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RISCURI ùI CATASTROFE, NR. XI, VOL. 11, NR. 2/2012 LA MUNICIPALITE DE BISTRIğA - UN POSSIBLE MODELE DE SURMONTER LES RISQUES QUI MENACENT LE CENTRE-VILLE HISTORIQUE ET DE VALORISATION TOURISTIQUE DE CELUI-CI AL. PĂCURAR1, ANCA-IRINA PĂCURAR2 ABSTRACT.- The Municipality of BistriĠa – a potential model for surpassing urban risks and for the touristic capitalisation of its historic center. Situated on the trail of an important trade route, exploiting from an early age its rich natural surroundings, BistriĠa has developed as a typical Transylvanian city. Its historic center, built during the XIV-XVII centuries, compact and uniform, is a valuable urban and architectural heritage and was declared a protected architectural area. In time, especially during 1948-1990, a series of urban risks affected BistriĠa’s historic center, due to the carelessness and ignorance towards the past and the area’s identity, which are highlighted in this study. After 1990, a beneficial process of restoring this heritage began, along with the awareness and the sense of ownership of the local community regarding its value and along with its capitalisation through tourism. Key-words: ville commerciale royale, centre historique, le patrimoine architectural médiéval , le risque de dégradation des édifices architecturaux de grande valeur, le risque d’utiliser improprement les édifices architecturaux. 1. Introduction À l’abri sûr et généreux des ressources provenant des montagnes, située dans une zone fertile, favorable à la vie et à l’activité humaine, la municipalité de BistriĠa est apparue et s’est développée dans une zone collinaire, traversée par la rivière BistriĠa, à une altitude de 360 mètres, sur l’emplacement d’habitats anciens appartenant à la population autochtone. La dépression homonyme dans laquelle est située BistriĠa, traversée par la vallée de BistriĠa, est une ancienne baie de la Dépression de la Transylvanie remplie de dépôts sédimentaires tertiaires. Elle est disposée sous la forme de deux 1 Babeú-Bolyai University, Faculty of Geography, 400006, Cluj-Napoca, Romania, e-mail: [email protected] 2 Iuliu-HaĠieganu University of Medicine and Pharmacy, Cluj-Napoca, Romania 39 AL. PĂCURAR, ANCA-IRINA PĂCURAR niveaux: un niveau bas, collinaire, qui correspond au cours inférieur de la vallée de BistriĠa, où se trouve la ville, et un niveau plus haut, c’est-à-dire le secteur du cours supérieur de BistriĠa et la région des Bârgaie (une succession de villages situés tout au long de la vallées de Bârgău et de BistriĠa - Mureúenii Bârgăului, Tiha Bârgăului, BistriĠa Bârgăului, Prundu Bârgăului, Susenii Bârgăului, Mijlocenii Bârgăului, Josenii Bârgăului et Rusu Bârgăului). Les deux niveaux sont séparés par la ceinture de tuf dacitique le long de l’alignement indiqué par les localités MintiuCepari-Dumitra-SlătiniĠa-Rusu Bârgăului. Attestée documentairement en 1264, la ville a été fondée par des colons saxons dénomés dans les sources documentaires „Flandrensi, Teutons où Saxons” des latins, mais aussi des wallons, qui à proximité de BistriĠa, ont fondé deux villages només “villa Latina”, incorporés en ville ultérieurement (Sălăgean, Tudor, 2009, op.cit., p.122, apud Nägler, Theodor, op.cit., pp. 420, 134, 137). Les premiers groupes de colons saxons provenant de Flandre, de Saxonie, de Franconie, de Wallonie, de Bavière et du Luxembourg s’installent dans la deuxième moitié du XIIème siècle sur cette domaine – fundus regius – appartenant à la couronne hongroise, une appartenance plutôt théorique jusqu’à l’installation des colons saxons (ùtefan Pascu, 1972). Ils ont fondé la ville qui a reçu les fonctions de foire centrale du territoire local et celle de château-fort pour la défense du col de TihuĠa et du passage de Bârgău. Les colons ont pris en considération les caractéristiques du site par rapport aux besoins édilitaires de la future ville : la plaine large et la surface plane des terrasses fluviales, la proximité des collines Codriúor (502 m) et Morilor (602 m) au sud et CetăĠii (680 m) au nord, boisées avec du charme, du chêne et du hêtre, ressources de l’eau potable suffisante de la riche nappe phréatique, la rivière de BistriĠa avec son apport de force motrice pours les moulins et les besoins protoindustriels, ls