Changement d`habitudes, changement climatique
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Changement d`habitudes, changement climatique
Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Institut canadien de la santé infantile Préparé par : Wendy Enright 300-384, rue Bank Ottawa (Ontario) K2P 1Y4 CANADA Tél. : (613) 230-8838 Téléc. : (613) 230-6654 http://www.cich.ca/htmle/menufr.htm © Institut canadien de la santé infantile Mars 2001 Financé par le Fonds d'action pour le changement climatique ISBN no 0-919747-62-0 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base N os enfants et les générations à venir sont confrontés à de graves menaces pour leur santé et leur bien-être en raison des changements climatiques terrestres causés par l'accumulation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Une preuve scientifique impressionnante relie les interventions humaines aux changements prévus au système climatique mondial, lesquels auront sans doute des incidences inacceptables sur toutes les nations. Selon les membres du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) : « le changement climatique aura sans aucun doute une vaste gamme d’incidences, pour la plupart négatives, sur la santé humaine, y compris d'importantes pertes de vie ». Les enfants sont particulièrement menacés par l’augmentation prévue de la fréquence et de la gravité des vagues de chaleur, par l'accroissement de la présence de polluants atmosphériques, par le risque accru de maladies transmises par vecteurs et par les interactions entre ces problèmes et d'autres tendances mondiales, notamment l'ozone, des problèmes dont certains ne sont pas encore totalement compris. Les générations à venir seront confrontées à plusieurs incidences éventuelles sur la santé du changement climatique, engendrant de graves conséquences sur la santé, sur l'environnement et sur l'économie. Déclaration de 1997 des ministres de l'environnement des huit sur la santé environnementale des enfants 2 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Table des matières Remerciements 6 Raisonnement 7 Chapitre 1 – Introduction 8 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 Définition de changement climatique 1.1.1 Climat c. température 1.1.2 Variabilité climatique c. changement climatique 1.1.3 Effet de serre c. réchauffement de la planète c. changement climatique Le rôle des gaz à effet de serre Schéma 1.0 L'effet de serre Encadré 1.0 Sources communes de gaz à effet de serre Schéma 1.1 Augmentation des émissions de gaz à effet de serre Points de vue divergeants Modèles de circulation générale (MCG) 1.4.1 Limitations et incertitudes Encadré 1.1 Accent sur le CO2 Augmentations des températures Encadré 1.2 Accent sur la consommation d'énergie Références Chapitre 2 –La pollution atmosphérique et ses répercussions sur la santé 2.1 2.2 2.3 2.4 2.5 Composantes de la pollution atmosphérique et répercussions sur la santé 2.1.1 Ozone 2.1.2 Oxydes d'azote (NOx) 2.1.3 Brumée 2.1.4 Particules (PM10 et PM2,5) 2.1.5 Dioxyde de soufre Déclencheurs de l'asthme et de la fièvre des foins Encadré 2.0 Prévalence de l'asthme chez les enfants L'air à l'intérieur Mesures d'adaptation Références Chapitre 3 – Températures extrêmes – mortalité et morbidité 3.1 3.2 3.3 3.4 Centres urbains Pauvreté en milieu urbain Vulnérabilité spéciale des villes canadiennes Mortalité – vagues de chaleur 3.4.1 Contexte canadien 3.4.2 Adaptation 9 9 10 10 10 12 13 15 16 16 17 18 19 20 21 24 25 26 27 27 28 28 29 30 31 32 33 37 37 38 38 39 39 40 3 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 3.5 3.6 3.7 3.8 Santé mentale et désordres psychologiques Maladies d'origine alimentaire Mesures d'adaptation Références Chapitre 4 – Événements météorologiques extrêmes 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 Incidences des événements météorologiques extrêmes sur la santé 4.1.1 Décès et blessures 4.1.2 Eau contaminée 4.1.2.1 Cryptosporidiose 4.1.2.2 Toxoplasmose 4.1.2.3 Pesticides et autres substances toxiques Incendies de forêt Migration forcée Incidences psychologiques Mesures d'adaptation Encadré 4.0 Le porc et l'ouragan Floyd Références Chapitre 5 – Maladies à transmission vectorielle 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 Maladie transmise par les moustiques 5.1.1 Les effets du paludisme sur la santé 5.1.2 Le potentiel du paludisme au Canada 5.1.3 Le paludisme et le voyageur canadien 5.1.4 L'encéphalite Maladies transmises par des tiques Utilisation de pesticides Mesures d'adaptation Références Chapitre 6 – Sécheresse et augmentation de l'évaporatio 6.1 6.2 6.3 Qualité de l'eau Mesures d'adaptation Références Chapitre 7 – Disponibilités alimentaires et portée de l'écosystème 7.1 7.2 7.3 7.4 7.5 7.6 7.7 7.8 7.9 Sécurité alimentaire Agriculture 7.2.1 Saison/secteur de croissance étendu 7.2.2 Bétail Entreposage alimentaire Propagation des parasites 7.4.1 Épandage de pesticides Écosystèmes aquatiques Rayons ultraviolets et production alimentaire Adaptation sociale Mesures d'adaptation Références 41 42 43 45 51 52 52 52 53 54 55 55 56 57 58 60 61 67 68 68 69 70 71 72 72 72 74 79 80 80 82 84 84 85 86 86 87 88 88 89 89 90 90 93 4 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Chapitre 8 – Élévation du niveau de la mer 8.1 8.2 Contexte canadien Références Chapitre 9 – Appauvrissement de l'ozone stratosphérique – incidences des rayons ultraviolets sur la santé 9.1 9.2 9.3 9.4 9.5 Cancer de la peau Affection oculaire Effets sur le système immunitaire Mesures d'adaptation Références Chapitre 10 – Collectivités autochtones 10.1 10.2 10.3 10.4 Distribution des animaux et des ressources Connaissances traditionnelles Incidences alimentaires Références Chapitre 11 – Réfugiés environnementaux 11.1 Références Chapitre 12 – Une perspective historique de la politique canadienne sur le changement climatique 12.1 12.2 12.3 12.4 Contexte politique 12.1.1 Facteurs externes 12.1.2 Compétence politique 12.1.3 Croissance économique et commerce 12.1.4 Coûts économiques et possibilités Éléments politiques essentiels du traité de Kyoto 12.2.1 Sixième Conférence des Parties (CdP6) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques Options politiques Références Chapitre 13 – Mesures d'adaptation 13.1 13.2 13.3 Incertitude à l'intérieur de l'adaptation Besoin de comprendre et d'intervenir Références Chapitre 14 – Mot de la fin 14.1 Références 97 97 99 101 101 102 103 103 104 106 106 107 108 109 110 112 113 116 116 116 117 117 118 119 119 121 123 124 124 126 128 129 5 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Remerciements N ous tenons à remercier chaleureusement les personnes suivantes pour leur examen de Changement d'habitudes, changement climatique : une analyse de base et faisons remarquer que leurs examens ne constituent pas un aval des conclusions du rapport : James Bruce Catherine Fitzpatrick John Last David Pengelly Dieter Riedel David Waltner-Toews Les membres suivants du Comité directeur ont grandement contribué à l'élaboration du cadre de l'analyse de base : David Bates James Bruce Catherine Fitzpatrick Tee Guidotti Andrew Hamilton John Last David Pengelly Dieter Riedel David Waltner-Toews L'équipe de projet de l'Institut canadien de la santé infantile était composée des membres suivants : Dawn Walker, directrice générale Sandra Schwartz, ex-directrice des programmes environnementaux Don Houston, directeur des programmes environnementaux Elaine Murkin, coordonnatrice du projet Conception de la page couverture : Sylvie Lalonde, administratrice des publications de l'ICSI / opératrice en éditique Éditrice et consultante : Liane Benoit Benoit et associés Édition, conception et mise en page : Kim Tytler Consultante en opérations commerciales Pour son appui financier, nous remercions sincèrement le Fonds d'action pour le changement climatique. 6 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Raisonnement E n juin 1999, l'Institut canadien de la santé infantile a lancé un projet intitulé Changement d’habitudes, changement climatique i. Ce projet a été mis sur pied en appliquant une approche par étapes, une composante d'analyse de base et une stratégie d'information du public. Ce rapport représente la première composante de ce projet – l'analyse de baseii. L'analyse de base vise à fournir des renseignements généraux sur notre stratégie d'information du public et à établir une source d'information crédible et équilibrée, pratique et accessible à toute la population canadienne. Respecter la cible visée par le Canada de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 6 p. 100 sous les niveaux de 1990 constitue une tâche monumentale qui forcera un virage fondamental dans la façon dont les canadiennes et les canadiens utilisent l'énergie et modifient leur comportement actuel. Il faudra aussi que plusieurs secteurs jouent leur rôle de défenseur du changement, notamment le secteur de la santé. Il est prévu que la population devra assumer 25 p. 100 de l'effort de réduction des gaz à effet de serre. L'Institut canadien de la santé infantile croit qu'un changement de cette ampleur demandera un lien direct aux valeurs fondamentales des Canadiennes et des Canadiens, c'est à dire leur santé et la santé de leurs enfants. Nous savons que sur un plan personnel, les préoccupations pour l'environnement se présentent suite aux éventuels risques pour la santé associés à une exposition à des dangers environnementaux. Par conséquent, si on souhaite faire le lien entre le changement climatique et la santé, il faut mieux comprendre les avantages des résultats suite à la prise de mesures sur le changement climatique. Le changement climatique rapproche plusieurs dimensions des problèmes environnementaux et de la santé. En élevant le niveau de sensibilisation à l'égard du changement climatique et des risques subséquents pour la santé, le résultat optimiste consistera en un engagement plus significatif et des changements de comportement plus durables. i Financé par le Fonds d'action pour le changement climatique, une initiative du gouvernement fédéral mise sur pied en 1998. ii Cette analyse se veut une synthèse des renseignements présentés dans le rapport de la Fondation David Suzuki intitulé À couper le souffle: Les effets de la pollution atmosphérique et des changements climatiques sur la santé, les travaux de l'Institut Pembina sur le changement climatique, les travaux du Programme canadien des changements à l'échelle mondiale, les données de l'étude pancanadienne sur les impacts et l'adaptation à la variabilité et au changement climatique en plus d'autres documents et renseignements pertinents de recherche scientifique. 7 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 1 Introduction C ompte tenu des connaissances actuelles sur l'éventuelle ampleur du réchauffement de la planète et d'autres scénarios de changement climatique, les effets sur la santé pourraient éventuellement être considérables. Ces effets varieront sans doute grandement d'une région à l'autre, car il est prévu que le changement climatique affectera les régions de façon différente. Certaines régions seront plus chaudes et plus humides alors que d'autres seront plus chaudes et plus sèches; certaines autres régions seront peut-être plus froides pendant la période de transition. Puisque le climat nous affecte de différentes façons et que les détails sur la façon dont le climat de la planète peut changer sont incertains, prédire les effets d'un changement climatique sur la santé est tout au moins une science inexacte. L'étendue de l'incidence d'un changement climatique sur la santé humaine est incertaine puisqu’elle dépend de multiples variables interreliées et de la condition de notre infrastructure de santé publique1. Mais, en raison des connaissances actuelles sur le climat et la santé et de l'amplitude du réchauffement de la planète projeté par les chercheurs scientifiques, les effets pourraient être considérables, plus particulièrement chez les populations les plus vulnérables, notamment les enfants. Il est reconnu que les groupes extrêmes du spectrum de l'âge seront plus à risque en raison de leurs caractéristiques uniques et de leurs vulnérabilités spéciales; cependant, aux fins de ce rapport, l'accent sera mis sur les enfants des milieux urbains et ruraux du Canada et aux effets du changement climatique sur leur santé. Le climat influence plusieurs déterminants essentiels de la santé : les températures extrêmes et les violents événements météorologiques; la portée géographique des organismes et des vecteurs porteurs de maladies; la qualité de l'air, des aliments et de l'eau et la stabilité des écosystèmes sur lesquels ils dépendent2. Pour des pays comme le Canada, les risques les plus importants causés par un changement climatique peuvent être reliés à des changements de fréquence, d'intensité et de durée des événements météorologiques extrêmes, en particulier des vagues de chaleur et des tempêtes de très forte intensité3. Les effets indirects d'un changement climatique planétaire sur la santé humaine se produiront dans le contexte d'autres changements aux écosystèmes. Les ressources hydriques du sud du Canada peuvent diminuer, y compris d'éventuelles réductions de l'ordre de un à deux mètres du niveau d'eau des Grands Lacs3. De plus, les désastres associés à la température dans d'autres régions de la planète peuvent aussi avoir des répercussions indirectes importantes par suite de demandes d'aide internationale, d'activités de maintien de la paix et d'acceptation de réfugiés environnementaux3. Puisque les changements climatiques à venir peuvent augmenter les risques pour la santé, il faut limiter de façon rigoureuse les émissions, par les êtres humains, de CO2, de méthane et d'autres gaz à effet de serre4. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), première autorité mondiale sur le réchauffement de la planète, a conclu qu'un réchauffement de la planète non vérifié causera une augmentation importante de la mortalité humaine en raison des températures extrêmes et des maladies infectieuses. Aucun pays, même une nation industrialisée comme le Canada, ne pourra échapper à ces répercussions5. Les risques suivants d'un changement climatique pour la santé des Canadiennes et des Canadiens sont réels, surtout pour les enfants : 8 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base • l'ozone des basses couches de l'atmosphère a été associée à l'inflammation des voies respiratoires, à la toux, à l'oppression thoracique et à l'irritation des voies respiratoires supérieures; les symptômes des voies respiratoires inférieures, notamment l'essoufflement, le sifflement et l'oppression thoracique, sont fortement associés à des augmentations du nombre de particules et de gaz oxydants comme l'ozone et l'oxyde nitreux; les résultats de plusieurs études ont démontré une perte de fonction respiratoire chez les enfants exposés à l'ozone; • les maladies à transmission vectorielle peuvent augmenter avec les changements de précipitation et de température; les élévations de température augmenteront les risques de maladies tropicales chez la population canadienne; • la qualité et la quantité de l'eau diminueront sans doute; • les sources d'eau pourraient être menacées par les inondations, par les sécheresses ou par l'augmentation des écoulements glaciaires; • augmentation du cancer de la peau, de déficience visuelle et d'autres maladies; l'activité humaine, y compris l'industrialisation et le déboisement, peuvent augmenter la pollution atmosphérique et affecter un grand nombre de personnes, surtout celles qui souffrent d'asthme et d'autres maladies respiratoires et cardio-vasculaires chroniques; les rayons ultraviolets plus intenses causés par l'amincissement de la couche d'ozone pourraient mener à une les résultats d'études montrent un lien entre l'exposition de la peau aux rayons ultraviolets (le nombre de coups de soleil foudroyants subis durant l'enfance et l'adolescence) et l'augmentation de l'incidence de mélanomes chez les adultes; • la production et la sécurité des aliments pourraient être compromises par les agents polluants et les changements environnementaux; • une augmentation des sécheresses, des inondations et d'autres désastres naturels aura une incidence directe ou indirecte sur la santé physique et psychologique des enfants. 1.1 Définition de changement climatique Dans le but d'évaluer l'état actuel des connaissances sur le changement climatique causé par l'être humain, il est extrêmement important de comprendre ce que signifie le climat. 1.1.1 Climat c. température Le climat est en fait la température moyenne, y compris les extrêmes saisonniers et les variations de temps chaud ou froid, humide ou sec, calme ou orageux, qui peuvent avoir lieu à l’échelle mondiale, régionale et locale6. Autrement dit, le climat indique les conditions météorologiques moyennes pour une période particulière de l'année, déterminées à partir de plusieurs années d'observation de renseignements météorologiques. Dans un endroit particulier, la température peut changer très rapidement d'une journée à l'autre et d'une année à l'autre, même dans un climat stable. Ces changements sont influencés par des virages de température, 9 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base de précipitation, de vents et de nuages. Contrairement à la température, le climat est généralement influencé par de lents changements de caractéristiques comme l'océan, la terre, l'orbite de la terre autour du soleil et le rendement énergétique du soleil7. Le climat est le résultat d'échanges d'énergie et d'humidité à l'intérieur du système terreocéan-atmosphère. Par conséquent, tout ce qui modifie la distribution d'énergie à l'intérieur du système ou la quantité d'énergie entrant ou quittant l'atmosphère terrestre modifie inévitablement le climat de la planète. Jusqu'à tout récemment, les changements climatiques n'ont été causés que par des processus naturels associés, par exemple, au changement du rendement énergétique du soleil ou à de lents changements dans la circulation des eaux des océans6. De nos jours, il est clair que les influences des êtres humains, en particulier celles qui sont reliées à la consommation d'énergie et aux modifications de l'utilisation des terres, peuvent aussi modifier l'équilibre énergétique et le climat. 1.1.2 Variabilité climatique c. changement climatique Les climatologues font une distinction entre les concepts de variabilité climatique et de changement climatique. La variabilité climatique indique généralement des fluctuations à court et à moyen termes de l'état climatique moyen sur des échelles temporelles variant de moins de un an à des décennies (c.-à-d. 30 ans)8,9. Par exemple, les événements El Niño ou La Niña, un réchauffement des eaux équatoriales dans la partie est de l'océan Pacifique ont causé des orages et des pluies plus fréquents le long des côtes du Pérou et de l'Équateur et des hivers plus doux et plus secs dans la partie sud du Canada10; ces événements appartiennent à cette catégorie. Le changement climatique, d'autre part, indique un déplacement fondamental de l'état moyen du climat (c.-à-d. des tendances à long terme – décennies, siècles)11. En outre, malgré le fait que les prévisions de changement climatique à venir sont des valeurs moyennes, les climatologues nous préviennent de ne pas présumer que ce genre de changement se produira de façon graduelle et réellement linéaire12,13. Ils prévoient que la variabilité climatique à court terme et que la fréquence des événements météorologiques extrêmes seront modifiés suite aux conséquences physiques d'un changement climatique à long terme14. 1.1.3 Effet de serre c. réchauffement de la planète c. changement climatique Un autre point de confusion possible émane des expressions suivantes : effet de serre, réchauffement de la planète et changement climatique, lesquels sont reliés mais différents. L'effet de serre est une expression descriptive qui aide à expliquer la façon dont les gaz à effet de serre comme le gaz carbonique captent la chaleur dans l'atmosphère (voir le schéma 1.0)15. Le réchauffement de la planète indique des augmentations de températures causées par la présence plus grande de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. La température est le principal élément climatique et les augmentations de températures modifieront les formes de précipitation, la vitesse et la direction des vents ainsi que la pression atmosphérique. 1.2 Le rôle des gaz à effet de serre Le système terre-océan-atmosphère est réchauffé par l'absorption des rayons de courtes longueurs d'onde du soleil, lesquels sont équilibrés par des rayons de grandes longueurs d'onde de la surface de la terre vers l'espace. Certains gaz naturels de l'atmosphère permettent à la lumière du soleil d'atteindre la surface de la terre et d'empêcher une certaine quantité de chaleur de s'échapper vers l'espace15. Les gaz à effet de serre remplissent des fonctions critiques sur le plan écologique, car ils empêchent la 10 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base perte de chaleur de la terre vers l'espace, élevant par le fait même la température de la surface de la terre et de l'air environnant. En raison de cet effet de serre naturel, la température moyenne de la surface de la terre (15°C) est environ 33°C plus chaude qu'elle ne devrait l'être – assez pour faire une différence entre une planète sur laquelle il est possible ou non de vivre16. L'ampleur d'un réchauffement dû à l'effet de serre dépend des quantités des divers gaz à effet de serre dans l'atmosphère et de leur efficacité relative à titre d'absorbants et d'émetteurs de rayons. Malheureusement, les gaz libérés par les activités humaines augmentent l'effet de serre naturel. Les plus importants gaz à effet de serre sont les suivants : le gaz carbonique (CO2), le méthane (CH4), l'ozone (O3), l'oxyde nitreux (N2O) et la vapeur d'eau. La vapeur d'eau constitue le gaz le plus abondant et contribue à environ 21°C du réchauffement de l'effet de serre naturel. Le gaz carbonique, bien qu'il soit moins abondant que la vapeur d'eau, est un absorbant de rayons beaucoup plus efficace, est responsable d'un autre 7°C du réchauffement et est le gaz le plus affecté par les activités humaines. L'ozone des basses couches de l'atmosphère, le méthane et l'oxyde nitreux sont responsables de l'autre 5°C17. Même de légers changements de concentrations atmosphériques peuvent avoir de graves conséquences sur la stabilité de l'écosystème et sur le bien-être des êtres humains. En plus des gaz à effet de serre susmentionnés, trois genres de gaz à effet de serre cités dans le Protocole de Kyoto, notamment les hydrofluorocarbones, les perflurorocarbones et les hexafluorures de soufre détruisent aussi l'ozone stratosphérique et, ainsi, augmentent l'exposition humaine aux rayons ultraviolets. Par conséquent, ils sont semblables aux CFC mentionnés dans l’encadré 1.0. 11 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Schéma 1.0 L'effet de serre Adapté de l'Institut Pembina (1999). Climate Change Awareness and Action: A High School Education Kit, ISBN 0-921719-26-4. Disponible en direct à l'adresse suivante : http://www.climatechangesolutions.com/english/science/effect-1.htm 14 juillet 2000. 12 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Encadré 1.0 Sources communes de gaz à effet de serre Gaz carbonique (CO2) • Les centrales électriques, les véhicules, les fournaises et les moteurs à combustion brûlent les combustibles fossiles, notamment le charbon, l'huile et le gaz naturel. • Les arbres meurent ou sont brûlés. • L'agriculture et le développement perturbent les sols, causant de l'érosion et une perte de matières organiques. Méthane (CH4) • La désintégration anaérobique se produit dans les sites d'enfouissement, les fosses à fumier et les étangs d'épuration, les terres humides et les dépôts de tourbes, les marécages et la toundra arctique. • Le méthane s'échappe des puits de gaz naturel, des pipelines et des mines de charbon. • Le méthane est produit de façon naturelle dans le système digestif des termites et des ruminants (mouton et bétail) • Le méthane est produit dans les combustibles fossiles, le bois et les déchets qui brûlent. Chlorofluorocarbones (CFC) • L'entretien et l’élimination de matériel de réfrigération et de climatisation utilisant des CFC. • La production et l’élimination de mousses plastiques fabriquées avec des CFC. • La fabrication de matériel électronique dans lequel les CFC servent de solvant de nettoyage. Oxyde nitreux (N2O) • Les combustibles fossiles (surtout le charbon) et le bois qui brûlent. • Les engrais azotés utilisés en agriculture. • Les sols sont perturbés par l'érosion, le labourage et d'autres activités. • Peut être formé par l'azote atmosphérique en présence de la lumière du soleil. Autres importants gaz à effet de serre • L'ozone des basses couches de l'atmosphère/la brumée produits suite à l'émission de combustibles fossiles qui brûlent – réagissant avec la lumière du soleil et la chaleur. Adapté de : J.H. Kara et Kelly, P.M. (1998). The heat trap : The threat posed by rising levels of greenhouse gases. Document d'information préparé pour les Friends of the Earth. Londres : Friends of the Earth – UK. Les Amis de la terre international (1995). Friends of the Earth’s Climate Change Workshop : Leader’s Guide. 13 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Depuis la révolution industrielle, les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ont considérablement augmenté en raison de l'augmentation d'émissions causées par des activités humaines (schéma 1.1). Ce phénomène a causé un « effet de serre accru ». Puisque les concentrations de gaz à effet de serre continueront d'augmenter, les températures globales s'élèveront, menant à un changement climatique à l'échelle de la planète. Les concentrations de gaz carbonique ont augmenté de 28 p. 100 depuis le début de la révolution industrielle et les chercheurs scientifiques estiment que la concentration atmosphérique de CO2 doublera au début de la deuxième moitié du siècle18. Le brûlage de combustibles fossiles constitue la principale source d'émissions de CO2 reliée à l'être humain, représentant, à ce jour, 75 p. 100 de l'effet de serre accru16. 14 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Schéma 1.1 Augmentations des émissions de gaz à effet de serre Adapté de : Hengeveld H. (1995), Understanding Atmospheric Change, 2e éd., Environnement Canada, p. 51. Cité dans : Pembina (1999). The rise in greenhouse gases concentrations – The Science. Climate Change Solutions. Disponible en direct : http://www.climatechangesolutions.com/english/science/rise.htm, le14 juillet 2000. 15 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 1.3 Points de vue divergeants C’est le GIEC, le comité des Nations Unies regroupant 2 500 chercheurs scientifiques, qui a avancé l'énoncé le plus définitif quant à savoir si les activités des êtres humains affectent le climat de la planète. Le rapport de 400 pages préparé par le groupe conclut que « l'équilibre de la preuve ... suggère une influence humaine évidente sur le climat de la planète »18. Certains chercheurs scientifiques sont en désaccord avec la conclusion voulant que l'image climatique porte une « signature humaine » parce que le climat varie, parfois de façon dramatique, et qu’il a varié au fil des ans19. La terre a connu à maintes reprises des périodes glaciaires et des périodes douces et les chercheurs scientifiques ne sont pas certains de la raison de ces oscillations climatiques. Le climat actuel est considéré comme un climat interglacial relativement doux. Les critiques du GIEC et l'hypothèse du réchauffement anthropique de la planète pointent souvent dans la direction de l'écart apparent entre le léger forçage dû aux gaz à effet de serre des années 1910 à 1940 et du réchauffement rapide de la planète survenu durant cette période6. Il est vrai que ce réchauffement s'est produit trop rapidement pour qu'il soit attribué uniquement à un forçage anthropique. Cependant, lorsque les effets de la variabilité et du forçage solaire générés à l'interne seront pris en compte, il n'existera pas d'écart important. La situation d'un changement climatique anthropique vient du phénomène suivant. Depuis la fin des années 1800, la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre et le chargement atmosphérique d'aérosols de sulfate ont augmenté de façon considérable, en très grande partie en raison d'activités humaines. Au même moment, la température moyenne de la surface de la terre s'est réchauffée d'environ 0,7°C20. Une preuve solide montre que les deux sont reliés : lorsque les effets d'un forçage radiatif des gaz à effet de serre et des augmentations des aérosols sont examinés de concert avec les effets causés par le changement estimé dans la production solaire, les prédictions d'un modèle de température mondiale moyenne et d'un changement observé montrent un accord exceptionnel6. 1.4 Modèles de circulation générale (MCG) Il existe plusieurs débats quant aux répercussions régionales et le taux de changement climatique. Il y a cependant peu de débats à l'effet qu'un changement climatique se produit. La plupart des chercheurs scientifiques s'entendent sur le fait que les températures augmentent. La plupart des débats sont centrés autour de la mesure dans laquelle l'augmentation est causée par une croissance d'émissions de gaz à effet de serre et quel est l’impact de cette hausse de température. Par exemple, de quelle façon les changements de concentration des gaz à effet de serre affectent les régimes climatiques, notamment la température, les précipitations, la couverture nuageuse, la glace marine, le manteau nival, les vents et les courants atmosphériques et océaniques? Les prédictions de changement climatique sont calculées au moyen de modèles informatiques ou de modèles de circulation générale (MCG) qui stimulent de façon mathématique les interactions terrestres, maritimes et aériennes, lesquelles déterminent ensemble le climat terrestre. Ces modèles aident à prédire les changements climatiques à l'aide de divers scénarios21. La confiance en la capacité de ces modèles à prédire plusieurs caractéristiques à grande échelle repose en grande partie sur leur fondement de lois physiques acceptées, leur capacité de décrire avec exactitude plusieurs aspects du climat actuel et leur habileté à reproduire certaines importantes caractéristiques des climats 16 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base passés7. Les modèles ne visent pas à prédire les événements météorologiques et la résolution est trop générale pour représenter les effets de caractéristiques géographiques locales comme les montagnes qui peuvent influencer le climat régional. Ils constituent cependant des outils pratiques pour examiner les tendances et les régimes climatiques à long terme et les réactions à d'importants changements. Presque toutes nos connaissances actuelles de l'éventuel impact climatique du réchauffement dû à l'effet de serre vient d'expériences avec des climats présentant un « doublement du gaz carbonique » (y compris plusieurs modèles cités par le GIEC). Ces expériences stimulent le climat produit lorsque l'atmosphère du modèle a une concentration de gaz carbonique stabilisée à environ 560 ppmv (parties par million en volume) ou deux fois la concentration préindustrielle (en tenant compte du gaz carbonique équivalent à tous les gaz à effet de serre)16. Les modèles informatiques fondés sur cette hypothèse prédisent constamment des températures moyennes supérieures. Un doublement du gaz carbonique peut, en bout de ligne, causer une augmentation moyenne de la température de la surface de la planète de l'ordre de 1,5 à 4,5°C par rapport à la période préindustrielle. Cependant, puisque d'autres gaz à effet de serre augmentent également, un effet réchauffant équivalent à un doublement se produira bien avant que le gaz carbonique n'atteigne le point de doublement de 560 ppmv16. Le MCG canadien montre un réchauffement de l'ordre de 4,8°C dans le sud du Canada et peu de changement entre saisons. Plus au nord, le réchauffement est amplifié à 8 à 12°C en hiver et un réchauffement plus modeste de l'ordre de 0 à 6°C en été. Cependant, les modèles actuels suggèrent (appuyés par les données récentes) que les changements de température seront loin d'être uniformes pour la planète et pour le territoire canadien, en particulier lorsque les effets locaux d'un rafraîchissement causés par les aérosols acidesiii sont incorporés à la formule16. 1.4.1 Limitations et incertitudes Limitations et incertitudes des MCG : • • Puisque chaque processus du système climatique ne peut être pleinement stimulé, il faut faire des hypothèses, simplifier le processus et en faire l'approximation. Par exemple, les complexités liées à la formation d'un nuage, à la couverture nuageuse et à d'autres éléments affectant la précipitation créent d'importantes incertitudes dans l'estimation des changements de précipitation21. Les modèles de la planète ne possèdent pas assez de détails pour modéliser avec plus de certitude les caractéristiques régionales du climat; caractéristiques régionales qui ont le plus d'influence sur les systèmes d'eau naturelle et sur les activités humaines16. Des incertitudes plus importantes (n'émanant pas d'une limitation particulière dans les régimes climatiques), notamment les estimés du taux à venir d'émissions de gaz à effet de serre, limitent la capacité de prédire avec exactitude la façon dont le climat changera à l'avenir. iii En éparpillant et en reflétant la lumière du soleil loin de la terre (causant des couchers de soleil rouge vif), les aérosols acides (petites particules) ont un effet refroidissant sur la troposphère. 17 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Encadré 1.1 Accent sur le CO2 Les organismes vivants et les activités humaines (augmentant avec la croissance de la population) produisent le gaz carbonique (CO2), le principal gaz à effet de serre, plus particulièrement par le brûlage des combustibles fossiles. En 1996, les activités de la population canadienne ont causé la libération de 508 millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère, représentant 75 p. 100 de la contribution canadienne au réchauffement de la planète. Le secteur du transport constitue une des principales sources d'émissions de gaz carbonique. Par exemple, la conception de plusieurs villes exige une forte dépendance à l’usage d'automobiles, lesquelles contribuent aux émissions de gaz carbonique. La réduction d'émissions de CO2 exige une modification des décisions personnelles de mode de vie pour améliorer la durabilité environnementale et économique en plus de l'aspect esthétique et de l'habitabilité de nos collectivités. Autrefois, la plupart des émissions de CO2 étaient absorbées par les plantes, le sol et les océans, collectivement connus comme les « éviers de carbone ». Ces éviers de carbone agissent comme des réservoirs de CO2, chacun équilibrant l'absorption et la libération de CO2. Cependant, de nos jours, la production annuelle de CO2 excède la capacité d'absorption des plantes et d'autres « éviers » naturels où est entreposé le carbone. Par exemple, la destruction massive des forêts au cours des 50 dernières années a contribué à une diminution de l'absorption du CO2. Source : J. Last, Trouton, K. et Pengelly, D. (1998). Taking our Breath Away - The Health Effects of Air Pollution and Climate Change. Vancouver : Fondation David Suzuki. 