Croizet,
2007), d’autres auteurs avancent que les émotions générées par cette situation menaçante
pourraient en être à l’origine (Steele & Aronson, 1995). En effet, l’anxiété a été mise en évidence
chez les individus stigmatisés dans ce contexte (Osborne, 2001), cette émotion étant par ailleurs
un potentiel inhibiteur des capacités de traitement des individus (Mackie & Worth, 1989). De
plus, d’après la théorie fonctionnelle des émotions (Frijda, 2005), la tendance d’action associée à
la peur –et aux émotions de sa catégorie- est un évitement de la cible tant physique que cognitif
(Alexopoulos & Ric, 2007). Ceci pourrait alors contribuer à la chute de performance observée en
situation de menace du stéréotype.
Cependant, les études ayant mis en évidence la présence d’anxiété en situation de menace
présentent des limites quant aux moyens utilisés (échelles auto-rapportées) ainsi qu’au niveau
du temps de mesure (après la tâche de performance) pour saisir les émotions ressenties par les
individus. Ainsi, la présente étude a comme objectif de tester le rôle des émotions liées à la peur dans
l’effet de menace du stéréotype, en utilisant une mesure implicite des émotions immédiatement
après la consigne afin de saisir avec davantage d’objectivité et de précision l’activation émotionnelle
suscitée par ce contexte menaçant.
En utilisant une tâche de décision lexicale, basée sur la théorie de la congruence émotionnelle
(Gerrig & Bower, 1982), nous nous attendions à ce que les étudiants français issus de l’immigration
maghrébine en situation menaçante identifient plus rapidement les mots liés à la peur que les mots
neutres comparativement aux trois autres groupes expérimentaux, indice d’un ressenti de peur
chez ces individus. Nous faisions également l’hypothèse d’un effet délétère de cette émotion sur la
performance intellectuelle qui suit.
Méthode
Cinquante huit étudiants de l’Université Paris Ouest ont participé à cette étude. Nous avions
un plan expérimental 2(Origine : Issus de l’immigration maghrébine vs Non) *2(Consigne :
Diagnostique vs Non Diagnostique) interparticipants.
Ainsi, pour la moitié des participants, qu’ils soient d’origine maghrébine ou non, la tâche était
décrite comme évaluative des capacités intellectuelles (cette condition diagnostique rendait saillant
le stéréotype) tandis que pour l’autre moitié, celle-ci était présentée comme un prétest pour une
future recherche. Après l’énoncé de la consigne, les émotions des participants étaient mesurées au
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moyen d’une tâche de décision lexicale. Puis ils devaient exécuter en temps limité (10 minutes) une
tâche de performance tirée de la section verbale du G.R.E (test standardisé).
mardi
matin
Résultats et Discussion
L’ANOVA montre l’effet d’interaction attendu entre la consigne de présentation du test et
l’origine des participants sur la performance, t(54)= -3.249, p<.002. En effet, les étudiants issus
de l’immigration maghrébine en condition diagnostique obtiennent une performance inférieure
(M = 7.84 ; SD = 2.57) à celle des trois autres conditions expérimentales (M = 9.93 ; SD = 1.52,
M = 8.91 ; SD = 2.74, M = 10.64 ; SD = 1.83 respectivement pour les étudiants français non issus
de l’immigration maghrébine en condition diagnostique, et les étudiants français d’origine
maghrébine et ceux non issus de cette immigration, en condition non diagnostique de l’intelligence
). De plus, comme attendu, ces étudiants identifient plus rapidement les mots émotionnels liés à
la peur que les mots neutres par rapport à l’ensemble des autres participants, t(51) = -2.003; p =
.05. L’analyse de régression montre l’effet délétère attendu de la peur sur la performance au test, B
= - .275, t(54) = -2.085; p < .04.
Ces résultats nous ont permis de mettre en évidence les émotions de peur générées par la
situation de menace chez les individus stigmatisés et l’impact délétère que celles-ci entraînent sur
leur performance.
L’émotion générée étant dépendante de l’évaluation faite de la situation par les participants
(Scherer, 1999), on peut supposer que l’adhésion au stéréotype par la population cible favorise
l’apparition de la peur. En effet, la population issue de l’immigration maghrébine, sans pour
autant adhérer à ce stéréotype négatif les concernant, n’exprime pas d’opinion opposée à ce
dernier (Chateignier, Dutrévis, Nugier, & Chekroun, 2009). Cependant, on pourrait supposer
que chez une population dont l’opinion irait à l’encontre du stéréotype, on noterait davantage
l’apparition de l’émotion de colère, du fait de l’injustice perçue de la situation par les individus. Il
serait intéressant d’introduire ce facteur d’adhésion au stéréotype dans une prochaine recherche
afin de comprendre plus précisément l’impact et les conditions d’apparition des émotions dans ce
phénomène de menace du stéréotype.
Références
Alexopoulos, T., & Ric, F. (2007). The evaluation- behavior link :Direct and beyond valence. Journal of Experimental
Social Psychology, 43, 1010- 1016.
Bonnot, V., & Croizet, J.-C. (2007). Stereotype internalization and women’s math performance:The role of interference
in working memory. Journal of Experimental Social Psychology, 43, 857-866.
Chateignier, C., Dutrevis, M., Nugier, A., & Chekroun, P. (2009). French- Arab students and verbal intellectual
performance:Do they really suffer of a negative intellectual stereotype ? European Journal of Psychology of
Education, 24, 219-234.
Frijda, N. H. (2005). Emotion experience. Cognition & Emotion, 19, 473-497.
Gerrig, R. J., & Bower, G. H. (1982). Emotional influences on word recognition. Bulletin of the Psychonomic Society,
19, 197-200.
Mackie, D. M., & Worth, L. T. (1989). Processing deficits and the mediation of positive affect in persuasion. Journal of
Personality and Social Psychology, 57, 27-40.
Osborne, J. W. (2001). Testing stereotype threat:Does anxiety explain race and sex differences in achievement ?
Contemporary Educational Psychology, 26, 291-310.
Steele, C.M., & Aronson, J. (1995). Stereotype threat and the intellectual test performance of African Americans. Journal
of Personality and Social Psychology, 69, 797-811.
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Les modes de connaissance des objets usuels conditionnent-ils la
connaissance des personnes ?
Schiffler, Frédéric (Université Nancy 2), Dubois, Nicole (Université Nancy 2), Mollaret, Patrick (Université
Champagne-Ardennes).
Résumé
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matin
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
La conception de la double connaissance (Dubois et Beauvois, 2002) confère un rôle central aux
rapports sociaux dans l’élaboration de toute connaissance d’un objet social (une personne, un objet).
Ces rapports sociaux engendrent des modes de connaissance spécifiques conduisant à saisir directement
certains aspects de l’objet social, tantôt relevant de la connaissance descriptive, tantôt relevant de la
connaissance évaluative. Deux expérimentations, visant à tester cette hypothèse, ont consisté à induire,
dans une première tâche, un mode de connaissance (descriptif vs évaluatif). Cette tâche portait soit
sur des photos de visages (Etude 1), soit sur des photos d’objets (Etude 2). Elle consistait à les classer en
fonction de critères descriptifs (couleur, forme, etc.) vs évaluatifs (potentiel à être apprécié, à réussir,
etc.). Dans une seconde tâche expérimentale, perçue comme indépendante de la tâche d’induction, les
sujets devaient caractériser 12 autres photos de visages à l’aide de couples d’informations (Descriptives,
ex : yeux bleus vs Evaluatives ex : dynamique) accompagnant chaque photo. Les résultats montrent
que les informations les plus saillantes en tâche expérimentale correspondent au mode de connaissance
préalablement induit.
Introduction
La conception de la double connaissance (Dubois et Beauvois, 2002) argue que les rapports
sociaux déterminent le mode de connaissance qu’on a d’un objet social, qu’il soit une personne
ou un objet usuel. Par exemple, dans un rapport social d’observation scientifique, on connaît
directement les objets sociaux par la connaissance descriptive qui est faite pour livrer leurs
propriétés (couleur, forme…). Dans tous les autres rapports sociaux (rapports professionnels,
de cooptation amicale, de consommation…) on connaît directement les objets sociaux par
la connaissance évaluative qui est faite pour livrer directement leur valeur sociale. La théorie
bicomponentielle de la valeur (Beauvois, 1995 ; Beauvois et Dubois, 2008) apprend que la valeur
sociale d’une personne relève de deux aspects du fonctionnement social, s’exprimant soit par la
désirabilité sociale (DS), soit par l’utilité sociale (US). Il a été montré (Schiffler, 2009) que ces deux
aspects de la valeur personnologique avaient leurs correspondants pour la valeur des objets usuels,
correspondants qui ont été appelés respectivement agréabilité (A) et poids économique (PE). Ces
deux aspects sont plus ou moins fortement mobilisés dans les rapports sociaux et sous-tendent
deux modes fondamentaux de la connaissance évaluative, l’un focalisant davantage sur le (dé)
plaisir que communiquent les objets sociaux, l’autre focalisant davantage sur la plus ou moins forte
valeur marchande qu’ils communiquent.
Deux études récentes (Schiffler, Dubois et Mollaret, 2009) ont montré que l’induction
d’un rapport social donné, mobilisant soit un mode de connaissance descriptive, soit un mode
de connaissance évaluative, entraînait, dans une tâche expérimentale ultérieure perçue comme
indépendante de la première et consistant à choisir les adjectifs les plus saillants pour décrire des
objets (voitures, fauteuils, stylos présentés en photos), le choix préférentiel des adjectifs relevant
du même mode de connaissance que celui induit. De tels résultats, obtenus aussi bien lorsque
l’induction portait sur des objets (étude A) que lorsqu’elle portait sur des personnes (étude B),
montrent, non seulement qu’un mode de connaissance donné peut être induit expérimentalement,
mais aussi que l’effet de l’induction fonctionne aussi bien à partir d’objets sociaux de même
nature que ceux de la tâche expérimentale (objet-objet) que d’objets sociaux de nature différente
(personne-objet). Il restait à savoir si ces résultats s’observent lorsque les objets sociaux de la
tâche expérimentale sont cette fois-ci des photos de personnes, ceux de la tâche d’induction
étant rigoureusement identiques à ceux des deux études antérieures. Ce sont ces deux nouvelles
expérimentations qui sont présentées.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Matériel et Méthode
mardi
matin
166 étudiants de l’université de Nancy 2 ont participé. Dans l’étude 1, 73 sujets étaient induits
à un rapport social mobilisant soit la valeur sociale (DS vs US), soit la description de personnes.
Dans l’étude 2, 69 sujets étaient induits à un rapport mobilisant soit la valeur sociale (A vs PE),
soit la description d’objets (DE). La tâche d’induction consistait, comme dans les recherches A et
B, à classer les photos en fonction de critères mobilisant le mode de connaissance correspondant
à la situation expérimentale à laquelle était affectés aléatoirement les sujets. Dans la condition
contrôle, 24 sujets étaient directement confrontés à la tâche expérimentale. Dans cette tâche,
présentée comme une étude indépendante de la première, on présentait 12 photos de visages,
chacune étant associée à un couple d’informations (prétestées tout aussi pertinentes l’une que
l’autre pour s’appliquer à la photo qu’elles accompagnent). Ces informations étaient soit des traits
de personnalité communiquant la DS (ex : chaleureuse, désagréable, etc.), ou l’US (ex : ambitieux,
négligeant, etc.), soit des informations descriptives (ex : yeux bleus, barbu, etc.). Les couples ont
été générés de façon à obtenir les combinaisons suivantes : DS-US, DS-DE, US-DE. Pour chaque
photo, les sujets devaient entourer l’information la plus saillante.
Résultats et Discussion
Pour chaque sujet, nous avons calculé 3 scores correspondant à la moyenne de choix des
informations désirables (score DS), utiles (score US) et Descriptives (score DE). Chaque score
varie entre 0 et 1. Les résultats ont été traités par ANOVA, correspondant au plan factoriel
suivant : MODE (7 : DS ; US ; DE-visage ; A ; PE ; DE-objet ; Contrôle / intersujet) X INFO 3
(DS ; US ; DE / intrasujet). Ils montrent que l’induction d’un mode de connaissance entraîne le
choix préférentiel d’adjectifs du même mode que celui mobilisé dans la tâche d’induction, qu’elle
ait été réalisée avec des personnes ou des objets. Par exemple, ils montrent que les informations
communiquant la valeur marchande (US) sont plus choisies lorsque les sujets étaient induits à un
mode de connaissance mobilisant l’US des personnes (m=0.57) ou des objets (m=0.59) que dans
les autres conditions (contrôle, m=0.47 ; DS, m=0.51 ; A, m=0.51 ; DE-objet, m=0.39 ; DE-visage,
m=0.43). Ce pattern est globalement observé pour les trois types d’informations. Des analyses par
contrastes tendent à confirmer ces résultats. Nous discuterons quelques hypothèses alternatives, les
implications théoriques et les applications possibles de ces résultats.
Références
Beauvois, J.-L. (1995). La connaissance des utilités sociales. Psychologie Française, 40, 375-387.
Beauvois, J.-L. & Dubois, N. (2008). Deux dimensions du jugement personnologique : approche évaluative vs approche
psychologique ; Psihologia Sociala, 21, 105-119.
Dubois, N. & Beauvois, J.-L. (2002). Evaluation et connaissance évaluative. Une théorie dualiste de la
connaissance. Nouvelle revue de psychologie sociale, 1, 103-111.
Schiffler, F. (2009). La connaissance des objets est-elle analogue à la connaissance des personnes ? -Communication
orale, Psychologie et enjeux de société, Congrès de la SFP, Toulouse, 17-19/06/2009.
Schiffler, F. Dubois, N. & Mollaret, P. (soumis). Modes de connaissances des objets sociaux : leur induction et leur
généralisation. 8ème congrès international de psychologie sociale de l’ADRIPS, Nice, 25-28/08/2010.
Congrès psycho.indb 90
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Mardi après midi
Conférences invitées :
Alain Blanchet
(Professeur des Universités, Université Paris V3)
Axel Cleeremans
(Directeur de recherche, FNRS et Université Libre de Bruxelles)
Associations et dissociations entre comportement et conscience
Congrès psycho.indb 91
mardi
après-midi
Les psychothérapies sont-elle rationnelles ?
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Symposium-La cognition multimodale :
ré-activation automatique
d’expériences sensori-motrices
Organisation de la session :
Brouillet, Denis (Université Montpellier 3), Versace, Rémy (Université Lyon 2).
mardi
après-midi
Quand la fluence des processus sensori-moteurs de simulation génère une
émotion positive.
Brouillet, Thibaud (Université Montpellier 3), Brouillet, Denis (Université Montpellier 3).
La manipulation des objets influence leur catégorisation : études chez l’enfant
Bonthoux, Françoise (Université Grenoble 2), Blaye, Agnès (Université de Provence).
Ré-activation de la taille « mnésique » et détection de cibles sur la base de leur
taille perceptive
Riou, Benoit (Université Lyon 2), Labeye, Élodie (Université Lyon 2), Versace, Rémy (Université Lyon 2).
Résumé
Il est maintenant admis que les connaissances émergent de la réactivation de traces mnésiques
d’expériences passées gardant la marque des situations dans lesquelles elle se sont élaborées. Des données
issues de la psychologie cognitive, des neurosciences, mais aussi de la neuropsychologie, semblent montrer
que les traces mnésiques reflètent l’ensemble des composants des expériences de l’individu (composants
sensoriels, moteurs, émotionnels…). Ainsi, les connaissances, et plus largement le fonctionnement
cognitif, émergent de mécanismes d’activation, intégration, et synchronisation multimodales impliquant
de multiples zones du cerveau (voir les perspectives cognition « située » et cognition « incarnée »).
L’objectif de ce symposium sera de présenter des travaux démontrant le rôle essentiel de ces mécanismes
dans la cognition humaine, en nous centrant plus particulièrement sur la ré-activation automatique
d’expériences sensori-motrices
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Quand la fluence des processus sensori-moteurs de simulation
génère une émotion positive.
Brouillet, Thibaud (Université Montpellier 3), Brouillet, Denis (Université Montpellier 3).
Les auteurs s’attachent ici à défendre la thèse, proposée par Winkielman et al. (1998, 2001, 2003,
2006, 2007), selon laquelle la fluence (i.e., la facilité de traitement) est hédoniquement marquée et
qu’elle engendre une émotion positive. De plus, les auteurs cherchent à mettre en évidence que la
fluence, initialement décrite comme perceptive (Jacoby & Brooks, 1984), puis comme conceptuelle
(Whittlesea, 1993), peut aussi être éprouvée via nos processus de simulation d’expériences sensorimotrices (Barsalou, 2008 ; Fadiga, Fogassi, Pavesi & Rizzolatti, 1995 ;) avec une Tucker & Ellis, 1998).
L’expérience présentée utilise le paradigme d’amorçage affectif (Fazio & al., 1986tâche d’évaluation
de valence. Les résultats montrent que lorsque l’amorce est une situation de compatibilité perceptivomotrice (i.e., fluence sensori-motrice), l’évaluation d’un mot cible de valence positive est plus rapide
que lorsque l’amorce est une situation d’incompatibilité perceptivo-motrice (i.e., interférence sensorimotrice). Ce résultat met en évidence que la dynamique des processus de bas niveau génère une émotion
positive.
mardi
après-midi
Résumé
Cadre théorique
Il est communément admis que le fait de répéter une même information conduit à un
traitement plus rapide de celle-ci et que cette facilitation conduit à son tour à nous faire préférer les
stimuli qui auront été répétés. En nous appuyant sur les travaux de Winkielman, nous défendons
la thèse selon laquelle les propriétés affectives que nous attribuons à des objets du monde sont le
produit de la dynamique des processus sensori-moteurs de simulation.
Problématique
Depuis sont l’origine le concept de fluence est décrit comme perceptif ou comme conceptuelle.
Toutefois, nous considérons que la fluence peut aussi être éprouvée via nos processus de simulation
d’expériences sensori-motrices. Par exemple, les travaux de Tucker et Ellis (1998) montrent que
lorsque l’anse d’une tasse apparaît du même côté que celui de la main de réponse (compatibilité
perceptivo-motrice), l’identification de l’objet est plus rapide que lorsque la main de réponse est du
côté opposé à celui de l’anse. Selon les perspectives de la « grounded cognition » (Barsalou, 2008,
2009), la perception de l’anse d’une tasse active automatiquement une simulation sensori-motrice :
saisir l’objet. Cette simulation sensori-motrice a pour fonction d’anticiper les conséquences de la
situation présente : saisir l’anse avec la main appropriée.
De ce constat, nous sommes en droit de penser que la génération de la fluence peut être soustendue par des processus sensori-moteurs de simulation et, qu’ils génèrent par leur dynamique une
émotion. Si tel est le cas, nous pouvons nous attendre à ce que l’évaluation affective d’un mot cible
de valence positive soit réalisée plus rapidement après que nous ayons provoqué un épisode de
fluence perceptivo-motrice, qu’après un épisode dépourvu de fluence sensori-motrice.
Expérience
Participants. Quatre-vingts étudiants ont volontairement participé à cette expérience. Tous
sont droitiers et ont été équitablement répartis dans deux groupes. Pour 40 participants la réponse
« agréable » est donnée de la main droite et « désagréable » de la main gauche. Les 40 autres avaient
la consigne inverse.
Matériel. Nous avons sélectionné de la norme de Syssau et Font (2003) 24 mots de valence
positive et 24 mots de valence négative. Nous avons contrôlé leur fréquence, leur concrétude et
leur nombre de lettres.
Procédure. Nous nous sommes librement inspirés du paradigme d’amorçage. La phase
d’amorçage se déroule en deux temps :
1/ Au centre d’un premier écran apparaît une tasse à café pendant 70 ms. Pour la moitié des
présentations, l’anse de la tasse est à droite et pour l’autre moitié à gauche. Les participants n’ont
pas de réponse à donner.
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2/ dans un second écran apparaît une étoile, soit à droite soit à gauche de l’écran. Nous avons
sélectionné cet objet car il n’implique pas a priori l’acte simulé d’attraper et parce que l’utilisation
d’un objet très différent perceptivement d’une tasse évite que nos résultats soient imputables à
un quelconque effet de première exposition. La consigne pour les participants était d’indiquer la
position de l’étoile à l’écran. Soit en serrant leur main droite lorsque l’étoile était à droite, soit en
serrant leur main gauche lorsque l’étoile était à gauche.
En phase cible, un mot de valence positive ou négative apparaît après un délai de 250 ms (SOA
le plus fréquemment utilisé dans le cadre de l’amorçage affectif). La tâche pour les participants était
d’indiquer le plus rapidement possible le caractère agréable ou désagréable du mot.
Au final, nous avons deux conditions expérimentales identiques. Soit la moitié des mots est
présentée après une amorce où il y a compatibilité perceptivo-motrice entre la position de l’anse
de la tasse et la position de l’étoile, soit la moitié des mots est présentée après une amorce où il y a
incompatibilité perceptivo-motrice entre la position de l’anse et celle de l’étoile. Nous enregistrons
les temps de réaction pour l’évaluation des mots.
Attentes. Nous nous attendons à observer que les mots positifs soient plus vite évalués comme
agréable lorsqu’il y a compatibilité perceptivo-motrice entre la position de l’anse et celle de l’étoile
que lorsqu’il n’y a pas de compatibilité. La compatibilité perceptivo-motrice étant la marque de la
fluence dans cette procédure.
Résultats
Le résultat principal que nous présenterons ici est l’interaction que nous observons entre la
compatibilité perceptivo-motrice de l’amorce et l’évaluation de la valence des mots [F(1-78) =
15,7; p<.01]. Les participants sont plus rapides pour juger le caractère agréable d’un mot après un
épisode de compatibilité perceptivo-motrice qu’après un épisode ou il n’y a pas de compatibilité.
Discussion
Ce résultat va dans le sens de Winkielman : la fluence est hédoniquement marquée et génère
une émotion positive. De plus, il renforce l’idée que la dynamique des processus de simulation
sensori-moteur peut être responsable des propriétés affectives que nous conférons aux objets du
monde.
Enfin, comme le suggèrent les théories de la cognition incorporée ce résultat laisse entrevoir
que les processus de haut niveau, tel que le jugement affectif d’un item, sont enchâssés dans les
processus de bas niveau, tel que les processus sensori-moteurs de simulation. Ainsi, à la question
du comment les propriétés affectives que nous attribuons à un objet nous viennent à l’esprit nous
répondons qu’elles y arrivent par ce qu’elles sont construite par la dynamique des processus
sensori-moteurs de simulation.
Références
Barsalou, L. W. (2008). Grounded Cognition. Annual Review of Psychology, 59, 617-645.
Tucker, M., & Ellis, R. (1998). On the Relations Between Seen Objects and Components of Potential Actions. Journal of
Experimental Psychology: Human Perception and Performance, 24, 830-846.
Winkielman, P & Cacioppo, J. T. (2001). Mind at Ease Puts a Smile on the Face. Psychophysiological Evidence That
Processing Facilitation Elicits Positive Affect. Journal of Personality and Social Psychology, 6, 989-1000.
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La manipulation des objets influence leur catégorisation : études
chez l’enfant
Bonthoux, Françoise (Université Grenoble 2), Blaye, Agnès (Université de Provence).
Dans le cadre de la cognition incarnée, traiter un concept consiste, en partie, à réactiver certains aspects
- sensoriels, moteurs, émotionnels - des expériences antérieures avec les objets (Barsalou, 2008). Les
travaux rapportés visent à tester l’influence de la manipulation sur la catégorisation d’objets chez des
enfants de 5, 7 et 9 ans. Lors d’une première phase, les enfants manipulent (saisissent ou font rouler) des
sphères d’aspects divers. Ils voient ensuite des paires de dessins d’objets non réels en 3 D (Exp. 1) ou de
photos d’objets familiers (Exp. 2). Un des 2 objets a le même volume que les sphères ou la même fonction
(rouler) tandis que l’autre ne partage pas de propriété commune avec elles. L’enfant doit choisir le plus
vite et le plus correctement possible l’objet de même sorte que les sphères. Les résultats indiquent que
les informations obtenues lors de la manipulation influent sur la catégorisation des objets dès l’âge de
5 ans.
Introduction
mardi
après-midi
Résumé
Selon l’approche de la cognition incarnée, traiter un concept consiste, en partie, à réactiver
certains aspects - sensoriels, moteurs, émotionnels - des expériences antérieures avec les objets
(Barsalou, 2008 ; Gallese & Lakoff, 2005 ; Versace, Labeye, Badard, & Rose, 2009). Notamment les
actions seraient activées automatiquement lors du traitement conceptuel d’objets. Chez l’adulte,
Tucker & Ellis (2004) rapportent des effets de compatibilité entre le geste de saisie d’objets et
celui impliqué dans la réponse manuelle lors de la catégorisation d’objets à partir de photos ou de
noms présentés très brièvement tandis que Myung, Blumstein et Sedivy (2006) observent un effet
d’amorçage en décision lexicale dû à la similarité du geste d’utilisation entre amorces et cibles.
Weisberg, Van Turennout et Martin (2007) montrent qu’apprendre à utiliser des objets inconnus
comme des outils conduit les adultes, lors de l’identification de nouveaux objets, à activer des
réseaux neuronaux dédiés au mouvement et à la manipulation des outils.
Chez l’enfant, quelques études montrent l’implication de la manipulation dans le traitement
catégoriel des objets (Kalenine & Bonthoux, 2008 ; Kalenine, Bonthoux & Borghi, 2009 ; Smith,
2005). Par exemple chez des enfants de 7 ans, Kalenine et al. (2009) rapportent un effet d’amorçage
par des photos de main lorsque la position de saisie est compatible avec la taille de l’objet à
catégoriser. Smith (2005) observe que les gestes réalisés par des enfants de 3 ans sur un objet
inconnu contraignent ensuite la catégorisation d’objets nouveaux du même type. En adaptant
cette dernière procédure, notre objectif est de déterminer si les gestes effectués influencent la
catégorisation d’objets très différents de ceux manipulés auparavant : a) des objets non réels (Exp.
1), b) des objets familiers (Exp. 2). Nous attendons que le traitement conceptuel soit influencé
différemment par le type de geste : les gestes de saisie devraient favoriser une catégorisation basée
sur la similarité de volume tandis que les gestes d’utilisation devraient conduire à privilégier un
critère fonctionnel.
Méthode
Les participants sont des enfants de 5, 7 et 9 ans. Chaque enfant a passé 2 phases successives : 1)
manipulation d’objets nouveaux, 2) catégorisation d’objets non réels (Exp. 1) ou d’objets familiers
(Exp. 2).
Phase de manipulation
Les objets sont des sphères transparentes remplies de divers matériaux, présentant donc des
aspects variés. À chaque nouvelle sphère présentée, l’expérimentateur indiquait qu’il s’agissait d’un
objet de la « même famille ». Une procédure go/no go était proposée de manière à ce que chaque
enfant effectue 48 fois soit un geste de saisie des sphères avec la main entière (Groupe Saisie), soit
un geste d’utilisation consistant, main à plat, à pousser les sphères pour les faire rouler sur un plan
incliné (Groupe Pousser-Rouler).
Phase de catégorisation
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Sur un écran d’ordinateur, étaient présentés 2 par 2 des dessins d’objets non réels construits
à l’aide d’un logiciel de dessin en 3 D (Exp. 1) ou des photos noir et blanc d’objets familiers (Exp.
2). Un des 2 objets de la paire a le même volume que les sphères manipulées auparavant (e.g.,
une ampoule) ou bien la même fonction « rouler » (e.g., rouleau à pâtisserie) mais en diffère sur
toutes les autres caractéristiques (objet compatible Saisie ou compatible Pousser-Rouler) ; l’autre
objet de la paire ne partage aucune propriété avec les sphères (objet non compatible). Les enfants
devaient choisir le plus vite et le plus correctement possible « l’objet de même famille » que les
objets manipulés. Nous attendions que les choix soient plus nombreux pour les objets compatibles
partageant la propriété expérimentée durant la manipulation (même volume pour le Groupe
Saisie, même fonction pour le Groupe Pousser-Rouler).
Résultats
Une ANOVA a été effectuée sur le nombre de choix selon le type de réponse (compatible
vs. non compatible), la condition de manipulation (Saisir vs. Pousser-Rouler) et l’âge. Dans
les 2 expériences, on observe un seul effet principal : il y a plus de choix compatibles avec la
manipulation que non compatibles. Le type de réponse interagit avec l’âge de façon différente dans
les 2 expériences : l’effet de compatibilité est présent dès l’âge de 5 ans avec les objets familiers
mais n’apparaît qu’à 9 ans pour les objets non réels. Enfin, l’interaction avec la condition de
manipulation indique que seuls les gestes de saisie influencent la catégorisation.
Discussion
Les enfants sont capables, dès l’âge de 5 ans, d’extraire des attributs des objets manipulés, qu’ils
utilisent ensuite pour catégoriser des objets très différents, notamment familiers. Nos résultats
appuient ainsi l’approche de la cognition incarnée, les attributs fonctionnels et volumétriques
seraient des constituants des concepts d’objets, réactivés lors du traitement conceptuel. Cependant,
les deux conditions de manipulation n’ont pas la même influence sur la catégorisation. Les données
seront discutées d’un point de vue développemental.
Références
Ambrosi, S., Blaye, A., & Bonthoux, F. (en préparation). Grasping and Rolling: different gestures influence children’s
categorization.
Barsalou, L. W. (2008). Grounded Cognition. Annual Review of Psychology, 59, 617-645.
Gallese, V., & Lakoff, G. (2005). The brain’s concepts: The role of the sensory–motor system in conceptual knowledge.
Cognitive Neuropsychology, 22, 455–479.
Kalenine, S., & Bonthoux, F. (2008). Object manipulability affects children’s and adults’ conceptual processing.
Psychonomic Bulletin & Review, 15, 667-672.
Kalenine, S., Bonthoux, F., & Borghi, A. M. (2009). How action and context priming influence categorization: a
developmental study. British Journal of Developmental Psychology, 27, 717-730.
Myung, J., Blumstein, S. E., & Sedivy, J. C. (2006). Playing on the typewriter, typing on the piano: manipulation
knowledge of objects. Cognition, 98, 223-243.
Smith, L. B. (2005). Action alters shape categories. Cognitive Science, 29, 665-679.
Tucker, M., & Ellis, R. (2004). Action priming by briefly presented objects. Acta Psychologica, 116, 185-203.
Versace, R., Labeye, E., Badard, G., & Rose, M. (2009). The contents of long-term memory and the emergence of
knowledge The European Journal of Cognitive Psychology, 21, 522 - 560.
Weisberg, J., van Turennout, M., & Martin, A. (2007). À neural system for learning about object function. Cerebral
Cortex, 17, 513-521.
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Ré-activation de la taille « mnésique » et détection de cibles sur la
base de leur taille perceptive
Riou, Benoit (Université Lyon 2), Labeye, Élodie (Université Lyon 2), Versace, Rémy (Université Lyon 2).
Cette série d’expérience étudie les relations entre mémoire et perception dans le but de mettre en
évidence le rôle des dimensions sensorimotrices mnésiques sur le processus perceptif. Nous avons
utilisé une tâche de recherche visuelle dans laquelle les sujets devaient déterminer si une image était
présentée à l’écran plus grande (Expérience 1) ou plus petite (Expérience 2) que les autres parmi 2,
6 ou 10 items. Nous avons manipulé la taille typique des distracteurs. Soit ils avaient la même taille
typique que la cible (grande) soit une taille typique différente (petite). Nous supposions que, si la taille
typique et mnésique sont fonctionnellement équivalentes, l’ajout d’une différence de taille typique à
une différence de taille perceptive devrait, dans l’Expérience 1, faciliter la détection de la cible et, dans
l’Expérience 2, perturber la détection de la cible. Les résultats confirment nos hypothèses et montrent
que la réactivation automatique des dimensions mnésiques lors de la perception est capable d’influencer
le processus perceptif.
mardi
après-midi
Résumé
Introduction
De nombreuses études montrent que notre mémoire se forme à partir de notre perception
(pour une revue Versace et coll. ; 2009). Il existerait un chevauchement des processus mnésiques
et perceptifs impliquant alors que les connaissances sensorimotrices émergentes d’un système
de mémoire unique pourraient avoir en retour une influence sur la perception. Cette idée est en
accord avec l’idée d’une « simulation » d’expériences sensori-motrices, déclenchées par les stimuli
de l’environnement, simulation susceptible de modifier le fonctionnement cognitif de manière
précoce. Cette étude se base sur l’hypothèse que la perception de la taille représentant un objet
est influencée par la taille typique (mnésique) de l’objet. La taille perceptive de l’image d’un objet
typiquement grand devrait être plus grande que la taille perceptive d’un objet typiquement petit,
et inversement.
Matériel et méthode
Nous avons adapté un paradigme de recherche visuelle (Treisman et Gormican ; 1988).
Les sujets devaient détecter si une image (de taille typique grande) était présentée plus grande
(Expérience 1) ou plus petite (Expérience 2) que les distracteurs. Ceux-ci pouvaient être de taille
typique grande ou petite et le display pouvait contenir 2, 6 ou 10 items. Le matériel était composé
de 20 objets typiquement grands et 20 objets typiquement petits. La moitié des objets typiquement
grands et petits était des cibles (images présentées plus grandes ou plus petites que les distracteurs),
et l’autre moitié était des distracteurs. Un contre balancement cible/distracteurs a été effectué.
36 sujets volontaires ont participé à chacune des deux expériences. Ils étaient tous étudiants à
l’Université Lumières Lyon 2, et avaient tous une vue normale (avec ou sans correction).
Hypothèses opérationnelles
Selon notre hypothèse, à une différence de taille perceptive entre cible (typiquement grande)
et distracteurs, devrait s’ajouter une différence de taille typique lorsque les distracteurs sont
typiquement petits. Lorsque l’image cible est entourée de distracteurs typiquement petits plutôt
que grands, dans l’Expérience 1, cet ajout d’une différence de taille typique à une différence
perceptive devrait faciliter la détection (rapidité et précision) d’une image présentée plus grande ;
alors que dans l’Expérience 2, ce même ajout devrait perturber la détection (rapidité et précision)
d’une image présentée plus petite.
Résultats
Nous observons, dans le cas de l’Expérience 1, un effet principal du facteur taille typique
des distracteurs (petits ou grands) pour les temps de réaction (F(1, 35) = 15 ; p<.05), et pour le
pourcentage de bonnes réponses F(1, 35) = 8 ; p<.05) respectivement de 1323 ms et 81 % de bonnes
réponses pour la condition où les distracteurs ont une taille typique grande et 1256 ms et 86 %
de bonnes réponses lorsque la taille typique des distracteurs est petite. Nous observons aussi une
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interaction entre le facteur taille typique des distracteurs et le facteur nombre d’item (2, 6, 10) pour
les temps de réaction (F(2, 70) = 5 ; p<.05) et une tendance pour le pourcentage de bonnes réponses
(F(2, 70)=3 ; p=0,58), révélant une diminution des performances avec le nombre de distracteurs
plus importante lorsque les distracteurs ont une taille typique grande que lorsqu’ils ont une taille
typique petite. De manière globale dans cette expérience, l’ajout d’une différence de taille typique à
une différence de taille perceptive facilite la détection de la cible.
Pour l’Expérience 2, les résultats montrent un effet principal de la taille typique des
distracteurs pour les temps de réaction(F(1, 35) = 27 : p<.05) ainsi que le pour le pourcentage
de bonnes réponses respectivement de 1260 ms et 90% de bonnes réponses pour la condition où
les distracteurs ont une taille typique grande et 1394 ms et 86% de bonnes réponses lorsque les
distracteurs ont une taille typique petite. Nous n’observons pas d’interaction entre les facteurs taille
typique des distracteurs et nombre d’items pour les temps de réaction. Des comparaisons locales
post-hoc avec un test de Tuckey montrent des différences significatives quel que soit le nombre
d’items. Cette interaction est significative pour le pourcentage de bonnes réponses (F(2,70)<1). La
détection de la cible est d’autant plus perturbée que le nombre de distracteurs augmente lorsque
ceux-ci sont petits plutôt que grands. De manière générale, cette expérience montre que l’ajout de
la différence de taille typique à la différence de taille perceptive perturber la détection de la cible.
Discussion
Nous avons vu dans l’Expérience 1 que la différence de taille typique entre cible et distracteurs
facilite la détection de la cible sur la base de sa taille perceptive, ceci d’autant plus que le nombre de
distracteurs est important. C’est donc bien la détection de la cible qui est facilitée par une propriété
mnésique.
Dans l’Expérience 2, la cible est à la fois perceptivement petite et typiquement grande. Dans
ce cas, elle est détectée plus facilement lorsque les distracteurs sont eux aussi typiquement grands,
ceci quel que soit le nombre de distracteurs.
On voit donc que la taille perceptive et la taille mnésique sont fonctionnellement équivalentes.
En effet, la cible est détectée plus rapidement lorsque l’ajout de la différence de taille mnésique est
congruent avec la différence de taille perceptive (Expérience 1), alors que lorsque cet ajout est non
congruent avec la différence de taille perceptive la détection de la cible est perturbée (Expérience 2).
Ces résultats sont en accord avec l’idée que dès la perception, les dimensions sensorielles
associées en mémoire sont automatiquement activées, et que ces dimensions viennent influencer
la perception. Ils sont aussi en accord avec l’idée d’une « simulation » automatique d’expériences
sensori-motrices, déclenchées par les stimuli de l’environnement, simulation susceptible de
modifier le fonctionnement cognitif de manière précoce.
Références
Treisman, A., & Gormican, S. (1988). Feature analysis in early vision: Evidence from search asymmetries. Psychological
Review , 95, 15-48.
Versace, R., Labeye, E., Badard, G. & Rose, M. (2009).The contents of long-term memory and the emergence of
knowledge. European Journal of Cognitive Psychology, 21, 522-560.
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Symposium-Développement du lexique
Organisation de la session :
De Cara, Bruno (Lpcs, EA 1189, Université de Nice).
Alario, Xavier (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), De Cara, Bruno (Lpcs, EA 1189,
Université de Nice), Massol, Stéphanie, Ziegler, Johannes (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence,
Marseille).
Acquisition de la consistance orthographique : du lexique empirique au lexique
théorique
Hazard, Marie-Claire, De Cara, Bruno, Chanquoy, Lucile (Lpcs, EA 1189, Université de Nice).
Temporalité des traitements infra-lexicaux et lexicaux lors de la production
écrite de textes narratifs.
mardi
après-midi
Contrôle cognitif et sélection lexicale au cours du développement
Maggio, Séverine (Lapsco, UMR CNRS 6024, Université Blaise Pascal, Clermont fd), Lete, Bernard (EMC,
EA 3082, Université Lyon 2), Chenu, Florence (Ddl, UMR CNRS 5596, Université Lyon 2), Jisa, Harriet
(Ddl, UMR CNRS 5596, Université Lyon 2), Fayol, Michel (Lapsco, UMR CNRS 6024, Université Blaise
Pascal, Clermont fd).
Apprentissage statistique de l’orthographe et unités de traitement
Peereman, Ronald (Lpnc, UMR CNRS 5105, Université Pierre Mendès France, Grenoble), Lete, Bernard
(EMC, EA 3082, Université Lyon 2).
Nature de l’influence de la lecture sur la reconnaissance de mots à l’oral
Perre, Laetitia (URECA, EA 1059, u. Université Lille Nord de France), Pattamadilok, Chotiga (Unescog,
u. libre de Bruxelles), Montant, Marie (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), Dufau,
Stéphane (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), Ziegler, Johannes (Lpc, UMR CNRS
6146, Université de Provence, Marseille).
Résumé
Une fois entré dans l’écrit, l’enfant entame un processus de « restructuration lexicale » à partir du feedback fourni par l’information orthographique (Ziegler & Goswami, 2005). L’objet de ce symposium est
principalement d’examiner ce processus à travers cinq contributions. Dans une première communication,
Xavier Alario (CNRS & U. de Provence) abordera la question de la sélection des informations lexicales. La
production verbale exige un certain nombre de décisions relatives au choix des mots. Un débat actuel porte sur
les relations existantes entre les capacités de contrôle spécifiques au langage et les capacités de contrôle cognitif
en général. Deuxièmement, Marie-Claire Hazard (U. de Nice) se penchera sur l’assimilation de l’inconsistance
de l’orthographe chez l’enfant. La langue écrite présente de nombreuses irrégularités du point de vue des
correspondances entre sons et lettres. Ces irrégularités peuvent être mesurées statistiquement dans le lexique.
Elles peuvent aussi se mesurer dans « l’esprit de l’enfant » graduellement au cours de son apprentissage de
l’orthographe. C’est ce concept de consistance « empirique », et les implications qui en découlent, que M-C.
Hazard présentera. Troisièmement, Séverine Maggio (CNRS & U. Blaise Pascal, Clermont Fd.) exposera un
ensemble de données chronométriques concernant la production de textes narratifs chez l’enfant. L’enjeu de
son travail a été d’étudier les influences entre mots contigus dans la temporalité des processus. Ces influences
proviennent, en partie, des caractéristiques statistiques des mots selon des dimensions lexicales et infralexicales. Toujours concernant les régularités statistiques de l’orthographe, Ronald Peereman (CNRS &
U. Pierre Mendès France, Grenoble) rapportera une étude sur l’apprentissage implicite de ces régularités.
Très tôt, l’enfant est exposé au lexique écrit. La distribution des formes orthographiques liée à cette exposition
évolue avec l’âge. R. Peereman montrera que des « préférences » orthographiques émergent, dès le CE1, en
faveur des séquences de lettres les plus fréquemment associées dans la langue. Enfin, Laetitia PERRE (U.
Lille 3) examinera les influences orthographiques dans la perception de la parole chez l’adulte. A partir de
l’enregistrement des potentiels évoqués, des effets précoces (300 ms) liés à la consistance orthographique des
mots ont été mis en évidence aussi bien en décision lexicale qu’en catégorisation sémantique. Ces résultats
plaident en faveur d’une « contamination automatique » de l’orthographe sur le système phonologique.
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Toutes ces données suggèrent qu’apprendre à lire et à écrire modifie les représentations lexicales, en ellesmêmes, ainsi que les relations de similarité entre celles-ci.
Références
Ziegler, J. C., & Goswami, U. C. (2005). Reading acquisition, developmental dyslexia and skilled reading across languages:
A psycholinguistic grain size theory. Psychological Bulletin, 131(1), 3-29.
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après-midi
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Contrôle cognitif et sélection lexicale au cours du développement
Alario, Xavier (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), De Cara, Bruno (Lpcs, EA 1189,
Université de Nice), Massol, Stéphanie (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), Ziegler,
Johannes (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille).
Nous étudions le rôle que peuvent jouer les capacités de contrôle cognitif en général dans la capacité
spécifique à choisir des mots (i.e. sélection lexicale). Nous avons demandé à des enfants tout
venants (N~80) issus de deux niveaux scolaires (CE1 et CM2) de réaliser quatre tâches requérant la
discrimination de réponses sur des bases perceptives, de conflit de réponse ou de compétence verbale. Les
analyses comparatives de ces différentes tâches montrent peu de relations entre les capacités à choisir
chacun de ces types de réponses. Cette absence de relations est discutée dans le contexte de modèles de
sélection lexicale.
Introduction
Le processus de choix des mots est souvent décrit comme la récupération en mémoire de
représentations lexicales. Cette récupération implique un choix, ou sélection, autrement dit elle
se fait au détriment de représentations alternatives, moins appropriées au contexte, à la situation
ou bien au message à exprimer (Roelofs, 1992). Cette description suggère que la capacité à choisir
des mots pour parler pourrait s’appuyer sur une compétence plus générale de choix de réponse (i.e.
contrôle cognitif). Une telle interprétation est appuyée par des observations relativement récentes
faites dans le cadre de comparaisons de sujets bilingues et monolingues. Les sujets bilingues
présentent souvent de meilleures performances dans des tâches mettant en jeu un contrôle cognitif
et attentionel (comme, par exemple, la tâche de Simon; Simon, 1990; Bialystok et al, 2008). Cette
supériorité est attribuée au fait que les bilingues, qui connaissent deux langues, doivent consentir
plus d’efforts quotidiens lorsqu’ils choisissent des mots pour communiquer. Ils doivent, en effet,
exclure les mots de l’autre langue (celle qui ne convient pas au contexte de communication).
Compte tenu de ce cadre général, nous rapportons une étude comparée du développement de
la capacité à sélectionner des informations linguistiques (e.g., représentations lexicales) et de la
capacité à sélectionner des informations non lexicales (e.g., réponses manuelles). Des locuteurs
enfants (N~80) issus de deux niveaux scolaires (classes CE1 et CM2) devaient sélectionner des
informations lexicales dans deux tâches verbales (dénomination d’images et décision lexicale).
Ils devaient aussi sélectionner des informations non-lexicales et arbitraires dans des tâches de
discrimination perceptive et de conflit (cf. aussi Davidson et al., 2006).
mardi
après-midi
Résumé
Matériel et Méthode
Les participants étaient des enfants (N~80) inscrits dans quatre classes de Primaire (deux
classes de CE1 et deux classes de CM2) de la région niçoise. Tous les enfants ont rapporté ne pas
être bilingues et ne parler qu’une seule langue (le français) dans leur environnement familial et
scolaire. Chaque sujet a participé à quatre tâches pilotées par ordinateur. Ces tâches étaient
administrées de façon individuelle au cours de la journée, en marge des activités pédagogiques
usuelles. Dans un essai type de la première tache (discrimination perceptive), les sujets voyaient
deux carrés de couleur verte. Ils devaient sélectionner, grâce à une manette, le carré leur paraissant
le plus clair. Deux conditions étaient comparées: une condition de fort contraste entre les carrés
et une condition plus difficile de faible contraste. Dans un essai type de la deuxième tâche (tâche
de Simon, 1990), les participants voyaient un disque coloré (bleu ou orange) présenté à gauche
ou à droite d’un point de fixation. Ils devaient associer la couleur du disque à un bouton réponse
(main gauche ou main droite), quelle que soit la position du disque à l’écran Deux conditions
étaient comparées : une condition congruente où la position du disque et la main de réponse
étaient identiques, et une condition interférente où la position du disque et la main de réponse
étaient différentes. Dans un essai type de la troisième tâche (décision lexicale), les sujets voyaient
une séquence de lettres cible et devaient décider, en donnant une réponse manuelle, si cette cible
correspondait ou non à un mot du français. Avant la présentation de la cible, une amorce présentée
de façon sous-liminaire et masquée (même paramètres de présentation pour tous les sujets) pouvait
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être orthographiquement reliée (e.g. barbe-BARRE) ou non reliée à la cible (e.g. plume-BARBE).
Les mots utilisés étaient tous réputés connus d’enfants de cet âge d’après la base de données lexicale
MANULEX (Lété, 2004). Dans un essai type de la quatrième tâche (dénomination de dessins), les
sujets voyaient un dessin d’objet usuel qu’ils devaient dénommer à voix haute. Ces dessins étaient
présentés individuellement, en courtes séquences impliquant la répétition de cinq items (Damian
et al. 2001). Deux conditions étaient comparées : une condition homogène où les dessins de la
séquence appartenaient tous à la même famille sémantique (e.g. fruits) et une condition hétérogène
où les dessins appartenaient à des familles sémantiques distinctes (e.g. fruits, outils, vêtements).
mardi
après-midi
Résultats et Discussion
Les résultats montrent des effets de sélection sur les temps de réponse dans la tâche de
dénomination de dessins (allongement des TR pour la condition homogène) mais pas dans la
tâche de décision lexicale amorcée. Les deux tâches non-linguistiques (discrimination perceptive
et Simon) montrent des difficultés pour les conditions exigeant un niveau élevé de discrimination
(contraste faible et condition interférente). La comparaison de la performance des sujets ne montre
pas de corrélations entre les effets de discrimination à travers les tâches. En bref, les sujets qui
ont mieux discriminé les réponses dans une tâche ne discriminent pas nécessairement mieux les
réponses dans les autres tâches. Nous observons de clairs effets de difficulté de discrimination
des réponses dans trois tâches sur quatre. Contrairement à nos attentes, nous n’observons
pas de relations statistiques entre ces effets à travers les individus. Ce dernier résultat contraste
avec l’observation répétée de meilleures performances en traitement non-verbal chez des sujets
confrontés à de fortes contraintes de sélection verbale (en particulier, bilingues comparés à
monolingues). Nous discuterons de la portée et des limites de ces observations, dans le cadre de
modèles de sélection lexicale au service de la production de mots.
Références
Bialystok, E., Luk, G. & Craik, F. (2008). Cognitive Control and Lexical Access in Younger and Older Bilinguals. Journal
of Experimental Psychology : Learning, Memory, and Cognition, Volume 34 (4), 859-873.
Damian, M. F, Vigliocco, G. & Levelt, W. J. M. (2001). Effects of semantic context in the naming of pictures and words.
Cognition, 81, B77-B86.
Davidson, M.C., Amso, D., Anderson, L.C. & Diamond, A. (2006). Development of cognitive control and executive
functions from 4 to 13 years : Evidence from manipulations of memory, inhibition, and tasks switching.
Neuropsychologia, 44, 2037-2078.
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Acquisition de la consistance orthographique : du lexique
empirique au lexique théorique
Hazard, Marie-Claire (Lpcs, EA 1189, Université de Nice), De Cara, Bruno (Lpcs, EA 1189, Université de
Nice), Chanquoy, Lucile (Lpcs, EA 1189, Université de Nice).
Cette étude développementale examine la façon dont l’élève (6-15 ans) assimile l’inconsistance des
relations entre phonologie et orthographe, c’est-à-dire la consistance orthographique. Une mesure de «
consistance empirique » a été élaborée afin de mesurer la fidélité de l’élève pour transcrire deux fois le
même son. Les études conduites avec des mots ou des pseudomots montrent que les enfants reproduisent
précocement l’inconsistance orthographique de leur langue. Leur propre consistance empirique est plus
élevée pour écrire des rimes orthographiquement consistantes (dune/lune) que pour transcrire des
rimes inconsistantes (reine/peine ; femme/dame). L’intérêt de la consistance empirique est alors de
permettre de suivre la dissociation progressive que font le élèves entre traitements sous-lexicaux (rimes
consistantes) et lexicaux (rimes inconsistantes) dans l’acquisition de l’orthographe lexicale.
Introduction
mardi
après-midi
Résumé
Bien que l’orthographe du français soit considérée comme fortement inconsistante (Caravolas,
2006), relativement peu de travaux concernent l’impact de cette inconsistance sur l’acquisition de
l’orthographe. Elle pose pourtant aux élèves le problème du choix de la bonne transcription d’un
son (e.g., landau et non lendau, landeau). Pour ces mots inconsistants, le scripteur doit faire appel
à leur représentation lexicale en mémoire. Comment l’enfant élabore-t-il ces représentations et
construit-il son lexique écrit ? Cette construction peut être évaluée par l’évolution du nombre
de mots auxquels l’enfant est exposé dans ses livres (Manulex : Lété, Sprenger-Charolles, &
Colé, 2004). Il est aussi possible de se baser sur l’évolution de la structure de l’environnement
linguistique auquel l’enfant est soumis (Manulex-infra : Peereman, Lété, & Sprenger-Charolles,
2007). L’analyse des corpus révèle que le calcul de la consistance phonographémique varie peu
avec le niveau scolaire. Ce calcul de la consistance orthographique, bien qu’objectif, repose
toutefois sur un lexique théorique. Or tout au long de l’acquisition de l’écrit, et spécialement
au cours de la première année (CP), l’enfant construit son lexique orthographique en fonction
de l’enseignement reçu et de connaissances plus générales sur la langue acquises implicitement
(Pacton, Fayol, & Perruchet, 2005) selon sa propre exposition à la langue. Le but de ce travail a été
de suivre l’acquisition individuelle de la consistance orthographique par l’enfant. Outre la mesure
de l’exactitude orthographique des mots en fonction de leur degré de consistance orthographique
théorique, les effets ont été mesurés sur une variable dépendante originale appelée « consistance
empirique » (CE). Cette variable exprime, pour un même individu, la fidélité de la transcription
d’une même rime phonologique incluse dans deux mots ou pseudomots différents. La CE est cotée
1 lorsque les rimes sont écrites de la même façon, que l’orthographe soit exacte (dune/lune) ou non
(fame/dame). Elle est égale à 0 lorsque les rimes sont écrites différemment que l’orthographe soit
exacte (femme/dame) ou non (dunne /lune).
Matériel et Méthode
Trente paires de mots monosyllabiques appariés sur la rime de consistance orthographique
théorique variable (calculée d’après la base Novlex : Lambert & Chesnet, 2001) ont été constituées.
La moitié des paires correspondait à deux mots fréquents, l’autre moitié à deux mots rares. Les
mots ont été dictés collectivement à des élèves français âgés de 6 à 15 ans (7 niveaux scolaires :
CP-CM2, 5e, 3e), ainsi qu’à un groupe adulte. Les deux mots d’une paire étaient dictés séparément
à une semaine d’intervalle.
Résultats et Discussion
La première étude a montré un effet de l’inconsistance orthographique théorique dès le milieu
du CP. La consistance empirique des enfants de CP était plus élevée pour écrire des paires de mots
consistants (dune/lune : CE = 0.57) que des paires de mots inconsistants (femme/dame : CE = 0.37),
même lorsque les deux mots de la paire étaient de même voisinage orthographique (reine/peine :
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CE = 0.43). L’effet était maximal au CM2 (paires consistantes : CE = 0.88 ; inconsistantes : CE =
0.14 ; inconsistantes de même rime orthographique : CE = 0.59) et était encore significatif chez les
adultes. Comme attendu, ces effets ont été modulés par la fréquence lexicale : la convergence entre
consistance orthographique théorique et consistance empirique s’est révélée plus rapide pour les
mots fréquents que pour les mots rares. Dans une deuxième étude, la consistance empirique a
été étudiée sur des paires de pseudomots dérivés des mots de la première étude. Les enfants ont
manifesté une consistance empirique plus faible pour les pseudomots que pour les mots réels.
Cependant, dès le CP les participants ont utilisé moins de graphies différentes (légales ou inventées)
pour écrire les pseudomots à la rime consistante (/vyn/ et /fyn/) que pour écrire des pseudomots à la
rime orthographiquement inconsistante (/bam/ et /vam/). La différence entre rimes consistantes et
inconsistantes est maximale en 5ème. Ces élèves ont en effet produit un grand nombre de graphies
compliquées pour les rimes inconsistantes (e.g., /pok/ : pôckque, pokhe) mais sans transgresser
la plausibilité phonologique des transcriptions, manifestant ainsi une bonne méta-connaissance
de leur langue. Dans une dernière étude (CP, CE1, CM2, adultes), la consistance empirique a été
mesurée pour des paires de mots identiques (dune/dune ; reine/reine) comparativement à des paires
de mots différents (dune/lune ; reine/peine). Quels que soient le niveau scolaire et la consistance
orthographique théorique des rimes, les participants ont manifesté une consistance empirique plus
forte pour deux mots identiques par rapport à deux mots différents. Ces résultats indiquent une
bonne stabilité de la représentation orthographique des mots. Pour conclure, que ce soit pour des
mots ou des pseudomots, ces résultats montrent que la consistance empirique de l’enfant reflète
rapidement la consistance orthographique théorique de sa langue. La précocité de cette influence
(CP) laisse supposer que l’acquisition de la consistance orthographique est largement implicite.
Références
Caravolas, M. (2006). Learning to spell in different languages: How orthographies variables might affect early literacy. In
R.M., Joshi & P.G. Aaron (Eds.), Handbook of orthography and literacy (pp. 498-511).
Mahwah, NJ: Lawrence Erlbaum Publishers. Lambert, E. & Chesnet, D. (2001). Novlex: une base de données lexicales
pour les élèves de primaire. L’Année Psychologique, 101, 277-288.
Lété, B., Sprenger-Charolles, L., & Colé, P. (2004). MANULEX: A grade-level database from French elementary-school
readers. Behavior Research Methods, Instruments, & Computers, 36, 156-166.
Pacton, S., Fayol, M., & Perruchet, P. (2005). Children’s implicit learning of graphotactic and morphological regularities.
Child Development, 76 (2), 324-339.
Peereman, R., Lété, B., & Sprenger-Charolles, L. (2007). Manulex-infra: Distributional characteristics of graphemephoneme mappings, and infralexical and lexical units in child-directed written material. Behavior Research
Methods, 39(3), 579-589.
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Temporalité des traitements infra-lexicaux et lexicaux lors de la
production écrite de textes narratifs.
Maggio, Séverine (Lapsco, UMR CNRS 6024, Université Blaise Pascal, Clermont fd), Lété, Bernard (EMC,
EA 3082, Université Lyon 2), Chenu, Florence (Ddl, UMR CNRS 5596, Université Lyon 2), Jisa, Harriet
(Ddl, UMR CNRS 5596, Université Lyon 2), Fayol, Michel (Lapsco, UMR CNRS 6024, Université Blaise
Pascal, Clermont FD).
A l’aide d’un corpus de mesures chronométriques de production de textes narratifs, nous étudions
la temporalité des traitements infra-lexicaux et lexicaux sur trois VD : 1°) la durée de pause avant
l’écriture d’un mot n, 2°) le débit d’écriture de ce mot et 3°) la durée totale des pauses pendant l’écriture
de ce mot. Des effets de débordement des traitements sont observés uniquement sur les pauses avant
l’écriture du mot, des effets d’immédiateté sont observés sur le débit d’écriture et sur les pauses intramots et des effets d’anticipation sont observés sur le débit d’écriture.
Introduction
mardi
après-midi
Résumé
La plupart des études traitant de la production écrite en temps réel (Chanquoy, Foulin &
Fayol, 1990; Schilperoord, 1996) ont analysé la localisation des pauses, leur durée et leurs variations
mais très peu ont pris en compte les variations des débits d’écriture des différents segments. De
plus, les études conduites jusqu’à maintenant ont supposé que les pauses étaient essentiellement
dédiées aux activités de planification et, donc, que leurs durées dépendaient essentiellement des
caractéristiques des segments suivants. Une telle perspective apparaît cependant trop sommaire
pour élucider la complexité des processus cognitifs engagés dans la production écrite. Un certain
nombre de travaux suggèrent, en effet, que les modulations des durées des pauses et des débits
d’écriture pourraient résulter des caractéristiques du mot n (Delattre et al., 2006) mais aussi
de celles du mot précédent (n–1 ; effet de débordement ; Schilperoord, 1996) et/ou de celles du
mot à venir (n+1 ; effet d’anticipation). Pour tenter de clarifier la dynamique de la production
écrite, nous avons analysé l’influence des caractéristiques infra-lexicales et lexicales du mot n-1
(effets de débordement), n (effets d’immédiateté) et n+1 (effets d’anticipation), sur trois mesures
chronométriques : la pause avant l’écriture du mot n, le débit d’écriture de ce mot et la durée totale
des pauses pendant l’écriture de ce mot.
Méthode
Cent trente neuf enfants âgés de 10 à 15 ans ont été invités à produire des textes narratifs sur
le thème des situations conflictuelles à l’école. Les données chronométriques ont été collectées à
l’aide du logiciel Eye & Pen (Chesnet & Alamargot, 2005) et d’une tablette graphique. La séquence
temporelle de l’écriture d’un mot n a déterminé les trois VD à expliquer dans les modèles de
régression : 1°) la durée (en ms) de la pause avant le mot n ; 2°) la durée (en ms) des pauses à
l’intérieur du mot n ; 3°) le débit d’écriture (en ms/lettre) du mot n. Trois lieux d’influence ont été
étudiés : les influences du mot n (effets d’immédiateté), celles du mot n-1 (effets de débordement)
et celles du mot n+1 (effets d’anticipation). Les caractéristiques infra-lexicales et lexicales de
chaque mot produit ont été extraites de Manulex-infra (Peereman et al., 2007). Les prédicteurs
retenus étaient les suivants : la longueur du mot, la fréquence de la forme orthographique, la
fréquence moyenne des syllabes, la consistance orthographique de la fin du mot, la fréquence du
voisinage phonographique et la nième position du mot dans le texte. Pour étudier la dynamique
des processus cognitifs engagés dans l’écriture d’un mot, nous avons testé un modèle de régression
pour chaque VD en entrant en même temps les valeurs des prédicteurs du mot n, du mot n-1 et du
mot n+1 (en Stepwise Model sous SPSS).
Résultats et Discussion
Contrairement à ce qui a pu être avancé jusqu’ici, les durées de pause avant chaque mot sont
uniquement sensibles à des effets de débordement du mot précédent (notamment sa longueur) et
il n’existe aucun impact des caractéristiques du mot qui va être écrit juste après. Le débit d’écriture
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du mot n n’est pas contaminé par des effets de débordement du traitement du mot n-1. Par contre,
des effets d’immédiateté des prédicteurs infra-lexicaux sont observés sur cette VD : il existe un effet
facilitateur de la fréquence des syllabes et de la consistance orthographique de la fin du mot (le débit
s’accélère pour les syllabes fréquentes et pour les mots consistants) et un effet inhibiteur pour le
voisinage phonographique (le débit ralentit lorsque le mot a un voisinage phonographique élevé). Le
débit d’écriture est également sensible à des effets d’anticipation : le débit s’accélère si le mot suivant
a des syllabes fréquentes mais il ralentit si la fréquence de la forme orthographique du mot suivant
est élevée. La durée totale des pauses intra-mots est également sensible à des effets d’immédiateté
mais le coût/bénéfice est inversé par rapport au débit d’écriture : la fréquence des syllabes augmente
la durée des pauses intra-mot et la fréquence de la forme orthographique la diminue. Sur cette VD,
aucun effet de débordement n’est observé et seul un très faible effet d’anticipation lié à la longueur
du mot suivant est significatif. Dans leur ensemble, nos données font apparaître la complexité de la
dynamique de la production écrite et la difficulté de révéler sans ambiguïté la nature des processus
cognitifs censés être captés dans nos trois mesures chronométriques. Pour progresser, le champ
d’étude de la production écrite doit développer ses propres paradigmes expérimentaux afin de
révéler si la chronométrie mentale appliquée à la production écrite est aussi viable et utile que celle
appliquée à l’étude de la réception de l’écrit. En d’autres termes, il s’agit de valider que la main peut
être un indicateur aussi sensible que l’œil pour étudier la cognition du langage. Les données dont
nous disposons, notamment les faibles pourcentages de variance expliquée, ne permettent pas de
conclure : d’autres recherches sont nécessaires.
Références
Chanquoy, L., Foulin, J.-N., & Fayol, M. (1990). Temporal management of short text writing by children and adults.
European Bulletin of Cognitive Psychology, 10, 513-540.
Chesnet, D., & Alamargot, D. (2005). Analyse en temps réel des activités oculaires graphomotrices du scripteur. Intérêt
du dispositif Eye and pen. L’Année Psychologique, 105, 477-520.
Delattre, M., Bonin, P. & Barry, C. (2006). Written spelling to dictation: Sound-to- spelling regularity affects both writing
latencies and durations. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, 32, 1330-1340.
Peereman, R., Lété, B., & Sprenger-Charolles, L. (2007). Manulex-infra: Distributional characteristics of graphemephoneme mappings, infra-lexical and lexical units in child-directed written material. Behavior Research Methods,
39, 593-603.
Schilperoord, J. (1996). It’s about time: Temporal aspects of cognitive Processes in text production, Amsterdam/Atlanta:
Rodopi.
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Apprentissage statistique de l’orthographe et unités de traitement
Peereman, Ronald (Lpnc, UMR CNRS 5105, Université Pierre Mendès France, Grenoble), Lété, Bernard
(EMC, EA 3082, Université Lyon 2).
Plusieurs données indiquent que le développement du lexique orthographique s’accompagne de
l’apprentissage de caractéristiques distributionnelles de l’orthographe qui ne sont pas enseignées
explicitement. L’étude des caractéristiques distributionnelles apprises ou non apprises offre une ouverture
intéressante sur la manière dont l’enfant aborde l’acquisition de la lecture/écriture, et en particulier
sur la façon dont il structure les séquences orthographiques. Dans cette présentation, j’envisagerai les
contraintes d’organisation syllabique et intrasyllabique des mots sur l’apprentissage des caractéristiques
distributionnelles de l’orthographe chez l’enfant. Les résultats devraient en retour nous renseigner sur
l’implication ou non d’unités de traitement spécifiques lors de l’apprentissage orthographique.
Introduction
Plusieurs données indiquent que le développement du lexique orthographique s’accompagne
de l’apprentissage de caractéristiques distributionnelles de l’orthographe qui ne sont pas
enseignées explicitement. Par exemple, confrontés à de nouveaux mots (pseudomots), les enfants
anglophones préfèrent l’orthographe EE à EA pour représenter le phonème /i/ lorsque celui-ci est
suivi de /p/ ou de /d/ (comme dans REED, DEEP), alors que l’inverse est observé lorsqu’il est suivi
de /m/ (BEAM ; Treiman & Kessler, 2006). L’étude des caractéristiques distributionnelles apprises
ou non apprises offre une ouverture intéressante sur la manière dont l’enfant aborde l’acquisition
de la lecture/écriture, et en particulier sur la façon dont il structure les séquences orthographiques.
Ainsi, la structuration des chaînes orthographiques en unités de traitement particulières devrait
déterminer quelles caractéristiques distributionnelles seront apprises, et quelles autres ne le
seront pas. Par exemple, l’apprentissage des caractéristiques distributionnelles de l’orthographe
devrait être sensible à la structure syllabique des mots si, dès le départ, l’enfant aborde la lecture/
écriture en recourrant à des unités syllabiques de traitement. Dans cette présentation, j’envisagerai
les contraintes d’organisation syllabique et intrasyllabique des mots sur l’apprentissage des
caractéristiques distributionnelles de l’orthographe chez l’enfant. Les résultats devraient en retour
nous renseigner sur l’implication ou non d’unités de traitement spécifiques lors de l’apprentissage
orthographique. L’hypothèse d’unités particulières dans le traitement du langage écrit a suscité
de nombreux débats, essentiellement concernant la rime (voyelle et consonnes suivantes dans la
syllabe) et la syllabe. Une première approche est que la saillance particulière de ces unités dans
le flux de parole pourrait conduire à un rôle particulier au début de l’acquisition du code écrit.
Selon une seconde approche, l’importance de certaines unités dans le traitement résulterait du
contact répété avec l’orthographe des mots. Ainsi, les lecteurs anglophones pourraient accorder
une importance toute particulière à l’unité rime du fait que l’incertitude de prononciation de
la voyelle y est souvent réduite. Enfin, selon une troisième approche, aucune unité particulière
de traitement serait privilégiée, l’enfant exploitant toute régularité statistique de l’orthographe
dès lors que celle-ci est suffisamment fréquente pour être apprise. Deux études évaluent cette
hypothèse auprès d’enfants de CE1, CE2 et CM2. Les résultats sont comparés aux prédictions d’un
réseau connexionniste apprenant à associer les formes phonologiques des mots à leurs formes
orthographiques.
mardi
après-midi
Résumé
Méthode
Des pseudomots tri-syllabiques (e. g., /pidylâR/), incluant une voyelle orthographiquement
ambiguë (/â/) ont été présentés auditivement aux enfants ; leur tâche consistait à choisir parmi
deux alternatives écrites (PIDULANRE ou PIDULENRE) l’orthographe qu’ils préféraient. La
connaissance des caractéristiques distributionnelles a été examinée en manipulant le contexte
phonologique environnant la voyelle. Par exemple, du fait que l’orthographe des mots français
favorise AN après /l/ et EN après /m/, l’enfant devrait préférer la graphie AN à la graphie EN pour
écrire le pseudomot PIDULANRE (contre PIDULENRE) alors que la graphie EN devrait être
préférée pour PUDOMENRE (contre PUDOMANRE). Nos données portent sur cette préférence
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de graphie (e.g., EN) entre les deux contextes (lorsque /l/ ou /m/ précèdent). Une telle sensibilité
de l’enfant au contexte témoignerait d’un apprentissage des interdépendances orthographiques.
Les cas d’interdépendances contextuelles utilisés sont issus d’une analyse distributionnelle de
l’orthographe des mots apparaissant dans les manuels scolaires (Manulex ; Lété et al., 2004 ; Peereman
et al., 2007). La première étude examine la connaissance des caractéristiques distributionnelles
intra-syllabiques : le contexte influençant l’orthographe de la voyelle inconsistante correspondant
soit à l’attaque de la syllabe (consonne précédant la voyelle dans la syllabe), soit à la coda (consonne
suivant la voyelle et formant avec elle la rime de la syllabe ; e. g., AN est favorisé par /t/ dans /kalibât/
mais pas par /s/ dans /pidobâs/). La seconde étude compare la connaissance des interdépendances
lorsque le contexte influent se situe soit dans la même syllabe que la voyelle, soit dans une syllabe
adjacente. Dans ce dernier cas, le phonème contextuel est soit adjacent (e.g. /d/ dans /bivâdo/, /g/
dans /lyvâgo/) soit non-adjacent à la voyelle ambiguë (e. g. la voyelle /ô/ dans /dâkôti/ vs. la voyelle
/a/ dans /dâkalo/). Cent quarante enfants ont participé à l’étude 1 (N= 45, 52, et 43, par grade,
respectivement) et 140 à l’étude 2 (N= 46, 49, 45).
Résultats et Discussion
Les deux études indiquent un apprentissage des caractéristiques distributionnelles de
l’orthographe. Dans la première étude, ces connaissances se manifestent dès le CE1 et ne diffèrent
pas selon que le contexte corresponde à l’attaque ou la coda de la syllabe. Dans la seconde étude, la
connaissance des interdépendances porte tout autant entre les phonèmes de la même syllabe qu’entre
des phonèmes de syllabes différentes, et ceci même lorsque les phonèmes ne sont pas directement
adjacents. Ces résultats paraissent inconciliables avec l’hypothèse que des unités particulières de
traitement telle que la syllabe ou la rime structurent les connaissances orthographiques. Dans
ce cas, la connaissance des interdépendances aurait dû être plus marquée au sein des unités de
traitement. Les simulations connexionnistes produisent des résultats très similaires à ceux des
enfants en dépit de l’absence d’unités syllabiques ou sous-syllabiques particulières dans le réseau.
Les résultats suggèrent donc qu’aucune unité particulière de traitement n’est privilégiée, l’enfant
exploitant toute régularité statistique de l’orthographe dès lors que celle-ci est suffisamment
fréquente pour être apprise. Des estimations réalisées sur la base Manulex indiquent que la
connaissance de l’orthographe de près de 90% des mots pourrait bénéficier de cette sensibilité aux
caractéristiques distributionnelles.
Références
Lété, B., Sprenger-Charolles, L., & Colé, P. (2004). MANULEX: A grade-level lexical database from French elementaryschool readers. Behavior Research Methods, Instruments, & Computers, 36, 156-166.
Peereman, R., Lété, B., & Sprenger-Charolles, L. (2007). Manulex-infra: Distributional characteristics of graphemephoneme mappings, infra-lexical and lexical units in child-directed written material. Behavior Research Methods,
39, 593-603.
Treiman, R., & Kessler, B. (2006). Spelling as statistical learning: Using consonantal context to spell vowels. Journal of
Educational Psychology, 98, 642–652.
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Nature de l’influence de la lecture sur la reconnaissance de mots à
l’oral
Perre, Laetitia (URECA, EA 1059, u. Université Lille Nord de France), Pattamadilok, Chotiga (Unescog,
U. Libre de Bruxelles), Montant, Marie (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), Dufau,
Stéphane (Lpc, UMR CNRS 6146, Université de Provence, Marseille), Ziegler, Johannes (Lpc, UMR CNRS
6146, Université de Provence, Marseille).
De nombreux travaux ont montré que la lecture modifie profondément le traitement et la
conceptualisation du langage parlé. Néanmoins, la nature des changements qui surviennent fait l’objet
de nombreuses discussions. Dans cet exposé nous présenterons des données récentes en potentiels évoqués
qui offrent des éléments de réponse quant au décours temporel de l’influence orthographique au cours
de la reconnaissance de mot mais aussi concernant la nature profonde de cette influence. En s’appuyant
sur les résultats obtenus au cours de trois tâches auditives, nous démontrerons que les informations
orthographiques sont engagées précocement dans la reconnaissance des mots à l’oral, dès les processus
d’accès au lexique phonologique. Par ailleurs, une analyse des sources corticales qui soutiennent les
effets orthographiques a permis d’identifier une région cérébrale classiquement associée au traitement
de la phonologie. Ce résultat suggère que l’apprentissage de la lecture impose une restructuration des
réseaux neuronaux qui supportent les traitements phonologiques.
mardi
après-midi
Résumé
Introduction
La reconnaissance de mot à l’oral est souvent envisagée comme un phénomène purement
auditif. Il est pourtant clair que les informations de nature visuelle fournies par le visage d’un
locuteur sont intégrées dans le traitement de la parole. Aujourd’hui, un intérêt croissant est porté à
un autre composant visuel de la parole : sa représentation écrite. Bien que moins naturel, l’écrit est
extrêmement important dans les sociétés contemporaines et plusieurs équipes se sont intéressées
aux conséquences de l’apprentissage de la lecture sur le traitement de la parole. De nombreux
travaux ont montré que la lecture modifie profondément le traitement et la conceptualisation du
langage parlé (Morais, Cary, Alegria, Bertelson, 1979 ; Seidenberg & Tanenhaus, 1979 ; Ziegler
& Ferrand, 1998). Néanmoins, la nature intime des changements qui surviennent fait l’objet
de nombreuses discussions. Deux questions majeures sont actuellement posées. La première
est de savoir si l’influence des connaissances orthographiques affecte les étapes précoces de la
reconnaissance de mots à l’oral ou, au contraire, si cette influence est de nature stratégique et ne
concerne que les étapes décisionnelles de traitement. La seconde question, quant à elle, cherche à
savoir si l’influence de l’orthographe est la conséquence d’une mise en jeu active des informations
visuelles orthographiques pendant le traitement des mots à l’oral ou si cette influence est supportée
par le système phonologique lui-même. Trois expériences utilisant la technique des potentiels
évoqués seront décrites dans cet exposé afin d’apporter un nouvel éclairage sur ces questions.
Méthode et Résultats
Expérience 1 : Une tâche de décision lexicale auditive au cours de laquelle les potentiels
évoqués (ERPs) étaient enregistrés a été conduite auprès de 20 participants français. Les propriétés
orthographiques des mots ont été manipulées via la consistance orthographique des mots (i.e. le
fait qu’une unité phonologique puisse avoir plusieurs réalisations orthographiques). La différence
ERPs la plus précoce entre les mots consistants et inconsistants a été observée à 320 ms suivie d’une
différence plus large à 500 ms (N400). Expérience 2 : Dans une seconde expérience, nous avons
tenté de répliquer les effets obtenus avec la décision lexicale au cours d’une tâche sémantique avec
un nouveau jeu d’items (mots bisyllabiques). Conjointement à la manipulation de la consistance
orthographique, nous avons manipulé la fréquence des mots afin d’indexer le processus d’accès
lexical. Les résultats ont montré que les effets de consistance précédaient les effets lexicaux (300 ms
vs 400 ms respectivement). Expérience 3 : Dans la 3ème expérience, nous avons à nouveau utilisé
une tâche de décision lexicale dans laquelle la consistance orthographique était manipulée et nous
avons utilisé une méthode de localisation de sources (sLORETA, Pascual-Marqui, 2002) de façon
à accéder aux générateurs corticaux qui supportent cet effet précoce. Grâce à cette méthode, nous
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avons pu mettre en évidence une différence d’activité selon la consistance des mots au niveau de la
jonction temporo-pariétale gauche.
Discussion
mardi
après-midi
L’objectif de ce travail était d’étudier la nature de l’influence de l’orthographe sur le traitement
de la parole. Les trois expériences réalisées nous ont permis d’explorer le décours temporel des
effets orthographiques au cours de la reconnaissance de mots à l’oral. Nous avons observé un effet
des connaissances orthographiques dès 300 ms après la présentation des mots parlés. La latence
d’apparition de cet effet et la comparaison de cette latence avec celle des effets de la fréquence des
mots soutiennent l’idée que l’orthographe est mise en jeu dès les processus d’accès au lexique des
mots parlés. Enfin, l’observation de cet effet orthographique dans la tâche sémantique est un résultat
tout à fait fondamental car il démontre que les informations orthographiques sont engagées dans le
traitement des mots parlés dans une situation plus proche des conditions naturelles pour laquelle
il semble exclu que les effets orthographiques reposent sur des processus stratégiques. Par ailleurs,
nous avons identifié une région corticale au niveau de la jonction temporo-pariétale gauche dont
l’activité était modifiée selon les propriétés orthographiques des mots. Dans la littérature, cette
région a été associée au traitement de la phonologie dans des contextes purement auditifs (Hickock
& Poeppel, 2000) mais aussi à la récupération des informations phonologiques au cours de la
lecture. Par ailleurs, des études d’imagerie comparant des participants illettrés et lettrés ont révélé
des différences dans cette région à la fois au point de vue anatomique et fonctionnel (Castro-Caldas
et al., 1998). L’implication de cette région dans notre expérience est donc en faveur de l’hypothèse
selon laquelle les propriétés orthographiques auraient contraint les réseaux qui supportent le
traitement du langage oral pendant l’apprentissage de la lecture. Ainsi, le système phonologique
aurait intégré certaines propriétés de l’écrit (Muneaux & Ziegler, 2004).
Références
Castro-Caldas, A., Petersson, K. M., Reis, A., Stone-Elander, S., & Ingvar, M. (1998). The illiterate brain. Learning to read
and write during childhood influences the functional organization of the adult brain. Brain, 12, 1053-1063.
Hickok, G., Poeppel, D. (2000). Towards a functional neuroanatomy of speech perception. Trends in cognitive sciences,
4(4), 131-138.
Muneaux, M., & Ziegler, J. (2004). Locus of orthographic effects in spoken word recognition: Novel insights from the
neighbor generation task. Language and Cognitive Processes, 19, 641-660.
Morais, J., Cary, L., Alegria, J., Bertelson, P. (1979). Does awareness of speech as a sequence of phones arise spontaneously ?
Cognition, 7, 323-331.
Pascual-Marqui, R. D. (2002). Standardized low-resolution brain electromagnetic tomography (sLORETA): technical
details. Methods Find. Exp. Clin. Pharmacol., 24D, 5-12.
Seidenberg, M. S., & Tanenhaus, M. K. (1979). Orthographic effects on rhyme monitoring. Journal of Experimental
Psychology: Human Learning and Memory, 5, 546-554. Ziegler, J. C., & Ferrand, L. (1998).
Orthography shapes the perception of speech: The consistency effect in auditory word recognition. Psychonomic Bulletin
and Review, 5, 683-689.
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Symposium-Actualité de la prise en charge de
la schizophrénie
Organisation de la session :
Le statut de « pairs aidants » : l’expertise des usagers au service du
rétablissement.
Koenig, Marie (Université Paris 8, laboratoire de psychopathologie et de neuropsychologie).
Rééducation des fonctions exécutives : utilité d’une approche écologique du
traitement de l’information
Mangematin, Caroline (Hôpital de jour « François Villon » - Cergy Saint-Christophe).
Expérience de thérapie cognitive de groupe dans le traitement des hallucinations
auditives résistantes
mardi
après-midi
Castillo, Marie-Carmen (Université Paris 8, laboratoire de psychopathologie et de neuropsychologie),
Blanchet, Alain (Université Paris 8, laboratoire de psychopathologie et de neuropsychologie).
Braha-Zeitoun, Sonia (Eps Ville-Evrard), Wojakiewicz-Faivre, Annie (Eps Ville-Evrard), Januel,
Dominique (Eps Ville-Evrard).
La place de la famille dans l’accompagnement des patients souffrant de
schizophrénie
Escaig, Bertrand (Unafam - Nord).
Psychoéducation et tcc comme outils de réinsertion des patients schizophrènes
Rousselet, Anne-Victoire (Psychologue, CHU Mondor-Chenevier).
Résumé
Le paysage de la prise en charge de la schizophrénie est depuis ces dernières années en pleine mutation. Les
avancées thérapeutiques et le renouvellement des approches théorico-cliniques ont permis de reconsidérer les
conceptions du trouble schizophrénique. Ce symposium a pour objectif de rendre compte des différentes facettes
de ces évolutions. Durant ces trente dernières années, le regard porté sur les sujets atteints de schizophrénie s’est
considérablement modifié. D’un point de vue psychopathologique, de récentes études attestent d’un nombre
croissant de patients diagnostiqués schizophrènes connaissant une évolution clinique favorable et significative.
Ceci vient interroger les descriptions classiques d’une détérioration inéluctable associée à la schizophrénie et
l’aspect déterministe de certains modèles de l’évolution du trouble. D’un point de vue clinique, les patients sont
aujourd’hui considérés comme des sujets acteurs de leur prise en charge thérapeutique et la notion d’alliance
thérapeutique a été reconnue comme fondamentale dans l’amélioration de l’observance thérapeutique et de la
qualité de vie du patient atteint de schizophrénie. Les usagers en tant qu’experts de leur trouble tendent ainsi à
être considérés comme de véritables partenaires de soins. Cette préoccupation témoigne d’une reconnaissance
de leur compétence dont ils ont longtemps été privés. Cette relation de partenariat se traduit notamment par
l’importance grandissante du principe de « pairs aidants ». Les témoignages d’usagers faisant l’expérience
du rétablissement sont porteurs d’optimisme et représentent en cela de véritables piliers thérapeutiques.
Parallèlement à cela, l’entourage des patients est désormais considéré comme un allié thérapeutique et comme
une source précieuse d’informations. Tous ces éléments s’inscrivent dans de nouvelles stratégies thérapeutiques
de réhabilitation psychosociale telles que la psychoéducation et la remédiation cognitive. Ces dispositifs de soins
visent à avoir une action sur les symptômes positifs et négatifs du trouble dans la finalité première de diminuer
la souffrance qu’ils engendrent. Ces nouvelles stratégies soulignent l’importance accordée au fonctionnement
social des sujets vivant avec la schizophrénie. Si l’on ne peut que se féliciter de ces évolutions, il reste néanmoins
encore un important travail d’information à faire, gage d’une « déstigmatisation » de cette maladie, nécessaire
pour rendre au sujet atteint de schizophrénie sa place de citoyen.
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Le statut de « pairs aidants » : l’expertise des usagers au service du
rétablissement.
Koenig, Marie (Université Paris 8, laboratoire de psychopathologie et de neuropsychologie).
Résumé
mardi
après-midi
Les avancées théorico-cliniques de ces dernières décennies ont progressivement permis de reconsidérer
les conceptions thérapeutiques et évolutives de la schizophrénie. L’émergence en France du principe de
« pair aidant » nous semble témoigner au mieux de ces évolutions. L’objectif de cette communication
est de proposer une réflexion sur les bénéfices portés par ces « experts d’expérience » et ainsi de mieux
comprendre les facteurs favorisant le processus subjectif de rétablissement.
Revue de la littérature
Les patients atteints de schizophrénie sont désormais considérés comme des acteurs à part
entière de leur prise en charge. La loi du 4 mars 2002 rendant obligatoire l’annonce diagnostique de
la maladie dont souffre le patient semble avoir contribué à ces avancées. L’expertise de la maladie
du patient représente un véritable levier thérapeutique, comme en atteste la multiplication des
dispositifs thérapeutiques tels que la psychoéducation s’étayant sur le vécu au quotidien de la
maladie. Considérer les patients comme des « experts d’expérience » permet également de situer
ces derniers comme des partenaires de soins. C’est dans ce contexte que s’inscrit la notion de « pair
aidant ». Cette expression caractérise les personnes venant en aide à d’autres personnes sur la base
de l’expérience d’une situation commune, comparable (Rummel-Kluge et al., 2008). Ce principe
se retrouve dans de multiples situations de la vie courante. Plus particulièrement, ses bénéfices
sont démontrés dans le cadre de troubles chroniques telles que les pathologies cancéreuses,
les problématiques addictives mais aussi, les pathologies psychiatriques. Dans le champ de la
schizophrénie, cette capacité des usagers à venir en aide à d’autres patients a progressivement été
mise en évidence, initialement en Amérique du Nord. Un programme québécois a été élaboré
depuis 2006 afin de promouvoir l’embauche et l’intégration de pairs-aidants à un poste de travail
dans les services de santé mentale. Ces expériences Nord-Américaines commencent à essaimer en
France, en particulier à Lille, où une recherche-action est menée depuis 3 ans intégrant des usagers
en tant qu’experts d’expérience (Le Cardinal et al., 2007).
Objectifs de la communication
Cette communication vise à promouvoir une réflexion théorico-clinique sur cette notion
émergente du « pair aidant » et ses bénéfices dans la prise en charge thérapeutique de la schizophrénie.
L’expansion des recherches qualitatives atteste d’un changement majeur des préoccupations
scientifiques. Alors que durant ces vingt dernières années, les études s’orientaient vers la recherche
d’une étiologie génétique et/ou neurodéveloppementale du trouble, la littérature actuelle tend
à reconsidérer l’importance des facteurs psychosociaux acquis plus tardivement. La recherche
étiologique de facteurs précoces fait désormais place à la recherche d’éléments susceptibles
d’influencer l’évolution du cours de la pathologie schizophrénique. En outre, de récentes études
attestent d’un nombre croissant de patients diagnostiqués schizophrènes connaissant une évolution
clinique favorable et significative (Davidson et al. 2007 ; Rabinowitz et al. 2007). Ceci contribue à
l’émergence de nouvelles notions associées à une évolution dite « positive » du trouble, telles que
le rétablissement. La notion de « pair aidant » ne peut être pensée qu’à l’aune de ces nouvelles
considérations, plaçant les témoignages des patients au centre des reconceptualisations évolutives
du trouble. Le rétablissement en tant que processus psychologique n’implique pas nécessairement
la disparition des manifestations du trouble. Ainsi, cette notion permet de se décentrer de la
psychopathologie en promouvant un ensemble d’« expériences » n’appartenant pas exclusivement
au registre médico-social. Dans cette optique, le pair aidant est porteur d’espoir puisqu’il a luimême affronté et franchi les obstacles inhérents au trouble schizophrénique et qu’il a développé
des stratégies facilitant le processus de rétablissement. Le pair aidant en tant que membre à part
entière de l’équipe soignante apporte son expertise et maintient présentes dans l’institution la
réduction de la stigmatisation et la nécessité de redonner l’espoir. Dès lors, un travail d’information
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autour de ces nouvelles pratiques s’impose afin de favoriser leur émergence en France et de mieux
comprendre les facteurs favorisant le processus de rétablissement de nos patients.
Davidson, L., Schmutte, T., Dinzeo, T., Raquel, A.H. (2007). Remission and Recovery in Schizophrenia: Practitioner and
Patient Perspectives. Schizophrenia Bulletin, 34, 1, pp. 5-8.
Le Cardinal., P., Ethuin, C., Thibaut, M-C. (2007) Quand la conquête de la citoyenneté renverse le cycle de la
stigmatisation. L’information psychiatrique, vol 83, n°10, pp. 807-814.
Rabinowitz, J., Levine, S.Z., Haim, R., Häfner, H. (2007). The course of schizophrenia: Progressive deterioration,
amelioration or both ? Schizophrenia Research, 91, 254-258.
Rummel-Kluge, C. Stiegler-Kotzor, M., Schwarz, C., Hansen, W-P., Kissling, W. Peer-counseling in schizophrenia:
Patients consult patients.
Rééducation des fonctions exécutives : utilité d’une approche
écologique du traitement de l’information
Mangematin, Caroline (Hôpital de jour « François Villon » - Cergy Saint-Christophe).
mardi
après-midi
Références
Résumé
Plusieurs travaux récents mettent en avant une perturbation précoce du traitement pertinent de
l’information dans la schizophrénie : catégorisation, filtrage de l’info, rejet des distracteurs, organisation
du traitement, analyse optimale des données. Cette défaillance du traitement de l’information entraine
ou majore les difficultés multiples et a un impact direct sur la réinsertion sociale et/ou professionnelle
des patients. L’activité RFE vise à optimiser et faciliter le traitement de l’information afin d’exploiter
l’environnement de manière efficace.
Rappel sur les troubles cognitifs dans la schizophrènie
Les troubles cognitifs sont souvent les premiers symptômes qui apparaissent, précurseurs de la
schizophrénie. Ils peuvent persister longtemps après la résorption des symptômes aigus. Ce sont ces
troubles qui entraînent les difficultés de socialisation. Une méta-analyse de 204 études portant sur 7 420
patients a tenté de déterminer un profil caractéristique des déficits cognitifs chez les schizophrènes :
Prédominance de l’atteinte de l’attention/ vigilance/ MDT, des fonctions exécutives et de la mémoire
épisodique. Les fonctions exécutives regroupent un ensemble de fonctions essentielles à tout
comportement dirigé, autonome et adapté. Plusieurs travaux récents mettent en avant une perturbation
précoce du traitement pertinent de l’information dans la schizophrénie : catégorisation, filtrage
de l’information, rejet des distracteurs, organisation du traitement, analyse optimale des données.