sols fertiles. BistriĠa se développe surtout comme une ville commerciale royale, position consolidée par une série de privilèges, comme celui de 1353, similaires à ceux d’autres villes telles que Baia Mare (1347) ou Braúov (1364). Le long des XVème et XVIème siècles l’économie de BistriĠa se fortifie en s’orientant de plus en plus vers le commerce et les artisans, de manière qu’en 1553 on mentionne 16 corporations. Plus tard, aves le progrès de la société locale, le nombre des corporations augmente, atteignant le maximum en 1761 avec 29 corporations. L’abondance monétaire due à l’exploitation des gisements d’argent de Rodna, dont le patriciat urbain de BistriĠa était l’actionnaire principal, l’argent de Rodna assurant la prospérité de BistriĠa aux XVIème-XVIIème siècles, la pratique facile du crédit et l’éthique protestante qui a élevé à la hauteur de principes éthiques le travail, la rigueur et la modestie des gens ont assuré la prospérité de BistriĠa. Grâce à sa position sur la route principale qui relie la Transylvanie et la Bucovine, BistriĠa connaît un grand essor du commerce, reflété dans son 40 LA MUNICIPALITE DE BISTRIğA - UN POSSIBLE MODELE DE SURMONTER LES RISQUES … dévéloppement urbain, dans l’architecture de la ville, dans l’alignement des maisons de commerce de la Place Centrale (Marktplatz). Les étapes de l’évolution territoriale de la ville de BistriĠa sont les suivantes Fig. 1. L’évolution territoriale de la municipalité de BistriĠa, y compris de ses localités composantes – Unirea, Viiúoara, SlătiniĠa, à présent des quartiers de la ville - entre 1150-1325 se forme le noyau de la localité ; - entre 1326-1700 la ville se développe lentement et étend progressivement son territoire, son noyau urbain se rends durable ; - entre 1701-1968 la ville connaît des extensions par des „débordements” au-delà du périmètre des anciens murs. Les murs de défense et les portes d’entrée dans la ville sont démolies, laissant la place aux bâtiments administratifs ; - l’étape après 1969, marque une extension et un développement considérables suite à une ample industrialisation, l’augmente de la population de la 41 AL. PĂCURAR, ANCA-IRINA PĂCURAR ville d’environ 4 fois (de 17000 à 81000 habitants), l’édification des quartiers avec de nouveaux ensembles d’habitations collectives d’une qualité douteuse. Durant cette période, un risque majeur de démolition du patrimoine architectural du centre historique de la ville a été présent. Cependant, de par sa configuration compacte et unitaire, le centre-ville historique a échappé aux interventions massives, quelques bâtiments seulement étant affectés par des dégradations irréversibles. En même temps, le risque de société est devenu accru à cause de l’augmentation jusqu’à 4 fois de la population urbaine. Les populations venues de l’extérieur nonfamiliarisées avec les traditions de la ville, en l’absence de perception d’appartenance à celle-ci ont contribué à une dépréciation jusqu’à l’absence de cet espace urbain perçu. Après 1990, la ville s’est développée massivement, une fois échappée des contraintes de la planification initiée sur les bases idéologiques, en triplant sa surface résidentielle, surtout vers l’ouest (Viiúoara) et vers l’est (Unirea, Livezile) le long de l’axe routier majeur de transport ( l’isochore entre les localités extrêmes – aujourd’hui des quartiers – est seulement de 10-12’ !), mais aussi vers le nord (Sigmir, SlătiniĠa et au-delà de la route de ceinture) et vers le sud (Ghinda, Budac), ce qui est surprenant pour une ville de seulement 81000 habitants, mais possédant une grande vitalitée. Ce développement par extension territoriale des zones résidentielles a des conséquences majeures par le coût de l’implémentation des services communaux – eau, gaz, canalisation, tracement et asphaltage de routes – qui devient ainsi énorme, par rapport à la densité réduite de la population dans les nouvelles quartiers. 