18 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 1.5 Augmentations des températures Selon les MCG, il est prévu que si des mesures ne sont pas prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre reliées aux activités humaines, la température moyenne de la surface terrestre augmentera de 1,5 à 4,5°C dans la deuxième moitié du siècle, soit une augmentation de l'ordre de 0,1°C à 0,5°C par décennie au cours du prochain siècle, laissant une température moyenne de la planète supérieure à tous les niveaux des 100 000 dernières années18. Cependant, ce réchauffement ne serait pas distribué uniformément sur la planète. Le réchauffement le plus prononcé se produirait dans les altitudes les plus élevées en hiver et les moins élevées dans les régions tropicales; les régions intérieures continentales se réchaufferaient davantage que les océans. phénomène de réchauffement, il suffit de constater que les neuf années les plus douces (pour la planète) ont eu lieu depuis 1980, c'est à dire 1998, 1997, 1991, 1990, 1989, 1988, 1987, 1983 et 1981. Les températures enregistrées en 1998 étaient plus qu'inhabituelles, elles étaient sans précédent. Après 1997, l'année la plus chaude sur une moyenne mondiale, 1998 est devenue la nouvelle référence. En 1998, la température moyenne de la surface terrestre a été la plus élevée depuis que l'homme la mesure à l'aide d'un thermomètre22. De nouveaux records mensuels de température élevée ont été établis au cours de chacun des 18 mois consécutifs se terminant en octobre 1998. Dans les six premiers mois de 1998, de grandes sections du Canada ont connu des températures entre 4 et 7°C au-dessus des températures normales23. Les températures, durant l'été 2000, ont été relativement normales (c.-à-d. 0,2°C au-dessus des températures normales)24. La température moyenne de l'air de la planète a augmenté d'environ 0,7°C au cours du dernier siècle20. Pour prouver ce 19 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Encadré 1.2 Accent sur la consommation d'énergie Le Canada est le plus grand consommateur d'énergie par habitant au monde et le deuxième plus important producteur de gaz à effet de serre parmi les pays industrialisés. Certaines des raisons expliquant cette consommation élevée d'énergie par habitant au Canada comprennent : le climat froid, les longues distances entre agglomérations et des industries énergivores comme la fusion des minéraux, le traitement du gaz naturel, les raffineries de pétrole et la production de pâte et papier. Les facteurs liés au mode de vie sont néanmoins tout aussi importants – presque 20 p. 100 de la consommation énergétique canadienne se trouve dans le secteur résidentiel. De plus, une grande partie du (transport, industriel, commercial) sont étroitement liés aux modes de vie canadiens. Le transport de passagers et les activités résidentielles représentent un quart des émissions de gaz carbonique au Canada. En moyenne, un domicile canadien consomme environ 50 000 kWh d'électricité par année. A des fins de condensation/refroidissement, la production de l kWh d'électricité demande 140 litres d'eau pour les usines de combustibles fossiles et 205 litres d'eau pour les centrales nucléaires. La génération d'énergie hydroélectrique est, de nos jours, la principale source d'électricité au Canada, représentant environ 62 p. 100 de la demande d'électricité. La production et la consommation de combustibles et d'électricité dans les villes mènent à des stress environnementaux au niveau local et mondial. En particulier, la combustion de carburants pour l'automobile, le chauffage des demeures et les entreprises commerciales à très haut niveau de concentration dans les villes mènent à une pollution atmosphérique locale causée par des émissions d'oxyde nitreux, de composés organiques volatiles, de dioxyde de soufre et de particules et contribue au réchauffement de la planète suite à la libération de gaz carbonique. Source : Last, J., Trouton, K. et Pengelly, D. (1998). Taking our Breath Away - The Health Effects of Air Pollution and Climate Change. Vancouver : Fondation David Suzuki. 20 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 1.6 Références 1. Patz J et al. (2000). The potential health impacts of climate variability and change for the United States: executive summary of the report of the health sector of the U.S. national assessment. Environmental Health Perspectives 108(4): 367-376. Available online: http://ehis.niehs.nih.gov/topic/global/patzfull.html, July 10, 2000. 2. World Resources Institute (1998). World Resources 1998-99: A Guide to the Global Environment. New York: Oxford University Press. 3. Hengeveld HG (2000). The Science. Alternatives Journal 26(2): 16. 4. McMichael AJ, Haines A, Sloof R and Kovats S (eds.) (1996). Climate Change and Human Health. Geneva: World Health Organization. 5. Sierra Club. Global Warming Impacts: Health Effects – Conclusion. Available online: http://www.toowarm.org/CAFE/factsheets /health4.html, July 12, 2000. 6. Wigley T (1999). The Science of Climate Change: Global and U.S. Perspectives. Prepared for the Pew Center on Global Climate Change. p.3. 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IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change) (1996). Climate change 1995: IPCC second assessment report. Vol. 1. The Science of Climate Change. Houghton JT et al. (eds.). Cambridge: Cambridge University Press. 20. The Edmonton Journal (1997). What’s cooking on climate. The Edmonton Journal. October 26, 1997. Available online: http://www.ualberta.ca/ERSC/currentnews /climate2.htm, July 10, 2000. 21. World Meteorological Organization (1999). World Climate News 15, 12 p. Available online: http://www.wmo.ch/, December 7, 2000. 22. Adams RM, Hurd BH and Reilly J (1999). A Review of Impacts to U.S. Agriculture Resources. Prepared for the Pew Center on Global Climate Change. p.10. Available online: http://www.pewclimate.org/projects/env_a rgiculture.pdf, July 10, 2000. 23. World Meteorological Organization (1999). Weather, Climate, and Health. Geneva, Switzerland: WMO. WMO-NO. 892. 24. Bruce J. Montreal Gazette 29 August 1998 p. B6. Cited in: Last J Trouton K and Pengelly D (1998). Taking Our Breath Away - The Health Effects of Air Pollution and Climate Change. Vancouver: David Suzuki Foundation. 22 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 25. Environment Canada. Climate trends and variations bulletin for Canada summer 2000: Temperature and precipitation in historical perspective. Available online: http://www.mscsmc.ec.gc.ca/ccrm/bulletin/, November 15, 2000. 23 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 2 La pollution atmosphérique et ses répercussions sur la santé L a combustion de combustibles fossiles pose un double obstacle. Elle produit du gaz carbonique et d'autres gaz, lesquels contribuent non seulement aux gaz à effet de serre qui réchauffent la planète, mais aussi à la libération de minuscules particules dans l'air qui peuvent rendre les gens malades et endommager leurs poumons1. Le changement climatique peut augmenter l'exposition aux polluants atmosphériques en affectant la température et en influençant par le fait même la concentration de la pollution locale et régionale. Les conditions atmosphériques locales, y compris la température, les précipitations, les nuages, la vapeur d'air atmosphérique, la vitesse du vent et la direction du vent influencent les réactions chimiques atmosphériques2. Ces conditions peuvent aussi avoir des répercussions sur les processus de transport atmosphérique et sur le taux d'exportation des polluants des environnements urbains et régionaux dans les environnements à l'échelle globale3. Des canicules estivales plus intenses produiraient des brumées plus graves et des épisodes d'ozone. Le changement climatique peut aussi avoir des répercussions sur les émissions anthropiques par l'entremise de réactions adaptatives comprenant des augmentations de combustion de combustibles pour la production d'énergie (p. ex., climatisation). Le changement climatique peut aussi causer un déplacement dans la distribution et les genres d'allergènes dans l'air2. L'asthme et d'autres problèmes respiratoires sont à la hausse; le changement climatique et la pollution atmosphérique peuvent empirer cette tendance. Bien que les causes précises de l'augmentation des taux d'asthme demeurent inconnues, des épisodes aigus d'asthme ont été liés à la présence de certaines poussières, du pollen, d'ozone, d'autres polluants atmosphériques ou d'un mélange de certains de ces éléments dans l'air4. En outre, la gravité de l'asthme et des allergies peut être intensifiée par la chaleur et l'humidité et peut contribuer aux difficultés à respirer. En raison de ces facteurs, la température et le climat peuvent influer de façon directe sur des désordres respiratoires comme l'asthme par des baisses soudaines de température ou de façon indirecte par une augmentation des niveaux de polluants5. Plusieurs effets sur la santé associés aux répercussions climatiques sur la pollution atmosphérique dépendent des niveaux de pollution atmosphérique à venir2. Depuis 1970, les niveaux généraux de polluants de l'air ambiant ont diminué6. Cependant, la majorité des polluants atmosphériques réglementés proviennent de la combustion de combustibles fossiles7,8 et, par conséquent, l'augmentation de la consommation d'énergie et de combustible continue de contribuer aux augmentations d'émissions de polluants atmosphériques sans contrôle supplémentaire sur les polluants atmosphériques2. Les résultats de récentes études démontrent que près de 8 p. 100 de tous les décès non traumatiques dans les villes canadiennes sont attribuables à la pollution atmosphérique causée par la combustion de combustibles fossiles9. Selon une étude récente publiée dans Lancet, plus de 700 000 décès par année à l'échelle mondiale sont causés par une exposition à des particules de pollution atmosphérique résultant de la combustion de combustibles fossiles, laquelle pourrait être évitée par des politiques efficaces de contrôle climatique10. Les statistiques démontrent que les enfants du Canada sont plus susceptibles d'être hospitalisés pour des problèmes respiratoires causés par une exposition aux polluants 24 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base atmosphériques que par toute autre cause. Dans le sud de l'Ontario, les taux d'admission dans les hôpitaux en raison de maladies respiratoires ont augmenté de 5 à 6 p. 100 avec l'augmentation des polluants atmosphériques, et les enfants âgés de moins de deux ans semblent être les plus touchés11. Les résultats d'une autre étude démontrent que 14 p. 100 de toutes les admissions de nouveau-nés pour maladie respiratoire sont associées à la pollution atmosphérique. Ces statistiques sont alarmantes car il est prévu que la qualité de l'air continuera de se détériorer avec le changement climatique. En raison de leur petite stature et de leurs habitudes de jeu (ramper et se rouler), les jeunes enfants sont plus susceptibles d'être exposés à des polluants ou à des aérosols plus lourds et plus concentrés dans la zone de respiration près du sol12. Les enfants consacrent plus de temps à des activités vigoureuses à l'extérieur que les adultes et, par conséquent, les endroits dans lesquels ils jouent et le niveau d’air qu’ils respirent augmentent leur risque d'exposition. Par exemple, les enfants consacrent beaucoup de temps à jouer activement dans des parcs urbains et dans des cours d'école, de sorte qu'ils sont beaucoup plus exposés aux polluants des véhicules automobiles13. Les jeunes enfants souffrent aussi d'une plus grande exposition aux polluants atmosphériques puisqu’ils ont besoin de plus d'air par kilogramme de masse corporelle que les adultes; ils inhalent donc de plus grandes quantités de polluants atmosphériques par rapport à leur masse corporelle. Par exemple, l'air que respire un nouveau-né au repos est le double de celui qu’inhale d'un adulte au repos14. La vulnérabilité psychologique des enfants à la pollution atmosphérique augmente en raison du fait que leurs poumons sont en pleine croissance15. L'irritation causée par les polluants atmosphériques qui ne produiraient qu'une légère réaction chez un adulte peut produire une éventuelle obstruction importante des voies d’air d'un jeune enfant. De plus, la durée de l'exposition à la pollution et la combinaison des polluants inhalés peuvent avoir des effets cumulatifs. Les enfants de familles qui ne sont pas habitués aux températures chaudes et qui n'ont pas accès à des immeubles climatisés sont plus susceptibles de souffrir davantage16. Lorsque les températures augmentent, les personnes souffrant de maladies respiratoires et demeurant dans des endroits non climatisés sont plus portées à garder leurs fenêtres ouvertes pour permettre une meilleure circulation de l'air. Malheureusement, les niveaux de polluants atmosphériques sont plus élevés durant les mois d'été, augmentant par le fait même les risques que des polluants comme l'ozone déclenchent des épisodes d'asthme. 2.1 Composantes de la pollution atmosphérique et répercussions sur la santé Le dioxyde de soufre (SO2), le dioxyde d'azote (NO2), le monoxyde de carbone (CO), les particules (PM10 et PM2,5) et l'ozone des basses couches de l'atmosphère (O3) sont les constituants les plus fréquents de la pollution atmosphérique urbaine au Canada et, partant, peuvent affecter de façon néfaste la majorité des Canadiennes et des Canadiens. Ces polluants proviennent de la combustion des combustibles fossiles servant à la génération d'énergie dans les processus industriels, le transport, le chauffage et la climatisation. Dans les environnements urbains, la formation de polluants atmosphériques secondaires, notamment l'ozone des basses couches de l'atmosphère, augmente à haute température. Le changement climatique peut accélérer les réactions chimiques atmosphériques qui produisent des polluants atmosphériques secondaires5. À l'exception du monoxyde de carbone, qui nuit à 25 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base l'absorption de l'oxygène dans la circulation sanguine, ces substances irritent les yeux et le système respiratoire. couche d’ozone de la troposphère pour éliminer certains rayons ultraviolets du soleil18. Les polluants susmentionnés réduisent l'efficacité des poumons et aggravent les conditions respiratoires existantes. Ils peuvent déclencher une toux et une douleur en respiration profonde et sont particulièrement dangereux pour les enfants, les personnes souffrant de désordres respiratoires chroniques comme l'asthme et la bronchite et les personnes atteintes de maladies cardiorespiratoires17. À l'exception du monoxyde de carbone, chaque polluant susmentionné fera l'objet d'une étude individuelle pour ce qui est de ses répercussions sur la santé. L'ozone des basses couches de l'atmosphère endommage les cellules revêtant les voies respiratoires en causant une irritation, un brûlement et des difficultés à respirer, y compris une oppression thoracique et une douleur à l'inspiration19. Lorsque l'ozone est inhalé, même à de très bas niveaux, il peut causer des problèmes respiratoires, aggraver l'asthme, causer une inflammation des tissus pulmonaires et nuire au système immunitaire, rendant les gens plus susceptibles de souffrir de maladies respiratoires. Ces symptômes peuvent se présenter à des concentrations d'ozone aussi basses que 0,012 ppm – des niveaux typiques dans plusieurs villes. Par exemple, plus de la moitié de la population canadienne demeure dans des régions où l'ozone des basses couches de l'atmosphère peut atteindre des niveaux inacceptables durant les mois d'été20. 2.1.1 Ozone Les concentrations d'ozone des basses couches de l'atmosphère dépendent des conditions météorologiques et sont habituellement plus élevées durant les mois d'été chauds et secs17. L'ozone des basses couches de l'atmosphère est un gaz formé par l'interaction de la lumière du soleil et des températures douces avec les oxydes d'azote (NOx) et les composés organiques volatiles (COV) (contrairement à la couche d'ozone stratosphérique qui se trouve beaucoup plus loin dans l'atmosphère et qui est formée comme un déchet de l'activité photosynthétique des plantes vertes5). Les sources de COV et d'émissions d'azote comprennent les véhicules routiers, les usines de fonte et affinage, l'industrie du nettoyage à sec et les centrales à charbon. Les niveaux sont plus élevés durant le jour, en été, sous le vent des routes congestionnées et des cheminées industrielles. L'ozone des basses couches de l'atmosphère est le principal constituant de la brumée photochimique qui recouvre plusieurs régions urbaines, en particulier durant les mois d'été. Il agit aussi comme gaz à effet de serre pour réchauffer l'atmosphère et comme L'ozone des basses couches de l'atmosphère pose un problème unique pour les enfants car il est formé pendant les jours ensoleillés, période au cours de laquelle les enfants sont actifs et jouent dehors. Les enfants atteints d'asthme et ceux qui n'ont pas été diagnostiqués avec des maladies pulmonaires présentent des effets respiratoires suite à une exposition à l'ozone des basses couches de l'atmosphère11. Les résultats de plusieurs études démontrent une diminution de la fonction pulmonaire des enfants suite à une exposition à l'ozone21. Les résultats d'études indiquent que les alvéoles des jeunes enfants peuvent être affectées par l'exposition à l'ozone des basses couches de l'atmosphère; cette exposition peut affecter la croissance de leurs poumons22. Puisque les nouveau-nés possèdent moins d'alvéoles que les adultes, ils sont plus susceptibles aux effets des contaminants23. L'exposition aux contaminants peut aussi nuire au 26 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base développement des alvéoles et avoir des conséquences pendant toute leur vie. Une diminution de la fonction pulmonaire dans la première année de vie prédit une augmentation des maladies des voies respiratoires inférieures plus tard au cours de la vie. Des études réalisées sur des animaux exposés à l'ozone des basses couches ont aussi démontré des déficiences physiologiques permanentes qui ont progressé jusqu'à des changements structurels des poumons24. Une inflammation aiguë des poumons est devenue une inflammation chronique, guérie par un processus connu sous le nom de fibrose ou une cicatrice qui durcit les poumons et qui peut les rendre moins capables d'échanger efficacement les gaz. polluants qui contribue le plus à la production d'ozone des basses couches de l'atmosphère et peut contribuer de façon importante aux niveaux intérieurs du contaminant. Une étude réalisée dans un camp d'été auprès d'enfants atteints d'asthme a démontré que la pollution atmosphérique par l'ozone est considérablement corrélée à une augmentation de l'utilisation de médicaments contre l'asthme et de l'aggravation d'autres symptômes de l'asthme25. Les enfants étaient 40 p. 100 plus à risque de souffrir d'attaques d'asthme durant les jours plus pollués. Une étude réalisée en Ontario a estimé que 5 p. 100 de toutes les admissions d'enfants à l'hôpital étaient attribuables à l'effet de l'ozone durant les mois d'été des années 1983 à 198811. Cet effet était linéaire et ne montrait pas un seuil « sans effet », indiquant qu'il n'existe pas de niveau d'ozone sans risque. Cette situation est particulièrement préoccupante si le changement climatique continue de produire des étés en moyenne plus chauds ou des épisodes météorologiques extrêmes, faisant en sorte que des millions de personnes sont exposées à des niveaux d'ozone dangereux19. Les concentrations de brumée sont très élevées pendant les jours chauds et ensoleillés, car ses composantes (ozone des basses couches de l'atmosphère, NOx et COV) réagissent à la lumière du soleil. Ce phénomène est dû, en partie, aux températures plus élevées qui augmentent l'évaporation de liquides volatiles comme l'essence et les solvants organiques. En vertu du doublement du scénario de gaz carbonique, la fréquence des journées présentant des températures supérieures à 30°C pourrait passer, dans certaines villes canadiennes comme Toronto, de la moyenne actuelle de 10 jours par année à plus de 50 jours par année28. Cette situation risque d'augmenter le nombre de journées de brumée, ce qui peut conséquemment mener à un nombre supérieur d'admissions dans les hôpitaux29. 2.1.2 Oxydes d'azote (NOx) L'oxyde d'azote (N2O) et le dioxyde d'azote (NO2) sont formés par la combustion de combustibles fossiles. Les sources comprennent les installations d'énergie et les véhicules automobiles. Le NO2 est un des Le NO2 peut irriter les poumons et diminuer la résistance aux infections respiratoires comme la grippe26. En présence de NO2, la muqueuse bronchique peut devenir plus perméable aux allergènes, diminuant le seuil de sensibilisation nécessaire et augmentant l'incidence d'asthme allergène. Une augmentation de la réactivité des voies aériennes a aussi été liée à une exposition à des niveaux élevés de NO2 dans l'air27. 2.1.3 Brumée La brumée a tendance à se concentrer dans les régions urbaines où un grand nombre de personnes sont vulnérables aux effets néfastes connexes sur la santé30. Cependant, la brumée n'est pas un phénomène uniquement urbain – les caractéristiques topographiques jouent aussi un rôle. Dans la partie ouest du Canada, des quantités élevées d'ozone des basses couches de l'atmosphère se déplacent sur 100 27 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base kilomètres, de Vancouver à la vallée du Fraser. Dans le centre du Canada, le corridor de pollution s'étend de Windsor à Québec. Des niveaux élevés d'ozone des basses couches de l'atmosphère ont aussi été remarqués dans les régions agricoles du sudouest de l'Ontario où les dommages à la récolte et à la végétation se produisent, en plus du secteur des chalets d'été le long du Lac Huron. Dans les Maritimes, le corridor de brumée s'étend du Nouveau-Brunswick jusqu'à l'ouest de la Nouvelle-Écosse18. 2.1.4 Particules (PM10 & PM2,5) Les particules sont de petites matières particulaires qui demeurent suspendues dans l'air et qui varient en composition chimique et en origine. Les particules de diamètre inférieur à 10 µm (PM10 = 2,5 à 10 µm et PM2,5 <2,5 µm) ont les incidences les plus néfastes pour la santé28. Les sources naturelles comprennent le brouillard, la poussière, la fumée des incendies de forêt et les volcans. Les sources humaines comprennent la combustion des combustibles fossiles provenant des moteurs diesel et à essence, des foyers et des fournaises, de la combustion de biomasse, de la poussière de processus mécaniques comme l'exploration minière et le concassage, et la poussière de la route causée par le déplacement des véhicules. Les mécanismes par lesquels les particules inhalées blessent les poumons sont divers, mais l'inflammation du poumon joue un rôle important31. Les petites particules ont tendance à être plus actives sur le plan chimique en plus d'être plus acides et, partant, plus dommageables32. Les PM10 sont éliminées dans le système respiratoire supérieur; cependant, les PM2,5 peuvent pénétrer dans les alvéoles et se déposer au plus profond des poumons, où les mécanismes naturels d'évacuation sont moins efficaces. Il est établi sans équivoque que ces particules peuvent endommager les poumons en pleine croissance et affecter la santé des enfants. Une batterie d'études scientifiques a établi un lien entre les particules, et surtout les petites particules (seules ou avec d'autres polluants atmosphériques) et la mort prématurée, les admissions dans les hôpitaux découlant de problèmes respiratoires, l'exacerbation de l'asthme aigu et les symptômes respiratoires aigus comme la douleur thoracique grave, la respiration haletante, la toux aggravée, la bronchite chronique et la fonction pulmonaire diminuée33,34. Les niveaux supérieurs de mortalité infantile ont aussi été associés à des niveaux élevés de particules. Selon une étude réalisée aux É.-U. sur les décès de nouveau-nés dans le premier mois de vie et la pollution atmosphérique causée par des particules, les personnes qui vivent dans des régions de grande exposition au PM10 sont 45 p. 100 plus à risque de mourir que ceux qui demeurent dans des régions moins polluées35. Les augmentations de niveaux de particules ont été associées à une augmentation de la toux, des problèmes de fonction respiratoire et d'hospitalisations chez les enfants en santé ainsi que chez les enfants souffrant d'asthme36,37. Cependant, les enfants souffrant de sifflement, d'asthme, de toux chronique et de mucosités chroniques sont plus vulnérables aux répercussions sur la santé causées par l'inhalation de fines particules5. De nombreuses études associent les particules aux changements aigus de la fonction respiratoire et aux maladies respiratoires se traduisant par l’absentéisme scolaire en raison d’infections respiratoires ou par l'aggravation de conditions chroniques comme l'asthme et la bronchite38,39. 2.1.5 Dioxyde de soufre Le dioxyde de soufre (SO2) est un gaz irritant qui est très hydrosoluble et qui provient de la combustion du soufre, du charbon et de l'huile contenant du soufre. Le dioxyde de souffre accompagne habituellement la pollution causée par des 28 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base particulesiv; il est par conséquent souvent difficile de séparer les répercussions sur la santé de ces deux polluants. Les niveaux élevés de SO2 affectent la santé des enfants et causent une irritation aiguë de leurs voies respiratoires supérieures et de leurs yeux40. Dans des concentrations plus élevées, le SO2 peut causer une constriction bronchique et, en bout de ligne, une diminution de la fonction respiratoire chez les enfants asthmatiques. On estime qu'environ 1 p. 100 des hospitalisations d'enfants en Ontario sont le résultat de niveaux élevés de SO2 dans l'air 11. Les enfants atteints d'asthme sont plus sensibles au SO2, surtout en présence de pollution causée par l'ozone, démontrant que les polluants atmosphériques ne se produisent généralement pas en isolation, mais dans des mélanges complexes qui créent le potentiel d'effets synergiques entre polluants41,42. 2.2 Déclencheurs de l'asthme et de la fièvre des foins Une augmentation du nombre de personnes atteintes d'asthme, de désordres allergiques et de maladies cardio-respiratoires pourrait être le résultat de changements climatiques dans la formation et la persistance de pollens, de spores et de certains polluants46,47,48.La production d'allergènes provenant des plantes, notamment les pollens et les spores, très sensibles au climat et aux températures douces, peut accélérer la production de pollen ou modifier la distribution géographique des espèces de plantes49. Un changement climatique pourrait, par conséquent, affecter le schéma de divers désordres allergiques saisonniers (surtout la fièvre des foins et l'asthme) par son impact sur la production de ce genre d'allergènes2. Dans certaines conditions (p. ex., une augmentation de température et d'humidité), certains des déclencheurs qui exacerbent l'asthme sévissent. Les répercussions de ce genre de changements sur l'incidence régionale de l'asthme sont difficiles à prédire. Il est inconcevable que pour certaines populations de régions particulières, un changement d'herbes ou d'espèces d'arbres dominants ou le déclin d'une espèce moins commune mais peut-être plus allergène peut mener à une amélioration au cours de la saison pollinique50. Au contraire, la confluence de changements climatiques (longues périodes sèches ponctuées de fortes pluies) et la prolifération d'espèces de mauvaises herbes peut produire une saison pollinique plus intense. La littérature comprend bon nombre d'exemples sur une association entre l'apparition d'orages, lesquels contribuent à l'ozone des basses couches de l'atmosphère, et les périodes intenses d'épisodes d'asthme, nécessitant une admission en salle d'urgence50,51. Une prévalence élevée de patients présentant une sensibilité aux pollens des plantes herbacées semble être un facteur particulier remarqué pendant ces épisodes. On retrouve des indications d'une libération soudaine de granules d'amidon provenant du pollen des plantes herbacées dans les pluies fortes et soudaines, réitérant de nouveau le rôle joué par les herbes pendant ces épisodes. Dans les scénarios de changement climatique, les orages devraient être plus graves, causant ainsi des poussées supérieures d'asthme50. iv Les fines particules de sulfate proviennent du SO2. 29 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Encadré 2.0 Prévalence de l'asthme chez les enfants L'asthme est une maladie respiratoire chronique caractérisée par un rétrécissement soudain et intermittent des voies aériennes, causant des difficultés à respirer, une oppression thoracique et une toux. L'asthme est, de nos jours, la maladie chronique des enfants la plus fréquente au Canada et aux États Unis. Depuis les années 1970, on a dénombré des augmentations importantes dans la prévalence de l'asthme, dans la morbidité et la mortalité des enfants des pays industrialisés et en voie de développement. Une récente étude réalisée par Statistique Canada a confirmé une quadruple augmentation de l'asthme chez les enfants sur une période de 20 ans; des données d'admission à l'hôpital révélant cette augmentation43. Le rapport a indiqué qu'en 1994-1995, la prévalence de l'asthme chez les personnes âgées entre 0 et 14 ans était de l'ordre de 11,2 p. 100 (affectant environ 672 000 enfants), comparativement à 2,5 p. 100 en 1978-1979. Une récente étude réalisée par Santé Canada a démontré une incidence encore plus élevée de l'asthme chez les enfants d'âge scolaire (5 à 19 ans) dans des unités de santé sentinelles un peu partout au Canada44. Bien qu’on débatte de la question de savoir si cette augmentation est causée par des diagnostics excessifs, bon nombre d'études internationales suggèrent que les changements environnementaux peuvent contribuer à l'augmentation43. Les experts s’entendent généralement pour dire que les augmentations de diagnostics d'asthme observés à l’échelle internationale ne sont pas le résultat de changements diagnostiques ni d'importants changements dans les facteurs génétiques reliés à l'asthme44. Cependant, il est difficile de confirmer avec certitude que l'augmentation de l'incidence d'asthme est due uniquement à des facteurs environnementaux. Les déterminants environnementaux semblent être des facteurs importants qui empirent la maladie existante et(ou) exacerbent les symptômes plutôt qu'une explication des nouveaux cas d'asthme39,45. À ce titre, les enfants asthmatiques représentent un sous-groupe d'enfants particulièrement sensibles. En plus de l'exacerbation environnementale de l'asthme, les allergènes biologiques, les virus et les autres organismes infectieux jouent un important rôle en causant des maladies respiratoires chez les enfants. 30 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 2.3 L'air à l'intérieur Bien que les incidences sur la santé associées aux polluants de l'air extérieur deviennent de plus en plus apparentes, il importe de reconnaître que la qualité de l'air intérieur peut aussi affecter à long terme la santé des enfants. Le changement climatique peut affecter le nombre d'heures passées à l'intérieur des individus. Ces derniers peuvent passer plus de temps dans des endroits climatisés pour éviter les chaleurs extrêmes ou consacrer plus de temps aux activités extérieures si les températures hivernales sont plus douces, ce qui se traduit par des changements d'exposition aux polluants et aux allergènes de l'air intérieur2. Dans certaines situations, ces environnements internes peuvent être plus dangereux que les conditions ambiantes2. Le US Environmental Protection Agency précise que les niveaux intérieurs de certains polluants comme les COV peuvent être entre deux à cinq fois supérieurs aux niveaux extérieurs52. Le Agency’s Science Advisory Board ajoute que la pollution de l'air intérieur constitue un des cinq principaux dangers environnementaux pour la santé humaine. Les enfants canadiens consacrent actuellement presque 90 p. 100 de leur temps dans des environnements intérieurs comme la maison, les garderies de jour ou les écoles, les patinoires intérieures et les centres d'achat. Compte tenu du fait que les enfants consacrent autant de temps à l'intérieur, il est inquiétant de remarquer que le Canada ne possède actuellement aucun règlement ciblant la qualité de l'air dans ces endroits13. Le nombre de plaintes liées à la qualité de l'air intérieur a augmenté au cours des dernières décennies et on remarque une tendance vers des immeubles plus hermétiques et des mesures de conservation d'énergie53. De nos jours, les immeubles et les maisons mal ventilés peuvent être la cause de problèmes d'air intérieur. Il existe six principales catégories de pollution de l'air intérieur : les particules respirables, le NO2, les COV, les composés organiques semi-volatiles, les agents infectieux et les allergènes (c.-à-d. la moisissure et les champignons) et le monoxyde de carbone13,53. Les sources communes de ces polluants internes comprennent les matériaux des immeubles (c.