La Clé du Fâ n°38 (mai 2012) - Le Fâ, site archéologique gallo

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La Clé du Fâ n°38 (mai 2012) - Le Fâ, site archéologique gallo
LA CLÉ DU FÂ
Bulletin d’information de l’A.S.S.A. Barzan - Le Fâ 17120 BARZAN - N°38 - Mai 2012
Editorial
La Clé du Fâ, pour fidéliser ses lecteurs, propose
des rubriques de plus en plus régulières : « l’objet
flash », présenté chaque trimestre au musée, un
« portrait de famille », la « bibliothèque archéologique » ; également au menu, un coup d’œil rétrospectif sur un évènement de notre programme d’animation, et un avant-goût de la suite des
festivités.
Ce programme, déjà enclenché avant même sa
parution officielle (la communication n’étant pas
de notre fait), a déjà connu deux moments à succès : une « petite vadrouille », en collaboration
avec « les Rencontres estuariennes » organisées
à Saint-Seurin d’Uzet et le Parc de l’Estuaire, et
un stage de céramique qui, pour la première fois,
a affiché complet.
Notre prudence financière les deux années précédentes a permis, par un report, d’enrichir cette
programmation bien au-delà de nos prévisions,
avec des temps forts qui demanderont une grande mobilisation des salariés et des bénévoles : 19
mai (Nuit des musées), 30 juin (Fête de l’Estuaire), Août (Nuit des étoiles, longue journée sur le
thème du théâtre, surprise d’un ciné concert
avec 50 musiciens !). Rarement, nous nous sommes autant ouverts sur des partenariats et toutes
formes d’art : artisanat, théâtre, musique, cinéma, arts plastiques.
Mais les perspectives archéologiques n’offrent
pas un tableau aussi idyllique, même si nos bénévoles s’activent sur le suivi de la prospection pédestre d’Alain Raimond. Laurence Tranoy est encore dans l’attente d’une autorisation de reprise
des fouilles, fin mai, sur la Grande Avenue. Rappelons qu’Antoine et Graziella se sont donné une
année pour peaufiner leur rapport triennal sur le
théâtre.
Cependant, nous vous attendons nombreux pour
découvrir nos innovations et vivre au Fâ des moments festifs.
Alain Bonnifleau
Dépôt légal n°653 ISSN 1288 3328
A la une en mai
Samedi 19 mai : Nuit des musées
 17h30 : « Le Fâ, échos d'archives et petites
histoires », visite spécifique du site établie sur la
mémoire locale, les archives et des témoignages
vidéo.
 En journée et jusqu'à minuit : cuisson de céramiques dans un four de potier « à l’antique »
 20h : repas à la romaine concocté par le Comité des Fêtes de Barzan. Réservation obligatoire.
Menu : Apéritif (vin aux épices)
Porros maturos (poireau vinaigrette)
et patina de laitue selon Apicius
Cochon à la broche
Pois cassés au basilic et lentilles à la coriandre
Médaillons de chèvre à la romaine
Poires au mulsum
 22h « Les nouveaux antiques », péplum à
grand spectacle par la Cie Pare-Choc
Tarif unique : 1€ - Repas : 13€ adultes, 8€ enfants
(y compris entrée musée et spectacle)
Dimanche 27 mai : balade archéo-botanique
Une balade pour découvrir la ville antique à travers la lecture de paysages et les résultats des
fouilles et des prospections (aériennes, géophysiques, pédestres). Cette balade sera également
accompagnée par Dominique Ceylo qui présentera les plantes sauvages du secteur.
Flash sur l’huître à Barzan
notamment des coquilles d’autres huîtres, suggérant une croissance en bancs. Les pêcheurs prélevaient directement les huîtres sauvages présentes
dans l’estuaire de la Gironde, soit par dragage depuis une embarcation, soit
par ramassage
manuel sur les
affleurements
rocheux côtiers.
