Diagnostic initial des sites de pêche artisanale du
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Diagnostic initial des sites de pêche artisanale du
CopeMed II – ArtFiMed Technical Documents Nº4 (GCP/INT/028/SPA – GCP/INT/006/EC) DIAGNOSTIC INITIAL DES SITES DE PÊCHE ARTISANALE DU MAROC ET DE TUNISIE Juin 2009 ArtFiM ed est un projet coordonné par CopeM ed II. Ce document ainsi que les autres publications de la série du Projet de Développement durable de la pêche artisanale méditerranéenne au Maroc et en Tunisie, fournissent des conclusions et des recommandations qui correspondent au moment de la préparation. Elles pourront être modifiées éventuellement à la lumière des nouvelles connaissances acquises durant les étapes suivantes du Projet. Les désignations utilisées ainsi que la présentation des matériels de cette publication n’expriment en aucun cas l’opinion de la FAO, du Gouvernement de l’Espagne, ni celui de l’AECID en ce qui concerne le statut juridique de tout pays, territoire, ville ou région, ou en qui concerne la détermination de ses frontières ou de ses limites territoriales. Le document a été produit avec l’aide financière de l’Union européenne et l’Espagne. Les opinions exprimées ci-dessous ne reflètent en aucun cas l’opinion officielle de l’Union européenne où l’Espagne. 2 Préface Le Projet régional ‘Développement durable de la pêche artisanale méditerranéenne au M aroc et en Tunisie’ (ArtFiM ed) est exécuté par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et financé par l’Agencia Española de Cooperacion para el Desarollo (AECID). ArtFiM ed contribue à réduire la pauvreté des communautés ciblées en améliorant leurs modes de vie dans le respect des écosystèmes qu’elles exploitent, contribuant ainsi à mieux intégrer ces communautés dans la dynamique qui les concerne directement, notamment dans le domaine de la gestion des pêches et du développement des régions côtières. Les résultats prévus concernent trois niveaux différents: i) celui des trois communautés artisanales où le projet est exécuté; ii) le niveau national (M aroc et Tunisie) et plus spécialement les enseignements tirés et la promotion des industries de la pêche au niveau national; et iii) le niveau de la CGPM , en multipliant les informations sur les industries artisanales de la pêche et en promouvant sur une échelle régionale les leçons et les méthodologies apprises. Les sites choisis pour exécuter le projet sont les suivants: un site au M aroc, Dikky dans la province de Tanger, aux alentours du détroit de Gibraltar où plus de 300 pêcheurs emploient des lignes à main et des hameçons pour capturer du thon rouge et d’autres espèces; et deux sites en Tunisie, Ghannouch et El Akarit. À Ghannouch, plus de 500 pêcheurs utilisent plusieurs sortes de filets maillants, et à El Akarit dans la province de Gabès, plus de 500 femmes en provenance de différents villages autour de la zone de pêche, pratiquent pendant les périodes intertidales, la pêche à pied des palourdes. ArtFiM ed Project HQ FAO-FIRF Sous-délégation du gouvernement de M álaga Paseo de Sancha 64, Bureaux 305-307 29071 M álaga Espagne Tel: (+34) 952 989299 Fax: (+34) 952 989252 E-mail: [email protected] URL: http://www.faoartfimed.org Ce document est imprimé sur du papier iii Publications CopeMed II (GCP/INT/028/SPA – GCP/I NT/006/EC) et ArtFiMed (GCP/RAB/005/SPA) Les Publications du Projet CopeM ed II – ArtFiM ed font partie d’une série de Documents techniques sur les réunions, les missions et les recherches organisées ou conduites dans le cadre de ces deux projets. Tout commentaire sur ce document est le bienvenu. Veuillez adresser ces commentaires au siège du Projet: Projet CopeMed II Subdelegación del Gobierno en Málaga Paseo de S ancha 64, Bureaux 305-307 29071 Málaga (Espagne) [email protected] Projet ArtFiMed Subdelegación del Gobierno en Málaga Paseo de S ancha 64, Bureaux 305-307 29071 Málaga (Espagne) [email protected] Dans les bibliographies, le document doit être cité de la façon suivante: ArtFiM ed. 2009. Diagnostique initial des sites de pêche artisanale du M aroc et de Tunisie. FAOArtFiM ed Développement durable de la pêche artisanale méditerranéenne au Maroc et en Tunisie (GCP/INT/005/SPA). CopeM ed II – ArtFiM ed Technical Documents Nº 4. M alaga, 2009. 51 pp. iv Préparation de ce document Ce document qui constitue la version finale préparée par l’expert national du projet (M. M alouli Idrissi), en collaboration avec le personnel du Projet (J.A. Camiñas et M . Bernardon) fait partie d’une série de documents méthodologiques destinés à la mise en œuvre du Projet. ArtFiM ed. 2009. Diagnostique initial des sites de pêche artisanale du M aroc et de Tunisie. FAO-ArtFiM ed Développement durable de la pêche artisanale méditerranéenne au Maroc et en Tunisie. CopeM ed II – ArtFiM ed Technical Documents Nº 4 (GCP/INT/005/SPA). M alaga, 2010. 51 pp. RÉSUMÉ Le plan de travail du projet ArtFiM ed, prévoit une phase de diagnostic permettant une identification des activités qui seront par la suite plus amplement détaillées au niveau de chaque pays et de chaque site en fonction des aspirations des communautés selon une approche progressive et participative avec les bénéficiaires. Dans une première étape, des rapports diagnostics préliminaires des trois sites sélectionnés pour la mise en œuvre du projet, à Dikky au M aroc, et El Akarit et Ghannouch en Tunisie ont été élaborés par les responsables Nationaux durant la première phase du projet, à partir de la documentation collectée au niveau des administrations des pêches et des centres de recherche des pays respectifs. Ils constituent ainsi des documents de référence contenant l’information disponible sur les sites avant la mise en œuvre du projet. Ils sont complétés ensuite par trois rapports diagnostics issus d’un processus participatif, élaborés à partir d’enquêtes et d’entretiens menées dans le cadre du projet, permettant d’obtenir une vision précise sur l’activité de pêche, le profil de pauvreté et le contexte de vulnérabilité des communautés de pêche dans les trois sites. Ces rapports ont fait l’objet d’un processus de concertation avec les communautés bénéficiaires pour évaluer précisément le contexte dans les zones d’intervention et permettre ainsi l’identification participative des besoins et des activités qui seront mises en œuvre dans le cadre du projet. v INDEX 1. Avant propos……………………………………………………….............................................2 2. Diagnostic initial du site de pêche artisanale de Dikky (Maroc).…………….........................3 3. Diagnostic initial du site de pêche artisanale de El Akarit (Tunisie) ………………………20 4. Diagnostic initial du site de pêche artisanale de Ghannouch (Tunisie)...…………………..34 1 1. Avant propos Le projet ArtFiM ed « Développement durable de la pêche artisanale marocaine et tunisienne (GCP/RAB/005/SPA) », financé par l’A gence espagnole de coopération internationale pour le développement a été développé dans la continuité du projet régional CopeM ed et à la demande des pays participants. Il s’intègre à la fois: (i) aux priorités des pays en matière de lutte contre la pauvreté, d’amélioration des conditions socioéconomiques des populations côtières et de réhabilitation des pêches artisanales, (ii) aux préoccupations régionales en matière d’échange d’expériences, d’amélioration de la gestion des stocks partagés et des espèces d’intérêt commun, (iii) aux recommandations et objectifs internationaux énoncés dans le cadre des objectifs pour M illénaire et du Comité des pêches de la FAO. L’objectif du projet est d’améliorer les moyens d’existence durable des communautés de pêche artisanale ciblées dans le respect des écosystèmes qu’elles exploitent ainsi que de contribuer à améliorer l’intégration positive de ces communautés aux dynamiques qui les affectent directement, en particulier la gestion des pêches et le développement des zones côtières. L’impact recherché est que les communautés qui dépendent des pêches artisanales puissent mieux profiter et contribuer au développement humain, social et économique de leur pays et puissent être mieux intégrées aux stratégies nationale et régionale de gestion des pêches ainsi qu’aux stratégies nationales de lutte contre la pauvreté et d’aménagement du littoral dans le respect de la durabilité des écosystèmes marins, souvent fragiles, qu'elles exploitent. Le plan de travail prévoit une phase de diagnostic où les activités seront plus amplement détaillées au niveau de chaque pays et de chaque site en fonction des aspirations des communautés selon une approche progressive et participative avec les bénéficiaires (primaires et secondaires). Les trois documents suivants font apparaître les résultats des diagnostics préliminaires des trois sites sélectionnés pour la mise en œuvre du projet, Dikky au M aroc, et El Alkarit et Ghannouch en Tunisie. Ces documents ont été élaborés par les responsables nationaux durant la première phase du projet, à partir de la documentation collectée au niveau des administrations des pêches et des centres de recherche des pays respectifs. Ils constituent ainsi des documents de référence contenant l’information disponible sur les sites avant la mise en œuvre du projet. Ils seront complétés ensuite par trois rapports diagnostics issus d’un processus participatif, élaborés à partir d’enquêtes et d’entretiens menées dans le cadre du projet, permettant d’obtenir une vision précise sur l’activité de pêche, le profil de pauvreté et le contexte de vulnérabilité des communautés de pêche dans les trois sites. Ces rapports feront l’objet d’un processus de concertation avec les communautées bénéficiaires pour évaluer précisement le contexte dans les zones d’intervention et permettre ainsi l’identification participative des besoins et des activités qui seront mises en œuvre dans le cadre du projet. 2 DIAGNOSTIC INITIAL DU SITE DE PÊCHE ARTISANALE DE DIKKY (MAROC) Mai 2009 INDEX 1. Introduction .................................................................................................................................6 2. Fiche synthétique du site de Dikky............................................................................................7 2.1. Points forts et faiblesses de la communauté de pêche de Dikky................……………….8 3. Aspects socioéconomiques concernant la communauté de pêche de Dikky........................10 3.1. Aspects sociaux.................................................................................................................10 3.2. Aspects économiques ........................................................................................................11 4. Description des activités du site de Dikky...............................................................................13 4.1. Description de l’activité de pêche.....................................................................................13 4.2. Les autres activités generatrices de revenu ......................................................................15 5. Filières et acteurs ......................................................................................................................16 6. Mode et niveau d’organisation des communautés de pêcheurs............................................16 7. Matrice d’analyse des problèmes.............................................................................................17 8. Les institutions concernées et autres projets dans la zone ....................................................18 9. Conclusion et recommandations..............................................................................................19 10. Bibliographie .............................................................................................................................20 Index des tableaux et figures Tableau 1: Forces et faiblesses de l’activité de pêche à Dikky…..