En célébration des 20 ans du Protocole de Montréal
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En célébration des 20 ans du Protocole de Montréal
NOTRE PLANETE Revue du Programme des Nations Unies pour l’environnement - Septembre 2007 Ĺ ART DE LA DIPLOMATIE En célébration des 20 ans du Protocole de Montréal NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL NOTRE PLANETE Notre Planète, la revue du Programme des Nations Unies pour l‘environnement (PNUE) PO Box 30552 Nairobi (Kenya) Tél: (254 20)7621 234 Fax: (254 20)7623 927 Mél: [email protected] Les numéros de Notre Planéte peuvent être consultés sur le site du PNUE www.unep.org/ourplanet ISSN 101 - 7394 Directeur de Publication: Eric Falt Rédacteur: Geoffrey Lean Coordinateurs: Naomi Poulton, David Simpson Collaborateur Spécial: Nick Nuttall Responsable Marketing: Manyahleshal Kebede Graphisme: Amina Darani Production: Division de la communication et de l‘information du PNUE Impression: Naturaprint Distribution: SMI Books Les articles figurant dans cette revue ne reflètent pas nécessairement les opinions ou les politiques du PNUE ou des rédacteurs; ils ne constituent pas non plus un compte rendu officiel. Les appellations employées dans la présente publication et la présentation des données qui y figurent n‘impliquent de la part du PNUE aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontiéres ou limites. * Dollars ($) s‘entend des dollars des Etats-Unis. ...de sa formation il y a 400 million d‘années jusqu‘a nos jours y compris les protocoles adoptés. une marche à travers l’histoire - page 4 Mostafa Tolba, Président du Centre international pour l’environnement et le développement et Directeur exécutif du PNUE au moment de la négociation du Protocole de Montréal... ...décrit le processus qui a conduit au traité sur l’environnement le plus performant dans le monde et appelle de ses vœux de nouvelles mesures. les leçons apprises - page 6 Drusilla Hufford, Liu Yi et Romina Picolotti soulignent les succés rencontrés dans leurs pays respectifs... le rôle décisif des gouvernements - page 10 Mohamed T. El-Ashry, chargé de recherche principal à la Fondation des Nations Unies et Président et Directeur général du FEM de 1991 à 2003... ...décrit le pacte sans précédent qui permet de sauver la couche d’ozone et demande qu’un accord du même type soit conclu pour lutter contre les changements climatiques. un nouveau pacte? - page 14 M. le Professeur Mario Molina, Prix Nobel de chimie ... ...décrit comment les changements climatiques retardent la reconstitution de la couche d’ozone et lance un appel pour que des mesures soient prises. ne ralentissons pas nos efforts - page 16 Kalpana Sharma, journaliste à The Hindu, où elle occupait jusqu’à récemment le poste de rédactrice adjointe... ...décrit les difficultés rencontrées en Inde pour éliminer les substances qui appauvrissent la couche d’ozone. atteindre l’objectif - page 18 Danielle Fest Grabiel, responsable de campagnes à l’Agence des études environnementales (EIA)... ...estime que le Protocole de Montréal doit être revitalisé pour répondre à des problèmes urgents et nouveaux. un tournant critique - page 20 et aussi page 3 page 8 page 9 page 13 page 24 page 25 page 26 La couche d‘ozone en quelques dates... réflexions verbatim et chiffres livres people prix et événements www produits Jamie Choi, responsable du projet sur les gaz fluorés à Greenpeace, Chine... ...décrit la diffusion rapide de la réfrigération écologique, mais souligne que beaucoup reste à faire. greenfreeze - page 22 Neneh Cherry, chanteuse et compositrice... NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL ...estime que le monde “commence se réveiller” sur les questions environnementales. page 27 réflexions par Achim Steiner, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif du PNUE et Marco Gonzalez, Secrétaire exécutif du Secrétariat de l’ozone C’était en 1987. L’Union soviétique lançait la station spatiale Mir, la population mondiale atteignait le seuil des cinq milliards; Oscar Arias Sanchez remportait le Prix Nobel de la paix et « Graceland » de Paul Simon était élu disque de l’année. Mais l’événement de l’année fut sans doute l’adoption par les pays du monde du Protocole de Montréal devant permettre de réparer et protéger la couche protectrice d’ozone de la Terre. Ce traité est probablement à ce jour l’accord environnemental qui a donné les meilleurs résultats. Il engendre des connaissances scientifiques et déploie des fonds pour aider les pays en développement à éliminer les substances chimiques destructrices d’ozone comme les chlorofluorocarbones (CFC) et les halons. Mais son impact dépasse le domaine de la santé publique car il fait plus que nous protéger de l’excès de rayons solaires ultraviolets. Il est clair aujourd’hui que comme les substances qui appauvrissent l’ozone sont aussi souvent des gaz à effet de serre puissants, le traité a également épargné à la planète et ses habitants un réchauffement bien plus grave encore. Il est avant tout un symbole, celui de la capacité des pays à oublier leurs différends et à faire cause commune sous l’égide des Nations Unies lorsqu’ils sont confrontés à une menace mondiale. Cette édition de « Notre Planète » célèbre le vingtième anniversaire du Protocole et les réalisations passées, actuelles et peut-être aussi futures de ceux qui ont fait son succès. Réalisations futures car bien que 95 % des substances qu’il réglemente aient été éliminées, les 5 % restants peuvent se révéler problématiques. Il faut s’en débarrasser pour que la couche d’ozone puisse se reconstituer complètement. Par ailleurs, certaines substances chimiques nocives pour l’ozone font de plus en plus souvent l’objet d’usages qui ne relèvent pas du traité. On peut citer comme exemple le bromure de méthyle qui n’est pas utilisé comme pesticide réglementé mais comme produit de fumigation actuellement non réglementé, appliqué sur des palettes en bois servant aux expéditions internationales. Le PNUE commença à se mobiliser en 1977 pour répondre à l’inquiétude croissante suscitée par le lien entre les CFC et les dommages causés à la couche protectrice d’ozone. L’impulsion majeure vint de la découverte par l’Institut de recherche « British Antartic Survey » d’un trou dans l’ozone au-dessus de l’Antarctique. Fait remarquable, une fois acceptés les résultats des études scientifiques, les gouvernements se mirent rapidement d’accord sur les dispositions du traité. Un autre élément tout aussi déterminant fut la rapidité avec laquelle les industriels fournirent et utilisèrent des produits de remplacement, dès l’instant où des preuves irréfutables leur furent fournies. Le PNUE encourage les pratiques respectueuses de l’environnement au niveau mondial et dans ses propres activités. Cette revue est imprimée sur du papier 100 % recyclé, en utilisant des encres d’origine végétale et d’autres pratiques respectueuses de l’environnement. Notre politique de distribution a pour objectif de réduire l’empreinte carbone du PNUE. Le Fonds multilatéral, qui a accordé aux pays en développement plus de 1,3 milliard de dollars pour leurs programmes d’élimination progressive, est une autre clé du succès. Cet été, la Chine a fermé cinq usines, se donnant ainsi deux ans et demi d’avance par rapport à 2010, la date limite fixée pour l’élimination des CFC et halons dans les pays en développement . Les gouvernements, réunis à Montréal en septembre pour les célébrations, auront à relever un défi de taille : accroître la contribution du traité à la lutte contre le changement climatique. Des scientifiques néerlandais et américains estiment qu’en 2010, l’élimination des CFC et autres substances qui appauvrissent la couche d’ozone permettra d’éviter chaque année l’équivalent de 11 gigatonnes de dioxyde de carbone. Cela ne représente cependant qu’une réduction d’une gigatonne par rapport aux seuils de 1990, fixée par le Protocole de Kyoto, ou de deux gigatonnes par rapport à ce qu’auraient été les niveaux de 2010 si on avait laissé s’accroître les émissions de façon incontrôlée. Selon ces experts, une plus large contribution est possible car certaines substances chimiques de remplacement des CFC, comme les HCFC et les HFC, ont également des effets sur le changement climatique. Ils estiment qu’en associant l’élimination accélérée, l’introduction de produits moins dangereux pour le climat et certaines modifications relativement minimes dans les pratiques industrielles on parviendrait à réduire l’équivalent d’un peu plus d’une gigatonne supplémentaire de dioxyde de carbone. Nous ne sommes donc pas encore arrivés au dernier chapitre de l’histoire du Protocole de Montréal. Il reste beaucoup à faire et des avantages plus importants doivent être récoltés. Mais on peut d’ores et déjà se réjouir des progrès considérables accomplis sur la voie du rétablissement de la couche d’ozone. Les experts ont calculé que sans les décisions prises il y a 20 ans, les quantités atmosphériques de substances qui appauvrissent l’ozone auraient été multipliées par dix en 2050, ce qui aurait entraîné 20 millions de cas supplémentaires de cancer de la peau et 130 millions de cas supplémentaires de cataracte, sans parler des dommages infligés au système immunitaire de l’homme, aux espèces sauvages et à l’agriculture. Il faut absolument veiller à ce que ce succès se poursuive. Photo de couverture © Franck Boston/istockphoto. Ce numéro de Notre Planète est consacré à l’opération lancée il y a 20 ans pour préserver la couche d’ozone, bouclier qui protège la planète contre les dangers du rayonnement ultraviolet. Dans l’esprit de beaucoup de gens, la campagne d’élimination des gaz destructeurs de la couche d’ozone menée dans le cadre du Protocole de Montréal se résume à un symbole : la bombe aérosol. Mais le succès de ce traité a surtout montré que les problèmes mondiaux d’environnement pouvaient être résolus par un engagement planétaire. Comme le soulignent nos auteurs, ceci vaut également pour le changement climatique, défi majeur de notre temps. NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL © Christian Charisius/Reuters les app par Mostafa Contrairement aux autres problèmes mondiaux d’environnement - comme les mouvements transfrontières de déchets dangereux, la dégradation de la diversité biologique, les changements climatiques et les polluants organiques persistants - l’appauvrissement de la couche d’ozone a des incidences qui ne peuvent être aisément perçues ou ressenties. Pourtant, les nations du monde ont choisi d’appliquer le principe de précaution car les données scientifiques les plus fiables montraient (même si l’on ne pouvait en être certain) que la couche d’ozone protégeant la terre avait été, était et, surtout, continuerait d’être appauvrie. Elles ont choisi de négocier un traité contraignant - le Protocole de Montréal - pour éliminer progressivement la production et l’utilisation des substances à l’origine de ce phénomène. Le sentiment d’urgence partagé par ceux qui ont négocié le Protocole a conduit à l’élaboration de plusieurs autres approches novatrices, en plus de l’application remarquable du principe de précaution. On peut notamment citer les suivantes : L’application du principe d’une responsabilité commune mais différenciée, en vertu duquel les pays en développement se sont vu accorder un délai de dix ans pour se conformer aux dispositions du Protocole. • La fourniture d’une assistance technique et financière aux pays pauvres par le biais d’un Fonds multilatéral spécial financé essentiellement par les pays développés, mais avec un nombre égal de voix pour les pays en développement au Comité exécutif qui décide des décaissements. Les pays développés étaient aussi déterminés à transférer les technologies nécessaires aux pays en développement pour leur permettre de satisfaire aux obligations contractées en vertu du Protocole. Et, surtout, la flexibilité. Les gouvernements ont décidé initialement, aux termes du Protocole, d’éliminer progressivement 50 % de l’ensemble des substances appauvrissant la couche d’ozone d’ici à 2000. Trois ans plus tard, ils ont convenus d’une élimination totale dans le même laps de temps. Deux années après, et face à l’accumulation davantage de preuves scientifiques, ils ont avancé la date butoir à 1995. • Ces changements n’ont pas été considérés comme des amendements du Protocole qui auraient requis de longues procédures de ratification. De fait, les négociateurs ont inventé le terme « ajustement », impliquant que lorsque l’un ou l’autre de ces changements a été adopté par une majorité des deux tiers, il est devenu contraignant pour toutes les Parties sans avoir à être ratifié. Lorsque le Fonds multilatéral a été établi par un amendement du Protocole, les Parties ont décidé par une simple décision de mettre en place un fonds intérimaire doté de 240 millions de dollars en attendant que le Fonds multilatéral soit opérationnel. Pour beaucoup, cela a été considéré comme une évolution sans précédent du droit international. • NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL Quelques éléments clés ont fait la différence à plusieurs reprises durant les négociations : leçons prises a K. Tolba • La mobilisation de l’opinion publique est une condition indispensable à toute négociation sur l’environnement. Lorsque la Convention-cadre de Vienne a été conclue, l’intérêt pour la question n’était guère marqué : ni les ONG, ni les médias n’avaient appelé suffisamment l’attention sur les problèmes de l’ozone pour éveiller l’attention du public. Mais lorsque des scientifiques de renom ont signalé la diminution de la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique, en précisant que ce phénomène entraînerait probablement des risques accrus de cancers, de maladies des yeux, de mauvaises récoltes et de déficiences du système immunitaire, les médias en ont fait leurs gros titres et un public inquiet a réclamé une action sans tarder. Des groupes de citoyens et des ONG ont demandé et obtenu la négociation, l’adoption et l’application rapides d’un mécanisme de contrôle viable. Quinze ans ont séparé le moment où les scientifiques ont signalé le rôle des chlorofluorocarbones (CFC) dans l’appauvrissement de la couche d’ozone en 1974 et l’entrée en vigueur de la Convention de Vienne en 1989. En revanche, il en a fallu seulement deux pour négocier, adopter, signer, ratifier et mettre en œuvre le Protocole de Montréal. Ce sont les certitudes scientifiques qui ont été exprimées et les préoccupations qu’elles ont suscitées dans le public qui ont fait la différence. • La leçon essentielle à tirer des négociations tient probablement à la contribution précieuse apportée par les consultations officieuses, tenues à l’écart des microphones. Les objectifs des négociateurs étaient les mêmes que dans les sessions formelles. Mais comme ils n’engageaient pas leurs gouvernements respectifs dans ces échanges de vues informels non enregistrés, ils pouvaient être plus détendus - et plus ouverts à la prise en compte des intérêts des autres dans la recherche de solutions communes et de compromis. Tous sont devenus amis, oeuvrant en faveur d’une cause commune. Aucun de ces facteurs n’aurait suffi, toutefois, à permettre la conclusion du Protocole, si un changement fondamental n’était intervenu dans les attitudes nationales, la primauté de la souveraineté nationale laissant la place à la coopération