Suivi des proliférations d`algues vertes sur le littoral breton
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Suivi des proliférations d`algues vertes sur le littoral breton
Centre d’Etude et de Valorisation des Algues Presqu’île de Pen Lan BP 3 / 22610 PLEUBIAN 02 96 22 93 50 02 96 22 84 38 e-mail : [email protected] Programme d’intervention du CEVA en faveur de l’action régionale et interdépartementale pour la maîtrise des phénomènes de marées vertes CIMAV 2013 RAPPORT SUR LE PROJET 1 Suivi des proliférations d’algues vertes sur le littoral breton en complément du contrôle de surveillance DCE Photo CEVA, baie de Saint Brieuc, le 26 mai 2013 Photo CEVA, baie de la Forêt, le 26 juin 2013 ANNEE 2013 Programme d’intervention du CEVA en faveur de l’action régionale et interdépartementale pour la maîtrise des phénomènes de marées vertes mars 2013 – février 2014 Dans le cadre du GP5, le CEVA conduit depuis 2008, en maîtrise d’ouvrage, un programme en faveur de la reconquête de la qualité des masses d’eaux littorales dégradées par les phénomènes de marées vertes. La poursuite de ce programme était proposée pour 2013, sur une période de dix mois (mars à décembre). L’action de reconquête de la qualité de l’Eau est aujourd’hui particulièrement engagée en application de la Directive Cadre Eau. Elle implique les Collectivités Bretonnes et l’Agence de l’Eau, structures qui sont sollicitées comme partenaires financiers de ce programme. Les sept projets du programme proposé par la cellule d’intervention sur les marées vertes (Cimav) du CEVA, sont listés ci-dessous. Projet 1 : Actions d’expertise scientifique, d’information et de conseil technologique en faveur des programmes de maîtrise des marées vertes de Bretagne. Projet 2 : Synthèse pluriannuelle des améliorations et des résultats obtenus au moyen du modèle MARS-Ulves Préparation des données nécessaires à la calibration et la validation du modèle de production Pylaiella sur le site sableux de la baie de Fresnaye Projet 3 : Amélioration des connaissances sur les processus biologiques et écophysiologiques impliqués dans les blooms macroalgaux Projet 4 : Suivi des proliférations d’algues vertes sur le littoral breton en complément du contrôle de surveillance DCE. Projet 5 : Couplage du modèle phytoplanctonique Ifremer au modèle MARS3D-Ulves et application à la détermination des objectifs de qualité nitrates/ulves en milieu vaseux (site de la Ria d’Etel) Projet 6 : Anticipation des échouages d’ulves en vue d’améliorer les méthodes de ramassage Projet 7: Valorisation des données scientifiques acquises sur les marées vertes. Cimav P1 – rapport final mars 2014 1 Cimav P1 – rapport final mars 2014 2 Projet 1 : Actions d’expertise scientifique, d’information et de conseil technologique en faveur des programmes de maîtrise des marées vertes de Bretagne SOMMAIRE 1. CONTEXTE ET OBJECTIFS : ................................................................................................ 5 2. CONTENU DE LA MISSION ET REALISATIONS.................................................................... 6 2.1. Information générale sur les marées vertes, leurs causes et les moyens de lutte .......................................6 2.2. Appui aux collectivités .............................................................................................................................................6 2.3. Participation aux différents cycles de réunions régionales sur l’eau / autres réunions ............................7 2.4. Production de documents de synthèse .................................................................................................................7 2.5. Analyse des données de suivis de la marée verte et des paramètres climatiques correspondant...........7 2.6. Veille thématique internationale.........................................................................................................................13 2.6.1. Contexte et objectif.............................................................................................................................................13 2.6.2. Matériel et Méthodes .........................................................................................................................................13 2.6.3. Résultat de l’analyse bibliographique ............................................................................................................13 3. CONCLUSION PERSPECTIVES......................................................................................... 29 ANNEXES............................................................................................................................... 30 Cimav P1 – rapport final mars 2014 3 Cimav P1 – rapport final mars 2014 4 1. CONTEXTE ET OBJECTIFS : Depuis 2002, début du programme Prolittoral, le CEVA s’est vu confier par les collectivités bretonnes et l’Agence de l’Eau Loire Bretagne, une mission d’animation / coordination du programme Prolittoral. Cette mission intégrait les grandes lignes suivantes : - information sur le phénomène des marées vertes et les moyens de lutte préventifs et curatifs, - coordination du réseau des porteurs de programme de bassin versant Prolittoral, - animation du « club des financeurs » de Prolittoral et notamment du comité de pilotage de ce programme, - veille thématique internationale sur les marées vertes, - enquête auprès des communes bretonnes sur les échouages et ramassages d’algues vertes. Le nouveau contexte créé par la DCE et la réorganisation des politiques de l’eau au niveau régional (« grand projet 5 » du CPER) a conduit en 2008 à modifier la forme et réduire le périmètre de cette mission (notamment au niveau de l’animation des programmes BV). Le phénomène de marée verte demeurant une préoccupation régionale majeure, une action adaptée d’expertise scientifique, d’information et de conseil technologique restait nécessaire pour accompagner et soutenir les projets de reconquêtes de la qualité des masses d’eau côtières touchées par des phénomènes de marées vertes. Aussi, un nouveau projet « Actions d’expertise scientifique, d’information et de conseil technologique en faveur des programmes de maîtrise des marées vertes de Bretagne » a été mis en œuvre en 2008 et 2009. La situation créée en juillet 2009 par l’accident survenu à Saint Michel en Grève, avec sa très forte médiatisation et la mise en place d’une commission d’enquête interministérielle en vue d’élaborer un « plan d’urgence algues vertes », a imposé une réorientation du projet 2009 en cours d’année pour mieux se mettre à la disposition des différentes commissions mises en place, pour répondre aux sollicitations des médias et des collectivités, plus particulièrement sur le point du ramassage accru des algues et leur traitement. Ce surcroit de demande, associé au fait que le nombre de jour programmé pour cette mission de soutien avait été diminué sensiblement en 2009, a conduit à solliciter la capacité d’intervention du Ceva au delà des moyens prévus et mis en évidence un certain nombre de lacunes notamment en terme de mise à disposition des informations accumulées au travers de nouveaux documents ou publications. Aussi, le programme 2010, outre les éléments déjà envisagés les années précédentes, comprenait de nouveaux volets (en particulier communication scientifique vers le grand public, les médias, les associations et les milieux professionnels) et une prévision globale d’intervention revue à la hausse en prévision d’une demande qui restera sans doute soutenue dans les années qui viennent. Les programmes de 2011 et de 2012, dans la ligne du programme 2010, comportaient une action renforcée à destination des acteurs impliqués dans le plan gouvernemental Algues Vertes en termes de stratégie de valorisation et de diffusion de l’information et en fonction des besoins exprimés par ceux-ci. Le programme proposé pour 2013 reste dans la ligne des années antérieures et est allégé en termes de moyens principalement du fait de la réduction de la période d’intervention sur mars à fin décembre 2013 (finalement, il a été décidé en novembre 2013, à moyens constants de poursuivre la mission 2013 jusqu’en mars 2014). Cimav P1 – rapport final mars 2014 5 2. CONTENU DE LA MISSION ET REALISATIONS La mission du CEVA dans ce programme CIMAV P1 suppose une grande disponibilité pour répondre, le plus souvent par mel ou téléphone aux interrogations, souvent « urgentes », des différents acteurs impliqués dans la lutte contre les proliférations et plus particulièrement des collectivités territoriales (communes, syndicat intercommunaux ou communautés de communes, SAGEs, Conseil généraux, régional, services de l’Etat,…). Cette action passe cependant aussi par des moments plus formels sous forme d’interventions dans des réunions, ou de fournitures d’éléments de diagnostic local, de bulletins sur l’évolution des marées vertes, de synthèse sur les flux et la mise en relation de ceux-ci avec la marée verte observée. L’annexe 1 reprend les principales interventions « formelles » du CEVA qui sur la période mars 2013 à fin février 2014 représente environ 85 interventions. 2.1. Information générale sur les marées vertes, leurs causes et les moyens de lutte L’intervention du CEVA a été relativement moins soutenue que les années précédentes en 2013 en partie du fait probablement de demande un peu inférieures, mais aussi de moyens humains mobilisables par le CEVA inférieurs (sous réalisation sur ce volet estimée à 20 % environ). Cette action a été en 2013 surtout en réponses aux demandes de la presse sur l’évolution du phénomène, mais également d’universitaires (et notamment deux thèse sur les marées vertes et leur impacts). A noter qu’outre les interventions répertoriées (environ 25 en 2013 ; cf. annexe 1 la liste des principales interventions) un grand nombre de demandes plus ponctuelles font l’objet d’échanges (mel, téléphone,…). Cette action d’information objective sur le phénomène, son évolution et ses causes/moyens de lutte semble encore primordiale, surtout dans la situation perturbée et très médiatisée depuis 2009, dans la mesure où la mise en œuvre d’actions n’est possible que si les acteurs mais aussi le public ont connaissance de la situation réelle et des leviers d’actions à disposition (préventif N ou P, niveau à atteindre et actions pertinentes, curatif, …) 2.2. Appui aux collectivités o marées vertes et moyens de lutte préventifs : Cette action a représenté, environ 45 interventions en 2013, le volet le plus lourd en temps, d’autant que nombre d’interventions nécessitent un temps de préparation long (diagnostic local de la situation des territoires / problématiques de marées vertes) avec pour certaines même des visites de terrain pour analyser la situation locale. Les demandes proviennent principalement des structures de Sage, des comités thématiques algues vertes créés dans le cadre du plan gouvernemental et, dans une moindre mesure, des structures de bassin versant et des collectivités bretonnes (de communes, en particulier pour l’établissement de profils de baignade, de communautés de communes, départements, région). L’annexe 1 présente le détail des interventions répertoriées. o Outils et stratégies de ramassages des algues vertes : Réponse aux demandes des collectivités locales et des constructeurs sur ce thème. Cette action a concerné des demandes de BMO et du Parc Naturel Marin d’Iroise (PNMI) et des demandes sur la baie de Lannion ou de Guisseny (demandes des communes et d’entreprise qui souhaitent mettre en place une filière valorisation des ulves) Ces actions d’appui aux collectivités sont conformes au programme initial même si, dans ce type d’actions, avec plus de moyens humains certaines réponses auraient pu être étoffées. Cimav P1 – rapport final mars 2014 6 2.3. Participation aux différents cycles de réunions régionales sur l’eau / autres réunions Cette « rubrique » représente en 2013 une vingtaine de réunions. Les principales interventions sont reportées en annexe 1. Cette action a été, relativement peu intense en 2013 du fait notamment de moyens humains limité pour répondre à toutes les sollicitations. On peut cependant estimer que l’absence du CEVA aux diverses rencontres auxquelles il s’est excusées n’a pas entraver l’action de lutte contre les marées vertes. 2.4. Production de documents de synthèse En plus des interventions « orales » pour les différentes réunions reportées en annexe 1, le CEVA a été sollicité pour la rédaction de note de synthèse ou d’articles : A la demande de la DREAL pour le bilan de l’eau : article sur l’évolution des marées vertes, A la demande des SAGE Rance Frémur et baie de Douarnenez : mise à jour des synthèses sur la caractérisation des proliférations macroalgales sur les périmètres de ces deux SAges. A la demande du SAGE Golfe du Morbihan Ria d’Etel : diagnostic de la situation locale sur le périmètre du SAGE. Production d’une note pour l’AELB décrivant les éléments expliquant le classement des vasières du golfe du Morbihan. Pour la Communes de Morieux : rédaction d’une note : « Eléments sur les marées vertes de la baie de Saint Brieuc pour l’établissement du profil de plage de Morieux » . Mise à jours des rédactions d’articles sur les marées vertes et les suivis (connaissances scientifiques) et les actions (programmes de lutte) pour l’information du public puis mise en ligne de ces articles (site internet ceva.fr). 