…………………………..............9 Tableau 2: Principales caractéristiques techniques des barques du site Dikky……………………..13 Tableau 3: Caractéristiques des métiers pratiqués à Dikky…………………………………………13 Tableau 4: M atrice des problèmes de la filière pêche à Dikky……………………..........................17 Figure 1: Situation géographique de Dikky par rapport aux autres sites de pêche artisanale………..8 Figure 2: La dorade rose…………………………………………………………………………….14 Figure 3: Le thon rouge……………………………………………………………………………..14 Figure 4: Le pagre à points bleus…………………………………………………………………...15 Figure 5: Le pagre commun………………………………………………………………………...15 5 1. Introduction La FAO à travers son projet régional CopeM ed dans sa première phase, a contribué énormément à la réalisation de plusieurs travaux scientifiques touchant le secteur de la pêche artisanale en M éditerranée marocaine. Parmi ces travaux, l’enquête exhaustive sur la pêche artisanale en M éditerranée marocaine, réalisée en 1999, qui a permis de diagnostiquer la situation du secteur. Suite à ce diagnostic et afin d’approfondir les analyses sur les aspects socio-économiques des communautés des pêcheurs artisans, deux études pilotes étaient réalisées: « Pêche artisanale dans la lagune de Nador: exploitation et aspects socioéconomiques » et « La pêcherie au thon rouge dans la région de Ksar Sghir: aspects biologiques et socioéconomiques », respectivement en 2002 et 2003. Afin de compléter et de valoriser les résultats de ces premiers travaux scientifiques, il était hautement recommandé par les responsables marocains, ainsi que par les instances internationales et les organismes régionaux de pêche, notamment la CGPM , de réaliser des activités de terrain en faveur des communautés des pêcheurs, dont l’objectif est d’améliorer les conditions de travail et les revenus des pêcheurs et par conséquent augmenter la valeur ajoutée du secteur. Ces activités seront focalisées principalement sur les aspects relatifs à la formation et à l’appui technique des pêcheurs. Pour concrétiser ces actions, un projet régional dédié spécialement à l’activité de la pêche artisanale était mis en place, il s’agit du projet ArtFiM ed, intitulé « Développement durable de la pêche artisanale marocaine et tunisienne ». Trois sites de pêche artisanale sont concernés par ce projet: Dikky, en M éditerranée marocaine, et El Akarit et Ghannouch en M éditerranée tunisienne. La pêche artisanale dans la zone de Dikky présente des potentialités de développement importantes, surtout que les espèces capturées sont de hautes valeurs commerciales et sont destinées essentiellement aux marchés extérieurs, en particulier au marché espagnol. Cette activité est handicapée par des problèmes relatifs à la faible efficacité des pêcheurs, à cause du manque d’encadrement, de l’inexistence des infrastructures de réception et d’approvisionnement et de l’anarchie du système de commercialisation. Ces dernières années, la région à proximité du site Dikky, a connu un changement radical, avec la construction de plusieurs infrastructures et équipement, dont les principaux sont le grand port « Tanger M ed », une zone industrielle, une autoroute et d’autres infrastructures touristiques. En parallèle à ce développement, le gouvernement marocain s’occupe davantage des secteurs générant des revenus faibles et des communautés qui vivent dans la précarité et dans des conditions socioéconomiques difficiles, en l’occurrence la pêche artisanale. Et ce à travers plusieurs initiatives et programmes de développement, dont la plus importante est « l’Initiative nationale pour le développement humain », initiée par le Roi M ohamed VI. Dans ce contexte, la pêche artisanale est l’un des secteurs qui a bénéficié de plusieurs programmes d’encadrement et d’appui. L’objectif principal de ces actions est d’améliorer les conditions sociales et économiques des communautés des pêcheurs. Dans le même cadre, il est à signaler qu’un projet important et ambitieux de construction d’une vingtaine de points de débarquement aménagés (PDA), a débuté il y a quelques mois. Ce projet financé par le « M illenium Challenge Account » et piloté par l’Office national des pêches contribuera sûrement à faire sortir les sites de la pêche artisanale de leur isolement. Le site Dikky bénéficiera également de cette action. 6 2. La fiche synthétique du site Le site de pêche artisanale de Dikky est situé à environ 30 km à l’est de la ville de Tanger et à 0,5 km à l’ouest du village de Ksar Sghir. Il s’agit d’une plage ouverte très sollicitée par le tourisme balnéaire en été, en raison de la qualité du sable et de l’eau de baignade qu’elle offre. Cette qualité est due à son éloignement des grandes villes et des zones industrielles. Ce site est dépourvu de toutes infrastructures de pêche. Les pêcheurs doivent se déplacer au port de Tanger pour s’approvisionner en intrants de pêche et pour réparer leurs moteurs. La vente des produits de pêche se fait généralement sur place. L’accès au site est non motorisé, mais il est très facile puisque le site se situe à seulement 300 mètres de la route principale qui est en bon état. M alheureusement il n’existe pas une voie de communication directe entre la route principale et la plage de débarquement qui facilite le transport de la pêche, les moteurs, engins de pêche, etc. Les habitations des pêcheurs sont très dispersées principalement au niveau de trois agglomérations (douars). Elles se situent à une distance de moins de 1 km, à plus de 6 km par rapport au site. Ces dernières années, la zone de proximité de Dikky a connu un changement radical, surtout avec la construction du M ega port «Tanger- M ed », situé à environ 18 km du site, la construction d’un port militaire et de plusieurs infrastructures industrielles et touristiques. Cette mobilité que connaît la région peut présenter des effets négatifs sur les activités de pêche et sur l’environnement marin et par conséquent sur les stocks des ressources halieutiques, comme elle peut présenter des effets positifs sur la communauté des pêcheurs, à travers l’amélioration de leur revenu. L’activité de pêche a commencé au début des années soixante, avec seulement quatre barques à rames, et depuis elle a connu une évolution ascendante en raison de la disponibilité des ressources. L’introduction en 1994 de la pêche au thon rouge à la palangre, a joué un rôle important dans l’amélioration des revenus des pêcheurs et ceci a également, favorisé la construction d’autres barques. Actuellement, une cinquantaine de barques est active au niveau du site, assurant l’emploi d’environ 250 marins; les principaux engins utilisés sont les engins à hameçons, surtout la palangre et la ligne à main. Il faut signaler que dans un futur proche, Dikky pourrait se transformer en un point de débarquement aménagé (PDA), dans le cadre du projet de développement de la pêche artisanale au M aroc financé par un fond américain, le M illinieum Challenge Account. Il pourrait par conséquent bénéficier de quelques infrastructures de pêche, notamment d’une infrastructure de réception, d’une halle aux poissons, d’une fabrique de glace et d’autres infrastructures. 7 Figure 1: Situation géographique de Dikky par rapport aux autres sites de pêche artisanale 2.1 Points forts de la communauté des pêcheurs Les principaux points forts de la communauté des pêcheurs de Dikky sont: - Le professionnalisme et la maîtrise des métiers de pêche liés à l’utilisation des engins à hameçons. - L’attachement des pêcheurs à l’activité de pêche, malgré les divers problèmes. - La communauté des pêcheurs est relativement jeune. - La solidarité entre pêcheurs en cas de besoins. Concernant les faiblesses de la communauté des pêcheurs, ils se résument dans les points suivants: - le manque de l’esprit d’organisation; - le taux élevé d’analphabétisme; - le manque d’initiatives. 8 Les infrastructures Le site Dikky n’est doté d’aucune infrastructure de pêche, mais plusieurs infrastructures et équipements au niveau de la région doivent être signalés. Il s’agit: - les infrastructures routières: le site de pêche est à seulement 300 m de la route nationale N°16; - le centre de santé le plus proche de Dikky est à 5 km, situé à « M elloussa »; - Dikky est à 5 km du petit port de pêche de Ksar Sghir; - Dikky est à 3 km d’un port militaire, qui est en cours de construction; - Dikky est à 18 km du méga port « Tanger M ed ». Le tableau ci dessous résume la situation sur les forces et les faibles de l’activité de pêche au niveau de Dikky. Tableau 1: Forces et faiblesses de l’activité de pêche à Dikky ATOUTS HUM AIN NATUREL PHYSIQUE SOCIAL FORCES FAIBLESSES - Professionnalisme et maîtrise des métiers de pêche pratiqués - Attachement des pêcheurs à l’activité de pêche - Communauté des pêcheurs jeune - Espèces capturées de haute valeur commerciale - Avantages du Détroit de Gibraltar - Proximité de la route - Proximité de plusieurs infrastructures touristiques - Solidarité entre les pêcheurs FINANCIER - Revenus positifs - Manque d’organisation - T aux élevé d’analphabétisme - Vents forts Fond rocheux Baisse de la production Risque de pollution Aucune infrastructure de pêche Manque d’infrastructure de base - Faiblesse de l’organisation des pêcheurs - Eloignement des infrastructures sociales - Le non recours aux crédits 9 3. Aspects socioéconomiques concernant la communauté de pêche de Dikky 3.1 Aspects sociaux L’activité de pêche artisanale au niveau du site Dikky, assure environ 250 emplois directs. Il s’agit d’une population généralement analphabète, sans aucune formation maritime. L’apprentissage du métier est assuré de père en fils. Généralement, les marins pêcheurs exercent d’autres activités, principalement l’agriculture vivrière et le commerce. - Origine des pêcheurs Presque 98 pour cent de la population maritime, est originaire des agglomérations (Dcher) qui sont à proximité du site. - Age des pêcheurs La communauté des pêcheurs de Dikky est relativement jeune. Les patrons de pêche sont plus âgés que les marins pêcheurs, il s’agit normalement des personnes ayant accumulées une longue expérience avant de prendre les commandes d’une barque. La grande proportion de pêcheurs se trouve dans la tranche d’âge 35 à 50 ans. - Expérience Plus que la moitié des pêcheurs ont une expérience supérieure à 10 ans, alors qu’environ 10 pourt cent ont une expérience de plus de 30 ans. Sur l’ensemble des pêcheurs, l’expérience varie entre une année et 45 ans, avec une moyenne de 14 ans pour les marins pêcheurs et de 22 ans pour les patrons de pêche. - Scolarisation La majorité des pêcheurs de Dikky ont un niveau coranique (apprentissage du Coran) et dans les meilleures situations, un niveau primaire. Très rare sont ceux qui ont pu atteindre le niveau secondaire et le lycée. Aucun pêcheur, n’a pu arriver jusqu’à l’université. Le nombre de pêcheurs analphabètes, serait revu à la baisse dans le futur, en raison des programmes ambitieux d’alphabétisation, établis par le gouvernement et également en raison de la volonté des pêcheurs à scolariser leurs enfants pour qu’ils puissent avoir un avenir meilleur. - Formation maritime Le nombre de pêcheurs artisans qui ont bénéficié d’une formation maritime, est très faible. Des programmes sont mis en place pour améliorer cette situation, surtout après l’installation de quelques entités de formation à côté du site. - Relation des marins pêcheurs avec le propriétaire de la barque Traditionnellement, le secteur de la pêche artisanale était un secteur dont les relations familiales, d’amitié et de voisinage, jouaient un rôle très important dans la survie de l’activité et le recrutement des marins pêcheurs par le propriétaire. Cette situation a considérablement changé, en raison des conditions de travail, jugées difficiles, et qui ne sont plus acceptées par la communauté des pêcheurs, surtout par les jeunes. Les jeunes marins du site Dikky, cherchent des emplois plus stables et plus faciles et surtout dans des conditions de vie plus confortables, dans les villes par exemple, mais également une bonne partie d’entre eux tente la voix de l’immigration en Europe. 