internationale. Durant les négociations, la question de la souveraineté n’a jamais été soulevée, alors même que, d’une certaine manière, chaque pays s’ingérait dans les affaires intérieures de tous les autres pour sauvegarder l’environnement de chacun. La présence d’un groupe central de pays déterminés à adhérer à un Protocole éliminant progressivement toutes les substances à l’origine de l’appauvrissement de la couche d’ozone. • Le rôle de la science et de la technologie. La science - et le consensus existant parmi les scientifiques du monde entier - ont contribué de façon déterminante à l’élaboration du Protocole. La technologie a joué le même rôle tout comme le consensus qui est apparu sur les objectifs à atteindre et les délais pour ce faire. Plus important encore a été le processus d’évaluation et de réévaluation du Protocole, qui a contraint à un réexamen et auquel il était pratiquement impossible aux Parties de se soustraire. • La volonté de compromis. La négociation du Protocole a impliqué de nombreux pays ayant des idées bien arrêtées sur ce qui devait être fait mais toujours prêts à avancer étape par étape. L’esprit de compromis a été essentiel à son succès. • De fortes personnalités. Au final, tout dépend des individus et des personnalités. Et les interventions individuelles déterminées et efficaces n’ont pas manqué durant le processus d’élaboration du Protocole de Montréal. Le PNUE, qui assurait la direction des débats, a dû s’employer à assurer la cohésion, sachant à qui il fallait demander de faire quelque chose, qui il fallait persuader, flatter, pousser et tirer. Le G-77, quant à lui, avait une direction qui comprenait parfaitement quand et où il fallait prendre position et quand et sur quoi il fallait transiger. • Ce qui est réellement important c’est que les obligations légales contractées en vertu de la Convention et du Protocole pour la protection de la couche d’ozone ont un caractère préventif et non correctif. Ces deux instruments, et surtout le Protocole, ont été conçus pour être flexibles et adaptés en fonction de l’évolution des circonstances. Les évaluations périodiques qu’ils prévoient assureront leur pertinence et leur utilité dans les périodes à venir. On peut s’inquiéter, toutefois, que les gouvernements n’aient pas souhaité renforcer les procédures de non-respect et les mettre en œuvre énergiquement; cet aspect doit faire l’objet d’un examen attentif. Alors que le Protocole fête son vingtième anniversaire, ses Parties peuvent aussi l’utiliser dans le combat qu’elles ont engagé contre le réchauffement planétaire. On sait depuis longtemps que les hydrochlorofluorocarbones (HCFC) et les hydrofluorocarbones (HFC), qui ont servi de produits de remplacement aux substances appauvrissant la couche d’ozone, contribuent beaucoup à ce réchauffement. Ils sont utilisés depuis près de 20 ans et doivent maintenant être éliminés. Dans cette optique, les Parties au Protocole de Montréal peuvent appliquer graduellement la procédure d’ajustement flexible. Selon les estimations, les mesures actuelles d’élimination du Protocole réduiront le potentiel de réchauffement planétaire des gaz à effet de serre cinq à six fois plus que les réductions convenues dans le Protocole de Kyoto et en accélérant l’élimination de HFC et de HCFC la réduction sera encore plus importante. C’est loin d’être négligeable. Cet objectif devrait, à mon avis, pouvoir être réalisé pour autant que les très graves incidences des changements climatiques inquiètent véritablement la communauté mondiale. NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL “Le Protocole de Montréal est sans doute l’accord international le plus réussi à ce jour.” Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations Unies dans son rapport du Millénaire “Nous nourrissons l’espoir que la Convention de Vienne et le Protocole de Montréal intéresseront non seulement les nations de l’hémisphère Nord mais aussi celles du Sud et que ces dernières prendront les mesures nécessaires et participeront pleinement à la recherche de solutions aux conséquences économiques, sociales et écologiques de l’appauvrissement de la couche d’ozone.” Abdoulaye Wade, Président du Sénégal “C’est en suivant de près l’étendue des dégâts occasionnés à l’ozone qu’on peut inciter les pays et les gouvernements à agir bien plus vite qu’ils ne l’ont sans doute fait jusqu’à présent...” Richard Branson, Virgin Group “Nous pensons que les effets de l’ozone sur les plantes pourraient doubler l’importance de l’augmentation du taux d’ozone dans la couche inférieure de l’atmosphère et contribuer au changement climatique. Les politiques visant à limiter l’augmentation du taux d’ozone près de la surface de la Terre doivent être plus que jamais considérées comme prioritaires.” Professeur Peter Cox, University of Exeter, Royaume-Uni “Je suis heureux de constater que le Protocole de Montréal est, à ce jour, largement reconnu comme l’un des meilleurs accords multilatéraux sur l’environnement, non pour ses promesses mais pour ses résultats.” M. M. Enkhbold, Premier Ministre de Mongolie “Si la protection de la couche d’ozone faisait l’objet d’un enseignement régulier dans nos institutions dans le cadre des sujets relatifs à la science et à la santé, les élèves et les étudiants deviendraient des messagers permanents en informant leurs parents et la communauté des problèmes posés par la protection de la couche d’ozone .” Francis Nhema, Ministre de l’environnement et du tourisme, Zimbabwe 1913 © AFP/Gallo Images verbatim “La fermeture de ces usines témoigne de l’engagement assidu de la Chine à remplir ses obligations découlant de ce traité pour éliminer progressivement ces produits chimiques. Avec la fermeture de ces installations, … des réductions importantes des substances appauvrissant la couche d’ozone seront bientôt enregistrées et nous devrions nous préparer aux changements à venir.” Zhang Lijun, Vice-Ministre, Administration nationale pour la protection de l’environnement. En juillet 2007, la Chine ferme des usines de substances chimiques appauvrissant la couche d’ozone “Il faut se rappeler que le cancer de la peau est un problème important en Australie. Chaque année, environ 1 500 Australiens en meurent et un habitant sur deux développera un cancer de la peau au cours de son existence.” Dr Stephen Shumack , Secrétaire de l’Australasian College of Dermatologists, Australie chiffres 2010 Délai fixé par le Protocole de Montréal pour l’élimination des Année de la découverte de 20 000 chlorofluorocarbones (CFC) et l’existence de la couche d’ozone Nombre estimé de décès prématurés causés 10 des halons. Sans le Protocole Pourcentage d’accroissement du rayonnement UVB par les physiciens français par l’exposition à l’ozone dans l’Union de Montréal, les quantités de engendrant une augmentation de 19 % des cas de Charles Fabry et Henri Buisson européenne (www.eea.europa.eu) substances destructrices d’ozone mélanome chez les hommes et de 16 % chez les 1 500 000 femmes.(http://en.wikipedia.org/wiki/Ozone_depletion) dans l’atmosphère auraient été Nombre de cas de mélanomes (cancers de la peau) multipliées par dix en 2050, 95 évités dans le monde à l’horizon 2060, grâce ce qui aurait pu entraîner 20 Elimination progressive de la production et de à la mise en oeuvre du Protocole de Montréal. 4 millions de cas supplémentaires la consommation de substance appauvrissant (OzonAction, PNUE) Pourcentage représentant le de cancer de la peau et 130 la couche d’ozone exprimée en pourcentage, taux moyen de diminution des millions de cas supplémentaires en 2005 par rapport à 1987. Ceci malgré une 476 300 concentrations d’ozone dans de cataracte par rapport à augmentation de 33 % des émissions de CO2 Nombre total de tonnes de chlorofluorocarbones l’hémisphère nord (Wikipedia) 1980. (http://www.unep.org/ dans le monde depuis 1987. (OzonAction, PNUE) utilisés dans les appareils de réfrigération dans Documents.Multilingual) le monde depuis la fin 2005. (OzonAction, PNUE) 700 90 Pourcentage d’ozone atmosphérique présent dans la stratosphère, à environ 15 à 40 km au-dessus surface de la terre NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL Nombre de stations mesurant la qualité de l’air à travers l’Europe. Elles transmettent leurs données toutes les heures à l’Agence européenne de l’environnement à Copenhague. (www.eea.europa.eu) 3 Nombre d’atomes d’oxygène qui se combinent pour former l’ozone, O3 livres Graphiques essentiels sur la couche d’ozone Protéger la couche d’ozone Auteurs: Stephen O. Andersen et K. Madhava Sarma (publié par Earthscan en 2002 pour le PNUE). Le récit de la remarquable histoire du Protocole de Montréal, aujourd’hui reconnu comme un exemple unique de coopération internationale sur les questions d’environnement. Il est ponctué de points de vue personnels vivants, fournis par près de 60 participants de haut rang du monde entier. Dans le dernier chapitre, les auteurs s’inspirent de leur expérience pour faire la synthèse des leçons à tirer des efforts mondiaux pour la protection de la couche d’ozone stratosphérique. GEO-4 Le quatrième rapport de l’Avenir de l’environnement mondial (GEO) fournit une évaluation actualisée de l’état et des perspectives de l’environnement mondial à la fois complète, scientifiquement crédible et utile pour l’élaboration des politiques. GEO-4 paraît 20 ans après le rapport historique de la Commission du développement durable – Notre avenir à tous. Il a pour thème l’environnement pour le développement et s’intéresse plus particulièrement au rôle et à l’impact de l’environnement sur le bien-être humain ainsi qu’à l’évaluation environnementale en tant qu’outil de la prise de décision. Produite par l’Initiative Construction durable (SBCI), cette publication passe en revue les principaux aspects de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre liés à l’utilisation et à la construction des bâtiments. Elle évalue les facteurs influant sur la capacité et la volonté des acteurs du secteur de la construction à adopter des mesures d’efficience énergétique et, par voie de conséquence, de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’Initiative rassemble les acteurs intervenant aux différents stades de la vie d’un bâtiment, tels que les fabricants de matériaux, les architectes, les agents immobiliers, les entreprises de construction, les sociétés de maintenance et de services ainsi que les autorités locales. Partenariats et solidarité Cette publication décrit les initiatives et les succès obtenus par les réseaux régionaux ozone en Europe et Asie centrale. L’accent est mis sur la puissance du réseautage en tant qu’outil efficace et créatif de mise en œuvre du Protocole de Montréal Evaluation environnementale post-conflit au Soudan Ce bilan décrit l’état de l’environnement et les problèmes environnementaux dans ce pays ainsi que dans ses eaux territoriales de la mer Rouge. Il étudie les liens entre l’environnement, le conflit et les programmes humanitaires et de développement actuellement mis en œuvre. Plusieurs aspects sont abordés : organisations de défense de l’environnement et législation environnementale, environnement marin et des eaux douces, utilisation et dégradation des terres agricoles, exploitation forestière, conservation de la faune et de la flore sauvages et zones protégées, impact des populations déplacées sur l’environnement et leurs besoins en ressources environnementales. Le rapport est basé sur une combinaison d’études théoriques, de campagnes de télédétection et de missions de reconnaissance. Transfert de technologies pour la couche d’ozone : leçons pour le changement climatique w w w . u n e p . o r g / p u b l i c a t i o n s A l’aide de graphiques de très grande qualité et de faits et chiffres concis, cet ouvrage aide le lecteur à comprendre la question de l’appauvrissement de la couche d’ozone, l’action internationale menée dans le cadre du Protocole de Montréal, les succès enregistrés à ce jour et les défis à venir. Destinée au grand public et aux journalistes, cette publication marque les célébrations mondiales du vingtième anniversaire du Protocole de Montréal. Bâtiments et changement climatique – Etat de la situation, défis et opportunités Auteurs : Stephen O. Andersen, K. Madhava Sarma et Kristen N. Taddonio (Earthscan, 2007) Cette étude récente présente des enseignements et des articles d’experts expliquant pourquoi le transfert de technologies fonctionne bien pour la protection de l’ozone stratosphérique. Elle est la seule évaluation complète de ce transfert réussi, qui a les caractéristiques et l’envergure requises pour combattre le changement climatique et relever d’autres défis environnementaux mondiaux. Le lecteur pourra analyser les détails du transfert de technologies sans danger pour l’ozone sur une période de 15 années, connaître l’avis d’une quarantaine d’experts, se rappeler éventuellement ses propres contributions à la brillante victoire contre la dégradation de l’ozone qui a contribué à rendre le monde plus sûr pour les générations futures et voir comment ce succès peut se traduire sur le plan du changement climatique. Survivre au siècle – Chaos climatique et autres défis mondiaux Edité par Herbert Girardet (Earthscan 2007) Une catastrophe écologique et humaine menace de plus en plus la planète Terre. Depuis la nécessité de construire des villes durables pouvant abriter une population croissante jusqu’à la transformation du système commercial international en passant par la maîtrise d’un climat devenu insaisissable, les défis qui se présentent appellent une action immédiate pour pouvoir transformer une crise qui s’aggrave en une opportunité de changement. C’est le premier ouvrage majeur du World Future Council (WFC), lobby international pour les générations futures. Rédigé par des membres influents de cette organisation, il préconise une transformation des modes de relation que les hommes entretiennent avec le monde ainsi qu’entre eux. Là où la terre est plus verte Edité par : Hanspeter Liniger et William Critchley Co-publié par : CTA, FAO, PNUE et CDE pour WOCAT N’y a-t-il que des mauvaises nouvelles, des histoires de dégradation de l’environnement ou d’érosion du sol? Pas seulement! On observe des signes de succès partout dans le monde, là où les gens améliorent leurs terres. Ces signes sont manifestes et donnent espoir, pas uniquement pour la lutte contre la pauvreté ou l’apport de moyens de subsistance mais aussi dans le combat contre le changement climatique. Chaque hectare de terre protégé contre l’érosion capte le carbone dans le sol et empêche le rejet de gaz à effet de serre. La terre est ainsi également protégée contre la désertification et retient mieux l’eau pour l’alimentation des cours d’eau. « Là où la terre est plus verte », compilé par le Panorama mondial des approches et des technologies de conservation (WOCAT), présente 42 cas dans une vingtaine de pays et analyse les éléments moteurs de ces évolutions positives. L’ouvrage est bien illustré, avec des graphiques et images simples mais descriptives. NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL Les Etats-Unis d’Amérique par Drusilla Hufford Le mouvement pour la protection de l’ozone aux Etats-Unis a démarré en 1987, bénéficiant de l’appui personnel du Président Ronald Reagan, accordé contre l’avis de certains hauts responsables. Il a, depuis, toujours été solidement dirigé : par le