La sacralisation de la Terre - Istituto Figlie di Maria Ausiliatrice

Transcription

La sacralisation de la Terre - Istituto Figlie di Maria Ausiliatrice
Année LV – Mensuel
no 07-08 Juillet-Août 2008
2008
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
La sacralisation de la Terre
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
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Éditorial : Cela dépend de moi
------------de Giuseppina Teruggi
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
5
Revue des Filles de Marie Auxiliatrice
Revue des Filles de Marie Auxiliatrice
Via Ateneo Salesiino, 81
00139 Ronii RM
(tél:06/87.274.1 – Fax 06/87.1.23.06
e*mail [email protected]
Directrice Responsable
Mariagrazia Curti
Rédacteurs
Giuseppina Teruggi
Anna Rita Cristiano
Collaboratrices
Tonny Aldana * Julia Arciniegas – Mara Borsi Piera Cavaglià - Maria Antonia Chinello - Emilia
Di Massimo - Dora Eylenstein - Laura Gaeta Bruna Grassini - Maria Pia Giudici –Palma
Lionetti Anna Mariani–Marisa Montalbetti - Maria Helena
–Concepcíon Muñoz Adriana Nepi Maria Luisa Nicastro - Louise Passero Maria Perentaler – Loli Ruiz Perez –
Rossella Raspanti - Lucia M; Roces - Maria Rossi
-
La sacralisation de la Terre
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Traductrices
France : Anne-Marie Baud
Japon : ispettoria giapponese
Grande Bretagne : Louise Passero
Pologne : Janina Stankiewicz
Portugal : Elisabeth Pastl Montarroyos
Espagne :Amparo Contreras Alvarez
Allemagne:Provinces Autrichienne et Allemande
Projet Graphique
Emmecipi srl
EDITION EXTRACOMMERCIALE
Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice –
00139 Roma,Via Ateneo Salesiano, 81 –
C.C.P.47272000
Reg. Trib. Di Roma n°13125 del 16-1-1970
Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c, Legge
662/96 – Filiale di Roma
n°5/6 Mai-Juin2008
Tip. Istituto Salesiano Pio XI
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La Lampe : Lis et médite
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L’Evangile dans la vie :
Cette nuit même…
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Dialogue : Leonella : le courage
du dialogue
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Fil d’Ariane : Auto limitation
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Jeunes.com :
Fascination virtuelle
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Coopération et développement :
De la part des filles
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Droits humains et vie consacrée :
Droit et vie religieuse
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Fotoclick
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Polis : Participation et responsabilité
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Le point:
Une seule Planète ne suffit pas
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Sites : Recension des sites web
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Vidéo : Lars et une fille toute à lui
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Livre : Kualid qui ne réussissait
pas à rêver
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Camille : Le monde, ma maison
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
éditorial
Cela dépend de moi
Giuseppina Teruggi
Il y a un unique fil conducteur dans ce numéro
de la Revue. Nous pouvons le nommer
“conversion écologique”, pour indiquer la
responsabilité de tous à l’égard de la création et
de l’usage des choses. Un appel qui oriente
vers l’essentiel tout style de vie, pour sauver les
ressources de la création et les partager avec
les plus pauvres. Pour nous, une invitation à
réfléchir sur nos choix en tant que femmes à la
suite d’un Maître pauvre.
«Je possède d’une manière authentique non
pas les choses que je garde pour moi, mais
celles que je donne. Je donnerai avant que
quelqu’un me demande, bien plus je devancerai
les demandes justes. Si je vis de cette manière,
les richesses m’appartiennent, autrement c’est
moi qui appartiens à mes richesses». C’est
ainsi qu’écrivait Sénèque à son ami Lucilius :
expression de saveur biblique et de forte
actualité. Choisir de ne pas se laisser posséder
par les choses est une conversion écologique.
Une façon pour prévenir des catastrophes
mondiales retenues possibles par beaucoup de
monde : nouvelles maladies, modifications de
l’écosystème et du territoire jusqu’à rendre
invivable la planète Terre.
Il en résulte quelques considérations évidentes
qui devraient au contraire nous brûler le cœur
et les mains. Pour en citer quelques-unes : les
pauvres deviennent toujours plus pauvres et les
riches toujours plus riches ; les 20% de la
population de la terre possèdent les 82,7% des
ressources mondiales ; nous allons vers trois
grands urgences : énergie, nourriture, eau.
Malgré cela, si nous regardons autour de nous,
et même à l’intérieur de nos réalités, il semble
que tout doit continuer comme toujours. La
société de consommation, au fond, nous donne
pleine garantie. L’impérialisme économique
enveloppe les personnes et les structures.
«La société de consommation - soulignait
Tiziano Terzani – te séduit au point de vouloir
aussi ce que tu ne veux.» Et en parlant avec
son fils, peu avant sa mort en 2005, le
journaliste notait : «L’homme est maintenant
sous l’emprise de l’économie. Selon moi, cela
sera la grande bataille de l’avenir : la bataille
pour le retour à une forme de spiritualité. Il faut
de nouveaux modèles de développement. Pas
seulement la croissance, mais la sobriété.
Vois-tu, je pense qu’il faut nous libérer de nos
désirs.»
Moi, toi, chaque personne, que pouvons-nous
faire ? Améliorer le monde dépend aussi de
moi, de toi. Il y a une stratégie accessible et
efficace, la stratégie lilliputienne, qui peut nous
indiquer une piste qui peut être parcourue. Elle
se base sur la conviction que tout changement
part de la conscience personnelle. De la
décision libre de l’individu. Il s’agit de gestes
concrets, quotidiens de sobriété, de détermination à ne pas subir la fascination de
posséder. Il s’agit de contester la logique du
slogan : plus vite, plus haut, plus fort. Pour
privilégier l’alternative : plus lent, plus profond,
plus humain.
C’est la «conversion écologique» à laquelle
nous invite l’Évangile, et c’est une prophétie.
[email protected]
n
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La sacralisation de la Terre
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La sacralisation de la Terre
Graziella Curti - Emilia Di Massimo
Il est dit que rien n’est sans voix. Et la voix
qui vient de la création est tout
simplement une parole d’amour, une voix
qui depuis des milliards d’années raconte
le soin et la tendresse d’un Créateur pour
ses créatures.
Dans la ligne de l’amour prévenant, nous
considérerons la sacralisation de
la
création, signe immense, mais toujours
plus affaibli et saccagé par les hommes et
les femmes d’aujourd’hui, qui ont réduit la
Terre à une source inépuisable de gain,
oubliant le respect et la protection de ce
trésor vital pour tous.
Malgré tout une bonne nouvelle se fait
entendre dans les Eglises et aussi dans
notre Institut : ensemble à tant de
personnes de bonne volonté, nous
sommes en train d’agir pour vivre de
manière plus sobre, économisant et
utilisant seulement l’essentiel des biens
naturels.
Un amour qui vient de loin
Longko Lorenzo, un sage indigène
Mapuche, nous enseigne qu’avant le
jaillissement du soleil, il faut remercier la
nature pour ce jour nouveau et lui
demander la permission de pouvoir la
travailler et de pouvoir profiter de ses fruits.
Longko explique que c’est ce que lui ont
transmis ses ancêtres et aujourd’hui, à 87
ans, il continue encore à le dire à tous. Il
ajoute que si on ne respecte pas la nature,
un jour ou l’autre c’est elle qui se retournera
contre nous. Dans sa vision cosmique,
l’homme ne vit pas sur la terre, mais est
une partie de la terre. Le mapuche est un
élément comme un autre, il n’est pas
supérieur à la montagne ou au fleuve, ou
au vent : tous les éléments sont nécessaires
et aucun d’entre eux n’est
supérieur à l‘autre. Alors le mapuche a
l’obligation de défendre cet équilibre et arriver
ainsi à une relation harmonieuse dans
laquelle entrent tous les éléments qu’il
utilisera pour son bien-être, mais sans la
frénésie égoïste de vouloit posséder à tout
prix, ce qui ne tient pas compte de la
protection de de l’écosystème.
“Un indien sans terre est un indien mort” voilà
l’expression typique des groupes indigènes
originaires de l’Argentine, qui affirment : “
Nous voulons récupérer notre terre parce
qu’elle est la base de notre culture et la
racine de notre organisation familiale et
communautaire”. Dans ce témoignage, on
peut mettre en évidence la notion de terre
conçue comme une totalité dans un cosmos
qui comprend toutes les constellations
humaines : économique, politique, sociale,
culturelle.
Aussi significatif ce témoignage d’un
Yanomami, groupe indigène qui habite en
Amazonie : «Nous les Yanomami, nous
sommes les fils de la terre, les blancs le sont
aussi, et moi aussi. Le Yanomami est un être
humain, il a une famille, une femme, des
enfants, il ressent la faim, il pleure, devient
triste, et pense que tout le monde,
aujourd’hui, parle de la nature et du milieu
ambiant, mais c’est chacun de nous le milieu
ambiant. Cette nature, cette forêt est vivante.
Nous Yanomami, nous avons besoin d’un
milieu ambiant vivant, et vous aussi, et mes
petits-enfants aussi et les petits-enfants des
blancs aussi… pour cela nous devons
préserver la nature et c’est pour cela que je
tente de vous expliquer ce que pense un
Yanomami… pour penser ensemble.»
Protéger le milieu ambiant signifie donc
sauvegarder aussi la culture des peuples qui
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l’habite. Cela signifie exprimer notre amour
prévenant pour eux, pour les générations
actuelles et les futures.
Terre poluée, terre violée
région asiatique qui comprend, outre la
Chine, le Japon et la Corée. Toutes les
zones où le développement des attivités
humaines est toujours plus intense. Mais il y
a des circonstances aggravantes.
La Terre est malade. Et la maladie coïncide
avec les régions du monde, les plus
industrialisées. Le développement industriel, la
croissance de la population, l’utilisation toujours
plus intense des moyens de transport génèrent
des gaz qui finissent dans l’atmosphère, la
détériorant inexorablement. Des photos satellites
de la planète montrent la répartition et la
concentration du bi-oxyde d’azote. Ce gaz est
produit par des processus de combustion et donc
provient des activités industrielles, des moteurs
des automobiles, des centrales qui produisent de
l’énergie.
Toute la partie asiatique est constamment
recouverte d’un immense «nuage noir» qui
étend de plus en plus ses tentacules en
direction d’autres pays. Cela est dû au fait
que la Chine est le pays qui utilise le plus,
le charbon, exploitant encore ses riches et
nombreuses mines. Mais pour le moment le
«grand empire» est mobilisé surtout à
produire et à se développer et les contrôles
constatants la pollution en vue de la limiter
sont peu nombreux. C’est pour cela qu’on
parle toujours plus d’une législation
internationale qui établirait des limites à
l’émission de la polution.
Les plus grandes concentrations de bi-oxyde de
carbone se trouvent en Italie, (dans la vallée
Padana) en Europe du Nord, sur la côte des
Etats Unis, en Afrique du Sud et dans la vaste
Les Etats Unis, surtout le long de la côte
ouest, sont très préoccupés par ce «nuage
noir» asiatique parce que désormais il
voyage et s’étend dans plusieurs directions.
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Pays
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
La carte rédigée grâce à l’observation
spatiale démontre clairement que les pays
les plus développés de la Terre souffrent
tous du même mal ambiant. Et ensemble ils
doivent se convaincre de la nécessité à
trouver une solution efficace, au-delà des
nombreuses paroles échangées inutilement
dans
les
assemblées
périodiques
mondiales. “Chaque aube est un symbole
sacré. Oui, parce chaque journée est
sacrée, quand notre Père nous envoie.”
Sauver la planète. Dernier rappel
“Au Malawi j’ai demandé à une femme
comment elle se nourrissait. Elle m’a
répondu qu’elle prenait les déchets du
moulin, elle les faisait bouillir et elle les
donnait à ses enfants. Je lui demandai si
cela arrivait tous les jours et elle me
répondit : “Aujourd’hui, nous n’avons rien à
manger parce que c’est dimanche et que le
moulin est fermé.”
L’Equateur lance une campagne écologique
hors normes : au nom de l’humanité, elle
renoncera à exploiter le pétrole du parc
national de Yasunì, déclaré par l’Unesco,
comme une partie de la réserve mondiale
de biosphère, et elle évitera ainsi de
nouvelles émissions nocives d’anihydride
carbonique.
Un grand sacrifice, pour un petit Pays
comme l’Equateur, de ne pas vouloir
profiter des richesses de son sous-sol,
comme le font énormément certains pays
avides de revenus, si bien qu’en échange, il
demande au monde un petit effort : 350
millions de dollars par an, c’est à dire
l’équivalent de la moitié des recettes qu’il
aurait perçues par l’exploitation des
gisements.
L’intention est de faire un choix écologique
soutenu par tous, grandes puissances en
tête, et faire en sorte que l’argent obtenu
soit investi dans l’agriculture familiale
.