10 Toutes ces raisons ont conduit à la rareté de la main d’œuvre qualifiée, surtout les patrons de pêche, qui sont devenus introuvables. Par conséquent, les propriétaires des barques trouvent parfois des difficultés à mettre en marche leurs barques. - Personnes à charge Généralement, les pêcheurs prennent en charge leur famille, constituée de l’épouse, des enfants, des parents et parfois d’autres proches. La moyenne de personnes prises en charge par pêcheur est d’environ cinq personnes. - Equipage Le nombre de marins par barque dépend généralement du métier pratiqué, certains métiers nécessitent plus de marins par rapport à d’autres. Ce nombre varie entre 3 à 5 personnes par barque, avec une moyenne de quatre marins par barque. Le propriétaire n’est pas toujours membre de l’équipage. Plusieurs marins pêcheurs ont déjà exercé l’activité de pêche au niveau d’autres sites de la pêche artisanale, par rapport à leurs sites d’attache actuels. Une bonne partie d’entre eux ont même exercé au niveau des grands ports du royaume. - Rôle de la femme dans l’activité de la pêche artisanale au niveau du site Dikky La femme ne participe à aucune activité de développement économique, que ça soit dans le secteur de la pêche ou d’autres activités. Elle se limite principalement aux activités liées au foyer. Dans de très rares situations, la femme peut contribuer à l’amélioration du revenu de la famille, en effectuant des activités d’agriculture vivrière ou de petit commerce. Les femmes vivent dans une situation difficile, avec un analphabétisme très élevé, une liberté limitée et aucune activité lucrative qui peut leur garantir une certaine autonomie. Cette situation se justifie par les traditions et la structure socioculturelle de la région. 3.2 Les aspects économiques Les principaux indicateurs économiques de rentabilité et de productivité, relatifs à l’activité de pêche au niveau du site Dikky sont: • Capital investi (CI) Le capital investi, exprime la valeur actuelle des moyens de production constitués par la barque, le moteur et les engins de pêche. Il renseigne sur l’effort d’investissement, consenti par la communauté des pêcheurs. Le capital investi varie entre un minimum de 45 000 Dhs et un maximum qui dépasse 12 0000 Dhs. Cette différence est due essentiellement à la qualité des moyens de production et à la capacité du moteur. Le capital investi total engagé par la flottille de la pêche artisanale de Dikky avoisine les cinq millions de Dhs (M alouli, 2008). Les composantes principales du coût d’investissement sont la barque et le moteur, qui représentent plus que 90 pour cent du CI global. 11 Le financement des moyens de productions est assuré, dans la quasi-totalité des cas, par les épargnes propres des propriétaires de barques. Dans de très rares situations, ils ont eu recours à des crédits auprès de leurs proches. Les crédits bancaires ne sont pas appréciés par les pêcheurs artisans, en raison des risques et de l’instabilité que présentent l’activité et également des traditions socioculturelles. • Charges de production Les charges liées à l’activité de la pêche artisanale peuvent être divisées en deux grands types, les charges fixes qui sont généralement des charges annuelles et les charges variables qui changent en fonction de l’effort de pêche. - Charges fixes Les charges fixes sont supportées généralement par les propriétaires des barques, elles sont constituées des charges relatives au frais du droit de pêche (licence), à l’entretien des moyens de production et des charges liées à l’amortissement. Ces charges varient entre 2 000 et 12 000 Dhs. - Charges variables Les charges variables sont partagées entre le propriétaire de la barque et son équipage. Elles varient en fonction du nombre et de la nature des sorties réalisées. Ces charges sont issues des intrants engagés pour la réalisation des sorties de pêche, constitués des frais du carburant, du lubrifiant, de l’appât, de la glace et des vivres. Les charges variables sont en moyenne de l’ordre de 200 Dhs par barque et par sortie ; elles varient en fonction du métier. Le carburant est l’élément principal dans ces charges, avec une moyenne d’environ 100 Dhs par sortie. La dépense maximale peut dépasser 200 Dhs/sortie. Les frais du vivre sont en moyenne de l’ordre de 50 Dhs par sortie, alors que les frais liés à l’achat de l’appât sont en moyenne de l’ordre de 50 Dhs par sortie. Ces charges sont généralement financées par les commerçants. Chacun des principaux commerçants de Dikky assure les charges variables pour une dizaine de barques et il aura en contre partie, l’exclusivité de la production avec le prix qu’il souhaite. • Chiffre d’affaire Le chiffre d’affaire par barque est estimé à environ 600 Dhs par sortie, ce qui donne un revenu annuel par barque de l’ordre de 110 000 Dhs. Le chiffre d’affaire annuel réalisé par l’ensemble de la flottille avoisine 5 300 000 Dhs (M alouli, 2008). • Profits de production Les profits réalisés par les barques du site Dikky sont positifs pour la majorité des pêcheurs. Les métiers pratiqués par les pêcheurs de Dikky peuvent présenter des résultats économiques meilleurs par rapport aux autres sites de la M éditerranée marocaine, en raison des espèces ciblées qui sont de haute valeur commerciale, destinées principalement à l’export. 12 4. Description des activités du site 4.1 Description de l'activité de pêche • Flotte de pêche La flottille est constituée d’embarcations en bois, ayant une longueur ne dépassant pas 7 m et une capacité inférieure à 2 tonneaux. Ces barques sont généralement équipées d’un moteur in-bord, d’une puissance allant de 15 à 55 chevaux (CV). Certaines barques possèdent des moteurs hors bord de 15 CV. Tableau 2: Principales caractéristiques techniques des barques du site Dikky Caractéristiques techniques M inimum M aximum M oyenne Puissance (CV) 15 55 25 TJB (Tx) 1,2 2,00 1,85 La flottille est composée d’une cinquantaine de barques actives. Le nombre de barques peut varier d’une année à l’autre, en fonction de l’importance de l’activité au cours de l’année. • Métiers Les pêcheurs de Dikky utilisent uniquement des engins à hameçons, en raison du fond rocheux des zones de pêche, ce qui ne permet pas d’utiliser des filets de pêche. Tout de même, ces engins permettent de capturer des espèces à haute valeur commerciale, destinées principalement à l’export. Les caractéristiques de ces métiers se résument dans le tableau ci-dessous: Tableau 3: Caractéristiques des métiers pratiqués à Dikky Nom de l’engin Palangre Palangre Palangre Ligne à main Ligne de traîne Nom vernaculaire (local) N° hameçon Période de pêche Zone de pêche Durée de la marée (heures) Principales espèces cibles Palangré gordo Gourassera 1-6 Mars-juin 8-16 11-12 Octobre-avril Proximité du site Proximité du site Bakhat Zemmig Proximité du site Proximité du site 6-12 Pagre à points bleus Dorade rose 5-10 Thon rouge 6-12 Sparidés 6-12 Loup-bar, mérou, congre, dorade royale Harçia de toun Bolanté 0-1 Juillet-août 7-15 Toute l’année Mouchtra 10-15 Toute l’année 13 • Effort de pêche Dans le cas de la pêche artisanale, l’effort de pêche est exprimé en nombre de sorties en mer, réalisées par les barques. Cet effort varie au niveau de Dikky selon les périodes de pêche et également d’une barque à l’autre. En été, la moyenne est de l’ordre de 24 sorties par mois, alors qu’en hiver, cette moyenne est de seulement 10 sorties par mois. Le nombre annuel moyen de sorties est de l’ordre de 180. • Production Jusqu’à présent, il n’existe aucune estimation de la production, en raison de l’absence d’un système régulier de collecte de données. Les études réalisées par l’INRH ont permis d’avoir une estimation approximative de la production totale de la flottille de Dikky, toutes espèces confondues, durant ces dernières années. Cette estimation est de l’ordre de 110 tonnes. Les principales espèces capturées par la flottille de Dikky sont: La dorade rose (Pagellus bogaraveo), communément appelée « Voracé »: Figure 2: La dorade rose Le thon rouge (Thunnus thynnus thynnus), communément appelé « Toun »: Figure 3: Le thon rouge 14 Le pagre à points bleus (Pagrus caeruleostictus), communément appelé « Chama »: Figure 4: Le pagre à points bleus Le pagre commun (Pagrus pagrus), communément appelé « Paghar »: Figure 5: Le pagre commun Selon les pêcheurs, la production du thon rouge a connu une chute remarquable durant ces dernières années, en raison de la présence massive de l’orque (appelé communément « Sparto ») qui attaque et mange le thon rouge une fois capturé par la palangrotte, et ne laisse aux pêcheurs que les têtes du poisson. 4.2 Les autres activités génératrices de revenus La pêche est la principale activité génératrice de revenu, exercée par la communauté des pêcheurs. Elle représente plus que 90 pour cent dans le revenu global des pêcheurs (enquête M alouli, 20062008). Les autres activités se limitent à une agriculture vivrière et parfois à un petit commerce. 15 5. Filières et acteurs L’écoulement des trois principales espèces capturées au niveau de Dikky, est assuré par 4 à 6 commerçants, qui jouent généralement le rôle de commissionnaires auprès des grandes sociétés d’exportations basées à Tanger. Ces commerçants assurent l’approvisionnement des pêcheurs en intrants de pêche, notamment les besoins en matériel de pêche, la glace et l’appât. La majorité des commerçants sont originaires de la région et généralement, ils fréquentent le site de pêche d’une manière quotidienne. Aucune stratégie particulière n’est adoptée pour l’écoulement des captures. Les trois espèces ou les trois filières, notamment, la filière thon rouge, la filière dorade rose et la filière pagre, connaissent la même organisation et le même sort. Une analyse plus détaillée et plus approfondie sera développée dans le rapport final du « Diagnostic participatif ». 6. Modes et niveaux d'organisation des communautés de pêcheurs L’organisation de la communauté des pêcheurs de Dikky est parmi les maillons faibles de ce site, car les pêcheurs trouvent une difficulté pour s’associer autour d’un objectif clair et intéressant. M algré ce constat, il existe une association qui n’a réalisé aucune activité et qui connaît beaucoup de difficultés pour démarrer. Cette association s’appelle l’Association des propriétaires des barques de la pêche artisanale et des marins pêcheurs de Dikky, crée en 2005, dont le nombre d’adhérent est seulement de neuf, il s’agit des membres du bureau qui gère cette association. Les principaux objectifs de cette association sont: - regrouper tous les pêcheurs qui pratiquent le même métier; défendre le métier dans les différentes circonstances, au niveau de toutes les instances et auprès des autorités; améliorer la situation socioéconomique et culturelle des membres de l’association; participer à l’amélioration de la situation économique et sociale de la région. Cette association s’est confrontée à plusieurs problèmes de différentes natures, dont les principaux sont liés au manque de moyens financiers et d’encadrement technique, mais également en raison du manque d’esprit associatif chez la communauté des pêcheurs. 