La sacralisation de la Terre - Istituto Figlie di Maria Ausiliatrice
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La sacralisation de la Terre - Istituto Figlie di Maria Ausiliatrice
Année LV – Mensuel no 07-08 Juillet-Août 2008 2008 REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE La sacralisation de la Terre dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE 4 Éditorial : Cela dépend de moi ------------de Giuseppina Teruggi REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE 5 Revue des Filles de Marie Auxiliatrice Revue des Filles de Marie Auxiliatrice Via Ateneo Salesiino, 81 00139 Ronii RM (tél:06/87.274.1 – Fax 06/87.1.23.06 e*mail [email protected] Directrice Responsable Mariagrazia Curti Rédacteurs Giuseppina Teruggi Anna Rita Cristiano Collaboratrices Tonny Aldana * Julia Arciniegas – Mara Borsi Piera Cavaglià - Maria Antonia Chinello - Emilia Di Massimo - Dora Eylenstein - Laura Gaeta Bruna Grassini - Maria Pia Giudici –Palma Lionetti Anna Mariani–Marisa Montalbetti - Maria Helena –Concepcíon Muñoz Adriana Nepi Maria Luisa Nicastro - Louise Passero Maria Perentaler – Loli Ruiz Perez – Rossella Raspanti - Lucia M; Roces - Maria Rossi - La sacralisation de la Terre ------------13 Traductrices France : Anne-Marie Baud Japon : ispettoria giapponese Grande Bretagne : Louise Passero Pologne : Janina Stankiewicz Portugal : Elisabeth Pastl Montarroyos Espagne :Amparo Contreras Alvarez Allemagne:Provinces Autrichienne et Allemande Projet Graphique Emmecipi srl EDITION EXTRACOMMERCIALE Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice – 00139 Roma,Via Ateneo Salesiano, 81 – C.C.P.47272000 Reg. Trib. Di Roma n°13125 del 16-1-1970 Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c, Legge 662/96 – Filiale di Roma n°5/6 Mai-Juin2008 Tip. Istituto Salesiano Pio XI 14 La Lampe : Lis et médite 16 L’Evangile dans la vie : Cette nuit même… 18 Dialogue : Leonella : le courage du dialogue 2 ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛt 2008 20 Fil d’Ariane : Auto limitation 35 ------------27 36 Jeunes.com : Fascination virtuelle 28 Coopération et développement : De la part des filles 30 Droits humains et vie consacrée : Droit et vie religieuse 32 Fotoclick 34 Polis : Participation et responsabilité 38 Le point: Une seule Planète ne suffit pas 39 Sites : Recension des sites web 40 Vidéo : Lars et une fille toute à lui 42 Livre : Kualid qui ne réussissait pas à rêver ---------- 44 Camille : Le monde, ma maison ------------3 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE éditorial Cela dépend de moi Giuseppina Teruggi Il y a un unique fil conducteur dans ce numéro de la Revue. Nous pouvons le nommer “conversion écologique”, pour indiquer la responsabilité de tous à l’égard de la création et de l’usage des choses. Un appel qui oriente vers l’essentiel tout style de vie, pour sauver les ressources de la création et les partager avec les plus pauvres. Pour nous, une invitation à réfléchir sur nos choix en tant que femmes à la suite d’un Maître pauvre. «Je possède d’une manière authentique non pas les choses que je garde pour moi, mais celles que je donne. Je donnerai avant que quelqu’un me demande, bien plus je devancerai les demandes justes. Si je vis de cette manière, les richesses m’appartiennent, autrement c’est moi qui appartiens à mes richesses». C’est ainsi qu’écrivait Sénèque à son ami Lucilius : expression de saveur biblique et de forte actualité. Choisir de ne pas se laisser posséder par les choses est une conversion écologique. Une façon pour prévenir des catastrophes mondiales retenues possibles par beaucoup de monde : nouvelles maladies, modifications de l’écosystème et du territoire jusqu’à rendre invivable la planète Terre. Il en résulte quelques considérations évidentes qui devraient au contraire nous brûler le cœur et les mains. Pour en citer quelques-unes : les pauvres deviennent toujours plus pauvres et les riches toujours plus riches ; les 20% de la population de la terre possèdent les 82,7% des ressources mondiales ; nous allons vers trois grands urgences : énergie, nourriture, eau. Malgré cela, si nous regardons autour de nous, et même à l’intérieur de nos réalités, il semble que tout doit continuer comme toujours. La société de consommation, au fond, nous donne pleine garantie. L’impérialisme économique enveloppe les personnes et les structures. «La société de consommation - soulignait Tiziano Terzani – te séduit au point de vouloir aussi ce que tu ne veux.» Et en parlant avec son fils, peu avant sa mort en 2005, le journaliste notait : «L’homme est maintenant sous l’emprise de l’économie. Selon moi, cela sera la grande bataille de l’avenir : la bataille pour le retour à une forme de spiritualité. Il faut de nouveaux modèles de développement. Pas seulement la croissance, mais la sobriété. Vois-tu, je pense qu’il faut nous libérer de nos désirs.» Moi, toi, chaque personne, que pouvons-nous faire ? Améliorer le monde dépend aussi de moi, de toi. Il y a une stratégie accessible et efficace, la stratégie lilliputienne, qui peut nous indiquer une piste qui peut être parcourue. Elle se base sur la conviction que tout changement part de la conscience personnelle. De la décision libre de l’individu. Il s’agit de gestes concrets, quotidiens de sobriété, de détermination à ne pas subir la fascination de posséder. Il s’agit de contester la logique du slogan : plus vite, plus haut, plus fort. Pour privilégier l’alternative : plus lent, plus profond, plus humain. C’est la «conversion écologique» à laquelle nous invite l’Évangile, et c’est une prophétie. [email protected] n 4 ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 La sacralisation de la Terre 5 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE La sacralisation de la Terre Graziella Curti - Emilia Di Massimo Il est dit que rien n’est sans voix. Et la voix qui vient de la création est tout simplement une parole d’amour, une voix qui depuis des milliards d’années raconte le soin et la tendresse d’un Créateur pour ses créatures. Dans la ligne de l’amour prévenant, nous considérerons la sacralisation de la création, signe immense, mais toujours plus affaibli et saccagé par les hommes et les femmes d’aujourd’hui, qui ont réduit la Terre à une source inépuisable de gain, oubliant le respect et la protection de ce trésor vital pour tous. Malgré tout une bonne nouvelle se fait entendre dans les Eglises et aussi dans notre Institut : ensemble à tant de personnes de bonne volonté, nous sommes en train d’agir pour vivre de manière plus sobre, économisant et utilisant seulement l’essentiel des biens naturels. Un amour qui vient de loin Longko Lorenzo, un sage indigène Mapuche, nous enseigne qu’avant le jaillissement du soleil, il faut remercier la nature pour ce jour nouveau et lui demander la permission de pouvoir la travailler et de pouvoir profiter de ses fruits. Longko explique que c’est ce que lui ont transmis ses ancêtres et aujourd’hui, à 87 ans, il continue encore à le dire à tous. Il ajoute que si on ne respecte pas la nature, un jour ou l’autre c’est elle qui se retournera contre nous. Dans sa vision cosmique, l’homme ne vit pas sur la terre, mais est une partie de la terre. Le mapuche est un élément comme un autre, il n’est pas supérieur à la montagne ou au fleuve, ou au vent : tous les éléments sont nécessaires et aucun d’entre eux n’est supérieur à l‘autre. Alors le mapuche a l’obligation de défendre cet équilibre et arriver ainsi à une relation harmonieuse dans laquelle entrent tous les éléments qu’il utilisera pour son bien-être, mais sans la frénésie égoïste de vouloit posséder à tout prix, ce qui ne tient pas compte de la protection de de l’écosystème. “Un indien sans terre est un indien mort” voilà l’expression typique des groupes indigènes originaires de l’Argentine, qui affirment : “ Nous voulons récupérer notre terre parce qu’elle est la base de notre culture et la racine de notre organisation familiale et communautaire”. Dans ce témoignage, on peut mettre en évidence la notion de terre conçue comme une totalité dans un cosmos qui comprend toutes les constellations humaines : économique, politique, sociale, culturelle. Aussi significatif ce témoignage d’un Yanomami, groupe indigène qui habite en Amazonie : «Nous les Yanomami, nous sommes les fils de la terre, les blancs le sont aussi, et moi aussi. Le Yanomami est un être humain, il a une famille, une femme, des enfants, il ressent la faim, il pleure, devient triste, et pense que tout le monde, aujourd’hui, parle de la nature et du milieu ambiant, mais c’est chacun de nous le milieu ambiant. Cette nature, cette forêt est vivante. Nous Yanomami, nous avons besoin d’un milieu ambiant vivant, et vous aussi, et mes petits-enfants aussi et les petits-enfants des blancs aussi… pour cela nous devons préserver la nature et c’est pour cela que je tente de vous expliquer ce que pense un Yanomami… pour penser ensemble.» Protéger le milieu ambiant signifie donc sauvegarder aussi la culture des peuples qui 6 ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 l’habite. Cela signifie exprimer notre amour prévenant pour eux, pour les générations actuelles et les futures. Terre poluée, terre violée région asiatique qui comprend, outre la Chine, le Japon et la Corée. Toutes les zones où le développement des attivités humaines est toujours plus intense. Mais il y a des circonstances aggravantes. La Terre est malade. Et la maladie coïncide avec les régions du monde, les plus industrialisées. Le développement industriel, la croissance de la population, l’utilisation toujours plus intense des moyens de transport génèrent des gaz qui finissent dans l’atmosphère, la détériorant inexorablement. Des photos satellites de la planète montrent la répartition et la concentration du bi-oxyde d’azote. Ce gaz est produit par des processus de combustion et donc provient des activités industrielles, des moteurs des automobiles, des centrales qui produisent de l’énergie. Toute la partie asiatique est constamment recouverte d’un immense «nuage noir» qui étend de plus en plus ses tentacules en direction d’autres pays. Cela est dû au fait que la Chine est le pays qui utilise le plus, le charbon, exploitant encore ses riches et nombreuses mines. Mais pour le moment le «grand empire» est mobilisé surtout à produire et à se développer et les contrôles constatants la pollution en vue de la limiter sont peu nombreux. C’est pour cela qu’on parle toujours plus d’une législation internationale qui établirait des limites à l’émission de la polution. Les plus grandes concentrations de bi-oxyde de carbone se trouvent en Italie, (dans la vallée Padana) en Europe du Nord, sur la côte des Etats Unis, en Afrique du Sud et dans la vaste Les Etats Unis, surtout le long de la côte ouest, sont très préoccupés par ce «nuage noir» asiatique parce que désormais il voyage et s’étend dans plusieurs directions. 7 Pays dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE La carte rédigée grâce à l’observation spatiale démontre clairement que les pays les plus développés de la Terre souffrent tous du même mal ambiant. Et ensemble ils doivent se convaincre de la nécessité à trouver une solution efficace, au-delà des nombreuses paroles échangées inutilement dans les assemblées périodiques mondiales. “Chaque aube est un symbole sacré. Oui, parce chaque journée est sacrée, quand notre Père nous envoie.” Sauver la planète. Dernier rappel “Au Malawi j’ai demandé à une femme comment elle se nourrissait. Elle m’a répondu qu’elle prenait les déchets du moulin, elle les faisait bouillir et elle les donnait à ses enfants. Je lui demandai si cela arrivait tous les jours et elle me répondit : “Aujourd’hui, nous n’avons rien à manger parce que c’est dimanche et que le moulin est fermé.” L’Equateur lance une campagne écologique hors normes : au nom de l’humanité, elle renoncera à exploiter le pétrole du parc national de Yasunì, déclaré par l’Unesco, comme une partie de la réserve mondiale de biosphère, et elle évitera ainsi de nouvelles émissions nocives d’anihydride carbonique. Un grand sacrifice, pour un petit Pays comme l’Equateur, de ne pas vouloir profiter des richesses de son sous-sol, comme le font énormément certains pays avides de revenus, si bien qu’en échange, il demande au monde un petit effort : 350 millions de dollars par an, c’est à dire l’équivalent de la moitié des recettes qu’il aurait perçues par l’exploitation des gisements. L’intention est de faire un choix écologique soutenu par tous, grandes puissances en tête, et faire en sorte que l’argent obtenu soit investi dans l’agriculture familiale . 