Les
perforaTrous antiques (?) d’origine inconnue tions observées
(dents d’un instrument de ramassage?)
sur
certaines
© V. Forest
coquilles pourraient indiquer l’utilisation d’outils dentés de type
râteau.
L’huître au menu des Romains
L’huître antique : Ostrea edulis
A l’époque romaine, une seule espèce d’huître était
connue et consommée : l’huître plate d’Europe, Ostrea edulis, l’espèce indigène des côtes européennes. L’épuisement des bancs naturels jusqu’au XIXème siècle (surexploitation et maladies) a rendu nécessaire l’importation et la mise en culture d’huîtres
originaires d’autres pays. Aujourd’hui l’espèce principalement élevée et consommée en France est
l’huître creuse japonaise, Crassostea gigas, introduite au début des années 1970.
Un coquillage très prisé
Il n’existe pas d’ostréiculture dans l’Antiquité comme elle est pratiquée aujourd’hui : selon Pline l’Ancien, les Romains réalisaient seulement une technique d’affinage qui consistait à parquer les huîtres
dans des ostriaria pour rendre leur chair plus fine et
plus délicate. Ce procédé était vraisemblablement
mis en œuvre
à Baïes, dans le
Golfe de Naples, comme le
montrent des
Ostriaria représentées sur un vase funérai- vases en verre
re en verre du IVème s. ap. J.-C. retrouvé
du IVème s.
dans la région de Naples
© D. Sestini
ap. J.-C. représentant
des
structures en bois en partie immergées.
Si certains lots étudiés montrent des coquilles de
taille très différente, d’autres au contraire sont composés d’exemplaires de dimensions homogènes, témoignant d’un calibrage des huîtres après la pêche.
Ce tri est révélé par le contenu de fosses
« poubelles » découvertes à proximité d’une probable taverne. Il témoigne d’une activité de commerce
des huîtres dont profite Barzan dès le Ier s. ap. J.-C.
L’attrait des Romains pour les fruits de mer, les maris poma, est attesté par l’archéologie, qui éclaire
ainsi les récits des auteurs antiques. L’huître était le
coquillage le plus fréquemment consommé. Elle faisait partie des plaisirs matériels de l’art de vivre romain, au même titre que les bains chauds et le vin.
Les huîtres étaient consommées crues, assaisonnées
de garum ou d’une sauce au cumin, et décoquillées
dans des préparations cuites, comme des ragoûts et
des quenelles.
Au IVème s., le poète Ausone, originaire d’Aquitaine, vante les huîtres de Bordeaux : « Pour moi les
plus précieuses sont celles que nourrit l’océan des
Médules [Médoc], ces huîtres de Burdigala que leur
qualité merveilleuse fit admettre à la table des Césars, qualité non moins vantée que l’excellence de
notre vin. Ces huîtres, entre toutes, ont mérité la
première palme ; elles ont de bien loin le pas sur les
autres : leur chair est grasse, blanche, très tendre, et
à l’exquise douceur de son suc se mêle un goût, légèrement salé, de saveur marine[...] » (Ausone, Lettre
à Paulus, 9).
Les activités autour de l’huître
à Barzan : pêche, commerce, recyclage
L’ouverture des coquilles
Des traces d’ouvertures forcées ont été observées
sur de nombreuses coquilles de Barzan. Elles correspondent au passage d’une lame de couteau entre
les valves. Certaines sont profondes, d’autres plus
discrètes. Elles pourraient témoigner de mains plus
Exploitation d’huîtrières naturelles
L’étude des valves trouvées sur le site du Fâ a montré qu’elles étaient fixées sur des supports naturels,
2
ou moins expertes. Des écaillers étaient peut-être
en charge de l’ouverture et de la vente des huîtres,
les plus habiles ne laissant guère de trace au moment de désolidariser les deux valves.
Le transport des huîtres
Les huîtres pouvaient être exportées fraîches,
dans leur coquille, pour être consommées crues.
