Chapitre 4 : Milieux humides

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Chapitre 4 : Milieux humides
Chapitre 4 : Milieux humides
Les milieux humides sont des sites qui sont inondés ou saturés d’eau, sur une période suffisamment longue, pour que
la composition du sol et de la végétation soit influencée par la présence de l’eau. Ce sont avant tout des écosystèmes
de transition entre les milieux terrestres et aquatiques. Les milieux humides couvrent 12 millions d’hectares au Québec,
soit 8% du territoire, et représentent environ la moitié des 1100 sites protégés au Québec (Gadreau, 2000).
Les rôles des milieux humides :
Les milieux humides ont de nombreuses utilités, toutes plus importantes les unes que les autres. Premièrement, ces
milieux préservent la biodiversité. Au Québec seulement, 271 des 638 espèces de vertébrés dépendent des milieux
humides pour se reproduire, se nourrir ou trouver un abri (Thibaudeau, 2005). Les milieux humides ont, aussi, un rôle à
jouer dans le cycle de l’eau.
En effet, ceux-ci retiennent d’énormes quantités d’eau. Ils préviennent ainsi les inondations et les sécheresses,
localement. De plus, l’eau qui séjourne dans les milieux humides est filtrée, oxygénée et débarrassée de l’ensemble
des bactéries qu’elle contient. Les milieux humides diminuent également l’érosion, car leur végétation réduit la vitesse
du vent et de l’eau, ce qui favorise la conservation des sols arables. Aussi,
de grandes quantités de dioxyde de carbone (CO2) sont absorbées par ces
milieux. Finalement, les milieux humides sont propices aux activités
récréotouristiques. Ils constituent de beaux paysages et sont des endroits
Les milieux humides représentent
entre 3 et 4% de la superficie du
bassin versant.
MAPAQ, 2004 et Canards illimités, 2006
idéaux pour l’écotourisme.
4.1 Les milieux humides dans le bassin versant de la rivière Yamaska
Il est difficile de chiffrer exactement la superficie occupée par les milieux
humides.
Selon
le
MAPAQ
(2004),
les
milieux
humides
2
représenteraient près de 148 km , tandis qu’une compilation des
2
données de Géomont (2008) indique une étendue de 154,96 km .
Cependant, les sources de données, la classification et la précision
peuvent différer d’une étude à l’autre et il n’est donc pas possible d’en
tirer un constat. Donc, les milieux humides de toutes sortes représentent
environ 3 % de la superficie du bassin versant. Les marécages sont les
Tourbière
plus communs, suivis des tourbières boisées, puis des marais. Les
(Patrice Lefebvre, COGEBY, 2006)
figures 11 et 12 représentent la répartition des milieux humides dans le bassin de la Yamaska. Les zones les plus
30
importantes en termes de superficie sont situées au nord du bassin (la Baie Lavallière) et dans la zone du piedmont et
des Appalaches. Les milieux humides des basses terres du Saint-Laurent sont presque complètement disparus à
l’exception de quelques marécages, tourbières boisées et bogs très dispersées.
Type de milieux humides :
Eau peu profonde : «Milieu humide comprenant les étangs, les dépressions et les cuvettes qui se situent dans des zones
fluviales, riveraines et lacustres. Il fait la transition entre les milieux humides normalement saturés d’eau de manière
saisonnière (marais, marécages, fens ou bogs) et les milieux aquatiques dont la profondeur de l’eau est plus importante.
L’eau peu profonde atteint une profondeur maximale de 2 mètres en été. Il y a présence de la végétation flottante (nénuphars)
ou submergée (élodées) avec moins de 25 % de la superficie colonisée par des plantes émergentes (quenouilles, joncs).»
(GÉOMONT, 2008)
Marais : «Milieu humide souvent rattaché au fleuve, à un lac ou à un écoulement d’eau lent et qui est habituellement riche en
nutriments. Le niveau d’eau varie selon les marées, les inondations et l’évapotranspiration, ce qui fait que le marais (eau
douce, saumâtre ou salée) peut être inondé de façon permanente, semi-permanente ou temporaire. Il est colonisé par une
végétation émergente (quenouilles, joncs), flottante (nénuphars) et submergée (élodées). Parfois, on le qualifie d’herbier
aquatique qui représente un regroupement de plantes submergées et flottantes.» (GÉOMONT, 2008)
Marécage : «Milieu humide souvent rattaché à un lac ou une rivière avec une teneur assez élevée en nutriments. On trouve
également les marécages d’écoulement qui ne sont pas connectés à un réseau hydrographique, mais qui sont humides à
cause de leur situation topographique qui favorise l’accumulation de l’eau de ruissellement. Le marécage est inondé de façon
saisonnière (crues printanières) avec un sol saturé et une nappe phréatique élevée à écoulement lent. Généralement, il
contient moins d’eau de surface que dans un marais et il est inondé moins longtemps. Les marécages sont dominés par des
arbustes (saule, aulne) et des arbres (frêne rouge, érable argenté, peuplier baumier, frêne noir, cèdre) sur 30 % et plus de leur
superficie.» (GÉOMONT, 2008)
Tourbière boisée : « Sous-classe de marécage qui se définit comme un milieu humide caractérisé par la présence de
tourbe, comme un bog ou un fen, mais qui se distingue par la dominance d’arbres matures (cèdre, mélèze, épinette). Des
tourbières boisées se forment lorsque le sol dans les deux types de tourbières (bog ou fen) devient plus sec ou selon la
topographie (sur les buttes). Les tourbières boisées se trouvent souvent en périphérie des bogs ou des fens. Une tourbière
est un milieu humide caractérisé par la présence de tourbe qui s’accumule plus rapidement qu’elle ne se décompose. La
tourbière possède un sol mal drainé, plutôt acide et la nappe phréatique est au même niveau ou près de la surface.
L’épaisseur de la tourbe est d’au moins 30 cm. Il existe deux types de tourbières : les fens et les bogs, qui se distinguent selon
leur source d’alimentation en eau et la topographie environnante. » (GÉOMONT, 2008)
Fen (tourbière minérotrophe) : « Milieu humide alimenté par les eaux de précipitations et par les eaux d’écoulement (de
surface et souterraines). Par conséquent, il est généralement plus riche en éléments nutritifs et moins acide qu’un bog. La
végétation d’un fen varie selon l’humidité du sol et les nutriments qui y sont apportés. Les fens se trouvent souvent dans le
bas des pentes et dans les dépressions où il y a une bonne circulation d’eau et de nutriments. Il est habituellement caractérisé
par des mousses brunes et des herbacées du type des cypéracées (linaigrette, carex). » (GÉOMONT, 2008)
Bog (tourbière ombrotrophe) : « Milieu humide alimenté uniquement par les précipitations, qui est faible en éléments
nutritifs et plutôt acide. Un paysage plat indique la présence de bog. Le bog est dominé par des sphaignes et des éricacées,
(kalmia, cassandre). On y trouve également de belles fleurs sauvages, telles que les orchidées. Certains bogs comportent
des mares. » (GÉOMONT, 2008)
GÉOMONT, 2008
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FIGURE 11 LA RÉPARTITION DES MILIEUX HUMIDES DU BASSIN VERSANT DE LA RIVIÈRE YAMASKA
154,96 km2
CIC, 2006
0,50%
23%
3%
Eau peu profonde
21%
Marais
Marécage
7%
Potentiel
13%
CIC, 2006
Tourbière bog
33%
Tourbière boisée
Tourbière fen
CIC, 2006
GÉOMONT, 2008
CIC, 2006
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FIGURE 12 LES MILIEUX HUMIDES DANS LE BASSIN VERSANT DE LA YAMASKA
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4.1.1 La baie Lavallière
La baie Lavallière est située à l’embouchure du bassin, à l’ouest de la rivière Yamaska, et est formée de deux
importantes zones composées de marécages, de marais et de prairies humides. Propriété du Ministère des ressources
naturelles et la Faune (MRNF) depuis 1977, ce milieu a été aménagé en 1988 en partenariat avec Canard illimités
canada (CIC) afin d’assurer sa conservation et sa restauration (Bisson, Laurence-Ouellet, 2009). La Société
d’aménagement de la baie Lavallière (SABL) offre des activités d’interprétations sur ce site public de 1400 hectares
depuis 1989. Les principales menaces pour la baie Lavallière sont les coupes illégales de bois, y compris le bois mort,
la chasse à la grenouille, ainsi que les travaux de drainage agricole (UQCN, 1994).