Congrès américain pour l’élaboration d’une approche visionnaire qui a guidé la réponse nationale à la décomposition de la couche d’ozone; par des capitaines d’industrie qui ont investi, partagé des informations et pris des risques commerciaux; par des personnalités influentes de la communauté de défense de l’environnement; et par des responsables politiques animés d’un esprit d’entreprise. le des go Les premières années, il a fallu se doter d’un cadre d’action. Celui-ci a été fourni par le Congrès américain, qui a amendé la loi sur l’air pur (« Clean Air Act ») pour permettre à l’Agence pour la protection de l’environnement de mettre en œuvre ses engagements en matière d’élimination des substances appauvrissant l’ozone. Le Congrès a également établi des mécanismes nationaux facilitant le bon déroulement, la progression et la clarté de la transition, interdisant notamment des produits non essentiels et mettant en place un système d’examen et d’approbation des produits de remplacement sans risques. Le Congrès a ainsi pu s’acquitter de ses obligations plus rapidement, et à moindres frais, que prévu. En 1996, notre programme d’élimination avait quatre ans d’avance et couvrait 13 substances chimiques supplémentaires par rapport à ce qui était prévu, tandis que les coûts estimatifs passaient de 3,55 à 2,45 dollars par kilo. Certaines études, comme le Rapport Thomson de 2003, réalisées par le Bureau du budget montrent que sur le plan sanitaire nous tirons davantage de bénéfices de la protection de l’ozone que de presque n’importe quel autre programme lié au « Clean Air Act ». En mettant fin à la dégradation de la couche d’ozone, on devrait éviter 6,3 millions de décès dus au cancer de la peau, les avantages étant vingt fois supérieurs aux coûts. de données électronique permet de suivre les milliers de transactions réalisées annuellement par des dizaines de compagnies qui vendent ou achètent des substances appauvrissant la couche d’ozone dans le cadre des programmes d’attribution et de dérogation, ce qui permet de s’assurer non seulement que les entreprises respectent la « Clean Air Act » mais aussi que le pays communique des données fiables et ponctuelles aux Parties au Protocole. Les Etats-Unis ont pratiquement achevé l’élimination des substances les plus nocives pour l’ozone. Les dérogations limitées font l’objet d’une surveillance étroite et diminuent chaque année : l’utilisation des CFC dans les inhalateurs destinés au traitement de l’asthme, par exemple, a été réduite de plus de 90 % au cours des dix dernières années. L’un de nos plus gros défis a été l’élimination du bromure de méthyle (MeBr), produit de fumigation, ceci en raison de conditions particulières à l’agriculture américaine mais, là aussi, nous avons fait des progrès remarquables : la quantité de MeBr autorisée aujourd’hui pour utilisations critiques représente le cinquième de la consommation de cette substance en 1991. Cette baisse de la consommation devrait se poursuivre à mesure que les producteurs adoptent des produits de remplacement, réduisent la proportion de bromure de méthyle dans les pesticides et diminuent les quantités nécessaires pour la lutte contre les ravageurs. L’aide au respect du Protocole peut faciliter les changements nécessaires. Les documents d’orientation, les programmes de formation et l’appui technique de l’Agence pour la protection de l’environnement – notamment des vidéos sur des aspects techniques comme la réparation des fuites de substances nocives pour l’ozone et leur élimination sans risque – sont fort demandés aux EtatsUnis et à l’étranger. Lorsque les mesures d’appui ne portent pas leurs fruits, le Gouvernement poursuit sans hésiter les auteurs d’infractions. Entre janvier 1998 et juillet 2003, le Département américain de la Justice a jugé 82 affaires, reconnu coupable ou obtenu la reconnaissance de culpabilité de 119 accusés, infligé 76 années d’emprisonnement, imposé des amendes pour un montant total de 40 233 395 dollars, obtenu 30 156 260 dollars de réparation et saisi environ 600 tonnes de CFC. Les Etats-Unis sont également en avance dans le respect des dispositions du Protocole pour l’élimination des hydrochlorofluorocarbones (HCFC), produits de remplacement de transition moins nocifs. Dans le cadre d’une stratégie visant à « écarter le pire d’abord », le pays a abandonné le HCFC-141b, dépassant ainsi la réduction de 35 % requise par le Protocole et prenant une année d’avance par rapport au calendrier. Dès 1993, l’Agence pour la protection de l’environnement a envoyé des signaux réglementaires cohérents sur le calendrier d’élimination, donnant aux fabricants largement le temps de réaliser des investissements judicieux dans les substances et technologies de remplacement. Les mécanismes d’accompagnement créés par le Congrès ont également été très efficaces. Les premières interdictions – notamment les aérosols, les distributeurs sous pression et les mousses souples – ont servi à limiter les émissions et à accélérer les transitions pour les CFC comme pour les HCFC. Il est également essentiel de s’assurer de la disponibilité de produits de remplacement viables : le programme relatif à la politique des nouveaux produits de remplacement (SNAP) a jusqu’ici identifié et examiné plus de 300 de ces produits dans des applications liées aux domaines de la production industrielle, de la consommation et de la défense. Le succès des Etats-Unis repose sur son système d’attribution basé sur le marché, qui permet à l’Agence pour la protection de l’environnement de suivre les progrès dans le respect des mesures et de contrôler les importations et exportations tout en fournissant un mécanisme d’échanges entre les entreprises. Sa base 10 NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL Dans toutes ces initiatives, les autorités ont joué un rôle moteur décisif pour la contribution des Etats-Unis au succès mondial du Protocole. Pour mener à bien son vaste programme d’activités, le pays devra s’appuyer également sur des partenariats, adopter une vision d’ensemble et être disposé à prendre des décisions difficiles et à les mettre en œuvre avec rigueur. La Chine par Liu Yi A la fin du mois de juin, la Chine est parvenue, grâce à son Plan national d’élimination accélérée, à se débarrasser totalement des CFC et halons. Le Gouvernement et le peuple chinois ont officiellement présenté ce magnifique « cadeau » à l’occasion du vingtième anniversaire du Protocole de Montréal. Une étape importante a ainsi été franchie vers l’objectif ultime du Protocole. Elle représente un nouveau succès majeur pour le traité. Au cours des 20 dernières années, la Chine, principal pays en développement producteur et consommateur de CFC et halons, s’est attelée à la mise en application du Protocole avec un sérieux et une détermination constante. Les énormes progrès réalisés lui ont valu le respect et les félicitations de l’ensemble de la communauté internationale. Fort de ce soutien mondial, le pays a montré la voie en imposant un mécanisme d’élimination dans ses 12 secteurs industriels. Son Plan d’élimination accélérée lui a permis d’appliquer plus rapidement les dispositions de l’accord-cadre, la Convention de Vienne, tout en se fixant un objectif supplémentaire : aider le monde entier à mettre en œuvre le Protocole. Malgré les lourdes pressions et pertes économiques qu’ont eu à subir la population et les entreprises pour atteindre cet objectif, les pouvoirs publics et les citoyens sont restés fermement convaincus de la nécessité et de l’intérêt de leur action pour le bien-être de l’humanité. C’est donc sans hésitation que le pays a poursuivi son plan d’accélération. © Eric Gaillard/Reuters rôle décisif ouvernements Dans l’histoire du développement humain et des Nations Unies, la mise en œuvre du Protocole constitue l’un des rares succès reconnus de coopération entre tous les pays en vue de la réalisation d’objectifs communs. Cette initiative menée au cours des deux dernières décennies n’aura peut-être duré qu’un court instant par rapport au long développement de l’humanité mais elle est aussi une grosse étincelle. Riche en enseignements, elle fait également office de salle de classe. Plusieurs raisons expliquent cette réussite. Grâce aux avancées scientifiques, le monde a compris la nécessité de protéger la couche d’ozone et l’urgence de préserver la terre. Un autre facteur a été le maintien au niveau mondial du principe des « responsabilités communes mais différentiées » régissant la mise en œuvre des engagements et obligations des Parties. Par ailleurs, les Nations Unies ont créé et géré avec succès les Conférences des Parties au Protocole, le secrétariat de la Convention et le Comité exécutif/secrétariat du Fonds multilatéral. Enfin, les organismes internationaux d’exécution – dont le PNUE, la Banque mondiale, le PNUD et l’ONUDI ainsi que les unités nationales de l’ozone des pays (en développement) visés à l’article 5 – ont établi un mécanisme efficace d’application du Protocole. Ainsi s’est formée une grande famille de l’ozone, soudée et coopérant en parfaite harmonie. Aidés par des règles strictes, des politiques souples, un mécanisme opérationnel revu régulièrement et un puissant soutien financier et technique, les Parties engagées dans la mise en application du Protocole ont été dirigées et organisées de façon à stimuler leur coopération et leur engagement. Cet exemple exceptionnel d’action onusienne s’est avéré être une grande source d’inspiration pour la mise en œuvre d’autres conventions environnementales, politiques, militaires et économiques. NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL 11 © Eric Gaillard/Reuters L’Argentine par Romina Picolotti Il y a peu de pays au monde qui se réjouissent autant que l’Argentine des progrès extraordinaires accomplis grâce au Protocole de Montréal dans la protection et la reconstitution de la couche d’ozone. La décomposition de l’ozone juste au-dessus de la pointe australe de l’Amérique du Sud, due aux quantités massives de substances chimiques toxiques rejetées par l’homme dans l’atmosphère, a directement affecté la situation sanitaire, l’environnement et l’économie de mon pays. Nous continuerons à en ressentir les effets pendant plusieurs années encore mais je dors mieux depuis que je sais que mes enfants, les enfants de l’Argentine et les générations futures ne souffriront pas de cette menace. L’ozone retisse lentement mais sûrement sa toile naturelle et va à nouveau nous protéger des dommages que peuvent causer les rayons du soleil. Le succès de l’Argentine repose sur un travail acharné et une détermination sans faille mais il n’aurait pas été possible sans le soutien des mécanismes de financement et d’appui technique du Protocole. Aujourd’hui nous sommes heureux d’avoir été sélectionnés pour un prix d’excellence pour notre système national d’octroi de licences. Conscients que les substances qui appauvrissent l’ozone contribuent aussi au réchauffement de la planète, l’Argentine et le Brésil ont soumis, en mars dernier, une proposition conjointe d’ajustement du Protocole visant à accélérer l’élimination des HCFC. Cette mesure permettra à la fois d’optimiser les bénéfices du traité et de mieux protéger encore l’ozone. Des produits de remplacement des HCFC sont disponibles mais il faut veiller à utiliser uniquement ceux qui présentent le moins de danger pour le climat si l’on veut tirer les bénéfices d’une élimination accélérée. Pour cela, il faudrait que les pays donateurs fournissent, par le biais du Fonds multilatéral, une assistance financière appropriée pour couvrir les coûts supplémentaires de la transition menant à l’adoption de ces produits de remplacement. Il sera également essentiel d’envoyer des signaux réglementaires clairs aux industriels pour encourager et récompenser l’innovation technologique. A cause des impacts directs qu’elle a subis, l’Argentine a fait de sa mise en œuvre du Protocole une priorité environnementale. En 1990, elle a montré son engagement international en ratifiant la Convention de Vienne et le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone. Depuis lors, nous avons interdit la création d’usines produisant des CFC et des aérosols à base de CFC (à l’exception d’usages électroniques et médicaux) ainsi que l’importation d’halogènes. L’Argentine est consciente que l’intégration des priorités climatiques dans le Protocole ravivera son extraordinaire aptitude à susciter l’innovation et stimulera ainsi la mise au point de nouvelles substances chimiques et technologies sans danger pour le climat. La mise à profit des bénéfices potentiels du Protocole pour le climat représente l’une des stratégies les plus adéquates et les plus rentables pour une réduction significative et rapide des émissions de gaz à effet de serre, fournissant ainsi une garantie contre la menace d’un brusque changement de climat. La mise en application du Protocole par le Gouvernement argentin a permis au pays non seulement d’atteindre l’objectif qu’il s’était fixé de diminuer de moitié sa consommation de CFC en 2005 mais surtout de réduire ses émissions de 65 %. Ces résultats ont été obtenus principalement en remplaçant des procédés industriels utilisant des CFC par des technologies basées sur des substances de remplacement, moins néfastes pour l’ozone. Nous avons fourni le matériel et les outils nécessaires pour assurer de bonnes pratiques de réfrigération à des petits ateliers qui n’auraient jamais été capables d’adopter les nouvelles mesures et technologies sans assistance. Nous avons également réduit la consommation de bromure de méthyle de l’industrie du tabac de près de 80 % (un objectif important pour l’Argentine) grâce au développement par nos experts de nouvelles technologies permettant de diminuer le coût des produits de remplacement. L’Argentine pense que la communauté internationale devrait tirer parti de l’expérience et des ressources du Protocole de Montréal, notamment de son réseau développé et solide de responsables de l’ozone dans chaque pays et de son efficace mécanisme financier de mise en œuvre. Ses expériences et son succès sont des leçons précieuses pour les traités environnementaux et pourraient être particulièrement utiles dans les efforts menés à l’échelle mondiale pour relever le défi du changement climatique. Le Protocole nous donne des outils réglementaires précis pour nous aider à régler le problème du climat. Le nouveau régime dont nous aurons besoin lorsque la phase actuelle du Protocole arrivera à échéance en 2012 pourrait associer l’approche réglementaire de Montréal à un système de plafonnement et d’échanges commerciaux basé sur le marché. Les deux sont nécessaires et nous devons les faire fonctionner ensemble. 