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dma damihianimas
ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
Bonne pratique
Actuellement sur la planète plus d’un 1 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau
potable en quantité suffisante. En adoptant de simples règles d’économie, nous
pourrions contribuer à sauvegarder pour tous, ce bien vital.
Prendre une douche plutôt qu’un bain : Chaque famille peut économiser environ 30 mille
litres d’eau par an ;fermer les robinets d’eau quand elle ne sert pas (par exemple quand
on se lave les dents, quand on se rase ou quand on se savonne) et les ouvrir à nouveau
seulement au moment de se rincer, pour éviter un gaspillage d’eau inutile ; mettre en
marche les machines à laver et les lave-vaisselle seulement quand ils sont pleins : la
consommation énergétique et hydraulique est la même que quand ils sont remplis à
moitié ; réutiliser l’eau quand c’est possible : par exemple l’eau utilisée pour laver les
fruits et les légumes peut servir pour arroser les plantes ou les fleurs.
La Terre suffit
pour les besoins de tous,
mais pas pour l’avidité
d’un seul !
(Gandhi)
avec comme but de mettre le Pays sur la voie
de l’indépendance alimentaire,ce qui l’éloignerait
pour toujours de la pauvreté et donnerait vie à
un processus économique qui respecterait
l’équilibre du milieu ambiant. Maintenant la
parole est au reste du monde, en particulier au
G8.
Quelques perles de sagesse indienne nous
disent de manière poétique, l’exigeance de
changer notre style de vie si nous voulons
sauver la terre.
“Ecoute avec attention les voix des animaux.
Deviens l’un d’eux. Chaque créature te
transmet quelque chose. De l’animal, lui aussi,
émane quelque chose : comment et quoi, je ne
le sais pas, mais c’est ainsi et moi je l’ai vécu.”
“Je suis venu au monde avec une peau couleur
bronze. Beaucoup de mes amis sont nés avec
une peau jaune, noire ou blanche. Il existe
des fleurs de couleurs variées et chacune
d’elles est belle. J’espère que mes enfants
vivront dans un monde où tous les hommes,
de toutes couleurs se mettront d'accord et
travailleront ensemble, sans que
la majorité cherche à uniformiser les autres à
son propre vouloir.
“Chaque aube est un symbole sacré. Oui,
parce que chaque journée est sacrée, quand
notre Père nous envoie.”
Arrêter le gaspillage
Faire des choix existentiels dans le but de la
décroissance signifie réduire le gaspillage qui a
un impact très fort sur le milieu ambiant et qui
génère des injustices sociales.
La sobriété n’est pas seulement une vertu,
mais elle est surtout une manifestation de
l’intelligence et de la liberté de pensée.
Qui habite dans un appartement avec une
température ambiante de 22 degrés en hiver,
habillé d’une chemise à manches courtes, et s’il
a trop chaud, il ouvre les fenêtres, et bien celui-ci
est convaincu de vivre mieux qu’une personne
ayant
une
température
de18
degrés
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Les empreintes du Créateur
Un arabe accompagnait un explorateur français à travers le désert. Et chaque matin il se prosternait
à terre pour adorer et prier Dieu. Un jour le français lui dit : “ Tu es bien naïf : Dieu n’existe pas, en
réalité tu ne l’as jamais vu ni touché.” L’arabe ne répond pas. Quelques temps après le français vit
des empreintes de chameau et s’exclama : “Regarde, un chameau est passé par là.”Et l’arabe de
répondre : “ Monsieur, vous êtes naïf, le chameau, vous ne l’avez jamais vu ni touché.”“ Que tu es
sot ! On voit les empreintes !”, répliqua le français. Alors l’arabe, pointant le doigt vers le soleil : “
Voici les empreintes du Créateur : Dieu existe !”
dans son appartement, couvert d’un bon pull,
et abaissant le radiateur s’il a trop chaud.
En réalité il est un consommateur qui vit de
manière physiologique contre nature, il
tombera plus facilement malade et contribuera à accroître fortement les émissions
d’anhydride carbonique et, pour obtenir ces
avantages il n’hésite pas à payer plus.
Qui suit les modes imposées par la publicité,
au niveau de l’habillement, l’alimentation, les
loisirs, les vacances, consomme beaucoup
plus que celui qui ne les suit pas. Il vit dans
un état de rétrécissement mental, dont les
publicitaires sont bien conscients : il suffit
d’écouter leur message pour comprendre
qu’ils veulent exclure à priori les quelques
personnes dotées d’un sens critique. De toute
façon cette minorité de personnes n’achètera
pas ce qui est vanté par la publicité.
Ton petit geste quotidien
“La banquise a fondu autour de Kivalina, et
l’hiver le village est toujours plus exposé
aux violentes tempêtes de l’Océan arctique.
Beaucoup de maisons ont été détruites par
les raz de marée, d’autres ont été
abandonnées : tout ce petit village est en
train de glisser lentement dans la mer.”
Cette tragique nouvelle a été divulguée par
les trois cent quatre-vingts-dix habitants de
parmi lesquelles, Exxon, Shell et BP,
responsables de ce désastre dû aux habitants de cette petite bourgade située au nord
de l’Alaska. Ils ont décidé de dénoncer
plusieurs grandes compagnies de pétrole,
continuelles émissions de gaz à effet de
serre.
Ce fait pourrait nous consoler et nous faire
croire que ce sont les multinationales qui
doivent rectifier leurs méthodes de travail,
dans un marché toujours plus exigeant et
coûteux. Aujourd’hui, nous savons, au
contraire que la sauvegarde de la planète
dépend de chacun d’entre-nous, personne
n’est exclus. Et cela concerne tous les choix
du quotidien petits ou grands. Dans tous les
pays développés de nombreuses initiatives
se multiplient pour rejeter le moins possible
de gaz à effet de serre dans l’atmosphère :
un comportement quotidien pour éviter de
consommer trop d’énergie et de combustibles.
C’est un style de vie qui rend possible un
monde dans lequel il y a un peu de place
pour les autres. Economiser la lumière, l’eau,
utiliser moins de détergents, éliminer les
sacs, les assiettes, les couverts en plastique,
voilà les gestes quotidiens que écologique de
la planète. C’est une action collective qui est
nécessaire et urgente chacun de nous
.
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est en mesure de faire comme toutes les
personnes faisant partie de l’actuel milliard de
consommateurs aisés, afin de préserver
l’équilibre
“Nous devons vivre selon les principes d’une
nouvelle sobriété, nous rappellent les évêques de
l’Eglise italienne. Une “conversion écologique” est
nécessaire, elle consiste à être attentif à tout ce qui
regarde les mesures de précaution à prendre vis à
vis des innovations et applications scientifiques et
techniques, pour réduire les effets nuisibles au
mileu ambiant. Surtout dans les domaines des
transports, du chauffage et de l’éclairage.”
Du problème de l’environnement, qui
dépend aussi beaucoup des petits choix
quotidiens, “émerge une triple exigence de
justice : envers les générations futures,
envers les pauvres, et envers le monde
entier.”
n
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REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
DIEU A CREE LA NATURE,
LES PLANTES, LES ANIMAUX
ET ENFIN L’HOMME…
L’HOMME …
QUI A DETRUIT LA NATURE ,
LES PLANTES, LES ANIMAUX
NE PAS POLLUER !
DIEU TE VOIS
PAR LE TROU DE L’OZONE
L’OZO NE
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Approfondissements bibliques
éducatifs et formatifs
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
la lampe
Lis et médite
IV moment de la lectio
Graziella Curti
Nous sommes maintenant au quatrième
moment de la lectio. Nous avons
commencé en cherchant le climat le plus
adapté à la rencontre avec le Seigneur.
Nous avons préparé notre cœur à l’écouter
et invoqué l’Esprit. Maintenait, à travers la
lecture et la relecture du texte, nous
entendons la Parole qui nous est adressé.
Nous imaginons le prophète, l’apôtre, ou
Jésus lui même qui nous parlent et nous
essayons d’aller au-delà des paroles.
Il est conseillé d’utiliser la lecture continue
du lectionnaire liturgique, ou bien de
suivre un livre de la Bible du début à la fin.
En effet, il n’est pas bon de choisir, en
prenant des morceaux, selon des critères
de plaisir fugitif. Ce que nous propose la
liturgie de chaque jour est le pain qui a le
plus de saveur pour notre faim.
Sois émerveillé
Celui qui veut être toujours uni à Dieu
doit lire fréquemment…et écouter
volontiers les Saintes Ecritures…parce
que tout progrès vient de la lecture et de
la méditation.
(Isidore de Séville)
« Il faut lire le texte lui-même et le
contempler, s’arrêter aussi, sans engager
encore nos autres facultés en plus de
l’attention…Il faut avoir le plus possible les
yeux fixé sur Dieu et s’approcher de ce
regard en apprenant à lire et à voir le
monde comme Lui l’a vu et l’a lu…
Il ne faut donc pas tant chercher les
résonances qu’a eu la Parole au moment
où elle fut écrite, mais l’accueillir comme si elle
était prononcée aujourd’hui pour la première
fois. Ce n’est qu’ainsi que la lecture est vivante,
capable d’un message, source de créativité ; ce
n’est qu’ainsi que nous avons conscience que
c’est Dieu qui nous parle aujourd’hui par le
Christ, et nous serons capables d’adhérer à
cette voix, de l’accueillir et de la retenir. ».(Enzo
Bianchi)
Laisse-toi attirer
Méditer c’est chercher
l’Ecriture, par la science.
la
saveur
de
(Jean Leclercq)
Dans le silence et l’attention du cœur, nous
cherchons à pénétrer le sens de la Parole que
Dieu nous donne chaque jour au temps de
l’oraison. Un temps précieux qui nous permet
d’approfondir le message d’amour de la Bible.
L’attirance que nous pouvons éprouver pour ce
qui nous est communiqué dépend aussi de
quelques instruments culturels qui nous
permettent de comprendre plus à fond le texte
que nous lisons. Mais, les biblistes nous
précisent que la lectio divina, n’est pas une
science et ce serait un grand risque de l’oublier.
«La compréhension du texte, en effet, dépend
essentiellement de l’intelligence entière de la
Bible, de la connaissance de la Bible à travers
la Bible elle-même.»
C’est la méthode de lecture par le moyen des
concordances, c’est-à-dire la mémoire parallèle
d’expressions sur un même argument, qui
peuvent l’éclairer et l’enrichir, éléments divers
d’une mosaïque qui, en finale, se présente dans
son harmonie et dans sa totalité. Ce pourrait
sembler une méthode pauvre, même une
répétition, c’est au contraire le résultat d’une
mémoire continue qui nous conduit vers ll’essen-
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dma damihianimas
ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
.
L’assiduité dans la lectio divina provoque
justement une fusion entre la Parole et celui qui
la médite et l’assimile en tout son être de sorte
que chaque pensée, action, geste en devienne
une expression transparente.
Marie Dominique aussi
Même si de son temps il n’était pas possible
d’avoir en main une Bible, de la lire assidûment et
de souligner les passages à apprendre par cœur,
Marie Dominique arrivait à conserver dans son
cœur cette Parole qu’elle entendait à la Paroisse
pendant le Catéchisme. En outre, même si les
occasions d’entendre l’Évangile dans sa propre
langue étaient peu nombreuses, parce qu’à
l’époque le lectionnaire liturgique était en latin, en
famille, le papa et la maman répétaient par cœur
quelques phrases de l’Ecriture qui étaient
devenues des lumières pour leur vie. Presque des
proverbes
sapientiaux
avec
lesquels
ils
cherchaient à lire les événements.
C’est peut-être pour cela que les lettres qui nous
restent de notre Fondatrice
et les deux
conférences que nous trouvons à la fin des
Constitutions ont un parfum d’Évangile, comme
un pain frais, à peine sorti du four.
tiel et nous fait découvrir les constantes d’un
message de vie.
Rumine avec patience
Dans la méditation les paroles acquièrent
une suavité particulière dans la bouche et
on peut répéter sans fn la même parole sans
en devenir saturés;
(Isaac de Ninive)
« Pour toute l’Ecriture - écrit Guillaume de Saint
Thierry - le fait de s’y appliquer (ruminatio) est
aussi éloigné de la simple lecture que l’amitié l’est
de l’hospitalité, que l’affection fraternelle d’un
salut occasionnel. De la lecture quotidienne il faut
faire descendre chaque jour quelques idées
chose dans l’estomac de la mémoire, pour
qu’elles soient digérées plus fidèlement et
ruminées de manière intense.» Il est bon de
choisir, chaque jour, une brève expression à dire
avec insistance jusqu’à la faire entrer dans le
rythme de la respiration, de sorte que la Parole
de Dieu se métabolise dans l’âme et se
transforme en invocation passionnée.
Pourquoi la lectio ?
Il n’y a rien d’intimiste dans la lectio, parce que la
fin de la confrontation et la mélodie sont donnés
par la Parole, dans son caractère particulier et
concret, qui n’admet pas de rhétorique.
