Dépression : vaincre les récidives
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Dépression : vaincre les récidives
Dépression : vaincre les récidives Corinne Mar*n‐Guehl Défini2on de la récidive une récidive ‐ ou récurrence ‐ dépressive est la survenue d’un nouvel épisode dépressif, après rémission complète d’au moins 2 mois Rémission complète Humeur normale Appari2on des symptômes dépressifs GUERISON Rémission partielle ‐50 % An2dépresseur Réponse Phases de traitement OBJECTIFS Récidive Rechute EDM diagnos2qué AAaque 6‐12 semaines Consolida2on 16‐20 semaines Maintenance Pa*ents ayant présenté au moins 3 EDM dans les 4 dernières années AAeindre la rémission Eviter les rechutes Durée totale de traitement de l’épisode : 4 à 9 mois 4. Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Bon usage des médicaments an*dépresseurs dans le traitement des troubles dépressifs et des troubles anxieux de l’adulte. Recommanda*ons. Octobre 2006. 15. Kupfer DJ. Management of recurrent depression. J Clin Psychiatry 1993 ; 54 Suppl : 29‐33. Prévenir les récidives ‐ La dépression est hautement récidivante : 35% de récidive à 1 an 50 % dans les 2 ans 85 % dans les 5 ans Pourquoi faut‐il éviter les récidives ? ‐1‐ pour le poids de la récidive elle‐ même : ‐ Souffrance ressen*e ‐ Conséquences sociales, familiales, professionnelles ‐2‐ plus on décompense d’épisodes dépressifs, plus le risque de survenue d’épisodes ultérieurs est élevé, et plus l’intervalle entre les épisodes diminue Accéléra*on des récidives 1.0 Probabilité de rester en rémission (survie cumulée) 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 0.4 1 épisode (n = 17447) 0.3 2 épisodes (n = 6565) 3 épisodes (n = 3192) 4 épisodes (n = 1659) 5 épisodes (n = 946) 15 épisodes (n = 10) 0.2 0.1 10 épisodes (n = 78) 0.0 0 5 10 15 20 Délai jusqu’à récidive (ans) Inclusion de 17 447 pa*ents danois présentant une dépression unipolaire lors de leur première hospitalisa*on, les pa*ents développant ensuite un trouble bipolaire sont exclus des analyses suivantes. Données provenant des registres d’admission danois pendant la période 1971‐1993. La récidive est définie par la réadmission hospitalière. 17. Kessing LV. Recurrence in affec*ve disorder. I. Case register study. Br J Psychiatry 1998 ; 172 : 23‐8. 25 ‐3‐ plus on décompense d’épisodes dépressifs, moins les décompensa*ons sont liées à des événements de vie : la maladie s’autonomise Risque d’occurrence d’EDM ou risque rela*f d’occurrence d’événement de vie et d’EDM De l’épisode réac*onnel à l’épisode spontané Risque d’occurence dans le même mois d’un événement de vie stressant et du début d’un épisode dépressif 8 Risque de survenue d’un nouvel épisode dépressif 6 4 2 0 N = 2 395 femmes, suivi de 9 ans 0 1 2 3 4 5 6 7‐8 Nombre d’EDM antérieurs • Plus grand est le nombre d’EDM antérieurs : – plus grand est le risque d’un nouvel EDM – moins grande est la probabilité d’un événement de vie stressant concomitant 18. Kendler KS et al. Stressful life events and previous episodes in the e*ology of major depression in women : an evalua*on of the "kindling" hypothesis. Am J Psychiatry 2000 ; 157 : 1243‐1251. 9‐11 ‐4‐ plus on décompense d’épisodes dépressifs, plus il existe de signes de souffrance au niveau cérébral et de reten*ssement au niveau cogni*f S*gmate neurobiologique ? Atrophie de l’hippocampe et dépression Témoin sain Pa*ent avec EDM en rémission 32. Bremner JD, Narayan M, Anderson ER et al. Hippocampal volume reduc*on in major depression. Am J Psychiatry 2000 ; 157 : 115‐118. Reprinted with permission from JD Bremner ‐5‐ plus on décompense d’épisodes dépressifs, plus le traitement se complexifie Comment éviter les récidives ? Trea*ng Major Depressive Disorder : A Quick Reference Guide Octobre 2010 Canadian Network for Mood and Anxiety Treatments (CANMAT) Clinical guidelines for the management of major depressive disorder in adults 2009 Octobre 2006 ‐1‐ Obtenir la rémission complète de l’épisode index ou actuel • Rémission complète = dispari*on des symptômes et retour à un fonc*onnement normal • Seul 1 pa*ent dépressif sur 3 est en rémission complète, après 8 semaines de traitement an*dépresseur bien conduit – 1/3 en rémission complète – 1/3 en rémission par*elle – 1/3 ne répondent pas au traitement 4. Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Bon usage des médicaments an*dépresseurs dans le traitement des troubles dépressifs et des troubles anxieux de l’adulte. Recommanda*ons. Octobre 2006 Apeindre la rémission complète pour diminuer le risque de rechute Mediane Semaines “Bien” Probabilité de rester en guérison (courbe de survie) 1.0 A. B. C. D. 0.8 Guérison complète, 1–3 épisodes (n = 121) Guérison complète, > 3 épisodes (n = 34) Guérison avec s. résiduels, 1–3 épisodes (n = 57) Guérison avec s. résiduels, > 3 épisodes (n = 25) 224.0 79.0 34.0 28.0 0.6 0.4 0.2 0.0 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 Semaines entre la première rechute et n’importe quel épisode dépressif (majeur, mineur ou dysthymique) (prospec*f) La présence de symptômes résiduels est un facteur de risque de rechute plus fort que le nombre d’épisodes antérieurs (OR = 3,65 vs 1,64). Différence sta*s*quement significa*ve entre toutes les courbes, excepté pour C vs D 16. Judd LL et al. Major depressive disorder : a prospec*ve study of residual subthreshold depressive symptoms as predictor of rapid relapse. J Affect Disord 1998 ; 50 (2‐3) : 97‐108. 500 • Traiter le mieux possible l’épisode actuel c’est : Accepter de réduire les facteurs de stress (travail…) Changer le pt an*dépresseur… Associer une psychothérapie …. ‐2‐ Apprendre à connaître la maladie : l’éduca*on thérapeu*que du pa*ent (ou psychoéduca*on) – Par*e intégrante et permanente de la prise ne charge – Objec*fs • aider les pa*ents à acquérir ou maintenir des compétences pour gérer leur vie avec une maladie chronique • aider les pa*ents et leur famille à comprendre la maladie, le traitement, à collaborer et à assumer leurs responsabilités dans leur prise en charge dans le but de maintenir et améliorer leur qualité de vie – Moyens • ac*vités organisées pour rendre les pa*ents informés de leur maladie, de l’organisa*on des soins et des procédures hospitalières, et des comportements liés à la santé et à la maladie L’éduca2on thérapeu2que dans la dépression Pa2ent et sa famille ou autres sou2ens (consentement) Informa2on sur la maladie, ses effets et son traitement effets rela*onnels, personnels et familiaux préjugés sur les an*dépresseurs nécessité d’un traitement complet de la phase aigue risques de rechute, signes prémonitoires, traitement précoce diminu*on progressive du traitement / sevrage et rechute hygiène de vie livres et sites internet de confiance (APA Prac(ce guideline for the treatment of MDD, third edi(on, 2010) Reconnue comme un méthode efficace (revue in Rouget et Aubry, 2007) La psychoéduca2on • Est aussi nécessaire car : – il persiste • une s*gma*sa*on liée à la maladie mentale • des préjugés sur les soins et les soignants • Une meilleure compréhension de la maladie, de ses mécanismes, de ses facteurs de décompensa*on et de rechute et des principes du soin permet de réduire cepe s*gma*sa*on (Goldman, 2010) Représenta*ons et préjugés concernant les an*dépresseurs Les an2dépresseurs comme le Prozac sont presque inefficaces, selon une étude britannique LEMONDE.FR avec AFP | 26.02.08 | 11h27 • Mis à jour le 26.02.08 | 11h52 "La différence d'améliora*on entre les pa*ents prenant des placebos et ceux prenant des an*dépresseurs n'est pas très importante. Cela signifie que les personnes souffrant de dépression peuvent aller mieux sans traitement chimique ». Représenta*ons et préjugés concernant les an*dépresseurs Ar*cle Femme Actuelle Mars 2008 Le Prozac est‐il efficace? Les réponses du Pr Michel Lejoyeux, psychiatre. Par Nathalie Chahine «Associés à une psychothérapie, et prescrits à bon escient, les an*dépresseurs cons*tuent des médicaments irremplaçables», rappelle le Pr Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie à l’Hôpital Bichat‐Claude Bernard. ESCULAPEPRO.COM RAS LE BOL Douleur et Dépression, même combat ! Dr H. Raybaud LA NON COMPLIANCE AUX TRAITEMENTS. UN PROBLEME EXPLOSIF Source : 10ème congrès du Collège Européen de neuro‐psychopharmacologie ‐ Vienne 13‐17 septembre 1997 L'abandon précoce des traitements est largement corrélés aux EI Il est difficile de convaincre la poursuite d'un traitement lorsque le pa*ent va mieux Il y aura toujours " le couillon de service " pour lui affirmer qu'il se drogue La presse grand public diabolise volon*ers les an*dépresseurs ( comme Internet ! ) : ça fait vendre Faut‐il interdire le PROZAC ? L'Evénement du Jeudi SANTE du 25 SEPTEMBRE AU 1er OCTOBRE 1997 ET LA CONNERIE ? RIEN DE PREVU ? ‐3‐ Prolonger le traitement an*dépresseur Quand proposer un traitement an2dépresseur préven2f des récidives ? ‐ Au delà de 3 récidives (au cours des 4 dernières années) ‐ Si les épisodes ont été rapprochés et/ou sévères (risque suicidaire, incapacité fonc*onnelle…) ‐ Lorsqu’il existe des symptômes résiduels, des pathologies associées, des