8 dma damihianimas ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 Bonne pratique Actuellement sur la planète plus d’un 1 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable en quantité suffisante. En adoptant de simples règles d’économie, nous pourrions contribuer à sauvegarder pour tous, ce bien vital. Prendre une douche plutôt qu’un bain : Chaque famille peut économiser environ 30 mille litres d’eau par an ;fermer les robinets d’eau quand elle ne sert pas (par exemple quand on se lave les dents, quand on se rase ou quand on se savonne) et les ouvrir à nouveau seulement au moment de se rincer, pour éviter un gaspillage d’eau inutile ; mettre en marche les machines à laver et les lave-vaisselle seulement quand ils sont pleins : la consommation énergétique et hydraulique est la même que quand ils sont remplis à moitié ; réutiliser l’eau quand c’est possible : par exemple l’eau utilisée pour laver les fruits et les légumes peut servir pour arroser les plantes ou les fleurs. La Terre suffit pour les besoins de tous, mais pas pour l’avidité d’un seul ! (Gandhi) avec comme but de mettre le Pays sur la voie de l’indépendance alimentaire,ce qui l’éloignerait pour toujours de la pauvreté et donnerait vie à un processus économique qui respecterait l’équilibre du milieu ambiant. Maintenant la parole est au reste du monde, en particulier au G8. Quelques perles de sagesse indienne nous disent de manière poétique, l’exigeance de changer notre style de vie si nous voulons sauver la terre. “Ecoute avec attention les voix des animaux. Deviens l’un d’eux. Chaque créature te transmet quelque chose. De l’animal, lui aussi, émane quelque chose : comment et quoi, je ne le sais pas, mais c’est ainsi et moi je l’ai vécu.” “Je suis venu au monde avec une peau couleur bronze. Beaucoup de mes amis sont nés avec une peau jaune, noire ou blanche. Il existe des fleurs de couleurs variées et chacune d’elles est belle. J’espère que mes enfants vivront dans un monde où tous les hommes, de toutes couleurs se mettront d'accord et travailleront ensemble, sans que la majorité cherche à uniformiser les autres à son propre vouloir. “Chaque aube est un symbole sacré. Oui, parce que chaque journée est sacrée, quand notre Père nous envoie.” Arrêter le gaspillage Faire des choix existentiels dans le but de la décroissance signifie réduire le gaspillage qui a un impact très fort sur le milieu ambiant et qui génère des injustices sociales. La sobriété n’est pas seulement une vertu, mais elle est surtout une manifestation de l’intelligence et de la liberté de pensée. Qui habite dans un appartement avec une température ambiante de 22 degrés en hiver, habillé d’une chemise à manches courtes, et s’il a trop chaud, il ouvre les fenêtres, et bien celui-ci est convaincu de vivre mieux qu’une personne ayant une température de18 degrés 9 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE Les empreintes du Créateur Un arabe accompagnait un explorateur français à travers le désert. Et chaque matin il se prosternait à terre pour adorer et prier Dieu. Un jour le français lui dit : “ Tu es bien naïf : Dieu n’existe pas, en réalité tu ne l’as jamais vu ni touché.” L’arabe ne répond pas. Quelques temps après le français vit des empreintes de chameau et s’exclama : “Regarde, un chameau est passé par là.”Et l’arabe de répondre : “ Monsieur, vous êtes naïf, le chameau, vous ne l’avez jamais vu ni touché.”“ Que tu es sot ! On voit les empreintes !”, répliqua le français. Alors l’arabe, pointant le doigt vers le soleil : “ Voici les empreintes du Créateur : Dieu existe !” dans son appartement, couvert d’un bon pull, et abaissant le radiateur s’il a trop chaud. En réalité il est un consommateur qui vit de manière physiologique contre nature, il tombera plus facilement malade et contribuera à accroître fortement les émissions d’anhydride carbonique et, pour obtenir ces avantages il n’hésite pas à payer plus. Qui suit les modes imposées par la publicité, au niveau de l’habillement, l’alimentation, les loisirs, les vacances, consomme beaucoup plus que celui qui ne les suit pas. Il vit dans un état de rétrécissement mental, dont les publicitaires sont bien conscients : il suffit d’écouter leur message pour comprendre qu’ils veulent exclure à priori les quelques personnes dotées d’un sens critique. De toute façon cette minorité de personnes n’achètera pas ce qui est vanté par la publicité. Ton petit geste quotidien “La banquise a fondu autour de Kivalina, et l’hiver le village est toujours plus exposé aux violentes tempêtes de l’Océan arctique. Beaucoup de maisons ont été détruites par les raz de marée, d’autres ont été abandonnées : tout ce petit village est en train de glisser lentement dans la mer.” Cette tragique nouvelle a été divulguée par les trois cent quatre-vingts-dix habitants de parmi lesquelles, Exxon, Shell et BP, responsables de ce désastre dû aux habitants de cette petite bourgade située au nord de l’Alaska. Ils ont décidé de dénoncer plusieurs grandes compagnies de pétrole, continuelles émissions de gaz à effet de serre. Ce fait pourrait nous consoler et nous faire croire que ce sont les multinationales qui doivent rectifier leurs méthodes de travail, dans un marché toujours plus exigeant et coûteux. Aujourd’hui, nous savons, au contraire que la sauvegarde de la planète dépend de chacun d’entre-nous, personne n’est exclus. Et cela concerne tous les choix du quotidien petits ou grands. Dans tous les pays développés de nombreuses initiatives se multiplient pour rejeter le moins possible de gaz à effet de serre dans l’atmosphère : un comportement quotidien pour éviter de consommer trop d’énergie et de combustibles. C’est un style de vie qui rend possible un monde dans lequel il y a un peu de place pour les autres. Economiser la lumière, l’eau, utiliser moins de détergents, éliminer les sacs, les assiettes, les couverts en plastique, voilà les gestes quotidiens que écologique de la planète. C’est une action collective qui est nécessaire et urgente chacun de nous . 10 dma damihianimas ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 est en mesure de faire comme toutes les personnes faisant partie de l’actuel milliard de consommateurs aisés, afin de préserver l’équilibre “Nous devons vivre selon les principes d’une nouvelle sobriété, nous rappellent les évêques de l’Eglise italienne. Une “conversion écologique” est nécessaire, elle consiste à être attentif à tout ce qui regarde les mesures de précaution à prendre vis à vis des innovations et applications scientifiques et techniques, pour réduire les effets nuisibles au mileu ambiant. Surtout dans les domaines des transports, du chauffage et de l’éclairage.” Du problème de l’environnement, qui dépend aussi beaucoup des petits choix quotidiens, “émerge une triple exigence de justice : envers les générations futures, envers les pauvres, et envers le monde entier.” n 11 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE DIEU A CREE LA NATURE, LES PLANTES, LES ANIMAUX ET ENFIN L’HOMME… L’HOMME … QUI A DETRUIT LA NATURE , LES PLANTES, LES ANIMAUX NE PAS POLLUER ! DIEU TE VOIS PAR LE TROU DE L’OZONE L’OZO NE 12 ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 Approfondissements bibliques éducatifs et formatifs 13 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE la lampe Lis et médite IV moment de la lectio Graziella Curti Nous sommes maintenant au quatrième moment de la lectio. Nous avons commencé en cherchant le climat le plus adapté à la rencontre avec le Seigneur. Nous avons préparé notre cœur à l’écouter et invoqué l’Esprit. Maintenait, à travers la lecture et la relecture du texte, nous entendons la Parole qui nous est adressé. Nous imaginons le prophète, l’apôtre, ou Jésus lui même qui nous parlent et nous essayons d’aller au-delà des paroles. Il est conseillé d’utiliser la lecture continue du lectionnaire liturgique, ou bien de suivre un livre de la Bible du début à la fin. En effet, il n’est pas bon de choisir, en prenant des morceaux, selon des critères de plaisir fugitif. Ce que nous propose la liturgie de chaque jour est le pain qui a le plus de saveur pour notre faim. Sois émerveillé Celui qui veut être toujours uni à Dieu doit lire fréquemment…et écouter volontiers les Saintes Ecritures…parce que tout progrès vient de la lecture et de la méditation. (Isidore de Séville) « Il faut lire le texte lui-même et le contempler, s’arrêter aussi, sans engager encore nos autres facultés en plus de l’attention…Il faut avoir le plus possible les yeux fixé sur Dieu et s’approcher de ce regard en apprenant à lire et à voir le monde comme Lui l’a vu et l’a lu… Il ne faut donc pas tant chercher les résonances qu’a eu la Parole au moment où elle fut écrite, mais l’accueillir comme si elle était prononcée aujourd’hui pour la première fois. Ce n’est qu’ainsi que la lecture est vivante, capable d’un message, source de créativité ; ce n’est qu’ainsi que nous avons conscience que c’est Dieu qui nous parle aujourd’hui par le Christ, et nous serons capables d’adhérer à cette voix, de l’accueillir et de la retenir. ».(Enzo Bianchi) Laisse-toi attirer Méditer c’est chercher l’Ecriture, par la science. la saveur de (Jean Leclercq) Dans le silence et l’attention du cœur, nous cherchons à pénétrer le sens de la Parole que Dieu nous donne chaque jour au temps de l’oraison. Un temps précieux qui nous permet d’approfondir le message d’amour de la Bible. L’attirance que nous pouvons éprouver pour ce qui nous est communiqué dépend aussi de quelques instruments culturels qui nous permettent de comprendre plus à fond le texte que nous lisons. Mais, les biblistes nous précisent que la lectio divina, n’est pas une science et ce serait un grand risque de l’oublier. «La compréhension du texte, en effet, dépend essentiellement de l’intelligence entière de la Bible, de la connaissance de la Bible à travers la Bible elle-même.» C’est la méthode de lecture par le moyen des concordances, c’est-à-dire la mémoire parallèle d’expressions sur un même argument, qui peuvent l’éclairer et l’enrichir, éléments divers d’une mosaïque qui, en finale, se présente dans son harmonie et dans sa totalité. Ce pourrait sembler une méthode pauvre, même une répétition, c’est au contraire le résultat d’une mémoire continue qui nous conduit vers ll’essen- 14 dma damihianimas ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 . L’assiduité dans la lectio divina provoque justement une fusion entre la Parole et celui qui la médite et l’assimile en tout son être de sorte que chaque pensée, action, geste en devienne une expression transparente. Marie Dominique aussi Même si de son temps il n’était pas possible d’avoir en main une Bible, de la lire assidûment et de souligner les passages à apprendre par cœur, Marie Dominique arrivait à conserver dans son cœur cette Parole qu’elle entendait à la Paroisse pendant le Catéchisme. En outre, même si les occasions d’entendre l’Évangile dans sa propre langue étaient peu nombreuses, parce qu’à l’époque le lectionnaire liturgique était en latin, en famille, le papa et la maman répétaient par cœur quelques phrases de l’Ecriture qui étaient devenues des lumières pour leur vie. Presque des proverbes sapientiaux avec lesquels ils cherchaient à lire les événements. C’est peut-être pour cela que les lettres qui nous restent de notre Fondatrice et les deux conférences que nous trouvons à la fin des Constitutions ont un parfum d’Évangile, comme un pain frais, à peine sorti du four. tiel et nous fait découvrir les constantes d’un message de vie. Rumine avec patience Dans la méditation les paroles acquièrent une suavité particulière dans la bouche et on peut répéter sans fn la même parole sans en devenir saturés; (Isaac de Ninive) « Pour toute l’Ecriture - écrit Guillaume de Saint Thierry - le fait de s’y appliquer (ruminatio) est aussi éloigné de la simple lecture que l’amitié l’est de l’hospitalité, que l’affection fraternelle d’un salut occasionnel. De la lecture quotidienne il faut faire descendre chaque jour quelques idées chose dans l’estomac de la mémoire, pour qu’elles soient digérées plus fidèlement et ruminées de manière intense.» Il est bon de choisir, chaque jour, une brève expression à dire avec insistance jusqu’à la faire entrer dans le rythme de la respiration, de sorte que la Parole de Dieu se métabolise dans l’âme et se transforme en invocation passionnée. Pourquoi la lectio ? Il n’y a rien d’intimiste dans la lectio, parce que la fin de la confrontation et la mélodie sont donnés par la Parole, dans son caractère particulier et concret, qui n’admet pas de rhétorique. « La lecture dans la méditation tend à nous porter au ravissement en Dieu. Augustin avec intelligence nous avertit dans ce domaine : « Si le texte est prière, priez, si c’est un gémissement, gémissez, si c’est une reconnaissance soyez