« La lecture dans la méditation tend à nous porter
au ravissement en Dieu. Augustin avec
intelligence nous avertit dans ce domaine : « Si le
texte est prière, priez, si c’est un gémissement,
gémissez, si c’est une reconnaissance soyez
dans la joie, si c’est un texte d’espérance,
espérez, s’il exprime la crainte, craignez. Parce
que les choses que vous sentez dans le texte
sont le miroir de vous-même.» Et c’est là la vraie
prière chrétienne : une prière qui s’exprime
comme supplication, demande, intercession,
louange, remerciement…qui ainsi peut connaître
toutes les formes de la plénitude de la relation
avec l’Autre.» (Enzo Bianchi)
[email protected]
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
l’évangile
dans la vie
Cette nuit même…
Lc 12,13-21
Le passage de l’évangile de Luc semble
nous mettre en garde contre l’idolâtrie
des choses. Il nous met en garde contre
la stupidité. La voix dans la nuit, à
l’homme riche, complètement obnubilé
par ses greniers, la voix dans la nuit, la
voix de Dieu, qui lit les choses en
profondeur, la voix dit : «Stupide…».
C’est Dieu qui nous met en garde contre
la sottise, la stupidité. Un service
précieux, donc. A l’intelligence, à la
sagesse.
Dans l’Evangile, l’occasion pour un tel
enseignement, est la demande faite à
Jésus d’intervenir dans le problème d’un
héritage entre frères, d’un héritage qui
créa alors des conflits. Et déjà cela, en
dit long sur les effets des richesses, des
biens, quand ils deviennent un absolu.
Peut-être que vous vous souvenez des
paroles du Père David Maria Turoldo :
«Ce sont les biens qui sont la bête».
Ainsi les appelait-il : la bête.
d’entrer dans des questions juridiques devrait
nous enseigner quelque chose aujourd’hui
aussi.
«Si c’est un problème de partage» semble dire
Jésus, «adressez-vous aux organismes de la
société civile. C’est leur affaire, eux sont
habilités à régler ces problèmes, et non pas
moi.» Son horizon est autre.
Jésus semble distinguer les domaines, les
domaines laïcs et les domaines typiquement
religieux. Dans le respect d’une laïcité saine et
légitime. A chacun son domaine reconnu.
Leçon importante pour les églises. A ne pas
oublier, aujourd’hui.
Son avenir entre ses mains
Et il dévoile au contraire l’inconsistance, voir la
stupidité, des pensées, des projets de l’homme
de la parabole, celui des greniers : il pense
garantir son avenir, il pense avoir en main son
avenir, prendre en main son avenir avec ce qu’il
a accumulé. Peut-être vous ont-ils frappés vous
aussi tous ces verbes au futur : «Que ferai-je ?
Je ferai ainsi… je démolirai…je construirai…je
ramasserai…je me dirai à moi-même : tu as à
ta disposition beaucoup de biens, pour de
nombreuses années, repose-toi, mange, bois et
donne-toi du plaisir».
Pour de nombreuses années.
Jésus se refuse à entrer dans des questions
d’héritage, il ne s’intéresse pas aux partages, il
s’intéresse au cœur, qui peut être libre ou
étouffé. Etouffé par la cupidité. Et ce refus
personnel, laissez-moi vous le dire, ce refus
Tu penses avoir bien en main ton avenir. Mais
qu’en sais-tu ? «Insensé, cette nuit même, on
va te demander ta vie.» Pour de nombreuses
années… Cette nuit même, il n’y aura pas
d’autre jour. Et tu penses garantir ton avenir ?
16
dma damihianimas
ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
La subtile ironie de Jésus
Mange ton pain avec joie
Stupidité, selon la Bible, est le fait d’oublier
que notre vie est un souffle, oublier la
condition de caducité, de précarité, de fragilité
qui caractérise la vie de chacun de nous, une
condition que la mort dévoile dans toute son
inexorabilité.
Mais celui qui écrit ces paroles -ce serait un
erreur de le penser– ne veut pas laisser du
pessimisme dans notre cœur, il veut seulement
nous sauver de l’aveuglement, de l’aveuglement
de l’homme de la parabole, l’homme insensé ou,
mieux, si nous nous référons à la parole grecque,
l’homme «sans intelligence» : il a les greniers
pleins, mais sa vie est vide. Celui en effet, qui vit
uniquement pour produire, uniquement pour
posséder ne sait pas que la vie ne dépend pas
des biens que l’on possède, il est pris par ses
fantasmes.
Cela peut sembler un paradoxe, mais justement
celui qui reconnaît sans amertume la fragilité qui
marque les choses et la vie, sait vraiment en
profiter. Il sait apprécier peu ou beaucoup, la
lumière et la grâce, qui l’habite. Il n’en fait pas un
absolu.
Pour cela, il peut tout recevoir et apprécier
comme un don qui lui est donné pour aujourd’hui,
il en profite en ne construisant pas des greniers
pour lui seul, mais en permettant aussi aux autres
d’en profiter. C’est ainsi qu’on s’enrichit devant
Dieu.
Justement du livre du Qohélet vient cette
invitation qui unit conscience de la caducité de la
vie et capacité d’en jouir. Ecoutez :
« Va, mange ave joie ton pain, bois ton vin d’un
cœur joyeux, parce que Dieu a déjà apprécié tes
œuvres.
Qu’en tout temps tes vêtements soient blancs, et
que jamais le parfum ne manque sur ta tête.
Profite de la vie avec la femme que tu aimes,
tous les jours de la vie éphémère, que Dieu
t’accorde sous le soleil, car c’est là ton sort dans
cette vie et dans les peines que tu souffres sous
le soleil.» (Qo 9, 7-9)
Peut-être n’y a-t-il pas une vérité plus sûre
que celle-ci, notre mortalité, et peut-être n’y at-il pas une vérité plus éloignée que celle-ci.
Je ne sais si je me trompe, mais il me semble
saisir un voile d’ironie, de subtile ironie dans
les parole de Jésus sur le fait de se considérer des «pères éternels», une saine et
agréable ironie que peut-être l’un de vous a
retrouvée dans les soi-disant «danses macabres», les danses de la mort représentées
dans les fresques de certaines églises
anciennes.
Là où dans la danse macabre étaient représentés, avec les pauvres gens, les soi-disant
grands personnages, papes, évêques, princes et leurs vantardises.
Qu’est-ce qui résiste ? Qu’en est-il de leur
suffisance ? N’est-ce pas là, peut-être,
l’enseignement du livre du Qohélet ?
Quelqu’un est arrivé à se demander ce que
peut faire un livre semblable dans la Bible,
avec son réalisme lucide, avec son timbre laïc
avec son absolu désenchantement : Tout est
gaspillé» dit le Qohélet, «à la fatigue ne
correspond aucun résultat, ce que l’homme
recueille, s’évanouit, les biens s’évanouissent, la science s’évanouit, la vie s’en va.»
Il me semble réentendre les paroles du
Psaume 90 :
«Le temps d’un soupir, nos années s’achèvent, soixante-dix ans, c’est la durée de notre
vie, quatre-vingts, pour les plus vigoureux.
Leur plus grand nombre n’est que fatigue et
souffrance, c’est vite passé et nous nous
envolons.»
Angelo Casati
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
dia logue
Leonella : le courage du dialogue
Bruna Grassini
“Chers jeunes, nous devons affirmer, sans
cesse, les valeurs du respect réciproque,
de la solidarité, de la Paix.
La vie de chaque être humain est sacrée
pour les chrétiens comme pour les
musulmans.
Je vous assure que l’Eglise veut continuer
de construire des ponts d’amitié et de paix
avec les pratiquants de toutes les religions
dans le but de rechercher le bien
authentique dans chaque personne et
dans la société.
Le travail est ardu, mais pas impossible.
Le croyant –et nous tous chrétiens et
musulmans nous sommes des croyants–
sait qu’il peut compter, malgré sa fragilité,
sur la force spirituelle de la prière.”
Benoît XVI (Obs. Rom. 25.4.05)
“Vivre le dialogue entre religions c’est
comprendre que tout ce qui t’entoure fait partie
de ta vie.” Voilà ce qu’écrivait le père Albert
Poulet, missionnaire jésuite, en précisant qu’il
n’existe pas de dialogue entre les religions, mais
seulement un dialogue entre hommes et femmes
qui cheminent, côte à côte, en suivant des
orientations religieuses différentes. “Le dialogue
inter religieux est semblable à un “pont” qui aide
à nous mettre en contact les uns avec les
autres, et nous rend conscients que nous
faisons partie d’une seule famille.
Au-delà de ses idées personnelles, il est nécessaire de rejoindre en profondeur, la situation, les
attentes, les droits du frère pour accueillir
l’expérience de son vécu.
Au long des siècles nous avons construit des
frontières : des murs de division, de préjugé, de
peur, de racisme, de misère.
Le grand défi culturel que nous devons affronter
aujourd’hui consiste à changer notre regard
pour avoir une vision plus ample, plus libre et
solidaire sur le monde et sur les personnes. Il
s’agit de dépasser le fondamentalisme qui
“exclut” les autres, pour nous ouvrir à la
diversité.
En d’autres termes : nous devons apprendre
l’art d’abattre les “murs” pour construire des
“ponts”.
Mère générale nous rappelle que “cet art vient
de loin : il a des racines dans le songe de nos
fondateurs. Leurs yeux embrassaient de
vastes horizons, des ponts d’espérance à
partir du dialogue qui fortifie la vie, et libère en
communauté des énergies inattendues d’audace missionnaire.” (Circ. 892).
Concrètement : le dialogue inter religieux
n’est pas une théorie, mais il est compréhension, confiance, amour réciproque. Il est
aussi dialogue de Vie et de Cœur, comme le
rappelait Jean-Paul II dans l’exhortation
Ecclesia in Asia.
“C’est une communion sans paroles, c’est
comprendre que les personnes qui t’entourent
font partie de ta vie. C’est une responsabilité
vis à vis d’eux parce que tous ont le droit
d’être heureux.”
Le dialogue de l’amour
En 1980, Jean-Paul II, qui inaugurait le
premier de ses voyages en Afrique, fut
accueilli par une assemblée mixte de
musulmans, de chrétiens et d’hindous.
Grand artisan du dialogue, le Pape souligne
les liens spirituels, le respect réciproque, la
prière, la même foi d’Abraham dans le “Dieu
clément et miséricordieux”, sans discriminations de race, de religion, de classe sociale.
Les Sœurs Missionnaires de la Consolata tra-
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dma damihianimas
ANNEE LIV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
stage. Dans les cas difficiles, elle donne du
courage à tout le monde, elle est une présence
de communion, elle construit la fraternité, le
respect, elle est digne d’admiration parce qu’elle
sait transmettre la joie et la consolation.
“Tout est Grâce, dit-elle, est seulement Grâce.
Au-delà de toute différence culturelle, religieuse,
je voudrais que tous expérimentent que Dieu est
avec nous et qu’Il nous aime. Il aime tendrement
chacun d’un amour singulier.”
Tout ceux qui ont rencontré Sr Leonella ont reçu
une grande dose d’”humanité”, grâce à son
caractère jovial, “solaire” disent les jeunes. Elle
est consciente des dangers vers lesquels elle va
à la rencontre, mais elle aime la vie et elle est
disposée à la “donner.” “Peut-être, ajoute-t-elle,
une balle est préparée pour moi.”
La vie comme un don
vaillent depuis 30 ans au Kenya parmi les pauvres,
les malades, les enfants, dont beaucoup d’entre
eux ne survivent pas après leur naissance.
Sr. Leonella Sgorbati a ouvert une école pour la
formation de jeunes infirmiers et infirmières,
assistants sanitaires, très appréciée, même par le
gouvernement. Si on lui demande combien
d’enfants elle a sauvé grâce à son action, elle
répond en souriant, qu’elle ne se souvient plus du
nombre. Et elle ajoute, convaincue, dans son
humilité, “malheureusement les enfants meurent
encore trop en Afrique pour un mal de ventre, ils
meurent de faim, de la varicelle...”
Mais aujourd’hui, le pays où la situation est la plus
grave, est la Somalie : c’est un pays déchiré par la
guérilla, au pouvoir de clans en lutte entre eux,
épuisé par la maladie et par l’immense tragédie des
réfugiés.
Une guerre oubliée par tout le monde.
A cause de la dégradation des structures gouvernementales: école, services publiques, communications, les jeunes cherchent tous les moyens
pour émigrer à l’étranger.
Et c’est justement dans cette situation désespérée,
grâce à l’initiative de l’ONG international SOS,
qu’est née à Mogadiscio l’école d’Infirmières, où Sr
Leonella a été tout particulièrement appelée à
collaborer. Elle travaille avec les médecins, soutient
les malades, encourage les étudiants dans leur
Dimanche,17 septembre 2006. A midi, après six
heures passées auprès des malades, Sr. Leonella
laisse momentanément l’hôpital pour rentrer en
communauté. C’est alors que, depuis une voiture
stationnée dans la rue, un homme armé d’un
pistolet lui tire dessus.