-à-d. les panneaux de particule et l'isolation), le rembourrage, les tapis, les rideaux, les décorations murales, la combustion de combustibles fossiles dans les poêles et les fournaises, les colles, les agents de nettoyage, les peintures, les adhésifs et la fumée du tabac. Les sources de pollution de l'air extérieur adjacent (les émissions des moteurs de véhicules dans les garages, les quais de chargement, la poussière de la rue s'infiltrant dans les entrées d'air, etc.) font aussi partie des problèmes de qualité de l'air intérieur53. Une détérioration supplémentaire de la qualité de l'air intérieur, laquelle dépend de la qualité de l'air extérieur et de la force des émissions des sources intérieures, constitue un nouveau problème. La qualité de l'air extérieur devrait se détériorer lors d'un changement climatique et les émissions intérieures devraient augmenter en raison d'une mauvaise ventilation, de l'utilisation accrue des poêles à bois et des chaufferettes au kérosène et de l'introduction de nouveaux produits chimiques et de contaminants dans les produits de consommation et dans les matériaux de construction. Plusieurs de ces polluants intérieurs sont désormais reconnus pour causer l'asthme ou comme déclencheurs de la maladie. Une étude récente réalisée par Statistique Canada a confirmé une quadruple augmentation du nombre d'enfants atteints d'asthme sur une période de 20 ans43. Cette augmentation est peut-être due à une augmentation de l'exposition à des allergènes et à des produits toxiques résultant des circonstances des modes de vie modernes. Au cours des 31 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base dernières années, des efforts bien intentionnés visant la conservation d'énergie ont mené à une réduction des niveaux d'air frais dans les immeubles. Jumelés aux nouveaux produits de nettoyage et de contrôle des parasites et des animaux nuisibles et aux matériaux de construction et mobiliers synthétiques, les immeubles trop étanches ont peut-être créé des environnements intérieurs malsains. d'enfants présentant des problèmes respiratoires préexistants devraient être très sensibles à l'indice quotidien de pollution de l'air puisque leurs enfants représentent une population particulièrement vulnérable. Une réduction des émissions de combustibles fossiles aiderait à mener à une diminution des effets néfastes sur la santé. Une cause probable et imprévue des préoccupations concernant l'air intérieur est survenue au cours de la tempête de verglas qui a frappé l'est de l'Ontario et l'ouest du Québec en 1998. Les gens ont tenté de se garder au chaud dans leurs maisons à l'aide de générateurs à gaz et de barbecues au charbon gardés à l’intérieur des maisons. Le résultat : une augmentation du nombre de personnes soufrant d'empoisonnement au monoxyde de carbone et nécessitant un traitement dans une chambre hyperbare54. Entre le 5 janvier et le 31 janvier 1998, 70 patients souffrant d'empoisonnement au monoxyde de carbone ont eu recours à la seule chambre hyperbare du Québec – l'équivalent du nombre de patients traités entre 1993 et 1997. Étant donné la vulnérabilité des enfants aux effets des contaminants environnementaux et aux éventuels risques pour la santé associés aux environnements intérieurs, il faut faire un effort concerté pour pousser la recherche et l'action politique en vue de réduire l'exposition aux polluants. 2.4 Mesures d'adaptation Les systèmes d'avertissement fondé sur le climat et les prévisions météorologiques peuvent être mis en place pour prévenir la population d'une augmentation d'un danger particulier et de la nécessité d'adapter son comportement en conséquence. Par exemple, pendant les jours de brumée intense, des avis de qualité de l'air devraient être émis pour alerter les gens à restreindre leurs activités extérieures. Les parents 32 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 2.5 Références 1. World Resources Institute (1997). The hidden benefits of climate policy: reducing fossil fuel use saves lives now. Available online: http://www.igc.org/wri/health/ghgnote.html, July 10, 2000. 2. Patz J et al. (2000). The potential health impacts of climate variability and change for the United States: executive summary of the report of the health sector of the U.S. national assessment. Environmental Health Perspectives 108(4): 367-376. Available online: http://ehis.niehs.nih.gov/topic/global/pat z-full.html, July 10, 2000. 3. Robinson P (1989). The effects of climate change. In: White JC (ed) (1989). Global Climate Change Linkages: Acid Rain, Air Quality, and Stratospheric Ozone. New York, New York: Elsevier. 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The potential health impacts of climate variability and change for the United States: executive summary of the report of the health sector of the U.S. national 36 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 3 Températures extrêmes – mortalité et morbidité L es régimes de changement climatique suggèrent qu'il y aura une augmentation marquée de la fréquence, de l'intensité et de la durée des vagues de chaleur sur une période relativement courte1. Les chercheurs croient que les vagues de chaleur causées par un changement climatique présentent les incidences les plus directes sur la santé, y compris les décès et les maladies liées à la chaleur2. Au cours de l'été 1995, 1 100 décès ont été attribués aux excès de chaleur dans les villes du nord des É.-U., dont 465 à Chicago3. L'Organisation mondiale de la santé prédit que, d'ici 2050, une augmentation de plusieurs milliers de décès liés à la chaleur se produira dans les principaux centres urbains de la planète, en raison du changement climatique4. Une augmentation de la fréquence et de la gravité des vagues de chaleur peut mener à un accroissement du nombre de maladies et de décès chez le groupe le plus vulnérable, les enfants5,6,7,8,9. Par exemple, les températures plus élevées du corps humain ont été associées à un plus grand nombre de décès périnataux et de naissances prématurées10. En plus, les vagues de chaleur n'affecteront pas seulement les personnes atteintes de problèmes respiratoires et cardio-vasculaires, mais exacerberont aussi les personnes souffrant d'autres conditions médicales existantes. Les vagues de chaleur ont aussi été liées à des poussées de violence et d'autres comportements antisociaux. Bien que l'adaptationv puisse à l'avenir réduire certains effets reliés à la chaleur et prévus, v Le processus d'adaptation physiologique par lequel un organisme s'adapte mieux pour exister dans un environnement différent du sien (p. ex., changements de luminosité, de température, d'altitude). ce processus peut se produire à un rythme plus lent que le taux de changement de température ambiante. L'air stagnant, le taux élevé d'humidité, les niveaux élevés de pollution atmosphérique et les rayons solaires intenses amplifient les effets de la chaleur11. Ces facteurs devraient aussi s'accentuer avec le changement climatique. Par exemple, au cours du présent siècle, l'évaporation des surfaces chaudes de l'océan a augmenté la quantité de vapeur d'eau dans l'atmosphère, se traduisant par des niveaux supérieurs d'humidité12. Puisque le changement climatique pourrait être combiné à des épisodes de vagues de chaleur et d'humidité élevée, les prochaines vagues de chaleur pourraient être particulièrement dangereuses car l'humidité nuit au processus de rafraîchissement du corps humain par évaporation de la transpiration13. 3.1 Centres urbains Les centres urbains ont habituellement une faible qualité de l'air inférieur et les excès de chaleur sont plus susceptibles de se produire14. Les populations urbaines sont plus vulnérables aux excès de chaleur que les populations rurales étant donné qu'elles connaissent des températures plus élevées causées par « l'effet de l'îlot de chaleur » urbainvi,15. En outre, les gens sont plus vulnérables aux excès de chaleur dans des logements mal conçus, sans climatisation ou dans des immeubles plus frais. Il est bon de répéter que ces facteurs seront sans doute plus présents dans les centres urbains que dans les régions rurales. Certaines populations urbaines sont plus vulnérables que d'autres aux vagues de chaleur. Elles montrent un seuil précis de vi Effet selon lequel les régions plus populeuses semblent considérablement plus chaudes que les secteurs avoisinants en raison des propriétés d'absorption de chaleur des immeubles, du ciment, de l'asphalte, etc., et d'une diminution du rafraîchissement par évaporation. 37 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base mortalité quotidienne supérieure lorsque les températures critiques sont surpassées; les populations urbaines ne montrent cependant pas toutes cet effet de seuil15. Le seuil de température de la population indique qu'il existe peut-être une charge cruciale d'excès de chaleur au-dessus de laquelle les mécanismes physiologiques ne fonctionnent plus adéquatement7. Le seuil de température pour un endroit particulier dépend des températures moyennes locales et de la fréquence des températures extrêmes16. 3.2 Pauvreté en milieu urbain La situation socio-économique peut influer sur les rapports température/mortalité17. Par exemple, il a été démontré que les personnes habitant les quartiers centraux urbains présentent un grand nombre de décès durant des vagues de chaleur. Ce phénomène est inquiétant puisqu’un enfant canadien sur cinq vit dans la pauvreté18. Ces enfants sont peut-être exposés à des conditions médiocres de logement (p. ex., inaccessibilité à des immeubles climatisés) et à l'effet de l'îlot de chaleur urbain19. En outre, l'approvisionnement alimentaire peut être désorganisé et les abris et l'infrastructure de la ville, sur lesquels repose la pauvreté en milieu urbain, peuvent s'avérer inadéquats en présence de conditions météorologiques changeantes et volatiles20. La plupart des gens victimes de pauvreté en milieu urbain canadien vivent dans des habitations construites de brique foncée, de toits en goudron noir et de fenêtres sur deux côtés, selon le modèle de maisons en rangée17. Quand les conditions sont très chaudes, on remarque dans ces logements une mauvaise ventilation et une plus grande absorption de rayons, contrairement aux logements à faible revenu du sud des États-Unis, qui sont généralement de couleur plus pâle et dotés de toits de métal réfléchissant et bien ventilés avec des fenêtres et des portes sur les quatre côtés. Les changements d'infrastructure seront sans doute long et dispendieux. 3.3 Vulnérabilité spéciale des villes canadiennes Le seuil inférieur de température pour l'excès de chaleur se produit plus fréquemment dans les latitudes du nord comme le Canada que dans le sud des ÉtatsUnis où les périodes chaudes ne sont pas aussi prononcées en raison du peu de variation de la moyenne17. Cette situation semble jouer un rôle pour diminuer l'incidence d'un épisode très chaud sur la mortalité humaine. Les niveaux supérieurs de mortalité causés par des excès de chaleur se produisent dans des régions où les températures chaudes sont inhabituelles et se présentent souvent au tout début de l'été (indiquant qu'il est possible de s'adapter). Généralement, dans les villes [canadiennes], les journées ou les épisodes très chauds se produisent entre des périodes de température plus fraîche17. Par conséquent, « l'effet traumatique » physiologique et comportemental d'une température très élevée est très profond. Les taux élevés de mortalité surviennent la plupart du temps durant les journées très chaudes du début de l'été. Le premier ou le deuxième épisode de chaleur de juin ou du début juillet semble plus critique que les épisodes comparatifs du mois d'août17. Les membres de la société les plus faibles et les plus sensibles meurent durant les premières vagues de chaleur de l'été, diminuant par le fait même le nombre de personnes sensibles qui seraient mortes au cours des vagues de chaleur subséquentes. Ceux qui ont survécu aux premières vagues de chaleur deviennent quelque peu adaptés et peuvent ainsi composer plus efficacement avec les vagues de chaleur21. 38 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 3.4 Mortalité – vagues de chaleur Les résultats de récentes études sur les vagues de chaleur réalisées à New York et à Chicago démontrent que la mortalité excessive au cours des vagues de chaleur surpasse grandement la diminution de la mortalité suivant l'événement22. Tel que prédit par les scénarios de changement climatique, s'il y a une augmentation des vagues de chaleur, il y aura sans doute une augmentation de la mortalité causée par la chaleur, tout au moins dans les centres urbains du monde entier. L'augmentation de la fréquence et de la gravité des vagues de chaleur peut mener non seulement à une augmentation des décès, mais aussi à des maladies, particulièrement chez les personnes vulnérables comme les enfants11,23,24. L'effet des vagues de chaleur sur la mortalité est diffus. Il affecte toutes les causes de décès et non seulement celles qui sont liées aux systèmes respiratoires et cardiovasculaires10,24,25. Plusieurs études ont démontré que la plupart des décès en surnombre survenus durant les périodes de chaleur intense n'étaient pas attribués à des causes traditionnellement considérées comme liées à la température (p. ex., les coups de chaleur), mais plutôt à une vaste gamme de maladies, d'accidents et d'effets néfastes des agents médicauxvii,26,27. Il a été démontré que les complications durant la grossesse, la cardiopathie ischémique et diverses blessures augmentent au cours des périodes de chaleur intense27. En raison de cette diversité de facteurs de mortalité, le nombre de décès liés à la chaleur est considéré comme le nombre de décès excédant le nombre prévu pour une population en l’absence d'une vague de chaleur7. vii Certains médicaments, notamment les principaux tranquillisants, les antidépresseurs et l'alcool, empêchent le corps de réguler sa température. Les chercheurs ont constaté des augmentations de mortalité infantile au cours des vagues de chaleur28,29. Les nouveau-nés et les enfants semblent affectés de façon disproportionnée par les températures extrêmes, sans doute en raison de l'immaturité de leurs systèmes de régulation, les empêchant de faire face sur le plan physiologique30. Par conséquent, il est extrêmement important que les parents et les fournisseurs de soins protègent les enfants aux expositions à des chaleurs extrêmes (c.-à-d. ne pas les laisser seuls dans l'automobile si les températures peuvent augmenter rapidement et causer une insolation et peut-être la mort31). 3.4.1 Contexte canadien Selon des régimes de changement climatique, le nombre de décès liés à la chaleur au Canada pourrait augmenter en raison des températures élevées durant l'été. Toronto, Montréal et Ottawa, connus pour leurs masses d'air chaud et humide en été, seraient les villes les plus affectées32. Une étude empirique détaillée où on a examiné les incidences possibles d'un changement climatique sur la mortalité humaine liée à la chaleur dans dix villes canadiennes a démontré que si les températures se réchauffent comme prévu selon le modèle actuel de doublement du gaz carbonique, les régions urbaines du sud-est de l'Ontario et du sud du Québec seraient affectées24. Par exemple, un été « moyen » à Montréal en 2050 pourrait compter entre 240 et 1 140 décès supplémentaires par année causés par la chaleur, 230 à 1 220 à Toronto et 80 à 500 à Ottawa, en présumant qu'il n'y aura aucune adaptation à la hausse des températures. Montréal et Toronto montrent des signes d'adaptation possible aux conditions de réchauffement de la planète, mais ce n'est pas le cas pour Ottawa7,24. D'autre part, un hiver moins froid, la raison principale actuelle des décès liés à la température au Canada, pourrait diminuer le nombre de pertes de vie33. Le climat actuel 39 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base du Canada est caractérisé par des hivers longs et froids. Les statistiques actuelles de mortalité au Canada montrent un schéma saisonnier prononcé, avec des taux plus élevés en hiver et inférieurs en été34. Cependant, les résultats du modèle de circulation générale suggèrent un réchauffement plus prononcé en hiver qu'en été dans les régions de latitude moyenne et élevée. Fondé uniquement sur des variations de température, un changement climatique pourrait être associé à une plus importante réduction de la mortalité hivernale en présence d'hivers plus doux, contrebalançant peut-être l'augmentation prévue de mortalité estivale liée à la chaleur34. Cependant, le rapport entre la température hivernale et la mortalité est difficile à interpréter35. Par exemple, plusieurs décès hivernaux sont causés par des infections respiratoires comme la grippe et il n'est pas clairement établi que des températures hivernales plus douces affecteraient la transmission des virus34,35. En outre, des études indiquent un lien entre l'enneigement et les crises cardiaques fatales (précipitation hivernale plutôt que températures froides)36,37. Les avantages d'une diminution d'excès de temps froid en hiver peuvent être contrebalancés par une augmentation du nombre de blessures et de décès causés par la glace des pluies verglaçantes et par les fontes locales et régionales partielles et répétées ainsi que par un plus grand nombre de tempêtes de verglas. L'effet net des changements climatiques sur la mortalité hivernale est incertain et l'équilibre général entre les changements dans le nombre de décès liés à la température en été et en hiver est inconnu35. 3.4.2 Adaptation La capacité de s'adapter aux changements de température sera essentielle. Par exemple, les personnes vivant dans des régions chaudes comme le sud des États-Unis font face à des chaleurs excessives en adaptant leurs modes de vie, leur système physiologique et en adoptant une approche mentale particulière38,39. Les ajustements culturels ou sociaux, notamment la conception des maisons pour des conditions de chaleur persistante, peuvent aussi expliquer la raison pour laquelle les taux de mortalité dans les régions chaudes demeurent stables16. Dans des régions tempérées comme le Canada, les périodes de chaleur excessive surviennent moins souvent et les populations disposent d’un moins grand nombre de moyens comportementaux, sociaux et techniques. Si le changement climatique augmente graduellement de plusieurs degrés par rapport à la température moyenne, sur plusieurs décennies, il est possible que le nombre de décès liés à la chaleur demeure relativement stable, l'augmentation graduelle de la chaleur accordant plus de temps pour les ajustements sociaux et physiologiques16,17. Cependant, des variations extrêmes et des changements rapides des conditions thermiques (c.-à-d. vagues de chaleur) résultant d'une température chaotique peuvent facilement se produire avant que les résidents urbains puissent s'adapter physiologiquement1. Le taux de changement climatique constituera un des principaux facteurs de l'intensité des effets et de l'efficacité des réactions d'adaptation et des mesures d'amélioration. Une certaine adaptation physiologique aux excès de chaleur peut se produire sur une période de plusieurs jours, mais une adaptation complète à un environnement thermique peut prendre plusieurs années40,41. L'adaptation à un climat toujours chaud peut demander l'activation d'un plus fort pourcentage de glandes sudoripares que dans le cas d'un climat modéré42. Certains changements comportementaux peuvent se produire rapidement alors que des changements structurels peuvent exiger plus de temps17. Par exemple, les 40 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base changements dans le genre de vêtements peuvent constituer une réaction rapide au stress climatique; les changements architecturaux des logements, en particulier les structures existantes, peuvent prendre beaucoup plus de temps43. On a élaboré dans une étude de nouveaux estimés sur le nombre de décès causés par l'excès de chaleur pour la moitié du XXIe siècle, présentant des résultats très différents des estimés non adaptés17. Plutôt que la septuple augmentation élaborée pour le modèle non adapté, moins que le double d'augmentation se produirait en tenant compte de l'adaptationviii. Par conséquent, l'adaptation de la population doit être considérée dans l'évaluation des répercussions d'un changement climatique sur la mortalité à venir, car elle peut réduire les prédictions de morbidité et de mortalité liées à la chaleur24. 3.5 Santé mentale et désordres psychologiques Les vagues de chaleur sont associées à des poussées occasionnelles de comportements violents et antisociaux. Les signes précoces de comportement suite à des excès de chaleur prolongés comprennent une intolérance sociale, un comportement agressif, une irritabilité et des accidents industriels30. La fréquence d'agitation civile, de crimes violents, des taux de suicide et d'homicide et de diminution du rendement humain semblent augmenter pendant les périodes de température très chaudes44,45,46. Les températures chaudes augmentent les agressions dans plusieurs contextes. Des études ont démontré que les villes américaines où les températures sont plus chaudes possèdent des taux plus élevés de crimes violents que les villes de même taille mais de température plus fraîche, même si divers facteurs sociaux et culturels (taux de pauvreté) sont statistiquement contrôlés47,48. Les taux d'assauts sont constamment plus élevés au cours des mois d'été que pendant le reste de l'année49. Une étude a révélé que les années plus chaudes aux États-Unis avaient présenté des taux plus élevés d'assauts et de meurtres que les années plus fraîches50. Ce résultat s'est avéré véridique même lorsqu'une variété de variables de contrôle statistique et social a été ajoutée au modèle. Les années comptant plus de journées chaudes ont produit une plus importante augmentation estivale des crimes violents que les années comptant moins de journées chaudes49. Un important problème pratique émanant de ces conclusions concerne l’incidence possible d'un réchauffement de la planète et son effet sur les taux de crimes violents. Les gens sont plus aptes à se protéger de l'inconfort du froid (plusieurs couches de vêtement, des immeubles chauffés) qu'ils ne le sont pour la chaleur49. Étant donné l’augmentation de l'utilisation de la climatisation moderne, la différence de capacité à échapper aux températures chaudes par rapport aux températures froides peut être grandement réduite51. Cette possibilité suggère que les gens puissent être en mesure de diminuer de façon considérable l'agression dans certains contextes en fournissant un meilleur contrôle des températures. Dans les écoles, où la violence est un problème croissant, la climatisation pourrait de façon réaliste réduire une partie du problème49. viii Ces estimés d'adaptation ne représentent que des ajustements physiologiques et comportementaux à court terme et non des changements d'infrastructure. Cependant, ils peuvent indiquer des estimés plus réalistes, alors que les ajustements culturels et sociologiques peuvent apparaître beaucoup plus tard après les ajustements physiologiques du corps humain. La recherche a aussi démontré que le stress thermique peut avoir des effets significatifs sur l'attention et le jugement52,53. Par exemple, les capacités d'attention diminuent en présence d'excès de chaleur, tout comme la qualité du jugement49. Des facteurs 41 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base indirects affectant le jugement de la personne peuvent ressortir de l'influence négative sur les habitudes de sommeil parce qu'il est difficile de dormir pendant les périodes de température élevées30. 3.6 Maladies d'origine alimentaire Bien que la réfrigération des aliments soit adéquate dans la plupart des pays industrialisés, les maladies d'origine alimentaire continuent d'être affectées par les fluctuations de température ambiante16. L'incidence des maladies les plus communes et les plus graves varie selon les saisons et elles sont plus fréquentes pendant les mois d'été. Une étude réalisée au Royaume-Uni sur les maladies d'origine alimentaire a démontré que le nombre de cas de maladies d'origine alimentaire peut augmenter de 5 à 20 p. 100 d'ici 2050 en raison du réchauffement de la planète54. Le lien entre l'augmentation des maladies d'origine alimentaire et la température ambiante a souvent été attribué au comportement du consommateur et au bris de la chaîne du froid par le consommateur. Par exemple, les gens se servent des barbecues et manipulent des viandes crues lorsque la température est plus chaude. Des mets comme la salade de pommes de terre sont souvent préparés en grande quantité pour les pique-niques et laissés à l'extérieur lorsque la température ambiante est douce. Cependant, l'étude réalisée au R.-U. a fait ressortir un rapport particulièrement évident entre les taux de maladies d'origine alimentaire et la température au cours du mois précédant la maladie – mais non entre les taux de maladies d'origine alimentaire et la température pour le mois dans lequel la maladie s'est produite54. Les interactions entre l'augmentation de la centralisation et de l'industrialisation du système alimentaire, lequel augmente le mélange bactérien d'une variété de sources, avec un réchauffement de la planète, lequel augmente la probabilité de croissance bactérienne dans les aliments, causeront sans doute des éclosions plus importantes que celles vécues à travers l’histoire55. Les maladies d'origine alimentaire se produisent plus fréquemment chez les jeunes enfants que chez les adultes. De loin, les taux élevés de salmonellose, par exemple, se retrouvent chez les enfants âgés de moins de six mois et 40 p. 100 se produisent chez les enfants âgés de moins de cinq ans56. Cette situation peut être attribuée à des systèmes immunitaires moins développés et à la microflore intestinale des enfants en plus de la tendance des enfants à explorer l'environnement avec leurs mains, contrairement aux adultes. De toute façon, les effets d'un réchauffement de la planète connus grâce au système alimentaire peuvent prédire une incidence différentielle sur les enfants. Les symptômes des maladies d'origine alimentaire comprennent, selon l'agent d'infection, une douleur gastrique, des nausées, des vomissements, une diarrhée, des maux de tête, de la fièvre et une variété de signes neurologiques56. Chez les adultes les plus en santé, les symptômes cliniques se limitent à quelques jours ou à quelques semaines. Il n'existe cependant aucune preuve que des séquelles chroniques comme l'arthrite rhumatoïde, les maladies inflammatoires de l'intestin, les problèmes rénaux, les désordres neurologiques et les maladies cardio-vasculaires affectent entre 1 et 3 p. 100 des personnes atteintes de maladies d'origine alimentaire57. Certaines des séquelles les plus graves, notamment la défaillance rénale associée à une infection causée par le E.coli 0157:H7, se produisent chez les enfants58. Les maladies d'origine alimentaire ont aussi été attribuées à la consommation du poisson et des crustacés contenant des biotoxines provenant d'une alimentation à certains types de phytoplanctons. Certaines espèces de phytoplancton produisent des toxines puissantes qui se fraient un chemin le long de la chaîne alimentaire jusqu'aux êtres 42 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base humains, leur causant une variété de maladies (intoxication par phycotoxine paralysante)16. Le réchauffement des océans peut augmenter la densité de certaines espèces nocives de phytoplancton, car l'augmentation de la remontée d'eau à la côte a le potentiel d'augmenter l'approvisionnement de nutriments dans les couches supérieures de l'océan. Puisque le phytoplancton possède une courte période de génération (quelques heures), il peut réagir très rapidement aux changements de l'environnement. Les changements dans les environnements maritimes mènent aussi à la détection de maladies dans des endroits jusque-là épargnés. L'acide domoïque, une toxine produite par une diatomée et qui cause une intoxication par phycotoxine amnestique, a été retrouvé pour la première fois à l'Île-du-Prince-Édouard en 198716. Les variations dans la composition des espèces de phytoplancton et l'apparition de fleurs algaires (associées à une augmentation de la température de l'eau) peuvent augmenter le risque de maladies d'origine alimentaire suite à une consommation de poissons et de crustacés contenant des biotoxines. 3.7 Mesures d'adaptation La climatisation aide à réduire les incidences physiologiques et psychologiques des vagues de chaleur. Malheureusement, la climatisation, à titre de mesure d'adaptation ou d'augmentation des niveaux de confort, ne constitue pas une mesure durable, compte tenu de l'état actuel des sources d'énergie. À moins de modifier les sources d'énergie, la climatisation ne sert qu'à empirer les problèmes de pollution atmosphérique et de changement climatique. Il faut effectuer encore plus de recherches sur des sources d'énergie autres que la combustion des combustibles fossiles. Actuellement, les vagues de chaleur nécessitent au recours à beaucoup de services publics et de services essentiels. Il faut mettre en place des stratégies d'urgence pour les situations météorologiques extrêmes en vue de redresser des scénarios comme l'obscurcissement à New York en 1999 durant une vague de chaleur causée par une centrale électrique surchargée. Les gens ont été obligés de dormir le long des rues dans la partie supérieure de l'Île de Manhattan parce que l'obscurcissement les empêchait la ventilation de leurs appartements. Ce problème a aussi causé une situation de pénurie alimentaire possible, car la viande et le lait ne pouvaient être réfrigérés59. Cette situation illustre le besoin de mesures d'adaptation pour inclure l'élaboration de plans d'urgence communautaires en cas de chaleur, de systèmes améliorés d'avertissement et de meilleurs plans de gestion des maladies liées à la chaleur35. Une autre mesure d’adaptation possible aux systèmes de climatisation des maisons est de convaincre les gens de se déplacer vers un grand espace central climatisé comme un centre d'achat ou un centre communautaire. Les centres climatisés, de plus en plus nombreux dans les grands centres urbains, permettent aussi aux gens d'échapper à la chaleur, même si les personnes âgées ont peur de quitter leur demeure en raison du pillage59. D'autres moyens d'adaptation nécessitant moins d'énergie pour rendre les domiciles et les lieux de travail plus confortables peuvent être mis en place dans la planification des infrastructures. Cette solution peut donner lieu à l’implantation d’arbres dans les villes et au choix de matériaux réfléchissants pour les routes et les stationnements, afin de réduire l'effet de « l'îlot de chaleur » urbain. Isoler les immeubles et appliquer d'autres caractéristiques de conception comme des vérandas et des auvents naturels aident aussi à réduire la chaleur. Les arbres font plus qu'augmenter le confort personnel en ombrant les rues et les trottoirs, ils servent d'habitat pour les oiseaux et d'autres animaux; ils aident à purifier l'air en éliminant une variété de toxines et d'autres polluants et ils bloquent le bruit et réduisent 43 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base les répercussions causées par les fortes pluies et l'érosion qui s'en suit. Une adaptation à long terme comprendrait un raccourcissement de la chaîne alimentaire afin de produire et de consommer plus d'aliments au niveau local, diminuant par le fait même le temps d'entreposage et de transport des aliments. Cette situation demanderait de modifier les primes et les subventions économiques pour encourager une production plus locale. Il faudra peut-être aussi modifier les activités quotidiennes selon le changement climatique. En présence d'un nombre croissant de vagues de chaleur, il importe de se rappeler augmenter l'hydratation et les niveaux d'ingestion de minéraux pendant les périodes météorologiques extrêmement chaudes. Pour faire face à l'augmentation des excès de chaleur, il sera peut-être nécessaire de mettre en œuvre des calendriers de travail souples pour les travailleurs extérieurs et pour les athlètes qui s'entraînent afin d'éviter les températures les plus chaudes durant le jour. 44 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 3.8 Références 1. Canadian Association for Physicians for the Environment (CAPE) (1995). Implications for Human Health of the Greenhouse Effect and Global Climate Change. Available online: http://www.cape.ca/Greenhouse.htm, July 11, 2000. 2. Kalkstein LS, Jamason PF and Graybeal D (1995). Climate Change and Heat Stress, paper presented to Conference on Human Health and Climate Change, Washington DC, 11 September 1995. Conference sponsored by the National Science and Technology Council, the Institute of Medicine and the National Academy of Sciences. 3. Bruce JP (1997). Canada in the Global Climate System. 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Canadian perspectives on verocytotoxin-producing Escherichia coli infection. Journal of Food protection 60 (11): 1451-1453. 