antécédents familiaux, des stress chroniques Quel traitement AD de maintenance ? • Le traitement an*dépresseur u*lisé en phase aigue • Généralement à la même posologie qu’en phase aigue Cas par2culier : la maintenance par électroconvulsivothérapie (ECT) • En cas de traitement de l’épisode par ECT, on met en place un pt de maintenance AD • En cas d’échec de ce traitement dans la préven*on des récidives, on peut proposer un pt de maintenance par ECT +/‐ AD Combien de temps ? • Le plus longtemps possible • Des études à 5 ans montrent la supériorité du pt AD dans la préven*on des rechutes Pour bien accepter le traitement d’entre2en • Ne pas hésiter à aborder avec son psychiatre les points suivants : • ‐ la nécessité du traitement • ‐ ses effets secondaires : certains effets tolérés en phase aigue ne le sont plus en phase de maintenance • ‐ Les « risques » du traitement au long cours • AD et grossesse ‐4‐ Prolonger ou mepre en œuvre un traitement psychothérapique Psychothérapies versus Médicaments Psychothérapies Les dépressions les moins sévères Moins récurrentes, chroniques et invalidantes Patients ayant répondu à ce type de traitement Réponse incomplète au traitement médicamenteux Médicaments Formes sévères Évolution chronique Épisodes récurrents Symptômes mélancoliques Antécédents familiaux de dépression Réponse antérieure aux médicaments Réponse incomplète à la psychothérapie Recommanda*ons AFSSAPS, 2002 • En cas d’épisode dépressif léger, psychothérapie en première inten*on, selon l’accessibilité et les préférences du pa*ent. • En cas d’épisode dépressif modéré, an*dépresseurs en première inten*on ; associa*on an*dépresseurs‐ psychothérapie en cas de difficultés psychosociales ayant un reten*ssement marqué • En cas d’épisode dépressif modéré à sévère, an*dépresseurs indispensables. Associa*on an*dépresseurs‐psychothérapie peut être proposée • Quel type de psychothérapie ? Les Thérapies Comportementales et Cogni*ves La TCC consiste schéma*quement à : ‐ Soutenir et conseiller le pa*ent face au sen*ment douloureux et de détresse de la dépression ‐ Aider le pa*ent à iden*fier les pensées néga*ves et les croyances erronées (vision pessimiste du monde et de soi‐même) et les émo*ons ressen*es (tristesse) et à les changer ‐ Résoudre les problèmes et les stress qui contribuent à l’état dépressif Thérapie cogni*ve basée sur la pleine conscience (Mindfulness) Le fondement de la méthode repose sur l’idée que face aux événements, nous pouvons être parasités par des pensées, des sen*ments des sensa*ons corporelles dont nous ne sommes pas toujours conscients, d’être en pilote automa*que. Les pa*ents déprimés ont tendance à réac*ver plus facilement des pensées et des émo*ons néga*ves pouvant déclencher une rechute. Thérapie de groupe, module structuré, prise de conscience de ce mode de fonc*onnement et mise en place d’une nouvelle aƒtude à l’égard de ces pensées et de ces émo*ons. Kabat‐Zinn Am J Psychiatry 1992, Teasdale et al 2000 Les thérapies interpersonnelles • • • • Thérapies brèves et structurées Se centrent sur les rela*ons actuelles du sujet 16 sessions répar*es en 3 phases Focus sur un ou plusieurs thèmes : conflits interpersonnels, transi*ons difficiles, déficits interpersonnels… • Klerman et al 1984. Kupfer et al Arch Gen psychiatry 1992 Les thérapies dynamiques ou psychodynamiques • Référence psychanaly*que : des émo*ons conscientes et inconscientes et des mécanismes de défenses contribuent au développement des états émo*onnels et des cogni*ons néga*ves associées aux troubles dépressifs. • La thérapie : développer l’insight de ces facteurs en les reconnaissant et en comprenant leur source et leur influence. Bond 2006 Quelle(s) méthode(s) choisir ? • • • • Peu de recommanda*ons Demandes différentes des pa*ents Expérience et forma*on du thérapeute Type d’interven*on structurée ou non, spécifique ou mul*modale, isolée associée séquen*elle… Quelle(s) méthode(s) choisir ? • TCC et TIP les mieux étudiés • Les TCC sont les plus accessibles en France • Thérapies psychodynamiques brèves doivent être mieux étudiées • Intérêt d’associer une psychothérapies à un traitement an*dépresseur pour prévenir les récidives et rechutes • Intérêt de nouvelles approches, en par*culier thérapies basées sur la pleine conscience. Vaincre les récidives c’est possible ! • • • • • Avec un peu de persévérance En lupant contre les préjugés En acceptant et en connaissant la maladie En favorisant l’alliance thérapeu*que En s’engageant correctement dans son traitement médicamenteux et/ou psychothérapique