4.1.2 Le marais du lac Boivin
Situé dans la ville de Granby, ce marais d’eau douce de 128 ha est géré par le
Centre d’interprétation de la nature du Lac Boivin (CINLB). Des nichoirs favorisant la
nidification de la sauvagine ont été installés par Canards Illimités. Le marais du Lac
Boivin est menacé par l’eutrophisation accélérée causée par des apports en
phosphore important. Le CINLB comprend quatre sentiers, diverses tours et caches
d’observation qui amènent les visiteurs à la découverte du marais et des boisés
diversifiés qui l'entourent.
Bihoreau Gris au Centre
d’interprétation de la nature du lac
Boivin (CINLB)
(Alain Mochon, FSÉTHY, 2008)
4.1.3 Municipalité de Sainte-Anne-de-la-Rochelle
Dans la municipalité de Sainte-Anne-de-la-Rochelle, on retrouve un milieu sensible de 51 ha. Ce milieu humide,
caractérisé par un cours d’eau marécageux, est un endroit à conserver prioritairement. En effet, on y retrouve de la
lindernie douteuse et de la cornifle épineuse, respectivement espèce rare et espèce susceptible d'être désignée
menacée ou vulnérable (RAPPEL, 2000)
4.1.4 La tourbière de Saint-Joachim-de-Shefford
La société de conservation des milieux humides du Québec protège la réserve naturelle de la Tourbière de-SaintJoachim-de-Shefford. Cette réserve compte environ 20 hectares et abrite des espèces en péril telles l’aréthuse
bulbeuse, la platanthère à gorge frangée variété à gorge frangée ainsi que la grenouille des marais.
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4.1.5 Canton de Valcourt
Un cours d’eau marécageux de 9 ha est présent dans le canton de Valcourt. Le potentiel écologique de ce site est dû à
la présence de la renouée faux-poivre-d’eau et de la cornifle épineuse, soit deux espèces végétales susceptibles d'être
désignées menacées ou vulnérables. La principale menace pour ce milieu humide est la pollution agricole provenant
des champs avoisinants (RAPPEL, 2000)
4.1.6 Municipalités de Sainte-Christine et Béthanie
Le Schéma d’aménagement de la MRC d’Acton fait état de trois habitats du rat musqué dans les municipalités de
Sainte-Christine et Béthanie. Ces sites sont des milieux forestiers humides. Les intentions d’aménagement doivent
donc protéger le couvert forestier de ces milieux tout en permettant des usages compatibles avec la protection du
milieu naturel (UQCN, 2005).
4.2 La perte de milieux humides
Les milieux humides ont une grande valeur environnementale, mais également économique. Leur perte entraîne de
lourdes conséquences non seulement pour l’environnement mais aussi pour la population. Malgré tous les avantages
de ces milieux, ceux-ci sont souvent perçus de manière négative car ils sont impropres à la majorité des cultures
commerciales, à la construction résidentielle, ils hébergent une quantité importante d’insectes en plus de dégager
parfois des odeurs peu agréables.
Les milieux humides du sud du Québec sont de moins en moins nombreux. Par le passé, l’industrialisation de
l’agriculture et l’agrandissement incessant des zones urbaines ont causé leur disparition. Dans la plupart des cas, ces
milieux ont été drainés pour ensuite être cultivés ou encore remblayés dans le but d’en faire des zones résidentielles,
industrielles ou commerciales.
Aujourd’hui, la Loi sur la qualité de l’environnement stipule que « nul ne peut porter atteinte à un milieu humide sans, au
préalable, avoir obtenu une autorisation du ministre de l'Environnement ». De plus, la Politique de protection des rives,
du littoral et des plaines inondables est composée de normes que les gestionnaires et les propriétaires de ce genre de
territoire se doivent de respecter. Mais les lois et les règlements ne sont pas suffisants pour sauvegarder les milieux
humides. De nombreuses tourbières sont drainées sans permis du MDDEP et une fois le processus enclenché, il est
extrêmement difficile, voire impossible, de pouvoir restaurer l’état original du milieu. De plus, la réglementation actuelle,
basée sur des principes visant à éviter et diminuer les impacts, lors de travaux dans des zones humides, défavorise les
petits milieux humides pour mieux se concentrer sur les milieux humides plus vastes. Comme les milieux humides,
35
dans le bassin versant de la Yamaska, sont très fragmentés et de petite taille, il faudra plus que des lois pour les
conserver et les mettre en valeur.
La perte des milieux humides dans le bassin versant est difficilement quantifiable, vu le manque de données
comparables sur l’ensemble du territoire. La comparaison entre les données de 1996 et 2002 provenant de
l’analyse d’images satellite présente des écarts si importants qu’elle ne peut être réelle. Les méthodes
employées pour identifier l’utilisation du sol ont évolué et se sont perfectionnées. Il est donc très difficile de pouvoir
comparer des résultats obtenus à l’aide de méthodes différentes. L’interprétation seule de ces données pourrait donner
une image non représentative de la réalité du bassin versant.
36
Références :
Bisson, C. et C. Laurence-Ouellet, 2009. Plan d’action concertée pour le bassin versant de la baie lavallière, en
rédaction. Comité plan d’action du bassin versant de la baie Lavallière, 29 pages + Annexes.
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http://www.cinlb.org/gal/index.php?rep=paysage&image=112_1233.jpg. Visité en 2006
Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (FAPAQ), 2003, Faunes, piégeage. [En ligne]
http://www.fapaq.gouv.qc.ca/fr/faune/reg_tar/fiches.htm
GADREAU, R., 2000, Un ensemble de mesures pour protéger les terres humides québécoises, La Chronique
environnementale, Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), 22 septembre
2000, [En ligne] : http://www.mddep.gouv.qc.ca/chronique/2000/aout_sept/000922_terres.htm
GEOMONT, 2008, Atlas des milieux humides de la Montérégie, version cd rom.
SABL,
2001,
Canard
branchu
[En
http://www.slv2000.qc.ca/plan_action/phase2/impl_communautaire/communautaire/baielavalliere_f.htm
MARCOTTE, 2001. Centre de la nature du lac Boivin, La Montérégie
http://www.iro.umontreal.ca/~marcotte/VeloBerville/Monter/Monter18/Cilnb2.html
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ligne]
[En
ligne]
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2002. Communications personnelles
RAPPEL,
2000,
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biologique
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70
milieux
humides
de
l’Estrie,
http://www.rappel.qc.ca/IMG/pdf/Inventaire_biologique_de_70_milieux_humides_de_l_Estrie.pdf
LAMOUREUX,
J-P,
2002.
Baie
Lavallière
http://www.slv2000.qc.ca/plan_action/phase2/biodiversite/habitats/lavalliere_a.htm.
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[En
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ligne]
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http://www.scmhq.ca/reserve.htm.
Société de conservation des milieux
ligne] :http://www.scmhq.ca/espece.htm.
humides
du
Québec
(SCMHQ).
Espèces
en
péril,
[En
THIBAUDEAU, R. H, 2005, Comment mieux gérer nos milieux humides ? Acterre Ŕ Gestion intégrée des ressources
naturelles, [En ligne] :http://www.acterre.com/fr/.