50 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 4 Événements météorologiques extrêmes L es prévisions climatiques à venir comprennent une augmentation de la variabilité climatique et des températures extrêmes1. L'augmentation mondiale des températures causera sans doute des événements météorologiques plus fréquents et plus extrêmes, notamment des ouragans, des tornades, de fortes pluies, des inondations et des blizzards1,2,3,4. De petits changements dans le climat moyen – ou dans la variabilité climatique – peuvent produire des changements comparativement importants dans la fréquence des événements extrêmes5,6. Les modèles prédisent que pour chaque 1°C supplémentaire, il y aura une augmentation de précipitations d'environ 2 p. 1007. En plus d'une hausse des températures, le changement climatique affectera aussi la configuration des courants atmosphériques à grande vitesse et des courants océaniques8. Les résultats se feront sentir aux niveaux des modifications chronologiques, des schémas régionaux, de l’intensité des événements de précipitation et du nombre de jours de fortes précipitations9. Des études préliminaires précisent une augmentation des précipitations un peu partout au Canada, malgré des variations considérables d'une région à l'autre10,11. Ces observations appuient la conclusion des expériences des MCG indiquant une augmentation de la probabilité de fortes précipitations et de concentrations supplémentaires des gaz à effet de serre6,7. Cependant, étant donné la variabilité observée des précipitations d'un endroit à l'autre et d'un siècle à l'autre, il est impossible de déterminer avec certitude une tendance de précipitations à l’échelle mondiale5. Les modèles de changement climatique prédisent aussi des schémas météorologiques instables. Au cours des dernières décennies, les spécialistes ont observé une augmentation de la fréquence des événements météorologiques extrêmes et du nombre de personnes affectées12,13,14. Les dernières années ont été marquées par des anomalies météorologiques dramatiques et fréquentes, notamment les inondations de la rivière Rouge au Manitoba en 1997 et la tempête de verglas dans l'est de l'Ontario et l'ouest du Québec en 199815. L'augmentation des précipitations ou les récents événements météorologiques extrêmes ne peuvent servir de preuve directe d'un changement climatique. Les événements associés répondent toujours à la variabilité naturelle du climat terrestre et des événements d'ampleur comparable observés par le passé16. Le GIEC a conclu qu'il n'existait pas de preuve précise à l'effet que des changements durables et mondiaux en matière de fréquence et d'intensité de ce genre d'événements ont eu lieu au cours des dernières décennies malgré le fait qu'il documente un bon nombre d'augmentations régionales7. Bien que l'augmentation de la fréquence des événements météorologiques inhabituels rencontrés au cours de la dernière décennie corresponde aux prédictions des modèles climatiques, il importe d'examiner les tendances sur une longue période16,17,18. Un rapport récent préparé par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement soutient l'observation selon laquelle les désastres naturels semblent plus fréquents et leurs effets plus graves, ajoutant que les pertes causées par les désastres naturels des années 1986 à 1995 étaient huit fois supérieures à ceux vécus au cours des années 19601. Il peut être dire que ces pertes sont en partie élevées en raison d'une augmentation du nombre de peuplements sur des terres vulnérables. Les gens s'établissent souvent sur ces terres après un premier désastre, s'exposant ainsi à des événements 51 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base semblables. Les règlements concernant l'utilisation des terres pourraient réduire le nombre de personnes affectées par des événements comme des inondations en régulant le développement sur des plaines d'inondation. Au cours des années 1970, le Programme fédéral-provincial de réduction des dommages causés par les inondations a produit, pour plusieurs municipalités, des cartes de plaines d'inondation ce qui a créé des restrictions sur la construction dans ces secteurs19. Ce programme, un modèle pour d'autres pays, a réussi à réduire non seulement les pertes causées par des inondations, mais aussi à préserver plusieurs vallées fluviales dans des régions très peuplées en raison de l'habitat de la faune et des activités récréatives. Les règlements sur l'utilisation des terres servent aussi à examiner les pratiques forestières et l'aménagement d’autres terrains pour la possibilité de glissements de terrains et d'érosion du sol. 4.1 Incidences des événements météorologiques extrêmes sur la santé Les événements météorologiques extrêmes ont plusieurs conséquences évidentes pour la santé20. Les incidences des événements météorologiques extrêmes sur la santé comme des inondations et des tempêtes profitent des vulnérabilités de l'environnement naturel et des populations locales en plus de leur capacité de récupérer21. Un niveau de préparation des communautés influence grandement la gravité des incidences sur la santé d’un événement météorologique extrême. Une hausse extrême de température peut mener à une plus grande incidence de décès et de blessures, à une exposition à un approvisionnement en eau contaminée, à une migration forcée et à des désordres liés au stress18,22. Plusieurs incidences sur la santé d’événements météorologiques extrêmes ont déjà été observés23. 4.1.1 Décès et blessures La plupart des décès et des blessures causés par un événement météorologique extrême comme une inondation ou une tempête (verglas, tonnerre, électrique, etc.), se produisent dans les premières heures de l'événement7. Seulement une petite portion des décès se produisent plusieurs heures ou jours plus tard, y compris les décès résultant des blessures initiales et ceux qui sont causés par des poussées de maladies suivant un bris des services sanitaires ou des déplacements des populations de vecteurs de maladies. En 1996, dans la région du Saguenay (Québec), les inondations torrentielles ont tué 10 personnes24. Le rapport décès/maladies a été estimé à 1:625. 4.1.2 Eau contaminée La destruction ou la contamination de l'approvisionnement en eau causée par des événements météorologiques extrêmes expose éventuellement les populations humaines à des vecteurs infectieux, car les fortes tempêtes créent des lieux de reproduction pour les parasites ou des conditions favorables pour les rongeurs porteurs de maladies26. Cette situation augmente la possibilité d'épidémies, notamment les maladies diarrhéiques. Suite à des événements hydrologiques extrêmes comme de fortes pluies, des inondations et des ouragans, les quantités excédentaires d'eaux pluviales peuvent dépasser la capacité des usines de traitement, ce qui peut produire des eaux usées26. Dans les systèmes plus âgés, les égouts d'eau de pluie et les égouts d'eaux usées sont souvent combinés. Les eaux usées peuvent être combinées aux eaux pluviales lorsque la capacité des égouts combinés est dépassée. Ce « mélange » est souvent libéré dans les canaux fluviaux afin de composer avec le débordement du système. Le manque de traitement peut mener à une contamination de l'approvisionnement en eau des secteurs 52 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base public et privé et causer une flambée de diverses maladies7,26. Les enfants sont plus vulnérables aux effets des contaminants dans l'eau potable parce qu’ils boivent relativement plus d'eau par masse corporelle que les adultes. Par exemple, au cours des six premiers mois de vie, les enfants boivent sept fois plus d'eau par livre qu'un adulte28. En outre, les poumons et la peau en croissance d'un jeune enfant permettent une plus grande exposition aux substances inhalées, ingérées et absorbées par la peau lorsque les enfants boivent ou se baignent dans de l'eau contaminée. L'absorption chimique par la peau des nouveau-nés est supérieure à celle des enfants plus âgés et des adultes en raison d'un plus grand rapport superficie/volume. Ce phénomène indique que pour la même superficie de peau couverte par un produit chimique, l'enfant plus jeune peut recevoir jusqu'à trois fois la dose reçue par un adulte29. Puisque l'eau potable ne constitue pas le seul risque pour la santé, les responsables de la santé recommandent souvent une injection contre le tétanos pour les personnes exposées aux eaux de crue30. Les maladies d'origine hydrique, qui proviennent des carcasses putréfiantes du bétail et de la faune noyés lors d'une inondation peuvent causer un bon nombre de maladies gastro-intestinales31. Les maladies diarrhéiques constituent une menace particulière pour les enfants. Elles sont directement liées à l'eau potable contaminée et constituent l’une des principales causes de décès chez les enfants – particulièrement dans les pays en voie de développement – tuant près de quatre millions d'enfants par année27,32. La déshydratation non traitée causée par un vomissement ou une diarrhée grave peut être fatale pour les enfants31. Le campylobacter jejuni est la cause la plus commune de maladies d'intoxication alimentaire en Amérique du Nord33. Comme le E. coli, il est habituellement considéré comme un agent entièrement lié aux intoxications alimentaires. Cependant, d'importantes poussées de maladies d'origine hydrique causées par ces organismes ont été mentionnées – parfois avec des conséquences tragiques pour les enfants, comme la poussée de E. coli à Walkerton (Ontario) en 2000 causée par une contamination de l'approvisionnement d'eau de la municipalité34,35. L'interaction entre l'intensification des activités agricoles, le manque d’investissement dans l'infrastructure gouvernementale et l'augmentation des événements soudains de pluies en raison du réchauffement de la planète mènera sans doute à des poussées semblables. 4.1.2.1 Cryptosporidiose La cryptosporidiose est une maladie qui cause une diarrhée grave chez les enfants et qui peut être fatale chez les personnes dont le système immunitaire sont affaibli26. Par exemple, une poussée de cryptosporidiose en 1991 dans la municipalité régionale de Waterloo semble avoir été la cause d’un décès. La cryptosporidiose est une des maladies hydriques les plus prévalantes au Canada. La maladie est associée aux fermes laitières, au bétail domestique et à la contamination de l'eau par leurs matières fécales. Les événements naturels (inondations, tempêtes, fortes pluies, fonte des neiges et débordement des rivières) amènent la matière fécale des sources agricoles diffuses vers les sources d'eau potable. L'incidence de la cryptosporidiose peut augmenter en période de changement climatique26. Les scénarios de changement climatique indiquent que les températures augmenteront dans la plupart des régions, entraînant ainsi le prolongement de la saison estivale. Les températures seront plus chaudes, permettant au parasite cryptosporidium de persister pendant de plus longues périodes. Le changement climatique causera également une augmentation de la fréquence et de l'intensité des pluies, causant 53 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base par le fait même une augmentation des débordements. Les débordements des sources agricoles peuvent être contaminés par le cryptosporidium, entraînant ensuite à la contamination des sources d'eau. Le cryptosporidium semble aussi survivre aux protocoles actuels de traitement municipal des eaux; aucun traitement efficace de l'eau n'ayant été proposé pour combattre ce microorganisme18. De plus, les personnes affectées par la maladie ne réagissent pas bien au traitement36. Néanmoins, la maladie s’amenuise généralement d'elle-même37. 4.1.2.2 Toxoplasmose La toxoplasmose est causée par un parasite portant le nom de Toxoplasma gondii38. Les personnes sont habituellement infectées par une exposition aux selles des chats et par une consommation de viandes crues infectées ou pas suffisamment cuites. Bien que les chats soient les hôtes définitifs du Toxoplasma gondii, il semble que la plupart des gens sont infectés par la consommation de viandes pas assez cuites qui sont ellesmêmes infectées par les chats des fermes utilisant les contenants d'aliment du bétail comme litières. D'autres sources d'infection sont, entre autres, le lait de chèvre cru, les œufs crus et les insectes comme les mouches et les coquerelles qui ont été en contact avec des excréments de chats. Les chats sont souvent infectés par la toxoplasmose lorsqu'ils mangent un rongeur ou un oiseau infecté38. Le parasite se reproduit ensuite dans l'intestin du chat et une forme du parasite se retrouve alors dans le sable ou le sol où se trouvent les excréments du chat. Si des conditions particulières de température et d'humidité sont respectées, le parasite peut vivre dans le sol pendant plus d'un an. En 1995, des pluies excessives en Colombie-Britannique ont entraîné un important débordement qui a causé la contamination d'un réservoir par le parasite de la toxoplasmose provenant des excréments de chats domestiques et sauvages26. Cet épisode a pour la première fois démontré que le Toxoplasma gondii peut être un pathogène hydrique39. Les experts mentionnent que cet événement constitue un avertissement en raison de l'augmentation du nombre de rats domestiques au Canada18. Ce problème, en plus du fait que les conditions dans lesquelles le parasite se reproduit (chaleur et humidité) augmenteront sans doute dans des conditions de changement climatique, fait de la toxoplasmose une cause de préoccupation. On s’attend aussi à ce que de fortes pluies accompagnent les conditions de changement climatique, pouvant ainsi mener à davantage de poussées de toxoplasmose émanant de sources hydriques. La toxoplasmose durant la grossesse peut causer une fausse couche ou l'accouchement d'un mort-né38. Les conséquences d'une toxoplasmose sur un fœtus peuvent être dévastatrices et comprendre une déficience visuelle ou une cécité, une surdité, une arriération mentale et des troubles d'apprentissage40. Le risque de transmission in utero est variable, allant d'un taux estimé de 10 p. 100 dans le premier trimestre à un taux très élevé de 90 p. 100 à terme41. La maladie est asymptomatique chez au moins 50 p. 100 des nouveau-nés infectés de façon congénitale, même si les effets sur la santé causés par la toxoplasmose peuvent apparaître plusieurs mois ou années plus tard. Les médicaments convenables (pyriméthamine et sulfadiazine) peuvent aider à prévenir ou à diminuer, chez les bébés infectés et traités plus tard, les incapacités associées à la toxoplasmose38. Il est possible d'effectuer des tests sanguins pour identifier les personnes infectées. En Colombie-Britannique, 110 personnes au total ont été infectées39. Parmi ce groupe, 42 étaient des femmes enceintes et 11, des nouveau-nés. 54 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 4.1.2.3 Pesticides et autres substances toxiques Les polluants dans les sites d'enfouissement de déchets dangereux peuvent être déplacés par les inondations et les changements dans les nappes phréatiques42. Les inondations peuvent aussi libérer des produits chimiques dangereux des sites d'entreposage vers les eaux de crue. Par exemple, en 1976, de grandes quantités de pesticides ont été déplacées par des eaux de crue suite à l'effondrement d'un barrage en Idaho (É.-U.). Bien que 60 p. 100 des contenants de pesticides aient été récupérés, des niveaux élevés de BPC et de DDT, excédant les niveaux de tolérance américains, ont été retrouvés dans le poisson pêché dans cette région43. En 1999, le manque d'eau potable était la préoccupation de l’heure suite à l'ouragan Floyd. L'inondation a emporté au moins 1 000 contenants de matériel explosif et toxique dans les cours d'eau du New Jersey, en plus des déchets des fermes porcines. La consommation d'eau contaminée a créé un important problème de santé en plus des dangers immédiats causés par le matériel inflammable comme l'essence, les solvants de nettoyage et le gaz propane31. Cette situation démontre clairement un besoin d'entreposage sans risque, particulièrement dans des régions susceptibles d'être inondées. Tel que mentionné précédemment, un changement climatique peut causer une augmentation du nombre de journées d'intenses précipitations44. Par conséquent, le débordement des terres agricoles peut mener à une augmentation des polluants agricoles et urbains emportés dans les cours d'eau et les lacs, en plus de s'infiltrer dans les sources d'eau souterraine où subsiste une source éventuelle de contamination des puits. En 1993, l'inondation du Midwest américain a causé un dispersement des micro-organismes et des produits chimiques des terres agricoles et des sites industriels. L'exposition humaine à ces types de polluants peut se produire si l'eau ou les animaux contaminés sont consommés. Les régions rurales peuvent être encore plus exposées, car elles s’approvisionnent généralement en eau de petits réservoirs d'eau de surface et de puits peu profonds qui sont grandement influencés par les activités agricoles et qui peuvent contenir des contaminants. Les produits chimiques peuvent aussi subsister pendant des périodes plus longues dans des sols inondés que dans des sols non inondés45. L'absorption de pesticides peut être plus grande dans les plantes et les grains cultivés dans des sols inondés, menant ainsi à des niveaux accrus d'exposition pour les humains et les animaux7. Presque tous les effets sur la santé susmentionnés indiquent un besoin d'élaborer des processus efficaces de traitement des eaux afin de combattre ces genres de contaminants. 4.2 Incendies de forêt Des climats plus chauds et des changements dans la quantité et les périodes de précipitation augmenteront sans doute le risque d'incendie dans les forêts boréales du Canada en raison de plus longues saisons d'incendies de forêt46,47. Les périodes douces et sèches qui ont caractérisé de grandes parties du Canada au cours des années 1980 ont contribué à une importante augmentation du nombre d'incendies et de superficie brûlée. Ces mêmes conditions douces et sèches, jumelées aux augmentations prévues d'intensité et de fréquence des orages accompagnant un changement climatique au Canada, pourraient mener à des incendies plus fréquents et plus intenses causés par des foudroiements48. Il faut réévaluer les plans de gestion des forêts et des incendies selon l'augmentation de la menace posée par des facteurs émanant d'un changement climatique. Si la gestion des incendies n'est pas modifiée, le nombre et la gravité des 55 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base incendies de forêt dans une région comme celle du bassin du fleuve Mackenzieix augmenteront et le nombre moyen d'hectares brûlés annuellement pourrait doubler49. 4.3 Une augmentation de la fréquence et de l'intensité des incendies de forêt peut réduire de façon considérable la variété et le nombre d'espèces sauvages demeurant dans des sites traditionnels de chasse et de trappe49. Certains animaux comme la martre, le pékan, l'écureuil, le caribou des forêts et le loup gris se développent dans les forêts matures et ne retourneront peut-être pas dans les régions brûlées46,49. Il existe une grande incertitude sur la capacité d'espèces particulières à s'adapter aux changements résultant d'incendies de forêt. Cet effet devrait varier d'une espèce à l'autre49. L’augmentation des événements météorologiques extrêmes, la variation des précipitations et les changements de période d'eau de crue printanière forceront sans doute l'évacuation de collectivités en bordure des rivières18. Les événements météorologiques extrêmes comme les inondations, les sécheresses et les tempêtes de vent peuvent mettre en danger des vies et forcer les gens à s'éloigner pour des raisons de sécurité53. Par exemple, au cours de l'inondation de la rivière Rouge en 1997, le Manitoba a évacué 17 000 résidents demeurant le long de la rivière54. Les incendies de forêt posent non seulement un risque pour leur habitat naturel, mais aussi un risque de blessures et de fatalités pour les pompiers et les résidents avoisinants, en plus d'une augmentation possible du nombre de maladies respiratoires50. Les incendies de forêt causent une accumulation de fines particules dans l'atmosphère, lesquelles ont une incidence grave sur les maladies respiratoires, notamment l'asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), plus particulièrement chez les personnes à risque de conditions respiratoires50,51. La combustion incomplète du bois est aussi associée à l'émission d'autres composés qui exacerbent les effets sur la santé des particules en suspension51. Ces facteurs ont de graves répercussions sur la santé chez les groupes vulnérables comme les nouveau-nés, les enfants et ceux qui souffrent de problèmes respiratoires chroniques. Par exemple, la sécheresse de 1997 liée aux incendies de forêt en Indonésie, desséchée par un événement El Niño, a produit une augmentation Un examen des effets de l'inondation commandé par le Groupe de travail international sur le Bassin de la rivière Rouge a permis de découvrir que les femmes exploitant des entreprises à la maison (garderies d'enfant) ont souffert de l'interruption de leurs affaires et du fait d’avoir dû quitter leurs domiciles, d’abord parce qu’elles ont dû évacuer et ensuite en raison des dommages causés à leur domicile55. ix Cette région comprend une partie du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest en plus du nord de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de la Saskatchewan. dramatique des cas de maladies respiratoires dans les villes de la Malaisie52. Migration forcée En plus d'être évacués, les résidents expulsés de leurs domiciles par les inondations et les ouragans peuvent aussi souffrir de problèmes psychologiques, allant de la dépression au syndrome de stress posttraumatique 56. Dans la situation de la vallée de la rivière Rouge, l'inondation a gravement nui aux programmes de violence familiale. Les programmes ont non seulement connu une augmentation des demandes de service avec moins de ressources organisationnelles qu'avant l'inondation, mais ils étaient aussi mal préparés pour protéger les femmes victimes de violence et leurs enfants pendant et immédiatement après l'inondation, période au cours de laquelle les services de logements étaient interrompus55. 56 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Soixante-cinq pour cent des praticiens sociaux traitant les mineurs, la famille, la santé mentale et la gérontologie dans la région métropolitaine de Grand Forks, affectée par l'inondation de la rivière Rouge, ont mentionné que leurs clients étaient perturbés par l'inondation55. Ceux qui possédaient le moins de ressources économiques et personnelles avant l'événement étaient les plus ébranlés. Les problèmes financiers et de logement ont causé aux clients encore plus d'anxiété et de dépression et les praticiens ont remarqué une augmentation de la violence familiale, de la toxicomanie et de problèmes de comportement chez les jeunes. Une période d'interruption peut suivre l'inondation et l'inquiétude entourant l'inondation à venir peut s’échelonner sur une longue période57. Les paiements d'assurance et d'autres formes d'aide financière peuvent, à long terme, réduire la gravité du dommage structurel et de la perte, éliminant par le fait même la perturbation et le stress. De plus, le réaménagement de l'infrastructure et du logement peut aider à minimiser tout dommage causé par des inondations subséquentes et à réassurer la population7. 4.4 Incidences psychologiques Les désastres naturels, notamment les événements météorologiques extrêmes, ont plusieurs effets psychologiques sur les victimes, les sauveteurs, les travailleurs de la santé et les travailleurs sociaux. Puisque les événements météorologiques extrêmes peuvent survenir plus fréquemment et(ou) s'intensifier suite à un changement climatique, il faut comprendre ce genre d’incidences et élaborer des procédures efficaces de santé publique pour faire face au problème7. Parmi les facteurs qui déterminent l'ampleur et la durée des symptômes psychologiques suite à des désastres, on retrouve la nature de l'expérience, l'âge des personnes, la structure de la collectivité locale affectée et l’accessibilité aux soins psychologiques. Pour ce qui est des enfants, les désastres, y compris les événements météorologiques extrêmes, sont difficiles à comprendre et à gérer. Il est difficile pour eux de comprendre et d'accepter la présence dans leurs vies d'événements incontrôlables et imprévus. Les enfants ont souvent peu de connaissances ou d'expérience dans la gestion d'expériences terrifiantes comme les inondations et les perturbations qui s'ensuivent. Puisque le cerveau se développe au cours des premières années de vie, les expériences vécues pendant cette période ont plus de risques d'influencer le cerveau – de façon positive et négative. À la naissance, le cerveau du nouveau-né possède 100 milliards de cellules nerveuses, ou neurones58. Les parties du cerveau qui gèrent la pensée et la mémoire, en plus du comportement émotionnel et social, ne sont pas très développées. Le fait que le cerveau mature dans le monde plutôt que dans l'utérus affecte les jeunes enfants plus profondément dans leurs premières expériences. Ces expériences dans l'enfance sont la fondation de l'organisation et du fonctionnement du cerveau tout au long de la vie. Il est prouvé que les interventions proactives aident les personnes traumatisées59. Pour aider les enfants à composer avec l'inondation de la rivière Rouge, le ministère de la Santé du Manitoba, le ministère de l'Éducation et de la Formation du Manitoba et le Secrétariat de l'enfance et de la jeunesse du Manitoba ont publié un livre intitulé « My Book of the Flood of the Century »60. Ce livre renferme une explication du cycle de l'eau et encourage des activités comme de faire des desseins pour expliquer Floods make me feel…. Le contenu du livre visait à aider les enfants à élaborer et à gérer leur compréhension des événements entourant l'inondation. Il existe 57 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base aussi des sites Web comme l'organisme américain Federal Emergency Management Agency (http://www.fema.gov/kids/ready.htm) et Disaster Training International (http://disastertraining.org) qui prodiguent des conseils sur la façon d'aider les enfants à composer avec l'événement et la période suivant un événement météorologique extrême. Il existe peu de renseignements sur les incidences psychologiques des événements météorologiques extrêmes sur les enfants. L'étude pancanadienne sur les incidences et l'adaptation à la variabilité et au changement climatique, une étude détaillée sur le changement climatique, ne comprenait pas de renseignements sur les incidences sur la santé mentale suite à des événements météorologiques extrêmes. Ce phénomène démontre le besoin de déployer des efforts pour rendre accessibles les interventions de soutien psychologique au Canada. 4.5 Mesures d'adaptation Puisque les événements météorologiques extrêmes semblent être à la hausse, peut-être en partie en raison du changement climatique, il faut améliorer les mesures d'urgence face à ces événements météorologiques. Par le passé, la population canadienne n'a pas été bien préparée pour composer avec les événements météorologiques extrêmes résultant des principaux désastres, notamment l'inondation de 1996 au Québec ou la tempête de verglas de 199861. L'incidence moyenne de nouveaux désastres naturels plus fréquents et plus graves qui peuvent se produire à l'échelle régionale en raison d'un changement climatique peut être gérée avec clairvoyance et en adoptant des mesures adaptatives7. L'adaptation préventive et prudente est plus efficace et moins coûteuse que l'adaptation d'urgence forcée et de dernière minute. Étant donné le nombre et l'ampleur des incertitudes concernant la prédiction des incidences d'un changement climatique, les systèmes de défense les mieux adaptés seront ceux qui résistent suffisamment à une gamme de scénarios possibles. Cette situation nécessitera davantage d’investissements dans l'infrastructure et les établissements d'urgence62. Les stratégies d'intervention pour les événements météorologiques extrêmes pourraient comprendre, entre autres, les éléments suivants : i) Déployer des efforts pour veiller à ce que les immeubles et les infrastructures urbaines et rurales sont construits pour résister aux événements météorologiques extrêmes. ii) Assurer une planification de l'utilisation des terres et un zonage pour maintenir un contrôle strict sur tout développement dans des zones à risque élevé et pour décourager le peuplement humain dans ces zones. Les citoyens doivent aussi être avisés des éventuelles pertes et faire des choix éclairés avant de s'établir dans des zones vulnérables. iii) Améliorer les systèmes d'avertissement et d'urgence pour informer les gens de l'imminence de conditions météorologiques stressantes afin de minimiser les pertes de vie humaine et les dommages à la propriété et à l'approvisionnement alimentaire lors de désastres. Les gens ne savent souvent pas que des conditions météorologiques dangereuses existent et qu’elles peuvent contribuer à accroître le taux de mortalité. iv) Déployer des efforts pour apparenter les politiques démographiques (par rapport à la migration, aux règlements, à la planification familiale) et la capacité industrielle et agricole à venir. v) Prévenir une dégradation environnementale7. 58 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base vi) Créer un plan pour veiller à répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels des personnes déplacées en raison d’événements météorologiques extrêmes (consulter l'Organisation mondiale de la santé (2000). La gestion de la nutrition dans les principales situations d'urgence). 59 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Encadré 4.0 Le porc et l'ouragan Floyd Après l'ouragan Floyd, les eaux de crue du comté de Duplin (Caroline du Nord) ont été contaminées par des porcs noyés, des déversements et des débordements de bassins de porcs, des volailles noyées, des eaux usées humaines et d'autres contaminants, de sorte que tout ce qui s'y baignait était irrécupérable. La plupart des résidents de la région ont opté pour l'eau embouteillée, craignant une contamination de l'eau souterraine et des rivières les alimentant en eau potable et qu'il faudrait plusieurs années avant que les conditions ne reviennent à la normale63. « Il faut 20 ans pour filtrer vers l'eau souterraine le débordement et le déversement de déchets d'un bassin de porcs et un autre 20 ans pour le nettoyage, c'est-à-dire que l'eau sera contaminée pour un autre 40 ans, soit deux générations. » L'ouragan Floyd a inondé et a détruit plusieurs installations de production porcine en Caroline du Nord. La destruction a causé des libérations massives de déchets des bassins et d'autres installations d'entreposage de déchets porcins dans les cours d'eau environnants, contaminant les approvisionnements locaux d'eau potable et affectant la santé des personnes victimes des crues d'eau. Une des raisons expliquant la gravité du problème est que l'État de la Caroline du Nord a permis la construction d'installations porcines sur des terres à bon marché, sur des plaines d'inondation et des basses terres côtières. Normalement, les nouvelles maisons, écoles et autres installations ne peuvent pas être construites sur des plaines d'inondation. Puisque le changement climatique augmente la gravité et la fréquence des tempêtes, il est de plus en plus clair qu'il faut interdire la construction de structures sur des plaines d'inondation. Le US Environmental Defense Fund (EDF) exerce une pression pour obtenir une politique musclée de protection contre les inondations concernant les installations porcines et les autres installations dans lesquelles les animaux sont concentrés (bétail et poulets)64. La plupart du temps, les inondations et la contamination des eaux souterraines peuvent être attribuées à l'évacuation des eaux et au développement des marécages de l'État et à sa résistance aux règlements environnementaux du commerce agricole. « L'ampleur d'une inondation est un événement entièrement créé par l'être humain. » 60 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 4.6 Références 1. United Nations Environment Program (1999). Global Environment Outlook (GEO) – 2000. www.unep.org/unep/eia/geo2000/englis h/0012.htm, July 12, 2000. 2. Karl TR, Knight RW and Plummer N. Trends in high-frequency climate variability in the twentieth century. Nature 377:217-220 (1995). Cited in: Patz J et al. (2000). The potential health impacts of climate variability and change for the United States: executive summary of the report of the health sector of the U.S. national assessment. Environmental Health Perspectives 108(4): 367-376. 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Depuis 1970, le niveau le plus bas d'observation du gel a grimpé d'environ 150 mètres dans les chaînes de montagnes, de 30°N à 30°S, équivalent à un réchauffement d'environ 1°C2,3. Ce réchauffement a de vastes répercussions sur les maladies et la santé humaine, principalement parce que les températures nocturnes et hivernales limitaient auparavant la portée de plusieurs parasites vecteurs1,4. Dans un monde plus doux, les taux d'insectes piqueurs augmenteront, de même que le taux de maturation de leurs microorganismes3,4,5. Une augmentation de la température accélérerait le métabolisme du moustique, l'obligeant à s'alimenter plus souvent6. Un réchauffement peut aussi augmenter le nombre de parasites, pourvu que le taux d'humidité soit adéquat, bien qu'une chaleur excessive puisse diminuer le temps de survie des micro-organismes et de leurs hôtesx,3,4. Les changements climatiques mondiaux produisent des températures plus douces dans les climats nordiques et des cycles météorologiques à court terme, notamment El Niño, fournissent des possibilités inhabituelles pour des insectes comme les moustiques d'étendre leur portée vers le nord7. Les changements de température et de précipitation peuvent aider à la survie des maladies transportées par l'insecte (vecteur), causant des augmentations ou des invasions au Canada de maladies comme le paludisme et la maladie de Lyme8. Il y a déjà, dans d'autres parties de la planète, des signes de changement de distribution des maladies résultant du réchauffement de la planète. On retrouve actuellement tant les insectes que les maladies qu’elles transmettent (y compris le paludisme et la fièvre éphémère) à de hautes altitudes en Afrique, en Asie et en Amérique latine2,3,9. Une augmentation de la température ambiante moyenne prédite par des modèles climatiques élargirait sans doute la portée territoriale et augmenterait l'abondance d'insectes comme le moustique, lesquels portent des maladies comme le paludisme, la fièvre éphémère et plusieurs genres d'encéphalite virale10. Un des points de vue sur le sujet veut que l'expansion de ces maladies n'indique pas nécessairement qu'un plus grand nombre de personnes tomberont malades, mais elle indique qu'un plus grand nombre de personnes seront exposées au risque de les contracter. Un autre point de vue est que les populations exposées n'ont peut-être pas un niveau d'immunité élevé; par conséquent, les poussées seraient non seulement plus grandes, mais aussi plus graves11. x Lorsque les températures excèdent 40°C, les moustiques meurent, tout comme les gens et les récoltes qui les alimentent. Source : Linden, E. (1996) Climate Change threatens more than megastorms, floods and droughts. 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Puisque la dynamique de l'écologie et de la transmission de ces infections à transmission vectorielle sont complexes et que les facteurs qui influent sur la transmission sont uniques à chaque maladie, il est impossible d'avancer de vastes généralisations sur l'effet climatique sur les maladies à transmission vectorielle14. Divers effets peuvent se produire; cependant, l'étendue de leur apparition est inconnue. 5.1 Maladie transmise par les moustiques Le paludisme est transmis par certaines espèces de moustiques. Le paludisme ne s'étend généralement qu'à des endroits où les températures hivernales minimales ne sont pas inférieures à 16°C3,15,16. Cependant, il existe des facteurs supplémentaires qui déterminent la réussite des moustiques et la transmission subséquente du paludisme17. Les sites de reproduction des moustiques dépendent de l'eau et sont influencés par les nappes phréatiques, la vitesse des rivières, les fluctuations des niveaux d'eau et les mouvements des marées, lesquels peuvent tous être affectés par un changement climatique18. Les petites poussées actuellement présentes au nord et au sud des régions tropicales respectent les projections du modèle d'éventuels changements de conditions propices à une transmission. Le GIEC prévoit entre 50 et 80 millions de cas supplémentaires de paludisme si les niveaux atmosphériques de gaz à effet de serre atteignent des concentrations équivalentes à un doublement du CO2 depuis la révolution industrielle19. Ces tableaux représentent une augmentation de 30 p. 10020. 