Cette défaillance du traitement de l’information entraine ou majore les difficultés de planification,
d’organisation des séquences pour réaliser un but, de flexibilité, de discernement, de vérification. Elle
peut entrainer de l’anxiété et donc décourager l’action et favoriser l’apragmatisme (1).
L’activité Rééducation des Fonctions Executives (RFE)
Objectif : L’activité RFE vise à redonner au patient les structures d’un projet à entreprendre, à les
ordonner tout en contrôlant les comportements inadaptés. Il faut qu’il puisse s’adapter à de nouvelles
situations c’est à dire qu’il se serve des ses expériences passées et de ses connaissances en les adaptant au
nouveau contexte. La présentation et l’explication de nombreuses situations et documents courants de la
vie quotidienne doit aussi permettre de rassurer, dédramatiser et habituer les patients à les utiliser et les
manipuler facilement. Pour viser une réinsertion sociale et/ou professionnelle, le patient doit parvenir
à distinguer les informations pertinentes de celle qui ne le sont pas et les traiter à bon escient. Il est
donc important de travailler cette notion fondamentale qui vise à réhabiliter le contrôle, l’organisation
et la gestion des informations. Traiter l’information efficacement permet de rendre compréhensibles
et donc utilisables les outils environnants. Cela permet de lutter contre l’incompréhension génératrice
d’anxiété, donc de réduire la perte de motivation et l’apragmatisme. La méthode : La méthodologie selon
laquelle les exercices de revalidation sont proposés utilise l’indiçage et l’application concrète. L’indiçage
est nécessaire au début de prise en charge car la difficulté des patients est souvent d’utiliser tous les outils
proposés pour mener à bien un projet. Cette aide par l’indiçage va permettre de se réapproprier les
étapes de réalisation efficace d’une tache, voire effectuer un apprentissage sans erreur. L’application dite
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concrète permet de travailler sur des documents existants dans notre environnement et de multiplier des
situations plausibles, réelles et concernant la majorité des adultes autonomes.Le but de cette méthode
de prise en charge est d’estomper progressivement ces indices et de multiplier les applications concrètes
pour aboutir dans la limite du possible à une situation où le patient pourra mener à bien ses projets sans
aide extérieure et donc retourner vers une autonomie satisfaisante. Description de l’activité RFE : Nous
avons élaboré cette activité à partir : - D’un manuel de « prise en charge des syndromes dysexécutifs »
créé par une équipe du CHU de La Timone de Marseille (2) proposant des exercices « écologiques »
de recherche et d’organisation avec des documents tirés de la vie quotidienne. Ces exercices visent à
permettre au patient de se questionner et de résoudre des problèmes du quotidien. Différents supports
sont proposés pour permettre l’adaptation des stratégies apprises à de nouveaux documents, et ainsi
vérifier le transfert des acquis. Ces exercices permettent de travailler la sélection des informations, la
recherche et l’organisation. Ce sont des exercices de difficulté croissante avec un estompage progressif
de l’indiçage. - De La création de 20 scénarios d’applications concrètes tirées de la vie quotidienne, des
outils actuels (multimédia) et des difficultés communes décrites par les participants. Nous utilisons
donc des documents réels et des situations concrètes telles que : réaliser la commande d’un ensemble de
meubles sur catalogue, établir un budget de voyage en tenant compte de certaines contraintes, extraire
des informations précises dans des brochures touristiques ou de loisirs etc. Cette partie « pratique » de
l’activité consiste à appliquer sur du matériel de la vie quotidienne et/ou directement sur le terrain les
différents modes de traitement de l’information travaillés précédemment.
Hypothèse de travail
Le réentrainement du traitement efficace de l’information tiré de documents et situations
concrètes permet une application et un transfert directs des acquis dans la vie quotidienne (VQ) et
par conséquent un bénéfice rapide pour l’adaptation sociale, personnelle ou professionnelle. Dans
cette optique, l’activité RFE a été créée afin d’améliorer de manière tangible la qualité de vie sociale,
personnelle et professionnelle des patients.
Objectif de l’étude
Évaluer l’efficacité et l’impact de cette modalité de prise en charge écologique des troubles des
fonctions exécutives.
Méthode
Comparaison d’évaluations pré et post prise en charge dans l’activité RFE au moyen
de 2 questionnaires. - Questionnaire d’autoévaluation des difficultés rencontrées dans la vie
quotidienne. Evaluation qualitative des troubles rencontrés dans les grands domaines de la VQ
tels que : administration et gestion du quotidien, loisirs et communauté, transports, achats et enfin
utilisation de l’outil multimédia. - Echelle des répercussions fonctionnelles (« ERF », Pascal Vianin).
Evaluation quantitative de l’impact des troubles cognitifs dans la VQ du patient. Elle reprend
les domaines évalués lors du bilan neuropsychologique préalable : mémoire verbale, mémoire
et attention visuo-spatiale, mémoire de travail, attention sélective et raisonnement. Chacun des
questionnaires étant proposé avant RFE et après la session.
Résultats
Les résultats attendus sont : - Une amélioration qualitative des difficultés rencontrées
au quotidien puisque les applications concrètes sont axées sur les difficultés pointées par les
patients eux mêmes. - Une amélioration quantitative dans certains secteurs cognitifs à l’« ERF »,
tels que la MDT, l’attention visuo-spatiale et sélective ainsi que le raisonnement. Ces capacités
sont particulièrement sollicitées lors du traitement de l’information; Or, suivant le principe de
répétition positive et hiérarchisée, classique dans les procédures de revalidation cognitive, on peut
s’attendre à ce qu’un entrainement bihebdomadaire en RFE en améliore les performances.
Références
(1)Heinrichs et al. Neuropsychology 1998 ;12 :426-445
(2)Tcherniack, Barielle, Kasprzac, Martinod, 2007 ; « Travailler les fonctions exécutives, exercices écologiques », coll.
Tests&Matériels en orthophonie. Ed Solal.
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Braha-Zeitoun, Sonia (Eps Ville-Evrard), Wojakiewicz-Faivre, Annie (Eps Ville-Evrard), Januel,
Dominique (Eps Ville-Evrard).
Les hallucinations se définissent comme une perception sans objet entrainant la même
sensation immédiate de réalité mais en l’absence de stimulation externe réelle. Une des hypothèses
cognitive la plus communément admise est que les hallucinations seraient des pensées verbales
non perçues comme venant de soi mais attribuées à une source extérieure. L’expérience
psychotique se caractériserait par une certaine vulnérabilité du cerveau à gérer le stress et ainsi,
par une augmentation de la sensibilité à l’environnement. Dans la littérature, il est mis en
évidence que 60 à 70% des patients schizophrènes présenteraient des hallucinations et 25% des
patients souffriraient d’hallucinations résistantes (Sherguill et al., 1998). À l’heure actuelle, un
certain nombre d’approches thérapeutiques connues, des hallucinations auditives existent dans le
cadre du traitement de la schizophrénie, comme le traitement médicamenteux, la sismothérapie,
la Stimulation Magnétique Transcrânienne mais aussi des approches psychothérapeutiques
individuelles de type psychanalytique ou cognitive et comportementale en groupe. Cette
dernière semblerait avoir déjà fait preuve d’efficacité selon certaines études menées avec des
patients schizophrènes (Gould et al., 2001; Favrod et al., 2004). L’intérêt de cette proposition de
communication est de partager l’expérience de la mise en place d’une prise en charge de groupe
d’une durée de 4 mois ciblée sur l’efficacité d’une approche cognitive des hallucinations auditives
résistantes. Cette approche est née de l’expérience d’un psychologue suisse, souffrant lui-même de
schizophrénie, Dominique Scheder. Celui-ci est désireux de travailler de manière spécifique sur
l’hallucination, symptôme handicapant et engendrant un certain nombre de questionnements, de
tabou et de souffrance chez les patients. L’objectif principal de ce groupe thérapeutique est d’aider
les personnes qui entendent des voix, à faire face en devenant plus autonome face à celles-ci par
l’intermédiaire de stratégies cognitives. Ces stratégies permettent de travailler sur les croyances
sous-tendant ces voix, le pouvoir de contrôle et l’autonomie du patient face à ce phénomène.
mardi
après-midi
Expérience de thérapie cognitive de groupe dans le traitement des
hallucinations auditives résistantes
La place de la famille dans l’accompagnement des patients souffrant
de schizophrénie
Escaig, Bertrand (Unafam - Nord).
Le rôle de l’entourage dans la prise en charge des patients souffrant de schizophrénie est
désormais reconnu comme fondamental. Le statut de la famille des patients s’est en effet peu
à peu dégagé d’une conception culpabilisante pour acquérir le statut d’aidant et donc d’allié
thérapeutique (Winefield, 1996). Ainsi, les recommandations pour la pratique prônent une relation
de partenariat entre l’entourage des patients et les soignants. De nombreuses études montrent en
effet qu’une alliance thérapeutique de qualité entre ces acteurs diminuerait le taux de rechute et
favoriserait l’adaptation sociale et la qualité de vie des patients (Dixon & Lehman, 1995). Toutefois,
cette relation de partenariat n’est envisageable que si chacun des acteurs parvient à se positionner
et se reconnaître dans son rôle propre. Ainsi, la famille en tant qu’aidant quotidien ne se substitue
pas au rôle de soignant mais apporte un appui dans la continuité et une considération affective. Les
bénéfices pour le patient diffèrent de ceux inhérents à une relation thérapeutique. Pour favoriser
son rôle auprès du patient, la famille doit se protéger et être protégée. En effet, les conséquences au
long cours de la vie à domicile du malade pourraient être de fragiliser l’état de santé des proches. Par
là-même, ceci risque d’influer négativement sur l’état clinique du patient (Réveillère et al., 2001).
L’objectif de cette communication est de proposer une réflexion sur les conditions d’instauration
d’une alliance thérapeutique avec la famille de patients souffrant de schizophrénie. L’intégration
de l’entourage dans la prise en charge du patient ne s’apparente pas à une mise en concurrence
des acteurs. L’implication de ces aidants quotidiens doit passer par le respect de leur limite et la
considération de leur vécu.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Références
Dixon L, Lehman A. Family interventions for schizophrenia. Schizophr Bull 1995 ; 21 : 631-43.
Réveillère, C., Dutoit, D., Beaune, D., Nandrino, J.L., Goudemand, M. (2001). Schizophrénie et famille. Contribution à la
prévention de l’état de surcharge. Ann Méd Psycho 2001 ; 159 : 455-460.
Winefield HR. Barriers to an alliance between family and professional caregivers in chronic schizophrenia. J Ment Health
1996;5(3):223-232.
Psychoéducation et TCC comme outils de réinsertion des patients
schizophrènes
mardi
après-midi
Rousselet, Anne-Victoire (Psychologue, CHU Mondor-Chenevier).
Introduction
Qu’il s’agisse de formes déficitaires ou productives, la prise en charge des patients atteints de
schizophrénie est complexe, pluridisciplinaire et nécessite une certaine intensité. Le modèle stressvulnérabilité ainsi que les études récentes concernant le fonctionnement notamment cognitif
et social des patients schizophrènes ont permis de développer des outils adaptés et spécifiques à
cette population. De même la notion de case management conditionne aujourd’hui la prise en
charge des patients au cas par cas et souligne la nécessité de disposer d’un grand nombre d’outils en
fonction des difficultés rencontrées (cognitives, sociales, comportementales et/ou émotionnelles).
Nous présenterons ici les différents éléments qui doivent intervenir dans l’évaluation du
patient schizophrène et les modalités de recueil des informations. Nous évoquerons ensuite les
différents outils thérapeutiques possibles qu’ils soient éducatifs, cognitifs ou comportementaux, en
groupe ou en individuel ; ainsi que leurs bases théoriques et études de validation.
Nous nous intéressons ici aux stratégies mises en œuvre par les patients en fonction de la
forme clinique du trouble, de variables cliniques (symptomatologie) et psychologiques (évaluation
du fonctionnement psychosocial) ainsi que Nous illustrerons nos propos par deux cas cliniques.
Méthodologie
Sujets :
- deux patients présentant une schizophrénie diagnostiquée selon les critères du DSM-IV,
- Le premier patient est âgé de 30 ans et présente une forme déficitaire du trouble, la
symptomatologie étant marquée notamment par l’apragmatisme
- le second patient est âgé de 29 ans et présente une forme positive du trouble, la
symptomatologie étant marquée notamment par une activité délirante et des hallucinations
Outils d’évaluation :
Axe qualitatif : nous présenterons le canevas de trois entretiens structurés permettent de
comprendre le fonctionnement général et d’évaluer la symptomatologie clinique (idées délirantes,
hallucinations auditives, cénesthésiques, apragmatisme…) et son intensité (fréquence d’apparition,
contexte…).
Axe quantitatif : des échelles d’insight, d’humeur, de qualité de vie mais aussi des échelles
d’assertivité, de « coping », de gestion du stress, d’estime de soi permettent de prendre en compte
l’individu dans sa globalité et de mieux comprendre ainsi le fonctionnement psychosocial et les
difficultés rencontrées par les sujets atteints de schizophrénie.
Nous discuterons en conclusion des effets attendus et observés des prise en charge
comportementales et cognitives sur le fonctionnement spécifique et global du patient.
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Symposium-La psychologie environnementale :
des territoires d’identification quotidiens à
la préoccupation pour l’environnement
global
Organisation de la session :
Évaluer la satisfaction envers l’espace de travail : développement d’une échelle et
première validation.
Fleury-Bahi, Ghozlane (Université de Nantes, laboratoire de psychologie éducation, cognition,
développement (labécd, EA), Marcouyeux, Aurore (Université de Nantes, laboratoire de psychologie
éducation, cognition, développement (labécd, EA).
Approche psycho-environnementale de l’adaptation dans des situations
extrêmes d’isolement et de confinement
mardi
après-midi
Felonneau, Marie-Line (Université Bordeaux 2- laboratoire psychologie, santé et qualité de vie, EA 4139).
Weiss, Karine (Université de Bourgogne, laboratoire spms, campus montmuzard, Dijon), Nicolas, Michel
(Université de Bourgogne, laboratoire spms, campus montmuzard, Dijon).
Menace identitaire et identités spatiales emboîtées
Parant, Aymeric (Université Bordeaux 2- laboratoire psychologie, santé et qualité de vie, EA 4139),
Felonneau, Marie-Line (Université Bordeaux 2- laboratoire psychologie, santé et qualité de vie, EA 4139).
L’orientation et les comportements pro-écologiques comme norme sociale
Lopez, Alexia (Université de Nîmes, laboratoire de psychologie sociale de l’Université de Provence-AixMarseille 1), Rateau, Patrick (Université de Nîmes, laboratoire de psychologie sociale de l’Université de
Provence-Aix-Marseille 1), Charles, Maxime (Université de Nîmes, laboratoire de psychologie sociale de
l’Université de Provence-Aix-Marseille 1).
L’amorçage de valeurs environnementales influence-t-il l’intention d’adopter des
comportements écologiques ?
Bonnefoy, Barbara (Lapps Paris Ouest Nanterre, équipe de recherche en psychologie sociale, laboratoire
Parisien de ps), Maze, Corinne (Lapps Paris Ouest Nanterre, équipe de recherche en psychologie sociale,
laboratoire Parisien de ps).
Résumé
Classiquement, la psychologie environnementale étudie « l’individu dans son contexte
physique et social en vue de dégager la logique des interrelations entre l’individu et son
environnement en mettant en évidence les perceptions, attitudes, évaluations et représentations
environnementales d’une part, et les comportements et conduites qui les accompagnent
d’autre part » (Moser, 1991). Ce symposium s’adosse directement sur cette définition en
abordant successivement les niveaux attitudinal et comportemental. Moser (2010) distingue 4
niveaux d’analyse sociospatiaux. Du micro-environnement (niveau 1) qui renvoie aux espaces
privatifs et de travail jusqu’au niveau 4 de l’environnement global traitant de l’environnement dans
son ensemble, en passant par les niveaux 2 (méso-environnement) et 3 (macro-environnement),
chaque échelle ouvre à l’appréhension des processus individuels de perception, d’identification,
d’appropriation tout en permettant d’interroger le contexte idéologique des représentations et
des valeurs dans lesquels ils s’inscrivent. Les deux premières communications se situent au niveau
1 : G. Fleury-Bahi et A. Marcouyeux appréhendent le sujet dans son environnement de travail et
proposent de construire et de valider un outil de mesure de la satisfaction. Sur quelles dimensions
repose la satisfaction liée à l’espace de travail ? K. Weiss et M. Nicolas mettent en évidence,
dans une situation que l’on peut qualifier d’extrême par son niveau élevé de contraintes socio-
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
mardi
après-midi
spatiales, la relation entre bien-être, stress ressenti et évaluation des caractéristiques physiques
de l’environnement. La troisième communication (A. Parant et M.L. Félonneau) appréhende
le sujet au travers des processus de construction des identités de lieu, à un niveau macroenvironnemental. Comment s’emboîtent les différentes identités topologiques ? Dans quelles
mesures, le concept de menace identitaire peut-il être opératoire dans ce champ théorique ? Les
quatrième et cinquième communications introduisent explicitement le niveau de l’environnement
global en appréhendant le registre idéologique des normes et des valeurs environnementales. A
partir d’une manipulation expérimentale, B. Bonnefoy et C.Maze analysent le lien entre intention
et comportements pro-écologiques. En quoi le fait d’amorcer expérimentalement des valeurs proenvironnementales influence-t-il l’adoption d’un comportement qui va dans le même sens ? Enfin,
A. Lopez, P. Rateau, M. Charles inscrivent la question des comportements pro-écologiques dans le
registre des normativités en utilisant des outils classiques de la psychologie sociale, la zone muette
(i.e. amener les individus à « démasquer » leurs opinions négatives en leur demandant de répondre
à la place d’autrui) et le paradigme d’autoprésentation (répondre pour se faire bien vs mal voir).
Au travers de la présentation de ces travaux, ce symposium a l’ambition de donner un aperçu de
l’étendue théorique du questionnement que propose la psychologie environnementale dans les
recherches actuelles en même temps que la pluriméthodologie sur laquelle elle repose.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Fleury-Bahi, Ghozlane (Université de Nantes, laboratoire de psychologie éducation, cognition,
développement (labécd, EA), Marcouyeux, Aurore (Université de Nantes, laboratoire de psychologie
éducation, cognition, développement (labécd, EA).
Les environnements de travail sont définis comme des espaces instrumentaux qui répondent à
une fonctionnalité propre. Mais au-delà de leur aspect purement fonctionnel, ces espaces peuvent
également être pris en compte comme des territoires individuels et sociaux porteurs de sens qui
peuvent contribuer au bien-être de l’individu ou conduire à l’insatisfaction et au stress (Fischer &
Vischer, 1997 ; Veitch et al., 2007). Cette étude a pour objectif de construire, ainsi que de tester la
structure factorielle et la validité interne d’une échelle de satisfaction des employés envers leur lieu
de travail. Cet outil est destiné à être utilisé auprès d’employés de tous statuts, exerçant leur activité
professionnelle dans des espaces de travail diversifiés (espaces de bureaux, espaces de production,
organisations…).
Deux principaux facteurs de satisfaction ont été isolés dans une étude exploratoire conduite
auprès de 214 participants : les facteurs Contrôle/Privacité (7 items qui renvoient à la satisfaction visà-vis des possibilités de contrôle et de privacité offertes par l’environnement de travail) et Confort/
Fonctionnalités (7 items qui renvoient à la satisfaction envers le confort et les fonctionnalités de
l’espace de travail). Ces deux domaines de satisfaction, ainsi que le facteur général présentent
chacun un niveau de consistance interne tout à fait satisfaisant (L’alpha de Cronbach s’élève à
.93 pour le facteur général, à .89 pour la dimension Contrôle/Privacité et à.87 pour la dimension
Confort/Fonctionnalité). Par ailleurs, le constat de corrélations positives élevées entre les deux
composantes suggère la pertinence d’un construit agrégeant les 2 dimensions de l’échelle. Une
seconde étude (N = 261) visant une contre-validation confirme la structure bifactorielle de secondordre de l’échelle. De plus, la validité critérielle concomitante de l’échelle est testée à partir des
corrélations entre les trois mesures de satisfaction environnementale et une mesure de satisfaction
professionnelle (DeVellis, 2003). L’examen de la validité interne et de la stabilité de la structure
factorielle assure de bonnes qualités psychométriques à l’outil.
mardi
après-midi
Évaluer la satisfaction envers l’espace de travail : développement
d’une échelle et première validation.
Références
DeVellis, R. F. (2003). Scale development: Theory and applications (2nd ed.). Newbury Park, CA: Sage Publications.
Fischer, G. N., & Vischer, J. (1997). L’évaluation des environnements de travail. Paris, Bruxelles: DeBoeck Université.
Veitch, J. A., Charles, K. E., Farley, K. M. J., & Newsham, G. R. (2007). À model of satisfaction with open-plan office
conditions: COPE field findings. Journal of Environmental Psychology, 27(3), 177-189.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Approche psycho-environnementale de l’adaptation dans des
situations extrêmes d’isolement et de confinement
mardi
après-midi
Weiss, Karine (Université de Bourgogne, laboratoire spms, campus montmuzard, Dijon), Nicolas, Michel
(Université de Bourgogne, laboratoire spms, campus Montmuzard, Dijon).
La recherche présentée s’intéresse aux facteurs susceptibles de jouer un rôle dans le processus
d’adaptation dans des situations de confinement et d’isolement extrêmes: un hivernage dans la
station Antarctique franco-italienne Concordia et une situation d’alitement prolongé (60 jours)
visant à simuler les effets physiologiques de l’apesanteur lors de vols spatiaux (WISE : Women
International Space Simulation for Exploration Study) . Le but et l’intérêt de la psychologie
environnementale est alors de mettre l’accent sur les relations individu-environnement comme
facteurs déterminants non seulement du niveau de stress, mais aussi du bien-être et du confort
expérimenté par les sujets. Nous faisons alors l’hypothèse que l’évaluation de la situation (c’est-àdire l’environnement physique et social, les buts, le rôle et le statut des sujets dans cette situation)
joue un rôle important dans le processus d’adaptation. Par exemple, d’un point de vue psychoenvironnemental, la monotonie et la sous-stimulation constituent des contraintes importantes et
ont souvent été relevées comme sources de stress. Il en est de même d’une sur-stimulation. Mais
il est plus pertinent de se pencher sur la relation individu-environnement, car c’est précisément la
signification associée au niveau de stimulations qui est importante dans le processus d’adaptation.
Nous nous sommes donc penchés sur l’évaluation de l’environnement, comprenant
les processus d’appropriation et d’attachement au lieu (Proshansky, 1978; Gustafson, 2001)
comme des indicateurs potentiels de l’adaptation dans ces situations extrêmes : l’évaluation de
l’environnement devrait refléter le niveau de confort expérimenté, et par conséquent pourrait être
un indicateur du niveau de bien-être ressenti. Par ailleurs, à partir des observations de Gustafson
(2001), nous avons émis l’hypothèse qu’un équilibre entre besoin de mobilité et attachement
pourrait être un déterminant de l’adaptation dans ce type de situation. Enfin, le besoin d’intimité a
été relevé comme une variable médiatrice du bien-être (Newell, 1998).
A partir de ces hypothèses, nous avons élaboré des questionnaires visant à relever les
perceptions de ces dimensions socio-environnementales par les sujets (évaluation, intimité,
appropriation, attachement, mobilité). Ces questionnaires ont été testés au cours de l’expérience
WISE et au cours d’un hivernage dans la station Concordia. Pour WISE, nous avons eu accès aux
mesures d’anxiété et de stress relevées tout au long de l’expérience.
Les résultats montrent que ces dimensions socio-environnementales sont corrélées avec le
niveau de bien-être ressenti par les sujets et que leur évaluation évolue tout au long des expériences
d’isolement et de confinement conformément au niveau de stress habituellement relevé. Une
implication importante de ces résultats est que ces questionnaires permettant de relever des
indicateurs indirects du bien-être peuvent être utilisés plus facilement que des questionnaires
portant directement sur l’humeur ou le niveau de stress ressenti. Ils permettent en outre de
dépasser le biais de désirabilité sociale très présent dans ces situations. Ces outils seront utilisés
dans la prochaine simulation d’un vol spatial vers Mars : Mars 500.
Références
Gustafson, P. (2001). Roots and routes. Exploring the relationships between place attachment and mobility. Environment
and Behavior, 33(5), 667-686.
Newell, P.B. (1998). A cross-cultural comparison of privacy definitions and functions: a systems approach. Journal of
Environmental Psychology, 18, 357-371. Proshansky, H. M. (1978). The city and self-identity. Environment and Behavior, 10(2), 147-169.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
121
Menace identitaire et identités spatiales emboîtées
Parant, Aymeric (Université Bordeaux 2- laboratoire psychologie, santé et qualité de vie, EA 4139),
Felonneau, Marie-Line (Université Bordeaux 2- laboratoire psychologie, santé et qualité de vie, EA 4139).
Quelle est l’influence de la menace identitaire dans les processus d’identification topologique ?
En définissant la menace identitaire comme une représentation anticipatoire sur une identité
sociale qui postule une incompatibilité entre les composantes de cette dernière et celles d’une
autre identité sociale d’un sujet, on pose que la compréhension des interrelations entre les
différentes identités de lieu est primordiale tant d’un point de vue théorique (structuration du
Soi) que pragmatique. Dans une approche psycho-environnementale, il est question de traiter ces
identités spécifiques selon les caractéristiques des lieux et des liens qu’ils entretiennent entre eux,
tels qu’ils sont perçus par les sujets.
Matériel et méthodes
L’étude 1 visait à établir les modalités d’identification à une supracatégorie potentiellement
perçue comme menaçante. Pour ce faire, le niveau d’identification à l’Europe d’étudiants polonais
et français (N = 243) a été observé à la lumière de leur identité nationale et de la menace de l’identité
européenne pour l’identité nationale et pour l’individu. Les niveaux d’identification sociale ont
été mesurés à l’aide de l’échelle d’identité nationale de Cinnirella adaptée par Becker (2003).
Les menaces respectives de l’identité européenne sur l’identité nationale et sur l’individu ont été
mesurées par des questionnaires ad hoc.
L’étude 2, en cours, auprès d’étudiants wallons (N = 401) a pour objectif de complexifier le
modèle en intégrant trois niveaux identitaires (région, pays, Europe) et la menace de chaque niveau
pour les deux autres. Les interrelations entre les identités et la menace qu’elles représentent sont
modélisées par équations structurales.
mardi
après-midi
Introduction
Résultats et Discussion
Pour l’étude 1, les résultats des analyses en régressions linéaires multiples ont montré que
l’identification à la nation était un prédicteur positif de l’identification à l’Europe, b = 0,28, p <
001, et la menace de l’Europe pour l’individu un prédicteur négatif, b = -0,51, p < .001. De plus, la
menace que peut représenter l’Europe pour l’identité nationale n’était un frein à l’identification à
l’Europe que chez les sujets qui s’identifiaient plus à leur nation qu’à l’Europe, b = -0,20, p < .05.
Dans l’étude 2, on s’attend à ce que la menace n’ait d’impact que lorsqu’elle est dirigée vers une
identité plus investie par le sujet. Ainsi, les scores d’identification à chaque niveau seront prédits
positivement par les scores d’identification aux autres niveaux et négativement par la menace qu’ils
représentent pour les niveaux plus investis.
Ces deux études, qui s’inscrivent en psychologie environnementale dans la mesure où elles
examinent le rapport du sujet à ses espaces de vie, révèlent la pertinence de penser l’identité
topologique (Félonneau, 2004) comme la résultante d’identités spatiales multiples. Ainsi,
valoriser une identité au détriment des autres, ne peut qu’exacerber les nationalismes, et conforter
l’europhobie.
Références
Becker, M. (2003). Identité européenne. Étude psychosociologique sur l’identité européenne chez des étudiants français
et suédois. Mémoire de Maîtrise, Bordeaux, Université Victor Segalen Bordeaux II.
Félonneau, M.L.,(2004). Love and
Loathing of the City: Topological Identity and Perceived Incivilities. Journal
of Environmental Psychology, 24, 43-52.)
Hornsey, M. J., & Hogg, M. A. (2000). Assimilation and diversity: an integrative model of subgroup relations. Personality
and Social Psychology Review, 4(2), 143-156.
Licata, L. (2003). Representing the future of the European Union: Consequences on national and European
identifications. Papers on Social Representations, 12, 5.1-5.22.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
L’orientation et les comportements pro-écologiques comme norme
sociale
mardi
après-midi
Lopez, Alexia (Université de Nîmes, laboratoire de psychologie sociale de l’Université de Provence-AixMarseille 1), Rateau, Patrick (Université de Nîmes, laboratoire de psychologie sociale de l’Université de
Provence-Aix-Marseille 1), Charles, Maxime (Université de Nîmes, laboratoire de psychologie sociale de
l’Université de Provence-Aix-Marseille 1).
Depuis les années 70, de nombreuses recherches tentent d’estimer les modalités de la relation
homme-environnement. C’est dans ce cadre qu’a été proposée l’échelle du Nouveau Paradigme
Environnemental (NEP scale, Dunlap & al., 2000) qui vise à mesurer le degré d’orientation proécologique des individus et des groupes. Dans la majorité des recherches utilisant cette échelle,
le degré d’orientation pro-écologique est toutefois largement envisagé comme une variable de
personnalité, les facteurs contextuels et situationnels apparaissant comme secondaires. Or, à
l’instar de Stern et ses collègues (1995), nous pensons que ce point de vue est trop simpliste et
que l’orientation pro-écologique constitue surtout, relativement au modèle de l’architecture
de la pensée sociale proposé par Rouquette (1996 ; Flament & Rouquette, 2003), une norme
idéologique dominante qui détermine des effets de pression sociale se manifestant aussi bien au
niveau des représentations sociales, qu’à celui des attitudes et des comportements. Afin de tester
cette hypothèse, nous nous sommes théoriquement et méthodologiquement appuyés à la fois
sur les travaux de Guimelli et Deschamps (2000) relatifs à la « zone muette » des représentations
sociales (i.e. le masquage verbal des opinions négatives en situation de recueil standard) et sur ceux
proposé par Jellison and Green (1981) dans le cadre du paradigme de l’auto-présentation. Quatre
échantillons d’étudiants de psychologie (N = 110) ont ainsi été amenés à répondre à l’échelle NEP
soit selon une consigne standard (pour soi), soit selon une consigne de substitution (pour les
français en général), soit selon une consigne pro-normative (donner la meilleure image de soi),
soit selon une consigne contre-normative (donner la plus mauvaise image de soi). À la suite, les
participants devaient répondre à une seconde échelle (Félonneau & Becker, 2008) visant à mesurer
leur degré de comportements pro-environnementaux auto-rapportés. Les résultats indiquent un
effet important de la pression sociale sur l’ensemble des réponses des individus et sont discutés
relativement aux liens entre dimension idéologiques et dimension comportementale.
Références
Dunlap, R.E., Van Liere, K.D., Mertig, A.G., & Jones, R.E. (2000). Measuring endorsement of the new ecological
paradigm: A revised NEP scale. Journal of Social Issue, 3, 425-442.
Félonneau, M-L., & Becker, M. (2008). Pro-environmental attitudes and behavior: Revealing perceived social
desirability. Revue Internationale de Psychologie Sociale, 21(4), 25-53.
Flament, C., & Rouquette, M.L. (2003). Anatomie des idées ordinaires. Paris : Dunod.
Guimelli, C., et Deschamps, J.C. (2000). Effets de contexte sur la production d’associations verbales : le cas des
représentations sociales des Gitans. Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 47-48, 44-54.
Jellison, J., & Green, J. (1981). À self presentation approach to the fundamental attribution error : The norm of
internality. Journal of Personality and Social Psychology, 40, 643-649.
Rouquette, M.L. (1996). Représentations et idéologie. In J.C. Deschamps & J.L. Beauvois (Eds.),Des attitudes aux
attributions (pp. 163-173), Grenoble : Presses Universitaires de Grenoble.
Stern, P.C., Dietez, T., Kalof, L., & Guagnagno, G.A. (1995). Values, beliefs and proenvironmental action: Attitude
formation toward emergent attitudes objects. Journal of Applied Social Psychology, 25(18), 1611-1636.
Mots-clés : Pro-écologisme – Norme sociale – Comportement.
Congrès psycho.indb 122
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
123
L’amorçage de valeurs environnementales influence-t-il l’intention
d’adopter des comportements écologiques ?
L’amorçage de valeurs environnementales influence-t-il l’intention d’adopter des
comportements écologiques ? En nous basant sur les travaux de Verplanken (2002) nous
avons étudié l’effet de l’amorçage environnemental et de la centration sur le soi sur l’intention
comportementale pro-environnementale et sur un comportement (éteindre la lumière en quittant
une pièce). En effet, le soi est une composante importante des relations valeurs-comportements
(Scheier & Carver, 1980). Le plan expérimental se résume ainsi : 2 (Valeurs environnementales :
faibles vs fortes) x 2 (Centration sur soi : avec miroir vs sans miroir) x 2 (Amorçage : environnemental
vs non environnemental) facteurs intersujets. Nous attendons une augmentation de l’intention et
du comportement pro-environnementaux sous l’effet de l’activation de la valeur et de la centration
sur le soi. L’intention et le comportement devraient également être dépendants des valeurs
environnementales des participants. Procédure 1- L’ensemble des participants répondait dans
un premier temps à l’Echelle de Valeur de Schwartz. Trois des 56 items permettaient de mesurer
l’importance des valeurs environnementales chez le participant. Sur la base de la médiane, les sujets
étaient répartis en 2 groupes (faibles vs fortes valeurs). 2- 4 semaines plus tard, les participants
revenaient au laboratoire. Nous amorcions alors la valeur environnementale à l’aide d’un test de
reconstitution d’une série de phrases (mots mélangés à remettre dans l’ordre). Dans la condition
amorçage de valeurs environnementales, 20 des 30 phrases à reconstituer portaient sur des attitudes
ou des comportements écologiques, dans la condition non amorçage de valeurs environnementales),
les phrases à reconstituer ne portaient pas sur des attitudes ou comportements de ce type. 3- La
centration sur soi était manipulée à l’aide de la présence (vs absence) d’un miroir apposé sur le
mur au moment du travail de reconstitution. 4- Le travail effectué, le participant devait rejoindre
l’expérimentateur dans une autre salle. Un compère venait vérifier si le participant avait ou non
éteint la lumière après avoir fermé la salle. 5- Dans la salle connexe, les participants remplissaient un
questionnaire d’intentions comportementales pro environnementales. Résultats : D’une part, nous
observons bien un effet des valeurs et de la centration sur soi sur les intentions comportementale
mais pas sur le comportement observé. D’autre part, l’amorçage environnemental et la centration
sur soi semblent efficaces chez les participants dont la valeur environnementale n’est pas centrale,
alors qu’ils ne le sont plus chez les participants dont cette valeur est centrale. Nous supposons une
sorte de seuil d’instance à ne pas dépasser chez ces participants, déjà sensibilisés aux questions
d’environnement. Ces résultats seront discutés au regard des travaux portant sur les messages
incitant à adopter des comportements favorables à l’environnement.
mardi
après-midi
Bonnefoy, Barbara (Lapps Paris Ouest Nanterre, équipe de recherche en psychologie sociale, laboratoire
Parisien de ps), Maze, Corinne (Lapps Paris Ouest Nanterre, équipe de recherche en psychologie sociale,
laboratoire Parisien de ps).
Références
Scheier, M. F., Carver, C. S. (1980). Private and Public Self-Attention, Resistance to Change, and Dissonance Reduction.
Journal of Personnality and Social Psychology, 39, 390 – 405.
Verplanken, B., Holland, R. W. (2002) Motivated Decision Making: Effects of Activation and Self-Centrality of Values on
Choices and Behavior. Journal of Personality and Social Psychology, Vol.82, No.3, 434-447.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Session Psychologie cognitive 1
Anticipation perceptive lors de mouvement d’atteinte : effet des aspects
cinématiques, biomécaniques et de l’origine du mouvement
Martel, Ludivine (URECA, Université Lille Nord de France), Bidet-ildei, Christel (Université de Poitiers),
Coello, Yann (URECA, Université Lille Nord de France).
mardi
après-midi
Planification, évaluation, régulation, trois processus impliqués dans la recherche
d’informations : une étude auprès d’internautes jeunes et âgés
Chevalier, Aline (Clle-ltc UMR CNRS 5263), Dommes, Aurélie (Inrets-lpc), Le Gars, Baptiste (Université
Paris Ouest).
Emosem : un modele d’identification automatique de la coloration emotionnelle
des textes
Denhière, Guy (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin – UMS CNRS 2809), Leveau,
Nicolas (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin), Jhean-Larose, Sandra (Équipe chart –
cognition humaine et artificielle – lutin – UMS CNRS 2809).
Les séquences de vues rapides facilitent la représentation 3-d des visages dans
l’hémisphère droit
Arnold, Gabriel (Université Paris Descartes- LPNCOG), Siéroff, Éric (Université Paris DescartesLPNCOG).
First-borns at a disadvantage ? later-borns surpass first-borns in kinship
detection of strAngers’ faces
Kaminski, Gwenaël (Lpnc, CNRS, UMR 5105, Université Pierre Mendès France, Grenoble), Ravary, Fabien
(Department of entomology, national taiwan Université, Taiwan.), Graff, Christian (Centre de biologie du
comportement, Université Pierre Mendès France, Grenoble), Gentaz, Edouard (Lpnc, CNRS, UMR 5105,
Université Pierre Mendès France, Grenoble).
Congrès psycho.indb 124
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
125
Anticipation perceptive lors de mouvement d’atteinte : effet des
aspects cinématiques, biomécaniques et de l’origine du mouvement
Martel, Ludivine (URECA, Université Lille Nord de France), Bidet-Ildei, Christel (Université de Poitiers),
Coello, Yann (URECA, Université Lille Nord de France).
La capacité à anticiper les mouvements d’autrui implique de la part de l’observateur une mise en relation
des informations visuelles avec ses propres connaissances motrices (théorie motrice de la perception).
Cette hypothèse a été validée entre autres par des données neuropsychologiques, comportementales
et d’imagerie cérébrale. Notre objectif consistera à analyser l’influence des compétences motrices
sur la capacité à anticiper perceptivement la distance de mouvements de pointage discrets présentés
visuellement. Les participants devront estimer la position finale d’un mouvement coupé à 62% de sa
trajectoire. Les résultats vont dans le sens de l’hypothèse, la relation entre perception et action est basée
sur la dynamique du mouvement.
Introduction
mardi
après-midi
Résumé
Attribuer une signification aux mouvements humains est une composante essentielle de toute
interaction sociale. Cette capacité se base sur notre habileté à anticiper la finalité des mouvements
d’autrui. Dans ce dessein, l’organisme s’appuie sur une information extraite du mouvement
en cours d’exécution. En effet, « la théorie motrice de la perception » stipule que nos propres
compétences motrices interviendraient dans la perception visuelle des mouvements humains.
L’existence de relations fortes entre perception et action a en effet été suggérée lors d’études
comportementales, en neuropsychologie ou en imagerie cérébrale (Chary et al, 2004 ; Chaminade
et al, 2001, Casile & Giese, 2006). Les représentations communes entre les systèmes perceptif et
moteur se baseraient sur les informations cinématiques et biomécaniques du mouvement (Shiffrar
& Freyd, 1993, Bidet-Ildei et al, 2006). L’étude effectuée par Pozzo et al. (2006) va en effet dans ce
sens. L’estimation de la position finale du mouvement du bras était affectée par les modifications
cinématiques introduite dans l’exécution du mouvement. Les participants étaient moins précis et
avaient des performances plus variables lorsque la cinématique était non naturelle. Notre objectif
est de montrer qu’en plus de ces facteurs cinématiques, la perception d’un mouvement humain
peut également être influencée par les propriétés biomécaniques du stimulus (Shiffrar & Freyd,
1993) ainsi que la familiarité du mouvement (Loula et al, 2005). Plus particulièrement, nous avons
étudié la capacité d’observateurs à anticiper la position finale d’un mouvement discret en testant si
la précision de la prédiction dépend à la fois des informations cinématiques, biomécaniques et du
répertoire gestuel individuel.
Matériel et Méthode
Les stimuli consistaient en une séquence animée de points lumineux matérialisant les
articulations du bras droit (index, poignet, coude et épaule) et représentant un mouvement de
pointage vers des cibles non visibles (technique du point-light display, Johansson, 1973). Lors
d’une session pré-expérimentale, chacun des 14 participants devait effectuer 5 mouvements
de pointage spontanés vers des cibles placées à trois distances différentes (10, 20 et 30 cm). Les
paramètres temporels et spatiaux ont été enregistrés par un système de capture (Zébris) et ont été
utilisés pour recréer, pour chaque distance et pour chaque participant, une séquence animée en
condition naturelle pour laquelle les mouvements respectaient à la fois la forme de la trajectoire
ainsi que sa cinématique. À partir de ces mêmes coordonnées spatio-temporelles, trois conditions
non naturelles ont été produites sur la base d’une modification du profil de vitesse. Ainsi, les
trajectoires étaient effectuées avec soit un profil de vitesse constant, soit une accélération constante
soit une inversion du profil cinématique naturel. Par ailleurs, les séquences animées présentaient
soit l’ensemble des articulations, soit l’index uniquement avec dans ce cas une présentation
pendant 300 ms avant le mouvement de l’ensemble des articulations. Les différentes conditions de
mouvement étaient présentées soit à partir des mouvements produits par le participant lui même,
soit à partir des mouvements produits par une autre personne. La tâche pour le participant était
d’indiquer, à l’aide du curseur de la souris, la position finale du mouvement interrompu après
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126
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
62% d’exécution de sa trajectoire. Ainsi, le participant devait juger ses propres mouvements, qu’il
s’agisse de mouvements naturels ou non naturels (vitesse constante, croissante ou inversée), et
ceux d’autrui dans les mêmes conditions cinématiques. Outre l’origine du mouvement (soi ou
autrui), le jugement s’effectuait soit en présence de toute l’information biomécanique (présence
des 4 articulations) soit avec une seule information (index seul). Les participants devaient donc
déterminer la position finale du mouvement lors de 192 essais (4 essais * 4 conditions cinématiques
* 2 conditions biomécaniques * 2 origines du mouvement * 3 distances).
Résultats et Discussion
mardi
après-midi
Les résultats concernant l’erreur spatiale de jugement (différence de position du curseur et du
point final du mouvement) montrent une surestimation globale, variant selon les modifications
cinématiques du vecteur de vitesse. Les erreurs sont plus importantes dans la condition croissante
que dans la condition constante, avec une perturbation intermédiaire qu’est la condition inversée,
marquant une gradation dans la perturbation. Les mouvements naturels sont plus précisément
estimés que les mouvements non naturels. En outre, les erreurs de jugement augmentent quand la
distance augmente ; et ce d’autant plus que les profils de vitesse du mouvement sont non naturels.
Les jugements perceptifs basés sur les propres mouvements du participant sont plus précis que les
jugements basés sur les mouvements d’autrui, et cet effet est plus marqué pour les mouvements
non naturels.
En conclusion, ces données confortent les études antérieures sur la perception du mouvement
biologique en montrant une implication forte de la cinématique dans l’anticipation perceptive
des mouvements humains (Pozzo et al. 2006). Par ailleurs, les capacités d’anticipation sont plus
précises lorsqu’elles portent sur notre propre motricité que sur celle d’autrui, validant l’existence
d’interaction entre traitement visuel et représentation motrice (Loula et al. 2005). Il apparaît
également que les informations biomécaniques ne représentent pas une caractéristique pertinente
des anticipations perceptives. Ces données valident ainsi l’existence d’un couplage entre systèmes
perceptif et moteur, couplage s’appuyant sur les informations dynamique du mouvement
davantage que sur ses aspects structurels.
Références
Bidet-Ildei C., Orliaguet J-P., Sokolov A., & Pavlova M. (2006). Perception of biological motion of elliptic form,
Perception, 1137-1147.
Casile A., & Giese M. A. (2006). Non visual motor training influences biological motion perception, Current Biology,
16(1), 69-74.
Chaminade T., Meary D., Orliaguet J. P., & Decety J. (2001). Is perceptual anticipation a motor simulation ? A PET study,
Neuroreport, 12(17), 3669-3674.
Chary C., Meary D., Orliaguet J. P., David D., Moreaud, O., & Kandel S. (2004). Influence of motor disorders on the visual
perception of human movements in a case of peripheral dysgraphia, Neurocase, 10(3), 223-232.
Johansson G. (1973). Visual perception of biological motion and a model for its analysis, Perception & Psychophysics,
14, 201-211.
Loula F., Prasad S., Harber K., & Shiffrar M. (2005). Recognizing people from their movement, Journal of Experimental
Psychology. Human Perception and Performance, 31(1), 210-220.
Pozzo T, Papaxanthis C, Petit JL, Schweighofer N, Stucchi N (2006). Kinematic features of movement tunes perception
and action coupling. Behavioral Brain Research, 169(1):75-82.
Shiffrar M., & Freyd J. J. (1993). Timing and apparent motion path choice with human body photographs, Psychological
Science, 4(6), 379-384.
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127
Planification, évaluation, régulation, trois processus impliqués dans
la recherche d’informations : une étude auprès d’internautes jeunes
et âgés
Chevalier, Aline (Clle-ltc UMR CNRS 5263), Dommes, Aurélie (Inrets-lpc), Le Gars, Baptiste (Université
Paris Ouest).
La recherche d’informations (RI) sur le Web avec un moteur de recherche est une activité
cognitive complexe, mobilisant de nombreuses ressources cognitives en mémoire de travail
(MDT), des processus attentionnels particulièrement coûteux et certaines habiletés cognitives (cf.
le modèle de RI proposé par Sharit et al., 2008).
Rechercher des informations à partir d’un moteur de recherche (tels que Google ou Yahoo!)
implique que l’individu produise et utilise des mots-clés pertinents par rapport à sa requête.
L’individu doit ensuite consulter et évaluer la pertinence des informations fournies par le moteur
de recherche. Au fur et à mesure qu’il progresse dans sa recherche, il doit maintenir en MDT le but
de sa requête et comparer celui-ci avec les informations fournies par le moteur de recherche jusqu’à
l’atteinte de l’information escomptée. Cette activité se complexifie dès lors qu’aucun résultat ne
satisfait la requête et le but. Dans ce cas, l’individu doit reformuler sa requête, soit partiellement
(en ajoutant, en supprimant ou en modifiant des mots-clés) soit totalement (en changeant tous les
mots-clés utilisés dans le moteur de recherche). Ainsi, la reformulation d’une requête infructueuse
par la modification des mots-clés requerrait que l’individu dispose d’un vocabulaire riche (pour
pouvoir générer des synonymes ou des termes sémantiquement proches), et/ou une certaine
flexibilité pour modifier sa représentation du but à atteindre et/ou sa stratégie.
Le vieillissement est souvent associé à un accroissement des connaissances lexicales et
sémantiques ; les adultes âgés obtenant des scores plus élevés que les adultes jeunes aux échelles de
vocabulaire (Verhaeghen, 2003).
La flexibilité cognitive est définie comme l’aptitude à considérer simultanément plusieurs
représentations d’un même objet, d’un évènement ou d’une tâche, et de basculer entre ces
représentations pour répondre de manière adaptée aux changements de l’environnent (Chevalier
& Chevalier, 2009 ; Kray & Eppinger, 2006). Les travaux relatifs au vieillissement cognitif montrent
que les adultes âgés sont moins flexibles que les adultes jeunes (par ex., Dommes, Chevalier, &
Rossetti, sous presse ; Kray & Eppinger, 2006).
Ainsi, nous nous sommes demandé si le niveau de vocabulaire, habituellement plus élevé
chez les adultes âgés que jeunes, pouvait compenser la diminution de leurs capacités de flexibilité
cognitive lors de la reformulation de requêtes pour une tâche de RI. Une précédente étude a mis
en évidence que les adultes âgés, malgré un niveau de vocabulaire supérieur aux jeunes, ont des
performances en RI inférieures à celles des jeunes (Dommes, Chevalier, & Lia, en révision). Des
analyses de régressions ont permis de montrer que la flexibilité cognitive est davantage impliquée
dans la RI que le vocabulaire : les adultes âgés ayant les plus hauts scores de flexibilité sont ceux
qui obtiennent les meilleures performances. A l’issue de cette étude, nous avons souhaité (1)
reproduire ces résultats et (2) déterminer de façon plus précise quel(s) processus de la RI étaient
les plus touchés par le vieillissement cognitif. Dans cette direction, nous avons conduit repris le
protocole expérimental de l’étude de Dommes et al. (en révision) en analysant en plus la répartition
de leur activité de RI en fonction de 4 processus (en référence aux modèles de Tricot et Rouet,
2004 ; Sharit et al., 2008) :
La planification : l’individu établit un plan qui permettra d’atteindre l’information. Il s’agit du
premier plan que le participant met en place, il formalise sa première requête.
L’évaluation de la pertinence de l’information par rapport à la question posée.
La régulation : l’individu modifie sa requête. Si la première requête n’aboutit pas, le participant
va la modifier pour tenter d’accéder à une réponse.
Le contrôle : le participant se remémore le problème à résoudre et compare si la tâche
accomplie correspond au but visé.
Congrès psycho.indb 127
mardi
après-midi
Introduction
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128
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Méthode et matériel
mardi
après-midi
10 adultes jeunes de 21 à 27 ans (M=24,6; s=1, 78) et 10 adultes âgés de 60 à 68 ans (M=62,6 ;
s=2,12) ont participé à cette étude. Tous étaient de langue maternelle française avec une audition
et une vision normales ou corrigées. Le niveau d’étude ainsi que le niveau d’expérience dans le
maniement d’Internet ont été contrôlés de sorte d’avoir échantillon homogène quant à ces deux
variables.
Les participants ont répondu à 3 épreuves psychométriques :
—Le test de vocabulaire du Mill-Hill de Raven dans son adaptation française (Deltour, 1998).
—Deux épreuves de flexibilité cognitive : Le Trail Making Test (partie B ; Spreen & Strauss,
1991) et le Plus-Minus (Jersild, 1927).
Les participants devaient également réaliser 9 RI (l’ordre étant contrebalancé d’un participant
à l’autre). Ces recherches se distinguaient de par leur complexité : 3 recherches simples (les motsclés à entrer dans Google pour obtenir une réponse correcte correspondaient aux mots-clés de
la question), 3 recherches difficiles (les questions ne contiennent pas les mots-clés à entrer dans
Google pour trouver l’information correcte ; il était nécessaire de générer des synonymes ou des
termes sémantiquement proches) et 3 recherches insolubles (aucune réponse n’était possible).
Les questions difficiles et impossibles visaient à étudier le rôle du vocabulaire et de la flexibilité
cognitive.
Pendant qu’ils effectuaient leur RI, ils devaient faire part à voix haute de tout ce qu’ils pensaient
(technique des verbalisations concomitantes ; cf. Ericsson & Simon, 1993) afin d’identifier les
stratégies de RI développées en référence aux processus cognitifs présentés en introduction.
Résultats et Discussion
Concernant les performances, les mêmes patterns de résultats que ceux obtenus précédemment
ont été observés (Dommes et al., en révision). Les adultes jeunes ont de meilleures performances
que les adultes âgés. La flexibilité cognitive serait davantage impliquée dans l’activité de RI avec
moteur de recherche que le vocabulaire.
Par ailleurs, les adultes jeunes planifient plus que les adultes âgés, quel que soit le type de
questions. En revanche, les adultes âgés évaluent plus fréquemment la pertinence des informations
trouvées que les jeunes. Cette évaluation est plus importante pour les questions difficiles et
impossibles que pour les questions simples. Ces évaluations peuvent traduire pour les participants
âgés à la fois une confiance moindre en leurs stratégies de RI et aux informations qu’ils trouvent sur
Internet par comparaison aux jeunes. Les adultes âgés font plus souvent référence à leur manque
de connaissances relatives à Internet que les jeunes. Ils semblent sous-estimer leurs compétences
(cf. aussi Marquié et al., 2002).
Les jeunes régulent également plus leur activité que les âgés ; ces régulations sont plus
importantes face aux questions difficiles et impossibles que simples. Concernant le contrôle,
aucune différence significative n’a été obtenue.
Ces résultats semblent montrer que les difficultés des internautes âgés seraient principalement
dues à des difficultés de planification de leur activité de RI, mais également pour changer de
stratégies (la flexibilité interviendrait à ce niveau). Même si les âgés essaient de compenser ces
difficultés par une évaluation de la pertinence des informations plus fréquente que les jeunes, ils
auraient des difficultés à mettre en place des stratégies adaptées.
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Emosem : un modèle d’identification automatique de la coloration
émotionnelle des textes
Denhière, Guy (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin – UMS CNRS 2809), Leveau,
Nicolas (Équipe chart – cognition humaine et artificielle – lutin), Jhean-Larose, Sandra (Équipe chart –
cognition humaine et artificielle – lutin – UMS CNRS 2809).
EMOSEM est un modèle psychologique et un système d’analyse automatique de la coloration
émotionnelle de textes. EMOSEM associe à l’analyse de la sémantique latente (LSA), les ressources
lexicales des catégories émotionnelles proposées par Mathieu (2000) et Piolat et Bannour (2009). Les
résultats de l’analyse de huit textes-tests décrivant quatre émotions « dominantes » (« désir, surprise,
peur, tristesse ») sont présentés.
Introduction
L’identification automatique de la coloration émotionnelle d’un texte constitue un double
défi pour le psychologue puisqu’il doit pouvoir représenter non seulement sa signification mais
également sa valence affective, positive ou négative, et identifier, à chacun de ces deux pôles,
l’émotion décrite. De plus, la « tristesse » peut devenir « dépression » ou « torpeur » et se colorer
selon les cas, de « dégoût », « d’amertume » ou de « consternation ».
Une approche statistique commode et largement utilisée de représentation de la signification,
l’Analyse de la Sémantique Latente (Jhean-Larose & Denhière, 2010 ; Landauer, McNamara,
Dennis, & Kintsch, 2007) consiste à utiliser de vastes corpus textuels, à les transformer en matrices
de cooccurrences mots*paragraphes, à soumettre ces matrices à une décomposition en valeurs
singulières et à réduire le nombre de dimensions de manière à représenter la signification d’un
mot par un vecteur à n dimensions. La similitude entre deux éléments (mots, phrases, textes) est
obtenue en calculant le cosinus de l’angle que forment leurs vecteurs respectifs.
Pour évaluer la valence affective de textes, Turney & Litman (2002) ont utilisé deux vecteurs
formés de 7 adjectifs, l’un de valence positive (« good, nice, etc. »), l’autre négatif (« bad, poor,
etc. »). (Sahlgren, Karlgen & Eriksson (2007) ont construit deux vecteurs formés de huit mots, l’un
de valence positive, l’autre de valence négative. Dans les deux cas les évaluations automatiques
et les annotations humaines étaient significativement corrélées. Le dépassement de l’évaluation
dichotomique au profit de la catégorisation émotionnelle exige de se référer aux catégories
émotionnelles et au lexique associé à chaque catégorie pour construire les vecteurs correspondants.
Mathieu (2000) propose une liste de 38 prédicats sémantiques, 21 négatifs (i.e. peur, tristesse …), 15
positifs (i.e. désir sexuel, amusement, etc.), et 2 « ni négatif ni positif » (indifférence, étonnement)
pour classer les sentiments (verbes et noms). Dans EMOTAIX, Piolat et Bannour (2009) proposent
une catégorisation hiérarchique et symétrique en deux classes (« agréable vs désagréable ») divisées
en trois classes (« bienveillance/malveillance, bien-être/mal-être, sang-froid/anxiété »), à leur
tour divisées respectivement en 2, 5 et 2 classes qui se redistribuent chacune en 28 émotions
(Ressentiment, dégoût, etc.) auxquelles sont associés 2014 termes « référents ».
Nous avons retenu quatre émotions : « Désir », « Surprise », « Peur » et « Tristesse ». Pour
chacune d’elle, nous avons sélectionné deux textes reconnus comme représentatifs. Nous avons
construit deux vecteurs, l’un à partir des termes fournis par Mathieu (2000), l’autre à partir des
référents d’EMOTAIX (Leveau, Denhière & Jhean-Larose, 2009). Puis, nous avons calculé le
cosinus entre les vecteurs « textes » et les vecteurs « émotions » dans l’espace sémantique « FrançaisTotal » (lsa.colorado.edu).
mardi
après-midi
Résumé
Résultats
Les résultats obtenus avec les vecteurs issus des catégorisations émotionnelles de Mathieu
et Piolat et al. autorisent à conclure à une bonne identification de la couleur émotionnelle des
textes-tests. Dans les deux cas, les vecteurs « Amour », «Désir » et « Amour + Désir » sont plus
fortement liés aux textes « Désir » qu’avec les autres textes ; les vecteurs « Peur », « Terreur », et
« Peur+Terreur » sont plus fortement liés aux texte « Peur » qu’aux autres textes ; les vecteurs
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
« Tristesse », « Fatigue », « Torpeur » et leur somme « Dépression » sont plus fortement liés aux
textes « Tristesse » qu’aux autres. La catégorie « Surprise » est, comme prévu, hétérogène.
Au-delà des différences notionnelles entre les auteurs, la comparaison des résultats présentés
dans les tableaux 1 et 2 conduit à souligner l’importance de la « composition » émotionnelle des
textes car un texte est rarement « mono-émotionnel ». Ainsi, les textes « Tristesse » apparaissent
colorés de « Fatigue » et de « Déprime » plus que de « Torpeur ».
Tableau 1 : Cosinus entre les vecteurs émotionnels construits à partir d’EMOTAIX et les
textes-tests. Note : Pour chaque vecteur le nombre de mots est indiqué entre parenthèses.
mardi
après-midi
Vecteurs
Amour (33)
Désir (15)
Amour + Désir (48)
Surprise (14)
Peur (17)
Terreur (8)
Terreur + Peur (25)
Tristesse (26)
Fatigue (46)
Torpeur (23)
Dépression (95)
.31
.43
.42
.14
.00
.02
.01
.20
.30
.18
.31
T1
Désir
.29
.27
.34
.15
.02
.02
.00
.07
.14
.08
.13
T2
.09
.01
.07
.17
.04
.00
.02
.03
.15
.01
.08
-
Surprise
.20
.14
.22
.43
.04
.04
.05
.13
.17
.01
.15
+
.12
.06
.12
.16
.16
.20
.22
.23
.07
.08
.18
T1
Peur
.06
.06
.07
.16
.23
.20
.26
.19
.10
.05
.18
T2
.26
.08
.24
.20
.05
.03
.05
.43
.28
.14
.40
Tristesse
T1
T2
.28
.14
.28
.23
.04
.19
.15
.49
.32
.21
.48
Tableau 2 : Cosinus entre les vecteurs émotionnels construits à partir des prédicats sémantiques
de Mathieu et les textes-tests. Note : Pour chaque vecteur le nombre de mots est indiqué entre
parenthèses.
Vecteurs
Amour (39)
Désir sexuel (39)
Amour + Désir sexuel (78)
Étonnement (30)
Émerveillement (18)
Étonnement + emerveillement (48)
Peur (48)
Déprime (33)
Tristesse (35)
Déprime + Trsitesse (68)
Conclusion
.29
.32
.35
.09
.13
.13
.11
.21
.10
.17
T1
Désir
.25
.28
.31
.00
.09
.06
.04
.03
.05
.05
T2
.07
.14
.11
.13
.07
.14
.07
.04
.07
.07
-
Surprise
.14
.11
.15
.21
.28
.30
.10
.11
.14
.16
+
.03
.16
.09
.12
.02
.06
.23
.14
.20
.22
T1
Peur
.07
.14
.11
.11
.09
.11
.25
.08
.34
.31
T2
.15
.13
.17
.11
.08
.10
.12
.23
.26
.31
Tristesse
T1
T2
.11
.18
.15
.01
.07
.05
.18
.31
.33
.40
Associé aux ressources d’EMOTAIX (Piolat & Bannour, 2009) ou aux prédicats sémantiques
de Mathieu (2000), l’Analyse de la Sémantique Latente offre la possibilité de caractériser
automatiquement la coloration émotionnelle des textes. Demeure le problème de la pertinence
cognitive du nombre et de la nature des catégories émotionnelles à partir desquelles sont construits
les vecteurs.
Références
Jhean-Larose, S., & Denhière, G. (2010). Apprentissage, mémoire, analyse de la sémantique latente - LSA. Vol. 8.1.,
Studia Informatica Universalis, Paris : Hermann.
Landauer, T. K., McNamara, D. S., Dennis, S., & Kintsch, W. (2007). Handbook of Latent Semantic Analysis. London:
Laurence Erlbaum Associates.
Leveau, N., Denhière, G. & Jhean-Larose, S. (2009). Vectorisation des émotions. Rapport de Recherche N° D3-2-5, Projet
DoXa. Pôle de Compétitivité. Cap Digital. Paris.
Mathieu, Y. Y. (2000). Les verbes de sentiment - De l’analyse linguistique au traitement automatique. Paris: CNRS
Editions.
Piolat, A., & Bannour, R. (2009). EMOTAIX : Un scénario de Tropes pour l’identification automatisée du lexique
émotionnel et affectif. Année psychologique, 109(4), 657-700.
Sahlgren, M., Karlgren, J., & Eriksson , G. (2007, june 23-24). SICS : Valence annotation based on seeds in word space.
Paper presented at the SemEval 2007, Prague, Czech Republic.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Les séquences de vues rapides facilitent la représentation 3-d des
visages dans l’hémisphère droit
Arnold, Gabriel (Université Paris Descartes- LPNCOG), Siéroff, Eric (Université Paris DescartesLPNCOG).
La reconnaissance des visages sous de nouveaux angles est meilleure après les séquences de vues que les
vues statiques. Les séquences rapides de vues permettraient la formation d’une représentation 3-D, soit
par un avantage du mouvement, soit par un nombre de vues et un timing adéquats. Dans une tâche
de comparaison séquentielle, nous avons testé l’effet de changement d’angle après la présentation de
visages en rotation horizontale rapide et lente autour d’un angle de 45° (gauche ou droit), avec des
séquences de vues et des vidéos. L’analyse des temps de réponse montre un avantage des séquences
de vues par rapport aux vidéos, contre l’hypothèse d’un avantage du mouvement, et un avantage des
séquences rapides de vues sur les séquences lentes de vues qui montre l’importance du nombre de vues
et d’un timing adéquats. La succession rapide de vues faciliterait une attention vers une représentation
3-D globale. Enfin, l’avantage des séquences rapides de vues n’est observé que pour une rotation autour
du 45° gauche, pour lequel les informations faciales sont localisées dans la partie gauche, suggérant un
rôle de l’hémisphère droit.
mardi
après-midi
Résumé
Introduction
La reconnaissance des visages à partir de vues statiques est moins bonne après un changement
d’angle que lorsque l’angle est le même (Patterson & Baddeley, 1977). Toutefois, l’effet du
changement d’angle est moins important après la présentation de séquences rapides de vues.
Celles-ci faciliteraient la formation d’une représentation 3-D, améliorant la reconnaissance de
nouveaux angles (Busey & Zaki, 2004). Cette facilitation ne se retrouve pas pour les séquences
lentes. L’avantage des séquences rapides de vues pourrait être dû au mouvement, plus apparent
pour les séquences de vues rapides que lentes, ou à la succession de différentes vues dans une
fenêtre temporelle réduite, ce qui dirigerait l’attention vers une représentation 3-D globale. Nous
avons testé ces deux hypothèses en comparant l’effet de changement d’angle après la présentation
de séquences de vues et de vidéos dans une tâche de comparaison séquentielle. Un premier visage
était présenté en rotation rapide ou lente autour d’une vue de 45°, gauche ou droite, suivi d’un
deuxième visage, statique, avec le même angle ou un angle nouveau (45° symétrique ou face). Si la
formation d’une représentation 3-D dépend du mouvement, nous devrions observer un avantage
des vidéos sur les séquences de vues. Si cette formation repose sur la présentation des vues dans
une fenêtre temporelle réduite, nous devrions observer un avantage des séquences rapides sur les
séquences lentes.
Méthode
Participants. 96 étudiants en psychologie ont participé à cette étude.
Matériel. 24 comédiens ont été filmés dans des conditions d’éclairage identiques. Ils étaient
assis sur un siège tournant et l’expérimentateur faisait tourner le siège à vitesse constante. Des
vidéos de rotation de la tête à 180° ont été obtenues. Des photos de différents angles ont été extraites
de ces vidéos.
Pour le premier visage, des séquences de vues et des vidéos présentant un visage en rotation
horizontale autour de la vue de 45° (gauche ou droit) ont été créées (rotation comprise entre 60° et
30°). Pour les séquences de vues, cinq angles étaient utilisés : 60°, 52,5°, 45°, 37,5° et 30°. Un cycle
de rotation complet présentait 8 vues dans l’ordre suivant : 45°, 37,5°, 30°, 37,5°, 45°, 52,5°, 60°,
52,5°. Les séquences rapides de vues ont été créées en présentant ces 8 vues pendant 180 ms, avec
4 cycles successifs. Les séquences lentes de vues ont été créées en présentant chaque vue 720 ms,
avec un seul cycle. Les séquences vidéos présentaient le même cycle de rotation et la même vitesse
apparente que les séquences de vues : 40° et 10° par seconde respectivement pour les séquences
rapides et lentes. La durée de chaque séquence était toujours de 5760 ms. Pour le deuxième visage,
les vues de -45° (gauche), +45° (droit) et 0° (face) ont été sélectionnées.
Congrès psycho.indb 131
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132
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Procédure. Dans une tâche de comparaison séquentielle, deux visages étaient présentés
successivement. Le premier visage, présenté en rotation, était suivi d’un délai de 1000 ms, après
lequel le deuxième visage, statique, était présenté jusqu’à la réponse du sujet. Les participants
devaient indiquer le plus rapidement possible si les deux visages étaient les mêmes.
Résultats et Discussion
mardi
après-midi
Le taux d’erreurs était inférieur à 5%. Nous avons conduit une ANOVA sur les temps de
réponses (TRs), avec le Côté du premier visage (gauche, droit) comme facteur emboîté, et la
Fluidité (séquences de vues, vidéos), la Vitesse (rapide, lente) et l’Angle du deuxième visage (même,
symétrique, face) comme facteurs croisés. Nous avons obtenu un effet de Fluidité [F(1,92) = 6,32 ; p
< .05], montrant un avantage des séquences de vues (moyenne = 748 ms) sur les vidéos (764 ms), et
un effet de Vitesse [F(1,92) = 4,19 ; p < .05], montrant un avantage des séquences rapides (747 ms)
sur les séquences lentes (765 ms). Nous avons également obtenu une interaction significative entre
Fluidité et Vitesse [F(1,92) = 6,21 ; p < .05] avec des TRs plus rapides pour les séquences rapides
de vues (731 ms) que pour les séquences lentes de vues (764 ms), mais pas de différence entre les
vidéos rapides (763 ms) et lentes (765 ms). L’avantage des séquences de vues par rapport aux vidéos
permet d’écarter l’hypothèse d’un avantage du mouvement. L’avantage des séquences rapides par
rapport aux séquences lentes est en faveur de l’hypothèse d’une représentation 3-D dépendant
d’une contrainte temporelle. Toutefois, la formation d’une représentation 3-D pourrait dépendre
à la fois d’un nombre de vues (effet de Fluidité) et d’un timing (effet de vitesse) adéquats. Ainsi,
l’avantage des séquences rapides de vues sur toutes les autres séquences pourrait s’expliquer par
un nombre suffisant mais limité de vues combiné à la présentation de ces vues dans une fenêtre
temporelle réduite. Cette succession rapide des angles permettrait à l’attention de former une
représentation globale 3-D plutôt qu’une représentation dépendante de chaque angle. Enfin,
nous avons obtenu une interaction significative entre Fluidité, Vitesse et Côté du premier visage
[F(1,92) = 4,94 ; p < .05], montrant un avantage des séquences rapides de vues sur toutes les autres
séquences uniquement lorsque le premier visage est centré sur l’angle de 45° gauche. Etant donné
que les informations faciales principales sont localisées dans la partie gauche pour les vues de
trois-quarts gauche, elles seraient traitées plus rapidement par l’hémisphère droit (Siéroff, 2001).
Ainsi, l’avantage des séquences de trois-quarts gauche suggère un rôle de l’hémisphère droit dans
la formation d’une représentation 3-D.
En conclusion, cette étude met en évidence l’importance du nombre de vues adéquats
(suffisant mais limité) dans une fenêtre temporelle réduite pour la formation d’une représentation
3-D des visages et suggère un rôle de l’hémisphère droit dans cette formation.
Références
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First-borns at a disadvantage ? later-borns surpass first-borns in
kinship detection of strAngers’ faces
Kaminski, Gwenaël (Lpnc, CNRS, UMR 5105, Université Pierre Mendès France, Grenoble), Ravary, Fabien
(Department of entomology, national taiwan Université, Taiwan.), Graff, Christian (Centre de biologie du
comportement, Université Pierre Mendès France, Grenoble), Gentaz, Edouard (Lpnc, CNRS, UMR 5105,
Université Pierre Mendès France, Grenoble).
The ability to assess genetic ties is key to first, defining one’s own family, then, in a broader context,
to understanding relationships in groups of strangers. To recognize younger siblings as such, human
firstborns can rely on the perinatal association of the mother with her new baby. Later-borns, who
cannot rely on such an association, will by necessity actuate alternate strategies. The effects of such
differential early experiences deserve consideration; the development of matching abilities may be used
throughout an individual’s lifetime to detect other kinship types outside the family. In simple cognitive
tasks based on matching face pictures, later-borns surpassed firstborns in detecting kinship among
strangers, in populations of different ages across countries. This birth-order effect contrasts with the
traditional firstborns’ cognitive advantage, as explained by the confluence model. The drive of inclusive
fitness can explain how early life history promotes specific strategies that permanently enhance certain
human performances.
mardi
après-midi
Résumé
Introduction
Inclusive fitness theory predicts that the closer relatives are, the stronger the cooperation
enhancement and sexual inhibition among them will be. These two adaptive behaviours require
some ability to recognize kin. In humans, Lieberman et al.1 proposed an estimate of self-target
relatedness based on more than one “implicit system” of kin detection. Indeed, specific kin types
(e.g., parents, siblings, or grandparents) are generally associated with different clues. Focusing on
siblings, their model assumes two distinct, ancestrally relevant cues to assess relatedness among
them. One of these, maternal perinatal association (MPA), is specific to older siblings. MPA applies
when the biological mother is caring for a new baby, allowing the first-born to mentally tag that
baby as a sibling. MPA, however, does not apply to the last sibling, who does not witness his or her
mother’s previous pregnancies and nursing. To recognize sibship, the later-born may then rely on
default cues such as childhood co-residence duration. If first- and later-born siblings recognize
each other using different cues and develop different cognitive strategies in early childhood as a
result, their respective experiences may also help prepare them to assess other types of kinship.
We investigate whether Lieberman et al.’s1 architecture of sibling detection can also support
kin detection in unknown individuals. We anticipate that first-born individuals are less efficient
than other siblings in detecting kinship among unknown faces. Indeed, first-borns who used MPA
cues to detect kinship between their mother and their younger siblings did not develop any other
specific cognitive strategy, and thus should not presumably be experts in other types of kinship
detection. Conversely, later-born individuals have shared parental investment and interacted
with their siblings since birth. For them, detecting kinship between their parents and their oldest
siblings is crucial. Later-borns’ early experience should allow them to detect kin resemblance more
efficiently.
Matériel et Méthode
In humans, facial features appear to be a prominent kinship cue3 for ascribing relatedness
among individuals4-8. Caucasian faces of unknown related and unrelated individuals were presented
on photo sets in forced-choice tests. Participants were given either a face-matching task5-7 or a facecomparison task4,8. Approximately 210 participants were chosen from two countries (French and
Taiwan) and from two age groups (children and adults).
Résultats et Discussion
In both tasks and in all study populations, later-borns detected kinship among strangers’ faces
more efficiently than did first-born siblings. Caucasian participants were not more efficient than
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mardi
après-midi
Asian ones, and adults performed slightly better than children. Lieberman et al.1 propose that MPA
plays a role in sibling recognition, as a keystone of kinship building during childhood. Our finding
that later-borns perform more accurate kin detection than first-born siblings substantiates their
model and extends its significance outside the family sphere. Young children’s incomplete explicit
understanding of biological inheritance9-10 may explain why the effect on them is less visible. In
firstborns, the MPA effect may prevent the actuating of a kin detection strategy that may operate
again later outside of the family group.
The general advantage of first-borns in cognitive tasks, as exemplified by higher IQ scores,
has also been attributed to their early experience11-12. According to the confluence model2, older
children often teach their siblings, and derive greater benefit from this intellectual practice than do
the learners. This prominent model is not easily applied to kin detection abilities. Early experiences
viewing specific faces affect the ability to process similar faces later on13-14. Viewing baby faces of
younger siblings should predict an advantage for first-borns in processing baby faces15, which is not
apparent in our parent-neonate matching task dealing with kin detection. In general, in interaction
with abilities, motivation is a crucial component of performance16-17. Because first-born children
have no problem tagging their younger siblings as kin, they have little motivation to develop
elaborate processing strategies for surrounding faces. Moreover, they remain less dependent on
their parents than their younger siblings, with whom they share parental investment18. A finelytuned kin recognition mechanism is less vital for older siblings. Inclusive fitness theory explains
how later-born children’s greater motivation for kin recognition may lead them to develop more
efficient facial processing of other kinship types.
The sibship in which humans are born fundamentally shapes their personality, social attitude,
educational achievement11-12, 19-20, and the architecture of their kin-detection system1. Implicit
motivation driven by inclusive fitness may play a crucial role in both the expression and the
development of abilities leading to differential performance.
Références
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2. Zajonc, R. B., Markus, H. & Markus, G. B. J. Pers. Soc. Psychol. 37, 1325-1341 (1979)
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9. Carey, S. Conceptual change in childhood (Cambridge, MA, MIT Press, 1985)
10. Solomon G. E. A. et al. Child Dev. 67, 151-171 (1996)
11. Sulloway, F.J. Science 316, 1711-1772 (2007)
12. Kristensen, P. & Bjerkedal, T. Science 316, 1717 (2007)
13. Pascalis, O. et al. Science 296, 1321-1323 (2002)
14. Kelly, D. J. et al. Psychol. Sci. 18, 1084-1089 (2007)
15. Macchi Cassia, V. et al. Psychol. Sci. 20, 853-859 (2009)
16. Vroom, V. H. Work and Motivation (New York, Wiley, 1964)
17. Shizgal, P. Motivation. (Cambridge, MA, MIT Press, 1999)
18. Hertwig, R., Davis, J. N., and Sulloway, F. J. Psychol. Bull. 128, 728-45. (2002)
19. Sulloway, F.J. Born to rebel: Birth order, family dynamics, and creative lives (New York, Pantheon, 1996)
20. Salmon, C. Human Nat. 17, 73-88 (2003)
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Session Psychopathologie
Étude des dimensions de personnalité chez des usagers de psychostimulants en
milieu festif techno
Facteurs prédictifs au développement d’un syndrome post-traumatique (spt)
suite à un accident de la voie publique (avp) : perspective dimensionnelle et
mesures longitudinales.
Berna, Guillaume (URECA, Université Lille Nord de France, Maison européenne des sciences de l’homme et
de la société (meshs)), Vaiva, Guillaume (CNRS, UMR 8160, Lille, France), Vaiva, Guillaume (Département
de psychiatrie, hôpital Fontan, chru Lille, France), Nandrino, Jean-Louis (URECA, Université Lille Nord
de France, Maison européenne des sciences de l’homme et de la société (meshs)).
mardi
après-midi
Lillaz, Caroline (Univesité Paris Descartes,laboratoire de psychopathologie et des processus de santé,
ea4057), Pr. Varescon, Isabelle (Univesité Paris Descartes,laboratoire de psychopathologie et des processus
de santé, ea4057).
Analyse dynamique des communications verbales et non-verbales chez les mères
dépendantes à l’héroïne et leur bébé
Bochand, Laure (URECA, Université Lille Nord de France), Doba, Karyn (URECA, Université Lille Nord
de France), Pezard, Laurent (laboratoire UMR6149, Université de Provence), Nandrino, Jean-Louis
(URECA, Université Lille Nord de France).
Le rôle de variables cognitivo-émotionnelles dans la dépression, en lien avec
l’addiction à internet.
Gaetan, Sophie (Université d’Aix-Marseille 1, centre de recherche psycle), Bonnet, Agnès (Université d’AixMarseille 1, centre de recherche psycle), Laurens, Elodie (Université d’Aix-Marseille 1, centre de recherche
psycle), Pedinielli, Jean-Louis (Université d’Aix-Marseille 1, laboratoire de psychopathologie clinique et
psychanalyse).
Contribution à la compréhension du processus suicidaire lié au travail
Hanique, Pauline (Epsm Lille métropole).
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Étude des dimensions de personnalité chez des usagers de
psychostimulants en milieu festif techno
Lillaz, Caroline (Univesité Paris Descartes,laboratoire de psychopathologie et des processus de santé,
ea4057), Pr. Varescon, Isabelle (Univesité Paris Descartes,laboratoire de psychopathologie et des processus
de santé, ea4057).
Résumé
mardi
après-midi
Cette recherche a pour objectif principal d’identifier certaines dimensions de personnalité à savoir,
la recherche de sensations de Zuckerman, les trois traits de personnalité identifiés par Eysenck
(psychoticisme, neuroticisme, extraversion), l’alexithymie et la conscience émotionnelle de Lane et
Schwartz chez 37 sujets consommateurs de psychostimulants en milieu festif techno appareillés à 37
sujets témoin.Nous suivons les hypothèses que les sujets de l’échantillon clinique présenteraient un
niveau de recherche de sensations élevé (scores de recherche de sensations et d’extraversion élevés) et
des déficits dans la régulation des émotions (scores d’alexithymie et de symptomatologie dépressive
élevés et de conscience émotionnelle bas). Les résultats montrent des scores significativement plus élevés
pour le groupe de recherche pour la recherche de sensations (SSS-IV) (score total, sous-dimensions
désinhibition, recherche d’expériences, susceptibilité à l’ennui), aux dimensions extraversion,
psychoticisme et neuroticisme (EPQ-R); d’alexithymie (TAS-20) (score total, dimensions difficultés à
décrire et identifier ses sentiments) ; au BDI. Ils présentent également des scores plus bas de conscience
émotionnelle (LEAS).
Introduction
Cette étude étudie une forme de consommation de substances psychoactives : les drogues
de synthèse en milieu festif techno. Figure emblématique de ces nouvelles drogues, l’ecstasy
s’est développée à partir des années 90 dans les contextes festifs, principalement ceux des « raveparty », tout en y étant de moins en moins circonscrite. Utilisées par de jeunes consommateurs,
ces nouvelles drogues sont choisies pour atteindre un type de sensations précis et ce, dans
un contexte récréatif. Bien que ces usages s’inscrivent dans le cadre de pratiques festives, ils
sembleraient occasionner pour certains utilisateurs des consommations problématiques, de type
abus ou dépendance. L’approche dimensionnelle de la personnalité permet de mieux comprendre
les raisons pour lesquelles les sujets vont rechercher des effets physiologiques et psychologiques
induits par les produits. Cette recherche a pour objectif principal d’identifier certaines dimensions
de personnalité à savoir, la recherche de sensations de Zuckerman, les trois traits de personnalité
identifiés par Eysenck (psychoticisme, neuroticisme, extraversion), l’alexithymie et la conscience
émotionnelle de Lane et Schwartz chez des consommateurs de drogues de synthèse en milieu festif
techno. Par ailleurs, il s’agit d’explorer les substances psychoactives consommées et d’identifier les
différentes pratiques de consommation au sein du milieu festif techno.
Matériel et Méthode
Nous suivons les hypothèses que les sujets de l’échantillon clinique présenteraient un niveau
de recherche de sensations élevé (scores de recherche de sensations et d’extraversion élevés) et des
déficits dans la régulation des émotions (scores d’alexithymie et de symptomatologie dépressive
élevés et de conscience émotionnelle bas). Ces hypothèses ont été testées chez 37 sujets de sexe
masculin présentant un abus de psychostimulants selon le DSM-IV-TR et fréquentant l’espace
festif techno. Ils ont été appareillés à 37 sujets témoin. Les outils respectivement utilisés sont un
questionnaire élaboré pour la recherche visant à recueillir les données socio-démographiques (âge,
niveau d’études, situation familiale et professionnelle), évaluer la consommation de substances
psychoactives (type de produits consommés et modalités de consommation) ainsi que les raisons
et les motivations quant à l’usage de substances psychoactives ;l’échelle de recherche de sensations
de Zuckerman à 40 items (SSS) ; le questionnaire de personnalité d’Eysenck (l’EPQ-R); l’échelle
d’alexithymie de Toronto à 20 items (TAS-20), l’échelle de conscience émotionnelle de Lane et
Schwartz (LEAS), l’inventaire abrégé de dépression de Beck (BDI), et enfin le MINI. Concernant la
procédure, les sujets ont été contactés directement sur le terrain dans le cadre de « rave -party » et de
teknivals. Les personnes souhaitant participer à l’étude nous ont communiqué leurs coordonnées.
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Après un appel téléphonique, un rendez-vous était fixé dans un lieu neutre, un café à proximité du
domicile des sujets.
Les résultats montrent des scores significativement plus élevés pour le groupe de recherche
comparativement au groupe témoin à la SSS pour le score total (t=4,876 ; p<0,000) et aux sousdimensions « désinhibition » (t=7,065 ; p<0,000), «recherche d’expériences » (t=3,21 ; p<0,001),
«susceptibilité à l’ennui » (t=2,352 ; p<0,01) ; à l’EPQ-R pour les dimensions psychoticisme
(t=3,49 ; p<0,005), extraversion (t=1,84 ; p<0,038), neuroticisme (t=3,17 ; p<0,001) ; à la TAS-20
pour le score total (t=1,91 ; p<0,003) et pour les dimensions « difficultés à décrire ses sentiments »
(t=2,25 ; p<0,018), et « difficulté à identifier ses émotions » (t=1,90 ; p<0,003) ; et enfin au BDI
(t=3,03 ; p<0,002). Les résultats montrent des scores significativement plus bas pour les sujets du
groupe de recherche à la LEAS pour le score total (t=-2,75 ; p<0,04), le score « sujet » (t=-2,66 ;
p<0,005), et le score « autre personne » (t=-2,82 ;p<0,0003). Concernant les principales corrélations,
nous observons des corrélations significatives positives entre la sous dimension « recherche
d’expériences » de la recherche de sensations et la symptomatologie dépressive (r=0,375 ; p<0,5) ;
ainsi qu’entre la sous dimension « susceptibilité à l’ennui » de la recherche de sensations et le
psychoticisme (r=0,484 ; p<0,01). Le neuroticisme corrèle positivement et significativement avec
l’échelle d’alexithymie pour le score total (r=0,345 ; p<0,05). Concernant les motivations quant
à l’usage de substances psychoactives, le plaisir comme raison première rassemble la totalité
des participants interrogés. En revanche pour certains, la consommation dépasse les propriétés
hédoniques dans la rencontre avec le produit et représente un affrontement délibéré du risque, ou
semble être utilisée en guise d’automédication.
Les hypothèses sont validées. Les sujets du groupe de recherche ne semblent pas avoir accès à
des émotions complexes et différenciées. La recherche de sensations pourrait être comprise d’une
part, comme un moyen de lutter contre une dépressivité sous-jacente et d’autre part, comme une
recherche émotionnelle de type impulsive. Cette étude témoigne également de l’évolution des
pratiques de consommation au sein du milieu festif techno.
mardi
après-midi
Résultats et Discussion
Références
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Leung KS, Addallah AB, Copeland J, Cottler LB. (2010). Modifiable risk factors of ecstasy use : risk perception, current
dependance, perceived control, and depression.Addictive Behaviors, 35(3), 201-208.
Reynaud-Maurupt C, Cadet-Tairou A. (2007). Substances psychoactives chez les amateurs de l’espace festif électro.
Tendances, OFDT, n°56.
Varescon I. (2007). Les consommateurs de drogues de synthèse en milieu festif : en quête de sensations
nouvelles ?. Neuropsy news, 6, (2), 70-73.
Zuckerman M, Cloninger C. (1996). Relationships between Cloninger’s, Zuckerman’s, and Eysenck’s dimension of
personality. Personnality and individual differences,21(2), 282-285.
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Facteurs prédictifs au développement d’un syndrome posttraumatique (spt) suite à un accident de la voie publique (avp) :
perspective dimensionnelle et mesures longitudinales.
Berna, Guillaume (URECA, Université Lille Nord de France ; Maison européenne des sciences de l’homme
et de la société (meshs)), Vaiva, Guillaume (CNRS, UMR 8160, Lille, France ; Département de psychiatrie,
hôpital Fontan, chru Lille, France), Nandrino, Jean-Louis (URECA, Université Lille Nord de France ;
Maison européenne des sciences de l’homme et de la société (meshs)).
mardi
après-midi
Résumé
L’objectif de cette étude est d’évaluer les facteurs prédictifs au développement d’un Syndrome PostTraumatique (SPT) au sein d’une population ayant vécu un accident de la voie publique (AVP). Ses
originalités reposent sur une approche dimensionnelle des symptômes du SPT et sur l’étude d’une
population subsyndromique évaluée par la Clinician-Administrated PTSD Scale (CAPS(1)). Les
résultats mettent en évidence l’absence d’effet des variables caractérisant l’événement traumatique et
soulignent l’importance de la menace vitale perçue dans la prédiction à 6 mois du développement du
SPT complet ou subsyndromique. De plus, chaque dimension du SPT est corrélée à la perception des
facteurs péri-traumatiques.
Introduction
Dans les situations d’accidents de la voie publique (AVP), les recherches rapportent une
prévalence de SPT comprise entre 7 et 40 %(2)(3)(4) dont une majorité serait mal identifiée et peu
traitée pour les troubles psychologiques associés(5). De plus, la dernière étude épidémiologique
française(6) relève une prévalence de 0,7% de SPT durant le mois précédant l’entretien avec
un sex-ratio proche de 1. Par ailleurs, cette étude montre que la population subsyndromique,
définie ici comme tout sujet confronté à un trauma et présentant dès lors au moins un élément
de retentissement psychopathologique, représente 5% de la population générale. Dès lors, de
nombreuses études soulignent la pertinence d’un regroupement syndromique(7)(8) et un intérêt
croissant pour l’évaluation dimensionnelle afin de permettre une meilleure compréhension des
processus sous-jacents(9)(10)(11).
Actuellement, plusieurs facteurs prédisposant à la survenue d’un SPT sont avancés : présence
de troubles de l’humeur ou de troubles anxieux au moment du trauma, existence d’un trouble
mental sur l’Axe I du DSM-IV, développement antérieur d’un SPT, ou encore perception
subjective des conditions traumatiques et péri-traumatiques(12). Dans la mesure où la population
subsyndromique représente en réalité la majeure partie des complications du trauma, on se
propose 1) d’étudier à la fois chez les patients subsyndromiques et SPT les facteurs prédictifs péritraumatiques, cliniques et socio-démographiques et 2) d’analyser à 6 mois les effets de ces facteurs
prédictifs sur la fréquence et l’intensité des 3 dimensions du SPT : la reviviscence, l’évitement et
l’hyperarousal.
Matériel et méthode
155 adultes blessés physiquement et admis en service de traumatologie suite à un AVP ont
été recrutés pendant trois ans. Durant la semaine suivant l’accident, les patients remplissaient
des questionnaires évaluant leur situation sociale (sexe, âge, culture, situation familiale et
professionnelle, enfants, antériorité d’un AVP ou d’un trauma). Une évaluation clinique mesurait
d’éventuelles comorbidités (MINI) et la détresse ressentie pendant et immédiatement après le
traumatisme (Peritraumatic Distress Inventory : PDI(13) et Peritraumatic Dissociative Experience
Questionnaire : PDEQ). Enfin, six mois après le traumatisme, une évaluation utilisant la CAPS
était proposée afin de mesurer la symptomatologie post-traumatique et de créer des groupes a
posteriori selon les règles suivantes :
1. un item est considéré comme positif lorsque sa fréquence et son intensité sont supérieurs
ou égales à 2.
2. le groupe subsyndromique est caractérisé par au moins 1 item positif pour la dimension
reviviscence, 2 pour l’évitement et 1 pour l’hyperarousal.