Union Québécoise pour la conservation de la nature (UQCN), 1994, Guide des milieux humides du Québec, [En
ligne] : http://www.naturequebec.org/ressources/fichiers/ArchivesEcoroute/GuideMilieuxHumides1994/index.html
Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN), 2005, La gestion du territoire agricole et des activités
agricoles dans le cadre de l’approche par bassin versant : fiche descriptive du bassin versant de la rivière Yamaska,
version PDF.
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Chapitre 5: Portrait végétal
La position géographique du bassin favorise la diversité des espèces végétales, le territoire étant compris dans la partie
sud du Québec. Plusieurs espèces atteignent aussi la limite nord de leur distribution (Groison, 2000). Par contre, les
activités humaines ont bouleversé de nombreux habitats, amenant la précarité de certaines espèces et favorisant
l’introduction d’espèces non indigènes. La section qui suit décrit non seulement les caractéristiques floristiques et
forestières du territoire, mais elle traite aussi de la présence d’espèces vulnérables ou menacées et d’espèces
nuisibles, ainsi que des sites naturels d’intérêt écologique.
5.1 Les districts écologiques
Le Québec est divisé en diverses sections par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF). Ce
système hiérarchique comportant 11 niveaux est représenté par des unités stables du paysage québécois, réparties en
fonction du climat, de la végétation ou de la géomorphologie. Ces divisions permettent aux usagers du système de
Le bassin versant est
composé de
28 districts écologiques
MRNF, 2003
gérer le territoire afin d’aménager les ressources naturelles de façon optimale. Il est
par exemple possible d’utiliser le système du MRNF pour choisir les essences
d’arbres les mieux adaptées au climat et aux conditions locales du sol (drainage,
éléments nutritifs). Ce système peut aussi servir à déterminer le meilleur
emplacement d’une infrastructure (route, sentier, bâtiment) en tenant compte de la géologie de surface et de la
répartition des écosystèmes sur le territoire. Les districts écologiques sont le dernier niveau du système. Les limites des
districts écologiques sont principalement définies par la nature des dépôts géologiques de surface (figure 13).
Finalement, le district écologique est le niveau de classification qui convient le mieux à la caractérisation du bassin
versant (tableau 9) (Groison, 2000).
5.2 Les écosystèmes forestiers
Deux grands domaines écologiques sont présents sur le bassin versant :
l’érablière à caryer cordiforme et l’érablière à tilleul (tableau 9). Les
domaines écologiques comprennent différentes essences forestières,
compte tenu des conditions climatologiques et des caractéristiques des
sols. Les associations possibles sont présentées au tableau 10. Ainsi, les
hauts de pente représentent des sites secs (xériques), sur lesquels se
développent des chênaies, des prucheraies et des pinèdes. Dans les sites
Prucheraies
(Patrice Lefebvre, COGEBY, 2006)
légèrement humides (mésiques), les érables croissent en association avec
d’autres espèces végétales. Enfin, les tourbières, frênaies ainsi que les érablières argentées colonisent les sites très
humides (hydriques) et les plaines de débordement (Groison, 2000).
38
FIGURE 13 DISTRICTS ÉCOLOGIQUES DU BASSIN VERSANT DE LA RIVIÈRE YAMASKA
39
TABLEAU 9 NOM DES NIVEAUX HIÉRARCHIQUES DU MRNF ASSOCIÉS AU BASSIN VERSANT DE LA RIVIÈRE YAMASKA
Niveau hiérarchique
Unité correspondant au bassin versant
Zone de végétation
Forêt tempérée nordique
Sous-zone de végétation
Forêt tempérée nordique et décidue
Domaine bioclimatique
Érablière à caryer cordiforme et érablière à tilleul
Sous-domaine bioclimatique
Érablière à caryer cordiforme et érablière à tilleul de l’est
Région écologique
Plaine du bas Outaouais et de l’archipel de Montréal ; Coteaux de l’Estrie ; Plaine du
Saint-Laurent
Sous-région écologique
Plaine du bas Outaouais et de l’archipel de Montréal ; Coteaux de l’Estrie ; Plaine du
Saint-Laurent
Paysage
5 sur le territoire du bassin
District écologique
28 sur le territoire du bassin
MNRF, 2003
L’érablière à tilleul est un milieu forestier des plus diversifiés. Il comprend en effet 41 essences forestières, dont l’érable
à sucre (Acer saccharum), l’érable rouge (A. rubrum), la pruche (Tsuga canadensis), le sapin (Abies balsamea),
l’épinette rouge (Picea rubens), le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides), le bouleau blanc (Betula papyrifera) et le
bouleau gris (B. populifolia). C’est dans ce type de peuplement qu’on retrouve certaines espèces végétales rares, leur
aire de répartition arrivant à sa limite nord.
TABLEAU 10 TYPE DE PEUPLEMENTS FORESTIERS DES DOMAINES BIOCLIMATIQUES DE L’ÉRABLIÈRE À CARYER ET À TILLEUL
Type de drainage du sol
Peuplement forestier
Xérique
Chênaie
Pinède et prucheraie
Mésique
Érablière à tilleul et à chêne rouge
Érablière à tilleul
Érablière à bouleau jaune
Érablière à tilleul et à hêtre
Érablière à caryer
Hydrique
Prucheraie
Tourbière
Érablière rouge
Rives, marécage
Érablière argentée
Frênaie noire à orme d’Amérique
Chênaie bicolore et communauté de micocouliers
ADAPTÉ DE : ORDRE DES INGÉNIEURS FORESTIERS, 1996
40
Quant au domaine de l’érablière à caryer cordiforme, qui est présent dans le bassin versant, il ne couvre que 0,6 % du
territoire québécois. Ce domaine écologique possède toutefois la flore la plus diversifiée du Québec, soit 49 espèces
arborescentes, dont plusieurs lui sont exclusives. Le caryer ovale (Caryer ovata) et le caryer cordiforme (C. cordiformis),
le micocoulier (Celtis occidentalis), le chêne blanc (Quercus alba), le chêne bicolore (Q. bicolor), l’érable noir (A.
saccharum nigrum) et le pin rigide (Pinus rigida) font notamment partie de ce domaine. La plupart de ces essences
sont d’ailleurs considérées comme rares au Québec (Groison, 2000).
5.3 La déforestation
La déforestation est un phénomène réel dans le bassin versant de la Yamaska, malgré le fait que 34% du territoire du
bassin versant est occupé par la forêt. (MAPAQ, 2004). Dans le contexte de développement urbain et agricole, les
forêts de la région ont presque entièrement été exploitées de façon intensive depuis les débuts de la colonisation. Ainsi,
les boisés restants se trouvent sur les sites les moins propices à l’agriculture ou au développement. Les érablières ont
été exploitées pour la production acéricole et pour le bois de chauffage, alors que les autres peuplements ont été
convertis en pâturages ou en terres agricoles. Les boisés résiduels ont
Taux de superficie forestière (2004)
aussi fait l’objet de coupes répétées. Ces perturbations ont modifié la
Rouville : 16 %
Les Maskoutains : 17 %
La Haute-Yamaska : 55%
composition des peuplements forestiers et les forêts de notre territoire
GéoMont, 2005
sont majoritairement très jeunes. La forêt du bassin versant est presque
entièrement constituée de petites propriétés privées. Les lots forestiers
sont sporadiques et de petite superficie. La dynamique écologique des peuplements forestiers ne joue plus qu’un rôle
mineur dans leur évolution et ce sont les facteurs anthropiques qui influencent la présence et la composition des
espèces végétales (Groison, 2000).
Dans le bassin versant, en 2004, les MRC Le Haut-Richelieu, Les Maskoutains et Rouville avaient les plus faibles taux
de superficie forestière (Tableau 11). Ces MRC figurent également aux premiers rangs au niveau des pertes de
superficie forestière. La figure 14 démontre bien les pertes des superficies forestières entre 1999 et 2004. En totalité,
2
les pertes forestières entre 1999 et 2004 sont estimées à 4 713 hectares, donc 47 km . C’est 1% du territoire du
bassin versant de la Yamaska qui a été déboisé en 5 ans.