5.1.1 Les effets du paludisme sur la santé Le paludisme cause une variété de symptômes, notamment de la fièvre, des tremblements, des maux de tête, des douleurs musculaires, de la fatigue, des nausées, des vomissements et de la diarrhée21. Certaines espèces de paludisme peuvent être fatales et sont responsables de plus d'un million de décès chaque année, en majorité chez les jeunes enfants africains22. Le paludisme constitue une menace grave pour le fœtus des femmes enceintes23. Il peut augmenter le risque de résultats néfastes pour la grossesse, dont la mort de la mère et du nouveau-né, les fausses couches, le mortné et la prématurité23,24. Les femmes enceintes qui voyagent dans une région à risque pour le paludisme devraient consulter un médecin et prendre les ordonnances recommandées pour prévenir le paludisme23. Les femmes enceintes ne peuvent prendre que certains genres de médicaments antipaludiques pendant la grossesse, car certains, dont la doxycycline, peuvent avoir un effet néfaste sur le fœtus. Les enfants sont particulièrement à risque pour le paludisme et ils peuvent tomber malades très rapidement24. Les médicaments les plus efficaces pour prévenir le paludisme chimio-résistant ne sont généralement pas recommandés pour les jeunes enfants. Pour les enfants, la posologie du médicament antipaludique dépend de l'âge et du poids de l'enfant23. Certains médicaments antipaludiques peuvent causer des effets secondaires néfastes adverses chez les enfants (maux de tête, étourdissements, nausées et vomissements) et plus rarement 68 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base des effets secondaires graves comme des convulsions21. 5.1.2 Les insectifuges sont souvent recommandés dans les régions endémiques pour le paludisme21. Le diéthyltoluamide ou DEET (nom chimique, N,N-diéthyl-m-toluamide) est un des insectifuges les plus efficaces; cependant, les insectifuges contenant du DEET devraient être administrés avec précaution et en petite quantité aux enfants, en raison des rares réactions néfastes possibles25. Depuis 1961, au moins six cas de réaction toxique systémique ont été dénombrés suite à l'administration répétée de DEET. Dans les six cas en question, les filles âgées entre 17 mois et 8 ans ont montré des changements comportementaux, de l'ataxiexi, une encéphalopathiexii, des convulsions et(ou) un coma suite à une exposition répétée au DEET; trois d'entre elles sont décédées26. Diverses études ayant recours à des prévisions d'augmentation de température moyenne à l'échelle mondiale suggèrent que le paludisme peut s'étendre vers le nord jusqu'au Canada en raison d'un réchauffement de la planète29,30. Deux genres de paludisme (causés par le Plasmodium vivax et par le Plasmodium falciparum) peuvent se produire dans le sud de l'Ontario en raison des températures douces requises par le moustique porteur du parasite17. Le paludisme du genre transmis localement s'est présenté dans les années 1990 pendant des périodes particulièrement chaudes et humides à Toronto (Ontario)15. Les jeunes enfants ont un plus grand risque de toxicité au DEET en raison de leur plus grand rapport superficie/volume que les enfants plus âgés et les adultes27. Ce phénomène indique que pour la même superficie de peau couverte par un produit chimique, l'enfant plus jeune peut recevoir jusqu'à trois fois la dose reçue par un adulte. L'application répétée et fréquente augmente le risque de toxicité. Il faut éviter d'utiliser les produits très concentrés (plus de 35 p. 100)28. S'il est essentiel d'utiliser le DEET sur un enfant, il est recommandé de n'utiliser que des produits de concentration moyenne (5 à 15 p. 100) et de limiter l'application aux parties de la peau exposées et aux vêtements, en n'utilisant le moins possible d'insectifuge. De plus, les produits contenant du DEET ne devraient pas être appliqués sur les mains des enfants puisqu’ils portent fréquemment les mains à leur bouche. xi Perte de la capacité de coordonner les mouvements musculaires. xii Une des diverses maladies du cerveau. Le potentiel du paludisme au Canada Le paludisme s'est propagé de façon générale au Canada à la fin du XVIIIe siècle, lorsque des réfugiés des états du sud se sont installés en grand nombre dans le nord, jusqu'au Lac Huron, suite à la guerre américaine de l'Indépendance31. Le paludisme s'est étendu encore davantage avec la construction du Canal Rideau (1826 à 1832)29. Au milieu du XIXe siècle, le paludisme a été diagnostiqué jusqu'au 50°N de latitude (équivalent à Winnipeg, Manitoba)31. En 1837, le grand district de paludisme de l'ouest de l'Ontario n'était qu'une fraction d'une grande région endémique s'étendant entre l'Ontario et l'état du Michigan. Au Canada, la maladie est disparue à la fin du XIXe siècle 31,32,33. On croit que les cas de paludisme sont graduellement disparus du Canada au début de ce siècle pour diverses raisons, notamment la réduction du nombre de cas de paludisme en Europe, la destruction des sites de reproduction des Anophèles, l'utilisation de moustiquaires et le traitement plus rapide des cas fébriles avant que le parasite du paludisme atteigne l'étape sexuelle et infectieuse du moustique34. Pour d'autres parties du monde, le paludisme n'a pas été conquis, seulement contrôlé. 69 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Initialement, des mesures de contrôle contre le paludisme ont été mises en place, notamment des améliorations environnementales et l'épandage d'insecticides. Dès les années 1950, on remarquait des baisses dramatiques, au niveau mondial, de l'incidence de la maladie3. À la fin des années 1970, les réductions de fonds dans les programmes de santé publique, la résistance accrue aux insecticides et les changements environnementaux, comme la coupe non sélective des forêts, ont contribué à une réapparition générale. À la fin des années 1980, les grandes endémies étaient de nouveau monnaie courante, souvent associées à des périodes douces et humides. Après qu'elles aient initialement été contrôlées, les petites poussées de paludisme transmis au niveau local se sont produites au cours de cette décennie – principalement pendant les périodes chaudes et humides. Une persistance de conditions climatiques semblables, combinée à des méthodes de contrôle inadéquates (ou inefficaces), pourrait mener à d'autres poussées locales. Le réchauffement prévu des températures nocturnes sera crucial à la survie de l'insecte et permettra à plusieurs vecteurs de maladie d'étendre leur portée de façon significative. Par exemple, à la Nouvelle-Orléans, cinq années de suite sans gel ont permis une forte flambée de moustiques, de termites et de coquerelles. Le système de santé publique devra être vigilant pour prévenir la propagation de maladies comme le paludisme. Dans des pays tempérés comme le Canada, l'application continue et croissante de mesures de contrôle, notamment le contrôle de la maladie et le traitement rapide des cas, aidera probablement à contrer toute augmentation de la capacité vectorielle35. La protection de la santé des Canadiennes et des Canadiens exigera de nouvelles dépenses considérables, une augmentation de la vigilance et de nouvelles méthodes de contrôle et de surveillance inexistantes ou désuètes10. 5.1.3 Le paludisme et le voyageur canadien Puisque le paludisme se déplace vers des endroits fréquemment visités par les Canadiens, les voyageurs d'affaires et les touristes peuvent ramener la maladie au pays36. En 1997, 1 036 cas de paludisme ont été déclarés au Canada34. Ce nombre représente probablement seulement la moitié des cas de paludisme affectant les Canadiennes et les Canadiens. Les autres cas sont soit non déclarés ou se produisent à l'étranger. Les Canadiens voyagent de plus en plus vers des régions exotiques, y compris plusieurs régions dans lesquelles la résistance aux antipaludiques augmente rapidement. Si les voyageurs ramènent au pays le parasite qui cause le paludisme, un climat plus doux comme celui qui peut se produire avec un changement climatique pourrait favoriser une croissance plus rapide du parasite et des organismes hôtes, augmentant par le fait même le risque de transmission locale37. Cependant, une infrastructure de santé canadienne réactive pourra peut-être prévenir une importante augmentation du nombre de cas. Cette adaptation comprendrait un programme d'éducation plus agressif pour les personnes qui voyagent dans des régions endémiques. Une étude récente a été réalisée auprès de 307 « nouveaux voyageurs canadiens » partant de l'aéroport international Pearson à Toronto en direction de l'Inde. Les entrevues visaient à déterminer si les voyageurs avaient demandé des conseils antipaludiques avant leur déplacement et l'effet de ces conseils sur l'intention d'utiliser un traitement préventif antipaludique34. Bien que 69 p. 100 des répondants reconnaissaient que le paludisme était une maladie modérée à grave, 64 p. 100 ne se croyaient pas à risque ou n'étaient pas conscients du risque. Seulement 54 p. 100 avaient obtenu des conseils préventifs antipaludiques avant le voyage, dont la 70 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base moitié d'un professionnel de la santé. De ceux qui avaient demandé des conseils, 53 p. 100 avaient l'intention d'utiliser des antipaludiques; 4 p. 100 de ceux qui ne l'avaient pas fait avaient l'intention d'utiliser des antipaludiques. Malgré le fait que 50 p. 100 des personnes interrogées avaient obtenu des conseils d'un professionnel de la santé, seulement 24 p. 100 de ceux qui avaient l'intention d'utiliser des antipaludiques possédaient une ordonnance recommandée par Santé Canada, le US Centers for Disease Control and Prevention ou l'Organisation mondiale de la santé. Ces résultats montrent que la connaissance et la pratique de la prévention du paludisme dans ce vaste sous-ensemble des voyageurs canadiens sont inadéquates34. Ils expliquent l'augmentation de l'incidence du paludisme au retour au Canada. Cette étude révèle aussi un manque évident de connaissances sur le paludisme et sur sa prévention dans la collectivité des soins de santé du Canada. Il faut créer de nouvelles stratégies pour augmenter la proportion des voyageurs qui sollicitent des conseils, pour augmenter la conformité aux conseils prodigués et pour diminuer l'incidence du paludisme chez les voyageurs canadiens. 5.1.4 L'encéphalite Les infections transmises par les moustiques ou par les tiques, notamment l'encéphalite, seront sans doute aussi affectées par un réchauffement de la planète31 en raison de leur étroite association avec les variables climatiques38. Les changements dans le courant des vents et des microclimats locaux sont des résultats plausibles de changement climatique qui pourraient altérer les modèles épidémiologiques de la maladie31. En outre, l'encéphalite inquiète en raison du fait que l'eau stagnante résiduelle des inondations constitue un site de reproduction idéal pour les moustiques39. infections virales et bactériennes, y compris les virus transmis par les moustiques40. Les moustiques deviennent infectés lorsqu'ils s'alimentent sur des oiseaux infectés par une forme de virus et le transmettent ensuite en piquant les êtres humains et les animaux. Les virus causant l'encéphalite comprennent le virus de l'encéphalite de Saint-Louis (ESL), le virus de l'encéphalite équine de l'Ouest (WEE), le virus de l'encéphalite équine de l'Est (EEE) et le virus de l'encéphalite West Nile. Chaque souche du virus présente une gravité différente de symptômes et de pronostic. Les symptômes peuvent comprendre des maux de tête, une confusion ou une altération d'autres sens, des nausées, des vomissements, une paralysie, des réflexes altérés, des convulsions, un coma et la mort41. Il n'existe actuellement aucune cure pour cette maladie. Il a été suggéré que le WEE, le EEE et le ESL pourraient étendre leur portée jusqu'au Canada en réaction à un changement climatique31. Les trois ont déjà été déclarés au Canada et dans le nord des ÉtatsUnis42,43,44. En présence de conditions de réchauffement de la planète, le virus WEE pourrait disparaître de sa région endémique actuelle et devenir une infection plus commune dans le nord des États-Unis et au Canada45. Le virus WEE dépend beaucoup du moustique Culex, lequel a récemment augmenté sa distribution au Canada31. Le moustique Culex a précédemment été retrouvé au Manitoba et se trouve aujourd'hui aussi loin qu'en ColombieBritannique. Une poussée du virus WEE s'est déjà produite dans la vallée de l'Okanogan. Avec un changement climatique, d'autres poussées pourraient se produire encore plus à l'ouest46. L'encéphalite est une inflammation du cerveau qui peut être causée par des 71 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 5.3 5.2 Maladies transmises par des tiques Les maladies transmises par des tiques peuvent aussi étendre leur distribution géographique en présence d'un changement climatique. La maladie de Lyme (maladie transmise par une tique) devrait apparaître au Canada si les températures continuent d'augmenter30,31,47. Depuis la fin des années 1980, des cas sporadiques de maladie de Lyme ont été déclarés chez des être humains et des animaux48,49. Malgré le fait que des tiques vecteurs ont été aperçues dans diverses parties du Canada, les populations autoreproductrices de tiques infectées ne semblent se trouver qu'à Long Point (Ontario)50. Néanmoins, il est établi que des oiseaux migratoires ramènent chaque année les tiques larvaires au Canada51. Étant donné un climat de plus en plus réceptif en raison des conditions de réchauffement de la planète, la maladie de Lyme pourrait devenir endémique dans diverses parties du Canada31. Les premiers symptômes de la maladie de Lyme comprennent une éruption rouge sans démangeaison qui se trouve habituellement près de l’endroit où la tique a piqué et des symptômes de grippe, notamment une fièvre, des maux de tête et des douleurs généralisées52. Ces symptômes se manifestent quelques jours/semaines suivant la piqûre de la tique. Les symptômes de formes plus chroniques de la maladie de Lyme comprennent une paralysie du nerf facial (signe de Charles Bell), une perte de mémoire et de l’arthrite aux grosses articulations, généralement les genoux et les épaules. Le traitement antibiotique réussit mieux si la maladie est reconnue dès les premiers stades. Le traitement de la maladie chronique de Lyme est toujours efficace, mais il est plus difficile d'obtenir une guérison complète. Utilisation de pesticides L'épandage intensif pour contrôler les vecteurs récemment adopté dans des environnements plus favorables aurait des conséquences négatives sur l'écologie et sur la santé; il ne constitue donc pas une solution pratique53. Les parasites deviennent rapidement résistants aux agents chimiques; il est par conséquent crucial de trouver d'autres solutions que les pesticides chimiques54. La poussée, en 1999, d'encéphalite causée par le virus West-Nile à New Yorkxiii a mené à un épandage massif de malathion, un pesticide utilisé couramment dans ses bourgs 55. Dans cette situation, les avantages pour la santé publique d'une réduction de la population de moustiques ont été pesés par rapport aux risques sur la santé publique de recourir à des pesticides. Il n'a pas été prouvé que le malathion cause le cancer ou des anomalies congénitales chez les personnes et les animaux de laboratoire, mais il a causé des problèmes reproductifs subtils chez les animaux de laboratoire exposés à des niveaux plus élevés que ceux utilisés dans l'épandage56. Cependant, après un récent épandage de malathion en Floride, certaines personnes ont mentionné éprouver des problèmes respiratoires, des éruptions cutanées et des maux de tête57. Pour garder l'exposition au niveau le plus bas possible, les autorités ont émis des avertissements de fermer les fenêtres et les portes et de demeurer à l'intérieur pendant l'épandage56. 5.4 Mesures d'adaptation Il sera important d’améliorer le contrôle et la capacité d’intervention du secteur de la santé publique, notamment l'élaboration de vaccins, de meilleurs traitements et un soutien plus général, à l'échelle mondiale, xiii Selon le US Center for Disease Control (CDC), il s'agit du premier cas d'encéphalite à virus West Nile sur les côtes américaines. L'origine précise du virus est inconnue, et on ne sait pas s’il se propagera. 72 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base pour des mesures de santé publique pour tenter de limiter la capacité vectorielle de plusieurs maladies3. Il faudra mettre en œuvre l'intégration d'une surveillance de la santé dans le contrôle environnemental. Par exemple, il serait profitable d'utiliser davantage la détection à distance et les prévisions météorologiques pour élaborer des systèmes de santé d'alerte rapide afin de prévenir les collectivités des conditions propices à la poussée de maladies infectieuses. Maintenir l'intégrité des écosystèmes, notamment l'habitat forestier et les terres humides, peut fournir une défense contre les poussées d'opportunistes transportant la maladie. 73 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 5.5 Références 1. Epstein PR. Climate Change – Global warming: Health and disease. Available online: http://www.livingplanet.org/climate/pub s/health_factsheet/preface.htm, July 13, 2000. 2. Epstein PR. Climate Change – Global Change in Mountainous Regions. Available online: http://www.livingplanet.org/climate/pubs/ health_factsheet/global_change.htm July 13, 2000. 3. Epstein PR (1997). Climate, Ecology, and Human Health. Consequences 3(2). 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Contrairement aux augmentations prévues des niveaux de mer et des inondations à grande échelle connexes de plusieurs régions côtières, des niveaux inférieurs sont prévus pour diverses régions du Canada, causés en grande partie par des taux d'évaporation supérieurs en plus d'une réduction de pluviosité totale et de périodes de sécheresse plus fréquentes2,3. Les résultats d'études indiquent que si les précipitations demeurent constantes, une augmentation annuelle moyenne de température de l'ordre de 1°C pourrait diminuer les volumes annuels de ruissellement de 5 à 15 p. 1004. Les changements climatiques affecteront la demande en plus de l'approvisionnement en eau3. Des réductions de précipitation peuvent causer une baisse du volume des rivières, des lacs, des nappes et des manteaux neigeux qui approvisionnent les villes et les comtés5. De plus, des augmentations du taux d'évaporation des lacs, des rivières et des réservoirs qui approvisionnent une ville peuvent aussi considérablement diminuer la quantité d'eau disponible. Cette réduction de volume d'eau et de ruissellement pourrait augmenter la fréquence et la durée des pénuries d'approvisionnement en eau domestique et la disponibilité de l'eau à des fins industrielles et agricoles2. L'utilisation de l'eau pourrait causer des conflits. Par le passé, la concurrence pour l'eau s'est produite aux dépens des systèmes aquatiques3. Les mêmes conflits pourraient survenir entre l'utilisation de l'eau à des fins agricoles et municipales. Ces éventuels conflits démontrent qu'il faut absolument améliorer l'efficacité de l'utilisation de l'eau. Les lacs et les rivières couvrent 7,6 p. 100 de la superficie du Canada et 9 p. 100 de l'eau douce déversée dans les océans du monde entier provient du Canada. Malgré cette relative abondance, la région canadienne des prairies et certaines vallées de l'intérieur de la Colombie-Britannique possèdent des ressources limitées en eau et connaissent des pénuries périodiques. Cette situation pourrait empirer si les prévisions actuelles d'un changement climatique s'avèrent exactes2. Il est aussi prévu qu'un changement climatique produira des niveaux d'eau inférieurs et une diminution du flot de tous les Grands Lacs et du fleuve St.-Laurent2. En 1999, les niveaux d'eau des cinq Grands Lacs étaient inférieurs à la normale et les lacs Michigan et Huron montraient un niveau de 17 pouces inférieur à celui de 19986. Durant les périodes de manque d'eau des années 1960, les niveaux d'eau des Grands Lacs ont baissé d'un mètre ou plus sous la moyenne des 100 dernières années, endommageant les plages et les rives des chalets et affectant de façon néfaste la navigation de plaisance, la pêche et les autres activités récréatives7. Des niveaux extrêmement bas des lacs, comme ceux des années 1960, pourraient se produire quatre années sur cinq si les niveaux d'eau diminuent d'un mètre8. Ce genre de changement pourrait causer une augmentation de la fréquence des sécheresses (surtout dans la partie sud-ouest du bassin du lac Érié) et une diminution des approvisionnements en eau souterraine et de surface, provoquant une détérioration de la qualité de l'eau en raison de pannes des systèmes d'eau municipaux le long des Grands Lacs. 79 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Les prises d'eau et les points de déversement des eaux usées exposés peuvent mener à une augmentation de croissance d'algues et de mauvaises herbes8. Un mauvais fonctionnement des usines de traitement des eaux usées et des températures plus chaudes pourrait produire des changements dans les micro-organismes, dans les habitats aquatiques et marécageux et dans les communautés halieutiques. Les autres approvisionnements d'eau comme l'eau souterraine (et en particulier l'eau fossilexiv) seront menacés par une plus importante augmentation de l'évaporation que de la précipitation en raison du fait que l'eau fossile est utilisée à un taux beaucoup plus rapide que le permet la réalimentation naturelle. Il est prévu que cette vaste réserve sera épuisée dès le début du XXIe siècle9. La non-disponibilité de cette eau fossile et l'absence de précipitation convenable pour remplir les nappes souterraines exacerberaient les pénuries d'eau9,10. Il y aura sans doute une augmentation de la pression politique sur le Canada, lequel possède d'abondantes ressources en eau douce, pour détourner l'eau vers les ÉtatsUnis9. Les résidents ruraux seront peut-être plus vulnérables aux effets des sécheresses, non seulement parce que leur subsistance dépend de l'agriculture, mais aussi en raison de leur dépendance à l'eau des puits. Les régions rurales se fient davantage à l'eau souterraine, car plus de 90 p. 100 de sa population dépend de l'eau souterraine, pour toute ou une partie de son approvisionnement en eau11. La plupart des résidents ruraux possèdent des puits creusés à une profondeur minimale requise pour obtenir un approvisionnement adéquat en eau souterraine. Cependant, dans des conditions de changement climatique, une baisse des niveaux d'eau souterraine pourrait causer une instabilité de certains puits et une xiv Entreposages de l'eau non accumulée dans les temps modernes et non renflouée par la percolation de surface. diminution de la productivité d'autres puits12. Dans des situations de sécheresse, les résidents devront peut-être creuser des puits plus profonds. 6.1 Qualité de l'eau Les problèmes de qualité de l'eau, notamment les concentrations élevées de contaminants, jumelés aux impacts humains sur les ressources hydriques (p. ex., les effluents d'eaux usées) seront exacerbés par une baisse des niveaux d'eau des lacs et des ruisseaux (causée par un changement climatique), car leur capacité de diluer les polluants sera réduite11. Des niveaux d'eau inférieurs se traduiraient donc par une augmentation des concentrations de polluants dans les approvisionnements d'eau. Les polluants non localisés constituent les principales sources de contamination d'eau de surface. Les moyens efficaces pour freiner plusieurs de ces polluants n'ont toujours pas été élaborés ou adoptés à une vaste échelle3. Les menaces futures pour la qualité de l'eau comprennent aussi les millions de réservoirs souterrains contenant des substances dangereuses, les sites d'enfouissement, les décharges abandonnées, les bassins à saumure de pétrole et de carburant et les produits chimiques appliqués annuellement aux récoltes du pays. Il est par conséquent important de réduire ces polluants pour veiller à ne pas détériorer davantage la qualité de l'eau. Une réduction de la pollution est avantageuse, en présence ou non de changements climatiques à l'échelle de la planète13. 6.2 Mesures d'adaptation Il existe quatre façons de réduire les coûts possibles et les éventuels conflits associés à l'approvisionnement des demandes d'eau à venir et à l'adaptation à la variabilité climatique à venir. Il faut établir des incitations visant l'utilisation, la conservation et la protection des approvisionnements d'eau, fournir des 80 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base occasions de transfert d'eau parmi les utilisations compétitives en réponse aux conditions changeantes, influencer la façon dont l'eau est gérée à l'intérieur et entre bassins et réévaluer l'exploitation de l'infrastructure existante pour s’adapter au climat et aux changements climatiques3. À l’heure actuelle, les Canadiens sont les deuxièmes plus importants consommateurs d'eau par personne au monde. comprennent le recyclage des eaux usées, le dessalement de l'eau saumâtre et de l'eau de mer et la gestion de la végétation3. Aucune de ces solutions n'altérera sans doute pas la tendance vers des coûts d'eau plus élevés. Ils sont soit plus dispendieux que les coûts d'eau traditionnels ou leurs éventuelles contributions aux approvisionnements sont trop limitées pour avoir des répercussions considérables sur les approvisionnements à long terme. Les solutions pour augmenter l'approvisionnement en eau douce 81 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 6.3 Références 1. Environment Canada (1999). Canada’s Perspective on Climate Change – Science Impacts and Adaptation: Canada and Climate Change. Available online: http://www.ec.gc.ca//cc/CoP5/sia/englis h/05can/05a.htm, July 12, 2000. 2. Environment Canada (1996). Conserving Canada’s Natural Legacy. (CD-ROM). Cat. no. En21-54/1996MRC CD. 3. Frederick KD and Gleik PH (1999). Water and Global Climate Change: Potential Impact on U.S. Water Resources. Prepared for the Pew Center on Global Climate Change. p.v. Available online: http://www.pewclimate.org/projects/cli m_change.pdf, July 12, 2000. 4. Nkemdirim LC and Purves H (1994). 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Les systèmes agricoles sont sensibles aux événements climatiques extrêmes comme les inondations, les tempêtes de vent, les sécheresses et la variabilité saisonnière comme les périodes de gel, les températures froides et les schémas changeants de précipitation3. Les changements dans les schémas de précipitation et de température peuvent déranger les écosystèmes naturels, causant ainsi une réorganisation à grande échelle des collectivités végétales et animales et pouvant mettre en danger l'agriculture et modifier l'écologie des maladies infectieuses. La diversité de l'agriculture canadienne et la portée d'une variabilité climatique à l'intérieur des régions et des provinces font en sorte qu'il est plus difficile de prévoir précisément l'impact d'un changement climatique sur l'agriculture4. En outre, les changements climatiques, notamment les saisons de croissance plus chaudes et plus longues, peuvent avoir des résultats mixtes : des récoltes supérieures et plus diversifiées, d'une part, et une possibilité de migrations d'insectes invasifs, d'autre part. La plupart des plantes et des animaux se sont adaptée à une étroite portée climatique5. Un changement climatique causerait un déplacement des frontières des écosystèmes naturels, dont certaines de façon considérable, plus la terre se réchauffe. Plusieurs espèces végétales et animales qui sont incapables de s'adapter assez rapidement à leur environnement changeant disparaîtront1. Les chercheurs scientifiques prédisent qu'un tiers à la moitié de la végétation de la planète sera altérée par un changement climatique6. Le taux de changement est cependant incertain. Ces changements pourraient se produire très rapidement, accordant peu de temps pour s'adapter aux nouvelles conditions ou pour élaborer des contre-mesures en vue de ralentir ou d’inverser le cours des événements5. Certaines régions de la planète pourraient connaître une baisse de productivité alimentaire et halieutique et, partant, des incidences néfastes sur l'état nutritionnel des populations. Les aliments et les fibres sont essentiels pour assurer la subsistance et pour améliorer le bien-être humain; par conséquent, l'agriculture a été le principal point de mire des débats récents et continus sur les effets d'un changement climatique3. Bien qu'elles ne soient pas applicables au Canada, les réductions dans la production alimentaire pourraient accroître la malnutrition et la faim et avoir des conséquences à long terme sur la santé, en particulier chez les enfants 7. 7.1 Sécurité alimentaire Le Canada est privilégié du fait que, pour assurer sa propre sécurité alimentaire, il n'a pas à effectuer de changements majeurs dans ses systèmes de distribution agricole et alimentaire8. Étant donné le temps et les ressources requises pour s'adapter, le Canada sera sans doute capable d'alimenter sa population; il existera cependant des variations régionales3. Une diminution de la production agricole causée par un changement climatique nécessitera peut-être que le Canada importe des denrées alimentaires autrement cultivées sur place8. Le Canada est aussi privilégié en raison de sa frontière paisible avec les États-Unis, son principal partenaire commercial et fournisseur de denrées alimentaires manquantes. Le rapport commercial de 84 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base longue date entre le Canada et les États-Unis isolera sans doute le Canada des éventuelles pénuries alimentaires causées par un changement, et ce, malgré le fait que les Américains seront aussi exposés à plusieurs des mêmes effets associés à un changement climatique. Malgré cela, compte tenu du temps, des ressources et de la volonté politique, le Canada continuera sans doute de pouvoir s'alimenter. Cependant, comme notre approvisionnement alimentaire se mondialise, les répercussions d'un changement climatique dans d'autres pays, y compris les États-Unis, affecteront le prix et la disponibilité de certains aliments, surtout en hiver. Puisque nous devons importer des fruits et des légumes frais durant l'hiver, les augmentations des prix liés à l'interaction d'un changement climatique et des forces du marché peuvent avoir des répercussions négatives sur certains groupes vulnérables (p. ex., les femmes enceintes et les enfants vivant dans la pauvreté) du Canada. 7.2 Agriculture Les liens entre l'agriculture et le climat sont très prononcés, souvent complexes et pas toujours bien compris; par conséquent, prédire les répercussions d'un changement climatique sur les productions agricoles et du bétail constitue une tâche de modélisation complexe3,9. La production agricole est sensible aux effets directs du climat sur la température, le flot des eaux, la composition atmosphérique et les événements météorologiques extrêmes9. Elle est aussi sensible aux effets indirects du climat sur la qualité du sol, l'incidence des maladies affectant la végétation et sur les populations de mauvaises herbes et d'insectes. Comprendre les rapports biophysiques entre le climat et les récoltes présente un défi3. Des facteurs comme les précipitations et la température peuvent agir de façon synergétique ou antagoniste avec d'autres facteurs comme les conditions du sol et la matière organique pour déterminer les conditions d'humidité du sol et les productions agricoles. Par exemple, une augmentation des concentrations atmosphériques de CO2 peut être profitable à la production agricole, mais des changements de température et de précipitation peuvent produire des résultats mixtes. La combinaison de ces effets de changement climatique pourrait mener à une production agricole réduite et moins prévisible et à des pénuries alimentaires possibles en Amérique du Nord10,11. Par exemple, les déplacements saisonniers des schémas annuels de précipitation peuvent survenir, affectant l'humidité du sol durant la saison de croissance et nuisant peut-être à plusieurs récoltes9. Des augmentations du niveau de précipitation, le temps et la variabilité peuvent avantager des régions semi-arides et d'autres secteurs pauvres en eau en augmentant l'humidité du sol, mais pourraient aggraver les problèmes dans les régions déjà très humides3. Ce dernier phénomène serait sans doute l'exception, compte tenu que la plupart des modèles prédisent une baisse de l'humidité du sol, même en présence d'une précipitation annuelle accrue en raison d'une augmentation de l'évaporation annuelle5. L'évaporation se produirait sur une période saisonnière prolongée, menant à une augmentation de la fréquence et de la gravité des sécheresses12. Les hausses de température peuvent avoir des effets positifs et négatifs sur la production agricole, et la différence dépend, en partie, de l'emplacement et de l'ampleur de la hausse3. Les observations suggèrent des effets positifs sur la production agricole pour des augmentations de température légères à modérées de l'ordre de 2°C à 3°C. Cependant, aussitôt que les températures moyennes de la planète augmenteront de 4°C, la production agricole commencera à diminuer. 85 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base La région des Prairies est une des régions les plus vulnérables du Canada. Lorsque les prairies sont plus chaudes, elles perdent presque tout leur contenu d'humidité et deviennent encore plus chaudes et moins productives13. L'effet auto-correcteur de la végétation sur les microclimats est perdu. En bout de ligne, ces régions pourraient devenir sèches et arides, la majorité de la terre végétale disparaissant dans des tempêtes de poussière13,14. Néanmoins, la productivité de certaines céréales et denrées alimentaires agricoles devrait augmenter15. Les effets d'une hausse des températures et de l'aridité pourrait peutêtre augmenter la productivité de plusieurs récoltes en raison d'une plus grande disponibilité de gaz carbonique14. Par exemple, la production de récoltes comme le soja et le blé devraient augmenter en moyenne entre 15 et 30 p. 100 en réaction à un doublement de la concentration de CO2 car le blé et le soja appartiennent à une classe phytologique qui réagit bien à une augmentation des niveaux de CO22,3. En outre, le blé est plus robuste, possède des variations assez génétiques pour rendre les récoltes de blé moins vulnérables aux prévisions climatiques et aux changements météorologiques16. Cependant, ce genre d'effets positifs associés à une production supplémentaire de CO2 sur la croissance végétale peut être contrecarrée par une détérioration d'autres importants facteurs, notamment une diminution des ressources hydriques et une augmentation de la désertification3,17. L'ampleur d'une réaction positive sera très variable et dépendra de la disponibilité des nutriments végétaux, de la température et des précipitations2. Un autre facteur à tenir compte est que la maturation accélérée du blé en présence de températures plus élevées diminue le temps de croissance des grains du blé – et par le fait même leur taille finale9. 