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3. le groupe SPT complet est caractérisé par 1 item positif supplémentaire pour l’évitement et
l’hyperarousal.
Enfin, il est important de rappeler qu’une originalité de l’étude repose sur la constitution du
groupe contrôle qui correspond aux individus blessés suite à un AVP mais qui n’ont pas développé
de SPT.
À six mois, 25,8% des sujets (n=40) développent des symptômes subsyndromiques et 7,74%
(n=12) présentent un SPT complet.
Les résultats obtenus avec le MINI confirment la présence chez les SPT complets : d’un épisode
dépressif et d’une anxiété généralisée, et chez les 2 groupes cliniques : de troubles de l’humeur et
de troubles anxieux.
Les seules variables discriminant les groupes sont : les facteurs 1 (émotions négatives) et 2
(perception d’une menace vitale) de la PDI et le score au PDEQ.
Le meilleur prédicteur du développement d’un SPT est le facteur 2 de la PDI.
L’approche dimensionnelle met en avant des corrélations significatives entre 1) le score au
PDI et les reviviscences et l’hyperarousal, 2) le score au PDEQ et les stratégies d’évitement. Enfin, la
présence d’un événement traumatique antérieur renforce les stratégies d’évitement.
mardi
après-midi
Résultats
Discussion
Nos résultats soulignent que les caractéristiques péri-traumatiques, en particulier la
perception d’une menace vitale, sont de bons prédicteurs au développement d’un SPT. En outre,
l’approche dimensionnelle permet de mieux identifier les complications psychologiques qui font
suite à un AVP.
Références
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(13) Brunet, A., Weiss, D. S., Metzler, T. J., Best, S. R., Neylan, T. C., Rogers, C., et al. (2001). The Peritraumatic Distress
Inventory: a proposed measure of PTSD criterion A2. Am J Psychiatry, 158(9), 1480-1485.
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Analyse dynamique des communications verbales et non-verbales
chez les mères dépendantes à l’héroïne et leur bébé
Bochand, Laure (URECA, Université Lille Nord de France), Doba, Karyn (URECA, Université Lille Nord
de France), Pezard, Laurent (laboratoire UMR6149, Université de Provence), Nandrino, Jean-Louis
(URECA, Université Lille Nord de France).
Résumé
mardi
après-midi
De récentes études ont souligné l’importance des échanges émotionnels entre la mère et son bébé pour
comprendre la relation qui s’établit entre les mères dépendantes à l’héroïne et leur enfant. L’étude
propose d’analyser la dynamique des communications entre les mères héroïnomane et leur bébé
durant une séquence de nourrissage. Deux groupes de 15 dyades mères/bébés appariés (dépendantes
sous traitement substitutif et contrôles) ont été inclus dans l’étude. Des mesures auto-évaluatives
de l’anxiété, de la dépression post-partum, des stratégies de régulation émotionnelle et de la qualité
de soins parentaux ont été réalisées chez les mères. Des séquences de nourrissage de bébés âgés de
4 semaines ont été filmées. Nous avons mesuré au moyen d’une grille de codage les stimulations
verbales, comportementales et alimentaires de la mère ainsi que les comportements de nourrissage, les
comportements vocaux et non-verbaux du bébé. La fréquence des états des partenaires, la prédictibilité
et les probabilités de transitions entre les états codés ont été mesurées à partir des méthodes d’analyse
de dynamique symbolique. Les résultats montrent une pauvreté des stimulations verbales chez les
mères héroïnomanes. L’analyse dynamique des communications non-verbales montre que les mères
héroïnomanes présentent des patterns des stimulations comportementales moins prédictibles et un
déficit de l’ajustement dyadique.
Introduction
Un ensemble de données montrent que les enfants de parents dépendants aux substances
psychoactives ont un risque accru de développer des troubles interpersonnels et comportementaux ou des
troubles mentaux et des conduites addictives (Chassin et al 2004). Certains chercheurs ont fait l’hypothèse
que le développement futur de conduites addictive chez les enfants de parents dépendants serait lié à une
fréquence élevée de comportements agressifs, à une prédominance de recherche de sensations (Edwards,
Eiden, Coldel, & Leonard, 2006) et à des troubles de l’auto-régulation (Ellis et al, 2004). Les observations
d’interactions de dyades mère/bébé lorsque la mère présente une dépendance aux substances psychoactives
ont mis en évidence des schémas de réponses maternelles caractérisés d’une part par une faible sensibilité
et une faible réactivité aux signaux émotionnels de l’enfants et d’autre part une activité physique accrue
et un comportement intrusif (Hans et al 1999). Globalement les enfants montrent des niveaux d’éveil
renforcé par une activité motrice maternelle élevée (Lagasse et al 2003). Peu d’études se sont intéressées au
couplage entre les réponses comportementales maternelles et celles du bébé. Nous proposons d’utiliser des
méthodes d’analyse de dynamique symbolique (à partir d’indices linéaires et non-linéaires) pour quantifier
la succession temporelle des communications entre les mères dépendantes à l’héroïne et leur bébé.
Méthode
L’échantillon est composé de 30 dyades mère/bébé : 15 dyades dont la mère présente une dépendance
à l’héroïne et 15 dyades dont la mère ne présente pas de comportement de dépendance. La séquence de
nourrissage (allaitement ou biberon) est filmée au domicile lorsque le bébé est âgé de 4 semaines. Les
séquences sont codées en fonction de l’orientation du regard, des stimulations verbales, comportementales,
alimentaires de la mère ainsi que des mouvements du bébé, ses comportements verbaux et alimentaires.
L’anxiété (STAI état), la dépression post partum (EPDS), les soins parentaux reçus (PBI) et les stratégies
de régulations émotionnelles (DERS) sont évaluées par auto questionnaires chez la mère. L’analyse de la
dynamique des séquences à partir des indices linéaire et non linéaires permet d’étudier les effets combinés
des séquences de comportements émis par les deux partenaires et d’identifier l’organisation temporelle
des interactions et les probabilités de transition d’état entre les mères dépendantes à l’héroïne et leur bébé.
Résultats
Les résultats montrent que les mères dépendantes à l’héroïne présentent des niveaux d’anxiété et
de dépression plus élevés que les mères ne présentant pas de comportements de dépendance. De même,
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Discussion
Nos résultats permettent de montrer que la consommation de substances a des conséquences sur la
nature des interactions entre les mères et leur bébé. L’analyse fréquentielle ne permet pas de dégager un profil
d’interaction spécifique et dysfonctionnel chez les mères toxicomanes. En revanche, l’analyse dynamique
distingue des profils différents entre les mères toxicomanes et les mères contrôles en ce qui concerne les
stimulations comportementales et verbales et l’ajustement dyadique. Le faible niveau de prédictibilité et
les comportements désorganisés observés chez les mères toxicomanes pourraient renforcer le déficit de
l’ajustement dyadique entre les mères toxicomanes et leur bébé. Nos résultats rejoignent les observations
issues de la théorie de l’attachement en soulignant que les dysfonctionnements interactionnels entre les
mères toxicomanes et leur bébé apparaissent précocement au cours du développement (dès le premier mois
de naissance).
mardi
après-midi
les mères toxicomanes présentent des stratégies de régulation émotionnelle dysfonctionnelles et une
pauvreté des soins parentaux perçus. Nous n’observons pas de différence significative entre les deux
groupes de mères concernant la fréquence des stimulations alimentaires. En revanche, les bébés des
mères toxicomanes sont plus agités, pleurent davantage et rencontrent plus de difficultés alimentaires.
Les analyses dynamiques montrent que les stimulations comportementales et verbales sont faiblement
prédictives et très désorganisées chez les mères toxicomanes. On observe également un déficit d’ajustement
dyadique entre les stimulations verbales et comportementales des mères et les comportements vocaux et
comportementaux du bébé.
Références
Chassin L, Flora DB, King KM. Tragectories of alcohol and drug use and dependence from adolescence to adulthood : the
effects of familial alcoholism and personality. Journal of Abnormal Psychology. 2004 Nov;113(4):483-98.
Ellis LK, Rothbart MK, Posner MI. Individual differences in executive attention predict self-regulation and adolescent
psychosocial behavior. Annals of the New York Academy of Sciences. 2004 Jun ;1021 :337-40.
Edwards EP, Eiden RD, Colder C, Leonard KE. The development of aggression in 18 to 48 month old children of alcoholic
parents. Journal of Abnormal Child Psychology.
Farrar J, Fasig L, & Welch-Ross M. Attachment and emotion autobiographical memory development. Journal of
Experimental Child Psychology, 67 : 389-408.
Hans SL, Berntein J, Henson LG. The role of psychopathology in the parenting of drug-dependant women. Development
and Psychopathology. 1999 Fall ;11(4) :957-77.
LaGasse LL, Messinger D, Lester BM, Seifer R, tronick EZ, Brauer CR, Shankaran S, Bada HS, Wright LL, Smeriglio VL,
Finnegan LP, Maza PL, Liu J. Prenatal drug exposure and maternal and infant feeding behavior. Arch Dis Child
Fetal Neonatal Ed. 2003 Sep;88(5):F391-9
Sanders-Philips K. Infant feeding behavior and caretaker-infant relationships in Black families. Journal of Comparative
Family Studies 1998;29:161-71
Weiss SJ, Wilson P, Hertenstein MJ, et al. The tactile context of mother’s caregiving for attachment of low birth weight
infants. Infant Behavior and Development 200;23:91-111.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Le rôle de variables cognitivo-émotionnelles dans la dépression, en
lien avec l’addiction à internet.
Gaetan, Sophie (Université d’Aix-Marseille 1, centre de recherche psycle), Bonnet, Agnès (Université d’AixMarseille 1, centre de recherche psycle), Laurens, Elodie (Université d’Aix-Marseille 1, centre de recherche
psycle), Pedinielli, Jean-Louis (Université d’Aix-Marseille 1, laboratoire de psychopathologie clinique et
psychanalyse).
Résumé
mardi
après-midi
La dépression est une comorbidité de l’addiction (Van damme, P., 2006), y compris des addictions
comportementales (Adès, J., 2001). Sa prévalence est importante auprès de la population étudiante
(Guagliardo, V., 2009), comme l’addiction aux nouvelles technologies. En outre, les troubles anxieux
et dépressifs sont en lien avec le fonctionnement émotionnel (Watson, D., et coll., 1984), la régulation
des émotions et leur intensité (Pasquier, A., et coll., 2009). Il nous semble exister dans les addictions
au virtuel un fonctionnement pouvant se rapprocher de celui observé dans les conduites à risques
(Bonnet, A. et coll., 2003), à savoir un moyen de régulation des émotions. L’objectif de ce travail est
de mettre en lien l’addiction à Internet et la dépression en tant que trouble émotionnel comorbide,
au travers de variables cognitivo-émotionnelles. Les résultats mettent en lien l’addiction à Internet et
la gestion des émotions: une plus grande expressivité ainsi qu’une régulation plus importante chez les
sujets addictés. Les résultats montrent une plus grande expressivité du sujet dépressif, et notamment
concernant les émotions négatives, ainsi qu’une tendance à éviter voire supprimer l’émotion sans un
traitement cognitif de la situation. Nous pouvons penser que le monde virtuel apporterait de nouvelles
possibilités au sujet en termes d’éprouvés et de traitement de ces éprouvés. Un tel processus expliquerait
la mise en place d’une conduite addictive et permettrait de poser des éléments de réflexion concernant
la cooccurrence entre le dépression et l’addiction.
Introduction
Les nouveaux média prennent une place importante dans nos sociétés et peuvent parfois
occuper une place considérable dans la vie de sujets, lorsqu’une conduite addictive se met en place.
La dépression et l’anxiété sont des comorbidités de l’addiction (Van damme, 2006), avant tout
liée à une substance selon l’O.M.S, mais également des addictions comportementales (Adès, J.,
2001). Par ailleurs, l’anxiété et la dépression font partie des troubles psychiques que l’on retrouve
fréquemment au sein des populations étudiantes (prévalence de la dépression: 8,9%; prévalence
de l’anxiété: 15,7%; Enquête Inserm, Guagliardo, V., 2009). De la même manière l’addiction aux
nouvelles technologies, et notamment les jeux vidéo ou Internet, concerne d’avantage les 18-25 ans.
Des études ont mis en évidence la relation entre troubles anxieux et dépressif et fonctionnement
émotionnel (Watson, D., & Clark, L.A., 1984). L’intensité émotionnelle et la régulation des
émotions semblent jouer un rôle notable dans ce fonctionnement (Pasquier, A., et coll., 2009). Il
nous semble exister dans les addictions au virtuel un fonctionnement pouvant se rapprocher de
celui-ci observé dans les conduites à risques (Bonnet, A. et coll., 2003; Bonnet, A. et coll., 2004). Ces
dernières apparaissent être un moyen de régulation des émotions pour le sujet, une solution actée
pour faire face à des éprouvés subjectifs insupportables pour le sujet. Le virtuel permettrait au sujet
de s’extraire de sensations corporelles et d’éprouvés subjectifs inélaborables. La mise à distance par
le monde virtuel lui permettrait de maîtriser voire de réguler ses émotions.
L’objectif de ce travail est de questionner le lien entre l’addiction au virtuel et la dépression au
travers du fonctionnement émotionnel du sujet.
Méthodologie
Cette recherche a été menée auprès de 267 étudiants, âgés de 17 à 56 ans (moyenne: 22,23
et écart type: 5,454). La méthode quantitative nous a permis d’évaluer le niveau de l’addiction à
Internet (Internet Addiction Test, Young et coll., 2004), le niveau actuel de la symptomatologie
dépressive et anxieuse (The Hospital Anxiety and Depression scale, Zigmond, A.S., & Snaith, R.P.,
1983), l’intensité affective (Affect Intensity Measure, Larsen, J., Diener, E., 1987), la régulation
émotionnelle (Emotional Regulation Questionnaire, Gross, J.J., & John, O.P., 2003), l’expressivité
émotionnelle (Emotional Expressivity Scale, Kring, A.M., et coll., 1994).
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Nous avons effectué des analyses descriptives et inférentielles (corrélation et analyse de la
variance) ainsi que des analyses factorielles (régression linéaire) afin de comparer les moyennes
de nos échantillons et d’étudier les interactions entre des variables cognitivo-émotionnelles et des
troubles psychiques et émotionnels comorbides. Ces analyses ont été effectuées à l’aide du logiciel
PAWS Statistics 18 (SPSS 18.0).
Notre échantillon est constitué de 3% de sujets addictés à Internet (8/267), cette proportion
correspond à la prévalence de ce trouble en France (entre 1,5 et 3%). L’analyse des résultats a tout
d’abord mis en avant le lien entre l’addiction à Internet et la gestion des émotions. En effet, les
sujets addictés se perçoivent comme plus expressifs (corrélation r=.305 et p=.020), et présentent
une régulation de leurs émotions plus élevée (test-t p=.048). Par ailleurs, l’analyse des résultats
a mis en avant la place des différents processus de traitement des émotions (traitement cognitif
et/ou émotionnel) comme facteurs explicatifs de la symptomatologie dépressive. Ainsi les sujets
dépressifs se perçoivent comme plus expressifs (p=.013), et notamment concernant les émotions
négatives (p=.008), ils recourent d’avantage aux processus de suppression de l’émotion (p=.000)
mais ils ont moins tendance à réévaluer cognitivement la situation (p=.000). Par ailleurs, ces
variables expliquent 47,5% du trouble dépressif (régression linéaire r=.475 et p=.000).
À travers cette étude, et conformément à la littérature (Pasquier, A., et coll., 2009) nous
avons montré qu’il existe un type de traitement de l’émotion spécifique en fonction de la
symptomatologie du sujet. Ainsi, la symptomatologie dépressive pourrait être expliquée par une
vulnérabilité émotionnelle du sujet, et notamment de son fonctionnement cognitivo-émotionnel.
Par ailleurs, le traitement des émotions semble également jouer un rôle dans l’addiction au virtuel.
Nous pensons que le monde virtuel pourrait amener de nouvelles possibilités au sujet en termes
d’éprouvés et de traitement de ces éprouvés, ce qui pourrait expliquer la mise en place d’une
conduite addictive. Cette approche permettrait également de poser des éléments de réflexion
concernant la cooccurrence entre le dépression et l’addiction. Le virtuel en tant que nouveau
rapport aux éprouvés, en dehors de toute sensation corporelle, serait une solution à la vulnérabilité
du sujet. Dans un second temps, ce processus addictif conduirait à la mise en place de troubles
dépressifs de par ses effets pathogènes dans la vie du sujet.
mardi
après-midi
Résultats et Discussion
Références
Adès, J., Lejoyeux, M. (2001). Encore plus! Jeux, sexe, travail, argent. Paris: Odile Jacob.
Bonnet, A., Pedinielli, J.L., Romain, F., Rouan, G. (2003). Bien -être subjectif et régulation émotionnelle dans les
conduites à risque. Cas de plongée sous-marine. Encéphale, 29, 488-497.
Pasquier, A., Bonnet, A., Pedinielli, J.L. (2009). Fonctionnement cognitivo-émotionnel: le rôle de l’intensité émotionnelle
chez les individus anxieux. Annales Médico-Psychologiques, 167, 649-656.
Van damme P. (2006). Dépression et addiction. Revue de la Société Française de Gestalt, 2(31), 121-135.
Watson, D., & Clark, L.A. (1984). Négative affectivity: the disposition to experience unpleasant emotionale states.
Psychological bulletin, 95, 465-490.
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Contribution à la compréhension du processus suicidaire lié au
travail
mardi
après-midi
Hanique, Pauline (Epsm Lille métropole).
En France, aujourd’hui, la presse quotidienne estime près de 300 à 400 salariés qui se
suicideraient sur leur lieu de travail chaque année (Lauer, 2007). Dejours (2005) dénonce encore le
manque d’explication convaincante, et donc inquiétant, pour les cas de suicide au travail, véritable
révélateur du mal-être social. En effet, la littérature sur ce sujet porte majoritairement sur l’analyse
du travail et de son organisation et moins sur la clinique du sujet souffrant qui sera mise au centre
de notre recherche. C’est au titre de notre expérience de psychologue clinicien que nous sommes
allés à la rencontre de patients qui ont traversé une partie du processus suicidaire (fortes idées
suicidaires, planification du suicide, tentative de suicide) et dont ils imputent subjectivement
la cause à leur travail. En légitimant le pouvoir de la parole, nous tentons de comprendre, à
travers leur discours, de quelle manière le passage à l’acte suicidaire est-il à relier au contexte ou
aux conditions de travail. Dans le cadre de suivis psychologiques et longitudinal de 19 patients
venant de catégories socioprofessionnelles diverses, nous avons réalisé des entretiens non-directifs
d’environ 45 minutes, dans le cadre de suivis psychologiques d’une durée d’un an à trois ans. Des
prises de notes ont été effectuées durant les rencontres ainsi qu’une retranscription immédiate
dans l’après-coup. Nous utilisons l’analyse qualitative des travaux de Giorgi (1988) en psychologie
phénoménologique qui consiste à plusieurs relectures et au regroupement, en unités de sens, des
thèmes principaux évoqués durant les entretiens dans l’objectif de relever les essences (invariants).
Nous avons pu identifier trois sphères indissociables: personnelle, professionnelle et sociale. Nous
cherchons, à travers notre étude, à identifier la sphère qui fragilise le plus l’individu de celle qui
déclenche la tentative de suicide. Face aux nouvelles organisations de travail, les conditions, le
type de management et les relations interpersonnelles dans le collectif induisent bien souvent une
détresse psychique chez le travailleur. Ils touchent le sentiment identitaire du sujet, notamment
dans le cas d’un fort engagement dans le travail, amenant à un sentiment de non-appartenance
au collectif et peut réveiller une faille narcissique déjà présente depuis l’enfance. Si celle-ci n’a pas
pu être élaborée, cette souffrance peut amener jusqu’à des conduites suicidaires. Le travail faisant
rejouer à l’individu, sur la scène du faire, la difficile construction de l’estime de soi, ses enjeux et
ses impasses (Huez, 2003). Quand les conflits mal vécus au travail résonnent avec des soucis dans
l’histoire subjective, ils peuvent alors devenir des décompensations personnelles (Clot, 2002). Le
sentiment d’injustice (Adams, 1965) vécu dans la sphère professionnelle est rapporté par l’individu
comme étant la « goutte d’eau » les amenant à tenter de se suicider, traduisant l’impasse psychique,
la sphère personnelle ayant déjà été précédemment effondrée. La sphère sociale agit comme
pression sur les autres sphères (personnelle et professionnelle) avec l’idée que les conditions
sociétales ne permettent plus le rêve, du fait du système économique actuel (hausse du prix du
pétrole, baisse du pouvoir d’achat etc. ), elles peuvent, par conséquent, engendrer une véritable
angoisse sociale fragilisant l’individu. Notre recherche met, de plus, en exergue que les pratiques de
harcèlement moral au travail (Leymann, 1996; Einarsen et Raknes, 1997; Hirigoyen, 1998) suffisent
à déstabiliser l’individu sans qu’aucune autre sphère n’ait été préalablement touchée, et que la
planification ou le mode de passage à l’acte est également plus violent, en fonction du sentiment
d’injustice ressenti (Gilliland, Steiner et Skarlicki, 2001; Cohen-Charash et Spector, 2001; Colquitt,
2001). Notre recherche apporte un regard essentiellement clinique et souligne la nécessité des
actions de prévention dans ce domaine, et d’actualisation des formations des services de santé au
travail à la prise en charge des troubles psychologiques.
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Symposium
Sélection et apprentissage
Organisation de la session :
Madelain Laurent (URECA, Université Lille Nord de France)
Jeremie Jozefowiez (Escola de Psicologia, Universidade do Minho, Portugal)
Approche comportementale du développement des mouvements finalisés des
membres
Jean-Claude Darcheville, (URECA, Université de Lille Nord de France)
Analyse comportementale de l’attention conjointe : importance dans le
développement des conduites sociales chez le bébé et chez l’enfant avec autisme
mardi
après-midi
Neurobiologie du conditionnement: de la psychologie aux neurosciences et vice
versa
Rivière, Vinca (URECA, Université de Lille Nord de France), Cousin, Stéphanie (URECA, Université de Lille
Nord de France), Becquet, Mélissa (Service d’Accompagnement Comportemental Spécialisé, Villeneuve
d’Ascq), Peltret, Emilie (Service d’Accompagnement Comportemental Spécialisé, Villeneuve d’Ascq)
(23)50 ans d’intelligence artificielle
Preux, Philippe (INRIA, Lille)
Comportement, mouvement et conduite : implications épistémologiques.
Freixa i Baqué, Esteve (Université de Picardie)
Résumé
Cette session a pour objectif d’illustrer le concept d’apprentissage par renforcement et plus
généralement l’utilisation de la notion de sélection pour l’étude des comportements. La session
comportera cinq exposés complémentaires où seront présentés des travaux qui visent à présenter
des recherches actuelles mettant en œuvre l’apprentissage par renforcement. Le premier exposé,
par Jérémie Josefowiez, portera sur la neurobiologie du conditionnement. Il montrera en quoi
les avancées récentes de la neurobiologie sont influencées par les travaux sur les modifications
comportementales et comment, en retour, celles-ci peuvent enrichir les sciences du comportement.
Le second exposé, par Jean-Claude Darcheville, traitera des liens entre les approches dynamique et
opérante du contrôle des comportements moteurs. Le troisième exposé, par Vinca Riviére, portera
sur l’analyse comportementale du concept d’attention conjointe chez le jeune enfant. Cette analyse
décrira les fonctions des stimuli renforçateurs générés par le comportement de l’adulte et les
renforçateurs sociaux qui peuvent maintenir le comportement d’attention conjointe. Le quatrième
exposé, par Philippe Preux, présentera la mise en œuvre du concept de sélection par renforcement
dans le cadre des théories modernes de l’intelligence artificielle. Enfin, l’exposé de Esteve Freixa i
Baqué se propose d’analyser les erreurs catégorielles à l’origine de la confusion entre les concepts de
mouvement, comportement et conduite. Ce symposium, dans sa diversité et sa complémentarité,
incitera à un renforcement des interactions entre chercheurs en sciences du comportement.
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Neurobiologie du conditionnement: De la psychologie aux
neurosciences et vice versa
mardi
après-midi
Jeremie Jozefowiez (Escola de Psicologia, Universidade do Minho, Portugal)
Cette communication passera en revue les avancées récentes dans l´élucidation des bases
neurobiologiques du conditionnement. Nous nous attarderons en particulier sur la découverte
de zones semblant codées les erreurs de prédictions au cours du conditionnement au niveau des
neurones dopaminergiques du mésencéphale et sur comment la similarité entre les réponses de ces
neurones et les signaux postulés par les modèles comportementaux de l’apprentissage associatif
(notamment le modèle Rescorla-Wagner) ont permis une réinterprétation de l’organisation du
striatum. En retour, ces nouvelles connaissances neurophysiologiques permises par les modèles
comportementaux ouvrent de nouvelles pistes pour tester ces mêmes modèles.
Approche comportementale du développement des mouvements
finalisés des membres
Jean-Claude Darcheville, (URECA, Université de Lille Nord de France)
L’idée que la manipulation des objets, du déplacement du corps, de ses parties sont des
réponses à des ordres et règles d’exécution issues d’un système de représentation de l’espace, est
contestée. La contestation propose que l’organisation des conduites résulte de leurs dynamiques
imposées par les propriétés du système bio-physique dans l’interaction organisme-environnement.
La dynamique non linaire [1] permettrait de formaliser la complexité des conduites observées
particulièrement chez l’humain. La richesse comportementale humaine est un ensemble partagé
de conduites pesant significativement sur la vie des individus. Mais on ne voit pas comment la seule
dynamique des activités peut aboutir à cette multitude de formes stables d’actions identiques pour
tous et pour toutes les générations. Pour la saisie des objets, on comprend que la dynamique soit en
mesure de rendre compte du couplage des systèmes sensori-moteurs, mais difficillement comment
elle privilégierait cette forme de l’interaction avec un objet. Il faut une théorie non téléologique
rendant compte de la finalité du comportement, intègrant les contraintes de la dynamique de
l’interaction organisme-environnement .
Admettre que les issues de l’action sur l’environnement participent au façonnage des
conduites fournit le premier principe d’une telle théorie [2]. Une série d’expériences [3] s’est
focalisée sur la pertinence d’une procédure de sélection du positionnement de la main par une
de ses issues chez des enfants ne le maîtrisant pas encore. Pour la généralité du processus, on a
contrôlé qu’il vaut aussi pour d’autres membres [4]. Cette généralisation a imposé aussi de
vérifier que tout stimulus peut être un agent renforçateur. Dans le cas du positionnement de la
main, le choix a été la voix de la mère. Nous confirmons [4] que ce positionnement n’exige en
rien la mise en place de la coordination sensori-motrice nécessaire au pilotage de l’action. Par
contre la coordination se manifeste autrement. La contingence opérante exige la contiguïté
temporelle issue sensorielle-forme d’action du sujet. L’indifférenciation du stimulus renforçateur
est un atout pour la variabilité des conditions d’installation d’une conduite. Des sujets en déficit
de stimulations ne sont pas définitivement privés de moyens de renforcement. Ainsi pour les
aveugles la transformation d’un événement lumineux en un événement tactile suffit s’il satisfait
à cette condition de la contingence de renforcement Cette exigence en éclaire une autre. On
sait que la stimulation tactile chez l’aveugle est d’autant plus efficace qu’il est maître de l’action
en cours. Dans ces conditions les issues sont celles des comportements en cours favorisant la
contiguïté. L’efficacité de la contingence requiert aussi le respect de propriétés corrélationnelles.
Elle consiste en la maximisation la probabilité conditionnelle émission de la réponse et
distribution du renforçateur. La manipulation améliore cette probabilité. Cette indifférenciation
du stimulus a un versant défavorable. Pour les enfants aveugles les stimulations distales sont hors
de portée tant que les déplacements du corps ne permettent pas de se rapprocher des sources de
stimulation. On s’attend à ce que ces déplacements s’imposent rapidement, ce qui est contraire aux
observations. Pourquoi ?. La contingence de renforcement induit la discrimination, l’engagement
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des réponses par des stimulus. Les déplacements du sujet sont contrôlés par cette fonctionnalité
des contingences. Les voyants n’ont pas l’avantage de disposer de la source de discrimination des
stimulus visuels des voyants. Cette discrimination opérante sur le comportement d’atteinte a été
mise en évidence [5]. Pour un sujet voyant non mobile l’environnement est composé d’objets
discriminant le comportement de saisie mais distants. Il favorise alors les aménagements de
l’environnement pour l’émergence de la mobilité. Privés de cette source d’aménagement de
l’environnement incitateur aux déplacements, il leur en faudra d’autre. Il reste à débrouiller le jeu
subtil de l’interaction de l’exercice des contingences de renforcement avec les changements dans
ces structures qui les rendent possible. On peut objecter que la contingence exige la présence d’un
comportement, donc impossible de comprendre l’apparition de comportements nouveaux par
l’invocation d’un mécanisme nécessitant la présence du comportement. En est-il vraiment ainsi ?
Pour s’en convaincre comparons les données de l’expérience sur le battement des jambes citées
plus avec celles de Rovee et al. [7] entre-autres par la distribution du renforçateur. Dans le cas
de ces deux auteurs le battement de la jambe produit le mouvement du mobile placé au-dessus
de l’enfant. Par contre chez Segond et al. [4] le renforçateur n’apparaît que pour une position
particulière dans l’espace. Les enfants tendent à « pointer » avec leur jambe la position de la cible
sur la paroi, chez Rovee et Fagen ils augmentent les battements. Une contingence façonne une
classe de comportements.
Le constat du polymorphisme du façonnage est-il contraire à la réalité du développement
du comportement. Ce développement n’est-il que la mise en place d’une séquence invariable
d’action ? Un patron stable de mouvements n’est que la construction de synergies d’actions. Les
expériences de Thelen et Smith sur le comportement d’atteinte confirment la variabilité intra et
interindividuelle de cette conduite, son origine dans les contraintes du moment de l’action. La
réalité de la production de la contingence de renforcement est conforme à celle de l’émergence
naturelle des conduites. Le cours des comportements stables semble suivre un apparent, favorisant
l’idée d’un développement. Les contingences de renforcement peuvent elles induire un ordre alors
que le hasard des situations suffit à la mise en place de contingences ? Y a-t-il alors un hasard
dans l’agencement des contingences de renforcement efficaces ? Pas vraiment, à un moment ti
l’organisme est à la fois sensible à certaines propriétés de l’environnement et dispose d’un répertoire
comportemental. Ces deux conditions contraignent les possibles. Aux conditions d’efficience des
contingences évoquées, s’ajoute l’établissement des valeurs renforçatrices des issues naturelles ou
sociales des comportements.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Références
1 Thelen, E . & Smith, L.B. (1994) A dynamic systems approach to the development of cognition and action. Cambridge
MA : MIT Press
2 Bijou, S.W. & Baer, D.M. (1978) Behavior Analysis of child development . Englewood Cliffs, NJ :Prentice Hall.
3 Darcheville, J.C. (2005) Comment les enfants parviennet ils à atteindre un objet dans l’espace. In C; Tihinus Blanc &
j. Bullier (EdS) Agir dans l’espace (pp 57-72). Paris: Editions de la Maison des Sciences de l’Homme
4 Segond, H., Sampaio, E., & Weiss, D. (2002). Les stimulations tactilo-somesthésiques issues du TVSS peuventelles motiver les comportements d’exploration du bébé ? Colloque du CERRALP, Recherche et Handicap. Lyon,
Université Lyon 2, 5-6 déc.
5 Clifton, R.K., Muir, D., Ashmead, D.H., & Clarkson, M.G. (1993). Is visually guided reaching in early infancy a myth ?
Child Development, 64, 1099-1110.
6 Gewirtz, J.L., & Peláez-Nogueras, M. (1992a). Infant social referencing as a learned process. In S. Feinman (Ed.), Social
referencing and the social construction of reality in infancy (pp. 151-173). New York: Plenum Publishing Co.
7 Rovee ,C.K. & Fagen, F.W. (1976) Extended conditioning and 24-hour retention in infants. Journal of Expérimental
child Psychology, 21, 1-11
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Analyse comportementale de l’attention conjointe : importance
dans le développement des conduites sociales chez le bébé et chez
l’enfant avec autisme
Rivière, Vinca (URECA, Université de Lille Nord de France), Cousin, Stéphanie (URECA, Université de Lille
Nord de France), Becquet, Mélissa (Service d’Accompagnement Comportemental Spécialisé, Villeneuve
d’Ascq), Peltret, Emilie (Service d’Accompagnement Comportemental Spécialisé, Villeneuve d’Ascq)
L’attention conjointe non verbale apparait chez le bébé typique entre 9 et 12 mois (Bakeman et al.,
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1984). Les premières formes topographiques de ce type de comportement sont les regards entre un objet
ou un événement de l’environnement du bébé et une personne familière. Au fur et à mesure, les regards
sont combinés avec des gestes vers l’objet ou l’événement et le bébé émet éventuellement différentes
combinaisons de verbalisation, de contacts oculaires, de pointage, d’approche ou le fait de montrer un
objet à une personne (Tomasello, 1995).
Selon la perspective cognitiviste, une caractéristique importante de l’attention conjointe est
que les actions de l’enfant sont dirigées vers le résultat du « partage de l’expérience » ou « partage de
la conscience » d’un objet ou d’un événement. Par contre, des comportements très similaires (regard,
gestes, vocalisations, etc.) ne peuvent être considérés comme de l’attention conjointe s’ils ne sont pas
dirigés vers le résultat d’un objet obtenu.
Une analyse comportementale de l’attention conjointe
Selon une perspective comportementale, l’item ou l’événement intéressant à partager peut être
vu comme un stimulus discriminatif pour les comportements d’initiations de l’enfant vers le parent
à propos de cet objet (par exemple, l’enfant pointe l’objet) et la conséquence de l’attention sociale du
parent (par exemple, regarder l’objet et ensuite l’enfant et sourire) peut être considérée comme ayant une
fonction de renforçateur positif pour le comportement d’initiation de l’enfant (Taylor et al., 2008). De
plus, le suivi de l’attention de l’adulte par l’enfant pour l’objet ou l’événement intéressant est maintenu
de la même façon par des renforçateurs sociaux positifs généralisés (par exemple, sourire, approbation,
verbalisations positives) ou par des renforçateurs négatifs (par exemple, dans le cas d’une situation
potentiellement aversive ou provoquant de l’anxiété, la réponse de l’adulte indiquant à l’enfant que
quelque chose n’est pas adapté) (Dube et al., 2004). Ainsi, la définition de l’attention conjointe proposée
peut être interprétée comme un « mand » (Skinner, 1957) pour obtenir que l’adulte prête attention à un
objet, à distinguer d’un « mand » pour obtenir l’objet lui-même.
Le développement des conduites sociales chez le bébé
Le rôle de l’environnement dans la mise en place de comportements sociaux a été bien étudié dans
le champ de l’analyse du comportement (Bijou & Baer, 1965). Ces comportements de discrimination
des indices perceptifs semblent essentiels au bon développement des comportements sociaux (Bartrip et
al., 2001). Nous savons que le bébé, très tôt, possède une capacité remarquable à discriminer parmi un
grand nombre de stimuli (par exemple pour les visages, Pascalis et al., 2002). Un exemple caractéristique
concerne l’expérience de Pascalis et al. (2005) que nous présenterons. Un autre exemple étudie l’effet
de l’expérience sur le développement de comportements de discrimination chez des patients avec une
cataracte congénitale, privés d’entrées sensorielles visuelles pendant les premiers mois de leur vie. Ces
sujets présentent des performances visuelles correctes pour les objets mais perturbées pour les visages
(Le Grand et al., 2001).
Le développement des conduites sociales chez l’enfant avec autisme
Certains troubles développementaux neurologiques, comme le spectre d’autisme, sont définis
par des critères comportementaux concernant l’altération des interactions sociales, l’altération de la
communication verbale et non verbale, ainsi que la présence de centres d’intérêt et d’activités limités. Les
perturbations observées au niveau des contacts oculaires et de la discrimination des expressions faciales
chez les enfants avec autisme peuvent être reliées à des perturbations de la perception qui engendrent
une altération de la communication sociale (Derrington et al., 2004).
Actuellement, les recherches en analyse du comportement appliquées aux troubles du
développement mettent en évidence l’apprentissage d’un nombre de réponses associées à l’attention
conjointe (Bruinsma et al., 2004). Nous présenterons différentes procédures utilisées pour développer
ces comportements (Kasari et al., 2006 ; MacDuff et al., 2007 ; Rivière et al. 2006).
De plus, plusieurs études mettent en évidence une relation entre une attention conjointe correcte
et l’acquisition du répertoire de vocabulaire (Morales et al., 2000) aussi bien que le développement
général du langage (Bono et al., 2004). Chez l’enfant avec autisme, ces types d’interactions réciproques
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sont considérablement perturbés (MacDonald et al., 2006). En fait, les déficits de l’attention conjointe
sont des éléments de diagnostics importants chez de jeunes enfants dont un membre de la fratrie est
touché par l’autisme (Baron-Cohen, et al., 1992). L’absence de ces réponses semble révélatrice d’un
trouble spécifique : l’impossibilité de présenter des échanges réciproques peut engendrer des troubles du
développement des interactions sociales plus complexes et des compétences langagières.
Les compétences d’attention conjointe sont des compétences fondamentales permettant la mise
en place d’autres topographies de comportements sociaux. L’analyse comportementale qui est proposée
dans la littérature scientifique a permis de développer des traitements comportementaux pour des sujets
présentant des troubles spécifiques des interactions sociales. Nous recréons ainsi les conditions de mise
en place des compétences sociales qui faisaient défaut, compétences fondamentales qui s’observent chez
le bébé dès l’âge de 9 mois.
Références
Bakeman, R., & Adamson, L. B. (1984). Coordinating attention to people and objects in mother-infant and peer-infant
interaction. Child Development, 55, 1278-1289.
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Bartrip, J., Morton, J., & De Schonen, S. (2001). Responses to mother’s face in 3-week to 5-month-old infants. British
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Bijou, S. W., & Baer, D. M. (1965). Child Development II: Universal stage of infancy. Englewood Cliffs, NJ: Prentice-Hall.
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Dube, W. V., MacDonald, R. P. F., Mansfield, R. C., Holcomb, W. L., & Ahearn, W. H. (2004). Toward a behavioral
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Kasari, C., Freeman, S., & Paparella, T. (2006). Joint attention and symbolic play in young children with autism: A
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Le Grand, R., Mondloch, C.J., Maurer, D., & Brent, H.P. (2001). Early visual experience and face processing. Nature,
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MacDonald, R., Anderson, J., Dube, W. V., Geckeler, A., Green, G., Holcomb, W., Mansfield, R., & Sanchez, J. (2006).
Behavioral assessment of joint attention: A methodological report. Research in Developmental Disabilities, 27, 138150.
MacDuff, J. L., Ledo, R., McClannahan, L. E., & Krantz, P. J. (2007). Using scripts and script-fading procedures to promote
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Morales, M., Mundy, P., Delgado, C. E. F., Yale, M., Messinger, D., Neal, R., & Schwartz, H. K. (2000). Responding
to joint attention across the 6- through 24-month age period and early language acquisition. Journal of Applied
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Mundy, P., Sigman, M., & Kasari, C. (1994).Joint attention, developmental level, and symptom presentation in autism.
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Pascalis, O., Scott, L.S., Kelly, D.J., Shannon, R.W., Nicholson, E., Coleman, M., et Nelson, C.A. (2005). Plasticity of face
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Taylor, B. A., & Hoch, H. (2008). Teaching children with autism to respond to and to initiate bids for joint attention.
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Tomasello, M. (1995). Joint attention in social cognition. In C. Moore & P J. Dunham (Eds.), Joint attention (pp. 103130). Hillsdale, NJ: Erlbaum.
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(23)50 ans d’intelligence artificielle
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Preux, Philippe (INRIA, Lille)
L’intelligence artificielle (IA) a officiellement un peu plus de 50 ans ; néanmoins, l’idée
d’une IA remonte au moins à Platon, soit environ 2300 ans de plus. Régulièrement des IA ont
été construites au fur et à mesure de l’avancement des technologies ; l’ordinateur basé sur des
composants électroniques n’est ainsi que la mécanique la plus récente hébergeant ce rêve. Il est
également notable combien l’idée de processus dynamiques en interaction et celle d’équivalence
entre « adaptation » et « intelligence » étaient courantes aux origines de l’IA sous le nom de
cybernétique. Ce courant de pensée a été éclipsé pendant près d’une trentaine d’années par le
courant cognitif. La notion d’adaptation est revenue en force dans les années 1990 : les réseaux de
neurones formels (RNF) renaissent alors qu’ils avaient été laissés pour une impasse en 1969, les
algorithmes bio-inspirés s’y sont largement développés (alors qu’ils sont nés dans les années 1960
également), ainsi que l’apprentissage par renforcement (AR). RNF et AR ont pris leur essor car des
algorithmes d’apprentissage ont été exhibés à partir de 1986. Assez rapidement, G. Tesauro a réalisé
une impressionnante synthèse de ces travaux dans son programme de joueur de Backgammon
auto-apprenant, TD-Gammon : TD-Gammon apprend par renforcement en suivant les principes
de la loi de l’effet et de la loi de Rescorla-Wagner, et l’apprentissage est « stocké » dans un RNF ;
TD-Gammon a battu des experts humains et il a même eu une influence sur le jeu des humains qui
ont observé son style ! À côté de cela, la victoire de Deep Blue sur Khasparov en 1998 est totalement
anedoctique : TD-Gammon a appris à jouer, alors que Deep Blue applique des règles.
L’essence de l’intelligence et de l’adaptation est le principe d’induction. On lit régulièrement
que l’intelligence requiert avant tout la capacité de détecter des ré­gu­la­ri­tés, c’est-à-dire, observer
des faits, et en tirer des règles générales, donc d’induire des règles générales à partir de faits. Cette
capacité de détection de régularités a connu une révolution depuis une dizaine d’années avec
l’apparition de l’apprentissage statistique consistant à utiliser les mathématiques, en particulier
les statistiques, pour apprendre, autrement dit estimer, ces régularités. Science de l’estimation, la
statistique est naturellement un outil conceptuel et une technique clé pour atteindre cet objectif.
TD-Gammon est un premier succès de cette approche basée sur les statistiques. Aujourd’hui, cette
approche basée sur les statistiques a permis d’avancer de manière très significative sur de nombreux
objectifs que s’était initialement fixé l’IA : compréhension de texte, traduction automatique de
texte, reconnaissance des formes, … Une application phare de l’apprentissage statistique est le
programme auto-apprenant de go Crazy Stone qui en quelques années a complétement transformé
le paysage des programmes de jeu de plateau, mais aussi des applications très populaires telles
le moteur de recherche Google, ou les systèmes de recommendation initialement proposés par
Amazon.
Après 50 ans, l’IA a donc (re-)découvert la voie de l’apprentissage et de l’adaptation qui se
basent sur des principes qui peuvent être considérés comme des formalisations de processus
biologico-psychologiques. Les mathématiques sont ici l’outil permettant d’observer, décrire et
fabriquer des machines apprenantes. Bien compris et bien manié, cet outil a permis d’obtenir
récemment, et rapidement, des résultats très significatifs en terme d’applications, mais aussi il
propose un éclairage renouvelé de ce qu’est l’intelligence ou au moins, comment on peut la simuler
dans des systèmes artificiels.
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Comportement, mouvement et conduite : implications
épistémologiques.
La définition des concepts de mouvement, comportement et conduite sont au centre d’une
série de malentendus, notamment entre les deux approches les plus importantes de la psychologie
expérimentale actuelle : le cognitivisme et le comportementalisme, l’expression même de « cognitivocomportementale » en étant l’exemple le plus paradigmatique.
Le présent travail se propose d’analyser les flagrantes erreurs catégorielles à l’origine de cette
confusion et de recadrer, sous un angle épistémologique, ces trois termes qui, à l’heure actuelle, renvoient
à des concepts différents lorsqu’ils sont définis par un cognitiviste ou par un comportementaliste.
Dans une optique traditionnelle, reprise (bien que reformulée) par le cognitivisme, le comportement
est considéré comme un mouvement, externe, public, objectif et mesurable, peu important en soi, mais
indispensable pour pouvoir étudier expérimentalement, par voie inférentielle, les processus cognitifs,
internes, privés et non directement observables, auxquels on réserve, par opposition à comportement,
le noble terme de « conduite ». Le comportement est donc la résultante visible d’un processus cognitif
invisible, et on est donc forcés d’y avoir recours en attendant qu’un jour, peut-être, les « miraculeuses »
techniques d’imagerie cérébrale permettent d’objectiver ces processus internes. Le comportement n’est
donc pas étudié par-lui même (il ne présente, aux yeux des cognitivistes, guère d’intérêt) mais en tant que
simple moyen d’investigation du processus de traitement de l’information, dont il est le témoin objectif.
La frontière qui sépare donc ces deux concepts (comportement et cognition) est celle de l’observabilité vs
non-observabilité. On notera par ailleurs que, dans cette optique, les processus cognitifs sont la cause et
les comportements la conséquence. Autrement dit, les premiers sont l’explication des seconds.
Dans une optique comportementale, le mouvement ne constitue pas un comportement, mais sa
seule composante topographique, sans grand intérêt. L’aspect essentiel du comportement est sa fonction,
c’est-à-dire, les changements qu’il va opérer dans l’environnement. De ce fait, deux erreurs catégorielles
principales sont mises à jour.
La première est celle qui consiste à créer deux catégories distinctes (cognition et comportement)
là où il n’y en a qu’une seule dans la mesure où, la ligne de démarcation de l’observabilité ne constitue
qu’une limitation de l’observateur et n’a pas, de ce fait, le pouvoir de générer deux catégories distinctes
(la réalité est indifférente aux limitations perceptives humaines et ne peut en aucun cas être catégorisé
en fonction de ces limites). Nous utiliserons la métaphore de l’iceberg, avec sa partie visible et sa partie
invisible, pour soutenir l’idée que les deux parties n’appartiennent pas à deux catégories différentes
du fait de leur observabilité vs non-observabilité. On notera par ailleurs que, dans cette optique, les
processus cognitifs ne font pas partie de l’explication mais de ce qui doit être expliqué.
La seconde erreur catégorielle est celle qui consiste à considérer que le comportement possède un
caractère spatial, une propriété d’extension, une res extensa, pour le dire avec les mots d’Aristote. C’est
cette prétendue res extensa qui permet de parler d’intérieur (cognition) ou d’extérieur (comportement).
Mais, dans la mesure où le comportement n’est pas conceptualisé par les comportementalistes comme
un mouvement, mais comme une interaction, il ne possède pas de res extensa et ne peut, par voie de
conséquence, être situé nulle part (pas plus à l’intérieur qu’à l’extérieur des organismes. En d’autres
termes, le comportement n’est pas une propriété essentielle des organismes (pas plus que le poids n’est
pas une propriété essentielle des corps) mais une propriété relationnelle, une interaction, en somme.
De la même manière qu’on ne confond pas la masse (propre à un corps) et son poids (résultante de
l’interaction entre la masse et une variable de l’environnement : la gravitation universelle) il est une erreur
fondamentale de confondre le mouvement (propre à un organisme) et le comportement (résultante de
l’interaction entre le mouvement et une variable environnementale).
Dans cette optique, l’expression même de « cognitivo-comportementale » constitue un non-sens et
traduit une confusion ontologique, épistémologique et méthodologique qu’il convient de lever au plus
vite pour faire avancer les connaissances, théoriques et appliquées, d’une science du comportement (au
sens comportementaliste du terme), dépassant ainsi des querelles stériles fondées sur des malentendus
qui pourraient (et devraient) être aisément levés.
Puisse cette communication humblement y contribuer.
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après-midi
Freixa I. Baqué, Esteve (Université de Picardie)
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Mercredi matin
Conférences invitées :
Elisabeth Pacherie
(Directeur de Recherche CNRS, Institut Jean-Nicod, École Normale Supérieure-Paris) Organisé avec la SOPHA.
Intentions prospectives et mémoire épisodique
Florence Pasquier
(Professeur des Universités, Neurologue, Service de Neurologie et Université Lille Nord de
France)
Maladie d’Alzheimer actualités et enjeux ?
mercredi
matin
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Symposium-Psychothérapie et psychologie :
quels liens autour de 1900 ?
Organisation de la session :
Saillot, Isabelle (Ipj).
Historique de la prise en charge du trauma
Kédia, Marianne (Université Paris X).
Aux origines de la psychologie du sport : la volonté, la solidarité, l’aliénation et
la gynécomastie
Lecocq, Gilles (Ileps).
Psychologie et psychothérapie selon Pierre Janet en 1919
Saillot, Isabelle (Ipj).
Rojo, Agueda (Hôp de Pontevedra, Espagne).
Résumé
Pour Pierre Janet (Les médications psychologiques, 1919) la psychothérapie est une « application » de
la psychologie. Il entend par là l’utilisation thérapeutique de « lois psychologiques » établies par la
recherche. Par exemple les approches par « économies » (repos, isolement, influence…), utilisent les lois
de l’équilibre entre force et tension, dont dépendent nombre de symptômes de la psychasténie, tandis que
les approches par « acquisitions » (rééducation, hypnotisme, excitation…) utilisent les lois du relèvement
de la tension, qui régissent des troubles de la personnalité et troubles dissociatifs (« hystérie »). Cette
vision des liens entre psychologie et psychothérapie a été sensiblement réduite, ultérieurement, par la
critique bachelardienne de toute notion d’« application » et par le double avènement d’une physique
et d’une psychologie statistiques rompant avec les « lois » du déterminisme laplacien. Pourtant il reste
instructif de comparer les perspectives qu’offraient ces réflexions il y a un siècle, avec notre situation
actuelle, sa lointaine héritière. En quoi par exemple se distingue une « psychologie appliquée » d’une
« recherche finalisée », et dans quelle mesure les psychothérapies contemporaines se rattachent à ces
deux notions. Notre symposium d’Histoire de la Psychologie tentera aussi d’éclairer ces débats actuels.
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mercredi
matin
La médecine psychologique après Charcot
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Historique de la prise en charge du trauma
mercredi
matin
Kédia, Marianne (Université Paris X).
Étudier l’histoire de la prise en charge du trauma en psychiatrie permet d’observer la difficulté
de cette discipline à faire face à l’idée que la réalité peut durablement et profondément altérer le
psychisme et la biologie des sujets. Cela permet également de mettre en relief la profonde influence
exercée par le contexte social, historique et souvent politique, sur les théories psychologiques.
Les premières études scientifiques sur le traumatisme remontent à la fin du 19ème siècle
et portent alors souvent sur les victimes d’accidents de chemin de fer. D’emblée, la question de
l’étiologie des troubles se pose : est-elle organique ou psychologique ? est-ce l’événement luimême ou son interprétation qui provoque les symptômes ? certains individus présentent-ils des
vulnérabilités ?
Oppenheim en 1889 est le premier à parler de la « névrose traumatique », qu’il décrit dans
une perspective organiciste. En France, Charcot (1887) de son côté rapproche le « choc nerveux »
traumatique de l’hystérie, et de l’état hypnotique. Ce sujet est développé par Pierre Janet dont les
travaux influencent de très nombreux chercheurs, parmi lesquels Sigmund Freud.
Freud reconnaît l’importance du trauma sur le développement psycho-affectif, mais c’est
au complexe d’Œdipe qu’il accorde finalement le premier rôle dans l’étiologie des névroses. À
l’exception notable de Ferenczi, la psychiatrie a alors eu tendance à ignorer les traumas réels au
profit de la théorie du fantasme.
Les avancées notables dans le champ du psychotraumatisme apparaissent alors dans
le domaine de la psychiatrie militaire, à la suite des deux guerres mondiales et de la guerre du
Vietnam. Dans les années 1970, avec l’émergence des mouvements féministes, les premières études
sur le viol voient le jour. À la même époque, d’autres auteurs s’intéressent aux enfants battus. Dans
les années 1980, avec le DSM, une synthèse des différents syndromes traumatiques (« du viol »,
« des femmes battues » et « des vétérans du Vietnam ») est proposée sous le nom de Post-Traumatic
Stress Disorder, et raccordée de façon discutable à la catégorie des troubles anxieux.
À l’heure actuelle, certains spécialistes du psychotraumatisme se battent pour la reconnaissance
du diagnostic de « trauma complexe », c’est-à-dire d’une modification profonde de la personnalité,
observable chez les sujets ayant vécu des expériences traumatiques de longue durée, telle que la
maltraitance infantile ou l’inceste.
Cet historique met donc en lumière le fait que la conceptualisation du trauma à travers les
âges est extrêmement dépendante des contextes culturels, sociaux, historiques et politiques. Notre
début de 21ème siècle n’échappe pas à cette règle, et nous essaierons de réfléchir à l’impact de ces
conceptions sur les prises en charge proposées aux patients.
Aux origines de la psychologie du sport : la volonté, la solidarité,
l’aliénation et la gynécomastie
Lecocq, Gilles (Ileps).
Lorsque la France obtient la sixième place au classement général des Jeux Olympiques de
Stockholm en 1912, des voix s’élèvent pour s’interroger sur les raisons d’un tel classement et sur les
effets de la pratique sportive sur la santé des sujets humains. Des voix s’élèveront pour comparer
les Jeux Olympiques à une exhibition foraine mondiale du « double muscle gynécomaste » en
reprenant la notion de gynécomastie développée quelques années auparavant (Laurent, 1894).
La recherche du record à tout prix et de l’homme rare nécessitent la création d’écuries d’athlètes
professionnels qui sont sélectionnés sur leurs monstruosités qui distinguent les hommes entre eux
plutôt que de les rapprocher. L’exaltation de la musculation atténue la cérébration et ne permet
donc pas de former les athlètes intellectuels qui font les grandes nations (Tissié, 1912).
C’est à partir de cette vision critique du sport que nous nous intéresserons à la façon dont deux
événements, la création de la Ligue Girondine de l’éducation physique en 1888 et la renaissance de
l’idée des Jeux Olympiques en 1894, vont permettre l’émergence de deux conceptions radicalement
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opposées de la psychologie du sport et de l’exercice physique. Ce sera ainsi l’occasion d’apprécier de
quelles manières, entre l’eugénisme et le délit de faciès, la motricité humaine va devenir à l’aube du
vingtième siècle le fleuron d’une société qui souhaite être fière de sa jeunesse et d’elle-même (Lecocq
& Pociello, 2004). Ainsi, entre des essais de psychologie sportive (Coubertin, 1913) et des thèses à
propos des aliénés-voyageurs (Tissié, 1887), nous préciserons dans un premier temps la place que
tiennent les pratiques sportives dans la ré-éducation des corps des personnes ab-normales à l’aube
du XXème siècle. C’est dans un deuxième temps que nous identifierons les liens que la psychologie
du sport et de l’exercice a entretenu dès ses origines avec une psychologie politique développant
la notion de solidarité (Bourgeois, 1896) et une psychologie scientifique développant la notion
de volonté (Ribot, 1883). C’est dans un dernier temps que nous préciserons en quoi le processus
de l’automatisme psychologique développé par P. Janet peut favoriser l’émergence conjointe de
performances et de contre-performances sportives (Janet, 1889).
Saillot, Isabelle (Ipj).
« La médecine psychologique », 1923, constitue la version résumée du livre « Les médications
psychologiques » publiées en 1919. Cette version abrégée, récemment rééditée, est remarquable
par sa concision, sa densité et son humour, c’est elle qui sera citée ici. Centrés sur les principes,
les indications et l’efficacité des psychothérapies, ces deux ouvrages réservent néanmoins une
large part à l’histoire érudite des différents traitements, construisant naturellement un cadre
épistémologique des liens entre psychologie et psychothérapie.
Pour Janet, l’histoire de la psychothérapie est celle d’un progrès. Mais ce progrès ne réside
pas tant dans la découverte de nouveaux traitements que dans la prise de conscience des lois
psychologiques qui étaient depuis longtemps à l’œuvre dans des traitements déjà anciens, à l’insu
du thérapeute et du patient. Par exemple, l’hypnotisme dérivant historiquement du mesmérisme,
Janet remarque que « le magnétisme et l’hypnotisme […] portent en somme sur le même
phénomène […] mais ce qui caractérise l’hypnotisme c’est d’abord […] qu’il cherche à éliminer
le merveilleux, l’occulte, […] et ensuite qu’il explique les faits par des phénomènes et par des lois
psychologiques » (p. 13).
Par conséquent selon Janet les progrès de la psychothérapie ont jusqu’à présent surtout
consisté à extraire des lois psychologiques de pratiques déjà en cours, mais qui méconnaissaient
leurs propres facteurs d’efficacité : « La thériaque […] était un médicament universel que l’on
pouvait employer dans tous les cas possibles, parce qu’on y faisait entrer par centaines toutes les
substances actives que l’on connaissait […] Les méthodes de thérapeutique que je viens d’étudier
me semblent identiques à une sorte de thériaque psychologique, […] il ne faut pas être étonné si
elles ne réussissent pas toujours » (p. 75 – 76).
Par l’utilisation qu’elle fait des « lois psychologiques », la psychothérapie se définit pour Janet,
finalement, comme « une application de la science psychologique », ou ainsi que nous le dirions
aujourd’hui, comme une « psychologie appliquée ». En effet, « la psychothérapie est un ensem­ble
de procédés thérapeutiques […] aussi bien physiques que moraux, applicables à des maladies aussi
bien physiques que morales, procédés déterminés par la considération de faits psychologiques […]
et des lois qui règlent le développement de ces faits » (p. 157).
Dès les années 1930 Bachelard amorçait sa critique radicale de la notion d’« application »,
montrant toutes les insuffisances de ce concept. Pour autant Janet est-il tout à fait prisonnier de
cette ancienne « division classique qui séparait la théorie de son application » (Bachelard, 1938,
La formation de l’esprit scientifique, p. 61) ? Autrement dit pour Janet le savoir psychologique ne
peut-il que « descendre » de la psychologie à la psychothérapie ?
Il n’en est rien et Janet place l’expérimentation psychothérapeutique au centre de l’élaboration
d’un savoir psychologique par la psychothérapie, lequel « remonte » ensuite de l’appliqué au
fondamental :
« Les tentatives thérapeutiques constituent souvent de véritables expériences psy­chologiques
[…] les recherches sur […] les hypnotismes ont précisé la notion des tendances et celle de
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Psychologie et psychothérapie selon Pierre Janet en 1919
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l’automatisme psychologique, d’autres thérapeutiques semblent avoir mis en évidence des notions
importantes relatives aux forces psycho­logiques et à la dépense de ces forces » (p. 78).
On assiste donc là au mouvement inverse, celui selon lequel la psychologie pourrait être
vue comme de la « psychothérapie appliquée ». Ces conceptions janétiennes impliquent que les
psychothérapies publient leurs méthodes et leurs résultats dans des revues de recherche, de sorte
d’alimenter les savoirs que la psychologie pourra exploiter. Une question qui ne manquerait pas
d’éclairer certains de nos débats contemporains.
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Rojo, Agueda (Hôp de Pontevedra, Espagne).
Suite à la mort de Charcot en 1893, dans le milieu médical européen, il existait déjà un
changement de mentalité, en faveur des idées de Bernheim. Ce fait supposa un coup dur à la
construction théorique de l’école de la Salpêtrière, un échec dans l’explication de l’hystérie à partir
des suppositions de la mentalité anatomo-clinique basée sur l’hypothèse de la « lésion dynamique ».
Suite à ce que le propre Charcot dénomma les « paralysies hystéro-traumatiques » de nouvelles
perspectives s’ouvrirent aux études de la conception psychogénique de la maladie mentale et le
vide laissé à la suite de l’effondrement de la doctrine charcotienne fut comblé. Janet fut le principal
auteur de cette nouvelle conception des névroses, et on constate tout au long de son œuvre un
changement dans ses théories conduisant à l’usage de l’automatisme de la psychothérapie des
névroses hystériques. En revanche, d’autres auteurs ne firent que reprendre les formulations de
l’étape antérieure, Gilles de la Tourette notamment. Babinski fut l’instigateur de l’épuration du
champ clinique de l’hystérie et la rénovation de son traitement de la médecine en langue française
fut représentée par Paul Dubois et Jules Joseph Déjerine.
Grasset[1] fut le chef de file des auteurs qui cherchaient à concilier les nouvelles théories
psychogéniques avec une formulation neurologique. D’autre part nous pouvons mentionner le
neurologue P.Solier[2], qui s’efforça de souligner le caractère purement organique de l’hystérie.
Dans sa thèse de philosophie, L’Automatisme psychologique (1889)[3], Janet utilise
l’hypnotisme comme un domaine de recherche plus approprié, le considérant un phénomène
pathologique, identique aux manifestations des hystériques. Il s’oppose aux hypothèses de Binet et
Féré et défend, en se basant sur la conception dynamique de Maine de Biran[4], que la suggestibilité
est plutôt un signe de faiblesse que de force des phénomènes psychologiques. Il faut attendre 1898
pour qu’il affirme que la recherche psychologique était bien plus avancée que la recherche biologique
pour expliquer les symptômes de l’hystérie. Janet recommande même l’utilisation thérapeutique
de l’hypnotisme et la suggestion. Défenseur dans Les Médications psychologiques, de l’hypnotisme
et de la suggestion comme instruments de psychothérapie, Janet reconnaît que les accidents qui lui
ont permis d’obtenir de meilleurs résultats sont les crises d’hystérie et particulièrement les attaques
délirantes sous forme de somnambulisme. Il affirme que “la suggestion nous permet d’entrer
pleinement dans la période scientifique de la psychothérapie[5]”.
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La médecine psychologique après Charcot
Références
Grasset, J. Le psychisme inferieur. Etude de physiopathologie des centres psychiques. Paris (1906)
Sollier, P. Faits nouveaux relatifs à la nature de l’hystérie. Rev. Neurol., II (1894)
[3]
Janet, P (1889/1989). L’Automatisme psychologique. 1ère Réimpression. Paris: Éditions Odile Jacob
[4]
Maine de Biran, P (2001). Œuvres inédites, II. Essai sur les fondements de la psychologie. Paris: Librairie Philosophique
J. Vrin
[5]
Janet, P (1919/1986). Les Médications Psychologiques. Études historiques, psychologiques et cliniques sur les
méthodes de la psychothérapie. Paris: Félix Alcan, p. 343.
[1]
[2]
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Symposium-Prise en charge médico-psychosociale de la personne cérébro-lésée :
Quel accompagnement après la sortie de
l’hôpital ?
Organisation de la session :
Parache, Marianne (Centre hospitalier de réadaptation et de psychiatrie du Brabant Wallon), ChartauxDanjou, Laurence (Unité d’evaluation de réentraînement et d’orientation socio-professionnelle, Lille),
Delecroix, Hélène (Unité d’evaluation de réentraînement et d’orientation socio-professionnelle, Lille),
Leger-d’angelo, Stéphanie (Service « auprès TC » - eps les Érables –La Bassée – France), Schrevel-Berlinson,
Stéphanie (Service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés r’éveil –Lille).
Dépistage des troubles cognitifs et comportementaux lors d’un entretien
individuel à distance de l’accident cérébral
Parache, Marianne (Chrpbw Wavre).
mercredi
matin
Pourquoi compléter l’évaluation neuropsychologique classique à distance du
traumatisme crânien ? adaptation du test mnésique rl/ri 16 items pour un rappel
à 7 jours.
Chartaux-Danjou, Laurence (Unité d’evaluation, de réentraînement et d’orientation socio-professionnelle,
Lille), Delecroix, Hélène (Unité d’evaluation, de réentraînement et d’orientation socio-professionnelle,
Lille), Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies CNRS UPR 8140
Université Lille Nord de France).
Quelle évaluation pour l’autonomie chez une personne cérébro-lésée lors de la
reprise du cours de la vie. exemple du questionnaire « danel ».
Delecroix, Hélène (Unité d’evaluation, de réentraînement et d’orientation socio-professionnelle, Lille),
Schrevel-Berlinson, Stéphanie (service d’accompagnement médico-social pour adulte handicapé,
Lille), Chartaux-Danjou, Laurence (Unité d’evaluation, de réentraînement et d’orientation socioprofessionnelle, Lille), Danel-Gronier, Delphine (Unité d’evaluation, de réentraînement et d’orientation
socio-professionnelle, Lille), Coello, Yann (UREA, Université Lille Nord de France ).
Évaluation des situations de handicap chez la personne traumatisée crânienne
et organisation du projet d’accompagnement individualisé après le retour à
domicile
Leger-d’Angelo, Stéphanie (Neuropsychologue, eps les erables, service médico-psycho-social « auprès-tc »,
Lille).
Applications concrètes pour limiter les répercussions du handicap invisible dans
la vie quotidienne.
Schrevel-Berlinson, Stéphanie (Service d’accompagnement médico-social pour adulte handicapé, Lille).
Résumé
Ce symposium a pour objectif de présenter l’accompagnement médico-psycho-social de la
personne cérébro-lésée après la sortie de l’hôpital, au stade séquellaire. Les différentes interventions
individuelles ont été pensées chronologiquement afin d’évoquer initialement le dépistage des
problématiques spécifiques de cette population, puis de présenter les moyens d’évaluation (leurs
limites et la création de nouveaux outils), la mise en place des équipes de professionnels dans le
cadre d’un accompagnement personnalisé, et enfin, les techniques concrètes et pragmatiques
utilisées sur le terrain par les professionnels.
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Parache, Marianne (Chrpbw Wavre).
Dépister les troubles cognitivo-comportementaux chez des patients cérébrolésé à distance
de leur lésion cérébrale lors d’un entretien particulier que ce soit en médecine générale, lors d’un
entretien psychologique ou voire chez un kinésithérapeute peut s’avérer particulièrement difficile.
La première chose indispensable est la recherche volontaire de telles séquelles. L’outil principal
permettant d’identifier des signes évocateurs de difficultés d’ordre cognitivo-comportementale
est l’interrogatoire du cérébro-lésé complété d’une hétéroanamnèse de l’entourage quand cela
est possible. Certains items sont plus spécifiques que d’autres à savoir tout ce qui traduit une
modification voire une rupture avec la situation préalable. Exemples : agressivité, apathie,
dépression, nouvelles dépendances (alcool, drogues), divorce, décrochage scolaire, perte d’emploi,
… En effet on rappellera que l’individu fonctionne dans un système familial, social, professionnel
et que la recherche des nouvelles interactions au sein des différents systèmes permet une approche
plus globale des séquelles invisibles d’une cérébrolésion. L’objectif ultime étant d’accompagner au
mieux la personne cérébrolésée dans son parcours de vie, de l’aider à avoir un projet cohérent
avec ses capacités actuelles et ce quelque soit notre orientation professionnelle. Pouvoir la référer
à une consultation spécialisée ou faire un relais avec une équipe d’accompagnement à domicile,
pouvoir la réorienter de manière précise dans la sphère socioprofessionnelle ou tout simplement
répondre à ses nombreuses interrogations sont là autant d’éléments qu’il convient de ne pas
négliger. Quant aux outils plus d’ordre métrique, le seul davantage connu et utilisable facilement
est le MMS. Toutefois il n’a pas été créé pour ce profil de personne (plutôt pour les démences) et
n’évalue qu’une partie des troubles cognitifs. Par ailleurs on rappellera également qu’il n’existe
pas toujours une corrélation entre les performances à un bilan psychométrique et celles d’une
évaluation plus écologique. En conclusion il nous revient d’être vigilant lorsque nous sommes
amenés à rencontrer une personne cérébrolésée aux éléments évocateurs de séquelles cognitivocomportementales pas toujours identifiables au premier coup d’œil et ce afin de proposer à cette
personne un accompagnement performant.
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Dépistage des troubles cognitifs et comportementaux lors d’un
entretien individuel à distance de l’accident cérébral
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Pourquoi compléter l’évaluation neuropsychologique classique à
distance du traumatisme crânien ? adaptation du test mnésique rl/ri
16 items pour un rappel à 7 jours.
Chartaux-Danjou, Laurence (Unité d’évaluation, de réentraînement et d’orientation socioprofessionnelle
Lille), Delecroix, Hélène (Unité d’évaluation , de réentraînement et d’orientation socioprofessionnelle
Lille), Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies cnrs upr 8140
université Lille 3).
Résumé
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Cette étude porte sur l’évaluation de la consolidation mnésique à long terme chez des personnes victimes
d’un traumatisme crânien. Cette évaluation, envisagée comme un complément au test mnésique RL/
RI 16 items, propose l’ajout d’un rappel différé à sept jours. Les résultats indiquent, d’une part, que
l’interprétation clinique faite à partir des scores bruts peut être différente de celle réalisée à partir du
calcul des taux d’oubli et, d’autre part, que l’interprétation clinique de la consolidation mnésique à une
semaine peut être différente de celle initialement effectuée à trente minutes, ces résultats concernant
plus d’un tiers des patients. Les bilans cognitifs étant utilisés pour la reconnaissance du handicap des
traumatisés crâniens au stade séquellaire, le développement de ce type d’outil vise à objectiver plus
précisément les difficultés de ces patients, lesquelles peuvent être rencontrées en vie quotidienne.
Introduction
Classiquement, après la sortie du milieu hospitalier, l’évaluation cognitive d’une personne
victime d’un traumatisme crânien se déroule sur quelques heures. La consolidation des
apprentissages en mémoire épisodique est alors évaluée par un rappel d’informations apprises
dans l’heure précédente. Hors les plaintes des patients et les observations cliniques questionnent
sur l’existence de difficultés de consolidation mnésique à plus long terme. L’amnésie à long terme
(ALT), qui est l’oubli anormalement rapide d’informations correctement apprises provoqué par
un déficit des capacités de consolidation mnésique dû au temps, a notamment été décrite chez
un patient traumatisé crânien et épileptique (Mayes et al., 2003). Les patients souffrant d’ALT
oublient les informations apprises au delà d’un délai de quelques jours ou quelques semaines.
Cet oubli est préférentiellement observé lors d’une tâche de rappel libre et s’apparente à un déficit
de consolidation. Lors d’une précédente étude (Danjou et al., 2006) nous avons proposé à des
personnes traumatisées crâniennes des rappels différés à trente minutes puis sept jours comme
extension du test d’évaluation de la mémoire épisodique verbale RL/RI 16items (Van der Linden et
al.,2004) montrant l’existence d’une ALT chez les patients TC. Notre présente étude vise à évaluer
les répercussions en terme d’interprétation clinique de ces données, en se référant à la norme des
sujets sains pour les rappels à trente minutes et à une semaine du test RL/RI 16items (Moroni et
al, soumis).
Méthode et Matériel
Quatre-vingt personnes traumatisées crâniennes (TC) âgées de 18 à 49 ans ont participé à une
épreuve de rappels libres et indicés immédiatement, trente minutes puis sept jours après l’épisode
d’apprentissage. Les taux d’oubli à trente minutes et à sept jours, ont été calculés.
L’analyse non paramétrique compare, premièrement, les effectifs de patients ayant une
performance normale ou pathologique aux scores bruts obtenus en rappels (libre et total) versus
aux taux d’oubli correspondants et, deuxièmement, les effectifs de patients ayant une performance
normale ou pathologique à 7 jours versus à 30 minutes, ceci pour les scores en rappels (libres et
total) et les taux d’oubli correspondants.
Résultats
- Concernant la comparaison de l’utilisation des taux d’oubli versus les scores bruts en terme
de décision clinique :
Selon les variables, la différence d’interprétation clinique concerne jusqu’à 30 % des patients.
Les patients ayant un taux d’oubli dans la norme tandis que le score brut était pathologique sont
significativement plus nombreux que ceux présentant un taux d’oubli pathologique avec une
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performance brute normale, ceci pour les rappels libres (30 minutes, 7 jours) et le rappel total à
30 minutes.
- Concernant la comparaison des rappels à 7 jours versus ceux réalisés à 30 minutes :
Selon les mesures, la différence d’interprétation clinique concerne jusqu’à 37 % des patients.
Les patients ayant une performance déficitaire à 7 jours tandis qu’elle était dans la norme à 30
minutes sont significativement plus nombreux que ceux présentant une performance déficitaire à
7 jours mais normale à 30 minutes, ceci pour le score en rappel total et les taux d’oubli (en rappels
libre et total).
En se basant sur la qualité de l’apprentissage initial, le calcul des taux d’oubli apparaît une
mesure pertinente de la consolidation mnésique à long terme. L’évaluation complémentaire à 7
jours met en évidence des défauts de consolidation mnésique chez des patients dont les scores à 30
minutes étaient dans la norme.
L’amnésie à long terme peut donc être sous-évaluée lors de la passation d’un bilan cognitif se
déroulant sur une seule séance. Dans la mesure où les bilans neuropsychologiques de personnes
victimes d’un traumatisme crânien peuvent être utilisés à différentes fins (reprise d’une activité
professionnelle, expertise dans le cadre de procédures judiciaires liées à l’accident…), il apparaît
nécessaire d’utiliser des outils pour évaluer la consolidation mnésique à plus long terme. L’intérêt
de compléter ainsi l’évaluation cognitive est d’objectiver davantage les plaintes des traumatisés
crâniens dans leur vie quotidienne, afin d’améliorer la prise en charge de leurs séquelles relevant
du « handicap invisible ».
Références
Danjou, L., Delecroix, H., & Moroni, C. (2006), Traumatisme crânien et amnésie à long terme. Société de neuropsychologie
de langue Française, session d’hiver, Paris, 1 décembre 2006
Mayes, A.R., Isaac, C.L., Holdstock, J.S., Cariga, P., Gummer, A. & Roberts, N. (2003). Long-term amnesia : a review and
detailed illustrative case study. Cortex, 39, 567 – 603.
Moroni, C., Chartaux-Danjou, L., Mecheri, H., Delecroix, H., & Noulhiane, M. (2009). Extension to One Week of
Memory Consolidation Assessment, soumis.
Van der Linden, M., Coyette, F., Pointrenaud, J., Kalafat, M., Calicis, F., Wyns, C. & Adam, S. (2004). L’épreuve de
rappel libre/rappel indicé à 16 items (RL/RI 16 items). In M. Van der Linden et les membres du GREMEM (Eds),
L’évaluation des troubles de la mémoire (pp 25-47). Marseille : Solal.
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Discussion
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Quelle évaluation pour l’autonomie chez une personne cérébrolésée lors de la reprise du cours de la vie. Exemple du questionnaire
« danel ».
Delecroix, Hélène ((1) unité d’évaluation, de réentraînement et d’orientation socioprofessionnelle pour
personnes céréb), Schrevel-Berlinson, Stéphanie ((2) service d’accompagnement médico-social pour adulte
handicapé (samsah) – centre Vauban – 199-201), Chartaux-Danjou, Laurence ((1) unité d’évaluation,
de réentraînement et d’orientation socioprofessionnelle pour personnes céréb), Danel-Gronier, Delphine
((3) unité d’évaluation, de réentraînement et d’orientation socioprofessionnelle pour personnes céréb),
Coello, Yann ((4) université Charles-de-Gaulle – Lille III – ufr de psychologie - laboratoire ureca – 59653
Villeneuve d’Ascq).
Résumé
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matin
Le but de cette recherche a été d’évaluer la capacité des tests neuropsychologiques à prédire l’autonomie
à long terme des personnes cérébrolésées (Traumatisme Crânien, Accident Vasculaire Cérébral).
Les résultats suggèrent que les tests neuropsychologiques classiquement utilisés ne permettent pas
toujours de déterminer les capacités d’autonomie de la personne cérébrolésée.
Des évaluations écologiques ou des questionnaires comme le DANEL doivent venir compléter le bilan
neuropsychologique. Le DANEL, nouveau questionnaire de dépistage d’une autonomie modifiée,
représente un outil approprié pour déterminer le besoin d’évaluation écologique.
Ces résultats préliminaires nous encouragent actuellement à augmenter l’effectif de notre population et
de réaliser par ailleurs, une étude des qualités métrologiques du questionnaire.
Présentation de l’outil / Historique
Né d’un constat empirique des Unités d’Evaluation, de Réentraînement et d’Orientation
Socioprofessionnelle (UEROS) pour personnes cérébro-lésées, le questionnaire DANEL est un
outil de dépistage de problèmes d’autonomie consécutifs à une pathologie neurologique au stade
séquellaire, autrement dit après le retour à domicile.
Originalité de l’outil : prise en compte du trouble de l’initiative
Dans notre approche (Poupet, 1997), l’autonomie se définit comme la capacité d’une personne
de « POUVOIR » faire une activité, mais aussi de « VOULOIR » la réaliser, dans le sens d’une prise
d’initiative par la personne elle-même. Ainsi, le DANEL a pour but d’apprécier si la personne a
besoin de l’aide d’autrui pour la superviser, pour effectuer tout ou partie d’une activité mais aussi
pour l’initier dans une action. L’originalité du DANEL réside dans sa cotation qui prend en compte
le défaut d’initiative pouvant être fréquemment rencontré après une lésion cérébrale, notamment
après atteinte des lobes frontaux ou des boucles fronto-striées (Le Gall et al ; 1987 ; Bathia et al ;
1994). Le trouble de l’initiative encore appelé « absence de comportement volontaire » peut se
définir comme « une réduction du champ comportemental et de la communication en situation
auto-générée pouvant être en tout ou partie renversée par l’hétéro-stimulation » (Litvan et al ;
1998 ; Aarsland et al ; 2001 ; Laplane et al ; 1992).
Choix des items
Les items ont été sélectionnés après une première étude visant le recensement des problèmes
d’autonomie les plus souvent évoqués (Danel-Gronier et al, 2003).
Le DANEL se centre davantage sur les items « élaborés » qui sont plus nombreux et
fréquemment évoqués par les intéressés ou leurs proches comme étant problématique au quotidien.
Dans l’étude en cours qui nous intéresse (2009-2010), il s’agit d’obtenir à moyen terme des chiffres
montrant que l’impact d’un handicap sensori-moteur et/ou cognitif autrement appelé la réduction
de participation (Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF),
publiée par l’Organisation Mondiale de la Santé en 2001) ne se situent pas uniquement au niveau
des actes élémentaires. L’entourage peut être sollicité, et parfois dans des proportions importantes,
au quotidien, pour aider à réaliser tout ou partie de ces activités élaborées.
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En 2003, Danel-Gronier et collaborateurs (étude berckoise) proposent une première étude
de validité en comparant le DANEL (appelé à l’époque la QAGA : Questionnaire d’Autonomie
Générale et Approfondi) avec l’IADL-E/ADL-E (Lawton et al ; 1969). Sur les vingt personnes
évaluées aux deux questionnaires, aucune n’apparaît complètement autonome, et ceci se vérifie
dans chacun des deux questionnaires.
Par ailleurs, une étude récente (Delecroix, Coello ; 2008 ; Delecroix & al ; 2009) sur 47 personnes
cérébrolésées a pu montrer la validité de notre outil (Alpha de cronbach à 0,87). Cette étude a
également objectivé d’une part une bonne corrélation entre la GOS (Jennett B, Bond M, 1975) et
les résultats au DANEL ; en revanche, elle a montré une faible corrélation entre les performances
aux tests neuropsychologiques classiquement utilisés et les résultats à notre questionnaire pour
mesurer les problèmes d’autonomie. Ce dernier résultat doit encourager les professionnels à
choisir des outils adaptés en orientant l’évaluation davantage vers un bilan cognitif ou vers une
évaluation de l’autonomie en fonction du projet de la personne cérébrolésée.
Ces résultats préliminaires nous encouragent actuellement à augmenter l’effectif de notre
population et de réaliser par ailleurs, une étude des qualités métrologiques du questionnaire. Les
résultats qui seront présentés prochainement concerneront notamment la fidélité interjuges, la
fidélité test-retest, la cohérence interne et la validité concourante. L’étude corrélationnelle sera à
nouveau réalisée avec un plus grand nombre de sujets.
Références
Aarsland D., Ballard C., McKeith I., Perry RH., Larsen JP. (2001). Comparison of extrapyramidal signs in dementia with
Lewy bodies and Parkinson’s disease. J Neuropsychiatry Clin Neurosci. 13:374-379.
Bathia, K.P., Marsden, C.D. (1994). The behavioural and motor consequences of local lesions of the basal ganglia in man.
Brain, 117 : 859-76.
Danel-Gronier, D., Czternasty, G. (2003). Le QAGA : Questionnaire d’Autonomie Générale et Approfondie – Mémoire
de DEA – Université d’Amiens.
Delecroix, H., Coello, Y. (2008). Bilan neuropsychologique et questionnaire d’autonomie de la personne cérébrolésée :
étude du potentiel de réinsertion à partir d’une approche corrélationnelle – Mémoire de M2– Université d’Amiens
Delecroix, H., Schrevel-Berlinson S., Chartaux-Danjou, L., Danel-Gronier, D. & Coello, Y. (2009). Autonomie dans les
actes élaborés de la vie quotidienne de la personne cérébro-lésée : quelle évaluation ? (Bilan neuropsychologique
VS nouveau questionnaire d’autonomie) – Congrès SOFMER – Annales de médecine physique et de réadaptation.
Dutil, E., Bottari, C., & Gaudreault, C. (2003). Profil des AVQ – version 3 – Éditions Emersion, Québec.
Jennett, B., Bond, M. “Assessment of outcome after severe brain damage.” Lancet 1975 Mar 1 ;1(7905) :480-4
Laplane, D., Baulac, M., Pillon, B., & al (1982) Perte d’Auto-Activation Psychique et activités compulsives d’allures
obsessionnelles par lésions bilatérales des noyaux lenticulaires. Revue Neurologique, 138, 137-141
Lawton, M.P. & Brody, E. (1969). Assessment of older people : self maintaining and instrumental activities of daily living.
Gerontologist ; 9 : 179-86.
Le Gall D., Joseph, P.A., Truelle J.L. (1987). Le syndrome frontal post-traumatique : lésions frontales et troubles psychocomportementaux secondaires aux traumatismes cranio-cérébraux. Neuro-Psy, vol. 12, n°4, pp. 257-265.
Litvan I, Cummings JL, Mega M., (1998) Neuropsychiatric features of corticobasal degeneration. J Neurol Neurosurg
Psychiatry. 1998 Nov ;65(5) :717-21
Poupet, JY. La grille AGGIR, outil moderne d’évaluation de l’autonomie des personnes âgées, les dossiers du RNR, 1997,
19 : 39-43.
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Études préalables, résultats et recherches en cours
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Évaluation des situations de handicap chez la personne traumatisée
crânienne et organisation du projet d’accompagnement
individualisé après le retour à domicile
mercredi
matin
Leger-d’Angelo, Stéphanie (Neuropsychologue, eps Les Érables, service médico-psycho-social « auprès-tc »,
Lille).
L’évolution du cadre législatif et la complexité des situations de handicap rencontrées dans
le cadre du traumatisme crânien grave amènent les établissements et services médico-sociaux à
mettre en place des projets de vie personnalisés en direction des personnes prises en charge. Les
résultats aux évaluations spécifiques des difficultés (cognitives, physiques, comportementales et
psychologiques), mettant en avant les capacités et incapacités de la personne, s’associent à ses
aspirations, envies et besoins pour dessiner son projet de vie. La mise en avant des situations de
handicap, par les évaluations d’abord dans un but de dépistage puis de manière approfondie,
devient des pistes d’orientation et organise le projet de la personne après son retour à domicile.
Concrétiser un projet de vie ou Projet d’Accompagnement Individualisé (PAI), en collaboration
avec l’entourage familial de la personne, c’est le décomposer en sous-ensemble à accomplir pour
atteindre un objectif final et mettre en forme des moyens pour parvenir à sa résolution : accueil de
jour, atelier thérapeutique collectif, suivi individuel au domicile, en dehors du milieu de vie… Ce
n’est que sous la mobilisation d’une équipe pluridisciplinaire et la mise à disposition de spécialisation
professionnelle et d’hyper-technicité des réponses que le PAI se dessine. Les professionnels
apportent leurs expertises dans la part du projet qui lui revient. Le référent professionnel,
garant de l’accompagnement, identifie les intervenants professionnels, les coordonne autour des
actions à conduire, dans leur champ respectif de connaissances et de compétences. La réussite de
l’accompagnement dépend fortement de la dynamique d’élaboration précise et collective du PAI.
Ce PAI se doit d’être régulièrement réévalué et réactualisé pour qu’il reste adapté, personnalisé et
individualisé.
Références
KOZLOWSKI, O., DANZE, F., PARACHE, M., DELECROIX, H., ROUSSEAUX, M. (2007). Contribution du réseau
regional Nord – Pas-de-Calais au suivi des blessés crâniens. In: Prise en charge des traumatisés cranio-encéphaliques
De l’éveil à la réinsertion (Masson ed.), pp. 210-219. Paris.
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Applications concrètes pour limiter les répercussions du handicap
invisible dans la vie quotidienne.
Schrevel-Berlinson, Stéphanie (Service d’accompagnement médico-social pour adulte handicapé, Lille).
Les lésions cérébrales sont souvent sources de séquelles cognitives, comportementales et psychoaffectives se répercutant dans la vie quotidienne. La plupart des incapacités du handicap invisible sont
des comportements « normaux » devenus invalidants par leur fréquence et leur durée.
Au niveau cognitif, les personnes cérébro-lésées souffrent principalement de troubles mnésiques, de déficit
attentionnel, de troubles de l’orientation temporo-spatiale, de perturbation des fonctions exécutives.
À distance de l’accident neurologique, des améliorations sont possibles notamment conditionnées par
l’environnement familial, social et professionnel. Des stratégies de compensations peuvent être mises
en place efficacement en prenant soin de faire une évaluation préalable des difficultés et besoins de la
personne cérébro-lésée et de connaître les raisons de ces difficultés (troubles cognitifs, acquis antérieur).
La réussite de la mise en place de ces stratégies nécessite une collaboration de la personne elle-même et
de son entourage.
Concrètement, afin de faciliter la recherche des informations, les tableaux véléda sont efficaces, les
stratégies de couleurs selon les personnes ou activités ainsi que les alarmes. La liste de courses adaptée
aux habitudes alimentaires et organisée en fonction du rayonnage du supermarché ainsi que les
photographies des trajets et appareils électroniques sont également intéressants.
Description de la problématique exposée
Le SAMSAH R’EVEIL accompagne des personnes cérébro-lésées principalement traumatisées
crâniennes. Ces personnes présentent des déficits soit modérés soit sévères, entrainant une
dépendance dans la vie quotidienne.
Les troubles neuropsychologiques sont principalement centrés sur des altérations de la
mémoire, des fonctions exécutives et de l’attention associés à une lenteur du traitement de
l’information ainsi que des modifications du comportement et de la personnalité (Azouvi et al .
2004).
Si les difficultés que génèrent ces séquelles neuropsychologiques dans les activités de la vie
quotidienne ne perturbent pas systématiquement les personnes cérébro-lésées; elles sont en
revanche sources de souffrances pour l’entourage.
Nous utilisons au sein du SAMSAH R’EVEIL le questionnaire DANEL, nouveau questionnaire
de dépistage d’une autonomie modifiée, afin d’être au plus proche de la réelle dys-autonomie de la
personne et de pouvoir déterminer les stratégies de compensations qui pourraient être utiles à la
personne cérébro-lésées et son entourage (Delecroix et al ; 2009). Au stade séquellaire, l’autonomie
est principalement modifiée dans les actes élaborés.
Les actes élaborés identifié dans le questionnaire sont les suivants : - Gérer son emploi du temps / Se rendre dans un lieu connu / Lire / Utiliser un ordinateur
/ Rédiger un courrier / Préparer un repas / Entretenir la maison / Entretenir le linge / Gérer son
budget / Se rendre dans un nouveau lieu / Faire les courses / Réaliser des démarches administratives
/ Réaliser des activités de loisirs / Passer du temps avec des personnes (en dehors des proches du
domicile) / Gérer son traitement médical/ Gérer son sommeil en fonction de l’activité prévue le
lendemain.
Il existe différentes stratégies de compensation à utiliser en fonction de l’atteinte ou de la
préservation des systèmes de mémoire ou des autres fonctions cognitives (Coyette et al ; 1999). Ces
stratégies sont également à utiliser en fonction des besoins, des attentes mais aussi de l’intérêt de la
personne et de son entourage à vouloir modifier son quotidien.
Les prothèses mnésiques et les aides prothétiques (fiches) sont des supports intéressants.(Van
der Linden et al ; 2000).
Afin de faciliter l’acceptation à utiliser des aides externes, nous transmettons aux personnes
cérébro-lésées et à leur proche dès le début de la prise en charge, un cahier de liaison (présentation
power point) ainsi qu’un tableau blanc aimanté effaçable appelé tableau Velleda (présentation
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power point). Etant donné que l’arrivée de nouveaux intervenants génèrent inévitablement
quelques perturbations dans l’organisation initiale, ces outils ont l’intérêt de faire comprendre
rapidement comment il est possible d’organiser dans un même espace la gestion des nouveaux
rendez-vous.