12 NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL people KATHARINA KUMMER-PEIRY (Suisse) a été nommée Secrétaire exécutive de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets de la Paix, et de l’ex-Premier Ministre canadien, Paul Martin. La stratégie du Royaume-Uni pour freiner le changement climatique consiste en partie à investir massivement dans la protection et la réhabilitation des forêts pluviales tropicales, notamment celle du Bassin du Congo. « Le changement climatique est le principal enjeu politique pour notre génération et chaque année la destruction des forêts participe à hauteur de 20 % aux émissions de gaz à effet de serre à travers le monde. C’est un privilège de pouvoir mener une action qui aura une incidence réelle sur la vie de nos enfants et des générations futures. », a déclaré M. Gardiner. dangereux et de leur élimination. Sa connaissance approfondie de la Convention, ses talents de négociatrice et son aptitude à diriger seront un atout précieux. Au cours de sa riche carrière, elle a travaillé plusieurs années au Ministère suisse des affaires étrangères comme chef du Département des affaires environnementales puis comme assistante d’université et, plus récemment, comme consultante spécialisée dans les lois et politiques sur l’environnement. Elle a participé, comme auteur ou contributrice, à de nombreuses publications sur la gestion internationale des produits chimiques et des déchets et s’est forgée une renommée internationale en tant qu’expert dans le domaine de la gestion des substances chimiques. Titulaire d’un doctorat en droit international et d’une maîtrise de droit, elle prendra ses fonctions en septembre 2007. Le député britannique BARRY GARDINER a été nommé représentant spécial du Premier Ministre pour les questions forestières. Il travaillera aux côtés de Wangari Maathai, Prix Nobel MARYAM NIAMIR - FULLER, a été nommée directrice de la Division de la coordination du Fonds pour l’environnement mondial. Mme NiamirFuller est titulaire d’une maîtrise en planification régionale et d’un doctorat en gestion de terrains de parcours et conservation des sols. Elle apporte au PNUE 27 années d’expérience dans des domaines techniques tels que le En faisant le tour du monde dans un véhicule à propulsion solaire, Solartaxi veut attirer l’attention sur la dépendance du monde vis-à-vis des carburants fossiles, alors que de nombreuses alternatives existent déjà. Effectuant un périple d’Est en Ouest avec Luzerne (Suisse) comme point de départ et destination finale, l’équipe de Solartaxi dirigée par Louis Palmer parcourra au moins 50 000 km et traversera 50 pays et 5 continents pendant 15 mois. Le public peut suivre cette expédition en ligne, lire les récits des voyageurs et même organiser des fêtes pour les accueillir dans les villes d’étape. Pour plus d’informations, voir environnemental du Gouverneur ne tient pas tant à son contenu qu’au fait qu’un élu républicain populaire et très médiatisé prenne au sérieux les problèmes d’environnement et adopte des solutions astucieuses pour les résoudre. En voici quelques exemples : première norme mondiale de teneur réduite en carbone pour les carburants de transport; création de l’Autoroute de l’Hydrogène; lancement de la campagne « Breathe easier » (« Respirer plus librement »); création de la réserve naturelle du Sierra Nevada; promotion de l’énergie solaire; initiative visant à promouvoir un comportement respectueux de l’environnement sur le lieu de travail. www.banksiafdn.com NUNATAK est l’orchestre « maison » de la station de recherche « Rothera » de l’Institut polaire « British Antarctic Survey ». Ce groupe de cinq musiciens fait partie d’une équipe scientifique qui étudie le changement climatique www.solartaxi.com développement rural durable et la gestion de l’environnement en Afrique, en Asie de l’Ouest, en Asie et en Amérique latine, notamment avec USAID, plusieurs organismes des Nations Unies et des ONG internationales. Elle a également travaillé pour le FEM pendant sept ans et depuis 2003 elle est conseillère technique principale pour le groupe FEM du PNUD dans le domaine thématique de la dégradation des terres et chef de l’équipe de gestion durable des terres. Auteur de nombreuses publications techniques, elle possède d’excellentes qualités d’oratrice et elle est membre de plusieurs comités scientifiques. Le prix australien « Banksia International » est attribué à des individus ou des organisations qui ont contribué, ou contribuent, de façon significative à l’amélioration de notre environnement au niveau mondial. Il est revenu cette année à Arnold Schwarzenegger, Gouverneur de la Californie, sixième économie mondiale. La cérémonie de remise du prix a eu lieu le 20 juillet 2007 au Centre de conventions de Sydney. L’importance du programme et la biologie évolutive sur la péninsule Antarctique, une région où les températures ont augmenté de près de 3°C au cours des 50 dernières années. « Nunatak », un mot groenlandais, désigne le sommet exposé (non enneigé) d’une chaîne montagneuse dans un champ de glace ou un glacier. La prestation du groupe au spectacle « Live Earth » cette année (7 juillet), l’a propulsé au rang de célébrité mondiale. Dans le cadre de cet événement, des concerts ont été organisés sur tous les continents pour sensibiliser l’opinion au problème de la modification du climat. www.antarctica.ac.uk NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL 13 © Thom Lang/Corbis 14 NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL Membre de la Fondation des Nations Unies et Président-Directeur général du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) entre 1991 et 2003, Mohamed El-Ashry a reçu le Prix Champions de la Terre du PNUE en 2006. Ce prix est attribué chaque année à sept leaders internationaux qui se sont distingués dans le domaine de la protection et de la gestion durable de l’environnement. Chaque numéro de Notre Planète contient un article de fond présentant les vues d’un des lauréats de ce prix. Pour en savoir plus au sujet de ce dernier, voir http://www.unep.org/champions/french/ un nouveau pacte? par Mohamed T. El-Ashry La protection de la couche d’ozone a sans nul doute été la réalisation la plus importante dans la jeune histoire de la politique environnementale mondiale. La couche d’ozone est en voie de restauration, les pays industrialisés ont éliminé les chlorofluorocarbones (CFC) et les halons — les deux principales substances qui appauvrissent la couche d’ozone — et nombre de pays en développement sont largement en avance par rapport au calendrier du Protocole de Montréal, qui leur laisse jusqu’en 2010 pour atteindre cet objectif. Nombre d’acteurs nationaux et internationaux ont contribué au succès du Protocole de Montréal, notamment le Fonds mondial pour l’environnement (FEM). Le rôle joué dans la protection de la couche d’ozone est l’un des principaux résultats à mettre au crédit du Protocole. En tant que source de l’aide financière pour l’élimination des substances qui appauvrissent la couche d’ozone en Russie et dans 18 autres pays à économie en transition, le FEM a permis à ces pays de respecter le même calendrier strict que celui applicable aux pays industrialisés. Les projets ont généralement été réalisés avec un ferme appui et une forte participation des pays eux-mêmes, ceux-ci se rendant compte qu’il était de leur intérêt de cesser d’utiliser les produits chimiques interdits dans les pays industrialisés. Lorsque, inévitablement, des problèmes techniques sont apparus, ils ont été réglés dans un esprit de coopération, le transfert de technologie jouant un grand rôle à cet égard. Le rôle du FEM dans le financement de la protection de la couche d’ozone dans ces pays témoigne de la marge de manœuvre dont il dispose pour aller au-delà de sa mission de mécanisme financier des conventions mondiales sur l’environnement. Dans la même optique, il a aussi soutenu des projets intéressant les changements climatiques, veillant à une exécution compatible avec les mandats au titre de la Convention-cadre, mais n’entrant pas dans le cadre de ceux-ci. L’histoire du FEM est à maints égards étroitement associée à celle de la protection de la couche d’ozone, même sans tenir compte de sa participation au financement de projets ayant cet objectif. Les négociations intergouvernementales qui ont débouché sur la phase pilote du FEM, se sont déroulées parallèlement à celles concernant la création du Fonds multilatéral et des principes communs sont reflétés dans les deux accords. Par exemple, ils mentionnent tous deux le principe selon lequel des fonds doivent être fournis pour couvrir les coûts supplémentaires ou « marginaux » encourus pour protéger l’environnement mondial, l’idée étant que la croissance des pays en développement ne doit pas être pénalisée par des dépenses ne pouvant se justifier par l’intérêt national. Tirer parti des institutions existantes, essentiellement la Banque mondiale, le PNUD et le PNUE, pour élaborer et mettre en oeuvre les projets est un autre principe commun. Les conseillers scientifiques et techniques exercent une fonction importante dans les deux systèmes et, dans les deux cas, les donateurs négocient la fourniture de ressources sur un cycle d’environ quatre années. L’évolution du FEM a été déterminée à certains égards par les réactions au Fonds multilatéral. Une différence tient à la structure de gouvernance : le Fonds multilatéral fonctionne selon le principe appliqué dans le système des Nations Unies, à savoir un pays, un vote, alors que le FEM a un système de double majorité, qui reflète les intérêts des donateurs comme des bénéficiaires. Une autre distinction, découlant des négociations du FEM, a été la volonté d’éviter une prolifération de fonds à vocation unique. L’expérience nous a appris que les problèmes mondiaux d’environnement sont souvent difficiles à traiter isolément : par exemple, il nous été demandé de contribuer au remplacement des hydrofluorocarbones (HFC) — produits chimiques qui ont été introduits pour se substituer aux substances appauvrissant la couche d’ozone dans la réfrigération et qui malheureusement sont apparus comme contribuant aux changements climatiques. L’aptitude à envisager de façon transversale les problèmes mondiaux d’environnement – notamment les interactions entre les changements climatiques et la biodiversité et les changements climatiques et la désertification – apparaît comme l’une des caractéristiques les plus intéressantes de la politique mondiale en matière d’environnement. Le vingtième anniversaire du Protocole de Montréal coïncide avec un intense débat international sur les moyens de réduire les gaz à effet de serre et de stabiliser les changements climatiques. Au moment où le monde célèbre le succès de cet accord, les enseignements tirés de sa mise en œuvre doivent guider la recherche par la communauté mondiale d’un nouvel accord sur les changements climatiques au-delà de 2012, lorsque les engagements initiaux du Protocole de Kyoto viendront à expiration. Comme cela a été le cas durant la négociation du Protocole de Montréal, des groupes d’intérêt particuliers prétendent que les réglementations visant à limiter les changements climatiques auraient des incidences économiques négatives, certains mettant en avant les incertitudes scientifiques pour retarder toute action, alors que de nombreux politiciens sont prêts à s’accommoder des dommages à long terme dus aux changements climatiques plutôt que d’accepter les conséquences à court terme des mesures destinées à les éviter. La convergence de la science et de la diplomatie dans l’élaboration de la politique de l’ozone — et des mesures sociales ultérieures — témoigne d’une entente sans précédent entre les scientifiques, les gouvernements, l’industrie et la société civile. Avec le Protocole de Montréal et la Convention de Vienne a aussi été appliqué pour la première fois le « principe de précaution », en vertu duquel une action est engagée sans une totale certitude scientifique pour empêcher qu’un problème émergent ne devienne une crise. Les accords se fondent également sur le principe d’une « responsabilité commune mais différenciée » — reconnaissant que (comme pour les gaz à effet de serre) les pays en développement ont peu contribué au problème et doivent en conséquence faire l’objet d’un traitement particulier, même si toutes les nations sont responsables de la protection de la couche d’ozone (et des biens publics mondiaux). En outre, c’est la première fois que, par le biais du Fonds multilatéral, une aide financière est fournie aux pays en développement pour faciliter la mise en oeuvre des engagements qu’ils ont pris en vertu des accords, cette pratique ayant été reprise dans les accords sur les changements climatiques comme dans ceux sur la biodiversité. Une fois encore, les gouvernements (des pays développés et en développement), les scientifiques, l’industrie et les ONG sont invités à convenir d’un nouveau pacte, cette fois pour éviter la grave menace que représentent les changements climatiques. D’aucuns estiment que la conclusion de l’Accord de Montréal a été facilité par l’impulsion politique donnée par les Etats-Unis, qui (comme c’est le cas pour les gaz à effet de serre) étaient le plus gros émetteur de substance chimiques appauvrissant la couche d’ozone. L’histoire se répètera-t-elle? NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL 15 ne ralentissons pas nos efforts © Corey Rich/Aurora/Getty Images un entretien avec Mario Molina 16 NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL Le nom de Mario Molina n’est peut-être pas inscrit dans les étoiles mais le chimiste mexicain, lauréat du Prix Nobel, est l’une des rares personnes dont un élément du système solaire porte le nom. Il s’agit, pour être précis, d’un astéroïde. Le Professeur Molina est à cet égard en excellente compagnie. Le nom des écrivains Isabel Allende et Ray Bradbury est inscrit sur leurs propres blocs de roc, éparpillés entre Mars et Jupiter. Toute l’équipe de la comédie Monty Python est elle aussi de la même façon en orbite autour du soleil – tout comme Engelbert Humperdinck (le compositeur allemand, pas le chanteur pop), plusieurs chevaliers de la légendaire Table ronde du Roi Arthur et Robbie Naish, le pionnier américain de la planche à voile. Il y a, bien sûr, un tas d’astronomes – mais aussi un artiste japonais qui fait des ours en peluche. Là-haut, le Professeur Molina est également accompagné de deux collègues - le Professeur Paul Crutzen et le Professeur Sherwood Rowland qui, tous deux, ont reçu avec lui le Prix Nobel de chimie en 1995 pour leurs travaux sur l’identification des menaces qui pèsent sur la couche d’ozone, d’importance vitale pour la Terre. C’est en effet on ne peut plus approprier car les surfaces stériles des astéroïdes sans atmosphère, exposées sans pitié aux rayons ultraviolets du soleil, servent à rappeler l’importance de cette couche protectrice pour notre planète. En 1973, le Professeur Molina, âgé alors de 30 ans, était chercheur postdoctorant à l’Université de Berkeley en Californie lorsque Sherwood Rowland – son professeur – lui a proposé une série d’options de recherche. Celle qui l’a le plus passionné était de découvrir ce que devenaient, dans l’environnement, les chlorofluorocarbones (CFC) inactifs produits par l’homme qui s’accumulaient dans l’atmosphère suite à leur utilisation en aérosols, pour la réfrigération, dans des mousses plastiques et toutes autres sortes d’applications. Au début, dit-il « la recherche ne semblait pas très intéressante, rien dans la couche inférieure de l’atmosphère ne paraissant avoir un effet sur les substances chimiques ». Mais il savait que les CFC pourraient éventuellement dériver à une hauteur suffisante pour être dégradées par les rayons solaires. Et lorsqu’il a examiné ce qui se passerait alors, il a réalisé que chacun de leurs atomes de chlore détruirait des milliers d’atomes d’ozone. Avec le Professeur Rowland, il est arrivé à la conclusion que si les chlorofluorocarbures continuaient à être rejetés au rythme actuel, en 30 ans ils