7.2.1 Saison/secteur de croissance étendu Au Canada, un réchauffement de la planète peut prolonger l'éventuelle saison de croissance en permettant une semence plus hâtive au printemps, une maturation et une récolte plus rapide et la possibilité de compléter deux cycles de production ou plus au cours de chaque saison4. Cette situation réduirait le risque de dommages à la récolte puisque le grain semé tôt au printemps pourrait facilement être récolté jusqu'à trois semaines plus tôt dans chaque région. Bien qu'un prolongement de saison sans gel prévu de trois à cinq semaines profiterait considérablement à l'agriculture commerciale de l'Ontario, du Québec et des Prairies, il est aussi prévu que les conditions de sol sec s'intensifieront et mèneront à une réduction nette de la production agricole dans plusieurs régions18. Suite à un réchauffement climatique, les régions de production agricole pourraient s'étendre vers le nord2,4. Par exemple, les secteurs propices à la culture des fruits et des légumes pourraient s'étendre au-delà des régions actuelles du sud du Québec, de l'Ontario et de la Colombie-Britannique4. Bien que la migration de productions agricoles vers de nouveaux secteurs plus convenables puisse être possible dans certaines situations, d'autres conditions peuvent aussi l'empêcher. Par exemple, la migration vers le nord de la culture du blé pourrait être limitée à des sols moins fertiles dans les régions plus au nord19. 7.2.2 Bétail Le bétail de pâturage ou nourri au grain est aussi affecté par le climat et peut être vulnérable au changement climatique3,9. Le bétail peut être affecté de deux façons : par la qualité de la production fourragère des prairies et par d'autres genres d'alimentation (p. ex., le maïs) et par les effets directs des hausses de température et la présence plus fréquente de températures extrêmes3. 86 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Pour ce qui est des hausses de températures, si la durée et l'intensité des périodes froides des régions tempérées sont réduites par un réchauffement, les besoins alimentaires pourraient diminuer, le taux de survie des jeunes animaux pourrait être plus élevé et les coûts énergétiques pour chauffer les endroits où vivent les animaux pourraient être réduits4,9. Cependant, la chaleur extrême causant un excès de chaleur, par exemple, présente une variété d'effets nuisibles sur le bétail en plus d'effets significatifs sur la production laitière et sur la reproduction des vaches laitières9. Il a de plus été remarqué que les jeunes animaux semblent beaucoup moins tolérants à la variation de température que les animaux adultes. attaquent le bétail et leurs incidences sur la maladie3,9. L'incidence de maladies protozoaires sur le bétail et sur d'autres animaux, par exemple la trypanosomiase, la theilériose et la babésiose, seront sans doute affectées par un changement climatique puisque la plupart sont transmises par des vecteurs comme les tiques et les mouches – leurs stades de croissance dépendent souvent fortement de la température9. Le US EPA a cerné plusieurs maladies infectieuses – notamment celle causée par la mouche des cornes dans les troupeaux de bœufs et de vaches laitières et l'anaplasmose bovine chez les moutons et le bétail – dont l'incidence augmenterait suite à un changement climatique20. Dans [quelques-unes] des études traitant des effets d'un changement climatique sur le bétail, les températures estivales plus douces semblent supprimer l'appétit du bétail, menant à un gain de poids moins important3. Dans certaines régions américaines, une augmentation de température de l'ordre de 5°C représente une baisse de production du bétail de 10 p. 100 dans l'exploitation quotidienne des vaches/veaux. Pour un réchauffement de 1,5°C, la perte de production a été estimée à 1 p. 100. 7.3 Le changement climatique a aussi des répercussions néfastes sur la production du bétail en raison d'un déclin dans la qualité de la production fourragère3. Si la qualité ou l'approvisionnement d'herbes et de grains servant à l'alimentation du bétail est altérée, la production de bétail peut être davantage affectée par le changement associé aux prix du pâturage et du grain que les effets directs des hausses de température. Plusieurs maladies affectent le bétail sur une base saisonnière et semblent s'accentuer en période de fluctuation de températures extrêmes, comme prévu dans plusieurs scénarios de changement climatique. Le changement climatique pourrait aussi affecter le bétail par un changement dans la prévalence et la distribution des insectes qui Entreposage alimentaire L'entreposage et la distribution alimentaire peuvent aussi être affectés par un changement climatique et, par la suite, influencer tout l'approvisionnement alimentaire et toute la valeur nutritionnelle21. La sécheresse, les insectes ou les plantes affectés par la température sont plus susceptibles aux infestations de champignons producteurs de mycotoxines. De plus, des conditions douces et plus humides peuvent améliorer la croissance de bactéries et de moisissure et leurs produits toxiquesxv,9,22. Deux toxines produites par la moisissure – l'aflatoxine et la fumonisine – sont présentes à l'échelle mondiale, y compris aux États-Unis, dans le blé d'inde, les arachides et d'autres aliments. L'ingestion d'aliments contaminés par ces mycotoxines est associée au cancer du foie et, chez les enfants, à une suppression du système immunitaire. Par conséquent, la présence croissante de cette moisissure dans les pays qui exportent au Canada, ou au Canada même, a de graves répercussions sur xv Les aflatoxines appartiennent au groupe de composés toxiques produits par certaines formes de moisissure qui contaminent les aliments entreposés, notamment les aliments du bétail et les arachides. À certains niveaux, elles sont carcinogènes. 87 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base les maladies affectant les enfants et sur l'efficacité des programmes de vaccination des enfants23. 7.4 Propagation des parasites La propagation de certains ravageurs de récoltes et de prédateurs constitue une autre importante menace pour l'agriculture20. Un réchauffement peut affecter la portée des espèces de parasites, car des événements météorologiques extrêmes fournissent des conditions propices aux infestations de parasites 24, causant peut-être ainsi des maladies aux grains, aux fruits et aux légumes13. L'affectation spéciale de terres à des fins de monoculture, c'est à dire à des cultures uniques et une diversité génétique et spécifique restreinte rend les plantes plus vulnérables à la maladie25. Les systèmes simplifiés sont aussi plus susceptibles aux climats extrêmes et aux poussées de parasites et, en diminuant la monoculture, serviront aussi à diminuer la dépendance sur les produits chimiques pour le contrôle des ravageurs. Les inondations favorisent la croissance des champignons, alors que la sécheresse encourage les Aleyrodidae, les pucerons, les locustes et les rongeurs24. En outre, des températures hivernales plus douces peuvent permettre aux larves d'hiverner dans certaines régions actuellement trop froides, causant ainsi une plus importante infestation au cours de la saison de culture suivante2. Les êtres humains peuvent être exposés à une toute nouvelle gamme de ravageurs et de maladies par les récoltes domestiques et importées. Plusieurs des effets d'un changement climatique sur la nutrition canadienne seront sans doute associés aux effets sur les aliments importés26. Cette situation est particulièrement pertinente car les Canadiens consomment plus de fruits, de légumes et de poissons frais importés en raison de préoccupations personnelles de santé27,28. Les importations d'aliments seront aussi susceptibles aux effets météorologiques imprévisibles et seront sans doute associées à une augmentation des poussées de certaines maladies virales, parasitaires et bactériennes26. 7.4.1 Épandage de pesticides La température et l'humidité, deux paramètres pouvant être affectés par un changement climatique, contrôlent souvent l'efficacité des herbicides et des pesticides appliqués aux cultures21. Elles peuvent avoir des répercussions sur la santé et sur l'environnement lorsqu'il faut utiliser des quantités plus importantes et des types de pesticides plus toxiques. Aller de l'avant et utiliser inutilement des pesticides sans connaître leurs répercussions sur les écosystèmes et sur la santé humaine comportent ses propres conséquences sur la santé29. Par exemple, une utilisation plus importante de pesticides en présence d'un changement climatique produit par une augmentation d'intensité des précipitations menace l'agriculture, l'environnement et les êtres humains, car les fortes pluies sont principalement responsables du lessivage et du ruissellement des produits chimiques agricoles dans les cours d'eau3. Les augmentations possibles d'infestations de ravageurs causées par une plus grande utilisation de pesticides de contrôle chimique présentent une situation qui exigera l’élaboration et l’application de nouvelles techniques de gestion intégrée des parasites (GIP)2. La gestion intégrée des parasites est une méthode générale qui utilise toutes les mesures de contrôle convenables pour réduire à un niveau acceptable les pertes liées aux parasites et qui vise à respecter la biodiversité et à diminuer les risques pour les écosystèmes et pour la santé humaine5. 88 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 7.5 Écosystèmes aquatiques Les écosystèmes aquatiques seront influencés par un changement climatique en raison d'une altération des températures de l'eau, des régimes de flot et des niveaux d'eau, affectant par le fait même la distribution géographique et les schémas de migration des principales espèces de la pêche commerciale4. Un changement climatique affectera aussi le volume et la qualité de l'eau, lesquels auront peut-être d'importantes répercussions sur l'habitat du poisson30. Les niveaux plus bas des lacs et les écoulements fluviaux réduits peuvent diminuer le nombre d'habitats des poissons, alors qu'il est prévu que des températures plus chaudes auront un impact sur la portée des espèces. L'effet d'un changement climatique dépendra de pertinence de l'habitat altéré pour chaque espèce30. La capacité de tolérer des changements environnementaux varie selon le niveau de tolérance de chaque espèce de poisson. Par exemple, certaines espèces, notamment la truite et le saumon du Pacifique, ne peuvent pas tolérer les températures douces de l'eau et les concentrations réduites d'oxygène dissout qui les accompagnentxvi et seraient affectés de façon néfaste par un changement climatique. Par exemple, le saumon du Pacifique modifie son parcours migratoire le long des côtes de la C.-B. selon les hausses de températures de l'océan4. Les espèces préférant l'eau froide, notamment la truite, sont très sensibles à la chaleur et quitteraient – ou périraient – dans des eaux plus chaudes que leur niveau de tolérance. Contrairement aux températures plus chaudes associées souvent à un changement climatique, dans la région de l'Atlantique du Canada, les courants froids du Labrador xvi Une augmentation de la température des eaux des ruisseaux et des rivières diminue la solubilité de l'oxygène et augmente les taux de respiration biologique et peut causer une réduction des concentrations d'oxygène dissout. s'étendront sans doute plus au sud en raison de la fonte de la calotte glaciaire du Groenland, fournissant plus d'eau froide et fraîche à la Baie de Baffin31. Comme ce courant domine le climat régional, un réchauffement de la planète produit actuellement un rafraîchissement local dans la région de l’Atlantique du Canada32. Les températures d'eau plus basses de la région de l'Atlantique du Canada enregistrées au cours des dernières années sont peut-être en partie le résultat de ce processus et ont été liées par certains à un effondrement (ou un manque de récupération) des stocks de morue de l'Atlantique. Un changement dans les écosystèmes des poissons produirait un changement dans les récoltes durables des populations de poissons33. Bien que plus d'espèces tolérant la chaleur pourraient se déplacer vers des eaux plus chaudes, elles ne seraient peut-être pas propices à la consommation et à des fins commerciales. Cette situation pourrait avoir des répercussions socio-économiques et culturelles considérables sur ceux qui dépendent traditionnellement de certaines espèces de poisson, comme les pêcheurs et les autochtones. 7.6 Rayons ultraviolets et production alimentaire Les effets néfastes d'une augmentation des rayons ultraviolets sur la photosynthèse, suite à un appauvrissement de l'ozone stratosphérique, pourraient aussi affecter la production alimentaire9. Le nombre de certaines espèces de poisson peut diminuer si un réchauffement de la planète dérange la chaîne alimentaire maritime en affectant la survie des phytoplanctons (au bas de la chaîne alimentaire)4. La production de phytoplanctons, lesquels forment la base de la chaîne alimentaire aquatique, pourrait être affectée de façon négative, menant à des déplacements de distribution, de migration et de productivité de plusieurs espèces de poisson34. De plus, 89 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base la sensibilité du zooplancton aux rayons ultraviolets pourrait indiquer que l'appauvrissement de l'ozone stratosphérique contribue à affaiblir davantage la chaîne alimentaire aquatique9. Contrairement au phytoplancton sur lequel il s'alimente, le zooplancton n'est pas protégé des rayons ultraviolets par la chlorophylle. Si les stocks diminuent en raison de ces changements, les populations d'oiseaux marins et de mammifères marins diminueront également35. 7.7 Adaptation sociale L'agriculture s'est adaptée à plusieurs changements économiques et technologiques. Néanmoins, ces ajustements ont parfois été douloureux et désorganisant pour les fermiers et leurs collectivités3. Les nouveaux modèles météorologiques fluctuants pourraient avoir un solide impact négatif sur l'activité économique, en particulier dans le secteur des ressources naturelles. Bien que ses éventuels effets écologiques ne puissent être négligés, un changement climatique peut présenter un problème social tout aussi important – notamment dans la façon de fournir une équité sociale dans la distribution des gains et des pertes5. Les personnes qui dépendent grandement de l'agriculture, de la pêche et de l'exploitation forestière pourraient voir leur subsistance détruite par une réduction des précipitations de pluie, une dégradation des sols et un appauvrissement des forêts et des sites de pêche36. Par exemple, les fermiers pourraient être obligés de s'adapter en semant différentes cultures ou en poursuivant leur exploitation agricole ailleurs. Les collectivités qui se fient à la pêche commerciale peuvent aussi être affectées par des changements dans certaines populations de poissons en raison du niveau d'eau et des fluctuations des températures. Ce genre d'adaptation aura sans doute des répercussions psychologiques et sociales. Une importante question est de savoir si ces changements constituent une adaptation acceptable ou la destruction de la culture et de la subsistance3. Les plus petites fermes familiales ne possèdent souvent pas les ressources financières pour compenser les pertes liées au climat local; par conséquent, ces fermes pourraient devoir déclarer faillite ou être achetées ou absorbées par de plus grandes fermes, souvent des entreprises. Bien qu'il s'agisse d'une solution à court terme au problème de production, ce phénomène pourrait faire en sorte que les problèmes seront plus graves à long terme, car ces plus grandes fermes dépendent souvent plus d'une importante utilisation de combustibles fossiles à titre de substitut à la main-d'œuvre. Une augmentation de l'utilisation des combustibles contribuera davantage à un changement climatique. Les fermes commerciales répondent aussi aux besoins de la collectivité locale de façon différente des petites fermes familiales. Dans les collectivités qui dépendent de la pêche comme principale industrie, une réduction des stocks de poissons peut forcer plusieurs pêcheurs à chercher du travail dans d'autres régions géographiques. Les déménagements dérangent beaucoup la structure familiale et enlèvent souvent un accès facile à l'ensemble de la famille. Les enfants sont souvent victimes de stress particulier lors d’une réorganisation familiale. 7.8 Mesures d'adaptation Les fermiers doivent subvenir aux besoins de leurs familles et continuer de produire des aliments et des fibres2. En s'adaptant maintenant au changement climatique, l'agriculture pourra compter sur des avantages immédiats du climat prévu tout en minimisant les coûts. L'adaptation a bien réussi dans le domaine de l'agriculture de plusieurs façons au cours de son évolution au Canada. Les fermiers ont bien adapté leurs pratiques de production et de gestion à une variété de changements, notamment la 90 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base technologie, la politique et la température; cependant, les techniques d'adaptation ne sont pas toutes durables ou réussies. Il faut effectuer une recherche particulière sur le climat qui met l’accent sur les incidences dans chaque région agricole du Canada. Les adaptations viseront principalement une réduction de l'impact des conditions prévues de sol plus aride et de sécheresse et profiteront de saisons de culture prolongées18. Le fait de changer la période des tâches aratoires et les dates des récoltes pour tenir compte des changements de schémas de précipitations, de faire la rotation des cultures et de sélectionner les cultures et leurs variétés afin de conserver l'humidité et les nutriments du sol et de réduire le ruissellement et l'érosion du sol aideraient à diminuer la perte d'humidité. L'introduction de systèmes d'irrigation ou l'amélioration des systèmes en place peut être possible si les ressources hydriques sont convenables3,18. Ces stratégies d'adaptation peuvent atténuer la possibilité de pertes de production causées par un changement climatique dans les régions où un changement climatique a des effets bénéfiques3. Les mesures pour contrecarrer l'impact d'un changement climatique sur le bétail pourraient comprendre une meilleure gestion du bétail, l'adoption de nouvelles races dans les régions de changement climatique modéré et l'introduction d'espèces différentes dans des régions de changement climatique extrême9. La science agricole jouera aussi un rôle dans l'élaboration de variétés améliorées qui conviennent mieux à des conditions changeantes18. Dans l'élaboration et l'utilisation de nouvelles variétés de cultures qui offrent des avantages dans un climat modifié, il serait avantageux d'investir dans de nouvelles infrastructures d'irrigation à titre d'assurance contre l'éventualité d'une réduction des précipitations3. Cependant, bien que certains chercheurs tendent vers l'élaboration d'espèces végétales adaptées au climat à l'aide du génie génétique comme moyen de s'adapter à un changement climatique, le génie génétique devrait être abordé avec précaution. Les organismes génétiquement modifiés (OGM) ne sont pas produits de façon naturelle et pourraient avoir des effets inconnus sur les écosystèmes. Il reste à savoir si les OGM constituent une pratique durable ou solide sur le plan environnemental et ils ont récemment fait l'objet d'une étude, tout comme les éventuels risques pour la santé humaine qu'ils posent. L'étendue avec laquelle les possibilités d'adaptation sont réalisées dépend d'une variété de facteurs comme le flot d'information, l'accès au capital et la souplesse des programmes et des politiques gouvernementaux3. Les fermiers et la collectivité agricole doivent tenir compte de stratégies qui sont viables sur les plans économique et environnemental par rapport à l'incertitude sur le cours d'un changement climatique. Si le taux de l'ampleur du changement est beaucoup plus important que prévu, l'adaptation pourrait être plus difficile et les répercussions pourraient être plus grandes que celles prévues à l’heure actuelle. Pour ce qui est de l'industrie de la pêche, il faut effectuer davantage de recherches sur les types d'espèces de poissons capables de cohabiter et de tolérer des écosystèmes marins et d'eau douce changeants. Par exemple, il est prévu que la pêche marine du Pacifique connaîtra une récolte inférieure et plus variable des populations de saumon du sud et une récolte supérieure et plus constante des populations de saumon du nord37. Les récoltes commerciales et durables des espèces de l'Arctique seront aussi affectées. Les récoltes durables des espèces de poissons de l'Arctique augmenteront sans doute en raison d'une augmentation du recyclage des nutriments lors de la fonte de la couche de glace; cependant, les populations de phoques et 91 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base d'ours polaires subiront un impact négatif en raison du déplacement de la couche de glace saisonnière et permanente. Les résidents de l'Arctique devront apprendre à s'adapter aux changements des espèces prédatrices disponibles. 92 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 7.9 Références 1. World Meteorological Organization (1999). Weather, Climate, and Health. Geneva, Switzerland: WMO. WMONO. 892. 2. Agriculture and Agri-Food Climate Change Table (1999). Agriculture and Agri-Food Climate Change Foundation Paper. Prepared for the National Climate Change Process. Environment Canada. Available online: http://www.nccp.ca/html/tables/pdf/agrifinal-may17-1999.pdf, July 12, 2000. 3. Adams RM, Hurd BH and Reilly J (1999). A Review of Impacts to U.S. Agricultural Resources. Prepared for the Pew Center on Global Climate Change. p.1. Available online: http://www.pewclimate.org/projects/env _argiculture.pdf, July 12, 2000. 4. Government of Canada. Climate Change Information Toolkit – Fact Sheets. Available online: http://www.climatechange.gc.ca/toolkit/ e/pdf/Fact.pdf, March 30, 2000. 5. Environment Canada (1996). Conserving Canada’s Natural Legacy. (CD-ROM). Cat. no. En21-54/1996MRC CD. 6. Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) (1996). Climate change 1995: IPCC second assessment report. Vol. 1. The science of climate change. 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Canada country study: climate impacts and adaptation: fishery sector. In: Koshida G and Avis W. The Canada Country Study: Climate Impacts and Adaptation – Volume VII, National Sectoral Issues. Canada: Environment Canada. 96 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 8 Élévation du niveau de la mer L e changement climatique mène à la dilatation thermique des océans, à la désintégration de la couche glaciaire polaire et à la fonte des glaciers et des couches de glace, en plus d'une élévation conséquente du niveau moyen de la mer1,2,3,4. Il est prévu qu'un réchauffement de la planète continu pourrait causer, à l'échelle mondiale, une élévation du niveau moyen de la mer à un taux de 1 à 11 cm par décennie au cours du prochain siècle5. Depuis le début des années 1890, l'élévation moyenne du niveau de mer, à l'échelle mondiale, a été de 1 à 2 mm par année ou de 10 à 20 cm pour le siècle6. Bien qu'il soit difficile de prédire les changements avec exactitude, les mesures prises récemment par satellite montrent une élévation moyenne plus importante de 3,9 mm par année en 1993 et en 19947. Ce genre d'élévation pourrait refléter des variations à court terme de la température de la surface de la mer et l'influence à long terme d'un réchauffement de la planète2. Il faut toujours corriger les écarts entre les données, les documents de contrôle inadéquats et les inexactitudes dans la lecture des instruments4. Cependant, le temps et d'autres analyses serviront à confirmer ou à réfuter si ces changements sont directement liés à l'intensification de l'effet de serre. Puisque plus de 25 p. 100 de la population de la planète vit dans des régions côtières, une élévation du niveau de la mer pourrait avoir de graves répercussions sur les villes côtières8. Des marées de tempête plus fréquentes et plus dommageables, l'intrusion d'eau salée provenant de la mer dans les approvisionnements d'eau souterraine, l'inondation des systèmes de distribution d'eau causée par une hausse de la nappe (et une éventuelle contamination par des produits chimiques et des organismes pathogéniques) et l'inondation des usines de traitement des eaux par des eaux contaminées pourraient affecter plusieurs des plus importantes villes de la planète9. Les communautés côtières devront composer avec les répercussions d'une hausse du niveau de la mer en plus d'une gamme croissante de stress naturels et provoqués par l'homme (p. ex., érosion, tempêtes, pertes des marécages, etc.), auxquels ils sont confrontés même en l’absence d'un changement climatique3. Les facteurs locaux et régionaux importants qui affectent la vulnérabilité comprennent des variations dans les caractéristiques physiques des régions côtières, les taux de croissance et d'investissement démographiques prévus et les politiques et les pratiques de gestion. Ces différences influenceront par la suite l'étendue des répercussions d'une hausse du niveau de la mer sur les régions côtières. 8.1 Contexte canadien Le Canada compte un important pourcentage des eaux douces de la planète, possède une des plus longues côtes du monde et comprend plusieurs importantes régions métropolitaines au niveau ou près de la mer10. L'élévation du niveau de la mer, les marées importantes et les ondes de tempête peuvent accentuer l'érosion côtière et l'inondation des terres basses, menaçant par le fait même certains des plus grands centres économiques du Canada, notamment Vancouver, Halifax et Charlottetown2,11. Certaines régions côtières connaîtront cependant une élévation négligeable du niveau de la mer, en raison d'effets compensatoires, dont un déplacement local vers le haut de l'écorce terrestre causé par un relèvement post-glaciaire2. Le Canada central, par exemple, s'élève graduellement depuis la fin de la dernière période glaciaire en raison du fardeau causé par le déplacement de couches glaciaires massives, réduisant ainsi l'effet de la hausse globale moyenne du niveau de la mer2,12. Dans 97 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base certaines régions, un relèvement postglaciaire pourrait survenir plus lentement que l'élévation du niveau de la mer. Dans d'autres régions (p. ex., la côte est du Canada et le Delta du Fraser en ColombieBritannique), les terres sont plus faibles et les problèmes d'inondations s'aggraveront sans doute2. Il est prévu que les plus importantes inondations au Canada se produiront dans le Delta du fleuve Fraser en ColombieBritannique, le Delta du fleuve Mackenzie dans les Territoires du Nord-Ouest, l'intérieur de la mer de Beaufort, la Baie d'Hudson et la Baie James et dans des villes côtières comme Charlottetown (Î.-P.-É.) et Richmond (C.-B.)12. La recherche canadienne suggère que les niveaux de la mer de la côte atlantique de la NouvelleÉcosse devraient augmenter de 70 cm d'ici 2100. En 2050, les niveaux de la mer auront augmenté de 30 cm sur la côte nord de la Colombie-Britannique et de 50 cm sur la côte nord du Yukon. Les effets secondaires d'une élévation du niveau de la mer pourraient aussi être observés en amont sur le fleuve Saint-Laurent, notamment à Québec et à Montréal et dans des villes longeant la baie de Fundy11. planification et la réglementation du développement12. Suite à un changement climatique, un bon nombre de communautés côtières devront peut-être ériger ou prolonger des barrières de défense côtière ou entreprendre d'autres dispendieux projets de construction, notamment la réinstallation de points d'entrées d'eau douce et de points de rejet2. Les modèles climatiques et océaniques prédisent une élévation du niveau de la mer d'environ 0,5 m d'ici 210013; cette élévation pourrait causer une salinisation des eaux d'estuaires, les rendant impropres à la consommation. L'intrusion d'eau salée dans les aquifères côtiers peut compromettre l'approvisionnement en eau douce des villes côtières, y compris certains puits12,14,15. Par conséquent, une grande partie de l'Amérique du Nord pourrait connaître une pénurie d'eau douce16. La stabilité côtière pourrait être menacée dans plusieurs parties de la région et une érosion générale s'en suivrait. Les pertes personnelles pourraient être importantes si ce danger n'est pas reconnu dans la 98 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 8.2 Références 1. IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change).1995. Summary for policymakers: The Science of Climate Change. Houghton JT et al. (eds.). Cambridge: Cambridge University Press. Available online: www.ipcc.ch/pub/sarsum1.htm, July 12, 2000. 2. Environment Canada (1996). Conserving Canada’s Natural Legacy. (CD-ROM). Cat. no. En21-54/1996MRC CD. 3. Neuman JE et al. (2000). Sea-Level Rise and Global Climate Change: A Review of Impact to U.S. Coasts. Prepared for the Pew Center on Global Climate Change. p.8. Available online: http://www.pewclimate.org/projects/env _sealevel.pdf, July 12, 2000. 4. Frederick KD and Gleik PH (1999). Water and Global Climate Change: Potential Impact on U.S. Water Resources. Prepared for the Pew Center on Global Climate Change. p.14. 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London: World Health Organizations. 99 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 14. Waggoner PE (ed.) (1990). Climate Change and US Water Resources. New York: Wiley. 15. Jones G. (1994). Global warming, sea level change and the impact on estuaries. Mar. Pollut. Bull 28:7-14. 16. Haines A, Epstein PR and McMichael AJ (1994). Global Health Watch: Monitoring Ecosystem Consequences. Trends Ecol Evolution 9:45-47. 100 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 9 Appauvrissement de l'ozone stratosphérique – incidences des rayons ultraviolets sur la santé L es gens sont souvent confus quant aux causes et aux effets d'un appauvrissement de l'ozone et d'un changement climatique planétaire. Cette confusion est accentuée par le fait que certains produits chimiques détruisent l'ozone et contribuent à un changement climatique1. Par exemple, les gaz à effet de serre gardent plus de chaleur dans la troposphère, faisant en sorte que la stratosphère se refroidit. Un refroidissement stratosphérique affecte la couche d'ozone, car les agents de destruction de la couche d'ozone sont plus efficaces en présence de températures plus froides2. On s’attend à ce que ce refroidissement augmente et contribue au retard de réparation du trou d'ozone stratosphérique3. L'appauvrissement de l'ozone stratosphérique fait référence aux diminutions de la couche d'ozone protectrice entre 15 et 50 km au-dessus de la surface de la terre4. Plus de 90 p. 100 des rayons ultraviolets du soleil sont filtrés par l'ozone stratosphérique, protégeant la terre d'un excédant de rayons solaires5. L'amincissement graduel de la couche d'ozone produira une augmentation un nombre accru de rayons ultraviolets atteignant la surface de la terre6. Les chercheurs scientifiques ont découvert pour la première fois un appauvrissement de la couche d'ozone dans les années 1970, même s’ils n'ont pu prouver ce phénomène avant 19854,5. Les molécules d'ozone de la stratosphère se détruisent à des niveaux plus importants qu'ils ne se créent, expliquant cet appauvrissement de l'ozone1. La couche d'ozone stratosphérique s'amincit à un taux de 3 à 4 p. 100 par décennie dans les latitudes moyennes7. Les observations de surface montrent que les rayons ultraviolets atteignant le sud du Canada se sont amplifiés dans les 20 dernières années5. Au-dessus du Canada, la couche d'ozone est aujourd'hui, en moyenne, 8 p. 100 plus mince qu'en 19607. Cet appauvrissement est en grande partie causé par des composés anthropiques de chlore et de bromure8. Un bon nombre de produits chimiques industriels à des fins domestiques contiennent du chlore, du bromure et du fluor, lesquels dispersent les molécules d'ozone dans la stratosphère7. Les substances d'appauvrissement d'ozone les mieux connues sont les chlorofluorocarbures (CFC) utilisés de façon générale à titre de réfrigérant dans les réfrigérateurs et les climatiseurs. Une exposition aux rayons ultraviolets durant l'enfance peut mener à une morbidité importante et même à la mortalité plus tard dans la vie9. Même la petite quantité de rayons ultraviolets qui traverse « normalement » la couche d'ozone cause des brûlures, vieillit la peau et endommage les yeux. Une surexposition à des doses élevées peut causer un cancer de la peau, des cataractes et peut même affaiblir le système immunitaire7,10,11. Par conséquent, même une faible augmentation des rayons ultraviolets aura sans doute d'importantes conséquences sur la santé humaine6. 9.1 Cancer de la peau En règle générale, les gens n'associent pas le cancer de la peau aux enfants parce qu’il existe habituellement un période d'attente de 10 à 30 ans entre l'exposition et une apparence clinique de cancer de la peau12. Quatre-vingt pour cent de tous les dommages cutanés se produisent dans les 18 premières années de la vie13, et un enfant sur sept sera atteint d'un cancer de la peau au cours de sa vie5. 