dans la joie, si c’est un texte d’espérance, espérez, s’il exprime la crainte, craignez. Parce que les choses que vous sentez dans le texte sont le miroir de vous-même.» Et c’est là la vraie prière chrétienne : une prière qui s’exprime comme supplication, demande, intercession, louange, remerciement…qui ainsi peut connaître toutes les formes de la plénitude de la relation avec l’Autre.» (Enzo Bianchi) [email protected] n 15 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE l’évangile dans la vie Cette nuit même… Lc 12,13-21 Le passage de l’évangile de Luc semble nous mettre en garde contre l’idolâtrie des choses. Il nous met en garde contre la stupidité. La voix dans la nuit, à l’homme riche, complètement obnubilé par ses greniers, la voix dans la nuit, la voix de Dieu, qui lit les choses en profondeur, la voix dit : «Stupide…». C’est Dieu qui nous met en garde contre la sottise, la stupidité. Un service précieux, donc. A l’intelligence, à la sagesse. Dans l’Evangile, l’occasion pour un tel enseignement, est la demande faite à Jésus d’intervenir dans le problème d’un héritage entre frères, d’un héritage qui créa alors des conflits. Et déjà cela, en dit long sur les effets des richesses, des biens, quand ils deviennent un absolu. Peut-être que vous vous souvenez des paroles du Père David Maria Turoldo : «Ce sont les biens qui sont la bête». Ainsi les appelait-il : la bête. d’entrer dans des questions juridiques devrait nous enseigner quelque chose aujourd’hui aussi. «Si c’est un problème de partage» semble dire Jésus, «adressez-vous aux organismes de la société civile. C’est leur affaire, eux sont habilités à régler ces problèmes, et non pas moi.» Son horizon est autre. Jésus semble distinguer les domaines, les domaines laïcs et les domaines typiquement religieux. Dans le respect d’une laïcité saine et légitime. A chacun son domaine reconnu. Leçon importante pour les églises. A ne pas oublier, aujourd’hui. Son avenir entre ses mains Et il dévoile au contraire l’inconsistance, voir la stupidité, des pensées, des projets de l’homme de la parabole, celui des greniers : il pense garantir son avenir, il pense avoir en main son avenir, prendre en main son avenir avec ce qu’il a accumulé. Peut-être vous ont-ils frappés vous aussi tous ces verbes au futur : «Que ferai-je ? Je ferai ainsi… je démolirai…je construirai…je ramasserai…je me dirai à moi-même : tu as à ta disposition beaucoup de biens, pour de nombreuses années, repose-toi, mange, bois et donne-toi du plaisir». Pour de nombreuses années. Jésus se refuse à entrer dans des questions d’héritage, il ne s’intéresse pas aux partages, il s’intéresse au cœur, qui peut être libre ou étouffé. Etouffé par la cupidité. Et ce refus personnel, laissez-moi vous le dire, ce refus Tu penses avoir bien en main ton avenir. Mais qu’en sais-tu ? «Insensé, cette nuit même, on va te demander ta vie.» Pour de nombreuses années… Cette nuit même, il n’y aura pas d’autre jour. Et tu penses garantir ton avenir ? 16 dma damihianimas ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 La subtile ironie de Jésus Mange ton pain avec joie Stupidité, selon la Bible, est le fait d’oublier que notre vie est un souffle, oublier la condition de caducité, de précarité, de fragilité qui caractérise la vie de chacun de nous, une condition que la mort dévoile dans toute son inexorabilité. Mais celui qui écrit ces paroles -ce serait un erreur de le penser– ne veut pas laisser du pessimisme dans notre cœur, il veut seulement nous sauver de l’aveuglement, de l’aveuglement de l’homme de la parabole, l’homme insensé ou, mieux, si nous nous référons à la parole grecque, l’homme «sans intelligence» : il a les greniers pleins, mais sa vie est vide. Celui en effet, qui vit uniquement pour produire, uniquement pour posséder ne sait pas que la vie ne dépend pas des biens que l’on possède, il est pris par ses fantasmes. Cela peut sembler un paradoxe, mais justement celui qui reconnaît sans amertume la fragilité qui marque les choses et la vie, sait vraiment en profiter. Il sait apprécier peu ou beaucoup, la lumière et la grâce, qui l’habite. Il n’en fait pas un absolu. Pour cela, il peut tout recevoir et apprécier comme un don qui lui est donné pour aujourd’hui, il en profite en ne construisant pas des greniers pour lui seul, mais en permettant aussi aux autres d’en profiter. C’est ainsi qu’on s’enrichit devant Dieu. Justement du livre du Qohélet vient cette invitation qui unit conscience de la caducité de la vie et capacité d’en jouir. Ecoutez : « Va, mange ave joie ton pain, bois ton vin d’un cœur joyeux, parce que Dieu a déjà apprécié tes œuvres. Qu’en tout temps tes vêtements soient blancs, et que jamais le parfum ne manque sur ta tête. Profite de la vie avec la femme que tu aimes, tous les jours de la vie éphémère, que Dieu t’accorde sous le soleil, car c’est là ton sort dans cette vie et dans les peines que tu souffres sous le soleil.» (Qo 9, 7-9) Peut-être n’y a-t-il pas une vérité plus sûre que celle-ci, notre mortalité, et peut-être n’y at-il pas une vérité plus éloignée que celle-ci. Je ne sais si je me trompe, mais il me semble saisir un voile d’ironie, de subtile ironie dans les parole de Jésus sur le fait de se considérer des «pères éternels», une saine et agréable ironie que peut-être l’un de vous a retrouvée dans les soi-disant «danses macabres», les danses de la mort représentées dans les fresques de certaines églises anciennes. Là où dans la danse macabre étaient représentés, avec les pauvres gens, les soi-disant grands personnages, papes, évêques, princes et leurs vantardises. Qu’est-ce qui résiste ? Qu’en est-il de leur suffisance ? N’est-ce pas là, peut-être, l’enseignement du livre du Qohélet ? Quelqu’un est arrivé à se demander ce que peut faire un livre semblable dans la Bible, avec son réalisme lucide, avec son timbre laïc avec son absolu désenchantement : Tout est gaspillé» dit le Qohélet, «à la fatigue ne correspond aucun résultat, ce que l’homme recueille, s’évanouit, les biens s’évanouissent, la science s’évanouit, la vie s’en va.» Il me semble réentendre les paroles du Psaume 90 : «Le temps d’un soupir, nos années s’achèvent, soixante-dix ans, c’est la durée de notre vie, quatre-vingts, pour les plus vigoureux. Leur plus grand nombre n’est que fatigue et souffrance, c’est vite passé et nous nous envolons.» Angelo Casati n 17 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE dia logue Leonella : le courage du dialogue Bruna Grassini “Chers jeunes, nous devons affirmer, sans cesse, les valeurs du respect réciproque, de la solidarité, de la Paix. La vie de chaque être humain est sacrée pour les chrétiens comme pour les musulmans. Je vous assure que l’Eglise veut continuer de construire des ponts d’amitié et de paix avec les pratiquants de toutes les religions dans le but de rechercher le bien authentique dans chaque personne et dans la société. Le travail est ardu, mais pas impossible. Le croyant –et nous tous chrétiens et musulmans nous sommes des croyants– sait qu’il peut compter, malgré sa fragilité, sur la force spirituelle de la prière.” Benoît XVI (Obs. Rom. 25.4.05) “Vivre le dialogue entre religions c’est comprendre que tout ce qui t’entoure fait partie de ta vie.” Voilà ce qu’écrivait le père Albert Poulet, missionnaire jésuite, en précisant qu’il n’existe pas de dialogue entre les religions, mais seulement un dialogue entre hommes et femmes qui cheminent, côte à côte, en suivant des orientations religieuses différentes. “Le dialogue inter religieux est semblable à un “pont” qui aide à nous mettre en contact les uns avec les autres, et nous rend conscients que nous faisons partie d’une seule famille. Au-delà de ses idées personnelles, il est nécessaire de rejoindre en profondeur, la situation, les attentes, les droits du frère pour accueillir l’expérience de son vécu. Au long des siècles nous avons construit des frontières : des murs de division, de préjugé, de peur, de racisme, de misère. Le grand défi culturel que nous devons affronter aujourd’hui consiste à changer notre regard pour avoir une vision plus ample, plus libre et solidaire sur le monde et sur les personnes. Il s’agit de dépasser le fondamentalisme qui “exclut” les autres, pour nous ouvrir à la diversité. En d’autres termes : nous devons apprendre l’art d’abattre les “murs” pour construire des “ponts”. Mère générale nous rappelle que “cet art vient de loin : il a des racines dans le songe de nos fondateurs. Leurs yeux embrassaient de vastes horizons, des ponts d’espérance à partir du dialogue qui fortifie la vie, et libère en communauté des énergies inattendues d’audace missionnaire.” (Circ. 892). Concrètement : le dialogue inter religieux n’est pas une théorie, mais il est compréhension, confiance, amour réciproque. Il est aussi dialogue de Vie et de Cœur, comme le rappelait Jean-Paul II dans l’exhortation Ecclesia in Asia. “C’est une communion sans paroles, c’est comprendre que les personnes qui t’entourent font partie de ta vie. C’est une responsabilité vis à vis d’eux parce que tous ont le droit d’être heureux.” Le dialogue de l’amour En 1980, Jean-Paul II, qui inaugurait le premier de ses voyages en Afrique, fut accueilli par une assemblée mixte de musulmans, de chrétiens et d’hindous. Grand artisan du dialogue, le Pape souligne les liens spirituels, le respect réciproque, la prière, la même foi d’Abraham dans le “Dieu clément et miséricordieux”, sans discriminations de race, de religion, de classe sociale. Les Sœurs Missionnaires de la Consolata tra- 18 dma damihianimas ANNEE LIV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 stage. Dans les cas difficiles, elle donne du courage à tout le monde, elle est une présence de communion, elle construit la fraternité, le respect, elle est digne d’admiration parce qu’elle sait transmettre la joie et la consolation. “Tout est Grâce, dit-elle, est seulement Grâce. Au-delà de toute différence culturelle, religieuse, je voudrais que tous expérimentent que Dieu est avec nous et qu’Il nous aime. Il aime tendrement chacun d’un amour singulier.” Tout ceux qui ont rencontré Sr Leonella ont reçu une grande dose d’”humanité”, grâce à son caractère jovial, “solaire” disent les jeunes. Elle est consciente des dangers vers lesquels elle va à la rencontre, mais elle aime la vie et elle est disposée à la “donner.” “Peut-être, ajoute-t-elle, une balle est préparée pour moi.” La vie comme un don vaillent depuis 30 ans au Kenya parmi les pauvres, les malades, les enfants, dont beaucoup d’entre eux ne survivent pas après leur naissance. Sr. Leonella Sgorbati a ouvert une école pour la formation de jeunes infirmiers et infirmières, assistants sanitaires, très appréciée, même par le gouvernement. Si on lui demande combien d’enfants elle a sauvé grâce à son action, elle répond en souriant, qu’elle ne se souvient plus du nombre. Et elle ajoute, convaincue, dans son humilité, “malheureusement les enfants meurent encore trop en Afrique pour un mal de ventre, ils meurent de faim, de la varicelle...” Mais aujourd’hui, le pays où la situation est la plus grave, est la Somalie : c’est un pays déchiré par la guérilla, au pouvoir de clans en lutte entre eux, épuisé par la maladie et par l’immense tragédie des réfugiés. Une guerre oubliée par tout le monde. A cause de la dégradation des structures gouvernementales: école, services publiques, communications, les jeunes cherchent tous les moyens pour émigrer à l’étranger. Et c’est justement dans cette situation désespérée, grâce à l’initiative de l’ONG international SOS, qu’est née à Mogadiscio l’école d’Infirmières, où Sr Leonella a été tout particulièrement appelée à collaborer. Elle travaille avec les médecins, soutient les malades, encourage les étudiants dans leur Dimanche,17 septembre 2006. A midi, après six heures passées auprès des malades, Sr. Leonella laisse momentanément l’hôpital pour rentrer en communauté. C’est alors que, depuis une voiture stationnée dans la rue, un homme armé d’un pistolet lui tire dessus. Mohamed Mahamud, le gardien qui l’accompagne, se jette sur elle pour la protéger. Lui aussi, est touché dans le dos, il meurt, tandis que Sr Leonella d’une voix très faible murmure : “Pardon, pardon, pardon. Et elle expire sur le pavé.” Mohamed Mahamud est musulman, marié, père de quatre enfants, désormais orphelins. Cette tragédie est la preuve incontestable qu’il existe un islam avec lequel il est possible non seulement de vivre et de dialoguer, mais aussi d’essayer de construire un monde différent. Un islam qui lutte contre le fondamentalisme, la terreur, l’extrémisme. Dans son dernier message, adressé aux jeunes, Sr. Leonella écrit comme un testament : “Quarante années ont passé depuis ma consécration religieuse : une vie pas toujours facile certes, mais heureuse. Je ne sais pas ce que me réserve l’avenir, mais je sais seulement que je suis dans les mains de l’Epoux, le plus fidèle qu’il soit, celles du Seigneur Jésus.” [email protected] n 19 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE le fil d’ ariane Autolimitation Giuseppina Teruggi Habiter la terre avec amour Avec près de 4000 événements dans le monde entier, l’Earth day, la Journée de la Terre, a été célébré le 22 avril dernier. De nombreux experts ont tiré le signal d’alarme pour l’avenir face à une situation mondiale préoccupante, et la constatation que, au cours des trois dernières années, le monde a consommé plus qu’il n’est arrivé à produire. Beaucoup d’événements célébrés ont montré le problème de la faim dans le monde et l’appauvrissement important des populations de nombreux Pays : une situation en croissance progressive causée aussi par l’augentation toujours plus conséquente des prix de la nourriture. Benoît XVI a souligné récemment qu’«aujourd’hui l’humanité se fait du souci pour l’équilibre écologique de la planète» et a lancé un fort appel à la solidarité en reconnaissant la destination universelle des biens créés, qui concerne aussi les générations futures. Malgré cela, il semble que ceux qui ont conscience des sérieux problèmes qui touchent une grande partie du monde et rendent incertain son futur, soient peu nombreux. Et encore moins nombreux sont ceux qui s’engagent à la première personne par des choix d’autolimitation, ce qui signifie limiter ses propres exigences, en croyant que les grandes transformations partent souvent de la base et de la responsabilité de chacun. La création est la maison de tous. A chacun est demandé l’engagement d’une écologie humaine, liée à l’écologie du milieu, qui s’exprime dans une attitude positive et dans un rapport adulte avec les choses et avec la nature. «La terre appartient à Dieu qui la donne à la personne humaine pour qu’elle l’habite avec amour et liberté», a t-on dit. C’est pourquoi le lien Dieu-personne-cosmos est indissoluble, et il se construit en s’ouvrant à la solidarité, au respect de la dignité de toute personne, à la capacité d’user des biens d’une façon équitable, en évitant les gaspillages. L’autolimitation est avant tout un choix d’amour, de liberté, de justice par rapport à toute personne qui a droit à une vie pleinement humaine. Société de consommation et bonheur Gailbraith décrit la société du bien-être en mettant en évidence le mécanisme de l’induction de la consommation : quand les besoins sont satisfaits et qu’une grande partie de la production dépasse les besoins essentiels, il est nécessaire de créer de nouveaux besoins. Dans une société capitaliste l’entreprise a le monopole sur le consommateur et le pousse à des besoins toujours nouveaux dans l’intérêt du maintien d’un certain rythme du processus de production. En définitive, ce ne sont pas les besoins qui font décider les consommateurs, mais de nouveaux désirs qui ne s’apaisent pas avec la croissance des biens de consommation, mais qui augmentent toujours plus. 20 ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 Dans les années 60, on a fait une étude sur la relation entre consommation et bonheur. De récentes recherches démontrent qu’aujourd’hui, en présence de niveaux de rendement et de consommation bien supérieurs à ceux qui étaient enregistrés dans le passé, les niveaux de satisfaction personnelle sont très inférieurs. Quelques études prouvent comment des Pays en difficultés économiques (comme le Nigeria ou l’Azerbaïdjan) se trouvent en moyenne plus «heureux» que d’autres avec un taux de bienêtre élevé. Différents chercheurs des sociétés contemporaines se demandent combien le système économique et social d’aujourd’hui est en mesure d’améliorer la qualité de la vie. Et ils sont nombreux à s’interroger : le bien vivre se satisfait-il sur le plan économique ? Consommer beaucoup signifie-t-il arriver à être heureux ? Le pari de la décroissance Au cours d’un congrès international à Paris, en 2002, qui avait pour thème : «Stopper le développement, refaire le monde» un courant de réflexion et d’action s’est développé autour de la théorie de la «décroissance». Par décroissance, on entend un système économique basé sur des principes différents de ceux qui régissent actuellement les systèmes liés à la croissance économique. L’idée de fond est la prise de conscience que les ressources naturelles ne sont pas illimitées et donc qu’on ne peut concevoir une croissance infinie. L’amélioration des conditions de vie doit se réaliser sans augmenter la consommation, mais à partir d’autres voies. Et pour élaborer ces autres voies, il est vraiment essentiel de changer le paradigme dominant c’est à dire la nécessité de l’augmentation des biens de consommation pour un plus grand bien-être de la population. conditions préalables qui nous interpellent en tant qu’éducatrices. Le fonctionnement du système économique actuel dépend en grande partie de ressources non renouvelables. Les réserves en matières premières sont limitées, particulièrement en ce qui concerne les sources d’énergie et on doit en limiter la consommation pour éviter le gaspillage et l’augmentation croissante de la dispersion des matières. La richesse n’est pas seulement le fait d’avoir des biens et d’être servi. Il existe d’autres formes de richesse sociale : la qualité de la justice, les bonnes relations entre les membres d’une société, le caractère démocratique des institutions. La croissance de la richesse matérielle mesurée exclusivement selon des indicateurs monétaires, peut être dommageable pour ces autres formes de richesse. Les sociétés actuelles, immergées au milieu de leurs produits de consommation, ne perçoivent pas, de manière générale, la dévaluation des richesses plus existentielles qui donnent une qualité à la vie, et sous-évaluent les réactions des exclus, comme la violence dans les banlieues des grandes villes ou le ressentiment envers celui qui vit au milieu de son superflu. Nous sommes tous responsables Un expert de la décroissance, Maurice Pallante, soutient qu’il est essentiel aujourd’hui de réduire les commandes de marchandises. Puisque personne ne peut obliger quelqu’un à acheter quoique ce soit, les consommateurs ont dans leurs mains une arme très puissante, surtout en considérant le fait que dans les pays industrialisés, la croissance des produits de consommation est désormais maintenue grâce aux produits superflus Socrate allait de temps en temps au marché pour voir combien était important le nombre de choses dont il n’avait aucun besoin ! 21 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE Dans le paradigme culturel de la décroissance, la sobriété est une des valeurs fondamentales : elle n’est pas seulement un renoncement, mais un choix de vie qui permet à la personne qui le fait de se sentir mieux, ainsi que l’humanité dans son ensemble. Qui confond le bien-être avec le tout avoir accumule frustrations et insatisfactions. Dans les sociétés qui sont arrivées à un niveau maximal de consommation, beaucoup de personnes prennent systématiquement des psychotropes, antidépresseurs ou anxiolytiques. Qui au contraire se limite et utilise sobrement ce qui sert pour vivre, sans restriction ni gaspillage, a du temps pour se consacrer à des exigences plus profondes, humaines et spirituelles. La sobriété n’est pas seulement un style de vie, mais un critère pour avoir plus avec moins. C’est la capacité de savoir distinguer le plus du meilleur, la quantité de la qualité. La décroissance est le respect du passé, la conscience qu’il n’y a pas de progrès sans préservation. Elle est indifférente à la mode et à l’éphémère. Elle va puiser dans les connaissances de la tradition sans identifier la nouveauté comme ce qui est meilleur, l’ancien comme quelque chose de dépasser, la conservation comme la fermeture mentale. Elle signifie aussi aspirer à la joie et pas seulement au divertissement, collaborer au lieu de rivaliser, valoriser la dimension spirituelle et affective. La décroissance offre la possibilité de vivre une renaissance qui libère les personnes instrumentalisées par la croissance économique et resitue l’économie dans son rôle de gestion de la maison commune, où tous les habitants de la terre ont droit à un espace pour vivre. Un style de vie sobre «La sobriété n’est pas seulement un problème de quantité et de limitation. Pour nous la sobriété est quelque chose de plus profond. Seule une personne qui accueille, qui aime, qui partage peut choisir la sobriété comme style de vie.» Ces considérations d’Antonio Nanni nous font percevoir dans la sobriété une valeur qui évoque la simplicité, l’équilibre, l’essentiel, le sens de la mesure, l’harmonie. La sobriété, c’est opté pour un style d’auto limitation, c’est se passer du superflu. Elle suppose le dépassement du modèle de la société de consommation et la conscience que le bien-être n’est pas donné par la quantité de choses que l’on possède, mais par la quantité des relations vécues avec les autres, par l’espace que nous leur faisons dans notre cœur, par les choix de liberté visà-vis des choses qui nous sont proposées. La sobriété est la capacité de discerner parmi les besoins, les réels de ceux qui sont superflus, c’est donc une ascèse qui permet de contrôler ses propres désirs et de leur donner une orientation significative. Ce qui rend disponible pour le partage des biens et des savoirs, sans égoïsmes, donnant des fruits de joie, selon le thème paulinien : «Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir.» La sobriété, qui veut limiter l’utilisation des choses, est essentiellement subversive et prophétique, elle implique souvent d’aller à contre-courant : c’est à la fois une dénonciation du gaspillage et une anticipation de ce que l’humanité vivra dans l’avenir, c’est un investissement, un signe de respect pour les générations futures et pour notre planète. La sobriété, c’est aussi voir le monde avec le regard des pauvres qui, vivent en ayant bien souvent, moins que le nécessaire. Elle est faite de gestes quotidiens simples et concrets. Le style de vie sobre et austère que rappellent nos Constitutions (art. 23), libère le cœur et lui permet d’être un espace ouvert à Dieu et aux autres. Elle donne à la vie, un goût de bonheur et de paix. [email protected] n 22 Aimer la vie Pour aimer la vie, la lumière est nécessaire. L’Evangile veut illuminer la pierre Que tu tiens serrée entre tes mains. Le Christ est lumière et vie de chaque cœur.. 23 Il aimait se faire petit avec les petits Après une longue marche Don Bosco et Jean Cagliero arrivent finalement à Turin : «Je me souviens toujours avec plaisir du moment de mon entrée à l’Oratoire, le soir du 2 novembre. Don Bosco me présenta à la bonne maman Marguerite en disant : «Voici, maman, un jeune garçon de Castelnuovo, qui a la ferme volonté de devenir bon et d’étudier.» « Oh, oui – répond la maman de Don Bosco- – tu ne fais rien d’autre que de chercher des garçons, alors que tu sais que nous manquons de place.» «Oh, une petite place, vous la trouverez ! – réplique Don Bosco […] – Ce garçon n’est pas grand, et nous le ferons dormir dans le panier à pain ; et avec une corde nous l’attacherons là-haut à une poutre…» Sa mère se mit à rire –continue le récit de Jean Cagliero– et entre temps me chercha une place, et il fut nécessaire ce soir-là que je dorme avec un de mes camarades au pied de son lit.» (M.B. IV, 291). Le jour suivant, Jean Cagliero fait le tour des lieux où il est accueilli. « Je vis que tout était pauvre dans cette petite maison. La chambre de 24 Don Bosco est basse et étroite, nos dortoirs au rez-de-chaussée sont aussi étroits, sans aucun meuble, sauf nos paillasses, draps et couvertures, Le sol est couvert de pavés comme ceux des rues. La cuisine était très pauvre et dépourvue d’ustensiles, sauf quelques bols en étain avec leur cuillère respective. Fourchettes, couteaux et serviettes, nous les vîmes bien des années plus tard, achetés ou donnés par quelque personne pieuse et charitable. Don Bosco était très heureux quand il pouvait nous servir luimême au réfectoire, mettre en ordre le dortoir, laver et raccommoder les habits, faire ainsi d’autres services semblables –raconte encore Jean Cagliero– Il passait sa vie, son temps avec nous, nous persuadait que nous, plus que dans un orphelinat ou un collège, nous nous trouvions comme dans une famille, sous la direction d’un père très aimant et préoccupé seulement de notre bien spirituel et temporel. Il aimait se faire petit avec les petits […] Il n’avait rien de plus à cœur que le salut personnel de ses jeunes. S’il voyait que l’un d’eux était moins bon, il s’efforçait de l’approcher, de lui dire quelque bonne parole à l’oreille. » (M.B.IV, 292 ss). 