16 7. Matrices d'analyse des problèmes par filiè re Une seule matrice d’analyse des problèmes serait présentée, car les mêmes problèmes se présentent pour toutes les filières (Tableau 4). Cette matrice est constituée sur la base des entretiens et des interviews réalisés en 2007, lors de la phase « Formulation du projet » (M alouli, 2007. Rapport de mission.). Cette matrice serait plus détaillée et plus approfondie après l’analyse des résultats du diagnostic participatif. Tableau 4: Matrice des problèmes de la filière pêche à Dikky Nº Problèmes Causes Effets Solutions proposées 1 Baisse importante de la production des principales espèces Probable surexploitation des stocks des principales espèces Diminution du chiffre d’affaire M esures de gestion 2 Nombre limité de mareyeurs … Prix de poissons contrôlés Organiser la vente et améliorer les conditions de commercialisation 3 Endettement auprès Financement des des mareyeurs intrants de la pêche Contrôle des prix Organisation des pêcheurs 4 Absence d’une station de carburant … Prix des intrants plus chers Construire une station de gasoil 5 Pas d’alternatives pour les métiers Difficulté d’exercer d’autres métiers Chômage pendant une période de l’année Activités touristiques et recherches d’autres métiers. 6 Activités limitées et Conditions perte de barques climatiques difficiles Investissement moins important Infrastructure pour sécuriser les barques 7 Absence de magasins de vente des intrants de pêche … Intrants chers Construire des magasins pour la vente des intrants 8 Pas d’infrastructures de pêche … Conditions de travail et de commercialisation difficiles Construction d’un petit port 17 8. Les Institutions conce rnées et autres projets dans la zone Le projet ArtFiM ed coïncide avec un certain nombre d’initiatives et de projets de développement touchant le secteur de la pêche artisanale en M éditerranée marocaine. Des actions seront même spécifiques au site Dikky. Les principaux partenaires potentiels et initiatives, qui peuvent entrer en synergie avec ArtFiM ed ou l’appuyer de près ou de loin sont: • Le M inistère d’agriculture et des pêches maritimes, à travers la délégation des pêches maritimes de Tanger, est l’organisme chargé de la gestion des pêches et de l’application de la réglementation en vigueur. • La Division de l’action sociale (DAS), de la province Fahs-Anjra. La DAS est chargé de l’application et la gestion de tous les projets proposés dans le cadre de l’Initiative national de développement humain (INDH). • La Commune rurale de Ksar Sghir, est l’autorité qui gère les projets d’aménagement et de développement au niveau de Dikky. • L’Institut national de recherche halieutique, Centre régional de Tanger, est l’organisme chargé du suivi scientifique des pêcheries de la région. • L’Association des propriétaires des barques et des marins pêcheurs de Dikky. • Le projet américain de développement de la pêche artisanale, financé dans le cadre du M illenium Challenge Corporation: M illenium Challenge Account. Ce projet vise à construire une vingtaine de PDA. Dikky est parmi les sites sélectionnés. • Office national des pêches – Casa, est l’organisme chargé du développement et la mise en valeur du secteur de la pêche artisanale. Il est chargé également de piloter le projet M CA/M CC. • Agence de développement social (ADS), Tanger. • Centre de qualification des pêches maritimes à Larache. Ce centre est chargé de la formation des pêcheurs sur différents thèmes. • Office de développement des Coopératives, est chargé de la création des coopératives et de leur suivi. Il s’occupe également des formations dans ce domaine. • TM SA: Fondation des œuvres sociales. Elle finance les projets qui visent le développement humain au niveau de la région à proximité du port « Tanger-M ed ». 18 9. Conclusion et recommandations Ce rapport initial sur la pêche artisanale à Dikky montre que cette activité revête une importance primordiale aussi bien sur le plan social que sur le plan économique pour la communauté des pêcheurs de la région, surtout que les espèces ciblées sont de haute valeur commerciale et destinées principalement aux marchés européens. L’activité de pêche effectuée par une cinquantaine de barques, est garantis par environ 250 marins de jeune âge, originaires presque tous des régions à proximité du site et possèdent une bonne expérience dans le secteur de la pêche. M alheureusement, leur niveau de scolarisation et en formation maritime reste faible. Cinq métiers sont pratiqués à Dikky, utilisant uniquement les engins à hameçons (lignes à main et palangres). Ces métiers ciblent principalement, la dorade rose, le thon rouge, le pagre à points bleus et le pagre commun. L’effort de pêche par barque est estimé à 180 sorties par an. La production annuelle de l’ensemble de la flottille est estimée à 110 tonnes. L’écoulement de la production est assuré par 4 à 6 commerçants, qui influencent énormément sur le niveau des prix des espèces. Les principaux points forts de l’activité de pêche à Dikky sont relatifs au professionnalisme et maîtrise des métiers de pêche pratiqués, à l’attachement des pêcheurs à l’activité de pêche, à la jeunesse de la communauté des pêcheurs, à la haute valeur commerciale des espèces capturées et à la proximité de Dikky à la route et à plusieurs infrastructures touristiques. Les principaux points faibles de l’activité de pêche à Dikky sont liés au manque d’organisation des pêcheurs, au taux élevé d’analphabétisme, aux vents forts et aux fonds rocheux, qui handicapent l’activité pendant de longues durées, au manque des infrastructures de pêche et au non recours aux crédits. Toutefois, les informations et les données collectées restent insuffisantes et incomplètes pour dresser la vraie situation des différents aspects touchant cette activité. Le diagnostic final permettra de connaître d’une manière plus approfondie et plus détaillée tous les maillons forts et faibles de l’activité de pêche et de la communauté des pêcheurs et par conséquent d’améliorer les réflexions sur les activités à programmer dans le cadre du projet ArtFiM ed, quoique certaines actions puissent être recommandées dès présent. Il s’agit en particulier de s’intéresser aux aspects liés à l’organisation des pêcheurs, à la valorisation des produits de pêche et à l’organisation de la commercialisation. 19 10. Bibliographie Malouli Idrissi Mohammed et al. 2008. Pêche artisanale aux petits métiers au niveau de la région Larache – Jebha : Diagnostic de la situation actuelle et analyse socioéconomique. Document INRH. Malouli Idrissi Mohammed. 2007. Analyse du secteur de la pêche artisanale en M éditerranée marocaine. Formulation du projet « Développement durable de la pêche artisanale méditerranéenne au M aroc et en Tunisie » - Cas M AROC -. GCP/RAB/003/SPA. Malouli Idrissi Mohammed. 2007. Rapport de mission du 12 au 17 mars 2007. Formulation du projet « Développement durable de la pêche artisanale méditerranéenne au M aroc et en Tunisie » Cas MAROC -. GCP/RAB/003/SPA. S rour A., Malouli Idrissi, Abid N. 2003. La pêcherie du thon rouge dans la région de Ksar Sghir: aspects biologiques et socioéconomiques. INRH et CopeM ed. Malouli Idrissi M. et al. 1999. Situation actuelle de la pêche artisanale en M éditerranée marocaine. Résultats de l’enquête effectuée en Décembre 1998. FAO/CopeM ed et INRH. 20 DIAGNOSTIC INITIAL DU SITE DE PECHE ARTISANALE DE EL AKARIT (TUNISIE) M ai 2009 INDEX 1. Introduction ...............................................................................................................................23 1.1. Contexte du projet.............................................................................................................23 2. Fiche synthétique du site de El Akarit....................................................................................25 2.1. Points forts et faiblesses de la communauté de pêche de El Akarit..................................25 3. Aspects socioéconomiques concernant la communauté de pêche de El Akarit.....................26 3.1. Aspects sociaux.................................................................................................................26 3.2. Aspects économiques ........................................................................................................26 4. Description des activités du site de El Akarit.........................................................................27 4.1. Description de l’activité de pêche.....................................................................................27 4.2. Les autres activités generatrices de revenu .......................................................................28 5. Filières et acteurs ......................................................................................................................29 6. Mode et niveau d’organisation des communautés de pêcheurs............................................30 7. Matrice d’analyse des problèmes.............................................................................................31 8. Les institutions concernées et autres projets dans la zone ....................................................32 9. Conclusion et recommandations..............................................................................................33 10. Bibliographie .............................................................................................................................34 Index des tableaux et des schémas Tableau 1: Forces et faiblesses de la communauté de pêche de El Akarit………………………….25 Tableau 2: Effort de pêche à El Akarit……………………………………………………………...27 Tableau 3: La production de palourdes à El Akarit…………………………………………………28 Tableau 4: Le calendrier des activités à El Akarit…………………………………………………..28 Tableau 5: M atrice d’analyse des problèmes à El Akarit…………………………………………...31 Schéma 1: Circuits de commercialisation des palourdes…………………………………………...24 22 1. Introduction La filière d’exploitation de la palourde en Tunisie revêt une grande importance dans le secteur de la pêche de part sa capacité de création d’environ 4 000 emplois saisonniers à pied composés à 80 pour cent de femmes originaires pour la plupart des régions riveraines des zones de pêche et de sa participation à l’entrée de devises par l’exportation. Cette activité est organisée en campagne de pêche (du 1octobre au 15 mai de chaque année) et assure une production moyenne de 600 tonnes par an; production qui n’a cessé de fluctuer au cours des dernières années passant de 1 100 tonnes en 2002 à 623 tonnes en 2007 (rapports annuels de l’arrondissement pêche). Dans le cadre du programme de mise à niveau du secteur de la pêche, et spécialement dans la filière de la pêche des bivalves, un réseau de surveillance de suivi du statut sanitaire des zones de production de mollusques bivalves a été crée depuis 1998. Il permet d’assurer actuellement le contrôle microbiologique, bio toxinique et physico chimique des 17 zones potentiellement exploitables répartis en majorités entre trois Gouvernorats côtiers du sud de la Tunisie: six à Sfax, trois à Gabès et quatre à M ednine. Le Gouvernorat de Gabès est divisé en trois zones de pêche: • La zone G1, divisée en deux sous zones: - El Hicha: limitée géographiquement par l’oued El Ghram au nord et loued El Akarit au sud. - El Akarit: dont les limites sont l’oued El Akarit au nord et Tarf el M a (Chott M etouia) au sud. Le site El Akarit à été choisi pour l’exécution du projet de « Développement de la pêche artisanale en méditerranée ». • • 1.1. La zone G2, qui intéresse les plages de Limaya, Zerkine et Kattana. La zone G3, limitée au nord par oued Om El Abair et au sud par oued Echooba Contexte du projet Au cours de l’exécution de la première phase du projet CopeM ed financé par l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), une attention a été porté à la situation de la pêche artisanale dans la partie occidentale et centrale de la M éditerranée. Au cours de dernière réunion du Comité de coordination du projet qui s’est tenue en Tunisie en M ai 2005, les représentants des pays participants au projet ont demandé la poursuite du projet dans le cadre d’une seconde phase, avec un accent particulier sur le développement d’actions en appui à la pêche artisanale. Au cours de cette même réunion, les représentants