101 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Une exposition à la lumière du soleil et de graves coups de soleil durant l’enfance peuvent être plus intenses pendant cette période que plus tard en raison des comportements des enfants et des adolescents9. Par exemple, les enfants incapables de marcher ou de se traîner seront exposés davantage au soleil, car ils ne peuvent pas se déplacer pour éviter une exposition excessive, produisant souvent de graves coups de soleil. Un jeune enfant est ainsi gravement brûlé en raison de son incapacité de s’éloigner de l’exposition au soleil14. Le risque de cancer de la peau est plus étroitement lié à la quantité de dommages à la peau causés par le soleil au cours des 18 premières années de la vie15. Il est prouvé qu'un seul coup de soleil grave durant l'enfance joue un rôle important dans la progression d'un cancer de la peau plus tard dans la vie4. Des études de cas suggèrent un risque supérieur de mélanomes malins liés à quelques épisodes de coups de soleil aigus durant l'enfance qu'à une exposition prolongée à de bas niveaux associés au bronzage16,17,18. Les chercheurs croient qu'une diminution soutenue de l'ozone stratosphérique de l'ordre de 1 p. 100 produira une augmentation des cas de cancers de la peau communs de l'ordre de 2 p. 1006,7. Ainsi, une diminution soutenue de la concentration moyenne d'ozone de l'ordre de 10 p. 100 mènerait à environ 250 000 autres cas de cancer de la peau avec mélanome bénin par année6. Étant donné qu'il faut généralement entre 10 et 30 ans pour développer toute forme de cancer de la peau, les nouveaux cas ne seront connus qu’au cours du XXIe siècle5. Si le schéma actuel d'appauvrissement de l'ozone se poursuit, l'incidence du cancer de la peau continuera sans doute d'augmenter au moins jusqu'à 2050 et peut-être au-delà7. été causés par une exposition au soleil pendant les années 1970 et 1980 (avant l'amincissement remarquable de la couche d'ozone) et une augmentation de la popularité des bains de soleil et des vêtements d'été plus courts. Un appauvrissement continu de l'ozone exacerbera sans doute ce problème à moins que les gens adoptent de meilleures habitudes de protection solaire et observent des politiques et des règlements efficaces en matière de changement climatique. 9.2 Affection oculaire Les nouveau-nés et les enfants âgés de moins de 10 ans ont peut-être des risques supérieurs de blessure rétinienne, car la transmissibilité de la lentille à la lumière bleue et aux rayons ultraviolets dommageables est supérieure pendant cette période4. Les chercheurs estiment qu'une diminution de l'ozone stratosphérique de l'ordre de 10 p. 100 mènerait à une augmentation des risques de cataractes pour la population de l'ordre de 5 p. 100 par année (entre 1,60 et 1,75 millions de cas de cataractes supplémentaires par année à l'échelle mondiale)4,20. Une augmentation des rayons ultraviolets peut endommager les yeux et en particulier mener à une incidence plus marquée de cataractes. La formation de cataractes semble être positivement corrélée à une diminution de latitude, à une augmentation des rayons ultraviolets et à une exposition complète au soleil21. Cependant, plusieurs autres facteurs contribuent au risque de formation de cataractes. Il faut évaluer plus soigneusement les risques pour déterminer si ces effets sont directement causés par des rayons ultraviolets ou par les effets combinés de la lumière du soleil, de la chaleur et de la poussière20. En 1998, on comptait environ 67 000 nouveaux cas de cancer de la peau au Canada seulement19. Ces cas ont sans doute 102 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 9.3 Effets sur le système immunitaire La peau est considérée comme la première ligne de défense du système immunitaire humain22. On présume que le rayonnement non ionisant du spectre des rayons ultraviolets altère les fonctions de défense de la peau. Des études réalisées auprès d'animaux ont démontré que les rayons ultraviolets peuvent endommager la fonction d'une cellule immunitaire particulière, soit la cellule T suppressive4,23. Les chercheurs pensent que ce genre de suppression immunitaire joue un rôle important dans le développement du cancer de la peau, dans la progression de certaines infections et dans la réaction aux vaccins4. Certaines études suggèrent que les écrans solaires ne protègent pas contre les effets immunosuppresseurs du soleil4. En outre, les chercheurs croient que l'immunosuppression est indépendante de la pigmentation cutanée; par conséquent, toute la population est à risque d'éventuels effets néfastes sur le système immunitaire. Ces effets néfastes comprennent une augmentation de l'incidence et de la gravité des maladies infectieuses et une hausse des risques de changements malins20. Toute réduction des défenses immunitaires aura sans doute une incidence dévastatrice sur la santé humaine6. Par exemple, compte tenu du potentiel des maladies infectieuses en présence d'une modélisation de changement climatique, les enfants pourraient faire face à des risques accrus de maladies. Si les températures augmentent et si la couche d'ozone continue de s'amincir et de permettre l'entrée de plus de rayons ultraviolets, les pathogènes virulents deviendront peut-être plus forts et les réactions immunitaires humaines plus faibles24. 9.4 l'exposition aux rayons ultraviolets et de prévenir les effets néfastes sur la santé humaine. En raison des effets à long terme d'une exposition au soleil, il est essentiel de bien protéger la peau des enfants. Il est aussi très important d'aider les enfants à comprendre la nécessité, sur une base quotidienne, de se protéger à long terme contre le soleil. Les mesures de protection comprennent le fait de minimiser l'exposition au soleil, en particulier durant les heures de pointe lorsque les rayons du soleil sont très puissants, chercher l'ombre, se couvrir, porter des vêtements de protection et des lunettes solaires et appliquer des écrans solaires. Ces modifications de comportement sont vitales, qu’il y ait ou non un changement climatique, afin d'aider à freiner la tendance croissante déjà remarquée des effets susmentionnés sur la santé. Mesures d'adaptation Chaque personne, et en particulier les enfants, devrait adopter des mesures de protection contre le soleil afin de réduire 103 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 9.5 Références 1. Friends of the Earth (1995). Friends of the Earth Climate Change Workshop. Leader’s Guide. 2. Brown LR, Flavin C and French H et al. (2000). State of the World 2000. Worldwatch Institute. 8. IPCC (1996). Climate Change 1995: The Science of Climate Change. Contribution of Working Group 1 to the Second Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change. Cambridge: Cambridge University Press. 3. Shindell DT, Rind D, Lonergan P (1998). Increased polar stratospheric ozone losses and delayed eventual recovery owing to increasing greenhouse-gas concentrations. 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Canada country study: impacts and adaptation – health sector. In: Koshida G and Avis W. The Canada Country Study: Climate Impacts and Adaptation – Volume VII, National 105 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 10 Collectivités autochtones P artout au Canada, les effets d'un changement climatique posent une menace particulière sur la santé et le bien-être des peuples autochtones1. Les autochtones du Nord, un des segments les plus vulnérables de la société canadienne, sont déjà affectés de façon néfaste par un changement climatique. Les collectivités autochtones se sont adaptées au changement à plusieurs reprises par le passé, mais la prévisibilité de l'étendue, de la durée et de la vitesse des changements ont rendu cette adaptation possible2. Les collectivités autochtones seront à risque si les changements affectant la faune sont rapides, dramatiques et imprévisibles. Les répercussions possibles d'un changement climatique sur l'économie du nord sont peu connues3. D'une part, le changement environnemental est intégré aux vies quotidiennes des gens du Nord et la capacité de s'adapter au changement fait partie de leurs modes de subsistance. D'autre part, les événements et les fluctuations extrêmes créent des dangers pour la sécurité de même que des problèmes d'adaptation et on connaît peu de choses sur leurs limites culturelles, sociales et économiques d'adaptabilité. Par exemple, la fonte du pergélisol convertit la terre solide en marécage, causant un effondrement des rives et des dommages aux infrastructures, notamment les routes, les immeubles, les égouts et les pipelines. L'accès à diverses sources alimentaires (p. ex., chasse, pêche et plantes) peut aussi être restreint. Les types de changement qui devraient accompagner un changement climatique mettront sans doute gravement au défi la capacité d'adaptation de plusieurs sociétés de subsistance. Un changement climatique affectera sans doute la distribution des animaux et d'autres ressources sur lesquels leur économie de subsistance est fondée3. Les changements dans la distribution des animaux servant de sources alimentaires peuvent aussi avoir une incidence sur la santé des populations nordiques en limitant l’entrée de certains aliments sources d'importants nutriments. Le recours aux connaissances traditionnelles et aux adaptations locales ne s'appliquera peut-être plus en présence de certaines conditions changeantes (p. ex., schémas d'écoulement glaciaire). Ces changements coïncideront avec les augmentations de température, l'élévation du niveau de la mer et l'augmentation du nombre d'événements météorologiques extrêmes qui affectent le reste du Canada. Par exemple, il est prévu que les communautés côtières de Tuktoyaktuk et de Inuvik auront des risques d'inondation si la hausse anticipée du niveau de la mer se produit2. Si les collectivités sont prévenues et qu'elles ont le temps de changer, elles pourront se déplacer. Les coûts associés à ce déplacement seront cependant supérieurs aux ressources des collectivités et peut-être aux dépens de leur mode de vie traditionnel. 10.1 Distribution des animaux et des ressources Un changement climatique peut affecter la distribution des animaux et d'autres ressources sur lesquels la subsistance et les économies rattachées aux ressources naturelles sont structurées. En présence des conditions prévues de réchauffement climatique, il est anticipé que la glace de plusieurs années et les importantes régions à pergélisol discontinu disparaîtront, que les précipitations augmenteront de 20 à 30 p 100 et que la durée de la période annuelle exempte de gel se prolongera. Une réduction de la glace marine de l'Arctique causée par une augmentation des températures peut mener à des extinctions régionales d'espèces comme l'ours polaire et le morse4. Une pénurie de glace marine 106 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base pendant les mois d'été et tôt à l'automne forcerait les ours polaires à se déplacer sur les terres où ils devraient jeûner jusqu'à la prochaine formation de glace marine plus tard à l'automne. En présence d'une modélisation de changement climatique, la température augmentera entre 0,2 et 0,7°C par décennie. De telles augmentations de température produiront inévitablement une plus longue période exempte de glace, causant ainsi une perte d'habitat pour l'ours polaire. La perte de l'ours polaire aurait des répercussions sur les communautés nordiques qui en dépendent pour leurs vêtements et pour l'économie. Les mammifères terrestres, aquatiques et marins des régions arctiques et sub-arctique qui vivent dans des environnements physiques de soutien marginal en seraient aussi affectés. Par exemple, la perte des populations de sauvagines et de poissons aurait de graves répercussions sur l'économie de subsistance en raison du fait que ces ressources ne seraient sans doute pas remplacées par d'autres sources alimentaires sauvages. Un changement climatique et sa probabilité d'altérer l'abondance de la faune, des poissons et de la végétation pourraient compromettre l'approvisionnement alimentaire, les moyens économiques de subsistance et les traditions culturelles de plusieurs peuples autochtones5, posant ainsi une menace considérable sur la vie de leurs enfants. Un mode de vie qui a survécu pendant des siècles pourrait éventuellement disparaître2. Il est par conséquent essentiel de prendre les mesures nécessaires pour protéger les ressources culturelles. 10.2 Connaissances traditionnelles Les peuples autochtones du Nord peuvent être affectés par les déplacements d'écosystèmes qui sont actuellement hors des limites de l'expérience historique3. Un changement climatique peut affecter la validité des connaissances traditionnelles et des adaptations locales. Le mode de vie traditionnel dépend en grande partie de la pêche, de la chasse et du trappage et tout changement, y compris un changement climatique – qui a un effet sur ces ressources naturelles – affectera aussi les moyens de subsistance de ces personnes2. Plusieurs collectivités autochtones ont conservé des liens étroits avec la terre et la mer. La nourriture « traditionnelle » – la chasse locale, les oiseaux sauvages, le poisson et les plantes sauvages acquis par la capture à des fins de subsistance6- constitue une importante part de l'alimentation et de la culture des peuples autochtones et est essentielle à leur bien-être7. La collecte de nourriture traditionnelle et sa distribution constituent la base de l'activité sociale et maintiennent les liens sociaux8,9. Les succès de la recherche de nourriture traditionnelle par les chasseurs, les pêcheurs et les trappeurs dépendent de connaissances locales complètes sur la distribution et sur le comportement des animaux et des schémas climatiques qui dictent l'enneigement et la période de gel et de dégel des glaces4. Le fait de se fier aux aliments nourritures traditionnelles par des générations de peuples autochtones a bâti une réserve culturelle de connaissances et de croyances au sujet de la terre, ce qui guide leur recherche d'aliments traditionnels10. Au cours des dernières années, ce genre de connaissances a été gravement mis à l'épreuve par des conditions climatiques sans précédent. Et un autre changement climatique mettrait sans doute encore plus à l'épreuve l'applicabilité de ce genre de connaissances. Le botulisme, une intoxication alimentaire qui cause une paralysie, est plusieurs centaines de fois plus courante chez les peuples autochtones du nord du Canada que chez le reste de la population; le taux de fatalité parmi ceux qui sont malades étant environ neuf fois supérieur à la moyenne11,12. Clostridium botulinum de type E, l'organisme responsable, est présent de façon générale dans les régions du Nord. La plupart des cas de botulisme chez les peuples autochtones du Nord sont associés à 107 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base des aliments traditionnels, notamment les têtes de poisson fermentées ou la viande de baleine, de phoque ou de morse. Ces aliments étaient traditionnellement fermentés lentement, dans le sol, à basses températures; les poussées de maladies surviennent lorsque les aliments sont fermentés à ciel ouvert et à des températures supérieures. Cette situation révèle une perte de connaissances concernant la préparation des aliments et une augmentation de la température ambiante. De telles interactions augmenteront sans doute en présence d'un changement climatique global. Un changement climatique soulève donc des questions sociales pour les populations du Nord, étant donné qu'il peut affecter l'équilibre entre l'économie basée sur les salaires et l'économie traditionnelle nonsalariale2. Au cours des dernières décennies, l'emploi dans le Nord a changé et continue d'évoluer. Dans les régions où la faune a disparu, certains Autochtones ont opté pour des emplois rémunérés. L'effet d'un changement climatique sur les emplois dans ces régions devrait être mixte. Par exemple, en présence d'un changement climatique, un réchauffement graduel pourrait mener à de nouveaux emplois rémunérés dans les domaines de l'agriculture et des projets de réserves pétrolières marines. D’un autre côté cependant, un changement climatique pose des risques, altérant peut-être de façon significative les conditions de chasse, de trappage et de pêche. Si un changement climatique diminue les chances des Autochtones de pouvoir vivre en fonction de moyens traditionnels, un mode de vie qui a survécu pendant des siècles disparaîtra éventuellement. 10.3 désordres de carence vitaminique3. Autrefois, comme la consommation de viandes fraîches a diminué, les nutriments anciennement fournis par ces aliments n'ont pas été remplacés par les nouveaux choix alimentaires. Cette situation est considérée comme le principal facteur expliquant la prévalence élevée d'obésité, de désordres cardio-vasculaires et de diabète sucré parmi les Autochtones. La poursuite de capture à des fins de subsistance nécessite un niveau élevé de conditionnement physique. L'incapacité de chasser et de pêcher ne mène plus à la famine. Les membres de sociétés de subsistance sont plutôt à la merci des maladies modernes et, par conséquent, moins aptes à chasser les animaux sauvages qui contribuent au bien-être de leur famille. Être en mesure d'obtenir des aliments traditionnels est aussi très important pour le bien-être social de plusieurs collectivités du Nord13. L'identité culturelle de plusieurs collectivités est conservée grâce à la capture, au partage, à la transformation et à la consommation d'aliments traditionnels. Ces pratiques permettent le partage et le transfert de connaissances et d'une sagesse traditionnelles avec les générations plus jeunes et l'enseignement de l'importance du partage d'aliments avec ceux qui ne peuvent pas capturer leurs propres aliments. Les distributions changeantes et les extinctions de certaines espèces de mammifères et de poissons causées par un changement climatique auraient des incidences graves sur le bien-être de plusieurs collectivités du Nord. Incidences alimentaires La possibilité d'un changement climatique et son interférence sur les captures sauvages peut causer des problèmes d'ordre alimentaire et des coûts médicaux élevés en raison des augmentations des désordres cardio-vasculaires, de diabète et des 108 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 10.4 Références 1. Last J, Trouton K and Pengelly D (1998). Taking Our Breath Away - The Health Effects of Air Pollution and Climate Change. Vancouver: David Suzuki Foundation. 2. Cohen SJ (1997). Mackenzie Basin Impact Study (MBIS) Final Report: Summary of Results. Environment Canada. Available online: http://www.tor.ec.gc.ca/airg/mbis/macke nzie.htm, July 13, 2000. 3. Fast H and Berkes F (1997). Climate Change, Northern Subsistence and Land Based Economies. In: Mayer M Avis W (eds.) (1997). Canada Country Study: Climate Impacts and Adaptation, Volume VIII, National Cross-Cutting Issues Volume. 4. Hulme M and Sheard N (1999). 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Minister of Public Works and Government Services Canada. Ottawa, ON. 109 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 11 Réfugiés environnementaux L e Canada est, depuis plusieurs années, une destination de choix pour les immigrants et un paradis pour les réfugiés1. Puisque le Canada est vaste et peu peuplé, il constitue un choix invitant pour l'immigration. Plusieurs immigrants proviennent de régions où un changement général a déjà affecté directement leur vie. Récemment, les schémas d'immigration ont changé et on remarque davantage de réfugiés environnementaux. Ils viennent de pays qui connaissent le stress d'une surpopulation, de méthodes agricoles non convenables et de conflits précipités par un stress environnemental2. Un changement climatique mènerait sans doute à une augmentation du nombre de réfugiés environnementaux3. L'expression « réfugié environnemental » se définit comme suit : « une personne forcée à quitter son habitat traditionnel, temporairement ou de façon permanente, en raison d'un dérangement environnemental notable (naturel et(ou) engendré par l'homme) qui a compromis son existence et(ou) gravement affecté sa qualité de vie »3 [traduction]. À moins que des facteurs environnementaux soient liés à une loi traditionnelle sur les droits de l'homme dans l'arène internationale, il est peu probable que le Canada modifie sa politique en matière d'immigration pour inclure les réfugiés environnementaux. Les réfugiés environnementaux se déplacent lorsque leur terre est saccagée et rendue impropre à l'habitation humaine par une dégradation environnementale ou un événement météorologique catastrophique (ou causé par l'homme)3. Un changement climatique peut contribuer à ces conditions de la façon suivante : i) une élévation des niveaux de la mer provoquant un déplacement des gens; ii) des changements dans les schémas de précipitation causant des sécheresses et des inondations; iii) des augmentations dans les secteurs de vecteurs de maladies; iv) des augmentations dans le nombre d'événements météorologiques extrêmes (p. ex., tempêtes graves et cyclones); v) des diminutions de la production agricole menant à la famine. L'effet d'un changement climatique sur les réfugiés environnementaux venant au Canada est inconnu4. On estime que le nombre de réfugiés provoqués par des changements prévus dans la portée climatique atteindra 150 millions de personnes, même si seulement les plus aptes à se déplacer parviendront jusqu'au Canada. Cette augmentation du nombre de réfugiés internationaux ajouterait un fardeau sans précédent aux mécanismes canadiens d'assimilation des réfugiés3. Puisque l'immigration est une mesure de dernier recours, limitée à des conditions si graves que la vie même est en danger imminent, le nombre croissant de réfugiés environnementaux devrait être perçu comme un important indicateur de l'étendue et de la gravité de la détérioration environnementale à l'échelle de la planète5. Ce genre d'indicateurs aidera à inciter le Canada et d'autres pays industrialisés à élaborer des réactions politiques face à la possibilité de réfugiés environnementaux, notamment l'incorporation, dans une protection environnementale, de toute aide financière internationale aux réfugiés environnementaux à titre de composante obligatoire de l'aide3. Cette aide pourrait servir à contrebalancer ou à réparer les conditions environnementales ayant originalement provoqué les réfugiés. Le niveau accru de réfugiés admissibles mettra à l’épreuve les ressources physiques locales (p. ex., l'utilisation de l'eau, la consommation des aliments, le logement et les services sanitaires), les ressources affectées aux soins de santé et à l'économie (p. ex., les possibilités d'emploi et les 110 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base avantages sociaux)3. Le niveau de stress sur ces ressources variera directement selon le nombre de réfugiés acceptés. 111 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 11.1 Références 1. Royal Society of Canada (1995). Implications of Global Change for Human Health. Final Report of the Health Issues Panel of the Canadian Global Change Program. 2. Homer Dixon TF (1991). Environmental stress as a cause of acute conflict. International Security 6:76-116. Cited in: Royal Society of Canada (1995). Implications of Global Change for Human Health. 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Canada Country Study: Climate Impacts and Adaptation, Volume VIII, National Cross-Cutting Issues Volume. 112 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 12 Une perspective historique de la politique canadienne sur le changement climatique E n 1990, en réaction à une accumulation de preuves scientifiques de mise en garde sur les éventuelles conséquences graves d'un changement climatique, le Canada a annoncé son engagement à intervenir pour stabiliser les émissions de CO2 et d'autres gaz au niveau de l'année en question (601 mégatonnesxvii) jusqu'en 20001. Malgré l'opposition des producteurs de combustibles fossiles2, cet engagement a ensuite été confirmé en 1992 dans le cadre de la Conférence des Nations sur l'environnement et le développement (CNUED) organisée à Rio. Dans le cadre de cette conférence, le Canada s'est rallié à d'autres pays industrialisés pour enchâsser l'objectif de maintenir les niveaux d'émission de 1990 à titre « d'objectif » formel de la Convention-cadre des NationsUnies sur les changements climatiques3. Dès janvier 1996, 151 pays, dont le Canada, avaient ratifié la Convention des NationsUnies sur les changements climatiques 4. En 1993, l'année suivant la CNUED, les gouvernements fédéral et provinciaux canadiens ont mis sur pied un processus national de consultation des parties intéressées composées de représentants du gouvernement, de l'industrie et de groupes d'intérêt ayant pour objectif de déterminer les mesures que le Canada pourrait prendre pour respecter son engagement de stabilisation. Ce processus d'une durée de 18 mois a donné lieu à une liste de 88 recommandations en matière de recherche particulière, d'éducation et de mesures législatives en vue d’aider le Canada à respecter son objectif de stabilisation avancé en 19903. On a estimé xvii Mégatonne = million de tonnes qu'en l’absence d'intervention politique, les émissions de gaz à effet de serre du Canada surpasseraient, en 2000, de 74 mégatonnes le niveau de 19905. Même si elles étaient mises en œuvre de façon complète et agressive, il était prévu que les mesures recommandées aux ministres n'atteindraient qu'une réduction maximale de 54 mégatonnes, 20 mégatonnes de moins que le niveau ciblé en 1990. En 1995, un an après avoir reçu les 88 recommandations politiques, les ministres ont annoncé la création du « Programme d'action national concernant les changements climatiques du Canada » (PANCC). Ce programme présentait une gamme de mesures en grande partie volontaires et d'orientations stratégiques à suivre par les gouvernements afin de limiter les émissions et suggérait d'autres mesures à prendre au-delà de l'an 20006. Le programme comprenait des Mesures volontaires et Registre (MVR), un de ses principaux éléments, et un programme québécois distinct, mais semblable, le programme EcoGESte. Ces programmes invitaient les entreprises et les organisations canadiennes à élaborer et à suivre des plans d'action en vue de limiter les émissions nettes de gaz à effet de serre et de déclarer leurs quantités totales d'émissions dans la première année et dans les années de déclaration subséquentes. Cent vingt autres programmes d'efficacité énergétique et d'énergie de remplacement ont été élaborés pour les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, notamment le Programme de recherche et de développement énergétiques (PRDE), administré par Ressources naturelles Canada, visant à encourager la recherche et le développement dans le domaine des batteries pour véhicules automobiles, les systèmes de chauffage et de climatisation très énergétiques et efficaces, les véhicules à faible émission et les estimés de capture de carbone par les océans4. En général, le PANCC comprenait cependant peu d'engagements envers la mise en œuvre de mesures particulières et il a été reconnu 113 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base que ce programme ne réaliserait pas les réductions d'émissions nécessaires pour respecter la stabilisation ciblée3. En février 1995, les ministres de l'Environnement et de l'Énergie du Canada ont approuvé le plan, lequel a été déposé dans le cadre de la première Conférence des parties à la Convention sur les changements climatiques organisée à Berlin en avril 19956. moyens les plus économiques possibles en vue de respecter leurs cibles, notamment des mécanismes comme l'investissement dans des activités d'entreposage du carbone (réservoirs), l'accumulation et l'échange des droits d'émissions et la mise en œuvre conjointe de projets dans les pays en voie de développement servant à diminuer, de façon générale, les niveaux mondiaux7. En décembre 1997, les représentants de 160 nations se sont rencontrés pour négocier un traité mondial visant à limiter la production de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale. Après 48 heures de négociations ininterrompues, les membres du congrès sont arrivés à un consensus sur l'établissement d'un accord. Contrairement aux anciens accords engageant les nations envers des niveaux et des mesures volontaires, le « Protocole de Kyoto pour la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (Protocole de Kyoto) constitue un document juridiquement valable. Les mesures de conformité devront être confirmées à une date ultérieure7. Les modalités du protocole ne s'appliquent qu'aux 38 nations industrialisées et aux pays européens en transition et, malgré le fait que chaque nation a des cibles différentes, la cible générale établie pour la réduction de six gaz à effet de serrexviii déterminés par le Protocole est de l'ordre de 5,2 p. 100 sous les niveaux de 1990. L'engagement du Canada est établi à 563 Mt2. Plutôt que de n’arrêter qu’une seule année comme date limite, le traité de Kyoto permet aux pays de faire la moyenne de leurs émissions sur une période de cinq ans (2008 à 2012) afin de tenir compte des variations en matière de température, de la croissance économique et d'autres facteurs. Le traité renferme aussi un bon nombre de « dispositions de souplesse » pour permettre aux pays de trouver les Immédiatement après la conférence de Kyoto, les premiers ministres se sont réunis au Canada pour discuter du protocole de Kyoto. Ils se sont entendus sur l'importance de la question du changement climatique et sur le fait que le Canada doit faire sa part pour aborder ce problème, mais que les mesures devraient être prises de façon à assurer qu'aucune région ne doive assumer un fardeau déraisonnable des coûts8. Les premiers ministres ont aussi accepté de mettre sur pied un processus, avant la ratification du protocole par le Canada, en vue d’examiner les conséquences de Kyoto et d'assurer la pleine participation des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux dans toute mise en œuvre et gestion du protocole9. xviii Le protocole de Kyoto a déterminé qu'il fallait réduire les gaz suivants : le gaz carbonique, l'oxyde nitreux, le méthane, les halocarbones, les perfluorocarbones et l'hexafluorure de soufre. En mai 1997, le Canada a aussi participé à une rencontre internationale des pays du G-7 et de la Russie (« les huit »), organisée en vue de discuter des aspects internationaux de la santé environnementale des enfants. Ce sommet a abouti à la « Déclaration de 1997 des ministres de l'environnement des huit sur la santé environnementale des enfants »10. La déclaration couvre une vaste gamme de menaces environnementales pour les enfants, notamment une section particulière sur la menace posée par la qualité de l'air et le changement climatique, qui se lit comme suit : « Qualité de l'air : La qualité de l'air est particulièrement importante pour les nouveau-nés et les enfants, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. L'asthme chez les enfants et d'autres maladies respiratoires pédiatriques augmentent de façon dramatique dans nos 114 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base pays et sont considérablement exacerbés par des polluants environnementaux dans l'air, y compris des émissions de combustion provenant de combustibles fossiles et d'autres sources. Malgré la réalisation, dans certains pays, d'une recherche sur l'exposition des enfants à certains polluants atmosphériques, il est primordial de poursuivre la recherche sur le sujet10. » [traduction] « Incidences d'un changement climatique à l'échelle mondiale sur la santé des enfants : Les responsables doivent prendre, au niveau international, des mesures concrètes pour affronter le problème du réchauffement de la planète, notamment à Kyoto. Nos enfants et les générations à venir sont confrontés à de graves menaces pour leur santé et leur bienêtre en raison des changements climatiques de la planète causés par une accumulation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Une preuve scientifique accablante relie les interventions humaines aux changements prévus dans les systèmes climatiques mondiaux, lesquels produiront sans doute des répercussions inacceptables pour toutes les nations. Selon le groupe de discussion intergouvernemental sur le changement climatique : « Le changement climatique aura sans doute de vastes et généralement néfastes incidences sur la santé humaine, sans compter de nombreuses pertes de vie. » [traduction] Les enfants seront les plus affectés par les vagues de chaleur très prononcées, la pollution atmosphérique plus intense et la propagation de maladies infectieuses et nous commençons à peine à comprendre les interactions entre ces problèmes et d'autres tendances mondiales, comme l'appauvrissement de la couche d'ozone. Les générations à venir seront confrontées aux nombreuses répercussions éventuelles d'un changement climatique ayant de graves conséquences sur la santé, l'environnement et l'économie10. Le Canada a ratifié la Déclaration10. Le gouvernement fédéral a annoncé dans son budget de 1998/1999 l'établissement d'un Fonds d'action pour le changement climatique (FACC) de l'ordre de 150 millions de dollars. En décembre 1999, le gouvernement avait consacré environ 8 millions de dollars dans 59 projets approuvés en vertu du FACC et un autre 13 millions de dollars selon un arrangement de financement entre partenaires. Le FACC compte quatre composantes : Mesures d'action hâtives en matière de technologie (TEAM); Science, impacts et adaptations; Éducation et sensibilisation du public; et Analyse de base. Grâce à ce programme, le gouvernement a l'intention de prendre des mesures concrètes pour faire participer la population canadienne, les organisations non gouvernementales, le monde des affaires, les collectivités et les gouvernements à des partenariats menant à une compréhension plus approfondie de la question du changement climatique en plus de lancer des interventions précoces et significatives sur les initiatives concernant les gaz à effet de serre. Le 24 avril 1998, un comité conjoint composé de représentants des ministères de l'Énergie et de l'Environnement a approuvé la publication d'un document intitulé « Processus national canadien de mise en œuvre sur le changement climatique post Kyoto ». Le processus a mis sur pied plusieurs comités intergouvernementaux de haut niveau chargés de formuler la réponse du Canada au changement climatique et a présenté des principes directeurs pour le processus et les mécanismes de participation, y compris un leadership gouvernemental en matière de collaboration et de partage des responsabilités, l’inclusion des parties intéressées, la transparence et l’atteinte de résultats8. Les ministres de l'Énergie et de l'Environnement ont aussi formé 16 tables de concertation et groupes de travail, coprésidés par des représentants gouvernementaux et des participants non gouvernementaux, en vue de fournir aux parties intéressées expertes et profanes un 115 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base mécanisme pour conseiller le gouvernement et pour participer au processus. Au bout du compte, 450 membres provenant de tous les paliers gouvernementaux, de l'industrie, du monde des affaires, d’universités, de groupes environnementaux, de groupes de travailleurs et d’autochtones, ont participé au processus. Les tables de concertation ont été organisées autour des thèmes et des sujets suivants : analyse et modélisation, crédit pour l'intervention hâtive, électricité, mécanismes de Kyoto, éducation et sensibilisation du public, réservoirs, technologie, transport, agriculture et agroalimentaire, immeubles, intervention volontaire accrue, foresterie, industrie, municipalités, science et adaptation et permis échangeables. L'information recueillie dans le cadre de ces séances servira à l'élaboration d'une Stratégie nationale de mise en œuvre par les ministres (fédéral, provinciaux et territoriaux) de l'Énergie et de l'Environnement. 