2. Un regard sur historique les risques qui menacent le centre-ville Dans l’évolution de l’urbanisme et de l’architecture médiévale de Transylvanie, BistriĠa occupe une place à part par la richesse de son patrimoine qui définit un profil urbanistique distinct et unique, par les constructions civiles, religieuses, administratives et militaires qui le composent. À présent, le centre historique de BistriĠa a été déclaré zone protégée d’architecture médiévale. Apres la chute du communisme, qui marque en même temps la disparition du risque majeur de démolition de ce patrimoine architectural médiéval, toute une série d’autres risques considérés mineures continuent de menacer par ailleurs. On compte ainsi : - le risque de dégradation des édifices architecturaux de grande valeur ; - le risque de restauration incomplète de ces édifices ou leur faible encadrement dans le paysage urbain résulté des travaux de restauration ; - risque d’utiliser improprement les édifices architecturaux ; - risque résulté de l’ignorance, le manque de connaissance de la valeur 42 LA MUNICIPALITE DE BISTRIğA - UN POSSIBLE MODELE DE SURMONTER LES RISQUES … patrimoniale de l’ensemble des édifices ou de certains d’entre eux présents dans le centre-ville historique. On doit dire d’emblée que des mesures salutaires ont été prises récemment pour minimiser les effets du risque dû à la manque de connaissance de la valeur patrimoniale des édifices du centre-ville historique. Des affiches en grand format, étalés dans la Place Centrale attirent l’attention sur les éléments identitaires de la ville : habitants, lieux, des edifices, monuments, évènements mémorables. Le risque d’utilisation impropre suppose la destination des édifices patrimoniaux à d’autres fins que ceux pour lesquels ils ont été construits. Ce type de risque est présent pour un bon nombre d’édifices, comme par exemple le bâtiment…, ancien siège des syndicats qui est occupé actuellement par plusieurs sociétés commerciales dont le firmament ainsi que l’objet de l’activité ne sont pas du tout en concordance avec l’architecture ancienne. Actuellement, la destination des bâtiments du centre-ville historique est principalement celle résidentielle. Fig. 2. Fonction des bâtiments du centre historique de la municipalité de BistriĠa. Bien qu’après 1990 il y ait eu une tendance constante de migration du commerce vers la périphérie de la ville à la recherche de l’espace, le centre historique reste une zone commerciale par excellence. Il s’agit du commerce de haut classe, qui s’installe peu à peu au centre-ville, comme partout dans l’Europe. À cette fonction vient s’ajouter la fonction administrative, celle culturelle et celle éducative. Concernant la fonction résidentielle dominante des bâtiments du centre historique, quelques observations s’imposent : 43 AL. PĂCURAR, ANCA-IRINA PĂCURAR - à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les habitants saxons qui étaient de loin majoritaires ont été obligés de partir (sous les contraintes de l ’Armée Rouge d’occupation), laissant un fonds locatif de valeur dans l’administration locale d’Etat qui le nationalisent. Paradoxalement, les immeubles du patrimoine ont été peuplés par des catégories sociales sans traditions civiques, principalement par des Tsiganes ; - suite à ces mutations intervenues au niveau de l’installation des populations allogènes dans le centre-ville historique et à cause de la nationalisation des propriétés immobilières ou des commerces, l’abolition de la libre initiative a commencé une longue période (1944-1990) d’agression néfaste sur le patrimoine arhitectural d’exception, qui consistera dans l’usure excessive et parfois la destruction irrémédiable des édifices (cela est valable pour quelques dizaines des cas) - Fig. 3. Estimation du degré d’usure des bâtiments du centre historique de la municipalité de BistriĠa administrés par l’Etat, lors de leur restitution aux propriétaires de droit Certaines rues, de vrais bijoux architectoniques, redeviennent des rues dont les locataires sont presque exclusivement des Tsiganes: rue Nicolae Titulescu (ancien Ungargasse), rue Dornei (Beutlergasse) et partiellement rue Liviu Rebreanu (Holzgasse) et la Place PieĠiúor (Kleiner Ring). Le risque de dégradation irréversible des éléments de patrimoine s’est accentué au cours des années 1970-1990 à cause de l’immigration massive et définitive des Saxons, quand la ville perd partiellement son identité ; 44 LA MUNICIPALITE DE BISTRIğA - UN POSSIBLE MODELE DE SURMONTER LES RISQUES … Fig. 4. Le centre-ville de BistriĠa: immeuble en état precaire - en 1996, après quelques années d’incertitudes commence un processus lent de restitution des