25 Aimer la vie signifie se mettre du côté des derniers. Aimer la vie signifie créer un tissu de collaboration entre les jeunes, de façon à ce que la vie ne soit pas gaspillée. Aimer la vie c’est suivre les garçons et les filles en danger moral dans les quartiers sensibles, marqués par la loi du plus fort. Aimer la vie c’est créer des possibilités concrètes de travail, en aidant les jeunes dans leurs projets de vie. Souviens-toi que pour aimer la vie, la lumière est nécessaire. C’est l’évangile qui permet d’éclairer la petite pierre que tu tiens serrée dans tes mains. Christ est lumière et vie de tous les cœurs. Pierres jetées dans le fleuve Giancarlo Bregantini, évêque, «Chers jeunes, c’est à vous que j’écris.» Elledici 2007 Cette nuit j’ai fait un rêve. Je rêvais que je marchais dans une plaine et l’aube allait se lever. Tout à coup, je suis arrivé sur le bord d’un fleuve. Sur la rive du fleuve il y avait un petit sac plein de pierres. Je le ramassai, mais distraitement je pris dans le sachet une pierre et la jetai dans l’eau. Puis j’en pris une autre et ainsi je continuai à jeter d’autres pierres dans l’eau par jeu, l’une après l’autre. Le soleil se leva et la lumière arriva. Il ne me restait qu’une seule pierre, je la tenais serrée dans la paume de ma main et je faillis m’évanouir quand je me suis aperçu que cette pierre illuminée par les rayons du soleil levant n’était pas un caillou quelconque, mais une pierre précieuse. Dans l’obscurité j’ai jeté un sachet entier de pierres précieuses. J’ai perdu une fortune. Tenaillé par la douleur, je désespérais. Puis je compris que j’avais encore de la chance puisqu’il me restait une pierre dans la main. La vie est un trésor immense…mais parfois on ne fait pas autre chose que de la jeter au loin. Il ne reste qu’une seule pierre… Ma vie, notre vie peut encore être sauvée, il est encore possible d’avoir confiance, parce que le sachet de la vie ne contient pas seulement des cailloux. Insertion aux soins de Mara Borsi – Anna Rita Cristatino 26 ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 Lecture évangélique des faits contemporains 27 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE coopération & développement De la part des filles Mara Borsi La condition de la femme en Asie est paradoxale. Le continent où, en toute vérité, les droits fondamentaux de la femme sont les plus violés, est aussi le lieu symbolique de la grâce et de l’élégance féminine. En Asie, nombreuses sont les expériences qui essaient de mettre un frein aux plaies de la violence, de l’abus, de la traite des petites filles et des femmes. De petites actions ponctuelles, sont faites par des FMA courageuses, avec peu de moyens, mais avec une grande ténacité. La visitatoria «Marie notre secours», érigée canoniquement en juillet 2003, avec son siège à Phnom Penh, est activement engagée à promouvoir l’éducation des fillettes et des jeunes femmes au Cambodge et au Myanmar. Trente ans après la fin du pouvoir des Khmer Rouges, et 10 ans après la mort de leur leader sanguinaire, Pol Pot, presque rien n’a changé pour une grande partie de la population cambodgienne. Dans cette situation difficile, les FMA travaillent avec détermination pour améliorer les conditions de vie des fillettes et des petits garçons, pour défendre les filles les plus pauvres de la prostitution et pour leur donner la possibilité d’une formation humaine et professionnelle qui leur permette de regarder l’avenir avec espoir. Les FMA sont présentes au Cambodge depuis 16 ans. La mission a commencé à Phnom Penh où se trouve le siège de la visitatoria. Dans la capitale les FMA dirigent un centre florissant d’alphabétisation pour petits garçons et petites filles, 4 écoles maternelles, deux écoles primaires, 5 internats ; dans deux de ceux-ci sont accueillis des fillettes et des jeunes étudiants en situation familiale précaire. Une situation difficile A la demande de l’évêque, Monseigneur Enrique Figaredo, les F.M.A., ont ouvert en octobre 2002, une oeuvre nouvelle à Battambang, au nord-ouest du Cambodge, en offrant des cours d’alphabétisation et coupecouture aux filles les plus pauvres ou en danger de tomber dans les réseaux de prostitution. Après trente ans de guerre civile, la province de Battambang a retrouvé la paix. En 1998, le départ des Khmer a marqué la fin de la guerre civile mais pas l’amélioration des conditions de vie. Le conflit a laissé des marques profondes, la population a assisté à des massacres terribles, des familles ont été obligées d’émigrer dans d’autres régions du Pays, abandonnant maisons et parentés. Pendant des années, les cambodgiens n’ont eu accès à aucun service sanitaire et éducatif. La province de Battambang ayant été lourdement couverte de mines, est encore aujourd’hui théâtre de nombreux accidents. Un autre aspect qui marque cette zone géographique, ce sont les flux migratoires. Finie la saison de la récolte du riz, les paysans n’ont pas de quoi vivre, alors ils émigrent en Thaïlande ou à la capitale, à la recherche d’un travail occasionnel et temporaire. En même temps, la ville de Battambang assiste au retour de nombreux réfugiés qui, en rentrant au Pays, ont besoin de structures de réinsertion. La province de Battambang est spécifiquement agricole, les seules usines présentes sont celles de briques. 28 ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 Le Don Bosco Centre de Battambang Si tu veux donner une contribution pour ce projet, consulte : www.cgfmanet.org la section donnations Les conditions de travail sont très difficiles, il n’y a pas de normes de sécurité, ni de mesures pour prévenir les accidents. Les garçons et les filles, quelque soit leur âge, aident leurs parents ou travaillent eux-mêmes et ainsi ils restent analphabètes parce qu’ils ne fréquentent pas l’école. Le centre Don Bosco de Battambang représente l’unique possibilité pour les filles de recevoir ou de continuer leur formation. Toutes sont accueillies gratuitement par le centre et c’est pourquoi, à partir de 2004, un projet de développement a été élaboré avec l’intention de pourvoir aux nécessités de nourriture et de matériel didactique. Le projet, financé par différentes organisations, offre aux jeunes filles les plus pauvres, provenant des villages ou des banlieues des villes, une formation qualifiée qui leur donne la possibilité d’améliorer la qualité de la vie et de faire des projets pour leur avenir, il leur permet d’être autonomes du point de vue économique et d’être agents de changement dans les villages et dans leur milieu de vie. Les objectifs spécifiques du projet sont d’aider les jeunes filles à se former intégralement pour pouvoir aimer la vie et se conduire avec dignité ; prévenir l’exploitation et la dégradation morale à laquelle elles sont exposées ; former des femmes qui sachent multiplier le bien dans les villages les plus pauvres du Cambodge. Les FMA du Centre Don Bosco offrent un cours d’alphabétisation, de coupe-couture, d’hygiène, une formation aux valeurs, qui dure de deux ans. La communauté religieuse maintient aussi les contacts avec les familles des filles -ui vivent souvent en situation d’extrême pauvreté- en s’informant sur les progrès de leur vie. En général, à la fin du cours de deux ans, les jeunes filles sont aidées, pour trouver un travail qui contribue au soutien de la famille ellemême.. mborsi@ pcn.net n 29 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE droits humains vie consacrée Se laisser évangéliser par les pauvres Emilia Di Massimo Isaïe est le premier grand prophète du règne de Juda. Sa prédication s’étend de 740 à 700 avant JC C’est le prophète du messianisme royal, à travers lequel Dieu se fait proche de son peuple dans des moments difficiles. Très fidèle à sa vocation prophétique, il rappela avec ténacité les engagements des rois et du peuple avec le Seigneur, en proclamant la nécessité de la foi à tous ceux qui étaient portés à résoudre les problèmes du peuple choisi par des moyens exclusivement humains, spécialement en faisant recours à d’illusoires alliances politiques. La disponibilité totale à la mission fait fleurir sur les lèvres du prophète une question : Que doisje faire encore à ma vigne ?… C’est un appel Pour chacun il existe un appel. Et puis il y a une mission, une «vigne» dans laquelle le Seigneur nous envoie, nous appelle. C’est la parole «appel» que nous devrions aimer davantage, parce qu’elle est la source du désir de travailler à la moisson de Dieu. L’oracle de l’alliance était pour les Hébreux la présence de JHWH ; être appelés par Dieu équivaut à être «arche de l’alliance», c’est-à-dire réceptacle qui garde le Seigneur, l’engendre, le donne.Etre don dans la «vigne» qu’Il nous confie c’est donner une réponse religieuse et sociale, c’est partir des «derniers» pour aller vers les premiers, c’est commencer par les plus nécessiteux pour aller vers tous, et là, proclamer la joyeuse nouvelle. Se laisser évangéliser par les pauvres n’est pas facile, et pourtant ce sont eux qui possèdent un grand potentiel évangé lisateur. Il est important de se laisser aimer, de se laisser servir ; Tonino Bello écrivait: «Ce n’est que quand elles ont essuyé les chevilles des frères, que nos mains pourront faire des miracles sur les mollets des autres sans les griffer, et c’est seulement quand ils ont été lavés par une main amie que nos talons pourront se mettre à la recherche des derniers sans se fatiguer.» Aujourd’hui plus que jamais se faire évangéliser par les pauvres équivaut à avoir le courage de dénoncer ce qui est injustice, discrimination, exploitation, violation des droits humains que la vie consacrée ne devrait jamais et d’aucune manière accepter. Tous ceux qui sont appelés à la vie religieuse, sont appelés à défendre ceux qui ne bénéficient pas des droits les plus élémentaires ; cela demande aussi des efforts communs pour que la justice devienne une réalité. Parfois cela signifie aider le plus faible et le plus nécessiteux qui vit au milieu de nous, en assumant sa défense et en nous solidarisant pour venir en aide aux pauvres et aux victimes de l’injustice. Culture de la Providence L’empire de l’argent est construit sur une économie d’opulence, réservée à peu de monde, aux dépens de nombreuses victimes de la faim. Cet empire permet à 20% du monde de bénéficier illégalement des 82,7% des ressources mondiales. Pour les 20% plus pauvres (ceux qui vivent avec moins d’un dollar par jour) il ne reste que les 14% des ressources. Cela signifie la mort par manque de nourriture de 30-40 millions de personnes par an, et que les pauvres deviennent toujours plus pauvres et les riches toujours plus riches. 30 dmadamihianimas ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 Good Samaritan Onlus L’association Good Samaritan Onlus, dont le siège est à Caronno Varesino (Italie) est née en 1999, sur la demande de Sœur Dorina Tadiello, médecin et membre de l’Institut Missionnaire des sœurs Comboniennes (actuellement vicaire générale), avec l’objectif de soutenir des projets dans des Pays en voie de développement. Ces dernières années, elle a orienté en particulier ses interventions dans l’Ouganda du Nord, un pays tourmenté par une guerre longue et dévastatrice. L’Association s’est engagée à soutenir des projets proposés par l’ONG locale « Comboni Samaritans of Gulu » qui travaille en collaboration avec les sœurs missionnaires comboniennes à Gulu, dans le cadre de la lutte contre le SIDA. A cause de la longue guerre, de la violence systématique sur les civils et spécialement sur les femmes, le district Acholi est au premier rang de l’augmentation de la séropositivité HIV et du SIDA. Les interventions visent à mieux comprendre la réalité complexe dans toutes ses dimensions : médicale, sociale, psychologique, éthique et spirituelle, et à donner une particulière importance à la prévention, surtout au niveau de la jeunesse, qui est l’âge le plus vulnérable et donc avec les plus grands facteurs de risque. Good Samaritan devient ainsi une voix dans le monde pour dénoncer les injustices et solliciter l’urgence de la solution d’un conflit, considéré comme une des plus grandes tragédies humanitaires. Pour en savoir davantage : http://www.comboniane.org/pagina.asp?p=379 Trois familles d’un Pays ayant un taux élevé de «développement» ont l’équivalent en argent du PIL de 48 Etats africains qui représentent 600 millions de personnes. Notre système est un système de mort. C’est le contraire du rêve que Dieu a quand il nous envoie travailler à sa vigne. Il rêve d’une politique d’égalité, qui demande une politique de justice radicale. Bien que croyant que le rêve de Dieu se réalise entre les plis obscurs de l’histoire, nous voulons regarder la réalité