Mohamed Mahamud, le gardien qui l’accompagne,
se jette sur elle pour la protéger. Lui aussi, est
touché dans le dos, il meurt, tandis que Sr
Leonella d’une voix très faible murmure : “Pardon,
pardon, pardon. Et elle expire sur le pavé.”
Mohamed Mahamud est musulman, marié, père
de quatre enfants, désormais orphelins.
Cette tragédie est la preuve incontestable qu’il
existe un islam avec lequel il est possible non
seulement de vivre et de dialoguer, mais aussi
d’essayer de construire un monde différent. Un
islam qui lutte contre le fondamentalisme, la
terreur, l’extrémisme. Dans son dernier message,
adressé aux jeunes, Sr. Leonella écrit comme un
testament : “Quarante années ont passé depuis
ma consécration religieuse : une vie pas toujours
facile certes, mais heureuse. Je ne sais pas ce
que me réserve l’avenir, mais je sais seulement
que je suis dans les mains de l’Epoux, le plus
fidèle qu’il soit, celles du Seigneur Jésus.”
[email protected]
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
le fil d’ ariane
Autolimitation
Giuseppina Teruggi
Habiter la terre avec amour
Avec près de 4000 événements dans le
monde entier, l’Earth day, la Journée de la
Terre, a été célébré le 22 avril dernier. De
nombreux experts ont tiré le signal d’alarme
pour l’avenir face à une situation mondiale
préoccupante, et la constatation que, au
cours des trois dernières années, le monde a
consommé plus qu’il n’est arrivé à produire.
Beaucoup d’événements célébrés ont montré
le problème de la faim dans le monde et
l’appauvrissement important des populations
de nombreux Pays : une situation en croissance progressive causée aussi par l’augentation toujours plus conséquente des prix
de la nourriture.
Benoît XVI a souligné récemment qu’«aujourd’hui l’humanité se fait du souci pour
l’équilibre écologique de la planète» et a
lancé un fort appel à la solidarité en
reconnaissant la destination universelle des
biens créés, qui concerne aussi les
générations futures.
Malgré cela, il semble que ceux qui ont
conscience des sérieux problèmes qui
touchent une grande partie du monde et
rendent incertain son futur, soient peu
nombreux. Et encore moins nombreux sont
ceux qui s’engagent à la première personne
par des choix d’autolimitation, ce qui signifie
limiter ses propres exigences, en croyant que
les grandes transformations partent souvent
de la base et de la responsabilité de chacun.
La création est la maison de tous. A chacun
est demandé l’engagement d’une écologie
humaine, liée à l’écologie du milieu, qui
s’exprime dans une attitude positive et dans
un rapport adulte avec les choses et avec la
nature. «La terre appartient à Dieu qui la
donne à la personne humaine pour qu’elle
l’habite avec amour et liberté», a t-on dit.
C’est pourquoi le lien Dieu-personne-cosmos
est indissoluble, et il se construit en s’ouvrant
à la solidarité, au respect de la dignité de
toute personne, à la capacité d’user des
biens d’une façon équitable, en évitant les
gaspillages. L’autolimitation est avant tout un
choix d’amour, de liberté, de justice par
rapport à toute personne qui a droit à une vie
pleinement humaine.
Société de consommation et bonheur
Gailbraith décrit la société du bien-être en
mettant en évidence le mécanisme de
l’induction de la consommation : quand les
besoins sont satisfaits et qu’une grande partie
de la production dépasse les besoins essentiels, il est nécessaire de créer de nouveaux
besoins. Dans une société capitaliste l’entreprise a le monopole sur le consommateur et
le pousse à des besoins toujours nouveaux
dans l’intérêt du maintien d’un certain rythme
du processus de production. En définitive, ce
ne sont pas les besoins qui font décider les
consommateurs, mais de nouveaux désirs qui
ne s’apaisent pas avec la croissance des
biens de consommation, mais qui augmentent toujours plus.
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ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
Dans les années 60, on a fait une étude sur
la relation entre consommation et bonheur.
De récentes recherches démontrent qu’aujourd’hui, en présence de niveaux de
rendement et de consommation bien
supérieurs à ceux qui étaient enregistrés
dans le passé, les niveaux de satisfaction
personnelle sont très inférieurs. Quelques
études prouvent comment des Pays en
difficultés économiques (comme le Nigeria ou
l’Azerbaïdjan) se trouvent en moyenne plus
«heureux» que d’autres avec un taux de bienêtre élevé. Différents chercheurs des sociétés
contemporaines se demandent combien le
système économique et social d’aujourd’hui
est en mesure d’améliorer la qualité de la vie.
Et ils sont nombreux à s’interroger : le bien
vivre se satisfait-il sur le plan économique ?
Consommer beaucoup signifie-t-il arriver à
être heureux ?
Le pari de la décroissance
Au cours d’un congrès international à Paris,
en 2002, qui avait pour thème : «Stopper le
développement, refaire le monde» un courant
de réflexion et d’action s’est développé autour
de la théorie de la «décroissance». Par
décroissance, on entend un système économique basé sur des principes différents de
ceux qui régissent actuellement les systèmes
liés à la croissance économique. L’idée de
fond est la prise de conscience que les
ressources naturelles ne sont pas illimitées et
donc qu’on ne peut concevoir une croissance
infinie. L’amélioration des conditions de vie
doit se réaliser sans augmenter la consommation, mais à partir d’autres voies. Et pour
élaborer ces autres voies, il est vraiment
essentiel de changer le paradigme dominant
c’est à dire la nécessité de l’augmentation
des biens de consommation pour un plus
grand bien-être de la population.
conditions préalables qui nous interpellent en
tant qu’éducatrices.
Le fonctionnement du système économique
actuel dépend en grande partie de ressources
non renouvelables. Les réserves en matières
premières sont limitées, particulièrement en ce
qui concerne les sources d’énergie et on doit
en limiter la consommation pour éviter le
gaspillage et l’augmentation croissante de la
dispersion des matières.
La richesse n’est pas seulement le fait d’avoir
des biens et d’être servi. Il existe d’autres
formes de richesse sociale : la qualité de la
justice, les bonnes relations entre les membres
d’une société, le caractère démocratique des
institutions. La croissance de la richesse
matérielle mesurée exclusivement selon des
indicateurs monétaires, peut être dommageable pour ces autres formes de richesse. Les
sociétés actuelles, immergées au milieu de
leurs produits de consommation, ne perçoivent
pas, de manière générale, la dévaluation des
richesses plus existentielles qui donnent une
qualité à la vie, et sous-évaluent les réactions
des exclus, comme la violence dans les
banlieues des grandes villes ou le ressentiment
envers celui qui vit au milieu de son superflu.
Nous sommes tous responsables
Un expert de la décroissance, Maurice
Pallante, soutient qu’il est essentiel aujourd’hui
de réduire les commandes de marchandises.
Puisque personne ne peut obliger quelqu’un à
acheter quoique ce soit, les consommateurs
ont dans leurs mains une arme très puissante,
surtout en considérant le fait que dans les
pays industrialisés, la croissance des produits
de consommation est désormais maintenue
grâce aux produits superflus Socrate allait de
temps en temps au marché pour voir combien
était important le nombre de choses dont il
n’avait aucun besoin !
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Dans le paradigme culturel de la décroissance, la sobriété est une des valeurs
fondamentales : elle n’est pas seulement un
renoncement, mais un choix de vie qui permet
à la personne qui le fait de se sentir mieux,
ainsi que l’humanité dans son ensemble. Qui
confond le bien-être avec le tout avoir
accumule frustrations et insatisfactions. Dans
les sociétés qui sont arrivées à un niveau
maximal de consommation, beaucoup de
personnes prennent systématiquement des
psychotropes, antidépresseurs ou anxiolytiques. Qui au contraire se limite et utilise
sobrement ce qui sert pour vivre, sans
restriction ni gaspillage, a du temps pour se
consacrer à des exigences plus profondes,
humaines et spirituelles. La sobriété n’est pas
seulement un style de vie, mais un critère pour
avoir plus avec moins. C’est la capacité de
savoir distinguer le plus du meilleur, la
quantité de la qualité.
La décroissance est le respect du passé, la
conscience qu’il n’y a pas de progrès sans
préservation. Elle est indifférente à la mode et
à l’éphémère. Elle va puiser dans les
connaissances de la tradition sans identifier la
nouveauté comme ce qui est meilleur, l’ancien
comme quelque chose de dépasser, la
conservation comme la fermeture mentale.
Elle signifie aussi aspirer à la joie et pas
seulement au divertissement, collaborer au
lieu de rivaliser, valoriser la dimension
spirituelle et affective. La décroissance offre la
possibilité de vivre une renaissance qui libère
les personnes instrumentalisées par la croissance économique et resitue l’économie dans
son rôle de gestion de la maison commune, où
tous les habitants de la terre ont droit à un
espace pour vivre.
Un style de vie sobre
«La sobriété n’est pas seulement un problème
de quantité et de limitation. Pour nous la
sobriété est quelque chose de plus profond.
Seule une personne qui accueille, qui aime,
qui partage peut choisir la sobriété comme
style de vie.» Ces considérations d’Antonio
Nanni nous font percevoir dans la sobriété
une valeur qui évoque la simplicité, l’équilibre,
l’essentiel, le sens de la mesure, l’harmonie.
La sobriété, c’est opté pour un style d’auto
limitation, c’est se passer du superflu. Elle
suppose le dépassement du modèle de la
société de consommation et la conscience
que le bien-être n’est pas donné par la
quantité de choses que l’on possède, mais
par la quantité des relations vécues avec les
autres, par l’espace que nous leur faisons
dans notre cœur, par les choix de liberté visà-vis des choses qui nous sont proposées.
La sobriété est la capacité de discerner parmi
les besoins, les réels de ceux qui sont
superflus, c’est donc une ascèse qui permet
de contrôler ses propres désirs et de leur
donner une orientation significative. Ce qui
rend disponible pour le partage des biens et
des savoirs, sans égoïsmes, donnant des
fruits de joie, selon le thème paulinien : «Il y a
plus de joie à donner qu’à recevoir.»
La sobriété, qui veut limiter l’utilisation des
choses, est essentiellement subversive et
prophétique, elle implique souvent d’aller à
contre-courant : c’est à la fois une dénonciation du gaspillage et une anticipation de ce
que l’humanité vivra dans l’avenir, c’est un
investissement, un signe de respect pour les
générations futures et pour notre planète.
La sobriété, c’est aussi voir le monde avec le
regard des pauvres qui, vivent en ayant bien
souvent, moins que le nécessaire. Elle est
faite de gestes quotidiens simples et concrets.
Le style de vie sobre et austère que
rappellent nos Constitutions (art. 23), libère le
cœur et lui permet d’être un espace ouvert à
Dieu et aux autres. Elle donne à la vie, un
goût de bonheur et de paix.
[email protected]
n
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Aimer
la vie
Pour aimer la vie, la lumière est nécessaire.
L’Evangile veut illuminer la pierre
Que tu tiens serrée entre tes mains.
Le Christ est lumière et vie de chaque cœur..
23
Il aimait se faire petit avec les petits
Après une longue marche Don Bosco et Jean Cagliero arrivent
finalement à Turin : «Je me souviens toujours avec plaisir du moment
de mon entrée à l’Oratoire, le soir du 2 novembre. Don Bosco me
présenta à la bonne maman Marguerite en disant : «Voici, maman, un
jeune garçon de Castelnuovo, qui a la ferme volonté de devenir bon et
d’étudier.»
« Oh, oui – répond la maman de Don Bosco- – tu ne fais rien d’autre
que de chercher des garçons, alors que tu sais que nous manquons de
place.» «Oh, une petite place, vous la trouverez ! – réplique Don Bosco
[…] – Ce garçon n’est pas grand, et nous le ferons dormir dans le
panier à pain ; et avec une corde nous l’attacherons là-haut à une
poutre…»
Sa mère se mit à rire –continue le récit de Jean Cagliero– et entre
temps me chercha une place, et il fut nécessaire ce soir-là que je
dorme avec un de mes camarades au pied de son lit.» (M.B. IV, 291).
Le jour suivant, Jean Cagliero fait le tour des lieux où il est accueilli. «
Je vis que tout était pauvre dans cette petite maison. La chambre de
24
Don Bosco est basse et étroite, nos dortoirs au rez-de-chaussée sont aussi
étroits, sans aucun meuble, sauf nos paillasses, draps et couvertures, Le sol
est couvert de pavés comme ceux des rues. La cuisine était très pauvre et
dépourvue d’ustensiles, sauf quelques bols en étain avec leur cuillère
respective. Fourchettes, couteaux et serviettes, nous les vîmes bien des
années plus tard, achetés ou donnés par quelque personne pieuse et
charitable. Don Bosco était très heureux quand il pouvait nous servir luimême au réfectoire, mettre en ordre le dortoir, laver et raccommoder les
habits, faire ainsi d’autres services semblables –raconte encore Jean
Cagliero– Il passait sa vie, son temps avec nous, nous persuadait que nous,
plus que dans un orphelinat ou un collège, nous nous trouvions comme dans
une famille, sous la direction d’un père très aimant et préoccupé seulement
de notre bien spirituel et temporel. Il aimait se faire petit avec les petits […] Il
n’avait rien de plus à cœur que le salut personnel de ses jeunes. S’il voyait
que l’un d’eux était moins bon, il s’efforçait de l’approcher, de lui dire
quelque bonne parole à l’oreille. » (M.B.IV, 292 ss).