Elles étaient acheminées loin dans les terres, par
exemple jusqu’à Lyon et sur les stations romaines
de Germanie. Cette large diffusion s’explique par la
forte résistance des huîtres au transport, au contraire d’autres espèces comme les moules et les pétoncles qui se corrompent facilement ; à l’époque romaine, ces coquillages sont consommés seulement
à proximité des côtes. La chair des huîtres pouvait
aussi être décoquillée immédiatement après la pêche et mise en saumure dans des pots poissés. Le
gastronome Apicius donne pour cela une recette :
« Pour faire durer les huîtres pendant longtemps :
lavez-les au vinaigre ou bien lavez au vinaigre un
vase poissé où vous les placerez » (Apicius, L’art culinaire, 1.9.2).
L’étude des marques (encoches, stries, éraflures)
a permis de restituer la succession des gestes réalisés par les opérateurs romains. Deux techniques ont
été mises en évidence. La première, la plus employée, a mobilisé une lame arrondie ressemblant à
celle retrouvée lors de la fouille du puits des thermes. La seconde impliquait l’utilisation d’un couteau élancé terminé par une pointe aigüe.
Des coquilles sous nos pieds?
Les fouilles menées à Barzan
ont révélé la
présence
de
très gros volumes de coquilles, probablement produites
par une activité
de décoquillage pour une
mise
en
conserve de la
chair. Ces coquilles
vides
ont été réemFouille de « la Grande Avenue » . Huîtres ployées comme
damées formant une voie, vue en coupe.
© L. Tranoy
matériaux de
construction
lors des grands travaux de la ville. La coquille d’huître était particulièrement intéressante car elle est volumineuse, solide, et sa composition calcaire la dote
de propriétés physico-chimiques assurant une bonne
perméabilité, et donc une action drainante nécessaire
aux aménagements des espaces extérieurs. Les archéologues la retrouvent ainsi en quantité dans des
couches plus ou moins denses constituant des remblais de nivellement, des niveaux préparatoires aux
sols de circulation, ou participant à l’assainissement
de zones humides.
Technique d’ouverture employant une lame pointue
© A. Bardot-Cambot
Technique d’ouverture employant une lame arrondie ©
A. Bardot-Cambot
Lame de couteau retrouvée dans le puits des thermes et
correspondance de son profil avec la forme d’une
encoche © A. Bardot-Cambot
3
Animations à ne pas
manquer !
Quels gastronomes, ces Romains !
Une recette à tester
Assaisonnement pour les huîtres
« Travailler à la manière d’une mayonnaise un jaune
d’œuf avec un filet d’huile d’olive et une pointe de
miel (facultatif). Poivrer, ajouter une cuillère à café
de sel de céleri. Allonger avec un peu de vinaigre, de
vin blanc sec et de garum [nuoc-mâm]. Utiliser cette
sauce à la place du citron »
Cette recette est tirée de « L’art culinaire » (De re
coquinaria), ouvrage d’Apicius, gastronome romain.
Du 1er mai au 31 août
Flash objet : une palette à fard.
Samedi 23 juin
Visite de la fouille du théâtre par
l'archéologue responsable, dans
le cadre des journées nationales
de l'archéologie.
Samedi 30 juin
Fête de l'Estuaire organisée par
le Conseil Général. Dans ce cadre,
le Parc de l'Estuaire et le site archéologique du Fâ proposent une
« grande vadrouille » co-animée
par des guides des deux sites.
Réservation obligatoire.
Vendredi 10 août
Nuit des étoiles. A 20h30, l'Atelier des Sources et Claire Elie Tenet, soprano, nous proposeront
des lectures en musique sur le
thème de la mythologie et des
étoiles.
A partir de 22h30, observation du
ciel avec l'association les Céphéïdes.
Bibliographie
ANDRE, Jacques. L’Alimentation et la cuisine à Rome. Paris : Belles Lettres, 1981.
BARDOT-CAMBOT, Anne. La consommation des coquillages marins . In La France gallo-romaine. Paris :
Belles Lettres, 2008, p.153.