espagnoles ont déclaré que l’AECID été prête à soutenir des initiatives ciblées dans ce secteur spécifique en Tunisie et au M aroc afin d’améliorer la situation socioéconomique et les moyens d’existence des populations côtières. Le projet ArtFiM ed, financé par l’AECID a été développé dans la continuité du projet régional CopeM ed et à la demande des pays participant. Il s’intègre à la fois: (i) aux priorités des pays en matière de lutte contre la pauvreté, d’amélioration des conditions socioéconomiques des populations côtières et de réhabilitation de pêche artisanale, (ii) aux préoccupations régionales en matière d’échange d’expériences, d’amélioration de la gestion des stocks partagés et d’espèces d’intérêt commun, (iii) aux recommandation et objectifs internationaux énoncés dans le cadre des objectifs pour M illénaire et des Commutés des pêches de la FAO. 23 L’objectif du projet est d’améliorer les moyens d’existence durable des communautés de pêche artisanale ciblées dans le respect des écosystèmes qu’elles exploitent ainsi que de contribuer à améliorer l’intégration positive de ces communautés aux dynamiques qui les affectent directement, en particulier la gestion des pêches et le développement des zones côtières. L’impact recherché est donc que les communauté qui dépendent des pêches artisanales puissent mieux profiter et contribuer au développement humain, social et économique de leur pays et puissent être mieux intégrés aux stratégies nationales et régionales de gestion des pêches ainsi qu’aux stratégies nationales de lutte contre la pauvreté et d’aménagement du littoral dans le respect de la distribution des écosystèmes marins, souvent fragile, qu’elles exploitent. Dans ce contexte les objectifs du projet seront de trois types: • Résultats immédiats: Améliorer les moyens d’existences durables des communautés des pêches artisanales ciblées par la valorisation des captures, des pratiques de pêche durables, des activités de pêche complémentaires ainsi que par une meilleure organisation de leur structure. • Résultats à l’échelle nationale: Acquisition et promotion de leçon et de méthodologies auprès des autorités et organismes compétents pour faciliter à la suite du projet une extension des actions à d’autres communautés de pêche artisanales et pour assurer la durabilité des acquis. • Résultats attendus au niveau de la région du Commissariat régional de développement agricole (CGPM): Renforcement de la base d’information sur les pêches artisanales méditerranéennes comprenant les réalisations du projet, connaissances, leçons apprises et méthodologie en vue de promouvoir et de capitaliser les expériences propres au développement durable des pêches artisanales et de faciliter à l’avenir les échanges d’expérience entre les pays de la M éditerranée. Les communautés sélectionnées pour participer au projet ArtFiM ed sont: • Au M aroc, la communauté des pêcheurs du site de Dikky. • En Tunisie, la communauté des pêcheurs embarqués de Ghannouch et la communauté de femmes pêcheurs à pied de palourde de El Akarit. 24 2. Fiche synthétique du site de El Akarit • • • • • • Population: le nombre de logement est de 6 228. L’infrastructure scolaire est de: - huit écoles préparatoires; - treize écoles primaires; - cinq collèges et lycées. Le taux d’électrification en milieu non communal est de 98,6 pour cent. La desserte en eau potable est de 99,1 pour cent. L’accès à la zone de pêche est assuré par trois routes goudronnées Infrastructures communautaires: - douze jardins d’enfants; - trois bibliothèques; - deux maisons de culture; - deux maisons de jeunes; - un banque. 2.1 Points forts et faiblesses de la communauté de pêche de El Akarit La pêche dans la délégation de M etouia est exclusivement basée sur la pêche à pieds pour la collecte des clovisses (Ruditapes decussatus) et est pratiquée par une majorité féminine (90 pour cent). Tableau 1: Forces et faiblesses de la communauté de pêche de El Akarit AT OUT S HUMAIN NAT UREL PHYSIQUE SOCIAL FINANCIER FORCE S - Existence des traditions en matière de collecte de palourde - Existence de communautés de pêcheurs traditionnels - Existence de bonne santé et d’aptitude physique pour le travail - Existence de personnes alphabétisées en arabe ou en français pour tenir des registres de comptabilité - Existence d’encadrement technique (arrondissement des pêches, centre de formation professionnelle des pêches) - Existence d’un plateau continental assez étendu - Présence d’un stock exploitable important - Existence d’infrastructures: routes, maison d’habitations, écoles, postes de santé… - Existence d’un esprit de solidarité et d’entraide au sein des communautés de pêcheurs artisanaux. - Existence des groupements de développement qui organisent l’activité de collecte - Obtention de revenus après la vente des produits pêchés 25 FAIBLESSE S - Insuffisance du niveau de formation en gestion organisationnelle et financière au sein du groupe identifié - Insuffisance des connaissances sur les ressources halieutiques - Problèmes sanitaires (présence de bio toxine) - La majorité du stock ne répond pas à taille réglementaire - Eloignement des zones de collecte ce qui nécessite le recours aux moyens de transport - Inexistence d’associations professionnelles pour les femmes collectrices de palourde - Insuffisance de revenus tirés des activités de pêche 3. Aspects socio-économiques concernant la communauté de pêche de El Akarit 3.1. Aspects sociaux - Age La majorité des femmes pratiquantes la pêche aux clovisses est jeune. On estime à 80 pour cent celles qui ont un age inférieur à 40 ans. Origine La majorité des pêcheurs de la région de Ghannouch sont originaires du village et on peut même remarquer les déplacements d’un grand nombre de marin pour travailler dans les régions voisines. Niveau de formation La majorité des femmes du site de El Akarit ont été à l’école. On estime, selon les déclarations des responsables locaux avoir: • 20 pour cent analphabètes; • 60 pour cent niveau primaire; • 20 pour cent niveau secondaire. 3.2. Aspects économiques • Charges Les charges supportées par les femmes collectrices de palourde sont essentiellement les frais de transport. • Revenus Le revenu moyen par jour de travail dépend étroitement de la quantité collectée il est de 4 à 6 Dinar tunisiens en moyenne soit un revenu annuel de 500 à 600 Dinars tunisiens. 26 4. Description des activités du site de El Akarit 4.1 Description de l’activité de pêche - Caractéristiques des métiers L’unique métier de pêche pratiqué dans la zone est la collecte à pied des clovisses ou palourde Ruditapes decussatus. - Les engins de pêche L’engin utilisé pour la pêche des clovisses est le faucillon et un récipient où on les collecte. - Les espèces cibles Une seule est exploitée pour le commerce et est principalement destiné à l’exportation. Cette espèce est la clovisse ou la palourde Ruditapes decussatus. La taille autorisée pour le commerce est 3,5 cm. - Les périodes de pêche La pêche des clovisses est régie par l’arrêté du 28 septembre 1995 qui stipule que cette activité est soumise à une autorisation spéciale de l’autorité compétente et qu’elle est interdite du 15 mai au 30 1 septembre de chaque année . Depuis quelques années il y a eu apparition de bloom phytoplanctoniques qui ont engendré des concentrations des bio toxines dans la chair de ces organismes ce qui a limité les périodes de pêche à celles où ces organismes sont indemnes uniquement selon les résultats des analyses par l’Institut des recherches vétérinaires IRVT (laboratoire de Sfax) et celles de effectuées l’institut national des sciences et technologies de la mer l’INSTM (arrêté du M inistère de l’agriculture du 28 novembre 1995 fixant les règles sanitaires régissant la production et la mise sur le marché des mollusques bivalves). - Les zones de pêche Le littoral constituant la zone de pêche des clovisses s’étale sur une dizaine de kilomètres. La collecte se fait sur l’estran qui est soumis à l’action d’une marée semi diurne qui peut atteindre 2,4 m pendant les vives eaux. L’importance de l’amplitude des marées et l’étendu de l’estran sur le littoral ont favorisé une activité de pêche à pied pour la collecte des palourdes. Cette zone est comprise entre oued Akarit au nord et Tarf el M a au sud. - L’effort de pêche L’effort de pêche est exprimé en journée de travail autorisée tout en signalant que le nombre total des journées de travail durant l’année est de 150 jours maximum (du 15 mai au 30 septembre). Tableau 2: Effort de pêche à El Akarit Oct. 2006/2007 Effort 2007/2008 Effort 7 790 Nov. 6 1 178 13 976 Déc. Janv. Févr. 21 10 15 2 049 593 377 15 10 16 1 448 575 811 M ars 19 503 1 61 Avril 8 358 8 240 M ai 6 141 0 0 Total 85 70 Source: Rapport arrondissement pêche 2008 1 Arrêté du Ministre de l’ agriculture du 20 septembre 1994, relatif à l’organisation de la pêche des clovisses. Art 3. La pêche des clovisses est interdite durant la période allant du 15 mai au 30 septembre de chaque année. Cette interdiction peut être prorogée jusqu’ au 15 novembre par décision de l’ autorité compétente et ce compte tenu des particularités bioclimatiques de chaque zone de pêche. 27 - La production Tableau 3: La production de palourdes à El Akarit Saison 2006/2007 2007/2008 4.2. Nov. 3 679 2 112 Déc. 3 647 3 481 Janv. 1 003 1 436 Févr. 870 1 832 M ars 775 158 Avril 597 415 M ai 290 0 Total 10 861 11 990 Les autres activités génératrices de revenu Vu que la zone de pêche est souvent fermée pour des raisons sanitaires, les femmes collectrices de palourde s’orientent vers l’agriculture. Ordre d’importances des activités par rapport à la pêche L’activité de la pêche à pieds reste la plus importante pour les femmes de ce site parce qu’elle s’étale sur une période de sept mois en général (entre octobre et mai). En plus, la rémunération des femmes est quotidienne sur les lieux de travail par l’intermédiaire du groupement. En dehors de cette période les femmes s’orientent vers l’agriculture en tant que main d’œuvre occasionnelle pour les cultures maraîchères, la collecte des olives de même pour les périodes de moisson des céréales pendant les années pluvieuses. Proportion du temps impartie à chaque activité Ces dernières années l’activité de la pêche à la palourde a régressé ce qui a orienté les femmes vers d’autres activités génératrices de revenu durant les périodes creuses qu’on estime à 40 pour cent du temps occupé. Les personnes impliquées (homme, femmes) Les femmes sont les plus impliquées dans l’activité agricole, surtout durant les périodes de fermeture de la zone de pêche. Les périodes de l’année Ces activités sont pratiquées pendant toute l’année selon les campagnes (semis, binage et récolte), mais la collecte de palourde reste plus rémunératrice. Tableau 4 : Le calendrier des activités à El Akarit Activité Pêche à pied Cultures maraîchères Collecte des olives M oisson des céréales Périodes 15 mai - 30 septembre Toute l’année Octobre - décembre M ai - juin 28 5. Filières et acteurs La palourde est destinée essentiellement à l’exportation. Ce produit est pêché sur l’estran, collecté par le groupement et conduit dans des centres d’épuration où il se transformera en produit consommable et prêt à être exporté. Depuis la création des groupements de développement et d’exploitation des palourdes le circuit de commercialisation de ces produits est devenu très clair en effet les produits de la pêche sont rassemblés au niveau du groupement où ils sont contrôlés par les gardes pêches surtout pour la taille, ensuite ils sont pesés. La vente se fait soit par criée quand plusieurs centres se présentent pour l’achat sinon le prix est fixé en commun accord entre le représentant du groupement et celui du centre d’exportation privé. Un commerce parallèle clandestin s’établie chaque fois que la demande augmente et/ou les zones sont fermées (Schéma 