25
Aimer la vie signifie se mettre du côté des
derniers.
Aimer la vie signifie créer un tissu de
collaboration entre les jeunes, de façon à ce que
la vie ne soit pas gaspillée.
Aimer la vie c’est suivre les garçons et les filles
en danger moral dans les quartiers sensibles,
marqués par la loi du plus fort.
Aimer la vie c’est créer des possibilités
concrètes de travail, en aidant les jeunes dans
leurs projets de vie.
Souviens-toi que pour aimer la vie, la lumière
est nécessaire. C’est l’évangile qui permet
d’éclairer la petite pierre que tu tiens serrée dans
tes mains. Christ est lumière et vie de tous les
cœurs.
Pierres jetées dans le fleuve
Giancarlo Bregantini, évêque,
«Chers jeunes, c’est à vous que j’écris.»
Elledici 2007
Cette nuit j’ai fait un rêve. Je rêvais que je marchais dans une plaine et l’aube allait
se lever. Tout à coup, je suis arrivé sur le bord d’un fleuve. Sur la rive du fleuve il y
avait un petit sac plein de pierres. Je le ramassai, mais distraitement je pris dans le
sachet une pierre et la jetai dans l’eau. Puis j’en pris une autre et ainsi je continuai à
jeter d’autres pierres dans l’eau par jeu, l’une après l’autre.
Le soleil se leva et la lumière arriva. Il ne me restait qu’une seule pierre, je la tenais
serrée dans la paume de ma main et je faillis m’évanouir quand je me suis aperçu
que cette pierre illuminée par les rayons du soleil levant n’était pas un caillou
quelconque, mais une pierre précieuse. Dans l’obscurité j’ai jeté un sachet entier de
pierres précieuses. J’ai perdu une fortune. Tenaillé par la douleur, je désespérais.
Puis je compris que j’avais encore de la chance puisqu’il me restait une pierre dans
la main.
La vie est un trésor immense…mais parfois on ne fait pas autre chose que de la
jeter au loin. Il ne reste qu’une seule pierre…
Ma vie, notre vie peut encore être sauvée, il est encore possible d’avoir confiance,
parce que le sachet de la vie ne contient pas seulement des cailloux.
Insertion aux soins de Mara Borsi – Anna Rita Cristatino
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ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
Lecture évangélique
des faits contemporains
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
coopération
& développement
De la part des filles
Mara Borsi
La condition de la femme en Asie est
paradoxale. Le continent où, en toute
vérité, les droits fondamentaux de la
femme sont les plus violés, est aussi le
lieu symbolique de la grâce et de
l’élégance féminine. En Asie, nombreuses
sont les expériences qui essaient de
mettre un frein aux plaies de la violence,
de l’abus, de la traite des petites filles et
des femmes. De petites actions
ponctuelles, sont faites par des FMA
courageuses, avec peu de moyens, mais
avec une grande ténacité.
La visitatoria «Marie notre secours», érigée
canoniquement en juillet 2003, avec son siège
à Phnom Penh, est activement engagée à
promouvoir l’éducation des fillettes et des
jeunes femmes au Cambodge et au Myanmar.
Trente ans après la fin du pouvoir des Khmer
Rouges, et 10 ans après la mort de leur leader
sanguinaire, Pol Pot, presque rien n’a changé
pour une grande partie de la population
cambodgienne. Dans cette situation difficile, les
FMA travaillent avec détermination pour améliorer les conditions de vie des fillettes et des
petits garçons, pour défendre les filles les plus
pauvres de la prostitution et pour leur donner la
possibilité d’une formation humaine et professionnelle qui leur permette de regarder l’avenir
avec espoir. Les FMA sont présentes au
Cambodge depuis 16 ans. La mission a
commencé à Phnom Penh où se trouve le
siège de la visitatoria. Dans la capitale les FMA
dirigent un centre florissant d’alphabétisation
pour petits garçons et petites filles, 4 écoles
maternelles, deux écoles primaires, 5 internats ;
dans deux de ceux-ci sont accueillis des fillettes
et des jeunes étudiants en situation familiale
précaire.
Une situation difficile
A la demande de l’évêque, Monseigneur
Enrique Figaredo, les F.M.A., ont ouvert en
octobre 2002, une oeuvre nouvelle à
Battambang, au nord-ouest du Cambodge, en
offrant des cours d’alphabétisation et coupecouture aux filles les plus pauvres ou en danger
de tomber dans les réseaux de prostitution.
Après trente ans de guerre civile, la province de
Battambang a retrouvé la paix. En 1998, le
départ des Khmer a marqué la fin de la guerre
civile mais pas l’amélioration des conditions de
vie. Le conflit a laissé des marques profondes,
la population a assisté à des massacres
terribles, des familles ont été obligées d’émigrer
dans d’autres régions du Pays, abandonnant
maisons et parentés. Pendant des années, les
cambodgiens n’ont eu accès à aucun service
sanitaire et éducatif. La province de Battambang
ayant été lourdement couverte de mines, est
encore aujourd’hui théâtre de nombreux
accidents. Un autre aspect qui marque cette
zone géographique, ce sont les flux migratoires.
Finie la saison de la récolte du riz, les paysans
n’ont pas de quoi vivre, alors ils émigrent en
Thaïlande ou à la capitale, à la recherche d’un
travail occasionnel et temporaire. En même
temps, la ville de Battambang assiste au retour
de nombreux réfugiés qui, en rentrant au Pays,
ont besoin de structures de réinsertion. La
province de Battambang est spécifiquement
agricole, les seules usines présentes sont
celles de briques.
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ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
Le Don Bosco Centre de Battambang
Si tu veux donner
une contribution
pour ce projet, consulte :
www.cgfmanet.org
la section
donnations
Les conditions de travail sont très difficiles, il
n’y a pas de normes de sécurité, ni de mesures
pour prévenir les accidents. Les garçons et les
filles, quelque soit leur âge, aident leurs
parents ou travaillent eux-mêmes et ainsi ils
restent analphabètes parce qu’ils ne fréquentent pas l’école.
Le centre Don Bosco de Battambang
représente l’unique possibilité pour les filles
de recevoir ou de continuer leur formation.
Toutes sont accueillies gratuitement par le
centre et c’est pourquoi, à partir de 2004,
un projet de développement a été élaboré
avec l’intention de pourvoir aux nécessités
de nourriture et de matériel didactique. Le
projet, financé par différentes organisations,
offre aux jeunes filles les plus pauvres,
provenant des villages ou des banlieues
des villes, une formation qualifiée qui leur
donne la possibilité d’améliorer la qualité de
la vie et de faire des projets pour leur
avenir, il leur permet d’être autonomes du
point de vue économique et d’être agents
de changement dans les villages et dans
leur milieu de vie. Les objectifs spécifiques
du projet sont d’aider les jeunes filles à se
former intégralement pour pouvoir aimer la
vie et se conduire avec dignité ; prévenir
l’exploitation et la dégradation morale à
laquelle elles sont exposées ; former des
femmes qui sachent multiplier le bien dans
les villages les plus pauvres du Cambodge.
Les FMA du Centre Don Bosco offrent un
cours d’alphabétisation, de coupe-couture,
d’hygiène, une formation aux valeurs, qui
dure de deux ans. La communauté religieuse
maintient aussi les contacts avec les
familles des filles -ui vivent souvent en
situation d’extrême pauvreté- en s’informant
sur les progrès de leur vie. En général, à la
fin du cours de deux ans, les jeunes filles
sont aidées, pour trouver un travail qui
contribue au soutien de la famille ellemême..
mborsi@ pcn.net
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
droits humains
vie consacrée
Se laisser évangéliser par les pauvres
Emilia Di Massimo
Isaïe est le premier grand prophète du règne de
Juda. Sa prédication s’étend de 740 à 700
avant JC C’est le prophète du messianisme
royal, à travers lequel Dieu se fait proche de
son peuple dans des moments difficiles.
Très fidèle à sa vocation prophétique, il rappela
avec ténacité les engagements des rois et du
peuple avec le Seigneur, en proclamant la
nécessité de la foi à tous ceux qui étaient
portés à résoudre les problèmes du peuple
choisi par des moyens exclusivement humains,
spécialement en faisant recours à d’illusoires
alliances politiques.
La disponibilité totale à la mission fait fleurir sur
les lèvres du prophète une question : Que doisje faire encore à ma vigne ?…
C’est un appel
Pour chacun il existe un appel. Et puis il y a une
mission, une «vigne» dans laquelle le Seigneur
nous envoie, nous appelle. C’est la parole
«appel» que nous devrions aimer davantage,
parce qu’elle est la source du désir de travailler
à la moisson de Dieu. L’oracle de l’alliance était
pour les Hébreux la présence de JHWH ; être
appelés par Dieu équivaut à être «arche de
l’alliance», c’est-à-dire réceptacle qui garde le
Seigneur, l’engendre, le donne.Etre don dans la
«vigne» qu’Il nous confie c’est donner une
réponse religieuse et sociale, c’est partir des
«derniers» pour aller vers les premiers, c’est
commencer par les plus nécessiteux pour aller
vers tous, et là, proclamer la joyeuse nouvelle.
Se laisser évangéliser par les pauvres n’est pas
facile, et pourtant ce sont eux qui possèdent un
grand potentiel évangé lisateur. Il est important
de se laisser aimer, de se laisser servir ; Tonino
Bello écrivait: «Ce n’est que quand elles ont
essuyé les chevilles des frères, que nos mains
pourront faire des miracles sur les mollets des
autres sans les griffer, et c’est seulement quand
ils ont été lavés par une main amie que nos
talons pourront se mettre à la recherche des
derniers sans se fatiguer.» Aujourd’hui plus que
jamais se faire évangéliser par les pauvres
équivaut à avoir le courage de dénoncer ce qui
est injustice, discrimination, exploitation, violation
des droits humains que la vie consacrée ne
devrait jamais et d’aucune manière accepter.
Tous ceux qui sont appelés à la vie religieuse,
sont appelés à défendre ceux qui ne bénéficient
pas des droits les plus élémentaires ; cela
demande aussi des efforts communs pour que la
justice devienne une réalité. Parfois cela signifie
aider le plus faible et le plus nécessiteux qui vit
au milieu de nous, en assumant sa défense et en
nous solidarisant pour venir en aide aux pauvres
et aux victimes de l’injustice.
Culture de la Providence
L’empire de l’argent est construit sur une
économie d’opulence, réservée à peu de monde,
aux dépens de nombreuses victimes de la faim.
Cet empire permet à 20% du monde de
bénéficier illégalement des 82,7% des ressources
mondiales.
Pour les 20% plus pauvres (ceux qui vivent avec
moins d’un dollar par jour) il ne reste que les 14%
des ressources. Cela signifie la mort par manque
de nourriture de 30-40 millions de personnes par
an, et que les pauvres deviennent toujours plus
pauvres et les riches toujours plus riches.
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dmadamihianimas
ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
Good Samaritan Onlus
L’association Good Samaritan Onlus, dont le siège est à Caronno Varesino (Italie) est née en 1999, sur la
demande de Sœur Dorina Tadiello, médecin et membre de l’Institut Missionnaire des sœurs Comboniennes
(actuellement vicaire générale), avec l’objectif de soutenir des projets dans des Pays en voie de
développement. Ces dernières années, elle a orienté en particulier ses interventions dans l’Ouganda du
Nord, un pays tourmenté par une guerre longue et dévastatrice.
L’Association s’est engagée à soutenir des projets proposés par l’ONG locale « Comboni Samaritans of Gulu
» qui travaille en collaboration avec les sœurs missionnaires comboniennes à Gulu, dans le cadre de la lutte
contre le SIDA. A cause de la longue guerre, de la violence systématique sur les civils et spécialement sur
les femmes, le district Acholi est au premier rang de l’augmentation de la séropositivité HIV et du SIDA. Les
interventions visent à mieux comprendre la réalité complexe dans toutes ses dimensions : médicale, sociale,
psychologique, éthique et spirituelle, et à donner une particulière importance à la prévention, surtout au
niveau de la jeunesse, qui est l’âge le plus vulnérable et donc avec les plus grands facteurs de risque. Good
Samaritan devient ainsi une voix dans le monde pour dénoncer les injustices et solliciter l’urgence de la
solution d’un conflit, considéré comme une des plus grandes tragédies humanitaires.