BARDOT-CAMBOT, Anne. Les coquillages. In La voie
de Rome entre Atlantique et Méditerranée. Bordeaux : Ausonius, 2008, p. 73-76.
BARDOT-CAMBOT, Anne. Les coquillages marins :
consommation, commercialisation et gestion des
déchets. In Bouet, Alain (dir). Un secteur d’habitat
dans le quartier du sanctuaire à Barzan. Bordeaux :
Ausonius, 2011, p.895-930.
FOREST, Vianney. Etude conchyliologique. In Bouet,
Alain (dir). Thermae Gallicae : les thermes de Barzan
et les thermes des provinces gauloises. Bordeaux :
Ausonius, 2003, p. 480-502.
SESTINI, Domenico. Dissertation sur un vase antique
de verre. Paris, 1813.
TCHERNIA André, BRUN, Jean-Pierre. Le vin romain
antique. Grenoble : Glénat, 1999.
TEYSSEYRE Michèle. La saveur de Rome, vagabondage gourmand en terres latines. Récits et recettes de
l’Antiquité. Toulouse : Ed. Clairsud, 2010.
Samedi 18 août
Journée théâtre. Conférences,
ateliers, scène ouverte, … En soirée, Antigone, par la Compagnie
Alain Bertrand.
Vendredi 24 août
Ciné concert. A 21h30, un péplum, « Judith de Béthulie », sera
diffusé en extérieur sur grand
écran, accompagné par l’orchestre des Jeunes des Charentes (50
musiciens).
Et d’autres animations (balades thématiques, visites ludiques pour les enfants,…) à découvrir sur notre site http://fa-barzan.fr/animations/
4
Portrait de famille : Michel Seguin
Michel, tu fais partie des anciens de l’association, et
nous connaissons tes qualités de « découvreur de
sites ». Ce qualificatif te convient-il ?
On dit aussi « inventeur », mais je dirais plutôt
« arpenteur de terrain », car la découverte reste « la
cerise sur le gâteau !»
couche décapée au tractopelle n'est pas toujours
refouillée et tamisée. Il est un grand nombre d'objets métalliques, fleurons du musée du Fâ, qui ont
été trouvés par des collègues et moi-même grâce à
cette méthode, à l'époque où la détection électronique était plus ou moins tolérée.
Quelles sont les qualités du « découvreur » et comment découvre-t-on un site?
D’abord il faut regarder les cartes, la topo du terrain
et être patient… Sur des sites connus, mieux vaut
intervenir sur un labour bien délavé ; sur les autres
sites, lors d’une promenade à pied ou VTT, c’est
souvent le hasard qui intervient : quelques débris de
tuiles dans un champ…
Depuis quand as-tu cette passion de prospecteur ?
Peux-tu nous parler de tes « grandes découvertes » ?
Tout jeune, déjà j’observais le terrain ; c’est dès les
premières années de l’ASSA, 1993-94, que Robert
Baupoux m’a encouragé.
L’une des premières découvertes (sans détecteur de
métaux !) fut à « la Petite Vache », 4 ou 5 monnaies ; mais ce n’est pas ce qui m’a le plus marqué,
car je suis « un pierreux » et même si je ne trouve
qu’un objet mutilé, je suis heureux comme un drôle ! Dans les premiers temps, j’ai donné mon nom à
une première découverte, puis celui de mes enfants, d’amis qui étaient présents ou m’ont bien aiguillé, comme Hugues Lucchi…
Voici un souvenir récent qui m’a marqué : dans un
champ immense, rien! Je me replie alors vers un
bord de fossé; j’y vois une patte de biche mutilée, je
me penche et une hache polie, petite mais complète apparaît, en roche métamorphique brune.
Cela me suffit et m’engage à repartir le lendemain!
On m’a dit que tu menais parfois les prospecteurs à
la baguette ?