immeubles aux propriétaires de droit, ce processus s’accélérant à partir de l’an 2000, de sorte qu’aujourd’hui le processus est fini. En même temps, commence un processus de restauration et de réhabilitation des immeubles, échappant ainsi à une dégradation irréversibles. La communauté locale devient consciente et sensible au patrimoine qu’elle possède, celui-ci devenant identitaire, dans le sens que les gens s’identifient à lui et sont conscients de sa valeur. On peut affirmer que grâce aux efforts concertés des écoles, de l’administration locale, du mass-média, les habitants du centre-ville historique et les propriétaires des immeubles ont su garder l’identité des lieux. Graduellement, les Tsiganes sont évacués du centre historique vers la péripherie, dans des immeubles qui sont mises à leur disposition. 3. La valorisation touristique du centre historique Le centre historique de la ville de BistriĠa possède toute une série de qualités qui le recommandent pour le tourisme urbain. Parmi ses atouts, on remarque : - la trame des rues, qui a gardé en totalité l’ancienne trame médiévale des rues, adaptée aux conditions actuelles. Ce qui surprend dès le début, surtout pour une ville aussi vieille, c’est sa structure rectangulaire La physionomie du centre historique est identique à celles des villes de l’espace culturel central-européen, étant similaire aux villes Braúov, Sibiu, Sebeú, Mediaú, Sighiúoara. Il s’agit d’une place centrale – Marktplatz – délimitée dès le XIVème siècle, où se trouve la Cathédrale Évangélique avec la tour la plus haute de Transylvanie ; elle est à la fin d’un ample processus de restauration. 45 AL. PĂCURAR, ANCA-IRINA PĂCURAR Fig. 5. La trame des rues dans le centre historique de la municipalité de BistriĠa Autour de la place rectangulaire il y a des bâtiments emblématiques, dont la fonction initiale était celle résidentielle pour le patriciat urbain, de commerce, comme c’est le cas de la rangée de bâtiments avec des arcades en style gothiquerenaissance connue comme “Sugălete”, en fait une série d’emporiums. Plus tard, aux XVIIIème XIXème siècles, apparaissent deux nouvelles places, de dimensions plus réduites, la place PieĠiúor ou Kleiner Ring, dans l’immédiate proximité de la place centrale, flanquée elle aussi de bâtiments de valeur architecturale au moins de deux côtés, et la place Unirii (ancienne Rosmarkt) dans l’espace de l’église des Franciscains de 1541 (depuis 1893 la propriété de la communauté grécocatholique et depuis 1948 de celle orthodoxe). À quelques dizaines de mètres Fig. 6. La Cathédrale Évangélique à la vers l’est, l’ancienne place Am Rodnaer fin d’un ample processus de restauration Tor, aujourd’hui la Place Petru Rareú, a été complètement remodelée dans le centre politico-administratif. 46 LA MUNICIPALITE DE BISTRIğA - UN POSSIBLE MODELE DE SURMONTER LES RISQUES … Vers la Place Centrale (Marktplatz) convergent des rues à exposition estouest, des artères commerciales importantes qui aboutissaient aux portes de la ville dont les murs ont été déjà démolis à la fin du XIXe siècle. À la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, sur l’emplacement des anciens murs de défense on a construit des boulevards devenus emblématiques pour la ville actuelle, qui flanquent le centre historique au nord – Fleischeralle, aujourd’hui le Boulevard de la République, et à l’ouest, rue Alexandru Odobescu, et les principales rues du centre historiques ont été prolongées avec l’extension de la ville. Entre les rues principales à exposition est-ouest sont intercalées des rues secondaires et seulement vers leurs extrémités apparaissent les rues principales à exposition nord-sud. Entre les rues à exposition est-ouest il y a une série de passages piétons étroits, très romantiques, en nombre de XIII, typiques des villes de facture médiévale; - l’ancienneté des bâtiments reflète très bien les étapes de la construction et de la reconstruction du centre historique, le passage d’une architecture en bois à l’architecture du mur, qui se produit après 1450 (Gabriela Rădulescu, 2004, Ioan Sigmirean, Adrian Onofreiu, 2001, Gheorghe Mândrescu, 1999). Les plus anciens bâtiments datant de la période 1250-1399 se trouvent dans la Place Centrale (Marktplatz), suivis de la rangée compacte des bâtiments des XVe-XVIIe siècles