Pour en savoir davantage : http://www.comboniane.org/pagina.asp?p=379
Trois familles d’un Pays ayant un taux élevé de
«développement» ont l’équivalent en argent du
PIL de 48 Etats africains qui représentent 600
millions de personnes. Notre système est un
système de mort. C’est le contraire du rêve que
Dieu a quand il nous envoie travailler à sa
vigne. Il rêve d’une politique d’égalité, qui
demande une politique de justice radicale. Bien
que croyant que le rêve de Dieu se réalise
entre les plis obscurs de l’histoire, nous voulons
regarder la réalité de notre monde. Il existe une
aire de développement qui comprend des Pays
répartis en chacun des cinq continents. Il s’agit
d’Etats dont l’indice de développement humain
varie entre le haut (19 Etats) et le moyen (65
Etats) et celui dont le développement économique oscille entre le haut moyen (35 Etats) et
la moyen bas (49 Etats). Le continent européen
concentre en lui des catégories de développement humain et économique très différentes
entre elles. On va de la plus haute concentration de Pays bien développés à des Pays
définis (cela semble un paradoxe, mais c’est
ainsi) en voie de développement. «L’économie,
en dernière analyse, est un problème théologique»
- dit Ched Myvers.
«Que dois-je faire encore à ma vigne ?» Peut- être
que le Seigneur demande aux personnes
consacrées l’effort constant de faire passer son
rêve dans la difficile histoire humaine, en ce
moment précis afin «qu’il n’existe pas un homme
qui soit plus important qu’un autre homme.»
(Karl Popper).
Au fond, le conseil évangélique de la pauvreté
nous appelle à nous engager pour qu’il n’y ait pas
les plus forts d’un côté et les faibles de l’autre et
pour que notre profession de «pauvreté, justice,
pureté» apparaisse plus clairement comme une
proclamation de l’économie de la solidarité.
Comme l’a dit Marcos Arruda, du Réseau
brésilien pour l’économie solidaire, au Forum
social mondial de 2004, «une économie solidaire
ne naît pas seulement de penseurs ou d’idées,
mais c’est le résultat de la lutte historique concrète
de l’être humain pour vivre et se développer
comme individu et comme collectivité.» Notre
pauvreté, notre autolimitation trouvent leur fondement dans la culture de la Providence, l’unique
qui nous fait perdre la culture de la richesse, qui
nous porte à la conversion de la pensée, qui nous
libère du comportement de la possession, de
l’accaparement et de l’accumulation, en convertissant ainsi notre action.
«Je souhaite une société où les personnes
soient plus importantes que les choses et où les
enfants soient considérés comme un trésor
précieux (Desmond Tutu, archevêque sudafricain).
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Photos
click
Vos photos
plus belles….
Nous publions quelques-unes des photos
qui sont arrivées à la rédaction.
Les autres, vous les trouverez
dans les prochains numéros de la revue.
Nous remercions tous ceux et celles qui ont
participé au concours et qui voudraient encore
le faire. Le nom du vainqueur
sera connu dans les prochains mois.
SOLIDARITE
Elle se confie et croit en moi, il garde mes secrets,
réalise mes désirs, me console en de nombreux
moments, vit dans mes pensées.
(Bruna Fernand Antonio Climaco
Corumbà/MS/Brésil)
Amitié, générosité, solidarité, sympathie
(Edith Mawakam – Pointe Noire
Rép.Dém.Congo)
AMITIE
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dma damihianimas
ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
L’OPTIMISME
Regarder le monde avec de grands yeux pour avoir
de grands horizons
(Amira – Jordanie)
Lumière, joie de la création
(Silvia Rrotani – Albanie)
REFLETS DE LUMIERE
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
polis
Participation et responsabilité
Anna Rita Cristiano
Dans l’Abrégé de la Doctrine sociale de l’Église,
au n° 6, nous lisons : «L’amour chrétien pousse
à la dénonciation, à la proposition et à l’engagement de projets culturels et sociaux, à une
activité efficace, qui invite tout ceux qui ont
sincèrement à cœur le destin de l’homme à
offrir leur propre contribution.» L’humanité comprend toujours plus clairement qu’elle est liée
par un unique destin qui demande un prise de
responsabilité commune, inspirée par un humanisme intégral et solidaire : elle voit que cette
unité de destin est souvent conditionnée et
même imposée par la technique ou par
l’économie et elle perçoit le besoin d’une plus
grande conscience morale, qui oriente la
marche commune.»
Activité efficace et engagement qui viennent de
la certitude de devoir réveiller dans la conscience de tous, ces valeurs constituant les
conditions nécessaires pour la construction
d’un véritable Etat Social : le respect de la vie,
de toute vie, la solidarité entre les personnes, la
participation et le respect de toutes les exigences les plus authentiques.
Le premier devoir fondamental du citoyen est
donc celui de la participation à la construction
d’une bonne cohabitation pour tous. Nous
sommes tous mobilisés. L’homme ne se réalise
entièrement que dans la relation avec les
autres et c’est une illusion que de penser à
réussir, à préserver sa vie personnelle en se
réfugiant dans le privé, parce que les problèmes de la collectivité conditionnent aussi
l’existence de chacun. Il est donc important de
participer au débat politique pour faire en sorte
que les choix politiques soient toujours plus
adaptés aux exigences collectives et expression d’un engagement à la fois personnel et
social. Il ne s’agit pas de protéger des intérêts
de parti, mais de garantir un avenir à la société.
Pour remplir convenablement cette fonction de
participation politique concrète, il faut qu’il existe
une intelligence critique capable de reconnaître et
de comprendre les rapports réels existant dans la
communauté, les déploiements effectifs des
intérêts en conflit, les forces réelles qui agissent
dans le tissu social et qui souvent le conditionnent, les dangers de manipulation auxquels
on est soumis.
C’est un devoir du citoyen d’exercer effectivement ses droits, soit individuels, soit sociaux.
C’est un devoir de dénoncer les injustices et les
inégalités ; un devoir de vigilance sur l’accomplissement des fonctions publiques et sur leur
exercice correct ; un devoir d’exiger sans se
lasser que les droits de tous soient respectés.
Fatigue, renoncement et peur se traduisent
malheureusement en acceptation du fait et en
connivence avec lui.
C’est le devoir du citoyen de s’engager à la
première personne pour le développement de la
propre sphère de ses droits. C’est un devoir du
citoyen non seulement de se préoccuper de la
propre communauté nationale, mais aussi de
l’ouvrir aux problèmes de toute la communauté
humaine pour ne pas courir le risque de se
réfugier dans des questions locales étroites, avec
une vision réduite de la vie sociale.
Enfin c’est le devoir du citoyen de ne pas
s’enfermer dans le présent, en oubliant son
passé et en se désintéressant de l’avenir. Nous
avons des devoirs dans les rapports non
seulement envers ceux qui vivent avec nous,
mais aussi de ceux qui viendront après nous.
[email protected]
n
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ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
Informations, nouveautés
du monde des médias
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
jeunes•• n
n
Fascination virtuelle
Maria Antonia /Chinello Lucy Roces
Elle s’appelle Miss Bimbo et en France,
elle a déjà rassemblé des millions de très
jeunes filles.
En Grande Bretagne les contacts ont été très
nombreux en quelques semaines.
C’est un jeu on-line pour filles de 9 à 16 ans
occupées à devenir des beautés à l’aide de
pilules amaigrissantes et retouches
chirurgicales pour gagner le titre
de Reine des Filles.
Tout de suite commencent le régime, la garderobe, la gymnastique et le shopping pour
permettre à sa Miss Bimbo d’être la plus belle :
«Deviens la plus célèbre, belle, talentueuse,
indépendante et gracieuse “fille” de toute la terre !»,
invite la présentation vidéo initiale. Voici les
instruments concédés : pilule, chirurgie plastique,
lingerie sexy et night-club.
Pour habiller sa poupée virtuelle, après que soit
épuisé le crédit de 1000 bimbo-dollars (acquis à
l’enregistrement), on peut envoyer un SMS (au
prix de 1livre sterling et demie, 3 euros, 3 dollars)
pour augmenter sa cagnotte.
Miss Bimbo est un espace virtuel qui se passe
dans des lieux divers : la chambre, la ville où on
va acheter la nourriture et les vêtements, on va
aussi à la banque, à la salle de gymnastique ou
dans les centres de beauté, on cherche du
travail, on joue pour augmenter son quotient
intellectuel (la beauté ne suffit pas, il faut être
intelligentes et aguerrie). C’est là, qu’on nous
propose et qu’on accepte des défis, pour pouvoir
se faire remarquer et trouver un garçon riche,
qui puisse payer chaque jour 50 bimbo-dollars
pour la relation qui va s’établir entre eux. Mais
surtout il est important d’arriver à une forme
physique éclatante.
Pas seulement des poupées
Selon le Dictionnaire American Heritage,
bimbo est un terme familier ou argotique pour
désigner une femme frivole ou une femme qui
montre un intérêt exagéré pour son sexual
appeal.
Selon le créateur, Nicolas Jacquart (23 ans),
Miss Bimbo est un divertissement inoffensif :
la chirurgie esthétique est seulement une
partie du jeu, dont l’objectif est surtout
d’apprendre à soigner sa personne et
pourvoir aux différents types de nécessités
d’un personnage. Les jeunes apprennent à
s’occuper de quelqu’un. Miss Bimbo n’est que
la dernière création d’un récent et inédit
succès international de dessins animés et film
comme le WINX, le BRATZ qui, à partir du
personnage, reversent ses contenus sur le
monde entier, grâce aussi à Internet et aux
satellites, donnant vie à un florissant marché
de gadgets, vidéos, chaussures, vêtements,
cartables, crayons, cahiers, etc.
Démonter la machine
On n’est pas étonné que Miss Bimbo ait suscité
de nombreuses critiques, pas seulement
parce qu’à un moment il fait appel à de
l’argent réel (avec le risque de perdre de vue
le portefeuille et d’éviter le contrôle de la part
des adultes), mais aussi parce qu’il transmet
des messages anti-éducatif, à partir de son
titre très suggestif. Son succès parmi les
jeunes vient du fait qu’à cet âge, les préadolescentes commencent à se préoccuper
de l’image mentale et physique de leur corps,
de la popularité et de l’attraction qu’elles
peuvent exercer sur l’autre sexe.
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ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
Journal du Second Life
Cette fois j’espérais pouvoir vous écrire depuis Teen Second Life, le monde virtuel créé et fréquenté
par les très jeunes. Cela ne m’a pas été possible d’entrer parce que j’ai plus de … 17 ans. C’est une
question de sécurité. Les adultes, s’ils veulent entrer dans TSL, doivent acquérir une île privée et
assurer ne pas avoir eu, dans leur vie, des problèmes avec la justice (un dossier pénal ou criminel).
A ce moment, le retour dans SL était obligatoire. Je suis tombée dans educational sims (c’est à dire
une région de SL) et j’ai rencontré Maximilian de l’Allemagne qui, gentiment m’a accompagnée à la
DePaul University sim et m’a permis d’entrer en contact avec d’autres sims qui s’intéressent à
l’éducation, comme ISTE Island et eduIsland II Sandbox.
Je ne me le fais pas dire deux fois… je vole vers ISTE Island et rencontre Kate et Richard, deux
administrateurs scolaires qui veulent construire une île pour leur école où ils pourront faire de la
publicité et recruter des enseignants. EduIsland n ‘est donc pas si mal : Alexandria, professeur en
Educational Leadership à la Clemson University, est en train de projeter un cours de six semaines en
collaboration avec d’autres universités pour enseigner à utiliser SL comme instrument didactique…Les
horizons sont décidément bien vastes… tandis que je vole sur le chemin du retour à la RL(vie réelle),
je me demande quand je pourrai visiter la Salesian Sim! Qu’en pensez-vous ?
Adelphie
forces intérieures pour se construire une personnalité
sereine et ouverte.»
Que faire?
Un sondage de la Revue Bliss affirme que sur
environ 2 mille filles, 19% est en surpoids,
67% ressent le besoin de maigrir (46% d’elles
veut perdre plus de 6 kg). Presque les 2/3 des
filles au-dessous de13 ans se soumettent à
un régime et plus de 25% et prennent en
considération la possibilité de faire une
chirurgie plastique ou de prendre des pilules
amaigrissantes. Andrea Scherzer, psychotérapeute spécialisée dans les problèmes
alimentaires, soutient que les jeunes filles ont
besoin de construire la confiance en ellemême : «Elles doivent apprendre à s’apprécier d’abord en tant que personne. C’est
avec l’aide de leurs parents et d’adultes
qualifiés qu’elles apprendront à déplacer le
point central de leur préoccupation –l’idée
négative de leur aspect physique– vers des
Des associations de parents, comme Parentkid, se
sont mobilisées énergiquement, soutenant que la
chirurgie esthétique ne devrait pas effleurer le monde
des adolescents et que Miss Bimbo propose un
modèle de perfection qui peut nuire aux teen-agers.
Des médecins, aussi se sont insurgés, ils craignent le
message négatif donné, avec cette possibilité de
pouvoir administrer à des personnages virtuels, des
pilules amaigrissantes pour perdre quelques kilos.
Selon certains, il s’agit d’un message clair pro
anorexie. On peut se demander l’influence qu’auront
ces stimulations sur les femmes de demain. Ces
“Barbies virtuelles” et les préadolescentes véhiculent
des modèles de consommation et de futilité comme
aussi les valeurs de l’amitié et de positivité :
lesquelles auront la priorité dans la formation des
jeunes filles ?