Il est aussi possible de remarquer que plusieurs sites déboisés concordent avec l’emplacement de milieux humides
(figure 12). Les municipalités de l’Ange Gardien et de Sainte-Cécile-de-Milton, entre autres, sont touchése par ce
phénomène. Nous sommes donc à même de constater que les milieux humides du bassin versant de la Yamaska
sont extrêmement vulnérables et continuent à disparaître graduellement, de petites superficies à la fois. Il est donc
extrêmement important de conserver les derniers espaces survivants.
41
TABLEAU 11 PERTES DE SUPERFICIES FORESTIÈRES DES MRC DE LA MONTÉRÉGIE DU BASSIN VERSANT DE LA RIVIÈRE
YAMASKA
MRC
Superficie
forestière en
2004 (ha)
Taux de superficie
forestière en 2004
(%)
Perte de superficie
forestière 19992004 (ha)
Perte de superficie
forestière totale
1999-2004
(%)
Acton
26 112
45
796
3
Perte de superficie
forestière dans le
bassin versant 19992004 (ha)
796
Le Bas-Richelieu
12 285
19,5
524
4
435
Brome-Missisquoi
91 460
58
1 166
1,5
585
La Haute-Yamaska
41 718
54,5
1 014
2,5
1 014
Haut-Richelieu
11 489
11,5
737
6
113
Les Maskoutains
21 925
17
1 436
6
Rouville
7 920,6
16
538
6,5
1293
461
La Vallée-du-Richelieu
11 126
18,5
245
2
18
GÉOMONT, 2005
TABLEAU 12 TAUX DE PERTE DE SUPERFICIE FORESTIÈRE À L’INTÉRIEUR DU ZONAGE AGRICOLE
MRC
Taux de perte (%)
Acton
100
Le Bas-Richelieu
78
Brome-Missisquoi
94
Le Haut-Richelieu
94
La Haute-Yamaska
89
Les Maskoutains
99,5
Rouville
95
GÉOMONT, 2005
42
FIGURE 14 PERTES DE SUPERFICIES FORESTIÈRES ENTRE 1999 ET 2004 DANS LE BASSIN VERSANT DE LA RIVIÈRE YAMASKA
4 713 hectares
47 km2= 1% du territoire
43
5.4 Les espèces floristiques menacées ou vulnérables
La banque de données de la Direction de la conservation et du patrimoine écologique du Québec signale 375 plantes
vasculaires ayant le statut d’espèces menacées ou vulnérables, au Québec. Le bassin versant comporte 62
espèces végétales menacées ou vulnérables et 187
mentions d’occurrence (CDPNQ, 2005). Parmi les plus
rares, mentionnons l’ail des bois (allium tricoccum),
désigné espèce vulnérable ainsi que le ginseng à cinq
folioles (Panax quinquefolius) et le phégoptère à
hexagones (Phegopteris hexagonoptera), tous deux
désignés espèces menacées. Cependant, à des fins de
préservation l’emplacement de ces espèces doit demeurer
confidentiel.
Espèces menacées ou vulnérables
Ce terme regroupe les espèces menacées ou
vulnérables désignées et susceptibles d’être ainsi
désignées selon la Loi sur les espèces menacées ou
vulnérables (LEMV).
Espèce vulnérable : toute espèce dont la survie est
précaire, même si sa disparition n'est pas
appréhendée.
Espèce menacée : toute espèce dont la disparition est
appréhendée.
CDPNQ, 2005
5.5 Les espèces floristiques nuisibles
Quelques espèces nuisibles ont la capacité de coloniser rapidement les cours d’eau du
bassin versant. Le myriophylle à épi (Myriophyllum exalbescens) en est un bon exemple.
D’autres espèces floristiques, comme la salicaire pourpre (Lythrum salicaria), la châtaigne
d’eau (Trapa natrans) et le phragmite (Phragmites communis) ont été introduites sur le
territoire. Pour la plupart des espèces nuisibles, c’est l’intense activité humaine qui est
responsable de leur introduction dans le bassin versant. Certaines introductions sont aussi
dues à l’aménagement horticole et au manque de connaissances des espèces non
indigènes. Sans prédateurs naturels présents sur le territoire, les espèces nouvellement
Phragmite
implantées peuvent rapidement augmenter leurs effectifs et entrer en compétition avec les
(Denis Chabot © Le Québec
en images CCDMD)
espèces indigènes. Enfin, pour les espèces à statut précaire, l’impact est encore plus
grand.
5.6 Les sites naturels d’intérêt écologique
Le territoire comporte quelques espaces voués à la conservation des espèces floristiques et fauniques, et aux
écosystèmes exceptionnels. Selon un inventaire réalisé par l’Union québécoise pour la conservation de la nature
(UQCN) et le Fond mondial pour la nature (WWF), le bassin comprend huit sites naturels d’intérêt (Tableau 13, Figure
15). De ceux-ci, seul le parc de la Yamaska possède un statut légal de protection excluant toute forme d’exploitation
forestière, minière et énergétique, ce qui n’est pas le cas pour les sept autres. Pour le site bénéficiant d’un statut légal, la
44
protection des habitats est prioritaire et il est sous la responsabilité du gouvernement provincial. Les autres sites
d’intérêt comportent un potentiel pour la conservation des ressources biologiques tout en alliant des fonctions de site
récréotouristique (Groison, 2000).
TABLEAU 13 SITES PROTÉGÉS DU BASSIN VERSANT DE LA RIVIÈRE YAMASKA
Catégorie
Nom du site
Superficie (ha)
CONS
Lac Brome
-
SIE
Boisé de la crête de Saint-Dominique
-
SIE
Mont Yamaska
1500
SIE
Marais du lac Boivin
290
SIE
Centre écologique de Farnham
24
PROT
Parc national de la Yamaska
1289
SIE
Baie Lavallière
1400
SIE
Mont Sutton
8000
-
Parc écologique du Mont Shefford
40
-
Le Boisé des 12 de Saint-Hyacinthe
6
PROT : site ayant un statut légal de protection excluant toute forme d’exploitation forestière, minière et énergétique.
CONS : site ayant un statut légal et géré à des fins de conservation et de protection des habitats.
SIE : milieu naturel comportant un potentiel pour la conservation des ressources biologiques, mais dont la vocation première de conservation des
habitats n’est pas confirmée par un statut légal.
ADAPTÉ DE BOISSEAU, 1998
45
FIGURE 15 LOCALISATION DES SITES D’INTÉRÊT ÉCOLOGIQUE ET DES SITES DE CONSERVATION DU BASSIN VERSANT DE LA
RIVIÈRE YAMASKA
GROISON, 2000
46
Références :
BOISSEAU, G. 1998. Projet d’inventaire et de cartographie des aires protégées et des milieux naturels d’intérêt du
Québec méridional. UQCN et WWF.
Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ), 2005. Occurrences floristiques d’espèces
menacées ou vulnérables du bassin versant de la rivière Yamaska, Version PDF
Commission de coopération environnementale de l’Amérique du Nord (CCE). Trio .Hiver 2000-2001. Les espèces
envahissantes :
une
menace
qui
s’accroît
rapidement.