Les autres stratégies découlent du projet de vie réalisé avec la personne et son aidant principale.
Ces stratégies sont identifiées lors de la passation du questionnaire DANEL.
Ces stratégies peuvent être les suivantes :
- Se rendre dans un lieu inconnu (explications et présentation de fiches trajets)
- Aide à l’utilisation d’ordinateur ou de télécommandes (explications et présentation de fiches)
- Faire les courses (explications et présentation de fiches)
- Gérer son traitement médical (explications et présentation de fiches) (Simon et al ; 2006).
Références
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matin
Azouvi, P., Vallat, C.,Agar, N., Couillet, J. (2004). Traumatismes crâniens sévères : Quelles séquelles cognitives ? In
Neurologies. Février 2004-vol 7. (pp 67-69).
Coyette, F., Van der Linden, M. (1999). La rééducation des troubles de la mémoire: Les stratégies de facilitation. In La
rééducation en neuropsychologie: Etude de cas (pp.209-225). Marseille. Solal.
Delecroix, H., Schrevel-Berlinson S., Chartaux-Danjou, L., Danel-Gronier, D. & Coello, Y. (2009). Autonomie dans les
actes élaborés de la vie quotidienne de la personne cérébro-lésée : quelle évaluation ? (Bilan neuropsychologique
VS nouveau questionnaire d’autonomie) – Congrès SOFMER – Annales de médecine physique et de réadaptation.
Simon, N., Parent, M-C. (2006). S.A.I.C.O.M.S.A. Support Alternatif de Communication Médicale et Sociale pour les
Aphasiques. Mémoire d’orthophonie. Université de Lille.
Van der Linden, M., Coyette, F., Seron, X. (2000). La rééducation des troubles de la mémoire. In Traité de
neuropsychologie clinique (Tome II) (pp. 81-103). Marseille. Solal.
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Symposium-Métacognition et Confiance
Organisation de la session :
Proust, Joëlle (Institut Jean Nicod). Organisé avec la SOPHA.
Métamémoire et confiance en soi
Michaelian, Kirk (Institut jean-nicod, ENS, EHESS).
Déférence et confiance métacognitive
Coubray, Anne (Institut Jean Nicod).
Vigilance épistémique et métacognition
Proust, Joëlle (Institut Jean Nicod, ENS, EHESS).
Nous nous proposons dans ce symposium d’explorer quelques-unes des implications
épistémologiques et sémantiques que l’on peut tirer de l’analyse de la métacognition. Ce terme
désigne la capacité d’assurer le contrôle et le suivi de ses dispositions cognitives, sur la base de
sentiments de confiance et de croyances au sujet de ses propres aptitudes. L’atelier s’intéressera
plus particulièrement à la manière dont la confiance en soi et la confiance en autrui interagissent
dans la prise de décision épistémique. Il conjuguera trois types de perspectives.
Ø Kirk Michaelian étudiera en épistémologue le rôle de la métacognition des sources
d’information (« source monitoring »), dans l’acceptation d’informations issues de sources
imparfaites.
Ø Anne Coubray étudiera l’interaction entre la métacognition et la vigilance épistémique
dans la déférence à autrui, à partir de l’étude de la cognition religieuse.
Ø Joëlle Proust défendra l’hypothèse de la complémentarité fonctionnelle entre métacognition
individuelle et vigilance épistémique, en analysant la variété des normes épistémiques pertinentes
auxquelles les individus doivent être sensibles, individuellement et conjointement, dans toute
communication d’information.
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Métamémoire et confiance en soi
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Michaelian, Kirk (Institut Jean Nicod, ENS, EHESS).
Les agents doivent, quand ils forment leurs croyances, faire confiance à des informations
reçues de sources imparfaites. Ils rencontrent donc un «problème d’acceptation » : comment
peut-on former des croyances justifiées quand on accepte des informations provenant de sources
imparfaites ? et comment peut-on former des croyances de manière épistémologiquement
vertueuse quand on accepte des informations provenant de telles sources ? Me concentrant sur
la mémoire, et faisant usage des recherches sur la métamémoire, je soutiens que la métacognition
constitue une aide importante à la capacité des agents à résoudre les deux aspects du problème
d’acceptation : bien qu’une capacité métacognitive ne soit pas toujours nécessaire pour résoudre
l’aspect du problème relatif à la justification, la surveillance métacognitive peut en principe rendre
possible l’accomplissement d’un niveau de justification qui suffit à la connaissance même quand
l’agent fait confiance à une source absolument non-fiable ; et, en raison des conditions plus
exigeantes pour la formation vertueuse des croyances, il est probable que la métacognition est
généralement nécessaire à l’accomplissement de la vertu par des agents qui doivent faire confiance à
des sources imparfaites. J’examine le cas de la mémoire épisodique, où le suivi de la source (« source
monitoring ») fournit une illustration concrète de la manière dont la métacognition contribue à
une solution du problème d’acceptation.
Déférence et confiance métacognitive
Coubray, Anne (Institut Jean Nicod).
On se propose de s’appuyer sur la cognition religieuse pour étudier le rôle des concepts de
déférence et de confiance métacognitive dans l’analyse des problèmes d’épistémologie sociale.
Les croyances religieuses constituent le paradigme de croyances collectives qui semblent exercer
une contrainte sur les membres du groupe qui les entretient (Durkheim, 1912). Comment rendre
compte, de manière psychologiquement plausible, de la constitution de telles croyances ?
La psychologie du développement suggère que l’acceptation d’un témoignage ne repose pas
sur une confiance par défaut, mais plutôt sur des mécanismes de vigilance épistémique qui visent
à évaluer la fiabilité de la source d’information et à calibrer la confiance à lui accorder (Mascaro et
Sperber, 2009). On ne peut donc pas comprendre la constitution des croyances collectives comme
résultant d’une pure et simple confiance sociale. L’acceptation d’une représentation culturelle
dépend plutôt d’une double évaluation de la confiance en soi (évaluation métacognitive) et de la
confiance en la source (vigilance épistémique).
Dans la mesure où l’intelligibilité des représentations religieuses est limitée, elles impliquent
des mécanismes de déférence sémantique (Récanati, 1997), ce qui pourrait rendre compte à la fois
de la faible confiance des sujets en leur capacité à évaluer ces représentations et de leur confiance
élevée en la source de ces représentations (Chaiken et al., 1994). Nous faisons l’hypothèse qu’à
la source des croyances religieuses se trouverait un « engagement conjoint » (Gilbert, 2003) à
considérer le point de vue de celui à qui tous les autres défèrent comme le point de vue du groupe
dans son ensemble.
Vigilance épistémique et métacognition
Proust, Joëlle (Institut Jean Nicod, ENS, EHESS).
La vigilance épistémique est la capacité de reconnaître, dans les contenus communiqués,
ceux qui émanent d’une source incompétente ou malveillante. Selon une hypothèse récemment
défendue (Mascaro & Sperber, 2009), détecter les cas de mésinformation suppose d’identifier
les caractéristiques épistémiques, affectives et, le cas échéant, intentionnelles, des témoins non
fiables. Mais la vigilance épistémique dépend aussi de la manière dont le sujet évalue ses propres
dispositions cognitives. Dès 16 mois, les enfants acceptent le témoignage d’autrui sur la nature
d’un objet en fonction de la confiance qu’ils ont dans leurs propres jugements perceptifs (Koenig
et Echols, 2003). Ils ne peuvent apprécier l’importance du conflit entre ses croyances et le
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message, l’autorité de la source et la confiance qu’elle manifeste en exprimant son témoignage,
que s’ils exercent un certain suivi de leurs propres états épistémiques, et son capables d’évaluer
leur confiance relative dans leurs propres croyances. Deux questions, dès lors, doivent être posées.
Comment le jeune enfant peut-il calibrer la confiance en ses propres capacités ? L’auto-évaluation
dépend-elle nécessairement d’un jugement raisonné ?
En réponse à la première question, nous avancerons l’hypothèse selon laquelle plusieurs
normes épistémiques interviennent dans la calibration de la confiance en soi et en autrui, comme
la fluence relative du témoignage, (qui peut être perceptive, mémorielle ou conceptuelle), son
caractère consensuel, la qualité et la qualité de l’évidence fournie, sa saillance et sa pertinence. En réponse à la deuxième question, nous montrerons que la sensibilité à ces normes n’exige
pas le recours à des métareprésentations. Elle peut être modélisée par une relation d’expression
entre les sentiments ressentis (comme les sentiments de familiarité et de rapidité de traitement
que peut susciter un témoignage) et les propriétés normatives de l’état mental évalué. L’apport de
l’analyse métacognitive consiste à pouvoir rendre compte de l’intégration, par le sujet en vigilance
épistémique, de divers indices expressifs au sein d’un état émotionnel composite, sans le secours
d’une théorie de l’esprit.
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Symposium-Megastudies:
A new approach in word recognition studies
Organisation de la session :
Brysbaert, Marc (Ghent Université).
Introduction to megastudies
Pallier, Christophe (Inserm et service hospitalier Frédéric Joliot, Paris).
Lemma frequency vs. word form frequency
New, Boris (CNRS et Université Paris Descartes).
Virtual experiments with mega-study lexical decision data: what you can and can
not expect
Diependaele, Kevin (Ghent Université).
mercredi
matin
Using machine-learning algorithms for word/non-word discrimination to detect
decision biases in lexical decision tasks
Keuleers, Emmanuel (Ghent Université).
Résumé
Psycholinguistic research on word processing has traditionally made use of small-scale
factorial designs. In these designs, one or two variables are manipulated and the conditions are
matched on a number of control variables. Recently, the correlational approach has regained
in importance. In these studies, called megastudies, word processing times (lexical decision or
naming latencies) are gathered for thousands of words and researchers estimate the importance of
different variables by means of regressions and mixed effects models. In this session we will discuss
some of the latest findings in particular with respect to the recently developed French Lexicon
Project (Ferrand et al., BRM, in press).
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Introduction to megastudies
Pallier, Christophe (Inserm et service hospitalier Frédéric Joliot, Paris).
The French Lexicon Project provides lexical decision times for a large proportion of the
French vocabulary. We will describe in detail how the corpus was constructed, from the selection
of words to the creation of pseudowords, and how reaction time data were collected and analysed.
We will demonstrate how to access this information from the lexique.org web site in order to test
simple hypotheses. Finally, we will present a comparison of the English Lexicon Project and the
French Lexicon Project.
New, Boris (CNRS et Université Paris Descartes).
An important question in word research is which word frequency measure to use. For
instance, when estimating the frequency of the word “mangeraient”, is it best to use the frequency
of this particular word or the total frequency of the verb “manger” (the latter is called the lemma
frequency) ? Previous research has shown that recognition times of singular nouns (e.g. “chaussure”)
are influenced by the frequency of the plural form (“chaussures”; New et al., JML, 2004), indicating
that lemma frequency may be more important than word form frequency. However, in several
megastudies word form frequencies explain more variance in lexical decision times than lemma
frequencies. We will analyse the data of the French Lexicon Project to decide whether and when
lemma frequencies are informative.
Virtual experiments with mega-study lexical decision data: what
you can and can not expect
mercredi
matin
Lemma frequency vs. word form frequency
Diependaele, Kevin (Ghent Université).
Large-scale lexical decision databases, which are now available for English, French as well as
Dutch, provide the opportunity to run virtual experiments within seconds. Like in any empirical
study it is important to know, however, what effect sizes one can expect to capture with these
experiments. We approach this issue by examining virtual replications of a large sample of
published small-scale lexical decision experiments in English. Our analysis provides insight in the
power of the mega-study approach. At the same time, it allows us to evaluate the quality of the
individual findings by comparing their replicability with that of studies with a similar effect size
and number of stimuli.
Using machine-learning algorithms for word/non-word
discrimination to detect decision biases in lexical decision tasks
Keuleers, Emmanuel (Ghent Université).
One of the most common experimental methods in psycholinguistics, lexical decision, is
crucially dependent on the non-words used in the task. Any non-lexical information enabling
participants to discriminate words from non-words reduces the reliability of the task in estimating
word recognition times. For instance: if the letter s occurs more often at the end of words than
at the end of non-words, a new stimulus ending with the letter s may be recognized faster as a
word stimulus. Especially in longer studies, where participants respond to thousands of word and
nonword stimuli (e.g. Balota et al., 2004), systematic differences between word and non-word
stimuli can introduce an unwanted bias.
We developed a machine-learning algorithm that detects such biases in a particular set of
stimuli. For each stimulus that is presented in an experiment, the distance is computed to all the
other stimuli presented before. Then, the word/non-word distribution is examined among the 10
most similar previously presented stimuli. For instance, if the neighborhood contains 7 words and 3
non-words, the probability that the stimulus is a word is 0.7. Distance between stimuli is computed
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by either the Levensthein distance metric, which measures string similarity as the number of
substitutions, replacements, and deletions required to transform one string into another, or the
Jaccard distance metric, which measures the ratio of the number of n-grams shared between two
strings to their total number of n-grams.
The algorithm keeps track of the average correct classification probability for words and nonwords throughout an experiment. When there is no bias, the correct classification probabilities
for words and non-words should average 0.5 (chance level) throughout the experiment. Using
this algorithm we show that there is a significant bias for the stimuli used for the English Lexicon
project (Balota et al., 2004) and the French Lexicon project (Ferrand et al,. in press), but not for
a more recent large experiment in Dutch (Keuleers et al., submitted). We discuss these results in
the light of the different stimulus construction procedures. Using regression analysis on several
large studies we show that the word/non-word probabilities predicted by the machine learning
algorithms are also significant predictors for participants’ reaction times. However, we find that
when stimuli are well constructed, the effect is not very large. Moreover participants seem to use
non-lexical information more to reject non-word stimuli than to accept word stimuli.
Références
mercredi
matin
Balota, D. A., Yap, M. J., Cortese, M. J., Hutchison, K. A., Kessler, B., Loftis, B., et al. (2007). The English lexicon project.
Behavior Research Methods, 39(3), 445-459.
Ferrand L., New B., Brysbaert M., Keuleers E., Bonin P., Meot A., & Augustinova, M. (in press), The French Lexicon
Project: Lexical decision data for 38,840 French words and 38,840 pseudowords.
Keuleers, E., Brysbaert, M., & Diependaele, K. (submitted). Are there untoward practice effects in lexical decision
megastudies ?
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Symposium-Représentations de l’espace et
contrôle de l’action
Organisation de la session :
Bringoux, Lionel (Institut des sciences du mouvement (Marseille)), Sarlegna, Fabrice (Institut des sciences
du mouvement (Marseille)).
Le référentiel égocentré comme origine de nos perceptions visuelles
Ceyte, Hadrien (Centre de recherches du service de santé des armées & faculté du sport, Université Nancy),
Cian, Corinne (Centre de recherches du service de santé des armées, la tronche).
Effet oblique en modalité haptique et caractéristiques de la tâche
Thouvarecq, Régis (Cetaps EA 3832, UFR STAPS – Université de Rouen), Lejeune, Laure (EA 4260
“information, organisation, et action”, UFR STAPS, Université de Caenbasse- normandie).
Scotto di Cesare, Cécile (Institut des sciences du mouvement,Marseille), Bringoux, Lionel (Institut des
sciences du mouvement, Marseille), Bourdin, Christophe (Institut des sciences du mouvement, Marseille),
Sarlegna, Fabrice (Institut des sciences du mouvement, Marseille), Mestre, Daniel (Institut des sciences du
mouvement, Marseille).
Relations entre réponses motrices et perceptives aux stades précoces du
traitement visuel : effet de distracteurs au seuil perceptif.
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Rotations sagittales d’une scène visuelle et/ou du vecteur gravito-inertiel et
influences dynamiques sur le suivi manuel d’une cible
Deplancke, Antoine (Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France), Madelain, Laurent
(Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France), Chauvin, Alan (Laboratoire URECA, Université
Lille Nord de France), Coello, Yann (Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France).
Contrôle exécutif de l’action chez l’adulte jeune et vieillissant
Sarlegna, Fabrice (Institut des sciences du mouvement, Marseille).
Résumé
Le langage ou l’écriture repose sur des fonctions cognitives de haut niveau qui ne peuvent
s’exprimer que par le biais de l’activité motrice. En fait, la motricité est à la base d’une majorité de
nos actions quotidiennes et pourtant, aujourd’hui encore, on comprend mal comment on réalise
effectivement ce que l’on souhaite faire. Comment les informations sensorielles, ou l’intention,
sont-elles transformées pour aboutir aux représentations de l’action à produire ? Quel(s) cadre(s)
de référence sont utilisées pour la perception et l’action ?
L’objectif de ce symposium sera de confronter les travaux actuels dans les champs de la
Psychologie, des Sciences du Mouvement Humain et des Neurosciences pour débattre du rôle des
informations spatiales ainsi que de l’influence des référentiels dans la production de l’action. En plus
de l’interdisciplinarité affichée, ce symposium offrira la possibilité à une doctorante, un doctorant
et un post-doctorant de présenter leurs travaux ou ligne de recherche, aux côtés de deux Maîtres
de Conférences. Enfin, on peut noter que les orateurs représentent aussi bien des thématiques
et des techniques variées que des régions variées puisqu’ils viennent de Lille, Marseille et Nancy
et Rouen. Une originalité de notre symposium est que chaque orateur conclura sa présentation
sur une diapositive de perspectives. L’objectif de celle-ci est de proposer à l’auditoire des pistes
de recherche qui devraient permettre des avancées théoriques substantielles. Nous espérons ainsi
favoriser le développement de collaborations au niveau national. L’axe fort de ce symposium est
le continuum entre les représentations perceptives et les cadres de référence utilisés et les corrélats
moteurs de ces représentations.
Hadrien Ceyte discutera du référentiel égocentré constituant une des bases fondamentales de
l’organisation du comportement orienté vers l’espace extra-corporel.
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Régis Thouvarecq parlera de la perception de l’orientation d’objets dans l’environnement,
en discutant essentiellement du lien entre effet oblique haptique et tâche à réaliser, et évoquera
également les difficultés théoriques à définir la modalité haptique.
Cécile Scotto présentera des travaux sur les interactions entre cadres de référence qui peuvent
être utilisés pour définir les représentations de l’action et générer un mouvement dirigé.
Antoine Deplancke discutera des relations perception-action dans le cadre d’une analyse de
réponses motrice et perceptive en référence à des stimuli visuels présentés au seuil perceptif.
Fabrice Sarlegna parlera essentiellement du contrôle exécutif de mouvements d’atteinte
manuelle vers des cibles visuelles afin de mieux comprendre comment le cerveau traite des
informations sensorielles pour générer des actions motrices adaptées au contexte.
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Le référentiel égocentré comme origine de nos perceptions visuelles
Ceyte, Hadrien (Centre de recherches du service de santé des armées & faculté du sport, Université Nancy),
Cian, Corinne (Centre de recherches du service de santé des armées, La Tronche).
Cette intervention consiste en une revue de question autour du concept d’égocentre en tant que référentiel
spatial. En introduction, il sera discuté de la définition de ce concept à partir de notions abondamment
utilisées dans la littérature telle que celles « de juste devant soi », « d’axe-Z » ou encore « de plan
médian ». À l’issue de cette discussion, il sera présenté une série de données expérimentales suggérant
que l’établissement de ce référentiel égocentré ne peut plus être compris comme étant indépendant de la
position du corps dans l’espace. Les processus à l’origine de la perception des coordonnées égocentrées
d’un objet visuel prendraient en compte l’ensemble des stimulations sensorielles, endogènes mais
également exogènes. Ces résultats indiqueraient également qu’une perception visuelle égocentrée est
dépendante de la caractéristique spatiale de l’objet à estimer. En d’autre terme, à partir d’un même
référentiel spatial, ici égocentré, les processus de traitement des informations sensorielles différeraient
suivant que nous serions en train d’estimer l’orientation ou la localisation horizontale d’un même objet
visuel. En conclusion, le rôle joué par cette construction cognitive égocentrée dans la perception visuelle
géocentrée sera discuté.
Revue de questions
Le référentiel égocentré constituerait une des bases de l’organisation du comportement orienté
vers l’espace extra-corporel (Jeannerod, 1988). Dans la littérature, on utilise de nombreux concepts
comme l’axe-Z, le plan sagittal corporel, le plan médian ou encore le ‘juste ou droit devant soi’
pour nommer ce référentiel égocentré. Par définition, ce référentiel est indépendant de la position
du corps dans l’espace. Cependant, les choses ne seraient pas aussi simples. Ce processus de
positionnement spatial par rapport au corps nécessite la prise en compte de l’ensemble des indices
sensoriels disponibles, et nécessite la transformation de ces indices afférents en coordonnées
spatiales afin de reconstruire la position égocentrée de l’objet à partir de sa position rétino-centrée
(Jeannerod, 1988 ; Howard, 1982 ; Wade, 1992). Cependant, diverses données expérimentales
(Bauermeister, 1964 ; Prieur et al., 2005) supposent que les processus à l’origine de la perception
des coordonnées égocentrées reflèteraient la prise en compte de l’ensemble des stimulations
sensorielles notamment celles exogènes. Plus précisément, lors d’une inclinaison corporelle réelle
ou simulée par centrifugation dans l’espace gravitaire, différentes stimulations graviceptives
peuvent être engendrées (Bronstein, 1999 ; Shilder, 1950). D’une part, des stimulations otolithiques
sont induites engendrant un réflexe vestibulo-oculaire caractérisé par une torsion du globe oculaire
vers le côté opposé à l’inclinaison céphalique (contre-cyclotorsion oculaire), accompagnée d’une
translation horizontale des yeux vers le côté opposé à l’inclinaison céphalique et d’une élévation
de l’œil ipsilatéral à l’inclinaison de la tête en synergie avec un abaissement de l’œil controlatéral
(Pansell et al., 2003). D’autre part, la distribution et l’intensité des pressions sur les parties latérales
du corps en présence de support latéral sont modifiées (Trousselard et al., 2003). Par ailleurs, la
synthèse de ces résultats met en évidence des déviations opposées lors de perceptions visuelles
égocentrées d’orientation (Bauermeister, 1964) et de localisation latérale (Prieur et al., 2005). Le
‘juste devant soi’ n’étant qu’un point particulier de l’axe-Z, on aurait pu s’attendre à des déviations
de sens identique. Leurs résultats suggèrent que la représentation de l’orientation et celle de la
localisation égocentrées ne mettent pas en jeu le même traitement des informations sensorielles.
Il semble dès lors qu’une ré-évaluation de l’influence des stimulations gravitaires sur la
localisation et l’orientation égocentrées d’un objet visuel soit nécessaire. La première question qui
se pose est de savoir si toute inclinaison corporelle par rapport à la gravité induit une altération
de la perception égocentrée de la position spatiale d’un objet visuel ou si ce sont les modifications
sensorielles engendrées par l’orientation du corps par rapport au champ gravitaire qui induisent
cette altération (Ceyte et al., 2007). Dans le cas d’une origine sensorielle des différentes déviations
observées, la question de la contribution des informations sensorielles dans la construction de
la perception visuelle d’orientation et de localisation latérale égocentrées devront être soulevées
(Ceyte et al., 2008). Enfin, il a été montré qu’un décalage illusoire de la référence égocentrée
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engendre des erreurs dans la perception exocentrée de la localisation et du mouvement d’un
objet visuel (Lackner & DiZio, 2005). Ces résultats suggèrent que les perceptions égocentrée et
exocentrée de la position spatiale d’un objet visuel sont étroitement liées. On tentera d’éclaircir le
rôle joué par la référence égocentrée dans la perception visuelle de la direction gravitaire (Ceyte et
al., 2009).
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matin
RéférencesBauermeister M. Effect of body tilt on apparent verticality, apparent body position, and their relation. Journal
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Effet oblique en modalité haptique et caractéristiques de la tâche
Thouvarecq, Régis (Cetaps EA 3832, UFR STAPS – Université de Rouen), Lejeune, Laure (EA 4260
“information, organisation, et action”, UFR STAPS, Université de Caenbasse- Normandie).
Résumé
L’objet de cette étude était d’explorer l’expression de l’effet oblique dans une nouvelle tâche haptique,
à savoir en production bi-manuelle. Les participants, privés de vision, devaient, dans le plan frontal,
ajuster une baguette à l’horizontale, la verticale ou l’oblique, chaque index étant placé à une extrémité
de la baguette. Les résultats indiquent une sous estimation systématique et significative de l’orientation
à atteindre et un effet oblique caractérisé par des sous estimations plus importantes et une plus grande
variabilité pour cette orientation que pour les deux orientations principales. Ces résultats confirment la
robustesse de l’effet oblique mais suggèrent également que la représentation des orientations implique
des mécanismes spécifiques à la modalité sensorielle sollicitée et à la tâche mise en jeu.
L’effet oblique qui se caractérise par une meilleure précision de l’estimation des orientations
principales (verticale et horizontale) que de l’orientation oblique, apparaît en modalités visuelle
(Gentaz et Ballaz, 2000) et haptique (Gentaz et Coll., 2008), bien qu’il s’avère moins robuste dans
cette dernière. Néanmoins, la question de son origine reste débattue. Après avoir mis en évidence
l’existence d’un effet oblique dans les modalités visuelle, haptique et somato-vestibulaire mais une
absence de corrélation des erreurs d’ajustements entre ces trois modalités, Gentaz et Coll. (2001)
ont proposé que les mécanismes mis en jeu étaient propres à chaque modalité.
Parallèlement, Lejeune et Coll. (2004) se sont intéressés à la perception des orientations
principales dans une tâche haptique bi-manuelle. Dans celle-ci, les participants devaient ajuster
une baguette à la verticale et l’horizontale physiques dans le plan frontal. La baguette était déplacée
en maintenant chacun des index à une extrémité de celle-ci (minimisant ainsi l’exploration tactile).
Une sous estimation des orientations apparaît de manière systématique et significative. Cette sous
estimation, spécifique à cette tâche, conforte l’idée que des processus spécifiques à chaque modalité
sont mis en jeu dans le traitement des orientations. L’effet oblique est il présent dans cette tâche
haptique particulière ? Une réponse affirmative conforterait l’idée selon laquelle le traitement des
informations implique des mécanismes dépendants à la fois de la modalité et la tâche utilisées.
mercredi
matin
Introduction
Matériel et méthodes
Quatorze participants droitiers, en position debout et vision occultée, devaient, dans le plan
frontal, replacer le plus précisément possible une baguette (36 X 0.5 cm) pouvant pivoter autour
de son centre, à la verticale, l’horizontale ou l’oblique. Pour chaque orientation, deux positions
initiales étaient proposées : 35°en sens horaire et anti-horaire. Cinq ajustements pour chacune des
conditions étaient réalisés sans contrainte temporelle. En plus du pourcentage de sous-estimation,
trois variables dépendantes ont été relevées. L’erreur constante (EC) caractérise l’ampleur de
l’erreur en fonction de la position de départ et était codée négativement lorsque l’orientation à
atteindre était sous-estimée et positivement dans le cas contraire. L’erreur variable (EV) représente
l’écart type autour de l’EC moyenne pour une condition et l’erreur absolue (EA) correspond à la
taille de l’erreur sans tenir compte de l’orientation de celle-ci.
Résultats
Quelles que soient l’orientation et la position initiale de la baguette, un pourcentage significatif
et au moins égal à 89% de sous-estimations a été relevé. De plus, quelle que soit l’orientation
considérée, les t à la norme 0° sur l’EC indiquaient l’existence d’une sous-estimation significative.
L’analyse de variance (ANOVA), incluant deux facteurs avec mesures répétées (Orientation (3) X
Position initiale de la baguette (2)), n’a révélé d’effet significatif que pour la variable Orientation.
Les tests post-hoc ont montré une sous-estimation significativement plus importante pour
l’orientation oblique que pour l’orientation horizontale. Une ANOVA analogue sur l’EA et l’EV
indiquent, dans les deux cas, un effet significatif de l’orientation et les tests post-hoc montrent par
ailleurs que l’erreur est significativement plus importante pour l’orientation oblique que pour les
orientations principales.
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Discussion
mercredi
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L’examen de l’erreur absolue indique clairement l’existence de l’effet oblique dans cette
tâche. Dans celle-ci, comme le proposent Cecala et Garner (1986), les références aux orientations
verticale, gravité ou axe Z (Luyat et coll., 2001) et horizontale par l’appariement de la position
des mains (Lejeune et Coll., 2004), sont directement accessibles; ce qui n’est pas le cas pour
l’orientation oblique. De plus, les pourcentages de sous-estimation et le fait que l’erreur constante
soit significativement différente des orientations physiques (quelle que soit l’orientation) illustrent
la robustesse de l’erreur d’ajustement dans cette tâche haptique. Enfin, en plus d’une moins bonne
précision, la plus grande variabilité des ajustements à l’orientation oblique semble indiquer que la
représentation de cette orientation est moins stable que celle des orientations principales.
Ainsi, dans cette tâche haptique de production bimanuelle, les références utilisées pour estimer
les orientations principales sont distinctes mais directement disponibles. Par contre, l’estimation
de l’orientation oblique suppose un traitement supplémentaire et par conséquent plus d’erreur
potentielle. De plus, les mécanismes qui amènent à sous-estimer l’orientation sont amplifiés pour
l’oblique, semblant indiquer que les deux erreurs concernent un niveau de traitement analogue,
cognitif. En conclusion, l’expression de l’effet oblique varie en fonction des caractéristiques de la
tâche suggérant que le traitement des orientations implique des mécanismes qui sont probablement
dépendants à la fois de la modalité et la tâche.
Références
Cecala, A. J., & Garner, W. R. (1986). Internal frame of reference as a determinant of the oblique effect. J Exp Psychol
Hum Percept Perform, 12(3), 314-323.
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Gentaz, E., & Ballaz, C. (2000). La perception visuelle des orientations et l’effet oblique. Ann Psychol, 100, 715-744.
Gentaz, E., Baud-Bovy, G., & Luyat, M. (2008). The haptic perception of spatial orientations. Exp Brain Res, 187(3),
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Gentaz, E., Luyat, M., Cian, C., Hatwell, Y., Barraud, P. A., & Raphel, C. (2001). The reproduction of vertical and oblique
orientations in the visual, haptic, and somato-vestibular systems. Q J Exp Psychol A, 54(2), 513-526.
Lejeune, L., Thouvarecq, R., Anderson, D. I., & Jouen, F. (2004). Kinesthetic estimation of the main orientations from the
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Luyat, M., Gentaz, E., Corte, T. R., & Guerraz, M. (2001). Reference frames and haptic perception of orientation: body
and head tilt effects on the oblique effect. Percept Psychophys, 63(3), 541-554.
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Rotations sagittales d’une scène visuelle et/ou du vecteur gravitoinertiel et influences dynamiques sur le suivi manuel d’une cible
Scotto Di Cesare, Cécile (Institut des sciences du mouvement, Marseille), Bringoux, Lionel (Institut des
sciences du mouvement, Marseille), Bourdin, Christophe (Institut des sciences du mouvement, Marseille),
Sarlegna, Fabrice (Institut des sciences du mouvement, Marseille), Mestre, Daniel (Institut des sciences du
mouvement, Marseille).
Résumé
Introduction
L’intégration d’informations sensorielles multiples est une nécessité pour coder la position
d’objets ou du corps dans l’environnement. Ces processus perceptifs peuvent s’élaborer à partir
de référentiels spatiaux composés chacun d’une origine et de 3 axes définissant les 3 dimensions
de l’espace (Howard, 1982). Un même élément peut ainsi être codé par rapport à des éléments
corporels (référentiel égocentré), à des directions terrestres invariantes de l’environnement comme
la gravité (référentiel géocentré) et/ou à des repères présents dans l’environnement (référentiel
allocentré ; Berthoz, 1991). De récents travaux ont montré l’interdépendance de ces référentiels
égocentré, géocentré et allocentré mais à l’heure actuelle, l’évolution temporelle des relations entre
les différents référentiels est inconnue.
L’objectif de la présente étude a été de questionner les conséquences de la manipulation
dynamique de deux référentiels spatiaux (allocentré et géocentré) sur le suivi manuel d’une
cible. Plus précisément, il s’agissait de manipuler des directions visuellement induites (références
allocentrées) et/ou la direction du vecteur gravito-inertiel (référence géocentrée).
mercredi
matin
Cette étude s’est intéressée aux effets de la rotation d’une scène visuelle et/ou du vecteur gravito-inertiel
(Gi ; modifié par centrifugation) dans le plan sagittal sur le suivi manuel d’une cible visuelle. Le but
de ces manipulations expérimentales était de déterminer les influences respectives et combinées des
référentiels allocentré et géocentré sur la localisation spatiale égocentrée. Trois conditions expérimentales
ont été présentées : GI rotation du vecteur gravito-inertiel sans scène visuelle. S : rotation de la scène.
GIS : rotation conjointe du vecteur gravito-inertiel et de la scène visuelle. Les résultats suggèrent une
différence entre les conditions GI et S, tant dans l’erreur finale que dans la dynamique d’évolution
de cette erreur. La condition « mixte » GIS semble correspondre à une combinaison des influences
singulières observées dans les conditions GI et S.
Matériel et méthode
L’expérimentation a été réalisée sur un échantillon de 18 sujets sains droitiers (8 femmes
et 10 hommes, âge moyen : 25.2 ans ±4.0). Ces volontaires ont été assis face à l’axe de rotation
d’une plateforme centrifuge, distants d’1.90m de cet axe. La centrifugation produite provoquait
une modification non linéaire de la direction du vecteur gravito-inertiel (Gi) de 0 à -40deg par
l’addition des forces centrifuge et gravitaire. Des lunettes virtuelles (HMD Cybermind Hi-Res
900®) permettaient aux sujets de voir une scène visuelle tridimensionnelle structurée ainsi qu’une
cible référée à la hauteur des yeux. Le système de capture du mouvement (Codamotion Cx1®)
permettait l’enregistrement à 200Hz de la position de la tête et du doigt grâce à des marqueurs
actifs infrarouges.
Trois conditions expérimentales principales ont été manipulées. Les effets « singuliers »
ont été questionnés grâce à une condition de rotation de la scène sans centrifugation (S) et une
condition de rotation du vecteur gravito-inertiel sans scène (GI). La condition de rotation « mixte »
(GIS) impliquait à la fois une rotation de Gi et de la scène visuelle. Pour l’ensemble des conditions,
les profils de rotation de la scène et/ou de Gi étaient identiques (de 0 à -40deg, i.e dans le sens
anti-horaire). Pendant toute l’expérimentation, les sujets avaient pour consigne de fixer la cible
du regard et de la suivre avec l’index. Cette cible était néanmoins immobile par rapport au sujet
pendant l’ensemble des stimulations. Au total 16 essais ont été présentés (4 essais par condition)
dans un ordre pseudo-aléatoire contrebalancé. On notera qu’une situation contrôle (sans
centrifugation, scène visuelle fixe ; C) a été proposée en marge de l’expérimentation. Les données
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enregistrées ont permis de calculer l’erreur angulaire entre l’horizon et l’index en fonction de la
position de référence du sujet enregistrée juste avant la/les rotation(s).
Résultats et Discussion
mercredi
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Des analyses préliminaires ont été effectuées sur l’erreur angulaire atteinte à la fin de la
phase de rotation(s), c’est-à-dire à 37s. Une Anova à mesure répétées comparant les résultats
obtenus pour les conditions S, GI, GIS et la situation contrôle (C) montre un effet de la condition
(F(3,48)=8.02 ; p<.001). Une analyse post-hoc (Newman-Keuls) suggère l’existence d’effets spécifiques
dans les conditions « singulières » (S et GI) par rapport à la situation contrôle (p<.05 pour les 2
comparaisons). En outre, la condition « mixte » GIS induit une influence sur l’erreur angulaire qui
apparait comme la combinaison des deux influences obtenues en présence de chaque condition
singulière.
L’erreur angulaire dans la condition singulière de rotation du vecteur Gi (GI) peut être
interprétée en termes de compensation de l’illusion somatogravique. En effet, la centrifugation face
à l’axe provoque une sensation illusoire de rotation du corps vers l’arrière (Welch et Post, 1996)
alors que les indices égocentrés et allocentrés confortent l’idée que la cible est fixe dans l’espace,
d’où l’abaissement de l’index afin de compenser cette inclinaison illusoire. D’autre part, l’élévation
positive de l’erreur angulaire en condition S semble conforme aux conséquences motrices
provoquées par une illusion de mouvement induit par le déplacement d’une scène visuelle et
précédemment mise en évidence lors de pointages discrets (Bacon et coll., 1982). Enfin, l’erreur
angulaire observée lors de la combinaison mixte GIS se situe à mi-chemin entre les 2 conditions
singulières et pourrait résulter des influences mutuelles entre les référentiels spatiaux décrites
récemment dans la littérature (Bringoux et coll., 2008).
Références
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Howard, I.P. (1982). Human visual orientation. New-york: Willey.
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Relations entre réponses motrices et perceptives aux stades précoces
du traitement visuel : effet de distracteurs au seuil perceptif.
Deplancke, Antoine (Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France), Madelain, Laurent
(Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France), Chauvin, Alan (Laboratoire URECA, Université
Lille Nord de France), Coello, Yann (Laboratoire URECA, Université Lille Nord de France).
Résumé
Introduction
La question des relations entre réponses motrice et perceptive a été largement débattue au
cours des dernières décennies. Dans ce contexte, l’approche dominante propose une indépendance
entre le traitement perceptif des informations visuelles et leur utilisation dans le cadre de l’action
(Milner & Goodale, 1995). Cette théorie a notamment été soutenue par des travaux sur les illusions
visuelles et par des études visant à étudier l’influence de stimulations non conscientes sur le
contrôle moteur (pour une revue, voir Goodale, 2008). Ces travaux ont notamment souligné la
capacité du système moteur à traiter les stimulations visuelles indépendamment de l’état perceptif
(i.e., sans prise de conscience). Des études récentes ont toutefois conduit à la proposition d’un
modèle alternatif où les décisions perceptives et motrices seraient basées sur un même signal mais
seraient prises en fonction de seuils de décision différents (Waszak & Gorea, 2004). L’analyse
de l’impact de stimulations visuelles au seuil perceptif (temps de présentation court et contraste
faible) sur le système moteur a notamment permis de mettre en évidence un couplage fort entre
réponses motrice et perceptive. Cardoso-Leite et Gorea (2009) ont ainsi montré que la déviation
des trajectoires des saccades oculaires à l’opposé de distracteurs visuels était dépendante de la
perception consciente de ces distracteurs. Cette déviation, typiquement observée lorsque la
localisation spatiale d’un distracteur est inhibée au moment du codage de la position terminale
d’une saccade (pour une revue, voir Van der Stigchel et al., 2006), témoigne de relations étroites
entre état perceptif et contrôle moteur aux premiers stades du traitement visuel. Le but de cette
étude était d’étudier les relations entre réponses motrice et perceptive à un stade plus précoce du
traitement visuel, lorsque le distracteur n’a pas encore été inhibé et provoque une déviation des
mouvements oculaires (Van der Stigchel et al., 2006) ou manuels (Tipper et al. 1997) en direction
du distracteur. Cette étude visait également à étendre les résultats obtenus pour le contrôle
saccadique au contrôle moteur manuel.
mercredi
matin
L’une des théories dominantes en psychologie cognitive propose l’indépendance des traitements
perceptif et moteur (Milner & Goodale, 1995), mais l’utilisation de stimulations visuelles au seuil
perceptif a suggéré l’absence d’une dissociation stricte entre réponses perceptive et motrice. Dans cette
étude, 8 participants ont réalisé 300 mouvements de pointage manuel vers une cible visuelle précédée
par l’apparition d’un distracteur au seuil perceptif que les participants devaient détecter. Les résultats
montrent une déviation des trajectoires manuelles vers le distracteur uniquement lorsque ce distracteur
était perçu consciemment. Ces données vont dans le sens d’un signal visuel unique pour les décisions
motrice et perceptive (Waszak & Gorea 2004) et suggèrent l’absence de dissociation stricte entre les
traitements visuels pour la perception et l’action (Milner & Goodale, 1995).
Méthode
8 participants ont chacun réalisé 300 mouvements de pointage manuel vers une cible visuelle
située à une distance de 10° et à une excentricité de 45° à droite ou à gauche du point de fixation.
Dans 50% des essais, un ou deux distracteurs au seuil perceptif apparaissai(en)t 80ms avant la cible
à une distance de 10° par rapport au point de fixation et à un angle de 30° à droite ou/et à gauche
de la cible. Après chaque mouvement de pointage vers la cible, les participants devaient déterminer
s’ils avaient perçu le distracteur à droite (présent, absent) et à gauche (présent, absent) de la cible.
Les réponses motrices des participants (latence et erreur de position au point terminal) étaient
ensuite classées en fonction des catégories de réponse utilisées dans la cadre de la Théorie de la
Détection du Signal (Green & Swets, 1966) : Hit (distracteur présent et détecté), Miss (présent, non
détecté), Fausse Alarme (Absent mais détecté) et Rejet Correct (Absent, non détecté), les réponses
motrices obtenues lors de Rejets Corrects étant considérées comme ligne de base. Lorsque deux
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distracteurs étaient présentés simultanément de chaque coté de la cible, les participants effectuaient
un Hit Simple (un seul distracteur perçu parmi les deux distracteurs présentés) ou un Hit Double
(deux distracteurs présents et détectés).
Résultats
Les principaux résultats montrent une diminution des latences des mouvements de pointage
manuel pour les Hits (-39.65ms; p<.01), pour les Hits Simples (-40.79ms; p<.01) et Hits Doubles
(-39.30ms; p<.01). Les trajectoires des mouvements étaient également déviées vers le distracteur
pour les Hits (1.85deg; p<.02) et Hits Simples uniquement (1.44deg en direction du distracteur
perçu; p<.05). Une forte corrélation entre les Hits (un seul distracteur) et les Hits Simples (deux
distracteurs) a été observée pour les temps de réaction (r=.94, p<.01) et les erreurs angulaires
(r=.91, p < .01) des mouvements.
Discussion
mercredi
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Dans cette étude, la présence d’un distracteur au seuil perceptif a influencé les mouvements
d’atteinte manuelle de cible visuelle en diminuant leur latence et en déviant leur trajectoire vers le
distracteur uniquement lorsque ce distracteur était à la fois présent et perçu (Hits et Hits Simples).
Lorsque deux distracteurs étaient présentés et perçus consciemment (Hits Doubles), l’absence
de déviation de trajectoire semble avoir résulté d’une annulation des effets d’attraction des deux
distracteurs – considérant la réduction significative des temps de réaction dans cette condition. Ces
résultats, en désaccord avec une indépendance stricte des traitements visuels pour la perception et
l’action, suggèrent que l’influence d’une stimulation visuelle sur le contrôle moteur manuel est
conditionnée par la perception consciente de cette stimulation. Cette étude est en accord avec le
modèle proposé par Waszak & Gorea, (2004) qui suggère que les systèmes moteur et perceptif
emploient des indices décisionnels distincts appliqués à un signal unique.
Références
Cardoso-Leite, P., &. Gorea, A. (2009). Comparison of perceptual and motor decisions via confidence judgments and
saccade curvature. Journal of Neurophysioly, 101: 2822-2836.
Goodale, M. A. (2008). Action without perception in human vision. Cognitive Neuropsycholy, 25, 891-919.
Green, D. M., & Swets, J. A. (1996). Signal detection theory and psychophysics. New York: Wiley.
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Van der Stigchel, S., Meeter, M., & Theeuwes, J. (2006). Eye movement trajectories and what they tell us. Neuroscience
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Waszak, F., & Gorea, A. (2004). À new look at the relationship between perceptual and motor responses. Visual
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Contrôle exécutif de l’action chez l’adulte jeune et vieillissant
Sarlegna, Fabrice (Institut des sciences du mouvement, Marseille).
Résumé
Le mouvement sert à communiquer, à percevoir, et à agir. Le mouvement est donc essentiel pour
survivre… et représente en plus une formidable fenêtre d’entrée sur le cerveau pour mieux comprendre
son fonctionnement. Lors de cette présentation, je parlerai essentiellement du contrôle exécutif de
mouvements d’atteinte manuelle vers des cibles visuelles (pour revues, Jeannerod 1988 ; Paillard 1996)
qui permet de mieux comprendre comment le cerveau traite des informations sensorielles pour générer
des actions motrices adaptées au contexte. Je montrerai notamment comment le contrôle exécutif (ou
contrôle en ligne) nous permet de corriger rapidement d’éventuelles erreurs de programmation du
geste ou encore de répondre très vite à des changements soudains dans l’environnement. Ces résultats
attestent de la capacité de notre cerveau à rapidement mettre à jour les représentations de l’espace et du
corps pour un contrôle optimal de nos interactions avec l’environnement. De récents travaux indiquent
que, malheureusement, le contrôle exécutif est affecté de façon significative par le vieillissement. Ceci
indique que les personnes âgées ont encore moins le droit à l’erreur que des personnes plus jeunes car
leur système de correction d’erreur présente des déficiences.
mercredi
matin
Revue de questions
Tous les jours, nous réalisons des mouvements et tous les jours, nous réalisons des erreurs
dans la programmation du mouvement. De plus, nous vivons dans un environnement instable.
Heureusement, nous sommes dotés de puissants mécanismes de détection et de correction d’erreur
pour pallier à nos erreurs propres et ou à des modifications soudaines de notre environnement ou
de notre corps.
Pour tester ces mécanismes de correction, il est désormais courant de modifier la position vue
de la cible ou de la main au début du mouvement, de manière aléatoire (Goodale et al. 1986 ; Danion
& Sarlegna 2007 ; Sarlegna & Blouin sous presse). Grâce à l’enregistrement des mouvements des
yeux, ces changements peuvent être réalisés sans que le sujet ne s’en aperçoive consciemment, c’està-dire sans que le sujet ne puisse en rendre compte verbalement. Il est à noter que des ajustements
de trajectoire sont observés qu’il y ait perception consciente ou non de la perturbation, ce qui
souligne le caractère automatique, quasi-réflexe de ces mécanismes de régulation du mouvement
(Goodale et al. 1986 ; Day & Lyon 2000 ; Johnson et al. 2002). En tant qu’expérimentateurs, il nous
a paru intéressant d’utiliser des perturbations non consciemment perçues de façon à s’affranchir
de possibles stratégies cognitives.
Chez le jeune adulte sain, nos analyses cinématiques ont montré que l’information visuelle
de position de cible est utilisée de façon plus importante et plus rapide que l’information visuelle
de main pour ajuster un mouvement rapide durant son exécution (Sarlegna et al. 2003). Ainsi,
le cerveau est capable de reconnaître très rapidement si une information visuelle correspond à
un objet extérieur ou à notre propre main. Ceci pourrait être réalisé grâce à des mécanismes très
rapides d’intégration multi-sensorielle, de la vision et de la proprioception notamment (Sarlegna
2007).
La proprioception (sens de la position et du mouvement des segments corporels) est, comme la
vision, importante pour le contrôle en ligne du mouvement. Ceci a notamment été mis en évidence
à partir de l’étude d’une patiente proprioceptivement désafférentée (Sarlegna et al. 2006). En effet,
cette patiente a présenté des déficits notables de coordination. Nous avons également observé
que le vieillissement affecte le traitement des informations sensorielles. En effet, les ajustements
de trajectoire chez la personne âgée sont en général plus tardifs et plus variables, ce qui affecte
la précision finale (Sarlegna 2006). De façon surprenante, ces déficits sont observables dès l’âge
de 50 ans : c’est donc précocement que sont touchés les mécanismes rétroactifs de régulation du
mouvement dont l’efficacité est principalement basée sur la rapidité du traitement de l’information.
Références
Danion F & Sarlegna F (2007) Can the human brain predict the consequences of arm movement corrections when
transporting an object ? Hints from grip force adjustments. J Neurosci 27: 12839–12843.
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Day BL & Lyon IN (2000) Voluntary modification of automatic arm movements evoked by motion of a visual target. Exp
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Goodale MA, Pélisson D & Prablanc C (1986) Large adjustments in visually guided reaching do not depend on vision of
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Congrès psycho.indb 184
22/07/10 16:09
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
185
Session Psychologie clinique et
psychothérapie
Fonctions et logique du délire dans la psychose
Flémal, Simon (Université libre de Bruxelles - Université lumière-Lyon 2).
Les processus de coping mis en place lors de l’annonce de son homosexualité
Charbonnier, Élodie (Université de Provence, laboratoire psyclé), Graziani, Pierluigi (Université de
Provence, laboratoire psyclé), Rouan, Georges (Université de Provence, laboratoire psyclé).
Personnalité, émotions, et violences au sein du couple
Vandamme, Michel j (Université Lille Nord de France).
Doba, Karyn (URECA, Université Lille Nord de France), Nandrino, Jean-louis (URECA, Université
Lille Nord de France), Berna, Guillaume (URECA, Université Lille Nord de France), Charpentier, Anne
(Université Lille Nord de France), Pezard, Laurent (UMR 6149, Université de Provence).
Congrès psycho.indb 185
mercredi
matin
Évolution des communications non-verbales et verbales au cours de la thérapie
familiale d’adolescentes présentant une anorexie mentale
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Fonctions et logique du délire dans la psychose
mercredi
matin
Flémal, Simon (Université Libre de Bruxelles - Université Lumière-Lyon 2).
À l’heure où la problématique des psychoses continue d’alimenter de nombreux débats
cliniques, il pourrait s’avérer pertinent de se questionner sur la logique potentielle de certaines
de ses manifestations symptomatologiques. Ainsi, trop souvent dépeint comme une production
mentale déviante ou déficitaire, le délire pourrait se révéler porteur d’un sens et d’une fonctionnalité
particulière dans l’expérience de la psychose. En s’étayant sur des théories issues de l’épistémologie
psychanalytique, l’auteur proposera certaines pistes de réflexion permettant une lecture clinique
des formations délirantes ainsi que des fonctions que ces dernières tendent à accomplir au sein des
structures psychotiques.
En effet, au regard des événements traumatiques ayant inauguré la psychose, le délire
constituerait la solution ultime du sujet en proie à l’effondrement de sa réalité psychique. Confronté
à la résurgence d’éprouvés catastrophiques, la personne en souffrance pourrait recourir au délire
comme modalité de traitement des expériences archaïques n’ayant jamais pu être assimilées
subjectivement. Dans ces conditions, moins d’apparaître comme un phénomène purement
pathologique, le délire témoignerait d’une opérativité psychique s’efforçant de représenter
l’impensable.
À partir de l’étude qualitative de données cliniques issues d’entretiens psychologiques avec
des personnes psychotiques, l’auteur mettra en évidence trois principales propriétés fonctionnelles
du délire. La première, conceptualisée sous le terme de « fonction contenante », procèderait à
la conservation et à la transformation signifiante de ce qui ne put être symbolisé de la situation
traumatique antérieure. La seconde, nommée « fonction localisante », tenterait de localiser à
l’extérieur du sujet l’envahissement pulsionnel inhérent à l’expérience catastrophique. La troisième,
appelée « fonction identifiante », permettrait au sujet délirant de retrouver une consistance
narcissique à travers un principe identitaire à l’allure exceptionnelle.
De plus, l’examen des données cliniques tend à indiquer que ces trois fonctionnalités du
délire psychotique ne se réaliseraient pas de façon aléatoire mais s’articulerait selon une logique
pulsionnelle particulière. En effet, à travers sa triple fonction, le délire concourrait, d’une part, à
maîtriser le débordement affectif associé à l’évènement traumatique et, d’autre part, à compenser
les effets pathogènes de ce dernier en repositionnant le sujet au sein d’une illusion primaire
d’omnipotence narcissique. De cette manière, la personne délirante pourrait regagner dans
son univers imaginaire la position du « Moi Idéal » par laquelle serait recouvré le sentiment de
complétude subjective mis à mal par l’expérience catastrophique.
Afin de rendre compte de l’agencement de ces trois fonctions du délire et de la logique à
laquelle elles président, l’auteur proposera le concept de « processus délirant ». Il s’agira finalement
de s’interroger sur les enseignements cliniques retirés de cette étude sur le processus délirant et de
proposer certains modes d’intervention thérapeutique avec des personnes psychotiques.
Congrès psycho.indb 186
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Les processus de Coping mis en place lors de l’annonce de son
homosexualité
Charbonnier, Élodie (Université de Provence, laboratoire psyclé), Graziani, Pierluigi (Université de
Provence, laboratoire psyclé), Rouan, Georges (Université de Provence, laboratoire psyclé).
Les homosexuels présentent un risque suicidaire élevé. Leur souffrance peut être mise en lien avec leur
coming-out, l’annonce de leur homosexualité pouvant les confronter à des réactions de rejet.
Cette étude se propose d’interroger les processus de coping que les jeunes homosexuels mettent en place
au cours de leur coming-out le plus stressant, c’est-à-dire les stratégies qu’ils utilisent pour faire face à
cette situation.
Sur le plan méthodologique, cette recherche est constituée de 200 homosexuels ayant entre 16 et 26
ans. Nous avons utilisé la version française de la « Ways of Coping Check-list », à laquelle nous avons
ajouté 7 items.
Nos résultats illustrent la prévalence des conduites addictives et suicidaires au cours de cette situation
stressante. L’analyse factorielle des résultats nous a permis de dégager un certain nombre de facteurs
rendant compte des stratégies utilisées par les jeunes homosexuels pour faire face à leur coming-out.
Ces résultats constituent une étape préalable à l’élaboration de pistes de prise en charge adaptée. Leur
proposer un accompagnement correspondant aux difficultés qu’ils rencontrent au cours de leur comingout pourrait favoriser la prévention du suicide au sein de cette communauté.
Introduction
Les jeunes homosexuels constituent une population à risque. Ils ont entre 1,5 et 3 fois plus de
risque d’avoir des idées suicidaires, et sont entre 1,5 et 7 fois plus susceptibles de tenter de suicider
que leurs pairs hétérosexuels (Suicide Prevention Resource Center, 2008[1]). Peu de professionnels
sont sensibilisés et formés à la prise en charge du suicide en lien avec l’orientation sexuelle. Par
conséquent, le suicide chez les jeunes homosexuels s’avère être un réel problème de santé publique.
La sursuicidalité de ces jeunes peut être liée à leur coming-out (l’annonce de leur
homosexualité), d’autant plus lorsque cette annonce est réalisée à un âge précoce, certains jeunes
n’ayant pas les ressources suffisantes pour faire face à un éventuel rejet (Remafadi, 2001[2]). Par
ailleurs, les jeunes homosexuels ayant fait leur coming-out auraient quatre fois plus de risque de
tenter se suicider que ceux qui n’ont pas divulgué leur homosexualité (D’Augelli et al., 1998[3]).
Au cours de leur coming-out, les homosexuels s’exposent au regard de l’autre et à un éventuel rejet.
Des attitudes négatives peuvent les conduire à s’engager dans un passage à l’acte suicidaire. Cette
étude se propose d’interroger les processus de coping que les jeunes homosexuels mettent en place
au cours de leur coming-out le plus stressant, c’est-à-dire les stratégies qu’ils utilisent pour faire
face à cette situation.
mercredi
matin
Résumé
Méthodologie
Cette recherche est constituée de 200 homosexuels (131 hommes et 69 femmes) ayant entre
16 et 26 ans. Nous nous sommes basés sur la « Way of Coping Check-list » de Folkman et Lazarus
(1988) traduite et adaptée (Graziani et al., 1998[4]). Cette échelle est composée de 68 items
évaluant les stratégies de coping misent en œuvre. Nous avons demandé aux sujets de se souvenir
du coming-out qui a été le plus stressant pour eux, et de répondre aux items sur une échelle de
Likert en allant de “pas du tout” à “beaucoup”. Nous avons ajouté 7 items concernant les idéations
et conduites suicidaires, ou encore les conduites addictives.
Résultats
Au cours de leur coming-out le plus stressant, 65% des sujets déclarent avoir eu l’intention
de se tuer, 28% affirment avoir imaginé un scénario pour le faire, et 17% sont passés à l’acte.
Ces résultats illustrent l’importance des idéations et des passages à l’acte suicidaires au cours du
coming-out.
Par ailleurs, 41% des sujets affirment avoir tenté de se sentir mieux en augmentant leur
consommation de cigarettes, 33,5% en consommant plus d’alcool, 28,5% en prenant des drogues
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
et 24,5% en mangeant plus. 32,5% déclarent s’être lancés dans des conduites risquées suite à leur
coming-out. Les conduites addictives et les conduites à risque s’avèrent donc être prégnantes dans
les processus mis en place par les homosexuels pour faire face à l’annonce de leur homosexualité.
La préparation du coming-out est liée aux stratégies mises en place. Lorsque cette annonce
est préparée, elle favorise la mise en place de stratégies permettant une évolution personnelle et
une meilleure gestion du stress. À l’inverse, lorsque le coming-out est peu préparé les stratégies
de culpabilisation et de confrontation sont privilégiées, tout comme les conduites addictives et les
idéations suicidaires.
Conclusion et perspectives
mercredi
matin
Cette étude rend compte des processus de coping employés par les jeunes homosexuels au
cours de leur coming-out le plus stressant. Lors de cette annonce, les stratégies d’anticipation, de
culpabilité, d’isolement, se mêlent au coping d’évolution personnelle, de demande de soutien et
d’affirmation de soi. Certaines stratégies apparaissent à première vue plus « adaptées » que d’autres.
Mais il est complexe de juger de la valeur des stratégies utilisées, certaines pouvant être efficaces à
court terme mais déficitaires sur le long terme, et vice versa. Il est donc intéressant d’interroger la
stabilité et/ou la variabilité des styles de coping employés par les jeunes homosexuels dans d’autres
situations stressantes que leur coming-out.
Nos résultats illustrent la souffrance pouvant être présente chez les jeunes homosexuels au
cours de leur coming-out. Ces données amènent à se questionner sur leur risque suicidaire associé
à d’autres événements stressants de leur vie. Qui plus est, nos résultats illustrent l’importance de
préparer son coming-out. Il apparait nécessaire de fournir aux jeunes homosexuels un espace où
ils puissent préparer et réfléchir à leur coming-out, de les aider à explorer les opportunités et les
conséquences de leur divulgation. En leur proposant un accompagnement adapté nous pourrions
favoriser la prévention du suicide au sein de cette communauté. L’analyse des processus de coping
employés lors de leur coming-out constitue donc une étape préalable à l’élaboration de pistes de
prise en charge adaptées aux difficultés rencontrées par les jeunes homosexuels.
Références
1.
2.
3.
4.
Suicide Prevention Resource Center. (2008). Suicide risk and prevention for lesbian, gay, bisexual, and transgenres
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Graziani, P., Rusinek, S., Servant, D., Hautekèete-Sence, D., Hautekèete, M. (1998). Validation Française du
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Congrès psycho.indb 188
22/07/10 16:09
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
189
Personnalité, émotions, et violences au sein du couple
Vandamme, Michel J. (Université Lille Nord de France).
Introduction
De nombreuses études anglo-saxonnes tendent à décrire les dimensions psychologiques
particulières des auteurs de violences au sein du couple [1-2]. Des troubles de la personnalité [3],
et l’abus d’alcool [4] seraient régulièrement diagnostiqués. Les études les plus récentes portent sur
des difficultés de communication [5] et sur l’expression des émotions comme la colère [1, 6], des
troubles émotionnels [7], un faible niveau d’intelligence émotionnelle [8], ou encore une forte
réactivité émotionnelle automatique [9].
Quatre-vingt douze hommes mis en cause dans des violences conjugales mineures ont été
rencontrés dans le cadre d’une mesure alternative aux poursuites (classement sous condition
d’enquête sociale rapide, de rappel à la loi par délégué du procureur, et engagement dans une
démarche de soins médico-psychologiques)
Dans un premier temps, un entretien semi-structuré permettant de constituer l’anamnèse des
participants permet l’hétéro-évaluation clinique de leurs habitudes de consommation d’alcool.
Dans un deuxième temps, plusieurs auto-questionnaires régulièrement utilisés auprès
d’échantillons violents leurs ont été proposés.
1) le Bermond and Vorst Alexithymia Questionnaire (BVAQ : [10]) mesure cinq dimensions
décrivant l’alexithymie : Verbalisation des émotions, Vie fantasmatique, Identification des
émotions, Excitabilité émotionnelle, et Analyse des émotions.
2) le Buss et Perry Aggressiveness Questionnaire (BPAQ, [11]) évalue quatre dimensions :
Colère, Agression Physique, Agression verbale, et Hostilité.
3) la Barratt Impulsiveness Scale (BIS 11, [12]) évalue trois dimensions : Impulsivité Motrice,
Impulsivité Cognitive, et Difficulté de planification.
4) la Sensation Seeking Scale (SSS-5, [13]) évalue quatre dimensions : Désinhibition, Danger /
Aventure, Recherche de sensation, et Ennui / Susceptibilité.
5) le Parenting Bonding Instrument (PBI, [14]) évalue trois dimensions : soins apportés, déni
d’autonomie et encouragement à la liberté.
6) le Temperament and Character Inventory – Revised (TCI-R, [15]) évalue 7 dimensions
(quatre dimensions de tempérament : Recherche de Nouveauté, Évitement du Danger, Dépendance
à la Récompense et Persistance, et trois dimensions de caractère Auto-Détermination, Coopération,
et Auto-Transcendance).
Les conduites d’alcoolisation seront évaluées avec le DETA (quatre questions portant sur la
Diminution, l’Entourage, la consommation excessive -Trop, et le sevrage – besoin d’Alcool) dans
le cadre de l’entretien clinique initial.
mercredi
matin
Méthode
Résultats
Les scores moyens des participants ont été comparés à des standards disponibles dans la
littérature. Enfin, parce que l’évaluation des conduites d’alcoolisation a permis de constituer deux
groupes d’hommes auteurs de violences au sein du couple : avec problématique alcoolique et sans,
des comparaisons ont été effectuées.
Globalement, les participants présentent des scores significatifs à différentes dimensions
de personnalité, à la dimension d’alexithymie (p. < .005) et l’ensemble de ses sous-dimensions
(Verbalisation des émotions : p. < .005 ; Vie fantasmatique : p. < .005 ; Identification des émotions :
p. < .005 ; Excitabilité émotionnelle : p. < .005 ; Analyse des émotions : p. < .05).
Il présentent des scores significatifs à trois sous-dimensions d’agressivité (Colère : p. < .05 ;
Agression Physique : p. < .005 ; Hostilité : p. < .005).
Ils présentent des scores significatifs à l’ensemble des dimensions de styles éducatifs maternels
(p. < .005) et deux sous dimensions de styles éducatifs paternels (Déni d’autonomie : p. < .005 ;
Encouragement : p. < .005).
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Les participants présentant une problématique de consommation d’alcool ont des scores
significativement plus élevés pour une sous-dimenstion d’alexithymie : Identification des émotions
(p. < .05), et l’ensemble des sous-dimensions d’agressivité (Colère : p. < .005 ; Agressions physique :
p. < .005 ; Agression verbales: p. < .005 ; et Hostilité : p. < .005).
Discussions
Nos résultats montrent que des hommes auteurs de violences au sein du couple sont
alexithymiques (défaut de vie imaginaire, défaut d’identification et de verbalisation des émotions,
défaut d’excitabilité émotionnelle et d’analyse des émotions), agressifs (agression physique, colère
et hostilité), et ont eu des parents maltraitants (défaut de soins et infantilisation). Les participants
présentant une problématique de consommation d’alcool sont davantage agressifs et ont davantage
de difficulté d’identification des émotions.
Ces résultats sont les premiers obtenus en France et orientent la compréhension des violences
au sein du couple, et devraient pouvoir orienter la prise en charge.
Références
mercredi
matin
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Congrès psycho.indb 190
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
191
Evolution des communications non-verbales et verbales au cours
de la thérapie familiale d’adolescentes présentant une anorexie
mentale
Doba, Karyn (URECA, Université Lille Nord de France), Nandrino, Jean-Louis (URECA, Université
Lille Nord de France), Berna, Guillaume (URECA, Université Lille Nord de France), Charpentier, Anne
(Université Lille Nord de France), Pezard, Laurent (UMR 6149, Université de Provence).
L’étude des processus de régulation des échanges familiaux impliquant les communications émotionnelles
verbales et les communications non-verbales représente une étape importante pour comprendre les
mécanismes de changements thérapeutiques dans la thérapie familiale. L’étude propose d’évaluer
l’évolution des communications non-verbales et des communications émotionnelles verbales entre les
membres des familles d’adolescentes présentant une anorexie mentale au cours de séances de thérapie
familiale. 20 familles ont participé pendant 6 mois à des séances de thérapie familiale basées sur le
modèle structural. Les séances de thérapie familiale ont été filmées et les comportements des membres
de la famille ont été codés par des grilles mesurant les comportements non-verbaux d’affiliation et
les communications conflictuelles. Les résultats montrent une diminution de la durée des contacts
oculaires entre les membres de la famille en situation de communication conflictuelle. La thérapie
familiale dans l’anorexie mentale permet de mettre en place de nouveaux mécanismes interpersonnels
de régulation émotionnelle caractérisés par une modification des stratégies d’évitement conflictuel et
des processus d’affiliation non-verbaux en situation conflictuelle. L’ensemble des résultats permet de
discuter de l’intérêt des opérationnalisations empiriques des hypothèses cliniques et thérapeutiques
dans la thérapie familiale.
Introduction
mercredi
matin
Résumé
Un ensemble d’études empiriques a montré l’efficacité des thérapies familiales sur l’évolution
symptomatique et clinique des patientes présentant une anorexie mentale (Dare & Eisler, 2000
; Eisler et al., 2000; Wallin & Kronvall, 2002). Les résultats indiquent que la thérapie familiale
est plus efficace dans le traitement de sujets dont l’anorexie mentale a débuté avant l’âge de 18
ans et d’évolution récente de moins de 3 ans (Dare & Eisler, 1997). La thérapie familiale diminue
les degrés d’insatisfaction familiale, d’enchevêtrement intergénérationnel et de dépendance
interpersonnelle (Eisler et al., 2000 ; Wallin &Kronvall, 2002). Ces études ont permis de dégager
des critères plus précis d’indications de thérapie familiale et de clarifier la nature des composantes
efficaces à l’intervention familiale dans l’anorexie. Cependant, les validations empiriques sur les
mécanismes de changements thérapeutiques dans la thérapie familiale des patientes anorexiques
ont principalement mis l’accent sur des mesures auto-évaluatives des processus relationnels au
détriment des mesures comportementales des processus interpersonnels et émotionnels (Doba
& Nandrino, 2008). L’étude quantitative des communications émotionnelles verbales et des
communications non-verbales au cours des séances de thérapie familiale représente une étape
importante pour la compréhension des mécanismes de changements thérapeutiques et pour le
développement d’une nouvelle méthodologie permettant d’étudier les interactions complexes
entre les membres de la thérapie familiale au cours du temps. L’étude propose d’évaluer l’évolution
des communications non-verbales et des communications émotionnelles verbales entre les
membres des familles d’adolescentes présentant une anorexie mentale au cours de séances de
thérapie familiale. L’objectif est d’identifier les changements engendrés par la thérapie familiale sur
les mécanismes de régulation interpersonnelle et d’affiliation familiale en situation émotionnelle.
Méthode
L’étude a porté sur 20 familles bi-parentales vivant dans le même foyer. Les 20 jeunes filles
volontaires (âge moyen: 20.8 ans, SD: 2.85) présentaient une anorexie mentale de type restrictif
selon les critères du DSM-IV (APA, 1994). Les critères d’exclusion concernaient la présence d’un
trouble dépressif ou anxieux (Axe 1 du DSM-IV) et d’antécédents récents d’abus de drogues
ou d’alcool. L’indice de masse corporelle (IMC) lors de l’inclusion dans l’étude des patientes
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
anorexiques s’étendait de 12.11 ‚16.81 (moyenne: 14, SD: 1.81) et les troubles alimentaires
évoluaient depuis au moins six mois (moyenne: 3.32, SD: 2.15).
Les familles ont participé à des séances de thérapie familiale basées principalement sur le
modèle structural (Minuchin1998). Dans les séances de thérapie familiale, seuls les parents et
l’adolescente présentant une anorexie restrictive ont été inclus. Le système thérapeutique se
composait de 4 participants : la patiente, la mère, le père et le thérapeute familial. La première
séance de thérapie familiale a été réalisée lors de l’hospitalisation de la patiente anorexique. Les
séances ont été poursuivies en dehors de la période d’hospitalisation pendant une durée de 6 mois
en raison d’une séance par mois. L’enregistrement des séances de thérapie familiale s’est fait sur
support vidéo et les films ont ensuite été codés à partir de grilles d’observations (Simoneau et al.,
1996). Les grilles d’observation ont permis de coder les comportements de chaque membre de
la famille : comportements non-verbaux d’orientation du regard et les comportements verbaux
conflictuels et non conflictuels.
Résultats
mercredi
matin
Les résultats montrent une augmentation de la fréquence des communications conflictuelles
entre les membres de la famille au cours des séances de thérapie familiale. Les résultats mettent
également en évidence une diminution de la durée des contacts oculaires entre les membres de la
famille en situation de communication conflictuelle.
Discussion
La thérapie familiale dans l’anorexie mentale permet de mettre en place de nouveaux
mécanismes interpersonnels de régulation émotionnelle caractérisés par une modification
des stratégies d’évitement conflictuel et des processus d’affiliation non-verbaux en situation
conflictuelle. Enfin, l’ensemble des résultats permet de discuter de l’intérêt des opérationnalisations
empiriques des hypothèses cliniques et thérapeutiques dans la thérapie familiale.
Références
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Congrès psycho.indb 192
22/07/10 16:09
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
193
Session Psychologie cognitive 2
Une approche linguistique des apprentissages moteurs
Louis, Fabrice (Archives Poincare).
Langage, communication et maladie d’alzheimer : état de l’art
Lefebvre, Laurent (Université de Mons).
Sensibilité à l’information latérale au cours de l’identification de mots chez les
lecteurs de CE2 et CM2
Khelifi, Rachid (URECA, Université Lille Nord de France), Sparrow, Laurent (URECA, Université Lille
Nord de France), Casalis, Severine (URECA, Université Lille Nord de France).
Effet du voisinage orthographique émotionnel dans la reconnaissance visuelle
des mots : étude en potentiels évoqués
La surgénéralisation des souvenirs autobiographiques chez les
polyconsommateurs de substances : déficit des fonctions éxecutives ou stratégie
de régulation des émotions
Gandolphe, Marie-Charlotte (Université de Lille Nord de France), Nandrino, Jean-louis (URECA,
Université de Lille Nord de France), Hancart, Sabine (Centre hospitalier Dr Schaffner, département
d’addictologie “Le Square”, Lens.), Vosgien, Véronique (Centre hospitalier Dr Schaffner, département
d’addictologie “Le Square”, Lens), Bochand, Laure (Université Lille Nord de France).
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mercredi
matin
Gobin, Pamela (Université Bordeaux 2), Mathey, Stéphanie (Université Bordeaux 2), Faïta-Aïnseba,
Frédérique (Université Bordeaux 2).
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Une approche linguistique des apprentissages moteurs
Louis, Fabrice (Archives Poincare).
Résumé
Je fais ici l’hypothèse qu’on peut rapprocher l’analyse du processus psychologique qui conduit à affirmer
une certaine proposition de celle que l’on peut élaborer lorsqu’on s’intéresse à la capacité d’agir, de
manière à mieux cerner la nature des résistances qui existent lors de certains apprentissages moteurs.
Introduction
mercredi
matin
Pour simplifier, comparons l’expression du mot à une unité motrice de base que l’on peut
assimiler à un geste simple, accessible à toute personne au sortir de l’enfance. De même, comparons
la proposition (combinaison de mots constituant une affirmation) à une coordination de gestes
simples. Postulons enfin qu’être en situation de répondre à quelqu’un nous adressant la parole
équivaut à agir lorsque notre environnement nous y incite. Remarquons au préalable, que le
rapprochement n’a rien de nouveau : pour créer des robots capables d’effectuer certaines tâches,
il a été nécessaire de s’interroger sur le langage. Malheureusement, il nous semble que parfois cet
exemple constitue aussi un obstacle épistémologique pour la compréhension de l’apprentissage.
Car, nous réduisons implicitement ce processus à une combinaison de calculs et d’automatismes.
S’il paraît vain de nier l’intérêt de concevoir la pensée comme un processus de calculs issu du
fonctionnement des neurones, il n’en reste pas moins qu’il semble efficace parfois de l’oublier
et dans une sorte de changement d’échelle d’observation, de chercher à « résumer » cet aspect
algorithmique dans une description qui intègre l’intentionnalité de l’acte.
Argumentation
Lorsqu’un enfant confronté à une des difficultés majeures du volley est en échec : doit-on
affirmer que cet échec est du à des erreurs ? Ne vaut-il pas mieux tenter de trouver un sens au
comportement pour éviter de le réduire à un disfonctionnement ? Voici ce qui constitue le cœur
de cet essai : dans la perspective que nous adopterons, tout ce qui dans un comportement apparaît
à un observateur comme pouvant être éventuellement volontaire doit être traité avec autant
d’attention que s’il l’était. Si notre objectif est de réaliser des prédictions sur le comportement d’un
homme ou de le transformer, il n’y aura alors plus lieu de distinguer un comportement volontaire
d’un comportement qui aurait pu l’être. En effet seuls l’intention et le sens qu’on peut donner
au comportement doivent être pris en compte. La psychanalyse semble nous inciter à tenir cette
position lorsqu’elle considère que le lapsus est chargé de sens. Car si le lapsus révèle que l’acte
de langage peut être organisé sans qu’une intention consciente de lui donner le sens qu’il a, soit
présente, c’est que le lapsus révèle aussi une disjonction possible entre le processus qui produit
des comportements sensés et la volonté ou l’intention consciente. Ce qu’on admet dans l’échange
verbal, le nierait-on dans l’échange moteur ? N’est-il peut être judicieux de considérer qu’il réside
dans l’acte moteur quelque chose qui s’apparente à une forme de croyance, même quand l’homme
qui agit n’a pas conscience de cette croyance ?
Pour distinguer l’une de l’autre, j’appellerai proto-croyance la première. Or, dans une
compétition, « la pression du résultat », expression bien connue des milieux sportifs, influence
l’importance qu’on attribue à certaines croyances aux détriments d’autres et modifie parfois de
façon « catastrophique » le comportement. C’est là un phénomène qui a de l’intérêt pour nous
car la transformation d’un comportement moteur peut être perçue, au sens où R. Thom l’entend,
comme une catastrophe. Cela signifie que contrairement à ce qu’on pense habituellement, les
transformations comportementales liées aux apprentissages moteurs peuvent apparaître très
rapidement (en moins d’une minute par exemple).
Nous envisagerons donc ce qui nous semble être une triple contrainte psychologique
s’exerçant sur une personne qui agit :
1) elle se condamne à réussir : implicitement la motricité mise en œuvre se doit d’être réalisée,
qu’elle conduise ou non au but recherché.
2) elle fait un pari, résultat d’une certaine forme d’induction : celui de valeur de la motricité
choisie.
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3) elle simplifie son environnement pour le comprendre : nous identifierons cette ressource
comme la découverte d’une certaine forme d’analogie entre les expériences présentes et passées.
Nous étudierons l’interdépendance de ces trois facteurs et leurs conséquences pour
l’enseignement en Education Physique et Sportive.
Conclusion
L’introduction de ces deux nouveaux concepts que nous appellerons « proto-analogie » et
« proto-induction » doivent nous aider à cerner ce qui oriente la motricité. Nous devons faire
apparaître donc la nature opératoire de ces concepts. Ce n’est pas la seule caractéristique que
doivent posséder en commun la proto-analogie et la proto-induction. En les faisant dériver à la fois
d’une conception physiologique et psychologique de l’apprentissage, nous proposons dans cette
communication d’illustrer la possibilité d’envisager des intersections entre des théories considérées
habituellement comme opposées.
Ces deux concepts devront aussi apparaître comme le résultat d’une combinaison entre
l’approche externaliste élaborée par L. Wittgenstein et l’approche internaliste des sciences.
Références
Langage, communication et maladie d’alzheimer : état de l’art
Lefebvre, Laurent (Université de Mons).
Avec le vieillissement de nos sociétés occidentales, l’intérêt porté aux pathologies liées
à l’âge, et au premier chef les démences, n’a cessé de croître. Bien que les troubles mnésiques
soient généralement évoqués lorsqu’il est question de diagnostic dans le cadre de la maladie
d’Alzheimer, des perturbations au niveau du langage sont également très souvent relevées
(Eustache et Lechevalier, 1993). Ainsi, certains patients peuvent présenter comme trouble
inaugural des problèmes langagiers, notamment si le début de la maladie s’avère précoce (avant
65 ans ; Boller et al., 1996) ou s’il s’agit d’une forme familiale (Juillerat et al., 2000)., Mickes et
al. (2007) avancent même que les troubles du langage peuvent être mis en évidence à un stade
préclinique, jusqu’à deux ans avant la pose du diagnostic. L’examen de ce genre de troubles offre
donc potentiellement une très grande valeur diagnostique. Pourtant force est de constater que
le domaine du langage, et plus largement de la communication chez les patients atteints de la
maladie d’Alzheimer (MA), a fait l’objet d’un intérêt moindre de la part du monde scientifique
que le domaine de la mémoire. L’un des premiers modèles tentant de rendre compte de l’évolution
du langage dans la maladie d’Alzheimer est proposé en 1988 par Huff. Celui-ci affirme que les
trois stades de la maladie d’Alzheimer, habituellement diagnostiqués sur base de tests généraux
comme le MMSE de Folstein et al. (1975), peuvent également se caractériser chez le patient par
des troubles du langage de degrés de gravité différents. Dans un travail récent, nous avons vérifié,
et partiellement confirmé, la pertinence d’une vision selon laquelle la dégradation des fonctions
langagières serait corrélée à la dégradation cognitive des patients francophones (Lefebvre 2007,
2009). Nos résultats ont confirmé que les aptitudes à la production (à l’exception des activités
de répétition, relativement préservées jusqu’au terme de la maladie) et la compréhension orale
tendent à se dégrader au fur et à mesure de l’avancée de la maladie. Par contre, les activités de
lecture sont préservées jusqu’à un stade avancé, alors même que la production écrite est altérée
précocement. Nous procéderons ci-après à un état de l’art concernant les observations faites dans
chaque sphère langagière, à savoir les aspects phonologiques, lexico-sémantiques, syntaxiques
et pragmatiques. Les altérations phonologiques Les altérations phonologiques, et articulatoires,
sont peu rencontrées chez les patients MA jusqu’au début du troisième stade (Patel et Satz,
1994). Cette observation est d’ailleurs cohérente avec le constat d’une préservation des capacités
de répétition jusqu’à un stade avancé de la maladie, ceci excluant l’atteinte de la programmation
et de l’articulation (Lefebvre, 2008). Toutefois, une étude de Croot et al. (2000) montre que ces
altérations peuvent être aussi présentes très tôt chez ces mêmes patients. Les altérations lexicosémantiques Les phénomènes anomiques, et plus généralement lexico-sémantiques chez le patient
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mercredi
matin
R.Thom, Apologie du Logos, Hachette (1990)
L.Wittgenstein, Recherches Philosophiques, Gallimard (2001)
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mercredi
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MA sont très fréquemment relevés et relativement bien documentés (Cardebat et al., 1991).
Il existe un foisonnement de résultats portant sur les tâches de dénomination/reconnaissance
d’objets et de fluences verbales, nous discuterons de la portée de ceux-ci dans la compréhension
des mécanismes cognitifs préservés et altérés. Les altérations syntaxiques Au niveau phrastique, un
consensus existe sur la préservation de la compétence chez les patients MA (e.g. Hier et al., 1985).
Toutefois, un autre ensemble d’études rapporte un déclin chez les patients Alzheimer au niveau
dedits processus (Bickel et al., 2000 ; Small et al., 1997a). Les altérations pragmatiques Très tôt,
l’hypothèse d’un déficit des processus discursifs et pragmatiques à la base des troubles du langage
chez les personnes MA a été avancée (Hutchinson et Jensen, 1980). Des résultats ont été rapportés
tant lors d’activités de production que de compréhension du langage, qu’il soit parlé ou écrit.
Concernant le versant productif, le discours se caractérise par un appauvrissement sémantique
amenant de nombreuses périphrases (Forbes et al., 2002), un ralentissement du débit, la présence
de persévérations et un usage parfois fréquent de pronoms sans référents décelables (Hier et al.,
1985). Concernant la lecture, nous avons pu montrer (Lefebvre, 2007) que comparativement aux
autres habiletés langagières, la lecture était relativement bien préservée, même au stade terminal
de la maladie, mais dans ses aspects les plus simples (lecture et compréhension de lettres, de mots).
Les aspects plus globaux, relevant de la cohérence de texte, s’altèrent à un stade intermédiaire de
la maladie, voire à un stade précoce (Croot et al., 1999). Ainsi, Hudon et al. (2006) constatent
une difficulté chez les patients Alzheimer à aussi bien relever les points importants d’un texte
qu’à se souvenir des détails. Toutefois la production n’est en rien altérée, mais seulement la
compréhension. Quant à la production écrite, il semble y avoir une altération très précoce de cette
compétence, voir préclinique (Lutz et al., 2009). Les textes sont ainsi plus courts, contiennent
moins d’informations, les phrases sont moins complexes syntaxiquement, bien que les patients
ne commettent pas plus d’erreurs grammaticales (Croisile et al., 1996). Croisile et al. (1996, voir
également Glosser et Kaplan, 1989) constatent également un grand nombre de substitutions ou
d’intrusions sémantiques, ainsi qu’une altération de l’orthographe (Croisile, 2005). Le type de
difficulté le plus rencontré chez les patients est la présence d’une dysgraphie de surface : ainsi,
écrire des mots ambigus ou irréguliers constitue très précocement une difficulté majeure (Croisile,
1999). Enfin, un champ nouveau dans l’étude de la pragmatique chez les patients MA concerne
l’étude de la prosodie dans les pathologies neurodégénératives. Il semble que la production et la
compréhension de la prosodie, tout particulièrement émotionnelle, soient précocement altérées
chez ceux-ci (Roberts et al., 1996 ; Taler et al., 2008). Toutefois, une confirmation de l’intérêt de ce
champ de recherche reste nécessaire, vu la relative absence de travaux dans ce domaine. L’ensemble
de ces résultats indique que l’étude du langage dans la maladie d’Alzheimer est complexe, certaines
altérations étant précoces, d’autres compétences étant maintenues longtemps. Le défi que nous
nous proposons de relever est d’intégrer l’ensemble de ces résultats afin de proposer un modèle
unifié des comportements langagiers des patients MA, qui permettra d’affiner tant le versant
diagnostique que celui de la prise en charge.
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Sensibilité à l’information latérale au cours de l’identification de
mots chez les lecteurs de ce2 et cm2
Khelifi, Rachid (URECA, Université Lille Nord de France), Sparrow, Laurent (URECA, Université Lille
Nord de France), Casalis, Severine (URECA, Université Lille Nord de France).
Résumé
Introduction
Lorsque nous lisons un texte, nous prélevons des informations issues des mots fixés mais
également une partie de l’information des mots situés immédiatement à leur droite. Nous
exploitons ainsi à chaque fixation une région de texte qui peut s’étendre de 3-4 caractères à gauche
du point de fixation jusqu’à 14-15 caractères à droite du point de fixation. La région à partir
de laquelle nous prélevons de l’information, appelée aussi empan perceptif, est asymétrique.
Davantage d’informations sont extraites à droite qu’à gauche du point de fixation. La taille de cette
région varie selon la difficulté du mot traité en position fovéale. Elle est moins étendue lorsque
nous identifions un mot difficile qu’un mot facile (Henderson & Ferreira, 1990). La majorité
des recherches sur l’acquisition de l’information latérale ont été menées chez le lecteur expert
(Rayner, 1998). Peu de données ont été obtenues chez l’apprenti lecteur, laissant ainsi les aspects
développementaux peu documentés. Jusqu’à présent, les seules études menées dans ce domaine
ont montré que la taille de l’empan perceptif était plus petite chez l’apprenti lecteur que chez le
lecteur expert. La quantité totale d’information extraite au cours d’une fixation augmente au fur et
à mesure du développement des habilités en lecture (Häikiö & al., 2009; Rayner, 1986).
Nous proposons d’utiliser une tâche d’identification de mots présentés avec ou sans
distracteurs latéraux qui sont soit lexicaux (mots), soit non lexicaux (symboles). La détérioration
du taux d’identification des mots observée en présence de distracteurs est utilisée comme indice
d’une prise effective d’information latérale.
Dans notre étude, quatre questions sont posées. Premièrement, l’apprenti lecteur est-il capable
d’extraire de l’information latérale lorsqu’il identifie des mots en région fovéale ? Deuxièmement,
l’apprenti lecteur prélève-il davantage d’information à droite du point de fixation qu’à gauche du
point de fixation ? Troisièmement, la complexité du traitement de l’information fovéale diminuet-elle la quantité d’information latérale extraite par le lecteur apprenti ? Quatrièmement, les
perturbations observées sur le traitement fovéal sont-elles la conséquence d’un traitement lexical de
l’information latérale ou simplement le résultat d’une perturbation des ressources attentionnelles
liée à la présence de cette information ?
mercredi
matin
Notre étude examine chez les lecteurs apprentis la sensibilité à l’information latérale lorsque des mots
sont identifiés en vision centrale. Une tâche d’identification de mots fréquents ou peu fréquents est
proposée à des lecteurs de CE2 et de CM2. Ces mots sont présentés seuls, ou avec un distracteur latéral,
celui-ci étant un mot ou une suite de symboles. La détérioration du taux d’identification des mots en
présence de distracteurs est utilisée comme indice d’une extraction effective de l’information latérale.
Les résultats révèlent que dès le CE2, l’identification de mots en région fovéale s’accompagne d’une
extraction de l’information latérale. Moins d’information latérale est extraite par les lecteurs apprentis
lors de l’identification de mots peu fréquents que lors de l’identification de mots fréquents. La présence
d’information latérale entraîne une détérioration du traitement de l’information fovéale. Si cette
détérioration peut s’expliquer en partie par un traitement lexical réalisé sur l’information latérale, elle
est aussi la conséquence d’une diversion des ressources attentionnelles chez l’apprenti lecteur.
Matériel et Méthode
120 participants de CE2 et 120 participants de CM2 sont répartis aléatoirement dans une des
quatre expériences proposées dans cette étude. Dans chaque expérience, le sujet doit identifier un
mot présenté seul ou avec un distracteur. Les cibles peuvent être fréquentes (expériences 1 & 3) ou
rares (expériences 2 & 4). Les distracteurs sont soit des mots de HF (expériences 1 & 2), soit des
suites de symboles sans signification (expériences 3 & 4).
Les cibles ont été sélectionnées à partir de la base Manulex-Infra (Peereman & al., 2007). Deux
listes de 128 items ont été constituées, l’une avec des mots de haute fréquence, l’autre avec des
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mots de basse fréquence. Dans chaque liste, 64 items sont composés de cibles présentées seuls et 64
items de cibles présentées avec un distracteur. Lorsqu’il est présent, le distracteur apparaît dans le
champ visuel gauche ou droit, en étant proche ou éloigné du mot cible. Une tâche d’identification
perceptive de mots est proposée. Les items sont présentés avec une durée inférieure à 175ms. Les
participants doivent identifier la cible présentée au centre de l’écran en la nommant, sans tenir
compte des distracteurs et en évitant tout mouvement oculaire. On relève dans chaque catégorie
d’items le pourcentage d’identification correcte.
Résultats et Discussion
mercredi
matin
Chez les CE2 et les CM2, le taux d’identification des cibles présentées avec un distracteur est
moins élevé que celui des cibles présentées seules. Ce taux n’est pas davantage détérioré par les
distracteurs en champ visuel droit que ceux en champ visuel gauche. Lorsque la cible est fréquente,
son identification est perturbée par les distracteurs proches mais également par les distracteurs
éloignés. En revanche, lorsque la cible est peu fréquente, seuls les distracteurs proches perturbent
son identification. Dans le cas où les distracteurs sont non lexicaux, seuls ceux qui sont proches
perturbent l’identification des cibles, que ces dernières soient fréquentes ou non.
Les deux groupes de lecteurs prélèvent de l’information latérale au cours de l’identification de
mots en région fovéale. Ils extraient autant d’information à gauche qu’à droite du point de fixation.