C’est mon ami Jean-Marie Bourderie qui m’a initié à
ce procédé, et avec nos baguettes nous avons souvent repéré des structures ; lorsque le tractopelle
intervenait pour un décapage, nous nous rendions
compte, au grand étonnement des archéologues et
parfois du nôtre, que nous ne nous étions pas trompés ! Ce n’est pas de la magie, cela repose sur les
différences de densité du sol, mais il est vrai que
certaines personnes sont plus réceptives. Il existe à
Cozes un cadran solaire, et le petit personnage qui y
est sculpté tient deux baguettes.
En quelle matière sont ces baguettes ?
Pour repérer l’eau ce sont des baguettes de noisetier ; nous, nous utilisons des baguettes métalliques
en métal cuivreux. Celles de récupération qui proviennent d’anciennes lignes électriques ont un magnétisme supérieur.
Quant aux « poêles à frire », c’est une belle invention pour explorer l'invisible de la croûte terrestre
sur quelques vingtaines de centimètres de profondeur, invention beaucoup plus sélective et élaborée
que les baguettes de cuivre. Il est sûr qu'il ne faut
pas mettre ces appareils dans les mains de certains,
que je n'hésite pas à appeler des "pilleurs de sites",
qui écument les occupations de toutes époques
pour se faire du blé en vendant dans les brocantes
les produits de leur pillage. Mais c'est un outil extraordinaire, que la plupart des archéologues boudent.
Il serait sage de prospecter avant toute fouille, puisque la détection se fait sur environ 20cm et que la
L'arme et le pauvre gibier © M. Seguin
Y a-t-il une villa sur le site de « la Petite Vache »?
Je le pense, avec des thermes, car on y trouve tubuli, pilettes, tegulae, amphores...Mais je ne dirai pas
où ça se situe par respect pour le travail des agriculteurs ; moi-même, quand les terres sont en culture, je me contente de faire les bordures.
5
Michel, combien de sites à ton actif ?
Seulement 5 ou 6 sites gallo-romains, mais près 100
sites protohistoriques.
- le pont de Juliat sur la commune de ChenacSaint-Seurin qui a été détruit.
J’en ai gardé des traces photographiques, et ma colère m’a inspiré un poème !
Sur quel secteur interviens-tu ?
D’abord autour du Fâ, mais il y a bien d’autres sites
sur lesquels je ne prélève que quelques échantillons
par respect pour les autres prospecteurs. Au Fâ
nous avons défini sur des cartes « patatées » des
zones qui font encore référence.
J’enregistre sur mon ordinateur, mets le mobilier
dans des poches plastiques référencées, et quand je
prélève des échantillons, je les marque pour m’y
retrouver.
Le petit pont de Saint Seurin d’Uzet,
combien en a-t-il vu passer, des mules lestées de sacs
de farine de froment au retour, à l’aller de blé,
pour achalander l’arrière pays du Haut-Chenac ?
….
Chaque jour, quel que soit le temps,
la petite vieille, clopin-clopant,
toute rabougrie dans ses haillons,
franchissait ce pont de pierres et de moellons.
Pour rien au monde, elle n’aurait manqué
sa promenade et ses assiduités
à son défunt mari, qui de l’autre coté,
est tout rabousiné dans le cimetière
tout au bout du chemin blanc
qui mène à cet enclos de misère,
et cela depuis des lustres, invariablement.
….
Jusqu’à la triste journée,
où le matin, elle constata que le pont était cassé,
par je ne sais qui ; et de quel droit
peut-on décider de faire et de défaire ?
De par la volonté d’un plus clairon qu’il n’en a l’air !
Il y avait sûrement à faire d’autres choix.
Quand on ne respecte pas les pierres,
peut-on aimer les gens et dorloter les petites grandmères ?
Pauvre et misérable vieille, pourra-t-elle
effectuer le grand détour par le village ?
Elle finira par se lasser de ce dur voyage.
A-t-on seulement pensé à elle ?
Un pied sur terre, l'autre sur la pierre : le puits artésien du
Terrier à Arces © M. Seguin
Quelles sont les activités qui te plaisent au Fâ ?