Salicaire
pourpre
[En
ligne]
http://www.cec.org/trio/stories/index.cfm?ed=2&ID=9&varlan=francais. Visité le 10 juillet 2006
Environnement Canada. Centre Saint-Laurent. Infos Saint-Laurent /Ressources biologiques, La Châtaigne d’eau [En
ligne] http://www.qc.ec.gc.ca/csl/inf/inf003_002_f.html
Environnement Canada. Centre Saint-Laurent. Infos Saint-Laurent /Ressources biologiques, Le Myriophylle à épi [En
ligne] http://www.qc.ec.gc.ca/csl/inf/inf037_f.html
Environnement Canada. Centre Saint-Laurent. Infos Saint-Laurent /Ressources biologiques, Phragmite commun [En
ligne] http://www.qc.ec.gc.ca/csl/inf/inf013_f.html
GéoMont, 2005, Portrait des pertes de superficies forestières en Montérégie entre 1999 et 2004. [En ligne]
http://www.geomont.qc.ca/news.htm. Consulté le 5 mars 2007
GROISON, V., 2000. Profil du bassin versant de la rivière Yamaska, Conseil de gestion du bassin versant de la rivière
Yamaska
Initiative Aux arbres citoyens !, Rapport d’évaluation : Plan d’Action de la stratégie québécoise sur les aires protégées
(SQAP) du gouvernement du Québec, 2006 [En ligne] : http://www.auxarbrescitoyens.com/IMG/pdf/wwf_54_web.pdf
Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), 2004. Atlas de l’utilisation du sol, Données de
2002. Communications personnelles
Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MNRF), 2003. Cartographie numérique des niveaux supérieurs
du système hiérarchique de cartographie écologique du ministère des Ressources naturelles du Québec et Banque de
données descriptives des districts écologiques. Cd-rom. MRNF, Forêt Québec, Direction des inventaires forestiers.
Ordre des ingénieurs forestiers. 1996. Manuel de foresterie. Les Presses de l’Université Laval, Sainte-Foy.
47
Chapitre 6 : Portrait faunique
2
Dans les 4 784 km couvrant le territoire du bassin versant, où 34% du territoire est forestier (MAPAQ, 2004), plusieurs
espèces animales sont présentes et cohabitent dans des écosystèmes souvent restreints et dégradés en raison de
l’occupation humaine du territoire. D’autre part, certains milieux sont encore intacts et abritent une grande biodiversité.
Comme pour la section concernant le portrait végétal, ce chapitre décrit les caractéristiques fauniques du territoire, puis
traite de la présence de certaines espèces dites nuisibles, ainsi que de celles possédant un statut précaire se
retrouvant potentiellement sur le territoire.
6.1
Portrait du benthos et portrait ichtyologique
Les organismes du benthos ainsi que les poissons sont sensibles aux différents contaminants présents dans l’eau.
C’est pourquoi ces organismes représentent des indicateurs de choix lors de l’évaluation de la qualité de l’eau. Les
organismes benthiques, ou benthos, sont des invertébrés qui vivent au fond des lacs ou des cours d'eau. Les
mollusques, les vers, ainsi que les larves d'insectes en sont des exemples. Ceux-ci constituent la principale source de
nourriture des poissons. On récolte ces organismes benthiques à l'aide de substrats artificiels déposés dans les cours
d'eau. Les derniers échantillonnages du benthos exécutés par le Ministère du Développement durable, de
l’Environnement et des Parcs furent réalisés en 1994. Dans sa synthèse du rapport sur l’état de l’écosystème du bassin
versant de la rivière Yamaska de 1998, le MDDEP conclut que
les communautés benthiques sont surtout perturbées en aval de
Farnham et de Saint-Césaire.
Malgré la mauvaise qualité de l’eau, le bassin versant de la rivière
Yamaska offre normalement une grande diversité d’habitats pour
Nombre d’espèces répertoriées par le
ministère dans le réseau hydrographique du
bassin versant :



1963-1971 :
1995 :
2003 :
70 espèces
45 espèces
33 espèces
MENV, 2004
les poissons. À la tête du bassin versant, les habitats aquatiques
se caractérisent par des cours d’eau entrecoupés de lacs, de réservoirs et de fosses. Par contre, certains barrages
peuvent empêcher les mouvements des migrateurs. En aval, les eaux qui sillonnent les Basses terres du Saint-Laurent
sont plus calmes, favorisant la présence de poissons associés à ce type d’habitat. De plus, les rives évasées des cours
d’eau permettent des zones d’écotone, qui constituent des frayères et des habitats d’élevage de qualité lorsque la
végétation y est abondante. Ainsi, la faune ichthyenne du bassin versant de la Yamaska devrait, selon ces critères, être
très abondante et très diversifiée.
Malheureusement, la qualité des eaux limite la présence et/ou l’abondance de certaines espèces. (Groison, 2000) La
proportion de poissons affectés par des anomalies - déformations, marques d'érosion des nageoires ou des barbillons,
lésions, tumeurs - est considérée comme un bon indicateur des mauvaises conditions du milieu. Un taux d'anomalies
dépassant 5 % traduit une communauté de poissons en mauvaise santé (MDDEP, 1998). L’inventaire réalisé par le
48
Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs en 2003 a permis de répertorier 33 des 116
espèces d’eau douce du Québec dans le réseau hydrographique du bassin versant (Tableau 14). C’est une diminution
de 12 espèces par rapport à l’inventaire de 1995, où 45 espèces avaient été recensées. Quant à l’inventaire réalisé par
le MENV, de 1963 à 1971, il avait permis de répertorier 70 espèces dans le réseau hydrographique. Ces données
révéleraient ainsi une baisse de plus de 50% de la diversité ichtyologique en moins de 40 ans. D’autres études
seraient nécessaires pour valider cette chute drastique de biodiversité.
TABLEAU 14 LISTE DES ESPÈCES DE POISSONS CAPTURÉS AUX STATIONS DE LA RIVIÈRE YAMASKA EN 2003
ACHIGAN À PETITE BOUCHE
BARBOTTE BRUNE
DARD-PERCHE OU FOUILLE-ROCHE
DORÉ JAUNE
MÉNÉ PÂLE
MEUNIER NOIR
BARBOTTE JAUNE
CARPE
DORÉ NOIR
FONDULE BARRÉ
MULET À CORNES
NASEUX DES RAPIDES
CHATTE DE L'EST (MÉNÉ JAUNE)
CHEVALIER BLANC
GRAND BROCHET
MALACHIGAN
OMISCO
OUITOUCHE
CHEVALIER JAUNE
CHEVALIER ROUGE
MÉNÉ À NAGEOIRES ROUGES
MÉNÉ BLEU
PERCHAUDE
QUEUE À TACHE NOIRE
CRAPET DE ROCHE
CRAPET-SOLEIL
MENÉ D'ARGENT
MÉNÉ ÉMERAUDE
RASEUX-DE-TERRE GRIS
TÊTE ROSE
DARD BARRÉ
MÉNÉ PAILLE
MENV, 2004
VENTRE-POURRI
Le meunier noir (Catostomus commersoni) reste la plus abondante de toutes les espèces. Bien qu’elle soit plus
tolérante et abondante dans les secteurs les plus pollués par les égouts domestiques, cette espèce se distribue dans
l’ensemble du bassin versant. Les carpes et les cyprinidés constituent des espèces secondaires, alors que la barbotte
(Ictalurus nebulosus) devient plus abondante dans les secteurs plus pollués. Par ailleurs, depuis 1992, le MDDEP
protège l’intégrité de 14 frayères utilisées par plusieurs espèces dans le bassin versant (Figure 16). Ces frayères se
répartissent sur trois rivières : la Yamaska supporte sept frayères, la Noire quatre et la Pot au Beurre trois. Ces sites
visent à protéger les géniteurs, principalement en période de reproduction (Groison, 2000).