2.5. Analyse des données de suivis de la marée verte et des paramètres climatiques correspondant Afin de pouvoir alimenter les parties décrites ci-dessus de soutien aux collectivités dans la lutte contre les marées vertes, le CEVA se doit de collecter puis analyser les paramètres qui interviennent dans la marée verte, en particulier les données de flux d’azote, mais aussi les autres caractéristiques du milieu (houle, température de l’eau, notamment pour décrire la dispersion hivernale mais aussi éventuellement printanière et estivale). Jusqu’en 2009, seuls les sites du précédent programme de lutte « Prolittoral » faisaient l’objet de suivi de leur qualité de l’eau et flux au littoral (fournitures par les animateurs des bassins versant de ce programme). En 2010, en plus de ces bassins versants a été ajoutée la compilation des données des 3 cours d’eau (Gouet Urne Gouessant : données de qualité de l’eau par le suivi CQEL aux exutoires) se jetant en fond de baie de Saint Brieuc, avec les mêmes méthodes (calcul des débits journaliers, interpolation des concentrations journalières puis calcul des flux journaliers). En 2011, en plus des cours d’eau précédents, ont été ajoutés l’Horn et le Guillec (données de qualité de l’eau de l’Horn et du Guillec fournies par le Syndicat Mixte de l’Horn). Les débits du Frémur ont été recalculés pour l’ensemble de la période 1992-2013 (d’après les débits nouvellement acquis station liminigraphique de la DREAL opérationnelle depuis mars 2010 ce qui permet d’avoir une chronique de près de 2 ans qui peut être corrélée aux valeurs du Frémur de Pleslin). Cimav P1 – rapport final mars 2014 7 Flux mensuels moyens sur les BV AV moyenne tous BV des sommes mensuelles de flux kg/mois 140 000 2002* 2003* 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 moyenne(02-06) moyenne(02-11) 120 000 100 000 80 000 60 000 40 000 20 000 0 Octo bre No vembre Décembre Janvier Février M ars A vril M ai Juin Juillet Flux mensuels moyens sur les BV AV Septembre 2002* 2003* 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 moyenne(02-06) moyenne(02-11) 60 000 moyenne tous BV des sommes mensuelles de flux kg/mois A o ût 50 000 40 000 30 000 20 000 10 000 0 Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Figure 1 et 2 : Flux moyens mensuels à l’exutoire des bassins versants concernés par les principales proliférations (moyenne des flux mensuels des 7 cours d’eau alimentant les sites du programme « Prolittoral 2002-2006 » + les trois cours d’eau du fond de baie de Saint Brieuc : Gouessant Urne Gouet + l’Horn + le Guillec). La première figure met en évidence des flux hivernaux élevés décembre à mars (forte pluviosité). La deuxième figure présente les flux sur la période sensible : la diminution des flux est régulière à partir d’avril pour atteindre dès le mois de mai des niveaux inférieurs à la moyenne pluri annuelle. * pour les années 2002 et 2003, les flux ont été calculés sans intégrer les données du Quillimadec (débits manquants). Figure 3 : écart de flux mensuel, annuel et saisonnier aux exutoires des BV AV par rapport aux années antérieures (moyenne des sommes mensuelles pour tous les BV). Sur l’ensemble de la période annuelle l’excédent de flux est important, de 20 % supérieur à la moyenne des années antérieures ; par contre le flux sur la période sensible est inférieure à aux moyennes d’environ 20 % avec même près de 30 % de moins sur les mois d’été (juillet et août). * pour les années 2002 et 2003, les flux ont été calculés sans intégrer les données du Quillimadec (débits manquants). Cimav P1 – rapport final mars 2014 8 Moyenne 02-13 des sommes de flux N inorganiques journaliers sur mai-août par BV (au point de suivi) Moyenne 02-13 des flux annuel N inorganique par BV (au point de suivi) 350 000 1 800 000 moyenne 02-13 somme flux annuel 1 600 000 moyenne 02-13 somme flux maiaoût 300 000 Flux N en Kg/période mai-août 1 200 000 1 000 000 800 000 600 000 400 000 200 000 250 000 200 000 150 000 100 000 50 000 ay Po rz Le sn ev ar d c -K er ha ro -L ap i ay Po rz *2 00 420 13 uil le c + uil lim ad ec H or n+ G D ou ro n Ya r go ue t+ G Fr ém ur (F r Ic es na ye ) ar d Po rz ay Le sn ev -K er ha ro -L ap i ay BS B B (U Q -2 Q rn e + uil lim ad ec Po rz *2 00 4 or n+ G H c 01 3 le c uil ou ro n D Ya r Ic ou es sa nt ) es na ye ) go ue t+ G ur (F r Fr ém (U rn e ou es sa nt ) 0 0 BS Figure 4 a et b : évaluation des flux d’azote inorganique de chaque BV estimé sur l’année en moyenne 2002-2013 (graphe de gauche) pour la partie du BV suivie (point exutoire du cours d’eau ; ce qui peut être assez différent du flux total du BV dans le cas où plusieurs cours d’eau drainent les BV mais qui permet de visualiser la part de chaque cours d’eau au flux total régional moyen sur 2002-2013 de plus de 4 000 T décrit en figures 1 à 3). Le graphe de droite présente le flux total d’azote inorganique de chaque BV dans les mêmes conditions mais sur la période mai-août uniquement (somme des apports journaliers). Cela permet de mettre en évidence la contribution forte de l’Horn+Guillec surtout si on analyse la période estivale ce qui s’explique par des étiages soutenus et des flux spécifiques annuels forts (flux par ha total de BV de plus de 70 kg pour l’Horn/Guillec contre moins de 20 sur la Fresnaye). Flux moyen d'azote inorganique par ha de bassin versant sur 2002-2013 (au point de suivi) 100 flux/ha flux/ha SAU Flux en kg N / ha / an 80 60 40 20 ev ar d Le sn Po r za y -K er -L ha r ap i o c *2 c llim ad e rz ay 00 4- +G ui or n Po lle 20 13 c on ou r Ya Ic r D H Q ui (U rn e + Fr é go ue m ur t+ G (F re ou e sn ss an t) ay e) 0 BS B Flux N en Kg/an 1 400 000 Figure 5 : flux spécifique moyen d’azote inorganique de chaque BV estimé sur l’année en moyenne 2002-2012 pour la partie du BV suivie (point exutoire du cours d’eau, idem à figures 4 et 5). On perçoit des flux spécifiques (par ha de BV ou par ha de SAU) particulièrement importants sur l’Horn+Guillec et sur les cours d’eau de l’ouest Bretagne de manière plus générale. L’année 2013 est une année particulière pour ce qui est des flux mensuels. L’allure générale est assez proche de la moyenne des années antérieures avec cependant des flux hivernaux et de début de printemps plus soutenus qu’en moyenne puis des flux à partir de mai sensiblement inférieurs aux normales. De part ces caractéristiques hivernales le flux total annuel est sensiblement supérieur à la moyenne (+20 %) alors que le flux sur la période sensibles aux marées vertes est nettement inférieur (environ 20 % inférieur sur mai août et même 30 % sur juillet août). Ces tendances régionales masques de situations locales contrastées avec pour certains cours d’eau des flux sur la période sensible qui sont très inférieurs à la moyenne pluriannuelle (Fresnaye, baie de Saint Brieuc, Ic) quand d’autres sont plus proches de la moyenne pluriannuels (Yar Douron Horn-Guillec Quillimadec et Porzay) alors que d’après les estimations le BV du Lesnevard (baie de Concarneau présente en 2013 des flux supérieurs à la moyenne pluriannuelle. Ces différences de comportement sont en partie liées à des différences de pluviosité Est-ouest mais aussi à des réactions hydrologiques différentes (substrats géologiques qui commandent l’importance des soutiens d’étiage et la plus ou moins grande part d’azote restituée en période sensible). Cimav P1 – rapport final mars 2014 9 Flux 2013 d'azote inorganique sur la période sensible (mai-août) par bassin versant par rapport à la moyenne 2002-2012 20 écart 2013/ moyenne pluriannuelle 2002-2012 14 10 0 écart en % 0 -10 -11 -20 -18 -21 -30 -12 -19 -29 -32 -40 -38 ay Le sn ev ar d -K er ha ro c -L ap i ay Po rz ad ec Q ui l lim Po rz *2 00 420 12 ui l le c or n+ G H ou ro n D Ya r Ic ou es sa nt ) BS B (U rn e + go ue t+ G Fr ém ur (F r es na ye ) -50 Figure 6 : écarts par BV entre flux d’azote inorganique dissous sur mai-août 2013 et le flux pluriannuel 20022012. La pluviosité différente et le contexte géologique local expliquent en majeure partie ces différences de comportement. Les flux mesurés dans la saison sont en grande partie liés aux débits des cours, eux-mêmes liés aux précipitations mais aussi aux caractéristiques pédo-géologiques des bassins versants (transformation plus ou moins rapide des précipitations en débit de cours d’eau). Cependant pour certains secteurs côtiers, les niveaux de concentrations en nitrates, en forte baisse pluriannuelle, malgré une remontée en 2013, expliquent en partie la situation mesurée en 2013 (limitation des remontées de flux annuel comme par exemple sur l’Horn et le Guillec). Le suivi des concentrations permet de voir la diminution plus ou moins rapide et forte des concentrations de nitrates pour les différents cours d’eau (à noter pour la baie de Saint Brieuc, outre la baisse des concentrations en nitrate pluri annuelle, le fort abattement depuis 2006 des fournitures de NH4 par la Step de la ville de Saint Brieuc qui induit une diminution de près de 500 kg/jours des flux d’azote ce qui est considérable, surtout dans le cas d’année sèche). On note pour la quasi-totalité des cours d’eau, après une très forte diminution les dernières années et plus particulièrement en 2012, une remontée importante de la concentration moyenne annuelle (exception de l’Horn et du Guillec pour lesquelles les concentrations sont identiques à 2012). Cette remontée importante s’explique très probablement avant tout par la reprise importante des débits qui sont, sur l’hiver puis le printemps 20122013, supérieurs et même fortement supérieurs aux débits des années antérieures ce qui est favorable à la remontée des concentrations dans la plupart des bassins versants (notamment sur les mois de novembre et décembre). Un retour à des conditions climatiques plus « normales » (ce qui ne sera pas le cas de l’hiver 2013-2014 encore plus pluvieux que le précédent) devrait permettre un retour à une décroissante lente des concentrations en lien avec les efforts réalisés sur les bassins versants. Cimav P1 – rapport final mars 2014 10 Fresnaye Ic Yar Douron Quillimadec (DDAF) Quillimadec (Kerozet) Porzay (kerharo) Porzay (Lapic) Lesnevard Evolution des concentrations moyennes annuelles - années hydrologiques (moyenne mensuelle puis annuelle) C(NO3)mg/l 80 70 60 50 40 30 20 10 0 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 C(NO3)mg/l 2011 2012 2013 Fresnaye Ic Yar Douron Quillimadec (DDAF) Quillimadec (Kerozet) Porzay (kerharo) Porzay (Lapic) Lesnevard Gouet Urne Gouessant Horn (Kertanguy) Horn (exutoire HO13) Guillec (exutoire Gui11) Evolution des concentrations moyennes annuelles - années hydrologiques (moyenne mensuelle puis annuelle) 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Figure 7 a et b : Evolutions des concentrations en Nitrates sur les cours d’eau suivis (moyennes mensuelles puis annuelles afin d’avoir le même poids pour chaque mois de l’année). (a) sur les cours d’eau de l’ex programme Prolittoral, (b) sur tous les cours d’eau intégrés au suivi. 1600 30 000 1400 25 000 1200 20 000 1000 15 000 800 10 000 600 5 000 400 0 1600 Relation Fux N inorganique moyen mai-août et niveau de marée verte en fin de saison (surfaces août+sept) sur 2002-2013 1400 surfaces régionale couvertes (ha) 35 000 surface échouage août+sept (ha) Flux N (kg/mois) Flux moyen d'azote inorganique pour les années 2002 à 2013 et niveau de marée verte annuel (fin saison) 1200 1000 800 y = 0.0447x - 39.995 R2 = 0.829 600 200 2002* 2003* 2004 2005 2006 Flux moyen N BV AV mai-août 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 surface couverte sites sableux août+sept (ha) 400 5000 10000 15000 20000 25000 30000 35000 40000 flux moyen N inorga mai-août (kg/mois) Figure 8 a et b : Flux d’azote sur la période sensible (moyenne des flux de mai à août sur les BV de « Prolittoral » + baie de Saint Brieuc+ Horn Guillec) et niveau de marée verte atteint en fin de saison (surface en août+septembre sur les plages bretonnes). Les surfaces couvertes par des algues brunes filamenteuses notamment en 2011, 2012 et 2013 en baie de Saint Brieuc (mais aussi depuis plusieurs années sur l’est du département des Côtes d’Armor) ne sont pas comptabilisées ici. * pour les années 2002 et 2003, les flux ont été calculés sans intégrer les données du Quillimadec (débits manquants). Cimav P1 – rapport final mars 2014 11 Variation annuelle des surfaces couvertes par les ulves en début de saison et fin de saison précédente au niveau régional 600 1000 900 surface avril + mai (ha) 700 400 600 300 500 400 200 300 surface octobre n-1 500 800 200 100 100 0 0 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 somme (avril mai) 2010 2011 2012 2013 2014 octobre n-1 Figure 9 : Surfaces couvertes par les ulves en début de saison (avril+mai) et lien avec le niveau de couverture de la fin de l’année n-1. Les niveaux plus faibles qu’attendus en 2006, 2007, 2010 et 2013 s’expliquent par : pour 2006 et 2010 des températures de l’eau beaucoup plus froides en hiver et en début de saison que la moyenne (environ 1 mois de retard sur les températures de l’eau sur avril-mai-juin) et pour 2007 le côté particulièrement dispersif de l’hiver (3 fois plus de jours de houle de plus de 3 mètres que les 3 années précédentes). Pour 2013 par les températures de l’eau et le côté dispersif de l’hiver. Le niveau plus élevé en début 2011 qu’attendu pourrait être lié aux caractéristiques de la fin de l’hiver / début de printemps. Le niveau de la fin 2001 a été estimé en se basant sur les suivis qui ne portaient, à cette époque, que sur le littoral des Côtes d’Armor (suivis réalisés par le CEVA sur financement du Conseil Général des Côtes d’Armor). La méthode d’estimation était différente : pour rendre compatibles les méthodes, c’est le ratio de la mesure de mi octobre 2001 sur le maximum annuel de 2001 qui a été utilisé. L’ensemble des paramètres analysés, et plus particulièrement le caractère dispersif et le niveau limité des stocks de reconductions, conduisent à estimer que l’année 2014 devrait présenter un fort retard dans le démarrage des proliférations au niveau régional. Cependant, tous les sites peuvent ne pas réagir dans ce même sens (certains secteurs, en général des secteurs tardifs, présentant peu de corrélations entre le niveau d’une année et la précocité de la suivante pourraient voir un démarrage « normal » en 2014). Par ailleurs, la température de l’eau, en février proche de la moyenne pluriannuelle, devrait jouer peu de rôle sur la précocité si elle demeurait proche de la moyenne (mais pourrait accentuer le côté tardif de 2014 si elle descendait en mars avril sous les valeurs normales). Un retour sur mars-avril à des conditions de croissance particulièrement favorables (temps calme et ensoleillement important) pourrait en partie contrebalancer le retard prévu notamment dans un contexte de flux printaniers probablement importants (hiver particulièrement pluvieux engendrant des soutiens de débit forts au printemps). Le suivi de ces paramètres pour le mois de mars et début avril devrait permettre d’affiner cette perception. Houle hivernale sur la baie de Lannion données Windguru-Lannion-Synthèse-novembre à février Température de l'eau : données Somlit Astan au Fond - 60m (Roscoff) 17 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 moyenne 2001-2013 2014 90 nb jour houle > 4,5m 16 80 nb jour houle entre 3,5 et 4,5m nb jour houle entre 2,5 et 3,5 15 70 14 60 50 13 40 12 30 11 20 10 10 9 0 2003-2004 2004-2005 2005-2006 2006-2007 2007-2008 2008-2009 2009-2010 2010-2011 2011-2012 2012-2013 2013-2014 8 janvier fevrier mars avril mai juin juillet août septembre octobre novembre décembre Figure 10 (a) et (b) : caractéristiques des hivers. (a) houle du modèle GFS /Windguru pour le site de Lannion par catégorie de hauteur de vague sur novembre à février; (b) données de température de l’eau en baie de Morlaix entre 2000 et février 2014 sur le point Astan au fond -60m (données SOMLIT fournies par la Station Biologique de Roscoff). L’hiver 2013-2014 présente des températures plus élevées que la moyenne en début d’hiver (novembre à février) mais très proches en février (+0.1°C). Cimav P1 – rapport final mars 2014 12 2.6. Veille thématique internationale 2.6.1. Contexte et objectif Cette veille thématique permet de suivre l’évolution du phénomène de prolifération des algues opportunistes en dehors de la zone bretonne et de faire le point sur les avancées faites au niveau de la connaissance du phénomène, des moyens de lutte possibles et éventuellement des perspectives envisageables pour se débarrasser ou valoriser ces algues. Ce travail poursuit la veille engagée dans le programme Prolittoral et poursuivi en 2008 dans le cadre du CIMAV du GP5. La période de veille s’étend sur l’année 2013 et concerne toutes les études internationales dont les résultats pourraient constituer un apport dans la compréhension des marées vertes bretonnes. 2.6.2. Matériel et Méthodes Veille documentaire La veille documentaire a été faite à travers les bases de données suivantes : Google Scholar et Web of Science. Les mots clés suivants ont été employés (seuls ou en combinaison) pour pouvoir avoir un résultat le plus exhaustif possible : macroalgae, green-tide, eutrophication, algal bloom, algal nuisance, management, biomass accumulation, excessive growth, Ulva, Pylaiella, nitrogen, phosphorus, collecting, harvesting, treatment, processing. Cette revue non exhaustive permet d’avoir une vue d’ensemble sur les travaux publiés en 2013. Gestion de la base de données Toutes les références bibliographiques ont été intégrées dans la base de données interne sous le logiciel JabRef. 