de notre monde. Il existe une aire de développement qui comprend des Pays répartis en chacun des cinq continents. Il s’agit d’Etats dont l’indice de développement humain varie entre le haut (19 Etats) et le moyen (65 Etats) et celui dont le développement économique oscille entre le haut moyen (35 Etats) et la moyen bas (49 Etats). Le continent européen concentre en lui des catégories de développement humain et économique très différentes entre elles. On va de la plus haute concentration de Pays bien développés à des Pays définis (cela semble un paradoxe, mais c’est ainsi) en voie de développement. «L’économie, en dernière analyse, est un problème théologique» - dit Ched Myvers. «Que dois-je faire encore à ma vigne ?» Peut- être que le Seigneur demande aux personnes consacrées l’effort constant de faire passer son rêve dans la difficile histoire humaine, en ce moment précis afin «qu’il n’existe pas un homme qui soit plus important qu’un autre homme.» (Karl Popper). Au fond, le conseil évangélique de la pauvreté nous appelle à nous engager pour qu’il n’y ait pas les plus forts d’un côté et les faibles de l’autre et pour que notre profession de «pauvreté, justice, pureté» apparaisse plus clairement comme une proclamation de l’économie de la solidarité. Comme l’a dit Marcos Arruda, du Réseau brésilien pour l’économie solidaire, au Forum social mondial de 2004, «une économie solidaire ne naît pas seulement de penseurs ou d’idées, mais c’est le résultat de la lutte historique concrète de l’être humain pour vivre et se développer comme individu et comme collectivité.» Notre pauvreté, notre autolimitation trouvent leur fondement dans la culture de la Providence, l’unique qui nous fait perdre la culture de la richesse, qui nous porte à la conversion de la pensée, qui nous libère du comportement de la possession, de l’accaparement et de l’accumulation, en convertissant ainsi notre action. «Je souhaite une société où les personnes soient plus importantes que les choses et où les enfants soient considérés comme un trésor précieux (Desmond Tutu, archevêque sudafricain). n 31 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE Photos click Vos photos plus belles…. Nous publions quelques-unes des photos qui sont arrivées à la rédaction. Les autres, vous les trouverez dans les prochains numéros de la revue. Nous remercions tous ceux et celles qui ont participé au concours et qui voudraient encore le faire. Le nom du vainqueur sera connu dans les prochains mois. SOLIDARITE Elle se confie et croit en moi, il garde mes secrets, réalise mes désirs, me console en de nombreux moments, vit dans mes pensées. (Bruna Fernand Antonio Climaco Corumbà/MS/Brésil) Amitié, générosité, solidarité, sympathie (Edith Mawakam – Pointe Noire Rép.Dém.Congo) AMITIE 32 dma damihianimas ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 L’OPTIMISME Regarder le monde avec de grands yeux pour avoir de grands horizons (Amira – Jordanie) Lumière, joie de la création (Silvia Rrotani – Albanie) REFLETS DE LUMIERE 33 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE polis Participation et responsabilité Anna Rita Cristiano Dans l’Abrégé de la Doctrine sociale de l’Église, au n° 6, nous lisons : «L’amour chrétien pousse à la dénonciation, à la proposition et à l’engagement de projets culturels et sociaux, à une activité efficace, qui invite tout ceux qui ont sincèrement à cœur le destin de l’homme à offrir leur propre contribution.» L’humanité comprend toujours plus clairement qu’elle est liée par un unique destin qui demande un prise de responsabilité commune, inspirée par un humanisme intégral et solidaire : elle voit que cette unité de destin est souvent conditionnée et même imposée par la technique ou par l’économie et elle perçoit le besoin d’une plus grande conscience morale, qui oriente la marche commune.» Activité efficace et engagement qui viennent de la certitude de devoir réveiller dans la conscience de tous, ces valeurs constituant les conditions nécessaires pour la construction d’un véritable Etat Social : le respect de la vie, de toute vie, la solidarité entre les personnes, la participation et le respect de toutes les exigences les plus authentiques. Le premier devoir fondamental du citoyen est donc celui de la participation à la construction d’une bonne cohabitation pour tous. Nous sommes tous mobilisés. L’homme ne se réalise entièrement que dans la relation avec les autres et c’est une illusion que de penser à réussir, à préserver sa vie personnelle en se réfugiant dans le privé, parce que les problèmes de la collectivité conditionnent aussi l’existence de chacun. Il est donc important de participer au débat politique pour faire en sorte que les choix politiques soient toujours plus adaptés aux exigences collectives et expression d’un engagement à la fois personnel et social. Il ne s’agit pas de protéger des intérêts de parti, mais de garantir un avenir à la société. Pour remplir convenablement cette fonction de participation politique concrète, il faut qu’il existe une intelligence critique capable de reconnaître et de comprendre les rapports réels existant dans la communauté, les déploiements effectifs des intérêts en conflit, les forces réelles qui agissent dans le tissu social et qui souvent le conditionnent, les dangers de manipulation auxquels on est soumis. C’est un devoir du citoyen d’exercer effectivement ses droits, soit individuels, soit sociaux. C’est un devoir de dénoncer les injustices et les inégalités ; un devoir de vigilance sur l’accomplissement des fonctions publiques et sur leur exercice correct ; un devoir d’exiger sans se lasser que les droits de tous soient respectés. Fatigue, renoncement et peur se traduisent malheureusement en acceptation du fait et en connivence avec lui. C’est le devoir du citoyen de s’engager à la première personne pour le développement de la propre sphère de ses droits. C’est un devoir du citoyen non seulement de se préoccuper de la propre communauté nationale, mais aussi de l’ouvrir aux problèmes de toute la communauté humaine pour ne pas courir le risque de se réfugier dans des questions locales étroites, avec une vision réduite de la vie sociale. Enfin c’est le devoir du citoyen de ne pas s’enfermer dans le présent, en oubliant son passé et en se désintéressant de l’avenir. Nous avons des devoirs dans les rapports non seulement envers ceux qui vivent avec nous, mais aussi de ceux qui viendront après nous. [email protected] n 34 ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 Informations, nouveautés du monde des médias 35 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE jeunes•• n n Fascination virtuelle Maria Antonia /Chinello Lucy Roces Elle s’appelle Miss Bimbo et en France, elle a déjà rassemblé des millions de très jeunes filles. En Grande Bretagne les contacts ont été très nombreux en quelques semaines. C’est un jeu on-line pour filles de 9 à 16 ans occupées à devenir des beautés à l’aide de pilules amaigrissantes et retouches chirurgicales pour gagner le titre de Reine des Filles. Tout de suite commencent le régime, la garderobe, la gymnastique et le shopping pour permettre à sa Miss Bimbo d’être la plus belle : «Deviens la plus célèbre, belle, talentueuse, indépendante et gracieuse “fille” de toute la terre !», invite la présentation vidéo initiale. Voici les instruments concédés : pilule, chirurgie plastique, lingerie sexy et night-club. Pour habiller sa poupée virtuelle, après que soit épuisé le crédit de 1000 bimbo-dollars (acquis à l’enregistrement), on peut envoyer un SMS (au prix de 1livre sterling et demie, 3 euros, 3 dollars) pour augmenter sa cagnotte. Miss Bimbo est un espace virtuel qui se passe dans des lieux divers : la chambre, la ville où on va acheter la nourriture et les vêtements, on va aussi à la banque, à la salle de gymnastique ou dans les centres de beauté, on cherche du travail, on joue pour augmenter son quotient intellectuel (la beauté ne suffit pas, il faut être intelligentes et aguerrie). C’est là, qu’on nous propose et qu’on accepte des défis, pour pouvoir se faire remarquer et trouver un garçon riche, qui puisse payer chaque jour 50 bimbo-dollars pour la relation qui va s’établir entre eux. Mais surtout il est important d’arriver à une forme physique éclatante. Pas seulement des poupées Selon le Dictionnaire American Heritage, bimbo est un terme familier ou argotique pour désigner une femme frivole ou une femme qui montre un intérêt exagéré pour son sexual appeal. Selon le créateur, Nicolas Jacquart (23 ans), Miss Bimbo est un divertissement inoffensif : la chirurgie esthétique est seulement une partie du jeu, dont l’objectif est surtout d’apprendre à soigner sa personne et pourvoir aux différents types de nécessités d’un personnage. Les jeunes apprennent à s’occuper de quelqu’un. Miss Bimbo n’est que la dernière création d’un récent et inédit succès international de dessins animés et film comme le WINX, le BRATZ qui, à partir du personnage, reversent ses contenus sur le monde entier, grâce aussi à Internet et aux satellites, donnant vie à un florissant marché de gadgets, vidéos, chaussures, vêtements, cartables, crayons, cahiers, etc. Démonter la machine On n’est pas étonné que Miss Bimbo ait suscité de nombreuses critiques, pas seulement parce qu’à un moment il fait appel à de l’argent réel (avec le risque de perdre de vue le portefeuille et d’éviter le contrôle de la part des adultes), mais aussi parce qu’il transmet des messages anti-éducatif, à partir de son titre très suggestif. Son succès parmi les jeunes vient du fait qu’à cet âge, les préadolescentes commencent à se préoccuper de l’image mentale et physique de leur corps, de la popularité et de l’attraction qu’elles peuvent exercer sur l’autre sexe. 36 ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 Journal du Second Life Cette fois j’espérais pouvoir vous écrire depuis Teen Second Life, le monde virtuel créé et fréquenté par les très jeunes. Cela ne m’a pas été possible d’entrer parce que j’ai plus de … 17 ans. C’est une question de sécurité. Les adultes, s’ils veulent entrer dans TSL, doivent acquérir une île privée et assurer ne pas avoir eu, dans leur vie, des problèmes avec la justice (un dossier pénal ou criminel). A ce moment, le retour dans SL était obligatoire. Je suis tombée dans educational sims (c’est à dire une région de SL) et j’ai rencontré Maximilian de l’Allemagne qui, gentiment m’a accompagnée à la DePaul University sim et m’a permis d’entrer en contact avec d’autres sims qui s’intéressent à l’éducation, comme ISTE Island et eduIsland II Sandbox. Je ne me le fais pas dire deux fois… je vole vers ISTE Island et rencontre Kate et Richard, deux administrateurs scolaires qui veulent construire une île pour leur école où ils pourront faire de la publicité et recruter des enseignants. EduIsland n ‘est donc pas si mal : Alexandria, professeur en Educational Leadership à la Clemson University, est en train de projeter un cours de six semaines en collaboration avec d’autres universités pour enseigner à utiliser SL comme instrument didactique…Les horizons sont décidément bien vastes… tandis que je vole sur le chemin du retour à la RL(vie réelle), je me demande quand je pourrai visiter la Salesian Sim! Qu’en pensez-vous ? Adelphie forces intérieures pour se construire une personnalité sereine et ouverte.» Que faire? Un sondage de la Revue Bliss affirme que sur environ 2 mille filles, 19% est en surpoids, 67% ressent le besoin de maigrir (46% d’elles veut perdre plus de 6 kg). Presque les 2/3 des filles au-dessous de13 ans se soumettent à un régime et plus de 25% et prennent en considération la possibilité de faire une chirurgie plastique ou de prendre des pilules amaigrissantes. Andrea Scherzer, psychotérapeute spécialisée dans les problèmes alimentaires, soutient que les jeunes filles ont besoin de construire la confiance en ellemême : «Elles doivent apprendre à s’apprécier d’abord en tant que personne. C’est avec l’aide de leurs parents et d’adultes qualifiés qu’elles apprendront à déplacer le point central de leur préoccupation –l’idée négative de leur aspect physique– vers des Des associations de parents, comme Parentkid, se sont mobilisées énergiquement, soutenant que la chirurgie esthétique ne devrait pas effleurer le monde des adolescents et que Miss Bimbo propose un modèle de perfection qui peut nuire aux teen-agers. Des médecins, aussi se sont insurgés, ils craignent le message négatif donné, avec cette possibilité de pouvoir administrer à des personnages virtuels, des pilules amaigrissantes pour perdre quelques kilos. Selon certains, il s’agit d’un message clair pro anorexie. On peut se demander l’influence qu’auront ces stimulations sur les femmes de demain. Ces “Barbies virtuelles” et les préadolescentes véhiculent des modèles de consommation et de futilité comme aussi les valeurs de l’amitié et de positivité : lesquelles auront la priorité dans la formation des jeunes filles ? Une première possibilité pour réduire l’impact de ces contenus sur les très jeunes est celui de toujours : dialoguer sur le message. Parents, éducateurs et éducatrices devraient parler avec les filles sur ce qu’elles font et éprouvent en jouant avec Miss Bimbo, comment elles se projettent dans leur transformation personnelle. Le second pas, sera d’accompagner leur réflexion sur ce que pourraient être les conséquences si les mêmes stratégies étaient utilisées dans le monde réel. La famille est un lieu éducatif très important qui ne peut être remplacé par la télévision ou par d’autres baby sitter digitales. 