12.1 Contexte politique 12.1.1 Facteurs externes Un bon nombre de facteurs influencent le profil canadien de la politique sur l'effet de serre et sa capacité de réduire les émissions. Le Canada est le deuxième plus grand pays du monde en terme de superficie (7 p. 100 de la masse continentale mondiale). Cette situation résulte en une importante demande pour le transport de marchandises et les déplacements sur de longues distances, contribuant à des émissions élevées de gaz à effet de serre provoqués par les automobiles et les camions11. En effet, le secteur du transport constitue la plus importante source de gaz à effet de serre au Canada, contribuant 25 p 100 des émissions totales. Si elles ne sont pas contrôlées, il est prévu qu'en 2010, les émissions surpasseront de 32 p. 100 les niveaux de 199012. Le Canada est aussi un pays dans lequel on retrouve des températures extrêmes. Les hivers longs et froids et les étés chauds se traduisent par une forte demande de chauffage et de climatisation. En 1996, 61 p. 100 de la demande résidentielle et 53 p. 100 de la demande commerciale était réservée au chauffage des locaux11. Le Canada est relativement peu peuplé mais connaît la deuxième plus importante croissance démographique des pays membres de l'OCDE, avec 30,7 millions de personnes en 2000 qui devrait atteindre 36,2 millions en 2026, principalement en raison de l'immigration13. La croissance démographique augmente la demande de biens et de services commerciaux, en plus des infrastructures (p. ex., logements, véhicules, routes, etc.), lesquels contribuent à une plus grande demande d'énergie et, par conséquent, d'émissions de gaz à effet de serre14. 12.1.2 Compétence politique La compétence politique à l'égard d'interventions en matière de changement climatique est partagée entre les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux. La Constitution canadienne ne confère pas de responsabilité pour la protection de l'environnement à un palier gouvernemental particulier14. Selon la Constitution, les provinces sont chargées de la gestion des ressources naturelles et du contrôle de sujets principalement de « nature locale ». Le gouvernement fédéral est responsable de réglementer les questions environnementales au niveau national, mais uniquement lorsque cette participation n'entrave pas ou n'enfreint pas de droits de compétence provinciale et territoriale. Le gouvernement fédéral a aussi le devoir de négocier les traités internationaux, mais il ne possède généralement pas le pouvoir constitutionnel de la pleine mise en œuvre de ces ententes. Par conséquent, une collaboration intergouvernementale est essentielle pour veiller à ce que le Canada respecte ses engagements environnementaux et qu'il réalise des progrès significatifs à l’égard de ses principales priorités environnementales internes11. 116 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Les gouvernements municipaux, lesquels relèvent des gouvernements provinciaux ont, au cours des dernières années, participé de plus en plus aux activités de réduction des émissions. Cependant, la mise en oeuvre efficace et efficiente d'une stratégie nationale ne peut se produire sans la collaboration de tous les paliers de gouvernement, lesquels doivent jumeler leurs forces, leurs ressources et leur autorité pour soutenir des engagements d'intervention de niveau national ou international 14. 12.1.3 Croissance économique et commerce Les Canadiens disposent d’un produit intérieur brut (PIB) par personne élevé, montrant des augmentations de 25 p. 100 entre 1990 et 2000 et une prévision de croissance continue de l'ordre de 94 p. 100 d'ici 202011. L'économie canadienne compte une forte proportion d'industries de produits nécessitant beaucoup d'énergie et six d'entre elles – les pâtes et papiers, le fer et l'acier, la fonte et l'affinage, les produits chimiques, la raffinerie de pétrole et le ciment – représentent 60 p. 100 de la demande industrielle d'énergie. L'économie canadienne se fie aussi grandement sur le commercer étranger, en exportant 40 p. 100 de ses produits à l'étranger. Quarante pour cent des exportations du Canada sont des produits de grande consommation d'énergie fondées sur des ressources qui engendrent plus d'émissions à la production qu’au raffinage et à la transformation. L’accent national et international accru sur la qualité de l'air, la production accrue de gaz naturel canadien, une combustible qui brûle plus proprement, a connu une croissance rapide. La grande majorité de cette production est cependant expédiée aux États-Unis, avantageant le profil d'émissions atmosphériques de ce pays, alors que les émissions plus élevées engendrées par sa production demeurent au Canada, contribuant à une augmentation rapide de la production de gaz à effet de serre au Canada15. Le Canada se fie grandement sur les États-Unis à titre de partenaire commercial; la part des exportations canadiennes aux États-Unis ayant atteint 78 p. 100 en 199711. En raison de cette relation, l'approche américaine envers le changement climatique est particulièrement importante pour la stratégie nationale du Canada. Le fait que le Canada se fie grandement sur ses exportations pour sa croissance économique souligne le besoin du pays de demeurer concurrentiel au niveau international, une considération clé dans l'élaboration d'une stratégie nationale de mise en oeuvre sur le changement climatique14. 12.1.4 Coûts économiques et possibilités Même s'il faut toujours poursuivre la recherche et la modélisation, une analyse préliminaire du coût pour l'économie canadienne associé à l'atteinte des objectifs fixés suite à Kyoto a été offerte par plusieurs organisations et instituts renommés. Une étude réalisée par le Conference Board du Canada sur le modèle macro-économique a conclu que l’objectif de Kyoto ralentira la croissance économique canadienne de 1,3 à 2,3 p. 100 d'ici 2010, soit une perte de 18 à 28 milliards de dollars pour l'économie canadienne15. Janet Yellen, présidente du Council of Economic Advisors pour le président Clinton, a prédit que les coûts nécessaires en vue de respecter les engagements américains envers Kyoto obligeraient les consommateurs à débourser un autre 3 à 10 p. 100 pour l'énergie en 2008-2012 selon l'efficacité du système de permis échangeable de droits d’émissions globales. La population canadienne peut prévoir des augmentations de coûts semblables. Sur une note plus positive, un bon nombre de possibilités s'offrent au Canada à l'égard des technologies en matière de changement 117 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base climatique. Avec des ventes annuelles de l'ordre de 14 milliards de dollars, l'industrie des technologies environnementales est un des secteurs qui connaît la croissance la plus rapide du pays. Le marché international des technologies et des processus environnementaux se situe actuellement, à l'échelle mondiale, à 240 milliards de dollars par année et une croissance rapide est prévue au cours du prochain siècle14. L'investissement dans l'énergie renouvelable et dans l'efficacité énergétique aura des avantages secondaires pour le Canada. La conversion à des énergies de rechange devrait procurer quatre fois plus d'emplois que des investissements équivalents dans de nouvelles sources d'énergie2. Une réduction du niveau de brumée et de polluants réduira de façon significative les coûts des soins de santé et aidera à sauver des vies, réduisant par le fait même la mortalité pour environ 16 000 Canadiens qui meurent actuellement de façon prématurée en raison des niveaux actuels de pollution atmosphérique16. En œuvrant pour prévenir les éventuelles répercussions d'un changement climatique, le pays réduirait aussi les coûts associés aux violents événements météorologiques, aux pertes de récoltes, aux dommages écologiques, à la dislocation sociale et au remplacement et à l'amélioration de l'infrastructure2. Plusieurs études suggèrent qu'il existe plusieurs mesures « sans reproche » pour lesquels les avantages économiques pour la santé et les combustibles excéderaient les coûts17. 12.2 compensatoires afin d'atteindre son objectif ou son « équilibre ».15. Pour permettre aux nations de trouver les options de coût les plus rentables en vue d’atteindre leurs objectifs, le traité de Kyoto offre une gamme de mécanismes selon lesquels les nations peuvent mettre en valeur leurs efforts internes et compenser pour les augmentations d'émissions. Ces mécanismes comprennent le Mécanisme de développement propre (CDM), la Mise en œuvre conjointe d'initiatives (JI) et l'Échange de droits d'émission (ET)18. • Mécanisme de développement propre : ce mécanisme incite les pays industrialisés à investir dans des initiatives de réduction nette de leurs émissions de gaz à effet de serre. En vertu du CDM, ces économies d'émissions seront enregistrées à titre de crédits partagés entre les parties intéressées par la transaction. Généralement, les investissements des pays industrialisés offrent une réduction plus importante d'émissions de gaz à effet de serre par dollar que les pays industrialisés dans lesquels les niveaux d'efficacité élevés ont déjà été atteints15. • Mise en oeuvre conjointe d'initiatives : ce mécanisme englobe les projets réalisés par des pays industrialisés et les « économies en transition » de l'Europe centrale et de l’Est. Lorsque le transfert de technologie et l'aide apportée par un pays industrialisé comme le Canada à un pays en transition comme la Russie mène à une réduction des émissions de la Russie, le Canada serait alors crédité pour son rôle15. • Échange de droits d'émission : l'entente permet l'achat et la vente de réductions d'émissions entre pays. Le genre de méthode d'évaluation applicable à ce genre de transactions et l'identification d'une entité de contrôle et de réglementation du commerce seront établis lors des négociations à venir. Éléments politiques essentiels du traité de Kyoto Malgré le fait que les éléments essentiels de l'entente de Kyoto ont été déterminés, il importe de souligner que les négociations internationales se poursuivent18. Une approche fondée sur le marché sera adoptée, selon laquelle chaque pays possédera un « compte bancaire » de gaz à effet de serre et la capacité d'acheter, d'échanger et de vendre des crédits d'émission et des effets 118 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base Certains échanges ont cependant déjà eu lieu avant le programme. En mars 1998, Suncor du Canada a annoncé l'achat de 100 000 crédits de gaz à effet de serre de la Niagara Mohawk Power of Syracuse, N.Y. et une option d'acheter un autre 10 millions de crédits au cours des dix prochaines années, à une valeur possible de 10 millions de dollars15. En plus de réduire la création de gaz à effet de serre, les pays peuvent aussi recevoir des crédits pour le développement de « puits » de carbone. Ce mécanisme comprend la création ou l'amélioration d'écosystèmes comme les forêts, les océans et les sols qui retirent et emmagasinent le carbone de l'atmosphère15. 12.2.1 Sixième Conférence des Parties (CdP6) à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques Cette rencontre, tenue à La Haye (Pays-Bas) en novembre 2000, visait à finaliser les détails opérationnels des engagements envers les réductions d'émissions des gaz à effet de serre en vertu du Protocole de Kyoto de 199719. Après deux semaines de négociations, aucune entente n'a été ratifiée. Les questions non résolues comprennent : a) les activités supplémentaires (p. ex., la revégétation) et l'utilisation de puits de carbone dans le CDM, b) les règles et les procédures d'exploitation des mécanismes du Protocole de Kyoto (p. ex., l'admissibilité au projet du CDM), c) les sources de financement, d) les questions de conformité (p. ex., les conséquences d'application). Un important écart a été remarqué entre le groupe de coordination (une alliance libre de parties comprenant les États-Unis, le Canada, l'Australie, le Japon, la Norvège, la Fédération russe, l'Ukraine et la NouvelleZélande) et les pays de l'Union orientale et la Chine/G77 (une coalition de pays en voie de développement membres des Nations- Unies). Les pourparlers devraient reprendre au printemps 2001. 12.3 Options politiques Les rapports et les recommandations des tables de concertation présentés aux ministres de l'Énergie et de l'Environnement à l’appui de l'élaboration d'une stratégie nationale pour atteindre les objectifs de Kyoto, ainsi que les travaux de certains experts et organisations environnementaux indépendants ont déterminé d'éventuelles options politiques qui permettraient au Canada de réaliser son objectif d'émissions fixé suite à Kyoto. Les options politiques dans le secteur du transport comprennent, entre autres : • établissement d'un objectif harmonisé avec les États-Unis pour réaliser, d'ici 2010, une réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'ordre de 25 p. 100 provoquées par les nouveaux véhicules et camions12; • meilleures normes obligatoires d'économie de carburant pour tous les véhicules2; • hausses progressives des taxes sur l'essence et le diesel15; • interventions pour augmenter l'utilisation de modes de transport de rechange2; • contenu d'énergie renouvelable obligatoire de l'ordre de 5 p. 100 dans l'essence2,15; • application plus stricte des réductions des limites de vitesse2,15; • réduction ou exonération fiscale des frais de transport en commun12; • augmentation des dépenses pour le transport en commun et d'autres modes de transport12; 119 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base • promotion des programmes de travail à distance et de covoiturage15; • crédits fiscaux pour l'achat de véhicules à très haut rendement énergétique15; • avantages fiscaux pour les employeurs offrant des avantages pour le transport en commun12; • utilisation de systèmes intelligents pour le transport et de feux de circulation synchronisés pour améliorer la circulation routière12; • mise en valeur des cours de formation sur la conduite automobile pour augmenter les pratiques de conduite éconergétique12; • codes de pratique, formation et pratiques de fonctionnement améliorés pour les camionneurs12; • meilleures routes de vol et opérations au sol12; • code de pratique pour les traversiers en vue d’améliorer l'efficacité d'exploitation12. 120 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 12.4 Références 1. National Climate Change Process Analysis and Modeling Group. (1999) Canada’s Emissions Outlook: An Update. 2. Horning, R. (1998). Canadian Solutions: Practical and Affordable Steps to Fight Climate Change. Vancouver: David Suzuki Foundation and The Pembina Institute. 3. Horning, R. et al. (2000). Five Years of Failure: Federal and Provincial Government Inaction on Climate Change During a Period of Rising Industrial Emissions. Pembina Institute for Appropriate Development. 4. Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC). (1995). Second assessment synthesis of scientific technical information relevant to interpreting article 2 of the UN Framework Convention on Climate Change (Draft) in “Conserving Canada’s Natural Legacy”, CD-ROM, Environment Canada, (1996). 5. Forecast Working Group of the National Air Issues Coordinating Mechanism. (April 1995). Microeconomic and Environmental Assessment of Climate Change Measures. 6. Environment Canada. (1996). Conserving Canada’s National Legacy (CD-ROM). 7. International Institute for Sustainable Development (1998). A Guide to Kyoto: Climate Change and What it Means to Canadians. International Institute for Sustainable Development. 8. Federal/Provincial/Territorial Ministers of Energy and Environment. (2000). National Implementation Strategy on Climate Change. Block 3 - Domestic Context. 9. Press release, Joint Communication of the First Ministers on the Kyoto Protocol, December 1997. 10. Preamble. (1997). Declaration of the Environment leaders of the Eight on Children’s Environmental Health, (May 6, 1997) Miami. 11. Canada’s Second National Report on Climate Change: Actions to meet Commitments under the United Nations Framework Convention on Climate Change, 1997. Available online: http://www1.ec.gc.ca/cgibin/foliocgi.exe/climate, July 13, 2000. 12. Transportation and Climate Change: Options for Action, Report of the Transportation Issues Table, National Climate Change Program Secretariat. Available online: http://www.nccp.ca, July 13, 2000. 13. Statistics Canada Population Statistics. Available online: http://www.statcan.ca, July 13, 2000. 14. Environment Canada. National Climate Change Program, Block 3: Background to the National International Implementation Strategy, p.9. Available online: http://www.nccp.ca, July 13, 2000. 15. A Guide to Kyoto: Climate Change and What it Means to Canadians. (1998). International Institute for Sustainable Development. 16. Government of Canada. (1998). Canada’s Response to the U.S. EPA Proposal on Transboundary Air Pollution. 121 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 17. Bruce JP, Lee H and Haites EF (eds.) (1995). Summary for Policymakers: The Economic and Social Dimensions of Climate Change – Intergovernmental Panel on Climate Change. Contributions of the Working Group III to the Second Assessment of the Intergovernmental Panel on Climate Change. 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Cependant, il demeure primordial de ralentir le taux de changement pour nous accorder plus de temps d'adaptation à notre environnement changeant et pour adopter de nouvelles stratégies d'atténuation2. Le fait d’améliorer notre capacité d'adaptation réduit notre vulnérabilité aux effets d'un changement climatique, élément important en raison de la portée des répercussions2. La question ne devrait pas être de savoir si les prévisions de changement climatique seront justes, mais bien si l'humanité est prête à composer avec les conséquences des changements climatiques3. Si des stratégies d'adaptation convenables sont établies et mises en oeuvre à temps, il est possible de réduire la vulnérabilité générale à un changement climatique4. Ce point est particulièrement important pour les enfants qui sont plus vulnérables à certains événements liés à un changement climatique (p. ex., périodes prolongées de chaleur extrême). L'adaptation est un processus de réactions aux effets d'un changement climatique. Elle réfère à tout ajustement qui peut être entrepris pour améliorer les effets néfastes prévus ou actuels d'un changement climatique4. La réussite de l'adaptation dépend d'un bon nombre de facteurs, notamment de meilleures prévisions climatiques possibles, un accès à l'information et une technologie convenable. La disponibilité d'un financement de soutien aux mesures d'adaptation sera aussi une question importante2. La croyance générale veut qu'une adaptation préventive ou prudente soit plus efficace et moins coûteuse qu'une adaptation forcée et de dernière minute5. Les approches préventives et prudentes reconnaissent que l'incertitude, la surprise, la complexité et le changement sont d'importantes composantes du processus de planification et de gestion et qu'il faut faire preuve d’une certaine souplesse6. Les options d'adaptation peuvent aussi être classées comme « adaptation préventive » ou « adaptation réactive ». Bien que l'adaptation préventive soit généralement plus populaire, les répercussions imprévues mènent généralement à une adaptation réactive. L'adaptation peut sembler facile; cependant, elle est difficile en raison des incertitudes inhérentes à un changement climatique. Étant donné l’incertitude par rapport à ce qu'il faut préparer, l'adaptation indique de revoir nos vies – nos systèmes de transport, d'énergie, d'aliments, d'eau et de soins de santé, nos économies, nos racines – en visant une plus grande tolérance et plus de souplesse1. L'approche d'adaptation vise à assurer que le système (économique, social, de santé, etc.) demeure robuste et assez souple pour composer avec un changement climatique7. Avec l'incorporation d'une variabilité climatique et d'un changement de planification à long terme, les générations à venir pourront gérer plus facilement le changement. Un des pièges des mesures ou des stratégies adaptatives réside dans le fait qu'elles offrent des quantités variées et souvent limitées de protection pour la santé et qu'elles peuvent être temporaires. Par exemple, à l'égard d'une intervention en cas de catastrophe, les programmes préalables des catastrophes doivent répondre à des besoins fondamentaux à court terme; pourtant, il n'est possible de gérer la vulnérabilité fondamentale des populations à risque élevé qu'à l'aide de programmes de 123 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base développement à long terme qui renforcent l'infrastructure de la collectivité. Compte tenu des carences des mesures adaptatives, les gouvernements devraient se concentrer sur des options préventives et prudentes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Plusieurs mesures préventives devraient être perçues comme souhaitables du point de vue de la santé publique, peu importe le changement climatique8. Par exemple, réduire la pollution atmosphérique présente évidemment des avantages à court et à long termes pour la santé de la population. Un meilleur transport en commun, une plus grande diversité de sources énergétiques renouvelables, des immeubles plus éconergétiques, moins de mitage, - ces initiatives et plusieurs autres initiatives de réduction des gaz à effet de serre sont toutes dignes d’être poursuivies, peu importe les préoccupations relatives au changement climatique1. 13.1 Incertitude à l'intérieur de l'adaptation Il n'existe aucun consensus sur l'efficacité de différentes approches de prise en charge et d'adaptation pour faire face à d'éventuels changements climatiques9. Le changement climatique peut être plus rapide et prononcé que ce que ne le suggèrent les estimés actuels et les surprises imprévues sont possibles5. Une opinion veut qu'il ne faut pas trop en faire maintenant parce que les changements climatiques sont très incertains, qu'ils se manifesteront lentement et qu'ils seront inondés par les nombreux changements démographiques, économiques et sociaux qui se produiront pendant la même période9. Cette opinion maintient aussi qu'une grande variété d'outils sont actuellement disponibles pour gérer le risque et l'incertitude et que ces outils s'avéreront suffisants pour composer avec les répercussions plausibles de changements climatiques à venir10. Cette position est bien fondée; cependant, des risques peut-être plus grands accompagnent les nombreuses incertitudes à éclaircir sur les détails d'un changement climatique. Il existe toujours des incertitudes quant à savoir si certains changements climatiques seront rapides ou si d'autres seront d'une telle ampleur qu'ils submergeront les systèmes existants avant que les approches de gestion existantes ne puissent réagir. 13.2 Besoin de comprendre et d'intervenir « L'énormité du défi et le niveau d'incertitude ne doivent pas être vus comme un motif de désespoir et d'inaction. » « Nous possédons déjà assez d'information pour démontrer le besoin d'intervenir et les solutions initiales sont évidentes et appliquées de façon simple. Ce qui manque toujours est la volonté d'agir ». [traduction] Société royale du Canada (1993) Il reste encore à répondre à certaines questions sur les causes exactes du changement climatique et sur la gravité des menaces pour la santé humaine. On en sait assez pour exiger une intervention immédiate. Cette politique « sans reproche » signifie aucun reproche maintenant – et aucun pour les enfants à l'avenir. La qualité de vie des enfants dépendra des mesures que nous prenons maintenant11. Bien que les nouvelles technologies qui améliorent les ressources et l'efficacité énergétique d'activités individuelles sont très utiles, il faut adopter de nouvelles attitudes pour mettre en évidence des choix moins stressants pour l'environnement. Les programmes d'éducation et les changements comportementaux de la population vont de pair. Grâce à une sensibilisation aux incidences sur la santé liées à un changement climatique, les conséquences d'un changement climatique deviennent de 124 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base mieux en mieux connues. Il est prévu que cette situation accélérera un changement de comportement et encouragera les personnes à penser aux conséquences de leurs actions sur la planète. et électeurs, doivent essayer d'influencer la société. Il est difficile de comprendre ce qui motive les gens. Étant donné les horizons lointains associés aux évaluations des changements climatiques et aux incertitudes concernant le taux de changement climatique, il est difficile de prédire avec exactitude les adaptations des gens12. L'adaptation à une variabilité et à un changement climatique en tant que « processus comportemental » n'est pas bien comprise ou appréciée13. Quels facteurs personnels et sociaux influencent l'adaptation, particulièrement un changement de comportement à long terme? Est-ce qu'une communication plus exacte et plus efficace des renseignements sur la possibilité et les répercussions de températures extrêmes amélioreront l'adaptation ou est-ce que les gens seront plutôt influencés par les températures extrêmes les plus récentes? Bien que les conséquences d'un changement climatique sont de mieux en mieux connues et ne sont plus uniquement associées à une hausse de température14, le besoin d'une sensibilisation aux incidences sur la santé associés à un changement climatique demeure un défi. Les gens doivent comprendre la façon dont un changement climatique, un appauvrissement de l'ozone et d'autres dégradations environnementales mondiales peuvent menacer leur santé et les vies de leurs enfants. Cette compréhension devrait encourager les gens à modifier leurs comportements personnels et à être motivés pour soutenir les politiques visant à protéger l'environnement mondial15. Le fardeau ne repose cependant pas uniquement sur la personne. Il est primordial que les sociétés et les gouvernements déploient un effort concerté pour incorporer la durabilité environnementale dans leur prise de décision. Les personnes, en tant que consommateurs, travailleurs, contribuables 125 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 13.3 Références 1. Gibson R (2000). Just Another Reason – Editorial. Alternatives Journal 26 (2):1. 2. Environment Canada (1999). Canada’s Perspective on Climate Change – Science Impacts and Adaptation: Responding to Climate Change. Available online: http://www.ec.gc.ca//cc/CoP5/sia/englis h/06resp/06b.htm, July 10, 2000. 3. Dotto L (2000). Proof or Consequences. Alternatives Journal 26 (2):10. 4. Agriculture and Agri-Food Climate Change Table (1999). Agriculture and Agri-Food Climate Change Foundation Paper. Prepared for the National Climate Change Process. Environment Canada. Available online: http://www.nccp.ca/html/tables/pdf/agrifinal-may17-1999.pdf, July 10, 2000. 5. Burtin I (1996). The growth of adaptation capacity: practice and policy. In : Smith JB et al. (eds.). Adapting to Climate Change: An international perspective. New York: Springer. Pp.5567. 6. Mitchell B and Shrubsole D (1994). Canadian Water Management Visions for Sustainability. Cambridge Ontario: Canadian Water Resources Association. Cited in: Koshida G and Avis W (eds) (1997). The Canada Country Study: Climate Impacts and Adaptation – Volume VII, National Sectoral Volume – Chapter 11. Canada: Environment Canada. 7. Smith J and Lenhart S (1996). Climate Change Adaptation Policy Options. Climate Research 6:193-201. Cited in: Koshida G and Avis W (eds.) (1997). The Canada Country Study: Climate Impacts and Adaptation – Volume VII, National Sectoral Volume – Chapter 11. Canada: Environment Canada. 8. Patz J et al. (2000). The potential health impacts of climate variability and change for the United States: executive summary of the report of the health sector of the U.S. national assessment. Environmental Health Perspectives 108(4): 367-376. Available online: http://ehis.niehs.nih.gov/topic/global/pat z-full.html, July 10, 2000. 9. Frederick KD and Gleik PH (1999). Water and Global Climate Change: Potential Impact on U.S. Water Resources. Prepared for the Pew Center on Global Climate Change. p.33. Available online: http://www.pewclimate.org/projects/cli m_change.pdf, July 10, 2000. 10. Schilling KE and Stakhiv EZ (1998). Global change and water resources management. Water Resources Update 112: 1-5. Cited in: Frederick KD and Gleik PH (1999). Water and Global Climate Change: Potential Impact on U.S. Water Resources. Prepared for the Pew Center on Global Climate Change. p.33. Available online: http://www.pewclimate.org/projects/cli m_change.pdf, July 10, 2000. 11. Physicians for Social Responsibility (1999). Death by Degrees: The Emerging Health Crisis of Climate Change. Available online: http://www.psr.org/NHreport.pdf, July 12, 2000. 12. Adams RM, Hurd BH and Reilly J (1999). A Review of Impacts to U.S. Agricultural Resources. Prepared for the Pew Center on Global Climate Change. p.3. Available online: http://www.pewclimate.org/projects/env _argiculture.pdf, July 12, 2000. 126 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 13. Smit B (ed.) (1993). Adaptation to Climatic Variability and Change. Report of a Task Force on Climate Change Adaptation. Occasional Paper no. 19. Guelph Ontario: Department of Geography, University of Guelph. Cited in: Koshida G and Avis W (eds) (1997). The Canada Country Study: Climate Impacts and Adaptation – Volume VII, National Sectoral Volume – Chapter 11. Canada: Environment Canada. 14. Last J, Trouton K and Pengelly D (1998). Taking Our Breath Away - The Health Effects of Air Pollution and Climate Change. Vancouver: David Suzuki Foundation. 15. Chivian E (1995). Educating the Medical and Public Health Communities About the Threat of Climate Change and Human Health. Presented at the Conference on Human Health and Global Climate Change. Available online: www.greenpeace.org/~climate/impacts/ chivian/index.html, July 12, 2000. 127 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base commentaires associés aux nuages, aux océans, à la glace marine et à la végétation afin d'améliorer les projections de taux et de modèles régionaux de changement climatique. 14 Mot de la fin I l est possible de faire des projections sur l'étendue et l'orientation de certaines incidences éventuelles du changement climatique sur la santé, mais il existe toujours bon nombre d'incertitude1. Prédire, au niveau mondial, régional et local, les effets d'un climat plus doux est une opération complexe en raison de plusieurs incertitudes, notamment l'étendue du réchauffement et les sensibilités des espèces et des écosystèmes à ce réchauffement1,2. Plusieurs interactions ou mécanismes indirects ou directs existent et ont une portée sur tous les aspects d'un changement climatique3. Des facteurs supplémentaires comme la densité de la population, le niveau de développement économique et technologique, les conditions environnementales locales, l'état de santé préexistant, la qualité et la disponibilité des soins de santé et l'infrastructure de santé publique affectent la vulnérabilité d'une population à un risque pour la santé1. Par conséquent, il faut comprendre les problèmes et élaborer des solutions pour les gérer collectivement4. Il existe toujours plusieurs incertitudes et facteurs qui limitent actuellement notre capacité de prédire et de déceler un changement climatique à venir. En particulier, pour minimiser les incertitudes, il faut effectuer davantage de travaux sur les sujets prioritaires suivants5 : • estimation des émissions et du cycle biogéochimique à venir (y compris les sources et les réservoirs) des gaz à effet de serre, des aérosols et des précurseurs d'aérosol et des projections de concentrations et de propriétés radiatives à venir; • représentation des processus climatiques en modèles, tout particulièrement des Malgré les incertitudes qui existent quant à la prédiction des répercussions d'un changement climatique, il faut aller de l'avant pour plusieurs raisons impérieuses, notamment : • il existe un fort consensus chez les chercheurs scientifiques à l'effet que la température de la terre augmente6; • la réalité des événements météorologiques et d'autres phénomènes naturels confirme de plus en plus les prédictions des modèles de prédiction mathématique6; • le fondement des préoccupations sur le changement climatique est scientifiquement solide6; • les dangers sont réels et considérables7; • l'interférence humaine auprès des systèmes climatiques semble déjà bien en évidence7; • malgré les incertitudes qui restent, il semble justifié de prendre des mesures de précaution pour réduire ces risques, à l'aide de mesures adaptatives et de réductions des émissions de gaz à effet de serre7. 128 Changement d'habitudes, changement climatique : Analyse de base 14.1 Références 1. Patz J et al. (2000). The potential health impacts of climate variability and change for the United States: executive summary of the report of the health sector of the U.S. national assessment. Environmental Health Perspectives 108(4): 367-376. Available online: http://ehis.niehs.nih.gov/topic/global/pat z-full.html, July 12, 2000. 2. Goos T and Wall G (1994). Impacts of climate change on resource management in the north: symposium summary. Climate Change Digest Report 94-02. Downsview, Ontario: Environment Canada, Atmospheric Environment Service. 3. Chan et al. (1999). An Integrated Framework for Climate Change and Infectious Disease. Environmental Health Perspectives 107(5):329. 4. Environment Canada (1996). Chapter 10 – Environmental Conditions and Trends. Conserving Canada’s Natural Legacy. (CD-ROM). Cat. no. En21-54/1996MRC CD. 5. IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change). 1995. Summary for policymakers: The Science of Climate Change. Houghton JT et al. (eds.). Cambridge: Cambridge University Press. Available online: www.ipcc.ch/pub/sarsum1.htm, July 12, 2000. 6. Physicians for Social Responsibility (1999). Death by Degrees: The Emerging Health Crisis of Climate Change. Available online: http://www.psr.org/NHreport.pdf, July 12, 2000. 7. Hengeveld HG. 2000. The Science. Alternatives Journal 26 (2):16. 129