Une première possibilité pour réduire l’impact de
ces contenus sur les très jeunes est celui de
toujours : dialoguer sur le message. Parents, éducateurs et éducatrices devraient parler avec les
filles sur ce qu’elles font et éprouvent en jouant
avec Miss Bimbo, comment elles se projettent dans
leur transformation personnelle. Le second pas,
sera d’accompagner leur réflexion sur ce que
pourraient être les conséquences si les mêmes
stratégies étaient utilisées dans le monde réel. La
famille est un lieu éducatif très important qui ne
peut être remplacé par la télévision ou par d’autres
baby sitter digitales.
37
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
le
point
Une Planète seule ne suffit pas !
Palma Lionetti
A ce qu’il paraît, si nous continuons de
consommer au rythme actuel, l’eau, le sol
fertile, les ressources forestières et les
espèces animales, en 2050, il faudra deux
Planètes.
C’est ce qu’a dit, il y a déjà deux ans, le
«Planet Report !²»
Le Rapport 2006 sur la Planète Vivante
confirme que nous utilisons les ressources de
la planète plus rapidement qu’elles n’arrivent
à se renouveler. Au cours des 20 dernières
années, nous avons dépassé la capacité de
la terre à soutenir nos styles de vie : nous
devons nous arrêter.
La présence de l’homme sur la terre est
toujours plus encombrante. En effet de 1970
à 2003, l’empreinte écologique de l’homme –
ou combien «pèse» la demande de ressources naturelles de la part des activités
humaines– a augmenté à un point tel que la
terre n’est plus capable de régénérer ce qui
est consommé.
Les signaux qui arrivent de la terre ne font
que confirmer ce qui est prévu et ils nous
crient avec force de refuser le rôle de
l’homme sur la planète qui vit et vivra trois
urgences : énergie, nourriture et eau. De la
bonne gestion de la planète dépendra le fait
que les ressources soient disponibles pour
tous.
«Le moment
est arrivé –affirme James
P.Leape, Directeur Général du WWF Interna-
tional– de faire quelques choix fondamen-taux. Il
ne sera pas facile d’améliorer les styles de vie en
réduisant en même temps ce qui ruine la nature.
Mais nous devons savoir que les choix que nous
faisons conditionneront nos possibilités futures.»
Il est clair que le défi pour réduire notre
empreinte touche le cœur de nos modèles
actuels de développement économique.
La vraie économie, alors, ne sera t-elle pas peutêtre l’art d’organiser le bien commun ?
Et la sobriété est-elle seulement question de vie
ou silencieuse révolution économique et social ?
Parmi les «choix fondamentaux» à notre portée,
il y a sûrement le passage d’une vision de la vie
fondée sur les «choses» avec lesquelles nous
remplissons les vides, comme le dit Giuliana
Martirani, à une vision, à un modèle de développement où les personnes, la nature et la matière
elle-même sont pensées comme lien de l’énergie
et de la vie.
Nous avons complètement oublié qu’il y a un lien
entre les personnes et un lien entre les
personnes et le monde naturel, nous avons
oublié que « tous ce qui arrive à la terre,
concerne aussi les enfants de la terre !»
[email protected]
n
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dma damihianimas
ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
Aux bons soins d’Anna Mariani
[email protected]
Liste W W W sites
n
Signalisation
de sites intéressants
réchauffement général, qui menacent totalement
les écosystèmes, à cause de l'augmentation de
l'intensité et de la fréquence des "évènements
climatiques extrêmes" (ouragans, alluvions, vague
de chaleur, etc.) Faire mieux connaître le système
énergétique et créer une nouvelle génération de
citoyens actifs, conscients et "efficaces par nature".
http://www.lifegate.it/
http://www.3csc.net/3csc/home.php
RETE 3CSC est un site Web interactif pour la
réalisation de la 3ème Convention des Nations
Unies pour la défense de l’environnement et pour
sauver la planète. Les buts sont : promouvoir et
réaliser des études et des projets sur la biodiversité, contre les altérations du climat et pour la
lutte contre la désertification; rappeler sur de tels
thèmes l'attention de l'opinion publique; promouvoir la naissance dans d’autres Pays d’associations analogues, en favorisant leur développement et la réciprocité.
http://www.wwf.org/
Ce site propose de sensibiliser et de construire un
futur dans lequel l’homme puisse vivre en harmonie
avec la nature. Articulé en plusieurs sections et
représentant la plus grande association mondiale de
protection de l’environnement, le WWF (World Wide
Fund for Nature) grâce à l’aide de presque 5 millions
de personnes, travaille efficacement dans presque
100 pays. A travers le site l’association se propose
toujours de nouveaux engagements et de nouveaux
défis : répandre la connaissance sur les valeurs de
la Biodiversité et sur le lien entre le bien-être des
écosystèmes et le bien-être de l’homme; porter
l'attention sur les Changements Climatiques et le
LifeGate est la plate-forme pour le monde éco
culturel, né pour répandre les valeurs, la
conscience et le respect de l’homme et de
l’environnement. A travers un network et des
projets concrets, il promeut des concepts de
Personnes, Planète et Profit, propose un nouveau
modèle économique dans lequel cohabitent profits,
respect de l’environnement et attention à la
collectivité humaine. Il a comme objectif celui de
promouvoir un nouveau style de vie dans le
respect de l’homme et de l’environnement, un
développement durable, le changement de la
société de consommation compulsive à une
société de consommation consciente..
http://climate.weather.com
Il appartient au site www.weather.com et
propose une sensibilisation au changement
climatique et au réchauffement climatique de la
planète..
http://www.worldwatch.org
Le Worldwatch Institute est depuis de nombreuses années considéré comme le plus célèbre
point d’observation des situations environnementales de notre planète. Il a comme objectif de
soutenir l’évolution de la société vers une société
où l’environnement et le développement durable
soient la première priorité
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
vidéo
Mariolina Perentaler
LARS ET UNE FILLE TOUTE A LUI
de Craig Gillespie
USA – 2008
«Recommandable» dit le jugement
de l’évaluation pastorale de la
Commission
C.E.I.
(Conférence
Episcopale Italienne) avant d’en
énoncer les thèmes : famille, psychoologie, solidarité, ou plus explicitement, charité, accueil, famille,
amour, questions existentielles,
pardon, métaphores de notre temps.
Puis il passe aux remarques sur le
style et il commente : «Ce film
déconcerte par son originalité et son
imprévisibilité, c’est un scénario
touchant écrit spécialement par
Nancy Olivier». Il est centré en effet
sur le rapport étrange entre Lars, un
jeune homme de vingt-sept ans introverti et sa «poupée humaine, ac-
quise sur Internet pour surmonter
quelques problèmes difficiles de
rapport avec les autres». La délicatesse avec laquelle le récit fait
place à sa timidité est vraiment
exemplaire –poursuit la critique.
Beau, même si en un premier temps
il nous laisse perplexes, le dévouement de la communauté qui accompagne cette «folie» jusqu’à la guérison. Beau le chemin de croissance existentielle qu’il souligne. Le
désir de mûrir, la nécessité de l’aide
des autres dans un horizon de solidarité qui ne pose pas de questions…» L’œuvre se présente comme
une fable, mais avec de nombreuses, stimulantes et très valides ac-
«Wow, quelle poupée !»
Le personnage Lars, qui apparaît dans le titre, est
un homme timide et doux, un peu mal à l’aise,
marqué pour toujours, par sa propre naissance :
sa mère est morte en couche. Il vit dans une petite
ville du Wisconsin, petite ville somnolente dans la
province américaine, avec peu d’amis et une vie
sociale inexistante. Il a des difficultés à entretenir
des rapports soit avec ses concitoyens, soit avec
son frère Gus et sa belle sœur Karin qui habitent
dans la maison familiale même, tandis que lui
préfère habiter tout seul dans le garage proche. La
neige, le froid, la routine quotidienne sont cependant brisés à l’improviste par un «appel au
secours» étrange et imprévisible. Intéressé par la
nouvelle que lui donne un collègue qui fréquente
les sites pornographiques, c'est-à-dire la possibilité
d’acquérir une femme en caoutchouc (nommée
Real doll , une poupée en silicone d’une grandeur
naturelle, gonflable et prête à tous les usages), il
cointances avec la réalité. Un film
splendide et émouvant, dirigé sur
la pointe des pieds par un metteur
en scène débutant, qui, se tenant
toujours en équilibre entre un ton
surréaliste et humoristique, arrive à
illuminer un monde que souvent le
cinéma –et pas seulement le cinéma–
oublie. Et si Ryan Godling (l’acteur
candidat au Golden Globe pour le
rôle de Lars) communique sans
excès d’expression tout le drame
de son personnage, c’est toute
l’interprétation qui entraîne le
spectateur dans l’histoire avec une
totale identification. En un mot, il
s’agit d’un pari cinématographique
vraiment réussi : divertissant, bien
composé, bien joué, à mettre
vraiment en valeur.
se la fait aussitôt expédier. Elle s’appelle Blanche
et il la présentera comme une ancienne
missionnaire d’origine brésilienne, obligée de
rester sur une chaise à roulettes. Mais réservé
comme il l’est, et la considérant comme une
«fiancée» avec qui il ne serait pas convenable de
partager une même chambre, il demande à son
frère de l’accueillir dans sa maison, prêt à se
comporter avec elle comme un amoureux chaste
et attentionné. Gus et Karin restent abasourdis au
début. Préoccupés de la santé mentale de Lars,
ils s’adressent à une spécialiste qui leur conseille
de le seconder en tout. Alors, après Gus et Karin,
embarrassés, les parents et les voisins, et l’entière «communauté» - prennent au sérieux son
étrange rapport, ainsi que la doctoresse spécialiste qui –avec l’excuse de soigner Blanche d’une
étrange maladie– prend à cœur le cas de Lars et
arrive à le suivre.
Et c’est ainsi que Blanche est acceptée comme
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dma damihianimas
ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
Pour faire penser
Pour faire penser
Raconter l’accès à l’âge adulte de Lars, qui fait
un transfert sur la poupée, et réussit enfin à
s’approcher d’une jeune fille en chair et en os.
Que de personnes connaissons-nous, qui ne
savent pas réagir face aux autres, aux êtres
humains réels ?
Une oeuvre intelligente et pleine de chaleur. Lars
esquive les relations avec les personnes véritables, peut-être à cause aussi d’une société qui
l’a conduit à craindre les liens profonds pour
éviter d’autres blessures : les déceptions. Il ne se
laisse pas toucher, le contact avec un autre être
humain est pour lui physiquement douloureux,
insoutenable. L’arrivée de Blanche – manifestation
Accompagner le grand public d’une manière chaleureuse
et délicate à comprendre que même si nous n’avons pas
tous besoin d’une Blanche, il est pourtant vrai que
personne ne peut s’en sortit tout seul. Et que pour cela il
est juste de se comporter en conséquence…
L’œuvre ne met pas de doutes sur les contenus, mais
l’histoire qui s’en dégage est remplie de surprises et de
tendresse. Blanche est réelle. Comme l’indique le titre
original, ‘Lars and The Real Girl’. Blanche est vraie parce
qu’elle représente l’exigence de bonheur et du bien d’un
garçon simple qui à le courage de demander une aide,
même si c’est d’une manière métaphorique et bizarre.
Et à partir de cette demande, tout change. Tous changent, provoqués par une demande élémentaire et
sérieuse «ne me laissez pas seul» -que tous, à partir du
rapport avec cette poupée, retrouvent dans leur vie. La
doctoresse veuve et sans enfant qui, poussée par les
une personne : il y a celui qui va la chercher
pour la conduire à la messe ; celui qui l’invite à
faire du volontariat à l’hôpital ; celui qui lui
procure un travail ; celui qui la coiffe et lui
coupe les cheveux pour la rendre belle aux
yeux de son amoureux. On l’accueille et on
l’aime pour ce qu’elle est pour ce qu’elle
représente, sans piétisme et sans sentimentalisme. Mais par ironie, ce sera précisément Blanche, avec son innocence désarmante, qui aidera la communauté à ouvrir les
yeux, jusqu’à à ce que peu à peu, la solitude de
Lars et son incapacité même à affronter le
monde, évoluent d’une manière naturelle. Il
arrive en effet que tout d’un coup la poupée
tombant malade, est conduite à l’hôpital, son
cas s’aggrave, elle meurt et est ensevelie au
cours d’une cérémonie pleine de tristesse.
de son malaise profond– devient l’occasion pour
mettre en scène un surprenant «esprit de
communauté» qui, tandis qu’il fait prendre
conscience d’être tous «en danger de tomber»,
entraîne tout le monde dans la tentation de guérir
un ami et conduit à une conclusion qui laissera
deviner, pour Lars, un retour à l’équilibre. «C’est un
histoire symbolique –explique la scénariste– de
quelqu’un qui expérimente et exprime les sentiments de la perte, de la douleur et de la solitude,
l’incapacité d’affronter le monde, la sensation
d’être abandonné et laissé de côté. Une histoire
qui nous est familière, dans nos vies comme dans
la fiction cinématographique. Mais ce qui la rend
fraîche, particulière et différente, ce qui donne une
vie nouvelle à une histoire sans temps, c’est
justement la présence de Blanche.»
demandes de Lars, révèle un monde intérieur
de douleur («il y a des fois –dit-elle en pensant
à son mari mort– où je me réveille et où je ne
me souviens plus même de mon nom ni du
lieu où je me trouve»). Le frère Gus, qui bien
longtemps avant avait abandonné son frère
déprimé. Le splendide personnage de la
timide Margot, la collègue de Lars, qui décide
d’avoir un flirt avec un collègue parce qu’elle
se sentait trop seule… Le film, en bref, réalise
une opération vraiment précieuse et inhabituelle qui –de la manière la plus humaine et
délicate– est capable de dire avec force, la
nécessité de ne jamais laisser exclu celui qui
semble isolé. La reconstitution qui fait opposer
la froideur du milieu à la chaleur du cœur est
très juste : elle bat à l’unisson et nous invite
tous à en faire autant.»