détruiraient 20 à 40 % du bouclier d’ozone. Molina était tellement surpris lorsqu’il a effectué ses premiers calculs que, at-il déclaré à Notre Planète : « J’ai pensé que je m’étais trompé ». Certains scientifiques ont d’ailleurs réagi de la même manière, a-t-il ajouté, lors de la publication de ces résultats. Les experts en la matière, dit-il « les ont accepté immédiatement » mais « il a fallu du temps pour convaincre la communauté scientifique dans son ensemble ». Et il ajoute « il a fallu déployer encore bien plus d’efforts pour que les politiciens s’y intéressent ». Après de nombreux débats, le danger a finalement été reconnu. En 1978, les Etats-Unis ont interdit d’utiliser des pulvérisateurs contenant des chlorofluorocarbones et, en 1985, le monde a adopté la Convention de Vienne pour la protection de la couche d’ozone. Mais ce n’est qu’après la découverte du trou d’ozone dans l’Antarctique, plus tard cette année là, que la communauté internationale a décidé de traiter globalement les chlorofluorocarbones dans le Protocole de Montréal de 1987 qui s’est renforcé petit à petit au fur et à mesure que les preuves scientifiques s’accumulaient et dont l’objectif est d’éliminer les chlorofluorocarbones et autres substances qui appauvrissent la couche d’ozone dans le monde entier. Le Professeur Molina prétend que la quantité de substances appauvrissant la couche d’ozone dans l’atmosphère a atteint son maximum il y a quelques années et qu’elle « commence à diminuer lentement, ce qui est un très bonne nouvelle ». Il ajoute que « certains chercheurs pensent qu’ils commencent peut-être à voir quelques effets bénéfiques se produire sur la couche d’ozone » mais il craint que – au moment où la situation semble s’améliorer – il puisse y avoir un sérieux recul en raison des changements climatiques. « Avec une modification de l’atmosphère due au réchauffement mondial, il est probable qu’il faudra davantage de temps pour que la couche d’ozone se reconstitue », dit-il. A mesure que les changements climatiques réchauffent la surface de la terre et la troposphère (la couche inférieure de l’atmosphère), ils refroidissent encore plus la stratosphère, ce qui accélère le processus de destruction de l’ozone. « Plus il fait froid, plus il y a appauvrissement » dit-il. La reconstitution, prévue autour de 2050, pourrait être retardée de 10 à 15 ans. Ceci, comme il le fait remarquer, est une raison supplémentaire de lutter contre le réchauffement de la planète. Renforcer le protocole relatif à la protection de l’ozone, adopté il y a 20 ans, pourrait être une contribution importante. En éliminant les chlorofluorocarbones qui sont de puissants gaz à effet de serre, le Protocole de Montréal a déjà fait davantage pour lutter contre les changements climatiques que ne le fera jamais le Protocole de Kyoto. Une étude qui fait autorité – réalisée par les chercheurs de l’Agence d’évaluation de l’environnement des Pays-Bas, l’Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis et l’Administration nationale océanique et atmosphérique et DuPont - publiée en mars dernier a conclu que l’élimination des chlorofluorocarbones et autres substances appauvrissant la couche d’ozone épargnera à l’atmosphère l’équivalent de onze giga tonnes de dioxyde de carbone par an d’ici à 2010. En revanche, le Protocole de Kyoto ne lui épargnera que l’équivalent de deux giga tonnes sur ce qu’auraient représenté les émissions si la croissance des gaz à effet de serre s’était poursuivie avec autant d’intensité. Tout comme beaucoup d’autres experts, le Professeur Molina souhaite que le Protocole de Montréal aille plus loin et accélère l’élimination des hydrochlorofluorocarbones (HCFC) et des hydrofluorocarbones (HFC) – utilisés comme produits de remplacement transitoires des chlorofluorocarbures – et qu’ainsi il soit plus efficace pour lutter contre les changements climatiques et pour protéger la couche d’ozone. « Actuellement, la tendance est à une accélération de la transition. Certains des hydrochlorofluorocarbones sont bien meilleurs que d’autres, il faut donc espérer qu’à l’occasion de son vingtième anniversaire, le Protocole puisse être mis au point pour rapprocher la date limite d’élimination de certains d’entre eux ». Il ajoute encore : « Bien que le Protocole de Montréal connaisse un vif succès, nous devons rester vigilants et continuer à l’améliorer car il y a toujours un risque de retour en arrière si les pays ne le respectent pas ou s’il y a une production illicite de substances appauvrissant la couche d’ozone. Il est très important de continuer à faire pression pour assurer constamment le succès du Protocole. D’aucuns estiment que le problème est déjà résolu, mais ce n’est pas le cas ». Néanmoins, dit le Professeur Molina, le Protocole a joué un rôle important en servant de modèle aux efforts à déployer à l’échelon international pour lutter contre les changements climatiques, en particulier « pour montrer que c’est possible ». Mais le temps presse et il espère qu’il ne faudra pas attendre que se produisent de mauvaises surprises comme le trou au-dessus de l’Antarctique pour prendre des mesures plus rigoureuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Nous risquons d’atteindre un point tel que les changements ne seront plus linéaires – comme c’est le cas pour le trou de l’ozone. Les effets visibles du réchauffement de la planète se manifestent déjà – catastrophes telles qu’ouragans, inondations et sécheresse. Ceci devrait être suffisant pour nous alerter : nous disposons déjà d’informations suffisantes sur les changements climatiques. Il serait extrêmement dangereux d’attendre que quelque chose de plus tragique se produise. Mais le risque de surprises bien pires augmentera sans aucun doute très sérieusement si la société ne prend pas de mesures draconiennes pendant encore une autre décennie. « Les experts semblent croire que nous disposons d’une dizaine d’années environ pour commencer à changer sérieusement notre façon de faire et que, compte tenu du temps qu’il faut pour mettre en œuvre les mesures nécessaires, nous devons commencer à planifier un accord véritablement international sur le climat qui reproduirait le Protocole de Montréal ». NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL 17 atteindre L’Inde, le deuxième plus gros producteur de chlorofluorocarbones (CFC) au monde, doit cesser progressivement d’utiliser les CFC ainsi que les halons et le tétrachlorure de carbone d’ici à trois ans. Mais cet objectif sera-t-il atteint? Le pays a ratifié le Protocole de Montréal en septembre 1992 et, par la suite, les amendements adoptés lors des réunions tenues à Copenhague, Montréal et Beijing. Il a adhéré à la proposition de base selon laquelle l’appauvrissement de la couche d’ozone fait peser un risque sur l’ensemble de la planète. Il a souscrit à la nécessité d’éliminer progressivement les substances qui appauvrissent la couche d’ozone, comme les CFC, et a accepté les financements fournis par le Fonds multilatéral, crée aux termes du Protocole pour financer le passage à des technologies propres. efficaces. Sur le papier, tout par Le programme d’élimination es grands secteurs d’activité uti appauvrissent la couche d’ozone à disposition par le Fonds multi semblerait donc qu’il n’y ait pas d In 1993, le Gouvernement a établi une cellule spéciale sur l’ozone dans le cadre de son programme de pays. Cette cellule a été expressément chargée de surveiller l’élimination des substances qui appauvrissant la couche d’ozone, conseillant l’industrie sur les technologies à choisir, facilitant les apports de fonds pour la transition et suscitant une prise de conscience générale sur la question. En 2003, l’Inde avait reçu, selon les estimations, 137 millions de dollars du Fonds multilatéral pour plus de 349 projets d’élimination des substances qui appauvrissent la couche d’ozone. Sur le terrain, toutefois, la sit Premièrement, ce ne sont pas seulem utilisent les substances incriminées : il en petites unités qui font partie du secteur info qui sont peu réglementées parce que très d par exemple, ne sont généralement pas fabr d’assemblage, mais dans de petits ateliers, La plupart d’entre eux continuent d’utiliser document relatif au programme national d substances qui appauvrissent l’ozone sont co petites et moyennes et dans le secteur inform Le Gouvernement a fourni une assistance technique et des fonds et introduit les Règles de 2000 pour la régulation et le contrôle des substances qui appauvrissent la couche d’ozone en vertu de la loi de 1986 sur la protection de l’environnement, en précisant le calendrier d’élimination. En 1995, dans le cadre d’un ensemble d’incitations, il a accordé une totale exonération des droits de douane et des droits d’accise aux biens d’équipement importés pour les projets d’élimination des substances qui appauvrissent la couche d’ozone financés par le Fonds multilatéral et, l’année d’après, il a étendu cette dérogation a de nouveaux projets fondés sur des technologies n’utilisant pas ces substances. Si les plus grandes entreprises sont en mesure administratives requises pour demander des fi à des produits de remplacement, ce n’est pas fait, nombre d’entre elles ont une taille inféri pour avoir droit à un financement. Et sans elles ne procèdera volontairement à la substi L’Inde produit 20 000 tonnes métriques de CFC chaque année; seule la Chine en produit plus. Quelque 6 700 tonnes métriques sont consommées sur le marché intérieur, le reste étant exporté. Elle produit aussi 100 tonnes métriques de halons et environ 18 000 tonnes métriques de tétrachlorure de carbone. Après 15 années de mise en oeuvre du programme national et deux décennies après la signature du Protocole de Montréal, peu d’études indépendantes ont été réalisées pour déterminer si ces efforts sont 18 NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL Deuxièmement, la technologie offerte a coûteuse et deviendra vite obsolète. Les ind autrefois des CFC-11 et des CFC-12 et qui son à nouveau changer d’ici à 2030 pour aband Il vaudrait mieux passer immédiatement à u rapidement périmée. Les représentants de les financements qu’ils reçoivent soient souv que les sociétés multinationales qui contrô pas de substances qui appauvrissent la cou trop cher. Les fabricants de réfrigérateurs et d d’air, par exemple, se plaignent de ne pas av les coûts supplémentaires sur les consomm de la concurrence sur le marché, ce qui a marges bénéficiaires. © Bloomimage/Corbis e l’objectif raît se dérouler comme prévu. st mis en œuvre par tous les ilisant des substances qui e. Les millions de dollars mis ilatéral ont été décaissés. Il de problème. tuation n’est pas si simple. ment les grandes industries qui n va de même de centaines de ormel en expansion de l’Inde et dispersées. Les bombes aérosol, riquées dans de grandes chaînes souvent situés dans des taudis. des CFC-11 et des CFC-12. Le de l’Inde précise que 66 % des onsommés dans des entreprises mel. e de remplir toutes les formalités financements en vue du passage s le cas de ces petites unités. De ieure à la taille minimum exigée aide financière, aucune d’entre itution. aux entreprises indiennes est dustries indiennes qui utilisaient nt passées aux HCF-134a devront donner ce gaz à effet de serre. une technologie qui ne sera pas l’industrie regrettent aussi que vent insuffisants et trop tardifs et ôlent les technologies n’utilisant uche d’ozone les fassent payer d’appareils de conditionnement voir été en mesure de répercuter mateurs en raison de l’intensité réduit considérablement leurs par Kalpana Sharma Troisièmement, si le Protocole finance le transfert de technologie, il ne soutient pas l’innovation technologique. L’Institut indien de technologie chimique basé à Hyderabad a produit de façon autonome des HCF-134a, avec un financement du Gouvernement indien et de deux entreprises qui recherchaient des produits de substitution aux CFC. Les scientifiques estiment que l’Inde pourrait devenir un exportateur net de nouvelles technologies au lieu de dépendre des importations, si des financements pour la recherche fondamentale sur les produits de substitution des CFC étaient fournis par le biais du Fonds multilatéral. Enfin, il est aussi indispensable de mettre un terme au commerce illicite de CFC. D’après les estimations de certaines sources dans le secteur, plusieurs milliers de tonnes de CFC entrent chaque année en contrebande dans le pays par les frontières poreuses de l’Inde avec le Népal et le Bangladesh. Ces CFC sont ensuite utilisés par des petites unités du secteur informel pour produire des aérosols. Même si les quantités ne sont pas très importantes, elles compromettent l’effort d’élimination totale des substances qui appauvrissent la couche d’ozone dans les délais impartis. Contrairement à l’effervescence et à la couverture médiatique auxquelles ont donné lieu récemment les changements climatiques, on a assez peu parlé de la question de l’appauvrissement de la couche d’ozone et de ses conséquences. Les autorités ne déploient guère d’effort pour faire connaître les données du problème au public en général et, d’après mon expérience, il est même difficile d’obtenir des réponses à des questions de routine. Les actions engagées par l’Inde pour éliminer les substances qui appauvrissent la couche d’ozone doivent être évaluées dans une optique critique. Le Protocole de Montréal a pour intérêt majeur d’avoir reconnu la nécessité de financer le transfert de technologie, mais il n’a pas pris en compte le potentiel de pays comme l’Inde de concevoir leurs propres produits de remplacement à ces substances pour un coût bien moindre. L’expérience de l’Inde amène aussi à penser que des opérations indépendantes de suivi et d’évaluation sont nécessaires pour faire en sorte que les programmes officiels soient conçus en fonction de la réalité sur le terrain. NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL 19 © China Daily/Reuters un tournant critiqu Le Protocole de Montréal est l’accord sur l’environnement qui s’est révélé le plus performant dans le monde – et pas seulement pour son efficacité au regard de la couche d’ozone. En 2005, les Parties au Protocole avaient réduit de 95 % la production et la consommation de toutes les substances incriminées, permettant d’envisager la restauration de la couche d’ozone au cours du siècle. Mais l’élimination des chlorofluorocarbones (CFC) et des autres substances appauvrissant la couche d’ozone, qui sont également de puissants gaz à effet de serre, fait aussi du Protocole le traité sur le climat le plus efficace du monde. La réduction des émissions de gaz à effet de serre devrait représenter l’équivalent de 11 gigatonnes environ de dioxyde de carbone par an retardant l’apparition des changements climatiques de pas moins de 12 ans. L’une des qualités les plus importantes du traité — comme l’ont reconnu les participants à un dialogue de deux journées sur l’avenir du Protocole tenu entre les Parties à Nairobi en mai 2007 — est sa structure souple et dynamique, qui lui a permis de tirer parti des améliorations des connaissances scientifiques sur la dégradation de la couche d’ozone. L’établissement de groupes d’évaluation — opérant sur une base volontaire avec la participation de l’industrie, des gouvernements et des milieux universitaires — a contribué, ainsi que l’a souligné le Secrétaire exécutif du Protocole, à donner accès aux Parties