1). Les palourdes sont contrôlées de point de vue taille par les agents garde pêche puis collectées au niveau du groupement. Les quantités collectées sont transportés par les exportateurs ou leurs représentants vers les centres d’exportation. Pendant les périodes de fortes demandes ou de fermeture des zones de pêche un commerce illicite direct s’établit entre les collecteurs et les centres d’exportation. Les palourdes ne passent ni par le groupement ni par le contrôle administratif et seront transportés sans autorisation vers les dits centres à leurs risques et périls (saisie en route, analyse bio toxine positive, etc.). Collectrices de palourdes Groupement Circuit officiel Cirtuit clandestin Centres d’epuration et d’exportation Marché national Exportation S chéma 1: Circuits de commercialisation des palourdes 29 6. Mode et niveau d’organisation des communautés de pêcheurs La filière de la pêche à la palourde a été pionnière dans le processus de mise à niveau du secteur de la pêche et ce par l’installation des différents circuits de contrôle mais surtout par la création dans chaque zone de pêche d’un groupement de développement et d’exploitation de palourde par le décret Nº 99-1809 du 23 août 1999, portant approbation des statuts types des groupement de développement dans le secteur de l’agriculture et de la pêche. Le groupement d’Akarit a été crée le 31 décembre 2003. Les membres du Conseil d’administration sont volontaires et l’activité de ce groupement n’a aucun but lucratif. Parmi les rôles de ce groupement on peut citer: • l’encadrement des collecteurs; • information des collecteurs sur l’ouverture et la fermeture de la zone de pêche; • aide à l’obtention des permis de pêche (dépôt des dossiers, retrait des permis); • établissement de contact avec les exportateurs pour la vente des produits; • établissement de liste journalière des collecteurs: le représentant du groupement enregistre les pêcheurs qui participent à la collecte ainsi que les quantités ramassées; • présence durant l’opération de contrôle et de pesage des palourdes; • actions sociales au profit des nécessiteux: le groupement vient en aide financière à quelques familles nécessiteuses durant les fêtes religieuses et la rentrée scolaire; • garantie de l’origine des produits. Le groupement joue un rôle important dans le suivi de traçabilité du produit et la garantie de l’origine des quantités de palourdes disponibles au niveau des centres d’exportation. En effet le suivi de l’origine est prouvé par les services vétérinaires, basé sur le «Certificat de transport des coquillages», délivré par les agents de la garde de pêche sur les lieux de pêche aux représentants des centres d’exportation. Ces groupements tirent leurs ressources matérielles de l’adhésion annuelle des collecteurs qui est fixée à 1 Dinar/adhérent/an et de 0,100 Dinar/kg de palourde vendu pris sur le compte de l’exportateur. Vu la régression des revenus et la diminution de l’activité de la pêche de palourde les collectrices ne payent plus leur cotisation annuelle et le groupement se trouve presque sans moyens par lesquels il peut jouer son rôle. 30 7. Matrice d’analyse des problè mes Tableau 5: Matrice d’analyse des problèmes à El Akarit Type de problème Infrastructure Inexistence de centre d’épuration et d’exportation dans le gouvernorat de Gabès Causes Effet Solutions proposées Absence de promoteur Effet négati f sur les prix à la vente. Création de centre de traitement et d’exportation de palourde Prolifération d’algues toxiques Suspension de la collecte Déterminer un seuil minimum de toxicité en dessous du quel le produit est valable à la consommation Ecologique Présence de la biotoxine Pousser les recherches sur la détoxifi cation Réglementaire Collecte de la palourde en dehors de la campagne Marché parallèle (clandestin) Effet négati f sur le stock Diminution des tailles commercialisabl es Exploitation abusive Formation et sensibilisation des exploitants Surexploitation de la ressource Réglementation et création de concessions pour le grossissement de palourdes Biologique Diminution des tailles commercialisabl es Surveillance Non respect de la réglementation Socioé conomique Prix de vente à la production non proportionnel à celui de l’exportation. Prix fixé par l’exportateur Revenu non rémunérateur Installer un système de criée pour la vente du produit. Désistement des exportateurs de l’achat de la palourde en dehors de quelques périodes déterminées (fêtes, nouvel an). Produit non demandé à l’échelle nationale Recours à la pêche illicite pour augmenter la quantité Sensibilisation des pêcheurs aux rôles des organisations professionnelles (groupements) dans l’amélioration de leurs conditions de travail et des revenus Une grande variation des prix durant la campagne. Le désistement des collecteurs à l’adhésion au groupement Manque de moyens du groupement Doter le groupement des moyens nécess aires pour sont bon fonctionnement. 31 8. Les Institutions conce rnées et autres projets dans la zone En Tunisie il existe plusieurs projets et initiatives en cours de réalisation dans le golfe de Gabès avec lesquels ArtFiM ed cherchera des synergies possibles en particulier pour la lutte contre les pratiques illicites et de la promotion des bonnes pratiques: • • • Le projet de développement durable des ressources de la pêche dans le golfe de Gabès: projet tuniso-japonais JICA DGPA « Gestion durable des ressources de pêche côtière en Tunisie ». Le projet de protection des ressources marines et côtière du golfe de Gabès: projet financé conjointement par le Gouvernement tunisien et un don de la Banque mondiale (FEM ) Le projet de renforcement du rôle de la femme dans la filière pêche à pied de la palourde: projet FAO-TCP de coopération technique. Par ailleurs, les autorités et établissements suivants seront appelés à appuyer le projet ArtFiM ed: • • • • • • • • Le M inistère de l’agriculture et des ressources hydrauliques: - Direction générale de la pêche et de l’aquaculture. Le Gouvernorat de Gabès: - Délégation de Ghannouch. L’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Gabès: - L’Union locale de Ghannouch. Le Commissariat régional de développement agricole de Gabès: - L’arrondissement de la pêche et de l’aquaculture; - L’arrondissement de financement et encouragement. L’Institut national des sciences et technologies de la mer. Le Centre de formation professionnelle des pêches de Gabès. La Direction régionale des affaires sociales. La Coopérative « El khalij » des services des pêches. 32 9. Conclusion et recommandations L’activité de la pêche des palourdes est dépendante de l’état sanitaire des zones de pêches, de la demande à l’exportation, des facteurs climatiques ainsi qu’une diminution des quantités aux tailles réglementaires d’où l’urgence d’intervention pour alléger ces handicaps au développement de cette activité par: • • • • • • L’accélération des recherches sur la détoxication des palourdes. La consolidation du Groupement de développement d’exploitation des palourdes. La réglementation de l’activité du grossissement des palourdes afin d’encourager l’installation des concessionnaires (voir fermes familiales) pour développer ce créneau prometteur (prévoir une écloserie). La création de centres d’épuration et d’exportation de palourdes dans la région sud de la Tunisie vue l’existence d’importantes zones touristiques consommatrices potentielles de ces produits en dehors des périodes de demande à l’étranger. La prospection de marchés pour les autres espèces potentiellement exploitables (haricot et autres). La création d’un marché de gros de palourde où les prix seront déterminés à la créé. 33 10. Bibliographie • Le Gouvernorat de Gabès en chiffres. M inistère du développement et de la coopération internationale (Office de développement du sud). 2007 • Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Rapport annuel de 2006. • Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Rapport annuel de 2007. • Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Rapport annuel de 2008. • Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Bilans mensuels des années 2005, 2006, 2007 et 2008. 34 DIAGNOSTIC INITIAL DU SITE DE PÊCHE ARTISANALE DE GHANNOUCH (TUNISIE) M ai 2009 INDEX 1. Introduction ...............................………………………………………………………………37 1.1. Contexte du projet.............................................................................................................37 2. Fiche synthétique du site de Ghannouch ..............................................……………………..39 2.1. Points forts et faiblesses de la communauté de pêche de Ghannouch ..............................40 3. Aspects socioéconomiques concernant la communauté de pêche de Ghannouch…………41 3.1. Aspects sociaux.................................................................................................................41 3.2. Aspects économiques ........................................................................................................41 4. Description des activités du site de Ghannouch....................................................………….42 4.1. Description de l’activité de pêche.....................................................................................42 4.1.1. La flottille de pêche...........................................................................................................42 4.1.2. Caracteristiques des métiers ..............................................................................................42 4.1.3. Les engins de pêche ..........................................................................................................43 4.1.4. Les espèces cibles .............................................................................................................43 4.1.5. Les périodes de pêche .......................................................................................................44 4.1.6. Les zones de pêche............................................................................................................44 4.1.7. L’effort de pêche...............................................................................................................44 4.1.8. La production....................................................................................................................44 4.2. Les autres activités generatrices de revenu .......................................................................45 5. Filières et acteurs ....................................……………………………………………………..46 6. Mode et niveau d’organisation des communautés de pêcheurs……………………………46 7. Matrice d’analyse des problèmes.............................................………………………………48 8. Les institutions concernées et autres projets dans la zone …………………………………49 9. Conclusion et recommandations..............................................………………………………50 10. Bibliographie .................................