2.6.3. Résultat de l’analyse bibliographique 2.6.3.1. Descriptions locales du phénomène de marées vertes Une revue des échouages d’algues les plus importants dans le monde a été publiée dans Nature (Smetacek et Zingone, 2013). Les auteurs reviennent sur les causes et les conséquences des marées vertes observées en Bretagne et en Chine (Figure 1) mais aussi sur les marées « dorées » (Golden tides) produites par la prolifération de l’algue brune Sargassum sur les côtes du Golfe du Mexique. Ces marées « dorées » ont augmentées dans les années 80 et 90 dû à l’augmentation des nutriments de la rivière Mississipi. Des analyses d’images satellites situeraient l’origine des proliférations de Sargassum sous forme libre flottante dans le Nord Est du Golfe. Ces proliférations apparaitraient au printemps puis seraient exportées dans la Mer des Sargasses où elles s’accumuleraient durant l’été pour disparaitre en hiver. Environ, un million de tonnes d’algues serait ainsi exporté vers l’Océan Atlantique. En 2011, les proliférations de Sargassum ont atteint une surface couvrant la largeur de l’Atlantique entre les Caraïbes et le Cap Africain (Gower et al, 2013) à l’origine d’échouages massifs sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest, de la Sierra Léone au Ghana et sur les côtes Est du continent américain, de la Trinité jusqu’en République Dominicaine (Smetacek et Zingone, 2013). Le pic de biomasse observé en 2011 était 200 fois supérieur à la moyenne des 8 ans précédents et les échouages de Sargassum n’avaient jamais été observés sur les côtes africaines jusqu’alors. L’année 2013 a encore vu un nombre important de travaux sur la plus grande marée verte observée au monde à Qingdao (province de Shandong) au Nord de la Mer Jaune. La revue bibliographique de Liu et al (2013) met en évidence les causes, le développement et les conséquences de ce phénomène particulier en s’appuyant sur des études biologiques, physiologiques, morphologiques, génétiques ainsi que des observations satellitaires (par exemple utilisant MODIS : Zhang et al, 2013 ; Yu et al, 2013). La première marée verte dans cette région est apparue en 2007, elle est devenue massive en 2008 et depuis lors, c’est un phénomène récurrent annuel. Elle présente un développement unique qui commence à partir de mi-avril au large dans le Sud de la Mer Jaune au niveau de la province de Jiangsu. Suite à un enchaînement de circonstances complexes où les activités humaines, les conditions climatiques et géo-hydrodynamiques ainsi Cimav P1 – rapport final mars 2014 13 que la présence d’une espèce physiologiquement adaptée à des conditions inhabituelles interagissent pour donner le plus vaste phénomène de marée verte au monde. Ces algues vertes libres dans la colonne d’eau (de 2 à 20 m de profondeur) sont transportées vers le Nord sur plus de 200 km par les vents et les courants jusqu’aux côtes de Qingdao où elles viennent s’échouer au début de l’été après avoir dérivées pendant un mois et demi (Figure 2). Une modélisation de ces courants et vents a été effectuée en 2013 et permet de séparer l’influence des courants résiduels de marées de ceux induits par les vents (Wang et al, 2013). Cette marée verte se sera alors développée jusqu’à atteindre un tapis de 3489 km² qui s’étend le long d’une aire côtière de 84 109 km². L’espèce Ulva prolifera a été identifiée génétiquement comme responsable de ces proliférations. Elle proviendrait du nettoyage des structures aquacoles installées sur des bancs de sables sur plus de 20 000 ha des côtes de la province de Jiangsu entre Yancheng et Nantong pour la culture de Porphyra. Des algues vertes dont U. prolifera et U. intestinalis se développent sur ces structures au printemps (février-avril) et elles sont régulièrement nettoyées par grattage à partir de la récolte de Porphyra mi-avril, coïncidant avec l’apparition des algues vertes dérivantes. Environ 5000 tonnes d’U. prolifera seraient ainsi détachées et suffisantes pour produire un million de tonnes après un mois et demi, basé sur des taux de croissance de 10-37% par jour. Une large quantité de propagules microscopiques d’U. prolifera (spores et gamètes) a été observée dans les sédiments et les eaux de la région. Ces propagules pourraient augmenter l’apport en fragments d’ulves provenant des structures aquacoles (Smetacek et Zingone, 2013). Figure 1 : Développement des marées vertes d’Ulva en milieu côtier peu profond. a) environnement non-eutrophique avec herbier de Zostères. b) Etat eutrophique avec un épais tapis/rideau d’algues flottant librement responsable de la destruction des herbiers et d’échouages sur les plages adjacentes. c) Cas des proliférations d’Ulva prolifera en Mer Jaune (Chine) se développant sur les structures d’aquaculture 200km au sud de Qingdao en avril, dérivent avec augmentation de leur biomasse en mai et Juin, puis viennent s’échouer sur les plages de Qingdao en juin et juillet. D’après (Smetacek et Zingone, 2013). Cimav P1 – rapport final mars 2014 14 Figure 2 : Localisation géographique du phénomène de marée verte en Mer Jaune. Origine des algues : structures aquacoles de la province de Jiangsu. Echouage après transport par des courants d’upwelling et les vents de Sud Est dominants sur les côtes de Qingdao de la province de Shandong. D’après Liu et al, 2013. De plus, une expansion des fermes d’aquaculture de Porphyra a eu lieu entre 2006 et 2008 sur plus de 10 000 ha de banc de sable entre Yancheng et Nantong allant jusqu’à plus de 13 km de distance de la côte (Figure 3). Les algues vertes, issues du nettoyage des structures jusque là situées en zone intertidale soumise à un régime hydrodynamique limitant leur exportation au large, se retrouvent alors exposées à des courants longeant les bancs de sable de géomorphologie radiale les emportant au large et expliquant l’apparition de la première marée verte seulement depuis 2007. Le développement de ces patchs serait alors dû à des mécanismes biologiques et physiologiques rendant U. prolifera extrêmement compétitive. La croissance des algues formant les marées vertes est dépendante de la température. De plus des températures adéquates permettent une meilleure flottabilité des algues vertes par la production de gaz (O2 ou CO2) lors de la photosynthèse conduisant à une meilleure exposition à la lumière et donc à une croissance continue. Ces conditions sont optimales pour U prolifera entre mai-juin en Mer Jaune (SST : 15-25°C, intensité lumineuse : 60-140 µmol photos m-2 s-1) et participe au développement et au transport de la marée verte. La prolifération de U. prolifera est aussi favorisée par de fortes concentrations en azote inorganique dissous qui peut atteindre dans la province de Jiangsu entre 10 et 80 µM dû au déversement d’eaux usées, à l’agriculture et à l’aquaculture. U prolifera présente une extrême tolérance à de telles concentrations en azote avec un optimum de croissance à 50 µM qui peut continuer à des concentrations dépassant 500 µM (pour comparaison U. linza : optimum à 14 µM et inhibition à 21 µM). De plus, U. prolifera a des capacités d’absorption en nutriment (Vmax, Km) supérieures aux autres espèces du même genre et qui augmentent avec les concentrations en nutriments la rendant encore plus compétitive. U. prolifera effectue aussi une photosynthèse performante utilisant à la fois un métabolisme C3 et C4 (les algues utilisant généralement le C3), ce qui augmente ses capacités de fixation du carbone, d’accumulation de biomasse et d’adaptation environnementale. Enfin, U. prolifera a une reproduction diversifiée, à la fois sexuée, asexuée et végétative. Cette dernière participe activement à la formation de la marée verte par propagation de fragments et de zoospores asexués. Cimav P1 – rapport final mars 2014 15 Figure 3 : observations satellites et in situ en Mer Jaune en 2009. (a) localisation régionale des bancs de sable dominé par l’aquaculture de Porphyra (source des marées vertes d’U. prolifera) ; (b) image satellites montrant des bandes d’algues vertes le long des bancs de sable ; (c à g) évolution des patches d’algues vertes dans le temps de mi-avril jusqu’à début juin. D’après Liu et al, 2013. Plusieurs auteurs se sont également intéressés à l’identification génétique des algues vertes qui permet d’une part de décrire les populations de macroalgues vertes d’un point de vue spécifique et d’autre part de voir si elles sont les mêmes ou différentes entre plusieurs localisations. Ces études permettent aussi de distinguer le nombre d’espèces présentes, c’est-à-dire leur diversité. Ceci est parfois difficile par détermination taxonomique basée sur des critères morphologiques souvent variables soit pour une même espèce, soit d’une espèce à l’autre. En effet, ce problème a été mis une nouvelle fois en évidence par une étude qui a analysé 25 échantillons collectés pour leurs caractéristiques morphologiques typiques d’Ulva linza dans les provinces de Jiangsu et Shandong (Chine) sur une douzaine de sites (Chen et al, 2013). Ces spécimens étaient récoltés sous forme flottante ou fixés au substrat et ils ont été comparés à ceux de la marée verte de 2009 de Qingdao (lieu de la plus grande marée verte au monde). Sur ces 25 échantillons, seulement quatre ont été identifiés comme étant Ulva linza par les observations sous microscopes basé sur leurs caractéristiques morphologiques. Les analyses moléculaires ont attribué à deux spécimens fixés de la province de Fujian, l’espèce U. flexuosa qui ne forme pas de marées vertes et à quatre spécimens flottants, l’espèce U. compressa qui participe aux proliférations. Le reste des échantillons appartenaient au cluster LPP (U. linza-procera-prolifera), espèces responsables de marées vertes qui comprenaient à la fois des formes flottantes et fixés de différentes origines géographiques. Face aux difficultés d’identification du genre Ulva de par sa plasticité morphologique, Xiao et al (2013) ont mis au point une clé d’identification génétique, en utilisant les espèces des côtes de la Mer Jaune (Chine), capable de discriminer U. prolifera de U. linza ainsi que U. compressa, U. pertusa et Blidingia. Grace à cette clé, ils ont pu confirmer qu’U. prolifera était la source des marées vertes des côtes du Sud de la Mer Jaune (Qingdao, Province de Jiangsu) provenant des structures flottantes pour l’aquaculture de Porphyra. Le mécanisme de formation des marées vertes de la province de Jiangsu a été précisé lors de l’étude génétique saisonnière comparant les espèces d’Ulva attachées à ces structures et celles trouvées sous forme libre flottante (Han et al, 2013). La composition des populations d’Ulva attachées aux structures variait au cours des saisons avec U. prolifera uniquement présente en mars pendant la période de culture de Porphyra et donc du nettoyage des structures. Cette même espèce dominait partir de mi-mai les proliférations de la Mer Jaune qui jusque-là étaient composées des espèces U. compressa, U. flexuosa, U. linza provenant d’arrachage d’ulves fixées. Si beaucoup d’études se sont concentrées sur le Sud de la Mer Jaune (région de Qingdao), peu de travaux ont été menés sur le reste de la Mer Jaune. Au Nord de la Mer Jaune, à Yantai, une étude sur la diversité Cimav P1 – rapport final mars 2014 16 moléculaire du genre Enteromorpha a mis en évidence une forte diversité que des analyses phylogéniques n’ont pas permis de relier directement à la localisation géographique des espèces (Liu et al, 2013). Une autre espèce d’algue verte, Chaetomorpha valida, responsable de proliférations dans les zones d’aquacultures le long des côtes chinoises de Dalian et Rongeheng, a été étudiée de façon à approfondir les connaissances sur sa plasticité morphologique et les affinités phylogénétiques de ce taxa qui se rapprochent de Chaetomorpha moniligera (Deng et al, 2013). Des analyses phylogénétiques de quatre espèces du genre Ulva effectuées sur des individus des côtes chinoises séparés par 1460 km (Qingdao au Nord et Nan’ao Island au Sud), ont identifié des similitudes génétiques entre ces deux localisations pour les espèces Ulva prolifera et U. pertusa (Lin et al, 2013). Cette étude a aussi montré que U. flexuosa et U. californica étaient phylogéniquement proches et a confirmé que les genres Ulva et Enteromorpha n’étaient pas distincts. La difficulté d’identifier selon des critères morphologiques les espèces d’Ulva est encore soulignée par une étude menée sur les côtes du Nord Est des Etats Unis dans la baie de Narragansett (Rhode Island) par Guidone et Thornber (2013) et Guidone et al. (2013). Leurs identifications des espèces d’Ulva étaient basées sur des critères cytologiques déterminés à partir de spécimens de référence précédemment analysés au niveau moléculaire (Guidone et Thornber, 2013) ainsi que sur des analyses moléculaires (Guidone et al, 2013). Les proliférations jusque là attribuées à l’espèce Ulva lactuca étaient en fait dues à un mélange d’U. compressa et d’U. rigida alors que U. lactuca était localisée à des sites non impactés par les marées vertes. De plus, la composition des proliférations en U. compressa et U. rigida pouvait différer à la fois au cours du temps et entre sites pourtant similaires et proches géographiquement. Leurs travaux soulignent l’importance des classifications des espèces d’Ulva basées sur des analyses moléculaires afin d’identifier correctement ces espèces et d’appréhender les phénomènes de proliférations. 