La pêche sportive est pratiquée, de façon spontanée, sur la majorité des cours d’eau du bassin versant. Les rivières
Yamaska et Noire de même que les lacs Brome et Roxton représentent toutefois les sites les plus fréquentés. Les
espèces d’intérêt sportif sont le maskinongé (Esox masquinongy), le brochet (Esox sp.), l’achigan (Micropterus sp.), le
doré (Stizostedion sp.), la perchaude (Perca fluviatilis), la barbotte (Ictalurus nebulosus) et les crapets. Afin d’augmenter
le potentiel de pêche sportive, la rivière Yamaska et ses tributaires ont fait l’objet d’ensemencement. Dans les années
1960 et 1970, le MENVIQ a ensemencé de la truite brune (Salmo trutta), de la truite arc-en-ciel (Salmo gairdneri) et du
maskinongé (Esox masquinongy). Dans le cas des salmonidés, l’ensemencement a permis d’augmenter les captures
par la pêche sportive alors que pour le maskinongé, qui est une espèce très prisée des pêcheurs, l’ensemencement a
seulement permis de maintenir les populations existantes. De plus, le Ministère a transféré, dans le bassin de la
Yamaska, des poissons provenant de la baie Missisquoi. Doré, perchaude, barbotte brune et achigan à petite bouche
49
ont ainsi été ensemencés afin qu’ils colonisent les cours d’eau du bassin et s’y maintiennent. Depuis cette époque,
plusieurs initiatives d’ensemencement ont été entreprises, entre autres par la Fédération québécoise de la faune dans
le cadre du programme de «Pêche en ville» et encore récemment par l’Association des chasseurs et des pêcheurs de
l’Estrie (Groison, 2000). Depuis 1992, grâce à cette association, plus de 150 000 truites arc-en-ciel, brunes et
mouchetées ont été ensemencées. De plus, dans le but constant d'améliorer l'habitat du poisson, plusieurs
aménagements furent réalisés par l’Association des chasseurs et des pêcheurs de l’Estrie (ACPE) : ruisseau frayère,
seuil de roches créant de nouvelles fosses, passe migratoire, abris, plantation d'arbres et d'arbustes pour solidifier les
berges.
Compte tenu de la mauvaise qualité de l’eau dans plusieurs sections du bassin versant, la consommation du poisson
pêché est limitée. Le guide de consommation du poisson de pêche sportive en eau douce du MDDEP présente les
recommandations relatives à la consommation de plusieurs espèces de poissons selon leur taille et le site de pêche :
http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/guide/recherche.asp.
6.2
Les batraciens et les reptiles
En raison de la présence de milieux humides et de plaines inondables, le bassin
versant est susceptible d’abriter une grande diversité de batraciens et de reptiles.
Cependant, les inventaires réalisés sur le territoire sont ponctuels, ce qui ne
permet pas de dresser un portrait d’ensemble de l’importance des populations.
Les divers inventaires rapportent la présence d’une quinzaine d’espèces
de batraciens sur le mont Yamaska, alors que le seul reptile retrouvé dans les
sites inventoriés est la couleuvre rayée (Thamnophis sirtalis). Bien qu’elles
Grenouille des bois
(Patrice Lefebvre, COGEBY, 2006)
n’aient pas été inventoriées, plusieurs autres espèces peuvent y vivre comme en
font foi plusieurs observations. Les batraciens les plus répandus sont la
salamandre sombre du Nord (Desmognathus fuscus), la grenouille des bois
(Rana sylvatica) et la grenouille verte (Rana clamitans). Dans le nord du bassin,
la baie Lavallière constitue un habitat très riche pour les batraciens et les reptiles.
Par contre, la capture illégale des grenouilles léopards (Rana pipiens) et vertes,
ainsi que des ouaouarons (Rana catesbeiana) représente une pression qui limite
l’abondance de ces batraciens (Groison, 2000)
Grenouille verte
(Patrice Lefebvre, COGEBY, 2006)
Une étude réalisée par le centre de recherche en toxicologie de l’environnement (TOXEN) de l’Université du Québec à
Montréal (UQÀM) a permis de caractériser le milieu aquatique grâce à l’analyse de la santé des ouaouarons dans le
bassin versant de la Yamaska. En effet, le ouaouaron passe toute sa vie dans le milieu aquatique, il est donc le reflet
de l’état des écosystèmes aquatiques. Plusieurs ouaouarons ont donc été capturés dans les différents sous-bassins de
50
la Yamaska ciblés en fonction de leur utilisation du sol. Des sous-bassins ayant des activités agricoles faibles,
moyennes et intensives ont été choisis. Les informations relatives à la distribution et à la santé des ouaouarons ont été
jumelées à des informations concernant la qualité de l’eau (présence de pesticides, de métaux, les bactéries, les
algues et les nutriments ; phosphore et azote) (Boily, 2004).
TABLEAU 15 LA SANTÉ DES OUAOUARONS DANS LE BASSIN VERSANT DE LA YAMASKA
BOILY, 2004
Le tableau 15 indique que la santé des ouaouarons est touchée lorsque l’agriculture s’intensifie et lorsque le
pourcentage de cultures à grand interligne est élevé. En effet, lorsque l’agriculture est plus intensive, le système
reproducteur est affecté, la taille et le poids aussi, de même que la vitamine A et le système immunitaire. À partir d’un
certain point, c’est l’espèce qui disparaît. Ces données concordent avec la présence de nitrites et des pesticides dans
l’eau, mais pas avec celle des métaux (Boily, 2004).
6.3
La sauvagine
Le bassin versant se situe dans un couloir de migration très important pour la sauvagine. La plus grande richesse en
termes d’espèces s’observe en période de migration, bien que la région constitue un habitat de reproduction pour
plusieurs. À ce titre, le mont Yamaska abrite des populations nicheuses de bec-croisé des sapins (Loxia curvirostra), de
viréo à tête bleue (Vireo solitarius), d’urubu à tête rouge (Cathartes aura), de grand pic (Dryocopus pileatus), de grand
51
corbeau (Corvus corax), de buse à épaulette (Buteo lineatus) et d’épervier de
Cooper (Accipiter cooperii) (Groison, 2000). Le marais du lac Boivin et le
parc de la Yamaska constituent des haltes migratoires importantes
pour plus de 25 espèces d’anatidés : canards, oies, cygnes, etc. Les
plus fréquemment rencontrées sont le canard branchu (Aix sponsa) et les
sarcelles à ailes bleues (Anas discors) et à ailes vertes (A. crecca), le canard
colvert et le canard souchet (A. clypeata). Lors de la deuxième vague de
migration, les canards plongeurs, tels les harles, les bernaches (Branta sp.) et
le canard noir (Anas rubripes), sont observés. Plusieurs autres espèces
Grand Héron
(Alain Mochon, FSÉTHY, 2008)
d’oiseaux associées au milieu aquatique peuvent être présentes : grèbe à bec bigarré (Podilymbus podiceps),
balbuzard pêcheur (Pandion halioetus), butor d’Amérique (Botaurus lentiginorus), grand héron (Ardea herodias),
bécassine des marais (Gallinago gallinago) et martin-pêcheur d’Amérique (Ceryle alcyon). Le lac Brome représente
aussi un habitat de qualité pour la faune avienne et il supporte une héronnière (Groison, 2000). Enfin, notons que 175
espèces d’oiseaux ont été recensées dans la région du mont Rougemont dont 91 ont été confirmées
nicheuses. Parmi celles-ci, notons la présence de la mésange à tête noire (Parus atricapillus), la paruline couronnée
(Seiurus aurocapillus), la grive des bois (Hylocichla mustelina) et certains rapaces comme la chouette rayée (Strix
varia), le grand-duc d’Amérique (Bubo virginianus) ainsi que le faucon pèlerin (Falco peregrinus).
6.4 La petite faune
Éléments importants de la petite faune, les micromammifères sont encore très peu étudiés dans le bassin versant. On
sait par contre qu’ils jouent un rôle de premier plan dans l’écologie de plusieurs espèces, étant à la base de la chaîne
alimentaire. En se basant sur les cartes de l’Atlas des micromammifères du Québec, on peut estimer que 15 des 23
espèces de micromammifères du Québec se retrouvent sur le territoire du bassin versant.
Les populations de lièvre (Lepus americanus) et de gélinotte huppée (Bonasa
umbella) ne sont pas très abondantes, comparativement à d’autres régions, en
raison d’une faible disponibilité d’habitats de qualité. Pour les autres espèces
animales, il existe peu de données. Les statistiques de piégeage montrent que 15
espèces animales ont été récoltées sur le territoire de la Montérégie : le castor
Malgré une qualité
d’environnement détériorée,
15 des 23 espèces de
micromammifères du Québec
se retrouvent sur le territoire
du bassin versant.