37 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE le point Une Planète seule ne suffit pas ! Palma Lionetti A ce qu’il paraît, si nous continuons de consommer au rythme actuel, l’eau, le sol fertile, les ressources forestières et les espèces animales, en 2050, il faudra deux Planètes. C’est ce qu’a dit, il y a déjà deux ans, le «Planet Report !²» Le Rapport 2006 sur la Planète Vivante confirme que nous utilisons les ressources de la planète plus rapidement qu’elles n’arrivent à se renouveler. Au cours des 20 dernières années, nous avons dépassé la capacité de la terre à soutenir nos styles de vie : nous devons nous arrêter. La présence de l’homme sur la terre est toujours plus encombrante. En effet de 1970 à 2003, l’empreinte écologique de l’homme – ou combien «pèse» la demande de ressources naturelles de la part des activités humaines– a augmenté à un point tel que la terre n’est plus capable de régénérer ce qui est consommé. Les signaux qui arrivent de la terre ne font que confirmer ce qui est prévu et ils nous crient avec force de refuser le rôle de l’homme sur la planète qui vit et vivra trois urgences : énergie, nourriture et eau. De la bonne gestion de la planète dépendra le fait que les ressources soient disponibles pour tous. «Le moment est arrivé –affirme James P.Leape, Directeur Général du WWF Interna- tional– de faire quelques choix fondamen-taux. Il ne sera pas facile d’améliorer les styles de vie en réduisant en même temps ce qui ruine la nature. Mais nous devons savoir que les choix que nous faisons conditionneront nos possibilités futures.» Il est clair que le défi pour réduire notre empreinte touche le cœur de nos modèles actuels de développement économique. La vraie économie, alors, ne sera t-elle pas peutêtre l’art d’organiser le bien commun ? Et la sobriété est-elle seulement question de vie ou silencieuse révolution économique et social ? Parmi les «choix fondamentaux» à notre portée, il y a sûrement le passage d’une vision de la vie fondée sur les «choses» avec lesquelles nous remplissons les vides, comme le dit Giuliana Martirani, à une vision, à un modèle de développement où les personnes, la nature et la matière elle-même sont pensées comme lien de l’énergie et de la vie. Nous avons complètement oublié qu’il y a un lien entre les personnes et un lien entre les personnes et le monde naturel, nous avons oublié que « tous ce qui arrive à la terre, concerne aussi les enfants de la terre !» [email protected] n 38 dma damihianimas ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 Aux bons soins d’Anna Mariani [email protected] Liste W W W sites n Signalisation de sites intéressants réchauffement général, qui menacent totalement les écosystèmes, à cause de l'augmentation de l'intensité et de la fréquence des "évènements climatiques extrêmes" (ouragans, alluvions, vague de chaleur, etc.) Faire mieux connaître le système énergétique et créer une nouvelle génération de citoyens actifs, conscients et "efficaces par nature". http://www.lifegate.it/ http://www.3csc.net/3csc/home.php RETE 3CSC est un site Web interactif pour la réalisation de la 3ème Convention des Nations Unies pour la défense de l’environnement et pour sauver la planète. Les buts sont : promouvoir et réaliser des études et des projets sur la biodiversité, contre les altérations du climat et pour la lutte contre la désertification; rappeler sur de tels thèmes l'attention de l'opinion publique; promouvoir la naissance dans d’autres Pays d’associations analogues, en favorisant leur développement et la réciprocité. http://www.wwf.org/ Ce site propose de sensibiliser et de construire un futur dans lequel l’homme puisse vivre en harmonie avec la nature. Articulé en plusieurs sections et représentant la plus grande association mondiale de protection de l’environnement, le WWF (World Wide Fund for Nature) grâce à l’aide de presque 5 millions de personnes, travaille efficacement dans presque 100 pays. A travers le site l’association se propose toujours de nouveaux engagements et de nouveaux défis : répandre la connaissance sur les valeurs de la Biodiversité et sur le lien entre le bien-être des écosystèmes et le bien-être de l’homme; porter l'attention sur les Changements Climatiques et le LifeGate est la plate-forme pour le monde éco culturel, né pour répandre les valeurs, la conscience et le respect de l’homme et de l’environnement. A travers un network et des projets concrets, il promeut des concepts de Personnes, Planète et Profit, propose un nouveau modèle économique dans lequel cohabitent profits, respect de l’environnement et attention à la collectivité humaine. Il a comme objectif celui de promouvoir un nouveau style de vie dans le respect de l’homme et de l’environnement, un développement durable, le changement de la société de consommation compulsive à une société de consommation consciente.. http://climate.weather.com Il appartient au site www.weather.com et propose une sensibilisation au changement climatique et au réchauffement climatique de la planète.. http://www.worldwatch.org Le Worldwatch Institute est depuis de nombreuses années considéré comme le plus célèbre point d’observation des situations environnementales de notre planète. Il a comme objectif de soutenir l’évolution de la société vers une société où l’environnement et le développement durable soient la première priorité n 39 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE vidéo Mariolina Perentaler LARS ET UNE FILLE TOUTE A LUI de Craig Gillespie USA – 2008 «Recommandable» dit le jugement de l’évaluation pastorale de la Commission C.E.I. (Conférence Episcopale Italienne) avant d’en énoncer les thèmes : famille, psychoologie, solidarité, ou plus explicitement, charité, accueil, famille, amour, questions existentielles, pardon, métaphores de notre temps. Puis il passe aux remarques sur le style et il commente : «Ce film déconcerte par son originalité et son imprévisibilité, c’est un scénario touchant écrit spécialement par Nancy Olivier». Il est centré en effet sur le rapport étrange entre Lars, un jeune homme de vingt-sept ans introverti et sa «poupée humaine, ac- quise sur Internet pour surmonter quelques problèmes difficiles de rapport avec les autres». La délicatesse avec laquelle le récit fait place à sa timidité est vraiment exemplaire –poursuit la critique. Beau, même si en un premier temps il nous laisse perplexes, le dévouement de la communauté qui accompagne cette «folie» jusqu’à la guérison. Beau le chemin de croissance existentielle qu’il souligne. Le désir de mûrir, la nécessité de l’aide des autres dans un horizon de solidarité qui ne pose pas de questions…» L’œuvre se présente comme une fable, mais avec de nombreuses, stimulantes et très valides ac- «Wow, quelle poupée !» Le personnage Lars, qui apparaît dans le titre, est un homme timide et doux, un peu mal à l’aise, marqué pour toujours, par sa propre naissance : sa mère est morte en couche. Il vit dans une petite ville du Wisconsin, petite ville somnolente dans la province américaine, avec peu d’amis et une vie sociale inexistante. Il a des difficultés à entretenir des rapports soit avec ses concitoyens, soit avec son frère Gus et sa belle sœur Karin qui habitent dans la maison familiale même, tandis que lui préfère habiter tout seul dans le garage proche. La neige, le froid, la routine quotidienne sont cependant brisés à l’improviste par un «appel au secours» étrange et imprévisible. Intéressé par la nouvelle que lui donne un collègue qui fréquente les sites pornographiques, c'est-à-dire la possibilité d’acquérir une femme en caoutchouc (nommée Real doll , une poupée en silicone d’une grandeur naturelle, gonflable et prête à tous les usages), il cointances avec la réalité. Un film splendide et émouvant, dirigé sur la pointe des pieds par un metteur en scène débutant, qui, se tenant toujours en équilibre entre un ton surréaliste et humoristique, arrive à illuminer un monde que souvent le cinéma –et pas seulement le cinéma– oublie. Et si Ryan Godling (l’acteur candidat au Golden Globe pour le rôle de Lars) communique sans excès d’expression tout le drame de son personnage, c’est toute l’interprétation qui entraîne le spectateur dans l’histoire avec une totale identification. En un mot, il s’agit d’un pari cinématographique vraiment réussi : divertissant, bien composé, bien joué, à mettre vraiment en valeur. se la fait aussitôt expédier. Elle s’appelle Blanche et il la présentera comme une ancienne missionnaire d’origine brésilienne, obligée de rester sur une chaise à roulettes. Mais réservé comme il l’est, et la considérant comme une «fiancée» avec qui il ne serait pas convenable de partager une même chambre, il demande à son frère de l’accueillir dans sa maison, prêt à se comporter avec elle comme un amoureux chaste et attentionné. Gus et Karin restent abasourdis au début. Préoccupés de la santé mentale de Lars, ils s’adressent à une spécialiste qui leur conseille de le seconder en tout. Alors, après Gus et Karin, embarrassés, les parents et les voisins, et l’entière «communauté» - prennent au sérieux son étrange rapport, ainsi que la doctoresse spécialiste qui –avec l’excuse de soigner Blanche d’une étrange maladie– prend à cœur le cas de Lars et arrive à le suivre. Et c’est ainsi que Blanche est acceptée comme 40 dma damihianimas ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 Pour faire penser Pour faire penser Raconter l’accès à l’âge adulte de Lars, qui fait un transfert sur la poupée, et réussit enfin à s’approcher d’une jeune fille en chair et en os. Que de personnes connaissons-nous, qui ne savent pas réagir face aux autres, aux êtres humains réels ? Une oeuvre intelligente et pleine de chaleur. Lars esquive les relations avec les personnes véritables, peut-être à cause aussi d’une société qui l’a conduit à craindre les liens profonds pour éviter d’autres blessures : les déceptions. Il ne se laisse pas toucher, le contact avec un autre être humain est pour lui physiquement douloureux, insoutenable. L’arrivée de Blanche – manifestation Accompagner le grand public d’une manière chaleureuse et délicate à comprendre que même si nous n’avons pas tous besoin d’une Blanche, il est pourtant vrai que personne ne peut s’en sortit tout seul. Et que pour cela il est juste de se comporter en conséquence… L’œuvre ne met pas de doutes sur les contenus, mais l’histoire qui s’en dégage est remplie de surprises et de tendresse. Blanche est réelle. Comme l’indique le titre original, ‘Lars and The Real Girl’. Blanche est vraie parce qu’elle représente l’exigence de bonheur et du bien d’un garçon simple qui à le courage de demander une aide, même si c’est d’une manière métaphorique et bizarre. Et à partir de cette demande, tout change. Tous changent, provoqués par une demande élémentaire et sérieuse «ne me laissez pas seul» -que tous, à partir du rapport avec cette poupée, retrouvent dans leur vie. La doctoresse veuve et sans enfant qui, poussée par les une personne : il y a celui qui va la chercher pour la conduire à la messe ; celui qui l’invite à faire du volontariat à l’hôpital ; celui qui lui procure un travail ; celui qui la coiffe et lui coupe les cheveux pour la rendre belle aux yeux de son amoureux. On l’accueille et on l’aime pour ce qu’elle est pour ce qu’elle représente, sans piétisme et sans sentimentalisme. Mais par ironie, ce sera précisément Blanche, avec son innocence désarmante, qui aidera la communauté à ouvrir les yeux, jusqu’à à ce que peu à peu, la solitude de Lars et son incapacité même à affronter le monde, évoluent d’une manière naturelle. Il arrive en effet que tout d’un coup la poupée tombant malade, est conduite à l’hôpital, son cas s’aggrave, elle meurt et est ensevelie au cours d’une cérémonie pleine de tristesse. de son malaise profond– devient l’occasion pour mettre en scène un surprenant «esprit de communauté» qui, tandis qu’il