de la rue Liviu Rebreanu (Holzgasse) Fig. 7. Ancienneté des bâtiments du centre historique de la municipalité de BistriĠa 47 AL. PĂCURAR, ANCA-IRINA PĂCURAR Les plus beau édifices sont l’église Évangélique, les maisons de commerçants en arcades – “Sugălete” (ancienne Kornmarkt), les maisons Ion Zidaru et de l’Orfèvre, Albert Berger. La majorité des bâtiments appartiennent aux XVIIIème - XIXème siècles, se succédant sur les anciens lots des rues Gheorghe ùincai (Spitalgasse), Nicolae Titulescu (Ungargasse), Dornei (Beutlergasse) etc. Le plus souvent, ils ont remplacé les anciennes maisons en bois, un matériau inflammable et source de nombreux incendies. Les matériaux de construction des bâtiments du patrimoine du centre historique sont de provenance locale, à savoir la pierre pour les plus anciens, la pierre et la brique pour les bâtiments des XIIIe-XVIIIe siècles, et pour les plus récents, ceux des XVIIIe-XIXe siècles, la pierre et la brique sont dominantes. Paul Niedermaier (op.cit.) estime que le nombre des bâtiments en pierre à la fin du XVIème siècle était de 400, c’est-à-dire la majorité des immeubles de l’intra-muros; - le style architectural varié, représentant un autre élément d’attractivité touristique. Il prouve la prospérité du bourg transylvain, à savoir les goûts des catégories sociales aisées, dont le pouvoir économique provient du commerce et de l’exploitation des ressources minières de Rodna Fig. 8. Style architectural des bâtiments du patrimoine du centre historique de la municipalité de BistriĠa 48 LA MUNICIPALITE DE BISTRIğA - UN POSSIBLE MODELE DE SURMONTER LES RISQUES … Les styles gothique, renaissance et baroque prédominent ; le témoin le plus clair du style gothique reste la maison „Ion Zidaru”, avec la fenêtre en arc brisé, l’encadrement rectangulaire de la porte, le balcon etc. (Gabriela Rădulescu, 2004). Fig. 9. Le centre-ville de BistriĠa: des beaux édifices récemment restaurés et des panneaux d’affichage pour signaler les éléments du patrimoine de la ville. 49 AL. PĂCURAR, ANCA-IRINA PĂCURAR L’architecture de la Renaissance se retrouve dans la Maison de l’Orfèvre, aussi bien que dans les immeubles du côté sud de la Place Centrale (Marktplatz). L’église romano-catholique est édifiée en style baroque et quelques-uns de ses éléments se retrouvent dans les immeubles des rues Nicolae Titulescu, Gheorghe ùincai et Dornei. La Cathédrale Évangélique est construite en style gothique, ayant des éléments renaissance dans la façade, tandis que l’église des franciscains (à présent orthodoxe) possède des éléments des styles roman, gothique et baroque. Tout un ensemble de bâtiments ayant des éléments architecturaux de facture renaissance se trouvent sur le flanc sud du PieĠiúor. L’aspect de la trame des rues avec les passages pour les piétons si romantiques, l’ancienneté des édifices et leur style architectural varié mis en valeur par les travaux de restauration constituent un attrait pour le tourisme urbain. Ainsi, la ville BistriĠa peut se rattacher aux villes touristiques Braúov, Sibiu, Mediaú et Sighiúoara. Ces actions s’inscrivent dans la tendance vivement manifestée en Europe de remodelage des centres urbains anciens dans le but de mettre en valeur leur patrimoine architectural identitaire. Durant les années ’60 du XXème siècle, les centres urbains anciens ont bénéficié d’une attention privilégiée de la part des communautés locales. Celles-ci, conscientes de la valeur de leur patrimoine ont déroulé de diverses actions orientées vers la conservation de certains éléments architecturaux qui puissent représenter ultérieurement des offres touristiques attrayantes. C’est dans cette tendance que la ville Bistrita s’inscrit après 1990, phénomène qui stoppe le risque encouru de dégradation de son patrimoine architectural et de sa faible mise en valeur touristique. Plusieurs intentions de valorisation de ce patrimoine architectural urbain s’identifient dans les actions menées par les communautés locales : - la mise en évidence des édifices emblématiques par le recours aux restaurations réalisées professionnellement ; l’Administration Locale prend en charge la restauration et l’entretien de ces édifices architecturaux ; - la réhabilitation du centre-ville historique et surtout le reconditionnement de l’infrastructure