(Castor canadensis), le coyote (Canis lantras), le rat musqué (Ondatra zibethicus),
le raton laveur (Procyon lotor), le renard roux (Vulpes vulpes), le vison (Mustela vison), la belette (Mustela frenata),
l’écureuil roux (Tamiasciucus hudsonicus), la loutre (Lontra canadensis), la marte (Martes americana), la moufette
rayée (Mephitis mephitis) et le pékan (Martes pennanti). Notons que le rat musqué et le castor regroupent près de 82 %
des captures totales de piégeage en Montérégie. Le rat musqué est sans doute l’espèce la plus répandue en raison de
52
la grande disponibilité de son habitat de prédilection : les canaux de drainage en milieu agricole. La marmotte
commune (Marmotta monax) est également abondante (Groison, 2000).
6.5 La grande faune
Au niveau de la grande faune, les principales espèces observées sont l’orignal (Alces alces), l’ours noir (Ursus
americana) et le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus). Pour les deux premières espèces, bien que quelques prises
aient été enregistrées au cours des dernières années, les densités sont généralement très faibles. Dans l’ensemble de
2
la Montérégie, la densité théorique des orignaux est de 0,2 individus/ 10 km alors que celle de l’ours noir est évaluée à
2
0,16 ind. /10 km . Ces deux espèces sont en situation précaire dans la région, en raison du morcellement des massifs
forestiers. À l’opposé, la population de cerfs est très abondante dans les régions de la Montérégie et de l’Estrie. Les
habitats sont nombreux et de bonne qualité. En zones agroforestières, les populations potentielles sont de l’ordre de 10
2
à 15 cerfs/ km . Selon les inventaires aériens de 1992, le bassin versant supporte six aires de confinement bien que,
dans le sud de la province, ce phénomène de rassemblement en période hivernale ne soit plus beaucoup observé. En
effet, les hivers doux et peu enneigés ne poussent pas les cerfs à se rassembler. La forte densité de cerfs en zones
agricoles et urbaines est responsable d’un phénomène de déprédation. Ces cervidés mangent les pommes dans les
vergers et les grains de maïs alors qu’en zone urbaine, les haies de cèdres sont très vulnérables au broutage. De plus,
la présence d’une forte densité de cerfs dans un territoire aussi urbanisé entraîne de nombreuses collisions avec des
automobiles (Groison, 2000).
6.6 Les espèces fauniques menacées ou vulnérables
Le bassin versant comporte un grand nombre d’espèces susceptibles d’être
désignées menacées ou vulnérables. Selon le rapport de l’Union québécoise
pour la conservation de la nature, 26 espèces animales retrouvées sur le
territoire ont un statut précaire, dont 7 espèces de poissons, 5 espèces de
batraciens, 2 espèces de reptiles et espèces d’oiseaux (figure 16). Parmi les
plus rares, mentionnons la rainette faux-grillon de l’ouest (Pseudacris triseriata)
Salamandre sombre du Nord
qui est vulnérable et la pie-grièche migratrice (Lanius ludovicianus), qui est
(Patrice Lefebvre, COGEBY, 2006)
menacée.
Le bassin versant compte cinq espèces de batraciens à statut précaire. Ces animaux sont très sensibles à la pollution
de l’eau par des substances toxiques et subissent d’importantes modifications de leurs habitats par l’artificialisation des
berges. Chez les reptiles, la tortue des bois (Clemmys insculpta) et la
couleuvre tachetée (Lampropeltis triangulum) possèdent un statut précaire.
Cette espèce bénéficie d’un plan de rétablissement. Sa précarité origine
principalement d’une modification de son habitat naturel et d’une mortalité
26 espèces animales retrouvées sur
le territoire ont un statut précaire,
dont 7 espèces de poissons, 5
espèces de batraciens, 2 espèces
de reptiles et espèces d’oiseaux
53
excessive, directement provoquée par l’activité humaine. La liste des oiseaux à statut précaire se compose de rapaces,
de parulines, d’un pic et de passereaux. Leur situation est également attribuable à la perte d’habitat ainsi que, dans le
cas du pic à tête rouge (Melanerpes erythrocephalus), à l’introduction d’une espèce non indigène. Le faucon pèlerin
(Falco peregrinus) est pour sa part victime de la contamination de ses proies par des substances toxiques, ce qui
diminue sa capacité de reproduction. À l’exception de l’épervier de Cooper et du faucon pèlerin, les autres espèces ne
possèdent pas de plan de rétablissement. (Groison, 2000).
54
FIGURE 16 EMPLACEMENT DES FRAYÈRES ET LOCALISATION DES MENTIONS D’ESPÈCES ANIMALES SUSCEPTIBLES D’ÊTRE
DÉSIGNÉES COMME MENACÉES OU VULNÉRABLES DANS LE BASSIN VERSANT DE LA RIVIÈRE YAMASKA
GROISON, 2000
55
6.7 Les espèces nuisibles
L’introduction d’espèces non indigènes constitue un autre facteur qui modifie la qualité et l’intégrité des écosystèmes.
Nous présentons ici le cas d’une espèce introduite dans l’écosystème aquatique de la rivière Yamaska, soit la moule
zébrée (Dreissena polymorpha). Bien que la tanche (Tinca tinca) et le gobie à taches noires (Neogobius
melonostomus) n’aient pas encore été recensés dans le bassin versant de la rivière Yamaska, il est possible que ces
espèces y parviennent puisque les réseaux hydriques du Richelieu et du Saint-Laurent, où on trouve ces espèces
introduites, communiquent avec le bassin de la Yamaska.
6.7.1 La moule zébrée
Le cas de la moule zébrée représente un bon exemple de l’introduction d’une espèce non indigène dans le réseau
hydrographique du Saint-Laurent. La moule zébrée est un mollusque d’eau douce, dont la coquille est brune avec des
rayures blanchâtres. Elle provient d’Europe du Nord et a été introduite dans les Grands Lacs, en 1988, par l’eau de
ballast d’un navire européen. Sa présence est maintenant confirmée à plusieurs endroits dans le bassin versant de la
rivière Yamaska.
Cette espèce présente des caractéristiques physiologiques et biologiques qui ont favorisé son envahissement du SaintLaurent et de ses tributaires. La moule zébrée est très prolifique, la femelle pondant jusqu’à huit fois par année, de
30 000 à 40 000 œufs par ponte. Après l’éclosion, les larves flottent librement dans l’eau et sont invisibles à l’œil nu.
C’est lors de cette phase larvaire que les individus, dispersés par les courants, colonisent de nouveaux habitats. Après
cette phase, les moules développent leur coquille et se fixent au substrat. Ainsi, la moule zébrée s’accroche à une
grande variété de structures submergées : roches, autres moules, bateaux, tuyaux, quais, plantes aquatiques et toute
infrastructure présente dans l’eau.
Les problématiques environnementales de l’introduction de cette espèce sont nombreuses. La présence de la moule
zébrée dans la Yamaska est responsable de dommages écologiques et matériels. Toutefois, la Yamaska est moins
touchée que le Richelieu face à la prolifération de cette espèce Au plan écologique, étant un organisme filtreur, la
moule zébrée diminue la quantité de plancton à la base de la chaîne alimentaire en milieu aquatique. Ainsi, les espèces
indigènes manqueront de nourriture, ce qui aura des répercussions sur les autres animaux qui en dépendent. De plus,
la fixation des moules zébrées sur les moules indigènes diminue la capacité de survie de ces dernières, qui figurent
parmi les groupes d’organismes les plus menacés en Amérique du Nord. D’autre part, en filtrant l’eau, les moules
zébrées diminuent les matières en suspension, ce qui augmente la transparence de l’eau. Si cette filtration permet
l’absorption de polluants, l’avantage n’est que temporaire car, lorsque la moule meurt, les contaminants retournent en
circulation dans l’écosystème.