Les activités de prospection et de post-fouille. Alain
Raimond, lors de ses chantiers, m’a donné des responsabilités et je me dois de lui venir en aide.
Sûr qu’il était branlant,
ce petit pont sur le Juliat,
rendez-vous des jeunes amants,
passage des charrettes dans leur brouhaha.
N’aurait-il pas été plus sage
de le restaurer et de le bichonner,
pour que les amoureux volages,
puissent, prés de lui, s’épancher ?
La mémé, à faire le grand tour,
va s’user et s’épuiser et finira
par rejoindre sans aucun détour
son aimé, de l’autre coté du Juliat.
Tu t’intéresses aussi à plusieurs domaines d’histoire
locale. Peux-tu nous en parler ?
Tout le patrimoine bâti, bâtiments, ponts, églises...
Mais aussi le patrimoine parlé, celui de nos aïeux.
De « sacrés clients » ont écrit sur la vie d’autrefois.
J’aime bien ce qui est régionaliste et campagnard.
Que tiendrais-tu à ajouter?
Grâce au projet « mémoire » sur le canton de Cozes,
je vais pouvoir donner des « coups de gueule » pour
dénoncer la destruction du patrimoine par la bêtise
des gens . Deux exemples :
- Le château de Tasserand, sur la commune de
Floirac, arasé et remplacé par « un bâtiment de misère » ;
6
Grand nettoyage de
printemps au jardin
Retour sur la « petite
vadrouille » du 14 avril
L’hiver a été très rigoureux, et les plantes ont été
abimées par le gel ; pour la plupart, la végétation a
repris, mais l’artichaut (remarquable l’été dernier)
est mort : de nouveaux plants sont venus le remplacer. De nombreuses herbes indésirables avaient envahi plates-bandes et allées.
Les bénévoles n’ayant pas toujours la disponibilité
suffisante, pour ce grand nettoyage, nous avons fait
appel à l’association TRAJECTOIRE que nous employons pour la seconde fois, fidèles à notre politique de collaboration avec les associations locales.
Qui se cache derrière ce nom ?
La Régie de territoire de la communauté d’Agglomérations Royan Atlantique est une association issue :
-d’une volonté politique de la CARA, soucieuse
de développer l’offre d’insertion sur le territoire ;
- d’une volonté associative de 3 centres sociaux du Pays Royannais (Meschers, Royan, St Sulpice de Royan) ;
-d’une volonté technique et partenariale : le
projet bénéficie de l’accompagnement de la Maison
de l’emploi du Pays Royannais.
Deux équipes de 6 à 8 personnes accompagnées par
un encadrant technique assurent les différentes tâches (fascinage des berges, entretien des aires d’accueil des gens du voyages, petits travaux d’entretien…). C’est l’une d’elle, plus spécialisée dans le
maraîchage et la transformation des légumes qui
sera chargée d’assurer, tout au long de l’année, le
nettoyage du jardin.
L’an dernier, une grande balade d’une journée entre
le Parc de l’Estuaire (Saint-Georges-de-Didonne) et
le Fâ avait été organisée. La réussite de l’expérience
et la bonne collaboration entre les deux sites nous
ont motivé pour renouveler l’opération. Cette année, deux balades ont été programmées : la « petite
vadrouille » autour du Parc de l’Estuaire en avril, et
la « grande vadrouille » autour du Fâ en juin.
C’est ainsi que le 14
avril à 9h30, une troupe d’une vingtaine de
personnes a entamé
sa marche à la découverte des paysages
variés qui, pour notre
grande chance, composent notre environnement : marais, plages, falaises côtières,
et la forêt de Suzac si
particulière. Des arrêts sont venus ponctuer régulièrement la journée,
animés par les explications des guides des deux sites
sur le patrimoine naturel ou historique. Il y eut également des pauses reconstituantes : dégustation de
quiche aux asperges et de pineau confectionné avec
les raisins de la vigne de Suzac, pique-nique agrémenté de vin aux épices et autres préparations à la
romaine cuisinées par des bénévoles du Fâ. N’oublions pas l’intervention théâtralisée d’une de nos
collègues du Parc de l’Estuaire, attirant l’attention
sur la protection des chauves-souris. Message reçu !