2.6.3.2. Eléments contribuant au développement des marées vertes Des apports en nutriments excessifs sont à l’origine des phénomènes d’eutrophisation dont une des manifestations est la prolifération de macroalgues opportunistes. Les apports en nutriments principalement d’origine anthropique terrigène dépendent en partie des précipitations qui drainent les bassins versant et alimentent les cours d’eau qui se déversent dans la mer. Une étude dans le Sud Est du Golf de Californie (Mexique) a mis en relation les quantités de nutriments déversées et les biomasses de macroalgues proliférantes (Caulerpa sertularioides, Rhizoclonium riparium, Ulva clathrata, U. intestinalis, U. lactuca, U. prolifera, Gracilaria vermiculophylla, Hypnea spinella, H. valentiae, Spyridia filamentosa) en fonction des saisons : sèche, humide et froide (Paez-Osuna et al, 2013). La source principale de nutriments a été identifiée comme étant les fermes aquacoles de crevettes et la biomasse des macroalgae était significativement corrélée avec les nutriments (ratio N:P) et les variations saisonnières avec un maximum de biomasse observé pendant la saison des pluies. Les proliférations d’algues vertes sont le résultat le plus visible des phénomènes d’eutrophisation. Elles sont souvent associées à de fortes densités d’herbivores. Ces herbivores peuvent favoriser la croissance des algues vertes en réduisant la compétition ou en relargant des nutriments, pouvant influencer leur recyclage et rétention. C’est l’hypothèse testée par Yarrington et al (2013) pour le gastéropode Ilyanasa obsoleta dans les estuaires du Nord Est des Etats Unis. Leur étude a confirmé une corrélation positive entre la densité de ces derniers et la biomasse des algues vertes. En laboratoire, les excrétions de I. obsoleta ont favorisé la croissance d’Ulva et l’activité des gastéropodes a favorisé le relarguage des nutriments dans la colonne d’eau par le sédiment. Cependant, aucun effet facilitant sur la croissance d’Ulva n’a été observé lors des manipulations in situ de I. obsoleta. Ceci souligne les précautions à avoir face aux résultats obtenus en laboratoire qui ne sont pas toujours transposables in situ où des facteurs physiques et environnementaux tels que les nutriments, la lumière ou la température entrent en jeu. Dans le cadre de cette étude, les observations in situ ont mis en évidence une régulation des proliférations due aux variations de ces facteurs plutôt qu’un effet des brouteurs. Des proliférations d’invertébrés peuvent aussi entrainer un déséquilibre des cycles de nutriment et favoriser la prolifération d’algues vertes. L’invasion d’une espèce telle que la moule Dreissena serait à l’origine d’une augmentation de l’eutrophisation dans le Lac Ontario, le plus salé des Grands Lacs de par sa communication Cimav P1 – rapport final mars 2014 17 avec l’Océan Atlantique (Pennisi, 2013). Bien que les apports externes en phosphore soient restés inchangés, Dreissena a causé une modification du recyclage du phosphore ainsi qu’une augmentation de clarté de l’eau. Ces changements auraient favorisé la résurgence de la prolifération de l’algue verte Cladophora dans le Lac Ontario. Des interactions interspécifiques facilitatrices peuvent aussi exister entre macroalgues. Ainsi, l’étude de Xu et al (2013) a montré en laboratoire un effet positif de l’algue verte proliférante Monostroma arctium sur la croissance et la photosynthèse de l’algue rouge Porphyra yezoensis. La présence de M. arctium favorise absorption des nutriments de Porphyra, spécialement pour l’azote. Cette facilitation a lieu grâce à des substances allélopathiques sécrétés dans l’eau par ces algues sans qu’un contact physique ne soit nécessaire. Porphyra n’a eu par contre aucun effet sur M. arctium. Les effets de l’eutrophisation peuvent être accentués par des phénomènes de changements globaux comme celui de l’acidification des océans. En effet, une partie CO2 atmosphérique produit par l’activité humaine est absorbée par les océans induisant une diminution du pH, c’est-à-dire une acidification. Cette acidification affecte plus généralement les organismes calcaires mais des effets sur les organismes non-calcifiants ont aussi été démontrés comme chez certaines algues. Une étude in situ en Mer Baltique a montré que des espèces filamenteuses à croissance rapide tel que Ulva intestinalis et l’algue rouge Furcellaria lumbricalis avaient une productivité augmentée par l’acidification alors que les espèces à croissance plus lente tel que Fucus vesiculosus n’étaient pas affectées (Pajusalu et al, 2013). La combinaison de l’eutrophisation et de l’acidification pourrait être alors à l’origine de proliférations plus importantes. Dans le cas de certaines marées vertes, une partie des accumulations de biomasse algale provient de souches persistantes durant l’hiver sous formes de fragments ou de spores libres dans l’eau échappant ainsi aux brouteurs qui vivent sur les fonds. Ces souches représentent un apport conséquent lors des phases de croissance qui peuvent réduire à néant les mesures de réduction de l’eutrophisation comme au Nord de la Mer Baltique (Smetacek et Zingone, 2013). Ulva intestinalis persiste en hiver dans les eaux peu profondes couvertes par les glaces et remonte à la surface au printemps lors de sa croissance jusqu’en automne. 2.6.3.3. Contrôle nutritionnel et autres facteurs limitant les marées vertes Il est important de pouvoir déterminer quel nutriment peut limiter la production des macroalgues afin d’appréhender l’impact de l’eutrophisation sur les écosystèmes marins. Une méthode rapide de détection par fluorescence de la chlorophylle lors de l’ajout de nutriment (NIFTs : Nutrient-Induced Fluorescence Transients) a été adaptée du phytoplancton aux macroalgues (den Haan et al, 2013). Les tests menés sur Ulva lactuca ont montré qu’après une période optimale d’appauvrissement en nutriment (N ou P) de 6-10 jours, l’algue présentait une réponse NIFT typique après l’addition de 10 µmol puis de 100 µmol de NO3- et de NH4+ pour les échantillons appauvris en N et pour les mêmes valeurs de PO43- pour ceux appauvris en P. Ces résultats obtenus rapidement après 10 et 20 min d’incubation sont représentatifs de limitation en N et P chez U. lactuca et ont été appliqués avec succès à des espèces responsables de la dégradation des récifs coralliens lors d’eutrophisation (Lobophora variegata et la phanérogame Thalassia testudinum). Les connaissances sur la capacité d’absorption des nutriments par les algues sont indispensables à l’étude des mécanismes de déclenchement et de régulation des proliférations. L’étude des cinétiques d’absorption de deux espèces d’Ulva (U. prolifera et U. linza) a montré une meilleure adaptation de U. prolifera (Ks supérieur) à des milieux de fortes concentrations en nutriments par rapport à U. linza (Wang et Xie, 2013). De plus, l’absorption de NH4+ était plus rapide que celle de NO3- (Vmax). Une seconde étude portant sur U. prolifera a démontré une saturation d’absorption de l’azote et un effet de la température (absorption maximum à 20°C et minimum à 5°C) alors que celle du phosphore continuait d’augmenter avec les concentrations testées (jusqu’à 503 µmol l-1) et avec la température (Fan et al, 2013). Les ratios N/P et NO3-/NH4+ ont influencé l’absorption des nutriments avec des maximums d’absorption d’azote (33.9 ± 0.8 µmol g-1 DW h1) et de phosphore (11.1 ± 4.7 µmol g-1 DW h-1) à des ratios N/P de 7.5 et 2.2 respectivement. Cette étude a aussi montré une préférence d’U. prolifera pour le NH4+ par rapport au NO3- quand le ratio NO3-/NH4+ était inférieur à 2.2, préférence d’absorption qui devenait opposée pour un ratio entre 2.2 et 12.9. Cimav P1 – rapport final mars 2014 18 Les algues responsables des marées vertes sont généralement soumissent aux conditions du milieu intertidal et ont à faire face à d’extrêmes températures, radiations solaires, dessiccation, variations de salinité en développant des capacités d’adaptation importantes de leur physiologie et un ajustement au niveau moléculaire. Des modifications internes du métabolisme des algues ont été observées chez Ulva lactuca (Kumari et al, 2013). Les limitations en azote et phosphore affectent la biosynthèse des lipides et la biochimie d’U. lactuca induisant des changements de classes lipidiques, d’acides gras et des pertes de pigments réversibles lors du ré-enrichissement en nutriments (Kumari et al, 2013). Le contrôle au niveau physiologique de la production des algues vertes peut dépendre aussi de la salinité. Une étude sur Ulva pertusa (Xu et al, 2013) à différentes fluctuations de salinité a montré que sa croissance était favorisée par certaines fluctuations, ainsi que son taux photosynthétique (plus fort entre 30-25 et 30-20 mais plus faible entre 30-15) et son activité d’azote réductase (plus forte à des salinités fluctuant entre 3020). Cette étude met en évidence le fort potentiel d’adaptation d’U. pertusa aux fluctuations de salinité. La photosynthèse, base de la production primaire des macroalgues, peut être affectée par d’autres facteurs tels que l’irradiance lumineuse ou la dessiccation. Les travaux in situ de Kang et al (2013) sur l’écophysiologie de l’algue verte Prasiola stipitata, proliférant en automne en Baie de Fundy (Nova Scotia, Canada), ont montré l’influence de ces deux facteurs sur différents paramètres de la photosynthèse. Que cette algue soit soumise à une faible irradiance correspondant aux valeurs de la saison (3-300 µmol photons m-² s-1) ou bien forte correspondant à une valeur estivale (1800 µmol photons m-² s-1), sa photosynthèse reste inaffectée. Par contre, à partir de 60-80% de dessiccation une forte diminution de la photosynthèse a été observée. L’algue a une forte capacité de récupération totale de ses capacités de photosynthèse après réhydratation : 1h de réhydratation après 2 jours de dessiccation, 24h de réhydratation après 15 jours de dessiccation et après 30 jours de dessiccation une récupération seulement partielle a été observée. Ces travaux montrent une nouvelle fois le potentiel d’adaptation des algues vertes aux variations des paramètres environnementaux. L’adaptation de la photosynthèse du genre Ulva à des conditions de stress extrêmes serait probablement due à la présence du mécanisme photosynthétique de fixation du carbone C4 mise en évidence chez U. linza par Xu et al (2013) par des analyses génétiques. Jusque là assimilée à des mécanismes de type C3, la photosynthèse de U. linza a été attribuée aux voies métaboliques C4 (reflétant une évolution des mécanismes au cours du temps) par la présence d’enzymes clés dont l’expression variait entre des conditions normales et extrêmes de dessiccation et de salinité forte ou faible. Ces enzymes jouent un rôle important dans la fixation du carbone dont l’activation métabolique C4 en condition de stress augmenterait la tolérance de cette espèce. Par forte intensité lumineuse, les algues ont des mécanismes de photoprotection afin d’éviter une photoinhibition voire un dommage des photorécepteurs. Un des mécanismes à court terme de protection est l’extinction de fluorescence ou « quenching » non-photochimique (NPQ) qui dissipe l’énergie lumineuse absorbé en énergie thermique. La famille des antennes collectrices de lumière (Light Harvesting Complex LHC) joue un rôle important dans ce processus. Les protéines PSBS appartenant à cette famille et communément associées aux plantes supérieures ont été identifiées pour la première fois chez U. linza (Zhang et al, 2013) et U. prolifera (Mou et al, 2013). Cette protéine ainsi qu’une seconde protéine appartenant à la même famille, la LHCSR, ont été observées en augmentation à forte intensité lumineuse. Les concentrations de PSBS étaient plus fortes que celles de LHCSR chez U. prolifera (Mou et al, 2013) alors que l’inverse était observé chez U. linza (Zhang et al, 2013). Chacune de ces espèces possédaient un mécanisme NPQ dépendant de l’une ou l’autre de ces protéines mais aussi d’une régulation par le cycle des xanthophylles (Mou et al, 2013). Cette régulation est probablement une stratégie importante pour l’adaptation à un environnement stressant et représente un processus évolutif (Zhang et al, 2013). L’effet des variations des conditions environnementales sur la morphologie et physiologie des algues vertes proliférantes en Mer Jaune a été suivi lors de l’apparition et l’expansion du bloom au Sud jusqu’à sa diminution et déclin au Nord (Zhang et al, 2013). Le contenu en chlorophylle a (pigment participant à la photosynthèse) était significativement plus faible chez U. prolifera récoltée au Nord qu’au Sud, traduisant une meilleure performance de la photosynthèse chez les thalles provenant du Sud. De plus, l’activité de fluorescence a été mesurée par les paramètres Y(II) et Fv/Fm qui représentent respectivement (1) la proportion de lumière absorbée par la chlorophylle dans les photosystèmes II (PSII) lors du processus de photosynthèse et (2) le rendement quantique potentiel du PSII indiquant une exposition à un stress. En générale, les algues vertes ont des valeurs de Fv/Fm entre 0.7 et 0.75. Les thalles d’U. prolifera du Nord de la Mer Jaune avaient des valeurs de Fv/Fm de 0.55 significativement plus basses que celles des thalles du Sud. Cimav P1 – rapport final mars 2014 19 Zhang et al (2013) en ont déduit que les thalles du Nord de la Mer Jaune étaient soumis à des conditions de stress, les conditions naturelles du Nord n’étant pas favorables à la croissance d’U. prolifera, celles-ci déclinaient. Les algues opportunistes ont une forte capacité d’absorption des nutriments associée à une croissance rapide. Elles sont donc capables d’absorber, de stocker et de relarguer d’importantes quantités de nutriments dissous dans le milieu et jouent un rôle important dans les cycles de macronutriments (Lenzi et al, 2013). Elles peuvent utiliser les nutriments qu’elles ont stockés pour continuer leur croissance lorsque ceux-ci deviennent limitants. Lorsque finalement elles se décomposent, elles deviennent source de nutriments pour le milieu. Les accumulations denses d’algues opportunistes peuvent parfois s’étendre sur toute la colonne d’eau, limitant ainsi la pénétration de la lumière et créant des stratifications physicochimiques de la colonne d’eau. Proche du substrat, les conditions anoxiques engendrées par l’accumulation d’algues peuvent alors induire un relargage en phosphore qui devient fortement concentré au niveau des sédiments. Alors qu’en surface, sous l’effet d’une forte luminosité, la production est maximum et l’azote est absorbé par les algues ce qui créé un gradient de concentration allant du plus faible en surface au plus fort vers le fond. Dans des conditions de luminosité plus faibles, l’absorption des nutriments provenant du flux benthique sera réduite et les nutriments peuvent augmenter vers la surface de la colonne d’eau. Les variations en densité algale ainsi que les conditions météorologiques peuvent entrainer diverses conditions environnementales. Ces phénomènes ont été étudiés par Lenzi et al (2013) dans un lagon eutrophique à faible circulation d’eau du Sud de la Toscane (Italie). Les stratifications dues aux accumulations formées par quatre espèces proliférantes (Gracilariopsis longissima, Ulva laetevirens, Cladophora vagabunda, Chaetomorpha linum) ont été observées en surface et au fond de la colonne d’eau par des mesures de pH, température, oxygène dissous, salinité, nitrate, nitrite, ammonium, orthophosphates ainsi que les quotas internes en nutriments des algues et la réaction redox du sédiment. Les accumulations d’algues ont absorbé plus d’azote et de phosphore (quotas internes) dans les couches proches du fond de la colonne d’eau comparé aux couches de surface. De plus, les algues ont eu tendance à fixer plus d’azote que de phosphate par un phénomène de sélection des nutriments relargués par le sédiment. Ceci était reflété par un ratio d’azote inorganique dissous par rapport au phosphore soluble réactif DIN:SRP faible dans la colonne d’eau. Les accumulations de G. longissima et U. laetevirens ont eu une absorption assez équilibré avec un ratio atomique des tissus N:P proche de 30 alors que celles formées par C. vagabunda et C. linum présentaient une limitation plus importante en phosphore. D’une manière générale, les accumulations de faibles densités mais de grand volume occasionnaient des phénomènes de stratification dans la colonne d’eau mais pas de relargage de nutriment au niveau des sédiments. Au contraire, des accumulations de fortes densités qu’elles soient de grand ou de faible volume induisaient un effondrement de l’oxygène dissous. Cette anoxie accompagnée d’une valeur négative du potentiel redox des sédiments engendraient des processus de relargage des nutriments par le sédiment. Selon Lenzi et al (2013), la biomasse et la densité sont deux paramètres à distinguer dans les accumulations d’algues. La densité correspond à la distribution de la biomasse dans la colonne d’eau et dépend de la morphologie des thalles. Un thalle lourd aura tendance à former des accumulations compactes alors qu’un plus léger aura une distribution plus vaste dans la colonne d’eau. Le broutage est souvent considéré comme un facteur limitant le développement des algues vertes basé sur leur vulnérabilité structurelle (morphologie simple de quelques cellules d’épaisseur) comparé à des espèces de morphologie plus complexe comme les fucales. Cependant, une étude portant sur la préférence alimentaire entre Fucus vesiculosus et U. intestinalis de l’amphipode Echinogammarus marinus qui est abondant dans les canopées des estuaires Nord Atlantique a montré une consommation effective de F. vesiculosus comparé à U. intestinalis (Martins et al, 2014). 