Contrairement à ce qui est observé lors de l’identification des mots fréquents, l’identification des
mots peu fréquents s’accompagne d’une prise d’information latérale à partir d’une région plus
restreinte. Par conséquent, moins d’information latérale est extraite lorsque le traitement fovéal
est rendu difficile. Les mots peu fréquents étant plus difficiles à identifier que les mots fréquents,
davantage de ressources attentionnelles leurs sont consacrées, rendant ainsi moins probable
le traitement de l’information latérale dont le rôle reste ici accessoire. L’effet perturbateur de
l’information latérale chez l’apprenti lecteur n’est pas uniquement le résultat d’un traitement
lexical tel que cela a été mis en évidence chez l’adulte (Lee & Kim, 2009), mais également le résultat
d’une diversion des ressources attentionnelles.
Références
Lee, C.H. & Kim, K. (2009). Word processing in the parafoveal region. International Journal of Psychology, Vol. 44,
(5), 369-377.
Häikiö, T., Bertram, R., Hyönä, J., & Niemi, P. (2009). Development of the letter identity span in reading: Evidence from
the eye movement moving window paradigm. Journal of Experimental Child Psychology, 102, 167-181.
Henderson, J. M., & Ferreira, F. (1990). The effects of foveal difficulty on the perceptual span in reading: Implications
for attention and eye movement control. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and
Cognition, 16, 417-429.
Rayner, K. Eye movements in reading and information processing: Twenty years of research. Psychological Bulletin,
1998, 124, 372-422.
Rayner, K. (1986). Eye movements and the perceptual span in beginning and skilled readers. Journal of Experimental
Child Psychology, 41, 211-236.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Effet du voisinage orthographique émotionnel dans la
reconnaissance visuelle des mots : étude en potentiels évoqués
Gobin, Pamela (Université Bordeaux 2), Mathey, Stéphanie (Université Bordeaux 2), Faïta-Aïnseba,
Frédérique (Université Bordeaux 2).
L’étude a pour objectif d’examiner la précocité de l’activation du système affectif médié par le lexique
orthographique dans la reconnaissance visuelle des mots, en observant les corrélats électrophysiologiques
du voisinage orthographique émotionnel. Les paires créées étaient composées d’un mot amorce,
négatif ou neutre, qui était le voisin orthographique le plus fréquent d’une cible neutre (ex. : poisonTOISON ; salon-TALON).L’activité cérébrale était enregistrée lors d’une tâche de décision lexicale
amorcée. L’amorce, qui correspondait au voisin plus fréquent ou à une amorce contrôle, était présentée
pendant 66 ms (Expérience 1) ou 166 ms (Expérience 2). Les résultats montrent un effet d’amorçage
orthographique sur deux positivités précoces (P150/P300) et sur deux négativités plus tardives (N300/
N400). Cet effet interagit avec la valence émotionnelle du voisin plus fréquent : la différence d’amplitude
de la P150 n’apparaît que lorsque le voisin plus fréquent est négatif alors que la modulation d’amplitude
de la N400 n’est significative que s’il est neutre. L’apparition de ces composantes dépend de la durée de
présentation de l’amorce. Ces résultats suggèrent que l’augmentation d’amplitude de la N400 serait un
corrélat de l’inhibition orthographique exercée par les voisins et soulignent l’influence affective précoce
lors de la reconnaissance visuelle de mots.
Introduction
L’objectif de cette étude est de préciser l’activation du système affectif via le lexique
orthographique en examinant les corrélats électrophysiologiques du voisinage orthographique
émotionnel. Dans le domaine de la reconnaissance visuelle des mots, un ralentissement a été
observé lorsque les mots possèdent des voisins orthographiques plus fréquents (mots de même
longueur différant par une seule lettre ; ex. : talon et salon). Plusieurs études ont ainsi montré
un effet d’amorçage orthographique inhibiteur pour un voisin amorce présenté 60 ms (Segui &
Grainger, 1990 ; voir aussi Mathey, Robert & Zagar, 2004) ou 175 ms (Burt, 2009) et 200 ms (Robert
& Mathey, 2007). Des données électrophysiologiques récentes ont permis de préciser le décours
temporel de l’accès au lexique. Ainsi, une N250 serait plus ample pour des amorces non reliées
orthographiquement que pour des amorces voisins orthographiques mots ou pseudomots alors
que l’amplitude de la N400 serait réduite uniquement pour des amorces voisins orthographiques
pseudomots (Massol, Grainger, Dufau & Holcomb, 2010). D’autre part, la reconnaissance visuelle
des mots est influencée par leur valence émotionnelle. Les mots négatifs ont un seuil d’accès à la
conscience plus faible que les mots neutres (Gaillard et al., 2006). Plusieurs études en potentiels
évoqués mettent en évidence que la valence négative des mots influencerait des composantes
précoces (pour une revue voir Kissler, Assadollahi & Herbert, 2006). Dans la présente étude, les
corrélats électrophysiologiques ont ainsi été recueillis pour déterminer si la valence émotionnelle
négative des voisins plus fréquents pourrait influencer la reconnaissance visuelle des mots.
mercredi
matin
Résumé
Matériel et Méthode
19 étudiants (Expérience 1) et 20 étudiants (Expérience 2), de langue maternelle française
et droitiers, ont participé à l’étude. Les 88 mots cibles neutres avaient un voisin orthographique
plus fréquent qui était neutre (ex. : salon pour TALON) ou négatif (ex. : poison pour TOISON).
Les mots cibles ont été appariés notamment en fonction de leur fréquence, de la différence de
fréquence avec leur voisin plus fréquent et de leur valence émotionnelle.
Les mots ont été présentés dans deux tâches de décision lexicale Go/NoGo amorcées. Après
la présentation d’un masque (500 ms), l’amorce en minuscules était affichée pendant 66 ms
(Expérience 1) ou 166 ms (Expérience 2). Elle correspondait soit au voisin orthographique plus
fréquent, soit à une amorce contrôle non alphabétique (&&&&&) fournissant une condition de base
identique pour les mots cibles possédant un voisin neutre ou émotionnel. La cible en majuscules
était enfin projetée jusqu’à la réponse du participant ou pendant 2500 ms. Les participants devaient
Congrès psycho.indb 199
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
appuyer sur la touche de réponse uniquement si l’item était un mot de la langue française. Durant
la tâche, l’activité cérébrale était enregistrée à l’aide d’un casque à 19 électrodes.
Résultats et Discussion
mercredi
matin
Les résultats de l’Expérience 1 (SOA=66 ms) montrent un effet d’amorçage significatif sur
la P150, la N200 (p<.05) et la N400 (p<.05) qui interagit avec la valence du voisin plus fréquent
(p<.05). La P150 est plus importante pour un mot amorce voisin plus fréquent alors que la N200
apparaît pour une amorce contrôle. Cet effet n’apparaît que si le voisin plus fréquent est négatif.
La N400 est plus ample pour les mots précédés de leur voisin mais cet effet n’est significatif que si
ce voisin est neutre.
Les résultats de l’Expérience 2 (SOA=166 ms) révèlent un effet significatif d’amorçage
orthographique sur la N200 (p<.05) et sur la P300 (p<.01), leur amplitude étant plus importante
pour les mots précédés d’une amorce contrôle. Par ailleurs, le pic de la négativité consécutive à la
P300 est plus précoce pour les mots précédés de leur voisin plus fréquent (p<.01).
Dans l’ensemble, les résultats suggèrent une influence affective précoce de mots amorces voisins
plus fréquents avant même que le traitement orthographique des mots cibles ne soit achevé. Par
ailleurs, une N400 précoce pourrait correspondre au corrélat électrophysiologique de l’inhibition
exercée par ces voisins orthographiques plus fréquents. Enfin, l’apparition des composantes
précoces serait dépendante de la durée de présentation de l’amorce. Le système affectif pourrait
donc être activé précocement via le lexique orthographique. Cette activation affective modifierait
alors deux composantes précoces sous-tendant le traitement orthographique des mots. Le rôle des
différents types d’amorce est discuté dans le cadre d’un modèle de reconnaissance des mots adapté
au traitement affectif.
Références
Burt, J. S. (2009). Identifiable orthographically similar word primes interfere in visual word identification. Journal of
Memory and Language, 61, 259-284.
Gaillard, R., Del Cul, A., Naccache, L., Vinckier, F., Cohen, L., & Dehaene, S. (2006). Non conscious semantic processing
of emotional word modulates conscious accesss. Proceedings of the National Academy Sciences of the United
States of America, 103, 7524-7529.
Kissler, J., Assadollahi, R., & Herbert, C. (2006). Emotional and semantic networks in visual word processing: insights
from ERP studies, Progress in Brain Research, 156, 147-183.
Massol, S., Grainger, J., Dufau, S., & Holcomb, P. (2010). Masked priming from orthographic neighbors: an ERP
investigation. Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance, 36, 162-174.
Mathey, S., Robert, C., & Zagar, D. (2004). Neighbourhood distribution interacts with orthographic priming in the
lexical decision task. Language and Cognitive Processes, 19, 533-559.
Robert, C., & Mathey, S. (2007). La distribution du voisinage influence l’amorçage orthographique non masqué des mots
écrits. Psychologie française, 52, 171-181.
Segui, J., & Grainger, J. (1990). Priming word recognition with orthographic neighbors: effects of relative prime-target
frequency. Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance, 16, 65-76.
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La surgénéralisation des souvenirs autobiographiques chez les
polyconsommateurs de substances : déficit des fonctions éxecutives
ou stratégie de régulation des émotions
Gandolphe, Marie-Charlotte (Université de Lille Nord de France), Nandrino, Jean-Louis (URECA,
Université de Lille Nord de France), Hancart, Sabine (Centre hospitalier Dr Schaffner, département
d’addictologie “Le Square”, Lens.), Vosgien, Véronique (Centre hospitalier Dr Schaffner, département
d’addictologie “Le Square”, Lens), Bochand, Laure (Université Lille Nord de France).
Cette recherche vise à déterminer si les troubles des fonctions exécutives observés chez les
polyconsommateurs entrent en jeu dans la surgénéralisation des souvenirs autobiographiques
et si ce phénomène peut également être envisagé comme une stratégie de régulation de l’émotion
dans cette population. 60 patients dépendants et 60 individus contrôles ont été soumis à des tests
mesurant l’utilisation de stratégies d’évitement cognitifs (WBSI, TCAQ, AAQ II, QEC) et la
mémoire autobiographique (AMT, AMT-R) Les scores à l’AMT dénotent l’existence d’un lien entre
la surgénéralisation des souvenirs et l’utilisation de stratégies d’évitement, appuyant l’hypothèse
d’une fonction d’évitement émotionnel de la surgénéralisation. En revanche, les scores à l’AMT R
minimisent l’impact d’un trouble des fonctions exécutives en jeu dans la surgénéralisation chez les
polyconsommateurs.
Introduction
La récupération des souvenirs autobiographiques est un processus qui requiert l’utilisation
des fonctions exécutives dont le déficit aboutit à une plus grande difficulté dans la reconstruction
des souvenirs spécifiques et à une prévalence du rappel de souvenirs généraux [2, 10]. Selon le
modèle caRFAX de Williams et al. (2007), la surgénéralisation des souvenirs autobiographiques
correspond également à un processus d’évitement fonctionnel permettant de réduire la survenue
de l’émotion associée à la spécification du souvenir et peut être envisagé comme une stratégie
d’évitement cognitif [10]. Chez les individus dépendants, de nombreuses recherches ont mis en
évidence l’effet délétère des substances sur les fonctions exécutives [9] mais aussi des perturbations
émotionnelles au niveau de l’identification des émotions ou de leur régulation [1]. Dans cette
population, la surgénéralisation des souvenirs a déjà été observée [3]. Le but de cette étude est de
déterminer si les troubles des fonctions exécutives entrent en jeu dans ce phénomène et si celui-ci
peut également être envisagé comme une stratégie de régulation de l’émotion dans cette population.
La surgénéralisation sera étudié au cours d’une tâche de rappel de souvenirs autobiographiques
classique ou inversée: les patients doivent rappeler des souvenirs spécifiques (test classique) ou
généraux (test inversé) en réponse à des mots cibles. En situation classique, un phénomène de
surgénéralisation du rappel des souvenirs devrait être observé chez les patients dépendants. En
revanche en situation inversée, une plus grande spécificité des souvenirs indiquerait une difficulté à
inhiber les informations parasites (les souvenirs spécifiques), et révèlerait un trouble des fonctions
exécutives en jeu dans le phénomène de surgénéralisation [2].
mercredi
matin
Résumé
Matériel et méthode
60 patients dépendants à plusieurs substances selon les critères du DSM-IV et 60 individus
contrôles ont été inclus dans cette étude. Ils ont été soumis au White Bear Suppression Inventory
(WBSI) [8], au Thought Control Ability Questionnaire (TCAQ) [4], à l’Acceptance and Action
Questionnaire 2 (AAQ II) [8] et au questionnaire d’évitement cognitif (QEC) [5] afin de mesurer
l’utilisation de stratégies d’évitement. La mémoire autobiographique des participants a été évaluée
à partir de l’Autobiographical Memory Test (AMT) [7] au cours duquel il leur est demandé de
rappeler des souvenirs spécifiques en réponse à 20 mots cibles émotionnels. De façon aléatoire, la
moitié des participants passaient la version classique de l’AMT, et l’autre moitié la version inversée
(AMT-R) [2] dont la consigne est de rappeler des souvenirs généraux en réponse aux mêmes 20
mots cibles.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Résultats
Les scores au WBSI, au TCAQ, à l’AAQ II et au QEC démontrent une plus grande utilisation
des stratégies d’évitement cognitif par les individus dépendants que par les individus contrôles. Les
résultats à l’AMT-R montrent une prévalence de souvenirs généraux rappelés pour l’ensemble des
participants, tandis que les résultats à l’AMT dénotent un nombre de souvenirs généraux rappelés
significativement plus important pour les individus dépendants que pour les individus contrôles.
Enfin, pour l’ensemble des participants, le niveau de généralité des souvenirs est corrélé aux scores
des tests mesurant l’utilisation de stratégies d’évitement.
Discussion
mercredi
matin
Les résultats à l’AMT-R suggère qu’un trouble des fonctions exécutives ne serait pas le facteur
majeur entrant en jeu dans le phénomène de surgénéralisation chez les individus dépendants.
En effet, il apparaît que lorsque la consigne de l’AMT est inversée, les individus dépendants sont
capables de fournir une réponse appropriée. A contrario, l’hypothèse d’un évitement émotionnel
fonctionnel sous-tendant le phénomène de généralisation est renforcée par nos résultats au test
mesurant les stratégies d’évitement cognitif. Ces derniers attestent de la prévalence de l’utilisation
de stratégies d’évitement cognitif chez les individus dépendants et de l’existence d’un lien entre
leur utilisation et la surgénéralisation des souvenirs. Ces résultats soutiennent l’hypothèse
d’une fonction d’évitement émotionnel dans le phénomène de surgénéralisation des souvenirs
autobiographiques chez les individus dépendants.
Références
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Specificity and Emotional Disorder. Psychological Bulletin, 133(1), 122-148.
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Symposium-Cognition du Primate Non Humain
Organisation de la session :
Fagot, Joël (Laboratoire de psychologie cognitive, CNRS-Université de Provence, Marseille).
Les singes traitent-ils prioritairement les informations de contour ou de surface
des objets représentés en 2d ?
Parron, Carole (Laboratoire de psychologie cognitive, Marseille).
Les prosimiens peuvent-ils maîtriser leurs impulsions ? Étude du « self-control »
chez deux espèces de lémuriens (Eulemur Fulvus et E. Macaco)
Genty, Émilie (Centre de primatologie de l’Université de Strasbourg), Roeder, Jean Jacques (2 iphc, CNRSuds, UMR7178, Strasbourg).
Déficits comportementaux et cognitifs liés à l’âge chez un primate non humain,
le microcèbe : quels apports pour l’étude du vieillissement chez l’homme ?
Raisonnement analogique chez le babouin ?
Fagot, Joel (Laboratoire de psychologie cognitive, CNRS-Université de Provence).
Apprentissage social et individuel chez l’homme et le singe
Monfardini, Elisabetta (Espace et action, inserm u864 & Université Claude Bernard Lyon 1), HadjBouziane, Fadila (Espace et action, inserm u864), Gaveau, Valérie (Espace et action, inserm u864 &
Université Claude Bernard Lyon 1, France), Boussaoud, Driss (Neurosciences cognitives de la Méditerranée,
UMR61 93, CNRS & Université Aix-Marseille, France), Meunier, Martine (Espace et action, inserm u864 &
Université Claude Bernard Lyon).
mercredi
matin
Aujard, Fabienne (UMR7179 CNRS-mnhn, Brunoy).
Résumé
Cette session a pour objectif principal d’illustrer l’intérêt des recherches de psychologie cognitive sur
le primate non humain pour comprendre la cognition humaine, et de présenter les avancées récentes du
domaine. La session « Cognition du primate non humain » comportera cinq exposés complémentaires où
seront présentés des travaux qui visent à la fois à identifier les similarités entre cognition humaine et celle
des primates non humains, et à caractériser un certain nombre de différences qui interrogent l’évolution
des processus cognitifs. Le premier exposé, par Carole Parron (Laboratoire de Psychologie Cognitive,
Marseille) portera sur la prise en compte des informations de contour ou de surface lors de la
discrimination d’objets chez le macaque. Il montrera l’intérêt de l’approche comparative pour tester les
limites de validité des théories de la perception humaine. Le second exposé, par Emilie Genty du centre
de Primatologie de l’Université de Strasbourg, traitera du contrôle du comportement via les fonctions
exécutives. Lors de cet exposé, Emilie Genty nous apprendra que les phénomènes de « self control » que
l’on pensait propres à l’homme ou aux grands singes peuvent être mis en évidence chez les lémuriens,
permettant ainsi de mieux comprendre l’importance des facteurs sociaux-écologiques et phylogénétiques
ayant contribué à l’émergence d’une telle faculté au sein de l’ordre des primates. Le troisième exposé, par
Fabienne Aujard du Muséum D’Histoire Naturelle (Brunoy) montrera que l’étude d’un petit lémurien,
le microcèbe, permet des avancées significatives sur la compréhension des phénomènes de vieillissement
cognitif, en rapport notamment avec le régime alimentaire. Le quatrième exposé, par Joël Fagot du
Laboratoire de Psychologie Cognitive de Marseille, questionnera la capacité de babouins à résoudre des
problèmes d’analogie. On y découvrira des travaux suggérant que les compétences humaines d’analogie
trouvent leur origine chez les primates non humains. Enfin, Elisabetta Monfardini (INSERM U864,
Bron) présentera une série de recherches sur l’apprentissage par observation chez le singe macaque.
Elle illustrera en quoi ce type de recherche sur le primate non humain ouvre de nouvelles perspectives
dans le domaine de la pédagogie et des sciences de l’éducation. Ce symposium, dans sa diversité et sa
complémentarité, incitera à un renforcement des interactions entre chercheurs en sciences cognitives
humaines et ceux du domaine de la psychologie de l’animal.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Les singes traitent-ils prioritairement les informations de contour
ou de surface des objets représentés en 2d ?
mercredi
matin
Parron, Carole (Laboratoire de psychologie cognitive, Marseille).
La capacité des primates non-humains à percevoir et reconnaître des objets représentés en
deux-dimensions a été largement démontrée dans de nombreuses expériences (e.g. Sackett, 1966 ;
Schrier & Brady, 1987; Jitsumori, 1994). Cependant, les résultats de ces études n’apportent que
peu d’informations quant à l’importance relative des caractéristiques picturales, telles que les
informations de couleur, de texture, et d’ombrage, qui sont indispensables à la mémorisation et à
la reconnaissance d’objet. Cette question fondamentale a été abordée chez l’homme et a conduit à
l’élaboration de deux théories distinctes de reconnaissance d’objet : une première théorie basée sur la
reconnaissance de l’objet à partir de sa description structurale (Biederman, 1987) ; et une deuxième
théorie basée sur une reconnaissance de l’objet dépendante du point de vue de l’observateur (Tarr
& Pinker, 1990), et dans laquelle les informations présentes à la surface de l’objet sont mémorisées
par l’observateur. Afin de tester si les singes utilisent davantage les informations de contour et
d’arêtes internes (première théorie) ou des caractéristiques de surface (deuxième théorie) d’un
objet représenté, nous avons réalisé une série d’expériences. Cinq macaques étaient entraînés à
discriminer des geons (objets représentés en trois dimensions adaptés de Biederman, 1987) puis
testés à reconnaître ces mêmes geons avec trois types de modifications possibles. Premièrement, la
surface du geon était effacée pour ne laisser que les contours et les arêtes de l’objet : dessin de geon ;
ensuite, la surface du geon était grisée, ne laissant que les informations de contour : silhouette du
geon; enfin, un changement de la direction d’éclairage créait une modification des informations
de surface : geon avec changement d’éclairage. Globalement, les résultats de ces deux premières
expériences montrent que les macaques sont capables de reconnaître les trois types de geons
modifiés au-delà de la chance, selon une gradation des performances allant dans le sens : geon
avec changement d’éclairage > geon silhouette = geon dessiné. Ces deux expériences confirment
également que pour les macaques, la représentation des objets appris ne repose pas sur la présence
des arêtes internes. En revanche, les informations de surface semblent jouer un rôle prépondérant
dans la représentation d’objet. De plus, une troisième expérience montre que les singes sont
capables de discriminer correctement les geons tests remplis d’une nouvelle texture. L’ensemble de
ces résultats souligne d’une part qu’un changement radical des informations de surface n’empêche
pas les macaques de discriminer correctement les geons ; et d’autre part que les informations de
surface de l’objet d’origine sont effectivement stockées dans la représentation que les macaques
se font d’un objet, puisque plus les informations de surface sont proches de celles de l’objet
d’origine, mieux l’objet est reconnu. En conclusion, la reconnaissance d’objet chez les macaques
semble reposer davantage sur une théorie basée sur les informations de surface, plutôt que sur la
position des arêtes. Cependant, nos données démontrent également que les macaques possèdent
une capacité adaptative à utiliser les informations de contour pour reconnaître un objet lorsque
seules ces informations sont disponibles.
Les prosimiens peuvent-ils maîtriser leurs impulsions ? Étude du
« self-control » chez deux espèces de lémuriens (Eulemur Fulvus et
E. Macaco)
Genty, Émilie (Centre de primatologie de l’Université de Strasbourg), Roeder, Jean Jacques (2 iphc, CNRSuds, UMR7178, Strasbourg).
Cet exposé offrira un bilan de l’ensemble des recherches menées dans le domaine du « selfcontrol » chez les lémuriens en se plaçant dans une perspective de comparaison interspécifique. Le
« self-control » est communément testé à l’aide d’une tâche de renforcement inversé qui consiste à
présenter au sujet le choix entre deux quantités de nourriture et à le récompenser par l’inverse de
son choix. Lors d’études précédentes, nous avons mis en évidence que les lémuriens, à l’instar de
nombreuses autres espèces, présentaient des difficultés à maîtriser leur impulsivité et persistaient à
sélectionner la plus grande quantité de nourriture. Cependant, après l’application d’une procédure
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de renforcement « tout-ou-rien », où seul le choix de la plus petite quantité est récompensé, tous
les sujets ont appris à sélectionner significativement plus souvent la plus petite quantité pour
être récompensés par la plus grande. Les sujets ont ensuite maintenu ce choix significatif lors du
retour à la procédure de renforcement inversé. Ils ont également été capables de généraliser leur
apprentissage lors de la présentation de nouvelles paires de quantités.
Une fois acquise, la faculté de « self-control » semble être robuste puisque les sujets ont
maintenu leurs performances plusieurs mois après la fin de l’expérience. Ils ont également été
capables de transférer leur apprentissage au choix entre deux aliments de valeur appétitive
différente. En effet, les lémuriens ont sélectionné significativement plus souvent l’aliment le moins
appétant pour recevoir le plus appétant en récompense.
Nous avons également testé la possibilité que, comme les macaques rhésus et les mangabeys,
des lémuriens pourraient maîtriser la tâche de renforcement inversé, sans recours à des procédures
de facilitation (comme le renforcement « tout-ou-rien »), si l’on appliquait simplement un nombre
d’essais suffisant. Seul un sujet sur cinq a réussi à comprendre la tâche après 1300 essais. Les autres
sujets ont, quant à eux, rapidement développé un biais de position face au dispositif expérimental
et présenté ainsi des choix proches du hasard.
Finalement, nous avons testé l’hypothèse selon laquelle la valeur appétitive de la nourriture
ou la présence d’un compétiteur (auquel l’option choisie était offerte en récompense) faciliteraient
l’acquisition de la tâche.
L’approche comparative permet de mieux comprendre l’importance des facteurs sociauxécologiques et phylogénétiques ayant contribué à l’émergence d’une telle faculté au sein de l’ordre
des primates.
Déficits comportementaux et cognitifs liés à l’âge chez un
primate non humain, le microcèbe : quels apports pour l’étude du
vieillissement chez l’homme ?
mercredi
matin
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Aujard, Fabienne (UMR7179 CNRS-mnhn, Brunoy).
Le vieillissement est souvent associé chez l’homme à des déficits cognitifs. À l’heure actuelle,
l’utilisation de modèles primates non humains du vieillissement est nécessaire pour améliorer les
connaissances sur la nature et l’importance du déclin cognitif normal lié à l’âge, et sur les liens
possibles entre vieillissement normal et vieillissement pathologique. En outre, la restriction
calorique modérée chronique est actuellement un des rares protocoles connus pour allonger
significativement l’espérance de vie chez des espèces à courte durée de vie. La restriction calorique
retarderait les manifestations d’un certain nombre de pathologies liées à l’âge tout en conservant
l’intégrité des grandes fonctions physiologiques. L’étude de l’évolution avec l’âge des performances
cognitives chez un primate non humain malgache, le Microcèbe (durée de vie : 8 ans), a montré
un déficit de certaines fonctions cognitives chez les individus âgés, associé à une atrophie cérébrale
régionale spécifique. Cette caractérisation précise des déficits cognitifs liés à l’âge chez le Microcèbe
permet de tester l’impact d’une restriction calorique ou d’un mimétique potentiel, le Resvératrol,
sur l’évolution du vieillissement cérébral. Les résultats de 3 années d’exposition à ces deux
traitements alimentaires seront présentés, en comparaison d’animaux contrôles vieillissants ou
d’animaux âgés témoins. Ces résultats pourraient à terme donner des indications précieuses pour
définir des protocoles nutritionnels ou pharmacologiques adaptés à des stratégies limitant les effets
du vieillissement sur les fonctions cognitives.
Raisonnement analogique chez le babouin ?
Fagot, Joel (Laboratoire de psychologie cognitive, CNRS-Université de Provence).
Je présenterai succinctement les données de la littérature sur la capacité des singes à résoudre
des problèmes d’analogie, en discutant l’hypothèse de Premack (1982) selon laquelle cette capacité
n’est accessible qu’aux singes « entraînés au langage ». Mon exposé se focalisera les performances
manifestées par les singes dans la tâche d’appariement relationnel traditionnellement utilisée
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
dans ce domaine. Dans cette tâche, le sujet perçoit une première paire de stimuli (par exemple la
paire A A) composée d’éléments identiques ou différents. Il perçoit ensuite deux nouvelles paires,
constituées d’éléments différents de la première paire, mais qui illustrent des relations d’identité
(par exemple la paire B B) ou de différence (paire C D). Le singe doit apparier les paires en fonction
des relations représentées (dans ce cas apparier A A avec B B car ces deux paires illustrent une
relation d’identité). Cette tâche a été récemment proposée à un groupe de babouins qui avaient la
possibilité d’interagir librement avec les systèmes expérimentaux. L’examen de leurs performances
montre qu’un sous ensemble de ces animaux peuvent apprendre à résoudre cette tâche et qu’ils
continuent à répondre correctement lors de tests de transfert impliquant de nouvelles formes
comme stimuli. Cette capacité ne semble cependant pas accessible à tous les sujets, et n’apparaît
qu’après des dizaines de milliers d’essais d’apprentissage. Ces données suggèrent une origine
phylogénétique du raisonnement analogique chez l’homme.
Apprentissage social et individuel chez l’homme et le singe
mercredi
matin
Monfardini, Elisabetta (Espace et action, inserm u864 & Université Claude Bernard Lyon 1), Hadjbouziane, Fadila (Espace et action, inserm u864), Gaveau, Valérie (Espace et action, inserm u864 &
Université Claude Bernard Lyon 1, France), Boussaoud, Driss (Neurosciences cognitives de la Méditerranée,
UMR61 93, CNRS & Université Aix-Marseille, France), Meunier, Martine (Espace et action, inserm u864 &
Université Claude Bernard Lyon).
Résumé
Quand ils choisissent leurs comportements, les primates humains et non-humains savent se baser sur
leurs propres expériences passées. Mais ils savent aussi apprendre par l’expérience d’autrui. Malgré la
pléthore d’études sur le sujet, la question de savoir si l’apprentissage social est vraiment plus efficace
que l’apprentissage individuel n’a pas été abordée. Dans l’étude que je vais vous présenter nous avons
comparé directement l’efficacité d’un seul succès ou échec selon qu’il est exécuté ou simplement observé,
chez l’homme et chez le singe macaque. Les résultats révèlent une forte influence du type d’apprentissage
sur l’efficacité des erreurs et des succès. Hommes et singes tirent beaucoup plus de bénéfice des échecs
des autres que des leurs propres. À l’inverse, ils ont tendance à apprendre mieux de leurs propres succès
que de ceux d’autrui. Ces résultats montrent qu’une erreur ou un succès initial n’a pas les mêmes
conséquences selon que l’apprentissage est social ou individuel, et que cette différence n’est pas unique
à l’homme. Ils ouvrent ainsi de nouvelles perspectives dans le domaine de la pédagogie et des sciences
de l’éducation.
Introduction
Les primates humains et non humains savent élaborer, à partir de leurs succès et échecs, les
prédictions qui orienteront leurs décisions futures.
Cependant, la plupart des primates vivent en groupe, et une grande partie de leurs décisions
sont affectées par l’observation du comportement des autres. Apprendre par observation d’autrui
est vital pour l’homme, et ceci vaut aussi certainement pour les singes. En effet, longtemps
considérés comme piètre imitateurs de gestes et actions (Visalberghi&Fragaszy, 2002), les singes
sont aujourd’hui reconnus comme capables de profiter spontanément de l’observation d’un
congénère pour apprendre de nouvelles règles plus vite (Meunier et al, 2007; Subiaul et al, 2004).
L’apprentissage individuel, et le traitement de la récompenses qu’il nécessite, dépend d’un
réseau cérébral reliant les cortex orbital et cingulaire antérieur, l’amygdale, le striatum et les
noyaux dopaminergiques du mésencéphale (Schultz, 2006). Récemment, nous avons démontré
que ce réseau est également impliqué dans l’apprentissage social de nouvelles règles chez l’homme
(Monfardini et al, 2008 ; Monfardini et al., soumis). Notre cerveau ne semble donc pas faire la
différence entre voir recevoir une récompense ou la recevoir, subir un échec ou le voir subir. Mais
est-ce que cela est vrai aussi d’un point de vue comportemental ?
Bien que la valeur adaptative de l’apprentissage ait conduit plusieurs disciplines à
l’élaboration de modèles et théories sur des nombreuses espèces (Galef&Laland, 2005), aucune
étude a directement comparé l’efficacité de ces deux formes d’apprentissage: apprend-on plus vite
en faisant ou en voyant faire ? Quand ils apprennent seuls, les humains, enfants et adultes, (van
Duijvenvoorde et al, 2008), les macaques (Riopelle et al, 1954), ainsi que les babouins et les pigeons
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(Cook&Fagot, 2009) retiennent mieux une association stimulus-récompense s’ils ont obtenu une
récompense au premier essai. Cela est-il vrai aussi pour l’apprentissage social ? Nous utilisons une
approche comparative homme-singe pour répondre à cette question.
Les résultats obtenus jusqu’à présent concernent 8 hommes et 8 macaques rhésus. Les sujets
étaient testés en dyade. A l’intérieur de chaque session expérimentale, les deux membres de la
dyade jouaient tour à tour le rôle de modèle et celui d’observateur.
La tâche utilisée était une tâche d’apprentissage associatif stimulus-récompense (Meunier,
Monfardini & Boussaoud, 2007). Plusieurs paires d’objets étaient présentées, l’une après l’autre.
Dans chaque paire, seul un objet, toujours le même, cachait une récompense (une friandise pour
les singes, une pièce de monnaie pour les hommes). Le but était d’apprendre à sélectionner l’objet
positif pour obtenir la récompense.
Plusieurs listes étaient administrées, chacune pendant 2 essais. Pour certaines paires de la liste,
le sujet effectuait les 2 essais seul. Pour les autres, il observait un congénère effectuer le 1er essai
avant d’exécuter lui même le 2nd essai. Dans les deux cas, les choix au 1er essai étaient manipulés
pour comporter autant d’erreurs que de succès.
Nous avons comparé le pourcentage de réponses correctes à l’essai 2 en fonction de la source
de l’information obtenue à l’essai 1 (Apprentissage Individuel vs. Social) et de sa nature (Erreur vs.
Succès).
Résultats et Discussion
Les résultats chez les singes révèlent une forte influence du type d’apprentissage sur le
traitement des erreurs et des succès. Les singes apprennent mieux de leurs propres succès que
de ceux d’autrui. Voir un congénère obtenir une récompense au premier essai conduit à 54% de
bonnes réponses à l’essai suivant, alors que l’obtenir soi-même amène à 70% de réponses correctes.
À l’inverse, les singes tirent beaucoup plus de bénéfice des échecs des autres que des leurs.
Après avoir observé une seule erreur d’un congénère, les singes ont 64% de chance de la corriger à
l’essai suivant, alors qu’ils ont seulement 34% de chance de corriger leur propre erreur.
Les résultats préliminaires chez huit sujets humains révèlent un pattern similaire, c’est-à-dire,
une tendance à mieux tirer profit des succès personnels que des succès des autres avec, à l’inverse,
une propension marquée à mieux apprendre des erreurs des autres que des erreurs personnelles.
L’ensemble de ces résultats suggère qu’après une erreur ou un succès initial, apprentissage
social et individuel ne suivent pas les mêmes règles: l’homme et le singe ont du mal à corriger
leurs propres erreurs, mais sont très efficaces pour corriger les erreurs d’autrui. A l’opposé, ils
apprennent facilement une action qui leur a apporté une récompense, mais ils sont moins efficaces
quant il s’agit de retenir une action pour laquelle quelqu’un d’autre a été récompensé.
mercredi
matin
Matériel et Méthode
Références
Cook R, Fagot J. (2009). First trial rewards promote 1-trial learning and prolonged memory in pigeon and baboon.
PNAS 106: 9530-3.
Galef BG, Laland KN. (2005). Social learning in animals: empirical studies and theoretical models. Bioscience 55: 489–
499.
Meunier M, Monfardini E, Boussaoud D. (2007). Learning by observation in rhesus monkeys. Neurobiology of Learning
and Memory 88: 243-8.
Monfardini E, Brovelli A, Boussaoud D, Takerkart S, Wicker B. (2008). I learned from what you did: Retrieving
visuomotor associations learned by observation. Neuroimage 42: 1207- 13.
Monfardini E, Gazzola V, Boussaoud D, Brovelli A, Keysers C, Wicker B (soumis). Vicarious coding of actions and
rewards during social learning.
Riopelle A.J., Francisco E.W., Ades H.W. (1954) Differential first-trial procedures and discrimination learning
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Symposium-Neuropsychologie clinique :
évolutions actuelles des outils
Organisation de la session :
Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140, ulnf).
Mise au point de deux tests de mémoire dans une population de sujets ayant un
faible niveau d’éducation ou de maîtrise de la langue française.
Maillet, Didier (CHU avicenne, ap-hp).
Évaluation de la cognition sociale dans la pratique clinique
Delbeuck, Xavier (Cmrr de Lille, EA 2691, Université Lille Nord de France).
Rôle des structures sous-corticales dans le langage : recherche d’indices
comportementaux latéralisateurs
Ehrlé, Nathalie (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140, Université
Lille Nord de France).
mercredi
matin
Élaboration d’une batterie brève d’évaluation des praxies gestuelles
Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140, Université
Lille Nord de France), Mahieux, Florence (Cegap, hôpital Charles-Foix, ap-hp, Ivry-sur-Seine).
Evaluation des fonctions exécutives de la personne âgée : stroop victoria et
hayling.
Bayard, Sophie (Service de neurologie, hôpital Gui-de-Chauliac, inserm u888), Erkes, Jérôme (Inserm
u 888), Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140,
Université Lille Nord de France).
Résumé
C’est en bénéficiant des études de groupes de patients cérébrolésés victimes d’une des guerres
mondiales et des paradigmes de la psychologie expérimentale qu’ont été élaborés les outils classiques
de la neuropsychologie clinique (exemples : Trail making Test, Stroop). Ces outils s’inscrivaient
dans une approche anatomo-clinique permettant de latéraliser et/ou localiser l’atteinte cérébrale
d’un patient. Il est indispensable d’actualiser les outils employés en pratique clinique avec une
fréquence régulière (Crawford, 2004). Ces outils doivent évoluer en fonction des caractéristiques
démographiques de la population générale, de l’évolution des connaissances théoriques concernant
le fonctionnement cognitif normal et de l’émergence de nouvelles pathologies cérébrales.
Cette session thématique aborde plusieurs évolutions actuelles des outils employés en
neuropsychologie clinique.
Adoptant une démarche anatomo-clinique, Nathalie Ehrlé présentera des épreuves de langage
construites pour latéraliser et localiser un dysfonctionnement cognitif assuré par des structures
sous-corticales. Cette approche est innovante puisque jusqu’à présent la démarche anatomoclinique était appliquée uniquement pour des capacités cognitives dites « corticales ».
Didier Maillet insistera sur l’importance du niveau d’étude des patients pour interpréter leurs
performances cognitives et cela grâce à la présentation de deux nouveaux outils (TMA93, TNI93).
Ces outils qui faisaient défaut jusqu’à présent évaluent les capacités mnésiques de personnes
illettrées ou non francophones.
Sophie Bayard abordera l’intérêt d’adapter les outils cliniques aux caractéristiques d’âge des
patients. Elle illustrera son propos à l’aide de son expérience dans l’adaptation et la normalisation,
pour des participants âgés de plus de 50 ans, de deux outils évaluant les capacités d’inhibition : le
Stroop Victoria et l’épreuve de Hayling.
Les outils employés en pratique clinique doivent également permettre l’évaluation de
concepts récemment décrits dans la littérature. Xavier Delbeuck abordera l’intérêt de l’étude
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de la cognition sociale en neuropsychologie et son apport pour une meilleure connaissance de
certaines pathologies neuropsychologiques rencontrées chez l’enfant, l’adulte traumatisé crânien
et les patients présentant potentiellement un processus dégénératif. Pour conclure cette session
thématique, j’aborderais l’intérêt de l’évaluation des praxies gestuelles en consultation mémoire.
Cette évaluation reste le « parent pauvre » des bilans neuropsychologiques alors c’est une évaluation
déterminante à l’appui de certains diagnostics neuro-dégénératifs (dégénérescence cortico-basale,
paralysie supranucléaire progressive).
Crawford, J.R. (2004). Psychometric foundations of neuropsychological assessment. In
L.H. Goldstein & J.E. McNeil. Clinical neuropsychology : A pratical guide to assessement and
managment for clinicians. Chichester : John Wiley & Sons.
Maillet, Didier (CHU Avicenne, ap-hp).
L’évaluation des fonctions cognitives chez un sujet illettré est particulièrement difficile. La
plupart des tests neuropsychologiques évaluant la mémoire épisodique du sujet âgé a été validée
dans des populations ayant été scolarisées et fait appel à un matériel verbal nécessitant une bonne
maîtrise de la langue. Deux tests de mémoire épisodique employant des images - le TNI93 (Test
des Neuf Images du 93) et le TMA93 (Test de Mémoire Associative du 93) - pouvant être utilisés
pour le repérage des troubles de la mémoire chez les sujets illettrés ont été étudiés au sein d’une
population multiculturelle ayant un faible niveau d’éducation (Dessi et al., 2009). La validation
de ces deux tests est en cours afin de pouvoir les utiliser dans une optique de repérage des troubles
mnésiques du sujet âgé au sein d’une population ayant un faible niveau d’éducation ou de maîtrise
de la langue.
mercredi
matin
Mise au point de deux tests de mémoire dans une population de
sujets ayant un faible niveau d’éducation ou de maîtrise de la langue
française.
Références
Dessi, F., Maillet, D., Metivet, E., Michault, A., Le Clesiau, H., Ergis, A. M., et al. (2009). Evaluation des capacités de
mémoire épisodique de sujets âgés illettrés. Psychol Neuropsychiatr Vieil, 7(4), 287-296
Évaluation de la cognition sociale dans la pratique clinique
Delbeuck, Xavier (Cmrr de Lille, EA 2691, Université Lille Nord de France).
Le terme de cognition sociale regroupe différentes aptitudes (connaissance des règles sociales,
capacité à se représenter l’état mental cognitif et affectif d’autrui, …) permettant la mise en place
de relations sociales harmonieuses. Ces dernières années, l’évaluation de la cognition sociale a
pris sa place dans la pratique clinique à différents niveaux. Chez l’enfant, cette évaluation permet
de mieux caractériser le développement des aptitudes sociales et en détecter des déficits. Auprès
d’adultes, notamment victimes de traumatismes crâniens, elle permet de mieux caractériser les
troubles consécutifs à leur accident, dans un but d’évaluation et de compréhension mais également
pour des objectifs d’expertise ou encore de réinsertion professionnelle. L’évaluation de patients
présentant une affection neurodégénérative s’est vue également enrichie par cette évaluation, plus
particulièrement pour le diagnostic de la démence fronto-temporale. Pour ces différents objectifs,
des outils d’évaluation ont été développés offrant une meilleure compréhension des relations entre
comportement, émotion et cognition.
Rôle des structures sous-corticales dans le langage : recherche
d’indices comportementaux latéralisateurs
Ehrlé, Nathalie (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140, Université
Lille Nord de France).
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210
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Le langage est supporté par un vaste réseau cérébral largement distribué du côté de l’hémisphère
majeur. Depuis une cinquantaine d’années, les études comportementales et de neuroimagerie
ont conduit à une conception hémisphérique interactive des capacités linguistiques. En pratique
neuropsychologique, l’existence d’indices comportementaux reflétant l’implication unilatérale
de structures cérébrales reste un élément-clé de certains bilans, préchirurgicaux notamment. Si
plusieurs indices cliniques sont disponibles pour les structures corticales et temporales mésiales,
la spécificité fonctionnelle des ganglions de la base (GDB) reste obscure. L’objectif de ce travail a
été de tester l’hypothèse d’une spécialisation hémisphérique linguistique des GDB. Deux tâches de
langage explorant les automatismes verbaux et la dérivation morphologique ont été construites.
Nous faisions l’hypothèse qu’une atteinte unilatérale gauche des GDB perturberait l’accès aux
automatismes alors qu’une lésion controlatérale entraînerait un déficit de dérivation. Des patients
présentant une maladie de Parkinson ainsi que des patients présentant des lésions vasculaires
unilatérales des GDB ont été testés.
Élaboration d’une batterie brève d’évaluation des praxies gestuelles
mercredi
matin
Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140, Université
Lille Nord de France), Mahieux, Florence (Cegap, hôpital Charles-Foix, ap-hp, Ivry-sur-Seine).
L’évaluation des praxies gestuelles est encore souvent négligée au cours de l’évaluation
neuropsychologique. Or une apraxie gestuelle est un des critères cliniques à renseigner pour
évoquer un diagnostic de démence que ce soit la maladie d’Alzheimer, la dégénérescence corticobasale ou la paralysie supranucléaire progressive. Seules deux batteries cliniques francophones
sont disponibles toutefois leur passation ainsi que l’analyse des performances obtenues nécessitent
énormément de temps. Il nous a semblé indispensable d’élaborer un outil dit de « screening »
portant sur les praxies gestuelles.
Pour cela, nous avons construit une batterie brève d’évaluation des praxies gestuelles
qui explorent trois types de gestes : des gestes symboliques, des mimes d’action et des gestes
abstraits. Cette batterie a été normalisée auprès de 419 participants témoins et la confrontation de
performances obtenues par plusieurs groupes de patients présentant un processus dégénératifs a
permis de définir la sensibilité et la spécificité de ce nouvel outil à la maladie d’Alzheimer (Mahieux
et al., 2009).
Références
Mahieux, F., Fabre, C., Galbrun, E., Dubrulle, A., Moroni, C. et le groupe de réflexion sur les praxies du CMRR Ile de
France-Sud (2009). Validation d’une batterie brève d’évaluation des praxies gestuelles pour Consultation Mémoire.
Evaluation chez 419 témoins, 127 MCI et 320 patients souffrant d’une démence. Revue Neurologique, 165, 560-67.
Évaluation des fonctions exécutives de la personne âgée : stroop
victoria et hayling.
Bayard, Sophie (Service de neurologie, hôpital gui-de-chauliac, inserm u888), Erkes, Jérôme (Inserm u
888), Moroni, Christine (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, CNRS-upr8140,
Université Lille Nord de France).
L’inhibition fait partie des processus exécutifs les plus sensibles au vieillissement normal et aux
pathologies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson, par
exemple. Au sein du bilan neuropsychologique d’un sujet âgé, l’évaluation des fonctions exécutives
revêt donc une place d’importance. En pratique clinique gériatrique, le psychologue est très souvent
confronté à un manque réel de temps ainsi qu’à la fatigabilité des patients. Par ailleurs, les tâches
évaluant les fonctions exécutives sont souvent longues à administrer et, par définition, coûteuses au
plan attentionnel en particulier auprès de patients âgés, dont les capacités attentionnelles peuvent être
réduites. Nous proposons la présentation de données normatives des adaptations francophones du Test
de Stroop Victoria et de Hayling ainsi que de l’étude de leur validité dans l’évaluation des fonctions
exécutives. Il s’agit de deux épreuves d’administration très rapide destinées à mesurer l’inhibition de la
réponse automatique. Notre travail constitue une illustration que la collaboration chercheurs/cliniciens
est possible et fructueuse.
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Symposium-L’impulsivité
Organisation de la session :
Billon, Alexandre (Université de Lille Nord de France / STL). Organisé avec la SOPHA.
Motivations sub-liminales et sub-personnelles : mise en évidence expérimentale
Pessiglione, Mathias (Institut du cerveau et de la moelle épinière (inserm UMR975) hôpital de La PitiéSalpêtrière, Paris).
Les choix impulsifs ont-ils une valeur adaptative ?
Sacha, Bourgeois-Gironde (Institut Jean Nicod).
Les neurosciences ont-elles vengé la notion d’inconscient freudien ?
Billon, Alexandre (STL / Université Lille Nord de France).
Selon une conception traditionnelle de l’action que l’on peut faire remonter à Hume,
nos actions s’expliquent très généralement par nos évaluations rationnelles. Nous choisirions
normalement à chaque instant l’action qui satisfait le mieux nos désirs les plus chers, celle qui
maximise nos préférences. Cette conception serait, selon de nombreux philosophes, au cœur de la
« psychologie populaire ». Elle est au cœur de la théorie du choix rationnel (TCR), et d’une bonne
partie de la psychologie cognitive et de l’économie.
Cette conception traditionnelle de l’action est pourtant confrontée à une difficulté importante.
Les situations sont courantes, en effet, où des sujets semblent systématiquement choisir une action
qu’ils ne jugent pas pour autant conforme à leur intérêt. Je pense par exemple aux comportements
addictifs, aux compulsions ou encore à ces situations banales où nous disons, avoir cédé à une
tentation. On peut caractériser comme impulsifs ces comportements qui impliquent une
dissociation apparente entre intérêt perçu et action. L’interprétation de ce type de comportement
a suscité, ces dernières années, un programme de recherche interdisciplinaire regroupant
psychologues, économistes et philosophes.
Trois grands types d’interprétations ont été proposées.
1. Certains ont cherché à montrer qu’en dépit des apparences, de tels comportements
pouvaient être expliqués sans que l’on ait à abandonner ni la conception classique de l’action ni
même la TCR. Becker a défendu une théorie de l’« addiction rationnelle ».
2. D’autres ont suggéré qu’il fallait, sinon renoncer à la conception classique de l’action, au
moins aménager la théorie du choix rationnelle pour rendre compte de l’irrationalité inhérente aux
choix impulsifs. Ainslie a ainsi montré qu’en renonçant à certains postulats de la TCR, on pouvait
comprendre les choix impulsifs comme des formes d’incohérences temporelles des préférences
(nos préférences s’inverseraient quand le moment du choix approche) (Yaffe (2001)).
3. D’autres pour finir, comme Watson (2008) ou Loewenstein (1996) ont renoncé la
conception traditionnelle de l’action. La motivation déborde selon eux largement l’évaluation. Elle
ne serait que l’une des dimensions de la motivation, la dimension rationnelle, à laquelle s’ajouterait
une dimension que l’on peut qualifier de viscérale ou pulsionnelle. Plusieurs études récentes, qui
suggèrent l’existence de systèmes distincts impliqués dans la prise de décision semblent confirmer
cette dernière hypothèse (Sanfey et al. (2006)).
Les contributions de ce symposium s’inscrivent dans le cadre général de ce débat. Une
conception populaire des facteurs pulsionnels les assimile aux aspects motivationnels inconscients.
Les contributions de M. Pessiglione et de M. Billon interrogent cette notion de motivation
inconsciente. Si l’impulsivité est l’œuvre d’un système distinct, il est légitime d’interroger sa valeur
évolutive. C’est à cette question que se consacre M. Bourgeois-Gironde.
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mercredi
matin
Résumé
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Motivations sub-liminales et sub-personnelles : mise en évidence
expérimentale
mercredi
matin
Pessiglione, Mathias (Institut du cerveau et de la moelle épinière (inserm UMR975) hôpital de La PitiéSalpêtrière, Paris).
« Mangez du pop-corn » est sans doute un des messages subliminaux les plus célèbres. En
1957, les propriétaires d’un cinéma américain l’avaient intercalé entre les images d’un film, de sorte
que les spectateurs ne pouvaient pas le détecter. Lorsqu’ils annoncèrent que leurs ventes de popcorn avaient décuplé, on salua l’invention d’une méthode révolutionnaire : la publicité subliminale.
En réalité le chiffre des ventes était tout simplement fabriqué, et personne ne put démontrer par la
suite le moindre effet des messages subliminaux sur les choix des électeurs ou des consommateurs.
Mais le mythe était né, entraînant une réaction paranoïaque de grande ampleur. Celle-ci était
alimentée par les théories freudiennes suggérant qu’on ne peut pas se défendre contre les publicités
subliminales, parce qu’elles s’adressent directement à l’inconscient. L’objet de ce travail est de
revisiter le concept de motivation subliminale avec une approche expérimentale croisant des
techniques de masquage perceptuel et de motivation par incitation monétaire.
La quête du limen, c’est-à-dire du seuil en dessous duquel les stimuli ne sont pas perçus mais
influencent néanmoins le comportement, est aussi vieille que la psychologie expérimentale. Aux
commencements le critère retenu était subjectif : on demandait simplement aux sujets de dire s’ils
avaient perçu le stimulus. Il renvoie à une définition réflexive de la conscience : le sujet doit juger
s’il a eu ou non l’expérience de percevoir le stimulus. Ce critère a ensuite été critiqué car il dépend
beaucoup de la façon dont les sujets interprètent la question. Les chercheurs se sont donc tournés
vers un critère objectif : la perception était dite consciente si les sujets parviennent à discriminer les
stimuli mieux que le hasard. Cela correspond à la conscience au sens de l’accès : le sujet est conscient
du stimulus s’il peut rapporter son contenu (verbalement ou non). Le problème est qu’on risque
d’éliminer avec ce critère contraignant les phénomènes subconscients qu’on cherche à mettre en
évidence. Pour démontrer l’existence d’un traitement subliminal, il faut en effet pouvoir observer
un effet du stimulus non détecté sur le comportement. Autrement dit, même si la performance du
sujet reste au niveau du hasard sur une mesure directe de discrimination, elle doit s’en écarter sur
une autre mesure, moins directe.
Cette dissociation entre mesures directes et indirectes est aujourd’hui la méthode standard pour
démontrer l’existence d’un traitement subliminal. Cette méthode, alliée au progrès des techniques
de masquage perceptif, a connu de nombreux succès, et l’existence de perceptions subliminales est
maintenant largement reconnue. En neurosciences, la théorie dominante est celle de l’espace de
travail global (Dehaene et al., 2006). Celle-ci suppose que les traitements opérés par des modules
cérébraux isolés restent non-conscients. Leur contenu devient accessible à la conscience si les
modules se connectent à un espace commun, implémenté dans un large réseau fronto-pariétal, qui
rend la représentation disponible pour différentes utilisations. Dans la hiérarchie des traitements
perceptifs, le niveau atteint par les représentations subliminales reste sujet à controverses. Les
études récentes suggèrent cependant que les traitements non conscients sont beaucoup plus riches
qu’on ne le pensait au départ, et incluent notamment des aspects sémantiques.
Curieusement, les aspects motivationnels des stimuli subliminaux ont été assez peu étudiés.
La motivation est un concept du sens commun, qui peut avoir de nombreuses significations et qui
est donc difficile à opérationnaliser. On parlera ici de motivation par incitation, un concept utilisé
en expérimentation animale, où on utilise des récompenses pour motiver un effort (Berridge,
2004). Chez l’homme, on utilise volontiers l’argent comme récompense, parce qu’il fonctionne de
manière universelle, parce qu’il est facile à quantifier et parce qu’il n’engendre pas de satiété. Cela
permet également d’établir un lien avec les incitations monétaires dont on parle en économie. Dans
notre paradigme, on propose au sujet différentes sommes d’argent, induisant ainsi différents états
motivationnels. On informe le sujet que plus il serre fort la poignée qu’il a en main, plus grande
sera la fraction de l’enjeu monétaire qu’il pourra garder. Dans ces conditions, les sujets adaptent
leur effort à la somme d’argent proposée, selon le phénomène attendu de motivation par incitation.
Congrès psycho.indb 212
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Afin de masquer les enjeux, nous les avons présenté très brièvement, sous forme de pièces
de monnaie photographiées et affichées sur un écran d’ordinateur. Ces photographies étaient
précédées et suivies de masques, c’est-à-dire d’images qui leur ressemblent sur le plan de la forme
et de la couleur. Si on les interroge sur leurs perceptions (critère subjectif), les sujets disent ne
pas voir les pièces de monnaie. Dans les tests de discrimination (critère objectif), où il s’agit de
dire par exemple si l’enjeu est d’un centime ou d’un euro, les sujets ne faisaient pas mieux que le
hasard. Pourtant ils exerçaient significativement plus de force pour les euros que pour les centimes
(Pessiglione et al., 2007). On a donc bien un phénomène de motivation subliminale : même
lorsqu’ils ne percevaient pas consciemment les enjeux, les sujets fournissaient davantage d’effort
pour des montants plus importants. Cet effet était accompagné d’une augmentation de la réponse
électrodermale pour les enjeux les plus importants, témoignant d’une participation émotionnelle
des sujets. L’IRM fonctionnelle a montré que cette motivation pour un effort physique, qu’elle
soit consciente ou inconsciente, recrute de façon bilatérale les régions limbiques des ganglions de
la base. En termes d’activation cérébrale comme en termes d’effet comportemental, la différence
entre motivation subliminale et consciente est essentiellement quantitative.
Nous avons ensuite cherché à savoir si on pouvait motiver la moitié d’un sujet, et donc
constituer la preuve du concept de motivation subpersonnelle. Les pièces de monnaie annonçant les
enjeux étaient présentées dans l’un des deux hémichamps visuels, et selon la session expérimentale
les sujets devaient serrer la pince soit avec leur main droite soit avec leur main gauche. Les résultats
ont montré qu’en conditions subliminales l’effet motivationnel, c’est-à-dire la différence de
force entre les euros et les centimes, ne s’exprimait que lorsque les pièces étaient flashées du côté
ipsilatéral à la main produisant l’effort (Schmidt et al., sous presse). Ainsi il est possible de motiver
un hémisphère indépendamment de l’autre, à l’encontre des conceptions philosophiques classiques
pour lesquelles la motivation est un processus central qui s’adresse au niveau du sujet. Cette
observation peut être rapprochée du syndrome manifesté par les patients dont les hémisphères ont
été déconnectés, où les deux mains semblent obéir à des motivations différentes. Lorsque les enjeux
étaient parfaitement visibles en revanche, l’effet motivationnel s’exerçait quelle que soit la main
utilisée. Ces résultats s’accordent bien avec la théorie de l’espace de travail global, selon laquelle
les incitations non conscientes resteraient encapsulées dans des modules locaux, tandis que les
incitations conscientes pourraient être partagées par l’ensemble des modules. Ils ouvrent ainsi la
voie à une conception modulaire de la motivation.
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matin
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Les choix impulsifs ont-ils une valeur adaptative ?
mercredi
matin
Bourgeois-Gironde, Sacha (Institut Jean Nicod).
Les choix intertemporels que les économistes classiques (Samuelson 1937) avaient modélisés
en termes d’escompte exponentiel se sont avérés, d’un point de vue empirique, plus justement
capturés par une fonction d’utilité décroissant de manière hyperbolique selon le passage du temps.
Cette forme hyperbolique de la fonction d’utilité permet de rendre compte de l’inversion des
préférences des agents au cours du temps, de leur incohérence dynamique, de l’abandon impulsif
de leurs projets et résolutions à long terme. Un tel comportement impulsif et contradictoire avec
ses projections dans le futur est souvent considéré comme irrationnel. On a souvent débattu des
stratégies individuelles (Elster 1989) ou collectives (Thaler et Sunstein 2003) qui permettraient
d’échapper à la tentation et de surmonter ses pulsions afin de rester sur le chemin mentalement
anticipé de son moi futur. La question de l’intérêt individuel pour son moi futur a également été
posée d’un point de vue métaphysique et moral. Quelle relation de continuité peut-on envisager
entre cette phase présente de ma personne, une phase passée et une phase future ? Les modalités
de connexion mémorielle qui me font hériter d’une configuration psychologique, cognitive,
biologique, autobiographique des phases antérieures de ma personne ont-elles leur contrepartie
dans l’imagination du futur ? Sur quelle base puis-je me sentir lié à ce moi futur ? Sur le plan moral,
les choix impulsifs et une préférence forte pour le présent me détournent-ils nécessairement des
responsabilités et des engagements vis-à-vis de mon moi futur ?
Nous pouvons analyser l’escompte hyperbolique du futur et du phénomène caractéristique
d’inconsistance dynamique dans le contexte de la notion de « rationalité de la règle » (rule
rationality) proposée par Aumann (2008). Par opposition à l’irrationalité d’un acte donné – qui
est la plupart du temps le focus adopté par une évaluation d’un comportement décisionnel – un
comportement agrégé à partir d’actes isolément irrationnels peut être rationnel du point de vue de
la règle qu’il exemplifie. Les individus ne maximisent pas nécessairement leur utilité dans chacune
de leurs décisions et actions ; on peut plutôt penser qu’ils adoptent des règles comportementales
qui leur permettent de maximiser une utilité agrégée pour un ensemble de décisions auxquelles ces
règles peuvent s’appliquer. Les individus maximiseraient leur utilité relativement à ces règles plutôt
que relativement à des décisions ponctuelles isolées.
Cette conception « règle-dépendante » de la maximisation de l’utilité (et donc de la
rationalité dans un sens classique auquel nous ne renonçons pas) permet de spéculer sur les bases
évolutionnaires de l’escompte hyperbolique du futur. Notre hypothèse sera que bien que les choix
hyperboliques puissent présenter certains aspects autodestructeurs pour l’individu, leur valeur
adaptative peut être de plusieurs ordres, à savoir : i) permettre d’assurer des gains sûrs dans un
environnement où les gains futurs sont trop incertains : ii) conférer des biens intermédiaires ou
immédiats qui ne rentrent pas nécessairement en contradiction avec des buts à long terme qui
peuvent être repris et poursuivis ; l’irrationalité n’apparaissant que lorsque la consommation de
ces biens immédiats peut conduire à une révision endogène durable des buts futurs ; iii) permettre
le cas échéant de renoncer à des plans à long terme en réalité néfastes ; l’adoption endogène de
contre-buts par l’intermédiaire de choix impulsifs s’avérant dans ce cas adaptative.
Nous envisagerons la question du caractère potentiellement adaptatif des choix intertemporels
hyperboliques sous trois angles complémentaires :
1) En cherchant plus avant à fournir une réponse générale à cette question de la valeur
adaptative d’un comportement d’escompte hyperbolique du futur.
2) En réfléchissant sur les bases biologiques de notre imagination du futur et de nos
projections identitaires en relation avec les comportements intertemporels (Boyer 2009, Schacter
et al. 2007, Spuznar et al. 2007). La simulation mentale du futur (qui semble activer les mêmes
circuits neuronaux que ceux de la mémoire épisodique) permet-elle de résister aux choix présents
impulsifs ? Il semble que soit nécessaire une projection identitaire dans le futur sur une base
émotionnelle pour contrecarrer une préférence impulsive pour le présent.
3) En analysant et interprétant le phénomène de dépendance contextuelle ou séquentielle
des préférences temporelles qui fait apparaître que les choix hyperboliques sont peut-être dus en
priorité à une forme de décontextualisation des options envisagées. Les phénomènes de préférence
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temporelle négative (Loewenstein et Prelec 1991) montrent que la patience peut être générée si
l’option donnant lieu à un escompte habituellement hyperbolique est située à l’intérieur d’une
séquence progressive d’options.
Références
Aumann, R. (2008). “Rule-rationality vs. act-rationality”, discussion paper #497. Centre for Rationality, HUJI.
Boyer, P. (2009), Evolutionary economics of mental time travel ? Trends in Cognitive Sciences, 12, 219-224.
Loewenstein, G. & Prelec, D. (1991) Negative time preference, American Economic Review: Papers and Proceedings,
82(2), 347-352.
Samuelson, P. (1937), “À Note on Measurement of Utility”, Review of Economic Studies, 4, pp. 155-161.
Schacter, D. L., Addis, D. R., & Buckner, R. L. (2007). Remembering the past to imagine the future: The prospective brain.
Nat. Rev. Neurosci., 8, 657–661.
Szpunar, K. K., Watson, J. M., & McDermott, K. B. (2007). Neural substrates of envisioning the future. Proc. Natl.
Acad. Sci. U.S.A., 104, 642–647.
Thaler, R. and Sunstein, C., (2003) “Libertarian Paternalism”, American Economic Review, 93(2), 175-192.
Billon, Alexandre (STL / Université Lille Nord de France).
Ce titre est une accroche. Je ne vais pas parler de Freud ou alors très peu ou alors dans les
notes. Ce qui va m’intéresser ici est à la fois plus général et plus ancien. Il s’agit d’un concept
d’inconscient dont Freud fut sans doute l’un des plus grands théoriciens, mais qu’il ne fut sans
doute pas le premier à introduire, et dont certaines traditions peu redevables à la psychanalyse
continuent à se réclamer. Ce concept, c’est celui d’un inconscient motivationnel.
On peut définir l’inconscient motivationnel en le distinguant de qu’on a coutume d’appeler
l’« inconscient cognitif ». La psychologie cognitive a toujours étudié les processus mentaux qui
échappent à la conscience. Les progrès de l’imagerie médicale permettent désormais d’isoler avec
précision le rôle de tels processus dans le fonctionnement de l’esprit. On aurait tort, cependant,
d’y voir un lien significatif avec les travaux de Freud. L’inconscient des sciences cognitives, n’est
pas, d’abord et en tant que tel, un inconscient motivationnel. L’inconscient cognitif échappe à
la conscience, mais il lui manque en général certaines caractéristiques propres à un inconscient
freudien ou motivationnel (nous utiliserons dorénavant ces deux appellations de manière
synonyme) :
l’inconscient freudien est dynamique : un état inconscient au sens dynamique peut directement
influer sur le comportement du sujet
l’inconscient freudien est personnel et non pas subpersonnel ou parapersonnel : la modification
qu’il induit sur le sujet par l’inconscient motivationnel doit être décrite comme une action (plutôt
qu’un simple évènement subpersonnel) que le sujet (plutôt qu’un homoncule en lui mais différent
de lui) accomplit. Autrement dit si l’état inconscient influe sur le comportement du sujet c’est parce
qu’il constitue une intention et une intention du sujet.
Ces deux contraintes définissent déjà une notion d’inconscient freudien relativement féconde.
Il faut cependant mentionner une troisième contrainte qui lie l’inconscient motivationnel à la
notion de refoulement. Beaucoup considèrent que cette dernière contrainte est plus fondamentale
que les deux autres.
Le caractère inconscient de l’inconscient freudien peut résulter d’un processus de refoulement,
lequel est également un processus motivationnel.
Autrement dit, un état peut être inconscient parce que le sujet le maintient intentionnellement
en dehors de sa conscience (j’attire l’attention sur le fait que mon usage du terme « intentionnel » est
relativement large, tout comportement régi par une intention, fût-elle irréfléchie ou inconsidérée,
est intentionnel).
On peut résumer les deux premières caractéristiques en disant que l’inconscient freudien
doit être motivant. La dernière en disant que l’inconscient freudien doit pouvoir être motivé.
J’ai dit que l’inconscient et le refoulement freudiens étaient personnels et non pas subpersonnels
ou parapersonnels. Il faut insister sur ce dernier point. Lorsque le comportement du sujet est
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Les neurosciences ont-elles vengé la notion d’inconscient freudien ?
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modifié sous l’influence d’états inconscients c’est le sujet qui agit : pas « son cerveau » (évènement
subpersonnel) ni une instance en lui mais distincte de lui (action parapersonnelle).
Selon certains chercheurs, de nombreux résultats neuroscientifiques contemporains auraient
vengé l’idée freudienne d’un inconscient motivationnel. Les découvertes suivantes sont, par
exemple, souvent mentionnées :
Anderson and Green (2001) ont montré que la simple volonté d’oublier une association de
mots aléatoire préalablement apprise pouvait, tendanciellement, porter ses fruits.
Longtemps considéré comme neutre, le contenu des « constructions » des patients
confabulateurs semblerait globalement connoté positivement. Certains y ont vu la marque d’une
forme de refoulement (Fotopoulou et al., 2008; Levy, 2008).
Pessiglione et al. (2007) ont montré l’existence de facteurs motivationnels subliminaux.
Je montre qu’aucun de ces résultats ne permet de défendre l’existence d’un inconscient
motivationnel.
Je montre par ailleurs que la notion même d’inconscient motivationnel est confrontée à un
paradoxe. Très sommairement, ce paradoxe tient au fait qu’on ne peut refouler intentionnellement
un état mental sans véritablement contrôler celui-ci et que tout contrôle véritable suppose une
forme de conscience (il s’agit d’un paradoxe proche, mais strictement distinct des paradoxes dits
« statiques » et « dynamiques » posés par la notion de duperie de soi (self-deception) (Mele, 2001,
ch. 1)). La seule solution à ce paradoxe consiste à admettre que l’inconscient motivationnel doit être
en un certain sens du terme conscient. Je distingue différents sens de la conscience et je conclus que
l’inconscient freudien ne peut consister en rien d’autre, s’il existe, qu’en des facteurs pulsionnels
ou viscéraux (Loewenstein, 1996) phénoménalement conscients mais cognitivement inaccessibles.
S’il fallait trouver une confirmation empirique de ce type d’inconscient, elle serait donc à chercher
dans les études qui suggèrent l’existence de deux systèmes neuroanaotomiques distincts impliqués
dans la prise de décision (Sanfey et al., 2003; Berridge and Robinson, 2003).
Références
Anderson, M. and Green, C. (2001). Suppressing unwanted memories by executive control. Nature, 410 :366–369.
Berridge, K. C. and Robinson, T. E. (2003). Parsing reward. Trends in Neurosciences, 26(9) :507 – 513.
Fingarette, H. (1983). Self-deception and the ‘splitting of the ego’. In Wollheim, R. and Hopkins, J., editors, Philosophical
Essays on Freud, chapter 13, pages 212–227. Cambridge University Press, Cambridge.
Fotopoulou, A., Conway, M. A., Tyrer, S., Birchall, D., Griffith, P., and Solms, M. (2008). Is the content of confabulation
positive ? an experimental study. Cortex, 44 :764–772.
Levy, N. (2008). Self deception without thought experiments. In Bayne, T. and Fernández, J., editors, Delusions and Self
deception : Affective and Motivational Influences on Belief-Formation, pages 227–242. Psychology Press.
Loewenstein, G. (1996). Out of control : Visceral influences on behavior. Organizational Behavior and Human
Decision Processes, 65(3) :272 – 292.
Mele, A. R. (2001). Self-deception unmasked. Princeton University Press.
Pessiglione, M., Schmidt, L., Draganski, B., Kalisch, R., Lau, H., Dolan, R., and Frith, C. (2007). How the brain translates
money into force : a neuroimaging study of subliminal motivation. Science, 316(5826) :904.
Sanfey, A. G., Rilling, J. K., Aronson, J. A., Nystrom, L. E., and Cohen, J. D. (2003). The Neural Basis of Economic
Decision-Making in the Ultimatum Game. Science, 300(5626) :1755–1758.
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Symposium
À quoi servent les représentations (en 2010) ?
Organisation de la session :
Gallina, Jean-Marie (Laboratoire PSITEC (EA 4072)- Université Lille Nord de France).
Les représentations: enjeu et problème de la psychologie cognitive
Gallina, Jean-Marie (PSITEC EA 4072- Université Lille Nord de France).
Représentations mentales et dynamique cérébrale
Sequeira, Henrique (Lnfp CNRS fre 3291, et Université de Lille 1).
Approche externaliste de la cognition : représentation mentale ou constitution
énactive des inscriptions spatiales.
Lenay, Charles (Ea2223 costech Université technologique de Compiègne).
Bonnotte, Isabelle (URECA - EA 1059, Université Lille Nord de France).
Univers subjectifs et psychopathologie
Plagnol, Arnaud (Lpn, & UMR 8590-ihpst, Université Paris 8).
Résumé
Nous proposons, dans le cadre de ce symposium consacré aux « représentations mentales », de
questionner d’une part le statut épistémologique de cette notion traditionnelle de la psychologie,
et d’autre part sa fécondité actuelle dans les différents champs de la psychologie contemporaine.
La première session aura pour objet d’apporter des éléments de réflexion théorique et
épistémologique, et de montrer dans quelles conditions l’existence des représentations mentales,
si elle n’a pas un caractère purement ontologique, peut être rendue légitime du seul point de vue
de leur pouvoir explicatif dans la réalisation des phénomènes mentaux. A cet égard, différentes
acceptions de la notion de représentation peuvent être pensées. Toutefois, l’approche dite
« représentationniste » doit être confrontée à une approche externaliste de la cognition qui prétend,
pour sa part, sans faire l’économie conceptuelle de la notion de représentation, lui contester son
caractère interne. Des points de vue historique, philosophique, neuroscientifique et psychologique
seront successivement présentés, en les confrontant à l’état des recherches empiriques. La
légitimité épistémologique des représentations sera ainsi discutée et leur pertinence interrogée au
regard des disciplines qui concourent, chacune à leur manière, à une meilleure compréhension du
fonctionnement cognitif,qu’il soit normal ou pathologique.
La seconde session viendra illustrer, à travers la relation de recherches empiriques actuelles,
les diverses acceptions de la notion de représentation aujourd’hui pertinentes, aussi bien en
psychologie de la cognition qu’en psychologie sociale, de l’éducation ou de la santé. L’adoption,
au moins pragmatique, de cette notion dans un champ d’application relativement large, allant de
l’action anticipée à celui des représentations sociales, semble pouvoir justifier, tout au moins sur
un plan opératoire, la pérennité de son usage dans la communauté des chercheurs en cognition.
Il semble par conséquent, qu’en dépit des critiques parfois formulées à l’égard de la notion
de représentation, cette dernière conserve malgré tout une pertinence certaine, à la fois sur le plan
de la réflexion théorique et dans l’activité quotidienne de nombreux chercheurs. Elle constitue en
effet, aujourd’hui encore, un enjeu central des sciences cognitives, et l’illustration quasi parfaite
qu’une notion aussi ancienne peut jouir d’une intense actualité.
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Comment les situations du monde sont representees dans notre esprit
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Les représentations: enjeu et problème de la psychologie cognitive
Gallina, Jean-Marie (PSITEC EA 4072- Université Lille Nord de France).
Description de la problématique proposée
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Malgré -ou peut-être à cause de- l’usage parfois abusif qui en est fait en psychologie, évoquer
la notion de représentation mentale présente des difficultés d’ordre théorique et épistémologique
auxquelles tout chercheur en science de la cognition doit se confronter. Il est nécessaire, si l’on
veut pallier ces difficultés, d’entreprendre une forme de généalogie de cette notion, et pour cela,
invoquer à la fois la question (ancienne) des relations esprit-cerveau, et celle (fondamentale au sens
étymologique) de ce à quoi prétend la discipline traditionnellement nommée « psychologie ». Fautil définir cette dernière comme « science de l’esprit » ou comme « science des comportements »
(autrement dit, Geisteswissenschaften ou Naturwissenschaften pour évoquer la distinction faite
par Dilthey, 1894); ou, pour reprendre la définition qu’en donnait William James en 1890 (reprise
dans le titre de la Leçon inaugurale au Collège de France de Stanislas Dehaene en 2007), comme
« science de la vie mentale » ?
La psychologie cognitive, entendue comme une analyse scientifique de la cognition , a hérité
d’un certain nombre de questions non résolues. L’une des premières consiste à interroger la
pertinence du niveau d’analyse correspondant à ce que l’on désigne coutumièrement comme étant
le « mental ». Est-il légitime, d’un point de vue épistémologique, de concevoir une science de « la
vie mentale » ? Et, si oui, qui peut faire cette science ? Les neuroscientifiques bénéficient-ils sur
ce point, d’une légitimité plus grande que les psychologues, et ces derniers sont-ils plus légitimes
que les spécialistes de l’intelligence artificielle ou que les philosophes de l’esprit de tradition anglosaxonne ?
L’émergence des sciences cognitives a bouleversé l’ordre traditionnel des sciences et permis
d’apporter concepts et méthodes nouveaux pour définir et actualiser les problématiques relevant
d’une approche rationnelle de l’esprit. Dans cette perspective, et en raison notamment du
développement exponentiel des sciences du cerveau, le psychologue se voit sommé de répondre
aux questions des liens entre connaissance du cerveau et connaissance de l’esprit: celles qui,
naturellement et inévitablement, font problème. Parmi ces questions, celles concernant les
représentations mentales, leur statut, leur rôle dans le fonctionnement cognitif sont cruciales, étant
donné le caractère central de cette notion en psychologie et au sein des sciences cognitives.
La notion de représentation mentale peut constituer un point de départ fécond. Elle suscite
en effet une réflexion qui permet à la fois de revenir sur les problèmes constitutifs de la psychologie
cognitive, et dans une perspective plus générale, de considérer les problèmes engendrés par la
description (voire l’explication) des réalisations possibles de l’esprit. Par exemple, la thèse, avancée
notamment par Fodor et Pylyshyn (1988), d’une multiréalisabilité du mental, caractéristique du
cognitivisme princeps, est-elle aujourd’hui encore féconde. N’est-elle pas supplantée par une
conception plus biologisante de la cognition, conception inspirée par les remarquables progrès de
l’imagerie médicale, et l’évolution des paradigmes en psychologie ? Qu’en est-il, dès lors, du statut
des représentations mentales ?
Trois niveaux d’analyse nous semblent être nécessaires et pertinents pour définir une
science de la cognition, tout au moins de la cognition humaine:
1/le niveau d’analyse neuronale (celui des neurosciences), appuyé notamment par les
techniques d’imagerie cérébrale,
2 et 3/ au niveau de l’activité cognitive, un premier niveau d’analyse qui correspond
aux caractéristiques intrinsèques des représentations, à savoir leurs qualités structurales et
fonctionnelles, et un second, celui des propriétés sémantiques sans lesquelles la notion de
représentation perd tout son sens.
Les dernières avancées des neurosciences et les techniques nouvelles d’imagerie cérébrale,
si elles nous renseignent de manière précise sur le fonctionnement du cerveau biologique,
ne permettent pas à elles seules de répondre à toutes les questions et ne sauraient dispenser la
psychologie de traiter les questions traditionnelles de la conscience, de la perception ou de la
représentation dans des termes spécifiques. Autrement dit, entre cerveau et comportement y a
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t-il une place pour une analyse des états “mentaux” ? Une analyse qui réponde aux exigences de
la psychologie telle qu’elle se pratique aujourd’hui en laboratoire et sur le terrain. Les réponses
apportées à ces questions vont du dualisme ontologique classique jusqu’à une forme de
matérialisme que l’on qualifie d’éliminativiste, avec toutes les nuances qu’il est permis d’envisager
(entre ces deux pôles) pour définir les phénomènes mentaux.
Le fonctionnalisme, entendu ici comme une position épistémique qui, dans le cadre des
sciences cognitives, caractérise les théories qui accordent un statut particulier aux états mentaux,
entend décrire ces derniers à partir de leurs états fonctionnels et non pas à partir des états physiques
du cerveau. Le dualisme des propriétés constitue le point commun sur lequel se rejoignent les
différentes théories que l’on peut ranger dans cette catégorie. Les deux caractéristiques principales
en sont, d’une part, le refus du réductionnisme caractéristique de certaines formes du matérialisme,
et d’autre part l’affirmation qu’il est nécessaire de distinguer dans l’étude et l’analyse de cette réalité
complexe qu’on appelle la cognition plusieurs niveaux de description. Cette perspective conduit
tout naturellement à distinguer entre des propriétés dites de second ordre, faisant explicitement
référence au contenu des états mentaux, et des propriétés de premier ordre correspondant aux
propriétés physiques de l’état cérébral concomitant. Ce qui fait cependant encore débat au sein
même des théories fonctionnalistes, c’est la question du rapport entre structure et fonction. Dans le
cas de l’agent cognitif humain, quels liens entretiennent le cerveau et ce qui relève de ses propriétés
fonctionnelles, et se manifeste dans le comportement de l’individu ?
Il nous semble qu’une science unifiée de la cognition ne peut se définir que comme une science
du cérébral et du mental, c’est-à-dire une science qui rende compte des interactions entre états
cérébraux et états mentaux. Donc, une science qui ne peut échapper à l’examen des représentations
mentales.
Références
Dehaene, S. (2007). Vers une science de la vie mentale. Leçon inaugurale du Collège de France, Paris, Fayard.
Descombes, V. (1995). La denrée mentale, Paris, Minuit.
Dilthey, W. (1894). Ideen über eine beschreibende une zergliedernde Psychologie. Sitzungsberichte der Berliner
Akademie der Wissenschaften, Ges. Schriften, Band V.
Fodor, J.A. & Pylyshyn, Z.W. (1988). Connectionnism and cognitive architecture: a critical analysis. Cognition, 28, 3-71.
Gallina, J.M. (2006). Les représentations mentales, Paris, Dunod.
James, W. (1890). Principles of psychology (2 vol), New York, Henry Holt.
Kosslyn, S.M. & Koenig, O. (1992). Wet Mind: The new cognitive neuroscience. New York, Free Press.
Le Ny, J.F. (2005). Comment l’esprit produit du sens ?. Paris, Odile Jacob.
Tiberghien, G.(2007). Entre neurosciences et neurophilosophie: la psychologie cognitive et les sciences cognitives.
Psychologie Française, 52, 279-297.
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Représentations mentales et dynamique cérébrale
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Sequeira, Henrique (Lnfp CNRS fre 3291, et Université de Lille 1).
Du point de vue des neurosciences, les représentations mentales (RM) peuvent être considérées
comme des configurations particulières d’activation cérébrale. Elles semblent traduire les multiples
dimensions d’entités réelles ou fictives, considérées comme stables dans les conditions spatiales et
temporelles les plus diverses. Les RM sont au cœur même des neurosciences cognitives dans la
mesure où l’objet de cette discipline est l’étude « des bases neurobiologiques des comportements
dont la description la plus complète met en jeu la notion de représentation » (Delacour, 1997).
Dans ce cadre, l’objectif de la présente communication est double : d’abord, réunir des éléments
de la dynamique cérébrale sur les fondements neuronaux des représentations ; ensuite, considérer
leur devenir et expression dans des situations relevant souvent de la pathologie.
En premier lieu, nous aborderons l’émergence des représentations en lien avec les indicateurs
de complexité et de hiérarchie du système nerveux et leur aboutissement intégré, notamment en
termes de conscience. La contribution des informations issues des différents systèmes sensoriels
et leur intégration dans les aires associatives les plus évoluées seront éclairées par les techniques
spatio-temporelles de la dynamique cérébrale. Les RM seront alors discutées en tant que sources
viables d’intention, de planification, de mise en œuvre de l’action ou encore de prise de décision.
En second lieu, notre analyse portera sur le rôle des représentations dans l’évolution
de la perception de soi, du monde et d’autrui, sur la base de données neurobiologiques et
neuropsychologiques du fonctionnement cérébral normal et pathologique. Dans ce contexte,
il convient toutefois de souligner que la notion de RM, née au sein du courant cognitif, désigne
seulement la part conceptuelle des connaissances alors que la composante affective demeure
négligée. En conséquence, seront également discutées les modulations neurophysiologiques et
temporelles permettant le codage privilégié des représentations de nature affective. Aussi, sera
abordé l’impact de l’information émotionnelle sur des marqueurs neuroélectriques cérébraux
associés à des représentations typiquement cognitives. Lors d’un questionnement final, des
modèles neuro-computationnels seront considérés en tant qu’interface probable de nouvelles
formes de représentation.
En conclusion, nous viserons à faire la synthèse entre représentations cognitives vs affectives,
adaptées vs inadaptées, issues de la cognition naturelle vs artificielle.
Références
Delacour, J. (1997). Neurobiology of consciousness : an overview. Behav. Brain Res., 85, 127-141.
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Approche externaliste de la cognition : représentation mentale ou
constitution énactive des inscriptions spatiales.
Lenay, Charles (Ea2223 costech Université technologique de Compiègne).
Résumé
Texte
Classiquement on oppose science et technique : la science étudie les phénomènes naturels
et la technique applique ces connaissances pour réaliser du nouveau. Les technologies cognitives
seraient des sciences cognitives appliquées. La connaissance de la « cognition naturelle » servirait
pour construire des technologies qui la mimeraient ou la modifieraient[1]. Or, bien qu’une telle
science n’existe pas encore, nous sommes entourés de multiples supports techniques pour nos
activités cognitives de perception, orientation spatiale et temporelle, mémorisation, déduction,
imagination, interaction, etc.
Les technologies cognitives sont donc plutôt un fait anthropologique, un fait susceptible
d’une étude scientifique. La cognition humaine est toujours une cognition artificielle, c’està-dire culturelle et historique, portée par les outils et milieux techniques que nous lèguent nos
parents et que nous transmettons à nos enfants (Stiegler 1994). Plutôt que d’être un moyen pour
le déploiement de fonctions internes indépendantes, la technique est constitutive des opérations
cognitives. Par exemple, parmi les technologies de l’écriture, le tableau organise la pensée et semble
enjoindre à remplir les cases vides qu’il définit.
Mais d’où vient cette nécessité ? Si les opérations cognitives s’effectuent par des représentations
mentales internes, il faut admettre que le tableau soit d’abord représenté de façon interne, pour
pouvoir servir à organiser les activités cognitives de déduction et de recherches. Si au contraire,
l’existence d’une case vide correspond seulement à la structure de l’espace physique, pourquoi
devrait-elle s’imposer à la pensée comme un manque à remplir ?
La psychologie est classiquement considérée comme une science « spéciale » régionale (Fodor
1981). Elle viendrait en dernier lieu, après la physique et la biologie qui chacune aurait dit ce qu’il
en est du monde et de l’homme, ajouter à ce dernier des états mentaux. Au contraire, la physique
serait une science générale parce que toute chose qui existe appartient au monde physique et
doit obéir à ses lois. Cette position épistémologique conduit nécessairement à une conception
représentationaliste en psychologie pour expliquer l’existence et le fonctionnement d’états
mentaux localisés dans des organismes, eux-mêmes inclus dans un espace où préexistent les objets.
Pour la perception, il faut expliquer comment un organisme situé ici peut percevoir des choses
là-bas, hors de lui. On est alors conduit à chercher un répondant des états de conscience (états
mentaux, représentations) dans des états du cerveau contenu dans cet organisme localisé. C’est
une position « internaliste » dont on peut montrer les apories et difficultés. Surtout, elle ne permet
pas de comprendre l’efficacité et le rôle historique des technologies cognitives. Si la cognition et
la perception consistent en l’activation et la manipulation de représentations internes, comment
comprendre qu’une nouvelle médiation technique puisse réellement transformer l’expérience
vécue, qu’elle puisse soulager ou augmenter notre activité cognitive.
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La question des représentations mentales est cruciale pour la compréhension des technologies cognitives.
En effet, l’un des enjeux d’une psychologie scientifique est de pouvoir rendre compte de l’efficacité de
supports externes de notre pensée, comme les technologies de l’écriture qui rendent possibles, entre autre,
les mathématiques et les sciences de la nature. Ces inscriptions externes doivent-elles être comprises
comme le reflet ou le modèle de représentations mentales internes ? Ou bien faut-il plutôt considérer
que l’activité cognitive s’étend dans l’espace même des inscriptions ? Dans ce cas, il est nécessaire de
proposer une explication de la constitution de l’espace de perception qui permette de rendre compte de
l’extension de l’activité cognitive à même les supports matériels. Il devient aussi nécessaire de se refuser
l’emploi de la notion de représentation mentale interne à l’organisme. La cohérence d’un tel programme
de recherche en cognition située engage une réforme épistémologique de la psychologie qui doit acquérir
le statut de science générale et non plus simplement spéciale.
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Nous adoptons donc une approche externaliste au sens fort, pour laquelle les supports
techniques externes sont partie intégrante de l’activité cognitive (Clark & Chalmers 1998).
Cependant, la cohérence d’un tel programme de recherche exige une position épistémologique
forte prenant la psychologie comme une science fondamentale générale.
Tous les phénomènes, qu’ils soient physiques, biologiques, sociologiques, historiques ou
linguistiques sont toujours pour une conscience. Ils doivent donc tous être susceptibles d’une
description psychologique. Dans ce cas, la psychologie est une science générale, ce qui ne veut
cependant pas dire qu’elle soit dominante ou totalisante. Plutôt que de fragmenter le monde en
diverses régions suivant les disciplines, nous défendons que chaque discipline est comme un point
de vue sur la totalité du réel, et que ces points de vue peuvent se croiser. La physique est tout autant
une partie de la psychologie que la psychologie est une partie de la physique.
Mais pour qu’une telle approche soit possible, il faut en premier lieu que la psychologie rende
compte de la constitution de l’objectivité, donc de l’espace de la physique. Nous proposons donc
une explication de la façon dont se constitue l’espace de perception ouvert par le couplage entre
l’organisme et son milieu (Lenay, Sebbah 2001). Chaque position, chaque forme correspond à un
invariant sensori-moteur permis par le couplage. Si l’objectivité est constituée par et pour une
conscience, réciproquement les opérations et contenus de cette conscience peuvent être expliqués
par des opérations concrètes dans cette objectivité. Si je perçois ce livre posé sur ma table, ce n’est
pas parce que j’en aurai une représentation dans le cerveau (comment un état neurophysiologique
interne pourrait porter un contenu de conscience différent de lui), mais parce que, à l’aide de
mon cerveau, de mes yeux, de mes mains, et de la causalité du milieu, je dispose d’un savoir faire
sensorimoteur pour agir en fonction de cet objet. Dans ma relation concrète avec ce livre, je le
constitue comme contenu de ma conscience. Un contenu qui n’est pas dans ma tête mais bien là sur
la table. Ma conscience de la localisation d’un objet se trouve là où est cet objet. Il y a co-extensivité
de l’espace de ma conscience et de l’espace physique. Les inscriptions matérielles (écriture, dessin,
carte,…) en spatialisant la pensée, la force à satisfaire aux contraintes de la constitution de l’espace
(Lenay 2004). Les mêmes opérations de déplacement servent à constituer cet espace et à comparer
les items qui y sont inscrits.
[1] C’était l’ambition de l’intelligence artificielle qui pour cela s’appuyait sur la théorie
computationnelle de la cognition comme manipulation interne de représentations formelles.
Références
Clark, A. & Chalmers, D. (1998). The Extended Mind. Analysis, 58, 10-23.
Fodor, J. (1981). Representations: Philosophical Essays on the Foundations of Cognitive Science. Cambridge,
Mass.: The MIT Press.
Lenay, C., Sebbah, F. (2001). La constitution de la perception spatiale. Approches phénoménologique et expérimentale,
Intellectica, 2001/1, n°32, pp. 45-86.
Lenay, C. et Pfaender, F. (2004). Sens de la spatialisation de l’information et prothèses perceptives, Parole, 2004, 29-30,
pp. 63-86
Stiegler, B. (1994). La technique et le temps, t.1. Paris : Galilée.