aux meilleures informations disponibles pour prendre des décisions. Elles sont ainsi plus aptes à faire face aux menaces pesant sur la couche d’ozone rapidement, voire de façon préventive, en ajoutant à la liste des substances à contrôler de nouveaux produits chimiques lorsque leurs risques 20 NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL sont scientifiquement identifiés, ainsi qu’en soumettant à des contrôles des produits inconnus auparavant. Le Fonds multilatéral du Protocole, comme ont aussi noté avec appréciation les participants, est un élément essentiel de son succès. Toutes les mesures de réglementation prévues par le traité s’accompagnent d’une obligation légale pour les pays industrialisés de fournir une assistance financière aux pays en développement afin d’assurer une mise en œuvre efficace. Le Fonds a été l’un des premiers mécanismes financiers mis en place pour favoriser le respect des obligations contenues dans un traité international sur l’environnement. Sa gestion efficace a facilité le transfert des technologies nécessaires pour permettre aux pays en développement Parties d’être en conformité avec ces obligations. Il a notamment soutenu la création de 140 unités de l’ozone dans les pays en question, contribuant à l’élaboration de réglementations et de lois dans plus de cent d’entre eux et mettant en place des réseaux régionaux pour favoriser le partage d’informations entre les Parties sur une base Sud-Sud et Nord-Sud. Le Fonds a aussi mené un effort soutenu pour assurer la formation des principaux partenaires au fonctionnement du régime de protection de l’ozone, notamment des centaines de fonctionnaires des douanes et des milliers de techniciens travaillant dans le secteur de la réfrigération dans les pays en développement Parties. Depuis le début, le Protocole s’est attaché à assurer le respect, en établissant une procédure modèle applicable en cas de non-respect, qui a conduit à des niveaux record de conformité, avec des avantages directs pour la couche d’ozone. Le Secrétariat signale qu’il a obtenu et maintenu un taux de notification des données sur le respect d’au moins 99 % et un taux global de conformité de bien plus de 90 %. Il a aussi réussi à aider 25 Parties à revenir à une situation de respect grâce à un encadrement coopératif et à l’affectation rationnelle des ressources. Les participants au dialogue ont reconnu l’importance de cet aspect et ont aussi souligné que le style direct de réglementation du Protocole, fondé sur des mesures contraignantes et fixant des objectifs spécifiques de production et de consommation légalement applicables, a montré qu’un « retour aux sources » en matière de réglementation est sans doute le moyen le plus efficace et le plus rapide d’assurer la protection de l’environnement, faisant du Protocole un modèle pour la gouvernance internationale dans le domaine de l’environnement. Reconnaissant cette menace, plusieurs Parties ont présenté des propositions pour accélérer l’élimination des HCFC en vertu du Protocole de Montréal. Plusieurs de ces propositions émanent de nations en développement particulièrement vulnérables face aux incidences des changements climatiques, y compris des petites nations insulaires comme Maurice, les Palaos et les Etats fédérés de Micronésie, alors que d’autres viennent de l’Argentine et du Brésil. En donnant suite à ces propositions, la communauté internationale pourrait tirer parti du Protocole pour contribuer de façon significative à l’effort mondial d’atténuation des changements climatiques. D’après les estimations récentes, une accélération de l’effort d’élimination pourrait éviter l’émission de l’équivalent d‘un total de 5 à 22 milliards de tonnes métriques de dioxyde de carbone entre 2010 et 2025. C’est mieux que les réductions des émissions d’un milliard de tonnes équivalent dioxyde de carbone prévues par le Protocole de Kyoto d’ici à 2012. De plus, ces estimations ne tiennent pas compte de la réduction supplémentaire des émissions qui résulterait de la disparition des émissions de substances dérivées non souhaitées et de l’amélioration du rendement énergétique. Et pourtant, comme il est clairement ressorti des discussions approfondies tenues à Nairobi, le traité se trouve à un tournant critique : beaucoup a été accompli, mais beaucoup reste à faire. La perception publique selon laquelle le problème de la couche d’ozone est « résolu » est simplement infondée. De fait, la couche d’ozone est aujourd’hui dans un état de fragilité inégalé, exposant les individus et les écosystèmes à des niveaux sans précédent de La gestion des substances qui appauvrissent la couche d’ozone en réserve rayonnements ultraviolets nocifs. — c’est-à-dire celles qui sont contenues à l’heure actuelle dans les produits et matériels — joue aussi en faveur du maintien du Protocole et de ses institutions. Le trou de l’ozone sur l’Antarctique réapparaît chaque printemps austral Lorsque les matériels arrivent en fin de vie utile, les produits chimiques qu’ils depuis sa découverte initiale et chaque année il est généralement plus contiennent sont généralement rejetés dans l’atmosphère. Les incitations en étendu et se maintient plus longtemps. Bien que des progrès significatifs faveur de leur récupération et de leur destruction étant limitées, la plupart aient été réalisés dans la réduction des concentrations atmosphériques des des substances appauvrissant l’ozone ainsi « stockées » seront rejetées produits chimiques qui détruisent la couche d’ozone, la restauration de dans l’atmosphère au cours de la prochaine décennie, endommageant la celle-ci pourrait encore prendre des décennies. Les dernières prévisions des couche d’ozone et le climat. Les émissions venant des seules banques de experts repoussent cette restauration jusqu’en 2049 aux latitudes médianes CFC pourraient représenter l’équivalent de pas moins de 7 milliards de tonnes et jusqu’en 2065 dans les régions polaires — c’est-à-dire à une date beaucoup métriques de dioxyde de carbone d’ici à 2015 — plus de sept fois la taille des plus lointaine que celle prévue dans les estimations précédentes. Ces réductions des émissions visées initialement par le Protocole de Kyoto. prévisions partent aussi de l’hypothèse d’un plein respect et ne tiennent pas Le commerce illicite de substances qui appauvrissant la couche d’ozone représente désormais environ 10–20 % du commerce total : 7 000–14 000 tonnes des seuls CFC sont commercialisés illégalement chaque année, pour une valeur de 25–60 millions de dollars. Le problème pourrait encore empirer sans des efforts soutenus de police et toute l’attention voulue des Parties, surtout à mesure que les actions de contrôle se durcissent. ue par Danielle Fest Grabiel compte du commerce illicite, ce qui retarderait encore plus la restauration. La communauté internationale doit rester déterminée à aller jusqu’au bout de son action en faveur de la protection de la couche d’ozone. Il faut aussi être préparé à faire face à de nouveaux enjeux et possibilités, en particulier la contribution significative aux changements climatiques des substances qui appauvrissent la couche d’ozone et de certains de leurs substituts. Au début des années 90, les hydrochlorofluorocarbones (HCFC) sont devenus la première génération de produits chimiques de substitution pour les CFC et une liste de substances contrôlées par le Protocole. Il était admis que les HCFC n’étaient pas la solution à la destruction de la couche d’ozone, mais qu’ils présentaient de l’intérêt en tant que « substances de transition » pour contribuer à l’élimination rapide des CFC. Toutefois, la croissance exponentielle de la demande de gaz frigorigènes partout dans le monde a conduit à une production incontrôlée et excessive de HCFC. Etant donné que beaucoup d’entre eux contribuent sensiblement au réchauffement planétaire (le HCFC-22, notamment, à un impact sur le réchauffement 1 700 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone), le Protocole a involontairement encouragé la création d’une importante source de gaz à effet de serre. Les pays en développement devraient produire des millions de tonnes métriques de HCFC au cours des dix à vingt prochaines années et les objectifs dont ils ont actuellement convenu en matière d’élimination en vertu du Protocole ont une échéance encore éloignée de plusieurs décennies. La croissance débridée de ces substances compromettra donc gravement les efforts faits par la communauté internationale pour contrer les changements climatiques. Lorsque le Protocole de Montréal a été adopté il y a vingt ans, nombreux étaient ceux qui pensaient qu’il serait impossible de réaliser les réductions de l’ampleur envisagée. D’autres craignaient que les coûts et les charges administratives ne soient trop élevés. Cependant, grâce à une conception soignée, des praticiens compétents et des institutions bien pourvues en ressources, les résultats obtenus ont été bien au-delà des espérances, le Protocole se révélant l’instrument le plus efficace par rapport aux coûts dont nous disposons pour la protection de l’atmosphère. Le Protocole constitue à l’évidence une ressource vitale et unique pour s’attaquer aux problèmes associés à l’atmosphère. Nombre des gaz autres que le dioxyde de carbone réglementés par le Protocole de Kyoto sont utilisés dans des applications semblables à celles des substances qui appauvrissent la couche d’ozone — dans certains cas dans des applications identiques. Il paraît fondé de s’attendre à ce que des réglementations du style de celles du Protocole de Montréal se révèlent aussi performantes pour ces gaz. En outre, les interactions complexes entre les systèmes climatiques et de l’ozone susciteront à l’évidence de nouveaux enjeux qui exigeront le maintien de l’expertise offerte par les organes techniques et les institutions du Protocole de Montréal. Les défis encore à relever pour faire face aux substances qui appauvrissent la couche d’ozone — et aux changements climatiques, le plus grave problème d’environnement de notre temps — devraient garantir que le Protocole de Montréal, ses institutions et son expertise restent disponibles et se consacrent activement à la protection de l’atmosphère. Il faudra maintenant se montrer déterminé à les revitaliser et à les renouveler. NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL 21 © HO Old/Reuters greenfreeze par Jamie Choi 22 NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL Vingt ans après sa signature, le Protocole de Montréal est encore salué comme un exemple de la façon dont les gouvernements, l’industrie, les scientifiques et les activistes peuvent trouver un terrain d’entente pour éviter une crise environnementale. Les organisations non gouvernementales (ONG) ont fait campagne et collaboré avec les organismes d’exécution — aussi bien durant les sessions formelles que lors des négociations informelles — pour convaincre les gouvernements de faire de l’environnement une priorité. Greenpeace a été un participant de premier plan, prônant l’élimination la plus rapide possible des substances qui appauvrissant la couche d’ozone. Mais c’est après la ratification du Protocole que l’organisation a apporté au traité sa plus importante contribution, au moment où l’ensemble du monde attendait de voir quels réfrigérants et agents d’expansion remplaceraient les chlorofluorocarbones (CFC) et les halons. Greenpeace s’est opposée à la proposition de l’industrie chimique d’utiliser comme produits de remplacement des substances de deuxième génération nocives pour l’ozone et contribuant au réchauffement planétaire comme les hydrochlorofluorocarbones (HCFC) ou contribuant au réchauffement planétaire comme les hydrofluorocarbones (HFC), car elle était convaincue qu’il y avait un moyen de les éviter en utilisant une technologie plus propre et plus innovante. Sa quête de l’innovation a conduit Greenpeace à la création de Greenfreeze, qui utilise des substances respectueuses de l’environnement comme les hydrocarbures en tant que fluides frigorigènes et agents d’expansion. L’organisation a noué un partenariat avec un fabricant de l’Allemagne orientale, Foron, qui a commencé de construire les premiers prototypes en 1992, et a travaillé en coulisses pour faire accepter la technologie par les gouvernements, les scientifiques et les consommateurs. Greenfreeze a été l’une des premières tentatives jamais engagées par une ONG pour participer activement à l’innovation technologique afin de transformer un secteur d’activité. Cette stratégie a été largement payante. On compte désormais dans le monde plus de 200 millions de réfrigérateurs « Greenfreeze » : 27 millions de plus sont désormais produits chaque année, soit un tiers de la production mondiale totale. Presque tous les réfrigérateurs domestiques aujourd’hui vendus en Allemagne utilisent la technologie. Depuis que les premiers réfrigérateurs Greenfreeze sont sortis des usines Foron, plus de 250 variantes de la technologie ont été mises au point et la plupart des fabricants — y compris Bosch-Siemens, Electrolux, Whirlpool, Samsung, LG, Haier et Liebherr — l’utilisent aujourd’hui. . Mais la plus grande réalisation a sans doute été de diffuser Greenfreeze en Chine, le marché mondial connaissant la plus forte expansion et le plus gros producteur de substances appauvrissant la couche d’ozone dans le monde. Greenpeace a dû surmonter d’énormes obstacles : lacunes dans le transfert de technologies, pénurie de capitaux et faible sensibilisation du public aux problèmes de l’environnement. Elle n’avait pas non plus une expérience suffisante des campagnes de sensibilisation dans ce pays — elle n’y avait pas encore de bureau — ce qui a posé des problèmes culturels, linguistiques et politiques. Mais il y avait aussi une véritable occasion à saisir. En tant que signataire du Protocole de Montréal, la Chine avait pour obligation d’éliminer les CFC d’ici à 2010, ce qui inquiétait les fabricants. Passer directement des CFC à Greenfreeze était beaucoup plus justifié dans une optique financière à long terme qu’investir dans les HCFC (dont l’élimination dans les pays en développement devait intervenir d’ici à 2040) et les HFC (qui, si aucune date limite de ce type n’était fixée, risquaient toujours de finir par tomber sous le coup d’une élimination), alors même qu’il aurait fallu passer à Greenfreeze à l’avenir. En outre—contrairement aux HCFC et HFC, qui exigeaient des licences et un traitement coûteux — les gaz utilisés pour la technologie Greenfreeze pouvaient être purifiés à bas prix à partir des stocks de gaz bruts déjà largement disponibles en Chine. Greenpeace a estimé qu’il était indispensable de concilier la diffusion de Greenfreeze avec les objectifs de développement durable de la Chine, permettant ainsi à une économie en transition de cesser d’utiliser des technologies sales et peu durables pour passer directement à des technologies innovantes plus propres. Impressionnés par une exposition sur Greenfreeze, organisée lors d’une conférence internationale sur les produits de remplacement des CFC, tenue à Beijing en 1993, les responsables chinois ont demandé à Greenpeace de faciliter les transferts de technologie et de favoriser des co-entreprises entre fabricants chinois et fabricants allemands. Avec l’appui du Gouvernement chinois, Greenpeace a lancé une campagne mondiale de pression publique pour persuader la Banque mondiale d’accorder aux