2.6.3.4. Impact direct des accumulations de macroalgues (et de leur ramassage) sur l’écosystème Les études parues récemment ont fait état de l’impact des dépôts algaux sur le benthos, sur les zostères et également sur les zones de schorres. Il est souvent montré que la présence de dépôts d’algues provoque une anoxie et prive de lumière les individus se trouvant sous les algues. Le paradigme d’un effet négatif direct des proliférations d’algues vertes sur les herbiers de zostère a été remis en question dans les estuaires soumis aux upwellings du Nord Est Pacifique (Hessing-Lewis et Cimav P1 – rapport final mars 2014 20 Hacker, 2013). Les herbiers seraient directement affectés par les variations en azote et en salinité induis par les upwellings plutôt que par les algues vertes. Les algues vertes peuvent être responsables d’un enrichissement des eaux où elles prolifèrent. Les contenus en monosaccharides (MCHO) et polysaccharides (PCHO) dissous dans les eaux de surfaces ainsi que dans les microcouches de surface (surface d’échange avec l’atmosphère) ont été comparés durant deux périodes : les proliférations d’U. prolifera (juillet) et celles exemptes de proliférations (novembre) en Baie de Jiazhou proche de Qingdao et ses eaux adjacentes (Zhang et al, 2013). Ces carbohydrates représentent une importante fraction du carbone inorganique dissous entrant dans le cycle du carbone marin. Ils sont synthétisés par les producteurs primaires tels que les algues comme énergie, stockage et matériel de structure et sont relargués au cours du métabolisme cellulaire ou lors de la désintégration des matériaux. Les concentrations en MCHO et PCHO étaient plus fortes en période de proliférations que pendant celles de non-prolifération. De tels changements peuvent affecter les cycles biogéochimiques. Par exemple, les composés relargués par U. prolifera en décomposition, combinés à des conditions optimales de température, lumière et nutriments, auraient favorisé le développement de la marée rouge du raphidophyte Chattonella marina qui a eu lieu en août 2008 sur les côtes de Rushan, péninsule de Shandong, Chine (Song et al, 2013). De plus, un changement de communauté de phytoplancton induit par la marée verte d’U. prolifera a été observé en Mer Jaune aboutissant à une dominance de Thalassionema nitzschioides (Song et al, 2013). Les schorres sont des écosystèmes plus rarement étudiés par rapport à l’impact des proliférations de macroalgues. En Rhode Island (USA), une étude menée à la fois in situ et en laboratoire a montré que les nutriments produit lors de la décomposition des macroalgues avait un effet positif sur la concentration en azote du sédiment ainsi que sur la croissance de Spartina alterniflora alors que cette même croissance était réduite in situ (Newton et Thornber, 2013). Ces résultats suggèrent que les accumulations de macroalgues et le relargage d’azote qui s’en suit pourraient être bénéfiques dans des zones où l’azote est limitant alors que pour des zones eutrophiques, les tapis de macroalgues causeraient des dommages physiques (casse et étouffement des plants). Les proliférations d’algues vertes pourraient affecter la structure des réseaux trophiques et des communautés benthiques. Dans le Golfe du St Laurent (Canada), les réseaux trophiques des herbiers de Zostera marina ont été impactés par l’algue verte U. lactuca. Des différences significatives au niveau des proies trouvées dans les contenus stomacaux de choquemorts (Fundulus heteroclitus) ont été observées. De plus, l’analyse des isotopes stables a montré un pic de carbone dans la matière organique particulaire en juillet, au début de l’anoxie provoquée par la prolifération d’U. lactuca, indiquant une dominance totale du carbone benthique dans les réseaux trophiques pélagiques durant ce mois. Les proliférations d’algues vertes pourraient exercer une forte influence sur les cycles de nutriments dans les estuaires en voie d’eutrophisation pendant les épisodes anoxiques. Les accumulations d’algues vertes peuvent induire des changements dans la composition des communautés benthiques. En Baie de Cadiz (Espagne), une forme tubulaire du genre Ulva prolifère et son accumulation suivie de sa décomposition a eu un impact sur les facteurs environnementaux avec pour conséquence une augmentation de la matière organique, du carbone organique, de l’azote total, de la chlorophylle a et des nutriments inorganiques : ammonium, phosphore et silicate (Bohoquez et al, 2013). Les dépôts d’algues auraient aussi réduit les fluctuations saisonnières des communautés de la méiofaune en les protégeant de l’érosion et de la dessiccation dues aux marées. Les augmentations des apports organiques et inorganiques provenant des détritus algaux ont favorisé la voie détritique dans les sédiments impactés par les algues vertes. En servant de source d’énergie pour la meiofaune, l’apport des algues vertes a favorisé une augmentation de son abondance et un changement de composition des communautés vers une dominance par les nématodes, se nourrissant des dépôts de détritus, des microalgues et des bactéries associées. Au contraire, les sites non impactés par les algues vertes, reposaient sur un fonctionnement basé sur la présence majoritaire de brouteurs consommant la production primaire du microphytobenthos. Ces deux systèmes dépendaient d’une régulation par des interactions allant de bas en haut (bottom-up) basée sur des relations soit décomposeurs-détritus algaux, soit brouteur-production primaire microphytobenthique contrôlant la composition et la taxonomie de la meiofaune. Les travaux de Hardison et al (2013) ont montré en mesocosmes que l’accumulation de macroalgues (Gracilaria vermiculophylla) diminuait la labilité de la matière organique du sédiment et son accumulation sous l’action de l’ombrage des algues qui diminuait le microphytobenthos et la biomasse des bactéries. L’effet de l’ombrage se reflétait sur la composition du Cimav P1 – rapport final mars 2014 21 sédiment exposé à l’accumulation d’algues qui se rapprochait plus d’un sédiment laissé à l’obscurité qu’à la lumière. Les travaux de Carriço et al (2013) rejoignent les conclusions précédentes par l’observation d’impact des proliférations d’algues vertes sur la meiofaune en comparant deux plages (impactée vs non-impactée) du Finistère Sud. Les auteurs proposent d’utiliser la composition et diversité de la meiofaune et notamment des nématodes comme indicateur biologique d’impact causé par les proliférations de macroalgues. Une quantification d’un seuil d’impact des accumulations de macroalgue sur la macrofaune des sédiments intertidaux de Californie (USA) a été proposée (Green et al, 2013). L’impact de tapis composés du genre Ulva de différentes épaisseurs (0, 1, 1.5, 2.5, 3.5 et 5 cm) a été testé. Dès 1 cm d’épaisseur (110-120 g DW m²), un effet négatif significatif et rapide a été observé avec une réduction de 67% de l’abondance de la macrofaune et de 19% de la richesse en espèces. Des espèces de groupes fonctionnels clés de l’écosystème ont disparu notamment les dépositivores de surface pour un site, les filtreurs et les herbivores pour un autre site. L’abondance de 110-120 g DW m-² d’accumulation de macroalgues a été retenue comme valeur seuil ayant un impact négatif dans les estuaires eutrophiques. Les proliférations d’algues vertes sont aussi responsables de perturbation physique du milieu (turbidité, érosion). L’impact de ces perturbations sur les herbiers du Fjord d’Odense (Danemark) a été étudié par la modélisation des fréquences et impacts des proliférations de Chaetomorpha linum afin de décrire et quantifier l’intensité et la distribution spatiale du substrat affecté (Canal-Vergés et al, 2014). Les proliférations C. linum se sont dispersées jusqu’à une distance de 170 km. Les aires impactées représentaient entre 16% et 96.5% de la surface totale du Fjord et l’intensité de dérive des macroalgues variait entre 0.003 et 13 m² d’algues m-². Des valeurs aussi fortes reflétaient l’impact majeur de la lumière disponible réduite par la resuspention de sédiments des substrats avec ou sans herbiers sous l’action abrasives des zones affectées par des algues dérivantes. Sous ces conditions, les herbiers subissent des dommages et une augmentation de la mortalité des jeunes plants. 2.6.3.5. Effets généraux de l’eutrophisation côtière sur les équilibres biologiques L’eutrophisation exerce une pression sur le milieu marin et rend celui-ci plus vulnérable face aux changements environnementaux. Une étude portant sur les populations subtidales de Gelidium corneum des côtes basques a mis en évidence un effet des pressions anthropiques notamment liés aux relargages des exutoires ainsi qu’à l’exploitation de cette espèce (Borja et al, 2013). Ces pressions ont fortement réduit la résilience des tapis de macroalgues et augmenté les pertes de biomasse et de recouvrement en macroalgues induites par des changements climatiques tels que l’augmentation de la force des vagues. Allant dans ce sens, les travaux de Rubegni et al (2013) proposent un modèle basé sur l’exposition au vagues (Wave Exposure Model : WEMo) afin d’estimer la corrélation entre les zones exposées à un fort hydrodynamisme et la biomasse de zostères. L’eutrophisation s’accompagne généralement d’une baisse en oxygène dissous et de crises anoxiques ayant un impact négatif sur le fonctionnement des écosystèmes. Lovato et al (2013) ont proposé un modèle capable de prédire les évolutions d’oxygène dissous ainsi que la croissance algale qui accompagne les évènements d’anoxie. Ce modèle est mis en avant par les auteurs comme un outil utile à l’estimation des états environnementaux des écosystèmes côtiers requis par les législations nationales et internationales. D’autres outils de diagnostic de l’eutrophisation de plus en plus reconnus sont les bioindicateurs de nutriments. Alquezar et al (2013) ont proposé une méthode de transplant de bioindicateurs afin de détecter les taux d’apport en nutriments par les rejets industriels. L’algue brune Sargassum flavicans a été transplantée dans la zone de rejet d’une raffinerie de nickel au Nord Est de l’Australie et les changements des ratios en isotopes stables 15N et 13C des tissus algaux ont été comparés à ceux de sites contrôles. Une augmentation d’une magnitude de 3 ou 4 du δ15N a été observée chez S. flavicans transplanté proche de la raffinerie. Cette méthode peut être utile afin de suivre l’absorption de l’azote dans le temps et peut servir comme technique d’échantillonnage passif dans les suivis de nutriments. Une étude à long terme (1980s à 2010) de l’estuaire du Mondego (Portugal) a mis en évidence les changements produits par l’eutrophisation en comparant pour la période pré-eutrophisation (1980s), la période d’eutrophisation (1990s) et la période d’atténuation de l’eutrophisation faisant suite à des actions de gestion (2000-2010), la dynamique et la production des populations de l’amphipode Echinogammarus marinus (Leite et al, 2014). Les résultats reflétaient les variations environnementales observées depuis les années 80 avec une production et une densité minimale en période d’eutrophisation et un rétablissement partiel Cimav P1 – rapport final mars 2014 22 n’atteignant pas encore le niveau des années 80 pour la période 2000-2010. E. marinus est sensible aux variations environnementales et il a été proposé par les auteurs comme bioindicateur de l’eutrophisation. L’eutrophisation associée à une perturbation telle que la surpêche peut affecter les écosystèmes marins. Dans les milieux coralliens, les communautés benthiques face aux pressions anthropiques peuvent passer d’un système dominé par les récifs coralliens à un système dominé par les algues. Une étude menée en Mer Rouge (Arabie Saoudite) a montré un effet combiné d’un enrichissement en nutriments et de l’exclusion des poissons herbivores (simulant la surpêche) alors que l’enrichissement seul ne semblait pas affecter les récifs coralliens (Jessen et al, 2013). En absence d’herbivores, la biomasse des algues était 300 fois supérieure à celle des contrôles et conjointement avec un enrichissement, elle devenait 500 fois supérieure. Le ratio algal C/N était plus faible en combinant les deux facteurs (18±1) que dans les contrôles (26±2). De plus, l’exclusion d’herbivores augmentait significativement les abondances des algues filamenteuses et réduisait les algues encroûtantes corallinacées et ce phénomène était plus prononcé dans des conditions enrichies en nutriments. L’effet simultané d’une eutrophisation et d’une surpêche favoriserait le développement des algues filamenteuses non calcifiantes avec une forte production en biomasse qui éliminerait les algues encroûtantes calcifiantes poussant en conditions non perturbées. D’une manière générale, les récifs coralliens tels que la grande barrière de corail ont vu leur couverture de coraux diminuer de plus de 70% le siècle passé et cette diminution est largement attribuable aux états chroniques d’eutrophisation (Bell et al, 2013). Les maladies ont affecté les coraux et les étoiles de mer ont proliféré, mettant en évidence la nécessité de diminuer les valeurs actuelles reconnues comme déclanchement de l’eutrophisation (Chl a ~ 0.4-0.45 mg m-3) à 0.2 mg m-3 afin de préserver les récifs coralliens. Les macroalgues accumulées lors des phénomènes d’eutrophisation peuvent libérer des composés allélopathiques comme la dopamine chez Ulvaria obscura qui aurait un effet néfaste indirect sur d’autres organismes (ex : répulsif pour les herbivores ou nuisible pour des compétiteurs) et qui malgré des pertes occasionnées à elle-même, aurait des bénéfices net non négligeables (van Alstyne et al, 2013). Ces composés seraient produits sous l’effet de stress environnementaux tels que la dessiccation, la température comme observé chez Ulva lactuca et Ulvaria obscura pour la sécrétion d’oxydant (ROS : Reactive Oxygen Species) (van Hees et al, 2013). Des effets allélopathiques algicides sur l’espèce phytoplanctonique Prorocentrum donghaiense ont été mis en évidence chez U. pertusa et U. prolifera (Renjun et al, 2013). 