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Comment les situations du monde sont représentées dans notre
esprit
Bonnotte, Isabelle (URECA - EA 1059, Université Lille Nord de France).
Je discuterai la notion de représentation à partir des perspectives de Le Ny (2005) et de Plaut et Booth
(2000). Les représentations seront alors considérées comme des configurations de connexions apprises,
la plupart de manière implicite. Je fixerai mon attention sur les traitements sémantiques en analysant
comment nos connaissances conceptuelles des objets et des situations de notre monde affectent le
traitement des noms et des verbes. Les données (latences de décision et erreurs) recueillies dans des
tâches de décision sémantique ou lexicale associées au paradigme de l’amorçage sémantique permettent
de tester l’hypothèse selon laquelle des représentations stables des connaissances sémantiques relatives
aux objets exprimés par les noms (Bonnotte & Casalis, 2009) ou aux situations exprimées par les
verbes (Bonnotte, 2008) sont disponibles et accessibles en mémoire à long terme. Les représentations
sémantiques sont considérées comme étant « constituées d’atomes de connaissances ». Ainsi, les notions
de traits et de valeurs de traits apparaissent centrales. La question de leur saillance est également posée.
Les représentations, qu’elles soient nominales ou verbales, sont alors envisagées sous la forme de réseaux
d’unités sous-tendues par l’activation de patrons de micro-unités. À partir de ce cadre général, ma
présentation ciblera les travaux sur les représentations de situations.
Introduction
Mes travaux sur les représentations des situations de notre monde (Bonnotte, 2008) visent
à tester l’hypothèse générale proposée par Le Ny (1995, 1998, 2005) selon laquelle les propriétés
classificatoires des verbes pourraient être interprétées comme des propriétés sémantiques. Ainsi,
comme pour les noms, des représentations stables des connaissances sémantiques à propos des
situations exprimées par les verbes seraient disponibles et accessibles en mémoire à long terme.
L’amorçage sémantique permettrait alors d’accéder à la signification des verbes comme à la
signification des noms.
Les associations régulières entre les verbes et les temps du passé chez les adultes français (e.g.,
Bonnotte & Fayol, 1997) permettent d’extraire de la représentation de la signification des verbes
deux propriétés sémantiques superordonnées : la durativité et la résultativité.
mercredi
matin
Résumé
Matériel
Une étude préliminaire a été réalisée afin de sélectionner des items typiques dans deux
catégories verbales : (1) des représentants de la catégorie des activités : des verbes duratifs et nonrésultatifs (par ex : circuler, discuter) ; (2) des représentants de la catégorie des achèvements : des
verbes non-duratifs et résultatifs (par ex : allumer, ajouter).
Procédure
Une étude expérimentale a alors été conduite chez de jeunes adultes avec le paradigme de
l’amorçage sémantique associé à deux tâches de décision sémantique visuelle afin d’évaluer les
effets d’amorçage sous les SOAs de 200 ms et 100 ms. Dans la tâche de décision de durativité, les
participants devaient décider si la cible évoquait une situation durable ou non-durable (i.e., dont la
durée est extrêmement brève). Dans la tâche de décision de résultativité, ils devaient décider si elle
se rapportait à une situation avec un résultat directement observable ou sans résultat externe clair.
Les cibles étaient précédées d’amorces similaires, opposées ou neutres.
Résultats
Les données sur les latences de décision ont montré que l’amorçage sémantique permet
d’accéder à la signification des verbes aux SOAs de 200 ms et 100 ms, avec une restriction
toutefois : seule la valeur positive de chaque propriété bénéficie de l’amorçage (i.e., les valeurs
durative et résultative). En outre, les traitements de la durativité et de la résultativité sont loin d’être
comparables. En effet, sur la durativité, une facilitation est mise en évidence avec un amorçage
similaire ou opposé. En revanche, sur la résultativité, une facilitation est mise en évidence
uniquement avec un amorçage similaire.
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Discussion
Ces résultats confortent l’hypothèse générale proposée par Le Ny (1995, 1998, 2005)
selon laquelle les propriétés classificatoires des verbes pourraient être interprétées comme des
propriétés sémantiques et la perspective selon laquelle l’amorçage sémantique permet d’accéder
à la signification des verbes, comme à la signification des noms. En outre, les effets d’amorçage
contrastés sur les deux propriétés sémantiques superordonnées nous conduisent à considérer
la durativité comme un trait continu et la résultativité comme un trait binaire. Nous faisons
l’hypothèse que les variations des traitements sémantiques effectués sur ces deux traits pourraient
en partie être expliquées par des formats de représentation différents sachant que l’activation se
propagerait plus efficacement (en termes de rapidité et d’exactitude) sur un trait continu que sur
un trait binaire.
Références
mercredi
matin
Bonnotte, I. (2008). The role of semantic features in verb processing. Journal of Psycholinguistic Research, 37, 199217.
Bonnotte, I., & Casalis, S. (iFirst article, 2009). Semantic priming in French children with varying comprehension skills.
European Journal of Developmental Psychology.
Bonnotte, I., & Fayol, M. (1997). Cognitive representations of predicates and the use of past tenses in French: A
developmental approach. First Language, 17, 75-101.
Le Ny, J. F. (1995). Mental lexicon and machine lexicon: Which properties are shared by machine and mental word
representations ? Which are not ? In P. Saint-Dizier & E. Viegas (Eds.), Computational Lexical Semantics (pp.
50-67). Cambridge, New-York, Melbourne: Cambridge University Press.
Le Ny, J. F. (1998). La sémantique des verbes et la représentation des situations. Cahier de Recherche Linguistique
LanDisCo, 12, 85-100.
Le Ny, J. F. (2005). Comment l’esprit produit du sens. Paris: Odile Jacob.
Plaut, D. C., & Booth, J. R. (2000). Individual and developmental differences in semantic priming: Empirical and
computational support for a single-mechanism account of lexical processing. Psychological Review, 4, 786-823.
Univers subjectifs et psychopathologie
Plagnol, Arnaud (Lpn, & UMR 8590-ihpst, Université Paris 8).
Résumé
Si la psychologie expérimentale a développé des outils rigoureux pour aborder les représentations
mentales, il persiste un fossé pour les opérationnaliser de façon pertinente pour la clinique, notamment
pour rendre compte de la genèse d’un syndrome en relation avec une histoire singulière inscrite dans
des contenus de représentation en mémoire. Pour éclairer l’expérience subjective des troubles, il
semble nécessaire de disposer d’un cadre conceptuel dans lequel aborder dans sa globalité l’univers
subjectif qui se déploie à partir de la mémoire, c’est-à-dire l’espace de représentation dans lequel un
sujet « navigue ». Une ébauche de la construction des espaces de représentation sera ici proposée en
l’étayant sur la perspective de la « cognition fondée » (grounded cognition). La topologie d’un espace
de représentation sera abordée en décrivant quelques contraintes qui s’exercent sur sa structure. Les
correspondances possibles entre syndromes et reconfigurations défensives de l’espace de représentation
seront évoquées. Les questions soulevées par la validation d’une telle approche pourraient ouvrir de
nouveaux horizons pour les collaborations entre expérimentalistes et cliniciens.
Description de la problématique exposée
Même si d’importantes controverses ontologiques et épistémologiques persistent quant à
l’existence et au contenu des représentations mentales, cette notion a toujours été utilisée avec
fécondité en psychopathologie. La psychologie expérimentale a permis le développement d’un
ensemble de concepts et de méthodes pour aborder les représentations, mais comment les
opérationnaliser de façon pertinente pour la clinique (Le Ny, 2005) ? Par exemple, les altérations
cognitives évoquées dans les troubles schizophréniques relèvent de dysfonctionnements du
traitement de l’information sans qu’une telle perspective ne permette de décrire les univers subjectifs
fragmentés au cœur de la clinique de ces troubles (e.g., Plagnol et al., 2003). Il est alors difficile de
rendre compte de la genèse d’un syndrome en relation avec une histoire singulière inscrite dans des
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contenus de représentation en mémoire. En fait, pour éclairer l’expérience subjective des troubles,
par exemple le poids traumatique de certaines situations qui semble s’exercer sur la vie entière, il
semble nécessaire de disposer d’un cadre conceptuel unifié dans lequel aborder dans sa globalité
l’univers subjectif qui se déploie à partir de la mémoire, c’est-à-dire l’espace de représentation dans
lequel un sujet « navigue », tel qu’il reflète sa vie psychique (Plagnol, 2004).
Dans cette communication, une ébauche de la construction des espaces de représentation
sera proposée à partir du cadre conceptuel de la grounded (ou situated) cognition (Barsalou,
1999, 2008 ; Glenberg, 1997 ; Mayberrry et al., 2009) et des nombreux travaux qui l’étayent
empiriquement (e.g., Richter & Zwann, 2009 ; van Dantzig et al., 2008 ; Vermeulen et al., 2008).
La topologie d’un espace de représentation sera ensuite abordée en évoquant quelques contraintes
qui s’exercent sur sa structure. On montrera comment l’interaction entre un évènement et une
mémoire subjective peut être analysée dans cette perspective, puis l’on esquissera la redéfinition
de certaines notions-clefs de la psychopathologie comme celles de traumatisme et de processus de
défense. On montrera enfin comment un syndrome peut correspondre dans ce cadre conceptuel
à un certain type de reconfiguration défensive de l’espace de représentation. Par exemple, l’état
dépressif peut correspondre à une rétraction, l’état maniaque à une dilatation, la schizophrénie à
une fragmentation persistante… L’exemple de la dépression sera traité de façon plus approfondie.
En enrichissant certaines modélisations classiques, il est donc possible de proposer une
approche des représentations mentales assez riche pour éclairer des contextes cliniques : les
questions soulevées par la validation d’une telle approche pourraient ouvrir de nouveaux horizons
pour les collaborations entre expérimentalistes et cliniciens.
Références
Barsalou, L. W. (1999). Perceptual symbol systems. Behavioral and Brain Sciences, 22(4), 577-660.
Barsalou, L. W. (2008). Grounded cognition. Annual Review of Psychology, 59, 617-645.
Glenberg, A. M. (1997). What memory is for. Behavioral and Brain Sciences, 20, 1-55.
Le Ny, J.-F. (2005). Comment l’esprit produit du sens ? Notions et résultats des sciences cognitives. Paris, Odile
Jacob.
Mayberry, M. R., Crocker, M. W., Knoeferle, P. (2009). Learning to attend: A connectionist model of situated langage
comprehension. Cognitive Science, 33, 449-496.
Plagnol, A., Oïta, M., Montreuil, M., Granger, B., Lubart, T. (2003). La fragmentation de l’espace de représentation dans
les schizophrénies. L’Encéphale, XXIX, 401-411.
Plagnol, A. (2004). Espaces de représentation : théorie élémentaire et psychopathologie. Paris, Editions du CNRS.
Richter, T., Zwaan, R. A. (2009). Processing of color words activates color representations. Cognition, 111, 383-389.
van Dantzig, S., Pecher, D., Zeelenberg, R., Barsalou, L. W. (2008). Perceptual processing affects conceptual processing.
Cognitive Science, 32, 579-590.
Vermeulen, N., Corneille, O., Niedenthal, P. M. (2008). Sensory load incurs conceptual processing costs. Cognition,
109, 287-294.
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matin
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Symposium-L’apprentissage de la lecture:
quelles aides auprès des apprentis lecteurs ?
Organisation de la session :
Ecalle, Jean (Lab EMC Université Lyon2), Magnan, Annie (Lab EMC Université Lyon2), Foulin, Jean-Noel
(Université Bordeaux2).
Le traitement visuo-attentionnel et l’apprentissage de la procédure lexicale
d’identification des mots.
Bosse, [email protected] (Université Grenoble2).
Le développement précoce des habiletés de compréhension orale et
l’apprentissage de la lecture
Bianco, Maryse (Université Grenoble2).
Entraînement morphologique : un outil efficace pour l’acquisition du lexique ?
Marec-Breton, Nathalie (Université Rennes2), Lang, Emmanuelle (Rennes2).
mercredi
matin
Effet d’un entraînement au traitement grapho-syllabique chez des faibles lecteurs
scolarisés en CP.
Kleinsz, Nina (Lyon2), Liger, Chloé (Lyon2), Ecalle, Jean (Lyon2), Magnan, Annie (Lyon2).
Résumé
Ce symposium s’inscrit directement dans la ligne du symposium « Apprentissage de la
lecture et connaissances précoces ». Les travaux en psychologie cognitive du développement et de
l’éducation menés sur la thématique de l’apprentissage de la lecture ont souvent comme objectif
de saisir l’état des connaissances nécessaires à l’apprenti lecteur et de comprendre les processus en
jeu; mais peu sont consacrés aux aides qui pourraient être proposées au début de l’apprentissage
de la lecture.
L’objectif ici est de rapporter 4 études qui présentent des pistes d’intervention auprès d’enfants
au début de l’apprentissage de la lecture. Dans la première, M-L Bosse (Grenoble2) présentera les
liens entre traitement visuo-attentionnel et identification de mots écrits dans le cadre d’un suivi
longitudinal, étude qui conclura sur une aide à envisager dans le domaine. Les 3 autres études testent
directement l’effet d’un entraînement dans différents domaines. M. Bianco (Grenoble2) s’attachera
à montrer les effets d’une intervention précoce dès la maternelle visant à développer les habiletés de
compréhension orale sur la compréhension en lecture. L’approche de N. Marec-Breton (Rennes2)
s’appuie sur les travaux montrant le poids de la morphologie dans l’apprentissage de la lecture. Elle
propose un entraînement à la conscience morphologique chez des enfants de CP comparativement
à un groupe contrôle (les analyses sont en cours). Enfin, des travaux depuis une dizaine d’années
montrent que le jeune lecteur en français semble utiliser très tôt la syllabe pour identifier les mots
écrits. Dans ce cadre, N. Kleinsz et al. (Lyon2) ont mené un entraînement grapho-syllabique auprès
de enfants faibles lecteurs en CP (les analyses sont en cours).
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Le traitement visuo-attentionnel et l’apprentissage de la procédure
lexicale d’identification des mots.
Bosse, [email protected] (Université Grenoble2).
Résumé
La relation entre le traitement visuo-attentionnel et l’apprentissage de la lecture, suggérée par le modèle
MTM (Ans, Carbonnel, & Valdois, 1998), a été essentiellement mise en évidence dans des études
transversales et corrélationnelles auprès d’enfants dyslexiques ou tout-venant (Bosse, Tainturier,
& Valdois, 2007, Bosse, & Valdois, 2009). Dans l’étude présentée, l’existence d’un lien causal entre
l’empan visuo-attentionnel et l’acquisition des connaissances lexicales orthographiques a été évaluée
par un suivi longitudinal. Les capacités de traitement phonologique et visuo-attentionnel précoces ont
été mesurées en maternelle et les connaissances lexicales orthographiques en CE1. Les analyses de trajet
montrent que l’empan visuo-attentionnel précoce prédit le niveau des connaissances lexicales en fin de
cycle 2.
Les recherches scientifiques, dans le domaine de l’apprentissage de la lecture et ses
mécanismes cognitifs, ont depuis longtemps démontré l’importance de développer chez l’enfant
des capacités de conscience phonologique pour pouvoir apprendre à identifier les mots (e.g., Ehri,
2005). Aujourd’hui, la plupart des méthodes et des enseignants de cycle 2 ont intégré cette donnée
scientifique et s’attachent à développer chez les enfants des capacités à identifier, segmenter ou
manipuler les phonèmes. Cependant, l’apprentissage de la lecture reste difficile pour une part
non négligeable des enfants. L’identification des mots étant un exercice très complexe, il est fort
probable que d’autres mécanismes cognitifs, encore peu étudiés ou difficiles à mettre en évidence,
soient également responsables de certaines difficultés des enfants dans ce domaine.
Nos propres travaux portent sur la relation entre l’apprentissage de la lecture et la capacité
de traitement visuo-attentionnel, définie comme la capacité à traiter simultanément une suite
d’éléments distincts lors d’une fixation oculaire. L’empan visuo-attentionnel, évalué lors d’épreuves
de report d’éléments présentés simultanément pendant un temps court, peut être considéré comme
un estimateur de la capacité maximale de traitement visuo-attentionnel. Nous avons montré que
cet empan visuo-attentionnel est très déficitaire chez certains enfants dyslexiques et il semble que
ce déficit puisse être la cause de leur difficulté d’apprentissage de la lecture (Bosse & Valdois, 2003,
Bosse et al, 2007). Dans la population générale, l’empan visuo-attentionnel varie d’une personne
à l’autre et est corrélé aux capacités d’apprentissage de la lecture (Bosse & Valdois, 2009). Enfin,
une étude longitudinale suggère l’existence d’une relation causale entre le traitement visuoattentionnel précoce et la lecture au CP (Bosse, Valdois, & Dompnier, 2009). Nous présenterons
la suite de ce suivi longitudinal, qui démontre l’importance du traitement visuo-attentionnel
sur l’acquisition des connaissances lexicales orthographiques et la mise en place de la procédure
lexicale d’identification des mots.
mercredi
matin
Introduction
Matériel et Méthode
122 enfants ont été testés en grande section et CP sur un ensemble d’épreuves de conscience
phonologique (intrus, omission, et inversion de syllabes en maternelle ; segmentation, omission et
acronymes sur phonèmes en CP), de traitement visuo-attentionnel (report de suites de chiffres en
maternelle, de suites de lettres non prononçables en CP, présentées visuellement et simultanément
pendant 200ms), et de mémoire verbale (report de suites de chiffres présentées auditivement). En
fin de CE1, les mêmes enfants ont été évalués sur leurs connaissances lexicales orthographiques
(dictée de mots irréguliers) et leurs capacités d’encodage phono-graphémique (dictée de pseudomots).
Résultats et Discussion
Des analyses de trajets incluant les mesures prises en maternelle, en CP et en CE1 ont été
effectuées. Ces analyses permettent de tester des hypothèses de relations causales entre les variables
longitudinales, en prenant en compte l’ensemble des mesures et leurs liens. Notre hypothèse
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principale était que les mesures d’empan visuo-attentionnel sont causalement reliées aux capacités
d’acquisition des connaissances lexicales orthographiques, mais pas aux capacités d’encodage
phono-graphémique. Les analyses confirment notre hypothèse. En effet, dans l’analyse de trajets
incluant la dictée de mots irréguliers en CE1, le lien entre les mesures d’empan visuo-attentionnel
et la dictée de mots irréguliers a un poids significatif (ß=.28, p<.05), et le fait d’exclure ce lien du
modèle fait baisser la parcimonie du modèle (indice AIC[1] = +.29 pour le modèle sans ce lien,
-11.39 pour le modèle avec ce lien). Au contraire, dans l’analyse de trajets incluant la dictée de
pseudo-mots en CE1, le lien entre les mesures d’empan visuo-attentionnel et la dictée de pseudomots a un poids négligeable (ß=.04, NS), et le fait d’exclure ce lien du modèle améliore la parcimonie
du modèle (indice AIC = -8.43 pour le modèle sans ce lien, -6.73 pour le modèle avec ce lien).
De plus, les analyses de trajet confirment que le lien entre empan visuo-attentionnel et dictée de
mots irréguliers est indépendant du lien existant entre le traitement phonologique et cette même
dictée. Ces résultats seront discutés dans le cadre des connaissances actuelles sur l’apprentissage de
la procédure lexicale d’identification des mots. Des implications pratiques pour l’apprentissage de
la lecture seront envisagées.
[1] Plus l’indice AIC est bas, plus la parcimonie du modèle est importante
Références
mercredi
matin
Ans, B., Carbonnel, S., & Valdois, S. (1998). À connectionist multi-trace memory model of polysyllabic word reading.
Psychological Review, 105, 678-723.
Bosse M-L. & Valdois S. (2003). Patterns of developmental dyslexia according to a multi-trace memory model of reading.
Current Psychology Letters, Special Issue on Language Disorders and Reading Acquisition, 10(1). http://cpl.revues.
org/document92.html
Bosse M-L., & Valdois S. (2009). Influence of the visual attention span on child reading performance: A cross-sectional
study. Journal of Research in Reading, 32, 230-253.
Bosse M-L., Tainturier M-J., & Valdois S. (2007). Developmental dyslexia: the visual attention span hypothesis.
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Bosse M-L., Valdois, S., & Dompnier, B. (2009). Acquisition du langage écrit et empan visuo-attentionnel: une étude
longitudinale. In J.-E. Gombert (Ed), Approche Cognitive de l’apprentissage de la langue écrite, Rennes, PUR, 167178.
Ehri, L. C. (2005). Learning to read words: Theory, findings, and issues. Scientific Studies of Reading, 9, 167-188.
Congrès psycho.indb 228
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Le développement précoce des habiletés de compréhension orale et
l’apprentissage de la lecture
Bianco, Maryse (Université Grenoble2).
Résumé
Nous présenterons une recherche longitudinale dont l’objectif était d’étudier 1) l’influence du
développement langagier précoce sur l’apprentissage de la lecture et 2) les effets d’un entraînement
aux habiletés de compréhension à l’école maternelle sur le développement de ces habiletés d’une
part et sur l’apprentissage de la lecture d’autre part. Les résultats montrent tout d’abord que les
habiletés de compréhension orales précoces expliquent dès le CP une part importante des différences
interindividuelles de compréhension en lecture, contrairement à ce qui est généralement admis dans
la littérature. Ils montrent ensuite que l’on peut aider les jeunes élèves à améliorer leurs habiletés de
compréhension à travers un enseignement explicite et spécifique dont les principes seront détaillés.
Au-delà du décodage, l’apprentissage de la lecture soulève la question de la compréhension
de ce qui est lu. Le développement de cette activité complexe reste encore mal compris et les
dispositifs d’enseignement susceptibles de le favoriser peu étudiés et mal définis. Les habiletés de la
compréhension sont communes à l’oral et à l’écrit et plusieurs recherches longitudinales ont montré
que leur développement, mesuré à 3 ou 4 ans, prédit très significativement la compréhension en
lecture quelques années plus tard. Quelques travaux récents ont aussi montré que ces habiletés
expliquent une part significative de la variabilité des performances en décodage dès le cours
préparatoire, indépendamment des habiletés d’analyse du code oral (conscience phonologique,
NICHD, 2005, par exemple). Nous présenterons une recherche longitudinale dont l’objectif était
d’étudier 1) l’influence du développement langagier précoce sur l’apprentissage de la lecture et 2) les
effets d’un entraînement aux habiletés de compréhension à l’école maternelle sur le développement
de la compréhension orale d’une part et sur l’apprentissage de la lecture d’autre part.
mercredi
matin
Introduction
Matériel et Méthode
1170 élèves français ont été suivis de la moyenne section de maternelle jusqu’au cours
préparatoire et leurs performances en langage oral (conscience phonologique et compréhension
orale) ont été estimées à 4 reprises. Au cours des deux années de maternelle et en fonction des
groupes expérimentaux auxquels ils étaient affectés, les élèves ont bénéficié d’entrainements
langagiers spécifiques, intégrés aux activités pédagogiques quotidiennes et administrés par les
enseignants responsables des classes. Deux groupes ont été entraînés à la compréhension orale à
partir de deux programmes distincts (analyse d’albums (programme AA) et enseignement explicite
de stratégies (programme CS); ce programme était composé d’exercices spécifiques conçus
pour travailler chacun, un aspect précis de la compréhension). Un troisième groupe a suivi un
entraînement à la conscience phonologique (programme PHO); un dernier groupe enfin servait de
témoin. Les trois groupes expérimentaux étaient scindés en deux sous-groupes afin de manipuler le
temps d’entraînement des élèves (une moitié des élèves a été entraînée pendant deux semestres (un
semestre en moyenne section et autre en grande section), l’autre moitié a été entraînée en grande
section seulement). Les performances en lecture (identification des mots et compréhension en
lecture) ont été évaluées au second trimestre du cours préparatoire (en mars), environ 9 mois après
la fin de tous les entraînements (mais-juin de l’année précédente).
Résultats et Discussion
Des modèles de croissance ont permis d’estimer les effets des entraînements sur l’évolution
des habiletés langagières des enfants et ont montré que la compréhension orale peut être améliorée
par des entraînements spécifiques, dès l’école maternelle : le programme CS, conduit pendant deux
semestres, améliore significativement les performances des élèves et cet effet positif reste sensible
à moyen terme. Les résultats montrent en outre que les entraînements ont des effets spécifiques :
l’entraînement phonologique améliore les performances en conscience phonologique mais pas
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mercredi
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en compréhension et l’entraînement explicite à la compréhension (programme CS) améliore la
compréhension orale mais pas la conscience phonologique.
L’influence des habiletés langagières précoces et celle des entraînements sur les performances
en lecture au CP ont été analysées par des modèles multiniveaux. Deux résultats principaux sont
à souligner :
1) Les habiletés de conscience phonologique et de compréhension orale mesurées à 4 ans,
avant tout entraînement, expliquent chacune une part significative de la variabilité des performances
en lecture au CP et leur influence est symétrique : les habiletés phonologiques prédisent plus
fortement les performances en identification des mots et les habiletés de compréhension prédisent
plus fortement la compréhension en lecture au CP.
2) Les entraînements – lorsqu’ils ont été réalisés régulièrement et pendant les deux dernières
années de l’école maternelle - ont également un effet positif de moyen terme sur l’apprentissage
de la lecture. Dans ce cas, l’entraînement phonologique a un effet positif sur les performances en
identification des mots et l’entraînement explicite à la compréhension (programme CS) a un effet
positif sur les scores de compréhension en lecture.
Ces résultats montrent tout d’abord que les habiletés langagières précoces, liées à la
compréhension, interviennent dès le début de l’apprentissage de la lecture et expliquent d’emblée
une part importante des différences interindividuelles de lecture et de compréhension en lecture,
contrairement à ce qui est généralement admis dans la littérature. Ils montrent ensuite que l’on peut
aider les jeunes élèves à améliorer ces habiletés à travers un enseignement explicite et spécifique.
Ils fournissent de ce fait quelques éléments de réflexion pour penser un enseignement précoce du
langage susceptible de prévenir les difficultés ultérieures d’apprentissage et de compréhension en
lecture.
Références
Bianco, M. (2010, sous presse). La compréhension de textes : peut-on l’apprendre et l’enseigner ? in M. Crahay &
M. Dutrevis (eds). Psychologie des apprentissages scolaires, De Boeck.
Bianco, M., Bressoux, P., Doyen, A.L., Lambert, E., Lima, L., Pellenq, C., Zorman, M. (sous presse). Early training of oral
comprehension and phonological skills at preschool: the results of a 3 years longitudinal study. Scientific Studies
of Reading.
Bianco, M. & Bressoux, P. (2009). Effets classes et effets maîtres dans l’enseignement primaire : vers un enseignement
efficace de la compréhension, in X. Dumay & V. Dupriez (eds), L’efficacité dans l’enseignement : promesses et
zones d’ombre, De Boeck.
Bianco, M. Coda, M., Gourgue D. (2006). Compréhension MS, éditions de la Cigale, Grenoble.
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Entraînement morphologique : un outil efficace pour l’acquisition
du lexique ?
Marec-Breton, Nathalie (Université Rennes 2), Lang, Emmanuelle (Rennes 2).
Résumé
Les effets d’un entraînement morphologique (conçu autour d’activités de manipulation à l’oral et à
l’écrit d’unités morphologiques) sur l’acquisition du lexique ont été étudiés auprès d’enfants scolarisés en
Cours Préparatoire. A cette fin, soixante-seize enfants ont été répartis en deux groupes expérimentaux
appariés à différentes mesures contrôles : un groupe entraîné à la conscience morphologique et un
groupe entraîné à la catégorisation. Les analyses montrent qu’à l’instar de ce qui est classiquement
observé, l’entraînement morphologique a bien un impact sur les performances aux tâches de conscience
morphologique (Casalis et Colé, 2009). En revanche, son effet sur l’acquisition du lexique semble
moins important que celui de l’entraînement à la catégorisation. Une explication pourrait être qu’il est
nécessaire que les enfants aient atteint un certain niveau de lecture pour que l’on puisse voir apparaître
des effets de l’entraînement morphologique sur les mesures du niveau de vocabulaire.
Puisqu’une proportion importante des mots que les enfants rencontrent en primaire est
construite morphologiquement (Nagy & Anderson, 1984 ; Colé & Fayol, 2000), des recherches
se sont intéressées à la façon dont les enfants acquièrent ces mots. Pour l’essentiel, ces recherches
évoquent l’influence des connaissances que les enfants ont sur la structure morphologique
de leur langue (Wagner, Muse & Tannebaum, 2006). Selon elles, l’augmentation du lexique en
primaire pourrait être expliquée par la conscience morphologique des enfants et notamment par
l’augmentation de leurs capacités à analyser la structure des mots construits (Anglin, 1993). Prenant
appui sur les résultats de ces études, nous faisons l’hypothèse qu’un entraînement à la conscience
morphologique pourrait avoir un retentissement sur le développement des compétences lexicales
d’enfants de primaire (e.g. Bowers & Kirby, 2010). Notre étude se propose donc d’étudier les effets
d’un entraînement visant à augmenter le niveau de conscience morphologique sur l’acquisition du
lexique.
mercredi
matin
Introduction
Matériel et Méthode
Trente-neuf enfants de Cours Préparatoire (CP) âgés en moyenne au début de l’étude de 7
ans et 4 mois ont suivi un entraînement morphologique de 8 heures (entraînement réparti en 16
séances d’une demi-heure conçues autour d’activités de manipulation à l’oral et à l’écrit d’unités
morphologiques). L’efficacité de l’entraînement est évaluée par des épreuves administrées avant
et après l’entraînement (1 mois puis 6 mois après) : mesures de la conscience morphologique
(notamment par le biais d’une tâche de production morphologique : une petite lampe est une…. ?
– lampette et d’une tâche de jugement d’intrus morphologique : pommade – pommier - pomme),
de la conscience phonologique (ThaPho, Ecalle, 2007), du niveau de vocabulaire (EVIP, Dunn,
Thériault-Whalen & Dunn, 1993) et du niveau de lecture (LUM, Khomsi, 1999). Les performances
des enfants du groupe entraînement sont comparées à celles d’un groupe témoin de trente-sept
enfants de CP (âgés en moyenne de 7 ans et 4 mois) appariés aux différentes mesures réalisées avant
l’entraînement, qui n’a pas suivi d’entraînement morphologique mais qui a bénéficié, pendant la
même période, d’un entraînement à la catégorisation (entraînement conçu à partir de l’outil Catégo
de Cèbe, Paour & Goigoux, 2008). Le choix d’un contraste avec un entraînement à la catégorisation
s’appuie sur le fait que certains travaux (voir notamment Clavé, 1997) évoquent des liens entre
l’étendue du répertoire lexical et les compétences à catégoriser.
Résultats et Discussion
Avant de pouvoir étudier les effets de l’entraînement morphologique sur l’acquisition du
lexique, il était important, dans un premier temps, de nous assurer que cet entraînement permet
bien d’augmenter le niveau de conscience morphologique des enfants. La comparaison statistique
des performances de nos deux groupes expérimentaux (Morphologique vs Catégorisation)
nous amènent à conclure que les enfants ayant suivi un entraînement morphologique ont une
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
conscience morphologique plus solide que leurs pairs, un mois et six mois après l’entraînement
(Casalis & Colé, 2009).
Pour autant, les analyses ne révèlent pas d’effets de l’entraînement morphologique sur
l’installation du lexique à court terme. En effet, seul l’entraînement à la catégorisation montre des
effets positifs sur les mesures du niveau de vocabulaire du premier post-test. Ce résultat est assez
surprenant car les dernières études réalisées dans ce champ de recherche évoquaient toutes un
tel effet. Cette divergence de résultats pourrait s’expliquer par le fait que notre étude porte sur de
jeunes lecteurs de CP alors que les précédentes recherches s’intéressaient pour la plupart à des
enfants de niveau CE2, CM1 ou CM2 (Bowers & Kirby, 2010, Wagner, Muse, & Tannebaum, 2006).
Une autre explication, non contradictoire avec la précédente, pourrait être que l’influence
de la morphologie sur l’acquisition du lexique est plus importante à l’écrit qu’à l’oral. Il faudrait
donc que les enfants aient atteint un certain niveau de lecture pour voir apparaître des effets de
l’entraînement morphologique sur les mesures du niveau de vocabulaire. Nos résultats semblent
aller dans ce sens. Ainsi, des effets sont observés au second post-test réalisé six mois après
l’entraînement alors que le niveau de lecture des enfants a progressé. Les résultats d’analyses de
régression semblent également appuyer cette hypothèse.
Références
mercredi
matin
Anglin, J.M. (1993). Vocabulary development : A morphological analysis (Monographs of the Society for Research
in Child Development, 58). Chicago: University of Chicago Press.
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Writing, vol. 23, n°5, 515-537.
Casalis, S. & Colé, P. (2009). On the relationship between morphological and phonological awareness: Effects of training
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Cèbe, S., Paour, J.L. & Goigoux, R. (2008). Catégo : Apprendre à catégoriser, Paris : Hatier.
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Psycan.
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Congrès psycho.indb 232
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Effet d’un entraînement au traitement grapho-syllabique chez des
faibles lecteurs scolarisés en cp.
Kleinsz, Nina (Lyon2), Liger, Chloé (Lyon2), Ecalle, Jean (Lyon2), Magnan, Annie (Lyon2).
Plusieurs études utilisant différents paradigmes expérimentaux telles la détection de syllabe (Colé,
Magnan & Grainger, 1999; Maïonchi, Magnan & Ecalle, 2010), les conjonctions illusoires (Doignon
& Zagar, 2006) ou la décision lexicale (Chetail, & Mathey, 2009) ont montré que la syllabe est une
unité de traitement au début de l’apprentissage de la lecture. Ce constat a conduit à tester l’effet d’un
entraînement au traitement grapho-syllabique chez des faibles lecteurs (Ecalle, Magnan, & Calmus,
2009). Un système d’aide à l’apprentissage de la lecture basé sur l’apprentissage des correspondances
grapho-syllabiques semble être efficace auprès de faibles lecteurs. Cette étude vise à tester l’effet d’une
d’aide informatisée à l’apprentissage de la lecture reposant sur le traitement grapho-syllabique. Elle a
été réalisée auprès de 27 enfants faibles lecteurs de CP en suivant un paradigme pré-test/entraînement/
post-test. Les faibles lecteurs ont été repartis en deux groupes homogènes, 14 élèves ont bénéficié du
logiciel d’aide au traitement grapho-syllabique et 13 élèves d’un logiciel d’aide à discrimination graphophonémique. On s’attend à des performances en identification de mots supérieures pour le groupe
entraîné au traitement grapho-syllabique. Les résultats sont en cours d’analyse.
Introduction
L’objectif est de tester l’effet d’un outil d’aide à la lecture qui repose sur le traitement graphosyllabique. Le recours à un entraînement grapho-syllabique pour aider les enfants en difficultés
repose sur une série d’arguments expérimentaux suggérant que la syllabe est une unité de traitement
au début de la lecture. Diverses études utilisant des paradigmes expérimentaux différents telles la
détection de cible à l’initiale d’un mot (Colé, Magnan & Grainger, 1999 ; Maïonchi-Pino, Magnan
& Ecalle, 2010), les conjonctions illusoires (Doignon & Zagar, 2006), la décision lexicale (Chetail
& Mathey, 2009) ou encore une technique d’entraînement grapho-syllabique (Ecalle, Magnan &
Calmus, 2009) suggèrent que la syllabe est une unité de traitement au cours de l’apprentissage de
la lecture chez les apprenti-lecteurs francophones. L’hypothèse générale de notre travail est que
si l’on considère qu’en français les correspondances grapho-phonologiques s’effectuent dès le CP
par l’intermédiaire des unités syllabiques alors un entraînement intensif focalisant les enfants
sur la segmentation grapho-syllabique devrait aider les plus faibles lecteurs à identifier les mots.
L’entraînement vise à renforcer l’utilisation des relations grapho-phonologiques en exerçant les
enfants à manipuler conjointement l’unité syllabique orale et orthographique au sein d’un mot
ce qui devrait faciliter le traitement grapho-syllabique en lecture et par conséquent le décodage,
procédure d’auto-apprentissage dont on connaît l’importance dans le développement du lexique
orthographique (Share, 1999). Une procédure classique en 3 phrases principales, pré-test/
entraînement/post-tests et comparaison de deux groupes d’enfants, expérimental et contrôle est
utilisé.
L’effet de l’entraînement est testé en comparant les performances des enfants avant et après
la période d’entraînement et en comparant les scores des groupes expérimental et contrôle. On
testera l’interaction Groupe * Test pour les scores aux différentes épreuves d’évaluation en lecture
proposés au cours des tests
mercredi
matin
Résumé
Matériel et Méthode
A partir d’une population de 100 enfants scolarisés dans 5 Classes Préparatoires appartenant
à 4 écoles, 27 faibles lecteurs ont été retenus pour participer à l’étude à sur la base des scores au test
de lecture Timé2 (Ecalle, 2003). Ils ont été répartis dans deux groupes, expérimental et contrôle,
appariés en âge chronologique, en intelligence non-verbale et en âge de lecture.
Les épreuves suivantes ont été administrées en pré-test et post-test : une épreuve de lecture
à voix haute, une épreuve de détection d’une cible CV ou CVC à l’initiale d’un mot CV ou CVC
(Colé et al., 1999 ; Maïonchi-Pino et al., 2010) et une épreuve d’évaluation de la compréhension
orale (adaptation de l’ECOSSE, Lecocq et al. 1996) et écrite (LMC-R, Khomsi, 1999).
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L’entraînement a duré 10 heures à raison d’une séance de 30 minutes, 4 jours par semaine
pendant 5 semaines consécutives. Il a eu lieu dans une salle informatique de l’école en présence
d’un adulte. Les élèves du groupe expérimental ont bénéficié d’un entraînement au traitement
grapho-syllabique : l’enfant entend une syllabe, puis la voit et enfin, entend un mot. La tâche
consiste à indiquer la position de la syllabe au sein du mot. Un feed-back est donné immédiatement
après la réponse.
Les enfants du groupe contrôle ont été entraînés à la discrimination audio-visuelle de
phonèmes à l’aide de deux tâches : une tâche de discrimination de paires minimales et une tâche
de discrimination audio-visuelle de type « même – différent ». Un feed-back correctif ainsi qu’un
contrôle de la qualité des réponses sont donnés par les deux logiciels.
Quatre post-tests sont prévus afin de tester l’effet immédiat et différé de l’entraînement. En
outre, nous pensons qu’une procédure d’identification des mots plus efficace devrait améliorer
les performances en compréhension de phrases. On s’attend ainsi à long terme (post-test 3)
à des performances supérieures dans les deux composantes de la lecture (identification et
compréhension) pour les enfants du groupe expérimental comparativement aux enfants du groupe
contrôle. Seuls les résultats du post-test 1 seront présentés ici.
Résultats et Discussion
mercredi
matin
Le traitement de l’ensemble des résultats est en cours. Toutefois, les premiers résultats
suggèrent un effet de l’entraînement grapho-syllabique supérieur à celui de l’entraînement graphophonémique.
Une étude récente (Maïonchi-Pino, Magnan, & Ecalle (in press) ayant mis en évidence
la capacité des enfants dyslexiques à traiter la syllabe au cours de l’identification de mots écrits,
l’utilisation d’un tel système d’aide auprès d’enfants dyslexiques est prévue dans une future
recherche.
Références
Chétail, F., Mathey, S. (2009). Activation of syllable units during visual recognition of French words in Grade 2. Journal
of Child Language, 36, 883-894.
Colé, P., Magnan, A., & Grainger, J. (1999). Syllable-sized units in visual words recognition : evidence from skilled and
beginning readers. Applied Psycholonguistics, 20, 507-532.
Doignon, N., & Zagar, D. (2006). Les enfants en cours d’apprentissage de la lecture perçoivent-ils la syllable à l’écrit ?
Canadian Journal of Experimental Psychology, 60(4), 258-274.
Ecalle, J. (2003). Timé-2: Test d’identification de mots écrits pour enfants de 6 à 8 ans. Paris : ECPA.
Ecalle, J., Magnan, A., & Calmus, C. (2009). How computer-assisted learning using ortho-phonological units could
improve literacy skills in low-progress readers. Computers & Education, 52(3), 554-561.
Maïonchi-Pino, N., Magnan, A., & Ecalle, J. (2010). Syllable frequency ans word frequency effects in visual word
recognition : Evidence from a developmental approach in French children. Journal of Applied Developmental
Psychology, 31(1), 70-82.
Maïonchi-Pino, N., Magnan, A., & Ecalle, J. (in press). The nature of the phonological processing in French dyslexic
children: Evidence of the phonological syllable and linguistic features’ role in silent reading and speech
discrimination. Annals of Dyslexia
Share, D.L. (1999). Phonological recoding and orthographic learning: A direct test of the self-teaching hypothesis.
Journal of Experimental Child Psychology, 72, 95-129.
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Symposium
Sport, émotions, et qualité de vie
Organisation de la session :
Legrand, Fabien (Laboratoire de psychologie appliquée (EA 4298), Université de Reims, UFR STAPS),
Castanier, Carole (Laboratoire de psychologie des pratiques sportives, Université Paris XI, UFR
STAPS), Chaouloff, Francis (Unité inserm n°862, Bordeaux), Dechamps, Arnaud (Alzheimer center,
umc st Radboud, Nijmegen (Pays-Bas)), Marcel, Julie (Laboratoire de psychologie appliquée (EA 4298),
Université de Reims, UFR STAPS).
La transaction entre l’individu et son environnement en contexte sportif :
application à l’étude de l’état d’anxiété précompétitive
L’alpinisme un contexte privilégié de régulation de l’anxiété : le role modérateur
de la fuite de la conscience de soi
Castanier, Carole (Laboratoire de psychologie des pratiques physiques, je2494, Université Paris XI, UFR
STAPS), Lescanff, Christine (Laboratoire de psychologie des pratiques physiques (je2494), Université Paris
XI, UFR STAPS), Woodman, Tim (Schoolf of sport, health & exercise science, Université of Bangor -UK).
Rôle des endocannabinoïdes dans les effets anti-stress de l’exercice physique
Chaouloff, Francis (Unité inserm 862, Bordeaux).
mercredi
matin
Marcel, Julie (Laboratoire de psychologie appliquée (ea4298), Université de Reims, UFR STAPS), Gillet,
Nicolas (Laboratoire de psychologie des âges de la vie (ea2114), Université de Tours), Legrain, Pascal
(Laboratoire de psychologie appliquée (ea4298), Université de Reims, UFR STAPS).
Programmes de réhabilitation et d’exercice pour la promotion de la qualité de
vie de la personne âgée en institution gériatrique
Dechamps, Arnaud (Alzheimer center, umc stradboud, Nijmegen, Pays bas).
Le rôle modérateur de la fréquence d’entraînement hebdomadaire dans l’effet
antidépresseur de l’activité physique
Legrand, Fabien (Laboratoire de psychologie appliquée (ea4298), Université de Reims, UFR STAPS).
Résumé
L’étude des relations entre la pratique d’activités physiques (ou sportives) et le fonctionnement
émotionnel du pratiquant est à la fois récente, complexe, et riche d’implications technologiques et
sociales : a/ récente puisque cette question intéresse principalement la psychologie du sport et de
l’activité physique, une discipline scientifique dont l’histoire n’a guère plus de 40 années d’existence
en France, b/ complexe car elle concerne l’analyse des effets des facteurs émotionnels sur la
performance sportive, mais aussi sa réciproque, à savoir l’étude de l’influence de la pratique sportive
sur ces facteurs, et enfin c/ riche d’implications puisque d’abord sur un plan technologique les
connaissances scientifiques produites peuvent servir à construire des programmes de préparation
mentale destinés à perfectionner le potentiel compétitif de sportifs de haut niveau. Et puis ensuite,
sur un plan plus social, l’utilisation de programmes d’activités physiques dans la restauration du
fonctionnement émotionnel et la promotion de la qualité de vie de publics fragilisés constitue
aujourd’hui une option thérapeutique dont l’efficacité est attestée par la recherche.
Ce symposium a pour vocation principale de faire découvrir aux congrèssistes de la SFP
une thématique d’étude transversale car la qualité de vie concerne aussi bien les communautés
scientifiques de la psychologie et des STAPS (sciences et techniques des activités physiques et
sportives) que les professionnels de la santé (en gériatrie, en cancérologie). Un panorama des travaux
de recherche menés sur cette thématique en France sera ainsi dressé au travers des présentations
orales de cinq conférenciers bénéficiant pour la plupart d’une reconnaissance scientifique
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internationale. Julie Marcel donnera une illustration des relations réciproques entre la perception
subjective de l’environnement et l’état d’anxiété précompétitive chez des sportifs de compétition.
Carole Castanier présentera des données soulignant l’existence d’un mécanisme psychologique
jusqu’alors ignoré dans l’explication des effets anxiolytiques de l’activité physique. A partir d’un
modèle animal développé auprès de souris, Francis Chaouloff évoquera lui aussi une hypothèse
nouvelle permettant de mieux comprendre les bénéfices psychologiques associés à l’exercice
physique : l’hypothèse endocannabinoïdergique. Arnaud Dechamps détaillera les résultats de ses
dernières publications concernant l’impact de programmes d’exercices physiques sur la qualité de
vie de personnes âgées en institution gériatrique. Et enfin, Fabien Legrand soulignera le rôle clé de
la fréquence d’entraînement hebdomadaire pour déclencher l’effet antidépresseur classiquement
conféré à l’activité physique par la communauté scientifique.
Nous souhaitons par ailleurs que ce symposium soit l’occasion d’échanges et de rencontres
entre universitaires, praticiens, et étudiants intéressés par la thématique que nous y proposons.
mercredi
matin
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La transaction entre l’individu et son environnement en contexte
sportif : application à l’étude de l’état d’anxiété précompétitive
Marcel, Julie (Laboratoire de psychologie appliquée (ea4298), Université de Reims, UFR STAPS), Gillet,
Nicolas (Laboratoire de psychologie des âges de la vie (ea2114), Université de Tours), Legrain, Pascal
(Laboratoire de psychologie appliquée (ea4298), Université de Reims, UFR STAPS).
Résumé
Cette communication présente une étude sur les relations réciproques entre la perception des
caractéristiques environnementales et l’intensité et la direction de l’état d’anxiété selon une perspective
transactionnelle. Les analyses conduites ont confirmé la transaction entre le vécu émotionnel et
l’environnement. Ces résultats invitent à poursuivre les travaux sur la base de ce modèle afin de
modéliser le vécu anxieux des sportifs et les relations complexes avec l’environnement en situation de
compétition.
Dans leur conception transactionnelle, Lazarus et Folkman (1984) insistent sur l’importance
de la perception de l’environnement pour appréhender le comportement humain en situation de
stress. Rosnet (1999) distingue quatre caractéristiques de l’environnement : la nouveauté (absence
d’expérience passée dans une situation similaire), l’ambigüité (imprécision ou insuffisance
des informations), la prédictibilité (présence de caractéristiques reconnaissables permettant
l’anticipation) et la contrôlabilité (degré de contrôle perçu de l’environnement). Cette structure
demande à être complétée par les travaux sur l’approche multidimensionnelle du contrôle qui
invitent à distinguer le contrôle interne (par soi) des contrôles externes (notamment par les autres
favorables et défavorables). Dans ce modèle, l’état d’anxiété figure comme l’une des conséquences
émotionnelles possibles en réaction à une situation perçue comme menaçante. Les travaux
sur l’anxiété ont conduit à l’adoption d’une conception multidimensionnelle ; distinguant les
composantes somatique et cognitive (Martens, Vealey & Burton, 1990). En parallèle, les travaux
de Jones (1995) sur la distinction entre l’intensité (évaluation quantitative du ressenti) la direction
(évaluation qualitative du ressenti) de l’état d’anxiété ont permis de mieux analyser les conséquences
de cette émotion sur la performance sportive. Ainsi, l’objectif de cette étude était de modéliser les
relations réciproques entre la perception des caractéristiques environnementales et l’état d’anxiété
précompétitive. Conformément aux travaux de Carver et Scheier (1988) puis de Jones (1995), le
rôle médiateur des expectations de faire face a été considéré au sein de cette transaction.
mercredi
matin
Introduction
Matériel et méthode
Au cours d’une passation rétrospective, 156 sportifs âgés de 14 à 30 ans (M = 17,5 ± 2,37)
ont complété l’Échelle de Perception de l’Environnement (Marcel, Legrain, Gillet & Rosnet, 2009 ;
23 items ; nouveauté, ambiguïté, prédictibilité et contrôlabilité par soi, les autres favorables et
défavorables), le Competitive State Anxiety Inventory – 2 modifié (Debois, 2001 ; Jones & Swain,
1992 ; Martens et al, 1990 ; 27 items ; anxiété somatique, cognitive et confiance en soi) ainsi que des
mesures d’expectations de faire face à l’environnement et à l’intensité des manifestations anxieuses.
Les alphas de Cronbach (compris entre 0,62 et 0,88) ont révélé des fiabilités acceptables des souséchelles.
Résultats et discussion
D’une part, une analyse en équation structurelle a confirmé l’influence de la perception des
caractéristiques de l’environnement sur l’état d’anxiété (χ2/ddl = 2,33 ; GFI = 0,96 ; CFI = 0,96 ; IFI
= 0,96 ; RMSEA = 0,08 ; SRMR = 0,05). Le rôle médiateur partiel du niveau des expectations de faire
face à l’environnement et à l’intensité des manifestations anxieuses a été confirmé par des tests de
Sobel (z compris entre -2,75 et -2,08 ; p < 0,05). Ces résultats ont confirmé ceux précédemment
observés (Carver & Scheier, 1988 ; Hanton & Jones, 1997 ; Lazarus & Folkman, 1984). De plus, ils
ont renforcé le rôle fondamental de l’évaluation des ressources dans la compréhension du vécu
anxieux (Carver & Scheier, 1988 ; Jones, 1995). D’autre part, et afin de confirmer la réciprocité de
la relation, une analyse en cluster a été conduite. Elle a fait émerger trois profils d’anxiété (faible,
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modéré et élevé). L’analyse de variance multivariée (cluster x perception de l’environnement
et évaluation des ressources) s’est révélée significative (F(24, 264) = 2,719 ; p < 0,001). Les résultats
univariés ont démontré des différences pour l’ambiguïté, la contrôlabilité par soi et par les autres
défavorables ainsi que pour le niveau et la force des expectations de faire face. Ces résultats ont
confirmé la réversibilité de la relation entre la perception de l’environnement et l’état d’anxiété
précompétitive (Lazarus & Folkman, 1984 ; Rosnet, 1999) et renforcé l’intérêt de l’analyse en cluster
afin de considérer la multidimensionnalité de l’état d’anxiété (Hardy & Fazey, 1987 ; Martinent &
Ferrand, 2007). Enfin, cette étude invite à approfondir la transaction entre l’environnement et le
vécu émotionnel en considérant d’autres variables du modèle transactionnel comme l’évaluation
cognitive et les stratégies de faire face. En effet, si l’influence du vécu émotionnel sur la production
d’une performance sportive de haut-niveau a largement été démontrée (Martens et al, 1990),
la genèse de ces émotions mérite d’être approfondie afin de mieux modéliser leur rôle sur la
performance et plus généralement sur la qualité de vie des sportifs au quotidien. Cette thématique,
en tant qu’élément central de ce symposium « Sport, Émotions et Qualité de Vie », constitue un
enjeu majeur, tant sur le plan de l’optimisation de la performance que pour le maintien de la santé
psychologique des sportifs soumis à des épisodes de stress intenses et répétitifs.
Références
mercredi
matin
Carver, C. S., & Scheier, M. F. (1988). À control perspective on anxiety. Anxiety Research, 1, 17-22.
Debois, N. (2001). Relation entre l’anxiété, les émotions et la performance en contexte compétitif de haut niveau :
Contribution des buts d’accomplissement, des perceptions de compétence, et stratégies de contrôle mises
en œuvre. Thèse de Doctorat STAPS, Paris X - Nanterre.
Hardy, L., & Fazey, J. A. (1987). The inverted-U hypothesis : A catastrophe for sport psychology ? Paper presented at
the annual conference of the North American Society for the Psychology of Sport and Physical Activity, Vancouver,
Canada.
Hanton, S., & Jones, J. G. (1997). Antecedents of intensity and direction dimensions of competitive anxiety as a function
of skill. Psychological Reports, 81, 1139-1147.
Jones, J. G. (1995). More than just a game : Research developments and issues in competitive anxiety in sport. British
Journal of Psychology, 86, 449-478.
Jones, J. G., & Swain, A. B. J. (1992). Intensity and direction as dimensions of competitive anxiety and relationships with
competitiveness. Perceptual and Motor Skills, 74, 467-472.
Lazarus, R. S., & Folkman, S. (1984). Stress, appraisal and coping. New York, Springer Publishing Company.
Marcel, J., Legrain, P., Gillet, N., & Rosnet, E. (2009). Construction et validation de l’Échelle de Perception de
l’Environnement (ÉPE): Analyse factorielle et examen de ses relations avec l’évaluation cognitive primaire.
Communication orale présentée au Congrès International de Psychologie du Sport. Vincennes, France.
Martens, R., Vealey R. S., & Burton D. (Eds.) (1990). Competitive Anxiety in Sport. Champaign, IL: Human Kinetics.
Martinent, G., & Ferrand, C. (2007). À cluster analysis of precompetitive anxiety: Relationship with perfectionism and
trait anxiety. Personality and Individual Differences, 43, 1676-1686.
Rosnet, E. (1999). L’adaptation psychologique au stress dans les situations extrêmes. Habilitation à Diriger les
Recherches soutenue le 22 janvier, Université de Reims Champagne Ardenne.
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L’alpinisme un contexte privilégié de régulation de l’anxiété : le role
modérateur de la fuite de la conscience de soi
Castanier, Carole (Laboratoire de psychologie des pratiques physiques, je2494, Université Paris XI, UFR
STAPS), Lescanff, Christine (Laboratoire de psychologie des pratiques physiques (je2494), Université Paris
XI, UFR STAPS), Woodman, Tim (Schoolf of sport, health & exercise science, Université of Bangor -UK).
Résumé
Cette recherche vise à tester l’hypothèse selon laquelle la pratique d’un sport à risque (dans le cas présent
l’alpinisme) remplirait une fonction de régulation émotionnelle. Ainsi, certains individus s’investiraient
dans une telle activité car cela leur permettrait de faire face à leur humeur dysphorique. Les données
produites dans notre étude valide cette hypothèse puisque nous trouvons que la diminution d’anxiété
rapportée par des alpinistes avant et après une course en montagne est d’autant plus forte qu’ils ont un
score de fuite de la conscience d’eux-mêmes élevé.
Les études s’intéressant aux déterminants psychologiques de l’engagement dans les sports
à risques se sont essentiellement focalisées sur le concept de recherche de sensations (Llewellyn
& Sanchez, 2008). Cependant la spécificité de ce type de pratiques pourrait servir d’autres
fonctions que la seule régulation de l’état d’activation physiologique du sujet. L’individu pourrait
notamment s’engager dans ces comportements à risques dans le but de réduire le ressenti d’affects
négatifs (Cooper, Agocha, & Sheldon, 2000). Selon Taylor et Hamilton (1997) ce type de conduites
permettrait notamment à certains individus de répondre à une stratégie de type fuite de la
conscience de soi (i.e., volonté de détourner son attention de son mal-être). Dans cette lignée un
certain nombre d’auteurs postulent que l’engagement dans les sports à risques correspondrait à
un moyen de régulation émotionnelle (Taylor & Hamilton, 1997). Néanmoins, peu d’études ont
réellement testé l’existence de ce processus de régulation émotionnelle dans les sports à risques
(Woodman, Huggins, Le Scanff, & Cazenave, 2009). La présente étude a donc pour objectif
d’observer la variation de l’anxiété ressentie entre avant et après la réalisation d’une course en
montagne, ainsi que le rôle modérateur des stratégies de fuite de la conscience de soi et la spécificité
du contexte des sports à risques dans ce processus.
mercredi
matin
Introduction
Matériel et Méthode
Participants :105 alpinistes masculins (Mage = 29.07 ans ; ET = 5.46) contactés au sein de
l’Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme (ENSA) et 73 judokas évoluant en pôles France (Mage =
18.79 ans; ET = 2.16) ont participé à cette étude.
Outils d’évaluation : (a) Inventaire de Risque et d’Activation (IRA ; Lafollie, Le Scanff, &
Fontayne, 2008) ; (b) Inventaire d’Emotionnalité Positive et Négative (EPN-31 ; Pelissolo, Rolland,
Perez-Diaz, Jouvent, & Allilaire, 2007).
Procédure : Les données ont été collectées sur deux temps de mesure : (T1) 30 min avant le
début de la pratique (course en montagne ou combat de judo) les participants ont rempli l’IRA
et l’EPN-31 ; (T2) Environ 1 h après la fin de leur pratique les sportifs ont à nouveau complété
l’EPN-31.
Résultats
Variation de l’anxiété chez les alpinistes
L’analyse de covariance (avec contrôle de l’âge) révèle une diminution significative du niveau
d’anxiété des alpinistes entre avant (M = 17.48, ET = 10.57) et après leur course en montagne (M =
11.22, ET = 9.89), F(1, 103) = 4.39, p < .05, h² = .04.
Rôle modérateur de la fuite de la conscience de soi
La procédure de traitements statistiques suggérée par Judd, Kenny et McClelland (2001) a
permis de mettre en évidence un effet d’interaction Fuite ´ Moment de mesure sur l’anxiété. Après
contrôle de l’âge, la fuite apparait comme un prédicteur significatif de l’anxiété à T1, t(102) = 3.68,
p < .001, h² = .12, mais pas à T2, t(102) = 0.56, p > .50, h² = .00. De plus, la pente de l’équation de
régression de T2-T1 sur la fuite est différente de zéro, t(102) = 3.06, p < .01, h² = .08. La mise en
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
évidence de cet effet d’interaction Fuite ´ Moment de mesure révèle ainsi que plus les alpinistes sont
orientés vers des stratégies de fuite de la conscience de soi plus ils bénéficieront d’une diminution
de leur état d’anxiété après la réalisation de leur course en montagne.
Spécificité du contexte des sports à risques
En suivant la méthode d’Aiken et West (1991), nous avons pu mettre en évidence un effet
d’interaction Type de pratique ´ Fuite sur la variation de l’anxiété. Après contrôle de l’âge, puis
introduction de la Fuite et du Type de pratique dans l’analyse de régression, l’ajout en 3ème pas
de l’interaction Type de pratique ´ Fuite entraîne une augmentation significative de la variance
expliquée au-delà des effet principaux, ΔR² = .04, p < .01. De plus, la fuite apparaît comme un
prédicteur significatif de la variation de l’anxiété chez les alpinistes, t(173) = 3.79, p < .01, h² =
.08, mais pas chez les judokas, t(173) = 0.06, p > .50, h² < .01. La mise en évidence de cet effet
d’interaction Type de pratique ´ Fuite révèle ainsi que plus l’utilisation de stratégies de fuite de la
conscience de soi est importante plus la diminution de l’anxiété après la pratique sera conséquente,
mais ce uniquement dans le cas de l’alpinisme.
Discussion
mercredi
matin
L’objet de ce travail était d’étudier l’impact de la réalisation d’une course en montagne sur le
vécu émotionnel des alpinistes, ainsi que le rôle modérateur des stratégies de fuite de la conscience
de soi et la spécificité du contexte des sports à risques dans ce processus. Les résultats suggèrent
que les individus orientés vers des stratégies d’autorégulation de type fuite de la conscience de
soi obtiendraient de la pratique de l’alpinisme un bénéfice émotionnel se caractérisant par une
diminution de l’anxiété. Ainsi l’alpinisme servirait une fonction de régulation émotionnelle pour
les individus cherchant à détourner leur attention de leur mal être (Taylor & Hamilton, 1997). Par
ailleurs, les résultats révèlent que cet effet bénéfique au niveau émotionnel de la pratique d’une
activité sportive serait spécifique aux sports à risques. L’aspect incontestablement dangereux de
ce type de pratiques permettrait aux individus ayant des difficultés de régulation émotionnelle de
transférer leur attention d’une source d’anxiété interne et non-spécifique vers une source externe
et bien identifiable (Woodman et al., 2009).
Références
Aiken, L. S., & West, S. G. (1991). Multiple regression: Testing and interpreting interactions. Newbury Park: CA:
Sage.
Cooper, M. L., Agocha, V. B., & Sheldon, M. S. (2000). À motivational perspective on risky behaviors: The role of
personality and affect regulatory processes. Journal of Personality, 68, 1059-1088.
Judd, C. M., Kenny, D. A., & McClelland, G. H. (2001). Estimating and testing mediation and moderation in withinsubject designs. Psychological Methods, 6(2), 115-134.
Lafollie, D., Le Scanff, C., & Fontayne, P. (2008). Adaptation française de « l’Inventaire de Risque et d’Activation ».
Canadian Journal of Behavioural Science, 40(2), 113-119.
Llewellyn, D. J., & Sanchez, X. (2008). Individual differences and risk taking in rock climbing. Psychology of Sport and
Exercise, 9(4), 413-426.
Pelissolo, A., Rolland, J. P., Perez-Diaz, F., Jouvent, R., & Allilaire, J. F. (2007). Evaluation dimensionnelle des émotions
en psychiatrie : validation du questionnaire Emotionnalité positive et négative à 31 items (EPN-31). L’Encéphale,
33(3), 256-263.
Taylor, R. L., & Hamilton, J. C. (1997). Preliminary evidence for the role of self-regulatory processes in sensation seeking.
Anxiety, Stress, and Coping, 10, 351-375.
Woodman, T., Huggins, M., Le Scanff, C., & Cazenave, N. (2009). Alexithymia determines the anxiety experienced in
skydiving. Journal of Affective Disorders, 116, 134-138.
Congrès psycho.indb 240
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241
Rôle des endocannabinoïdes dans les effets anti-stress de l’exercice
physique
Chaouloff, Francis (Unité inserm 862, Bordeaux).
De nombreux travaux ont mis en évidence les effets positifs de l’exercice physique sur l’humeur
et les émotions. Une hypothèse récente implique le système endocannabinoïde (cible du Δ9tetrahydrocannabinol, le principe actif du cannabis) dans ces effets. Disposant de souris mutantes pour
le principal récepteur des endocannabinoïdes, le récepteur CB1, notre travail vise à analyser le rôle
de ce récepteur dans les conséquences émotionelles de l’exercice physique. Un exercice volontaire sur
roues de 6 semaines a indiqué que le récepteur CB1 contrôle de manière positive la durée et le temps
passé par les souris à effectuer cet exercice volontaire. À l’inverse, ce récepteur ne semble pas impliqué
dans les effets positifs de l’exercice physique sur la neurogenèse hippocampique. L’exercice physique
a modifié de manière CB1-dépendante l’expression et l’extinction d’une peur conditionnée par un
appariement son/choc. Nos travaux actuels utilisent un protocole d’exercice induisant une diminution
de peurs inconditionnée et conditionnée pour examiner, à l’aide de mutants du récepteur CB1 dans des
populations neuronales bien définies (neurones GABAergiques, neurones glutamatergiques), le rôle du
système endocannabinoïde dans les conséquences émotionnelles de l’exercice chez des sujets contrôles.
Introduction
La pratique de l’exercice physique a des effets positifs tant sur le plan cardiovasculaire,
métabolique que psychique (Expertise Collective INSERM, 2008). En effet, les effets
antidépresseurs et anxiolytiques de l’exercice sont reconnus depuis longtemps chez l’homme.
Parmi les hypothèses privilégiées, on peut citer celles impliquant les systèmes monoaminergiques,
les systèmes endorphinergiques, ou encore les neurotrophines. Plus récemment, une hypothèse
« endocannabinoïdergique » est venue s’ajouter aux précédentes. Elle repose sur l’observation
d’une augmentation des taux circulants d’endocannabinoïdes chez l’homme soumis à un exercice
physique aigu (Sparling et coll., 2003). De plus, les récepteurs aux endocannabinoïdes CB1 sont
la cible du Δ9-tetrahydrocannabinol, le principe actif du cannabis. Le parallèle entre les effets
anxiolytiques, euphorisants et de bien-être (« runners high ») de l’exercice physique d’une part,
et de l’ingestion de cannabis d’autre part, ont poussé certains auteurs à proposer un rôle clef
des systèmes endocannabinoïdes dans les effets positifs de l’exercice sur l’humeur (Dietrich et
McDaniel, 2004). Disposant de souris mutantes constitutives et conditionnelles pour le récepteur
CB1 (Monory et coll., 2007), nos travaux visent à explorer le rôle des récepteurs CB1 dans les
conséquences émotionnelles d’un exercice physique répété sur plusieurs semaines.
mercredi
matin
Résumé
Matériel et Méthode
Les travaux ont été effectués sur des souris contrôles C57Bl6/N et sur des souris sauvages ou
mutantes pour le récepteur CB1. Ces mutants se caractérisent par une perte totale du récepteur
CB1 de l’organisme (CB1 KO) ou par une perte spécifique de ce récepteur de certaines populations
neuronales, telles celles dépourvues de récepteurs CB1 dans les neurones glutamatergiques
corticaux (GLU-CB1 KO), et celles dépourvues de récepteurs CB1 dans les neurones GABAergiques
(GABA-CB1 KO). Les souris expérimentales étaient des mâles de 8-12 semaines individuellement
isolées dans des cages standard pourvues de roues d’activité (Intellibio, Seichamps, France)
laissées libres de tous mouvements (groupe exercice) ou bloquées de manière permanente (groupe
sédentaire contrôle). Les souris ont été hébergées avec de la nourriture et de l’eau ad libitum dans
une animalerie thermorégulée ayant un cycle 7h00-19h00. Pour chaque animal, le nombre de
révolutions (indice de distance parcourue), le temps passé à effectuer ces révolutions ainsi que
la vitesse maximale ont été enregistrés quotidiennement via une interface reliée à un ordinateur
dévolu à cet effet. Après 3-6 semaines d’exposition aux roues (bloquées ou libres), les souris ont
été testées pour leurs niveaux de peur inconditionnée (tests d’open field, du labyrinthe en croix
surélevé, et de la boîte noire/blanche) et de peur conditionnée (association son-choc) à la fréquence
d’un test/jour. Les données paramétriques ont été analysées par une analyse de variance suivie d’un
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test de Tukey. Les données non paramétriques étaient comparées par une analyse de variance de
Kruskal-Wallis suivie d’un test de Mann-Whitney.
Résultats et Discussion
mercredi
matin
Les souris mutantes CB1 KO couvrent des distances hebdomadaires 30 à 40% inférieures à
celles de leurs contrôles, en lien avec des performances moindres en termes de durée et de vitesse
maximale. L’absence de récepteurs CB1 affecte l’activité physique, ce qui révèle un rôle du système
endocannabinoïde dans l’aptitude à l’exercice. Les effets bénéfiques de l’exercice sur l’humeur et la
cognition ont été attribués à son impact positif sur la production de neurotrophines (e.g. BDNF)
et la neurogenèse hippocampique. Dans nos conditions, 6 semaines d’exercice accroissent la
neurogenèse hippocampique, et ce indépendamment du génotype, bien que les souris CB1 KO
courent moins et ont une neurogenèse basale diminuée, comparée à leurs contrôles sauvages
(Dubreucq et coll., 2010). L’exercice physique n’a pas affecté les réponses de peur inconditionnée
mais a diminué les réponses de peur conditionnée exprimées par les souris CB1 KO. L’absence
d’effets de l’exercice physique sur la peur inconditionnée témoignant d’un protocole inapproprié,
nous l’avons modifié et montré que 3 semaines d’exercice permettent de diminuer la peur
inconditionnée dans le labyrinthe en croix surélevé chez des souris C57BL/6N « sauvages », en
soulignant l’importance du groupe contrôle (avec ou sans roues bloquées) utilisé. Nos travaux
actuels utilisent ce noveau protocole d’exercice physique chez des souris CB1 KO, GLU-CB1 KO
et GABA-CB1 KO pour examiner les conséquences émotionnelles de l’exercice physique chez des
animaux dépourvus de récepteurs CB1. Les travaux futurs viseront à répéter cette approche chez
des souris préalablement soumises à un stress répété par défaites sociales.
Références
Dietrich, A., & McDaniel, W. F. (2004). Endocannabinoids and exercise. British Journal of Sports Medicine, 38,
536-541.
Dubreucq, S., Koehl, M., Abrous, D. N., Marsicano, G., & Chaouloff, F. (in press). CB1 receptor deficiency decreases
wheel-running activity: consequences on emotional behaviours and hippocampal neurogenesis. Experimental
Neurology.
Expertise Collective INSERM (2008). Activité physique - contextes et effets sur la santé, Les éditions INSERM, Paris.
Monory, K., Blaudzun, H., Massa, F., Kaiser, N., Lemberger, T., Schütz, G., Wotjak, C.T., Lutz, B., & Marsicano, G. (2007).
Genetic dissection of behavioural and autonomic effects of delta9-tetrahydrocannabinol in mice. PLoS-Biology, 5,
e269.
Sparling, P.B., Giuffrida, A., Piomelli, D., Rosskopf, L., & Dietrich, A. (2003). Exercise activates the endocannabinoid
system. Neuroreport, 14, 2209-2211.
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Programmes de réhabilitation et d’exercice pour la promotion de la
qualité de vie de la personne âgée en institution gériatrique
Dechamps, Arnaud (Alzheimer center, umc Stradboud, Nijmegen, Pays-Bas).
Résumé
We will describe through two studies how deconditioned old adults with psychiatric disorders or
dementia can regain functional autonomy and enhance their health related quality of life. Studies
will be explained in details and the structure of the training involved will be highlighted through an
ecological approach.
Study #1
Recent advancements in cognitive rehabilitation have shown promising results on learning
methods in Alzheimer’s dementia about (re)learning instrumental activities of daily living. We
aimed to determine whether Errorless Learning (EL), Learning by Modeling (LM) or Trial and
Error Learning (TEL) were advantageous learning methods in the acquisition of an instrumental
activity of daily living (IADL) in people with mild to moderately severe stage of Alzheimer’s
dementia.
Study #2
Our objective was to assess the effects of targeted exercise programs on health-related quality
of life compared with usual care based on the ability to perform activities of daily living (ADL) and
the Neuropsychiatric Inventory scores in geriatric institutionalized persons
Matériel et Méthode
Study #1
Using a counterbalanced within-subject design, all participants took part in all learning
conditions. EL consisted of straightforward prompts before any action, LM focused on the
modeling of each step of the tasks by the therapist and standard TEL without cues was used as
a control condition. The participants had to (re)learn three instrumental activities of daily living
over two weeks (6 sessions of 30 minutes per task). Performance and errors were measured using
a comprehensive standardized assessment. Repeated-measure analyses during learning and with
one and four weeks follow-up were performed.
Study #2
À randomized controlled trial of 2 exercise programs vs usual care was conducted in 160
institutionalized persons 65 years or older who were able to understand basic motor commands
and to move from one position to another. Interventions were performed over 6 months and were
either an adapted tai chi program (4 times 30 min/wk) or a cognition-action program (2 times 30-45
min/wk) that focused primarily on an adapted guidance of patient-centered communication skills.
The control group received usual care. The study was conducted at 4 settings. The main outcomes
were changes in healthrelated quality of life based on ADL and Neuropsychiatric Inventory scores
after 12 months.
mercredi
matin
Introduction
Résultats et Discussion
Study #1
Patients who received the LM and the EL procedures had significantly better learning
performance compared to Trial and Error at the physical performance, with a mean difference
at four-week follow-up of 15.4 CI95%[6.2-24.5], p=0.001 and 13.5 CI95%[4.3-22.7], p=0.004
respectively. So, this pilot study showed that new learning and relearning of IADLs is possible in
AD patients using strict EL and using LM. The improvements were maintained at one month after
the training. Since both EL and LM are characterized by a reduction of errors during learning
compared to TEL, these results provide evidence that errorless learning principles may be beneficial
in dementia care.
Study #2
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The control group experienced a decline in ADL over the 12-month period compared with
the adapted tai chi and cognition-action groups, but the differences were not significant (P=.24
and P=.15, respectively). Also, the components of ADL, eg, ability to walk, continence, and
nutrition, were maintained better in the intervention groups than in the control group. The total
Neuropsychiatric Inventory score also worsened significantly in the control group, while it was
unchanged or improved in the intervention groups. The differences between the cognition-action
group and the control group were significant (P=.001). Neuropsychiatric diagnosis subgroups (such
as dementia and psychosis) did not show a specific response from any intervention. Therefore,
it can be concluded that adapted exercise programs can slow down the decline in health-related
quality of life among heterogeneous, institutionalized elderly persons.
Références
mercredi
matin
Bandura, A. (2006). Psychological Modeling: conflicting theories. New Jersey: Rutgers.
Dechamps, A., Alban, R., Jen J., Decamps, A., Traissac, T., & Dehail, P. (2009). Individualized Cognition-Action
intervention to prevent behavioral disturbances and functional decline in institutionalized older adults: a
randomized pilot trial. International Journal of Geriatric Psychiatry, DOI: 10.1002/gps.2427
Dechamps, A., Diolez, P., Thiaudiere, E., Tulon, A., Onifade, C., Vuong, T., Helmer, C., & Bourdel-Marchasson, I.
(2010). Effects of exercise programs to prevent decline in health-related quality of life in highly deconditioned
institutionalized elderly persons: a randomized controlled trial. Archives of Internal Medicine, 170(2), 162-169.
Graff, M. J., Vernooij-Dassen, M. J., Thijssen, M., Dekker, J., Hoefnagels, W. H., & Rikkert, M. G. (2006). Community
based occupational therapy for patients with dementia and their care givers: randomised controlled trial. Bristish
Medical Journal, 333(7580), 1196.
Kessels, R. P., & Hensken, L. M. (2009). Effects of errorless skill learning in people with mild-to-moderate or severe
dementia: a randomized controlled pilot study. NeuroRehabilitation, 25(4), 307-312.
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245
Le rôle modérateur de la fréquence d’entraînement hebdomadaire
dans l’effet antidépresseur de l’activité physique
Legrand, Fabien (Laboratoire de psychologie appliquée (ea4298), Université de Reims, UFR STAPS).
Résumé
Cette communication présente deux recherches de terrain menées en France sur la question du rôle
antidépresseur de l’activité physique. Les résultats sont compatibles avec les données issues des travaux
menés à l’étranger, mais la place déterminante de la fréquence hebdomadaire d’entraînement est mise
en avant.
L’impact antidépresseur de l’exercice physique a été démontré à de nombreuses reprises
au cours des trente dernières années, et la dernière méta-analyse publiée par Mead et collègues
(incluant tous les essais contrôlés randomisés connus) indique que la taille moyenne de cet
effet est de -0,82 (Mead et coll., 2009), ce qui peut être qualifié de taille d’effet « élevée » selon la
nomenclature de Cohen (1992). Toutefois, des lacunes méthodologiques caractérisent un certain
nombre des essais répertoriés par Mead et ses collègues, ce qui rend l’interprétation de cette taille
d’effet assez hasardeuse. Par ailleurs, ces essais présentent une telle diversité sur les plans de la
durée des programmes (3 à 16 semaines), du type et du contexte de pratique sportive proposés
(indoor, plein air, exercices d’endurance, exercices de renforcement musculaire) qu’il est difficile
de déterminer quelles conditions permettent d’obtenir la meilleure efficacité.
Sur la base d’une synthèse combinant une cinquantaine d’études empiriques utilisant le
Profile of Mood States auprès de populations non cliniques, Berger et Motl (2000) ont proposé une
liste de recommandations pratiques pour maximiser les bénéfices thymiques associés à la pratique
d’une activité physique, dont voici un résumé simplifié: a/ l’activité pratiquée devrait être choisie
en fonction des préférences du participant, b/ l’activité devrait solliciter de façon significative le
système cardio-respiratoire du participant, c/ la durée de chaque session ne devrait pas excéder 20 à
30 minutes, d/ l’intensité de l’effort devrait être modérée, et e/ la fréquence d’entraînement devrait
être d’au moins 3 sessions hebdomadaires. C’est avec l’objectif de mettre à l’épreuve cette dernière
recommandation que j’ai mené une série d’études interventionnistes auprès de personnes adultes
et âgées, dont je présente ici les principaux résultats.
mercredi
matin
Introduction
Matériel et Méthode
1/ Etude de Legrand & Heuze (2007) :
Cette recherche a été effectuée à partir d’un échantillon composé de 23 adultes (16
femmes et 7 hommes) d’un âge moyen de 34,3 ans (E.T.= 9,2). Lors de l’entretien précédant le
démarrage de l’étude, ces participants présentaient tous une note de dépression supérieure à 16
sur l’inventaire de dépression de Beck à 21 items (BDI-II, Beck, Steer & Brown, 1996). Ils ont été
randomisés en 3 groupes d’intervention : a/ un programme d’exercices physiques construit selon
les recommandations d’entraînement de Berger et Motl (op.cit.) (3 à 5 séances hebdomadaires de
30 minutes, activités au choix mais mobilisant le système cardio-respiratoire de façon continue à
une intensité modérée, ici 65-75% de la FC maximale estimée), b/ un programme identique à celui
décrit précédemment mais dans un contexte d’interactions sociales enrichi, ou c/ un programme
d’exercices physiques comprenant 1 seule session d’entraînement hebdomadaire de 30 minutes
(de même nature et à la même intensité que les programmes décrits en a/ et b/). La durée totale de
l’intervention était de 8 semaines consécutives. L’intensité des symptômes dépressifs a été mesurée
en milieu de programme (fin de semaine 4), puis à l’arrêt du programme (fin de semaine 8).
2/ Etude de Legrand & Mille (2009)
Il s’agit d’un essai contrôlé randomisé incluant 12 femmes d’un âge moyen de 66,8 ans (E.T.=
2,5). Ces femmes avaient un score de dépression supérieur ou égale à 10 points sur l’échelle de
dépression gériatrique (Bourque, Blanchard & Vezina, 1990) au moment du démarrage des
interventions. Elles ont été affectées aléatoirement à l’un ou l’autre des programmes d’entraînement
suivants: a/ 1 séance hebdomadaire d’1h de randonnée pédestre supervisée à allure libre sur un
circuit forestier, b/ 1h par semaine de randonnée pédestre sur un circuit forestier répartie en 3 à 5
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séances de durée flexible. La durée de cet essai était de 4 semaines consécutives. La symptomatologie
dépressive a été évaluée à la fin de chaque semaine de l’intervention ; et une évaluation différée à 1
mois a été effectuée.
Résultats et Discussion
mercredi
matin
1/ Etude de Legrand & Heuze (2007)
À la dernière évaluation, 63% des participants ayant réalisé 3 à 5 séances hebdomadaire
d’exercice physique ont rapporté un niveau de symptômes dépressifs plus de 2 fois inférieur à leur
score initial sur l’échelle de Beck alors que ça n’a été le cas d’aucun des participants qui se sont
exercés 1 fois par semaine. L’enrichissement du contexte social de pratique (entrainement collectif,
incitation aux échanges verbaux, etc.) n’a pas augmenté l’effet antidépresseur du programme
d’exercice dans les deux groupes qui se sont entraînés 3 à 5 fois par semaine (diminution moyenne
en nombre de points sur l’inventaire de Beck = 10,3 vs. 9,9).
2/ Etude de Legrand & Mille (2009)
À la dernière évaluation, 5 des 6 femmes du groupe qui randonnait 1h par semaine en 3 à
5 séances ont obtenu un score de dépression inférieur à la note syndromique de l’échelle de
dépression gériatrique (10), contre seulement 1 seule des participantes du groupe qui randonnait 1
heure en une seule fois. La différence intergroupe de réduction du score de dépression par rapport
au score initial (3,8 vs. 6,8 points en moyenne) était toujours présente et de même magnitude lors
de l’évaluation différée à 1 mois.
Ces deux recherches de terrain démontrent clairement que l’activité physique ne produit
pas systématiquement les effets antidépresseurs pourtant si souvent soulignés par la littérature
scientifique et grand public. En effet, nous trouvons que les personnes souffrant de symptômes
dépressifs élevés ne retirent aucun bénéfice de leur participation à un programme d’exercices
physiques si elles ne s’entraînent qu’une fois par semaine.
Références
Beck, A. T., Steer, R. A., & Brown, G. K. (1996). Inventaire de dépression de Beck-II. Paris: Editions du Centre de
Psychologie Appliquée.
Berger, B. G. & Motl, R. W. (2000). Exercise and mood: a subjective review and synthesis of research employing the
Profile of Mood States. Journal of Applied Sport Psychology, 12, 69-92.
Bourque, P., Blanchard, L., & Vézina, J. (1990). Etude psychométrique de l’echelle de dépression gériatrique. Revue
Canadienne du Vieillissement, 15, 183–197.
Cohen, J. (1992). À power primer. Psychological Bulletin, 112, 155-159.
Legrand, F. D., & Heuze, J. P. (2007). Antidepressant effects associated with different exercise conditions in participants
with depression: a pilot study. Journal of Sport & Exercise Psychology, 29(3), 348-364.
Legrand, F. D., Mille, C. M. (2009). The effects of 60 minutes of supervised weekly walking (in a single vs. 3-5 session
format) on depressive symptoms among older women : findings from a pilot randomized trial. Mental Health &
Physical Activity, 2(2), 71-75.
Mead, G. E., Morley, W., Campbell, P., Greig, C. A., McMurdo, M. E. T., & Lawlor, D. A. (2009). Exercise for depression.
Mental Health & Physical Activity, 2(2), 95-96.
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Session Psychologie cognitive 3
Perception du temps dans l’appréciation de la musique érudite occidentale
Cocenas Da Silva, Raquel (Faculté de philosophie, sciences et lettres, Université de São Paulo, Brésil),
Oliveira Bueno, José Lino (Faculté de philosophie, sciences et lettres, Université de São Paulo, Brésil),
Bigand, Emmanuel (Lead-CNRS, Université de Bourgogne, Dijon), Moulin, Paul (Lead-CNRS, Université
de Bourgogne, Dijon).
La métacognition de la perception du temps : construction d’un outil
Lamotte, Mathilde (Lapsco - CNRS UMR 6024), Chakroun, Nadia (Lapsco - CNRS UMR 6024), DroitVolet, Sylvie (Lapsco - CNRS UMR 6024), Izaute, Marie (Lapsco - CNRS UMR 6024).
Résolution d’opérations arithmétiques : stratégie algorithmique ou récupération
en mémoire ?
Emoval : comment évaluer automatiquement la valence affective des textes sans
lexique emotionnel ?
Jhean-Larose, Sandra (Université Paris Sorbonne / iufm de Paris Équipe chart-ephe, EA 4004), Leveau,
Nicolas (Équipe chart-ephe, EA 4004, lutin URS CNRS 2809), Denhière, Guy (Équipe chart-ephe, EA 4004,
lutin URS CNRS 2809).
Congrès psycho.indb 247
mercredi
matin
Fanget, Muriel (Université Blaise Pascal et CNRS), Thevenot, Catherine (Université de Genève, Fapse),
Castel, Caroline (Université de Genève, Fapse), Fayol, Michel (Université Blaise Pascal et CNRS).
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Perception du temps dans l’appréciation de la musique Érudite
occidentale
Cocenas Da Silva, Raquel (Faculté de philosophie, sciences et lettres, Université de São Paulo, Brésil),
Oliveira Bueno, José Lino (Faculté de philosophie, sciences et lettres, Université de São Paulo, Brésil),
Bigand, Emmanuel (Lead-CNRS, Université de Bourgogne, Dijon), Moulin, Paul (Lead-CNRS, Université
de Bourgogne, Dijon).
Résumé
mercredi
matin
Dans le cadre de la psychologie de la musique, l’objectif de cette étude était d’identifier les facteurs
qui influencent l’évaluation du temps de la musique. 48 participants (musiciens et non musiciens)
écoutaient 16 extraits musicaux d’une même durée (20 secondes) et devaient les regrouper selon la
durée que ces extraits semblaient avoir. Ils devaient ensuite apparier chaque groupe d’extraits musicaux
à des sons purs dont la durée était de 16, 18, 20, 22 ou 24 secondes. L’ analyses multidimensionelle
de la matrice de co-occurrence a révélé que 2 dimensions principales rendent compte des variations
dans l’estimation du temps de la musique: les émotions et le tempi. Pour les émotions, il s’avère que
les extraits musicaux d’un niveau d’arousal élevé produisent une surestimation de la durée, la valence
émotionnelle ayant peu d’influence. Pour l’analyse des caractéristiques de la musique, la durée est plus
surestimée quand le tempi est plus élevé, l’intensité plus élevée, et, dans une moindre mesure, la densité
du timbre. En revanche, la tension musicale a peu d’influence.
Introduction
Il est banal de constater que le temps passe vite avec la musique. Les facteurs qui régissent ce
phénomène demeurent néanmoins vagues et restent peu étudiés dans les recherches sur la cognition
musicale. La durée est souvent surestimée lorsqu’elle contient un grand nombre d’événements
significatifs (Bueno, Firmino & Engelman, 2002), des stimuli émotionnels (Droit-Volet & Meck,
2007; Noulhiane, Samson, Mella, Ragot & Pouthas, 2007), et demande de l’attention (Block, 1990).
La question reste à savoir qu’est-ce qui dans la musique influence la perception du temps, sachant
que la musique est une structure temporelle complexe qui affecte non seulement les processus
attentionnels et mnésiques mais aussi le rythme de l’horloge interne des sujets (Boltz, 1989; Bueno
& Ramos, 2007). Nous avons donc réalisé une étude basée sur l’analyse multidimensionnelle
fréquemment utilisées pour l’étude de la cognition musicale (Bigand et al., 2005; Cocenas-Silva et
al., 2009; Dalla Bella & Peretz, 2005). Notre objectif était d’identifier les facteurs qui régissent les
variations de l’évaluation du temps avec la musique.
Méthode
Participant. 48 étudiants brésiliens (24 musiciens et 24 non musiciens), âgés de 20 à 35 ans,
ont participé à cette expérience.
Matériaux.16 extraits de différentes pièces instrumentales de musique classique (20 secondes),
avec une diversité d’éléments musicaux (timbre, mode, tempi, rythme, mélodie, intensité) ont été
utilisés. Les extraits avaient été présélectionnés pour leur induction de 4 catégories d’émotion :
joie, colère, tristesse et sérénité (Bigand et al., 2005). Des sons purs d’une durée de 16, 18, 20, 22
et 24 secondes étaient également utilisés. Les extraits musicaux étaient représentés à l’écran de
l’ordinateur par de petites icônes (haut-parleur) et présentés dans un ordre aléatoire.
Procédure. L’expérience était constituée de 3 phases. Dans la première phase, les sujets
écoutaient les sons purs. Dans la seconde phase, ils devaient les ranger par ordre croissant. Puis,
dans la phase test, on leur présentait les 16 haut-parleurs représentant les 16 extraits de musique. Ils
devaient alors grouper ces extraits selon la durée qu’ils semblaient avoir en les associant à la durée
des sons purs.
Résultats
Afin d’évaluer si les durées estimées variaient selon les qualités émotionnelles, les durées des
musiques qui étaient associées aux sons purs ont été analysées avec une ANOVA avec 3 facteurs :
l’expertise musicale (Musicien vs. Non musicien), le niveau d’arousal (Bas vs. Elevé) et le niveau
de valence (Positif vs. Négatif). Les résultats montrent qu’il y a un effet principal de l’arousal sur la
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durée estimée, F(1, 46) = 18,01, MSE = 2,47, p < 0,001, les extraits de joie et de colère d’un niveau
d’arousal élevé conduisant tous les 2 à une durée plus longue.
Une analyse multidimensionnelle (programme KRUSKAL) a aussi été réalisée sur les groupes
d’extraits effectués par les participants. Cette analyse rend compte des groupements des musiques
selon leur durée par un espace en deux dimensions pour les musiciens, comme pour les non
musiciens, à savoir les émotions et le tempi. Pour les émotions, il s’avère que les extraits musicaux
d’un niveau d’arousal élevé produisent une surestimation de la durée. La valence émotionnelle a
peu d’effet. Pour l’analyse des caractéristiques de la musique, plus le tempi est élevé, plus l’intensité
est élevée, et, dans une moindre mesure, plus la densité du timbre est élevée, et plus la durée est
surestimée. En revanche, la tension musicale a peu d’influence. Le tempi et l’intensité apparaissent
ainsi comme des facteurs musicaux modulant l’estimation du temps.