fait prendre conscience d’être tous «en danger de tomber», entraîne tout le monde dans la tentation de guérir un ami et conduit à une conclusion qui laissera deviner, pour Lars, un retour à l’équilibre. «C’est un histoire symbolique –explique la scénariste– de quelqu’un qui expérimente et exprime les sentiments de la perte, de la douleur et de la solitude, l’incapacité d’affronter le monde, la sensation d’être abandonné et laissé de côté. Une histoire qui nous est familière, dans nos vies comme dans la fiction cinématographique. Mais ce qui la rend fraîche, particulière et différente, ce qui donne une vie nouvelle à une histoire sans temps, c’est justement la présence de Blanche.» demandes de Lars, révèle un monde intérieur de douleur («il y a des fois –dit-elle en pensant à son mari mort– où je me réveille et où je ne me souviens plus même de mon nom ni du lieu où je me trouve»). Le frère Gus, qui bien longtemps avant avait abandonné son frère déprimé. Le splendide personnage de la timide Margot, la collègue de Lars, qui décide d’avoir un flirt avec un collègue parce qu’elle se sentait trop seule… Le film, en bref, réalise une opération vraiment précieuse et inhabituelle qui –de la manière la plus humaine et délicate– est capable de dire avec force, la nécessité de ne jamais laisser exclu celui qui semble isolé. La reconstitution qui fait opposer la froideur du milieu à la chaleur du cœur est très juste : elle bat à l’unisson et nous invite tous à en faire autant.» Mais, après la sépulture, Lars montre qu’il est maintenant en mesure de sortir de la réalité déformée qu’il s’était crée pour s’acheminer à vivre des relations véritables. Accueillir l’autre sans juger, c’est le message fort qui se dégage de cette œuvre, sans oublier que le but est d’accompagner vers la guérison, et non de célébrer ce que est étrange. Cette simple thèse arrive brillamment à préserver l’équilibre de l’œuvre et garantit au film une mise en scène qui permet d’unir comédie et drame sans bavures [email protected] n 41 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE le livre aux bons soins d’Adriana Nepi Kualid qui n’arrivait pas à rêver Vauro Senesi «Tout noir. Un noir si dense qu’il lui semblait pouvoir le toucher. Kualid avait à peine ouvert les yeux, il lui arrivait parfois de s’éveiller en pleine nuit.» C’est le début de «Kualid qui n’arrivait pas à rêver», premier roman de Vauro Senesi, journaliste et dessinateur satirique. C’est un roman délicat et émouvant, mais on pourrait aussi le définir comme une forte dénonciation de la grande horreur qui se répand sur le monde, quand éclatent et se propagent guerres sur guerres. En lisant le livre on a la sensation que l’histoire est authentique, bien qu’elle appartienne au genre roman. L’Afghanistan est le pays que l’auteur, avec habilité, fait percevoir de neige et de feu, de même que la ville royale de Kaboul apparaît de poussière et de vent. Au delà du titre qui indique Kualid comme protagoniste, l’histoire racontée et aussi celle réelle de centaines et de centaines d’enfants afghans qui, comme lui, ont vécu les années de leur enfance dans un Kaboul dévasté, à plusieurs reprises, par les luttes sanguinaires pour le pouvoir, écrasé et affaibli par la violence des Russes d’abord et des moudjahiddines ensuite, éventré par les bombes et perforé par les milliers de projectiles vomis par les kalachnikov, tellement répandus en ce Pays dominé par la peur et la méfiance, au point d’être considérés presque indispensables pour la survie des grands et des petits. A la périphérie d’une ville dominée par les talibans et dévastée par la guerre, Kualid vit avec sa mère et son grand-Père. Il gagne sa vie, en remplissant avec une lourde pèle et avec l’aide de son cousin Said, les trous profonds, très nombreux dans les rues les plus fréquentées de Kaboul, en espérant une monnaie de récompense des camions de passage. Kualid, cependant, justement parce qu’il est pauvre, est capable de partager le peu qu’il possède avec celui qui est encore moins fortuné que lui, et l’aumône est toujours accompagnée d’un souhait : «Que Dieu soit avec toi», auquel fait écho : «Qu’il soit avec toi, Dieu» La souffrance de Kualid naît à l’approche de la nuit parce qu’il n’arrive pas à rêver ; il connaît la tristesse qui vient du fait de n’avoir jamais un rêve à raconter. Il a même volé les rubans des vidéocassettes que les talibans avaient attachés à une mitrailleuse comme avertissement pour rappeler à tous que musique et images sont défendues ; il les a placés sous son coussin et a attendu que les images commencent à s’écouler, mais cela lui a causé seulement une énième désillusion. A Kaboul, il n’y a pas que la musique qui soit interdite. Parmi les multiples choses défendues, il y a aussi les cerfs-volants qui plaisent tant à Kualid, ils sont le rêve à yeux ouverts, dans lequel s’exprime toute sa soif de liberté. Dans la rencontre avec Babrak, le calligraphe, s’ouvrira pour Kualid un nouveau monde. «Que fais-tu avec toutes ces couleurs ?», demande Kualid à Babrak. Le jeune garçon est comme hypnotisé par les mouvements du calligraphe qui peint sur une planche en bois les caractères élégants des lettres. L’émotion le terrasse quand Babrak l’invite à l’aider et lui enseigne l’art de l’écriture, le seul consenti par le régime des talibans ; Kualid regarde les soies du pinceau imprégnées de bleu, il semble avoir volé cette couleur au ciel. Un arc-en-ciel de couleurs l’entoure ; les couleurs de la boutique du calligraphe dansent avec celles de la journée : le jaune et le rouge que donne l’orange du soleil d’été ; le vert qui rappelle le drapeau des martyrs du cimetière. Kualid retournera quelquefois boucher les 42 dma damihianimas ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008 trous de la route, mais il se sent déjà un calligraphe, un peintre. C’est une nouvelle découverte de lui-même, comme un cerf-volant nouveau qui ne peut pas garder en lui l’envie de voler. C’est un cerf-volant à faire voler aussi sur les sentiers de l’amitié qui se dessine entre Kualid et Brabrak. «Le voilà ton secret, Kualid, mais maintenant que tu me l’as confié ce n’est plus seulement le tien. Un peu, c’est toi qui le porteras, un peu c’est moi qui le porterai, ainsi il sera plus léger pour tous les deux.» Révéler le secret réciproque qui liera Babrak et Kualid signifierait gâcher la valeur narrative du roman. Cependant seulement une question relative énigmatique à ce sujet, devrait conduire à lire le roman : «Penses-tu vraiment que la beauté . puisse offenser Dieu ?» Le calligraphe n’enseigne pas seulement au garçon l’art de communiquer en utilisant le pinceau, mais il lui transmet des valeurs importantes telles que la force, le courage et l’espoir aussi que Kualid puisse rêver et avoir un rêve, et cette certitude est symbolisé par un cadeau que Babrak fait à son jeune ami : un collage sur un carton bleu ; c’est un cerf-volant doré, qui se détache au milieu de la feuille de papier, non pas peint, mais composé de beaucoup de petit fils de paille collés. Babrak fera peindre à Kualid un arc-en-ciel ; il le jugera d’un sourire qui se fondra au celui de Kualid «comme les taches rouges vermeilles qui s’étaient fondues avec les autres couleurs dans l’écuelle du vernis.» Une semblable expérience est pour le garçon la prise de conscience effective d’être, lui aussi, en mesure de rêver. C’est le don le plus précieux que Babrak pouvait lui faire ! En présentant la relation entre un adulte et un garçon, le roman offre aussi des touches délicates d’un parcours de formation, de même qu’il présente aussi quelques passages relatifs au problème des mines anti-personnelles, des difficultés de la femme en Afghanistan, bien symbolisé par la mère de Kualid ; la rencontre finement décrite entre deux générations, celle de Kualid avec son grand-père ; la terreur que provoquent les continuels couvre-feu et le triste emprisonnement du grand-père de Kualid ; la présence d’organisations humanitaires qui permettent aux artistes de reprendre leur peinture, en les accompagnant avec sympathie et un brin d’humour : «La mer est bleue et non jaune !» Ce que nous avons présenté est seulement une brève synthèse des nombreux tableaux que l’auteur présente, le style nettement journalistique devient un récit qui suscite chez le lecteur une capacité soit d’évocation soit de réflexion. Le jugement concernant les injustices, les cruautés, est complètement absent, au détriment des victimes innocentes, mais Vauro Senese les dénonce toutes, en présentant aussi d’importants faits historiques d’une déconcertante actualité. n 43 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE camille LE MONDE, MA MAISON n Depuis quelque temps, on parle beaucoup de ressources : peut-être est-ce une nouvelle mode ? Je pense que les ressources naturelles de cette terre sont là depuis toujours et sont à la disposition de l’homme. Mais l’homme (et la femme certes) doivent s’en servir en personnes humaines, c’est-à-dire non comme des êtres irrationnels mais avec cette pincée de bon sens qui –comme le disait ma grand-mère– ne l’a pas à 20 ans, à 30 ans, l’attend encore. Il me semble avoir compris que l’essentiel c’est : utiliser, «administrer». Nous sommes comme des administrateurs d’un grand pouvoir qui nous a été confié ; nous devons utiliser, non détruire les biens dont nous ne sommes pas propriétaires mais comme on dit, seulement utilisateurs. Utilisateurs de la création : ce qui n’est pas peu, étant donné qu’il n’y a aucun tarif d’établi comme pour l’électricité et le gaz ; car tout est à notre disposition. Le monde est comme notre grande maison, la maison de tous. A nous comme grande famille incombe le devoir de garder cette maison, de bien l’entretenir pour pouvoir l’habiter d’une façon agréable, nous (pour un peu encore) et les générations futures. Ceci pour éviter des conséquences qui seraient désastreuses pour tous. Pour cela, j’ai vu quelques jeunes filles, du genre que nous appelons «top-modèles» descendre du haut de leurs talons aiguilles, entrer leurs délicats petits pieds dans des espadrilles d’été, enlever de leurs petites mains (anneaux et colifichets), les troqués contre des gants d’éboueurs et s’aventurer au nettoyage des parcs publics, des plages, des bois : lieux que les touristes trop souvent détériorent. Moi, je le dis, ne serait-il pas plus simple d’éviter de gaspiller et de laisser tant de restes, là où d’autres passeront après nous ? Si c’est notre maison, ma maison, pourquoi ne pas nous rappeler ce que notre maman nous enseignait de ne rien jeter par terre, de ramasser ce qui tombe, etc… Pourquoi maintenant, après avoir inconsidérément jeté, gaspillé, pollué, devons-nous mobiliser le volontariat pour nettoyer ? Il est bien plus difficile de réparer certains dommages qu’éviter de les faire, non ? Ah, comme Don Bosco était sage de nous enseigner que prévenir vaut mieux que sévir. Ainsi, une once de système préventif y compris, pour habiter cette maison de tous, que nous considérons comme notre propre bien semble indispensable. Il y a un dicton qui propose comme «onzième commandement : ne pas gaspiller.» Savez-vous que pourrait être le plus grand malheur ? Que chacun de nous laisse dans la création, simplement par ses habitudes quotidiennes, une «émanation de gaz carbonique» qui va dévaster le monde. Quelle horreur ! Il faut nous inventer des habitudes un peu plus «propres». Ainsi, il me vient presque la vocation au volontariat écologique. Oh ! Il n’y a pas de quoi rire ! Un volontariat éducatif/préventif est possible même dans ma 3ème (ou 4ème) jeunesse. J’ai bien entendu dire que le Pape Benoît XVI -lui, oui, qui conserve une jeunesse sans étiquettea expliqué que le volontariat n’est pas seulement un faire, mais une façon d’être qui part du cœur. Un genre de «conscience écologique». Je voudrais appeler nombre de mes sœurs contemporaines pour ce volontariat du cœur : pour faire quelque chose de bon en faveur de nos…héritiers ; pour acquérir –selon moi– une conscience écologique un peu moins … inconsciente. Qu’en dites-vous ? 44 DOSSIER : Laïcs et FMA, signes d’ amour pour les jeunes PREMIER PLAN : Fil d’ Ariane EN RECHERCHE : Coopération et développement Ecole amie COMMUNIQUER : Jeunes.com Réciprocité Blog et Réseaux Sociaux Pensées Pensées L’admiration vient toujours du profond : Nous admirons, ce que nous savons être inexorable et vraiment insondable. L’unique sagesse que nous pouvons espérer acquérir c’est la sagesse de l’humilité. (Thomas Stearns Eliot) (Dom Vonier) 45 DROITS Un tiers de la population mondiale ne peut encore avoir accès aux médicaments essentiels et vitaux. L’injustice planétaire touche les personnes qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté. 46