2.6.3.6. Origine des sels nutritifs et leur gestion au niveau des bassins versants ou directement in situ Les nutriments proviennent d’une façon générale des apports des bassins versants et sont liés à l’activité humaine (activité agricole, rejets urbains…). Par exemple, les fermes piscicoles, qu’elles soient situées en mer ou sur terre, participent aux rejets de nutriments. Une augmentation en azote a été mesurée comme résultante des exutoires de fermes piscicoles basées à terre en Espagne (Carballeira et al, 2013). En Norvège, malgré une production intensive des fermes de saumons, la qualité des eaux était restée très bonne et les communautés de macroalgues intertidales et subtidales avait un statut écologique très bon et bon respectivement (Husa et al, 2013). L’impact des activités de pisciculture était faible dans le fjord étudié bien que les résultats sur la faune indiquaient une capacité d’absorption de ces rejets proche de la limite. En Floride, l’excrétion des poissons vivant en milieu naturel dans les récifs coralliens fourniraient 25 fois plus d’azote que n’importe quelle autre source biotique ou abiotique (Burkepile et al, 2013). L’effet de ces nutriments serait contexte-dépendant et renforcerait soit la domination des coraux, soit leur diminution au profit des macroalgues suivant l’état initial des communautés. Les sources de sels nutritifs provenant généralement des apports fluviaux peuvent aussi provenir du relargage des sédiments ou bien, dans certaines régions du monde, d’upwellings. Par exemple, les accumulations d’algues vertes formant des rideaux dans la colonne d’eau en forte densité seraient responsables de stratification modifiant le potentiel redox et entrainant la libération de nutriment par le sédiment (Lenzi et al, 2013). L’importance du potentiel redox du sédiment, spécialement pour le fer (Fe) et le soufre (S), a aussi été observée par Krall et al (2013). Celui-ci s’ajoute aux propriétés du sédiment dans le contrôle du recyclage du Cimav P1 – rapport final mars 2014 23 phosphore benthique. Les auteurs ont souligné la nécessité de découpler ce dynamisme et les phénomènes d’oxygénation dans la colonne d’eau afin de comprendre l’évolution des nutriments dans les milieux eutrophiques. L’influence des algues vertes sur le relargage du phosphore par les sédiments a été confirmée par une expérience menée en laboratoire (Gao et al, 2013). Celle-ci a démonté que les sédiments pouvaient fournir du phosphore nécessaire à la croissance de Chaetomorpha quand les concentrations en phosphore étaient faibles dans l’eau. Ce mécanisme de relargage de Fe/Al-P avait lieu dans des conditions de fort pH produites par les fortes accumulations de Chaetomorpha. Le relargage par les sédiments peut être intensifié par remise en suspension du sédiment par exemple liée aux activités de récolte de macroalgues effectuées par bateau. Des mesures faites dans un lagon eutrophique d’Italie ont montré un réarrangement significatif de C, N, S et P redéposé à partir des panaches de sédiment remis en suspension par les bateaux (Lenzi et al, 2013). La quantité de sédiment redéposée ainsi que le soufre diminuaient d’autant plus que la distance par rapport au passage des bateaux augmentait. A l’inverse, la valeur de phosphore total était la plus importante à une distance de 100 m. Transport qui était probablement favorisé par une fixation du phosphore sur des particules très fines de vase et de matière organique. Le long des côtes du Nord Est Pacific, Hessing-Lewis et Hacker (2013) ont montré que d’intenses upwellings responsables d’apport en azote inorganique dissous marin et de variation de salinité pouvaient être à l’origine d’un développement des marées vertes dans les zones estuariennes. De plus, la contribution de ces apports à la production d’algues du genre Ulva était plus importante que celle des apports d’origine terrigène. Afin d’évaluer les apports anthropiques en azote, le ratio d’isotope stable δ15N des macroalgues est communément utilisé comme bioindicateur (ex : Carballeira et al, 2013, Alquezar et al, 2013). Bien que l’utilisation des macroalgues dans ce but ne soit pas remise en cause, des précautions seraient à prendre lors de l’interprétation des résultats. En effet, le δ15N des macroalgues ne reflèterait pas seulement les concentrations en azote inorganique provenant des apports anthropiques en zone côtière mais aussi d’apports naturels tels que les upwellings (Viana et Bode, 2013) ou pourrait être modifié par le métabolisme de l’algue dépendant des paramètres environnementaux (Raimonet et al, 2013). De plus, la variabilité des apports en azote inorganique ne laisserait pas toujours de trace isotopique chez les algues (Viana et Bode, 2013). Des éclaircissements sont encore nécessaires à ce sujet. Une réflexion menée par Aurousseau (2013) sur l’évaluation de l’impact de l’eutrophisation sur les cours d’eau a souligné l’importance de raisonner à la fois en flux de nutriment et en concentrations afin d’établir un diagnostic de la qualité des eaux. En effet, la norme de 50 mg l-1 de nitrate permettant de considérer l’eau comme potable est loin des concentrations mises en avant par les études scientifiques portant sur les flux de nitrate pour réduire les marées vertes. De plus, si les moyens à mettre en œuvre au niveau agronomique seraient possibles pour atteindre 50 mg NO3- l-1, l’obtention de valeurs plus faibles nécessiterait une remise en cause des systèmes agricoles actuels. L’évaluation des flux, souvent très dépendante des débits des cours d’eau, est problématique car elle dépend de fréquences suffisantes de mesures de concentration et de la mise en relation des stations où sont mesurées ces concentrations (suivi de qualité) et les stations de suivi des débits (station limnimétrique) qui sont bien souvent géographiquement distinctes. Plusieurs extrapolations et corrections sont alors nécessaires pour obtenir le flux sortant et le flux spécifique d’un bassin versant. Afin de réduire l’eutrophisation, des objectifs de réduction du flux sortant et du flux spécifique sont alors fixés et convertis en objectif de réduction du flux entrant dans le bassin versant pour en réduire ces excédants sortants. La plupart des fleuves et rivières de Bretagne ont des concentrations en azote inorganique à l’exutoire de l’ordre de 500 et 1000 µmol l-1 (30 à 60 mg l-1 de nitrate). Or, l’absorption de l’azote par les algues vertes est possible dans des eaux fortement chargées entre 100 et 1000 µmol l-1. Obtenir une concentration aux exutoires de 100 µmol l-1, reviendrait à une dilution par 5 ou 10 afin de réduire la croissance des algues vertes. L’importance des flux a été mise en évidence dans une étude des estuaires du Sud de la Californie (USA) montrant que les effets des sources anthropiques de nutriment peuvent être exacerbés par le débit saisonnier des cours d’eau mais aussi par la proximité des exploitations agricoles par rapport à l’estuaire étudié (Kennison et Fong, 2013). Les différences entre ces paramètres peuvent être à l’origine de fortes différences Cimav P1 – rapport final mars 2014 24 en termes de décalage temporel et de signes d’eutrophisation entre estuaires pourtant très proche géographiquement. Un exemple de réduction en apport de nutriment a été publié et porte sur la diminution du phosphore par traitement des eaux usées des stations d’épuration (Xie et al, 2013). Des différentes formes de sel ferreux testées (le chlorure ferrique, le polychlorure ferrique et l’hydroxyde ferrique), le chlorure ferrique (dosage 40 mg l-1) a été le seul à réduire le phosphore jusqu’à 90% avec un passage du phosphore total de 1.74 mg l-1 à 0.17 mg l-1 dans les eaux traitées. En Chine, une revue a souligné l’importance de promouvoir les moyens de prédiction, prévention et mise en place de mesures d’atténuation des phénomènes d’eutrophisation notamment par des alertes dès la formation de prolifération et par des systèmes de prévision et de mesures adaptés à la gestion de désastre (Dan et al, 2013). Une étude sociétale sur la persistance de marées vertes en Bretagne a été menée afin de mettre en évidence les processus qui ralentissent la mise en place d’une agriculture raisonnée et durable (Diaz et al, 2013). Partant du constat que, malgré le consensus scientifique sur les causes et les moyens de remédiation des marées vertes, les pressions de la société civile, les propositions de pratiques de production alternatives, les politiques mises en place pour arriver à une évolution, peu de changements sont observables et les marées vertes se répètent de façon annuelle. Les auteurs ont analysé les relations entre les différents acteurs impliqués à différents niveaux dans ces processus et ont établis une théorie sur le réseau des acteurs (Actor Network Theory : ANT) comprenant une dynamique d’interactions entre niche et régime (Figure 4). La Baie de Lannion représente un exemple classique d’une impasse de développement durable où seulement un nombre limité de changements techniques ont été mis en place malgré les propositions de pratiques alternatives de la part des acteurs de la niche qui sont incompatibles et se heurtent aux valeurs des acteurs du régime qui, ne pouvant être intégrées, aboutissent à une impasse. Figure 4 : Réseau reliant les acteurs de l’agriculture et de l’environnement (politique, recherche) et leurs différents niveaux d’interaction (national, régional, local). Certains acteurs se recoupent entre la niche et le régime (gris clair). D’après Diaz et al, 2013. Le témoignage du Comité Scientifique Algues Vertes (CSAV) qui avait été constitué afin de valider les principales orientations du Plan de Lutte contre les Algues Vertes (PLAV) mis en place en 2010 par le gouvernement français rejoint l’étude sociétale ci-dessus (Aquilina et al, 2013). Lors de l’examen de huit plans d’actions territoriaux proposés par périmètres de SDAGE (Schémas Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) du bassin Loire-Bretagne, la logique rationnelle et scientifique « objectifs-actions » s’est heurtée à des logiques socioculturelles des acteurs de terrain laissant un sentiment de rendez-vous manqué au CSAV. La présence d’un comité scientifique en appui à une décision politique était relativement inédite et si aucun projet n’a été retenu, les expertises apportées par ce comité ont toutefois permis certaines évolutions et l’identification de dynamiques positives en vues d’actions plus efficaces. Cimav P1 – rapport final mars 2014 25 D’une façon générale, les différences entre les intérêts économiques du tourisme et de l’agriculture dans la résolution des marées vertes par des mesures politiques de réduction des apports en nutriments sont sources de tensions entre les différents acteurs que ce soit au niveau national, européen ou mondial (Smetacek et Zingone, 2013). Dans ce contexte, selon Lacroix et al (2013), un des challenges en science marine et pour les gouvernements est d’améliorer les conseils scientifiques sur la gestion d’atténuation de l’eutrophisation dans les mers d’Europe. Pour y parvenir, il est nécessaire de développer les connaissances sur les processus qui contrôlent l’eutrophisation et ses conséquences, d’établir un indicateur d’eutrophisation harmonisé et efficace, d’identifier les principales rivières directement ou indirectement responsables de l’eutrophisation, d’avoir une approche intégrée multidisciplinaire et de réaliser des scénarios réalistes s’appuyant sur une base scientifique de réduction en nutriments. Le but du projet SEA-ERA EMoSEM (Ecosystem Models as Support to Eutrophisation Management) de l’océan Nord Atlantique est de proposer un état de l’art des outils de modélisations décrivant le continuum rivière-océan dans les mers continental du Nord Est Atlantique. Ceci permettra de relier les nuisances d’eutrophisation relatives à des régions marines spécifiques avec les apports anthropiques et de remonter jusqu’aux sources afin de tester des options de réduction en nutriment qui pourront être appliquées à ces sources. Le projet proposera des indicateurs et des niveaux de références qui serviront à estimer les statuts de bon état environnementaux (Good Environmental Status : GES). Dans le même but, de nombreux outils et études ont été développés. L’outil de modélisation CASIMOD’N (Catchment and Agricultural Systems Integrated MODel for Nitrogen) développé par Moreau et al (2013) permet d’intégrer l’effet des pratiques agricoles des exploitations sur la dynamique de l’azote au niveau du bassin versant. Ce modèle est innovant car il prend en compte le niveau des pratiques agricoles basé sur les stratégies de production, les décisions des exploitants et ce qu’elles représentent au niveau de la gestion des pratiques et le lien entre les systèmes d’exploitation agricole, leurs pratiques et la pollution de l’eau. Les analyses intégrant à la fois les causes (qualité de l’eau) et les effets (réponse écologique d’indicateurs) de l’eutrophisation représentent de meilleurs outils de diagnostic que ceux uniquement basés sur les taux de nutriments. Ainsi, en Mer de Bohai (Chine), l’application d’une telle méthode a permis de clairement identifier les zones ayant les plus sérieux problèmes d’eutrophisation alors que la méthode basée sur les index de nutriments seuls donnait des résultats ambigus (Wu et al, 2013). Dans le cadre des directives européennes, le SQI (Seagrass Quality Index) a été développé par Neto et al (2013) pour estimer la qualité écologique des herbiers intertidaux des systèmes côtiers et estuariens et répond aux exigences de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE ou Water Framework Directive). Une étude de cas sur l’eutrophisation de la Mer du Nord a mis en relation les critères d’eutrophisation de la Directive Cadre sur les Stratégies Marines (Marine Strategy Framework Directive : MSFD) notamment les statuts de bon état environnementaux (GES) et les services rendus par l’écosystème marin pour montrer comment le bien-être humain au niveau économique peut être affecté par l’eutrophisation (O’Higgins et Gilbert, 2013). L’application de différentes évaluations d’eutrophisation provenant à la fois de l’Union Européenne (DCE) et des Etats Unis (ASSETS) à 23 estuaires du Sud de la Californie a montré que bien que l’eutrophisation prédominait à l’échelle de la région, l’estimation à l’échelle d’un estuaire dépendait des indicateurs utilisés et des échelles de temps et d’espace sur lesquelles était effectué le suivi (McLaughlin et al, 2013). Les auteurs ont suggéré de prendre certaines précautions quant à (1) l’application d’indicateurs spécifiques pouvant varier d’un estuaire à l’autre, (2) le moment auquel était fait l’estimation du fait d’une variabilité de l’expression de l’eutrophisation dans le temps, (3) au protocole d’échantillonnage et de gestion des données pouvant influencer les conclusions. Selon McLaughlin et al (2013), le cadre de ces évaluations est voué à évoluer avec le nombre croissant de travaux les testant afin d’adapter au mieux les indicateurs à chaque habitats, le seuil de ces indicateurs, la fréquence et durée de leurs observations. L’application des mesures de gestion de l’eutrophisation nécessite des suivis afin d’évaluer les bénéfices apportés à l’écosystème marin. Plusieurs publications font état des changements observés suite à la réduction de l’eutrophisation. Les études spatio-temporelles permettent de suivre l’état de santé écologique des écosystèmes marins. Après réduction de l’eutrophisation de l’étang de Berre, la restauration des herbiers a été étudiée par une analyse Cimav P1 – rapport final mars 2014 26 spatio-temporelle des communautés de macrophytes (Ulva et Zostera) utilisant plusieurs types d’analyses statistiques de correspondance détaillées par Manté et al (2013). En Mer Baltique, le Plan d’Action de la Mer Baltique (Baltic Sea Action Plan : BSAP) repose principalement sur le suivi de l’amélioration de la transparence de l’eau (mesurée grâce au disque de