Les semis et les plantations (fèves, pois, carottes,
artichauts, salades…) sont assurés par les bénévoles.
Maintenant, attendons, laissons faire la nature,
pourvu que les lapins ne soient pas trop gourmands !...
Prochain rendez-vous pour la grande vadrouille autour du Fâ le 30 juin. Réservation obligatoire.
7
La bibliothèque archéologique
De l’histoire des mentalités à la fiction historique
Goudineau, Christian. Le procès de Valérius Asiaticus. Éditions Actes Sud, 2011
Martin, Mickaël. Sois maudit ! Malédictions et envoûtements dans l'Antiquité. Éditions Errance, 2010
Christian Goudineau, éminent spécialiste de l’époque
gallo-romaine, est aussi un
auteur de fiction : Le voyage
de Marcus, L’enquête de Lucius Valerius Priscus, Unité
64, une pièce de théâtre, et,
très récemment le procès de
Valerius Asiaticus.
L’intrigue de ce roman se situe
à l’époque
julioclaudienne où des notables
d’ascendance gauloise brigueront dans la Gaule romanisée et jusqu’à Rome les
plus hautes charges. Le narrateur, professeur de
philosophie et conférencier érudit, même s’il se
croyait tranquille à Massilia, est contraint de s’intéresser au dossier sulfureux d’Asiaticus, éminent personnage très jalousé. Nous découvrons la vie quotidienne aisée de villes en pleine mutation au carrefour des influences gauloises, grecques et romaines.
Cette enquête n’échappe pas aux ingrédients du
genre : l’argent, les femmes, le pouvoir. A la vivacité
du récit se mêle la réalité du contexte historique. En
effet, cette fiction s’appuie sur des textes d’historiens célèbres, tels Tacite et Dion Cassius, mais aussi
sur des documents comme le discours de l’empereur Claude au Sénat (tables claudiennes du musée
de Lyon-Fourvière).
Mickaël Martin, l’auteur de
cet ouvrage, a été le commissaire de l’exposition
« Magie, astrologie et sorcellerie dans l’Antiquité »,
qui a eu lieu en 2008 au
musée d’Argentomagus. Ce
livre, qui contribue à l’étude des mentalités, nous
entraîne dans un univers
fait de haine, d’amour, de
passion et de vengeance.
On a retrouvé plus de 2000
objets et documents, liés aux « defixiones », et datés du 6e siècle av. J.C. au 6e ap. J.C. Cette étude a
le mérite de mettre en relation les tablettes entre
elles, de poser la question de l’origine de ces rituels
et de les aborder dans leur contexte social. Parmi
une riche documentation, rigoureusement classée, à
vous de choisir entre :
- nuire à un adversaire lors d’un procès,
- porter atteinte à un voleur ou un calomniateur,
- attirer la personne aimée ou s’en prendre à un
rival en amour,
- s’en prendre à un rival en affaire,
- régler ses comptes dans le domaine du théâtre
ou du cirque.
Le rituel de ces malédictions n’était pas inconnu des
auteurs célèbres, comme Ovide.
Disponible à la bibliothèque du Fâ.
Son dynamisme, l’association le doit aussi à ses adhérents !
BULLETIN D’ADHESION A L’A.S.S.A. BARZAN – ANNEE 2012
A renvoyer, accompagné de votre règlement, à :
A.S.S.A. Barzan – Site gallo-romain du Fâ – 17120 BARZAN
Nom – Prénom : ……………….……………………………………………..……………………………….
Adresse : ……….………..……………………………………………………………………………………..
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Adhésion à l’A.S.S.A. : + de 18 ans : 16€
- de 18 ans : 8 €
Membre bienfaiteur : je soutiens l’A.S.S.A. par un don de …...….€
8

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