Mais, après la sépulture, Lars montre qu’il est
maintenant en mesure de sortir de la réalité
déformée qu’il s’était crée pour s’acheminer à
vivre des relations véritables.
Accueillir l’autre sans juger, c’est le message fort
qui se dégage de cette œuvre, sans oublier que
le but est d’accompagner vers la guérison, et non
de célébrer ce que est étrange. Cette simple
thèse arrive brillamment à préserver l’équilibre de
l’œuvre et garantit au film une mise en scène qui
permet d’unir comédie et drame sans bavures
[email protected]
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
le
livre
aux bons soins d’Adriana Nepi
Kualid qui n’arrivait pas à rêver
Vauro Senesi
«Tout noir. Un noir si dense qu’il lui semblait
pouvoir le toucher. Kualid avait à peine ouvert les
yeux, il lui arrivait parfois de s’éveiller en pleine
nuit.»
C’est le début de «Kualid qui n’arrivait pas à
rêver», premier roman de Vauro Senesi,
journaliste et dessinateur satirique. C’est un roman
délicat et émouvant, mais on pourrait aussi le
définir comme une forte dénonciation de la grande
horreur qui se répand sur le monde, quand
éclatent et se propagent guerres sur guerres. En
lisant le livre on a la sensation que l’histoire est
authentique, bien qu’elle appartienne au genre
roman. L’Afghanistan est le pays que l’auteur,
avec habilité, fait percevoir de neige et de feu, de
même que la ville royale de Kaboul apparaît de
poussière et de vent.
Au delà du titre qui indique Kualid comme
protagoniste, l’histoire racontée et aussi celle
réelle de centaines et de centaines d’enfants
afghans qui, comme lui, ont vécu les années de
leur enfance dans un Kaboul dévasté, à plusieurs
reprises, par les luttes sanguinaires pour le
pouvoir, écrasé et affaibli par la violence des
Russes d’abord et des moudjahiddines ensuite,
éventré par les bombes et perforé par les milliers
de projectiles vomis par les kalachnikov, tellement
répandus en ce Pays dominé par la peur et la
méfiance, au point d’être considérés presque
indispensables pour la survie des grands et des
petits.
A la périphérie d’une ville dominée par les talibans
et dévastée par la guerre, Kualid vit avec sa mère
et son grand-Père. Il gagne sa vie, en remplissant
avec une lourde pèle et avec l’aide de son cousin
Said, les trous profonds, très nombreux dans les
rues les plus fréquentées de Kaboul, en espérant
une monnaie de récompense des camions de
passage. Kualid, cependant, justement parce qu’il
est pauvre, est capable de partager le peu qu’il
possède avec celui qui est encore moins
fortuné que lui, et l’aumône est toujours
accompagnée d’un souhait : «Que Dieu soit
avec toi», auquel fait écho : «Qu’il soit avec
toi, Dieu»
La souffrance de Kualid naît à l’approche de
la nuit parce qu’il n’arrive pas à rêver ; il
connaît la tristesse qui vient du fait de n’avoir
jamais un rêve à raconter. Il a même volé les
rubans des vidéocassettes que les talibans
avaient attachés à une mitrailleuse comme
avertissement pour rappeler à tous que
musique et images sont défendues ; il les a
placés sous son coussin et a attendu que les
images commencent à s’écouler, mais cela lui
a causé seulement une énième désillusion.
A Kaboul, il n’y a pas que la musique qui soit
interdite. Parmi les multiples choses défendues, il y a aussi les cerfs-volants qui plaisent
tant à Kualid, ils sont le rêve à yeux ouverts,
dans lequel s’exprime toute sa soif de liberté.
Dans la rencontre avec Babrak, le calligraphe,
s’ouvrira pour Kualid un nouveau monde.
«Que fais-tu avec toutes ces couleurs ?»,
demande Kualid à Babrak. Le jeune garçon
est comme hypnotisé par les mouvements du
calligraphe qui peint sur une planche en bois
les caractères élégants des lettres. L’émotion
le terrasse quand Babrak l’invite à l’aider et lui
enseigne l’art de l’écriture, le seul consenti
par le régime des talibans ; Kualid regarde les
soies du pinceau imprégnées de bleu, il
semble avoir volé cette couleur au ciel. Un
arc-en-ciel de couleurs l’entoure ; les couleurs
de la boutique du calligraphe dansent avec
celles de la journée : le jaune et le rouge que
donne l’orange du soleil d’été ; le vert qui
rappelle le drapeau des martyrs du cimetière.
Kualid retournera quelquefois boucher les
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dma damihianimas
ANNEE LV MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2008
trous de la route, mais il se sent déjà un
calligraphe, un peintre. C’est une nouvelle
découverte de lui-même, comme un cerf-volant
nouveau qui ne peut pas garder en lui l’envie
de voler. C’est un cerf-volant à faire voler aussi
sur les sentiers de l’amitié qui se dessine entre
Kualid et Brabrak. «Le voilà ton secret, Kualid,
mais maintenant que tu me l’as confié ce n’est
plus seulement le tien. Un peu, c’est toi qui le
porteras, un peu c’est moi qui le porterai, ainsi
il sera plus léger pour tous les deux.» Révéler
le secret réciproque qui liera Babrak et Kualid
signifierait gâcher la valeur narrative du roman.
Cependant seulement une question relative
énigmatique à ce sujet, devrait conduire à lire
le roman : «Penses-tu vraiment que la beauté
.
puisse offenser Dieu ?» Le calligraphe n’enseigne pas seulement au garçon l’art de communiquer en utilisant le pinceau, mais il lui transmet
des valeurs importantes telles que la force, le
courage et l’espoir aussi que Kualid puisse rêver
et avoir un rêve, et cette certitude est symbolisé
par un cadeau que Babrak fait à son jeune ami :
un collage sur un carton bleu ; c’est un cerf-volant
doré, qui se détache au milieu de la feuille de
papier, non pas peint, mais composé de beaucoup de petit fils de paille collés.
Babrak fera peindre à Kualid un arc-en-ciel ; il le
jugera d’un sourire qui se fondra au celui de
Kualid «comme les taches rouges vermeilles qui
s’étaient fondues avec les autres couleurs dans
l’écuelle du vernis.»
Une semblable expérience est pour le garçon la
prise de conscience effective d’être, lui aussi, en
mesure de rêver. C’est le don le plus précieux
que Babrak pouvait lui faire ! En présentant la
relation entre un adulte et un garçon, le roman
offre aussi des touches délicates d’un parcours
de formation, de même qu’il présente aussi
quelques passages relatifs au problème des
mines anti-personnelles, des difficultés de la
femme en Afghanistan, bien symbolisé par la
mère de Kualid ; la rencontre finement décrite
entre deux générations, celle de Kualid avec son
grand-père ; la terreur que provoquent les
continuels couvre-feu et le triste emprisonnement
du grand-père de Kualid ; la présence d’organisations humanitaires qui permettent aux artistes de
reprendre leur peinture, en les accompagnant
avec sympathie et un brin d’humour : «La mer est
bleue et non jaune !»
Ce que nous avons présenté est seulement une
brève synthèse des nombreux tableaux que
l’auteur présente, le style nettement journalistique
devient un récit qui suscite chez le lecteur une
capacité soit d’évocation soit de réflexion. Le
jugement concernant les injustices, les cruautés,
est complètement absent, au détriment des
victimes innocentes, mais Vauro Senese les
dénonce toutes, en présentant aussi d’importants
faits historiques d’une déconcertante actualité.
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
camille
LE MONDE, MA MAISON
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Depuis quelque temps, on parle beaucoup de ressources : peut-être est-ce une nouvelle
mode ?
Je pense que les ressources naturelles de cette terre sont là depuis toujours et sont à la
disposition de l’homme. Mais l’homme (et la femme certes) doivent s’en servir en personnes
humaines, c’est-à-dire non comme des êtres irrationnels mais avec cette pincée de bon sens
qui –comme le disait ma grand-mère– ne l’a pas à 20 ans, à 30 ans, l’attend encore.
Il me semble avoir compris que l’essentiel c’est : utiliser, «administrer». Nous sommes
comme des administrateurs d’un grand pouvoir qui nous a été confié ; nous devons utiliser,
non détruire les biens dont nous ne sommes pas propriétaires mais comme on dit, seulement
utilisateurs. Utilisateurs de la création : ce qui n’est pas peu, étant donné qu’il n’y a aucun tarif
d’établi comme pour l’électricité et le gaz ; car tout est à notre disposition.
Le monde est comme notre grande maison, la maison de tous. A nous comme grande famille
incombe le devoir de garder cette maison, de bien l’entretenir pour pouvoir l’habiter d’une
façon agréable, nous (pour un peu encore) et les générations futures. Ceci pour éviter des
conséquences qui seraient désastreuses pour tous.
Pour cela, j’ai vu quelques jeunes filles, du genre que nous appelons «top-modèles»
descendre du haut de leurs talons aiguilles, entrer leurs délicats petits pieds dans des
espadrilles d’été, enlever de leurs petites mains (anneaux et colifichets), les troqués contre
des gants d’éboueurs et s’aventurer au nettoyage des parcs publics, des plages, des bois :
lieux que les touristes trop souvent détériorent. Moi, je le dis, ne serait-il pas plus simple
d’éviter de gaspiller et de laisser tant de restes, là où d’autres passeront après nous ? Si c’est
notre maison, ma maison, pourquoi ne pas nous rappeler ce que notre maman nous
enseignait de ne rien jeter par terre, de ramasser ce qui tombe, etc…
Pourquoi maintenant, après avoir inconsidérément jeté, gaspillé, pollué, devons-nous
mobiliser le volontariat pour nettoyer ? Il est bien plus difficile de réparer certains dommages
qu’éviter de les faire, non ?
Ah, comme Don Bosco était sage de nous enseigner que prévenir vaut mieux que sévir. Ainsi,
une once de système préventif y compris, pour habiter cette maison de tous, que nous
considérons comme notre propre bien semble indispensable. Il y a un dicton qui propose
comme «onzième commandement : ne pas gaspiller.»
Savez-vous que pourrait être le plus grand malheur ? Que chacun de nous laisse dans la
création, simplement par ses habitudes quotidiennes, une «émanation de gaz carbonique»
qui va dévaster le monde.
Quelle horreur ! Il faut nous inventer des habitudes un peu plus «propres».
Ainsi, il me vient presque la vocation au volontariat écologique. Oh ! Il n’y a pas de quoi rire !
Un volontariat éducatif/préventif est possible même dans ma 3ème (ou 4ème) jeunesse. J’ai
bien entendu dire que le Pape Benoît XVI -lui, oui, qui conserve une jeunesse sans étiquettea expliqué que le volontariat n’est pas seulement un faire, mais une façon d’être qui part du
cœur. Un genre de «conscience écologique». Je voudrais appeler nombre de mes sœurs
contemporaines pour ce volontariat du cœur : pour faire quelque chose de bon en faveur de
nos…héritiers ; pour acquérir –selon moi– une conscience écologique un peu moins …
inconsciente. Qu’en dites-vous ?
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DOSSIER :
Laïcs et FMA, signes d’ amour pour les jeunes
PREMIER PLAN :
Fil d’ Ariane
EN RECHERCHE :
Coopération et développement Ecole amie
COMMUNIQUER :
Jeunes.com
Réciprocité
Blog et Réseaux Sociaux
Pensées
Pensées
L’admiration vient
toujours du profond :
Nous admirons, ce
que nous savons
être inexorable
et vraiment insondable.
L’unique sagesse que nous pouvons espérer acquérir
c’est la sagesse de l’humilité.
(Thomas Stearns Eliot)
(Dom Vonier)
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DROITS
Un tiers de la population mondiale
ne peut encore avoir accès
aux médicaments essentiels et vitaux.
L’injustice planétaire touche les personnes
qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté.
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