56
Les grandes densités de moules présentes sur les infrastructures occasionnent plusieurs bris. Au Québec, la densité
2
de moules peut atteindre 40 000 individus/m . Les moules zébrées peuvent bloquer les usines de traitement et de
filtration des eaux ainsi que les prises d’eau domestiques et industrielles. Elles peuvent aussi diminuer le débit des
usines de filtration et bloquer les systèmes d’irrigation agricole.
Il existe peu de prédateurs de la moule zébrée. Au Québec, les seuls connus sont la carpe, la barbue, l’esturgeon et
quelques espèces de canards plongeurs. Cependant, les prédateurs ne peuvent, à eux seuls, réduire la population de
moule zébrée. Divers moyens ont été développés pour limiter l’expansion de cette moule, mais pour l’instant, aucun ne
peut l’en retirer définitivement.
6.7.2 La tanche
La présence de la tanche dans le réseau hydrographique du Saint-Laurent est relativement récente et est attribuable
au relâchement d’individus provenant d’une pisciculture de la région de Sabrevois. Cette espèce d’Europe a été
introduite illégalement au Québec, en 1986, à des fins d’élevage. Les spécimens échappés de la pisciculture ont
colonisé les eaux du bassin versant de la rivière Richelieu. L’espèce n’a été identifiée officiellement par les biologistes
qu’à l’automne 1999, bien que la tanche soit capturée par les pêcheurs commerciaux depuis 1994.
Les répercussions de l’introduction de cette espèce sont nombreuses. Par son régime alimentaire et par le type
d’habitat qu’elle occupe, la tanche entre directement en compétition avec la perchaude, la barbotte et le chevalier
cuivré. En effet, les jeunes se développent dans le même type d’herbier que les espèces indigènes. Au niveau
commercial, la tanche pourrait perturber la pêche sportive dans le lac Saint-Pierre. Elle est déjà présente dans 38 États
américains où elle est considérée comme une nuisance. L’introduction de la tanche dans la rivière Richelieu étant
récente, ses conséquences ne sont pas encore bien connues. Jusqu’à maintenant, la seule mesure entreprise pour
contrer l’invasion est l’empoisonnement de la pisciculture au printemps 2000. Dans certains États américains,
l’introduction d’une espèce de carpe a permis de faire disparaître la tanche en raison de la compétition entre les deux
espèces.
6.7.3 Le gobie à taches noires
Le gobie à taches noires constitue un autre cas d’espèce introduite dans le grand réseau hydrographique du SaintLaurent. Il a été découvert en 1990, puis s’est rapidement répandu. La menace que pose ce poisson réside dans sa
capacité à supplanter les espèces indigènes. Le gobie adulte peut se nourrir d’œufs et de jeunes poissons indigènes.
De plus, il peut frayer plusieurs fois par saison, ce qui augmente sa compétitivité. Ce poisson n’étant pas très affecté
par une dégradation de la qualité de l’eau, il peut survivre dans des eaux de mauvaise qualité.
57
6.8 La perte de biodiversité
La perte de biodiversité est un problème complexe. En effet, plusieurs
facteurs sont associés à la disparition ou la précarité des espèces. Chose
certaine, la dégradation des écosystèmes, causée par la disparition des
boisés de ferme, la fragilisation des milieux humides et la pollution
d’origine agricole et industrielle jouent un rôle important dans la perte de
biodiversité, en mettant en péril la survie de plusieurs espèces.
L’introduction d’espèces exotiques envahissantes et des organismes
génétiquement modifiés en agriculture et en foresterie, ainsi que le
réchauffement climatique représentent eux aussi une menace sérieuse
pour le patrimoine naturel.
Biodiversité
Ensemble des gènes, des espèces et des
écosystèmes d'une région ou d'un milieu naturel
donnés.
La définition ci-dessus couvre les trois niveaux
auxquels la biodiversité est traditionnellement
associée, soit la diversité génétique : diversité
des gènes au sein d'une espèce; la diversité
des espèces : diversité entre les espèces; la
diversité au niveau des écosystèmes :
diversité à un niveau d'organisation plus élevé,
l'écosystème, qui comprend la diversité des
différents processus et interactions durables
entre les espèces, leurs habitats et
l'environnement.
Le grand dictionnaire terminologique, 2006
Dans le bassin versant, 62 espèces végétales ainsi que 26 espèces animales ont un statut précaire (CDPNQ et
Nature Québec / UQCN, 2005). Le cas des ouaouarons (Rana catesbeiana), décrit ci-dessous, montre bien le
déséquilibre présent dans plusieurs écosystèmes du bassin versant.
Le ouaouaron, aussi appelé grenouille-taureau d’Amérique est la plus grosse
grenouille d’Amérique du Nord. Vu sa taille et sa longévité, cette espèce
représente un très bon indicateur de la qualité du milieu. C’est pourquoi de
nombreuses recherches sont effectuées sur les ouaouarons dans le bassin
versant de la rivière Yamaska et les résultats sont alarmants. Les ouaouarons, du
Ouaouaron
(Audrey Daignault, COGEBY, 2007)
bassin versant, sont plus petits que la normale, leur système immunitaire est
affaibli et leurs organes reproducteurs sont endommagés. Dans certains secteurs,
l’espèce est même disparue. Les pesticides tels l’atrazine, le phosphore et les
polluants industriels présents dans l’eau du bassin versant seraient responsables de la disparition des ouaouarons
(Provost, 2005).
La mauvaise qualité de l’eau dans le bassin versant affecte de plus en plus d’organismes vivants et menace la
biodiversité. Même les systèmes immunitaires et reproducteurs humains ne seraient pas à l’abri des dommages
causés par les polluants accumulés dans l’eau. Aucune étude n’a encore été réalisée à ce sujet.
58
Références :
BOILY, M., 2004. Dépliant sur La santé des ouaouarons dans le bassin versant de la Yamaska. Centre TOXEN,
Université du Québec à Montréal. 2 p.
Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ), 2005. Commission Biodiversité, [En
ligne] http://www.naturequebec.org/pages/commissionbiodiversite.asp
Centre d’interprétation de la nature du lac Boivin (CINLB). 2006. L’ornithologie/Saison par saison [En ligne]
http://www.cinlb.org/index.php?page=saison.php
Centre d’interprétation de la nature du lac Boivin (CINLB), 2006. Galerie d’images du Lac Boivin/ animaux, Ouaouaron
[En ligne] http://www.cinlb.org/gal/index.php?rep=animaux&image=Beau-ouaouaron.jpg
GROISON, V., 2000. Profil du bassin versant de la rivière Yamaska, Conseil de gestion du bassin versant de la rivière
Yamaska (COGEBY)
Ministère de l’Agriculture, les Pêcheries et l’Alimentation (MAPAQ), 2004. Atlas de l’occupation du sol. Données 2002.
Communications personnelles
Ministère de l’Environnement (MENV), 2004. Banque de données sur la faune aquatique et son environnement,
Québec, Ministère de l’Environnement, Direction du suivi de l’état de l’environnement.
Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), 1998. État de l’écosystème
aquatique du bassin versant de la rivière Yamaska Ŕ Synthèse de 1998, [En ligne] :
http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/eco_aqua/yamaska/indicate.htm.
Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), 2002. BENTHOS [En ligne]
http://www.mddep.gouv.qc.ca/
Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), Guide de consommation du poisson
de pêche sportive en eau douce du MDDEP, [En ligne] : http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/guide/recherche.asp
PROVOST, Gilles. Octobre 2005 Les ouaouarons de la rivière Yamaska, Découverte, Radio-Canada, [En ligne] :
http://www.radio-canada.ca/actualite/v2/decouverte/niveau2_5104.shtml
Union Québécoise pour la conservation de la nature (UQCN), 2005, La gestion du territoire et des activités agricoles
dans le cadre de l’approche par bassin versant : Bassin versant de la rivière Yamaska Ŕ Fiche descriptive, PDF
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