……………………………………………………………51 Annexe des tableaux, figures et schémas Tableau 1: Forces et faiblesses de la communauté de pêche de Ghannouch……………………….40 Tableau 2 : Evolution du nombre d’embarcations à Ghannouch…………………………………...42 Tableau 3: Nombre de sorties par engins de pêche à Ghannouch en 2008…………………………44 Tableau 4: Evolution de la production à Ghannouch et dans la région……………………………..45 Tableau 5: Evolution mensuelle de la production par engin et espèce à Ghannouch en 2008……...45 Tableau 6: M atrice d’analyse des problèmes……………………………………………………….48 Figure 1: Le Gouvernorat de Gabès………………………………………………………………...39 Schéma 1: Filières de commercialisation des produits e la pêche de Ghannouch………………….46 36 1. Introduction 1.1. Contexte du projet Au cours de l’exécution de la première phase du projet CopeM ed financé par l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), une attention a été porté à la situation de la pêche artisanale dans la partie occidentale et centrale de la méditerranée. Au cours de dernière réunion du Comité de coordination du projet qui s’est tenue en Tunisie en mai 2005, les représentants des pays participants au projet ont demandé la poursuite du projet, dans le cadre d’une seconde phase, avec un accent particulier sur le développement d’actions en appui à la pêche artisanale. Au cours de cette même réunion, les représentants espagnoles ont déclaré que l’AECID été prête à soutenir des initiatives ciblées dans ce secteur spécifique en Tunisie et au M aroc afin d’améliorer la situation socioéconomique et les moyens d’existence des populations côtières. Le projet ArtFiM ed, financé par l’AECID a été développé dans la continuité du projet régional CopeM ed et à la demande des pays participant. Il s’intègre à la fois: (i) aux priorités des pays en matière de lutte contre la pauvreté, d’amélioration des conditions socioéconomiques des populations côtières et de réhabilitation de pêche artisanale, (ii) aux préoccupations régionales en matière d’échange d’expériences, d’amélioration de la gestion des stocks partagés et d’espèces d’intérêt commun, (iii) aux recommandation et objectifs internationaux énoncés dans le cadre des objectifs pour M illénaire et des communautés des pêches de la FAO. L’objectif du projet est d’améliorer les moyens d’existence durable des communautés de pêche artisanale ciblées dans le respect des écosystèmes qu’elles exploitent ainsi que de contribuer à améliorer l’intégration positive de ces communautés aux dynamiques qui les affectent directement, en particulier la gestion des pêches et le développement des zones côtières. L’impact recherché est donc que les communauté qui dépendent des pêches artisanales puissent mieux profiter et contribuer au développement humain, social et économique de leur pays et puissent être mieux intégrés aux stratégies nationales et régionales de gestion des pêches ainsi qu’aux stratégies nationales de lutte contre la pauvreté et d’aménagement du littoral dans le respect de la distribution des écosystèmes marins, souvent fragile, qu’elles exploitent. Dans ce contexte les objectifs du projet seront de trois types: • Résultats immédiats: Améliorer les moyens d’existences durables des communautés des pêches artisanales ciblées par la valorisation des captures, des pratiques de pêche durables, des activités de pêche complémentaires ainsi que par une meilleure organisation de leur structure. • Résultats à l’échelle nationale: Acquisition et promotion de leçon et de méthodologies auprès des autorités et organismes compétents pour faciliter à la suite du projet une extension des actions à d’autres communautés de pêche artisanales et pour assurer la durabilité des acquis. 37 • Résultats attendus au niveau de la région du Commissariat régional de développement agricole (CGPM): Renforcement de la base d’information sur les pêches artisanales méditerranéennes comprenant les réalisations du projet, connaissances, leçons apprises et méthodologie en vue de promouvoir et de capitaliser les expériences propres au développement durable des pêches artisanales et de faciliter à l’avenir les échanges d’expérience entre les pays de la M éditerranée. Les communautés sélectionnées pour participer au projet ArtFiM ed sont: • Au M aroc, la communauté des pêcheurs du site de Dikky. • En Tunisie, la communauté des pêcheurs embarqués de Ghannouch et la communauté de femmes pêcheurs à pied de palourde d’El Akarit. 38 2. Fiche synthétique du site de Ghannouch Ghannouch est une des 10 délégations du Gouvernorat de Gabès située dans le sud tunisien à environ 400 km de la capitale Tunis. Sa superficie est de 19 kilomètres carrés (0,3 pour cent de la surface du Gouvernorat) et sa population est d’environ 23 000 habitants qui constituent environ 3 673 ménages. Le nombre de logement est de 3 700 avec un taux d’électrification de 99,4 pour cent et un taux de desserte en eau potable de 99,7 pour cent. L’infrastructure de l’enseignement est composée de trois écoles préparatoires, six écoles primaires et trois collèges et lycées. Le secteur de la santé est constitué de deux centres de santé de base, une salle de soin, quatre cliniques, quatre pharmacies, une infirmerie et un médecin dentiste. Les habitants de Ghannouch sont réputés par leur savoir faire en agriculture irriguée vue la richesse de la zone en eau souterraine ainsi que par le travail en mer qui occupe environ 1 200 d’entre eux et qui produisent environ 60 pour cent du total régional en produits marins. Figure 1: Le Gouvernorat de Gabès 39 2.1 Points forts et faiblesses de la communauté de pêche de Ghannouch Tableau 1: Forces et faiblesses de la communauté de pêche de Ghannouch AT OUT S HUMAIN NAT UREL PHYSIQUE SOCIAL FINANCIER FORCE S - Existence de compétences en matière de pêche - Existence de communautés de pêcheurs traditionnels - Existence de bonne santé et d’aptitude physique pour le travail - Existence de personnes alphabétisées en arabe ou en français pour tenir des registres de comptabilité - Existence d’encadrement technique - Existence d’un plateau continental assez étendu - Existence de grande marée - Existences d’embarcations de pêche artisanale à rames de moteurs hors bord, filets et accessoires - Existence de marchés - Existence d’infrastructures: routes, maison d’habitations, écoles, postes de santé… - Existence d’un esprit de solidarité et d’entraide au sein des communautés de pêcheurs artisanaux - Obtention de revenus après la vente des produits pêchés 40 FAIBLESSE S - Insuffisance du niveau de formation en gestion organisationnelle et financière au sein du groupe identifié - Insuffisance des connaissances sur les ressources halieutiques - Migration des ressources qui s’éloignent des zones fréquentées par ces populations - Diminution la productivité - Il n’y a pas de port pour les embarcations - Ventes directes réalisées sur la plage sans suivi statistique exact - Manque de frigos pour conserver le poisson - Pas d’associations de pêcheurs - Pas d’associations de familles de pêcheurs - Faible accès au crédit formel - Insuffisance de revenus tirés des activités de pêche 3. Aspects socioéconomiques concernant la communauté de pêche de Ghannouch 3.1 Aspects sociaux - Age La population maritime de la pêche artisanale à Ghannouch est une population jeune. En effet on peut estimer que: • 70 pour cent des marins dont l’age est compris entre 20 et 40 ans; • 20 pour cent des marins dont l’age est compris entre 40et 50 ans; • 10 pour cent sont âgés de plus que 50 ans. - Origine La majorité des pêcheurs de la région de Ghannouch sont originaires du village et on peut même remarquer les déplacements d’un grand nombre de marin pour travailler dans les régions voisines. - Niveau de formation En Tunisie aller à l’école à l’âge de 6 ans est obligatoire et gratuit pour toutes les couches sociales à partir des années 60; ce qui fait que la majorité des pêcheurs âgés de moins de 50 ans savent plus ou moins lire et écrire. On estime que: • 5 pour cent est analphabète; • 60 pour cent a un niveau primaire (correspondant à l’âge de 6 à 12 ans); • 30 pour cent a un niveau secondaire (correspondant à l’age de 13 à 19 ans clôturé par l’obtention du Certificat de baccalauréat); • 5 pour cent a un niveau supérieur (études après le baccalauréat). La formation dans le domaine de la pêche est acquise sur le tas de père en fils malgré l’existence d’un centre de formation professionnelle de pêche dans la ville de Gabès (CFPP de Gabès). 3.2 Aspects économiques Comme toute activité, la pêche artisanale est soumise aux contraintes des charges et revenus qui sont des facteurs limitant pour la persévérance à ce travail. Les charges de production des pêcheurs artisanaux couvrent en général les moyens de production à savoir: les filets dont les prix varient entre 80 et 120 Dinar tunisien par pièce, ainsi qu’aux frais d’entretien de la barque les frais de l’autorisation de pêche, le carburant et les frais d’entretien pour les barques à moteur hors bord. Le revenu est le produit de la vente de la pêche qui est généralement partagé en deux: • une partie va au propriétaire de la barque pour la compensation de l’armement (filet, barque); • et une partie est distribuée entre tous les pêcheurs travaillant à bord. Le revenu moyen par marin est d’environ 150 Dinar tunisien/mois de travail (110 à 120 Dollars). 41 4. Description des activités du site de Ghannouch 4.1 Description de l’activité de pêche 4.1.1 La flottille de pêche La flottille de pêche du site de Ghannouch est composée essentiellement de barques à rames mais depuis l’année 2006 on constate l’apparition de la motorisation. Tableau 2 : Evolution du nombre d’embarcations à Ghannouch Type des Barques Barques motorisées Barques à rames Barques immobilisées S/Total Barques sans papiers Total 2004 2005 100 18 118 20 138 103 8 111 35 146 2006 16 100 4 120 50 170 2007 26 88 6 120 65 185 2008 27 86 11 124 70 194 Source: Rapports arrondissement pêche 2004, 2005, 2006, 2007 et 2008 Par ailleurs, on remarquera que l’augmentation du nombre d’embarcations est surtout du à l’augmentation du nombre de barques sans papiers. 4.1.2 Caractéristiques des métiers Les métiers pratiqués par les pêcheurs de la région sont en relation étroite avec la migration des espèces marines. On distingue les métiers suivants: - Le métier de la pêche aux seiches (Sepia officinalis) Il s’étend sur toute l’année, cependant l’effort de pêche diminue considérablement durant les mois de juillet et d’août. Ce métier cible la seiche principalement mais divers poissons (sole, sparidés, pageot, poulpe) sont capturés en même temps mais en de petites quantités. - Le métier de la pêche aux crevettes (Penaeus kerathurus et Metapenaeus monoceros) Il s’étend sur une période très courte durant les mois d’avril à juin. Ce métier vise les crevettes qui migrent vers les petits fonds (inférieur à 10 mètres) pour la ponte. - Le métier des filets maillant fixes Il est pratiqué durant toute l’année. Cette activité est reprise chaque fois que les pêcheurs sortent d’une campagne de pêche ou à l’arrivée d’une espèce donnée dans la région ou lorsqu’ils constatent une diminution des débarquements des espèces à forte valeur commerciale (soles: Solea aegyptica, marbré: Lithognathus mormyrus, pageot: Pagellus erythrinus). - Le métier de la senne de plage Il est pratiqué suite à l’apparition des bancs d’athérines: Aterina boyeri, d’alevins de sardine: Sardinella aurita ou d’anchois: Engraulis encrassicholus et surtout aux mois de mai jusqu’à novembre cette pêche est interdite par la réglementation en vigueur. 42 4.1.3. Les engins de pêche On distingue les engins de pêche suivants: - Le filet trémail seiche C’est un filet d’une longueur d’environ 50 mètres, disposant d’une chute d’environ 1,5 m, constitué de trois nappes superposées: • une nappe centrale à maille de 30 à 35 mm montée avec beaucoup de mou; • deux nappes latérales de maille de 70 à 90 mm. Les poissons s’emmêlent dans la nappe interne à petites mailles après avoir traversés une nappe externe. Le nombre de pièces utilisées varie selon les moyens matériels du pêcheur de 10 à 30. - Les filets trémails crevettes C’est le même engin que celui utilisé pour la pêche des seiches sauf que la maille de la nappe centrale est de 22 mm au lieu de 30 à 35 pour les seiches. Le nombre de pièces utilisées est d’environ 30. - Les filets maillant Ce sont des filets constitués d’une seule nappe. Ils disposent de flotteurs sur la ralingue supérieure et de plombs sur la ralingue inférieure. Les mailles diffèrent selon l’espèce ciblée: • 20 mm pour la pêche des rougets de vase (Mullus barbatus); • 26 mm pour la pêches des marbrés (Lithognatus mormyrus), pageots (Pagellus erythrinus); • 40 mm pour la pêche des muges dont principalement: Mugil cephalus, Lisa aurata, Lisa saliens et Chelon labrosus; • 22mm et une chute d’environ 6 m pour la pêche des sardines. La chute de ces types de filet varie de 1 à 2,5 m et le nombre de pièces utilisées est de 6 à 10. - La senne de plage C’est un filet encerclant et traînant, mis à l’eau à partir d’une embarcation et manœuvré du rivage. Le principe de capture consiste à entourer une surface aussi étendue que possible par le filet puis le halage à terre s’effectue à la main. Ce filet est utilisé pour la pêche des athérines (Atherina boyeri) et des sardines et des anchois. 