pays en développement l’accès au Fonds multilatéral du Protocole en vue du financement du passage à Greenfreeze. En 1993, le Groupe de la Banque mondiale s’occupant de l’ozone (Ozone Operations Resource Group) a approuvé la technologie en tant que solution appropriée de remplacement des CFC dans les réfrigérateurs domestiques, préparant ainsi le terrain à sa diffusion dans les pays en développement. En 1995, Haier (le géant chinois dans le domaine des réfrigérateurs) s’est associé à Liebherr (leader du marché en Allemagne) pour produire les premiers réfrigérateurs Greenfreeze en Chine. Il n’a pas fallu longtemps ensuite à Foron, Electrolux et Bosch-Siemens pour établir une coopération technique ou constituer des coentreprises avec d’autres sociétés chinoises. Au milieu de 1995, trois des quatre plus gros sites de fabrication de réfrigérateurs en Chine étaient partiellement passés à la nouvelle technologie. En 2000, 35% de l’ensemble des réfrigérateurs domestiques vendus en Chine étaient équipés de la technologie Greenfreeze et la part du marché de cette technologie a régulièrement augmenté depuis, aidant le pays à réduire sensiblement les substances qui appauvrissent la couche d’ozone et à réaliser ainsi ses objectifs. De nombreuses activités sont aussi entreprises en Chine pour étendre la technologie à d’autres domaines que le marché des réfrigérateurs domestiques. Les universités et les sociétés chinoises, par exemple, ont consacré beaucoup de ressources ces dernières années à l’étude de nouveaux fluides de travail naturels dans les réfrigérants, notamment le CO2, l’ammoniac, l’eau et l’air. Certaines des plus grandes sociétés multinationales opérant en Chine, comme Unilever et Coca Cola, ont déjà commencé de produire des réfrigérateurs commerciaux sans HFC ou étudient les moyens de le faire. Le Gouvernement chinois a annoncé sa décision d’éliminer les CFC et les halons d’ici au 1er juillet 2007, deux ans avant la date limite fixée pour les pays en développement. Le onzième Plan quinquennal du Congrès national du peuple chinois — qui, pour la première fois, fait de la conservation de l’énergie et de la protection de l’environnement des priorités essentielles – devrait favoriser la diffusion des fluides de travail naturels en Chine. Greenfreeze a en outre l’avantage d’avoir un meilleur rendement énergétique que les HCFC et les HFC. Toutes ces évolutions montrent comment l’innovation technique peut, en association avec une campagne de mobilisation, contribuer à des marchés plus écologiques. Pourtant, la campagne en faveur de Greenfreeze est loin d’être terminée. Peut-être parce que tant a déjà été accompli, les innovateurs industriels, les gouvernements et même les activistes sont moins vigilants quant à la nécessité d’agir en faveur d’une distribution plus large de la technologie permettant de lutter contre l’appauvrissement de la couche d’ozone et le réchauffement planétaire. Les HCFC et les HFC continuent d’être utilisées dans les réfrigérateurs, en particulier les réfrigérateurs commerciaux, partout dans le monde. L’industrie chimique a utilisé son influence aux Etats-Unis et au Canada—et continue de le faire—pour empêcher l’introduction de la technologie Greenfreeze, limitant effectivement la concurrence. Les efforts de mise au point et de commercialisation des appareils de conditionnement d’air Greenfreeze ont été extrêmement limités partout dans le monde. En outre, les problèmes posés par la récupération et la destruction en toute sécurité des CFC mis en réserve, ainsi que des autres substances contribuant à l’appauvrissement de la couche d’ozone et au réchauffement planétaire contenues dans les produits existants, ne sont toujours pas réglés. Il est indispensable de s’attaquer à ces problèmes dans des pays en développement comme la Chine, où un grand nombre de réfrigérateurs à CFC de la première génération sont remplacés par de nouveaux appareils. Les études réalisées récemment par l’institut scientifique allemand Oko-Recherche donnent à penser que tous les gaz fluorés (gaz-F) associés contribueront pour 5,2 % au réchauffement planétaire durant les 20 prochaines années, cette contribution passant à 8,6 % en 2050. Les possibilités offertes d’empêcher de dangereux changements climatiques s’amenuisant chaque année, la réduction des CFC, HCFC et HFC sera déterminante pour lutter contre le réchauffement planétaire, sans mentionner la destruction de l’ozone. Si les substances fluorées ne sont pas totalement éliminées, il sera extrêmement difficile d’atteindre l’objectif d’une limitation du réchauffement planétaire à deux degrés au maximum. Nous devons tirer parti du 20ème anniversaire du Protocole de Montréal pour recréer un sentiment d’urgence quant à la nécessité d’éliminer partout dans le monde les gaz fluorés et de diffuser plus largement des technologies de réfrigération naturelles comme Greenfreeze. C’est la seule option qui permette de préserver l’héritage du Protocole de Montréal. NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL 23 prix et événements prix equateur Cinq communautés des régions tropicales d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine ont remporté le prix Equateur, qui bénéficie du concours des Nations Unies, pour des initiatives visant à réduire la pauvreté grâce à des actions de conservation de la biodiversité. Les lauréats, qui recevront chacun 30 000 dollars, ont été choisis parmi 300 candidats initiaux et 25 finalistes. Le village d’Andavadoaka à Madagascar a été récompensé pour la gestion d’une pêcherie de poulpe lui assurant des bénéfices à long terme. Au Kenya, le « Shompole Community Trust » a été distingué pour sa contribution à la conservation de la savane dans le cadre d’un projet commercial d’écotourisme qui doit profiter à la population Masai locale. Au Guatemala, les femmes de « Alimentos Nutri-Naturales » ont décroché le prix pour avoir réhabilité la noix Maya comme produit alimentaire de base, préservant ainsi les forêts de noyers situées dans une zone tampon adjacente à une réserve de biosphère. Les femmes de l’Association « Blue Fish » de l’Île d’Isabella, une des Iles Galapagos (Equateur) (inscrites sur la Liste du patrimoine mondial), ont été récompensées pour la commercialisation d’un mets fin – le thon fumé au bois de goyavier – avec l’objectif de promouvoir l’utilisation alternative des ressources marines et de lutter contre les espèces végétales envahissantes. Le cinquième lauréat, Shidulai Swarnivar Sangstha, diffuse, grâce à des centres de ressources éducatives basés sur des bateaux, des informations sur les pratiques agricoles durables et les prix du marché à travers le delta du Gange. http://www.undp.org/equatorinitiative/ Cette année, le Prix Sasakawa 2007 du PNUE est allé à deux lauréats : Jeunesse Park d’Afrique du Sud, Directeur général de « Food and Trees for Africa » (FTFA), et l’ONG Shidhulai Swanirvar Sangstha (SSS) du Bangladesh. Il couronne leur action dans le domaine du changement climatique, le thème du prix cette année. Jeunesse Park a notamment été récompensé pour l’invention d’une calculatrice permettant de mesurer le taux de carbone, premier instrument sud-africain de ce type capable de fournir une estimation très précise de l’« empreinte carbone ». L’ONG SSS a reçu le prix pour plusieurs activités : conception de pompes à vélo réduisant les émissions de CO2, systèmes solaires domestiques portables et sensibilisation de communautés isolées aux problèmes écologiques grâce à des bibliothèques et des centres de formation au Bangladesh. Le Prix Sasakawa est décerné annuellement et doté de 200 000 dollars, une somme qui sera partagée cette année par les co-lauréats. La cérémonie de remise se tiendra en octobre à New York. L’événement avait été annoncé comme le plus grand spectacle musical de tous les temps. Il a duré au total 70 heures, a couvert 120 territoires sur sept continents et, pendant 24 heures, a rassemblé 1 million de spectateurs et a été vu en ligne par 8 millions de personnes. Lancés par Al Gore, ex-VicePrésident des Etats-Unis, les concerts avaient pour but de déclencher un mouvement mondial de lutte contre la crise climatique. Les bénéfices réalisés par « Live Earth » permettront de jeter les bases d’un nouvel effort mondial contre la modification du climat, sous la direction de l’Alliance pour la protection du climat, présidée par Al Gore. http://www.liveearth.org/ 24 NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL Avec son programme de prix, la « Banksia Environmental Foundation » cherche à mieux faire connaître les problèmes environnementaux auxquels l’Australie se trouve actuellement confrontée et à récompenser des initiatives ayant valeur d’encouragement et d’exemple. En 2007, les 53 finalistes retenus dans le cadre de 11 prix ont été des petites et moyennes entreprises, des particuliers et des administrations publiques. Le prix « Origin Gold Banksia Award » est allé à une banque, Westpac, qui s’est particulièrement distinguée dans le domaine de la viabilité d’entreprise. Cette haute récompense est décernée à la « crème » des lauréats de chaque « Banksia Category Award » (voir dans People la section « Banksia International Environmental Award »). http://www.banksiafdn.com/ La fondation « Foundation For the Future » a attribué le prix « Kistler » 2007 à un généticien, le Dr Spencer Wells. D’une valeur de 100 000 $, celui-ci récompense des travaux originaux contribuant à mieux faire connaître et comprendre la relation entre le génome humain et la société. Le Dr Wells se voit ainsi distingué pour une série d’études dans le domaine de la génétique des populations, qui ont culminé dans la conception et l’actuelle mise en œuvre du Projet génographique d’IBM financé par la National Geographic Society, qui doit permettre de cartographier le parcours génétique de l’humanité dans le peuplement de la planète. Le Dr Wells, qui dirige le projet, recevra officiellement cette somme d’argent ainsi qu’un médaillon en or de 180 grammes lors d’une cérémonie à Washington (Etats-Unis) le 20 septembre. www.futurefoundation.org Cette année, la Semaine mondiale de l’eau a pour thème « Progrès et perspectives dans le domaine de l’eau : Lutter pour la durabilité dans un monde en changement ». Organisée par le SIWI (Stockholm International Water Institute), cette manifestation est le principal rendez-vous mondial annuel consacré au renforcement des capacités, à la constitution de partenariats et au suivi en matière de mise en œuvre de processus et programmes internationaux sur l’eau et le développement. L’eau est souvent au coeur même des questions climatiques, qui occupent cette année le devant de la scène. L’un des premiers symptômes d’une modification du climat est une altération de la disponibilité de l’eau. www.worldwaterweek.org Journée mondiale de la mer, 2007 – 27 septembre. Le thème adopté pour cette année est la « réponse de l’OMI aux défis environnementaux actuels ». Cela donne à l’OMI l’occasion de se pencher sur son action environnementale passée et présente et d’intensifier ses efforts de protection et de préservation de l’environnement avant qu’il ne soit trop tard. World Maritime Day Ozone et environnement: Liens utiles Les liens proposés vers des sites gouvernementaux, d’organisations internationales et non-gouvernementales, d’entreprises, de médias et d’autres groupes du monde entier vous aideront dans vos recherches sur l’ozone et l’environnement. Nous les avons rassemblés après avoir passé en revue la vaste somme d’informations disponibles sur Internet, afin que vous puissiez avoir accès aux sources qui vous seront les plus utiles. Le magazine « Notre Planète » ne souscrit pas pour autant aux points de vue des groupes auxquels il renvoie et ne garantit pas l’exactitude de l’information publiée sur ces sites. Notre intention est plutôt de vous présenter une large diversité d’opinions et perspectives. Il faut savoir que www www.unep.org Le PNUE en chinois www.unep.org/Chinese - En juillet, le PNUE a lancé une version remaniée de sa page d’accueil en langue chinoise. Celle-ci donne accès à toute une série d’informations sur le Programme et les questions d’environnement qui le concernent. Les principaux sites qui intéressent particulièrement la communauté sinophone sont en cours de traduction, notamment les rubriques Journée mondiale de l’environnement, A propos du PNUE, Changement climatique, Questions urbaines, Sport et environnement, La Campagne pour un milliard d’arbres. Kit de ressources du PNUE www.unep.org/tools/ - Ce kit regroupe les lignes directrices et les ressources du PNUE destinées aux gouvernements, aux responsables politiques ainsi qu’à la société civile, au secteur privé et au grand public. Il contient entre autres des directives techniques, des CD ROMs, des manuels de formateur, des bases de données, des centres d’échange d’informations, des publications et divers outils pratiques. Site du PNUE sur les connaissances locales www.unep.org/ik - Cette base de données sur les méthodes locales africaines de gestion et de prédiction des catastrophes naturelles s’appuie sur des recherches menées au Kenya, en Tanzanie, au Swaziland et en Afrique du Sud. Elle s’articule autour de quatre thèmes : conservation de la nature, gestion des catastrophes naturelles, réduction de la pauvreté et pratiques médicales traditionnelles. Le site cherche à encourager l’utilisation du vaste répertoire de connaissances locales existant dans l’élaboration de projets et de politiques. www.unep.org/themes/ozone/ Ce site consacré à l’ozone présente les principales activités du PNUE sur la reconstitution de la couche d’ozone et fournit des liens vers les partenaires du Programme. http://ozone.unep.org/ Le Secrétariat de l’ozone donne ici des informations sur la Convention de Vienne pour la protection de la couche d’ozone (1985) et le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone (1987). http://www.gefweb.org/default.aspx TLe Fonds pour l’environnement mondial (FEM), en partenariat avec le Protocole de Montréal, finance des projets permettant à la Fédération de Russie et aux pays d’Europe orientale et d’Asie centrale d’abandonner progressivement les produits chimiques destructeurs d’ozone. www.uneptie.org/ozonaction/ Le Programme OzonAction du PNUE aide les pays en développement et les pays à économie en transition à respecter les dispositions du Protocole de Montréal et à s’y conformer durablement. www.unep.org/tools/ Le Kit de ressources du PNUE contient une documentation très variée sur l’ozone, notamment des outils pour les responsables nationaux de l’ozone, les agriculteurs, les enseignants, les agents des douanes et les petites entreprises. www.ozzyozone.org/ Dans ce site pour enfants, le PNUE cherche à faire prendre conscience des problèmes et des risques liés à l’ozone. http://www.unep.fr/ozonaction/networks/index.htm Information sur les activités du réseautage se rapportant à l’élimination progressive des substances appauvrissant la couche d’ozone et à d’autres questions connexes entreprises par les réseaux régionaux de services nationaux de l’ozone. www.atm.ch.cam.ac.uk/tour/ L’ « Ozone Hole Tour » du Centre de science atmosphérique de l’Université de Cambridge donne un aperçu général de ce qu’est la couche d’ozone et le trou qui s’y est développé au-dessus de l’Antarctique. www.multilateralfund.org/ Ce site est consacré au Fonds multilatéral, qui