Discussion
La présente étude montre que des morceaux musicaux de même durée donnent lieu à des
biais significatif d’estimation du temps. Ce résultat n’est pas modulé par l’expertise musicale, ce qui
suggère que le processus impliqué dans la perception subjective du temps en musique dépend d’un
processus cognitif basique peu influencé par l’expérience musicale. De plus, l’étude montre que le
contenu émotionnel des extraits musicaux affecte tout particulièrement l’estimation temporelle en
musique, les émotions stimulantes rendant la durée musicale subjectivement plus longue.
Bigand, E., Dacquet, A., Madurell, F., Marozeau, J. & Vieillard, S. (2005). Multidimensional scaling of emotional
responses to music: The effect of musical expertise and of the duration of the excerpts. Cognition and Emotion,
19 (8), 1113-1139.
Block, R. A. (1990). Cognitive models of psychological time. Hilldale: New Jersey.
Boltz, M. (1989). Time judgments of musical endings: Effects of expectancies on the “filled interval effect”. Perception
& Psychophysics, 46 (5), 409-418.
Bueno, J. L. O.; Firmino, E. A. & Engelman, A. (2002). Influence of Generalized Complexity of a Musical Event on
Subjective Time Estimation. Perceptual and Motor Skills, 94, 541-547.
Bueno, J. L. O. & Ramos, D. (2007). Musical Mode and Estimation of time. Perceptual and Motor Skills, 105, 10871092.
Cocenas-Silva, R., Bueno, J. L. O., Bigand, E. & Molin, P. (2009). Multidimensional scaling applied to studies of musical
appreciation. Paidéia: Cadernos de Psicologia e Educação, 19 (43), 153-158.
Dalla Bella, S. & Peretz, I. (2005). Differentiation of classical music requires little learning but rhythm. Cognition, 96,
B65-B78.
Droit-Volet, S. & Meck, W. H. (2007). How emotions colour our perception of time. TRENDS in Cognitive Sciences,11
(12), 504-513.
Noulhiane, M., Samson, S., Mella, N., Ragot, R. & Pouthas, V. (2007). How emotional auditory stimuli modulate time
perception. Emotion, 7, 697-704.
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mercredi
après-midi
Références
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
La métacognition de la perception du temps: construction d’un
outil
Lamotte, Mathilde (Lapsco - CNRS UMR 6024), Chakroun, Nadia (Lapsco - CNRS UMR 6024), DroitVolet, Sylvie (Lapsco - CNRS UMR 6024), Izaute, Marie (Lapsco - CNRS UMR 6024).
Résumé
Cette recherche a pour but la construction d’un outil, sous la forme de questionnaire, destiné à évaluer
la métacognition de la perception du temps. Un examen des questionnaires portant sur la métamémoire
et des résultats des travaux sur la perception du temps nous a permis de créer une première version
de l’outil constituée de 120 items. À l’issu d’un pré-test, nous avons sélectionné 106 items que nous
avons soumis à 536 participants. Les analyses statistiques effectuées ont mis en évidence une bonne
consistance interne (a = .806) de l’échelle finale composée de 36 questions. Ces questions s’organisent
en 11 facteurs expliquant 59.2% de la variance. Ce questionnaire permettra, une fois validé, d’explorer
les variations de connaissances que les individus ont de leur perception temporelle selon les contextes.
Introduction
mercredi
après-midi
La métacognition se définit à la fois comme la capacité réflexive de la pensée sur elle-même et la
capacité de l’individu à gérer son activité cognitive. Certaines recherches de métacognition se sont
intéressées à la manière dont l’individu allouait son temps d’étude (Son & al., 2000) sans toutefois
s’intéresser directement à la perception du temps. Or les recherches sur la perception temporelle
ont montré que les compétences humaines sont relativement précises dès l’enfance bien qu’elles
puissent être affectées par divers facteurs. La métacognition de la perception du temps fait donc
référence à l’étude des connaissances que les individus possèdent sur les facteurs qui influencent
la manière dont ils perçoivent le passage du temps. La recherche en métacognition a permis de
mettre au point des questionnaires d’évaluation des connaissances sur la mémoire. Nous avons
donc appliqué cette méthodologie à la perception du temps. Les connaissances métacognitives
de l’individu se répartissent suivant trois aspects (Boucheron, 1995) : celles à son propre sujet et
au sujet d’autrui ; celles sur les conséquences des stimuli de l’environnement ; enfin celles sur les
stratégies compensatrices.
Méthode
Cent trente neuf étudiants de première et deuxième année de psychologie ont répondu à un
premier questionnaire lors du pré-test (âge moyen: 21.13 ans) au cours du deuxième semestre
universitaire 2008-2009. Lors de l’expérience, 536 étudiants ont répondu à la seconde version du
questionnaire (âge moyen: 19.81 ans). Cet échantillon était composé de 368 étudiants de première
année, 151 étudiants de deuxième année et 17 étudiants de première année de Master. À partir des
compétences temporelles mises en évidence par la recherche sur le temps, nous avons créé 120
questions suivant la forme des items des questionnaires de métamémoire, notamment le M.I.A
(Dixon & al., 1988) et le Q.A.M (Van der Lynden & al., 1988). Ces questions, volontairement
redondantes, portaient pour la moitié sur les connaissances de l’individu sur sa propre perception
du temps et pour l’autre moitié sur les connaissances de l’individu sur la perception temporelle
d’autrui. Lors du pré-test, 139 participants non-experts ont répondu à cette première version. A
partir de leurs commentaires sur la formulation, nous avons retenu 106 questions que nous avons
soumises à un second groupe de sujets. Les 106 questions restantes portaient sur cinq thèmes
correspondant à des facteurs qui affectent la perception du temps : l’âge, l’émotion, la santé, la vie
quotidienne et l’importance accordée au temps. Dans le but de contrôler la tendance des individus
à exprimer un plus grand degré d’accord que de désaccord avec une assertion, un certain nombre
de questions étaient redondantes et formulées de manière inversée par rapport à la réponse
attendue. La passation s’est effectuée collectivement. Les participants avaient pour consignes
de répondre le plus honnêtement et le plus spontanément possible aux questions selon ce qu’ils
pensaient personnellement suivant une échelle en cinq points allant de « tout à fait en accord » à
« tout à fait en désaccord ».
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251
Résultats et Discussion
Références
Blewett, A.E.(1992). Abnormal subjective time experience in depression. British Journal of Psychiatry,161,195-200.
Boucheron, C.(1995). Version française du M.I.A. (Metamemory In Adulthood). Revue européenne de
Psychologie Appliquée,45,163-170. Chambon, M., Gil, S., Niedenthal, P.M., & Droit-Volet, S.(2005). Psychologie
sociale et perception du temps : l’estimation temporelle des stimuli sociaux et émotionnels.Psychologie
française,50,167-180. Fermanian, J.(1996). Evaluer correctement la validité d’une échelle : les nombreux pièges à
éviter. Revue Epidémiologique et de Santé Publique,44,278-286. Son, L.K.,& Metcalfe, J.(2000). Metacognitive
and control strategies in study-time allocation. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory
and Cognition,26,204-221. Van der Lynden, M., Wyns, C., Coyette, F., Von Frenckell, R.,& Seron, X.(1988).
Le Q.A.M., Questionnaire d’Auto-évaluation de la Mémoire. Bruxelles: Editions Editest. Zakay, D.(2005).
Attention et jugement temporel.Psychologie française,50,65-79.
Congrès psycho.indb 251
mercredi
après-midi
Notre but est de ne conserver que les items les plus discriminants parmi les 106. Nous
avons donc éliminé à la fois les questions dont les réponses avaient une répartition au hasard et
les questions pour lesquelles les participants répondaient « indécis ». Enfin, nous avons traité
la redondance sémantique en supprimant parmi les items portant sur des notions similaires les
items les moins discriminants. Nous avons testé la fiabilité interne de l’échelle complète constituée
des 36 questions restantes, elle s’avère satisfaisante (a = .806). L’exploration de la structure de
l’échelle avec une analyse factorielle en composantes principales (ACP) avec rotation varimax
nous a permis de dégager 11 facteurs expliquant 59,2% de la variance. Enfin, nous avons vérifié
la consistance interne au sein de chaque facteur : elle est également satisfaisante (.558 < a < .749)
pour dix des onze facteurs. La très mauvaise consistance interne du onzième facteur pourrait
s’expliquer par la formulation inappropriée de l’une des questions. Le but de cette étude est de
construire un outil d’évaluation fidèle, fiable et valide de la métacognition de la perception du
temps c’est-à-dire un outil permettant de déterminer quelles sont les connaissances des individus
sur leur perception du temps. Nous avons donc vérifié la validité de contenu en soumettant le
questionnaire à une chercheure en psychologie spécialiste de la perception du temps nous
assurant ainsi de la pertinence et de la représentativité des items choisis (Fermanian, 1996). Il
est généralement recommandé d’avoir cinq à sept fois plus de participants que d’items, or 536
participants ont répondu au questionnaire pour 106 items. Nous pouvons donc conclure que la
consistance interne est bonne tant pour l’échelle totale que pour chacun des facteurs de l’ACP. En
outre, l’exploration des données avec l’ACP semble indiquer qu’il existe bien des connaissances
à propos des facteurs affectant effectivement la perception du temps. Des chercheurs ont montré
que différents facteurs tels que la dépression (Blewett, 1992), le focus attentionnel (Zakay, 2005) ou
les émotions (Chambon & al., 2005) affectent la perception du temps. Notre questionnaire vise à
mettre en évidence si nous sommes conscients de l’altération de notre perception temporelle dans
de telles situations et si nous mettons en place des stratégies afin de la compenser.
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Résolution d’opérations arithmétiques: stratégie algorithmique ou
récupération en mémoire ?
Fanget, Muriel (Université Blaise Pascal et CNRS), Thevenot, Catherine (Université de Genève, Fapse),
Castel, Caroline (Université de Genève, Fapse), Fayol, Michel (Université Blaise Pascal et CNRS).
Résumé
Nous présentons un paradigme visant à identifier les stratégies de résolution des opérations
arithmétiques.Il ne repose ni sur l’analyse de temps de résolution ni sur la production de protocoles
verbaux qui biaisent les résultats.Les algorithmes dégradent les traces mémorielles des opérandes il est
donc plus difficile de les reconnaître quand la résolution s’effectue à l’aide de stratégies reconstructives
plutôt que par récupération du résultat en mémoire. Nous montrons que les adultes recourent à des
stratégies de non récupération pour résoudre des additions impliquant des nombres moyens et grands
mais que les plus habiles récupèrent les résultats des problèmes moyens.Idem pour les soustractions,les
participants différent dans l’utilisation des stratégies selon de leur habileté à résoudre des problèmes
impliquant des opérandes moyens. Une dernière étude compare notre paradigme à la méthode des
protocoles verbaux quiéchoue à mettre à jour cette différence.
Introduction
mercredi
après-midi
Les adultes résolvent de simples problèmes arithmétiques plus ou moins exclusivement par
récupération de la réponse dans un réseau stocké en mémoire (Ashcraft, 1992 ;1995 ; Campbell,
1995).Les performances arithmétiques des jeunes enfants sont basées sur des stratégies procédurales
peu à peu remplacées par la récupération directe en mémoire.Les premiers résultats étudiaient les
temps de résolution mais moyenner des essais impliquant différentes procédures conduit à des
conclusions erronées sur la façon dont les problèmes sont résolus. La méthode des protocoles
verbaux a donc été préférée mais Kirk et Ashcraft (2001) l’a remette en question. Nous proposons
un nouveau paradigme pour étudier la résolution des problèmes arithmétiques.Les procédures
de calcul dégradent les traces des opérandes en mémoire (Thevenot, Barrouillet & Fayol, 2001).
Le temps nécessaire à l’algorithme pour parvenir à la réponse et son coût cognitif entraînent une
baisse d’activation des opérandes. Ce phénomène de déclin mémoriel entraîne une détérioration
des traces en mémoire (Towse, Hitch & Hutton, 1998). L’activation concurrente de résultats
transitoires provoque un partage attentionnel entre les opérandes leurs composantes et les résultats
intermédiaires.Lorsque l’algorithme aboutit à la réponse les traces des opérandes sont dégradées
et la récupération en mémoire est difficile. Ce phénomène devrait être plus prononcé pour les
grands nombres car la résolution nécessite plus d’étapes et de temps. En contrastant la difficulté
de reconnaissance des opérandes après leur implication dans une addition ou soustraction et dans
une comparaison avec un troisième nombre nous pourrons déterminer comment l’opération a
été résolue. Si la difficulté est la même dans les deux conditions, l’opération aura été résolue par
récupération.
Méthode
Les sujets vérifient le résultat d’opération et de comparaison puis décident si le chiffre présenté
ensuite était l’un des opérandes ou l’une des bornes de la comparaison.
Résultats
1ère et 2ème étude : 3 tailles d’ additions : petites (somme inférieure à 10) moyennes (supérieure
à 10) grandes (supérieure à 40).Les résultats montrent une plus grande difficulté à reconnaître
des opérandes grands et moyens après une addition qu’après une comparaison.Certains de ces
problèmes sont résolus par des procédures algorithmiques.Aucune différence observée entre
addition et comparaison avec des petits nombres donc la récupération du résultat en mémoire
est la stratégie adoptée par les participants. Les TR des nombres moyens sont plus longs pour
l’addition que pour la comparaison pour les moins habiles alors qu’ils sont identiques pour les plus
habiles.3ème et 4ème étude : 3 tailles de soustraction : petites (1er opérande inférieur à 10) moyennes
(entre 11 et 17) et grandes (opérandes entre 27 et 67).Il est plus difficile de reconnaître des grands
et moyens opérandes après une soustraction qu’après une comparaison.Certains de ces problèmes
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sont donc résolus par des algorithmes contrairement aux petites soustractions pour lesquelles
aucune différence avec les comparaisons n’est relevée ce qui permet d’inférer la récupération du
résultat en MLT.L’habileté des sujets modulent ces résultats.Pour les nombres moyens les sujets
moins habiles utilisent des procédures algorithmiques alors que les plus habiles récupèrent
le résultat. Dans la dernière étude les sujets décrivent oralement les procédures utilisées pour
résoudre les mêmes problèmes. Nous comparons ces résultats avec ceux obtenus précédemment.
La différence de stratégie en fonction de l’habileté des sujets n’apparaît plus lorsque cette méthode
est utilisée.
Discussion
Il est plus long de reconnaître des grands opérandes après une opération qu’après une
comparaison alors qu’aucune différence n’est obtenue pour les petits nombres.Ces opérations
semblent être résolues par récupération.Nous obtenons des résultats différents en fonction de
l’habileté des sujets lorsque les nombres sont moyens.Les sujets habiles récupèrent la réponse
alors que les moins habiles décomposent. La méthode des protocoles verbaux ne permet pas à
ce résultat d’émerger. Ainsi ce paradigme de reconnaissance des opérandes apparaît comme une
méthode plus fiable pour étudier les stratégies arithmétiques des individus plutôt que la méthode
des protocoles verbaux.
Ashcraft, M.H. (1992). Cognitive arithmetic: A review of data and theory. Cognition, 44,75-106.
Ashcraft, M.H. (1995). Cognitive psychology and simple arithmetic: A review and summary of new
directions. Mathematical Cognition, 1, 3-34.
Campbell, J.I.D. (1995). Mechanisms of simple addition and multiplication: A modified network-interference theory and
simulation. Mathematical Cognition, 1, 121-164.
Kirk, E. P., & Ashcraft, M. K. (2001). Telling stories: The perils and promise of using verbal
reports to study math strategies. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory and Cognition, 27,
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Thevenot, C., Barrouillet, P. & Fayol, M. (2001). Algorithmic solution of arithmetic problems and operands-answer
associations in LTM. Quarterly Journal of Experimental Psychology-A, 54 (2), 599-611.
Towse, J. N., Hitch, G. J., & Hutton, U. (1998). À reevaluation of working memory capacity in children. Journal of
Memory and Language, 39 (2), 195-217.
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mercredi
après-midi
Références
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Emoval : comment evaluer automatiquement la valence affective
des textes sans lexique émotionnel ?
Jhean-Larose, Sandra (Université Paris Sorbonne / iufm de Paris Équipe chart-ephe, EA 4004), Leveau,
Nicolas (Équipe chart-ephe, EA 4004, lutin URS CNRS 2809), Denhière, Guy (Équipe chart-ephe, EA 4004,
lutin URS CNRS 2809).
Résumé
EMOVAL est un modèle d’analyse dimensionnelle de la valence affective des textes. EMOVAL
emprunte à la tradition linguistique l’hypothèse selon laquelle tout mot comporte un aspect dénotatif
(signification) et un aspect connotatif (« halo affectif ») et utilise une méta-analyse de six normes
émotionnelles publiées en français dans le but de caractériser la valence émotionnelle des énoncés en
« agréable » ou « désagréable ». La méta-norme résultante comporte 5480 mots ou locutions caractérisés
par leur valence (-1 à +1). Ces items sont utilisés par EMOVAL pour juger la valence affective d’un
énoncé. Trois tests sont réalisés : évaluation de 702 phrases jugées sur une échelle en 7 points ; textes
(« accord/désaccord ») et textes à valence émotionnelle positive (confiance, désir et bonne surprise) et
négative (peur, tristesse, mauvaise surprise).
Introduction
mercredi
après-midi
L’apprentissage du langage résulte d’expériences personnelles au sein des milieux fréquentés
(familial, scolaire, etc.) et chaque mot acquis et représenté en mémoire comporte à la fois une
signification et une valeur affective. Si l’on accepte cette hypothèse, de « halo affectif enveloppant
le signe linguistique » (Painchaud, 2005, p.18), susceptible de varier d’une époque à l’autre, d’un
individu à l’autre, on doit également tenir compte des phénomènes de langue et de la régulation
sociale des émotions : nous tendons vers une même perception des réalités de la vie courante :
joie, maladie, mort (Channouf, 2006 ; Niedenthal, Krauth-Gruber, & Ric, 2009;), ce qui conduit à
s’interroger sur le degré d’accord interindividuel relatif à la valeur affective des mots.
Notre démarche a dans un premier temps consisté à rassembler les 6 normes « émotionnelles »
de langue française publiées à ce jour (Bonin, Méot, Aubert, Niedenthal, & Capelle-Toczek, 2003 ;
Leleu, 1987 ; Messina, Morais, & Cantraine, 1989 ; Painchaud, 2005 ; Syssau & Font, 2003 ; VikisFreibergs, 1976), à comparer leurs résultats et à les confronter à ceux de la norme anglaise ANEW
(Bradley & Lang, 1999).
Dans un deuxième temps, les corrélations significatives entre les normes françaises (.82 à .94)
ainsi qu’avec les normes en langue anglaise (.81 à .90) nous ont conduit à construire une métanorme de 5480 mots ou locutions caractérisés par leur valence (-1 à +1).
Enfin, munis de cette méta-norme, nous avons élaboré EMOVAL, un modèle d’analyse
dimensionnelle de la valence affective des énoncés (phrases, paragraphes, textes) que nous avons
soumis à trois tests successifs. EMOVAL est-il capable : (i) de reproduire les jugements portés sur
702 phrases par des juges humains (Bestgen, Fairon & Kevers, 2004), (ii) d’évaluer correctement
des textes « d’accord » vs « désaccord », et (iii) d’extraire la valence émotionnelle dominante de
textes calibrés positifs (« confiance, désir et bonne surprise ») et négatifs (« peur, tristesse, et
mauvaise surprise ») ?
Comparaison des normes et construction d’une méta-norme
Les résultats des normes publiées sont, soit présentés sur des intervalles de taille et de position
différentes, soit sur une échelle ordinale en précisant le taux de réponse pour chaque niveau.
Nous avons normalisé les résultats de chaque norme sur l’intervalle [-1 ; +1] avant de calculer la
corrélation entre les valences obtenues.
Les corrélations entre les normes sont toutes significatives à p<.01 et supérieures à .81 tant
entre les normes de langue française qu’avec ANEW. Un regroupement des résultats de normes
françaises est donc possible dans une ressource unifiée établie en calculant la moyenne des
valences normalisées des termes et locutions rencontrées dans plusieurs normes. La méta-norme
émotionnelle ainsi établie comporte 5480 mots et locutions de la langue française.
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Tests du modèle EMOVAL
EMOVAL recherche chaque mot du texte préalablement lemmatisé dans la norme et calcule
la moyenne de la valence (positive et négative) des mots retrouvés dans la méta-norme.
La corrélation entre l’évaluation d’EMOVAL et les jugements humains (N=10) de 702 phrases
utilisées par Bestgen et al. (2004) est significative (r(702)=.296 ; p<.0001). Si l’on s’en tient aux
110 phrases avec l’écart type le plus faible (σ < .53), la corrélation augmente (r(110)=.429 ; p <
.0001) et si l’on ne prend que les 110 phrases aux valences extrêmes (> -2 et +2), la corrélation reste
significative (r(110)=.478 ; p < .0001).
Pour les textes « Accord/Désaccord », les moyennes des valences affectives sont respectivement
égales à +.222 et -.259. Pour les textes décrivant des émotions négatives : « peur » : -.263 et -.228,
« tristesse » :-.232 et -.174, « mauvaise surprise » : -.144 et pour les textes véhiculant des émotions
positives : « bonne surprise » : +.095, « confiance » : +.191 et +.282, « désir » : +.166 et +.216
Conclusion
Adoptant l’hypothèse selon laquelle chaque mot représenté en mémoire comporte une
signification et une valeur affective stable, nous avons élaboré une méta-norme émotionnelle de
5480 termes et locutions et construit le modèle EMOVAL que nous avons soumis à trois tests
de plus en plus contraignants. Les résultats d’EMOVAL sont significativement corrélés avec les
performances humaines.
EMOVAL sera étendu, tant quantitativement que qualitativement en ajoutant la dimension
« activation » (Leleu, 1987) de manière à rendre compte du « noyau affectif » des textes (Russell,
2003).
Bestgen, Y., Fairon, C., & Kevers, L. (2004). Un baromètre affectif effectif. Paper presented at the Journées internationales
d’Analyse statistique des Données Textuelles.
Bonin, P., Méot, A., Aubert, L., Niedenthal, P. M., & Capelle-Toczek, M.-C. (2003). Normes de concrétude, de valeur
d’imagerie, de fréquence subjective et de valence émotionnelle pour 866 mots. L’année Psychologique, 104, 655694.
Bradley, M. M., & Lang, P. J. (1999). Affective norms for English words (ANEW): Stimuli, instruction manual and
affective ratings. Ganesville, FL: The Center for Research in Psychophysiology, University of Florida.
Channouf, A. (2006). Les émotions, une mémoire individuelle et collective, Bruxelles : Mardaga.
Leleu, S. (1987). Un atlas sémantique de concepts d’émotion: Normes et validation, Mémoire de Licence en Psychologie:
Université Catholique de Louvain.
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Cognitive, 9(2), 165-187.
Niedenthal, P. M., Krauth-Gruber, S., & Eric, F. (2009). Comprendre les émotions : perspectives cognitives et
psychosociales, Bruxelles, Mardaga.
Painchaud, L. (2005). Le Halo Affectif des mots et leur répertoire. Sherbrooke: Productions G.G.C.
Piolat, A. & Bannour, R. (2009). EMOTAIX: un scénario de tropes pour l’identification automatisée du lexique
émotionnel et affectif, L’Année Psychologique, 109,4, 657-700.
Russell, J. A. (2003). Core Affect and the Psychological Construction of Emotion. Psychological Review, 110(1), 145-172.
Syssau, A., & Font, N. (2003). Évaluations des caractéristiques émotionnelles d’un corpus de 604 mots. Bulletin de
psychologie, 58(3), 361-367.
Vikis-Freibergs, V. (1976).Résuméness and emotionality values for 398 French words. Canadian Journal of Psychology,
30, 22-30.
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mercredi
après-midi
Références
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Mercredi après midi
Conférences invitées :
Klaus Scherer
(Professeur émérite Université de Genève, directeur du Swiss Center for Affective Sciences)
L’architecture dynamique de l’émotion
François-Xavier Alario
(Chargé de Recherche CNRS, Université Aix-Marseille)
Les bases cognitives de la sélection lexicale
mercredi
après-midi
Congrès psycho.indb 256
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Table ronde-Psychologie en mutation :
Nouveaux secteurs, nouvelles applications
Modérateur de la session :
Alles Jardel, Monique (Université de Toulouse).
Intervenants : Saillot, Isabelle (Institut Pierre Janet), Alles Jardel, Monique (Université de Toulouse),
Lidvan, Noëlle (Université Paris Descartes),
Depuis une vingtaine d’années, la psychologie connaît une mutation importante avec
l’émergence de nouvelles préoccupations et de nouveaux secteurs d’intervention. En témoignent
les thématiques des publications de la Société Française de Psychologie ; Psychologie Française et
Pratiques Psychologiques et la publication en ligne de petits textes de synthèse : « Les réponses de
la psychologie aux questions que tout le monde se pose »
Un exposé de ces nouveaux « objets » sera l’un des objectifs de cette table ronde. Mais à
travers la diversité de ces nouvelles préoccupations, il est possible de repérer des problématiques
convergentes et l’utilisation de concepts communs qui peuvent servir de fil conducteur. Ainsi
en est-il de la prise en compte du stress (stress et santé, stress au travail ou lors de compétitions
sportives, stress post-traumatique) mais aussi de la notion de bien-être au regard de facteurs de
risques et de protection, et de la focalisation sur des processus comme la vulnérabilité, le coping,
la résilience… D’autres voies de réflexions, d’application et de recherche se font jour également :
Psychologie du vieillissement, Psychologie positive, Psychologie communautaire, etc…
Ces évolutions mettent en évidence le fait que dès lors, la pluri-disciplinarité apparaît non
plus comme une contrainte ou une juxtaposition artificielle de problématiques, mais comme une
exigence dans la définition même des problèmes posés et dans la recherche des réponses que la
psychologie peut y apporter.
Nous évoquerons donc quelques un de ces nouveaux secteurs d’études et d’application ainsi
que l’évolution des méthodes ou thérapies proposées : des nouveaux défis en psychologie de la
santé aux récents développements de la psychologie du travail, de la psychologie du sport ou
encore l’émergence de nouveaux secteurs d’intervention comme la psychologie des risques ou de
l’urgence.
Congrès psycho.indb 257
mercredi
après-midi
Résumé
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Table ronde-La psychologie de la santé,
quelle formation pour quels métiers ?
Modérateur de la session :
Apostolidis, Themis (Université d’Aix-en-Provence)
Intervenants : Apostolidis, Themis (Université d’Aix-en-Provence), Desrichard, Olivier (Université de
Savoie), Terrade, Florence (Université Rennes 2), Navet, Jérôme (Association le Pélican), Gilliard, Jérôme
(Institut Bergonié).
Résumé
La psychologie de la santé est une discipline récente fondée à l’American Psychological
Association (section 38) en 1979 dont les objectifs principaux sont selon Sarafino (1990) : 1) la
promotion des comportements et styles de vie sains, 2) la prévention et traitement des maladies,
et 3) l’amélioration de la prise en charge des patients. Ces champs d’intervention couvrent tous les
niveaux de la prévention (primaire, secondaire, tertiaire). En France, la formation en Psychologie
de la Santé s’est développée de manière importante en quelques années. En effet, en 2001, il n’y
avait que 3 DESS de psychologie de la santé (Aix en Provence, Bordeaux, Metz), on en compte
9 en 2008 répartis sur tout le territoire français adossés à des laboratoires qui développent des
recherches dans ce domaine. Quels sont les enjeux de formation et de positionnement pour les
psychologues de la santé ? Quelle place pour le psychologue de la santé dans les organismes de
santé ? Quels rapports avec les autres sous-disciplines de la psychologie qui investissent le champ
de la santé et de la santé publique ? Cette table ronde vise à recontextualiser le développement de
la formation en Psychologie de la Santé en France, et son réel intérêt dans le domaine de la santé.
mercredi
après-midi
Congrès psycho.indb 258
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Symposium-Approches actuelles de
l’intégration entre les sens
Organisation de la session :
Lagarde, Julien (Laboratoire EDM EA2991)
L’intégration toucher-vision chez le nouveau-né : une perspective cognitiviste
Sann, Coralie (Laboratoire palm je2528. Université de Caen), Streri, Arlette (Laboratoire psychologie de
la perception UMR8158, Université Paris Descartes).
Cécité aux changements et multimodalité
Auvray, Malika (Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur, upr 3251,
Orsay), Gallace, Alberto (Dipartimento di psicologia, universita’ degli studi di Milano bicocca, Milano),
Spence, Charles (Crossmodal research laboratory, department of experimental psychology, Oxford
Université, Oxford-uk).
Intégration visuo-auditive: des données au modèle
Besson, Patricia (Institut des sciences du mouvement, UMR 6233, Université Aix-Marseille 2).
Spécification et prélèvement d’une information inter-modale sur la distance d’un
objet
Mantel, Bruno (Laboratoire informatique, biologie intégrative et systèmes complexes, laboratoire edm,
EA 2991) Bardy, Benoît (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1), Stoffregen, Thomas (Apal
(Université du Minnesota, États-Unis)).
Zelic, Grégory (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1), Lagarde, Julien (Laboratoire edm,
EA 2991, Université Montpellier 1), Mottet, Denis (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1).
Résumé
La question des interactions entre les modalités sensorielles (vision, touché, audition,
olfaction) est ancienne, mais bénéficie d’un regain d’intérêt en psychologie et dans les
neurosciences. Des découvertes récentes ont considérablement renouvelé la conception dominante
de l’intégration entre les sens (audition, tactile, vision, olfaction). Après une période de recherche
centrée sur l’étude des sens indépendants les uns des autres d’un point de vue anatomique et
fonctionnel, il a été montré que les interactions à de multiples niveaux entre les aires corticales
uni- sensorielles sont la règle et non l’exception. Il est donc de plus en plus difficile de concevoir une
perception dans une situation naturelle qui serait purement uni- modale. De nombreux exemples
montrent que ce sont bien souvent les relations entre les propriétés des stimulations de plusieurs
modalités qui déterminent les performances et ce qui est effectivement perçu.
Ces découvertes récentes, mais aussi celles de nouvelles illusions « multimodales », le rôle
potentiel des mécanismes multimodaux dans certaines déficiences et pathologies, mais aussi les
succès de nouvelles théories des processus sous jacents de l’intégration, sont autant de raisons de
faire le point des approches actuelles de l’intégration multimodale.
L’étude psychologique de l’intégration multi- sensorielle se décline selon plusieurs
problématiques qui vont animer cette session thématique. On peut identifier la question très
large du liage multimodal et de ses limites, qui rend compte de la capacité à établir une perception
cohérente et une action adaptée malgré les différences qui existent entre les modalités sensorielles.
Cette question dans un cadre sensorimoteur pose le problème de la définition de l’information
qui est effectivement extraite et crée, au service de l’action dans l’environnement (B. Mantel &
B. Bardy), ainsi que celui de la stabilité du comportement reposant sur un fonctionnement cohérent
alliant perception, cognition et action (G. Zelic & J. Lagarde). La question du développement du
versant cognitif des capacités multimodales constitue aussi un thème majeur qui fera l’objet d’une
communication portant sur l’intégration toucher- vision chez le nouveau-né (C. Sann & A. Streri).
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mercredi
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Stabilisation d’une habileté complexe par une stimulation multimodale
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
La sensibilité ou au contraire l’invariance de l’adaptation face à des changements multimodaux
sera également abordée au travers de la cécité aux changements intermodaux (M. Auvray). Enfin,
des solutions de modélisation seront présentées en s’appuyant sur l’intégration visuo- auditive (P.
Besson).
L’intégration toucher-vision chez le nouveau-né : une perspective
cognitiviste
mercredi
après-midi
Sann, Coralie (Laboratoire palm je2528. Université de Caen), Streri, Arlette (Laboratoire psychologie de
la perception UMR8158, Université Paris Descartes).
Si les relations entre le toucher et la vision chez le bébé ont été bien étudiées ces dernières
décennies, peu d’études ont pu être réalisées sur le transfert intermodal à la naissance. Or, une
telle connaissance nous permettrait de savoir comment les différentes modalités fonctionnent et
interagissent sans apprentissage préalable avec le monde externe. Le transfert intermodal repose
sur le principe qu’une information prélevée dans une modalité est transférée et utilisée dans
une autre modalité. Une première phase (encodage) implique le prélèvement d’une information
dans une modalité sensorielle (toucher ou vision), la mémorisation de cette information et sa
reconnaissance dans une seconde phase (décodage) par une modalité différente de la première.
Plusieurs mécanismes cognitifs sont donc mobilisés en successif.
Une série d’expériences sur le transfert intermodal toucher-vision et vision-toucher chez le
nouveau-né de deux propriétés amodales, la forme et la texture d’un objet, ont révélé plusieurs
faits : 1. les informations prélevées sur la texture, propriété bien appréhendée par le toucher, sont
transférées sans difficulté entre le toucher et la vision : le transfert est bidirectionnel. 2. Par contre,
les informations prélevées sur la forme, bien appréhendée par la vision, sont bien transférées du
toucher vers la vision mais non l’inverse. Le transfert est unidirectionnel. 3. Ce résultat ne provient
pas d’une faiblesse du système visuel du nouveau-né par rapport à son système tactile, mais bien
d’une insuffisance d’exploration des objets par la main. En effet, le transfert d’information sur la
texture apparaît contraint par les limites du réflexe d’agrippement du nouveau-né à prélever des
informations sur cette propriété dans certaines conditions.
L’ensemble de nos résultats suggère que le transfert d’information existe dès la naissance,
mais il dépend de la propriété de l’objet à traiter et des contraintes de chaque modalité sensorielle.
Enfin, nos données chez le nouveau-né sont confortées par des études chez l’adulte pour avancer
l’hypothèse d’une séparation de traitement de la forme et de la texture chez le nouveau-né.
Cécité aux changements et multimodalité
Auvray, Malika (Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur, upr 3251,
Orsay), Gallace, Alberto (Dipartimento di psicologia, universita’ degli studi di Milano bicocca, Milano),
Spence, Charles (Crossmodal research laboratory, department of experimental psychology, Oxford
Université, Oxford-uk).
Le paradigme de la cécité aux changements intermodale permet d’étudier les différences et
similitudes dans les mécanismes d’encodage des stimuli présentés à travers différentes modalités
sensorielles ainsi que le caractère multisensoriel de notre attention spatiale. Le phénomène de
cécité aux changements se produit lorsqu’une perturbation introduite au sein de la scène perçue au
moment du changement empêche les observateurs de détecter ce changement et ce, bien que cette
modification puisse être d’importance et parfaitement détectable dans des conditions normales de
perception. Ce phénomène a été mis en évidence pour les modalités visuelles, tactiles et auditives
(e.g., Auvray & O’Regan, 2003 ; Gallace, Auvray, Tan, & Spence, 2006 ; Vitevitch, 2003). Nous
présentons une série d’expériences montrant que le phénomène de cécité aux changements se
produit aussi lorsque les perturbations sont présentées dans une autre modalité sensorielle que
le changement. En effet, les participants échouent à détecter la présence d’un changement de
position entre deux scènes vibrotactiles présentées sur la surface du corps, non seulement lorsque
des perturbations vibrotactiles sont utilisées pour masquer le changement, mais aussi lorsque des
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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perturbations visuelles sont utilisées. En revanche, dans les mêmes conditions de présentation, des
distracteurs vibrotactiles n’entraînent pas de cécité aux changements visuels et des distracteurs
auditifs n’entraînent pas de cécité aux changements tactiles (Auvray, Gallace, Tan, & Spence,
2007 ; Auvray, Gallace, Hartcher-O’Brien, Tan, & Spence, 2008 ; Gallace et al., 2006). Nos travaux
ont aussi exploré la possibilité d’une cécité aux changements intermodale ; c’est-à-dire lorsque
les deux ensembles de stimulation à comparer sont présentés dans deux modalités sensorielles
différentes : l’une visuelle et l’autre tactile. Les résultats montrent qu’en l’absence de masque les
participants peuvent détecter avec précision les changements de position, en dépit du fait que
les deux ensembles de stimulation à comparer soient présentés dans deux modalités sensorielles
différentes. En revanche, lorsqu’un masque est introduit entre ces deux ensembles de stimulation,
une cécité aux changements survient de manière similaire que le masque soit visuel ou tactile
(Auvray, Gallace, Tan, & Spence, 2007). En résumé, la possibilité de comparer des positions à
travers différentes modalités sensorielles suggère que certaines des informations requises pour
comparer des emplacements spatiaux sont stockées selon un format amodal. En revanche, les
asymétries dégagées dans les mécanismes de détection de changements suggèrent que certaines des
informations sont encodées selon un cadre de référence spécifique à chaque modalité sensorielle.
Auvray, M., Gallace, A., Hartcher-O’Brien, J., Tan, H. Z., & Spence, C. (2008). Tactile and visual distractors induce
change blindness for tactile stimuli presented on the fingertips. Brain Research, 1213, 111-119.
Auvray, M., Gallace, A., Tan, H. Z., & Spence, C. (2007). Crossmodal change blindness between vision and touch. Acta
Psychologica, 126, 79-97.
Auvray, M., & O’Regan, J. K. (2003). L’influence des facteurs sémantiques sur la cécité aux changements progressifs dans
les scènes visuelles. Année Psychologique, 103, 9-32.
Gallace, A., Auvray, M., Tan, H. Z., & Spence, C. (2006). When visual transients impair tactile change detection: A novel
case of crossmodal change blindness ? Neuroscience Letters, 398, 280-285.
Vitevitch, M. S. (2003). Change deafness: The inability to detect changes between two voices. Journal of Experimental
Psychology: Human Perception and Performance, 29, 333-342.
Intégration visuo-auditive: des données au modèle
Besson, Patricia (Institut des sciences du mouvement, UMR 6233, Université Aix-Marseille 2).
L’être humain appréhende son environnement au travers de ses différents sens. Ces
informations de multiples natures (ou modalités sensorielles) lui permettent de former un percept
cohérent et précis de cet environnement, afin d’interagir avec celui-ci et d’y évoluer de manière
pertinente et efficace. Pour étudier les processus complexes intervenant dans le traitement de ces
informations multisensorielles, des modèles décrivant les mécanismes à l’oeuvre au travers de
relations mathématiques interprétables ont été proposés.
Dans l’approche que je propose, la perception multisensorielle est envisagée comme un
processus d’induction causal dans lequel l’être humain doit prendre une décision quant à la cause
(la source) des observations (stimuli perçus). Il est alors important de déterminer en premier lieu
la structure sous-jacente du processus de décision causal. Il s’agit donc principalement de mettre
en évidence la structure des relations de dépendance entre les événements ou les facteurs impliqués
dans le processus perceptifs, tels que les stimuli émis et perçus, plutôt que de modéliser la force
même de ces relations. Je propose pour ce faire une approche permettant de limiter le recours
à des hypothèses a priori quant à la structure de ces relations de dépendances. Celle-ci émerge
directement des données au travers de l’analyse qui en est faite, analyse reposant sur le formalisme
offert par les réseaux bayésiens et la théorie de l’information, autour de la notion centrale
d’indépendance conditionnelle [Besson et al. 2009] . Cette analyse permet d’une part de guider le
processus d’élaboration du modèle, menant in fine à la définition d’un modèle probabiliste causal
par réseau de Bayes, et d’autre part, d’ouvrir de nouvelles perspectives sur la problématique en
abordant ce problème sous un angle différent.
Ainsi, cette méthode, appliquée à l’exemple particulier d’une tâche de localisation
visuo-auditive, a permis de mettre en évidence l’importance du contexte dans la perception
multisensorielle, c’est-à-dire, dans ce cas, de l’instruction donnée au sujet et du focus attentionnel
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mercredi
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Références
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
qu’elle induit. L’indépendance contextuelle [Boutilier et al. 1996] permet de mettre en évidence et
d’exploiter les structures d’inférence modélisant la perception multisensorielle dans chacune des
deux tâches de localisation acoustique ou visuelle effectuées par le sujet, menant à un modèle tout à
la fois complet, précis et efficace du processus physique [Besson and Richiardi 2009].
Références
P. Besson and J. Richiardi. À context-specific independence model of multisensory perception. In NeuroComp,
Bordeaux, France, September 2009.
P. Besson, J. Richiardi, C. Bourdin, L. Bringoux, D. R. Mestre, and J.-L. Vercher. Bayesian networks and information
theory for audio-visual perception modeling. Biological Cybernetics, [En révision] 2009.
C. Boutilier, N. Friedman, M. Goldszmidt, and D. Koller. Context-specific independence in bayesian networks. In UAI,
pages 115–123, 1996.
Spécification et prélèvement d’une information inter-modale sur la
distance d’un objet
mercredi
après-midi
Mantel, Bruno (Laboratoire informatique, biologie intégrative et systèmes complexes, laboratoire edm,
EA 2991) Bardy, Benoît (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1), Stoffregen, Thomas (Apal
(Université du Minnesota, États-Unis)).
L’essentiel des travaux sur la perception multimodale part du même postulat que chaque
sens a accès à sa propre (part d’) information et se concentre par exemple sur la façon dont ces
différentes informations sont intégrées au sein du système nerveux. De manière alternative, nous
proposons que l’information susceptible d’être perçue et exploitée par un individu ne se limite pas
à ces informations modales mais existe également entre les différentes dimensions « modales » de
la stimulation.
Nous avons identifié et formalisé une structure invariante spécifiant la distance égocentrique
d’un objet stationnaire au sein de la relation entre les conséquences optiques et haptiques/gravitoinertielles du mouvement d’un individu. Ce modèle étend au cas plus naturel de mouvements
tridimensionnels quelconques les précédents travaux dédiés à des déplacements rectilignes.
Afin de tester si cette information inter-modale peut être perçue et utilisée, nous avons conduit
deux expérimentations où des participants, assis, devaient juger verbalement s’ils pouvaient
atteindre un objet. Afin de pouvoir manipuler la disponibilité de notre invariant ainsi que la
distance spécifiée par ce dernier, l’objet est simulé au moyen d’un dispositif de réalité virtuelle.
Lors de la première expérimentation, nous utilisons un objet visible, présenté par le biais d’un
casque de réalité virtuelle dont l’affichage est asservi aux déplacements du participant. Dans cette
condition, les participants peuvent effectuer librement des mouvements de la tête et du buste
avant de donner leur réponse et la relation entre les conséquences optiques et non optiques de
leur mouvement est préservée. La performance obtenue est comparée à celle issue d’une condition
contrôle où les participants demeurent stationnaires pendant que le flux optique est asservi à leur
propre mouvement, préalablement enregistré et rejoué en playback pour l’occasion. Partant du
constat que les deux flux acoustiques qui stimulent le système auditif véhiculent eux aussi une
information sur la direction de l’objet par rapport à l’individu, lors de la seconde expérimentation
nous évaluons l’effet de substituer aux paramètres optiques de notre invariant des paramètres
acoustiques. Suivant les conditions expérimentales, l’objet simulé est alors soit visible, soit audible,
soit simultanément visible et audible, tandis que son rendu est toujours asservi aux mouvements
du participant (effectifs ou playback).
Dans les deux expérimentations, les résultats confirment que les jugements des participants
sont nettement plus exacts et moins variables dans les conditions ou l’invariant intermodal est
préservé que lorsqu’il n’est pas disponible. En dépit de variabilités différentes, les participants
montrent également une exactitude similaire avec un objet visible et/ou audible, confortant l’idée
que l’information sur la distance réside bien dans la relation entre les dimensions de la stimulation
et non dans leur nature (modale).
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Zelic, Grégory (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1), Lagarde, Julien (Laboratoire edm,
EA 2991, Université Montpellier 1), Mottet, Denis (Laboratoire edm, EA 2991, Université Montpellier 1).
Dans quelle mesure une stimulation multimodale peut engendrer une stabilisation de
la coordination motrice, qui le cas échéant pourrait s’appliquer à l’acquisition d’habiletés
sensorimotrices complexes ? Le gain effectif de stabilisation d’une coordination bimanuelle
par une stimulation sensorielle externe est fonction du paramétrage de cette fonction dite « de
forçage », notamment en termes du timing et de la fréquence de la stimulation. Zanone et al.
ont montré qu’une stimulation externe favorisait la création et la stabilisation d’un nouveau
patron de coordination (Zanone et al, 1992). D’autres part, une stimulation dite paramétrique,
à une fréquence égale au double de la fréquence de la coordination, conduirait à un gain de
stabilisation plus important qu’un métronome classique (Fink et al, 1999). Enfin, dans l’étude de
coordination particulières nécessitant l’exécution de mouvements bimanuels périodiques dits
« polyrythmiques », caractérisés pas des fréquences dont le ratio et différent de 1 (1/2, 2/3 , 3/5),
Peper et al (1995 ; voir Kelso & DeGuzman, 1988), employaient son et vision pour stabiliser la
coordination. Cependant, Lagarde et Kelso (2006) ont montré que l’exécution d’une coordination
dans des conditions sensorielles multimodales, vibro-tactile et sonore, pouvait présenter une perte
soudaine de stabilité quand la fréquence augmente. Nous avons choisi d’étudier le jonglage, qui
propose un problème sensorimoteur complexe, nécessitant de maintenir des relations spatiales
entre les deux mains et les balles, mais aussi temporelles, ces dernières étant polyrythmiques.
L’apprentissage du jonglage est relativement long (Huys et al, 2003), l’étude de débutants permet
de mesurer l’effet stabilisant ou déstabilisant de paires de stimuli multimodales. La vision étant
déjà largement sollicitée dans le jonglage (Draganski et al, 2004 ; Driemeyer et al, 2008 ; Huys &
Beek, 2002), nous avons choisi de manipuler les paramètres de stimulation vibro-tactiles et sonores
(fréquence et timing relatif).
Nous avons fait l’hypothèse que des stimulations multimodales permettent de stabiliser la
coordination entre les balles et les mains dans le jonglage, mais que le bénéfice apporté dépend de
la fréquence et du déphasage entre les modalités.
Matériel et méthode
Les participants étaient six adultes, âgés de 19 à 26 ans, satisfaisant aux critères d’inclusion
définissant un niveau débutant en jonglage. L’expérience consiste à jongler en cascade trois balles
durant 30 essais (5 par conditions) de 20 s à 30 s.
Six conditions expérimentales ont été définies à partir du choix des fréquences de stimulations
auditive et vibrotactile, respectivement en fonction des fréquences des cycles de balle et de main
préférées du sujet. Trois conditions multimodales multifréquentielles : Paramétrique mainballe, Non-paramétrique main-balle, Paramétrique antiphase (avec une stimulation vibrotactile
en antiphase). Deux conditions dites « monomodales monofréquentielles » ont été définies de
manière à préciser le rôle de la multimodalité dans la stabilisation d’un tel pattern de coordination.
Une condition contrôle sans stimulation complète le panel expérimental. La stimulation
vibrotactile était une série de pulsations de 80 ms et de 4V d’amplitude généré par un moteur placé
à proximité de chaque poignet. Une stimulation auditive étaient une série de pulsations de 80 ms
(300 Hz) fournie au moyen d’oreillettes. Un casque audio générant du bruit blanc a été fixé par
dessus les oreillettes afin d’isoler le sujet des bruits environnementaux. Les trajectoires de balles
et la cinématique des membres supérieurs ont été enregistrées à l’aide du système d’analyse du
mouvement 3D. Les données ont été filtrées, et les angles des 7 degrés de liberté du bras ont été
calculés. Deux types de variables ont étés calculées. Des variables dites globales permettent de
caractériser de manière globale l’habileté (Huys et Beek, 2002 ). D’autres variables inspirées par
l’étude des coordinations bimanuelles permettent de rendre compte de la stabilisation d’un pattern
de coordination tel que le jonglage.
Congrès psycho.indb 263
mercredi
après-midi
Stabilisation d’une habileté complexe par une stimulation
multimodale
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Résultats et discussion
Les tendances affichées par les premiers résultats semblent montrer un gain de stabilisation
engendré par les stimulations multimodales multifréquentielles. En effet les variables dites
globales présentent une moyenne et une variablité plus faible pour l’ensemble des essais en
conditions multimodales multifréquentielles. Au sein de ces mêmes conditions, il semblerait que
les stimulations « paramétrique » et « paramétrique antiphase » soient les plus stabilisatrices alors
que la condition « non paramétrique » affiche systématiquement des valeurs de moyenne et de
variabilité supérieures.
Cette étude confirme que le gain d’une stimulation multimodale pour la stabilisation d’une
habileté qui comporte à la fois des composants spatiaux et temporels n’est pas systématique, et
que la fréquence et le timing des stimuli constituent des paramètres essentiels qui déterminent la
coordination multimodale.
Références
mercredi
après-midi
Draganski, B., Gaser, C., Busch, V., Schuierer, G., Bogdahn, U.,May, A. (2004). Neuroplasticity: changes in grey matter
induced by training, Nature, 427,311-312.
Driemeyer, J., Boyke, J., Gaser,C., Büchel, C., May, A. (2008). Changes in Gray Matter Induced by Learning-Revisited.
PLoS ONE, 3: e2669.
Fink, P.W., Kelso, J.A.S. , Foo, P. , Jirsa, V.K. (2000). Local and global stabilization of coordination by sensory information.
Experimental Brain Research, 134, 9–20.
Huys, H., Beek, P.J. (2002). The coupling between point-of-gaze and ball movements in three-ball cascade juggling: the
effects of expertise, pattern and tempo, Journal of Sports Sciences, 20, 171-186
Huys, H., Daffertshofer, A., Beek, P.J. (2003). Learning to juggle: on the assembly of functional subsystems into a taskspecific dynamical organization, Biological Cybernetics, 88, 302-318.
Kelso, J.A.S., DeGuzman, G.C. (1988) Order in time: how cooperation between the hands informs the design of the brain.
In: Haken H (ed) Neural and synergetic computers. Springer, Berlin Heidelberg New York, 180–196.
Lagarde, J., Kelso, J.A.S. ‚(2006). The binding of movement, sound and touch: Multimodal coordination dynamics.
Experimental Brain Research, 173, 673-88.
Peper, C.E., Beek, P.J., Van Wieringen, P.C.W. (1995). Coupling strength in tapping a 2:3 polyrhythm, Human Movement
Science, 14, 217-245.
Zanone, P. G., Kelso, J. A. S. (1992). Evolution of behavioral attractors with learning: Nonequilibrium phase transitions.
Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance, 18, 403-421.
Congrès psycho.indb 264
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
265
Symposium
Psychologie et neuropsychologie de
l’attention
Organisation de la session :
Michael, George A. (Laboratoire EMC - Université Lyon 2).
Inhibition, inhibitions et ressources attentionnelles
Michael, George A. (Laboratoire EMC - Université Lyon 2, Lyon), Roussel, Martine (Service de neurologie
et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Godefroy, Olivier (Service de
neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens).
Rapidité de l’action et maintien de l’alerte
Godefroy, Olivier (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies,
Amiens), Bailon, Olivier (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et
pathologies, Amiens), Périn, Bertille (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles
et pathologies, Amiens), Demarco, Giovanni (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences
fonctionnelles et pathologies, Amiens), Boucart, Muriel (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et
pathologies, Lille), Krystowiak, Pierre (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles
et pathologies, Amiens), Roussel, Martine (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences
fonctionnelles et pathologies, Amiens).
Ducrot, Stéphanie (CNRS-lpl et Université de Provence), Lété, Bernard (Laboratoire EMC - Université
Lyon 2 et inrp).
L’attention préparatoire : aperçu de ses mécanismes, de son développement et de
ses troubles
Siéroff, Éric (Laboratoire de psychologie et neuropsychologie cognitives Université Paris Descartes/ CNRS
fre 3292).
Résumé
mercredi
après-midi
Le développement des capacités visuo-attentionnelles au cours de l’acquisition
de la lecture
Les phénomènes attribuables à l’attention sont fréquemment rencontrés et identifiés en
tant que tels dans la vie quotidienne: on est dans ses pensées, on est distractible, on perd le fil
d’une conversation… Les mécanismes cognitifs et nerveux sous-jacents à ces phénomènes sont
très complexes, leur développement particulier, et leurs perturbations réellement fréquentes dans
le cadre de pathologies neurologiques. Cependant, les pratiques cliniques en neuropsychologie
restent relativement éloignées de ces conceptions complexes, même si praticiens et chercheurs
s’accordent pour dire que l’évaluation et la rééducation de ces troubles devrait avoir des bases
théoriques et empiriques solides. Ce symposium cible certains aspects des processus attentionnels
en les abordant à la fois d’un point de vue cognitif, neurologique et neuropsychologique. Ainsi,
l’utilité de certains modèles pour la recherche et l’application en neuropsychologie sera démontrée
à travers des études de groupes et de cas, chez l’adulte et l’enfant. Seront visitées l’alerte, l’attention
préparatoire, les ressources et l’inhibition.
Congrès psycho.indb 265
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Inhibition, inhibitions et ressources attentionnelles
Michael, George A. (Laboratoire EMC - Université Lyon 2, Lyon), Roussel, Martine (Service de neurologie
et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens), Godefroy, Olivier (Service de
neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies, Amiens).
Introduction
Les capacités d’inhibition sont cruciales pour un comportement adapté. Il existe, cependant, des
conceptions diverses les concernant. Pour certains il n’existerait qu’un seul processus d’inhibition,
pour d’autres de multiples processus. D’autre part, certains suggèrent que les processus inhibiteurs
dépendent des ressources attentionnelles, d’autres proposent que non. Le modèle cognitif MAM
de l’attention (Michael et al., 2006), proposé sur la base de données computationnels, cognitives
et neuropsychologiques, postule (a) que l’inhibition dépend des ressources disponibles et (b) qu’il
existerait probablement un processus inhibiteur général. Deux ensembles de travaux ont donc visé
l’évaluation de ces deux postulats.
Ressources et Inhibition
mercredi
après-midi
Si l’inhibition requiert des ressources attentionnelles pour atteindre un bon niveau
d’efficience, alors la diminution des ressources affecterait la capacité à inhiber des informations
interférentes. Cette hypothèse a été évaluée à l’aide de paradigmes de capture attentionnelle dans
lesquels les sujets devaient identifier une cible et ignorer un distracteur saillant. Parallèlement, afin
de diminuer les ressources disponibles, les sujets devaient réaliser une tâche de détection de cibles
auditives. Alors que la difficulté de la tâche visuelle restait constante, celle de la tâche auditive était
variable. Le ralentissement provoqué par la présence d’un distracteur dans la tâche visuelle a été
choisi comme indicateur d’échec d’inhibition. Chez le sujet sain, il a été montré que l’augmentation
de la difficulté de la tâche auditive provoquait un affaiblissement de l’inhibition.
Un paradigme adapté a été proposé à des patients traumatisés crâniens (TC) et un groupe de
contrôles. Les patients étaient répartis en deux groupes selon la présence ou l’absence d’un déficit
des ressources attentionnelles. Il était attendu que les deux groupes de patients, distingués sur la
base de l’état de leurs ressources attentionnelles, manifestent des capacités d’inhibition différentes.
Il a été montré que les TC avec déficit des ressources manifestaient une inhibition bien plus
affaiblie par rapport aux autres groupes. Ce résultat conforte l’idée que l’inhibition dépendrait de
la disponibilité des ressources attentionnelles.
Lorsque la conception théorique propose l’existence de sous-systèmes hiérarchiques, comme
c’est le cas des ressources et de l’inhibition, il devient alors difficile de dissocier les deux. En effet,
dans un tel cadre, l’inhibition peut être touchée sans que les ressources le soient, mais est-ce que
l’inverse est possible ? Sur la base d’hypothèses anatomiques précises, deux patients thalamiques
ont été sélectionnés - lésion du noyau ventrolatéral (VL) et du noyau dorsomédian (DM). Dans
des situations où aucun distracteur ne venait interférer avec le traitement de la cible, le patient
DM a montré un ralentissement spectaculaire de ses performances dans la tâche visuelle avec
l’augmentation de la difficulté de la tâche auditive. Ceci est attribuable à un déficit de la disponibilité
des ressources. La présence d’un distracteur visuel ne produisait pas de perturbation particulière
en situation de simple tâche témoignant, par là, du bon état des processus inhibiteurs. Enfin, ce
même distracteur produisait de fortes perturbations avec l’augmentation de la difficulté de la
tâche auditive, suggérant que le déficit en ressources affectait profondément l’état de l’inhibition.
Les résultats du premier patient montrent donc une dissociation entre l’inhibition intacte et les
ressources réduites, et conforte également l’idée de la hiérarchisation des deux sous-systèmes.
Le patient VL a montré un tout autre profil. Dans des situations où aucun distracteur ne venait
interférer avec le traitement de la cible, le ralentissement observé dans la tâche visuelle en fonction
de l’augmentation de la difficulté de la tâche auditive était moindre que chez le patient précédent.
Ceci suggère qu’il arrive à mieux allouer ses ressources. La présence d’un distracteur visuel, en
revanche, produisait une perturbation spectaculaire en situation de simple tâche témoignant d’un
déficit des processus inhibiteurs. Ce même distracteur produisait des perturbations d’ampleur
invariable avec l’augmentation de la difficulté de la tâche auditive, suggérant que l’état des
ressources n’affectait en rien le fonctionnement déjà déficitaire de l’inhibition. L’ensemble de ces
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résultats montre une double dissociation entre ressources et inhibition. En revanche, les résultats
du patient DM montrent également que ces deux systèmes sont hiérarchisés, ce qui conforte
l’ensemble des hypothèses émises sur la base du modèle MAM.
Inhibition ou inhibitions ?
D’autres travaux ont montré une éventuelle multiplicité des processus inhibiteurs. Selon le
modèle MAM, il n’y aurait qu’un seul processus inhibiteur et serait sous la dépendance d’un réseau
impliquant l’opercule frontal droit (OFd). Une tâche de capture attentionnelle a été conçue de
façon à tester deux types d’inhibition : l’inhibition d’un distracteur saillant et l’inhibition d’une
réponse inappropriée. L’hypothèse était que, chez les sujets sains, il y aurait dépendance des deux. Il
était donc attendu que (a) la présence d’un distracteur ralentisse les performances (inhibition d’un
distracteur), que (b) la présence d’une incompatibilité entre la position spatiale de la cible et de la
réponse ralentisse les performances (inhibition de réponses inappropriées), et que (c) l’inhibition
de la réponse inappropriée soit d’autant plus difficile qu’un distracteur se présente dans le champ
visuel. Les résultats de 18 sujets sains ont confirmé les points a et b, mais pas le point c. Ce profil
additif a été complété par une absence complète de corrélation entre les points a et b, témoignant
de l’indépendance de ces deux processus. Le même test a été proposé à un patient porteur d’une
lésion tumorale sélective de l’OFd et manifestant un déficit d’inhibition dans une variété de tâches
(Michael et al., 2001 ; 2006). Ce patient a exhibé un déficit à la fois de l’inhibition des distracteurs
et de l’inhibition des réponses inappropriées, témoignant de l’atteinte d’un processus inhibiteur
général. Cependant, la première était significativement plus perturbée que la seconde, montrant
une simple dissociation forte. Dans leur ensemble, les résultats de ce travail montrent (a) qu’il
existerait, en effet, des processus inhibiteurs multiples, (b) qu’ils seraient indépendants, mais (c)
qu’ils seraient sous le contrôle d’un processus plus général. Une falsification du modèle MAM est
proposée afin de prendre en compte ces résultats.
Michael G.A., Kleitz C., Sellal F., Hirsch E., & Marescaux C. (2001). Controlling attentional priority by preventing
changes in oculomotor programs ; a job for the premotor cortex ? Neuropsychologia, 39, 1112-1120
Michael G.A., Garcia S., Fernandez D., Sellal F. & Boucart M. (2006). The ventral premotor cortex (vPM) and resistance
to interference, Behavioral Neuroscience, 120, 442-467.
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mercredi
après-midi
Références
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Rapidité de l’action et maintien de l’alerte
Godefroy, Olivier (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies,
Amiens), Bailon, Olivier (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles et
pathologies, Amiens), Périn, Bertille (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles
et pathologies, Amiens), Demarco, Giovanni (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences
fonctionnelles et pathologies, Amiens), Boucart, Muriel (Laboratoire de neurosciences fonctionnelles et
pathologies, Lille), Krystowiak, Pierre (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences fonctionnelles
et pathologies, Amiens), Roussel, Martine (Service de neurologie et laboratoire de neurosciences
fonctionnelles et pathologies, Amiens).
Rapidité de l’action et temps de réponse
mercredi
après-midi
La rapidité de l’action (RA) conditionne l’adaptation à plusieurs activités quotidiennes. Malgré
son importance et la fréquence de ses troubles, les travaux dédiés à la RA sont souvent descriptifs
et ne s’intègrent pas dans une approche conceptuelle globale. Nous avons proposé un modèle
(Godefroy et al., 2010a) postulant que la rapidité dans une tâche de Temps de Réponse simple
(TRS) dépend (1) de la rapidité de processus élémentaires (perceptifs, moteurs et décisionnel), et
(2) de l’activation attentionnelle permettant une préparation optimale des processus élémentaires
durant toute la réalisation de la tâche. L’activation attentionnelle rendrait compte dans une
épreuve de TRS du classique pic de distribution des TR qui témoigne de la proportion importante
de réponses rapides. La partie gauche de la distribution (i.e., les TRS les plus rapides) témoigne
du temps de traitement minimum des processus perceptifs, cognitifs et moteurs. Cette approche
postule donc que le ralentissement des TRS peut être lié soit à un ralentissement d’un des processus
élémentaires, soit à un déclin du maintien d’alerte. Dans le premier cas, la distribution sera décalée
vers la droite, dans le second cas, elle sera caractérisée par une érosion du pic de distribution. Nous
avons testé la prédiction qu’un déficit de maintien d’alerte n’affecterait que le pic de distribution
par un paradigme de tâche double. La tâche de TRS utilisait des stimuli visuels élémentaires
précédés d’un avertisseur; la réponse était la pression d’un bouton-réponse. L’étude effectuée chez
46 sujets sains a confirmé la prédiction. En outre plusieurs travaux effectués en pathologie ont
montré que les deux profils de ralentissement pouvaient être observés. Ces résultats permettent
donc de valider les prédictions du modèle de RA et proposent un outil permettant d’extraire la
composante attentionnelle (maintien d’alerte) du TRS.
Anatomie du maintien de l’alerte
De nombreux travaux ont suggéré le rôle prédominant de l’hémisphère droit, des régions
frontales et du locus coeruleus (Godefroy et al., 2002 ; Posner et Petersen, 1990). Nous avons
examiné en IRMf les régions cérébrales activées durant 3 conditions: TRS avec avertisseur, TRS
sans avertisseur, et une condition contrôle où le participant devait appuyer sur un bouton réponse
au rythme qu’il choisissait en regardant un écran sur lequel apparaissaient des stimuli lumineux.
Les régions activées par le maintien de l’alerte étaient les régions droites thalamique, du lobule
pariétal inférieur, préfrontale médiale et dorsolatérale. L’analyse en connectivité effective montrait
une majoration de l’interaction entre ces régions lors de la condition avec avertisseur (Périn et al.,
2010). Afin de déterminer si ces régions étaient nécessaires au maintien de l’alerte, nous avons
examiné l’effet de lésions focales. Le ralentissement des TRS a été observé seulement dans la
pathologie frontale et était lié à une érosion du pic sans décalage droit de la distribution confirmant
donc l’hypothèse d’un déficit attentionnel. Ces données montrent que le maintien d’alerte dépend
principalement des régions fronto-médiales.
Ralentissement de l’action et vieillissement
Le ralentissement constitue un trait caractéristique du vieillissement. Dans un travail portant
des sujets sains de 20-40, 41-60 et > 60 ans, nous avons examiné la rapidité des processus perceptifs
visuels par le test de temps d’inspection visuel, moteurs par le tapping digital, perceptivomoteur et attentionnel par le TRS et de choix par un test de TRC. Les tests de temps d’inspection
visuelle et de tapping digital ne partageaient pas de processus commun. Toutes les performances
chronométriques diminuaient avec l’âge et l’allongement des TRS était lié principalement à un
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décalage vers la droite de la distribution. Toutefois après 60 ans outre le décalage vers la droite, était
observée une érosion du pic de distribution. Ces résultats indiquent donc que le ralentissement lié
à l’âge est lié principalement à un ralentissement des processus perceptivo-moteurs avec, après 60
ans, la contribution supplémentaire d’un déclin attentionnel.
Ralentissement de l’action et pathologie cérébrale: quels mécanismes ?
Le ralentissement en pathologie a été largement documenté. Dans la pathologie vasculaire,
le ralentissement est le déficit séquellaire le plus fréquent. L’allongement des TR a également été
montré dans la pathologie cérébrale diffuse, comme l’encéphalopathie traumatique, la sclérose en
plaques, les maladies d’Alzheimer et de Parkinson. Cependant l’origine de ce ralentissement reste
méconnue. Le rôle de facteurs extrinsèques comme une fatigabilité, un besoin d’apprentissage
supplémentaire ou une faible motivation a été observé dans certaines études et pas dans d’autres.
De même le rôle d’une variabilité excessive de réponse ne réduit pas la reproductibilité de la mesure
des TRS. Afin d’apporter notre contribution à la compréhension de ce ralentissement, nous avons
examiné les profils de patients avec accident vasculaire cérébral (AVC) et de patients avec pathologie
diffuse. Pour les patients avec AVC (sauf les AVC médiofrontaux), le ralentissement fut observé
pour tous les tests témoignant d’un ralentissement des processus visuels et moteurs en accord
avec le décalage de la distribution des TRS vers la droite. Cependant, nous n’avons pas observé
de ralentissement chez 11 patients avec un trouble cognitif léger. Dans la maladie d’Alzheimer,
un ralentissement perceptivo-moteur et des TRS avec décalage vers la droite de la distribution fut
observé et était associé à un ralentissement du processus décisionnel. En revanche dans la démence
à corps de Lewy, il était observé un ralentissement visuel associé à un déficit attentionnel au TRS.
Les mécanismes du ralentissement de l’action différaient donc selon les pathologies.
Les prédictions de notre modèle ont été vérifiées et notamment la présence de deux profils
différents, l’un lié à un ralentissement des processus perceptivo-moteurs observé dans la plupart
des situations physiologiques et pathologiques et l’autre lié à un déficit de maintien de l’alerte
observé jusqu’à présent dans la pathologie médiofrontale et la démence à corps de Lewy. Ces
travaux proposent également des outils permettant d’extraire la composante attentionnelle
(maintien d’alerte) du TRS et la latence décisionnelle du TRC.
Références
Godefroy O., Lhullier-Lamy C., Rousseaux M. (2002). SRT lengthening: role of an alertness deficit in frontal damaged
patients. Neuropsychologia, 40, 2234-2241.
Godefroy O, Roussel M, Despretz P, Quaglino V, Boucart M. Age-related slowing: perceptuo-motor, decision or attention
decline ? Experimental Aging Research 2010a; 36: 169-189.
Périn B, Godefroy O, Fall S, De Marco G. Exploration of an attentional network in the right hemisphere: an fMRI study
of brain interactivity enhanced during phasic alertness. Brain Cogn 2010, 72. 271-281.
Posner MI, Petersen SE. The attention system of the human brain. Annu Rev Neurosci. 1990; 13: 25-42.
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mercredi
après-midi
Conclusions
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Le développement des capacités visuo-attentionnelles au cours de
l’acquisition de la lecture
mercredi
après-midi
Ducrot, Stéphanie (CNRS-lpl et Université de Provence), Lété, Bernard (Laboratoire EMC - Université
Lyon 2 et inrp).
Lors de l’apprentissage de la lecture, la confrontation à l’écrit permet de développer des
compétences de nature strictement linguistiques (e.g. connaissance des règles de correspondances
graphèmes-phonèmes pour acquérir des mots nouveaux, développement de la voie directe
permettant la reconnaissance rapide des mots sur la base d’un code purement orthographique,
enrichissement du stock de vocabulaire et des connaissances sémantiques). Pour être un bon
lecteur et atteindre une lecture fluide, l’enfant doit cependant également maîtriser des activités de
nature visuo-attentionnelles. Pour lire, il faut se positionner correctement sur les mots, extraire
l’information qui est en train d’être fixée, programmer une saccade pour se positionner sur le mot
suivant. L’application de règles de correspondance graphèmes-phonèmes nécessite que l’enfant
échantillonne correctement l’information fixée : par exemple, il faut qu’il soit capable de grouper
visuellement les graphèmes /p/ + /ou/ + /l/ + /ain/ et non pas /p/ + /ou/ + /la/ + /in/ dans le mot
poulain pour le lire.
L’apprentissage de la lecture nécessite donc que l’enfant apprenne à percevoir les mots. Bien
que fondamental, le développement de ces compétences visuo-attentionnelles reste un domaine de
recherche négligé. C’est pourquoi nous avons mis au point une batterie informatisée d’évaluation
des capacités visuo-attentionnelles chez l’enfant. Plusieurs tests à la fois simples et sensibles ont
été développés et validés auprès de 500 enfants scolarisés de 6 à 12 ans. Nous présentons ici deux
épreuves de cette batterie.
Dans la première étude, la mise en place des traitements visuo-attentionnels et lexicaux chez
des enfants du CP au CM2 est étudiée à l’aide du paradigme de position optimale de fixation (OVP
pour Optimal Viewing Position) dans une tâche d’identification perceptive. L’effet de la position
du regard est utilisé comme marqueur d’un mode de traitement spécifiquement impliqué dans
la lecture des mots isolés. Rappelons, en effet, que la présence d’une courbe-OVP implique qu’il
existe une position où toutes les lettres d’un mot peuvent être identifiées en une seule fixation;
une fixation sur la gauche du centre du mot permettant un traitement simultané des lettres, sans
réorientation du regard ni de l’attention à la recherche des premières lettres (Ducrot & Lété, 2008).
Les mots utilisés étaient extraits du niveau CP de la base Manulex (Lété et al., 2004) de façon à
manipuler précisément la
fréquence lexicale. Les cinq premières lettres du mot étaient imposées comme position initiale
de fixation. Les résultats révèlent l’existence d’une courbe typique en J-inversé, avec une OVP au
centre gauche des mots, après seulement quelques mois d’apprentissage de la lecture ; ce qui indique
que très tôt les enfants sont capables d’extraire, au cours d’une seule fixation, les informations
visuelles d’une chaîne de lettres et de les intégrer grâce à un traitement en parallèle. Les résultats
montrent en outre, dès le CP, un effet additif de fréquence lexicale sur les performances, illustrant
la constitution rapide d’un lexique mental soumis aux mêmes contraintes d’accès que celui de
l’adulte. L’émergence de l’effet d’OVP en fonction de la quantité d’exposition à l’écrit plaide en
faveur d’un mécanisme spécifique – visuo-attentionnel - lié à l’apprentissage de la lecture (Ducrot
et al., 2003).
Dans la seconde étude, nous contrôlons expérimentalement la position de 1ère fixation dans
le mot à l’aide du paradigme de position variable du regard dans une tâche classique de Stroop.
L’objectif de cette étude était de tester l’effet de la position initiale de fixation dans le mot (OVP
vs. fin de mot) sur l’amplitude de l’effet Stroop (facilitation et interférence) en fonction du niveau
de lecture des enfants. Les résultats ont révélé des performances différentes en fonction du degré
d’exposition à l’écrit. Les résultats obtenus chez les enfants plus âgés sont comparables à ceux
observés chez le lecteur expert et montrent que les effets d’interférence et de facilitation sont réduits
quand la première fixation est imposée à la fin du mot plutôt qu’à l’OVP (Perret & Ducrot, sous
presse). Ces données vont dans le sens d’un nombre croissant d’études indiquant que les processus
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oculomoteurs peuvent jouer un rôle dans la modulation des processus cognitifs mis en jeu dans
l’effet Stroop.
Les résultats obtenus dans ces deux études confortent l’hypothèse d’une relation étroite entre
les aptitudes de lecture et l’efficience des traitements visuo-attentionnels. Cette relation apparaît
indépendante des traitements linguistiques de plus haut niveau ce qui justifie un dépistage
spécifique des troubles dans ce domaine (voir Ducrot et al., 2003 ; Ducrot & Lété, 2005, 2008 ; Lété
& Ducrot, 2008).
Références
mercredi
après-midi
Ducrot, S. & Lété, B. (2005). Le développement des capacités visuo-attentionnelles au cours de l’acquisition de la lecture.
In Y. Coello, S. Casalis, C. Moroni (Eds.), Fonctionnement et dysfonctionnement perceptif et moteur (pp. 181197). Lille: Presses du Septentrion.
Ducrot, S., & Lété, B. (2008). Attention et contrôle oculaire en lecture experte. In G.A. Michael (Ed.), Les dimensions de
l’attention visuelle (pp. 229-264). Marseille: Solal.
Ducrot, S., Lété, B., Sprenger-Charolles, L., Pynte, J., & Billard, C. (2003) The viewing position effect in beginning and
dyslexic readers. Current Psychology Letters : Behaviour, Brain and Cognition, 10(1), http://cpl.revues.org/
document99.html.
Lété, B. & Ducrot, S. (2008). À Foveal Word-Inferiority Effect in Dyslexics Readers. Current Psychology Letters :
Behaviour, Brain and Cognition, 24(1), 25-39. http://cpl.revues.org/document3523.html
Lété, B., Sprenger-Charolles, L., & Colé, P. (2004). MANULEX: A grade-level lexical database from French elementary
school readers, Behavior Research Methods, Instruments, & Computers, 36 (1), 156-166.
Perret, P. & Ducrot, S. (sous presse). Viewing-Position Effects in the Stroop Task: Initial Fixation Position Modulates
Stroop Effects in Fully Colored Words. Psychonomic Bulletin & Review.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
L’attention préparatoire : aperçu de ses mécanismes, de son
développement et de ses troubles
mercredi
après-midi
Siéroff, Éric (Laboratoire de psychologie et neuropsychologie cognitives Université Paris Descartes/ CNRS
fre 3292).
L’attention préparatoire permet d’anticiper un événement, mais elle est plus qu’une simple
prévision, car, grâce à l’activation d’une image mentale de l’événement attendu, elle est une sorte de
préperception. Selon la théorie de David LaBerge, l‘attention préparatoire ajoute une composante
de modulation à la composante de sélection. Cette modulation permet de rehausser (ou
d’amplifier) l’information sélectionnée. LaBerge et al. [LaBerge, D., Auclair, L. & Siéroff, E. (2000).
Preparatory attention : Experiment and theory. Consciousness and Cognition, 9, 396-434.] ont
créé un test d’attention préparatoire, désormais appelé le APT (pour attentional preparatory test).
Le APT permet de mesurer la sensibilité à la probabilité d’apparition d’un distracteur (petit carré
noir latéral, dans un dispositif comprenant 3 carrés adjacents) apparaissant lors de l’attente d’une
cible (petit carré noir central), lors d’une tâche de détection. Contrairement aux tests habituels
d’attention sélective, le distracteur et la cible n’apparaissent jamais en même temps dans le APT.
Chez des sujets adultes jeunes, les temps de réponse à la cible augmentent graduellement quand
le nombre de distracteurs contenus dans les blocs d’essais augmente, comme si la préparation à
l’apparition de la cible était abaissée relativement par la préparation à l’apparition d’un distracteur.
Une série d’études conduites chez des sujets normaux indique que le renforcement par
une consigne demandant aux sujets de se focaliser leur attention sur la cible produit une baisse
de la sensibilité à la probabilité d’apparition du distracteur, donc un renforcement de l’attention
préparatoire vers la cible. L’attention préparatoire prend du temps, comme l’indique l’effet du
décours temporel du distracteur (un distracteur apparaissant 1 sec. après un signal d’alerte a
plus d’effet sur l’attente de la cible, apparaissant en moyenne au bout de 2 sec., qu’un distracteur
apparaissant 200 ms après le signal d’alerte). De plus, l’attention préparatoire demande une
quantité importante de ressources attentionnelles comme le montre l’effet d’une double tâche.
Le APT permet de mesurer le développement de l’attention préparatoire avec l’âge. Celle-ci
semble se développer relativement tardivement, jusqu’à l’adolescence, puisque la sensibilité à la
probabilité d’apparition d’un distracteur n’atteint le niveau adulte que vers l’âge de 14 ans. De plus,
cette sensibilité augmente à nouveau après 65 ans montrant que l’attention préparatoire baisse
chez les personnes âgées. Deux types de APT ont été utilisés : le APT décrit précédemment, dans
lequel le distracteur diffère de la cible par sa localisation, ou APT Localisation, et un autre APT,
dit APT Objet, dans lequel distracteur et cible apparaissent au même endroit (mais pas au même
moment) et diffèrent par leur forme (croix et carré). En fait, les personnes âgées de plus de 65
ans présentent une augmentation de la sensibilité à la probabilité d’apparition du distracteur par
rapport aux adultes jeunes uniquement pour le APT Localisation et non pour le APT Objet.
L’attention préparatoire consomme une quantité importante de ressources attentionnelles et
dépendrait du contrôle frontal. Nous avons montré, grâce au APT Localisation, que l’attention
préparatoire était perturbée chez des patients présentant une démence fronto-temporale de type
frontal [Siéroff, E., Piquard, A., Auclair, L. Lacomblez, L., Derouesné, C. & LaBerge, D. (2004).
Preparatory attention in frontotemporal dementia. Brain and Cognition, 55, 444-451.] et chez des
enfants présentant une épilepsie frontale, alors que les enfants présentant une épilepsie temporale
ne sont pas affectés [Auclair, L., Jambaqué, I., Dulac, O., LaBerge, D., Siéroff, E. (2005). Deficit of
preparatory attention in children with frontal lobe epilepsy. Neuropsychologia, 43, 1701-1712.].
L’utilisation du APT Localisation et du APT Objet a permis de montrer que les lésions frontales
unilatérales perturbaient également l’attention préparatoire. En fait, si le APT Localisation
était perturbé par les lésions gauches et droites, il semblerait que le APT Objet soit perturbé
essentiellement lors de lésion frontale gauche. Cela indique des différences hémisphériques de
l’attention préparatoire quant à l’attention dirigée vers des objets.
Congrès psycho.indb 272
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Symposium
à quoi servent les représentations (en 2010) ?
Organisation de la session :
Gallina, Jean-Marie (PSITEC EA 4072-Université Lille Nord de France).
Le développement des représentations numériques chez l’enfant
Vilette, Bruno (PSITEC EA 4072-Université Lille Nord de France).
Représentations sociales : une étude sur la religion, la violence et l’intelligence
chez des adolescents.
Marqueze, Eduardo (Université de Paris 8, lapps, EA 4386).
Genre et représentation des sexes ; quand la différence devient prétexte à
l’inégalité
Marro, Cendrine (Cref ; EA 1589, équipe « genre, savoirs et éducation » (gse)), Université Paris ouest,
Nanterre).
Les représentations de la maternité et de la paternité pèsent-elles sur l’expression
du vécu parental ?
Coulon, Nathalie (URECA - EA 1059-Université Lille Nord de France).
Nous proposons, dans le cadre de ce symposium consacré aux « représentations mentales », de
questionner d’une part le statut épistémologique de cette notion traditionnelle de la psychologie,
et d’autre part sa fécondité actuelle dans les différents champs de la psychologie contemporaine.
La première session aura pour objet d’apporter des éléments de réflexion théorique et
épistémologique, et de montrer dans quelles conditions l’existence des représentations mentales,
si elle n’a pas un caractère purement ontologique, peut être rendue légitime du seul point de vue
de leur pouvoir explicatif dans la réalisation des phénomènes mentaux. A cet égard, différentes
acceptions de la notion de représentation peuvent être pensées. Toutefois, l’approche dite
« représentationniste » doit être confrontée à une approche externaliste de la cognition qui prétend,
pour sa part, sans faire l’économie conceptuelle de la notion de représentation, lui contester son
caractère interne. Des points de vue historique, philosophique, neuroscientifique et psychologique
seront successivement présentés, en les confrontant à l’état des recherches empiriques. La
légitimité épistémologique des représentations sera ainsi discutée et leur pertinence interrogée au
regard des disciplines qui concourent, chacune à leur manière, à une meilleure compréhension du
fonctionnement cognitif,qu’il soit normal ou pathologique.
La seconde session viendra illustrer, à travers la relation de recherches empiriques actuelles,
les diverses acceptions de la notion de représentation aujourd’hui pertinentes, aussi bien en
psychologie de la cognition qu’en psychologie sociale, de l’éducation ou de la santé. L’adoption,
au moins pragmatique, de cette notion dans un champ d’application relativement large, allant de
l’action anticipée à celui des représentations sociales, semble pouvoir justifier, tout au moins sur
un plan opératoire, la pérennité de son usage dans la communauté des chercheurs en cognition.
Il semble par conséquent, qu’en dépit des critiques parfois formulées à l’égard de la notion
de représentation, cette dernière conserve malgré tout une pertinence certaine, à la fois sur le plan
de la réflexion théorique et dans l’activité quotidienne de nombreux chercheurs. Elle constitue en
effet, aujourd’hui encore, un enjeu central des sciences cognitives, et l’illustration quasi parfaite
qu’une notion aussi ancienne peut jouir d’une intense actualité.
Congrès psycho.indb 273
mercredi
après-midi
Résumé
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274
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Le développement des représentations numériques chez l’enfant
Vilette, Bruno (PSITEC EA 4072-Université Lille Nord de France).
Résumé
Deux systèmes de représentation et de traitement des nombres co-fonctionnent chez l’adulte (Lemer &
al., 2003), l’un verbal et exact (le modèle numérique conventionnel), l’autre spatial et approximatif (le
modèle de la ligne numérique mentale). Nous soutenons l’hypothèse que l’interaction des deux systèmes
conditionne la réussite des apprentissages mathématiques chez l’enfant (Vilette, 2009a). Pour étayer de
cette hypothèse, nous présentons des données expérimentales qui soulignent le rôle de cette interaction,
d’une part au tout début des apprentissages scolaires (Vilette, 2009b), d’autre part dans la remédiation
des troubles du calcul arithmétique (Vilette, 2009c), et enfin dans certaines pathologies d’origine
génétique telle que le syndrome de Down (Vilette & al., 2010).
Exposé
mercredi
après-midi
Le dénombrement et l’arithmétique, et d’une manière générale les mathématiques, sont
généralement considérés comme relevant d’une activité cognitive typiquement abstraite
et purement verbale. Cependant, de nombreux arguments permettent d’affirmer que les
représentations et les traitements numériques sont étroitement liés à la représentation des objets
dans l’espace, et finalement à une représentation spatiale (et même préverbale, Ansari, 2008)
des quantités et des transformations (Fias et al. 2005 ; Vilette, 2010b). L’un des arguments qui
étayent cette affirmation provient des études en neuro-imagerie fonctionnelle qui montrent
que la réalisation d’une tâche numérique active toujours, chez l’adulte, des structures cérébrales
impliquées dans les traitements spatiaux, notamment le sillon intrapariétal horizontal (Cappelletti
et al., 2007). Ces études neurologiques corroborent certaines modélisations des représentations
numériques chez l’homme, notamment le « modèle du triple code » (Dehaene, 1992 ; Dehaene et
Cohen, 1995), et indirectement le récent modèle développemental de von Aster et Shalev (2007).
Ce dernier modèle, qui s’appuie sur les travaux de Dehaene, vise à expliquer le développement
des deux systèmes de représentation numérique, l’un exact et verbal (qui sollicitent les codes
auditifs et arabes), l’autre spatial et approximatif (qui implique le code analogique permettant de
représenter les quantités, puis les nombres, sur une ligne numérique mentale). Selon ce modèle, les
représentations numériques spatiales et approximatives (le code analogique) jouent un rôle crucial
car elles détiendraient l’information sémantique, c’est à dire le sens premier des nombres et du
calcul à partir duquel se développeraient les habiletés numériques verbales (le code auditif et le code
arabe) pour aboutir à une ligne numérique mentale fonctionnelle avec les symboles numériques.
Pour vérifier et préciser ce modèle de développement, notamment le rôle de l’interaction des deux
systèmes de représentation numérique, nous présentons des résultats expérimentaux issus de
plusieurs recherches menées chez des enfants au développement typique et atypique.
Nos premiers travaux (Vilette, 2004) ont cherché à démontrer que, non seulement les
enfants d’âge préscolaire sont capables de se représenter les quantités et les transformations
sur une ligne numérique mentale (LNM), ce qui a été confirmé par la suite (Booth et al., 2006 ;
Ebersbach et al., 2008), mais aussi et surtout que la précision des estimations spatiales s’améliore
étroitement avec l’acquisition et l’expérience du dénombrement et du calcul (Vilette, 2009).
Nous avons ensuite exploité l’hypothèse de la LNM avec l’objectif de pallier les difficultés de
certains enfants dans l’acquisition des opérations arithmétiques. Pour cela, un dispositif d’aide
à l’apprentissage a été conçu, sous forme de programme informatique, permettant de mettre en
relation les représentations analogiques de la ligne numérique mentale (estimations spatiales)
avec les représentations verbales du calcul exact. Des enfants potentiellement dyscalculiques ont
pu ainsi amélioré significativement leurs capacités de calcul (addition, soustraction), ainsi que
d’autres habiletés numériques non directement exercées. Enfin, nos derniers travaux ont porté sur
les enfants porteurs du syndrome de Down (Vilette & al., 2010) dont les habiletés numériques et
de calcul sont présentées depuis longtemps comme une faiblesse élective par rapport à d’autres
habiletés scolaires (Fischer et al., 2005). Toutefois, dans la mesure où les capacités visuo-spatiales
des enfants T21 sont relativement préservées en regard de leur déficience intellectuelle (Brock et
al., 2005), nous avons cherché à vérifier si leur sens premier (et spatial) du nombre était fonctionnel
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en dépit de leurs capacités numériques verbales très limitées. Les résultats obtenus corroborent nos
prédictions. Au final, l’ensemble des recherches présentées confirme l’intérêt de distinguer deux
systèmes de représentation numérique, et surtout la nécessité de leur interaction pour réussir les
apprentissages mathématiques élémentaires.
Ansari, D. (2008). Effects of development and enculturation on number representation in the brain. Nature Reviews
Neuroscience, 9, 2008, pp.278-291.
Booth, J.L. & Siegler, R.S. (2006). Pure numerical estimation. Developmental Psychology, 42, 189–201.
Brock, J. & Jarrold, C. (2005). Serial order reconstruction in Down syndrome : evidence for a selective deficit in verbal
short-term memory. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 46, 304-316.
Cappelletti, M., Barth, H., Fregni, F., Spelke, E.S., Pascual-Leone, A. (2007). rTMS over the intraparietal sulcus disrupts
numerosity processing. Experimental Brain Research, 179, 631-642.
Ebersbach, M., Luwel, K., Frick, A., Onghena, P. & Verschaffel, L. (2008). The relationship between the shape of the
number line and familiarity with number in 5- to 9-year old children: Evidence for a segmented linear model.
Journal of Experimental Child Psychology, 99, 1–17.
Fias, W. & Fischer, M.H. (2005). Spatial representation of numbers. In Campbell J.I.D. (Ed), Handbook of
Mathematical Cognition (pp.43-54). Hove : Psychology Press.
Fischer, J.-P. & Bier, A.C. (2005). La trisomie 21 : Quels développement et apprentissage numérique ? In A. Van Hout,
C., Meljac, J.-P , Fischer (Dir.). Troubles du calcul et dyscalculies chez l’enfant (pp.284-289). Paris : Masson
(2ème édition).
Lemer, C., Dehaene, S., Spelke, E. & Cohen, L. (2003). Approximate quantities and exact number words : Dissociable
systems. Neuropsychologia, 41, 1942-1958.
Vilette, B. (2004). Construction du nombre et rôle de l’approximation dans le développement du calcul arithmétique.
Bulletin de Psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent. Les troubles de l’apprentissage, 55-65.
Vilette, B. (2009b). Le comptage et la construction de la ligne numérique mentale chez l’enfant. In J.J. Ducret (Ed.),
Construction intra/intersubjective des connaissances et du sujet connaissant. Genève : SRED.
Vilette, B. (2009c). L’estimateur : un programme informatique de remédiation des troubles du calcul. A.N.A.E. :
Approche Neuropsychologique des Apprentissages chez l’Enfant, 102, 165-170.
Vilette B. & Courbois, Y. (2010). Spatial and verbal numerical representations in children with Down’s syndrom.
International Conferences on Behavioral, Cognitive, Educational and Psychological Sciences, 28-30 Juin,
Paris, France.
von Aster, M. & Shalev, R.S. (2007). Number development and developmental dyscalculia. Developmental Medecine
& Child Neurology, 49, 868-873.
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Références
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Représentations sociales : une étude sur la religion, la violence et
l’intelligence chez des adolescents.
Marqueze, Eduardo (Université de Paris 8, lapps, EA 4386).