édilitaire (rues, canalisation, éclairage public, alimentation en eau, électricité, gaz naturel). Les travaux d’ampleur démarrés dans ce sens visent : l’augmentation de la capacité d’accès des bus touristiques en leur assurant en même temps de nouvelles places pour le parking ; application des restrictions de circulation des automobiles à l’intérieur du centre historique et la multiplication des rues pour les pietons ; la modernisation du réseau et de l’équipement destinés au transport en commun qui offre une variante d’accès vers certains objectifs touristiques. Valorisation du patrimoine architectural a des conséquences bénéfiques sur la physionomie, la population et les activités de la ville. La dégradation du centreville historique, ainsi que l’implication des tsiganes dans la préservation de l’identité locale sont stoppées. L’accès des jeunes est encouragé pour animer les 50 LA MUNICIPALITE DE BISTRIğA - UN POSSIBLE MODELE DE SURMONTER LES RISQUES … rues du centre-ville. On constate cependant des effets négatifs : hausse des prix dans le domaine immobilier (les habitants à faibles revenus sont progressivement remplacés) ; disparition des commerces et des services traditionnels qui ont cédé la place aux restaurants, galléries d’art, magasins d’antiquités, magasins des grandes marques et de bijoux. Conclusions L’apparition et le développement d’une vie urbaine à BistriĠa comme résultat de l’activité d’une population hétérogène (Roumains, Germains, Hongrois), laborieuse et déterminée, avec tout ce qu’elle suppose (les activités, aspects sociaux), l’évolution de l’habitat (trame des rues, bâtiments résidentiels, édifices publics) sont analysés dans l’optique de constitution d’un patrimoine architectural urbain de grande valeur qui fait de cette ville un exemple emblématique pour la Transylvanie. Jusqu’en 1947, l’évolution territoriale de la ville BistriĠa a suivi un parcours « naturel », avec ses flux et reflux inhérentes de la période sociohistorique que la Transylvanie traversait à l’époque. Cette période correspond avec l’apparition et la consolidation de l’identité de la ville, fait reflété aussi dans son patrimoine architectural, dans la perception de ses habitants ou dans son profil économique ; la communauté s’est ainsi constituée sa propre empreinte identitaire. Une fois entrée dans la sphère d’influence soviétique, la société roumaine en ensemble subit des transformations profondes. Pour la ville de BistriĠa, ces influences se traduisent par : - une évolution territoriale planifiée qui porte vers l’exacerbation le nouveau, ignore et même nie les éléments identitaires, conduisant ainsi à la présence du risque majeur de destruction de son patrimoine architectural ; - des changements survenus au niveau de son profil et de sa fonction, la ville acquerant une fonction industrielle dominante ; - l’augmentation de la population en rythmes exponentielles par apport de populations allogènes qui altèrent son profil identitaire, son savoir collectif et ignorent ses valeurs ; cela a conduit à la manifestation latente du risque sociétal, contrôlé par le régime communiste. - Apres 1990, BistriĠa redécouvre son passé et commence à valoriser son potentiel touristique de facture urbaine exceptionnel prenant des mesures pour stopper et éliminer progressive des risques qui les menaçaient. A présent, une fois le risque majeur de destruction irréversible de son patrimoine architectural de la ville éloigné, toute une série de risques mineurs y restent en place, comme par exemple les restaurations et les destinations impropres des édifices patrimoniaux ou la manque de connaissance de ce patrimoine. Les décideurs et les collectivités locales réunissent leurs efforts dans le but de minimiser les effets de ces risques et interviennent par des actions visant à restaurer et valorisation le centre historique exceptionnel de la ville de BistriĠa. 51 AL. PĂCURAR, ANCA-IRINA PĂCURAR BIBLIOGRAPHIE 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. Bonnet, Jacques, 2003, Risques urbains et sociétaux: la vulnérabilité des grandes villes, în Dossiers des Images Economiques du Monde. Les , Editura Sedes, Paris. Chaline, Claude, Dubois-Maury, Jocelyne, 1994, La ville et ses dangers, Editura Masson, Paris. 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