aide les pays en développement à respecter les mesures de réglementation du Protocole de Montréal auquel ils ont adhéré. www.unido.org/ L’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel est l’un des quatre organismes chargés de la mise en application du Protocole de Montréal. Elle décrit dans son site les objectifs et les résultats de l’élimination des substances nocives pour l’ozone ainsi que la stratégie à adopter y parvenir. www.eea.europa.eu/maps/ozone/welcome Ce site présente une carte de l’Europe qui permet de visualiser les niveaux de pollution à des endroits déterminés. Il explique en outre ce qu’est l’ozone, décrit les effets de la pollution sur la santé et préconise certaines mesures individuelles pour réduire la pollution. www.nasa.gov/vision/earth/environment/ozone_resource_page.html Les scientifiques de la NASA et de la « National Oceanic and Atmospheric Administration » (NOAA) rendent compte de l’état de la couche d’ozone et des dommages qu’elle a subis. www.niehs.nih.gov/oc/factsheets/ozone/home.htm « Ici au niveau zéro, le gaz d’ozone s’accumule en quantités excessives – mais dans la stratosphère, la couche est trouée … comme des verres de lunettes solaires très abîmés » explique cette fiche d’information « Alerte ozone ». en chinois http://zhidao.baidu.com/question/27460501.html?si=2 Pour en savoir plus sur la façon dont s’est formé le trou dans la couche d’ozone. www.jl2sy.cn/xssq/hbsn/green/gala/chouy.htm La Journée internationale de la protection de la couche d’ozone est célébrée chaque année en septembre. On trouve sur ce site tous les détails sur cette journée spéciale. http://solvent.ozone.org.cn/shownews.asp?id=80 Si vous cherchez des informations sur la couche d’ozone, ce site Internet en offre à foison. www.edu.cn/20010101/21144.shtml Comment réparer le trou dans la couche d’ozone ? Des experts de l’Académie chinoise des sciences peuvent vous aider à répondre à cette question. www.china.org.cn/chinese/huanjing/588767.htm De nombreuses activités sont organisées en Chine à l’occasion de la Journée internationale de la protection de la couche d’ozone. Le Gouvernement chinois invite la population à protéger l’environnement du mieux qu’elle peut. www.ucsusa.org/global_warming/science/faq-about-ozone-depletion-and-the-ozone-hole.html L’« Union of Concerned Scientists » répond aux questions fréquemment posées sur l’érosion de la couche d’ozone et le trou de l’ozone. www.epa.gov/ Ce site donne des informations sur la couche d’ozone et les conséquences sanitaires de son appauvrissement ainsi que des conseils précieux sur les moyens de se protéger des rayons ultraviolets. blogs http://www.uneptie.org/Ozonaction/blog.htm Ce blog a été rédigé, à titre personnel, par Rajendra Shende, Responsable du Programme OzonAction. http://www.mongabay.com/news-index/ozone_layer1.html Mongabay cherche à susciter notre intérêt pour les zones de nature et la faune et la flore sauvages et à nous les faire apprécier davantage, tout en examinant l’impact des récentes évolutions climatiques, technologiques, économiques et financières sur la conservation et le développement. Le blog sur la couche d’ozone est régulièrement mis à jour. http://artsbeat.blogs.nytimes.com/2007/07/07/live-earth-drugs-love-and-the-ozone-layer/ Terre vivante: la drogue, l’amour et maintenant…la couche d’ozone ? Un blog hébergé par le New York Times. NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL 25 produits Energie propre Vols à basse altitude H-Racer and Hydrogen Station Set est beaucoup plus qu’un jouet. Cette petite voiture de course avec sa station d’hydrogène laisse entrevoir au consommateur ce que pourraient être les moyens de transport du futur : propres, écologiquement durables et fonctionnant à l’hydrogène, une énergie renouvelable. HRacer est la version miniature de ce que l’on est en train de mettre au point dans les voitures grandeur nature. Elue meilleure invention 2006 par Time Magazine, elle s’avère être un véritable succès commercial et continue de remporter des prix prestigieux, récompensant l’originalité de sa conception ou son intérêt pour les consommateurs. La voiture fonctionne avec un carburant 100 % propre produit par un poste de ravitaillement solaire miniature qui convertit l’eau en hydrogène. Non toxique, renouvelable et propre, l’hydrogène est l’élément le plus abondant dans notre univers. Comme il n’y a aucune combustion à l’intérieur d’une pile à hydrogène, il ne s’échappe de ce type de voiture que de l’eau pure. Aer Arann, la compagnie aérienne régionale qui enregistre la plus forte expansion actuellement, va moderniser sa flotte au cours des cinq prochaines années. Pour ses vols entre le Royaume- Uni, l’Irlande et le nord de la France, elle a choisi des avions ATR 72-500 de nouvelle génération. La compagnie reste ainsi fidèle aux turbopropulseurs, préférés aux turboréacteurs car ils permettent de voler à plus basse altitude, n’affectent ni la couche d’ozone ni la couche supérieure de l’atmosphère, consomment moins de carburant et ont une empreinte de bruit nettement plus réduite. Quelques chiffres : un appareil à turbopropulseur comme un ATR-72-500 d’Aer Arann émet 20 % moins de CO2 par passager/km qu’un avion à réaction récent; l’ATR produit 3 fois moins de protoxydes d’azote par passager qu’une voiture et 40 % de moins qu’un train; et un ATR 72 consomme sur une distance typique de 370 km autant de carburant qu’un Boeing 747 roulant sur la piste pendant 10 minutes. www.aerarran.com www.horizonfuelcell.com. Toyota Prius hybrides Google et Pacific Gas & Electric ont dévoilé leur vision d’un monde où voitures et camions seraient partiellement alimentés par les réseaux électriques nationaux et vice versa. En juillet, ces entreprises ont présenté six véhicules hybrides Toyota Prius et Ford Escape modifiés pour pouvoir être branchés sur le secteur et consommant 3 litres aux 100 km, près de deux fois moins qu’un véhicule hybride normal. Un des véhicules a également été modifié pour permettre la restitution d’énergie à la compagnie d’électricité. Cette expérience tout à fait originale fait franchir une nouvelle étape à la voiture hybride, aujourd’hui répandue sur les routes américaines, en l’équipant d’une batterie supplémentaire capable d’emmagasiner l’énergie produite et distribuée par une compagnie d’électricité. Attendue avec impatience par les experts et environnementalistes, cette technologie n’est pas commercialisable actuellement à cause de la durabilité encore insuffisante des accumulateurs supplémentaires. Un véhicule hybride qui se branche sur le secteur permet de réduire les émissions de dioxyde de carbone et les gaz générateurs de smog. Selon les experts, il peut parcourir 5 à 6 km avec un kilowattheure. Réduire les émissions de carbone Des spécialistes de la télécommande universelle nous livrent une nouveauté technologique très intéressante, baptisée One for All (Un pour tous), qui permet d’éteindre ses appareils audiovisuels avec la télécommande sans les mettre en mode veille, générateur d’émissions de carbone.Utilisés ensemble, les systèmes One For All Light Control et Kameleon Generation III commandent le téléviseur, la chaîne hi-fi, le lecteur de DVD, les décodeurs et même les lumières. Selon le vice-président de Product Development and Planning à One For All, Jacques Mathijsen, « en Grande-Bretagne, un ménage moyen maintient en permanence jusqu’à 12 appareils en veille ou en charge, utilisant grosso modo l’électricité produite par deux centrales électriques et 800 000 tonnes de carbone chaque année « [1]. « Bien que nous soyons de plus en plus conscients de notre empreinte de carbone personnelle, il nous est souvent difficile de renoncer à l’habitude du mode veille. Cette nouvelle télécommande très simple permet d’éteindre tous les appareils en appuyant sur un seul bouton et évite ainsi un gaspillage d’énergie. » www.oneforallkameleon.com Google’s Energy Initiatives: www.google.com Relax Ferme flottante `Relax’ est le premier complexe de piscines au monde doté d’un système géothermal fonctionnant à l’énergie solaire et ne produisant pas d’émissions de carbone. Il a été inauguré en juin dernier dans l’enceinte du gigantesque complexe aquatique, hôtelier et de loisirs AquaCity Resort, à Poprad, dans le nord de la Slovaquie. Les luxueux bassins sont abrités par une structure en acier, verre et bois de 12 m de haut aux formes stylisées. L’électricité provient des cellules photovoltaïques de la façade et le système de chauffage, l’eau des piscines et les douches sont alimentés avec une eau géothermale. Cet aménagement est conforme à la politique de respect de l’environnement d’AquaticCity Resort. Les économies d’émissions de carbone pour l’ensemble du complexe peuvent atteindre 30 000 kg par jour, par rapport à une station de montagne de taille similaire. Le site est quasiment autonome en énergie, produisant 80 % de ses besoins en électricité et alimentant ses multiples piscines et son parc aquatique avec une eau géothermale pompée dans un vaste lac souterrain. En 2006, AquaCity a ainsi permis une économie de 2,5 millions d’euros par rapport à des coûts énergétiques conventionnels. La Science Barge (péniche de la science) est une ferme urbaine durable. Les cultures urbaines permettent de réduire la pollution engendrée par l’agriculture et les transports conventionnels et en même temps d’accroître l’expansion des technologies durables, notamment de l’énergie solaire et éolienne. Au coeur de cette péniche se trouve une serre hydroponique en circuit fermé. Les plantes sont irriguées avec de l’eau de pluie et des eaux fluviales dessalées. Il n’y a pas d’émission nette de carbone ni de flux de déchets. Les légumes occupent sept fois moins d’espace et utilisent quatre fois moins d’eau que dans une exploitation conventionnelle. Amarrée à l’embarcadère 84 de Hudson River Park, la Science Barge propose aux New-Yorkais une nouvelle approche de la durabilité en démontrant qu’il est possible de produire des cultures locales à zéro émission nette. Des villes comme New York pourraient exploiter l’espace inutilisé au sommet des immeubles en y cultivant des légumes selon la méthode présentée sur la péniche. Rien qu’à New York, l’espace des toits non ombragés représente 5 000 hectares. http://nysunworks.org/ www.aquacityresort.com Des jardins sur les toits Pas assez d’espaces verts dans votre ville? Pourquoi ne pas installer un jardin sur votre toit? La firme allemande Zinco s’impose depuis longtemps comme l’un des leaders mondiaux de l’aménagement de toits. Son nouveau milieu de culture Zupermix –- composé de briques ou tuiles recyclées mélangées à des matériaux volcaniques – offre une surface de plantation parfaite avec un apport d’éléments nutritifs, une aération et une rétention d’eau adéquats permettant d’installer le jardin de son choix. A part l’attrait visuel de l’espace vert, il y a aussi des avantages économiques et écologiques. Les toits de verdure constituent une option intéressante, quelle que soit la superficie aménagée : du petit garage à la grande surface industrielle. Outre la valeur esthétique, le jardin augmente la durée de vie de la couche imperméabilisante du bâtiment, mieux protégée des rayons ultraviolets, de la grêle et des écarts de température extrêmes. De plus, le renforcement de l’isolation thermique se traduit par des économies d’énergie. Enfin, les jardins de toit filtrent et fixent la poussière et autres substances nocives présentes dans l’atmosphère urbaine et améliorent le microclimat en rafraîchissant et humidifiant l’air environnant. www.zinco.com Email: [email protected] 26 NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL Neneh Cherry © Jean Pierre Amet/BelOmbra/Corbis A Londres, au milieu du tourbillon de la circulation de Marble Arch se trouve un témoin du début de la campagne du monde du spectacle en faveur de l’environnement. C’est un cerisier - qui, par une coïncidence on ne peut plus appropriée, a été planté par la chanteuse, Neneh Cherry. Les stars internationales se bousculent maintenant pour s’associer à la lutte contre le réchauffement de la planète. Certains, comme Leonardo di Caprio et Cameron Diaz, sont au nombre des plus fervents défenseurs de l’environnement dans le monde mais beaucoup prennent des mesures pour réduire leur empreinte personnelle de carbone et réclament un changement comme en ont témoigné les concerts donnés dans le monde entier cet été pour une Terre vivante. Mais, comme Cherry l’a dit à Notre Planète, « c’était il y a très, très longtemps ». Cet arbre a été planté pour marquer le lancement de la première campagne de réduction des émissions de dioxyde de carbone, Forêts de demain. Et elle a commencé à y participer lorsqu’elle a rencontré son initiateur, Dan Morrell, autour d’un feu de camp dans un « champ très, très boueux » au festival de musique en plein air de Glastonbury. « J’ai vraiment été séduite par l’idée géniale de planter la quantité d’arbres nécessaires pour absorber nos déchets », dit-elle. « C’était très direct, très simple et très pragmatique – quelque chose que tout le monde pouvait comprendre ». Elle a présenté Morrell à d’autres vedettes dont Neil Tennant du Pet Shop Boys et ceci a eu un « effet domino », les autres voulant aussi participer. Cherry et les Pet Shop Boys ont commencé à annuler leurs tournées et, en trois ans, ils avaient réussi à produire 1,5 million de CD sans carbone. D’autres groupes – notamment The Levellers, Pulp, Pink Floyd et Atomic Kitten – n’ont pas tardé à se joindre à eux. Neneh Marianne Karlsson Cherry est née il y a 43 ans à Stockholm d’un père sierra léonnais, le percussionniste Amahdu Jah, et d’une mère suédoise, Monika Karlsson, artiste-peintre sur textile connue. Sa mère a épousé le célèbre trompettiste de jazz, Don Cherry , et Neneh a grandi à New York et dans la petite ville de Hässleholm en Suède. Elle fait remonter son intérêt pour l’environnement à cette époque. « J’ai toujours eu l’impression que j’appartiens à la campagne suédoise. J’ai vu pousser les arbres autour de moi. Ceux qui étaient plus petits que moi sont maintenant plus grands et ceux qui étaient déjà plus grands que moi maintenant me dominent. Il y en a beaucoup qui ont été abattus et, parfois, cela m’a presque fendu le cœur ». Elle a abandonné l’école à l’âge de 14 ans pour aller à Londres commencer sa carrière musicale. Sa famille est imprégnée de musique. Son demi-frère, Eagle-Eye Cherry, est aussi un musicien bien connu; sa sœur, Titiyo Jah, est une chanteuse suédoise réputée et elle est mariée avec le producteur Cameron McVey. Neneh Cherry est une fervente sympathisante des Nations Unies et elle a également embrassé la cause du SIDA – en aidant à produire très tôt un album pour sensibiliser le public – et celle de la lutte contre le paludisme en s’associant au chanteur et ambassadeur itinérant de l’UNICEF, Youssou N’Dour, à l’occasion du concert « Tous unis contre le paludisme », donné à Genève il y a deux ans. « Si, en ma qualité d’artiste, je peux attirer l’attention sur un problème, j’estime qu’il est de ma responsabilité en tant qu’être humain de faire ce que je peux »dit-elle. Et elle est convaincue que la chance commence à tourner. « Par le passé, il n’y avait pas assez de gens qui s’inquiétaient de ce qui arrivait à l ’e n v i r o n n e m e n t . Mais on dirait que le monde commence enfin à se réveiller ». www.unep.org/ourplanet