Secchi) indicatrice d’une réduction de l’eutrophisation. Les effets de ce plan sur les espèces et habitats clés ont été estimés par modélisation (Bergström et al, 2013). En utilisant trois techniques de modélisation, il a été montré que l’amélioration de la transparence de l’eau (réduction de l’eutrophisation) induirait une augmentation de la distribution de Fucus vesiculosus alors qu’aucun changement ne serait observé pour les herbiers de Zostera marina, Le recrutement de la perche Perca fluviatilis augmenterait alors que celui de Sander lucioperca diminuerait. Les auteurs ont souligné qu’une différence profonde de réponse entre espèces à la remédiation de l’eutrophisation aurait des conséquences sur le fonctionnement de l’écosystème notamment sur les réseaux trophiques qui se répercutera sur les services socio-économiques rendus à l’homme par l’écosystème de la Mer Baltique. Apres les mesures de restauration prises dans la lagune au Nord de Tunis (Tunisie) entre 1985 et 1988, un suivi de 3 ans de la qualité de l’eau a montré une meilleure circulation de l’eau dans la lagune accompagnée d’une réduction nette des concentrations en nutriments (Trabelsi et al 2013). De même, dans l’estuaire de Mondego (Portugal), après des premières mesures prises en 1998 et un rétablissement complet de la circulation d’eau en 2006 afin de remédier à l’eutrophisation, une étude à long terme (25 ans) des communautés benthiques intertidales des herbiers de zostères a montré différents degrés de rétablissement de la part des communautés rendant complexe l’interprétation des effets d’une tel intervention (Marques et al, 2013). En Grèce, le Golfe de Saronikos recevait jusqu’au milieu des années 90, les rejets non traités de la métropole d’Athènes subissant une forte urbanisation depuis les années 50. Cette eutrophisation à long terme se traduisait par une faible diversité du phytobenthos dominé par des algues vertes opportunistes telles qu’ Ulva spp. et Cladophora spp. (Tsiamis et al, 2013). Au milieu des années 90, une usine de retraitement des eaux a permis de traiter la totalité des rejets d’Athènes induisant une nette diminution des apports en nutriments et en matières organiques. Cette re-oligotrophisation a eu pour conséquences une augmentation de la biodiversité et une nette diminution des abondances d’algues vertes. 2.6.3.7. Valorisation des algues vertes Les voies de valorisations des algues vertes sont multiples. Différents composés chimiques peuvent en être extraits et utilisés par exemple dans l’industrie alimentaire, comme filtre biologique ou encore comme biofuel. Smetacek et Zingone (2013) suggèrent qu’une collecte directe des ulves sous forme libre et flottante avant leur échouage serait logique car moins couteuse et limiterait les nuisances liées aux échouages. Ils citent en exemple la bioraffinerie Olmix qui vient de voir le jour en Bretagne et dont un des buts est de développer un additif alimentaire à base d’ulve comme alternative à ceux actuellement utilisés dans les piscicultures. Une revue de Silva et al (2013), répertoriant les travaux effectués entre 1985 et 2012, liste les différents métabolites secondaires et isolés présents chez le genre Ulva, les activités biologiques de ces extraits organiques ainsi que leurs applications potentielles. Les composés prédominants chez Ulva sont les terpènes, les polyphénols et les stéroïdes trouvés chez différentes espèces : U. lactuca, U. fasciata, U. pertusa et U. rigida. Ces composés ont des propriétés biologiques variées comme des activités antibactériennes, antiinflammatoires, antiprolifératives, antivirales, anti-fongiques, antinéoplasiques, anti-cancer, anti-obésité, antidiabétiques, anti-hypertensives, anti-hyper-lipidiques et antioxydantes. Parmi les composés du genre Ulva, le polysaccharide sulfaté : ulvane présente un intérêt pour des applications alimentaires, pharmaceutiques et agricoles. D’autres composants, les stérols sont capables de réduire le niveau de cholestérol, de limiter les dépôts de gras dans le foie et le cœur. L’Ulva est une source importante de PUFAs (acides gras polyinsaturés) pouvant servir dans l’alimentaire. Les qualités nutritionnelles des Ulva sont reconnues, leur consommation déjà bien développée dans les pays asiatiques, s’étendant petit à petit aux pays occidentaux avec l’exemple de la France où elles ont été autorisées comme légumes. L’usage de ces algues comme bio-filtre dans le traitement des nutriments des eaux usées, industrielles ou provenant de la mariculture est abordé. Le caractère immunologique et antioxydant des activités biologiques des polysaccharides extraits chez U. linza a été montré avec une utilisation potentielle dans le domaine de la santé ou comme aliment fonctionnel Cimav P1 – rapport final mars 2014 27 (Zhang et al, 2013). De même, l’ion superoxyde dismutase (Fe-SOD) connu pour ses qualités antioxydantes, anti-cancer et employé dans l’industrie alimentaire, cosmétique et en médecine a été extrait chez U. linza (Lü et al, 2013). Dans le but d’une bio-remédiation utilisant le genre Ulva pour le traitement des eaux usées provenant de l’aquaculture basé sur terre à l’Est de l’Australie, Lawton et al (2013) a sélectionner l’espèce locale U. ohnoi ayant la croissance la plus rapide et une large répartition géographique afin d’obtenir une bio-filtration la plus efficace. Les capacités d’absorption en métaux lourds (NiII, CdII, PbII) ont été démontrées chez U. linza qui pourrait servir à filtrer les eaux usées contaminées à moindre coût (Yalçin, 2013). Enteromorpha sp. a été utilisé comme décolorant biologique pour la teinture rouge (BR46) avec un rendement optimal de 83.45% de décoloration après 5h de réaction à une température de 25°C, pour une biomasse algale de 2 g et une concentration initiale de teinture de 15 mg l-1 (Khataee et al, 2013). Un problème majeur posé par les proliférations d’algues vertes est de trouver un moyen de valoriser les grandes quantités de biomasse produites. En Australie, l’utilisation de la macroalgue Microdictyon umbilicatum comme compost organique a été testé (Winberg et al, 2013). Ce compost, répondant aux standards de sécurité australiens, a montré un apport bénéfique à la croissance de deux espèces côtières de plantes terrestres et correspond à une utilisation efficace d’une ressource marine autrement considérée comme une nuisance. Un développement grandissant de l’intérêt pour l’utilisation des algues comme biocarburant et comme énergie renouvelable alternative se reflète dans la littérature publié en 2013. Les revues de Stephens et al (2013) et Kraan (2013) présentent les avantages, les inconvénients et les enjeux de ce type de valorisation. Bien que la culture des macroalgues soit couteuse à mettre en place, elle serait plus productive, moins consommatrice d’eau et relarguerait moins de nutriment qu’une culture conventionnelle (maïs, canne à sucre). Même si la quantité de fuel ou d’énergie produite serait plus faible que celle obtenue avec les microalgues, une culture de masse serait moins couteuse. Cette biomasse serait convertie thermochimiquement ou dérivée par des procédés biochimiques tels que : la liquéfaction hydrothermale, mais aussi la carbonisation ou la gazéification hydrothermale ainsi que la pyrolyse par micro-ondes. Dans ce contexte, les algues vertes ont fait l’objet de travaux explorant leur potentiel à produire des biocarburants. Des essais d’extraction de lipides chez Chaetomorpha linum, Ulva laetevirens, (Enzi et al, 2013, Borghini et al, 2013), de conversion thermique par pyrolyse d’U. prolifera (Zhao et al, 2013, Song et al, 2013), d’hydrolyse enzymatique d’U. fasciata (Trivedi et al 2013), de biométhanisation d’U. lactuca (Allen et al, 2013) ont mis en évidence le potentiel d’une utilisation de ces algues pour la production de biocarburant. Saqib et al (2013) mettent en avant l’utilisation d’une approche de bioraffinerie intégrée afin de réduire les problèmes qui subsistent dans la conversion de biomasse algale en bioénergie. En plus de la production de biocarburant, U. prolifera possèderait un potentiel en matière de production électrique. Wang et al (2013) ont obtenu la génération d’électricité par hydrolyse de cette algue. La liste bibliographique correspondant à cette veille est reportée en annexe. Cimav P1 – rapport final mars 2014 28 3. CONCLUSION PERSPECTIVES L’action d’expertise, d’information et de soutien aux collectivités dans la lutte contre les marées verte s’est poursuivie sur un rythme toujours soutenu en 2013 notamment du fait des demandes des SAGEs (diagnostic initial ou mise à jour), des comités thématiques algues vertes liés au plan gouvernemental mais aussi des socio professionnels et du grand public (via les médias) et du milieu éducatif. Le recueil des informations de flux saisonnier, sur tous les cours d’eau se jetant dans des baies touchées par des proliférations, permet de caractériser l’année 2013 comme atypique avec des flux hivernaux (et annuels) supérieurs aux années moyennes alors que sur la période sensibles (mai-août) ces flux sont nettement inférieurs aux moyennes (exception faite du Lesnevard). Ces flux plus bas sue la moyenne sur la période sensible se sont traduits, au niveau régional par une prolifération la plus basse depuis le démarrage des suivis en 2002. Ce bas niveau de prolifération est également dû à un démarrage retardé des proliférations lié à un report faible de la marée verte précédente (stocks fin 2012 plus bas et hiver agité avec des eaux froides). Tous les secteurs côtiers n’ont pour autant pas été soumis aux mêmes conditions : les flux sur les baies du centre et de l’est des Côtes d’Armor ont été nettement plus bas que la moyenne pluriannuelle alors que les autres secteurs ont connu des flux plus proches des normales voire supérieurs. Par ailleurs tous les secteurs ne réagissent pas de la même manière aux variations de flux. En particulier, les secteurs fortement saturés par l’azote ne sont pas ou peu affecté par une baisse limitée des flux alors que les secteurs plus limités par l’azote réagissent fortement. Ces disparités de flux se retrouvent au niveau des proliférations avec des secteurs qui ont vu des proliférations très en dessous du niveau pluriannuel (Est des Côtes d’Armor, baie de Saint Brieuc) avec même une persistance ou retour d’algues brunes filamenteuses de type Pylaiella alors que certain sites en particulier sur le nord Finistère subissaient des proliférations supérieures aux valeurs moyennes interannuelles. L’action d’expertise et d’appui aux collectivités, a été en 2013 moins soutenue que prévu initialement en partie de fait de demandes un peu moins nombreuses, probablement en partie du fait d’une prolifération 2013 plus « discrète », mais aussi du fait de moyens humains disponibles plus limités sur cette action en 2013. Il n’en demeure pas moins que cette action, qui permet de mettre à disposition les informations de suivi collectées mais aussi l’expertise sur les phénomènes locaux, est importante à conserver. Il est en effet fondamental que les différentes parties prenantes de la lutte contre les marées vertes, public y compris, partagent les constats sur l’origine des marées vertes et les moyens de lutte à disposition si l’on veut que des actions efficaces puissent réellement se mettre en place. Enfin la poursuite de la veille sur les phénomènes de proliférations macro algales est nécessaire à l’alimentation de l’action de soutien des collectivités, de nombreuses interpellations, du milieu agricole notamment portant sur la situation ailleurs dans le monde. Cimav P1 – rapport final mars 2014 29 ANNEXES Cimav P1 – rapport final mars 2014 30 ANNEXE 1 PRINCIPALES INTERVENTIONS EN 2013 « expertise scientifique, d’information et de conseil technologique en faveur des programmes de maîtrise des marées vertes de Bretagne » (du 1er mars 2013 au 28 février 2014) Cimav P1 – rapport final mars 2014 31 Principales interventions du CEVA dans le cadre le la mission « expertise, information et conseil technologique en faveur des programmes de maîtrise des marées vertes de Bretagne ». (01/ 03/2013 au 28/02/2014) Appui aux collectivités sur les marées vertes et moyens de lutte 14 03 2013 : diagnostic local baie de Lancieux Arguenon Fresnaye : mise à jour de la note synthèse sur évolution du phénomène sur ce secteur côtier. 15 03 2013 : fourniture données DDTM56 sur les ramassages de 97 à 2011 par les communes. 18 03 2013 : commission qualité de l’eau du SAGE Argoat Trégor Goëlo 22 03 2013 : CLE du SAGE Baie de St Brieuc : suivi du plan gouvernemental AV et évolutions du phénomène d’après les suivis CEVA 26 03 2013 : Plouigneau : avancement du programme AV de la baie de Locquirec 29 03 2013 : BMO : caractérisation des proliférations sur l’anse du Moulin Blanc (Brest) et opérations de ramassage « préventifs » 05 04 2013 : réunion GP5 au CEVA : point sur avancement des programmes et connaissances MV 10 04 2013 : Lorient : réunion du Groupe de travail Algues à la DDTM : situation bretonne et morbihannaise, cause du phénomène et moyen de lutte, impacts, ramassages, prévention sur le département 56 25 04 2013 : A la demande BMO, rencontre à Brest BMO, PNMI, André Le Gall : ramassage sur Moulin Blanc et baie de Douarnenez, intérêt, limites, impacts, moyens à mobiliser pour évaluation de l’impact, … 15 05 2013 : Diagnostic profil de plage pour la commune de Morieux (C.C. Morieux, Morgane Leloutre) 16 05 2013 : Commission « littoral » du SAGE Léon-Trégor à St Thégonnec 20 06 2013 : Commission AV de la Baie de la Forêt : bilan année 1 du plan AV 02 07 2013 : association CŒUR + SAGE Rance Frémur : situation en Rance, suivis réalisés, ramassages envisageables, visite de 2 vasières en Rance. 03 07 2013 : mise à jour du diagnostic baie de Guisseny : relation flux MV pour réunion des prescripteurs. 04 07 2013 : demande de mairie de Louannec et services de Lannion Trégor Agglomération : visite terrain de « l’étang du Lenn » : caractérisation de la prolifération observée et lien possible avec apports nutritionnels agricoles ou de STEP, 08 07 2013 : Réserve de la baie de Saint Brieuc : données pour caractériser la situation de la baie de Saint Brieuc vis-à-vis des proliférations. Fourniture de données pour suivi d’indicateurs. 17 07 2013 : Sage Baie de Saint Brieuc : réflexion avec le SAGE sur la pertinence de la prise en compte des autres formes d’azote dans la baie pour l’évaluation des marées vertes, N organique, fourniture sédimentaire, … 17 07 2013 : Sage Ouest Cornouailles : caractérisation des proliférations, fourniture photos caractéristique du territoire. 30 07 2013 : diagnostic des proliférations en baie de Douarnenez : mise à jour du diagnostic 2011 d’après les dernières campagnes de mesures. 06 09 2013 : AELB Ploufragan : marées vertes et rôle du CEVA dans les programmes préventifs et ramassage préventif, modélisation. 16 09 2013 : Pays de Brest : situation sur la zone du SCOT, fourniture de données pour alimenter les indicateurs sur la thématique prolifération macroalgale sur ce périmètre 17 09 2013 : Cap L’orient : situation Algues vertes rade de Lorient, réseaux de suivis, suivis complémentaires (RCO ?) à mettre en ouvre éventuellement,… 23 09 2013 : Comité régional de suivi du plan AV : point sur la situation AV 2013 sur la région et par secteur 25 09 2013 : Conseil scientifique Inter Sage de la baie du Mont Saint Michel : la baie réceptacle des bassins versants 03 10 2013 : mairie de Perros Guirec : information sur la situation sur l’étang du Lenn et possible responsabilité de la Step de Perros Guirec 11 10 2013 : comité AV du Sage de la baie de Saint Brieuc : point sur la situation marée verte en baie et lien avec le phénomène sur la baie de Binic. 