Résumé
En psychologie sociale l’ère de la cognition représentationnelle a ses origines dans le champ de l’école
française de sociologie de Durkheim et Tarde (1898), et de l’anthropologie (Levy-Brulh, 1910). La
distinction que Durkheim introduit entre représentations mentales et représentation collectives conduit
Moscovici (1961) à l’établissement de la notion de Représentations Sociales. Ceci m’invite à rappeler
l’hypothèse de Kaufmann et Clement (2003) selon laquelle « l’ordre des choses sociales, plutôt que
d’émerger à partir de l’ordre de faits psychologiques, lui préexiste. ».
Puisque les représentations sociales s’occupent de la connaissance du sens commun et que celle-ci est
organisée et structurée selon certains principes, dans ce travail, nous adressons la question de savoir
comment cette organisation et cette structure prennent place. Cette recherche focalise son attention sur
les représentations de la violence, la religion et l’intelligence de deux groupes de jeunes adolescents (n =
228 ; m = 12 ans 2 moins) qui, toutes conditions égales par ailleurs, se distinguent par l’origine culturelle
familiale : un groupe d’origine franco-française et un groupe d’origine franco-africaine.
Basé sur une tâche d’association multiple 3, nous approchons l’organisation des représentations en
termes de réseaux sémantiques et en explorons la structure par une analyse de fréquences / rangs, dite
« le critère du tiers », des champs représentationnels recueillis. Nous montrons comment ces jeunes
adolescents organisent et structurent des représentations des objets (abstraits) sociaux et comment
elles se différentient en fonction de la variable culturelle. Les notions d’homogénéité et d’hétérogénéité
rendent compte des positions culturelles qui déterminent les représentations des objets étudiés que les
deux groupes d’adolescents génèrent.
Introduction
mercredi
après-midi
Nous explorons la nature et l’organisation des représentations de trois objets sociaux, la
violence, la religion et l’intelligence, chez des jeunes adolescents. Considérant que l’émergence des
représentations est le résultat d’un processus d’intégration et d’ancrage (Smith, 1988; Sternberg &
Ben-Zeev, 2001), couplé à un fonctionnement où l’enfant construit les représentations du monde
en étroite interaction avec l’environnement (Müller, Sokol & Overton, 1998), l’hypothèse que
nous avançons ici affirme que l’émergence de ces représentations est un processus non seulement
contrôlé par des mécanismes cognitifs mais par les contextes social et culturel dans lesquels les
enfants se développent. L’enfant crée, et plus tard transforme, la « réalité » au travers de processus
de conceptualisation -ancrage et objectivation-.
Méthodologie
Participants : 228 jeunes adolescents (scolarisés en ZEP). Moyenne d’âge : 12 ans 2 mois (114
garçons) et 12 ans 2 mois (114, filles). Deux groupes (VI socioculturelle) : G1 : adolescents parents
d’origine française. G2 : adolescents parents d’origine étrangère (Maghreb, Afrique Subsaharienne)
Matériel et Tâche
Trois termes inducteurs : Violence, religion et intelligence.
Tâche : TAM3, tâche d’association multiple 3. Questionnaire.
Procédure
Six (sous)groupes sont constitués.
Groupes Indépendants équilibrés par genre : garçon et fille
Autres variables contrôlées : Position socioéconomique ; Lieu de résidence (banlieue,
cités, HLM) ; Habitat (quasi promiscuité) ; Scolarité : Avoir la moyenne en Français.
Ici, je ne présente que la première question (association3) d’un instrument comportant 46
questions. La passation fut collective, en salle de classe avec le professeur.
Résultats et Discussion
En fonction de la fréquence d’occurrences et du rang moyen de citation, par la technique dite
du « critère du tiers » (Márquez & Friemel, 2005) associé à la technique de l’analyse prototypique
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de Vergès (1994) on a repéré la structure du double système des représentations sociales, le système
central et le système périphérique (Abric, 2003, 2005). Cette analyse montre l’ensemble d’éléments
constitutifs des champs représentationnels recueillis « violence, religion, intelligence »; plus
précisément, on constate que les deux groupes de jeunes adolescents évoluent avec des regards
contrastés sur la violence, la religion, l’intelligence.
Pour approcher l’organisation des représentations, chacun des objets étudiés est illustré en
forme graphique, un graphe qui résulte des analyses factorielles appliquées sur les donnée. Ce graphe
est proche des principes organisateurs des réseaux sémantiques dont l’histoire en psychologie
cognitive remonte aux réseaux sémantiques de Quillians et Collins, mais aussi à la découverte du
phénomène de l’amorçage et aux principes fonctionnels et structuraux de l’amorçage sémantique
(Marquez, 1989) et de la sémantique psychologique (Le Ny, 1989).
À la lumière de ces résultats, nous discutons autour de la détermination, par triangulation
méthodologique (Apostolidis, 2003), des éléments candidats au et constitutifs du système central,
les éléments centraux de la représentation. Nous proposons une voie de réflexion autour de la
notion de groupes (bi)culturels.
Apostolidis, T. (2003). Représentations sociales et triangulation : enjeux théoriques et méthodologiques. In : J.C. Abric
(dir) Méthodes d’études des représentations sociales. Ramonville Saint-Agne, Eres.
Lammel, A. (1998). Mot, concept, processus de catégorisation. In D. Dubois (Ed.), Catégories et systèmes symboliques
(pp. 129-149) Paris : Edition Kimé.
Kaufmann, L & Clement, F. (2003). La sociologie est-elle un savoir infus ? De la nature
sociale de l’architecture cognitive. Intellectica, 36-37, pp. 421-457
Lammel, A. & Marquez, E. (2009). Comparative study on concept construction for violence, intelligence and
religion in early adolescence in the Parisian suburbs. In A. Gari & K. Milonas (ed) Q.E.D. From Herodotus’
Ethnographic Journeys to Cross-Cultural Research. Athens, Atrapos Editions.
Márquez, E. & Friemel, E. (2005). Activation des schèmes cognitifs de base et actualisation des valeurs associées au
travail. Papers on Social Representations. 14, 1-28.
Márquez, E., & Lammel A. (2005). Representación social de la violencia en niños de 4 a 14 anos. Estudio descriptivo del
campo representacional. 30ème Congrès de la Société Interaméricaine de Psychologie. Buenos Aires.
Smith, E. E. (1988). Concepts and thought. In R. J. Sternberg & E. E. Smith (Eds.), The psychology of human thought
(pp 19-49). Cambridge, UK: Cambridge University Press.
Sternberg, R. J. & Ben-Zeev, T. (2001). Complex Cognition: The Psychology of Human Thought. Cambridge, UK:
Cambridge University Press.
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après-midi
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Genre et représentation des sexes ; quand la différence devient
prétexte à l’inégalité
Marro, Cendrine (Cref ; EA 1589, équipe « genre, savoirs et éducation » (gse)), Université Paris ouest,
Nanterre).
Résumé
Conduire des recherches dans le cadre des études genre aujourd’hui, en se situant à un niveau micro
individuel ou micro social c’est rechercher des pistes pour lutter contre ce que les « savoirs savants »
appellent le genre soit un système hiérarchisant de normes de sexe interdépendantes qui concernent tant
des attributs physiques que psychologiques que des conduites et situe l’Un et l’Autre sexe dans un rapport
de domination, l’Un (le masculin) dominant l’Autre (le féminin). Dans le sens commun, le support du
genre est la croyance en LA différence des sexes, croyance selon laquelle il n’y a que deux sexes qui
diffèrent radicalement et « naturellement » à la fois au niveau biologique et psychologique. Cette croyance
contamine nos représentions, de nous-mêmes et d’autrui en tant qu’individus séxués ainsi que nos
conduites, tout aussi sexuées et ce faisant inégalitaires, que nous performons quotidiennement comme
dirait Judith Butler sans en avoir réellement conscience. Le concept de Dépendance-Indépendance à
l’égard du Genre (DIG) qui sera au cœur de cette communication constitue un outil que nous proposons
afin de formaliser pour mieux l’opérationnaliser, dans une perspective de recherche, ce lien étroit entre
genre, représentations et différence/inégalité des sexes.
Description de la problématique exposée
mercredi
après-midi
Le champ des études genre qui s’est progressivement structuré en France depuis les années
1980 est devenu un champ de recherche scientifique reconnu et particulièrement dynamique (cf.
Laufer et col. (2003)), permettant notamment de mieux comprendre pourquoi et comment, dans
notre société qui se veut démocratique, l’égalité des sexes en éducation et formation reste, à plus
d’un titre, un défi à relever, « une des promesses les plus inachevées de la modernité » (Varikas,
2000, p. 54 ; cf. Mosconi, 2006).
À un niveau d’observation macro social, relever ce défi nécessite, à mon sens, de subvertir
cet ordre du genre qui organise notre société en posant la hiérarchie comme fait de nature. À un
niveau d’observation plus micro individuel, voire micro social (Desjeux, 2004), niveaux auxquels
se situent généralement plus aisément les recherches en psychologie, relever ce défi implique la
prise en compte des représentations des uns, des unes et des autres concernant LA différence des
sexes soit cette idée selon laquelle il n’y a que deux sexes qui diffèrent « naturellement »[1] à la
fois au niveau biologique et psychologique. C’est à cette idée, posée comme source de multiples
inégalités « invisibilisées » par une survalorisation trompeuse de différences de sexe censées relever
d’un ordre « naturel », que s’intéresse mes travaux sur la Dépendance-Indépendance à l’égard du
Genre (DIG)
Ce concept récemment proposé (cf. Marro et Collet 2009) articule ma réflexion conceptuelle
relative à l’emprise du genre sur nos conduites. Il se situe à l’intersection de mes préoccupations de
recherche en termes de représentations de la féminité et de la masculinité (cf. Marro 2002 et 2003)
et du fonctionnement de la dialectique différence-mixité-égalité des sexes dans la perpétuation
des inégalités de sexe en situations scolaires et professionnelles (cf. Marro et Vouillot, 2004 ;
Vouillot et Coll. (2004)). Il s’inspire d’un concept psychologique concernant un style cognitif :
la DIC: soit la Dépendance/Indépendance à l’égard du Champ, style cognitif issu de travaux qui
s’originent dans la psychologie de la perception visuelle partant des travaux d’Herman Witkin
(fin des années 40). Dans le cadre de la DIG, c’est toutefois le concept de perception sociale tel
qu’appréhendé en psychologie sociale de la cognition (cf. Hurtig (1998) ; Leyens et Col. (1996)) qui
sera particulièrement interpelé.
Ainsi, par le biais de la DIG, l’emprise du genre est assimilée à un processus psychosociologique
de perception sociale qui fonctionne comme une sorte d’illusion d’optique et nous rend aveugles
aux inégalités (constructions sociales) dont sont porteuses les différences de sexe (perçues comme
naturelles). Une des spécificités de la DIG est d’avoir pour ambition d’offrir une conceptualisation
de l’emprise du genre sur nos représentations et nos conduites en intégrant les effets de la hiérarchie
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des sexes. Ces effets sont conçus comme entraînant une perception des différences de sexe (qu’ils
s’agissent de traits de personnalité, de conduites voire de rôles) soit en termes de simples différences
« naturelles » souhaitables, ou à défaut acceptables (les inégalités sont perçues comme tout aussi
naturelles), soit en termes d’inégalités sociales non souhaitables et non acceptables (les inégalités
sont perçues comme des constructions sociales). Le premier type d’effet active la croyance en LA
différence des sexes et les savoirs de sens commun qui vont de pair avec celle-ci. Il manifeste le genre
dans son acception psychologique et signe une dépendance à l’égard du genre (DG). Le second type
d’effet, où sont repéré-e-s valorisation différentielle des différences et enjeux de pouvoir associés,
renvoie au genre dans son acception sociopolitique et signe une indépendance à l’égard du genre
(IG).
Une autre spécificité importante de la DIG dont il sera question dans cette communication
est sa variabilité inter-individuelle et intra-individuelle suivant les contextes, variabilité résultant
notamment de l’influence d’un certain nombre de contraintes psychosociologiques sur ces
contextes (induites par les stéréotypes et préjugés de sexe) ; contraintes qui impliquent des enjeux
de reconnaissance en tant qu’être sexué, mais aussi des enjeux de pouvoir, dus à cette appartenance
de sexe.
L’estimation de la DIG en cours d’élaboration est envisagée à l’aide d’un questionnaire
constitué de scénarii interpellant notre représentation de LA différence des sexes. Ces scénarii
mettent en jeu des attributs et des conduites sexuées pouvant donner lieu à une lecture en termes
d’inégalités de sexe. Cette estimation sera objet de discussion prenant appui sur un certain nombre
d’exemples de scénarii.
[1]avec toute l’ambiguïté caractérisant cet adverbe qui évoque à la fois la nature et la simplicité,
l’absence d’artifices, la logique
Desjeux Dominique (2004). Les sciences sociales. Paris : PUF.
Hurtig Marie Claude (1998). Catégories de sexe et perception de soi. Connexion, 2, 105-119.
Laufer Jacqueline, Marry Catherine, Maruani Margaret (2003). Le Travail du genre. Les sciences sociales à l’épreuve
des différences de sexe. Paris : La Découverte.
Leyens Jacques-Philippe, Yzerbyt Vincent, Schadron Georges (1996). Stéréotypes et cognition sociale. Bruxelle :
Editions Mardaga.
Marro Cendrine, Collet Isabelle (2009). Les relations entre filles et garçons en classe : qu’en disent-elles ? Qu’en disentils ? Recherches et Education, 2, 45-71.
Marro Cendrine, Vouillot, Françoise (2004). Quelques concepts clefs pour penser et former à la mixité. Carrefours de
l’éducation, 17, 3-21.
Marro Cendrine (2003). Se qualifier de « fille féminine » ou de « garçon masculin » à l’adolescence. Pratiques
Psychologiques, 3, 5-20.
Marro Cendrine (2002). Évaluation de la Féminité, de la Masculinité, et auto attribution des caractéristiques « féminin »
et « masculin ». Quelle relation ? L’Orientation Scolaire et Professionnelle, 31, 4, 545-563.
Mosconi Nicole (2006). La mixité : éducation à l’égalité ? Les temps modernes, 637, Mars-Juin, 175-197
Varikas Eléni (2006). Penser le sexe et le genre. Paris : PUF
Vouillot Françoise, Blanchard Serge, Marro Cendrine, Steinbruckner Marie Laure (2004). La division sexuée de
l’orientation et du travail : une question théorique et une question de pratiques. Psychologie du travail et des
organisations, 10, 277-291.
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mercredi
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Les representations de la maternite et de la paternite pesent-elles
sur l’expression du vecu parental ?
Coulon, Nathalie (URECA - EA 1059-Université Lille Nord de France).
Résumé
L’arrivée du premier enfant provoque l’accès à un nouveau rôle social, celui de mère ou de père, qui
génère une transition développementale. Au cours de ce processus, une conception sexuée des rôles,
articulant des représentations issues de la socialisation, s’actualiserait dans les échanges avec l’enfant,
les personnes de l’entourage, les professionnels, et contribuerait à la régulation des conduites. Nous avons
mené une enquête auprès de parents en explorant le vécu des mères et des pères à partir d’un inventaire
de 56 items. L’analyse des données obtenues pour 37 couples au cours du 10e mois de l’enfant met en
évidence des similarités et des différences dans l’expression du vécu des mères et des pères. Il apparaît
en particulier que le vécu des mères renvoie plus fréquemment que celui des pères à un sentiment de
compétence parental, mais aussi à un sentiment d’isolement et des pleurs. Les pères se sentent critiqués
par leur partenaire plus fréquemment que les mères. En raison des enjeux psychologiques et sociaux de
cette transition, nous présenterons les outils de la mallette « Une communauté autour d’un bébé » qui
permettent d’explorer les représentations des rôles parentaux dans une démarche éducative de soutien
à la parentalité.
Introduction
mercredi
après-midi
Inscrite dans un contexte dynamique où les rapports sociaux de sexe se caractérisent par un
rapport de pouvoir en faveur des hommes, où les rôles de sexe sont socio-culturellement (re)définis
et (re)construits, la parentalité renvoie inévitablement à la problématique de la division sexuée
et inégalitaire du travail dans la société et dans la sphère familiale. En effet, la prise en charge des
jeunes enfants revient encore le plus souvent aux mères, qu’elles aient ou non un emploi, même si
les bienfaits de l’engagement paternel sont mis en avant dans de nombreuses recherches (Coulon et
Cresson, 2007). Divers instances et agents de socialisation contribuent à construire et à véhiculer des
représentations et modèles de comportements féminins et masculins qui freinent la mise en place
de pratiques égalitaires (Dafflon Novelle, 2006). En outre, certains discours scientifiques relatifs à la
parentalité alimentent la croyance en la différence et la complémentarité des deux seules catégories
de sexe reconnues (Coulon et Cresson, 2007).
En adoptant une perspective socio-écologique (Bronfenbrenner, 2004), nous considérons que
l’accès au rôle parental provoque une transition développementale aussi bien pour les femmes que
pour les hommes qui se traduit par une restructuration psychologique du sens de soi en relation
avec les milieux de vie. Nous faisons l’hypothèse que les représentations des rôles maternels et
paternels construites et intériorisées au cours de l’histoire développementale des personnes
sont mobilisées dans les échanges avec l’enfant, les personnes de l’entourage, mais aussi dans les
relations avec les acteurs professionnels du champ de la parentalité.
En exploitant des données recueillies dans le cadre du programme « Être Maman ou Papa
pour la première fois » (Coulon et al., 2008), nous analyserons le vécu de parents, neuf mois après
la naissance de leur premier enfant, pour tenter de comprendre comment les représentations de soi
en tant que mère ou père s’articulent dans des champs psychologiques sexués.
Méthode
Les données ont été recueillies à partir d’un inventaire de 56 items, fondé sur le concept de
microsystème familial de Bronfenbrenner (2004), élaboré pour un bilan de santé réalisé dans le
cadre du programme « Être Maman ou Papa pour la première fois ». Pour notre analyse, nous
avons retenu les réponses obtenues au cours du 10e mois de l’enfant pour 37 couples bénéficiaires
du programme (les futures mères ne devaient pas avoir d’emploi au quatrième mois de grossesse
pour être incluses dans le groupe de bénéficiaires).
Résultats
Les comparaisons de fréquences intra-couples (Khi 2, tests binomiaux et rapports de chance)
mettent en évidence des similarités et des différences dans l’expression du vécu des mères et des
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pères. Il apparaît en particulier que le vécu des mères renvoie plus fréquemment que celui des
pères à un sentiment de compétence parental (sentiment d’être préparée à la vie avec l’enfant,
sentiments de faire face et de savoir faire dans la prise en charge de l’enfant, sentiments de
progrès et de développement de compétences). Les pères se sentent critiqués par leur partenaire
plus fréquemment que les mères. Mais les mères expriment plus souvent que leurs conjoints un
sentiment d’isolement et évoquent plus fréquemment leurs pleurs d’épuisement.
Discussion
La représentation de la compétence à s’occuper de l’enfant apparaît ici comme une ligne de
démarcation des champs psychologiques maternels et paternels.
Si les représentations contribuent à la régulation des conduites dans les échanges avec l’enfant
et les autres partenaires sociaux (qui ont eux-mêmes leurs propres représentations des rôles
maternels et paternels), les représentations idéalisées et les représentations stéréotypées devraient
pouvoir être déconstruites dans une perspective de promotion de la santé et de l’égalité. Les bandes
dessinées du classeur « Une communauté autour d’un bébé » (Coulon et Dewaele, 2009) élaborées
dans cette perspective permettent d’explorer les représentations des rôles parentaux dans une
démarche éducative de soutien à la parentalité.
Références
Bronfenbrenner, U. (2004). Making human beings human : Bioecological perspectives on human development.
Thousand Oaks, CA : Sage.
Coulon, N., & Dewaele, J. (2009). Une communauté autour d’un bébé. Le classeur pour les animations de groupes
et les accompagnements individuels. Meurchin : GRAFPER.
Coulon, N., Dewaele, J., Guilloteau, D., Mariage D., & Demerval R. (2008). Le programme “ Etre Maman ou Papa pour
la première fois ” : un exemple de renforcement du soutien social pour promouvoir la santé des parents et de leurs
enfants. Revue Sociologie Santé, 28, 145-157.
Dafflon Novelle Anne (2006). Filles-garçons. Socialisation différenciée ? Grenoble : PUG.
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mercredi
après-midi
Coulon, N., & Cresson, G. (2007). La parentalité et ses genres. Les sciences humaines et la place du père auprès du jeune
enfant. In N. Coulon & G. Cresson (Eds.), La petite enfance. Entre familles et crèches, entre sexe et genre
(pp.167-224). Paris : L’Harmattan.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Symposium
Rôle du système moteur dans la Cognition
Organisation de la session :
Bidet-Ildei, Christel (Laboratoire CERCA (CNRS, UMR 6234), Université de Poitiers), Palluel-Germain,
Richard (Lpnc Université Grenoble 2).
Compétences motrices et attention lors de l’observation de mouvements
humains
Bidet-Ildei, Christel (Laboratoire CERCA (CNRS, UMR 6234), Université de Poitiers), Bouquet, Cédric
(Laboratoire CERCA (CNRS, UMR 6234), Université de Poitiers).
Le rôle différencié de deux types de gestes sur les conduites catégorielles des
enfants
Ambrosi, Solène (Laboratoire de psychologie et neurocognition (CNRS – UMR 5105, Université Pierre
Mendès France, gre), Bonthoux, Françoise (Laboratoire de psychologie et neurocognition, CNRS – UMR
5105, Université Pierre Mendès France, gre), Blaye, Agnès (Laboratoire de psychologie cognitive, CNRS
–UMR 6146, Université de Provence, Marseille).
Flexibilité de la perception spatiale : l’influence de nos expériences
sensorimotrice sur l’organisation de l’espace perçu
Dupierrix, Eve (Laboratoire de physiologie de la perception et de l’action (lppa CNRS-UMR5105) collège
de France).
mercredi
après-midi
Le rôle de la motricité dans le traitement des nombres
Badets, Arnaud (Laboratoire CERCA, CNRS, UMR 6234, Université de Poitiers).
Résumé
Dans l’étude du fonctionnement cognitif et social un grand nombre d’approches ont
souvent négligé l’aspect sensori-moteur, considérant ce processus comme secondaire dans la
cognition. Les opérations mentales seraient ainsi détachées du corps, celui-ci étant principalement
considéré comme une interface avec le monde, et activé par des représentations stockées sous
forme abstraites et permanentes. Or depuis quelques années, de nombreux résultats montrent
l’implication du système moteur dans des tâches et des processus ne se limitant pas à une
simple production motrice. En accord avec une conception non abstractive de la mémoire, ces
études envisagent que nos connaissances ne sont pas dissociables des épisodes dans lesquels nous
avons interagi avec eux. Les différentes théories sous jacente postulent, de manière générale, que
la cognition serait donc ancrée dans les expériences sensori-motrices. A travers des expériences
issues de paradigmes comportementaux, ce symposium se propose de présenter des recherches
démontrant l’implication du système moteur dans des domaines variés de la psychologie. (A) Afin
d’étudier les liens action-perception, la première présentation se propose d’analyser les capacités
attentionnelles lors de l’observation de mouvements humains. Les auteurs se donnent entre autre
pour objectif de comparer les capacités attentionnelles en fonction des compétences motrices des
participants. Les résultats montrent que l’attention portée aux mouvements humains est modulée
par le genre du participant (homme/femme). (B) Nos capacités motrices peuvent-elles également
avoir une influence sur la perception de l’espace, conférant ainsi à ce traitement un aspect subjectif ?
Cette relation semble exister puisque la perception spatiale est influencée par le coût associé aux
actions potentielles dans l’espace. Une deuxième présentation approfondie cette idée à l’aide d’un
ensemble de travaux montrant que le traitement spatial serait déterminé par des caractéristiques
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mercredi
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fines de nos interactions passées avec le monde. (C) Le système moteur interviendrait également
dans des domaines où l’action n’est pas directement envisagée. Ainsi, le traitement des concepts
d’objets réactiverait automatiquement les expériences sensorimotrices associées à ces derniers.
Une troisième présentation teste cette hypothèse en analysant le rôle de la manipulation sur les
indices pris en compte pour catégoriser, chez des enfants de 5, 7 et 9 ans. Les résultats appuient
une approche incarnée de la cognition puisque que des attributs fonctionnels seraient réactivés
lors du traitement conceptuel. (D) Enfin une dernière présentation étudie l’implication du
système moteur dans le traitement des nombres. Un ensemble de travaux montre une activation
automatique d’un comptage sur les doigts chez des adultes réalisant des opérations arithmétiques
simples. Ces résultats sont interprétés dans le cadre des neurones miroirs et selon la théorie de
l’acquisition du langage associée.
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Compétences motrices et attention lors de l’observation de
mouvements humains
Bidet-Ildei, Christel (Laboratoire CERCA (CNRS, UMR 6234), Université de Poitiers), Bouquet, Cédric
(Laboratoire CERCA (CNRS, UMR 6234), Université de Poitiers).
Résumé
L’objectif de cette étude était de rendre compte des capacités attentionnelles lors de l’observation des
mouvements humains. Pour cela, nous avons adapté le « paradigme des flankers » d’Eriksen (1974) à la
présentation simultanée de trois actions humaines. Les participants devaient juger l’action présentée au
centre (cible) et ignorer les actions présentées sur les côtés (flankers). Les résultats montrent une capture
attentionnelle différente chez les hommes et les femmes. Chez les hommes, la capture attentionnelle
n’est observée que lorsque les compétences motrices des participants sont en adéquation avec l’action
présentée. Au contraire, chez les femmes, cette capture attentionnelle est systématique. Ces résultats sont
discutés au regard des récentes données montrant des différences homme/femme lors de l’observation
de mouvements humains.
Introduction
mercredi
après-midi
Depuis plusieurs années, les liens reliant l’observation et l’exécution de mouvements humains
sont bien établis (Calvo-Merino, Grezes, Glaser, Passingham, & Haggard, 2006; Casile & Giese,
2006; Chary et al., 2004). Ainsi, on observe fréquemment une augmentation et/ou une diminution
concomitante des performances perceptives avec les compétences motrices. D’autre part, plusieurs
expériences ont montré que l’observation de mouvements humains attiraient automatiquement
le regard (Johansson, 1973; Mather, Radford, & West, 1992; Thornton, Rensink, & Shiffrar, 2002;
Thornton & Vuong, 2004) mais ces expériences concernaient l’observation de mouvements
biologiques c’est-à-dire de mouvement représentés sous la forme d’une séquence animée de points
lumineux. Dans ce contexte, l’objectif de cette étude était d’analyser les capacités attentionnelles
concernant l’observation de mouvement réels et les liens existant entre ces capacités et les
compétences motrices.
Matériel et Méthode
Vingt trois volontaires (11 femmes, 12 hommes), âgés de 18 à 27 ans ont donné leur accord
pour participer à l’expérience. La tâche utilisée a été adaptée à partir du « paradigme des flankers »
développé par Eriksen & Eriksen (1974). Trois vidéos représentant chacune une personne (homme
ou femme) en train de courir vers la droite ou vers la gauche étaient présentées simultanément sur
un écran d’ordinateur. Chaque essai débutait par la présentation durant 250 ms d’une croix de
fixation, puis le stimulus composé des trois vidéos apparaissait durant 600 ms (1 cible présentée
au milieu et 2 distracteurs identiques présentés sur les côtés). Les distracteurs pouvaient être
compatibles ou non avec la cible en termes de direction et/ou de genre et être plus ou moins reliés
aux compétences motrices du participant (équivalence ou non entre le genre du participant et le
genre des distracteurs). La tâche des participants consistait à indiquer le plus rapidement et le plus
précisément possible la direction de la cible sans se préoccuper des distracteurs.
Résultats et Discussion
L’analyse a porté sur le pourcentage de bonnes réponses et les temps de réaction. Une ANOVA
à mesures répétées prenant en compte la compatibilité des directions entre cible et flankers
(compatible, incompatible) * la compatibilité des genres entre cible et flankers (compatible,
incompatible) * la compatibilité des compétences motrices entre le genre du participant et les
flankers (compatible, incompatible) a été réalisée chez les hommes et chez les femmes. Pour plus
de clarté, seuls les effets impliquant la direction sont présentés.
Chez les femmes, on observe un effet de compatibilité des directions entre cible et flankers qui se
caractérise par une augmentation du temps de réaction (F(1,10)=17.19 ; p<0.01) et une diminution
du pourcentage de bonnes réponses (F(1,10)=7.31 ; p<0.05) lorsque la direction des flankers était
incompatible avec la direction de la cible. Cet effet était indépendant de la compatibilité des genres
et des compétences motrices comme l’indique l’absence d’interaction.
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Chez les hommes, on observe également un effet de compatibilité des directions sur les temps
de réaction (F(1,11)=16.85 ; p<0.01) comme sur les pourcentages de bonnes réponses (F(1,11)=6.10 ;
p<0.05) mais cet effet est modulé par la compatibilité des compétences motrices entre le participant
et les flankers concernant le pourcentage de bonnes réponses (F(1,11)=5.74 ; p<0.05). Des tests
post-hoc montrent ainsi que pour les hommes, la direction des flankers n’interfère que si ces
flankers représentent des hommes en train de courir (p<0.05), la présentation de distracteurs
« femme » n’ayant aucun impact sur les jugements directionnels de la cible (p=0.90).
L’ensemble de ces résultats montre clairement une différence entre homme et femme
concernant l’attention portée aux mouvements humains. La capture attentionnelle observée
systématiquement chez les femmes lors de l’observation de mouvements humains semble être
dépendante des compétences motrices chez les hommes. Ces différences attentionnelles pourraient
permettre de rendre compte au moins en partie de résultats récents montrant une sensibilité plus
importante des femmes concernant l’interprétation des mouvements d’autrui et s’accordent avec
les données montrant des différences neurophysiologiques lors de l’observation de mouvements
humains chez les hommes et chez les femmes (Cheng et al., 2008; Cheng, Tzeng, Decety, Imada, &
Hsieh, 2006; Pavlova, Guerreschi, Lutzenberger, Sokolov, & Krageloh-Mann, 2010).
Calvo-Merino, B., Grezes, J., Glaser, D. E., Passingham, R. E., & Haggard, P. (2006). Seeing or doing ? Influence of visual
and motor familiarity in action observation. Current Biology, 16(19), 1905-1910.
Casile, A., & Giese, M. A. (2006). Nonvisual motor training influences biological motion perception. Current Biology,
16(1), 69-74.
Chary, C., Meary, D., Orliaguet, J. P., David, D., Moreaud, O., & Kandel, S. (2004). Influence of motor disorders on the
visual perception of human movements in a case of peripheral dysgraphia. Neurocase, 10(3), 223-232.
Cheng, Y., Lee, P. L., Yang, C. Y., Lin, C. P., Hung, D., & Decety, J. (2008). Gender differences in the mu rhythm of the
human mirror-neuron system. PLoS ONE, 3(5), e2113.
Cheng, Y., Tzeng, O. J., Decety, J., Imada, T., & Hsieh, J. C. (2006). Gender differences in the human mirror system: a
magnetoencephalography study. Neuroreport, 17(11), 1115-1119.
Eriksen, B. A., & Eriksen, C. W. (1974). Effects of noise letters upon the identification of a target letter in a non-search
task. Perception & Phychophysics, 16, 143-149.
Johansson, G. (1973). Visual perception of biological motion and a model for its analysis. Perception & Psychophysics,
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Mather, G., Radford, K., & West, S. (1992). Low-level visual processing of biological motion. Proc Biol Sci, 249(1325),
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Pavlova, M., Guerreschi, M., Lutzenberger, W., Sokolov, A. N., & Krageloh-Mann, I. (2010). Cortical response to social
interaction is affected by gender. Neuroimage, 50(3), 1327-1332.
Thornton, I. M., Rensink, R. A., & Shiffrar, M. (2002). Active versus passive processing of biological motion. Perception,
31(7), 837-853.
Thornton, I. M., & Vuong, Q. C. (2004). Incidental processing of biological motion. Current Biology, 14(12), 10841089.
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mercredi
après-midi
Références
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Le rôle différencié de deux types de gestes sur les conduites
catégorielles des enfants
Ambrosi, Solène (Laboratoire de psychologie et neurocognition (CNRS – UMR 5105, Université Pierre
Mendès France, gre), Bonthoux, Françoise (Laboratoire de psychologie et neurocognition, CNRS – UMR
5105, Université Pierre Mendès France, gre), Blaye, Agnès (Laboratoire de psychologie cognitive, CNRS
–UMR 6146, Université de Provence, Marseille).
Résumé
Catégoriser est une activité cognitive essentielle qui consiste à regrouper des objets sur la base
de propriétés communes. Dans le cadre de la cognition incarnée (Barsalou, 2008), ces propriétés
résulteraient des interactions sensori-motrices. Les travaux rapportés visent à déterminer le rôle de la
manipulation sur les indices pris en compte pour catégoriser chez les enfants de 5, 7 et 9 ans. Dans une
première phase, les enfants manipulent (saisissent ou font rouler) des objets sphériques, expérimentant
ainsi des indices liés au volume ou à la fonction des objets. Ensuite des images d’objets non réels en 3D
sont présentées simultanément, les enfants doivent choisir celui qui est de la même sorte que les sphères.
Parmi les objets à choisir certains ont le même volume ou la même fonction que les sphères tandis que
d’autres n’ont pas de propriété commune avec elles. Les résultats, analyse des mouvements oculaires
(Exp1.) et analyse des choix (Exp.2) indiquent que les informations obtenues lors de la manipulation
influent sur la catégorisation des objets dès l’âge de 5 ans.
Introduction
mercredi
après-midi
Selon l’approche de la cognition incarnée, traiter un concept consiste, en partie, à réactiver
certains aspects - sensoriels, moteurs, émotionnels - des expériences antérieures avec les objets
(Barsalou, 2008 ; Gallese & Lakoff, 2005 ; Versace, Labeye, Badard, & Rose, 2009). Notamment les
actions seraient activées automatiquement lors du traitement conceptuel d’objets. Chez l’adulte,
Tucker & Ellis (2004) rapportent des effets de compatibilité entre le geste de saisie d’objets et
celui impliqué dans la réponse manuelle lors de la catégorisation d’objets à partir de photos ou de
noms présentés très brièvement tandis que Myung, Blumstein et Sedivy (2006) observent un effet
d’amorçage en décision lexicale dû à la similarité du geste d’utilisation entre amorces et cibles.
Chez l’enfant, quelques études montrent l’implication de la manipulation dans le traitement
catégoriel des objets (Kalenine & Bonthoux, 2008 ; Kalenine, Bonthoux & Borghi, 2009 ; Smith,
2005). Chez des enfants de 7 ans, Kalenine et al. (2009) rapportent un effet d’amorçage par des
photos de main lorsque la position de saisie est compatible avec la taille de l’objet à catégoriser. Smith
(2005) observe que les gestes réalisés par des enfants de 3 ans sur un objet inconnu contraignent
ensuite la catégorisation d’objets nouveaux du même type. En adaptant cette dernière procédure,
nous voulons déterminer comment les gestes effectués influencent la catégorisation d’objets
très différents de ceux manipulés auparavant. Nous attendons que le traitement conceptuel soit
influencé différemment par le type de geste : la saisie devrait favoriser une catégorisation basée sur
la similarité de volume tandis que l’utilisation devrait conduire à privilégier un critère fonctionnel.
Ces critères serviraient à catégoriser les objets manipulés (Exp. 1) et aussi à inclure de nouveaux
objets dans la catégorie (Exp. 2).
Matériel et Méthode
Les participants sont des enfants de 5 ans (Exp.1) et de 5, 7 et 9 ans (Exp.2). Chaque enfant
a passé 2 phases successives : 1) manipulation d’objets, 2) catégorisation d’objets (tâche de choix
forcé).
Phase de manipulation
Les objets sont des sphères transparentes remplies de divers matériaux, présentant donc des
aspects variés. À chaque nouvelle sphère présentée, l’expérimentateur indiquait qu’il s’agissait d’un
objet de la « même famille ». Une procédure go/no go était proposée, chaque enfant a effectué 48
fois soit un geste de saisie des sphères avec la main entière (Groupe Saisie), soit un geste d’utilisation
consistant, main à plat, à pousser les sphères pour les faire rouler sur un plan incliné (Groupe
Pousser-Rouler).
Phase de catégorisation
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Sur un écran d’ordinateur, étaient présentés par tétrades (Exp.1) ou par paires (Exp. 2) des
images d’objets non réels en 3 D. Dans l’expérience 1, l’objet à choisir était une autre sphère. Il
y avait aussi un objet de même volume que les sphères (Congruent Volume ou CV), un objet de
même fonction « rouler » (Congruent Fonction ou CF) et un objet ne partageant pas de propriété
commune avec elles (Non Congruent ou NC). Les fixations oculaires sur les objets CV et CF
étaient enregistrées. Dans l’expérience 2, l’enfant devait choisir entre un objet CV ou CF selon les
essais et un objet NC. Si le geste est automatiquement activé, alors l’objet possédant la propriété
expérimentée durant la manipulation (CV pour le Groupe Saisie, CF pour le Groupe PousserRouler) sera plus fréquemment regardé que les autres objets (Exp. 1) ou plus fréquemment choisi
(Exp. 2).
Résultats
L’anova sur la fréquence de fixations (Exp. 1) ou le nombre d’objets choisis (Exp. 2) selon le
type d’item (CV vs CF), la condition de manipulation (Saisir vs. Pousser-Rouler), et l’âge (Exp. 2
uniquement) montrent un effet principal du type d’objet interagissant avec la condition (Exp. 1 et
2) et l’âge (Exp.2). Le geste de saisie influence la catégorisation des objets : les objets CV sont plus
fréquemment regardés à 5 ans et plus souvent choisis à 7 ans et 9 ans que les objets CF ; l’influence
du geste de pousser-rouler n’apparaît qu’à 9 ans.
Discussion
Références
Ambrosi, S., Blaye, A., & Bonthoux, F. (en prép.). Grasping and Rolling: different gestures influence children’s
categorization.
Barsalou, L. W. (2008). Grounded Cognition. Annual Review of Psychology, 59, 617-645.
Gallese, V., & Lakoff, G. (2005). The brain’s concepts: The role of the sensory–motor system in conceptual knowledge.
Cognitive Neuropsychology, 22, 455–479.
Kalenine, S., & Bonthoux, F. (2008). Object manipulability affects children’s and adults’ conceptual processing.
Psychonomic Bulletin & Review, 15, 667-672.
Kalenine, S., Bonthoux, F., & Borghi, A. M. (2009). How action and context priming influence categorization: a
developmental study. British Journal of Developmental Psychology, 27, 717-730.
Myung, J., Blumstein, S. E., & Sedivy, J. C. (2006). Playing on the typewriter, typing on the piano: manipulation
knowledge of objects. Cognition, 98, 223-243.
Smith, L. B. (2005). Action alters shape categories. Cognitive Science, 29, 665-679.
Tucker, M., & Ellis, R. (2004). Action priming by briefly presented objects. Acta Psychologica, 116, 185-203.
Versace, R., Labeye, E., Badard, G., & Rose, M. (2008). The contents of long-term memory and the emergence of
knowledge The European Journal of Cognitive Psychology, 21, 522 - 560.
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mercredi
après-midi
Les enfants sont capables, dès l’âge de 5 ans, d’extraire des indices des objets manipulés, indices
utilisés ensuite pour catégoriser. Nos résultats appuient ainsi l’approche de la cognition incarnée,
les attributs volumétriques et fonctionnels seraient des constituants des concepts d’objets, réactivés
lors du traitement conceptuel. Cependant, les deux conditions de manipulation influencent
différemment la catégorisation. Il semblerait que la prise en compte des indices fonctionnels par
le biais du geste pousser rouler soit plus tardive. Ces résultats sont discutés d’un point de vue
développemental.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Flexibilité de la perception spatiale : l’influence de nos expériences
sensorimotrice sur l’organisation de l’espace perçu
Dupierrix, Eve (Laboratoire de physiologie de la perception et de l’action (lppa CNRS-UMR5105) collège
de France).
Description de la problématique exposée
mercredi
après-midi
Comprendre comment la perception spatiale est transitoirement altérée ou peut-être
modifiée (expérimentalement) est aujourd’hui une question centrale des études sur la cognition
spatiale. La perception de l’espace qui nous entoure est une capacité essentielle qui nous permet
d’interagir avec l’environnement. Grâce à elle, nous pouvons par exemple nous orienter et agir
vers les objets qui nous entourent, ainsi que nous déplacer efficacement dans un environnement.
Comprendre les phénomènes de formation, déformation et transformation de l’espace subjectif
est d’autant plus crucial que la perception spatiale est fréquemment altérée suite à des lésions
cérébrales. La Négligence Spatiale Unilatérale (NSU) est un des syndromes les plus fréquents
et invalidants survenant après une lésion cérébrale unilatérale. Les patients négligents agissent
comme si la moitié contralésionnelle du monde n’existait plus, sans que ce soit la conséquence
d’un déficit purement sensoriel ou moteur. Au cours de tâches visuo-spatiales, ces patients ne
dessinent par exemple que la partie ipsilésionnelle des objets et marquent le milieu des lignes avec
de larges déviations ipsilésionnelles. La complexité apparente de cette pathologie rend le syndrome
difficile à diagnostiquer, comprendre et traiter encore aujourd’hui, démontrant notre manque de
compréhension des processus au coeur de la perception spatiale.
L’espace est aujourd’hui bien connu pour être déterminé par les propriétés de l’environnement
aussi bien que par notre activité sensorimotrice potentielle ou en train d’être exécutée (Chokron,
Dupierrix, Tabert, & Bartolomeo, 2007). D’après les travaux de Gibson et Rizzolatti (Gibson, 1979;
Rizzolatti, Fadiga, Fogassi, & Gallese, 1997), l’espace subjectif serait étroitement lié à l’organisation
de l’action. L’espace serait par exemple sous-divisé en secteurs dans lesquels il serait différemment
codé ou traité selon la nature des interactions motrices potentielles que l’on peut entreprendre
sur l’environnement (Coello et al., 2008; Previc, 1998). Les objets peuvent être atteints et
manipulés dans l’espace péri-personnel tandis qu’ils ne peuvent être qu’observés ou manipulés
indirectement (via la locomotion par exemple) lorsqu’ils se situent dans l’espace extra-personnel.
Dans la continuité de ces travaux, Proffitt et collaborateurs ont montré que la perception spatiale
était influencée par le coût associé aux actions potentielles dans l’espace (e.g., la distance séparant
un individu d’un objet serait perçue en fonction du coût énergétique nécessaire pour atteindre
l’objet par la locomotion, pour revue voir Proffitt, 2006). Etant donné que l’évocation des actions
potentielles sur l’environnement s’appuie principalement sur notre expérience sensorimotrice du
monde, ces travaux laissent suggérer que la nature et le coût de nos habitudes sensorimotrices
déterminent la perception de l’espace. Récemment, nos travaux ont justement permis de montrer
qu’en plus d’être influencé par les contraintes issues des interactions présentes entre l’individu et
son environnement, l’espace subjectif était également déterminé par nos activités sensorimotrices
préalables. Nous avons montré que la manipulation de propriétés très fines de notre expérience
sensorimotrice comme ses propriétés spatiales peut induire des modifications prolongées de la
perception de l’espace (Dupierrix, Alleysson, Ohlmann, & Chokron, 2008; Dupierrix, Gresty,
Ohlmann, & Chokron, 2009). La composante spatiale de l’expérience sensorimotrice des
participant était manipulée en latéralisant une tâche très simple de pointage sensorimoteur. Les
participants devaient pointer sur des cibles qui apparaissaient seulement dans un hémi-espace
(gauche ou droit selon le groupe). Le résultat principal révèle qu’agir pendant seulement 5 minutes
dans une partie de l’espace, gauche ou droite, induit des biais post-tests de l’espace subjectif sur
des épreuves de bissection de lignes et de droit-devant proprioceptif. Ces biais étaient induits vers
l’hémi-espace préalablement investi par la tâche sensorimotrice latéralisée, par exemple vers la
droite lorsque la tâche était latéralisée à droite. Les résultats sont d’autant plus surprenants que
ces biais latéraux persistent voire augmente 24 heures après le pointage latéralisé (Dupierrix et al.,
2009). Ils pourraient expliquer l’influence bien connue des habitudes de lecture sur la perception
spatiale puisque la lecture est une activité sensorimotrice à forte composante spatiale du fait de sa
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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directionnalité (Kazandjian et al., 2009). Dans une autre série d’expériences, nous avons montré
que la cohérence sensorimotrice était également un facteur d’influence de la perception spatiale.
Une incohérence sensorimotrice était créée au sein d’un dispositif de réalité virtuelle pendant que
les participants réalisaient une tâche très simple consistant à retracer avec un stylo la trajectoire
d’une ligne qui apparaissait à la surface d’un support virtuel. L’incohérence était créée dans une
partie de l’espace par l’apparition de forces aléatoires sur le stylo qui empêchait la réalisation de
la tâche. Les biais post-tests observés sur les épreuves visuo-spatiales suggèrent qu’une rupture
latéralisée de la cohérence de nos expériences sensorimotrices pourrait causer une sorte de
« négligence » de la partie de l’espace préalablement incohérente.
L’idée défendue par ces travaux est que le traitement spatial serait déterminé, au moins en
partie, par des caractéristiques fines de nos interactions passées avec le monde. L’ensemble de
nos comportements serait intégré en permanence de manière flexible et biaiserait les traitements
sensorielles vers des localisations spécifiques de l’espace, causant en retour une plasticité rapide à
court- et long-terme de la perception spatiale.
Chokron, S., Dupierrix, E., Tabert, M., & Bartolomeo, P. (2007). Experimental remission of unilateral spatial neglect.
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Coello, Y., Bartolo, A., Amiri, B., Devanne, H., Houdayer, E., & Derambure, P. (2008). Perceiving what is reachable
depends on motor representations: evidence from a transcranial magnetic stimulation study. PLoS ONE, 3(8),
e2862.
Dupierrix, E., Alleysson, D., Ohlmann, T., & Chokron, S. (2008). Spatial bias induced by a non-conflictual task reveals the
nature of space perception. Brain Res, 1214, 127-135.
Dupierrix, E., Gresty, M., Ohlmann, T., & Chokron, S. (2009). Long lasting egocentric disorientation induced by normal
sensori-motor spatial interaction. PLoS One, 4(2), e4465.
Gibson, J. J. (1979). The ecological approach to visual perception. Boston: Houghton Mifflin Company.
Kazandjian, S., Dupierrix, E., Gaash, E., Love, I. Y., Zivotofsky, A. Z., De Agostini, M., & Chokron, S. (2009). Egocentric
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mercredi
après-midi
Références
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Le rôle de la motricité dans le traitement des nombres
Badets, Arnaud (Laboratoire CERCA, CNRS, UMR 6234, Université de Poitiers).
Description de la problématique exposée
mercredi
après-midi
La description des habiletés numériques de l’enfant révèle une utilisation précoce et spontanée
des doigts lors de l’apprentissage du comptage et des opérations arithmétiques. Chez les enfants
de 6 ans, la performance lors des tests de discrimination des doigts est un meilleur indice de la
réussite que la performance aux tests arithmétiques qui sont utilisés dans les épreuves standards
de développement (Fayol et al. 1998). Ces résultats s’accordent avec l’idée selon laquelle l’usage
de stratégies de comptage sur les doigts, au cours de l’enfance, mènerait à un recouvrement des
représentations liées aux doigts et de celles liées aux nombres chez l’adulte (Butterworth, 1999).
En accord avec cette hypothèse, Pesenti et al. (2000) ont découvert une activation conjointe du
gyrus précentral et du sillon intra-pariétal lors de tâches arithmétiques. Nous savons que la région
intra-pariétale s’active automatiquement pour les tâches qui nécessitent une utilisation des nombres
et/ou un traitement de la quantité (Dehaene et al. 2003), et par conséquent, l’activation précentrale
qui est associée à la représentation des doigts pourrait indiquer l’implication d’un « système
moteur » pendant le traitement numérique. Nous avons récemment testé cette hypothèse d’une
utilisation des doigts durant des additions simples chez les adultes (Badets et al. 2010). Dans cette
expérience, les sujets devaient résoudre des additions simples présentées sur un écran d’ordinateur.
Leurs réponses verbales étaient associées à une image d’une main ou de bâtons présentant la bonne
réponse. Les résultats montrent que les participants répondaient plus rapidement avec l’image de
la main. Une expérience supplémentaire démontre que cet effet est spécifique à la perception d’une
main présentant un résultat correct.
Cependant, plusieurs questions restent en suspens quant au rôle précis de la représentation
des doigts dans les processus qui sous-tendent l’estimation des quantités. Une piste intéressante et
prometteuse vient du lien qui existe entre l’amplitude numérique et l’amplitude motrice des doigts
sans but d’action ou en interaction avec la prise d’un objet (Badets, Andres, Di Luca et Pesenti,
2007). Récemment, nous avons démontré que la perception de mouvements des doigts interférait
avec la dénomination verbale d’un nombre arabe (Badets et Pesenti, 2010). Dans cette expérience,
les participants devaient nommer un nombre arabe décrivant une petite quantité (2 ou 3) ou
une grande quantité (8 ou 9) lors de l’apparition d’une main en mouvement de fermeture (petite
amplitude motrice) ou d’ouverture (grande amplitude motrice) des doigts. Les résultats indiquent
clairement que la latence de réponse est plus courte lorsque les sujets devaient dire un petit nombre
à l’apparition d’une main dont les doigts se fermaient, et inversement pour les grands nombres.
Des expériences contrôles utilisant des directions de mouvement identiques démontrent que cet
effet est spécifique à la perception d’une main biologique.
Compter sur les doigts et estimer la quantité pourraient jouer un rôle important dans
l’apprentissage du calcul. Les doigts sont présents dès la naissance, et peuvent représenter aussi
bien des objets que des espaces abstraits en lien avec l’environnement. De plus, nos résultats
sont en accord avec la théorie de Rizzolatti et Arbib (1998) sur l’acquisition du langage. Pour
ces auteurs, le circuit neuronal du langage parlé chez l’homme est une conséquence du fait que,
bien avant l’apparition du langage, le précurseur de l’aire de Broca était doté d’un mécanisme de
reconnaissance des actions d’autrui. Pour ces auteurs, ce mécanisme est le pré-requis neural pour le
développement de la communication interindividuelle, et finalement du langage. Plus exactement,
lorsqu’un individu produit une action ou observe un autre individu produire une action, des
aires pré-motrices en relation avec l’aire de Broca sont activées communément chez l’acteur et
l’observateur (Rizzolatti et Arbib, 1998). Lorsque le mouvement observé est d’un intérêt particulier,
le système pré-moteur permettra un bref « préfixe » de mouvement chez l’observateur. Ce préfixe
sera reconnu par les autres individus. L’acteur reconnaîtra une intention chez l’observateur, et
l’observateur notera que son mouvement involontaire affecte le comportement de l’acteur. Ce
dialogue serait la genèse du langage, et marquerait le commencement de la communication.
Cette expérience sur l’estimation numérique (Badets et Pesenti, 2010) démontre que la
quantité pourrait être l’information à la base de ces interactions interindividuelles. Plus exactement
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nous proposons que l’observation des actions génère du sens lorsque l’observateur est influencé
par les quantités d’objets et les quantités motrices qui sont en interaction chez le sujet acteur. Ces
quantités offrants des potentialités d’actions sur l’environnement façonnent les liens sémantiques
entre les individus sur la base de la perception des mouvements biologiques.
Références
mercredi
après-midi
Badets, A., Andres, M., Di. Luca, S., & Pesenti, M. (2007). Number Magnitude Potentiates Action Judgment. Experimental
Brain Research, 180, 525–34.
Badets, A., & Pesenti, M. (2010). Creating number semantics through finger movement perception. Cognition, 115,
46–53.
Badets, A., Pesenti, M., & Olivier, E. (2010). Response-effect compatibility of finger-numeral configurations in
arithmetical context. The Quarterly Journal of Experimen-tal Psychology, 63, 16–22.
Butterworth, B. (1999). A head for figures. Science, 284, 928–929.
Dehaene, S., Piazza, M., Pinel, P., & Cohen, L. (2003). Three parietal circuits for number processing. Cognitive
Neuropsychology,20, 487-506.
Fayol, M., Barrouillet, P., & Marinthe, C. (1998). Predicting arithmetical achievement from neuropsychological
performance: A longitudinal study. Cognition, 68, 63–70.
Pesenti, M., Thioux, M., Seron, X., & De Volder, A. (2000). Neuroanatomical substrate of Arabic number processing,
numerical comparison and simple addition: A PET study. Journal of Cognitive Neuroscience, 121, 461–479.
Rizzolatti, G., & Arbib, M.A. (1998). Language within our grasp. Trends in Neuroscience, 21, 188–194.
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Symposium
Apprentissage de la lecture:
connaissances et habiletés précurseurs
Organisation de la session :
Foulin, Jean Noël (Université Bordeaux 2), Ecalle, Jean (Université Lyon 2), Magnan, Annie (Université
Lyon 2).
Connaissance des lettres chez les enfants pré-lecteurs : quelle relation entre la
connaissance du nom et la connaissance de la forme des lettres ?
Bouchière, Blandine (Université Bordeaux 2), Balthazar, Véronique (Université de Reims), Atzeni,
Thierry (Université Bordeaux 2), Foulin, Jean Noël (Université Bordeaux 2).
L’effet des compétences en orthographe inventée en grande section de maternelle
sur l’entrée dans le langage écrit.
Doyen, Anne Lise (Gdr CNRS 2657), Lambert, Éric (Université de Poitiers - gdr CNRS 2657).
Le développement des compétences morphologiques précoces
Reder, Fanny (Université Strasbourg), Demont, Elisabeth (Université Strasbourg), Marec-Breton, Nathalie
(Université Rennes), Royer, Carine (Iufm versailles).
Capacités de compréhension de récits chez l’enfant de 5 ans : analyse des
déterminants et perspective différentielle.
Potocki, Anna (Université Lyon 2), Ecalle, Jean (Université Lyon 2), Magnan, Annie (Université Lyon2).
mercredi
après-midi
Résumé
Les études consacrées à l’apprentissage de l’écrit ont fait ressortir le rôle précurseur de
plusieurs acquisitions développées par les enfants avant l’apprentissage formel de la lecture (et de
l’écriture) ou au tout-début de cet apprentissage. L’objectif du symposium est de présenter des
travaux consacrés aujourd’hui à quatre des connaissances ou habiletés qui sont fondatrices de
l’apprentissage de la lecture.
L’étude de Bouchière, Balthazar, Atzkeni et Foulin (Bordeaux 2, Bordeaux 4, Reims)
est consacrée à la connaissance des lettres chez les pré-lecteurs. Son but est d’explorer le lien
entre l’identification des lettres et la connaissance de la forme des lettres à partir d’épreuves de
reconnaissance de la forme des lettres. La question critique qui guide cette étude est de savoir si
l’incapacité d’identifier les lettres s’accompagne d’une méconnaissance de la forme des lettres.
L’étude de Doyen et Lambert (Orléans-Tours et Poitiers) porte sur l’effet des orthographes
inventées au cours de l’entrée dans le langage écrit. Les auteurs privilégient une situation de
production qui élimine l’activité graphomotrice avec un double objectif : d’une part, étudier les
compétences en orthographes inventées chez des élèves de grande section de maternelle ; d’autre
part, préciser les liens entre ces compétences orthographiques précoces et la réussite ultérieure en
lecture et en écriture.
La contribution de Reder, Demont, Marec-Breton et Royer (Strasbourg, Rennes, Versailles)
porte sur les compétences morphologiques précoces, un type de compétences peu étudié au début
de l’apprentissage de la lecture. Un premier objectif est de préciser le développement de deux aspects
de la conscience morphologique, la morphologie dérivationnelle et la morpho-syntaxe. Un autre
objectif est de déterminer le rôle respectif de ces deux composantes au début de l’apprentissage
formel de la lecture.
La dernière contribution, présentée par Potocki, Ecalle et Magnan (Lyon 2), explore les
capacités de compréhension orale de récits chez l’enfant de 5 ans. Dans une première étape, les
auteurs comparent les facteurs déterminants les processus de compréhension orale chez le jeune
enfant à ceux observés en compréhension de l’écrit chez l’enfant plus âgé. Une seconde analyse
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mercredi
après-midi
porte sur les différences interindividuelles de compréhension orale, en particulier au niveau des
capacités de raisonnement inférentiel.
Ces quatre études ont été réunies car elles présentent l’intérêt d’offrir une gamme diversifiée
de connaissances et habiletés initiales, lesquelles contribuent à des composantes différentes de
l’apprentissage de l’écrit : identification des mots écrits, orthographe, compréhension de l’écrit. Si
elles ont le projet premier de contribuer à l’explication des étapes initiales de l’apprentissage de la
lecture, leurs résultats ne peuvent manquer d’intéresser ceux qui se préoccupent de comprendre et
prévenir les difficultés d’apprentissage de l’écrit.
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Connaissance des lettres chez les enfants pré-lecteurs : quelle
relation entre la connaissance du nom et la connaissance de la
forme des lettres ?
Bouchière, Blandine (Université Bordeaux 2), Balthazar, Véronique (Université de Reims), Atzeni,
Thierry (Université Bordeaux 2), Foulin, Jean Noël (Université Bordeaux 2).
Résumé
Cette étude examine les relations entre la connaissance du nom et la connaissance de la forme des
lettres. Des élèves des trois sections d’école maternelle ont participé à trois épreuves destinées à comparer
leur connaissance de la forme des lettres en fonction de leurs capacités d’identification des lettres. Dans
la première, ils devaient distinguer des lettres de notre alphabet de lettres ou signes étrangers. Dans la
deuxième, ils devaient reconnaître la forme correcte des lettres présentée à côté d’une version altérée
ou symétrique. La troisième était une épreuve de reconnaissance immédiate de lettre. Les résultats ont
révélé que les enfants qui savaient identifier les lettres avaient une connaissance et une reconnaissance
immédiate de la forme des lettres supérieure à ceux qui échouaient. Ils indiquent que les enfants qui ne
connaissent pas le nom des lettres ont également une méconnaissance de la forme des lettres.
Présentation
mercredi
après-midi
L’étude présentée examine les relations entre la connaissance du nom des lettres et la
connaissance de la forme des lettres chez les enfants pré-lecteurs. La connaissance des lettres est une
composante clé de l’apprentissage de la lecture. Dans les étapes initiales, elle aide les pré-lecteurs
à progresser dans la manipulation et la compréhension de l’écrit et au moment de l’apprentissage
formel, elle joue un rôle décisif dans la réussite de l’identification des mots écrits (Treiman, 2006).
Il y a donc un enjeu crucial à s’assurer que les enfants possèdent un haut niveau de connaissance des
lettres lorsqu’ils abordent l’apprentissage formel de la lecture (Foulin, 2007). Cette connaissance
est évaluée le plus souvent en mesurant les capacités de dénomination ou de reconnaissance des
lettres. Réussir à identifier une lettre suppose que l’enfant soit capable de discriminer la forme de
la lettre des autres formes tout en lui associant le nom correspondant. De là des interrogations se
rapportant aux capacités des enfants : comment les enfants qui réussissent à identifier les lettres et
ceux qui échouent se distinguent-ils dans la connaissance de la forme des lettres ? Ces différences
se manifestent-elles dans la correction de la reconnaissance des formes et/ou dans la vitesse de
reconnaissance, donc dans le temps de traitement ?
C’est à ces questions que cette étude a tenté de répondre. Trois épreuves ont été mises au point
afin d’évaluer la connaissance de la forme des lettres des enfants et de comparer leurs performances
en fonction de leurs capacités d’identification des lettres. Pour chaque épreuve, deux versions ont
été construites : l’une « pilotée par ordinateur » afin de recueillir des temps de réaction avec les
réponses, l’autre de type « papier » pour les enfants moins habiles à répondre avec le clavier de
l’ordinateur.
Les participants étaient des élèves d’école maternelle de petite (3.6 ans), moyenne (4.9 ans) et
grande section (5.7 ans), de langue maternelle française et non lecteurs. La première épreuve
de connaissance de la forme était une épreuve de classification des lettres : les enfants devaient
distinguer des lettres de notre alphabet de lettres ou signes étrangers (ex. Φ Ђ Ξ Д Ю). La deuxième
épreuve était une épreuve de discrimination : les enfants devaient reconnaître la forme correcte
des lettres (capitales et minuscules), présentées chacune à côté d’une version altérée ou d’une
version symétrique. La troisième épreuve était une épreuve de reconnaissance immédiate: les
enfants devaient reconnaître une lettre cible (capitale ou minuscule) montrée avec deux lettres
distractrices, l’une fortement, l’autre modérément ressemblantes, après une présentation préalable
de trois secondes.
Ces épreuves ont été administrées individuellement, en version « papier » pour les enfants
de petite section et quelques-uns de moyenne section et sur ordinateur pour les autres enfants
de moyenne section et ceux de grande section. La version informatisée permettait de contrôler
le temps de présentation des items et de recueillir le temps de réponse. Pour chaque épreuve, les
items expérimentaux étaient précédés d’items d’entraînement. Dans les versions informatisées, les
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Références
Foulin, J.N. (2007). La connaissance des lettres chez les pré-lecteurs : aspects pronostiques, fonctionnels et diagnostiques.
Psychologie Française, 52, 431-444.
Treiman, R. (2006). Knowledge about letters as a foundation for reading and spelling. In R.M. Joshi et P.G. Aaron (Eds.),
Handbook of orthography and literacy (pp. 581-599). Mahwah, NJ : Erlbaum.
Congrès psycho.indb 295
mercredi
après-midi
items d’entraînement étaient répétés pour obtenir un temps de réaction de base. L’identification
des lettres a été évaluée par la dénomination et la reconnaissance des 26 lettres en capitales et
minuscules scriptes. Les capacités d’attention visuelle ont été mesurées par la tâche d’attention
visuelle de la NEPSY (Korkman, Kirk & Kemp, 2003) avec l’objectif de contrôler le poids d’une
éventuelle différence dans ce domaine entre connaisseurs et non connaisseurs des lettres.
L’étude s’est déroulée entre janvier et mars mais sur une période courte pour chaque
enfant afin de rapprocher l’évaluation de la connaissance des lettres de la passation des épreuves
expérimentales. Les épreuves d’identification des lettres dans lesquelles les lettres correctes étaient
présentées ont été administrées en dernier lieu afin de ne pas influencer les réponses aux épreuves
de connaissance de la forme des lettres. Avant le début de l’étude, les enfants de moyenne et de
grande section ont participé à une séance de manipulation du clavier de l’ordinateur dans le but de
sélectionner les enfants suffisamment habiles pour recevoir la version informatisée.
Jusqu’ici, seules les performances globales ont été traitées à partir d’analyses des corrélations
entre les performances d’identification des lettres et les réponses et temps de réponse aux épreuves
de connaissance de la forme des lettres. Ces analyses ont révélé que les enfants qui savaient
identifier les lettres avaient une meilleure connaissance des lettres (épreuve 1) et de la forme des
lettres (épreuve 2) que ceux qui échouaient : ils identifiaient mieux et plus rapidement les lettres
conventionnelles et les leurres ; ils reconnaissaient mieux la forme correcte des lettres par rapport à
une forme altérée ou symétrique. En outre, ces enfants avaient des performances de reconnaissance
immédiate de la forme des lettres supérieures aux autres enfants (épreuve 3). Ces premiers résultats
établissent un lien entre la connaissance du nom des lettres et la connaissance de la forme des
lettres. Ils indiquent que la connaissance du nom des lettres est accompagnée d’une meilleure
connaissance de la forme des lettres. Ils signalent aussi que les enfants qui ne connaissent pas le
nom des lettres ont également une méconnaissance de la forme des lettres. Ces enfants présentent
donc une double lacune qui si elle persiste peut compromettre gravement leur apprentissage de la
lecture.
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L’effet des compétences en orthographe inventée en grande section
de maternelle sur l’entrée dans le langage écrit.
Doyen, Anne Lise (Gdr CNRS 2657), Lambert, Éric (Université de Poitiers - gdr CNRS 2657).
L’objet de cette contribution est d’une part d’étudier les compétences en orthographe inventée
d’élèves en grande section de maternelle et d’autre part de préciser les liens que ces compétences
entretiennent avec la future réussite en lecture et écriture des mêmes élèves en cours préparatoire.
La communication s’appuiera sur deux expériences complémentaires.
Première expérience
mercredi
après-midi
Matériel et méthodele groupe d’élèves participant était constitué de 86 enfants d’âge moyen
5;6 ans. Les élèves ont été suivis longitudinalement entre la Grande Section (GS) et le Cours
Préparatoire (CP). En GS (au mois de décembre), les élèves ont été testés dans quatre épreuves de
compétences langagières : conscience phonologique, lecture de lettres et de mots, compréhension
orale et orthographe inventée (reconnaissance d’au moins sept cartes-lettres parmi dix, puis si la
partie reconnaissance est réussie, écriture successive de dix pseudo-mots à partir de ces carteslettres). En CP (au mois de mars), le niveau des élèves a été évalué dans trois domaines du langage
écrit : dictée de mots et de pseudo-mots, lecture de mots et de pseudo-mots, compréhension en
lecture.
Résultats : en GS, dans l’épreuve d’orthographe inventée (OI), les élèves retranscrivent
préférentiellement les voyelles. Le score en OI est significativement corrélé aux niveaux de
conscience phonologique et de lecture de mots mesurés au même moment, mais pas au niveau de
compréhension orale. Ce score d’OI est significativement corrélé au niveau de lecture de mots et
de pseudo-mots, et de compréhension en lecture en CP. L’analyse par régressions linéaires montre
que la conscience phonologique et l’orthographe inventée expliquent une part significative et
spécifique de la lecture de mots et de la compréhension en lecture en CP.
Discussion : l’utilisation de cartes-lettres dans l’épreuve d’orthographe inventée permet
d’annuler les élèves du coût cognitif lié à l’acte graphomoteur. Les résultats de GS montrent que les
enfants français vont d’abord retranscrire les voyelles, puis les consonnes ; contrairement à ce qui
est observé en anglais ou en hébreux (McBride-Chang, 1998). L’orthographe inventée en début de
GS bien que corrélée avec la conscience phonologique explique une part de variance spécifique du
niveau de lecture de mots et de compréhension en lecture en milieu de CP. Cette épreuve est donc
un indicateur pertinent de la future réussite en langage écrit.
Seconde expérience
La seconde étude a deux objectifs : d’une part il s’agira d’estimer l’importance de l’utilisation de
cartes-lettres dans les épreuves d’OI passées par des élèves de GS, eu égard à la non-automatisation
de leur geste grapho-moteur ; l’ensemble des études internationales (ex. Shatil, Share & Levin, 2000 ;
Alves Martins & Silva, 2006) plaçant les participants dans une situation d’écriture manuscrite.
D’autre part de préciser l’impact de la conscience phonologique sur l’OI, en fonction du fait que
le français soit langue maternelle ou langue de scolarisation pour les élèves. Les résultats de cette
seconde expérience sont en cours d’analyse.
Références
McBride-Chang, C. (1998). The development of invented spelling. Early Education and Development, 9, 147-160.
Shatil, E., Share, D.L. & Levin, I. (2000). On the contribution of kindergarten writing to grade 1 literacy: A longitudinal
study in Hebrew. Applied Psycholinguistics, 21, 1-21.
Alves Martins, M. & Silva, C. (2006). The impact of invented spelling on phonemic awareness. Learning and Instruction,
16, 41-56.
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Reder, Fanny (Université Strasbourg), Demont, Elisabeth (Université Strasbourg), Marec-Breton,
Nathalie (Université Rennes), Royer, Carine (Iufm Versailles).
Le rôle fondamental de la conscience phonologique lors de l’apprentissage de la lecture
est maintenant clairement attesté depuis près de trois décennies (pour une revue de questions,
Demont & Gombert, 2007). Plusieurs études ont souligné plus récemment la contribution de la
conscience morphologique dès les premières étapes de l’apprentissage de la lecture (e.g. MarecBreton, Gombert & Colé, 2005). Il reste cependant à préciser d’une part le développement des
compétences morphologiques précoces et d’autre part à spécifier leur rôle lors de l’apprentissage de
la lecture, en veillant à distinguer les différentes composantes de la morphologie.
L’objectif de notre étude était double. Notre premier objectif visait à étudier, à l’aide d’épreuves
variées, le développement de différents aspects de la conscience morphologique en nous intéressant
plus particulièrement à la morphologie dérivationnelle et à la morpho-syntaxe. Notre deuxième
objectif consistait à déterminer leur rôle respectif au tout début de l’apprentissage de la lecture.
Cent deux enfants scolarisés en première année d’apprentissage de la lecture ont participé
à notre étude (âge moyen : 7;3 ans). Six épreuves de conscience linguistique exigeant toutes une
activité réflexive sur la structure morpho-dérivationnelle et/ou morpho-syntaxique du langage
leur ont été présentées lors de passations individuelles. L’efficience en lecture a été évaluée à l’aide
d’épreuves de lecture de mots en une minute. Enfin, la conscience phonologique des enfants
(évaluée à l’aide du ThaPho, Ecalle, 2007) a été simultanément contrôlée ainsi que leur efficience
générale et verbale. A l’aide des mêmes épreuves, les enfants ont été évalués au début et au milieu
de leur deuxième année d’école élémentaire.
La communication présentera les premiers résultats de cette étude longitudinale. Les enfants
témoignent dès le CP de compétences morphologiques. À l’instar de ce qui est classiquement
observé au niveau de la conscience phonologique, les performances des enfants varient de manière
importante en fonction de la nature de la tâche et/ou de l’unité morphémique à manipuler. Enfin,
les analyses de corrélations et de régressions à ordre fixé mettent en évidence une contribution
spécifique non négligeable des compétences morphologiques à l’efficience en lecture de mots
(après contrôle de l’efficience générale et verbale et des compétences phonologiques).
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mercredi
après-midi
Le développement des compétences morphologiques précoces
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Capacités de compréhension de récits chez l’enfant de 5 ans :
analyse des déterminants et perspective différentielle.
Potocki, Anna (Université Lyon 2), Ecalle, Jean (Université Lyon 2), Magnan, Annie (Université Lyon 2).
Résumé
Cette étude examine les processus de compréhension orale de récits chez le jeune enfant. Deux analyses
ont été menées sur les résultats de 131 enfants de 5 ans. La première montre que les facteurs déterminant
les processus de compréhension à l’oral chez le jeune enfant sont globalement similaires à ceux observés
en compréhension en lecture chez l’enfant plus âgé. Ainsi, les performances en compréhension orale
sont expliquées par les capacités de mise à jour (24%), le vocabulaire (10%), les performances en
compréhension de phrases (5%), les connaissances syntaxiques (3%) et morphologiques (2%). Les résultats
de la seconde analyse montrent que les enfants dès 5 ans sont capables de produire un raisonnement
inférentiel élaboré. Néanmoins, ces capacités font l’objet de fortes différences interindividuelles. Une
analyse différentielle montre ainsi l’existence de trois profils de compreneurs.
Introduction
mercredi
après-midi
Les processus de compréhension en lecture ont suscité l’intérêt de nombreux chercheurs. De
nombreuses études se sont par exemple intéressées à en révéler les facteurs déterminants. Ainsi,
on considère que les performances en compréhension de textes à l’écrit sont prédits par les
performances en compréhension de phrases (Lecocq et al., 1996), par les capacités de mémoire de
travail (Daneman & Merikle, 1996), et notamment celles de mise à jour (Carretti et al., 2005), par
les capacités de mémoire à court terme (Vellutino et al., 2007), le vocabulaire (Cain et al., 2004), par
les connaissances syntaxiques (Demont & Gombert, 1996) et morphologiques (Casalis & LouisAlexandre, 2000).
Les processus de compréhension se développeraient dès le plus jeune âge, bien avant
l’apprentissage de la lecture. Les énoncés doivent alors être présentés dans des modalités autres
que la modalité visuelle. Dans cette étude une présentation orale a été privilégiée. Les données
expérimentales chez l’enfant révèlent de fortes corrélations pour des présentations auditives,
visuelles et audio-visuelles des énoncés (Kendeou et al., 2005).
D’autre part, ces processus de compréhension précoces seraient fortement similaires à ceux
qui se mettent en place par la suite en situation de lecture (van den Broek et al., 2005). Partant de
ce postulat, on peut faire l’hypothèse que les déterminants à l’œuvre en compréhension de textes
écrits devraient être similaires à ceux observés en compréhension orale chez le jeune enfant.
D’autre part, au niveau de la compréhension de textes, on distingue généralement la
compréhension littérale (capacité à comprendre les informations explicites du texte) de la
compréhension inférentielle (capacité à comprendre les informations implicites du texte).
Certains auteurs (Barnes et al., 1996) considèrent que cette seconde capacité se développerait plus
tardivement. Selon d’autres auteurs (Kendeou et al. 2008), les enfants seraient capables dès 4 ans
de s’engager dans un processus inférentiel. La présente étude viendra interroger cette hypothèse en
proposant une épreuve de compréhension dans laquelle compréhensions littérale et inférentielle
seront distinguées. Ainsi, nous nous attendons à observer un raisonnement inférentiel pour
certains enfants de notre échantillon.
Matériel et Méthode
Population :
131 enfants de grande section de maternelle (âge moyen: 67,1 mois ; écart-type : 3,8 mois).
Matériel :
- Compréhension de textes : Récit (131 mots ; Brigaudiot, 2000) lu à l’enfant et suivi de 20
questions de type oui/non. 10 questions portent sur les informations littérales, 10 autres nécessitent
la production d’inférences.
- Compréhension de phrases : Tâche de jugement d’adéquation sémantique entre deux
phrases présentées successivement à l’oral (Ecalle et al., 2009).
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- Mémoire de travail : Épreuve de mise à jour. L’enfant observe et nomme une série d’images
défilant sur écran d’ordinateur et doit retenir à chaque essai la dernière (n-1) ou l’avant-dernière
(n-2) image vue.
- Mémoire à court terme : Épreuve de répétition de non mots (ODEDYS, Jacquier-Roux et
al., 2002)
- Vocabulaire : Épreuve extraite de l’ELO (Khomsi, 2001). L’enfant désigne l’image parmi 4
correspondant à un mot énoncé oralement.
- Connaissances syntaxiques : Tâches de jugement de grammaticalité (traitement épisyntaxique) et de correction des phrases jugées comme agrammaticales (traitement métasyntaxique).
- Connaissances morphologiques : Tâche de jugement de relation morphologique (Sanchez et
al., 2009). L’enfant décide si deux mots sont de la même famille ou non.
- Recherche des déterminants
Une analyse de régression pas à pas a été effectuée avec les performances à l’épreuve de
compréhension de textes comme VD et les performances dans toutes les autres épreuves comme
VI. Les résultats indiquent que les performances en compréhension de textes sont expliquées par
les capacités de mise à jour (25%), le vocabulaire (9%), les performances en compréhension orale
de phrases (5%), les connaissances épi-syntaxiques (3%) et morphologiques (2%). Ces prédicteurs
sont globalement similaires à ceux rapportés dans la littérature concernant la compréhension en
lecture. Ce résultat apporte un argument en faveur de l’hypothèse proposée par van den Broek et
al. (2005) selon laquelle les processus de compréhension chez le jeune enfant et chez l’enfant plus
âgé ou l’adulte sont en partie similaires.
- Analyse différentielle
Trois profils de compreneurs ont été mis en évidence : les bons compreneurs (bons en littéral
et en inférentiel), les moyens compreneurs (bons en littéral mais faibles en inférentiel) et les faibles
compreneurs (faibles en littéral et en inférentiel). Une analyse de variance a été réalisée pour savoir
quelles épreuves différenciaient ces trois groupes. Des tests post-hoc (Tukey) ont permis d’affiner
les résultats en comparant les groupes deux à deux. Ainsi, cinq variables permettent de différencier
bons et moyens compreneurs : la compréhension de phrases à l’oral, la mémoire à court terme,
le vocabulaire, les connaissances épi-syntaxiques et les connaissances morphologiques. Deux
variables supplémentaires viennent expliquer la différence entre moyens et faibles compreneurs :
les capacités de mise à jour et les connaissances méta-syntaxiques. Ces résultats montrent que dès
5 ans, certains enfants sont capables de s’engager dans un raisonnement inférentiel. Deux types
d’inférences peuvent être distingués : les inférences de cohésion (relier deux informations du texte
entre elles) et les inférences d’élaboration (relier les informations textuelles à ses connaissances
personnelles). Ces dernières seraient les plus difficiles à produire. Une analyse des questions
inférentielles de l’épreuve de compréhension utilisée montre que celles-ci correspondent à des
inférences d’élaboration. Ainsi, près d’un tiers des enfants de notre échantillon sont capables de
produire précocement un raisonnement inférentiel élaboré.
mercredi
après-midi
Résultats et Discussion
Références
Kendeou, P., et al. (2008). Children’s inference generation across different media. Journal of Research in Reading,
31(3), 259-272.
Van den Broek, P., et al. (2005). Assessment of comprehension abilities in young children. In S.G. Paris & S.A. Stahl
(Eds.), Children’s reading comprehension and assessment (pp. 107-130). Mahwah, NJ: Erlbaum.
Carretti, B., Cornoldi, C., De Beni, R., & Romano, M. (2005). Updating in working memory: A comparison of good and
poor comprehenders. Journal of Experimental Child Psychology, 91, 45-66.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Symposium
Psychopathologie de l’affectivité :
les souffrances actuelles
Organisation de la session :
Bonnet, Agnès (Université Aix-Marseille).
Adolescence, régulation émotionnelle et expressions symptomatiques
Bréjard, Vincent (Université de Nantes), Pedinielli, Jean-Louis (Université Aix-Marseille).
Les conduites « aux limites » : exemple du body-art.
Rochaix, Delphine (Université Aix-Marseille), Bonnet, Agnès (Université Aix-Marseille), Bejaoui, Moez
(Université Aix-Marseille), Pedinielli, Jean-Louis (Université Aix-Marseille).
Réalité et répercussion psychologique des violences sexuelles chez les sportifs
Afflelou, Sabine (Université Bordeaux 2), Décamps, Greg (Université Bordeaux 2).
Souffrance depressive et régulation émotionnelle en situation sociale
Pasquier, Aurélie (Université Aix-Marseille).
Relation transférentielle et engagement du praticien : la question actuelle de
l’amour.
Benhaim, Michèle (Université Aix-Marseille), Salvadero, Jérémie (Université Aix-Marseille).
Résumé
mercredi
après-midi
Le champ de la psychopathologie s’intéresse aujourd’hui à la question de l’émotion au sens
large, émotion « normale » et pathologique, émotion troublée, dont témoignent différentes
manifestations cliniques. L’émotion et les concepts qui s’y rattachent permettent de répondre en
partie à la question de l’articulation du psychologique au biologique et au social. De nombreuses
conduites, qui ne peuvent être envisagées directement comme pathologiques, questionnent
pourtant les processus psychiques qui les soutiennent chez des sujets dont le fonctionnement
émotionnel et affectif semble repris par la dynamique subjective. Le comportement est ainsi le
produit d’un sujet dont l’organisation psychique soutient le caractère pathogène de la conduite. On
peut ainsi poser l’existence, dans notre société post-moderne, d’un certain nombre de conduites
aux limites ( i.e. conduites à risques) qui témoignent de ce fonctionnement. Ces manifestations
peuvent prendre la forme de symptômes, d’actes, ou de productions individuelles considérées
comme traces subjectives ou témoignant d’une construction.
Il nous paraît intéressant de situer l’émotion au regard du champ de l’affectivité et des
manifestations de souffrance qui s’y rattachent et de la décliner dans ses articulations entre les
dimensions cognitives, émotionnelles et subjectives. Nous questionnerons ainsi le champ de la
psychopathologie à travers ces différentes formes de souffrances actuelles dont les perturbations
de l’affectivité témoignent.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
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Adolescence, régulation émotionnelle et expressions
symptomatiques
Bréjard, Vincent (Université de Nantes), Pedinielli, Jean-Louis (Université Aix-Marseille).
Résumé
Les conduites à risques à l’adolescence constituent un réel problème de santé publique. Des travaux ont
souligné le rôle de dimensions de personnalités dans l’initiation ou le maintien de ces comportements.
L’objectif de cette étude était de mieux appréhender les relations entre dépression et conduites à risques,
dans une perspective cognitive-développementale. Pour cela, différents outils d’auto-évaluation ont été
utilisés : l’échelle d’évaluation des risques chez les jeunes (Aklin, Lejuez, Zvolensky, Kahler, & Gwadz,
2005) l’échelle de dépression du Centre d’études épidémiologiques (Chabrol, Montovany, Chouicha,
& Duconge, 2002), le questionnaire tridimensionnel de la personnalité (TPQ) (Lépine, Pelissolo,
Téodorescu, & Téhérani, 1994) et l’échelle de niveau de conscience émotionnelle (LEAS) (Bydlowski et
al., 2002). Les analyses en corrélations et en régression multiples montrent qu’une articulation spécifique
des dimensions du tempérament avec la conscience émotionnelle correspond à différentes expressions
symptomatiques. Ce constat conduit à proposer une hypothèse structurale-développementale des
relations entre dépression et conduites à risques à l’adolescence.
L’inclusion des conduites à risques en tant qu’objet dans la nomenclature psychiatrique
et psychopathologique est relativement récente (Ades & Lejoyeux, 2004). Différents travaux
ont mis en évidence l’importance des relations des deux grandes tendances constituées par les
comportements d’approche ou d’évitement,et ce, que le modèle utilisé soit celui de Cloninger
(Wills, Windle, & Cleary, 1998), de Zuckerman (Michel, Le Heuzey, Purper-Ouakil, & MourenSimeoni, 2001) ou d’Eysenck (Bonnet, Pedinielli, Romain, & Rouan, 2003).
D’autres insistent sur les relations entre trouble du fonctionnement émotionnel et conduites à
risques (Bonnet, 2003; Michel, Carton, & Jouvent, 1997). L’alexithymie, l’anhédonie, ou encore une
disposition émotionnelle négative ont ainsi été mises en évidence comme constituant des facteurs
de vulnérabilité à s’engager dans des conduites à risques (Bréjard, Pedinielli, & Rouan, 2005).
Face à ces différents constats, nous avons fait le choix de tenter de proposer une explication des
relations susceptibles d’exister entre conduites à risques et trouble thymique, dans une perspective
intégrative (Pedinielli, Rouan, Gimenez, & Bertagne, 2005).
Matériel et Méthode
mercredi
après-midi
Introduction
488 adolescents (47,34 Fet 52,66 % G,âge moyen =14,91±1,41) issus de classes de 5e à 3e de
collège, de filières 4e et 3e SEGPA et de 2de à terminale de lycée d’enseignement général et de lycée
professionnels ont accepté de participer à l’étude.
Ils ont complété les échelles suivantes :
-l’échelle d’évaluation des risques chez les jeunes (Aklin, Lejuez, Zvolensky, Kahler, & Gwadz,
2005) Il s’agit d’une échelle d’auto-évaluation en dix items à choix forcé de type vrai/faux.
-l’échelle de dépression du Centre d’études épidémiologiques (Chabrol, Montovany,
Chouicha, & Duconge, 2002).
-Les traits de personnalité ont été mesurés avec le questionnaire tridimensionnel de la
personnalité (TPQ) (Lépine, Pelissolo, Téodorescu, & Téhérani, 1994)] qui évalue les quatre
dimensions du tempérament que sont la Recherche de Nouveauté (RDN), l’Evitement du Danger
(ED), la Dépendance à la Récompense (DR) et la Persistance (P), conformément au modèle de
Cloninger (Cloninger, 1987)
-l’échelle de niveau de conscience émotionnelle (LEAS) (Bydlowski et al., 2002). Les situations
impliquant une référence au monde du travail (patron, supérieur, projet à réaliser), ont été
modifiées par des situations issues du cadre scolaire (Bréjard, Bonnet, & Pedinielli, 2005).
Nous avons réalisé des analyses corrélationnelles et en régression multiples sur deux groupes,
l’un constitué d’adolescents présentant un trouble (état dépressif, conduites à risques, ou une
association des deux : groupe PB), l’autre constitué d’adolescents sans trouble (groupe SPB). Les
analyses ont été réalisées avec SPSS 11.5.
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
Résultats
Nous observons une corrélation négative (r=-.42, p<.0001) entre dépression et conduites
à risques, mais uniquement dans le groupe PB. De plus, il existe des corrélations significatives
entre recherche de nouveauté, évitement du danger, dépendance à la récompense et conduites à
risques (r=-.43 à .68), ainsi qu’entre ces dimensions et la dépression (r=-.36 à .52). Des relations
significatives sont également retrouvées entre niveau de conscience émotionnelle, dépression (r=.44) et NCE et conduites à risques (.61). Enfin, nous observons des relations significatives entre
NCE et RDN (r=-.37), NCE et ED (r=.49) et entre NCE et DR (.60)
Un modèle de régression incluant les dimensions du tempérament (RDN et ED) et le niveau
de conscience émotionnelle explique 59% de la variance des conduites à risques dans le groupe PB.
Un second modèle associant EDD et NCE explique 42 % de la variance de la dépression pour le
même groupe, tandis qu’un modèle associant dépendance à la récompense et évitement du danger
explique 14% de la variance de la dépression pour le groupe SPB.
Discussion
Nous avons tenté de montrer l’existence d’une relation entre ces deux pathologies, au regard
de facteurs de vulnérabilité tels que les dimensions de personnalité et la capacité à discriminer ses
propres états émotionnels à un niveau complexe. Nous avons pu mettre en évidence des relations
spécifiques entre personnalité, développement émotionnel et expressions symptomatiques
dépressives ou comportementales. Ces résultats nous amènent à proposer une interprétation
structurale développementale des relations entre dépression et conduites à risques : le niveau de
conscience émotionnelle interviendrait comme un médiateur entre la vulnérabilité (personnalité)
et la symptomatologie. De plus, la relation entre conduites à risques et dépression peut être
comprise comme s’inscrivant dans un continuum développemental, interprétation qui devra être
précisée dans des recherches à venir.
Références
mercredi
après-midi
Ades, J., & Lejoyeux, M. (2004). Conduites de risque. EMC - Psychiatrie, 1(3), 201-215.
Aklin, W. M., Lejuez, C. W., Zvolensky, M. J., Kahler, C. W., & Gwadz, M. (2005). Evaluation of behavioral measures of
risk taking propensity with inner city adolescents. Behaviour Research and Therapy, 43(2), 215-228.
Bonnet, A., Pedinielli, J. L., Romain, F., & Rouan, G. (2003). Bien-être subjectif et régulation émotionelle dans les
conduites à risque. Cas de la plongée sous-marine. Encephale, 29(6), 488-497.
Bréjard, V., Bonnet, A., & Pedinielli, J. L. (2005). Développement cognitivo-émotionnel, régulation des émotions
et comportements à risques : une étude exploratoire chez l’adolescent. Neuropsychiatrie de l’Enfance et de
l’Adolescence, 53(8), 395-400.
Bréjard, V., Pedinielli, J. L., & Rouan, G. (2005). Hypothèse d’un dysfonctionnement émotionnel chez des adolescents
présentant des comportements à risque : une étude exploratoire. Encéphale, 32(4, Part 1), 413-420
Michel, G., Carton, S., & Jouvent, R. (1997). Recherche de sensations et anhedonie dans les conduites de prise de risque.
Etude d’une population de sauteurs a l’elastique (benji). Encephale, 23(6), 403-411.
Michel, G., Le Heuzey, M. F., Purper-Ouakil, D., & Mouren-Simeoni, M. C. (2001). Recherche de sensations et conduites
à risque chez l’adolescent. Annales medico-psychologiques, revue psychiatrique, 159(10), 708-716.
Pedinielli, J.-L., Rouan, G., Gimenez, G., & Bertagne, P. (2005). Psychopathologie des conduites a risques. Annales
Medico-psychologiques, revue psychiatrique, 163(1), 30-36.
Wills, T. A., Windle, M., & Cleary, S. D. (1998). Temperament and novelty seeking in adolescent substance use:
Convergence of dimensions of temperament with constructs from Cloninger’s theory. Journal of Personality &
Social Psychology, 74(2), 387-406.
Congrès psycho.indb 302
22/07/10 16:09
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE, LILLE 2010
303
Les conduites « aux limites » : exemple du body-art.
Rochaix, Delphine (Université Aix-Marseille), Bonnet, Agnès (Université Aix-Marseille), Bejaoui, Moez
(Université Aix-Marseille), Pedinielli, Jean-Louis (Université Aix-Marseille).
Introduction
La MC semble avoir toujours existé ; mais nous pouvons dater son expansion aux années 70,
les techniques ayant évolué depuis. Les personnes qui ont recours à ces modifications touchant
leur corps et/ou leur visage se réfèrent souvent à la communauté des bodmoders, sous-culture aux
inspirations variées : mouvement de