4.1.4. Les espèces cibles Les espèces ciblées principalement par la pêche artisanale à Ghannouch sont la seiche (Sépia officianalis) et la crevette royale (Penaeus kheraturus) qui sont des espèces très recherchées en raison de leur prix important. Ensuite, viennent les sardines qui sont également recherchées sur le marché national, puis d’autres espèces sont capturées parallèlement parmi lesquelles on cite: les muges, le saurel, le marbré, le maquereau, les soles. Enfin, les alevins sont également ciblés malgré l’interdiction de pêche, car ils sont très recherchés sur le marché national. 43 4.1.5. Les périodes de pêche La pratique de la pêche s’étend sur toute l’année, mais l’on peut cependant noter différentes campagnes de pêches: • la pêche filets maillant se pratique de mars à décembre; • la pêche aux crevettes avec les filets trémails se pratique durant les mois d’avril à juin; • la senne de plage se pratique de mai jusqu’à décembre; • la pêche aux seiches se pratique toute l’année, mais le maximum de sorties s’observe d’octobre à mars, alors que en été cette pêche se pratique très peu. 4.1.6. Les zones de pêche Les zones de pêches s’étendent sur toute la côte nord du Gouvernorat de Gabès et certaines barques remorquées vont pêcher dans les eaux du gouvernorat de Sfax à environ 50 km. En profondeur la pêche est pratiquée par les fonds allants jusqu’à 6 m. 4.1.7. L’effort de pêche Le tableau ci dessous fait apparaître une forte dominance du nombre de sorties utilisant le trémail à seiche. Cet engin est utilisé tout au long de l’année avec un maximum en février et mars. Viennent ensuite les filets maillant puis la senne de plage. Tableau 3: Nombre de sorties par engins de pêche à Ghannouch en 2008 Mois Janv Févr Mars Avr. Mai Juin Juill Août Sep Oct Nov Déc Total Trémail à seiche Trémail à crevette Filet maillant Senne de plage Tilla 720 913 907 400 220 166 70 50 80 550 640 720 5436 - - - 270 230 80 - - - - - - 580 - - 50 100 100 120 310 212 80 90 60 110 1232 - - - - 110 150 120 160 104 110 60 50 864 - - - - - - 70 90 120 130 80 - 490 Nbre de sorties 720 913 957 770 660 516 500 462 384 880 840 880 8602 Source: Rapport arrondissement pêche 2008 4.1.8. La production Les tableaux ci dessous permettent d’observer la tendance de la production débarquée à Ghannouch depuis 2004. On observe une relative stabilité de la production qui varie selon les années entre 600 et 800 tonnes, constituées par une majorité de seiche. 44 Tableau 4: Evolution de la production à Ghannouch et dans la région Année 2004 2005 2006 2007 2008 Production Ghannouch (tonnes) 595 884 693 812 640 Production Régionale (tonnes) 8 993 8 176 8 054 9 296 8 248 Pourcentage Ghannouch/région 6,6 % 10,8 % 8,6 % 8,73 % 7,75 % Source: Rapport arrondissement pêche 2008 Tableau 5: Evolution mensuelle de la production (en tonnes) par engin et espèce à Ghannouch en 2008 F. trémail seiche F. trémail crevette Filet maillant Senne P lage Total Seiche P oulpe Janv 60 0,4 Févr 40 0,3 Mars 60 0,4 Avril 55 0,2 Mai 40 0 Juin 20 0 Juill 10 0 Août 35 0 Sept 40 0 Oct 40 0 Nov 30 0,2 Déc 20 0,5 Total 450 2 Crevette 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 2 P oissons 1 1 1 7 8 10 1 1 1 2 2 1 36 Sardine Ouzef Sardine 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 10 0 0 30 5 10 20 20 20 20 30 10 10 15 0 0 20 0 0 0 40 90 90 61,4 41,3 61, 4 62,2 49 41 46 86 111 77 52,2 21,5 710 Source: Rapport arrondissement pêche 2008 4.2. Les autres activités génératrices de revenu La zone de Ghannouch est située au nord de la ville de Gabès. Dans cette région est implantée une des plus importantes zones industrielles de la Tunisie. Ce complexe a vu le jour en 1972 et depuis l’activité s’est considérablement intensifiée. En 2007 le nombre d’entreprises industrielles implantées dans la zone Gabès Ghannouch est au nombre de 47 employant environ 3 264 personnes. L’agriculture (culture en irrigué) dans cette zone est une activité très répandue vue l’abondance des eaux douces et le savoir faire des agriculteurs. Ces deux sources de revenus n’ont pas attirés les pêcheurs qui même au moment de la diminution de la production durant l’été ne quittent pas le travail de la mer et cherchent à être embarqués à bord des grandes unités de pêche côtière ou de pêche aux petits pélagiques. 45 5. Filières et acteurs Les filières de la pêche des seiches et des crevettes attirent beaucoup d’acteurs vu que ces produits sont destinés à l’exportation. Ces produits sont collectés par les « agents » des mareyeurs (sur mobylettes ou camionnettes) puis ils sont acheminés vers les usines de congélation. Les poissons sont aussi collectés de la même façon mais ils sont vendus soit sur le marché de détail de la ville soit sur le marché de gros de Gabès. On distingue différents circuits de commercialisation pour les produits pêchés dans la zone de Ghannouch: • Le circuit de commercialisation des seiches et des crevettes Ces produits sont destinés essentiellement à l’exportation, ils sont collectés chez le mareyeur qui les conduit directement vers les usines de congélation. • Le circuit de commercialisation des poissons Les poissons débarqués dans la zone de Ghannouch sont très appréciés par les consommateurs vue leur fraîcheur par rapport à ceux exposés dans les points de vente du gouvernorat. Ce qui fait que la majorité des produits est écoulé par les différents intermédiaires sur le marché de détail de la ville de Ghannouch. Quand la quantité de poissons débarqués est importante une partie de celle-ci est commercialisée dans le marché de gros de Gabès. Pêcheurs Collecte sur mobylettes Collecte sur camionettes Marayeurs Marché de detail Marché de gros Consommateur Usines de congelation Circuit de commercialisation des poissons Circuit de commercialisation des seiches et des crevettes S chéma 1: Filières de commercialisation du produit de la pêche de Ghannouch 46 6. Mode et niveau d’organisation des communautés de pêcheurs Les pêcheurs artisanaux de Ghannouch sont à 60 pour cent affiliés à l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), qui est un syndicat professionnel dont le but est de défendre les intérêts de ses adhérents, de les encadrer et de résoudre les problèmes entre les différentes filières. Cet organisme n’assure aucun service matériel chose qui est indispensable aux pêcheurs tel que: • Le transport des produits de la pêche aux marchés pour une meilleure vente; • L’achat des intrants aux prix de gros (rassemblement des achats); • L’accord des facilités de payement à l’achat de matériel de pêche; • Le ravitaillement en glace. 47 7. Matrice d’analyse des problè mes Tableau 6: Matrice d’analyse des problèmes Type de problème Infrastructure - Absence de port d’attache - Absence de fabrique de glace - Accès très di fficile Ecologique - Ensablement des fonds marins - Pollution - Destruction des fonds marins par les chalutiers Biologique - Raréfaction des ressources Technique - Manque de matériels de pêche Socioéconomique - Non transparence des circuits de commercialisation - Absence de structures professionnelles assurant des services pour les pêcheurs Causes Effet Solutions proposées - Zone étendue - Absence de promoteurs - Côte rocheuse - Flottille dispersée - Construction d’un port assurant tout les services nécessaires pour cette activité - Courants d’eau et disparition de l’herbier - Zone industrielle importante - Pêche prohibée - Disparition des nurseries - Destruction des chaînes alimentaires - Diminuer les rejets industriels - Application de la réglementation - Protection par les réci fs arti ficiels - Formation et sensibilisation des pêcheurs - Exploitation abusive des ressources et pollution - Diminution de la production des espèces marines - Application de la réglementation - Protection par les réci fs arti ficiels - Tonnage limité - Manque de moyens - Diminution de la rentabilité - Aider les pêcheurs en équipem ents nécess aires - Formation des pêcheurs - Absence d’organisation de l’activité de pêche dans le site - Fluctuation des prix - Organiser les pêcheurs en des structures professionnelles 48 8. Les Institutions conce rnées et autres projets dans la zone En Tunisie il existe plusieurs projets et initiatives en cours de réalisation dans le golfe de Gabès avec lesquels ArtFiM ed cherchera des synergies possibles en particulier pour la lutte contre les pratiques illicites et de la promotion des bonnes pratiques: • • Le projet de développement durable des ressources de la pêche dans le golfe de Gabès: projet tuniso-japonais JICA DGPA « Gestion durable des ressources de pêche côtière en Tunisie ». Le projet de protection des ressources marines et côtière du golfe de Gabès: projet financé conjointement par le Gouvernement tunisien et un don de la Banque mondiale (FEM ) Par ailleurs, les autorités et établissements suivants seront appelés à appuyer le projet ArtFiM ed: • • • • • • • • Le M inistère de l’agriculture et des ressources hydrauliques: - Direction générale de la pêche et de l’aquaculture. Le Gouvernorat de Gabès: - Délégation de Ghannouch. L’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Gabès: - L’Union locale de Ghannouch. Le Commissariat régional de développement agricole de Gabès: - L’arrondissement de la pêche et de l’aquaculture; - L’arrondissement de financement et encouragement. L’Institut national des sciences et technologies de la mer. Le Centre de formation professionnelle des pêches de Gabès. La Direction régionale des affaires sociales. La Coopérative « El khalij » des services des pêches. 49 9. Conclusion et recommandations La communauté des pêcheurs à rames du site de Ghannouch mérite une attention particulière pour leur assurer une durabilité de leur source de vie tout en respectant le milieu dans lequel ils opèrent par: • • • • • L’application avec vigueur de la réglementation concernant la pêche dans les petits fonds (chalutiers, senneur, maillage …). La pose de récifs artificiels dans les zones de pêche côtière aussi bien pour la création des nurseries pour les petits poissons que pour dissuader les engins destructeurs de pêcher dans ces zones. L’accélération du projet d’arrêt des rejets provenant de la zone industrielle dans la mer (projet en cours). L’organisation de cycles de formation au profit des pêcheurs sur la nécessité da la préservation des ressources (pêche responsable et rationnelle). La création d’un organisme professionnel qui assurera: - les services nécessaires pour le travail marin (approvisionnement en intrants, froid, transport…); la transparence des prix à la vente des produits débarqués; l’aide aux pêcheurs pour l’acquisition de matériel de pêche indispensable pour assurer une rentabilité acceptable; la régularisation de situation des pêcheurs dont les barques sont sans papiers nécessaires pour le travail marin (congé de police, autorisation de pêche…). 50 9. Bibliographie • Le Gouvernorat de Gabès en chiffres. M inistère du développement et de la coopération internationale (Office de développement du sud). 2007 • Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Rapport annuel de 2006. • Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Rapport annuel de 2007. • Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Rapport annuel de 2008. • Arrondissement des pêches et de l’aquaculture de Gabès. Bilans mensuels des années 2005, 2006, 2007 et 2008. 51