29 10 2013 : réunion des animateurs Sage et BV de Bretagne : présentation des suivis marées vertes et études régionales AV du CEVA. 14 11 2013 : Comité pilotage plan AV Guisseny : présentation de la situation sur l’anse de Guisseny 2013 et années antérieures, surfaces, quotas N et P, facteur limitant et de contrôle 15 11 2013 : SAGE Rance Frémur : fourniture d’indicateurs actualisés sur l’évolution du phénomène sur les sites du périmètre du SAGE. 19 11 2013 : comité de pilotage GP5 études marées vertes à Ploufragan : état d’avancement des programmes 2013, orientations 2014 21 11 2013 : A la demande BMO, rencontre à Brest BMO, PNMI, André Le Gall : stocks infralittoraux dans l’anse Moulin Blanc et baie de Douarnenez, localisation quantification, possibilité ramassage préventif, bilan année 2013, protocole à mettre en place pour vérifier l’impact d’un éventuel ramassage infralittoral sur l’anse du Moulin Blanc 22 11 2013 : Baie de la Fresnaye : formation des techniciens des organismes de conseil signataires de la charte et intervenant dans le cadre du plan AV : sensibilisation sur les MV, origine du phénomène, facteurs de contrôle, évolutions mesurées, cas spécifique du Pylaiella, …. 26 11 2013 : comité syndical du Syndicat Mixte de l’Horn + agriculteurs du BV invités : présentation des observations du CEVA sur le phénomène sur le territoire du Syndicat, cause des proliférations et moyens de lutte. 12 12 2013 : SAGE Bas Léon à Kernilis : information sur les éléments de connaissance des proliférations en baie de Guisseny et études complémentaires envisagées localement (impact arasement digue, relargages séquentiels de l’eau de la retenue du Moulin du Pont, analyse des flux sédimentaires de phosphore) 20 12 2013 : Réunion Lannion Trégor Communauté : production d’algues vertes en baie de la Lieue de Grève, impacts de ramassages à fins industrielles, quantités « exploitables » et impact sur le destockage attendus ? 31 12 2013, 03 01 2014 : pour Sdage de l’AELB : production d’indicateurs sur les sites touchés par les marées vertes, reprise des fichiers cartographiques, échanges sur la pertinence des différents indicateurs 07 01 2014 : BV du Quilimadec : analyse de la position du rideau dans l’anse de Guisseny et sa densité lors des suivis et fourniture de photos (hypothèse d’essais de ramassage par Agrival des algues de l’anse). 20 01 2014 : diagnostic algues vertes sur le périmètre du SAGE Golfe du Morbihan Ria d’Etel, création de cartes et histogrammes pour illustrer la thématique et données d’analyse du phénomène local. 22 01 2014 : Plonevez Porzay : élaboration du diagnostic du SAGE Baie de Douarnenez, réunion de travail. 31 01 2014 : commission littoral du SAGE Golfe du Morbihan Ria d’Etel, état des lieux proliférations macroalgales sur le périmètre du Sage, outils de suivi, évolutions, facteur de contrôle et moyens de lutte. 02 2014 : Note pour l’AELB justifiant le classement DCE proliférations macroalgales des masses d’eau du Golfe du Morbihan 21 02 2014 : CLE baie de Saint Brieuc spéciale plan algues vertes. Point avancement du programme, information sur évolution des proliférations. 27 02 2014 : comité de pilotage GP5 études marées vertes à Ploufragan : bilan des programmes 2013, validation programme 2014 Autres réunions et rencontres techniques 21 03 2013 : Réponse Ifremer sur les évolutions mesurées en baie de la Forêt et relation avec les flux. 11 04 2013 : Vannes : réunion AELB, 10eme programme de l’agence : quelles actions pour le littoral 19 04 2013 : Science Po Rennes : participation à la table ronde « controverse algues vertes », algues causes de nuisances ou richesse / valorisation. Clarification du statut des marées vertes par rapport à la thématique parallèle de l’intérêt des algues dans différentes applications. 23 04 2013 : description phénomène marées vertes et exploitation possible des données de suivi dans le cadre de la Thèse Agrocampus Ouest sur impact des marées vertes (poissons). Fourniture données échouages, évolutions, … 14 06 2013 : rencontre atelier du CRESEB / colloque restitution du projet ACASSYA sur les fuites d’azote notamment en baie de la Lieue de Grève 21 06 2013 : CTT de la commission « Vilaine et côtiers bretons » à Pontivy : mise à jour de l’état des lieux, programme de mesures, orientations pour la révision du Sdage, évaluation état des eaux 2011 15 07 2013 : CIRAD, Magalie Bourblanc : analyse des controverses scientifiques au sujet des facteurs de maitrise des proliférations d’algues vertes 17 07 2013 : Ministère du Développement Durable : fourniture d’informations et d’indicateurs pour l’édition d’un bulletin sur l’eutrophisation du littoral français. 30 07 2013 : Etablissement d’aquaculture/algoculture Cabelguen : situation du Golfe du Morbihan vis-à-vis des proliférations algales et impact sur le classement des zones d’algoculture bio. Fourniture données sur la position des couvertures par les algues vertes et classement DCE. 01 10 2013 : Etablissement C_Weed aquaculture : situation de la Rance vis-à-vis des algues vertes, classement DCE et lieux d’échouage (problème certification bio des cultures d’algues en Rance), fourniture données sur position des échouages. 28 11 2013 : réunion des « préventeurs » (ARS des régions littoral, DIRECCTE, CARSAT, médecins du travail, …) au CEVA : présentation des marées vertes, causes, impact (putréfaction H2S mesuré…), évolutions. 11 12 2013 : fourniture données d’indicateur pour le tableau de bord du PNMI. 21 01 2014 : rencontres du réseau Bretagne Environnement à Vannes. 30 01 2014 : visite de Stéphane Le Foll, Ministre de l’Agriculture au CEVA et présentation de la problématique des marées vertes en Bretagne, suivis, évolutions mesurées et moyens de lutte préventifs. 04 02 2014 : IDEAS : projet de valorisation des ulves. Quels sites, quelles biomasses, sur quelle période, moyens de ramassage, impacts attendus,… 13 02 2014 : Réunion Ifremer Brest : statut du des ulves vis a vis du phosphore et de l’azote, possibilité de lancer des prospections sur l’évaluation des stocks et flux de phosphore et azote sur les baies concernées. 24 02 2014 : M Dobriansky / société CEC consultant pour une société bretonne intéressé par la valorisation des algues vertes : ressources en Bretagne, Normandie, périodes, volume, conditions environnemental d’un ramassage, impacts sur l’écosystème et sur les proliférations, … Information sur les Marées vertes et le les moyens de lutte 01 03 2013 : Prépa agro / Véto : phénomène des marées vertes sur Saint Michel en Grève et en Bretagne ; relation avec les flux hivernaux, estivaux, autres paramètres à considérer. 20 03 2012 : Science Ouest : article sur les marées vertes, mécanisme, évolution, moyen de lutte 27 03 2013 : Lycée Agricole de Kernilien, BTS PA 2eme année : présentation marées vertes en Bretagne, situation, impacts, facteurs d’intervention, moyen de lutte préventifs et curatifs. 12 04 2013 : France Bleu : évolution marées vertes, explication du phénomène, précocité attendue, … 28 05 2013 : hebdo Capital : interview marées vertes, situation, évolution, impacts 11 06 2013 : Ouest France : info sur la baie de Douarnenez, évolution des surfaces, ramassages, 28 11 2013 : Antoine Leux, Master de Gestion de l'Environnement à l'Université Libre de Bruxelles : problématique des algues vertes en Bretagne et plus précisément sur le Plan de Lutte proposé par le gouvernement et son application dans la Baie de Saint-Brieuc et la Lieue de Grève 08 07 2013 : Ouest France : situation de la Rance vis-à-vis des proliférations en 2013 12 07 2013 : Ouest France : situation de la prolifération 2013 sur la Bretagne et plus particulièrement les baies de Saint Brieuc et de Saint Michel en Grève 19 08 2013 : Ouest France : situation algues vertes 22 08 2013 et 17 09 2013: AFP : phénomène algues vertes, cause, localisation, évolution, impact, 23 08 2013 : Le Télégramme : algues vertes, situation 2013, évolution,… 04 09 2013 : France Bleue Armorique : interview AV et situation 2013, moyen de lutte 05 09 2013 : Eau Magazine : algues vertes, situation, cause, moyen de lutte préventif et curatif 11 09 2013 : Armor TV : interview à Saint Michel en Grève 26 09 2013 : Hebdomadaire Le Trégor : connaissance sur le phénomène AV dans le Lenn (Louannec) en vue de la préparation article de presse 01 10 2013 : France 3 émission littoral : interview à Saint Michel en Grève : marées vertes, cause et voies de valorisation possibles 08 10 2013 : Thèse IUEM Nolwenn Quilien impact des marées vertes : présentation des données récentes de suivi plus particulièrement sur la baie de Douarnenez 21 11 2013 : information CA 56 sur les classements des ME du littoral morbihannais et plus particulièrement vasières. 09 12 2013 : traitement des données sur la baie de Douarnenez : évaluation des surfaces et biomasses échouées par portion de plage pour la thèse de Nolwenn Quilien IUEM, sur l’impact des AV. 10 12 2013 : information CEDAPA suite formation technicien baie de la Fresnaye sur compréhension phénomène, cause fuite azote et lien avec les paramètres du milieu. 16 12 2013 : Association « de la Source à la Mer » : information sur le fonctionnement des marées vertes de la baie de Binic, évolution du phénomène, des flux… 14 01 2013 : entretien avec AgroParistech : organisation d’une intervention sur les marées vertes dans le cadre du cursus de terrain des étudiants prévu en avril 2014. 16 01 2014 : Agrocampus Ouest : information sur la connaissance des proliférations de vasière et prévision pour 2014 (Saint Jouan des Guéret / autre vasière bretonne pour les suivis 2014 ?). 20 02 2014 : étudiant Master « Pollutions Chimiques et Gestion Environnementale » de Paris Sud Orsay : marées vertes en Bretagne et étude du cas de la baie de Saint Brieuc, évolution du phénomène, impacts, causes. ANNEXE 2 DONNEES DE FLUX par bassin versant en 2013 et comparaison avec les années antérieures Cimav P1 – rapport final mars 2014 32 Estimation des flux d'azote sur le Frémur (kg/j) Frémur : Ecarts en flux N-NO3 entre 2013 et moyennes inter annuelles 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 moyenne 93-11 moyenne 02-06 500 450 350 300 40 250 200 écart 2013/moyenne 93-12 36 30 écart 2013/moyenne 02-06 20 2 écart en % flux de nitrate moyen journalier (kg/j) 400 60 0 Avril Mai Juin Juillet Août Septembre -20 150 -40 -31 -34 -42 100 -42 -52 -52 -60 50 -57 -62 -66 0 Avril Mai Juin Juillet Août -80 Septembre Fond de baie de Saint Brieuc (Gouet+Urne+Gouessant) : écart entre les flux d'azote inorganique (NO3+NH4) de 2013 et moyennes interannuelles Gouet Urne Gouessant : estimation des flux journaliers d'azote inorganique total (kg/j) 8000 flux de d'azote inorganique moyen journalier (kg/j) 6000 5000 4000 3000 Avril Juin Juillet Août Septembre 36 40 20 0 -1 -5 -20 2000 -40 1000 -60 -34 -44 -48 0 Avril Mai Juin Juillet Août -56 écart 2013/moy 992010 écart 2013/moy 02-06 -53 -53 -56 -63 -67 -80 Septembre Ic : estimation des flux d'azote Nitrique (kg/j) Ic : Ecart en flux entre 2013 et moyennes interannuelles 30 1400 1000 800 20 20 10 8 0 Avril Mai Juin Juillet Août Septembre -10 écart en % 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 moyenne 00-11 moyenne 02-06 1200 flux de nitrate moyen journalier (kg/j) Mai 60 écart en % 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 moyenne 99-2010 moyenne 02-06 7000 600 -20 -21 -26 -27 -30 -32 -36 -40 400 -41 -42 -44 -50 -54 200 -60 -70 0 Avril Mai Juin Juillet Août Septembre 1996 1997 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 moyenne 93-11 moyenne 02-06 Yar : estimation des flux d'azote Nitrique (kg/j) 600 500 400 26.8 écart 2013/moyenne 93-12 22.2 20 écart 2013/moyenne 02-06 10 7.7 0.5 300 0 Avril Mai Juin Juillet Août Septembre -4.2 -10 -8.4 -11 200 -13 -20 100 -24 -28 -30 -29 -33 0 Avril Mai Juin Juillet Août Septembre -40 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 moyenne 02-06 93 11 Douron : estimation des flux d'azote Nitrique (kg/j) 1400 1200 1000 Douron : Ecart en flux entre 2013 et moyennes inter annuelles 40 30 20 10 0 800 écart en % flux de nitrate moyen journalier (kg/j) -64 Yar : Ecart en flux entre 2013 et moyennes inter annuelles 30 écart en % flux de nitrate moyen journalier (kg/j) écart 13/moyenne 0011 écart 13/moyenne 0206 600 0 Avril -10 -20 Mai -6 Juin Juillet -30 -15 -17 -27 -31 -40 200 -50 0 Avril Mai Juin Juillet Août Septembre -60 Septembre -3 -12 -20 400 Août -9 -33 -31 écart 2013/moyenne 93-12 écart 2013/moyenne 02-06 Horn + Guillec (HO13+Gui11) : estimation des flux d'azote Nitrique (kg/j) 4000 3000 0 Avril -5 Mai Juin Juillet Août Septembre -5 -10 -13 écart en % 5000 flux de nitrate moyen journalier (kgN/j) Horn +Guillec : Ecart en flux entre 2013 et moyennes pluri annuelles 1996 1997 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 moyenne 99-10 6000 -15 -17 -18 -20 -18 -19 -18 2000 -25 1000 -27 -28 -28 -30 -30 -29 écart 2013/moy 99-2012 0 Avril Mai Juin Juillet Août 1200 1000 800 écart 2013/moy02-06 -35 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 moyenne(04-12) moyenne(04-06) Quillimadec : estimation des flux d'azote Nitrique (kg/j) Quillimadec : Ecart en flux entre 2013 et moyennes interannuelles 10 6 5 5 2 0 Avril Mai Juin Juillet Août Septembre -5 écart en % flux de nitrate moyen journalier (kgN/j) Septembre 600 -6 -7 -10 -11 -11 -10 -15 400 écart 2013/moyenne(0412) écart 2013/moyenne(0406) -20 -16 -17 -20 200 -25 -24 0 Avril Mai Juin Juillet Août -30 Septembre Kerharo : Ecart en flux entre 2013 et moyennes interannuelles Kerharo: estimation des flux d'azote Nitrique (kg/j) 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 moyenne 2000-12 moyenne 02-06 400 300 60 48 40 200 écart 2013 / moyenne 2000-2012 33 26 écart 2013 / moyenne(2002-2006) 24 20 écart en % flux de nitrate moyen journalier (kgN/j) 500 0 Avril Mai Juin Juillet Août Septembre -20 -21 -23 -33 -34 -40 -38 100 -47 -55 -60 0 -72 Avril Mai Juin Juillet Août -80 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 moyenne 2000-12 moyenne 02-06 2013 Lapic : estimation des flux d'azote Nitrique (kg/j) 500 400 300 Lapic : Ecart en flux entre 2013 et moyennes interannuelles 80 200 écart 2013 / moyenne(2000-2012) 62 écart 2013 / moyenne 02-06 61 60 40 33 30 20 écart en % flux de nitrate moyen journalier (kgN/j) Septembre 8 1 0 0 Avril Mai -3 Juin Juillet Août Septembre -11 -20 -29 100 -40 -41 -60 -63 0 Avril Mai Juin Juillet Août Septembre -80 Lesnevard : estimation des flux d'azote Nitrique (kg/j) Lesnevard : Ecart en flux entre 2013 et moyennes interannuelles flux de nitrate moyen journalier (kgN/j) 700 600 500 400 60 51 49 50 40 35 30 écart en % 1999 2000 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 moyenne 02-06 800 29 écart 2013/moyenne99-12 écart 2013/moyenne 02-06 20 300 10 10 5 3 2 200 0 Avril Mai Juin Juillet Août-1 100 -10 -6 -7 -10 0 Avril Mai Juin Juillet Août Septembre -20 Septembre ANNEXE 3 Liste Bibliographique Cimav P1 – rapport final mars 2014 33 Allen, E., Browne, J., Hynes, S., & Murphy, J. 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